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de pêche profonde
pour les îles du Pacifique
Techniques de pêche profonde pour les Îles du Pacifique : Manuel à l’intention des pêcheurs
G. L. Preston... [et al.]
639.2028 AACR2
ISBN 982-203-707-4
Auteurs
1. Garry L. Preston, Gillett, Preston and Associates Inc., BP 11041, 98802 Nouméa Cedex, Nouvelle-
Calédonie.
ii
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient pour leur contribution technique Barney Smith et Alastair Robertson, anciens agents
de la CPS, le premier en tant que conseiller halieutique et le second en tant que chargé de la Formation à
la pêche.
La plupart des dessins contenus dans ce manuel sont l’œuvre du graphiste Steve Belew, dont la participation
était financée par le Programme régional FAO de développement de la Pêche dans le Pacifique Sud.
dia. Diamètre
DÉCHARGE DE RESPONSABILITÉ
Les références à des noms de marques ou à des procédés de fabrication figurant dans le présent ouvrage ne
signifient en aucun cas qu’ils ont la caution des organismes précédemment cités. Toute référence au genre
masculin implique le genre féminin, et vice-versa, sauf mention contraire ou impossibilité manifeste.
iii
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1 : LA PÊCHE PROFONDE : GÉNÉRALITÉS 3
A. La pêche profonde dans le Pacifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4
B. Les espèces les plus courantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
C. Naviguer sans risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
D. Prévenir les accidents et les blessures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10
CHAPITRE 2 : LE MATÉRIEL DE PÊCHE 13
A. L’équipement de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14
B. Les lignes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
C. Les hameçons, les émerillons et les lests . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16
D. Les outils et le matériel de pêche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18
E. Les nœuds de fixation des hameçons et des émerillons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20
F. Les nœuds de liaison des lignes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22
G. Les boucles de liaison pour les lignes et le matériel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
H. Les boucles de liaison en câble métallique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24
I. Les points d’attache des avançons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
J. La ligne complète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
K. Les moulinets pour la pêche profonde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
L. Les appâts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
M. ‘La camoufle’ (‘le broumé’ ...) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32
CHAPITRE 3 : LE BATEAU DE PÊCHE 35
A. L’embarcation : Considérations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36
B. Montage du moulinet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38
C. Caisses à poisson et glacières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40
D. La ligne de mouillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42
E. Les ancres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44
F. Les écho-sondeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46
G. Instruments servant à remonter le poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48
CHAPITRE 4 : LA PÊCHE 51
A. Choix du lieu de pêche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52
B. La pêche dans le lagon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53
C. La pêche à l’extérieur du récif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54
D. Vérification de la profondeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56
E. Mouillage de l’ancre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58
F. Positionner le bateau au mouillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60
G. Ferrer et remonter le poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63
H. Remonter le poisson à bord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .64
I. Virer l’ancre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66
J. Dériver sous l’effet du vent et du courant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68
CHAPITRE 5 : APRÈS LA PÊCHE 71
A. Conservation des prises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72
B. Manutention du poisson pour l’exportation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
C. Entretien du bateau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .74
D. Entretien du matériel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .76
E. Les registres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77
APPENDICE: AUTRES MÉTHODES DE PÊCHE PROFONDE 79
v
INTRODUCTION
Le Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (anciennement Commission du Pacifique Sud) œuvre
depuis 30 ans pour encourager le développement de la pêche dans les États et territoires des îles du Pacifique. La
CPS a cherché à répertorier les ressources marines côtières et pélagiques; elle a introduit et mis à l’essai des
méthodes et des engins de pêche nouveaux ou originaux et des programmes de formation technique et profes-
sionnelle adaptés aux besoins des pêcheries nouvelles.
Parmi ceux-ci, notons le programme de formation aux techniques de la pêche, de la navigation et du matelotage
destiné aux pêcheurs artisanaux qui a connu un succès particulier. Lancé en 1978, il a été confié à l’équipe de
maîtres de pêche de la CPS qui, à la demande des gouvernements océaniens, dirigent des cours de formation et
se rendent dans les collectivités de pêcheurs pour organiser des stages pratiques de formation aux techniques de
pêche. Ils ont accumulé plus de 60 ans d’expérience collective de la pêche et de la formation à la pêche dans les
États et territoires du Pacifique. Les informations contenues dans ce manuel ont été rassemblées — à partir de dis-
cussions et de documents écrits — par les maîtres-pêcheurs et les spécialistes du développement de la pêche de
la CPS . Et c’est en partie le désir de rendre compte, même de façon incomplète, des connaissances (non consi-
gnées pour l’essentiel) et de l’expérience pratique accumulées sur le terrain par ces spécialistes qui est à l’origine
de ce manuel.
Mais son objectif principal est d'aider les pêcheurs des îles du Pacifique à obtenir de meilleurs résultats lorsqu’ils
pratiquent la pêche profonde, et en particulier lorsqu’ils pêchent à des fins commerciales ou semi-commerciales.
Ce manuel est destiné à tous les pêcheurs qui souhaitent améliorer ou approfondir leur connaissance des principes
et techniques de la pêche profonde. Nous avons tenté de détailler au maximum le montage et l’utilisation des prin-
cipaux équipements et décrit brièvement quelques méthodes de pêche moins courantes. Nous avons aussi appor-
té des informations sur les techniques de manutention du poisson qui assureront des prix élevés sur le marché local
comme à l’exportation. Nous espérons que le contenu de ce manuel permettra à tous les pêcheurs novices ou che-
vronnés qui pratiquent la pêche profonde d’améliorer leurs résultats et d’augmenter leurs bénéfices.
Ce manuel sera aussi précieux pour les activités régulières de formation de la division des Ressources marines de
la CPS, pour les organismes nationaux de développement de la pêche et pour les agents de vulgarisation. Il est
conçu comme un outil de formation pour présenter et expliquer les techniques de pêche aux pêcheurs des zones
rurales et autres. Aussi avons-nous essayé de présenter le plus possible d’informations sous forme visuelle en pen-
sant aux nombreux habitants des îles du Pacifique dont la langue maternelle n’est pas le français. Pour la même
raison, nous avons voulu que le texte soit aussi simple et aussi peu technique que possible.
De nombreux aspects de la pêche profonde se recoupent; dans ce manuel, nous les avons séparés en sections, cha-
cune d’entre elles étant consacrée à un seul sujet. Chacun de ces sujets est traité sur une page double où nous avons
cherché à rassembler le plus d’informations possible. Comme les pêcheurs ne sont pas toujours d’accord entre eux
sur les différents aspects de la pêche, nous avons essayé de présenter un choix d’options et d’opinions chaque fois
que la tendance générale ne nous semblait pas très nette. La plupart des sujets prêtant à controverse qui ne parais-
saient pas essentiels ont été omis.
Les sujets sont classés en cinq grands chapitres où sont abordés les principes élémentaires de la pêche profonde: la
préparation de l’embarcation et celle du matériel, les méthodes de pêche, les activités après la pêche. Ils sont suivis
par une petite annexe dans laquelle sont présentées des informations sur les méthodes nouvelles ou peu courantes de
pêche profonde. Comme on pouvait s’y attendre, il a été impossible d’éviter totalement les répétitions, mais nous
espérons que les renvois contenus dans le texte, ainsi que les titres et les sous-titres détaillés du sommaire, permet-
tront au lecteur, soit de suivre un sujet particulier à travers le manuel, soit d’y trouver une information précise.
Outre ce document, la CPS a produit plusieurs manuels, guides et modules de formation sur la pêche et les sujets
annexes. Les techniques de pêche à la traîne pour les Îles du Pacifique: un Manuel à l’intention des pêcheurs pré-
sente une information complète sur les techniques de pêche à la traîne et le matériel utilisé. De même: La pêche
à la palangre verticale et autres méthodes de pêche autour des dispositifs de concentration du poisson dévelop-
pe les techniques liées à ce type de pêche. Les trois volumes du manuel de la CPS sur les DCP visent à aider les
services des Pêches à établir des programmes de mouillage de DCP susceptibles d’optimiser les bénéfices de l’in-
dustrie des pêches locales. Du matériel de formation de la CPS et des documents destinés au public (y compris
des notes de lecture, des cassettes vidéos, des transparents et des posters) sur la pêche, les DCP et la sécurité en
mer sont disponibles, ainsi que les schémas et les instructions nécessaires à la construction des moulinets de pêche
décrits dans le présent volume. D’autres publications, devant traiter d’aspects de la pêche qui n’ont pas encore été
abordés par ces différents supports, sont également prévues. Pour obtenir davantage d’informations, il suffit
d’écrire à la CPS à l’adresse indiquée à la fin de ce document.
1
CHAPITRE 1
3
CHAPITRE 1 : La pêche profonde : généralités
Empereurs
Lutjans
Loches
4
CHAPITRE 1 : La pêche profonde : généralités
La pêche profonde a été essayée dans la plupart des îles du Pacifique, à certains endroits avec succès, ailleurs
de façon moins heureuse. Au départ, l’objectif principal du développement dans de nombreux pays était d’ac-
céder aux marchés qui vendaient du poisson frais au prix fort, au Japon, à Guam, à Hawaï et sur la côte ouest
des États-Unis. Les pays qui disposaient de correspondances aériennes directes vers ces marchés étaient ceux
qui réussissaient le mieux à exporter du poisson frais à prix élevé. Bien que les pêcheries aient été orientées
vers l’exportation, la pêche elle-même était en général — et est toujours — de type artisanal, ayant recours à
de petites embarcations, des techniques de pêche non mécanisées et une technologie rudimentaire.
Taïwan Hawaï
Guam
Australie
Nouvelle-Zélande
Toutefois, plus récemment, le développement des marchés à poisson locaux a favorisé la relance de cette acti-
vité dans de nombreux endroits. En ville, les marchés à poisson des îles du Pacifique deviennent de plus en
plus exigeants sur la qualité, et les poissons démersaux peuvent atteindre des prix haut de gamme s’ils sont
manipulés et commercialisés correctement. L’avantage majeur de ces espèces démersales pour les marchés
locaux et à l’exportation est qu’elles ne sont jamais ciguatoxiques. Il s’agit d’une toxicité naturelle des pois-
sons de récif et du lagon qui se nourrissent d’une algue toxique poussant sur le corail. Les poissons atteints
de ciguatera provoquent un empoisonnement (la ciguatera ou ‘gratte’ en Nouvelle-Calédonie) qui empêche la
personne malade de consommer des produits de la mer pendant longtemps. Le risque d’attraper la ciguatera
inquiète énormément de nombreux consommateurs de poissons du lagon et du récif. Cette toxicité n’affectant
jamais les poissons démersaux du fait de leur alimentation différente, ils en sont d’autant plus valorisés.
La croissance des industries touristiques et alimentaires augmente encore la demande de poissons démersaux
de haute qualité. De surcroît, de nouveaux marchés à l’exportation se développent en Australie, Nouvelle-
Zélande et ailleurs, et ils sont beaucoup plus accessibles pour de nombreuses îles que les marchés ‘tradition-
nels’ du Japon et des États-Unis. Enfin, les liaisons de fret aérien vers de nombreux pays du Pacifique s’amé-
liorent du fait de l’accroissement des exportations de thon frais en provenance de ces régions, auxquelles
celles des poissons démersaux sont très souvent intégrées. L’ensemble de ces facteurs offre de nouvelles
opportunités au développement — ou au re-développement — des pêcheries profondes des îles du Pacifique.
5
CHAPITRE 1 : La pêche profonde : généralités
Vivaneau rouge,
Sacré chien rouge
Etelis carbunculus
Paracaesio kusakarii
Vivaneau la flamme,
Barbier les gros yeux Bossu blanc à points noirs
Etelis coruscans Gymnocranius euanus
Aphareus rouge
Aphareus rutilans Brème olive
Wattsia mossambica
Vivaneau blanc
Pristipomoides filamentosus Perche pagaie, Lutjan bossu
Lutjanus gibbus
6
CHAPITRE 1 : La pêche profonde : généralités
Profondeur
Pour le pêcheur, la profondeur est l’élément essentiel qui intervient dans la composition des espèces capturées. La
carte ci-dessous donne une idée de la profondeur à laquelle vivent quelques unes des espèces les plus courantes
attrapées en pêche profonde. Mais nous l’avons vu, il peut y avoir de grandes variations d’un endroit à l’autre.
