2 - RFE Gestion Des VAS de Lenfant postCA PDF
2 - RFE Gestion Des VAS de Lenfant postCA PDF
2 - RFE Gestion Des VAS de Lenfant postCA PDF
2018
RFE communes SFAR – ADARPEF
Société Française d’Anesthésie et de Réanimation
Association des Anesthésistes Réanimateurs Pédiatriques d'Expression Française
Coordonnateurs d’experts :
SFAR : Christophe Dadure
Organisateurs :
SFAR : Etienne Gayat, Lionel Velly
Groupe de Lecture : Maryline Bordes (Bordeaux), Frédéric Duflo (Lyon), Jean-Claude Granry
(Angers), Fabrice Michel (Marseille).
Comité des Référentiels clinique de la SFAR : Lionel Velly (Président), Marc Garnier (Secrétaire),
Julien Amour, Alice Blet, Gérald Chanques, Vincent Compère, Philippe Cuvillon, Fabien Espitalier,
Etienne Gayat, Hervé Quintard, Bertrand Rozec, Emmanuel Weiss
Conseil d'Administration de la SFAR : Xavier Capdevila, Hervé Bouaziz, Laurent Delaunay, Pierre
Albaladejo, Jean-Michel Constantin, Francis Bonnet, Marie-Laure Cittanova Marc Léone, Bassam Al
Nasser; Valérie Billard; Francis Bonnet; Julien Cabaton; Marie-Paule Chariot, Isabelle Constant, Alain
Delbos, Claude Ecoffey, Jean-Pierre Estebe, Marc Gentili, Olivier Langeron, Pierre Lanot, Luc
Mercadal, Karine Nouette-Gaulain, Jean-Christian Sleth, Eric Viel, Paul Zetlaoui
A ce jour, plus de 50% des événements critiques périopératoires de l’enfant sont d’origine
respiratoire. La bonne gestion des voies aériennes de l’enfant lors d’une anesthésie générale
fait partie des préoccupations majeures des anesthésistes réanimateurs.
1. Contexte
Les enfants sont anesthésiés dans tous les types de structures hospitalières par des médecins
anesthésistes-réanimateurs dont l’expérience en anesthésie pédiatrique est variable (1). La
gestion des voies aériennes (VAS) de l’enfant lors d’une anesthésie générale fait partie des
prises en charge majeures de la pratique clinique en anesthésie réanimation. Les données
européennes récentes de l’étude APRICOT ont confirmé qu’à l’heure actuelle plus de 50%
des événements critiques périopératoires de l‘enfant sont encore d’origine respiratoire (2).
Une amélioration de la prise en charge des voies aériennes devrait diminuer la
morbidité/mortalité en anesthésie pédiatrique.
Ainsi la rédaction d’un texte faisant le point sur ces nouvelles données, plus de 10 ans après
les dernières recommandations ou conférences d’experts, est apparue nécessaire afin de
d’aider le clinicien dans sa pratique quotidienne.
2. Objectif
3. Méthodologie
Les données de la littérature ont été sélectionnées sur les 15 années précédentes. Pour
chaque question retenue, si au moins une méta-analyse était disponible, la recherche
bibliographique était effectuée, à partir de la méta-analyse, sur les publications postérieures à
celle-ci. Dans tous les cas, seuls les essais randomisés contrôlés permettaient de formuler une
recommandation forte (niveau G1, voir ci- dessous). Comme cela est prévu dans la
méthodologie GRADE, pour des questions ayant des implications majeures chez les patients
(risque vital par exemple), une recommandation peut être formulée sur des données ne
pouvant, pour des raisons éthiques, être validées par une méthodologie de type allocation
randomisée.
7 groupes de travail ont été constitués afin d’aborder les sujets suivants :
Pour chaque question, des critères de jugement ont été définis a priori.
En accord avec les recommandations de la SFAR, la méthode GRADE® a été utilisée pour
l’élaboration des recommandations (5). Cette méthode permet, après une analyse quantitative
de la littérature, de déterminer séparément la qualité des preuves, et donc de donner une
estimation de la confiance que l’on peut avoir de l’analyse quantitative et un niveau de
recommandation. La qualité des preuves est répartie en quatre catégories :
1- Haute: les recherches futures ne changeront très probablement pas la confiance dans
l’estimation de l’effet.
3- Basse: les recherches futures auront très probablement un impact sur la confiance dans
l’estimation de l’effet et modifieront probablement l’estimation de l’effet lui-même.
