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1.2 Molécules
Les atomes exercent entre eux des forces électriques qui sont en
général attractives à longue distance et répulsives à très courte dis-
tance. Une molécule est un ensemble d’atomes dont la cohésion est
assurée par la mise en commun d’un ou plusieurs électrons. Le calcul
quantique des niveaux d’une molécule est un problème encore plus
complexe que celui d’un atome à plusieurs électrons. Il s’agit
d’étudier les états d’un système qui, outre les électrons, comprend
Figure 1 – Niveaux d’énergie de l’atome d’hydrogène plusieurs noyaux dont les mouvements doivent également être
et de l’atome de sodium traités quantiquement. Même pour une molécule qui ne comporte
que deux atomes, la résolution exacte de l’équation de Schrödinger
est impossible. Cependant on peut simplifier considérablement le
de l’amplitude de sa fonction d’onde. Les orbites bien définies de problème en remarquant que les électrons, nettement plus légers
Bohr sont maintenant remplacées par des nuages où l’électron a une que les noyaux, sont beaucoup plus rapides que ces derniers. Dans
certaine probabilité de se trouver. Ces nuages sont d’autant plus ces conditions, le traitement séparé des mouvements, connu sous
éloignés du noyau que le nombre quantique principal n est grand. le nom d’approximation de Born-Oppenheimer, permet de calculer
le potentiel attractif exercé sur les noyaux par le nuage électronique ;
ce potentiel vient compenser la répulsion électrostatique mutuelle
1.1.3 Atomes à plusieurs électrons des noyaux et assure la stabilité de la molécule.
L’approximation de Born-Oppenheimer permet aussi d’écrire
Lorsque l’on passe de l’atome d’hydrogène à des atomes à l’énergie totale de la molécule comme la somme d’une énergie élec-
plusieurs électrons, avec un noyau de charge Ze, la situation se tronique, quantifiée en niveaux comme celle des atomes, et d’une
complique considérablement car des forces nouvelles font leur appa- énergie de déplacement des noyaux. Dans le mouvement des
rition dans le système. Outre l’attraction du noyau, chaque électron noyaux, on distingue deux types de composantes : les vibrations et
est maintenant soumis à la répulsion électrostatique exercée par tous les rotations. Les vibrations correspondent à des variations des
les autres électrons, qui se traduit par de nouveaux termes dans distances internucléaires alors que, dans les rotations, la molécule
l’équation de Schrödinger. tourne sur elle-même. Ces degrés de liberté peuvent, encore une
Négligeons tout d’abord ces termes. En première approximation, fois, être considérés comme indépendants et les énergies corres-
chaque électron va évoluer dans le potentiel électrostatique d’un pondantes, être calculées séparément et ajoutées pour obtenir le
noyau de charge Ze . Il dispose d’un ensemble d’états quantiques spectre complet. Le cas des molécules diatomiques est relativement
spécifiés, comme dans l’hydrogène, par les nombres n , , m, avec bien compris, celui des molécules polyatomiques est beaucoup plus
cette différence que les énergies sont multipliées par Z 2 et que les difficile à traiter.
rayons moyens des fonctions d’onde sont divisés par Z. Ces états Les mouvements de vibration et de rotation des noyaux sont éga-
sont appelés hydrogénoïdes. Or suivant un des principes fonda- lement quantifiés : chaque niveau électronique de la molécule se
mentaux de la mécanique quantique, le principe d’exclusion de Pauli, subdivise en un ensemble de sous-niveaux de vibration-rotation. Si
plusieurs électrons ne peuvent occuper en même temps le même les niveaux de vibration-rotation sont assez serrés, ils se recouvrent,
état quantique. Tous les électrons ne peuvent donc pas se mettre formant des bandes d’énergie.
dans le premier état, similaire à l’état fondamental de l’hydrogène.
Ils vont tendre à remplir successivement tous les états possibles par
ordre d’énergie croissante, à raison de deux électrons par état (le
facteur 2 provient des 2 valeurs possibles d’une grandeur caracté- 1.3 Solides
ristique supplémentaire de l’électron, qui est le spin, sorte de
mouvement de toupie de l’électron sur lui-même).
Les forces attractives entre atomes peuvent conduire à la création
De plus, les différents électrons, chargés négativement, se de molécules, ou à la formation d’états plus condensés, liquides ou
repoussent et leurs fonctions d’onde sont modifiées par rapport à solides. Dans les cristaux, les atomes sont rangés suivant un motif
celles de l’hydrogène. Mais, si l’équation de Schrödinger est entiè- régulier. Les liquides et d’autres solides, comme les verres, ne pré-
rement soluble analytiquement pour l’hydrogène, sa résolution est sentent pas d’ordre à grande distance.
extrêmement complexe, voire impossible, même par des méthodes
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d’être mis en mouvement d’oscillation par le champ électrique émise, c’est-à-dire une largeur de raie, appelée largeur naturelle γ .
