Essai D'une Définition de La Notion de Baroque Littéraire
Essai D'une Définition de La Notion de Baroque Littéraire
Essai D'une Définition de La Notion de Baroque Littéraire
6 | 1973
Actes des journées internationales d'étude du
Baroque, 1973
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/baroque/414
DOI : 10.4000/baroque.414
ISSN : 2261-639X
Éditeur :
Centre de recherches historiques - EHESS, Éditions Cocagne
Édition imprimée
Date de publication : 15 mars 1973
ISSN : 0067-4222
Référence électronique
Adrian Marino, « Essai d'une définition de la notion de « baroque littéraire » », Baroque [En ligne],
6 | 1973, mis en ligne le 15 mars 2013, consulté le 01 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/
baroque/414 ; DOI : 10.4000/baroque.414
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Essai d'une définition de la notion de « baroque littéraire » 2
retrouve également au XVIIe siècle, semblent bien moins probables. Néanmoins, l’idée n’a
vraiment commencé à faire carrière qu’à partir du moment où le sens technique (terme
usité dans la joaillerie) et logique (ragioni barl’ochi) ayant été dépassés, elle s’est
définitivement fixée dans les dictionnaires, avec son acception adjectivale. Le
dictionnaire de l’Académie française (éd. 1740) précise que « Baroque se dit aussi au
figuré pour bizarre, irrégulier, inégal. Un esprit baroque, une expression baroque, une
figure baroque »3. L’assimilation et la définition de la notion deviennent ainsi possibles.
3 2. Le principal obstacle dans la voie de toute tentative de clarification théorique réside,
encore de nos jours, dans l’extraordinaire résistance qu’oppose le sens négatif du terme.
Le sens populaire. traditionnel, plus ou moins invincible, demeure toujours le même, à
savoir: «irrégulier », donc imparfait, « bizarre », donc laid, « extravagant », donc faux,
ridicule, strident, identique à « mauvais goût », à exagération, désordre, manque de sens
esthétique. est facile de voir que la naissance et la propagation de ce préjugé sont dues
tout d’abord aux résistances qu’opposent au baroque le goût et l’esthétique classiques,
plus exactement, le classicisme, dont le rigorisme jette toujours davantage l’opprobre sur
ce concept, surtout à partir du XVIIe siècle, lorsque voit le jour la dualité classique =
parfait/baroque = imparfait. D’une part, rigueur, sévérité, harmonie, équilibre, bienséance
: de l’autre, affectation, excès, extravagance, absence de mesure et de sens des
convenances.
4 C’est de cette époque que date l’acception négative. et même ridicule du baroque,
renforcée par les romanciers (Le Sage, Gil Blas, 1. VII, chap. XIII), les idéologues (Voltaire,
art. Goût, Dictionnaire Philosophique : Rousseau, art. Baroque, mais seulement en musique,
Encyclopédie. Supplément, 1796), les esthéticiens encyclopédistes (Quatremère de Quincey,
Encyclopédie méthodique, 1788), les théoriciens (F. Milizia, Dizionario della belle arti, 1797).
Les derniers textes, surtout sont révélateurs. Pour Quatremère de Quincey le baroque a,
en architecture, une « nuance de bizarre », de raffinement abusif. « L’idée de baroque
entraîne celle de ridicule poussé à l’excès ». Milizia est encore plus catégorique : « Le
baroque est le superlatif du bizarre, l’excès du ridicule » fait de stranezze, bizzarrerie,
irregolarità, acorrezioni, convufsioni, etc.4. Cette nuance polémique devient l’un des
principaux lieux communs de l’esthétique du XIXe siècle, toujours enclin, du haut de son
esprit traditionnel, classique, à confondre, comme le fait Hegel (Verlesungen über die
Aesthetik, II, l, 1-2) le baroque avec le « barbare », avec ce qui est « brut, dépourvu de
beauté, sauvage », ou, comme l’estime Burkhardt (Der Cicerone, 1855), et après lui Nietzche
(Menschliches, Allzumenscliches, 1878), avec la « décadence » de l’art de la Renaissance. Le
prestige de l’art classique pèse lourdement sur le destin tout entier de l’idée de baroque,
entre laquelle et lui-même il affirme l’existence d’une incompatibilité essentielle,
catégorielle.
5 Le dernier des grands détracteurs du baroque, B. Croce, a vis-à-vis de celui-ci la même
attitude que celle adoptée avant lui par Francesco de Sanctis. Sa Storia della età barocca in
Italia (1928) pousse jusqu’à ses dernières conséquences la démonstration de la
« décadence » : « Mode de perversion et de laideur artistique », « ruine littéraire »,
« époque de dépression spirituelle et d’aridité créatrice », dont le symbole de « valeur
esthétique négative » est le baroque. L’intransigeance de l’esthéticien italien se maintient
entière en dépit des progrès des recherches modernes : « variété du laid », « forme de
mauvais goût esthétique »5. Sans doute. la vision actuelle est totalement différente, ne
serait-ce qu’en raison du principe esthétique (admis par le même Croce) qu’il n’y a pas
d’œuvre d’art intégralement « laide ». Toutes sont sauvées par des fragments
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Essai d'une définition de la notion de « baroque littéraire » 3
qualitativement égaux à n’importe quelle autre création. Il existe, par ailleurs, des
œuvres « baroques » réussies ou ratées, selon les circonstances. Toute œuvre, quel que
soit son style, est esthétique si elle participe à la condition de l’art. En tous cas. la thèse
traditionnelle strictement négative selon laquelle le baroque ne représenterait qu’une
altération et une dégénérescence de la Renaissance, un phénomène d’irrégularité. doit
être définitivement abandonnée. Il existe un « ordre » baroque6. L’analyse actuelle
reconnaît au baroque les mêmes attributs catégoriels spirituels et esthétiques qu’à tout
autre genre ou époque nettement caractérisés de l’histoire de l’art et de la littérature. de
même qu’elle reconnaît au baroque, tout comme à n’importe quelle autre œuvre d’art,
une personnalité esthétique nettement définie.
6 3. Le baroque se heurte également à de sérieuses résistances lorsqu’on l’englobe dans la
série des catégories essentielles de l’esprit, dans la typologie fondamentale des
conceptions de vie. Il devient ainsi une forma mentis, une constante de la vie spirituelle
et, implicitement, une structure permanente de l’histoire de l’art. D’où la reconnaissance
et la définition d’un baroque éternel. trans-historique, avec d’incessantes et parfaitement
normales manifestations, vérifiées depuis la préhistoire et jusqu’à nos jours. Le baroque
constituerait donc. avec le classicisme et le romantisme, un troisième type « utopique »
de contemplation et de manière de prendre la vie, une manière fondamentale de vivre et
de sentir. Mais la difficulté ne réside pas tellement dans l’acceptation de ce postulat, que
dans la manière de définir et de dissocier exactement la « vision » du type baroque des
autres formes éternelles de la conscience. Si, dans une semblable typologie, c’est surtout
la relation entre les énergies de l’esprit, se trouvant en relations harmoniques ou
dysharmoniques, unitaires ou contradictoires, qui est essentielle, et si l’on reconnaît que
c’est l’esprit classique qui réalise de façon exemplaire la première tendance, alors c’est le
baroque qui exprime et symbolise la tendance opposée au déséquilibre, à la contrariété et
à l’irrégularité. Lorsque l’ordre, la mesure et la norme ne correspondent plus aux
aspirations de l’esprit, en pleine effervescence et dilatation intérieure, le baroque
apparaît comme une nécessité existentielle, comme la solution de certaines
insatisfactions morales inévitables. D’où on peut tirer la conclusion que la « rébellion » et,
en tout cas la perturbation de la stabilité existante, constitue une tendance « baroque »
permanente et universelle.
