Université Cheikh Infantile
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MORTALITE MATERNELLE
Présenté par :
Mr Boubacar BARRY
Encadré par :
Isabelle V. MOREIRA, Docteur en médecine
DEDICACES
Je dédie ce travail :
In mémorium
Elles aussi tombées toutes dans « l'armée des femmes » laissant un vide
dans notre famille et leurs bébés.
J'aurai souhaité que vous soyez à mes côtés aujourd'hui mais le Bon Dieu
a choisi autrement. Ton souvenir restera à jamais gravé dans mon coeur.
Ta générosité et ta sympathie me serviront de fil conduit. Que Dieu te fasse
grâce et miséricorde.
A toutes ces braves femmes qui ont sacrifié leur vie pour donner la
vie.
« Amine».
J'aurai tant voulu que tu assistes à ce jour, malgré la distance qui nous
sépare. Je garderai toujours en mémoire tout le soutien et l'aide dont tu as
fait preuve tout au long de ta vie. Ton dévouement pour moi est
immesurable.
Vous êtes plus que des frères et des soeurs mais des amis avec le sens
profond de l'amour fraternel qui est devenu notre parole Les mots ne
suffisent pas pour exprimer l'intensité de l'affection et de la reconnaissance
que j'aie pour vous.
Nous avons partagé ensemble notre enfance. Tu es plus qu'un ami mais un
« khana » et tu m'a guidé et soutenu dans le droit chemin.
Je suis très reconnaissant de tout ce que vous aviez fait pour moi.
Vous avez fait de votre fille une épouse parfaite et exemplaire. Je suis en
paix grâce à l'éducation qu'elle a reçue de vous.
REMERCIEMENTS
DIEU le Tout puissant, le très miséricordieux, qui m'a crée et m'a guidé
dans le bon chemin et pour m'avoir facilité ce travail.
Mon père Harouna Diéba et ma mère Kany Souleymane, qui m'ont mis
au monde, m'ont éduqué, m'ont soutenu. Je les remercie autant de fois
qu'ils méritent réellement.
Pr Papa Sakho
Permettez-moi de vous dire cher directeur que votre disponibilité, votre
gentillesse, votre rigueur scientifique et vos connaissances étendues nous
ont fascinées. Votre générosité, votre disponibilité à notre égard, le
caractère aimable avec lequel vous nous recevez toujours nous touchent
sincèrement. Veuillez trouver ici, cher directeur, l'expression de notre
profonde reconnaissance ainsi que de nos hommages respectueux.
qui ont accepté de répondre à nos questions et revenir sur ces moments
douloureux.
Dr Mané, vous m'avez ouvert les portes de votre bureau et m'a mis en
rapport avec tous les agents dont j'avais besoin. Vous m'avez aidez à
améliorer mon travail. Bonne chance pour votre nouveau poste.
LISTE DE TABLEAUX 9
INTRODUCTION 12
1.1.2 Justification 15
1.4 OBJECTIFS 20
1.5 HYPOTHESES 20
2.2 METHODOLOGIE..............................................................................
........................................30
2.2.1Cadre d'étude
........................................................................................................................30
2.2.1.1 Situation
Géographique................................................................................
..................30
2.2.1.2 Organisation
Administrative...........................................................................................30
2.2.1.3 Données
physiques.........................................................................................................30
2.2.1.4 Données
démographiques...............................................................................................31
2.2.1.6 Données
sanitaires.........................................................................................................32
2.2.1.7 Education 34
2.2.2.1 Historique 35
2.2.2.2 Définition 36
2.2.6 ECHANTILLONNAGE 41
3.4.4-Autres facteurs 73
RECOMMANDATIONS 76
CONCLUSION 78
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 80
ANNEXES 85
II-GUIDES D'ENTRETIEN 95
IV-CAS D'AUTOPSIE
VERBALE........................................................................................................99
LISTE DE TABLEAUX
Tableau N°1 : Répartition selon l'âge au
décès..................................................... 45
AVANT PROPOS
« Aucun pays n'envoie ses soldats défendre leur patrie sans se préoccuper de
les voir revenir sains et saufs, et pourtant, depuis des siècles, l'humanité
envoie ses femmes au combat pour le renouvellement de l'espèce humaine
sans les protéger » [23].1(*)
INTRODUCTION
C'est ainsi que chaque jour, dans le monde, au moins 1600 femmes
meurent de complications de la grossesse ou de l'accouchement, ce qui
représente 585 000 décès de femmes chaque année. La majorité de ces
décès (99%) survient dans les pays en développement et moins de 1%
dans les pays développés [60].
C'est dans ce contexte que nous avons mené cette étude pour contribuer à
l'amélioration des connaissances sur les causes et les facteurs contribuant
aux décès maternels par autopsie verbale afin de mettre en place des
stratégies salvatrices pour les mères et les enfants.
