Pilleurs D'etat
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d’état
Philippe Pascot
Max Milo (2015)
« On ne le dira jamais assez, tous les parlementaires ne sont pas pourris. C’est même une
minorité d’entre eux, mais force est de constater qu’ils profitent d’une mansuétude complice de
la majorité de leurs collègues. » Philippe Pascot a côtoyé les élus de tout bord pendant près de
25 ans. Il recense dans cet ouvrage les abus légaux dans lesquels tombe la classe politique
française : salaire exorbitant, exonération d’impôts, retraite douillette, cumuls, emplois fictifs,
déclarations d’intérêts et d’activités bidons et tant d’autres petits arrangements entre amis.
Derrière une volonté affichée de transparence et de « moralisation » de la sphère politique, nos
élus entretiennent leurs propres intérêts au travers de lois de plus en plus incompréhensibles,
quand nous, simples citoyens, devons nous serrer la ceinture. Sans parti pris, l’auteur rend
compte de ce pillage d’État et du système qui le permet. Adjoint au maire d’Évry Manuel Valls,
ancien conseiller régional, chevalier des Arts et des Lettres, Philippe Pascot milite pour une
réelle transparence de l’exercice politique.
4ème de couverture
« On ne le dira jamais assez, tous les parlementaires ne sont pas pourris. C’est même une
minorité d’entre eux, mais force est de constater qu’ils profitent d’une mansuétude complice
de la majorité de leurs collègues. »
Philippe Pascot a côtoyé les élus de tout bord pendant près de 25 ans. Il recense dans cet
ouvrage les abus légaux dans lesquels tombe la classe politique française : salaire exorbitant,
exonération d’impôts, retraite douillette, cumuls, emplois fictifs, déclarations d’intérêts et
d’activités bidons et tant d’autres petits arrangements entre amis.
Derrière une volonté affichée de transparence et de « moralisation » de la sphère politique,
nos élus entretiennent leurs propres intérêts au travers de lois de plus en plus
incompréhensibles, quand nous, simples citoyens, devons nous serrer la ceinture.
Sans parti pris, l’auteur rend compte de ce pillage d’État et du système qui le permet.
Adjoint au maire d’Évry Manuel Valls, ancien conseiller régional, chevalier des Arts et des
Lettres, Philippe Pascot milite pour une réelle transparence de l’exercice politique.
Il est l’auteur avec Graziella Riou Harchaoui de Délits D’élus, tome 1, 400 politiques aux
prises avec la justice (Max Milo, 2014).
Citation
À tous ceux qui osent dire, qui osent faire, qui osent voir.
À :
Jean Kay (de l’avion et des médicaments), André Menras (du drapeau de la statue),
Jean Lauthier (leader du lycée à Villemomble jusqu’au Havre), Jean-Claude Douillard (une de
mes boussoles), Eva Joly (le courage de dire), Patrick Sébastien (l’intelligence incomprise de
l’impertinence), Amel Zanoun Zouani (pour l’innocence de la connaissance),
Sophie Coignard, Antoine Peillon, Denis Robert (le courage de l’écrire), Jean Ziegler (le
Suisse au fusil), Raymond Avrillier (même seul tout est possible), Irène Franchon (pour des
médicaments qui soignent), Jacques Glassmann (du foot propre dans les yeux)
August Landmesser et Albert Richter (le courage de dire NON).
Avant-propos d’échafaud
En l’an demain, quand l’eau aura un peu coulé sous les ponts et que les
médias regarderont ailleurs…
L’aube vient juste de se lever dans la cour et je sais qu’aujourd’hui, sans bien le comprendre
encore, est un jour bizarre pour moi. Je regarde autour de moi et, petit à petit, se dessinent
beaucoup de présences que je commence à reconnaître. Je constate en balayant l’ensemble de
l’horizon qu’ils sont quasiment tous venus. Pas de peur, pas de question, je savais qu’un jour
cela arriverait.
Ils sont là, dans la cour, l’œil déjà rivé sur l’outil chronophage mais indispensable à leur
survie quotidienne : le portable haut de gamme et rutilant. Malgré l’heure matinale pas un
seul n’est en débraillé.
Le premier que je distingue à travers mes yeux maintenant bien ouverts, c’est Jean-
Luc Mélenchon. Comme d’habitude, dans une attitude faussement désinvolte mais
éminemment calculée, il essaye de se mettre devant. Il me fait signe d’avancer d’un geste de
la main, l’air agacé comme l’élu teigneux et vindicatif que j’ai connu du temps où il formait un
trio inséparable avec Julien Dray et Marie-Noelle Lienemann. Jean-Luc, c’est un type très
tolérant sur le papier ou dans les médias ; Mélenchon, c’est celui qui entrait dans des colères
noires dès qu’on le contredisait. Déjà à l’époque, il cajolait d’une main pendant qu’il
bastonnait de l’autre. Une fois, j’ai eu l’outrecuidance de présenter des candidats contre lui.
Pendant un bout de temps, lors des meetings, il a refusé de s’asseoir à côté de moi. Tiens, elle
est là aussi, Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice parachutée à Paris après un passage par
Hénin-Beaumont. À l’époque où je la fréquentais, elle était maire d’Athis-Mons. En ce temps-
là, pour faire plaisir à la politique de tonton Mitterrand, elle embauchait à outrance des
demandeurs d’emploi en contrats aidés sur sa commune. Souvent, on en trouvait en train de
buller toute la journée derrière les fourrés. Sacrée bonne femme que la Marie-Noëlle, qui
n’avait pas sa langue que dans sa poche.
Où est le troisième ? Ah il est là Julien Dray, l’air débonnaire, les mains dans les poches et
le menton enfoncé dans le col de son manteau. Il a pris encore un peu de poids depuis notre
première rencontre il y a presque trente ans. C’était dans une télé locale, et ce jour-là je lui ai
offert une peluche pour ses enfants. Je crois que ça l’a marqué, il m’en a parlé vingt ans après.
Il a moins aimé les quelques fois où, lors de ses vœux dans la ville de Sainte-Geneviève-des-
Bois, je lui offrais régulièrement une montre en plastique. Il me fait un petit signe amical de la
tête, je lui renvoie son bonjour d’un hochement de tête.
Je fais un pas et j’aperçois Jacques Guyard, le Grand Jacques, un des premiers députés-
maires et ministres que j’ai rencontrés. Lui, il riait toujours, un rire fort et massif qui
emportait inéluctablement votre adhésion. Un grand bonhomme ce Jacques, capable de vous
entuber jusqu’au bout en souriant et en s’arrangeant pour que vous lui disiez, en plus, merci.
Un homme politique comme on n’en fait plus, tout en classe et en grâce. À côté de lui il y a
son vieux copain, Xavier Dugoin, l’homme du rapport Xavière Tibéri, ancien président du
conseil général de l’Essonne. Toujours la même allure altière, un homme profondément
humain et roublard à la fois. Xavier est capable de rebondir même quand il est au fond de la
piscine, et Dieu sait s’il a connu le fond de la piscine. Il a, comme Jacques, un côté
sympathique que ne possèdent plus beaucoup d’hommes et de femmes politiques
d’aujourd’hui. Il me fait un petit clin d’œil complice et s’éloigne.
Mine de rien, cela me fait plaisir de voir tout ce beau monde réuni dans cette cour et
semblant être venu spécialement pour une fête ou une inauguration. Je ne pensais pas en
connaître autant de tous ces hommes et toutes ces femmes que j’ai rencontrés ou avec
lesquels j’ai travaillé ces dernières années. C’est que mes yeux commencent à s’habituer à la
lumière du jour et je distingue maintenant même ceux qui sont au fond, par timidité ou parce
que les autres, plus téméraires ou carnassiers se sont mis devant. J’en reconnais beaucoup, et
plusieurs visages me sautent aux yeux. Il y a Nicole Guedj, ancienne ministre et amie très
proche de Jacques Chirac. En la voyant, je me remémore le travail fait. Grâce à moi, elle ne
fume plus et a même réussi à se passer du chewing-gum dont elle était devenue addict.
Toujours aussi élégante, elle me regarde, un petit sourire triste sur les lèvres. Il y a aussi le
très hautain Roger Karoutchi. Lui ne pouvait pas s’empêcher de me côtoyer avec l’air
profondément condescendant de celui qui sait tout. Je l’ai vu adresser « presque » le même
regard à ses assistants. Pourquoi les choisissait-il l’air si jeune, si éphèbes ? Pour mieux les
dominer peut-être ?
Je suis content car j’aperçois Jean-Vincent Placé. Il me doit son début de carrière en
politique ; « Agnès », femme de ministre, m’avait appelé pour me demander s’il fallait
mettre ou non ce trublion sur la liste municipale des Ulis. C’est ainsi qu’il est devenu
conseiller municipal même si, honnêtement, il a plutôt brillé par son absence. Quand je pense
qu’il était tout maigre et timide quand je l’ai connu simple assistant dans un autre parti. Il
souffle dans ses deux mains qu’il a remontées sur son visage, l’air de faussement s’ennuyer,
comme d’habitude, mais ses petits yeux perçants sondent, regardent, soupèsent tout ce qui
l’entoure. Je commence à me demander pourquoi ils sont tous là : une manif ? Un colloque ?
Paradoxalement et confusément je sais que c’est logique, comme dans l’ordre des choses.
Devant moi, il y a une sorte de haie d’hommes et de femmes politiques qui ont jalonné mon
parcours. Marine Le Pen est là, entourée de Dominique Joly et de Marie-Christine
Arnautu que j’ai bien connue. Derrière eux, un peu en retrait je reconnais
Micheline Bruna, femme discrète et très sympathique. C’était la secrétaire particulière de
Jean-Marie (le père) et nous avions sympathisé car j’étais le seul élu, hors de son parti, qui lui
faisait la bise pour lui dire bonjour, mais je n’ai jamais – contrairement à d’autres qui la
snobaient ostensiblement – négocié d’accord secret avec son parti. Elle m’envoie avec Marie-
Christine un petit baiser pendant que j’avance. Je vais encore me faire des ennemis.
Je commence à avoir un peu froid et je me rends compte que je suis en simple chemise
blanche. Je tourne la tête et je vois Serge Dassault entouré de son aréopage de conseillers.
Je suis vraiment content d’avoir réussi à lui soutirer plus de 100 000 francs de l’époque au
profit d’une association qui luttait contre la leucémie et dont je m’occupais avec une femme en
or : Mme Boucher dite « Maman Boubou ». C’était l’époque où il voulait être maire de
Corbeil. J’aurais pu lui en soutirer un peu plus si, un jour où il devait nous remettre un
nouveau chèque pour développer la banque de donneurs de moelle osseuse, quelqu’un ne lui
avait pas susurré à l’oreille que j’appartenais à un parti politique concurrent du sien. Je le
revois encore remettre le chèque dans sa poche et nous prier de sortir immédiatement, sans
ménagement. Pas très élégant de sa part mais le personnage a-t-il jamais été élégant ? Juste
riche, il ne pouvait pas être les deux.
J’ai encore un peu plus froid. Un petit vent me glace le cou et me fait frissonner. Ce qui me
reste de mon col n’est pas fermé et flotte sur mon cou offert. Il faudra vraiment que je fasse
plus attention à mon apparence. J’avance encore un peu, à pas lents et mesurés, et je vois
Christiane Taubira, toujours pimpante, le sourire carnassier, prête à mordre si on essaye de
l’agresser. Un sacré caractère que n’a pas supporté longtemps le chauffeur que je lui avais
trouvé pour ses déplacements à Paris. Mais une sacrée bonne femme qui ne s’en laisse pas
compter et qui sait, contrairement à d’autres politiques, ne pas lâcher même si le vent de la
popularité est contraire. J’ai toujours bien aimé cette femme, je ne sais pas si son affection à
mon égard était du calcul ou de la sincérité.
Un petit groupe me regarde passer, il y a François Lamy en grande discussion avec
Jérôme Guedj, président du conseil général de l’Essonne, battu lors des départementales de
mars 2015, ex-député et fervent défenseur du mandat unique tant que lui n’en a pas eu
plusieurs, Olivier Thomas, maire de Marcoussis, ancien ennemi de Guedj devenu son ami,
Carlos Da Silva député suppléant de Manuel Valls ; ils regardent en parlant à voix basse le
vieux sénateur Michel Berson qui est là, debout et encore vaillant. Ce même Michel Berson
qui, grâce au petit paquet de voix que je représentais à l’époque, est devenu sénateur malgré
la traîtrise de son propre parti. Je prends conscience d’un seul coup que presque tous les élus
que j’ai connus durant mon passage en politique sont là. Les petits et les grands élus se sont
réunis ce matin dans cette cour aux pavés gris. J’entrevois au milieu d’un groupe qui s’agite,
le brave et sympathique Michel Pouzol, ex-Rmiste devenu député et dont le principal fait
d’armes est d’en avoir fait un livre. Il y a aussi Francois-Joseph Roux, l’homme par qui
l’affaire Tron a commencé. Du coin de son œil malicieux, ce roi de la moustache apparente,
éminence grise, Corse et franc-maçon, regarde sans rien dire. Il n’est pas loin d’ailleurs le
député-maire Georges Tron, l’homme qui aimait trop caresser les chevilles des femmes. Déjà
il y a une bonne vingtaine d’années, quelques-unes de mes amies, femmes et journalistes, ne
se rendaient à des rendez-vous professionnels avec lui qu’en prenant bien soin de mettre des
bottines hautes sous un pantalon bien fermé, tant son incoercible besoin de toucher pouvait
devenir envahissant.
Quand j’y repense, parmi cette foule politique, j’en ai froissé plus d’un et malmené quelques
autres. Certains ont même perdu des élections par ma faute. En 2001, toute une
agglomération de cinq villes est passée dans l’autre camp politique parce que je n’avais pas
accepté le non-respect de la parole donnée et des accords politiques signés. Être incontrôlable
a été, pour les autres, mon plus grand défaut en politique. En dehors du moule et refusant
d’être dans le sérail, je n’en ai toujours fait qu’à ma tête, refusant de ne pas comprendre ce
pourquoi je votais. Je ne voulais jamais signer un parapheur sans savoir ce qui était écrit
dedans : je bloquais le système, me disait-on. Impardonnable : j’ai refusé des places, des
mandats en or, juste pour ne pas trahir un ami. On m’a pris pour un ovni, un malade qui ne
comprend rien à la politique. Je n’ai pas accepté non plus les pots-de-vin que l’on m’a proposés
quelquefois et je comprends que cela en ait choqué quelques-uns. J’ai toujours préféré inviter
à déjeuner le personnel plutôt que les chefs de service. Beaucoup d’entre eux m’en ont voulu,
d’une colère sourde et vengeresse, d’oser remettre en cause la sacro-sainte prérogative due à
leur rang : être l’interface obligatoire et incontournable de tout message d’action politique en
direction du personnel. Pardon donc à tous ces chefs de service qui me regardent aujourd’hui
du coin de l’œil tandis que je passe devant eux. Ils affichent chacun l’expression parfaite et
calculée de celui qui se veut compatissant et amical mais qui en réalité vous méprise.
Je m’avance un peu. En tournant la tête vers la gauche, j’aperçois Michel Abhervé. Il a du
mal à marcher mais est toujours droit dans sa tête. C’est un homme de conviction que ses
camarades ont éjecté à cause de sa trop grande droiture. Juste derrière lui se tient le brave
Thierry Lafont qui fut tout étonné de devenir maire de sa ville de Lisses, simplement à cause
d’une triangulaire dont j’étais responsable pour m’être maintenu dans un deuxième tour
d’élections municipales. Il y a aussi celui qui fut pour moi un grand maire, mais trop peu de
temps, de la ville de Courcouronnes : Bernard Bragard. Mal conseillé et trop en avance sur
son temps, cette ancienne plume de Max Gallo avait aussi eu le courage de dénoncer dans un
livre les turpitudes de Jacques Médecin (le déjà lointain maire mafieux de Nice). Un contrat
d’élimination sur sa tête, Bernard avait dû s’exfiltrer un an aux États-Unis. Descendu en flèche
par son propre camp, assassiné par ses amis politiques, il a dû céder sa place de maire à un
petit jeune d’un parti radicalement opposé, Stéphane Baudet, qui a su, depuis, allier
jeunesse et sagesse dans une ville difficile. Il est là d’ailleurs Stéphane, entouré de son
aréopage de groupies amoureuses. Il me donne une petite tape dans le dos quand je passe
devant lui comme pour me dire courage. Un sacré petit gars que j’ai vu grandir et devenir un
vrai politique sans jamais renier son passé ou ses origines. Une graine de ministre dans un
gouvernement futur.
Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour mériter toutes ces marques d’attention des uns et
des autres ? J’ai de plus en plus froid quand je sens que quelqu’un me pousse un peu
rudement dans le dos comme pour me faire avancer plus vite. Je me retourne et, avec
surprise, reconnais le sénateur Jean-Michel Baylet. Il m’en a toujours voulu du putsch que
nous avions failli réussir contre lui avec Michel Dary, député, et Michel Scarbonchi,
député européen, mon Corse préféré. Au dernier moment, Émile Zucarelli nous a laissés
tomber pendant que Thierry Braillard (devenu ministre depuis) négociait en douce une vice-
présidence au sein du parti dirigé par Jean-Michel Baylet en échange de sa soumission
immédiate. Il me l’a fait payer cher durant plusieurs années, et aujourd’hui encore il a l’air
content de me pousser de sa grosse main qu’il appuie sur mon épaule. Quand je pense qu’il
trouvait toujours le moyen de nous faire venir en congrès de militants au plus près de
l’habitation d’une de ses « nombreuses courtisanes » ! Tiens, à ce propos, je vois
Sylvia Pinel en grande discussion avec Jean-Paul Huchon. Celle-là, elle est devenue
députée et ministre uniquement à cause de sa situation très rapprochée du Jean-Michel cité
un peu plus haut. Mon Jean-Paul Huchon, lui, est toujours jovial et sympathique avec tout le
monde. Pendant six mois à la Région, il m’a appelé Christophe en séance publique et je lui
répondais en l’appelant « Jean-Pierre ». Cela nous faisait marrer tous les deux mais pas son
entourage, surtout sa directrice de la communication, « Patricia », qui avait tendance à ne
pas aimer que l’on soit impertinent avec « son » Jean-Paul-à-elle-toute-seule. Tiens, la dame
Michèle Saban est là, elle aussi. Drôle de bonne femme, tout en finesse. La première et
dernière fois où elle m’a invité à déjeuner, elle n’a pas compris que je refuse poliment de lui
servir d’agent de renseignement au sein de mon groupe politique. Elle me regarde passer,
l’œil dur de celle qui tient enfin sa revanche.
J’en ai croisé un paquet de cette gent politique, de ses faux amis qui ne le sont qu’en
fonction du poids que vous pesez ou de votre carnet d’adresses. J’ai aussi rencontré, côtoyé,
des ministres sympathiques comme par exemple Jacques Dondoux (que Dieu, Allah ou
Bouddha ait son âme), que j’adorais avec son petit sac plastique de supermarché en guise de
mallette. D’ailleurs, tous les membres du protocole en étaient horrifiés et faisaient la chasse
aux paparazzi qui cherchaient tous à faire la photo du ministre, son petit sac plastique à la
main. Des souvenirs me remontent à l’esprit. Je revois mon premier élu de poids qui fut
d’abord mon patron avant que je devienne son principal opposant : Henri Marcille,
conseiller général, député, maire pendant plus de quarante-cinq ans de Bondoufle, sa
commune. Je l’ai aimé et respecté cet homme autant qu’il a dû me détester quand je me suis
mis en travers de son chemin. Il m’avait embauché comme directeur de la maison de quartier,
tenue à l’époque par quelques malfrats dont il n’arrivait pas à se débarrasser. Après avoir
remis de l’ordre et du contenu dans la ville, nous nous sommes séparés en raison de sa vision
passéiste de la culture et de mon envie de voir les choses bouger pour les jeunes et les
habitants. Mais Henri était quand même un sacré politicard comme on n’en fait plus. J’ai
encore le souvenir des quelques fois où il m’a collé contre un mur à la sortie d’une séance de
conseil municipal au cours de laquelle je l’avais fortement titillé. Les habitants nous
appelaient « Don Camillo » (pour moi) et « Peppone » (pour Henri). C’était un homme
politique qui, contrairement et inversement à ceux d’aujourd’hui, n’avait pas beaucoup de
diplômes mais beaucoup de bon sens.
Je me rappelle aussi du ministre Bernard Tapie qui signa 300 à 400 autographes en dix
minutes lors d’une manifestation que j’avais organisée pour lui à Évry. En partant, alors que je
le raccompagnais à sa voiture, je lui transmets le bonjour de l’abbé Pierre avec qui j’avais
bossé quelque temps auparavant. Il me regarde quelques instants, interloqué, et me souffle,
vexé, avant de s’engouffrer dans sa voiture : « Mais moi aussi je le connais. » Je l’ai revu il y
a quelque temps dans son hôtel particulier rue des Saints-Pères. On devait jouer le rôle de
deux flics pour une caméra cachée. Il s’est dégonflé quelques jours après la rencontre. Je le
cherche des yeux dans la foule, mais je ne le vois pas. Il n’est sûrement pas là, sinon on ne
verrait que lui.
Thierry Mandon est là aussi, je fais mine de lui serrer la main mais je m’aperçois avec
étonnement que je ne peux pas, mes mains semblent attachées dans mon dos. Quelques
souvenirs de boîte de nuit avec ce ministre de la simplification me remontent maintenant à
l’esprit. Justement à cette époque lointaine, tout était simple avec lui. Il ne se tient pas loin de
Manuel Valls dont j’ai été l’adjoint durant quelques années à la mairie d’Évry. Il était sympa,
au début. Puis à mesure de son ascension, sa parole s’est durcie, son attitude a changé. Il riait
de moins en moins, hurlait de plus en plus. Plus il prenait de la hauteur dans sa tête, plus mon
estime pour lui descendait. J’ai vu la cohorte de plus en plus nombreuse de courtisans et
« d’aides de camp » qui petit à petit l’ont séparé des vraies gens. Puis un jour où nous étions
dans l’ascenseur tous les deux, je lui ai demandé ce qu’il voulait faire en politique, il m’a
répondu : « Comme l’ascenseur ». Nous montions au dernier étage. J’ai préféré descendre
avant et le laisser à la solitude de celui qui cherche à être aimé. Je n’ai pas aimé ce que j’ai vu
derrière la façade lisse du bon communicant qu’il est. Un jour, il m’a écrit qu’il m’aimait (un
moment de faiblesse de sa part sans doute), je ne sais pas où j’ai foutu ce petit bout de papier,
Bof ! De toute manière, les petits bouts de papier avec les hommes politiques, cela n’a jamais
valu grand-chose. Il y a, à ses côtés, l’éternel factotum, garde du corps, gardien du temple,
Christian Gravel, l’homme avec qui j’aurais pu, j’aurais dû être ami. Toujours aussi
interrogatif le Manu ! Il me regarde à nouveau au fond des yeux, cherche, soupèse, calcule en
une fraction de seconde s’il peut savoir comment me prendre, me manipuler comme il sait si
bien faire pour acheter sa conscience. Mais il n’y arrive pas avec moi, comme d’habitude.
Dommage, il aurait pu faire un bon président de la République. Pas sûr qu’il n’en fasse pas
un mauvais. Un de plus.
Quand Manuel s’écarte pour rejoindre son petit groupe de courtisans, je vois devant moi,
comme seule possibilité d’avancer, des marches en bois que je dois monter et qui mènent vers
un ciel bleu qui sera aussi le bout de mon chemin. Je viens de comprendre que ce qui m’attend
en haut ne va pas être agréable. À vrai dire, je ne suis toujours pas étonné, même pas en
colère. Je savais qu’un jour, il faudrait que je paye cash l’addition du dérangement causé à
« l’establishment ». La machine finit toujours par broyer le petit grain de sable qui l’empêche
de tourner. Mon grain de sable a tenu durant plus de trente ans, un beau record dont je peux
m’enorgueillir sans rougir.
Il faut maintenant que je monte ces marches dignement comme il sied au saltimbanque
iconoclaste que je suis.
Je jette un dernier regard circulaire autour de moi. Il y a dans la cour, en plus des élus, des
fonctionnaires, des chargés de mission, des chefs de cabinet, des « secrétaires
particulières », tous des faux-culs de première. Ils sont derrière les élus – au fond, comme il
se doit. Tout ce petit monde que j’ai vu s’agiter autour de leur dieu et maître, obéissant au
doigt et à l’œil, anticipant même pour les plus aguerris le moindre désir de leur seigneur
« l’élu ». Qu’ils soient « alimentaires » ou convaincus, j’en ai vu très peu dire à leurs
gourous qu’ils se trompaient ou qu’ils dépassaient la ligne jaune. Je ne suis pas dupe, ils ne
sont pas là pour moi mais parce que c’est l’endroit où il faut être pour ne pas perdre son job.
