Document 486448
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DOSSIER 23
ASSOCIATIONS AGR OFORESTIÈRES / AGR OFORESTERIE
Les associations
Emmanuel Torquebiau agroforestières
Cirad-tera
Campus international de Baillarguet
TA 60/15
et leurs multiples enjeux
34398 Montpellier Cedex 5
France
Fabienne Mary
Cnearc
Avenue Agropolis
34394 Montpellier Cedex 5
France
Nicole Sibelet
Cirad-tera L’association d’arbres à d’autres productions
Campus international de Baillarguet végétales ou animales peut prendre de nombreuses
TA 60/15 formes. Les auteurs dressent un tableau de ces
34398 Montpellier Cedex 5 différentes pratiques agroforestières aux interactions
France complexes, et en analysent les multiples enjeux.
Introduction
Associer des arbres à la produc-
tion agricole est une idée vieille
comme l’agriculture. C’est la friche de
l’agriculture sur brûlis, la forêt à
caféiers d’Éthiopie, le bocage nor-
mand, le parc arboré du Sahel, etc.
Perçues comme des options d’utilisa-
tion des terres pouvant contribuer à
résoudre certaines menaces pesant
sur l’environnement et les forêts, ces
pratiques traditionnelles ignorées de
l’agriculture productiviste connais-
sent un certain renouveau depuis
quelques années sous le nom d’agro-
foresterie. Parce qu’elle associe agri-
culture et « culture d’arbres » et parce
qu’elle est surtout le fait d’agricul-
teurs, l’agroforesterie a des implica-
tions écologiques, économiques et
sociologiques différentes de celles de
l’agriculture ou de la foresterie prises
séparément. Par ailleurs, en agrono-
mie, les expérimentations sont plus
rapides car les rotations sont plus
courtes qu’en matière forestière où,
souvent, l’agriculteur n’a pas été pris
en compte.
Du fait de la (bio)diversité due à
la présence des arbres, les change-
ments induits par l’innovation agrofo-
restière marquent durablement l’en-
vironnement, l’organisation sociale,
le fonctionnement économique des
exploitations et la structure du pay-
sage. Sous les tropiques, les situa-
tions où les activités agricoles sont
associées à des arbres sont innom-
brables (voir par exemple Dupriez et
de Leener, 1993, pour une vue d’en-
semble de l’agroforesterie africaine).
À travers quelques études de cas tro-
picaux, cet article aborde les dimen-
sions écologique, économique,
sociale et paysagère des pratiques
agroforestières.
Le durian, Durio zibethinus, arbre mythique de l’Asie du Sud-Est, dont le fruit est réputé
pour sa saveur et son odeur, est aussi utilisé comme garantie dans des mécanismes de
prêt informel. Arbre épargné dans un brûlis d’agriculture itinérante, à Sumatra.
The durian tree, Durio zibethinus, well known in south-east Asian mythology and
reputed for the odour and flavour of its fruit, is also used to guarantee informal loans.
A tree left intact in slash-and-burn cultivation in Sumatra.
Photo E. Torquebiau.
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2002, N° 271 (1)
26 DOSSIER
AGR OFORESTRY / AGR OFORESTRY ASSOCIATIONS
Concepts de Pour précise qu’elle soit, cette telle que l’ombrage dans les caféières
l’agroforester ie définition ne lève pas toutes les ambi- ou l’apport de fertilisant, comme dans
guïtés. Par exemple, l’association certains parcs arborés. Leur présence
caféiers-arbres d’ombrage, dans peut aussi répondre à une fonction uti-
Définition laquelle les deux composantes sont litaire, comme les arbres servant de
pérennes, est classée dans l’agrofores- support à des cultures grimpantes
En associant le préfixe agro- à terie. Pour Baldy et Stigter (1993), telles que le poivrier. Ils peuvent enfin
foresterie, les créateurs de l’expres- l’agroforesterie n’est qu’un cas particu- avoir une fonction de production com-
sion « agroforesterie » marquèrent lier des cultures multiples, dans lequel plémentaire au sein d’une parcelle,
cette science d’une ambiguïté qui l’une des deux composantes est sans que l’interaction écologique,
n’est pas encore totalement levée. La pérenne. Cette définition a le mérite de même si elle existe, y soit recherchée.