1.1.2 Justification
Nous avons choisi ce thème pour son ampleur, ses conséquences socio-
économiques et son intérêt scientifique.
Les différents acteurs pourront par conséquent utiliser les résultats pour
l'élaboration d'interventions ou d'actions appropriées.
Lors du Sommet pour le Millénaire tenu en 2000, les Etats Membres des
Nations Unies ont renouvelé leur ferme engagement à promouvoir la
réduction de la mortalité maternelle. En effet, l'un des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) est la réduction aux 2/3 de la
mortalité maternelle d'ici 2015. La maternité à moindre risque a ainsi été
érigée au rang de priorité. De plus, la mortalité maternelle est devenue un
des principaux indicateurs du programme de réduction de la pauvreté pour
la communauté internationale, et les gouvernements du monde entier ont
signé des conventions visant à réduire de manière importante les risques
de mortalité maternelle. De nombreuses approches ont été développées
pour la réduction de l'impact de la mortalité maternelle.
de la mortalité maternelle et préconiser qu'il soit mis fin à cette injustice par
le biais de l'accès universel à des soins qualifiés durant la grossesse et
l'accouchement...[62].
C'est dans ce sens que nous avons opté pour une étude communautaire
par la méthode de l'autopsie verbale qui permet de déterminer les causes
et de rechercher les facteurs personnels, familiaux ou dépendant de la
communauté qui ont pu contribuer aux décès maternels. Il ne suffit pas de
connaître les chiffres accablants de la mortalité maternelle mais nous avons
besoin d'études, d'informations pour comprendre les facteurs profonds qui
font que malgré les progrès scientifiques, techniques et technologiques,
malgré les nombreux programmes de santé de la
reproduction, pourquoi les femmes continuent de mourir en donnant la vie.
Pour cela, nous avons opté pour le concept basé sur le modèle des trois
retards qui tient compte des facteurs socioculturels, environnementaux,
économiques et psychologiques influençant la mortalité maternelle dans ce
département. Cette approche permet un meilleur ciblage des interventions
pour répondre aux trois retards :
-Pourquoi y a-il autant de décès maternels à Bakel alors qu'il existe des
centres obstétricaux ?
- Quels sont les causes et les facteurs impliqués dans les décès
maternels ?
1.4 OBJECTIFS
à l'accouchement ou le post-partum ;
- Identifier les causes et les facteurs qui ont pu concourir aux décès;
2.1.1.2 Soins Obstétricaux d'Urgence (SOU) sont des soins donnés aux
femmes enceintes avant, pendant et après accouchement en cas de
complications qui mettent leur vie en péril. On distingue les Soins
Obstétricaux d'Urgences de Base (SOUB) et les Soins Obstétricaux
d'Urgences Complets (SOUC).
- L'accouchement par voie basse assisté par ventouse ou par forceps [46].
Ces soins doivent être disponibles au niveau des structures de 1er niveau
(Postes de santé, centres de santé). Les SOUC regroupent en plus de ces
SOUB, la transfusion sanguine et la réalisation de la césarienne. Ces
SOUC doivent être disponibles au niveau des structures de 2e et 3e niveau
(centres de santé à vocation chirurgicale et hôpitaux).
v Définition
Ces décès peuvent être prévenus par une surveillance rigoureuse au cours
de la grossesse et un traitement des cas d'éclampsie à l'aide
d'anticonvulsivants relativement simples tels que le sulfate de magnésium
[15] [57].
Environ 20% des décès maternels leur sont imputables [47]. Elles résultent
d'une maladie préexistante ou d'une affection apparue au cours de la
grossesse, non liée à des causes obstétricales, mais aggravée par les
effets physiologiques de la grossesse ou par sa prise en charge. Les décès
par accident ou par suicide sont exclus. Parmi ces causes indirectes de
mortalité maternelle, une des plus importantes est l'anémie qui, tout en
provoquant des morts par arrêt cardio-vasculaire, semble aussi être à
l'origine d'un pourcentage non négligeable de décès par causes
obstétricales directes (notamment ceux dus à des hémorragies et à des
infections). Le paludisme, l'hépatite, les cardiopathies et de plus en plus
dans certains contextes, le VIH/SIDA, sont d'autres causes indirectes
importantes de mortalité maternelle. Beaucoup de ces pathologies sont des
contre-indications relatives ou absolues de la grossesse. Les femmes
doivent être informées de ces problèmes et avoir la possibilité d'éviter
d'autres grossesses pendant le traitement de ces affections grâce à la
planification familiale.
ü Fécondité élevée
ü Maternité précoce
ü Ignorance et Analphabétisme
Elles touchent 85% des femmes africaines et 73% des sénégalaises. Elles
représentent un obstacle à la planification familiale, au suivi prénatal et à
l'accouchement assisté. Elles entretiennent les pratiques anciennes
dangereuses et inutiles. La scolarisation, et le maintien à l'école des filles
devraient être encouragés pour combattre ces tares.
