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pour le tunnel
de la rocade nord de Grenoble
La construction de tunnel en site urbain est un problème
particulièrement délicat par le contrôle soigneux à la fois
des règles de sécurité à appliquer, pour prévenir la rupture,
pour maîtriser les déplacements de surface et pour ne pas
nuire au bâti existant. Au niveau d'un avant-projet, il s'agit
d'évaluer les variantes fonctionnelles d'un point de vue
J. MOMMET technico-économique et de proposer la bonne adaptation de
LIRIGM l'ouvrage à la nature géotechnique des sols. En particulier
Université Joseph-Fourier la connaissance, dès ce stade, des caractéristiques
BP53 géomécaniques du sol s'est avérée primordiale.
38041 Grenoble Le tracé préliminaire du tunnel de la future rocade nord
[email protected] de Grenoble démarre du quartier des Sablons, traverse en
sous-fluvial l'Isère, passe sous le quartier de l'Ile verte,
franchit une seconde fois l'Isère pour rejoindre l'autoroute
C.CHAPEAU existante A48 à la Porte de France. La géologie du tracé
comporte une partie de terrains d'origine alluviale avec
CE TE-Lyon
des sables limoneux et des argiles, puis une traversée
25" av. François-Mitterrand dans les calcaires de Chartreuse dès le second
Case 1 franchissement de l'Isère. La méthode de reconnaissance
69674 Bron Cedex choisie utilise des forages pour avoir un accès direct au sol
Christian. Chapeau@ environnant l'ouvrage qui se trouve entre 10 et 20 m de
equipementgouv.fr profondeur pour décrire les sols, les classer et étudier leur
comportement lors la réalisation des ouvrages projetés.
Pour les sables limoneux sous la nappe phréatique qui
G. GODARD sont difficiles à prélever, on a privilégié la recherche des
DDE" paramètres de déformation et de rupture par essais
17, bd Joseph-Vallier pressiométriques, respectant mieux leur structure.
38000 Grenoble La variabilité des données géotechniques a été prise en
Gilles.Godard@ compte dans le choix des paramètres géomécaniques du
projet et des solutions pour le creusement du tunnel.
equipement.gouv.fr Le projet devrait voir le jour dans la première décennie
de ce nouveau siècle.
Mots-clés: essais in situ et mesures, tunnel, pressiomètre,
angle de frottement.
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Les quatre familles: « Ville )), « Leclerc )), « Quai )), « POS )).
The four families : cc Ville )), cc Leclerc )), cc Quai )), cc POS )),
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Les profils en travers possibles ont été examinés en bable de nombreux paléochenaux qui peuvent fournir
fonction des gabarits admissibles, de la vitesse de réfé- localement des changements brutaux de faciès (sols
rence et du niveau d'exploitation retenu. Dans le cas du fins dans un dépôt alluvionnaire plus grossier, par
gabarit de 2 m, la superposition des chaussées permet exemple) ;
d'optimiser les différents espaces générés par le tunnel - les formations rocheuses sédimentaires des contre-
sans que son diamètre soit excessif, ce qui n'est pas le forts du massif de Chartreuse sous la Bastille. Ces
cas, des tubes juxtaposés qui génère des espaces inutili- roches datent du Jurassique supérieur et Crétacé infé-
sés. Par contre, il est nécessaire de réaliser régulière- rieur et font apparaître une alternance de bancs cal-
ment des ouvrages d'interconnexion entre les niveaux caires et de bancs marneux. Les strates de ces roches
pour assurer le passage des usagers et des secours présentent un pendage subvertical. La roche est recou-
d'une chaussée à l'autre. L'analyse du coût global est pée par trois failles principales dont le remplissage
alors favorable à un profil monotube pour le gabarit de broyé et altéré peut présenter des circulations d'eau.
