RHR 0035-1423 1960 Num 157 2 9031 PDF
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Roux Jean-Paul. U. Harva. Les représentations religieuses des peuples altaïques. In: Revue de l'histoire des religions, tome
157, n°2, 1960. pp. 224-229;
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1960_num_157_2_9031
peut, en aucun cas, être pris pour un travail sur la religion altaïque
ancienne. On comprend d'ailleurs que les comparaisons, les
reconstitutions, les tentatives pour dessiner une courbe d'évolution
historique s'appuyent sur trop peu de faits précis pour avoir la moindre
valeur.- Je veux cependant le montrer par un exemple. Le chapitre
consacré au Dieu du Ciel commence (p. 101) par 22 lignes de
documents du xnie siècle. Harva en conclut le monothéisme des
Mongols et il ajoute : « II serait également admissible de penser que le
monothéisme des Mongols pourrait être un résultat des . missions
envoyées alors déjà dans ces pays par les manichéens, les nestoriens
et les propagateurs de l'Islam. » Mais comme le Grand Dieu céleste
existe déjà au moins cinq siècles plus tôt, cette phrase, comme celles
qui précèdent et suivent, est sans signification. Je l'ai d'ailleurs déjà
dit dans les quatre articles que j'ai consacrés dans la RHR (1956),
à cette divinité suprême (Tângri).
Se refusant à trouver dans le livre de Harva un témoignage
historique, le lecteur sera donc obligé de ne considérer que l'état actuel des
représentations religieuses. Encore devra-t-il le faire avec prudence.
Après avoir critiqué l'insuffisance des sources médiévales et antiques,
je dois reconnaître que notre auteur a eu le mérite (et il est assez
rare) d'accorder toute son attention aux récits des premiers «
explorateurs » de l'Asie centrale et de la Sibérie. Si tous les textes du
xviii6 siècle ne sont pas cités, les principaux le sont : Strahlenberg,
Pallas, Gmelin, Georgi, Ides et Brand, Witsen. J'ai toujours eu le
sentiment qu'au début du xviii6 siècle la religion altaïque n'avait
pas encore subi toutes les altérations que le contact des grandes
religions, plus marqué par la suite, n'a pas manqué d'apporter. Je sais
qu'il me reste à le démontrer. Néanmoins, il est hors de doute que les
descriptions faites à cette époque présentent un incontestable intérêt.
En est-il de même par la suite, du moins dans l'ouvrage de Harva ?
Une très bonne connaissance de la littérature ethnographique russe
a permis à l'auteur de réunir à peu près tous les matériaux
ethnographiques qui étaient à son époque accessibles. Il y a donc là une
vaste synthèse qui conserve son intérêt. Sur certains points des
monographies plus détaillées ont été, depuis, publiées. On peut citer, parmi
bien d'autres, celle parue dans la même collection et due à Evelyne
Lot-Falck, Les rites de chasse chez les peuples sibériens (1953) : les
27 pages consacrées à ce sujet par Harva sont largement dépassées,
cela va sans dire. Pourtant nulle œuvre d'ensemble, du moins en
langue occidentale, n'a été composée depuis lors.
Le choix des matériaux ne paraît pas avoir été très soigneusement
fait. J'ai dit plus haut que Harva avait adopté la solution la plus
facile, à savoir la description (et, plus rarement l'explication) de tout
ce que l'on trouve dans la mentalité religieuse des peuples dits altaï-
ques. Bien entendu, et en cela nous le suivons parfaitement, il n'a pas
été question pour lui de présenter ce qui, dans cette masse de
ANALYSES ET COMPTES RENDUS 227