Profondeur à laquelle se tiennent généralement les espèces démersales les plus courantes
Lutjanus gibbus
50 m
Epinephelinae La pente est douce
(peu profonds) dans la partie
supérieure du tombant
Aprion virescens
Lutjanus bohar Vers 75-100 m, la pente change
100 m
et devient plus raide
Lutjanus malabaricus
Lethrinus miniatus
Lutjanus argentimaculatus
Wattsia mossambica
150 m
Pristipomoides filamentosus
Seriola rivoliana
Pristipomoides flavipinnis
200 m
Pristipomoides zonatus
Etelis coruscans
Etelis carbunculus
250 m Epinephelinae Le tombant récifal est plus abrupt dans sa partie inférieure
(profonds)
Gempylidae
Ruvettus pretiosus
300 m
En général, pour une espèce vivant à une profondeur donnée, les spécimens de petite taille sont plus nombreux dans
la partie supérieure de la zone occupée par cette espèce, les spécimens les plus gros sont plus rares dans sa partie
inférieure, et la meilleure profondeur pour la pêche se situe quelque part entre les deux. Les vivaneaux rouges vivent
le plus souvent à d’assez grandes profondeurs, vers 200–300 m, tandis que d’autres vivaneaux sont un peu moins
bas, vers 150–250 m. La pêche profonde se situe donc en général entre 100 et 300 m de profondeur.
7
CHAPITRE 1 : La pêche profonde : généralités
Les récepteurs GPS sont des positionneurs électroniques qui utilisent les satellites
et permettent de localiser les lieux de pêche connus avec rapidité et facilité. Leur
position est chargée dans le GPS qui fournit alors des informations sur le cap à
suivre et la distance à parcourir. Il fut un temps où les GPS étaient chers et rares
dans les îles du Pacifique, mais leur prix a progressivement diminué et ils sont
devenus plus répandus. Le premier GPS portable de moins de 100 USD — donc
moins cher que le coût d’un bon compas de relèvement — est disponible depuis
peu sur le marché. Le prix des GPS continuant à baisser, ils seront de plus en plus
utilisés pour la pêche profonde.
Quelle que soit son utilité, un GPS ne saurait être considéré comme un substitut du
compas. Tous les appareils électroniques peuvent tomber en panne, se dérégler, ou
leur pile peut se décharger, surtout s’ils tombent à l’eau. De plus, la précision du GPS
peut être très diminuée dans certains cas, lorsqu’il y a peu de satellites à portée ou
lorsqu’une couche épaisse de nuages ou des pluies abondantes gênent la réception. Il
faut donc toujours avoir un compas à bord, même si on utilise un GPS. GPS portable bon marché
8
CHAPITRE 1 : La pêche profonde : généralités
ise
pêcheur — soit qu’il les Sommet de et 177°26.510' E
al
ait déjà enregistrées ou
b
la montagne
la
qu’un de ses amis les lui
is
pu
ait données — il peut,
de
7°
avec un compas et une
04
carte marine, calculer le
e=
ch
s
cap et la distance de ce
lle
pê
Récif
mi
lieu par rapport à sa base
de
5,5
ieu
de pêche. Il peut ensuite
e:
el
nc
utiliser ces données pour
sl
s ta
er
se rendre directement sur
pv
Di
Ca
le lieu de pêche et en
revenir, sans perdre de Terre
temps à le rechercher. Balise marquant la passe du récif
Il n’est pas toujours possible d’utiliser un alignement au large d’îles basses ou d’atolls, trop bas sur l’eau pour
que les amers soient visibles. Dans ce cas, le pêcheur doit faire usage de son compas. Mais, lorsque le lieu de
pêche est situé autour d’îles hautes, on peut en général trouver un couple d’alignements qui se croisent à cet
endroit. Ils peuvent être enregistrés s’il s’agit d’un lieu de pêche productif.
Sommet de
la colline Antenne de radio Le bateau suit la direction du
premier alignement jusqu’à
ce que le second soit
visible
Pointe
Un pêcheur devrait toujours pouvoir approcher son lieu de pêche en suivant un premier alignement jusqu’à
ce que le second soit visible.
9
CHAPITRE 1 : La pêche profonde : généralités
10
CHAPITRE 1 : La pêche profonde : généralités
BLESSURES
Les bateaux utilisés pour la pêche profonde sont remplis d’hameçons pointus, de gaffes et de couteaux pour
venir à bout — parfois par une mer agitée — de poissons armés de dents et d’épines et qui se débattent vigou-
reusement. Les blessures superficielles du type coupures, ecchymoses, brûlures dûes au frottement de la ligne,
sont quasiment inévitables, surtout sur les mains, et des accidents beaucoup plus graves risquent aussi de se
produire. Un pêcheur avisé prendra toutes les précautions pour réduire au minimum les risques d’accident et
être prêt à leur faire face si nécessaire.
11
CHAPITRE 2
LE MATÉRIEL DE PÊCHE
A. L’ÉQUIPEMENT DE BASE 14
B. LES LIGNES 15
C. LES HAMEÇONS, LES ÉMERILLONS ET LES LESTS 16
D. LES OUTILS ET LE MATÉRIEL DE PÊCHE 18
E. LES NŒUDS DE FIXATION DES HAMEÇONS ET DES ÉMERILLONS 20
F. LES NŒUDS DE LIAISON DES LIGNES 22
G. LES BOUCLES DE LIAISON POUR LES LIGNES ET LE MATÉRIEL 23
H. LES BOUCLES DE LIAISON EN CÂBLE MÉTALLIQUE 24
I. LES POINTS D’ATTACHE DES AVANÇONS 26
J. LA LIGNE COMPLÈTE 27
K. LES MOULINETS POUR LA PÊCHE PROFONDE 28
L. LES APPÂTS 30
M. ‘LA CAMOUFLE’ (‘LE BROUMÉ’ ...) 32
13
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
14
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
• le monofilament: lignes en plastique, et le plus souvent en nylon, faites d’un filament unique
• le fil toronné: lignes faites de quelques brins ou d’un plus grand nombre
• le fil à surlier (la moins lourde), la garcette et le cordage (la plus lourde): lignes faites de deux ou
trois torons de fibres commises
• la garcette tressée: ligne faite de plusieurs filaments tissés ensemble; très souvent une gaine tressée
entoure une partie centrale (âme) faite de fibres
• le câble: ligne métallique constituée de plusieurs filaments tordus ou commis ensemble.
Rappel: une ligne affaiblie casse au moment où elle est la plus tendue, c’est-à-dire quand un gros poisson vient
de mordre. Des données sur la façon de travailler avec les différents types de cordage, lignes et câbles sont fournies
en 2E-2I, avec la description des nœuds et attaches nécessaires au montage du bas de ligne.
15
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
• Avec un hameçon droit, si le poisson sent la pointe et se retire, l’hameçon se décroche souvent. Les hame-
çons droits sont efficaces lorsque l’appât est en mouvement, comme dans le cas de la pêche à la traîne, ou
bien lorsque le pêcheur peut effectivement ferrer le poisson, avec une canne à pêche ou une ligne à main
utilisée dans peu d’eau. Par contre dans la pêche profonde, il n’est pas facile de vraiment ferrer le poisson
aussi celui-ci risque-t-il de ne pas être pris avec un hameçon droit s’il n’avale pas l’appât.
• Avec un hameçon à pointe rentrante, si le poisson sent la pointe et se retire, l’hameçon va pivoter et s’ac-
crocher dans le coin de sa bouche. L’hameçon ‘s’autoferre’ littéralement, ce qui constitue un avantage en
eau profonde où l’on sent difficilement les touches et où la longueur et l’élasticité de la ligne rendent le
ferrage difficile.
Fonctionnement d’un hameçon rentrant
Lorsque le poisson
sent la pointe
de l’hameçon....
... et le ferre
la moindre
pression qu’il exerce
fait pivoter l’hameçon
qui s’accroche
16
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Hameçon
à thon Mustad O’Shaugnessy Eagle Gamakatsu
BKN Claw
Les principaux inconvénients des hameçons rentrants sont leur coût relativement élevé et le fait qu’ils sont plus
difficiles à appâter que les hameçons droits. Mais ils sont nettement plus avantageux par rapport au nombre de
prises ferrées, aussi les préfère-t-on pour ce type de pêche.
Les émerillons
Dans l’équipement de pêche profonde, on incorpore en général un émerillon entre la ligne principale et le bas
de ligne. L’émerillon évite à la ligne principale de se vriller pendant la pêche. Ce problème se pose lorsqu’on
vire une ligne sur laquelle sont accrochés un ou plusieurs poissons. Le mouvement ou la position du poisson
peuvent vriller la ligne de façon importante, en particulier dans le cas d’une loche qui est remontée la gueule
grande ouverte. La ligne peut aussi vriller au filage, lorsqu’elle est munie d’un sac à ‘camoufle’. Un émerillon
est donc un élément essentiel de la ligne profonde. Les plus communs sont les émerillons baril et torpedo.
Les émerillons
17
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Le plus important est d’avoir à portée de la main les Travail du nylon monofilament
outils et le matériel nécessaire. Les outils dépendent
des matériaux qu’on utilise, mais, dans l’ensemble,
Pinces ordinaires
ce sont des outils ordinaires que l’on trouve dans les
quincailleries et les magasins de détail.
Couteau tranchant
Travail du nylon Pierre
à affûter
Lorsqu’on travaille le nylon monofilament, quelques
Huile
outils de base suffisent: une paire de pinces ordi-
naires, un bon couteau et une pierre à affûter (pierre
à huile ou pierre ordinaire). Il faut affûter régulière-
ment les couteaux.
Matelotage courant
Soie dentaire...
Chatterton...
Matelotage courant
...ou fil à surlier Pour les travaux de matelotage courant, il est bon
d’avoir sous la main du ruban adhésif, du fil à sur-
lier, de la garcette ou de la soie dentaire cirée. Tout
cela sert à surlier l’extrémité des cordages, à attacher
ou à immobiliser les lignes, etc.
... pour
surlier le bout ...pour immobiliser Travail du fil métallique
des cordages temporairement la ligne
Pinces coupantes ... pouvant être affûtées
Travail du fil métallique avec une petite lime
18
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Épisser
Il est parfois nécessaire d’épisser les cordages ou les câbles. Il faut utiliser un outil pour écarter le commet-
tage du dormant de façon à pouvoir y glisser l’extrémité du toron libre. On peut se servir d’un épissoir à cet
effet, ou à défaut d’un tournevis, d’une pointe, voire même d’un hameçon dont on a limé l’ardillon.
Différents outils peuvent servir... ...à épisser du fil métallique toronné
Tournevis
Grand hameçon
dépourvu d’ardillon
Éviter la rouille
Pour bien entretenir tout ce qui est métallique — hame-
... ou une vieille çons, fils, câbles, etc. — et aussi les outils, quand on a
huile à moteur ... fini de s’en servir, il faut les essuyer pour enlever l’eau
de mer ou les rincer avant de les huiler. On utilise de
l’huile à moteur ordinaire ou un lubrifiant hydrofuge à
vaporiser (6.66, WD-40, etc.). L’huile de vidange des
moteurs convient parfaitement.
En plus de ces outils, des ustensiles de pêche et du
... pour graisser le matériel matériel sont aussi nécessaires (cf. 2B et 2C). Les
et l’empêcher de rouiller méthodes de fabrication du matériel de pêche sont
décrites dans la suite de ce chapitre.
Matériel de pêche
Hameçons
Émerillons
19
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Le nœud Palomar est très populaire Faites une boucle au bout de la ligne et
parmi les pêcheurs hawaïens qui le passez-la dans l’œil de l’hameçon
trouvent plus facile à faire et moins
glissant que les autres nœuds.
Nœud de clinch
Le nœud de clinch (nœud de Bouline)
Passez l’extrémité de la ligne dans l’œil C’est un très bon nœud pour le monofilament.
de l’émerillon ou de l’hameçon
• passez l’extrémité de la ligne dans l’œil de l’ha-
meçon (ou dans l’émerillon) et pliez-la en deux;
20
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Le nœud ‘snell’
C’est un mode de fixation des hameçons rapide et sûr lorsqu’on utilise du monofilament. Le noeud s’effectue
comme sur le schéma.
Nœud ‘snell’
Passez la ligne dans ... puis enroulez-la Desserez les boucles, ... Repassez l’extrémité
l’œil de l’hameçon, quatre fois autour y compris celle qui à travers l’œil et
de l’arrière vers l’avant... de la hampe passe dans l’œil... la première boucle
Le nœud coulant
On peut utiliser ce nœud à la fois pour du gros monofilament et pour les lignes tressées, comme le Super-Toto
ou le dacron, car il est difficile de faire des nœuds de clinch avec ce matériau qui est difficile à serrer à cause
de sa surface inégale.
21
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Le nœud d’aboutage
Il convient pour relier des lignes monofilament à d’autres lignes du même type.
Fermez le nœud
doucement en tirant
sur les dormants de
chaque côté à la
Enroulez l’extrémité fois
des lignes l’une sur l’autre
8 à 10 fois...
Serrez
Faites une boucle avec Repassez l’extrémité Enroulez-la Fermez le nœud, mais pas trop
une ligne et passez-la autour de la ligne munie d’une boucle ainsi 4 à 5 fois serré, et repétez la même
de l’autre ligne à travers elle-même opération avec l’autre ligne
Serrez fort
On obtient un nœud sur chaque ligne,
enroulé autour de l’autre ligne
22
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
On peut également lier les lignes entre elles en utilisant deux boucles. On forme des boucles de liaison à l’ex-
trémité de chacune des deux lignes puis on les passe l’une dans l’autre comme on le voit sur l’illustration.
