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Micro Macro Méso

Ce document présente le concept de méso-analyse comme une nouvelle approche pour comprendre le fonctionnement du système productif. La méso-analyse cherche à dépasser les limites des analyses micro et macro traditionnelles en étudiant les unités comme éléments d'un système global dynamique.

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Ce document présente le concept de méso-analyse comme une nouvelle approche pour comprendre le fonctionnement du système productif. La méso-analyse cherche à dépasser les limites des analyses micro et macro traditionnelles en étudiant les unités comme éléments d'un système global dynamique.

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Revue d’économie industrielle

Micro, macro, meso...


Michel Marchesnay, Yves Morvan

Citer ce document / Cite this document :

Marchesnay Michel, Morvan Yves. Micro, macro, meso. ..... n: Revue d’économie industrielle, vol. 8, 2e trimestre 1979. pp. 99-
103;

doi : https://doi.org/10.3406/rei.1979.1931

https://www.persee.fr/doc/rei_0154-3229_1979_num_8_1_1931

Fichier pdf généré le 09/04/2018


NOTES

Micro, macro, meso . . .

par Michel MARCHESNAY


Professeur à l'Université de Montpellier

Yves MORVAN
Professeur à l'Université de Rennes

Depuis un quart de siècle, et encore plus nettement depuis une


douzaine d'années, le système industriel français s'est trouvé brutalement
perturbé par d'extraordinaires mutations dans les conditions de production
et d'échange : le développement de la demande, l'intensification du rôle
du capital, la transformation des techniques, la mondialisation des flux ...
ont suscité l'édification de filières technologiques extrêmement ramifiées
et complexes, constitutives d'une structure productive devenue très inter-
dépendante, le tout sous le contrôle de grands ensembles productifs liés
à de grands ensembles financiers, et qu'on appelle groupes, conglomérats,
mégacorps, firmes multinationales... Ces mutations ont transformé les rè-
gles traditionnelles d'allocation des ressources et le fonctionnement des
économies se trouve très largement soumis au poids de quelques unités do-
minantes, autonomes vis-à-vis des règles du marché, des interventions des
Etats et des grands équilibres nationaux ... Il n'est nullement ici besoin
d'autres arguments pour démontrer l'importance de ces méga-unités qui, en
France, comme en R.F.A. ou aux U.S.A., représentant souvent moins de 2 %
des effectifs industriels et assurent plus de la moitié de la production
et, ce faisant, fixent les prix (au lieu de les subir) font glisser la
"souveraineté du consonmateur" (au profit de celle du producteur), sapent
les analyses fiscales et monétaires de type Kéynésien : la durée de leurs
prévisions d'investissement et l'éventail multinational de leurs activités
dépassent largement les cycles budgétaires de chaque gouvernement et les
font donc assez régulièrement échapper aux mesures d'incitations,de re-
lance ...

Toutes ces mutations ont aussi révélé que, pour saisir cette réa-
lité nouvelle et changeante (et notamment pour raisonner sur le système
productif lui-même, là où il se passe précisément tant de choses fondamen-
tales pour notre devenir économique), les démarches théoriques tradition-
nelles présentaient des insuffisances, et qu'une nouvelle approche devait
être alors recherchée.

