Une Lecture de L'etranger de Camus
Une Lecture de L'etranger de Camus
Une Lecture de L'etranger de Camus
Resume: Une lecture de L’Étranger d’Albert Camus d’après la philosophie de l’Absurde, ayant
comme point d’appui les élements qui ilustrent la prise de conscience de l’absurde et de la révolte
chez le personnage central du récit, Meursault.
Mots-cle: Existencialisme, absurde, littérature, essence, mythe, philosophie, moral, liberté, passion,
révolte.
Abstract: This work is a reading of L’Étranger, novel of the french writer Albert Camus, in
according to his Philosophy of the Absurd. The support point are the elements that exemplify
the consciousness taking of the absurd and insurrection of the central personage of the novel,
Meursault.
Key Words: Existencialism, absurd, literature, essence, myth, philosophy, moral, liberty, passion,
insurrection.
D’après la vision existencialiste, l’homme naît dans un monde délaissé par Dieu et
sans repaire, dans une existence vidée de sens. Sans savoir à quoi recourir, l’homme doit
choisir un acte, selon lequel il définira son essence. De là, l’idée selon laquelle l’existence
précède l’essence. Pour Sartre, l’homme libre et authentique est celui qui ne doit sentir aucun
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Universidade Estadual Paulista/NESP - Assis - SP.
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remords après le choix de son acte, même si celui-ci s’avère mauvais ou irresponsable.
Cependant, même que semblabe jusqu’à certain point à l’Existencialisme, l’Absurde est
notamment différent de celui-là en fonction d’une doctrine propre qu’on confronte avec une
grande partie des points de vue existencialistes, surtout dans ce qui concerne ceux que Jean-
Paul Sartre a défendu pendant toute sa vie. Prophète de l’absurde, Albert Camus vient de se
séparer de l’Existencialisme plus tard parce qu’il n’était pas en accord avec ses propositions
plus radicales, à l’exemple du suicide, des conceptions à l’égard de la liberté et du choix,
positions qu’il soutiendra dans son essai sur l’absurde, Le Mythe de Sisyphe, et dans son
roman L’Étranger. Ces oeuvres valorisent le contenu dramatique et l’absurde de l’existence,
et mettent en évidence l’inutilité des efforts humains contraires aux contingences de la vie et
de la mort.
On peut dire que le sentiment de l’absurde est une prise de conscience, rare,
personnelle et incommunicable, qui peut surgir de l’ettonnement devant l’existence. C’est lá,
ainsi, où l’homme s’étonne avec l’aspect routinier et mécanique de l’existence, et se laisse
surprendre avec la répetion des phénomènes du quotidien, qui suivent insurpportablement le
même rythme tous les jours et toujours sans qu’on y découvre une raison, un pourquoi
apparent, qui puisse y lancer quelque lumière de cohérence, ou une reconnaissance de
l’homme comme être humain, et non seulement comme celui qui soutient le poids de son
existence, comme dans Le Mythe de Sysiphe. C’est surtout la certitude de la mort qui met en
évidence toute l’absurdité de l’existence, et nous met aussi devant une sensation anéantisante
où nos efforts se démontrent inexplicablement dépourvus d’un sens quelconque. Devant ce
sentiment, aucune morale nous anime, aucune religion semble remplir notre immense
angoisse, l’immense vide intérieur, aucun effort, quel que soit son sens, rien ne semble
justifier la miserabilité de notre humaine condition, si l’on veut utiliser les mots de Maulraux.
L’homme, donc, est abandonné au milieu du Néant de son existence, et il ne reste
qu’à lui même de trouver une solution plausible qui puisse le sauver. Malgré tout, il semble
que dans l’immense absurde de l’existence l’homme absurde ne tient à autre chose sinon
qu’à lui même. L’homme, à ce point là, doit se révolter contre le mécanisme de l’existence;
il doit se mettre pleinement aux bras de son destin, car, si c’est la mort qui l’attend, il ne peut
s’enfuir d’aucune façon, alors il ne lui reste que le désespoir et la révolte.
