Mabrouk Mohamed 2015 PDF
Mabrouk Mohamed 2015 PDF
Mabrouk Mohamed 2015 PDF
DOCTEUR DE
L’UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
SPÉCIALITÉ : PRODUCTIQUE
Je dédie ce travail
Mes plus vifs remerciements vont tout d’abord s’adresser à mes encadrants : je
voudrais manifester toute ma reconnaissance à M. GIRARD Philippe, Professeur à
l’Université de Bordeaux pour ses conseils, sa confiance et le soutien qu’il m’a toujours
manifesté durant ces années de thèse et à Mme SPERANDIO Séverine, Maître de
Conférences à l’Université de Bordeaux pour ses encouragements amicaux, sa gentillesse, sa
disponibilité et son encadrement avisé. J’ai beaucoup appris et évolué à vos côtés. Un grand
merci pour tout ce que vous avez pu faire pour moi.
Un merci tout spécial est adressé à tous les membres du département QLIO d’Agen
pour leurs gentillesses et leurs bons conseils tout au long de ces années. Je voudrai ainsi
exprimer ma reconnaissance pour m’avoir accueilli au sein de leur équipe pédagogique ce qui
m’a permis de découvrir ma passion pour l’enseignement. En particulier, je voudrais
remercier la famille FARTHOUAT, la famille PEREYROL, Anne, Danielle et René pour
avoir partagé mes moments de doute et d’euphorie. Egalement, je remercie Simon et Slimane
pour tous leurs aides et leurs disponibilités pour trouver des solutions à mes problèmes
informatiques.
Mes remerciements vont aussi à tous les membres du laboratoire IMS que j’ai côtoyé
durant ces années.
Je ne saurai oublier mes amis qui m’ont soutenu activement, je pense notamment à
Salmaoui, Achraf, Nabil, Ibrahim et à la famille SAIDANI.
Enfin, je souhaite remercier chaleureusement mon épouse qui a supporté mon stress et
mes absences et avec qui j’ai partagé chaque moment de la thèse, depuis le premier jour.
Evidemment, je remercie mes parents, mon beau-frère Walid, et ma belle-mère Fatma pour
m’avoir écouté, encouragé et accompagné dans les bons comme dans les mauvais moments.
Heureusement que vous êtes toujours à mes côtés pour me changer les idées. Cette thèse vous
est dédiée.
Vraiment, je vous remercie « TOUS » du fond du cœur pour m’avoir conduit à ce jour
inoubliable…
Titre : Modélisation et aide à la décision pour la conception d’une démarche
d’amélioration continue durable d’un système complexe
Abstract : This thesis deals with an evaluation framework and support of sustainable
development projects in companies. First, a literature review on concepts, standards and tools
related to sustainable development and Corporate Social Responsibility has been conducted.
In this sense, the insufficiency of taking into account of stakeholders’ points of view in such a
process has been highlighted. Moreover, the integration of sustainable development and
methodological tools in project management represents a strategic imperative. Therefore, the
implementation of an integration strategy of sustainable development in project management
is necessary. Firstly, we have proposed a characterization model for overall performance,
integrating the economic, environmental and social performances in corporate management.
Secondly, we have associated a generic approach with this model in order to propose a
methodology and complete support for decision-making throughout the project. Such an
approach is based on the project life cycle which helps decision makers in their strategic
orientations. Finally, the methodology is supported by an « informatics tool » which makes its
integration simplified and allows better decision-makings.
Unité de recherche
Laboratoire de L’Intégration du Matériau au Système (IMS) – UMR
5218 CNRS. 351, cours de la Libération 33405 Talence cedex France.
Table des matières
Tableau 1.1 : Définitions liées à la notion de parties prenantes (inspiré de Gond et Mercier,
2004)......................................................................................................................................... 20
Tableau 1.2 : Identification des attentes en fonction des parties prenantes Guide SD21000,
FDX30-021 (AFNOR, 2003) ................................................................................................... 22
Tableau 2.1 : Les comportements attendus des Entreprises Socialement Responsables (ESR)
par (Pluchart, 2011) .................................................................................................................. 36
Tableau 2.2 : Différentes cartographies de Parties Prenantes .................................................. 41
Tableau 3.1 : Différentes approches et définitions de la Performance Sociétale (PS) ............. 50
Tableau 3.2 : Domaines d’études du bilan sociétal .................................................................. 56
Tableau 3.3 : Notation des pratiques par AFAQ 26000 ........................................................... 60
Tableau 3.4 : Notation des résultats par AFAQ 26000 ............................................................ 60
Tableau 3.5 : Synthèse des outils de sensibilisation et d’évaluation de la RSE ....................... 61
Tableau 4.1 : Synthèse bibliographique : grands thèmes du développement durable.............. 67
Tableau 4.2 : Objectifs de durabilité du modèle OCBP ........................................................... 70
Tableau 4.3 : Synthèse bibliographique : principales préoccupations élémentaires du
développement durable ............................................................................................................ 71
Tableau 4.4 : Critères de durabilité du modèle OCBP ............................................................. 73
Tableau 4.5 : Bonnes Pratiques préconisées dans le modèle OCBP en vue d’un
développement durable ............................................................................................................ 76
Tableau 4.6 : Exemple de Matrice des Influences Directes (MID) .......................................... 83
Tableau 4.7 : Exemple de Matrice des Influences Indirectes (MII) ......................................... 84
Tableau 4.8 : Matrice Acteurs / Objectifs MAO ...................................................................... 85
Tableau 4.9 : Cartographie des parties prenantes ..................................................................... 87
Tableau 5.1 : Matrice d’impacts croisés des bonnes pratiques sur les différents critères de
durabilité................................................................................................................................... 95
Tableau 5.2 : Nombre total de bonnes pratiques impactant chaque critère de durabilité ........ 98
Tableau 5.3 : Détails de la stratégie actuelle ............................................................................ 99
Tableau 5.4 : Détails du scénario envisagé ............................................................................ 104
Tableau 5.5 : Risque de mise en œuvre des bonnes pratiques ............................................... 109
Tableau 5.6 : Détail de l’impact de la pratique BPEC1.1.2 ................................................... 110
Tableau 5.7 : Liste des indicateurs de performance pour le développement durable ............ 111
Tableau 6.1 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise ................... 122
Tableau 6.2 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise et améliorant le
critère « Prévention et Sécurité » ........................................................................................... 129
Tableau 6.3 : Bonnes Pratiques retenues pour l’amélioration du critère « Prévention et
Sécurité » ................................................................................................................................ 131
Tableau 6.4 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise et améliorant le
critère « Bien-être » ................................................................................................................ 132
Tableau 6.5 : Bonnes Pratiques retenues pour l’amélioration du critère « Bien-être ».......... 132
Tableau 6.6 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise et améliorant le
critère « Contribution, Maintien et Création d’emplois » ...................................................... 134
Tableau 6.7 : Pratiques retenues pour l’amélioration du critère « Contribution, Maintien et
création d’emplois » ............................................................................................................... 134
Tableau 6.8 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise et améliorant le
critère « Evolution des RH » .................................................................................................. 136
Tableau 6.9 : Pratiques retenues pour l’amélioration du critère « Evolution des RH » ......... 136
Tableau 6.10 : Ensemble des Bonnes Pratiques choisies en vue d’une simulation ............... 138
Tableau 6.11 : Synthèse des pratiques « BPS1.1.7 » et « BPEC2.2.1 » ................................ 146
Chapitre Préliminaire
Contexte et Problématique
PROBLEMATIQUE ....................................................................................................................... 10
ORGANISATION DU MANUSCRIT................................................................................................. 13
Problématique
Le terme développement durable est né en 1987, défini dans le rapport Brundtland de la
commission mondiale de l’environnement et du développement comme étant « un mode de
développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs » (CMED, 1987). Depuis, le développement durable
s’est imposé comme cadre de référence à l’ensemble de la planète, contraignant les processus
de décision dans l’entreprise et prenant désormais une place centrale dans leurs stratégies. Il
vise aujourd’hui l’équilibre entre les trois dimensions économique, sociale et
environnementale (Figure 0.1).
12
- Désigner les Parties Prenantes nécessaires à la réalisation du projet de développement
durable ;
- Dresser un bilan des performances actuelles de l’entreprise par une évaluation des
bonnes pratiques déjà mises en place ;
- Définir une stratégie ;
- Simuler, a priori, i.e. avant la mise en place de la stratégie, les différents scénarios
envisagés ;
- Effectuer une Analyse Préliminaire des Risques des scénarios simulés ;
- Instaurer une analyse comparative entre les scénarios simulés et la stratégie
actuellement mise en place dans l’entreprise ;
- Evaluer le projet a posteriori, via des indicateurs de performances relatifs aux trois
dimensions économique, sociale et environnementale ;
- Proposer la construction de dispositifs de reporting pour rendre compte.
Nos travaux se situent à l’interface de plusieurs thèmes tels que le développement durable, la
conception et la gestion de projet, l’évaluation des performances et l’aide à la décision. Ils
s’inscrivent donc tout naturellement dans les travaux réalisés au sein du groupe Productique
du laboratoire IMS, et plus particulièrement ceux du groupe ICO (Ingénierie de la
Conception). Ils font suite au travail de Podea, ayant proposé l’intégration d’une phase de
gestion des risques à des projets de conception, plus particulièrement innovante, où le taux
d’échec reste très important (Sperandio et al., 2008) (Sperandio et al., 2009) (Podea, 2009).
L’étude sur les relations entre les parties prenantes s’inspire des travaux de Robin : selon lui,
les éléments influençant la performance globale de l’activité de conception concernent
l’entreprise et sont relatifs au contexte (environnements interne et externe), à l’acteur, et au
savoir et savoir-faire (Robin, 2005). Il rajoute que les environnements et l’acteur sont
indissociables : les environnements influencent les activités (objectifs et contraintes) mais
aussi le comportement de l’acteur et, réciproquement, de par son implication au sein des
environnements, l’acteur influe sur l’évolution de ceux-ci. La coopération entre parties
prenantes est ainsi devenue l’un des enjeux majeurs pour le développement des démarches de
responsabilité sociétale des entreprises et d’éco-innovations (Tyl, 2011) (Vallet, 2012). En
effet, quelque soient leurs types, les éco-innovations engendrent souvent l’apparition de
nouvelles formes d’organisations qui impliquent la création d’un nouveau réseau d’acteurs
hétérogènes, externes à l’écosystème traditionnel. Le développement de telles innovations
questionnent les acteurs, leurs rôles, leurs métiers, leurs représentations et leurs capacités à
coopérer ensemble au cours d’un projet de longue haleine (Real et al., 2013). La conduite de
projet affecte les activités d’acteurs humains qui ne sont pas de simples ressources : les gérer
efficacement nécessite de bien comprendre et d’anticiper les facteurs humains venant modifier
l’impact de la prise de décision (Merlo, 2009). Pour enrichir ces travaux, nous menons ensuite
de nombreuses recherches dans des domaines annexes tels que les sciences de
l’environnement, la sociologie et la gestion. Cette littérature riche et diverse nous permettra
d’orienter nos réflexions vers une contribution multidimensionnelle, adaptée aux
problématiques du développement durable.
Organisation du manuscrit
Ce document s’articule en trois grandes parties. La première partie du document est une étude
bibliographique portant sur les concepts de développement durable et de responsabilité
sociétale (chapitre 1). L’objectif est de se rendre compte du niveau d’intégration de ces
concepts par les entreprises, et des principales difficultés rencontrées lors de leur mise en
œuvre, notamment le manque d’outils et de supports méthodologiques permettant
d’accompagner cette démarche de développement durable. La théorie des parties prenantes est
13
également étudiée, afin de comprendre comment cartographier les différentes parties
prenantes au sein d’un réseau, et ainsi faciliter le déploiement d’une démarche socialement
responsable (chapitre 2). Le chapitre 3 se focalise sur la notion de la performance globale,
ainsi que sur les outils existants d’évaluation de cette performance. Ainsi, si la contribution du
social ou de l’environnement à la dimension économique peut être mesurée par des ratios de
productivité (chiffre d’affaires par employé pour la mesure de la socio-efficacité ou quantité
d’émissions par unité de vente pour la mesure de l’éco-efficacité), les contributions du social
à l’environnement ou inversement restent peu, voire pas mesurées. Leurs caractères parfois
qualitatif et subjectif ou la présence de nombreuses données hétérogènes rend en effet la tâche
particulièrement difficile.
La deuxième partie du document regroupe nos propositions. Dans le chapitre 4, nous
développons un modèle de référence pour l’évaluation de la performance globale d’un projet
de développement durable. Ce modèle repose sur une arborescence de quatre niveaux
d’évaluation :
- Le niveau 1, le plus agrégé, propose une évaluation globale et macroscopique de
chaque pilier du développement durable et de leurs intersections ;
- Le niveau 2 propose la déclinaison d’une stratégie en terme de développement durable
de manière synthétique, en structurant autour de quelques orientations les objectifs de
durabilité qui la concrétisent ;
- Le niveau 3 propose l’évaluation de préoccupations élémentaires ou critères de
durabilité, pouvant être assimilés à des résultats d’évaluation intermédiaires ;
- Le niveau 4 propose l’évaluation des éléments racines de notre modèle, à savoir les
bonnes pratiques (leviers d’action) pour la mise en œuvre des différents critères de
durabilité.
Tenant compte des principes du développement durable qui préconisent d’évoluer bien sûr
pour soi mais également pour les autres, nous proposons un outil permettant à l’entreprise
porteuse d’un projet de cartographier ses différentes parties prenantes et d’identifier les
attentes et avis de celles-ci vis-à-vis du projet. Par là-même, l’outil permet d’identifier avec
quelles parties prenantes collaborer, et préconise quel comportement adopter avec chacune
d’entre elles.
Le chapitre 5 présente la démarche de réflexion qui, associée au modèle de référence,
constitue un accompagnement complet pour l’aide à la prise de décision tout au long du projet
à développer. La démarche proposée est générique et adaptable à tout type de structure, et
l’analyse des questions du développement durable est intégrée tout au long du cycle de vie du
projet. La méthodologie globale permet ainsi de :
- Positionner l’entreprise par rapport à ses concurrents via un bilan de sa stratégie
actuelle en terme de développement durable ;
- Choisir une stratégie de développement par l’identification des objectifs et critères de
durabilité à mettre en œuvre ;
- Simuler les résultats des différentes stratégies de développement envisagées et
anticiper les risques liés au projet ;
- Mesurer les performances économiques, sociales et environnementales de l’entreprise
et les améliorer par la mise en œuvre des scénarios envisagés.
La troisième et dernière partie consiste en l’application de la méthodologie sur un cas d’école,
inspiré d’un exemple industriel existant, et, via cet exemple, de la présentation de l’outil
informatique développé pour supporter la méthodologie (chapitre 6). L’outil en question est
développé sous Excel et codé sous le langage de programmation Visuel Basique Edition pour
14
Applications Excel (VBA). L’organisation présentée dans la figure ci-dessous vise à faciliter
la lecture du manuscrit (Figure 0.2).
Enfin, la conclusion générale synthétise l’apport et les limites de ce travail, et en présente les
perspectives.
Chapitre 1 Chapitre 2
Du Développement Durable à la
La Responsabilité Sociétale des
Responsabilité Sociale des
Entreprises au cœur de leur
Entreprises : principes et
stratégie : principes de gouvernance
définitions
Partie 1
Chapitre 6
Partie 3
Support informatique pour l’aide à la
Support informatique et cas décision dans un projet de
d’application développement via un cas d’application
15
Chapitre 1
INTRODUCTION .......................................................................................................................... 17
CONCLUSION ............................................................................................................................. 27
16
Introduction
Ce chapitre présente de prime abord un état des lieux général sur les définitions liées au
développement durable et à la responsabilité sociétale des entreprises, et retrace l’évolution de
ces notions au cours du temps. Dans ce travail nous recherche, nous n’aborderons pas le débat
des définitions autour du développement durable comme étant sauveur de la planète à
l’échelle « macro », mais nous intéresserons à la manière dont les entreprises s’engagent et
intègrent les enjeux liés au développement durable dans leur activités. La responsabilité
sociétale, pour les entreprises, consiste à démontrer leur prise en compte des enjeux sociaux et
environnementaux dans leurs activités économiques, en lien avec leurs parties prenantes, en
respectant les attentes de celles-ci. En ce sens, nous analysons ensuite la notion de partie
prenante, indissociable de la responsabilité sociétale. Enfin, nous examinons les normes et
standards relatifs au développement durable et à la Responsabilité Sociétale des Entreprises,
afin de mettre en lumière tous les enjeux liés à une démarche socialement responsable ainsi
que les éventuels résultats attendus.
1
Commission présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland, d’où l’appellation « rapport Brundtland »
17
En 1992, le Sommet de la Terre à Rio, tenu sous l’égide des Nations unies, officialise la
notion de développement durable et celle des trois « piliers » (économie, écologie et social).
Le développement durable y est alors défini tel un développement économiquement efficace,
socialement équitable et écologiquement soutenable. En juin 2012, la conférence des Nations
Unis sur le développement durable, vingt ans plus tard et toujours à Rio, se réunit afin de
dresser un état des lieux et identifier de nouvelles politiques afin de promouvoir la richesse
mondiale et la protection de l’environnement2.
Le développement durable vise aujourd’hui l’équilibre entre les trois dimensions (ou piliers)
économique, sociale et environnementale (remplaçant le terme écologique).
- La dimension économique correspond à la création de richesses à même de satisfaire
les besoins de la société ;
- La dimension sociale renvoie au progrès social et à l’équité intra et
intergénérationnelle : elle traite des problèmes de développement (lutte contre la faim,
accès à l'eau, etc.), des questions de santé et de conditions de travail ;
- La dimension environnementale engage la préservation de la nature, des espèces et des
ressources naturelles et énergétiques.
1.1.2. La Responsabilité Sociétale des Entreprises
La notion de « Responsabilité Sociétale d’Entreprise » (RSE) a pour origine la locution anglo-
américaine Corporate Social Responsiblity (CSR), apparue dans les années 1950 aux États-
Unis, à partir de considérations éthiques et religieuses donnant lieu, essentiellement, à des
actions philanthropiques. Elle s’est progressivement transformée pour exprimer la recherche
d’une conciliation entre les activités économiques et les attentes et préoccupations de la
société. C’est Howard Bowen qui, avec la publication en 1953 de son ouvrage « Social
Responsibilities of the Businessman » (Bowen, 1953), propose l’expression de Corporate
Social Responsibility (CSR) dans le domaine du management. Cet ouvrage reste aujourd’hui
une référence incontournable dans le domaine. Dans les années 60 et 70, la responsabilité
sociétale des entreprises vit une période d’intérêt intense avec l’apparition de nouveaux
mouvements sociaux s’intéressant à des sujets comme l’impact écologique de l’entreprise, son
positionnement politique, l’égalité de traitement des sexes, etc. Les changements au niveau
des valeurs et des attentes sociales marquent ensuite les années 90 et induisent les entreprises
à revoir leurs modes managériaux. En 2004, Berthoin et Sobczak évoquent la notion de
responsabilité globale en préconisant une étude intégrée et transversale des différentes
responsabilités de l’entreprise (Berthoin & Sobczak, 2004). En ce sens, Sobczak précise que
l’utilisation du concept RSE risque de restreinte l’action à des enjeux environnementaux,
économiques et sociaux, et de limiter le débat aux seuls intérêts des salariés de l’entreprise et
de ses sous-traitants, puisque la RSE n’utilise « que » le terme social : « Plutôt que de traiter
les responsabilités économiques, sociales et environnementales l’une après l’autre, il s’agit de
les envisager de manière simultanée et comme s’enrichissant mutuellement » (Sobczak,
2011). La RSE sort de de la vision classique du triptyque du développement durable pour
adopter une vision de l’entreprise encastrée dans la société et ayant à rendre compte de ses
comportements en matière sociale et environnementale à une multitude de parties prenantes :
clients, fournisseurs, partenaires, gouvernement, etc. (Capron & Quairel-Lanoizelee, 2005).
2
La conférence a permis la réalisation du document « L’avenir que nous voulons » disponible à l’adresse
http://www.un.org/fr/sustainablefuture/
18
l'homme, des normes de travail et de l'environnement, et de lutte contre la corruption »
(citation reprises dans (Bouyoud, 2010)). Dans le livre vert de 2001 (Commission
Européenne, 2001), l'union européenne la définit comme « l’intégration volontaire des
préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leurs
relations avec leurs parties prenantes ». Selon, l’AFNOR, elle correspond à la responsabilité
d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur
l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui (AFNOR,
2010) :
- contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ;
- prend en compte les attentes des parties prenantes ;
- respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de
comportement ;
- est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations.
Selon Carroll (Carroll, 1979), la RSE est constituée de quatre types de responsabilités : les
responsabilités économiques, légales, éthiques et philanthropiques (Figure 1.2).
3
OCDE, en anglais Organisation for Economic Cooperation and Development, (OECD) est une organisation
internationale d’études économiques. Elle joue essentiellement un rôle d’assemblée consultative entre les pays
membres.
19
imprécision que naît l’obligation de chacun d’approfondir le sens du concept (Capron &
Quairel-Lanoizelee, 2007).
(Stanford Research Institute, « groupes sans le support desquels l’organisation cesserait d’exister »
1963) (cité par (Freeman, 1984), p. 31)
(Donaldson & Preston, 1995) « tous ceux qui ont un intérêt légitime dans l’organisation »
En accord avec ces différentes définitions, nous considérerons pour la suite que toute
personne ou groupe directement ou indirectement affecté par les activités d’une entreprise et
trouvant des intérêts dans les activités ou décisions de cette entreprise constitue une partie
prenante de celle-ci. Toute partie prenante peut donc avoir la capacité d’influencer,
positivement ou négativement, tout ou parties des activités de l’entreprise. Les parties
prenantes sont de natures diverses et variées, et peuvent être internes et / ou externes à
l’entreprise : salariés, syndicats, fournisseurs, actionnaires, clients, citoyens, associations, etc.
Chacune échange des données et informations spécifiques avec l’entreprise (Figure 1.3) et a
ses propres attentes sur les dimensions économiques, sociales et environnementales (Tableau
1.2).
Salariés
Dirigeants
Banques
Assurances
Monnaies
Services
Associations
ONG
Consommateurs
Médias
Matières/Produits SF
Fournisseurs
Monnaies
Sous-traitants
Organismes publics
Monnaies
Monnaies
21
Tableau 1.2 : Identification des attentes en fonction des parties prenantes Guide SD21000,
FDX30-021 (AFNOR, 2003)
Respect de l’environnement
Consommateurs Juste prix Respect du droit social
et information
Respect du droit de la
Respect des règles de concurrence, éthique,
Concurrents Benchmark
production absence de dumping
social
Respect des droits de
Absence de blanchiment Engagement dans la
l’Homme et des traités
ONG d’argent, de corruption, de réduction des impacts
internationaux +
pots de vin environnementaux
transparence
Prise en compte des
Communautés Information et
attentes locales,
locales et Pérennité de l’entreprise transparence, réduction des
participation à la vie
territoriales nuisances
locale
22
1.2. Normes et standards pour la responsabilité sociétale des entreprises
Les systèmes de management de la qualité (SMQ) type ISO 9000 4 permettent d’améliorer la
qualité de produit ou de service d’une entreprise (pour une performance essentiellement
économique) tandis que les systèmes de management environnemental (SME) type ISO
14001 préconisent un certain nombre d’actions à mettre en œuvre pour améliorer la
performance environnementale d’une entreprise. Enfin, les standards type SA 80005 (CEPPA,
1997) et OHSAS 180016 règlementent les entreprises afin d’assurer la sécurité et le bien-être
de leurs salariés. En dehors de ces systèmes de management et certifications, bon nombres de
référentiels ont été développés afin de sensibiliser et former les industriels autour de la
responsabilité sociale dans les entreprises. Les lignes directrices de ces référentiels offrent à
l'entreprise l'occasion d'internaliser certaines attentes liées à la RSE, y compris la protection
de l'environnement, la santé et la sécurité, le développement communautaire et présentent des
recommandations et des domaines d’actions. Nous présentons ci-après les principaux
référentiels du domaine et détaillons plus précisément l’ISO 26000, référence incontournable.
La Global Reporting Initiative (GRI) a été créé en 1997 par collaboration entre le Programme
des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et la Coalition for Environmentally
Responsible Economies (CERES). C’est une initiative internationale à laquelle ont participé
diverses parties prenantes (entreprises, ONG, cabinets de consultants et universités).
L’objectif de cette initiative est de donner des lignes directrices reconnues à l’échelle
internationale pour l’établissement de rapports de développement durable présentant des
actions qui intègrent les aspects sociaux, environnementaux et économiques7. Aucune version
de ces directives n’est qualifiée de « définitive », celles-ci devant évoluer en permanence pour
s’adapter aux changements des différentes dimensions de développement durable. Des mises
à jour régulières doivent donc être effectuées. La GRI (GRI, 2013) est à l’origine du reporting
de la responsabilité sociale des entreprises qui se définit comme la publication régulière
d’informations sur les trois dimensions économique, sociale et environnementale. Notons que
ces informations peuvent être intégrées au rapport financier de l’entreprise, ou publiées
séparément dans un rapport exclusivement dédié au développement durable (ce qui semble
être de plus en plus le cas, notamment pour les grandes entreprises qui publient
systématiquement leur rapport de développement durable ou d’engagement responsable sur
leur site internet). La transparence constitue dès lors la vertu primordiale du reporting.
Le Global Compact8 (en français Pacte Mondial) a été initié en 1999 par le septième
Secrétaire-Général des Nations Unies, monsieur Kofi Annan, et a été opérationnalisé en 2000.
4
L’ISO 9000 traite du management de la qualité, ce terme recouvrant tout ce que l’organisme réalise pour
améliorer la satisfaction des clients en répondant à leurs exigences et aux exigences réglementaires applicables et
en améliorant à cet égard continuellement ses performances.
5 La norme SA8000 porte sur le travail des enfants et le travail forcé, l’hygiène et la sécurité, la liberté
d'association et le droit à la négociation collective, l’interdiction de la discrimination en matière de rémunération,
la formation, le licenciement et la retraite, le temps de travail, la rémunération et le système de gestion ou
management.
6
OHSAS 18 001 (Occupational Health and Safety Assessment Series) - Système de gestion de la santé et de la
sécurité
7
https://www.globalreporting.org/resourcelibrary/French-G4-Part-One.pdf
8
web http://www.emlv.fr/global-compact-lemlv-adhere-au-pacte-mondial-des-nations-unies/
23
C’est une initiative volontaire d’entreprises responsables qui a pour objectif de permettre à
tous les peuples de la planète de bénéficier des avantages de la mondialisation et d’ancrer les
marchés mondiaux avec des valeurs et pratiques indispensables pour répondre aux besoins
socio-économiques. Il s’agit d’un code de conduite que les entreprises qui y adhèrent
s’engagent à respecter, en alignant leurs opérations et stratégies sur dix principes
universellement acceptés touchant les droits de l’homme, les droits du travail,
l’environnement et la lutte contre la corruption. Les principes, classés par catégorie, sont les
suivants (Nations Unies, 2008) :
« Droits de l’homme » :
- Les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter la protection du droit
international relatif aux droits de l’Homme dans leur sphère d’influence (1) ;
- Les entreprises sont invitées à veiller à ce que leurs propres compagnies ne se rendent
pas complices de violations des droits de l’Homme (2) ;
« Droit du travail » :
- Les entreprises sont invitées à respecter la liberté d’association et à reconnaître le droit
de négociation collective (3) ;
- Les entreprises sont invitées à éliminer toutes les formes de travail forcé ou obligatoire
(4) ;
- Les entreprises sont invitées à abolir le travail des enfants (5) ;
- Les entreprises sont invitées à éliminer la discrimination en matière d’emploi et de
profession (6) ;
« Environnement » :
- Les entreprises sont invitées à appliquer l’approche de précaution face aux problèmes
touchant l’environnement (7) ;
- Les entreprises sont invitées à entreprendre des initiatives tendant à promouvoir une
plus grande responsabilité en matière d’environnement (8) ;
- Les entreprises sont invitées à favoriser la mise au point et la diffusion de technologies
respectueuses de l’environnement (9) ;
En France, l’article 116 de la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE) de 2001
oblige les entreprises cotées de droit français à fournir des informations environnementales et
sociales dans leurs rapports annuels9. Cette loi a pour objectif de réduire les effets néfastes des
dysfonctionnements internes et de la mondialisation. Elle est fondée sur une exigence de
transparence de l’information.
Le guide SD 21000, publié en France en mai 2003 par l’AFNOR, est destiné aux entreprises
souhaitant s’engager dans une démarche de développement durable et voulant mettre en place
une véritable stratégie de responsabilité sociale (AFNOR, 2003). Ce document est le fruit
d’un travail d’une équipe de 80 personnes représentant l’ensemble du monde économique
(patronat, syndicats, associations, pouvoirs publics), sur une période de 3 ans. Ce guide
9
http://www.cfie.net/texte%20de%20la%20loi%20NRE.pdf
24
méthodologique s’adresse aux responsables et décideurs d’entreprises, et se décompose en
deux parties :
- la première partie apporte une aide à la réflexion initiale lors de l'élaboration de la
stratégie de l'entreprise ;
- la deuxième partie porte sur la mise en œuvre de la démarche et vise à aider
l'entreprise à fixer ses objectifs. Elle apporte aussi des éléments plus opérationnels à
intégrer dans le management et la mise en œuvre des moyens de l'entreprise pour
atteindre ses objectifs.
Le guide SD 21000 définit les bases des enjeux significatifs à prendre en compte. Pour
chacune des entreprises, ces enjeux sont différents et varient en fonction de leurs activités, de
leurs situations géographiques et des acteurs socio-économiques qui gravitent autour d’elles.
Les Nations Unies, de leur côté, ont lancé en 2006 les « Principles for Responsible
Investment10 » (PRI) qui constituent un ensemble d’engagements volontaires destinés au
secteur des services financiers et qui incitent les investisseurs à intégrer les problématiques
environnementales, sociales et de gouvernance dans la gestion des portefeuilles
d’investissement. En France, ce mouvement est appelé « l’Investissement Socialement
Responsable » (ISR).
