Explication Linéaire Et Grammaire Eduscol
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VOIE GÉNÉRALE
ET TECHNOLOGIQUE
2DE 1RE TLE
Français
ENSEIGNEMENT
COMMUN
L’EXPLICATION LINÉAIRE
EXEMPLE DE MISE EN ŒUVRE ET PROPOSITIONS
DE QUESTIONS GRAMMATICALES
Attendus de l’exercice
• Une analyse argumentée qui suit le mouvement du texte
• Des remarques qui rendent compte d’une lecture personnelle du texte
• L’identification d’un enjeu important du passage
On valorisera
• Une attention précise aux choix formels du texte
• La construction d’un propos qui progresse de façon logique
• La capacité à mobiliser sa culture littéraire de façon pertinente pour expliquer le texte
On pénalisera
• La paraphrase qui se contente de raconter le texte sans l’analyser
• La juxtaposition de remarques stylistiques qui ne construisent aucun propos
• Un discours trop général (sur le mouvement, l’auteur, le livre…) qui perd le texte de vue
Mise en œuvre
Mouvement du passage
• Les quatre premières strophes font la description du paysage au moment de la fin du jour.
• Les trois strophes suivantes explicitent le regard du poète sur ce paysage : il affirme sa
tristesse et au-delà même son indifférence.
Enjeu de l’explication
• Quel lien le texte crée-t-il entre le paysage (extérieur) et la personnalité (intérieure) du
poète ?
• Comment la construction du paysage permet-elle au poète d’inventer sa voix et de
dessiner sa figure à l’orée du recueil ?
• Première strophe
--La strophe dessine la figure d’un poète qui regarde d’en haut un paysage complexe.
--Le rythme est très régulier, avec une superposition des groupes grammaticaux et des
ensembles prosodiques.
--La figure du poète, installée au cœur de la strophe (dans les quatrième et cinquième
hémistiches), semble à l’arrière-plan par rapport aux éléments du paysage (la montagne,
le vieux chêne, la plaine) qui occupent la majorité de la strophe, consacrée au « tableau
changeant » du soir qui tombe.
--La strophe oppose – de façon très claire dans le dernier vers – l’immobilité retirée du
poète et le mouvement fuyant du monde qu’il regarde.
--On est donc dans un univers qui semble construit selon la perspective d’un regard
poétique tourné vers l’extérieur.
• Deuxième strophe
--Ce regard désigne aux lecteurs les différents éléments qui construisent le paysage,
structurant la strophe entre « ici » et « là ».
--Le monde apparaît comme une totalité vivante : le fleuve, animalisé par les verbes,
dessine la ligne de fuite du tableau ; les eaux « dormantes » du lac participent également
de cette âme du monde mise en place progressivement par le poème.
--Au mouvement du fleuve s’oppose l’immobilité du lac, rejouant dans le paysage
l’opposition esquissée dans la première strophe entre le poète et le monde.
--Le soir annoncé dans la première strophe se poursuit ici avec l’évocation de l’étoile.
--La description semble se faire en plusieurs dimensions : non seulement le regard
du poète crée de la profondeur, mais à l’horizontalité du lac répond la verticalité du
mouvement de l’étoile réfléchie dans le fleuve.
--Un effet de totalité très puissant est mis en place par la substitution des eaux du lac
au ciel qu’elles reflètent : le lecteur se retrouve dans un univers très homogène et
Retrouvez éduscol sur : enveloppant.
• Troisième strophe
--Le tableau se complète encore, comme si le regard du poète continuait de faire le tour de
ce paysage nocturne.
--Le vieil arbre de la première strophe trouve un écho dans les « bois sombres » où
s’anticipe – par l’effet de rime – la mention de la nuit qui s’élève : au fur et à mesure que
le lecteur avance dans sa lecture, le soleil disparaît et la nuit s’impose. Si le paysage est
ainsi changeant, c’est qu’il correspond à un moment de la journée emblématique de la
fugacité du monde, le crépuscule.
--Cette strophe fait bien apparaître la grandeur du paysage, avec les forêts qui
« couronn[ent] » les monts.
--Cette noblesse se traduit aussi par la périphrase très codée et très datée de « la reine
des ombres » et de son « char vaporeux » pour désigner la lune et les nuages. Rimbaud
parlera de la « forme vieille » qui « étrangl[e] » encore Lamartine : cette strophe montre
la subsistance de l’influence néo-classique sur le jeune Lamartine, qui pourtant lutte
contre elle en simplifiant son écriture pour donner l’impression d’une expression sincère
et directe du sentiment.
• Quatrième strophe
--La strophe suivante reste attachée à cette hauteur, à cette verticalité omniprésente dans
le poème et que balance régulièrement une forme d’horizontalité réaffirmée.
