Guide Pratique Impact 2018 PDF
Guide Pratique Impact 2018 PDF
Guide Pratique Impact 2018 PDF
Guide
pratique
sur l’impact
2
REMERCIEMENTS
André Fortin
Ce Guide pratique sur l’impact est une aventure entrepreneuriale qui Je voudrais remercier l’ensemble des rédacteurs (ainsi que Marlène
a été facilitée par la contribution de trois organisations : la Fondation Malenfant pour sa vision graphique du guide) qui ont décidé de prendre
J. Armand Bombardier, la Fondation Mirella et Lino Saputo et la Caisse part à l’aventure. Une des réalisations importantes de ce guide aura
d’économie solidaire Desjardins. Tout d’abord, la Fondation J. Armand été de réunir plusieurs personnes et organisations qui s’intéressent
Bombardier, et son équipe philanthropique dirigée par Ode Belzile, nous à l’innovation sociale et à la notion d’impact. Travailler en mode
a permis de tester plusieurs contenus en situation réelle lors d’activités collaboration est toujours plus facile à dire qu’à faire. À cet égard, il
de réflexion ou de formation (cohorte Philagora). Durant les quatre y a pour nous une révolution à opérer dans les prochaines années sur
dernières années, nous avons eu l’occasion de creuser certains sujets les façons de collaborer au sein d’un même secteur ou en intégrant
et de bonifier nos outils grâce aux nombreux commentaires reçus. différentes parties prenantes. Ce guide est une démonstration que
Ce terrain d’expérimentation a établi les assises de la production du c’est possible et qu’il ne faut pas toujours s’arrêter à la question du
présent ouvrage. Dans un deuxième temps, la Fondation Mirella et Lino budget pour avancer. Une intention claire est souvent le moteur pour
Saputo et son directeur exécutif Claude Pinard ont cru à ce projet en lui réaliser une initiative. Bien sûr, un leadership est nécessaire et quelques
octroyant un soutien financier. J’ai approché Claude dès le démarrage ressources humaines et financières favorisent l’arrivée à destination.
du projet en l’interpellant sur la notion de collaboration radicale et sa Mais la clé demeure avant tout le démarrage, la mise en marche.
réponse d’appui fut rapide et concrète. La Caisse d’économie solidaire
Desjardins (Dianne Maltais, Luc Rabouin) nous a également ouvert les
portes pour un financement. Leurs encouragements à développer des
outils sur le sujet de l’impact ont raffermi notre volonté de mener le
projet. Enfin, un merci au Réseau québécois en innovation sociale (RQIS)
pour son appui administratif.
CRÉDITS
Coordination du guide et édition : André Fortin, conseiller animation créative et innovation sociale
Rédacteurs : Jean-Philippe Agaisse, Lynda Binhas, Mélanie Bisson, Luc Dancause, Alain-Olivier Desbois,
Maeva Dourthe, Lara Evoy, André Fortin, Stephanie Garrow, Pascal Grenier, Émilien Gruet, Marie J. Bouchard,
Myriam Jézéquel, Marie Claude Lagacé, Sonia Lefebvre, Nicole Lemire, Marilyn Manceau, Brenda Plant
INTRODUCTION
André Fortin
Le Guide pratique sur l’impact est un projet ayant débuté en mars 2016. La genèse du guide est liée à un besoin identifié
par plusieurs organisations que nous accompagnons dans le secteur de l’innovation sociale, soit le besoin de réfléchir
à comment être plus pertinent tout en rayonnant davantage. À ce titre, et depuis quelques années, on voit le terme
« impact » utilisé à toutes les sauces et le plus souvent sans qu’on prenne le temps de définir ce qu’il en est. Le mot impact
n’est pas nouveau en soi mais il semble que dans le contexte actuel de grandes transitions ce mot résonne particulièrement,
et plusieurs y voient une opportunité de l’utiliser. Mais au fait, qu’est-ce que l’impact ?
DÉFINITION DE L’IMPACT
L’impact est la différence que fait une organisation par les actions qu’elle réalise et qui se
décline en résultats, changements, conséquences. Ces effets peuvent être à court ou à long
terme, positifs ou négatifs, se produisant de manière directe ou non, intentionnelle ou pas.
IMPACT
DÉMARCHE D’INNOVATION OU
INTENTION D’AMÉLIORATION CONTINUE
répercussions
4
Pour réfléchir à son impact, nous préconisons une définition Dans un troisième temps, l’impact est une RÉPERCUSSION.
opérationnelle composée de trois éléments constitutifs : La répercussion est un effet, une conséquence directe
l’intention, la démarche d’innovation ou d’amélioration ou indirecte d’une action quelconque. Dans ce cas, une
continue et les répercussions. Dans un premier temps, nous organisation tente de justifier, par exemple, que le travail
envisageons l’impact comme étant une INTENTION. Cette accompli depuis un certain temps a permis de réduire
intention correspond à un désir d’atteindre une cible précise telle dimension d’une problématique ou de contribuer
en fonction d’une population ou d’un groupe déterminé de (grandement ou en partie) au résultat voulu. Pour démontrer
personnes. Pour cela, une organisation met en œuvre des la répercussion, le défi est de mesurer en quoi et d’expliquer
stratégies, des activités ou des programmes qui apportent comment les actions entreprises ont influencé l’effet
une réponse à un besoin identifié, à une demande. Une obtenu. Toutefois, dans le champ du social, on ne peut pas
intention est une prise de conscience menant à un acte. tout prouver dans une logique de cause à effet. Aucune
C’est une volonté de réaliser quelque chose en canalisant organisation ne travaille en vase clos et les comportements
notre motivation pour y parvenir. On peut avoir un impact humains ne sont pas toujours prévisibles. Cette répercussion
sans intention mais si celle-ci est clarifiée, on est davantage doit donc être pensée de manière systémique et elle
en mesure d’avancer vers le but fixé et de répondre à nos peut survenir à tout moment dans une démarche. Certes,
objectifs organisationnels. une intention bien définie et une démarche d’innovation
structurée visent à augmenter les répercussions attendues
L’impact est également une DÉMARCHE D’INNOVATION
d’une organisation.
OU D’AMÉLIORATION CONTINUE permettant le
questionnement autour de la pertinence de nos actions
et visant des changements positifs ou une meilleure VISION DU GUIDE
efficience. À ce titre, si une organisation veut améliorer son
impact au sein d’une communauté, elle peut réfléchir aux Ce guide n’a pas la prétention de fournir toutes les
moyens qu’elle prend pour y arriver. Cette organisation solutions ni de rejoindre l’ensemble des personnes et des
pourrait analyser la cohérence entre le discours véhiculé organisations. Un guide est avant tout un outil d’inspiration
et sa pratique réelle tout en y apportant des correctifs s’il et une invitation à s’aventurer. Notre intention dans cet
y a décalage. Elle pourrait également décider d’impliquer ouvrage est de s’adresser à des organisations travaillant
davantage les utilisateurs/usagers d’un service qu’elle offre sur des problématiques sociales qui sont pour la plupart
pour s’assurer d’être en adéquation avec les attentes ou du temps complexes et qui nécessitent de plus en plus des
les besoins identifiés. Cette démarche n’est pas linéaire, modes collaboratifs pour leur résolution. Cela concerne des
elle affecte le statu quo et nécessite un état d’esprit et des organismes à but non lucratif (OBNL), des coopératives, des
processus qui visent la transformation de l’organisation. entrepreneurs sociaux, des institutions (santé, éducation,
Cette démarche est également synonyme d’apprentissages, culture…), des municipalités, des gouvernements. Notre
et plus on tire profit des apprentissages, plus il risque d’y objectif avec ce guide est que les organisations travaillant
avoir des impacts significatifs. sur des problématiques sociales complexes soient outillées
et s’approprient la notion d’impact. Ainsi, elles pourront
mettre en œuvre des stratégies novatrices pour augmenter
leur impact au sein de leur communauté et de la société.
5
Un dernier point pour souligner l’importance de la avec l’impact et nous les présentons dans l’optique qu’elles
diversité des savoirs. Ici, nous avons privilégié les savoirs puissent en inspirer d’autres. Le neuvième et dernier chapitre
pratiques issus du terrain. Vivement plus d’ouverture et est un bonus artistique. Sensible à l’importance de la culture
de financement des différents bailleurs de fonds pour et de l’art dans nos sociétés, nous proposons un autre regard
documenter ce qui s’expérimente par les acteurs sociaux et sur l’impact par le biais de la poésie et du collage.
qui mériterait d’être davantage connu et diffusé. Ce n’est
pas parce qu’un projet de recherche n’est pas en lien avec
une université qu’il n’est pas sérieux, pertinent et nécessaire ! CONCLUSION
Nous espérons que ce guide suscitera le désir d’approfondir
PROCESSUS DE RÉDACTION DU GUIDE certaines notions et d’expérimenter. Nous croyons au
potentiel d’innovation des personnes et des organisations et
Une des motivations à l’origine de ce guide vient du particulièrement en lien avec la notion émergente d’impact où
fait qu’il existe peu d’outils, surtout en français, pour plusieurs initiatives sont à développer. Dans l’effervescence
s’approprier la notion d’impact et initier des actions allant autour d’un nouveau concept, nous avons le choix de
dans ce sens. Nous avons voulu répondre à ce manque en regarder passer la parade et de se faire éventuellement
apportant une contribution québécoise au développement imposer une vision, ou de s’approprier la notion afin qu’elle
de ces pratiques émergentes. Pour ce faire, nous avons devienne un levier vers l’élaboration de meilleures pratiques
réuni plusieurs personnes et avons testé quelques-uns organisationnelles. Si vous penchez vers la seconde option,
des concepts abordés dans l’ouvrage. Ainsi, ce guide nous sommes curieux de vous entendre. En effet, ce guide
a été produit en mode cocréation et en ayant recours est conçu dans un esprit évolutif. Un outil n’est jamais
au principe de l’intelligence collective. Des individus complet tant qu’il n’a pas fait plusieurs fois le test du terrain.
ou des équipes de rédaction constituées de deux ou Nous souhaitons donc recevoir du feed-back de votre
trois personnes en ont écrit les chapitres. part, améliorer le guide et éventuellement en proposer une
deuxième version qui intégrera de nouveaux chapitres.
STRUCTURATION DU GUIDE
Ce guide est divisé en neuf chapitres. Les sept premiers
présentent des moyens de mettre en œuvre ou d’aborder
l’impact. Nous nous proposons d’y définir les concepts-
clés, d’y présenter des processus pour initier l’action et
d’illustrer par des outils ou des exemples le volet pratique
d’une démarche vers plus d’impact. Ces chapitres se
veulent synthétiques car nous voulons dresser un tableau
d’ensemble par une lecture rapide et stimulante. En effet,
ce guide en est un d’introduction et nous fournissons à la
fin de chaque chapitre quelques références incontournables
pour approfondir la réflexion. Le huitième chapitre concerne
six exemples d’initiatives québécoises et canadiennes en lien
6
l’impact social
Luc Dancause, André
Pour mieux comprendre les conséquences des actions déployées et être dans une
dynamique d’amélioration continue, la mesure de l’impact social demeure une voie 8
Fortin, Nicole Lemire privilégiée pour les organisations. Toutefois, réaliser cette démarche comporte son lot
de défis et exige des ressources et une bonne préparation avec ses parties prenantes.
à
Nous abordons dans ce chapitre plusieurs voies pour réfléchir à son impact social et 29
l’amplifier.
l’impact et la culture
organisationnelle
Lorsqu’on s’intéresse à l’impact d’une organisation sur son environnement, les
enjeux de la culture organisationnelle sont essentiels, notamment pour arrimer 30
Jean-Philippe Agaisse,
André Fortin
le discours et la mise en œuvre à l’interne. Une organisation est animée par des
valeurs et des croyances qui influencent les attitudes et les comportements de ses
à
membres. Favoriser la prise de conscience, identifier et clarifier ce qui constitue la
culture propre de l’organisation permet d’ajuster les façons de faire et d’obtenir plus
58
facilement l’impact désiré.
l’impact et le
storytelling
Le storytelling (mise en récit) est un outil puissant de communication pour inspirer
le changement et propulser l’action. Les histoires générées autour des personnes qui 59
André Fortin,
Myriam Jézéquel
bénéficient des services d’une organisation ont souvent un énorme impact en termes
de mobilisation d’un large public. Nous explorons dans ce chapitre l’art de construire
à
des histoires captivantes qui visent notamment à influencer les leaders d’opinion et
les preneurs de décisions.
78
l’impact et le
design thinking
Le design thinking (pensée design) est une méthodologie créative de résolution
de problèmes basée sur l’empathie et la découverte. Elle s’appuie sur les usagers 79
André Fortin afin d’élaborer des expériences désirables et susciter le développement viable d’un
projet ou d’une organisation. Une des manières d’augmenter son impact est de bien
à
connaître les personnes que l’on veut rejoindre et de faire un travail rigoureux pour 97
intégrer leurs points de vue et besoins dans les services ou produits proposés.
l’impact et les
laboratoires
Pour faire émerger des solutions novatrices aux problématiques sociales complexes
auxquelles nous faisons face, les laboratoires d’innovation sociale constituent des 98
d’innovation sociale
André Fortin,
processus de choix. Ces laboratoires misent sur la collaboration, la créativité et
l’expérimentation, tout en prônant l’agilité et la participation active d’une diversité
à
Sonia Lefebvre,
Marilyn Manceau
d’acteurs. Bien qu’ils comportent leur lot de défis, mais aussi d’opportunités, ces 119
processus entendent créer de nouvelles réponses qui visent un impact social et
environnemental positif pour les générations actuelles et à venir.
7
l’impact et la clarté
stratégique
L’impact et la clarté stratégique sont deux concepts qui agissent de concert. Tels le
yin et le yang, ils permettent aux organisations du secteur social de savoir où elles 120
Lara Evoy, André Fortin,
Stephanie Garrow
consacrent temps et ressources et d’être clairement conscientes du type d’impact
qu’elles peuvent avoir ou du changement social mesurable qu’elles peuvent opérer
à
grâce à leurs actions ou leur stratégie. Ce chapitre présente les notions d’énoncé 144
de l’impact visé et de théorie du changement, en plus de fournir une étude de cas
et quatre canevas sur la façon d’entreprendre l’élaboration d’une stratégie claire
pour votre organisation.
l’investissement
d’impact
L’avènement de l’investissement d’impact marque la modernisation de l’ensemble
du secteur financier et des fondements de la théorie du portefeuille. Ce chapitre 145
Alain-Olivier Desbois,
Brenda Plant
vous permettra de mieux comprendre comment l’investissement d’impact
redéfinit la relation financière entre le risque et le rendement, et la façon dont il
à
modifie et renforce la relation entre les entrepreneurs et les investisseurs en jetant 165
de nouvelles bases de transparence, de traçabilité et de mesure. Des concepts
théoriques et certains exemples de l’investissement d’impact y sont présentés
pour aider les organisations sociales souhaitant accroître ou diversifier leurs
sources de financement.
initiatives d’impact
Lynda Binhas, Mélanie
Que ce soit par de l’accompagnement (cohorte Philagora de la Fondation J.
Armand Bombardier, Parcours Impact8 de l’Esplanade, Innoweave de la Fondation 166
Bisson, Maeva Dourthe,
Pascal Grenier, Émilien
McConnell), par une démarche de mesure d’impact social (CSMO-ÉSAC), par des
projets de transfert sur l’évaluation et la mesure d’impact en économie sociale
à
Gruet, Marie J. Bouchard,
Marie Claude Lagacé
(TIESS) ou par la création d’un outil permettant de démontrer son impact social 191
(CLIPP), ces initiatives nous donnent des exemples de comment cela peut se
réaliser concrètement sur le terrain.
Œuvres inspirées
par l’impact
Dans cette dernière section, nous proposons une incursion dans la poésie et le collage,
question d’avoir un regard artistique sur le thème de l’impact. D’abord, trois poèmes 192
Fortine abordent les thèmes de la valeur sociale, de la synergie et de l’impact. Puis, une série
de six collages sur les changements climatiques sont présentés.
à
198
l’équipe
199
à
201
8
L’IMPACT
SOCIAL
Pour mieux comprendre les conséquences des actions
déployées et être dans une dynamique d’amélioration
continue, la mesure de l’impact social demeure une voie
privilégiée pour les organisations. Toutefois, réaliser
cette démarche comporte son lot de défis et exige des
ressources et une bonne préparation avec ses parties
prenantes. Nous abordons dans ce chapitre plusieurs
voies pour réfléchir à son impact social et l’amplifier.
La notion d’impact social est très présente dans le contexte actuel et plusieurs éléments contribuent à sa
popularité. Que ce soit pour démontrer la pertinence d’une organisation, pour justifier le financement reçu ou
parce qu’il y a nécessité de travailler en collaboration pour créer un impact collectif face aux défis sociétaux
majeurs, il semble que c’est une tendance lourde qui nécessitera un positionnement des organisations pour
légitimer leurs actions. Certaines critiques mentionneront que le discours économique prédominant enterre la
voix des organisations sociales et que ce courant n’augure rien de bon. D’autres rétorqueront qu’il y a nécessité
d’être plus efficients et de s’engager dans la conversation afin de proposer des alternatives convenant mieux à
leur philosophie et leurs façons de faire. Avant d’aller plus loin, qu’en est-il au juste de l’impact social ?
L’impact social est l’ensemble des L’évaluation d’impact cherche variable dans le temps, il faut
changements (positifs ou négatifs, à dépasser la description et la accepter cette subjectivité et
attendus ou inattendus) engendrés comptabilisation d’activités ses conséquences en termes
par des actions contribuant à menées et va au-delà de la d’approximation.
faire évoluer les individus et les performance économique.
En considérant que l’objectif central
collectivités et qui tiennent compte Il n’existe pas aujourd’hui de
de la mesure d’impact n’est pas
des besoins de l’écosystème visé. référentiel partagé ni de méthode
de faire avancer la connaissance
Une organisation qui s’engage faisant consensus pour évaluer
scientifique, mais d’éclairer
dans un processus pour mesurer cet impact. Réaliser une telle
l’organisation, cette limite n’est pas
son impact social souhaite mieux démarche d’évaluation avec des
nécessairement problématique si
comprendre les conséquences de limites de temps et de moyens
elle est reconnue par l’ensemble des
ses actions et de son influence afin amènera à prioriser certaines
parties prenantes. En renonçant à la
de rester pertinente et attentive à informations par rapport à
quête de la meilleure méthode et en
son environnement. d’autres. Face à la complexité
se concentrant sur une démarche
rencontrée, les organisations
Mesurer son impact social transparente qui se veut adaptée
pourraient se montrer réticentes
nécessite un ensemble de aux attentes, aux contraintes et
à l’idée de s’engager dans un
pratiques avec lesquelles au contexte des divers acteurs,
processus où les résultats sont
une organisation démontre l’intention est de générer des
incomplets. Toutefois, la valeur
la différence engendrée dans informations qui soient utiles et qui
sociale étant quelque chose
son secteur d’intervention par permettent de nourrir les échanges
d’incertain, de malléable et
son travail et ses réalisations. et les décisions.
10
BÉNÉFICES ET Mesurer son impact social comporte son lot de bénéfices et de défis. Voici
les principaux éléments identifiés dans la littérature et par le biais d’entrevues
DÉFIS AUTOUR menées auprès d’une quinzaine de personnes-ressources provenant
de différents milieux (social, philanthropique, universitaire, corporatif,
DE LA MESURE gouvernemental). Ces éléments pourront influencer positivement le désir de se
D’IMPACT lancer dans une démarche de la mesure d’impact ou de mieux planifier celle-ci
afin de ne pas y engouffrer trop de ressources. Dans tous les cas, la question
de faire appel à de l’aide extérieure se posera, car il peut être souhaitable et
même plus économique de recourir à l’externe plutôt que de mener ce travail
avec une personne de l’organisation qui n’a pas les compétences nécessaires.
11
4 Améliore la gestion des dépenses et des 8 Instaure un dialogue transparent avec vos
ressources des programmes. Cela facilite partenaires et favorise le partenariat avec
la planification des actions, donne un filtre d’autres organisations. Cela rend plus sensible
de décision compris par tous et assure une à l’environnement externe.
viabilité à plus long terme.
9 Permet d’intégrer l’impact social comme
critère de décision stratégique, d’en faire
un outil de pilotage de la stratégie en
mettant plus d’attention sur la valeur sociale,
environnementale et économique que
l’organisation crée.
12
8 GRANDS 1 • Le temps que cela demande. Quand on envisage de mesurer l’impact ultime
d’une organisation, cela se fait sur une échelle de 5 à 10 ans. La question de la
DÉFIS DE collecte des données se pose également en rapport avec le temps : fait-on cela
de manière rétrospective, par un portrait rapide ou par une étude longitudinale ?
LA MESURE Bref, cela demande de dégager du temps pour mener un travail rigoureux et utile.
D’IMPACT
2• La complexité de la mesure d’impact. Mesurer les impacts directs d’une activité
n’est pas simple. L’organisation est confrontée à l’incertitude et est influencée
par de multiples facteurs qu’elle ne contrôle pas. Savoir quoi mesurer, quelles
méthodes utiliser, comment interpréter les résultats et le faire d’une manière
globale n’est pas évident. Par ailleurs, réduire les phénomènes sociaux à quelques
indicateurs peut être fallacieux dans le sens où on peut mettre de côté la
complexité des problématiques abordées.
DÉMARCHE POUR Pour mesurer son impact social et les répercussions engendrées par ses
activités, nous préconisons une démarche comprenant 4 étapes. Chacune
MESURER SON de ces étapes inclut trois éléments-clés à considérer et propose une série
de questions à se poser.
IMPACT SOCIAL
INTENTION À la base de l’évaluation de son impact social existe une intention permettant d’identifier la
finalité recherchée ou les objectifs que l’on veut atteindre (ex. : obtenir davantage de fonds,
pérenniser un programme, faire connaître la valeur de son organisation, valider la pertinence
de ses actions). Cette intention de départ guidera l’ensemble de la démarche. Ainsi, on peut
vouloir mesurer son impact social pour l’apprentissage, pour l’action, pour la redevabilité ou
pour plus d’un élément.
pour comprendre la performance pour guider nos comportements, pour rapporter les avancées,
de notre organisation et ne pas faire des ajustements et améliorer les accomplissements et les
juste se baser sur des anecdotes notre action. obstacles rencontrés.
ou des intuitions.
pour communiquer ce qui est pour construire la relation avec
pour tester des hypothèses en important pour une organisation et les différentes parties prenantes
les validant ou les réfutant. aligner nos actions en conséquence. (employés, usagers, partenaires,
bailleurs de fonds…).
Dans la littérature, on retrouve quelques principes qui De plus, développez une culture de partage et de transparence :
faciliteront la clarification de votre intention. Un des plus partagez vos plans, méthodes, trouvailles et apprentissages
importants est de mobiliser vos salariés et parties prenantes autour de l’impact. N’hésitez pas à demander conseil aux
sur une base positive en leur faisant comprendre l’intérêt de organisations s’étant déjà lancées dans l’aventure. Veillez à
la mesure d’impact et en les rassurant puisqu’il ne s’agit pas l’adhésion de vos parties prenantes et à leur ouverture face à
d’un contrôle, mais plutôt d’une manière de s’améliorer. À ce ce que vous trouverez sur le terrain (points forts, lacunes, axes
titre, responsabilisez-les dans la définition et la priorisation d’amélioration de votre organisation).
des impacts.
pour amorcer la démarche d’évaluation de votre impact, 5 questions vous aideront dans votre réflexion et
permettront de mieux identifier certains ancrages de votre organisation et définir une vision du travail à accomplir.
1• Quels sont les changements à l’interne (gouvernance, collaboration…) et à l’externe (approche et cible d’intervention,
relations partenariales…) que notre organisation veut accomplir ?
2• Comment notre organisation définit-elle le succès ?
3• Quelles sont nos stratégies pour que cela se produise ?
4• Quelles sont les capacités de notre organisation pour faire cela ?
5• Comment notre organisation pourra-t-elle savoir si nous sommes en train de progresser, si nous avons réussi ?
17
RÉFLEXIONS Mesurer son impact est une démarche complexe. Il est préférable de
commencer modestement et d’enrichir la démarche au fil des ans en
SUR LA MESURE ayant à l’esprit que l’utilité est la priorité. À cet égard, la mesure doit offrir
un appui à l’organisation pour demeurer agile face aux besoins sociaux
grandissants. Trois grands principes doivent être pris en compte pour
construire un système solide et faciliter la tâche de collecte de données.