L’analyse de la qualité des preuves est réalisée pour chaque critère de jugement puis un
niveau global de preuve est défini à partir de la qualité des preuves des critères cruciaux.
La formulation finale des recommandations est toujours binaire : soit positive soit négative et
soit forte soit faible :
1- Estimation de l’effet
2- Le niveau global de preuve : plus il est élevé, plus la recommandation sera forte
3- La balance entre effets désirables et indésirables : plus celle-ci est favorable, plus la
recommandation sera forte
4- Les valeurs et les préférences : en cas d’incertitudes ou de grande variabilité, plus la
recommandation sera faible ; ces valeurs et préférences doivent être obtenues au
mieux directement auprès des personnes concernées (patient, médecin, décisionnaire)
En cas d’absence d’évaluation quantifiée de l’effet, il a été proposé un avis d’expert dont la
formulation est identique à celles proposées dans la méthode GRADE®.
Ces RFE se substituent aux recommandations précédentes émanant de la SFAR, sur un même
champ d'application. La SFAR incite tous les anesthésistes-réanimateurs à se conformer à ces
RFE pour assurer une qualité des soins dispensés aux patients. Cependant, dans l’application
de ces recommandations, chaque praticien doit exercer son jugement, prenant en compte son
expertise et les spécificités de son établissement, pour déterminer la méthode d'intervention la
mieux adaptée à l'état du patient dont il a la charge.
REFERENCES :
Prérequis
- Un vidéolaryngoscope ne doit pas être utilisé si un des cas suivants est rencontré :
1) une ouverture de bouche du patient ne permettant pas l’introduction du
dispositif
2) un rachis cervical fixé en flexion ;
3) un obstacle des voies aériennes supérieures avec stridor.
- Il est nécessaire de s’assurer de la possibilité d’introduire un vidéolaryngoscope dans la
bouche avant d’induire une apnée chez l’enfant.
- Une désaturation < 95% impose l’arrêt des manœuvres d’intubation au profit de celles
permettant une oxygénation. En cas de risque avéré d’hypoxémie, le vidéolaryngoscope ne
peut pas se substituer à un dispositif supra glottique.
Prérequis
Le rhume ou rhinopharyngite est une infection des voies aériennes supérieures. C’est la
pathologie pédiatrique la plus commune et la plus fréquente. La majorité des études
retiennent comme diagnostic positif la présence d’au moins deux des symptômes suivants :
hyperthermie inférieure à 38.5°C, asthénie, maux de gorge (pharyngite), rhinorrhée
antérieure ou postérieure, éternuements, toux non productive et laryngite.
La physiopathologie des infections des voies aériennes supérieures conduit globalement à
une hyperréactivité bronchique dont le mécanisme est plurifactoriel. La présence de ce type
d’infection majore de façon significative le risque de complications respiratoires
susceptibles d’émailler les différentes étapes de l’anesthésie d’un enfant. L’hyperréactivité
bronchique interagit avec l’anesthésie en provoquant la sensibilisation des voies aériennes
supérieures aux gaz halogénés et aux stimulations de l’oropharynx. Leur évolution est
habituellement favorable, cependant elles peuvent mettre le pronostic vital en danger. Les
complications respiratoires rencontrées sont essentiellement le bronchospasme et le
laryngospasme.
R10 – Chez l’enfant enrhumé, il est recommandé d'utiliser le masque facial si le degré
d’urgence, le type et la durée de la chirurgie le permettent.
(Grade 1+) Accord FORT
ARGUMENTAIRE : Le choix du dispositif de contrôle des voies aériennes dépend de
multiples facteurs (urgence ou non, type et durée de la chirurgie) chez l’enfant sain comme
chez l’enfant enrhumé.
Toutes les études, prospectives descriptives chez l’enfant sain et enrhumé confondu(1-3),
prospectives descriptives chez l’enfant enrhumé (4-5) ou rétrospectives (6), s’accordent sur
l’effet protecteur du masque facial contre les complications respiratoires comme dispositif
de contrôle des voies aériennes chez l’enfant enrhumé.
REFERENCES :
1.Bordet F, Allaouchiche B, Lansiaux S, Combet S, Pouyau A, Taylor P, Bonnard C, Chassard D. Risk factors for airway complications during
general anaesthesia in paediatric patients. Paediatr Anaesth. 2002;12:762–9.