forêt n’apparaît que dans certains cas la simplicité et renvoie à celle que les Dans ce dernier cas se trouvent les
d’agroforesterie. Dans les autres cas, auteurs donnent des cultures multi- arbres fruitiers dans les parcelles, les
les plus nombreux, les arbres en jeu, ples : « [systèmes de culture dans les- « champs ouverts arborés » des géo-
isolés, en groupes de dimensions quels] deux ou plusieurs plantes occu- graphes. Souvent, les arbres ont, de
modestes, ne se présentent pas sous pent la même unité de surface de sol fait, plusieurs fonctions (Leonard,
la forme d’une forêt, mais sous une (...) de façon conjointe ou séquen- Oswald, 1996).
physionomie qui évoque plutôt l’ar- tielle ». Les cas où existe une associa-
boriculture. Ce qui n’enlève rien à l’un tion avec une production animale com- Les techniques agroforestières
des objectifs essentiels de l’agrofo- plètent le tableau de l’agroforesterie. en disposition linéaire
resterie, celui de jouer, dans un La ligne est une constante de
contexte agricole, un certain nombre Classifica tion de nombreux paysages agricoles, et sou-
de rôles dévolus à la forêt. l’agroforester ie vent l’arbre vient s’y loger. Ce sont les
Une définition de l’agroforeste- brise-vent et autres plantations de
rie faisant à peu près l’unanimité au- L’une des manières d’y voir plus lisière, le but de ces dernières étant
jourd’hui est la suivante : « La culture clair est de tenter de classer les diffé- parfois seulement de marquer le par-
délibérée de plantes ligneuses rentes pratiques agroforestières. Ce cellaire. Ce sont les haies vives desti-
pérennes en interaction écologique classement peut se faire selon des nées à contrôler les animaux. En plein
ou économique avec des cultures sai- critères géographiques, climatiques, champ, les bandes boisées et les
sonnières ou de l’élevage, simultané- mais aussi selon des critères d’objec- haies arbustives ont souvent un rôle
ment ou en séquence temporelle » tifs : une production supplémentaire anti-érosif. Ce sont des cultures en
(Nair, 1993, modifié). Le concept de (bois, fruits, fourrage, etc.) ou un ser- couloirs si les haies sont répétitives
plante pérenne (arbre ou arbuste qui vice (brise-vent, ombrage, lutte et régulièrement émondées afin de
reste en vie pendant la saison défavo- contre l’érosion, etc.). Toutes ces fertiliser les couloirs de culture qui
rable) est central dans cette défini- classifications, en mélangeant des les séparent. Le bocage, paysage
tion. Les interactions écologiques et critères de structure et de fonction, d’enclos végétaux constitués de
socio-économiques entre cette com- font apparaître de nombreux recou- haies, appartient à cette catégorie.
posante et la composante agricole pements entre catégories. Une classi-
sont toujours présentes. fication simple en cinq catégories est Les agroforêts
ici proposée. Elle est fondée sur des Parcelles à la physionomie typi-
Agriculture multi-étagée expérimentale au Burundi : critères structuraux de disposition – quement forestière, les agroforêts
haricots, bananiers et Grevillea robusta. dans l’espace ou dans le temps – des sont des associations multistrates de
Experimental multistorey agriculture in Burundi: beans, composantes de l’association ; autre- plusieurs espèces arborées et saison-
bananas and Grevillea robusta. ment dit, sur des critères physiono- nières, aux utilisations multiples et
Photo E. Torquebiau. miques faciles à reconnaître au pre- complémentaires, parfois nommées
mier coup d’œil (Torquebiau, 2000). « systèmes agroforestiers complexes »
(Michon et al., 1995). Autour des habi-
Les cultures sous couvert arboré tations, les jardins-forêts contribuent
À cette première catégorie appar- à de nombreux aspects de l’autocon-
tiennent toutes les combinaisons sommation familiale, tandis que les
d’arbres et de cultures dans lesquelles forêts villageoises, plus étendues,
la composante arborescente constitue sont souvent orientées vers la vente
un étage supérieur recouvrant des de produits tels que les fruits, le bois
cultures. Ce sont les arbres dispersés d’œuvre, le caoutchouc. Les parcelles
dans les parcelles agricoles. Ils peu- boisées à usages multiples sont une
vent avoir une fonction écologique variante simplifiée d’agroforêt.