1 2 3
La mesure doit être La mesure doit être La mesure doit être
exploitable gérable comparable
Si une donnée n’affecte Ne mesurez pas trop de Si vous pouvez utiliser la
pas la façon dont vous choses, car cela pourrait même mesure à travers
faites les choses, cela créer une surabondance le temps, vous serez
ne vaut peut-être pas la de données et augmenter outillés pour évaluer
peine de la mesurer. Il faut les coûts de traitement. Un votre performance et
d’abord se demander ce petit nombre d’éléments pour déceler certaines
que nous allons faire avec qui sont déterminants tendances qui se
l’information recueillie, si pour atteindre vos buts développent. Trouver
cela est pertinent. est généralement suffisant. des mesures ayant été
Quand la mesure est utilisées ailleurs vous
simple à faire, vous pouvez fera sauver du temps et
facilement vous créer une augmentera la fiabilité
image de vos pratiques et et la comparaison de
apporter les changements vos constats.
requis.
18
4 FAMILLES DE Pour mesurer l’impact social, 4 grandes familles de méthodes existent. Pour faire
un choix méthodologique, il faut tenir compte des objectifs identifiés, du contexte
MÉTHODES DE de réalisation, des attentes des parties prenantes, des contraintes en place. Aucune
méthode ne peut convenir à l’ensemble des situations, mais un assemblage de
L’ÉVALUATION méthodes est possible. À défaut d’avoir la méthode parfaite, l’important est de
D’IMPACT SOCIAL générer, en toute transparence, des informations qui soient utiles afin de mener une
évaluation pratique répondant aux besoins des acteurs. Certes, cela exigera certains
compromis, mais le but est de s’inspirer des principes et de la rigueur des approches
scientifiques tout en les simplifiant.
EXEMPLES > Théorie du changement > Groupes de discussion avec les parties prenantes
DE MÉTHODES > Modèle logique > Étude sociologique
> Carte des impacts
BESOINS Valider les besoins sociaux et la réponse apportée, pour mieux appréhender et maximiser le potentiel
d’impact social.
19
EXEMPLES > Cadre logique > Base IRIS > Outcomes Star
DE MÉTHODES
BESOINS Mesurer le niveau de réalisation des objectifs et analyser d’éventuels écarts pour rendre des comptes, réviser ses
objectifs et progresser.
EXEMPLES > Coûts évités > Évaluations contingentes > Ratio SROI (retour social sur
DE MÉTHODES > Préférences révélées > Analyses coûts-bénéfices l’investissement)
BESOINS Comparer les ressources investies dans le projet et les résultats qui en découlent pour optimiser l’allocation
de celles-ci et s’assurer de leur rentabilité sociale.
20
EXEMPLES > Études randomisées avec > Reconstitution d’un groupe avec
DE MÉTHODES échantillonnage aléatoire des techniques d’appariement
ENJEU TRAITÉ Impact net (ensemble des résultats générés, dont sont soustraites les contributions
EN PRIORITÉ issues des interventions d’autres acteurs ou facteurs)
BESOINS Démontrer les changements sociaux rendus possibles par le projet (et lui seul) pour le pérenniser
ou le faire changer d’échelle.
Adapté de : Emeline STIEVENART et Anne-Claire PACHE. Évaluer l’impact social d’une entreprise sociale : points de repère. Revue internationale de l’économie sociale, #331,
93e année, 2014, 18 pages.
21
1 • Réfléchir sur son succès et sur son intention. Toute équipe travaillant dans une organisation
sociale devrait se donner une définition propre de ce que signifie le succès et se doter d’un plan
pour l’atteindre (stratégies, projets, programmes). De plus, il est important d’avoir clarifié son
intention avec ses parties prenantes et d’avoir conscience de l’impact attendu de l’organisation.
2• Ancrer la mesure de l’impact dans la culture de son organisation. La mesure de l’impact est
une démarche à intégrer au sein de l’organisation à travers l’exemplarité de ses dirigeants
et des principales valeurs préconisées. Il est utile d’inclure des indicateurs quantitatifs
(ex. : nombre de personnes servies ou heures d’accompagnement offertes) mais une
évaluation qualitative qui s’appuie sur des échanges avec des usagers est souvent plus en
phase avec la manière d’être des organisations sociales.
4• Envisager les défis comme de l’apprentissage. Les discussions sur les échecs et les leçons
tirées des défis rencontrés sont un aspect central de la mesure d’impact. L’évaluation
ne devrait pas servir à prouver si quelque chose fonctionne ou pas mais plutôt à mieux
comprendre le contexte de ses succès ou échecs. Cela demande une volonté de parler
ouvertement des stratégies et des projets n’ayant pas bien fonctionné dans l’optique
d’amener l’organisation à tirer profit de ses expériences. Pour encourager cela, il est de mise
d’être davantage à l’écoute des diverses parties prenantes et pas seulement des dirigeants.
22
RÉFÉRENCES
• AVISE, ESSEC et MOUVES. Petit précis de l’évaluation de l’impact • OGAIN, Eibhlin Ni, Tris LUMLEY et David PRITCHARD. Making an
social. 2013, 15 pages. Impact. Impact Measurement Among Charities and Social Enterprises
in the UK. NPC, Octobre 2012, 73 pages.
• COMMISSION EUROPÉENNE. Approches proposées pour la mesure de
l’impact social. 2015, 92 pages. • RED OCHRE. Social Impact Assessment. 2011, 7 pages.
• EPSTEIN, Marc J., et Kristi YUTHAS. Measuring and Improving Social • FONDATION REXEL et (IM)PROVE. Guide de la mesure d’impact
Impacts. A Guide for Nonprofits, Companies, and Impact Investors. social. 2015, 46 pages.
Berrett-Koehler Publishers, 2014, 254 pages.
• STIEVENART, Emeline, et Anne-Claire PACHE. Évaluer l’impact social
• ESSEC BUSINESS SCHOOL. Évaluer l’impact social avec l’approche d’une entreprise sociale : points de repère. Revue internationale de
SROI. 2012, 86 pages. l’économie sociale. #331, 93e année, 2014, 18 pages.
• EUROPEAN VENTURE PHILANTHROPY ASSOCIATION. A Practical • VANCLAY, Frank. Social Impact Assessment : Guidance for Assessing
Guide to Measuring and Managing Impact. 2013, 124 pages. and Managing the Social Impacts of Projects. International Association
for Impact Assessment, Avril 2015, 107 pages.
• FINANCE ALLIANCE FOR SUSTAINABLE TRADE. FAST SIAMT
1.0. Building a Common Framework for Impact Assessment. 2011,
92 pages.
• FRUCHTERMAN, Jim. Using Data for Action and for Impact. Stanford Personnes interviewées dans le cadre du chapitre
Social Innovation Review, Été 2016, 14 pages.
paul allard (Impak Finance), Josée aubin (Service de la planification et de
• GUGERTY, Mary Kay, et Dean KARLAN. Measuring Impact Isn’t for
Everyone. Stanford Social Innovation Review, 2 avril 2014, 4 pages. la performance, Fonds de recherche du Québec), Ode Belzile (Fondation
J. Armand Bombardier), Nathalie chapdelaine (Innoweave), Harold côté
• KK INTL. A Simple Guide to Measuring Social Impact. 2015, 15 pages.
(Direction de l’évaluation, ministère de la Santé et des Services sociaux),
• KLOOS, Karina, et Daniela PAPI. Lost in Translation. Stanford Social
Nicolina Farella (Fondation McConnell), mario Fréchette (Direction
Innovation Review, Été 2014, 5 pages.
des services sociaux et des activités communautaires, ministère de la
• MELDRUM, Bev, Pete READ et Colin HARRISON. A Guide to Measuring
Santé et des Services sociaux), pascal Grenier (L’Esplanade), cédric
Social Impact. Social Impact Tracker, 15 pages.
Jamet (Percolab), claude lévesque (Boscoville), chantal mailhot (HEC
• MUIR, Kristy, et Stephen BENNETT. The Compass : Your Guide to Social
Montréal), diego mena (Fondation du Dr. Julien), Gabriel salathé-
Impact Measurement. The Centre for Social Impact, 2014, 48 pages.
Beaulieu et Vincent van schendel (TIESS), Fabrice Vil (Pour 3 Points).
• NCVO. Inspiring Impact. The Code of Good Impact Practice.
www.inspiringimpact.org, 2013, 18 pages.
23
OUTILS
D’IMPACT SOCIAL
10
24
Généralement, on distingue les indicateurs objectifs (mesure contrôlée sur la base de normes
prédéfinies) et subjectifs (mesure des perceptions ou de l’évaluation des acteurs d’un phénomène
ou d’une situation qui s’appuient sur des observations ou des déclarations). La littérature différencie
également les indicateurs qualitatifs (mettant l’emphase sur la valeur, la présence ou l’absence,
ou le rôle joué par certaines variables) et quantitatifs (centrés sur la fréquence d’apparition des
variables selon différents critères).
L’indicateur doit avoir un nom, une définition et un mode de calcul ou d’interprétation. Dans le
cas d’indicateurs quantitatifs, s’ajoutent une unité de mesure et une fréquence d’actualisation. Un
indicateur peut être construit à partir d’une ou de plusieurs variables (ex. : ratio, pourcentage, mise
en relation de deux mesures hétéroclites…). Il est toutefois préférable d’utiliser des indicateurs
éprouvés dans le cadre d’études antérieures, voire ayant fait l’objet d’une publication. Cela permet
de s’assurer de la justesse, de la fiabilité et de la légitimité de la mesure.
Nous présentons dans les deux tableaux suivants des exemples d’indicateurs.
25
Développer et tester de Fournir des biens ou des services Aider les organisations à
nouveaux modèles d’affaires, aux usagers pour aborder améliorer leurs compétences
produits, services ou processus. directement les problèmes pour avoir plus d’impact.
sociaux.
EXEMPLES D’INDICATEURS
DANS 3 GRANDS SECTEURS
secteurs iNdicateurs
• Nombre de tonnes de CO2 émises durant une année par les voitures des particuliers. 13
Environnement • Perception chez les jeunes de 13-17 ans adoptant des comportements écoresponsables.
• Niveau de satisfaction concernant les politiques de réduction des déchets.
ET AVOIR UN IMPACT
1 2 3
si vos actions peuvent être un une analyse juste ou découvrir pas d’effets durables tant et aussi
déclencheur. Il s’agit plutôt de la solution appropriée. Vous longtemps que vous travaillerez
soutenir le ou les mouvements devez également faire en sorte de façon isolée ou conflictuelle.
dont vous faites déjà partie. qu’il soit plus facile pour autrui Transformer ce type de situation
Cela signifie qu’il vous faut d’agir adéquatement. Vous devez exige davantage que de seulement
porter attention aux acteurs et concevoir un contenant, au sens réunir les personnes impliquées. Le
aux initiatives-clés dans votre littéral ou figuré, pour votre vision, dialogue et la convocation sont plus
domaine immédiat et au-delà vos données et vos valeurs afin qu’un simple moyen pour arriver à
de celui-ci, et être plus réfléchis que votre message soit plus facile une fin. Ils permettent de structurer
dans la mise en commun de vos à saisir. Le contenu est essentiel, notre besoin d’appartenance, besoin
efforts. Lorsque vous pensez et certes, mais l’enrober et l’encadrer de faire partie de quelque chose de
agissez comme la composante galvanisera vos interlocuteurs avec plus grand que nous. Ils élargissent
d’un mouvement, vous donnez vos idées et incitera à l’action. la compréhension, permettent de
plus de poids au travail précis que creuser des hypothèses, modifient
vous accomplissez et vous faites les pouvoirs et offrent la possibilité
en sorte que la vision audacieuse d’entretenir de nouvelles relations.
derrière celui-ci soit généralement Les solutions surgissent lorsque
mieux reçue. nous allons au-delà du blâme, de la
concurrence, du malentendu et de
la méfiance.
Adapté de : Al ETMANSKI. Impact. Six Patterns to Spread your Social Innovation. Orwell Cove, 2015, 173 pages.
28
mOBiliser ses ressOurces arGumeNter aVec empatHie la persONNe est tOut aussi
ÉcONOmiques impOrtaNte que la mÉtHOde
Ce modèle suggère de mettre fin à
4 5 6
Vos effectifs ou vos troupes l’empoisonnement de l’écosystème Une attention excessive portée
constituent des ressources politique, de mettre de côté les sur la façon de mettre en œuvre 15
économiques inexploitées stratégies de blâme et de critique une innovation sociale donne
qui, une fois bien mobilisées, en vue de devenir des défenseurs l’impression qu’il s’agit d’une
financeront votre innovation qui se fondent sur des solutions. spécialité et que nous devons être
sociale et contribueront à son Ces défenseurs ont deux objectifs formés en la matière. Au contraire,
développement. De plus en complémentaires : ils proposent l’innovation sociale est soutenue
plus, les acteurs du changement des solutions et, en même temps, par ce que nous sommes : par
social tirent profit de leurs forces améliorent la capacité d’innovation notre personnalité et non par
économiques pour transformer des gouvernements. Quelle que la technique. La conviction des
les modèles d’affaires, acquérir soit leur allégeance politique, les innovateurs sociaux d’aujourd’hui
des fonds flexibles, réduire leur gouvernements actuels ont une découle de leur maturité
dépendance aux subventions durée d’attention assez courte et émotionnelle et spirituelle. Ils se
et développer des partenariats sont plutôt prudents. Il n’est donc concentrent sur ce qui alimente et
d’affaires qui aident à la diffusion pas surprenant que les défenseurs redynamise leur esprit. Et ils ont
de leurs grandes idées. de nouvelles idées politiques l’humilité nécessaire pour avouer
doivent se battre pour se tailler leurs limites et leurs peurs.
une place. Si nous voulons que les
gouvernements démontrent de
l’empathie pour les enjeux que nous
défendons, nous devons, en retour,
en manifester à l’égard des leurs.
29
DÉMONTRER Niveau 4
L’élaboration de normes en
matière de preuves a pour Niveau 3
objectif de nous aider à Vous êtes en mesure d’affirmer que votre intervention est
déterminer dans quelle mesure la cause de l’impact en démontrant (au moyen d’un groupe
nous pouvons faire confiance témoin ou de référence) que l’impact est moindre chez ceux
aux preuves fournies en vue de qui ne reçoivent pas le produit/service. La sélection aléatoire
de participants renforcera vos preuves à ce niveau; vous devez
démontrer qu’une intervention avoir à votre disposition un échantillonnage suffisamment vaste.
a un impact positif. Ces normes
sont constituées de 5 niveaux.
Le niveau 1, qui représente Niveau 2
l’exigence minimale à respecter, Vous êtes capables de fournir des données qui démontrent un
est un seuil bas convenant aux changement positif, sans toutefois valider que vous en soyez la
innovations qui en sont à un cause. Ainsi, votre intervention entraîne des changements chez
stade peu avancé, voire encore ceux qui en bénéficient. L’utilisation des méthodes suivantes
est envisagée : évaluation avant et après sondage, étude de
au stade de l’idée. À mesure que
cohorte/étude par panel, sondages menés à intervalles réguliers.
l’on passe d’un niveau à l’autre,
on s’attendra à ce que des
données soient recueillies pour Niveau 1
cerner l’impact de l’intervention. Vous êtes en mesure de décrire de manière logique, cohérente
et convaincante vos actions et la raison de leur pertinence. Vous
pouvez fournir une description de l’impact ainsi que la raison
pour laquelle cela constituerait une amélioration par rapport à la
situation actuelle. Vous pouvez faire cela vous-mêmes en vous
appuyant sur des données et des recherches existantes.
Adapté de : Ruth PUTTICK et Joe LUDLOW. Standards of Evidence : An Approach that Balances the Need for Evidence with Innovation. Nesta, 2013, 6 pages.
30
L’IMPACT
ET LA CULTURE
ORGANISATIONNELLE
Lorsqu’on s’intéresse à l’impact d’une organisation sur son
environnement, les enjeux de la culture organisationnelle
sont essentiels, notamment pour arrimer le discours et la
mise en œuvre à l’interne. Une organisation est animée par
des valeurs et des croyances qui influencent les attitudes et
les comportements de ses membres. Favoriser la prise de
conscience, identifier et clarifier ce qui constitue la culture
propre de l’organisation permet d’ajuster les façons de faire
et d’obtenir plus facilement l’impact désiré.
Lorsque la culture organisationnelle est forte et perceptible, elle devient une sorte de guide de
comportement pour les membres de l’organisation, qui savent alors ce qui est important dans et
Camille Carrier et
pour leur entreprise. Les employés seront certainement plus enclins à produire des idées originales,
Sylvie Gélinas
inhabituelles et utiles s’ils sont plongés dans un climat soutenant la créativité ou s’ils reçoivent des
messages explicites de la direction en ce sens.
La notion de culture organisationnelle a été popularisée au début des années 80 et constitue aujourd’hui
un champ d’analyse et une discipline à part entière. D’une démarche exploratoire plutôt vague, elle est
devenue au fil du temps une pratique de diagnostic qui permet de faire ressortir l’ADN d’une organisation
tout en facilitant la prise de décisions stratégiques. Avant d’en proposer une définition, regardons les
principaux éléments culturels que l’on peut observer dans une organisation :
• Les principes, les croyances et les valeurs qui sont publiquement énoncés
• Le climat qu’établit l’environnement physique de l’organisation et la manière dont les membres
interagissent entre eux ou avec les autres (partenaires, usagers…)
• Les rituels de passage (intégration, promotion…) et les célébrations (fin d’une étape importante
ou d’un projet majeur…)
• La philosophie d’intervention (idéologies, méthodes, éthique de travail)
• Les normes du groupe et les standards promus par les membres
• Les règles du jeu implicites (codes que doit intégrer un nouvel employé)
• L’identité (mission) et l’image que s’en font les membres
• Les modèles mentaux partagés qui guident les perceptions, les pensées et le langage
32
Ces éléments culturels sont très variés et il est donc difficile de déterminer une seule définition
qui ferait consensus. Nous proposons la suivante : la culture organisationnelle est l’ensemble
des croyances et valeurs partagées par une majorité de personnes au sein d’une organisation
qui explique son fonctionnement et guide ses membres dans leurs actions.
Pour compléter, on peut ajouter 2 éléments qui façonnent la culture organisationnelle selon
Edgar Schein : l’adaptation face à l’externe et l’intégration à l’interne.
1 2
la surVie et l’adaptatiON Face l’iNtÉGratiON des prOcessus
À l’eNVirONNemeNt exterNe iNterNes pOur surViVre et s’adapter
Pour faire face aux divers impératifs Pour s’assurer du développement optimal
ou obstacles qui surviennent au d’une organisation, plusieurs éléments
cours du temps, l’organisation doit doivent être mis en place : un langage
arriver à maintenir une adhésion, commun, des critères d’inclusion ou
un consensus autour de sa mission d’exclusion, des manières de distribution
et des principaux objectifs qui du pouvoir ou de prise de décision, des
l’animent, des moyens pour atteindre normes définissant les interactions,
ses objectifs, des instruments de des mécanismes de récompense et de
mesure pour vérifier l’atteinte des punition, et la possibilité de décrire par
cibles, et des stratégies d’ajustement des concepts les caractéristiques de
à déployer quand de tels obstacles cette culture qui sont plus difficilement
sont rencontrés. exprimables par des mots.
33
Culture de chaque Culture que l’on retrouve Culture présente au Culture comprenant
pays, nation ou région, dans différentes sein même d’une les microsystèmes à
représentée par divers structures : entreprise organisation, à l’intérieur l’intérieur ou à l’extérieur
groupes ethnoculturels privée, organisme à but d’une sous-structure : des organisations :
et religieux, divisée en non lucratif (OBNL) département, secteur, équipes de travail,
deux grands genres ou organisation non direction... groupes ad hoc...
(hommes et femmes)… gouvernementale (ONG),
syndicat, coopérative,
gouvernement (ville,
ministère…).
1 2 3 4
34
pour illustrer la macroculture, le livre Le Code Québec a démontré que les québécois ont 7 grands traits culturels
qui les démarquent des autres :
Ces 7 traits associés à la macroculture viennent donc D’ailleurs, des études récentes ont démontré que même si la
influencer la culture organisationnelle. À cet égard, il est créativité est reconnue dans les organisations comme une
intéressant de constater le paradoxe entre le trait créatif compétence parmi les plus importantes, une grande majorité
et les attributs de détaché et de victime. Cela pourrait de personnes disent ne pas utiliser leur potentiel créatif. Il y
expliquer en partie le fait que les personnes se disent a donc ici un travail important à faire pour développer une
créatives mais semblent avoir de la difficulté à transposer culture de créativité permettant de réduire l’écart entre le
cela en innovation (mise en œuvre des idées originales). discours et la pratique.
35
1• LES ARTEFACTS
Cela concerne les aspects visibles et tangibles des structures
organisationnelles : les comportements observables, le code
vestimentaire, les rituels, les blagues, les mythes fondateurs,
l’architecture ou l’environnement intérieur et extérieur des 1• ARTEFACTS
lieux de travail… Ces éléments sont faciles à identifier mais
il est difficile d’en tirer une signification précise.
Plusieurs typologies de culture organisationnelle existent. Pour aider les gestionnaires et les organisations à analyser
Nous vous présentons l’une des plus récentes développée par et changer leur culture organisationnelle, les auteurs ont
Kim Cameron et Robert Quinn qui proposent d’ailleurs un outil défini 4 types de culture qui doivent tous faire partie, à
diagnostique en lien avec leur approche. Ces deux auteurs différentes échelles, d’une organisation. À cet égard, toutes
prétendent que les organisations du 21e siècle sont sujettes les organisations ont développé une culture qui met l’emphase
à une constante incertitude et qu’elles doivent toujours sur un type plutôt qu’un autre mais toutes n’en sont pas
s’adapter pour garder le cap. Ici, le statu quo est interprété conscientes.
davantage comme une stagnation.
Un type de culture organisationnelle inclut certaines valeurs,
Les organisations qui ne sont pas dans le changement hypothèses, et des priorités d’action qui ressortent lorsque
continu risquent de perdre de leur efficacité en plus de l’organisation répond à un défi ou s’ajuste à des changements.
développer une réputation d’immobilisme. Par ailleurs, Cette culture dominante aide l’organisation à conserver sa
les études démontrent que près de 70 % des initiatives de constance et sa stabilité quand vient le temps de gérer des
gestion du changement échouent complètement ou créent transformations.
de sérieux problèmes qui menacent la survie même des
organisations. La raison principale de ces échecs serait
une mauvaise évaluation de l’importance de la culture
organisationnelle comme variable-clé de tout processus
de changement.
37
CULTURE DE CLAN / COLLABORATION
CULTURE D’ADHOCRATIE* / CRÉATIVITÉ
CULTURE DE MARCHÉ / CONCURRENCE
CULTURE DE HIÉRARCHIE / CONTRÔLE
Adapté de : Kim CAMERON et Robert QUINN. Diagnosing and Changing Organizational Culture. Jossey-Bass, 2011, 268 pages.
39
?
?
d’aborder les principales étapes de ce processus, regardons quels
sont les principaux avantages et inconvénients de se questionner
?
ou pas sur sa culture organisationnelle.
• Permet de définir les fondamentaux de l’organisation et d’aider • Engendre un manque de cohésion entre
les employés à s’orienter (ex. : quoi faire et comment se les différents départements ou équipes
comporter avec les collègues, usagers, partenaires). (ex. : stratégies qui ne pointent pas dans
la même direction).
• Améliore la connaissance de l’organisation et facilite la
communication interne et externe. • Entraîne une intégration plus ardue des
nouveaux employés ou partenaires.
• Procure un sentiment d’appartenance plus fort en établissant
une distinction avec les autres organisations, ce qui favorise • Diminue la capacité à trouver des
notamment la rétention des employés. réponses adéquates en cas de crise.
• Aide à recruter les personnes ayant le profil le plus pertinent • Ne développe pas les réflexes
pour l’organisation. d’adaptation à un nouvel environnement
ou les pratiques d’amélioration continue.
• Encourage l’innovation par la concertation des différents acteurs.
40
Les organisations font parfois face à la nécessité de changer Pour que ce travail se réalise, il est nécessaire de cadrer
leur culture organisationnelle dans le but d’être en symbiose l’exercice, de donner une impulsion et un objectif dans
avec l’ensemble de leurs composantes. Changer la culture le temps. Il faut en effet s’assurer d’obtenir des résultats
organisationnelle n’est pas un processus facile et exige un tangibles suffisamment vite pour éviter que le processus
grand engagement de l’équipe de direction et de l’ensemble ne soit relégué au second plan et pour maintenir également
des employés. Un des éléments-clés consiste à créer un la collaboration et l’intérêt de tous. Afin de faciliter un
environnement favorable à l’établissement d’une saine changement de culture organisationnelle, nous proposons
conversation entre les différentes équipes et les individus. le processus suivant qui n’est pas linéaire et qui comporte
3 grandes étapes.
