Droit Commercial S4 Économie ABBOUR
Droit Commercial S4 Économie ABBOUR
Droit Commercial S4 Économie ABBOUR
DROIT COMMERCIAL
SEMESTRE 4
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INTRODUCTION
L’un des phénomènes les plus marquants de la vie des affaires au cours de ces
dernières années est incontestablement l’importance prise par la dimension juridique. Il est
en effet admis par tous que la gestion de l’entreprise passe désormais par une bonne maîtrise
du droit commercial. On peut définir le droit commercial comme l’ensemble des règles
applicables aux commerçants dans l’exercice de leur activité. C’est un droit relatif aux
opérations juridiques accomplies par les commerçants, soit entre eux, soit avec leurs clients.
Le droit reconnaît comme sujets de droit les personnes physiques et les personnes morales.
Parmi ces personnes, certaines se voient reconnaître la qualité de commerçant à qui le droit
commercial s’applique.
Le droit commercial est un droit pragmatique c'est-à-dire qui concerne la vie courante,
mais c’est aussi un droit de l’entreprise entièrement tourné vers l’esprit d’entreprendre.
Contrairement du droit civil, le droit commercial est marqué par des exigences de rapidité de
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sécurité et d’efficacité des opérations commerciales. Ce particularisme fait du droit
commercial un droit plus souple et moins formaliste.
L’autre spécificité du droit commercial est que c’est un droit de professionnels. Les
acteurs du droit commercial sont des professionnels aussi bien des industriels que des
commerçants. Le droit commercial est en général élaboré pour donner à ces professionnels
du commerce les moyens juridiques pour agir, ensuite pour éviter les comportements abusifs
de certains commerçants, tant dans la relation avec d’autres commerçants, tant dans la
relation avec des non commerçants, et enfin pour protéger les entreprises en difficulté.
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CHAPITRE 1. LES ACTES DE COMMERCE ET L’ACTIVITE COMMERCIALE
Le droit commercial régit les opérations juridiques accomplies par des commerçants
entre eux ou avec leurs clients et se rapportant à l'exercice du commerce. Il oscille entre
conception subjective et objective. Suivant une conception subjective, le droit commercial est
un droit des commerçants. Suivant une conception objective, le droit commercial est le droit
des actes de commerce. Ces deux approches sont en réalité complémentaires. Si les actes de
commerce sont ordinairement passés par des commerçants, ils sont parfois inopinément
accomplis par des non-commerçants. Le droit commercial contemporain est le fruit d'une
conception dualiste.
Dans le code commerce marocain, les actes de commerce occupe une place centrale dans
les articles 6 et 7. Cependant, le code se contente d’énumérer les actes de commerce et les
activités commerciales, sans donner de définition susceptibles d’appréhender l’ensemble des
actes de commerce. En l’absence de définition légale, on peut définir l’acte de commerce
comme étant un acte juridique ou fait juridique soumis aux règles du droit commercial en
raison de sa nature, de sa forme ou en raison de la qualité de commerçant de son auteur
Dans le système juridique marocain, l'acte de commerce désigne une catégorie d´actes
juridiques soumis du fait de leur nature, de leur forme et/ou des personnes qui les réalisent,
aux dispositions du droit commercial.
Selon l’article 6 du code de commerce marocain sont commerçants ceux qui exercent
des actes de commerce et en font « leur profession habituelle ou professionnelle ». On peut donc
déduire du texte que si la réalisation d’actes de commerce est nécessaire à la qualité de
commerçant, elle doit être assez fréquente et durable pour atteindre la dimension d’une
véritable activité professionnelle. Les actes de commerce sont pour l’essentiel des actes
accomplis par les commerçants dans l’exercice de leur commerce. Traditionnelle on
distingue trois catégories d’actes de commerce : D’abord, les actes de commerce par nature
(§1), ensuite, les actes de commerce par la forme (§2), et enfin les actes de commerce par
accessoire (§3).
C’est la commercialité de l’activité qui confère à chacun des actes qui la compose le
caractère commercial et la qualité de commerçant à ceux qui les accomplissent. Il y a ici là
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deux aspects d’une même réalité et qui sont indivisible. En effet, il n’y a pas d’activité
commerciale sans actes de commerce, et il n’y a pas d’actes de commerce sans activité
commerciale. . Les actes de commerce par nature sont énumérés aux articles 6 et 7 du code
de commerce.
6) le transport ;
19) la domiciliation.