2 m. Dans le cas d'un gabarit admissible de 2,7 m, la
superposition des chaussées dans un tunnel creusé
conduit à un diamètre important et engendre des
espaces inutilisés dans la section. La juxtaposition des
chaussées dans deux tubes séparés permet une utilisa- Description géotechnique des terrains
tion plus efficace des espaces creusés, une réduction
du diamètre du tunnel et une meilleure rentabilisation La campagne de reconnaissance s'est concentrée en
de son utilisation. Ces considérations, couplées à la 1996-1997 sur la traversée de l'Ile verte, point dur du
géologie rencontrée par le projet conduisent à des projet, avec passage en tunnel sous le bâti. On rapporte
coûts pratiquement comparables pour les deux types ici les résultats de cette campagne et des essais réali-
de profils. Dans la mesure où la juxtaposition des sés ainsi que la démarche permettant d'orienter les
chaussées offre plus de souplesse à l'exploitant, un pro- choix techniques. La synthèse géotechnique permet de
fil à deux tubes séparés (Fig. 5) reliés régulièrement par proposer à partir des sondages de 20 à 40 m de profon-
des rameaux a été retenu pour un gabarit de 2,7 m. deur effectués sur le tracé un classement des terrains
rencontrés en neuf familles de sols ou de roches, sui-
vant leurs origines de dépôt, leurs localisations et leurs
1 caractéristiques :
Description du sous-sol - famille Fl : des remblais de surface localement 1 à 4 m
d'épaisseur;
de la rocade nord - famille F2 : des argiles plastiques sous-jacentes à la
couche Fl de faible épaisseur;
- famille F3 : des limons sableux marron à verts de sur-
face sur 3 à 7 m d'épaisseur localement sous-jacents
aux remblais Fl et surmontant les sables et graviers;
Cadre géologique général - famille F4 : des sables et graviers généralement
Le projet de la rocade nord de Grenoble rencontre constitués de sables fins gris noirâtres parfois vaseux
deux formations géologiques aux origines très dis- (sablons) à passées limoneuses ou sablo-graveleuses
tinctes: (vers l'est) de puissance 3 à 20 m et qui sont sous-
- les alluvions de la vallée de l'Isère d'épaisseur très jacents aux limons F3. Les graviers excèdent rarement
importante qui peut varier entre 500 et 800 m. Ce sol 100 mm et leur diamètre maximal est le plus souvent
est constitué de graves, sables, limons et argiles d'ori- 20 mm. Ils sont d'origine alluvio-fluviale;
gine quaternaire. Les dépôts sont d'origine lacustre - famille F5 : des limons argileux gris remplaçant les
lors de la dernière période de glaciation mais aussi flu- sables et graviers à l'est;
viale. A noter que les formations alluviales hétérogènes - famille F6 : des sables fins et limons en alternance gris
dans lesquelles les tunnels sont envisagés sont suscep- noirs moyennement compacts se situant sous les sables
tibles de contenir des blocs de forte taille provenant de et graviers de la famille F4 avec des passées limo-
cônes de déjection ou d'éboulis anciens ainsi que neuses, voire argileuses;
d'éventuels troncs d'arbres flottés, sédimentés avec les
- falnille F7 : des limons sableux gris noir profond peu
alluvions. Il faut surtout souligner l'existence très pro-
compacts se retrouvant à l'ouest du projet, se déstruc-
turant au prélèvement. D'origine glacio-lacustre ou flu-
viatile, ils sont cependant traités globalement, leurs
caractéristiques étant homogènes;
- famille F8 : des sables profonds compacts (sablons)
situés très profondément. Ce sable se rencontre à un
niveau profond principalement côté Sablons, à l'est à
des profondeurs décroissantes en allant de l'ouest vers
l'est. Ce sable est décrit à partir des forages destructifs
comme un sable fin gris avec quelques graviers comme
le sol F6 mais avec des caractéristiques pressiomé-
triques beaucoup plus élevées;
La section type du projet de la rocade - famille F9 : des marnes rocheuses et calcaires consti-
nord de Grenoble. tuant le rocher de la Bastille.
The chosen section of the North transversal
tunnel of Grenoble. La coupe géologique le long du profil du projet est
présentée sur la figure 3.
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94-110-1). Quand le sol est granulaire, il peut être utilisé
pour estimer l'angle de frottement du sol, par corréla-
Les reconnaissances géotechniques tion selon des expériences sur les sables (Ménard, 1957).
Nous utilisons l'essai pressiométrique comme un
Les reconnaissances géotechniques se sont dérou- essai de cisaillement en place (Clarke et al., 1998) per-
lées en plusieurs phases successives avec les lTIoyens lTIettant d'obtenir le lTIodule élastique de cisaillement
suivants: et l'angle de frottement interne quand le sol est granu-
- 4 sondages destructifs avec enregistrement de para- laire. Ces valeurs peuvent être utilisées pour décrire
mètres, sur le quai X.-Jouquin en rive droite de l'Isère l'état de compacité des sols, pour la conception et
pour préciser le toit du rocher; l'approche dÎlTIensionnelle des ouvrages du tunnel de
- 8 sondages carottés, de profondeur 30 à 40 m le long la Rocade nord. Les paramètres de comportement
du tracé pour prélèvement d'échantillons et essais de mécaniques du sol pern1ettent alors d'adapter
laboratoire; l'ouvrage en terrains lTIeubles à son environnement
géotechnique et d'optimiser le projet.
- 15 sondages ]Jressionlétriques standard et avec cycles
de charge-décharge, de profondeur 30 à 40 m, le long
du tracé.