7 a) Une première conclusion serait que le baroque exprime le sentiment universel des
contradictions inhérentes à la vie, la polarité, le conflit entre des tendances antagonistes,
divergentes - conflit créateur de contrastes, d’oppositions et d’oscillations permanentes.
La formule - préconisée notamment par la philosophie allemande du style
(Arthur Hübscher)7, également acceptée par les essayistes modernes (Eugenio d’Ors)8
- offre l’avantage d’intégrer le baroque dans les grands compartiments spirituels
traditionnels (éléatisme-héraclitisme) et de légitimer en même temps l’état permanent de
« crise », de tension et d’ambiguïté qui définit le baroque à tous les niveaux. Son caractère
dramatique, pathétique et inquiet n’exprimerait plus de la sorte une anomalie, une
exception, une qualité négative, mais un aspect caractéristique de la vie, vécue sous le
signe de la contradiction intérieure, latente, voire dialectique, de l’équilibre
éternellement instable.
8 Ce spécifique « baroque » – de l’oscillation et de l’antithèse spirituelle aiguë – détermine.
selon tous les indices, l’exacerbation de la tension intérieure jusqu’à la limite de
l’explosion. de la rupture de toute cohésion et unité. Le baroque pousse donc au
paroxysme le dynamisme impulsif, la tendance structurale au contraste et à la
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Essai d'une définition de la notion de « baroque littéraire » 4
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qui joue un « rôle », imite et contrefait, deviennent chose courante. L’homme lui-même
est considéré, comme chez Ronsard, une fable.
11 Telle serait la psychologie baroque par excellence, présidée par deux achétypes : Circée
(symbole de la métamorphose) et le paon (symbole de l’ostentation)13.
12 L’organisation de l’existence en vue de la duplicité de l’hypocrisie défensive et du
sauvetage des apparences – principe qui au XVIIe siècle s’appelle en Italie dissimulatione
onesta, en Espagne discrecion et prudencia, en France honnêteté et maîtrise de soi et qui a eu
ses théoriciens célèbres (Torquatto Accetta, Baltasar Gracián, Chevalier de Méré) tient,
elle aussi, de la plus pure essence morale baroque. L’exhibition, le travesti, l’artifice, la
parade, tout cela devient note spirituelle spécifique, méthode d’existence, et a, dans une
large mesure, contribué à compromettre la mentalité baroque. Toutefois, si nous
réussissons à vaincre certains préjugés, nous nous rendrons compte que nous nous
trouvons en présence de quelques conséquences inévitables. L’esprit baroque, dissocié
par essence, s’efforce de refaire son unité originaire, d’éliminer le vide intérieur et, de ce
fait, il surenchérit dans le sens de la forme, instamment sollicitée de suggérer ou de
supplier – par l’abondance, l’habileté, l’artifice, l’effort pour convaincre – l’existence d’un
contenu absent. De là résulte le paradoxe pathétique de l’art baroque, lequel s’efforce de
sauver son insuffisance paf de grands gestes d’exhibition, par une rhétorique
grandiloquente des apparences. En fait, sous ce jeu trompeur des apparences se cache une
volonté dramatique d’intériorisation14. On comprend dès lors pourquoi le baroque exerce
une certaine fascination sur les esprits qui détestent l’emphase, l’imposture, la grimace
théâtrale. Ce défi absolu du naturel et de l’authentique intrigue et obsède, tout comme
n’importe quelle perversion des tendances naturelles.
13 Nature structuralement ambiguë, bipolaire, l’esprit baroque transforme
systématiquement l’illusion en désillusion, et la perte de la certitude de la réalité
s’accompagne constamment d’une inestimable déception. À el engano correspond le revers
de la médaille el desengaño, illusion et désillusion, démystification, conscience permanente
de l’illusion, conflit de la connaissance devenu satisfaction subtile. Le passage de l’engaño
au desengaño – remarque un esthéticien baroque italien B. Tessuro – « répond à un plaisir
secret et inné de l’esprit humain, à savoir le plaisir de se voir duper ingénieusement » 15.
Volupté de la chimère lucide, de l’aspiration à l’utopie et reniement de la mystification.
État d’esprit spécifiquement baroque, illusion dissipée par le spectacle de l’instabilité
universelle, suivie de la contestation blasée de son propre « mensonge » éphémère. Le
démasquage et la satire de l’hypocrisie, du fanfaron, de l’imposture – très fréquente dans
la littérature baroque – s’inscrit dans la même psychologie16 ;
14 d) La désagrégation intérieure, productrice d’antithèses en série, scinde entièrement la
vision baroque du monde, exprimée par une série d’oppositions typiques, accompagnées
de leur conscience manifeste : cosmogoniques et anthropologiques, épistémologiques et
mystiques, scientifiques et esthétiques, le tout concilié au sein de synthèses ambiguës et
en quelque sorte « ironiques ». Matière et esprit, immanence et transcendance, naturel et
surnaturel, tellurique et céleste, temps et éternité, corps et âme, vie et mort, libertinage
et ascèse, ainsi que tout une série de semblables impulsions contradictoires,
profondément paradoxales, définissent des thèmes, des situations et des alternatives
spécifiquement baroques : « Mourir pour ne pas mourir », « la crucifixion est un
triomphe », etc. Tout comme l’oscillation entre scientifique et miraculeux, irrationnel et
rationnel, sagesse et naïveté, bien et mal, beau et laid, docere et delectare. Dans ce sens
Pascal, obsédé par le miracle et par le néant, par la « raison » du cœur et celle de l’esprit,
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par les anges et les démons, par l’infiniment grand et l’infiniment petit, semble être un
esprit éminemment baroque » ;
15 e) Le même antagonisme reparaît sur le plan psychologique, mû par des forces en état de
perpétuelle tension (raison et passion, esprit et sens, corps et âme), ayant pour note
dominante le dédoublement et l’intériorisation - des notes « modernes ». Les personnages
baroques capables de se refléter eux-mêmes, de pratiquer l’introspection, illustrent la
duplicité, la dissociation morale. Ils savent qu’ils portent un « masque », ils sont conscients
du fait qu’ils s’illusionnent eux-mêmes. Ce moi dédoublé, scindé, antinomique, intériorisé,
constituerait selon certains des meilleurs connaisseurs sur textes de la littérature
baroque (Alexandre Cioranesco), « la plus importante innovation de l’art baroque »17. Ce
fait illustre la dernière phase de la dichotomie baroque.