Je suis en bas du podium et, tout à côté des marches, j’aperçois deux vieux briscards de la
politique que j’appréciais beaucoup pour leur non-conformisme d’élus, leur prise de position
décalée et sincère aux services des autres. Des mecs hors norme eux aussi, que l’on a
régulièrement essayé d’assassiner : Chritian Schoettl, maire de Janvry et conseiller
général, et Paul Loridant, sénateur et ex-maire des Ulis.
Je monte les marches de l’escalier, une à une, lentement, appréciant chaque pas, embrassant
du regard la foule d’hommes et de femmes politiques qui sont là dans cette cour de la
République et que je ne peux tous citer. Un salut à Anne Hidalgo, toujours courtoise et
simple comme quand elle venait dans la commission que je présidais à la Région. Un petit
coucou à Robert Hue, toujours jovial et barbu ; Laurent Fabius est là, son petit sourire
diplomatique au coin des lèvres. À mesure que je monte les marches, je vois les regards de
cette multitude d’hommes et de femmes qui s’abaissent vers le sol, honteux d’avoir participé à
l’hallali mais conscients de l’avoir fait pour ce qu’ils pensent être le bien de la nation ou pour
que l’ordre soit respecté. Après tout, c’est ma faute, pensent-ils sans doute tous et toutes. Je
n’avais pas à remuer l’eau d’apparence si claire du fonctionnement de la politique française et
de ceux qui la font. Le peuple n’a pas besoin de savoir ce qui se passe sous les dorures et les
oripeaux du drapeau. Le peuple n’est pas assez intelligent pour comprendre que ceux qui font
les lois ne peuvent quand même pas se les appliquer. Il faut que ceux qui sont en bas restent
en bas et que ceux qui sont en haut continuent à rester en haut.
Je fais encore un pas, tout va très vite, d’un seul coup tout bascule, il n’y aura pas de… Le
couperet tombe… Je voulais juste… Clac !
Rappel
Tout mis en examen ou non condamné définitivement a le droit d’être présumé innocent tant
qu’il n’est pas déclaré coupable, conformément à la loi, par un tribunal indépendant et
impartial à l’issue d’un procès public et équitable. Mon but est juste d’informer le lecteur, qui
est aussi un électeur, pour qu’il puisse en toute responsabilité participer éventuellement à
l’assainissement de la classe politique que, par ailleurs, il décrie de plus en plus chaque jour.
Ce rappel n’a logiquement pas lieu d’être car ce livre traite des abus – et des systèmes mis
en place qui les favorisent grandement –, et non des délits d’élus.
Néanmoins, je trouve parfois très ténue la frontière entre le délit et l’abus dont l’élu peut
être coutumier…
Introduction
J’ai découvert avec effarement qu’en dehors des délits référencés dans le Code pénal et
justifiant d’une procédure judiciaire – délits qui m’ont permis de coécrire un premier tome il y
a quelque temps1 –, il y a aussi, avant, après ou concomitamment aux délits dont les élus se
rendent coupables, une multitude d’abus commis joyeusement dans une opacité savamment
distillée et autoentretenue, toutes tendances politiques confondues.
Ces abus, privilèges, passe-droits, avantages, selon le nom qu’on peut leur donner, me
laissent pantois et désespéré sur le genre humain. Le pire, c’est que la plupart de ces
« abus » sont revêtus d’une légalité de façade permettant aux élus d’échapper à toute
poursuite pénale et de se draper en conséquence dans une innocence de circonstance qui
m’enveloppe de beaucoup plus qu’un doute sur l’éthique et la probité de ceux qui en profitent.
La liste, les détails ou les noms que vous allez découvrir dans les pages qui suivent ne sont,
j’en suis maintenant persuadé, que le dessus de l’iceberg du monde politique d’aujourd’hui.
Bien sûr, il y a, çà et là, quelques taches sombres en surface. Mais, nous dit-on, ce ne sont que
des petites salissures qui ne remettent pas en cause la vision majestueuse et respectable de ce
bloc de glace que forment la politique et ses élus. Toutefois la blancheur, ou la transparence
apparente, disparaît rapidement dès que l’on essaie, pour comprendre ou savoir, de descendre
en dessous de la surface visible par tout un chacun.
Il faut creuser, recreuser patiemment l’iceberg pour réussir à entrevoir ce que cache le
vernis superbe que l’on voulait bien nous montrer. Et plus l’on creuse, plus l’étonnement,
l’incrédulité et la colère vous étreignent, tant tout ce que l’on découvre comme avantages,
privilèges et abus souille la devise républicaine inscrite au fronton de nos édifices publics :
liberté, égalité, fraternité. Car peut-on parler de liberté quand des élus chargés de la défendre
la bafouent régulièrement dès lors qu’il s’agit de divulguer les privilèges qu’ils se sont
autoattribués ? Parle-t-on d’égalité quand on découvre qu’ils profitent allégrement de passe-
droits réservés uniquement à leur « caste » d’élus ? Et est-ce vraiment de la fraternité que
de les voir abuser régulièrement de privilèges qu’ils refusent avec force à tous les autres ?
Tous les faits rapportés dans cet ouvrage sont malheureusement réels, même si parfois le
lecteur se surprendra à douter, tant le passe-droit ou l’avantage acquis par l’élu paraît irréel
par rapport aux valeurs simples qu’ils sont censés défendre ou qu’ils nous demandent de
respecter. J’ai moi-même, lors de la découverte de certains « abus », dû m’y reprendre à trois
ou quatre vérifications pour être bien sûr que ce que j’écrivais ne tenait pas du fantasme
populaire ou de la rumeur malveillante.
Dans un sondage mis en ligne par Transparency France et réalisé entre le 2 octobre et le
2 novembre 2014, à une des questions posées dans le cadre d’un engagement citoyen
prioritaire, 62 % des avis exprimés souhaitaient que les élus locaux soient exemplaires. Même
si les élus « profiteurs » ne sont qu’une minorité, et ceux « profiteurs jusqu’à l’os » une
minorité de la minorité (mais couverte et protégée par la majorité), l’impression globale qui en
résulte pour la population n’est qu’un dégoût profond et grandissant pour le monde de la
politique et de ses élus.
Il ne s’agit pas à travers ce livre, comme on nous en a accusés quelquefois depuis la parution
de Délits d’élus, de favoriser les extrêmes en reprenant la sempiternelle et galvaudée
expression du « tous pourris ». Cette expression tient lieu, d’ailleurs, de message politique
fourre-tout pour quelques partis politiques en mal de reconnaissance. Elle sert aussi d’excuses
(bien pratiques) pour d’autres qui n’ont, en réalité, que l’aspiration de remplacer ceux qu’ils
dénoncent.
Il ne s’agit pas non plus d’accentuer le rejet de toute la classe politique, ou comme je l’ai
déjà entendu, de précipiter les électeurs dans les bras des extrémistes, voire de mettre (et j’en
tremble encore…) en péril la démocratie en osant interroger la probité d’une frange d’élus.
Mais force est de constater que des élus, loin de se serrer la ceinture, comme chacun
d’entre nous est appelé à le faire (et pour quelques années encore selon les déclarations d’un
de nos Premiers ministres faites récemment au journal espagnol El Mundo…), bénéficient
dans bien des cas et dans beaucoup de domaines de « traitements privilégiés » qui font qu’ils
doivent discrètement rajouter, eux, des trous à leur ceinture déjà bien longue.
Il faut aussi savoir que ces abus, avantages, privilèges et autres, sont souvent la
conséquence d’un système de fonctionnement politique qui les engendre et les facilite.
Les élus sont donc coupables des abus et responsables du système.
Pas facile dans ces cas-là de crier à l’innocence.
J’ai donc ramassé des abus d’élus à la pelle et, très honnêtement, à la relecture de mes
découvertes, au vu du système mis en place qui les engendre et/ou les favorise, dans le
brouillard savamment entretenu, au regard de la désinformation parfois orchestrée, il y a
vraiment des coups de pelle qui se perdent…
1. Graziella Riou Harchaoui et Philippe Pascot, Délits d’élus : 400 politiques aux prises avec la justice, tome 1,
Paris, Max Milo, 2014.
PREMIÈRE PARTIE : Un système qui produit des abus… et
inversement
Régulièrement on aborde le sujet, des chiffres et des courbes viennent nous interpeller par
écrans interposés. Puis, l’élection passée, le soufflé et la culpabilisation du devoir non
accompli retombent vite et l’on se donne toutes les excuses, éculées mais tenaces, pour se
justifier.
D’un côté, les abstentionnistes qui sont persuadés que voter, « de toute manière, cela ne
sert à rien » parce qu’« à quoi bon, ils sont tous pareils » ; de l’autre, les votants, qui
accusent les non-votants de plomber la démocratie, persuadés qu’il faut s’exprimer même si
on sait que cela ne changera pas grand-chose et que le choix est parfois limité, voire
identique.
Au milieu, il y a l’élu pour qui l’abstention n’est pas un travers mais une chance. Moins il y a
de monde, plus c’est facile d’être élu et surtout réélu.
Laisser l’abstention se répandre et gagner un terrain de plus en plus important à mesure des
élections, c’est donc, à terme, favoriser l’émergence de deux catégories d’individus qui ne
pourront que s’éloigner les uns des autres et creuser le fossé, toujours plus profond, de ceux
qui seront en bas dans la pénombre (les classes populaires) et ceux qui seront en haut à la
lumière (les élites). À titre d’exemple, aujourd’hui 82 % des sénateurs et députés sont des
cadres ou exercent des professions intellectuelles alors que cette catégorie ne représente que
13 % de la population active.
Par ailleurs, peut-on sérieusement dire qu’un élu, s’il peut susurrer qu’il est élu
démocratiquement, est légitime et représentatif quand, à quelques exceptions près, il est élu
avec une moyenne de moins de trois électeurs pour dix inscrits ?
Où s’arrêta l’abstention ?
Toutes les études le montrent : l’abstention est toujours plus forte en France depuis 1958,
et ce, pour toutes les élections (à une ou deux près en soixante ans de vote). Et ceux qui ne
vont pas voter, nombre qui va en augmentant, appartiennent aux classes populaires. Les
catégories défavorisées ne se reconnaissent pas dans la classe politique censée les
représenter ; comme leurs intérêts ne sont pas pris en compte, elles ne votent plus, et comme
elles ne votent plus, leurs intérêts sont de moins en moins pris en compte par les élus.
Si on ne met pas un coup d’arrêt brutal à ce fleuve abstentionniste au débit de plus en plus
grand, on renforcera un peu plus à chaque élection la dichotomie entre l’élu et la population
qu’il représente.
Il y aura ceux qui iront encore voter, certes de moins en moins nombreux, mais qui voteront
de plus en plus pour des candidats à leur image (la couleur politique ne jouera plus qu’à la
marge pour le choix du candidat) et de l’autre, les classes populaires (de plus en plus
nombreuses) qui ne se reconnaîtront pas (et de moins en moins) dans ces « élites » de plus
en plus éloignées de leur préoccupations quotidiennes. Aujourd’hui, 52 % des Français sont
employés ou ouvriers, contre 3 % des députés2 ; et l’écart ne peut que s’agrandir.
Par voie de conséquence et n’ayant d’autre choix que l’abstention, les classes populaires
iront de moins en moins voter (pour qui ? pourquoi ?, « bonnet blanc et blanc bonnet ! »,
« peste ou choléra ! ») et le piège se refermera de plus en plus fort autour du cou de la
représentativité réelle des élus de la République.
Cette distorsion qui ne pourra que s’accentuer entraînera une incompréhension de fait entre
l’élu et une majorité grandissante des citoyens (dont l’élu pourtant s’évertuera à dire qu’il en
tire sa légitimité).
Si on prend quelques-unes des dernières élections qui se sont déroulées en France il y a
quelques mois, ce n’est plus une sonnette d’alarme qu’il faut tirer mais la sirène des pompiers
qu’il faut actionner, voire déclencher le plan ORSEC tant les faits constatés deviennent un
déni de la démocratie.
Ainsi, au premier tour d’une élection législative partielle dans l’Aube (décembre 2014), il y a
eu 75 % d’abstention : sur 65 758 inscrits il n’y a eu que 24,63 % de votants pour huit
candidats en lice. Le candidat arrivé en tête a obtenu 40,76 % des voix, soit 6 601 voix. Si on
rapporte ce chiffre au nombre d’électeurs, cela signifie que le candidat ayant eu le plus de
voix lors de ce premier tour a recueilli en termes de légitimité et de représentativité le vote de
un électeur sur dix. Le deuxième, lui, dépasse tout juste le demi-électeur sur dix.
De même à l’élection partielle de la 21e circonscription du Nord qui s’est déroulée en
juin 2014 : au premier tour, neuf candidats et 74,16 % d’abstention. Pire, au deuxième
tour, et malgré « l’appel républicain » habituel, il y a eu 76,21 % d’abstention. La légitimité
du nouveau député Laurent Degallaix, dont tous les médias ont proclamé l’élection avec un
score de 72,14 % des voix, ne représente en réalité que l’expression d’un peu plus d’un
électeur et demi sur dix.
Si l’on considère les dernières élections municipales, dans les 30 plus grandes villes de
France en nombre d’habitants3 (donc, logiquement, le plus grand nombre d’électeurs inscrits
sur les listes électorales), on s’aperçoit que dans seulement quatre villes les listes arrivées en
tête des suffrages sont élues avec un peu plus de trois électeurs sur dix : Bordeaux
(33,12 %), Toulon (30,33 %), Angers (31,67 %) et Saint-Denis (33,55 %). Quand on sait que
les élections municipales sont les élections où le taux d’abstention est le plus faible, je vous
laisse imaginer la représentativité réelle des autres élus de la République… sans compter que
le taux de votants n’est jamais qu’une moyenne nationale.
Si l’on prend les villes au cas par cas, on se rend bien compte que la légitimité des élus est
contestable. Ainsi, Roubaix, Villiers-le-Bel, Vaux-en-Velin et Évry font partie des municipalités
qui ne représentent même pas 20 % de la population dont les élus sont censés être les
représentants, tandis qu’il n’y a même pas trois électeurs sur dix inscrits qui ont voté à
Toulouse, Nantes, Rennes, Reims, Saint-Étienne, Dijon, Brest, Clermont-Ferrand, Amiens, Aix-
en-Provence, Limoges, Nîmes, Tours, Besançon, Lille, Le Havre, Metz, Le Mans, Grenoble,
Nice ou Villeurbanne.
Pourquoi ne pas inscrire tous les résultats électoraux en pourcentage de votes exprimés (les
votants) mais accompagnés du pourcentage en vote des inscrits ?
Une proposition simple à mettre en place ne nécessitant aucune loi, juste une volonté des
politiques pour renforcer la légitimité de leur élection.
Ne pas tenir compte de cette situation qu’on retrouve sur l’ensemble du territoire, c’est
comme être un médecin (l’élu) qui laisse une gangrène (l’abstention) s’étendre sur tout le
corps du patient (les électeurs). Le médecin sait que le patient va mourir s’il ne coupe pas le
bras mais il laisse faire. Après tout, il y aura d’autres patients, et lui sera toujours médecin…
Du mieux et du bof
En 2014, sous la férule du président de l’époque Jean-Pierre Bel, le bureau du Sénat avait
voté la mise en place de petites sanctions financières en cas d’absence en commission. À ma
connaissance, elles n’ont jamais été appliquées.
En mars 2015, son successeur, Gérard Larcher6, en remet pourtant une couche et étend les
sanctions financières à l’absence aux séances : si un sénateur sèche sur un trimestre plus de
la moitié des votes solennels en séance, il perdra la moitié de son indemnité de fonction (1400
euros brut par mois). Autrement dit, non pas sur son salaire, mais sur son argent de poche ! Il
paraît que la loi organique de 1958 n’autorise pas qu’on touche à l’indemnité des
parlementaires. Ceci explique sans doute cela…
Nous verrons si cette mesure est appliquée ou si, comme souvent, elle n’est qu’un effet
d’annonce destiné à tomber dans les oubliettes des « inapplicables », comme on les appelle
dans le jargon.
Un sénateur préférant garder l’anonymat assure que ceux qui connaissent la musique
viendront pointer puis repartiront, ni vu ni connu. « Officiellement », ils seront là !
Dernière minute
L’idée semble quand même faire son chemin car il vient de sortir en librairie un essai du
sénateur Luc Carvounas, proche du Premier ministre, La politique autrement. Réinventons
nos institutions (Paris, Fondation Jean-Jaurès, 2014). On y lit que la pratique du vote est à
réinventer et que le droit de vote est un devoir avant d’être un droit.
Petite conclusion
L’abstention ne favorise pas l’expression d’une démocratie réelle. Il est néanmoins amusant
de constater que la désaffectation grandissante des électeurs pour le monde politique est
inversement proportionnelle à la propension de ces mêmes électeurs à vouloir devenir
« élus ».
L’organisation du territoire
À l’époque, les communes furent définies en fonction des paroisses existantes. Il y eut
donc 44 000 communes puisqu’on dénombrait 44 000 églises sur le territoire. Puis, au gré
des fusions, disparitions et/ou agrandissements, le nombre de communes se stabilisent
aujourd’hui (D.O.M. compris) à 36 681, soit presque la moitié des communes de toute l’Union
européenne15. Pour comparaison, selon les derniers chiffres consultables, il y a 12 291
communes en Allemagne réunifiée, 8 100 en Italie et 2 478 en Pologne.
Dans la foulée de celle du 14 décembre, la loi du 22 décembre 1789 créa 83 départements
à peu près égaux en superficie, puisque le principe plus ou moins respecté et défendu par les
députés était qu’on pût parcourir ce nouveau territoire à cheval de long en large en une seule
journée pour pouvoir se rendre au chef-lieu du département et en revenir. Les départements
passèrent de 83 en 1789 à 98 sous le Directoire, puis à 103 sous l’Empire. Aujourd’hui, nous
comptons 101 départements avec Mayotte, officiellement département français depuis le
31 mars 2011.
Depuis la Révolution, on n’a cessé, sous le prétexte de simplifications, de rajouter des
strates et des strates administratives, censées participer aussi à une meilleure gestion des
deniers publics mais qui, dans la réalité, n’ont fait qu’accroître les dépenses de
fonctionnement… le nombre et les émoluments des élus.
L’avantage de la parité
La parité a également permis un joli tour de passe-passe malgré le redécoupage
géographique mené tambour battant. En effet, les conseils généraux ont été réduits pour les
élections de mars 2015, passant d’environ 4 054 à 2 054, mais les conseillers
départementaux, eux, sont restés aussi nombreux, afin de garantir une représentation
équitable des sexes a-t-on annoncé à grand renfort de médias.
Donc, deux fois moins de cantons aujourd’hui donne autant d’élus qu’hier, voire un peu plus.
C’est ça les économies et la rationalisation ! À défaut d’économie et de rationalisation, de
réduction, notons néanmoins que la parité a été cette fois-ci respectée : nous sommes passés
de 16 à 50% de conseillères !
Du moins jusqu’au vote des présidences de conseil : sur les 98 conseils départementaux,
seuls 8 sont dirigés par une femme17 (auxquelles nous pouvons ajouter Anne Hidalgo pour
Paris et Josette Manin pour la Martinique). Il y a encore du chemin à parcourir pour que la
parité ne soit pas qu’une façade.
En sus, avec la loi sur le non-cumul des mandats qui va logiquement s’appliquer en 2017, un
certain nombre de « nouveaux élus » vont venir s’ajouter à ceux existants. Si cela ne va pas
ostensiblement augmenter le nombre de mandats électifs, cela va augmenter
considérablement le nombre d’élus et la facture des indemnités à verser.
Et c’est bien là que le bât blesse.
Tout ce petit monde a en effet besoin d’argent pour mener à bien les « missions » au
service du peuple. Il faut qu’un élu, pour ne pas succomber à la tentation de la corruption,
puisse être indépendant financièrement. Intention louable mais dévoyée au cours du temps. Je
note que la terminologie dialectique du monde politique emploie parfois des connotations très
financières. Ne dit-on pas « être aux affaires » ou « avoir un portefeuille ».
En politique, on abuse souvent du terme « servir ». On dit « servir son pays », « servir la
nation ». Mais quelques-uns apprennent plutôt à « se servir » et la politique de la main
tendue prônée par certains élus n’est souvent redirigée que vers leur poche.
IV - L’ATTRACTION DE L’ARGENT
De tout temps, la relation de l’élu à l’argent a été comme avoir une
relation extraconjugale dont on aime profiter mais sans l’ébruiter, ni en
parler. Et Dieu sait si les élus ont des occasions extraconjugales !
C’est le 17 juin 1789 que, bravant l’opposition du roi et des ordres privilégiés, les députés
du Tiers État aux États Généraux, auxquels s’étaient joints quelques curés, s’attribuent le nom
d’Assemblée nationale ainsi que le consentement de l’impôt. Le 20 juin, trouvant fermée la
salle où se réunissaient les États, dans l’Hôtel des Menus-Plaisirs à Versailles, ils prêtent
serment, dans la célèbre salle du Jeu de Paume (immortalisée par le non moins célèbre
tableau de David) de ne pas se séparer avant d’avoir établi une constitution.
Mais pressés de dépenses à Versailles, où les logeurs profitaient de l’aubaine « les délégués
aux États Généraux », qui n’avaient pas prévu de quitter leurs provinces pour longtemps, puis
bientôt bloqués à Paris en Assemblée nationale constituante, se trouvèrent en difficultés
financières plus ou moins rapidement en fonction de leur condition sociale. Aussi,
le 1er septembre 1789, l’Assemblée vota, en catimini, une indemnité parlementaire de 18
livres par jour.
Ce détail amusant et peu connu de l’histoire préfigure sans doute déjà les habitudes néfastes
de nos parlementaires d’aujourd’hui, car le vote de ces premières indemnités pour les élus
n’eut même pas les honneurs d’être inscrit d’être enregistré dans le procès-verbal de séance,
pourtant très complet en général, à la virgule près, sur tout ce qui se disait et se décidait.
Une espèce de culpabilité vis-à-vis du peuple exsangue sans doute ! On s’aperçoit donc, que
les premiers élus du peuple ont déjà du mal à être totalement transparents avec leurs
électeurs dès qu’il s’agit de leur train de vie. Deux cent vingt-cinq ans plus tard, les choses
n’ont pas beaucoup changé. Du moins, c’est mon impression, et malheureusement pas que
mon impression !
Robert Cabé : comment un « bon » élu local arrive à plus ou moins 10 000 euros
brut mensuel
Prenons par exemple le cas de Robert Cabé25, élu des Landes. Selon un journal régional, sa
situation fin 2013 était la suivante : il touchait 2 400 euros par mois en tant que premier
vice-président du conseil général, 800 euros en tant que président du SDIS (service
départemental d’incendie et de secours), 2 300 euros comme maire d’Aire-sur-l’Adour,
1 500 euros car il assure la présidence de la Communauté de communes d’Aire-sur-l’Adour
(récemment élargie à deux cantons du Gers), 1 700 euros provenant du surplus des
indemnités du président Emmanuelli (supprimé en 2014) et 1 200 euros de retraite
parlementaire. Ces deux derniers revenus échappent bien entendu au plafonnement.
Il est aussi P.-D.G. de deux sociétés d’économie mixte dont la puissante SATEL (en charge de
l’aménagement), vice-président d’une autre, sans oublier une trentaine d’autres fonctions,
divers sièges au sein d’associations, commissions, syndicats mixtes découlant plus ou moins
directement de ses mandats exécutifs.
Tout ceci n’est que le dessus de l’iceberg : il faut y rajouter tous les avantages liés aux
fonctions, qui peuvent largement représenter un salaire complet. Robert Cabé dispose par
exemple d’une voiture aimablement mise à sa disposition par le conseil général. M. Cabé
interrogé sur le sujet déclarera : « Je suis bien payé, mais je trouve malsain de parler de
ça. »
C’est vrai quoi ! De quoi on se mêle ! D’autant plus que depuis cette mise sur la place
publique de la plus grande partie des émoluments de Robert Cabé, celui-ci a perdu la mairie
d’Aire-sur-l’Adour, sur laquelle il avait la main depuis 1989, et donc les indemnités qui vont
avec.
Par vengeance, peut-être, il s’est d’ailleurs dernièrement épanché auprès du journal Sud-
Ouest en faisant remarquer perfidement qu’il touchait maintenant moins que Geneviève
Darrieussecq, femme politique d’un autre parti que le sien.
Et c’est vrai, Mme Darrieussecq touche 2 756 euros en tant que maire de Mont-de-
Marsan, 2 585 euros en tant que présidente du Marsan Agglomération et 2 927 euros en
tant que conseillère régionale. Ce qui nous donne un total de 8 268 euros (à quelques
centaines d’euros près…)
En 2014 donc, l’une touche plus que l’autre.
Beaucoup d’entre nous aimerait bien se chipoter sur ces chiffres, non ?
Une suppression des « majorations » d’indemnités pour les élus qui ne se fera pas
C’est encore une petite niche « financière » dont personne ne parle. Une exception à la
française, qui permet à quelques-uns de se mettre du beurre sur la tartine en augmentant
discrètement leurs indemnités de fonction27.