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A. L’activité de distribution
Constitue une activité commerciale l’achat pour revendre. Ainsi lorsque les biens sont
acquis dans la perspective de les revendre en réalisant un bénéfice, nous sommes en présence
d’une activité de nature commerciale. Cependant, l’achat pour revendre suppose 3 éléments,
à savoir un achat, une revente et un but spéculatif.
3ème élément le but spéculatif, c'est-à-dire que l’activité d’achat et de revente doit être
exercée en vue de réaliser du profit, c'est-à-dire un bénéfice. Cette dernière exigence est
implicite dans les textes du code de commerce.
B. L’activité de production
Il s’agit de l’industriel qui achète des matières premières et vend des produits finis ou
semi-finis. Contrairement au commerçant qui spécule sur la différence entre le prix d’achat et
de vente, l’industriel transforme la matière première et établit le prix de vente en tenant
compte de ses frais d’installation et de main-d’œuvre.
C. L’activité de services
Comme leur nom l'indique, ces actes ont une nature commerciale à raison de leur
forme, quels que soient leur objet et la personne qui les accomplit. On conçoit qu'ils
constituent une catégorie à part dans la mesure où ils ne correspondent en effet à aucune
activité définie. Le code de commerce marocain envisage deux actes de commerce par leur
forme : d’une part la lettre de change et d’autre part la société commerciale par la forme. Le
code de commerce marocain présume de manière irréfragable que ces actes sont toujours
commerciaux quel que soit leur objet ou la personne qui les accomplit. Il s’agit des
instruments utilisés par les commerçants et les sociétés commerciales par la forme.
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A. La lettre de change
L’article 9 alinéa 1er du code de commerce marocain répute actes de commerce par la
forme « la lettre de change ». Instrument juridique du commerce, la lettre de change, régie par
les articles 159 et suivants du code de commerce, est un écrit constituant un titre de
paiement et de crédit par lequel une personne, appelée tireur, donne l’ordre à une autre
personne, le tiré, de payer une somme déterminée à l’ordre d’une tierce personne, le
bénéficiaire. Il s’agit donc d’un acte juridique qui est commercial quelle que soit la personne
qui le signe. La règle s'explique par l’origine de la lettre de change, qui est une technique
créée par les commerçants et en principe utilisée par les commerçants. Ainsi, en signant une
lettre de change, un non commerçant entre dans une opération commerciale, et se soumet
donc au droit commercial. Par conséquent on est par la lettre de change en présence d’un
acte de commerce par la forme. La présomption de commercialité de la lettre de change est
irréfragable. Le signataire de la lettre ne peut échapper à la compétence des tribunaux de
commerce.
Parmi les formes juridiques, en droit marocain, certaines sociétés ont dés l’origine un
caractère commercial. La commercialité par la forme de certaines sociétés commerciales
résulte des termes de la loi n°17-95 et la loi n°5-95 selon lesquelles « sont commerciales à
raison de leur forme et quel que soit leur objet », les sociétés anonymes, sociétés en nom collectif,
sociétés en commandite simple et par actions, et les sociétés à responsabilité limitée.
L’immatriculation au registre de commerce de ces personnes morales leur confère
automatiquement la qualité de commerçant. Tous les actes relatifs à la création, au
fonctionnement et à la dissolution d’une société commerciale par la forme sont en principe
des actes de commerce. Il en résulte donc que la commercialité formelle rejaillit sur tous les
actes qu’accomplissent ces sociétés durant leur existence.
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marocain selon lequel « Sont également réputés actes de commerce, les faits et actes accomplis par le
commerçant à l' occasion de son commerce, sauf preuve contraire ». Cette solution permet de
soumettre au régime juridique de l’acte principal un ensemble logique et cohérent d’actes
dont le régime juridique n’est en principe pas le même. Indépendamment de la qualité de la
personne qui les accomplit, les actes relatifs à certaines opérations commerciales sont
commerciaux par accessoire. Il en est ainsi de tous les actes de commerce alors même qu’ils
sont effectués par un non commerçant, par exemple par l’héritier du propriétaire du fonds de
commerce.
Ensuite, en matière de preuve lorsque l’acte est commercial entre les deux parties, le
principe est selon l’article 334 du code de commerce celui de la liberté de la preuve.
2. L’acte de commerce ne doit pas être obligatoirement écrit ni être réalisé en double
exemplaire ;
En matière de prescription, qui est un mode d’extinction des obligations qui prive le
créancier d’agir contre le débiteur, le délai en matière commerciale est selon l’article 5 du
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code de commerce de 5 ans. Ce délai de 5 ans, contrairement en matière civile ou le délai de
prescription est selon l’article 387 du Dahir des obligations et contrats de 10 ans, est imposé
par les nécessités pratiques c'est-à-dire le rythme de la vie des affaires.