16 Traduit en termes d’intellect et d’ingegno (marque du génie artistique et jugement de goût,
faculté intermédiaire entre la sensibilité et l’intelligence, combinaison de « dialectique »
et de « rhétorique »), ce dualisme détermine une nouvelle définition du poète, mélange de
Pazzo et Savio, de « fou » et de « sage », « deux ennemis étrangement associés » (Thomaso
Ceva)18, capables de sentiments spiritualisés, de rêves rationalisés, d’imaginations
contrées, de caprices, de bizarreries et de furies lucides. Car, bien que la tendance
fondamentale de l’imagination baroque soit la disponibilité et la liberté totale « main
libre et esprit poétique » disait Salvator Rosa), l’autonomie et même le libertinage 19, elle
se déploie sous le signe d’une logique poétique particulière : arguzia, productrice d’acutezze,
agudezas ou concetti, les créations les plus spécifiques de l’esprit baroque, susceptibles
d’amples développements théoriques et de très larges applications littéraires. Du point de
vue de l’économie de l’intellect, ces acutezza sont parallèles et équivalentes aux
syllogismes. Elles remplissent le même office combinatoire et associatif que les éléments
de l’imagination. À la place de l’inventio de l’ancienne rhétorique, l’accent tombe sur
dispositio, produit de facultés mixtes, doubles, ayant pour origine et méthode la
contradiction et la correspondance. D’où l’ambivalence des résultats : tantôt
métaphoriques, tantôt paradoxaux, ils cultivent dans tous les cas le contraste, plus d’une
fois épigrammatiques ou ironiques. Car le tout est basé sur l’ingéniosité et l’audace, par
définition ambiguës.
17 f) Vivre intensément la déception entraîne le pessimisme et, en tous cas, le scepticisme, le
sentiment accentué du doute. En dépit de son faste, le baroque révèle une mentalité
presque triste, lourde d’incertitude et d’inquiétude. À l’optimisme de la Renaissance
succède la conscience de la prédestination, de la fatalité de l’arbitraire de la volonté
divine, conséquence plutôt de la Réforme que de la Contre-Réforme. La morale stoïcienne,
héroïque, fondée sur l’abnégation, le renoncement, la foi, la fidélité, qui caractérise le
protestantisme, agit dans le même sens. Les guerres de religion, les persécutions,
renforcent cet état d’esprit. Les confrontations sont désormais inévitables, fréquentes et
douloureuses. Si tout est éphémère, inconsistant, trompeur, si le salut est douteux, les
forces supérieures à l’individu accablantes, si le noble idéal est irréalisable, l’esprit doit
forcément être pénétré d’humilité, de la conscience de sa décadence, de la vanité de tout
effort. D’où une double réaction, presque simultanée: le sentiment du néant (« tout est
illusion »), suivi de compensations mystiques, de réclusion, d’ascèse, de mementa mari et
de l’aspiration à une jouissance immédiate, expédient individualiste-épicurien, appelé à
remplir rapidement, sur le plan de l’existence quotidienne, le même vide intérieur, à
triompher de la même obsession résignée des apparences. L’étrange mélange baroque
d’ascétisme et d’hédonisme, de funèbre et de voluptueux, ne s’explique pas autrement. Il
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reparaît dans toutes les périodes de « décadence », de fin de cycle historique, favorable
aux apparitions des mystiques dégradées et aux systèmes esthétiques, aux étranges
combinaisons de macabre, d’ésotérisme et de sensualité.
18 4. La définition typologique du baroque détermine et renforce le concept de type baroque,
notion-clef, essentielle pour la compréhension et la définition de l’ensemble du
phénomène. Sans ignorer tant soit peu les difficultés inhérentes à l’idée de « style »,
signalées aussi bien par les esthéticiens (B. Croce), que par les historiens 20 – difficultés
concernant, entre autres, la suppression des particularités artistiques ou historiques des
œuvres et des époques concrètes – nul ne peut nous empêcher de saisir, dans les limites
de la méthode et du point de vue adopté, un style baroque « éternel », avec des
apparitions historiques périodiques et différenciées, défini dans le sens d’un concept et
d’un phénomène esthétique universel. En recourant aux essences et à la généralisation,
nous obtenons un groupe de traits « baroques » typiques, retrouvés dans différentes
zones géographiques, historiques, linguistiques, et extraits par l’analyse de tous les arts,
ayant comme point de départ le baroque plastique, d’où la notion se transmet, à partir de
la deuxième décennie de notre siècle, à la littérature. D’ailleurs, trouver des concordances
et des parallélismes entre les peintres et les écrivains baroques, entre Cervantes et
Velasquez par exemple (comme le fait Hatzfeld) n’est pas une démarche aussi inédite,
« moderne », ou abusive qu’on pourrait le croire. Car jusque dans la période de la
Renaissance et du Baroque s’établissent de semblables associations – rétrospectives –
inspirées par des notions baroques typiques (grotesque, illusionisme, abusus, etc.),
notions retrouvées par certains critiques de l’époque dans des œuvres et dans des idées
esthétiques anciennes (Vitruviu, Quintilien), assimilées et qualifiées de pré-baroque 21.
19 Le premier qui a reconnu le baroque comme style artistique indépendant, ayant ses
caractères propres, même si négatifs paf rapport à la Renaissance, est Jacob Burkhard (Der
Cicerone, 1885) qui fraye le chemin à toutes les caractéristiques stylistiques ultérieures.
Toutes s’appuyent sur des affinités, des analogies et des constantes historiques-
esthétiques, méthode qui justifie la reconnaissance, ne fut-ce que dans le sens extensif du
terme, d’un «baroque antique» (sur lequel a écrit, dès 1881, Willemowitz-Moellendorff),
spécifique de l’époque hellénistique22, d’un « baroque indien » et, surtout, d’une série
entière de manifestations baroques internationales dans le temps et dans l’espace (22
selon Eugenio d’Ors !), quelle que soit l’exagération dont puisse faire preuve un pareil
esprit analytique23.
20 De même, rien de plus légitime que de grouper, d’associer ou de déduire, de la même
catégorie typologique et du même style artistique, la totalité des « courants » d’essence
baroque, qui se sont affirmés dans les littératures européennes des XVI et XVIIe siècles :
euphuisme, metaphysical poets (Grande-Bretagne), gongorisme, conceptisme, culteranisme
(Espagne), marinisme (Italie), préciosité, rococo (France), dont l’analyse ne fait pas l’objet de
cet article. Une mention spéciale s’impose, toutefois, pour le concept de maniérisme qui
sape très sérieusement, depuis environ trois décennies, les positions historiques,
théoriques et esthétiques du baroque, véritable « rival » terminologique, fondé en fait sur
des observations assez anciennes, les unes mêmes classiques (Tudor Vianu l’a également
démontré)24, mais sans les arguments décisifs qui justifient la substitution. Les positions
spirituelles, morales, esthétiques, sont en substance les mêmes. Historiquement, le
maniérisme pourrait s’intercaler entre la Renaissance qu’il édulcore, et le Baroque,
phénomène vérifiable surtout dans la peinture (Pontormo, Parmigiano, Tintoretto,
Bronzino) qui justifierait pleinement l’assimilation du maniérisme avec le « pré-
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Essai d'une définition de la notion de « baroque littéraire » 8
baroque ». La seule piste vraiment fertile dont nous disposons pour l’instant est celle
offerte par l’analyse stylistique, qui procède par dissociation à la limite même de la
nuance25.