Depuis 2005, l’organisation internationale de certification (ISO) travaille sur une norme pour
la Responsabilité Sociale d'Entreprise nommée ISO 26000. Cette dernière a finalement vu le
jour en novembre 201011 (AFNOR, 2010). Cette norme est l’unique à l’échelle internationale
qui vise à fournir aux organisations des lignes directrices pour la responsabilité sociétale. Ces
lignes décrivent les principes et thèmes que recouvre la RSE et proposent une méthode
d’appropriation et de mise en œuvre dans une organisation. Ce référentiel permet de cadrer
tous les concepts relatifs à la RSE. Il permet de s’interroger sur les enjeux et les
responsabilités envers le développement durable et de construire et d’orienter une stratégie
dite « durable ». La présente norme n'est pas appropriée à des fins de certification et n’est en
aucun cas réglementaire. Elle est par définition volontaire et donc non contraignante. Elle
explique et donne des compléments d’information dans un cadre de comportement destiné à
tout type d’organisation (entreprises, ONG, collectivités, etc.), quelle que soit sa taille et ses
domaines d’actions. Elle respecte les grands textes fondateurs internationaux comme la
déclaration universelle des Droits de l’Homme, les conventions adoptées par les Nations
Unies et ses institutions spécialisées, en général, et par l’Organisation Internationale du
Travail (OIT), en particulier. Son objectif principal est de guider les organisations dans la
mise en œuvre de bonnes pratiques en matière de responsabilité sociétale. Afin d’identifier les
domaines d’actions et de fixer les priorités dans l’organisation, les lignes directrices de cette
norme traitent sept questions centrales (Figure 1.4). Chacune de ces questions centrales
comprend un éventail de domaines d'action de responsabilité sociétale :
- La gouvernance de l’organisation : C’est le système par lequel une organisation prend
des décisions et les applique en vue d'atteindre ses objectifs. Elle présente les
modalités des prises de décision, de leur mise en œuvre et de leur suivi ;
- Les droits de l’Homme : Ce sont les droits fondamentaux auxquels tous les êtres
humains ont droit. Ils prennent en compte les droits civiques et politiques tels que le
droit à la vie et à la liberté, l’égalité et la liberté d'expression, mais aussi les droits
économiques et sociaux comme le droit au travail, le droit à la nourriture, le droit à
l'éducation, etc. ;
10
http://www.unpri.org/
11
En France, l’AFNOR a associé plus de 100 organisations à sa rédaction
25
- Les relations et conditions de travail : Elles englobent toutes les pratiques liées au
travail réalisé pour le compte d’une organisation. Elles couvrent tous les procédures de
discipline et les politiques de recrutement et de promotion des travailleurs. Elles
couvrent également toute politique ou pratique affectant les conditions de travail, tels
que le dialogue social, les relations employeur – employé, la formation et le
développement des compétences, la santé, l’hygiène et la sécurité, le temps passé au
travail et la rémunération ;
- L’environnement : Il s’agit de l’engagement de l’organisation à respecter son
environnement en limitant ou réduisant l’impact de ses activités et en prenant en
compte les implications directes et indirectes de ses décisions et activités d’un point de
vue environnemental (prévention de la pollution, utilisation durable des ressources,
atténuation des changements climatiques) ;
- La loyauté des pratiques : Elle présente un engagement de politique responsable. Elle
concerne la conduite éthique des transactions entre organisations, permettant à celles-
ci d’obtenir des résultats positifs tout en étant exemplaires (lutte contre la corruption,
implication responsable dans le domaine public, concurrence loyale et comportement
responsable) ;
- Les questions relatives aux consommateurs : Il s’agit de la responsabilité d’une
organisation vis-à-vis de ses consommateurs et clients pour la santé, la sécurité, et
l’information de ces derniers, dans le sens d’une société de consommation durable. Il
est ici question d’informations relatives à la commercialisation des produits et / ou
services, et à la mise en œuvre de processus contractuels honnêtes, transparents et
efficaces ;
- Les communautés et le développement local : Les actions liées à cette question
reposent sur une implication auprès des communautés afin de contribuer à leur
développement dans le cadre de l’amélioration des biens publics et de la société civile
(création d’emploi et développement de compétences, création de richesses et revenus,
éducation et culture, développement des technologies et accès à la technologie). Il
s’agit donc d’un travail proactif de proximité des organisations auprès des
communautés visant à favoriser les partenariats de sorte à impliquer l'organisation
dans la société civile locale. Cette implication oblige de facto l’identification des
parties prenantes et le dialogue avec elles afin d’identifier leurs attentes. Il s'agit d'un
processus à long terme pouvant impliquer des intérêts différents, voire conflictuels.
26
Figure 1.4 : Les sept questions centrales de l’ISO 26000 (AFNOR, 2010)
La norme ISO 26000 constitue un guide précieux permettant d’aider tout organisme à prendre
en charge ses responsabilités. Il permet en effet de rendre opérationnelle la responsabilité
sociétale, d’identifier et d’engager ses parties prenantes, et enfin de crédibiliser sa démarche. Il
n’existe aucune certification relative à la norme ISO 26000, mais une « évaluation » est
possible, qui identifie le niveau de maturité d’une organisation en termes de responsabilité
sociétale (voir Chapitre 3).
Conclusion
Au cours de ce chapitre, nous avons fait un rappel théorique sur les définitions du
développement durable et de responsabilité sociétale des entreprises, et avons analysé
l’évolution de ces notions au cours du temps. Il en ressort que la Responsabilité Sociétale des
Entreprises est la contribution volontaire des entreprises au développement durable : il s’agit
donc pour les entreprises de démontrer leur prise en compte des enjeux sociaux et
environnementaux dans leurs activités économiques en lien avec leurs parties prenantes, en
respectant les attentes de celles-ci. La multiplicité des parties prenantes et l’hétérogénéité de
leurs attentes respectives rend cependant la tâche lourde et particulièrement complexe. Nous
sommes alors revenus sur les principaux référentiels existants dans le domaine du
développement durable qui décrivent les grandes lignes directrices à mettre en œuvre au sein
d’une organisation, afin de rendre celle-ci socialement responsable. Les lignes directrices de
ces référentiels offrent à toute organisation l'occasion d'internaliser certaines attentes liées à la
RSE, y compris la protection de l'environnement, la santé et la sécurité, et le développement
communautaire. L’ISO 26000 ne fournit pas de recommandations concernant les rapports de
performance en matière de responsabilité sociétale mais elle couvre un ensemble de domaines
très similaires à ceux des lignes directrices du GRI pour le reporting. Ainsi, les
recommandations de l’ISO fournissent aux entreprises une structure leur permettant d’organiser
leurs activités, ce qui peut influer sur leur processus de reporting12. Plusieurs bénéfices liés à
12
https://www.globalreporting.org/resourcelibrary/French-How-To-Use-the-GRI-Guidelines-In-Conjunction-
With-ISO26000.pdf
27
la mise en œuvre de la RSE incitent de plus en plus les entreprises à intégrer celle-ci dans leur
stratégie (amélioration des performances économiques, sociales et environnementales,
amélioration de l’image globale de l’entreprise, mise en place d’un dialogue fructueux avec les
parties prenantes, renforcement de la confiance des collaborateurs, etc.). En ce sens, les lignes
directrices des différents référentiels proposent des recommandations et des domaines
d’actions, mais l’aspect mise en œuvre et méthode reste très souvent implicite. Ainsi, comment
intégrer pratiquement les différents enjeux du développement durable entre eux ? Plutôt que de
traiter les responsabilités économiques, sociales et environnementales l’une après l’autre, il
s’agit en effet ici de les envisager de manière simultanée et comme s’enrichissant
mutuellement. L’identification des parties prenantes d’une organisation est également un
processus très délicat et, une fois celles-ci répertoriées, se pose encore la question de l’arbitrage
et de la hiérarchisation entre leurs attentes respectives. Qui satisfaire en priorité ? Qui tenir
informé ? En conséquence, le chapitre suivant dresse un état des lieux sur l’intégration effective
des concepts du développement durable par les entreprises, au cœur de leur stratégie. La théorie
des parties prenantes est également étudiée, afin de comprendre comment cartographier les
différentes parties prenantes au sein d’un réseau, et ainsi faciliter le déploiement d’une
démarche socialement responsable.
28
Chapitre 2
INTRODUCTION .......................................................................................................................... 30
CONCLUSION ............................................................................................................................. 44
29
Introduction
Le Développement Durable s’est imposé ces dernières années comme cadre de référence à
l’ensemble de la planète, contraignant les processus de décision dans l’entreprise et prenant
désormais une place centrale dans leurs stratégies. Dès 1990, une cinquantaine de chefs
d'entreprise du monde entier se réunissait pour créer le Conseil mondial des entreprises pour
le développement durable (World Business Council for Sustainable Development : WBCSD).
Cette initiative visait à rassembler des entreprises internationales autour d’un engagement
commun, pour un projet de management qualifié de durable. L’implication des entreprises
dans ce domaine s’explique aujourd’hui par, entre autres, une grande mobilisation des ONG
et associations de consommateurs souhaitant plus de transparence dans la gestion des
entreprises, mais aussi et surtout par la croissance des standards et réglementations
contribuant à la prise en compte de la responsabilité sociétale des entreprises. L’engagement
de l’entreprise dans un projet de responsabilité sociétale peut conduire celle-ci à respecter de
nouvelles exigences sociales et / ou environnementales, et donc modifier tout ou partie de son
organisation et de ses modes de travail, en gardant l’idée de croissance et de compétitivité. Un
tel changement nécessite des investissements, des objectifs clairs, des tâches ou des actions de
réalisation, des étapes d’évaluation, une date de début et de fin : il s’agit là d’une conduite de
projet. La gestion de projet implique implicitement un mode de management où l’ensemble
des acteurs du projet sont en interaction sous la direction d’un chef d’orchestre (chef projet),
avec une obligation de résultat (Brodhag et al., 2011). Brodhag définit la gouvernance, dans le
contexte du développement durable, comme étant « un processus de décision collectif
n’imposant pas systématiquement une situation d’autorité ». Il explique ainsi que dans un
système complexe et incertain, plusieurs enjeux sont interdépendants (ici les enjeux
économiques, sociaux et environnementaux), et aucun des acteurs ne dispose de toute
l’information et de toute l’autorité pour mener à bien une stratégie d’ensemble inscrite dans le
long terme. A cet effet, une coopération entre les différentes parties intéressées, dans laquelle
chacune exerce ses responsabilités et ses compétences, est primordiale pour réussir une
stratégie de développement durable (Brodhag C., 1999). Ainsi, si l’on considère que le
management concerne essentiellement la gestion optimale des ressources d’un organisme afin
que celui-ci assure sa finalité sociétale et qu'il atteigne les objectifs qu’il s'est fixés, en termes
de responsabilité sociétale, on parlera plutôt de gouvernance avec la définition suivante (ISO
26000 (AFNOR, 2010)) : « La gouvernance d’une organisation est le système par lequel cette
organisation prend des décisions et les applique en vue d'atteindre ses objectifs. » La
gouvernance assure donc la responsabilité des impacts de l’organisme sur les parties
prenantes. Ce chapitre s’intéresse à l’intégration des principes de développement durable dans
la stratégie des entreprises, et donc à la gouvernance mise en œuvre. Pour ce faire, nous
effectuons tout d’abord un état des lieux afin de vérifier si oui ou non les entreprises intègrent
aujourd’hui la responsabilité sociétale dans leurs activités, et, le cas échéant, étudions leurs
motivations. Nous analysons ensuite les enjeux relatifs à la mise en place de la responsabilité
sociétale au cœur des entreprises, étudions les différents modes d’intégration que celles-ci
instaurent, et focalisons sur la nouvelle fonction « d’animateur développement durable », de
plus en plus présente dans les organigrammes. Enfin, nous dédions un paragraphe complet à
la théorie des parties prenantes, qui permet d’identifier les besoins et intérêts des différentes
parties intéressées, et présentons les divers modes de classement ou hiérarchisation préconisés
de celles-ci.
30
2.1. Prise en compte des principes de développement durable et de
responsabilité sociétale par les entreprises
13
http://www.comite21.org/docs/guides/guide_entreprise_dev_durable.pdf
14
BDO est un cabinet d’audit, d’expertise-comptable et de conseil qui s’appuie sur un réseau international
pluridisciplinaire. http://www.bdo.fr/
15
Le groupe Malakoff Médéric est un groupe paritaire, mutualiste et à but non lucratif de protection sociale
http://www.malakoffmederic.com/groupe/nous-connaitre/notre-organisation/notre-gouvernance.html
16
Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises : http://www.orse.org/
31
répondre aux attentes des clients (88%). Ils ont cependant largement pris conscience que de
telles initiatives pourraient augmenter la performance économique de leur entreprise (80%) et
réduire leurs coûts de fonctionnement (74%). La réduction et la prévention des risques ainsi
que l’amélioration de l’image constituent également des motivations très importantes pour 7
dirigeants sur 10. Enfin, un peu plus de 40% des dirigeants ont souligné une motivation liée à
l’anticipation d’une obligation réglementaire et entre 25% et 40% une motivation liée à la
réponse aux attentes des investisseurs, à l’acquisition d’une certification ou d’un label ou
encore au fait de s’aligner sur les concurrents (Figure 2.1).
Figure 2.1 : Principales motivations pour mettre en place une stratégie de développement
durable (adapté à l’enquête de Generali CSA, 2013)
La plupart des entreprises a ainsi bien identifié le fait que le développement durable et sa mise
en œuvre, via les principes de responsabilité sociétale, peuvent représenter un levier de
rentabilité et de performance, même s’il s’agit le plus souvent de projets à long terme. Enfin,
les politiques, législations et priorités d’investissement peuvent varier d’un pays à l’autre et
d’une culture à l’autre. A titre d’exemple, une étude de 2007 portant sur 171 entreprises
chinoises du secteur automobile a démontré que les principales motivations des entreprises se
lançant dans une stratégie de responsabilité sociétale (logistique verte dans ce cas) étaient
dues aux pressions réglementaires et à la forte concurrence de ce secteur (Zhu et al., 2007).
Une autre étude de 2009, portant cette fois-ci sur des entreprises américaines, a démontré que
les pratiques de responsabilité sociétale les plus couramment mises en place étaient liées aux
attentes des employés, consommateurs et fournisseurs, loin devant les pratiques
philanthropiques et environnementales (Lindgreen et al., 2009). « La stratégie nationale d’un
pays doit être conçue de façon à aider à traduire les questions environnementales sur le plan
politique. Plus largement, elle doit coordonner les politiques locales avec les questions
mondiales, et intégrer les connaissances scientifiques dans les politiques et la planification du
développement » (Brodhag, 2004). En France, l’Etat, en tant qu’acteur principal du
développement durable, a notamment mis en place des subventions et aides spécifiques pour
les entreprises engagées dans le développement durable. A titre d’exemple, notons également
la manifestation intitulée les « Trophées RSE », qui vise d’une part à récompenser des
entreprises dites « responsables », et d’autre part à mener des actions d’information, de
sensibilisation et de formation sur le sujet. Les trophées RSE Aquitaine de l’édition 2013 ont
ainsi récompensé cinq entreprises pour leur engagement et leur capacité à intégrer des enjeux
sociaux, environnementaux et économiques dans leurs activités17. Cet événement se déroule
en partenariat avec le Conseil régional d’Aquitaine, la Chambre de Commerce et d’Industrie
(CCI) et la préfecture de la région Aquitaine, avec l’appui d’acteurs du développement
économique tels que le MEDEF (Mouvement des entreprises de France), la CGPME
17
http://www.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/les-trophees-aquitains-de-l-entreprise-responsable-
a1445.html
32
(Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises), la CFDT
(Confédération française démocratique du travail), l’AFNOR et le Centre des Jeunes
Dirigeants d’entreprises (CJD). Un tel investissement, de la part de ces différentes structures,
prouve ici l’envie de tous d’avancer, ensemble, pour intégrer les enjeux du développement
durable au sein des entreprises.
2.1.2. Les enjeux liés à la responsabilité sociétale des entreprises
Certaines idées reçues affirment que la responsabilité sociétale des entreprises est l’affaire des
grandes entreprises. C’est vrai que les grandes entreprises ont été les premières, en France,
sous l’impulsion de la loi de 2001 sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE), à
intégrer des démarches de responsabilité sociétale, mais avec l’évolution de ce concept au
cours du temps et l’apparition de la norme ISO26000, les PME se sentent désormais de plus
en plus concernées et s’impliquent davantage. Les principaux enjeux relatifs à la mise en
œuvre d’une démarche de responsabilité sociétale s’expriment en termes d’amélioration de la
compétitivité, et concernent tout particulièrement, dans le domaine stratégique, l’amélioration
de l’image de l’entreprise et de ses relations avec les différents acteurs de la société (ACFCI,
2006). Ces enjeux nécessitent un « triple bilan » ou « triple bottom line » (Elkington, 1998) :
l’entreprise socialement responsable doit être performante dans les trois dimensions que sont
l'économique, le social / sociétal et l'environnemental, pour assurer une équité sociale, un
respect envers l’environnement (au sens écologie) et une rentabilité économique :
- Le développement environnemental ou la nécessité de protéger les équilibres
écologiques pour préserver nos sociétés et la vie sur Terre : pour les entreprises, les
enjeux relatifs à ce développement consistent à utiliser de façon optimale et efficace
les ressources naturelles, veiller à limiter le gaspillage, privilégier l’utilisation de
ressources renouvelables et de matériaux recyclables, limiter la production aux
quantités nécessaires, etc. ;
- Le développement social ou la nécessité d’assurer le bien-être de tous les salariés :
pour les entreprises, les enjeux associés à ce développement consistent à instaurer une
politique sociale avancée en garantissant de bonnes conditions de travail, en favorisant
la formation, en intéressant et motivant les salariés, etc. ;
- Le développement économique ou la nécessité de dégager des bénéfices afin d’assurer
sa pérennité et de conquérir de nouveaux clients : pour les entreprises, les enjeux
correspondant à ce développement consistent à réduire les coûts de consommation
d’eau, d’énergie et de matières premières, faire la chasse aux gaspillages, mettre en
œuvre de nouvelles pratiques de production à long terme telles que l’économie
circulaire (réduire, récupérer, recycler, réparer au lieu de produire).
A ces trois dimensions s’ajoutent ensuite les développements vivable, viable et équitable, à
savoir les zones d’intersections ou interdépendances entre elles :
- Le développement vivable (interface environnement/social) ou la prise en compte
simultanée des facteurs environnementaux et sociaux, afin d’assurer un cadre de vie
acceptable. Pour les entreprises, les enjeux associés à ce développement concernent
l’hygiène, la sécurité, la santé et les risques professionnels, mais aussi le fait de
travailler avec des acteurs locaux (collectivités, associations, fournisseurs) et donc de
favoriser les produits et savoir-faire locaux ;
- Le développement viable (interface environnement/économique) ou la prise en compte
simultanée des facteurs économiques et environnementaux, afin de permettre à long
terme et de façon autosuffisante une croissance économique basée sur les ressources
renouvelables (écologie industrielle et éco-efficience). Pour les entreprises, les enjeux
relatifs à ce développement consistent à optimiser les transports (personnes,
33
prestations, biens matériels), favoriser l'utilisation de produits et d'espèces végétales de
saison, favoriser le tri, le recyclage et la valorisation des déchets ;
- Le développement équitable (interface économique/social) ou la prise en compte
simultanée des facteurs sociaux et économiques, i.e. le fait d’allier la croissance
économique tout en respectant les droits de l’Homme, afin de parvenir à une plus
grande équité. Pour les entreprises, les enjeux correspondant à ce développement
consistent à mettre en place une politique d'aide à la réinsertion professionnelle,
développer des projets ciblés pour limiter les disparités (égalité Homme – Femme,
nivellement des salaires, accessibilité pour tous), sélectionner des produits issus du
commerce équitable, etc.
La Figure 2.2 récapitule les principaux enjeux associés à chacune de ces dimensions et
intersections.
Engager une entreprise dans une démarche de responsabilité sociétale est une décision portée
par la direction, à son plus haut niveau. Son implication forte et constante est essentielle à la
réussite de cette nouvelle orientation et doit être connue de l'ensemble des salariés : « Mettre
en œuvre une démarche de responsabilité sociétale revient à faire évoluer la conception et la
34
pratique d’un métier. Cette évolution de la culture d’entreprise, inscrite dans la durée, doit
s’appuyer sur une prise de conscience à la fois collective et individuelle. Elle doit ainsi être
préparée par une mobilisation générale, depuis les équipes de direction, jusqu’aux
opérationnels » (Novethic, 2009). La mise en œuvre d’une démarche de responsabilité
sociétale représente un défi majeur du fait de la complexité de la stratégie à développer,
nécessairement transversale à tous les services (quels objectifs identifier afin de tendre vers un
équilibre économique, social et environnemental) et des possibles changements
organisationnels qui en découlent. Une stratégie de développement durable peut en effet
toucher tout ou partie de l’organisation de l’entreprise, et peut amener à revoir l’ensemble de
ses activités et services. A titre d’exemple, pour les achats, il peut s’agir de modifier ses
sources d’approvisionnements afin d’intégrer des produits et services respectueux de
l’environnement, et inciter les fournisseurs à adopter une démarche vertueuse. Pour les
services marketing et communication, il s’agit de communiquer au sujet de l’engagement de
l’entreprise vers l’extérieur, vis-à-vis de ses clients et de ses partenaires, mais aussi auprès de
ses collaborateurs et salariés par des actions concrètes et des investissements venant confirmer
ces engagements. Pour les services logistiques, de nouveaux modes de gestion font leur
apparition, telles que la « logistique verte / durable » ou la « logistique inverse ». Enfin, même
les systèmes d’information peuvent être impactés, puisqu’ils représentent une source de
consommation énergétique significative (notion de « Green IT » ou encore « d’'informatique
écoresponsable »). En définitive, « les principes de la RSE dirigent le management
stratégique, tandis que le management stratégique contribue à la mettre en place » (Figure
2.3).
Contribue
• Responsabilité
Sociétale des
• Management
Entreprises
Stratégique
Dirige
35
Tableau 2.1 : Les comportements attendus des Entreprises Socialement Responsables
(ESR) par (Pluchart, 2011)
Respect et promotion des L’entreprise prend des mesures pour promouvoir et faire respecter la
droits de l’Homme dans protection internationale des droits de l’Homme au sein de sa sphère
le monde du travail d’influence.
Elle veille à ce que sa propre organisation ne se rende pas complice de
violation des droits des travailleurs.
Sciences et Technologies L’entreprise est invitée à diffuser les fruits de ses activités de recherche et
développement dans le pays où elle opère, de façon à contribuer au
renforcement des capacités d’innovation de ces pays d’accueil.
37
Pression forte
Cibles
Concernées Stratèges
idéales
DD DD
« contraintes » « opportunités »
Entrantes Proactives Engagées
Pression faible
Figure 2.4 : Modes d’intégration du développement durable dans la stratégie des grandes
entreprises (Novethic, 2002)
2.1.4. La fonction « Animateur RSE » ou « Animateur Développement
Durable »
L’unité de Recherche « Entreprises » du CEPS/INSTEAD18, avec le soutien de l’Institut pour
le Mouvement Sociétal (IMS) de Luxembourg, a réalisé une enquête sur la mise en œuvre de
la RSE dans les entreprises luxembourgeoises, durant le dernier trimestre de l’année 2008.
Celle-ci indique que 12% de ces entreprises disposent d’un département RSE et possèdent un
budget exclusivement dédié à cette fonction (Poussing, 2011). Cette étude montre aussi que
70% des entreprises ont fait l’effort d’identifier leurs parties prenantes (les salariés et les
clients étant majoritairement représentés, respectivement 93% et 75%). Les entreprises
luxembourgeoises, dans 73 % des cas, identifient entre 2 et 4 parties prenantes (73%), et 51%
de ces entreprises sont rentrés en contact avec leurs parties prenantes avant de commencer une
démarche de responsabilité sociétale. La gouvernance de ce type de projets est dédiée au
directeur de l’entreprise dans 80% des cas, au directeur des ressources humaines dans 30%
des cas, et au directeur du département RSE dans seulement 4% des cas. Malgré tout,
l’enquête montre que 46% des entreprises déclarent ne pas avoir le temps nécessaire pour cet
engagement, 35% évoquent un coût de mise en œuvre trop important, et 13% mettent en avant
un manque de compétences lié au domaine. Une autre étude, menée par le cabinet
ERNST&YOUNG en 2008 sur le déploiement des démarches de responsabilité sociétale dans
de grandes entreprises françaises et britanniques, dresse un état des lieux des pratiques de
gouvernance dans ces entreprises, sur une période de quatre mois (ERNST&YOUNG, 2008).
L’étude montre que « seulement » 73% des entreprises françaises interrogées avaient mis en
place un comité RSE, contre 94% pour les britanniques, ce comité étant le plus souvent
transverse à plusieurs fonctions et services de l’entreprise. Dans le cas des entreprises
françaises, il regroupait majoritairement les fonctions de Ressources Humaines, d’Hygiène,
Sécurité et Environnement et de communication, alors que dans le cas des entreprises
britanniques, ce comité se composait des fonctions Ressources Humaines, achats, HSE et
audits internes. Les entreprises des deux pays s’accordaient pourtant sur l’importance de
l’implication des dirigeants, de la communication et de l’implication du personnel en tant que
facteurs clés de succès pour la mise place d’une démarche de responsabilité sociétale. Enfin,
les trois quarts des entreprises françaises interrogées déclaraient gérer plus de 10 indicateurs
de performance relativement à ces projets (taux de fréquence des accidents de travail,
consommation d’eau et d’énergie, etc.), ces indicateurs figurant cependant rarement dans les
tableaux de bord de pilotage de la direction.
18
Centre d’Etudes de Populations, de pauvreté et de politiques socio-économiques / International networks for
studies in technology, environment, alternatives, development
38
Plus récemment, en 2011, plus de 50 entreprises des secteurs privé et public ont été
questionnées sur la fonction RSE par le cabinet Cleveor19. Les résultats de cette enquête
montrent une tendance forte des entreprises à rattacher la fonction RSE - ou développement
durable - à leur direction générale (44% des sondées), à une autre direction (26%), tandis que
17% des entreprises déclarent ne pas avoir de fonction dédiée ou assimilée. Capron et Quairel
expliquent dans leur ouvrage que la mise en œuvre de la RSE nécessite des modifications
dans l’organisation, ainsi que la création d’une fonction « développement durable » (Capron
& Quairel-Lanoizelee, 2007). Ils rajoutent qu’une démarche de responsabilité sociétale peut
être tournée vers l’extérieur (développement des relations avec les parties prenantes) et / ou
orientée vers la recherche d’opportunités stratégiques à l’intérieur même de l’entreprise afin
d’intégrer localement des objectifs de développement durable. Cependant, malgré les travaux
et sondages existants, il est difficile de dessiner un véritable modèle organisationnel de
référence de la fonction RSE. Seule certitude, il s’agit d’une fonction stratégique au cœur de
l’entreprise, reliant plusieurs fonctions de cette entreprise et nécessitant un dialogue entre
elles (Figure 2.5) :
Direction
Générale
Communication
Parties Vente,
Prenantes Ressources
Marketing
externes Humaines
R&D
Parties
Production Prenantes
Fonction RSE
externes
Qualité, HSE Maintenance
Méthodes
Finance,
Logistique Comptabilité
Information
Achat
Organisation
Parties
Prenantes
externes
19
Cabinet de conseil en Organisation et Management. « RSE ET MANAGEMENT DURABLE
LE ROLE DE LA FONCTION RH ». Document accessible sur le lien
http://www.cleveor.com/index.php?option=com_content&view=article&id=191:publication-specimen-b-
bloquee-2&catid=16&Itemid=179&lang=fr
39
important de caractériser ces acteurs selon leurs attentes, leurs zones géographiques, leurs
impacts sur l’activité de l’entreprise et réciproquement. Il s’agit donc d’identifier les attentes
et le pouvoir de chaque groupe d’ayants droit, ce qui permet d’établir des priorités politiques
tout en ayant une vision d’ensemble des interactions possibles entre ceux-ci. La zone de
priorité identifiée est appelée Sphère d’Influence (SI). L’élaboration d’une cartographie des
Parties Prenantes (PP) ou « Analyse des jeux d’acteurs » est une opération particulièrement
complexe à réaliser. En effet, les stratégies, méthodologies et outils associés ne sont pas
clairement définis, et plusieurs débats persistent : Qui considérer comme un acteur (qui est
acteur et qui ne l’est pas) ? Et quel doit être le périmètre de l’exercice et quelles bornes fixer
dans l’environnement de l’entreprise ? Différentes méthodes de classement des parties
prenantes sont appliquées dans l’industrie. Les parties prenantes peuvent être internes ou
externes à l’entreprise, directes ou indirectes, contractuelles ou non contractuelles, et
appartenant respectivement aux sphères sociale, publique, économique, industrielle et
scientifique. L’identification des attentes et des enjeux des parties prenantes peut être faite par
questionnements, confrontations, dialogues, ou dans le cadre d’engagements contractuels
(Dubigeon, 2009). Par exemple, Danone qualifie ses parties prenantes selon 4 grandes
sphères20 :
- la sphère sociale (salariés, consommateurs et associations de consommateurs) ;
- la sphère publique (pouvoirs publics, associations et ONG sociales et
environnementales, organismes de promotion de la responsabilité sociale, médias) ;
- la sphère économique (actionnaires, communauté financière et agence de notation
sociale et environnementale, distributeurs) ;
- la sphère industrielle et scientifique (organisations professionnelles).
Suez représente sa cartographie de Parties Prenantes sous la forme de trois cercles
concentriques au sein desquels elle exerce son activité : le premier cercle contient les
actionnaires, filiales et collaborateurs ; le deuxième cercle regroupe les clients, fournisseurs et
concurrents ; et enfin un troisième cercle plus large regroupe l’environnement humain, la
communauté, le naturel et la planète. Finalement, quelque soient les représentations utilisées,
ces différentes cartographies permettent aux entreprises de définir et structurer au mieux les
relations entretenues avec l’ensemble de leurs parties prenantes. Scientifiquement, les
premiers débats autour des principes de cartographie des Parties Prenantes remontent aux
années 80, plus précisément en 1984 avec l’apparition de la théorie des Parties Prenantes
(Freeman & Reed, 1983) (Freeman, 1984). Cette théorie s’articule autour des différentes
manières de concevoir le rôle de l’entreprise et ses relations avec les autres acteurs gravitant
autour d’elle, et sur la capacité de ces acteurs à influencer ou à être influencés par les activités
de l’entreprise. Les gestionnaires furent les premiers à s’intéresser à cette théorie, pour le
management des organisations. Les chercheurs en sciences de l’ingénieur ont ensuite intégré
ces questions d’interactions entre organisations via la modélisation d’entreprises, par une
approche systémique (Le Moigne, 1977). Cet aspect multidisciplinaire et évolutif de la théorie
des parties prenantes justifie son importance. Le tableau suivant (Tableau 2.2) synthétise
quelques études relatives à la classification – ou cartographie – des Parties prenantes d’une
organisation.