Cette méthode est particulièrement utile quand une des lignes est assez courte, et on s’en sert en pêche pro-
fonde pour attacher les avançons au bas de ligne.
Serrez
23
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
La meilleure façon de faire des boucles de liaison Boucle de liaison formée par vrillage dans un câble
dans du câble galvanisé est de commencer par une d’acier galvanisé
double vrille et d’enrouler ensuite séparément
chaque petit toron (voir ci-dessous). 15 cm.
Tordez
les deux fils
2 à 5 cm
4. Prenez ensuite le second toron et répétez la pro- ...puis coupez ou cassez le bout
cédure en l’enroulant très serré autour du dor- Enroulez le toron suivant
mant et en recouvrant l’extrémité du toron pré- par-dessus
cédent. Coupez ou cassez les extrémités. le premier et coupez
24
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Formez la boucle, puis Séparez les trois Enroulez 6 ou 7 fois Répétez l’opération Puis avec le troisième, enroulé
enroulez 2 ou 3 fois principaux l’un de ces torons avec le second toron, par-dessus les deux autres,
l’extrémité du câble torons autour du dormant enroulé par-dessus le et coupez les bouts
autour du dormant premier
L’œil à la flamande
Pour renforcer une boucle dans un câble et éviter qu’elle ne se défasse, vous pouvez confectionner un œil à
la flamande. Il suffit de faire un demi-nœud ordinaire dans le câble, puis de le resserrer à la dimension de l’œil
que vous désirez. Repassez l’extrémité dans le nœud une fois de plus, puis faites une vrille et un enroulement
comme ci-dessus. On obtient ainsi une boucle solide et plus rigide.
Si l’on utilise des manchons pour confectionner des boucles de liaison dans du câble, il faut toujours utiliser deux man-
chons et les choisir de la dimension qui convient au câble. Glissez les manchons dans le câble puis formez un œil à la
flamande comme ci-dessus. Passez l’extrémité dans le premier manchon, glissez le manchon contre l’œil puis sertis-
sez-le à l’aide des pinces. Enroulez légèrement l’extrémité autour du dormant puis sertissez l’autre manchon au niveau
de l’extrémité en vous assurant que les deux câbles sont bien l’un contre l’autre et que le bout ne dépasse pas.
Sertissage des boucles de liaison
25
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Le nœud d’artilleur
Il sert à confectionner des boucles de liaison le long d’une ligne faite de fil métallique en acier galvanisé, de
type Turimoto toronné ou autre. On ne peut le faire que sur une courte portion de ligne (3 à 4 m maximum)
parce qu’il faut réaliser un demi-nœud sur la ligne, ce qui n’est guère pratique avec des lignes très longues.
On peut aussi utiliser le nœud d’artilleur pour confectionner des boucles de liaison sur une longueur de mono-
filament. Dans ce cas, il faut rajouter quelques tours au demi-nœud pour empêcher la boucle de glisser lors-
qu’elle subit une forte traction.
Le nœud de harnais
Il peut être utilisé à la fois pour du câble et du monofilament, ce dernier cas étant le plus fréquent. Avec du
câble, on a besoin d’un seul tour lors de la deuxième étape, alors qu’il en faut 3 ou 4 avec du monofilament.
Confectionnez une boucle Passez la boucle 3 ou 4 fois Passez ensuite la Maintenez la boucle avec
dans la ligne autour du point d’intersection boucle entre les un orteil ou un objet fixe
des lignes, tout en tours, à peu près pendant que vous tirez fort
le maintenant au milieu sur les extrémités
Le nœud de harnais est utile pour confectionner des boucles de liaison avec de longues lignes sur lesquelles
le nœud d’artilleur s’avèrerait difficile à réaliser.
26
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
• La ligne principale, qui constitue l’essentiel de la ligne et sert à descendre l’hameçon sur le fond. Elle est
en général en nylon monofilament d’une résistance de 100 à 300 kg, mais peut aussi être faite de garcette
tressée ou d’autres matériaux. On a aussi expérimenté le câble en acier inoxydable, mais les pêcheurs ont
des difficultés à savoir quand le lest touche le fond à cause du poids du câble dans l’eau. La longueur de la
ligne dépend de la profondeur, mais elle doit normalement mesurer au moins 500 m.
• Le bas de ligne, sur lequel se trouvent les hameçons appâtés, le lest et, parfois, un sac à ‘camoufle’. Le bas
de ligne peut être en nylon, et sa résistance à la rupture est alors inférieure à celle de la ligne principale. Ou
bien on peut utiliser un câble d’acier, le plus populaire étant le câble d’acier galvanisé Turimoto à 9 torons.
Une boucle de liaison est confectionnée dans sa partie supérieure pour le relier à la ligne principale, et à son
extrémité inférieure pour attacher le lest. Plusieurs points d’attache pour les avançons sont disposés le long
du bas de ligne, au moyen de nœuds (cf. 2I) ou d’émerillons trois voies.
Bas de ligne de configuration différente
Boucle Sac
Bas de ligne en
de liaison ‘à camoufle’ fixé
nylon monofilament
avec double sur le point d’attache
vrille et de l’avançon supérieur
enroulement
Boucle de liaison
de l’avançon avec
Boucle de nœud de harnais
liaison de
l’avançon Avançon en
avec nœud câble métallique
de harnais Bas de ligne
en câble toronné
galvanisé
Avançon en câble
métallique Bas de ligne en câble
toronné galvanisé
Avançon en
câble métallique
Émerillon
trois-voies
Lest fait d’une boîte de
servant de
conserve remplie de ciment
point d’attache
à l’avançon
Lest en fer à béton
Pour l’assemblage du bas de ligne, de nombreux pêcheurs préfèrent placer les hameçons les plus gros dans sa
partie supérieure et diminuer leur taille au fur et à mesure que l’on s’approche de l’extrémité inférieure. En effet
les plus petits poissons sont très souvent capturés près du fond où ils sont en plus grand nombre, les plus gros
spécimens étant plus haut sur la ligne, mais moins nombreux. Pour la même raison, beaucoup d’entre eux fixent
le sac à ‘camoufle’ (cf. 2M) au point d’attache supérieur.
Lorsque l’on pêche sur des fonds réguliers ou sablonneux, on peut fixer directement les lests au bas de ligne. Par
contre, sur des fonds accidentés ou rocheux, il vaut mieux se servir d’une petite longueur de ligne légère qui peut
casser si le lest se coince, permettant ainsi de récupérer plus facilement le bas de ligne (et les poissons).
27
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Certains pêcheurs préfèrent encore la ligne à main car, disent-ils, elle leur permet un ferrage plus rapide
lorsque le poisson mord. L’utilisation de lignes à main si longues pose néanmoins un certain nombre de pro-
blèmes. Et tout d’abord, celui du temps nécessaire au virage de telles lignes en eau profonde. Ensuite, le
risque d’enchevêtrement des lignes une fois à bord, qui peuvent prendre des heures à démêler. Autre problè-
me: si un gros poisson du type requin mord à l’appât, la ligne peut devenir difficile à contrôler et le pêcheur
risque de se blesser les mains. En réalité, la simple manipulation de la ligne provoque inévitablement des cou-
pures, des brûlures et des ampoules. Enfin, la ligne peut s’user en frottant contre le plat-bord et l’entailler pro-
fondément, surtout s’il s’agit de garcette tressée.
...risque
de provoquer des ...rend problématique le ...peut causer des blessures
enchevêtrements contrôle des gros poissons aux mains ...et abîmer le bateau
On peut résoudre ces problèmes en installant des moulinets pour mieux contrôler la ligne. Ils augmentent sa
vitesse de virage, permettent au pêcheur de manœuvrer le poisson plus facilement, évitent les blessures, écar-
tent presque en permanence la ligne du bateau et minimisent les risques d’emmêlement. Leur inconvénient
majeur est leur coût. Ils peuvent aussi être d’un usage difficile et provoquer des douleurs musculaires s’ils
sont mal construits ou mal positionnés. Tous ces problèmes peuvent être résolus — le coût des moulinets sera
amorti sur le long terme par une efficacité et une productivité accrues, les douleurs au dos peuvent être évi-
tées en construisant et plaçant correctement le moulinet. La plupart des pêcheurs qui s’habituent à utiliser un
moulinet ne reviennent jamais à la ligne à main.
On trouve dans le commerce de nombreux modèles de moulinets dont plusieurs conviennent à la pêche pro-
fonde. D’ordinaire, ils sont munis de freins à friction et équipés d’un système de montage facile à régler; la
plupart sont construits solidement avec des matériaux qui dureront longtemps, même en milieu marin.
Moulinets de pêche profonde du commerce
Malheureusement, ils sont souvent coûteux (500 à 1000 USD) et parfois difficiles à trouver dans la région du
Pacifique. Il arrive que les pièces détachées manquent et que les réparations soient difficiles à effectuer localement.
28
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Aussi la meilleure solution pour les pêcheurs artisanaux des îles du Pacifique est-elle d’utiliser un moulinet à
main en bois du type de celui présenté ici. C’est la FAO qui, la première, l’a introduit au Samoa en 1975 et,
depuis, la CPS ainsi que de nombreux services des pêches des Îles du Pacifique encouragent les pêcheurs à
l’utiliser. On trouve ces moulinets dans le commerce dans beaucoup d’endroits, et ils peuvent aussi être fabri-
qués par les pêcheurs eux-mêmes à l’aide d’outils simples et de matériaux locaux.
Le moulinet en bois et ses composantes
Support (permet au
bras de basculer)
Partie non filetée
Ligne
principale
Ligature de renforcement
Montant
Tambour ou en fil métallique
ou monofilament Rondelles Partie filetée
croisillon
pour ajuster
l’écartement Axe du moulinet
– bois et
métal Trou pour
Rondelles de Pièce de renforcement la goupille
bois pour
ajuster
l’écartement
Trou
pour
Axe du l’axe
Rondelles moulinet
métalliques
Vis
Trou d’attache Pièce de renforcement collée
Clou tordu, collier ou
Poignée pour la ligne et vissée au montant
goupille fendue pour maintenir
le croisillon sur son axe
Ce moulinet, très simple en apparence, doit être fabriqué avec le plus grand soin si on veut qu’il fonctionne
bien. En effet, un moulinet mal construit sera source de frustration et de problèmes car il risque de se casser
au moment le plus inopportun, c’est à dire lorsqu’on vient de ferrer un gros poisson; Pour cette raison, la CPS
a publié un petit manuel qui contient des instructions et des plans pour la fabrication du moulinet samoan de
la FAO. Il s’agit du ‘Manuel n°25 de la CPS: Notes pour la fabrication du moulinet en bois de la FAO’, qui
est disponible à la CPS.
Le défaut le plus fréquent de ces moulinets est un mauvais alignement de la ligne qui ‘rate’ le croisillon quand
on la rembobine. Pour que la ligne soit bien alignée, il faut absolument que le trou de l’axe du croisillon et le
bras qui sert de levier soient parfaitement droits et construits avec la plus grande précision. On peut — mais
jusqu’à un certain point seulement — ajuster l’alignement en déplaçant l’isolateur ou en ajoutant des ron-
delles sur l’axe.
Le ‘Vélo’, un moulinet
Des moulinets plus élaborés que le moulinet en bois de pêche monté
peuvent aussi être réalisés par les pêcheurs entrepre- sur le châssis
nants, surtout par ceux qui savent travailler le métal d’une bicyclette
ou en ont la possibilité. A titre d’exemple, voici le
‘Vélo’, un moulinet réalisé à partir d’une vieille
bicyclette qui a d’abord été conçu au Vanuatu. Il
offre l’avantage de pouvoir être rembobiné avec les
deux mains — ou, sur certains modèles, les deux
pieds (quand on remet la selle) — et il utilise les
vitesses du vélo pour opérer plus rapidement.
29
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Quelle que soit la pêche, en général plus l’appât est frais, plus la pêche est productive. Quand le poisson mord
bien, n’importe quel type d’appât donne un résultat. Mais quand les poissons ‘font la fine bouche’ et sont dif-
ficiles à attraper, l’appât frais l’emporte sur le poisson congelé ou salé, et un vieil appât malodorant ne servi-
ra presque à rien.
Pour être efficace, un appât doit être frais, huileux (il diffuse ainsi une odeur alléchante qui attire le poisson
de loin) et suffisamment ferme pour ne pas se décrocher. Malheureusement, il n’est pas toujours facile de trou-
ver du poisson offrant toutes ces caractéristiques.
Appâts couramment utilisés pour la pêche profonde
Découpe de l’appât
La taille du morceau d’appât doit toujours être adaptée à celle de l’hameçon utilisé. Les poissons de petite
taille doivent être découpés en tranches sur toute leur longueur. Les plus gros doivent être débités en filets qui
sont coupés en morceaux à la taille voulue. S’ils sont trop épais, il faut diminuer leur épaisseur. Et il faut tou-
jours laisser la peau sur le morceau d’appât pour qu’il tienne mieux sur l’hameçon.