21 La théorie de l’évolution des styles, conformément à laquelle le baroque représente une
phase inévitable de n’importe quel style – phase caractérisée par la libération et la
prolifération des formes – apporte de nouveaux arguments. Pressentie par J. Burkhard et
surtout par H. Völfftlin (Renaissance und Barock, 1888) qui admettent l’évolution de l’art
par l’usure et par « l’émoussement », cette thèse est reprise et systématisée par
H. Focillon (Vie des Formes, 1939), en un schéma tripartite : archaïque (de recherche de
l’équilibre), classique (de plénitude et d’ordre) et baroque (d’exubérance et de fantaisie).
La délimitation stylistique se produit donc, encore une fois, par rapport au classicisme,
fait qui nous fournit, à notre avis, la meilleure des indications possibles quant à
l’orientation de l’esprit baroque, lequel serait lui-même soumis à une évolution intérieure
comprenant plusieurs phases : maniérisme pré-baroque, baroque « classique », baroque
tardif, décadent ou « baroquisme ». Le découpage en période effectué par Hatzfeld est
établi selon des schémas allemands traditionnels (Frührenaissance, Spiitrenaissance, etc.,
respectivement : micro-baroque, macro-baroque et baroquisme), et est également accepté
par d’autres auteurs. La Renaissance se « transformerait » de la même manière, en
gothique, maniérisme, baroque et baroque tardif (late baroque)26.
22 La véritable complication se trouve ailleurs. Car si, grâce notamment à l’apport de
Wolffilin, systématisé dans Kunstgeschichtliche Grundbegriffe (1915), l’essence du style
baroque est suffisamment clarifiée dans les arts plastiques, la grande difficulté réside
toujours dans l’application des catégories établies au domaine spécifique de la littérature.
Cette opération a été initiée tout d’abord par la critique allemande, à savoir, par Fr. Strich
et O. Walzel (1916). À la différence du style classique (linéaire, représentations planes,
formes fermées, multiplicité et clarté), le baroque – selon Wölfflin – cultive le pictural, la
représentation en profondeur, la forme ouverte, l’unicité et le clair-obscur. Mais toutes
ces catégories sont-elles pleinement applicables à la littérature ? Ou, si elles le sont. ne
sont-elles pas toutefois trop générales, trop abstraites ? Les comparaisons les plus
strictes, sans divagations essayistiques, rejettent nettement le pictural et la perspective
en profondeur, mais elles acceptent la réalité de la forme ouverte et de l’unité globale,
avec un puissant accent placé sur l’idée de mouvement (totalement ignorée par Wölfflin),
nettement opposée à la stabilité classique (Marcel Raymond). D’autres définitions
(proposées par Jean Rousset) retiennent : l’instabilité (l’équilibre qui se rompt), la
mobilité (l’œuvre en plein déroulement), la métamorphose (l’unité qui change), la
domination du décor (jeu des illusions). La solution finale de synthèse ne peut être
fournie que par l’essence contradictoire de l’esprit baroque, fondamentalement
antithétique. Le trait caractéristique de ce style serait donc la tension, le penchant
essentiel à l’effet de dissonance et de contraste – de la simple surprise et l’étonnement,
jusqu’à la rupture et la discordance dramatique pathétique – créatrice d’impressions
instables, mobiles, kaléïdoscopiques, toujours plus violentes, conséquences de la tendance
à la surabondance et à la confusion progressive des contours. Car, c’est toujours la dispute
du contenu et de la forme, autrement dit de l’essence et de l’apparence – le conflit entre
l’existentiel et le visuel, résolu seulement pour un instant, mais annulé dans la
confrontation et. la superposition mêmes des deux plans – qui demeure la condition et, en
même temps, la technique typiquement baroque. Tout se passe comme si la matière
mimait l’esprit, comme si la mystification se superposait à la vérité, comme si l’apparence
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l’inspiration et son point de départ. Sur le plan historique, les structures substantielles,
stylistiques et historiques, perdent leurs contours rigoureux. Qu’est le XVIIe siècle ? Sur un
fond baroque se détachent un certain nombre d’« îlots » classiques (notamment entre
1660 et 1685), moments intermittents d’équilibre et de perfection sur une « mer »
baroque, dominée par des tensions tragiques. Ou, peut-être, plus exactement encore, le
XVIIe siècle n’est-i1 que le produit des restrictions imposées par le goût classique,
dirigiste, de l’autorité royale, aux créations spontanées et personnelles. Le fait est qu’en
France, le baroque rencontre toujours plus de résistances et acquiert une teinte bien plus
classique qu’en Espagne ou en Allemagne, pays qui possèdent de fortes traditions
gothiques-médiévales.
32 Lorsqu’il dégénère – le phénomène est analogue à l’évolution du classicisme de la
Renaissance vers le maniérisme - le baroque tend à devenir « baroquisme », bien que,
selon la typologie de Hatzfeld, les caractéristiques « baroquistes » semblent plutôt
appartenir au baroque classique. On peut, toutefois, admettre en grandes lignes, que le
« baroquisme » développe le baroque jusqu’à l’abus, la manière, l’affectation et la
formalisation extrême. Il se nomme, dans cette hypothèse churriguerismo (roccoco, rocaille
ou marivaudage en littérature). Il devient, de nos jours, toujours plus évident que la
mauvaise réputation du baroque – œuvre des représentants du goût classique français
(Boileau, Bouhours, Fontenelle), continuée par tous les critiques et les esthéticiens de
formation classique jusqu’à Croce – s’explique surtout par les excès baroquistes, répudiés
parfois même par Baltazar Gracián37. Celui-ci rejette l’hyperbole, la pointe, la
superficialité, l’éclat, l’extravagance, la volupté, l’hédonisme de l’artifice. La définition du
« caractère extrapoétique du baroque », « pêché esthétique universel » n’a pas d’autre
origine. Il est vrai que le penchant anti-esthétique inné du baroque est plus fort que celui
de tout autre style. L’art suppose l’organisation, la synthèse, l’unité, la formalisation,
alors que le baroque s’efforce de promouvoir le mouvement et l’instabilité. Sa condition
esthétique s’avère de toute façon, profondément paradoxale.
33 7. L’esprit baroque trouve son expression la plus caractéristique, et à notre avis la plus
précieuse, avec de notables prolongements jusque dans la période actuelle, dans sa
conscience esthétique, à vocation oscillante, contradictoire, presque dialectique.