20
http://www.danone.com/Rapport-DevDurable10/
40
Tableau 2.2 : Différentes cartographies de Parties Prenantes
Type de classement
Auteur Attributs Définitions Caractère
des PP
PP primaires : elles sont impliquées directement dans le processus de
Primaires / Contrats explicites l’entreprise par des contrats explicites (employés, clients, fournisseurs, etc.).
(Carroll, 1989) Statique et
Secondaire Contrats implicites PP secondaires : elles ont un contrat implicite avec l’entreprise (médias,
subjectif
gouvernements, concurrents, etc.)
41
Les deux autres groupes présentent un déséquilibre entre les deux types
d’engagement. Les PP alliées ont un fort degré d’engagement organisationnel,
mais un faible degré d’engagement sociétal, alors que les PP militantes ont un
fort degré d’engagement sociétal mais un faible degré d’engagement
organisationnel.
21
http://www.kstoolkit.org/file/view/TR_StakeHolder_fr.pdf
42
La cartographie faisant référence dans la littérature managériale est celle de
(Mitchell et al., 1997), car elle fournit une vision évolutive et opérationnelle par rapport aux
autres typologies (Mullenbach-Servayre, 2007), (Magness, 2008). Cette approche distingue
trois attributs, comme vu dans le tableau ci-dessus : le pouvoir, la légitimité et l’état
d’urgence des demandes d’une Partie Prenante. Les auteurs expliquent que si la légitimité est
stable dans le temps, le pouvoir et l’urgence évoluent en fonction du temps et peuvent être
acquis ou perdus au cours du temps. La figure suivante identifie huit « familles » de Parties
Prenantes, en fonction de leur place au sein du triptyque Pouvoir – Légitimité - Urgence : les
Parties Prenantes dormantes, discrétionnaires, revendicatrices, dominantes, dangereuses,
dépendantes, définitives et les non Parties Prenantes (Figure 2.6).
Figure 2.6 : Typologie de Parties Prenantes selon Mitchell (Mitchell et al., 1997)
Ces huit familles sont ensuite regroupées au sein de quatre catégories :
- Les Parties Prenantes « latentes » : cette catégorie prend en compte les Parties
Prenantes possédant un seul attribut, soit les Parties Prenantes dormantes (1),
discrétionnaires (2) et en demande (3) ;
- Les Parties Prenantes « en attente » ou « expectant stakeholders » : cette catégorie
prend en compte les Parties Prenantes possédant deux des trois attributs, soit les
Parties Prenantes dominantes (4), dangereuses (5) et dépendantes (6) ;
- Les Parties Prenantes « définitives » ou « definitive stakeholder » (7) possédant les
trois attributs : les demandes effectuées par ces Parties prenantes seront prioritaires ;
- Les parties prenantes ne possédant aucun de ces attributs : elles sont considérées
comme non-parties prenantes ou parties prenantes potentielles (8).
Cette typologie référence est également intéressante au vu de la variété des familles de Parties
Prenantes qu’elle prend en compte. Elle permet d'orienter en priorité les actions du dirigeant
vers les Parties Prenantes possédant le plus grand nombre d’attributs ou présentant une
combinaison d'attributs nécessitant une attention particulière. Néanmoins, ce modèle se
concentre sur les relations entre une organisation donnée et ses Parties Prenantes, mais ne
permet pas de tenir compte des relations pouvant exister entre les Parties Prenantes elles-
mêmes (Bouglet, 2005) (Gond & Mercier, 2004). Malgré son succès, elle est ainsi critiquée
sur les principes de son utilisation (Frooman, 1999) ainsi que sur la nature même de ses
attributs (Jonker & Foster, 2002).
43
Conclusion
Au cours de ce chapitre, nous avons dressé un état des lieux sur la prise en compte des enjeux
du développement durable par les entreprises. Il en ressort que la volonté affirmée de l’équipe
de direction à se lancer dans un projet de ce type est primordiale, et la gestion relative au
projet implique un mode de management où l’ensemble des acteurs du projet sont en
interaction et coopèrent. Plusieurs enjeux interdépendants (enjeux économiques, sociaux et
environnementaux) doivent en effet être satisfaits, et aucun des acteurs ne dispose de toute
l’information et de toute l’autorité pour mener à bien une stratégie d’ensemble inscrite dans le
long terme. La mise en œuvre d’une démarche de responsabilité sociétale est avant tout un
choix à ne pas prendre à la légère. Si toutes les entreprises reconnaissent aujourd’hui le
bienfondé du développement durable, comment expliquer alors la non-implication de nombre
d’entre elles ? Les démarches de responsabilité sociétale sont aujourd’hui plus courantes dans
les grandes entreprises que dans les PME. En effet, conscientes des conséquences positives
pour leur image de marque et pour la qualité de leur communication (en interne, comme en
externe), beaucoup de grandes entreprises n’hésitent plus à déployer des moyens humains et
financiers conséquents au service de démarches responsables. Concernant les PME, la
problématique est moins connue et donc moins systématique. Faute de temps, d’expertise ou
de moyens financiers, de nombreuses PME ne considèrent ainsi pas encore la RSE comme un
axe stratégique (CGPME, 2005), (Fel, 2010). Pourtant, la mise en place de ces nouvelles
orientations possède des avantages certains, tels que la réduction des coûts liés aux déchets,
les subventions que l’entreprise peut toucher grâce à cet engagement, la valorisation de son
image auprès de ses parties prenantes, l’anticipation des futures réglementations et surtout la
possibilité de se différencier de ses concurrents. Malgré tout, force est de constater qu’il existe
également des inconvénients liés à l’instauration de nouvelles pratiques (changements
organisationnels et modification des modes opératoires) et à l’investissement nécessaire pour
la sensibilisation et l’accompagnement. Aussi, l’un des facteurs qui freine les dirigeants vient
certainement du fait que les horizons de retours sur investissements liés au développement
durable sont variables et souvent très longs. Une démarche de mise en œuvre de
responsabilité sociétale est souvent perçue comme lourde et relativement opaque, avec un
nombre important de critères à traiter, le plus délicat sans doute étant la prise en compte de
l’avis et l’implication des parties prenantes, malgré un certain nombre de modèles de
cartographie existants. Enfin, la définition des objectifs associés à la démarche est
particulièrement délicate, puisqu’il s’agit de traiter les responsabilités économiques, sociales
et environnementales non pas l’une après l’autre, mais de manière simultanée, en vue d’une
performance globale de l’organisation. Pour ce faire, nous revenons dans le chapitre suivant
sur cette notion de performance globale afin d’identifier à quoi elle correspond, comment elle
se définit et quels outils et / ou méthodes permettent de la mettre en œuvre et de la mesurer.
44
Chapitre 3
INTRODUCTION .......................................................................................................................... 46
CONCLUSION ............................................................................................................................. 61
45
Introduction
La performance est la mesure des résultats obtenus par un groupe ou un individu. Il est
important pour une organisation de pouvoir la mesurer, et ce, à plusieurs niveaux : au niveau
individuel (l’individu, le salarié), au niveau collectif (un groupe de salariés, une équipe) et au
niveau organisationnel (l’entreprise). La performance est un mot « valise » qui a reçu et reçoit
toujours de nombreuses acceptations (Saulquin & Schier, 2007). Pesqueux note que le mot
performance est en quelque sorte un « attrape tout » dans la mesure où il comprend à la fois
l’idée d’action (performing) et d’état (performance comme étape franchie) (Pesqueux, 2004).
Il indique également que dans son acception gestionnaire, la performance contient l’idée de
(Bourguignon, 1997) :
La performance est une question centrale pour toute entreprise. Elle présente donc la volonté
de travailler avec efficacité afin d’atteindre les objectifs fixés par l’entreprise. La performance
financière ne suffit aujourd’hui plus à apprécier la performance d’une entreprise. La
performance ne peut donc plus se restreindre à une minimisation des coûts et une
augmentation du volume de production, et nécessite une démarche globale d’amélioration
continue se traduisant par un déploiement des dimensions économique, sociale et
environnementale l’entreprise, tel que le préconisent les principes du développement durable
et de responsabilité sociétale. La performance de l’entreprise recouvre ainsi plusieurs notions,
mobilise de nombreux leviers, implique divers acteurs, est encadrée par plusieurs référentiels
et est mesurée par de multiples indicateurs diffusés par différents vecteurs. La performance
devient « globale » lorsque l’entreprise s’efforce de répondre aux attentes non seulement de
ses investisseurs mais également des autres parties prenantes (salariés, clients, fournisseurs,
état, etc.) (Pluchart, 2011). Nous débutons ce chapitre en précisant la notion de performance
globale et détaillons les différents critères d’évaluation aux niveaux économique, social et
environnemental. Nous présentons ensuite les principaux outils d’évaluation et de pilotage de
cette performance globale. Nous concluons enfin en indiquant les limites et faiblesses
actuelles de ces outils.
46
3.1. La notion de la performance globale
Les premiers travaux ayant abordé la notion de la performance globale remontent à l’année
1997, avec Marcel Lepetit la définissant telle une visée (ou un but) multidimensionnelle :
économique, sociale et sociétale, financière et environnementale, concernant aussi bien les
entreprises que les sociétés humaines, et donc autant les salariés que les citoyens22.
Bien que le concept de performance globale tienne une place centrale dans les domaines de
l’innovation, du management et de l’ingénierie, ce dernier reste à l’heure actuelle relativement
flou. Dans la littérature managériale actuelle, la performance globale permet d’évaluer la mise
en œuvre par les entreprises des concepts du développement durable (Capron & Quairel-
Lanoizelee, 2005). Cette performance se définit alors comme « l’agrégation des performances
économiques, sociales et environnementales » (Baret, 2006) (Reynaud, 2003) (Dohou &
Berland, 2007). Une telle agrégation est cependant très difficile à effectuer, au vu de la
présence de nombreux facteurs, particulièrement hétérogènes (Figure 3.1), et il n’existe pas
d’indicateur global permettant de mesurer de façon synthétique les performances à la fois
économiques, sociales et environnementales d’une entreprise.
Performance Globale :
Pour un Management « durable »
22
Marcel Lepetit, consultant en organisation et expert de comités d’entreprise au Cabinet Développement social
et organisation Consultants, a contribué au groupe de travail du Commissariat Général au Plan (CGP) en 1997
sur la performance globale : http://www.veille.ma/+Responsabilite-Societale-des+.html
47
3.1.1. La Performance économique et / ou financière
Dans les années quatre-vingts, Gibert (Gibert, 1980) positionne la notion de performance au
centre du triangle appelé « triangle de la performance » (Figure 3.2).
23
L’économie consiste à se procurer les ressources à moindre coût.
24 La productivité est le rapport entre une quantité de production et la quantité de travail nécessaire.
48
Il appréhende l’entreprise comme le lieu des actions ayant des conséquences sur les parties
prenantes et la société, ainsi que sur elle-même25. L’entreprise peut être analysée comme le
lieu de rencontre des motivations divergentes des acteurs qui participent à son
développement. Dès lors, la performance devient un concept multidimensionnel, tous les
acteurs n’ayant pas la même perception de la performance. Si l’on introduit les conflits
d’intérêts, on s’aperçoit que les comportements des autres participants (salariés, créanciers
peuvent influencer la création de valeur (Saulquin & Schier, 2007). La performance sociale
peut alors être considérée comme un ensemble de catégories qui décrivent l'activité de
l’entreprise, tout en se concentrant sur les impacts et les résultats pour la société, les
intervenants et l’entreprise. A ce jour, les méthodes de mesure et d’évaluation de cette
performance restent peu étudiées dans la littérature comparativement aux dimensions
économiques et environnementales (Baumann, 2011). Ceci s’explique de par la difficulté à
quantifier les différents enjeux sociaux / sociétaux auxquels est confrontée une entreprise
(conditions de travail, bien-être, qualité de vie, respect des droits de l’homme, respect de la
concurrence, etc.). Le tableau suivant (Tableau 3.1) présente différentes approches et
définitions de la performance sociétale.
25
Conceptualisation fondée sur les hypothèses de systèmes ouverts, en échange permanent avec leur
environnement.
49
Tableau 3.1 : Différentes approches et définitions de la Performance Sociétale (PS)
La PS comme
(Clarkson, La PS peut se définir comme la capacité à gérer et à satisfaire
capacité à satisfaire
1995) les différentes parties prenantes de l’entreprise.
les stakeholders
La PS comme une
configuration La PS peut se définir comme « une configuration des principes
organisationnelle (Wood D. , sociaux d’une entreprise, de la réactivité sociale et des
des principes de 1991, p. 693) politiques, programmes et résultats observables touchant la
responsabilité relation sociale entreprise et société »
sociale
la PS est le croisement de trois dimensions : les principes de
responsabilité sociétale (économiques, légaux, éthiques et
(Carroll, discrétionnaires), les philosophies de réponses apportées aux
1979) problèmes sociétaux qui se présentent (allant du déni à
l’anticipation) et les domaines sociétaux au sein desquels
l’entreprise est impliquée.
(Barney, La PS est « une mobilisation des ressources stratégiques de
1991) l’entreprise »
(Ruf et al., La PS est « une aptitude à matérialiser ses compétences
La PS comme une 2001) sociales et environnementales »
synthèse de la
responsabilité (Gomez, La PS permet la « facilité d’établir des liens entre les
sociale et 2003) générations »
environnementale
La performance sociétale apparaît comme un concept
(Aggeri et al., fédérateur, une synthèse conceptuelle et une réconciliation des
2005) approches jusqu’alors disjointes au sein du champ de
recherche.
La performance sociale mesure l’exercice de la RSE vis-à-vis
La PS comme une ses salariés. Elle reflète l’efficience de la gestion des
mesure de la RSE (Pluchart, ressources humaines de l’entreprise, basée sur le respect des
vis-à-vis de ses 2011) droits de l’homme, des lois, des règlements (internationaux et
salariés nationaux) et des normes (OHSAS, SA, ISO…), qui encadrent
l’emploi et les conditions de travail.
50
3.1.3. La performance environnementale
Dans le domaine du management environnemental, la norme ISO 14031 définit la
performance environnementale comme « les résultats mesurables du Système de Management
Environnemental (SME), en relation avec la maîtrise par l'organisme de ses aspects
environnementaux sur la base de sa politique environnementale, de ses objectifs et cibles
environnementales » (AFNOR, 1999, p. 2). Jusqu’au début des années 2000, la performance
environnementale était essentiellement orientée sur la prévention de la pollution. Cette
performance est aujourd’hui multi-objective et peut viser six objectifs différents : le respect
des lois, la prévention de la pollution, l’éco-efficacité, l’éco-innovation, l’éco-éthique et la
durabilité (Dias-Sardinha et al., 2002). L’évolution des approches de la performance
environnementale voit donc apparaître des approches intégrant des contraintes
environnementales dès la phase de conception. Par exemple, l’analyse du cycle de vie (ACV)
est un moyen systémique d’évaluation des impacts environnementaux globaux d’un produit
(ou service, entreprise, procédé). Son but, en suivant la logique de « cycle de vie », est de
connaître et de pouvoir comparer la pression d’un produit sur les ressources et
l’environnement tout au long de son cycle de vie, de l’extraction des matières premières
jusqu’à son traitement en fin de vie (mise en décharge, recyclage, etc.) en passant par les
ressources naturelles utilisées.
Certains auteurs proposent d’évaluer la performance environnementale pour des secteurs
d’activités particuliers, tels que (Jung et al., 2001) pour l’industrie pétrolière, (Tam et al.,
2004) pour la construction, (Klein-Vielhauer, 2009) pour le tourisme et (Olugu et al., 2011)
pour l’automobile. Chacun de ces modèles développe bien évidemment des spécificités
particulières liées aux caractéristiques du secteur abordé. Pluchart étudie la performance
environnementale d’une manière synthétique et écrit que celle-ci résulte de l’effort de
rationalisation, au sein de l’entreprise et de sa filière, des consommations de matières
premières, d’énergie et d’utilités, de limitation des risques liées aux atteintes à
l’environnement (notamment les émissions de gaz à effet de serre) et de valorisation des
déchets (par réduction et recyclage) (Pluchart, 2011). Cette définition met en valeur l’aspect
global de la performance environnementale et souligne la nécessité pour toute entreprise de
protéger l’environnement et les ressources naturelles.
Le modèle Pression-Etat-Réponse (modèle PER) de l’OCDE26 forme un cadre permettant
d’élaborer des indicateurs de performance environnementale. Il s’intéresse à la représentation
de l’interaction entre la société et l’environnement, et permet la construction d’indicateurs
globaux évaluant les effets de cette interaction, en se basant sur le cycle suivant : « les
activités humaines exercent des pressions sur l’environnement et modifient la qualité et la
quantité des ressources naturelles (état). La société répond à ces changements en adoptant des
mesures de politique d’environnement, économique et sectorielle (réponses de la société).
Ces dernières agissent rétroactivement sur les pressions par le biais des activités humaines »
(OCDE, 1993). La Figure 3.3 présente un modèle PER adapté à l’échelle de l’entreprise, i.e.
proposant une évaluation des effets sur l’environnement dus à l’activité de l’entreprise et non
de la société dans son ensemble (Personne, 1998).
26
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, en anglais Organisation for
Economic Co-operation and Development, OECD) est une organisation internationale d’études économiques.
51
PRESSIONS ETAT DE LENVIRONNEMENT REPONSES DE LENTREPRISE
EXERCEES PAR LENTREPRISE
Réponses de lentreprise
(décisions-actions)
Info. sur lenvironnement proche
Sys. opérant de Pressions Etat de
l entreprise l environnement et Pouvoirs Sys. de management
des ressources publics de l entreprise
Informations sur
Transport naturelles lenvironnement
Stockage global/proche Parties Direction
Procédés Ressources Air intéressées Services
Traitement Eaux Réponses de lentreprise Personnel
Sols (décisions-actions)
Ressources vivantes
Informations
- les indicateurs de pression : directs, ils évaluent les pressions que l’entreprise exerce
sur l’environnement (prélèvement de matière et rejets, nuisances). Indirects, ils
évaluent la maîtrise des activités de l’entreprise, susceptibles d’être à l’origine de
pressions directes ;
- les indicateurs de réponse de l’entreprise : ils évaluent la capacité de l’entreprise à
répondre à ses problèmes environnementaux (proposition d’actions, efficacité des
actions programmées) ;
- les indicateurs d’état : ils traduisent l’état de l’environnement et son évolution. Leur
mesure n’est généralement pas de la responsabilité de l’entreprise. On notera
simplement que, lorsque l’entreprise rejette des quantités importantes de certaines
substances toxiques (leur nature et les seuils de quantité sont définis par la
réglementation), elle est astreinte à un contrôle de la qualité de l’eau ou de l’air dans
son environnement proche.
En guise de synthèse, la Figure 3.4 présente un panorama des méthodes et outils existants
pour l’amélioration et le suivi de la performance environnementale.
52
Sites Process Produits
Figure 3.4 : Panorama des méthodes et outils disponibles pour l’amélioration et le suivi de
la performance environnementale27
27
http://www.ladiagonaledelabiche.fr/
53
3.2.2. Méthodes et outils d’évaluation de la performance globale
Le modèle d’évaluation « Balanced Scorecard » (en français : tableau de bord équilibré) a été
développé en réponse aux critiques des systèmes classiques de gestion axés seulement sur des
indicateurs financiers et fondés sur la comptabilité (Kaplan & Norton, 1992), (Kaplan &
Norton, 1993), (Kaplan & Norton, 1998). Le balanced Scorecard a ainsi été élaboré selon deux
dimensions :
- La chaîne de valeur se composant des facteurs clés de succès ou indicateurs
stratégiques ordonnés selon une logique déterminée et qui est le miroir des spécificités
de l’entreprise, de sa structure et de ses hommes (Porter, 1985);
- La dimension stratégique dont le socle est constitué par la vision des manager
(direction générale).
Il se compose d’indicateurs regroupés au sein de quatre axes stratégiques ayant les uns envers
les autres des liens de causalité (Figure 3.5). Cette chaîne causale suit le parcours suivant
(Wegmann, 1999) :
- En premier lieu, elle part des indicateurs contenus dans l’axe organisationnel : l’axe
apprentissage organisationnel s’intéresse à la dimension humaine et sociale (implication
des salariés, conditions du travail, etc.) ;
- Ensuite, elle se dirige vers des indicateurs contenus dans l’axe processus interne et
innovation qui permet la mesure de la performance de tous les processus contributifs
(support, production, commercialisation, R&D, etc.) ;
- Puis elle se dirige vers ceux contenus dans l’axe stratégique clients qui s’intéresse à la
satisfaction des clients : il permet d’évaluer l'appréciation des prestations par le client
ainsi que de cadrer la capacité des processus commerciaux à satisfaire les attentes et
besoins dudit client ;
- Enfin, elle aboutit aux indicateurs contenus dans l’axe financier dédié aux actionnaires
(identification des indicateurs de rentabilité, de marge, etc.).
Figure 3.5 : The Balanced Scorecard (BSC) (Kaplan & Norton, 1992)
Une telle approche cherche à atteindre, d’une part, l’équilibre entre les indicateurs financiers
et non financiers pour évaluer une véritable performance de l’entreprise, et, d’autre part, à
trouver des explications aux écarts entre les résultats réels et les objectifs affichés. De
nombreux auteurs ont proposé d’adapter le BSC dans une perspective de mesure de la
performance globale. Bieker a ainsi développé le « Sustainability Balanced Scorecard »
(SBSC), extension du BSC initial composé en partie d’indicateurs mesurant les performances
environnementale et sociale des entreprises (Bieker, 2002). Ce même auteur propose d’ajouter
54
un autre axe au « balanced scorecard », à savoir l’axe sociétal, mais n’apporte toutefois pas de
précisions quant à l’architecture d’ensemble du système de mesure de la performance.
L’accent a également été mis sur l’importance d’autres parties prenantes que les clients avec
la suggestion d’étendre l’axe clients à tous les partenaires de l’entreprise (Kaplan & Norton,
2001). Ainsi, en 2002, Supizet (Supizet, 2002) a proposé un « Total Balanced Scorecard »
(TBSC) dont le modèle repose sur une série de six relations causales entre les parties
prenantes. Il part du principe que l’entreprise se doit de satisfaire sept « clients » : les
actionnaires, les clients, les usagers, l’entreprise elle-même en tant que personne morale, les
partenaires, le personnel et la collectivité. Tous ces modèles de BSC soulignent le fait que
l’aspect social de la performance est bel et bien considéré et pris en compte – tout du moins
en théorie - par les entreprises. Pourtant, les relations entre les parties prenantes évoquées par
(Supizet, 2002) demeurent sujettes à caution car d’autres travaux montrent que les entreprises
les plus attentives à leurs clients et à leurs fournisseurs encourent des pertes financières plus
importantes, notamment en période de récession : « considérer qu’une organisation se
comportant en entreprise citoyenne influencera favorablement sa valeur actionnariale, tel que
le supposent Kaplan et Norton, constitue, pour le moins, une assertion restant à démontrer »
(Germain & Trébucq , 2004). Malgré l’évocation de certains auteurs autour de l’importance
des parties prenantes autre que les clients, le modèle BSC reste un outil utilisé principalement
par un manager (décideur) pour mettre en place des stratégies et mesures propres à son
entreprise, en interne. En pratique, aucune implication réelle d’autres parties prenantes n’est
considérée si elle ne contribue pas à une amélioration de la performance économique. Les
modèles théoriques du Balanced Scorecard ne constituent donc pas un dispositif permettant
d’évaluer et de piloter une performance globale : ils élargissent le pilotage économique de
l’entreprise aux dimensions sociétales relatives aux parties prenantes mais excluent tous les
autres facteurs de performance environnementale ou sociale qui ne participent pas à
l’amélioration de la performance économique de l’entreprise (Quairel, 2006). Dans certains
cas, la performance sociétale reste clairement subordonnée à la performance financière
(Hockerts, 2001). Finalement, les pratiques restent très focalisées sur des indicateurs
quantitatifs relatifs aux enjeux monétaires et économiques, les aspects plus qualitatifs étant
mal pris en compte (Bieker, 2002) et les liens de causalité peu analysés (Ittner & Lacker,
2003).
La « Triple Bottom Line » (TBL) développée par John Elkington en 1998 est une nouvelle
vision de la mesure traditionnelle du profit économique, qui introduit les dimensions sociale
et environnementale (Elkington, 1998). Cette vision sert à calculer un triple résultat ou
triple P : « People, Planet, Profit » :
- Le « People » représente le volet social : il prend en compte le respect des
fondamentaux sociaux et humains quels que soient l’activité et la localisation de
l’entreprise ou l’organisation ;
- Le « Planet » représente le volet environnemental : il prend en compte le respect des
écosystèmes (contrôle des émissions du gaz à effet de serre, gestion active des
ressources naturelles, traitement des déchets, etc.) ;
- Le « Profit » représente le volet économique : il prend en compte les règles de saine
concurrence, le rejet de la corruption, la création de l’emploi, etc.
La Triple Bottom Line capture l’essence du développement durable en mesurant l’impact des
activités d’une entreprise dans le monde autant en termes de profitabilité et de valeur pour les
actionnaires qu’en termes de capital social, humain et environnemental (Andrew, 2006). Une
telle approche permet à l’entreprise de minimiser tout dommage provenant de son activité tout
en prenant en compte les besoins de ses parties prenantes. Cependant, la Triple Bottom Line,
tout comme le Balanced Scorecard, n’échappe pas à une vision segmentée de la performance
globale. En pratique, elle dresse en effet un bilan indépendant de l’économique, du social et
55
de l’environnemental, sans tenir compte des corrélations entre ces domaines. Il manque alors
une notion d’intégration et de transversalité très importante, qui permet d’exprimer la relation
existant entre la performance de l’entreprise et le bilan global pour la société (Dubigeon,
2002).
En 1996, le CJDES (Centre des Jeunes Dirigeants et des acteurs de l’Economie Sociale) a
développé le bilan sociétal28 pour permettre aux entreprises de prendre en compte et évaluer la
mise en pratique des valeurs autres que financières. Ce bilan sociétal est considéré comme
étant un outil participatif d'évaluation en vue de l’amélioration des performances économique,
sociale et environnementale, ainsi qu’un support de dialogue entre les différentes parties
prenantes. Ce bilan est construit autour d’un questionnaire d’environ 400 questions dont 150
destinées aux parties prenantes internes et une quarantaine destinées aux parties prenantes
externes. La méthode utilisée est le principe de l’autoévaluation croisée, autrement dit chaque
groupe d’acteurs (salariés, élus locaux, clients, fournisseurs, etc.) est amené à répondre
séparément au questionnaire, puis la synthèse des points de vue est assurée par un consultant.
Le bilan sociétal étudie neuf domaines selon les trois piliers du développement
durable (Tableau 3.2). Cet outil ne propose pas de note ou d’évaluation quantitative des
résultats. Il a toutefois été identifié en 2009 comme le meilleur outil de diagnostic pour les
entreprises industrielles désireuses de mettre en œuvre un plan d’action opérationnel par le
CIRIDD29.
Tableau 3.2 : Domaines d’études du bilan sociétal30
Par ailleurs, le Centre des Jeunes Dirigeants31 a expérimenté sur 1 000 entreprises adhérentes
un outil de mesure de leur performance globale32 définie dans une logique de développement
durable, comme « une recherche d’équilibre entre l’économique, le social et
l’environnemental » (CJD, 2004). Le dirigeant réalise un diagnostic à l’aide d’un
questionnaire de 100 questions réparties sur six thèmes (actionnaires, clients, fournisseurs,
salariés, environnement, société civile) et quatre enjeux transversaux (stratégie, performance
28
http://www.cjdes.org/1093-BILAN_SOCIETAL
29
Centre International de Ressources et d’Innovation pour le Développement Durable
http://www.ciridd.org/
30
Source CJDES Le bilan Sociétal : S’évaluer ensemble pour progresser ensemble
31
www.cjd.net
32
http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/le-guide-de-la-performance-globale-9782708130739
56
économique, innovation, valeurs). Le dirigeant réalise seul ce diagnostic ou en associant des
salariés, des clients, etc. Une synthèse est réalisée avec un tuteur, c’est-à-dire un autre
dirigeant d’entreprise. Le résultat est présenté devant une commission d’adhérents du Centre
des jeunes dirigeants qui aide à définir une orientation générale et des priorités d’actions. Le
guide de la performance globale est un outil bien adapté aux petites entreprises, mais il
accorde une place prédominante au dirigeant d’entreprise.
Depuis 2005, la méthode FAR/DD36 a été élaborée par la « Fédération des Associations
Régionales du Mouvement Français pour la Qualité » (MFQ) afin d’aider les PME/TPE à
intégrer le développement durable dans leurs activités, à travers la prise en compte des
aspirations des parties prenantes constituant leur marché et l’adaptation des politiques, des
modes de production et des systèmes de management au développement durable. A partir de
2008, une deuxième puis une troisième version de cette méthode ont été développées pour
une meilleure prise en compte de la responsabilité sociétale de l’entreprise. Cette dernière
version appelée « FAR/RS37 » présente une check-list informatisée comportant deux parties et
33
www.alliances-asso.org
34
www.smekey.org
35
http://www.alternatives-economiques.fr/evaluer-sa-responsabilite-sociale-et
environnementale_fr_art_350_28044.html
36
http://www.mfqm.fr/
37
http://securite-sanitaire.cnam.fr/recherche/publications/methode-far-rs/presentation-de-la-methode-far-rs-
196855.kjsp
57
permettant la réalisation de l’état des lieux de l’organisme face à son marché (partie A) et son
analyse (partie B). Les réponses issues des deux parties sont ensuite évaluées selon trois
indicateurs ou indices : « l’indice d’écoute », « l’indice d’adaptabilité » et « l’indice de
résultats ».