ü Habitudes socioculturelles
Les pesanteurs sociales, les interdits et les tabous affectent surtout les
adolescentes et les femmes de nos régions, caractérisées par leur faible
pouvoir de décision, leur dépendance économique et leur analphabétisme
qui limitent leur accès à l'information utile.
ü Facteurs politico-économiques
ü Facteurs environnementaux
Dix après, on s'est rendu compte que rares sont les pays en
développement qui ont fait des progrès dans la réduction des décès
maternels.
Dans cette présente étude nous avons utilisé le concept des 3 retards qui
présente l'avantage de faire ressortir la plupart des causes et facteurs
socioculturels, économiques, sanitaires et environnementaux qui ont pu
contribués aux décès maternels. Ce modèle a été établi après une étude du
réseau de la MOMA (RPMM) réalisée dans trois pays anglophones
(Nigéria, Ghana, Sierra Leone). Cette étude avait identifié trois types de
retards qui peuvent expliquer les difficultés observées dans la prise en
charge des Soins Obstétricaux d'Urgence [38].
- moyens de transport
- accès financier
- Disponibilité du personnel
Nous avons donc utilisé ce modèle pour identifier les facteurs favorisants et
les causes de la mortalité maternelle dans la zone d'étude dont le schéma
est le suivant :
Phase 3
Phase 2
Phase 1
Décider d'avoir
Phase de retard
Accessibilité
des établissements
Facteurs affectant
l'utilisation et le
2.2 METHODOLOGIE
- 13 Communautés rurales ;
Le département de Bakel est très peu peuplé avec seulement de 115 892
habitants en 1988 soit une densité de 5 habitants au km2. Selon les
estimations de l'Agence Nationale de la Statistique et la Démographie
(ANSD), au 31 décembre 2004, le département a une population de 208
766 habitants soit 9 habitants au kilomètre carré (3). Le taux
d'accroissement moyen est de 3.5%, supérieur à la moyenne nationale qui
est de 2,4 % selon le dernier recensement général de la population en
2002.
L'émigration est ici un véritable phénomène cultivé dès le plus jeune âge,
dès la fin du cycle primaire, toutes les perspectives se résument à
l'émigration. Les fonds envoyés par les émigrés constituent la principale
ressource de revenus dans un département dépourvu d'industrie.
L'émigration révèle d'un fonctionnement communautaire consolidé par de
solides associations établies depuis l'étranger.
ce qui fait dire à Papa Sakho que l'émigration est ici une stratégie de
désenclavement socio-économique [58] et aussi un facteur de promotion
social.
-En outre l'utilisation en VAT reste faible (73 %) ainsi que la couverture en
VAT qui est de 56 %. Les taux d'achèvement en VAT sont les suivants :
67.9% à Bakel, 63.7 % à Goudiry et 54.1 % à Kidira. Le taux de couverture
est de 25.4 % à Bakel, 24.5 à Goudiry et 8.1 à Kidira.
-Les indicateurs relatifs aux besoins satisfaits en SOE montrent que seules
28 % des complications régionales sont prises en charge si on sait que la
norme est de 100%.
-Le taux de prévalence contraceptive reste faible (3.2 %). Cependant il faut
noter une disparité entre les districts (Bakel : 4.3 %, Goudiry : 3 %, Kidira :
1 %).
2.2.1.7 Education
Le département de Bakel compte 285 établissements scolaires dont sept
écoles privées, huit cases des tout petits, deux écoles maternelles, trois
garderies, dix CEM (dont deux privés) et un lycée. Et que sur les 866 salles
de classes, 184 sont des abris provisoires.
2.2.2.1 Historique
Arnold Kielmann et al. (1983) ont été les premiers à utiliser l'expression
« verbal autopsy », directement traduite en français par « autopsie verbale »
maintenant utilisée universellement [33].
2.2.2.2 Définition
Depuis plus de 20 ans des études sur les décès maternels sont réalisées
au sein des communautés sur la base d'autopsies verbales et leur définition
a évolué au fil du temps. Au départ, une autopsie verbale était strictement
utilisée pour déterminer les causes médicales et l'ampleur de décès
maternels, à partir d'entretien avec la famille ou proches de la victime [49]
A présent une autopsie verbale dans le cas d'un décès maternel est une
méthode permettant de déterminer les causes médicales du décès et de
rechercher les facteurs personnels autres que médicaux. Cet élargissement
aux causes et facteurs non médicaux contraste avec celui des études sur la
mortalité infantile, où les autopsies verbales ont en principe pour seul
objectif de déterminer la cause médicale d'un décès [1].
