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Caractérisation des sols

pour le tunnel
de la rocade nord de Grenoble
La construction de tunnel en site urbain est un problème
particulièrement délicat par le contrôle soigneux à la fois
des règles de sécurité à appliquer, pour prévenir la rupture,
pour maîtriser les déplacements de surface et pour ne pas
nuire au bâti existant. Au niveau d'un avant-projet, il s'agit
d'évaluer les variantes fonctionnelles d'un point de vue
J. MOMMET technico-économique et de proposer la bonne adaptation de
LIRIGM l'ouvrage à la nature géotechnique des sols. En particulier
Université Joseph-Fourier la connaissance, dès ce stade, des caractéristiques
BP53 géomécaniques du sol s'est avérée primordiale.
38041 Grenoble Le tracé préliminaire du tunnel de la future rocade nord
[email protected] de Grenoble démarre du quartier des Sablons, traverse en
sous-fluvial l'Isère, passe sous le quartier de l'Ile verte,
franchit une seconde fois l'Isère pour rejoindre l'autoroute
C.CHAPEAU existante A48 à la Porte de France. La géologie du tracé
comporte une partie de terrains d'origine alluviale avec
CE TE-Lyon
des sables limoneux et des argiles, puis une traversée
25" av. François-Mitterrand dans les calcaires de Chartreuse dès le second
Case 1 franchissement de l'Isère. La méthode de reconnaissance
69674 Bron Cedex choisie utilise des forages pour avoir un accès direct au sol
Christian. Chapeau@ environnant l'ouvrage qui se trouve entre 10 et 20 m de
equipementgouv.fr profondeur pour décrire les sols, les classer et étudier leur
comportement lors la réalisation des ouvrages projetés.
Pour les sables limoneux sous la nappe phréatique qui
G. GODARD sont difficiles à prélever, on a privilégié la recherche des
DDE" paramètres de déformation et de rupture par essais
17, bd Joseph-Vallier pressiométriques, respectant mieux leur structure.
38000 Grenoble La variabilité des données géotechniques a été prise en
Gilles.Godard@ compte dans le choix des paramètres géomécaniques du
projet et des solutions pour le creusement du tunnel.
equipement.gouv.fr Le projet devrait voir le jour dans la première décennie
de ce nouveau siècle.
Mots-clés: essais in situ et mesures, tunnel, pressiomètre,
angle de frottement.

Sail characterisation for the north


transversal road on grenoble area
Tunnel construction in urban area is a particular sensitive
problem due to the careful security requirements, which must
be applied to prevent failure, and due to the displacements,
which must be as small as possible to avoid damage to old
buildings. For the preliminary design, it is necessary to study
each alternative plan of the project and to propose the best
adaptation of the construction to the soil. The determination of
the geomechanical characteristics is essential.
The preliminary layout for the North transversal road tunnel of
Grenoble begins at the Sablon district, crosses under the Isère
river, passes under the cc Ile Verte )) district, crosses Isère a second
time to join the motorway A48 at Porte de France. The geology of
the layout includes in its first part alluvial soil with silty sands and
clays, then after the second crossing of the Isère river it includes
the Chartreuse limestones. The selected geotechnical
investigation uses boreholes to study the soil, at the level of the
construction that is 10 to 20 m deep, for soil description,
classification, and behaviour along the tunnel construction.
Deformation and failure parameters are measured by
pressuremeter tests because sampling of silty sands under the
water table is very difficult. The data variability of the
geomechanical parameters is taken into account for the project
and for the tunnel drilling.
The project should be constructed in the first decade of this new
century.
Key words : field testing and monitoring, tunnel, pressuremeter,
friction angle.
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saturation rapide des grandes infrastructures de
l'agglomération au cours des années 80, le succès des
deux lignes de tramway mises en service en 1987 et
a rayon du forage 1990 ont relancé le débat sur l'organisation des trans-
b rayon externe de la première zone ports. Celui-ci s'est concrétisé par le Plan de déplace-
plastique ments urbains (PDU), et la révision du schéma direc-
c rayon externe de la seconde zone teur en 2000. Ces différentes réflexions ont
plastique progressivement et fondamentalement modifié le pro-
r rayon jet en l'intégrant dans une stratégie globale et multi-
z profondeur de l'essai modale d'organisation des déplacements. L'État a
lia déplacement radial au contact du engagé, dès 1996, des études d'opportunité de la
forage rocade nord ainsi que des études techniques. Les
p pression radiale au contact du forage études d'opportunité ont mis en évidence l'utilité et la
appliquée par le pressiomètre forte rentabilité du projet ainsi que la nécessité de
D max diamètre de la plus grosse particule poursuivre les études techniques.
de l'échantillon Le Service cc grands travaux )) de la DDE de l'Isère a
G module élastique de cisaillement confié au LRPC région Rhône-Alpes du CETE de Lyon
EM module pressiométrique Ménard la la mission de reconnaissance spécifique du site pour la
norme NF 94-110-1 mise au point du programme, la préparation des pièces
EM+ module pressiométrique Ménard techniques de la consultation des entreprises de son-
corrigé en épaisseur et déformée de dages, le suivi de la campagne, la réalisation d'essais et
sonde la synthèse géotechnique.
E module élastique du sol selon la La construction de tunnel en site urbain est un pro-
norine NF 94-110-2 blème particulièrelnent délicat par le contrôle soigneux
E+ module élastique du sol corrigé en à la fois des règles de sécurité à appliquer pour préve-
épaisseur et déformée de sonde nir la rupture et maîtriser les déplacements de surface
Ci rapport EM /E pour ne pas nuire au bâti existant. Du point de vue
y poids volumique du sol technique et économique, le projet doit être conçu et
Ko coefficient de pression des terres au dimensionné en s'adaptant aux contraintes du sous-sol
repos qu'il faut bien reconnaître et connaître. Pour cela, la
<1>' angle de frottement interne méthode usuelle d'investigation est de prélever des
angle de frottement intergranulaire échantillons de sol non remaniés qui seront ensuite tes-
<1> Il
angle dedilatance tés au laboratoire. Malheureusement, les sols, le plus
'V souvent sableux, rencontrés dans la plaine de l'Isère
Po pression horizontale des terres au
repos sont situés sous la nappe phréatique et difficiles à pré-
pression limite conventionnelle lever. Ils se désagrègent dès la sortie du carottier.
Pl
L'analyse pressiométrique est alors intéressante, car
selon la norme NF 94-110-1
elle permet de caractériser de tels sols en place en res-
P*1
pression lilnite nette égale à Pl - Po pectant leur structure naturelle, dans la mesure où le
P+1 pression limite conventionnelle forage préalable ne remanie pas le sol. Celle-ci a été
corrigée en épaisseur et déformée privilégiée dans la reconnaissance du site.
de sonde
Plcalculé
pression limite théorique
(j'n écart-type de la loi normale d'un '1
échantillon de mesures
(j'/, (j'e' (j'
z
contraintes effectives radiales, Description du projet
circonférentielles, verticales
,
(j'rb contrainte effective radiale au niveau
du rayon b
Er' ê e déformations radiales
et circonférentielles Cadre du Plan de déplacements urbains (PDU)
rO rayon initial du forage
Vs volume initial de la sonde La rocade nord (Fig. 1) terminera l'anneau (longueur
pressiométrique 21 km) qui trace grossièrement un cercle inscrit de
V1 volume injecté dans la sonde l'ordre de 5 km de diamètre autour de Grenoble avec 15
pressiométrique pour recompacter diffuseurs et qui boucle la ville. Cet anneau est une pièce
le sol à l'état initial maîtresse de la stratégie du plan de déplacements
X valeur moyenne d'un échantillon de urbains qui vise à limiter l'usage de la voiture particulière
mesure dans les zones urbaines denses, au profit des piétons, de
cycles et des transports en commun. Les échangeurs de
la rocade nord permettent d'ailleurs une desserte efficace
1 des futurs parcs relais (parcs de stationnement attachés
aux grandes stations d'interconnexion du réseau de
transports en commun) du secteur nord.
Introduction Les prévisions de trafic conduisent à une moyenne
Le projet cc tunnel sous la Bastille )) a été inscrit au de 60 000 véhicules/jour, dont un peu moins de la moitié
schéma directeur de 1973 mais sa réalisation était envi- utilise la rocade Nord pour relier l'amont et l'aval de
sagée après celle de la rocade sud de Grenoble. La
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l'Isère. L'ouverture au PL de la rocade nord permettrait