Les poissons de petite taille... Les plus gros doivent être débités en
filets et coupés à la taille voulue
Appâter l’hameçon
Quand on appâte l’hameçon, il faut garder à l’esprit que c’est la pointe et l’ardillon qui doivent s’accrocher
dans la gueule du poisson. Assurez-vous que l’appât n’est pas trop épais pour laisser dépasser un peu la poin-
te et l’ardillon. S’il y a trop d’appât, le poisson peut s’emparer de l’appât sans s’accrocher à l’hameçon. Il faut
aussi éviter les appâts pleins d’arêtes ou de nageoires qui empêcheraient le bon fonctionnement de l’hameçon.
Chaque fois que possible, l’appât doit être traversé deux fois par l’hameçon pour diminuer le risque de perte.
La plupart des morceaux d’appâts ont une forme effilée et une extrémité plus épaisse que l’autre. La pointe
de l’hameçon doit être introduite du côté peau de l’extrémité la plus mince et ressortir côté chair. On doit
ensuite la repasser à travers l’appât en l’insérant dans le côté chair de l’extrémité épaisse et en la faisant res-
sortir côté peau. On obtient ainsi un appât ferré deux fois dont la peau est à l’extérieur.
Enfilez l’hameçon de manière ...en passant si possible ...ne le dissimulez pas avec
à ce que l’ardillon ressorte... deux fois à travers Ne surchargez pas l’hameçon... les nageoires et les arêtes
30
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
Durcir l’appât
Les appâts à chair huileuse comme le thon deviennent facilement mous et s’écrasent, surtout lorsqu’ils ont été
congelés. Il est donc difficile d’appâter l’hameçon sans écraser l’appât et, celui-ci étant mou, il se décroche rapi-
dement. Pour y remédier, on peut durcir l’appât en le salant brièvement, un peu avant la pêche. Pour le durcir, il
faut le couper en morceaux de taille appropriée, puis les asperger copieusement de sel, ou bien les mélanger avec
du sel dans un seau, le sel devant représenter un tiers de la quantité d’appât. N’ajoutez pas d’eau. Après deux ou
trois heures dans le sel, l’extérieur des morceaux d’appât durcira et ils tiendront mieux sur l’hameçon.
Conserver l’appât
Saler davantage constitue un excellent moyen de conserver l’appât lorsqu’il est difficile de s’en procurer ou
qu’il n’y a pas de réfrigération. On peut saler des poissons entiers ou en morceaux, mais les poissons de plus
d’1 kg doivent être débités en filets ou en morceaux de moins d’1 kg chacun. Il suffit de mélanger les mor-
ceaux d’appât à leur poids de sel et de les mettre ensuite de côté pour une utilisation ultérieure.
Pour une plus grande quantité d’appât, on place une couche d’appât ne dépassant pas 5 cm d’épaisseur dans
un seau, on ajoute son poids en sel, et on alterne ensuite les couches de poisson et de sel. Il ne faut ajouter
aucun liquide — le poisson va dégorger suffisamment. Mélangez bien le poisson et le sel et remuez de temps
en temps. L’appât salé ainsi se conserve pendant des mois.
31
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
L’idéal est de lâcher la ‘camoufle’ à proximité des hameçons appâtés, de préférence ‘au courant’, en amont des
hameçons. La ‘camoufle’ coule et dérive avec le courant de sorte qu’un afflux d’odeur et de particules s’éloigne
‘au courant’ des hameçons appâtés. Quand un groupe de poissons repère l’odeur, il va avoir tendance à nager à
contre-courant pour trouver d’où elle provient. En lâchant la ‘camoufle’ à plusieurs reprises, on fournit au pois-
son une traînée odorante qui le conduit aux hameçons appâtés.
Il est facile d’utiliser la ‘camoufle’ lorsqu’il y a peu de fond: on peut la jeter par poignées par dessus bord à inter-
valles réguliers. Lorsqu’il y a davantage d’eau, la ‘camoufle’ va couler plus lentement, aussi certains pêcheurs la
mélangent-ils à du sable pour l’aider à descendre plus vite. En eau profonde, aucune de ces deux techniques ne
réussira à amener la ‘camoufle’ au fond sans qu’elle ne soit dispersée dans tous les sens, aussi utilise-t-on un sac
à ‘camoufle’ (cf. page suivante).
Fabrication de la ‘camoufle’
Fabriquer la ‘camoufle’ On peut l’obtenir
Ce qui est important dans la fabrication de la ‘camoufle’, c’est de en la coupant en
petits morceaux...
hacher ou broyer l’appât en morceaux si petits qu’ils ne permettront
pas aux poissons de se nourrir vraiment. On peut faire la ‘camoufle’ en
se servant d’un grand couteau ou d’un hachoir à viande pour hacher
finement l’appât ou les déchets de poisson. L’appât est haché long-
temps pour obtenir des particules suffisamment petites, aussi ont-elles ...en la faisant
tendance à s’éparpiller dans toutes les directions. bouillir...
Mais il est bien plus pratique de faire bouillir les restes: têtes de poissons,
arêtes dorsales et même intestins. Il faut continuer l’ébullition jusqu’à ce
que la chair et les arêtes du poisson soient complètement émiettées.
...ou en la passant
Une troisième possibilité consiste à acheter un hachoir à viande au hachoir
mécanique et à l’utiliser pour réduire en miettes les filets ou les
déchets de poisson. La plupart des hachoirs ne peuvent pas éliminer
les arêtes et sont facilement obstrués par les écailles ou la peau des
poissons, aussi cette technique n’est-elle donc pas idéale pour tirer
profit des déchets des poissons. Le poisson en boîte
écrasé est aussi un
Un autre type de ‘camoufle’ efficace mais onéreux est le poisson en type d’appât efficace,
boîte, qui est facile à réduire en miettes et ne contient pas d’arêtes dures. mais onéreux
32
CHAPITRE 2 : Le matériel de pêche
‘Allonger’ l’appât
Tous les types de ‘camoufle’ peuvent être ‘allongés’ avec de la farine ou des féculents cuits et écrasés tels que
le riz, les ignames, les patates douces, les taros, le manioc, etc. L’amidon ‘allonge’ la ‘camoufle’ tout en épais-
sissant la mixture qui devient ainsi plus facile à utiliser. Pour la pêche, la ‘camoufle’ doit avoir la consistan-
ce épaisse de la purée de pommes de terre.
Les aliments à forte teneur en amidon comme le riz, l’arbre à pain ou le taro, souvent peu onéreux localement,
peuvent être utilisés pour ‘allonger’ la ‘camoufle’
Ajouter du coco râpé est également efficace car son huile se mêle à la ‘camoufle’ et contribue à la dispersion
des odeurs.
Conserver la ‘camoufle’
La ‘camoufle’ peut
La ‘camoufle’ peut être congelée, mais on peut aussi la être salée dans l’at-
conserver plusieurs semaines en la salant. On mélange tente d’une utilisation
prochaine ou alors
la ‘camoufle’ avec une quantité de sel équivalente à la pour être conservée
moitié de son poids et on remue le mélange toutes les durablement
2 ou 3 heures pendant les 3 ou 4 premiers jours. On
peut ensuite la ranger jusqu’à son utilisation.
Sac à ‘camoufle’
Confection d’un sac à ‘camoufle’
Un sac à ‘camoufle’ est fixé au bas de ligne. Il sert à
Prenez un ...et cousez transporter la ‘camoufle’ jusqu’au fond; là, il s’ouvre
carré de deux des côtés pour lui permettre de se disperser.
toile épaisse adjacents
de 25 cm ensemble de C’est un carré de 25 cm de côté en grosse toile (toile
de côté... manière à
former de tente ou autre toile épaisse). Repliez deux côtés
un cône adjacents de façon à ce qu’ils se rejoignent au milieu
(cf. croquis) et cousez-les. Vous obtenez ainsi un sac
en forme de cône dont l’extrémité libre peut être ren-
Fixez un émerillon à attache rapide à la pointe trée à l’intérieur du cône lorsque celui-ci a été rem-
du cône (ou confectionnez une boucle en nylon pli de ‘camoufle’. Cousez ou attachez à l’extrémité
s’il n’y a pas d’émerillon) conique un émerillon à attache rapide servant à fixer
le sac à l’une des boucles de liaison du bas de ligne
L’objet au complet / La ‘camoufle’ (ou réalisez un œil à l’aide d’un solide cordage). De
va à l’intérieur... nombreux pêcheurs préfèrent se servir du point d’at-
tache le plus haut sur le bas de ligne, à la fois pour
...et on la maintient en repliant
que la ‘camoufle’ se répande sur les autres hameçons
le coin libre dans le cône et parce que l’hameçon supérieur est en général celui
qui attrape le moins de poissons.
Le sac à ‘camoufle’ est ‘clipé’ ou fixé au bas de ligne
juste avant la pêche. Il est rempli de ‘camoufle’ et
son extrémité libre est solidement rabattue à l’inté- On laisse le ... Puis on tire
rieur du cône pour le refermer. On laisse la ligne des- sac à d’un coup sec
cendre jusqu’au fond en prenant soin de ne pas la ‘camoufle’ sur la ligne
stopper ni d’effectuer des mouvements saccadés descendre pour libérer
en chute la ‘camoufle’
pour ne pas libérer accidentellement la ‘camoufle’. libre sur
Lorsque le lest atteint le fond, on tire plusieurs fois le fond...
sur la ligne d’un coup sec. Le sac s’ouvre et la
‘camoufle’ libérée se déverse ‘en pluie’ sur les autres
hameçons avant d’être dispersée par le courant.
Certains pêcheurs fixent le sac à ‘camoufle’ sur une ligne différente pour qu’il ne gêne pas la pêche et pour
s’assurer que la ‘camoufle’ est bien libérée ‘au courant’ des autres lignes.
33
CHAPITRE 3
LE BATEAU DE PÊCHE
35
CHAPITRE 3 : L'embarcation
La position du pêcheur
Lorsqu’on installe des moulinets dans un bateau (cf.
2K), il faut les espacer suffisamment et les placer de Moulinets
bien dégagés
telle façon que l’équipage qui les utilise ne soit pas
gêné par le matériel qui se trouve sur le pont ou par
les autres moulinets. Mal placés ou mal montés, les
s
moulinets peuvent être à l’origine de douleurs mus-
Espacé
culaires très intenses, de lignes emmêlées et de la
perte de poissons.
Matériel et couchettes
de l’équipage Moteur
La charge est répartie
uniformément
36
CHAPITRE 3 : L'embarcation
‘L’Alia’ n’offre pas d’abri pour l’équipage, a une charge utile faible, un rayon d’action limité dû à son type
de propulsion; il est donc essentiellement réservé aux sorties de courte durée (une journée). Celui que l’on
voit ici est équipé de moulinets en bois et d’une petite glacière portable. La présence des moulinets nécessi-
te un équipage d’au moins deux personnes, et de préférence quatre.
Catamaran ‘Alia’ équipé pour la pêche profonde
Moteur
hors-bord
Le poisson est
remonté directement Réserve de
dans les coffres carburant
Monocoque avec fond en V et moteur diesel Les monocoques sont en général équipés d’une cabi-
équipé pour la pêche profonde
ne pour deux ou trois membres d’équipage, ont une
charge utile d’une ou deux tonnes et un moteur die-
Cabine
(habitacle et rangement) sel qui leur donne un rayon d’action étendu, leur per-
Flotteur mettant des sorties d’une semaine ou plus. Celui que
d’ancre rangé l’on voit ici possède une grande caisse dans laquelle
sur le rouf
le poisson peut être déposé à sa sortie de l’eau, une
Coffre du grande glacière sur le pont, et des moulinets de
moteur pêche commerciale dont l’un est actionné électri-
Écho-sondeur quement par la batterie du bateau. Comme il n’y a
Grande
glacière
Moulinet que deux moulinets, le bateau pourrait être manœu-
manuel vré par deux hommes, mais la présence d’un troisiè-
me permet à l’équipage de se relayer pour utiliser
nuit et jour les moulinets.
Ligne de mouillage
rangée dans le pic avant Ancre
37
CHAPITRE 3 : L'embarcation
Le bras du moulinet
est remplacé par une
extension du châssis
qui dépasse sur le côté
de la pirogue
Le montant est
remplacé par
un châssis
horizontal
38
CHAPITRE 3 : L'embarcation
Commodité d’utilisation
Quand on monte un moulinet, il faut tenir compte du confort du pêcheur. Un moulinet mal placé peut être à
l’origine de douleurs musculaires graves. Au montage, s’assurer que l’axe du moulinet soit à peu près au
niveau de l’estomac du pêcheur qui l’utilise; s’assurer que son montant correspond à la ligne médiane du
corps du pêcheur quand celui-ci se tient debout dans une position naturelle.