Clarification autour de l’évaluation. Qui sont les personnes ciblées par l’évaluation ?
Quelle méthodologie ou outils seront utilisés ? Qui sera identifié pour mener cette
FAIRE L’ÉVALUATION évaluation (cueillette de données et production d’un bilan) ?
1 DE SA CULTURE
ORGANISATIONNELLE
Analyse de l’évaluation. Que nous disent les résultats individuels et collectifs
de cette évaluation ? Quels sont les points de convergence et de divergence qui
ressortent ? Quelles sont les principales réactions des membres de l’équipe ou de
l’organisation face à ce diagnostic ?
Sélection des mesures et des balises. Quels sont les indicateurs permettant
d’évaluer le succès du processus ? Comment ces indicateurs vont-ils être utilisés
pour observer et mesurer le progrès à travers le temps ? Quelles balises se donne-
3 ASSURER UN SUIVI
DU PROCESSUS
t-on pour assurer le suivi du plan d’action ?
Voici un tableau
présentant 8 raisons 1• Le changement survient au mauvais 1• Le changement mènera à certains gains
moment ou n’apporte aucun gain personnel. personnels.
de résister au
changement et 2• Le manque de ressources de l’organisation 2• Le changement procurera de nouvelles
pour soutenir le processus de opportunités et de nouveaux défis
6 raisons de le transformation. stimulants.
soutenir. Ces éléments
sont à prendre en 3• La crainte de ne pas avoir les compétences 3• Le changement fait sens pour l’organisation
demandées. et il est temps de passer à l’action pour
considération dans l’intérêt collectif.
le processus vers 4• Le changement semble menacer la sécurité
d’emploi et les rapports sociaux établis. 4• Les personnes responsables de mener le
une nouvelle culture changement sont respectées et crédibles au
organisationnelle 5• La crainte de l’inconnu. sein de l’organisation.
car ils permettent 6• La peur que le changement soit le début 5• Le changement se fera en impliquant les
de mieux saisir les d’un mouvement en profondeur qui va employés dans sa planification et son
affecter les autres sphères de la vie. implantation.
obstacles qui surgiront
et d’identifier les 7• Le changement et ses implications ne 6• Il y a un plaisir d’être en mode innovation et
sont pas bien compris et assimilés dû à un une excitation dans le fait de changer.
stratégies à mettre en manque d’information sur certains enjeux.
œuvre afin de faciliter
la transition. 8• Le changement ne paraît pas nécessaire ou
compromet la position d’autorité et certains
droits acquis.
42
Proactivité. Pour s’adapter à son environnement Projection positive dans le futur. Nous devons nous
1 et trouver des solutions, il faut être proactif, avoir 6 projeter dans un futur lointain pour envisager les
confiance dans le processus choisi et envisager une conséquences systémiques de nos actions et aussi dans
contribution de chacun. Adopter une posture fataliste un futur proche pour évaluer l’efficacité des solutions
ne rendra l’apprentissage que plus difficile et retardera mises de l’avant.
la mise en action.
Engagement pour une communication transparente.
Engagement d’apprendre à apprendre. Ici, 7 Une culture de l’apprentissage se développe par le biais
2 l’apprentissage (réflexion et expérimentation) est de multiples canaux de communication permettant à tous
vu comme un investissement rentable et, à ce titre, d’être reliés. Cette culture doit également être basée sur
doit être dans les gènes de l’organisation. C’est une l’ouverture, sur la notion de confiance et sur le fait que
compétence indispensable qui doit être mise en œuvre l’information est centrale pour le bien-être de l’organisation.
et bonifiée par des mécanismes continus de rétroaction.
Engagement pour la diversité culturelle. Plus
Vision positive de la nature humaine. Les humains 8
3 peuvent apprendre et changer si les ressources sont
l’environnement est en mouvance, plus il est probable
qu’une organisation constituée d’une diversité de personnes
disponibles et si le climat de sécurité psychologique et de ressources sera en mesure de faire face à des
est créé. Comme les connaissances et les compétences événements imprévisibles. La diversité est d’ailleurs une clé
sont de plus en plus partagées, les leaders doivent en pour l’innovation car elle stimule la combinaison de plusieurs
tenir compte et s’appuyer sur l’ensemble des membres idées et, en corollaire, la production de nouvelles réponses.
d’une organisation.
Croyance que l’environnement peut être géré. Plus Engagement pour la pensée systémique. Comme le monde
4 l’environnement est turbulent, plus il est important
9 devient de plus en plus complexe et interdépendant, face
que les leaders argumentent et démontrent en quoi aux diverses problématiques, nous devons développer
et comment un niveau de gestion est désirable et l’habileté à penser de manière systémique, à modifier
possible. Les organisations qui perdurent ont tendance nos schémas mentaux, à analyser les différentes forces
à s’appuyer à la fois sur leurs acquis et sur des et causes en présence et à abandonner une vision du
processus de gestion innovants. changement linéaire.
Engagement pour la vérité par le questionnement et Croyance que la culture aide à comprendre et à
5 le dialogue. Comme les problématiques rencontrées 10 améliorer le monde. Au cœur du changement, les
changent, nous devons modifier nos façons leaders et les membres croient que l’analyse de la
d’apprendre et de recueillir l’information. Cela doit être culture organisationnelle est nécessaire au processus
fait par l’entremise d’un processus flexible et devenir d’apprentissage : elle révèle les mécanismes utilisés par
une responsabilité collective car nous pouvons tous les groupes pour accomplir leurs tâches et permet de
apprendre des autres réalités. mieux comprendre les autres cultures.
Adapté de : Edgar SCHEIN et Peter SCHEIN. Organizational Culture and Leadership, 5th Edition. Wiley, 2017, 384 pages.
43
RÉFÉRENCES
• IMBER, Amantha. The Innovation Formula. The 14 Science-Based Keys for Creating
a Culture Where Innovation Thrives. Wiley, 2016, 240 pages.
• SCHEIN, Edgar, et Peter SCHEIN. Organizational Culture and Leadership, 5th Edition.
Wiley, 2017, 384 pages.
• LÉGER, Jean-Marc, Jacques NANTEL et Pierre DUHAMEL. Le code Québec. Les sept
différences qui font de nous un peuple unique au monde. Les Éditions de l’Homme,
2016, 237 pages.
44
OUTILS
DE CULTURE
ORGANISATIONNELLE
45
Voici 25 moyens recensés dans la littérature pour développer une culture d’innovation au sein
d’une organisation.
10• Favoriser les stimuli visuels dans les espaces de travail (couleurs, photos,
œuvres d’art, etc.).
12• Laisser du temps libre pour l’innovation dans l’horaire des employés.
46
19• Mettre en place des outils qui favorisent la collaboration entre employés.
20• Aligner les critères personnels d’évaluation sur les objectifs d’innovation
de l’organisation.
Veuillez indiquer votre degré d’accord avec chacun des points sur une échelle de 1 à 5 :
1= tout à fait en désaccord 2= en désaccord 3= plutôt neutre 4= en accord 5= tout à fait en accord
3 Les gens dans mon organisation ont la liberté d’accomplir leurs tâches comme bon leur semble.
Dans mon organisation, les efforts des personnes quant à la génération et à la mise en œuvre d’idées créatives
5 sont reconnus.
Sous-total sur 30
7 Mon équipe partage activement divers points de vue et opinions, même s’ils sont contradictoires.
8 Je me sens à l’aise d’exprimer une opinion contraire à celle des autres membres de mon équipe.
10 Dans mon équipe, les gens sont très favorables à mes idées.
11 Dans mon organisation, la collaboration entre les services / départements / directions est une situation courante.
Mon organisation collabore régulièrement avec d’autres types d’organisations comme les universités, les villes,
12 les fondations, les entreprises privées...
Sous-total sur 30
48
1= tout à fait en désaccord 2= en désaccord 3= plutôt neutre 4= en accord 5= tout à fait en accord
15 Les dirigeants ne font pas que parler d’innovation pour la forme, ils mettent en pratique ce qu’ils prêchent.
16 Les hauts dirigeants dans mon organisation sont très favorables aux nouvelles idées.
Du temps est accordé aux personnes dans mon organisation pour qu’elles explorent des idées / solutions créatives
17 quant aux défis et aux possibilités de développement.
18 Les dirigeants dans mon organisation trouvent les fonds nécessaires pour élaborer et mettre en œuvre de bonnes idées.
Les personnes dans mon organisation connaissent bien les défis et les possibilités de développement qui nécessitent
19 leur pensée créative.
20 Les personnes dans mon organisation sont au courant des objectifs et des attentes en matière de performance créative.
Sous-total sur 40
21 Nous sommes heureux de prendre des risques dans la création d’idées nouvelles et parfois révolutionnaires.
22 Les personnes dans mon organisation expriment toutes leurs idées sans peur du ridicule ou du jugement.
26 Il existe des moyens clairs dans mon organisation quand j’ai une idée à proposer.
27 L’environnement dans lequel je travaille est baigné par la lumière du jour et la nature (plantes en pot, mur végétalisé…).
L’environnement dans lequel je travaille est conçu pour faciliter la collaboration et les réunions impromptues avec ceux
28 qui ne travaillent peut-être pas dans le même espace que moi.
Sous-total sur 40
Adapté de : Amantha IMBER. The Innovation Formula. The 14 Science-Based Keys for Creating a Culture Where Innovation Thrives. Wiley, 2016, 240 pages.
49
C PLAN DE LA DIRECTION
Personnel : ................ / 40
Équipe / organisation : ................ / 40
40
30
20
D PLAN DE L’ORGANISATION
Personnel : ................ / 40
Équipe / organisation : ................ / 40
51
DÉFI
Afin que l’innovation puisse être développée, les personnes doivent se sentir interpellées par
le travail qu’elles font. Si elles ont l’impression de pouvoir achever la plupart de leurs tâches les
yeux fermés, alors l’innovation sera faible. Si votre résultat aux énoncés 1 et 2 est inférieur à 3
(sur l’échelle de 1 à 5), on vous propose de trouver des façons d’introduire plus de défis dans
votre travail personnel et dans celui de votre organisation.
AUTONOMIE
Les personnes ayant une faible autonomie peuvent être microgérées ou avoir l’impression
qu’elles ont peu de latitude sur la façon d’accomplir leurs tâches quotidiennes et les projets qui
leur sont proposés. Si votre résultat aux énoncés 3 et 4 est inférieur à 3, on vous invite à trouver
des façons d’augmenter votre autonomie et celle des autres au sein de votre organisation.
RECONNAISSANCE
Si vous avez l’impression que vous et les autres dans votre organisation n’êtes habituellement
pas reconnus pour le travail que vous accomplissez, alors votre résultat pour les énoncés 5 et
6 est probablement inférieur à 3. Obtenir de la reconnaissance, autant sur le plan individuel et de
l’équipe que sur le plan de l’organisation, est un important moteur de la culture d’innovation. Si la
reconnaissance est insuffisante, cherchez des conseils sur la façon de l’intégrer dans ce que vous
faites.
52
Énoncés 1 et 2. Une réflexion s’impose pour trouver comment insuffler un plus grand sens du défi
aux personnes au sein de votre organisation. Si elles ne se sentent pas régulièrement interpellées
par le travail qu’elles font, alors l’innovation tend à être dormante.
Énoncés 3 et 4. Cherchez des conseils sur la façon d’aider les personnes à sentir une plus grande
autonomie par rapport au travail qu’elles font. Si elles sentent qu’elles n’ont pas de liberté dans la
façon d’exécuter leur travail ou même dans le choix des projets sur lesquels elles peuvent travailler,
alors vous ne permettez pas à l’innovation d’être développée.
DISCUSSION
Votre résultat indique que votre équipe (ou d’autres équipes dans l’organisation) n’est pas
favorable à différents points de vue. Au contraire, l’homogénéité est encouragée et les équipes
sont probablement responsables de beaucoup de pensées nuisant à la dynamique de groupe.
Or, la discussion est importante. On vous invite à mettre l’accent sur la façon de susciter plus
de discussions et de fournir des méthodes pratiques que vous pourriez utiliser pour améliorer
votre efficacité en la matière.
SOUTIEN DE L’ÉQUIPE
Une équipe favorable à vos idées et à celles des autres membres est essentielle pour promouvoir
une culture d’innovation. Votre résultat indique que ce soutien est en partie absent dans votre
équipe. Recherchez les façons de favoriser un environnement dans lequel les membres de
l’équipe soutiennent les idées de chacun.
COLLABORATION
Les équipes au sein de votre organisation tendent à travailler de façon isolée les unes des autres.
Par conséquent, la collaboration entre les différentes équipes, les différents services et l’extérieur
se produit rarement. Questionnez-vous là-dessus et cherchez des façons de favoriser une plus
grande collaboration entre votre équipe et les autres de votre organisation.
54
Énoncés 9 et 10. Entamez une discussion sur la façon de promouvoir un environnement où les
membres de votre équipe sont favorables aux idées des autres.
Énoncés 11 et 12. Recherchez des avis sur le rôle crucial que joue la collaboration et pour trouver
des manières d’encourager davantage la collaboration entre les équipes dans votre organisation.
RESSOURCES
Vos réponses indiquent que les dirigeants dans votre organisation n’accordent pas suffisamment
de ressources à l’innovation. Il peut s’agir d’une insuffisance de fonds alloués aux projets innovants
ou un manque de temps accordé aux employés pour travailler sur l’innovation. Dans tous les cas,
les deux types de ressources sont essentiels pour faire avancer la culture d’innovation. Explorez
quelques modèles efficaces pour trouver comment les dirigeants peuvent fournir des ressources
en matière d’innovation.
Être clair à propos des objectifs que vous visez et des défis que vous cherchez à relever est un
vecteur important de la culture d’innovation. Votre résultat indique un manque de clarté dans vos
objectifs en matière d’innovation au sein de votre organisation. Questionnez-vous sur la manière
de définir une vision et des objectifs clairs pour l’innovation et sur le rôle que doivent jouer les
dirigeants dans la définition de ces objectifs.
56
Énoncés 15 et 16. Le soutien accordé à l’innovation par la haute direction dans votre organisation
pourrait être problématique. Or, ce facteur est essentiel. Comment pouvez-vous inciter les hauts
dirigeants à soutenir davantage l’innovation ?
Énoncés 17 et 18. Selon toute vraisemblance, vous ne disposez pas des ressources nécessaires
pour être efficaces en matière d’innovation. Documentez-vous sur la façon dont les dirigeants ont
besoin de ressources pour innover, plus spécifiquement de fonds alloués à l’innovation et de temps
accordé aux personnes pour mener des projets innovants.
Énoncés 19 et 20. Il est possible de faire mieux quant à vos objectifs en matière d’innovation. Il
est important de définir une mission et des objectifs clairs pour l’innovation afin que les employés
concentrent leurs efforts sur ceux-ci et sachent ce qu’on attend d’eux. Cherchez des conseils
pratiques sur la façon dont les dirigeants peuvent y parvenir.
PRISE DE RISQUES
Une culture où la prise de risques est encouragée et où l’échec n’est pas péjoratif favorise
l’innovation. Toutefois, ce type d’environnement est l’un des objectifs les plus difficiles à
atteindre pour les moyennes et les grandes organisations. Votre résultat indique que ce n’est
pas présent dans votre organisation. Regardez ce qui se fait ailleurs pour trouver différentes
façons de changer la culture afin que les gens se sentent à l’aise de prendre des risques.
COHÉSION
Que chacun ait l’impression de faire partie de l’équipe et éprouve un sentiment profond d’unité
est un moteur d’innovation très important. Votre résultat indique que ce n’est pas le cas dans
votre organisation et qu’il existe des conflits importants entre les personnes, les équipes et
les services / départements. Un travail est à faire pour changer votre environnement afin de
favoriser des relations plus cohésives dans l’ensemble de l’organisation.
PARTICIPATION
Un environnement où les personnes sentent qu’elles sont autorisées (et même vivement
encouragées) à participer aux activités liées à l’innovation est un important moteur d’innovation.
Votre résultat indique que les membres de votre équipe ne sont généralement pas encouragés à
proposer des idées et à poursuivre ces innovations. Examinez en quoi ce facteur est si important et
regardez comment d’autres organisations créent un environnement qui encourage la participation
de chacun.
ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
L’environnement physique dans lequel nous travaillons a un effet considérable sur l’innovation.
Malheureusement, de nombreux bureaux ne sont pas conçus avec l’innovation en tête. Selon votre
résultat, il semblerait que votre organisation s’inscrive dans cette catégorie. Quelques ouvrages
proposent des façons spécifiques de modifier l’environnement physique et d’agir sur celui-ci afin
qu’il favorise une culture de l’innovation.
58
Énoncés 21 et 22. Votre organisation n’est pas très chaude à l’idée de prendre des risques.
L’échec et l’expérimentation ne sont pas bienvenus. Documentez-vous pour changer d’approche et
d’attitude en matière de prise de risques. Allez chercher des exemples pratiques sur la façon dont
d’autres organisations le font avec beaucoup de succès.
Énoncés 23 et 24. Il est possible d’avoir plus de cohésion dans les relations pour l’ensemble
de votre organisation. Un sentiment général d’unité est un moteur très important d’innovation.
Diverses méthodes existent pour améliorer la cohésion au sein de votre organisation.
Énoncés 27 et 28. L’environnement physique dans votre organisation n’en est probablement pas
un qui favorise l’innovation. Différentes techniques sont proposées dans la littérature scientifique
pour améliorer votre environnement afin qu’il soutienne activement une culture de l’innovation.
L’IMPACT
ET LE
STORYTELLING
Le storytelling (mise en récit) est un outil puissant de
communication pour inspirer le changement et propulser
l’action. Les histoires générées autour des personnes qui
bénéficient des services d’une organisation ont souvent un
énorme impact en termes de mobilisation d’un large public.
Nous explorons dans ce chapitre l’art de construire des
histoires captivantes qui visent notamment à influencer les
leaders d’opinion et les preneurs de décisions.
Le storytelling, ou mise en récit, est une méthode de communication basée sur une structure
narrative du discours qui s’apparente à celle des contes. Le storytelling vise à concilier information
et émotion, raison et passion. L’histoire relatée s’appuie sur des événements et des actions.
Le storytelling est né avec l’humanité. Nos ancêtres ont raconté des histoires pour transmettre
des informations, pour divertir, pour inspirer... Chaque culture possède ses légendes et ses mythes
(la Chasse-Galerie, Excalibur, les Amazones...). Ce qui est plus récent, par contre, c’est la notion
de storytelling appliquée aux organisations dans un contexte de marketing et avec un objectif
commercial. Cette tendance s’est développée dans les années 90 aux États-Unis. Trois éléments
l’ont propulsé :
1 • Des études ont démontré son efficacité dans un contexte de travail.
2• Des livres grand public ont fait connaître le sujet et la technique.
3• Des spécialistes utilisant le storytelling ont émergé dans le monde corporatif.
Si le storytelling a autant gagné en popularité de nos jours, c’est entre autres parce qu’il répond à :
• Une époque en panne de MYTHES et en quête de HÉROS
• Une société en perte de SENS
• Un besoin de VALEURS SÛRES, ces « refuges du passé »
• Un environnement d’HYPERSOLLICITATION
• Une « infobésité » qui est source de COMPLEXITÉ
• Une ère de marketing RELATIONNEL et INTERACTIF
Ainsi, nous devons informer autrement les personnes que nous voulons mobiliser. Pour ce
faire, nous ne pouvons plus seulement parler de notre mission et de nos activités. Nous devons
développer des stratégies pour émouvoir nos publics, les toucher et les motiver afin qu’ils aient le
goût d’en savoir davantage sur nous et de collaborer à la réalisation de nos objectifs. C’est ce que
permet le storytelling dans cette ère du digital qui fait ressortir néanmoins deux paradoxes :
1 • Se côtoient des histoires détaillées issues du journalisme d’enquête et des messages de
140 caractères et moins.
2• Il n’y a jamais eu autant de manières d’atteindre des publics variés tout comme il n’a jamais été
aussi difficile de vraiment rejoindre ces publics.
61
10 FONCTIONS DU STORYTELLING
STORYTELLING ET Les neurosciences ont apporté récemment des éclairages sur le storytelling
en démontrant notamment que des histoires fortes engendrent la production
NEUROSCIENCES d’hormones : A) la dopamine, qui nous aide à se souvenir d’une expérience avec
plus d’exactitude; B) l’ocytocine, qui nous incite à davantage de coopération.
Les histoires stimulent également les parties du cerveau qui augmentent
l’empathie. Voici quatre autres éléments identifiés dans la littérature.
6 EXEMPLES DE Vous souhaitez rédiger une histoire sur votre organisation ? Vous trouverez
ici 6 exemples possibles de storytelling. Il vous suffit de vous laisser guider
STORYTELLING par les questions. En initiant ce travail, votre organisation favorise la
cueillette de données et alimente son réflexe de produire des histoires qui
ORGANISATIONNEL pourront rapidement servir à plusieurs usages. En effet, en ayant établi des
bases, il sera plus facile par la suite d’ajuster ces histoires en fonction d’un
public cible spécifique.
des HistOires sur ce que VOus Faites des HistOires pOur surmONter les OBstacles
> Quelles activités mémorables menez-vous ? > Face à une situation difficile, comment avez-vous réagi
> Dans quoi investissez-vous votre temps et votre énergie ? et persévéré ?
> Quels sont les événements reliés à votre travail qui vous > Pourquoi votre organisation a-t-elle réussi et survécu ?
ont procuré une grande fierté ? > Quelles forces avez-vous utilisées ?
65
PROCESSUS Par quoi commencer ? Écrire une histoire, c’est bien choisir son message-
clé, identifier ses personnages, définir l’intrigue et sélectionner l’information
POUR CRÉER pertinente. La création d’une histoire repose sur une structure narrative
et des éléments significatifs. Nous vous proposons les 4 grandes étapes
UNE HISTOIRE suivantes pour construire votre histoire (vous trouverez à la fin de ce chapitre
cinq modèles de storytelling pour vous guider).
7 CONSEILS POUR Comment trouver une bonne histoire ? Trouver une bonne histoire n’est
pas simple, surtout quand on vit nos premières expériences d’identification
TROUVER UNE et de rédaction d’histoires. Cette étape nécessite parfois un effort d’écoute
et un petit travail d’investigation. Pour faciliter votre démarche, nous vous
BONNE HISTOIRE invitons à suivre les 7 conseils suivants.
1 2 3
preNeZ VOtre temps ÉcOuteZ sOYeZ curieux
Ralentissez et gardez vos Pour trouver une grande Pensez comme un journaliste,
yeux ouverts pour les histoire, vous avez besoin soyez investigateur. Ne vous
possibilités qui émergeront. d’être en mode écoute. contentez pas d’une réponse
Si vous roulez toujours à Soyez vigilant sur ce que brève ou de la première
grande vitesse, vous ne racontent les fondateurs, les réponse. Questionnez pour
pouvez pas remarquer les utilisateurs, les bénévoles. en apprendre davantage sur
histoires qui se déroulent Posez des questions, laissez l’histoire.
devant vous. les gens parler et prenez
des notes.
4 5 6
impliqueZ les memBres sOrteZ des seNtiers ÉcriVeZ VOtre HistOire
de VOtre OrGaNisatiON Battus Quand quelque chose
pour vous suggérer des Ne cherchez pas seulement de significatif se produit,
histoires. Ayez un processus les bonnes histoires faciles prenez-en note car une fois
de partage simple et facile. à raconter. Recherchez l’événement passé vous
Démontrez que vous êtes celles qui rencontrent perdrez des détails cruciaux
vivement intéressé par les des obstacles, celles qui qui enrichissent une histoire.
histoires des autres. décrivent des erreurs ou Construisez en continu
des échecs. une banque d’histoires de
référence.
7
alleZ cHercHer du
Feed-BacK
Une fois que votre histoire
est produite, demandez
à quelques personnes
ce qu’elles en pensent :
l’élément marquant, les
moments émouvants ou
motivants, les questions
engendrées, leur opinion sur
ce qu’est la grande idée de
l’histoire…
67
3 IDÉES-CLÉS En quête d’une bonne histoire, il est utile de garder à l’esprit ces 3 idées-
clés qui résument bien la contribution du storytelling dans le domaine de
À RETENIR DU la communication.