variable d’une onde. Pour un atome ou une molécule plus complexe, La largeur du niveau en énergie , γ est reliée à sa durée de vie τ par :
on peut encore considérer que l’ensemble des charges positives joue
avec l’ensemble des charges négatives le rôle d’un dipôle. La théorie , γ = ,/ τ
de l’électromagnétisme indique alors que le dipôle oscillant peut
prendre de l’énergie au champ ou lui en fournir : c’est l’absorption Tous les facteurs qui perturbent l’interaction avec le rayonnement
ou l’émission de rayonnement. peuvent être responsables d’un élargissement des raies. Ainsi,
lorsque les atomes d’un gaz sont assez nombreux, il se produit entre
À l’aide de l’équation de Schrödinger, on peut calculer le dipôle
eux de multiples chocs. À chaque choc, l’émission (ou l’absorption)
atomique et retrouver de manière rigoureuse les résultats des trai-
est soit déphasée, soit interrompue par la chute de l’atome vers
tements de Bohr et Einstein, tout en les généralisant. Dans ce modèle,
d’autres niveaux ; il en résulte une augmentation de la largeur
pour un état stationnaire de l’atome, l’électron n’est pas localisé, et
spectrale de la raie.
la distribution de charge électronique, reliée à la forme de la fonction
d’onde, est symétrique par rapport au noyau. Les centres de gravité Par suite de l’émission spontanée ou des collisions, un seul et
des charges positives et négatives sont alors confondus, et le dipôle même atome peut absorber ou émettre de la lumière sur une certaine
électrique est nul. En revanche, lors d’une transition entre deux états, bande de fréquence : c’est la largeur homogène. D’autres causes
une dissymétrie peut se créer, et le dipôle prend une valeur non nulle. peuvent faire que les différents atomes d’un ensemble ne sont pas
tous résonnants avec la même fréquence du champ électro-
La mécanique quantique permet de calculer les probabilités de
magnétique. Le rayonnement émis ou absorbé comprend alors les
transition entre niveaux, qui peuvent être d’ordres de grandeur extrê-
différentes fréquences de résonance. On dit alors que l’ élargis-
mement variés, parfois nulles ; la transition est alors appelée inter- sement est inhomogène.
dite. Transitions permises et interdites sont régies par des lois, dites
règles de sélection. Au cours d’une transition dipolaire électrique, C’est en particulier le cas de l’effet Doppler dans les gaz. Les
le nombre quantique (moment cinétique orbital) doit varier d’une atomes d’un gaz sont en mouvement incessant dans toutes les direc-
unité : si et ′ sont les moments cinétiques orbitaux des niveaux tions avec des vitesses variées, qui sont habituellement comprises
de départ et d’arrivée, on a – ′ = ± 1 ; de plus le nombre entre zéro et quelques centaines de mètres par seconde. Examinons
quantique m change au plus d’une unité : m – m’ = 0, ± 1. D’autres ce qui se passe pour un atome donné de vitesse non nulle. De même
types de transitions possibles obéissent à des règles de sélection que le sifflement d’un train change de fréquence suivant que le train
différentes ; elles sont en général beaucoup moins intenses. se rapproche ou s’éloigne, la fréquence émise par un atome en
mouvement est décalée, pour un observateur immobile, vers les
hautes ou les basses fréquences suivant que l’atome se rapproche
2.1.3 Largeur des raies, largeur naturelle, ou s’éloigne. Un phénomène analogue se produit pour l’absorption.
largeur Doppler Il en résulte que le gaz, dans son ensemble, peut absorber ou émettre
sur une plus grande largeur spectrale : c’est l’élargissement Doppler.
Il correspond en général à des largeurs de l’ordre du gigahertz
Les raies émises par les atomes ne sont jamais infiniment fines : (1 GHz = 109 Hz), environ 100 fois la largeur naturelle.
la lumière n’est pas absorbée ou émise sur une fréquence unique,
mais sur une certaine bande de fréquence, qui peut être plus ou
moins large.
Cet élargissement de la raie est dû à plusieurs facteurs. Il s’agit 2.2 Spectres d’absorption et d’émission
tout d’abord de l’émission spontanée elle-même, qui s’accompagne
du passage de l’atome d’un niveau excité à un niveau inférieur, et
lui fait descendre en cascade l’échelle des énergies, jusqu’à ce qu’il Les spectres d’émission sont constitués par l’ensemble des fré-
parvienne à l’état fondamental. L’atome ne reste qu’un temps fini, quences émises par un corps lorsque ses électrons sont amenés dans
en général assez court (de l’ordre de quelques 10– 9 s pour les des états excités (§ 2.3 et 2.4) ; les spectres d’absorption, par les fré-
premiers niveaux excités) dans chaque niveau excité ; ce temps est quences absorbées par ce corps lorsqu’il est éclairé par une source
appelé durée de vie du niveau, souvent noté τ . Pour chaque atome, pouvant émettre une gamme continue de fréquences. Lorsque le
l’émission ne dure donc qu’un temps limité, et la fréquence de la corps n’est pas excité, les électrons sont dans leur état fondamental,
radiation ne peut être déterminée avec une précision meilleure que les autres états sont vides. En absorption, on n’observe donc habi-
l’inverse de ce temps, provoquant une incertitude sur la fréquence tuellement que les transitions partant de l’état fondamental.