Le pêcheur peut
utiliser ce moulinet
confortablement...
...mais celui-ci
est trop bas et lui
fera mal au dos
39
CHAPITRE 3 : L'embarcation
Réservoirs à glace
Pour conserver la glace le plus longtemps possible et
l’empêcher de fondre trop vite, il faut la placer dans
un bac bien isolé. Pour les petites embarcations, les
glacières de camping constituent un bon choix, mais Un vieux
elles coûtent en général assez cher. A bord de bateaux congélateur
plus grands, on peut utiliser de vieux congélateurs convient à un plus
domestiques. Ils ne coûtent pas cher, parfois même grand bateau,
mais rouille
rien du tout, mais ils sont souvent mal isolés et très vite
rouillent très vite, se retrouvant ainsi avec des arêtes
coupantes. Dans certains pays, on commence à trou-
ver des sacs isothermes; ils sont assez coûteux, peu
isolés et difficiles à déplacer lorsqu’ils sont remplis de
petits poissons et de glace. En revanche, ils sont utiles
pour conserver un poisson exceptionnellement gros
qui ne rentre pas dans la glacière, et à cause de leur
forme ils sont particulièrement bien adaptés aux
pirogues et autres embarcations étroites. (Lorsqu’ils Les sacs isothermes sont bien pour les gros poissons; on peut les
sont vides, on peut aussi les utiliser comme matelas). plier (ou s’en servir comme matelas) lorsqu’on ne s’en sert pas
40
CHAPITRE 3 : L'embarcation
...en mélangeant deux volumes de glace avec Les poissons de petite taille (moins de 3 kg) doivent
un volume d’eau de mer rester entre 2 et 4 heures dans la saumure réfrigérante
...et les plus gros
et les plus gros entre 6 et 10 heures pour obtenir une
Faites mariner les poissons 6 à 10 heures... réfrigération totale. Mais on ne doit pas les y laisser
de moins de 3 kg trop longtemps car le froid intense peut les faire geler.
entre 2 et 4 heures... On peut le vérifier en observant leurs yeux: ils devien-
...avant de les transférer nent opaques quand le poisson est trop froid. Il faut, à
dans une vraie glacière ce moment-là, les transférer dans une vraie glacière.
Lorsqu’on pêche pour l’exportation, il faut s’assurer que le poisson n’est pas trop secoué dans la saumure car s’il per-
dait ses écailles, sa valeur diminuerait. Quand le bateau est soumis à un roulis important, l’excès d’eau de mer de la
saumure réfrigérante doit être évacué ou drainé pour réduire le mouvement. Si cela ne suffit pas à résoudre le problè-
me, il faut alors protéger chaque poisson par un sac en plastique avant de le plonger dans la saumure réfrigérante.
41
CHAPITRE 3 : L'embarcation
Nous allons maintenant décrire quelques uns des nœuds et des épissures dont on a besoin pour préparer et uti-
liser une ligne de mouillage, puis nous parlerons des ancres. Au chapitre 4, nous passerons en revue les
méthodes de filage et de virage de la ligne de mouillage spécifiques à la pêche profonde.
Surlier
Pour les fibres naturelles qui ne fondent pas, on utilise une autre méthode: on surlie les extrémités du corda-
ge, avec du fil à surlier ou de la soie dentaire (cf. schéma ci-dessous).
Pour surlier l’extrémité d’un cordage, ...enrouler le courant du fil sur la ...en tirant sur le dormant, entraîner la
placer une boucle de fil boucle en serrant bien. L’extrémité du boucle et l’extrémité du courant sous la
le long du cordage... courant est ramenée dans la boucle... surliure. Couper ensuite ce qui dépasse
Le nœud de chaise
Ce nœud sert à faire une boucle de liaison temporaire dans un cordage. Il est résistant, ne glisse pas et est rela-
tivement facile à défaire. Mais il ne convient pas aux lignes glissantes et ne tient pas avec le monofilament.
42
CHAPITRE 3 : L'embarcation
L’œil épissé
Pour confectionner un œil épissé, on commence par Séparer les torons du cordage et, si
sceller l’extrémité de chaque toron avec du ruban besoin est, sceller les extrémités
avec du
adhésif ou bien on la brûle. (Cette précaution n’est pas ruban
nécessaire dans le cas du Kuralon goudronné, qui est adhésif
le type de cordage le plus utilisé pour la pêche à la ou bien
palangre verticale). On a parfois intérêt à numéroter en les
les extrémités des torons ou à les marquer de couleurs brûlant
différentes. On sépare les torons sur une longueur suf-
Passer les extrémités sous les torons commis afin qu’elles
fisante pour travailler — environ 20–25 cm pour un soient au même niveau
cordage de 10 à 12 mm de diamètre. Avec certains
types de cordage, il faudra peut-être retenir les torons
pour les empêcher de se décommettre trop loin.
Le nœud d’écoute
Ce nœud rapide et simple, facile à défaire, sert à attacher un bout ou une ligne à la boucle de liaison d’un cor-
dage (un œil épissé ou un nœud de chaise). Il est souvent utilisé pour attacher la ligne de mouillage au bateau.
43
CHAPITRE 3 : L'embarcation
Les ancres destinées à la pêche profonde sont faites Les ancres de pêche sont faites de deux barres
d’acier renforcé...
d’une barre d’acier renforcé de 10 mm de diamètre
et sont faciles à fabriquer. Une ancre ordinaire est
constituée par deux barres de 4 mètres pliées en
deux et soudées ensemble, dont les extrémités libres ... soudées ensemble...
sont recourbées pour former des crochets (cf. sché-
ma). Si on ne dispose pas de matériel de soudure, on
peut lier les barres ensemble avec du nylon monofi-
lament. Ou bien on les glisse dans un morceau de
tuyau galvanisé et on les bloque en enfonçant un
morceau de bois au bout. Ce dernier procédé ne
nécessite ni soudure ni ligature et, en augmentant le ...ou enfilées dans un tuyau d’acier et
poids de l’ancre, il contribue à la maintenir en place. maintenues par une cheville en bois Cheville en bois
Si on ne dispose pas de chaîne, une longueur de câble lourd ou de fil de fer galvanisé servira à protéger la
ligne de mouillage, mais n’ajoutera guère de poids. Si on en manque aussi, on peut la protéger en la recou-
vrant d’un morceau de tuyau en caoutchouc ou en plastique. Ou bien on épisse une petite longueur (2 à 4 m)
de cordage plus épais à l’extrémité de la ligne de mouillage, en guise de point d’attache.
On peut substituer à la chaîne...
Le cordage doit être relié à l’ancre ou à Pour un raccordement Pour une ... protégé
la chaîne par un nœud de chaise, ou, temporaire avec installation par un
l’ancre, faites durable, cache ou
dans le cas d’une installation durable, un nœud faites un œil une
un œil épissé (cf. 4D). Si l’on choisit de chaise épissé... longueur
l’œil épissé, on doit protéger le corda- de tuyau en ...Utilisez
une manille
ge en mettant à l’intérieur de l’œil une plastique.
pour pouvoir
cosse cœur en plastique ou une petite les détacher
longueur de tuyau. facilement
44
CHAPITRE 3 : L'embarcation
L’ancre flottante
Les ancres flottantes sont parfois utiles pour la pêche profonde en présence d’une combinaison favorable de
vent et de courant. Ce sont aussi des équipements de sécurité efficaces, car elles empêchent un bateau en
panne de dériver trop loin en attendant les secours.
Ligne de mouillage
Parachute
Orin
Émerillon
trois voies
Émerillon
Plomb Sangles
Il y a différentes sortes d’ancres flottantes. Certaines, en vente dans le commerce, sont composées d’un cône
en tissu synthétique solide et de sangles identiques aux ceintures de sécurité des voitures. Et, dans les maga-
sins de surplus de l’armée, on peut se procurer des parachutes de cargaison d’occasion. Mais un pêcheur habi-
le peut aussi improviser une ancre flottante à l’aide d’une toile épaisse ou d’une bâche et de cordes.
45
CHAPITRE 3 : L'embarcation
L’écran est généralement monté dans la timonerie ou Un écho-sondeur moderne à cristaux liquides (LCD)
tout autre endroit pratique et indique en permanence la
profondeur lorsque le sondeur est allumé. Les anciens
sondeurs indiquaient la profondeur en imprimant un
tracé sur un rouleau de papier qui se déroulait lente- Profondeur
ment, ce qui était pratique parce que ces rouleaux de (numérique)
papier pouvaient être conservés pour référence. Les
instruments plus récents ont souvent un écran à cris-
taux liquides (LCD) qui remplace la bande de papier,
ou un tube cathodique (CRT, semblable à un écran de
télévision) à affichage en couleurs qui non seulement
indique la profondeur, mais aussi le profil du fond, la
Écran à
température de l’eau et d’autres caractéristiques. Bien cristaux
que ces instruments possèdent une certaine quantité de liquides
mémoire interne, qui permet de revoir les sondes
récentes, elle est généralement limitée et ils doivent le
plus souvent être raccordés à un magnétoscope ou un
ordinateur lorsqu’un enregistrement permanent des
sondes doit être effectué.
Image du fond
Le transducteur émet et reçoit le signal de l’écho-son- agrandie
deur. Il est fixé sous la ligne de flottaison du bateau et
est raccordé à l’écran par un câble isolé qui assure
l’échange des données entre les deux éléments. Ce
câble est calibré en fonction des besoins de transmis- Les transducteurs opèrent en émettant des sons à haute
sion du sondeur et ne doit jamais être raccourci ou ral- fréquence, rarement audibles pour l’oreille humaine
longé, faute de quoi le sondeur transmettrait de fausses mais qui sont puissamment répercutés dans l’eau sur
données (ou cesserait d’en transmettre). de longues distances. Le son est réfléchi par toutes les
surfaces qu’il rencontre, depuis le fond de la mer, les
Fonctionnement de l’écho-sondeur
poissons, le plancton, les particules suspendues dans
l’eau et même jusqu’aux discontinuités de la tempéra-
ture qui correspondent à un changement de la densité
de l’eau. Les signaux ainsi réfléchis rebondissent vers
le transducteur qui, en analysant leur puissance,
Les signaux émis par
l’écho-sondeur obtient des informations sur le type de fonds et les
rayonnent depuis retransmet à l’écran. En mesurant le temps écoulé
le transducteur... entre l’émission du signal et son retour après réflexion,
...puis l’écho-sondeur, connaissant la vitesse de propagation
rebondissent
sur le fond du son dans l’eau, peut calculer la distance jusqu’à la
source de la réflexion — autrement dit la profondeur
— et envoie cette information sur l’écran.
Pour mesurer la profondeur, un sondeur dépend à la
fois de la puissance du signal émis par le transduc-
teur et de la fréquence utilisée. Plus le signal est
puissant et la fréquence basse, plus grande sera la
profondeur. Pour la pêche profonde, un transducteur
d’une fréquence de 50 kilohertz (kHz) permettra de
mesurer les plus grandes profondeurs, tandis qu’une
puissance de 200 kHz conviendra pour pêcher dans
des eaux moins profondes.
La plupart des sondeurs fonctionnent avec un courant
direct de 12 ou 24 volts en provenance du système
électrique du bateau. Sur un petit bateau dépourvu de
Certains des signaux réfléchis retournent au transducteur, système électrique, on connectera le sondeur à un
permettant ainsi de mesurer la profondeur couple de batteries de voiture.
46
CHAPITRE 3 : L'embarcation
Installation du transducteur
Lorsque l’écho-sondeur est installé sur le bateau, il est important que la surface du transducteur soit horizon-
tale. S’il est fixé de biais, il sera moins sensible aux signaux réfléchis par le fond tandis que sa réceptivité à
la réflexion de signaux parasites augmentera, brouillant la clarté de la réception. Le roulis qui affecte norma-
lement le bateau modifiera aussi l’angle de réception du transducteur et contribuera à réduire sa sensibilité. Il
doit donc être positionné de manière à minimiser les effets du roulis.
Fixation permanente
Pour fixer le sondeur à travers la coque il faut mettre le bateau au sec de façon à percer un trou dans la coque
et installer définitivement le transducteur dans la position souhaitée. C’est la meilleure façon de monter le
transducteur qui est ainsi situé loin des sources d’interférence (le reste des équipements électroniques du
bateau, le bruit du moteur et de l’hélice, les bulles, etc.). Mais, une fois qu’il est monté ainsi, c’est un véri-
table casse-tête de le sortir ou le déplacer sur le bateau, ou sur un autre bateau.
Coque
La surface
du transducteur Rondelles
doit être horizontale
Transducteur
Fixation temporaire
C’est une option qui permet de déplacer l’écho-sondeur d’un bateau à l’autre si nécessaire, et qui évite les ins-
tallations compliquées, le halage du bateau hors de l’eau et les perforations de la coque. Pour réaliser une fixa-
tion temporaire correcte, il faut fixer le transducteur au bout d’un tube d’aluminium ou, à défaut, d’un tuyau
en acier qui peut ensuite être attaché au plat-bord du bateau ou fixé par des pattes de fixation au flanc du
bateau. Plusieurs options sont possibles, en fonction de la taille et de la forme du bateau. Mais il est capital
de placer le transducteur bien en dessous de la surface de l’eau, là où il ne sera pas affecté par les bulles, et
de s’assurer que sa surface soit montée horizontalement.