-99-
En effet, il apparaît clairement, tout d'abord, que face à l'évo-
lution des économies, les démarches traditionnelles présentent (au moins}
deux types de lacunes: en premier lieu, elles reposent sur des découpa-
ges contestés : il règne sans partage sur le monde académique deux grands
corps de théorie générale : la micro-analyse, qui s'intéresse aux unités
de base (l'entreprise, le consommateur ...) et qui part de celles-ci pour
remonter au tout à travers une théorie de l'échange constitutive d'un sys-
tème d'interdépendance généralisée; la macro-analyse, qui part du tout
(l'Etat,les grands agrégats ...) pour expliquer les parties. Certes, très
souvent, la micro fait référence à l'environnement de la firme pour expli-
quer son attitude, tandis que la macro est obligée d'introduire une certai-
ne décontraction de l'économie nationale; mais le passage d'un niveau d'
analyse à un autre reste non seulement difficile sur le plan statistique,
mais contesté sur le plan théorique : d'une part, le tout ne fonctionne pas
comme chacune de ses parties (et le passage entre micro-comportements et
macro-situation n'est concevable que si tous les agents agissant de façon
comparable - ce qui contredit à chaque moment la réalité où des situations
multiples de marchés subsistent et où il apparaît que toutes les firmes n'
ont pas le même rôle à jouer dans le fonctionnement de l'économie) ; d'au-
tre part, il n'est pas analysé comment la macro-unité (une entreprise gé-
ante) peut éventuellement modifier les données globales du fonctionnement
d'une économie et exercer, seule une action sur la détermination des grands
équilibres ... En second lieu, il faut noter que les démarches tradition-
nelles, même si elles ont sû depuis 1930 environ, intégrer un certain
nombre de données nouvelles, n'expliquent pas toujours l'apparition de ces
données nouvelles, et se sont, à l'usage, manifestement trop souvent révé-
lées incapables d'expliquer maints des principaux évènements actuels : in-
flation, récession, chômage ... D'où, un climat d'insatisfaction générali-
sée,largement entretenu par le fait que les deux théories tendent, selon
les cas, soit à se rejoindre sur divers points, soit à se fractionner en
diverses écoles aux subtiles variations intellectuelles.

Toutes ces insuffisances (et bien d'autres encore) mettent alors


en évidence la nécessité d'une nouvelle approche de l'analyse du fonction-
nement du système productif ; celle-ci devrait permettre de sortir d'un
certain nombre de schémas a priori et de prendre en compte - simultanément
les niveaux micro et macro d'analyses; celles-ci devrait aussi admettre
que certaines unités (grandes firmes, groupes ...) déterminent l'évolution
du système productif, mais que, dans le même temps, leur action ne peut
être saisie que si elle est perçue comme une unité (active) de ce même
système; bref, elle ne devrait voir dans l'analyse du tout et dans l'ana-
lyse de ses parties que deux moments d'une même réalité et s'attacher à
l'étude des rapports entre ces deux moments ... Cette nouvelle approche a
nom: mésa-analyse. Il s'agit d'un projet ambitieux, qui n'est certes pas
nouveau et dont on ne connaît pour l'instant que des tentatives particuli-
ères, riches, et pas toujours compatibles ... Si leur objectif et leurs
démarches sont assez proches, le choix de leurs catégories d'analyse les
divisent encore.

- L'objectif de la démarche mésa-analytique est de possèder une


méthode capable d'expliquer le fonctionnement du système productif et de
répondre à des questions du genre: quel type de concurrence régule les
rapports entre les unités? Pourquoi les entreprises se développent-elles
dans telle ou telle direction? Qu'est ce qui explique le choix de la di-
versification de l'intégration ... ? Pourquoi adoptent-elles cette modali-
té de distribution plutôt que celle-là?

- Pour ce faire, il s'agit pratiquement de faire tomber la bar-


r1ere macro-micro, ce qui entraîne une démarche qui peut s'articuler autour
de trois propositions :

- 100 -
REVUE D'ECONOMIE INDUSTRIELLE -

Premièrement, la démarche mésa-analytique implique de se situer


à un "niveau intermédiaire". Cela ne signifie pas s'intercaler entre deux
niveaux d'analyse, ni découper le global, et faire alors des grandes entre-
prises ou des secteurs des objets d'étude - en soi ; on rejettera donc ici
les études descriptives des secteurs donnés, sans rattachement à un système
plus général et sans la recherche concomittante d'instruments d'analyse ap-
propriés (2 ,8). En revanche, se situer à un "niveau intermédiaire", pour
présenter un nouveau schéma explicatif, cela signifie plutôt proposer un
niveau alternatif d'analyse à l'un et l'autre des niveaux micro et macro
et surtout considérer les unités comme des éléments d'une globalité dont
l'étude est le seul moyen permettant de comprendre le fonctionnement de
cette même globalité (11, 12).