STORYTELLING
L’histoire, c’est le RÉCIT L’histoire, c’est le SENS que L’histoire, c’est la FLAMME
que nous en faisons, pas nous donnons à nos actions, qui anime une organisation,
les événements ! Il importe pas nos expériences pas ses activités ou ses
de relier les événements vécues ! Il faut aller au-delà services ! Il est bon de faire
entre eux par un fort lien des seules expériences ressortir la passion des gens
de causalité, de manière à vécues pour dévoiler la à la base de leurs activités,
montrer qu’un événement valeur de nos actions à la vision qui pousse une
en entraîne un autre, nos yeux ou aux yeux du organisation à aller de
comme sa suite logique. public, ce qu’elles révèlent l’avant et à mettre tant
de notre motivation ou de d’énergie pour atteindre
notre détermination. ses objectifs.
68
RÉFÉRENCES
• SMITH, Paul. Lead with a Story. A Guide to Crafting Business Narratives That
Captivate, Convince, and Inspire. AMACOM, 2012, 275 pages.
69
OUTILS DE
STORYTELLING
70
09• IMPACTS
Les 2-3 impacts à moyen
ou long terme que votre
organisation aimerait avoir
par ses actions ?
UNE STRUCTURE Cette structure permet de développer des histoires portées par
l’action. Elle comprend un enchaînement de péripéties qui mettent
• Chaque jour…
Ajout de détails
• De plus…
• Mais un jour…
Élément qui change la routine,
• Tout a changé quand…
événement perturbateur
• Les difficultés ont commencé lorsque…
• À cause de cela…
Conséquence #1 ou épreuve #1 • Il s’est donc produit…
• En conséquence…
• Et depuis ce jour…
Résolution ou situation finale • Aujourd’hui, le résultat est…
• L’avenir se présente comme…
Adapté de : Tina SEELIG. Insight out. Get Ideas Out of Your Head and Into the World. HarperOne, 2015, pages 173-175.
72
5 ÉTAPES
de valeur » et à vouloir en savoir plus lors d’un prochain rendez-vous.
2 accroche
5
3
conclusion
solution > Quels sont vos besoins ?
> Quelle est votre idée de base
et les 2-3 ingrédients-clés ? 4 valeur ajoutée
> Quel est votre appel à l’action ?
L’HISTOIRE Comment écrire sa propre légende ou l’histoire d’un héros ? La plupart des
histoires ont leur héros. L’histoire met en scène un héros dans un contexte
BASÉE SUR UN difficile, dans des situations critiques ou devant des choix délicats, lesquels
exigent de lui des forces et des qualités particulières. Son récit de vie (ou d’une
Définir la quête, Choisir le ou les héros Identifier les alliés Identifier le « méchant »
ÉTAPES
la mission ou les forces contraires
> Quelle est votre quête > Qui est le héros de votre > Sur qui le personnage > Qui est l’antagoniste (ou
principale ? histoire ? principal peut-il compter les forces contraires) ?
> Est-ce un enjeu > Qui peut le mieux pour accomplir sa mission > En quoi s’oppose-t-il à
suffisant ? l’incarner (fondateur, (ses alliés) ? l’accomplissement de
employé, client) ? > Qu’est-ce qui motive les la mission ?
QUESTIONS alliés du héros dans sa
quête ?
> Quels sont les liens qui
se créent ?
Adapté de : Sébastien DURAND. Storytelling. Réenchantez votre communication. Dunod, 2011, 192 pages.
75
15
Lister les obstacles qui Déterminer quand la Renvoyer à l’information Ouvrir un nouveau chapitre
surgissent au fil de la quête mission est accomplie rationnelle, au moment
de vérité
> Que s’est-il passé ? > Qu’est-ce qui marquerait > Quels enseignements > Comment pourriez-vous
> Quels obstacles se la fin de la quête ou de la peut-on tirer de cette relancer l’histoire par une
dressent sur la route crise ? histoire ? nouvelle quête ou sous
> Le héros va-t-il réussir > En quoi cette situation une autre forme ?
du protagoniste ?
> Quels échecs le héros malgré les obstacles ? finale met-elle en lumière > Pouvez-vous imaginer
votre expertise, votre d’autres enjeux ?
a-t-il vécus ?
légitimité ou votre
> Quelles barrières crédibilité ?
jalonneront sa route ?
> De quelle façon réconcilie-
> Lesquelles semblent t-elle l’émotion et la
insurmontables ? raison ?
76
1 2 3 4 5
RÊVE ACTION LUTTE ASCENSION ARRIVÉE
moment d’inspiration moment de décision moment de bravoure moment d’endurance moment de réflexion
Vous mettez en œuvre une Le temps est venu pour les Au moment de lutter, les Le projet est plus ambitieux Ça y est ! Votre équipe et
PHASES
vision, une initiative ou un gens de s’engager dans le gens se rassemblent pour et plus long que prévu, et vous-même avez franchi la
produit qui génère un nou- changement. Il vous faut les s’encourager par la force l’enthousiasme commence ligne d’arrivée ou une étape
veau cycle de transforma- convaincre d’accepter de du nombre. Un cri de à se refroidir. Les gens importante. Le temps est
tion. Les gens ont besoin nouvelles responsabilités et ralliement aide à préparer perdent de vue les raisons venu de souligner les pe-
de comprendre et trouver d’aller au bout des actions la lutte à venir. pour lesquelles ils s’étaient tites et les grandes victoires.
des renseignements sur le qu’ils entreprennent. greffés au projet et ont be- Permettez aux membres de
processus qui les attend. soin d’aide pour retrouver le votre équipe de savourer
courage de le mener à bien. leurs réalisations et la recon-
naissance qui leur est due.
Histoire d’appel entendu Histoire de récompense Histoire de victoire sur Histoire de triomphe Histoire de succès
MOTIVATION
Histoire d’appel négligé Histoire de récompense Histoire de retour en Histoire de perte de Histoire de leçon
Parlez d’un échec par ignorée arrière repères Racontez un échec.
rapport à une occasion Expliquez le danger de Décrivez la sensation d’être Parlez d’égarement ou Qu’est-ce qui n’a pas
manquée ou à un demeurer fidèle aux vieilles dominé par l’adversaire, d’abandon d’un combat. fonctionné et comment
avertissement ignoré. pratiques. Quand avez- quand quelqu’un d’autre ou Quand avez-vous décidé est-ce arrivé ? Qu’avez-vous
De quels signes n’avez- vous réalisé que des idées vous-même avez échoué à que la lutte n’en valait plus appris de vos échecs ?
vous pas tenu compte dépassées vous freinaient ? surmonter des obstacles. la peine ? Qu’avez-vous
et quelles en ont été les Qu’auriez-vous dû laisser Comment auriez-vous pu appris lorsque vous n’aviez
conséquences ? aller et pourquoi ? réussir à gagner ? pas d’orientation précise ?
Adapté de : Nancy DUARTE et Patti SANCHEZ. Illuminate. Ignite Change Through Speeches, Stories, Ceremonies, and Symbol. Portfolio/Penguin, 2016, 323 pages.
77
DU FUTUR Par la suite, nous reprenons à peu près les mêmes informations mais en
organisant le tout dans l’esprit du storytelling, c’est-à-dire en suivant une
structure narrative et en se basant sur le personnage central de Miguel.
Format Compétences est une organisation à but non lucratif basée Le programme a débuté par un projet pilote et celui-ci a été un tel
dans le quartier St-Michel à Montréal. Elle existe depuis 15 ans et sa succès que dès l’année suivante 12 personnes ont été sélectionnées
mission est la réinsertion en emploi des personnes immigrantes ou pour être créatifs en résidence. Format Compétences est convaincue
ayant un parcours atypique. Nous rejoignons plus de 800 individus qu’il y a un potentiel énorme puisque le monde du travail change
par année en offrant des formations et de l’accompagnement afin de rapidement et qu’il est important d’oser explorer de nouvelles
redonner espoir aux personnes pour qu’elles se prennent en charge avenues. Notre intention est que d’ici trois ans, au moins 50 stagiaires
et améliorent leur situation. par année s’intègrent dans une variété d’entreprises et contribuent
à rendre celles-ci plus créatives, notamment en y organisant des
Format Compétences compte sur une équipe de 10 professionnels
activités de cocréation ou en ayant un rôle d’observateur afin
et d’une quinzaine de mentors expérimentés qui savent écouter et
d’émettre certaines recommandations. Format Compétences a
donner de judicieux conseils. Au fil des années, l’organisation est
récemment été invitée à donner une conférence en France pour
devenue une référence incontournable dans son secteur. Le prix reçu
exporter son savoir. De plus, un partenariat de recherche avec
l’année passée par la Ville de Montréal à titre d’organisation citoyenne
l’UQAM a été conclu pour documenter le programme Créatif en
de l’année est venu mousser sa notoriété.
résidence et évaluer son impact. Ainsi, l’intérêt grandissant de
Constatant que la société québécoise change vers plus de diversité plusieurs acteurs crédibles est très prometteur.
ethnoculturelle et que la créativité est une compétence de plus
Format Compétences a besoin d’appuis financiers pour propulser
en plus recherchée par les organisations, Format Compétences a
son programme. Nous cherchons des entreprises qui croient en la
décidé de lancer un nouveau projet visant à mettre de l’avant une
valeur des personnes ayant un parcours atypique ou marginal. Ces
culture d’expérimentation. C’est ainsi que depuis mai 2016 existe le
dernières ont souvent un esprit entrepreneurial qui ne demande qu’à
programme Créatif en résidence, un stage d’une durée de six mois
être soutenu. Contribuez pour que 50 personnes par année vivent
dans une entreprise où la personne choisie a comme objectifs de
une expérience mémorable et soient des acteurs de premier plan
créer des maillages entre les employés et de susciter un climat
dans une économie du savoir où la notion d’innovation est plus que
favorisant la prise de risques. Le stagiaire est alors accompagné
jamais incontournable.
par deux mentors dont l’expertise est en lien avec le changement
et l’innovation. C’est donc toute une équipe qui participe à
l’amélioration de l’entreprise prête à se lancer dans l’aventure.
78
Tout a commencé quand Miguel Rodriguez est arrivé à l’organisme Le programme Créatif en résidence a maintenant un an et est
Format compétences un jour de mai 2016, avec la mine basse mais voué à prendre de l’expansion. Déjà 12 projets de stage sont en
une volonté de changer les choses. Miguel, alors âgé de 25 ans, est cours de réalisation et on envisage que d’ici trois ans, plus de
d’origine colombienne et réside au Québec depuis six ans. Après 50 projets par année auront lieu. L’intention est de renouveler
avoir suivi des cours de francisation et complété son cégep, Miguel la contribution qu’un stagiaire peut apporter à une entreprise
voulait trouver un emploi qui a du sens. Ayant un profil culturel, en assumant un leadership pour que la créativité devienne une
notamment comme artiste de rue en Colombie, il cherchait un priorité organisationnelle. Par ailleurs, un partenariat avec l’UQAM
travail où sa créativité serait mise à contribution. Après avoir est en cours pour documenter l’initiative et évaluer son impact.
postulé 25 fois pour des emplois et passé quatre entrevues qui Miguel a également été invité en France pour donner sa première
n’ont rien donné, il a dû se résigner à travailler pour une compagnie conférence à l’international. Format compétences a démontré
de nettoyage dans les hôtels. Deux ans de ce travail ont eu un que les personnes ayant un parcours atypique sont souvent des
impact sur sa santé qui commençait sérieusement à dépérir. entrepreneurs qui ne demandent qu’à être soutenus. Pour en savoir
plus, vous pouvez contacter Miguel Rodriguez, qui fait maintenant
En mai 2016, Miguel prend donc rendez-vous avec l’intervenante
partie de l’équipe de Format compétences à titre de responsable
Christine pour échanger sur sa situation. Format compétences
des stages en entreprise.
est un organisme d’insertion en emploi de personnes qui sont
13
nouvellement arrivées au pays ou qui ont eu des parcours de vie
difficiles. En discutant avec Miguel, Christine s’est rendu compte
qu’il ne savait pas comment mettre en valeur ses compétences
créatives. Pourtant, il fait preuve de beaucoup de débrouillardise,
ce qui a un lien évident avec l’innovation, compétence de plus
en plus recherchée par les employeurs. Après deux rencontres,
Christine a proposé à Miguel d’embarquer dans un projet pilote
avec cinq autres personnes comme lui.
L’IMPACT
ET LE DESIGN
THINKING
Le design thinking (pensée design) est une méthodologie créative
de résolution de problèmes basée sur l’empathie et la découverte.
Elle s’appuie sur les usagers afin d’élaborer des expériences
désirables et susciter le développement viable d’un projet ou
d’une organisation. Une des manières d’augmenter son impact est
de bien connaître les personnes que l’on veut rejoindre et de faire
un travail rigoureux pour intégrer leurs points de vue et besoins
dans les services ou produits proposés.
Si le courant du design thinking est assez récent, quelques Au début des années 90, David Kelley fonde l’agence
jalons historiques ont permis de le façonner. La publication de design IDEO qui met au point un nouveau mode de
de livres sur la pensée visuelle par le psychologue Rudolf résolution de problèmes intégrant le décloisonnement,
Arnheim (1969) et l’ingénieur Robert McKim (1972) ont le dynamisme et la remise en question. IDEO jouera un
grandement inspiré la méthodologie du design thinking. rôle important pour faire connaître à un large public le
Dans les années 70, l’économiste et sociologue Herbert design thinking en utilisant une terminologie et des outils
Simon a énoncé des principes et un processus pour une accessibles. À la même époque, Richard Buchanan écrit
science du design. On voit alors le prototypage rapide et un article phare dans lequel il démontre que le design
le test à partir d’observations comme étant des moyens thinking permet d’intégrer les disciplines et de résoudre
privilégiés pour arriver aux solutions les plus satisfaisantes. des problèmes complexes de manière holistique en ayant
recours à une démarche d’innovation. Tout cela converge
En 1982, Nigel Cross, professeur-chercheur en design,
quand le design thinking se voit enseigné pour la première
popularise le design comme une discipline à part entière.
fois en 2005 à la Stanford School of Design et quand
À ce titre, le designer joue un rôle central dans le processus
Tim Brown d’IDEO lance un livre en 2009 et propose une
de résolution de problèmes qui se veut méthodique et
définition qui fait toujours référence aujourd’hui :
reproductible. Peter Rowe, professeur d’architecture et de
design urbain, lance en 1987 le premier livre sur le design
thinking. Pendant la même période, Donald Norman, Le design thinking est une discipline qui
professeur en sciences cognitives, introduit la notion
de design centré sur l’utilisateur. Il définit ainsi le design
utilise la sensibilité, les outils et méthodes
participatif en mettant l’accent sur les intérêts et les besoins des designers pour permettre à des
de l’usager.
équipes multidisciplinaires d’innover en
mettant en correspondance attentes
des utilisateurs, faisabilité technique et
viabilité économique.
81
Innovation
émotionnelle
Depuis, on assiste à un foisonnement d’écrits, de formations,
de consultants et d’agences qui permettent l’application
du design thinking dans les entreprises et le rendent
incontournable. Celui-ci a même fait récemment son entrée
Désirabilité Viabilité dans les gouvernements, les institutions et les collectivités
(humaine) (économique) pour repenser les services publics (ex. : renouveler la relation
entre une mairie et ses citoyens, revoir l’expérience du patient
à l’hôpital, envisager autrement l’enseignement à l’université…).
Innovation Faisabilité À cet égard, on peut distinguer trois grands types d’usages
fonctionnelle Innovation du design thinking dans les organisations publiques :
(technique) de processus 1• Explorer un problème par l’immersion sur le terrain.
2•Produire des scénarios alternatifs en y associant les
diverses parties prenantes.
Innovation 3•Mettre en œuvre de nouvelles pratiques ou solutions.
Expérience Enfin, plusieurs courants complémentaires se développent :
design de service, codesign, design social, design pour le
bien public… Ceux-ci participent à l’évolution du design sous
diverses formes mais partagent tous un même état d’esprit
de collaboration et d’élaboration de solutions à partir
d’observations, d’entrevues ou d’ateliers.
82
1 2
le mythe du créateur de génie qui comprendre l’usager ou l’utilisateur
travaille en solo, car l’histoire nous nous permettra de proposer
a démontré que c’est rarement le des réponses adéquates à ses
cas. On postule que la créativité besoins. Pour ce faire, on doit aller
est le moyen idéal pour produire sur le terrain en situation vécue
de nouvelles réflexions et solutions par « l’autre » afin de bien saisir
autour d’un défi quelconque. De ses sentiments, ses émotions,
plus, en collaborant avec des son environnement. Cela exige
personnes provenant de divers de faire preuve de beaucoup
secteurs et champs disciplinaires, d’ouverture et d’écoute, de mettre
on vise à avoir une meilleure de côté nos propres préjugés et
analyse de la situation. Cela aide biais pour éviter les mauvaises
également à identifier des réponses interprétations. En design thinking,
globales aux problématiques on s’intéresse beaucoup aux
complexes auxquelles nous usagers qui sont dans la marge car
sommes confrontés et à surmonter c’est généralement ceux qui vont
ensemble l’ambiguïté inhérente aux nous fournir le plus d’informations
processus créatifs. pertinentes pour développer des
solutions innovantes.
83
uN prOcessus NON liNÉaire uNe attitude axÉe sur la uNe culture FaisaNt la
mais structurÉ, uNe diVersitÉ curiOsitÉ, l’appreNtissaGe prOmOtiON de l’explOratiON,
d’Outils À utiliser et l’Optimisme de l’expÉrimeNtatiON et de
l’itÉratiON
Le design thinking s’appuie sur un Certains auteurs définissent le
processus rigoureux comprenant design thinking comme un état Trois mots-clés caractérisent
3 4 5
plusieurs étapes et sur une d’esprit qui permet la découverte et la culture propulsée par le
panoplie d’outils pour favoriser l’élaboration de meilleures réponses design thinking : exploration,
la médiation entre les différents à une situation donnée. À ce titre, la expérimentation et itération.
acteurs participant à la démarche. curiosité est de mise pour creuser L’exploration est la capacité à
Le facilitateur doit être à l’écoute du des dimensions méconnues, avoir faire un examen approfondi d’une
groupe tout en le faisant cheminer un nouveau regard sur les choses situation ou d’un sujet par diverses
vers l’atteinte de résultats. et favoriser les combinaisons voies, quitte à effectuer des détours
Parfois, un retour en arrière est originales. En acceptant d’élargir ou à emprunter des chemins
nécessaire pour préciser certains nos perceptions, cela suscitera imprévus. Dans l’expérimentation,
éléments oubliés ou abordés trop nécessairement des occasions il y a nécessairement des essais et
rapidement. Ainsi, le processus est d’apprentissage sur lesquelles le des erreurs et certaines conclusions
non linéaire et souple pour intégrer groupe pourra tabler. Enfin, une que l’on tire des observations
les nouvelles informations qui attitude optimiste est préconisée de nos expériences. Quant à
apparaissent au gré des rencontres dans la mesure où on affirme que l’itération, elle permet d’identifier
ou en fonction de l’avancement les individus ont les capacités les bonifications à apporter suite
d’une initiative. Le choix d’outils ou nécessaires pour faire face à à la mise en forme d’un concept
de techniques est fait en fonction n’importe quel défi, en autant qu’on grâce à la rétroaction issue de nos
des objectifs et des livrables et se donne le temps et les moyens expérimentations, nous faisant
s’inspire de l’ethnographie, de pour activer la prise de parole au cheminer plus rapidement vers une
la créativité, du marketing, de sein d’un groupe. conception adéquate.
l’urbanisme participatif…
84
5 Partager ses inspirations avec les autres. Faites le tri dans les apprentissages que
vous avez faits en classant par familles les éléments identifiés ou en résumant vos
observations. Dégagez ainsi quelques pistes à partager avec les autres pour récolter
du feed-back et susciter de l’adhésion pour les prochaines étapes du processus. En
fonction de la rétroaction reçue, cela vous permettra d’affiner ce qu’il vous manque
comme information ou d’identifier des points à creuser dans la phase idéation.
88
> Suis-je en train d’écouter ? > Suis-je en train d’attendre > Suis-je en train d’écouter ce
> Serais-je capable de répondre que l’autre arrête de parler qui est similaire à ce que je
à une question si une pour que je puisse enfin dire connais déjà, ou est-ce que
personne m’en posait une quelque chose ? mon attention se porte sur les
maintenant ? > Suis-je en train de répéter personnes qui sont en accord
dans ma tête ce que je ou pas avec ce que je viens
m’apprête à dire au lieu de dire ?
d’écouter avec attention ce > Suis-je en train d’identifier
qui se dit maintenant ? des alliés dans cette
conversation afin que je
puisse leur adresser mon
prochain commentaire ?
Adapté de : Melis SENOVA. This Human. How to Be the Person Designing for Other People. BIS Publishers, 2017, pages 96-99.
89
– Emphase sur le factuel – Emphase sur la connexion – Emphase sur les idées
– Écouter pour identifier – Écouter à partir de la produites
des preuves perspective de l’interlocuteur – Écouter pour identifier et
cocréer des possibilités
> Suis-je en train d’écouter > Suis-je en train d’écouter avec > Suis-je en train d’utiliser mon
afin d’identifier des preuves la seule intention de connecter empathie et mon intuition
confirmant ce qui est vrai dans avec la perspective de l’autre ? pour bien comprendre le
ce que disent les autres ? > Est-ce que je comprends et contexte et les motivations
> Est-ce que j’analyse les ressens profondément ce que de l’autre afin d’obtenir les
faits qui soutiennent leur cela veut dire d’avoir cette meilleurs échanges ?
argumentaire ? perspective ? > Est-ce que je suis enclin
à identifier de nouvelles
possibilités pour s’assurer
que nous sommes en mesure
de générer une alternative
significative ?
90
1 2 3
CONSTRUIRE AU LIEU OBTENIR UNE RÉTROACTION ÉCHOUER RAPIDEMENT
DE SEULEMENT PENSER DES PARTIES PRENANTES ET POUR RÉUSSIR PLUS TÔT
DES UTILISATEURS FINAUX
Voir et interagir avec vos idées Le prototype est axé sur du
est une manière efficace de La rétroaction est un cadeau concret et sur le principe
dénouer les nœuds et d’avoir qui stimule l’apprentissage et d’itération. En faisant des
plus rapidement de meilleures permet d’aller plus loin avec erreurs tôt dans le processus
solutions. En illustrant des vos idées. En allant chercher vous avez la possibilité
concepts intangibles par auprès de plusieurs personnes de faire rapidement des
des images, des symboles, les coups de cœur et les ajustements. Ces correctifs
des dessins, des objets, des éléments flous méritant d’être vous permettront de sauver
vidéos, des jeux de rôles ou approfondis, vous recevez des du temps et de l’argent. En
une improvisation, cela facilite indications pour bonifier votre effet, la première version
la délibération au sein d’un prototype. N’essayez pas de d’un produit ou d’un service
groupe et vous invite à rebondir vendre votre idée ou de la est rarement la bonne. C’est
sur les idées des autres. De défendre. Posez des questions davantage à la troisième ou
plus, le prototypage suscite et écoutez attentivement le quatrième version que l’on
la participation des personnes feed-back tout en prenant des tient quelque chose de solide.
moins enclines à se commettre notes. Observez le langage non Ainsi, avant de vous lancer
et à exprimer leurs idées par verbal, parfois plus important en mode production, vous
des voies conventionnelles ou que ce que disent les gens. aurez l’occasion d’améliorer
rationnelles. constamment votre idée à
peu de frais et de bénéficier
de conseils judicieux de
plusieurs personnes.
91
RÉFÉRENCES
• BASON, Christian. Leading Public Design. Discovering Human- • MANZINI, Ezio. Design, When Everybody Designs. An Introduction
Centred Governance. Policy Press, 2017, 257 pages. to Design for Social Innovation. MIT Press, 2015, 241 pages.
• BROWN, Tim. L’esprit Design. Comment le design thinking change • MATHIEU, Florence, et Véronique HILLEN. Le design thinking par
l’entreprise et la stratégie. Pearson, 2014, 264 pages. la pratique. De la rencontre avec l’utilisateur à la commercialisation
d’un produit innovant pour les seniors. Eyrolles, 2016, 165 pages.
