MIMO

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No d’ordre : D03-02

Thèse
présentée devant
l’Institut National des Sciences Appliquées de Rennes
pour obtenir le titre de
Docteur
spécialité : Electronique

Techniques multi-antennes
émission-réception
-
Applications aux réseaux domestiques
sans fil
par
Philippe GUGUEN

Soutenue le 22 janvier 2003 devant la commission d’examen :

Président M. J. CITERNE Professeur à l’INSA de Rennes


Rapporteurs M. G. BUREL Professeur à l’Université de Bretagne Occidentale
M. P. DEGAUQUE Professeur à l’Université de Lille I
Examinateurs M. J.-F. DIOURIS Professeur à Ecole polytechnique de Nantes
M. G. EL ZEIN Professeur à l’INSA de Rennes
M. P. LOPEZ Ingénieur à THOMSON Multimédia Rennes

Institut National des Sciences Appliquées, Rennes


Laboratoire Composants et Systèmes pour Télécommunications
Groupe Télécommunications
Remerciements

Ce travail est le fruit d’une collaboration entre le Laboratoire Composants et Sys-


tèmes pour Télécommunications de l’INSA de Rennes et le Laboratoire Communication
Média de THOMSON Multimédia, dirigés respectivement par Messieurs J. Citerne et
H. Fourdeux. Je leur adresse ma profonde reconnaissance pour m’avoir accueilli et les
remercie de la confiance qu’ils m’ont accordée.
J’exprime toute ma gratitude à Monsieur G. El Zein, Professeur à l’INSA de Rennes,
qui a eu la lourde tâche de m’encadrer durant ces trois années. Jour après jour, il a su, par
ses compétences et sa disponibité, me guider sur les chemins tortueux de la recherche.
Rien n’aurait été possible sans son appui. Je suis également reconnaissant à Monsieur
P. Lopez, Ingénieur à THOMSON multimédia, pour l’aide qu’il m’a apportée.
Je remercie sincèrement Monsieur G. Burel, Professeur à l’Université de Bretagne
Occidentale, et Monsieur P. Degauque, Professeur à l’Université de Lille I, d’avoir accepté
de rapporter ce travail. J’associe à ces remerciements Monsieur J.-F. Diouris, Professeur
à l’Université polytechnique de Nantes, pour avoir accepté d’être examinateur. Je suis
extrêmement reconnaissant envers Monsieur J. Citerne qui a tenu à présider ce jury, là
où d’autres auraient fait l’impasse.
J’exprime par ailleurs toute ma sympathie à l’ensemble des membres du LCST, INSA
de Rennes, et du RCMD, THOMSON Multimédia. Mon séjour passé au sein du groupe
Télécommunications du LCST restera inoubliable grâce aux personnes que j’ai pu y co-
toyer. Je pense notamment aux habitants et voisins de feu la Grotte Verte, avec qui les
journées paraissaient si courtes.
Il me serait impossible de terminer sans adresser une pensée chaleureuse à toute ma
famille et, plus particulièrement, à ma grand-mère qui n’aura pu assister à la fin de ma
thèse.
A Catherine.
Rennes, le 28 mars 2003
Avant-propos

Hier encore confinés au monde professionnel, les réseaux locaux sans fil, propulsés par
les avancées de l’électronique et du traitement du signal, se démocratisent à grands pas.
Plus flexibles, moins chers que les solutions filaires, leurs perspectives de développement
restent cependant lourdement conditionnées par leur aptitude à supporter des débits
suffisants pour les applications multimédia. Dans cette course vers les hauts débits, des
chercheurs des laboratoires Bell ont donné une impulsion décisive lorsque, en 1996, ils ont
mis en évidence la possibilité d’accroı̂tre substantiellement les débits de transmission par
l’emploi simultané de réseaux d’antennes à l’émission et à la réception. Le paradigme des
systèmes de communication à entrées multiples et à sorties multiples MIMO (Multiple
Input-Multiple Output) était né.
Rares sont les standards existants compatibles avec le transport de services multimé-
dia hauts débits. La norme HIPERLAN2, affichant des taux de transferts bruts jusqu’à
54 Mbit/s dans la gamme de fréquences de 5 GHz, en fait partie. Se pose alors na-
turellement la question d’évaluer dans quelle mesure une extension MIMO permettrait
d’augmenter ces débits. L’objectif de cette thèse, menée dans le cadre d’une collaboration
entre THOMSON multimédia et le Laboratoire Composants et Systèmes pour Télécom-
munications (LCST) de l’INSA de Rennes, est d’apporter quelques éléments de réponse
à ce problème.
Après un premier chapitre introductif donnant un aperçu du monde des réseaux locaux
sans fil et des techniques de transmission haut-débit, le second chapitre traite du canal
de propagation radioélectrique. De la connaissance fine des mécanismes d’interaction du
signal avec le milieu, le concepteur peut déterminer si l’environnement est propice au
déploiement d’un système MIMO et, dans l’affirmative, élaborer une stratégie capable
d’exploiter au mieux la structure du canal. Les outils requis dans la construction des
chaı̂nes d’émission et de réception seront fournis par la théorie de l’information, sujet
au cœur du troisième chapitre. Finalement, le quatrième chapitre présente un état-de-
l’art des techniques de traitement temps-espace, qui va servir de base au dernier chapitre
étudiant l’apport de la technologie MIMO au standard HIPERLAN2.
Mots clés : réseaux domestiques sans fil haut débit, systèmes MIMO, ré-
seaux d’antennes, multiplexage spatial, HIPERLAN2.
vi

Version soumise — 3/4/2003


vii

Chapitre 5 : Application au sys-


tème HIPERLAN 2

Application

Structures Structures de Chapitre 4 : Techniques MIMO -


d’émission réception Etat de l’art

Implémentation

Emetteur Modèle de Récepteur Chapitre 3 : Aspects de la théorie


théorique canal théorique de l’information

Modélisation

Milieu de Chapitre 2 : Le canal de propaga-


propagation tion radioélectrique

Spécification

Chapitre 1 : Introduction

Plan du mémoire

Version soumise — 3/4/2003


Avertissement

Ce mémoire de thèse ne revêt pas le schéma classique en ce sens qu’il ne répond pas à
la problématique posée de manière quantitative, à l’aide, entre autres, de développements
analytiques ou de simulations numériques. Le manque de connaissances initiales propres
aux systèmes de communication à double réseaux d’antennes, ainsi que l’étendue des
domaines couverts, comptent parmi les causes de ce fait.
Le contenu, à caractère didactique, tente de donner une vue d’ensemble des systèmes
de communication MIMO. Il retrace le cheminement suivi pendant la durée de cette thèse,
détaillant les étapes significatives menant de la spécification des besoins de l’application
jusqu’à l’ébauche d’une première solution.

Version soumise — 3/4/2003


Table des matières

Remerciements iii

Avant-propos v

Acronymes & Abréviations xv

Notations mathématiques xvii

1 Introduction 1
1.1 Position du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.1 Organismes de standardisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.2 Technologies propriétaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Techniques de transmission haut-débit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.1 Systèmes de communication sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2 Vers les systèmes MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4 Organisation du mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.1 Plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.2 Définitions et modèle système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

2 Le canal de propagation radioélectrique 27


2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Les phénomènes physiques de la propagation radioélectrique . . . . . . . . 28
2.2.1 Le signal spatio-temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.2.2 Le bruit radioélectrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2.3 Phénomènes à grande échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2.4 Phénomènes à petite échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.3.1 Représentations mathématiques du canal de propagation . . . . . . 36
2.3.2 Caractérisation déterministe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.2.1 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.2.2 Domaine temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.3.3 Caractérisation stochastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.3.3.1 Statistiques au second ordre : corrélation, dispersion et
cohérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.3.3.2 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
xii Table des matières

2.3.3.3 Domaine temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56


2.4 Modèles du canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
2.4.1 Modèles déterministes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.4.2 Modèles stochastiques et stochastiques géométriques . . . . . . . . 64
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

3 Aspects de la théorie de l’information 75


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.2 Le canal de propagation et le signal numérique . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.2.1 Sélectivité et dispersion en temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.2.2 Sélectivité et dispersion en espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.2.3 Canaux ergodiques versus canaux non-ergodiques . . . . . . . . . . 81
3.3 Théorie de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.3.1 Rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.3.2 Capacité d’un canal MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.3.2.1 Information d’état du canal en émission et en réception . 89
3.3.2.2 Information d’état du canal en réception . . . . . . . . . 92
3.3.2.3 Absence complète d’information d’état du canal . . . . . 93
3.3.3 Normalisation de la capacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.4 Leçons de la théorie de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.4.1 Diversité et multiplexage en espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.4.2 Capacité et canal de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.4.3 Règles d’ingénierie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

4 Techniques MIMO - Etat de l’art 119


4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
4.2 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.2.1 Information d’état du canal en réception . . . . . . . . . . . . . . . 121
4.2.1.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
4.2.1.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.2.2 Emission et réception aveugles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.2.2.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.2.2.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
4.2.3 Information d’état du canal en émission et en réception . . . . . . 145
4.2.3.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.2.3.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
4.3 Domaines spatial et fréquentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
4.3.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
4.3.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
4.4 Domaines spatial et temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.4.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
4.4.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
4.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

Version soumise — 3/4/2003


Table des matières xiii

5 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2 169


5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
5.2 Description de la couche physique HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . . 170
5.3 Du bien-fondé d’un système MIMO-HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . 175
5.4 Extension MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
5.4.1 Analyse du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
5.4.2 Modulation codée fréquence-espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
5.4.2.1 Constructions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
5.4.2.2 Résultats issus de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . 184
5.4.3 Modulation codée temps-espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
5.4.3.1 Constructions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
5.4.3.2 Résultats issus de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . 191
5.4.4 Contraintes de coût . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

6 Conclusion et perspectives 199

Liste des tableaux 203

Table des figures 205

Version soumise — 3/4/2003


Acronymes & Abréviations

WLAN Wireless Local Area Network — RLAN : Radio LAN


ETSI European Telecommunications Standards Institute
IEEE Institute of Electrical and Electronics Engineers
BRAN Broadband Radio Access Network
HIPERLAN HIgh PERformance Local Area Network
802 Commission IEEE de standardisation des réseaux locaux et métropolitains
802.11 Groupe de travail IEEE sur les réseaux locaux sans fil

SISO Single-Input Single-Output


SIMO Single-Input Multiple-Output
MISO Multiple-Input Single-Output
MIMO Multiple-Input Multiple-Output
STTCM Space-Time Trellis Coded Modulation
STBCM Space-Time Block Coded Modulation
OSTBCM Orthogonal Space-Time Block Coded Modulation
LDCM Linear Dispersion Coded Modulation
BLAST Bell labs LAyered Space Time
USTM Unitary Space-Time Modulation

CSI Channel State Information


CSITR Channel State Information at the Transmitter and the Receiver
CSIR Channel State Information at the Receiver
NoCSI No Channel State Information
OFDM Orthogonal Frequency Division Mutliplex
ML Maximum Likelihood
AOA Angle Of Arrival
AOD Angle Of Departure
LOS Line-Of-Sight
NLOS Non Line-Of-Sight
SNR Signal-to-Noise Ratio
Notations mathématiques

Nomenclature
x, X scalaire
x vecteur — xn : vecteur de taille n
X matrice — X m×n : matrice à m lignes et n colonnes
x, X variable aléatoire scalaire
x vecteur aléatoire
X matrice aléatoire
~x vecteur spatial
X ensemble — {x(k)}k : ensemble de points
[x(1) . . . x(k)] vecteur, rangement en ligne
[x(1) | · · · | x(k)] vecteur, rangement en colonne

Analyse
N ensemble des naturels
Z anneau des entiers relatifs
R corps des nombres réels
C corps des nombres complexes
Z/nZ
R anneau des entiers modulo
R n R R R
R (·) d~r3 (·) dx, (·) dy, (·) dz]T
intégrale vectorielle, R (·) d~r , [ RRR
(·) d r intégrale volumique, (·) d3 r , (·) dx dy dz
F (·) transformée de Fourier
L (·) transformée de Laplace
W (·) transformée de Wigner-Ville
b·c entier inférieur
d·e entier supérieur
(·)+ = max(·, 0)
Re(·) partie réelle
Im(·) partie imaginaire

Algèbre
(·)T transposé
(·)∗ conjugué
(·)H Hermitien — (·)H/2 , [(·)1/2 ]H
(·)† pseudo-inverse (Moore-Penrose)
I matrice identité
xviii Notations mathématiques

0 matrice nulle
· produit scalaire
⊗ produit de Kronecker
|·| module
k·k2 norme euclidienne
k·kF norme de Frobenius d’une matrice
tr(·) trace d’une matrice
det(·) déterminant — det+ (·) : produit des valeurs propres positives non nulles
rang(·) rang d’une matrice
diag(·) diagonale — diag(X) : éléments de la diagonale de la matrice X,
diag(x) : matrice diagonale remplie par les éléments du vecteur x
vec(·) vectorisation d’une matrice (empilement des colonnes)
λ(·) spectre des valeurs propres
σ(·) spectre des valeurs singulières
 0,  0 matrice définie positive et définie semi-positive

Probabilité
P(·) probabilité discrète
p(·) densité de probabilité
P(· | ·) probabilité conditionnelle
E{·} espérance
H(·) entropie — h(·) : entropie différentielle
I(·) information mutuelle
R (·) fonction de corrélation — R x (·) et R xy (·) : fonctions d’autocorrélation
et intercorrélation
S(·) densité spectrale de puissance d’un processus stationnaire — S x (·) et
S xy (·) : densité spectrale et densité interspectrale
W̄ (·) transformée de Wigner-Ville généralisée
R matrice de corrélation — Rx et Rxy : matrices d’autocorrélation et
intercorrélation
N (µ, σ) distribution gaussienne de moyenne µ et de variance σ 2 ,
CN (µ, σ) distribution gaussienne complexe à symétrie circulaire de moyenne µ et
de variance σ 2 — CN (µ, R) et CN (µ, R) : distributions vectorielle et
matricielle
CW n (m, Σ) distribution de Wishart de taille n à m degrés de libertés et Σ covariance
des colonnes √ R∞
Q(·) fonction de Marcum, Q(x) , (1/ 2π) x exp(−u2 /2) du
∼ processus identiquement distribués

Symboles
NT nombre d’antennes d’émission
NR nombre d’antennes de réception
x signal transmis — x(~ri (t), t), x(t), x(k), x, X
y signal reçu — y(~ro (t), t), y(t), y(k), y, Y
n bruit additif — n(~ro (t), t), n(t), n(k), n, N
h réponse impulsionnelle du canal — h (~ro (t), ~ri (t); t, τ ), h(t, τ ), H

Version soumise — 3/4/2003


Notations mathématiques xix

DcorTx (~ro , ~ri ) distance de corrélation en émission


KspreadTx (~ro , ~ri ) étalement spectral en émission
DcorRx (~ro , ~ri ) distance de corrélation en réception
KspreadRx (~ro , ~ri ) étalement spectral en réception
Dcoh (~ro , ~ri ) distance de cohérence
KDop (~ro , ~ri ) étalement Doppler spatial
Kcoh (~ro , ~ri ) bande de cohérence en pulsation spatiale
Dspread (~ro , ~ri ) distance d’étalement

Version soumise — 3/4/2003


Chapitre 1

Introduction

Sommaire
1.1 Position du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.1 Organismes de standardisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.2 Technologies propriétaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Techniques de transmission haut-débit . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.1 Systèmes de communication sans fil . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2 Vers les systèmes MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4 Organisation du mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.1 Plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.2 Définitions et modèle système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

Les premiers réseaux locaux sans fil, apparus dans le monde professionnel à la fin
des années 80, ont été initialement pensés comme des alternatives bas coût au câblage
de bâtiments entiers. Cette motivation est aujourd’hui moins forte puisque la plupart
des bâtiments sont construits avec le câblage pré-installé et il s’est avéré que le coût de
câblage n’était pas aussi élevé que prévu. Les réseaux sans fil n’ont pu ainsi gagner la
popularité escomptée.

La technologie sans fil permettait toutefois de résoudre certains problèmes inhérents


aux liaisons filaires : infrastructure légère autorisant un déploiement rapide, mobilité,
reconfiguration transparente, alternative pour les lieux difficiles d’accès. L’appel d’air
provoqué par la téléphonie sans fil et la diversification vers des applications grand public
ont donné un regain d’intérêt dans les années 90. Les réseaux locaux sans fil ont ainsi
commencé à envahir les habitations privées pour y transporter des données aussi diverses
que le contrôle, la voix, la vidéo et autres services interactifs.

En toile de fond de cette thèse, les réseaux domestiques haut débit doivent faire face
à l’émergence d’applications multimédia, toujours plus exigeantes en termes de débit et
de qualité de service. Les limitations des systèmes actuels montrent que la recherche
d’alternatives viables est une priorité.
2 Introduction

La solution étudiée dans cette thèse a déjà été dévoilée dans le résumé du mémoire.
Le but de ce chapitre d’introduction ne se réduit pas à une simple redite mais essaye au
contraire de montrer comment l’on aboutit naturellement à cette proposition. Dans cette
optique, il commence par une définition claire de la problématique. Un état des lieux des
réseaux domestiques sans fil, pris au début de cette thèse, est ensuite proposé, apportant
par là même les premiers éléments de réponse. L’examen des techniques de transmission
haut débit et de leurs futures évolutions permet finalement de spécifier entièrement le
système. Ce chapitre se termine par la présentation du plan du document et les définitions
et notations employées.

Les zones de texte marquées d’un filet vertical, accompagnées des régions grisées
apparaissant sur les figures, regroupent les principaux résultats de ce chapitre, permettant
une première lecture rapide.

1.1 Position du problème

Un réseau domestique (cf. figure (1.1)) désigne la mise en commun d’appareils hé-
térogènes tels que des équipements ménagers, informatiques (PC, imprimantes, autres
périphériques) ou multimédia (TV, lecteur CD/DVD, chaı̂ne audio. . . ), chaque famille
d’équipements possédant ses propres contraintes en termes de débit et de qualité de
service, comme le montre le tableau (1.1). Cette hétérogénéité des applications tranche
nettement avec les réseaux d’entreprise et rend le plus souvent nécessaire la spécialisation
des réseaux.

Tab. 1.1: Contraintes applications


Applications Débits Robustessea Service
Contrôle d’équipements qqs 100 bit 10−3 bidirectionnel, asynchrone
Internet qqs kbit/s à qqs Mbit/s 10−7 bidirectionnel
Vocal 8 à 32 kbit/s 10−6 bidirectionnel, isochrone
Audio < 400 kbit/s 10−6 unidirectionnel, isochrone
Vidéo - définition standard 5 à 8 Mbit/s 10−7 unidirectionnel, isochrone
Vidéo - haute définition 20 Mbit/s 10−7 unidirectionnel, isochrone
Extension, pont filaire 100 Mbit/s 10−7 bidirectionnel, isochrone
a
Exprimée en probabilité d’erreur binaire

Ce travail de thèse porte sur la recherche de nouvelles technologies pour les


futures générations de réseaux sans fil grand public, capables de répondre à la
demande croissante des applications multimédia en termes de taux de transfert
et de qualité de service.

Version soumise — 3/4/2003


1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil 3

L’application test est la diffusion de vidéo numérique haute définition. Trois


objectifs principaux ont été fixés :
– le débit : le débit utile, offert aux couches supérieures, doit être suffisant pour
transporter un multiplex de flots numériques indépendants ;
– la robustesse : le taux d’erreur visé est de l’ordre de 10−7 , compatible avec la
télévision haute définition et la plupart des services informatiques ;
– la qualité de service : le délai d’acheminement des données transitant par le
réseaux doit être garanti, i.e. service isochrone.
Les contraintes exprimées sont de trois ordres :
– les caractéristiques de l’environnement : le système doit être conçu pour un
déploiement en environnement domestique ;
– les régulations : la bande de fréquence occupée et la puissance de transmission
doivent être conformes avec les normes légales d’émission ;
– la complexité de réalisation : le coût du produit doit rester compatible avec
une commercialisation grand public.

Réseaux d’accès

Point d’accès

P.C.

HiFi

Borne

TV – vidéo

Fig. 1.1: Un exemple d’environnement domestique

1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil

Il existe une grande variété de réseaux locaux qui se distinguent par l’architecture et le
protocole d’accès, ainsi que par le format de modulation et les performances en termes de
capacité et de fiabilité. Ce classement n’est pas fortuit mais correspond aux deux couches
basses du modèle OSI (OSI — Open System Interconnection) redéfinies par les standards
de réseaux locaux sans fil, i.e. la couche physique et la couche de contrôle de liaison. On
peut se référer à la figure (1.2).

La couche de contrôle de liaison (DLC — Data Link Control) administre les liens
entre noeuds du réseau. Elle est divisée en deux sous-couches : la couche d’accès au milieu
Version soumise — 3/4/2003
4 Introduction

MAC (Medium Access Control), contrôlant les méthodes et les permissions d’émission des
équipements, et la couche de contrôle logique (LLC — Logical Link Control), gérant le
flux de données et la correction complète des erreurs. L’architecture du réseau, de type
centralisé ou maillé, conditionne l’organisation de la DLC. Un réseau maillé, ou réseau ad-
hoc, se définit comme une collection d’entités mobiles interconnectées formant un réseau
temporaire sans l’aide de toute administration. A l’inverse, le réseau centralisé requiert la
présence d’une entité maı̂tre gérant les communications entre les différents équipements.

Utilisateur

Application Interface avec les mécanismes OSI

Echange de données indépendamment


Présentation de leur nature

Organisation du dialogue entre


Session applications distantes

Transport Qualité de service constante

Acheminement des données au travers


Réseau du réseau (routage)

Liaison Echange de données sans erreur entre


noeuds adjacents
Réseaux locaux
Physique Support physique de transmission

Domaine d’étude de cette thèse

Fig. 1.2: Le modèle de communication OSI et la position des réseaux locaux

La couche physique (PHY) fournit le service de transmission radio. Le format de mo-


dulation choisi doit être adapté au canal de transmission et compatible avec les normes
en vigueur. Les organismes de régulation réglementant l’usage du spectre radioélectrique
ont identifié, au niveau mondial, deux bandes de fréquence pour les réseaux locaux sans
fil, avec des variations mineures variant suivant les pays. La bande à 2.45 GHz, à usage
industriel, scientifique et médical (ISM), est ouverte à tous les appareils respectant les
contraintes de compatibilité électromagnétique associées. N’étant pas réservée exclusive-
ment aux applications de type réseaux, le spectre en ressort largement pollué par des
rayonnements parasites provenant de différentes sources, e.g. fours micro-ondes en envi-
ronnement domestique. Libérée plus récemment, la bande à 5 GHz est dédiée aux appli-
cations sans fil. Plus étendue et moins perturbée par des émissions d’origine humaine,
elle est favorable à la transmission de débits très élevés.

La poursuite des hauts débits passent par l’optimisation, séparée ou conjointe,


des mécanismes de la couche DLC et du schéma de mise en forme du signal
transmis de la couche PHY.
L’aspect purement réseau sort du cadre de ce travail, qui porte avant tout sur la
recherche de modulations plus efficaces. L’on se restreindra ici à l’optimisation
de la couche physique, pour une couche de contrôle spécifique, empruntée à l’un
des réseaux existants (cf. figure (1.2)).
Version soumise — 3/4/2003
1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil 5

Cette section offre une vision d’ensemble du paysage des réseaux locaux sans fil telle
qu’elle se présentait dans le courant des années 1999-2000. Le but est ici de dégager le
contexte dans lequel cette thèse est née et non de donner un état de l’art actualisé. Aux
reproches justifiées portant sur l’absence de mise à jour, on peut rétorquer que les progrès
lors de ces trois dernières années ont été relativement ténus et que, bien au contraire,
le contexte économique de crise a considérablement freiné les efforts de recherche et a
entraı̂né la disparition d’un grand nombre de technologies privées.

Par souci de clarté, les normes issues d’organismes de standardisation ont été dissociées
des solutions propriétaires.

1.2.1 Organismes de standardisation

ETSI (European Telecommunications Standards Institute) : Initiés courant


1991, les travaux de l’ETSI sur les réseaux locaux sans fil haut débit ont abouti en 1997 à
la norme HIPERLAN (High PERformance Radio Local Area Network). A cette époque,
un projet concurrent était déjà lancé au sein de l’IEEE et un certain nombre de solutions
propriétaires commercialisées, mais les débits proposés restaient néanmoins relativement
limités. L’une des principales innovations a été l’allocation d’un spectre de transmission
plus généreux.

Depuis 1997, la norme HIPERLAN, référencée à présent sous le nom de HIPERLAN1,


a été intégrée au sein du projet BRAN (Broadband Radio Access Network) visant à éditer
une gamme complète de spécifications depuis la boucle locale radio au réseau local sans fil.
En 1999, la famille des standards HIPERLAN comptent quatre membres, HIPERLAN1,
HIPERLAN2, HIPERACCESS (initialement HIPERLAN3) et HIPERLINK (initialement
HIPERLAN4) :
HIPERLAN1 : Le standard HIPERLAN1, calqué sur le modèle d’un réseau informa-
tique, est compatible avec les standards de la famille 802, Ethernet 802.3 et Token
Ring 802.5, ce qui lui vaut d’être considéré comme une extension Ethernet sans fil.
Complété et ratifié en 1996, il définit les modes d’opérations de la couche de liaison
DLC et de la couche physique PHY.
Le spectre alloué s’étend sur une bande de 100 MHz autour de 5 GHz, divisée
en 3 canaux, avec une option à 150 MHz et 5 canaux. Le format de modulation
GMSK 0.3 (GMSK — Gaussian Minimum Shift Keying) a été emprunté à la norme
GSM, également éditée par l’ETSI, dans le but d’éviter des développements sup-
plémentaires tel que celui de l’égaliseur. Le débit brut sur la couche PHY monte
à 23.5 Mbit/s sur chaque canal pour redescendre à près de 18 Mbit/s après la
traversée de la couche MAC, cette valeur correspondant à la configuration la plus
favorable.
Le protocol d’accès est une variante du CSMA/CD (Carrier Sensing Multiple Access
with Collision Avoidance), appelée EY-NPMA (Elimination-Yield Non Preempative
Multiple Access), dont le principe consiste à scruter les canaux par ordre de priorité
jusqu’à trouver un canal libre pour émettre.

Version soumise — 3/4/2003


6 Introduction

Les réseaux HIPERLAN1 sont maillés, pour les applications asynchrones, ou co-
ordonnés par un noeud central sélectionné dynamiquement, avec pour charge de
répartir les ressources. La portée typique dans un environnement intérieur s’étend
de 35 à 50 m.
HIPERLAN2 : Le protocole HIPERLAN2 s’apparente à une version sans fil d’ATM.
Les spécifications couvrent les couches PHY et DLC, comme HIPERLAN1, au-
dessus desquelles vient s’ajouter une couche de convergence dont le rôle est d’adap-
ter les requêtes des couches supérieures (IP, UMTS, ATM, IEEE 1394) aux services
offerts par la DLC.
Deux modes d’opérations sont prévus en fonction de la nature du trafic. Le mode
centralisé est choisi lorsque la majeure partie du trafic transite vers le réseau d’infra-
structure via un point d’accès. Dans le cas contraire, le mode direct est approprié,
avec un contrôleur central, sélectionné dynamiquement, gérant la communication
entre terminaux et le maintien de la qualité de service. La cohabitation de réseaux
voisins est assurée par un mécanisme de sélection dynamique de fréquence.
La couche PHY repose sur la modulation multiporteuse OFDM (OFDM — Or-
thogonal Frequency Division Multiplex), choisie pour sa robustesse à la sélectivité
fréquentielle du canal de propagation. Le débit brut, très élevé, monte à 54 Mbit/s,
dont 25 Mbit/s net en sortie de la couche de convergence. La couche MAC utilise un
mode TDMA/TDD (Time-Division Multiple-Access/Time-Division Duplex), avec
division dynamique du temps et réservation de la connexion.
HIPERLAN3 : Le troisième volet du projet BRAN, HIPERACCESS, spécifie un sys-
tème de communication point-à-multipoint en extérieur pour la boucle locale radio
à haut débit. La bande allouée se situe dans le spectre des 40 GHz et la modulation
envisagée est de type monoporteuse, pour une portée estimée à 5 km.
HIPERLAN4 : La norme HIPERLINK est dédiée aux liaisons point-à-point très haut
débit (> 155 Mbit/s) et à courte distance (< 150 m). Le processus de standardisa-
tion n’est actuellement pas amorcé.

IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) : Intégrés au sein de la


commission IEEE 802 travaillant sur les réseaux de communications géographiquement
restreints, les groupes IEEE 802.11 s’adressent spécifiquement aux réseaux locaux sans
fil.

IEEE 802.11 : Le standard IEEE 802.11, ratifié en 1997, est la première extension
Ethernet sans fil attaquant le marché des réseaux locaux à bas débit et faible coût.
Trois formats de transmission distincts ont été définis : deux méthodes de trans-
mission radiofréquence dans la bande ISM à 2.45 GHz, basées sur l’étalement de
spectre, et une troisième méthode de transmission dans l’infrarouge. Les techniques
de transmission RF sont l’étalement de spectre par saut de fréquence (FHSS -
Frequency Hopping Spread Spectrum), combinée à une modulation GFSK, ou par
étalement direct (DSSS — Direct Sequence Spread Spectrum), utilisant les modu-
lations BPSK ou DQPSK. Le débit brut s’élève à 1 Mbit/s, voire 2 Mbit/s en DSSS
avec la modulation DQPSK, pour atteindre au mieux 1.2 Mbit/s au sommet de
la couche MAC. Le choix entre les deux alternatives dépend d’un certain nombre
Version soumise — 3/4/2003
1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil 7

HIPERLINK

HIPERACCESS Infrastructure
réseau

HIPERLAN1 /
HIPERLAN2

Point d’accès
Terminal

Fig. 1.3: Les standards HIPERLAN

de facteurs liés à l’application visée et à l’environnement. Le standard infrarouge,


adapté à la transmission en ligne de vue, opère entre 850 et 950 nm avec des débits
de 1 et 2 Mbit/s.
La couche MAC, commune aux trois couches PHY, exploite le protocole CSMA/CA,
avec possibilité de support de services isochrones grâce à la mise en place d’une fonc-
tion de coordination supprimant les mécanismes de contention. Les communications
peuvent se faire de station à station ou en passant par une borne de concentration.
IEEE 802.11b : Le succès rencontré par les produits 802.11 fut relativement limité à
l’époque de sa publication du fait des prix des composants et du débit insuffisant
face aux 10 Mbit/s offerts par les liaisons Ethernet filaires. Suite à cet accueil mitigé,
un groupe de travail a été créé afin d’étudier l’extension de la couche PHY à des
débits supérieurs. Ainsi est née la spécification 802.11b, compatible avec l’ancienne
couche DSSS, incorporant une technique de modulation plus appropriée CCK (CCK
— Complementary Code Keying) pour supporter des débits de 11 Mbit/s en bande
ISM.
IEEE 802.11a : La spécification IEEE 802.11a, le second rejeton du standard 802.11,
vise les mêmes applications que HIPERLAN2, avec des débits allant de 6 à 54 Mbit/s
dans le spectre des 5 GHz. Contrairement aux systèmes 802.11 et 802.11b à étale-
ment de spectre, la couche physique s’appuie ici sur une modulation sur multiplex
de porteuses orthogonales.
Alors que les normes IEEE 802.11a et HIPERLAN2 optent pour des couches PHY
quasiment identiques, les couches d’accès sont radicalement différentes. Le protocole
à contention CSMA/CA a été choisi ici afin de garantir la compatibilité avec Ether-
net, par opposition au protocole TDMA/TDD implémenté dans HIPERLAN2.

Version soumise — 3/4/2003


8 Introduction

1.2.2 Technologies propriétaires

Le dynamisme du marché vers la fin des années 90 a conduit les entreprises à unir
leurs efforts de recherche au sein de consortiums dans le but d’éditer des standards pro-
priétaires, en mesure de rivaliser avec les standards officiels issus d’organismes de stan-
dardisation tels que l’ETSI et l’IEEE.

Parmi les groupes d’intérêt ayant eu un impact significatif, on citera les standards
BlueTooth et HomeRF :
Bluetooth : Lancé par Ericsson en 1998, Bluetooth [1] est un réseau, à faible puissance
et donc faible couverture, adapté à la transmission de données entre appareils numé-
riques (assistant, téléphone, appareil photo, portable...). Il offre des débits moyens
de 1 Mbit/s, sur une zone de couverture de 10 cm à 30 m en pratique.
La couche physique repose sur une transmission à étalement de spectre par saut
de fréquence FHSS (1600 sauts/s) et une modulation des données GFSK. Par com-
paraison avec les autres systèmes utilisant un mode de transmission identique, une
cadence de saut plus rapide et des paquets plus courts confèrent à BlueTooth une
meilleure résistance au bruit et aux interférents.
HomeRF : Soutenu initialement par des acteurs comme Compaq, HP, IBM, Intel et
Microsoft, HomeRF [2], imaginé avant tout pour un usage domestique, est conçu
pour le transport de la voix en mode numérique et de données. La couche physique
repose sur une transmission FHSS (50 sauts/s), combinée à une modulation FSK.
Les débits bruts sont compris entre 1 et 2 Mbit/s (2FSK, 4FSK), pour des perfor-
mances théoriques comparables à celles de IEEE 802.11. La couche MAC hybride
regroupe un mode TDMA pour la voix et autres services interactifs, ainsi qu’un
mode CSMA/CA pour la transmission des données.

Conclusion : Le tableau (1.2) résume les caractéristiques principales des technologies


évoquées précédemment. On identifie trois classes : les réseaux à faible débit (IEEE 802.11,
BlueTooth, HomeRF), atteignant des débits de l’ordre de 1 à 2 Mbit/s, les réseaux à
moyen débit (IEEE 802.11b, HIPERLAN1), avec des débits supérieurs à 10 Mbit/s, et,
au sommet, les réseaux à haut débit (HIPERLAN2, IEEE 802.11a) prévus pour supporter
jusqu’à 54 Mbit/s bruts.

Les standards jumeaux HIPERLAN2 et IEEE 802.11a apparaissent concrètement


comme les deux alternatives envisageables pour les transmissions multimédia haut dé-
bit. Il reste toutefois en retrait des solutions filaires (cf. figure (1.4)), mettant en évidence
la nécessité d’aller au-delà. Les liaisons point-à-point, présentes sur le marché à l’époque,
sont exclues de cette comparaison bien qu’elles soient capables d’atteindre des débits
largement supérieurs. L’explication provient du fait que la difficulté n’est pas tant d’at-
teindre des taux de transfert très élevés sur une liaison unique que d’établir un réseau
apte à assurer un débit élevé entre l’ensemble des noeuds.

Version soumise — 3/4/2003


1.2 Le monde des réseaux locaux sans fil 9

Tab. 1.2: Réseaux locaux sans fil — Caractéristiques principales


Caractéristiques HIPERLAN1 HIPERLAN2 802.11a
Bande 5 GHz 5 GHz 5 GHz
Débit brut max. 23 Mbit/s 54 Mbit/s 54 Mbit/s
Débit net max. 18 Mbit/s 32 Mbit/s 32 Mbit/s
Mode physique GMSK COFDM COFDM
Mode d’accès EY-NPMA TDMA/TDD CSMA/CA
Couverture 30 – 150 m 30 – 100 m 30 – 100 m
ATM, Ethernet,
Infrastructure Ethernet IP, UMTS, Fire- Ethernet
Wire, PPP

Caractéristiques 802.11 802.11b Bluetooth HomeRF


Bande 2.4 GHz 2.4 GHz 2.4 GHz 2.4 GHz
Débit brut max. 2 Mbit/s 11 Mbit/s 1 Mbit/s 2 Mbit/s
Débit net max. 1.2 Mbit/s 5 Mbit/s
TDMA,
Mode d’accès CSMA/CA CSMA/CA CSMA/CA
CSMA/CA
Couverture 150 m 30 – 60 m 10 cm – 100 m 1 – 100 m
Infrastructure Ethernet Ethernet Ethernet RTC, Internet
Ethernet 100 MHz
Ethernet 10 bT
HomePNA 1.0

iEEE 1394b
iEEE 1394a
Home PNA

IEEE 1394
PowerLine

PowerLine

USB NG

Protocoles
filiares

Débit brut

100 kpbs 1 Mbps 10 Mbps 100 Mbps 1 Gbps

Protocoles
sans fil
Bluetooth
HomeRF
IEEE 802.11b

IEEE 802.11

HIPERLAN2
IEEE 802.11a

Fig. 1.4: Hiérarchie des réseaux locaux en terme de débit

Version soumise — 3/4/2003


10 Introduction

Au vu des contraintes applicatives et des performances des réseaux existants,


rappelées dans les tableaux (1.1) et (1.2) respectivement, un doublement des
débits constituerait une percée technologique, comblant le fossé avec les systèmes
filaires comme le montre la figure (1.4), et assurant la pérennité des réseaux sans
fil pendant quelques années. Les débits bruts envisagés sont donc de l’ordre de
100 Mbit/s.
Des deux bandes de fréquence réservées aux réseaux locaux radio, la bande
ISM, relativement étroite et souffrant de la cohabitation avec une multiplicité de
sources radioélectriques, semble difficilement compatible avec les taux de trans-
fert envisagésa . On retiendra donc la bande des 5 GHz, proportionnellement plus
large et dédié aux réseaux locaux.
Outre le barrage du débit, le support de certaines applications multimédia re-
quiert un flux moyen d’information constant, exigence qui se traduit, au niveau
réseau, par la maı̂trise des délais de routage (transmission isochrone). La couche
MAC du standard HIPERLAN2, reposant sur un protocole d’accès TDMA/TDD
avec réservation de connexion, paraı̂t plus apte à cette tâche que son homologue
IEEE 802.11a, dont le mode d’accès par contention ne permet pas d’assurer fa-
cilement les retards de transmission. On conservera donc dans la suite la couche
MAC définie par HIPERLAN2.
En résumé, on peut dire que le réseau recherché occupe la bande des 5 GHz et
repose sur une couche MAC TDMA/TDD empruntée à la norme HIPERLAN2.
Il ne reste plus maintenant qu’à construire la couche physique.
a
Cette observation sera éventuellement remise en cause par la spécification IEEE 802.11g.
Attendue pour 2003, elle est prévue pour transmettre des débits comparables à HIPERLAN2
dans la bande ISM, en utilisant une couche physique similaire à celle du 802.11a.

1.3 Techniques de transmission haut-débit

1.3.1 Systèmes de communication sans fil

Le canal radioélectrique Les transmissions radiofréquences utilisent l’onde électro-


magnétique comme support de l’information. L’onde rayonnée depuis l’émetteur se pro-
page de manière incontrôlée, interagissant avec les obstacles présents dans le milieu. Cette
nature non guidée de la propagation constitue indéniablement l’une des caractéristiques
fondamentales du canal radioélectrique.

Le signal capté par le récepteur, qui est en soi une mesure particulière du champ élec-
tromagnétique, résulte d’une superposition complexe d’ondes stationnaires et propagées.
Par le jeu des interférences constructives ou destructives, la dynamique enregistrée en
fonction de la position, de l’instant et de la fréquence pourra être marquée. On regroupe
ces phénomènes sous le nom d’évanouissements et l’on parle de milieu sélectif. Le récep-
teur récupère une version altérée du signal transmis, dont il sera éventuellement en mesure
de restaurer le contenu en fonction de la sévérité des effets induits par la propagation.

Version soumise — 3/4/2003


1.3 Techniques de transmission haut-débit 11

A ce premier type de dégradations s’ajoute le bruit, terme englobant l’ensemble des


signaux ne contribuant pas au transport de l’information. La figure (1.5) présente les
principaux aléas propres aux communications sans fil.

On supposera, dans notre application, que le bruit additif est blanc. Pour en
comprendre la raison, il suffit de se remémorer que le bruit structuré dans le
spectre des 5 GHz, réservé aux réseaux locaux, est presque exclusivement dû à
l’interférence d’accès multiple interne au réseau ou provenant d’autres réseaux
situés à proximité. Ces problèmes sont gérés par la couche MAC.
On se concentrera sur l’exploitation de la sélectivité du canal en faisant abstrac-
tion des évanouissements à grande échelle. Ces derniers relèvent avant tout de
la fréquence de travail, de la puissance d’émission et de l’environnement, trois
facteurs fixés par l’application considérée et les régulations associées.
La prise en compte des défauts liés au matériel, nécessaire dans la pratique, sort
du cadre de cette thèse.

Défauts du système
Bruit blanc Bruit externe
Bruit
Bruit coloré Interférence d’accès mutliple
Parasites
Brouilleurs

Ensemble des signaux perturbateurs


ne transportant pas d’information
Evanouissements à Pertes d’espace
grande échelle Masquage
Distorsions
linéaires
Evanouissements à
petite échelle Trajets multiples
Distorsion Défauts du système

Distorsions Défauts du système


non-linéaires

Ensemble des transformations


affectant le signal utile Phénomènes considérés
dans cette thèse

Fig. 1.5: Sources de dégradation

Architecture d’une chaı̂ne de communication : Une chaı̂ne de communication


représente l’ensemble des traitements reliant une source, délivrant le message à trans-
mettre, à un destinataire, exploitant cette information. Les trois éléments de base sont
le canal de transmission, l’émetteur, qui convertit le flux d’information sous une forme
adaptée au canal, et le récepteur, qui effectue l’opération inverse et fournit le message au
destinataire.

La figure (1.6) propose un schéma générique possible, plus détaillé. Celui-ci se veut
toutefois purement illustratif puisque l’éclatement de l’émetteur et du récepteur en une
Version soumise — 3/4/2003
12 Introduction

succession de fonctions séparées est sous-optimal en pratique et tend à s’effacer avec la


sophistication des systèmes.

Deux étages distincts sont identifiés [3] : un émetteur/récepteur théorique, engendrant


le signal transportant l’information, et l’ensemble des organes d’émission et de réception,
convertissant ce signal en une forme d’onde adaptée au milieu physique de propagation.

Tout en restant étroitement en contact avec les contraintes d’implémentation, ce


travail est axé sur une étude du système théorique et, plus exactement, sur les
différents blocs constitutifs appartenant à la couche PHY.
Le recalage du schéma (1.6) sur la pile OSI montre que le codage de source
est concentré dans les couches applicatives tandis que le codage de canal et
la modulation numérique restent confinés aux couches basses DLC et PHY,
intervenant dans la définition d’un réseau local. Une analyse plus fine montre que
seule la modulation numérique fait partie intégrante de la couche PHY, le codage
de canal étant réparti entre les couches PHY et MAC. A titre d’exemple, le
standard HIPERLAN2 utilise un codage convolutif dans la couche PHY complété
d’un code en bloc algébrique dans la couche MAC.
Par conséquent, le domaine de travail ne couvre que la couche physique théorique
et les fonctions de modulation et de codage correspondantes.

1.3.2 Vers les systèmes MIMO

Des considérations théoriques prouvent que les réseaux sans fil existants sous-exploitent
notablement la ressource disponible, par opposition aux systèmes filaires relativement
proches des performances théoriques optimales. L’explication provient de la lenteur du
transfert technologique de la théorie vers la pratique. A ce propos, l’invention de la plu-
part des techniques implantées dans les réseaux radioélectriques existants remonte à une
trentaine d’année.

Augmentation des débits : Le débit effectif supporté par un réseau local, égal au
débit brut transmis réduit d’un facteur tenant compte des mécanismes de contrôle d’ac-
cès et de correction d’erreurs, fixe la bande passante réellement offerte aux applications
communicantes. Mesuré en entrée de la couche de transport, il dépend simultanément des
couches DLC et PHY, lesquelles doivent être optimisées conjointement afin d’éviter des
combinaisons malencontreuses [4, 5].

Optimisation de la couche PHY : L’ensemble de la pile OSI s’appuie sur la couche


PHY qui, par effet de cascade, conditionne les performances à tous les autres ni-
veaux. Le but est de déterminer un code correcteur d’erreurs et une modulation
synthétisant une forme d’onde adaptée au canal de transmission [5]. Les contraintes
de limitation en bande passante et en puissance d’émission viennent restreindre le
domaine de recherche des solutions.

Version soumise — 3/4/2003


1.3 Techniques de transmission haut-débit 13

Source Destinataire

Emetteur théorique Récepteur théorique


Codage de Symboles Décodage
source d’information source

Codage de Décodage
canal canal

Symboles
codés

Modulation Démodulation
numérique numérique

Organes d’émission Organes de réception


Conversion Conversion
radiofréquence bande de base

Signal
électrique

Filtrage Filtrage
Amplification Amplification

Transducteur Transducteur
électromagnétique électrique

Signal
électromagnétique

Canal de propagation radioélectrique

Domaine d’étude de cette thèse

Fig. 1.6: Architecture générique d’une chaı̂ne de communication (Liaison point-à-point) — Ap-
proche fonctionnelle

Version soumise — 3/4/2003


14 Introduction

Revenons dans un premier temps sur les solutions implémentées dans les réseaux
actuels :
– Les modulations à bande étroite (HIPERLAN1) : elles sont caractérisées par une
occupation spectrale voisine de la bande minimale nécessaire à la transmission
de l’information [6, 7].
Les performances sont limitées par la difficulté à égaliser le canal, qui sera d’au-
tant plus marquée que le débit de transmission sera élevé et le milieu sélectif, deux
caractéristiques partagées par notre application [8, 9]. En dépit de l’existence
d’algorithmes capables de corriger des évanouissements profonds, les égaliseurs
classiquement implémentés, de complexité limitée pour des contraintes de coût
et de consommation, se comportent mal face à des milieux fortement sélectifs en
fréquence.
– L’étalement de spectre (IEEE 802.11, Bluetooth, HomeRF) : cette technique
consiste à étaler l’information sur une bande de fréquence nettement plus large
que la bande nécessaire dans le but de combattre les distorsions liées à la propa-
gation et aux signaux interférents [10, 11].
Par sa définition même, l’étalement de spectre est adapté à la transmission sur
des canaux très perturbés, telle que la bande ISM, mais reste confiné à des ap-
plications bas débit du fait des largeurs trop faibles des bandes de fréquence
allouées.
– Les modulations multiporteuses (IEEE 802.11a, HIPERLAN2) : les modulations
multiporteuses OFDM peuvent être considérées comme des méthodes de multi-
plexage fréquentiel de l’information sur des canaux plats en fréquence [12, 13, 14].
Le principe consiste à diviser le flot de données en plusieurs flux parallèles, de
débits élémentaires suffisamment faibles pour être insensibles aux effets de sélec-
tivité fréquentielle du canal.
La relaxation résultante de la fonction d’égalisation en fait une solution convenant
particulièrement à la transmission haut débit sur des canaux difficiles [15, 16]. A
complexité identique, les débits atteints seront largement supérieurs à ceux d’un
système mono-porteuse.
Plusieurs axes de recherche ont été identifiés [17]. Une première solution évidente
consiste à travailler sur des bandes de fréquence plus larges. Face à l’encombrement
dissuasif du spectre radiofréquence, il est nécessaire de monter beaucoup plus haut
en fréquence, comme c’est le cas pour les applications micrométriques à 60 GHz,
ou encore d’utiliser des technologies à ultra large bande, étalant le message à l’aide
d’impulsions extrêmement brèves, de durée de l’ordre de la nanoseconde [18].
De nombreux progrès sont attendus pour le codage de canal. Ce domaine a as-
sisté à une véritable révolution avec l’invention des turbocodes en 1993, capables
d’atteindre des performances très proches de la limite de Shannon [19, 20]. Sché-
matiquement, l’idée consiste à traiter itérativement une même information brassée.
La recherche de nouvelles familles de modulations numériques est également à consi-
dérer. La plupart des modulations classiques sont en effet contruites pour des canaux
sans évanouissements et perdent toute leur efficacité sur un canal sélectif [21].
La tendance actuelle est au regroupement et à l’optimisation conjointe des fonc-
tions de codage et de modulation à l’émission, ainsi que de leur contreparties en
réception [22]. Ce mouvement a été amorcé avec l’apparition des modulations co-

Version soumise — 3/4/2003


1.3 Techniques de transmission haut-débit 15

dées, combinant codage de canal et modulation. A ce propos, le turbodécodage,


appliquant en réception le principe de traitement itératif propre aux turbocodes,
est l’objet d’un grand effort de recherche.
Optimisation de la couche DLC : Les couches DLC rencontrées dans les réseaux ac-
tuels sont la cause principale de perte d’optimalité des réseaux sans fil. Elles par-
tagent le désavantage de dégrader fortement le débit utile du fait de la lourdeur
des protocoles de contrôle d’erreur et de gestion d’accès au canal mis en œuvre.
En particulier, la couche MAC endosse une responsabilité essentielle, rendant le
perfectionnement des mécanismes réseau incontournable [23].
Les avancées les plus significatives sont attendues de l’optimisation conjointe des
couches PHY et MAC à l’aide de techniques dites multi-utilisateurs. Celles-ci peuvent
être appliquées à l’émission, par l’intégration des fonctions d’accès multiple au sein
de la forme d’onde1 , et à la réception, par l’intermédiaire de détecteurs multi-
utilisateurs capables de rejeter le bruit structuré généré par les autres utilisa-
teurs [25].

D’un point de vue théorique, les propriétés d’un système de communication repose sur
deux mécanismes fondamentaux : la diversité, intuitivement le nombre de copies indépen-
dantes d’une même information présentes en réception, et le multiplexage, intuitivement
le nombre de signaux indépendants pouvant être échangés simultanément. Les techniques
évoquées jusqu’alors tentent d’optimiser ces paramètres en temps et en fréquence. La
question se pose alors de savoir ce qu’il en est du domaine spatial.

La dimension spatiale : Le potentiel de la dimension spatiale est apparu dès les dé-
buts des transmissions radio, où des éléments rayonnants directifs servaient à concentrer
l’énergie dans la direction de l’émetteur/récepteur, permettant, par filtrage, d’abaisser
la puissance d’émission et de minimiser l’impact des signaux interférents. L’emploi d’an-
tennes directives a par la suite été supplanté par l’apparition des réseaux d’antennes
adaptatifs, connus sous le nom d’antennes intelligentes, capables d’ajuster dynamique-
ment leur diagramme de rayonnement aux conditions de propagation [26, 27].

Dans certains environnements riches en obstacles, la notion de trajet prédominant


entre émetteur et récepteur disparaı̂t au profit d’un multiplex d’échos indépendants. Peu
efficaces en tant qu’antenne directive, les réseaux d’antennes conservent néanmoins un
rôle crucial dans l’amélioration de l’efficacité spectrale. Pour un réseau placé en réception
avec des éléments suffisamment espacés, les signaux captés par chaque antenne deviennent
relativement peu corrélés, fournissant autant de copies différentes du signal transmis, que
le détecteur peut combiner afin de diminuer le risque d’erreur (diversité de réception).
Réciproquement, un réseau d’émission, vérifiant une condition identique sur la distance
1
La combinaison de l’étalement de spectre avec un accès multiple par répartition de codes est certaine-
ment l’exemple le plus connu. La faible efficacité spectrale, intrinsèque à l’étalement de spectre, a conduit
à la recherche de nouveaux schémas. Ainsi sont apparues les modulations multiporteuses à spectre étalé
dont l’objectif est de supporter des hauts débits tout en conservant la possibilité de superposer plusieurs
utilisateurs sur le même médium [24]. Une part importante de la première année de thèse a été consacrée
à ce sujet.

Version soumise — 3/4/2003


16 Introduction

inter-éléments, peut mettre en forme le signal transmis de sorte que le récepteur reçoive
un ensemble de copies différentes du message (diversité d’émission).

L’étape suivante a été naturellement franchie avec l’implantation de réseaux d’an-


tennes simultanément en émission et en réception (MIMO). Pour un milieu de propaga-
tion similaire au précédent, cette architecture est en mesure de créer, dans une même
bande de fréquence, plusieurs canaux indépendants. Les débits supportés, en répartissant
les données sur le multiplex de canaux, sont largement supérieurs à ceux atteints par
des systèmes conventionnels. Dans le cas optimal, la capacité de la liaison, i.e. le débit
maximal transmis sans erreur, croı̂t linéairement avec le nombre d’antennes minimum.
Le concept MIMO a réellement pris son essor dans le courant de l’année 1996 grâce au
démonstrateur BLAST élaboré au sein des Bell Labs et exhibant des efficacités spectrales
de l’ordre de 40 bit/s/Hz avec 8 éléments d’émission et de réception [28].

Source Codage Décodage Destination


DLC Modulation Filtrage Filtrage Démodulation DLC
de canal de canal

Architecture SISO : filtrage

Architecture MISO : diversité spatiale d’émission

Architecture SIMO : diversité spatiale de réception

Architecture MIMO : multiplexage & diversité d’espace

SISO — Single-Input Single-Output


MISO — Mutliple-Input Single-Output
SIMO — Single-Input Multiple-Output
MIMO — Multiple-Input Multiple-Output Traitement spatial

Filtrage : mise en forme


Diversité : copies indépendantes
Multiplexage : signaux indépendants

Fig. 1.7: Evolution des systèmes SISO vers les systèmes MIMO

Parmi les différentes technologies émergentes préssenties pour améliorer les per-
formances de réseaux sans fil, les techniques multi-utilisateurs et les systèmes
MIMO sont les plus prometteurs. En choisissant de conserver la couche MAC
d’HIPERLAN2, les problèmes liés aux interférences multi-utilisateurs ne sont pas
prépondérants et ne nécessitent pas la mise en œuvre, dans un premier temps,
d’algorithmes particuliers.
La solution retenue pour la couche physique est donc la technologie MIMO.