Les essais de laboratoire ont complété les essais de
reconnaissance par: des essais d'identification physique, Théorie élastoplastique du cisaillement
des essais œdométriques, des essais triaxiaux CD avec
mesure des variations de volume, des essais triaxiaux autour du pressiomètre
cycliques. Les résultats des essais in situ sont indiqués Nous ne détaillerons pas ici l'ensemble de la théorie
dans le tableau 1. Nous ne détaillerons pas ici l'ensemble élastoplastique du cisaillement du sol autour du pres-
des résultats des essais in situ et en laboratoire, et nous siomètre, et nous renverrons le lecteur à la référence
nous attacherons principalement à la problématique bibliographique Monnet (1990), Monnet et Khlif (1994)
posée par l'évaluation des caractéristiques de cisaillement mais nous indiquerons seulement ses principales hypo-
des sols limono-sableux constitués par les dépôts fluvio- thèses et conclusions. L'intérêt de cette démonstration
glaciaires. Il a été décidé de privilégier l'essai pressiomé~ est qu'elle fournit un cadre plus rigoureux à une inter-
trique pour les raisons suivantes: c'est un essai in situ qui prétation de l'essai pressiométrique en cisaillement,
teste le sol dans son état naturel dans la lTIeSUre où le sans nécessiter le passage par des corrélations toujours
forage préalable ne remanie pas le sol, il est réalisable délicates à manipuler et dont on connaît malles limites
même dans les sols pulvérulents grossiers; il peut être d'utilisation.
positionné en )('iZ et il permet de déterminer le module
élastique de cisaillement G et l'angle de frottement interne
<P' (ou la cohésion non drainée cu) au niveau du projet.
Hypothèses
Le sol a un COlTIportement élastique linéaire de
Utilisations de l'essai pressiométrique module G avec une plasticité non associée d'angle de
frottement interne <p', d'un angle de dilatance 'P lié au
frottement intergranulaire <p~ (Monnet et Gielly, 1978)
par:
L'essai pressiométrique normalisé \V == <P' - <P~ (1)
Si l'angle de frottelTIent interne d'un sol varie inver-
L'essai pressiolTIétrique (Ménard, 1955) est utilisé sement proportionnellement à l'indice des vides et peut
largement à ce jour pour le din1ensionnement des fon- prendre des valeurs différentes selon l'état de densité
dations (Ménard, 1957 ; Gambin, 1979 ; Amar et al., du sol, par contre sa valeur est bornée par un minimum
1991; Fascicule 62 titre V, 1993) à partir du module pres- qui est l'angle de frottement intergranulaire. Dans ce
siolTIétrique E M et de la pression limite Pl (Norme NF P cas le sol n'exprime plus aucune dilatance.
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Le critère de Mohr-Coulomb caractérise la plasticité cisaillement. Il est alors naturel que l'augmentation de la
du sol avec un angle de frottement <p'. L'écoulement contrainte verticale se traduise, dans les sols frottants,
plastique non standard est déterminé par l'angle de par une augmentation proportionnelle de la résistance
dilatance 'P. Le sol pulvérulent est considéré drainé. au cisaillement qui est mesurée ici par la pression limite
(6). On trouve aussi que Pl est fonction du module de
cisaillement G, du rapport n qui est liée à la dilatance,
du rapport N qui est lié à l'angle de frottement à travers
Équilibre élastoplastique général le paramètre 8 (2, 4), mais aussi à l'angle de frottement
intergranulaire <p~ (1, 5).
Pour simplifier, nous ne détaillerons que le cas avec
deux zones plastiques autour du pressiomètre. Alors,
la relation générale d'équilibre entre contrainte et
déformation au niveau du forage qui représente
l'expression théorique pressiométrique est la suivante Corrélation entre la pression limite
(Monnet et Khlif, 1994) : et l'angle de frottement
Ln[ ; .(1 + n) ~ C1 ] = o.Ln( p) - o.Ln( y. il + Les nombreux essais réalisés au pressiomètre
Ménard ont donné lieu à des études statistiques, ce qui
(2) a permis l'élaboration de nombreuses règles empi-
LnI(1-Ko).y.z(1+n) - C1
l 2.G
l riques. Parmi celle-ci, nous avons retenu la corrélation
reliant, pour les sols granulaires, la pression limite nette
à l'angle de frottelTIent interne (ArnaI, 1991). Cette rela-
n.(ua ~1 + n)(HJo +(1 +n).(N - Ka). y.2 tion s'écrit en unité de pression kPa :
1+ n a} p 2.G
avec: 0= 1-N et C 1=
1+n
(
H
J8 (3) p; = 250.2[( ~~24)] (7)
p
Dans cette expression, le coefficient empirique 250
utilisable pour les sols de densité moyenne, peut être
avec : N = (1 - sin <p')/( 1 + sin <p') (4) modulé entre 180 pour les sols lâches à 350 pour les
et : n = (1 - sin'P)/(1 + sin 'P) (5) sols structurés. Il est fonction du rapport EM/Pr Nous
Ces formules sont obtenues en assurant, le respect utiliserons ici le coefficient moyen de la relation (7).
