Fehiny T
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Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/assr/21385
DOI : 10.4000/assr.21385
ISSN : 1777-5825
Éditeur
Éditions de l’EHESS
Édition imprimée
Date de publication : 1 octobre 2009
Pagination : 81-103
ISBN : 978-2-7132-2217-7
ISSN : 0335-5985
Référence électronique
Noël J. Gueunier, « Les traductions de la Bible et l’évolution du malgache contemporain », Archives de
sciences sociales des religions [En ligne], 147 | juillet-septembre 2009, mis en ligne le 04 décembre
2013, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/assr/21385 ; DOI : 10.4000/
assr.21385
Radama (1828), la nouvelle reine Ranavalona Ire avait d’abord paru assez favo-
rable, mais, devenue hostile, elle s’est lancée dans une politique de persécution
de la nouvelle foi. Les missionnaires se sont donc livrés à une véritable course
pour arriver à terminer l’impression de la Bible avant d’être expulsés.
Ils ont en fait tout mené de front : leurs études linguistiques, les premières
écoles et la traduction de la Bible. Le roi considérait les missionnaires comme
une sorte d’assistants techniques chargés d’apprendre à ses sujets à lire et à écrire.
Pour lui, l’école était d’intérêt immédiat : il avait besoin pour son armée et son
administration d’un personnel de secrétaires, de gouverneurs et d’officiers lettrés.
En fait, les missionnaires ont réussi à marier efficacement le programme de scola-
risation et l’entreprise de traduction. Les exercices scolaires de traduction (de
l’anglais au malgache) comprenaient des passages de la Bible, et c’est parmi les
premiers élèves qu’ont été recrutés les jeunes gens – restés dans la tradition
comme les « Douze » – qui aidaient au travail. Le résultat a été obtenu avec
une rapidité étonnante : alors que les missionnaires commençaient à peine à se
familiariser avec la langue vers 1820, le Nouveau Testament est imprimé en
1830, et, si la Bible complète ne sort qu’en 1835, c’est en raison de la longueur
des opérations de révision et d’impression, puisque le premier jet de traduction
était terminé dès 1826. Cependant, l’œuvre prête à une double controverse – qui
a sa source dans les ambiguïtés de l’attitude des missionnaires eux-mêmes : qui
étaient les véritables traducteurs, les missionnaires britanniques, ou bien leurs
élèves malgaches ? Et sur quel texte la traduction a-t-elle vraiment été établie :
sur les textes originaux, ou sur une traduction en anglais ?
La position officielle a toujours été claire : les traducteurs étaient les mission-
naires eux-mêmes, et les « Douze » sont régulièrement désignés dans leur corres-
pondance comme de simples transcribers, des secrétaires employés à mettre au
propre les traductions avant l’impression. En réalité, la situation n’a pas pu être
si simple, et des sons de cloche discordants se font parfois entendre dans les
correspondances qui ont été conservées. Le rôle des « Douze » a certainement
été bien plus important que celui de simples scribes. S’ils n’ont pas été respon-
sables de la traduction des textes au sens propre, ils ont dû beaucoup contribuer
à leur rédaction. On s’expliquerait difficilement sans cela les références, précises
et nombreuses, à des réalités et à des institutions malgaches, sans parler des
trouvailles idiomatiques qui parsèment le texte. On ne peut s’étendre ici sur cette
discussion, mais quelques exemples donneront une idée de la richesse linguistique
et culturelle de la traduction.