2. Von Ungern-Sternberg BS, Boda K, Chambers NA, Rebmann C, Johnson C, Sly PD, Habre W. Risk assessment for respiratory
complications in paediatric anaesthesia: A prospective cohort study. Lancet 2010;376(9743):773–83.
3. Rachel Homer J, Elwood T, Peterson D, Rampersad S. Risk factors for adverse events in children with colds emerging from anesthesia: A
logistic regression. Paediatr Anaesth. 2007;17:154–61.
4. Tait AR, Malviya S, Voepel-Lewis T, Munro HM, Seiwert M, Pandit UA. Risk factors for perioperative adverse respiratory events in
children with upper respiratory tract infections. Anesthesiology 2001;95:299–306.
5. Parnis SJ, Barker DS, Van Der Walt JH. Clinical predictors of anaesthetic complications in children with respiratory tract infections.
Paediatr Anaesth. 2001;11:29–40.
6. Flick RP, Wilder RT, Pieper SF, Vankoeverden K, Ellison KM, Marienau MES, et al. Risk factors for laryngospasm in children during
general anesthesia. Paediatr Anaesth. 2008;18(4):289–96.
PAS DE RECOMMANDATION : Chez l’enfant enrhumé, dans les situations où le masque
facial n’est pas utilisable, il n’est pas possible de formuler de recommandation quant à
l’usage préférentiel du masque laryngé ou de la sonde d’intubation.
ARGUMENTAIRE : Si le masque facial ne peut être utilisé, les arguments pour choisir entre
le masque laryngé et la sonde d’intubation ne permettent pas d’établir de recommandation
chez l’enfant enrhumé. En effet, si le masque laryngé semble être moins pourvoyeur de
désaturation, sa supériorité par rapport à l’intubation n’est pas démontrée pour le risque
de laryngospasme et apparait discutée pour le risque de bronchospasme (1,2). Même si le
masque laryngé est largement utilisé chez l’enfant enrhumé(3), le risque de déplacement
(4) et de non protection des voies aériennes en cas de stimulation chirurgicale à un niveau
d’anesthésie inapproprié (5) doit être pris en considération.
REFERENCES :
1. Tait AR, Pandit U a, Voepel-lewis T, Munro HM, Malviya S. Use of the laryngeal ask airway in children with upper repiraory tract
infections: A comparison with endotracheal intubation. Anesth Analg. 1998;86:706–11.
2. Tait AR, Malviya S, Voepel-Lewis T, Munro HM, Seiwert M, Pandit UA. Risk factors for perioperative adverse respiratory events in
children with upper respiratory tract infections. Anesthesiology 2001;95:299–306
3. Patel A, Clark SR, Schiffmiller M, Schoenberg C, Tewfik G. A survey of practice patterns in the use of laryngeal mask by pediatric
anesthesiologists. Paediatr Anaesth. 2015;25:1127–31.
4. Patki A. Laryngeal mask airway vs the endotracheal tube in paediatric airway management: A meta-analysis of prospective
randomised controlled trials. Indian J Anaesth. 2011;55:537–41.
5. Oofuvong M, Geater AF, Chongsuvivatwong V, Pattaravit N, Nuanjun K. Risk over time and risk factors of intraoperative respiratory
events: a historical cohort study of 14,153 children. BMC Anesthesiol. 2014;14:13.
R11 – Chez l’enfant enrhumé, avant l’âge de 6 ans, il est probablement recommandé de
réaliser une nébulisation de salbutamol avant l’anesthésie générale.
(Grade 2+) Accord FORT
ARGUMENTAIRE : Cette recommandation s’appuie principalement sur une étude
prospective (1) incluant 400 enfants enrhumés et dont plus de 70% ont été anesthésiés
avec un masque laryngé : 200 ont reçu un aérosol de salbutamol et 200 aucun aérosol dans
les 30 minutes précédant l’induction. Le groupe salbutamol présentait une incidence
diminuée d'environ 50% de toux et bronchospasmes per-anesthésiques, avec également
une tendance en faveur de la diminution de l’incidence de laryngospasme. Une étude
similaire (2), avec un effectif similaire mais dans laquelle les enfants étaient âgés de plus de
6 ans et chez qui un masque laryngé a été utilisé, n'a pas retrouvé ce bénéfice de la
prémédication au salbutamol. Il faut noter que dans cette étude, seul un quart des enfants
avaient présenté une infection des voies aériennes supérieures dans les deux semaines
précédant le geste, et que le masque laryngé était retiré à l'éveil complet de l'enfant, ce qui
augmente le risque de toux.