Les conseils municipaux ont la possibilité de majorer les indemnités de fonction des maires,
adjoints et conseillers municipaux. Ces majorations, facultatives et cumulables, ont été créées
pour tenir compte de certaines situations particulières occasionnant un surcroît de travail.
Elles s’appliquent sur la base des taux fixés par le conseil municipal et concernent :
a) les communes chefs-lieux de département (majoration fixée à 25 %) ; b) les communes
chefs-lieux d’arrondissement (majoration fixée à 20 %) ; c) les communes chefs-lieux de
canton (majoration fixée à 15 %) ; d) les communes sinistrées ; e) les villes classées
stations hydrominérales, climatiques, balnéaires, touristiques ou rurales, ainsi que les villes
classées stations de sports d’hiver ou d’alpinisme ; f) les communes dont la population totale
depuis le dernier recensement a augmenté après la mise en route de travaux publics d’intérêt
national ; dans les deux cas e) et f) ci-dessus, les majorations sont égales à 50 % pour les
commune dont la population totale est inférieure à 5 000 habitants, et à 25 % pour celles
dont la population totale est supérieure à 5 000 habitants ; g) les communes ayant été, au
cours de l’un au moins des trois exercices précédents, attributaires de la dotation de solidarité
urbaine ; pour ces communes, les indemnités de fonction peuvent être votées dans la limite
de la strate démographique supérieure.
Réflexion
Quelque 25 % ou 50 % d’augmentation, il est sûr que plus d’un ouvrier ou d’un cadre
moyen serait content d’obtenir cette gratification qu’on lui accorderait par dérogation s’il
travaillait à côté d’une autoroute en construction, dans une station thermale ou un site
touristique, voire un chef-lieu de département. Mais, on se calme, cette petite gratification
n’est réservée qu’à l’élu et non au simple locdu que nous sommes.
Je n’ai pas réussi à obtenir le chiffre exact des communes de France bénéficiant de ces
particularités, mais je me doute bien qu’il ne doit pas y avoir qu’une seule mairie qui profite
de ces petites majorations sympathiques d’indemnités pour les élus, dont les médias ne
parlent jamais parce qu’ils ne se réfèrent qu’à la note « officielle » distribuée.
Ces majorations auraient par ailleurs dû disparaître : le 17 mai 2013 est adoptée la loi n
° 2013-403 qui modifie l’élection des conseillers départementaux, municipaux et
communautaires. Dans cette loi, la notion de chef-lieu, qui ne cadrera plus avec les nouveaux
bureaux centralisateurs à compter du renouvellement de mars 2015, devrait rendre
impossible la majoration des indemnités de fonction des élus locaux après cette date. Sur le
papier. Car aux dernières nouvelles, à l’heure où j’écris ces lignes, le gouvernement prépare
discrètement une disposition législative pour maintenir au profit des élus ces droits à
majoration de leurs indemnités28.
Dernière minute
Quand je vous le disais :
Source : La Gazette des communes du 18 mars 2015, « Bureaux centralisateurs de
canton : les indemnités pour les élus fixées », par Ugo Chauvin.
« Le décret n° 2015-297 du 16 mars 2015 relatif à la majoration des indemnités de
fonction des élus municipaux au titre des communes anciennement chefs-lieux de canton et au
titre des communes sièges des bureaux centralisateurs de canton a été publié ce jour [18
mars].
Ce décret fait suite à la modification territoriale du canton, introduite par la loi n° 2013-403
du 17 mai 2013 (JO du 18 mai) relative à l’élection des conseillers départementaux, des
conseillers municipaux et des conseillers communautaires.
Cette loi a modifié le calendrier électoral et a eu pour conséquence la disparition des chefs-
lieux de canton.
Des 4 055 chefs-lieux de canton, la loi a défini 2054 bureaux centralisateurs de canton. La
majoration d’indemnité de fonction des élus des communes sièges de ces bureaux
centralisateurs se substitue à la majoration d’indemnité de fonction des élus des anciennes
communes chefs-lieux de canton.
La majoration d’indemnité de fonction est également maintenue pour les élus des communes
perdant la qualité de chef-lieu de canton et ne devenant pas siège d’un bureau centralisateur.
Le décret n° 2015-297 du 16 mars 2015 fixe ce taux de majoration à 15 % pour les
communes anciennement chefs-lieux de canton et pour les communes sièges des bureaux
centralisateurs. Ce taux est identique au précédent.
Ces modifications sont inscrites au deuxième alinéa de l’article R. 2123-23 du Code général
des collectivités territoriales. »
Ce décret est entré en vigueur à l’occasion des élections départementales des 22 et
29 mars 2015. C’est-à-dire pile-poil pour les nouveaux élus des dernières élections de mars
2015 ! Ils peuvent respirer, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes : la
suppression du petit bonus financier est donc annulée.
Sources complémentaires :
http://renedosiere.over-blog.com/article-clarifier-la-retraite-des-deputes-120535055.html
http://www.journaldunet.com/economie/magazine/le-salaire-des-politiques-et-des-elus/
http://politique.blogs.ouest-france.fr/archive/2013/02/25/argent-elus-maires-indemnites-
salaires-avantages.html
Souvent, dès qu’un homme ou une femme met un costume d’élu dont il ne devrait être que le
locataire, il se met à croire qu’il lui est fait sur mesure et qu’il ne peut être que le seul
propriétaire à le porter.
Le titre est volontairement provocateur et ne veut pas dire que nos élus sont dans les
étoiles, mais il est quand même l’expression d’un ressenti populaire. Selon ce ressenti, la
classe politique est de plus en plus éloignée des préoccupations de ceux qu’elle est censée
représenter. Aujourd’hui, toutes les analyses et études montrent que les parlementaires issus
du monde ouvrier sont en nombre infinitésimal au Parlement. Les employés et les ouvriers
représentent en France la moitié (à peu près) de la population active, mais ils ne représentent
aujourd’hui que 3 % à peine des députés. Et c’est à 81,5 % que les cadres et professions
intellectuelles supérieures posent leurs derrières sur les bancs des deux hémicycles.
De porte-serviette à portefeuille
C’est un fait indéniable qu’un nombre de plus en plus important d’élus de grandes villes ou
de parlementaires n’ont jamais connu autre chose que la politique dans le cadre de leur
existence professionnelle29. Ils sortent de l’école, deviennent chargés de mission ou assistants
parlementaires d’un élu qui va devenir leur mentor. Au contact de cet élu, ils nouent des
relations, apprennent le métier en côtoyant leur patron quasiment sept jours sur sept. Mal
payés, corvéables à merci pour les plus malchanceux, ils ont tous un point commun : ils sont
dans le sillage et le cercle des élus qui les ont embauchés. Un jour, l’élu patron, pour
augmenter son réseau et son influence, va placer le petit dans une ville ou un fief pour qu’il
démarre une carrière dont il espère qu’il saura lui être redevable. Parfois, l’assistant ou le
chargé de mission s’en va de lui-même à la conquête du Graal et commence sa carrière
comme maire adjoint auprès d’un maire vieillissant et/ou bienveillant. Plus prudent, on le
retrouve sur une liste régionale, ce qui lui permet d’attendre la bonne opportunité tout en
continuant à être dans le cercle étroit des prétendants aux mandats. Cercle dont il ne faut
surtout pas sortir avant d’avoir décroché le sésame pour la bonne assise de son pouvoir et
marquera sa naissance politique : le premier bon mandat.
Moralité :
Les changements profonds qui pourraient être mis en œuvre ainsi que les vraies réformes
nécessaires à la bonne gestion prévoyante d’une nation ne peuvent plus avancer qu’à l’allure
d’un vieil escargot perclus de rhumatismes sclérosants et affligé d’une myopie astigmatique et
intermittente.
Sources supplémentaires :
http://www.huffingtonpost.fr/2012/06/26/profession-des-deputes-fr_n_1628896.html
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/cumul-des-mandats-un-mal-francais_1280041.html
Réflexion
Faire qu’un élu subisse les foudres de la justice quand il a fauté n’est pas dans le
« domaine » d’une justice expéditive. Pour dernier exemple, il n’est qu’à voir le procès des
époux Tibéri qui vient juste de se terminer après vingt ans de procédures longues et
laborieuses.
Quand, en plus, un élu n’a pas à régler ses frais d’avocat, comme c’est le cas dans la plupart
des affaires, cela devient pour l’élu aigrefin (celui qui sait prendre le bon avocat et user de
toutes les procédures) une partie de plaisir où il n’a plus qu’à attendre tranquillement le
délitement de son procès.
En France, les élus bénéficient d’un régime de protection particulier. Cette protection
juridique répond à trois types de situation : a) quand l’élu est victime d’un accident dans
l’exercice de ses fonctions ou que lui ou ses proches subissent des violences ou des outrages
dans le cadre de ses fonctions ; b) lorsqu’il fait l’objet de poursuites (civiles ou pénales) pour
des faits se rattachant à l’exercice de ses fonctions ; c) lorsque sa gestion est contrôlée par la
chambre régionale des comptes. Dans ces hypothèses, la prise en charge de ses frais de
justice est totale, y compris ses frais de déplacement ou pour des amendes qu’il a à payer.
S’il est logique qu’un élu soit défendu dans le cadre de ses fonctions, il devient anormal que
celui-ci, pour un oui ou pour un non, puisse faire appel sans bourse délier à un service
juridique (pourquoi se gêner quand c’est gratuit) pour, parfois, faire taire un gêneur, un
opposant (qui eux payent leur frais d’avocat…). Est-ce normal ? Est-ce moral ? Est-ce
logique ?
Quand trois élus de la même ville se font un procès, ce sont les habitants qui
payent ?
En 2013, dans la ville de Wingles43, la première adjointe Maryse Loup attaque un élu de
l’opposition pour diffamation. Dans le bulletin municipal un article la traite de « Judas ».
Comme le maire est le directeur de la publication, il est lui aussi attaqué pour diffamation en
compagnie de l’élu de son opposition municipale.
L’adjointe qui s’estime diffamée fait donc une demande de protection fonctionnelle pour faire
face aux frais de justice du procès en diffamation qu’elle entame.
Mais, et c’est là que cela devient cocasse, l’élu mis en cause par la plainte demande lui
aussi, et c’est son droit, la même protection fonctionnelle pour le procès qu’on lui fait. Et le
maire, ne voulant être en reste, en fait une lui aussi.
Fin décembre 2013, le conseil municipal accorde la protection au maire et à l’élu de
l’opposition… mais pas à Maryse Loup qui s’estimait diffamée.
Les voies de la protection fonctionnelle sont impénétrables !
Petite conclusion
Si on comprend bien qu’il est normal qu’un élu ou un fonctionnaire puisse bénéficier d’une
protection juridique dans le cadre de son mandat ou de son travail, pourquoi ne met-on pas en
place un certain nombre de verrous pour éviter les dérives auxquelles on assiste, d’autant que
des pistes peuvent être envisagées.
– Toutes les municipalités et ou collectivités territoriales qui auraient à subir un préjudice
du fait d’un de ses élus ne devraient-elles pas se porter partie civile systématiquement en cas
de mise en examen dudit élu, ne serait-ce que pour protéger les intérêts de la collectivité ?
– Un élu qui se sert de la protection fonctionnelle ne devrait-il pas systématiquement et sans
recours rembourser les frais d’avocat avancés en cas de condamnation définitive ?
– L’accord de la protection juridique pour un élu ne devrait-elle pas être accordée sous
réserve de l’analyse du bien-fondé de la demande par un organisme indépendant ?
– Un plafond de dépenses de procédures judiciaires, conseils et frais d’avocat à charge
d’une collectivité ne devrait-il pas être défini et une justification détaillée des dépassements
soumise à examen et aux votes des assemblées ?
En attendant que quelqu’un daigne explorer ces pistes, un élu peut faire le nombre de
procès qu’il veut et abuser des frais d’avocat sans bourse délier.
Il a par ailleurs existé pendant quelques années une autre voie tout aussi sympathique pour
l’élu : devenir lui-même avocat.
C’est le décret n° 2012-441 du 3 avril 2012 qui crée officiellement une nouvelle dérogation
à l’accès de la profession d’avocat sans passer par l’examen professionnel44. Les élections
approchent et l’on subodore dans les instances politiques que beaucoup vont se retrouver sans
mandat. Ce décret permettait donc aux députés, sénateurs, ainsi qu’aux anciens ministres et à
leurs collaborateurs de devenir avocats sans autre forme de travail ou d’examen spécifiques,
sous réserve d’être titulaires d’une maîtrise en droit et de justifier de huit ans d’exercice de
responsabilités publiques ou d’être fonctionnaires de catégorie A.
À l’époque de ce passage en force, quelques voix ont bien essayé de s’élever et de dénoncer
ce passe-droit sur mesure pour élu voulant monnayer son carnet d’adresses. Sans succès.
Le Conseil national des barreaux, dès 2011, rejette le projet en assemblée générale. La
Fédération de l’Union des jeunes avocats hausse le ton et ne comprend pas que l’on puisse
devenir avocat autrement qu’en passant le CAPA (certificat d’aptitude à la profession
d’avocat) et trouve qu’il y a une injustice flagrante dans le procédé par rapport aux longs
efforts que doivent fournir les étudiants pour accéder à ce métier. Rien n’y fait, le décret sort
avec effet immédiat, signé de la main du Premier ministre et du ministre de la Justice de
l’époque.
La fête se termine
En décembre 2010, le député Lionel Tardy avait tenté de mettre fin à cette exception.
Mais il s’était heurté à ses petits camarades qui lui avaient signifié une fin de non-recevoir. Il
faudra attendre début 2014 et la garde des Sceaux Christiane Taubira pour voir enfin ce
décret abrogé47, donnant ainsi satisfaction aux associations d’avocats qui commençaient à
désespérer de cette injustice manifeste.
Les anciens ministres et parlementaires ne peuvent plus aujourd’hui accéder à la profession
d’avocat d’un simple claquement de doigts.
Non seulement il y a trop d’élus, qui pour certains s’en mettent plein les poches et
s’accordent des vacances au-delà de la mesure, mais, preuves à l’appui, il est aujourd’hui
démontré que les lois sont de plus en plus mal fagotées et rédigées à la va-vite. Un à-peu-près
érigé en système qui ne peut que générer des injustices et des abus flagrants48.
Dans un ouvrage intitulé Ubu loi, trop de lois tue la loi !, le journaliste Philippe Sassier et
l’universitaire Dominique Lansoy ont constaté une inflation législative en France49. Ils ont
recensé près de 10 500 lois, 127 000 décrets, 7 400 traités et 17 000 textes
communautaires en vigueur. Et pourtant nul n’est censé ignorer la loi, même quand elle
devient inintelligible. Selon Jean-Louis Debré, dans un article paru en janvier 2014 dans
l’hebdomadaire Le Point, « en 1959 le Recueil des lois et des résolutions de l’Assemblée
nationale pesait 500 grammes, il atteindra les 10 kilos dans une paire d’années. Le Journal
officiel qui comportait 10 000 pages dans les années 1990 en contient plus de 25 000
en 2014. »
En 2013, un rapport (un de plus) intitulé L’inflation normative, coécrit par le député
Alain Lambert50 et remis au Premier ministre, à défaut d’apporter des solutions (comme tout
bon rapport qui se respecte) donnait quelques chiffres intéressants sur la normalisation à la
Française. On y apprenait que nous possédons un florilège de 400 000 normes qui paralysent
complètement l’action des collectivités locales. Il citait comme exemple (cocasse) 80 pages de
normes (pensées, rédigées et à mettre en application) concernant la restauration dans les
cantines scolaires : on y trouvait le nombre de saucisses à servir, leur poids, leur taille, leur
nombre selon l’âge de l’enfant… ou de la saucisse ! Dans le même ordre d’idée on y retrouve
un lexique complet sur la normalisation de l’air dans une maison d’habitation : normes
obligatoires, seuil de CO2 à ne pas dépasser, matériel recommandé, contrôle obligatoire ; sauf
qu’à aucun moment ni à une seule ligne il n’est recommandé (simplement) d’ouvrir sa fenêtre
de temps en temps. La quantité remplace la qualité de la norme.
Là où il ne fallait que quelques articles même pour une loi complexe il y a quelques années,
rendant par là même son application claire et simple, il n’existe désormais quasiment plus un
seul texte de loi qui n’a pas ses 100 pages minimum : 169 pages pour la loi Duflot sur le
logement ; 185 pages pour la loi Macron, et pour la loi dite « Grenelle II », jusqu’à 284
pages51.
Petite conclusion
Tout ces éléments réunis font que ces textes mal fagotés, mal écrits, adoptés dans l’urgence
en raison de l’émotion médiatique sont le plus souvent retoqués par le Conseil constitutionnel
à cause de leur inintelligibilité. Il y a quinze ans, le Conseil constitutionnel s’emparait d’une
ou deux lois pour ce motif. En 2010, il a eu à se prononcer 14 fois et en 2014 plus de 35 fois.
Tout ça pour ça ? Eh bien non, car le système est ainsi fait que les médias et la population
ne retiennent que l’annonce du dépôt de la proposition ou du projet de loi, un peu moins sa
discussion et encore moins son approbation dans l’hémicycle. Quand la loi est retoquée, peu
de médias s’en préoccupent, peu d’oreilles écoutent. Le parlementaire est content, on ne
retiendra que son combat pour la justice.
C’est ainsi que l’inceste avait été brièvement inséré dans le Code pénal en 201058. Car ce
n’était toujours pas le cas et cette perversion n’était donc pas reconnue comme un crime.
Mais comme le texte avait été mal et trop vite rédigé, le Conseil constitutionnel l’avait retoqué
un an après au motif qu’on ne précisait pas assez les contours de la notion de « famille ». La
conséquence de cette négligence est qu’en mars 2015, le Sénat, s’appuyant sur la décision du
Conseil constitutionnel, a rejeté de nouveau un article de loi59 qui réintroduisait la
pénalisation de l’inceste dans le droit français.
Une conséquence directe de l’inconséquence de certains élus.
2. Chiffres de l’Observatoire des inégalités, tirés d’une étude du Cevipof, juillet 2012.
3. http://www.francetvinfo.fr/elections/municipales/municipales-le-classement-des-50-villes-ou-l-on-s-est-le-plus-
abstenu_559743.html
4. http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/insolites/2014/12/19/25007-20141219ARTFIG00054-la-mairie-de-puteaux-
distribue-des-aspirateurs-aux-electeurs-pour-les-noel.php#xtor=AL-201
5. http://www2.assembleenationale.fr/scrutins/liste/%28offset%29/200/%28
legislature%29/14/%28type%29/TOUS/%28idDossier%29/TOUS
6. http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/reforme-senat-va-annoncer-gerard-larcher-841879
7. http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/approfondissements/droit-vote-obligation-pour-
certains-pays.html
8. http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/2014/03/28/le-combat-d-un-depute-du-nord-pour-le-vote-
obligatoire-444597.html
9. http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20031109.OBS9446/fabius-veut-rendre-le-vote-obligatoire.html
10. http://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-discussion/proposition-loi-visant-reconnaitre-vote-blanc-
aux-elections.html
11. http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/elections-voter-blanc-ca-ne-compte-presque-plus-pour-des-
prunes_1501416.html#dBm0VzCX43xeVCVV.99
12. http://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cloi/13-14/c1314020.asp
13. http://www.assemblee-nationale.fr/14/amendements/0768/CION_LOIS/CL4.asp
14. http://revuesshs.u-bourgogne.fr/societe_francaise/docannexe.php?id=853
http://www.emploi-2017.org/remuneration-des-elus-locaux-le-dessous-des-cartes,a0216.html
15. Selon les chiffres de 2003, France comprise, on dénombre 75 000 communes dans l’Union européenne.
16. http://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/nombre-delus-lautre-mille-feuille-francais
17. http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/parite/4314-pas-plus-de-10-presidentes-de-
departements
18. http://www.emploi-2017.org/remuneration-des-elus-locaux-le-dessous-des-cartes,a0216.html
19. http://www.insee.fr/fr/ppp/comm_presse/comm/cp_pop_legales_2011.pdf
20. http://www.courrierdesmaires.fr/7474/indemnites-des-elus-quelles-sont-les-pratiques/
21. http://www.courrierdesmaires.fr/7474/indemnites-des-elus-quelles-sont-les-pratiques/
22. Rapport d’information de M. Jean Puech, fait au nom de l’Observatoire de la décentralisation n° 256 (2006-
2007) – 21 février 2007. Url : http://www.senat.fr/notice-rapport/2006/r06-256-notice.html
23. http://www.ruedelachouette.org/143/
24. http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/insolites/2015/04/08/25007-20150408ARTFIG00247-un-elu-modem-de-
paris-juge-qu-il-est-trop-paye.php
25. Sud-Ouest du 29 septembre 2013, site Web news numéro :20130929·SOE·072, art. signé Y.S.-S et Sud-Ouest
du 28 avril 2014, news numéro :20140428·SO·280414aP1755746, art. de Jean-François Renaut.
26. http://dejudasatartuffelettresaumonde.hautetfort.com/tag/retraites
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/06/20/a-quand-la-transparence-sur-les-remunerations-a-l-assemblee-
nationale_1721772_3232.html et http://www.ifrap.org/Assemblee-nationale-la-mandature-de-la-
transparence,12759.html
27. http://www.collectivites-locales.gouv.fr/regime-indemnitaire
28. http://www.senat.fr/rap/r11-318/r11-3183.html
29. http://www.ruedelachouette.org/2008/07/
30. http://www.michele-delaunay.net/delaunay/blog/le-tunnel-ou-comment-faire-carriere-sans-mettre-un-pied-dans-
la-vraie-vie
31. http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2013/12/09/de-quel-milieu-social-viennent-nos-deputes/
32. http://www.cevipof.com/fr/les-publications/notes-de-recherche/bdd/publication/980
33. http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=2021 http://www.les-crises.fr/faute-liberalisme-ou-
elites/
34. https://resistanceinventerre.wordpress.com/2014/11/25/les-parlementaires-au-dessus-des-lois/
35. Gilbert Guilleminault, Le Roman vrai de la Ve République, chapitre 6, « Le faux attentat de l’Observatoire »,
Paris, Julliard, 1980, p. 186-198.
36. http://www.toupie.org/Dictionnaire/Immunite.htm
37. http://www.les-crises.fr/le-cadeau-de-noel-de-manuel-valls-aux-internautes-la-surveillance/
38. http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/350-000-ecoutes-par-an-15-11-2014-4292483.php
39. Article 100-7 modifié par la Loi n°2004-204 du 9 mars 2004 - art. 5 JORF 10 mars 2004.
40. http://www.roquebrune-verites.fr/#Justice%206
41. http://www.leparisien.fr/clamart-92140/clamart-92-la-mairie-ump-refuse-d-assumer-89-000-eur-de-frais-d-avocat-
pour-l-ex-maire-ps-01-07-2014-3968017.php
42. Graziella Riou Harchaoui et Philippe Pascot, Délits d’élus, op. cit., p. 260.
43. http://www.lavoixdunord.fr/region/wingles-au-conseil-municipal-les-demandes-de-protection-
ia35b54057n1809041
44. http://www.rue89strasbourg.com/index.php/2012/04/04/societe/tribune-la-profession-davocat-devient-la-
poubelle-du-monde-politique/
45. http://www.liberation.fr/politiques/2010/12/07/au-barreau-de-paris-des-deputes-un-peu-trop-portes-sur-la-
robe_698878
46. http://www.marianne.net/De-ministre-a-avocat-un-juteux-business-en-vue_a216901.html
47. http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/04/17/les-parlementaires-et-anciens-ministres-ne-pourront-plus-
devenir-avocats_3161198_3224.html
48. Le Canard enchaîné, janvier 2015, art. d’Hervé Martin.
49. Philippe Sassier et Dominique Lansoy, Ubu loi, trop de lois tue la loi!, Paris, Fayard, 2008.
50. http://www.liberation.fr/economie/2013/03/27/inflation-des-normes-les-experts-ont-remplace-les-juristes_891674
51. http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2015/01/26/loi-macron-un-texte-qui-bat-plusieurs-
records_4563389_1656968.html
52. http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/03/04/assemblee-le-gouvernement-abuse-t-il-de-la-procedure-d-
urgence_1163251_823448.html#qitvZwsrRuOUGoYr.99
53. Les Cahiers du Conseil constitutionnel, n° 18, juillet 2005.
54. http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/trop-de-lois-tue-la-loi-02-07-2013-2946287.php
55. http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/08/trop-de-lois-mal-ficelees-tuent-la-
loi_4344548_3232.html#UiGeFyJF7YtHfmQG.99
56. http://rue89.nouvelobs.com/2014/12/05/ca-va-devenir-trop-facile-reperer-les-amendements-dictes-les-lobbies-
256409
57. Idem.
58. http://www.metronews.fr/info/pourquoi-l-inceste-n-est-toujours-pas-inscrit-dans-le-code-
penal/mock!kHqbBOSizxIUk
59. Article 22 de la proposition de loi sur la protection de l’enfance, enregistré à la Présidence du Sénat le 11
septembre 2014.