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λ m T = 2,9 · 106 nm · K
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2.5 Diffusion, absorption et dispersion où le facteur exponentiel tient compte du déphasage lié à la
propagation de l’onde incidente avec le vecteur d’onde k 0 et à la
Lorsqu’un milieu matériel emprunte de l’énergie à une onde propagation de l’onde diffusée entre le dipôle et l’observateur avec
lumineuse pour la réémettre dans l’espace environnant, on parle le vecteur d’onde nk 0 . La puissance moyenne rayonnée par unité
de diffusion (§ 2.5.1). La diffusion qui se produit exactement dans dP d
la direction de l’onde incidente sur le milieu, vers l’avant ou vers d’angle solide ------------ dans la direction n faisant un angle Φ avec la
dΩ
l’arrière, a des caractéristiques particulières car l’onde émise inter- direction du dipôle, à la distance R, en fonction de l’intensité inci-
fère avec l’onde incidente. Elle donne lieu aux phénomènes de dente I0 , est alors donnée par :
réfraction, de dispersion et de réflexion (§ 2.5.2). Lorsque la lon-
gueur d’onde de la lumière se rapproche d’une des fréquences de 4
résonance de l’atome, il y a absorption (§ 2.5.3), puis réémission dP ω 0 sin 2 Φ
-----------d- = -----------------------------
- α ( ω0 ) 2 I0 (5)
de luminescence, comme nous l’avons vu au paragraphe 2.4.1. dΩ 16π 2 R 2 c 4
La diffusion, la dispersion et l’absorption sont des phénomènes où I 0 = ε 0 c E 0 2 / 2 .
qui font intervenir les propriétés quantiques des atomes et, en toute
rigueur, ils doivent être étudiés dans le cadre de la mécanique L’intensité diffusée dépend de la polarisabilité α(ω 0 ) introduite
quantique. Toutefois, un traitement fondé sur un modèle classique dans l’équation (3) et de la direction d’observation. Elle présente une
d’électron élastiquement lié permet de trouver les principales carac- 4
dépendance très importante, en ω 0 , avec la fréquence.
téristiques de ces phénomènes, si l’on admet que les fréquences de
résonance de cet oscillateur sont celles que donne le traitement Le raisonnement n’est plus valable quand la diffusion a lieu dans
quantique. la direction de l’onde incidente ou dans la direction opposée,
c’est-à-dire vers l’avant ou vers l’arrière. En particulier, on voit sur
la formule (4) que le terme dépendant de la position r j des atomes
2.5.1 Diffusion dans l’exponentielle disparaît si k 0 n = k0 . Dans ce cas l’onde totale
diffusée est importante et interfère avec l’onde transmise pour
Nous allons tout d’abord envisager le cas de la diffusion par un donner le phénomène de réfraction (§ 2.5.2).
atome isolé ; nous verrons le cas d’une assemblée d’atomes, soit
désordonnée comme un gaz, soit ordonnée comme un cristal, puis 2.5.1.2 Diffusion par une assemblée d’atomes
le cas de la diffusion par des particules de taille plus importante. répartis uniformément, diffusion par un gaz
Lorsque l’on cherche l’intensité diffusée par un ensemble de par-
2.5.1.1 Diffusion par un atome ticules, il faut ajouter les champs diffusés par les diverses particules
Un photon arrivant sur un atome avec une énergie très différente en tenant compte des termes d’interférence possibles entre ces
des fréquences de résonance de l’atome peut être diffusé élastique- champs r j [équation (4)]. Lorsque les atomes sont répartis uni-
ment ou inélastiquement. formément comme dans un cristal parfait, on trouve que le champ
La diffusion élastique se produit sans changement d’énergie ni total diffusé est égal au champ diffusé par un atome multiplié par
pour l’atome, qui se retrouve dans son état initial, ni pour le photon, un facteur qui est de l’ordre de λ3 /v, où λ est la longueur d’onde
qui peut cependant changer de direction de propagation. C’est la de la lumière et v le volume de la maille élémentaire du cristal (de
diffusion Rayleigh. l’ordre de quelques dixièmes de nanomètres). Ce facteur, qui est de
l’ordre du nombre d’atomes contenu dans un cube d’arête égale à
La diffusion peut également être inélastique. L’état final du la longueur d’onde lumineuse, est beaucoup plus petit que le nombre
système est dans ce cas un état différent de l’état de départ, par d’atomes du cristal et montre que l’interférence entre les rayonne-
exemple, pour une molécule, un autre niveau de vibration-rotation. ments diffusés par les atomes est essentiellement destructive. Les
Cette diffusion, appelée diffusion Raman, s’accompagne d’un chan- cristaux très purs ne diffusent donc pratiquement pas la lumière.