Par ailleurs la nébulisation de salbutamol est une thérapeutique non invasive, non
douloureuse, et peu coûteuse, qui n’est pas associée à la survenue d’effets secondaires
délétères. D’autres études viennent appuyer cette recommandation : le salbutamol a
permis de minimiser l’augmentation des résistances des voies respiratoires après intubation
chez des enfants porteurs d’un asthme modéré comparé à un placebo (3). Une étude chez
des adultes présentant une hyperréactivité bronchique (pathologie obstructive type
asthme) a montré une amélioration des EFR dès le premier jour de traitement par
salbutamol, prescrit en préparation d’une anesthésie générale (4). Deux revues de la
littérature pédiatrique portant sur l’enfant enrhumé concluent également à l’intérêt des
nébulisations de salbutamol dans ce contexte (5,6). La dose recommandée de salbutamol
est de 2,5 mg pour les enfants dont le poids est inférieur à 20 kg, et de 5 mg pour les
enfants dont le poids est supérieur à 20 kg.
REFERENCES :
1. Von Ungern-Sternberg BS, Habre W, Erb TO, Heaney M. Salbutamol premedication in children with a recent respiratory tract
infection. Paediatr Anaesth. 2009;19:1064-9.
2. Ramgolam A, Hall GL, Sommerfield D, Slevin L, Drake-Brockman TFE, Zhang G, von Ungern-Sternberg BS. Premedication with
salbutamol prior to surgery does not decrease the risk of perioperative respiratory adverse events in school-aged children. Br J
Anaesth. 2017;119:150-157.
3. Scalfaro P, Sly PD, Sims C, Habre W. Salbutamol prevents the increase of respiratory resistance caused by tracheal intubation during
sévoflurane anesthesia in asthmatic children. Anesth Analg. 2001;93:898-902.
4. Silvanus MT, Groeben H, Peters J. Corticosteroids and inhaled salbutamol in patients with reversible airway obstruction markedly
decrease the incidence of bronchospasm after tracheal intubation. Anesthesiology. 2004;100:1052-7.
5. Tait AR. Upper airway infection and pediatric anesthesia: how is the evidence based? Curr Opin Anaesthesiol. 2002;15:317-22.
6. Tait AR, Malviya S. Anesthesia for the child with an upper respiratory tract infection: still a dilemma? Anesth Analg. Jan;100:59-65.
R12 – Chez l’enfant enrhumé, il n’est probablement pas recommandé d’administrer à
l’induction de la lidocaïne (IV ou locale) pour diminuer l’incidence des complications
respiratoires.
(Grade 2-) Accord FORT
ARGUMENTAIRE : L’efficacité de la lidocaïne en application locale (en spray) au moment de
l’induction est en effet controversée. Les méta-analyses incluant des études anciennes sont
en faveur de son utilisation chez l’enfant sain (1,2) alors que deux études descriptives
prospectives la décrivent comme un facteur de risque de désaturation (3), de
laryngospasme et de bronchospasme (4), mais sans proposer d’analyse en sous-groupe chez
l’enfant enrhumé. La qualité des essais randomisés contrôlés réalisés chez l’enfant enrhumé
(5,6) apparait trop faible pour permettre d’établir des recommandations dans cette
population. On ne retrouve en revanche pas d’étude négative pour la lidocaïne par voie
intraveineuse. Son intérêt a été démontré chez l’enfant sain pour prévenir la survenue d’un
laryngospasme expérimental sur masque laryngé (7). Son intérêt dans la prévention du
laryngospasme à l’extubation a été confirmé dans 2 méta-analyses (1,2) chez l’enfant sain
ou à risque de complications respiratoires périopératoires (8,9). Toutefois, l’effet de la
lidocaïne IV chez l’enfant enrhumé n’a pas fait l’objet d’études randomisées contre placebo.
La seule étude réalisée chez l’enfant enrhumé comparait la lidocaïne IV vs locale sous forme
de gel appliqué sur le masque laryngé avant sa pose et ne montrait pas de différence
significative (5). En l’absence d’étude négative, l’utilisation de la lidocaïne à la dose de 1 à
1,5 mg/kg en IV chez l’enfant enrhumé ne peut donc être proposée que par extrapolation à
son effet protecteur chez l’enfant sain. Son effet de courte durée suggère une utilisation
dans les 5 minutes avant l’extubation (2,7). Les doses d’anesthésiques locaux injectés pour
la réalisation d’anesthésies locorégionales ou pour réduire la douleur lors de l’injection du
propofol doivent être prises en compte afin de ne pas conduire à un surdosage en
anesthésiques locaux. Des études complémentaires chez l’enfant enrhumé sont nécessaires
pour préciser la place de la lidocaïne.