34 La tension dans l’unité, la discipline instable des éléments contradictoires, la conciliation
des polarités, constituent le caractère spécifique de l’esprit baroque. À la suite de quoi,
l’association, l’harmonie, la simultanéité. deviennent des réalités intérieures dominantes
et, en même temps, des idées-force essentielles. Le baroque vit de synthèses, de
comparaisons, d’analogies, de relations, de correspondances entre les idées, les images,
les sensations. Sa vocation par excellence est l’établissement de rapports du type similia,
d’autant plus prisés qu’ils sont plus divergents et inédits. « Le démon de l’analogie » de
Mallarmé serait donc, par définition, « baroque ». Le Futurisme, le Simultéisme moderne
possèdent la même divinité tutélaire lointaine. Selon F. T. Marinetti, « l’analogie n’est pas
autre chose que l’affection profonde qui rattache les unes aux autres les choses lointaines,
en apparence différentes ou hostiles » – définition qui semble calquée sur les plus
typiques formules baroques. Le poète roumain moderne Macedonski, si préoccupé des
« correspondances » qui, dans Thalassa (1902-1916) ne s’adresse pas seulement à deux des
sens les lecteurs : à la vue et à l’ouïe. Il veut que l’odorat, le goût et le toucher soient mis sur
le même rang que les deux premiers et s’avère de ce fait, lui aussi, de mentalité
typiquement baroque.
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à travers toute l’Europe. Cette faculté a été louée et analysée dans des œuvres non moins
célèbres, telles que : Euphues, The Anatomy of Wit, de John Lily (1579) - dans des textes tout
aussi notoires chez Hobbes, chez le Dr Johnson, chez Addison, chez Home – De l’Esprit de
Helvetius (1758), Esprit de Voltaire (Dictionnaire philosophique, 1764). Toutes ces définitions
sont étonnamment ressemblantes : combinaison immédiate d’images divergentes,
discordia concors (Dr Johnson), « fusion d’idées et de combinaisons nouvelles » (Helvetius),
« comparaison nouvelle », « rapport délicat entre des idées peu communes », « raison
ingénieuse » (Voltaire), formules qui seront également adoptées par les moralistes du
siècle : « faculté qui voit vite, brille et frappe » (Rivarol), etc. Les romantiques, Jean-
Claude Paul Richter et autres, s’expriment de la même manière au sujet de witzoln. Les
produits de ce wit ou esprit se nomment, dans le monde anglo-français : pointe, saillie,
paradoxon or the wonder, énigmes, et comportent toute une gamme de variétés : devises,
anagrammes, idéogrammes, échos, serpentina carmine, versus concordantes42. Les mêmes
« arguties » apparaissent encore dans les arts figuratifs : blasons, armoiries, emblèmes,
symboles, impresa. L’impresa constitue, selon Tessuro, « une manière de signifier, la plus
sublime et la plus ingénieuse de toutes les manières symboliques »43. Tant de nos jours
que dans le passé, la mentalité classisante oppose de la résistance à cette technique
littéraire44.
42 d) L’effet que poursuit l’esprit baroque, par l’abondance des concetti, est la surprise, la
démonstration de virtuosité qui étonne, qui produit la stupeur. La technique de la
stupéfaction appartient de manière fondamentale à l’antithèse, au contraste violent, à
l’association inédite, ayant une finalité démonstrative. Car le baroque est, par sa structure
même, démonstratif, persuasif et oratoire, on pourrait même dire: propagandiste45. D’où
son orientation essentielle vers le magnifique, le sublime, le pathétique, l’exhibition, il
meraviglio, la stravaganza, la teribilità, même si ce « miracle » se réduit souvent à la seule
mystification, à l’illusion, ou au bluff, à un « théâtre plein de surprises » (pien téatro di
méraviglie). Nous nous trouvons en plein dans l’esthétique de la « fiction menteuse », de
l’habileté qui enchante par « l’artifice », sous l’empire de « l’art de tout faire et de ne pas
se découvrir », selon la formule de T. Tasso, adepte de la « majesté et de la solennité des
formes », des « mots qui ne sont pas d’un usage commun », seule méthode d’acquérir la
maraviglia. L’idée reparaît aussi dans un sonnet – à caractère de programme – de
G. H. Marino :
« Le but du poète est d’émerveiller.
« Je parle de l’excellent, non pas du grossier
« Qui ne peut stupéfier (fa stupir) n’a qu’à aller étriller ».
43 Les conséquences de cette orientation pour l’esthétique et le goût « modernes » sont
considérables. Avant le romantisme, le baroque découvre l’esthétique du « laid », du
bizarre, de l’étrange, du trivial, de l’insolite, de l’exotique – le belle donne totalmente brutte
(formule ironiquement paradoxale, profondément baroque) – la femme de couleur, la
difformité, le monstrueux, la hermosura de lo horribile, et autres semblables « anomalies »,
produites ou goûtées grâce à la libération de la fantaisie de tout contrôle rationnel. La
cohérence est remplacée par « l’incohérence cohérente » (B. Croce), en vue de l’effet et de
la tendance à se singulariser. Car tout ce langage éminemment « littéraire », composite,
entend mettre ostensiblement une distance entre la poésie et le vulgaire, « la rozza
moltitudine » autrement dit, entre la poésie et la prose. Le fait devient encore plus
évident par la tendance de rendre obscure et de valoriser l’obscurité, si caractéristique du
baroque, qui se transmet à tout un filon de la poésie moderne, jusqu’aux auteurs
« hermétiques » de nos jours. Les patrons spirituels de Mallarmé et de Valéry sont, sans
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doute, Gongora et sa poésie énigmatique, écrite a lo culto, Gracián, avec ses théories sur le
style aulique, distinct du parler courant, Paolo Beni, selon lequel « la poésie ne doit être
ni claire, ni précise, mais seulement magnifique », etc. Le goût de l’époque pour la
périphrase et le genre des énigmes tient à cette vocation de l’obscur. La notion même
« d’écrivain obscur » est découverte à cette époque (Pallavicino, Trattata della stillo, 1662).
44 e) C’est toujours alors que se renforce un autre concept esthétique, destiné à une carrière
encore plus brillante : la nouveauté, résultat de l’ingéniosité dans la création des images.
Issus de l’idée de « péripétie » aristotélique, des surprises de l’action épique-dramatique,
la novità, la bizzarria della novità, devient pour ainsi dire, la pierre de touche de toute poésie
baroque, dont la préoccupation ne peut être que la maraviglia – nouvelle par définition,
effet des « nouvelles fantaisies capricieuses », comme s’exprime le « Chevalier Marin »,
adepte déclaré des « nouvelles lumières et des nouvelles choses ». Tout thème poétique,
dit Muratori (Della perfetta poesia italiana, 1724) devient possible s’il « revêt l’habit de la
nouveauté » et, implicitement, celui du contraste et de la variété (Vol. I. p. 121), la
variedad, gran madre de la belbeza, selon la théorie si « pré-romantique » de Gracián. Inutile
de prouver ici, à l’appui de documents, que l’éloge de la nouveauté est unanime dans
toutes les œuvres baroques françaises, allemandes, etc.