DEUXIÈME PARTIE : Cachez ce cumul que je ne saurais voir
Rappelons que selon la loi un député ne peut cumuler son indemnité parlementaire et les indemnités d’autres mandats électifs que dans
la limite d’une fois et demie le montant de l’indemnité parlementaire de base, soit 8 272,02 euros. Un parlementaire ne peut donc
percevoir plus de 2 757,34 euros au titre de ses mandats locaux.
83 % des parlementaires sont des « cumulards » : 476 députés sur 577 et 267 sénateurs sur 348 ont, en plus d’être parlementaires,
un mandat exécutif local. En général, ils atteignent presque tous la limite « officielle » de 8 272,02 euros de revenus, ce qui est déjà
une belle somme, il faut quand même l’avouer, laquelle par ailleurs ne prend pas en compte l’indemnité de résidence (3 % de l’indemnité
de base, soit 165 euros), l’indemnité de fonction (25 % de l’indemnité de base, soit 1 420 euros) et l’indemnité représentative de frais
de mandat (IRFM). D’autre part, il est à noter que les mandats intercommunaux ne sont pas pris en compte dans le cumul des mandats ;
en revanche les indemnités intercommunales sont intégrées dans le cumul des indemnités60.
Ce qui ouvre déjà bien des possibilités lucratives qui viennent s’ajouter discrètement à ce fameux écrêtement.
Si on relit bien le texte, on s’aperçoit aussi que cette limite financière ne concerne que les mandats électifs et ne prend pas en compte
un certain nombre d’autres possibilités, de petites niches où nos parlementaires peuvent allègrement se faufiler pour améliorer leur
ordinaire déjà bien copieux.
Voici ci-dessous un petit tour d’horizon que j’ai effectué sur les différentes formes de cumuls « annexes » et lucratifs des élus.
II - LE « TOUR EXTÉRIEUR »
Le Graal financier pour des élus ou avoir un autre boulot sans bosser !
L’inspection générale de l’Éducation nationale (IGEN) est un corps placé sous l’autorité directe du ministre de l’Éducation nationale.
Composée de 14 groupes disciplinaires et de spécialités, elle assure une mission permanente de contrôle, d’étude, d’information, de
conseil et d’évaluation.
Les inspecteurs généraux de l’Éducation nationale sont recrutés parmi les fonctionnaires de catégorie A. Les candidats doivent justifier
de dix années de service dans l’Éducation nationale, dont cinq d’enseignement, être titulaires d’un doctorat, d’une habilitation à diriger
des recherches, d’une agrégation et avoir atteint au moins l’indice brut 901 dans l’échelonnement de leur corps d’origine.
On le voit, être membre de l’IGEN est réservé à des fonctionnaires méritants et hautement qualifiés. Ils participent au contrôle des
personnels d’inspection, de direction, d’enseignement, d’éducation et d’orientation. ils prennent part à leur recrutement et à l’évaluation
de leur activité. Ils jouent aussi un rôle important dans la réflexion sur les programmes scolaires, dans l’observation, l’évaluation et la
diffusion des pratiques pédagogiques. Un organisme reconnu dans lequel viennent se glisser régulièrement quelques élus.
La loi n° 84-834 du 13 septembre 198471 a institué un recrutement dit « au tour extérieur ». Cette loi donne la possibilité au
gouvernement, et à sa discrétion, de nommer des inspecteurs généraux de l’Éducation nationale sur proposition d’un ministre entérinée
par un décret signé du président de la République, dans une proportion de un poste sur cinq mis en concours, sans autre condition que
celle de l’âge des candidats, 45 ans au minimum.
On compte ainsi parmi eux : Jean-François Raynal, vice-président du conseil général des Yvelines, Jean-Luc Miraux, ancien
sénateur de l’Eure, Juliana Rimane, ex-députée de Guyane, Léon Bertrand, ancien ministre, Emmanuel Hamelin, ex-député du
Rhône, Arnaud Teullé, ancien candidat à la mairie de Neuilly-sur-Seine, Christian Demuynck, sénateur de la Seine-Saint-Denis,
Jean Germain, sénateur d’Indre-et-Loire, ex-maire de Tours, décédé le 7 avril 2015 (voir supra), entre autres, ont tous été nommés
IGEN (inspecteur général de l’Éducation nationale) au tour extérieur.
Le salaire moyen net d’un IGEN au tour extérieur est de 3 800 euros par mois72 ; il grimpe à 6 000 euros en fin de carrière. Les
contraintes pour ces heureux « nommés » par le fait du prince sont très élastiques, aussi bien sur le temps passé que sur la masse de
travail à fournir.
À tel point qu’en 2011, un courrier de trois pages émanant du Premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, est envoyé
au Premier ministre François Fillon afin de dénoncer les dérives constatées au sein des nominations et de pointer quelques exemples :
Jean Germain et Léon Bertrand, le premier nommé par François Mitterrand et le second par Jacques Chirac. De l’ensemble des
éléments réunis au cours de l’instruction, il ressort que l’on ne trouve pas beaucoup de traces du travail effectué par ces deux élus.
Jean Germain n’a ainsi fourni que quelques feuillets en dix-huit ans de « travail » tandis que Léon Bertrand ne comptabilise que
quelques réunions… et toutes à partir du moment où il a eu vent d’une enquête sur le sujet. Bizarrement d’ailleurs, ces deux élus ont fait
valoir leur droit à la retraite dès que la Cour des comptes a envoyé son rapport73.
On relève aussi, noir sur blanc, dans ces trois pages alarmistes, que sur 12 IGEN nommés au tour extérieur entre 2002 et 2008, cinq
d’entre eux font preuve « d’insuffisances professionnelles telles qu’ils ne sont pas en mesure d’acquérir les compétences nécessaires au
bon accomplissement des taches techniques confiées aux inspecteurs généraux de l’Éducation nationale ».
Manière élégante pour ajouter l’incompétence à des emplois (presque) fictifs et très bien payés.
Pour habiller ces « nominations » on a pourtant pris la précaution de demander l’avis d’une commission qui doit apprécier et statuer
sur leur pertinence. Mais l’avis n’est que consultatif et le rapport de la Cour des comptes remarque que lorsqu’elle émet des réserves
justifiées sur l’aptitude de deux candidats à exercer les fonctions d’inspecteur général (Juliana Rimane et
Abderrahmane Dahmane), la commission n’est pas suivie et les candidats sont tout de même nommés…
Petite conclusion
Toutes les tendances politiques confondues ont croqué dans ce gâteau financier indéniable et font peu de cas de tous ces inspecteurs,
les vrais, qui, eux, ont gravi les échelons un à un grâce à leur mérite et à leurs qualités professionnelles. Ces nominations hautement
politiques sont souvent des « remerciements pour services rendus », ou un excellent moyen de s’attacher la servilité du bénéficiaire à
qui on saura rappeler à qui il doit ce matelas douillet. Cependant, comme on ne peut pas mettre tout le monde au même endroit et selon
le caractère, l’envie ou le profil de celui (celle) qu’on veut avantager, on a trouvé d’autres postes tout aussi rémunérateurs et souvent pas
plus contraignants. Les préfets « hors cadre » en font partie.
Les fonctions de préfet et de sous-préfet ont été créées par Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, le 17 février 1800 (loi du
28 pluviôse an VIII). Le « faux préfet », autrement dit, le préfet hors cadre existe depuis cette date.
En son temps et tant qu’il fut chef de l’État, Charles de Gaulle a mis fin à cette pratique des « préfets fantômes » : un décret du
29 juillet 1964 disposait que « les nominations préfectorales impliqu[ai]ent une affectation sur un poste territorial ».
Mais le système redémarre avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand qui en use régulièrement sur le fondement, notamment,
du décret du 23 décembre 1982 qui autorise la nomination de préfets en mission de service public relevant du gouvernement, à hauteur
de 5 % de l’effectif budgétaire de ce corps ; les intéressés sont alors placés sur un emploi de préfet hors cadre. Il n’est pas besoin de
diplôme ou de titre pour être nommé. C’est au bon vouloir discrétionnaire du gouvernement qui les nomme en Conseil des ministres.
Les successeurs de Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ne sont pas en reste. François Hollande, malgré de grandes
déclarations sur le sujet a continué également à s’en servir allègrement.
Il faut savoir que ces « préfets », sans affectation territoriale, perçoivent en moyenne une rémunération mensuelle brut
de 6 000 euros. S’ils retrouvent un poste d’élu, ils sont dits « en détachement » car officiellement les deux fonctions sont
incompatibles. On a donc trouvé une petite astuce pour qu’ils puissent garder un pied dans la préfectorale et assurer leurs vieux jours.
Lorsque des bras cassés du suffrage universel, nommés préfets hors cadre pour les aider à surmonter leur frustration de mandats
électifs, récupèrent un mandat de député, de sénateur, ou de maire d’une grande ville, l’État continue cependant à leur verser un petit
salaire de préfet qui ne se cumule plus qu’à hauteur des cotisations à verser pour la retraite de préfet. En gros, cela veut dire qu’ils
continuent à recevoir une part de salaire d’un boulot qu’ils ne font pas. Et ça jusqu’à leur retraite.
Et si par un malheureux hasard électoral, ils se prennent une nouvelle veste à une élection suivante, ils peuvent redevenir préfets hors
cadre et toucher leurs 6 000 euros mensuel en attendant des jours meilleurs. Plus prosaïquement : ils peuvent se faire virer ou
licencier d’un travail, ils sont sûrs de toucher malgré tout un salaire…
Traduisons une même situation en bas de l’échelle sociale : un ouvrier qui se fait virer, licencier de chez Peugeot toucherait
automatiquement et en restant chez lui un salaire offert gracieusement par PSA.
C’est Pôle emploi et l’assurance chômage qui seraient contents !
IV - BLANCHIMENT D’ARGENT, EMPLOIS FICTIFS, SALAIRE AU BLACK, CHÔMAGE : LE CERCLE VERTUEUX DU TRAVAIL EN
POLITIQUE
Des chèques ou du liquide au black tous les mois pour les sénateurs
C’est la cellule antiblanchiment d’argent (TRACFIN) qui, trouvant anormaux des mouvements d’argent réguliers entre des associations
et le compte en banque d’une centaine de sénateurs, déclenche une enquête préliminaire discrète de plusieurs mois exécutée par la
brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA). Les éléments récoltés par les enquêteurs débouchent sur une information
judiciaire prise en charge par le parquet de Paris pour des faits de « détournement de fonds publics », « abus de confiance » et
« blanchiment », opérés au profit de plusieurs sénateurs UMP.
Les enquêteurs ont pisté dans le cadre de ces opérations frauduleuses un montant (sur deux ans seulement) qui atteindrait près
de 400 000 euros79 au profit exclusif des poches pourtant déjà bien remplies des sénateurs.
Le tour de passe-passe était d’une simplicité déroutante. Le Cercle de réflexion et d’études sur les problèmes internationaux (Crespi) et
l’Union républicaine du Sénat (URS), deux associations de circonstance, recevaient des subventions du Sénat, lesquelles étaient
reversées, ni vu ni connu, aux membres adhérents et parlementaires des deux associations.
« Entre les mois de décembre 2009 et mars 2012, l’URS a édité plusieurs chèques à destination d’une trentaine des 130
représentants UMP au Sénat pour un montant avoisinant les 210 000 euros [...]. Les comptes de l’Union républicaine du Sénat ont aussi
été débités de près de 113 000 euros en espèces », écrit Le Parisien.
On peut ainsi noter que sur trois ans, Ladislas Poniatowski, sénateur de l’Eure, aurait reçu 4 000 euros ; Jean-Claude Carle,
sénateur de la Haute-Savoie et vice-président du Sénat, a reçu 4 200 euros ; Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne et ancien
Premier ministre, a perçu 2 000 euros, (d’après son entourage pour payer un voyage au Canada…) ; Jean-Claude Gaudin, sénateur
des Bouches-du-Rhône et maire de Marseille, aurait reçu pour 24 000 euros en six chèques ; Roland du Luard, sénateur de la Sarthe,
vice-président de la commission des finances, aurait reçu 27 000 euros en six chèques également ; enfin (mais la liste n’est pas
exhaustive), Gisèle Gautier, ex-sénatrice de la Loire-Atlantique, aurait bénéficié de presque 12 000 euros.
L’ancien ministre, sénateur de l’Yonne et ex-maire de Saint-Valérien affirme qu’il n’y avait « rien d’anormal, l’argent provient des
crédits servant à rémunérer les assistants parlementaires ». Le sénateur défend ainsi la légalité de cette pratique, affirmant que la
Constitution prévoit que les groupes politiques s’administrent librement et qu’ils peuvent « à loisir accorder une subvention à une
association composée par des sénateurs ».
Le marquis de Raincourt avoue avoir touché pendant plusieurs années 4 000 euros par mois… en plus du reste.
Ce sénateur, ancien ministre et président du groupe UMP au Sénat de 2009 à 2011, affirme que cette manière d’utiliser les crédits
servant à rémunérer les assistants parlementaires n’a « plus court ». Mais si elle n’a plus court, c’est qu’elle existait bien avant !…
Il recevait environ 2 000 euros par mois, « en guise de compensation », dira-t-il !
Ce sénateur de Seine-et-Marne, lui, ne se souvient pas très bien. Il reconnaît néanmoins du bout des lèvres qu’il touchait 4 000 euros
chaque année avant l’été. « Comme cet argent provenait des formations politiques, ça n’était pas imposable, nous n’avions donc pas à le
déclarer. »
Ce sera l’un des leitmotive de tous ces sénateurs si sourcilleux quand il s’agit d’épingler quelques salariés qui travaillent au noir pour
arrondir leurs pauvres fins de mois et si peu regardants quand il s’agit de leur propre argent de poche distribué, en plus, au black.
Conclusion
Un petit toilettage égalitaire serait le bienvenu pour éviter, là aussi, que l’on puisse croire que même sans emploi un ex-député a plus
davantage qu’un simple salarié.
Ce qui, aujourd’hui, est le cas.
Sources
http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/role-et-pouvoirs-de-l-assemblee-nationale/le-depute/la-situation-materielle-du-
depute
http://www.ifrap.org/Un-point-sur-l-allocation-chomage-des-deputes,14180.html
Cinq semaines de congés payés82 est la durée légale déterminée pour un salarié du privé, à raison de 2,5 jours ouvrables par mois de
travail effectif chez le même employeur. Cette durée correspond à 30 jours ouvrables, soit cinq semaines, pour une année complète de
travail effectuée durant la période de référence prise en compte. C’est la loi commune et applicable aux salariés français.
Ces congés furent acquis de haute lutte par les travailleurs en 1936, après une longue période de grève générale qui paralysa presque
tout le pays à l’époque. Fixés à 15 jours au départ, ils passent à trois semaines en 1956, puis à quatre semaines quelques mois après les
événements de Mai 68 et enfin, depuis 1982, à cinq semaines.
La prise de congés d’un salarié doit respecter certaines règles. Ainsi, pendant sa période de congés principale (généralement pendant
les vacances d’été), le salarié ne peut pas prendre plus de 24 jours ouvrables d’affilée, soit quatre semaines de congés (sauf dérogations
particulières justifiées par des contraintes géographiques).
J’ai découvert pour l’année 2014 une corporation bien soudée qui se dit souvent débordée par son travail harassant mais qui a trouvé le
temps de prendre cinq semaines de congés d’affilée en sus des deux mois minimum qu’elle s’autorise déjà. Je vous le donne en en mille :
il s’agit des parlementaires des deux assemblées !
Petite conclusion
Pour clore ce petit chapitre sur un abus « légal » et à la justification douteuse, il est quand même amusant de constater qu’un député
sur deux environ a essayé de « cumuler » avec un mandat qui l’emmène jusqu’en 2020, mais qu’il devra logiquement rendre en 2017
(date de l’entrée en vigueur de la loi anticumul). Encore une fois, ceux-là même qui nous abreuvent d’une loi qu’ils disent rédemptrice des
dérives du monde politique sont les premiers à la transgresser plutôt que de l’anticiper. Il y a fort à parier que cette loi anticumul que les
parlementaires n’ont apparemment acceptée que sous la pression de l’opinion va nous réserver quelques surprises dans son application.
Pour un salarié, depuis la réforme des retraites qui a commencé en 2010, il s’agit maintenant, pour avoir une retraite à taux plein, de
cotiser pendant 172 trimestres (soit quarante-trois ans) pour les personnes nées en 1973 ou après. L’âge légal pour partir en retraite
pour les assurés ne disposant pas d’une carrière complète passe définitivement à 67 ans. En 2014, après plus de quarante ans de
travail, il y a environ 6,5 millions de personnes qui touchent 1 200 euros brut de pension de retraite, retraites complémentaires
comprises, soit 43 % des retraités de France.
On peut raisonnablement penser que les salariés retraités ont mangé leur pain blanc et que les années futures verront les pensions de
retraite (complémentaires comprises) se réduire comme peau de chagrin. Fin 2014, l’idée de reculer de deux ans l’âge légal pour
toucher une retraite complémentaire avance à grand pas. La Cour des comptes elle-même explique cette dégradation des prestations de
retraite par l’allongement de l’espérance de vie, les aléas économiques et l’arrivée à la retraite des enfants de la génération d’après
guerre.
Il est évident, malgré les grandes déclarations des uns et des autres, que nous nous dirigeons vers un allongement de la durée des
cotisations, une diminution du montant des pensions et une augmentation des cotisations85.
La retraite par répartition bat de l’aile et celle par capitalisation risque de prendre son envol, au détriment des plus faibles qui n’auront
d’autre choix que de gérer leur quotidien précaire sans possibilité de thésauriser pour leur futur.
Petite conclusion
En temps normal, un salarié qui prenait sa retraite du régime général pouvait, s’il continuait à travailler dans un autre secteur,
accumuler des cotisations retraite supplémentaires dans un autre régime. Par exemple, il pouvait prendre sa retraite de fonctionnaire et
commencer un travail dans le privé, ce qui lui donnait la possibilité, en cumulant les cotisations, d’améliorer sa future retraite, tous
régimes confondus.
Depuis le 1er janvier 201592, tout salarié qui travaille tout en touchant une maigre retraite verra ses cotisations retraite prélevées sur
son salaire, mais elles ne compteront plus pour améliorer la sienne. On comprend bien le souci de nos parlementaires de trouver des
moyens de faire des économies pour combler les déficits publics que l’on nous annonce comme abyssaux… à condition qu’eux-mêmes
soient exonérés de tout effort…
Jusqu’en 2010, les pensions versées aux élus locaux parisiens étaient gérées par deux associations loi 1901 – la Société de retraite des
conseillers généraux de la Seine et la Société de retraite des conseillers municipaux de Paris – sans qu’il soit besoin de les déclarer aux
services fiscaux. Elles échappaient ainsi aux prélèvements fiscaux et sociaux93. Le fondement juridique de la défiscalisation de ces
pensions reposait uniquement sur un courrier du ministère des Finances daté de 1994. Par ailleurs, une note de la chambre régionale
des comptes, rédigée en décembre 2006, et restée quasi confidentielle, stipule que les pensions des élus parisiens sont défiscalisées à
100 % pour les droits antérieurs à 1992.
Une association de défense de retraités tombe sur cette note en 2009 ainsi que sur le montant de la subvention versée par la mairie de
Paris aux deux associations qui gèrent les retraites de ses élus : quatre millions d’euros pour l’année 2009.
En 2009, quand le pot aux roses est découvert, on dénombra 295 petit heureux (parmi lesquels Jacques Chirac, Lionel Jospin,
Jacques Toubon, Jean Tiberi, Claude Goasguen, Michel Charzat, Didier Bariani, Jacques Dominati, Alain Juppé, Anne-
Marie Couderc…) qui profitaient de ce passe-droit ou qui pouvaient y prétendre. 163 étaient déjà pensionnés. 90 veufs ou veuves
touchaient une pension de réversion avantageuse. Il était prévu de faire perdurer le système jusqu’en… 2050, le temps que les 47
conseillers de Paris, élus avant 1992 et toujours en fonction, prennent à leur tour leur retraite.
Dès que le scandale éclate, la mairie de Paris réagit avec vigueur et rapidité. Elle proclame haut et fort qu’elle va dorénavant facturer
aux deux associations le salaire des employés communaux mis à leur disposition jusque-là gratuitement.
Ah bon, parce qu’en plus de la subvention annuelle, les contribuables parisiens payaient aussi le personnel des associations
gestionnaires des pensions des élus ?
Remarquez, comme ils paieront avec la subvention allouée !…
Moralité
On s’aperçoit là aussi que ceux qui sont si prompts à demander à tous de participer à l’effort de la nation savent se préserver pour leurs
propres vieux jours.
Hors conjoints ou conjoints d’élus décédés, il y a aujourd’hui 2,6 millions de femmes qui touchent une pension de réversion
complémentaire de l’ARRCO (caisse de retraite complémentaire des salariés) pour seulement 263 000 hommes. Mais il est une catégorie
d’hommes et de femmes qui ont un sacré bonus concernant leur pension de réversion. Quelle est donc cette catégorie de privilégiés ?
Celle des élu(e)s de la République, bien sûr ! On ne peut d’ailleurs que conseiller le mariage avec un(e) élu(e) pour qui souhaite s’assurer
des vieux jours sans soucis financiers. Nous l’avions déjà évoqué dans Délits d’élus, tome 196. Au vu de la réforme des retraites de 2013,
qui n’a pas pris en compte les pensions de réversion (un rapport doit sortir – aurait dû sortir – est peut-être sorti sur le sujet fin 2014…),
je ne pouvais faire moins que d’en toucher à nouveau deux mots pour que nous puissions comparer, quand viendra le temps, bientôt
proche, de raboter les pensions reversées au conjoint survivant, entre le régime des pensions de réversion réservé aux citoyens lambda et
celui propre aux élus.
Quand on fait partie du commun des mortels, pour toucher une pension de réversion, on se doit de remplir des conditions très strictes.
Il faut être âgé d’au moins 55 ans, préciser le nombre d’années de mariage (sauf si vous avez eu des enfants), avoir été mariés et non
pacsés… Nous n’entrerons pas dans le détail des motifs d’exclusion, la liste est un peu longue.
Une fois toutes ces conditions remplies, vous ne pourrez toucher cette pension de réversion que si vos ressources ne dépassent pas un
certain seuil. Dans la plupart des régimes de base, le plafond est fixé à 19 822,40 euros par an pour une personne seule. Et vous ne
toucherez que 54 % de ces 19 000 euros maximum, (déduction faite de ce que vous pourriez toucher ailleurs…). Prenons l’exemple
d’une personne veuve non remariée disposant de ressources personnelles de 17 000 euros par an, dont le conjoint était salarié avant la
retraite. La pension de base du défunt étant de 15 000 euros, la réversion de base est fixée à 8 100 euros par an (54 % de
15 000 euros). Les ressources de la veuve sont ajoutées à la pension, soit un total de 25 100 euros (17 000 euros + 8 100 euros).
Le plafond est de 19 822,40 euros, la réversion sera donc réduite de 5 277,60 euros (25 100 euros - 19 822,40 euros). Il reste donc
à cette dame, à titre de pension de réversion, la somme annuelle de 2 822,40 euros, soit 235,20 euros par mois97. De plus, en aucun cas
son montant ne peut être supérieur à 54 % de la moitié du plafond de la Sécurité sociale : 844,83 euros par mois en 2014.
Dernier détail : un conjoint survivant n’a droit à RIEN si ses ressources personnelles dépassent les 1 500 euros brut mensuel !
Ce n’est pas la même chanson, ni le même parcours du combattant pour la pension de réversion des élus. La question du pourcentage
ne se pose même pas, le veuf ou la veuve de l’élu(e) touchant 66 % de la pension, sans plafonnement et quasiment sans condition. Il
paraît que le Sénat devait abaisser – ce n’est pas encore fait à ce jour – de 66 à 60 % la pension de réversion des sénateurs défunts…
mais toujours sans plafonnement et avec possibilité de cumul. En quoi le conjoint survivant d’un élu est-il plus fatigué que celui d’un
salarié ? La pénibilité (!?) du métier d’élu vaut-elle un dédommagement plus important après la mort de l’élu ?
Petite conclusion
Une proposition de réduction des pensions de réversion est à l’étude.
Il s’agirait pour un couple de choisir le niveau de réversion à laquelle aurait droit le survivant.
Soit la réversion au conjoint survivant resterait au niveau actuel (54 % de 19 000 euros maximum) ; mais si c’est ce choix qui est fait
par le couple, le premier à partir en retraite verra sa pension complémentaire minorée de son vivant.
Soit le couple optera pour que la réversion touchée par le survivant soit en dessous du niveau actuel : dans ce cas le premier dans le
couple à partir en retraite touchera sa retraite complémentaire pleine et entière.
Dans les deux cas de figure à « l’étude presque faite début 2015 », le salarié l’a dans l’os grave si nos parlementaires devaient retenir
cette proposition. Et aux dernières nouvelles, les élus n’y seraient pas défavorables car leurs conjoints ne seraient pas concernés par la
réforme !