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de transférer environ 4 000 PL/jour sur ce nouvel itiné- d'accès, amélioration de l'intégration du projet dans un
raire, mais il renchérit le coût de l'ouvrage de l'ordre de environnement contraint et plus précisément ici possi-
30 à 50 % et ne permet pas de maintenir le diffuseur de bilité de réaliser un échangeur au niveau de l'hôpital
l'hôpital Michallon pour des raisons de rampe. L'inter- Michallon, intégration plus facile de la tranchée cou-
diction aux poids lourds permet également de réduire verte de la presqu'île, coût plus faible, mais surtout
significativement à la source les risques d'accidents transport interdit aux call1ions donc une sécurité accrue
dans le tunnel. L'importance du surcoût de l'ouverture par la suppression du risque de très grave incendie lié à
au PL, comparé aux bénéfices qui peuvent être atten- la circulation PL. Par contre, ils présentent trois
dus, conduit à proposer un projet à accès limité, com- contraintes, les fumées ne peuvent pas rester stratifiées
munél11ent appelé à cc gabarit réduit )). sous le plafond, les véhicules de secours doivent être
Les différentes options techniques (ou caractéris- adaptés et un tri des véhicules à l'entrée doit être opéré.
tiques de l'ouvrage) évoquées dans le PDU ont fait Le coût total du projet est estimé entre 378 M€ HT et
l'objet d'examens spécifiques et ont conduit à l'élabora- 509 M€ HT selon les variantes.
tion de quatre familles de tracé (Fig. 2) susceptibles de
répondre au cahier des charges. Une analyse exhaus-
tive des variantes conduit à retenir la fal11ille cc POS )) qui
passe sous le cœur de cc l'Ile verte )) pour des raisons de
fiabilité des techniques de construction, de coût, de Les choix techniques de gabarit
fonctionnalité et d'impact du chantier et du projet. Dans
cette dernière famille, l'étude a été approfondie sur des et de nombre de tubes
variantes qui se distinguent par la définition du gabarit
des véhicules admissibles ou par le profil en long du Le cc gabarit réduit )) peut être modulé selon trois
projet. L'étude a porté sur les gabarits admissibles et de hauteurs standard:
deux variantes (Fig. 3) de profil en long: - gabarit de 2 m. Ce gabarit permet le passage de 93 0/0
- variante cc Esplanade )) qui traverse l'Ile verte et le site des véhicules intéressés par le projet;
de la Bastille en tunnel, franchit l'Isère par un viaduc, - gabarit de 2,7 m. Ce gabarit permet le passage de
emprunte le passage de la rue Durand-Savoyat, fran- 96 % des véhicules intéressés par le projet. L'exploitant
chit le faisceau des voies ferrées et traverse le site du doit prévoir l'acquisition et la maintenance d'un maté-
Centre d'études nucléaires de Grenoble (CENG) en riel spécifique d'intervention et de lutte contre l'incen-
tranchée couverte; die. Ce gabarit coûte environ 15 % de plus que le gaba-
- variante cc Vercors )) qui traverse l'Ile verte, le site de rit de 2 m et lui semble préférable pour des raisons de
la Bastille et la presqu'île en tunnel. sécurité;
Les tunnels à cc gabarit réduit )) sont norma'lisés - gabarit de 3,5 111. Ce gabarit permet le passage de
selon trois hauteurs standards (Fig. 4), 2 m, 2,7 111 et 98,5 % des véhicules intéressés par le projet. Ce gabarit
3,5 m. Leurs avantages sont nombreux, augmentation augmente les coûts de 30 % de plus que le gabarit de
significative des pentes du tunnel et des trémies 2,7 m. Il n'a pas été retenu.

La vue en plan du projet de la rocade nord de Grenoble.


The plane view of the North transversal road of Grenoble.

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Les quatre familles: « Ville )), « Leclerc )), « Quai )), « POS )).
The four families : cc Ville )), cc Leclerc )), cc Quai )), cc POS )),

r!V!t:i*{~t
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Les variantes « Esplanade )) et « Vercors )) de profils en long de la famille « POS )).


The two cc Esplanade )) and cc Vercors )) longitudinal profile of the cc POS )) families.

Les types de véhicules standard.


The standard vehicle types.