Version soumise — 3/4/2003


1.4 Organisation du mémoire 17

1.4 Organisation du mémoire

1.4.1 Plan

Le but de cette thèse est d’élaborer une couche physique MIMO se substituant
à la couche originale du standard HIPERLAN2, de manière transparente à la
couche MAC, pour atteindre des débits de l’ordre de 100 Mbit/s. Le surcoût lié à
cette évolution doit rester compatible avec une commercialisation grand public.

La structure de ce document, illustrée sur la figure (1.10) reportée en fin de cha-


pitre, s’articule autour de cinq parties, correspondant aux différentes étapes jalonnant la
conception d’un système de communication :
Chapitre 1 : Ce premier chapitre a présenté le sujet de ce mémoire, son objectif et ses
contraintes, en dégageant les raisons qui ont motivé sa mise en place.
Chapitre 2 : Le second chapitre est consacré au canal de propagation radioélectrique, en
l’occurrence un environnement domestique dans la bande des 5 GHz. Facteur com-
mun à tout système de communication, sa structure conditionne l’architecture et
les performances de la liaison. Ce chapitre s’organise en trois points : identification,
analyse et quantification, puis modélisation des phénomènes physiques affectant le
signal.
Chapitre 3 : Le troisième chapitre aborde le problème du point de vue de la théorie de
l’information dans le but de comprendre les mécanismes fondamentaux gouvernant
“l’effet MIMO”, i.e. la croissance linéaire du débit avec le nombre minimal d’an-
tennes, puis de s’en servir. Après avoir présenté les effets de la propagation sur un
signal numérique en se basant sur la caractérisation du canal réalisée antérieure-
ment, ce chapitre rappelle les principes théoriques intervenant dans ce travail et les
applique ensuite aux systèmes MIMO pour en extraire un certain nombre de règles
de conception.
Chapitre 4 : Le quatrième chapitre propose un état de l’art des techniques de transmis-
sion MIMO, avec différentes hypothèses sur le canal de propagation et la connais-
sance dont en dispose le système. L’accent est mis sur l’exploitation de la dimension
spatiale par un système connaissant l’état du canal uniquement en réception.
Chapitre 5 : A l’aide des connaissances accumulées au cours de ce texte, le cinquième et
dernier chapitre tente de répondre à la question initiale. Après une courte descrip-
tion de la couche physique du standard HIPERLAN2, il donne certains points en
faveur d’une interface physique MIMO. Une famille d’architectures est finalement
élaborée suivant une démarche visant à minimiser l’augmentation de la complexité
du système.
Les thèmes évoqués au cours de ces cinq chapitres convergent nettement vers la pro-
blématique au cœur de cette thèse mais n’offrent pas, pour autant, une présentation
minimale. Ainsi apparaissent, en plusieurs endroits, des notions qui, bien que sortant
du contexte direct de l’application visée, ont été jugées intéressantes pour une meilleure
compréhension.

Version soumise — 3/4/2003


18 Introduction

1.4.2 Définitions et modèle système

Cette section définit les modèles et notations employés dans ce document. Dans la
mesure du possible, des concepts proches seront regroupés sous une même notation afin
de faciliter la lecture.

Un effort de nomenclature a été fait pour distinguer les différents types d’objects
mathématiques rencontrés par le recours à différents alphabets :
– Les symboles mathématiques minuscules x et majuscules X dénotent toujours des
scalaires.
– Les symboles mathématiques gras minuscules x et majuscules X désignent respec-
tivement des vecteurs et des matrices.
– Les formes droites, sans sérif, correspondantes sont employées pour les grandeurs
aléatoires, i.e. x, x et X dénotent un scalaire, un vecteur et une matrice aléatoire
respectivement.
La figure (1.8), obtenue en concaténant les parties grisées du schéma (1.6), donne une
vue d’ensemble du modèle système. Il illustre notamment la distinction entre canal de
propagation et canal de transmission théorique, intervenant respectivement dans l’étude
de l’environnement et de la chaı̂ne d’émission-réception théorique.

NT voies NR voies
d’émission de réception

Conversion Antenne Conversion


numérique-analogique isotrope Chapitre 3
analogique-numérique
Chapitre 4
Chapitre 2
gT (t) gR (t)
Milieu de
propagation
gT (t) gR (t)

x(~ri (t), t) h (~ro (t), ~ri (t − τ ); t, τ ) y(~ro (t), t)

H(t, τ ) y(t)
x(t)

x(k) H(k, l) y(k)

Fig. 1.8: Modèle système et notations employées dans le mémoire

Canal de transmission radioélectrique : Le milieu de propagation établit le lien


entre un signal électromagnétique transmis à un instant et une position donnés et un
signal capté à un instant et une position différents.

On s’affranchit de la nature vectorielle du champ, que le système ne peut prendre en


compte, en intégrant les antennes d’émission et de réception dans le canal de propagation.
Les éléments rayonnants, supposées isotropes, viennent ainsi échantillonner spatialement

Version soumise — 3/4/2003


1.4 Organisation du mémoire 19

le champ électromagnétique pour restituer un signal scalaire. Cette approche est transpa-
rente à l’analyse des mécanismes de propagation, vue au chapitre 2, et n’interdit pas, d’un
point de vue théorique, le recours éventuel à des diagrammes de rayonnement anisotropes,
qui peuvent être cascadés aux antennes isotropes.

Pour les liaisons sans fil radioélectriques à courte distance et à faible puissance, le com-
portement du milieu est linéaire et admet une description sous forme d’une réponse im-
pulsionnelle. En utilisant l’écriture la plus générale sur les systèmes linéaires variants [29],
le signal y(~ro (t), t), capté à l’instant t et à la position ~ro (t), est fonction du signal d’exci-
tation x(~ri (t − τ ), t − τ ), transmis τ secondes auparavant à la position ~ri (t − τ ), selon :
ZZ
y(~ro (t), t) = h (~ro (t), ~ri (t − τ ); t, τ ) x(~ri (t − τ ), t − τ ) d3 ri dτ + n(~ro (t), t) (1.1)

où h (~ro (t), ~ri (t − τ ); t, τ ) est la réponse impulsionnelle de l’environnement et n(~ro (t), t)
un bruit additif propre à l’environnement. Dans cette relation, les variables fléchées font
références au domaine spatial, et les indices o et iR aux signaux RRR de sortie (“output”) et
d’entrée (“input”) du canal. On a également défini (·) d3 r , (·) dx dy dz.

La relation (1.1) est utilisée pour caractériser le canal de propagation. Tout au long de
ce document, les signaux possèdent un spectre passe-bande, situé dans l’une des bandes
allouées aux réseaux locaux, et sont remplacés, sans perte de généralité, par les signaux
complexes équivalents en bande de base [6].

Canal de transmission théorique : Le canal de transmission, vu depuis l’émetteur


et le récepteur théorique, englobe le milieu de propagation et l’ensemble des organes
d’émission et de réception. La notion d’espace n’apparaı̂t plus explicitement mais est
intégrée dans la réponse du canal. On suppose que l’ensemble des organes d’émission et
de réception ne remet pas en cause l’hypothèse de linéarité.

Le système considéré établit une liaison entre deux réseaux d’antennes, de NT éléments
à l’émission et NR à la réception. Par définition, une antenne joue le rôle d’un filtre spatial
et peut tout à fait être réalisée à partir d’un réseau, amenant à des systèmes SISO à
double réseau d’antennes. On conservera néanmoins, pour éviter d’alourdir l’exposé, les
dénominations classiques et l’on réservera les termes plus appropriés de voies d’émission
et de réception en cas d’ambiguı̈té.

L’émetteur transmet simultanément le multiplex de signaux {xq (t)}N T


q=1 , où la com-
posante xq (t) alimente la voie q. En réception, le réseau d’antennes récolte les signaux
{yp (t)}N R
p=1 , résultants de la superposition des signaux transmis filtrés par le canal. Le
signal reçu par la voie p s’écrit :
XNT Z
yp (t) = hp,q (t, τ )xq (t − τ ) dτ + np (t)
q=1

avec hp,q (t, τ ) représente la réponse impulsionnelle du canal de propagation reliant la voie
d’émission q à la voie de réception p et np (t) le bruit additif associé, intégrant à présent
la composante de bruit due aux organes de réception.
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20 Introduction

Une formulation compacte de la réponse globale est obtenue en regroupant les signaux
transmis et reçus sous forme vectorielle :
Z
y(t) = H(t, τ )x(t − τ ) dτ + n(t) (1.2)

où l’on a défini la réponse du canal MIMO sous forme matricielle :


 
h1,1 (t, τ ) · · · h1,NT (t, τ )
 .. .. .. 
H(t, τ ) =  . . . 
hNR ,1 (t, τ ) · · · hNR ,NT (t, τ )
 
ainsi
  signaux d’émissionx(t) = x1 (t) . . .  xNT (t) , de réception y(t) =
que les vecteurs
y1 (t) . . . yNR (t) et de bruit n(t) = n1 (t) . . . nNR (t) .

Les signaux considérés ici sont générés par une modulation numérique sur fréquence
porteuse. En se restreignant à des modulations linéaires, l’expression générale du signal
transmis équivalent en bande de base s’écrit :
X
xq (t) = x(k, q)gT (t − kTs )
k

où {x(k, q)}k représente la séquence de symboles complexes d’information, alimentant


l’antenne q à la cadence Ts , et gT (t) le filtre de mise en forme, identique sur chaque voie.

En réception, le signal est démodulé, filtré passe-bas puis échantillonné. Le modulateur


et le démodulateur seront supposés parfaitement accordés, avec une estimation parfaite,
en réception, de la fréquence et de la phase de la porteuse. La séquence de symboles en
sortie de la fonction d’échantillonnage s’écrit :
Z
y(kTs ) = gR (τ )y(kTs − τ ) dτ + n(kTs )

où gR (t) est la réponse impulsionnelle


R du filtre de réception et n(kTs ) les échantillons
filtrés de bruit, n(kTs ) = gR (τ )y(kTs − τ ) dτ .

Le récepteur collecte une statistique suffisante par un échantillonnage de Nyquist. Une


dérivation claire du rythme d’échantillonnage requis sur un canal variant dans le temps
est donnée dans [30, 31]. En supposant que le couple formé des filtres d’émission et de
réception vérifient le critère de Nyquist au rythme Ts , l’on aboutit au modèle discret :
X
y(k) = H(k, l)x(k − l) + n(k) (1.3)
l

où la matrice H(k, l) ∈ CNR ×NT est la réponse du canal discrétisé et les vecteurs x(k) ∈
CNT , y(k) ∈ CNR et n(k) ∈ CNR les signaux transmis, reçus et le bruit additif. Le facteur
Ts est implicite.

Version soumise — 3/4/2003


1.4 Organisation du mémoire 21

La relation (1.3) est utilisée pour l’analyse du système théorique. Trois formes dérivées
apparaı̂tront au cours de ce mémoire :
X
y(k) = H(l)x(k − l) + n(k) (1.4)
l

= H(k)x(k) + n(k) (1.5)

= Hx(k) + n(k) (1.6)

respectivement associées à des canaux sélectifs en fréquence, sélectifs en temps et non


sélectifs.

Dans l’ensemble de ce document, le bruit additif est supposé gaussien2 , centré, de puis-
sance Pn . Les composantes réelle et imaginaire du bruit complexe équivalent sont indé-
pendantes et identiquement distribuées suivant une loi gaussienne de puissance Pn /2. Plus
généralement, les distributions aléatoires gaussiennes complexes vérifieront la contrainte
de symétrie circulaire, de sorte que la matrice de corrélation définisse entièrement la
statistique au second ordre.

Modèle mathématique de l’émetteur et du récepteur théoriques : L’objet de


ces derniers commentaires est de revenir sur la distinction, souvent floue, existant entre
code et modulation codée, que l’on retrouvera dans le quatrième chapitre.

Pour cela, on préfère, au diagramme fonctionnel de la figure (1.6), celui présenté sur
la figure (1.9), basé sur un découpage mathématique de la chaı̂ne de communication
théorique. Deux opérations fondamentales sont mises en évidence :
– le codage binaire à symbole, convertissant les bits d’information, ou plus générale-
ment des éléments d’un corps de Galois, en symboles appartenant généralement au
corps des nombres complexes,
– le codage symbole à signal, transformant les symboles en un signal électrique en
bande de base, éventuellement passe-bande si l’on inclue la partie de conversion
radiofréquence.
La nature, l’espace de définition et les métriques des signaux changent radicalement entre
l’entrée et la sortie de ces deux fonctions.

La modulation, correspondant exactement à la fonction de codage symbole à signal,


peut prendre en charge une partie du codage de canal, auquel cas l’on parle de modulation
codée. La différence avec un code classique réside dans les alphabets et métriques utilisés,
respectivement corps des complexes et métrique euclidienne pour la modulation codée
contre corps de Galois et métrique de Hamming pour le code.

2
En admettant que le couplage entre des valeurs de bruit mesurées à des instants et des positions
différents, même très proches, est quasi nul, le bruit en sortie du filtre de réception résulte de la somme
d’un très grand nombre d’échantillons de bruit décorrélés et tend, en vertu du théorème de la limite
centrale, vers un processus gaussien [32].

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22 Introduction

Structure fonctionnelle

Emetteur Récepteur

Codage conjoint Décodage conjoint

Codage de canal Modulation Canal Démodulation Décodage de canal

Structure mathématique

Codage binaire Codage symbole Canal Décodage symbole Décodage symbole


à symbole à signal à signal à binaire

Formes d’onde
- espace fonctionnel
- métrique euclidienne

Symboles
- corps des nombres complexes et extensions
- métrique euclidienne (modulations codées)

Bits
- corps de Galois et extensions
- métrique de Hamming (code)

Fig. 1.9: Architecture générique d’une chaı̂ne de communication (Liaison point à point) — Ap-
proche mathématique

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Enoncé du problème
Contexte de l’étude
Enjeux et motivations des systèmes MIMO
Chapitre 1 :
Introduction

Nature des phénomènes physiques


Caractérisation du milieu de propagation
Chapitre 2 : Modélisation du canal
Le canal de propagation
radioélectrique
Chapitre 5 :
Influence du canal sur le signal Application au
Outils issus de la théorie de l’information système HIPERLAN 2
Leçons de la théorie de l’information
Chapitre 3 :
Aspects de la
théorie de l’information

Chapitre 4 : Boı̂te à outils


Techniques MIMO
Etat de l’art

Fig. 1.10: Structure du mémoire — Enchaı̂nement des chapitres


1.4 Organisation du mémoire

Version soumise — 3/4/2003


23
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Version soumise — 3/4/2003


Chapitre 2

Le canal de propagation
radioélectrique

Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Les phénomènes physiques de la propagation radioélectrique 28
2.2.1 Le signal spatio-temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.2.2 Le bruit radioélectrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2.3 Phénomènes à grande échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2.4 Phénomènes à petite échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel . . . . . . . . . . . . 36
2.3.1 Représentations mathématiques du canal de propagation . . . . . 36
2.3.2 Caractérisation déterministe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.2.1 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.2.2 Domaine temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.3.3 Caractérisation stochastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.3.3.1 Statistiques au second ordre : corrélation, dispersion et
cohérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.3.3.2 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.3.3.3 Domaine temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.4 Modèles du canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
2.4.1 Modèles déterministes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.4.2 Modèles stochastiques et stochastiques géométriques . . . . . . . 64
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

2.1 Introduction

Le canal de transmission, entendu dans le sens général du terme, assure le lien entre
l’émetteur et le récepteur permettant le transfert de l’information. Une connaissance fine
28 Le canal de propagation radioélectrique

des mécanismes mis en jeu est indispensable à la conception d’une chaı̂ne de communi-
cation et à l’estimation des performances optimales.

La notion de canal de transmission, dépendante de l’application et de la spécialité


étudiées, s’étend sur une partie variable de la chaı̂ne de communication. Dans le domaine
des réseaux sans fil, le canal de propagation radioélectrique, caractérisant la propagation
de l’onde électromagnétique entre différents points de l’espace, occupe une place parti-
culière puisqu’il constitue l’élément irréductible commun à tous les autres canaux. Son
étude apparaı̂t donc comme un préliminaire incontournable.

Ce chapitre analyse le canal de propagation spécifié dans la partie précédente, avec


comme objectif de traduire les phénoménes physiques en un formalisme rigoureux, ex-
ploitable par la suite. La nature des interactions du signal électromagnétique avec l’envi-
ronnement est rappelée dans un premier temps, en émettant les hypothèses appropriées à
notre application. Un jeu de paramètres représentatifs du comportement de l’environne-
ment en espace et en temps est ensuite dérivé, en s’appuyant sur deux familles de réponses
du canal. La fin du chapitre est consacrée à la modélisation du canal de propagation.

2.2 Les phénomènes physiques de la propagation radioélec-


trique

Les phénomènes radioélectriques sont de deux ordres : les distorsions de l’onde élec-
tromagnétique et la superposition des signaux étrangers, désignés indifféremment comme
bruit. Les perturbations dues à l’interaction de l’onde avec le milieu sont observées à deux
niveaux distincts, selon que leur impact est visible à grande ou à petite échelle.

On commence par rappeler la nature du champ électromagnétique et le formalisme


des signaux spatio-temporels, nécessaires par la suite à la compréhension des principes
exploités par les systèmes MIMO.

2.2.1 Le signal spatio-temporel

Le support in fine de la transmission de l’information, pour les applications envisagées


dans ce document, est l’onde électromagnétique. Le développement d’un système de com-
munication requiert une connaissance précise de l’interaction du signal électromagnétique
avec l’environnement pour être en mesure d’en tirer partie. Les équations de Maxwell,
dérivées à partir de considérations pratiques, fournissent les outils théoriques permettant
de caractériser la propagation de l’onde électromagnétique.

Le milieu de propagation dans le contexte de cette étude est l’atmosphère. Pour


les communications à courtes distances, ce milieu se comporte comme l’espace libre,
où l’espace libre est défini par une zone exempte de sources de courant et de charges,
linéaire, isotrope et sans pertes, avec des paramètres de permittivité et de perméabilité

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2.2 Les phénomènes physiques de la propagation radioélectrique 29

constants et égaux à ceux du vide1 . L’absence de dispersion, dans les bandes de fréquences
de travail, entraı̂ne l’invariance de la vitesse de propagation des composantes du champ
électromagnétique avec la longueur d’onde. L’isotropie implique que la trajectoire d’une
onde soit rectiligne et non courbée par les phénomènes de réfraction et de guidage propres
aux milieux anisotropes. Enfin, l’absence de pertes signifie que le milieu ne présente pas
d’effet inductif ou capacitif.

L’échange d’information suppose la propagation de l’onde entre deux points spatiale-


ment distincts et la question se pose alors de déterminer la forme des signaux électroma-
gnétiques pouvant se propager dans un milieu isotrope, homogène et non dispersif. On
rappelle que les signaux traités sont des échantillons scalaires du champ électromagné-
tique, mesurés par l’intermédiaire d’antennes isotropes.

Les équations de Maxwell, en espace libre, conduisent à l’équation d’onde homogène


gouvernant la propagation d’un champ scalaire x(~r, t) [1] :

∂2x ∂2x ∂2x 1 ∂2x


+ + = (2.1)
∂rx2 ∂ry2 ∂rz2 c2 ∂t2

où t est la variable temporelle, ~r = [rx , ry , rz ]T le vecteur position, exprimé sur une base
canonique de l’espace, et c la célérité de l’onde électromagnétique [2].

En postulant la séparabilité des composantes du champ, on montre que la solution la


plus simple de l’équation (2.1) est l’onde plane monochromatique définie par :
n o
~
x(~r, t) = Re a0 ej(2πf0 t−k0 ·~r) (2.2)

où a0 ∈ C est l’amplitude complexe de l’onde, f0 ∈ R la fréquence temporelle et ~k0 ∈ R3


le vecteur d’onde2 . La norme du vecteur d’onde est inversement proportionnelle à la
longueur d’onde λ, k~kk2 = 2π/λ.

La linéarité de l’équation de propagation (2.1) implique que toute superposition


d’ondes planes est également solution. Puisque toute fonction peut être exprimée comme
une superposition d’ondes planes (décomposition de Fourier), on en déduit le résultat
essentiel qu’un signal arbitraire satisfait l’équation de propagation. L’émetteur et le ré-
cepteur peuvent ainsi communiquer par l’intermédiaire d’une onde électromagnétique
quelconque. Cette observation n’est pas nécessairement vraie pour d’autres milieux.
1
La couche basse de l’atmosphère (troposphère) est essentiellement un milieu neutre, contrairement
à d’autres couches telles que l’ionosphère, non dispersif aux fréquences radio, excepté les anomalies de
dispersion dues à la vapeur d’eau et à l’oxygène, et isotrope, les effets de guidage n’étant sensibles que
sur de longues distances.
2
Les ondes planes homogènes définies par un vecteur d’onde réel ne sont pas les seules ondes planes
solutions de l’équation de propagation. On aboutit à la structure en onde plane en recherchant des solutions
séparables à l’équation de propagation homogène (2.1). Cette hypothèse conduit à des solutions de type
exponentiel Re{exp(jst − j~k · ~r)} où s et ~k vérifient la relation de dispersion ~k · ~k = s2 /c2 . Alors qu’il est
nécessaire de supposer s ∈ R+ pour que l’onde soit harmonique, le vecteur d’onde n’est pas nécessairement
réel. Un vecteur d’onde complexe peut en effet vérifier l’équation de dispersion pourvu que ~kR · ~kI = 0, où
~k = ~kR + j~kI . Les ondes planes résultantes, appelées ondes planes inhomogènes, exhibent une croissance
ou une décroissance exponentielle dans la direction de propagation, exp(~kI ·~r) sin(st− ~kR ·~r). On reviendra
sur l’importance des ondes planes inhomogènes dans la section 2.4.1.

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30 Le canal de propagation radioélectrique

L’analyse de Fourier est un outil précieux dans le domaine temporel permettant d’ex-
primer un signal à partir de ses composantes fréquentielles. Généralisée à la dimension
spatiale, la transformation de Fourier décompose un signal en ondes planes homogènes :
ZZ
~
x̃(~k, f ) = x(~r, t)e−j(2πf t−k·~r) d3 r dt (2.3)
ZZ
1 ~
x(~r, t) = x̃(~k, f )ej(2πf t−k·~r) d3 k df (2.4)
(2π)3
où x(~r, t) est le signal temps-espace, mesuré à la position ~r et à l’instant t, etRx̃(~k, f ) le
spectre
RRR à la pulsation spatiale ~k et à la fréquence temporelle f . On rappelle que (·) d3 r ,
(·) drx dry drz . En plus de la dualité temps-fréquence relativement bien connue [3, 4], le
signal spatio-temporel fait apparaı̂tre une nouvelle forme de dualité entre vecteur d’espace
et vecteur d’onde. Cette symétrie explique pourquoi le vecteur d’onde est souvent appelé
pulsation spatiale par analogie à la pulsation temporelle, ω = 2πf . A titre d’illustration,
la figure (2.1) présente les spectres de quelques signaux simples dans le domaine fréquence
temporelle–pulsation spatiale.

Signal monochromatique statique Signal large bande progressif

f f
~k ∝ ~eu
f = f0 ~eu : direction de propagation

kx kx

ky ky

Signal progressif isotrope Signal progressant dans une direction


f f
c
p
f= 2π
kx2 + ky2

kx kx

ky ky

Fig. 2.1: Représentation spectrale, en fréquence et vecteur d’onde, d’un signal temps-espace —
Domaines d’existence pour différents types de signaux

On sera amené à manipuler des signaux aléatoires, pour lesquels des expressions ana-
logues existent. De manière générale, un processus stochastique spatio-temporel est défini
par une densité de probabilité p(~r, t). En particulier, un processus stationnaire centré x,
i.e. dont les moyennes statistiques sont indépendantes des coordonnées absolues en temps
et en espace, est caractérisé par la fonction d’autocorrélation R x (~ ρ, τ ) et la densité spec-
~
trale de puissance S x (k, f ), duales par transformée de Fourier :
ZZ
~
S x (~k, f ) = R x (~r, τ )e−j(2πf τ −k·~ρ) d3 ρ dτ
ZZ
1 ~
R x (~ρ, τ ) = S x (~k, f )ej(2πf τ −k·~ρ) d3 k df
(2π)3

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2.2 Les phénomènes physiques de la propagation radioélectrique 31

ρ, τ ) = Ex {x(~r, t)x∗ (~r + ρ


où R x (~ ~, t + τ )}.

On aura également besoin de la transformée de Wigner-Ville afin de prolonger la


notion de spectre, description du second ordre, lorsque l’hypothèse de stationnarité n’est
plus satisfaite. Elle se définit comme :
ZZ
 ~
~
W̄ x (~r, k; t, f ) = R x ~r + 12 ρ ~; t + 12 τ, t − 12 τ e−j(2πf τ −k·~ρ) d3 ρ dτ
~, ~r − 12 ρ


où R x ~r + 12 ρ
~, ~r − 12 ρ
~; t + 12 τ, t − 12 τ = Ex {x(~r + 12 ρ
~, t + 12 τ )x∗ (~r − 12 ρ
~, t − 12 τ )}.

2.2.2 Le bruit radioélectrique

Le bruit regroupe l’ensemble des signaux ne transportant pas d’information utile et


venant perturber le signal désiré. Il existe une grande variété de bruits, classés en deux
types fondamentaux selon que la source de bruit est interne ou externe au système [5].
On ne considère ici que le bruit externe, le bruit interne n’entrant en jeu que dans le
chapitre suivant.

Les bruits externes peuvent être d’origines extra-terrestres ou terrestres. La première


catégorie ne rentrant en compte que dans les liaisons spatiales ou dans les voies montantes
vers des satellites, seul reste le bruit terrestre. On distingue :
– le bruit atmosphérique lié à l’absorption sélective des ondes par certains constituants
de l’atmosphère (oxygène, eau),
– le bruit dû aux parasites atmosphériques (orages),
– le bruit provenant du rayonnement de l’environnement,
– le bruit dû à l’activité humaine3 .
Décroissants avec la fréquence, les bruits atmosphérique et de rayonnement sont ex-
trêmement faibles dans la gamme de fréquence des 5 GHz. Les bruits impulsifs générés
par des phénomènes tels que l’orage sont évidemment exclus en fonctionnement normal.
De loin le plus nocif, le bruit d’origine humaine joue également un rôle négligeable, dans
la bande de fréquence considérée, réservée aux transmissions conformes partageant le
médium sans superposition des communications. Au final, le bruit externe demeure très
faible pour notre application et sera négligé devant le bruit interne.

2.2.3 Phénomènes à grande échelle

Les évanouissements à grande échelle définissent les fluctuations de la puissance


moyenne mesurées sur un déplacement (cf. figure (2.2)) ou sur un intervalle de temps
suffisamment grands. Les deux phénomènes à l’origine des variations à grande échelle
sont les pertes en distance et les effets de masquage [6].
3
Le bruit d’accès multiple n’est pas inclu dans cette catégorie.

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32 Le canal de propagation radioélectrique

L’affaiblissement de propagation avec la distance4 s’explique par la dispersion isotrope


de l’énergie transmise suivant les trois dimensions spatiales et la faible surface effective du
capteur utilisé en réception. Le niveau moyen reçu varie en fonction de la distance comme
d−α , où le paramètre α, fonction du type d’environnement, est compris entre les valeurs 2
et 5 associées respectivement à la propagation en espace libre et en milieu obstrué. Les
pertes en espace libre augmentent également avec la fréquence.

Le masquage est dû à la présence d’obstacles incontournables entre l’émetteur et le


récepteur. Il se traduit par une atténuation supplémentaire, fonction de la nature des
matériaux traversés par l’onde électromagnétique.

Puissance reçue (dBm) Décroissance moyenne avec la distance

Fluctuations à grande échelle

Fluctuations à petite échelle

λ
2

Position (échelle log)

λ : longueur d’onde

Fig. 2.2: Fluctuations à petite et à grande échelles de la réponse du canal — Impact sur l’évolution
de la puissance reçue en fonction de l’éloignement de l’émetteur

2.2.4 Phénomènes à petite échelle

Les fluctuations à petite échelle sont observées sur un intervalle de temps et un dé-
placement spatial suffisamment petits pour négliger les variations à grande échelle (cf. fi-
gure (2.2)). A l’origine de ces phénomènes, la présence d’objets dans l’environnement
de propagation engendre, au niveau du récepteur, l’apparition de plusieurs répliques du
signal transmis interférants de manière constructive ou destructive. Les principales consé-
quences sur le signal sont les variations de l’enveloppe du signal reçu, la modulation de
fréquence aléatoire due aux changements des conditions de propagation et la dispersion
temporelle du signal liée au retard temporel des échos. On parle de propagation à trajets
multiples.

Les trois principaux mécanismes régissant l’interaction de l’onde avec l’environnement


sont la réflexion, la diffraction et la diffusion (cf. figure (2.3)) [7, 5] :
4
Il est essentiel de distinguer les pertes en espace libre des pertes dues à la dispersion. Le premier type
d’atténuation s’explique, avec des arguments géométriques, par l’expansion sphérique de l’onde à partir
de la source. Le second type de perte renvoie à l’absorption de l’énergie par le milieu de propagation lui
même.

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2.2 Les phénomènes physiques de la propagation radioélectrique 33

Réflexion/Réfraction : Réflexion et réfraction interviennent lorsque l’onde interagit


avec un obstacle dont les dimensions sont très grandes et les irrégularités très pe-
tites devant la longueur d’onde. Lorsque l’objet est parfaitement conducteur, toute
l’énergie incidente est réfléchie. Dans le cas contraire, une partie de l’énergie pénètre
dans l’objet, selon le phénomène de réfraction. La quantité d’énergie transportée
par l’onde réfractée dépend de la capacité d’absorption des matériaux. Pour une
surface plane, les angles d’incidence, de réflexion et de réfraction sont reliés par la
loi de Snell-Descartes et, en particulier, les angles d’incidence et de réflexion sont
égaux. Dès lors que la surface présente une certaine rugosité par rapport à la lon-
gueur d’onde, l’onde incidente est réfléchie dans plusieurs directions et l’on parle de
réflexion diffuse.
Diffraction : La diffraction se produit lorsque le chemin de propagation est obstrué par
un obstacle imperméable aux ondes électromagnétiques présentant des dimensions
faibles devant la longueur d’onde ou possédant des arêtes vives. Selon le principe de
Huyghens, chaque point du front d’onde se comporte comme une source secondaire.
L’énergie transmise par ces sources permet au signal de se propager dans les zones
d’ombre, expliquant ainsi que les ondes radio arrivent au niveau du récepteur en
l’absence de visibilité directe ou de l’intervention d’autres types d’interaction.
Diffusion : La diffusion apparaı̂t s’il existe sur le trajet de l’onde un paquet très dense
d’objets de dimensions du même ordre de grandeur ou inférieures à la longueur
d’onde. Le même phénomène est observé avec une surface rugueuse présentant
des aspérités suffisamment petites. La diffusion émerge comme un comportement
moyen, alors même que l’interaction élémentaire de l’onde avec chaque obstacle est
de type dispersif.
L’utilité relative de ces phénomènes pour le transport d’information dépend de la
configuration de transmission et, notamment, de la présence ou de l’absence d’une ligne
de vue directe entre l’émetteur et le récepteur (LOS — Line Of Sight, NLOS — Non Line
Of Sight).

L’influence d’un obstacle sur le signal capté en réception dépend de ses dimensions
par rapport à la longueur d’onde, de sa composition et de sa position spatiale par rapport
à l’émetteur, au récepteur et aux autres objets (cf. figure (2.4)). On distingue deux types
principaux de réflecteurs :
Diffuseurs locaux : Les diffuseurs locaux englobent les obstacles proches de l’émetteur
ou du récepteur. Du point de vue d’un système de communication, les diffuseurs
placés dans le voisinage du récepteur occasionnent un grand étalement angulaire
des échos et un étalement temporel faible. Les diffuseurs proches de l’émetteur
introduisent de faibles étalements temporel et angulaire.
Diffuseurs lointains : Les diffuseurs lointains désignent les obstacles éloignés simul-
tanément de l’émetteur et du récepteur. Ils donnent lieu à des trajets spéculaires
généralement caractérisés par un fort étalement temporel.
La proportion relative de chaque type de diffuseurs dépend ici encore de l’application
envisagée et de l’environnement dans lequel le système est déployé.

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34 Le canal de propagation radioélectrique

longueur d’onde
Réflexion diffuse

Diffusion

Récepteur

Emetteur

Réfraction

Diffraction
Réflexion spéculaire

Fig. 2.3: Propagation radioélectrique — Types d’interactions de l’onde électromagnétique avec


le milieu

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2.2 Les phénomènes physiques de la propagation radioélectrique 35

Diffuseurs proches de l’émetteur :


- faible étalement temporel
- faible étalement angulaire

Zone de diffusion

Diffuseurs lointains :
- fort étalement temporel
- fort étalement angulaire

Réflecteur dominant

Diffuseurs proches du récepteur :


- faible étalement temporel
- fort étalement angulaire

Fig. 2.4: Influence de la localisation spatiale des diffuseurs sur la réponse du canal de propagation
— Distinction entre diffuseurs locaux et diffuseurs lointains

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36 Le canal de propagation radioélectrique

2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel

Le but de cette section est de donner un aperçu des outils mathématiques disponibles
pour caractériser le comportement du canal de propagation. Les dimensions spatiale et
temporelle seront traitées séparément, d’un point de vue déterministe, puis stochastique.
Ce découplage a été souhaité, au détriment de la généralité, afin de dégager clairement les
propriétés de la dimension spatiale. Comme évoqué dans la section 2.4.1, cette approche
demeure admissible pour notre application où émetteur et récepteur sont immobiles.

L’étude du domaine spatial occupe une large part de cette section, le domaine tem-
porel étant présenté beaucoup plus succinctement. Ce déséquilibre se justifie par la place
centrale occupée par le traitement en espace dans les systèmes MIMO.

On revient sur le formalisme mathématique décrivant la relation entrée-sortie du canal


de propagation.

2.3.1 Représentations mathématiques du canal de propagation

Envisagé sous l’angle d’un système de communication, le canal de propagation se


définit comme la transformation entre le signal émis et le signal reçu :

signal reçu = transformation(signal transmis) + bruit

La relation recherchée est linéaire puisque les mécanismes d’interaction de l’onde


électromagnétique avec le milieu sont eux-mêmes supposés linéaires dans les limites de
notre application. Deux points de vue peuvent alors être adoptés :
Représentation de type 1 – Opérateur à noyau : La réponse du canal est décrite
sous la forme d’une fonction de fitrage linéaire. En notant x(v) et y(u) les signaux
transmis et reçus, de paramètres respectifs v et u, la relation entrée-sortie du canal
s’écrit de manière formelle comme :
Z
y(u) = h(u, v)x(v) dv + n(u) (2.5)

où la réponse du canal h(u, v) apparaı̂t sous la forme d’un noyau linéaire et où n(u)
désigne le bruit additif. On remarque que les fonctions d’entrée et de sortie sont
paramétrées en index absolus.
Représentation de type 2 – Opérateur de convolution : La réponse du canal peut
également s’exprimer sous la forme d’un produit de convolution :
Z
y(u) = h(u, w)x(u − w) dw + n(u) (2.6)

où la fonction h(u, w) est à présent la réponse impulsionnelle du canal, dépendant


des paramètres de sortie u et des paramètres relatifs d’entrée w.

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2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 37

Ces deux formes, mathématiquement équivalentes, apportent des visions complémen-


taires d’une même réalité et se prêtent plus ou moins à la description d’un phénomène.
En guise d’exemple, la première représentation permet de caractériser facilement la rela-
tion entre les statistiques au second ordre des signaux d’entrée et de sortie. A l’opposé,
la deuxième représentation prend son intérêt lorsque le filtre est invariant puisqu’elle fait
apparaı̂tre l’opérateur de convolution.

Dans ce chapitre, le canal désigne l’environnement de propagation vu entre deux points


de l’espace et du temps, associés à l’émission d’un signal et à sa réception. Il s’agit d’une
fonction de deux variables temporelles scalaires et deux variables spatiales vectorielles,
dont la définition générale est explicitée par l’équation (1.1). La relation simplifiée, en
supposant que l’émetteur et le récepteur sont immobiles, est la suivante :
ZZ
y(~ro , to ) = h(~ro , ~ri ; to , τ )x(~ri , to − τ ) d3 ri dτ + n(~ro , to ) (2.7)

où l’on rappelle que h(~ro , ~ri ; to , τ ) est la réponse spatio-temporelle du canal, x(~ri , to −τ ) le
signal transmis, y(~ro , to ) le signal reçu et n(~ro , to ) le bruit. Dans cette écriture, l’espace est
traité avec la première représentation et le temps avec la seconde, ce choix étant adopté
car plus proche de notre perception de l’espace et du temps. Dans la suite de ce chapitre,
les lettres latines ~r et t seront réservées aux variables spatiales et temporelles exprimées
en absolu, les lettres grecques associées ρ ~ et τ désignant les translations correspondantes.

On se concentre à présent sur la réponse du canal h(~ro , ~ri ; to , τ ), en faisant abstraction


du bruit.

2.3.2 Caractérisation déterministe

2.3.2.1 Domaine spatial

Généralités : La description la plus naturelle de la réponse du canal entre un point


d’émission et un point de réception repère les positions spatiales en absolu. Les variables
temporelles seront omises et la réponse du canal apparaissant dans la relation (2.7) sera
notée de manière abrégée en fonction des seules variables d’espace. En ajoutant les va-
riables duales des positions spatiales, on arrive à un premier jeu de quatre réponses
caractérisant l’effet du canal sur des signaux déterministes :
Z
y(~ro ) = h(~ro , ~ri )x(~ri ) d3 ri
Z
y(~ro ) = h(~ro , ~ki )x(~ki ) d3 ki
Z (2.8)
~ ~ 3
y(ko ) = h(ko , ~ri )x(~ri ) d ri
Z
~
y(ko ) = h(~ko , ~ki )x(~ki ) d3 ki

où ~ri et ~ro sont les positions d’émission et de réception, ~ki et ~ko les vecteurs d’onde
respectifs. Les quatre expressions précédentes, équivalentes, sont reliées par transformées
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38 Le canal de propagation radioélectrique

de Fourier, comme illustré par la figure (2.5). Par souci de clarté, la multiplicité des
notations a été évitée en imposant une dénomination unique pour les réponses du canal
et les signaux en entrée et en sortie, les domaines considérés étant spécifiés par les variables
utilisées.

h(~ro , ~ri )
F ~ro F ~ri

h(~ko , ~ri ) h(~ro , ~ki )

F ~ri F ~ro
h(~ko , ~ki )

~ri : position de l’émetteur ~ki : pulsation spatiale en émission


~ro : position du récepteur ~ko : pulsation spatiale en réception

Fig. 2.5: Réponses spatiales du canal du premier type

Il est également possible de recourir aux réponses du deuxième type, bien que l’in-
terprétation ne soit pas nécessairement aussi immédiate. On construit alors un second
groupe de relations :
Z
y(~r) = h(~r, ρ ~)x(~r − ρ~ ) d3 ρ
Z
~
y(~r) = h(~r, ~k)x(~k)e2jπk·~r d3 k
Z (2.9)
y(~k) = h(~kd , ~k − ~kd )x(~k − ~kd ) d3 kd
ZZ
~ ~
y(k) = h(~kd , ρ
~)x(~r − ρ~)e2jπkd ·~r d3 ρ d3 kd

~ sont la position du récepteur et la position relative de l’émetteur, ~k et ~kd les


où ~r et ρ
pulsations spatiale et Doppler spatiale en réception. Les expressions précédentes sont,
ici encore, équivalentes et reliées par transformées de Fourier, comme illustré sur la fi-
gure (2.6).

Le tableau (2.1) rappelle les dépendances entre les différentes grandeurs. Mathéma-
tiquement équivalentes, une variable et sa variable duale par transformée de Fourier
revêtent des interprétations physiques complémentaires. On verra ainsi dans la suite du
texte que la variable de gauche mesure les effets de corrélation, celle de droite les effets
d’étalement de l’énergie.
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2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 39

h(~r, ρ~)
F ~r F ρ~

h(~kd , ρ~) h(~r, ~k)

F ρ~ F ~r
h(~kd , ~k)

~r : position du récepteur ~k : pulsation spatiale


ρ~ : position relative de l’émetteur ~kd : pulsation spatiale Doppler

Fig. 2.6: Réponses spatiales du canal du second type

Tab. 2.1: Définitions des transformées de Fourier dans le domaine spatial


Domaines duals Transformée directe Transformée inverse
R R
~ri ⇔ ~ki (·) exp(−j~ki · ~ri ) d3 ri 1
(2π)3
(·) exp(j~ki · ~ri ) d3 ki
R R
~ro ⇔ ~ko (·) exp(−j~ko · ~ro ) d3 ro 1
(2π)3
(·) exp(j~ko · ~ro ) d3 ko
R R
~r ⇔ ~kd (·) exp(−j~kd · ~r) d3 r 1
(2π)3
(·) exp(j~kd · ~r) d3 kd
R R
~k ⇔ ρ~ (·) exp(j~k · ρ
~ ) d3 k 1
3 (·) exp(−j~k · ρ~ ) d3 ρ
(2π)

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40 Le canal de propagation radioélectrique

Lorsque le signal émis est modélisé par un processus aléatoire centré, éventuellement
non stationnaire, on montre que le signal reçu est également un processus aléatoire, de
moyenne nulle, avec la fonction de corrélation :
ZZ
R y (~ro1 , ~ro2 ) = h(~ro1 , ~ri1 ) R x (~ri1 , ~ri2 )hadj (~ri2 , ~ro2 ) d3 ri1 d3 ri2
R
où hadj (·) est la fonction adjointe de h(·), i.e x(~ri ) = hadj (~ri , ~ro )y(~ro ) d3 ro , et où
R x (~ri1 , ~ri2 ) et R y (~ro1 , ~ro2 ) sont les fonctions de corrélation des processus transmis et
reçus.

Décomposition de la réponse spatiale : La théorie des opérateurs linéaires offre


une perspective intéressante sur les RR mécanismes de propagation. En supposant la réponse
impulsionnelle de carré intégrable, |h(~ro , ~ri )|2 d3 ro d3 ri < ∞, un résultat issu de l’ana-
lyse fonctionnelle (théorème de Mercer [8, 9]) montre que le canal est constitué de la
superposition de plusieurs sous-canaux indépendants, ou modes de propagation propres,
convoyant chacun une fraction du signal transmis5 . La réponse spatiale du canal se dé-
compose alors selon : Xp
h(~ro , ~ri ) = λk uk (~ro )vk∗ (~ri ) (2.10)
k

où {vk (~ri )}k est la base orthonormée de fonctions propres d’entrée, {uk (~ro )}k la base
orthonormée de fonctions propres en sortie et {λk }k le spectre des valeurs singulières
réelles strictement positives.

Les fonctions propres reflètent les caractéristiques spatiales du canal en émission et


en réception. On montre ainsi que les fonctions propres d’entrée satisfont l’équation in-
tégrale : Z
R Tx (~ri1 , ~ri2 )vn (~ri2 ) d3 ri2 = λn vn∗ (~ri1 )

avec R Tx (~ri1 , ~ri2 ), la fonction de corrélation en émission, définie par :


Z
R Tx (~ri1 , ~ri2 ) = h(~ro , ~ri1 )h∗ (~ro , ~ri2 ) d3 ro

De même, les fonctions propres de sortie satisfont l’équation intégrale :


Z
R Rx (~ro1 , ~ro2 )un (~ro2 ) d3 ro2 = λn u∗n (~ro1 )

où R Rx (~ro1 , ~ro2 ) est la fonction de corrélation en réception :


Z
R Rx (~ro1 , ~ro2 ) = h(~ro1 , ~ri )h∗ (~ro2 , ~ri ) d3 ri

5
La compréhension des résultats présentés ici est facilitée en faisant l’analogie avec la décomposition
des matrices en vecteurs singuliers [10].

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2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 41

Pour chaque mode singulier, les fonctions propres d’entrée et de sortie et l’énergie
sont reliées par : Z
λk uk (~ro ) = h(~ro , ~ri )vk∗ (~ri ) d3 ri

Afin de comprendre le mécanisme de propagation par modes, il suffit d’exprimer le


signal reçu y(~ro ) en se basant sur la décomposition (2.10) :
Xp
y(~ro ) = λk xk uk (~ro ) (2.11)
k
R
où xk = vk (~ri )x∗k (~ri ) d3 ri est la projection du signal transmis sur le mode propre d’en-
trée k.

La forme (2.10) doit être utilisée à bon escient. Notamment, la contrainte d’énergie
finie exclut les canaux invariants selon au moins l’un des paramètres ainsi que les canaux
contenant des impulsions, qui doivent être traités comme des cas limites. On donnera
une interprétation géométrique simplifiée de la propagation par modes propres dans la
section 2.4.1, puis dans le chapitre suivant où elle joue un rôle central dans l’explication
de l’augmentation remarquable des débits offerts par les systèmes MIMO.

2.3.2.2 Domaine temporel

Généralités : A l’inverse du domaine spatial, la représentation du second type est


la plus intuitive pour décrire le comportement dans le domaine temporel. Les variables
d’espace seront implicites dans l’expression de la réponse impulsionnelle. Le premier jeu
de relations entrée-sortie, pour des signaux d’entrée déterministes, s’écrit :
Z
y(t) = h(t, τ )x(t − τ ) dτ
Z
y(t) = h(t, f )x(f )e2jπf t df
Z (2.12)
y(f ) = h(fd , f − fd )x(f − fd ) dfd
ZZ
y(t) = h(fd , τ )x(t − τ )e2jπfd t dτ dfd

où t est l’instant de réception, τ le retard de propagation, associés respectivement à la


fréquence Doppler fd et à la fréquence f . Le deuxième jeu d’équations est donné par :
Z
y(to ) = h(to , ti )x(ti ) dti
Z
y(to ) = h(to , fi )x(fi ) dfi
Z (2.13)
y(fo ) = h(fo , fi )x(fi ) dfi
Z
y(fo ) = h(fo , ti )x(ti ) dti

Version soumise — 3/4/2003


42 Le canal de propagation radioélectrique

où to et ti sont les instants d’émission et de réception, fi et fo les fréquences associées.

Les liens entre variables temporelles et fréquentielles sont rappelés dans le tableau (2.1).
On retrouve l’observation sur l’ordre des variables soulevée pour le domaine spatial. Les
figures (2.7) et (2.8) illustrent les dépendances entre les fonctions des deux groupes.

Tab. 2.2: Définitions des transformées de Fourier dans le domaine temporel


Domaines associés Transformée directe Transformée inverse
R R
ti ⇔ fi (·) exp(2jπfi ti ) dfi (·) exp(−2jπfi ti ) dti
R R
to ⇔ fo (·) exp(2jπfo to ) dfo (·) exp(−2jπfo to ) dto
R R
t ⇔ fd (·) exp(−2jπfd t) dt (·) exp(2jπfd t) dfd
R R
f ⇔τ (·) exp(2jπf τ ) df (·) exp(−2jπf τ ) dτ

h(t, τ )
Ft Fτ

h(ν, τ ) h(t, f )

Fτ Ft
h(ν, f )

t : temps τ : retard
f : fréquence ν : décalage Doppler

Fig. 2.7: Réponses temporelles du canal du second type

Les réponses décrivent également l’action du canal sur des processus aléatoires. Par
exemple, la réponse à un processus non stationnaire centré est un processus non station-
naire de moyenne nulle et de fonction de corrélation temporelle :
ZZ
R y (to1 , to2 ) = h(to1 , ti1 ) R x (ti1 , ti2 )hadj (ti2 , to2 ) dti1 dti2

avec hadj (·) la fonction adjointe de h(·) et R x (ti1 , ti2 ) et R y (to1 , to2 ) les fonctions de
corrélation des signaux émis et reçu.

Décomposition de la réponse temporelle : Les réponses du canal relatives au do-


maine temporel admettent des décompositions en modes propres, au même titre que leurs

Version soumise — 3/4/2003


2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 43

h(to , ti )
F ti
F to

h(fo , ti ) h(to , fi )

F ti F to
h(fo , fi )

ti : instant d’émission fi : fréquence en émission


to : instant de réception fo : fréquence en réception

Fig. 2.8: Réponses temporelles du canal du premier type

contreparties en espace. Par exemple, la réponse h(to , ti ), supposée de carré intégrable,


admet une décomposition de la forme :
Xp
h(to , ti ) = λk uk (to )vk∗ (ti ) (2.14)
k

où uk (ti ), vk (to ) et λk caractérisent le mode k. Le signal reçu est alors vu comme la
superposition des signaux convoyés indépendamment par les différents modes :
Xp
y(to ) = λk xk uk (to )
k
R
où xk = vk (ti )x∗k (ti ) dti .

Les décompositions de la réponse temporelle du canal de type (2.14) ne possèdent


pas la même facilité d’interprétation en fonction des paramètres d’entrée-sortie que dans
le domaine spatial. Ainsi, les fonctions propres sont en général inconnues a priori 6 et
leur évaluation requiert des efforts considérables. L’absence de structure simple interdit
de plus le recours à des algorithmes de décomposition efficaces. Le manque de significa-
tion physique et la difficulté de calcul intrinsèques à la décomposition en modes propres
a conduit à d’autres caractérisations des opérateurs linéaires [11, 4, 12]. Dans la réfé-
rence [13, 14], les auteurs proposent une formulation unique en définissant le symbole de
Weyl généralisé : Z
(α)
Lh (t, f ) = h(α) (t, τ )e−j2πf τ dτ (2.15)

6
Il existe quelques exemples sporadiques pour lesquels les fonctions propres sont connues : les exponen-
tielles complexes pour les filtres linéaires invariants, les fonctions prolates sphéroı̈dales et les polynômes
d’Hermite pour les filtres linéaires variants à support carré et circulaire respectivement.

Version soumise — 3/4/2003


44 Le canal de propagation radioélectrique

avec :  
h(α) (t, τ ) = h t + ( 12 − α)τ, t − ( 21 + α)τ
où α ∈ R, en particulier |α| ≤ 1/2 pour assurer un support compact. Pour α = 0, 1/2
et −1/2, la forme (2.15) se réduit respectivement au symbole de Weyl, à la fonction de
transfert de Zadeh et à la fonction de transfert de Bello. Kozek [13] rappelle les propriétés
mathématiques vérifiées par le symbole de Weyl généralisé.

Matz [15] montre que le symbole de Weyl généralise approximativement, pour les
canaux spatiaux sous-étalés, la notion de réponse spectrale caractéristique des filtres li-
néaires invariants par translation. La propriété de sous-étalement, définie mathématique-
ment au prochain chapitre, signifie globalement que la réponse impulsionnelle du canal
est mesurable. Pour voir cela, il suffit d’évaluer le contenu fréquentiel du signal entrant
autour de l’instant t0 et de la fréquence f0 en appliquant une transformée de Fourier à
temps court : Z
0
x̃(s) (t, f ) = x(t0 )s∗ (t − t0 )e−j2πf t dt0

où s(t) est une fonction génératrice compacte dans le plan temps-fréquence, e.g. un signal
gaussien. Le signal d’entrée est restitué à partir de la base de fonctions st0 ,f0 (t) = s(t −
t0 )ej2πf0 t obtenues par translation spatiale et fréquentielle de s(t) :
ZZ
x(t) = x̃(s) (t0 , f0 )st0 ,f0 (t) df0 dt0

La fonction compacte st0 ,f0 (t) est une fonction propre approchée de système vérifiant :
Z
(α)
h(t, t0 )st0 ,f0 (t0 ) dt0 ≈ Lh (t0 , f0 )st0 ,f0 (t)

En décomposant le signal de sortie avec la transformée de Fourier à temps court générée


par s(t), on arrive alors à :

ỹ (s) (t, f ) ≈ Lαh (t, f )x̃(s) (t, f )

Le symbole de Weyl généralisé apparaı̂t donc comme une fonction de pondération ap-
proximative dans le domaine temps-fréquence, au sens de la transformée de Fourier à
temps court.

2.3.3 Caractérisation stochastique

La description statistique complète du canal porte sur la densité de probabilité ou, de


manière équivalente, sur les moments statistiques de l’ensemble des processus rentrant en
compte. Pratiquement irréaliste au vu des difficultés impliquées, on se contentera de l’ana-
lyse des moments du premier et du second ordre, approche suffisante pour appréhender
le comportement énergétique du milieu.

Cette restriction demeure acceptable pour les liaisons sans fil à courte distance, limi-
tées en puissance, dans des environnements riches en diffuseurs. En effet, on observe, d’une
Version soumise — 3/4/2003
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 45

part, que la richesse des interactions confère un comportement gaussien aux variations à
petite échelle du canal et que, d’autre part, le débit transmis est maximisé, à puissance
d’émission fixée et en présence de bruit additif gaussien, par un signal d’émission gaus-
sien (cf. chapitre 4). Par conséquent, tous les signaux sont modélisés par des processus du
second ordre, entièrement définis par leur moyennes et leur fonctions de corrélation. En
remarquant de plus que, pour les applications en milieu domestique, la ligne de visibilité
directe est très souvent obstruée, on ajoutera l’hypothèse supplémentaire de processus
centrés.