--Mais après les éléments picturaux – et peut-être parce que la nuit semble maintenant
tombée et que le paysage disparaît ou s’estompe – ce sont des éléments sonores qui
apparaissent, avec le son des cloches d’une église gothique. Le poème mobilise ici,
comme souvent dans le romantisme (aussi bien littéraire que pictural), un imaginaire
médiéval et religieux, pour compléter la scène.
--La grande simplicité de la scène affirme à nouveau la profonde cohérence de cet univers
qui semble vibrer d’une musique omniprésente (les « saints concerts » des vêpres
riment avec « les airs »), et rien ne semble échapper à cet instant de cohésion du monde,
pas même le « voyageur » qui semblait devoir figurer le caractère éphémère de la vie
humaine.
• Cinquième strophe
--Le « mais » initial marque un tournant dans le texte : le poème évoque la rupture entre ce
monde, qui semblait habité par une promesse de paix et de cohérence, et le poète.
--S’explique ici l’impersonnalité du titre choisi, avec cette « âme indifférente » du poète
(capable cependant de noter que le monde est composé de « doux tableaux »).
--Ce n’est donc pas l’émotion face au monde qui fait écrire le poète ; ce n’est pas la beauté
de l’univers qui semble pouvoir le « charme[r] » ou le « transport[er] ». Au contraire, il
semble écrire depuis une position de retrait radicale : ce qui lui permet de « contempl[er]
la terre », c’est bien d’être séparé d’elle. Ce n’est pas seulement qu’il est en hauteur,
c’est qu’il est « une âme errante » (la figure du voyageur est ainsi radicalisée de façon
inquiétante) et même – comme le dit la chute de la strophe – un « mort », un fantôme.
--Ce dernier vers synthétise en une formule frappante toute une série d’éléments du
poème : la nuit qui tombe sur l’univers apparaît ainsi comme le signe de la mort sous
lequel existe désormais le poète.
• Sixième strophe
--Si le mouvement du regard amorcé dans la première strophe est repris ici, il se retourne
contre lui-même et aboutit à un échec. Le second hémistiche, construit sur l’écho
sonore entre « en vain » et « ma vue », mais plus généralement les rythmes binaires
omniprésents dans la strophe, semblent enfermer le poète dans un univers qui se défait
sous son regard.
--La prise de parole marquée par le discours direct du dernier vers, en mettant en scène
le discours du poète dans le poème, glose l’« indifférence » de la strophe précédente par
l’affirmation de l’absence de bonheur.
--Le cosmos évoqué dans les strophes précédentes, et repris par l’accumulation de
rythmes binaires omniprésents dans les deux premiers vers, synthétisé par le rappel
de « tous les points » au troisième vers, se voit annulé par le « nulle part » dramatisé
énonciativement au quatrième vers. Pour la voix fantomatique du poète, l’univers entier
semble échapper. La fugacité de l’univers devient la sensation partagée avec le lecteur.
• Septième strophe
--Aux effets binaires succède un rythme ternaire, à l’effet de totalité marqué : le poète
continue ainsi à décliner cette idée de la vanité du monde.
--La prise de parole directe – qui relègue le monde au second plan en rompant avec
la logique descriptive des premières strophes – se poursuit avec des phrases
interrogatives et exclamatives qui affirment la déprise du monde caractéristique du
poète.
--Les rythmes prosodiques permettent à l’écriture par apposition de mimer cette
destruction du monde opérée par le poète : « ces vallons, ces palais, ces chimères »
sont repris par l’expression de « vains objets », comme les « fleuves, rochers, forêts »
apparaissent comme autant de « solitudes ».
--Le dernier vers du passage donne la clef de cette mort qui caractérise la voix poétique :
il a perdu l’être aimé. La forte opposition rhétorique « un seul »/« et tout » dramatise cet
« isolement » du poète privé du seul être qui rendait pour lui le monde habitable.
Conclusion
--L’isolement et le retrait deviennent ainsi, à l’orée du recueil, des caractéristiques du
poète endeuillé, marqué par la perte de l’être aimé, et l’entrée dans la nuit d’un paysage
qui n’est peint que pour être « absenté » ne laisse de cette figure que la voix élégiaque :
le « je » du poète parle paradoxalement pour marquer sa solitude, pour prendre congé
du monde voire lui donner congé. Mais le tableau lui-même est déjà construit selon un
mouvement de fuite : il s’évanouit sous le regard du poète, avant même d’être assombri
par la nuit.
Proposition n°1
Vers 25-26 :
Proposition n°2
Vers 23-24 :
• On n’attend pas du candidat qu’il dise quelle est la nature de « nulle part », locution
adverbiale.
Proposition n°3
Vers 19 :
Transformez cette phrase de manière à faire apparaître une proposition principale et une
proposition subordonnée circonstancielle de comparaison. Expliquez les transformations que
vous avez opérées.
Proposition n°4
Vers 28 :
Transformez cette phrase de manière à obtenir une proposition principale et une proposition
subordonnée circonstancielle ; identifiez la proposition subordonnée ; expliquez les
transformations que vous avez opérées.