REFERENCES :
1. Mihara T, Uchimoto K, Morita S, Goto T. The efficacy of lidocaine to prevent laryngospasm in children: a systematic review and
meta-analysis. Anaesthesia. 2014;69:1388–96.
2. Qi X, Lai Z, Li S, Liu X, Wang Z, Tan W. The Efficacy of Lidocaine in Laryngospasm Prevention in Pediatric Surgery: a Network Meta-
analysis. Sci Rep. 2016;6:32308.
3. Hamilton ND, Hegarty M, Calder A, Erb TO, Von Ungern-Sternberg BS. Does topical lidocaine before tracheal intubation attenuate
airway responses in children? An observational audit. Paediatr Anaesth. 2012;22:345–50.
4. Von Ungern-Sternberg BS, Boda K, Chambers NA, Rebmann C, Johnson C, Sly PD, Habre W. Risk assessment for respiratory
complications in paediatric anaesthesia: A prospective cohort study. Lancet 2010 Sep 4;376(9743):773-83.
5. Gharaei B, Jafari A, Poor Zamany M, Kamranmanesh M, Aghamohammadi H, Roodneshin F, Teymourian H, Khazaie Y, Dadkhah P.
Topical Versus Intravenous Lidocaine in Children With Upper Respiratory Infection Undergoing Anesthesia: A Randomized, Double
Blind, Clinical Trial. Anesthesiol pain Med 2015 Aug 22;5:e23501.
6. Schebesta K, Güloglu E, Chiari A, Mayer N, Kimberger O. Topical lidocaine reduces the risk of perioperative airway complications in
children with upper respiratory tract infections. Can J Anesth. 2010;57:745–50.
7. Erb TO, Von Ungern-Sternberg BS, Keller K, Frei FJ. The effect of intravenous lidocaine on laryngeal and respiratory reflex responses
in anaesthetised children. Anaesthesia. 2013;68:13–20.
8. Koc C, Kocaman F, Aygenc E, Ozdem C, Cekic A. The use of preoperative lidocaine to prevent stridor and laryngospasm after
tonsillectomy and adenoidectomy. Otolaryngol - Head Neck Surg. 1998;118:880–2.
9. Sanikop C, Bhat S. Efficacy of intravenous lidocaine in prevention of post extubation laryngospasm in children undergoing cleft
palate surgeries. Indian J Anaesth. 2010;54:132–6.
AVIS D’EXPERTS :
Les experts en charge des recommandations ont émis cinq avis d’experts avec leurs
argumentaires.
1 – Lors d’une intervention pour adénoïdectomie, les experts suggèrent de protéger les
voies aériennes avec une sonde d’intubation à ballonnet.
Avis d’experts
ARGUMENTAIRE : Il n’y a pas de recommandation antérieure sur les modalités de gestions
des voies aériennes dans l’adénoïdectomie. Une enquête de pratique publiée en 2012
décrit l’utilisation du masque laryngé et de l’intubation trachéale dans respectivement 7 et
26% des cas (1). La littérature évaluant le masque laryngé versus l’intubation trachéale, de
qualité médiocre, comporte 4 études observationnelles non comparatives de cohortes (2-5)
et deux études prospectives randomisées. Celle de Serpina (6) inclut amygdalectomie et
adénoïdectomie avec une analyse en sous-groupe en fonction de la chirurgie, avec un petit
nombre de patients (23 dans groupe intubation trachéale avec ou sans ballonnet et 31 dans
groupe masque laryngé). L’incidence de l’hypoxémie et des complications respiratoires est
comparable mais celle de la toux est supérieure avec l’intubation trachéale (48% versus
3%). De multiples biais la rendent peu contributive (analyse en sous-groupe incomplète, pas
de randomisation de la présence ou non du ballonnet, pas de calcul du nombre minimal de
patients, mode ventilatoire peropératoire variable, pas d'information sur les modalités de
retrait). L’étude d’Aziz et Bashir (7) retrouve une incidence plus faible de toux, de stridor et
de laryngospasme mais n’inclut pas d’enfants de moins de 10 ans). La pratique de
l’adénoïdectomie au masque facial est une technique spécifiquement française, qui était
utilisée par 67% des anesthésistes en 2010 et majoritairement en secteur libéral. Elle est
probablement actuellement appliquée à une proportion élevée d’adénoïdectomie.