Cette révolte lui donne la certitude qu’il doit accepter la vie et l’existence telles
qu’elles nous sont présentées, dans toute leur plénitude absurde, sans n’importe quelle résignation
ou remords, faute ou culpabilité, ce qui ne veut pas dire, si tout est permis, l’homme doit se
rendre à l’exercice d’une liberté irresponsable et inconséquent. Cette révolte prend la direction
d’un défi à l’existende, car les actes, n’importe lesquels, délimitent le besoin de la vivre à l’apogée
de la lucidité et de la cohérence possibles, malgré ses conséquences imprévisibles. L’homme,
114
MARTINS
1
LAGARDE, André & MICHARD, Laurent. XXème siècle: collection littéraire.
Bordas. Paris, 1973, p. 618.
2
Idem, ibidem.
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2. Lalecture
Commençons notre lecture pour dire que L’Étranger, cette oeuvre si singulière de
Camus, si personnelle, représente, surtout, l’homme avant la prise de conscience de l’absurde.
La première affirmation que nous mettons en évidence pour confronter avec le récit c’est que,
malgré le comportement de Meursault, il n’avait pas la conscience exacte de tout ce qui se
passait autour de lui; cependant n’avait aussi l’illusion d’être libre, quoique, d’une certaine
façon, il semble être esclave de l’habitude, mais seulement par indifférence et paresse.
Cependant, tout cela prend une forme un peu indéfinissable si, en apliquant cette idée au
personnage, on y remarque souvent qu’il a conscience de son propre absurde quotidien, avec
les évenements ordinaires, donc imbéciles, qui se répètent toujours. Il s’agit donc de reconnaître
que Mersault, avec sa fameuse “indifférence”, qui a donné lieu à plusieurs diagnostics sur le
plan psychanalytique, est lui-même la véritable incarnation de tout l’absurde que Camus
voulait mettre en évidence dans son récit. En effet, l’aburde commencera dès le début du
roman, quand Meursault reçoit le télégramme d’asile à Marengo:
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.
J’ai reçu un télégramme de l’asile: “Mère décedée. Enterrement
demain. Sentiments distingués”. Cela ne veut rien dire. C’était
peut-être hier.4
Remarquons l’indifférence que Meursault éprouve quand il reçoit la nouvelle de la
3
Idem, ibidem, p. 619.
4
CAMUS, Albert. L’Étranger. Gallimard. Paris, 1957, p. 9.
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mort de sa mère, sans aucune apparente connexion avec le réel, disons, avec l’univers des
sentiments humains, qui nous paraît le plus normal possible, même devant l’événement de
la mort. Certainement que le simple lecteur aura un choc sur cette manière si singulière de
voir un événement d’une telle proportion dans la vie du plus commun des mortels: la perte
de la mère. Devant cela, c’est comme si Meursault n’avait aucun lien filial, aucun rapport
plus profond avec la réalité des êtres humains telle comme nous la connaissons, et cette
idée sera renforcée après, quand, lui, en demandant deux jours de congé à son patron, il
fait remarquer que:
...il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il
n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit: “Ce n’est pas de ma
faute”.5
Il est à remarquer aussi que Meursault prend l’évenement comme seulement une
“excuse”, et sa façon de voir la circonstance prend aussi un air incompréhensible pour ceux
qui l’entourent quand il arrive même à affirmer, sans y réflechir, que cela n’était pas de sa
faute. Pourtant il va y réflechir tout après, mais ses pensées suivent quand même un chemin
cohérent, conscient, rationnel, froid, comme si la réalité (ce qu’on confirmera plus tard) ne lui
disait rien. Mentionnons, encore, que la vie de Meursault a toujours suivi un chemin routinier
et étroit depuis que sa mère est rentrée à l’asile, et qu’il a une conscience, à vrai dire,
extraordinaire sur le sujet de l’habitude. Par exemple, à l’occasion de son interview avec le
directeur de l’asile. Toujours conscient des choses qui se passaient autour de lui, mais aussi
toujours sans y donner une importance réelle, Meursault remarque: C’est un petit vieux, avec
la Légion d’honneur. Il m’a regardé de ses yeux clairs.6 Puis, dès qu’ils commencent leur
petit dialogue, le directeur lui donne un cadre précis de la situation de sa mère à l’asile, et ce
qui est frappant, sans rien lui reprocher. Il est aussi à remarquer que, malgré le deuil, les
rapports sexuels de Meursault avec Marie Cardona, “ancienne dactylo de [s]on bureau dont
[il] avai[t] eu envie à l’époque”, commencent à partir du lendemain de la mort de sa mère.