Deuxièmement, la démarche mésa-analytique nécessite alors de ne


pas étudier les unités en se cantonnant aux logiques souvent trop restrein-
tes des démarches traditionnelles: en effet, les analystes ont l'habitude
de retenir soit une "logique de l'allocation" optimale des ressources (op-
tique néo-classique), où le marché joue un rôle de régulateur et le système
de prix une fonction d'évaluateur, soit une"logigue de valorisation'' (op-
tique marxiste), où les processus essentiels sont la reproduction et l'ac-
cumulation par transferts intersectoriels et par rotation du capital ; en
fait, on peut espérer s'éloigner des visions dogmatiques (sans les renier)
en donnant plus raison aux faits et proposer plutôt d'adopter une "logique
de l'intention" : non exclusive des deux premières, elle met l'accent sur
la stratégie propre des unités (et notamment des plus grandes). Il est évi-
dent qu'elles possèdent une plage de liberté qu'elles utilisent dans leur
interaction avec les autres dans le but d'exercer un "effet de domination"
qui se traduit pour elles par un avantage net; dans cet esprit, il n'y a
pas de systèmes économiques totalement déterminés, et la possibilité d'uti-
liser de façon quasi-permanente cette plage de liberté défait les règlages
les plus savants; la conquête des pouvoirs sous toutes leurs formes de-
vient alors le mécanisme de régulation de stratégies souvent divergentes ...

Troisièmement, la démarche mésa-analytique est une démarche pro-


fondément dynamique, c'est à dire, une démarche gui, tout d'abord, admet
que chaque comportement constitue un processus d'adaptation (ou de réac-
tion) à une situation donnée, et que, simultanément, il risque d'influencer
non seulement les autres comportements, mais les "situations données'' elles-
mêmes; de cc fait, c'est aussi une démarche qui implique qu'il est difficile
d'admettre que les rapports entre les unités puissent se reproduire à l'i-
dentique, mais qui pense bien plutôt u'ils se reproduisent sous des formes
nouvelles au fur et à mesure que se développe l'activité économique ; enfin,
c'est une démarche qui n'implique pas la recherche d'une situation d'équi-
libre, mais qui admet que l'instabilité devient la règle et la nature pro-
fonde du système.

- Evidemment, pour mener à bien cette démarche, il importe de pré-


ciser, de façon concrète, les catégories auxquelles l'analyse va s'appliquer,
c'est-à-dire les unités, ou les ensembles d 1 1J nités pertinents, constituant
ce ''niveau intermédiaire", assurant la médiation entre les données macro
et les données micro, ce fameux niveau de fractionnement de la totalité
dont il est l'instrument de compréhension. A cet égard, plusieurs groupes
de démarches, avec plus ou moins de bonheur, ont essayé de définir cet en-
semble d'agents auxquels on pouvait accorder une fonction particulière et
homogène dans le processus économique ... Un premier groupe de démarches,
d'inspiration soit Keynésienne, soit Marxiste, retiennent les notions de
"secteurs" ou "branches'', telles qu'elles existent a priori, défini par la
nature des activités des unités qui les composent (1, 4, 10,13); leurs li-
mites sont grandes car il apparaît - notamment - que le critère du type d'
activité gui préside à ces classements ne constitue pas, à l'observation ,