L’Alambic38 est une méthode de diagnostic développée par le Mouvement Français pour la
Qualité (MFQ) de Franche-Comté pour guider les premiers pas d’une organisation dans une
démarche de développement durable. Elle permet de fournir aux chefs d’entreprises les
supports d’une méthodologie large mais simple pour comprendre, diagnostiquer, définir des
priorités et des améliorations. Le diagnostic général est composé de 15 questions clés
(Comment prenez-vous en compte les attentes de vos clients ? Comment vos réclamations
clients deviennent-elles source de progrès ? Etablissez-vous des partenariats mutuellement
bénéfiques avec vos fournisseurs ? Comment votre politique d’achat prend-elle en compte les
critères sociaux et environnementaux ? Etc.). Pour chaque question, l’entreprise doit dans un
premier temps déterminer si la réponse est :
L’outil DIAG 2600039 a été lancé en novembre 2011 par Centrale Ethique (un groupement de
l’association des anciens élèves de l’Ecole Centrale Paris) et a été développé autour de la
norme ISO 26000. Il permet à chaque organisation de réaliser un premier diagnostic vis-à-vis
de la norme et donc de se positionner en termes de responsabilité sociétale. DIAG 26000 se
résume en une grille de 44 affirmations autour des sept questions centrales de la norme
(Gouvernance, Droits de l’Homme, Relations et Conditions de travail, Environnement,
Loyauté des Pratiques, Questions relatives aux Consommateurs, Communauté et
Développement local). Cette grille a été conçue pour être utilisée par des personnes ne
connaissant pas nécessairement le contenu de la norme et / ou se trouvant dans le début de
leur engagement. Ce diagnostic permet à l’entité de connaitre son profil en matière de RSE. Il
est en utilisation libre et propose un réseau de partenariats en cas d’un besoin
d’accompagnement pour l’identification des points faibles et des points forts et la proposition
de plans d’actions.
AFAQ 26000 est une méthode d’évaluation de la responsabilité sociétale proposée par
AFNOR Certification, selon les critères de la norme ISO 26000. L’existence de cette méthode
est due au fait que la norme ISO 26000, contrairement à la plupart des autres normes, ne fixe
pas des exigences, mais seulement des lignes directrices. La méthode détermine à quel point
une entreprise intègre les recommandations définies par la norme ISO 26000 dans sa stratégie,
son organisation et ses activités. L’évaluation AFAQ 26000 permet à une organisation de
mettre en évidence, vis-à-vis de ses parties prenantes, les efforts qu’elle déploie en faveur du
développement durable et identifie les points à pérenniser et les axes d'amélioration. Elle
permet ainsi d’adresser un signal fort : celui d’une entreprise qui assume les impacts de ses
décisions et activités et s’engage pour un développement durable de son activité. La méthode
évalue la maturité des pratiques (voir Tableau 3.3 pour le principe de notation) pour les points
suivants40 :
- vision en termes de responsabilité sociétale et de gouvernance ;
- mise en œuvre : intégration de la responsabilité sociétale et communication ;
- ressources humaines, relations et conditions de travail ;
- modes de production, de consommations durables et questions relatives aux
consommateurs ;
- ancrage territorial : communautés et développement local.
39
http://diag26000.eu/
40
http://www.ddline.fr/wp-content/uploads/2012/11/GuideEvaluationAFAQ26000.pdf
59
Tableau 3.3 : Notation des pratiques par AFAQ 26000
0% Non mis en œuvre ou bien mis en œuvre de manière anecdotique ; et / ou non pertinent par
rapport aux enjeux de RS et au contexte de l’entreprise
Mis en œuvre de manière évidente, mais ponctuellement ou par opportunités plutôt que de
25% manière systématique ; et / ou pratique trop empirique sans gage de pérennité par rapport aux
enjeux de RS et au contexte de l’entreprise
Mis en œuvre méthodiquement et systématiquement dans tous les domaines et pour toutes les
50% personnes concernées, avec un début d’évaluation a posteriori de la pertinence et de l’efficacité
Elle évalue également les résultats (voir Tableau 3.4 pour le principe de notation) relatifs aux
trois piliers du développement durable :
- résultats environnementaux ;
- résultats sociaux ;
- résultats économiques.
Tableau 3.4 : Notation des résultats par AFAQ 26000
0% Aucun résultat, information anecdotique ou indicateurs couvrant des champs / périmètres non
pertinents par rapport aux enjeux
25% Des résultats sont partiellement collectés et reportés au gré d’indicateurs pertinents
Les tendances sont favorables et les cibles atteintes. Les indicateurs sont pertinents et les
50% résultats sont segmentés de manière appropriée
75% Des éléments de comparaison existent et les relations de causes à effet sont correctement établies
Toutes les comparaisons sont favorables par rapport aux organisations les plus performantes
100% dans les différents domaines
60
L’évaluateur cherche finalement à obtenir les liens entre les pratiques et les résultats obtenus.
L’évaluation aboutit sur une note de 1000 points, qui permet à l’entreprise de se situer sur
l’un des quatre niveaux de maturité suivants :
Conclusion
La performance globale permet d’évaluer la mise en œuvre par les entreprises des concepts du
développement durable. Cependant, si la contribution du social ou de l’environnement à la
dimension économique peut être mesurée par des ratios de productivité (chiffre d’affaires par
employé pour la mesure de la socio-efficacité ou quantité d’émissions par unité de vente pour
la mesure de l’éco-efficacité), les contributions du social à l’environnement ou inversement
restent peu, voire pas mesurées. Leurs caractères parfois qualitatif et subjectif ou la présence
de nombreuses données hétérogènes rend en effet la tâche particulièrement difficile. Les
critères sociaux et environnementaux sont alors mesurés indépendamment, et rarement
agrégés communément. Malgré l’existence de nombreux outils, que nous avons pu présenter
dans le paragraphe précédent41, peu d’entre eux permettent d’accompagner l’entreprise dans
sa démarche de développement durable, du pré-diagnostic jusqu’à la mesure et l’évaluation
des résultats. La plupart permettent en effet de dresser un diagnostic initial et préconisent des
pistes d’action, sans aller jusqu’au bout de la démarche par une mesure concrète des
performances économique, sociale et environnementale de l’entreprise (Tableau 3.5).
Tableau 3.5 : Synthèse des outils de sensibilisation et d’évaluation de la RSE
Performance
CJD ˟ ˟ ˟ ˟ ˟ ˟
globale
Méthode ˟
MFQ ˟ ˟ ˟ ˟ ˟
FAR/DD
Alambic MFQ ˟ ˟ ˟
DIAG26000 AFNOR ˟ ˟ ˟
AFAQ26000 AFNOR ˟
˟ ˟
41
La liste proposée est bien évidemment non exhaustive.
61
Si la notion de dispositifs d’évaluation a été et est toujours l'objet de nombreuses publications,
les systèmes de mesure de performances mis en œuvre en interne par l’entreprise pour
accompagner le déploiement d’une stratégie globale de développement durable restent très
peu, voire pas étudiés dans la littérature (Baumann, 2011) (Singh et al., 2011). La prise en
compte des parties prenantes externes à l’entreprise constitue également un défi majeur : c’est
en effet très souvent l’entreprise elle-même qui indique sa position vis-à-vis de ses parties
prenantes, mais ces dernières restent rarement interrogées. Quand elles le sont, elles ne sont
alors plus consultées au moment d’établir des plans d’actions et pistes de progrès.
Dans les chapitres suivants, nous nous proposons d’élaborer un cadre méthodologique pour le
pilotage d’un projet de développement durable au sein d’une entreprise, depuis l’étude du
positionnement de l’entreprise relativement aux enjeux du développement durable, jusqu’à la
mise en place d’actions concrètes, la mesure des résultats et des progrès accomplis. La
méthodologie se compose d’un modèle de référence pour l’évaluation de la performance
globale (Chapitre 4), d’une démarche associée pour l’accompagnement tout au long du cycle
de vie du projet (Chapitre 5), et d’un outil informatique facilitant la mise en œuvre de
l’ensemble. Le Chapitre 6 propose un cas d’étude, inspiré d’un cas réel, afin de vérifier
l’applicabilité de la méthodologie.
62
Chapitre 4
INTRODUCTION .......................................................................................................................... 64
4.2. OUTIL DE CARTOGRAPHIE DES PARTIES PRENANTES POUR LA MISE EN ŒUVRE D’UN
PROJET DE DEVELOPPEMENT DURABLE ...................................................................................... 82
4.2.1. Analyse des relations entre toutes les parties prenantes d’un projet ................. 83
4.2.2. Analyse des positions de chaque partie prenante envers le projet .................... 85
4.2.3. Cartographie des Parties Prenantes et identification de la Sphère d’Influence 87
CONCLUSION ............................................................................................................................. 88
63
Introduction
L’objet de ce chapitre est de poser le cadre méthodologique pour l’aide à la décision dans la
mise en œuvre et l’évaluation de la performance globale d’un projet de développement
durable. L’objectif est d’aider les décideurs ou chefs de projet en leur fournissant toutes les
informations qui leur permettront de mettre en place des résultats de suivi, nécessaires pour la
réalisation de plans de progrès. En d’autres termes, il s’agit d’intégrer tous les enseignements
provenant des décisions passées afin de faciliter les futures prises de décision. Pour ce faire, la
méthodologie doit s’appuyer sur un modèle de référence, des formalismes graphiques et une
démarche structurée (Vallespir & Doumeignts, 2002). En ce sens, nous développons dans un
premier temps un modèle de référence ayant pour but d’évaluer la performance globale d’un
projet, i.e. les performances économique, sociale et environnementale de ce projet. Par
ailleurs, dans un contexte de responsabilité sociétale, l’entreprise est sensée considérer l’avis
de ses parties prenantes via un dialogue constructif et rendre compte de ses évolutions auprès
d’elles. Afin d’aider à l’identification des parties prenantes « critiques » ou
« prépondérantes » nécessitant pour l’entreprise une attention particulière, nous proposons
alors un outil permettant de cartographier l’ensemble des parties prenantes prenant part au
projet, en précisant leur position vis-à-vis du projet. Une telle approche permet ainsi pour
l’entreprise porteuse du projet de se positionner par rapport à ces dernières, de valider les
orientations qu’elle souhaite donner au projet et de partager les leçons à retenir pour un
apprentissage collectif.
La démarche structurée associée à ce modèle et cet outil fait l’objet du chapitre suivant.
42
http://www.fao.org/capacitydevelopment/goodpractices/gp-definitionsandcriteria/fr/
64
Social équitable Economie
durable
vivable viable
Environnement
ISO
Qualité
9001
Modèle d’évaluation des performances
Environnement ISO
Des objectifs stratégiques
14001
Supportés par…
Hygiène Des critères de durabilité
OHSAS Guide de
Sécurité Mesurés par… Caractérisés par…
au travail 18001 Bonnes
Des Indicateurs de Des Bonnes Pratiques Pratiques
Social/ SA8000, Performance (leviers d’action)
sociétal AA1000
SD
21000 Niveau de satisfaction des enjeux du
Développement
Durable développement durable
ISO
26000
Déploiement des Bonnes
Définition de la stratégie d’entreprise Pratiques ; Suivi des IP ;
Reporting ; Communication
43
Voir Chapitre 5 pour l’identification des indicateurs de performance que nous nommerons Indicateurs De
Durabilité (IDD).
65
Niveau 1 : Niveau 2 : Niveau 3 :
Volets du Objectifs de Critères de Niveau 4 :
Développement durabilité durabilité Bonnes Pratiques
Durable
OS1 CS1.1
BPS1.1.1
Social CS1.2
OS2
BPS1.1.2
CS2.1
OS3
CS2.2 BPS1.1.3
OVIA2
BPS1.1.5
OVIA3
Environnemental
OEN1 ...
Modèle d’évaluation de la ...
performance globale OEN2
...
OEN3
...
Viable
OVIA1 ...
OVIA2 ...
BPEQ2.2.1
Equitabe
OEQ1 CEQ2.1 BPEQ2.2.2
Figure 4.2 : Structure générale du modèle OCBP pour une évaluation multicritère de la
performance d’un projet de développement durable
4.1.1. Identification des objectifs de durabilité (niveau 2 du modèle OCBP)
Quelles que soient les organisations, les objectifs de durabilité sont définis dans un cadre
contraint à la fois par les ressources dont elles disposent, qui conditionnent le champ des
actions possibles, et par les caractéristiques de l’environnement de ces organisations. Afin de
définir de manière rigoureuse les différents objectifs de durabilité, nous nous appuyons ici sur
le GRI (Global Reporting Initiative) dans sa dernière version (G4 : lignes directrices et guide
de mise en œuvre du développement durable), l’ISO 26000 et la norme SA 8000 (mise en
œuvre de la Responsabilité Sociétale des Entreprises), le guide SD 21000 pour la prise
compte du développement durable dans l’entreprise, l’ISO 9001 (management de la qualité),
l’ISO 14001 (management de l’environnement) et l’OHSAS 18001 (management de la santé
et de la sécurité au travail). A travers une synthèse de ces normes et références représentatives
de tout ou partie du développement durable, nous effectuons un panorama des grands axes et
thèmes abordés (Tableau 4.1). Nous y intégrons l’ISO 31000 (management du risque),
essentielle selon nous, puisque les risques auxquels sont confrontées les organisations peuvent
avoir des conséquences en terme de performance économique mais également au niveau de
l’environnement, de la sécurité et de la société.
66
Tableau 4.1 : Synthèse bibliographique : grands thèmes du développement durable
Economie Processus de
GRI, G4
Environnement rédaction des
(GRI, 2013) Droits de l'Homme rapports et dialogue
Relations sociales et travail décent avec parties
Responsabilité vis-à-vis des produits prenantes
Société
Gouvernance de l’organisation
ISO 26000
Droits de l’Homme Responsabilité
(AFNOR, Relations et conditions de travail sociétale des
2010) Loyauté des pratiques Entreprises
Questions relatives aux Consommateurs
Communautés et développement local
Impacts sur l’environnement de l’ensemble de la chaîne de
valeur (cycle de vie de l’activité/produit/service)
Orientation client
ISO 9001
"Leadership" ou engagement de la direction
Version 2008 Implication du personnel
(AFNOR, Approche processus : raccourcissement des cycles de
2008) production, optimisation des ressources, rationalisation des
modes opératoires, …
Approche système du management : garantie de cohérence, Satisfaction client
maîtrise interprocessus
Amélioration continue
Analyse factuelle : orientation des choix et des décisions,
prise de décision basée sur des analyses logiques, des
données et des informations
Synergie des partenaires : interdépendance des relations
entre clients et fournisseurs pour leurs bénéfices mutuels
67
OHSAS Planification pour l’identification des dangers, ainsi que
1800144 l’évaluation et la gestion des risques
(BSI, 1999) Programme de gestion OHSAS Sécurité et santé au
Structure et responsabilité travail : Droit des
collaborateurs
Formation, présentation et compétence
Consultation et communication
Gestion opérationnelle
Préparation aux situations d’urgence et solutions
Mesure, suivi et amélioration des performances
Création de valeur
Intégration aux processus organisationnels
Intégration aux processus de prise de décision
ISO 31000 Traitement de l’incertitude
Fonctionnement de manière systématique et structurée Management des
(AFNOR, Adaptation au contexte risques
2009)
Pise en compte des facteurs humains et culturels
Transparence et participation
Fonctionnement de manière dynamique, itérative et
réactive
Facilitation de l’amélioration continue
Le management par les objectifs préconise la démarche SMART : celle-ci définit les
caractéristiques d’un objectif acceptable.
- Specific : spécifique ;
- Measurable : mesurable ;
- Achievable : atteignable ;
- Realistic : réaliste ;
- Time-related : borné en temps.
44
La norme OHSAS 18001 définit les exigences relatives aux systèmes de management SST. Elle a été développée par la
BSI en 1999 puis révisée en 2007
68
Par ailleurs, un bon objectif est un objectif qui recueille le plein assentiment du décideur ou
de l’équipe en charge de l’appliquer. Alain Fernandez (Fernandez, 2013) précise ainsi que
pour qu’un objectif soit effectivement suivi dans la durée, il faut que tous les acteurs, donc
tous ceux qui sont chargés de l’action sur le terrain, aient directement participé à son choix et
y adhèrent à 100%. C’est le seul et unique moyen de bien canaliser les décisions et les actions
dans le sens collectivement choisi, et ce, quels que soient les imprévus, obstacles et
opportunités rencontrés au quotidien sur le terrain. Il propose alors de revisiter le modèle
SMART comme proposé dans la méthode Gimsi45. Un bon objectif doit ainsi être :
- Mesurable : l’objectif s’exprime en fonction d’une unité de mesure ;
- Borné : l’objectif est impérativement défini dans une dimension de temps ;
- Réaliste : la Méthode pour l’atteindre est tout à fait plausible ;
- Accessible : les moyens sont disponibles, les risques limités ;
- Fédérateur : l’objectif recueille l’adhésion de la majorité ;
- Constructif : l’objectif contribue à la démarche de progrès.
Tenant compte de ces indications et toujours avec l’idée de bien représenter les différents
thèmes et grandes questions identifiées dans le tableau précédent, mais en étant le plus
synthétique possible et en évitant d’éventuelles redondances, nous identifions les objectifs de
durabilité comme suit (Tableau 4.2). Les objectifs représentatifs des intersections des
dimensions du développement durable (aspects vivable, viable et équitable) représentent
l’aspect « ouverture du système » et la volonté de l’entreprise à dialoguer et à prendre en
compte l’avis des différentes parties prenantes.
Chaque objectif est noté OKi
Avec :
𝐾 la dimension ou intersection étudiée : S pour Social, VIV pour Vivable, EN pour
Environnement, VIA pour Viable, EC pour Economique, EQ pour Equitable,
i le numéro de l’objectif associé à une dimension ou une intersection.
45
www.piloter.org
69
Tableau 4.2 : Objectifs de durabilité du modèle OCBP
Dimensions et
Objectifs de durabilité Notation
intersections
Améliorer le bien-être et la sécurité des salariés OS1
Faciliter la participation et lutter contre l’absentéisme OS2
Sociale
Instaurer une implication et une communication sociales de
OS3
l’entreprise
Favoriser le développement local OVIV1
Vivable
∩ Sociale / S’inscrire dans une démarche de responsabilité collective OVIV2
Environnementale
Respecter de bonnes pratiques avec les PP externes OVIV3
Préserver les ressources naturelles OEN1
Réduire et limiter les impacts environnementaux OEN2
Environnementale
S’impliquer et communiquer sur la gestion de
OEN3
l’environnement
Viable Optimiser les moyens de transport OVIA1
∩Environnementale
/Economique Sensibiliser à de nouveaux modes de consommation OVIA2
70
Tableau 4.3 : Synthèse bibliographique : principales préoccupations élémentaires du
développement durable
Volet Social Environnemental Economique
Référence
71
Devoir de vigilance Prévention de la La dimension
Situations présentant un risque pollution économique
pour les droits de l’Homme Utilisation durable n’apparaît pas
Prévention de la complicité des ressources comme une question
Remédier aux atteintes aux droits Atténuation des centrale car elle est
de l’Homme changements considérée comme
Discrimination et groupes climatiques et transversale et
vulnérables adaptation devant être intégrée
Droits civils et politiques Protection de dans chacune des
l’environnement, grands axes de l’ISO
Droits économiques, sociaux et
culturels biodiversité et 26000 lors de la
mise en œuvre de sa
Principes fondamentaux et droits réhabilitation des
habitats naturels démarche.
au travail
Emploi et relations
employeur/employé
Conditions de travail et
protection sociale
Dialogue social
ISO 26000 Santé et sécurité au travail
(AFNOR, 2010) Développement du capital
humain
Lutte contre la corruption
Engagement politique
responsable
Concurrence loyale
Promotion de la responsabilité
sociétale dans la chaîne de valeur
Respect des droits de propriété
Pratiques loyales en matière de
commercialisation,
d’informations et de contrats
Protection de la santé et de la
sécurité des consommateurs
Consommation durable
Service après-vente, assistance et
résolution des réclamations et
litiges pour les consommateurs
Protection des données et de la
vie privée des consommateurs
Accès aux services essentiels
Éducation et sensibilisation
Implication auprès des
communautés
Éducation et culture
Création d’emplois et
développement des compétences
Développement des technologies
et accès à la technologie
Création de richesses et de
revenus
Santé
Investissement dans la société
72
Nous retenons et reformulons des critères explicites, en adéquation avec les objectifs du
modèle OCBP. La liste finale se compose alors de 33 critères, comme suit (Tableau 4.4).
73
4.1.3. Identification des Bonnes Pratiques à mettre en œuvre en vue d’un
développement durable (niveau 4 du modèle OCBP)
Plusieurs organismes et entreprises de conseils tentent d’améliorer leurs performances et
celles de leurs clients en identifiant et en mettant en œuvre des pratiques de gestion appelées
« Bonnes Pratiques ». De nombreux auteurs, dans la littérature, insistent sur la nécessité de
faire la différence entre règles et bonnes pratiques. Les règles sont généralement décrites dans
l’entreprise sous la forme de procédures (autrement dit ce sont des actions d’application
prédéfinies, leurs applications se limitant à ce cadre très précis), tandis que les bonnes
pratiques (savoir, savoir-faire), après avoir fait la preuve de leur efficacité dans un contexte
donné, peuvent devenir des modèles pour des situations plus ou moins similaires (Prax, 2000).
Une bonne pratique peut être vue comme étant un processus, une technique, l'utilisation
innovante d'une technologie, un équipement ou une ressource ayant généré une amélioration
significative en termes de coût, qualité, performance, sécurité, environnement ou tout autre
facteur mesurable impactant l’organisation (Bronet, 2006). Toute bonne pratique doit être
formalisée (sa formalisation prend souvent la forme de fiche), efficace (son efficacité doit se
mesurer pour l’ensemble des critères d’évaluation), et enfin réutilisable (une bonne pratique
est appelée à être reproduite dans un autre contexte). Il faut toutefois être conscient que les
bonnes pratiques ne sont pas toujours universelles mais parfois limitées, et doivent ajustées
selon l’environnement opérationnel ou le type de produits. Aussi, avant de préconiser telle ou
telle bonne pratique, il faut s’assurer que l’on se trouve bien dans le cas où la bonne pratique
permettrait d’améliorer les processus de l’entreprise : vouloir appliquer la gestion d’une
production automobile à une production artisanale est par exemple discutable voire fortement
déconseillé46. Tenant compte de ce fait, nous souhaitons ici identifier des bonnes pratiques
suffisamment génériques afin d’être prises en compte par tout type de structure, quels que
soient le secteur d’activité ou la taille de ladite structure. Pour ce faire, nous nous basons sur
une sélection de bonnes pratiques couramment mises en place dans le domaine du
développement durable via :
46
Interview de Bertrand Godde, consultant dans les domaines de la Supply Chain et des Systèmes
d’Information : http://supplychainmagazine.fr
74
Chaque bonne pratique est notée BKi.j,m
Avec :
𝐾 la dimension ou intersection étudiée : S pour Social, VIV pour Vivable, EN pour
Environnement, VIA pour Viable, EC pour Economique, EQ pour Equitable,
i le numéro de l’objectif associé à une dimension ou une intersection, j le numéro du critère
associé à un objectif, et m le numéro de la pratique associé à un critère.
Par exemple, la bonne pratique BPS1.2.3 « Instaurer un plan de mesure anti-pénibilité :
investir dans des équipements type sièges assis-debout, repose pieds, etc. » correspond à la
troisième bonne pratique à mettre en œuvre pour améliorer le critère « Bien-Etre », issu de
l’objectif « Améliorer le bien-être et la sécurité des employés » (Figure 4.3).
75
Tableau 4.5 : Bonnes Pratiques préconisées dans le modèle OCBP en vue d’un
développement durable
Notation Bonnes pratiques caractérisant le volet social
Proposer un guide d’accueil sur la sécurité remis aux personnels intérimaires et aux
BPS1.1.1
saisonniers
BPS1.1.2 Rédiger des consignes de sécurité (Affiches, photos…) aux différents postes de travail
BPS1.1.3 Mettre en place un Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHST)
BPS1.1.4 Mettre en place des plans de formation sur la sécurité au travail
Mettre en place des plans de progrès et de mesure de la satisfaction du personnel en se
BPS1.1.5
basant sur des référentiels internationaux (OHSAS18001…)
Mettre en place un carnet de correspondance permettant à chacun d’exprimer ce qui ne
BPS1.1.6
va pas (même anonymement)
BPS1.1.7 Inciter les achats/Ports des équipements de sécurité (EPI)
BPS1.1.8 Mettre à jour le document unique de manière régulière
BPS1.1.9 Mettre une signalétique sur les lieux d’accidents déjà arrivés
BPS1.1.10 Collaborer avec la médecine du travail
Mettre en place une étude participative sur le confort du personnel (ergonomie-
BPS1.2.1
position de travail)
BPS1.2.2 Mettre à disposition une salle de repos non-fumeurs pour les salariés (vestiaire…)
Instaurer un plan de mesure anti-pénibilité : investir dans des équipements type sièges
BPS1.2.3
assis-debout, repose pieds,…
Faire intervenir un psychologue du travail : effectuer un plan de prévention
BPS1.2.4
psychosocial…
BPS1.2.5 Instaurer des groupes d’échanges
Sensibiliser les salariés aux problèmes qui découlent de l’absentéisme et mettre en
BPS2.1.1
place une organisation bis pour les suivre sur ce sujet
Impliquer davantage la hiérarchie intermédiaire (c’est la hiérarchie qui constate au
BPS2.1.2
quotidien les différents problèmes)
Mettre en œuvre une grille de poly-compétences formalisée qui permettrait de mieux
BPS2.1.3
gérer les absences
BPS2.1.4 Mettre en place une sorte de prime d’implication basée sur le rendement du salarié
Mettre en place des réunions «d’ambiance» sans présence de cadres dirigeants pour
BPS2.2.1
recherche de solutions à des problèmes posés dans le service
BPS2.2.2 Organiser des réunions de débriefing de manière hebdomadaire (1fois/semaine)
Organiser des demi-journées pour des activités sportives et culturelles (Yoga…), des
BPS2.2.3 ateliers pour renforcer le travail en équipe, la motivation et l’implication dans
l’entreprise
Mettre en place un système de primes pour idées neuves (prévention, résolution des
BPS2.2.4
problèmes…)
Renforcer la présence salariale dans les orientations stratégiques pour faire tenir
BPS3.1.1
compte les permanents des changements dans leur environnement de travail
BPS3.1.2 Rédiger un code éthique affiché et disponible
Créer un support de communication (lettre ou bulletin intranet) à destination des
BPS3.2.1 salariés pour les informer sur la vie et la politique de l’entreprise (consignes,
encouragements…)
Mettre en place des plans de communication portant sur les actions de l’entreprise sur
BPS3.2.2
le respect des conditions de travail et l’environnement interne
76
Notation Bonnes pratiques caractérisant le volet vivable
Créer une association locale de développement économique : groupement
BPVIV1.1.1
d’employeurs, formations communes
BPVIV1.1.2 Travailler avec des acheteurs locaux (SCOR – best practices P1)
Accueillir des industriels locaux pour faire connaître ses activités et développer des
BPVIV1.1.3
projets communs
Favoriser le critère de situation géographique « avec préférence locale » dans le choix
BPVIV1.2.1
des fournisseurs
Mettre en place des labels pour valoriser les productions locales lorsqu’elles existent
BPVIV1.2.2
(Ex : CERVIA47)
Mettre en place un plan de communication auprès des collectivités sur les impacts de
BPVIV2.1.1
l’activité de l’entreprise
BPVIV2.1.2 Sensibiliser le personnel à la protection des informations sensibles
Organiser des réunions d’informations avec les collectivités (exp : sensibilisation sur la
BPVIV2.1.3
sécurité routière, la nutrition…)
Organiser des échanges réguliers avec les riverains pour évaluer les nuisances générées
BPVIV2.1.4 par les activités de l’entreprise
(via une boite aux lettres, réunions…)
BPVIV2.2.1 Co-financier des projets avec des associations, collectivités…
BPVIV2.2.2 Donner des produits (ou services) aux organisations caritatives d’aide alimentaire
BPVIV2.2.3 S'impliquer dans les Agenda 2148 locaux
Respecter et renforcer les règlementations et les conventions relatives aux droits de
BPVIV3.1.1
l’homme
BPVIV3.1.2 Gérer les conflits grâce à un processus constitutionnel participatif et transparent
BPVIV3.1.3 Lutter contre la contrefaçon
Isoler les machines bruyantes par la mise en place de cloisons, panneaux acoustiques,
BPVIV3.2.1
écrans anti-bruit…
Mesurer le bruit avec des sonomètres installés sur la chaîne de production : relevés et
BPVIV3.2.2
mesures correctives
Etablir et respecter des plages horaires d’émissions importantes de bruits et en informer
BPVIV3.2.3
les riverains
BPVIV3.2.4 Evacuer rapidement les matières malodorantes
Mettre en œuvre une convention ou une charte anti-corruption (Convention de
BPVIV3.3.1
l’OCDE…)
Effectuer des contrôles réguliers sur les transactions commerciales (Types de contrat,
BPVIV3.3.2
Virements…)
47
CERVIA : Centre Régional de Valorisation et d'Innovation Agricole et Alimentaire de Paris-Ile-de-France, est
une association loi 1901 créée en 2007. Elle regroupe à la fois les missions d’un Comité de Promotion des
produits agricoles et alimentaires et celles d’un Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologies
(CRITT). http://www.saveursparisidf.com/site-professionnel/qui-sommes-nous/decouvrir-le-cervia/
48
Agenda 21 (ou Action 21) est un plan d'action pour le 21ème siècle. Adopté par 178 chefs d’État lors du
sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, en 1992. Il contient 40 chapitres et décrit les secteurs où le développement
durable doit s’appliquer dans le cadre des collectivités territoriales.
http://www.agenda21france.org/
http://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/
77
Notation Bonnes pratiques caractérisant le volet environnemental
BPEN1.1.1 Mettre en place des compteurs et des sous-compteurs pour la détection des fuites
BPEN1.1.2 Mettre en place des tableaux de bord de suivi des consommations de ressources
Sensibiliser le personnel aux abus de consommation des ressources naturelles (eau,
BPEN1.1.3
gaz, pétrole…)
Mettre en place un système de traitement de réutilisation des eaux (travail en
BPEN1.2.1
circuits fermés)
Installer un système de traitement de l’air et des odeurs (plasma froid,
BPEN1.2.2
CoverKlear…)
Souscrire des contrats de maintenance pour les appareils à risque de rejets polluants
BPEN2.1.1
(chaudières, fours à chaleur indirecte, appareils frigorifiques…)
Mettre en œuvre un plan d’action pour la gestion des substances dangereuses : suivi
BPEN2.1.2 de ces substances dans les réseaux et le milieu, démarche de gestion des déchets
dangereux (action préventive)
BPEN2.1.3 Mettre en place une bonne gestion de rejets d’eaux usées
BPEN2.1.4 Limiter les émissions de poussières et confiner les lieux de production
BPEN2.1.5 Utiliser des équipements sanitaires de bonne qualité, homologués
Réduire les suremballages ou les emballages non indispensables (être livré en vrac
BPEN2.2.1
ou par volumes plus importants)
BPEN2.2.2 Mettre en place une démarche de prévention des déchets (tri sélectif, 0 papier…)
Eliminer les déchets par l’intermédiaire d’un prestataire agrée : prévoir les
BPEN2.2.3
traitements spéciaux
BPEN3.1.1 Réaliser des plans de prévention des risques environnementaux
Mettre en place des systèmes intégrés Qualité-Environnement pour mutualiser les
BPEN3.1.2 expériences et simplifier les procédures (Stratégies d'actions, Indicateurs de
performance…)
BPEN3.1.3 Adhérer à un réseau local d’entreprises « vertes »
Intégrer des critères environnementaux à l’ensemble du cycle de vie du produit,
BPEN3.1.4
vers l’écoconception
BPEN3.1.5 Calculer l’empreinte écologique, anticiper et engager un Bilan Carbone
Engager une démarche de certification environnementale (ISO14001,
BPEN3.1.6
ISO5000149...)