En Gn 38,8, il est question de Tamar, qui a d’abord été l’épouse d’Er, premier
fils de Juda. Ce premier mari étant mort, Juda ordonne à son second fils Onan de
prendre en mariage la fille de son frère aîné, selon la loi du lévirat. La traduction
malgache donne à cet endroit : « Va chez la femme de ton frère, porte-la en
“charge-sur-la-tête” (ento loloha izy), et engendre un enfant pour ton frère. »
(cf. King James « Go in unto thy brother’s wife, and marry her, and raise up
seed to thy brother ») La notion de loloha « charge qu’on porte sur la tête »,
84 - Archives de sciences sociales des religions
Nul doute que le type de relations ainsi décrit entre le traducteur missionnaire
européen et son « aide » ou son « professeur » indigènes ne devait résonner d’une
manière familière aux oreilles des auditeurs malgaches. Les missionnaires ne
doutaient pas que c’était à eux que revenait l’œuvre originale de la traduction :
les locuteurs natifs étaient des aides, certainement pas les auteurs intellectuels
du travail. Nous sommes loin de l’attitude d’un Maurice Leenhardt cherchant
pour la traduction du Nouveau Testament en houaïlou non pas une aide du
catéchiste locuteur natif, mais une formulation nouvelle, en quelque sorte jaillis-
sant des mots de la langue ; mais il est vrai que nous sommes alors au XXe siècle,
et que d’ailleurs les intuitions de Leenhardt sont loin d’avoir été acceptées de
tous (sur la comparaison des attitudes de Carey et de Leenhardt, voir Smalley,
1991 : 50-58).
La question du texte de base sur lequel la traduction a été établie prête éga-
lement à controverse. Les missionnaires ont insisté sur le fait que la traduction
devait partir des textes originaux, hébreux et grecs, et non d’une traduction. Ils
en avaient, en principe, la compétence. En effet, l’enseignement du séminaire de
Gosport où ils avaient étudié, non seulement donnait une part importante aux
études linguistiques, mais Munthe (1969) a montré qu’il était aussi caractérisé
par la liberté intellectuelle des milieux protestants non conformistes vis-à-vis des
normes plus conservatrices de l’Église d’Angleterre. Partant pour Madagascar,
les missionnaires de la LMS étaient au courant des acquis les plus récents de la
recherche exégétique. Ils avaient avec eux en particulier le Nouveau Testament
grec de Griesbach, qui représentait un grand progrès dans l’établissement du
texte par rapport au Textus receptus, héritier des recherches humanistes de la
Renaissance, auquel se tenait encore l’Église anglicane. Et ils ont effectivement
travaillé sur ce texte grec : Munthe a démontré, en suivant verset par verset les
omissions et les additions de l’édition Griesbach, que la traduction malgache
n’avait pas suivi le texte anglais disponible à l’époque (établi sur le Textus recep-
tus), mais bien le texte de Griesbach. Cela signifie-t-il que la traduction a réelle-
ment été faite à partir du grec, ou bien plutôt qu’une traduction établie d’abord
sur l’anglais a été ensuite soigneusement collationnée pour la mettre en accord
avec le grec ? Les déclarations des missionnaires eux-mêmes laissent planer le
doute. Les pages de titre du Nouveau Testament (1830) et de la Bible complète
(1835) donnent des indications qui ne concordent pas. Sur la première on lit :
no dikai’ny ny Misionary tamy ny teny Girika « traduit par les missionnaires de
la langue grecque », alors que sur la seconde figurent les mots : voadikia tamy
ny teny Hebirio sy Girika « traduite des langues hébraïque et grecque », mais suivis
de l’explication : ka nafindra ny ny Misionary, avy amy ny “London Missionary
86 - Archives de sciences sociales des religions
1. Reprise en anglais sur une page de faux-titre : « translated from the Hebrew and Greek
Languages: and retranslated into the Madagascar language by the Missionaries of the “London
Missionary Society.” »
Les traductions de la Bible et l’évolution du malgache - 87
nkova « en langue hova », et que c’est son collègue Freeman qui avait corrigé
sur les épreuves teny Malagasy. Griffiths avait protesté, expliquant que tout ce
qui avait été imprimé l’avait toujours été en hova. En 1834, la querelle pouvait
paraître byzantine : de fait, la langue malgache que les missionnaires appre-
naient, et dans laquelle ils publiaient le résultat de leurs travaux, était celle en
usage à la cour de Tananarive, au cœur de cette région que les traitants européens
connaissaient depuis le XVIIIe siècle comme l’Ankova, le pays des Hova, et ce nom
s’employait encore pour désigner les habitants de la région centrale 2. Mais le
choix avait une signification politique – et il s’est révélé par la suite un choix de
conséquence dans le domaine sociolinguistique. La reine Ranavalona avait pro-
testé contre l’habitude que les Européens avaient de la désigner comme « reine
des Hova » (Raison-Jourde, 1991 : 33), alors qu’elle affirmait être la souveraine
légitime de tout Madagascar. Malagasy était le mot choisi pour désigner les
habitants de son royaume, par opposition aux étrangers du delà des mers. Présen-
ter la Bible comme ouvrage en langue malagasy, c’était donc en faire le premier
monument d’une littérature non pas locale, dialectale, mais nationale – ce qu’elle
est effectivement devenue, même si en 1830-1835 le processus de standardisation
de la langue, qui devait lui donner progressivement une autonomie par rapport
au parler oral de l’Imerina, n’en était qu’à ses premiers pas. La question de la
nature de la langue écrite : simple extension du dialecte de la région de la capitale,
ou langue standardisée capable de servir de koinè à l’ensemble du pays, est
devenue un serpent de mer qui réapparaît périodiquement dans la vie politique
malgache, en particulier chaque fois que les autorités déplacent les limites entre
l’usage du malgache et l’usage du français dans l’enseignement 3. On peut donc
dire que cette dispute, devenue depuis une constante de la vie politique malgache,
trouve son fondement en ce moment-clé.