- 101
un critère significatif des différences de comportements et de performances
entre les unités : que, de toutes les façons, voilà bien là des regroupe-
ments conçus pour des projets les plus divers, voire les plus opposés, et
surtout déjà envisagés au départ dans une optique globalisante, donc bien
peu soucieuse de constituer un "niveau intermédiaire" significatif ... Un
second groupe de démarches, beaucoup plus récentes, s'orientent dans les
directions suivantes : les unes font des groupes industriels, bancaires
ou financiers les pièces centrales de leurs études : ceux-ci ont des stra-
tégies propres, des logiques particulières et les recherches qui les concer
nent se situent dans une optique d'explication de l'évolution du système
productif : analyses en termes de "capitalisme financier", en termes "d'
ensembles marchands", en termes de "domaines" ... D'autres démarches, ayant
une conception plus synthétique et plus technologique, se penchent sur les
filières technologiques, voyant dans la structuration des activités autour
de ces filières une préoccupation fondamentale des unités dominantes ...
Enfin, plusieurs travaux (notamment ceux de l'INSEE) proposent de construi-
re des ensembles nouveaux qui auraient un statut théorique et un pouvoir
explicatif: pour ce faire, à partir de méthodes mathématiques sophistiquée
ils proposent de regrouper des firmes, ou des secteurs qui subiraient les
mêmes contraintes et qui auraient alors probablement les mêmes comporte-
ments (mais ces typologies, réduites à une description instantanée de re-
lations virtuelles, conduisent à une classification fortement instable
dans le temps ) (7, 9, 14) .

Ainsi,toutes ces démarches constituent des tentatives de recons-


truction des données économiques et possèdent leurs vertus ... et leurs li-
mites: à travers leurs différences de méthodes, elles possèdent aussi le
même souci de constituer un niveau intermédiaire d'analyse ... et de pro-
poser une vision à travers laquelle s'organiserait une unité retrouvée de
perception entre le fonctionnement global de l'économie qui s'impose aux
hommes ... et les hommes, acteurs de ce fonctionnement. Dans ce sens, un
point de non retour est désormais franchi.

-102 -
- REVUE D'ECONOMIE INDUSTRIELLE

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

1. W. ANDREFF "Profits et structures du capitalisme mondial"


Paris, Calman Levy, 1976.

2. A. BARRERE "Propositions pour la constitution d'une mésa-analyse"


in Hommage à F. Perroux , P.U.G. , 1978.

3. C. BENETTI et J. CARTELIER "Remarques sur l'analyse sectorielle de


L. Gillard" in Revue d'Economie Politique - 1972
4. R. BORELLY "Les disparités sectorielles des taux de profit" ,
Presses Universitaires de Grenoble, 1975

5. M.T.BOYER "Nature, formation et formes de concurrence des groupes


financiers" in Cahiers <l'Economie Politique n° 4 , 1977

6. G. DELEPLACE "Essai sur la différenciation des taux de profit" ,


Thèse - Paris I - 1972

7. A. DESROSIERES "Un découpage de l'industrie en trois secteurs" in


Economie et Statistiques - I.N.S.E.E. n° 40 , 1972

8. J. FAU "Micro, macro, mésa-analyses", in Mélanges Economiques,


Hommage à P. Maran, Economica,1977.

9. E. HURET "Structure des bilans et type de croissance des entre-


prises" in Economie et Statistiques , I.N.S.E.E., 1973,
n° 50.

10. M. GERVAIS "A propos de la répartition sectorielle des taux de pro-


fit" - thèse , Lille , 1973

11. L. GILLARD "Premier bilan d'une recherche économique sur la méso-


analyse" in Revue Economique, n° 3, 1975

"Le secteur comme concept théorique" - thèse, Paris,


1970
"Six propositions pour transformer l'analyse sectorielle"
in Revue d'Economie Politique -Paris, Sirey, 1972

"Nouvelles réflexions sur les découpages du système in-


dustriel" in Revue <l'Economie Inudstrielle , n° 6, 1978

12. M. MARCHESNAY "Sur une analyse méso-économigue du capitalisme mondial"


in Revue d'Economie Industrielle, n° 2 , 1977

13 M. RAINELLI "A propos des découpages de l'industrie" in Revue d'Eco-


nomie industrielle , n° 1, 1977

"Etude théorique et statistique des regroupements secto-


riels", Thèse complémentaire, Nice, 1976

"Sur les découpages de l'industrie" in Revue d'Economie


Industrielle, n° 8, 1979.

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