Fixation temporaire d’un écho-sondeur
Le câble du transducteur passe à travers le tuyau...
47
CHAPITRE 3 : L'embarcation
Les gaffes
Pour les poissons plus gros, on utilise des gaffes. Il faut une certaine habileté pour les manier et, si elles sont
mal utilisées, elles endommagent le poisson. Elles peuvent également être dangereuses.
Les deux principaux types de gaffes — les gaffes en ‘L’ et les gaffes en ‘J’ — n’ont pas la même forme. Leur
maniement est expliqué en 4H. Une petite gaffe avec une grande ouverture convient très bien pour les pois-
sons de petite taille. Pour les poissons plus gros et plus lourds, on préfère utiliser une gaffe plus grosse dont
l’ouverture est plus resserrée.
Types de gaffes
Gaffe ouverte ou gaffe en ‘L’ Gaffe à deux mains
pour les petits poissons ou gaffe à thon,
pour les gros
poisson
Modèle intermédiaire
Pour remonter un poisson très lourd que l’on a bien fatigué, on se sert d’une gaffe ‘à deux mains’ qui permet
au pêcheur d’utiliser toute sa force pour hisser le poisson à bord. Notons que ce sont des gaffes d’un usage
spécial qu’on ne trouve pas souvent à bord des bateaux de pêche.
48
CHAPITRE 3 : L'embarcation
Le manche de la gaffe
La longueur du manche de la gaffe dépend de la distance qui existe normalement entre le poisson et le
pêcheur. Si le pêcheur perd prise quand un poisson se débat violemment, un manche trop long peut s’avérer
très dangereux. En règle générale, les manches des gaffes doivent être aussi courts que possible. Beaucoup de
bateaux ont deux gaffes, une à manche long et l’autre à manche court.
Le bout de sûreté
Bout de sûreté
Quand on croche un gros poisson qui se débat
violemment, il est bon d’attacher à la gaffe un Avec un bout de sûreté,
bout de sûreté qui empêchera le poisson de la gaffe risque moins de casser ou de partir
s’échapper si on perd prise. Le bout est fixé à
une extrémité du crochet, puis par plusieurs
demi-clés le long du manche, et enfin noué à Point d’attache
l’extrémité. Cela permettra au pêcheur de récu-
pérer le manche s’il a perdu prise en crochant
un poisson qui se débattait. Le poisson ne
s’échappera pas et, si le manche casse, on aura
toujours le crochet. L’autre extrémité du bout
doit être fixée au bateau.
La pointe de la gaffe doit être régulièrement aiguisée (selon la même méthode que les hameçons, cf. 5D).
Collet
Le collet idéal
est un vieux Le collet ou nœud coulant
bout de palangre
ou autre C’est une simple longueur de cordage
cordage solide et commis serré, de préférence non
non flottant flottant. Une ligne de palangre en Kuralon
de 6 mm est idéale. D’ordinaire, on passe
Nœud de Nœud coulant
chaise
la corde autour de la ligne à laquelle le
qui serre fort requin est accroché, on forme un collet
avec un nœud de chaise ou un nœud du
même genre, puis on le passe autour du
corps du requin et on serre.
Gourdin
49
CHAPITRE 4
LA PÊCHE
51
CHAPITRE 4 : La pêche
...courant
... terre
récif ...profondeur
Les sondes donnent la profondeur de l’eau, la déclivité du sol marin et révèlent si le fond est accidenté ou uni-
forme. Ces données permettent au pêcheur de définir des lieux de pêche prometteurs qu’il peut ensuite véri-
fier plus précisément grâce à l’écho-sondeur ou tout simplement en pêchant. Le fonctionnement de l’écho-
sondeur est décrit en détail en 4D.
Le vent
Pendant la pêche, un vent qui souffle à de la station marine
plus de 5 nœuds est déterminant pour la ou côtière locale
position du bateau au mouillage.
Préparez votre sortie de manière à tirer
parti du vent dominant pour pêcher à la
profondeur et au lieu voulus. Vous trou- ...ou téléphonez au
verez de plus amples informations sur centre météorologique
l’utilisation du vent et du courant pour
positionner le bateau en 4F.
52
CHAPITRE 4 : La pêche
Des lignes à main en nylon monofilament de 50 à 70 kg, ou une ligne tressée de même résistance, sont sou-
vent plus pratiques pour les petites profondeurs que les moulinets. Un bas de ligne en monofilament de 25 à
50 kg, muni d’hameçons de petite taille (des ‘tuna-circle’ de taille 10/0 ou 11/0, par exemple) convient bien
à ce genre de situation. Si de petits barracudas ou des poissons aux dents acérées commencent à mordre, pre-
nez alors un bas de ligne de même résistance mais en câble métallique léger. Vous éviterez ainsi de perdre du
matériel, mais prendrez sans doute moins de poissons qu’avec le nylon.
Les passes
La pêche à proximité des brisants ou des passes constitue un compromis entre la véritable pêche profonde et
la pêche dans le lagon. Il est plus dangereux de pêcher à l’extérieur du récif qu’à l’intérieur, mais on y attrape
souvent de plus gros poissons, des espèces vivant plutôt à l’extérieur du récif. La ciguatera y pose toujours un
problème, surtout avec les plus gros poissons.
Lorsqu’on pêche dans En pêchant dans les passes ou à proximité, on attrape
les passes où les courants
sont forts...
de grands spécimens de lutjans, d’empereurs et de
loches, en fonction de la profondeur et de la distance
par rapport au véritable récif externe. On attrape aussi
de nombreux aprions verdâtres (‘mekoua’) dans cette
zone, ainsi que certaines espèces pélagiques telles
que thons jaunes et tazards, surtout de nuit. A cause
de la taille de ces espèces, il faut pêcher avec un maté-
riel plus lourd à proximité des passes. Le bas de la
ligne est en câble métallique de 50 à 100 kg et muni
d’hameçons ‘tuna circle’ de taille 12/0, 13/0, ou 14/0,
ou d’hameçons similaires.
53
CHAPITRE 4 : La pêche
La pente du récif
Juste après la zone où les brisants cassent sur les récifs, le sol marin s’affaisse rapidement jusqu’au fond situé
plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de mètres plus bas. Près de la surface, la pente n’est en général
pas très raide, mais elle augmente souvent vers 80–100 m. Au-delà, elle peut être presque verticale ou plus
régulière avec des plateaux. Le lit de la mer est uniforme, sablonneux ou boueux, ou bien rocheux, très irré-
gulier, avec des collines et des vallées.
Récif
Pentes
Plateaux
Chutes
Monts sous-marins
Profondeurs
inconnues
La pêche profonde a lieu sur la totalité de la pente, depuis 40 m de profondeur ou moins, jusqu’au maximum
exploitable qui, dans de bonnes conditions, peut aller jusqu’à 600 m maximum, mais ne dépasse en général
pas 400 m.
D'ordinaire, le pêcheur vise une profondeur donnée Pendant la pêche profonde, le bateau se déplace
presque toujours...
qu’il sait ou espère être productive. Pour l’atteindre, il
mouille l’ancre ou tente de dériver de sorte que l’action
du vent ou du courant maintienne son bateau à la pro-
fondeur désirée (cf. 4F). Ceci fait, la pêche commence,
mais il est presque certain que les lignes pêchent à dif-
férentes profondeurs, le bateau évitant sur son mouilla-
ge ou dérivant sur un fond irrégulier.
54
CHAPITRE 4 : La pêche
250 m
La zone de pêche la plus productive se situe souvent quelque part entre 150 et 250 m, mais on effectue aussi
de bonnes prises ailleurs. On trouve en général un grand nombre de poissons de petite taille dans la partie
supérieure d’une zone de pêche et un plus petit nombre de gros spécimens dans sa partie inférieure. On utili-
se donc de plus gros hameçons quand on pêche plus profond. La meilleure profondeur dépend de l’habitat et
du type de poissons que l’on désire capturer. On trouvera en 4F de plus amples informations sur la façon de
procéder pour se placer à la bonne profondeur pendant la pêche.
55
CHAPITRE 4 : La pêche
Si le courant agit
Tenir compte du courant
sur la ligne ou
si le bateau dérive... Quel que soit le type de ligne utilisé pour mesurer la
profondeur, elle va subir l’effet du courant et s’écar-
ter de la verticale. Il faut donc filer davantage de
ligne à cause du courant et en rajouter encore si le
bateau se balance ou dérive. La ligne risque de for-
Pro
Courant
mer un arc de cercle si l’on pêche à la dérive ou par
fon
mesurée dépassera
servant d’une ligne, se souvenir que la véritable pro-
Profondeur réelle
la profondeur
réelle fondeur ne peut en aucun cas dépasser celle que l’on
a mesurée, mais qu’elle lui est inférieure, parfois
même de façon très nette. Si la ligne forme un angle
de 45° avec la verticale, la profondeur réelle corres-
pondra seulement à 70% de la profondeur mesurée.
Plus la ligne est proche de la verticale, moins l’er-
reur sera grande.
Fond accidenté
L’utilisation de lignes de pêche pour mesurer la profondeur peut être aussi trompeuse si l’on pêche au-dessus
d’un fond accidenté. Suivant la configuration du sol marin, il arrive que le bateau soit mouillé à une profon-
deur, stabilisé à une autre et en train de pêcher à une troisième. Les effets du courant et de l’évitage du bateau
sur la ligne rendent très difficile l’estimation de la profondeur réelle dans ces conditions.
La configuration du sol marin interfère dans la mesure
de la profondeur...
Courant
Courant
...ici, la profondeur du mouillage, celle qui existe sous le bateau, la profondeur de pêche réelle et celle que l’on a
mesurée sont toutes différentes
56
CHAPITRE 4 : La pêche
L’écho-sondeur
L’achat et l’utilisation d’un écho-sondeur constituent sans doute la meilleure façon de mesurer vite et exacte-
ment la profondeur. Malheureusement, le coût des écho-sondeurs adaptés aux petits bateaux des îles du
Pacifique est relativement élevé (1000 USD ou plus, en fonction du modèle, du taux de change, des taxes
d’importation locales, etc.), ce qui les met hors de portée de nombreux pêcheurs artisanaux. Pour le pêcheur
commercial, par contre, un écho-sondeur est un bien précieux qui rembourse vite l’investissement de ses pro-
priétaires en gain de temps pendant la pêche.
Une information générale sur les écho-sondeurs a été donnée en 3F. Mais comprendre au minimum la façon
dont le signal de l’écho-sondeur ‘lit’ sa cible permet au pêcheur d’obtenir le maximum d’informations de
l’écran ou du relevé sur papier.
Les signaux sont émis dans toutes les directions
Le signal et sont répercutés...
Si le fond est très irrégulier, il peut y avoir une grande variation de la profondeur à l’intérieur même du cône.
C’est surtout vrai en eau profonde, où la surface couverte par le cône est plus importante que lorsqu’il y a peu
d’eau. Dans ce cas, les sommets et les creux sont détectés individuellement par le sondeur à l’intérieur du
cône. Ils prennent la forme d’une série de courbes très espacées sur l’écran.
57
CHAPITRE 4 : La pêche
Si la ligne reste droite, vous dérivez avec le courant. En d’autres termes, le courant est la force principale qui
contrôle votre mouvement, et vous devez mouiller 'au courant' du lieu de pêche. On perçoit normalement la
direction du courant en observant la dérive du bateau, et aussi la ligne, rarement tout à fait verticale, qui forme
un léger angle dans le sens du courant.
Si la ligne forme un angle important, cela veut dire que c’est le vent qui contrôle votre mouvement, aussi faut-
il prévoir un mouillage au vent du lieu de pêche. Le courant peut néanmoins modifier votre position, aussi
vaut-il mieux en tenir compte en vous déplaçant aussi légèrement 'au courant' du lieu de pêche.
Lorsque le courant est la force de dérive la plus importante... Lorsque c’est le vent qui contrôle la dérive...
Courant
Vent
Courant
...avancez face
au vent puis
mouillez
l’ancre...
...Mais pensez
à tenir compte
du courant
58
CHAPITRE 4 : La pêche
Choisir le mouillage
Avancez dans la direction que vous avez choisie La distance du lieu de mouillage au lieu de pêche...
pour mouiller l’ancre jusqu’à une distance raison-
nable de l’endroit où vous voulez pêcher. Si vous
...doit être au moins équivalente
avez un écho-sondeur, utilisez-le pour avoir une idée au double de la profondeur
de la configuration du sol marin et de la profondeur. du point d’ancrage
La distance correcte est déterminée par la profon-
deur: elle doit être équivalente au moins au double
de la profondeur du point d’ancrage, davantage
lorsque le vent et le courant sont forts. Vous avez
alors une marge suffisante pour vous éloigner du lieu
de mouillage sans dépasser le lieu de pêche. De plus, Point d’ancrage Lieu de pêche
l’angle ainsi formé par le mouillage est faible, ce qui
empêche l’ancre de décrocher.
