Radiologie Et Grossesse
Radiologie Et Grossesse
Radiologie Et Grossesse
2011 Chapitre 22
co-fondateurs
Radiologie et grossesse
Les 10 idées-clés
■ La recherche d’une grossesse en cours doit être systématique chez toute
femme en âge de procréer et devant bénéficier d’un examen d’imagerie en
urgence.
■ La responsabilité de la prescription d’un examen d’imagerie en urgence
incombe au binôme urgentiste-radiologiste.
■ Pour chaque situation clinique, l’examen de radiodiagnostic retenu sera celui
affichant le meilleur rapport bénéfice/risque.
■ Les examens basés sur les ultrasons ou sur la résonnance magnétique seront
toujours privilégiés aux examens aux rayons X chez la femme enceinte.
■ Une irradiation au cours de la période embryo-fœtale induit un risque de
nature malformative, expose au retard mental à la naissance et majore le
risque de développer un cancer au cours de l’enfance.
■ La radiosensibilité fœtale est la plus forte au cours de la période allant de la
3e à la 15e semaine de grossesse ; pendant cette période, l’attention de
l’urgentiste sera maximale.
■ Une dose d’exposition irradiante inférieure à 100 mGy ne majore pas
significativement les risques malformatifs et de retard mental.
Correspondance : Professeur Jeannot Schmidt – Pôle SAMU - SMUR – Urgences Hôpital G. Montpied,
CHU de Clermont-Ferrand BP 69, 63003 Clermont-Ferrand Cedex 1.
Tél. : secrétariat : + 33 4 73 75 19 99. Tél. bureau : + 33 4 73 75 15 64. Fax : + 33 4 73 75 15 63.
E-mail : [email protected]
1. Introduction
Les réalisations des examens radiologiques en cours de grossesse interrogent
régulièrement les professionnels de santé (urgentistes, radiologistes et obstétri-
ciens) (1) et sont une source majeure d’inquiétude des patientes enceintes (2, 3)
sur les risques encourus par les techniques de radiodiagnostic en urgence. Les
craintes concernent autant l’embryon et le fœtus en termes de risque théorique de
mort fœtal, de risque malformatif ou de retard du développement mental que
l’enfant qui va naître pour le risque d’hypothyroïdie ou de cancérogénèse post-
natale. Aujourd’hui, les niveaux de preuve plaident en faveur de l’absence de prise
de risque lors des réalisations d’examens d’imagerie en cours de grossesse et les
recommandations internationales vont à l’encontre de toute « retenue » dans la
réalisation d’un examen diagnostique chez une femme enceinte qui n’aurait eu
aucun effet sur l’enfant à naître. Le présent document abordera successivement
les évaluations quantitatives des irradiations embryo-fœtales en cours de
grossesse, les principes de précautions et les protections possibles à envisager, et
enfin les stratégies diagnostiques pour des situations particulières.
Tableau 2 – Estimation en mGy des doses délivrées à l’utérus par les examens
tomodensitométriques
Pelvimétrie TDM 3 3
Thorax 15 0,1
Rachis lombaire (sans inclinaison statif) 15 10
Abdomen (pelvis non exploré) 20 5
Pelvis 25 25
Tête 40 < 0,01
Période à risque
en cours
Estimation de
Malformations de grossesse
la dose seuil
(semaines post-
conception)