Publier un rapport de DD par an afin de communiquer sur la stratégie
BPEN3.2.1
environnementale de l’entreprise
Mettre en fonction un animateur (correspondant) « environnement » vers qui toutes
BPEN3.2.2
les questions seront dirigées
49
ISO 50001est une norme internationale élaborée par l’ISO (Organisation internationale de normalisation)
exposant les meilleures pratiques de management pour renforcer l’efficacité énergétique (Exigences et
recommandations de mise en œuvre).
http://www.iso.org/iso/fr/iso_50001_energy.pdf
78
Notation Bonnes pratiques caractérisant le volet viable
BPVIA1.1.1 Mettre en place un suivi de la consommation des véhicules
BPVIA1.1.2 S’assurer que les véhicules en circulation sont bien entretenus
BPVIA1.1.3 Former les conducteurs, notamment quant à leur comportement.
Utiliser les nouvelles technologies de l’information pour une meilleure définition
des itinéraires de façon à optimiser le
BPVIA1.2.1
chargement au retour, à regrouper les livraisons, à partager les chargements et la
collecte ou la livraison des marchandises avec d’autres entreprises
BPVIA1.2.2 Mettre en place un plan de déplacement du personnel (par site administratif)
Privilégier le covoiturage (Parkings de dépôt des voitures, lien intranet pour base de
BPVIA1.2.3 données salariés), les transports en commun et/ou mettre à disposition des vélos
pour les salariés.
Privilégier l’éclairage naturel en orientant les bureaux et plans de travail à
BPVIA2.1.1
proximité des fenêtres
Assurer une veille technique des équipements afin de réduire leur consommation,
BPVIA2.1.2
rallonger leur durée de vie et réduire le taux de pannes.
Sensibiliser le personnel aux économies d’eau et d’énergie (éco-gestes : extinction
BPVIA2.1.3
des néons, des ordinateurs, …)
Investir afin de réaliser des économies d’énergie (meilleure isolation, ampoules
BPVIA2.1.4 basse consommation, chaudières à biomasse, thermostats et détecteurs de
présence…)
BPVIA2.2.1 Tendre vers l’utilisation d’énergies renouvelables (panneaux solaires, éoliennes…)
Mettre en place le tri et la collecte sélective des déchets et des matériels en fin de
BPVIA2.2.2
vie
BPVIA2.2.3 Adhérer et participer à des collectes associatives
BPVIA2.2.4 Favoriser le recyclage de rebuts de fabrication réintroduits dans le processus
79
Notation Bonnes pratiques caractérisant le volet économique
BPEC1.1.1 Mesurer la satisfaction clients par des questionnaires et enquêtes
BPEC1.1.2 Mettre en place un service dédié au traitement des réclamations clients (S.A.V…)
BPEC1.2.1 Communiquer sur l’entreprise (Publicité, site internet, salons, phoning…)
Mettre en place un système de fidélisation des clients (carte, bon de réductions,
BPEC1.2.2 offres de promotions par catégorie de consommateur : "jeunes" ; "familles
nombreuses")
Anticiper les risques liés aux ruptures des stocks, aux changements de commandes
BPEC2.1.1
(Benchmarking, veille des marchés…)
BPEC2.1.2 Renforcer la capacité par la mise en place d’heures supplémentaire ou d'intérimaires
Mettre en place des postes de travail adaptables/ajustables pour une rotation des
BPEC2.1.3
tâches (polyvalence des compétences)
BPEC2.1.4 Proposer un guide d’accueil décrivant le mode opératoire des postes
BPEC2.1.5 Standardiser les processus, si possible
BPEC2.2.1 Optimiser le niveau des stocks
Mettre en place une démarche de lean manufacturing
BPEC2.2.2 (Optimiser les changements de série, réduire les gaspillages, améliorer
l’ordonnancement …)
BPEC2.2.3 Proposer un mode de gestion des non conformités produits (affichages, livret, etc.)
BPEC3.1.1 Mettre en place une démarche de qualité (certification, normes type ISO9001...)
Cultiver le « feed-back » afin d’identifier les attentes économiques des acteurs
BPEC3.1.2
autres que les consommateurs
Expliciter la politique d’investissement sur les nouveaux marchés et/ou nouveaux
BPEC3.2.1
produits
BPEC3.2.2 Publier un rapport d’activités annuel
80
Notation Bonnes pratiques caractérisant le volet équitable
BPEQ1.1.1 Repérer les discriminations pour y mettre fin
Signer des chartes en matière d’égalité professionnelle (charte de diversité, charte
BPEQ1.1.2
de la parentalité, label égalité…)
BPEQ1.1.3 Réserver des offres d’emploi pour les personnes handicapées
Rattraper les trajectoires professionnelles après les périodes de non activité
BPEQ1.2.1
(maternité, congés parentalité, chômage…)
Mettre en place des actions pour accessibilité pour les handicapés (Ascenseurs,
BPEQ1.2.2
places de parking…)
BPEQ2.1.1 Proposer des contrats de générations permettant la transmission des compétences
BPEQ2.1.2 Mettre en place un plan de sauvegarde de l’emploi
BPEQ2.1.3 Créer des partenariats pour monter de nouveaux projets (nouveaux sites, filiales…)
Créer des groupements d’employeurs pour notamment fidéliser les saisonniers et
BPEQ2.1.4
intérimaires pour assurer la stabilité des employés
BPEQ2.2.1 Mettre en place un plan de gestion de carrière et de fin de carrière
BPEQ2.2.2 Mettre en place un plan de promotion et de qualifications internes
Mettre en place une enquête auprès des salariés pour identifier leurs besoins en
BPEQ2.2.3
formation
NB : Il est bien évident que les bonnes pratiques identifiées doivent évoluer constamment
pour « coller » à un environnement lui-même changeant. Comme le note Bertrand Godde, il
est de la responsabilité du dirigeant et de tout responsable opérationnel d’engager son
entreprise dans une démarche qui vise à se rapprocher constamment de ce qui se fait de
mieux, d’optimiser et d’innover, sans jamais penser que l’entreprise est arrivée au bout 50. De
plus, dans un contexte de responsabilité sociétale, l’entreprise est également sensée considérer
l’avis de ses parties prenantes via un dialogue constructif et rendre compte de ses évolutions
auprès d’elles (communication « transparente »). Pourtant, est-il nécessaire de rendre compte
de la même façon auprès de toutes les parties prenantes ? Certaines parties prenantes doivent-
elles être plus informées que d’autres ? Afin d’aider à l’identification des parties prenantes
« critiques » ou « prépondérantes » nécessitant pour l’entreprise une attention particulière, le
paragraphe suivant propose un outil permettant de cartographier l’ensemble de ces parties
prenantes en précisant leur position vis-à-vis de l’entreprise et des projets qu’elle envisage de
mener.
50
Interview de Bertrand Godde, consultant dans les domaines de la Supply Chain et des Systèmes
d’Information : http://supplychainmagazine.fr
81
4.2. Outil de cartographie des parties prenantes pour la mise en œuvre d’un
projet de développement durable
La sphère d’influence est définie par la norme ISO 26000 comme « un domaine, des relations
politiques, contractuelles ou économiques à travers lesquelles une entreprise peut influencer
les décisions ou les activités d’autres entreprises ou de personnes individuelles » (AFNOR,
2010). Une entreprise peut donc, dans certaines situations, avoir la capacité d’influencer le
comportement d’autres entreprises avec lesquelles elle entretient des relations. Ceci inclut les
relations au sein et au-delà de la chaîne de valeur de l’entreprise comme les associations
formelles et informelles auxquelles elle participe, les fournisseurs, les concurrents, etc. Cette
sphère d’influence est variable d’un projet à l’autre. L’objet de ce paragraphe est, pour un
projet donné, d’identifier les influences directes et indirectes que les différentes parties
prenantes peuvent exercer les unes sur les autres et de mesurer l’implication de chaque partie
prenante envers le projet. In fine, l’objectif est ainsi de construire la sphère d’influence
relative au projet, afin de mettre en évidence les parties prenantes déterminantes (voir
Chapitre 3), mieux appréhender les relations avec celles-ci au cours du projet et limiter les
risques d’une éventuelle mauvaise collaboration. Autrement dit, l’objectif est de fournir à tout
acteur porteur d’un projet une aide à la décision pour la mise en place de sa politique
d’alliances pour les projets qu’il compte développer. Le processus de construction de la
sphère d’influence tel que nous le proposons est présenté ci-dessous (Figure 4.4), détaillé en
suivant (§ 4.2.1., 4.2.2. et 4.2.3.) et supporté par un outil informatique développé dans
l’annexe B (voir Annexe B).
82
4.2.1. Analyse des relations entre toutes les parties prenantes d’un projet
Dans une vision systémique, une variable n’existe que par les relations qu’elle entretient avec
les autres variables. L’analyse structurelle (Godet, 1997) s’attache à repérer ces relations entre
variables, en utilisant un tableau à double entrée appelé matrice d’analyse structurelle. Nous
décidons d’utiliser les principes de l’analyse structurelle et invitons tout acteur en charge d’un
projet à renseigner une première matrice appelée « Matrice des Influences Directes (MID) ».
Il s’agit d’une matrice carrée de taille n (Acteurs * Acteurs) recensant les n acteurs ou parties
prenantes d’un projet. Chaque cellule xi,j de la matrice permet de renseigner l’influence qu’a
l’acteur associé à la ligne i sur l’acteur associé à la colonne j, suivant une échelle qualitative
de 0 à 2 :
Influence/sur ID
de A1 A2 A3 A4 A5 A6
A1 0 1 1 1 1 0 4
A2 2 0 0 0 0 1 3
A3 1 2 0 0 2 0 5
A4 0 2 0 0 0 2 4
A5 0 2 0 0 0 1 3
A6 1 1 0 2 1 0 5
DD 4 8 1 3 4 4
Sur cet exemple, nous pouvons constater que l’acteur A2 est le plus dépendant, tandis que les
acteurs A3 et A6 sont les plus influents du réseau. Toutefois, un acteur peut n’avoir que peu
d’effet direct sur l’ensemble des acteurs du système, mais un effet indirect très important sur
ces mêmes acteurs. Nous invitons ainsi le chargé de projet à renseigner une deuxième matrice
appelée Matrice des Influences Indirectes (MII). Celle-ci permet d’analyser l’impact de
l’Acteur Ai sur l’Acteur Aj par l’intermédiaire des n autres acteurs.
Prenons l’exemple de l’Acteur A1 qui possède une influence directe sur l’acteur A3 d’une
valeur x1,3 = 1, tandis que l’acteur A3 possède une influence directe sur l’acteur A2 d’une
valeur x3,2 = 2. Alors, l’acteur A1 possède une influence indirecte sur l’acteur A2, par
l’intermédiaire de l’acteur A3, d’une valeur égale au minimum des influences directes (x1,3 ;
83
x3,2). Dans ce cas, l’acteur A1 possède ainsi une influence indirecte sur l’acteur A2 de valeur 1
par l’intermédiaire de l’acteur A3. Dans le cas où il existerait plusieurs acteurs intermédiaires
entre deux acteurs i et j, le calcul de l’influence indirecte s’effectue comme suit :
vi , j Min xi ,1 ; x1, j Minxi , 2 ; x2, j ... Minxi ,n ; xn, j Minxi ,k ; xk , j
n
k 1
n
InD j vi , j soit la somme des points attribués sur la colonne correspondant à l’acteur Aj
i 1
Sur cet exemple, l’acteur A2 qui avait été identifié comme le plus dépendant grâce à la Matrice
des Influences Indirectes, reste le plus dépendant, même indirectement. L’acteur A6 est celui
qui influence le plus les autres acteurs, de manière indirecte.
Finalement, afin d’identifier les acteurs effectivement les plus dépendants et influents pour le
projet, il faut maintenant considérer à la fois les influences directes et indirectes de chaque
acteur. Pour ce faire, nous calculons les degrés d’Influence Globale (IG) et de Dépendance
Globale (DG) de chaque acteur, comme suit :
NB : Des poids peuvent éventuellement être attribués aux différents degrés d’influence et de
dépendance directes et indirectes, si le chef de projet souhaite favoriser l’une ou l’autre des
relations.
Ces derniers éléments permettent de connaître les différents pouvoirs de chacun des acteurs
impliqués dans le projet, ce qui constitue une aide précieuse pour le chef de projet qui va ainsi
penser en conséquence la mise en place de sa politique d’alliances et / ou de conflits pour les
projets qu’il compte développer. Cependant, l’étude effectuée ne permet pas d’identifier
l’intérêt des diverses parties prenantes envers le projet tant que le positionnement de chaque
acteur relativement aux objectifs du projet n’est pas clarifié ; il semble ainsi difficile
84
d’envisager une quelconque alliance. En conséquence, nous proposons dans le prochain
paragraphe un outil facilitant l’analyse des positions de chaque acteur relativement aux
objectifs d’un projet.
4.2.2. Analyse des positions de chaque partie prenante envers le projet
La méthode MACTOR (Godet, 1997), méthode d’analyse des jeux d’acteurs, cherche à
estimer les rapports de force entre acteurs et à étudier leurs convergences et divergences vis-à-
vis d’un certain nombre d’enjeux et d’objectifs associés. Il s’agit de connaître l’implication de
tous les acteurs associés de près ou de loin à un projet donné, afin de reconnaître celles
pouvant aider ou entraver sa réalisation. Comme le préconise la méthode MACTOR, nous
construisons la Matrice Acteurs / Objectifs (MAO) : celle-ci permet de recenser tous les
acteurs associés à un projet (lignes de la matrice) et tous les objectifs cibles51 d’un projet
(colonnes de la matrice). Il s’agit donc d’une matrice (Ai x Oj). Pour chaque cellule zi , j de la
matrice, il faut renseigner les convergences et divergences possibles de chaque acteur
relativement aux différents objectifs du projet, suivant une échelle de notation qualitative,
comme suit (Tableau 4.8) :
51
Pour un projet de développement durable, il s’agira des différents objectifs de durabilité définis § 4.1.1.
85
Une fois la matrice Acteurs / Objectifs renseignée, il est alors possible de calculer les degrés
de soutien (DS) et d’opposition (DOp) de chaque acteur, de la manière suivante :
16
DSi = ∑ zi , j 𝑠𝑖 zi , j > 0
𝑗=1
soit la somme des attitudes positives de l’acteur i envers les différents objectifs du projet
et
16
DOpi = ∑ zi , j 𝑠𝑖 zi , j < 0
𝑗=1
soit la somme des attitudes négatives de l’acteur i envers les différents objectifs du projet
et
𝑛
DESj = ∑ zi , j 𝑠𝑖 zi , j < 0
𝑖=1
soit la somme des points négatifs attribués à l’objectif par les n Acteurs
Ainsi, si le nombre d’accords vis-à-vis d’un objectif est important, i.e. si le nombre de parties
prenantes adhérant à l’objectif est important, le chef de projet peut éventuellement, si besoin,
se rapprocher de ces parties prenantes afin de collaborer en vue de la réalisation dudit objectif.
A contrario, si le nombre de désaccords vis-à-vis de l’objectif est important, de futurs conflits
risquent d’apparaître.
86
4.2.3. Cartographie des Parties Prenantes et identification de la Sphère
d’Influence
Sur la base des matrices précédemment effectuées, nous proposons d’identifier différentes
« familles » ou « classes » de parties prenantes (Tableau 4.9) en fonction de trois attributs, à
savoir le degré d’Influence Globale (IG), le degré de Dépendance Globale (DG) et le degré
d’implication (DIM). Chaque famille sera à considérer différemment au cours du projet et
devra être plus ou moins tenue informée de l’avancée dudit projet.
Tableau 4.9 : Cartographie des parties prenantes
(1) Les « Dormantes » : Les parties prenantes associées à cette famille ont une valeur
faible pour chacun des trois attributs. Elles ne sont ni influentes, ni dépendantes, ni
impliquées. Elles n’ont donc que peu ou pas d’interactions avec l’entreprise porteuse
du projet et il n’est pas nécessaire de leur porter une attention particulière : un suivi est
néanmoins nécessaire en vue d’une éventuelle autre collaboration et au cas où leur
position viendrait à évoluer.
(2) Les « Dépendantes » : Les parties prenantes associées à cette famille ont un niveau
élevé de dépendance mais de faibles niveaux d’influence et d’implication. Elles
constituent donc des parties suiveuses, sans aucune pression sur l’entreprise. Si elles
sont sous contrat avec l’entreprise porteuse du projet, il est nécessaire de les suivre et
de les maintenir informées.
(3) Les « Influentes » : Les parties prenantes associées à cette famille ont un degré
d’influence élevé mais des degrés d’implication et de dépendance relativement faibles.
Elles peuvent, si elles le décident, appliquer une pression particulière sur l’entreprise
porteuse du projet. Même si elles sont non impliquées dans le projet, il faut donc les
maintenir satisfaites.
(4) Les « Influentes et Dépendantes » : Les parties prenantes associées à cette famille
ont des niveaux d’influence et de dépendance importants alors qu’elles ne sont pas
impliquées dans le projet. Elles disposent de moyens d’action pour mener à bien leurs
propres projets mais sont néanmoins sous l’influence des actions que déploient sur
elles les autres entreprises du réseau (Godet, 1997). Une attention particulière de la
part de l’entreprise porteuse du projet est donc fortement recommandée, et il est
indispensable de les maintenir satisfaites.
(5) Les « Intéressées » : Les parties prenantes associées à cette famille ont un niveau
d’implication élevé et sont donc intéressées par le projet, mais n’ont cependant aucun
pouvoir pour influencer l’entreprise porteuse du projet. Elles sont autonomes car non
dépendantes. Il faut toutefois les maintenir bien informées, car de probables
collaborations sont à envisager.
(6) Les « Dominées mais impliquées » : Les parties prenantes associées à cette famille
sont à la fois fortement impliquées et dépendantes, mais n’ont pas ou peu d’influence.
Elles ne peuvent donc exercer aucune pression sur l’entreprise porteuse du projet,
87
mais il faut néanmoins les tenir informées de l’état de l’avancement du projet, au vu
de leur implication.
(7) Les « Dominantes et impliquées » : Les parties prenantes associées à cette famille
sont considérées comme dangereuses puisqu’elles sont à la fois influentes et
impliquées dans le projet. Elles peuvent ainsi, à tout moment, user de leurs pouvoirs et
éventuellement freiner ou entraver la bonne réalisation du projet. Il est donc
primordial de leur accorder une grande importance et de réagir rapidement à
d’éventuelles demandes de leur part. Ces parties prenantes doivent évidemment être
maintenues à la fois informées et satisfaites, tout au long du projet.
(8) Les « Primordiales » : Les parties prenantes associées à cette famille ont un niveau
élevé des trois attributs. Elles sont donc à la fois influentes, dépendantes et impliquées
dans le projet. Il est obligatoire d’établir une relation privilégiée avec celles-ci en
veillant à répondre rapidement à leurs demandes et attentes pour satisfaire leurs
besoins et assurer leur nécessaire participation : elles sont d’importance critique pour
la bonne réalisation du projet.
Finalement, nous considérons que la sphère d’influence propre à un projet doit a minima
intégrer tous les acteurs intéressés par le projet et pouvant aider à sa réalisation (par les
contrats qui les lient avec l’entreprise porteuse du projet ou par leur niveau d’influence). Nous
décidons donc de constituer la sphère d’influence à partir des familles (5), (6), (7) et (8).
L’entreprise porteuse du projet devra s’assurer d’instaurer un dialogue permanent et rigoureux
avec les membres de ces familles et prendre en compte leurs attentes et avis relativement au
projet, sous peine de ne pas satisfaire les objectifs dudit projet. Il lui sera nécessaire toutefois
de rester vigilent et effectuer une veille rigoureuse de toutes les autres parties prenantes, afin
de bien identifier d’éventuelles évolutions.
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons développé un modèle de référence pour l’évaluation de la
performance globale d’un projet de développement durable.
Ce modèle repose sur une arborescence de quatre niveaux d’évaluation :
- Le niveau 1, le plus agrégé, propose une évaluation globale et macroscopique de
chaque pilier du développement durable et de leurs intersections ;
- Le niveau 2 propose la déclinaison d’une stratégie en terme de développement durable
de manière synthétique, en structurant autour de quelques orientations les objectifs de
durabilité qui la concrétisent ;
- Le niveau 3 propose l’évaluation de préoccupations élémentaires ou critères de
durabilité, pouvant être assimilés à des résultats d’évaluation intermédiaires ;
- Le niveau 4 propose l’évaluation des éléments racines de notre modèle, à savoir les
bonnes pratiques (leviers d’action) pour la mise en œuvre des différents critères de
durabilité.
Tenant compte des principes du développement durable qui préconisent d’évoluer bien sûr
pour soi mais également pour les autres, nous avons associé à ce modèle un outil permettant à
l’entreprise porteuse d’un projet de cartographier ses différentes parties prenantes et
d’identifier les attentes et avis de celles-ci vis-à-vis du projet. Par là-même, l’outil permet
d’identifier avec quelles parties prenantes collaborer, et préconise quel comportement adopter
avec chacune d’entre elles. Nous sommes cependant conscients que notre approche comporte
quelques faiblesses, telles que la manière dont les matrices d’influences directe et indirecte
88
sont renseignées. Celle-ci est en effet subjective, et dépend entièrement de l’évaluateur ou
groupe d’évaluateurs. De la même façon, nous ne pouvons être certains à 100 % des réponses
fournies à notre questionnaire en ligne par les différentes parties prenantes (positionnement
vis-à-vis des objectifs de durabilité), et sommes contraints de croire en la fiabilité des
informations recueillies. Enfin, la cartographie identifiée, propre à un projet, ne doit pas être
comprise comme acquise et définitive et doit être régulièrement mise à jour, en fonction de
l’évolution des différentes parties prenantes.
A tout modèle doit correspondre la démarche d’utilisation de ce modèle. Le chapitre suivant
décrit ainsi la démarche telle que nous l’envisageons. Celle-ci doit aider à la prise de décision
tout au long d’un projet de développement durable. Il s’agit donc d’une démarche calquée sur
le cycle de vie du projet, depuis l’amont du projet avec le choix d’une stratégie à mettre en
œuvre, l’étude de faisabilité via une étude préliminaire des risques, l’évaluation a priori d’un
scénario, la mise en place du scénario et l’évaluation a posteriori de celui-ci. Cette démarche,
qui fait l’objet du chapitre suivant, doit accompagner le chef de projet et lui permettre de
contrôler, évaluer et améliorer les performances de son entreprise et d’en mesurer les progrès.
89
Chapitre 5
INTRODUCTION .......................................................................................................................... 91
5.1.1. Matrice d’impacts croisés des bonnes pratiques sur les différents critères de
durabilité ........................................................................................................................... 93
5.1.2. Echelle de maturité des bonnes pratiques .......................................................... 96
5.1.3. Synthèse : élaboration du profil de l’entreprise................................................. 97
5.1.4. Conditions de passage de l’étape 1 à l’étape 2 ................................................ 103
90
Introduction
De manière générale, le management de projet est un management qui se caractérise par une
organisation vouée à être évolutive et temporaire, des flux de trésorerie d’investissement
pouvant être négatifs et une forte influence de variables exogènes sur le projet (Garel, 2011).
Concernant plus particulièrement un projet de développement durable, les difficultés sont
alors décuplées, puisque le gestionnaire de projet doit évaluer toute décision à l’aune des trois
piliers du développement durable, sans privilégier l’un au détriment de l’autre52.
L’hétérogénéité des données rend qui plus est les prises de décision particulièrement
complexes et risquées.
La démarche proposée est générique et adaptable à tout type de structure. Bien évidemment,
l’analyse des questions du développement durable est intégrée tout au long du cycle de vie du
projet. La Figure 5.1 donne une vue générale et simplifiée de cette démarche et introduit les
trois phases du cycle :
52
https://pmiquebec.qc.ca/index.php/articles-du-mois/129-comment-integrer-le-developpement-durable-aux-
outils-methodologiques-en-gestion-de-projet.
91
Déploiement de Processus en
la stratégie amélioration
continue
Satisfaction et suivi Définition de la 3
stratégie en matière
de développement
Mise au point du durable
projet : Analyse de 2
l’existant et
diagnostic
1
Figure 5.1 : Démarche générale et simplifiée de mise en œuvre d’un projet RSE/DD
Des outils méthodologiques spécifiques sont associés à chaque phase du cycle et des
procédures de franchissement de « portes d’étapes » (Go ou No Go) sont appliquées à la fin
de chaque phase pour valider le passage d’une étape à une autre. Cette approche, véritable
guide méthodologique, doit permettre d’accompagner les décideurs depuis le bilan de leurs
actions actuelles jusqu’à la mise en place de nouvelles actions clés. Elle constitue dès lors un
outil d’aide à la décision pour tout projet de développement durable en vue de :
5.1.1. Matrice d’impacts croisés des bonnes pratiques sur les différents critères
de durabilité
Le développement durable est multidimensionnel. L’objectif affiché est de satisfaire, de
manière équilibrée, les enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Des bonnes
pratiques associées à chaque enjeu permettent ainsi d’améliorer un ou plusieurs critères
relatifs à cet enjeu. Cependant, l’évaluation globale des impacts de toutes les bonnes pratiques
reste une tâche très compliquée dans la mesure où il s’agit d’évaluer simultanément des
résultats économiques, environnementaux et sociaux, avec des échelles de mesure très
différentes qu’il s’avère difficile, voire impossible de compiler (Baumann, 2011) (Craheix et
al., 2012). Les travaux déjà menés sur l’évaluation de la performance globale proposent ainsi
des modèles d’évaluations multicritères où l’impact des bonnes pratiques est étudié par
dimension : les auteurs évaluent l’impact de bonnes pratiques d’un enjeu sur ce même enjeu
(comment elles font progresser celui-ci, lesquelles sont les plus pertinentes, etc.), mais aucun
croisement entre ces évaluations n’est abordé. Pourtant, quel est l’impact de bonnes pratiques
d’un enjeu sur les autres enjeux ? Est-il toujours positif ? Ou la mise en place de certaines
bonnes pratiques liées à un enjeu dégrade-t-elle d’autres enjeux ? Prenons le cas d’une
entreprise qui décide de renforcer le critère « Réactivité et Flexibilité » (enjeu économique)
par la mise en place d'heures supplémentaires ou par le recours à des personnes intérimaires.
Cette pratique rend nécessairement l’entreprise plus réactive (satisfaction des commandes
clients, gestion des besoins imprévus) mais peut néanmoins dégrader d’autres critères, comme
le critère « Prévention et sécurité » (enjeu social) : les intérimaires n’ont en effet peu ou pas
la connaissance de l’entreprise (procédures Hygiène et Sécurité pouvant être mal maitrisées et
donc non respectées), et travailler en heures supplémentaires augmente le risque des accidents
de travail (la pression et la fatigue sont les causes majeures d’une baisse de vigilance). La
bonne pratique initiale, permettant d’améliorer les performances économiques de l’entreprise,
pourrait ainsi avoir un effet négatif sur les performances sociales de la même entreprise. Dans
un contexte de développement durable, où l’objectif est l’équilibre des performances
économiques, sociales et environnementales, il s’avère alors intéressant, voire nécessaire,
d’évaluer l’impact de chaque bonne pratique (associée à un enjeu) sur l’ensemble des critères
de durabilité de tous les enjeux.
Pour ce faire, nous avons développé une matrice d’impacts croisés (Tableau 5.1), dans
laquelle les lignes constituent les bonnes pratiques et les colonnes les différents critères de
durabilité. Nous évaluons alors l’impact (IBPKi.j.m) de chaque ligne sur chaque colonne, i.e.
l’impact de chaque bonne pratique (BPK) sur chaque critère de durabilité, selon une échelle
qualitative :
93
+1, si la pratique (BPK) étudiée est jugée comme ayant un impact positif sur un
critère donné ;
-1, si la pratique (BPK) étudiée est jugée comme ayant un impact négatif sur un
critère donné ;
0, si la pratique (BPK) étudiée n’a pas d’impact sur un critère donné.