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Les profils en travers possibles ont été examinés en bable de nombreux paléochenaux qui peuvent fournir
fonction des gabarits admissibles, de la vitesse de réfé- localement des changements brutaux de faciès (sols
rence et du niveau d'exploitation retenu. Dans le cas du fins dans un dépôt alluvionnaire plus grossier, par
gabarit de 2 m, la superposition des chaussées permet exemple) ;
d'optimiser les différents espaces générés par le tunnel - les formations rocheuses sédimentaires des contre-
sans que son diamètre soit excessif, ce qui n'est pas le forts du massif de Chartreuse sous la Bastille. Ces
cas, des tubes juxtaposés qui génère des espaces inutili- roches datent du Jurassique supérieur et Crétacé infé-
sés. Par contre, il est nécessaire de réaliser régulière- rieur et font apparaître une alternance de bancs cal-
ment des ouvrages d'interconnexion entre les niveaux caires et de bancs marneux. Les strates de ces roches
pour assurer le passage des usagers et des secours présentent un pendage subvertical. La roche est recou-
d'une chaussée à l'autre. L'analyse du coût global est pée par trois failles principales dont le remplissage
alors favorable à un profil monotube pour le gabarit de broyé et altéré peut présenter des circulations d'eau.
2 m. Dans le cas d'un gabarit admissible de 2,7 m, la
superposition des chaussées dans un tunnel creusé
conduit à un diamètre important et engendre des
espaces inutilisés dans la section. La juxtaposition des
chaussées dans deux tubes séparés permet une utilisa- Description géotechnique des terrains
tion plus efficace des espaces creusés, une réduction
du diamètre du tunnel et une meilleure rentabilisation La campagne de reconnaissance s'est concentrée en
de son utilisation. Ces considérations, couplées à la 1996-1997 sur la traversée de l'Ile verte, point dur du
géologie rencontrée par le projet conduisent à des projet, avec passage en tunnel sous le bâti. On rapporte
coûts pratiquement comparables pour les deux types ici les résultats de cette campagne et des essais réali-
de profils. Dans la mesure où la juxtaposition des sés ainsi que la démarche permettant d'orienter les
chaussées offre plus de souplesse à l'exploitant, un pro- choix techniques. La synthèse géotechnique permet de
fil à deux tubes séparés (Fig. 5) reliés régulièrement par proposer à partir des sondages de 20 à 40 m de profon-
des rameaux a été retenu pour un gabarit de 2,7 m. deur effectués sur le tracé un classement des terrains
rencontrés en neuf familles de sols ou de roches, sui-
vant leurs origines de dépôt, leurs localisations et leurs
1 caractéristiques :
Description du sous-sol - famille Fl : des remblais de surface localement 1 à 4 m
d'épaisseur;
de la rocade nord - famille F2 : des argiles plastiques sous-jacentes à la
couche Fl de faible épaisseur;
- famille F3 : des limons sableux marron à verts de sur-
face sur 3 à 7 m d'épaisseur localement sous-jacents
aux remblais Fl et surmontant les sables et graviers;
Cadre géologique général - famille F4 : des sables et graviers généralement
Le projet de la rocade nord de Grenoble rencontre constitués de sables fins gris noirâtres parfois vaseux
deux formations géologiques aux origines très dis- (sablons) à passées limoneuses ou sablo-graveleuses
tinctes: (vers l'est) de puissance 3 à 20 m et qui sont sous-
- les alluvions de la vallée de l'Isère d'épaisseur très jacents aux limons F3. Les graviers excèdent rarement
importante qui peut varier entre 500 et 800 m. Ce sol 100 mm et leur diamètre maximal est le plus souvent
est constitué de graves, sables, limons et argiles d'ori- 20 mm. Ils sont d'origine alluvio-fluviale;
gine quaternaire. Les dépôts sont d'origine lacustre - famille F5 : des limons argileux gris remplaçant les
lors de la dernière période de glaciation mais aussi flu- sables et graviers à l'est;
viale. A noter que les formations alluviales hétérogènes - famille F6 : des sables fins et limons en alternance gris
dans lesquelles les tunnels sont envisagés sont suscep- noirs moyennement compacts se situant sous les sables
tibles de contenir des blocs de forte taille provenant de et graviers de la famille F4 avec des passées limo-
cônes de déjection ou d'éboulis anciens ainsi que neuses, voire argileuses;
d'éventuels troncs d'arbres flottés, sédimentés avec les
- falnille F7 : des limons sableux gris noir profond peu
alluvions. Il faut surtout souligner l'existence très pro-
compacts se retrouvant à l'ouest du projet, se déstruc-
turant au prélèvement. D'origine glacio-lacustre ou flu-
viatile, ils sont cependant traités globalement, leurs
caractéristiques étant homogènes;
- famille F8 : des sables profonds compacts (sablons)
situés très profondément. Ce sable se rencontre à un
niveau profond principalement côté Sablons, à l'est à
des profondeurs décroissantes en allant de l'ouest vers
l'est. Ce sable est décrit à partir des forages destructifs
comme un sable fin gris avec quelques graviers comme
le sol F6 mais avec des caractéristiques pressiomé-
triques beaucoup plus élevées;
La section type du projet de la rocade - famille F9 : des marnes rocheuses et calcaires consti-
nord de Grenoble. tuant le rocher de la Bastille.
The chosen section of the North transversal
tunnel of Grenoble. La coupe géologique le long du profil du projet est
présentée sur la figure 3.
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REVUE FRANÇAISE DE GÉOTECHNIQUE
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4e tri mestre 2002
94-110-1). Quand le sol est granulaire, il peut être utilisé
pour estimer l'angle de frottement du sol, par corréla-
Les reconnaissances géotechniques tion selon des expériences sur les sables (Ménard, 1957).
Nous utilisons l'essai pressiométrique comme un
Les reconnaissances géotechniques se sont dérou- essai de cisaillement en place (Clarke et al., 1998) per-
lées en plusieurs phases successives avec les lTIoyens lTIettant d'obtenir le lTIodule élastique de cisaillement
suivants: et l'angle de frottement interne quand le sol est granu-
- 4 sondages destructifs avec enregistrement de para- laire. Ces valeurs peuvent être utilisées pour décrire
mètres, sur le quai X.-Jouquin en rive droite de l'Isère l'état de compacité des sols, pour la conception et
pour préciser le toit du rocher; l'approche dÎlTIensionnelle des ouvrages du tunnel de
- 8 sondages carottés, de profondeur 30 à 40 m le long la Rocade nord. Les paramètres de comportement
du tracé pour prélèvement d'échantillons et essais de mécaniques du sol pern1ettent alors d'adapter
laboratoire; l'ouvrage en terrains lTIeubles à son environnement
géotechnique et d'optimiser le projet.
- 15 sondages ]Jressionlétriques standard et avec cycles
de charge-décharge, de profondeur 30 à 40 m, le long
du tracé.
Les essais de laboratoire ont complété les essais de
reconnaissance par: des essais d'identification physique, Théorie élastoplastique du cisaillement
des essais œdométriques, des essais triaxiaux CD avec
mesure des variations de volume, des essais triaxiaux autour du pressiomètre
cycliques. Les résultats des essais in situ sont indiqués Nous ne détaillerons pas ici l'ensemble de la théorie
dans le tableau 1. Nous ne détaillerons pas ici l'ensemble élastoplastique du cisaillement du sol autour du pres-
des résultats des essais in situ et en laboratoire, et nous siomètre, et nous renverrons le lecteur à la référence
nous attacherons principalement à la problématique bibliographique Monnet (1990), Monnet et Khlif (1994)
posée par l'évaluation des caractéristiques de cisaillement mais nous indiquerons seulement ses principales hypo-
des sols limono-sableux constitués par les dépôts fluvio- thèses et conclusions. L'intérêt de cette démonstration
glaciaires. Il a été décidé de privilégier l'essai pressiomé~ est qu'elle fournit un cadre plus rigoureux à une inter-
trique pour les raisons suivantes: c'est un essai in situ qui prétation de l'essai pressiométrique en cisaillement,
teste le sol dans son état naturel dans la lTIeSUre où le sans nécessiter le passage par des corrélations toujours
forage préalable ne remanie pas le sol, il est réalisable délicates à manipuler et dont on connaît malles limites
même dans les sols pulvérulents grossiers; il peut être d'utilisation.
positionné en )('iZ et il permet de déterminer le module
élastique de cisaillement G et l'angle de frottement interne
<P' (ou la cohésion non drainée cu) au niveau du projet.
Hypothèses
Le sol a un COlTIportement élastique linéaire de
Utilisations de l'essai pressiométrique module G avec une plasticité non associée d'angle de
frottement interne <p', d'un angle de dilatance 'P lié au
frottement intergranulaire <p~ (Monnet et Gielly, 1978)
par:
L'essai pressiométrique normalisé \V == <P' - <P~ (1)
Si l'angle de frottelTIent interne d'un sol varie inver-
L'essai pressiolTIétrique (Ménard, 1955) est utilisé sement proportionnellement à l'indice des vides et peut
largement à ce jour pour le din1ensionnement des fon- prendre des valeurs différentes selon l'état de densité
dations (Ménard, 1957 ; Gambin, 1979 ; Amar et al., du sol, par contre sa valeur est bornée par un minimum
1991; Fascicule 62 titre V, 1993) à partir du module pres- qui est l'angle de frottement intergranulaire. Dans ce
siolTIétrique E M et de la pression limite Pl (Norme NF P cas le sol n'exprime plus aucune dilatance.

Résultats de la campagne de reconnaissance géotechnique in situ.


Results of the geotechnical in situ exploration.