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2002, N° 271 (1)
DOSSIER 27
ASSOCIATIONS AGR OFORESTIÈRES / AGR OFORESTERIE
r* = 73 % r* = 95 % r* = 72 %
r* = 23 %
Témoin
r* = 73 % r* = 100 % r* = 100 %
r* = 54 %
Concurrence racinaire : 19 %
* r : rendement
en pourcentage
du témoin
Évaluation témoin non agroforestier qui devrait De plus, quand il y a une incerti-
économique être l’assolement cultures annuelles tude forte sur le prix de produits
d’un côté, arbres de l’autre. Elles ligneux qu’on ne récoltera que dans
des associations mesurent tout au plus les avantages plusieurs années, la valeur de ces
et les inconvénients de l’introduction produits n’est quelquefois plus prise
agroforestières d’arbres dans les cultures. en compte dans la décision d’asso-
Une autre difficulté de l’évalua- cier arbres et cultures dans les
L’évaluation économique de tion économique de l’agroforesterie champs. On ne peut donc plus utiliser
l’agroforesterie est utile pour guider tient à la présence des plantes péren- les critères économiques classiques
le choix des associations et la nes dont l’horizon temporel est le construits à partir de la valeur de
conduite technique des arbres et long terme. En économie, le para- toutes les productions de l’associa-
des cultures. Mais elle est difficile. mètre temporel est pris en compte à tion agroforestière.
À l’échelle de la parcelle, des évalua- travers l’actualisation des coûts et Enfin, le choix de l’horizon tem-
tions agro-économiques comparent des bénéfices, qui traduit la préfé- porel (long terme) sur lequel est
les résultats de parcelles agrofores- rence pour des bénéfices à court construit le calcul est délicat : faut-il
tières et de parcelles en cultures terme. Or, le calcul des coûts et béné- procéder à un calcul sur une seule
pures prises comme témoin. Ces com- fices actualisés repose sur un para- rotation ou bien faut-il, pour intégrer
paraisons ne permettent pas de mètre à la fois difficile à estimer le paramètre temps, prolonger l’hori-
conclure à l’intérêt de l’association et affectant fortement le résultat du zon temporel à deux rotations, ou à
agroforestière par rapport au vrai calcul : le taux d’actualisation. une infinité de rotations ? Des recher-
ches ont montré que ces diverses
options de calcul conduisent à des
résultats différents (Maille, 1991).
Dans le cas complexe des agroforêts
multi-étagées indonésiennes, Michon
al. (1995) décrivent une diversifica-
tion progressive des plantations de
damar (Shorea javanica, un arbre
résinifère de la famille des diptérocar-
pacées), dont la gestion pied à pied
aboutit à une association d’arbres
d’âges différents qui vieillissent et
sont remplacés à tour de rôle. Dans
ces agroforêts sans cycle, sur quelle
durée faut-il estimer la valeur des
diverses productions à venir ?
À l’échelle de l’exploitation agri-
cole, on peut évaluer l’agroforesterie
en relation avec les autres systèmes
de culture. Par exemple, au Sahel, la
plantation des jeunes plants d’arbres
doit être réalisée en début de saison
des pluies, au moment où les agricul-
teurs donnent la priorité aux semis
des cultures vivrières. Des problèmes
de main-d’œuvre peuvent se poser.