• DESIGN INNOVATION. Manager ses projets et son organisation avec
le design thinking. 2016, 96 pages. https://www.designinnovation. • SENOVA, Melis. This Human. How to Be the Person Designing for
be/?option=com_static_pages&pageName=livre_blanc Other People. BIS Publishers, 2017, 208 pages.
• DORST, Kees, et autres. Designing for the Common Good. BIS • STICKDORN, Marc, et autres. This Is Service Design Doing. Applying
Publishers, 2016, 206 pages. Service Design Thinking in the Real World. A Practitioners’
Handbook. O’Reilly, 2018, 542 pages.
• IDEO. Le guide pratique du design centré sur l’humain. IDEO, 2015,
https://www.thisisservicedesigndoing.com/methods
189 pages. http://www.designkit.org/resources/1
• VINCENT, Stéphane. Design des politiques publiques : les prémisses
• IDEO. Le design thinking en bibliothèque, traduit de l’anglais par
d’une nouvelle culture managériale. 14 mai 2017.
Émilie Barbier, Coline Blanpain et Pascale Chartier. 2016, 121 pages.
http://www.la27eregion.fr/design-des-politiques-publiques-les-
http://lrf-blog.com/design/
premisses-dune-nouvelle-culture-manageriale/
• KELLEY, Tom, et David KELLEY. La confiance créative. Tous
innovateurs avec le design thinking. InterÉditions, 2016, 256 pages.
OUTILS
DE DESIGN
THINKING
93
LES GRAMMES Les Grammes consistent en une série de 10 outils que nous avons développés
et qui s’inspirent des nombres et de la pensée visuelle (mode reposant sur les
processus de traitement de l’information visuelle par le cerveau). Les Grammes
ont pour but de favoriser le travail en équipe, de susciter la créativité et de
produire des résultats plus complets. Ils peuvent être employés à différents
moments du processus de design thinking, notamment lors des étapes de
compréhension de la problématique, de génération des idées ou pour identifier
les éléments-clés d’un storytelling.
• D’inscrire la question abordée sur chacun des Grammes pour l’avoir en vue.
Pour le choix d’un Gramme par rapport à un autre, nous utilisons beaucoup notre intuition en fonction de la question ciblée.
À force d’utilisation, nous pouvons voir que tel Gramme a tendance à susciter tel type de réponses, le choix d’un outil ayant
une influence sur la production de contenus. Sinon, parfois nous laissons les équipes choisir spontanément le Gramme qui
les interpelle le plus. Enfin, quand nous travaillons avec des grands groupes (donc plusieurs équipes de 4 à 6 personnes), il
est bon d’utiliser plusieurs Grammes avec la même question pour obtenir une diversité de réponses.
LA PERSONA Une persona est une personne fictive et stéréotypée selon des critères
déterminés. On y a recours pour représenter les différents utilisateurs d’un
service ou pour établir les grandes composantes d’un profil type. L’objectif
derrière la création de personas est de s’approcher des usagers que l’on
veut rejoindre en identifiant des éléments-clés et en nous faisant prendre
conscience du facteur humain. Bien que la persona soit un archétype, elle n’est
pas déconnectée de tout contexte. En effet, nous avons tendance à y projeter
une multitude d’individus que nous avons rencontrés, la persona devenant en
quelque sorte une synthèse de nos représentations.
Cet outil est propice dans la phase inspiration. C’est aussi un outil de dialogue et de médiation
qui peut être utilisé sur le terrain pour obtenir une rétroaction des vrais usagers sur la perception
qu’on en a (quels éléments des personas développées en atelier correspondent à la réalité et
quels éléments sont en décalage).
Pour réaliser des personas, il est préférable :
• D’avoir plus d’une version d’une même persona, sinon la représentation en est limitée et on ne
pourra pas faire de comparaison.
• De segmenter les personas en catégories pour avoir plus de précision. Par exemple, si on veut
rejoindre des agriculteurs dans le cadre d’un projet X, il serait intéressant de définir 6 personas
différentes : une persona homme (agriculteur) et une persona femme (agricultrice) de 20 à 35
ans, deux personas, homme et femme, de 36 à 50 ans, et deux autres de 51 ans et plus. Cela
nous permettrait d’envisager plusieurs générations d’agriculteurs et agricultrices et de voir s’il
y a des différences entre les genres.
Une fois les personas produites, le plaisir est d’écouter les équipes nous les présenter. Un porte-
parole nous présente une première persona en l’identifiant par son nom et en la décrivant
comme si elle était réelle. Nous continuons ainsi de suite pour connaître l’ensemble des personas
développées. La dernière partie de l’atelier consiste à faire une analyse en identifiant les points en
commun des personas (convergence) et leurs particularités. Évidemment, nous vous invitons à
tout noter ce qui émerge des échanges car ce sont des informations et des analyses précieuses.
96
Voici un canevas type de persona que nous utilisons depuis plusieurs années et qui doit être ajusté en fonction de
l’usager à rejoindre et des éléments spécifiques que vous voulez aborder (les étapes 1 à 4 dans le canevas). Lors d’un
atelier portant sur la création d’un kiosque dynamique promouvant les carrières scientifiques auprès des jeunes, nous
avions produit 4 catégories de personas qui concernaient autant les filles que les garçons : 11-12 ans, 13-14 ans, 15-16 ans
et 17-18 ans. Les questions formulées étaient les suivantes :
• HISTOIRE DE VIE : Quels sont les 2-3 événements marquants (positifs ou négatifs) de cette personne
en lien avec son éducation (volet scolaire, parascolaire, social, relationnel...) ?
• PRÉOCCUPATIONS : Quelles sont les 2-3 principales préoccupations dans la vie de cette personne ?
• FRUSTRATIONS : Quelles sont ses 2 principales frustrations en lien avec l’école ?
• PASSION : Quelle passion cette personne a-t-elle dans la vie ?
Racontez-nous 2-3 événements déclencheurs ou marquants dans Quelles sont les 2-3 principales préoccupations dans la vie de cette
l’histoire de vie de cette personne en lien avec... personne ?
LE Le storyboard est une technique inspirée du cinéma dont le but est d’identifier et
représenter visuellement les principales étapes d’une initiative ou d’une expérience
STORYBOARD d’un usager. Le storyboard permet ainsi d’élaborer des scénarios répondant à un
objectif spécifique. Cet outil concorde bien avec la phase d’implémentation et avec
les étapes autour d’un projet pilote ou de sa mise en œuvre.
# ............................
L’outil développé consiste en une fiche cartonnée que l’on reproduit en plusieurs
exemplaires pour illustrer un cheminement. Cet outil permet donc d’identifier les Titre :
étapes importantes en précisant les éléments suivants : A) numéro de l’étape,
B) son titre, C) dessin ou symbole représentant l’étape, D) obstacle pouvant
survenir durant cette étape, E) élément favorisant la réussite et se voulant une
réponse à l’obstacle identifié auparavant. dessin ou symbole
En cours d’exercice, il est facile d’insérer une nouvelle fiche entre deux autres
déjà développées pour avoir plus de nuances, de changer l’ordre des fiches selon
le degré d’importance de chaque étape, d’en regrouper certaines si on identifie
des grandes familles d’étapes… Bref, on invite les participants à s’approprier
l’outil et à l’utiliser comme bon leur semble.
• D’avoir au moins 2 équipes qui font l’exercice, pour pouvoir comparer les ..................................................................................
résultats et ensuite réaliser une synthèse des meilleurs éléments de chacun
des storyboards. Élément favorisant la réussite
• De prendre des photos des storyboards pour garder des traces de l’exercice et .................................................................................
reproduire le contenu généré.
..................................................................................
98
L’IMPACT ET LES
LABORATOIRES
D’INNOVATION
SOCIALE
Pour faire émerger des solutions novatrices aux problématiques
sociales complexes auxquelles nous faisons face, les laboratoires
d’innovation sociale constituent des processus de choix.
Ces laboratoires misent sur la collaboration, la créativité et
l’expérimentation, tout en prônant l’agilité et la participation
active d’une diversité d’acteurs. Bien qu’ils comportent leur lot de
défis, mais aussi d’opportunités, ces processus entendent créer de
nouvelles réponses qui visent un impact social et environnemental
positif pour les générations actuelles et à venir.
La complexité des enjeux sociaux à laquelle fait face la société Dans un tel monde, pouvons-nous encore mettre en œuvre
d’aujourd’hui est indéniable. Les causes sont multiples et les des stratégies statiques et planifiées à l’avance par un petit
effets ne sont pas toujours connus ni mesurables. Les décideurs groupe de personnes ayant le pouvoir ? Et si cela nécessitait
et les experts ont souvent de la difficulté à s’entendre sur les une approche plus souple, évolutive et inclusive ? Et si nous
solutions à mettre en place. Face à cette complexité, le réflexe tentions de créer des espaces qui rassemblent la diversité
le plus courant est de vouloir contrôler et de simplifier pour ne des acteurs-clés autour d’une problématique donnée et qui
pas s’y perdre. Le danger de cette attitude est de perdre de vue leur permettent d’expérimenter collectivement différentes
l’ensemble de l’écosystème qui exerce une influence en continu approches jusqu’à ce que la situation évolue dans le sens
sur les problématiques sociales et qui commande de s’ajuster souhaité ? Ces espaces sont ce qu’on appelle des laboratoires
aux événements imprévisibles qui viendront immanquablement d’innovation sociale.
modifier la trajectoire d’une initiative.
100
Pour illustrer le changement de paradigme que cela appelle, voici un tableau présentant quelques
distinctions entre les processus traditionnels et les laboratoires d’innovation sociale.
> Approche visant à produire une solution > Approche visant à expérimenter
unique connue à l’avance différentes solutions pour augmenter les
possibilités de succès
> Approche centrée sur une organisation > Approche centrée sur le travail entre les
organisations ou au sein d’un secteur donné
> Généralement réfractaire au risque > L’échec est perçu comme un apprentissage
> Succès évalué avec des indicateurs > Le succès se mesure en termes :
prédéterminés A) de retombées humaines et sociales
(compétences, pratiques collaboratives et
réseau de partenaires créé ou renforcé)
B) de retombées physiques (nouveau
service, nouvelle initiative ou
infrastructure)
C) d’informations générées (connaissances)
102
Pour favoriser la collaboration, l’espace humain est également à ne pas négliger. Le facilitateur doit mettre en place un climat de
travail propice aux échanges et à la création, où tous peuvent s’exprimer en toute liberté. Il s’assure que les acteurs participent
à l’établissement du cadre de confiance en facilitant des conversations génératives où chacun offre une pleine présence et un
engagement soutenu. Le laboratoire d’innovation sociale est également un espace expérimental où l’on peut apprendre tout en se
mettant en action (apprentissage expérientiel). En testant une diversité d’outils et de méthodologies, un processus d’apprentissage
permanent est proposé pour notamment réfléchir aux façons de faciliter l’engagement des participants et diminuer les résistances
face à la nouveauté. Le laboratoire contribue à bâtir un savoir-faire et un savoir-être porteurs d’avenir et apportant une contribution
fondamentale aux sciences humaines et sociales. Enfin, l’espace expérimental ne peut exister que si la règle de base du droit à l’erreur
est acceptée par le groupe. À cet égard, on fait ici la promotion d’une culture de prise de risques et d’ouverture à de nouvelles façons
de voir les choses.
• Les réalisations les plus inspirantes et les plus porteuses ont été initiées par des acteurs et des
organisations initialement peu connues des partenaires traditionnels de l’Alliance.
• L’utilisation de techniques d’animation plus collaboratives, basées sur le design thinking, a permis
aux partenaires de lâcher prise, d’être plus créatifs et de passer plus rapidement à l’action.
• En invitant la communauté à rêver et à mettre en place des projets autour d’un enjeu territorial
concret, le laboratoire de collaboration CO-LAB a favorisé la réunion et la mise en commun des
forces d’une diversité d’acteurs locaux et régionaux provenant de différents secteurs d’activités
et types d’emploi.
Le design et l’animation du laboratoire de collaboration CO-LAB ont été réalisés par l’ILOT, Laboratoire Innovant
Libre et Ouvert sur les Territoires.
Pour en connaître plus sur le CO-LAB : www.colablaurentides.com
105
Réalisons Témiscouata-sur-le-Lac
Réalisons Témiscouata-sur-le-Lac est un exemple de laboratoire d’innovation sociale répondant à des aspirations
et des enjeux territoriaux. Suite à une période d’appel à aspirations/enjeux et à un forum citoyen en 2015 où les
citoyens furent invités à imaginer leur MRC, six chantiers se sont déployés afin de prototyper et expérimenter
des projets concrets en 2016 et 2017. Ces chantiers sont composés de citoyens et d’intervenants qui agissent
dans un processus centré sur la personne (design thinking).
• Les équipes de projet, composées de trois à sept personnes, doivent être réunies fréquemment.
Il est souhaitable de ne pas dépasser trois semaines entre les rencontres.
• Les rôles nécessaires au développement du projet doivent être définis et répartis entre les
membres de l’équipe.
• Les espaces de rencontre sont prévus pour permettre de travailler en équipes et pour visualiser
constamment les éléments produits auparavant.
• Les parties prenantes en lien avec le chantier doivent être impliquées afin de faciliter
l’implantation des projets en cours de développement.
• Il est important que les usagers aient une place pour influencer le processus et les décisions,
au-delà du rôle de simples testeurs.
• L’expérimentation rapide des idées par prototypage favorise l’avancement des projets.
• Pour faire cheminer un groupe vers des réussites, le facilitateur doit être positif, bienveillant
et avoir confiance en le processus.
Réalisons Témiscouata-sur-le-Lac a été accompagné par le LLio (Living Lab en innovation ouverte), un service
de transfert, de recherche et d’intervention en innovation ouverte du Cégep de Rivière-du-Loup.
Pour en connaître davantage sur Réalisons Témiscouata-sur-le-Lac : http://imaginons-tsll.llio.quebec
106
LA THÉORIE DE
CHANGEMENT EN U
PASSAGE
107
DESIGN D’UN
1- RÉUNIR UNE DIVERSITÉ D’ACTEURS
LABORATOIRE
Objectifs Exemples d’activité D’INNOVATION SOCIALE
à réaliser
• Identifier et réunir les • Revue de littérature
acteurs-clés intéressés sur la problématique
et disponibles pour traitée.
entreprendre ce
• Entrevue avec chacun
processus collectif. des acteurs identifiés.
• Présenter le modèle • Rencontre pour
du lab, son intention clarifier l’intention
et ses conditions de du lab.
participation.
• Entente d’engagement
• Amorcer le diagnostic mutuel.
en lien avec la
problématique
abordée. 3- PRENDRE UN RECUL CRÉATIF
Objectifs
BIEN ACCOMPAGNER Comme mentionné plus tôt, la mise en œuvre d’un laboratoire
d’innovation sociale nécessite un accompagnement par une équipe
UN LABORATOIRE professionnelle. Cette équipe a pour rôle de soutenir l’avancement
du lab en assurant la logistique et les communications, en facilitant
D’INNOVATION SOCIALE le processus et en évaluant la démarche. Dans cette section, nous
aborderons plus spécifiquement le rôle du facilitateur du processus.
Il est également à noter qu’au fur et à mesure que le lab évolue,
des sous-équipes peuvent émerger pour cocréer et expérimenter
différentes idées. Un modèle de gouvernance peut également se
développer pour soutenir l’évolution du laboratoire, comme un comité
de coordination, un comité aviseur ou un groupe d’ambassadeurs.
Dans le cas des labs, l’intention, le rôle et la posture du facilitateur sont des facteurs déterminants pour mener le groupe
dans l’accomplissement de sa quête, dans l’actualisation de son intention partagée. Le facilitateur doit donc être pleinement
conscient des nuances entre l’intention qui le guide, le rôle qu’il doit jouer et la posture qu’il doit adopter.
Son intention
Susciter l’appartenance au groupe en
1 créant le cadre de confiance
L’INTENTION DU FACILITATEUR
2 Aider le groupe à nommer ses espoirs et à transcender la prudence. Face à une situation
difficile, à des questionnements puissants ou à un défi d’envergure, les membres d’un groupe
ont une tendance naturelle à trouver des excuses ou à émettre des reproches. Le facilitateur
aide les individus du groupe à dépasser ce réflexe. Il travaille de manière à ce que les membres
du collectif arrivent à dévoiler leurs intérêts profonds pour les partager avec les autres membres
afin que le groupe codéfinisse sa volonté (intention partagée) et que chacun puisse y contribuer.
LE RÔLE DU FACILITATEUR
2 Hôte du processus. Bien que le facilitateur soit tout autour du groupe, il a la responsabilité
d’accueillir les individus et de prendre soin du climat. Il doit donc être à la fois capteur et
émetteur d’ambiance. Il s’assure que les espaces physiques, collaboratifs et d’apprentissage
expérientiel sont propices à l’émergence de l’innovation.
3 Facilitateur du processus. Comme la facilitation est à la fois un art, une méthode, une posture
et un métier, le facilitateur puise dans son champ des savoirs pour créer des rencontres, des
activités, des événements ou des expérimentations qui favorisent les échanges. Il utilise des
outils et des méthodes variés qui permettent des moments propices aux collaborations et qui
accélèrent l’identification de solutions novatrices.
4 Gardien du processus. Comme les démarches agiles nécessitent du lâcher prise et que les
individus sont généralement plus à l’aise dans les situations de contrôle, le rôle de gardien
du processus que doit jouer le facilitateur est essentiel. Il se trouve toujours des moments
où le groupe tend à vouloir rétablir les règles connues et où la position du groupe est remise
en question dans l’écosystème de gouvernance. Dans ces situations, il est primordial que le
facilitateur réaffirme, avec les membres du groupe, l’intention partagée, qu’il repositionne le
processus dans sa globalité et offre le temps de dialogue nécessaire au groupe pour se recentrer.
114
LA POSTURE DU FACILITATEUR
1 Présence. Être présent signifie être pleinement soi-même, avoir des conversations sincères,
écouter et parler avec attention, être bienveillant, se faire confiance et faire confiance aux autres.
Pour agir en cohérence avec son intention et son rôle, le facilitateur vise à offrir au groupe une
présence authentique et une attention soutenue. Ce faisant, il agit comme un modèle pour les
membres du collectif.
2 Écoute générative. Par son écoute attentionnée, le facilitateur entend les aspirations profondes
des individus et du groupe, et peut donc leur adresser des questions puissantes. Avec son
expérience en matière d’écoute, le facilitateur est habile à générer de bonnes questions qui
ouvrent vers de nouveaux champs d’exploration et qui stimulent de nouvelles formes de
réflexion au sein du groupe.
4 Catalyseur d’humanité. Le facilitateur fait preuve d’empathie et, par sa présence et son écoute,
œuvre à l’émergence d’une sincère complicité au sein du groupe tout en assurant la pleine
conscience des individus qui le composent. Il est sensible aux signaux d’énergie et d’émotion du
groupe. Il sait capter ces signaux et transformer ces moments en occasions d’apprentissage pour
les membres, et ce, au bénéfice de l’intention partagée par le groupe.
115
LES MULTIPLES Les laboratoires d’innovation sociale sont des espaces permettant à un
ensemble d’acteurs de cocréer et de mettre à la disposition de la société des
RETOMBÉES solutions ayant un impact réel sur des problématiques sociales complexes. Ces
laboratoires favorisent donc la création d’un nouvel écosystème de services et
DES LABS de nouvelles infrastructures (retombées physiques) en fonction des ressources
humaines et financières disponibles chez les parties prenantes.
RÉFÉRENCES
• ARNAUD, Béatrice, et Sylvie CARUSO CAHN. La boîte à outils de • MAHY, Isabelle, et Paul CARLE. Théorie U. Changement émergent et
l’intelligence collective. Dunod, 2016, 190 pages. innovation. PUQ, 2012, 267 pages.
• FORTIN, André. Laboratoire d’innovation sociale (Labis). Processus • SCHARMER, Otto. Théorie U. Diriger à partir du futur émergent.
collaboratif pour trouver des solutions à des problèmes sociaux Pearson, 2012, 420 pages.
complexes. Institut du Nouveau Monde, 2013, 20 pages.
• TIESINGA, Hendrik, Remko BERKHOUT et autres. Labcraft. How
http://inm.qc.ca/Centre_doc/33-Labis_reference.pdf
Social Labs Cultivate Change Through Innovation and Collaboration.
• HASSAN, Zaid. The Social Labs Revolution. A New Approach to Labcraft Publishing, 2014, 137 pages.
Solving Our Most Complex Challenges. Berrett-Koehler Publishers,
• UMVELT. Le livre blanc des Living Labs. 2014, 133 pages.
2014, 240 pages.
http://www.montreal-invivo.com/wp-content/uploads/2014/12/livre-
• INNOWEAVE et THE J.W. MCCONNELL FAMILY FOUNDATION. blanc-LL-Umvelt-Final-mai-2014.pdf
The Reos Change Lab. Addressing Complex Challenges with Social
• WESTLEY, Frances, et Sam LABAN. Social Innovation
Innovation. 2013, 46 pages. http://social-labs.org/wp-content/
Lab Guide. 2015, 106 pages. https://uwaterloo.ca/
uploads/2014/12/20130213_McConnell-Formatted-Final-Draft.pdf
waterloo-institute-for-social-innovation-and-resilience/sites/
• KIEBOOM, Marlieke. Lab Matters : Challenging the Practice of Social ca.waterloo-institute-for-social-innovation-and-resilience/files/uploads/
Innovation Laboratories. Kennisland, 2014, 44 pages. files/10_silabguide_final.pdf
https://www.kl.nl/wp-content/uploads/2014/09/lab_matters_
paper_2014_web.pdf
117
OUTILS
DE LABORATOIRE
10 D’INNOVATION
SOCIALE
118
LABORATOIRE Est-ce que le laboratoire d’innovation sociale est le bon processus pour
vous et vos partenaires ? Pour faciliter votre réflexion, nous vous proposons
D’INNOVATION un outil présentant cinq éléments déterminants dans la mise en place d’un
laboratoire d’innovation sociale. Évaluez, à l’aide des questions proposées
SOCIALE : PRÊT OU et sur une échelle de 1 à 5 (1 étant faible et 5 élevé), la présence de chaque
PAS PRÊT ? condition dans votre situation et transposez vos résultats dans le pentagone
en y inscrivant des points. Cet exercice peut être fait individuellement, puis
en groupe pour stimuler les échanges avec vos partenaires.
Complexité de la problématique
> Est-ce que la problématique à laquelle vous faites
face a des répercussions à différentes échelles
(locale, régionale, intersectorielle, etc.) ?
> Est-ce que les solutions envisagées impliquent la
participation de plusieurs parties prenantes ?
Posture des parties prenantes > Est-ce que la mise en œuvre des stratégies peut
> Est-ce que les parties prenantes sont 1 être influencée (positivement ou négativement)
ouvertes à impliquer de nouveaux 2 dans le temps par différentes parties prenantes ?
acteurs et organisations dans le 3
processus ? 4
5
> Est-ce que les parties prenantes sont
prêtes à s’engager dans un processus Intérêt face à la problématique
agile où la planification rigide à long
LABORATOIRE > Est-ce que la problématique a un impact
terme n’est pas possible ? D’INNOVATION
négatif sur la capacité des parties prenantes
> Est-ce que les parties prenantes sont SOCIALE
à mener à bien leur mission ou à répondre à
prêtes à investir le temps nécessaire à leurs aspirations ?
la mise en œuvre d’un tel laboratoire ?
> Est-ce que les parties prenantes peuvent
> Est-ce que les parties prenantes ont trouver un avantage à la mise en œuvre
les ressources humaines, financières et d’une stratégie réduisant ou éliminant la
matérielles permettant la mise en place problématique ?
d’un tel laboratoire ?
GARDIEN DES Une des clés des laboratoires d’innovation sociale est de mettre en place des
espaces empreints de sens (espaces physiques, humains et expérimentaux). Cet
ESPACES outil vous propose d’identifier, au sein de l’équipe soutenant le laboratoire, des
gardiens pour chacun de ces espaces. Il propose également des questions à se poser
régulièrement, en tant que gardien, afin de bien jouer ce rôle important. Utilisez-le
au départ d’un lab pour bien positionner les espaces à protéger, ainsi qu’en cours de
processus en guise de recentrage ou d’autoévaluation par et pour le groupe.