§2. Les actes de commerce à l’égard d’une seule partie : les actes mixtes
L’acte mixte est un acte conclu entre un commerçant et un non commerçant. Ces
actes présentent donc une double nature et est en principe soumis à un régime dualiste.
Chacune des parties se voit appliquée les règles imposées par la nature (civile ou
commerciale) que revêt l’acte à son égard. Par exemple un agriculteur (donc non
commerçant) vend des légumes à un négociant qui les achète dans l’intention de les
revendre. Sur la compétence juridictionnelle, le commerçant ne pourra assigner la personne
non commerçante que devant le tribunal de première instance, et, en revanche, le non
commerçant qui assigne en justice le commerçant aura le choix entre le tribunal de première
instance et le tribunal de commerce. Enfin, sur la preuve du contrat : le non commerçant
devra prouver l’acte par écrit et le commerçant pourra le prouver par tout moyen.
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CHAPITRE 2. LES SUJETS DU DROIT COMMERCIAL : LES COMMERCANTS
Dans la vie des affaires, l’application du droit commercial est en principe réservée aux
personnes physiques ou morales ayant la qualité de commerçant. Il fait de ces personnes
acteurs principaux du droit commercial. De manière générale, le droit reconnaît comme
sujets de droit les personnes physiques et les personnes morales.
Tous les êtres humains sont des personnes, mais toutes les personnes, au sens juridique,
ne sont pas des êtres humains. Certains groupements se voient en effet reconnaître la
personnalité juridique par le droit. On parle alors de personnes morales par opposition aux
personnes physiques.
Les personnes physiques acquièrent la personnalité par la naissance. Le droit pose deux
conditions : il faut naître vivant et viable. Dans certaines circonstances, le droit français par
exemple va donner la personnalité juridique avant même la naissance. La règle est connue
sous la formule suivante « l’enfant conçu est considéré comme né chaque fois qu’il y va de son
intérêt ». Cette règle a été affirmée de façon générale par la jurisprudence française.
La mort met fin à la personnalité juridique. La mort est constatée par l’acte de décès.
La mort naturelle entraîne l’anéantissement de la personnalité ce qui a notamment pour
conséquence de dissoudre le mariage, d’ouvrir la succession, de provoquer la transmission du
patrimoine.
Tout d’abord les personnes morales de droit public, celles-ci comprennent, l’Etat et les
diverses collectivités territoriales. Ensuite, elles comprennent les établissements publics qui
sont des services publics, érigés en entités autonomes, et pour cela, dotés d’un patrimoine et
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d’un budget propres. C’est le cas des universités. Enfin, elles comprennent les ordres
professionnels. Il s’agit d’organisations professionnelles qui présentent une triple originalité.
Tous les membres de la profession, exemples les avocats, sont obligés de s’inscrire à l’ordre.
L’ordre émet des règles déontologiques, c'est-à-dire des règles de comportement
professionnel. Il assume également une fonction disciplinaire.
S’agissant des personnes morales de droit privé, celles-ci comprennent les sociétés. Au
terme de l’article 982 du Dahir des obligations et contrats, « la société est un contrat par lequel
deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail, ou tous les deux à la fois,
en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ».
Le principe résulte de la formule légale selon laquelle « sont commerçants ceux qui
exercent à titre habituel ou professionnel » une des activités énumérées par les articles 6 et 7 du
code de commerce marocain. Ce principe implique que la qualité de commerçant est
subordonnée à l’exercice « habituel ou professionnel » d’une activité commerciale. C’est donc la
pratique habituelle ou professionnelle des actes de commerce qui confère la qualité de
commerçant. Ce sont les exigences légales.
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exerçant une activité relevant du commerce qui ne présente pas ces deux caractéristiques
n’ont pas la qualité de commerçant.
Dès lors, ceux qui agissent pour le compte d’autrui n’ont donc pas la qualité de
commerçant. A titre d’exemple, le lien de subordination qui unit un salarié à son employeur
est ainsi incompatible avec la qualité de commerçant. La solution est la même pour les
personnes suivantes ne sont pas commerçantes :
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Enfin, l’exercice à titre personnel suppose une indépendance totale dans l’exercice de
la profession. Il suppose cependant un certain risque. Le commerçant peut faire des bénéfices
mais il peut aussi subir des pertes.