L’agroforesterie peut aussi induire un
gain de temps et d’espace, comme
pour les grevilleas plantés dans les
caféières du Buyenzi, au Burundi
(encadré 1).
À l’échelle du ménage, on
Les enjeux lité de cette périphérie vers les ter-
intègre les objectifs de production de l’adoption roirs intensifiés proches des villages.
(en termes de flux) et les objectifs Les haies vives viennent cependant
patrimoniaux (en termes de stock) du d’une innovation limiter ce transfert en procurant une
budget familial. Au cours de son cycle partie du fourrage (jusqu’à 20 % des
de vie, une famille doit supporter des
agroforestière besoins). Le rôle d’ordre qualitatif de
fluctuations de revenus et de ce fourrage est le plus important, la
consommation qui déséquilibrent L’analyse qui suit (Sibelet, production de la haie étant principa-
son budget. En l’absence de marchés 1995) aborde les implications histo- lement utilisée en période de sou-
financiers (prêt à la consommation, riques et sociologiques liées à l’intro- dure. La fumure organique bovine a
placement de l’épargne, assurances, duction d’arbres dans un terroir très permis de passer à la culture conti-
retraite, etc.), la famille utilise les peuplé des Comores (600 hab./km2), nue et d’intensifier les systèmes de
biens réels, durables, de son patri- le Niumakélé, où, depuis trente ans, culture vivriers à base de racines et
moine, comme l’or, les bijoux, le l’arbre a joué un rôle majeur dans tubercules qui coexistent avec des
bétail et l’arbre, pour faire face aux l’évolution de l’agriculture, notam- cultures de rente (girofle, ylang-
déséquilibres de son budget, et « lis- ment face à la forte poussée démo- ylang, vanille).
ser sa consommation ». Par exemple, graphique (taux de croissance annuel Cette intensification a permis de
en Indonésie, à Java Ouest (enca- moyen de 3,2 %). L’ancien système passer en quelques années d’un
dré 2), un arbre fruitier de grande de production, fondé sur l’association espace ouvert en pleine dégradation à
valeur commerciale est utilisé comme riz (ou manioc) - maïs - ambrevade (le un espace embocagé ayant une pro-
garantie dans le cadre d’un système pois cajan, ou pois d’Angole), avec ductivité très supérieure (production
de prêt informel localement appelé une année de jachère sur deux, a évo- multipliée par 2,7 en trente ans, alors
gadai (Dury et al., 1996). À Sumatra, lué à la suite de nouvelles pratiques que la population a doublé pendant
dans la société matrilinéaire minang- de fertilisation, le développement du cette même période) qui s’étend peu
kabau, à chaque naissance d’une couvert arboré et l’embocagement. à peu à partir des zones favorables
fille, le père plante dans le sous-bois L’agriculture, restée exclusivement (autour des villages). L’intensification
des agroforêts appartenant au manuelle, est aujourd’hui associée à globale résultante associe une exploi-
lignage de sa femme des canelliers l’élevage, sous forme de bovins atta- tation plus extensive des terroirs péri-
qui seront récoltés au moment du chés à un piquet tournant, sur des phériques à une intensification pous-
mariage de la jeune fille. En Malaisie, parcelles entourées de haies vives. sée du terroir central. Une multiplica-
les exploitants « préparent leur Les haies sont principalement consti- tion par dix des rendements sur les
retraite » en plantant une cocoteraie tuées de sandragon (Pterocarpus parcelles les plus intensifiées a été
qu’ils confient à un jeune agriculteur indicus) et de gliricidia (Gliricidia observée : dans les hauts, l’ancien
quand ils cessent leur activité. Le sepium), deux espèces légumineuses système riz - maïs - ambrevade pro-
jeune agriculteur cultive l’espace arborescentes. duisait 2 515 000 cal/ha (3 ans sur 5),
intercalaire entre les cocotiers et, en Les animaux sont alimentés par le système agroforestier avec fertilisa-
échange de ce foncier, entretient et deux apports fourragers quotidiens tion bovine d’aujourd’hui (manioc -
récolte les noix pour l’exploitant âgé provenant essentiellement des ter- taro - banane - maïs - ambrevade
(Dupraz, 1989). Ces exemples mon- roirs périphériques. La production de pérenne) fournit 20 600 000 cal/ha
trent comment les planteurs d’arbres fumier génère des transferts de ferti- (3 ans sur 4).