Mouillez si possible l’ancre dans un endroit moins profond que celui du lieu de pêche afin de passer moins
de temps et d’avoir moins d’efforts à faire pour la filer et la virer. Si la configuration du sol ne le permet pas,
vous risquez d’être obligé de mouiller l’ancre à la même profondeur que celle du lieu de pêche, ou plus pro-
fondément encore. Dans ce dernier cas, fixez un flotteur à la ligne de mouillage une fois l’ancre immobilisée,
pour soulever le cordage du fond.
Essayez de mouiller l’ancre dans un endroit moins profond que Si le lieu de mouillage est plus profond que le lieu de pêche...
le lieu de pêche...
...pour gagner
du temps et faciliter
le filage et le virage ...utilisez un flotteur
de l’ancre pour empêcher l’usure
du cordage sur le fond
59
CHAPITRE 4 : La pêche
D’ordinaire, si le vent fait moins de 10 nœuds et si le courant est faible, un bateau au mouillage va se placer
face au vent. Ce sont les conditions de pêche optimales, car on peut se servir du vent pour contrôler la pro-
fondeur. Plus le vent et le courant sont forts, plus le bateau va éviter sur l’ancre et tracer des huit, se dépla-
çant au-dessus de différentes profondeurs.
...sont favorables
à la pêche...
Vents et courants modérés facilitent le mouillage, Par vents et courants faibles, le bateau risque de ne pas se
mais on ne peut pas toujours s’en servir pour placer placer en aval du lieu de mouillage...
le bateau à la profondeur voulue. Le bateau risque
alors de se stabiliser à l’endroit où se trouve l’ancre
et les lignes de pêche vont s’accrocher sans cesse
dans la ligne de mouillage. ...et de stationner juste
au-dessus de l’ancre...
Si le courant longe le récif, qu’il fait un calme plat
ou que le vent souffle dans la direction opposée au
courant, les conditions sont idéales pour la pêche à
la dérive, en utilisant de préférence une ancre flot-
tante (cf. 4J). ...amenant ainsi les lignes à s’emmêler
avec la ligne de mouillage
S’il y a très peu ou pas du tout de vent, ou s’il ne souffle pas dans sa direction habituelle, il arrive que l’on
puisse pêcher dans les zones qui sont normalement au vent. Les pentes y sont raides, ce qui rend le mouilla-
ge problématique, mais la pêche y est presque toujours profitable, plus que sur les pentes sous le vent (qui
sont moins productives). Elles sont aussi moins pêchées à cause du vent. On peut y faire de bonnes prises
lorsque les conditions favorables sont réunies. Et, compte tenu du fait que l’on n’y pêche que lorsqu’il y a peu
ou pas du tout de vent, c’est aussi une bonne occasion d’y pêcher à la dérive avec une ancre flottante.
60
CHAPITRE 4 : La pêche
Dans ces conditions, on utilise une patte d’oie pour placer le bateau au bon endroit. Pour utiliser une patte
d’oie, on ancre d’abord le bateau normalement. Une courte longueur de cordage est ensuite attachée entre la
ligne de mouillage et un point solide sur le côté du bateau, puis tendue, ce qui a pour effet de faire tourner le
bateau par rapport à l'axe du mouillage et du courant. Le courant agit sur le côté du bateau un peu comme le
vent sur un cerf-volant, l’obligeant à dériver vers le côté.
Courant
En réglant la longueur de la patte d’oie, et par conséquent l’angle formé par le bateau et le courant, on utili-
se la force du courant pour placer le bateau à la bonne profondeur. Ceci est particulièrement utile quand on
pêche sur de longues pentes récifales assez régulières car, le courant longeant le récif, il est facile d’ajuster la
profondeur de pêche en utilisant cette méthode.
...empêchent la ligne
d’atteindre le fond
et décrochent
l’ancre ...le bateau se déplace dans toutes les directions
61
CHAPITRE 4 : La pêche
Vérification de la profondeur
Un membre de l’équipage au moins doit vérifier la
profondeur chaque fois qu’il remonte sa ligne, en
comptant les tours de moulinets (cf. 4D). L’équipage
sait ainsi sur quelles profondeurs le bateau va et
vient, ou si l’ancre est draguée plus bas. Une telle
vérification doit avoir lieu même en présence d’un
écho-sondeur, car celui-ci ne révèle que la profon- Un marin
doit être chargé
deur de l’eau sous le bateau. Les lignes peuvent très de vérifier
bien se trouver à une tout autre profondeur sous l’ef- régulièrement
fet du mouvement du bateau et du courant. la profondeur
avec son moulinet
62
CHAPITRE 4 : La pêche
Le plus important pour ressentir les touches est de bien ...et à apprendre à distinguer les touches
garder la ligne sous tension, de sorte que le lest repose
sur le fond mais que le bas de ligne, lui, n’y reste pas.
Et il faut s’assurer que la ligne ne soit pas sur le plat-
bord ou le côté du bateau, car cela aussi empêcherait Les lests qui rebondissent
et traînent sur le fond
de sentir les touches. Servez-vous d’un fer à béton ou peuvent être confondus
d’un poids en plomb qui soit suffisamment lourd pour avec des touches...
ne pas rebondir autant. Évitez les chaînes en guise de
lest car le mouvement des anneaux masque les
secousses des poissons. À part cela, ressentir les
touches des petits poissons est une question de concen- ... surtout si le lest
tration, de pratique et d’expérience. est une chaîne
Vérification de la ligne
Bien que les touches soient difficiles à détecter, on peut facilement déterminer si un seul ou plusieurs pois-
sons sont ferrés sur la ligne. Mais les poissons de petite taille ne se remarquent pas toujours, aussi faut-il véri-
fier régulièrement les hameçons — au minimum toutes les quinze minutes — pour voir si vous avez un pois-
son ou si vous avez perdu votre appât. Le virage de la ligne doit se faire sans à-coups, à une vitesse réguliè-
re qui vous permette de ne vous arrêter qu’une fois le bas de ligne à bord. Les lignes doivent être virées main
sur main, et lâchées à vos pieds. Les moulinets doivent toujours être manœuvrés avec régularité.
Quand un
poisson
Ferrer le poisson
mord,
donnez Ferrer un poisson lorsqu’il mord signifie tirer sur la ligne au moment précis où
rapidement l’on sent la touche pour planter l’hameçon dans la gueule du poisson.
deux ou
trois tours C’est très difficile à réaliser en eau profonde, à la fois parce que les touches sont
de difficiles à détecter et parce que le type de ligne le plus courant, le nylon mono-
moulinet...
filament, s’étire énormément. Quand vous tirez sur la ligne, le nylon s’étire.
Quand l’autre extrémité répercute enfin la tension, il y a des chances que le pois-
son n’y soit plus. Ceci dit, quand vous sentez que ça mord bien, cela vaut la
...pour vous peine de ferrer rapidement en virant 4 ou 5 mètres de ligne. Car il est toujours
assurer que
l’hameçon possible que le poisson ait l’appât dans sa gueule ou sa gorge, mais ne soit pas
...puis est accroché ... encore ferré. En ferrant, on plante l’hameçon avant que le poisson ait une chan-
remontez ce de changer d’avis et de recracher l’appât et l’hameçon.
le
poisson en Évitez de secouer la ligne pour ne pas sortir l’hameçon de la gueule du poisson.
douceur
à la
Si vous vous arrêtez, vous diminuez la pression exercée sur le poisson et cela
surface, peut lui permettre de s’échapper. Les poissons capturés en eau profonde se gon-
sans vous flent généralement en remontant à cause de la dilatation de leur vessie natatoi-
arrêter re. Si vous arrêtez de virer la ligne, le poisson continue à flotter vers la surface
et la ligne risque de s’emmêler ou le poisson de se décrocher. Dès le début du
virage, assurez-vous que la ligne reste sous tension en permanence et arrêtez-
vous seulement lorsque le poisson est à la surface de l’eau.
63
CHAPITRE 4 : La pêche
64
CHAPITRE 4 : La pêche
Le pêcheur se penche
au-dessus du poisson
et le croche par
Le pêcheur croche le poisson l’extérieur...
...il le tire ensuite
de haut en bas... vers le haut
...puis le hisse
dans le bateau
65
CHAPITRE 4 : La pêche
Le reste de l’équipement est également décrit en 3E. La ligne de mouillage est fixée à l’extrémité de la chaî-
ne. Un ardillon en fil métallique solide est surlié dans le cordage, à 1 ou 2 mètres de l’endroit où celui-ci est
joint à la chaîne; il doit pointer dans la direction de l’ancre. Un grand flotteur d’au moins 30 kg de flottabili-
té, et une manille pour le fixer à la ligne de mouillage, complètent l’équipement.
Décrocher l’ancre
Pour décrocher l’ancre, reprenez d’abord le mou de la ligne de mouillage en avançant doucement. Lorsque le
cordage ne peut plus être viré sans résistance, attachez-le en un point solide du bateau. Avancez ensuite dou-
cement face au vent ou au courant jusqu’à ce que vous ayez dépassé l’ancre et que la ligne de mouillage soit
tendue derrière l’embarcation. Continuez ainsi 30 secondes ou une minute. Si aucune résistance apparente ne
freine le bateau, cela signifie que l’ancre s’est décrochée du fond.
Parce que les pattes de ce type d’ancre se déforment Si l’ancre est coincée ...
facilement, elle se coince très rarement. Mais il arrive
parfois que la chaîne, ou l’extrémité de la chaîne joux-
tant l’ancre, se coince dans les rochers et refuse de se ...changez de
libérer. Dans ce cas, il faut essayer de la tirer dans dif- direction ou
effectuez un cercle
férentes directions, de faire des cercles pour la libérer. pour la libérer
Un membre d’équipage peut tirer et relâcher le corda-
ge pour dégager la chaîne d’une secousse. L’une de
ces méthodes doit normalement libérer l’ancre.
66
CHAPITRE 4 : La pêche
Remorquer l’ancre
Deux ou trois minutes plus tard, la bouée, toujours remorquée, arrive contre l’ancre où elle reste bloquée. Elle
va alors fendre l’eau, faisant jaillir énormément d’écume. Le bateau peut maintenant s’arrêter, faire demi-tour
et commencer à virer la ligne de mouillage.
Finalement, la bouée atteint l’ancre...
Bateau
Bouée
L’ancre tend à couler dès l’arrêt du bateau, mais ce mouvement bloque l’ardillon dans la manille de la bouée.
L’ancre finit donc suspendue à la bouée à quelques mètres seulement de la surface.
Virer l’ancre
Pour récupérer l’ancre, un pêcheur se tient à l’avant du bateau et vire la ligne de mouillage qui flotte à la sur-
face, pendant que le bateau se dirige vers l’ancre, jusqu’à ce qu’il atteigne la bouée. Bouée, chaîne et ancre
sont alors hissées à bord, et on dégrafe la bouée de la ligne de mouillage.
67
CHAPITRE 4 : La pêche
Les meilleures conditions pour pêcher à la dérive sont réunies lorsqu’il y a peu ou pas du tout de vent (moins
de 5 nœuds pour la plupart des embarcations) et lorsque le courant longe le récif et le relief du fond, ou bien
qu’il est trop faible pour agir sur le bateau. On peut pêcher à la dérive par fortes brises, mais seulement si le
vent souffle dans la même direction que le courant.
Si le vent est très faible et la dérive contrôlée par le courant, la pêche est relativement facile. Le courant de
surface agit à peu près de la même façon sur les lignes et sur le bateau, les poussant dans la même direction
tout en les maintenant plus ou moins à la verticale. S’il y a de puissants courants sous la surface ou au fond,
on en tient compte en filant davantage de ligne.
Courant de surface
68
CHAPITRE 4 : La pêche
L’ancre flottante est non seulement un instrument de pêche utile, mais elle augmente aussi la sécurité des
petits bateaux de pêche.
Mouiller une ancre flottante est une opé-
ration relativement simple. Elle est mise
à l’eau à l’avant du bateau, le pêcheur
maintenant l’ouverture du parachute face
au courant pour qu’il se remplisse plus
Ouvrez le parachute, vite. On file aussi la ligne d’orin et le
pour que le courant flotteur attaché au sommet de l’ancre et
le remplisse... ...le bateau va tourner ...
on les laisse flotter librement pendant
que le parachute se remplit. Dès que l’on
sent une résistance, on file la ligne de
mouillage jusqu’à ce que l’ancre soit
éloignée de 10 ou 15 mètres, puis on
attache le cordage. L’opération peut être
exécutée encore plus rapidement si on
...laissez filer suffisamment de ligne de mouillage, met le bateau en marche arrière quelques
attachez-la et commencez à pêcher secondes. Un équipage bien rôdé peut,
en moins d’une minute, mouiller une
ancre flottante et être prêt à pêcher.
