Doctrines Fondamentales de L-1
Doctrines Fondamentales de L-1
Doctrines Fondamentales de L-1
I. LA FOI EN DIEU
Poser cette question c’est déjà faire de la théologie. Que veut dire
théologie ? En effet, selon l’étymologie, theos et logos du grec renvoient à la
science de Dieu. Cette définition lapidaire fait surgir immédiatement une
difficulté à ne pas occulter notamment : Dieu peut-il être objet de science ?
N’est-il pas le Tout-Autre, l’au-delà absolu, insaisissable, transcendant tout
langage et toute représentation ? Il convient de noter d’emblée que face à
Dieu nous sommes devant un mystère, ce qui dépasse nos capacités
d’appréhension. C’est ce qu’on appelle la théologie négative, c’est-à-dire celle
qui consiste à dire ce que Dieu n’est pas pour écarter toute fausse image de
lui, toute représentation à partir de l’expérience humaine, tout ce que la
Bible appelle idole. Bref, le silence serait paradoxalement la meilleure
manière de parler de Dieu. Mais ce silence ne vient-il pas clôturer notre
cours ? Que non ! La tradition chrétienne tout en reconnaissant que Dieu est
caché et tout autre, elle confesse aussi que Dieu lui-même s’est révélé et a
parlé dans l’histoire des hommes. Si la représentation visible de Dieu restera
toujours problématique, une certaine parole est possible : Dieu s’est révélé
comme un Père.
2. Le Dieu-père : révélation de Dieu et réponse de l’homme
3. Le tout-puissant
4. Le Créateur
- Un Christ hellénisé ?
La conception arienne de Jésus rendait ce dernier prisonnier des
catégories philosophiques grecques. C’est une hellénisation illégitime. La
réponse de Nicée se veut une déshellénisation par le remplacement du terme
« intermédiaire » par celui de « médiateur » entre Dieu et l’homme. Tout
l’effort de Nicée est d’établir d’une part la différence entre le mystère de
Jésus selon la révélation biblique et la philosophie religieuse grecque, d’autre
part de libérer la foi chrétienne des conceptions grecques traditionnelles.
Cependant, en voulant déshelléniser l’image de Jésus, Nicée a
paradoxalement hellénisé linguistiquement le dogme christologique par
l’usage de grands mots philosophiques comme ousia et omoousios alors dans
une formule insuffisamment élaborée. En effet, pour rendre compte de la
relation d’identité entre Jésus et Dieu, Nicée avait adopté une traduction
difficile, qui plus est, n’avait pas trouvé spontanément des termes
philosophiques adéquats pour expliquer clairement ce que la foi chrétienne
entendait dire. D’où l’invention d’une terminologie à partir du vocabulaire
existant. Ce vocabulaire que beaucoup jugeaient difficile à comprendre et
emprunté au jargon païen (cfr la doctrine d’émanation de la gnose
valentinienne, alors qu’il s’agissait de définir un mystère chrétien), ne
renforce-t-il pas le paradoxe ?
Pour B. SESBOUE, la reprise du vocabulaire dont le passé sémantique
posait déjà problème, signifie que les Pères de Nicée s’étaient trouvés en crise
des termes. D’où la rupture qu’il y a eu entre le langage de la foi et les
systèmes de pensée grecque. Cependant, il sied de reconnaître que
l’intention des Pères conciliaires n’était pas d’enfermer les données
fondamentales de la foi dans les catégories grecques, s’ils ont été amenés à
helléniser le langage de la foi, c’était pour déshelléniser son contenu, c’est-à-
dire libérer l’image de Jésus en proie aux interprétations philosophiques de
l’heure. Comme le dit A. GRILLMEIER, « Ce ne sont pas les Grecs qui ont fait
Nicée mais Nicée qui a surmonté les philosophes grecs.
Est pointé ici l’enjeu du dialogue sans fin entre la parole de Dieu qui
interroge l’histoire des hommes et les paroles des hommes qui scrutent sans
cesse la parole de Dieu, au nom des questions qui montent de leur raison et
de leurs situations culturelles. Le dogme ecclésial est un acte
d’interprétation de la parole de Dieu consignée dans l’Ecriture. Il ne prétend
pas lui ajouter, ou dire autre chose, mais traduire dans des langages
culturels nouveaux, en fonction des questions nouvelles, ce qui était dit.
Nous l’avons vu en soulignant l’importance du ‘ c’est-à-dire’.
Le fait que Nicée ait tenu compte du langage philosophie grec pour
exprimer le donné révélé dans un « vocabulaire du temps » en l’articulant
autour de l’Ecriture, est une dimension importante dans toute démarche
d’inculturation.