Les résultats de la première période missionnaire protestante ont été impres-
sionnants du point de vue religieux, et aussi culturel. La persécution, loin de
faire disparaître le tout petit noyau des croyants, l’a au contraire radicalisé, si
2. Mais il cédait la place devant un autre mot, Merina – le nom Hova se spécialisant
comme celui d’un des ordres hiérarchiques de la société, les roturiers. L’emploi de Hova comme
ethnonyme a persisté longtemps dans la littérature coloniale.
3. Les aménagements contradictoires se succèdent pendant la période coloniale : arrêtés de
1916 et de 1933 privilégiant le français, de 1929 et de 1951 augmentant la place du malgache
(Esoavelomandroso, 1976). Après l’Indépendance, l’ampleur du mouvement de bascule aug-
mente (en 1978, le malgache devient seule langue d’enseignement, puis en 1991 c’est le français
qui est déclaré, en dépit de tout réalisme, seule langue d’enseignement). En juillet 2008, une
nouvelle décision fait du malgache la langue d’enseignement dans les cinq premières années de
l’enseignement primaire. À chaque étape, le même argument se retrouve dans les polémiques :
donner plus de place au malgache, c’est défavoriser les « côtiers » en leur imposant une « mérini-
sation » linguistique. Le fait qu’entre temps la langue littéraire s’est largement différenciée du
parler oral de l’Imerina, et que la vie publique, en particulier politique, se passe désormais
entièrement en cette langue – y compris les discours de ceux qui dénoncent la « mérinisation » –
n’empêche pas la reproduction quasi rituelle des mêmes discussions.
88 - Archives de sciences sociales des religions
été qu’en malgache moderne s’est construit une opposition entre Andriamanitra,
perçu aujourd’hui comme le mot « chrétien », et Zanahary qui tend à s’identifier
aux conceptions tournant autour du culte des ancêtres. Les catholiques, qui dans
les premiers temps avaient privilégié Zanahary, devaient rapidement « se conver-
tir » eux aussi à Andriamanitra.
5. Les références aux versions seront données par les dates d’édition : B.1835 pour la pre-
mière version protestante ; B.1865 pour la révision de Griffiths ; B.1909 pour la version reçue
des Églises protestantes ; B.1938 pour la traduction catholique ; B.2005 pour la traduction inter-
confessionnelle.
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6. Il n’était pas non plus entièrement nouveau puisque, dès B.1835, le blé avait été remplacé
par le riz (vary), et le lin par le chanvre (rongony). Ces adaptations ont été maintenues par les
versions ultérieures – y compris la seconde, qui pourtant provoque aujourd’hui quelque gêne
puisque, pour le lecteur contemporain, le mot rongony ne peut plus guère désigner que le
hachich.
7. Il deviendra par la suite Kristy, abandonnant la diphtongue [ai] de l’anglais, mais retrou-
vant le contact de consonnes [st].