Les expressions obtenues dans la suite sont établies au sein d’une région dans le plan
temps-espace où l’hypothèse de stationnarité au sens large est localement vérifiée. Les
intégrales seront implicitement restreintes à cette zone.

On revient dans un premier temps sur la nature des renseignements fournis par la
statistique au second ordre.

2.3.3.1 Statistiques au second ordre : corrélation, dispersion et cohérence

L’analyse statistique au second ordre, complète pour les processus centrés station-
naires au sens large, tourne autour d’une description énergétique des signaux. Un proces-
sus aléatoire x(v), de paramètre réel scalaire v, est spécifié au second ordre par sa fonction
d’autocorrélation :
R x (∆v) = Ex {x(v)x∗ (v + ∆v)}
ou, de manière équivalente, par sa densité spectrale de puissance (théorème de Wiener-
Khinchine) :

S x (w) = F {R x (∆v)}
Z
= R x (∆v)e−j2πw∆v d∆v

avec ∆v un décalage en v et w la variable duale par transformée de Fourier.

La fonction d’autocorrélation évalue la dépendance linéaire entre différents échan-


tillons du signal x(v) en fonction de leur position de prélèvement relative. La mesure du
support effectif de R x (∆v) donne une indication sur l’intervalle de corrélation du signal,
i.e. la séparation sur l’axe v au-delà de laquelle les valeurs prises par le signal deviennent
faiblement corrélées. Au sens de l’écart-type, cet intervalle est estimé par :
sZ
R x (∆v)
Vcorr = (∆v − µ∆v ) 2 d∆v
R (0)
x

où µ∆v est le barycentre de R x (∆v). On montre que µ∆v = 0 par symétrie hermitienne
de la fonction de corrélation.

La densité de puissance quantifie la répartition dans le domaine dual de l’énergie du


signal. La dispersion de l’énergie, proportionnelle à la taille du support de S x (w), est

Version soumise — 3/4/2003


46 Le canal de propagation radioélectrique

calculée au sens de l’écart-type par :


sZ
S x (w)
Wcorr = (w − µw )2 dw
S x (0)

où µw est le barycentre de S x (w).

Intervalle de corrélation et dispersion spectrale sont les deux paramètres extraits par
la statistique au second ordre et seront ainsi très présents dans la suite de cette section.
Ils apportent la même information, exprimée différemment, sur le comportement d’un
processus centré stationnaire au sens large. Plus précisément, on montre que ces deux
grandeurs sont reliées par la relation d’incertitude, dérivée de l’inégalité de Schwartz [16] :
1
Vcorr Wcorr ≥

Cette inégalité implique qu’un processus faiblement corrélé dans un domaine, évoluant
donc rapidement, présente un fort étalement de la puissance dans le domaine dual.

Revenons maintenant sur la nuance existant entre corrélation et cohérence. Le terme


de cohérence a été introduit historiquement dans la discipline de l’optique, où elle fait
référence à l’existence d’une relation déterministe et constante entre les phases des ondes
électromagnétiques au sein d’un faisceau de fréquence unique (lumière cohérente). Par
extension, deux sources optiques sont cohérentes si la différence de phase entre les deux
faisceaux émis est constante, condition nécessaire à l’établissement d’un motif d’interfé-
rence stable.

La théorie de la cohérence a été exportée plus tard à l’analyse des séries temporelles par
Wiener (décompositions harmoniques généralisées [17]). Depuis, le concept de cohérence
est généralement relié à la stabilité ou caractère prévisible d’un processus, i.e. la cohérence
dans un domaine décrit la corrélation entre signaux à différents points de ce domaine. La
définition de la cohérence revêt une forme analogue à la définition de la corrélation :
Corrélation : La corrélation estime le degré de ressemblance, par transformation li-
néaire, entre variables aléatoires. Les relations existant dans un groupe de variables
aléatoires sont mesurées par une matrice de coefficients de corrélation.
Cohérence : La cohérence estime le degré de ressemblance entre processus aléatoires,
au sens de la possibilité de transformer un processus vers un autre par un filtre
linéaire invariant [18, 19].
En résumé, les concepts de cohérence et de corrélation renvoient tous les deux à une
notion de similarité au second ordre mais sont appliqués à des entités différentes, res-
pectivement les processus aléatoires et les variables aléatoires. La terminologie employée
dans la suite tiendra compte de cette nuance.

Version soumise — 3/4/2003


2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 47

2.3.3.2 Domaine spatial

Généralités : Deux groupes de fonctions de corrélation peuvent être établis, associés


respectivement à la représentation du premier type de la réponse du canal :

R h (~ro1 , ~ri1 ; ~ro2 , ~ri2 ) = Eh {h(~ro1 , ~ri1 )h∗ (~ro2 , ~ri2 )}


R h (~ro1 , ~ki1 ; ~ro2 , ~ki2 ) = Eh {h(~ro1 , ~ki1 )h∗ (~ro2 , ~ki2 )}
(2.16)
R h (~ko1 , ~ki1 ; ~ko2 , ~ki2 ) = Eh {h(~ko1 , ~ki1 )h∗ (~ko2 , ~ki2 )}
R h (~ko1 , ~ri1 ; ~ko2 , ~ri2 ) = Eh {h(~ko1 , ~ri1 )h∗ (~ko2 , ~ri2 )}

et du second type :

R h (~r1 , ρ~1 ; ~r2 , ρ ~1 )h∗ (~r2 , ρ


~2 ) = E{h(~r1 , ρ ~2 )}
R h (~r1 , ~k1 ; ~r2 , ~k2 ) = Eh {h(~r1 , ~k1 )h∗ (~r2 , ~k2 )}
(2.17)
R h (~kd1 , ~k1 ; ~kd2 , ~k2 ) = Eh {h(k~d1 , ~k1 )h∗ (k~d2 , ~k2 )}
R h (~kd1 , ρ~1 ; ~kd2 , ρ~2 ) = Eh {h(~kd1 , ρ
~1 )h∗ (~kd2 , ρ~2 )}

Le passage entre les différentes fonctions s’effectue, au sein de chaque groupe, par
transformées de Fourier bidimensionnelles successives, comme schématisé sur les figures (2.9)
et (2.10).

R h (~ro1 , ~ri1 ; ~ro2 , ~ri2 )

F ~ro1 ,~ro2 F ~ri1 ,~ri2

R h (~ko1 , ~ri1 ; ~ko2 , ~ri2 ) R h (~ro1 , ~ki1 ; ~ro2 , ~ki2 )

F ~ri1 ,~ri2 F ~ro1 ,~ro2

R h (~ko1 , ~ki1 ; ~ko2 , ~ki2 )

~ri1 , ~ri2 : positions d’émission ~ki1 , ~ki2 : pulsations spatiales en émission


~ro1 , ~ri2 : positions de réception ~ko1 , ~ko2 : pulsations spatiales en réception

Fig. 2.9: Fonctions de corrélation spatiale du canal du premier type

Les fonctions de corrélation du canal (2.16) et (2.17) jouent le rôle de réponse du


canal pour des signaux aléatoires en entrée et en sortie stationnaires au sens large, au
Version soumise — 3/4/2003
48 Le canal de propagation radioélectrique

R h (~r1 , ρ~1 ; ~r2 , ρ~2 )

F ~r1 ,~r2 F ρ~1 ,~ρ2

R h (~kd1 , ρ~1 ; ~kd2 , ρ~2 ) R h (~r1 , ~k1 ; ~r2 , ~k2 )

F ρ~1 ,~ρ2 F ~r1 ,~r2

R h (~kd1 , ~k1 ; ~kd2 , ~k2 )

~r1 , ~r2 : positions de réception ~kd1 , ~kd2 : Doppler spatial


ρ~1 , ρ~2 : translations spatiales ~k1 , ~k2 : pulsations spatiales

Fig. 2.10: Fonctions de corrélation spatiale du canal du second type

même titre que les réponses impulsionnelles (2.8) et (2.9) pour les signaux déterministes.
Par exemple, les autocorrélations spatiales en émission et en réception sont reliées par
l’expression :
ZZ
R y (~ro1 , ~ro2 ) = R h (~ro1 , ~ri1 ; ~ro2 , ~ri2 ) R x (~ri1 , ~ri2 ) d3 ri1 d3 ri2

Des équations analogues existent pour les autres fonctions de corrélation du canal.

Représentation conjointe espace-pulsation : L’hypothèse de stationnarité au sens


large n’est malheureusement vérifiée que sur des zones de dimensions finies entourant
les positions d’émission et de réception, situation à laquelle les outils mathématiques
présentés ci-dessus se révèlent peu adaptés. Bien qu’utilisables en adaptant les bornes
d’intégration en conséquence, la notion de localisation est perdue lors du passage dans
le domaine des pulsations spatiales. Pour la faire apparaı̂tre explicitement et pouvoir
interpréter les résultats en terme de diagramme de rayonnement, on se tourne vers la
transformée de Wigner-Ville généralisée des signaux, définie par :
Z
 ~
W̄ x (~r, ~k) = R x ~r − 21 ρ ~ ej k·~ρ d3 ρ
~, ~r + 12 ρ

Les distributions des signaux d’entrée et de sortie sont reliées par :


ZZ
~
W̄ y (~ro , ko ) = W̄ h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki )W̄ x (~ri , ~ki ) d3 ri d3 ki

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2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 49

où W̄ x (~ri , ~ki ) et W̄ y (~ro , ~ko ) sont les transformées des signaux émis et reçu et W̄ h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki )
la transformée de Wigner-Ville de la fonction de transfert donnée par :
W̄ h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki ) = E{W h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki )}
ZZ
~ ~
= R h (~ro + 12 ρ ~o , ~ri + 12 ρ
~i ; ~ro − 12 ρ ~i )ej2π(ko ·~ρo −ki ·~ρi ) d3 ρi d3 ρo
~o , ~ri − 12 ρ

La réponse spatiale du canal est à nouveau fonction des positions de l’émetteur et du


récepteur et ses propriétés peuvent être appréhendées en jouant sur les deux variables de
positions.

Extraction de paramètres caractéristiques du canal : En synthétisant l’ensemble


des questions que l’on peut se poser, on dénombre quatre expériences de caractérisation
fondamentales : émetteur mobile et récepteur fixe, émetteur fixe et récepteur mobile,
émetteur et récepteur mobiles et, finalement, émetteur et récepteur fixes. Chaque scénario
dévoile un aspect différent du canal.

Expérience 1 : Emetteur mobile – récepteur fixe

Commençons par le cas de figure où la position de l’émetteur varie alors que le ré-
cepteur reste fixe (cf. figure (2.11)). La question intéressante, rencontrée lors du dimen-
sionnement des systèmes à diversité spatiale d’émission, est d’estimer l’écart suffisant
entre deux positions de l’émetteur pour assurer la décorrélation des signaux au niveau du
récepteur.

Pour cela, l’émetteur transmet successivement deux impulsions, à deux positions dif-
férentes, dans le voisinage de ~ri , que le récepteur, placé en ~ro , collecte. Les deux points
d’émission sont supposés suffisamment proches pour que l’hypothèse de stationnarité au
sens large soit vérifiée, auquel cas la statistique d’ordre deux des signaux ne dépend que
du vecteur de translation entre les deux points. On en déduit la fonction de corrélation
en réception et la densité spectrale de puissance associée :
R x1 ,x2 ;y (~ρi , ~ro , ~ri ) = Eh {h(~ro , ~ri + ρ ~i1 )h∗ (~ro , ~ri + ρ ~i2 )}
Z
~
W̄ x1 ,x2 ;y (~ki , ~ro , ~ri ) = R x1 ,x2 ;y (~ ρi , ~ro , ~ri )ej ki ·~ρi d3 ρi

où ρ
~i = ρ~i2 − ρ
~i1 est le vecteur de déplacement. Les indices x1 , x2 et y font référence au
fait qu’il y a deux positions d’émission contre une seule de réception.

Distance de corrélation en émission : La distance de corrélation en émission définit


la séparation nécessaire entre deux antennes d’émission, centrées sur la position ~ri , pour
qu’un capteur placé en ~ro reçoive des copies décorrélées des signaux transmis. Elle dépend
de l’axe de déplacement de l’émetteur.

D’un point de vue mathématique, l’information de corrélation est obtenue en estimant


l’occupation de la fonction de corrélation R x1 ,x2 ;y (~
ρi , ~ro , ~ri ). En imprimant un mouvement
Version soumise — 3/4/2003
50 Le canal de propagation radioélectrique

de l’émetteur sur un axe repéré par le vecteur unitaire ~eu , on capte la corrélation spatiale
pour cet axe à partir de la fonction réduite R x1 ,x2 ;y (ρi,u , ~ro , ~ri ), où la dépendance vecto-
rielle en ρ
~ s’est effondrée en une dépendance scalaire sur la projection ρi,u , ρ ~i = ρi,u~eu .

La distance de corrélation est conditionnée par la méthode de mesure. Par exemple,


la distance évaluée à α% de la corrélation normalisée est donnée par :
 
(α) | R x1 ,x2 ;y (ρi,u , ~ro , ~ri )|
DcorTx (~ro , ~ri )u = sup δ | min ≥α (2.18)
|ρi,u |<δ | R x1 ,x2 ;y (0, ~ro , ~ri )|
alors que sa mesure au sens de l’écart-type s’exprime :
R 2 !1/2
ρ | R x ,x ;y (ρ i,u , ~
r o , ~
r i )| dρ i,u
RMS
DcorTx (~ro , ~ri )u = R i,u 1 2
(2.19)
| R x1 ,x2 ;y (ρi,u , ~ro , ~ri )| dρi,u
où l’on a utilisé le fait que les processus d’évanouissements sont centrés. Le rôle des déno-
minateurs dans les équations (2.18) et (2.19) est de normaliser l’expression par rapport
à la puissance du signal.

~ro δ(~ri + ρ~i2 )


δ(~ri + ρ~i1 ) x1
Observation

x2
~ri ~ri + ρ~i2
~ri + ρ~i1

Région de corrélation en émission


~eu
Région de stationnarité au sens large

Fig. 2.11: Expérience conduisant à la notion de distance de corrélation en émission

Dispersion spectrale en émission : La dispersion spectrale en émission mesure l’éta-


lement spectral de la réponse impulsionnelle vu depuis l’émetteur, situé dans le voisinage
de ~ri , pour communiquer avec le récepteur en ~ro . Elle correspond au support effectif de
la densité de puissance W̄ x1 ,x2 ;y (~ki , ~ro , ~ri ).

Lorsque l’émetteur se déplace selon l’axe ~eu , la dépendance vectorielle au vecteur


d’onde d’émission ~ki est réduite au profit d’une dépendance scalaire à la valeur projetée
ki,u = ~ki · ~eu . La dispersion au sens de l’écart-type est définie par :
R !1/2
RMS (ki,u − mki,u )2 W̄ x1 ,x2 ;y (ki,u , ~ro , ~ri ) dki,u
KspreadTx (~ro , ~ri )u = R (2.20)
W̄ x ,x ;y (ki,u , ~ro , ~ri ) dki,u
1 2
R
où mki,u = ki,u W̄ x1 ,x2 ;y (ki,u , ~ro , ~ri ) dki,u .

Corrélation spatiale et dispersion spectrale en émission sont deux phénomènes duals,


i.e. Dcor (~ro , ~ri )u ∝ Kspread (~ro , ~ri )−1
u pour la direction ~
eu . Bien que le passage de la pul-
sation spatiale au domaine angulaire soit non linéaire, cette dualité signifie qu’une petite
Version soumise — 3/4/2003
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 51

distance de cohérence implique généralement un étalement angulaire important et inver-


sement un étalement angulaire faible correspond à une distance de cohérence grande.

Pour la conception d’un système de communication, il est raisonnable de supposer que


la distance de corrélation et la dispersion exhibent des variations suffisamment douces
suivant le changement de direction. Dans le cas où elles sont différentiables, i.e. dans les
cas où elles admettent une approximation linéaire, la connaissance des composantes sur
une base du domaine spatial est suffisante. On peut alors définir les vecteurs de corrélation
et de dispersion sur la base canonique :
 
Dcor (~ro , ~ri )x
~ corTx (~ro , ~ri ) = Dcor (~ro , ~ri )y 
D
Dcor (~ro , ~ri )z

et :
 
Kspread (~ro , ~ri )x
~ spreadTx (~ro , ~ri ) = Kspread (~ro , ~ri )y 
K
Kspread (~ro , ~ri )z

Cette description vectorielle n’est pas une surprenante puisque l’espace possède trois
dimensions, contrairement au domaine temporel unidimensionnel. Cette observation est
valable pour toutes les grandeurs dérivées dans la suite de cette section.

Expérience 2 : Emetteur fixe – récepteur mobile

La seconde expérience, où le récepteur prend plusieurs positions et l’émetteur reste


fixe, est la contrepartie de la première et fournit les mesures réciproques en réception. Il
s’agit ici d’estimer la distance nécessaire entre deux positions du récepteur pour recevoir
des copies décorrélées (cf. figure (2.12)), problème type posé pour un système à diversité
spatiale de réception.

Le récepteur reçoit successivement, à deux positions différentes, une impulsion trans-


mise par l’émetteur immobile, dont il retire la fonction de corrélation en réception et la
densité spectrale associée :

R x;y1 ,y2 (~ ~o1 , ~ri )h∗ (~ro + ρ


ρo , ~ro , ~ri ) = Eh {h(~ro + ρ ~o2 , ~ri )}
Z
~
W̄ x;y1 ,y2 (~ko , ~ro , ~ri ) = R x;y1 ,y2 (~
ρo , ~ro , ~ri )ej ko ·~ρo d3 ρo

où ρ
~o = ρ
~o2 − ρ
~o1 est un déplacement dans le voisinage du point de réception.

Distance de corrélation en réception : La distance de corrélation en réception est


la mesure réciproque de la distance de corrélation en émission. Elle définit la distance
nécessaire entre deux capteurs, centrés sur la position ~ro , pour recevoir deux copies suffi-
samment décorrélées d’un signal émis par une antenne située en ~ri (cf. figure (2.12)). La
fonction de corrélation considérée ici est R x;y1 ,y2 (~
ρo , ~ro , ~ri ).
Version soumise — 3/4/2003
52 Le canal de propagation radioélectrique

La largeur du support évaluée à α% de la corrélation maximale est :


 
(α) | R x;y1 ,y2 (ρo,u , ~ro , ~ri )|
DcorRx (~ro , ~ri )u = sup δ min ≥α (2.21)
|ρo,u |<δ | R x;y1 ,y2 (0, ~ro , ~ri )|
et au sens de l’écart-type :
R !1/2
ρ2 | R (ρu , ~ro , ~ri )| dρo,u
RMS
DcorRx (~ro , ~ri )u = R o,u x;y1 ,y2 (2.22)
| R x;y1 ,y2 (ρo,u , ~ro , ~ri )| dρo,u

~eu ~ro + ρ~i2


~ro + ρ~i1

δ(~ri )
ρ~o

Région de corrélation en réception Emetteur


Zone de stationnarité au sens large

Fig. 2.12: Expérience conduisant à la notion de distance de corrélation en réception

Dispersion spectrale en réception : La dispersion spectrale en réception est la me-


sure réciproque décrivant la réponse angulaire en réception, dans le voisinage de ~ro , à une
impulsion émise en ~ri . La dispersion au sens de l’écart-type, similaire à l’expression (2.20),
s’écrit :
R !1/2
(k − m )2 |W̄ (k , ~
r , ~
r )| dk
RMS o,u k o,u x;y ,y
1 2 o,u o i o,u
KspreadRx (~ro , ~ri )u = R (2.23)
|W̄ x;y1 ,y2 (ko,u , ~ro , ~ri )| dko,u
R
où ko,u = ~ko · ~eu et mko,u = ko,u |W̄ x1 ,x2 ;y (ko,u , ~ro , ~ri )| dko,u .

De même qu’en émission, on observe que corrélation spatiale et dispersion spectrale


en réception sont inversement proportionnelles, Dcor (~ro , ~ri )u ∝ KspreadRx (~ro , ~ri )−1
u .

Expérience 3 : Emetteur mobile – récepteur mobile

On considère à présent le cas où les positions de l’émetteur et du récepteur varient


simultanément d’un même vecteur de translation (cf. figure (2.13)). En mesurant la ré-
ponse du milieu pour différents couples de positions, il est possible d’estimer la distance
de cohérence du canal, i.e. la distance sur laquelle les conditions de propagation restent
sensiblement inchangées. Cette grandeur joue un rôle primordiale dans le dimensionne-
ment des systèmes à formation de faisceau, pour lesquels les fronts d’onde doivent rester
cohérents sur l’étendue des réseaux d’antennes.

La première mesure est effectuée pour un jeu de positions, puis la seconde en décalant
émetteur et récepteur d’un même vecteur de translation. Sous l’hypothèse de stationnarité
Version soumise — 3/4/2003
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 53

locale au sens large, la statistique au second ordre du canal ne dépend que du décalage
entre les deux mesures. La fonction de corrélation et la densité de puissance associée sont
données par :

R x1 ,y1 ;x2 ,y2 (~ρ, ~ro , ~ri ) = Eh {h(~ro + ρ


~o + ρ ~, ~ri + ρ ~i + ρ ~)h∗ (~ro + ρ
~o , ~ri + ρ
~i )}
Z
~
W̄ x1 ,y1 ;x2 ,y2 (~k, ~ro , ~ri ) = R x1 ,y1 ;x2 ,y2 (~
ρ, ~ro , ~ri )ej k·~ρ d3 ρ

où ρ
~ est le vecteur de déplacement de l’émetteur et du récepteur.

Distance de cohérence locale : La distance de cohérence locale mesure l’étendue


minimale du voisinage autour des positions d’émission et de réception sur laquelle l’hy-
pothèse de cohérence est approchée. La notion de cohérence correspond à l’invariance
de la réponse du canal à une même translation arbitraire de l’émetteur et du récepteur.
En d’autres termes, au sein du volume spatial de cohérence, le signal mesuré pour une
antenne d’émission en ~ro + ρ
~ et une antenne de réception en ~ri + ρ
~ est indépendant du
vecteur de décalage ρ
~.

La distance de cohérence, suivant une direction ~eu , est estimée à partir de l’étalement
de la fonction de corrélation réduite R x1 ,y1 ;x2 ,y2 (ρu , ~ro , ~ri ), où ρ
~ = ρu~eu .

La distance à α% de la corrélation maximale est obtenue comme :


 
(α) | R x1 ,y1 ;x2 ,y2 (ρu , ~ro , ~ri )|
Dcoh (~ro , ~ri )u = sup δ min ≥α
|ρu |<δ | R x1 ,y1 ;x2 ,y2 (0, ~ro , ~ri )|

et la distance au sens de l’écart-type comme :


R 2 1/2
ρ | R x1 ,y1 ;x2 ,y2 (ρu , ~ro , ~ri ) dρu
RMS
Dcoh (~ro , ~ri )u = R u
| R x1 ,y1 ;x2 ,y2 (ρu , ~ro , ~ri )| dρu

δ(~ri + ρ~i + ρ~)

δ(~ri + ρ~i )

~ri
~ri + ρ~i + ρ~

~ri + ρ~i

~ro
~ro + ρ~o + ρ~

Région de cohérence ~ro + ρ~o

~eu

Fig. 2.13: Expérience conduisant à la notion de distance de cohérence

Version soumise — 3/4/2003


54 Le canal de propagation radioélectrique

Dispersion Doppler en pulsation spatiale : Le phénomène résultant de la perte de


cohérence spatiale est un étalement dans le domaine des vecteurs d’onde. Cet étalement
est mesuré par l’occupation de la fonction de densité de puissance W x1 ,y1 ;x2 ,y2 (~k, ~ro , ~ri ).

La dispersion Doppler, associée à l’axe ~eu , s’exprime, au sens de l’écart-type, par :


R 1/2
RMS (ku − mku )2 |W̄ x1 ,y1 ;x2 ,y2 (ku , ~ro , ~ri )| dku
KDop (~ro , ~ri )u = R
|W̄ x1 ,y1 ;x2 ,y2 (ku , ~ro , ~ri )| dku

où l’on a ~k = ku~eu .

Distance de cohérence et dispersion Doppler sont des mesures associées,


Dcoh (~ri , ~ro )u ∝ KDop (~ri , ~ro )−1
u . Un faible étalement Doppler implique une grande dis-
tance de cohérence et, à l’inverse, une petite distance de cohérence une dispersion Doppler
élevée.

Expérience 4 : Emetteur fixe – récepteur fixe

La dernière expérience à étudier est celle où les positions de l’émetteur et du récepteur
restent fixes, immobilité rendant impossible l’évaluation d’une quelconque fonction de
corrélation spatiale, par opposition aux trois cas précédents. L’analyse des phénomènes
de corrélation est donc nécessairement reportée dans le domaine des pulsations spatiales.

Précédemment, le concept de cohérence spatiale a été dégagé en observant l’évolution


du canal pour une même translation spatiale de l’émetteur et du récepteur. La notion
duale dans le domaine spectral, i.e. la bande de cohérence en pulsation spatiale, est dérivée
à partir d’un système émettant et recevant sur la même pulsation spatiale et en examinant
la corrélation en réception pour différents vecteurs d’onde. Ce concept intervient dans les
systèmes à diversité de rayonnement.

L’émetteur transmet successivement deux signaux monochromatiques, de pulsations


~k et ~k + ~κ. En captant les signaux reçus sur ces deux mêmes pulsations, le récepteur
détermine la corrélation introduite en pulsation spatiale par le canal. Sous l’hypothèse de
stationnarité au sens large, la statistique au second ordre ne dépend que de l’écart entre
les deux vecteurs d’onde et l’on peut définir les fonctions de corrélation en pulsation, ainsi
que le spectre associé en espace par :

R W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (~κ, ~ro , ~ri ) = EW h {W h (~ro , ~k + ~κ; ~ri , ~k + ~κ) W ∗h (~ro , ~k; ~ri , ~k)}
Z
W W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (~ρ, ~ro , ~ri ) = R W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (~κ, ~ro , ~ri )ej~κ·~ρ d3 κ

où l’on rappelle que W h (~ro , ~ko ; ~ri , ~ki ) est la réponse du canal, au point ~ro , pour la pulsation
~ko à une pulsation pure ~ki transmise à la position ~ri .

Bande de cohérence en pulsation spatiale : La cohérence du canal en pulsation


spatiale, duale de la cohérence en espace, quantifie la corrélation de l’effet du canal

Version soumise — 3/4/2003


2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 55

~k2
~ri

~k1

~ro

Fig. 2.14: Expérience conduisant à la notion de bande de cohérence en pulsation spatiale

sur plusieurs pulsations spatiales. Elle correspond à la largeur du lobe de la fonction


R W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (~κ, ~ro , ~ri ).

La bande de cohérence en pulsation est donnée comme :


( )
| R W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (κu , ~ro , ~ri )|
(α)
Kcoh (~ro , ~ri )u = sup δ min ≥α
|κu |<δ | R W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (0, ~ro , ~ri )|

et au sens de l’écart-type comme :


R !1/2
κ2 | R (κu , ~ro , ~ri )| dκu
RMS
Kcoh (~ro , ~ri )u = R u W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2
| R W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (κu , ~ro , ~ri )| dκu

Etalement spatial : La bande de cohérence en pulsation spatiale du canal est


l’image de la disposition des obstacles efficaces sur le chemin de propagation de l’onde.
Par obstacle efficace, on entend un réflecteur contribuant de manière non négligeable
au signal reçu. Pour cela, un objet doit être éclairé par l’émetteur et réfléchir suffi-
samment d’énergie en direction du récepteur. L’étalement de la densité de puissance
W W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (~
ρ, ~ro , ~ri ) apporte une indication sur la localisation spatiale de ces ré-
flecteurs, information que l’on peut appeler étalement spatial du canal.

Ainsi, l’écart-type de l’étalement spatial mesuré a pour expression :


R !1/2
(ρ − m )2| W (ρ , ~
r , ~
r )| dρ
RMS u ρ u W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 u o i u
Dspread (~ro , ~ri )u = R
| W W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (ρu , ~ro , ~ri )| dρu
R
où ρu = ρ
~ · ~eu et m~ ρ = ρu | W W x1 ,W y1 ;W x2 ,W y2 (ρu , ~ro , ~ri )| dρu .

Ici encore, on montre que l’étalement spatial et la bande de cohérence en pulsation


spatiale sont des grandeurs duales, Kcoh (~ro , ~ri )u ∝ Dspread (~ro , ~ri )−1
u .

Version soumise — 3/4/2003


56 Le canal de propagation radioélectrique

Remarques finales : Le tableau(2.3), situé en fin de chapitre, résume l’ensemble des


notions vues dans cette section et rappelle les applications typiques associées. On souligne
l’existence de deux groupes de paramètres complémentaires, point à volume ou volume
à volume, capables chacun d’appréhender complètement le comportement énergétique
du canal de propagation. Ils prendront tout leur sens, dans le chapitre suivant, comme
supports à la conception de système de communication à réseau d’antennes.

2.3.3.3 Domaine temporel

Les relations décrivant la statistique temporelle au second ordre du canal sont regrou-
pées en deux ensembles :

R h (t1 , τ1 ; t2 , τ2 ) = Eh {h(t1 , τ1 )h∗ (t2 , τ2 )}


R h (t1 , f1 ; t2 , f2 ) = Eh {h(t1 , f1 )h∗ (t2 , f2 )}
(2.24)
R h (fd1 , f1 ; fd2 , f2 ) = Eh {h(fd1 , f1 )h∗ (fd2 , f2 )}
R h (fd1 , τ1 ; fd2 , τ2 ) = Eh {h(fd1 , τ1 )h∗ (fd2 , τ2 )}

et :
R h (to1 , ti1 ; to2 , ti2 ) = Eh {h(to1 , ti1 )h∗ (to2 , ti2 )}
R h (to1 , fi1 ; to2 , fi2 ) = Eh {h(to1 , fi1 )h∗ (to2 , fi2 )}
(2.25)
R h (fo1 , fi1 ; fo2 , fi2 ) = Eh {h(fo1 , fi1 )h∗ (fo2 , fi2 )}
R h (fo1 , ti1 ; fo2 , ti2 ) = Eh {h(fo1 , ti1 )h∗ (fo2 , ti2 )}

Les fonctions de corrélation des signaux d’entrée et de sortie sont reliées, dans le cas
général, par des équations du type :
ZZ
R y (t1 ; t2 ) = R h (t1 , τ1 ; t2 , τ2 ) R x (t1 − τ1 ; t2 − τ2 ) dτ1 dτ2

Les expériences développées dans la section précédente peuvent être facilement adap-
tées au domaine temporel pour caractériser la statistique au second ordre du canal. Les
analogies entre mesures temporelles et spatiales sont évidentes et s’enrichissent mutuel-
lement pour aider à une compréhension équivalente des deux domaines, a priori biaisée
par notre perception (cf. équation(2.7)).

Un résumé des principaux résultats est proposé par le tableau (2.4) en fin de chapitre.

Expérience 1 : Instant d’émission variable – instant de réception fixe


Expérience 2 : Instant d’émission fixe – instant de réception variable

Les deux premières expériences conduisent aux notions de temps de corrélation en


émission et en réception, ainsi qu’aux dispersions spectrales duales. Cette connaissance
est essentielle aux systèmes de transmission reposant sur des mécanismes de répétition

Version soumise — 3/4/2003


2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 57

ou de recombinaison cherchant à exploiter les diversités temporelles d’émission et de


réception.

En supposant que l’hypothèse de stationnarité au sens large est vérifiée dans les deux
cas, on constitue deux groupes de fonctions :
R x1 ,x2 ;y (τi , to , ti ) = Eh {h(to , ti − 12 τi )h∗ (to , ti + 12 τi )}
Z
W̄ x1 ,x2 ;y (fi , to , ti ) = R x1 ,x2 ;y (τi , to , ti )e−j2πfi τi dτi

et

R x;,y1 ,y2 (τo , to , ti ) = Eh {h(to − 21 τo , ti )h∗ (to + 12 τo , ti )}


Z
W̄ x;y1 ,y2 (fo , to , ti ) = R x;y1 ,y2 (τo , to , ti )e−j2πfo τo dτo

dont l’évaluation des supports de chaque fonction aboutit aux quatre paramètres présentés
ci-dessous.

Temps de corrélation en émission :


R 2 1/2
RMS τi | R x1 ,x2 ;y (τi , to , ti )| dτi
TcorTx (to , ti ) = R
| R x1 ,x2 ;y (τi , to , ti )| dτi

Dispersion spectrale en émission :


R 1/2
RMS (fi − mfi )2 |W̄ x1 ,x2 ;y (fi , to , ti )| dfi
FspreadTx (to , ti ) = R
|W̄ x1 ,x2 ;y (fi , to , ti )| dfi

Temps de corrélation en réception :


R 2 1/2
τ | R x;,y1 ,y2 (τo , to , ti )| dτo
RMS
TcorTx (to , ti ) = Ri
| R x;,y1 ,y2 (τo , to , ti )| dτo

Dispersion spectrale en réception :


R 1/2
RMS (fo − mfo )2 |W̄ x;,y1 ,y2 (fo , to , ti )| dfo
FspreadRx (to , ti ) = R
|W̄ x;,y1 ,y2 (fo , to , ti )| dfo
R R
où l’on a défini mfi = fi |W̄ x1 ,x2 ;y (fi , to , ti )| dfi et mfo = fo |W̄ x;,y1 ,y2 (fo , to , ti )| dfo

Expérience 3 : Instants d’émission et de réception variables


Expérience 4 : Instants d’émission et de réception fixes

Les expériences 3 et 4 ont déjà été largement traitées dans la littérature [4] et servent
de référence au dimensionnement de tout système de communication. On abandonnera
l’approche suivie jusqu’à présent pour retrouver la présentation classique.
Version soumise — 3/4/2003
58 Le canal de propagation radioélectrique

Le canal sera supposé stationnaire au sens large (WSS — Wide Sens Stationary) à
diffuseurs décorrélés (US — Uncorrelated Scattering) :
Stationnarité au sens large (hypothèse WSS) : Les statistiques sont invariantes
pendant un intervalle de temps donné. Cette hypothèse implique la décorrélation
des perturbations liées à des diffuseurs élémentaires affectés de décalages Doppler
différents.
Diffuseurs non corrélés (hypothèse US) : Les perturbations liées à des diffuseurs
élémentaires avec des décalages temporels différents sont décorrélées. Cette hypo-
thèse implique la stationnarité en fréquence.
Ces deux hypothèses sont souvent posées, conduisant à des simplifications significatives
dans l’écriture des relations entrée-sortie. Elles sont généralement vérifiées pour les com-
munications sans fil à courte distance, le cas qui nous intéresse ici.

Lorsque les conditions WSS et US sont réunies, les fonctions de corrélation 2.25
s’écrivent :

R h (t1 , τ1 ; t2 , τ2 ) = δ(τ2 − τ1 )Ph (t2 − t1 , τ1 )


R h (fd1 , f1 ; fd2 , f2 ) = δ(fd1 − fd2 )Ph (fd1 , f2 − f1 )
R h (fd1 , τ1 ; fd2 , τ2 ) = δ(fd1 − fd2 )δ(τ2 − τ1 )Ph (fd1 , τ1 )
R h (t1 , f1 ; t2 , f2 ) = R h (t2 − t1 , f2 − f1 )

où Ph (t2 − t1 , τ1 ), Ph (fd1 , f2 − f1 ) et Ph (fd1 , τ1 ) s’interprètent comme les densités de


puissance en temps-retard, fréquence-Doppler, retard-Doppler et où R h (t2 − t1 , f2 − f1 )
est la fonction d’autocorrélation temps-fréquence. Ces quatre fonctions sont reliées par
transformées de Fourier, comme illustré par la figure (2.15).

Ph (∆t, τ )
F ∆t Fτ

Ph (fd , τ ) R h (∆t, ∆f )

Fτ F ∆t
Ph (fd , ∆f )

Fig. 2.15: Fonctions de corrélation temporelle d’un canal stationnaire au sens large et à diffuseurs
décorrélés

La réponse temporelle du canal WSSUS est entièrement caractérisée par l’une quel-
conque de ces quatre fonctions, le plus souvent le spectre en retard-Doppler Ph (τ, fd ) ou
la fonction d’autocorrélation en temps-fréquence R h (t2 − t1 , f2 − f1 ). Ces deux fonctions
Version soumise — 3/4/2003
2.3 Caractérisation du canal spatio-temporel 59

apportent respectivement des renseignements sur l’étalement de l’énergie et la cohérence


du canal en temps et en fréquence.

A priori, les différents domaines sont interdépendants et il n’est pas possible de les
traiter séparément. Cependant, pour la plupart des milieux de propagation rencontrés,
il est suffisant, au prix d’une erreur négligeable, d’examiner les fonctions suivant chaque
axe pour extraire les informations essentielles [20]. On passe donc aux fonctions réduites
du canal :

Ph (τ ) = Ph (τ, fd )|fd =0
Ph (fd ) = Ph (τ, fd )|τ =0
R h (∆f ) = R h (∆t, ∆f )|∆t=0
R h (∆t) = R h (∆t, ∆f )|∆f =0

Les paramètres de dispersion et de corrélation en temps sont estimés à partir des


supports de ces quatre fonctions réduites. On remarque que la notion de localisation, en
l’occurrence temporelle, a disparu, par contraste avec l’ensemble des autres paramètres
établi précédemment. La raison provient de la stationnarité au sens large globale, et non
plus locale, impliquée par l’hypothèse WSSUS.

Etalement temporel :
R 1/2
RMS (τ − mτ )2 Ph (τ ) dτ
Tspread = R
Ph (τ ) dτ

Bande fréquentielle de cohérence :


R 1/2
RMS ∆f 2 | R h (∆f )| d∆f
Fcoh = R
| R h (∆f )| d∆f

Etalement Doppler :
R 1/2
RMS (fd − mfd )2 Ph (fd ) dfd
FDop = R
Ph (fd ) dfd

Temps de cohérence :
R 1/2
RMS ∆t2 | R h (∆t)| d∆t
Tcoh = R
| R h (∆t)| d∆t
R R
où l’on a défini mτ = τ Ph (τ ) dτ et mfd = fd Ph (fd ) dfd .

Version soumise — 3/4/2003


60 Le canal de propagation radioélectrique

2.4 Modèles du canal

Après avoir identifié les phénomènes physiques à l’œuvre dans la propagation radio-
électrique et proposé une série de paramètres caractéristiques, il reste à élaborer des
modèles de canal, donnant une représentation mathématique aussi fidèle que possible de
la réalité.

Les modèles de canaux se scindent en deux grandes familles, les approches détermi-
nistes et statistiques, auxquelles s’ajoutent les méthodes hybrides :
Modèles déterministes : Les modèles déterministes sont définis par le traitement pu-
rement déterministe des paramètres de l’environnement : position des diffuseurs et
interactions du signal avec les obstacles. La propagation de l’onde est considérée
spéculaire et la réponse du canal est calculée par une approche géométrique de
lancer de rayons. L’intérêt majeur de ces modèles est leur interprétation physique
évidente. Ils présentent cependant un manque de flexibilité flagrant dans le choix des
paramètres, obligeant à refondre entièrement le modèle pour des environnements
différents. La description déterministe des interactions est également discutable.
Modèles stochastiques : Les modèles stochastiques se détachent de la description géo-
métrique pour traiter les paramètres du canal à partir de distributions statistiques.
Une distribution quelconque peut être affectée à chaque paramètre, fournissant ainsi
une flexibilité maximale. La contrepartie est la difficulté à choisir le type de des-
cription approprié pour un milieu donné, ce problème étant résolu en pratique par
des campagnes de mesures extensives.
Modèles stochastiques géométriques : Les modèles stochastiques géométriques [21],
ou modèles semi-statistiques, décrivent de manière statistique la cartographie des
diffuseurs. Ils retiennent l’aspect géométrique simple, propre aux modèles purement
déterministes, et la flexibilité inhérente aux modèles géométriques, tout en évitant
le recours à des mesures exhaustives.
Cette section propose une introduction succincte à la modélisation de la réponse du
canal. Présenter un état de l’art des modèles de canaux spatio-temporels sort évidemment
du cadre de ce travail (cf. par exemple [22, 23, 24, 25]). Le but recherché ici est de
rattacher à des phénomènes physiques les concepts vus précédemment et de préparer la
transition vers le chapitre suivant où l’on confronte le système de communication au canal
de propagation. Plus précisément, la partie traitant des modèles déterministes propose
une interprétation géométrique de la notion de modes propres. La partie suivante aborde
les modèles statistiques au second ordre, qui, une fois combinés aux paramètres développés
dans la section 2.3.3, joueront un rôle central dans le calcul de débit des systèmes à double
réseau d’antennes.

Version soumise — 3/4/2003


2.4 Modèles du canal 61

2.4.1 Modèles déterministes

La réponse impulsionnelle, équivalente en bande de base, du canal de transmission est


modélisée par une superposition d’échos discrets [26, 27] :
X
h(~ro , ~ri ; t, τ ) = hp (~ro , ~ri , t)δ(τ − τp (t)) (2.26)
p

où l’écho p est caractérisé par une amplitude complexe hp (~ro , ~ri , t) et un retard τp (t), δ(·)
dénotant la distribution de Dirac. Cette représentation n’est pas strictement rigoureuse
puisque l’existence d’un équivalent en bande de base requiert que le signal, de moyenne
continue nulle, soit à spectre borné par opposition à la discrétisation temporelle des trajets
qui suppose un spectre illimité. L’expression (2.26) ne prend un sens que dans un produit
de convolution avec un signal à bande fréquentielle limitée.

On injecte donc la forme (2.26) dans la relation d’entrée-sortie (2.7) :


XZ
y(~ro , t) = hp (~ro , ~ri , t)x(~ri , t − τp (t)) dτ + n(~ro , t)
p

établie pour un émetteur et un récepteur immobile.

Le canal sera supposé invariant en temps1 afin de simplifier les calculs. L’intégration
en retard se réduit alors à une opération de convolution, que s’exprime dans le domaine
fréquentiel comme :
Z
y(~ro , t) = h(~ro , ~ri , f )x(~ri , f )ej2πf t df + n(~ro , t) (2.27)
P
où h(~ro , ~ri , f ) = p hp (~ro , ~ri ) exp(−2jπf τp ) est la réponse du canal à la fréquence f et
R
x(~ri , f ) = x(~ri , t) exp(−2jπf t) dt le spectre du signal transmis.

Modélisation en champ lointain : La fonction h(~ro , ~ri , f ) ne permet d’aller guère


plus loin dans la description des signaux échangés. Notamment, elle ne donne pas d’infor-
mation sur la structure du champ électromagnétique dans les voisinages de ~ri et ~ro . Une
première solution est d’appliquer une transformée de Fourier sur les variables d’espace :
ZZ   ~ ~
h(~ro , ~ri , f ) = h ~ko , ~ki , f ej (ko ·~ro +ki ·~ri ) d3 ko d3 ki (2.28)

où h(~ko , ~ki , f ) résume l’ensemble des interactions énergétiques avec l’environnement d’une
onde plane émise suivant ~ki et reçue suivant ~ko . La décomposition en ondes planes (2.28)
de la réponse du canal évoque le mécanisme de propagation par trajets multiples par lequel
le signal transmis emprunte plusieurs chemins caractérisés chacun par une direction de
1
Ces deux hypothèses, i.e. émetteur et récepteur immobiles et absence d’évolution temporelle, de-
meurent raisonnables pour l’application visée. Néanmoins, l’hypothèse d’invariance temporelle n’est pas
nécessaire et le calcul peut être redérivé pour un canal sous-étalé en temps en utilisant les symboles de
Weyl généralisés (cf. section 2.3.2.2).

Version soumise — 3/4/2003


62 Le canal de propagation radioélectrique

départ et une direction d’incidence. Cette observation n’est cependant pas entièrement
justifiée pour la raison que l’énergie transmise est répartie sur un continuum d’ondes
planes rendant caduque la notion de chemins de propagation.

La solution à ce problème est à rechercher dans la représentation de Fourier


même [28, 29]. La transformée de Fourier est un opérateur de décomposition en base
orthonormée, caractérisé par la périodicité des fonctions de base (exponentielles com-
plexes). De toute évidence, la transformée hérite des propriétés de cette base. Ainsi, la
décomposition de Fourier est adaptée à la description de structures périodiques mais reste
un outil relativement peu commode lorsque des phénomènes transitoires sont en jeu. Par
exemple, dans le domaine temporel, le spectre obtenu par transformée de Fourier donne
le contenu fréquentiel exact du signal mais perd toute notion de localisation temporelle,
selon le principe d’incertitude qui implique qu’une précision fréquentielle infinie est né-
cessairement couplée à une précision temporelle nulle.

Du point de vue de l’analyse de Fourier, un signal est donc décomposé en deux parties
complémentaires : les composantes périodiques, apparaissant sous forme de raies dans
le spectre, et les composantes apériodiques, constituant le reste du spectre. Lorsque le
signal est vu comme la réponse d’un système linéaire à une excitation donnée, ces deux
parties correspondent respectivement aux réponses en régimes permanent et transitoire
du système. Les signaux observés en régime transitoire ont tendance à se dissiper, ce
qui suggère l’introduction d’une pondération en amplitude des exponentielles complexes
utilisées par la transformée de Fourier. La transformée de Laplace est une généralisation
possible où les fonctions de base sont des exponentielles complexes à croissance ou à
décroissance exponentielles.

Les résultats précédents sont bien connus dans le domaine temporel. Durgin [30] a
montré par analogie qu’ils se retrouvent dans le domaine spatial. En l’absence d’obstacles,
le champ électromagnétique est constitué d’ondes planes homogènes (exponentielles com-
plexes). Les perturbations créées par les obstacles causent l’apparition d’ondes inhomo-
gènes (exponentielles complexes à décroissance exponentielle) à proximité des objets se
dissipant avec l’éloignement. A distance suffisamment grande de tout obstacle (distance
de Fraunhofer), le champ électromagnétique n’est plus constitué que de la superposition
d’ondes planes homogènes et le spectre en vecteurs d’onde associé est un spectre de raies.
On qualifiera cette région de l’espace de zone d’espace libre.

On peut maintenant conclure que le mécanisme de propagation par trajets multiples


est bien défini lorsque les positions ~ri et ~ro sont en champ lointain. En effet, l’expres-
sion (2.28) se réduit à un spectre de raies :
X  (p)  ~ (p) (p)

~ ~ (p) ro +~kAOD ·~
j kAOA ·~ ri
h(~ro , ~ri , f ) = α kAOA , kAOD , f e (2.29)
p

(p) (p)
où ~kAOD et ~kAOA sont les vecteurs d’onde associés aux directions de départ et d’incidence
du trajet spéculaire p et α(·) un scalaire complexe résumant son interaction avec le milieu
à la fréquence f [6, 22, 23]. La dénomination des vecteurs d’onde (AOA — Angle Of
Arrival, AOD — Angle Of Departure) est inspirée de la littérature utilisée en traitement
d’antennes.
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2.4 Modèles du canal 63

Récepteur

Modélisation à l’interface
champ proche-champ lointain ~kAOA

Obstacle
~kAOD

Zone
champ proche

Emetteur Zone champ lointain :


ondes planes homogènes

Fig. 2.16: Modélisation de la réponse du canal en champ lointain

Les coefficients d’interaction, ainsi que les vecteurs d’onde, reflètent les variations en
fréquence du comportement des diffuseurs. L’expression (2.29), en somme d’exponentielles
complexes, permet d’exprimer cette dépendance par une décomposition en série de Fourier
sans changer la forme globale. On aboutit à :
X  (p)  ~ (p) (p)

~ ~ (p) ro +~kAOD ·~
j kAOA ·~ ri
h(~ro , ~ri , f ) = α kAOA , kAOD e (2.30)
p

où l’on a conservé les notations de l’équation (2.29). On vérifie que cette relation est en
accord avec le mécanisme de propagation par trajets multiples. Dans la suite, on posera :
(p) (p)
αp , α(~kAOA , ~kAOD ).

Les termes d’onde apparaissant dans la somme (2.30) englobent les échos spéculaires et
diffus. Un signal diffus peut en effet être vu comme un paquet d’ondes planes homogènes
tel que l’énergie convoyée par chaque onde plane soit négligeable devant l’énergie globale.
En champ lointain le nombre de trajets spéculaires P est fini, avec un résidu correspondant
aux composantes diffuses [30] :
P −1  
X (p)
j ~kAOA ·~
(p)
ro +~kAOD ·~
ri
h(~ro , ~ri , f ) = αp e + hdiffus (~ro , ~ri , f ) (2.31)
p=0

La contribution des répliques spéculaires représente généralement la partie utile du si-


gnal, la plupart des algorithmes de traitement du signal étant aveugle aux composantes
diffuses [31, 32].

En réintégrant l’équation (2.31) dans la relation d’entrée-sortie (2.27), on voit que la


réponse globale du canal résulte de la superposition fréquentielle de canaux plats possé-
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64 Le canal de propagation radioélectrique

dant leur propre réponse spatiale. Cette observation sera mise à profit par les systèmes
de transmission.

Interprétation de la notion de modes propres : La forme générale du modèle de


canal à trajets multiples et la condition nécessaire pour traiter l’espace indépendamment
du temps ayant été exposées, on cherche à présent à trouver une interprétation physique
au concept de mode propre spatial. Le problème est d’obtenir, à partir de la réponse
fréquentielle du canal (2.30), deux jeux de fonctions orthonormales, en correspondance
bijective, reliées par l’expression (2.10). L’existence de cette décomposition est garantie
par le fait que RR la réponse fréquentielle du canal, de par sa nature même, est de carré
intégrable, i.e. |h(~ro , ~ri , f )|2 d3 ri d3 ro < ∞.

Intuitivement, les exponentielles complexes semblent un choix naturel puisque véri-


fiant la condition d’orthonormalité et apparaissant dans la description du canal en champ
lointain. Les fonctions propres d’entrée doivent épuiser l’ensemble des degrés de liberté
disponibles. Pour un canal à P trajets, choisissons les P exponentielles complexes défi-
nissant les vecteurs d’ondes de départ {ap (~ri )}p avec :
 
(p)
ap (~ri ) , exp −j~kAOD · ~ri

Reste à savoir s’il est possible de faire correspondre un jeu de fonctions orthonormales en
sortie. La réponse à l’onde plane aq (~ri ) s’écrit :
Z X
~ (q) ~ (p)
bq (~ro ) , h(~ro , ~ri , f )e−j kAOD ·~ri d3 ri = αp ej kAOD ·~ro
p∈Pq
n o
(p) (q)
où Pq = p ∈ [0, P − 1] | ~kAOA = ~kAOA .

Une condition suffisante pour assurer l’orthonormalité des fonctions {bp (~ro )} est que
chaque onde plane incidente corresponde à une unique onde plane émise, i.e. Pq = {q}.
Dans ce cas, les modes propres sont obtenus comme :

up (~ri ) = ap (~ri )
vp (~ro ) = bp (~ri )/ kbp (~ri )k
λp = kbp (~ri )k

On voit ainsi que, au moins dans la mesure où les chemins de propagation sont deux à
deux distincts, les modes propres sont associés aux trajets empruntés par le signal entre
l’émetteur et le récepteur.

2.4.2 Modèles stochastiques et stochastiques géométriques

L’approche déterministe est peu appropriée à l’étude de la propagation à l’intérieur de


bâtiments, environnement considéré dans cette thèse, du fait du nombre considérable de
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2.4 Modèles du canal 65

facteurs nécessaires à une description précise de l’environnement. Le recours à une carac-


térisation statistique apparaı̂t alors plus judicieux car permettant d’acquérir relativement
facilement un ordre de grandeur des paramètres du canal.

La signature spatiale à petite échelle du canal est appréhendée en mesurant les niveaux
de corrélation entre les réponses impulsionnelles prélevées en différents points d’une région
donnée. En l’absence de sélectivités fréquentielle et temporelle, l’influence du canal se
réduit à un simple affaiblissement du signal. En regroupant les coefficients d’atténuations
ainsi obtenus, on forme la matrice H ∈ CNR ×NT :
 
h(~ro,1 , ~ri,1 ) . . . h(~ro,1 , ~ri,NT )
 .. .. .. 
H= . . . 
h(~ro,NR , ~ri,1 ) . . . h(~ro,NR , ~ri,NT )

où {~ri,m }N T
m=1 est l’ensemble des NT points d’émission, {~ ro,n }N R
n=1 celui des NR points
de réception et h(~ro,m , ~ri,n ) la réponse impulsionnelle réduite du canal. La matrice de
corrélation associée s’écrit :

RH = EH {vec(H) vec(H)H } (2.32)

 
h(~ro,1 , ~ri,1 ) . . . h(~ro,1 , ~ri,NT )
 .. ... .. 
 . . =H Région de réception
h(~ro,NR , ~ri,1 ) . . . h(~ro,NR , ~ri,NT )
~ro,m

Région d’émission

n
)
m
, ~r i,
o,
h(~r

~ri,n

RH = EH {vec(H) vec(H)H }

Fig. 2.17: Modélisation statistique du canal de propagation — Définition d’une matrice de cor-
rélation spatiale

L’expression générale des coefficients de corrélation est complexe à établir (cf. [33]).
Pour faciliter le traitement analytique [34, 35] et avoir un modèle de simulation simple avec
des paramètres issus de la mesure [36], il est courant de modéliser la corrélation spatiale
en émission et en réception séparément. La corrélation entre les différentes réponses est
alors égale à :

E{h(~ro,l , ~ri,p )h(~ro,m , ~ri,q )∗ } =


E{h(~ro,r , ~ri,p )h(~ro,r , ~ri,q )∗ } E{h(~ro,l , ~ri,s )h(~ro,m , ~ri,s )∗ } (2.33)

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66 Le canal de propagation radioélectrique

Le coefficient E{h(~ro,r , ~ri,p )h(~ro,r , ~ri,q )∗ } caractérise la corrélation entre les réponses
entre deux capteurs placés en ~ri,p et ~ri,q , indépendamment du point de réception. La
grandeur associée mesurant la corrélation entre antennes d’émission est donnée par la
fonction E{h(~ro,r , ~ri,p )h(~ro,r , ~ri,q )∗ }.