Une autopsie verbale dans le cas d'un décès maternel est une méthode
permettant de déterminer les causes médicales du décès et de rechercher
les facteurs personnels, familiaux ou dépendants de la communauté qui ont
pu contribuer aux décès maternel. Elle consiste à interroger les personnes
qui possèdent des renseignements relatifs aux événements qui ont conduit
au décès (par exemple, les membres de la famille, les voisins, les
accoucheuses traditionnelles, les ASC, les sages femmes etc..).
L'objectif principal est de tirer des renseignements afin de sauver des vies
et de réduire le poids de la morbi-mortalité maternelle et néonatale.La
représentativité n'est pas la principale préoccupation car cette méthode ne
vise pas à faire le compte du nombre de décès, ni à calculer le taux de
mortalité maternelle, bien que cela puisse en être la conséquence utile car
même l'étude d'un cas peut être très instructif.
. Recenser les cas de décès maternels : C'est l'étape la plus difficile car
elle conditionne la validité statistique de toute la méthode [22]. On peut
avoir recours à plusieurs sources notamment les statistiques de l'Etat civil,
celles des systèmes de surveillance démographique, des recensements,
etc. Pour les décès survenus sur dans la communauté, des
renseignements peuvent être obtenus à partir des informateurs clés (agents
de santé publique ou communautaire, les leaders communautaires, les
accoucheuses traditionnelles, sage femmes).
Ici il s'agit de retrouver les personnes qui ont été témoins des évènements
qui ont conduit au décès de la femme. Cela est le plus souvent difficile à
cause de l'imprécision des adresses ou la mobilité des familles.
En Gambie par exemple, seuls deux des 14 femmes ayant été en contact
avec le système de santé ont été retrouvées [22].
Les résultats doivent montrer quels sont les domaines où les améliorations
sont nécessaires : programmes d'éducation à la santé, besoins en moyens
de transport, renforcement des systèmes d'orientation- recours,
modernisation des soins, etc.
Cette méthode d'autopsie verbale compte des avantages mais aussi des
limites qu'il est bon de savoir.
Ø La détermination des facteurs évitables reste pour une bonne part une
question de subjectivité et dépend d'un grand nombre d'éléments (les
entretiens, du type d'enquêteurs et de leur formation, la bonne
connaissance du contexte local).
Dans cette étude, étant donné que la majorité des causes des décès
étudiés étaient déjà répertoriées dans les structures de santé, nous nous
sommes surtout intéressés aux facteurs au niveau communautaire et
auprès des acteurs sanitaires.
Par cette méthode, notre objectif visait surtout à comprendre les causes et
les facteurs favorisants qui ont pu contribuer aux décès maternels pour
élaborer des stratégies de préventions plus complètes. Nous nous sommes
donc appesantis surtout sur les facteurs non médicaux.
C'est une étude de type qualitative rétrospective. Elle a été réalisée sur les
causes et les facteurs favorisants de la mortalité maternelle a été menée de
façon rétrospective sur 20 cas de décès maternels qui sont survenus dans
le département de Bakel entre 2003 et 2006.
Notre population cible est l'ensemble des décès maternels survenu dans le
département de Bakel (domicile, poste de santé, en cours d'évacuation ou
de référence, Centre de santé).
2.2.6 ECHANTILLONNAGE
Nous avons utilisé dans cette étude une technique qualitative rétrospective
sur la base de deux types outils :
- questionnaire d'autopsie verbale dispensé aux répondants des femmes
décédées conformément aux critères de sélection.
Les entrevues ont été réalisées au domicile et parfois dans les enclos pour
certains bergers peuls et en Soninké (Sarakolé), en Peul, Bambara,
Malinké. Pour les deux dernières langues, nous avons eu recours à des
interprètes.
Nous avons ainsi pu avoir le point de vue des agents de santé d'une part et
d'autre part celui de la population sur les différentes causes et facteurs de
mortalité maternelle, les stratégies futures à développer pour réduire
ensemble leurs impacts sur la santé maternelle et communautaire.
- les causes et facteurs favorisants les décès maternels à partir des trois
retards du point de vue de la famille, des prestataires de santé et de la
population.
Dans un premier temps, nous nous sommes rendus dans les structures
sanitaires pour le recensement des cas de décès maternels à partir des
registres de maternité et de référence tenus par les sages femmes et les
médecins SOU. Pour les décès dans la communauté, nous avons fait
recours à des informateurs clés tels que les agents de santé (ICP, ASC,
Sages femmes), les accoucheuses traditionnelles, les chefs de
communautés, les familles, les voisines, etc...
Dans un deuxième temps nous avons recherché les lieux de résidence des
femmes et des répondants selon les critères établis plus haut.
ET
INTERPRETATION
DES RESULTATS
L'étude a été menée dans le département de Bakel, région de Tamba et
avait comme cible les femmes décédées de cause maternelle dans la
communauté ou dans les établissements de santé entre 2003 et 2006
répondants aux critères de sélection.