L’égalité fiscale recouvre une dimension politique et juridique. C’est du moins ce qui résulte des articles 1, 6 et 13 de la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen qui prévoit que le principe d’égalité fiscale est d’abord entendu comme l’égalité des contribuables
devant l’impôt et que la « contribution commune » doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés (de
leurs possibilités). Il y est aussi affirmé l’égalité des hommes entre eux et l’égalité devant la loi : un même régime fiscal doit alors
s’appliquer à tous les contribuables placés dans la même situation. En 1973, le Conseil constitutionnel a renforcé en la rappelant cette
égalité de tous devant l’impôt.
On pourrait donc croire que tous les citoyens sont égaux devant l’impôt ; à rentrées égales, impôt égal et participation à la mesure des
ressources de chacun à la vie de la cité.
Moralité
À revenu égal, un élu peut payer deux fois moins d’impôts que ce qu’il réclame à son électeur.
« Payez ce que je dis et laissez-moi payer ce que je veux ! »
Les députés peuvent obtenir des prêts personnels à taux préférentiel dans la limite de 180 000 euros. Pour l’immobilier, le montant
moyen des prêts consentis, d’une durée de dix ans à 2 %, s’élève à 76 225 euros (mais ce n’est qu’une moyenne officielle, en réalité les
sommes peuvent être beaucoup plus élevées)101. De plus, on constate que dans la réalité, le taux de remboursement est parfois beaucoup
plus faible et que les élus n’ont même pas besoin de puiser dans leurs petites économies pour payer les sommes dues, pouvant ainsi
s’offrir un beau patrimoine immobilier avec toute l’apparence de la légalité.
Petite conclusion
Pour clore ce chapitre, je ne peux m’empêcher de vous faire partager la déclaration du député de l’Ardèche Pascal Terrasse qui s’était
déjà fait alpagué par un Web journal sur des utilisations indues de son IRFM dont il se servait, par exemple, pour régler la note de ses
vacances en famille. Il déclare très sérieusement dans un entretien à une télévision régionale : « Les indemnités d’élu, jusqu’à preuve du
contraire, on peut en faire ce qu’on veut [...]. Ces indemnités, j’en fais ce que je veux parce que la loi me permet d’en faire ce que je veux.
J’ai la loi pour moi109. »
La loi peut-être, mais la morale sûrement pas ?
Il y a une possibilité, bien cachée, une petite niche dans la réglementation générale de l’Assemblée qui permet d’augmenter son IRFM
sans coup férir et dans la « légalité immorale » la plus complète110.
Il s’agit, pour chaque député, s’il en éprouve l’envie et sans avoir besoin de le justifier en quoi que ce soit, de transvaser 50 % de son
indemnité collaborateur (9 138 euros par mois) vers son IRFM (6 412 euros par mois). Il a donc la possibilité de toucher chaque
mois 10 981 euros, soit 131 772 euros par an, soit encore 658 860 euros sur la période d’un mandat de député (cinq ans).
En 2007, un journaliste, après bien des déboires, réussit à se faire confirmer que les députés ont gardé pour eux ou leur parti plus de
cinq millions d’euros des crédits alloués à leurs assistants et secrétaires. En tout, 261 députés ont préféré garder leur reliquat plutôt que
de le reverser à leur assistant.
C’est aussi en 2007 que dans la bannette des députés, sous la forme d’un pli personnel et confidentiel, signé par la directrice du service
des affaires financières de l’Assemblée nationale, parvient une missive aux députés qui disait : « Il vous est possible de transférer, dans
la limite annuelle de 5 958 euros brut, soit 5 495,66 euros net, la partie non consommée de votre crédit collaborateur sur votre
indemnité représentative de frais de mandat. »
Quand on sait la précarité et le salaire peu élevé des assistants qui sont corvéables à souhait, il est sympathique de s’apercevoir que la
moitié des députés en 2007, toutes tendances politiques confondues, ont préféré ne pas reverser une petite « prime reliquat » à leur
collaborateur.
En effet, pourquoi se gêner si, en plus, l’administration vous autorise a être immoral.
Depuis cette date les choses n’ont pas beaucoup changé.
Il paraît que peu de députés utilisent cet « artifice » légal qui, en d’autres circonstances, s’appellerait du détournement d’argent
public. Cependant, il est quasiment impossible de savoir précisément combien de députés le font au sein de l’Assemblée. La seule
réponse obtenue auprès des autorités compétentes est : « Peu ». Oui, mais c’est combien, « peu » ? Et si vraiment ils sont si « peu »,
à quoi diable sert donc de conserver cette possibilité de « détournement légal » ?
Les chiffres que vous trouverez ci-dessous ont été établis selon la propre déclaration « volontaire » d’intérêts et d’activités 2014 des
députés et sénateurs cités. Sauf erreur ou omission involontaire de ma part, je n’ai pris en compte que les élus parlementaires dont les
revenus dépassent les 13 000 euros net par mois. Bien entendu, là aussi, ne sont pas pris en compte les avantages divers et variés dont
bénéficient, en sus, les élus dans le cadre de leur mandat (téléphone, Internet, etc.) ni les avantages « supplémentaires » de beaucoup
d’élus « multicartes » (voitures, chauffeurs, frais supplémentaires de représentation, etc.). Pas plus que je n’ai pu ajouter le montant des
retraites de certains élus ayant exercé un métier quand ceux-ci ont « omis » de le préciser.
Sur la bonne centaine d’élus que j’ai « inventoriés », il m’est apparu (déjà) des incohérences flagrantes dans plusieurs déclarations.
Volontairement je n’ai pas poussé plus loin mes investigations, laissant ce soin à la Haute Autorité pour la transparence de la vie
publique dont après tout c’est une des missions premières que de vérifier et de contrôler la véracité des écrits « volontaires » des élus.
député de Seine-et-Marne
14 850,41 euros net par mois dont 9 080,41 euros sur quatre mandats + 5 770 euros d’IRFM.
député du Doubs
17 018,77 euros net par mois dont 7 748,77 euros sur deux mandats + 3 500 euros en tant que médecin + 5 770 euros d’IRFM.
député de la 9e circonscription des Français établis hors de France
15 773,77 euros net par mois dont 5 148,77 euros sur un mandat + 2 395 euros en tant que cadre territorial en Charente +
2 460 euros (collaborateur de parlementaire) + 5 770 euros d’IRFM.
député d’llle-et-Vilaine
15 117,77 euros net par mois dont 9 347,77 euros sur quatre mandats + 5 770 euros d’IRFM.
sénatrice du Puy-de-Dôme13 540,35 euros net par mois dont 7 503,12 euros sur deux mandats + 6 037,23 euros
d’IRFM + (retraite non communiquée).
député de la Marne13 981,40 euros net par mois dont 7 961,40 euros sur quatre mandats + 250 euros en tant que chargé de
cours + 5 770 euros d’IRFM.
sénatrice de la Seine-Saint-Denis
14 163,35 euros net par mois dont 5 966,12 euros sur deux mandats + 2 160 euros de retraite enseignante + 6 037,23 euros
d’IRFM.
député du Var
Plus que moins de 45 805,38 euros net par mois dont 5 388,72 euros pour un mandat déclaré + 485 000 euros (brut ?) par an
(revenus provenant de sa société d’agents et courtiers d’assurances à Draguignan). À noter dans sa déclaration d’intérêts, sans doute
deux « oublis » de montants pour deux mandats locaux + 5 770 euros d’IRFM.
sénateur du Nord
13 594 euros net par mois (estimation basse) dont 7 557,12 euros sur trois mandats + 6 037,23 euros d’IRFM.
sénateur du Jura
13 425,35 euros net par mois dont 7 388,12 euros sur trois mandats + une retraite d’agriculteur non
communiquée + 6 037,23 euros d’IRFM.
député des Hauts-de-Seine
13 212,77 euros net par mois dont 7 742,77 euros sur deux mandats + 2 294 euros (revenus d’attaché territorial) + 5 770 euros
d’IRFM.
sénateur de l’Isère15 839,35 euros net par mois dont 7 175,12 euros sur trois mandats + 1 500 euros et 1 125 euros (revenus
pharmacie) + 6 039,23 euros d’IRFM.
députée de l’Isère
15 652,29 euros net par mois dont 8 334,81 euros sur trois mandats + 1 547,48 euros (revenus agence de
voyages) + 5 570 euros d’IRFM.
député du Pas-de-Calais
16 170 euros net par mois dont 5 148,29 euros pour un mandat + 10 400 euros pour trois emplois (deux postes de « directeurs »
et un d’animateur TV) + 5 770 euros d’IRFM.
députée de l’Aisne
15 501,62 euros net par mois dont 5 148,29 euros pour un mandat + 4 583,33 euros de retraite de conseiller d’État + 5 770 euros
d’IRFM.
député de Paris
13 427,47 euros net par mois dont 7 657,47 euros sur trois mandats + 5 770 euros d’IRFM.
député du Nord
13 014,70 euros net par mois, dont 7 244,70 euros sur trois mandats + 5 770 euros d’IRFM.
député du Vaucluse
15 418,70 euros net par mois dont 9 648,7 euros sur deux mandats + 5 770 euros d’IRFM.
député de l’Essonne
14 418,77 euros net par mois dont 5 148,77 euros pour un mandat + 3 500 euros (directeur des relations institutionnelles de
Skyrock) + 5 770 euros d’IRFM.
députée des Bouches-du-Rhône18 720,28 euros brut mensuel dont 12 950,28 euros sur quatre mandats + 5 770 euros d’IRFM.
député du Gard
26 931,77 euros net par mois dont 5 148,77 euros pour un mandat + 16 013 euros en tant qu’avocat + 5 770 euros d’IRFM.
sénatrice de l’Oise21 968,23 euros brut par mois dont 14 931 euros brut sur trois mandats + 1 000 euros en tant que gérante de
société + 6 037,23 euros d’IRFM.
sénateur de l’Isère
14 621,24 euros par mois dont 7 443,12 euros sur deux mandats + 1 140,89 euros (revenus Société d’économie mixte)
+ 6 037,23 euros d’IRFM.
, député de l’Oise
19 450,77 euros par mois dont 6 461 euros sur deux mandats + 7 219 euros en tant que conseiller en charge du développement
international auprès du président de MSH International, filiale du cabinet d’assurances SIACI Saint-Honoré + 5 770 euros d’IRFM.
député de la Haute-Loire16 485,77 euros net par mois dont 5 727,77 euros sur deux mandats + 4 988 euros (revenus exploitant
agricole et salarié) + 5 770 euros d’IRFM.
député d’Eure-et-Loir
17 673,77 euros net par mois dont 7 273,77 euros sur trois mandats + 4 630 euros en tant que biologiste + 5 770 euros d’IRFM.
sénateur du Val-d’Oise
20 609,23 euros net par mois dont 5 872 euros sur trois mandats + 8 700 euros en tant que membre du Conseil
d’État + 6 037,23 euros d’IRFM.
sénateur du Bas-Rhin
15 545,23 euros net par mois dont 6 508 euros sur trois mandats + 3 000 euros de retraite + 6 037,23 euros d’IRFM.
député de Seine-et-Marne17 737,49 euros par mois dont 7 281,87 euros sur deux mandats + 4 685,62 euros pour trois
emplois + 5 770 euros d’IRFM.
Je n’ai pu analyser, faute de temps et parce que je suis tout seul à le faire, les détails de la déclaration des 577 députés
et 348 sénateurs. L’énumération en aurait été de toute façon vraiment fastidieuse. Tout un chacun peut néanmoins continuer à consulter
la déclaration d’intérêts de son député ou sénateur sur le site qui répertorie leur déclaration (www.hatvp.fr/consulter-les-déclarations/).
Une petite calculette et un crayon permettront au lecteur d’être édifié sur les ressources, revenus et indemnités de son élu, du moins
dans ce qu’il aura bien voulu inscrire de lui-même, et nous allons voir à présent que les informations sont parfois peu précises, voire
inexistantes…
Oui, citoyens, rendons tous un compte moral de notre conduite politique ; faisons connaître au peuple ce que nous avons été avant la
Révolution et ce que nous sommes devenus, quelle a été notre profession, quelle a été notre fortune, si nous l’avons augmentée et par
quels moyens, ou si nous sommes devenus plus riches qu’en vertus ; que chacun de nous fasse imprimer ce compte moral et qu’il dise :
« C’est la vérité que je vous présente ; si je vous trompe seulement dans une syllabe, j’appelle la vengeance nationale ».
Georges Couthon, membre du Comité de Salut public,
député du Puy-de-Dôme à la Convention nationale,
séance du 16 germinal an II (5 avril 1794).
Les chiffres ci-dessous sont issus de la déclaration d’intérêts et d’activités remplie par les parlementaires eux-mêmes111. Les chiffres
dont j’ai tenu compte sont ceux de l’année 2013. La plupart des revenus affichés le sont en net mais je ne peux vraiment pas certifier
qu’ils le soient tous, au vu du peu de sérieux (ratures, approximations, chiffres erronés…) avec lequel sont remplies ces feuilles de
déclarations qui ne le sont qu’avec la seule bonne volonté des élus eux-mêmes. Si certains d’entre eux ont pris le soin de remplir ces
feuillets avec sérieux et respect des règles édictées, d’autres ne se sont vraiment pas tordu le poignet.
Je n’ai pas pu passer toutes les déclarations des élus en détail et je n’ai retenu que celles qui dépassaient les 14 000 euros net de
revenus par mois. Beaucoup d’élus, qui ont plusieurs mandats, ont généralement entre 11 000 et 13 000 euros de revenus net
mensuel. L’addition finale que je donne représente l’ensemble des revenus déclarés, mandats, emploi(s) et indemnité de frais de
représentation inclus (du moins dans ce que les élus ont bien voulu inscrire). Certains y notent leur IRFM, d’autres non. Dans tous les
cas, ils la touchent…
Ne sont pas pris en compte dans cette énumération les privilèges annexes que nous autres, citoyens de base, sommes obligés de
déclarer comme avantages en nature, c’est-à-dire voiture, téléphone, Internet et tutti quanti, qui sont mis gracieusement à disposition de
nos parlementaires.
Pour essayer d’avoir une cohérence dans les chiffres, j’ai pris en référence la même indemnité et le même IRFM pour les députés
(respectivement de 5 148,77 euros et 5 770 euros) et pour les sénateurs (respectivement de 5 379,12 euros et 6 037,23 euros) en
sachant qu’il est plus que difficile d’avoir un chiffre référence précis et identique pour les indemnités d’élus.
Que les élus cités me pardonnent si je me suis trompé de quelques centaines d’euros pour certains, voire un peu plus pour d’autres. Il
m’a fallu plusieurs heures d’utilisation de ma calculette pour arriver à comprendre (dans un premier temps) et à additionner leurs
revenus cumulés.
Pour rappel, le document rempli est un document officiel.
Le débrouillard
sénateur du Val-de-Marne
14 100,03 euros de revenus par mois dont 8 062,80 euros sur quatre mandats auxquels il faut rajouter son IRFM (6 037,23 euros).
Le plus singulier dans la déclaration de ce sénateur, c’est qu’une de ses deux assistantes semble être l’employée à temps partiel d’une
société privée, Matuo International Corporation. Après des recherches rapides, on a, soit une société de distribution textile, soit une
entreprise japonaise. Christian Cambon n’a donc qu’une seule assistante payée sur ses crédits propres. Il ne profite pas du crédit
mensuel de 7 548,10 euros pour étoffer son équipe (jusqu’à cinq collaborateurs/trices). Serait-il possible qu’il reverse le surplus sur
d’autres comptes bancaires comme le règlement l’y autorise ?
Le pauvre !
député des Hauts-de-Seine112
Les deux seules informations que l’on peut trouver dans sa déclaration d’intérêts et d’activités, c’est 14 500 euros de droits d’auteur
sur trois ans et 24 500 euros de rémunération en tant que maire de Levallois-Perret sur six ans, soit 340 euros net d’indemnité d’élu par
mois de mandat. Pas un chiffre sur son indemnité de député ni un mot sur son épouse qui, dans sa déclaration, n’existe pas. Un élu
pauvre et célibataire !
Les réfractaires
député de ParisAucune information sur ses indemnités et autres revenus dans sa déclaration 2013. Tout juste apprend-on que deux sur
trois de ses assistants sont eux-mêmes des élus. Pour un premier secrétaire de parti, on ne peut pas dire que sa déclaration reflète autant
de transparence qu’annoncée dans les discours. On en revient au sempiternel « faites ce que je dis… »
député du Val-d’Oise
Les seules informations exploitables transmises par ce député est qu’il est retraité et maire de Gonesse ; pour le reste, néant. Aucune
rémunération et/ou gratification pour cet homme !
députée de la Guyane
Mme Berthelot ne remplit rien, les seules informations données sont les noms de ses trois assistants, sans que l’on sache qui les
emploie, et à la rubrique « profession » nous apprenons que Mme Berthelot est agricultrice. Tout le reste est barré d’un grand trait…
Circulez, y’a rien à lire, une bénévole quoi !
sénateur de Maine-et-Loire
Ce conseiller délégué de la ville d’Angers, vice-président de la communauté d’agglomération, membre de la SEM Angers Expo Congrès,
a carrément zappé toute rémunération dans sa déclaration d’intérêts et d’activités 2013. À croire qu’il travaille lui aussi bénévolement !
député de l’Ain
Lui ne comprend pas bien ce qu’on lui demande. À la rubrique « rémunération », il remplit « indemnité de député européen [il était
député européen jusqu’au 17 juin 2012] et indemnité de conseiller régional » sans chiffre aucun. Pratique, côté transparence !
député des Yvelines
Ne veut rien savoir. Il émaille sa déclaration, plus ou moins remplie, de commentaires divers et réprobateurs. On comprend d’ailleurs
qu’il est foncièrement pour le cumul des mandats et il ajoute à la main, à son titre de député-maire, « à bas l’Inquisition ».
Les rigolos
députée de l’Isère
Le seul mot de cette élue, c’est NÉANT, y compris pour la description du travail de ses trois collaborateurs ou de son activité
professionnelle. Pour ses mandats électifs un gentil « À venir » vient remplir la case (elle ne sait sans doute encore pas qu’elle est
élue !). Par contre, nous avons droit à l’inscription d’une pléiade de participations dans des sociétés comme L’Oréal, Nestlé, Axa… pour
un montant global de près de 50 000 euros et qui lui ont rapporté en 2013 moins de 1 000 euros de revenus. La pauvre, des mauvais
placements sans doute.
député d’Ille-et-Vilaine
À la rubrique « profession », Thierry Benoit nous gratifie d’un « représentant de commerce ». Il emploie d’ailleurs les mêmes mots
pour la rubrique « description de votre activité ». On commence à comprendre quand dans la rubrique « modalités d’exercice de
l’activité professionnelle », on passe à « représentant en vins fins » et nous sommes totalement satisfaits quand dans la case
rémunération Thierry Benoit inscrit « rémunéré à la commission ».
Pas facile de savoir combien cela fait !
Les rusés
député de l’Eure13 151,53 euros par mois (estimation basse) dont 7 381,53 euros sur trois mandats, 5 770 euros d’IRFM et un
revenu inconnu de gérant de société.
En effet, Hervé Morin, dans la case « rémunération des activités annexes », déclare être gérant d’un élevage de chevaux de course
mais joint astucieusement en annexe le bilan financier contenant sa rémunération… mais l’annexe n’est pas consultable !
députée des Bouches-du-Rhône
Elle a trouvé comme astuce de ne déclarer ses mandats et les rémunérations qui vont avec en n’inscrivant que les chiffres de
l’année 2012.
sénateur des Français établis hors de France
Outre des revenus mensuels de 17 489,82 euros, IRFM compris, il possède, selon sa déclaration, des participations dans quelques SCI
pour un montant de plus de 2 800 000 euros dont nous ne connaîtrons pas les dividendes puisque mis en annexe… et non consultables.
Les distraits
député du Nord
On peut estimer ses revenus à 13 319,65 euros par mois.
Aucune information de rémunération pour l’année 2013 ; des chiffres de 2012 pour ses mandats de maire de Wattrelos et de vice-
président de Lille Métropole Communauté urbaine, sans aucune précision pour dire si c’est en brut ou en net.
Pourtant, on apprend à la rubrique « profession » qu’il est directeur à la Banque de France en détachement. C’est donc, logiquement,
un homme qui n’a pas de problème avec la transparence des chiffres.
Sauf pour sa déclaration d’intérêts et d’activités.
député des Bouches-du-Rhône
J’ai rencontré plusieurs problèmes avec ce député. Mis en examen dernièrement pour recel de détournement de fonds publics, il aurait
touché une prime de licenciement de 65 529,10 euros que nous ne retrouvons nulle part dans sa déclaration d’intérêts et d’activités.
Lors de son élection en tant que député, fin 2012, il touchait selon sa déclaration une allocation chômage de 3 621,05 euros par mois
alors qu’il était en même temps maire du Puy-Sainte-Réparade et député.
Un autre maire, à Bobigny, a fait la une de la presse pour les même raisons. Mais il s’agit peut-être d’une erreur d’écriture dans la
déclaration de Jean-David Ciot.
députée des Hautes-Alpes
Entre la case n° 1 et la case n° 2 à remplir, Mme Karine Berger déclare deux indemnités différentes pour une fonction identique.
Case 1, elle inscrit 5 300 euros par mois de gratification en tant que députée et dans la case 2, elle n’a plus que 4 188,50 euros par
mois pour le même poste, la même année. Elle a perdu 1 111,23 euros d’indemnité en deux lignes !…
Pourtant, elle annonce vouloir conserver un poste en cours de macroéconomie, peut-être en tant qu’élève ?
Les minimalistes
député de la Haute-Garonne La seule information chiffrée de ce député, pour 2013, est la somme d’environ 700 euros comme membre
d’un comité syndical. Pour le reste, ce médecin de profession ne donne aucun chiffre. On sait juste qu’il est député et maire adjoint (sans
précision de la ville). Minimaliste jusqu’au bout.
sénateur du Jura
Même combat pour ce sénateur dont on sait qu’il est conseiller municipal (sans précision de la ville) et c’est la seule information à
laquelle nous avons droit.
député de La Réunion
Tout ce que l’on sait concernant ce député est qu’il a gagné 2 300 euros en tant que maire de Saint-Benoît entre 2008 et 2014. Pour
le reste le mot qui revient souvent dans toute les cases qu’il a obligation de remplir, c’est NÉANT.
Un « multicartes indépendant »
député des Ardennes
Une déclaration remplie à la main où l’on n’apprend pas grand-chose sur les rémunérations de l’élu entre 1995 et 2014 puisqu’en face
de quasiment chaque mandat on trouve le chiffre zéro dans la colonne rémunération. Par contre, on trouve la somme de
1 279 326 euros (on suppose) en participation financière dans un paquet de sociétés comme le Crédit agricole, Safran, Air Liquide,
Total, Lafarge, Sanofi, Axa, Veolia, Saint-Gobain, Alcatel, la Société générale, BNP Paribas, Renault, Orange, GDF-Suez, Eads, Arcelor
Mittal…
Le conflit d’intérêts guette cet élu… Un jour prochain ?
Un retraité
député du Var
Si l’on additionne l’ensemble de ses rémunérations, soit 14 370 euros d’indemnités liées à ses mandats, 15 007 euros issus de son
activité d’« agent d’assurances », 1 301 euros de retraite et 4 297 euros de loyers, on arrive à 34 975 euros par mois.
Notons aussi qu’une partie de l’enveloppe de 9 504 euros par mois consacrée à la rémunération de ses assistants parlementaires
atterrit dans la tirelire du ménage, puisque son épouse, Madeleine, fait partie de son équipe.
XIV - QUELQUES PETITS ARRANGEMENTS ENTRE AMIS…SAISIES D’HUISSIERS CHEZ LES ÉLUS ; UN RÉGIME DE FAVEUR
Dans le cadre du régime général qui nous est appliqué à nous autres pauvres citoyens, le législateur a bien fait les choses. En cas de
saisie sur nos salaires, nos retraites ou nos comptes en banque, on doit obligatoirement nous laisser un minimum égal au RSA (revenu de
solidarité active) soit 513,88 euros par mois.
Les indemnités de fonction des élus locaux114, elles, ne sont saisissables que pour la partie excédant la fraction représentative des frais
d’emploi définie à l’article 204-0 bis du Code général des impôts, dont le montant est de 646,25 euros et de 969,38 euros en cas de
cumul de mandats. Autrement dit, le RSA, ils ne connaîtront jamais, même aux prises avec la justice. De même, ils ne se verront sans
doute jamais saisir leur voiture ou devoir vendre leur appartement.
De plus, s’agissant des indemnités versées aux élus, la cour d’appel de Paris, par un arrêt du 25 mai 1988 (n° 87-006338 du répertoire
général), a décidé que les indemnités de fonction, ayant un caractère indemnitaire, ne peuvent être assimilées à un salaire ou à un
traitement en l’absence de tout lien de subordination avec un employeur115. En clair, elles ne sont pas saisissables.