F1 Remblai de surface 21,2 6,76 0,99 0,44 6


F3 Limon sableux marron à vert de surface 5,1 0,3 0,42 0,16 23
F4 Sables et graviers 37,8 26,7 3,6 1,63 60
F5 Limon argileux gris 2,46 0,65 0,31 0,05 5
F6 Sable fins et limon gris noir 27,7 16,3 1,76 0,64 118
F7 Limon sableux gris noir profond 14,7 10,1 0,85 0,31 49
F8 Sable profond (sablon) compact 40,2 18,2 2,8 0,51 14

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Le critère de Mohr-Coulomb caractérise la plasticité cisaillement. Il est alors naturel que l'augmentation de la
du sol avec un angle de frottement <p'. L'écoulement contrainte verticale se traduise, dans les sols frottants,
plastique non standard est déterminé par l'angle de par une augmentation proportionnelle de la résistance
dilatance 'P. Le sol pulvérulent est considéré drainé. au cisaillement qui est mesurée ici par la pression limite
(6). On trouve aussi que Pl est fonction du module de
cisaillement G, du rapport n qui est liée à la dilatance,
du rapport N qui est lié à l'angle de frottement à travers
Équilibre élastoplastique général le paramètre 8 (2, 4), mais aussi à l'angle de frottement
intergranulaire <p~ (1, 5).
Pour simplifier, nous ne détaillerons que le cas avec
deux zones plastiques autour du pressiomètre. Alors,
la relation générale d'équilibre entre contrainte et
déformation au niveau du forage qui représente
l'expression théorique pressiométrique est la suivante Corrélation entre la pression limite
(Monnet et Khlif, 1994) : et l'angle de frottement
Ln[ ; .(1 + n) ~ C1 ] = o.Ln( p) - o.Ln( y. il + Les nombreux essais réalisés au pressiomètre
Ménard ont donné lieu à des études statistiques, ce qui
(2) a permis l'élaboration de nombreuses règles empi-
LnI(1-Ko).y.z(1+n) - C1
l 2.G
l riques. Parmi celle-ci, nous avons retenu la corrélation
reliant, pour les sols granulaires, la pression limite nette
à l'angle de frottelTIent interne (ArnaI, 1991). Cette rela-
n.(ua ~1 + n)(HJo +(1 +n).(N - Ka). y.2 tion s'écrit en unité de pression kPa :
1+ n a} p 2.G
avec: 0= 1-N et C 1=
1+n
(
H
J8 (3) p; = 250.2[( ~~24)] (7)
p
Dans cette expression, le coefficient empirique 250
utilisable pour les sols de densité moyenne, peut être
avec : N = (1 - sin <p')/( 1 + sin <p') (4) modulé entre 180 pour les sols lâches à 350 pour les
et : n = (1 - sin'P)/(1 + sin 'P) (5) sols structurés. Il est fonction du rapport EM/Pr Nous
Ces formules sont obtenues en assurant, le respect utiliserons ici le coefficient moyen de la relation (7).
de l'écoulement élastoplastique non standard dans les
deux zones plastifiées, le respect de l'équilibre élastique
dans la zone externe, la continuité de l'état de 1
contrainte entre les différentes zones de comportement
du sol autour de la sonde. La valeur de Cl est très Résultats des essais
petite, et peut être négligée en première approxima-
tion. Dans ces conditions, la relation (2) montre qu'il
existe une linéarité entre les logarithmes de la pression
appliquée au forage et de la déformation radiale au Principe de la démarche expérimentale
forage. Cette linéarité avait déjà été trouvée précédem-
ment (Hughes et al., 1977) mais sans définir la totalité L'étude relative aux paran1ètres de cisaillement pro-
de la courbe pressiométrique. La pente 8 (3) de la rela- cède par étapes:
tion linéaire est une fonction de l'angle de frottement - mesure de l'angle de frottement intergranulaire <p à
interne <p' et de l'angle de frottement intergranulaire <p . l'essai triaxial. On suppose que la nature géologiq~e
La connaissance de <p et de 8 permet alors de détermi- des grains du sol et leur état de surface sont indépen-
ner directement l'angle de frottement interne. dants de la granulométrie. Cette valeur est indépen-
dante de l'état de densité du sol (Monnet et Gielly,
1978) ;
- mesure de la dilatance, puis de l'angle de frottement à
Pression limite conventionnelle l'essai pressiométrique. On suppose que le sol est non
cohérent et parfaitement drainé. L'angle de frottement
Lorsque l'on atteint la pression limite, la cavité
est alors considéré comme représentatif de l'état de
double de volume (après recharge jusqu'à une
densité local du sol in situ. L'essai pressiométrique est
contrainte horizontale au repos), et la déformation
ici interprété comme un essai de cisaillement unique à
radiale théorique devient alors égale à {2 - 1. Cette der-
un niveau de contrainte moyen imposé par le poids des
nière valeur est introduite dans (2) ce qui permet de
terres au repos;
trouver alors la pression limite conventionnelle pour
deux zones plastiques: - lissage des valeurs de l'angle de frottement en fonc-
tion de la profondeur pour en déduire une valeur
[(1+n).(J2 -1)-C1 ] 2.G moyenne applicable à l'ensemble du projet. Les valeurs
extrêmes des angles de frottement sont exclues car
P ~alculé = y. z (6)
[(1- Ko ).(1 + n). y. z- 2.G. Cl] elles peuvent être dues à une cohésion du sol et à la
granulométrie dont la résistance se reporte artificielle-
Dans le cas de l'essai pressiométrique, le cisaillement ment sur la valeur du frottement. En effet, la présence
principal se produit entre la direction de la contrainte éventuelle de gros cailloux à proximité de la sonde don-
radiale (J/ et celle de la contrainte circonférentielle (Je' nera une surestimation à la fois de la pression limite et
dans le plan horizontal. La contrainte verticale joue alors de l'angle de frottement interne, la zone plastique au
le rôle d'une contrainte de confinement du plan de contact de la sonde n'existant plus.
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REVUE FRANÇAISE DE GÉOTECHNIOUE
N° 101
4 e trimestre 2002
Les essais triaxiaux consolidés et drainés Autres essais de cisaillement
Des essais de cisaillement de type triaxiaux consoli-
Ces essais ont été réalisés au LIRIGM de l'université dés non drainés avec mesure de la pression intersti-
Joseph-Fourier à Grenoble sur des échantillons carot- tielle (cu + u) et de cisaillement direct drainé avec iden-
tés non remaniés, mis à la pression d'essai, sous une tification physique ont donné les résultats portés dans
contre pression de 100 kPa, le drainage étant ouvert les tableaux 2 et 3.
pendant la période de consolidation. Les essais sont
faits sur des échantillons de diamètre 7 cm et de hau-
teur 15 cm sans dispositif d'anti-frettage aux extrémi-
tés, selon la norme NF P 94-070 (1994). L'échantillon a
été carotté à la dimension de l'éprouvette dans des pré- Les essais triaxiaux cycliques
lèvements paraffinés venant du chantier. Il a été ensuite
saturé et la pression latérale appliquée. Trois heures Le tunnel est implanté en zone de sismicité lB.
plus tard, la consolidation terminée, le cisaillement est Cependant, une amplification locale de l'amplitude des
réalisé à la vitesse de 0,06 mm/min ce qui correspond à ondes sismiques dans le bassin de Grenoble, pourrait
une durée d'essai de 10 h environ. Le drainage a été amener un surclassement du site et de l'ouvrage. Pour
laissé libre pendant le cisaillement et la mesure de la étudier le risque de liquéfaction éventuelle des sols tels
variation du volume a été faite par l'intérieur de que les limons sableux, des essais cycliques ont été réa-
l'échantillon. Les résultats sont présentés sur les 1isés au CETE d'Aix. Ils montrent un fort coefficient de
figures 6 et 7. Les caractéristiques physiques et méca- réduction du module élastique non drainé Eu sous
niques sont indiquées sur les tableaux II et III. Ces charge cyclique, en fonction du niveau de déformation.
résultats ne sont exploités qu'en terme de frottement Une étude complémentaire par essais in situ au piézo-
intergranulaire. cône est envisagée.