Remarquons le détachement de Meursault par rapport aux habitudes du quotidien. Toutefois,
on va constater plus tard que, malgré tout ce qu’on vient d’exposer, Meursault, contrairement
à une pensée née à partir de son indifférence, a, peut-être, un peu de la peine pour la mort de
sa mère, parce qu’il conserve du moins une des formes consacrées par l’usage de regretter
l’absence des êtres bien aimés: Marie le voit avec une cravate noire, pendant qu’ils se rhabillaient.
Toutefois, quand elle le sait, elle a un petit recul, mais ne fait pas aucune remarque. En fait,
si l’on part de la simple analyse du fait que, avant la rencontre avec l’absurde, Meursault
n’avait pas conscience qu’il était esclave des habitudes, on arrive à conclure que lui ne
s’encadre pairfaitement dans cette affirmation. Mais si l’habitude ou les préjugés donnaient
5
Idem, ibidem.
6
Idem, ibidem, p. 11.
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à sa vie un semblant de but et de valeur, nous sommes forcés de reconnaître, en tout cas,
que Mersault ne fait pas partie du monde des préjugés, parce que se attitudes sont étrangères
à tout cela, et ne manifestent pas l’habitude pure et simple, machinale et quotidienne, ou
même avoir quelque rapport avec les préjugés humains et, somme toute, Meursault n’a
rien de foncièrement machinal, habitué aux rites des formalités sociales, et il n’a en outre
aucun préjugé perceptible ou remarquable au cours de tout le récit. Meursault est, au
contraire, totalement contraire à tout jugement sur son caractère. Il fait preuve, au mieux,
d’une franchise et d’une authenticité peu commune, mais intolérable, entre les rélations
des hommes, parce qu’elle semble denoncer un manque total d’amour filial. D’ailleurs, le
détachement que Meursault nous paraît manifester doit déconcerter le lecteur mal avisé,
au cas que celui-ci puisse avoir une échelle de valeurs morales capables de condamner le
personnage dès le début du récit. Sinon, mentionnons qu’il ne sait pas si sa mère est morte
le jour même ou la veille et, en tout cas, cela semble n’avoir pour lui que peu d’importance;
son patron ne pourra pas lui refuser une demande de congé avec ce qu’il appelle une
excuse pareille; Meursault encore nous explique que sa mère s’était vite habituée à l’asile
où il l’avait mise; la manière dont il interprète la constatation du directeur de l’asile
concernant la date de l’arrivée de sa mère, par rapport à sa propre situation matérielle,
nous suggère qu’il pense avoir quelque chose à se reprocher, et nous révèle en outre que
Meursault ne manque pas, quand même, de conscience, ou peut-être, d’un remord
inconscient; il refuse de voir le corps de sa mère morte dans la bière devissée par le
concierge et puis, ensuite, il avoue qu’il n’aurait pas dû [faire] cela. En plus, devant tous
les vieilllards de l’asile, au moment de la veillée, Meursault manifeste de nouveau ce
sentiment de culpabilité, de remord même, ayant l’impression, qu’il trouve lui-même tout
à fait ridicule, qu’ils étaient lá pour [le] juger. Somme toute, cela, aprés, serait completement
vrai. Mais, malgré la prise de conscience qu’il a, suite à tous ces évenements, dont il connaît
chaque petit absurde, Meursault semble ignorer qu’il contribue à augmenter l’absurdité de
son existence, comme s’il se laissait entraîner au cours des circonstances, sans vraiment y
participer, à la façon d’un simple spectateur devant tout: J’ai pensé que c’était toujours un
dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j’allais reprendre mon travail et
que, somme toute, il n’avait rien de chagé. Prennons, par exemple, l’épisode de la demande de
mariage vennant de Marie. Ici, on trouve la plus frappante et classique démontration
d’indifférence que Meursault est capable, une fois que, pour lui, cela [l]’était egal, comme
alors toutes les autres choses du monde. Donc, selon ce passage, Meursault n’a, foncièrement,
aucun lien filial avec le monde des choses dites réelles pour les autres hommes. En plus, il vit
ou semble vivre dans une espèce de torpeur, d’une étrange et presque inhumaine indifférence,
et selon Camus, vivre dans l’univers de l’absurde consistera essentilellement à “multiplier
avec passion les expériences” de la vie. On remarque pourtant que Meursault n’éprouve cela
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qu’à partir d’un certain moment, présent entre le dernier chapitre de la première partie et
à partir du premier chapitre de la deuxième partie jusqu’à la fin du récit. Il fallait, donc,
qu’on se souvienne que Camus insistera sur cette qualité, cette passion nécessaire, cette
conscience ardue de notre présence, de notre existence devant ce monde et l’Absurde:
Sentir sa vie, sa révolte, sa liberté, et le plus possible, c’est vivre
et le plus possible. Là où lucidité regne, l’échelle des valeurs
devient inutile... Le présent et la succession des présents devant
une âme sans cesse consciente, c’est l’idéal de l’homme absurde.