De même pour les femmes âgées de plus 35 ans, elles risquent des
complications graves (hémorragies, rupture de l'utérus, infections) car leur
organisme est usé par plusieurs années de grossesses précoces, trop
rapprochées et tardives. Ainsi il est apparu à la Jamaïque que par rapport
aux femmes de 20 à 24 ans, le risque de décès était deux fois plus élevé
chez celles de 30 à 34 ans et cinq fois plus élevé chez les femmes ayant
dépassé 40 ans [64].
L'âge moyen au décès des femmes dans cette étude est de 26 ans au
moment du décès maternel. Cependant à Niakhar, selon une étude réalisé
par Dr Jean Pierre Valéry Diallo (15), il est de 30 ans et la moitié des décès
survient à 28 ans.
La tranche d'âge 14-20 ans est représentée par 7 cas soit 35 % des décès
maternel. Les femmes sont primipares à 45 % et pauci pares à 55 %.
Celles qui accouchent à domicile et n'ayant pas fait de CPN représentent
70 % des femmes de l'étude. Dans ce groupe les causes sont dominées
surtout par l'éclampsie et la dystocie et aussi l'hémorragie du post-partum.
Age Nombre %
14 4 20
15 1 5
16 4 20
17 1 5
18 6 30
NSP 4 20
Total 20 100
La figure 2 montre que les pauci pares et les grandes multipares étaient les
plus touchées avec 7 cas dans chaque catégorie soit 70 % des décès. Ceci
confirme que la grande multiparité est un facteur de risque pour la santé
des femmes. Cependant ce facteur n'est pas le seul dans la mesure où des
femmes ayant peu de grossesses sont également à risque. Ce qui suggère
que toutes les grossesses sont à risque même s'il existe des facteurs
favorisants. Il faut souligner que les cas de décès de femmes paucipares
sont deux fois supérieurs à ceux des primipares. Ce qui est une
particularité par rapport à la littérature qui démontrait que les primipares
sont une classe plus vulnérable que les paucipares. Ce résultat peut
s'expliquer par la mauvaise prise en charge, par les facteurs tels que la
forte fécondité, les mariages précoces ...constatés dans cette zone.
Paucipare
7 cas (35%)
Multipare
3 cas (15%)
Grande
multipare
7 cas (35%)
Primipare
3 cas (15%)
Figure 2 : Répartition selon la parité
Ce tableau montre que 60% des femmes décédées dans la série n'avaient
fait aucun suivi prénatal et parmi celles qui ont eu des consultations
prénatales, aucune n'a réalisé le nombre requis de quatre consultations.
Ceci aurait pu permettre de détecter précocement les sources de
complications futures (paludisme, anémie, tétanos, positionnement du
foetus ...), dans la mesure où nous avons vu qu'il y a eu plusieurs cas de
paludisme et d'anémie parmi ces décès maternels. Ce suivi améliore aussi
la qualité de la grossesse et de l'accouchement donc permet aussi de
réduire les risques. Cette absence de CPN peut s'expliquer par des
facteurs socioculturels qui bloquent la fréquentation des structures
sanitaires par les femmes enceintes. Parmi lesquels il y a la distance à
parcourir, la présence de personnel masculin, le mauvais accueil, la
pauvreté, les travaux...
Niveau Nombre %
Sans instruction 17 85
Primaire 3 15
Secondaire 0 0
Supérieur 0 0
Total 20 100
Ce tableau révèle que 85 % des femmes décédées (17 sur 20) étaient
analphabètes et aucune d'entre elles n'avaient dépassé le niveau primaire
parmi
Ceci montre que les femmes sans aucune instruction courent plus de
risque que celles qui en ont car l'éducation est de première importance pour
la femme. Nos résultats sont conformes à ceux de la littérature.
BOHOSSOU et collaborateurs trouvent que 83 % des femmes décédées au
cours de la gravido-puerpéralité à Abidjan en 1988 étaient analphabètes
[5]. Au Burkina 81,60% des femmes qui accouchent à domicile sont non
scolarisées [12].
Ces femmes se caractérisent par leur ignorance des signes du danger, des
soins préventifs, des éléments d'une bonne nutrition, de la contraception.
Le niveau d'instruction détermine en grande partie les connaissances,
l'autonomie de décision, l'ouverture vers l'extérieur, le statut dans le foyer et
dans la société. L'éduction change sa perception des maladies et sa
capacité de réaction. Elle détermine donc son niveau de vie et son état de
santé car permet une meilleure compréhension des conseils et l'adoption
de comportements préventifs et curatifs adaptés. Selon Caldwell [6] les
mères instruites, plus que celles qui ne le sont pas, ont tendance à utiliser
les services de santé modernes aussi bien pour la prévention que pour les
soins curatifs en cas de maladie. La femme instruite utilise plus
fréquemment l'ensemble des soins prénataux requis. Elle recourt plus
souvent à un centre de santé pour son accouchement et procède mieux à
la vaccination de ses enfants.