45 La rupture d’avec l’esthétique classique, on dirait même l’hostilité à son égard, se produit
ainsi sur un autre point essentiel. Le baroque instaure le régime de la liberté et de la
spontanéité, de l’individualité et de l’originalité artistique. Il est hostile à l’imitation, aux
canons et à l’académisme. Sans doute, la libération totale n’est-elle guère possible. Les
réminiscences classiques demeurent toujours nombreuses dans le baroque. Mais l’esprit
créateur fait tout de même un pas décisif dans le sens de la libération des contraintes
théoriques. Les produits de « l’enthousiasme », de « l’artifice » et de la « furie poétique »
– dans le sens de virtuosité technique – remplacent le formalisme à tendances classiques
et la rhétorique idéaliste. La notion de norme est remplacée, elle aussi, par le concept de
caso (« hasard », « événement ») et l’inspiration imprévisible, momentanée : « J’affirme
mieux connaître les règles – avoue G. B. Marino – que tous les pédants, mais la vraie règle
est de savoir varier la règle selon le temps et le lieu ». Le prestige d’Aristote, et surtout
celui de ses commentateurs dogmatiques de l’époque de la Renaissance, est fortement en
baisse, et Saint Amant déclare qu’il écrit sans se soucier qu’Aristote « l’eut ou ne l’eut pas
approuvé » ! On peut donc citer, comme emblème du baroque libéral, l’inscription placée
à l’entrée des jardins de la Villa Borghese de Pincio, et adressée aux visiteurs : « Qui que
tu sois, si tu es un homme libre, ne crains point ici les chaînes de la loi. Va où tu veux,
cueille ce que tu veux, pars quand tu veux ». C’est la norme de vie de l’Abbaye de Thélème
de Rabelais ( « Fais ce que voudras », Gargantua, 1. I. chap. LVII), transportée dans le
domaine de l’esthétique par le baroque.
46 f) Une littérature fondée sur de semblables principes ne peut être qu’hédoniste et, en
effet, tous les « baroquistes » associent l’idée de diletto (« piacere », « divertissement »,
« leggiadria ») à celle de maraviglia. La fin de cette période, pas encore complètement
libérée de la tradition pédagogique d’Horace et de la Renaissance (utile dulci, delectare-
prodese). Mais le courant est suffisamment fort pour que l’accent tombe sur dilettare – nous
ne dirons toutefois pas dans le sens purement sensualiste, aphrodisiaque, excitant,
dénoncé par Croce – à moins que tout formalisme, esthétisme ou autonomisme ne
constitue, lui aussi, implicitement, un « »hédonisme » esthétique. Par delà le plaisir
purement sensoriel, apparaît le plaisir psychologique, nettement contourné, intérieur,
intellectuel même, qu’engendre la satisfaction de la curiosité par la surprise de l’inédit
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– « être trompé habilement », passer soudain de l’illusion à la lucidité (E. Tessuro) – mais
surtout par la surprise de la détente, par la Katharsis récréative : « doux oubli »,
« libération des soucis », « réjouissance de l’âme », y compris la rêverie dans la nature, de
style pré-Rousseau. Idées qui auraient semblé frivoles à l’humanisme austère, mais qui
vont dans le sens de la sensibilité moderne. Tout comme la revendication du goût
infaillible, faculté de connaître et critère intuitif d’appréciation.
47 Peut-on faire un pas de plus dans le sens de l’idée de désintéressement artistique, de
finalité en soi,. ou même d’autonomie, de gratuité et de poésie pure ? Des indices
significatifs ne font pas défaut, en commençant par la reconnaissance formelle,
insistante, du plaisir engendré par la fiction (« dilettevoli menzogne ») – cette notion a sa
tradition, continuée par ta formule encore plus « moderne » de « l’art en soi » (in se stessa,
operante per se stessa, Muratori, op. cit., chap. IV), et, dirait-on, aussi de « jeu », d’ailleurs
très dans la note de la disponibilité et du spectaculaire baroque46. En tous cas, l’idée de jeu
récréatif devient toujours plus claire et elle trouve bientôt ses théoriciens (l’un d’entre
eux est Giuseppe Maria Conti, Della Conversazione, 1715, chap. IX : Del Giuocc.). Le jeu de
mots, jeux d’esprit, y compris le calembour et l’acrostiche, fait partie de la technique même
de « l’argutie », des concetti. Le fait que « le baroque est gratuit » a été observé, entre
autres, par G. Călinescu.
48 Telle étant l’orientation de base, toutes les recommandations traditionnelles d’usage
pédagogique-religieux, elles aussi assez nombreuses, s’avèrent soit des réminiscences à
tendance classique, soit des échos de la Contre-Réforme. Mais même dans ce cas, les
thèses classiques subissent une conversion assez prononcée. L’édification constitue,
certes, un devoir, mais en même temps un plaisir. L’enseignement moral peut être
assimilé parce qu’il nous est transmis dans des formes agréables. La vérité détermine, par
elle-même, sa propre satisfaction, la coïncidence des termes opposés ou divergents étant
toujours la loi baroque. On sent tout de suite que le dogmatisme et le mysticisme ont
beaucoup perdu de leur intensité. Le baroque rend laïque, de manière décisive, l’émotion
esthétique.
49 g) Il la rend, en même temps artificielle, la transforme en un exercice technique de
perfectionnement de la nature, de « transformation esthétique » dans le sens
« artistique », au moyen d’une insistante assimilation des éléments cosmiques aux
beautés et aux images purement plastiques (« peinture », « émail », « matière riche »). Les
notions-clés sont : « art », maestria, artificio, (G. B. Marino, Adone, VII, 53). L’idée se répand
que les beautés de la poésie – « artificieuses » – sont nettement supérieures aux beautés
de la nature. Les feux d’artifice deviennent les « étoiles de l’art », et un poète baroque
français, Du Bois Hus, les exalte dans une poésie très « esthète ». Des formules
apparaissent, qui anticipent à cent pour cent les paradoxes de Wilde qui prétendait que
c’est la nature qui imite l’art : « Les fleurs sont de bien plus belles choses dans leurs vers
qu’elles ne le sont même dans les jardins du Louvre ». Les descriptions baroques sont,
toutes, des versions artificielles, perfectionnées, d’une vision intérieure. Le poète ne
contemple pas, il ne décrit pas ce qu’il voit (le réalisme représente l’antipode de l’esprit
baroque), mais seulement ce que lui impose la convention poétique-littéraire, l’éducation,
le cliché artistique. Le paysage baroque devient un mélange de fantaisie, de symbolisme
et de virtuosité artificielle, accompagnée, chez les poètes qui la cultivent, d’une claire
conscience de la nouvelle conception47.
50 h) Le triomphe de l’idée d’art et d’artifice - d’accord avec toute la spiritualité baroque a
pour conséquence de répandre l’idée de « beauté menteuse » (beltad mentirosa),
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NOTES
1. James MARK, The Uses of the Term « Baroque », The Modern Language Review, vol. XXXIII (1938),
p. 548-563.