de l'écoulement élastoplastique non standard dans les
deux zones plastifiées, le respect de l'équilibre élastique
dans la zone externe, la continuité de l'état de 1
contrainte entre les différentes zones de comportement
du sol autour de la sonde. La valeur de Cl est très Résultats des essais
petite, et peut être négligée en première approxima-
tion. Dans ces conditions, la relation (2) montre qu'il
existe une linéarité entre les logarithmes de la pression
appliquée au forage et de la déformation radiale au Principe de la démarche expérimentale
forage. Cette linéarité avait déjà été trouvée précédem-
ment (Hughes et al., 1977) mais sans définir la totalité L'étude relative aux paran1ètres de cisaillement pro-
de la courbe pressiométrique. La pente 8 (3) de la rela- cède par étapes:
tion linéaire est une fonction de l'angle de frottement - mesure de l'angle de frottement intergranulaire <p à
interne <p' et de l'angle de frottement intergranulaire <p . l'essai triaxial. On suppose que la nature géologiq~e
La connaissance de <p et de 8 permet alors de détermi- des grains du sol et leur état de surface sont indépen-
ner directement l'angle de frottement interne. dants de la granulométrie. Cette valeur est indépen-
dante de l'état de densité du sol (Monnet et Gielly,
1978) ;
- mesure de la dilatance, puis de l'angle de frottement à
Pression limite conventionnelle l'essai pressiométrique. On suppose que le sol est non
cohérent et parfaitement drainé. L'angle de frottement
Lorsque l'on atteint la pression limite, la cavité
est alors considéré comme représentatif de l'état de
double de volume (après recharge jusqu'à une
densité local du sol in situ. L'essai pressiométrique est
contrainte horizontale au repos), et la déformation
ici interprété comme un essai de cisaillement unique à
radiale théorique devient alors égale à {2 - 1. Cette der-
un niveau de contrainte moyen imposé par le poids des
nière valeur est introduite dans (2) ce qui permet de
terres au repos;
trouver alors la pression limite conventionnelle pour
deux zones plastiques: - lissage des valeurs de l'angle de frottement en fonc-
tion de la profondeur pour en déduire une valeur
[(1+n).(J2 -1)-C1 ] 2.G moyenne applicable à l'ensemble du projet. Les valeurs
extrêmes des angles de frottement sont exclues car
P ~alculé = y. z (6)
[(1- Ko ).(1 + n). y. z- 2.G. Cl] elles peuvent être dues à une cohésion du sol et à la
granulométrie dont la résistance se reporte artificielle-
Dans le cas de l'essai pressiométrique, le cisaillement ment sur la valeur du frottement. En effet, la présence
principal se produit entre la direction de la contrainte éventuelle de gros cailloux à proximité de la sonde don-
radiale (J/ et celle de la contrainte circonférentielle (Je' nera une surestimation à la fois de la pression limite et
dans le plan horizontal. La contrainte verticale joue alors de l'angle de frottement interne, la zone plastique au
le rôle d'une contrainte de confinement du plan de contact de la sonde n'existant plus.
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Les essais triaxiaux consolidés et drainés Autres essais de cisaillement
Des essais de cisaillement de type triaxiaux consoli-
Ces essais ont été réalisés au LIRIGM de l'université dés non drainés avec mesure de la pression intersti-
Joseph-Fourier à Grenoble sur des échantillons carot- tielle (cu + u) et de cisaillement direct drainé avec iden-
tés non remaniés, mis à la pression d'essai, sous une tification physique ont donné les résultats portés dans
contre pression de 100 kPa, le drainage étant ouvert les tableaux 2 et 3.
pendant la période de consolidation. Les essais sont
faits sur des échantillons de diamètre 7 cm et de hau-
teur 15 cm sans dispositif d'anti-frettage aux extrémi-
tés, selon la norme NF P 94-070 (1994). L'échantillon a
été carotté à la dimension de l'éprouvette dans des pré- Les essais triaxiaux cycliques
lèvements paraffinés venant du chantier. Il a été ensuite
saturé et la pression latérale appliquée. Trois heures Le tunnel est implanté en zone de sismicité lB.
plus tard, la consolidation terminée, le cisaillement est Cependant, une amplification locale de l'amplitude des
réalisé à la vitesse de 0,06 mm/min ce qui correspond à ondes sismiques dans le bassin de Grenoble, pourrait
une durée d'essai de 10 h environ. Le drainage a été amener un surclassement du site et de l'ouvrage. Pour
laissé libre pendant le cisaillement et la mesure de la étudier le risque de liquéfaction éventuelle des sols tels
variation du volume a été faite par l'intérieur de que les limons sableux, des essais cycliques ont été réa-
l'échantillon. Les résultats sont présentés sur les 1isés au CETE d'Aix. Ils montrent un fort coefficient de
figures 6 et 7. Les caractéristiques physiques et méca- réduction du module élastique non drainé Eu sous
niques sont indiquées sur les tableaux II et III. Ces charge cyclique, en fonction du niveau de déformation.
résultats ne sont exploités qu'en terme de frottement Une étude complémentaire par essais in situ au piézo-
intergranulaire. cône est envisagée.