B. La capacité commerciale
En droit civil marocain, est considéré comme mineur quiconque n’ayant pas atteint l’âge
de la majorité c'est-à-dire 18 ans. Un mineur peut, cependant, se trouver en état de bénéficier
de la capacité commerciale soit par l’effet d’une autorisation spéciale appelée « l’autorisation
d’expérience de la maturité » soit l’effet « d’une déclaration anticipée de majorité ». Selon
l’article 13 du code de commerce marocain, l’une ou l’autre doivent être inscrites au registre
de commerce.
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1. prend possession de tous ses biens ;
3. qu'il est relevé de son incapacité, ce qui revient à dire qu’il acquière la pleine capacité pour
la gestion et la disposition de son patrimoine ;
4. quant aux droit extra patrimoniaux, notamment le droit au mariage, ils restent soumis
aux textes qui le régissent.
Enfin, la femme mariée peut selon l’article 17 du code commerce exercer le commerce
sans l’autorisation de son mari.
La personne morale n’est pas une personne, c’est un être artificiel. Ainsi, les sociétés
commerciales sont personnifiées et traitées comme des sujets de droit à condition que la loi
autorise cette personnification. Seule la loi peut créer des fictions. Ainsi, au Maroc les
sociétés commerciales ne jouissent de la personnalité morale qu’à compter de leur
immatriculation au registre du commerce.
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CHAPITRE 3. LES CONDITIONS D’EXERCICE DU COMMERCE
Le statut de commerçant est dominé par un principe qui fait contraste avec les règles
restrictives applicables dans d’autres branches d’activité : c’est le principe du libre accès aux
professions commerciales (Section 1). Cette liberté du commerce est limitée par certaines
restrictions à certaines personnes (section 2) mais est peut être dans certains cas interdite à
certaines personnes (Section 3).
Le libre accès aux professions commerciales est dominé par un principe fondamental
consacré par l’article 35 de la constitution marocaine de 2011 qui est celui « de la liberté
d’entreprendre ». Cette liberté constitue avec la liberté d’exploiter l’un des deux aspects de la
liberté du commerce et de l’industrie. Elle permet à toute personne de faire tel ou tel négoce,
ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle jugera bon.
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priver de la possibilité d’acquérir certains droits, d’autres personnes se voient priver de la
possibilité de les exercer elles-mêmes. Sur le plan général, on constate ainsi des incapacités
qui limitent plus ou moins sensiblement la vie juridique de la personne.
Traditionnellement on distingue les incapables mineurs (A) et les incapables majeurs (B).
Le mineur est l’individu de l’un ou de l’autre sexe qui n’a pas encore l’âge de la
majorité civile .L’article 12 du code de commerce marocain prévoit que la capacité
commerciale pour exercer le commerce obéit aux règles du statut personnel. Le mineur ne
peut donc pas s’établir en tant que commerçant, que ce soit par lui-même ou par
l’intermédiaire de son représentant légal.
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Les conséquences de l’incapacité des mineurs sont les suivantes :
Les actes accomplis par un mineur en violation de cette incapacité sont nuls d’une
nullité relative qui ne peut être mise en œuvre que par l’incapable lui-même devenu
majeur, ou par son représentant légal
Enfin, le majeur sous sauvegarde de justice ou contrôle judicaire est dans une
situation dans laquelle il conserve l’exercice de ses droits, et peut donc être commerçant. Par
exception ses actes sont susceptibles d’annulation pour lésion (rescision pour lésion) ou de
réduction pour excès.
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experts comptables, les administrateurs judiciaires et les mandataires liquidateurs ne
peuvent pas faire du commerce.
§2. L’interdiction
§3. La déchéance
Ensuite, les personnes contre lesquelles est prononcée une faillite personnelle.
Enfin, l’interdiction n’est pas obligatoirement perpétuelle. Les tribunaux qui condamnent
le commerçant fixent la durée de l’interdiction avec un minimum de cinq ans, si le jugement
ne prononce pas l’interdiction elle existe automatiquement sans limitation de durée. Les
personnes frappées d’interdiction peuvent demander à la juridiction qui les a condamnés de
les relever de l’interdiction ou d’en fixer la durée.
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CHAPITRE 4. LE STATUT DES COMMERCANTS
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Le registre analytique est utilisé pendant la durée de l’exploitation. Il permet
l’enregistrement de renseignements modificatifs et complémentaires. Ce registre analytique
est constitué de deux recueils, l’un affecté aux personnes physiques, l’autre aux personnes
morales.