Les traductions de la Bible et l’évolution du malgache - 91
8. Non pas, comme on le dit parfois, que la notion n’ait pas pu s’exprimer en malgache,
mais – et c’était sans doute plus grave pour les prédicateurs – parce que les expressions dispo-
nibles rendaient un sens plutôt dépréciatif : les termes retenus par le Catéchisme de Flacourt
donnent le sens littéral de « réticent(e), qui n’ose pas, ne veut pas faire quelque chose » ou bien
de « pas atteinte par l’homme » (Gueunier, 1996, 1997).
92 - Archives de sciences sociales des religions
Du côté du lexique, nous avons vu que les choix de base ne pouvaient plus
guère être remis en question. L’idée est pourtant assez répandue dans le public
malgache qu’il y a dans le texte de 1938 un « langage catholique » immédiate-
ment reconnaissable. Elle s’appuie surtout sur la question emblématique des
noms propres, où les catholiques empruntent au français ou au latin (Moizy,
Piera, Joany) plutôt qu’à l’anglais (Mosesy, Petera, Jaona). Pour le reste, il y a
un petit nombre d’expressions qui suffisent à jouer le rôle de marques confession-
nelles. La plus connue se trouve dans la traduction de la demande « Ne nous
soumets pas à la tentation » dans le Notre Père. À ces endroits (Mt 6,13 et Lc
11,4), les protestants ont ny fakam-panahy : litt. « la prise d’esprit » (le fait que
l’esprit est vaincu, subjugué par le tentateur), alors que les catholiques ont ny
fitaoman-dratsy : litt. « l’entraînement au mal ». En fait, il ne s’agit pas réelle-
ment d’une divergence de traduction, plutôt d’une transposition de la forme
traditionnelle du Notre Père du catéchisme français – dans laquelle il s’agit
comme on sait d’atténuer l’expression pour éviter aux âmes simples le scandale
de penser que Dieu lui-même cherche à « induire en tentation ». En effet, dans
B.1938, l’idée de « tentation » (grec peirasmon) n’est rendue par le « mot catho-
lique » fitaoman-dratsy que dans le Notre Père. Partout ailleurs, dans les nom-
breux passages où il est question de la « tentation », la traduction catholique
garde le « mot protestant » fakam-panahy. Dans bien des cas, c’est plutôt par
un souci d’amélioration stylistique que la traduction catholique se distingue des
versions protestantes. Bien qu’en principe il s’agisse d’une traduction indé-
pendante, et non d’une révision, le lecteur garde souvent l’impression que le
traducteur avait sous les yeux la version concurrente des protestants, et qu’il a
simplement cherché à faire mieux en travaillant la prosodie, pour obtenir des
phrases plus coulantes, et mieux adaptées à la lecture en public.
Dès les années 1960-1970, ont vu le jour des projets de révision de la version
catholique, qui n’ont conduit qu’à des traductions partielles, et un projet de
traduction œcuménique, ou interconfessionnelle, associant catholiques, anglicans
et protestants. Les progrès ont été très lents – le Nouveau Testament étant
imprimé en 1991, et la Bible complète en 2005. L’entreprise a été laborieuse,
l’obstacle le plus évident étant, comme toujours, la question des noms propres,
obstacle si difficile à surmonter qu’on a dû d’abord imprimer pour un premier
fascicule publié à titre d’essai, une « traduction œcuménique, version protes-
tante », et une « traduction œcuménique, version catholique », qui ne différaient
que par les noms propres ! Ce n’est qu’ensuite que la commission a réussi à se
mettre d’accord sur une solution minutieusement négociée : quelques noms ont
été refondus, d’autres repris à l’une ou l’autre des anciennes versions. Mais
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9. Les apports de cette version ne se résument pas aux quelques traits qui seront mentionnés
ici. D’une manière générale, elle s’efforce de tenir compte de toutes les recherches nouvelles.
En particulier pour ce qui est du tétragramme divin YHWH, elle renonce aux lectures – qui
avaient été « modernes » en leur temps Jehovah (B.1835, B.1909) et Iaveh (B.1938) – pour
revenir avec ny Tompo (« le Seigneur ») à une solution conforme à la fois à la lecture juive
(Adonai) et aux traditions de traduction en grec et en latin.