INTENTION
IMPACT ET
CLARTÉ
STRATÉGIQUE
L’impact et la clarté stratégique sont deux concepts qui agissent
de concert. Tels le yin et le yang, ils permettent aux organisations
du secteur social de savoir où elles consacrent temps et ressources
et d’être clairement conscientes du type d’impact qu’elles peuvent
avoir ou du changement social mesurable qu’elles peuvent opérer
grâce à leurs actions ou à leur stratégie. Ce chapitre présente les
notions d’énoncé de l’impact visé et de théorie du changement,
en plus de fournir une étude de cas et quatre canevas sur la façon
d’entreprendre l’élaboration d’une stratégie claire pour votre
organisation.
CONTEXTE À titre de leaders du secteur social, vous devez faire de durs compromis et prendre des
décisions difficiles chaque jour, avec l’objectif d’apporter un certain changement dans
ET DÉFINITION le monde, en ne disposant, pour y arriver, que de ressources (de temps, d’argent et de
talent) très limitées. Une stratégie claire peut vous aider à prendre ces décisions de
façon à maximiser l’impact et à aider les autres à comprendre les raisons pour lesquelles
vous faites ces choix. Les éléments de base de l’élaboration d’une stratégie solide
s’inscrivent dans deux cadres principaux : l’impact visé et la théorie du changement.
L’impact visé détermine les bénéficiaires ou les publics cibles de l’organisation ainsi que les
résultats que celle-ci souhaite produire pour eux, à savoir le changement des comportements,
des connaissances ou du statu quo que les programmes ou les activités de l’organisation
visent à entraîner. L’impact visé devrait aussi préciser les délais dans lesquels ces
changements devraient se produire.
La théorie du changement (qu’on peut aussi nommer schéma de transformation sociale) est
une feuille de route visuelle qui explique la façon dont l’organisation, seule ou avec d’autres,
obtiendra l’impact visé.
Un impact visé et une théorie du changement bien pensés peuvent aider à répondre à
bon nombre des questions les plus difficiles pour un leader du secteur social, comme la
façon d’établir l’ordre de priorité des programmes ou des activités face aux compressions
budgétaires, la façon de croître et la façon d’augmenter l’impact souhaité.
QU’EST-CE Il existe de nombreuses définitions de la notion de stratégie qui aident à lancer une
discussion sur la clarté stratégique et l’impact. Selon le dictionnaire Merriam-Webster,
QU’UNE une stratégie est une politique ou un plan d’action conçu pour atteindre un objectif
majeur ou global. Dans le secteur social, nous sommes de plus en plus appelés à
STRATÉGIE ? élaborer des stratégies clairement réfléchies afin de maximiser notre impact dans un
environnement aux ressources limitées.
122
QU’EST-CE QUE À titre d’organisation du secteur social, nous devons relever le défi de transformer
les ressources disponibles en un impact social visé. La direction à prendre, les
LA CLARTÉ stratégies à utiliser et les fins recherchées n’apparaissent pas toujours clairement. Ce
défi comporte à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle,
STRATÉGIQUE ? c’est qu’on ne peut pas tout faire. Les ressources sont limitées, alors que les besoins
sociaux, eux, semblent illimités. La bonne nouvelle, c’est que toute intervention n’a
pas la même valeur : le niveau d’impact varie selon le mode d’intervention. L’atteinte
d’une clarté stratégique ne se fait pas en un clin d’œil. Pour y arriver, l’organisation
doit réfléchir de façon approfondie, faire preuve de rigueur, colliger des données afin
de tester ses hypothèses et faire des choix difficiles.
Fondamentalement, toutes les organisations du secteur social doivent relever le même défi.
et l’impact recherché.
les interventions ne sont
pas toutes d’égale valeur
BONNE – le niveau d’impact
NOUVELLE varie selon le mode
d’intervention.
123
Un énoncé de l’impact visé est une confirmation des résultats ou des changements sociaux
(comme des changements dans l’attitude, les compétences ou les connaissances) visés par
votre organisation pour un groupe de bénéficiaires ou un public précis et dans une période
donnée. L’énoncé de l’impact visé n’est pas un énoncé de mission. Il est beaucoup plus
précis et il établit une intention mesurable. Cependant, il doit absolument être lié à votre
mission et à votre vision globale du changement social. Plus précisément, l’impact visé
clarifie les éléments-clés suivants :
1 • Quels sont vos résultats prévus et quels sont vos résultats ciblés ?
2• Qui sont vos bénéficiaires, quel est votre public (particuliers, communautés, organisations) ?
3• Quel est le délai raisonnable pour atteindre les résultats visés ?
L’impact visé doit préciser non seulement les résultats que vise votre organisation, mais aussi
ceux que votre organisation aura la responsabilité de produire et de mesurer. Ici, le mot-clé
est « responsabilité ». Votre organisation doit pouvoir centrer ses ressources et ses capacités
sur l’atteinte de ces résultats. Elle ne doit pas se contenter d’espérer qu’ils soient atteints.
C’est pourquoi l’impact visé doit être réaliste et atteignable, compte tenu des ressources
disponibles et de la capacité organisationnelle.
125
Une théorie du changement est une feuille de route visuelle qui présente les liens de
causalité entre l’impact visé que vous avez établi pour votre organisation et les activités
et stratégies que vous utiliserez pour l’atteindre. Elle souligne en outre la façon dont les
intervenants collaborant à un projet ou à une organisation travaillent ensemble à l’atteinte
de l’objectif à long terme qu’ils ont défini. Une théorie du changement peut aussi être
décrite comme étant :
1 • Quels sont les programmes ou activités nécessaires pour atteindre les résultats visés ?
2• Quels changements doivent être apportés et quels obstacles doivent être surmontés afin
d’obtenir l’impact visé ? Les changements souhaités doivent être éprouvés, mener à la
conclusion réaliste des activités mises en place et, si possible, être fondés sur des preuves
empiriques.
3• Quelles sont les ressources requises (personnel, compétences, outils) pour réaliser ces
activités ?
4• Quel est le contexte externe qui crée l’environnement idéal pour la réussite de ces
programmes ou activités ?
126
POURQUOI ET COMMENT
UTILISERIEZ-VOUS UNE
THÉORIE DU CHANGEMENT ?
OUTILS
D’IMPACT
10 ET CLARTÉ
STRATÉGIQUE
128
Canevas #1 : Modèle pour les organisations qui offrent des services directs
Intrants
Dans quelles
4 conditions ? 2 Qui ? 3 Comment ? 1 Quoi ?
CT MT LT
Approches
Conditions de
succès/ressources
nécessaires
Obstacles/freins
* Éléments qui sont liés à la théorie du changement; d’autres éléments sont utiles pour la
structure logique mais leur inclusion dans la théorie du changement est facultative.
129
Approche suggérée
1 Quoi ? Commencez par développer les résultats visés et l’impact ultime que vous avez établis.
(résultats) Séparez les résultats à court terme de ceux à long terme, le cas échéant. Classez les résultats
en « vecteurs » pour pouvoir déterminer « ce qui mène à quoi ».
2 Qui ? Ensuite, ajoutez les groupes de bénéficiaires que vous avez retenus, parallèlement aux
(bénéficiaires) résultats que vous cherchez à produire pour chaque groupe.
3 Comment ? Puis (c’est ici le gros du travail !), dressez la liste idéale des programmes et activités qui, selon
(activités) vous, produiraient les résultats visés pour ces groupes. Réfléchissez aux questions suivantes :
• Quels programmes, services ou initiatives constituent la majorité de nos activités ?
• Les bénéficiaires devraient-ils utiliser TOUS nos services, ou pourraient-ils choisir et
obtenir quand même des résultats ? Quels services, le cas échéant, nos bénéficiaires
doivent-ils utiliser pour obtenir des résultats ?
• Les services doivent-ils être utilisés dans un ordre particulier ?
• Quelle proportion de chaque service les bénéficiaires doivent-ils utiliser ? À quelle fréquence ?
Dans quelles Tout au long du processus, réfléchissez aux conditions qui sont essentielles à l’atteinte des
4 conditions ? résultats visés pour vos bénéficiaires à l’aide de votre ensemble idéal d’activités (vous pourrez
(autres intrants)
décider plus tard si celles-ci doivent figurer ou non dans votre théorie du changement).
5 Peaufinez Vous aurez sans doute besoin de prendre du recul et de peaufiner vos résultats à court et à long
terme une fois que vous aurez établi les liens entre les bénéficiaires, les activités et l’impact.
C’est normal !
130
Impact ultime Changement ultime souhaité (en dehors de notre sphère de responsabilité).
Moyens, Activités précises que nous mènerons, leur durée, leur fréquence. En d’autres termes,
programmes
ou activités* comment transformerons-nous nos intrants en impact ?
Publics cibles* Qui aiderons-nous par notre travail ? Chez qui souhaitons-nous amener un changement ?
Intrants
Ressources distinctes (ex. : les compétences d’employés spécialisés) qui sont essentielles
Ressources
à la production des résultats visés.
Les éléments avec un astérisque doivent faire partie de la théorie du changement; les autres éléments sont utiles pour
structurer la logique de la théorie, mais il n’est pas essentiel de les y inclure.
131
CANEVAS #2 : Détermination du problème social et des hypothèses-clés pour réaliser l’impact
THÉORIE DU CHANGEMENT
Quel problème Qui est votre Quel est votre Quelles sont Quel est l’effet Quels sont les Quel
tentez-vous de public cible ? point d’accès les étapes mesurable de avantages à plus changement
résoudre ? pour joindre nécessaires au votre travail ? large échelle de à long terme
votre public ? changement ? votre travail ? souhaitez-vous
apporter ?
Effet Avantages
mesurable ? plus larges ?
Effet Avantages
mesurable ? plus larges ?
THÉORIE DU CHANGEMENT
• • • • • •
• • • • • •
• • • • • •
• • • • • •
134
Travaillez à contresens
5 4 3 2 1
Élément de
Résultats Activités Obstacles changement ultime Résultats
Visés Visés
(court (long Ultimes
terme) terme)
Portée des politiques et compétences Renforcement des capacités en Pénurie de compétences et mouvement alimentaire Le mouvement Souveraineté
accrues en politiques, en défense de défense des causes, en politiques, d’analyses liées au mouvement canadien pour la alimentaire :
causes et en relations avec les médias en relations avec les médias alimentaire souveraineté Un système
alimentaire et le alimentaire sain,
changement des juste, durable et
Meilleure compréhension des secteurs Rencontres et conversations sur des Organisation à enjeu unique politiques est démocratique est
et des organisations et meilleures questions de portée générale mobilisé établi au Canada
relations avec eux (alliés improbables)
Coalitions formées et acteurs mobilisés Élaboration de projets communs, Les enjeux diversifiés entraînent
autour des priorités politiques et des formation de coalitions, création la dispersion des énergies et des
campagnes (comme le Northern Food de campagnes messages non coordonnés
Summit, la Coalition pour une saine
alimentation scolaire)
PIÈGES À ÉVITER Voici 5 pièges qu’il importe de garder à l’esprit lorsqu’on élabore une
théorie du changement. Il s’agit de pièges dans lesquels les organisations
DANS L’ÉLABORATION peuvent facilement tomber lorsqu’elles établissent la logique entre un
problème social, des hypothèses, une approche ou une méthode et les
D’UNE THÉORIE DU résultats attendus.
CHANGEMENT
CONFONDRE L’ESPOIR CRÉER UN MIROIR CROIRE QUE TOUT DONNÉES PROBABLES CLARTÉ AU NIVEAU
ET LA REDDITION DE AU LIEU D’UNE CIBLE IMPACT EST UN OU PLAUSIBILITÉ DU PROGRAMME,
COMPTES BON IMPACT NON CONFIRMÉES MAIS PAS AU NIVEAU
ORGANISATIONNEL
Assurez-vous que Assurez-vous de Définir les résultats Utiliser les données Démontrer
vous pouvez produire mettre en place ce de manière précise, probantes à chaque les liens et les
des résultats, en qu’il FAUT faire pour idéalement avec étape (ex. : définir rapports entre les
tenant compte de réaliser l’impact, au des cibles. les besoins des programmes afin
votre capacité, de lieu de seulement Soyez spécifique bénéficiaires et de prioriser la prise
vos ressources et du refléter ce que vous au lieu de dire les compétences de décision.
contexte externe. faites déjà. simplement « plus » requises des
Pensez à tout ce qu’il ou « augmenter » employés).
faut faire pour mettre et autres banalités
en œuvre chaque semblables.
fonction interne.
137
MODÈLE elle vise à préciser les aussi linéaire ou technique elle ne sert pas seulement
différentes connexions qu’un cadre logique. elle d’outil de surveillance,
LOGIQUE ? que votre organisation comprend des boucles mais aussi d’outil de
pourrait établir et les de rétroaction, elle est communication et de
voies qu’elle pourrait plus axée sur la vision prise de décision pour
prendre pour obtenir d’ensemble, et elle inclut la conception et la
l’impact visé, tout en des éléments contextuels prestation d’une stratégie.
déterminant clairement essentiels à une mise en
les conditions de réussite œuvre réussie. avant
138
1
À des fins de confidentialité, nous avons créé un nom fictif pour présenter l’étude de cas d’un organisme ayant achevé un
processus de clarté stratégique.
139
PARTICULIERS
SOUTIEN COMPLET
LE Employé /
CENTRE Inclusion employeur
DE 1 2 3 4 sociale
TRAVAIL
performant
Développement Emploi de Emploi Maintien de
des transition communautaire l’emploi
compétences Possibilités
IMPACT Lieux de
économiques DIRECT travail intégrés
accrues soutenus
INTERVENANTS
Le Centre de travail mobilisera l’attention de ses
intervenants, du gouvernement, des réseaux de services
sociaux et de santé ainsi que de la communauté en général.
143
RÉFÉRENCES
L’INVESTISSEMENT
D’IMPACT
L’avènement de l’investissement d’impact marque la modernisation
de l’ensemble du secteur financier et des fondements de la théorie
du portefeuille. Ce chapitre vous permettra de mieux comprendre
comment l’investissement d’impact redéfinit la relation financière
entre le risque et le rendement, et la façon dont il modifie et renforce
la relation entre les entrepreneurs et les investisseurs en jetant
de nouvelles bases de transparence, de traçabilité et de mesure.
Des concepts théoriques et certains exemples de l’investissement
d’impact y sont présentés pour aider les organisations sociales
souhaitant accroître ou diversifier leurs sources de financement.
Nous espérons, dans le présent chapitre, offrir aux lecteurs une compréhension
renouvelée de la position actuelle de l’investissement d’impact sur l’échiquier
des stratégies et des instruments d’investissement et contribuer à transformer
la mentalité entourant la relation entre les entreprises et les intervenants-
investisseurs. Plus précisément, nous visons à vous aider, vous, les innovateurs et
entrepreneurs sociaux, à comprendre plus clairement l’investissement d’impact
du point de vue de vos bailleurs de fonds potentiels.
Nous commencerons par offrir un aperçu des pratiques actuelles d’investissement
d’impact et nous définirons et expliquerons le paysage de l’investissement
environnemental et social d’aujourd’hui. Nous donnerons ensuite un aperçu des
besoins des investisseurs et présenterons certains des nouveaux instruments
financiers utilisés. Enfin, nous offrirons quelques conseils ainsi que des ressources
pour entreprendre ou parfaire votre niveau de préparation à recevoir de
l’investissement.
147
Figure 1
Investissement
Rendements responsable, Rendements
purement durable et purement
sociaux financiers
d’impact
Si l’on regarde de plus près la zone entre le financement traditionnel d’entreprises et la philanthropie (figure 2), on a une
meilleure idée du spectre de l’investissement responsable, durable et d’impact.
pHilaNtHrOpie
iNVestissemeNt
traditiONNel
* 1) dialogue avec les entreprises, 2) soumission de résolutions aux actionnaires, 3) application et maintien d’une politique
de vote par procuration qui indique les modalités de vote sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance
La typologie présentée ci-dessus tente d’exposer la conception actuelle des diverses approches d’investissement
responsable au moyen d’une représentation linéaire du spectre des rendements financiers, mais les données et le débat sur
la relation entre le rendement financier et l’impact social ou environnemental sont beaucoup plus complexes que le schéma
peut le laisser croire.
149
À mesure que la pratique évoluera, les entreprises d’impact social et environnemental éprouvées pourront être admissibles
à un financement à moindre coût (puisqu’il sera reconnu que les risques financiers sont ainsi réduits), mais à l’heure actuelle,
la majorité des investisseurs d’impact cherchent encore à analyser la rentabilité de l’investissement d’impact et à obtenir
un plein rendement financier en plus du rendement social. Si l’analyse ne montre pas la rentabilité à titre d’investissement,
les dollars alloués à ce secteur continueront de relever principalement du domaine philanthropique plutôt que d’être des
dollars d’investissement. La recherche sur les rendements financiers de l’investissement d’impact en est encore à ses
balbutiements.
L’humanité évolue par du monde et de notre des données massives organisations de collaborer
étapes. Contrairement aux stade de développement. et de la cryptomonnaie entre elles qu’aux outils et
arbres, qui croissent de façon Les entrepreneurs et les (Bitcoin, etc.), les inégalités aux capacités collaboratives
continue, l’humain évolue par intrapreneurs s’adaptent, sociales croissantes, qu’elles développent et qui
transformations soudaines, introduisent de nouveaux les caractéristiques contribuent à la progression
comme la chenille devient modèles d’affaires à impact démographiques et la de cette transformation. Ces
papillon et le têtard devient sociétal, conscients et axés capacité (ou l’incapacité) de tendances influent sur la
grenouille. sur la communauté. Comme la biosphère à soutenir les façon dont les entreprises,
le formule M. Laloux, « les systèmes économiques et les investisseurs et les
Dans son livre publié en 2015
organisations délaissent le de consommation actuels, le intervenants interagissent
et intitulé Reinventing
modèle de développement nombre croissant d’enjeux dans l’écosystème
Organizations. Vers des
de la meute et entrent de plus en plus importants financier. Elles ont mené,
communautés de travail
maintenant dans l’ère de qui touchent la société et continueront de mener,
inspirées, Frédéric Laloux
l’écosystème prospère basé (réchauffement climatique, à de nouveaux styles de
explique que chaque
sur l’optimisation des impacts santé et toxicité, droits relations et à de nouveaux
transition vers une nouvelle
positifs ». de la personne, etc.) et instruments financiers.
étape de conscience inaugure
l’avènement du financement
une toute nouvelle ère de Certains progrès majeurs et
participatif et communautaire
l’histoire. Les organisations certaines grandes tendances
au niveau local.
telles que nous les ont entraîné un nombre
connaissons aujourd’hui sont grandissant d’organisations L’un de ces virages
simplement l’expression dans cette nouvelle ère, fondamentaux tient aussi
de notre vision actuelle par exemple l’émergence bien à la volonté de ces
150
Plus précisément, la pratique actuelle de l’investissement d’impact prend sa source dans une série d’événements et d’étapes
au sein de l’industrie financière qui peut être résumée comme suit :
1
www.svx.ca
151
Les entreprises à but lucratif, à but non lucratif et hybrides adhèrent aussi à
l’idée de solutions axées sur le marché pour répondre à des enjeux sociaux
et environnementaux pressants.
Toutefois, bien que les investisseurs et les entrepreneurs approuvent cette
tendance, ils éprouvent encore de la difficulté à se rejoindre, en raison
notamment d’une compréhension limitée, de part et d’autre, des occasions
d’investissement d’impact, des risques ainsi que des réalités et des nuances du
monde de l’autre. Apprendre à connaître leurs différences respectives (réelles
et perçues) d’intérêts, de contraintes et de facteurs de motivation donnera
aux deux parties une meilleure chance de trouver le jumelage qui convient.
153
INVESTISSEUR INVESTISSEUR
PRENEUR (Taker) ENGAGÉ (Maker)
Lorsqu’ils réfléchissent à des façons de générer des impacts positifs, les intervenants n’ont d’autre choix que d’adhérer
à une approche écosystémique. Pour aider l’industrie à croître et à se réorienter vers une meilleure communication des
renseignements au marché de l’investissement, les promoteurs de l’investissement d’impact élaborent actuellement des
outils visant à recadrer la façon dont les investisseurs traditionnels perçoivent et gèrent les risques et les opportunités.
Le nouvel investisseur d’aujourd’hui, l’investisseur d’impact, se voit comme un collaborateur à un investissement. Le tableau qui
suit illustre les différents contextes sous-jacents aux approches respectives de l’investisseur preneur et de l’investisseur engagé.
154
CONTEXTE
VERTICAL HORIZONTAL
Objectif : Croissance indéfinie Objectif : Équilibre
Financement participatif,
POAA*, capital auto-
PAPE*,
amortissable, coopératives,
fusion et acquisition,
ententes de répartition,
modèles traditionnels
ESPFE*
* PAPE : premier appel public à l’épargne. POAA : programme d’option d’achat d’actions. ESPFE : entente simplifiée pour participation future
en équité (SAFE).
155
2
https://thegiin.org/assets/GIIN_AnnualImpactInvestorSurvey_2017_Web_Final.pdf 3
Ibid., p. XII-XIII
156
Étalonnage – Il est naturel de se comparer. Nous le Pour attirer les investisseurs engagés, les organisations
faisons tous les jours, de nombreuses fois par jour. Pour bénéficiaires d’investissements doivent tenir compte des
évaluer et positionner votre entreprise et la proposition éléments suivants :
d’investissement, un investisseur potentiel les comparera
Leadership
d’abord avec ce qu’il connaît et comprend le mieux. Afin
de dissiper ses impressions et de présenter votre position > L’importance d’être un agent de changement – Si vous
adéquatement, vous devez connaître et maîtriser votre vous présentez comme un agent de changement, vous
environnement (marché, concurrents, tendances, etc.). devez montrer comment vous passerez de la parole aux
Vous devrez d’abord parfaire votre capacité d’expliquer actes, à partir de votre vision, de votre mission et de vos
la proposition démontrant la valeur du projet et son valeurs en passant par des processus organisationnels et
importance pour vos clients/usagers et votre communauté. des voies de communication simples. Votre leadership
En exposant avec précision comment votre projet doit être contagieux et attrayant.
se compare à ceux de vos pairs ou aux technologies > Votre intention – Vous devez aussi être en mesure de
traditionnelles et s’en distingue, vous vous démarquerez. décrire quel changement systémique vous cherchez
En décrivant comment vous pouvez façonner, transformer, à opérer.
réinventer ou renforcer la chaîne de valeur de votre secteur
d’intervention, vous pourriez convaincre l’investisseur de Impact
contribuer et de devenir un agent du changement. Ce type
> L’investissement d’impact n’est pas qu’une affaire
d’investisseur sera attiré par la véritable innovation sociale.
d’intention; il s’agit aussi et avant tout de mesurer votre
Harmonisation des intérêts – De toutes les règles impact. Vous devrez établir votre feuille de route et définir
fondamentales d’investissement, l’HARMONISATION DES les indicateurs-clés (mesures d’impact) que vos activités
INTÉRÊTS est la plus importante. Pour éviter les conflits généreront ainsi que les objectifs que vous avez vous-même
et bâtir une entreprise durable et performante, le contrat fixés. L’organisme bénéficiaire d’investissements peut avoir
d’investissement que vous signerez avec un investisseur recours à divers outils et méthodes pour créer cette feuille
doit toujours être profitable à toutes les parties. Il vous de route (voir le chapitre 6 et la théorie du changement).
incombe de vous assurer que l’investisseur adhère à votre
> Évidemment, la feuille de route de l’impact évoluera au fil
vision, partage vos valeurs et approuve la feuille de route
du temps. L’approche de l’investisseur engagé consiste à
menant à l’atteinte des objectifs que vous avez fixés pour
chercher des façons d’ajouter de la valeur et de contribuer
votre organisation. Vous devrez aussi mettre en place une
à l’accroissement de votre impact. Le fait de réfléchir
dynamique et un flux de communication efficaces pour
à vos impacts et de les faire connaître, non seulement
entretenir cette relation, et la réévaluer de temps à autre
témoigne d’une transparence précieuse, mais peut aussi
pour vérifier que vos points de vue convergent encore.
servir à mobiliser vos intervenants de façon plus efficace.
Une autre différence entre l’investisseur engagé et
> L’évaluation des risques liés aux investissements d’impact
l’investisseur preneur traditionnel est qu’en plus de chercher
est difficile en raison de la relative nouveauté et de
un rendement du capital investi, l’investisseur engagé cherche
l’hétérogénéité du secteur, de la diversité des méthodes de
à générer davantage d’impacts avec son argent.
mesure et de communication, ainsi que des renseignements
limités sur les leçons tirées en ce domaine.
157
Les organisations du secteur social qui bénéficient d’investissements sont toutes différentes. Présenter un modèle
d’affaires rentable (qui génère des surplus) pour répondre à un enjeu environnemental ou social n’est pas facile.