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pendant l'essai triaxia1.
Comportement au cisaillement du sol F7 Dilatancy behaviour of F7 soil on the triaxial test.
pendant l'essai triaxia1.
Shearing behaviour of the F7 soil on the triaxial
test.

Les caractéristiques physiques mesurées au laboratoire.


The physical characteristics of the samples tested on laboratory.

F6 Sable fins et limon gris noir 1 26 100 1640 50 Al


F6 Sable fins et limon gris noir 12 23 1650 18 B2-B5
F7 Limon sableux gris noir profond 1 27 100 1703 4 Bl-B2
F7 Limon sableux gris noir profond 1 25 100 1656 16 B5-B6
F7 Limon sableux gris noir profond 13 24 1620 20 à 100 Al-B5

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REVUE FRANÇAISE DE GÉOTECHNIQUE
N° 101
4e tri mestre 2002
Les caractéristiques mécaniques déduites des essais triaxiaux consolidés drainés.
The mechanical results on consolidated drained triaxial test.

F6 Sable fins et limon gris noir 1 36 0,265 29,8 0 36,4 0,847


F6 Sable fins et limon gris noir 7 o à 13,5 37,4
F7 Limon sableux gris noir profond 1 23,8 0,392 32,9 0 38,2 0,835
F7 Limon sableux gris noir profond 1 17 0,388 30,2 0 36,4 0,696
F7 Limon sableux gris noir profond 5 0 35,2

Dans un troisième temps, le contrôle et l'ajustement


définitif des caractéristiques mécaniques sont faits par
Essais pressiométriques la superposition des courbes expérimentales et théo-
riques (Fig. 9), mais aussi par la comparaison (Tableau
IV) des pressions limites expérimentales et théoriques
(Monnet" 1990; Monnet et Khlif, 1994). Cette phase de
l'interprétation est très importante, et on peut autoriser
Procédure expérimentale jusqu'à 17 % d'écart en moyenne entre les valeurs des
pressions limites théoriques et expérimentales. On pro-
Les corrections classiques (NFP 94-110-1, 2000) sont cède d'abord par la vérification de la superposition des
appliquées aux pressions et volumes mesurés et les cycles charge-décharge pour valider le module de
notations (E M, E, Pl) correspondent à des valeurs déter- cisaillement, puis par la vérification de la superposition
minées par la norlne. Des corrections supplémentaires des parties terminales des courbes pressiométriques
sont apportées aux pressions et volumes pour tenir théoriques et expérimentales pour valider l'angle de
compte, de la différence entre le rayon où la pression frottement. Dans le cas où le frottement intergranulaire
s'applique (à l'intérieur du tube fendu du pressiomètre n'a pas pu être mesuré, on a pris forfaitairement la
lanterné battu) et celui où le sol réagit (à l'extérieur du valeur moyenne des sols granulaires, soit 30°. Les résul-
tube fendu), de la déformée en poutre encastrée de la tats de l'analyse sont portés sur le tableau V. L'angle de
lanterne (Brevet Gaiatech, 1989) ou en parabole de la frottement interne est ainsi détern1iné. On remarque un
membrane (Fawaz et al., 2000), et de la distribution non écart-type de l'ordre de 1,5° à 4° pour toutes les familles
uniforme de la pression le long de la sonde (Basudhar de sol explorées (familles F3, F6, F7) ce qui traduit une
et Kumar, 1995). Les notations (E M +, E+, Pt) avec l'expo- bonne homogénéité. Par contre pour la famille F4 de
sant + correspondent à des valeurs calculées avec ces sables et graves, l'écart-type sur les angles de frotte-
corrections supplémentaires. ment atteint 9° qui provient de leur forte hétérogénéité
naturelle pas du tout surprenante compte tenu de la
variation de pt.
Enfin, nous avons utilisé la formule (7) de corréla-
Analyse pressiométrique tion donnée par Ménard. L'angle de frottement est cal-
culé à partir de la valeur moyenne de la pression limite
Dans un premier temps, on Inesure le module élas- obtenue dans la couche. Les résultats sont portés dans
tique G. La formule (2) montre que les courbes pressio- le tableau V. On remarque un accord à 1,5° à 4° près
Inétriques dépendent à la fois du module élastique et des déterminations du frottement par corrélation avec
de l'angle de frottement interne <p'. Pour séparer la détermination par la théorie présentée, pour les
l'influence de ces deux variables, il a été réalisé des familles F4 (sables et graves) et F7 (limons sableux gris).
essais à cycle qui permettent de déterminer indépen- Par contre, il existe une différence de 5,2° dans la
damment le module G (Fig. 9). couche F6 (sable et limon gris noir). On atteint dans
Dans un deuxième teInps l'angle de frottement cette couche les valeurs les plus basses possibles du
interne <p' est mesuré par la pente moyenne 8 de la rela- frottelnent à 30°, proche de l'angle de frottement inter-
tion linéaire (Fig. 8) entre les logarithmes des pressions granulaire, par la théorie pression1étrique, alors que
et déformations radiales mesurées au forage, pour l'analyse corrélative donne une estimation de l'angle de
l'ensemble des points pour lesquels la pression dépasse frottement à 35,2°. La valeur trouvée à l'essai triaxial est
la valeur du fluage. La valeur r o est le rayon initial du de 37,3° sur un échantillon reconsolidé. Il a été constaté
forage qui correspond au retour du terrain dans l'état cependant une perte de volume importante à l'intérieur
initial avant forage. La valeur ainsi déterminée n'est de la carotte, lors de la phase de drainage et de conso-
qu'une approche sommaire du frottement et peut être lidation à la mise en place de l'essai triaxial liée à un
remise en cause par la phase suivante de contrôle des compactage important du sol. On peut donc penser
paramètres. Cette linéarité dépend du frottement inter- que la valeur de frottement trouvée au laboratoire est
granulaire <p mesuré sur les essais triaxiaux. L'effet lié surestimée et que l'on ne peut déduire de cet essai que
au remanierrient initial du sol par le forage préalable à l'angle de frottement intergranulaire, soit ici 30° pour
l'essai est ici limité puisque l'interprétation bi-logarith- le sol F6. Néanmoins, c'est la valeur trouvée par
mique utilise la partie de la courbe pressiométrique l'approche corrélative qui a été retenue comme la
après le fluage. valeur moyenne de référence pour cette famille.
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1400

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200

ô,l 0,15 0,2 0,25 0,3 0.3$ 0,4


Ln{ P) kPa
dRIRO

Mesure de l'angle de frottement interne Contrôle des caractéristiques mécaniques,


par la valeur de la pente de la relation comparaison entre les courbes
linéaire entre les logarithmes des pressiométriques expérimentales et
déformations et des pressions, Forage théoriques, Forage SP12 à 6 m de
SP12 à 6 m de profondeur. profondeur.
Measuren1ent of the internaI angle of friction Control of the n1echanical characteristics,
by the slope of the linear relation between the comparison between theoretical and
logarithms of radial strain and stress, Borehole experimental pressuren1eter curves, Borehole
SP12 at 6 m depth. SP12 at 6 m depth.