Microcéphalie ≥ 20 Gy 8-15
5. Quelles solutions ?
5.1. Respecter les principes de précautions et mesurer le bénéfice risque
Les propositions pour la réalisation des examens scanographiques sont de trois
ordres, insistant sur : 1) la possibilité de réduire l’irradiation individuelle par TDM
en actualisant le parc des appareils avec mesure automatique intégrée du rayon-
nement ionisant ; 2) la proposition de recourir à l’échographie ou à l’IRM à chaque
fois que le bénéfice des ces procédures alternatives (aptitude diagnostique) n’est
pas pris en défaut. Ainsi en cas de performance diagnostique inférieure, le seul
risque lié aux rayonnements ionisants ne saurait écarter le recours à la TDM ; 3) la
nécessité d’évaluer préalablement à chaque demande de TDM, le bénéfice
diagnostique attendu. Ainsi le chiffre proposé d’un tiers d’examen tomodensito-
métriques injustifiés ou non indiqués (8), impose de préciser les procédures d’indi-
cation / réalisation de la TDM liant l’urgentiste au radiologue. Toutefois, et malgré
l’absence de niveau de preuve d’effets indésirables des examens par résonnance
magnétique nucléaire, il convient de ne pas recourir à des IRM dont la puissance
dépasse 1,5 Tesla et d’évaluer concomitamment le rapport bénéfice/risque de
l’injection d’un produit de contraste (25).
6. Conclusion
Le recours aux différentes techniques de radiodiagnostic en urgence chez la
femme enceinte est une réalité quotidienne pour l’urgentiste. Longtemps
mystifiées, les risques liés aux expositions au rayonnement X de la femme enceinte
ont été dédramatisés au cours des dix à quinze dernières années. De fait, la
prescription d’examens d’imagerie en cours de grossesse a connu une évolution
quasi exponentielle au fil des années, et plus particulièrement le recours au
scanner (42). Ce recours facilité ne dispense pas pour autant le binôme urgentiste
– radiologiste d’une évaluation systématique du ratio « bénéfice diagnostique de
l’examen proposé » sur « risque encouru par la mère et le fœtus », et d’une
information loyale de la future maman. Le ratio bénéfice/risque doit rester positif
et nos attitudes de prescriptions d’imagerie, adaptées et confrontées à la réalité de
l’urgence, ne peuvent ignorer les performances diagnostiques respectives des
examens par ultra sons, par résonnance magnétique ou par rayons X, pour justifier
l’examen de radiodiagnostic le plus adapté.
Références
1. Ratnapalan S., Bona N., Chandra K., Koren G. Physicians’ perceptions of teratogenic
risk associated with radiography and CT during early pregnancy. Am J Roentgenol
2004 ; 182 : 1107-9.
2. Bentur Y., Horlatsch N., Koren G. Exposure to ionizing radiation during pregnancy:
perception of teratogenic risk and outcome. Teratology 1991 ; 43 : 109-12.
3. Mastroiacovo P., Zampino G., Valente M. Perception of teratogenic risk by pregnant
women exposed to diagnostic radiation during pregnancy. Am J Obstet Gynecol
1990 ; 163 : 695.
4. Osei E.K., Faulkner K. Fetal doses from radiological examinations. Br J Radiol 1999 ;
72 : 7780.
5. Hurwitz L.M., Yoshizumi T., Reiman R.E. et al. Radiation dose to the fetus from body
MDCT during early gestation. Am J Roentgenol 2006 ; 186 : 871-6.
6. Damilakis J., Perisinakis K., Prassopoulos P., Dimovasili E., Varveris H., Gourtsoyiannis
N. Conceptus radiation dose and risk from chest screen-film radiography. Eur Radiol
2003 ; 13 : 406-12.
7. Cordoliani Y.S., Foehrenbach H., Dion A.M., Lahutte M. Risques liés à l’exposition
d’une grossesse aux rayonnements ionisants. J Radiol 2005 ; 86 : 601-6.
8. Brenner D.J., Hall E.J. Computed Tomography – An Increasing Source of Radiation
Exposure. N Engl J Med 2007 ; 357 : 2277-84.
9. Webb J.A., Thomsen H.S., Morcos S.K. Members of Contrast Media Safety Com-
mittee of European Society of Urogenital Radiology (ESUR). The use of iodinated and
gadolinium contrast media during pregnancy and lactation. Eur Radiol 2005 ; 15 :
1234-40.
10. Miller D.L., Balter S., Cole P.E. et al. Radiation doses in interventional radiology
procedures: The radio-IR study. Part 1: Overall measures of dose. J Vasc Interv Radiol
2003 ; 14 : 711-72.