gement de fréquence du photon diffusé, égal à la différence des éner-
gies des deux niveaux divisée par , . Nous avons déjà mentionné Lorsque les atomes sont répartis de manière aléatoire dans
l’effet Raman dans les processus de luminescence. On peut aussi l’espace, comme c’est par exemple le cas dans un gaz, les termes
l’interpréter comme un processus de diffusion. d’interférence entre les différents atomes s’annulent en moyenne,
et on peut admettre que ce sont les intensités diffusées par les divers
Pour calculer l’intensité diffusée par un atome, nous considérons atomes qui s’ajoutent. L’intensité diffusée est alors donnée par la
ce dernier comme un dipôle classique, qui peut être mis en mou- formule (5) multipliée par le nombre d’atomes ou de molécules
vement par le champ électrique d’une onde lumineuse incidente. du gaz. Un calcul précis montre que ce résultat provient des
Une onde de fréquence angulaire, ou pulsation ω 0 (où ω 0 est reliée variations de densité d’un point à un autre du gaz à l’échelle
à la fréquence ν 0 par ω 0 = 2 π ν 0 ), de vecteur d’onde k 0 (avec microscopique.
k 0c = ω 0 ), et de champ électrique E donné par :
On peut généraliser la formule (5) au cas de la diffusion d’un
E = E0 (ω 0) exp i (k0 · r – ω 0t) rayonnement non monochromatique et non polarisé. On trouve
que l’intensité diffusée à la pulsation ω vaut :
met le dipôle p situé au point r = rj en oscillation forcée dans la
direction de E : ω 4 ( 1 + cos 2 θ )
- α ( ω ) 2 I 0 ( ω )
I d = ----------------------------------------- (6)
p = ε 0 α(ω 0) E0 (ω 0) exp i (k 0 · rj – ω 0t) (3) 8π 2 R 2 c 4
où α (ω 0 ), qui mesure la réponse du dipôle à une excitation où θ est l’angle entre la direction de propagation de l’onde incidente
électrique, est la polarisabilité du dipôle à la fréquence ω 0 . k0 et la direction d’observation n.
Ce dipôle réémet lui-même un champ électromagnétique dont Dans le cas de l’air, les molécules d’oxygène et d’azote présentent
l’amplitude au point r situé à la distance R dans la direction n (r = Rn) deux types de résonance : les unes correspondent aux transitions
est donnée par les lois de l’électromagnétisme : entre niveaux électroniques et sont situées dans l’ultraviolet lointain,
les autres correspondent aux transitions de vibration-rotation et se
2 produisent dans l’infrarouge. De ce fait, dans le domaine visible, la
ω0
- α ( ω 0 ) [ n × E 0 ( ω 0 ) ]n
E d = -------------------- (4) polarisabilité α (ω ) dépend très peu de la fréquence (§ 2.5.2), et la
4πRc 2
variation de Id est dominée par le facteur ω 4. La diffusion est donc
exp i [ ( k 0 – nk 0 ) ⋅ r j + nk 0 ⋅ r – ω t ]
beaucoup plus efficace pour les radiations de faible longueur d’onde
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d 2 E (z ) 2
- = – k 0 1 + N α ( ω 0 ) E (z )
--------------------
dz 2
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On peut également trouver ce résultat à partir des équations de Lorsque ω – ω j est grand devant γ , l’indice de réfraction est réel
Maxwell dans un milieu matériel en exprimant la polarisation du et présente une dépendance en fréquence qui est liée aux fréquences
milieu P (P = Np) à l’aide de l’expression (3). Cette équation est de résonance de l’atome (ou plus généralement, du milieu consi-
analogue à l’équation de propagation dans le vide à condition de déré). Cette dépendance est représentée sur la figure 6. Pour les
prendre un vecteur d’onde k de module k tel que : substances transparentes (gaz incolores, verre), les fréquences de
2
résonance se trouvent dans l’ultraviolet et dans l’infrarouge ; dans
k 2 = k 0 1 + N α ( ω0 ) ces conditions, on voit sur la figure 6 que l’indice croît avec la fré-
quence dans le spectre visible : l’indice est plus grand pour le bleu
L’indice du milieu vaut maintenant : que pour le rouge. C’est la dispersion normale. Au voisinage des
résonances, on peut avoir des zones de dispersion anormale, où
n = k / k0 = ( 1 + N α ( ω0 ) ) (8) l’indice décroît avec la fréquence.