Résultats de l'analyse pressiométrique.


Results of the pressuremeter analysis.

F3 SP 5 4 7,9 22,7 0,35 590 700 36


F4 6 7,7 18,3 0,42 1 640 1 550 52
F4 8 15,9 50 0,32 3780 3240 53
F6 13 15,2 31,3 0,48 810 975 31
F6 16 16,7 30,2 0,55 685 1 010 30
F6 18 27,5 42,7 0,64 760 1130 28
F3 SP 6 3 2,2 4,6 0,48 270 290 33
F4 6 4,5 17,5 0,26 440 590 32
F4 9 7,3 7,8 0,93 735 735 32
F6 12 13,4 28,2 0,47 795 905 31
F6 15 11,2 31,3 0,36 860 1055 31
F7 18 6,2 18 0,34 760 1 330 39
F7 21 31 54,3 0,57 920 1 325 28
F7 24 18,6 40,7 0,46 1 335 1 515 31
F8 28 3,3 7 0,47 540 870 30
F4 SP 8 9 13,1 42,3 0,31 1030 1190 36
F4 13 11,6 30 0,39 985 1105 34
F4 17 17,7 41 0,43 1 055 1150 30
F6 24 90,1 118,8 0,76 1 300 1 620 26
F6 29 29,3 98 0,30 1 500 1 790 26
F4 SP 9 13 9,3 100 0,09 2985 3350 44
F6 19 53,2 40 1,00 835 1 095 30
F6 24 39,4 50 0,79 1135 1 500 30
F6 28 9 1000 0,09 1655 1 525 30
F6 SP 10 15 13 35 0,37 945 1105 31
F6 19 12,9 48,2 0,27 980 1 240 30
F6 23 21 62,1 0,34 1420 1 700 31
F6 27 16,7 58,2 0,12 1320 1 700 30
F6 32 32,2 126,2 1 900 2425 30
F4 SP11 15 12 37,2 0,32 2565 2560 48
F4 19 13 43,2 0,30 980 1 430 32
F6 22 8,1 20 0,40 1185 1 285 35
F6 25 8,3 33,9 0,24 1 230 1480 32
F6 28 6,9 26 0,03 1310 1 375 31
F6 31 21,4 83 0,26 1 705 1 965 30
F4 SP 12 3 15,1 44,8 0,34 1 790 2220 52
F4 6 8,8 31,5 0,28 1 725 1 920 50
F4 8 23,4 64,2 0,36 3010 3530 52
F4 12 10,3 38,7 0,27 1125 1140 34
F6 16 29,4 67,5 0,44 830 980 24
F6 20 4,9 37,9 0,13 935 1 220 30
F6 22 7,8 40,6 0,19 1135 1 285 30
F6 25 23 90,9 0,25 1 240 1 525 26
F6 28 24,6 93,6 0,26 1 825 1875 30

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kv == YS pour le tunnel de grand diamètre, qui prend
en compte la réduction de la variance en fonction du
Conception du tunnel sous l'Ile verte volume de sol intéressé par le phénomène de tasse-
ment ou de rupture;
kN dont la valeur est lue dans les tables de probabi-
lité, qui prend en compte le niveau de risque retenu et
l'incertitude de statistique liée au nombre de
Synthèse du contexte géotechnique mesuresN.
Cependant, des incertitudes sur les sols subsistent
et hydrogéologiquel et notamment:
et choix des hypothèses géotechniques - la rencontre des lentilles décimétriques de sols
Le contexte géotechnique du sous-sol du quartier compressibles (tourbes, vases ou argiles) dans le
de l'Ile verte et des Sablons peut être schématisé en sui- dépôt de sable, trouvées dans deux sondages carot-
vant le projet de l'est (secteur Sablons) vers l'ouest (sec- tés profonds réalisés pour l'étude des fondations des
teur Bastille) : tours de l'Isère;
- à l'est, côté Sablons, un alluvionnement de sables - la présence d'obstacles naturels tels que blocs ou
(sablon) et sables et graviers compacts avec quelques troncs d'arbre.
lentilles limoneuses plus lâches, pour le tube Sud sur Les valeurs Xk caractéristiques pour chaque famille
66 % du tracé, pour le tube nord sur 80 % du tracé; de sol et par type de mesures sont portées dans le
- à l'ouest, côté Bastille, la transition à des sables tableau VI.
limoneux, puis des limons sableux à passages infra-
décimétriques argileux se fait progressivement sur le
reste du tracé.
Les sables et limons sont homométriques, potentielle- Conséquences du contexte du site
ment liquéfiables sous faibles contraintes verticales. Les
limons ont une structure variée, avec des niveaux sableux, sur la conception du tunnell
intercalés et des passages peu consolidés, notamment au au stade de l'avant-projet
contact du rocher constituant la base orientale du Rabot
quand le projet passe l'Isère en profondeur. Ce sous-sol Le projet de tunnel doit prendre en compte non seu-
est recouvert d'une couche superficielle de remblai et lement les données du contexte géotechnique, mais
limons peu compacts d'épaisseur 3 à 5 m. aussi celles du site urbain avec ses propres contraintes
Tous ces sols sont totalement baignés par une de sensibilité au tassement et de risque vis-à-vis du
nappe en relation avec la boucle de l'Isère s'écoulant bâti. Cet examen d'ensemble des données d'entrée du
dans la direction est-ouest. La perméabilité est décrois- projet permet de préciser son calage en tracé en plan et
sante d'est en ouest. La synthèse géotechnique par en profil en long, en estimant au mieux dès ce stade de
falnilles de sols est indiquée dans le tableau V. l'étude les conséquences de la construction de
l'ouvrage sur le site de surface en relation avec les
La synthèse par famille, réalisée à partir des essais méthodes envisagées suivant une démarche établie par
pressiométriques a fait l'objet d'une étude statistique Chapeau et Schwenzfeier (1987).
définissant, la valeur moyenne X, l'écart-type estüné (Jn'
la valeur caractéristique Xk en prenant en compte l'incer-
titude fonction du nombre d'essais N et la probabilité ~
que la valeur d'une mesure X soit inférieure à la valeur
caractéristique Xk . Dans cette étude statistique, on retient Contexte géotechnique et choix des méthodes
~ == 5 0/0. La valeur caractéristique est alors:
Le tunnel sera totalelnent réalisé en terrain meuble
X k == k D (X - kN/kv.(Jn) (8) et aquifère nécessitant l'utilisation d'un bouclier avec
avec: kD == 1 qui prend en compte la représentativité pressurisation du front de taille. La pressurisation à la
des données; boue, bien adaptée au cas des sables et graviers et des

Synthèse par famille de sol des résultats de la reconnaissance géotechnique.


Synthesis by sail Family of the geotechnical campaign.

Fl 0 /99 2t2 3t6 0 /67 3t9 2 /1


F3 0 /42 5 /1 7 /6 0 /67 27 t9 34 /5 t5
F4 36
1 37 /8 114/5 0 /33 39 /4 22
1 4t5 9
F5 0 /31 2 /46 12 /1 05 1 25 /2 07
1

F6 t76 27 /7 55 /4 0 501 35 /3 t8 30 2
F7 0 85
1 14 /7 2t9 0 /67 3tl t8 32 /6 4
F8 28 40 /2 12t8 0 /33 37 /9 1

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Valeurs caractéristiques des paramètres géotechniques.
Characteristic values for geotechnical parameters.