Jésus en tant que Dieu fait homme est né de Marie. Les évangiles
l’attestent, aussi l’Eglise a tenu à le réaffirmer face aux hérétiques,
notamment le nestorianisme qui affirmait que le Verbe divin n’était pas né de
Marie. Au concile d’Ephèse (430) la question brûlante était de savoir
comment le Fils de Dieu au sens fort est devenu chair ? C’est la génération
humaine du Fils de Dieu qui posait problème à Ephèse donc, car pour les
Grecs, il n’est pas pensable que le Verbe éternel puisse naître du sein de
Marie. Dieu peut-il avoir une mère ? Dans sa christologie, Nestorius fait la
distinction entre le Verbe et l’homme Jésus au point de creuser un fossé tel
qu’il n’attribue jamais au Verbe de Dieu les événements historiques de la vie
de Jésus. Dire par exemple que le Verbe a souffert et mort pour nous, est
inadmissible, car la divinité est impassible selon les Grecs.
La lutte qu’engage Cyrille d’Alexandrie contre Nestorius à travers de
longs échanges épistolaires aboutit au concile d’Ephèse auquel l’acte d’union
de 433 redonnera tout le poids. L’acte stipule :
« Nous confessons donc notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de
Dieu, Dieu parfait et homme parfait, fait d'une âme raisonnable et d'un
corps, engendré du Père avant les siècles en sa divinité, et à la fin des jours
le même pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie en son
humanité ; le même consubstantiel au Père en sa divinité et consubstantiel à
nous en son humanité. Car des deux natures l'union s'est faite ; c'est
pourquoi nous confessons un seul Christ, un seul Fils, un seul Seigneur. Et
à cause de cette notion d'une union sans mélange, nous confessons que la
sainte vierge est Mère de Dieu, parce que le Verbe de Dieu s'est fait chair et
s'est fait homme, et que dès la conception il s'est uni le Temple qu'il a pris
d'elle » (DS 272).
Cette définition marque des points saillants. Le texte distingue d’abord
dans le Christ ses deux natures et sa double consubstantialité en montrant
que ces natures sont distinctes mais non séparées. Il s’agit de la
reconnaissance du « dyophysisme » christologique au détriment du
monophysisme cyrillien. Il affirme ensuite l’union de deux natures en
employant trois fois le terme enosis (union) et non celui de Nestorius,
conjonction (sunafeia). Comme pour dire, union des natures oui, non pas
juxtaposition ! Reconnaître les deux natures dans le Christ ne signifie pas
poser en lui deux personnes placées côte à côte. C’est donc la théorie de
deux Christ dont Nestorius a été accusé, qui se trouve ici déchirée à belles
dents.
La confession de la double nature de Jésus ouvre directement sur la
reconnaissance de Marie comme theotokos (Mère de Dieu). Comme on le voit,
l’acte d’union sauve la spécificité même du christianisme, notamment Jésus
n’est pas un homme plus ou moins divinisé mais Dieu lui-même né d’une
femme. C’est en cela qu’il unit les deux natures. La définition d’Ephèse que
l’acte d’union couronne est une christologie d’en haut qui est descendue
jusqu’à l’incarnation. Elle suit la coulée johannique où le Verbe préexistant a
assumé pleinement l’histoire et l’humanité (Le Verbe s’est fait chair et il a
habité parmi nous, Jn 1, 14).
2. La vie éternelle
CONCLUSION
Au terme de ce cours, il convient de noter que le credo (symbole de la
foi) est la cellule-mère de tout le développement doctrinal dans l’Eglise
Catholique. Le credo a donc une valeur de fondement de tout l’édifice, dans
son lien avec à l’Ecriture dont il représente une interprétation
particulièrement autorisée. Le credo exprime « l’essence du christianisme ».
Du mystère chrétien il présente à la fois la structure et le contenu dans
l’articulation de la Trinité, de la christologie et du mystère de l’Eglise. L’ordre
de l’exposition est trinitaire et situe à sa place la christologie. Mais cet ordre
recouvre un ordre de découverte qui va de la christologie à la Trinité, de la
confession de la victoire et de la royauté du Christ ressuscité à
l’enracinement de sa mission dans l’envoi par le Père et le don de l’Esprit à
l’Eglise qui dès maintenant a reçu les avances de la vie éternelle, en
attendant sa réalisation définitive dans le face à face de l’au-delà.
BIBLIOGRAPHIE
BALTHASAR Hans Urs Von, Credo, Méditations sur le Symbole des Apôtres,
Paris, Nouvelle cité, 1992.
GESCHE Adolphe, Dieu pour penser. VI. Le Christ, Paris, Cerf, 2001.
Id., La résurrection et la vie. Petite catéchèse sur les choses de la fin, Paris,
DDB, 2004.
« Vie éternelle », dans D.T.C, tome Quinzième, deuxième partie, Paris, 1950.