Pour améliorer vos chances de financement, vous devez :
> Prendre en compte les principaux risques pour les investisseurs. Vous pencher sur
deux ensembles de risques :
– Ceux qui sont communs à toutes les entreprises (comme le modèle d’affaires, la
composition de l’équipe ou la compétitivité).
– Ceux qui sont exclusifs au secteur d’impact (comme la façon de mesurer
l’impact et d’en rendre compte, et la façon dont le modèle de revenus favorisera
l’impact social ou environnemental plutôt que de lui nuire).
PRINCIPAUX Dans cette section, nous vous donnerons un aperçu de certains des
nouveaux instruments financiers actuellement élaborés pour financer
INSTRUMENTS les entreprises d’économie sociale. Si vous exploitez une entreprise
d’économie sociale (à but non lucratif ou coopérative), vous chercherez
D’INVESTISSEMENT sans doute à obtenir un prêt ou une garantie de prêt pour accéder à
D’IMPACT du financement moins coûteux, ou voudrez avoir recours à certains
instruments hybrides et nouveaux que nous expliquerons à l’aide
d’exemples et d’analyses de rentabilité dans les prochaines pages. Vous
pourriez aussi consulter le nouveau Guide sur le financement participatif4
du TIESS pour obtenir des renseignements complémentaires sur le sujet.
Obligations communautaires
L’émission d’obligations communautaires permet aux
organismes à but non lucratif de mobiliser de nouvelles
sources de capital privé provenant de leur communauté exemple de Bâtiment 7 : http://www.ethiquette.
tout en assurant leur développement et en renforçant ca/obligations-communautaires-batiment-7/
leur ancrage territorial. Les obligations communautaires
sont offertes à la communauté sans intermédiaire et sont
considérées comme du financement participatif entre pour de plus amples renseignements sur
pairs, qui permet aux citoyens d’investir leurs épargnes l’émission des obligations communautaires au
dans des projets qui sont importants à leurs yeux. québec, visitez : www.tiess.ca/wp-content/
Les obligations communautaires sont des titres de uploads/2017/08/tiees_guide_Oc_livret-1.pdf
créance (prêts) ayant des caractéristiques semblables
à toute obligation : une valeur nominale, une date
d’échéance (nombre d’années d’investissement), un Écoutez une entrevue radio de 9 minutes avec
bénéfice (taux d’intérêt), etc. Par exemple, Bâtiment 7 les représentants du tiess et du Bâtiment 7
a émis 50 obligations d’une valeur de 1000 $ à un taux
sur leur expérience avec les obligations
d’intérêt de 2 %. La durée de l’investissement est de
5 ans, et le remboursement du capital et des intérêts communautaires, à : https://www.facebook.
a lieu à la fin de la période d’investissement. Les com/ciBl1015/videos/10157686874165051/?
obligations communautaires sont offertes à tous les
types d’investisseurs, mais elles ne peuvent être émises
que par des organismes à but non lucratif.
4
Le TIESS a créé un guide sur les diverses formes de financement participatif offert aux entreprises d’économie sociale.
Vous pouvez le consulter ici : http://www.tiess.ca/wp-content/uploads/2017/04/TIESS_Guide_Financement_Participatif.pdf
159
Les histoires et les exemples présentés ci-dessous visent à concrétiser la théorie exposée auparavant.
Collectif 7 à nous Exemple d’un organisme qui a utilisé de multiples outils de financement social
et Bâtiment 7 pour répondre à ses besoins.
Obligations communautaires
Le Collectif 7 à Nous a lancé, à la fin d’octobre 2016, sa campagne d’obligations communautaires grâce à laquelle il a
recueilli 50 000 $ (certificats de 1000 $ sur 5 ans à un taux d’intérêt de 2 %). L’objectif de cette stratégie de financement
social était de financer la phase de prédémarrage qui mènerait à la transformation du Bâtiment 7.
ECOTIERRA a été fondée en 2011 à titre d’entreprise sociale à but lucratif. L’entreprise a débuté ses activités
commerciales en offrant des services de développement et de gestion de projets en environnement à des ONG, à des
fonds climatiques, à des sociétés et des pays. Les fondateurs d’ECOTIERRA se sont entourés d’investisseurs d’impact et
d’agents du changement pour que ceux-ci les aident à mettre à l’échelle et à fixer leur modèle d’affaires conformément
à leurs valeurs, tout en façonnant une nouvelle mentalité d’investisseurs. Ces investisseurs les ont supportés avec leur
expertise, des conseils, des occasions de réseautage et des heures de coaching. En travaillant ensemble, ils ont tissé
des relations de confiance, ce qui a mené à un investissement de près de 1 million de dollars en débenture convertible
à faible taux d’intérêt. Cet investissement visait à soutenir la transition du modèle d’affaires de l’entreprise afin qu’elle
devienne gestionnaire de fonds, tout en poursuivant sa mission de développeur et opérateur de projets agroforestiers
durables. Aujourd’hui, le principal produit d’ECOTIERRA est le Fonds d’investissement Canopy - gestion durable des sols.
La proposition d’investir dans des unités d’un fonds de capital-investissement est plus facile à comprendre et davantage
accessible pour les investisseurs, tout en permettant à ECOTIERRA de mettre à l’échelle son modèle d’affaires à impact.
Le problème
ECOTIERRA s’attaque à deux des problèmes les plus difficiles et les plus sous-estimés de notre époque : la déforestation
et la dégradation des terres. Une faible productivité, des cultures de piètre qualité et un manque de capacité financière
et technique sont les principaux facteurs qui entraînent les petits producteurs agricoles dans un cycle de pratiques non
durables d’utilisation des terres.
Plus de 500 millions de petits producteurs agricoles dans le monde nourrissent 3,2 milliards de personnes. Ensemble,
leurs actions contribuent à la dégradation de 12 millions d’hectares de terres fertiles partout dans le monde chaque année.
La dégradation de l’environnement, causée par le déboisement, la dégradation des sols et les pratiques de foresterie
et d’agriculture non durables, s’étend rapidement, particulièrement dans les pays tropicaux. On compte actuellement
2 milliards d’hectares de terres auparavant fertiles qui ont été dégradées à l’échelle mondiale. Cela représente une superficie
plus grande que l’Amérique du Sud et deux fois plus grande que la Chine, et 500 millions de ces hectares sont des terres
agricoles abandonnées. Les pratiques non durables d’utilisation des terres sont au cœur de nombreux problèmes touchant
la croissance économique des pays en développement, sans oublier les enjeux sociaux et environnementaux. À elles seules,
l’agriculture, la foresterie et les autres usages des sols, représentent la seconde source d’émission de gaz à effet de serre
avec près de 25 % des émissions mesurées5 et sont ainsi une importante cause des changements climatiques.
Le manque de capacités économiques, de connaissances et d’organisation des petits producteurs agricoles se traduit
par des productions faibles et des cultures de piètre qualité, ce qui ne génère que de faibles revenus. Aussi les petits
producteurs n’ont-ils d’autre choix que d’adopter des pratiques non durables, comme l’agriculture sur brûlis ou les
cultures annuelles sur des sols non couverts, ce qui entraîne le déboisement, la dégradation et la perte de capital naturel.
5
https://www.ipcc.ch/report/graphics/index.php?t=Assessment%20Reports&r=AR5%20-%20Synthesis%20Report&f=Topic%201
161
Faible rendement
Mauvaise qualité
Marché local
Revenus faibles
Pas de capacité d’investissement
la solution
Étienne Desmarais et Karina Santana ont fondé ECOTIERRA en 2011 avec l’objectif de donner aux collectivités les moyens
de devenir des acteurs de changement. Le modèle d’affaires d’ECOTIERRA repose sur la volonté des fondateurs de
générer un impact important et sur leur capacité à créer une solution découlant de 20 années d’expérience auprès de
petits producteurs agricoles du Pérou. Cette approche basée sur une expérience locale les a conduits à devenir des
experts en ingénierie sociale en s’appuyant sur le modèle économique coopératif pour donner aux collectivités les
moyens d’agir, tout en utilisant les bénéfices de la finance carbone pour renforcer le modèle financier, assurant ainsi le
développement durable des projets mis en œuvre.
Aujourd’hui, la société ECOTIERRA, qui conçoit, développe et opère des projets d’agroforesterie durable à l’échelle
mondiale et qui a fait ses preuves dans les grands projets générant des impacts sociaux et environnementaux importants,
offre aux investisseurs un modèle d’investissement d’impact basé sur une structure simple de fonds de placement privés.
Cet instrument financier, reconnu par tout investisseur traditionnel, comporte une stratégie d’investissement qui peut
produire des rendements au taux du marché tout en ayant des impacts positifs mesurés considérables.
Le Fonds investira dans des structures de microcrédit, dans la transformation et la mise en marché de la production
d’aliments (café, cacao, noix) ainsi que dans des projets de génération de crédits de carbone permettant de mesurer les
impacts environnementaux des projets. Cette approche d’investissement permet de générer des rendements intéressants
pour les investisseurs et des flux financiers supplémentaires pour les participants des projets.
162
CO2
CO2
Projet carbone
• Revenus
augmentés
• Meilleure
Transformation qualité de
Utilisation durable des sols
vie
• Meilleure qualité
• Traçabilité
$ $
Ainsi, grâce au microcrédit, à la participation en équité et à la génération d’actifs de crédit de carbone, le Fonds de
gestion durable des sols Canopy d’ECOTIERRA permettra aux petits producteurs de remettre en état leurs terres
déboisées peu fertiles pour les transformer en parcelles d’agroforesterie certifiées biologiques (cultures sous couvert
forestier comme le café) générant un produit de meilleure qualité en plus grande quantité. En liant ces impacts
environnementaux positifs aux impacts socio-économiques pour les communautés, ECOTIERRA est en mesure de
générer de meilleurs prix sur les marchés internationaux pour cette production durable, ce qui se traduira, pour les petits
producteurs, par des revenus plus élevés, de meilleures conditions de vie, un meilleur avenir pour leurs enfants et ainsi un
renforcement de leurs chaînes de valeur.
163
Voir ci-dessous le type d’impacts qu’un fonds de 50 millions de dollars géré par ECOTIERRA pourrait entraîner ainsi que
l’ampleur de ces impacts.
IMPACTS
SOCIAUX ÉCONOMIQUES ENVIRONNEMENTAUX
24 15 % 25 000 000
Coopératives Augmentation du prix de Réduction des émissions
certifiées vente moyen (équivalent CO2)
En fin de compte, le modèle d’affaires unique d’ECOTIERRA permet aux collectivités de petits producteurs de devenir
des acteurs du changement et d’atténuer les changements climatiques en favorisant des méthodes d’agriculture durable
et en tirant profit d’outils novateurs d’ingénierie sociale et de la finance du carbone. Chaque investissement dans le Fonds
d’ECOTIERRA contribue à la régénération de notre planète en passant par l’empowerment des communautés de petits
producteurs.
164
Le FIM est un fonds d’investissement d’impact créé par Phyllis Lambert en 1997. Son objectif est de contribuer à la
revitalisation des quartiers par la mise sur pied de projets d’habitation communautaires. Le FIM est géré par Bâtir son
quartier, une entreprise d’économie sociale comptant des années d’expérience dans le domaine du logement à prix
abordable. Bâtir son quartier appuie les groupes et les citoyens à faible et à moyen revenu dans la gestion de leurs
conditions d’habitation par le développement de projets d’habitation communautaires. L’entreprise a construit près de
12 000 logements communautaires depuis sa fondation en 1976. Cela représente plus de 420 ensembles résidentiels
coopératifs ou à but non lucratif, un patrimoine collectif durable pour la société.
Les investisseurs contribuent au FIM sur une période de 15 ans, et le rendement financier du fonds ajusté selon le risque
est concurrentiel. Un taux de rendement plus élevé aurait pu être offert aux investisseurs, mais ce taux a été limité
à 6 %. Les profits additionnels sont réinvestis dans les organismes de logement (Bâtir son quartier et autres groupes
de ressources techniques) pour assurer leur durabilité. Les membres du conseil du FIM vous diront qu’à l’origine, les
investisseurs étaient surpris de voir leur investissement générer des rendements aussi respectables à échéance. Nombre
d’entre eux croyaient que leur investissement s’avérerait être un don.
Il importe aussi de signaler que tous les profits n’ont pas été versés aux investisseurs. Pour que l’investissement continue
d’avoir un impact positif, de nouveaux fonds doivent être réinjectés dans les organismes qui contribuent au changement.
CONCLUSION
Chaque jour, la communauté des innovateurs sociaux, des entrepreneurs et des investisseurs d’impact s’agrandit, offrant
d’excellents exemples de réussites et d’échecs à partager et desquels tirer des leçons. La conception de nouveaux
instruments financiers aidera les organismes à accéder à du capital plus facilement en diversifiant leurs sources de
financement et en créant encore plus d’occasions d’affaires. À titre d’entrepreneurs et innovateurs sociaux, vous voudrez
sans doute suivre ce secteur à mesure qu’il prend de l’expansion, car il offrira assurément de nouveaux leviers aux
organisations sociales qui cherchent à élargir ou à diversifier leurs sources de financement.
165
RÉFÉRENCES
INITIATIVES
D’IMPACT
Dans les prochaines pages, nous vous présentons six initiatives
québécoises ou canadiennes en lien avec l’impact. Que ce soit
par de l’accompagnement (cohorte Philagora de la Fondation J.
Armand Bombardier, Parcours Impact8 de l’Esplanade, Innoweave
de la Fondation McConnell), par une démarche de mesure d’impact
social (CSMO-ÉSAC), par des projets de transfert sur l’évaluation
et la mesure d’impact en économie sociale (TIESS) ou par la
création d’un outil permettant de démontrer son impact social
(CLIPP), ces initiatives nous donnent des exemples de comment
cela peut se réaliser concrètement sur le terrain.
167
COHORTE PHILAGORA
maeva dourthe
Coordonnatrice à l’administration
Fondation J. Armand Bombardier
À qui s’adresse ce parcours ? Aux organisations qui désirent très fréquent que les connaissances acquises restent bien
amorcer un changement, qui souhaitent être accompagnées rangées dans un dossier et ne soient ni transférées, ni mises
pour faire face aux nouvelles exigences des financeurs en application. Nous avons voulu prendre le contre-pied de
en termes d’innovation, ou encore qui aimeraient faciliter ce postulat.
l’implantation de nouvelles façons de faire au sein de leur
Nous avons donc formulé l’hypothèse que la participation
équipe. Voici quelques-uns des organismes ayant participé :
à la cohorte de codéveloppement sur la culture du
GRIS-Montréal, Centre Philou, CyberCap, Revivre, Moisson
changement et de l’innovation sociale génère des retombées
Montréal, Alloprof, Fondation Tel-jeunes, Oxfam-Québec…
positives à court et moyen terme auprès des participants,
Accompagnée d’André Fortin, innovateur social en résidence mais aussi auprès de leurs équipes et de leurs organisations.
de la Fondation J. Armand Bombardier, l’équipe des activités
Curieux de connaître ces retombées, nous avons recontacté
philanthropiques agit comme productrice de contenus,
les membres des cohortes 1 et 2 (2014-2015 et 2015-2016),
hôte, et fait le lien entre les différents intervenants qui
plusieurs mois s’étant écoulés depuis la fin de la formation.
viennent partager leurs savoirs. Les thèmes abordés sont les
Parmi les vingt participants, cinq ne sont plus en poste au
suivants : gouvernance, ressources humaines, financement,
sein de leur organisation. Notre univers était donc de quinze
communication et marketing, storytelling, design thinking,
personnes. Nous avons été en mesure de réaliser onze
impact… Avec la culture d’innovation et les notions de
entrevues.
changement et de complexité comme thèmes transversaux.
Ces contenus sont mouvants en fonction des intérêts
changeants de chaque cohorte. MÉTHODOLOGIE
La cohorte se déroule de septembre à avril, et inclut huit Dans un premier temps, nous avons élaboré un questionnaire
rencontres, dont un lac-à-l’épaule de deux jours en septembre. d’une douzaine de points qui a été envoyé par courriel afin
La participation des organismes est approuvée par une que les directrices et directeurs généraux puissent réfléchir à
résolution de leur conseil d’administration. Une participation leurs réponses. Nous avons ensuite planifié des rencontres en
financière minime est également demandée en échange des personne ou téléphoniques. Ces rencontres se sont déroulées
sept jours de formation, de l’accompagnement personnalisé sur un mode de discussion plutôt informel en utilisant le
par l’innovateur social en résidence (l’équivalent d’une questionnaire comme guide. Les échanges ont varié de
journée) et d’un événement public de partage des acquis. quarante minutes à une heure et demie selon les participants.
Mise en garde : nous sommes conscients que tout processus
NOTRE INTENTION de mise en place de changements est dû à une multitude de
facteurs, influences et circonstances. Nous savons que les
Après trois années de fonctionnement du programme,
directrices et directeurs généraux que nous avons côtoyés
nous avons voulu aller au-delà de l’évaluation évolutive
ont persévéré dans le développement de leurs capacités, ont
que nous faisons durant la cohorte. Notre intention est de
assisté à d’autres formations et ont été soumis à de multiples
tenter de cerner l’impact que la cohorte a eu, tant au niveau
influences et rencontres qui ont certainement favorisé des
des directrices et directeurs généraux qu’au niveau de
idées nouvelles. Ainsi, nous ne prétendons pas nous attribuer
leurs équipes et de leurs organisations. Il est commun que
tout le mérite des actions décrites ci-dessous.
l’enthousiasme soit aiguisé à l’issue d’une formation et aussi
169
Nous sommes également conscients que notre position Ayant assisté aux rencontres, pris part aux échanges et
comme bailleur de fonds pourrait être perçue comme un partagé la réalité d’un bailleur de fonds avec les directrices
rapport de force, pouvant biaiser les réponses. Toutefois, et directeurs généraux, les membres de l’équipe des
dans le cadre de l’évaluation évolutive, les participants activités philanthropiques ont démontré leur ouverture
n’ont pas hésité à nous faire part des points à modifier ou et se sont positionnées comme des pairs, créant ainsi une
améliorer. Nous sommes donc confiants que notre souci de relation égalitaire.
transparence est réciproque.
LES RÉSULTATS
Après avoir rencontré les participants et analysé leurs réponses, nous pouvons affirmer que la
cohorte a atteint ses objectifs initiaux, définis en 2014 :
• Offrir aux organismes des outils pour mieux analyser leur environnement et mettre en
œuvre des stratégies de changement.
• s’approprier les notions de créativité, d’innovation et de changement dans la complexité.
• développer un réflexe d’innovation.
• expérimenter des méthodes favorisant la mise en pratique de nouvelles façons de faire.
Voici les principales retombées formulées par les directrices et directeurs généraux :
1 Les thèmes qui se sont révélé les plus utiles dans le quotidien des directrices et directeurs généraux :
la gouvernance • la culture d’innovation • la communication
3 Le sentiment d’isolement du directeur général était souvent mentionné par les participants au début
des cohortes. Dix directrices et directeurs généraux sur onze ont affirmé que la cohorte leur avait
permis de créer des liens et de trouver du support auprès d’une communauté de pairs. Le lac-à-
l’épaule ressort comme une excellente formule pour souder le groupe, créer des liens de confiance
nécessaires à l’échange de problématiques en toute transparence. Au-delà du sentiment de solitude,
les directrices et directeurs généraux affirment, à l’unanimité, que leur participation à la cohorte
les a aidés à améliorer la confiance en leur rôle de DG. Ils se sentent plus solides pour prendre
des décisions ou persévérer dans leurs décisions. Certains ont affirmé être plus à l’écoute de leurs
équipes, déléguer davantage et avoir amélioré leur gestion du temps. D’autres appréhendent mieux
les différentes phases du changement. D’autres encore se sentent plus aptes à s’adresser à des
bailleurs de fonds et à réseauter.
4 Outre l’impact sur les directrices et directeurs généraux et leurs équipes, y a-t-il eu un impact sur
leurs conseils d’administration ? Trois directrices et directeurs généraux ont fait des changements
majeurs au niveau de la gouvernance suite à la cohorte. Deux autres remarquent que leurs
administrateurs sont plus mobilisés et participatifs, grâce à la mise en place de certains projets et
comités. Enfin, certains affirment que leurs administrateurs sont davantage sensibilisés à l’innovation
sociale mais que l’appropriation de ces concepts est encore partielle. Ils y adhèrent mais ne les
transforment pas encore en actions concrètes.
5 Les retombées en termes de financement ne sont pas significatives. Deux organismes seulement
ont vu une augmentation de leur autofinancement suite à l’adoption de nouvelles orientations
stratégiques. Par contre, quelques participants soulignent avoir appris à mieux communiquer leurs
besoins auprès de leurs bailleurs de fonds et ne plus avoir peur de s’adresser aux financeurs, leur
interaction avec la Fondation J. Armand Bombardier ayant contribué à démystifier comment parler
aux bailleurs de fonds.
172
CONCLUSION
De cette étude, nous retenons le besoin qu’ont les directrices et directeurs généraux de disposer
d’un espace leur permettant de prendre du recul face au quotidien et de pouvoir mener des
réflexions sur leurs pratiques. Ils expriment également la nécessité de bien s’outiller pour pouvoir
mettre en œuvre des changements inéluctables au sein de leurs organisations. Les concepts
d’innovation et de culture du changement ont essaimé bien des nouvelles idées.
Nous retenons également l’appréciation qu’ils ont manifestée de participer à une communauté
de pairs durant huit mois et le désir de continuer à se retrouver régulièrement pour échanger sur
certains thèmes. Des liens professionnels étroits se sont noués entre certains, allant du mentorat
jusqu’à la mise en place de collaborations. Deux groupes, baptisés les Philagora Clubs, ont été créés
par les cohortes 2 et 3 afin de poursuivre les réflexions communes. Des après-midi thématiques sur
le rôle de gestionnaire ont ainsi été organisés.
La cohorte Philagora est une façon de soutenir le milieu sans but lucratif en offrant l’occasion à
des acteurs-clés de s’outiller, d’échanger et de s’approprier des nouvelles pratiques. C’est aussi
l’occasion pour l’équipe de la Fondation d’entendre les besoins du secteur et de s’imprégner des
défis et enjeux pour mieux orienter ses interventions. Une formule gagnant-gagnant !
QUELQUES CITATIONS
« La cohorte a été un “fine-tuning” sur la stratégie d’amener le changement au sein de l’organisation
et auprès des partenaires. L’innovation est perçue comme de l’improvisation, mais non ! Il ne faut pas
confondre incertitude et improvisation. Dans l’incertitude, des solutions émanent sans pour autant
que nous nous désorganisions. » Claude Lévesque, Boscoville.
« La cohorte m’a aidée à développer une vision d’avenir et du type de leadership que je souhaitais
pour amener mon organisation à cette vision. » Céline Muloin, Tel-jeunes.
« Ma présence au sein de la cohorte et des autres directrices et directeurs généraux m’a permis de
réaliser que j’avais ma place autour de la table et de ne plus ressentir le syndrome de l’imposteur ! »
Hélène Martin, Secondaire en spectacle.
173
PARCOURS IMPACT8
pascal Grenier
Cofondateur et directeur général
L’Esplanade
Résultats
Depuis sa création, l’Esplanade a mis en action
300 entrepreneur.e.s et rejoint 12 000 citoyens à
travers 95 événements. Sa communauté compte plus de
150 organisations et une centaine de collaborateurs qui lui
permettent de déployer son parcours d’accompagnement.
Trois cohortes du Parcours Impact8 ont été formées et
ont permis d’accompagner 36 entreprises d’impact en
plus de contribuer à amasser 7,5 M$ en financement. Les
entreprises à très fort potentiel ont également bénéficié
d’un accompagnement personnalisé pour les aider dans la
recherche d’investisseurs et de partenaires lors de délégations
d’entreprises québécoises organisées dans le cadre du Social
Finance Forum de Toronto et du SOCAP à San Francisco.
Finalement, en novembre 2015, la première édition du
Demo Day d’Impact8 a été l’occasion pour l’Esplanade
d’organiser Impact Québec, le premier événement sur
l’entrepreneuriat et l’investissement d’impact réunissant plus
de 300 entrepreneurs et investisseurs. La suite
Au-delà des succès des projets que l’Esplanade Avec l’objectif de réunir et articuler les écosystèmes
accompagne, nous contribuons à former une communauté qui permettent de faire émerger et d’accompagner de
d’acteurs de changement qui deviendront des agents de nouveaux projets, l’Esplanade et ses partenaires œuvrent
transformation au sein de leur milieu. à développer des pôles d’expertises dans trois grands
secteurs structurants et ayant un fort potentiel d’impact : les
systèmes alimentaires urbains, la santé communautaire ainsi
que la mobilité et les nouvelles énergies.