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7
LAGARDE, André & MICHARD, Laurent, op. Cit., p. cit.
8
Idem, ibidem, p. 617.
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entre l’existence et le monde. En effet, c’est finalement ici que l’absurde trouve Meursault
avec toute sa consistence violente. Voulant empêcher Raymond de tuer son adversaire,
Meursault lui prend son révolver et réussit à le faire retourner au cabanon où Marie et
la femme de Masson étaient en sanglots. Mais la canicule, de la même façon que son
destin prochain, l’écrase:
J’ai marché longtemps. Je voyais de loin la petite masse sombre
du rocher entourée d’un halo aveuglant par la lumière et la
poussière de la mer. Je pensais à la source fraîche derrière le rocher.
J’avais envie de retrouver le murmure de son eau, envie de fuir le
soleil, l’effort et les pleurs de femme, envie enfin de retrouver
l’ombre et son repos. Mais quand j’ai été plus près, j’ai vu que le
type de Raymond était revenu.9
Avec tout ce contraste violent, on peut redire que le sentiment de l’aburde ici est
très semblable à l’angoisse existencialiste ou à la nausée sartrienne, et c’est dans cette nausée
que Meursault est conduit jusqu’à sa rencontre avec l’absurde, mais encore sans la passion
qu’il y faut, selon Camus, pour le vivre. Meursault alors laisse tout tomber devant lui, et
justement ici, dans ce chapitre, qui commence son proccès de révolte. L’homme, donc, est
abandonné au milieu du Néant de son existence, et il ne reste qu’à lui-même de trouver une
solution à tout ce qu’il vit. L’homme, à ce point là, doit se révolter contre le mécanisme de
l’existence; il doit se mettre pleinement aux bras de son destin, car, si c’est la mort qui l’attend,
il ne peut s’enfuir d’aucune façon, alors seulement lui reste le désespoir et la révolte. C’est
dans ce Néant que Meursault éprouve des sensations étrangens subies dans une espèce de
fièvre, délire provoqué par le soleil, au milieu d’impulsions instinctives, la canicule, l’angoisse,
la nausée, la sueur, tout cela va le conduire, sans raison profonde, au meurtre de l’Arabe qu’il,
en effet, ne connaissaît même pas. L’épisode du meurtre a, donc, sa place tout après, dans une
ambiance absurde comme il le fallait, surgie de la nausée du soleil, la chaleur qui ramassait la
sueur sur les yeux de Meursault, qui nous revèle l’absurdité de l’évenement étourdissant.
L’irrationel, la nostalgie humaine et l’absurde qui surgit de leur tête-à-tête10, voilà la raison
qui mène les gestes de Meursault vers son meurtre, et après à l’écrasement de son existence,
sans aucun appel ou issue. Il sent alors que la brûlure de soleil, qu’il ne pouvait plus suporter,
l’oblige à faire un mouvement en avant. Il savait qui serait totalement inutile, stupide selon ses
mots, et qu’il n’allait pas se débarrasser du soleil en [s]e déplaçant d’un pas, mais il le fait, un
seul pas en avant. Aprés ce moment irréflechi, Meursault perçoit que l’Arabe, sans se
soulever d’où il se trouvait, sort alors son couteau qu’il lui présent dans le soleil. Quand il le
fit, la lumière étincelante du soleil, tout à coup, gicla sur l’acier du couteau, et cela atteignit
9
CAMUS, Albert, op. cit, p. 92.
10
LAGARDE, André & MICHARD, Laurent, op. cit., p. cit.