Dans un milieu dilué, le terme N α(ω 0) est faible devant 1, et on Lorsque le milieu n’est pas très dilué (N α(ω ) ≈ 1), nous devons
retrouve pour l’indice l’expression (7) du paragraphe 2.5.2.1. L’indice employer l’expression (8) pour calculer l’indice. De plus, il nous
dépend de la polarisabilité du milieu, que nous devons évaluer à faut tenir compte de la structure au niveau microscopique, qui est
l’aide d’une théorie microscopique. extrêmement inhomogène. En réalité, le champ que voient les
dipôles atomiques n’est pas le champ dans un diélectrique
homogène comme le suppose la formule (8). On peut considérer
2.5.2.3 Calcul de l’indice de réfraction que chaque atome ou chaque molécule, qui se trouve dans un vide
et phénomène de dispersion
entouré de diélectrique, est soumis à un champ local. Lorsque la
Pour calculer la polarisabilité α(ω ) du milieu matériel, nous allons cavité est sphérique, ce champ local E ’ peut être calculé par les lois
tout d’abord utiliser le modèle d’atome le plus simple, c’est-à-dire de l’électromagnétisme classique, et l’on trouve que l’équation (11)
celui de l’électron élastiquement lié obéissant aux lois de la est encore valable à condition de remplacer le premier membre
mécanique classique. Le mouvement de l’électron en présence d’un (n – 1) par [3(n 2 – 1)] [2(n 2 + 2)]. Cette formule permet de représen-
champ électrique oscillant est alors donné par l’équation : ter la dispersion des milieux denses. La variation de l’indice avec
la fréquence a encore qualitativement la forme représentée sur la
d2 x 2 figure 6.
- + γ x + ω 0 x = eE 0 exp ( – i ω t )
m ----------- (9)
dt 2 Dans le cas des métaux, l’indice prend une forme particulière. On
Dans le premier membre de cette équation, le deuxième terme peut représenter le mouvement des électrons dans les métaux par
représente une force de friction dont nous verrons ci-après la signi- une équation analogue à (9), en prenant ω 0 = 0 puisque les électrons
fication physique et le troisième, la force de rappel que subit l’élec- sont libres. La constante d’amortissement γ est due aux collisions
tron dans l’atome ; le second membre contient la force due au champ des électrons dans le réseau ; plus précisément γ est l’inverse du
électrique. La solution stationnaire de cette équation est de la forme : temps moyen entre deux collisions successives qui est court devant
la période des ondes optiques. On doit donc prendre γ ω dans
x = x0 (ω )exp(– iωt) la formule (10). Finalement, en utilisant la formule (8), l’indice des
métaux est donné par :
où l’amplitude de vibration x0 est donnée par :
Ne 2 1
eE 0 n 2 = – i ------------- ---------
x 0 ( ω ) = ----------------------------------------------------
- (10) ε 0 m ωγ
2
m ( ω 0 – ω 2 ) + i ωγ
où N est la densité d’électrons libres dans le métal et où l’on a
Le dipôle atomique p est donné par p = ex. L’équation (10) nous négligé 1 devant le terme ci-dessus. L’indice est grand devant 1 et
permet de calculer la polarisabilité α(ω ) d’un dipôle atomique telle a une partie imaginaire égale à la partie réelle, de même que le
qu’elle est définie par l’équation (3), et de calculer l’indice de réfrac- vecteur d’onde k. L’onde transmise est amortie sur une longueur
tion. L’intérêt de ce traitement très simple est qu’il donne pour α(ω ) bien inférieure à la longueur d’onde : les ondes optiques ne pénètrent
une expression analogue à celle que donne le traitement quantique pratiquement pas dans les métaux. Nous allons voir qu’elles sont
complet, à condition de considérer que ω 0 est une des fréquences entièrement réfléchies.
de résonance de l’atome, proportionnelle à la distance en énergie
entre deux niveaux quantiques (§ 1.1), et que γ est la largeur de la 2.5.2.4 Réfraction et réflexion
transition (§ 2.1.3).Nous devons de plus tenir compte du fait que
À la frontière entre deux milieux, les conditions aux limites intro-
l’atome a plusieurs fréquences de résonance ω j , et faire la somme
duites par les équations de Maxwell permettent d’établir les relations
des contributions de ces différentes fréquences. Chaque contribution entre l’intensité de l’onde incidente et les intensités des ondes
est pondérée par la population du niveau inférieur de la transition réfléchie et réfractée, dont les directions de propagation sont
Nj [celle du niveau supérieur est en général beaucoup plus faible données par les lois de Descartes (figure 7). Ces intensités dépen-
(§ 2.3)], et par un facteur fj appelé force d’oscillateur, qui représente dent de la polarisation de l’onde incidente. Deux cas particulièrement
l’efficacité du couplage de l’atome au champ. importants sont celui de l’incidence de Brewster et celui de l’inci-
Considérons tout d’abord un milieu dilué. En portant dence normale. À l’incidence de Brewster, la réflexion d’une onde
l’équation (10) dans l’expression de l’indice (7), et compte tenu des polarisée dans le plan d’incidence (Rxy sur la figure 7) est nulle ;
différentes fréquences de résonance, on obtient : elle correspond à tan i = n. À l’incidence normale, les coefficients de
réflexion et de transmission en intensité sont donnés par :
e2
n–1 = ∑ fj Nj ----------------------------------------------------------------
2
(11) n–1
R = --------------
-
2
(12)
j 2m ε 0 ( ω 0 – ω ) + i ωγ 2
n+1
La partie imaginaire de l’indice ainsi obtenu n’est importante que 2 2
T = --------------
- (13)
lorsque ω – ωj est de l’ordre de la largeur de la raie, γ , soit au voi- n+1
sinage immédiat des résonances ; nous analyserons ce terme, qui
correspond au phénomène d’absorption du paragraphe 2.5.3. Si |Nα| est faible devant 1, l’indice n est proche de 1, et l’onde
réfléchie a une très faible intensité ; l’énergie est alors entièrement
transmise. En revanche, lorsque n est assez différent de 1, l’onde
réfléchie peut avoir une amplitude importante. Dans les métaux,
où n 1 , l’onde est entièrement réfléchie par la surface.