Lorsque l’hypothèse de découplage (2.33) est vérifiée, la matrice de corrélation (2.32)


s’écrit de manière élégante comme :

RH = RRx ⊗ RTx

où ⊗ dénote le produit matriciel de Kronecker et où les matrices RTx ∈ CNT ×NT et
RRx ∈ CNR ×NR désignent respectivement les matrices de covariance en émission et en
réception, définies par :

RTx = EH H H H

et

RRx = EH HH H

Si l’on suppose que la matrice H est complexe gaussienne centrée, la connaissance


de la matrice d’autocorrélation (2.32) suffit pour remonter à la réponse du canal. En se
servant des propriétés du produit de Kronecker, on montre que :

H = (RRx )1/2 W (RTx )T /2 (2.34)

où W ∈ CNR ×NT est une matrice aléatoire gaussiennce blanche centrée et où l’on a noté
abusivement AT /2 , (A1/2 )T . Trois cas de figures typiques, dépeints sur la figure (2.18)
découlent directement de l’expression (2.35) :


W décorrélation des points à l’émission et à la réception
H ∝ W (RTx ) T /2 corrélation à l’émission

 1/2
(RRx ) W corrélation à la réception

Le modèle précédemment décrit souffre malheureusement de sa simplicité. Directe-


ment hérité des travaux conduits dans le cadre des systèmes SIMO et MISO, il permet
de décrire la corrélation spatiale dans une certaine zone de l’espace, par rapport à un
point de référence, mais échoue à faire de même pour deux régions dès lors que tombe
la possibilité de traiter indépendamment les corrélations dans chaque région. Lever cette
limitation nécessite d’augmenter le nombre de degrés de liberté, au minimum un double-
ment du nombre de paramètres indépendants disponibles. Une solution est de modifier
la relation (2.35) en introduisant une relation entre émission et réception [37] :

H = (RRx )1/2 W Rx RC W TTx (RTx )T /2 (2.35)

où RC ∈ Cr×r est une matrice définie positive, et W Tx ∈ Cr×NT et W Rx ∈ Cr×NR deux
matrices gaussiennes blanches centrées. Ce modèle, plus complet, met en évidence, par
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2.4 Modèles du canal 67

RTx W RRx

Emission Réception
H = (RRx )1/2 W (RTx )1/2

RTx = I

Emission Réception
H = (RRx )1/2 W

Fig. 2.18: Expression de la réponse impulsionnelle d’un canal de propagation, à évanouissements


gaussiens, en fonction de la structure de la corrélation spatiale

l’intermédiaire de la matrice de corrélation RC , des phénomènes précédemment cachés,


notamment l’effet de goulot d’étranglement évoqué dans la section 3.4.2. Un inconvé-
nient à ne pas oublier pour éviter des conclusions erronées est que la matrice H, décrite
par (2.34), ne suit plus une loi gaussienne, puisqu’elle fait intervenir un produit de deux
matrices gaussiennes.

En comparant les relations (2.35) et (2.34), on s’aperçoit que le premier modèle est
à rebond unique, i.e. une interaction unique de l’onde avec un obstacle, et le second à
double rebond.

On trouve un grand nombre de modèles stochastiques géométriques dans la littéra-


ture répondant à différentes configurations. La figure (2.19) illustre quatre exemples de
modèle récurrents. L’émetteur et le récepteur sont évidemment interchangeables. Dans le
modèle à un anneau [34, 23], l’émetteur est plongé dans une zone riche en réflecteurs que
le récepteur, placé suffisamment loin, voit dans un cône angulaire étroit. On suppose éga-
lement que l’émetteur et le récepteur ne sont pas en visibilité directe. Ce type de modèle
est rencontré dans les réseaux cellulaires pour décrire la communication entre une station
de base, placée à un endroit dégagé et généralement surélevé, et un mobile. Le modèle à
deux anneaux [38] suppose que l’émetteur et le récepteur sont tous les deux environnés de
diffuseurs locaux, situation qui peut se rencontrer en milieu confiné. On remarquera que
le signal subit une double interaction avec les diffuseurs à l’émission et à la réception. Le
modèle à diffuseurs distribués a été proposé [37] pour décrire les canaux de propagation
MIMO en extérieur. Le modèle de Saleh-Valenzuela [39], étendu aux systèmes MIMO [40],
a été initialement développé suite à des campagnes de mesure qui ont montré la tendance
des échos à arriver par paquets, suggérant ainsi que les diffuseurs peuvent être regroupés
par groupes.
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68 Le canal de propagation radioélectrique

Modèle à un anneau

Emetteur Récepteur

Anneaux de diffuseurs

Modèle à deux anneaux

Emetteur Récepteur

Rangées de diffuseurs

Modèle à diffuseurs distribués

Emetteur Récepteur

Modèle de Saleh-Valenzuela étendu


(groupe de réflecteurs unique)

Emetteur Récepteur

Fig. 2.19: Modèles géométriques simples d’un canal de propagation MIMO

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2.5 Conclusion 69

Un grand effort de recherche est donc mené actuellement en vue d’établir de véri-
tables modèles de canaux MIMO intégrant, en plus de la dimension spatiale, les aspects
liés aux sélectivités fréquentielle et temporelle. On pourra citer les modèles décrits dans
les articles [41, 42] et les projets IST METRA (Multi Element Transmit Receive Anten-
nas) [43, 36], IST SATURN (Smart Antenna Technology in Universal bRoadband wireless
Networks) [37, 44, 45, 46] et COST 273.

2.5 Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons étudié différents aspects du canal de propagation radio-
électrique. Les points suivants ont été discutés :
• le formalisme mathématique des signaux spatio-temporels et les mécanismes phy-
siques de la propagation radioélectrique ;
• la description mathématique des dimensions spatiales et temporelle du canal de
transmission, débouchant sur le concept de modes propres de propagation et sur
l’établissement de paramètres statistiques de sélectivité et de dispersion ;
• les modèles de canal de propagation temps-espace déterministes stochastiques.
Ce chapitre a ainsi permis de planter des bases suffisamment solides pour pouvoir
plonger dans les mécanismes fondamentaux de la communication, qui feront l’objet de
la prochaine partie. L’existence de modes propres de propagation, évoquée ici, sera la
clé des efficacités spectrales atteintes par les systèmes à double réseau d’antennes. Les
concepts de distances de corrélation et de cohérence, contreparties spatiales des temps de
corrélation et de cohérence, interviendront dans le dimensionnement du système.

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Tab. 2.3: Caractérisation au second ordre du comportement du canal — Domaine spatial

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Emetteur mobile, Emetteur immobile, Emetteur mobile, Emetteur immobile,
Expériences
récepteur immobile récepteur mobile récepteur mobile récepteur immobile
Domaines de
espace, ~ri espace, ~ro - -
corrélation
Domaines de
pulsation, ~ki pulsation, ~ko - -
dispersion associés
70 Le canal de propagation radioélectrique

Domaines de
- - espace, ~r pulsation, ~k
cohérence
Domaines de
- - Doppler, ~kd translation, ρ
~
dispersion associés
Etalement spatial
Mesures spatiales D
~ corTx (~ro , ~ri ) D
~ corRx (~ro , ~ri ) D
~ coh (~ro , ~ri )
D
~ spread (~ro , ~ri )
Etalement Doppler Bande de cohérence
Mesures spectrales K
~ spreadTx (~ro , ~ri ) K
~ spreadRx (~ro~ri )
K~ Dop (~ro , ~ri ) K~ coh (~ro , ~ri )
Systèmes à diversité
Systèmes à diversité Systèmes à diversité Systèmes à formation
Applications de rayonnement
d’émission (MISO) de réception (SIMO) de faisceau (MIMO)
(MIMO)
Tab. 2.4: Caractérisation au second ordre du comportement du canal — Domaine temporel
Instant d’émission Instant d’émission Instant d’émission Instant d’émission
Expériences variable, instant de fixe, instant de variable, instant de fixe, instant de
réception fixe réception variable réception variable réception fixe
Domaines de
temps, ti temps, to - -
corrélation
Domaines de
fréquence, fi fréquence, fo - -
dispersion associés
Domaines de
- - temps, t fréquence, f
cohérence
Domaines de
- - fréquence Doppler, fd retard, τ
dispersion associés
Mesures temporelles TcorTx (to , ti ) TcorRx (to , ti ) Tcoh Tspread
Mesures fréquentielles FspreadTx (to , ti ) FspreadRx (to , ti ) FDop Fcoh
Applications Diversité d’émission Diversité de réception Filtrage Multiplexage
2.5 Conclusion

Version soumise — 3/4/2003


71
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Version soumise — 3/4/2003


Chapitre 3

Aspects de la théorie de
l’information

Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.2 Le canal de propagation et le signal numérique . . . . . . . . 76
3.2.1 Sélectivité et dispersion en temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.2.2 Sélectivité et dispersion en espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.2.3 Canaux ergodiques versus canaux non-ergodiques . . . . . . . . . 81
3.3 Théorie de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.3.1 Rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.3.2 Capacité d’un canal MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.3.2.1 Information d’état du canal en émission et en réception 89
3.3.2.2 Information d’état du canal en réception . . . . . . . . 92
3.3.2.3 Absence complète d’information d’état du canal . . . . 93
3.3.3 Normalisation de la capacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.4 Leçons de la théorie de l’information . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.4.1 Diversité et multiplexage en espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.4.2 Capacité et canal de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.4.3 Règles d’ingénierie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

3.1 Introduction

La raison d’être de tout système de communication est, par définition, de transmettre


de l’information entre une source, générant un message, et un ou plusieurs destinataires.
Les connaissances relatives au canal de transmission exposées au chapitre précédent sont
alors nécessaires à l’élaboration des stratégies d’émission et de réception.
76 Aspects de la théorie de l’information

Avant le tournant de l’année 1948, la conception de systèmes demeurait empirique,


avec une compréhension rudimentaire des méthodes de transmission des formes d’onde
et quasi inexistante de la notion de message. Cet état des choses a suscité un effort de
recherche considérable visant à dégager une définition rigoureuse d’un système de com-
munication. La théorie de l’information, fondée entre autres par Claude Elwood Shannon,
est venue couronner ces travaux [1, 2, 3]. Cette théorie mathématique, en fait une nouvelle
branche de la théorie des probabilités non commutatives, a pour raison d’être la décou-
verte des lois mathématiques gouvernant les systèmes conçus pour échanger ou manipuler
de l’information [4, 5].

Ce chapitre aborde les aspects de la théorie de l’information nécessaires à la com-


préhension des systèmes MIMO. Il débute par une analyse des effets de la sélectivité du
milieu sur un signal numérique en utilisant les paramètres de dispersion établis au chapitre
précédent. Après avoir rappelé quelques notions de base de la théorie de l’information,
la seconde partie étudie la capacité d’un canal MIMO en considérant différentes confi-
gurations de connaissance de l’état du canal. Exploitant ces résultats, la dernière partie
tire certains enseignements pratiques, tels que les notions de diversité et de multiplexage
spatiaux et l’identification des environnements favorables à l’effet MIMO.

3.2 Le canal de propagation et le signal numérique

Le chapitre précédent a étudié le canal de propagation radioélectrique dans le but de


mieux appréhender le comportement intrinsèque du milieu. Brièvement, il a été vu que,
dans le cas particulier d’un canal localement stationnaire au sens large, l’influence des
évanouissements à petite échelle se réduit à des effets de sélectivité et de dispersion, duals
par transformée de Fourier. Un certain nombre de paramètres caractéristiques a été défini
à partir des statistiques au second ordre. Ils ont été regroupés dans les tableaux (2.3),
pour le domaine spatial, et (2.4), pour le domaine temporel. On rappelle que l’ensemble
de ces résultats repose sur la séparation des dimensions temporelle et spatiale, hypothèse
que l’on conservera dans ce chapitre.

L’usage de ces paramètres dépend ensuite de l’application envisagée. Ils sont réinter-
prétés ici dans le contexte d’une liaison numérique, où ils vont permettre de caractéri-
ser l’impact de la propagation sur le signal échangé. En s’affranchissant des détails de
construction des formes d’onde, on observe que le signal émis est constitué d’un train
de blocs d’information indépendants, convoyant chacun une portion du message. Chaque
bloc est défini, dans le domaine temporel, par une durée Tbloc et une bande fréquen-
tielle Fbloc et, dans le domaine spatial, par un support D ~ bloc et une bande en pulsation
~
Kbloc . Ces deux derniers paramètres, a priori assez abstraits, sont les analogues directs
des grandeurs équivalentes en temps. En simplifiant, ils mesurent la zone d’émission d’un
bloc, i.e. l’occupation du réseau d’antennes, et la bande utilisée en pulsation spatiale, i.e
la réponse angulaire du réseau.

L’interaction de l’onde avec l’environnement entraı̂ne une déformation de ces blocs,


que le récepteur tente de corriger afin de restaurer l’information initiale. Les dégrada-

Version soumise — 3/4/2003


3.2 Le canal de propagation et le signal numérique 77

tions au second ordre sont quantifiées en normalisant les grandeurs de sélectivité et de


dispersion du canal avec les paramètres des blocs.

A l’inverse du chapitre précédent, la présentation débute par le domaine temporel,


pour lequel les conclusions sont relativement bien connues.

3.2.1 Sélectivité et dispersion en temps

La propagation par trajets multiples, résultant de la présence d’obstacles sur le chemin


du signal, se traduit par la réception de plusieurs répliques d’un même bloc d’information.
Ces échos, décalés d’un retard correspondant à la différence des trajets, dispersent l’éner-
gie en temps. Le phénomène dual en fréquence est la perte de cohérence de la réponse du
canal sur la bande du signal. Les deux mesures appropriées sont l’étalement normalisé et
la bande de cohérence normalisée, définis respectivement par les relations :
Tspread
T̄spread = (3.1)
Tbloc
et :
Fcoh
F̄coh = (3.2)
Fbloc

L’étalement temporel, sans conséquence sur le système pour T̄spread  1, est pénalisant
pour des valeurs plus élevées où l’interférence entre blocs d’information successifs devient
significative. De manière équivalente, la réponse fréquentielle du canal est essentiellement
non sélective sur la bande du signal lorsque F̄coh  1 et devient chahutée pour des valeurs
comparables ou inférieures à l’unité.

Simultanément, la modification des conditions de propagation de l’environnement


induit une évolution de la réponse temporelle du canal et provoque un étalement des
composantes fréquentielles par effet Doppler. L’impact sur un système de communication
peut être quantifié par le temps de cohérence normalisé et l’étalement Doppler normalisé
définis par :
Tcoh
T̄coh = (3.3)
Tbloc
et :
FDop
F̄Dop = (3.4)
Fbloc

La fréquence d’apparition des évanouissements est relativement lente et, par dua-
lité, l’étalement des composantes fréquentielles restreint, pour T̄coh  1. Au contraire,
la réponse du canal exhibe des variations temporelles rapides et un étalement Doppler
conséquent dès lors que T̄coh . 1.

Pour résumer, les deux indicateurs caractérisant les effets de sélectivité dans le do-
maine temporel sont :
(
−1  1 : non sélectif en fréquence
F̄coh ∝ T̄spread
. 1 : sélectif en fréquence
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78 Aspects de la théorie de l’information

et : (
−1  1 : non sélectif en temps
T̄coh ∝ F̄Dop
. 1 : sélectif en temps

Un canal donné peut être classé comme appartenant à l’un des quatre groupes définis
par les valeurs de l’étalement normalisé et de la bande Doppler normalisée (cf. tableau
(3.1)). Pour un canal variant très lentement, T̄coh  1, le nombre de signaux discernables
−1
est estimé par bF̄coh c, où b·c dénote l’entier inférieur à l’argument.

Le classement précédent ne donne pas une vision complète. En effet, les canaux for-
tement dispersifs en temps et en fréquence seront, de toute évidence, peu propices à
l’établissement d’une communication fiable, contrairement à des canaux faiblement sélec-
tifs en temps et en fréquence. Le facteur d’étalement de la réponse temps-fréquence du
canal, introduit par Kailath [6, 7] comme un indicateur de la mesurabilité de la réponse
d’un système, met en relation les comportements du canal en temps et en fréquence. Il
est défini par le rapport :
(
Tspread Fcoh < 1 : canal sous-étalé
≈ (3.5)
Tcoh FDop & 1 : canal sur-étalé

On remarque que le facteur d’étalement demeure une mesure intrinsèque du milieu


de propagation. Le canal est sous-étalé pour des valeurs inférieures à l’unité et la réponse
impulsionnelle peut être estimée, avec une difficulté croissante avec la valeur. Lorsque
le facteur d’étalement est supérieur à l’unité, le canal est sur-étalé et ne peut plus être
estimé.

3.2.2 Sélectivité et dispersion en espace

Les chemins de propagation empruntés par les différents échos du signal confèrent au
canal une réponse spatiale à petite échelle donnée, qu’il est possible d’étudier à partir
des mesures de sélectivité et de dispersion établies au chapitre précédent. La figure (3.1)
montre la manière dont interviennent les distances de corrélation et de cohérence entre
deux réseaux d’antennes. Tous les résultats obtenus dans cette section sont relatifs à une
direction ~eu de l’espace, mais peuvent être modifiés pour intégrer les trois dimensions
spatiales.

Systèmes SIMO et MISO : Pour les systèmes à simple réseau d’antennes, les varia-
tions spatiales à petite échelle sont visibles par les effets de corrélation qu’elles induisent
entre les capteurs du réseau ou, de manière équivalente, par l’étalement en pulsation
spatiale.

Les mesures correspondantes pour les systèmes SIMO sont la distance de corrélation
spatiale en réception normalisée :
DcorRx (~ro , ~ri )u
D̄corRx (~ro , ~ri )u = (3.6)
DblocRx,u
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3.2 Le canal de propagation et le signal numérique 79

Réseau de réception
Réseau d’émission

Dcoh (~ro , ~ri )u : distance de cohérence


DcorTx (~ro , ~ri )u : distance de corrélation en émission
DcorRx (~ro , ~ri )u : distance de corrélation en réception

Fig. 3.1: Rôle des notions de distances de corrélation et de cohérence dans le dimensionnement
d’un système MIMO

et l’étalement en pulsation spatiale normalisé :


KspreadRx (~ro , ~ri )u
K̄spreadRx (~ro , ~ri )u = (3.7)
KblocRx,u
où l’on a utilisé les mesures et notations élaborées dans le chapitre précédent et où
Dbloc,Rx,u et Kbloc,Rx,u dénotent la longueur spatiale et la bande spatiale en réception.
Le nombre de répliques décorrélées que le récepteur peut espérer séparer est estimé par
bD̄corRx (~ro , ~ri )−1
u c, une valeur de D̄corRx (~
ro , ~ri )u supérieure à l’unité impliquant la décor-
rélation de tous les capteurs.

Des mesures symétriques sont définies pour les systèmes MISO, i.e. la distance de
corrélation spatiale en émission normalisée :
DcorTx (~ro , ~ri )u
D̄corTx (~ro , ~ri )u = (3.8)
DblocTx,u
et l’étalement en pulsation spatiale normalisé :
KspreadTx (~ro , ~ri )u
K̄spreadTx (~ro , ~ri )u = (3.9)
KblocTx,u
où Dbloc,Tx,u et Kbloc,Tx,u sont la longueur spatiale et la bande spatiale en réception.
Suivant la nature du canal, le réseau d’antennes oscille entre un réseau cohérent, lorsque
les contributions en réception des signaux transmis par les antennes d’émission appa-
raissent corrélées, et un réseau à diversité, lorsque les signaux mesurés par les antennes
sont décorrélés.

Les deux grandeurs caractéristiques pour les systèmes SIMO et MISO sont :
(
 1 : corrélation spatiale en réception
D̄corRx (~ro , ~ri )u ∝ K̄spreadRx (~ro , ~ri )−1
u
. 1 : sélectivité spatiale en réception
Version soumise — 3/4/2003
80 Aspects de la théorie de l’information

et :
(
 1 : corrélation spatiale en émission
D̄corTx (~ro , ~ri )u ∝ K̄spreadTx (~ro , ~ri )−1
u
. 1 : sélectivité spatiale en émission

Systèmes MIMO : Dans le cas des systèmes à double réseau d’antennes, la carte
spatiale des réflecteurs significatifs dicte la dispersion de l’énergie en espace et, par dualité,
la cohérence des composantes du signal en pulsation spatiale. Ces effets peuvent être
quantifiés par l’étalement spatial normalisé et la bande de cohérence en pulsation spatiale
normalisée, définis respectivement par :

Dspread (~ro , ~ri )u


D̄spread (~ro , ~ri )u = (3.10)
Dbloc,u

et :
Kcoh (~ro , ~ri )u
K̄coh (~ro , ~ri )u = (3.11)
Kbloc,u

L’étalement spatial normalisé reflète la localisation spatiale des diffuseurs efficaces


perçus par le système, une valeur élevée signifiant que le milieu est riche en obstacles
discernables par le système. La bande de cohérence mesure la cohérence associée dans le
domaine dual des pulsations spatiales.

Parallèlement, la réponse du canal évolue en espace et peut provoquer une perte de


cohérence sur l’étendue des réseaux, i.e. rupture des fronts d’onde. Le niveau de cohérence
peut être mesuré par la distance de cohérence normalisée :

Dcoh (~ro , ~ri )u


D̄coh (~ro , ~ri )u = (3.12)
Dbloc,u

et, dans le domaine dual, par l’étalement Doppler en pulsation normalisé :

KDop (~ro , ~ri )u


K̄Dop (~ro , ~ri )u = (3.13)
Kbloc,u

Une faible valeur de D̄coh (~ro , ~ri )u est synonyme d’un canal variant rapidement en espace
relativement au système. En d’autres termes, la réponse du canal change sur l’étendue
des réseaux.

Les deux grandeurs caractéristiques pour les systèmes MIMO sont :


(
 1 : plat en pulsation spatiale
K̄coh (~ro , ~ri )u ∝ D̄spread (~ro , ~ri )−1
u
. 1 : sélectif en pulsation spatiale

et : (
 1 : variations lentes en espace
D̄coh (~ro , ~ri )u ∝ K̄Dop (~ro , ~ri )−1
u
. 1 : variations rapides en espace

Version soumise — 3/4/2003


3.2 Le canal de propagation et le signal numérique 81

Pour un canal dont la réponse spatiale varie peu sur l’étendue des réseaux,
D̄coh (~ro , ~ri )u  1, la valeur bK̄coh (~ro , ~ri )−1
u c donne le nombre de canaux décorrélés super-
posés dans la réponse du canal, non nécessairement confondu avec le nombre de canaux
indépendants (cf. section 3.4.2). Le tableau (3.1), situé en fin de chapitre, résume l’en-
semble des notions exposées ci-dessus.

La compréhension de ces paramètres est facilitée en tissant des analogies avec les
grandeurs temporelles équivalentes. On peut, par exemple, faire le rapprochement entre
D̄spread (~ro , ~ri )u et T̄spread pour se rendre compte que l’étalement des signaux est fonction
de la répartition des réflecteurs effectifs.

A l’instar du domaine temporel, on peut définir un facteur d’étalement spatial :


(
Dspread (~ro , ~ri )u Kcoh (~ro , ~ri )u < 1 : canal sous-étalé
≈ (3.14)
Dcoh (~ro , ~ri )u KDop (~ro , ~ri )u & 1 : canal sur-étalé

Le canal est sous-étalé en espace lorsque le glissement de la réponse en vecteur d’ondes


est suffisamment lent sur le volume de réception, i.e. Dspread,u /Dcoh,u < 1. A l’inverse,
un facteur d’étalement largement supérieur à l’unité implique l’impossibilité d’acquérir
la réponse spatiale du canal.

3.2.3 Canaux ergodiques versus canaux non-ergodiques

La condition d’ergodicité est indispensable à l’établissement d’une communication


fiable. Intuitivement, un canal de transmission est dit ergodique s’il exhibe des varia-
tions suffisamment marquées devant le signal transmis pour posséder un comportement
moyen constant et prévenir ainsi l’apparition de situations de coupure de la liaison. La
définition mathématique de ce concept est complexe et reste d’un abord difficile [8]. On
lui préfère généralement la propriété d’ergodicité qui stipule l’égalité des moments statis-
tiques, calculés sur l’ensemble des réalisations d’un processus aléatoire, et des moments
déterministes, évalués sur une réalisation unique [9].

L’ergodicité est liée à la richesse de la structure du canal et au nombre de modes de


propagation exploitables par le système. Un signal essentiellement limité en temps et en
fréquence, de durée Tbloc et de bande Fbloc , est a priori capable d’exploiter approxima-
tivement 2Fbloc Tbloc degrés de liberté [10]. La dynamique du canal joue un rôle limitatif,
impliquant un nombre de degrés effectivement disponibles nécessairement inférieur à cette
valeur. Pour estimer celui-ci, on normalise le produit durée-bande passante par rapport
au temps et à la bande de cohérence du canal, soit :
  j
Fbloc Tbloc −1 k
2 = 2 T̄coh F̄coh (3.15)
Fcoh Tcoh

Le comportement du canal est non ergodique dès lors que le produit F̄coh T̄coh est
grand. Ce cas se produit par exemple lorsque la vitesse d’apparition des évanouissements

Version soumise — 3/4/2003


82 Aspects de la théorie de l’information

est lente devant la durée du bloc d’information ou lorsque l’on étudie des systèmes à délai
limité. En résumé, on distinguera les deux cas :
(
 1 : ergodicité temporelle
T̄coh F̄coh (3.16)
 1 : non-ergodicité

Le développement précédent peut être exporté au domaine spatial mais, du fait de


son intérêt limité, ne sera pas exposé ici.

3.3 Théorie de l’information

On se détache à présent du canal radioélectrique et des contraintes physiques asso-


ciées pour envisager le canal de transmission, plus abstrait, présenté à l’émetteur et au
récepteur théoriques. L’objectif est de décrire et d’analyser les arcanes de la transmission
de l’information.

3.3.1 Rappels

Le problème de la théorie de l’information est celui de la communication entre une


source et un récepteur, la source émettant un message que le récepteur capte. La no-
tion même d’information et l’élaboration d’outils capables de la manipuler forment la
pierre d’angle de cette théorie. L’observation évidente de l’inutilité de la transmission
d’un message au préalable connu du destinataire a conduit Shannon à traiter une source
d’information comme un processus aléatoire émettant un message et à définir la quantité
d’information de ce message comme une mesure de son imprévisibilité. Les deux mesures
distinctes, bien que reliées, dont il a fait usage sont :
Entropie - Information propre : L’entropie, ou information propre, d’un processus
aléatoire mesure la quantité d’information nécessaire à la description de ce pro-
cessus. Ce concept, hérité de la thermodynamique où il quantifie le désordre d’un
système (Boltzmann), fut précédemment proposé par Hartley comme une mesure
de l’incertitude liée à un signal aléatoire [11]. L’entropie d’une variable aléatoire
discrète x est définie par :

H(x) = − Ex {log Px (x)} (3.17)


X
=− Px (x) log Px (x)
x∈X

où Px (x) est la densité de probabilité d’occurrence de x et X = {x : Px (x) 6= 0}. La


fonction H(x) quantifie l’information moyenne par symbole de la source et s’exprime
dans une unité dépendant de la base du logarithme, e.g. bit par symbole en base 2,
digit par symbole en base 10 ou encore nat par symbole pour le logarithme naturel.

Version soumise — 3/4/2003


3.3 Théorie de l’information 83

Shannon [12] montre que la relation (3.17) est en fait la seule mesure admissible
vérifiant un certain nombre de propriétés nécessaires1 .
La généralisation de l’entropie à des variables aléatoires continues soulève des pro-
blèmes d’ordre mathématique. On définit cependant, par analogie, la fonction d’en-
tropie différentielle : Z
h(x) = − px (x) log(px (x)) dx (3.18)
X
où px (x) est la densité de probabilité2 de x. Il est important de réaliser que cette
quantité ne peut en aucun cas être physiquement interprétée comme une information
propre.
Lorsque plusieurs variables aléatoires sont en jeu, l’entropie peut être généralisée
pour mesurer l’incertitude globale sur l’ensemble des variables ou l’incertitude d’une
variable relativement aux autres variables. Pour deux variables aléatoires discrètes x
et y, on définit ainsi l’entropie conjointe H(x, y) et l’entropie conditionnelle H(x | y) :
H(x, y) = Ex,y {− log Px,y (x, y)} (3.19)
H(x | y) = Ex,y {− log Px|y (x, y)} (3.20)
où Px,y est la probabilité conjointe et Px|y la probabilité conditionnelle.
Information mutuelle - Transinformation : L’information mutuelle est la mesure
de l’information contenue dans un processus sur un autre processus. L’information
mutuelle entre deux variables aléatoires discrètes x et y est définie par :
X Px,y (x, y)
I(x; y) = Px,y (x, y) log
Px (x) Py (y)
x∈X ,y∈Y

où X = {x : Px (x) 6= 0} et Y = {y : Py (y) 6= 0}.


Contrairement à l’entropie, l’information mutuelle conserve sa signification en pas-
sant à des densités de probabilité continues. L’expression (3.21) devient :
Z Z
px,y (x, y)
I(x; y) = px,y (x, y) log dx dy
X Y px (x) py (y)
L’information mutuelle admet plusieurs interprétations :
I(x; y) = H(x) − H(x | y)
= H(y) − H(y | x)
= H(x) + H(y) − H(x, y)
où l’on a supposé la validité de la décomposition. Dans les deux premières formes,
l’information mutuelle correspond à l’information contenue dans un processus mi-
norée de l’information contenue dans ce même processus une fois l’autre proces-
sus connu, i.e. connaissance a priori diminuée de la connaissance a posteriori. La
dernière relation exprime l’information mutuelle comme la somme des entropies
marginales de deux processus minorée de l’entropie conjointe.
1
Propriétés requises de la fonction d’entropie : continuité en fonction des probabilités, croissance avec
le nombre d’états pour une distribution uniforme, additivité des entropies de variables indépendantes.
2
Les notations px (x) et Px (x) désignent respectivement des densités de probabilité continue et discrète,
le cas d’une variable aléatoire à valeurs dans un ensemble discret étant un cas particulier. Par souci de
simplicité, l’indice pourra être omis suivant le contexte.

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84 Aspects de la théorie de l’information

L’un des problèmes fondamentaux au cœur de la théorie de l’information concerne


l’optimisation du transfert d’information sur un canal de transmission, entre une source
et un destinataire (cf. figure (3.2)). Le but consiste à déterminer la forme sous laquelle
les données doivent être présentées au canal, ainsi que la stratégie à adopter par le ré-
cepteur. Intuitivement, le débit sera maximal pour un émetteur et un récepteur adaptés
au canal de transmission. Dans les années 1940 et 1950, Shannon a démontré un certain
nombre de résultats référencés sous le nom de théorèmes de codage de canal, par oppo-
sition aux théorèmes de codage de source appartenant à un autre pan de la théorie de
l’information. On distingue les théorèmes de codage positifs, qui regroupent les résultats
décrivant les performances optimales réalisables sans limite de temps ou de complexité,
des théorèmes de codage négatifs ou inverses, qui rassemblent les résultats relatifs aux
bornes infranchissables des performances théoriques optimales. Lorsque les deux quanti-
tés sont équivalentes, les performances théoriques optimales d’un modèle de système de
communication donné sont parfaitement connues.

x
Fonctions génériques d’une
chaı̂ne de communication Emetteur : transformation du message en un signal
Source Emetteur adapté aux contraintes du canal de transmission

I(x; y) Canal

Récepteur : extraction de l’information disponible pour


Destinataire Récepteur régénérer le signal transmis avec un taux d’erreur faible

Abstraction en terme
d’ensembles H(x|y) : perte d’information

H(y|x) : contribution imputable au bruit

H(x) : information
présente dans le signal source
H(y) : information présente en réception

I(x; y) : information commune à la source et à l’émetteur

Fig. 3.2: Modèle théorique d’un système de communication — Interprétation en termes d’entropie
et d’information mutuelle

Une des contributions majeures de Shannon a été l’abstraction mathématique d’une


chaı̂ne de communication, donnant un sens précis à chaque organe d’une chaı̂ne. Le canal
de transmission est défini comme étant une fonction depuis l’espace du processus d’entrée
vers l’espace du processus de sortie, prenant en compte l’ensemble des transformations
déterministes ou aléatoires affectant le signal transmis. Le rôle de l’émetteur est d’ajouter
de la redondance pour combattre les distorsions introduites par le canal.

Version soumise — 3/4/2003


3.3 Théorie de l’information 85

Shannon a développé ses premiers résultats relatifs à la fiabilité des communications


dans le cadre des canaux discrets sans mémoire, pour lesquels il démontre l’existence d’un
débit d’information3 en deçà duquel il est possible de transmettre avec une probabilité
d’erreur arbitrairement faible, grâce à une technique de codage suffisamment élaborée,
mais au delà duquel la probabilité d’erreur ne peut être annulée (théorème fondamental
du codage de canal). Cette grandeur est connue sous le nom de capacité de canal et
correspond au maximum de l’information mutuelle entre la source et le destinataire :

C = max I(x; y) (3.21)


px

où l’optimisation est menée sur l’ensemble des distributions des symboles d’entrée, avec
x et y les variables aléatoires associées aux signaux d’entrée et de sortie du canal. Il est
important de remarquer que ce théorème suppose un décodage optimal et ne fournit pas
le procédé permettant d’atteindre la capacité. La formule (3.21) a été généralisée par la
suite pour intégrer les effets de mémoire du canal :

C = lim max I (xN , yN ) (3.22)


N →∞ pxN

où les vecteurs xN = [x1 , . . . , xN ] et yN = [y1 , . . . , yN ] regroupent des séquences de N


échantillons prélevés en entrée et à la sortie.

Les expressions (3.21) et (3.22) sont valides pour les canaux stables en information,
i.e. des canaux tels que la séquence d’entrée qui maximise l’information mutuelle et
la séquence en sortie correspondante possèdent toutes les deux un comportement ergo-
dique [14]. Lorsque l’hypothèse d’ergodicité est invalidée, le débit maximal qui peut être
transmis sans erreur devient une grandeur aléatoire, fonction de l’état du canal, et la
capacité au sens de Shannon n’est plus définie. Elle est alors remplacée par la notion de
probabilité de coupure [15], couramment appelée, par abus de langage, capacité de cou-
pure (“outage”), qui se définit par la probabilité que l’information mutuelle soit inférieure
au débit voulu :
Coutage (R) = P [I(x, y) < R] (3.23)
où R est le débit recherché.

Le canal de transmission, envisagé comme une entité purement mathématique dans


le contexte de la théorie de l’information, est ensuite matérialisé, suivant le domaine de
compétences, entre des points spécifiques de l’émetteur et du récepteur. La figure (3.3)
illustre les trois types de canaux les plus fréquemment rencontrés dans le monde des sys-
tèmes de communication sans fil. Le canal au sens physique, étudié au chapitre précédent,
fait référence au milieu de propagation dans lequel sont plongés l’émetteur et le récepteur
(ondes électromagnétiques). Le canal au sens de la théorie de la communication englobe
3
La notion de débit apparaı̂t régulièrement dans la littérature traitant des systèmes de communication
et fait référence à un point différent de la chaı̂ne suivant le contexte. En particulier, il est essentiel de
distinguer le débit d’information, couramment appelé débit utile, du débit transmis. Le débit transmis
tient compte de la redondance introduite par les fonctions de codage canal, contrairement au débit utile
mesuré en sortie de la source. La confusion entre ces deux grandeurs peut conduire à certaines surprises,
comme par exemple l’existence d’un SNR minimal situé à -1,6 dB en deçà duquel aucune communication
fiable ne peut être établie [13].

Version soumise — 3/4/2003


86 Aspects de la théorie de l’information

le canal de propagation et les organes d’émission et de réception (signaux électriques).


Finalement, le canal, au sens premier de la théorie de l’information, comprend le canal
de propagation et l’intégralité de l’émetteur et du récepteur (symboles d’information).
Emetteur

Emetteur Organes
Source théorique d’émission

Milieu de
propagation

Récepteur Organes
Destinataire théorique de réception

Récepteur
canal physique
canal au sens de la communication
canal au sens de la théorie de l’information

Fig. 3.3: Existence de différents canaux de transmission dans une chaı̂ne de communication

La capacité de chacun de ces canaux, ergodique ou non selon les hypothèses du modèle,
est intimement liée à la nature des processus d’entrée et de sortie du canal. On distingue
trois types principaux :
Processus échantillonnés - alphabet d’entrée discret : Les processus d’entrée et
de sortie sont des signaux discrets et le domaine d’existence du signal d’entrée est
un ensemble dénombrable fini. C’est le modèle historique à partir duquel ont été
jetées les bases de la théorie de l’information. La capacité correspondante est donnée
par (3.21), soit :
C = max I(x; y)
px

Processus échantillonnés - alphabet d’entrée continu : Il s’agit d’une généralisa-


tion du modèle précédent où l’alphabet d’entrée est infini et indénombrable, clas-
siquement un sous-ensemble du corps des nombres réels. Les conséquences ne sont
pas anodines puisque des résultats aberrants peuvent éventuellement apparaı̂tre.
Par exemple, si aucune contrainte n’existe sur les signaux d’entrée, il est possible
de choisir une infinité de valeurs d’entrée espacées arbitrairement loin les unes des
autres, de façon à ce qu’elles demeurent distinguables à la sortie malgré le bruit,
conduisant à une capacité illimitée. Il est alors nécessaire d’imposer certaines limi-
tations sur le signal d’entrée pour garantir des résultats mathématiquement accep-
tables et physiquement réalistes. Le calcul de la capacité (3.21) doit être reformulé
comme :
C = max I(x; y)
px : f (x)

où f (x) exprime une contrainte sur la répartition de x, e.g. typiquement une
contrainte de puissance.
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3.3 Théorie de l’information 87

Processus continus : L’entrée et la sortie du canal sont des signaux continus. Travailler
directement à partir de signaux continus soulève le problème de la définition d’une
mesure de probabilité d’une forme d’onde. Cette difficulté est contournée en décom-
posant les signaux en série de fonctions orthogonales et en utilisant les échantillons
issus de la décomposition.
Considérons par exemple un canal temporel continu à bande fréquentielle limitée
modélisé en bande de base. Le théorème d’échantillonnage montre qu’un signal
complexe d’énergie finie, essentiellement limité en temps et en fréquence, possède
approximativement N = 2bF T c degrés de liberté [16, 17, 18], où T est la durée
temporelle et F la bande passante4 . La quantité d’information maximale qui peut
être transmise sur le temps T est donnée par :
1
CT = max I (xN ; yN )
T pxN

où xN et yN sont les vecteurs des échantillons des signaux d’entrée et de sortie. La
capacité par unité de temps est alors définie par :

C = lim CT
T →∞

sous réserve de l’existence du passage à la limite.


La théorie de l’information s’applique à une multitude de domaines, de natures très di-
verses, et les notions générales évoquées ci-avant méritent d’être spécialisées. Le domaine
des communications numériques sans fil est celui qui nous concerne plus particulière-
ment. On peut consulter l’article [19] pour une vision globale des aspects théoriques de
la communication sur canal à évanouissements.

3.3.2 Capacité d’un canal MIMO

Les premières contributions sur la capacité des canaux MIMO remontent aux travaux
de Telatar [20] qui a dérivé, pour un système de communication disposant d’une connais-
sance parfaite de l’état du canal en réception, la capacité ergodique d’un canal matriciel
à évanouissements de Rayleigh, plat en fréquence et variant rapidement dans le temps
sans effet de mémoire. A peu près au même moment, Foschini et Gans5 [21, 22] ont établi
la capacité de coupure pour des canaux quasi-statiques, i.e. constants sur un intervalle
temporel puis changeant de manière indépendante. L’un des principaux résultats a été la
confirmation de la croissance linéaire de la capacité avec le nombre minimal d’antennes
en émission et en réception, pourvu que les évanouissements entre toutes les paires an-
tenne d’émission/antenne de réception soient statistiquement indépendants. En partant
de l’observation que l’estimation du canal est une étape particulièrement lourde pour les
4
La durée T et la bande fréquentielle F invoquées dans l’opération de normalisation du débit sont
propres au signal transmis et non au signal reçu. A l’inverse, ce sont leurs contreparties en réception qui
sont les grandeurs pertinentes pour simuler un système de communication. Elles englobent les effets de
dispersion engendrés par la propagation.
5
Foschini et Gans font partie de l’équipe des Bell Labs à l’origine du prototype BLAST, le premier
vrai système MIMO capable d’atteindre une fraction significative de la capacité spatiale du canal (cf.
chapitre 4)

Version soumise — 3/4/2003


88 Aspects de la théorie de l’information

systèmes à double réseaux d’antennes qu’il serait souhaitable d’éviter, Marzetta [23] s’est
penché sur la capacité du canal MIMO en l’absence totale de connaissance sur le canal.
Par la suite, un grand nombre de travaux ont considéré la capacité dans un large panel
de situations.

Le but de cette section n’est pas de rendre compte de manière exhaustive de l’en-
semble des travaux menés mais plutôt de présenter les résultats essentiels sur l’apport de
la dimension spatiale. On se place dans le cas d’une liaison MIMO point-à-point, libre
d’interférences d’accès multiple, sur un canal non sélectif en fréquence et quasi-statique.

L’expression du modèle équivalent en bande de base est donné par la relation (1.6). Le
signal reçu y ∈ CNR dépend du signal émis x ∈ CNT par l’intermédiaire de l’expression
:
y = Hx + n (3.24)
où H ∈ CNR ×NT est la matrice du canal, n ∈ CNR le vecteur de bruit additif supposé
blanc gaussien, n ∼ CN (0, Pn I NR ).

Plusieurs éventualités seront envisagées pour le comportement de la matrice H, cha-


cune donnant lieu à des “types” de capacité différents :
1. H est une matrice déterministe, à laquelle peut être associée une capacité “déter-
ministe” C(H),
2. H est une matrice aléatoire dont la statistique permet la définition d’une capacité
ergodique Cerg ,
3. H est une matrice aléatoire dont la statistique permet la définition d’une capacité
de coupure Coutage (R).
La capacité dérivée dans le premier cas peut être comprise comme l’information mu-
tuelle “instantanée” entre l’émetteur et le récepteur pour une réalisation particulière de
la réponse du canal. Les capacités obtenues dans les deux autres cas sous-entendent une
évolution temporelle de la réponse du canal : la notion de capacité ergodique émerge pour
un canal variant suffisamment sur la durée d’un bloc d’information tandis que la capacité
de coupure s’applique à un canal quasi statique sur ce même intervalle.

La quantité d’information sur l’état du canal disponible établit une hiérarchie naturelle
entre systèmes, comme illustré sur la figure (3.4). Pour faire apparaı̂tre cette distinction,
la capacité sera indexée selon :
1. CCSITR lorsque l’émetteur et le récepteur connaissent l’état du canal (CSITR —
Channel State Information at the Transmitter and Receiver),
2. CCSIR lorsque le récepteur seul connaı̂t l’état du canal (CSIR — Channel State
Information at the Receiver),
3. CNoCSI en l’absence complète d’information d’état du canal (NoCSI — No Channel
State Information).
La notation C désignera par défaut la capacité CCSIR . La configuration où l’émetteur seul
a accès à l’état du canal, d’un intérêt pratique limité pour les applications sans fil, est
ignorée ici.

Version soumise — 3/4/2003


3.3 Théorie de l’information 89

On expose à présent ces trois cas selon l’ordre suivi ci-dessus, i.e par quantité décrois-
sante d’information d’état du canal. Par souci de simplicité, la connaissance sur l’état du
canal sera supposée parfaite.

Quantité d’information
disponible

Information d’état du canal


Emetteur Canal Récepteur
en émission et en réception

Information CCSITR (H) = max I(x | H; y | H)


px|H : tr(E{xxH })≤PT
d’état du canal

Information d’état du canal


Emetteur Canal Récepteur
en réception

Information CCSIR (H) = max I(x; y | H)


px : tr(E{xxH })≤PT
d’état du canal

Absence d’information
Emetteur Canal Récepteur
d’état du canal

Information CNoCSI (H) = max I(x; y)


px : tr(E{xxH })≤PT
d’état du canal

Fig. 3.4: Hiérarchie des systèmes de communication selon le degré d’information d’état du canal
accessible — Architectures de la chaı̂ne de transmission et expressions de la capacité associée

3.3.2.1 Information d’état du canal en émission et en réception

La capacité, pour une réponse spatiale du canal particulière, est solution du problème
d’optimisation suivant [24] :

CCSITR (H) = max I(x | H; y | H) (3.25)


px|H :E{xH x}≤PT

où x|H et y|H représentent les signaux d’entrée et de sortie conditionnés à la connais-
sance de l’état du canal.

Un des premiers résultats attribués à Shannon a été de prouver que, pour un si-
gnal d’entrée limité en puissance, le transfert d’information sur un canal de transmission
perturbé par un bruit gaussien centré, de variance finie, est maximisé lorsque les signaux
émis et reçus sont gaussiens centrés [10] ou spéciaux gaussiens pour les signaux complexes
équivalents en bande de base [20]. Le domaine de recherche des solutions de (3.25) est
donc restreint à la classe des signaux gaussiens de moyenne nulle. L’information mutuelle
Version soumise — 3/4/2003
90 Aspects de la théorie de l’information

prend alors la forme :


 
1
I(x | H; y | H) = log det I NR + HRx H H (3.26)
Pn

où l’on reconnaı̂t la différence d’entropie entre deux vecteurs spéciaux gaussiens. La ma-
trice de covariance Rx définit entièrement le processus spécial gaussien centré x, autorisant
à reporter la maximisation de l’information mutuelle sur Rx .

La connaissance de la réponse du canal par l’émetteur et le récepteur suggère im-


médiatement le recours à une analyse en modes singuliers de la matrice du canal. Déjà
invoqué au chapitre précédent pour mettre en évidence les propriétés géométriques de la
propagation radioélectrique, ce traitement matriciel apparaı̂t régulièrement en théorie de
l’information dans les preuves d’un grand nombre de résultats. En appliquant le théorème
de décomposition en valeurs singulières [25], la matrice du canal H peut s’écrire :

H = U ΣV H (3.27)

où U ∈ CNR ×NR et V ∈ CNT ×NT sont les matrices complexes unitaires des vecteurs
propres de sortie et d’entrée, et Σ ∈ RNR ×NT la matrice à diagonale principale regroupant
les valeurs singulières du canal, σ1 ≥ · · · ≥ σK > 0 avec K = rang(H). En injectant
l’expression (3.27) dans la relation (3.24), on a :

y = U ΣV H x + n
U H y = ỹ = Σx̃ + ñ

où x̃ = V H x ∈ CNT et ỹ = U H y ∈ CNR sont les signaux d’émission et de réception


projetés sur les espaces correspondants. La blancheur du bruit n’étant pas altérée par
cette opération, il est maintenant possible de remplacer le canal MIMO par un modèle
vectoriel équivalent de K ≤ min(NT , NR ) canaux SISO gaussiens parallèles :
(
ỹk = σk x̃k + ñk 1 ≤ k ≤ K
(3.28)
ỹk = ñk K < k ≤ min(NT , NR )

Ce système d’équations montre que l’information est transportée sur K modes unique-
ment, les modes supplémentaires, s’ils existent, ne contribuant que pour le terme de bruit.
Le rang du canal étant limité par min(NT , NR ), choisir NT > NR ne permet d’augmenter
le débit.

La matrice de covariance Rx peut être ajustée grâce à la présence d’information sur


l’état du canal en émission. En remplaçant H par son développement (3.27) dans la
formule de l’information mutuelle (3.26), on a :
 
1 H H H
I(x | H; y | H) = log det I NR + U ΣV Rx (H)V Σ U (3.29)
Pn
XK  
1
= log 1 + λk (H)σk2 (H) (3.30)
Pn
k=1

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3.3 Théorie de l’information 91

où la matrice V H Rx V est diagonale par construction, de valeurs propres {λk }N T


k=1 . La
matrice de covariance Rx étant définie semi-positive, les valeurs propres {λk }, décrivant
l’affectation de la puissance sur les modes du canal, sont réelles positives. Il est intéressant
de noter que ce sont les vecteurs propres d’entrée de la matrice H qui interviennent
dans l’établissement de la capacité, tandis que ce sont les vecteurs propres de sortie
qui apparaissent dans les métriques de décodage du récepteur optimal (maximum de
vraisemblance) [26]. L’explication tient au fait que le calcul de la capacité suppose un
récepteur parfait.

Le problème de maximisation de l’information mutuelle avec la contrainte de puissance


est résolu en utilisant la technique des multiplicateurs de Lagrange. L’allocation optimale
de l’énergie sur les modes est le remplissage équilibré du spectre (“water-filling”) [27]. Le
coefficient de chargement du mode k est donné par :
 
Pn
λk,opt (H) = µ(H) − 2
σk (H) +
où le scalaire réel µ(H), interprété comme le niveau de remplissage, est tel que :
K
X
λk,opt (H) = PT
k=1

En définissant K(H) l’ensemble des modes contribuant au transport de l’information,


la capacité s’obtient comme :
X  
1 2
CCSITR (H) = log µ(H)σk (H)
Pn
k∈K(H)

A la lumière de ce qui précède, on peut déduire que la structure optimale de l’émetteur,


schématisée sur la figure (3.5), est constituée de la concaténation d’un code de canal
gaussien, i.e. un code dont la distribution empirique des composantes approche une loi
gaussienne, suivi d’un filtre de mise en forme dépendant de la réponse du canal. Ce
découplage entre codage et formation de faisceau contraste avec le cas où l’émetteur
ne dispose pas d’information d’état du canal, pour lequel il faut avoir recours à des
constructions temps-espace spéciales.

La définition d’une capacité au sens de Shannon n’est pas immédiate. Elle suppose
que l’émetteur dispose de l’opportunité additionnelle d’optimiser temporellement l’allo-
cation de la puissance et que le canal soit stable en information. Dans ce cas, la capacité
ergodique correspond au maximum de l’information mutuelle :
 
 X  
1
Cerg
CSITR = EH  log µ(H)σk2 (H)
Pn 
k∈K(H)

où le scalaire µ(H) doit vérifier la contrainte de puissance :


 
 X  Pn
 
EH µ(H) − 2 = PT
 σk (H) + 
k∈K(H)

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92 Aspects de la théorie de l’information

SNR

Spectre de chargement des modes


µ         

        

    
PT    

Code
        

Chargement Adaptation NT
gaussien des modes UH
        

γσk2
        

modes propres
Canal k
H
K : modes effectifs

Décodage Adaptation
optimal V X  
1
CCSITR (H) = log µ(H)σk2 (H)
Pn
k∈K(H)

Principe : décomposition du canal en modes propres et allocation optimale de puissance

Fig. 3.5: Structure optimale d’un système disposant de l’information d’état du canal en émission
et en réception

3.3.2.2 Information d’état du canal en réception

En l’absence d’information d’état du canal en émission, le problème du calcul de la


capacité s’énonce comme :

CCSIR (H) = max I(x; y | H) (3.31)


px :E{xH x}≤PT

L’information mutuelle est, ici encore, maximisée par des signaux d’entrée et de sortie
gaussiens centrés. Elle conserve donc la forme (3.26) et l’unique inconnue à déterminer
pour achever la résolution de (3.31) est la matrice de covariance Rx . On montre qu’en
l’absence d’information d’état du canal en émission, la structure optimale est spatialement
décorrélée [20] :
PT
Rx = N T
I NT
Ce résultat se comprend intuitivement en remarquant que, pour toute autre structure
privilégiant arbitrairement certains degrés de liberté, il existe un canal plaçant son énergie
sur le mode le plus défavorisé, conduisant ainsi à des débits très faibles. Par conséquent,
la solution de (3.31) est :
 
CCSIR (H) = log det I NR + NPTTPn HH H (3.32)

L’équation (3.32) montre que la capacité est désormais fonction de la seule matrice
HH H . En remplaçant H par son développement en valeurs singulières, on arrive à :
K
X h i
PT 2
CCSIR (H) = log 1 + NT Pn σk (H)
k=1
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3.3 Théorie de l’information 93

La capacité au sens de Shannon, définie sous l’hypothèse d’ergodicité, se déduit facilement


en calculant l’espérance de CCSIR (H) :
(K )
X h i
erg
CCSIR = EH log 1 + NPTTPn σk2 (H) (3.33)
k=1

Dans le cas où H est une matrice gaussienne complexe, la matrice de corrélation
HH H suit une loi de distribution de Wishart, dont le spectre des valeurs propres est
connu [28]. La capacité ergodique du canal peut être calculée sous forme analytique avec
les polynômes de Laguerre [20, 29].