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10. Ici, l’atténuation a été continue, puisque B.1835 avait l’équivalent de « qu’il me suce
(hitsentsitra) des suçons (fitsentsefana) de sa bouche ». C’était avant que la mode des baisers
à l’européenne ne se diffuse à Madagascar.
96 - Archives de sciences sociales des religions
11. Voir les meilleures données en français sur cette question dans les articles de Delval,
Rajaonarimanana et Vérin dans le Dictionnaire Universel des Littératures (1994).
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12. Selon le nom qui lui est généralement donné, cf. plus haut note 4.
13. Confidences reçues par F. Raison-Jourde (communication personnelle).
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14. On trouve description et analyse de ce réveil des cultes ancestraux dans deux ouvrages
récents, Rakotomalala et al., 2001, et Blanchy et al., 2006.
Les traductions de la Bible et l’évolution du malgache - 99
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Résumé
La traduction de la Bible a exercé une influence profonde sur la constitution et la
fixation d’une langue malgache moderne. Le processus de scripturalisation a com-
mencé dans une période missionnaire, qui a coïncidé avec la formation d’un pouvoir
d’État (1818-1895). L’histoire des traductions et révisions de la Bible en malgache
montre la place fondatrice qu’a occupée l’entreprise de traduction protestante pour
la langue nationale. Les choix faits alors n’ont plus été remis en cause ; ils se
retrouvent dans la traduction catholique (1938) et inspirent encore la traduction
œcuménique (1991-2005). Toutes restent fidèles à un « langage biblique » désormais
fixé. C’est sans doute pourquoi la traduction œcuménique n’a pas reçu un accueil
très favorable. Paradoxalement, le recul de l’œcuménisme institutionnel se concilie
avec l’association des deux traditions, protestante et catholique, fréquente dans les
occasions coutumières. Là où le sociologue pouvait être tenté de chercher un syncré-
tisme, on voit plutôt une association et une négociation entre des traditions qui
restent distinctes.
Mots-clés : Madagascar, langue nationale, écritures saintes, mission, traduction.
Abstract
Bible translation has had a profound effect on the constitution and fixation of
modern Malagasy language. The writing process began to be successful in a missio-
nary period contemporary with the formation of a State power (1818-1895). The
history of the translations and revisions of the Malagasy Bible shows how fundamen-
tal was the protestant work of translation for the national language. Choices made
then persist in the Catholic version (published 1938) and even in the œcumenical
translation (1991-2005). They all retain a “biblical language” now fixed. This may
explain why the recent inter-confessional translation has not been well received.
Paradoxically, as institutional œcumenism recedes, the two traditions, Protestant
and Catholic often join together in customary events. Where the sociologist might
be tempted to seek a syncretism, there appears to be rather an association and a
negotiation between distinct traditions.
Key words: Madagascar, national language, sacred scriptures, mission, translation.
Les traductions de la Bible et l’évolution du malgache - 103
Resumen
La traducción de la Biblia ha ejercido una influencia profunda sobre la constitución
y la fijación de una lengua malgache moderna. El proceso de puesta en escritura
comenzó en un período misionero, que coincidió con la formación de un poder de
Estado (1818- 1895). La historia de las traducciones y revisiones de la Biblia en
malgache muestra el lugar fundador que ha ocupado la empresa de traducción protes-
tante en el idioma nacional. Las elecciones hechas entonces no fueron luego cuestio-
nadas; podemos encontrarlas en la traducción católica (1938), e inspiran aún la
traducción ecuménica (1991- 2005). Todas permanecen fieles a un “lenguaje bíblico”
ya fijado. Paradójicamente, el retroceso del ecumenismo institucional se concilia con
la asociación de las dos tradiciones, protestante y católica, frecuente en el las costum-
bres. Allí donde el sociólogo podría estar tentado de encontrar un sincretismo, vemos
más bien una asociación y una negociación entre tradiciones que permanecen dis-
tintas. (trad. Véronica Giménez Béliveau)
Palabras clave: Madagascar, lengua nacional, santas escrituras, misión, traducción.