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Les lampes à tungstène-halogène sont encore de fabrication assez haute pression, le rayonnement principalement ultraviolet du
coûteuse, mais avec les améliorations dans les procédés de fabri- mercure est converti en rayonnement visible par un revêtement
cation, elles devraient remplacer peu à peu les lampes à incandes- phosphorescent, composé cristallin contenant des centres lumines-
cence classiques. cents. L’absorption de photons UV par ces centres les porte dans
des états très excités. Ils interagissent avec le réseau et relaxent vers
des états vibrationnels plus bas avant de réémettre des photons
visibles.
3.2 Lampes à décharge
Dans la décharge d’une lampe de 40 W par exemple, 65 % de
Nota : le lecteur se reportera utilement à l’article Sources de lumière de l’éclairage élec- l’énergie électrique est convertie en rayonnement visible et UV. Le
trique. Lampes à décharge [D 5 810] du traité Génie électrique. phosphore convertit les photons UV en visible avec un taux proche
Malgré les progrès réalisés dans la technologie des lampes à de 1, qui correspond à une perte de 50 % en énergie. Malgré ce fac-
incandescence, leurs performances sont limitées par le mécanisme teur, l’efficacité atteint 100 lm/ W et les lampes fluorescentes ont,
même de l’émission thermique. Les lampes à décharge, au contraire, comme les lampes à décharge haute intensité, des durées de vie
convertissent directement l’énergie électrique en rayonnement. Avec très longues.
un choix adéquat des gaz présents dans la décharge, on peut obtenir Les lampes fluorescentes sont principalement utilisées dans
une distribution spectrale où la fraction de rayonnement infrarouge l’éclairage commercial intérieur. Avec le développement de
est réduite et atteint des efficacités et des températures de couleur nouveaux phosphores qui permettent d’ajuster la température de
bien supérieures à celles des lampes à incandescence. couleur, elles rentrent en compétition avec les lampes à incandes-
cence pour l’éclairage domestique intérieur.
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Dans chaque cellule se trouve un pigment sensible, la rhodopsine, différence de potentiel et sont utilisés pour bombarder une deuxième
qui se transforme suivant une isomérie cis-trans sous l’effet d’un électrode, appelée dynode, qui émet à son tour des électrons (émis-
photon. La variation de potentiel électrochimique qui en résulte est sion secondaire). Un électron assez énergétique peut extraire plu-
transmise le long des fibres du nerf optique jusqu’aux aires visuelles sieurs dizaines d’électrons de la première dynode. Une deuxième
du cerveau où s’effectue le décodage. Le câblage des cellules dans dynode, portée à un potentiel supérieur à la première, accélère à
la rétine et leur connexion au cerveau sont fait suivant un schéma son tour ce flot d’électrons qui est de nouveau amplifié. Dans les
très complexe qui renforce la sensibilité au contraste entre zones photomultiplicateurs courants, il y a en général une dizaine de
éclairées différemment. Mais si l’anatomie de l’œil est bien connue dynodes, et la tension totale entre la cathode et la dernière dynode
à l’heure actuelle, le mécanisme de la vision est encore mal expliqué. (anode) est de quelques kilovolts.
On peut cependant retenir que l’œil apparaît comme un détecteur Grâce à leur très faible courant d’obscurité et à leur facteur d’ampli-
très sensible, assorti d’un système de traitement des données extrê- fication considérable (qui peut atteindre 106 ), les photomultiplica-
mement élaboré. teurs sont capables de détecter les photons un par un. Leur temps
de réponse est de quelques dizaines de nanosecondes, mais il peut
descendre à la nanoseconde dans les photomultiplicateurs les plus
4.1.2 Détecteurs photoémissifs rapides. Cependant, le rendement quantique est souvent faible et
et photomultiplicateurs inférieur à 0,1. Sous ce dernier aspect, les systèmes solides ont de
bien meilleures performances.