La structure optimale de l’émetteur, lorsque seul le récepteur seul a accès à l’état


du canal, est un code de canal gaussien. On peut noter que ces codes n’existent pas
en pratique mais qu’il est possible de s’en approcher en appliquant des transformations
appropriées au flot d’information [30].
SNR
Répartition uniforme de la puissance
Spectre de chargement des modes

           

           

PT
           

modes propres
Code
Blanchiment
           

gaussien k

Canal
H
 
PT
CCSIR (H) = log det I NR + NT Pn
HH H

Décodage Adaptation
optimal HH

Principe : émission d’un signal gaussien blanc et filtre adapté en réception

Fig. 3.6: Structure optimale d’un système disposant de l’information d’état du canal en réception

3.3.2.3 Absence complète d’information d’état du canal

Le dernier cas de figure considéré est celui d’un système opérant en aveugle. La capa-
cité du canal se calcule alors comme :

CNoCSI (H) = max I(x; y) (3.34)


px :E{xH x}≤PT

L’absence de connaissance d’état du canal en réception a des répercussions profondes


sur la capacité du canal et la structure des signaux optimaux. On montre que, pour un
canal de transmission quasi statique à évanouissements de Rayleigh, la description au

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94 Aspects de la théorie de l’information

second ordre du signal reçu est suffisante [23]. Le récepteur optimal s’apparente alors à
un détecteur quadratique travaillant sur la covariance du signal reçu, par oppostion avec
les récepteurs basés sur la métrique euclidienne.

Le temps de cohérence du canal est un facteur limitatif essentiel dans l’optimisation


de I(x; y). L’analyse des propriétés de l’information mutuelle montre en effet qu’il est
inutile de choisir un nombre d’antennes de transmission supérieur au nombre de symboles
sur lequel le canal est constant. La réponse du canal doit donc présenter une stabilité
temporelle minimale pour permettre l’établissement d’une liaison MIMO. On supposera
ici que le canal est invariant par bloc, L dénotant la durée d’un bloc mesurée en nombre
de symboles, et que le nombre d’antennes de transmission vérifie NT ≤ L.

Sous les hypothèses précitées, Marzetta [23] prouve que le signal atteignant la capacité
du canal s’étend sur un intervalle de cohérence complet, soit L symboles consécutifs, afin
d’extraire la structure maximale du canal et prend la forme :
[x(1), . . . , x(L)] = V Φ (3.35)
  
v1 ← φ1 →
 ..  .. 
= .  . 
vNT ← φL →
où x(l) ∈ CNT est le vecteur transmis à l’index temporel l, V ∈ RNT ×NT une matrice
diagonale et Φ ∈ CNT ×L une matrice orthonormale, ΦΦH = I NT , isotrope. D’un point de
vue physique, la relation (3.35) signifie que le réseau d’émission transmet un multiplex de
signaux mutuellement orthogonaux en temps, propriété non altérée par un canal statique
sur laquelle le récepteur base ses décisions. On notera X = [x(1), . . . , x(L)] ∈ CNT ×L .

Le concept de matrice aléatoire isotrope généralise celui de variable aléatoire unifor-


mément distribuée. On rappelle que, au sens mathématique, une distribution est qualifiée
d’isotrope si elle est invariante par transformation unitaire telles que les rotations ou
les symétries. Cette définition s’applique arbitrairement à un scalaire, un vecteur ou une
matrice. L’idée sous-jacente est celle d’un processus aléatoire utilisant de manière équi-
table tous les degrés de liberté dont il dispose (cf. le modèle de bruit blanc). Un vecteur
aléatoire isotrope peut, par exemple, s’interpréter comme un vecteur pointant de manière
équivalente dans toutes les directions.

Demeure la question de savoir si l’information est transportée par la structure tem-


porelle Φ ou par les facteurs d’échelle V . De toute évidence, la matrice Φ peut être
facilement déterminée dès lors que L  NT ou que le SNR est suffisamment grand avec
L ≥ NT . Tel n’est pas le cas des amplitudes qui, affectées par des évanouissements multi-
plicatifs inconnus, s’avèrent difficiles à estimer. Ces remarques suggèrent de transmettre
l’intégralité de l’information selon les signaux temporels {φn }L
n=1 . Les scalaires complexes
NT
{vn }n=1 sont alors choisis constants et la structure optimale du signal devient :

X = PT LΦ (3.36)

La connaissance de la structure (3.36) ne facilite pas le calcul de l’information mu-


tuelle, qui demeure un problème analytique ardu. A partir des expressions établies par
Version soumise — 3/4/2003
3.3 Théorie de l’information 95

Marzetta [23], on observe que la forme (3.36) évolue vers un signal gaussien et que la
capacité utile tend asymptotiquement, avec l’accroissement du temps de cohérence, vers
la capacité d’un système disposant de la connaissance de l’état du canal en réception. Ce
résultat est logique puisque, lorsque le temps de cohérence L devient suffisamment grand,
il devient possible de réserver une fraction négligeable de l’intervalle de cohérence pour
transmettre une séquence d’entraı̂nement à partir de laquelle le récepteur peut estimer
la réponse du canal.

vn φn

Mise en (
forme L  NT
(a) :
ou SNR  1


Canal V Φ →(a) PT LΦ
H

Forme d’onde optimale pour un canal de Rayleigh :


orthogonalité des signaux temporels transmis par les antennes

Décodage
par corrélation

Principe : émission d’un signal muni d’une structure invariante aux distorsions dues au canal et réception par corrélation

Fig. 3.7: Structure optimale d’un système aveugle sans information d’état du canal

3.3.3 Normalisation de la capacité

La quantité d’information échangée entre un émetteur et un récepteur est classi-


quement normalisée par rapport au temps, cette mesure de débit se révélant l’un des
paramètres les plus fréquemment rencontrés pour établir une hiérarchie des systèmes de
communications. Un emploi aveugle de cette grandeur conduit à l’erreur d’interprétation,
apparaissant sporadiquement dans la presse technique, que les systèmes MIMO sont ca-
pables de travailler à des débits au-delà de la capacité du canal définie par Shannon (voir
par exemple le titre de l’article [31]). L’explication tient simplement au fait que la dimen-
sion spatiale n’est pas prise en compte, alors même qu’elle est la clé de ce phénomène.
Cette section tente, en s’inspirant du travail de Gallager [10], de montrer quelle pourrait
être la définition d’une capacité normalisée par unité de temps et d’espace.

Dans le cas d’un canal SISO temporel, l’information mutuelle entre émetteur et ré-
cepteur est calculée entre des signaux d’émission et de réception, de durées finies, avec
passage à la limite pour obtenir la capacité. De la même manière, pour les systèmes
MIMO, on recherche l’information mutuelle entre deux signaux définis sur des intervalles

Version soumise — 3/4/2003


96 Aspects de la théorie de l’information

temporels et des volumes en espace donnés. Pour garantir l’existence des solutions, le
signal d’entrée est supposé de puissance finie et la réponse du canal de carré intégrable.

Signal d’entrée Signal de sortie

Information mutuelle I(x, y)

Vi : volume de la zone d’émission Vo : volume de la zone de réception


Ti : durée de l’émission To : durée de l’émission

Temps
Capacité normalisée en temps et en espace (canal MIMO)
1
Capacité normalisée en temps (canal SISO) CT,V = max I(x; y) (bit/s/m3 )
T V px :E{xH x}≤PT
1
CT = max I(x; y) (bit/s)
T px :E{xH x}≤PT








Espace (2D)

1
CV = max I(x; y) (bit/m3 )
V px :E{xH x}≤PT

Fig. 3.8: Capacité d’un canal MIMO — Tentative de normalisation en espace

Considérons dans un premier temps l’information mutuelle établie entre un signal de


durée Ti transmis par un émetteur localisé dans une zone Vi et un récepteur situé dans
une zone Vo avec une fenêtre d’observation To (cf. figure (3.8)). Le signal reçu est donné
par : Z Z
y(~ro , to ) = h(~ro , ~ri ; to , ti )x(~ri , ti ) d3 ri dti + n(~ro , to ) (3.37)
Ti Vi
pour to ∈ To et ~ro ∈ Vo .

Le calcul de l’information mutuelle se déroule de manière classique en exprimant la ré-


ponse du canal de propagation comme la somme de canaux gaussiens indépendants, pour
lesquels l’expression de l’information mutuelle est connue. L’existence de cette décomposi-
tion est assurée par le théorème de Mercer (cf. section 2.3.2.1). La quantité d’information
échangée dépend évidemment des modes de propagation, relevant à leur tour du canal
lui-même et des limitations en temps et en espace des signaux. Pour faire apparaı̂tre ce
lien, on préfère travailler avec une réponse du canal modifiée h̃T,V définie par :
(
h(~ro , ~ri ; to , ti ) si ~ro ∈ Vo , ~ri ∈ Vi , to ∈ To , ti ∈ Ti
h̃T,V (~ro , ~ri , to , ti ) =
0 sinon

Le modèle (3.37) devient :


ZZ
y(~ro , to ) = h̃T,V (~ro , ~ri , to , ti )x(~ri , ti ) d3 ri dti + n(~ro , to ) (3.38)

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3.3 Théorie de l’information 97

où les bornes d’intégration ont été reportées dans la réponse h̃T,V (~ro , ~ri , to , ti ). Cette
fonction reste de carré intégrable et admet une décomposition en modes singuliers :
r
X
h̃T,V (~ro , to ; ~ri , ti ) = σk uk (~ro , to )vk∗ (~ri , ti )
k=1

où r est le rang du canal, {vk (~ri , ti )}rk=1 et {uk (~ro , to )}rk=1 les fonctions d’entrée et de
sortie, et {σk }rk=1 le spectre des valeurs singulières réelles positives. Cette décomposition
se différencie principalement des expressions rencontrées dans le chapitre précédent (cf.
expressions (2.10) et (2.14)) par la prise en compte des limitations temporelles et spatiales
des signaux d’entrée et de sortie.

En supposant que le signal d’entrée admette la forme :


r
X
x(~ri , ti ) = xk vk (~ri , ti ) + xres (~ri , ti )
k=1
RR
avec xk = vk∗ (~ri , ti )x(~ri , ti ) d3 ri dti la projection sur le mode k et xres (~ri , ti ) une com-
posante résiduelle, le signal reçu peut s’écrire :
r
X
y(~ro , to ) = σk xk uk (~ro , to ) + n(~ro , to )
k=1

Par suite, le développement de y(~ro , to ) sur les fonctions de sortie donne :


r
X
y(~ro , to ) = yk uk (~ro , to ) + yres (~ro , to )
k=1
r
X
= (σk xk + nk ) uk (~ro , to ) + nres (~ro , to )
k=1
P
avec n(~ro , to ) = k nk uk (~
ro , to ) + nres (~ro , to ). Les signaux xres (~ri , ti ), yres (~ro , to ) et
nres (~ro , to ) correspondent aux résidus des projections et ne contribuent pas au transfert
de l’information. Au final, le modèle initial (3.37) est remplacé par l’équation vectorielle
suivante :
y = Σx + n (3.39)
où l’on a défini les vecteurs x = [x1 , . . . , xr ]T , y = [y1 , . . . , yr ]T , n = [n1 , . . . , nr ]T et la
matrice Σ = diag(σ1 , . . . , σr ).

Le calcul de l’information mutuelle entre x(~ri , ti ) et y(~ro , to ) est donc équivalent au


calcul de l’information entre les deux vecteurs x et y. En observant que la projection d’un
bruit blanc gaussien sur une base orthonormale est un vecteur de variables gaussiennes
centrées indépendantes et identiquement distribuées, on voit que le problème revient à
maximiser, pour une puissance d’émission donnée, l’information mutuelle échangée sur
un groupe de r canaux gaussiens parallèles. La solution est obtenue avec un vecteur x
gaussien dont la matrice de covariance assure le remplissage équilibré des modes.

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98 Aspects de la théorie de l’information

Il est maintenant possible de normaliser l’information mutuelle par unité de temps et


d’espace en rapportant le débit à la durée de l’intervalle d’émission T = Ti et au volume
de la zone d’émission V = Vi . On définit alors la capacité CT,V comme étant le maximum
de l’information mutuelle entre les signaux x(~ri , ti ) et y(~ro , to ), limités en temps et en
espace :
1
CT,V = max I(x; y) (3.40)
T V px (x):E{xH x}≤PT

Le problème au coeur de cette section semble donc résolu puisque CT,V est une mesure
de l’information exprimée en bit/s/m3 . La capacité spatio-temporelle du canal est définie,
au moins de manière formelle, par le passage à la limite :

C = lim CT,V (3.41)


T →+∞
V →+∞

3.4 Leçons de la théorie de l’information

La section 3.2 a proposé un ensemble de paramètres quantifiant l’influence des mé-


canismes de propagation sur une liaison numérique, avant de passer à un niveau d’abs-
traction supérieur et de se pencher, dans la section 3.3, sur les mécanismes de transfert
de l’information. On revient ici à l’interface entre théorie de l’information et canal de
propagation.

3.4.1 Diversité et multiplexage en espace

Débit et robustesse font partie des critères incontournables dans l’établissement d’une
hiérarchie des systèmes de communication. Ces deux paramètres, reliés au théorème du
codage du canal, ont occupé une large place dans les travaux de recherche menés par les
théoriciens de l’information depuis l’avènement de cette discipline. Plus précisément, le
débit, proportionnel au nombre de symboles d’information indépendants transmis nor-
malisé par rapport aux dimensions du signal, est associé à la capacité du canal et la pro-
babilité d’erreur, inversement proportionnelle à la distance entre symboles d’information,
à la fiabilité de la liaison. Une solution évidente, mais brutale et limitée, pour améliorer
simultanément débit et robustesse passe par l’augmentation de la puissance d’émission.
Une alternative plus séduisante est d’accroı̂tre l’ordre de diversité et le nombre de degrés
de liberté de la transmission.

La diversité se définit par la présence en réception de plusieurs répliques d’une même


information ayant subi des évanouissements indépendants. On distingue la diversité in-
trinsèque au système, due à une action de l’émetteur, et la diversité extrinsèque induite
par le milieu de transmission, ces deux familles se cumulant éventuellement de manière
multiplicative. Par une recombinaison optimale des répliques, la probabilité d’erreur se
comporte selon Pe ≈ SNR−d à fort SNR, où d représente le gain de diversité [13]. L’ordre

Version soumise — 3/4/2003


3.4 Leçons de la théorie de l’information 99

de diversité peut être appréhendé par :

log Pe (γ)
d = lim − (3.42)
γ→∞ log γ

où Pe (γ) est le taux d’erreur mesuré pour le SNR γ mesuré à chaque antenne de réception.

Le nombre de degrés de liberté s’interprète comme le nombre de symboles d’informa-


tion indépendants présents simultanément en réception. Les notions de degrés de liberté
intrinsèque et extrinsèque peuvent être employées pour faire référence au nombre de di-
mensions du signal transmis et du canal respectivement. Dans tous les cas, la “taille”
du canal, i.e. le nombre de sous-canaux parallèles ouverts à la communication, limite le
nombre de dimensions accessibles. Les débits élémentaires portés par les sous-canaux, r
en l’occurrence, évoluent en log(SNR), pour les régimes à forts SNR, et s’additionnent
pour donner un débit total en R ≈ r log SNR. On définit le gain de multiplexage comme :

log R(γ)
r = lim (3.43)
γ→∞ log γ
où R(γ) est le débit disponible au SNR γ. D’autres définitions plus complexes des degrés
de diversité et de multiplexage sont proposées dans la référence [32].

Alors que les architectures classiques ne sont en mesure d’extraire pleinement diversité
et multiplexage que dans le domaine temporel, les systèmes à double réseau d’antennes
offrent l’opportunité supplémentaire de les utiliser dans le domaine spatial. Dans l’ar-
ticle [33], les auteurs montrent que les gains de diversité et de multiplexage peuvent être
obtenus simultanément, le compromis optimal répondant à l’équation :

d(r) = (NT − r)(NR − r) avec r = 0, . . . , min(NT , NR ) (3.44)

sur un canal de Rayleigh non sélectif en fréquence et statique par bloc de L symboles,
L ≥ NT +NR −1. Tout se passe comme si r antennes des réseaux d’émission et de réception
étaient réservées pour le multiplexage, les antennes restantes fournissant la diversité. La
relation (3.44) est tracée sur la figure (3.9).

Le compromis entre probabilité d’erreur et débit est généralement étudié à partir des
fonctions de fiabilité issues de la théorie des exposants de codage aléatoire [10, 15]. Ces
fonctions ne sont cependant connues que pour des débits supérieurs à un seuil critique
et, même dans ce cas, requièrent une optimisation complexe sur l’ensemble des distribu-
tions d’entrée. La référence [33] propose une approche plus simple basée sur la capacité
non ergodique en s’appuyant sur le fait que la probabilité de coupure à fort SNR est
approximativement égale à la probabilité d’erreur.

3.4.2 Capacité et canal de propagation

Généralités : Les formules de capacité établies dans la section 3.3.2 posent les limites
théoriques de débit, réalisables par des systèmes MIMO dans différents scénarios, et font
ressortir, au travers des formules de capacité, l’importance de la réponse du milieu de
Version soumise — 3/4/2003
100 Aspects de la théorie de l’information

(0, NT NR )

Hypothèse : L ≥ NT + NR − 1
gain de diversité

système MIMO

(r, (NT − r)(NR − r))

système MISO/SIMO

1
(min(NT , NR ), 0)
système SISO

r
1
gain de multiplexage spatial

Fig. 3.9: Compromis entre diversité et multiplexage sur un canal MIMO à évanouissements de
Rayleigh

propagation. Cette section étoffe ce point en donnant quelques indications sur l’interaction
entre propriétés de la réponse du canal et capacité. On suppose ici que la réponse du canal,
parfaitement connue du récepteur, est invariante en temps et en fréquence. L’expression
appropriée de l’information mutuelle maximale est alors donnée par la relation (3.32).

Foschini [22] montre que la capacité instantanée est bornée par :


 
γ
log 1 + min(NT , NR ) ≤ C(γ) ≤
NT
 
γ
min(NT , NR ) log 1 + min(NT , NR ) (3.45)
NT
où γ = PT /Pn est le SNR mesuré au niveau d’une antenne de réception.

La borne inférieure est atteinte lorsqu’il existe un unique chemin de propagation entre
l’émetteur et le récepteur, rang(H) = 1. La capacité croı̂t alors avec le nombre d’antennes
de réception selon une progression logarithmique, attestant de la présence d’un gain de
diversité en réception. La limite supérieure correspond à la situation où le système accède
à l’intégralité des modes de propagation offerts par le canal, rang(H) = min(NT , NR ). La
capacité augmente alors linéairement avec le nombre minimal d’antennes, min(NT , NR ).
Cette dernière configuration est évidemment recherchée.

L’existence des bornes inférieure et supérieure (3.45) se retrouvent pour les capa-
cités ergodiques et non-ergodiques, déduites respectivement de l’information C(H) par
calcul de l’espérance mathématique et de la probabilité de coupure. Les courbes de la
figure (3.10) montrent ainsi la plage de variations de la capacité au sens de Shannon
en fonction du SNR, pour un signal d’entrée gaussien et un signal appartenant à une
constellation BPSK. La figure (3.11) fait de même pour la capacité de coupure. Dans
Version soumise — 3/4/2003
3.4 Leçons de la théorie de l’information 101

C (bit/s)

3.2 Entrée gaussienne


Z Z
px,y (x, y)
C= px,y (x, y) log dx dy
2.8 X Y px (x) py (y)

2.4

2.0

1.6

1.2 Entrée BPSK

0.8

XZ py|x (y, x)
C= py|x (y, x) px (x) log P dy
0.4
x∈X Y x0 ∈X px0 (x0 ) py|x0 (y, x0 )

0 SNR dB
−20 −16 −12 −8 −4 0 4 8 12

Fig. 3.10: Capacité ergodique d’un canal MIMO — NT = NR = 1

les deux cas, les courbes ont été obtenues en affectant une distribution gaussienne aux
coefficients d’atténuation du canal.

Le rang du canal est donc le facteur clé des gains de capacité apportés par la technolo-
gie MIMO. On l’a déjà évoqué, la technique de décomposition d’un canal de transmission
en modes propres est antérieure à l’avènement des systèmes à double réseau d’antennes.
L’innovation réside ici dans le fait que la structure des modes, généralement une fonction
complexe de la fréquence, du temps et de l’espace, peut être purement spatiale.

Influence de l’environnement : Certains milieux seront plus propices que d’autres


à la formation de sous-canaux en espace. Un environnement modélisé par une matrice
de Rayleigh, de rang statistiquement plein par définition, est un exemple de canal idéal,
correspondant typiquement à une application où l’émetteur et le récepteur communiquent,
hors visibilité directe, dans un milieu riche en diffuseurs et sont tels que la séparation
physique entre les antennes des réseaux est suffisante.

Une première source de dégradation provient de la présence d’un trajet direct entre
l’émetteur et le récepteur, lequel conduit à une modification des propriétés de la liaison,
e.g. passage de la statistique de Rayleigh à celle de Rice. D’emblée, les zones de faibles et
de forts SNR doivent être distinguées. A forts SNR, la composante spéculaire n’a pra-
tiquement aucun effet sur la capacité, les composantes hors visibilité assurant seules le
rang plein de la matrice. A faibles SNR, la composante moyenne conditionne l’expression
de la capacité et conduit à une dégénérescence de la matrice du canal. Dans le cas des
liaisons limitées en puissance, il est donc recommandé de placer l’émetteur et le récepteur
hors visibilité. Comme pour toute règle, il existe des exceptions, telles que les configura-
Version soumise — 3/4/2003
102 Aspects de la théorie de l’information

C (bit/s)

5
Entrée gaussienne

Limite haute : canal de rang maximal


4

3
Limite basse : canal de rang unité

Entrée BPSK

0 SNR dB
−20 −16 −12 −8 −4 0 4 8 12

Fig. 3.10: Capacité ergodique d’un canal MIMO (suite) — NT = NR = 2

C (bit/s)

14

12

10

Entrée gaussienne
8

Entrée BPSK
2

0 SNR dB
−20 −16 −12 −8 −4 0 4 8 12

Fig. 3.10: Capacité ergodique d’un canal MIMO (fin) — NT = NR = 4

Version soumise — 3/4/2003


3.4 Leçons de la théorie de l’information 103

P [I(x, y) < R]

1.0

0.9

0.8
NT = N R = 1
0.7 SNR
0 dB
0.6 6 dB
12 dB
0.5 18 dB

0.4

0.3

0.2

0.1
Débit R (bit/s)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

Fig. 3.11: Capacité de coupure d’un canal MIMO — NT = NR = 1

P [I(x, y) < R]

1.0

0.9

0.8
NT = N R = 2
SNR
0.7
0 dB
6 dB
0.6 12 dB
18 dB
0.5

0.4 Limite haute : canal de rang maximal


Limite basse : canal de rang unité
0.3

0.2

0.1
Débit R (bit/s)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

Fig. 3.11: Capacité de coupure (suite) — NT = NR = 2

Version soumise — 3/4/2003


104 Aspects de la théorie de l’information

P [I(x, y) < R]

1.0

NT = NR = 4
0.9

0.8 SNR
0 dB
0.7
6 dB
12 dB
18 dB
0.6

0.5

0.4

0.3

0.2

0.1
Débit R (bit/s)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

Fig. 3.11: Capacité de coupure (fin) — NT = NR = 4

tions de rang maximal mises en évidence par Driessen [34]. Ces scénarios sont cependant
particuliers puisqu’ils reposent sur la transmission coopérative de plusieurs émetteurs,
coordonnés pour former un émetteur global à antennes multiples.

La dépendance entre les signaux transmis ou reçus par différentes antennes est un
autre facteur de réduction du nombre de degrés de liberté du canal. Elle est généralement
provoquée par un espacement entre éléments rayonnants trop faible vis-à-vis de l’environ-
nement. Le débit supporté oscille alors entre les bornes présentées dans l’équation (3.45).

Pour faciliter l’étude de ce point, on fait l’hypothèse que les coefficients de la matrice
du canal sont des variables complexes gaussiennes centrées à symétrie circulaire. Indépen-
dance et décorrélation sont alors équivalentes [35] et l’analyse des statistiques au second
ordre suffit à estimer le rang du canal. En s’appuyant sur les outils présentés dans la
section 3.2, on met en évidence deux points de vue distincts :
Critère de distance de corrélation : Pour certains environnements très riches en dif-
fuseurs (cf. section 2.4.2), les phénomènes physiques en émission et en réception
apparaissent approximativement découplés, autorisant par la même le recours aux
paramètres établis pour les cas SIMO et MISO. En se référant à la relation (2.35),
on voit que le nombre de degrés de liberté est statistiquement égal au minimum des
rangs des matrices de corrélation d’émission et de réception.
Le rang du canal est alors conditionné par l’ordre de diversité minimal des réseaux,
i.e nombre de signaux décorrélés discernables rassemblés sur les trois directions
spatiales, soit :
X    
r= min D̄corTx (~ro , ~ri )−1
u , D̄corRx (~ro , ~ri )−1
u
~eu ∈{~ex ,~ey ,~ez }

Version soumise — 3/4/2003


3.4 Leçons de la théorie de l’information 105

Critère de bande de cohérence en pulsation spatiale : Le rang du canal est dé-


terminé par le nombre de degrés de liberté en pulsation spatiale, soit :
X  
r= K̄coh (~ro , ~ri )−1
u
~eu ∈{~ex ,~ey ,~ez }

Ce calcul suppose la cohérence de la réponse du milieu sur l’étendue des réseaux,


soit :  
−1
max D̄coh (~ro , ~ri )u <1
~eu ∈{~ex ,~ey ,~ez }

Par analogie, les systèmes à multiplexage fréquentiel superposent en temps des


formes d’ondes excitant différents modes fréquentiels. La bande de cohérence qualifie
l’écart fréquentiel minimal entre deux modes décorrélés et le temps de cohérence
limite l’étendue temporelle des signaux.
Les conclusions précédentes ne sont plus valables dès lors que les hypothèses sous-
tendues par le modèle de corrélation sont mises en défaut. Ainsi, un nombre de chemins
de propagation trop faible provoque nécessairement un effondrement du nombre de modes
disponibles, quelles que soient leurs statistiques. De même, il existe des scénarios où
le modèle d’évanouissements gaussiens n’est pas satisfaisant, une conséquence majeure,
au-delà des problèmes liés à la recherche de modèles de propagation plus performants,
étant que décorrélation et indépendance ne sont plus équivalentes. Des configurations
intéressantes sont observables où le canal est de rang unité alors même que les éléments
d’émission et de réception sont décorrélés. Cette dégénérescence, dont deux exemples
pratiques sont schématisés par la figure (3.12), s’explique par la présence d’un goulot
d’étranglement (“keyhole”, “pinhole”) qui n’autorise la propagation que d’un seul mode.
Les modèles à double rebond, évoqués dans la section 2.4.2, prennent en compte ce genre
de phénomène [36, 37, 38, 39].

Aspects liés aux réseaux d’antennes : La structure des réseaux d’antennes, i.e. la
disposition spatiale des éléments et les diagrammes de rayonnements élémentaires, joue
un rôle essentiel en intervenant directement sur les points évoqués ci-dessus.

Un premier problème incontournable est celui de la faisabilité. Le critère de la distance


de corrélation nous apprend que les éléments rayonnants doivent être espacés, au sein des
réseaux d’émission et de réception, d’une distance supérieure à la distance de corrélation
locale. Directement issue de la répartition angulaire décrite par les chemins de propagation
et de la fréquence de travail, cette dernière conditionne la compacité des réseaux. En milieu
ouvert, il peut être nécessaire d’espacer les éléments de plusieurs dizaines de longueur
d’onde pour obtenir une corrélation faible [40] tandis qu’en milieu confiné une fraction
de la longueur d’onde suffit.

En dépit de la profusion des paramètres condamnant toute analyse exhaustive, il reste


possible de mettre en évidence, par l’intermédiaire de quelques exemples représentatifs,
certains points intéressants. On utilisera les notations de la figure (3.13) et un modèle de
canal de type (2.31). Pour les figures (3.14) et (3.15), on impose que les réseaux d’émission
et de réception soient identiques et constitués de quatre éléments disposés régulièrement,

Version soumise — 3/4/2003


106 Aspects de la théorie de l’information

Obstacle
Propagation en intérieur
Couloir Antenne

Réduction des modes


par effet de guidage

Réseau d’émission Réseau de réception


à diversité Dégénérescence du caanl à diversité
(Propagation unimodale)

Réduction des modes par


éloignement des zones de diffusion

Propagation en extérieur

Fig. 3.12: Scénarios menant à la formation d’un goulot d’étranglement dans le canal de propa-
gation

Version soumise — 3/4/2003


3.4 Leçons de la théorie de l’information 107

linéairement puis en carré. L’espacement entre les éléments rayonnants est normalisé par
rapport à la longueur d’onde. La réponse du canal est constituée de cinq trajets distincts,
tous indirects, dont les atténuations, indépendantes et identiquement distribuées, suivent
une loi gaussienne complexe. Les diagrammes des éléments rayonnants sont isotropes.

∆φ,R
Milieu de propagation
λ=1 ∆φ,T (évanouissements complexes
gaussiens)

Réseau d’émission Réseau de réception


NT = 4 NR = 4

Elément rayonnant isotrope

Fig. 3.13: Schéma du système de référence pour les figures (3.14), (3.15) et (3.16)

Deux zones se distinguent nettement. La première zone, située vers les faibles lon-
gueurs d’onde, est caractérisée par un comportement chahuté de l’information mutuelle
et une valeur moyenne élevée. Ce comportement s’explique par une distance de corréla-
tion en réception plus faible que l’espacement entre antennes. Les réseaux d’émission et
de réception se comportent alors comme des réseaux à diversité. Les effets de corrélation
croissent avec la longueur d’onde jusqu’à ce que la distance de corrélation en réception
dépasse l’espacement entre antennes. Dans cette seconde zone, la diversité spatiale n’est
plus présente simultanément en émission et en réception, ce qui induit une perte de modes
effectifs. L’information varie alors moins brutalement, avec un niveau moyen inférieur. La
frontière entre ces deux zones progresse vers les grandes valeurs de longueur d’onde au
fur et à mesure que l’étalement angulaire en réception croı̂t.

On observe également certaines orientations relatives des réseaux correspondant à une


dégradation significative de l’information mutuelle dans la seconde zone, sans affecter la
première zone. Ces positions s’identifient à celles minimisant les dimensions apparentes
des réseaux, phénomène qui ne peut être compensé en l’absence de décorrélation spatiale
entre les éléments.

La figure (3.16) présente un jeu d’expériences similaires avec des structures de réseaux
d’émission et de réception distinctes, linéaire à l’émission et en carré à la réception. Les
courbes illustrent, en adoptant un point de vue autre, l’évolution, pour plusieurs longueurs
d’onde, de l’information échangée en fonction de l’orientation relative des réseaux et
de l’étalement angulaire en réception. On observe ici encore que le débit est fortement
sensible à la disposition des réseaux et à l’étalement angulaire dès lors que la longueur
d’onde s’accroı̂t. De manière générale, à la lumière des figures (3.14), (3.15) et (3.16), il
est clair que choisir un espacement inter-éléments supérieur à la distance de corrélation

Version soumise — 3/4/2003


108 Aspects de la théorie de l’information

∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π/16 ∆φ,R = π/8

I I

1 1

0+ 0+
0.0 0
0 0

λ λ
φ φ

2π 4 2π 4

∆φ,T = 2π
∆φ,T = 2π ∆φ,R = π/2
∆φ,R = π/4

I I

1 1

0+ 0+
0 0
0 0

λ λ
φ φ

2π 4 2π 4

∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π ∆φ,R = 2π
Zone 1

Zone 2
I
I

1 1

0+ 0+
0 0
0 0

λ λ
φ φ

Réseaux 2π 4 2π 4
perpendiculaires

Fig. 3.14: Information mutuelle entre les réseaux linéaires à 4 antennes identiques en fonction
de la longueur d’onde (λ) et de l’orientation relative des réseaux (φ), pour différents couples
d’étalements angulaires (∆φ,T , ∆φ,R )

Version soumise — 3/4/2003


3.4 Leçons de la théorie de l’information 109

∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π/16 ∆φ,R = π/8

I I

1 1

0+ 0+
0 0
0 0

λ λ
φ φ

2π 4 2π 4

∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π/4 ∆φ,R = π/2

I I

1 1

0+ 0+
0 0
0 0

λ λ
φ φ

2π 4 2π 4

∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
∆φ,R = π ∆φ,R = 2π

I I

1 1

0+ 0+
0 0
0 0

λ λ
φ φ

2π 4 2π 4

Fig. 3.15: Information mutuelle entre deux réseaux carrés à 4 antennes identiques en fonction
de la longueur d’onde (λ) et de l’orientation relative des réseaux (φ), pour différents étalements
angulaires (∆φ,T , ∆φ,R )

Version soumise — 3/4/2003


110 Aspects de la théorie de l’information

locale est nécessaire à la stabilité des performances d’un système MIMO aux conditions
de propagation.

Compléments : L’expression de la capacité d’un canal MIMO non sélectif en fréquence


peut être aisément généralisée pour englober les effets des sélectivités fréquentielle et
temporelle. Rapajic [41] étudie les statistiques des valeurs et des vecteurs propres d’un
canal MIMO sélectif en fréquence pour un nombre d’antennes arbitrairement grand. Le
même problème est abordé, pour un nombre fini d’antennes, par Scaglione [42], accom-
pagné d’une méthodologie pour dériver la capacité ergodique. Bölcskei [43] se base sur
les modèles stochastiques géométriques évoqués en fin de section 2.4.2 pour caractériser
l’influence de l’étalement temporel et de la répartition angulaire des trajets.

Cette section serait incomplète s’il n’était pas fait référence au problème de couplage
électromagnétique. L’origine du couplage provient de l’interaction des champs électroma-
gnétiques entre éléments rayonnants. Les éléments couplés partagent alors une certaine
quantité d’énergie, proportionnelle à l’intensité du couplage. La sévérité du couplage est
fonction de l’espacement entre antennes, des types d’éléments (couplage entre dipôles su-
périeur au couplage entre patches) et de la géométrie du réseau (couplage plus important
dans un réseau circulaire que dans un réseau linéaire). Alors qu’il existe des techniques
compensant, partiellement au moins, les effets du couplage pour les systèmes à formation
de faisceau, leur application à l’architecture MIMO reste un sujet ouvert. Une des consé-
quences du couplage est la déformation des diagrammes de rayonnement élémentaires et
il est tentant de faire le parallèle avec les réseaux à diversité de rayonnement [44, 45].
Cependant, le couplage induit également une dépendance entre les éléments, absente dans
la diversité de rayonnement, qui se traduit par une dégradation de l’information mutuelle.

3.4.3 Règles d’ingénierie

Arrivé au terme de ce chapitre, l’on dispose des connaissances nécessaires pour conce-
voir un système de communication répondant au cahier des charges de l’application visée
et aux contraintes imposées par le milieu de transmission. On rappelle que l’application
envisagée ici est une liaison point-à-point, en environnement domestique, non perturbée
par des signaux interférents dus à l’accès multiple.

Sous-étalement du canal et fiabilité de la liaison : Ces deux conditions sont un


préalable à la conception de tout système de communication. La première signifie que le
système est capable d’acquérir la réponse impulsionnelle du canal puis de l’exploiter pour
mettre en forme le signal. On peut se reporter au critère (3.5).

La seconde propriété requiert que le canal présente un comportement ergodique par


rapport au signal, auquel cas la capacité au sens de Shannon existe, certifiant la possibilité
d’établir une liaison robuste pour un débit inférieur à cette capacité. L’évaluation, par
l’intermédiaire de la relation (3.15) du nombre de dimensions offertes par le canal, permet

Version soumise — 3/4/2003


3.4 Leçons de la théorie de l’information 111

∆φ,T = 2π
λ = 1/2 ∆φ,T = 2π
λ = 1/2

I
I
1 1

0 0
0 0
π π

φ φ
∆φ ∆φ

2π 0 2π 0

∆φ,T = 2π
λ=1 ∆φ,T = 2π
λ=1

I
I

1 1

0 0
0 0
π π

φ φ
∆φ ∆φ

2π 0 2π 0

∆φ,T = 2π ∆φ,T = 2π
λ=2 λ=2

I
I

1 1

0 0
0 0
π π

φ φ
∆φ ∆φ

2π 0 2π 0

∆φ,T = 2π
∆φ,T = 2π
λ=4
λ=4

I I

1 1

0 0
0 0
π π

φ φ
∆φ ∆φ

2π 0 2π 0

Fig. 3.16: Information mutuelle entre un réseau linéaire de 4 éléments et un réseau carré de
4 éléments en fonction de l’orientation relative des réseaux (φ) et de l’étalement angulaire en
réception (∆φ,R ), pour différentes longueurs d’onde (λ)
Version soumise — 3/4/2003
112 Aspects de la théorie de l’information

d’apprécier ce point. La condition d’ergodicité n’étant qu’approximativement vérifiée en


pratique, on lui préfère la probabilité de coupure.

Exploitation des évanouissements en espace à petite échelle : La synthèse des


informations apparues précédemment montre que la dimension spatiale contribue sur
deux plans, la diversité et le multiplexage, quantifiés par les paramètres de sélectivité
introduits en début de chapitre. Elle répertorie également les environnements propices à
leur expression.

Les réseaux d’émission et de réception jouent un rôle fondamental et doivent être judi-
cieusement dimensionnés pour répondre aux besoins de l’application. Par exemple, pour
réaliser le gain de capacité offert par la structure MIMO, il est nécessaire que l’espacement
inter-éléments soit supérieur à la distance de corrélation. A ce propos, on prendra garde
de ne pas faire l’amalgame entre distance de corrélation et distance d’échantillonnage.
La première, fonction de la longueur d’onde et de l’environnement, décrit les effets de
corrélations et sert à établir la distinction entre réseau à diversité et réseau phasé. La se-
conde, égale à la demi-longueur d’onde et indépendante du milieu, est issue du théorème
d’échantillonnage spatial. Une source de confusion provient certainement du fait que ces
deux distances sont identiques lorsque la répartition angulaire des trajets incidents est
uniforme.

Trois scénarios peuvent être identifiés :


– Le canal offre plusieurs modes de propagation, autorisant ainsi la transmission
parallèle de plusieurs flux d’information. Il est alors intéressant de déployer un
système (MIMO) à multiplexage spatial.
– Le canal supporte un unique mode avec un gain de diversité non nul. Un seul réseau
d’antennes, placé à l’émission (MISO) ou à la réception (SIMO) suivant l’endroit
où est présente la diversité, suffit.
– Le canal ne possède qu’un unique mode dépourvu de diversité. On a alors recours à
un système (SISO) à filtrage spatial. L’appellation de système SISO est trompeuse
puisqu’il est tout à fait possible d’utiliser des réseaux d’antennes. La distinction ici
est que le réseau éventuel est phasé et se comporte au final comme une antenne
unique.
Ces trois cas de figures sont illustrés sur la figure (3.17)

Evanouissements à petite échelle dans le domaine temporel : Présenter les


techniques de traitement des phénomènes de sélectivité et de diversité en temps sort du
cadre de ce travail. On peut consulter pour cela les références [46, 47, 48]

Il est toutefois utile de se pencher sur l’association fructueuse avec les modulations à
porteuses multiples. La modulation OFDM est une solution appréciée pour la communi-
cation sur canaux fortement sélectifs en fréquence car menant à des structures simples.
Schématiquement, le canal est décomposé en une somme de sous-canaux plats superposés
en fréquence. Le traitement séparé des dimensions spatiales et temporelle, resté en trame
de fond depuis le chapitre précédent, revêt alors un sens pratique.

Version soumise — 3/4/2003


3.4 Leçons de la théorie de l’information 113

Rang du canal r

r=1 r>1

Ordre de diversité d

d=1 d>1

Diversité Diversité
en émission en réception

Filtrage spatial Système à Système à Système à


diversité d’émission diversité de réception multiplexage

SISO MISO SIMO MIMO

Fig. 3.17: Stratégies d’exploitation de la dimension spatiale — Multiplexage, diversité et filtrage


spatial

Version soumise — 3/4/2003


114 Aspects de la théorie de l’information

3.5 Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons abordé les systèmes de communication du point de vue
de la théorie de l’information. Les points suivants ont été discutés :
• l’impact de la sélectivité du milieu de propagation sur une transmission numérique,
quantifié en comparant la signature statistique au second ordre du signal avec les
mesures de dispersion du canal établies au chapitre précédent ;
• le comportement théorique des systèmes MIMO, avec la présentation des perfor-
mances optimales attendues ainsi que des formes d’ondes correspondantes, pour
différents types de connaissance du canal par le système ;
• l’application pratique de résultats issus de la théorie de l’information permettant
d’identifier les environnements favorables au déploiement de systèmes MIMO et
d’expliciter les notions de diversité et de multiplexage en espace.
Ce chapitre a fourni un recueil d’outils théoriques dont la maı̂trise est nécessaire à
la conception de schémas de transmission pour les systèmes MIMO, sujet au cœur de
la prochaine partie. Globalement, les trois alternatives de traitement de la dimension
spatiale sont le filtrage, la diversité et le multiplexage, ce dernier constituant la clé des
débits atteints par les systèmes MIMO.

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Tab. 3.1: Résumé des effets de sélectivité du canal sur une liaison numérique
Domaine temporel — Mesures temporelles

Tbloc < Tcoh ≡ Fbloc > FDop Tbloc > Tcoh ≡ Fbloc < FDop
Canal dispersif en temps et plat en
Fbloc < Fcoh ≡ Tbloc > Tspread Canal plat en temps et en fréquence
fréquence
Canal dispersif en fréquence et plat en
Fbloc > Fcoh ≡ Tsymb < Tspread Canal sélectif en temps et en fréquence
temps

Domaine spatial — Mesures SIMO et MISO

Dbloc,Tx < DcorTx (~ro , ~ri )u ≡ Dbloc,Tx > DcorTx (~ro , ~ri )u ≡
Kbloc,Tx > KspreadTx (~ro , ~ri )u Kbloc,Tx < KspreadTx (~ro , ~ri )u
Dbloc,Rx < DspreadRx (~ro , ~ri )u ≡ Canal sélectif en émission et non
Canal plat en émission et en réception
Kbloc,Rx > KspreadRx (~ro , ~ri )u sélectif en réception
Dbloc,Rx > DcorRx (~ro , ~ri )u ≡ Canal sélectif en réception et non
Canal sélectif en émission et en réception
KblocRx < Kspread,Rx (~ro , ~ri )u sélectif en émission

Domaine spatial — Mesures MIMO

Dbloc,u < Dcoh (~ro , ~ri )u ≡ Dbloc,u > Dcoh (~ro , ~ri )u ≡
Kbloc,u > KDop (~ro , ~ri )u Kbloc,u < KDop (~ro , ~ri )u
Kbloc,u < Kcoh (~ro , ~ri )u ≡ Canal plat en espace et en pulsation Canal sélectif en espace et plat en
Dbloc,u > Dspread (~ro , ~ri )u spatiale pulsation spatiale
Kbloc,u > Kcoh (~ro , ~ri )u ≡ Canal plat en espace et sélectif en Canal sélectif en espace et en pulsation
Dbloc,u < Dspread (~ro , ~ri )u pulsation spatiale spatiale
3.5 Conclusion

Version soumise — 3/4/2003


115
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Chapitre 4

Techniques MIMO - Etat de l’art

Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
4.2 Domaine spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.2.1 Information d’état du canal en réception . . . . . . . . . . . . . . 121
4.2.1.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
4.2.1.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.2.2 Emission et réception aveugles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.2.2.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.2.2.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
4.2.3 Information d’état du canal en émission et en réception . . . . . 145
4.2.3.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.2.3.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
4.3 Domaines spatial et fréquentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
4.3.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
4.3.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
4.4 Domaines spatial et temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.4.1 Critères de construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
4.4.2 Panorama des techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
4.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

4.1 Introduction

L’avènement des systèmes de transmission employant des réseaux d’antennes simul-


tanément à l’émission et à la réception a ouvert une nouvelle voie en permettant, pour la
première fois dans l’histoire des radiocommunications, d’exploiter la dimension spatiale
au même titre que la dimension temporelle. Il était désormais possible de multiplexer
l’information en espace pour atteindre des efficacités spectrales records.
120 Techniques MIMO - Etat de l’art

La construction des fonctions de codage et de modulation généralisent au domaine


spatial les schémas de transmission classiques. Les deux mécanismes fondamentaux mis
en jeu, analysés au chapitre précédent, sont la diversité et le multiplexage, respectivement
associés à la robustesse et au rendement.

Constituer une base de données sur les techniques MIMO existantes est une étape in-
dispensable lors de la conception d’un système, fournissant une boı̂te à outils réutilisable.
Ce chapitre propose ainsi un tour d’horizon des principales techniques temps-espace recen-
sées dans la littérature dans le courant de l’année 2001. La première partie se concentre
sur l’exploitation de la dimension spatiale, les deux parties suivantes, plus succinctes,
intégrant simplement les aspects de sélectivités fréquentielle et temporelle du canal de
propagation. La large part accordée à l’aspect spatial se justifie par le fait que c’est de
par son traitement que les systèmes MIMO généralisent l’ensemble des autres schémas
de transmission.

Pour chaque cas de figure, les formes d’onde optimales en terme de capacité ou de
probabilité d’erreur sont présentées. Les critères liés à la capacité ont été évoqués au
chapitre précédent et seront rappelés. Les critères de robustesse sont dérivés à nouveau,
accompagnés des structures de réception correspondantes.

4.2 Domaine spatial

Dans certaines applications bas débit, la bande passante occupée est inférieure à la
bande de cohérence du canal et la durée des paquets échangés au temps de cohérence. Le
canal apparaı̂t alors plat en fréquence et statique en temps, n’offrant plus au système que
la dimension spatiale à exploiter. Le modèle approprié est donné par la relation (1.6).

L’émetteur transmet l’information par paquets de K périodes temporelles succes-


sives, pour chacun desquels le message transmis {x(0), . . . , x(K − 1)} et le signal reçu
{y(0), . . . , y(K − 1)} sont reliés par l’équation :
y(k) = Hx(k) + n(k) k = 0, . . . , K − 1 (4.1)
où H ∈ CNR ×NT est la matrice du canal. Cette expression peut être décrite de manière
concise par le biais d’un formalisme vectoriel :
y = (I K ⊗ H)x + n (4.2)
où l’opérateur ⊗ dénote le produit de Kronecker et où l’on a défini les vecteurs
x = [x(0)T , . . . , x(K − 1)T ]T ∈ CKNT , y = [y(0)T , . . . , y(K − 1)T ]T ∈ CKNR et
n = [n(0)T , . . . , n(K − 1)T ]T ∈ CKNR . Dans la suite, la matrice étendue I K ⊗
H ∈ CKNR ×KNT sera abusivement notée H, la distinction devant être claire suivant
le contexte.

Une formulation plus compacte du modèle (4.1) est obtenue en rangeant les vecteurs
transmis et reçus selon les colonnes de matrices :
Y = HX + N (4.3)
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 121

avec les matrices X = [x(0) | . . . | x(K − 1)] ∈ CNT ×K , Y = [y(0) | . . . | y(K − 1)] ∈
CNR ×K , N = [n(0)T | . . . | n(K − 1)T ] ∈ CNR ×K . L’ensemble des séquences susceptibles
d’être transmises forme une constellation notée X , dont les propriétés vont conditionner
les performances du système.

On procède à présent à l’analyse des stratégies de communication pour différents


scénarios d’acquisition de la réponse du canal, i.e. présence ou absence de cette informa-
tion en émission et en réception. La présentation débute par le cas le plus fréquemment
rencontré dans un contexte sans fil.

4.2.1 Information d’état du canal en réception

4.2.1.1 Critères de construction

Performance en débit : La section 3.3.2.2 nous a appris que :


– le facteur clé conditionnant le gain en débit par rapport à un canal SISO est le
nombre de modes indépendants du canal, au plus égal à min(NT , NR ) ;
– les composantes des signaux capables d’atteindre la capacité du canal sont indé-
pendantes et identiquement distribuées (exploitation équitable des modes de pro-
pagation) selon une loi gaussienne (limitation en puissance d’émission).

Performances en probabilité d’erreur : Le signal transmis est filtré par le milieu


de propagation et perturbé par un bruit additif gaussien supposé spatialement blanc, n ∼
CN (0, Pn I NR ). La probabilité d’émettre x et de recevoir y, conditionnée à la connaissance
de la réponse du canal, suit donc la distribution gaussienne :
 
exp −(y − Hx)H (y − Hx)
py|x,H (y, x, H) =
π KNR Pn
ou de manière équivalente :
 
exp − kY − HXk2F
pY|X,H (Y , X, H) =
π KNR Pn

Le récepteur optimal recherche le signal X, parmi l’ensemble X , minimisant la pro-


babilité d’erreur. En supposant l’équiprobabilité des signaux transmis, cette opération
revient à maximiser la fonction de vraisemblance py|x,H . Le critère de décision associé est
alors appelé critère du maximum de vraisemblance (ML — Maximum Likelihood) et le
signal résultant X̂ ML solution de :

X̂ ML = arg max pY|Xl ,H (Y , X l , H)


X l ∈X
(4.4)
= arg min kY − HX l k2F
X l ∈X

Version soumise — 3/4/2003


122 Techniques MIMO - Etat de l’art

Le problème (4.4) est généralement trop complexe à cause du calcul direct de la pro-
babilité d’erreur totale. On peut alors avoir recours à l’analyse de la probabilité d’erreur
entre paires de signaux {X 1 , X 2 }, laquelle donne une indication sur la probabilité d’er-
reur totale par l’intermédiaire du théorème de l’union1 . La probabilité de décider X 2
alors que X 1 a été émis équivaut à :

PX2 |X1 ,H (X 2 , X 1 , H) = PN (kY − HX 2 kF ≤ kY − HX 1 kF )


h i (4.5)
= PN Re tr(H(X 2 − X 1 )N H ) ≤ − 21 kH(X 2 − X 1 )k2F


La variable aléatoire réelle Re tr H(X 2 − X 1 )NH résulte de la somme pondérée des
éléments de la matrice de bruit N . Puisque la combinaison linéaire de variables gaus-
siennes centrées, indépendantes et identiquement distribuées est elle-même une variable
gaussienne centrée, de variance proportionnelle à la somme des carrés des coefficients de
pondération, on en déduit que Re tr H(X 2 − X 1 )N H ∼ N (0, kH(X 2 − X 1 )k2F Pn /2).
De cette observation s’ensuit que l’équation (4.5) est une simple intégration sur la queue
d’une fonction gaussienne, dont la valeur est donnée par :
s 
2
kH(X 2 − X 1 )kF 
PX2 |X1 ,H (X 2 , X 1 , H) = Q  (4.6)
2Pn

√ R∞
avec Q(x) = (1/ 2π) x exp(−u2 /2) du.

En invoquant l’inégalité de Chernoff, Q(x) ≤ exp(−x2 /2), la relation précédente se


trouve bornée par :
h i
PX2 |X1 ,H (X 2 , X 1 , H) ≤ exp − 4P1n kH(X 2 − X 1 )k2F

Il reste finalement à moyenner cette probabilité d’erreur par paire sur la statistique
des évanouissements du canal :

PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) = EH PX2 |X1 ,H (X 2 , X 1 , H) (4.7)

La matrice H n’intervient plus directement mais apparaı̂t au travers de la matrice


de corrélation H H H. Dans le cas idéal où les évanouissements sont indépendants et
identiquement distribués suivant une loi gaussienne, et où l’espacement entre antennes est
supérieur à la distance de cohérence, les éléments de la matrice H sont raisonnablement
modélisés par des variables gaussiennes indépendantes et identiquement distribuées. Les
lignes de H étant indépendantes, la matrice H H H suit une loi de distribution de Wishart,
1
Théorème de l’union : la probabilité d’erreur est majorée par la borne :
X
Pe ≤ w(xi1 , xi2 ) Pxi2 |xi1 (xi2 , xi1 ) Pxi1 (xi1 )
i1 6=i2

où w(xi1 , xi2 ) est le poids de la décision erronée de xi2 à la place de xi1 .

Version soumise — 3/4/2003


4.2 Domaine spatial 123

HH H ∼ CW NT (NR , I NT ), dont les propriétés mathématiques connues analytiquement


permettent de montrer que :
1
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ h iNR (4.8)
1
2 det I NT + 4Pn (X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H

La probabilité d’erreur par paire PX2 |X1 se présente donc, en toute logique, comme
une fonction décroissante de la distance kX 2 − X 1 k. Afin d’obtenir une meilleure com-
préhension des mécanismes en jeu, il se révèle intéressant d’examiner cette borne en
fonction du spectre de la matrice de corrélation du signal d’erreur. En développant
(X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H en valeurs propres, on obtient :
" r  #−NR
1 Y λk
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ 1+ (4.9)
2 4Pn
k=1

où l’entier r ≤ NT désigne le rang de la matrice de corrélation (X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H


et {λn }rn=1 ses valeurs propres, réelles positives par construction.

Pour les forts SNR, l’équation (4.9) se simplifie en :


p Qr !−rNR
r
1 k=1 λk
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ (4.10)
2 4Pn

On observe que la structure du signal émis influe sur la probabilité d’erreur à deux
niveaux. Plus précisément, la borne (4.10) se comporte comme (βc /4Pn )−βd , avec :

βd = rNR = rang[(X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H ]NR


Q (4.11)
βc = ( rn=1 λn )1/r = det+ [(X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H ]1/r

où det+ (A) dénote le produit des valeurs propres strictement positives de la matrice A.