Profession Nombre
Ménagère 13
Vendeuse 6
Sans profession 1
Total 20
Ethnie Nombre
Soninké ou Sarakolé 9
Peul 7
Bambara 2
Maure 1
Mandingue 1
Total 20
Les femmes soninkés et peuls étaient les plus représentées dans notre
étude. Ceci est conforme à la répartition ethnique de la population au
niveau du département avec une prédominance des soninkés et des peuls.
Il faut aussi souligner que les mariages précoces sont plus fréquents dans
ces groupes éthiques.
Dans notre échantillon, 60% des femmes étaient issues du milieu rural et
40% du milieu urbain. Ceci démontre aussi qu'en milieu rural le problème
est très important car les facteurs liés aux coutumes, aux traditions et aux
retards I et II sont plus pesants.
Domicile:
11cas; 55%
Structure
de santé: 4 cas;
20%
En cours:
1cas; 5%
Avant accouchement
: 4 cas; 20%
Figure 3 : Répartition des décès selon le lieu de l'accouchement
L'accouchement à domicile qui est une pratique très encrée dans les
moeurs constitue un danger selon le rapport 2005 de l'OMS, entraînant
différents risques pour l'enfant et pour la mère (mort maternelle,
traumatismes néonatals, mort-nés, fistules...). La persistance de cette
pratique s'explique par la présence des accoucheuses traditionnelles au
sein des communautés, des familles qui bénéficient d'une certaine
réputation forgée à partir de plusieurs années d'expérience et expertise,
l'humanisme dont elles font preuve contrairement aux sages-femmes, mais
aussi de la situation difficile des familles, les longues distances,
l'enclavement et les pesanteurs socioculturels qui favorisent son maintien
dans la communauté.
Une collaboration entre les accoucheuses et les agents sanitaires pour une
référence rapide en cas de complication est nécessaire pour réduire son
impact négatif qui dépasse le seul cadre de mort maternelle mais aussi les
incontinences (fistules).
Pour ce qui est du moment des décès, 2 femmes (10 %) sont décédées
pendant la grossesse,
La réponse doit être rapide avec une qualité et une efficacité des soins. Ce
résultat est le même dans l'étude de Niakhar [15] où 82.5 % des décès
maternels sont survenus pendant et après l'accouchement. Par contre une
étude au Burkina démontre que 12 femmes (35,3%) sont décédées
pendant la grossesse, 12 (35,3%) en post-partum et 10 (29,4%) pendant
l'accouchement [31].
10
20
70
20
40
60
80
Anté-partum
Per-partum
Post-partum
de l'accouchement
Délai Nombre
inférieur ou égal 1 h 2
entre 1 h et 2 h 2
entre 3 h et - de 24 h 2
entre 24 h et 2 jours 2
entre 3 jours et 7 jours 6
entre 8 jours et 15 jours 2
Décès avant accouchement 4
Total 20
elle s'évanouissait de nouveau. Nous pensions qu'elle avait des attaques diaboliques
c'est ainsi que ma mère est allée appeler un marabout qui lui a donné une eau traitée
et des médicaments, il a dit que ça va passer rapidement si nous suivions son
traitement. En suite, ma femme a commencé à avoir des crises après elle s'est
évanouie nous voulions la conduire en charrette chez l'infirmier mais elle est
décédée avant qu'on puisse l'amener » (Mari d'une femme décédée).
Ces chiffres montrent que 60 % des décès se sont produits dans les
structures sanitaires contre 40 à domicile ou en cours de route. Ces
résultats peuvent s'expliquer par le fait que les centres reçoivent des cas
critiques dus aux retards 1 et 2 avant de les atteindre, mais aussi par des
facteurs socio-culturels ou logistiques qui retardent la prise en charge
médicale.
0
2
10
Nombre de décès
Hopital
Centre de santé
Domicile
En cours de route
Ce n'est que dans 35 % des cas qu'elles ont faits recours spontanément
aux structures médicales modernes. La médecine traditionnelle prime
toujours sur celle moderne malgré les progrès de cette dernière et la
disponibilité des structures. Ceci démontre l'impérieuse nécessité de créer
un cadre de collaboration avec les guérisseurs, les marabouts et les
accoucheuses traditionnelles qui sont les liens entre les populations et les
structures sanitaires.
Pour les caractéristiques, l'étude a démontré que les femmes qui meurent
dans le département de Bakel pour cause de maternité sont d'âge compris
entre 14 et 45 ans, 55 % de celles-ci sont des jeunes de 14 à 25 ans. Elles
avaient fait leur première grossesse dans 80% des cas avant ou à 18 ans.
L'âge moyen au décès est de 26 ans et de 16 pour celui de la grossesse.