Nota : le lecteur se reportera utilement aux articles Physique des dispositifs
électroniques [E 1 100] et Détecteurs de rayonnements [E 2 320] du traité Électronique.
Lorsqu’un photon tombe sur une surface matérielle, il peut lui 4.1.3 Photoconducteurs
arracher un électron si son énergie est suffisante : c’est l’effet photo-
électrique expliqué par Einstein en 1905. Pour observer les électrons Dans un semi-conducteur, l’absorption d’un photon s’accompagne
émis, on les recueille à l’aide d’une autre électrode polarisée posi- de la transition d’un électron de la bande de valence à la bande de
tivement. L’électrode émettrice, polarisée négativement, est la conduction (absorption intrinsèque) ou d’un transfert d’électron de
photocathode. L’ensemble est placé dans une enceinte vide. La la bande de valence à un niveau permis créé par une impureté dans
photoémission se produit pour de nombreux matériaux conduc- la bande interdite (absorption extrinsèque), ou d’autres processus
teurs, semi-conducteurs et isolants. comme les transitions intrabandes ou l’excitation du réseau. Les
deux premiers processus créent des porteurs libres, électrons et
4.1.2.1 Photocathodes trous, et augmentent la conductivité du semi-conducteur. On mesure
le courant qui passe entre les faces d’une lame d’un tel matériau,
Pour la détection des rayonnements, on recherche des matériaux
munies d’électrodes auxquelles on applique une tension de
avec des seuils photoélectriques assez bas, une efficacité quantique
polarisation.
(nombre d’électrons émis par photon incident) aussi proche de 1 que
possible et un courant d’obscurité (émission en l’absence de Les cellules photoconductrices sont surtout utilisées pour la détec-
photons) faible. Le seuil d’émission correspond dans les métaux à tion infrarouge, avec des matériaux à faible bande interdite (ou gap).
la distance entre le niveau moyen de remplissage de la bande de Les cellules à photoconduction intrinsèque sont constituées soit de
conduction (niveau de Fermi) et l’énergie de l’électron dans le vide. matériaux monocristallins (InSb, InAs, HgCdTe), soit de couches
Dans les semi-conducteurs, c’est la distance entre le haut de la bande minces en sels de plomb. Les matériaux monocristallins ont un
de valence et l’énergie de l’électron dans le vide. temps de réponse de l’ordre de la microseconde et une sensibilité
de plusieurs dizaines d’ampères par watt. Pour augmenter la détec-
Les métaux ont un coefficient de réflexion élevé pour les photons ;
tivité (c’est-à-dire détecter des signaux aussi faibles que possible),
de plus les électrons y perdent facilement leur énergie par therma-
on refroidit ces cellules d’autant plus qu’elles doivent fonctionner
lisation, aussi l’efficacité quantique y est-elle faible, et les photo-
dans l’infrarouge lointain. Les cellules destinées à détecter les radia-
cathodes emploient essentiellement des semi-conducteurs
tions de longueur d’onde 10 µm, qui correspondent au rayonnement
(arséniures, antimoniures, iodures, souvent combinés avec des
thermique à 300 K, sont refroidies à l’azote liquide (77 K). Ce type
alcalins). La sensibilité est maximale dans une zone de longueur
de détecteur est particulièrement intéressant pour les applications
d’onde qui dépend du semi-conducteur considéré. Aux faibles
militaires, médicales et industrielles. Il est utilisé dans la fabrication
longueurs d’onde, ce domaine spectral peut être limité par la trans-
des caméras infrarouges. Les couches minces sont moins onéreuses,
parence de la fenêtre du tube. Pour λ < 100 nm, il n’y a plus de maté-
mais leurs caractéristiques sont également moins avantageuses :
riau transparent et on emploie des détecteurs sans fenêtre, dans des
temps de réponse plus élevé, sensibilité plus faible, bruit plus
instruments d’optique eux-mêmes sous vide.
important.
Le courant d’obscurité est en général très faible. En effet, la pro-
Les photoconducteurs extrinsèques monocristallins, comme le
babilité pour les électrons de conduction d’être excités par l’agitation
germanium ou le silicium dopés avec différents métaux, permettent
thermique jusqu’au niveau des électrons libres (effet thermo-
la détection rapide de rayonnements de grande longueur d’onde.
ionique) est faible, du moins dans les détecteurs destinés à l’UV, au
Les matériaux polycristallins pulvérulents tels que le sulfure de
visible et au proche IR. Les photocathodes sensibles dans l’infra-
thallium ou de cadmium, et le séléniure de cadmium dopés ont, pour
rouge ont souvent des courants d’obscurité plus forts, dus à l’exci-
un prix modéré, une bonne sensibilité et des constantes de temps
tation plus facile des électrons par effet thermo-ionique et au fait
de l’ordre de la microseconde.
que le rayonnement thermique à la température ambiante contient
une proportion non négligeable de photons capables de contribuer
à l’effet photoélectrique. Dans ces conditions, la solution consiste
à refroidir les photocathodes. 4.1.4 Détecteurs photovoltaïques. Photodiodes
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4.2 Détecteurs thermiques informatique des images, un certain nombre de dispositifs électro-
niques ont été mis au point.