Les termes βd et βc sont respectivement dénommés gains de diversité et de codage :


Gain de diversité : Le gain de diversité décrit la décroissance exponentielle de la pro-
babilité d’erreur en fonction du SNR. Le gain maximal de diversité est quantifié en
recherchant le minimum de βd sur l’ensemble des mots de code.
Gain de codage : Le gain de codage se traduit par un décalage de la courbe de perfor-
mances en fonction du SNR. Il mesure grossièrement le gain apporté par le codage
par rapport à un système non codé opérant avec le même gain de diversité.
Les relations (4.11) font en outre apparaı̂tre que les performances en taux d’erreur
sont fonctions de la matrice de corrélation du signal d’erreur, (X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H ∈
CNT ×NT , impliquant que l’intégralité des gains de codage et de diversité sont réalisables
pour une longueur de trame émise K ≤ NT .

La figure (4.1) illustre le rôle de ces deux termes. Le gain de diversité, apparaissant
en exposant dans l’équation (4.10), est prioritaire, en régime fort SNR, sur le gain de
Version soumise — 3/4/2003
124 Techniques MIMO - Etat de l’art

Pe (échelle log)
 −βd
βc
Pe (γ) ∝
4Pn

Système non codé

Système
codé
Gain de codage βc :
Zone de Système codé décalage de la courbe
faibles SNR à diversité

Gain de diversité βd :
changement de la pente

γ (dB)

Fig. 4.1: Gains de diversité et de codage — Influence sur les performances en probabilité d’erreur

codage dont la contribution se réduit à un facteur multiplicatif. L’importance relative de


ces deux grandeurs dans la zone à faible SNR, en supposant qu’elles soient définies, est
mal connue et, dans tous les cas, ne peut être quantifiée à partir de l’expression (4.10)
valide pour les forts SNR.

En résumé, l’optimisation relative des critères de performances (4.11) fournit une


méthode de construction des modulations temps-espace. En particulier, les signaux dé-
veloppés pour des applications privilégiant la robustesse doivent avant tout maximiser
βd , puis secondairement βc . Dans ce cas précis, la procédure de recherche est simplifiée
puisqu’il suffit de chercher une constellation dont la distance minimale entre deux points
quelconques est non nulle :
 
dmin = min det (X i − X j )(X i − X j )H > 0 (4.12)
X i 6=X j

4.2.1.2 Panorama des techniques

L’ordre de présentation essaye de suivre la chronologie d’apparition des techniques.


La figure (4.2) donne un premier aperçu sur les techniques qui vont être abordées.

Multiplexage temps-espace : Le principe du multiplexage est l’agencement sans re-


dondance en temps et en espace d’une séquence d’information, l’opération mathématique
associée s’apparentant à une fonction d’entrelacement temps-espace. Le système transmet
alors NT symboles utiles à chaque période temporelle.

Le point de départ de cette branche remonte aux travaux fondateurs des Bell Labs [1]
qui ont débouché sur l’architecture DBLAST (Diagonal Bell Labs Layered Space-Time),
dénomination explicitée plus loin. La motivation première de ce groupe était la concep-
tion d’une méthode permettant d’appliquer les techniques de codage classiques au canal
MIMO, contournant par la même l’épineux problème de la construction de codes temps-
espace. D’autres techniques ont depuis vu le jour, se classant en trois catégories distinctes
présentées sur la figure (4.3).
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 125

Rendement Rc nombre de symboles utiles transmis/période


Rc =
nombre de symboles utiles entrant/période

Limite des systèmes NT


MIMO STM
BLAST
ASTM

Débit
(multiplexage) R c ≤ NT
LDC
Concaténation de codes

STBCM
STTCM

Limite des systèmes 1


SISO, SIMO et MISO STRCM

Robustesse
(diversité) Rc ≤ 1
OSTBCM
STM : Space-Time Multiplexing
BLAST : Bell Labs LAyered Space-Time modulation
STTCM : Space-Time Trellis Coded Modulation
STBCM : Space-Time Block Coded Modulation
OSTBCM : Orthogonal STBCM
STRCM : Space-Time Constellation-Rotating Modulation
LDCM : Linear Dispersion Coded Modulation
ASTM : Algebraic Space-Time Modulation

Fig. 4.2: Classification des techniques de codage et de modulation temps-espace

Revenons à la modulation DBLAST. En émission, le flot de données est démultiplexé


en NT voies, traitée chacune par un codeur propre, les flux résultants étant ensuite affectés
aux antennes de transmission selon un ordre variant périodiquement par permutation
circulaire. Cette allocation, conférant au signal une structure diagonale en temps et en
espace d’où est tiré le nom DBLAST, a pour but d’assurer la répartition équitable de
l’information sur le canal MIMO.

Le principe de base gouvernant la réception repose sur l’annulation d’interférence. Le


procédé, illustré au bas de la figure (4.4), s’inspire de la structure en strates du signal,
décrivant ainsi une trajectoire diagonale sur la grille temps-espace des symboles transmis
par intervalle temporel et par antenne. Les couches sont décodées successivement en
supposant que la contribution des couches précédemment décodées a été soustraite du
signal et que l’interférence due aux couches non décodées a été parfaitement annulée. Par
exemple, le traitement appliqué avant décision au signal transmis, à un instant donné,
par l’antenne k comporte deux phases :
– soustraction de la contribution des symboles transmis par les antennes 1, . . . , k − 1
détectés lors des itérations précédentes,
– élimination des symboles transmis par les antennes k + 1, . . . , NT décodés lors
d’itérations ultérieures par projection du signal sur l’espace orthogonal à l’espace
décrit par les antennes k + 1, . . . , NT .
D’un point de vue mathématique, la méthode de décodage DBLAST s’identifie à une
factorisation QR de la matrice du canal :

H = QR

Version soumise — 3/4/2003


126 Techniques MIMO - Etat de l’art

Modulateur
VBLAST : mutliplexage par
Démultiplexeur strates verticales

Codeur SISO

Antenne
Modulateur

Temps

Trajectoire de codage

Codeur SISO Modulateur


HBLAST : mutliplexage par
Démultiplexeur

strates horizontales

Codeur SISO Modulateur

Codeur SISO Modulateur DBLAST : mutliplexage par


Association dynamique

strates diagonales
Démultiplexeur

flux-antennes

Codeur SISO Modulateur

Fig. 4.3: Schémas de modulation BLAST

Version soumise — 3/4/2003


4.2 Domaine spatial 127

où Q ∈ CNR ×NR est une matrice unitaire et R ∈ CNR ×NT une matrice triangulaire
inférieure.

Le bon fonctionnement de ce type de transmission nécessite l’existence de NT modes


propres, rang(H) = NT , impliquant nécessairement un nombre d’antennes de réception
supérieur ou égal au nombre d’antennes d’émission. Lorsque l’interaction du signal avec
l’environnement n’est plus suffisamment riche ou que l’espacement inter-éléments au sein
des réseaux est trop faible, la structure de la matrice du canal H devient déficiente et
l’opération d’annulation d’interférence échoue à séparer les signaux, entraı̂nant l’appari-
tion d’erreur.

temps
antennes d’émission

VBLAST

HBLAST

DBLAST

Strate détectée aux itérations < k Trajectoire


de décodage
Strate détectée à l’itération k

Strate détectée aux itérations > k

Fig. 4.4: Schémas de démodulation BLAST

Version soumise — 3/4/2003


128 Techniques MIMO - Etat de l’art

La complexité du récepteur DBLAST, due à l’entrelacement diagonal en temps et en


espace, nécessite l’implantation d’algorithmes de détection performants tels que le déco-
dage par sphère [2]. La technique VBLAST (Vertical BLAST), où l’assignement des flux
codés aux antennes est figé, constitue une autre solution [3]. En réception, le décodage par
strate n’est plus nécessaire puisqu’il n’y a plus d’effet mémoire entre les signaux transmis
à différents instants. Plusieurs techniques de réception ont été proposées. En remarquant
l’analogie forte avec les systèmes de communication à accès multiple, Foschini [4] pro-
pose un algorithme de détection multi-utilisateur basé sur l’annulation d’interférence. La
méthode présentée repose l’annulation série avec ordonnancement optimal des signaux,
i.e. le signal le plus fort est détecté à chaque itération et sa contribution soustraite du
signal. En observant que l’étape de classement des signaux consomme la majeure partie
du temps de traitement, Hassibi [5] expose un algorithme allégeant cette tâche.

VBLAST supporte le même débit que DBLAST et souffre de la même contrainte sur
le rang du canal. Cependant, les performances en taux d’erreur sont nécessairement moins
bonnes du fait que VBLAST n’exploite pas la dimension temporelle du canal. Plusieurs
travaux ont étudié l’influence du motif d’entrelacement, ainsi que son interaction avec le
code appliqué et l’algorithme de décodage associé [6, 7, 8].

Modulations codées en treillis temps-espace : Les modulations codées en treillis


temps-espace STTCM (STTCM — Space Time Trellis Coded Modulation) se présentent
comme une généralisation au cas MIMO des modulations codées en treillis développées
pour le canal SISO. L’émetteur est constitué d’une batterie de registres à décalage et de
fonctions algébriques générant un mot de code de NT symboles transmis simultanément
par le réseau d’émission. Le récepteur utilise communément un algorithme de Viterbi
pour rechercher le chemin avec la métrique la plus faible, i.e. le plus probable.

Fermeture
du treillis

Codage binaire Code Décodeur ML


à symbole convolutif (algo. Viterbi)

Critères de performance
sur les symboles modulés
(Tarokh)

Critères de performance Treillis temps−espace


dans le domaine binaire
(Hammons, Blum)

Fig. 4.5: Modulations codées en treillis temps-espace

Les modulations STTC se comportent bien sur les canaux variant lentement dans le
temps mais souffrent de la complexité de décodage. Il existe un compromis fondamental
entre le débit, l’ordre de diversité, la taille de la constellation et la complexité du treillis.
Tarokh [9] montre en effet que, pour un ordre de diversité spatiale rNR , une constellation

Version soumise — 3/4/2003


4.2 Domaine spatial 129

de taille 2b , le débit de transmission est borné par :


log A2bK (NT , r)
R≤
K
où A2bK est le nombre maximal de mots de code de longueur NT et de distance de
Hamming minimale r définie sur un alphabet à 2bK éléments. Un résultat immédiat est
qu’une STTCM à diversité spatiale maximale NT NR atteint un débit d’au plus b bit/s/Hz.
Une autre conséquence est que la longueur de contrainte d’une STTCM de diversité r est
supérieure ou égale à r − 1 et la complexité du treillis est au moins 2b(r−1) .

Depuis l’article fondateur [9], la plupart des constructions de codes temps-espace


repose sur les critères de gain de diversité et de gain de codage obtenus en analysant
la probabilité d’erreur par paire [9, 10]. On remarquera qu’il est nécessaire d’assurer la
fermeture du treillis afin d’être en mesure de les traiter sous la forme d’un code en bloc.

Plusieurs treillis, maximisant la diversité spatiale et possédant un certain gain de


codage, sont construits de manière empirique par Tarokh [9] pour un réseau d’émission
à deux antennes (cf. figure 4.6). En s’inspirant de ce travail, Grimm [11] introduit la
notion de symétrie de zéros et généralise les constructions pour NT > 2. Cette propriété,
suffisante pour garantir le rang plein, permet de restreindre le domaine de recherche.
Grimm présente également une liste de modulations STTC optimales à faible longueur
de contrainte qui maximisent la diversité et possèdent de meilleurs gains de codage (NT =
2, 3, 5 pour BPSK et NT = 2 pour QPSK). Plus récemment, une recherche informatique
exhaustive similaire a été menée par Baro [12] pour des treillis de faible longueur de
contrainte avec NT = 2 et une modulation QPSK. Les distances produit calculées par
Baro sont en accord avec Grimm mais sont obtenues avec d’autres codes, démontrant
ainsi la multiplicité des codes optimaux. Ionescu [13] a obtenu des STTCM améliorées à
8 et 16 états, pour NT = 2 et une modulation QPSK, à partir d’un critère de distance
modifié. De même, Yuan [14] a dérivé des critères de construction améliorés en utilisant
une borne plus fidèle sur la fonction Q(.) lors du calcul de la probabilité d’erreur et obtient
par la même de meilleurs codes.

Les performances en probabilité d’erreur des STTCM utilisant des modulations co-
dées en treillis conventionnelles sont largement dégradées lorsque le treillis possède des
branches parallèles. Les TCM multiples [15, 16] lèvent cette limitation en débit en au-
torisant les branches parallèles dans le treillis tout en maximisant l’ordre de diversité.
Lin [17] étend ces travaux pour les canaux MIMO quasi statiques et propose des mé-
thodes de construction systématiques.

Au-delà des schémas précédents spécifiques, la mise au point de méthodes de construc-


tion systématique reste un problème ouvert. Le principal obstacle réside dans le fait que
les critères de performance des techniques temps-espace sont définis dans le corps des
nombres complexes, alors que les techniques de codage classiques sont généralement éta-
blies sur des corps ou des anneaux finis. Or, le transfert de certaines opérations semble
relativement difficile. Un premier pas essentiel est dû à Hammons [18] qui présente un
critère de rang binaire pour les modulations BPSK et QPSK assurant la diversité pleine.
Cette théorie a été prolongée par Blum [19] et Yan [20] aux constellations QAM d’ordre
supérieur (QAM — Quadrature Amplitude Modulation).
Version soumise — 3/4/2003
130 Techniques MIMO - Etat de l’art

Codage binaire Code Décodeur ML


à symbole convolutif (algo. Viterbi)

1 0

Indexation des points


de la constellation
2 3

Représentation des treillis temps-espace Structure du modulateur STTC

Modulation STTC à 4 états 00,01,02,03


pour symboles QPSK -
diversité 2
10,11,12,13
symboles QPSK
D

20,21,2223

30,31,32,33
Antenne 1 Antenne 2

Modulation STTC à 8 états 00,01,02,03


pour symboles QPSK - 10,11,12,13
diversité 2
20,21,22,23 2

30,31,32,33
D D
22,23,20,21
32,33,30,31 Retard 2
Gain
02,03,00,01
12,12,13,11
Addition modulo 4

Fig. 4.6: Exemples de modulations temps-espace codées en treillis (Tarokh) pour un système
MIMO à 2 antennes d’émission

Version soumise — 3/4/2003


4.2 Domaine spatial 131

Un point crucial est le comportement des modulations codées STTC dans des condi-
tions d’opérations réalistes. Tarokh et Naguib [21, 22] étudient par exemple les effets des
erreurs d’estimation du canal sur les performances des codes temps-espace et proposent
des méthodes d’acquisition, basées sur l’insertion de séquences d’entraı̂nement connues.
Fitz [23] présente les performances des STTCM sur un canal MIMO corrélé en espace en
proposant une analyse originale de la probabilité d’erreur par paire.

Modulations codées temps-espace en bloc orthogonales : La complexité de dé-


codage des STTCM a jusqu’à présent freiné leur expansion. C’est en cherchant à résoudre
ce problème qu’Alamouti [24] a découvert une technique de transmission utilisant deux
antennes à l’émission et permettant un décodage au sens du maximum de vraisemblance
linéaire. Parallèlement, Stoica [25] a abouti au même résultat en cherchant à maximi-
ser le SNR et à assurer le découplage des symboles transmis en réception. Le principe
sous-jacent consiste à imposer une structure orthogonale particulière aux points de la
constellation afin d’éliminer les termes croisés non linéaires apparaissant dans le dévelop-
pement de la métrique de la probabilité d’erreur et simplifier ainsi le décodeur ML.
Canal équivalent SISO - diversité d’ordre ≤ NT NR

Codage binaire [x(1), . . . , x(Q)] Combineur Détecteur ML


STBC
à symboles orthogonal linéaire linéaire

suppression des détection séparée


termes non-linéaires des symboles
 
Ex : schéma d’Alamouti c x(1) x(2)
XOD =
NT = 2, Q = 2 −x(2)∗ x(1)∗

Fig. 4.7: Modulations codées en bloc orthogonales temps-espace

La généralisation du schéma d’Alamouti à un nombre d’antennes d’émission quel-


conque a été étudiée, dans le cadre de la théorie des motifs orthogonaux, par Ta-
rokh [26, 27] et a engendré la famille des modulations codées temps-espace orthogonales
(OSTBCM — Orthogonal Space Time Block Coded Modulation). Un motif orthogonal
(OD — Orthogonal Design) de dimension NT est défini par une matrice orthogonale
X OD ∈ CNT ×NT peuplée par les variables {x(n)}N T
n=1 de telle sorte que :

NT
!NT
X
det(X H
OD X OD ) = |x(n)|2 (4.13)
n=1

On distinguera les motifs orthogonaux réels, qui utilisent des variables réelles et leurs
opposées {±x(n)}n , des motifs orthogonaux complexes qui manipulent des variables com-
plexes et leurs symétriques {±x(n), ±x(n)∗ }n . Les motifs orthogonaux réels sont restreints
aux dimensions 2, 4 et 8, résultat issu de la théorie de Hurwitz-Radon. En fait, ces trois
motifs s’identifient respectivement aux nombres complexes, aux quaternions et aux octo-
nions :
 
x(1) x(2)
X OD(2) =
−x(2) x(1)
Version soumise — 3/4/2003
132 Techniques MIMO - Etat de l’art

 
x(1) x(2) x(3) x(4)
 −x(2) x(1) −x(4) x(3) 
X OD(4) =
 −x(3) x(4)

x(1) −x(2) 
−x(4) −x(3) x(2) x(1)
 
x(1) x(2) x(3) x(4) x(5) x(6) x(7) x(8)
 −x(2) x(1) −x(4) x(3) x(6) −x(5) −x(8) x(7) 
 
 −x(3) x(4) x(1) −x(2) x(7) x(8) −x(5) −x(6) 
 
 −x(4) −x(3) x(2) x(1) x(8) −x(7) x(6) −x(5) 
X OD(8) =
 −x(5) −x(6)

 −x(7) −x(8) x(1) x(2) x(3) x(4) 
 −x(6) x(5) −x(8) x(7) −x(2) x(1) −x(4) x(3) 
 
 −x(7) x(8) x(5) −x(6) −x(3) x(4) x(1) −x(2) 
−x(8) −x(7) x(6) x(5) −x(4) −x(3) x(2) x(1)

avec x(n) ∈ R , n = 1, . . . , 8.

Il est possible d’introduire un prétraitement linéaire en relâchant la contrainte (4.13)


mais cette solution ne conduit pas à de nouveaux motifs orthogonaux réels pour NT 6=
2, 4 ou 8. Dans ce but, Tarokh [27] envisage l’extension à des matrices orthogonales
rectangulaires en remarquant qu’il suffit de conserver la propriété d’orthogonalité des
colonnes. Par analogie, un motif orthogonal généralisé de dimension NT est défini par
une matrice X GOD ∈ CK×NT , avec K la durée d’un bloc mesurée en période symbole,
vérifiant le critère d’orthogonalité :

Q
!NT
X
det(X H
GOD X GOD ) = 2
|x(n)| (4.14)
n=1

où {±x(1), . . . , ±x(Q)} sont les Q symboles transmis par bloc. On montre par construc-
tion que les motifs réels généralisés existent quel que soit le rendement Rc ≤ 1 et le
nombre d’antennes NT , la durée K de chaque bloc devant être minimisée pour réduire le
délai de décodage [27]. En particulier, l’expression de K en fonction du nombre d’antennes
NT ≤ 8 est établie dans le cas Rc = 1.

Le passage vers le corps des nombres complexes se fait naturellement mais les résultats
ne s’étendent pas. Ainsi, les motifs complexes orthogonaux n’existent que pour la dimen-
sion 2, preuve obtenue par extension de la théorie d’Hurwitz-Radon au cas complexe.
Cette exception correspond au schéma d’Alamouti :
 
c x(1) x(2)
X OD =
−x(2)∗ x(1)∗

Une preuve constructive de l’existence des motifs orthogonaux complexes, pour un


rendement Rc ≤ 0.5 et pour un nombre quelconque d’antennes d’émission, est donnée

Version soumise — 3/4/2003


4.2 Domaine spatial 133

dans la référence [27]. Un exemple de code est le suivant :


 
x(1) x(2) x(3)
 −x(2) x(1) −x(4) 
 
 −x(3) x(4) x(1) 
 
 −x(4) −x(3) x(2) 
X cGOD =


 x(1)∗ x(2)∗ x(3)∗ 

 −x(2)∗ x(1)∗ −x(4)∗ 
 
 −x(3)∗ x(4)∗ x(1)∗ 
−x(4)∗ −x(3)∗ x(2)∗

La question de l’existence pour un rendement quelconque supérieur à 0.5 n’est pas


résolue. Tarokh [27] donne quelques exemples de codes à rendement dépassant ce seuil,
comme les deux constellations ci-dessous obtenues en se fondant sur la théorie des motifs
amicaux [28] :
 x(3) 
x(1) x(2) √
2
 x(3) 
 −x(2)∗ x(1)∗ √ 
X cGOD =
 x(3)∗ x(3)∗
2
−x(1)+x(1)∗ +x(2)−x(2)∗


 √2 √
2 2 
x(3)∗ −x(3)∗ −x(2)+x(2)∗ +x(1)−x(1)∗
√ √
2 2 2

et :
 x(3) x(3) 
x(1) x(2) √
2

2
 x(3) x(3) 
 −x(2)∗ x(1)∗ √ √ 
X cGOD =
 x(3)∗ x(3)∗
2
−x(1)−x(1)∗ +x(2)−x(2)∗
2
−x(2)−x(2)∗ +x(1)−x(1)∗


 √2 √
2 2 2 
x(3)∗ −x(3)∗ x(2)+x(2)∗ +x(1)−x(1)∗ −x(1)−x(1)∗ +x(2)−x(2)∗
√ √
2 2 2 2

Les motifs orthogonaux admettent une interprétation physique intéressante : les dia-
grammes de rayonnement sont orthogonaux à chaque intervalle de temps, et, simultané-
ment, les séquences transmises par les différentes antennes sont orthogonales [29].

Les modulations codées orthogonales maximisent le gain de diversité spatiale et


n’offrent pas de gain de codage, cela peut être vu à partir de leur définition. Elles ont
pour effet de convertir le canal MIMO en un canal SISO et introduisent ainsi des pertes
en terme de débit dès lors que le rang du canal est supérieur à l’unité [30]. Ces modu-
lations OSTBC sont donc adaptées aux applications où la robustesse est recherchée, au
détriment du débit. Des approches alternatives basées sur une relaxation de la condition
d’orthogonalité ont conduit aux modulations quasi-orthogonales [31, 32].

Modulations codées temps-espace à diversité maximale : Les modulations


OSTBC exploitent la diversité spatiale du canal de manière optimale mais la contrainte
de décodage ML linéaire les condamne à un nombre restreint de dimensions. En relâchant
Version soumise — 3/4/2003
134 Techniques MIMO - Etat de l’art

cette condition, il devient possible de concevoir, avec une grande flexibilité, des modu-
lations à diversité maximale pour des nombres quelconques d’antennes d’émission et de
réception.

La famille des modulations codées à constellations tournées (STCRM — Space Time


Constellation Rotating Modulation) a été obtenue en observant que ce type de modula-
tions, initialement proposé pour les canaux de Rayleigh à évanouissements rapides [33],
répond à des critères proches de ceux établis pour le canal MIMO quasi statique. L’idée
sous-jacente aux constellations tournées [34] repose sur le fait que, si les composantes
d’un point d’une constellation donnée sont différentes des composantes des autres points,
alors des évanouissements indépendants sur chacune des composantes n’empêchent pas la
détection de ce point, à l’exception du cas où toutes les composantes sont profondément
affectées. Une constellation est dite à diversité pleine lorsque tous les points vérifient cette
propriété. La robustesse face aux évanouissements est mesurée par la distance produit
minimale entre les points.

La première généralisation, pour des modulations réelles, des constellations tournées


à un réseau d’antennes en émission est due à Da Silva [35]. Giannakis [36] établit plus
tard l’existence de rotations complexes à diversité maximale pour un nombre quelconque
d’antennes.

Les modulations STCR (cf. figure (4.8)) projettent un vecteur de symboles x ∈ CNT
sur une constellation tournée, puis répartissent la constellation en temps et en espace
selon :
X = U diag(M x) (4.15)
où M ∈ CNT ×NT est une matrice de rotation et U ∈ CNT ×NT une matrice orthonormale.
La matrice U n’affecte pas la probabilité d’erreur, i.e. HU ∼ H, et peut être employée,
par exemple, pour gommer les pics de puissance. Le choix de la matrice de rotation M ,
optimal au sens de la diversité, est une matrice maximisant la distance produit minimale.

constellation originale constellation tournée constellation tournée temps-espace

diversité

Codage binaire x Mx Répartition X = U diag(M x)


Rotation de
à symbole la constellation temps-espace

Diversité pleine : les composantes de chaque point sont différentes x : symbole de constellation
des composantes de tous les autres points M : matrice de rotation
U : orthonormale

Fig. 4.8: Modulations codées temps-espace à constellation tournée

Version soumise — 3/4/2003


4.2 Domaine spatial 135

En utilisant le fait que le déterminant d’un produit de matrices est égal au produit
de déterminants individuels et que le déterminant d’une matrice orthonormale est égal à
l’unité, on montre que la distance produit minimale de la modulation s’écrit :
dmin = min |det diag [M (xi − xj ))]|2
i6=j
2
NT X
Y NT
= min mpq [xi (q) − xj (q)]
i6=j
p=1 q=1

où les scalaires mpq dénotent les coefficients de la matrice M . Cette distance est non nulle
par construction puisque les composantes de chaque point de la constellation tournée sont
uniques. Il en résulte que les codes STCR sont à diversité maximale.

Ces codeurs sont connus analytiquement pour NT = 2 et une modulation BPSK. Leur
recherche pour NT > 2 et des gains de codage élevés requiert des moyens informatiques
envisageables uniquement pour des constellations de petites tailles. Basé sur les construc-
tions algébriques développées par Giraud et Boutros [37, 33], Damen [38] propose un
ensemble de modulations combinant les constellations tournées avec une transformation
de Hadamard. La propriété de décodage linéaire perdue par les STCRM entraı̂ne une
complexité exponentielle du décodage ML en fonction de la taille des constellations et du
nombre d’antennes d’émission. Le décodage par sphère [39] a été proposé pour pallier ce
problème.

Modulations codées à dispersion linéaire : Les modulations codées à dispersion


linéaire (LDCM — Linear Dispersion Coded Modulation) ont été initialement proposées
par Hassibi [40] en tant que généralisation des modulations codées linéaires. Le souci pre-
mier qui a motivé leur construction est la recherche d’une technique de codage possédant
la simplicité de décodage de VBLAST, ainsi que plusieurs propriétés des modulations co-
dées en bloc, et optimisant la capacité ergodique. Une autre exigence était la suppression
de la contrainte, propre à BLAST, d’un nombre d’antennes en réception supérieur ou égal
au nombre d’antennes en émission.

Une modulation codée à dispersion linéaire répartit en temps et en espace un vecteur


de Q symboles complexes [x(1), . . . , x(Q)], appartenant à une constellation linéaire du
type QAM ou PSK d’énergie unité, selon le schéma [40] :
Q
X
X= [Re x(q)A2q + Im x(q)A2q+1 ] (4.16)
q=1

où {Aq ∈ CNT ×K }2Q q=1 est l’ensemble des matrices de dispersion. La structure de la mo-
dulation est entièrement spécifiée par le jeu des matrices de dispersion, celle d’un mot de
code étant définie par les Q symboles transmis. On remarque que les composantes réelle
et imaginaire de chaque symbole sont étalées par des matrices distinctes. Dans la suite,
on préfèrera la forme :
2Q
X
X= x̄(q)Aq
q=1

Version soumise — 3/4/2003


136 Techniques MIMO - Etat de l’art

où l’on a posé x̄(2q) = Re x(q) et x̄(2q + 1) = Im x(q).

La validité de la construction (4.16) repose sur l’unicité du décodage en réception. Le


nombre maximal de symboles transmis par bloc Q , la durée temporelle d’un bloc K et
le nombre d’antennes de réception NR sont ainsi reliés par l’inégalité :
Q ≤ NR K (4.17)
limitant le débit utile à R = (Q/K)n ≤ NR n, où n représente le nombre de bits transpor-
tés par un symbole x(k). La borne (4.17) traduit le fait que le nombre de degrés de liberté
Q contenus dans un point de la constellation dispersée doit rester inférieur au nombre
d’inconnues collectées par les NR antennes de réception pendant K intervalles de temps
de sorte que le décodeur ne soit pas confronté à un système d’équations surdéterminé.
On remarquera qu’aucune condition n’est posée sur NT et NR . En particulier, les codes à
dispersion linéaire sont capables de traiter les configurations où NR ≤ NT , contrairement
aux techniques de multiplexage pure telles que BLAST.

Les modulations à dispersion linéaire offrent une très grande souplesse dans le choix
des paramètres, facilitant la recherche d’un compromis entre débit utile et robustesse.
Intuitivement, le débit sera d’autant plus fort que le nombre de symboles utiles sera
grand, contrairement à la robustesse qui sera d’autant meilleure que Q sera petit. La
valeur Q = min(NT , NR )K est un compromis maximisant l’information mutuelle tout en
conservant un gain de codage suffisant [41].

Une fois fixé le nombre de symboles utiles, l’étape suivante se concentre sur la géné-
ration de matrices de dispersion {Aq } maximisant le rendement. En injectant la défini-
tion (4.16) dans la relation d’entrée-sortie (4.2), on montre que :
P 
2Q
y = H vec q=1 x̄(q)Aq + n

= HAx̄ + n
où x̄ ∈ R2Q est le vecteur signal et A = [vec(A1 ) | · · · | vec(A2Q )] ∈ CNT K×2Q la
matrice globale de dispersion. Tout se passe comme si le message transitait dans le ca-
nal étendu HA, perturbé par un bruit additif gaussien. Ce scénario a été abordé dans la
section 3.3.2.2, où il a été vu que, pour une puissance d’émission limitée, le débit est maxi-
misé par un vecteur de symboles x̄ blanc gaussien. La capacité ergodique correspondante
est [42, 4] :   
1 1 H H
C(A) = EH log det I 2NR K + HAA H (4.18)
2K γ

Les matrices de dispersion sont alors élaborées pour maximiser l’équation (4.18).

La référence [5] détaille une méthode d’optimisation numérique, basée sur le gradient,
permettant de maximiser l’équation (4.18) avec les contraintes :
PQ 2
q=1 kAq kF = KNT (i)
KNT
kAq k2F = Q q = 1, . . . , Q (ii)
AH
q Aq =
K
Q IK q = 1, . . . , Q (iii)

Version soumise — 3/4/2003


4.2 Domaine spatial 137

où (i) borne la puissance totale rayonnée, (ii) assure que chaque symbole est distribué avec
la même puissance depuis chaque antenne et (iii) assure que la dispersion de chaque sym-
bole ne privilégie pas de direction spatiale ou temporelle. Les deux dernières contraintes
assurent que la recherche se restreint aux modulations à dispersion linéaire tendant à
ressembler à un signal blanc gaussien, en accord avec la signature optimale attendue. Les
modulations à dispersion linéaire ainsi générées offrent des débits élevés mais ne satis-
font plus nécessairement aux critères de performance en probabilité d’erreur établis par
Tarokh [27].

En prolongeant le travail de Hassibi, Sandhu [43] répond à ce problème en fournissant


des conditions analytiques suffisantes sur la structure du signal pour garantir simultané-
ment robustesse et débit. En repartant de l’équation (4.8), on montre que la probabilité
d’erreur par paire entre deux points d’une constellation s’écrit :
1
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤  N R
1 P ∗ H
det I NT K + 4Pn k,l e12 (k)e12 (l)Ak Al
1
≤ h iNR
1 P ∗ (l)(A AH + A AH )
det I NT K + 8Pn k6=l e12 (k)e12 k l l k

où l’on a posé e12 (l) = x1 (l) − x2 (l). En imposant que les matrices de modulation soient
unitaires, Sandhu prouve que les matrices de modulations les plus robustes sont mutuel-
lement hermitiennes anti-symétriques :
(
Ak AH H
l + Al Ak = 0 , k 6= l pour NT ≤ K
(4.19)
AH H
k Al + Al Ak = 0 , k 6= l pour NT > K

Cette condition impose que Q ≥ NT K. A titre indicatif, il est intéressant de vérifier


que la condition (4.19) est vérifiée par les modulations OSTBCM pour K ≥ 2 et par le
multiplexage spatial pour K = 1.

Simultanément, l’optimisation du rendement conduit, pour un canal invariant par


bloc, à des matrices du type :
A = (I K ⊗ B)Q (4.20)
où la matrice Q est orthonormale, QQH = I, et la matrice B dépend de la statistique
du canal. Pour un canal à évanouissements de Rayleigh, le choix optimal pour B est une
matrice unitaire [42]. Par conséquent, le code linéaire optimal vérifie :

AAH = 1
NT I NT K (4.21)

Cette condition impose que Q ≤ NT K.

En associant les critères relatifs à la robustesse (4.19) et au rendement (4.21), avec


leurs contraintes propres, la référence [43] propose une méthode de construction des ma-
trices de modulations avec Q = NT K. Ces résultats généralisent les travaux initiaux [5]
en dérivant la borne de l’union sur la probabilité d’erreur pour différentes conditions sur
le canal.

Version soumise — 3/4/2003


138 Techniques MIMO - Etat de l’art

Modulations codées algébriques : Les modulations codées à dispersion linéaire


offrent des débits supérieurs à ceux atteints par les modulations STTC et OSTBC, au
prix de la perte des critères de construction [41] ou de l’absence de forme analytique [43].

Pour résoudre ce problème, la démarche adoptée par Damen [44] consiste à imposer
une structure algébrique aux mots de code pour guider l’optimisation simultanée du débit
et de la diversité. En remarquant que la propriété de distance minimale non nulle (4.12)
est, par l’intermédiaire du déterminant, une fonction polynomiale des éléments des ma-
trices d’erreur entre points de la constellation, le problème se réduit à construire un
polynôme ne possédant pas de racine pour la structure algébrique choisie.

Considérons le cas simple d’une modulation temps-espace pour un système MIMO


NT = 2 et NR = 2. Deux périodes temporelles suffisent, au sens de la probabilité d’er-
reur, à la définition d’un point de la constellation, X ∈ C2×2 , lequel doit par conséquent
transporter quatre symboles utiles pour maximiser le débit. Puisque l’on souhaite ex-
primer la distance entre signaux sous forme polynomiale, il est naturel de répartir les
symboles d’information x en temps et en espace à l’aide de polynômes. L’article [44]
propose l’arrangement suivant :
 
x(0) + φx(1) θ (x(2) + φx(3))
X= (4.22)
θ (x(2) − φx(3)) x(0) − φx(1)
avec θ et φ deux scalaires complexes tels que θ2 = φ. Les symboles d’information x(k)
appartiennent ici à une constellation linéaire, soit x(k) ∈ Z[i], Z[i] = {a + ib, a, b ∈ Z}
étant une extension algébrique simple de l’anneau des entiers.

L’expression de la distance minimale est facilement obtenue en remarquant que le


déterminant du produit de deux matrices carrées est égal au produit des déterminants
individuels :
2
X3
2 2 k
dmin = min |det(X i − X j )| = min (xi (k) − xj (k)) φ (4.23)
i6=j i6=j
k=0

L’expression (4.23) apparaı̂t donc comme un polynôme de degré inférieur ou égal à


3, à coefficients dans Z[i] et à valeur dans C. Pour garantir une distance minimale non
nulle et, par la même, la diversité pleine de la modulation, il suffit de choisir φ comme
un nombre algébrique de degré supérieur ou égal à 4 sur Z[i], i.e. solution d’une équation
polynomiale à coefficients complexes entiers de degré supérieur ou égal à 4.

Concaténation de codes : L’avènement de la concaténation de codes a constitué une


étape significative dans le progrès des techniques de codage d’erreur. Le principe général
repose sur la concaténation de fonctions de codage possédant des propriétés complémen-
taires dans le but d’atteindre des performances globales supérieures tout en relâchant les
contraintes sur les codes élémentaires.

Les fondations théoriques ont été édifiées par Forney dans l’article [45], où il prouve
que le décodage séquentiel de deux codes courts concaténés se révèle plus simple, à perfor-
mances identiques, que le décodage d’un code long. L’exemple emblématique, rencontré
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 139

sur les canaux générant des erreurs isolées et indépendantes, est la combinaison d’un code
externe algébrique, généralement un code de Reed-Solomon, et d’un code interne convo-
lutif. Le récepteur associé effectue un décodage à décision souple du code convolutif, suivi
d’un décodage algébrique du code en bloc corrigeant les paquets d’erreurs éventuellement
produits en sortie du décodeur interne.

L’intérêt de recourir à cette stratégie dans le cas présent est d’optimiser séparément les
gains de diversité et de codage (cf. relations (4.11)), tâche difficile à mener conjointement.
Il est, par exemple, possible de combler la déficience en gain de codage des modulations
OSTBC à diversité pure à l’aide d’un code correcteur classique. Le canal équivalent, vu
entre le modulateur temps-espace orthogonal et le démodulateur associé, se réduit à un
canal SISO, pour lequel les TCM forment un choix naturel. En particulier, pour un canal
quasi-statique, où l’objectif du code externe est la maximisation de la distance euclidienne
libre, on pourra utiliser les TCM développées par Ungerboeck [46]. La figure (4.9) illustre
le diagramme d’un système à concaténation de codes, accompagné de son application au
schéma d’Alamouti.

De toute évidence, les techniques de turbocodage manquent à l’appel. Dans le cas


d’une liaison par paquets assez courts dans un environnement statique, les performances
en erreur sont dominées par les évènements d’atténuation profonde de tous les canaux
de transmission, vis-à-vis desquels les turbocodes n’offrent pas d’avantages sur les codes
classiques fortement structurés. Les gains en performance ne deviennent significatifs qu’en
présence d’un degré de diversité suffisant apporté soit par allongement de la taille des
trames, soit par accroissement de la dynamique temporelle du canal. On y reviendra dans
la section 4.4, relative à la communication sur canal MIMO sélectif en temps.

Principe : concaténation de codes possédant


des propriétés complémentaires

Codage Codage Canal de Décodage Décodage


externe interne transmission interne externe

Modulation Démodulation Décodeur


TCM
OSTB OSTB TCM

Canal SISO quasi-statique Maximisation de la


distance euclidienne
gain de codage, βc
gain de diversité, βd

Fig. 4.9: Principe de la concaténation de codes — Exemple de l’apport de gain de codage au


schéma d’Alamouti

Version soumise — 3/4/2003


140 Techniques MIMO - Etat de l’art

4.2.2 Emission et réception aveugles

4.2.2.1 Critères de construction

Performance en débit : Les limites fondamentales d’un système de communication


aveugle, i.e. n’ayant pas accès à la réponse du canal, ont été établies par Marzetta [47].
De l’observation de leur comportement peuvent être tirés deux enseignements essentiels :
– Pour un canal de Rayleigh statique par bloc de T symboles, choisir NT > T n’offre
pas de gain de débit.
– La structure des signaux approchant la capacité, pour une valeur de T et un SNR
suffisamment grands, se caractérise par la répartition uniforme de l’énergie sur les
antennes et par l’orthogonalité temporelle des signaux transmis par les différents
éléments rayonnants.
En conséquence de quoi l’on supposera que NT ≤ K ≤ T et que les mots de code
X ∈ CNT ×K vérifient la condition d’orthogonalité :

XX H = KI NT

Performances en probabilité d’erreur : Privé de la connaissance de la matrice du


canal H, le seul angle d’attaque restant consiste à exprimer directement la statistique du
signal reçu Y conditionnellement au signal transmis X. Pour un canal de Rayleigh, les si-
gnaux captés par les antennes de réception, sommes des processus gaussiens indépendants
d’évanouissements et de bruit, possèdent une loi de probabilité gaussienne. L’orthogona-
lité temporelle des signaux transmis et la réponse spatiale blanche du canal garantissent
l’indépendance entre antennes. Par contre, les signaux reçus par chaque antenne pré-
sentent un motif de corrélation temporel commun donné par la matrice Ry|X ∈ CK×K ,
où :
Ry|X = I K + γX H X
où y désigne un vecteur de K échantillons en sortie d’une antenne quelconque, i.e. une
ligne de Y , et γ le SNR mesuré à une antenne de réception, γ = PT /NT Pn .

La matrice Y est par conséquent, conditionnellement à X, une matrice gaussienne


centrée, décorrélée en espace et corrélée en temps, dont la densité de probabilité s’obtient
comme le produit des densités de vecteurs ligne :
 
exp − tr Y Ry|X −1 Y H
pY|X (Y , X) = 
π NR detNR Ry|X

Le décodeur au sens du maximum de vraisemblance recherche le signal transmis le


plus probable :

X̂ ML = arg max pY|Xl (Y , X l )


X l ∈X
h  i
exp − tr Y R−1 Y H (4.24)
y|Xl
= arg max N

X l ∈X π KNR det R Ry|Xl
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 141

avec Ry|Xl = I K + γX H l X l . Le décodeur ML sous cette forme est non linéaire du fait
de la présence du déterminant. En développant la matrice Y et en s’aidant de l’identité
det(I + AB) = det(I + BA), il est possible de retirer la contribution de ce dernier pour
reformuler l’équation (4.24) selon :
 
X̂ ML = arg max − tr Y R−1 y|Xl Y H
X l ∈X

En remarquant, par la formule d’inversion d’une somme de matrices2 , que R−1 y|Xl =
γ H
IK − Kγ+1 X l X l , la structure de décision ML se réduit à un récepteur quadratique :

X̂ ML = arg max tr Y X H l X lY
H
(4.25)
X l ∈X

La probabilité d’erreur par paire s’exprime comme :


  
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) = PY tr Y X H2 X 2Y
H
≥ tr Y X H 1 X 1Y
H
  
= PY tr Y (X H H
2 X 2 − X 1 X 1 )Y
H
≥0

L’intégration de l’expression précédente sur la densité de probabilité de Y , suivie de


l’application de la borne de Chernoff, donne :
1
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤  NR
γ2K2  1
2 det I NT + 4(1+γK) I NT − 2 X 1 X H
2 X2XH
1
K

En appliquant une décomposition en vecteurs singuliers de la matrice de corrélation


X 2X H
1 ∈C
NT ×NT , on a :

1 Yh i−NR
r
γ2K2 1 2
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ 1+ 4(1+γK) (1 − σ )
K2 n
2
n=1

où σ1 ≥ · · · ≥ σr > 0 et r sont respectivement le spectre des valeurs singulières et le rang


de X 2 X H
1 . L’expression de cette borne est approchée, en régime de fort SNR, par :

1 Y h γK i−NR
r
1 2
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ 4 (1 − σ )
K2 n
(4.26)
2
n=1

A l’instar de la probabilité d’erreur dérivée pour les systèmes disposant de l’informa-


tion d’état du canal en réception (4.10), il est possible d’approcher la relation (4.26) par
une fonction du type (βc /4Pn )−βd où :

βd = rang KI NT − K1 X 1 X H H
2 X 2 X 1 NR
 (4.27)
H −1/r
βc = det+ KI NT − K1 X 1 X H 2 X 2X 1
2
Formule d’inversion d’une somme de matrices [48] : si A, B, C et D sont quatre matrices carrées
inversibles, alors
(A + BCD)−1 = A−1 − A−1 B(C −1 + DA−1 B)−1 DA−1

Version soumise — 3/4/2003


142 Techniques MIMO - Etat de l’art

où βc et βd s’identifient aux gains de codage et de diversité. La comparaison des deux


relations (4.10) et (4.26) souligne la différence significative existant entre les récepteurs
ML alimentés ou non par la connaissance de l’état du canal. Le premier cherche à maxi-
miser les valeurs singulières de la matrice d’erreur X 2 − X 1 contrairement au second qui
minimise les valeurs singulières de la matrice de corrélation X 2 X H1 .

Une constellation temps-espace sera à diversité maximale si la distance minimale entre


deux points quelconques de la constellation est non nulle :

dmin = min det KI NT − K1 X i X H j XjXi
H
>0
i6=j

4.2.2.2 Panorama des techniques

Modulations unitaires temps-espace : Directement inspirées du développement


précédent, les modulations unitaires temps-espace (USTM — Unitary Space Time Modu-
lation) se caractérisent par l’orthogonalité temporelle des signaux transmis par les diffé-
rentes antennes [47]. Le récepteur optimal, la borne d’erreur et les critères de construction
ont été dérivés par Hochwald [49].

Une constellation unitaire temps-espace est un ensemble de L matrices unitaires X l ∈


CNT ×K définies par : √
X l = KΦl
l = 1, . . . , L (4.28)
Φl ΦH
l = I NT
Cette structure permet d’approcher la capacité du canal MIMO lorsque K  NT ou
lorsque le SNR est suffisamment grand. On démontre de plus qu’elle est similaire au
signal maximisant l’exposant d’erreur [50].

Codage Binaire Modulation unitaire Récepteur ML


à Symbole temps-espace à corrélation

[x(1), . . . , x(K)] Φl Y


Φ̂ML = arg max tr Y ΦH
l Φl Y
H
Φl ∈CUSTM

Constellation USTM transmise : {Φl }l Constellation USTM reçue : {HΦl }l

Φ1
HΦ1
Φ2

Canal de Rayleigh quasi-statique :


préservation de l’orthogonalité temporelle HΦ2
HΦ3
Φ3

Exemple pour K = 3, NT = 1, L = 3

Fig. 4.10: Modulations unitaires temps-espace

Version soumise — 3/4/2003


4.2 Domaine spatial 143

Le processus de modulation associe à chaque groupe de symboles {x(1), . . . , x(K)} un


point X l de la constellation USTM, dont la taille dépend du débit recherché. Pour des
symboles à l’entrée du modulateur transportant n bits, le nombre de points nécessaire
s’élève à L = 2nK . En réception, le décodeur ML recherche le point de la constellation
maximisant la corrélation avec le signal reçu :

Φ̂ML = arg max tr Y ΦH l Φl Y
H
Φl

La géométrie de la constellation est construite de sorte à minimiser la probabilité


d’erreur. Pour cela, le placement des points doit maximiser le gain de diversité βd de la
constellation et, dans la mesure du possible, le gain de codage βc . En montrant l’analogie
de ce problème avec la recherche de réseaux de points à grande distance minimale dans
un espace de Grassmann, Agrawal [51] propose une méthode d’optimisation qu’il illustre
par l’intermédiaire de quelques exemples. On rappelle que la propriété définissante d’une
constellation idéale en terme de probabilité d’erreur est l’orthogonalité temporelle des
signaux transmis. En d’autres termes, LNT vecteurs orthogonaux doivent être générés
dans un espace de dimension K, condition uniquement réalisable pour L ≤ bK/NT c.

La taille considérable de la constellation, même pour des valeurs modérées de n et


de K, conjuguée à la complexité de l’optimisation rendent la construction et la mémo-
risation des modulations unitaires difficiles, faisant ressentir le besoin de constructions
systématiques. Hochwald [49] observe qu’il suffit d’une matrice unitaire pour générer tous
les points par rotations successives. La justification de cette approche réside dans le fait
que la distance entre points est insensible à une rotation du signal, i.e. une multiplication
à gauche ou à droite par une matrice unitaire de taille NT ×NT ou K ×K respectivement.
Une constellation peut donc être définie récursivement par :

X l = Φ1 Θl−1 l = 1, . . . , L
Φ1 ΦH1 = I NT

où Φ1 ∈ CNT ×K est la matrice génératrice et Θ ∈ CK×K une matrice de rotation. Un


exemple simple est de choisir Θ égale à une racine d’ordre L de la matrice identité :

Θ = diag ([θ1 , . . . , θK ])

avec θk = exp i 2π
L u k .

Le spectre {uk }K k=1 de la matrice de rotation, où les uk sont des entiers vérifiant
1 ≤ u1 , · · · , uK ≤ L − 1, doit être optimisé pour minimiser la probabilité d’erreur. Hoch-
wald [52] présente deux exemples de synthèse systématique. La première approche est
basée sur la transformée de Fourier et emprunte des idées de la théorie du traitement du
signal appliquée aux réseaux d’antennes à faible densité. L’autre approche est algébrique
et repose sur la théorie du codage.

Techniques différentielles : Les modulations différentielles standards, telles que la


DPSK (DPSK — Differential Phase Shit Keying), sont depuis longtemps utilisées dans

Version soumise — 3/4/2003


144 Techniques MIMO - Etat de l’art

les liaisons SISO pour pallier l’absence de connaissance de la réponse du canal en récep-
tion. L’une des premières extensions aux systèmes MIMO recensées repose sur un codage
différentiel des modulations codées en bloc orthogonales [53], ultérieurement étendue aux
modulations orthogonales généralisées [54]. Cette technique jouit de la plupart des pro-
priétés de la DPSK, notamment la possibilité d’être démodulée avec ou sans l’information
d’état du canal en réception. Elle présente néanmoins les deux inconvénients majeurs
d’étendre la constellation d’origine et de subir la limitation sur le nombre d’antennes
à l’émission intrinsèque aux codes orthogonaux à rendement maximal, i.e. NT = 2, 4, 8
pour des modulations réelles et NT = 2 pour des constellations complexes.

Les travaux de Hughes [55] et de Hochwald et Sweldens [56] ont permis d’étendre
le concept de modulation différentielle à un nombre quelconque d’antennes à l’émission
et à la réception, ainsi qu’à des constellations linéaires quelconques. Les méthodes de
codage et les critères de construction obtenus sont relativement proches, bien qu’obtenus
en suivant des approches différentes.

L’émetteur débute la communication par un symbole d’initialisation puis code le mes-


sage X(k) par la transition entre deux symboles émis consécutifs X̄(k −1) et X̄(k) selon :

X̄(k) = X̄(k − 1)X(k) (4.29)


Pour assurer le bon déroulement de cette opération d’encodage, on supposera que toutes
les matrices sont carrées et inversibles et qu’elles forment un groupe pour le produit
matriciel, en conséquence de quoi la modulation sera uniquement décodable et de taille
fixe.

En réception, le démodulateur examine les symboles reçus par paire :


(
Ȳ (k − 1) = H X̄(k − 1) + N (k − 1)
Ȳ (k) = H X̄(k − 1)X(k) + N (k)

qu’il combine pour faire disparaı̂tre la matrice H :

Ȳ (k) = Ȳ (k − 1)X(k) + [N (k) − N (k − 1)X(k)]

L’indépendance temporelle supposée du bruit additif et l’invariance des statistiques


d’une matrice aléatoire par multiplication avec une matrice de rotation implique que le
bruit équivalent N̄ (k) = N (k)−N (k−1)X(k) est un bruit gaussien centré CN (0, 2Pn I NR ).
Tout se passe comme si le signal X(k) était transmis sur un canal Ȳ (k − 1), connu du
récepteur, et perturbé par un bruit blanc gaussien centré de variance double. Cette obser-
vation laisse entrevoir une certaine similarité des critères de construction pour les signaux
différentiels démodulés en aveugle et les signaux démodulés avec connaissance de l’état du
canal, ainsi que l’écart de 3 dB prévu dans les performances. On démontre effectivement
que les matrices de transition X(k) sont obtenues suivant des règles identiques à celles
établies lorsque le récepteur connaı̂t l’état du canal [56].

Hochwald [49] construit des codes différentiels unitaires formant un groupe cyclique
par rapport à la multiplication matricielle. Dans la référence [5], les auteurs montrent le
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 145

lien existant entre la construction des codes pour deux antennes d’émission et la construc-
tion de codes sphériques définis sur une sphère plongée dans un espace à quatre dimen-
sions. Ils élaborent une classification de tous les groupes finis de matrices unitaires à
diversité maximale, classification qui a été indépendamment obtenue par Hughes [55].
Des résultats de simulations apparaissent dans l’article [57].

Techniques aveugles : Une stratégie différente de communication sans aucune infor-


mation sur l’état du canal passe par le recours à l’égalisation aveugle du canal, voire
l’estimation directe du signal transmis. Dans ce cas, il est à nouveau possible d’utiliser les
codes temps-espace développés pour la configuration où le récepteur dispose de la réponse
du canal.

L’essence même des techniques aveugles, dont un état de l’art avancé est fourni par la
revue [58], réside dans l’exploitation des structures du canal et de la source pour remonter
à la séquence transmise. Deux grandes familles se partagent le domaine : les algorithmes
exploitant les moments statistiques des signaux et les algorithmes à maximum de vrai-
semblance reposant sur les fonctions de probabilité. Chaque classe se scinde ensuite entre
méthodes statistiques, qui supposent le signal transmis aléatoire, et méthodes détermi-
nistes, utilisées lorsque cette description statistique n’existe pas ou est inaccessible.

4.2.3 Information d’état du canal en émission et en réception

4.2.3.1 Critères de construction

Performance en débit : Un système capable d’acquérir la réponse du canal simultané-


ment à l’émission et à la réception est en mesure de transmettre intégralement l’informa-
tion sur les modes propres du canal, sans induire de pertes aux interfaces émetteur/canal
et canal/récepteur. Plus clairement, la section 3.3.2.1 a rappelé que, pour une transmis-
sion limitée en puissance :
– l’information mutuelle est maximisée par une répartition équilibrée de la puissance
disponible sur les modes du canal ;
– le système optimal est formé par la concaténation d’un code gaussien blanc et d’un
filtre spatial.
La forme des signaux résulte directement de la décomposition du canal en modes
singuliers. En modifiant légèrement les notations habituelles pour que seuls les r modes
propres effectifs figurent dans les matrices d’entrée U et de sortie V , le signal transmis
s’exprime :
X̄ = V T X
où V T ∈ CNT ×r définit le filtre d’émission dont le rôle est d’adapter le signal d’information
X ∈ Cr×K aux caractéristiques d’entrée du canal. Le récepteur effectue l’opération inverse
pour récupérer l’information convoyée sur les modes propres du canal :

Y = UH
R Ȳ

Version soumise — 3/4/2003


146 Techniques MIMO - Etat de l’art

où U H
R ∈ C
NR ×r est le filtre de réception générant le signal Y ∈ Cr×K . Les formes

barrées, X̄ et Ȳ , réfèrent aux signaux vus par le canal.