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pendant l'essai triaxia1.
Comportement au cisaillement du sol F7 Dilatancy behaviour of F7 soil on the triaxial test.
pendant l'essai triaxia1.
Shearing behaviour of the F7 soil on the triaxial
test.
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Les caractéristiques mécaniques déduites des essais triaxiaux consolidés drainés.
The mechanical results on consolidated drained triaxial test.
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kv == YS pour le tunnel de grand diamètre, qui prend
en compte la réduction de la variance en fonction du
Conception du tunnel sous l'Ile verte volume de sol intéressé par le phénomène de tasse-
ment ou de rupture;
kN dont la valeur est lue dans les tables de probabi-
lité, qui prend en compte le niveau de risque retenu et
l'incertitude de statistique liée au nombre de
Synthèse du contexte géotechnique mesuresN.
Cependant, des incertitudes sur les sols subsistent
et hydrogéologiquel et notamment:
et choix des hypothèses géotechniques - la rencontre des lentilles décimétriques de sols
Le contexte géotechnique du sous-sol du quartier compressibles (tourbes, vases ou argiles) dans le
de l'Ile verte et des Sablons peut être schématisé en sui- dépôt de sable, trouvées dans deux sondages carot-
vant le projet de l'est (secteur Sablons) vers l'ouest (sec- tés profonds réalisés pour l'étude des fondations des
teur Bastille) : tours de l'Isère;
- à l'est, côté Sablons, un alluvionnement de sables - la présence d'obstacles naturels tels que blocs ou
(sablon) et sables et graviers compacts avec quelques troncs d'arbre.
lentilles limoneuses plus lâches, pour le tube Sud sur Les valeurs Xk caractéristiques pour chaque famille
66 % du tracé, pour le tube nord sur 80 % du tracé; de sol et par type de mesures sont portées dans le
- à l'ouest, côté Bastille, la transition à des sables tableau VI.
limoneux, puis des limons sableux à passages infra-
décimétriques argileux se fait progressivement sur le
reste du tracé.
Les sables et limons sont homométriques, potentielle- Conséquences du contexte du site
ment liquéfiables sous faibles contraintes verticales. Les
limons ont une structure variée, avec des niveaux sableux, sur la conception du tunnell
intercalés et des passages peu consolidés, notamment au au stade de l'avant-projet
contact du rocher constituant la base orientale du Rabot
quand le projet passe l'Isère en profondeur. Ce sous-sol Le projet de tunnel doit prendre en compte non seu-
est recouvert d'une couche superficielle de remblai et lement les données du contexte géotechnique, mais
limons peu compacts d'épaisseur 3 à 5 m. aussi celles du site urbain avec ses propres contraintes
Tous ces sols sont totalement baignés par une de sensibilité au tassement et de risque vis-à-vis du
nappe en relation avec la boucle de l'Isère s'écoulant bâti. Cet examen d'ensemble des données d'entrée du
dans la direction est-ouest. La perméabilité est décrois- projet permet de préciser son calage en tracé en plan et
sante d'est en ouest. La synthèse géotechnique par en profil en long, en estimant au mieux dès ce stade de
falnilles de sols est indiquée dans le tableau V. l'étude les conséquences de la construction de
l'ouvrage sur le site de surface en relation avec les
La synthèse par famille, réalisée à partir des essais méthodes envisagées suivant une démarche établie par
pressiométriques a fait l'objet d'une étude statistique Chapeau et Schwenzfeier (1987).