Les multipares et les paucipares sont les plus frappées (35%) et que leur
nombre fait le double de celui des primipares, ce qui constitue une
particularité. La parité la plus élevée est de 14.
Pour les CPN, 60% des femmes n'en ont pas fait contre 40 qui en ont fait
une seule et aucune n'a effectué les quatre recommandées. Elles sont
analphabètes dans les 85%, ménagères à 65%, mariées pour les 95% et
rurales à 60% contre 40% urbaines. L'accouchement s'est produit dans les
55% à domicile contre 25 dans les structures sanitaires et 20 en route.
Après avoir décrit les caractéristiques des femmes et les conditions de leur
décès, nous avions essayé d'identifier les causes et les facteurs contributifs
qui font que pourquoi les taux de morbi-mortalité maternelle sont très
élevés dans ce département.
Les causes ont été déterminées à partir des dossiers médicaux des
femmes et de l'analyse du questionnaire de l'autopsie verbale.
Ces résultats différent un peu de ceux de l'enquête sur les SOU au Sénégal
en 2000 où les causes obstétricales directes représentent 66 % des décès
maternels (29 % dus à l'hémorragie, 16 % à l'éclampsie, 7% aux infections,
6% à la dystocie, 5 % à la rupture utérine, et 3 à l'ACP) [39]. La grande
différence constatée au niveau du taux des infections peut s'expliquer dans
notre étude par l'ignorance et la mauvaise prise en charge au niveau
communautaire et hospitalier. La cause directe de deux (2) cas n'a pas pu
être déterminée du fait de l'insuffisance de données et de renseignements
fiables.
L'étude des causes de décès à Niakhar, avait donné à peu près les mêmes
résultats avec l'hémorragie première cause soit 27.8%, l'éclampsie avec
15.5 % est la deuxième cause de décès, suivi de la dystocie (9.30%) et les
infections arrivaient en quatrième position avec 8.2 % des décès maternels
constituées la seule différence [15].
Selon une étude réalisée en Gambie par la même méthode, sur les 19
décès recensés, l'hémorragie était la cause la plus souvent impliquée,
responsable de 10 décès (52 %). Cinq de ces décès par hémorragie sont
survenus en post-partum. Les autres causes directes étaient une
septicémie (5 cas), un travail prolongé (3 cas) et la rupture utérine (1 cas)
[28].
Paludisme:
2cas(10%)
Indéterminées:
2cas (10%)
Septicémie:
3cas (15%)
Éclampsie:
3cas (15%)
Dystocie:
2cas (10%)
Hémorragie:
7cas (35%)
Avortement :
1cas; 5%
1 heure à une semaine ou plus dans cette étude. Il y a donc une nécessité
d'améliorer les conditions de prise en charge au cours du post-partum et de
mettre en place un traitement adéquat mais surtout de promouvoir la
consultation post-partum.
L'ignorance est l'un des facteurs les plus impliqué dans les retards de
recourir aux soins médicalisés (16%). Dans la majorité des cas, les parents
ou la famille qui étaient présents au moment du décès ne connaissaient
pas les signes avant coureurs du danger. Ils étaient le plus souvent mal
informés sur les risques et signes de danger de la grossesse et de
l'accouchement, ce qui les poussait à trouver des causes surnaturelles à
ces signes. « Lorsqu'elle a eu des crises convulsives, nous pensions qu'elle était
victime d'un mauvais sort. C'est pour cela que nous avons appelé un marabout pour
chasser les mauvais esprits qui viennent au moment de l'accouchement » (mari
d'une femme décédé à Golmy).
« En voyant les jambes, les pieds et le visage enflés, nous avons pensé que c'était
du à la montée du sang sur la tête et à sa descente sur les pieds, car pendant son
accouchement elle n'a pas beaucoup saigné » (tante d'une femme décédée à
Kounghany d'éclampsie). Ceci confirme l'ignorance des populations face à
des signes alarmants. L'ignorance de l'urgence et de la gravité des signes a
aussi été un facteur de retard : « nous avons attendu qu'il fasse jour et que les
gens sortent de la mosquée » (Parente d'une victime à Bakel Darou Salam).
3.5.1.3 L'automédication
Elle est très fréquente en milieu rural, du fait de la pauvreté, du coût élevé
des médicaments et de l'accès difficile aux structures sanitaires. Elle est à
base de plantes et de symboles ou de médicaments. «Elle a accouché d'une
fille sans problème, mais ses jambes et son visage étaient très enflés. Nous l'avions
donné des médicaments traditionnels pour laver son ventre car elle n'a pas
beaucoup saigné durant son accouchement. Ce qui veut dire qu'il restait encore du
sang dans son ventre qui n'est pas sorti. J'ai chauffé des racines de plantes pour
qu'elle se lave et en boive une partie» (tante d'une femme décédée à
Kunghany).