Finalement, afin de poursuivre sa mission, de faire grandir
la communauté d’impact au Québec et d’offrir à un nombre
grandissant d’entrepreneur.e.s et d’organisations son
expertise d’accompagnement, l’Esplanade travaille en
étroite collaboration et en complémentarité avec la Maison
de l’innovation sociale ainsi que de nombreux collaborateurs
au Québec, au Canada et à l’international.
176
INITIATIVE INNOwEAVE
mélanie Bisson
Agente de programme
Innoweave
Le pari d’Innoweave : la clarté stratégique Pour Innoweave, l’une de ces bases est l’attention portée sur
pour accroître l’impact les impacts plutôt que sur les activités. Quel impact souhaitez-
vous avoir dans votre milieu ? Qu’est-ce qui aura changé
Pour les organisations à but non lucratif, innover socialement
grâce à vos activités ? Pour qui ? Ces questions, en ramenant
peut être une idée attrayante, mais pas toujours réaliste.
l’attention des équipes sur l’impact souhaité, ont le potentiel
Dans un contexte de financement contraignant, dédier des
de créer un espace d’innovation où des stratégies pourront
ressources et du temps à l’expérimentation de nouvelles
être imaginées, définies, questionnées, mises à l’épreuve,
approches ou à un changement de culture dans l’organisation
raffinées et testées au fil du temps.
représente un défi de taille – particulièrement quand le succès
n’est pas garanti. Alors que des résultats concluants peuvent Ces idées peuvent paraître simples, mais en pratique, les
émerger des processus d’expérimentation – et des échecs OBNL peinent à faire converger leurs efforts vers l’atteinte
potentiels que cela implique – l’une des conditions essentielles d’un impact réaliste et mesurable. Plusieurs défis mobilisent
à la création de ces espaces d’innovation est d’offrir aux souvent une part importante du temps dont disposent
organisations la possibilité d’apprendre et de s’adapter. les équipes de direction pour le développement de leur
organisation : survie financière, dualité entre mission et
Innoweave contribue à la création de tels espaces
financement par projet, difficulté à identifier les réelles
de réflexion et d’expérimentation de deux façons
retombées de leurs actions (et non seulement les résultats ou
complémentaires : d’une part en renforçant les capacités
extrants) n’en sont que quelques exemples.
des équipes dirigeantes à préciser et à accroître leur
impact et, d’autre part, en collaborant avec des partenaires La proposition d’Innoweave consiste à accompagner les
influents (fondations, gouvernements, etc.) pour créer des organisations en les amenant progressivement à s’informer,
environnements plus propices à l’innovation. Innoweave à imaginer et à implanter des solutions, et à atteindre des
entend ainsi supporter les organisations qui souhaitent résultats tangibles. À ce jour, Innoweave a développé, en
réaliser des changements positifs et à grande échelle. collaboration avec différents partenaires, 10 modules qui
visent à aider les organisations à :
Travail direct avec les organisations • S’orienter vers l’impact et mettre en œuvre des moyens
d’atteindre cet impact (Impact et clarté stratégique).
L’innovation sociale est rarement planifiée. Elle est en • Comprendre et aborder les causes profondes des
grande partie inattendue et toujours transformationnelle. Les problèmes et expérimenter de nouvelles approches
situations complexes et changeantes rendent difficile toute (Explorer et expérimenter).
projection ou attente précise quant à ce qui surviendra dans
le futur, surtout à moyen et long termes. Cependant, il est • Intégrer davantage leurs activités avec celles
possible de jeter des bases sur lesquelles les organisations d’organisations partenaires et les amplifier pour accroître
pourront construire leur propre capacité à accroître leur leur impact à travers un effort collectif (Impact collectif).
impact, à s’adapter et à innover d’une façon qu’elles n’auraient • Développer des modèles d’affaires qui sont en phase avec
pas imaginée a priori. les besoins du marché et qui génèrent un impact social
(Entreprise sociale).
• Apprendre et s’adapter pour accroître leur impact
(Évaluation évolutive).
178
L’accompagnement personnalisé que reçoivent les Changer ces façons de faire nécessite un travail de
organisations est un processus exigeant pour lequel les longue haleine de la part des organisations (institutions,
équipes de direction sont mobilisées fréquemment et sur une gouvernements, fondations) qui ont déjà amorcé le virage
longue période – plusieurs mois, voire quelques années. Mais vers la clarté stratégique comme prérequis à l’impact social.
les résultats sont probants. Cet engagement à plus long terme Innoweave apporte sa pierre à l’édifice en supportant ces
facilite l’accompagnement sur mesure des organisations, le bailleurs de fonds dans la création de nouveaux mécanismes
développement d’un lien de confiance avec les mentors et de financement et en leur offrant la possibilité d’encourager à
une meilleure compréhension, de la part de ces derniers, de la leur tour l’innovation dans les organisations qu’ils financent.
culture propre à chacune des organisations.
Cependant, tout le travail accompli avec ces organisations
n’atteindra son plein potentiel que si les organismes
subventionnaires entrent dans la mouvance. C’est là la
deuxième contribution que souhaite apporter Innoweave : Un partenariat constructif : Aînés IS
travailler en partenariat avec les bailleurs de fonds Aînés IS (Seniors SI) est une collaboration d’Innoweave
(fondations, gouvernements) pour qu’ils puissent apporter avec le gouvernement du Canada visant à aider les
un soutien aux organisations qui souhaitent implanter des communautés à travers le Canada à générer, implanter
solutions innovantes. et mettre à l’échelle des approches sociales innovatrices
afin de réduire l’isolement social des aînés. Plus
Travail indirect avec les grands partenaires spécifiquement, ce programme aide les organismes
communautaires, les gouvernements locaux et la société
Le financement des OBNL au Canada provient civile à travailler ensemble pour améliorer de manière
essentiellement des gouvernements, des fondations et substantielle les résultats concrets pour la population
de philanthropes. Dans la grande majorité des cas, les visée, incluant une participation accrue des aînés à des
processus actuels d’attribution de fonds et de reddition activités, un accès à du soutien adapté et une réduction
de compte mis sur pied par ces institutions n’offrent pas significative de l’isolement social.
les espaces nécessaires à la création, par les innovateurs
sociaux, d’un changement souhaité dans les milieux. Dans le cadre de ce partenariat, Innoweave a été
mandaté par Emploi et Développement social Canada
La complexité des problèmes sociaux et environnementaux pour accompagner neuf collectifs à travers le pays
auxquels nous faisons face nous presse de passer de dans l’élaboration, l’implantation et l’évaluation
processus traditionnels misant sur les extrants (ex. : « x » de leur plan d’impact collectif. Il incombe donc à
personnes ont participé à « y » formations) à des processus Innoweave, en tant que tierce partie et avec l’appui
innovants misant sur les résultats d’impact (ex. : « x » de ses mentors, d’accompagner les collectifs pour les
personnes ont vu leur qualité de vie s’améliorer en participant aider à atteindre leurs objectifs d’impact à l’échelle
au programme). des populations et ainsi accroître les chances de
succès pour chacun des projets.
179
Leçons et apprentissages
Les interactions étroites entretenues avec un grand nombre
d’organisations, de partenaires et de mentors sont autant
d’opportunités pour Innoweave d’intégrer de précieux
apprentissages à la manière dont il contribue à générer des
impacts plus grands. Une évaluation en continu est faite de son
offre de service et des adaptations sont incorporées aux outils à
chaque phase de financement, soit deux fois par année. Lorsque le
secteur change, Innoweave change; lorsqu’il apprend, Innoweave
Et la suite ?
apprend également. Cette façon d’apprendre et de s’adapter en
continu sera nécessaire au changement de culture
L’évaluation des accompagnements réalisés jusqu’à
auquel aspire Innoweave pour les organisations
maintenant a fait ressortir cinq grands apprentissages en ce
canadiennes : passer d’une culture qui met l’accent
qui a trait aux organisations ayant le plus d’impact à la suite
sur les activités et extrants vers une culture qui met
de nos interventions. Ainsi, les organisations augmentent
l’accent sur l’innovation et l’impact.
significativement leur impact lorsqu’elles :
Ceci nécessitera l’établissement de liens de
1 • Fontconverger leurs efforts vers un objectif confiance et durables avec des partenaires-clés qui
d’impact précis, réaliste et mesurable qui sera le nord exercent une influence privilégiée dans les milieux
magnétique de toute la stratégie. et auprès des organisations que nous souhaitons
accompagner.
2• Mettent au point une hypothèse de travail par
l’élaboration d’un schéma de transformation sociale Les apprentissages des dernières années tendent
décrivant comment cet impact sera atteint et selon à indiquer que les prochaines compétences à
quelles priorités. développer chez les organismes pour maximiser leur
impact auront trait à leur agilité vers l’innovation
3• Testent et valident leur hypothèse de départ à l’aide (prise de risque et itérations rapides) et la
de données probantes et la font évoluer au fur et à compréhension de leur place dans un système plus
mesure du déploiement de la stratégie. large afin d’identifier les leviers qui permettront
4• Réalisent chaque étape d’intervention avec rigueur de maximiser l’impact issu des actions portées par
– l’intégration des outils d’Innoweave aux pratiques l’organisme et ses partenaires directs. Innoweave
d’une organisation est un processus laborieux, mais poursuivra les apprentissages en ce sens.
payant s’il est fait diligemment.
5• Génèrent un changement de culture par l’action – les
organisations passent ainsi de « ce qu’on fait » à « voici
le changement dont nous nous rendons imputables ».
181
LA DÉMARCHE DU OBJECTIFS
CSMO-ÉSAC
Étape déterminante et décisive de la questions à se poser en ce qui concerne la
En 2005, le Comité sectoriel nécessité de mener une étude et, le cas tenue de l’étude :
de main-d’œuvre de échéant, des spécificités rattachées à l’étude. Pourquoi ? Sur quoi ? Pour qui ? Par qui ?
l’économie sociale et de
l’action communautaire
(CSMO-ÉSAC) a développé DIMENSIONS
et mis au service du secteur
une démarche de mesure Les dimensions sont les grands axes/ Dans le cas d’une mesure d’impact ces
thèmes rattachés à l’objectif ou aux grands axes/thèmes se retrouvent dans la
d’impact social adaptable et objectifs poursuivis. définition de l’activité, du projet (objectifs
rigoureuse. En complément, de l’activité, résultats attendus).
deux documents1 ont été
publiés afin de soutenir la
INDICATEURS
réalisation des mesures
d’impact social, et un Il s’agit là d’indices qui se rapprochent de questions à se poser :
service de soutien et la mesure. Les indicateurs s’obtiennent par Qu’est-ce qui permettrait de déterminer
décomposition des dimensions. si les objectifs poursuivis ont été atteints ?
d’accompagnement destiné
Quels indices rendent compte de chacune
aux partenaires du milieu a des dimensions ?
été mis en place.
MESURE
Étape d’élaboration des outils de mesure Il faut tenir compte :
(questionnaire, grille). 1) de la population cible
2) du niveau de représentativité
3) du type d’outil de mesure nécessaire ou
envisageable
4) du budget alloué à l’étude
RÉSULTATS
Saisie des données et informations recueillies par questionnaire. Traitement statistique
des données. Analyse des informations recueillies par entretiens individuels ou groupes de
discussion.
Bien que l’objet de cet article ne réside pas dans la présentation de la démarche proposée par
le CSMO-ÉSAC et dans l’explication de chacune des étapes de celle-ci (nous vous renvoyons au
document intitulé Comment mener une étude de A à Z), nous mettons de l’avant quelques règles
de base à respecter dans l’opérationnalisation de cette démarche :
1 • Bien déterminer l’objectif ou les objectifs poursuivis dans 5• Déterminer la méthodologie (quantitative ou qualitative)
le cadre de l’évaluation. Ces objectifs sont garants de la et les outils de mesure (questionnaire, grille pour la
nature même des résultats que vous obtiendrez par la tenue de groupes de discussion, grille pour les entretiens
réalisation de la mesure d’impact. individuels) en fonction de l’activité à évaluer et de la
population cible (population auprès de laquelle vont être
2• Établir ces objectifs avec consensus (membres du comité recueillies les informations nécessaires à la détermination
de travail, par exemple) afin de s’entendre sur les résultats de la contribution de l’activité ciblée). Par exemple, le
visés par la réalisation de la mesure d’impact. recueil d’informations pour la mesure d’impact social
3• Éviter de tomber dans le piège de tout englober. Votre des télévisions communautaires autonomes devra se
haut niveau de connaissance de toutes les activités et de faire auprès de téléspectateurs et téléspectatrices de la
tous les projets portés par votre organisation peut vous programmation offerte par celles-ci et non pas auprès des
amener à déborder de l’activité ou du projet à évaluer, ce gestionnaires de ces télévisions.
qui aura pour effet de diluer la contribution de l’activité 6• Opérationnaliser la démarche avec rigueur, neutralité et
ou du projet ciblé pour la réalisation de la mesure objectivité. Accepter les résultats obtenus (ne pas faire
d’impact envisagée. dire aux résultats ce qu’ils ne disent pas).
4• Défaire le mythe voulant que le quantitatif devrait être
privilégié dans tous les cas et le mythe associant le qualitatif
à un manque de rigueur, de fiabilité et de validité. Défaire
aussi le mythe voulant que toute mesure d’impact social
doit nécessairement être menée avec une méthodologie
qualitative, le quantitatif étant alors associé à l’impact
économique.
184
L’offre du CSMO-ÉSAC
Depuis 2005, le CSMO-ÉSAC offre une formation de 6 heures sur la mesure
d’impact social. Cette formation, qui s’adresse aux regroupements et aux
organisations du secteur de l’économie sociale et de l’action communautaire,
a été conçue pour répondre aux besoins du milieu. Dans le cadre de cette
formation, les participants se familiarisent avec le vocabulaire relié à l’impact
social, défont des mythes, apprennent à développer des dimensions et des
indicateurs propres à leurs actions, activités ou projets, se familiarisent avec les
outils de mesure (questionnaire, grilles pour la tenue de groupes de discussion
et pour les entretiens individuels), mesurent l’importance de bien déterminer
la ou les populations cibles, apprennent à analyser les résultats (quantitatifs et
qualitatifs) et à saisir les enjeux reliés à l’interprétation des résultats obtenus.
Le soutien est plus ciblé (validation d’un outil, soutien au traitement statistique,
avis méthodologique quant à l’analyse de résultats, avis méthodologique
au sujet de l’interprétation des résultats, etc.), alors que l’accompagnement
implique, généralement, un suivi plus étroit à chacun des moments de la
démarche d’élaboration d’une étude, et ce, quel que soit le type d’étude envisagé
(profil, portrait, étude d’impact, diagnostic de besoins de formation, etc.). Ces
activités de soutien et d’accompagnement peuvent être menées de manière
unidirectionnelle, donc en lien direct avec le partenaire du milieu, ou encore de
façon bidirectionnelle, en impliquant, à la demande du partenaire, la ressource
consultante dans la démarche.
185
MISE EN CONTEXTE
L’évaluation et la mesure de l’impact social sont des
concepts qui font couler beaucoup d’encre depuis quelques
années. Mais de quoi parle-t-on vraiment ? Quelles sont les
origines de ces concepts ? Pour qui, pourquoi et comment
évalue-t-on l’impact ? Quels sont les acteurs, méthodes et
expériences en présence ? Quels sont les difficultés, risques,
opportunités, tensions et enjeux pour l’économie sociale et
le développement de nos territoires ?
À partir de la recension et de la mise en commun des
approches, expériences, méthodes et outils existants,
l’organisme Territoires innovants en économie sociale
et solidaire (TIESS) met en œuvre, en collaboration avec
de nombreux réseaux de l’économie sociale, un projet
de transfert. Ce projet a débuté le 1er juillet 2016 et se
poursuivra jusqu’au 30 juin 2019.
le choix de la méthode
d’évaluation a une
incidence déterminante
sur la perception qu’on
se fait de l’objet évalué.
187
APPROCHE
Notre approche est celle du transfert. Ce transfert
vise une appropriation par les acteurs de l’économie
sociale des bonnes pratiques, méthodes, outils,
et plus généralement des connaissances liées à la
mesure d’impact social, mais aussi et surtout des
enjeux qui s’y rapportent. Pour réussir une telle
appropriation, le TIESS s’appuie sur un vaste réseau
de praticiens et de chercheurs qui pourront mettre
en commun leurs réflexions, assurer une mise en
lumière et une valorisation des bonnes pratiques, et
contribuer à répondre aux besoins des acteurs de
l’économie sociale.
UN CHOIX STRATÉGIQUE
La conception et le développement du projet d’outil Web trouve sa source dans une démarche
qui a fait ses preuves. Il s’agit du retour social sur l’investissement – connu sous l’acronyme
anglais SROI (Social return on investment), une méthodologie qui s’articule autour d’une
démarche fiable et encadrée comprenant un ensemble d’étapes et de principes rigoureux.
1• elle analyse les données théoriques, factuelles • pour la légitimité sociale et scientifique sans
et d’opinion. cesse grandissante de la démarche.
Un modèle révolutionnaire
Apparu aux États-Unis, développé au Royaume-Uni, le concept SROI est maintenant
répandu sur tous les continents et a été traduit en plusieurs langues. Il a été utilisé
aussi bien dans le cadre de projets de grande envergure que dans des contextes plus
modestes, et ce, dans une variété de domaines. Au Québec, des organismes comme le
CLIPP s’appuient sur cette méthode pour accompagner et évaluer la valeur sociale de
leurs activités et de celles de leurs partenaires.
Grâce au nouvel outil, les porteurs de projets à valeur sociale pourront eux-mêmes
effectuer cette analyse et en utiliser les résultats afin de faire ressortir la valeur
ajoutée des projets, faire connaître leurs initiatives et en communiquer l’impact. Le
processus d’analyse sera plus simple, le portrait des retombées des interventions
plus représentatif et le format mieux adapté. Tout ceci permettra en outre à ces
porteurs de projets d’être plus à l’écoute de leurs milieux et de leurs bénéficiaires et
de collaborer de façon plus efficace avec les différentes parties prenantes, au-delà de
la valeur marchande et de façon complètement autonome.
ŒUVRES INSPIRÉES
PAR L’IMPACT
Dans cette dernière section, nous proposons une incursion dans
la poésie et le collage, question d’avoir un regard artistique sur le
thème de l’impact. D’abord, trois poèmes abordent les thèmes de
la valeur sociale, de la synergie et de l’impact. Puis, une série de
six collages sur les changements climatiques sont présentés.
VALEUR SOCIALE
Avec la croissance exponentielle
de l’ensemble des pays dit développés
sous-développés, voire enveloppés
Les ressources seront de plus en plus rares
pertes de caviars et d’ivoires
La valeur monétaire perdra son lustre
l’économie rustre pliera l’échine, aveu illustre
La valeur sociale sera le principal indicateur de richesse
brise d’allégresse et de sagesse
Les nouveaux modèles moins conflictuels
tenteront d’éviter les tunnels unidimensionnels
La réponse sera dans la circularité
la protection de la biodiversité
la pratique d’une vive citoyenneté
194
SYNERGIE
Synergie
Quand l’énergie cumulée d’une action collective
Fait de un plus un trois
Il y a pulsation commune et coopération créative
Plusieurs chefs d’orchestre agissent de concert, créent une mélodie cohérente
D’octave en octave, établissons les bases pour l’itération de l’œuvre musicale
Soyons sur la même fréquence et composons des accords innovants
Cultivons notre capacité à surmonter les obstacles malgré les fausses notes
Décodons la complexité des rythmes, apprenons à lire entre les lignes de la portée
Inspirons-nous du son, de l’interaction vivifiante des solistes et de l’ensemble
Synergie
Quand l’énergie cumulée d’une mobilisation collective
Fait de trois plus trois dix
Il y a mouvement coordonné, impact, création d’un effet global
Dans la convergence, une chorégraphie partenariale se déploie
Mettons de côté nos égos, improvisons avec nos gestes et le chaos
Mutualisons nos forces par la danse contact contemporaine
Soyons alignés, animons ce ballet d’expertises, amalgamons
Visons l’engagement profond, un tango d’écoute de soi et des autres
L’interprétation à l’unisson, la fluide expérimentation des petits pas, des petits pas, des petits pas…
Synergie, synergie, synergie
Ton potentiel est sans fin
La cohésion est ta visée
Ton pouvoir est entre nos mains
195
Acte d’impact
Le pacte opaque du statu quo dévoile l’arnaque
Acte d’impact
Soudure qui craque, plombier méthodologique qui vaque
Acte d’impact
Du tac au tac : constat, amélioration, feed-back
196
Les six collages réalisés à la main (ciseaux et colle) se veulent un reflet de l’impact des décisions humaines sur notre
environnement. En innovation sociale, on fait référence à des problématiques sociales complexes que l’on veut résoudre.
Parmi celles-ci, les changements climatiques, qui vont confronter nos sociétés dans les prochaines années, nous incitant
à trouver comment travailler ensemble et autrement afin de modifier radicalement nos façons de faire et nos modes de
consommation énergétique.
L’ÉQUIPE
JEAN-PHILIPPE AGAISSE, conseiller stratégique en intelligence organisationnelle
Entrepreneur aguerri, Jean-Philippe Agaisse (jpagaisse.com) intervient depuis bientôt 15 ans comme conseiller stratégique auprès des
décideurs d’entreprises. Il s’intéresse en particulier aux fondations des organisations, l’intelligence organisationnelle, et son effet structurant
sur le quotidien des managers et leurs équipes. Outre la réflexion créative sur les stratégies au cœur des organisations, il intervient
également avec ses qualités de médiateur et ses habiletés en gestion de crise. Collaborateur du collectif Réflectance (reflectance.org),
passionné par les questions d’éthique en entreprise, et en particulier la RSE et la santé au travail, il est impliqué dans plusieurs projets
d’entrepreneuriat social.
LYNDA BINHAS, chargée de projet en recherche et analyse, Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’économie sociale et de
l’action communautaire
Détentrice d’un doctorat en sociologie, Lynda Binhas, chargée de projet en recherche et analyse au CSMO-ÉSAC, y réalise notamment des
portraits, des diagnostics et des mesures d’impact. Elle a développé une démarche rigoureuse et adaptable à tous types d’activités/projets,
pour la réalisation de mesures d’impact social. Cette démarche fait l’objet de conférences et de formations à l’échelle de la province. Lynda
Binhas possède 30 années d’expérience en recherche et a enseigné pendant plus de 10 ans le cours d’évaluation dans le programme MBA
pour cadres spécialisé en gestion d’entreprises collectives offert à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.
MARIE J. BOUCHARD, professeure chercheure, École des sciences de la gestion (UQAM) et ÉMILIEN GRUET, conseiller en
transfert, Territoires innovants en économie sociale et solidaire (TIESS)
Le TIESS est un organisme de liaison et de transfert en innovation sociale (OLTIS) reconnu par le ministère de l’Économie, de la Science et
de l’Innovation (MESI). Le TIESS regroupe de nombreux acteurs de l’économie sociale et solidaire et du développement territorial de même
que des centres de recherche, des universités et des collèges. Il repère, inventorie, éclaire et systématise les innovations expérimentées par
les entreprises et les organisations de l’économie sociale afin d’en favoriser la diffusion et l’appropriation. Il permet de réaliser un transfert
de connaissances pratiques et théoriques coproduites par les praticiens et les chercheurs et contribue au développement des territoires
au Québec.
201
BRENDA PLANT, partenaire chez Ellio, Conseil en développement durable, et cofondatrice de Tottem Nutrition
Brenda est entrepreneure sociale et s’intéresse à l’innovation sociale, la finance responsable, la consommation écoresponsable et le
changement comportemental depuis 2000. Comme consultante, elle a accompagné des dirigeants d’entreprises, des gestionnaires d’actifs
et des fondations dans la poursuite de stratégies d’innovation sociale. Elle a cofondé plusieurs entreprises et organisations innovantes
(Tottem Nutrition, Ethiquette, Ellio, Cataléthique…). Brenda est titulaire d’une M. Sc. de HEC Montréal et de deux baccalauréats de l’Université
McGill en organisation communautaire et humanisme. Elle a enseigné à la Faculté de gestion de McGill. En 2009, le journal Les Affaires l’a
reconnue comme l’une des 15 femmes qui font « bouger » le Québec.
202