94
Tableau 5.1 : Matrice d’impacts croisés des bonnes pratiques sur les différents critères de durabilité
BPS1.1.1 1 1 0 … … … … … … … … … … … -1 0 1 …
BPS1.1.2 1 1 0 … … … … … … … … … … … … -1 … … 1 1 … …
BPS1.1.3 1 1 1 … … … … … … … … … … … … -1 … … 0 0 … …
… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … …
BPS2.1.4 -1 0 1 … … … … … … … … … … … … 0 … … … … … …
… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … …
BPVIV1.1.1 0 0 0 … … … … … … … … … … … … 0 … … 0 0 … 1
BPVIV1.2.2 0 0 0 … … … … … … … … … … … … -1 … … 0 0 … 0
… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … …
BPEN1.1.1 1 0 0 … … … … … … … … … … … … 1 … … 0 0 … 0
… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … …
BPVIA1.1.1 0 0 0 … … … … … … … … … … … … 1 … … 0 0 … 0
BPEC1.1.1 … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … …
BPEQ2.2.3 1 1 0 … … … … … … … … … … … … 0 … … 0 0 1
95
A titre d’exemple, la pratique équitable BPEQ2.2.3, à savoir « Mettre en place une enquête
auprès des salariés pour identifier leurs besoins en formation » est une pratique pouvant
améliorer la sécurité des employés si cela aboutit sur des formations portant sur des sujets tels
que le respect des procédures en cas d’accident, l’utilisation d’EPI, etc. : ceci justifie donc
l’attribution de la valeur +1 pour l’impact de la bonne pratique sur le critère CS1.1
« Sécurité ». Elle impacte également positivement leur bien-être car les employés, interrogés
sur leurs attentes et leurs besoins, auront la sensation que la direction est à leur écoute et se
sentiront ainsi potentiellement reconnus et valorisés : ceci explique l’attribution de la valeur
+1 pour l’impact de la bonne pratique sur le critère CS1.2 « Bien-Etre ». Enfin, elle impacte
tout naturellement l’évolution des ressources humaines, ce qui justifie l’attribution de la
valeur +1 pour l’impact de la bonne pratique sur le critère CEQ2.2 correspondant.
5.1.2. Echelle de maturité des bonnes pratiques
A ce stade de l’étude, il est important de noter qu’une bonne pratique mise en place
occasionnellement sur quelques postes, services et / ou produits de l’entreprise n’aura pas les
mêmes effets (i.e. le même impact) qu’une bonne pratique mise en place régulièrement sur
l’ensemble des postes, services et/ou produits de l’entreprise. Une identification de la maturité
des différentes bonnes pratiques mises en place s’avère donc nécessaire, même si cette
dernière reste subjective. Dans le cadre de l’évaluation des performances économique,
environnementale et sociale dans les chaines logistiques, Baumann (Baumann, 2011) a utilisé
deux propriétés permettant de caractériser la maturité d’une pratique : la stabilité de la
pratique et son étendue :
la stabilité de la pratique permet de désigner la régularité de sa mise en place dans le
temps par l’entreprise, elle peut être occasionnelle (selon les opportunités) ou
systématique ;
l’étendue de la pratique désigne le périmètre sur lequel elle s’étend. Elle peut concerner
seulement quelques produits et/ou services de l’organisation ou l’ensemble des produits
et/ou services de l’organisation. Nous décidons de reprendre ces deux propriétés et
définissons un système de poids W(BPKi.j.m) afin de définir la maturité de chaque bonne
pratique (Figure 5.2) :
- W(BPKi.j.m)= 1 pour une bonne pratique mise en place occasionnellement pour
quelques services et ou/produits de l’organisation ;
- W(BPKi.j.m)= 2 pour une bonne pratique mise en place régulièrement pour quelques
services et ou/produits de l’organisation ou encore pour une bonne pratique mise en
place occasionnellement mais pour l’ensemble des services et/ou produits de
l’organisation ;
96
Stabilité ou Fréquence de
mise en place d'une bonne
pratique
2 3
Mise en place régulière
1 2
Mise en place occasionnelle
Périmètre d'application ou
étendue de mise en place d'une
Pour quelques services Pour l’ensembles des bonne pratique
et/ou produits de services et/ou produits
l’organisation de l’organisation
I-Act/Crit est l’impact négatif, en pourcentage, du scénario actuel sur un critère donné,
quel qu’il soit :
∑ 𝑊−
I-Act/Crit = 𝑚𝑎𝑥(𝑊(𝐵𝑃𝐾𝑖.𝑗.𝑚))×𝑁 × (−1)
Avec :
∑ 𝑊 + : Somme des poids attribués aux pratiques appartenant au scénario actuel et
impactant positivement le critère étudié ;
97
∑ 𝑊 − : Somme des poids attribués aux pratiques appartenant au scénario actuel et
impactant négativement le critère étudié ;
𝑚𝑎𝑥(𝑊(𝐵𝑃𝐾𝑖. 𝑗. 𝑚)) = 3, correspondant au poids maximal attribué à une bonne pratique
mise en place d’une manière systématique, pour l’ensemble des services de l’organisation ;
𝑁 : Nombre total de bonnes pratiques impactant le critère étudié (voir récapitulatif dans le
Tableau 5.2, issu du Tableau 5.1).
Tableau 5.2 : Nombre total de bonnes pratiques impactant chaque critère de durabilité
Nom du Nombre N de
critère pratiques impactant
ce critère
CS1.1 40
CS1.2 42
CS2.1 19
CS2.2 74
CS3.1 43
CS3.2 76
CVIV1.1 40
CVIV1.2 12
CVIV2.1 49
CVIV2.2 45
CVIV3.1 6
CVIV3.2 25
CVIV3.3 7
CEN1.1 25
CEN1.2 19
CEN2.1 30
CEN2.2 21
CEN3.1 36
CEN3.2 36
CVIA1.1 10
CVIA1.2 12
CVIA2.1 20
CVIA2.2 14
CEC1.1 42
CEC1.2 22
CEC2.1 45
CEC2.2 43
CEC3.1 13
CEC3.2 11
CEQ1.1 9
CEQ1.2 17
CEQ2.1 31
CEQ2.2 18
98
Finalement,
IAct/Crit est l’impact global, en pourcentage, du scénario actuel sur un critère donné,
quel qu’il soit, avec :
IAct/Crit = I+Act/Crit + I-Act/Crit
A titre d’exemple, nous proposons ci-après d’élaborer le profil d’une entreprise, dont la
direction est particulièrement sensible à tout ce qui a trait à la sécurité des employés. Parmi
les bonnes pratiques du modèle OCBP, huit pratiques sociales sont d’ores et déjà appliquées
dans l’entreprise. La mise en place de ces actions est détaillée dans le tableau suivant
(Tableau 5.3).
Tableau 5.3 : Détails de la stratégie actuelle
BPS1.1.4 «Mettre en place des plans de formation sur la Régulière Pour l’ensemble 3
sécurité au travail» des services et/ou
produits
BPS1.1.9 «Mettre une signalétique sur les lieux Régulière Pour quelques 2
d’accidents déjà arrivés» services et/ou
produits
Afin d’analyser l’impact de ces pratiques sur, à titre d’exemple, le critère CS1.1 « Prévention
et Sécurité », nous consultons en premier lieu le Tableau 5.2 afin d’identifier le nombre total
de pratiques impactant ce critère, à savoir 40 (nous notons donc N = 40). Autrement dit,
parmi les 111 bonnes pratiques du modèle OCBP, 40 pratiques « seulement » peuvent
améliorer ou dégrader le critère « Prévention et Sécurité ». Ensuite, en se référant la matrice
d’impacts croisés, nous constatons que les huit pratiques de l’exemple développé impactent
positivement le critère CS1.1, d’où :
I-Act/CS1.1 = 0
99
∑ 𝑊+ 3+3+3+3+2+3+3+2
et IAct/CS1.1 = I+Act/CS1.1 = = = 0.1833
𝑚𝑎𝑥(𝑊(𝐵𝑃𝐾𝑖.𝑗.𝑚))×𝑁 3 ×40
100
affiches abimées à jeter, etc.) et d’équipements de sécurité jetables (blouses, gants, masques
respiratoires, charlottes, sur chaussures, etc.). La deuxième dégradation, concernant la
rentabilité immédiate de l’entreprise, est liée aux investissements nécessaires pour la mise en
place d’une ou plusieurs pratiques.
Avant de valider les orientations des projets à instaurer dans l’entreprise, et avant d’organiser
le déploiement d’un plan d’action, nous nous proposons d’évaluer également l’impact du
scénario actuel sur l’ensemble des objectifs stratégiques ainsi que sur les différents volets du
développement durable. Autrement dit, nous nous proposons d’agréger les résultats
précédents afin d’avoir une vue d’ensemble de la stratégie actuellement mise en place dans
l’entreprise. Ceci revient à identifier l’impact des éléments de niveau 4 sur les éléments de
niveau 2, puis l’impact des éléments de niveau 4 sur les éléments de niveau 1 du modèle
OCBP précédemment présenté (Chapitre 4). Pour cela, nous élaborons les mesures d’indices
suivants :
1
IAct/Obj = 𝑛 × ∑ IAct/Crit est l’impact global, en pourcentage, du scénario actuel sur un
objectif donné, quel qu’il soit. C’est donc la moyenne des impacts du scénario actuel sur les
critères dépendant d’un même objectif,
Avec 𝑛 le nombre de critères dépendant de l’objectif étudié ;
1
IAct/Volet = 𝑣 × ∑ IAct/Obj est l’impact global, en pourcentage, du scénario actuel sur
un volet donné du développement durable, quel qu’il soit. C’est donc la moyenne des impacts
du scénario actuel sur les objectifs dépendant d’un même volet,
Avec 𝑣 le nombre d’objectifs dépendant du volet étudié.
1 1 18,33 + 17,46
IAct/OS1 = × ∑ IAct/Crit = × (IAct/CS1.1 + IAct/CS1.1) = = 0.1790, soit 17, 90 %
𝑛 2 2
Un tel pourcentage montre de manière peut-être plus claire que précédemment que
l’entreprise est manifestement engagée dans la bonne voie en ce qui concerne la sécurité et le
bien-être de ses salariés. Reste aux équipes dirigeantes de l’entreprise de qualifier cette valeur
de satisfaisante ou non, afin d’identifier s’il faut aller plus loin dans la démarche. Les taux de
satisfaction de l’ensemble des objectifs, relativement à cet exemple, sont présentés dans
l’histogramme ci-dessous (Figure 5.4), et confirment bien évidemment les constats effectués
dans l’évaluation précédente, à un niveau moindre de granularité. Un tel niveau d’abstraction
permet au décideur de positionner sa structure de manière plus globale par rapport aux
différents enjeux du développement durable afin d’appuyer ses choix futurs
d’investissements.
101
Figure 5.4 : Evaluation d’impact de la stratégie actuelle de l’entreprise sur les différents
objectifs de durabilité
Pour une vision globale, nous évaluons finalement l’impact de la stratégie actuelle sur le
dernier niveau de granularité du modèle OCBP, à savoir les différents volets du
développement durable. Bien évidemment, à ce niveau de réflexion, il s’agit davantage d’une
évaluation à des fins de communication, les résultats étant ici trop agrégés pour effectuer des
choix précis et rigoureux. Pour ce faire, nous détaillons le calcul de l’indice IAct/Social
présentant l’impact des actions à caractère social déjà implantées dans l’entreprise, sur le
volet social. Celui-ci compte trois objectifs (OS1 « Améliorer le bien-être et la sécurité des
salariés », OS2 « Faciliter la participation et lutter contre l’absentéisme » et OS3 « Instaurer
une implication et une communication sociales dans l’entreprise »), donc v=3. Nous pouvons
alors en déduire l’impact de la stratégie actuelle sur le volet social du développement durable,
i.e. le taux de satisfaction de ce volet, comme suit :
1 1 17,90 +6,41+12,69
IAct/Social = × ∑ IAct/Obj = × (IAct/OS1+ IAct/OS2+ IAct/OS3) = = 12,33 %
𝑉 3 3
Les taux de satisfaction des différents volets du développement durable, relativement à cet
exemple, sont présentés ci-dessous (Figure 5.5). Les chiffrent confirment que l’entreprise est
effectivement plus impliquée dans le domaine social que dans les autres domaines. Le volet
environnemental est quant à lui très mauvais.
Profil actuel
Profil de l'entreprise
Social
6,61% 3,05%
2,38% -3,17%
2,50%
Economique Environnemental
Viable
Figure 5.5 : Evaluation d’impact de la stratégie actuelle de l’entreprise sur les différents
volets du développement durable
102
5.1.4. Conditions de passage de l’étape 1 à l’étape 2
Pour passer de l’étape 1 à l’étape 2, il faut franchir la porte d’étape 1 (Figure 5.6). Cette porte
d’étape peut être vue comme un « checkpoint » obligatoire par lequel le projet doit passer
pour parvenir à l’étape suivante : c’est le point de contrôle qui sert à vérifier à la fois si les
objectifs de l’étape sont atteints et s’il est toujours utile de continuer le projet et de passer à
l’épreuve suivante (Go), ou s’il faut apporter les ajustements nécessaires au projet et
reprendre l’étape actuelle (No Go) (Andrieux, 2012).
Etape 1 Etape 2
Analyse de l’existant à
reprendre
A ce stade du projet, le ou les décideurs doivent maintenant décider quelle stratégie adopter,
en tenant compte des résultats issus de la phase précédente, à savoir les facteurs de qualité
clés de l’entreprise et les points de vue des principales parties prenantes. C’est une étape de
conception qui doit permettre de préciser un certain nombre d’éléments : Quels sont les
enjeux pour l'entreprise ? Quels objectifs veut-on atteindre ? De même, des indications sur les
moyens et les coûts qu’exige le projet seront nécessaires et les décideurs devront indiquer
quelles contraintes peuvent peser sur le projet. Il s’agit donc de réfléchir à toutes les
informations nécessaires afin de valider la pertinence, la faisabilité et la durabilité du projet.
Cette phase de définition, primordiale, est malheureusement trop souvent écourtée, la
mauvaise définition des objectifs étant très souvent la cause de l’échec de nombreux projets.
Par ailleurs, la mise en place de nouvelles stratégies peut s’avérer problématique car
nécessitant le plus souvent des changements (mineurs, voire majeurs) impactant
103
l’organisation de l’entreprise, ses ressources, ses modes opératoires, etc. Les chefs de projet
doivent donc être capables d’appréhender les influences des différents facteurs contextuels
(internes et / ou externes) pesant sur le projet, et d’identifier les risques potentiels inhérents à
ces différents facteurs.
5.2.1. Choix des objectifs cibles de durabilité
Nous offrons aux décideurs, via notre modèle de référence (le modèle OCBP), une liste
d’objectifs à sélectionner en vue d’une démarche de progrès relative au développement
durable. La sélection se fait, comme dit précédemment, en fonction des résultats du diagnostic
effectué (forces et faiblesses de la structure en termes d’enjeux du développement durable,
opportunités et contraintes de l’environnement de la structure) et le positionnement des
différentes parties prenantes intéressées par le projet.
Pour notre exemple, nous dirons que l’entreprise a choisi de pérenniser ses bonnes actions à
caractère social, et souhaite désormais se focaliser sur ses résultats économiques en
garantissant la satisfaction client (OEC1), en étant plus flexible et réactif (OEC2) et en
s’impliquant et en communicant sur la gestion de son organisation (OEC3). Toujours sur la
base du modèle OCBP, les décideurs choisissent ensuite différents critères relatifs aux
objectifs retenus, puis sélectionnent des bonnes pratiques propres à chaque critère à mettre en
œuvre, en précisant pour chaque pratique la fréquence et le périmètre d’action souhaités. Le
choix de ces critères et bonnes pratiques s’effectue bien évidemment en fonction des
ressources de l’entreprise (compétences, disponibilité, adhésion et participation au projet).
Les pratiques déjà mises en place et évaluées précédemment restent sélectionnées si elles sont
satisfaisantes. Le chef de projet peut éventuellement, s’il le désire, modifier leur fréquence de
mise en place ou leur étendue. L’ensemble des pratiques sélectionnées constitue dès lors un
scénario synthétisant la stratégie envisagée par l’entreprise. Plusieurs scénarios peuvent être
envisagés, qui seront simulés lors de la phase suivante, avant le choix final. Pour notre
exemple, nous étudierons le scénario proposé dans le Tableau 5.4. Les bonnes pratiques
initialement mises en place sont conservées en l’état, sauf la BPS1.1.6 pour laquelle la
fréquence est augmentée, et la BPS1.1.9 désormais appliquée sur l’ensemble des produits et /
ou des services. Onze bonnes pratiques liées aux objectifs économiques ont par ailleurs été
ajoutées (modifications affichées en rouge).
Tableau 5.4 : Détails du scénario envisagé
BPS1.1.1 « Proposer un guide d’accueil sur la sécurité Régulière Pour l’ensemble des 3
remis aux personnels intérimaires et aux saisonniers » services et/ou
produits
BPS1.1.2 « Rédiger des consignes de sécurité (affiches, Régulière Pour l’ensemble des 3
photos…) aux différents postes de travail » services et/ou
produits
BPS1.1.4 « Mettre en place des plans de formation sur la Régulière Pour l’ensemble des 3
sécurité au travail » services et/ou
produits
104
BPS1.1.6 « Mettre en place un carnet de correspondance Régulière Pour l’ensemble des 3
permettant à chacun d’exprimer ce qui ne va pas (même services et/ou
anonymement) » produits
BPS1.1.7 « Inciter les achats/Ports des équipements de Régulière Pour l’ensemble des 3
sécurité (EPI) » services et/ou
produits
BPS1.1.9 « Mettre une signalétique sur les lieux Régulière Pour l’ensemble des 3
d’accidents déjà arrivés » services et/ou
produits
BPEC1.1.1 « Mesurer la satisfaction clients par des Régulière Pour l’ensemble des 3
questionnaires et enquêtes » services et/ou
produits
BPEC1.1.2 « Mettre en place un service dédié au traitement Régulière Pour l’ensemble des 3
des réclamations clients (S.A.V…) » services et/ou
produits
BPEC1.2.1 « Communiquer sur l'entreprise (Publicité, site Régulière Pour l’ensemble des 3
internet, salons, phoning…) » services et/ou
produits
BPEC1.2.2 « Mettre en place un système de fidélisation des Régulière Pour l’ensemble des 3
clients (carte, bon de réductions, offres de promotions par services et/ou
catégorie de consommateur : "jeunes" ; "familles produits
nombreuses") »
BPEC2.1.1 « Anticiper les risques liés aux ruptures des Régulière Pour l’ensemble des 3
stocks, aux changements de commandes (Benchmarking, services et/ou
veille des marchés…) » produits
BPEC2.1.3 « Mettre en place des postes de travail Régulière Pour l’ensemble des 3
adaptables/ajustables pour une rotation des tâches services et/ou
(polyvalence des compétences) » produits
BPEC2.2.2 « Mettre en place une démarche de lean Régulière Pour l’ensemble des 3
manufacturing (Optimiser les changements de série, réduire services et/ou
les gaspillages, améliorer l’ordonnancement …) » produits
BPEC2.2.3 « Proposer un mode de gestion des non Régulière Pour l’ensemble des 3
conformités produits (affichages, livret, etc.) » services et/ou
produits
105
BPEC3.1.1 « Mettre en place une démarche de qualité Régulière Pour l’ensemble des 3
(certification, normes type ISO9001...) » services et/ou
produits
Avec :
∑ 𝑊 + : Somme des poids attribués aux pratiques appartenant au scénario simulé et
impactant positivement le critère étudié ;
∑ 𝑊 − : Somme des poids attribués aux pratiques appartenant au scénario simulé et
impactant négativement le critère étudié ;
𝑚𝑎𝑥 (𝑊(𝐵𝑃𝐾𝑖. 𝑗. 𝑚)) = 3, correspondant au poids maximal attribué à une bonne pratique
mise en place d’une manière systématique, pour l’ensemble des services de l’organisation ;
𝑁 : Nombre total de bonnes pratiques impactant le critère étudié.
106
Finalement,
IScén/Crit est l’impact global, en pourcentage, du scénario simulé sur un critère donné,
quel qu’il soit, avec :
IScén/Crit = I+Scén/Crit + I-Scén/Crit
Les résultats de la simulation du scénario simulé pour les différents critères de durabilité sont
présentés ci-dessous (Figure 5.7).
Figure 5.7 : Evaluation d’impact du scénario simulé sur les différents critères de durabilité
Comparativement au diagnostic initial, nous constatons que ce scénario a amélioré tous les
critères du volet économique : CEC1.1 est ainsi passé de 6,35 % à 30,95 % de satisfaction ;
CEC1.2 de 0 % à 31,82 % ; CEC2.1 de 12,59 % à 31,11 % ; CEC2.2 de -4.65 % à 0 % ;
CEC3.1 de 0 % à 30,77 % et CEC3.2 de 0 % à 27,27 %. Par ailleurs, nous constatons une
amélioration considérable des critères relatifs au volet équitable. Ceci s’explique de par la
nature même de ce volet : il se situe en effet à l’intersection des volets économique et social.
Ensuite, nous observons l’amélioration de quelques critères vivables et environnementaux
(CEN1.1 ; CEN1.2 ; CEN2.2 ; etc.). Prenons pour exemple la bonne pratique BPEC2.2.2
« Mettre en place une démarche de Lean Manufacturing (Optimiser les changements de série,
réduire les gaspillages, améliorer l’ordonnancement …) ». La chasse aux gaspillages est
certes mise en place initialement afin d’obtenir une meilleure gestion des ressources et un
rendement plus élevé. Cependant, une telle pratique, si elle vise par exemple la réduction des
emballages ou le recyclage des rebus de production a aussi, le plus souvent, un impact positif
sur la gestion des déchets, bonne pratique relative au volet environnemental.
Afin de renforcer l’aide à la décision dans notre démarche d’accompagnement, comme
précédemment, nous évaluons également l’impact qu’aurait le scénario simulé sur les
différents objectifs de durabilité, puis sur tous les volets du développement durable, comme
suit :
1
IScén/Obj = 𝑛 × ∑ IScén/Crit est l’impact global, en pourcentage, du scénario simulé sur
un objectif donné, quel qu’il soit. C’est donc la moyenne des impacts du scénario simulé sur
les critères dépendant d’un même objectif,
Avec 𝑛 le nombre de critères dépendant de l’objectif étudié ;
L’indice IScén/Obj apparaît comme très important, puisqu’il permet d’identifier la satisfaction
des objectifs de durabilité, dont ceux que l’on souhaite particulièrement améliorer.
L’information est donc primordiale pour le décideur, qui choisira en fonction des résultats de
107
valider ou non le scénario. Dans le cas d’une non-validation, le décideur pourra alors revoir la
combinaison des bonnes pratiques constituant le scénario avant de le simuler à nouveau.
1
IScén/Volet = 𝑣 × ∑ IScén/Obj est l’impact global, en pourcentage, du scénario simulé sur
un volet donné du développement durable, quel qu’il soit. C’est donc la moyenne des impacts
du scénario simulé sur les objectifs dépendant d’un même volet,
Avec 𝑣 le nombre d’objectifs dépendant du volet étudié.
L’indice IScén/Volet apporte, quant à lui, une vision globale complémentaire, agrégée,
principalement à des fins de communication.
Les résultats de la simulation du scénario simulé pour les différents objectifs de durabilité et
volets du développement durable sont présentés dans la Figure 5.8. Le scénario simulé
impacte les objectifs économiques OEC1 et OEC3 qui sont satisfaits à environ 30 %.
L’objectif OEC2 est satisfait à 15 % seulement : une ou plusieurs pratiques sélectionnées dans
le scénario nécessitent en effet un investissement financier non négligeable, impactant
négativement le critère de rentabilité à court terme. Nous remarquons également que les
objectifs sociaux OS1 et OS3 sont satisfaits à 20 % environ, ils ont donc évolué
favorablement via ce nouveau scénario. Enfin, le radar présentant l’impact du scénario sur les
différents volets du développement durable apporte une vision globale de la stratégie simulée
et met en évidence une nette amélioration de l’ensemble des volets.
Figure 5.8 : Evaluation d’impact du scénario simulé sur les objectifs de durabilité et les
différents volets du développement durable
Toujours dans l’optique de l’aide à la décision, et avant la validation finale d’un scénario,
nous proposons ci-après une phase d’évaluation des risques, essentielle en vue d’anticiper tout
problème relatif au choix des différentes bonnes pratiques à mettre en œuvre. En effet, même
si le scénario simulé semble « séduisant », l’envie de réaliser au plus vite ce qui apparaît
comme une bonne solution conduit parfois à négliger cette étape. Elle est pourtant primordiale
car elle peut permettre d’anticiper d’éventuels problèmes, de trouver une solution plus
adéquate que celle envisagée a priori, et surtout d’arrêter ou de réorienter un projet qui
s’avère, en fait, difficilement réalisable.
108
5.2.3. Evaluation des risques
L’évaluation des risques constitue une étape cruciale de la démarche de prévention, elle en est
le point de départ. L’identification, l’analyse et le classement des risques permettent de définir
les actions de prévention les plus appropriées53. Dans notre cas, l’évaluation du risque va
consister à identifier, pour chaque bonne pratique du scénario retenu, le détail des critères
qu’elle impacte. En effet, une pratique peut avoir été retenue car améliorant un critère ou un
objectif cible (étape 2), alors qu’elle dégrade par ailleurs de nombreux autres critères. A
l’issue de cette phase, les décideurs pourront éventuellement modifier le scénario simulé s’il
s’avère comporter une ou plusieurs pratiques jugées risquées, ou sélectionner le scénario en
toute connaissance des risques encourus. Nous classons alors les différentes bonnes pratiques
en cinq familles, représentatives du niveau de risque associé (voir Tableau 5.5) :
- Pas de risque, dans le cas où la bonne pratique n’impacte pas de critère négativement
(zone verte) ;
Nous présentons à titre d’exemple les risques associés à la mise en place de la pratique
BPEC1.1.2 intitulée « Mettre en place un service dédié au traitement des réclamations clients
(S.A.V) ». Cette pratique impacte au total neuf critères (Tableau 5.6, issu de la matrice
d’impacts croisés, cf. Tableau 5.1).
53
http://www.inrs.fr
109
Tableau 5.6 : Détail de l’impact de la pratique BPEC1.1.2
1 1 1 1 1 1 1 -1 1
Cette pratique impacte donc négativement 1/9 (à savoir 11 %) de l’ensemble des critères
qu’elle impacte : sa mise en œuvre engendre donc un risque dit considérable (zone orange).
En effet, d’une manière générale, la mise en place d’un service S.A.V induit l’implication de
ressources humaines (prise en charge des retours clients, traitement des réclamations) et
matérielles. Ceci engendre nécessairement une charge financière pour l’entreprise (d’où
l’impact négatif sur le critère CEC2.2), mais à long terme l’entreprise participe ainsi à
l’amélioration de la qualité de ses produits et de ses services (critère CEC1.1) et donc par là-
même à sa réactivité envers ses clients (critère CEC2.1) et à leur fidélisation (critère CEC1.2).
Dans le cas d’une création de poste, la pratique BPEC1.1.2 pourrait également générer un
impact positif sur le critère CEQ2.1. Dans le cas où l’entreprise ferait appel à des sous-
traitants ou à d’autres fournisseurs locaux, cette même pratique impacterait positivement les
critères CVIV1.1 et CVIV1.2. Dans tous les cas, des améliorations relatives aux critères
CS2.2 et CS3.2 devraient apparaître, dues à la nécessaire participation du personnel et à la
communication essentielle qu’il faut instaurer (en externe, comme en interne).
Tenant compte de ce constat détaillé et étant conscient des risques potentiels, le décideur peut
alors choisir de mettre en œuvre cette pratique en l’état, de réduire le périmètre de sa mise en
place, ou de la supprimer du scénario.
5.2.4. Conditions de passage entre l’étape 2 à l’étape 3
Pour passer de l’étape 2 à l’étape 3, avant l’exécution d’un scénario, il faut maintenant
franchir la porte d’étape 2 (Figure 5.9). Il faut donc vérifier la cohérence des choix effectués,
en adoptant une vision globale du projet.
Etape 2 Etape 3
110
5.3. Etape 3 : Déploiement de la stratégie – Mesure des résultats via des
Indicateurs de Développement Durable (IDD)
Cette étape représente la mise en œuvre effective des bonnes pratiques composant le scénario
validé par le ou les décideurs, permettant l’atteinte d’un certain nombre d’objectifs identifiés
dans l’étape 2. Durant cette phase d’exécution, l’évolution du projet doit être continuellement
contrôlée. L’évaluation consiste à porter une appréciation, aussi systématique et objective que
possible, sur le projet en cours ou achevé, sa mise en œuvre et ses résultats. L’exercice
d’évaluation peut conduire à une décision de rectifier ou de terminer le projet. L’accent doit
alors être mis sur l’analyse de l’efficience et de l’efficacité des actions mises en œuvre, et il
faut déterminer avec précision le degré de réalisation des différents objectifs et critères de
durabilité. Pour ce faire, nous élaborons une liste d’indicateurs de performance (voir Tableau
5.7) couvrant l’ensemble des critères de durabilité de notre modèle OCBP. Nous avons ici
regroupé et compilé les principaux indicateurs proposés dans la dernière version du GRI
(GRI, 2013 : G4), ceux proposés par le modèle SCOR (SCC, 2008) et des indicateurs
classiques utilisés dans le domaine QHSE, notamment les indicateurs liés à la prévention et la
sécurité des salariés, leur bien-être, etc. Les indicateurs retenus ont été sélectionnés pour
exprimer un état ou rendre compte de progrès accomplis. En conséquence, les indicateurs
qualitatifs de type (oui, non) ont été écartés et il a été choisi de ne pas faire appel à des
indicateurs composites qui combineraient plusieurs indicateurs entre eux, afin de simplifier la
mesure.
Tableau 5.7 : Liste des indicateurs de performance pour le développement durable
Critères concernés Indicateurs de Développement Durable (IDD)
Volet Social
Nbre d’accidents du travail des intérimaires (hors trajets) par an
Nbre d’accidents du travail annuel / Effectif total par an
Nbre d’accidents graves54 / Nbre total d’accidents par an
Nbre de réunions organisées par le CHST par an
Nbre d’arrêts maladie / Effectif total par an
Jours de travail perdus en arrêts maladie /Nbre total de jours de travail
par an
Nbre d’actions de sensibilisation et de prévention en matière de gestion
Prévention et Sécurité des risques professionnelles
Taux de Fréquence (TF) = Nbre d’accidents de travail avec arrêt x 1 000
000) / nombre d’heures travaillées
Taux de Gravité (TG) = (Nbre de jours d’arrêt x 1000) / nb d’heures
travaillées
Taux de satisfaction des PP internes par an
Nbre d’accidents répétitifs / Nbre total d’accidents par an
Nbre d’actions pour la signalétique par an (mise en place, mise à jour,
etc…)
54
L’accident du travail grave, tel que défini depuis 2005 par la législation relative au bien-être des travailleurs est un accident
survenu dans le cadre de l’exécution du contrat de travail ayant causé le décès de la victime quelles que soient les causes de
l’accident ou un accident ayant occasionné des séquelles permanentes ou temporaires pour autant que l’accident se soit
produit dans des circonstances définies. FONDS DES ACCIDENTS DU TRAVAIL : Rapport statistique des accidents du
travail de 2010- Secteur privé, Juillet 2011.