S’agissant d’une particularité française, il n’y a aucune étude comparant masque facial
versus anesthésie avec contrôle des voies aériennes par masque laryngé ou intubation
trachéale.
REFERENCES :
1. Constant I, Louvet N, Guye ML, Sabourdin N. General anaesthesia in children: a French survey of practices. Ann Fr Anesth Reanim
2012;31:709-23 (French)
2. Boisson-Bertrand D. Modified laryngeal mask for adenotonsillectomy in children. Ann Fr Anesth Reanim 1993;12:82-3 (French)
3. Ruby RR, Webster AC, Morley-Forster PK, Dain S. Laryngeal mask airway in paediatric otolaryngologic surgery. J Otolaryngol.
1995;24:288-91.
4. Militana CJ, Ditkoff MK, Mattucci KF. Use of the laryngeal mask airway in preventing airway fires during adenoidectomies in children:
a study of 25 patients. Ear Nose Throat J. 2007;86 :621-3.
5. Gravningsbråten R, Nicklasson B, Raeder J. Safety of laryngeal mask airway and short-stay practice in office-based
adenotonsillectomy. Acta Anaesthesiol Scand. 2009;53:218-22.
6. Sierpina DI, Chaudhary H, Walner DL, Villines D, Schneider K, Lowenthal M, Aronov Y. Laryngeal mask airway versus endotracheal
tube in pediatric adenotonsillectomy. Laryngoscope. 2012;122:429-35.
7. Aziz L, Bashir K. Comparison of armoured laryngeal mask airway with endotracheal tube for adenotonsillectomy. J Coll Physicians
Surg Pak. 2006;16:685-8.
3 – Lors d’une induction en séquence rapide, les experts suggèrent de ventiler l’enfant au
masque avec une FiO2 ≥ 0,8 et de faibles niveaux de pression de ventilation (justes
suffisants pour soulever le thorax et éviter une insufflation gastrique, idéalement < 15
cmH2O) dès que la SpO2 est inférieure à 95%, afin de diminuer le risque d’hypoxémie
durant l’intubation et immédiatement après
Avis d’experts
ARGUMENTAIRE : La tendance actuelle est de proposer une « séquence d’induction rapide
contrôlée » ou « adaptée à la pédiatrie » ou « modifiée » pour diminuer les risques
d’hypoxémie, de complications hémodynamiques et d’intubation difficile. En raison
notamment de la difficulté à effectuer une préoxygénation efficace, du ratio ventilation
alvéolaire/CRF plus élevé chez les enfants comparé à l’adulte et de la consommation
d’oxygène plus importante du petit enfant, l’hypoxémie intervient souvent avant que le
bloc neuromusclaire soit complet dans la séquence d’induction rapide classique (1-3). Cette
séquence d’induction rapide contrôlée utilise une préoxygénation, une anesthésie profonde
avec un morphinique, un agent hypnotique, un des curares non dépolarisants
classiquement utilisés en pédiatrie et une ventilation avec un faible niveau de pression
avant la laryngoscopie (2,4). Des études rétrospectives de cohorte ont montré une moindre
incidence des épisodes d’hypoxémie et des complications hémodynamiques associées ainsi
que des difficultés d’intubation (par obtention d’une curarisation complète au moment de
la laryngoscopie). Elles n’ont pas mis en évidence d’épisodes d’inhalation pulmonaire (2).
Par conséquent, pour certains auteurs, le débat entre succinylcholine et rocuronium est
devenu obsolète puisque la séquence d’induction rapide classique doit être abandonnée au
profit de cette séquence modifiée excepté peut-être dans la chirurgie pour saignement post
amygdalectomie (2,5). Aucune étude prospective randomisée n’a étudié cette « séquence
modifiée » excepté en simulation (6). Certaines sociétés savantes ont cependant déjà
recommandé cette séquence modifiée pour améliorer la sécurité du patient car le risque
d’hypoxémie durant l’induction en séquence rapide classique est supérieur au risque
d’inhalation pulmonaire durant la séquence d’induction modifiée (2,6).