Un ancien ministre116 a ainsi été condamné définitivement en 1999 à un peu plus de trois millions d’euros (intérêts non compris) pour
une affaire qui datait de 1986. Il rembourse sur la saisie de sa pension de retraite d’élu la modique somme de 1 524 euros par mois
depuis l’année 2000. Il aura donc fini de rembourser la dette pour laquelle il a été condamné dans un délai d’un peu moins de 162 ans !
On peut légitimement se demander si le trésorier-payeur général qui a négocié à l’amiable le remboursement de la dette due n’avait pas
une petite mansuétude déférente à l’égard de cet ancien ministre : pas de vente aux enchères, pas de saisies-arrêts ou saisies-
attributions sur salaires qui ne laissent que 500 euros pour survivre. Pourquoi le simple quidam doit rembourser au plus vite sa dette,
même minime, et pourquoi d’autres ont le loisir de le faire en 162 ans ?
Le fait d’être ministre (ou ancien ministre, ça suffit) sans doute.
Et cet ancien ministre semble par ailleurs avoir été bien soutenu par « la corporation des élus » : il a fallu plus de quatre ans de
procédures et de refus successifs de la part de quatre ministres en charge du budget ou des finances (Éric Woerth (2007-2010),
Christine Lagarde (2007-2011), Valérie Pécresse (2011-2012), Jérôme Cahuzac (2012-2013)) pour que les documents relatifs à
l’apurement de sa dette, entre autres, soit accessibles et remis à Raymond Avrillier117, militant tenace de la transparence politique. Il
demandait des informations à la Direction générale des finances publiques (DGFIP) sur les reversements à la caisse publique des sommes
illégalement détournées par des responsables publics qui avaient été condamnés par la Cour des comptes. Des documents publics
pourtant consultables selon la loi, mais que les ministres eux-mêmes refusent de vous montrer avant que tous les recours judiciaires
soient épuisés. Si ce n’est pas un abus, ça !
Source supplémentaire
Le Canard enchaîné du 10 décembre 2014.
Petite conclusion
On pourrait croire que c’est mesquin de ma part d’appuyer et de montrer ces détails d’agrément de la vie d’un élu. Après tout, ce ne
sont que des petites sommes, des petits avantages qui ne vont pas chercher très loin et/ou ne coûtent pas très cher à la collectivité. Mais
ne dit-on pas que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières, et on s’aperçoit aussi que ce sont ceux qui sont les mieux
servis qui se servent encore.
Une mère de famille monoparentale au chômage devra faire le choix entre payer la piscine à ses trois enfants et aller au cinéma. Un élu
de Paris, sans problème de fins de mois, pourra lui (et ses enfants avec…) nager gratuitement tous les jours de la semaine si cela lui
chante.
Il y a des indécences et des abus qui se nichent même dans quelques euros.
Source supplémentaire
Libération du 14 octobre 1996.
60. http://www.politiquemania.com/salaire-elus.html
61. http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20140905.OBS8300/les-discrets-cumulards-de-la-fac.html
62. http://www.letudiant.fr/educpros/enquetes/parlementaire-et-prof-dans-l-enseignement-superieur-ils-cumulent.html
63. http://tempsreel.nouvelobs.com/les-offpolitiques/20130214.OBS8982/najat-vallaud-belkacem-lache-des-mandats-pas-ses-indemnites.html
64. http://www.lopinion.fr/10-juin-2014/discretes-entorses-a-republique-exemplaire-13188
65. http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/couacs/2014/06/24/25005-20140624ARTFIG00350-frederic-cuvillier-dernier-ministre-a-deroger-a-la-regle-du-non-cumul.php ;
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/cumul-des-mandats-un-mal-francais_1280041.html#gu2DqJC8iTb82uI2.99
66. Voir Graziella Riou Harchaoui et Philippe Pascot, Délits d’élus : 400 politiques aux prises avec la justice, tome 1, op. cit., p. 226-227.
67. nosdeputes.fr, nossenateur.fr
68. Laurent Bach, Faut-il abolir le cumul des mandats ?, Paris, collection du CEPREMAP n° 27, Éditions Rue d’Ulm/Presses de l’École normale supérieure, 2012.
69. http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/07/02/christian-poncelet-147-ans-de-mandats-electifs_3440319_823448.html
70. http://www.cdg29.fr/NI_couverture_sociale_elus_locaux_01_01_2013.pdf
71. http://sudeducation84.org/spip.php?article1929
72. http://www.journaldunet.com/economie/magazine/enquete/les-postes-les-plus-envies-de-la-republique/inspecteur-d-administration-nomme-au-tour-exterieur-3-800-
euros-par-mois.shtml
73. http://973.snuipp.fr/spip.php?article816; http://www.neoprofs.org/t82578-l-ex-inspecteur-general-leon-bertrand-condamne-a-16-mois-de-prison
74. http://www.challenges.fr/economie/20130214.CHA6220/de-grands-corps-malades-des-amis-a-recaser.html
75. http://www.francesoir.fr/actualite/politique/scandale-ils-n-ont-jamais-ete-prefets-mais-ils-en-touchent-retraite-98391.html
76. http://allaingraux.over-blog.com/billet-de-mauvaise-humeur%E2%80%A6
77. http://www.objectifgard.com/2015/02/12/nimes-sebastien-gros-abandonne-siege-conseil-municipal-devenir-prefet/
78. http://www.lexpress.fr/actualite/politique/assemblees/une-senatrice-ps-denonce-une-habitude-d-emploi-fictif-chez-certains-
senateurs_1618956.html#ffW0EhAt2z016J5B.99.
http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/le-senat-sanctionner-financi%C3%A8rement-senateurs-absents-commission
http://blog.francetvinfo.fr/oeil-20h/2014/11/18/video-senat-cet-absenteisme-qui-ne-se-voit-pas.html
79. http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/05/21/ce-qu-on-sait-des-soupcons-de-detournements-de-fonds-par-les-senateurs-ump_4422876_823448.html
80. http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/02/10/henri-de-raincourt-ump-admet-avoir-recu-des-fonds-du-senat-lorsqu-il-etait-ministre_4573782_823448.html
81. http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Politique/UMP/Un-elu-de-la-region-vise-par-une-enquete-pour-blanchiment
82. http://www.planet.fr/dossiers-de-la-redaction-les-deputes-prolongent-leurs-vacances-dete.226788.1466.html
http://www.mediapart.fr/journal/france/130712/faute-de-textes-le-gouvernement-prolonge-les-vacances-des-deputes
83. http://www.lopinion.fr/26-fevrier-2014/vacances-parlementaires-bon-vieux-temps-cumul-9679
84. http://www.lopinion.fr/4-mars-2014/malgre-non-cumul-seize-ministres-dans-bataille-electorale-9867
85. http://www.lefigaro.fr/retraite/2014/12/15/05004-20141215ARTFIG00091-il-faudrait-travailler-jusqu-a-64-ans-pour-toucher-la-retraite-complementaire.php
86. http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20130606trib000768869/retraites-des-parlementaires-le-systeme-reste-encore-avantageux.html
87. http://archive.francesoir.fr/actualite/politique/senateur-fanfan-roi-l-absenteisme-politique-74915.html
88. http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/10/18/2271388_a-quoi-ont-droit-les-hommes-politiques-a-la-retraite.html
89. http://www.sauvegarde-retraites.org/docs/larollsdesregimesspeciauxetude22.pdf
90. http://www.editions-jclattes.fr/auteurs/jc-lattes-auteur-000000057754-biographie-bibliographie-Yvan-Stefanovitch.html
91. http://rue89.nouvelobs.com/2008/09/29/retraite-des-senateurs-des-privileges-tres-confidentiels
http://www.toutsurlaretraite.com/adoption-de-la-reforme-des-retraites-des-anciens-senateurs.ht
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-retraite-des-parlementaires-151548
92. http://www.lemonde.fr/argent/article/2014/10/14/cumul-emploi-retraite-attention-les-regles-changent_4505697_1657007.html#xtor=AL-32280477
http://www.planet.fr/revue-du-web-cumul-emploi-retraite-attention-les-regles-changent.710962.1912.html?xtor=ES-14-710594[Planet-Mi-journee]-20141015
93. http://www.leparisien.fr/economie/la-retraite-doree-des-anciens-elus-de-la-ville-de-paris-28-06-2010
94. http://2007-2012.nosdeputes.fr/amendement/2770/498
95. http://www.toutsurlaretraite.com/retraites-fin-de-l-exoneration-totale-d-impots-pour-les-pensions-facultatives-des-elus-locaux.html
96. Graziella Riou Harchaoui et Philippe Pascot, Délits d’élus…, tome 1, op. cit.
97. Source : ministère de la Santé.
98. http://www.politique.net/2012041801-fiscalite-hollande.htm
99. http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20130419.OBS6359/le-paradis-fiscal-des-deputes-et-senateurs.html
100. Le Canard enchaîné n°4770, 28/03/2012, article d’Hervé Martin.
101. http://www.lepoint.fr/politique/frais-opaques-des-elus-l-assemblee-acte-une-reforme-de-l-irfm-18-02-2015-1906041_20.php
102. http://www.paruvendu.fr/immobilier/I/Adieu-aux-taux-preferentiels-accordes-aux-deputes-lors-d-un-achat-immobilier-i31907
103. http://www.anticor.org/2009/07/28/deux-deputes-jouent-la-transparence/
http://rue89.nouvelobs.com/2009/07/22/rene-et-jean-jacques-deputes-pour-11-548-euros
104. https://www.contribuables.org/2015/01/pourquoi-la-permanence-parlementaire-de-ce-depute-a-t-elle-ete-demenagee-dans-la-nuit/
105. http://www.mediapart.fr/journal/france/310512/scandale-des-frais-les-deputes-peuvent-aussi-se-construire-un-patrimoine-immob?page_article=2
106. http://www.francetvinfo.fr/politique/ces-deputes-qui-deviennent-proprietaires-grace-a-leur-indemnite-de-frais-de-mandat_807341.html#xtor=AL-53
107. http://www.lefigaro.fr/politique/2015/01/27/01002-20150127ARTFIG00414-comment-des-deputes-deviennent-proprietaires-grace-a-leurs-indemnites.php
108. http://www.planet.fr/revue-du-web-les-deputes-ne-pourront-plus-devenir-proprietaires-avec-leur-indemnite.797265.1912.html?xtor=ES-14-788047%5BPlanet-Mi-
journee%5D-20150212
109. http://www.arretsurimages.net/breves/2012-05-25/Des-fonds-publics-pour-payer-les-vacances-d-un-depute-Mediapart-id13899
110. Le Canard enchaîné du 17 décembre 2014.
111. http://www.hatvp.fr/consulter-les-declarations/
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/visuel/2014/08/01/explorer-les-declarations-d-interet-des-parlementaires_4465790_4355770.html
112. http://www.leparisien.fr/politique/le-meilleur-des-declarations-d-interets-des-deputes-24-07-2014-4024799.php
113. http://ipreunion.com/photo-du-jour/reportage/2014/07/24/declarations-d-interets-des-deputes-et-senateurs-le-palmares-des-elus-reunionnais,26476.html
114. http://www.collectivites-locales.gouv.fr/regime-indemnitaire
115. http://bofip.impots.gouv.fr/bofip/ext/pdf/createPdfWithAnnexePermalien/BOI-REC-FORCE-20-20-20121008.pdf?doc=3629-PGP&identifiant=BOI-REC-FORCE-20-20-
20121008
116. http://www.leparisien.fr/grenoble-38000/l-ancien-ministre-christian-nucci-doit-encore-2-9-millions-d-euros-a-l-etat-25-06-2013-2930019.php
117. http://www.lesantennes.org/journal/sites/default/files/130625_CP%20Avrillier%20sur%20Nucci%20dette%20Carrefour%20du%20D%C3%A9veloppe%E2%80%A6.pdf
118. http://www.liberation.fr/politiques/2014/12/02/claude-gueant-aurait-ete-epargne-d-un-signalement-a-tracfin_1155409
119. http://essonneinfo.fr/91-essonne-info/tag/nathalie-kosciusko-morizet/
120. http://www.20minutes.fr/lille/1481439-20141116-lille-pourquoi-lillois-vont-apprendre-connaitre-francois-lamy
http://www.metronews.fr/lille/martine-aubry-parachute-francois-lamy-a-lille/mnkq!PxU5Uc1V1pOD2/
121. http://www.sudouest.fr/2012/05/14/l-ancien-president-sarkozy-coutera-pres-de-2-millions-d-euros-par-an-aux-contribuables-715076-4705.php
122. http://lagauchematuer.fr/2015/02/03/senateurs-et-deputes-malgre-leur-nullite-contre-la-baisse-de-leurs-exorbitants-privileges/#eLgAOkj9fbSzrD3K.99
TROISIÈME PARTIE : « Faites surtout ce que je dis, mais ne
regardez surtout pas ce que je fais. »
Proverbe de parlementaire
J’aborde là un des abus de pouvoir qui symbolise à lui tout seul le message souvent entendu
qu’un élu se croit au-dessus des lois. Là nous avons carrément un organisme qui est juge et
partie en même temps. Il est taillé sur mesure pour les élus et a été créé uniquement pour
eux, c’est un petit endroit où ils peuvent laver leur linge sale en famille. Ils sont entre gens qui
se « comprennent », se fréquentent, se connaissent : ils sont du même sérail. En tout autre
endroit de la justice, le moindre petit avocat de troisième ordre demanderait et obtiendrait la
récusation des juges pour suspicion légitime de partialité selon la procédure des
articles L. 518-1 et R. 518-1 et suivants du Code de l’organisation judiciaire et 341 et
suivants du Nouveau Code de procédure civile.
Ainsi, dernièrement, un juge a été récusé car une photo le montrait à la table d’un des
accusés qu’il devait juger, lors d’une fête de famille. Or, tous les politiques qui siègent en tant
que juges au sein de la Cour de Justice de la République (CJR) ont un jour ou l’autre déjeuner
ou dîner avec un des « ministres » qu’ils auront à juger. Plusieurs fois, des présidents de la
République ont mis à leur programme (de campagne électorale) la suppression de cette
anomalie juridique, sans qu’une suite y soit donnée.
Par comparaison, on peut estimer que cette Cour de Justice ressemble fort à un tribunal
arbitral (affaire Bernard Tapie vs Consortium de réalisation (CDR) dans le dossier
Adidas/Crédit lyonnais). Mais bien entendu, là, ce n’est pas pareil, vous diront les
parlementaires ou les puristes du détail. Certes, mais il s’agit quand même, là aussi, d’un
tribunal d’exception qui ne sert que les intérêts de quelques-uns, non ?
C’est Mediapart qui lève le lièvre. En consultant ce que l’on appelle « le Jaune », le recueil
de référence qui donne des informations précises sur les membres des cabinets ministériels,
le Web journal s’est amusé à comparer les chiffres sur plusieurs années et la rémunération des
membres des cabinets ministériels entre 2012 et 2014.
Source
http://www.mediapart.fr/journal/france/291014/les-tres-chers-conseillers-de-manuel-valls?
page_article=2
L’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), pour rappel, c’est une « enveloppe »
versée sur un compte à part par l’Assemblée nationale à chaque député et qu’il touche chaque
mois en sus de son indemnité de base (plus de 5 000 euros). L’IRFM doit en théorie
permettre aux élus de « faire face aux diverses dépenses liées à l’exercice de leur mandat qui
ne sont pas directement prises en charge ou remboursées par l’Assemblée » selon les termes
employés par l’Assemblée elle-même. Cette indemnité est exonérée de l’impôt sur le revenu.
En l’absence de tout contrôle, le député dispose de cet argent comme il l’entend et certains en
profitent.
En 2012, lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative pour 2012, un député,
Charles de Courson, dépose un amendement qui propose simplement de rendre imposable
la part de cette indemnité représentative de frais de mandat non utilisée à des fins
professionnelles. Ce qui n’était qu’une mesure de simple transparence et en conformité totale
avec l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui dispose
que « la société [chaque citoyen] a le droit de demander compte à tout agent public [les élus
de la nation]… » concernant la gestion des deniers publics125.
Mais pour ce faire, il fallait donc que les députés acceptent de justifier les dépenses liées à
cette indemnité. C’était logique et équitable puisque l’on demande bien aux salariés de
justifier de tous leurs frais professionnels, factures, dates, lieux, nombre de kilomètres et
tickets de péages autoroutiers à l’appui.
Pourquoi les parlementaires, censés nous montrer l’exemple, dérogeraient-ils à cette règle
qu’ils nous ont eux-mêmes imposée ?
Réflexion à l’unanimité
Quand on touche à leur portefeuille, les élus savent s’entendre !
Moralité
J’ai le droit de vous taxer mais je refuse de l’être.
Les contrôles, du moins pour les parlementaires, attendront !
L’idée était pourtant sympathique : lutter contre les dépenses inutiles, faire des économies,
assurer une gestion des régions plus adaptée en en réduisant le nombre. En 2009,
Édouard Balladur, président d’une commission pour la réforme des collectivités locales, le
proposait déjà, et, en 2013, une mission sénatoriale présidée par Jean-Pierre Raffarin
proposait même de passer de 22 régions à une dizaine, voire moins.
Détail d’éthique
On se rend bien compte, au vu de ce simple exemple, que les déclarations médiatiques sont
plus importantes que la réalité de l’éthique.
Source
http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2014/09/23/la-condamnation-de-sylvie-
andrieux-aggravee-en-appel-sa-voix-a-lassemblee-ne-doit-plus-etre-prise-en-compte/#more-
7473
Quand je veux enterrer un problème, je nomme une commission.
Georges Clemenceau
En France, dans le cercle des politiques, dès que l’on a un problème épineux comme le
scandale Cahuzac ou l’affaire Thévenoud et que l’on veut s’en débarrasser la tête haute, on
fait appel à ce que l’on nomme une « commission », une « haute autorité », voire un
« conseil supérieur » ou un « observatoire » que l’on crée tout spécialement. Ces instances
sont chargées de rédiger un rapport, souvent dans les plus brefs délais. Le rapport arrive, tout
le monde le voit, quelques bribes de solutions émergent, des extraits sont savamment distillés
dans la presse et tout le monde est content. Le rapport peut maintenant retourner dans un
tiroir, pour y jaunir tranquillement et la commission retourner à ses occupations.
C’est surtout un système bien pratique qui permet quelquefois d’éteindre un incendie
politique en remettant la responsabilité de la solution entre les mains d’experts chargés de la
donner. Du moins qui permettait, car la ficelle a été tellement usée, on en a tellement abusé,
que peu y croient encore.
Mais on continue quand même à s’en servir pour les grandes occasions. Même si la tendance
est quand même à la baisse car le nombre des commissions et instances consultatives ou
délibératives placées directement sous l’autorité du Premier ministre ou des ministres ou de la
Banque de France s’élève au 16 septembre 2014 à 536 auquel il faut ajouter 570
organismes qualifiés d’opérateurs (comme la Halde129 ou Hadopi).
C’est le président de la République Charles de Gaulle qui employa pour la première fois
en 1963 l’expression de « comité Théodule » à propos de ces « machins », de ces
« commissions » qui voulaient décider à sa place. En 2006, un décret limita la durée de vie
de ces « comités Théodule » à cinq ans renouvelables. On constate, certes, une baisse de ces
organismes mais ce n’est pas forcement la qualité qui a remplacé la quantité.
La reine Marie-Antoinette à qui on venait de signaler avec inquiétude que le peuple grondait
parce qu’il avait faim répondit selon la légende : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de
la brioche ! » Si elle avait été réellement formulée ainsi, la réponse aurait été cynique,
complètement à côté de la plaque. C’est un peu l’impression que me donne le dernier rapport
produit par la commission dite « Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ».
On demandait juste un peu de justice et d’éthique et on nous sert de la brioche rance à la
sauce déclaration sur l’honneur !
Sources
http://www.lemonde.fr/politique/visuel/2013/06/05/explorez-les-668-commissions-
ministerielles-et-leurs-budgets_3422776_823448.html
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000640105
http://www.liberation.fr/economie/2014/01/23/coup-de-balai-dans-les-comites-
theodule_97503
Proposition 14 : « Engager une réflexion pour adapter les moyens dévolus aux
parlementaires à la fin du cumul des mandats et à la nécessité d’une plus grande
transparence »
Les initiés (élus) comprendront que cette proposition assure l’augmentation de l’indemnité
des élus quand la loi sur le non-cumul des mandats sera effective en 2017.
Je prends le pari que cette proposition sera une de rares de ce rapport à trouver rapidement
une application pratique et réelle. Bien entendu comme aujourd’hui, cela se fera dans la plus
grande transparence...
Juste une question : pourquoi ne pas appliquer la transparence aujourd’hui sur les moyens
dévolus aux parlementaires plutôt que d’engager une réflexion ?
Réflexion globale
Je dois avouer que je ne comprends toujours pas comment on peut, en toute bonne
conscience du travail accompli, faire des propositions dont l’analyse succincte et rapide
permet de constater qu’elles sont pour la plupart à côté de la plaque. Ne serait-il pas plus
simple et logique d’aller à l’essentiel ? On a plutôt l’impression que pour ce genre de rapport,
l’essentiel c’est justement de ne rien changer (ou si peu).
Je pourrais continuer comme ça sur la plupart des autres propositions de ce rapport qui,
malheureusement, ne propose rien de nouveau sur la moralisation de la vie politique.
Une chance que sa publication se soit faite le 7 janvier 2015. Ce jour-là, avec l’attaque des
locaux de Charlie Hebdo, la presse a eu d’autres chats à fouetter que l’analyse du contenu de
ce rapport.
Moralité
En politique, à chaque scandale qui touche le sérail, on passe souvent de la grande
déclaration salvatrice à la réformette peu contraignante.
On ne le dira jamais assez, tous les parlementaires ne sont pas pourris. Tous les élus ne sont
pas des magouilleurs. C’est même une minorité d’entre eux qui sont la honte du monde
politique, mais force est de constater que ceux-ci bénéficient d’une bienveillance silencieuse
et/ou d’une mansuétude complice de la part de la majorité de leurs collègues. Sinon, comment
comprendre qu’à chaque fois qu’un parlementaire propose un amendement, une proposition
de loi, une modification qui va dans le sens d’une moralisation de la vie politique française,
tous sont invariablement rejetés ou renvoyés aux calandes grecques.
On s’aperçoit que dans la majorité des cas, au fil des moutures et des passages devant les
différentes chambres ou en commissions, il y a un détricotage systématique des textes
proposés par les élus qui cherchent à se protéger et à garder le système dans lequel ils se
vautrent douillettement.
La moindre velléité de transparence de la vie politique et de ses institutions se transforme
en une énorme chape de ciment qui a la particularité immédiate de vous entraîner au fond
sans possibilité d’apercevoir quoi que ce soit de ce qu’il y avait à la surface, ou, tout aussi
perfidement, de vous masquer complètement la vue. Un élu aguerri ne manquera pas de vous
dire de ne pas vous plaindre, car vous avez eu le choix !
Un petit exemple parmi tant d’autres sur la transparence et les limites qu’imposent nos
élus : le budget de l’Assemblée nationale n’est consultable sur Internet que depuis
l’année 2013135, antérieurement, connaître le début du commencement d’un budget complet
de l’Assemblée nationale relevait du parcours du combattant. Le député René Dosière,
pourtant réputé tenace, déclarait lui-même le demander en vain depuis plusieurs années.
Il faut dire que lorsque l’on regarde les chiffres ci-dessous concernant les dépenses liées au
fonctionnement et aux investissements de l’Assemblée nationale, obtenus après plusieurs
semaines de recherches et de croisements d’informations, on peut comprendre que nos
députés soient particulièrement opposés à leur publication : 437 millions d’euros en 2001,
513,2 millions d’euros en 2006136, 530 millions d’euros en 2007, 539 millions d’euros
en 2012137.
Là aussi, un élu bien au fait nous démontrera, graphique et discours à l’appui que les choses
ne sont pas aussi simplistes que nous le lisons. Il nous sortira une armada de preuves qui nous
démontreront qu’en fin de compte l’augmentation du budget de l’Assemblée n’est en réalité
que des économies à venir pour nous.
Une variante sans doute du principe des vases communicants ou du principe d’Archimède.
Le budget des députés en augmentation quasi constante est surtout proportionnel à la
diminution des nôtres.
Au fait il y a toujours 577 députés à l’Assemblée, comme quoi la crise et les réductions
d’effectifs ne sont vraiment pas pour tout le monde !
Petite conclusion
On le voit à travers ces quelques exemples d’obstruction systématique des parlementaires à
tout ce qui pourrait redonner confiance au peuple, il y a le discours et les actes. D’un côté, un
affichage médiatique d’une volonté de transparence de la vie et du fonctionnement des élus de
la République, le tout accompagné d’une multitude de déclarations des uns et des autres pour
fustiger les dérives de quelques-uns mises au jour et rassurer les populations. De l’autre, dans
l’arrière-cuisine des palais de la République, ces mêmes élus se retrouvent pour se donner la
main et continuer systématiquement à entretenir, tant que faire ce peut, une opacité de
fonctionnement qui leur permet de conserver discrètement ce qu’ils vilipendent
« officiellement ».