2. Pierre CHARPENTRAT, De quelques acceptions du mot « Baroque », Critique, n° 206, juillet 1964,
p. 651-666.
3. Alejandro CIORANESCU , El Barroco o el descumbrimiento del drama (Universidad de la Languna,
1957, p. 11-13 ; Franco VENTURI, La parola baroccho, Rivista Storica ltaliana, LXXI (1959), p. 128-130 ;
Helmuth HATZFELD, Uso y abuso del término il « barroco » en la historia literaria (Estudios sobre el
barroco, seg. ed ; Madrid, 1966, p. 418-430) ; Victor L. TAPIÉ, Définition et histoire du mot baroque (
Le Baroque, 3e éd. Paris, 1968, p. 5-16).
4. Carlo CALCATERRA, Il problema del barocco, Questioni e correnti di storia letteraria (Milano, 1949), III,
p. 407, 409, 422.
5. B. CROCE, Sloria delle età. barocca in ltalia, Pensiero, Poesia a Letteratura, Vita morale, ter. cd. (Bari,
1953), p. 20-24. 46, 496 ; ibidem, Teorie e fantasie moderne sul barocco, « La Crifica », XXXVI
(1938), p. 226-229 ; ibidem, Quaderni della « Critica », 4, aprile 1946, p. 83-84 (sur Du baroque
d'Eugenio d'Ors).
6. Marcel RAYMOND, Baroque et renaissance poétique (Paris, 1955), p. 31 ; Jean ROUSSET, L'Intérieur et
l'extérieur, Paris, 1968, p. 17, 249, 255.
7. Arthur HÜBSCHER. Barock als Gestaltung antithetischen Lebensgefühls, Il « Euphorion », Band 24
(1922), p. 517-562, 759·805.
8. S Eugenio D'ORS, Du baroque, traduction française (Paris, 1968), p. 29, 33.
9. Heinrich WOLFFTIN, Renaissance et baroque, traduction française (Paris, 1967), p. 135, 151, 194.
10. Quelques observations convergentes : André CHASTEL, Le baroque et la mort, Retorica e Baroeco,
Alti del III Gongresso Internazionale di Studi Umanistic i (Roma, 1955), p. 33-46 ; Giovanni GETTO,
Umanità e stile nel beroceo (W. BINNI-R.SCRIVANO , Antologia della critica Letteraria, (Milano-Messina,
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1964, p. 549-551) ; Luis ROSALES, Ea sentimiento del desengaño en la poesia barroca (Madrid, 1966),
p. 42‑32.
11. Jean ROUSSET, op. cit., p. 127-128.
12. Richard ALEWYN, L'Univers du baroque, traduction française (Paris, 1964).
13. Jean ROUSSET, La Littérature de l'âge baroque en France, Circé et le Pan (Paris, 1954).
14. Ives BONNEFOY, Rome, 1630, Définition du baroque, « Preuves », n° 189, oct. 1966, p. 3-14.
15. Jean ROUSSET, op. cit., p. 69.
16. Des citations espagnoles chez : Luis ROBLES, El sentimiento del desengaño en la poesia española del
siglo XVII (op. cit., p. 11-94).
17. Alejandro CIORANESCU, op. cit., p. 331.
18. Carlo CALCATERRA, op. cit., p. 461-463.
19. Giuseppe ZONTA, Rinascimento, aristofelismo e barocco, Giornale storico della letteratura italiana,
LII (1934), p. 208, 226, 228.
20. Guido M'arpurgo TAGLIABUE, Aristotelismo e barocco, Retorica e Barocco, p. 152, 158-160 ; Delia
CANTIMORI, Il dibattito sul barocco, Rivista storica italiana, LXXXII (1960). p. 496.
21. Karl BORINSKI, Die Antike in Poetik und Kunsttheorie (Leipzig, 1914), I, p. 188-191.
22. René WELLEK, The Concept of Baroque in Literary Scholarship (Concepts of Criticism, New Haven
and London, 1965, p. 70-71) ; la meilleure étude sur l'histoire du terme « baroque ».
23. Le tableau des « espèces » du genre baroque, selon Eugenio D'ORS ( op. cit., p. 137), est le
suivant : pristinus, archaicus, macedonicus, alerandrinus, romanus, buddhicus, pelagianus,
gathicus, franciscanus, manuelinus (le Portugal), orificencis (l'Espagne), nordicus (le nord de
l'Europe), palladianus (Italie-Angleterre) rupestris, Maniera, tridentinus, sive romanus, sive
jesuiticus, « Rococo » » (France-Autriche), romanticus, finisecularis, posteabellicus, vulgaris,
officinalis.
24. Tudor VIANU, Manierism si asianism (Studii de literatura universala si comparata, Buc., 1963,
p. 612-620) ; le point de départ dans les essais de Gustav René HOCHE, Manierismus in der Literatur
(1959) et Die Welt als Labyrinth (1957), appuyé à son tour sur E. R. CURTIUS, Europäische Literatur und
lateinisches Mittelalter (1948), selon lequel « le maniérisme » constitue une « constante » anti-
classique de l'esprit européen.
25. Les plus concluants résultats ont été obtenus, semble-t-il, par Marcel RAYMOND : Aux frontières
du maniérisme et du baroque (Actes des journées internationales d'étude du baroque, Montauban,
1968, p. 82).
26. Wylie SYPHER, Four Stages of Renaissance Style, Transformations in Art and Literature, 1400-1700
(New York, 1956).
27. Lucian BLAGA, Trilogia valorilor (Buc., 1946), p. 120.
28. Une synthèse, pour le domaine français, chez Marcel RAYMOND : Le baroque littéraire français,
état de la question (Vérité et poésie, Neuchâtel, 1964, p. 149-174) ; Jean ROUSSET reconnaît, lui aussi,
que « le principe baroque est le plus actif dans une grande partie de l'Europe du XVIIe siècle » (
L'Intérieur et l'extérieur, p. 254).
29. John M. MUELLER, Baroque - Is in Datum, Hupothesis, or Tautology ? The Journal of Aesthetics
and Art Criticism, XII (1954), p. 421-437.
30. Alden BUKER, The Baroque S-T-O-R-M., A Study in the Limits of the Culture Epoch Theroy,
ibidem, XXII (1964), p. 303-313.
31. Mario PRAZ, Baroque in England, Modern Philology, LXII (1964), p. 169.
32. Victor-L. TAPIÉ, Baroque et classicisme (Paris, 1957), Baroque et classicisme, Annales, 4 oct.-déc.
1959, p. 719-731 ; Le baroque et la société de l'Europe moderne, Retorica e barocco, p. 225-231 ;
Pierre FRANCASTEL, Baroque et classicisme, histoire ou typologie des civilisations ? Annales, 1,
janv.-mars 1959, p. 142-151 ; Robert MANDROU , Le baroque européen : mentalité pathétique et
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Essai d'une définition de la notion de « baroque littéraire » 23
révolution sociale, ibidem, 5, sept.-oct. 1960, p. 898-914 ; Gabor TOLNAI, Der problèmes du baroque,
Acta litteraria, IX, (1967), p. 87-114.