REFERENCES :
1. Klučka J, Štourač P, Štoudek R, Ťoukálková M, Harazim H, Kosinová M. Controversies in pediatric perioperative Airways. Biomed
Research International. 2015; 2015: 368761
2. Neuhaus D Schmitz A, Gerber A, Weiss M. Controlled rapid sequence induction and intubation-an analysis of 1001 children. Pediatric
Anesthesia 2013; 23:734-740
3. Weiss M, Gerber A. Rapid sequence induction in children –it’s not a matter of time! Pediatric Anesthesia 2008; 18:97-99
4. Kahn D, Veyckemans F. L’induction en séquence rapide chez l’enfant : nouveaux concepts. Le praticien en anesthésie réanimation
2012; 16:122-127
5. Rawicz M Brandom BW, Wolf A. Pro-con debate, The place of suxamethonium in pediatric anesthesia. Pediatric Anesthesia 2009;
19:561-57
6. Eich C Timmermann A, Russo SG, Cremer S, Nickut A, Strack M, Weiss M, Müller MP. A controlled rapid-sequence induction
technique for infants may reduce unsafe actions and stress. Acta Anaesthesiol Scand 2009; 53:1167-117
7. Eich C Weiss M, Neuhaus D, Strauss J, Jöhr M, Becke K. Incidence of complications associated with rapid sequence induction (RSI) in
children - it is a matter of age and technique. Pediatric Anesthesia 2010; 20: 898-9
4 – Les experts suggèrent d’extuber un enfant difficile à intuber après réveil complet,
après une ventilation spontanée en O2 100% pendant au moins 3 minutes, sous
monitorage complet, en présence d’un aide compétent et d’un chariot de matériel
d’intubation difficile. Les experts suggèrent d’extuber sur un guide échangeur creux (GEC)
un enfant chez qui on suspecte une extubation à risque.
Avis d'experts
ARGUMENTAIRE : L’extubation d’un enfant difficile à intuber est un événement rare qui doit
être programmé et réalisé dans des conditions optimales de sécurité, en suivant une
stratégie d’extubation prédéfinie par l’équipe médico-chirurgicale en charge du patient et
en anticipant l’éventualité d’une ré-intubation. (1-3) L’incidence d’une intubation difficile
est estimée entre 2 et 5 pour mille d’une population pédiatrique lors d’une anesthésie
générale (4). Dans un travail rétrospectif portant sur 99 712 patients anesthésiés, sur un
collectif de 137 patients aux voies aériennes difficiles intubés puis extubés moins de 6
heures avant la fin de l’acte chirurgical, Jagannathan et al. notent 95% de réussite de
l’extubation, soit à l’issue d’une « extubation simple », soit après recours à une « technique
intermédiaire », ventilation sur un masque laryngé, extubation sur un guide échangeur
creux, ventilation non invasive par CPAP, BiPAP ou canule nasale à haut débit de gaz (5).
Dans cette étude, l’extubation est un échec dans 5% des cas, nécessitant une ré-intubation.
Deux arrêts cardiaques et une trachéostomie en urgence sont rapportés. Par contre, les
dossiers d’enfants trachéotomisés d’emblée ou ventilés plus de 6 heures en post opératoire
n’étaient pas analysés.
La réussite de l’extubation peut également être compromise chez un patient initialement
facile à intuber, qui, à l’issue d’une chirurgie ORL, maxillo-faciale ou rachidienne présente
des modifications anatomiques, un œdème cervico-facial, une lésion des nerfs laryngés
récurrents, une instabilité ou une immobilité du rachis cervical. Dans ce cas et avant
l’extubation, un examen sous anesthésie générale doit éliminer tout élément impactant la
liberté des voies aériennes et toute modification des « critères d’intubation » : limitation de
l’ouverture buccale, œdème ou hématome lingual, pharyngé ou laryngé, déformation des
voies aériennes, présence de caillots sanguins. En fonction de la chirurgie et des possibilités
d’ouverture buccale, un simple examen clinique de la cavité buccale et du pharynx, une
laryngoscopie directe ou indirecte par vidéolaryngoscopie, une fibroscopie seront réalisés à
la recherche de ces éléments (2). Cette évaluation doit conduire à retarder l’extubation si
une régression des signes défavorables est attendue à court terme. La pose d’un guide
échangeur creux est envisagée lorsque l’extubation est à risque du fait d’une difficulté
d’exposition laryngée connue ou suspectée à l’issue de la chirurgie. L’extubation sur guide
échangeur creux 8Fr, 11Fr et 14Fr a été réalisée chez le nourrisson et l’enfant. Ces guides