La liste et les exemples cités plus haut auraient pu être plus longs mais n’apporteraient rien
de plus à la démonstration : malheureusement, la bonne volonté de quelques cas isolés se
heurtent toujours à l’abus flagrant de tous les autres qui consiste à étouffer dans l’œuf toute
remise en cause des privilèges.
Le monde politique n’en sort pas grandi et les électeurs sont de moins en moins dupes des
artifices employés pour masquer la réalité des faits.
C’est vrai que les avantages a être élu quand on est fonctionnaire sont multiples et beaucoup
plus sécurisants que pour un élu venant du secteur privé. Selon le chercheur Luc Rouban,
c’est « parce que l’absence de risques professionnels encourage davantage les salariés du
public à candidater ». En effet, un député issu de la fonction publique, s’il perd son mandat,
pourra sans problème récupérer son emploi et le cours de sa carrière n’aura pas, la plupart du
temps, été altéré. C’est un décret du 16 septembre 1985 qui prévoit que ce fonctionnaire est
mis, de droit, en détachement. L’article 45 de la loi du 11 juillet 1984 définit le détachement
comme la position d’un fonctionnaire placé hors de son corps d’origine mais qui continue de
bénéficier, dans ce corps, de ses droits à l’avancement et à la retraite. Pour un élu issu du
privé c’est beaucoup plus difficile de retrouver son entreprise, au même salaire et avec un
poste identique à celui qu’il avait quitté. Une véritable disparité entre parlementaires qui fait
qu’aujourd’hui les parlementaires fonctionnaires sont massivement représentés dans les
hémicycles (hors retraités). En 1946, un député sur sept était issu de la fonction publique.
En 1981 il y a en avait plus de un sur deux, en 2007 encore 49 %, tandis qu’ils sont 55 % en
2012142.
Un véritable abus de position dominante qui ne favorise pas l’émergence de nouveaux élus
et empêche le renouvellement des assemblées, les élus dits fonctionnaires s’arrangeant
systématiquement pour bloquer toute avancée qui pourrait rétablir une égalité de traitement
avec leurs collègues issus du privé.
Ainsi, en décembre 2010, un amendement (le numéro 24)143 est défendu par un député
proposant, simplement, qu’un fonctionnaire élu député soit dans l’obligation au bout de son
troisième mandat de choisir entre rester fonctionnaire et être député.
On ne saura jamais si c’est parce que les fêtes de Noël approchent, que les parlementaires,
peu nombreux sans doute, avaient la tête ailleurs, mais l’amendement est accepté en premier
lecture, provoquant ensuite la panique quand un certain nombre d’élus comprennent qu’ils ne
pourront plus compter sur un parachute en cas de perte de leur mandat et que la somme du
cumul de leur retraite de fonctionnaire et d’élu allait en prendre un sacré coup.
Le vote de cet amendement avait pour conséquence de réaliser des économies substantielles
sur le budget retraite des fonctionnaires et de surcroît amenait davantage d’équité entre les
députés de l’Assemblée nationale. On peut même ajouter que, par rapport aux millions de
salariés qui eux n’avaient pas la chance de pouvoir cumuler « deux revenus » pour améliorer
leur future petite retraite, c’était un amendement exemplaire pour des élus déjà très bien
lotis.
Après quelques coups de fil, intelligemment dirigés, la décision est prise par le
gouvernement de représenter cet amendement en deuxième lecture ; cette fois les mots
d’ordre ont été donnés, le tocsin a été sonné pour rameuter les troupes. L’amendement est
rejeté et abandonné.
Ouf, les députés pourront continuer à être fonctionnaires, à cotiser comme tels pendant
qu’ils sont députés et à cumuler tranquillement, entre autres, ces deux retraites une fois l’âge
venu.
Mais la défense acharnée du privilège du « fonctionnaire élu » ne s’arrête pas là, et si cet
amendement a été rejeté in extremis, les propositions de lois sur le sujet, elles, sont carrément
passées aux oubliettes.
En 2010, Franck Marlin, député de l’Essonne, dépose une proposition de loi organique
visant à rendre incompatible le mandat de parlementaire avec un emploi dans la fonction
publique144et des missions rémunérées. 42 députés la signe. Il préconise même que tout
parlementaire, député ou sénateur, par souci de cohérence, devrait, dès le début de mandat,
renoncer à tout type de mission dès lors que celle-ci est rémunérée.
En 2013, ce même député refait une tentative (proposition de loi n° 656) mais cette fois-ci,
seuls sept députés signent le texte.
En 2008, une autre proposition de loi organique, faite par le député de l’Eure
Franck Gilard, prévoit qu’un député doit choisir dans le délai d’un an entre son mandat et
son emploi dans la fonction publique145.
En 2003, Hervé Novelli, député d’Indre-et-Loire, ancien secrétaire d’État avait déposé lui
aussi une loi organique visant à rendre incompatible l’appartenance à la fonction publique
pour les députés et pour les sénateurs146.
Et si on creuse encore un peu dans l’histoire, on trouve déjà en 1840, sous la monarchie de
Juillet, des parlementaires se plaignant des « députés-fonctionnaires » qui, inféodés au
pouvoir maître de leur carrière et de leur rémunération, compromettent le prestige de la
Chambre. L’opposition parlementaire réclame alors une « réforme parlementaire » qui
instaurerait l’incompatibilité entre le mandat parlementaire et l’exercice de fonctions
publiques.
Sans mentir donc, on peut en conclure que cette prédominance des fonctionnaires (et
assimilés…) au sein des institutions parlementaires ne date pas d’aujourd’hui comme
voudraient le faire croire beaucoup de députés se refusant à admettre, comme en Allemagne
ou en Angleterre, l’incompatibilité entre le mandat parlementaire et la fonction publique.
Outre-Manche, les hauts fonctionnaires doivent même démissionner de la fonction publique
avant toute campagne électorale.
En France, toutes les propositions de loi allant dans le sens de l’incompatibilité furent
rapidement et toutes renvoyées aux calandes grecques…
En 2013 des députés déposent une loi d’amnistie pour les fraudeurs152
Ne doutant sans doute de rien et sûrs de leur bon droit, une vingtaine de députés153 ont
déposé une proposition de loi le 28 mars 2013 demandant purement et simplement l’amnistie
pour les exilés fiscaux, avec juste une petite pénalité de 5 % en guise de redressement. Ils
vont même jusqu’à préconiser une franchise d’impôt pour les capitaux rapatriés qui seraient
directement « investis dans la création ou la reprise d’entreprises françaises ».
Pratique pour des capitaux sales placés dans des paradis fiscaux à blanchir sans risque dans
des entreprises françaises. On aurait voulu aider à la libre circulation de l’argent de la mafia
ou de la drogue que cette loi ne s’y serait pas prise autrement.
Pour argumentaire de leur proposition de loi, les parlementaires pousseront le bouchon (ou
l’inconscience..) jusqu’à prendre en modèle dans leur texte le dispositif mis en place par le
gouvernement de Silvio Berlusconi, en Italie, qui lui aussi avait fait promulguer une loi pour,
avant tout, s’autoamnistier…
Cet acte du pouvoir législatif qui efface le fait punissable, empêche ou arrête les poursuites
et anéantit les condamnations a été promulgué plusieurs fois depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale dans le cadre fiscal : amnistie fiscale de la loi du 24 mai 1951, amnistie
fiscale de la loi du 14 avril 1952, amnistie fiscale conditionnelle de la loi du
21 décembre 1970, amnistie fiscale de la loi du 30 décembre 1981, amnistie de la loi du
11 juillet 1986 en faveur des avoirs à l’étranger rapatriés en France avant le
1er janvier 1987. Cette dernière n’ a fait rentrer que 2,5 milliards d’euros en France
pour 240 millions d’euros de « redressement » dans les caisses de l’État.
Dernièrement, dans le cadre de l’article 29 de la loi de finances rectificative pour 2012 et
depuis que Bercy a installé un service spécialisé qui s’occupe des contribuables « repentis »,
deux milliards d’euros auraient été récupérés en 2014 par l’État en taxes et pénalités sur
les 11 milliards d’euros de fraudes reconnues par des contribuables repentis.
Par an, on estime de 60 à 80 milliards la fraude fiscale en France. Au regard du peu de
rentrées par rapport aux sorties, il faut être niais ou aveugle pour ne pas comprendre que
l’amnistie fiscale régulièrement proposée par les parlementaires ou le gouvernement à ceux
qui trichent n’est pas la bonne solution.
Mais en y réfléchissant bien et quand on découvre chaque jour un peu plus l’étendue de la
fraude fiscale aussi bien chez les députés que chez les sénateurs ou chez des élus
« multicartes », on peut comprendre pourquoi l’amnistie fiscale est le recours systématique
après un scandale politico-financier plutôt qu’un vrai renforcement des sanctions contre les
fraudeurs.
Pourquoi un élu voleur ou délinquant sexuel peut-il, lui, être élu ou réélu ?
J’ai, dans la besace de mes recherches, un nombre important d’élus qui ont été condamnés
définitivement pour des détournements d’argent, des prises illégales d’intérêt, ou de la
corruption manifeste et avérée. Ils ont donc détourné de l’argent public et/ou privé, ont été
condamnés pour ces délits. Pourquoi, alors qu’un comptable ayant été condamné pour
escroquerie n’a plus le droit d’exercer, peuvent-ils toujours en toute impunité continuer à
manipuler les deniers avec lesquels ils ont déjà joué ?
Pourquoi, et j’ai aussi quelques exemples, un élu condamné pour pédophilie ou
pédopornographie peut-il à nouveau diriger un centre de loisirs pour enfants à travers ses
fonctions électives, ou continuer à commander des équipes alors qu’il est condamné pour
harcèlement moral, ou avoir une pléiade de femmes sous ses ordres alors qu’il est le roi de
l’agression ou de l’exhibition sexuelles ?
Il semblerait plus saint et moral que l’élu ne se place pas au-dessus des lois qu’il exige
rigoureuses pour le peuple. Que l’on demande un casier judiciaire B2 vierge pour un élu
permettrait non pas de se débarrasser complètement de certaines dérives au sein de la classe
politique, le penser serait illusoire et utopique, mais au moins d’éviter l’arrivée et
l’enracinement d’élus délinquants et souvent récidivistes.
Inéligible et radié des listes électorales mais rétabli en urgence dans ses droits
C’est ce qui est arrivé en 2011 en Polynésie à Gaston Flosse. Déclaré inéligible dans le
procès dit des « sushis », il est rayé des listes électorales. L’élu se tourne alors vers le Conseil
constitutionnel qui, en 2010, lui donne raison en estimant que cette radiation des listes
électorales « méconnaissait le principe d’individualisation des peines ». En 2011, la
Chambre criminelle de la Cour de cassation annule aussi la décision d’appel concernant
l’inéligibilité de l’élu et, peu après, la cour d’appel de Paris statuant en cour de renvoi décide
en dernier ressort d’annuler cette peine d’inéligibilité.
Une inéligibilité qui ne s’applique pas, qui n’est pas constitutionnelle, voilà ce qui risque
d’arriver au profit d’élus roublards et bien conseillés. Ils trouveront toujours une faille pour
faire annuler une décision de justice d’inéligibilité.
J’ai écrit ce livre sans la prétention de celui qui possède le savoir et les réponses aux
questions posées. Tout au plus, me suis-je permis d’avancer en toute humilité quelques
solutions de simple bon sens, faciles à mettre en œuvre et qui nous permettraient, peut-être,
de redonner des lettres de noblesse à ce monde politique quelque peu vérolé. Toutefois,
malgré les multiples déréglements relatés, j’ai rencontré des hommes et des femmes
formidables qui n’avaient pas d’autre objectif que de se mettre au service des citoyens. Ils
sont les plus nombreux, mais en bas de la pyramide…
On ne peut malheureusement que constater à la lecture des faits dénoncés dans le livre que
les abus d’élus et la corruption, le laisser-aller ou le laisser-faire, ont encore des jours radieux
et ensoleillés devant eux et prospèrent sous tous les gouvernements successifs. Cependant
l’opinion publique est de moins en moins sensible aux bonnes paroles que lui sert la classe
politique en matière de moralisation de ses pratiques et s’offusque sans retenue des avantages
et/ou privilèges indus accumulés par les élus que beaucoup de Français désignent avec
ressentiment comme une caste de nantis improbes et égoïstes, sans faire de détail.
J’aimerais à travers ces quelques lignes de conclusion pouvoir écrire et penser que nous
allons dans le bon sens et que les élus reviendront un jour ou l’autre à la véritable étymologie
du mot « politique » : s’occuper de la vie de la cité.
Toutefois, nous sommes tous néanmoins responsables. Il est aujourd’hui indéniable que la
propension à dénoncer les élus « malfaisants » s’arrête et se dilue complètement dans
l’isoloir de chaque élection puisque ceux-ci sont majoritairement réélus. Il n’y a pas non
plus 618 000 élus qui abusent et usent de tous les artifices pour profiter du « système ». Il y
a juste tous ces élus qui votent en troupeau silencieux (sans poser aucune question) quand
l’un d’entre eux mord la ligne jaune dans l’exercice de ses fonctions. Il y a juste ces élus et ces
électeurs qui ferment les yeux en regardant ailleurs tout en tendant la main vers celui ou celle
qui leur laissera quelques miettes du gâteau.
La plupart des lignes politiques d’aujourd’hui n’ont plus qu’un seul chemin, celui du profit
individuel au détriment de l’intérêt général et du partage.
Le pouvoir se concentre aujourd’hui de plus en plus chez quelques-uns, les autres suivent et
se taisent pendant que l’opposition ne fait qu’attendre son heure pour assurer
« l’alternance », ce mot à la mode, et s’empresser une fois au pouvoir de faire exactement la
même chose que ceux à qui elle succède.
Et pourtant, je persiste à croire naïvement que le pouvoir n’est intéressant que s’il est
partagé par tous et qu’il n’y a de vrai richesse que celle que l’on distribue et non qu’on
accumule.
Je terminerai ce livre par quelques questions sous forme de « pourquoi » qui, je l’espère,
susciteront un jour une prise de conscience collective des élus et des électeurs.
J’aimerai que les « élus » comprennent ce premier pourquoi : pourquoi les élus se
considèrent-ils souvent comme nos maîtres alors qu’ils ne devraient être que nos serviteurs ?
Pourquoi un député au bout de seulement cinq ans de cotisation retraite touche une retraite
moyenne de 1 500 euros par mois alors qu’un employé pour 42 années de cotisation
touchera 896 euros en moyenne ?
Pourquoi, au bout de deux mandats de six ans chacun, un sénateur peut-il toucher plus
de 3 700 euros par mois de retraite ?
Pourquoi la retraite des élus n’est-elle pas prise en compte dans l’écrêtement (8 200 euros)
des indemnités d’élus.
Pourquoi une cotisation retraite d’élu rapporte-t-elle en moyenne 6,50 euros pour un euro
cotisé pendant vingt ans alors qu’un salarié du régime général touche entre 0,87 et 1,57 euro
pour un euro cotisé pendant quarante-deux ans ?
Pourquoi un élu peut-il cumuler ses différentes retraites (jusqu’à cinq retraites) ?
Pourquoi un élu peut-il travailler en touchant sa (ses) retraite(s) d’élu complète(s) sans
plafond de montant alors que le citoyen lambda ne peut le faire sans dépasser la valeur de son
dernier salaire ?
Pourquoi les élus ont-ils une retraite par capitalisation et l’interdisent-ils résolument aux
« autres » qui n’ont droit qu’à une retraite par répartition ?
Pourquoi les cotisations retraite des élus peuvent-elles être abondées par les collectivités, ce
qui permet à un parlementaire de toucher sa retraite à taux plein avec moins d’annuités de
cotisation ?
Pourquoi une partie de la pension de retraite des parlementaires est-elle insaisissable
(même en cas de fraude ou d’amende) ?
Pourquoi un agent public qui voudrait se présenter à une élection législative ne devrait-il pas
démissionner de la fonction publique ? Un salarié le doit, lui, s’il veut travailler ailleurs !
Pourquoi deux ans d’allocations chômage pour un salarié lambda du régime général et trois
ans pour les députés ? Ceux-ci ont-ils plus de mal à retrouver un travail ?
Pourquoi les députés qui ne se représentent pas peuvent-ils toucher l’allocation différentielle
et dégressive de retour à l’emploi ? Un salarié qui démissionne n’a, lui, droit à rien !
Pourquoi la fonction d’élu est-elle officiellement bénévole et que l’élu s’en met quand même
plein les poches ?
Pourquoi un salarié au petit salaire ne peut-il bosser que jusqu’à 62 ans (67 ans pour les
cadres) et un élu avec un gros salaire jusqu’à sa mort ?
Pourquoi faut-il avoir un casier judiciaire vierge pour entrer dans certaines professions et
que ce n’est pas le cas pour être élu ?
Pourquoi un parlementaire échappe-t-il aux règles communes d’embauche d’un salarié alors
qu’il vote des lois pour que les autres les appliquent ?
Pourquoi un parlementaire doit-il donner le détail de son patrimoine alors que personne n’a
le droit de le publier sous peine d’amende ?
Pourquoi la fraude dans la déclaration de patrimoine d’un élu ne vaut-elle pas la prison mais
seulement 30 000 euros d’amende alors que la simple fraude d’un citoyen pour faux et usage
de faux d’un document délivré par l’Administration est punissable de cinq ans
d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende ?
Pourquoi un parlementaire (député ou sénateur) touche-t-il une IRFM (indemnité
représentative de frais de mandat) de 5 770 euros par mois pour un député et de
6 200 euros par mois pour un sénateur, dont l’usage n’est pas contrôlable et pour lequel il
n’a de compte à rendre à personne ?
Pourquoi, durant son mandat, un élu peut-il s’acheter un bien qu’il nomme souvent
« permanence », le payer à crédit avec l’IRFM, qui est de l’argent public, et le garder – ou le
vendre – pour son bénéfice personnel ?
Pourquoi les parlementaires cumulards peuvent-ils toucher plusieurs enveloppes de frais de
représentation (frais en tant que président d’agglomération, frais en tant que maire, IRFM en
tant que député…) ?
Pourquoi les restaurants trois étoiles (cinq étoiles ?) de l’Assemblée nationale et du Sénat
coûtent-ils si peu cher à l’élu ?
Pourquoi un parlementaire peut-il être conseil d’une société et toucher des honoraires
faramineux en plus de ses indemnités ?
Pourquoi un élu à revenu égal de celui d’un salarié paye-t-il moins d’impôt sur le revenu ?
Pourquoi les parlementaires et les maires peuvent-ils embaucher qui ils veulent dans leur
cabinet, par exemple, pour les sénateurs, les membres de leur famille ?
Pourquoi parle-t-on toujours de réduire le nombre de fonctionnaires mais jamais celui des
parlementaires ?
Pourquoi les sénateurs se sont-ils versé en 2011, au titre d’un « rattrapage exceptionnel »,
une prime de 3 531,61 euros avant les congés d’été… ?
Pourquoi aucun chiffre n’existe sur la présence ou non des sénateurs lors des séances au
Sénat ?
Pourquoi les élus, chantres de la justice, acceptent-ils tous les ans la réduction du nombre de
juges d’instruction (623 en 2009, 553 en 2011, 540 en 2012…) ?
Pourquoi la pension de réversion d’un élu décédé est-elle de 66 % sans condition de
ressources du survivant alors que celle d’un salarié du privé est de 54 % sous condition de
ressources du survivant (aucune réversion au-dessus de 19 614,40 brut annuel !) ?
Pourquoi la retraite d’un élu est-elle garantie et connue d’avance alors qu’un salarié du
régime général n’est sûr de rien ?
Pourquoi un député peut-il cumuler plusieurs « réserves parlementaires » sans que cela se
sache officiellement ?
Pourquoi l’indemnité de fonction d’un député et son IRFM ne sont-elles pas imposables ?
Pourquoi un député a-t-il droit au remboursement de frais de taxis parisiens (alors qu’il
touche l’IRFM pour ça) ?
Pourquoi un ancien sénateur ou un ancien député ont-ils droit à la gratuité à vie en première
classe SNCF ?
Pourquoi un ancien sénateur et son conjoint ont-ils le droit au remboursement de la moitié
de 12 vols Air France par an et à vie ?
Pourquoi un sénateur peut-il emprunter jusqu’à 150 000 euros à un taux préférentiel ?
Pourquoi les anciens ministres, leurs conjoints et leurs enfants ont-ils droit à la gratuité à vie
des vols Air France et à la gratuité à vie des transports sur le réseau SNCF ?
Pourquoi une mairie ne se porte-t-elle pas automatiquement partie civile quand un élu de sa
commune est mis en cause dans une affaire lésant les intérêts de la ville ?
Pourquoi y a-t-il dans le service des fraudes un service spécial pour les élus ? Une fraude
d’élu est-elle différente des autres pour bénéficier d’un traitement de faveur ?
Pourquoi un élu condamné définitivement ne rembourse-t-il pas les frais d’avocat dépensés
pour lui par la collectivité ?