Le modèle équivalent en bande de base (4.3) devient :

Y = ΣX + N

où Σ ∈ Rr×r est la matrice des valeurs propres du canal et N ∈ Cr×K , N = U H R N̄ ,


est la matrice du bruit sur l’espace de sortie du canal, de statistique gaussienne N ∼
CN (0, Pn I r ). Tout se passe comme si un émetteur et un récepteur virtuels communi-
quaient sur un groupe de canaux indépendants, affectés par des évanouissements de Ray-
leigh et par un bruit additif gaussien.

Performances en probabilité d’erreur : Le calcul des métriques de décision d’un


récepteur alimenté par l’état du canal a déjà été traité dans la section 4.2.

Le récepteur au sens du maximum de vraisemblance base sa décision sur la distance


euclidienne :
X̂ ML = arg max pY,H|Xl ,H (Y , X l , H)
X l ∈X
(4.30)
= arg min kY − ΣX l k2F
X l ∈X

où la densité de probabilité de sortie du filtre de réception conditionnellement à l’entrée


du filtre d’émission, pY,H|X,H , emprunte sa densité gaussienne au bruit additif :
 
exp − kY − ΣXk2F
pY,H|X,H (Y , X, H) =
π Kr Pn

La probabilité d’erreur par paire s’obtient aisément par :


s 
2
kΣ(X 2 − X )k
1 F
PX2 ,H|X1 ,H (X 2 , X 1 , H) = Q 
2Pn

Il ressort de cette expression que la conception d’une chaı̂ne de communication est


guidée par la minimisation de la distance kΣ(X 2 − X 1 )k2 sur la constellation d’émission.
En ajoutant une contrainte de puissance sur le signal transmis, l’architecture solution
combine un code gaussien et un bloc de filtrage spatial éclaté entre l’émetteur et le
récepteur.

4.2.3.2 Panorama des techniques

Le schéma d’exploitation de l’information d’état du canal scinde une chaı̂ne de com-


munication en deux parties distinctes, l’une disposant de cette information et l’autre
travaillant en aveugle, entre lesquelles est éventuellement établi un processus de commu-
nication.
Version soumise — 3/4/2003
4.2 Domaine spatial 147

Comme illustré sur la figure (4.11), la configuration la plus simple pour utiliser l’état
du canal en émission se réduit à une opération de préfiltrage, ou préégalisation, adaptant le
signal au canal, indépendamment de la zone en amont. Au degré de complexité supérieur,
le bloc d’adaptation au canal reçoit des informations de la partie amont de l’émetteur.
Dans les deux cas, le filtre d’émission peut être appairé avec le filtre de réception.

Information d’état du canal

Emetteur Adaptation Tx Canal de Adaptation Rx Récepteur


amont transmission aval

Pré-égalisation Egalisation

Codage Filtrage Tx Filtrage Rx Décodage

Etat du canal

Précodage : filtrage de mise en forme + préégalisation Traitement itératif

Codage Filtrage Tx Filtrage Rx Décodage

Information amont Etat du canal

Message
Information d’état

Fig. 4.11: Exploitation de l’information d’état du canal en émission et en réception — Préfiltrage,


préégalisation et précodage

Préfiltrage — préégalisation : L’opportunité de déplacer en émission tout ou partie


du processus d’égalisation du canal est généralement synonyme d’amélioration des perfor-
mances. Afin de se focaliser sur l’aspect spatial des filtres, supposés linéaires, la relation
entrée-sortie sera restreinte sur une période temporelle unique :

y = GR HGT x + GR n

où l’on définit les vecteurs x ∈ CNT , y ∈ CNR , n ∈ CNR et où les matrices GT ∈ CNT ×NT
et GR ∈ CNR ×NR correspondent aux matrices des filtres d’émission et de réception (voir
figure 4.12).

Reste le problème de dimensionner le système pour satisfaire à un critère et des


contraintes imposés. Les filtres minimisant la probabilité d’erreur entre couples de signaux
sont solutions de :
 
GT , GR = arg max min Px2 ,H|x1 ,H (x2 , x1 , H) (4.31)
GT ,GR x1 6=x2

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148 Techniques MIMO - Etat de l’art

Adaptation aux Adaptation aux


modes propres d’émission modes propres de réception

Codage binaire Préfiltrage Filtrage


à symbole GT GR Décodeur

GT = V ΛGT H = U ΛH V H GR = ΛGR U H

Principe : décomposition en sous-canaux non sélectifs en espace et pondérations


des modes propres au critère de performance

Fig. 4.12: Système MIMO avec filtrage spatial en émission et en réception

où la procédure d’optimisation est menée sur l’ensemble des matrices extraites des vec-
teurs propres d’entrée et de sortie :
(
GT = V ΛGT
GR = ΛGR U H

La probabilité d’erreur Px2 ,H|x1 ,H (x2 , x1 , H) apparaissant dans l’équation (4.31) est
une fonction décroissante de la distance entre signaux reçus. La principale nouveauté
réside ici dans le fait que cette distance, en plus d’englober les filtres GT et GR , est altérée
par la couleur du bruit vu en entrée du décodeur, n̄ = GR n. En effet, la transformation
linéaire GR n’affecte pas la nature du bruit mais en modifie la matrice de corrélation,
n̄ ∼ CN (0, Pn GR GH R ).

A partir de la distribution conditionnelle du signal reçu, à savoir :


 
exp −(y − GR HGT x)H R−1 n̄ (y − GR HGT x)
py,H|x,H (y, x, H) = p
π NR det(Rn̄ )
on montre l’équivalence du problème (4.31) avec la maximisation de la distance minimale
entre signaux reçus :
 
H H H H
GT , GR = arg max min (x2 − x1 ) GT H GR Rn̄ GR HGT (x2 − x1 ) (4.32)
GT ,GR x1 6=x2

Les filtres ainsi générés sont spécifiques à l’alphabet de modulation des symboles trans-
mis, nécessitant d’être calculés au cas par cas. Scaglione [59] propose de faire abstraction
de cette dépendance en observant que minx xH Ax ≥ λmin (A)2 min kxk∀A  0, ce qui
permet de reformuler la relation (4.32) :

GT , GR = arg max λmin GH H H
T H GR Rn̄ GR HGT
GT ,GR

où l’erreur minimale a été normalisée, minx1 6=x2 k(x2 − x1 )k2 = 1.

A partir de ce nouveau problème, Scaglione [59] et Sampath [60] dérivent GT et


GR pour d’autres critères et contraintes, certaines parties de ce travail généralisant les
résultats des références [61, 62] ou encore [63] précédemment établis pour un système
SISO.
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4.2 Domaine spatial 149

Précodage : Le découplage entre filtrage, ou préégalisation, et codage canal est sous-


optimal en pratique. Price [64] observe en effet qu’il est possible d’approcher la capacité
de tout canal linéaire gaussien, particulièrement à forts SNR, en combinant l’égalisation
avec le codage pour canal gaussien idéal et la mise en forme dans une seule fonction
appelée précodage.

De manière plus générale, le précodage étend la préégalisation en ajoutant les objectifs


de gain de mise en forme et de gain de codage (cf. figure (4.13)). En émission, le précodeur
recherche un ensemble de signaux minimisant la puissance transmise (gain de mise en
forme) et assurant une répartition des signaux reçus avec de bonnes propriétés de distance
(gain de codage).

Objectifs du codage sur


un canal linéaire gaussien

Minimisation de la puissance Miminisation de la probabilité


transmise d’erreur
Précodage

Canal linéaire Détection


Codage Pré-égalisation gaussien Décodage

Mise en forme

Prédistorsion Gain de codage

Gain de mise en forme

Fig. 4.13: Objectifs du codage sur canal gaussien - Gains de codage et de mise en forme

Le précurseur de ces techniques est le précodeur de Tomlinson-Harashima, développé


à l’origine pour des transmissions SISO non codées avec une modulation d’amplitude [65,
66] et combiné par la suite avec un code convolutif [67]. Le précodage en treillis [68]
franchit une nouvelle étape en regroupant mise en forme et codage. Le passage au système
MIMO se fait naturellement (référence [69] pour le précodeur de Tomlinson-Harashima
au système MIMO et [70] pour le précodeur en treillis).

Parallèlement, Kasturia [71] et Leichleider [72] suivent une approche différente basée
sur le partitionnement du canal MIMO en sous-canaux indépendants non-sélectifs en
espace, optimisé conjointement avec le code correcteur.

Illustrons ce concept par l’adaptation au canal des modulations OSTBC, les pro-
priétés d’orthogonalité et d’uniformité facilitant grandement les développements [73]. La
probabilité d’erreur par paire des signaux s’exprime :
 
PX2 ,H|X1 ,H (X 2 , X 1 , H) ≤ exp − 41 kHGT (X 2 − X 1 )k2F

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150 Techniques MIMO - Etat de l’art

La matrice d’erreur X 2 −X 1 , différence de deux motifs linéaires orthogonaux, conserve


la propriété d’orthogonalité qui permet de montrer que :
 
PX2 ,H|X1 ,H (X 2 , X 1 , H) ≤ exp − 4P1n kX 2 − X 1 k2F kHGT k2F

en se servant de l’égalité kAQkF = kAkF kQkF où la matrice Q est orthogonale. La


transformation GT minimisant la probabilité d’erreur place toute l’énergie du signal sur
le mode dominant du canal :
 
GT = v max (H) 0NT ×(NT −1)

La matrice de filtrage GT , associée à la modulation OSTBC, se réduit donc à une


matrice de rang unité et s’interprète physiquement par la formation d’un diagramme de
rayonnement avec un lobe principal dans la direction v max (H).

4.3 Domaines spatial et fréquentiel

La sélectivité fréquentielle du milieu de propagation se manifeste dès lors que la bande


passante du signal devient supérieure à la bande de cohérence du canal et se traduit, dans
le domaine temporel, par l’apparition d’interférence entre symboles.

Le signal reçu y(k) s’exprime en fonction du signal transmis x(k) comme :


Lp
X
y(k) = H(l)x(k − l) + n(k) (4.33)
l=0

où Lp est le nombre d’échos discernables par le système.

Le formalisme vectoriel dérivé doit tenir compte de l’étalement de la réponse impul-


sionnelle dans le dimensionnement des vecteurs. Ainsi, un message de durée K périodes
temporelles est reçu sur K + Lp périodes, ce qui peut s’écrire sous forme vectorielle :

y = Hx + n (4.34)

avec x = [x(0)T , . . . , x(K − 1)T ]T ∈ CKNT le signal transmis, y = [y(0)T , . . . , y(K +


Lp − 1)T ]T ∈ C(K+Lp )NR le signal reçu, n = [n(0)T , . . . , n(K + Lp − 1)T ]T ∈ C(K+Lp )NR
le bruit et H ∈ C(K+Lp )NR ×KNT la matrice espace-retard du canal définie par :
 
H(0) . . . 0
 .. .. .. 
 . . . 
 

H = H(Lp ) H(0)  
 .. .. .. 
 . . . 
0 . . . H(Lp )

La matrice H exhibe une structure de Toeplitz par bloc caractéristique de la sélectivité


fréquentielle.
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4.3 Domaines spatial et fréquentiel 151

4.3.1 Critères de construction

Performances en probabilité d’erreur : Le récepteur optimal cherche à estimer le


message transmis à partir du signal reçu noyé dans un bruit gaussien blanc, en s’aidant
de la réponse du canal. Le signal au sens du maximum de vraisemblance est solution de :

x̂ML = arg min ky − Hxl k22 (4.35)


xl ∈X

où la répartition du signal en réception, en fonction du signal transmis et du canal, suit


la distribution gaussienne :
 
exp − ky − Hxk22
py|x,H (y, x, H) =
π (K+Lp )NR Pn

En raison de la complexité du calcul de la probabilité d’erreur totale, on se replie ici


encore vers la probabilité d’erreur par paire. La probabilité d’un décodage de la séquence
x2 au détriment de la séquence x1 effectivement transmise s’exprime comme :

Px2 |x1 ,H (x2 , x1 , H) = Pn (ky − Hx2 k2 ≤ ky − Hx1 k2 )


h  i
= Pn Re nH H(x2 − x1 ) ≤ − 21 kH(x2 − x1 )k22

La variable aléatoire Re(nH H(x2 − x1 )), somme pondérée d’échantillons de bruit in-
dépendants et identiquement distribués CN (0, Pn ), suit une loi gaussienne Re(nH H(x2 −
x1 )) ∼ N (0, kH(x2 − x1 )k22 Pn /2). L’expression analytique de la probabilité d’erreur par
paire est alors donnée par :
s 
2
kH(x2 − x1 )k2 
Px2 |x1 ,H (x2 , x1 , H) = Q 
2Pn

et est bornée par :


h i
Px2 |x1 ,H (x2 , x1 , H) ≤ exp − 4P1n kH(x2 − x1 )k22 (4.36)

L’interférence inter-symboles et la statistique temporelle des évanouissements rendent


ardue la dérivation directe de la probabilité d’erreur moyenne par paire depuis la rela-
tion (4.36), suggérant d’opter pour un autre angle d’attaque. La solution naturelle consiste
à transposer le calcul dans le domaine fréquentiel où l’influence du canal, invariant dans
le temps, se résume à une perturbation multiplicative du spectre du signal. La difficulté
est désormais de trouver une formulation équivalente de ce problème sur l’axe fréquentiel.

Le système envisagé travaille, rappelons-le, en mode paquet. Face à la dispersion


temporelle du canal entraı̂nant un allongement des paquets de Lp périodes temporelles,
l’émetteur est contraint d’insérer un intervalle de garde, au moins aussi long, pendant le-
quel aucune information n’est transmise. Cet intervalle n’est pas nécessairement inoccupé
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152 Techniques MIMO - Etat de l’art

et peut être mis à profit pour faciliter les calculs. En particulier, l’extension cyclique d’un
bloc d’information sur K + Lp échantillons convertit la convolution linéaire du signal avec
la réponse du canal en une opération de convolution circulaire, d’où la transition vers le
domaine fréquentiel devient immédiate par transformée de Fourier discrète. Il est impor-
tant de réaliser que cette périodisation n’est simulée que sur un intervalle de détection de
K échantillons, correspondant à la fenêtre de détection.

En tronquant la relation initiale (4.34) à l’intervalle utile de K échantillons, on aboutit,


après quelques manipulations, au modèle équivalent :

ȳ = H̄ x̄ + n̄ (4.37)

où x̄ ∈ CKNT , ȳ ∈ CKNR et n̄ ∈ CKNR représentent les signaux restreints à la plage


temporelle considérée et où la matrice du canal modifiée H̄ ∈ CKNR ×KNT est devenue
circulaire par bloc :  
H(0) . . . H(K − 1)
 .. .. .. 
H̄ =  . . . 
H(k − 1) . . . H(0)

Désormais, l’on s’intéressera aux critères de performances établis pour cette représen-
tation. En remarquant que la statistique du bruit n’est pas modifiée, n̄ ∼ n, la probabilité
d’erreur par paire à minimiser s’exprime par :
h 2 i
Px̄2 |x̄1 ,H̄ (x̄2 , x̄1 , H̄) ≤ exp − 4P1n H̄(x̄2 − x̄1 ) 2 (4.38)

La matrice H̄ ∈ CKNR ×KNT est diagonalisable par transformée de Fourier selon :

H̄ = F NR ΛF H
NT

où F NR = F ⊗ I NR et F NT = F ⊗ I NT sont les matrices de Fourier par bloc générées


à partir de la matrice de Fourier F ∈ CK×K . La matrice Λ ∈ CNR K×NT K , diagonale par
bloc, regroupe les valeurs propres du canal :
 
Λ(0) . . . 0
 
Λ =  ... ..
.
..
. 
0 . . . Λ(K − 1)

avec Λ(k) ∈ CNR ×NT la réponse spatiale du canal à la fréquence k.

L’intégralité du caractère aléatoire de canal est concentrée dans les valeurs propres,
impliquant que l’espérance de la probabilité d’erreur par paire est fontion de la seule
matrice Λ :
EH̄ {Px̄2 |x̄1 ,H̄ (x̄2 , x̄1 , H̄)} = EΛ {Px̄2 |x̄1 ,Λ (x̄2 , x̄1 , Λ)}
où la probabilité d’erreur Px̄2 |x̄1 ,Λ est dérivée de l’expression (4.38) en injectant la décom-
position fréquentielle de la matrice du canal :
h 2 i
Px̄2 |x̄1 ,Λ (x̄2 , x̄1 , Λ) ≤ exp − 4P1n ΛF H
NT (x̄2 − x̄1 ) 2

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4.3 Domaines spatial et fréquentiel 153

La bijectivité de la transformée de Fourier garantissant l’égalité des mesures d’erreurs


dans les domaines temporel et fréquentiel, il est équivalent de travailler sur la probabilité
d’erreur entre les spectres des signaux :
K−1
Y h i
Px̃2 |x̃1 ,Λ (x̃2 , x̃1 , Λ) ≤ exp − 4P1n kΛ(k)(x̃2 (k) − x̃1 (k))k22
k=0

où x̃1 (k) ∈ CNT et x̃2 (k) ∈ CNT sont les projections des signaux x̄1 et x̄2 sur la porteuse k.

Dans l’hypothèse où l’étalement de la réponse impulsionnelle est suffisamment grand,


l’espacement inter-porteuse est supérieur à la bande de cohérence du canal. Les matrices
ΛH k Λk sont alors approximativement indépendantes en fréquence, autorisant ainsi de
traiter les modes séparément :

Px̃2 |x̃1 (x̃2 , x̃1 ) = EΛ Px̃2 |x̃1 ,Λ (x̃2 , x̃1 , Λ)
K−1
Y n h io
≤ EΛ(k) exp − 4P1n kΛ(k)(x̃2 (k) − x̃1 (k))k22
k=0

En supposant de plus que l’environnement est riche en diffuseurs (statistique gaus-


sienne des évanouissements) et que l’espacement inter-antennes est supérieur à la distance
de corrélation (décorrélation en espace des signaux), on montre que Λ(k) ∼ CN (0, I NR ).
Par conséquent, les matrices Λ(k)H Λ(k) suivent une loi de Wishart, Λ(k)H Λ(k) ∼ CW(0, I K )
et l’on a : !−NR
K−1
Y k(x̃2 (k) − x̃1 (k))k22
Px2 |x1 (x2 , x1 ) ≤ 1+
4Pn
k=0

En régime de fort SNR, cette borne se simplifie en :


Y −NR
Px2 |x1 (x2 , x1 ) ≤ 1
4Pn kx̃2 (k) − x̃1 (k)k22 (4.39)
k∈K

où l’on a posé l’ensemble K = {k | x̃2 (k) 6= x̃1 (k), k = 0, . . . , K − 1}.

Les gains de codage et de diversité sont isolés par comparaison de la relation (4.39)
avec (βc /4Pn )−βd :
βd = card(K)NR
Y
βc =
2/card(K)
kx̃2 (k) − x̃1 (k)k2 (4.40)
k∈K

La conception d’un système de transmission, avec insertion d’intervalle de garde cy-


clique en tête de paquet, repose donc sur la maximisation des deux facteurs (4.40) sur le
spectre de la constellation d’émission.

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154 Techniques MIMO - Etat de l’art

4.3.2 Panorama des techniques

Egalisation : Alors que l’égalisation forme une branche relativement ancienne dans
le monde des systèmes de communication [74, 75], la transition vers le canal MIMO
s’est faite plus récemment [76, 77, 78]. La carte d’identité d’une technique d’égalisation
comprend trois points que sont :
– le critère d’optimisation : méthodes déterministes ou statistiques,
– la connaissance disponible : méthodes classiques ou paramétriques,
– la structure de l’égaliseur : égaliseur linéaire ou non linéaire, récursif ou non récursif.
L’égaliseur dirigé acquiert la réponse du canal grâce à la séquence d’entraı̂nement
transmise par l’émetteur. Cette séquence se révèle plus complexe à définir par compa-
raison au cas SISO, puisqu’elle doit apporter une information suffisamment riche sur le
canal pour permettre au récepteur d’estimer tous les modes de propagation. Une analyse
théorique de ce problème peut être trouvée dans l’article de Raleigh [79], accompagnée
d’une stratégie d’acquisition de la réponse du canal. Dans la référence [80], les auteurs
proposent un format de séquence d’apprentissage, basé sur la norme IEEE 802.11a, adapté
à une configuration à deux antennes d’émission et plusieurs antennes de réception.

Techniques MIMO-OFDM : L’égalisation d’un canal MIMO demeure difficile à


mettre en œuvre dès lors que le canal présente, sur la bande du signal, une sélectivité
fréquentielle marquée. Une solution élégante pour maintenir un niveau de complexité ac-
ceptable est l’ajout d’un module en émission appliquant une mise en forme au signal,
adaptée au canal, dans le but de faciliter le traitement en réception. En particulier, les
procédés dits de filtrage vectoriel répartissent l’information sur une base de formes d’onde
dont l’orthogonalité n’est pas altérée en réception, la sélectivité fréquentielle se réduisant
à un simple facteur multiplicatif sur chaque fonction. Tout se passe alors comme si le
canal était décomposé en une somme de sous-canaux MIMO indépendants et plats. Il est
essentiel de réaliser que ces sous-canaux sont non sélectifs en fréquence par construction,
par opposition à la section 4.2 où il ne s’agissait que d’une approximation.

Pour des canaux présentant de forts étalements temporels et localement invariants,


l’OFDM (Orthogonal Frequency Division Multiplex) est certainement le choix le plus
répandu. La référence [81] est l’une des premières étudiant l’OFDM dans le contexte
MIMO et présentant les règles de codage applicables au multiplex MIMO-OFDM.

Le schéma d’une chaı̂ne MIMO-OFDM est détaillé par la figure (4.14). Les données
sont transmises par bloc de symboles, modulés par une transformée de Fourier discrète
inverse (IDFT - Inverse Discrete Fourier Transform) puis préfixés par une extension cy-
clique suffisamment longue pour absorber l’ensemble des échos du canal. En réception, le
détecteur commence par éliminer les échantillons correspondant à l’intervalle de garde, ne
conservant que les symboles utiles à partir desquels il restitue, par transformée de Fourier
discrète, les symboles transmis affectés d’un coefficient d’évanouissement à égaliser.

Le critère de construction des fonctions de codage, directement hérité des techniques


de transmission sur canaux parallèles, est la minimisation du produit inter-porteuse des
distances intra-porteuses entre mots du code. Une large panoplie de techniques de distri-

Version soumise — 3/4/2003


4.3 Domaines spatial et fréquentiel 155

Modulation Démoduleur
Codeur OFDM OFDM
temps- Entrelaceur Désentrelaceur Décodeur
espace
Modulation Démoduleur
OFDM OFDM
IDFT + suppresion intervalle de garde
préfixe cyclique + DFT

IDFT DFT

Superposition fréquentielle de canaux MIMO


à évanouissements strictement plats par construction

Critères de construction propres à la transmission sur canaux parallèles :


- maximisation de la distance produit entre canaux
- maximisation de la distance euclidienne sur chaque porteuse

Fig. 4.14: Système MIMO combiné à une modulation OFDM pour transmission sur canal sélectif
en fréquence

bution de l’information a été proposée. Raleigh [79] et Lu [82] donnent ainsi un aperçu
des codes SISO directement exploitables sur le multiplex MIMO-OFDM, par exemple les
TCM à grande distance produit ou encore les codes à faible densité (LDPC — Low Den-
sity Parity Check Code) [83]. L’avantage des codes à faible densité devant les turbocodes
est l’allègement du traitement effectué à chaque itération, ce qui autorise l’augmentation
du nombre d’itérations. Un système inspiré de VBLAST est présenté par Lozano [84].

Bancs de filtres : Les transmissions sur multiplex de porteuses orthogonales avec in-
tervalle de garde cyclique sont particulièrement sensibles aux évanouissements profonds
proches des porteuses, requérant un couplage avec un code correcteur d’erreur ou un
mécanisme d’évitement de ces porteuses. Des formes d’onde autres que les exponentielles
complexes, comme par exemple les transformées à base d’ondelettes [85], parviennent à
résoudre partiellement ce problème. A cela viennent se cumuler les phénomènes de cor-
rélation spatiale qui se traduisent par l’apparition de trous dans les spectres de plusieurs
multiplex, dégradant d’autant le taux d’erreur.

Ces schémas de modulations appartiennent à la famille des structures à bancs de


filtres temps-espace [86], potentiellement à même d’égaliser parfaitement la réponse du
canal indépendamment de la position des évanouissements. Cette possibilité résulte d’un
dosage précis entre le nombre de symboles d’information, égal au nombre de filtres ainsi
que les longueurs des réponses impulsionnelles des filtres et du canal, notés ici K, Lf et
Lp respectivement. L’étude de cette question [61] a montré que :

Version soumise — 3/4/2003


156 Techniques MIMO - Etat de l’art

– la longueur des filtres doit être supérieure ou égale au nombre d’inconnues acces-
sibles au récepteur, Lf ≥ K + Lp (condition nécessaire) ;
– les réponses des filtres ne doivent pas être une combinaison linéaire d’ordre Lp
(condition suffisante).
Alors que la modulation OFDM avec préfixe cyclique ne satisfait pas à ces conditions,
précisément à cause de la périodicité du préfixe, on démontre qu’il suffit de remplacer ce
dernier par un intervalle de garde vide pour être à nouveau en mesure d’égaliser le canal
parfaitement (ZP OFDM — Zero Padded OFDM). Plus généralement, une reconstruc-
tion parfaite est envisageable si Lp zéros sont insérés à des positions arbitraires dans les
réponses de chaque filtre du banc.

Modulations codées temps-espace en bloc orthogonales : Les codes en bloc


orthogonaux développés pour un canal plat sont généralisables au canal sélectif en fré-
quence. L’idée centrale est toujours de manipuler les signaux transmis de sorte à permettre
la détection séparée des symboles.

Considérons par exemple le schéma d’Alamouti. Chaque antenne d’émission transmet


un bloc de K symboles, xi , puis ensuite le bloc transmis par l’autre antenne, conjugué
et transformé par une application linéaire T à déterminer :
 
x1 −T x∗2
X=
x∗2 T x∗1

où T ∈ CK×K .

Un intervalle de garde à zéro, d’une durée supérieure à l’étalement de la réponse du


canal, est inséré entre chaque bloc pour éliminer l’interférence entre blocs. On montre
alors que la matrice T , supprimant les termes non-linéaires apparaissant dans le calcul
de la métrique ML, est une matrice anti-diagonale. La séquence T x∗1 correspond ainsi à
x∗1 renversée dans le temps, d’où le nom TR-STBCM (Time Reversal STBCM) [87, 88].

4.4 Domaines spatial et temporel

Les changements des conditions de propagation, dus entre autres aux déplacements
de l’émetteur, du récepteur ou des obstacles présents dans l’environnement, engendrent
une évolution temporelle de la réponse du canal que le système doit intégrer, en plus de
la diversité spatiale, à sa stratégie de communication.

Les signaux d’entrée et de sortie sont reliés, à l’index temporel k, par :

y(k) = H(k)x(k) + n(k)

La forme vectorielle associée s’écrit :

y = Hx + n
Version soumise — 3/4/2003
4.4 Domaines spatial et temporel 157

où x = [x(0)T , . . . , x(K − 1)T ]T ∈ CKNT est le vecteur transmis, y = [y(0)T , . . . , y(K −
1)T ]T ∈ CKNR le vecteur reçu et H ∈ CKNR ×KNT la matrice du canal définie par :
 
H(0) . . . 0
 
H =  ... ..
.
..
. 
0 . . . H(K − 1)

4.4.1 Critères de construction

Performances en probabilité d’erreur Le signal reçu suit une distribution gaus-


sienne autour du signal attendu :

exp −ky − Hxk22
py|H,x (y, H, x) =
π KNR Pn

L’estimation du signal le plus vraisemblablement transmis passe par une recherche


exhaustive sur l’ensemble des messages possibles :

x̂M L = arg min ky − Hxl k22 (4.41)


xl ∈X

On montre, comme précédemment dans ce chapitre, que la nature gaussienne du


bruit implique une probabilité d’erreur par paire fonction de la distance euclidienne entre
signaux mesurée en réception :
s 
2
kH(x2 − x1 )k2 
Px2 |x1 ,H (x2 , x1 , H) = Q  (4.42)
2Pn

En appliquant la borne de Chernoff sur Q(·) et en développant la distance kH(x2 −


x1 )k2 , on aboutit à :
" K−1
#
X 2
Px2 |x1 ,H (x2 , x1 , H) ≤ exp − 4P1n kH(k)(x2 (k) − x1 (k))k2 (4.43)
k=0

Le calcul de la valeur moyenne de la probabilité d’erreur conditionnelle sur la statis-


tique des évanouissements est facilité en postulant l’indépendance temporelle des réalisa-
tions du canal, auquel cas il se décompose selon :
K−1
Y
Px2 |x1 (x2 , x1 ) = EH(k) {Px2 |x1 ,H(k) (x2 , x1 , H(k))}
k=0
K−1
Y n  o
≤ EH(k) exp − 4P1n kH(k)(x2 (k) − x1 (k))k22
k=0

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158 Techniques MIMO - Etat de l’art

L’espérance des termes individuels du produit, qui se présente comme un cas parti-
culier du problème (4.7), dépend du canal par l’intermédiaire des matrices de corrélation
H(k)H H(k). Dans le scénario idéal d’un canal suffisamment riche en diffuseurs et d’an-
tennes suffisamment espacées au sein de chaque réseau, cette matrice suit, pour chaque
index temporel, une loi de Wishart, H(k)H H(k) ∼ CW K+L (K, I K ), et l’on montre que :
K−1
Y 1
Px2 |x1 (x2 , x1 ) ≤ h iNR
1
k=0 det I NT + 4Pn (x2 (k) − x1 (k))(x2 (k) − x1 (k))H

ou encore
K−1
Y 1
Px2 |x1 (x2 , x1 ) ≤ h iNR
k=0 1+ 1
4Pn kx2 (k) − x1 (k)k22

où se servant de l’égalité det(I + xy H ) = 1 + y H x valable pour un couple quelconque de


vecteurs x et y de même taille.

Pour les régimes à fort SNR, la probabilité d’erreur se comporte comme :


Y −NR
Px2 |x1 (x2 , x1 ) ≤ 1
4Pn kx2 (k) − x1 (k)k22 (4.44)
k∈K

avec l’ensemble K = {k | x2 (k) 6= x1 (k) , k = 0, . . . , K − 1}.

Les gains de diversité et de codage se déduisent par comparaison avec l’expres-


sion (4.44) (βc γ/4)−βd . Ils ont pour expressions :

βd = card(K)NR
Y
βc =
2/ card(K)
kx2 (k) − x1 (k)k2 (4.45)
k∈K

Au-delà de l’aspect spécifique MIMO, les mesures ci-dessus témoignent de la présence


d’évanouissements de Rayleigh rapides sans mémoire, expliquant la forte similitude avec
les critères de performances constatés sur les canaux SISO à évanouissements de Rayleigh
rapides [33].

La construction de schémas de codage appropriés passe par l’optimisation des deux


critères (4.45), le gain de diversité demeurant prioritaire sur le gain de codage. Notam-
ment, il sera possible de s’inspirer des méthodes mises au point pour les canaux SISO
exhibant une dynamique temporelle similaire.

4.4.2 Panorama des techniques

L’établissement d’une communication sur un canal dont la cohérence temporelle ne


dépasse pas une période symbole est peu réaliste. Les critères de construction établis
ci-dessus doivent être compris comme une indication sur le comportement en robustesse
lorsque le système s’approche de ces conditions de transmission. D’un point de vue plus
Version soumise — 3/4/2003
4.4 Domaines spatial et temporel 159

pratique, les techniques présentées ici sont valables pour des statistiques temporelles
intermédiaires, i.e. suffisamment rapides pour être sensibles sur la durée d’un message
mais suffisamment lentes pour pouvoir être traitées.

Récepteur adaptatif : L’égalisation adaptative des variations temporelles du canal


est une stratégie répandue autorisant de réutiliser les schémas de codage développés pour
le canal quasi-statique, avec des performances théoriques améliorées du fait de l’accrois-
sement de l’ordre de diversité [21].

En pratique, la complexité de réalisation du mécanisme d’adaptation conduit à des


solutions sous-optimales. Différents algorithmes peuvent être mis en œuvre selon le modèle
de canal adopté : algorithme EM [Expectation-Maximization) [89], lorsque le canal est
assimilé à un processus aléatoire, ou algorithme de Kalman [90], dans le cas où l’évolution
temporelle est suivie par un processus auto-régressif.

Modulations temps-espace : Des schémas de codage pour canal à évanouissements


rapides peuvent être construits à partir des critères de performances (4.45). Un certain
nombre de treillis temps-espace pour modulation QPSK ont été ainsi obtenus par Fir-
manto [91], au prix d’une recherche informatique exhaustive. Parallèlement, en marge
des travaux menés sur les modulations codées pour canal quasi-statique, on retrouve
dans plusieurs références de la section 4.2 des exemples de codes temps-espace pour canal
à évanouissements rapides.

Les techniques temps-espace existantes pour canal statique et pour canal à évanouisse-
ments rapides ne sont pas satisfaisantes en pratique et font ressentir le besoin de schémas
adaptés aux dynamiques temporelles intermédiaires. Aussi, dans son article fondateur [9],
Tarokh propose-t’il une famille de codes mixtes à faible rendement, baptisés “smart-greedy
codes” dans la littérature anglaise, optimisant simultanément les critères de diversité et
de codage (4.11) et (4.45). Les modulations codées en treillis multidimensionnelles per-
mettent de générer ce type de codes. Une méthode de génération de treillis multidi-
mensionnelles, basée sur la description analytique de Calderbank-Mazo, est fournie par
Van [92].

Techniques différentielles : Les techniques différentielles, évoquées dans la sec-


tion 4.2.2, se prêtent naturellement à la transmission sur canal sélectif en temps en rendant
superflue l’estimation de la réponse du canal. Le canal doit néanmoins rester stable sur
une durée supérieure ou égale à l’intervalle de transition servant à coder l’information.

Concaténation de codes : Précédemment abordée dans le domaine spatial, la conca-


ténation de codes est une stratégie permettant l’optimisation séparée des gains de codage
et de diversité en espace. Le schéma logique de la figure (4.9) demeure inchangé mais
répond à des critères propres à la communication sur canal à variations rapides. Ainsi,
dans l’exemple de la concaténation du code d’Alamouti et d’une modulation codées en

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160 Techniques MIMO - Etat de l’art

treillis externe [93], l’élaboration de la TCM est guidée par les paramètres de longueur
effective et de distance produit [94].

La dynamique temporelle du canal étant pénalisante pour les codes classiques trop
structurés, les codes quasi-aléatoires, i.e. codes LDPC et turbocodes, apparaissent natu-
rellement comme la solution pour exploiter cette diversité. La richesse de la littérature
dans le domaine des modulations temps-espace turbocodées témoigne du potentiel de ces
techniques [95, 96]. La figure (4.15) regroupe quelques architectures possibles.

Entrelacement bits - Turbocode et modulation à


Turbocode
codage binaire à symbole entrelacement des bits [97]

Concaténation d’un turbo-


STBCM code avec une modulation
Turbocode orthogonal OSTBC [98]

Code STTCM Turbocode à concaténation


Entrelaceur série [99]
convolutif récursif

Turbocode à concaténation
STTCM
Entrelaceur parallèle [99]
récursif

Code conv.
Entrelaceur récursif
STTCM concaténé à un
STTCM code convolutif récursif
[100]
Code conv.
Entrelaceur récursif

Fig. 4.15: Turbocodage temps-espace - Exemples d’applications des turbocodes au système


MIMO

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4.5 Conclusion 161

4.5 Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons proposé un état de l’art des techniques de transmission
MIMO. L’approche est focalisée sur l’exploitation de la dimension spatiale, à laquelle
viennent se greffer les dimensions fréquentielle et temporelle. Les points suivants ont été
abordés :
• les schémas de codage et de modulation adaptés aux canaux MIMO invariants
dans le temps et plats en fréquence, s’étageant depuis les systèmes à diversité pure
(OSTBCM) jusqu’aux solutions à multiplexage spatial pur (BLAST) ;
• leurs extensions permettant de traiter la sélectivité fréquentielle, dominées par la
combinaison fructueuse avec les modulations de type OFDM ;
• leurs extensions permettant de compenser la sélectivité temporelle, ainsi que les
schémas combinant dimensions spatiale et temporelle.
L’ensemble des techniques évoquées dans ce chapitre, résumé sous forme graphique
par la figure (4.16), est injecté dans le chapitre suivant comme base de références. La
conception de l’interface radio MIMO spécifiée s’en trouvera simplifiée d’autant.

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Rendement Rc

NT

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STM
BLAST
ASTM

STM : Space-Time Multiplexing


BLAST : Bell Labs LAyered Space-Time modulation Débit
STTCM : Space-Time Trellis Coded Modulation (multiplexage) Rc ≤ NT
Connaissancce de l’état STBCM : Space-Time Block Coded Modulation LDC
du canal en réception OSTBCM : Orthogonal STBCM Concaténation de codes
STRCM : Space-Time Constellation-Rotating Mod. STBCM
LDCM : Linear Dispersion Coded Modulation STTCM
ASTM : Algebraic Space-Time Modulation
1
STRCM
162 Techniques MIMO - Etat de l’art

Sélectivité spatiale
Robustesse
(diversité) Rc ≤ 1
USTM : Unitary Space-Time Modulation OSTBCM
Absence de connaissance Techniques différentielles (DUSTM : Differential USTM)
de l’état du canal Techniques aveugles

Influence du canal sur la


communication numérique
(chapitre 3) Connaissancce de l’état du canal Préfiltrage — Préégalisation
en émission et en réception Précodage

Egalisation
Sélectivités spatiale et fréquentielle Bancs de filtres : MIMO-OFDM, MIMO-ZPOFDM
TR-STBCM : Time-Reversal Space-Time Block Coded Modulation

Récepteur adaptatif (égalisation temporelle)


STTCM
Sélectivités spatiale et temporelle Smart-greedy codes
Techniques différentielles
Concaténation des codes

Fig. 4.16: Organigramme des techniques MIMO abordées


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[100] X. Lin et R.S. Blum, “Improved space-time codes using serial concatenation”. IEEE
Communication Letters, pages 221–223, Jul. 2000. File.

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Chapitre 5

Application des techniques MIMO


au standard HIPERLAN2

Sommaire
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
5.2 Description de la couche physique HIPERLAN2 . . . . . . . . 170
5.3 Du bien-fondé d’un système MIMO-HIPERLAN2 . . . . . . 175
5.4 Extension MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
5.4.1 Analyse du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
5.4.2 Modulation codée fréquence-espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
5.4.2.1 Constructions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
5.4.2.2 Résultats issus de la littérature . . . . . . . . . . . . . . 184
5.4.3 Modulation codée temps-espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
5.4.3.1 Constructions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
5.4.3.2 Résultats issus de la littérature . . . . . . . . . . . . . . 191
5.4.4 Contraintes de coût . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

5.1 Introduction

Ce cinquième et dernier chapitre vient clore le présent travail de thèse en tentant de


répondre à la question initiale, portant sur la pertinence d’une nouvelle couche physique
au standard HIPERLAN2 basée sur le concept MIMO. Après avoir présenté le canal de
propagation et la théorie de son utilisation, puis dressé un tableau des solutions actuel-
lement existantes, l’on dispose des outils suffisants pour proposer une architecture de
transmission.

Ce chapitre débute par un rappel succinct des caractéristiques principales de la couche


physique de la norme HIPERLAN2, accompagné de certaines informations indissociables
170 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

concernant la couche de contrôle. Des éléments qualitatifs sont ensuite apportés pour
justifier l’exploitation de la dimension spatiale en milieu domestique dans la bande des
5 GHz. La fin de ce chapitre est consacrée à l’élaboration d’une extension MIMO au
système HIPERLAN2, en suivant une démarche logique visant à aboutir à une famille
d’architectures raisonnablement complexes. Les résultats de simulation obtenus au cours
de cette thèse, jugés trop partiels, n’apparaissent pas dans ce document.

5.2 Description de la couche physique HIPERLAN2

La couche physique HIPERLAN2, décrite par la norme ETSI TS 101 475 [1], repose sur
la modulation OFDM et un mode de transmission par paquets. En Europe, deux bandes
de fréquences disjointes sont allouées, une bande basse 5.15 GHz – 5.45 GHz, dédiée à
une utilisation exclusive en intérieur, et une bande haute 5.47 GHz – 5.725 GHz pour
utilisation intérieure et extérieure. Chaque bande est scindée en canaux de 20 MHz de
large, soit un total de 8 canaux dans la bande basse et de 11 canaux dans la bande haute.
Une procédure de sélection dynamique de fréquence choisit un canal de transmission
libre, i.e. sans interférences et inoccupé par d’autres liaisons HIPERLAN2, et assure une
rotation régulière des canaux pour éviter le piégeage. La puissance d’émission est ajustée,
avec une puissance moyenne maximale de 200 mW PIRE (Puissance Isotrope Rayonnée
Effective) dans la bande basse et de 1 W PIRE dans la bande haute.

Le mécanisme d’accès au canal, défini dans la couche MAC, repose sur un mode
TDMA/TDD. L’utilisation du canal est découpé dans le temps par trame de durée 2 ms
divisée en différentes phases de diffusion, de communication et d’accès au réseau (fi-
gure (5.2)). Plusieurs formats d’encapsulation sont alors définis au niveau de la couche
PHY pour assurer le transport de ces paquets de données, à savoir paquet de diffusion,
paquet de canal descendant, paquets de canal montant à préambule court et à préambule
long et paquet de lien direct. Un paquet est invariablement constitué d’un en-tête et d’un
segment de données, tous deux dépendants du type de paquet. Le préambule pour le ca-
nal de diffusion permet la synchronisation temporelle et fréquentielle, le contrôle de gain
et l’estimation du canal. Le préambule en voie descendante est destiné à l’estimation de
canal uniquement et les préambules pour la voie montante et le canal d’accès aléatoire à
l’estimation du canal et à la synchronisation.

L’utilisation de la bande disponible est optimisée par un mécanisme d’adaptation de la


liaison qui modifie le débit transmis en jouant sur les modulations des sous-porteuses et le
rendement du code. Les modulations BPSK, QPSK, 16QAM sont requises, la modulation
64QAM restant optionnelle. Le contrôle d’erreur est effectué par le code convolutif 133 171
de rendement 1/2 et de longueur de contrainte 7, les rendements 3/4 et 9/16 étant obtenus
par poinçonnage. Le tableau (5.1) liste les modes prévus par le standard. Les valeurs des
paramètres sont choisis pour garantir que le nombre de bits codés soit un multiple entier
du nombre de bits transmis par symbole OFDM.

La figure (5.3) présente la configuration de référence de l’émetteur. Les paquets de


données à transmettre, délivrés à la couche PHY, sont embrouillés, à l’aide d’une sé-

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5.2 Description de la couche physique HIPERLAN2 171

Allocation fréquentielle

USA 5.15 - 5.45 GHz 5.725 - 5.825 GHz

Intérieur Extérieur Extérieur


200 mW PIRE 1W PIRE 4 W PIRE

5.15 - 5.45 GHz 5.47 - 5.725 GHz


Europe
Intérieur Intérieur + Extérieur f (GHz)
200 mW PIRE 1W PIRE

5 5.2 5.4 5.6 5.8 6

PIRE : Puissance Isotrope


Rayonnée Effective
Multiplexage fréquentiel

5.18 GHz 5.32 GHz

Masque d’émission

Puissance (dBc)
0 dBc

−20 dBc

−28 dBc

−40 dBc

f (MHz)
−30 −20 −11 −9 0 9 11 20 30
porteuse

Fig. 5.1: Plan de fréquence du standard HIPERLAN2

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172 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

Type : type de paquet


CRC : Code de Redondance Cyclique
IC : Intervalle de garde Cyclique
Canaux logiques

Trame MAC Trame MAC Trame MAC

2 ms

Couche DLC
Liaison Liaison Liaison Accès
Couche MAC Diffusion
descendante directe montante aléatoire

Type Nb Données CRC

Canaux de transport

Couche PHY IC IC IC IC

Fig. 5.2: Structures des trames HIPERLAN2

Tab. 5.1: Modes physiques HIPERLAN2

Mode Modulation Rendement de codage Débit nominal Bits codés par Bits codés par Bits utiles par
(Mbit/s) sous-porteuse symbole OFDM symbole OFDM
1 BPSK 1/2 6 1 48 24
2 BPSK 3/4 9 1 48 36
3 QPSK 1/2 12 2 96 48
4 QPSK 3/4 18 2 96 72
5 16QAM 9/16 27 4 192 108
6 16QAM 3/4 36 4 192 144
7 64QAM 3/4 54 8 288 216

quence pseudo-aléatoire, dans le but de casser d’éventuelles séquences binaires constantes


dans les données fournies au reste du processus de modulation. Les données embrouillées
alimentent un bloc de codage de canal constitué d’un code convolutif principal 133 171,
de rendement constant 1/2, suivi de deux étages de poinçonnage chargés d’adapter le
débit aux conditions de propagation. Un mécanisme de poinçonnage additionnel assure
également que les paquets de la DLC de 54 octets sont transcrits sur un nombre entier
de symboles OFDM. Les données codées sont entrelacées afin d’empêcher l’apparition de
paquets d’erreur en entrée du décodeur associé en réception. Le motif d’entrelacement est
constitué de deux niveaux, le premier plaçant les bits codés successifs sur des porteuses
les plus éloignées possible et le second garantissant que les bits codés sont alternative-
ment affectés à des bits plus ou moins protégés de la constellation. Une fois converties en
symboles de modulation, par codage de Gray, les données sont multiplexées en fréquence
par le modulateur OFDM. Finalement, le flot de symboles OFDM est réparti en paquets,
caractérisés par des propriétés différentes selon la nature de l’information transportée.

Le récepteur effectue globalement les opérations inverses, auxquelles viennent s’ajouter


le contrôle de puissance, la synchronisation temporelle et fréquentielle ainsi que l’estima-
tion du canal. Des séquences spécifiques sont placées en préambule de chaque paquet pour
supporter ces différentes tâches.

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Entrelacement fréquentiel sur un symbole OFDM Constellations BPSK, QPSK, 16QAM et 64QAM
(porteuses non adjacentes, points des constellations) (codage de Gray)

Codage convolutif avec fermeture du treillis - Construction des symboles OFDM :


poinçonnage porteuses éteintes, porteuses pilotes

Codage de Codage binaire Emetteur


Trames de la DLC Embrouillage Entrelacement OFDM Trames physiques
canal à symbole Radio

Bits de Code Préfixe


Poinçonnage IFFT cyclique Filtrage
fermeture convolutif

Fig. 5.3: Chaı̂ne d’émission HIPERLAN2


5.2 Description de la couche physique HIPERLAN2

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173
174 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

Le tableau (5.2) regroupe les paramètres essentiels de la modulation. Entre autres, la


durée de l’intervalle de garde est cruciale. En milieu domestique, l’étalement moyen de la
réponse impulsionnelle est de l’ordre de 50 ns, pour des réponses atteignant au maximum
des longueurs de 200 ns, et un préfixe de 400 ns se montre suffisant pour une absorption
complète des échos. Par ailleurs, le nombre de sous-porteuses utiles se monte à 48, parmi
les 64 porteuses réellement disponibles. Cette différence s’explique par l’insertion régulière
de porteuses pilotes, exploitées pour l’acquisition de la réponse du canal, ainsi que par la
présence de porteuses éteintes aux extrémités et au centre du multiplex, justifiées par des
considérations liées au filtrage du signal et aux fuites des oscillateurs locaux. Le rôle des
porteuses pilotes n’est pas tant de suivre les variations temporelles du canal, négligeables
dans la pratique, que de suivre les perturbations engendrées par le bruit de phase des
oscillateurs.

Tab. 5.2: Paramètres des symboles OFDM HIPERLAN2

Paramètres Symboles Valeurs


Cadence d’échantillonnage fs = 1/T 20 MHz
Durée utile d’un symbole Tu 64T = 3.2 µs
Durée du préfixe cyclique Tcp 16T = 0.8 µs 8T = 0.4 µs optionnel
Durée d’un symbole Ts 80T = 4 µs 72T = 3.6 µs
Taille de la FFT - 64
Nombre de sous-porteuses utiles NDS 48
Nombre de sous-porteuses pilotes NSP 4
Nombre total de sous-porteuses NST 52
Espacement inter-porteuse ∆f 315 kHz
Espacement entre les porteuses extrêmes - 16.25 MHz

La représentation fréquentielle d’une trame physique apparaı̂t sur la figure (5.4). La


présence d’un préambule d’estimation et l’agencement des pilotes sont caractéristiques
des transmissions OFDM par paquet. Pour information, les systèmes de diffusion, e.g.
la télévision numérique terrestre, n’emploient pas de symboles de préambule mais entre-
lacent les pilotes sur la grille temps-fréquence.

Porteuse éteinte Porteuses pilotes Porteuses éteintes


(fuite d’oscillateur) (estimation du canal) (filtrage)
Fréquence
Temps

Données

Préambule

Canal de 20 MHz

Fig. 5.4: Structure d’un paquet HIPERLAN2

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5.3 Du bien-fondé d’un système MIMO-HIPERLAN2 175

5.3 Du bien-fondé d’un système MIMO-HIPERLAN2

Les systèmes HIPERLAN2 seront déployés dans une grande variété d’environnements
tels que des bureaux, des locaux industriels, des halls de présentation ou encore des milieux
résidentiels. Cinq modèles de canaux, résumés dans le tableau (5.3), ont été produits pour
représenter ces différents scénarios [2].

L’accroissement attendu du débit par l’utilisation conjointe de réseaux d’antennes à


l’émission et à la réception repose sur l’aptitude à multiplexer spatialement l’information.
Les différents milieux envisagés ne sont pas égaux devant cette opportunité, certains étant
plus favorables à l’exploitation de la dimension spatiale. Le but est ici d’estimer dans
quelle mesure le milieu domestique, associé principalement au modèle B, est propice à
une extension MIMO.

Tab. 5.3: Modèles de canaux HIPERLAN2


Réf. Etalement RMS Statistique Types d’environnement
Pièce encombrée dans un environnement
A 50 ns Rayleigh intérieur ouvert, absence de visibilité di-
recte
Pièce encombrée dans un environnement
B 100 ns Rayleigh intérieur fermé, absence de visibilité di-
recte
Identique à B avec positions différentes,
C 150 ns Rayleigh
absence de visibilité directe
D 140 ns Rice Identique à C avec visibilité
Milieu ouvert de grandes dimensions,
E 250 ns Rayleigh
absence de visibilité directe

Le milieu de propagation considéré entre un émetteur et un récepteur, placés dans une


même pièce d’habitation, se caractérise généralement par une densité d’obstacles élevée et
par l’obstruction de la ligne de vue. L’interaction de l’onde avec le milieu est alors raison-
nablement modélisée par des processus gaussiens centrés et, par conséquent, l’étude des
dépendances statistiques entre les signaux échangés se réduit à une mesure des fonctions
de corrélation. En outre, la distribution spatiale des réflecteurs, relativement uniforme,
autorise le découplage des phénomènes de corrélation à l’émission et à la réception. Ce
ne serait pas le cas, par exemple, pour une communication entre pièces reliées par un
couloir, favorisant l’effet de guidage néfaste pour la capacité.

Sous les hypothèses précitées, le débit est directement lié au minimum du rang des
matrices de corrélation d’émission et de réception, impliquant que les réseaux d’émission
et de réception doivent garantir un espacement entre éléments supérieur à la distance de
corrélation locale.

Se pose alors le problème de compacité des réseaux qui, de toute évidence, doit rester
acceptable. La distance de corrélation est fonction de deux paramètres :

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176 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

– la distribution angulaire utile, i.e. la signature angulaire présentée par l’environne-


ment filtrée par les antennes,
– la distance inter-éléments, normalisée en longueur d’onde λ.
La distance de corrélation sera faible lorsque le réseau est plongé dans un milieu riche en
diffuseurs, avec des valeurs dans le voisinage de λ/2 lorsque la répartition angulaire filtrée
des trajets efficaces est quasi uniforme. Pour un environnement donné, le minimum sera
atteint par des diagrammes d’antennes isotropes et décroı̂tra avec la fréquence de travail.

A la fréquence de 5 GHz, la demi longueur d’onde est de l’ordre de 3 cm, ouvrant la voie
à des réseaux d’antennes de petites dimensions. Une application sans fil en milieu domes-
tique confiné, dans cette bande des 5 GHz, semble donc tout à fait propice au déploiement
d’un système MIMO. En particulier, l’augmentation des structures d’émission-réception
HIPERLAN2 par des réseaux d’antennes isotropes apparaı̂t extrêmement prometteuse.