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Meursault sur le front. À cet instant, Meursault sent la sueur amassée qui coule sur [s]es
sourcils et [s]es paupières, récourvant sa vue d’un voile tiède et épais, l’aveuglant derrière un
rideau de larmes et de sel. Tout cela pesait sur Meursault et l’agaçait. C’est alors qu’en
regardant [l]’épée brûlante qui rongeait [s]es cils et blessait ses yeux douleureux, Meursault
sent que le soleil lui pesait toujours au front, et que la lumière qui venait de l’acier du
couteau l’aveuglait de plus en plus. Il sentait la proximité de l’Arabe, dans cette plage
vibrante de soleil, totalement aveuglé par les gouttes de sueur qui lui coulaient le visage,
frappé violemment par la lumière étincelante qui, tout à coup, le soleil a giclé le couteau
brandit par l’Arabe dans l’air fumant de chaleur; il a crispé sa main sur le revolver, la
gâchette a cédé, et il a abattu son adversaire d’une première balle. Il a encore tiré quatre
fois sur le corps inerte de la victime, où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. C’était
comme quatre coups qu’il frappai[t] sur la porte du malheur.
Meursault, qui n’a pas conscience d’être un criminel, est déferé, donc, à la
justice. Au cours de son proccès, il devient un objet de scandale pour le procureur, pour les
juges, et même pour son avocat, qui fait un effort inutile de l’aider. Mais on constate qui
Meursault, qui pourtant voulait être aidé, ne le faisait pas de la façon désirée par tous. De
cette façon, tout l’effort de la justice consiste à transformer en crime ce meurtre tout à fait
accidental. Mais Meursault leur apparaît comme étranger à leur univers et à leurs règles
et rites, et en plus, il ignore les valeurs conventionnelles, surtout la foi chrétienne, puisqu’il
ne croit pas en Dieu. Dès l’instruction, le juge s’acharne à comprendre, de son point-de-
vue évidemment, les geste irrationel de Meursault: Pourquoi avez-vous attendu entre le
premier et le second coup?... Pourquoi, pourquoi avez-vous tiré sur un corps à terre?11
Toutefois, le juge d’instruction lui reproche plus souvent son absence de foi en Dieu que le
meurtre. D’autre part, il prend des reinseignements sur la vie privée de l’accusé, puis lui
demande s’il aimait vraiment sa mère. Enfin, il s’indigne que Meursault n’ait aucun
repentir, et à ses yeux, le cas est désormais classée, parce qu’il n’a jamais vu d’âme aussi
endurcie que celle de cet Antéchrist. Cependant, le procureur va plus loin encore. Il
designe Sintès, en l’interrogeant, comme le complice et l’ami de Meursault et, de la même
façon, dénoncera en celui-ci l’auteur d’un drame crapuleux de la plus basse espèce. Le
procureur reproche encore en Meursault d’avoir paru insensible à l’enterrement de sa
mère, puis de s’être baigné avec sa maîtresse le lendemain, et d’être allé au cinéma la
même journée. Alors, donc, il découvre l’enchaînement logique des circonstances
rigoureuses et absurdes d’un crime prémédité. Finalement, il accuse Meursault, en
examinant ses antécedents et tous les incidents sans un vrai rapport avec son cas, de
n’avoir rien d’humain et qu’il n’était d’aucune façon accessible aux principes moraux qui
11
CAMUS, Albert, op. cit., p. 106.