définissant, la valeur moyenne X, l'écart-type estüné (Jn'
la valeur caractéristique Xk en prenant en compte l'incer-
titude fonction du nombre d'essais N et la probabilité ~
que la valeur d'une mesure X soit inférieure à la valeur
caractéristique Xk . Dans cette étude statistique, on retient Contexte géotechnique et choix des méthodes
~ == 5 0/0. La valeur caractéristique est alors:
Le tunnel sera totalelnent réalisé en terrain meuble
X k == k D (X - kN/kv.(Jn) (8) et aquifère nécessitant l'utilisation d'un bouclier avec
avec: kD == 1 qui prend en compte la représentativité pressurisation du front de taille. La pressurisation à la
des données; boue, bien adaptée au cas des sables et graviers et des
F6 t76 27 /7 55 /4 0 501 35 /3 t8 30 2
F7 0 85
1 14 /7 2t9 0 /67 3tl t8 32 /6 4
F8 28 40 /2 12t8 0 /33 37 /9 1
67
1
sables légèrement limoneux est à étudier spécifique- tielle générée par l'action sismique ne peut pas se dis-
ment pour les limons avec une adaptation de la nature siper (cas des radiers plats) et si la contrainte verticale
de la boue par ajouts de polymère. Il n'y a pas de est faible (cas des tunnels à faible profondeur soumis à
risque, a priori, de pertes brutales de boue et donc de la poussée d'Archimède). Ce risque est par contre
dépressurisation du front de taille, du fait des perméa- accentué avec un grand diamètre du tunnel. Le poten-
bilités mesurées (k < 10- 3 mis), du pourcentage élevé tiel de liquéfaction est aussi préjudiciable à la progres-
de sable fin et de l'absence de vides dans ce dépôt sion du tunnelier. En effet, celui-ci génère des vibra-
continu. Ces terrains à forte proportion de sables fins et tions notamment en terrains hétérogènes, de
limoneux sont aussi bien adaptés à l'utilisation d'un granulométrie grossière, pouvant produire des sur-
bouclier à pression de terre mais d'autres phénomènes pressions interstitielles autour ou devant le tunnelier si
comme la portance dans les limons mous restreignent le déconfinement est important. Ce phénomène ne sera
cette possibilité. pas prépondérant si la maîtrise de la pressurisation est
En regard du marinage des déblais, la granulomé- bonne et celle du guidage est effective.
trie de tous les sols permet le transport hydraulique. La Tous ces éléments conduisent à retenir, à ce stade de
présence d'éléments très fins voire d'argile conduira l'étude, une pressurisation par boue liquide, régulée par
localement à un traitement approprié, avec réduction une bulle d'air comprimé, de manière à maintenir par-
des cadences d'avancement. faitement et à tout moment la stabilité du front de taille.
En ce qui concerne la propulsion du bouclier, elle peut
être rendue problématique par la présence, à l'ouest:
- des limons en radier rendant délicate la conduite du
tunnelier. Celui-ci aura d'autant plus tendance à piquer
Prise en compte du site sur le creusement au bouclier
du nez que son centre de gravité sera déplacé vers La rocade Nord se situe dans un contexte urbain
l'avant (cas pour les boucliers à pression de terre). Ce dense et pose plusieurs difficultés techniques dont cinq
guidage plus difficile avec enfoncement du tunnelier particulièrement importantes, les franchissements
puis rattrapage est source de cc perte de terrains )) et sous-fluviaux de l'Isère autour de l'Ile verte, le passage
donc de tassement en surface; de l'Ile verte, l'alternance des formations géologiques,
- du rocher sous l'Isère qui pourrait bloquer sa pro- le franchissement sous-fluvial de l'Isère au niveau de la
gression, à moins, soit d'équiper et de concevoir le bou- Porte de France, l'écoulement de la nappe alluviale
clier pour travailler au rocher (peu compatible avec un dans la presqu'île.
bouclier en terrain meuble maîtrisant les tassements), Franchissement de l'Isère autour de l'Ile verte
soit de transformer par minage préalable le rocher en Le site des Sablons est très favorable à l'installation
terrain cc meuble )) (solution a priori possible). du chantier et à l'exécution d'un puits de démarrage du
La présence d'obstacles naturels reste un risque à tunnelier car c'est une zone non urbanisée, d'accès facile,
prendre en compte dans le choix des techniques de en terrain sablo-graveleux compacts en profondeur et
pressurisation (accès au front) ou de tracé (accès depuis présentant des limons de surface peu perméables. On
la surface). attaquera ensuite la traversée sous-fluviale de l'Isère qui
pourrait être réalisée, soit en immergeant des caissons
Le revêtement du tunnel sera constitué d'anneaux préfabriqués au fond d'une souille, soit en creusant suf-
de voussoirs préfabriqués en béton mis en place à l'abri fisamment profondément sous le cours d'eau au l'Doyen
de la jupe du bouclier. La nature pulvérulente des ter- d'un tunnelier assurant un soutènement latéral et frontal
rains immergés rend obligatoire le remplissage continu des terres. La technique du tunnelier à pression de boue
du vide annulaire si l'on veut limiter les tassements en a donc été choisie dans cette traversée. Elle permet une
site urbain. La présence de la nappe impose des vous- continuité du chantier avec la section de traversée sou-
soirs assemblés par boulons et équipés de joints d'étan- terraine de l'Ile verte qui doit se faire obligatoirement
chéité. La conception et le dimensionnement du revê- par cette technique. Comme les terrains sous-jacents
tement ne posent pas de problème particulier. sont constitués de sables fins et sables et graviers au-
Vis-à-vis du séisme, les sols sont potentiellement dessus, un approfondissement du profil en long et- avec
liquéfiables (sable homométrique, limon sableux), mais une bonne maîtrise du tunnelier pourrait permettre de
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Le passage de l'Ile verte sement sous-fluvial à cet endroit doit plonger profon-
Le passage de l'Ile verte se fait d'est en ouest sous dément pour éviter de multiplier les interfaces entre le
un bâti léger sans contraintes particulières et avec des rocher et les alluvions.