Contrairement aux détecteurs photoniques, les détecteurs ther-
miques n’ont pas de seuil en fréquence, ce qui est un avantage pour
la détection des grandes longueurs d’onde. Ils ont une sensibilité 4.3.1 Émulsions photographiques
qui varie peu avec la longueur d’onde et permettent de mesurer des
puissances lumineuses sur de larges gammes de longueur d’onde Les émulsions à base d’argent sont constituées d’une émulsion
sans réétalonnage. de microcristaux d’un halogénure d’argent dans de la gélatine. Les
photons incidents excitent des électrons vers des pièges des micro-
cristaux. Des ions Ag+ peuvent migrer jusqu’aux pièges et reformer
des atomes d’argent. Le traitement chimique produit des cristaux
4.2.1 Thermopiles
métalliques à partir des germes ainsi formés et élimine l’halogénure
Nota : le lecteur se reportera à l’article Détecteurs de rayonnements [E 2 320] du traité non sensibilisé. Les émulsions ont des sensibilités très variables,
Électronique. allant de quelques degrés à des milliers de degrés ISO.
Les thermopiles sont formées d’une séquence A-B-A de deux
conducteurs ou semi-conducteurs différents A et B. À l’équilibre ther-
modynamique, la température est uniforme, mais les distributions 4.3.2 Intensificateurs et convertisseurs d’images
des électrons (et des trous) dans les bandes permises de part et
d’autre des deux jonctions ainsi formées sont différentes. Une élé- L’image incidente est formée sur une photocathode du type de
vation de température de l’une des jonctions par irradiation lumi- celle d’un photomultiplicateur, dont la sensibilité peut être optimisée
neuse provoque un changement local de la distribution des électrons pour l’ultraviolet, le visible ou l’infrarouge. Le faisceau d’électrons
et donc un déplacement de charges qui engendre, en circuit ouvert, émis est focalisé par une optique électrostatique et éventuellement
une différence de potentiel entre les extrémités de la séquence. Les amplifié par un multiplicateur d’électrons. À la sortie, l’image est
thermopiles sont en général formées d’une série de tels couples. Les restituée par une couche de poudre cathodoluminescente, déposée
thermopiles sont les seuls détecteurs thermiques sensibles à un sur la fenêtre de sortie.
signal continu.
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parallèles à une même direction. Or le déplacement Doppler ne se 5.2.3 Spectroscopie d’absorption à deux photons
produit que si les atomes se déplacent dans la direction du faisceau
lumineux qui les éclaire, ou du moins s’ils ont une composante de L’effet Doppler peut aussi être supprimé dans les transitions à deux
vitesse dans cette direction. Il suffit donc d’étudier l’absorption ou photons. Avec un laser il est possible de faire absorber deux photons
l’émission de lumière dans la direction perpendiculaire au jet ato- à la fois par un atome. Si les deux photons émis par le même laser
mique pour éliminer l’effet Doppler. En pratique, il est difficile avec se propagent dans des directions opposées, leurs fréquences sont,
une source classique de concentrer assez de lumière sur un jet comme dans le cas précédent, déplacées en sens inverses pour
atomique. Avec un laser, au contraire, on peut obtenir des raies l’atome. La condition de résonance pour qu’un atome de vitesse V
d’absorption dont la largeur est proche de la largeur naturelle absorbe deux photons et passe d’un niveau d’énergie E1 à un niveau
(§ 2.1.3). d’énergie E 2 est que la somme des énergies des photons soit égale
Dans un gaz, la situation est différente. Les atomes vont dans à la différence des énergies des niveaux :
toutes les directions et peuvent absorber de la lumière sur toute la
bande de fréquence correspondant à la largeur Doppler. Si l’on (E1 – E2)/h = ν L (1 – V/c ) + ν L (1 + V/c )
éclaire un tel gaz par un laser monochromatique dont on balaye la Or le membre de droite de cette équation est toujours égal à 2ν L
fréquence autour de la fréquence de résonance atomique, on quelle que soit la vitesse de l’atome ; on voit que le déplacement
obtiendra une raie d’absorption ayant la largeur Doppler. Plusieurs Doppler s’élimine et que la condition de résonance est indépendante
méthodes, qui font usage à la fois de la monochromaticité et de la de la vitesse de l’atome. Ainsi, si l’on éclaire les atomes par un laser
puissance des lasers, ont été proposées pour obtenir des raies fines dont on balaye la fréquence, on pourra observer une raie d’absorp-
de largeur naturelle. tion de largeur naturelle, non affectée par l’effet Doppler.
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P
O
U
Optique des milieux matériels R
E
par Élisabeth GIACOBINO N
Directeur de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
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P
L
U
S
5 - 1993
Doc. A 1 080