utilisent la durée de vie et le délai
d’entrée en production pour transfé-
rer de la valeur dans le temps.
Pouvoir disposer de cette valeur à un
moment donné du cycle de vie fami-
lial est aussi important que le mon-
tant lui-même.
Encadré 2.
LE GADAI DE DURIAN (DURIO ZIBETHINUS)
À JAVA (VILCOSQUI, 1994).
Le gadai est un emprunt informel, effectué le plus souvent en drier de remboursement, le gadai ne peut néanmoins être
espèces, et pour lequel l’emprunteur donne en garantie un considéré comme un prêt à taux usuraire, comparé aux autres
bien productif (ici un arbre cultivé dans les jardins agrofores- taux d’intérêt pratiqués localement, y compris dans les sys-
tiers). Les intérêts, pendant la durée du prêt, sont constitués tèmes de prêt formel (Dury, 1997). La Banque populaire indo-
par l’usufruit du bien (ici la production fruitière, le plus sou- nésienne octroie en effet des prêts ruraux à moyen terme à
vent commercialisée). Ce prêt dure de 1 à 4 ans, et la fin de des taux effectifs de 12 à 20 % par an.
l’emprunt, à l’initiative de l’emprunteur, est concrétisée par le
remboursement de la somme empruntée, amenant la restitu- Dans le village étudié, 20 % des familles possèdent au moins
tion du bien gagé à son propriétaire. Comme la production un durian ; ce sont principalement des familles aisées ou
fruitière est irrégulière, une durée minimale est parfois préci- appartenant à une « classe moyenne », du point de vue de
sée, correspondant à l’intérêt demandé par le prêteur. En leur patrimoine, mais ayant un revenu annuel plutôt faible :
dehors des prêts intrafamiliaux, le gadai est le seul système 1 641 000 Rp contre 2 267 000 Rp en moyenne dans le village.
de crédit, sur trois années en moyenne, permettant de dispo- Cependant, en dépit de leur richesse relative, et du fait de
ser, sous 24 heures, de plus de 100 000 roupies indoné- leurs revenus peu élevés, ces familles empruntent et mettent
siennes (Rp). Les observations effectuées sur 85 gadai de un arbre en gadai lorsqu’elles manquent de liquidités au
durians montrent que le montant moyen du prêt atteint moment de dépenses exceptionnelles, ou lorsque leurs acti-
180 000 Rp, soit la valeur moyenne de la production fruitière. vités économiques, souvent risquées, traversent des difficul-
Le taux d’intérêt est très variable, puisqu’il s’échelonne de 0 tés, comme cela est fréquemment le cas dans le commerce
à 210 % par an (moyenne 65 %). La durée du prêt et la grande local. Parmi les 85 emprunteurs interrogés lors de l’étude, 50
irrégularité de la production fruitière expliquent en partie % avaient utilisé la somme empruntée pour la consommation
cette forte variation du taux d’intérêt, calculé sur des prêts courante, 12 % pour l’achat de biens durables (télévision,
déjà remboursés. Si l’on considère la rapidité et la facilité réfrigérateur, réparation de la maison, etc.) et 18 % pour l’in-
d’obtention de ce crédit, ainsi que la flexibilité de son calen- vestissement.