A
Abad Damien, député de l’Ain (01)
Aeschlimann Manuel, maire d’Asnières-sur-Seine, député des Hauts-de-Seine (92)
Aeschlimann Marie-Dominique, adjointe au maire d’Asnières-sur-Seine (92)
Albarello Yves, député de Seine-et-Marne (77)
Alauzet Éric, député du Doubs (25)
Amirshahi Pouria, député des Français établis hors de France
André François, député d’llle-et-Vilaine (35)
André Michèle, sénatrice du Puy-de-Dôme (63)
Andrieux Sylvie, députée des Bouches-du-Rhône (13)
Apparu Benoît, député de la Marne (51)
Archimbaud Aline, sénatrice de la Seine-Saint-Denis (93)
Aubert Julien, député du Vaucluse (84)
Audibert Troin Olivier, député du Var (83)
Ayrault Jean-Marc, ancien Premier ministre, député de la Loire-Atlantique (44)
B
Bachelay Alexis, député des Hauts-de-Seine (92)
Baert Dominique, député du Nord (59)
Bailly Dominique, maire d’Orchies, sénateur du Nord (59)
Bailly Gérard, sénateur du Jura (39)
Balkany Patrick, maire de Levallois-Perret, député des Hauts-de-Seine (92)
Balladur Édouard, ancien Premier ministre, député de Paris (75)
Bapt Gérard, député de la Haute-Garonne (31)
Barbier Gilbert, sénateur du Jura (39)
Barbier Jean-Pierre, sénateur de l’Isère (38)
Bareigts Ericka, députée de La Réunion (974)
Bariani Didier, ex-député de Paris (75)
Baroin François, ancien ministre, maire de Troyes, sénateur de l’Aube (10)
Bartolone Claude, député de la Seine-Saint-Denis (93)
Bataille Christian, député du Nord (59)
Battistel Marie-Noëlle, députée de l’Isère (38)
Baylet Jean-Michel, ex-sénateur de Tarn-et-Garonne (82)
Bays Nicolas, député du Pas-de-Calais (62)
Bechtel Marie-Françoise, députée de l’Aisne (02)
Benbassa Esther, sénatrice du Val-de-Marne (94)
Benoit Thierry, député d’Ille-et-Vilaine (35)
Berger Jean-Didier, maire de Clamart (92)
Berger Karine, députée des Hautes-Alpes (05)
Berthelot Chantal, députée de la Guyane (973)
Bertrand Léon, ancien ministre, ex-député de la Guyane (973)
Bertrand Xavier, député de l’Aisne (02)
Besnard Pierre, ex-chef de cabinet de François Hollande
Blazy Jean-Pierre, député du Val-d’Oise (95)
Bloche Patrick, député de Paris (75)
Bocquet Alain, député du Nord (59)
Bompart Jacques, député du Vaucluse (84)
Bonneton Michèle, députée de l’Isère (38)
Borgel Christophe, député de la Haute-Garonne (31)
Bouchart Natacha, maire de Calais, sénatrice du Pas-de-Calais (62)
Bourlanges Jean-Louis, ancien député européen (Nord-Ouest)
Boutih Malek, député de l’Essonne (91)
Boyer Valérie, députée des Bouches-du-Rhône (13)
Briand Philippe, sénateur d’Indre-et-Loire (37)
Brochand Bernard, maire de Cannes, député des Alpes-Maritimes (06)
Brun Élie, ex-maire de Fréjus (83)
Buchet Pascal, ex-maire de Fontenay-aux-Roses (92)
Bussereau Dominique, député de la Charente-Maritime (17)
C
Cabé Robert, ex-maire d’Aire-sur-l’Adour (40)
Cahuzac Jérôme, ancien ministre, ex-député de Lot-et-Garonne (47)
Cambadélis Jean-Christophe, député de Paris (75)
Cambon Christian, sénateur du Val-de-Marne (95)
Cantegrit Jean-Pierre, député des Français établis hors de France
Caresche Christophe, député de Paris (75)
Carle Jean-Claude, vice-président du Sénat, sénateur de la Haute-Savoie (74)
Carlotti Marie-Arlette, députée des Bouches-du-Rhône (13)
Carnouvas Luc, sénateur du Val-de-Marne (94)
Carrez Gilles, député du Val-de-Marne (94)
Castaner Christophe, député des Alpes-de-Haute-Provence (04)
Cathala Laurent, maire de Créteil, député du Val-de-Marne (94)
Caullet Jean-Yves, député de l’Yonne (89)
Cayeux Caroline, sénatrice de l’Oise (60)
Charette Hervé (de), ancien ministre, ex-député de Maine-et-Loire (49)
Charon Pierre, sénateur de Paris (75)
Chartier Jérôme, député du Val-d’Oise (95)
Charzat Michel, ex-maire du XXe arrondissement de Paris, ex-député de Paris, ex-sénateur de
Paris (75)
Chatel Luc, député de la Haute-Marne (52)
Chirac Jacques, ancien président de la République
Chiron Jacques, sénateur de l’Isère (38)
Chrétien Alain, maire de Vesoul, député de la Haute-Saône (70)
Cinieri Dino, député de la Loire (42)
Ciot Jean-David, député des Bouches-du-Rhône (13)
Clément Pascal, ancien ministre, ex-député de la Loire (42)
Cohen Laurence, sénatrice du Val-de-Marne (94)
Collard Gilbert, député du Gard (30)
Collomb Gérard, maire de Lyon, sénateur du Rhône (69)
Colmou Yves, ex-conseiller auprès de Manuel Valls
Copé Jean-François, maire de Meaux, député de Seine-et-Marne (77)
Couderc Anne-Marie, sénatrice de Paris (75)
Courson Charles Amédée (de), député de la Marne (51)
Courtial Édouard, député de l’Oise (60)
Cuvillier Frédéric, maire de Boulogne-sur-Mer, député du Pas-de-Calais (62)
D
Dahmane Abderrahmane, inspecteur général de l’Éducation nationale
Darrieussecq Geneviève, maire de Mont-de-Marsan (40)
Da Silva Carlos député de l’Essonne (91)
Dassault Olivier, député de l’Oise (60)
Dassault Serge, sénateur de l’Essonne (91)
Dati Rachida, maire du VIIe arrondissement de Paris, députée européenne (Île-de-France)
Decool Jean-Pierre, député du Nord (59)
Degallaix Laurent, maire de Valenciennes, député du Nord (59)
Degauchy Lucien, député de l’Oise (60),
Delaunay Michèle, députée de la Gironde (33)
Delebarre Michel, ex-maire de Dunkerque, sénateur du Nord (59)
Demuynck Christian, sénateur de la Seine-Saint-Denis (93)
Denoix de Saint Marc Renaud, membre du Conseil constitutionnel
Depierre Bernard, ex-député de la Côte-d’Or (21)
Dhuicq Nicolas, député de l’Aube (10)
Dion Sophie, députée de la Haute-Savoie
Dominati Jacques, ex-sénateur de Paris (75)
Dominati Philippe, sénateur de Paris ( 75)
Dosière René, député de l’Aisne (02
Dray Julien, conseiller régional d’Île-de-France, ex-député de l’Essonne (91)
Dufoix Georgina, ancien ministre
Dufour Tonini Anne-Lise, maire de Denain, députée du Nord (59)
Dumas Roland, ancien ministre, ancien président du Conseil constitutionnel
Durand Yves, député du Nord (59)
E
Estrosi Christian, maire de Nice, député des Alpes-Maritimes (06)
F
Fabius Laurent, ministre, ex-député de la Seine-Maritime (76)
Falco Hubert, maire de Toulon, sénateur du Var (83)
Fillon François, ancien Premier ministre, député de Paris (75)
Flosse Gaston, ancien président de la Polynésie française (987)
Fontaine Michel, maire de Saint-Pierre, sénateur de La Réunion (974)
Foulon Yves, député de la Gironde (33),
Fournier Jean-Paul, maire de Nîmes, sénateur du Gard (30)
Fousseret Jean-Louis, maire de Besançon, ancien député du Doubs (25)
Furst Laurent, député du Bas-Rhin (67)
Fruteau Jean-Claude, député de La Réunion (974)
G
Gandolfi-Scheit Sauveur, député de la Haute-Corse (2B)
Garcia Francis, maire du Passage d’Agen (47)
Gaudin Christian, sénateur de Maine-et-Loire (49)
Gaudin Jean-Claude, maire de Marseille, sénateur des Bouches-du-Rhone (13)
Gautier Gisèle, ex-sénatrice de la Loire-Atlantique (44)
Genevard Annie, députée du Doubs (25)
Germain Jean († 7 avril 2015), ex-maire de Tours, sénateur d’Indre-et-Loire (37),
Gillibert Michel († 17 octobre 2004), ancien ministre
Ginesta Georges, maire de Saint-Raphaël, député du Var (83)
Giscard d’Estaing Valéry, ancien président de la République
Glavany Jean, député des Hautes-Pyrénées (65)
Goasguen Claude, député de Paris (75)
Grellier Jean, député des Deux Sèvres (79)
Gros Sébastien, préfet hors cadre
Grosskost Arlette, députée du Haut-Rhin (68)
Guaino Henri, député des Yvelines (78)
Guedj Jérôme, ex-président du conseil général, ex-député de l’Essonne (91)
Guéant Claude, ancien ministre, ex-préfet
Guérini Jean-Noël, sénateur des Bouches-du-Rhône (13)
H
Hamelin Emmanuel, ex-député du Rhône (69)
Heinrich Michel, député des Vosges (88)
Hénart Laurent, maire de Nancy (54)
Hervé Edmond, sénateur d’Ille-et-Vilaine (35)
Hetzel Patrick, député du Bas-Rhin (67)
Hidalgo Anne, maire de Paris (75)
Hollande François, président de la République
Hortefeux Brice, ancien ministre, député européen (Massif central-Centre)
Hout Sabrina, adjointe au maire des XVe et XVIe arrondissements de Marseille (13)
Hunault Michel, ex-député de la Loire-Atlantique (44)
Hyest Jean-Jacques, sénateur de Seine-et-Marne (77)
J
Jacob Christian, député de Seine-et-Marne (77)
Jalton Éric, député de la Guadeloupe (971)
Jospin Lionel, ancien Premier ministre
Joxe Pierre, ancien Premier président de la Cour des comptes
Juppé Alain, ancien Premier ministre, maire de Bordeaux (33)
K
Kaltenbach Philippe, sénateur des Hauts-de-Seine (92)
Karoutchi Roger, ancien secrétaire d’État, sénateur des Hauts-de-Seine (92)
Klarsfeld Arno, conseiller d’État
Kosciusko-Morizet Nathalie, ancienne ministre, députée de l’Essonne (91)
Kuli… Christoph, découvreur de talents, Alpes-Maritimes (06)
L
Lagarde Aude, adjointe au maire de Drancy (93)
Lagarde Christine, ancienne ministre
Lagarde Jean-Christophe, maire de Drancy, député de la Seine-Saint-Denis (93)
Lambert Alain, président du conseil général de l’Orne (61)
Lamy François, ancien ministre, député de l’Essonne (91)
Larcher Gérard, maire, sénateur des Yvelines (78)
Lassalle Jean, député des Pyrénées-Atlantiques (64)
Lazaro Thierry, député du Nord (59)
Lefebvre Frédéric, conseiller régional d’Île-de-France, député des Français établis hors de
France (depuis le 10 juin 2013)
Le Guen Jean-Marie, secrétaire d’État, député de Paris (75)
Lipietz Hélène, ex-sénatrice de Seine-et-Marne (77)
Longuet Gérard, ancien ministre, sénateur de la Meuse (55)
Lounici Rachid, adjoint au maire de Lomme (59)
Loup Maryse, première adjointe au maire de Wingles (62)
Luard Roland (du), sénateur de la Sarthe (72)
Luca Lionnel, député des Alpes-Maritimes (06)
M
Mach Michel, ex-député des Pyrénées-Orientales (66)
Madrelle Philippe, sénateur de la Gironde (33)
Mamère Noël, député de la Gironde (33)
Marchand Frédéric, maire d’Hellemmes (59)
Marchiani Jean-Charles, ex-député européen, ex-préfet hors cadre
Marini Philippe, sénateur de l’Oise (60)
Marland-Militello Muriel, députée des Alpes-Maritimes (06)
Marlin Franck, député de l’Essonne (91)
Mazeaud Pierre, ancien président du Conseil constitutionnel
Mélenchon Jean-Luc, député européen, ancien sénateur de l’Essonne (91)
Migaud Didier, Premier président de la Cour des comptes
Miraux Jean-Luc, ancien sénateur de l’Eure (27)
Morin Hervé, député de l’Eure (27)
Moudenc Jean-Luc, ex-député de la Haute-Garonne (31)
Moyne-Bressand Alain, député de l’Isère (38)
Myard Jacques, maire de Maisons-Laffitte, député des Yvelines (78)
N
Nachury Dominique, députée du Rhône (69)
Novelli Hervé, ancien secrétaire d’État, ancien député d’Indre-et-Loire (37)
P
Paillé Dominique, ancien ministre, député des Deux-Sèvres (79)
Paoli Stéphane, maire de Bobigny (93)
Pasqua Charles, ancien ministre, sénateur des Hauts-de-Seine (92)
Perben Dominique, ancien ministre, ex-député du Rhône (69)
Pécresse Valérie, députée des Yvelines (78)
Percheron Daniel, sénateur du Pas-de-Calais (62)
Poncelet Christian, ancien président du Sénat, ancien sénateur des Vosges (88)
Poniatowski Ladislas, sénateur de l’Eure (27)
Pons Josette, députée du Var (83)
Portelli Hugues, sénateur du Val-d’Oise (95)
Povinelli Roland, maire d’Allauch, ex-sénateur des Bouches-du-Rhône (13)
Puech Jean, ancien ministre, ancien sénateur (jusqu’en 2008) de l’Aveyron (12)
R
Raffarin Jean-Pierre, ancien Premier ministre, sénateur de la Vienne (86)
Raincourt Henri (de), ancien ministre, sénateur de l’Yonne (89)
Raoul Daniel, sénateur de Maine-et-Loire (49)
Raynal Jean-François, vice-président du conseil général des Yvelines (78)
Retailleau Bruno, sénateur de la Vendée (85)
Richard Alain, sénateur du Val-d’Oise (95)
Ries Roland, maire de Strasbourg, sénateur du Bas-Rhin (67)
Riester Franck, député de Seine-et-Marne (77)
Rimane Juliana, ex-députée de la Guyane (973)
Roussin Michel, ancien ministre, ex-député de Paris (75)
Royal Ségolène, ministre, ex-députée des Deux-Sèvres (79)
Rugy François (de), député de la Loire-Atlantique (44)
Ruquier Laurent, animateur de radio et télévision, « amuseur public », Paris (75)
S
Salen Paul, député de la Loire (42)
Santini André, maire d’Issy-les-Moulineaux, député des Hauts-de-Seine (92)
Sarkozy Nicolas, ancien président de la République
Sauvadet François, député de la Côte d’Or (21)
Sève Patrick, ex-maire de L’Haÿ-les-Roses, député du Val-de-Marne (94)
Sido Bruno, sénateur de la Haute-Marne (52)
Sita Jean-François, conseiller régional de La Réunion (974)
Suguenot Alain, député de la Côte-d’Or (21)
T
Tardy Lionel, député de la Haute-Savoie (74)
Tasca Catherine, sénatrice des Yvelines (78)
Taubira Christiane, garde des Sceaux, ancienne députée de la Guyane (973)
Terrasse Pascal, député de l’Ardéche (07)
Teullé Arnaud, ex-adjoint au maire de Neuilly-sur-Seine (92)
Thévenoud Thomas, ancien secrétaire d’État, député de Saône-et-Loire (71)
Thierry Robert, député de La Réunion (974)
Tibéri Dominique, conseiller de Paris (75)
Tiberi Jean, ex-député, ex-maire de Paris (75)
Toubon Jacques, ancien ministre, ex-député de Paris (75)
Touraine Jean-Louis, député du Rhône (69)
U
Urvoas Jean-Jacques, député du Finistère (29)
V
Vallaud-Belkacem Najat, ministre
Vallini André, secrétaire d’État, ex-député, sénateur de l’Isère (38)
Valls Manuel, Premier ministre
Vauzelle Michel, député des Bouches-du-Rhône (13)
Vendasi François, sénateur de la Haute-Corse (2B)
Véra Bernard, ex-sénateur de l’Essonne (91)
Vigier Jean-Pierre, député de la Haute-Loire (43)
Vigier Philippe, député d’Eure-et-Loir (28)
Villepin Dominique (de), ancien Premier ministre
Voisin Michel, député de l’Ain (01)
W
Warsmann Jean-Luc, député des Ardennes (08)
Woerth Éric, ancien ministre, député de l’Oise (60)
Bibliographie
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DOSIÈRE René, L’État au régime. Gaspiller moins pour dépenser mieux, Paris, Éditions du
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DOSIÈRE René, Le métier d’élu local, Paris, Éditions du Seuil, 2014.
GODECHOT Jacques, Les Institutions de la France sous la Révolution et l’Empire, Paris, PUF,
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MATHIEZ Albert, La Corruption parlementaire sous la Terreur, Paris, Armand Colin, 1927.
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PINÇON Michel, PINÇON-CHARLOT Monique, Le président des riches. Enquête sur l’oligarchie
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PONS Noël, PHILIPPE Jean-Paul, 92 connection. Les Hauts-de-Seine, laboratoire de la
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ROUBAN Luc, Les députés de 2012. Quelle diversité ?, Paris, Centre de recherches politiques
de Sciences Po/éditions du Cevipof, n° 8, juillet 2012.
SCPC – Service central de prévention de la corruption : rapport pour l’année 2013 au
Premier ministre et au garde des Sceaux, ministre de la Justice, Paris, La Documentation
française, 2014.
SERVIÈRE Samuel-Frédéric, « 8 propositions pour plus de transparence de la vie publique »,
Société civile, n° 153, 26 janvier 2015.
SOBOUL Albert, La Révolution française. Nouvelle édition revue et augmentée du Précis
d’histoire de la Révolution française, Paris, collection « Terrains », Éditions sociales, 1982.
Remerciements
À Jean-Charles Gérard qui fait partie des éditeurs encore un peu fous, mais « qui en ont ».
À toute son équipe d’édition à l’écoute de tous les auteurs en faisant croire à chacun qu’il est
le seul et le plus important.
Un spécial merci à Anne-Ségolène Estay et à Ariadine Boussetta son assistante, reines de la
grammaire, à Marie-Christine Antigny bénévole attitrée, à Alain Bischoff, correcteur et
stakhanoviste du détail.
Un grand merci à Raymond Bonomo, le bénévole tenace et efficace ; à quelques magistrats
rigoureux et constructifs ; au service documentation de la communauté d’agglomération Évry
Centre Essonne, particulièrement à Flora M. et à Olga R. ; à un ou deux amis(es) des
services de renseignement ; à quelques élus (Stéphane B., Thierry L., Christian C.) qui
osent encore défier « l’establanchiment ».
Un énorme merci à tous les veilleurs (Philippe G., Nounours de Mulhouse, Sonia
glabpapillons, Faila S. des Bahamas, Bruno H. de Morsang-sur-Orge, Sandrine P. de
Montendre, Karine L. de Romilly, Jacky C. d’Étampes, Hervé C. cours Simon, Lydia C. de
La Rochelle… et plein d’autres) qui quadrillent toute la France pour que l’information et la
transparence des faits existent encore dans ce pays.
Table des matières
Couverture
4ème de couverture
Citation
Dédicace
Avant-propos d’échafaud
Introduction
PREMIÈRE PARTIE : Un système qui produit des abus… et
inversement
1- L’abstention : au service d’un système politique inégalitaire
Où s’arrêta l’abstention ?
Un jeu gagnant pour les élus « roublards »
II - L’abstention des parlementaires :plus importante que celle des électeurs !
Les beaux jours des lobbys
Du mieux et du bof
Le vote obligatoire : une solution
La prise en considération du vote blanc : c’est bidon !
Dernière minute
Petite conclusion
III- Une particularité politique française :le nombre abusif d’élus
L’organisation du territoire
La France, numéro un mondial du nombre d’élus par habitant
Un candidat à l’élection municipale pour 48 électeurs
Un nombre d’élus en constante augmentation
L’avantage de la parité
IV - L’attraction de l’argent
Une activité gratuite et bénévole ?
Beaucoup d’élus touchent peu, et peu d’élus touchent beaucoup
« Pas assez d’argent, trop de travail »
Trop d’argent, pas assez de travail !
Robert Cabé : comment un « bon » élu local arrive à plus ou moins 10 000 euros brut mensuel
Pendant ce temps-là, en Europe
Une suppression des « majorations » d’indemnités pour les élus qui ne se fera pas
Réflexion
Dernière minute
Petite conclusion en forme de réflexion
Sources complémentaires :
V - La maladie de la carrière politique
De porte-serviette à portefeuille
La maladie incurable du surhomme
Le formatage des élus : un frein à la diversité, la créativité et la prise de risques
Vingt ans de réflexion pour les décisions trop importantes
Des sondages en veux-tu en voilà
Moralité :
Sources supplémentaires :
VI - Un élu n’est jamais coupable : il est élu !
VII - Les élus au-dessus des lois ?
L’immunité parlementaire ou le dogme de l’irresponsabilité et de l’inviolabilité de l’élu
Écoute téléphonique : une procédure difficile à l’encontre d’un élu, facile à l’encontre du citoyen
Réflexion
VIII - La prise en charge des frais d’avocat des élus
Des frais d’avocats dispendieux
Quand la mairie, le conseil général ou la Région devraient se porter partie civile !
Un abus en forme d’astuce « légale »
Quand trois élus de la même ville se font un procès, ce sont les habitants qui payent ?
Petite conclusion
IX - Le métier d’avocat : un bon plan pour l’élu
Comment certains parlementaires se sont engouffrés dans la brèche
Ce que le Code électoral interdit à un élu tout court, l’élu avocat le peut !
La fête se termine
Suggestion de piste de travail « moralisateur »
X - Des lois de plus en plus mal faites,inutiles et inintelligibles
Un mal du siècle : la confusion entre précipitation et précision
Une justice en fonction des citoyens
Des lois « émotion »
Petite conclusion
DEUXIÈME PARTIE : Cachez ce cumul que je ne saurais voir
1- L’écrêtement et le cumul tous azimuts des élus
Les cumulards dans l’enseignement
Les cumulards ministres et langue de bois
Les cumulards « absents »
Les parlementaires : plus ils cumulent moins ils en foutent
Une autre forme de cumul
II - Le « tour extérieur »
D’autres placards dorés
Petite conclusion
Préfet hors cadre : un p’tit casse-croûte à 6 000 euros mensuel
Une retraite généreuse
Quelques exemples (parmi beaucoup d’autres)
Une façon de remercier les bons serviteurs
IV - Blanchiment d’argent, emplois fictifs, salaire au black, chômage : le cercle vertueux du travail en politique
Mais à quoi sert l’argent de l’enveloppe parlementaire dite « crédit de collaborateur » ?
Des collaborateurs fantômes mais néanmoins déclarés
Un emploi fictif « légal » : le poste de sénateur
Des chèques ou du liquide au black tous les mois pour les sénateurs
Les explications « vaseuses » mais légales de quelques sénateurs
Déni poli et rapide au Sénat
Le chômage too much des parlementaires
Conclusion
Sources
V – 2014 : quand les parlementaires bénéficient de treize semaines de congés payés
Cinq semaines supplémentaires pour les élections municipales
Petite conclusion
Détail de ministres qui ne respectent pas leur signature
VI - Les retraites scandaleuses des élus
Pour les parlementaires, la retraite, c’est mieux que tout le monde !
Le mensonge des annuités de retraite des élus
Jackpot à tous les étages !
Une retraite de député est payée par les contribuables à 88 %
Les retraités sénateurs soignés aux petits oignons
Petite conclusion
VII - La retraite des élus de Paris :exonérée d’impôts jusqu’en 2010 !
Un vœu pieux et un compromis
Moralité
VIII - Pension de réversion des élus
Petite conclusion
IX - Le paradis fiscal en France : être un élu
Un régime qui ne s’applique pas aux élus
Le président de la République montre le mauvais exemple
Moralité
X - Des prêts à taux préférentiel et des contribuables qui remboursent
Des prêts à taux « presque » zéro ?
L’IRFM : de l’argent public pour le bien privé
Dernières nouvelles en forme d’esquive mal ficelée de l’Assemblée
Petite conclusion
XI - Une IRFM qui peut être gonflée « légalement »
XII - Quelques exemples de revenus mensuels de nos parlementaires
XIII - Déclaration d’intérêts et d’activités « bidonnée »
Les grosses pointures
Le surdoué de la gestion du temps… et de l’argent qui va avec
Le débrouillard
Le pauvre !
Ceux qui se trompent
Les réfractaires
Les rigolos
Les rusés
Les distraits
Les pattes de mouches
Les minimalistes
Les « mélangeurs » de sommes globales
Un « multicartes indépendant »
« Je mets tout sauf les rémunérations »
Un retraité
Une mascarade et un attrape-nigaud ?
Conclusion : Opacité et obstruction sont les deux mamelles de la transparence politique
XIV - Quelques petits arrangements entre amis…Saisies d’huissiers chez les élus ; un régime de faveur
Un signalement TRACFIN cinq ans après les faits
XV - Quand deux élus se font élire et se cassent…
XVI – Du personnel « gratos »pour les anciens présidents
Source supplémentaire
XVII - Petits avantages en forme d’abus d’élus
La gratuité du parc floral de Vincennes pour les élus de Paris
Ça baigne dans les piscines pour les élus de Paris !
Un parlementaire voyage gratis et ne fait jamais la queue
Petite conclusion
Source supplémentaire
TROISIÈME PARTIE : « Faites surtout ce que je dis, mais ne
regardez surtout pas ce que je fais. »
I - La sempiternelle annonce de la suppression de la Cour de Justice de la République
Création de la Cour des privilégiés
Une justice d’exception montrée du doigt
Réflexion d’entre les lignes
Détail d’inertie juridique de dernière minute
Avis journalistique
II - Le blocage des salaires,c’est bon pour le peuple !
Plus de 10 % d’augmentation en deux ans
L’excuse du temps passé
Décret présidentiel, un symbole non respecté
Source
III - Le contrôle des frais,c’est pour les autres !
Rejet d’un amendement égalitaire
Réflexion à l’unanimité
Moralité
IV - La réduction du nombre de régions :une arnaque cachée
Trois mois de batailles acharnées
Dix milliards d’économies et une réduction du nombre d’élus ?
Un même nombre d’élus, cela veut dire quoi ?
V - Des déclarations bidons pour un vote de confiance au gouvernement
Ce qui est valable pour l’un ne l’est pas pour l’autre…
Détail d’éthique
Source
VI - Faire croire qu’on avance tout en restant sur place
Sources
VII- Rapport sur « l’exemplaritédes responsables publics »
Première proposition : « Vérifier la situation fiscale préalablement à la nomination d’un ministre »
Deuxième proposition : « Prévoir la délivrance d’un certificat de régularité fiscale pour les candidats à une élection
nationale »
Les propositions 3, 5, 6, 7 et 8 : de la déontologie à toutes les sauces
La proposition 13 : « Améliorer la transparence financière de l’élection présidentielle »
Proposition 14 : « Engager une réflexion pour adapter les moyens dévolus aux parlementaires à la fin du cumul des
mandats et à la nécessité d’une plus grande transparence »
Propositions 18 et 19 ou proposer ce qui n’est pas possible
Réflexion globale
Janvier 2015 : « tour de vis » dans le vide du président de la République
Un rapport sans répression
Moralité
VIII - Cachez cette transparence que je ne saurais voir !
Pas de contrôle à l’Assemblée nationale
Pas tous profiteurs, mais beaucoup sont complices
Une transparence, ou une moralisation, à jeter aux orties
Petite conclusion
IX - Élu du privé ou élu fonctionnaire ?
X - En 2015, des élus se « rallongent »leur indemnisation !
XI - Soixante députés en délicatesse avec le fisc… pour l’instant !
« Un voleur de mobylette risque plus de prison qu’un député qui fraude »
En 2013 des députés déposent une loi d’amnistie pour les fraudeurs
Quelques fraudeurs « donneurs de leçon »
X - Un casier judiciaire vierge pour les élus !
Un casier, pas d’emploi !
Pourquoi un élu voleur ou délinquant sexuel peut-il, lui, être élu ou réélu ?
Élu ou réélu, donc innocent
Quand la mairie refuse d’embaucher malgré un casier judiciaire effacé
Inéligible mais élu quand même
Inéligible et radié des listes électorales mais rétabli en urgence dans ses droits
Des propositions de loi pour assurer la virginité des candidats
Janvier 2015, l’indignité nationale : les déclarations inutiles et inapplicables d’un parlementaire
Réflexion sur l’inéligibilité : un écran de fumée
Rappel du texte de loi (extrait de La Gazette des communes n° 2244 du 10 novembre 2014)
XI - Quelques abus d’élu(e)s en vrac
Conclusion
Questions qui fâchent entre légalité et moralité
Ils sont dans ce livre
Bibliographie
Remerciements
Table des matières