La justification qualitative de l’opportunité d’une évolution vers les techniques MIMO,


développée dans cette section, est purement indicative et n’a pas pour ambition de se
substituer à des résultats issus de campagnes de mesure ou de travaux de simulation.
La principale inconnue, sujet de questions récurrentes, a trait à l’estimation d’un éta-
lement angulaire moyen, représentatif d’une majorité d’environnement domestique. En
guise d’élément de réponse, les figures (5.5), (5.6) et (5.7) montrent que le niveau de
corrélation baisse rapidement avec la distance, dès lors que l’étalement angulaire dépasse
quelques dizaines de degrés. A cela s’ajoute le fait que la décorrélation n’a pas besoin
d’être complète pour permettre l’exploitation de la diversité spatiale [3].

Corrélation spatiale θ=0

1 ∆

0.8

0.6

0.4

0.2 d/λ

0
0 0
1
50
2
100 3
Dispersion angulaire ∆ Distance relative d/λ
150 4

Fig. 5.5: Evolution de la corrélation spatiale en fonction de la distance et de l’étalement angulaire,


pour une incidence normale

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5.3 Du bien-fondé d’un système MIMO-HIPERLAN2 177

Corrélation spatiale

θ = π/4
1

0.8

0.6

0.4

0.2 d/λ

0
0 0
1
50
2
100 3
Dispersion angulaire ∆ Distance relative d/λ
150 4

Fig. 5.6: Evolution de la corrélation spatiale en fonction de la distance et de l’étalement angulaire,


pour une incidence oblique de 45 degrés

Corrélation spatiale

0.8

0.6

0.4 θ = π/2

0.2 d/λ

0
0 0
1
50
2
100 3
Dispersion angulaire ∆ Distance relative d/λ
150 4

Fig. 5.7: Evolution de la corrélation spatiale en fonction de la distance et de l’étalement angulaire,


pour une incidence rasante

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178 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

5.4 Extension MIMO

Après avoir établi le gain potentiel promis par l’utilisation de réseaux d’antennes à
l’émission et à la réception, il reste à concevoir un système conforme aux spécifications
du standard HIPERLAN2. Pour limiter les problèmes inhérents au surcoût, le nombre
d’antennes par réseau permettant le multiplexage d’espace est choisi minimal, soit NT = 2
et NR = 2.

5.4.1 Analyse du problème

Retour sur l’application : Une validation intermédiaire des spécifications de l’appli-


cation visée, détaillées dans la section 1.1, est essentielle avant de poursuivre.

Les objectifs initiaux ne sont pas remis en cause :


– débit : le doublement du débit recherché est théoriquement atteint, malgré la limi-
tation sur le nombre d’antennes, avec une valeur maximale de 2 × 54 Mbit/s ;
– robustesse : la probabilité d’erreur dépendra du nouveau schéma de transmission
et des protocoles de correction logés dans la couche de contrôle HIPERLAN2, que
l’on a conservée ;
– qualité de service : le support de service isochrone est assuré par la couche de
contrôle HIPERLAN2.
Il en est de même pour les trois contraintes identifiées :
– environnement : la section précédente a montré la parfaite adéquation des systèmes
MIMO avec le milieu domestique ;
– régulations : les contraintes en terme de spectre et de puissance d’émission sont
automatiquement vérifiées en conservant la modulation OFDM, avec les paramètres
originaux ;
– complexité : la maı̂trise de la complexité matérielle et logicielle demeure le point le
plus délicat.

Architecture MIMO-HIPERLAN2 : La recherche d’un système optimal nécessite


de répartir le traitement temps-espace conjoint sur l’intégralité des chaı̂nes d’émission
et de réception, conduisant à des architectures radicalement différentes du schéma de
transmission HIPERLAN2 classique. Une telle solution sera évitée ici du fait non seule-
ment de la complexité impliquée mais également de son caractère peu propice à un dé-
veloppement rapide, facilité par une réutilisation maximale des chaı̂nes préexistantes.
On s’oriente donc ici vers un système MIMO-HIPERLAN2 sous-optimal dérivé du sys-
tème SISO-HIPERLAN2 avec un niveau de modifications acceptable. En observant que
la partie aval d’émission/réception radio est inévitablement modifiée pour intégrer les
réseaux d’antennes contrairement à la partie amont de jonction avec la DLC, demeurant
impérativement identique pour respecter le standard, on voit que le degré de changement
et la complexité du futur système sont proportionnels à la profondeur de remontée du
traitement spatial dans les chaı̂nes.

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5.4 Extension MIMO 179

Résumée à ces fonctions essentielles, la chaı̂ne simplifiée HIPERLAN2 comprend une


fonction de codage de canal, incluant l’entrelacement, et une fonction de modulation
OFDM. Il semble sage de conserver la modulation OFDM pour au moins trois raisons :
– respect des normes de transmission : conserver la modulation OFDM avec les para-
mètres initiaux est la stratégie la plus simple pour vérifier les signatures temporelle
et fréquentielle imposées ;
– immunité aux trajets multiples : la modulation OFDM reste l’une des techniques
d’égalisation fréquentielle les plus simples à mettre en œuvre, principalement sur
des canaux difficiles à fort étalement temporel ;
– multiplexage fréquentiel : le mariage de la modulation OFDM avec un système
à double réseau d’antennes est très intéressant puisque le canal de transmission
sélectif en fréquence est décomposé en une somme de canaux strictement plats.
Chaque branche d’émission contiendra donc un bloc de modulation OFDM.

Le code convolutif 133 171 semble superflu de prime abord, ne serait-ce que pour la
raison qu’il est conçu pour un canal SISO. Trois points jouent pourtant en sa faveur :
– complémentarité avec les modulations codées temps-espace : le code convolutif et les
modulations codées travaillent sur deux plans distincts, respectivement sur le corps
de Galois des symboles d’information, muni de la métrique de Hamming, et le corps
des nombres complexes des symboles modulés, muni de la métrique euclidienne. Ils
s’associent donc aisément de part et d’autre de l’opérateur de codage binaire à
symbole ;
– concaténation de codes : la concaténation de fonctions de codage est une solution
efficace pour améliorer la robustesse en autorisant des actions indépendantes sur
les différents leviers gouvernant la probabilité d’erreur. L’insertion d’un entrelaceur
ouvre de surcroı̂t la voie vers les techniques de type turbo ;
– statistique du signal : construit pour la correction d’erreurs sur canal gaussien, le
code 133 171 altère peu la statistique de la source et reste peu sensible au traitement
effectué en aval.
Il apparaı̂t donc favorable de garder le bloc de codage prévu par le standard HIPERLAN2.
On rappelle que l’on considère ici une modulation codée temps-espace.

Au final, pour un système de coût raisonnable, le point idéal d’implantation des tech-
niques MIMO se situe entre le codeur de canal HIPERLAN2 et le modulateur OFDM. La
nouvelle architecture est présentée sur la figure (5.8), que l’on pourra comparer au schéma
original de la figure (5.3). Clairement, l’apport des techniques MIMO s’apparente à une
surcouche ajoutée au-dessus du système HIPERLAN2, soulignant la relative simplicité
de réalisation et le caractère sous-optimal de cette solution.

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Source de symboles indépendants Paquets de symboles
et identiquement distribués OFDM

Version soumise — 3/4/2003


Trames physiques Emetteur
OFDM
Radio

Codage SISO Codage binaire Modulation codée


Trames de la DLC Embrouillage Entrelacement MIMO
133; 171 à symbole

Trames physiques Emetteur


OFDM
Radio

Métrique de Hamming Métrique euclidienne


sur le corps de Galois binaire sur le corps des complexes

Démodulation Récepteur
OFDM Détramage
Radio

Décodage SISO Décodage symbole Démodulation


Embrouillage Désentrelacement souple MIMO
133 171

Démodulation
180 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

Détramage Récepteur
OFDM Radio

Désentrelacement

Fig. 5.8: Chaı̂ne d’émission-réception MIMO HIPERLAN2


5.4 Extension MIMO 181

Elaboration du modulateur MIMO : Le rôle du modulateur MIMO, décisif pour


les performances du futur système, est de répartir les symboles d’information, provenant
de la DLC en amont, sur l’espace signal ouvert en aval par le format de transmission
HIPERLAN2.

Les traitements d’embrouillage, de codage et d’entrelacement ne modifiant pas la


statistique du flot d’information, les symboles en entrée du modulateur seront suppo-
sés indépendants et identiquement distribués. Le modulateur distribue chaque paquet de
données issu de la DLC sur un nombre entier KNT de symboles OFDM, de NDS por-
teuses utiles, transmis à des instants différents et par des antennes distinctes. Au sens
mathématique, l’espace des signaux en sortie du modulateur forme un espace vectoriel,
défini sur K intervalles temporels, NDS porteuses et NT antennes. La constellation MIMO
temps-espace-fréquence, bâtie sur cet espace de dimension K × NDS × NT , sera définie
par l’ensemble :

X = xp (k, l) ∈ CNT , 1 ≤ l ≤ NDS , 1 ≤ k ≤ K p

où xp (k, l) est la composante spatiale du point p transmise à la porteuse l et au symbole


k.

Grâce à la modulation par multiplexage de porteuses orthogonales, l’effet du canal sur


la constellation X se résume aux évanouissements plats des KNDS composantes spatiales
de chaque point. La relation d’entrée-sortie, pour la porteuse k et le symbole OFDM l,
s’écrit alors :
y(k, l) = H(k, l)x(k, l) + n(k, l)
avec y(k, l) ∈ CNR le signal reçu, n(k, l) ∈ CNR le bruit additif et H(k, l) ∈ CNR ×NT la
réponse du canal. On emploiera la dénomination de constellation à KNDS plans de codage
pour rappeler le fait que tout se passe comme si les composantes spatiales transitaient par
des canaux parallèles. Par comparaison avec le standard SISO-HIPERLAN2, le nombre
de sous-canaux disponibles ne varie pas. Par contre, la dimension de chaque plan de
modulation est multipliée d’un facteur NT .

Trois classes de schémas de codage, illustrées sur la figure (5.9), se distinguent selon
la nature des liens tissés en temps et en fréquence entre les composantes spatiales de la
constellation :
1. modulation codée fréquence-espace : codage sur NT multiplex OFDM, de NDS
sous-porteuses chacun, transmis simultanément, avec indépendance temporelle des
flux ,
2. modulation codée temps-espace : codage sur K symboles OFDM consécutifs, avec
indépendance fréquentielle des flux ;
3. modulation codée temps-fréquence-espace : codage sur un paquet complet de KNT
multiplex OFDM de NDS sous-porteuses.
Il apparaı̂t que le modulateur MIMO peut être appliqué à un sous-espace quelconque
de l’espace temps-fréquence-espace accessible, ce qui explique que la notion de “codage
temps-espace”, souvent utilisée pour ne pas alourdir la lecture du document, n’est pas
correcte. En fait, il serait préférable de parler de codage scalaire, codage vectoriel et codage
matriciel suivant le nombre de dimensions physiques exploitées par le modulateur.
Version soumise — 3/4/2003
182 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

Nous procédons maintenant à l’analyse des deux premières configurations, la dernière


n’ayant pu être abordée pour des contraintes de temps.

Espace
NT antennes

Fréquence
NDS sous-porteuses

Plan temps-fréquence-espace
(MIMO - HIPERLAN2)

Plan temps-fréquence
(SISO - HIPERLAN2)

Temps
K symboles

Multiplex de canaux MIMO NT × NR


parallèles en retard et en fréquence

Canal statique sur une trame :


KTs  Tcoh

Canal sélectif en fréquence :


NDS ∆f & Bcoh

Transmission de K symboles sur


un canal MIMO NT × NR plat
Transmission de NDS symboles sur à évanouissements par bloc
un canal MIMO NT × NR plat
à évanouissements rapides

Codage fréquence-espace Codage temps-espace

Codage temps-fréquence-espace

Fig. 5.9: Domaine de codage pour un système MIMO OFDM — Interprétation géométrique

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5.4 Extension MIMO 183

5.4.2 Modulation codée fréquence-espace

5.4.2.1 Constructions

Le codage fréquence-espace introduit une dépendance spatiale et fréquentielle entre


les symboles OFDM transmis simultanément, sans créer de liaisons entre des signaux
émis à différentes périodes temporelles.

En l’absence de dépendance temporelle, la constellation XEF est définie par les sym-
boles transmis par les NT antennes d’émission sur les NDS porteuses fréquentielles. Les
NDS composantes spatiales de chaque point sont affectées par le canal selon :

y(k0 , l) = H(k0 , l)x(k0 , l) + n(k0 , l) l = 1, . . . , NDS

à une période temporelle quelconque 1 ≤ k0 ≤ K.

Idéalement, l’espacement entre porteuses du multiplex est choisi supérieur à la bande


de cohérence du canal afin d’éviter les situations de coupure. Cette hypothèse de dé-
corrélation entre porteuses, approximative du fait que les bandes de cohérence mesurées
autour des fréquences de 5 GHz dans les milieux domestiques avoisinent la largeur d’un
canal HIPERLAN2, sera conservée dans un souci de simplicité. Le modulateur MIMO
voit donc un canal de Rayleigh à évanouissements rapides.

En reprenant le formalisme de la section 4.4, un point de la constellation XEF s’ex-


prime sous forme matricielle par le vecteur x(k0 ) ∈ CNT NDS :
 
x(k0 , 1)
 .. 
x(k0 ) =  . 
x(k0 , NDS )

et la réponse du canal, à l’instant k0 , par la matrice H(k0 ) ∈ CNR NDS ×NT NDS :
 
H(k0 , 1) . . . 0
 .. .. .. 
H(k0 ) =  . . . 
0 . . . H(k0 , NDS )

La forme vectorielle de la relation d’entrée-sortie :

Y (k0 ) = H(k0 )X(k0 ) + N (k0 )

pour un symbole OFDM quelconque, 1 ≤ k0 ≤ K. Les composantes spatiales de la


constellation étant affectées par des évanouissements différents, la constellation XEF est
NDS -planaire.

En régime de forts SNR, la probabilité d’erreur entre points de la constellation, adap-


tée de la relation (4.43), s’exprime comme :
 −NR δH
PT
Px2 |x1 (x2 , x1 ) ≤ δp−2NR 4P n

Version soumise — 3/4/2003


184 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

avec la distance de Hamming et la distance produit entre points :


δH = card(L)
Y
δp = kx2 (k0 , l) − x1 (k0 , l)k2
l∈L

où l’on a défini l’ensemble L = {l | x2 (k0 , l) 6= x1 (k0 , l)}. A la différence de l’équa-


tion (4.43), le signal d’émission est ici normalisé pour faire apparaı̂tre la puissance de
transmission PT .

Les critères de construction de la modulation codée sont identiques à ceux élaborés


pour le canal de Rayleigh à évanouissements rapides : maximisation de la distance de
Hamming minimale entre toutes les paires de points de la constellation et maximisation
de la distance produit.

La figure (5.10) illustre la structure du système MIMO-OFDM à codage fréquence-


espace. Placé en aval du codeur binaire-à-symbole, le modulateur temps-espace projette
l’information en un point de la constellation XT E . En sortie, les NDS composantes vecto-
rielles générées sont aiguillées vers les blocs de modulation OFDM pour être réparties sur
l’axe fréquentiel. Le récepteur effectue les opérations inverses en extrayant du multiplex
OFDM les composantes de chaque point puis en les délivrant au décodeur MIMO.

5.4.2.2 Résultats issus de la littérature

Toute la batterie de techniques évoquées dans la section 4.4 peut être employée, à
savoir :
– modulations temps-espace,
– techniques différentielles,
– concaténation de codes.
L’étude des performances comparées de ces différents schémas de codage n’ayant mal-
heureusement pu être menée à bien lors de ce travail de thèse, il a été choisi de présenter
quelques ordres de grandeurs relatifs aux modulations codées en treillis, souvent prises
comme référence en tant que premières techniques de codage MIMO recensées, remontant
à l’article fondateur de Tarokh.

La figure (5.11) illustre l’architecture d’un codeur STTCM, directement inspirée des
structures rencontrées avec les modulations codées en treillis. Les Nb bits des symboles
d’entrée M-aire, M = log2 Nb , sont encodés séparément par des codeurs convolutifs. Les
sorties des codeurs convolutifs sont ensuite sommées, au modulo M , et le résultat converti
en un point de la constellation M-aire d’entrée.
P q
En notant aq (D) = P k
k a (k)D , le polynôme représentant la séquence binaire associée
e q q k
au q bit, et Gp (D) = k gp (k)D , le polynôme générateur du codeur associé pour
l’antenne p, la séquence de sortie transmise par l’antenne p est donnée par :
NX
b −1

xp (D) = aq (D)Gqp (D) mod (4)


q=0

Version soumise — 3/4/2003


5.4 Extension MIMO 185

Canal de Rayleigh plat à évanouissements rapides

NT convertisseurs NT modulateurs
série-parallèle f OFDM
1

S/P Modulation
OFDM
antenne 1
fNDS

Codeur Binaire Codeur


à Symbole MIMO

f1

S/P Modulation
OFDM
antenne NT
fNDS

Critères de construction sur canal MIMO


à évanouissements rapides : Constellation espace-fréquence
à NDS composantes spatiales Milieu de propagation
- distance de Hamming (gain de diversité)
- distance produit (gain de codage)

f1

P/S Démodulation
OFDM
antenne 1
fNDS

Décodage souple Décodeur


des symboles MIMO

f1

P/S Démodulation
OFDM
antenne NR
fNDS

NT convertisseurs NT modulateurs
parallèle-série OFDM

Fig. 5.10: Codage espace-fréquence

1
g0,1
1
g1,1

gν11 ,1 Somme Modulation M-aire


(modulo M) à symbole

1
g0,2
1
g1,2
D D D
Codage gν11 ,2
symboles M-aire Symbole
à Bit
gν21 ,2
D D D
2
g1,2
2
g0,2

Somme Modulation M-aire


gν21 ,1 (modulo M) à symbole

2
g1,1
2
g0,1

D registre à décalage

Fig. 5.11: Schéma du codeur temps-espace convolutif

Version soumise — 3/4/2003


186 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

La représentation matricielle correspondante s’écrit :

x(D) = a(D)G(D) mod (4)

avec le vecteur de polynômes du signal et la matrice des polynômes générateurs du codeur


STTCM définis par :
 1 
G1 (D) . . . G1NT (D)
   .. .. .. 
a(D) = a1 (D) . . . aNb (D) , G(D) =  . . . 
GN b Nb
1 (D) . . . GNT (D)

En se basant sur ces notations, le tableau (5.4) regroupe quelques exemples repré-
sentatifs de treillis construits pour une modulation QPSK et un réseau d’émission à
2 antennes. Ces treillis sont issus de trois sources distinctes, référencées par les initiales
de leurs auteurs, à savoir TSC pour Tarokh-Seshadri-Calderbank [4], BBH pour Baro-
Bauch-Hansmann [5], GFK pour Grimm-Fitz- Krogmeier [6] et FVY pour Firmanto-
Vucetic-Yuan [7]. Apparaissent pour chaque code, la mémoire ν mesurant, en nombre
de symboles M-aire, la profondeur du treillis, la distance de Hamming minimale et la
distance produit minimale sur la constellation.

Les performances du système proposé reposant sur le développement de STTCM le


long de l’axe fréquentiel peuvent être appréhendées, au prix d’une approximation gros-
sière, en observant l’évolution de la borne supérieure de la probabilité d’erreur par paire
en fonction du rapport signal-à-bruit. En régime de fort SNR, celle-ci s’exprime :
 −NR δH,min
−2NR PT
max Pxj |xi (xj , xi ) ≤ δp,min 4Pn
xi ,xj ∈XF E

où δp,min et δH,min , référencées dans le tableau (5.4), sont respectivement les distances
produit et de Hamming minimales sur la constellation.

Les figures (5.12), (5.13) et (5.14) montrent les courbes ainsi obtenues, pour différentes
longueurs de contrainte. Le gain par rapport à un système dépourvu de gains de diversité
et de codage apparaı̂t clairement.

Parmi les autres techniques disponibles, le codage différentiel entre porteuses adja-
centes est envisageable mais requiert que la réponse fréquentielle du canal soit constante
sur cet intervalle. Plus prometteuse, la concaténation du modulateur MIMO et du codeur
scalaire original ouvre la voie au traitement itératif, auquel cas l’entrelaceur séparant les
deux fonctions devra être revu.

5.4.3 Modulation codée temps-espace

5.4.3.1 Constructions

Le codage temps-espace opère sur l’axe transverse du codage temps-fréquence en


établissant, pour chaque porteuse du multiplex, des dépendances entre les signaux émis
Version soumise — 3/4/2003
5.4 Extension MIMO 187

Tab. 5.4: QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements rapides, construites sur le critère
du rang & déterminant – NT = 2
Typea Polynômes générateurs νb δH δp2
 
2D 2
TSC 2 2 4
 D 1 
2+D 2
BBH 2 2 8
 3D 2+D 
3 + 2D 1 + D
FVY 2 2 24
2 2 + 2D
 
2D 2
TSC 2 2 3 2 16
 D + D 1 + 2D 
2 + 2D 2
BBH 2 1 + 2D 2 3 2 32
 D + 2D 
D + 2D2 2 + 3D
FVY 3 2 48
2+D 2 + 2D
 
2D 2 + 2D2
TSC 2 4 3 16
 D+D 1 + 2D 
2 2 + 2D2
BBH 2 4 3 32
2 + D2 + 2D 1 + 2D
2D 2 + D + 1D2
FVY 4 3 64
2+D 2D + 2D2
 
2D + 3D2 + D3 1 + 2D3
TSC 5 3 128
1 + D + 2D2 2 + D + 2D2
BBH  -  - - -
2D 2 2 + 2D + D2
FVY 5 3 144
2 + D + 2D2 + 2D3 2 + 2D + 3D2 + 2D3
a
TSC : Tarokh-Seshadri-Calderbank, BBH : Baro-Bauch-Hansmann, FVY : Firmanto-Vucetic-Yuan
b
ν : profondeur mémoire – 2ν : nombre d’états

Version soumise — 3/4/2003


188 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

Pe
1

10−1 Absence de gains


10−2
NR = 1

NR = 2
10−4
NR = 1

10−6

NR = 2

10−8
TSC
BBH
FVY
10−10

PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30

Fig. 5.12: QPSK-STTCM de mémoire ν = 2 — Bornes supérieures des performances en taux


d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements rapides

Pe
1

10−1
Absence de gains
10−2 NR = 1

NR = 2
10−4
NR = 1

10−6

NR = 2
10−8
TSC
BBH
FVY
10−10

PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30

Fig. 5.13: QPSK-STTCM de mémoire ν = 3 — Bornes supérieures des performances en taux


d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements rapides

Version soumise — 3/4/2003


5.4 Extension MIMO 189

Pe
1

10−1 Absence de gains


10−2
NR = 1

NR = 2
10−4
NR = 1

10−6

NR = 2

−8
10
TSC
BBH
FVY
10−10

PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
30

Fig. 5.14: QPSK-STTCM de mémoire ν = 4 — Bornes supérieures des performances en taux


d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements rapides

à différentes périodes temporelles. La constellation temps-espace XT E , que l’on souhaite


construire, est définie sur K périodes temporelles et NT antennes.

Les composantes spatiales de chaque point sont affectées par :


y(k, l0 ) = H(k, l0 )x(k, l0 ) + n(k, l0 ) k = 1, . . . , K
pour une porteuse quelconque 1 ≤ l0 ≤ NDS .

Pour des applications en milieu domestique, le temps de cohérence du canal, de l’ordre


de la milliseconde, dépasse largement la durée d’un paquet, impliquant que le canal vu
depuis le modulateur MIMO se comporte comme un canal de Rayleigh quasi-statique. On
rejoint ainsi le chemin tracé dans la section 4.2, dont on importe ici notations et résultats.

Les points de la constellation, transmis à la porteuse l0 , seront décrits par une matrice
X(l0 ) ∈ CNT ×K , définie comme :
 
X(l0 ) = x(1, l0 ) . . . x(K, l0 )

La relation d’entrée-sortie s’exprime :


Y (l0 ) = H(l0 )X(l0 ) + N (l0 )
pour une porteuse quelconque 1 ≤ l0 ≤ NDS . Les K composantes spatiales de la constel-
lation traversant le même canal, la constellation XET est mono-planaire.

En faisant abstration de l’indice fréquentiel, la probabilité d’erreur entre paire de


points se déduit de l’équation (4.10) :
 −NR δr
PX2 |X1 (X 2 , X 1 ) ≤ δd−NR 4P
PT
n

Version soumise — 3/4/2003


190 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

avec le rang et le déterminant de la matrice d’erreur :

δr = rang[(X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H ]
δd = det+ [(X 2 − X 1 )(X 2 − X 1 )H ]

Les codes sont construits sur le critère du rang et du déterminant : maximisation du


rang minimal de la matrice d’erreur entre toutes les paires de mots de codes distincts
et maximisation du minimum du déterminant de cette même matrice sur l’ensemble des
paires de mots de code de rang minimal.

La figure (5.15) présente l’intégration du codeur temps-espace dans la chaı̂ne HIPER-


LAN2. La différence majeure par comparaison avec l’architecture du codeur fréquence-
espace est la présence d’un bloc de permutation brassant les symboles en sortie de mo-
dulateur pour les appliquer le long de l’axe temporel. La mémoire requise pour cette
opération est certainement le principal écueil à cette solution.

Canal de Rayleigh plat statique

NT convertisseurs NT modulateurs
série-parallèle f OFDM
1

S/P Permutation Modulation


OFDM
antenne 1
fNDS

Codeur Binaire Codeur


à Symbole MIMO

f1

S/P Permutation Modulation


OFDM
antenne NT
fNDS

Critères de construction sur canal MIMO Constellation espace-retard


quasi-statiques : à K composantes spatiales Milieu de propagation
- rang (gain de diversité)
- déterminant (gain de codage)

f1

P/S Permutation Démodulation


OFDM
antenne 1
fNDS

Décodage souple Décodeur


des symboles MIMO

f1

P/S Permutation Démodulation


OFDM
antenne NR
fNDS

NT convertisseurs NT modulateurs
parallèle-série OFDM

Fig. 5.15: Codage espace-retard

Version soumise — 3/4/2003


5.4 Extension MIMO 191

5.4.3.2 Résultats issus de la littérature

L’ensemble des modulations présentées dans la section 4.2 s’applique à ce cas de


figure :
– multiplexage,
– modulations codées,
– modulations codées orthogonales,
– modulations codées à diversité maximale,
– modulations codées à dispersion linéaire,
– mModulations codées algébriques.
Les tableaux (5.5) et (5.6) listent les treillis obtenus par le critère du rang & déter-
minant, pour les alphabets QPSK et 8PSK respectivement. Les performances associées à
la modulation QPSK sont tracées sur les figures (5.16), (5.17) et (5.18).

Tab. 5.5: QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le critère du
rang & déterminant – NT = 2
Type Polynômes générateurs ν δr δd
 
2D 2
TSC 2 2 4
 D 1 
2+D 2
BBH 2 2 8
3D 2+ D
D 2
FVY 2 2 8
2 2+D
 
2D 2
TSC 2 2 3 2 12
 D + D 1 + 2D 
2 + 2D 2
BBH 2 1 + 2D 2 3 2 12
 D + 2D 
2D 2
FVY 3 2 16
2 + D 1 + 2D + 2D2
 
2D 2 + 2D2
TSC 2 4 2 12
 D+D 1 + 2D 
2 2 + 2D2
BBH 2 4 2 20
2 + D + 2D 1 + 2D
D + 2D 2 2
1 FVY 4 2 32
2+D D + 2D2
 
2D + 3D2 2 + 2D + 3D2
TSC 5 2 12
D + D2 + D3 1 + D + 2D3
BBH  -  - - -
2 + 2D 3D + 2D2
FVY 5 2 36
2 + D + D2 + 2D3 2 + 2D2 + 2D3

Des treillis FVY construits sur la distance euclidienne1 sont présentés dans les ta-
bleaux (5.7) et (5.8), pour les modulations QPSK et 8PSK respectivement. Bien que
1
La recherche de codes basés sur la minimisation de la distance euclidienne semble porter ses fruits
dès lors que le produit rang et nombre d’antennes de réception [8]. Les codes obtenus par cette méthode

Version soumise — 3/4/2003


192 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

Pe
1

10−1
Absence de gains
10−2 NR = 1

NR = 2
10−4
NR = 1

10−6

NR = 2
10−8
TSC
BBH
FVY
10−10

PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30

Fig. 5.16: QPSK-STTCM de mémoire ν = 2 - Bornes supérieures des performances en taux


d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements quasi-statiques

Pe
1

10−1 Absence de gains


10−2
NR = 1

NR = 2
10−4
NR = 1

10−6

NR = 2
10−8
TSC
BBH
FVY
10−10

PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30

Fig. 5.17: QPSK-STTCM de mémoire ν = 3 - Bornes supérieures des performances en taux


d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements quasi-statiques

Version soumise — 3/4/2003


5.4 Extension MIMO 193

Pe
1

10−1
Absence de gains
10−2 NR = 1

NR = 2
10−4

10−6
NR = 1

10−8 NR = 2
TSC
BBH
FVY
10−10

PT
10−12 γ= NT Pn
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30

Fig. 5.18: QPSK-STTCM de mémoire ν = 4 - Bornes supérieures des performances en taux


d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements quasi-statiques

Tab. 5.6: QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le critère du
rang & déterminant – NT = 2
Type Polynômes générateurs ν δr δd
 
4D 4
TSC 2D 2 3 2 2
5D 1
 
2D 2
FVY  4D 4  3 2 4
4 + D 5 + 4D
 
4 + 4D 4D
TSC  2D 2 + 2D  4 2 3.515
5D + D 1 + D + 5D2
2
 
2D 2
FVY  4D 4  4 2 4
4 + D 5 + 4D
 
4D 4 + 4D
TSC 2D + 2D2 2 + 2D + 2D2  5 2 3.515
5D + 3D2 1 + D + 7D2
 
4D 4 + 4D
FVY 2D + 2D2 2 + 2D 5 2 7.029
3 + 4D2 5

Version soumise — 3/4/2003


194 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

moins performants en gains de diversité et de codage, des simulations menées par les
auteurs de [7] montrent qu’ils surpassent effectivement les codes TSC et BBH.

Tab. 5.7: QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le critère de
la trace – NT = 2
Typea Polynômes générateurs ν δr δd dE
2D 2
TSC 2 2 4 4
2 + DD 1 2 
BBH 2 2 8 6
 3D 2+D

D 2 + 2D2
FVY 2 2 4 10
2 + 2D 3
h i
2D 2
TSC D + D2 1 + 2D 2 3 2 12 8
h i
2 + 2D 2
BBH D + 2D 2 1 + 2D 2 3 2 12 8
 
2 + 2D 2+D
FVY 3 2 8 12
2 + D 2D + 2D2
h 2
i
2D 2 + 2D
TSC D + D2 1 + 2D
4 2 12 8
h 2
i
2 2 + 2D
BBH 2 + D + 2D 2 1 + 2D
4 2 20 12
 
1 + D + 3D2 2 + 3D + 2D 2
FVY 4 2 8 16
2 + 2D + 2D2 2D
h 2 2
i
2D + 3D 2 + 2D + 3D
TSC D + D2 + D3 1 + D + 2D 3
5 2 12 12
BBH  -  - - - -
2D + D2 2 + 3D + 2D2
FVY 5 2 20 16
2 + D + 2D2 + 2D3 2 + 2D + 3D2
a
Seuls les codes FVY sont bâtis sur le critère de la trace, les codes TSC et BBH ayant été reportés du
tableau (5.5) pour établir une comparaison en terme de distance euclidienne, ainsi que gains de diversité
et de codage.

Parmi les autres schémas de modulations, le multiplexage spatial et les modulations


codées algébriques semblent attractifs lorsque la recherche du débit prime sur la robus-
tesse, le gain en rapidité de modulation étant linéaire avec le nombre d’antennes d’émis-
sion. Néanmoins, ces techniques sont fragiles et les performances en conditions d’opération
réelles risquent d’être relativement mauvaises, auquel cas l’alphabet de modulation des
symboles devra être de petite taille. Le choix de schémas de modulation à diversité maxi-
male est une approche alternative. En jouant sur la robustesse, ils permettent l’utilisation
des constellations plus grandes pour atteindre éventuellement des débits utiles identiques.
En particulier, on citera les modulations OSTBC, en l’occurrence le schéma d’Alamouti
puisque nous supposons NT = 2, qui présentent l’avantage d’être extrêmement simples à
implémenter et de s’étendre sur peu d’intervalles temporels, K = 2.
(critère de la trace) sont plus performants que les codes obtenus classiquement mais il n’est pas certain
que cette amélioration ne soit due à la construction plus facile en distance euclidienne.

Version soumise — 3/4/2003


5.4 Extension MIMO 195

Tab. 5.8: 8PSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le critère de la
trace – NT = 2
Typea Polynômes générateurs ν δr δd dE
h4D 4i
TSC 2D 2 3 2 2 4
5D 1
 
2 + 3D 1 + 4D
FVY 4 + 2D 6  3 2 4 7.172
4 4D
h 4D 4 + 4D
i
TSC 2D 2 + 2D 4 2 3.515 6
5D + D 2 1 + D + 5D 2
 
2 + 3D 4 + 7D
FVY  4 + 6D 6D  4 2 0.686 8
2
7 + 4D 2 + 7D + 4D 2
 
4D 4 + 4D
TSC 2D + 2D 2 2 + 2D + 2D 2 5 2 3.515 8
5D + 3D 2 1 + D + 7D 2
 
4D 4 + 4D
FVY  2D + 2D2 2 + 3D + 2D2  5 2 2.686 8.586
3 + 2D + 3D2 2D + 7D2
a
Remarque identique au tableau (5.7)

5.4.4 Contraintes de coût

Le principal frein au développement des systèmes MIMO provient de l’accroissement,


avec le nombre de voies, de la complexité des chaı̂nes d’émission et de réception. Ce
problème est ici d’autant plus exacerbé que l’application envisagée est destinée au marché
grand public.

L’évolution des technologies laisse entrevoir des solutions grâce à des simplifications
notables intervenant à différents niveaux de la chaı̂ne de communication :
– augmentation des capacités de traitement des processeurs numériques,
– augmentation de la bande passante des convertisseurs numériques-analogiques et
analogiques-numériques ainsi que de la finesse de quantification,
– réduction de la circuitrie radiofréquence,
– intégration des réseaux d’antennes.
La partie radio-fréquence forme aujourd’hui la composante plus coûteuse de la chaı̂ne
de communication. Elle devrait se réduire au profit d’un traitement numérique pur (tech-
nique radio logicielle, technique ultra large bande).

Pour revenir à la solution MIMO-OFDM retenue dans cette étude, le surcoût sera
surtout lié aux étages amplificateurs de puissance.

Version soumise — 3/4/2003


196 Application des techniques MIMO au standard HIPERLAN2

5.5 Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons étudié l’application des techniques MIMO au système
HIPERLAN2. Les points suivants ont été abordés :
• la description de la couche physique du standard HIPERLAN2, reposant sur une
transmission en mode paquet et une modulation de type OFDM, de laquelle sont
extraits les paramètres nécessaires à notre étude ;
• la pertinence des techniques MIMO, pour une application en milieu domestique
dans la bande des 5 GHz, justifiée par la possibilité de multiplexer spatialement
l’information avec des réseaux de tailles admissibles ;
• la conception d’architectures MIMO-HIPERLAN2, de complexité limitée, reposant
sur le réarrangement en temps, espace et fréquence des schémas de modulation et
de codage existants dans la littérature.
L’interface MIMO, esquissée dans ce chapitre, semble répondre au problème initial. En
particulier, elle reste relativement simple à développer puisque construite en réutilisant
la couche physique HIPERLAN2, ainsi que les techniques de codage et de modulation
MIMO exposées dans la littérature.

Un travail de validation conséquent reste à fournir, par l’intermédiaire de simulations


et de réalisations pratiques. D’autre part, la recherche de techniques optimales, exploitant
simultanément temps, espace et fréquence, apparaı̂t comme une priorité.

Version soumise — 3/4/2003


Bibliographie

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Physical (PHY) layer”. 2000.
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modulation”. IEEE Communication Letters, pages 20–22, Jan. 2000.
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on fast fading channels”. IEEE Communication Letters, Apr. 2001.
[8] J. Yuan, B. Vucetic et W. Firmanto, “Performance analysis and design of space-time
coding on fading channels”. in Australian Communications Theory Workshop, 2001.
File.
Chapitre 6

Conclusion et perspectives

Conclusion

Ces dernières années ont été marquées par la recherche de solutions pour des commu-
nications sans fil supportant des débits de plus en plus élevés, avec une qualité de service
croissante. Ce travail de thèse a été initié dans ce contexte et a porté sur l’étude des
techniques de transmission utilisant des réseaux d’antennes à l’émission et à la réception
(MIMO). L’application envisagée concerne les réseaux locaux sans fil (WLAN) en milieu
domestique et professionnel.

Nous débutons avec un aperçu général sur les différentes normes de réseaux locaux
existantes, en s’attardant sur la norme HIPERLAN2 retenue dans cette étude. Les tech-
niques de transmission haut débit ont été décrites succinctement, parmi lesquelles les
solutions MIMO apparaissent comme l’une des voies de recherche les plus prometteuses.
L’objectif identifié est alors d’évaluer la faisabilité et l’intérêt de modifier l’interface radio
du standard HIPERLAN2 pour intégrer une architecture MIMO.

Dans cet objectif, une bonne connaissance du canal de propagation apparaı̂t primor-
diale et constitue la première étape dans la conception de tout système de communication.
Après avoir rappelé les différents phénomènes physiques de la propagation radioélectrique,
nous proposons une description mathématique du canal. Le formalisme ainsi développé
aboutit à un ensemble d’outils permettant de représenter de manière rigoureuse le com-
portement du canal, séparément dans l’espace et dans le temps. Cette analyse a mis en
évidence l’existence de modes propres de propagation, qui vont jouer un rôle capital dans
l’établissement de communications MIMO à très hautes efficacités spectrales. Elle aboutit
également à la définition de paramètres statistiques de corrélation et de dispersion, utiles
dans le dimensionnement du système.

La jonction entre les aspects propagation et les aspects système est ensuite réalisée,
en analysant l’impact du canal, en espace et en temps, sur une communication numé-
rique. En s’appuyant sur des considérations issues de la théorie de l’information, les effets
200 Conclusion et perspectives

de sélectivité et de dispersion générés par le canal offrent aux systèmes MIMO l’op-
portunité d’exploiter la diversité et le multiplexage dans le domaine spatial. Ces deux
mécanismes conduisent, respectivement, à l’amélioration de la robustesse et de l’efficacité
des transmissions. Quelques règles d’ingénierie sont finalement proposées en vue d’aider
au dimensionnement de système MIMO.

Avant de figer les choix système pour notre application, un état de l’art des techniques
MIMO a été effectué. L’approche suivie privilégie la dimension spatiale du problème, les
phénomènes de sélectivités fréquentielle et temporelle étant rajoutés par la suite. La
richesse des travaux publiés sur le sujet prouve l’intérêt porté à ces techniques. Cette
étude a permis de mieux cerner les domaines de validité respectifs d’un grand nombre de
solutions, oscillant entre optimisation du débit ou de la robustesse.

L’ensemble des connaissances acquises précédemment permet d’apporter des éléments


de réponses à la problématique posée dans cette étude, à savoir l’intérêt d’une interface
MIMO adaptée au standard HIPERLAN2. Après avoir rappelé les spécificités de la couche
physique de cette norme, des arguments qualitatifs sont fournis justifiant de la pertinence
d’une telle extension. Une famille de structures de transmission MIMO-OFDM, de com-
plexité raisonnable, est construite en se basant sur la norme actuelle et les techniques
MIMO existantes.

Perspectives

Le prolongement immédiat de ce travail de thèse est la validation de l’architecture


proposée par l’intermédiaire d’une série de simulations poussées. Un des points essentiels
à vérifier est le gain en débit effectivement obtenu grâce à l’adjonction de la dimension
spatiale.

A plus long terme, les objectifs sont de trois ordres. En premier lieu, le développement
de modèles de canaux de propagation MIMO réalistes, issus de la mesure, apparaı̂t comme
une priorité. Le lancement de campagnes de mesure intensives, nécessaires à cette tâche,
reste actuellement timide du fait de la complexité de réalisation de sondeurs MIMO, de
la puissance de calculs nécessaire et des difficultés mathématiques soulevées.

Le second volet a trait à la recherche de nouvelles architectures plus performantes.


Dans un avenir proche, un grand nombre d’innovations est attendu par la généralisation
ou, plus simplement, par l’exportation des techniques classiques adaptées au cas SISO.
Notamment, l’emploi des turbocodes, et autres schémas à traitement itératifs semble très
prometteur. Plus loin, l’élaboration des fonctions de codage et de modulation capables
de fusionner les dimensions temporelles et spatiale présentera des performances encore
supérieures.

Le dernier aspect identifié touche au matériel. La possibilité de fabriquer des sys-


tèmes de communication MIMO faible coût requiert encore un travail conséquant visant
à réduire la complexité de l’ensemble des fonctions de la chaı̂ne. La mise en œuvre de

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201

plateformes de prototypage rapide permettra par exemple de tester les algorithmes en


situation réelle.

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Liste des tableaux

1.1 Contraintes applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2


1.2 Réseaux locaux sans fil — Caractéristiques principales . . . . . . . . . . . 9

2.1 Définitions des transformées de Fourier dans le domaine spatial . . . . . . 39


2.2 Définitions des transformées de Fourier dans le domaine temporel . . . . . 42
2.3 Caractérisation au second ordre du comportement du canal — Domaine
spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
2.4 Caractérisation au second ordre du comportement du canal — Domaine
temporel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

3.1 Résumé des effets de sélectivité du canal sur une liaison numérique . . . . 115

5.1 Modes physiques HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172


5.2 Paramètres des symboles OFDM HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . . 174
5.3 Modèles de canaux HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
5.4 QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements rapides, construites sur
le critère du rang & déterminant – NT = 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
5.5 QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le
critère du rang & déterminant – NT = 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
5.6 QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le
critère du rang & déterminant – NT = 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
5.7 QPSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le
critère de la trace – NT = 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
5.8 8PSK-STTCM pour canal plat à évanouissements lents, construites sur le
critère de la trace – NT = 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
Table des figures

Plan du mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii

1.1 Un exemple d’environnement domestique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3


1.2 Le modèle de communication OSI et la position des réseaux locaux . . . . 4
1.3 Les standards HIPERLAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.4 Hiérarchie des réseaux locaux en terme de débit . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5 Sources de dégradation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.6 Architecture générique d’une chaı̂ne de communication (Liaison point-à-
point) — Approche fonctionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.7 Evolution des systèmes SISO vers les systèmes MIMO . . . . . . . . . . . 16
1.8 Modèle système et notations employées dans le mémoire . . . . . . . . . . 18
1.9 Architecture générique d’une chaı̂ne de communication (Liaison point à
point) — Approche mathématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.10 Structure du mémoire — Enchaı̂nement des chapitres . . . . . . . . . . . 23

2.1 Représentation spectrale, en fréquence et vecteur d’onde, d’un signal temps-


espace — Domaines d’existence pour différents types de signaux . . . . . 30
2.2 Fluctuations à petite et à grande échelles de la réponse du canal — Im-
pact sur l’évolution de la puissance reçue en fonction de l’éloignement de
l’émetteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3 Propagation radioélectrique — Types d’interactions de l’onde électroma-
gnétique avec le milieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.4 Influence de la localisation spatiale des diffuseurs sur la réponse du canal
de propagation — Distinction entre diffuseurs locaux et diffuseurs lointains 35
2.5 Réponses spatiales du canal du premier type . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.6 Réponses spatiales du canal du second type . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.7 Réponses temporelles du canal du second type . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.8 Réponses temporelles du canal du premier type . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.9 Fonctions de corrélation spatiale du canal du premier type . . . . . . . . . 47
2.10 Fonctions de corrélation spatiale du canal du second type . . . . . . . . . 48
2.11 Expérience conduisant à la notion de distance de corrélation en émission . 50
2.12 Expérience conduisant à la notion de distance de corrélation en réception 52
2.13 Expérience conduisant à la notion de distance de cohérence . . . . . . . . 53
2.14 Expérience conduisant à la notion de bande de cohérence en pulsation
spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.15 Fonctions de corrélation temporelle d’un canal stationnaire au sens large
et à diffuseurs décorrélés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
206 Table des figures

2.16 Modélisation de la réponse du canal en champ lointain . . . . . . . . . . . 63


2.17 Modélisation statistique du canal de propagation — Définition d’une ma-
trice de corrélation spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
2.18 Expression de la réponse impulsionnelle d’un canal de propagation, à éva-
nouissements gaussiens, en fonction de la structure de la corrélation spatiale 67
2.19 Modèles géométriques simples d’un canal de propagation MIMO . . . . . 68

3.1 Rôle des notions de distances de corrélation et de cohérence dans le dimen-


sionnement d’un système MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
3.2 Modèle théorique d’un système de communication — Interprétation en
termes d’entropie et d’information mutuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
3.3 Existence de différents canaux de transmission dans une chaı̂ne de com-
munication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.4 Hiérarchie des systèmes de communication selon le degré d’information
d’état du canal accessible — Architectures de la chaı̂ne de transmission et
expressions de la capacité associée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3.5 Structure optimale d’un système disposant de l’information d’état du canal
en émission et en réception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.6 Structure optimale d’un système disposant de l’information d’état du canal
en réception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
3.7 Structure optimale d’un système aveugle sans information d’état du canal 95
3.8 Capacité d’un canal MIMO — Tentative de normalisation en espace . . . 96
3.9 Compromis entre diversité et multiplexage sur un canal MIMO à évanouis-
sements de Rayleigh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
3.10 Capacité ergodique d’un canal MIMO — NT = NR = 1 . . . . . . . . . . 101
3.10 Capacité ergodique d’un canal MIMO (suite) — NT = NR = 2 . . . . . . 102
3.10 Capacité ergodique d’un canal MIMO (fin) — NT = NR = 4 . . . . . . . . 102
3.11 Capacité de coupure d’un canal MIMO — NT = NR = 1 . . . . . . . . . 103
3.11 Capacité de coupure (suite) — NT = NR = 2 . . . . . . . . . . . . . . . . 103
3.11 Capacité de coupure (fin) — NT = NR = 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
3.12 Scénarios menant à la formation d’un goulot d’étranglement dans le canal
de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
3.13 Schéma du système de référence pour les figures (3.14), (3.15) et (3.16) . 107
3.14 Information mutuelle entre les réseaux linéaires à 4 antennes identiques en
fonction de la longueur d’onde (λ) et de l’orientation relative des réseaux
(φ), pour différents couples d’étalements angulaires (∆φ,T , ∆φ,R ) . . . . . 108
3.15 Information mutuelle entre deux réseaux carrés à 4 antennes identiques en
fonction de la longueur d’onde (λ) et de l’orientation relative des réseaux
(φ), pour différents étalements angulaires (∆φ,T , ∆φ,R ) . . . . . . . . . . . 109
3.16 Information mutuelle entre un réseau linéaire de 4 éléments et un réseau
carré de 4 éléments en fonction de l’orientation relative des réseaux (φ)
et de l’étalement angulaire en réception (∆φ,R ), pour différentes longueurs
d’onde (λ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.17 Stratégies d’exploitation de la dimension spatiale — Multiplexage, diversité
et filtrage spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

Version soumise — 3/4/2003


Table des figures 207

4.1 Gains de diversité et de codage — Influence sur les performances en pro-


babilité d’erreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.2 Classification des techniques de codage et de modulation temps-espace . . 125
4.3 Schémas de modulation BLAST . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
4.4 Schémas de démodulation BLAST . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
4.5 Modulations codées en treillis temps-espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
4.6 Exemples de modulations temps-espace codées en treillis (Tarokh) pour un
système MIMO à 2 antennes d’émission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
4.7 Modulations codées en bloc orthogonales temps-espace . . . . . . . . . . . 131
4.8 Modulations codées temps-espace à constellation tournée . . . . . . . . . . 134
4.9 Principe de la concaténation de codes — Exemple de l’apport de gain de
codage au schéma d’Alamouti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
4.10 Modulations unitaires temps-espace — Principes de modulation et de dé-
modulation temps-espace propres à un système de communication aveugle. 142
4.11 Exploitation de l’information d’état du canal en émission et en réception
— Préfiltrage, préégalisation et précodage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
4.12 Système MIMO avec filtrage spatial en émission et en réception . . . . . . 148
4.13 Objectifs du codage sur canal gaussien - Gains de codage et de mise en
forme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
4.14 Système MIMO combiné à une modulation OFDM pour transmission sur
canal sélectif en fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
4.15 Turbocodage temps-espace - Exemples d’applications des turbocodes au
système MIMO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
4.16 Organigramme des techniques MIMO abordées . . . . . . . . . . . . . . . 162

5.1 Plan de fréquence du standard HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . . . 171


5.2 Structures des trames HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
5.3 Chaı̂ne d’émission HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
5.4 Structure d’un paquet HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
5.5 Evolution de la corrélation spatiale en fonction de la distance et de l’éta-
lement angulaire, pour une incidence normale . . . . . . . . . . . . . . . . 176
5.6 Evolution de la corrélation spatiale en fonction de la distance et de l’éta-
lement angulaire, pour une incidence oblique de 45 degrés . . . . . . . . . 177
5.7 Evolution de la corrélation spatiale en fonction de la distance et de l’éta-
lement angulaire, pour une incidence rasante . . . . . . . . . . . . . . . . 177
5.8 Chaı̂ne d’émission-réception MIMO HIPERLAN2 . . . . . . . . . . . . . . 180
5.9 Domaine de codage pour un système MIMO OFDM — Interprétation géo-
métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
5.10 Codage espace-fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
5.11 Schéma du codeur temps-espace convolutif . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
5.12 QPSK-STTCM de mémoire ν = 2 — Bornes supérieures des performances
en taux d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements rapides . . . . . 188
5.13 QPSK-STTCM de mémoire ν = 3 — Bornes supérieures des performances
en taux d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements rapides . . . . . 188
5.14 QPSK-STTCM de mémoire ν = 4 — Bornes supérieures des performances
en taux d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements rapides . . . . 189
5.15 Codage espace-retard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
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208 Table des figures

5.16 QPSK-STTCM de mémoire ν = 2 - Bornes supérieures des performances


en taux d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements quasi-statiques . 192
5.17 QPSK-STTCM de mémoire ν = 3 - Bornes supérieures des performances
en taux d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements quasi-statiques . 192
5.18 QPSK-STTCM de mémoire ν = 4 - Bornes supérieures des performances
en taux d’erreur sur canal de Rayleigh à évanouissements quasi-statiques . 193

Version soumise — 3/4/2003


Résumé

Hier encore confinés au monde professionnel, les réseaux locaux sans fil, propulsés par
les avancées de l’électronique et du traitement du signal, se démocratisent à grands pas.
Plus flexibles, moins chers que les solutions filaires, leurs perspectives de développement
restent cependant lourdement conditionnées par leur aptitude à supporter des débits
suffisants pour les applications multimédia. Dans cette course vers les hauts débits, des
chercheurs des laboratoires Bell ont donné une impulsion décisive lorsque, en 1996, ils ont
mis en évidence la possibilité d’accroı̂tre substantiellement les débits de transmission par
l’emploi simultané de réseaux d’antennes en émission et en réception. Le paradigme des
systèmes de communication à entrées multiples et à sorties multiples MIMO (Multiple
Input-Multiple Output) était né.

Rares sont les standards existants compatibles avec le transport de services multimé-
dia hauts débits. La norme HIPERLAN2, affichant des taux de transferts bruts jusqu’à
54 Mbit/s dans la gamme de fréquences de 5 GHz, en fait partie. Se pose alors naturelle-
ment la question d’évaluer dans quelle mesure une extension MIMO permettrait d’aug-
menter ces débits. L’objectif de cette thèse, menée dans le cadre d’une contrat CIFRE
entre THOMSON multimédia et le Laboratoire Composants et Systèmes pour Télécom-
munications (LCST) de l’INSA de Rennes, est d’apporter quelques éléments de réponse
à ce problème.

Mots clés : réseaux domestiques sans fil haut débit, systèmes MIMO, ré-
seaux d’antennes, multiplexage spatial, HIPERLAN2.

Abstract

Until recently restricted to office applications, wireless local area networks (WLAN),
propelled by advances in electronics and signal processing, is ermerging as the most
promising technology to bring connectivity in home environment. Obviously more flexible
and less expensive than their wired counterparts, the future of WLAN is hindered by
the capacity of keeing the pace with the exponential growth in data rate sustained by
multimedia communications. A major breakthrough came recently with the Multiple-
Input Multiple-Output (MIMO) communication architecture that uses multiple-antenna
arrays at both transmitter and receiver ends. This concept generalizes all previously
known transmission systems and allows a far more sophisticated processing of space to
yield unprecedented spectral efficiencies.

Few existing WLAN standards can cope with high data rate multimedia services.
The HIPERLAN2 specification, achieving data rates up to 54 Mbps in the 5 GHz spec-
trum, is among them and the question naturally arises as to determine the potential of
a MIMO-based physical interface. This thesis, led in the framework of a CIFRE grant
between THOMSON multimedia and the IETR (Rennes Institute for Electronics and
Telecommunications), provides some clue to this problem.

Index terms : wireless digital home networks, Multiple-Input Multiple-


Output systems, antenna array, spatial multiplexing, HIPERLAN2

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