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2002, N° 271 (1)
34 DOSSIER
AGR OFORESTRY / AGR OFORESTRY ASSOCIATIONS
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BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2002, N° 271 (1)
DOSSIER 35
ASSOCIATIONS AGR OFORESTIÈRES / AGR OFORESTERIE
Synopsis
THE MULTIPLE CHALLENGES High biodiversity Adopting agroforestry systems
OF AGR OFORESTRY Because agroforestry is a multipur- The adoption and adaptation of agro-
ASSOCIATIONS pose activity which is complex in forestry innovations by rural people
structure and involves high degree of show that the role of trees as per-
Emmanuel TORQUEBIAU, biodiversity, it gives rise to a unique ceived by farmers and scientists may
Fabienne MARY, and complex system of ecological, differ. In the Comoro Islands, hedges
Nicole SIBELET economic and sociological interac- planted around cropland for soil fer-
tions which differ from those of agri- tility improvement and erosion con-
Associating trees with crops culture or forestry. Tropical regions trol were actually maintained by farm-
or livestock production, an age-old offer a variety of examples of such in- ers because of their usefulness in
practice now arousing increasing in- teractions. Ecological competition or controlling cattle movements and as
terest under the name of agroforestry, complementarity between trees and protection against theft. A study of
can take on many different forms. crops is illustrated by a case of multi- the adoption process revealed that
Because trees are long-lived, changes storey agriculture with beans, ba- stakeholder groups differ in adopting
induced by agroforestry have a long- nanas and trees in Burundi. Here, major innovations such as tree plant-
lasting impact on the environment, on below-ground competition between ing in cropland. Older, influential peo-
social and economic processes, and beans on the one hand, and bananas ple are among the first to adopt the
on landscape structure. Agroforestry or bananas plus trees on the other, innovation, because of their authority
is classified here into five categories: was more important than competition and influence. They deliver an ideo-
▪ crops under tree cover (upper storey for light, demonstrating the impor- logical “certificate of approval” which
trees, agroforestry parklands, scat- tance of the root component in asso- allows large-scale adoption by other
tered trees in croplands, etc.); ciating trees and crops. In Zambia, farmers.
▪ agroforestry in a liner arrangement fallow lands improved by planting
(windbreaks, living fences, hedges, fast-growing trees were found to re- Consequences and implications
alley cropping, etc.); cover their soil properties after only of agroforestry
▪ agroforests (homegardens, village two years, while natural fallows took The multicomponent and multipur-
forest gardens, multipurpose wood- 8 to 10 years. pose nature of agroforestry results in
lots, etc.); specific interactions between farming
▪ sequential agroforestry techniques The economic issues arising from resources (crops, trees, animals) and
(improved fallows, “taungya” system, agroforestry practices are difficult to between these resources and other
etc.); assess because tree growing is un- components, including people: com-
▪ minor agroforestry techniques (trees dertaken with a long term perspec- petition or complementarity, non-
plus fish or insect production, etc.). tive, which makes it difficult to esti- monetary economic strategies, ap-
Livestock farming can also involve mate discount rates. In complex propriate adoption practices,
agroforestry, for example when tree agroforestry systems such as multi- long-term social and landscape
fodder is used or animals are allowed storey agroforests, individual tree change, etc. Agroforestry also has en-
to graze under trees. Some complex management leads to “multi-cycle” vironmental implications in terms of
agroforestry associations provide in- plantations where there is no fixed tree impact on ecological factors such
termediate examples, such as the duration to formulate production as wind, temperature, erosion, biodi-
“rubber jungle” of Sumatra which is planning. Under other conditions, versity, etc. These diverse factors
an agroforest derived from an im- trees can compete with crops for farm make agroforestry a sort of model
proved fallow. resources such as land or labour. In from which lessons can be drawn for
subsistence economies without fi- other rural production systems.
nancial markets, trees can be used to
guarantee informal loans. Share crop-
ping agreements can be settled be-
tween landowners and tenant farm-
ers, where the latter raise crops
between trees and maintain them for
the former.