S’il y a une grande diversité d’exploitations commerciales, la loi ne fait aucune distinction
entre les commerçants quant à leurs obligations. Bien qu’il soit peu pratique de soumettre
tous les commerçants aux mêmes obligations, alors que leur exploitation est d’importance
inégale, la loi commerciale applique à tous le même régime. Le commerçant est tenu à deux
obligations fondamentales, l’immatriculation au registre du commerce (§1) et la comptabilité
commerciale (§2). A ces deux obligations, s’ajoutent naturellement des obligations fiscales
(§3).
La première obligation qui pèse sur les commerçants est l’immatriculation au registre de
commerce. L’immatriculation se situe au point de départ de l’activité commerciale. Les autres
obligations se manifestent par la suite, pendant tout le temps où s’exerce cette activité. Elles
sont de nature juridique, comptable etc..
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demande écrite du commerçant ou de son mandataire muni d’une procuration écriture qui doit être
jointe à la demande ».
1. L’immatriculation principale
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2. Les inscriptions complémentaires
Si le nouvel établissement se situe dans le ressort d’un autre tribunal que celui de
l’immatriculation principale, il y a lieu à demander une immatriculation secondaire au
tribunal du lieu de la succursale ou de l’agence ou de la création de la nouvelle activité, avec
indication de l’immatriculation principale. Dans ce cas, une inscription modificative doit
également selon l’article 40 du code de commerce marocain être portée au registre du
commerce de l’immatriculation principale.
L’immatriculation ainsi réalisé emporte une double fonction. Une fonction de publicité et
une fonction de preuve. Concernant la fonction de publicité, celle-ci est une obligation faite
au commerçant d’indiquer son numéro d’immatriculation sur tous ses papiers commerciaux.
En revanche la fonction de preuve consiste en une présomption de commercialité. Cela
signifie que la personne immatriculée est réputée commerçante. Mais il ne s’agit que d’une
présomption simple. Ainsi les tiers peuvent démontrer par tous moyens que la personne
immatriculée n’est pas réellement commerçante et lui refuser les avantages inhérents à cette
qualité. En pratique, la personne non immatriculée ne peut se prétendre commerçant pour
revendiquer par exemple le droit au renouvellement du bail commercial.
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La tenue d’une comptabilité présente un intérêt aussi bien pour l’Etat, pour l’entreprise
que pour les particuliers. La comptabilité a pour fonction première que doit tenir le
commerçant est d’enregistrer les mouvements du patrimoine, de s’assurer de l’existence et
de la valeur de ses éléments et apprécier les résultats de l’activité. C’est donc une
photographie pouvant servir de baromètre.
La loi 9-33 relatives aux obligations comptables des commerçants impose et précise la
tenue de documents comptables. Selon l’article 1er de cette loi trois livres comptables sont
obligatoires. Le livre journal, le grand livre et le livre d’inventaire. Le livre journal permet
d’enregistrer les opérations de l’entreprise, jour par jour et opération par opération. Le
grand livre permet de porter les écritures du livre journal ventilées selon le plan de comptes
du commerçant. Enfin le livre d’inventaire qui permet d’établir un inventaire qui doit être
fait au moins une fois par an. Au moment de l’ouverture de l’entreprise, le livre journal et le
livre d’inventaire doivent être présentés au tribunal de commerce. Ainsi, la comptabilité
devient un instrument de preuve.
Comme pour les particuliers, les commerçants sont des contribuables de l’Etat marocain.
Ils sont assujettis à payer trois catégories d’impôts. Les commerçants personnes physiques
sont assujettis à l’impôt sur le revenu au titre des bénéfices industriels et commerciaux qu’ils
réalisent. C’est l’impôt sur les bénéfices. Les sociétés commerciales sont assujetties à l’impôt
sur les sociétés. Enfin, la taxe sur la valeur ajoutée est un impôt indirect qui frappe
essentiellement les activités économiques. C’est un impôt général que les commerçants
parmi d’autres professionnels collectent pour le compte de l’Etat.
De plus, l’administration fiscale marocaine impose une série de règles spéciales en ce qui
concerne la comptabilité. Un ensemble de documents et de renseignements doit lui être
fourni. Par exemple le tableau des résultats de l’exercice, le tableau des amortissements et
des provisions… Des peines correctionnelles sont prévues en cas d’omission ou
d’inexactitude des livres de commerce. Une interdiction d’exercer une profession
commerciale peut être prononcée. Les agents du fisc peuvent se faire communiquer tous les
documents qu’ils jugent nécessaires.
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