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gardent le coeur des hommes dans la societé. En plus, il l’accuse d’avoir enterré sa mère
avec un coeur de criminel, et donc, c’était d’un coeur léger qu’il lui réclamait la peine
capitale pour châtier un criminel aussi monstrueux. Meursault est, de cette façon, condamné
à mort. L’Étranger, cependant, devient, pour finir, un cri de révolte et de pitié. Meursault
avait beaucoup réflechi sur sa peine de mort. Dans le dernier chapitre de son récit,
qui sert comme une espèce d’épilogue, il nous met devant le mécanisme implacable
du jour de l’éxecution que le condamné attendait toujours. Enfin, une interminable
agonie. Meursault est alors agité de mille pensées d’évasion, l’espoir de voir modifier
la loi, mais il finit par renoncer au pourvoi qui lui était possible, à l’attente de l’aube
fatale. Il aurait, de cette façon, la tête tranchée sur une place publique au nom du
peuple français; formule bizarre, ne peut-il s’empêcher de le remarquer. Mais enfim
prouvant que la victime, lui, était plutôt condamnée par un complot collectif de toute
la société qui ne pouvait pas supporter éternellement dans son sein un homme qui ne
joue pas le jeu, puisqu’il refuse de mentir. Il fallait, donc, s’en débarrasser. Meursault
se jette au mur de la prison, l’oreille collée, pour savoir quand les bourreaux
viendraient le chercher, s’il en venaient, quand même. Il refuse, pourtant, la visite de
l’aumônier, qui voudrait lui voir avant cette aube qu’il attendait toujours. Cependant,
ce dernier lui rend une visite tout amicale, et le dialogue s’engage. Meursault repousse
l’espoir que l’aumônier essaie inutilement de faire briller devant lui, puis il déclare
qu’il ne croi[t] pas en Dieu, et qu’en tout cas, dans le doute, il aimerait mieux
réserver son dernier temps à ce dont il est vraiment sûr. Dès lors, il refuse de croire
que la justice de Dieu le paiera de l’injustice des hommes, et pour remarquer bien son
choix, il n’accepte pas d’échanger le visage beau de Marie, qui avait la couleur du
soleil et la flamme du désir pour celui du Christ, le visage divin que l’aumônier lui
demandait de voir. Il reconnaît qu’il aime mieux cette terre, cette vie, à une autre
dont il n’était pas sûr, qu’il aurait préféré un seul cheveu de femme au lieu de toutes
ces certitudes métaphysiques qui ne lui regardaient pas, et que, enfin, à la fin de tout,
il a eu raison de penser que rien n’avait d’importance dans ce monde de fous. Il
meurt, donc, en plein accord avec sa vie et avec ses idées, et dans as révolte, il était
resté fidéle à lui même, à son amour indifférent, mais lucide, de la vérité. À la fin du
roman, Meursault nous enchante, comme archétype de l’homme absurde, par les
souvenirs du passé et les délicieuses sensations d’une nuit chargée d’étoiles et de
signes. Après le bref éclat de sa colère, la paix redescend sur lui, la tendre indifférence
du monde lui pose des étoiles sur le visage. Il voit, malgré tout, qu’il a été heureux et,
12
LAGARDE, André & MICHARD, Laurent, op. cit., p. 619.
13
Idem, ibidem, p. 620.
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14
Idem, ibidem, p. 618.
15
Idem, ibidem, p. 620.
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voix émerveillées qui s’élèvent enfin de la terre qu’il aimait, de la vie qu’il aimait
malgré l’injustice des hommes, qui la rendaient méprisable. Il faut connaître la nuit,
c’est ça qu’il voulait alors, se rendre aux bras de la tendre nuit, comme s’il se rendait
aux brans d’une femme (Marie, peut-être?), ou plutôt (pourquoi pas?) d’une mère. Il
retrace maintenant toute son existence, et se souvient de sa mère:
Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai pensé à maman.
Il m’a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d’une vie elle
avait pris un ‘fiancé’, pourqoui elle avait joué á recommencer. Là-
bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s’eteignaient, le
soir était comme une trêve mélancolique. Si près de la mort, maman
devait s’y sentir libérée et prête à tout revivre. Personne, personne
n’avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti
prêt à tout revivre.16
Aux derniers mots du récit, Meursault reste fidèle à sa révolte, puisqu’il avait
but[é] inlassablement contre le mal, après quoi il fallait prendre un nouvel élan. Dès lors,
dans son plus grand effort, l’homme ne peut que se proposer de diminuer arithmétiquement
la douleur du monde17. Il n’avait pas joué le jeu, et il était heureux:
Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d´espoir, devant cette
nuit chargée de signes et d´étoiles, je m´ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence
du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été
heureux, et que l’étais encore. Pour que tou soit consommé, pour que je me sente moins
seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon éxecution
et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine.18
REMERCIEMENTS
À la Professeur Maria Eva Nunes.
Rapports Bibliographiques
16
CAMUS, Albert, op. cit, p. 185.
17
LAGARDE, André & MICHARD, Laurent, op. cit., p. 619.
18
CAMUS, Albert, op. cit., ps. 185-186.
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Bibliographie
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