Les indicateurs « traditionnels » de la Santé-Sécurité présentés dans la thèse de Frédéric Juglaret, « Indicateurs et Tableaux
de Bord pour la prévention des risques en Santé-Sécurité au Travail » thèse de doctorat à l’École nationale supérieure des
mines de Paris Spécialité “Sciences et Génie des Activités à Risques” en 2012.
Le TF est le nombre d’accidents de travail avec arrêt par millions d’heures travaillées
Le TG est un ratio pour mille entre des jours et des heures.
111
Nbre d’exercices par an (simulation de situations dangereuses)
Nbre de prélèvements, d’analyses de produits toxiques et mesures par an
Quantité de substances classées dangereuses utilisées pour l’exploitation
/ Quantité totale utilisée par an
Bien-être Nbre annuel des maladies professionnelles déclarées par les salariés
Nbre de réunions salariés sans présence de cadres / Nbre de réunions
total organisées par l’entreprise par an
Nbre d’actions mises en place en aménagement de postes de travail
(ergonomie de poste de travail) par an
Horaire hebdomadaire moyen affiché des ouvriers et employés ou
catégories assimilées
Nbre de salariés ayant bénéficié d’un repos compensateur
Nbre de salariés ayant bénéficié tout au long de l’année considérée de
deux jours de repos hebdomadaire consécutifs
Nbre moyen de jours de congés annuels (non compris le repos
compensateur)
Nbre de jours fériés payés dans l’année
Montant annuel des dépenses consacrées à l’amélioration des conditions
de travail dans l’entreprise (ergonomie de poste de travail, infrastructure,
etc.)
Absentéisme non justifié Nbre d’heures d’absences non justifiées par an / Nbre d’heures
et Retards potentielles travaillées dans l’année
Nbre de sanctions par salarié en cas d’absences non justifiées et/ou retard
répétitifs par an
Total des heures perdues (retards+ absences non justifiées) / Nbre
d’heures travaillées par an
Nbre de retards par personne par an
Motivation et Nbre de participants par catégorie professionnelle aux réunions
participation internes/Effectif total par an
Nbre d’heures passées dans des activités culturelles et sportives
proposées par l’entreprise par an
Nbre de propositions d’amélioration implantées / Nbre total de
propositions par an
Engagement et Nbre de certifications liées à la vie sociale et la sécurité au travail par site
certification (SA8000, Nbre total de poursuites judiciaires pour raisons professionnelles
OHSAS18000…) (conditions du travail, salaires…) par an
Montant des pénalités relatives à la vie sociale et la sécurité des salariés
par an
Communication sociale Nbre de demandes d’informations sur la vie et la politique de l’entreprise
par an
Nbre de publications pour le personnel (intranet, bulletins…) par an
Nbre de participants aux réunions d’informations/Effectif total par an
Taux de satisfaction des salariés (PP internes) par an
Nbre de réclamations par an (des syndicats, des assistants et conseillers
de prévention, des salariés…)
Indicateurs de l’Article R. 2323-17 du Code du Travail
112
Nbre de grèves par an
Volet Vivable
Partenariats locaux Nbre de formations communes avec d’autres organisées / Nbre total de
formations effectuées par an
Répartition géographique des marchés par an
Taux des partenaires à proximité par an
Part des projets avec des partenaires locaux par an
Ressources et Masse de production consommée localement / Masse totale de
consommations locales production par an
Proportion marché local/marché global par an
Communication Nbre d’échanges avec les collectivités sur les impacts de l’activité
Externe (réunions, échanges téléphoniques, déplacements) par an
Nbre annuel de manifestations pour faire connaître les activités de
l’entreprise par an (salon, portes ouvertes…)
Nbre de réunions d’informations avec les collectivités par an
Nbre de participation à des stages de citoyenneté par an
Nbre de réunions/tables rondes avec les PP (externes) par an
Taux de satisfactions de PP externes par an
Implication et Masse des investissements dans les aides et associations sociales /
investissements Montant total des investissements par an
Montant annuel de dons financiers/CA
Montant des achats solidaires/Total des achats par an
Quantité de dons de produits / Quantités fabriquées par an
Respect des droits de Nbre de réglementations et conventions respectées par an
l'homme Nbre total annuel de plaintes fondées pour atteinte à la vie privée et de
perte de données relatives aux clients (PR8)
Nuisances Niveau d’émissions sonores (Mesures moyennes nocturnes en dB par an)
Evolution du nbre annuel de réclamations liées aux nuisances (riverains,
PP externes)
Nbre d’actions en matière de maîtrise des nuisances (olfactives, sonores,
etc.) par an
Corruption Nbre de conventions et chartes à jour liées à la corruption par an
/Concurrence « saine » Pourcentage et nombre total de domaines d’activité stratégique soumis à
(Loyauté des pratiques) des analyses de risques en matière de corruption (SO2)
Nbre total d’actions en justice pour comportement anti-concurrentiel,
infractions aux lois anti-trust et pratiques Monopolistiques (SO7)
Evolution annuelle des mesures prises en réponse à des
incidents de corruption (SO4)
Volet Environnemental
Veille / consommation Volume d’eau consommé par an
des ressources naturelles Total d’énergies consommées par source d’énergie par an
Nbre d’heures de formations sur les consommations des ressources
naturelles par an
Réutilisation des Pourcentage et volume total d’eau recyclée et réutilisée (EN10) par an
ressources Volume de ressources réutilisées / volume total de ressources utilisée par
source d’énergie par an
Pollution Air/Eau/Sol Volume total annuel des rejets liquides (m3/an)
Nbre de cas par an de non-conformité des paramètres de rejets par an
Nbre d’actions en aménagement d’équipements de traitement des eaux de
ruissellement (décanteur, déshuileur…) par an
Nbre de contrats de maintenance / Nbre d’appareils à risque de rejets
polluants par an
Taux d’émissions polluantes pour l’ensemble des activités et des services
par an
Nbre de contrôles annuels de rejets d’eaux
113
Quantité annuelle de poussières et particules / COV / NOX / SO2
émises
Quantité annuelle de produits volatils stockés à l’air libre
Fréquence annuelle des inventaires des lieux de stockage de substances
toxiques ou dangereuses (quantité et typologie)
Nombre d’interventions de dépollution des sols par an
Nbre d’attestations de conformité en termes de pollution / Nbre
d’équipements par an
Déchets Ratios poids d’emballage/poids de produit des principaux produits
Quantités totales de déchets/Quantités totales de MP par an
Quantité de papier consommé et ou jeté par an
Coût total de traitement des déchets / Coût total de production par an
Budget destiné à l’enlèvement des déchets non dangereux par an
Quantité de déchets conventionnels dangereux et non dangereux par an
Implication et Nombre total de poursuites judiciaires pour raisons environnementales
engagement pour une par an
conformité Montant des condamnations liées à des dommages occasionnés à
environnementale l’environnement par an
(certification, Nbre de sites certifiés ISO 14001, ISO50001
investissement…) Nbre d’évaluation du système de management environnemental par un
intérieur ou extérieur sur les neuf dernières années (Consultant,
AFNOR…)
Communication en Budget annuel réservé à la communication environnementale
terme de gestion de
Nbre de communications mises en place pour réduire les impacts
l’Environnement
environnementaux de l’activité de l’entreprise par an
Evolution annuelle du niveau des émissions de GES (Gaz à Effet de
Serre en Kg de CO2)
Volet Viable
Veille, utilisation et Fréquence de changement du parc de véhicules
entretien des moyens de Volume de carburant consommé par an
transport Durée moyenne entre pannes véhicules : MTBF (Mean Time Between
Failures)
Taux d’utilisation des véhicules par an : Nbre d’employés/Nbre de
véhicules) x 100
Nbre de kilomètres parcourus par véhicule par an
Nbre de formations destinées aux conducteurs par an
Modes de déplacement Coûts liés au transport de produits et personnes par an
Nbre de véhicules connectés à un système intelligent (RFID55, GPS…) /
Nbre total de véhicules
Nbre de véhicules de normes supérieures ou égales à « Euro 556 » par an
Nbre de véhicules de service électriques, ou hybrides/Nbre total de
véhicules
Kilomètres parcourus par type de carburant (Diesel, Essence, GPL,
Electrique) par an
Nbre de déplacements par salarié par an
Coût lié aux déplacements par catégorie professionnelle par an
Fiche technique n°5 : les indicateurs de qualité environnementale des zones d’activités. Association Orée, 2002
55
RFID signifie « Radio Frequency IDentification », en français, « Identification par Radio Fréquence ». Cette
technologie permet d’identifier un objet, d’en suivre le cheminement et d’en connaître les caractéristiques à
distance grâce à une étiquette émettant des ondes radio, attachée ou incorporée à l’objet.
56
Les normes Euro sont des règlements de l’Union européenne qui fixent les limites maximales de rejets
polluants pour les véhicules roulants. Leur objectif est de réduire la pollution atmosphérique due au transport
routier. http://europa.eu/legislation_summaries/environment/air_pollution/l28186_fr.htm
114
Pourcentage annuel de voyages du personnel effectué en transport en
commun
Maîtrise des Volume d’énergies consommées par source d’énergie (gaz, électricité et
consommations en fioul) par an
énergies traditionnelles Coût de la consommation d’eau et d’énergie (Gaz, électricité et fioul) par
an
Durée moyenne entre pannes machines : MTBF (Mean Time Between
Failures)
Nbre d’actions préventives de réductions de consommation par an / Nbre
total d’actions (préventives et correctives) par an
Part de projets et travaux d’économie d’énergie /l’ensemble de projets et
travaux par an
Recyclage et énergies Masse des investissements dans le tri des déchets (achat des bacs,
renouvelables affiches…) par an
Quantité de déchets recyclés et réintroduits dans le processus / Quantité
totale de déchets par an
Pourcentage de produits vendus et de leurs emballages recyclés ou
réutilisés, par catégorie (EN 27)
Nbre de PF recyclables / Nbre total de PF
Taux de recyclage par matériau utilisé (Verre, papier, bois, plastique…)
Nbre de machines ou de matériels utilisés en fin de vie revalorisés / Nbre
total de machines
Volet Economique
Qualité du produit et/ou Nombre de réclamations/nombre de commandes ou services livrés par an
de service Taux de conformité (qualité produit et ou service) par an
Taux de satisfaction des clients par an
Temps moyen de traitement des réclamations par mois
Fidélisation du client Masse des investissements pour la publicité par an
Nbre d’actions de fidélisation mises en place par an (promotions, cartes,
avantages clients, etc.)
Nbre de clients identifiés sur l’année N/ Nbre de clients identifiés sur
l’année N-1
Nbre de commandes en retard / Nombre total de commandes par an
Réactivité et Flexibilité Temps moyen de traitements des retards clients
Couverture moyenne des stocks (calculé en jour)
Nombre de ruptures de stock par an (Nb de fois)
Nbre d’heures supplémentaires/Total d’heures travaillées par an
Nbre d’intérimaires / Effectif total par an
Nbre d’employés polyvalents (capable de faire des rotations de postes) /
Effectif total par an
Temps lié aux démarrages et changement de séries / temps total travaillé
Evolution annuelle du temps moyen entre la réception commande et sa
livraison par famille de produit
Nbre d’arrêts machine planifiés par an
Rentabilité Coût moyen lié au stockage par an
Productivité horaire = volume de production / nombre d’heures
travaillées
Productivité par salarié = volume de production / nombre de salariés
Coût des produits non conformes / Coût total des produits
Taux de rendement synthétique (TRS)
Rapport d’efficacité : Objectifs fixés / Objectifs réalisés par équipe de
travail
Marge Bénéficiaire nette = [Bénéfice net /CA]*100 (par an)
Engagement / Nbre de sites certifiés en système de management de la Qualité par an
Certification Nbre de personnes impliquées dans l’inspection et la recherche de la
contrefaçon par an
115
Nombre de poursuites judiciaires liés à la contrefaçon et ou à la fraude
fiscale par an
Montant des indemnités par an
Nombre de certifications produits ou services (type NF, CE, label, etc) /
l’ensemble des produits et de services
Communication sur les Ratios de l’évolution de l’activité :
aspects économiques [(CA de l’année N - CA de l’année N-1)/ CA de l’année N-1] * 100
Ratios de l’activité : Coûts d’exploitation/CA
Budget réservé à la communication économique par an
Volet Equitable
Egalité des chances Nbre d’embauches sur critère sociaux (contrats aidés)/ Nbre total
d’embauche par an
Pourcentage de salariés recrutés issus des quartiers prioritaires
(CUCS/ZUS)
Nbre d’employés de nationalité étrangère / N.T d’employés
Pourcentage de l’effectif féminin par rapport à l’effectif total
Nbre de femmes cadres/N.T de cadres
Rapport du salaire de base des hommes et de celui des femmes par
catégorie Professionnelle (LA 14)
Taux de personnel féminin au Conseil d’Administration par an
Nbre total des jeunes (jeunes diplômés, âge < 25)/ l’effectif total
Nbre total de travailleurs handicapés (dont reconnus : COTOREP /
RQTH)/ l’effectif total
Accessibilité au travail Nbre d’actions mises en place pour l’accessibilité par an (Ascenseur,
places de parking…)
Moyens mis en place pour l’aménagement des postes de travail pour les
travailleurs handicapés par an
Contribution, Maintien Nbre de contrats de génération mis en place par an / Nbre de contrats
et création d’emplois signés dans l’année
Nombre de contrats en alternance ou de professionnalisation signés par
an / Nbre de contrats signés dans l’année
Nbre de contrats en insertion professionnelle / Nbre de contrats signés
dans l’année
Nbre de CDI/ Nbre total de contrats par an
Création nette d’emplois : nombre de recrutements par an
Nbre de CDD transformés en CDI / Nbre de CDD par an
Total de départs/effectif total par an
Nbre annuel d’employés démissionnés / Effectif total par an
Total des démissions / total des départs par an
Evolution annuelle du salaire moyen
Pourcentage de salariés bénéficiant d’entretiens d’évaluation et
d’évolution de carrière périodiques par an (LA12)
Evolution des RH
Nbre annuel de cadres / Effectif total par an
Frais liés aux personnels (salaires, bénéfices, formations et primes) /
Effectif total par an
Nbre de promotions et de qualifications internes du personnel par an
Nbre annuel de salariés formés / Effectif total par an
Nbre annuel d’heures de formation/ Nbre annuel d’heures travaillées
Nbre annuel d’heures de formation par catégorie d’employé / Nbre
annuel d’heures travaillées
Pourcentage de salariés bénéficiant de la formation continue
Durée moyenne entre deux formations par catégorie professionnelle
La mesure de ces indicateurs permet de mettre en place des résultats de suivi, concrets et
représentatifs du terrain, nécessaires pour la réalisation de plans de progrès, la construction de
dispositifs de reporting pour rendre compte et la capitalisation d’expérience. L’évaluation
116
permet ainsi d’intégrer tous les enseignements provenant des décisions précédemment
effectuées. Il s’agit de mémoriser les éléments de synthèse du projet et de partager les leçons à
retenir pour un apprentissage collectif. Dans le cadre de la responsabilité sociétale de
l’entreprise, ceci implique pour l'entreprise de communiquer le plus largement possible sur
ses résultats auprès de ses différentes Parties Prenantes. Il faut être toutefois conscient que,
concernant un projet de développement durable, le retour sur investissement ou encore
l’impact d’une mise en place d’un ensemble de bonnes pratiques n’est pas instantané : il s’agit
d’un retour assez long dans le temps. De plus, l’élaboration d’un indicateur synthétique pour
chaque objectif de durabilité ou pour chaque volet du développement durable exigerait
l’agrégation des différents indicateurs mesurés. Les différentes méthodes existantes
apparaissent ici limitées (indicateurs très hétérogènes, mesurant des éléments très différents).
Dans ce travail, nous avons donc choisi de ne pas appliquer une méthode d’agrégation
particulière et d’utiliser cette liste d’indicateurs, synthétique et générique, comme support
pour la mesure de la performance et comme outil pour la capitalisation d’expérience.
Conclusion
Dans le chapitre précédent, nous avions évoqué le manque d’outils et de supports
méthodologiques pour accompagner les entreprises dans leurs démarches de développement
durable. Au sein de ce chapitre, nous avons ainsi proposé une démarche de réflexion qui,
associée au modèle de référence OCBP, constitue un accompagnement complet pour l’aide à
la prise de décision tout au long du projet à développer. La démarche proposée est générique
et adaptable à tout type de structure, et l’analyse des questions du développement durable est
intégrée tout au long du cycle de vie du projet. La méthodologie permet ainsi de :
- Positionner l’entreprise par rapport à ses concurrents via un bilan de sa stratégie
actuelle en terme de développement durable ;
Dans le chapitre suivant, nous nous proposons de développer un outil informatique support à
cette méthodologie, permettant l’automatisation de certaines étapes (évaluation des
performances et évaluation des risques).
117
Chapitre 6
6.2. ETAPE 1 : DIAGNOSTIC (BILAN DES PRATIQUES DEJA MISES EN PLACE) ..................... 121
118
Introduction
Cette dernière partie se veut principalement illustrative. L’objectif est ici de présenter l’outil
informatique associé à la démarche précédemment présentée. Celui-ci va permettre de réaliser
de prime abord un bilan ou diagnostic de la performance globale de l’entreprise
(performances économiques, sociales et environnementales), puis l’utilisateur (chef de projet
ou autre responsable QHSE) pourra, en fonction des critères qu’il souhaite améliorer,
construire un ou plusieurs scénarios de projets et les tester, comparativement à l’existant. Cet
outil, permettant également la mise en exergue des risques inhérents à chaque scénario
envisagé, constitue un véritable outil d’aide à la décision pour la mise en œuvre d’un
développement durable. Ce dernier aspect nous apparait effectivement primordial, l’état de
l’art effectué ayant confirmé que la majorité des outils aujourd’hui disponibles permet un
diagnostic des performances durables de l’entreprise (en se focalisant souvent sur un seul
aspect du développement durable) mais ne propose pas l’accompagnement pas à pas de futurs
projets comme nous le faisons ici (simulation a priori, comparaison avec l’existant, analyse
de risques, mise en place éventuelle et étude des résultats). Les outils existants se présentent
généralement sous forme de questionnaires relativement génériques permettant d’attribuer une
note globale ou un « degré de maturité » de l’entreprise, en termes de gestion « durable », de
respect de l’environnement ou de prise en compte des aspects sociaux. Notre objectif est
différent, puisque nous cherchons à nous immerger dans le fonctionnement de l’entreprise, en
proposant une évaluation précise et au plus près des préoccupations quotidiennes des
industriels.
Notre outil a été développé sous Excel (facile d’accès et connu du plus grand nombre) et codé
sous le langage de programmation Visuel Basique Edition pour Applications Excel (VBA).
Ses fonctionnalités sont associées aux différentes phases de la démarche précédemment
présentée :
- Simulation des scénarios envisagés (analyse d’impacts des Bonnes pratiques sur
l’ensemble des critères et objectifs économiques, sociaux et environnementaux puis
Analyse Préliminaire des Risques) ;
La figure suivante (Figure 6.1) résume l’architecture générale de l’outil informatique proposé.
Les différentes séquences seront détaillées dans la suite de ce chapitre, via une application
industrielle de l’outil. Pour ce faire, le paragraphe suivant présente succinctement l’entreprise
dont nous nous sommes inspirés en vue de cette application.
119
Evaluation a priori
1 Etape 1: Mise au point du projet 2 Etape 2: Définition de la stratégie en matière de DD
Social
26,02%
Economique Equitable Vivable
Environnement
Equitable 23,42% 22,73%Vivable 34,55%
36,37%
Viable
45,71%
Figure 6.1 : Architecture générale de l’outil proposé (inspirée de (Craheix, et al., 2012))
120
6.1. Présentation de l’entreprise
L’entreprise dont nous nous inspirons (librement) achète des engins de Travaux Publics
d’occasion afin de les déconstruire, pour ensuite réhabiliter et revendre les différentes pièces
détachées. En plus de cette principale activité, elle effectue également une activité de négoce
(achat et revente de machines de travaux publics) et entretient et maintient un parc de
machines en état de marche afin de les proposer à la location. Depuis son rachat par un grand
groupe en 2007, l’entreprise a connu de réelles évolutions et de forts investissements,
notamment dans la gestion des ressources humaines (amélioration des conditions de travail,
actions relatives à la sécurité, etc.). Par ailleurs, l’amplification de l’activité a récemment
nécessité la création d’un nouveau bâtiment dédié à déconstruction des machines (2011). La
création de ce nouveau bâtiment a ainsi permis de faire participer l’ensemble du personnel qui
a été sollicité durant tout le projet (attentes des opérateurs en termes d’organisation de
l’espace, d’ergonomie, etc.). Parallèlement à la construction du nouveau bâtiment, l’entreprise
a évolué techniquement par la mise en place d’un poste administrateur ERP, la création d’un
service administration des ventes et le développement d’outils de mesures statistiques et de la
performance commerciale.
Aujourd’hui, la société se dote d’installations industrielles réparties sur une superficie de 7
hectares, comme suit :
121
Tableau 6.1 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise
Volet Social
BPS1.1.4 Mettre en place des plans de formation sur la Occasionnelle Quelques produits et/ou
sécurité au travail services
BPS1.1.5 Mettre en place des plans de progrès et de Occasionnelle Quelques produits et/ou
mesure de la satisfaction du personnel en se services
basant sur des référentiels internationaux
(OHSAS18001…)
BPS1.1.8 Mettre à jour le document unique Régulière L’ensemble des
produits et/ou de
services
BPS1.1.7 Inciter les achats/Ports des équipements de Régulière L’ensemble des
sécurité (EPI) produits et/ou de
services
BPS2.1.3 Mettre en œuvre une grille de poly- Occasionnelle L’ensemble des
compétences formalisée qui permettrait de produits et/ou de
mieux gérer les absences services
Volet Vivable
BPVIV1.1.3 Accueillir des industriels locaux pour faire Occasionnelle L’ensemble des
connaître ses activités et développer des produits et/ou de
projets communs services
Travailler avec des acheteurs locaux (SCOR – Régulière Quelques produits et/ou
BPVIV1.1.2 services
best practices P1)
BPVIV3.2.3 Etablir et respecter des plages horaires Régulière Quelques produits et/ou
d’émissions importantes de bruits et en services
informer les riverains
BPVIV3.2.4 Evacuer rapidement les matières Régulière Quelques produits et/ou
malodorantes services
BPVIV2.1.4 Organiser des échanges réguliers avec les Régulière L’ensemble des
riverains pour évaluer les nuisances générées produits et/ou de
par les activités de l’entreprise services
(via une boite aux lettres, réunions…)
Volet Environnemental
Volet Viable
BVIA2.1.2 Assurer une veille technique des équipements Régulière Quelques produits et/ou
afin de réduire leur consommation, rallonger services
leur durée de vie et réduire le taux de pannes
BVIA2.2.2 Mettre en place le tri et la collecte sélective Régulière L’ensemble des
des déchets et des matériels en fin de vie produits et/ou de
services
BVIA2.2.3 Adhérer et participer à des collectes Régulière Quelques produits et/ou
associatives services
Volet économique
123
Figure 6.2 : Sélection des BP déjà mises en place
124
Une fois toutes les Bonnes Pratiques déjà mises en œuvre dans l’entreprise cochées et
spécifiées (Fréquence et étendue de la mise en place de chacune), l’outil informatique calcule
automatiquement l’impact57 de ces bonnes pratiques sur les différents critères de durabilité du
modèle OCBP (Figure 6.3).
Figure 6.3 : Evaluation d’impact de la stratégie actuelle sur les différents critères de
durabilité
Les résultats montrent qu’avec les pratiques mises en place, l’entreprise ne dépasse pas un
taux de satisfaction de plus de 25% sur la grande majorité des critères, à l’exception des
critères CVIV3.2 (Nuisances), CEN1.2 (Réutilisation des ressources), CVIA2.1 (Maîtrise des
consommations en énergie traditionnelle) et CVIA2.2 (Recyclage et énergie renouvelable)
avec respectivement 32%, 33,33%, 31,67% et 47,62% de satisfaction. Ces résultats, non
surprenants, sont principalement dus à la nature même de l’activité de l’entreprise, à savoir le
recyclage. Nous pouvons constater des insuffisances majeures sur le volet équitable, puisque
les 4 critères de ce volet sont tous inférieurs à 8% de satisfaction. Enfin, le volet social reste
également relativement faible, avec l’ensemble de ses critères inférieurs à 20%.
Afin d’avoir une vision plus synthétique de la stratégie actuelle, l’outil propose également
l’agrégation des résultats précédents en permettant la visualisation de l’impact de la stratégie
actuelle sur les différents objectifs58 du modèle OCBP (Figure 6.4) ainsi que sur les différents
volets59 du développement durable (Figure 6.5). Cette dernière évaluation reste cependant
plutôt informative, dans le sens où elle rejoint l’approche d’une note ou d’un indice global de
la contribution de l’entreprise au développement durable. Ce seul niveau ne peut être suffisant
pour l’aide à la décision ; il est plus généralement utilisé à des fins de communication
(publication d’un rapport de développement durable, supports publicitaires, etc.). Cependant,
même à un tel niveau d’agrégation, les insuffisances majeures concernant le volet équitable,
identifiées précédemment, apparaissent nettement.
57
Il s’agit de calculer l’indice IAct/Crit, voir Chapitre 5, § 5.1.3.
58
Il s’agit de calculer l’indice IAct/Obj.
59
Il s’agit de calculer l’indice IAct/Volet.
125
Figure 6.4 : Evaluation d’impact de la stratégie actuelle sur les objectifs stratégiques
126
100%
Profil actuel
80%
60%
40%
20%
0%
-20% Social Vivable Environnemental Viable Economique Equitable
-40%
-60%
-80%
Profil actuel
-100% Profil de l'entreprise
Profil de l'entreprise
Social
Equitable Vivable
13,73%
3,95% 13,90%
16,68% 22,63%
25,38%
Economique Environnemental
Viable
Figure 6.5 : Evaluation d’impact de la stratégie actuelle sur les différents volets du
développement durable
127
Processus d’intégration du DD
CENTRE DE
DECISION
Déclencheur Diagnostic
objectifs et critères à
Etablir la liste des
satisfaire
Support Volonté de l’entreprise Sphère d’influence (SI) Support
Objectifs et critères de
Résultat
durabilité fixés
Figure 6.6 : Centre de décision relatif à l’identification des objectifs et critères de durabilité
Suite aux insuffisances sur les questions sociales et équitables détectées par le précédent
diagnostic dans l’entreprise, et grâce à la volonté de la direction de mobiliser, motiver et
fidéliser ses salariés (récente convention signée entre la direction et les syndicats du
personnel), l’entreprise a choisi de faire évoluer les aspects bien-être et sécurité, via une
campagne de formation, si possible qualifiante ou diplômante. Les objectifs ciblés sont donc
OS1 (Améliorer le bien-être et la sécurité des salariés) et OEQ2 (Assurer un équilibre socio-
économique). Quatre critères sont associés à ces objectifs :
- CS1.1 (Prévention et Sécurité) ;
- CS1.2 (Bien-être) ;
- CEQ2.1 (Contribution, Maintien et création d’emplois) ;
- CEQ2.2 (Evolution des RH).
6.3.2. Choix des Bonnes Pratiques à mettre en œuvre : construction des
différents scénarios
Les objectifs et critères de durabilité à satisfaire étant dès lors ciblés, les chefs de projets
doivent maintenant identifier et choisir un ensemble de Bonnes Pratiques à mettre en œuvre
(parmi celles référencées dans le modèle OCBP), qui permettra d’évoluer dans ce sens. Pour
ce faire, l’outil informatique apporte une aide précieuse pour le choix et l’aide à la décision
puisqu’il fournit, pour chaque critère, la liste des Bonnes pratiques permettant de l’améliorer.
Dans le cas où il existerait des Bonnes Pratiques qui impacteraient négativement ce critère,
celles-ci sont également récapitulées (voir onglet « Ensemble des Pratiques à éviter »). Ceci
va tout naturellement permettre d’aider les décideurs, en permettant de sélectionner des
pratiques qui améliorent le critère étudié tout en évitant les pratiques ayant un impact négatif
sur ce critère. La Figure suivante (Figure 6.7) reprend tous les éléments et paramètres à
considérer pour la prise de décision relative à la sélection des Bonnes Pratiques.
128
Processus d’intégration du DD
CENTRE DE
DECISION
Scénario de Bonnes
Résultat
Pratiques
129
Figure 6.8 : Analyse du critère « Prévention et Sécurité »
130
Pour notre exemple, 9 pratiques déjà mises en place impactent positivement le critère
« Prévention et Sécurité », il n’y a donc aucune contre-indication quant à leur pérennisation.
L’entreprise, convaincue que la sensibilisation et la formation sur le thème de la sécurité sont
essentielles pour diminuer le nombre d’accidents, a décidé d’améliorer l’impact d’une
pratique déjà existante en augmentant sa fréquence de mise en œuvre sur l’ensemble de
l’organisation (pratique BPS1.1.4 : « Mettre en place des plans de formations sur la sécurité
au travail »).
L’outil préconise par ailleurs un nombre important de pratiques permettant l’amélioration du
critère : celles-ci sont alors rangées volontairement de la plus impactante à la moins
impactante, afin de faciliter les choix des décideurs. Enfin, les Bonnes Pratiques à éviter (car
détériorant le critère étudié) sont identifiées. Dans notre cas, il s’agit de :
131
6.2.1.2. Choix des Bonnes pratiques permettant de faire évoluer le critère CS1.2 : « Bien-
être »
De la même manière que pour le critère « Prévention et Sécurité », nous analysons, tout
d’abord, le résultat du diagnostic précédemment effectué, i.e. mesurons l’impact des actions
déjà mises en œuvre sur le critère CS1.2, à savoir le « Bien-être ». Ce bilan montre que 8
pratiques parmi les 23 mises en place contribuent à l’amélioration du critère (Tableau 6.4 issu
des données présentes dans la Figure 6.9). Finalement, 4 Bonnes Pratiques supplémentaires,
parmi celles préconisées, ont été retenues par l’entreprise (voir Tableau 6.5, issu des données
présentes dans la Figure 6.9).