33. À ajouter, aux indications antérieures : Eugenio D'ORS, à propos du baroque, Retorica e barocco,
p. 53-54 ; Pierre FRANCASTEL, Limites chronologiques, limites géographiques et limites sociales du
baroque, ibidem, p. 55-60 ; Joyce G. SIMPSON, Le Tasse et la littérature et l'art baroque en France (Paris,
1962), p. 187.
34. Lorenzo GIUSSO, Senso cattolico-romantico del barocco, Retorica e barocco, p. 75-83 ; Luciano
ANCHESCHI, Idea del barocco (Barocco e novecento, Milano, 1960, p. 3-20) ; G. CĂLINESCU, Clasicism,
romantism, baroc (lmpresii asupra literaturii spaniole, Buc., 1962, p. 11-26).
35. Arturo FARINELLI, Il romanficismo fiel mondo fatino (Torino, 1927), II, p. 226.
36. Federico Carlos SAINZ DE ROBLES , Ensayo de un diccionario de la literatura, I, Terminos y conceptos
literarios (Madrid, 1949), p. 124-125 (« una bomba formidable »).
37. Miguel BATLLORI, Gracián y la retorica barroca en España, Retorica e barocco, p. 27-32.
38. Albert WELLEK, Renaissance und Barock synasthesie, Deutsche Vierteljahrschrift für
Literaturwissenschaft und Geistesgeschichte, 91 (1931), p. 532-584 ; Emilio CARILLA, Le Barroco coma
aproximación o fusión de las artes (Lengua, literatura, folklore, Santiago de Chile, 1967, p. 93-100).
39. Henri STEGMEIER, Problems in Emblem Literature, The Journal of English and Germanie Philology,
XLV (1946), p. 26-37.
40. B. CROCE, I. trattatisti italiani del Concettismo e B. Gracián (Problemi di estetica, Bari, 1923, p.
311-347) ; Maria DE LOURDES BE1CHIOR-PONTES , The Literary Baroque in the Iberian Peninsula, Literary
History and Literary Criticism (New York, 1966), p. 278-280 ; Al. CIORĂNESCU, op. cit., p 205-217, 222.
41. Leland H. CHAMBERS, Theory and Practice in the « Agudeza y arte de ingenio », Litterae
Hispanae elt Lusitanae (München, 1968), p. 109-117.
42. Robert ELBRODT, L'Inspiration personnelle et l'esprit du temps chez les poètes métaphysiques anglais
(Paris, 1960), p. 317.
43. Cesare VASOLI, Le imprese del Tesauro, Retorica e barocco, p. 245.
44. Georges Reuben POTTER, A Protest Against the Term « Conceit », Phylological Quarterly, XX
(1941), p. 474-483, spec. p. 475.
45. Giulio Carlo ARGAN, La « Rettorica » e l'arte barocca, Retorica e barocco, p. 11-12.
46. Frank J. WARNKE, Sacred Play : Baroque Poetic Style, The Journal of Aesfhetics and Art Criticism,
XXII (1964), p. 455-464.
47. Spécialement, l'excellent chapitre sur Naturaleza y artificio d'Al. CIORĂNASCU , op. cit.,
p. 53-104 ; Jean ROUSSET, op. cit., p. 112-113.
48. Jean ROUSSET, Le baroque, Histoire des littératures, Encyclopédie de la Pléiade (Paris, 1956), II,
p. 87-110 ; Marian SZYROCKI, Die Deutsche Literatur des Barock (Rowohlt, 1968) ; Vilmos GYENIS, La
e
littérature baroque tardive dans la culture populaire du XVIII siècle, Acta litteraria, IX, (1967),
p. 127-157 ; G. CĂLINESCU, Marino si Góngora, (Scriitori străini, Buc., 1967, p. 232-248) ; Rodica
CIOCAN-IVĂNESCU , Noi contributii la studiul genezei barocului, Analele Univ. din Timisoara, Seria
Stiinte Filologice », VI, 1968, p. 91-102.
49. Herbert CYSARZ, Der dichterische Stil - und Zeitbegriff Barock, Bulletin of the international
Committee of Historical Sciences, IX, (l937), p. 338-342 ; Vaclav CERNY, Le baroque et la littérature
française, Critique, 109 et 110, juin et juillet, 1956, p. 518-533, 617-635 ; Alan S. TRUEBLOOD, The
Baroque, Premises and Problems, a Review Article, Hispanic Review, XXXV (1967), p. 355-363.
50. Helmulh HATZFELD, Problemas estilistios dei barroquismo (op. cit., p. 333-363) ; Marcel Raymond,
Baroque et renaissance poétique, p. 42-47.
51. Ibidem, El estilo barroco literario en las obras maestras (op. cit., p. 126-164).
52. A. J. FARMER, Le Mouvement aesthétique et « décadent » en Angleterre (Paris, 1931), p. 288.
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53. Lucian BLAGA, Trilogia culturii (Buc., 1969), p. 283-284 ; ultérieurement, Hugo FRIEDRICH , Die
Struktur der Modernen Lyrik (Hamburg, 1964), p. 85.
54. Pierre CHARPENTRAT, op. cit., p. 658 ; Victor-L. TAPIÉ, op. cit., p. 227.
55. André BILLY, Préface, Apollinaire, Œuvre poétiques (Paris, 1965), p. XLIV‑XLV.
56. Jean ROUSSET, La Littérature de l'âge baroque en France, p. 81-88 ; L'Intérieur et l'extérieur,
p. 241-242, 262.
57. R. M. ALBÉRES, L'Aventure intellectuelle du XXe siècle (Paris, 1959), p. 404-406.
58. Luciano ANCESCHI, op. cit., p. 226-245, 251-255 ; Antonio PORTA, Poesia e poetica ; Edoardo
SANGUINETI, Poesia informale ? (I Novissimi, Torino, 1965, p. 193-195, 201·204) ; Cornel MIHAI
IONESCU , Generafia lui Neptun (Buc., 1967), p. 146-149.
59. Les Tropes du Dumarsais, avec un commentaire raisonné... par M. FONTANIER (Paris, 1818), I,
p. 319-320.
60. Roland BARTHES, Essais critiques (Paris, 1964) p. 59 Les Tropes du Dumarsais, avec un commentaire
raisonné... par M. FONTANIER (Paris, 1818), I, p. 319-320. 108-111.
61. Gheorge LĂZĂRESCU RAMURI nr.1/1970.
62. Sur la crise actuelle de l'idée de baroque : Victor-L. TAPIÉ, L. FEBVRE, Retorica e barocco, p. 225 ;
Jean ROUSSET, Adieu au Baroque ? (L'Intérieur et l'extérieur, p. 239‑245) ; René WELLEK, op. cit.,
p. 125-127.
AUTEUR
ADRIAN MARINO
Union des écrivains roumains
(Cahiers roumains d’Études littéraires)
Cluj (Roumanie)
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