sont bien tolérés et facilitent la ré-intubation si elle s’avère nécessaire (6). Chez l’adulte, les
complications d’une éventuelle ré-intubation telles hypoxie et bradycardie mais également
recours à des techniques de sauvetage sont moins fréquentes lors de l’utilisation de ce type
de guide (7). La position intra-trachéale du guide est vérifiée par le recueil de CO2 expiré à
l’extrémité proximale, la graduation mesurée à la commissure labiale doit être identique à
celle de la sonde d’intubation afin d’éviter une position trop distale du guide et un
traumatisme broncho-pulmonaire. L’oxygénation sur le guide par débit continu d’O2 comme
la ventilation conventionnelle ou la jet-ventilation a été rapportée mais doit être limitée à la
période de ré-intubation pour limiter le risque de barotraumatisme (8,9) La pose d’un
masque laryngé est décrite comme technique intermédiaire d’oxygénation et de ventilation
entre l’extubation et le retour à l’autonomie respiratoire (3,4,10). La corticothérapie, par
administration de doses répétées pré et post extubation de dexaméthasone IV, a fait la
preuve de son efficacité pour diminuer l’incidence de stridor et de ré-intubation chez les
nouveaux nés à risque d’œdème laryngé en raison d’une intubation traumatique ou répétée
mais chez l’enfant l’effet n’est pas clairement démontré (11). Un test de fuite négatif
(absence de fuite ballonnet dégonflé ou fuite <12% VE), augmente le risque d’œdème
laryngé, de stridor post extubation et le risque de ré-intubation (1). Un stridor post
extubation secondaire à un œdème laryngé peut relever d’un traitement par aérosol
d’adrénaline (comme recommandé pour le traitement des laryngites de l’enfant).
L’efficacité de cet aérosol est rapide (30 minutes) mais transitoire (2 heures), nécessitant
une surveillance en SSPI ou USI et une éventuelle ré-administration (12). Si l’extubation est
à risque du fait d’une anomalie laryngée (anomalie connue, traumatisme lors de
l’intubation, chirurgie laryngée) un avis ORL doit être sollicité, l’extubation ayant lieu en
salle d’endoscopie après évaluation des lésions par l’ORL. Si un scénario « CICO » (Cannot
Intubate Cannot Oxygenate) ou l’impossibilité de ré-intuber ou d’oxygéner est redouté au
moment de l’extubation (13), la présence d’un chirurgien ORL ou d’un praticien entrainé à
la réalisation d’une trachéotomie est justifiée (14-16).
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2011;106:617–31
1ère étape d’ intubation trachéale, ventilation au masque facile assurer l’oxygénation, profondeur d’anesthésie, décompression gastrique (sonde), CPAP
échec oxygénation OK
Mise en place d’un DSG: 3 essais max succès Envisager de changer la stratégie
Réveiller le patient et
anesthésique et chirurgicale:
Oxygéner et ventiler Impossible Reporter l’intervention
Peut-on réaliser en toute sécurité la
Si ventilation inadéquate: envisager de changer la taille chirurgie avec le DSG?
du DSG (plus grande)
Possible
Réaliser la chirurgie
échec
Revenir à la ventilation au masque facial succès Réveiller le patient et
Optimiser la position de la tête Reporter l’intervention
Oxygéner et ventiler: ventilation à 4 mains
canule oro-pahyngée +/- naso-pharyngée
Décomprimer l’estomac (sonde)
Antagoniser la curarisation ventilation et oxygénation impossible Algorithme CICO
2ème étape: Insérer une canule oro-pharyngée Appeler à l’aide, si pas arrivée
non
succès
Poursuivre chirurgie
Essai d’intubation
SpO2 < 80%
+/- curare
Algorithme CICO
échec
CICO Intubation et ventilation impossibles chez un enfant curarisé de de 1 à 8 ans
Echec d’intubation Administrer oxygène à 100% Appeler à l’aide
Ventilation inadéquate
FiO2 100%
Optimiser la position de la tête et la subluxation de la mandibule
Insérer une canule oro-pharyngée ou un DSG
Ventiler à 4 mains
Décomprimer l’estomac avec une sonde NG
Appeler ORL
expérimenté succès Continuer jet ventilation
au niveau le plus bas de pression
Accès cricothyroïdien percutané Réveiller l’enfant
Avec cathéter court
indisponible Et essai de jet ventilation ( jet 1 sec et 12/min)
Cricothyrotomie chirurgicale
échec
ATTENTION les abords par voie cricothyroïdienne sont grevés d’un taux important d’échec et de complications.
Chez l’enfant de moins de 8 ans, l’abord avec un cathéter n’est plus recommandé.