Tableau 6.4 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise et
améliorant le critère « Bien-être »
BPVIV3.2.3 Etablir et respecter des plages horaires d’émissions importantes de bruits et en informer
les riverains
BPEN1.2.2 Installer un système de traitement de l’air et des odeurs (plasma froid, CoverKlear…)
Mettre en place une étude participative sur le confort du personnel (ergonomie- position
BPS1.2.1
de travail)
BPS1.1.10 Collaborer avec la médecine du travail
BPVIV3.1.1 Respecter et renforcer les règlementations et les conventions relatives aux droits de
l’homme
BPEQ1.1.2 Signer des chartes en matière d’égalité professionnelle (charte de diversité, charte de la
parentalité, label égalité…)
132
Figure 6.9 : Analyse du critère « Bien-être »
133
6.2.1.3. Choix des Bonnes pratiques permettant de faire évoluer le critère CEQ2.1 :
« Contribution, Maintien et Création d’emplois »
Le diagnostic effectué montre que quatre pratiques seulement contribuent à améliorer ce
critère (Tableau 6.6, issu des données de la Figure 6.10). Parmi les recommandations
proposées par l’outil, trois pratiques ont été retenues par l’entreprise (Tableau 6.7, issu des
données de la Figure 6.10).
Tableau 6.6 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise et
améliorant le critère « Contribution, Maintien et Création d’emplois »
BPEQ2.1.3 Créer des partenariats pour monter de nouveaux projets (nouveaux sites, filiales…)
BPEQ1.2.1 Rattraper les trajectoires professionnelles après les périodes de non activité (maternité,
congés parentalité, chômage…)
BPEQ2.1.4 Créer des groupements d’employeurs pour notamment fidéliser les saisonniers et
intérimaires pour assurer la stabilité des employés
134
Figure 6.10 : Analyse du critère « Contribution, Maintien et création d’emplois »
135
6.2.1.4. Choix des Bonnes pratiques permettant de faire évoluer le critère CEQ2.2 :
« Evolution des RH »
Ce critère est à l’heure actuelle très peu satisfait (7,41 %). Le Tableau 6.8 présente les
Bonnes Pratiques déjà mises en place qui contribuent à l’améliorer, et le Tableau 6.9 (issu des
données de la Figure 6.11) indique quelles pratiques ont été retenues par l’entreprise pour
aller plus loin. Compte tenu de l’âge moyen des employés, relativement important, la priorité
a été de miser sur la transmission des compétences afin de conserver les savoir-faire, et sur la
gestion des fins de carrière.
Tableau 6.8 : Liste des Bonnes Pratiques déjà mises en place dans l’entreprise et
améliorant le critère « Evolution des RH »
136
Figure 6.11 : Analyse du critère « Evolution des RH »
137
6.3.3. Synthèse
A ce stade de la réflexion, les quatre critères ciblés par l’entreprise ont été analysés, et des
pratiques sélectionnées, en vue de l’amélioration de ces critères. L’ensemble de ces pratiques
constitue dès lors un scénario, que l’on va maintenant simuler afin d’identifier la potentielle
valeur ajoutée de celui-ci. Pour ce faire, l’entreprise doit spécifier la fréquence à laquelle
chaque pratique sera mise en œuvre dans l’entreprise, et pour quels services (Tableau 6.10).
Tableau 6.10 : Ensemble des Bonnes Pratiques choisies en vue d’une simulation
Volet Social
Volet Vivable
Volet équitable
Pour rappel, les objectifs ici ciblés sont OS1 (Améliorer le bien-être et la sécurité des salariés)
et OEQ2 (Assurer un équilibre socio-économique), quatre critères étant associés à ces
objectifs :
- CS1.1 (Prévention et Sécurité) ;
- CS1.2 (Bien-être) ;
- CEQ2.1 (Contribution, Maintien et création d’emplois) ;
- CEQ2.2 (Evolution des RH).
La simulation du scénario précédemment construit (que nous nommerons SC1) montre que
celui-ci permet de satisfaire les objectifs OS1 et OEQ2 à plus de 40% (Figure 6.12). Plus
précisément, ils ont respectivement évolué de 16.31% à 41.37% et de 6.93% à 40.74% de
satisfaction (voir Figure 6.13). Tous les objectifs des volets social, équitable et économique
ont par ailleurs tous été améliorés. Les objectifs du volet viable, quant à eux, ne sont ni
améliorés, ni dégradés. Néanmoins, une ou plusieurs pratiques envisagées impactent
négativement l’objectif OEN2 « Réduire et limiter les impacts environnementaux ».
Autrement dit, une ou plusieurs pratiques appartenant au scénario SC1 ont un impact négatif
sur un ou plusieurs critères associés à cet objectif.
139
Figure 6.12 : Evaluation d’impact du scénario simulé sur les différents objectifs de durabilité
140
Comparaison des scénarios sur les objectifs Comparaison des scénarios sur les objectifs Comparaison des scénarios sur les objectifs
sociaux vivables environnementaux
Stratégie actuelle Scénario Simulé Stratégie actuelle Scénario Simulé Stratégie actuelle Scénario simulé
OEN1 OEN2 OEN3
OVIV1 OVIV2 OVIV3 100%
OS1 OS2 OS3
100%
100%
50% 50%
50% 18,73%
22,08% 28,73% 42,41% 26,00%26,00% 14,76% 23,15%23,15%
41,37% 36,39% 33,06% 0%
0% 0%
16,31% 9,39% 15,49% 12,22% 18,81% 10,67%
-100% -100%
-100%
Comparaison des scénarios sur les objectifs Comparaison des scénarios sur les objectifs Comparaison des scénarios sur les objectifs
équitables Viables économiques
Stratégie actuelle Scénario simulé Stratégie actuelle Scénario simulé Stratégie actuelle Scénario simulé
141
Si l’on s’intéresse de plus près à l’évolution des différents critères de durabilité, on s’aperçoit
que les quatre critères visés sont considérablement améliorés par la mise en place du scénario
SC1 (Figure 6.14 et Figure 6.15) :
De plus, des critères qui n’étaient initialement pas visés sont eux aussi améliorés de manière
très significative (CS2.1, CVIV3.1 et CEQ1.1). Nous observons ainsi que les taux de
satisfaction des critères appartenant aux volets social, équitable et économique ont progressé
alors que les critères viables, tout comme les objectifs de ce même volet, n’ont pas été
impactés par ce scénario. Cependant, nous avons vu précédemment que une ou plusieurs
pratiques envisagées impactaient négativement l’objectif OEN2 « Réduire et limiter les
impacts environnementaux ». Les figures Figure 6.14 et Figure 6.15 permettent de préciser
que c’est plus particulièrement le critère CEN2.2 « Déchets » qui est impacté. Afin
d’identifier la ou les pratiques responsables de cet impact négatif, le décideur peut alors
procéder à l’analyse des risques liés à ce scénario.
Figure 6.14 : Evaluation d’impact du scénario simulé sur les différents critères de
durabilité
142
Figure 6.15 : Comparaison des évaluations sur les critères de durabilité
143
6.3.5. Analyse Préliminaire des risques
Afin d’identifier les différents risques associés à chaque bonne pratique du scénario envisagé,
une fenêtre d’analyse des risques est proposée dans l’outil. La Figure 6.16 récapitule les
Bonnes Pratiques retenues dans notre cas d’étude (23 Bonnes Pratiques déjà mises en place
plus 16 nouvelles) et les classe en fonction de leur « dangerosité », i.e. par niveau de risque.
Dans notre cas, 13 pratiques sur 39 présentent ainsi un risque, i.e. dégradent un ou plusieurs
critères de durabilité. Parmi ces treize pratiques qualifiées de « risquées » :
- cinq présentent un risque tolérable mais contrôlable qui dégrade un ou plusieurs
critères liés à l’objectif OEC2 « Garantir une performance économique en étant plus
flexible et réactif » ;
- six présentent un risque considérable qui dégrade un ou plusieurs critères liés aux
objectifs OEC2 et OEN2 « Réduire et limiter les impacts environnementaux » ;
- deux présentent un risque élevé et difficile à contrôler qui dégrade un ou plusieurs
critères liés aux objectifs OEC2, OEN2 et OS2 « Faciliter la participation et lutter
contre l’absentéisme ».
Pour chacune de ces treize pratiques, le décideur a alors la possibilité de cliquer deux fois sur
la case relative à la pratique, afin d’identifier plus précisément quels critères sont détériorés
par sa mise en place. En toute connaissance de cause, le décideur pourra ensuite valider le
scénario s’il accepte les risques éventuels inhérents à celui-ci (confirmation de toutes les
pratiques qui composent le scénario) ou modifier le scénario via la suppression d’une ou
plusieurs pratiques qu’il jugerait trop risquées ou trop dangereuses.
144
Classe de Niveau de risque Condition
criticité
Pas de risque associé Les pratiques appartenant à ce niveau impactent que positivement l’ensemble
des critères
Risque tolérable Les pratiques appartenant à ce niveau impactent négativement entre ]0, 10]
mais contrôlable des critères (en%)
Risque considérable Les pratiques appartenant à ce niveau impactent négativement entre ]10, 20]
des critères (en%)
Risque élevé et Les pratiques appartenant à ce niveau impactent négativement entre ]20, 50]
difficile à contrôler des critères (en%)
Risque inacceptable Les pratiques appartenant à ce niveau impactent négativement entre ]50, 100]
des critères (en%)
145
Nous choisissons ici de nous intéresser aux deux pratiques les plus critiques, à savoir les
pratiques BPS1.1.7 et BPEC2.2.1 (Tableau 6.11).
Le détail lié à la mise en œuvre de la pratique BPS1.1.7 « Inciter les achats / Ports des
équipements de sécurité » est présenté ci-dessous (Figure 6.17). On peut ainsi se rendre
compte que cette pratique, mise en place dans le cadre de l’amélioration du critère
« Prévention et Sécurité », impacte au total sept critères dont quatre sont impactés
positivement (CS1.1 « Prévention et Sécurité » bien évidemment, CS1.2 « Bien-Etre », CS3.1
« Engagement et certification Hygiène et Sécurité » et CEC2.1 « Réactivité et Flexibilité ») et
trois sont impactés négativement (CS2.2 « Motivation et participation », CEN2.2 « Déchets »
et CEC2.2 « Rentabilité »).
146
L 230-3 du code du travail fait obligation aux salariés de respecter les règles et consignes de
sécurité, de façon à ne pas exposer eux-mêmes ni autrui à des risques d’accidents. A ce titre, il
incombe aux salariés de porter les EPI prévus par l’employeur lors de l’exécution des tâches
qui leur sont confiées, conformément aux modalités qui leur ont été enseignées. Concernant
l’impact négatif de la pratique sur le nombre de déchets générés, l’entreprise n’utilise pas de
matériels jetables et tous ses équipements de protection individuels sont recyclables. Enfin,
pour palier l’impact négatif de la pratique sur la motivation et la participation des salariés,
nous avons augmenté la fréquence et l’étendue de la pratique liée à la formation des salariés
sur les sujets d’hygiène et de sécurité. En ce sens, les salariés apparaissent plus sensibles à ces
notions et comprennent la nécessité de porter leurs équipements de sécurité. Cependant, des
rappels réguliers devront être effectués régulièrement afin que cette volonté ne s’essouffle
pas.
Le détail lié à la mise en œuvre de la pratique BPEC2.2.1 « Optimiser le niveau des stocks »
est présenté ci-dessous (Figure 6.18). Cette pratique, déjà mise en place dans le cadre de
l’amélioration du critère « Rentabilité », impacte au total trois critères, dont deux
positivement (CVIA2.1 + CEC2.2) et un négativement (CEC2.1 « Flexibilité et réactivité »).
En optimisant et donc en réduisant les niveaux de stocks, l’entreprise apparaît comme étant
moins réactive en cas de commande client imprévue. L’entreprise fonctionnant ici
uniquement sur commande (flux tirés : demande non prévisible due à l’usure des engins de
travaux publics, dépendant elle-même de la marque du matériel, de son taux d’utilisation,
etc.), nous décidons d’accepter ce risque et de conserver cette pratique.
147
Figure 6.19 : Evaluation des scénarios sur les volets de DD
148
Processus d’intégration du DD
CENTRE DE
DECISION
choisir un
scénario
Analyse des apports des différents
Supports Analyse des risques scénarios relativement à la stratégie
actuelle
Conclusion
Le cadre conceptuel du développement durable retenu dans l’outil proposé permet d’évaluer
de manière globale toute organisation ou entreprise souhaitant évoluer vers un management
qualifié de « durable ». Ce cadre d’analyse invite en effet les utilisateurs, notamment les
décideurs, à considérer simultanément les performances économiques, sociales et
environnementales de leur système suivant :
- des échelles de temps variées faisant référence à des objectifs à court terme (ex :
réactivité et flexibilité), à moyen terme (ex : rentabilité) et à long terme (ex : réduction
des impacts environnementaux) ;
- des échelles de décisions variées faisant référence à des actions stratégiques associées
à la réalisation des objectifs de durabilité, des actions tactiques associées aux critères
de durabilité et des actions opérationnelles associées à la mise en place des bonnes
pratiques.
Bien que certains de ces aspects indispensables au « cahier des charges » du développement
durable puissent apparaître conflictuels, aucun d’entre eux ne doit cependant être négligé dans
le cadre d’une étude globale et systémique des performances des organisations. L’originalité
de cet outil est, d’une part, l’étude d’impacts croisés d’une pratique d’un volet du
développement durable sur l’ensemble des critères de tous les volets (par exemple, une
pratique sociale améliore nécessairement un ou plusieurs critères du volet social mais rien ne
dit qu’elle ne dégrade pas un ou plusieurs critères d’un autre volet). D’autre part, elle réside
dans la flexibilité du paramétrage et dans sa facilité d’utilisation. Nous avons effectivement
149
souhaité proposer un outil simple à appréhender, avec une interface peu chargée, une
organisation intuitive et des représentations classiques de type histogrammes et radars.
L’élaboration de cet outil comble certaines insuffisances de la littérature, puisqu’il permet
l’accompagnement des entreprises désireuses d’avancer dans un projet de développement
durable, depuis la phase de diagnostic jusqu’à la simulation et l’évaluation a priori du projet.
Il peut également être utilisé ponctuellement dans le cadre de diverses études à caractère
durable, comme par exemple pour réaliser un diagnostic et positionner l’entreprise sur les
questions et enjeux du développement durable ou encore pour simuler les performances d’un
système en faisant varier les objectifs du projet et dresser de futurs plans d’actions.
Cependant, nous sommes volontairement restés très génériques, et n’avons pas pris en compte
les bonnes pratiques spécifiques dédiées à des secteurs d’activités particuliers tels que
l’aéronautique, le bâtiment, l’automobile ou l’agroalimentaire. Ceci limite de fait le domaine
d’applicabilité de l’outil et implique très certainement une adaptation de celui-ci en fonction
du contexte. L’outil nécessite également d’être complété par une fonctionnalité permettant
l’évaluation a posteriori du projet, i.e. la mesure effective des bonnes pratiques mises en
place (implémentation dans l’outil de l’ensemble des Indicateurs de Développement Durable
et choix quant aux règles d’agrégation de ces derniers).
150
Conclusion et perspectives
151
Le contexte concurrentiel industriel actuel oblige les entreprises à plus de réactivité et
d’anticipation face aux évolutions des concepts du développement durable. Ceci impose
qu’elles maîtrisent à la fois les aspects économiques, mais aussi sociaux / sociétaux et
environnementaux de leur organisation pour être performantes. Dans ce contexte, la décision
stratégique d’investir dans un projet de développement durable revêt un intérêt capital pour
l’entreprise, d’autant plus qu’il existe à l’heure actuelle peu d’outils permettant de guider les
entreprises dans leur démarche. Le principal résultat de ce travail est l’obtention d’un guide
méthodologique permettant d’accompagner les entreprises dans la déclinaison de leur
stratégie de responsabilité sociétale. Cet accompagnement se traduit par la proposition d’un
cadre méthodologique pour l’aide à la prise de décision, tout au long d’un projet de
développement durable. En ce sens, nous avons développé un modèle de référence ayant pour
but d’évaluer la performance globale d’un projet, i.e. les performances économique, sociale et
environnementale de ce projet. Conjointement, nous avons développé un outil d’aide à la
réflexion pour cartographier ses parties prenantes et ainsi identifier celles à considérer pour un
projet donné. Nous avons ensuite associé au modèle de référence une démarche
méthodologique sur les principes de l’amélioration continue. Cette démarche de réflexion
représente un cadre de réflexion utile aux gestionnaires ou chefs de projet, i.e. tout décideur
en charge de mettre en œuvre les principes du développement durable dans les organisations.
Enfin, nous avons développé un outil informatique permettant de supporter la méthodologie et
de faciliter les choix des chefs de projet, et avons appliqué celui-ci sur un cas d’école, inspiré
d’un exemple industriel. La méthodologie globale permet de :
- Positionner l’entreprise par rapport à ses concurrents via un bilan de sa stratégie
actuelle en terme de développement durable ;
- Choisir une stratégie de développement par l’identification des objectifs et critères de
durabilité à mettre en œuvre ;
- Simuler les résultats des différentes stratégies de développement envisagées et
anticiper les risques liés au projet ;
- Mesurer les performances économiques, sociales et environnementales de l’entreprise
et les améliorer par la mise en œuvre des scénarios envisagés.
Les apports identifiés dans cette thèse comblent certaines insuffisances de la littérature,
puisque la méthodologie proposée permet de guider et d’accompagner les entreprises dans
leur démarche de responsabilité sociétale, depuis la phase d’analyse de l’existant et de
diagnostic, en passant par la définition de la stratégie à mettre en œuvre et la simulation de
différents scénarios, jusqu’à l’évaluation a posteriori du projet. Cependant, nous soulignons
quelques limites liées au champ d’application de la méthodologie, et au caractère générique et
collaboratif de la démarche :
- D’une part, nous avons identifié dans le modèle de référence un certain nombre
d’objectifs, critères de durabilité et bonnes pratiques génériques et applicables à tout
type de structure et secteur d’activité. Toutefois, dans le cas de domaines très
spécifiques, des limites d’applicabilité de ce modèle peuvent alors se présenter, et il
peut s’avérer nécessaire de modifier ou compléter les éléments le caractérisant ;
- D’autre part, la cartographie des parties prenantes est une phase particulièrement
complexe et potentiellement subjective. En ce sens, le décideur ou chef de projet se
doit de rester vigilent et d’effectuer une veille rigoureuse sur le positionnement de
toutes ses parties prenantes, afin de bien identifier d’éventuelles évolutions.
La méthodologie que nous proposons comblera donc certaines attentes sans pour autant
répondre à tous les besoins. En effet, bien que celle-ci offre un cadre de réflexion utile et
opératoire pour intégrer le développement durable au sein des entreprises, elle ne peut à elle
152
seule garantir le succès d’un projet étant donné les spécificités et la complexité de chaque
projet. Le ou les chefs de projet devront ainsi garder en tête une approche globale et maintenir
le dialogue avec les différentes parties prenantes afin de prendre en compte leur avis et
s’assurer de leur implication. La direction de l’entreprise doit être certaine des objectifs visés
et doit encourager les différents porteurs du projet. Finalement, nos travaux ouvrent plusieurs
champs et pistes de recherche :
- Pour la mesure de la performance globale a posteriori, nous avons retenu un certain
nombre d’indicateurs afin d’exprimer un état ou rendre compte de progrès accomplis.
Les indicateurs qualitatifs de type (oui, non) ont été écartés et il a été choisi de ne pas
faire appel à des indicateurs composites qui combineraient plusieurs indicateurs entre
eux, afin de simplifier la mesure. Ceci reste un choix qui pourrait être revu, affiné et
complété pour plus de précision ;
- Dans le même sens, nous avons choisi de lister ces indicateurs de performance durable
sans appliquer de méthode d’agrégation qui permettrait d’avoir un indicateur
synthétique pour chaque objectif de durabilité ou pour chaque volet du développement
durable. L’agrégation des indicateurs de développement durable reste à ce jour un défi
scientifique non résolu puisque pour être agrégés, les indicateurs doivent pouvoir être
exprimés dans une unité commune, ou tout au moins doivent pouvoir être normalisés ;
- Il serait également intéressant de réaliser des études d’impacts de bonnes pratiques
d’une entreprise non plus sur elle-même, mais sur ses parties prenantes ;
- Enfin, il apparaît nécessaire de réaliser une application de la méthodologie complète
sur un cas réel et non plus un cas d’école, afin de vérifier la véritable pertinence de
celle-ci.
153
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163
Annexes
164
Annexe A : Questionnaire pour l’identification de l’implication des parties
prenantes
Informations Entreprise
1-Nom de l’Entreprise
2-Nombre de Salariés
4-Département
5-Secteur d’activité
6-Au sein de votre entreprise et par rapport aux autres parties prenantes, vous classez notre
entreprise parmi :
165
Communication
7-Jugez-vous que vous êtes correctement informés sur nos résultats et notre stratégie de
développement ?
Pas d’avis
Oui
Plutôt non
8-Avoir une communication transparente sur nos activités et nos produits vous semble ?
Pas d’avis
Indispensable
Pas importante
Pas
Oui, tout à fait Non, plutôt pas
d’avis
Informations générales
Fichiers clients
166
11-Dans une politique de dialogue avec les parties prenantes, préférez-vous :
Enquêtes de satisfaction
Tables rondes
Echanges téléphoniques
12-Avoir ce dialogue avec vous d’une manière régulière, cela vous semble ?
Pas d’avis
Indispensable
Pas très importante
13-Pensez-vous que la diffusion d’un rapport de DD et/ou de RSE est nécessaire dans une
démarche de DD ?
Pas d’avis
Oui
Plutôt non
167
14-Souhaiteriez-vous la diffusion d’une lettre d’information régulière sur notre stratégie et
nos actions de développement durable ?
Pas d’avis
Oui
Plutôt non
Pas d’avis
Absolument
Plutôt non
16- Avoir la possibilité de participer à nos projets et à la prise de décision dans certains de ces
projets vous semble :
Pas d’avis
Très important
Pas important
17-Demain, souhaiteriez-vous impliquer votre entreprise dans des projets et des actions de
Développement Durable :
Pas d’avis
Oui, certainement
Non, pas vraiment
Pas d’avis
Oui, volontiers
Non, pas vraiment
168
Implication au projet
19-Selon vous, pour réussir une démarche de développement durable, il faudrait avoir une
certification de type :
ISO 14000
ISO 9000
OHSAS 18000
SA 8000
ISO 26000
21-Si nous engagions des actions de priorité concernant les aspects sociaux, seriez-vous prêt à
collaborer dans :
169
Autre à préciser :
22-Admettons que vous collaboriez avec nous sur les aspects sociaux. Vos investissements
porteraient plutôt sur :
Non, pas
Oui, certainement Pas d’avis
vraiment
Le taux d’absentéisme
Les retards
Les règlementations
La communication sociale
Autre à préciser :
23-Si nous engagions des actions de priorité concernant les aspects de développement vivable
(Social et Environnemental), seriez-vous prêt à collaborer dans :
Le développement local
(Prix peut-être en augmentation mais les frais de transport
sont réduits voire nuls, changer de fournisseur, etc.)
Autre à préciser :
170
24-Admettons que vous vous collaboriez avec nous sur les aspects de développement vivable.
Vos investissements porteraient plutôt sur :
La Communication
L’implication
Autre à préciser :
25-Si nous engagions des actions de priorité concernant les aspects environnementaux, seriez-
vous prêt à collaborer dans :
Non, pas
Oui, certainement Pas d’avis
vraiment
Autre à préciser :
171
26-Admettons que vous collaboriez avec nous sur les aspects environnementaux. Vos
investissements porteraient plutôt sur :
La réduction de la pollution
Autre à préciser :
27-Si nous engagions des actions de priorité concernant les aspects de développement viable
(Environnemental et Economique), seriez-vous prêt à collaborer dans :
Autre à préciser :
172
28-Admettons que vous collaboriez avec nous sur les aspects de développement viable. Vos
investissements porteraient plutôt sur :
Le recyclage
Autre à préciser :
29-Si nous engagions des actions de priorité concernant les aspects économiques, seriez-vous
prêt à collaborer dans :
Non, pas
Oui, certainement Pas d’avis
vraiment
La satisfaction client
La flexibilité et la réactivité
Autre à préciser :
173
30-Admettons que vous collaboriez avec nous sur les aspects économiques, vos
investissements porteraient plutôt sur :
La réactivité et l’innovation
La flexibilité
La rentabilité
La communication économique
Autre à préciser :
31-Si nous engagions des actions de priorité concernant les aspects de développement
équitable (Economique et social), seriez-vous prêt à collaborer dans :
Non, pas
Oui, certainement Pas d’avis
vraiment
L’équilibre socio-économique
Autre à préciser :
174
32-Admettons que vous collaboriez avec nous sur les aspects de développement équitable.
Vos investissements porteraient plutôt sur :
L’égalité Hommes/Femmes
L’égalité Séniors/Juniors
L’évolution des RH
Autre à préciser :
175
Annexe B : Outil d’aide à la réflexion lors de l’établissement d’une cartographie
de Parties Prenantes (outil support aux propositions du Chapitre 4)
Afin de mettre en place une stratégie de responsabilité sociétale au sein des entreprises, nous
proposons ici un outil permettant d’aider à cartographier les différentes parties prenantes
d’une entreprise, pour un projet donné. Pour ce faire, le principe est d’effectuer une sélection
des parties prenantes en se basant sur une analyse stratégique des acteurs (i.e. calcul des
influences, dépendances et implications de chaque acteur dans ledit projet).
Cet outil comporte trois phases :
1. Une phase de saisie de données : l’utilisateur liste ses différentes parties prenantes
dans un tableau en notant l’intitulé et quelques informations liées à chaque partie
prenante (cahier des charges, contraintes spécifiques, etc.). Ensuite, il est invité à
consulter et à choisir les objectifs à atteindre dans le projet à mettre en place. Il s’agit
ainsi de définir la stratégie à adopter dans le projet.
2. Une phase de préparation et de calcul des matrices : c’est une phase d’analyse
stratégique basée sur le jeu d’acteurs. Ici, l’utilisateur renseigne une première matrice
présentant la Matrice des Influences Directes (MID). Celle-ci permet de comptabiliser
les degrés des influences et dépendances directes. L’outil calcule alors
automatiquement la Matrice des Influences Indirectes (MII) pour comptabiliser les
degrés de dépendance et d’influence indirectes, pour chaque partie prenante. Enfin, une
troisième matrice (MAO) doit être établie sur la base d’un questionnaire (Annexe A),
qui permet d’identifier l’attitude de chaque acteur par rapport aux différents objectifs
fixés, selon une échelle qualitative : favorable, neutre ou défavorable à
l’accomplissement d’un objectif (1, 0, -1). Cette dernière matrice permet de calculer le
degré d’implication (DIM) de chaque partie prenante.
3. Une phase d’interprétation des résultats : cette dernière phase présente un classement
des différentes parties prenantes. Différents graphiques (histogrammes, radars, nuages
de points) permettent, de plus, de se questionner quant à la faisabilité de chaque
objectif, en vue d’aider au choix final (orientation à donner au projet).
176
B3. L’outil d’aide à la réflexion, étape par étape
Dans cette phase, le décideur est invité à identifier toutes les parties prenantes qui ont un
intérêt envers sa structure (contractuelles ou non). Une fois le tableau rempli, il doit cliquer
sur la zone de validation pour passer à la fenêtre suivante (voir Figure B.1).
Zone de validation
valisationvalidatvalidation
177
Avant de passer à la phase suivante, la liste des objectifs sélectionnés par l’utilisateur est
proposée (Figure B.3). Le chef de projet peut rajouter s’il le souhaite un commentaire relatif à
chaque objectif sélectionné (colonne « description »). Il peut également revenir à tout moment
sur la sélection effectuée.
Pour débuter, le chef de projet est amené à remplir la Matrice des Influences Directes (MID),
à partir d’une comparaison par couple de parties prenantes (ou acteurs) : le décideur doit
estimer l’influence de la partie prenante de la ligne i sur celle de la colonne j par une note de 0
à 2 (Figure B.4). L’outil comptabilise alors les degrés de Dépendance et d’Influence Directes
(DD et ID, voir chapitre 4).
178
Figure B.5 : Matrice des Influences Indirectes
L’outil calcule les degrés d’influence et de dépendance globales : IG = ID + InI et DG = DD +
InD (Figure B.6).
179
Figure B.7 : Matrice Acteurs / Objectifs
L’outil comptabilise alors le nombre d’accords et de désaccords de chaque partie prenante,
ainsi que leur niveau de soutien et d’opposition, relativement à chaque objectif.
Cette phase débute par la Matrice de Sélection (MSE), qui permet d’associer à chaque Partie
Prenante ses degrés de dépendances et d’influences globales, ainsi que son degré
d’implication DIM (Figure B.8).
180
Figure B.9 : Familles de Parties Prenantes
La sphère d’influence relative à ce projet est alors constituée des familles « primordiales »,
« dominantes impliquées », « dominées mais impliquées » et «intéressées ». Le chef de projet
devra s’assurer de maintenir un dialogue permanent et rigoureux avec les membres de ces
familles, et devra prendre en compte leurs attentes et avis relativement au projet, sous peine
de ne pas satisfaire les objectifs dudit projet.
181
Figure B.10 : Cartographie des Parties Prenantes relativement au projet
Finalement, l’outil rappelle graphiquement les résultats issus de la matrice MAO, pour une
meilleure prise de décision (Figure B.11). Ces représentations assurent une vision globale du
nombre d’accords et de désaccords pour chaque objectif et volet de développement durable.
A l’issue de cette présentation et tenant compte des résultats de la sphère d’influence, le chef
de projet peut alors confirmer ses choix en validant les objectifs fixés, ou redéfinir sa
stratégie.
182
Figure B.11 : Interprétation des résultats et validation des objectifs
183
Annexe C : Liste des publications scientifiques
M.MABROUK, S.SPERANDIO, P.GIRARD (2015), « Cadre méthodologique pour la
simulation et l’optimisation d’un projet de développement durable en entreprise » Journal
Européen des Systèmes Automatisés (Article soumis).
184