terrains sablo-graveleux propices, puis le site urbain Dans la variante cc Esplanade )) le franchissement de
devient très sensible avec des immeubles de grande l'Isère se fait par un viaduc et ne présente que des diffi-
hauteur et la présence d'une structure sur poteaux cultés liées à la fondation de l'ouvrage sur un socle
élancés (cc église ))) avec fondations sur pieux. Dans rocheux dont le toit reste encore à préciser.
cette zone on a pu observer des tassements de surface
de 2 à 8 cm par le décalage des trottoirs par rapport au Écoulement de la nappe alluviale dans la
bâti qui est fondé, a priori, sur les graviers sous-jacents. presqu'île
Le tassement est celui des limons de surface, généré L'Isère et le Drac encadrent la presqu'île, et la nappe
par variation du niveau de la nappe. On note également associée s'écoule parallèlement à ces deux cours d'eau.
un bâti constitué d'immeubles de hauteur moyenne à Une couche de terrain imperméable se situe à une
rapproche des limons en sous-sol. Il convient d'appro- vingtaine de mètres sous le terrain naturel. Dans
fondir le profil en long pour élargir la cuvette de tasse- l'hypothèse où la rocade nord passerait dans la
ment et diminuer le tassement différentiel. presqu'île entre des parois moulées, leur profondeur
créerait un barrage à l'écoulement de la nappe suscep-
Alternance de formations géologiques tible d'entraîner des tassements à l'aval et des
Le projet traverse successivement trois terrains dis- désordres dans les fondations et les caves des bâti-
tincts, les alluvions mêlées du Drac et de l'Isère à ments à l'amont. Pour prévenir de tels désordres, il fau-
l'ouest, les marnes et calcaires du rocher de la Bastille drait rétablir l'écoulement en forant de nombreuses tra-
au centre, les alluvions de l'Isère à l'est. En raison des versées dans les parois. Le coût de l'étude et de la
traversées sous-fluviales de l'Isère et de l'écoulement réalisation de cette continuité hydraulique est très
de la nappe dans la presqu'île, la technique du creuse- élevé. La réalisation de parois moulées dans la
ment au tunnelier à pression de boue est plus adaptée presqu'île a donc été rejetée.
pour les extrémités du projet dans les alluvions. Pour La construction de tranchées couvertes dont le
traverser les marnes et calcaires du rocher de la Bas- radier est implanté au niveau du toit de la nappe per-
tille, les techniques traditionnelles et le tunnelier sont met d'éviter l'effet de barrage associé. Elle présente
adaptés. Cependant, le tunnelier à pression de boue également l'avantage de limiter à proximité du Labora-
doit faire l'objet de modifications substantielles du bou- toire d'électronique et d'instrumentation (LETI) la for-
clier, du confinement, du système de marinage, pour mation et la propagation de vibrations dans le sol, tant
pouvoir attaquer la roche après avoir creusé les allu- en phase de travaux qu'en phase d'exploitation. Cette
vions. Il faut donc prévoir des chambres aux interfaces technique a été retenue pour la traversée du CENG.
entre le rocher et les alluvions pour intervenir sur la
machine ou réaliser une attaque traditionnelle. Ces Pour la variante cc Vercors )), la solution du tunnel
chambres sont réalisées à raide de puits temporaires. creusé permet de plonger suffisamment vite, de limiter
ainsi la section comprise dans la nappe et de s'affran-
Le tracé reste à caler après une reconnaissance plus chir de l'effet de barrage.
fine du toit du rocher et le choix définitif du profil en
long, en intégrant les rayons minimaux à respecter tant
du point de vue technique (bouclier) que fonctionnel
(visibilité).