Fl Remblai de surface 0,65 16 24,6 0,67 24 29


F3 Limon sableux marron à vert de surface 0,3 3 10 0,67 4,5 25
F4 Sables et graviers 2,4 18 7/5 0,33 55 37
F5 Limon argileux gris 0,3 1,9 6,3 0,5 3,8 25
F6 Sable fins et limon gris noir 1,3 16 12,3 0,5 30 33
F7 Limon sableux gris noir profond 0,6 7,2 12 0,67 11 29
F8 Sable profond (sablon) compact 2,4 26,4 11 0,33 80 37

sables légèrement limoneux est à étudier spécifique- tielle générée par l'action sismique ne peut pas se dis-
ment pour les limons avec une adaptation de la nature siper (cas des radiers plats) et si la contrainte verticale
de la boue par ajouts de polymère. Il n'y a pas de est faible (cas des tunnels à faible profondeur soumis à
risque, a priori, de pertes brutales de boue et donc de la poussée d'Archimède). Ce risque est par contre
dépressurisation du front de taille, du fait des perméa- accentué avec un grand diamètre du tunnel. Le poten-
bilités mesurées (k < 10- 3 mis), du pourcentage élevé tiel de liquéfaction est aussi préjudiciable à la progres-
de sable fin et de l'absence de vides dans ce dépôt sion du tunnelier. En effet, celui-ci génère des vibra-
continu. Ces terrains à forte proportion de sables fins et tions notamment en terrains hétérogènes, de
limoneux sont aussi bien adaptés à l'utilisation d'un granulométrie grossière, pouvant produire des sur-
bouclier à pression de terre mais d'autres phénomènes pressions interstitielles autour ou devant le tunnelier si
comme la portance dans les limons mous restreignent le déconfinement est important. Ce phénomène ne sera
cette possibilité. pas prépondérant si la maîtrise de la pressurisation est
En regard du marinage des déblais, la granulomé- bonne et celle du guidage est effective.
trie de tous les sols permet le transport hydraulique. La Tous ces éléments conduisent à retenir, à ce stade de
présence d'éléments très fins voire d'argile conduira l'étude, une pressurisation par boue liquide, régulée par
localement à un traitement approprié, avec réduction une bulle d'air comprimé, de manière à maintenir par-
des cadences d'avancement. faitement et à tout moment la stabilité du front de taille.
En ce qui concerne la propulsion du bouclier, elle peut
être rendue problématique par la présence, à l'ouest:
- des limons en radier rendant délicate la conduite du
tunnelier. Celui-ci aura d'autant plus tendance à piquer
Prise en compte du site sur le creusement au bouclier
du nez que son centre de gravité sera déplacé vers La rocade Nord se situe dans un contexte urbain
l'avant (cas pour les boucliers à pression de terre). Ce dense et pose plusieurs difficultés techniques dont cinq
guidage plus difficile avec enfoncement du tunnelier particulièrement importantes, les franchissements
puis rattrapage est source de cc perte de terrains )) et sous-fluviaux de l'Isère autour de l'Ile verte, le passage
donc de tassement en surface; de l'Ile verte, l'alternance des formations géologiques,
- du rocher sous l'Isère qui pourrait bloquer sa pro- le franchissement sous-fluvial de l'Isère au niveau de la
gression, à moins, soit d'équiper et de concevoir le bou- Porte de France, l'écoulement de la nappe alluviale
clier pour travailler au rocher (peu compatible avec un dans la presqu'île.
bouclier en terrain meuble maîtrisant les tassements), Franchissement de l'Isère autour de l'Ile verte
soit de transformer par minage préalable le rocher en Le site des Sablons est très favorable à l'installation
terrain cc meuble )) (solution a priori possible). du chantier et à l'exécution d'un puits de démarrage du
La présence d'obstacles naturels reste un risque à tunnelier car c'est une zone non urbanisée, d'accès facile,
prendre en compte dans le choix des techniques de en terrain sablo-graveleux compacts en profondeur et
pressurisation (accès au front) ou de tracé (accès depuis présentant des limons de surface peu perméables. On
la surface). attaquera ensuite la traversée sous-fluviale de l'Isère qui
pourrait être réalisée, soit en immergeant des caissons
Le revêtement du tunnel sera constitué d'anneaux préfabriqués au fond d'une souille, soit en creusant suf-
de voussoirs préfabriqués en béton mis en place à l'abri fisamment profondément sous le cours d'eau au l'Doyen
de la jupe du bouclier. La nature pulvérulente des ter- d'un tunnelier assurant un soutènement latéral et frontal
rains immergés rend obligatoire le remplissage continu des terres. La technique du tunnelier à pression de boue
du vide annulaire si l'on veut limiter les tassements en a donc été choisie dans cette traversée. Elle permet une
site urbain. La présence de la nappe impose des vous- continuité du chantier avec la section de traversée sou-
soirs assemblés par boulons et équipés de joints d'étan- terraine de l'Ile verte qui doit se faire obligatoirement
chéité. La conception et le dimensionnement du revê- par cette technique. Comme les terrains sous-jacents
tement ne posent pas de problème particulier. sont constitués de sables fins et sables et graviers au-
Vis-à-vis du séisme, les sols sont potentiellement dessus, un approfondissement du profil en long et- avec
liquéfiables (sable homométrique, limon sableux), mais une bonne maîtrise du tunnelier pourrait permettre de

68 ce risque est limité si localement la pression intersti-

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réduire les tassements et les risques de fontis.