Relever l’ancre flottante est presque aussi rapide et facile que la filer. Virer la ligne d’orin retourne le para-
chute qui se replie au fur et à mesure qu’on le relève.
69
CHAPITRE 5
APRÈS LA PÊCHE
71
CHAPITRE 5 : Après la pêche
Nettoyage du poisson
Sur certains marchés, la clientèle exige des poissons entiers; ailleurs, elle préfère qu’on lui vende du poisson
nettoyé, complètement ou en partie, c’est à dire sans les écailles, les viscères ou les ouïes. Quand on nettoie
le poisson, il faut le faire assez vite après l’avoir tué dans la caisse à poisson, par exemple à un moment où la
pêche proprement dite ralentit. Si on manque de temps, on peut mettre le poisson entier sous glace et le net-
toyer plus tard, après la pêche.
Enlevez Videz
les ouïes les viscères
et brossez
Quand le poisson se trouve dans la glacière depuis plusieurs heures, voire plusieurs jours, regardez si le pois-
son et la glace sont toujours bien mélangés et, le cas échéant videz et rechargez la glacière. À la fin de la
pêche, expédiez le poisson le plus vite possible. En le déchargeant du bateau, manipulez-le avec soin pour évi-
ter de l’abîmer ou de meurtrir sa chair. Transportez-le dans des sacs réfrigérants ou des caisses, si possible
avec un peu de glace. Ne laissez pas le poisson plus longtemps que nécessaire dans la glacière du bateau. Si
vous n’avez pas le choix, vérifiez chaque jour qu’il reste suffisamment de glace. Le cas échéant, rechargez la
glacière ou ajoutez de la glace.
72
CHAPITRE 5 : Après la pêche
...et la
queue
bat
...la gueule s’ouvre...
les nageoires se redressent...
Réfrigérer le poisson
Une fois mort, le poisson doit être rapidement réfrigéré à 0° et conservé ainsi jusqu’à ce qu’il arrive au mar-
ché. La meilleure façon de le réfrigérer est de le mettre dans un bac rempli d’une mixture d’eau salée et de
glace, la saumure réfrigérante (cf. 3C).
Réfrigérer le poisson pour l’exporter
Quand les poissons ont été réfrigérés dans la saumu- Veiller à ce que chaque poisson
re, ils doivent être transférés dans une glacière (cf. soit complètement enveloppé
3C). Il faut veiller soigneusement à ce qu’ils soient par la glace...
complètement entourés par la glace, pour demeurer
à basse température. Ils ne doivent pas se toucher,
car cela décolore la peau et diminue leur valeur ou
les rend invendables. Les poissons doivent rester sur
la glace et n’en sortir qu’un petit moment avant
d’être emballés pour l’exportation. ...et qu’il ne soit pas en contact avec les autres
73
CHAPITRE 5 : Après la pêche
Nettoyage du bateau
À la fin de la journée ou quand il y a un temps mort pendant la pêche, jetez un seau d’eau de mer sur le pont
et sur les surfaces intérieures du bateau et nettoyez les taches de sang et les humeurs de poisson avec une bros-
se dure ou un chiffon. Écopez ou videz les fonds avec une pompe et ramassez tous les déchets de poisson qui
s’y sont accumulés.
Nettoyage du bateau
Parties métalliques
...et le sang séché avec une brosse dure
Rincez à l’eau douce
pour éviter la rouille
74
CHAPITRE 5 : Après la pêche
Entretien du moteur
Après une sortie de pêche, quand le moteur a refroidi, essuyez-le ou lavez-le à l’extérieur avec un chiffon
trempé dans l’eau douce. Quand il est sec, essuyez-le avec un chiffon imbibé d’huile ou vaporisez-le avec un
lubrifiant léger pour le protéger. Traitez de la même façon toutes les pièces mobiles et toutes les pièces de
métal sensibles à la corrosion. Après chaque sortie, graissez tous les orifices ou points de graissage du moteur
avec une pompe à graisse. Vérifiez le moteur et l’huile de la boîte de vitesses, changez-les au besoin.
Bateaux à moteur ‘in-board’
Vérifiez l’huile Graissez les chaînes Vérifiez le propulseur,
et les filtres, et les pièces mobiles l’embase et l’arbre d’hélice
changez-les
quand ils sont
encrassés
Filtre à huile
Filtre à carburant
Vidange
S’il s’agit d’un hors-bord, rincez si possible à l’eau douce le système de refroidissement. Pour ce faire, vous
pouvez sortir le moteur du bateau et le faire tourner dans un fût d’eau douce, ou encore, si le hord-bord est
monté sur le bateau de façon permanente, achetez un appareil spécial ou fabriquez-en un. Il s’agit d’un tuyau
qui se branche sur l’arrivée d’eau du système de refroidissement et qui permet de rincer le circuit de refroi-
dissement à l’eau douce.
Moteurs hors-bord
Rincez toujours
le circuit de
refroidissement...
...en le faisant
tourner dans
un fût d’eau ...ou en utilisant un
douce appareil spécial pour le rincer à l’eau courante
75
CHAPITRE 5 : Après la pêche
On peut affûter un hameçon avec une petite lime triangulaire et du papier de verre. La pointe d’un hameçon
bien aiguisé laisse une égratignure sur l’ongle du pouce.
Aiguisage des hameçons
On peut aiguiser les hameçons si besoin est, mais ils doivent être remplacés quand ils sont trop rouillés.
L’usage proplongé d’hameçons rouillés pour économiser de l’argent constitue une fausse économie parce
qu’ils ferrent moins bien et diminuent les prises. Même chose pour ceux qui ont été tordus par un gros pois-
son. Ils doivent être jetés et non pas remis en forme car cela les rend moins résistants et ils risquent de casser
ou s’ouvrir lorsque le prochain gros poisson mordra à l’appât.
Les bas de ligne Bas de ligne
Vérifiez les câbles qui s’effilochent ou se décom-
mettent, le monofilament qui s’use, les boucles de Après avoir nettoyé les bas de ligne...
liaison des avançons qui se resserrent, etc... Réparez
ou remplacez tout ce qui est suspect avant que cela Rangez-les sur
ne casse sous le poids d’un gros poisson. Fabriquez des bobines...
de nouveaux bas de ligne et avançons pour rempla- ou sur de grosses
bouteilles de plastique
cer ceux qui ont été perdus ou endommagés.
L’ancre
Assurez-vous que les pattes de l’ancre ne se soient pas fragilisées à force d’être déformées (cf. 4I).
76
CHAPITRE 5 : Après la pêche
Registres de pêche
En notant le nombre, le poids, le type de poissons
pêchés et la zone dans laquelle ils ont été capturés,
le pêcheur peut constituer au cours des années un
registre précieux de ses succès et de ses échecs. Plus
tard, ce journal lui rappellera à quel endroit il a fait
les meilleures pêches à une saison donnée, à quel
moment de la journée, et à quelle phase de la marée
ou de la lune.
Registres du bateau
Le pêcheur doit non seulement consigner les données relatives à ses captures, mais il
doit aussi tenir des registres sur le fonctionnement du bateau, et noter en particulier le
nombre d’heures pendant lequel son moteur a tourné. Il saura ainsi à quel moment il
doit faire l’entretien, la vidange, etc., en suivant les recommandations du fabriquant.
Cela lui évitera des pannes dangereuses et coûteuses et des journées de pêche perdues
pour cause de réparations.
En notant combien de carburant il consomme à chaque sortie et en connaissant les heures de fonctionnement
du moteur, le pêcheur peut calculer la consommation horaire moyenne de son moteur. Cela lui permettra de
déterminer combien de carburant il doit emporter quand il part pour plus longtemps et aussi surveiller les per-
formances de son bateau. Si après plusieurs sorties il s’aperçoit que sa consommation horaire a augmenté,
c’est peut-être que le moteur fonctionne mal, que sa coque est sale ou que l’hélice a été endommagée.
ce qui devrait
apparaître dans
les données
...augmentera la enregistrées
consommation
de carburant...
77
APPENDICE
79
APPENDICE : Autres méthodes de pêche profonde
En dehors de la technique de pêche à la ligne que nous venons de décrire, il existe d’autres méthodes pour
capturer les poissons démersaux. Certaines sont connues et fonctionnent bien, d’autres sont peu répandues.
On a tenté à plusieurs reprises de développer de nouvelles méthodes de pêche profonde; quelques-unes ont
abouti, d’autres non.
Moulinet
électrique Moulinet hydraulique Vire-ligne hydraulique
Pour utiliser un système mécanisé de virage des lignes, il faut que le bateau soit équipé d’un système élec-
trique ou hydraulique selon les besoins. Les moulinets sont relativement coûteux — entre 500 et 1000 USD,
en fonction du modèle — mais ils augmentent considérablement l’efficacité, permettant même parfois à un
pêcheur solitaire d’opérer plusieurs lignes.
Palangres de fond
Pour augmenter la capacité de pêche, on peut aussi mouiller et laisser pêcher davantage d’hameçons. Les
palangres de fond sont basées sur ce principe.
La ligne est en général filée pendant que le bateau avance et laissée posée
avec une bouée jusqu’à ce qu’on la relève. On mouille d’abord le premier
Ligne de surface
flotteur, ensuite la ligne de surface, l’ancre, la ligne-mère, puis une autre
ancre, une autre ligne de surface et un flotteur. La ligne peut être virée par
n’importe quelle extrémité, en fonction du temps et des conditions dans
lesquelles s’effectue la pêche.
80
APPENDICE : Autres méthodes de pêche profonde
Sur une palangre élémentaire, l’hameçon repose directement sur le sol marin. En pêche profonde, l’hameçon
risque de se coincer si le sol est irrégulier ou rocheux et cela peut aboutir à de lourdes pertes en matériel. De
plus, de nombreuses espèces démersales se nourrissent en réalité au-dessus du fond: elles n’aiment pas s’empa-
rer d’un appât qui repose à même le sol. On utilise donc différentes méthodes pour surélever un peu l’hameçon.
L’une d’elle consiste à fixer des flotteurs en plusieurs points de la ligne principale, qui est ainsi entièrement sur-
élevée. L’inconvénient de cette technique est que la ligne-mère, ou certaines de ses parties, sont trop soulevées
et se retrouvent à plusieurs mètres au-dessus du fond.
Palangre profonde avec plombées
Il vaut mieux dans ce cas remplacer les
avançons de la ligne-mère par des ‘plom- Ligne-mère Flotteur haute-
bées’, qui ressemblent beaucoup à des bas pression
de ligne de pêche profonde. Une plombée Plombée
est composée d’une longueur de monofila- Avançon
ment ou de câble métallique avec plusieurs
points d’attache pour les avançons, un lest
à une extrémité et un petit flotteur haute-
pression à l’autre. Quand on mouille la
palangre, chaque plombée reste verticale
sur le fond, exactement comme dans la Lest
pêche profonde à la ligne.
Une technique mise au point en
La plombée en tube PVC (Floride) Floride a développé davantage ce
système. Dans cette technique, la
Flotteur longueur de monofilament qui porte
haute-pression les avançons est remplacée par un
tube PVC, muni à intervalles régu-
Bouée de signalisation liers de trous pour laisser passer les
Ligne de surface avançons. Le plomb est directement
Petit flotteur Avançon coulé dans la base du tube. Ce systè-
haute-pression me devait permettre d’éviter que les
Plombées en tube Ligne-mère plombées s’emmêlent lorsque les
PVC poissons ferrés s’agitent alors que la
Tuyau en palangre est toujours sur le fond.
PVC Mais il a causé autant de problèmes
qu’il en a résolu, car les plombées
entourées de PVC étaient coûteuses,
Lest cassaient facilement et étaient très
difficiles à manipuler sur le bateau.
Cette technique du bas de ligne en tube PVC en provenance de Floride n’est globalement plus pratiquée
aujourd’hui, si ce n’est par quelques pêcheurs curieux qui l’essaient de temps à autre.
Mais ces casiers, lourds et encombrants, étaient difficiles à ranger, à manipuler et surtout à relever à bord de
petites embarcations de pêche. De plus, leur rendement était assez bas et le pourcentage de pertes très élevé.
C’est pourquoi ils n’ont jamais été adoptés avec succès comme méthode de pêche commerciale dans le
Pacifique, ce qui était prévisible. Aujourd’hui, même si on les utilise de temps à autre pour des essais ou des
expériences, on considère que les ‘casiers en Z’ ne conviennent pas pour la pêche profonde dans le Pacifique.
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Secrétariat général de la Communauté du Pacifique
Programme Pêche côtière
Section Techniques de pêche
B.P. D5, 98848 Nouméa Cedex
Nouvelle-Calédonie
Téléphone : +687 26 20 00
Télécopie : + 687 26 38 18
Mél. : [email protected]
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