Le passage de l'Isère demande une étude spéci- Synthèse et conclusions sur le choix des techniques
fique, car il faut une bonne connaissance de la côte du de creusement et sur le projet
fond de son lit, la possibilité de traiter par injection les
terrains de couverture au-dessus du rocher et la possi- Les contraintes fortes liées à l'environnement géo-
bilité de minage du rocher sans risque pour l'environ- technique de ce projet sont:
nement (dégradation sur le bâti existant). - la présence de la nappe qui nécessite un bouclier à
A l'interface ouest, pour la variante cc Vercors )), le front pressurisé;
puits sera situé au niveau de la rue Durand-Savoyat. - le passage sous un bâti qui est sensible aux tasse-
L'abaissement du profil en long et son calage res- ments, et qui nécessite une maîtrise parfaite de la pres-
tent l'enjeu du projet d'un point de vue économique, sion de confinement, du guidage du tunnelier et du
technique et environnemental. comblement en continu du vide annulaire;
- la zone de graviers pratiquement rencontrée sur tout
La traversée de l'Isère au niveau de la Porte le tracé qui peut engendrer des vibrations pendant
de France l'abattage et l'avancement du tunnelier et induire des
Dans le cas de la variante cc Vercors )), la réalisation phénomènes de liquéfaction des limons peu compacts
d'une traversée sous-fluviale à l'aide de caissons préfa- et sables fins, avec perte de portance de la tête du tun-
briqués et immergés pose les mêmes difficultés tech- nelier. Pour réduire, voire annihiler ces phénomènes
niques de gestion du risque de crue de la rivière qu'au liés, l'avancement du bouclier doit être accompagné
droit de l'Ile verte. De plus, elle implique la réalisation d'un ajout de lubrifiant;
dans la presqu'île de parois moulées dont l'effet de bar- - la présence de limons plus lâches en radier est un
rage est décrit ci-après. Cette solution n'a donc pas été inconvénient pour le tunnelier à pression de terres,
retenue. plus lourd et plus difficile à guider dans ce contexte à
La traversée de l'Isère à cet endroit peut être réali- cause de sa tendance à plonger et qui induit par son
sée à l'aide d'un tunnelier ou en technique tradition- principe des actions vibratoires plus importantes;
nelle. En raison d'une remontée des marnes du rocher - la présence possible d'obstacles naturels (tels blocs
de la Bastille à la limite de l'Isère, un projet de franchis- erratiques et surtout troncs d'arbre fossilisés) nécessite
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REVUE FRANÇAISE DE GÉOTECHNIQUE
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l'intervention sous hyperbare dans la chambre d'abat-
tage (comme pour le changement des outils) avec
confinement du front de taille en toute sécurité pour les
intervenants au front et vis-à-vis des incidences en sur-
Conclusion
face. Les reconnaissances pour le tunnel de la rocade nord
En conclusion, vis-à-vis des conditions de terrains, de Grenoble ont privilégié les essais in situ, et en parti-
les boucliers à pression de boue sont recommandés. culier l'essai pressiométrique qui a été utilisé avec un
Vis-à -vis des conditions et des contraintes de site, cycle de déchargement-rechargement. En effet, les
actuellell1ent le bouclier à pression de boue avec régu- essais de laboratoire sont considérés ici comme peu
lation de la pression au front par bulle d'air répond le représentatifs des conditions de densité, de structuration
mieux techniquement au problème posé. L'utilisation et de consolidation du sol en place, car il a été constaté
d'un bouclier de grand diamètre représente cependant un remaniement important des échantillons, même avec
d'autres contraintes liées à son encombrement et son les meilleures techniques de prélèvement. Les essais au
poids, montage, transport en site urbain, transfert qu'il laboratoire ont donc été considérés comme des essais
s'agit d'examiner dès l'APS pour garantir la faisabilité d'identification physiques et mécaniques permettant
du projet. d'obtenir les caractéristiques minimums sur lesquelles
on peut compter, mais pas les conditions exactes du site.
L'implantation du puits d'entrée côté Sablons et des
installations de chantier est recommandée. Par contre, L'essai pressiométrique a permis d'atteindre les
le puits de sortie, a priori à concevoir en rive droite de caractéristiques de cisaillement et de frottement du sol
l'Isère, nécessite une étude spécifique pour rechercher en place avec une procédure spécifique.
son implantation optimale conditionnée par le contact L'analyse géotechnique du site du tunnel, montre
sol/rocher, l'encombrement de surface, la réduction de une variabilité des caractéristiques mécaniques, prise
largeur de l'Isère à compenser. C'est un point critique en compte par le choix de valeurs minimales caractéris-
du projet qui engage la qualité du tracé voire sa faisa- tiques, 95 % des valeurs mesurées étant supérieures à
bilité. celles-ci. Il reste cependant des incertitudes liées notam-
Le risque de tassement existe tout au long du tracé ment au risque de liquéfaction, la présence de limons
avec cependant des conditions géotechniques favo- lâches pouvant déstabiliser la tête du tunnelier, la pré-
rables là où les conditions du site sensible sont les plus sence d'obstacles éventuels de gros diamètre dans les
fortes. La recherche de tracé au niveau des rues sans paléochenaux et l'implantation du puits de sortie à
encombrement de la surface limite les risques vis-à-vis l'ouest du projet avec un contact sol-rocher à préciser.
du bâti et rend accessible le front en cas d'incident Ces incertitudes seront levées par des campagnes
grave nécessitant une intervention éventuelle depuis la complémentaires de forages~ sondages et de mesures
surface, pour traitement spécifique. géophysiques.
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