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Le passage de l'Ile verte sement sous-fluvial à cet endroit doit plonger profon-
Le passage de l'Ile verte se fait d'est en ouest sous dément pour éviter de multiplier les interfaces entre le
un bâti léger sans contraintes particulières et avec des rocher et les alluvions.
terrains sablo-graveleux propices, puis le site urbain Dans la variante cc Esplanade )) le franchissement de
devient très sensible avec des immeubles de grande l'Isère se fait par un viaduc et ne présente que des diffi-
hauteur et la présence d'une structure sur poteaux cultés liées à la fondation de l'ouvrage sur un socle
élancés (cc église ))) avec fondations sur pieux. Dans rocheux dont le toit reste encore à préciser.
cette zone on a pu observer des tassements de surface
de 2 à 8 cm par le décalage des trottoirs par rapport au Écoulement de la nappe alluviale dans la
bâti qui est fondé, a priori, sur les graviers sous-jacents. presqu'île
Le tassement est celui des limons de surface, généré L'Isère et le Drac encadrent la presqu'île, et la nappe
par variation du niveau de la nappe. On note également associée s'écoule parallèlement à ces deux cours d'eau.
un bâti constitué d'immeubles de hauteur moyenne à Une couche de terrain imperméable se situe à une
rapproche des limons en sous-sol. Il convient d'appro- vingtaine de mètres sous le terrain naturel. Dans
fondir le profil en long pour élargir la cuvette de tasse- l'hypothèse où la rocade nord passerait dans la
ment et diminuer le tassement différentiel. presqu'île entre des parois moulées, leur profondeur
créerait un barrage à l'écoulement de la nappe suscep-
Alternance de formations géologiques tible d'entraîner des tassements à l'aval et des
Le projet traverse successivement trois terrains dis- désordres dans les fondations et les caves des bâti-
tincts, les alluvions mêlées du Drac et de l'Isère à ments à l'amont. Pour prévenir de tels désordres, il fau-
l'ouest, les marnes et calcaires du rocher de la Bastille drait rétablir l'écoulement en forant de nombreuses tra-
au centre, les alluvions de l'Isère à l'est. En raison des versées dans les parois. Le coût de l'étude et de la
traversées sous-fluviales de l'Isère et de l'écoulement réalisation de cette continuité hydraulique est très
de la nappe dans la presqu'île, la technique du creuse- élevé. La réalisation de parois moulées dans la
ment au tunnelier à pression de boue est plus adaptée presqu'île a donc été rejetée.
pour les extrémités du projet dans les alluvions. Pour La construction de tranchées couvertes dont le
traverser les marnes et calcaires du rocher de la Bas- radier est implanté au niveau du toit de la nappe per-
tille, les techniques traditionnelles et le tunnelier sont met d'éviter l'effet de barrage associé. Elle présente
adaptés. Cependant, le tunnelier à pression de boue également l'avantage de limiter à proximité du Labora-
doit faire l'objet de modifications substantielles du bou- toire d'électronique et d'instrumentation (LETI) la for-
clier, du confinement, du système de marinage, pour mation et la propagation de vibrations dans le sol, tant
pouvoir attaquer la roche après avoir creusé les allu- en phase de travaux qu'en phase d'exploitation. Cette
vions. Il faut donc prévoir des chambres aux interfaces technique a été retenue pour la traversée du CENG.
entre le rocher et les alluvions pour intervenir sur la
machine ou réaliser une attaque traditionnelle. Ces Pour la variante cc Vercors )), la solution du tunnel
chambres sont réalisées à raide de puits temporaires. creusé permet de plonger suffisamment vite, de limiter
ainsi la section comprise dans la nappe et de s'affran-
Le tracé reste à caler après une reconnaissance plus chir de l'effet de barrage.
fine du toit du rocher et le choix définitif du profil en
long, en intégrant les rayons minimaux à respecter tant
du point de vue technique (bouclier) que fonctionnel
(visibilité).
Le passage de l'Isère demande une étude spéci- Synthèse et conclusions sur le choix des techniques
fique, car il faut une bonne connaissance de la côte du de creusement et sur le projet
fond de son lit, la possibilité de traiter par injection les
terrains de couverture au-dessus du rocher et la possi- Les contraintes fortes liées à l'environnement géo-
bilité de minage du rocher sans risque pour l'environ- technique de ce projet sont:
nement (dégradation sur le bâti existant). - la présence de la nappe qui nécessite un bouclier à
A l'interface ouest, pour la variante cc Vercors )), le front pressurisé;
puits sera situé au niveau de la rue Durand-Savoyat. - le passage sous un bâti qui est sensible aux tasse-
L'abaissement du profil en long et son calage res- ments, et qui nécessite une maîtrise parfaite de la pres-
tent l'enjeu du projet d'un point de vue économique, sion de confinement, du guidage du tunnelier et du
technique et environnemental. comblement en continu du vide annulaire;
- la zone de graviers pratiquement rencontrée sur tout
La traversée de l'Isère au niveau de la Porte le tracé qui peut engendrer des vibrations pendant
de France l'abattage et l'avancement du tunnelier et induire des
Dans le cas de la variante cc Vercors )), la réalisation phénomènes de liquéfaction des limons peu compacts
d'une traversée sous-fluviale à l'aide de caissons préfa- et sables fins, avec perte de portance de la tête du tun-
briqués et immergés pose les mêmes difficultés tech- nelier. Pour réduire, voire annihiler ces phénomènes
niques de gestion du risque de crue de la rivière qu'au liés, l'avancement du bouclier doit être accompagné
droit de l'Ile verte. De plus, elle implique la réalisation d'un ajout de lubrifiant;
dans la presqu'île de parois moulées dont l'effet de bar- - la présence de limons plus lâches en radier est un
rage est décrit ci-après. Cette solution n'a donc pas été inconvénient pour le tunnelier à pression de terres,
retenue. plus lourd et plus difficile à guider dans ce contexte à
La traversée de l'Isère à cet endroit peut être réali- cause de sa tendance à plonger et qui induit par son
sée à l'aide d'un tunnelier ou en technique tradition- principe des actions vibratoires plus importantes;
nelle. En raison d'une remontée des marnes du rocher - la présence possible d'obstacles naturels (tels blocs
de la Bastille à la limite de l'Isère, un projet de franchis- erratiques et surtout troncs d'arbre fossilisés) nécessite
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l'intervention sous hyperbare dans la chambre d'abat-
tage (comme pour le changement des outils) avec
confinement du front de taille en toute sécurité pour les
intervenants au front et vis-à-vis des incidences en sur-
Conclusion
face. Les reconnaissances pour le tunnel de la rocade nord
En conclusion, vis-à-vis des conditions de terrains, de Grenoble ont privilégié les essais in situ, et en parti-
les boucliers à pression de boue sont recommandés. culier l'essai pressiométrique qui a été utilisé avec un
Vis-à -vis des conditions et des contraintes de site, cycle de déchargement-rechargement. En effet, les
actuellell1ent le bouclier à pression de boue avec régu- essais de laboratoire sont considérés ici comme peu
lation de la pression au front par bulle d'air répond le représentatifs des conditions de densité, de structuration
mieux techniquement au problème posé. L'utilisation et de consolidation du sol en place, car il a été constaté
d'un bouclier de grand diamètre représente cependant un remaniement important des échantillons, même avec
d'autres contraintes liées à son encombrement et son les meilleures techniques de prélèvement. Les essais au
poids, montage, transport en site urbain, transfert qu'il laboratoire ont donc été considérés comme des essais
s'agit d'examiner dès l'APS pour garantir la faisabilité d'identification physiques et mécaniques permettant
du projet. d'obtenir les caractéristiques minimums sur lesquelles
on peut compter, mais pas les conditions exactes du site.
L'implantation du puits d'entrée côté Sablons et des
installations de chantier est recommandée. Par contre, L'essai pressiométrique a permis d'atteindre les
le puits de sortie, a priori à concevoir en rive droite de caractéristiques de cisaillement et de frottement du sol
l'Isère, nécessite une étude spécifique pour rechercher en place avec une procédure spécifique.
son implantation optimale conditionnée par le contact L'analyse géotechnique du site du tunnel, montre
sol/rocher, l'encombrement de surface, la réduction de une variabilité des caractéristiques mécaniques, prise
largeur de l'Isère à compenser. C'est un point critique en compte par le choix de valeurs minimales caractéris-
du projet qui engage la qualité du tracé voire sa faisa- tiques, 95 % des valeurs mesurées étant supérieures à
bilité. celles-ci. Il reste cependant des incertitudes liées notam-
Le risque de tassement existe tout au long du tracé ment au risque de liquéfaction, la présence de limons
avec cependant des conditions géotechniques favo- lâches pouvant déstabiliser la tête du tunnelier, la pré-
rables là où les conditions du site sensible sont les plus sence d'obstacles éventuels de gros diamètre dans les
fortes. La recherche de tracé au niveau des rues sans paléochenaux et l'implantation du puits de sortie à
encombrement de la surface limite les risques vis-à-vis l'ouest du projet avec un contact sol-rocher à préciser.
du bâti et rend accessible le front en cas d'incident Ces incertitudes seront levées par des campagnes
grave nécessitant une intervention éventuelle depuis la complémentaires de forages~ sondages et de mesures
surface, pour traitement spécifique. géophysiques.

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