3.5.1.4 La Fatalité
Golmy-Bakel).
Propos confirmaient par une matrone« Les femmes peulhs ne font pas les CPN,
ne fréquentent pas les postes de santé, elles accouchent toutes à domicile alors que
moi je suis là en tant que matrone, personne ne vient me voir sauf si elles ont des
complications qui les dépassaient. Les femmes peulhs ont très honte des hommes et
n'acceptent jamais d'être vues nues par un homme. Une femme de notre village en
travail était partie derrière le village où il y a une colline pour accoucher seule sous
un arbre». (Matrone de Samba yidé).
Les décisions les plus importantes reviennent aux hommes malgré le fait
que l'accouchement est du domaine des femmes. Elles ne décident jamais
sans l'aval des hommes. Ainsi l'évacuation d'une femme peut d'être
retardée par l'attente d'une autorisation du mari qui est souvent à l'étranger
ou de la belle-mère ou du beau-père. « Nous attendions l'avis du mari qui devait
nous donner son accord et dire où prendre l'argent » (belle-mère à
Diawara). « Moi j'avais voulu qu'on l'amène à Bakel mais j'avais eu peur de le dire
car ici tout doit venir des hommes et nous femmes nous n'avons rien à
proposer » (Soeur d'une femme décédée à Diawara). De plus,
l'accouchement étant du ressort des femmes, elles retardent parfois les
recours en informant tardivement les hommes, alors que c'est eux qui ont le
pouvoir de décision et les moyens financiers.
« C'est au dernier moment, alors qu'elles sont dépassées par les évènements
qu'elles ont mises au courant les hommes de la famille. Ce sont les femmes qui ont
tardé à nous mettre au courant des problèmes d'accouchement de ma belle fille.
Elles ont l'habitude de dire ça va, ça va même si ça ne va pas »(beau père d'une
femme) « Moi je ne savais pas qu'elle était malade. Mes parents ont essayé de la
soigner traditionnellement. Dès que j'ai vu ma nièce je savais qu'il fallait l'amener
rapidement à l'hôpital. C'était pourquoi je n'ai pas hésité à louer une pirogue pour
l'amener à Bakel, puis à Tamba où elle est décédée. » (Oncle d'une victime à
Golmy).
« Nous avons peur d'aller accoucher dans ce hôpital car ce sont parfois les gardiens
qui font les accouchements à la place des sages-femmes. Moi, lorsque nous avons
amené ma soeur là-bas, ce sont les gardiens qui sont montés sur sa poitrine pour la
faire accoucher» (propos d'une femme peuhl à Bakel).Des répondants ont
décrié le manque de compassion des prestataires. « Ma belle-fille
disait : donnez moi de l'eau, mon ventre est entrain de brûler, elle s'agitait et criait de
douleur. Elle a passé la nuit dans cet état. Mardi matin j'ai appelé 3 fois le
« docteur » pour qu'il vienne voir ma belle fille qui souffrait depuis lundi soir. C'est la
quatrième fois qu'il est venu ». (Beau père d'une femme décédée à Bakel) « Ici
chez nous, l'infirmier refuse de soigner les femmes qui n'ont pas fait de CPN, c'est
pour cela que nous avons préféré la soigner avec des médicaments traditionnels à
domicile». (S Diallo-Darou).
3.5.1.10 Pauvreté
De nombreux facteurs ont été identifiés dans cette série comme étend
responsables du deuxième retard pour atteindre les structures sanitaires.
C'est l'un des obstacles les plus durs à franchir par les populations de
Bakel, qui même après avoir décidé de recourir aux soins, ne trouvaient
pas de moyens de locomotion appropriés pour accéder aux structures de
santé. Les voitures sont rares, et il n'existe pas d'ambulances. Les
populations peuvent attendre plusieurs heures pour trouver de quoi
transporter les patientes. C'est pourquoi le moyen le plus utilisé est la
charrette ou la pirogue qui ne sont pas du tout adaptées pour parcourir des
centaines de kilomètres avec une femme en travail ou en état de choc,
dans la boue et/ou dans les marigots, rivières et ravins ou falaises, collines,
...
Les seuls moyens restent donc la charrette, les motos et les vélos ou les
pirogues qui du fait de la nature latéritique des pistes ne permettent pas
une évacuation rapide. « L'infirmier nous a dit de l'amener à Kidira, mais en ce
moment aucune voiture ne pouvait aller ni venir. Nous avons pris une charrette tirée
par un cheval dans la boue et l'eau, nous étions parfois obligés de pousser la
charrette pour qu'elle avance » (beau frère d'une femme décédée à Gathiary).
L'enclavement est un facteur aggravant qui doit être résolu pour espérer
réduire la Mortalité maternelle dans beaucoup de villages où les
populations ne peuvent pas accéder aux soins même si elles le désirent.
Ils sont les déterminants clés de la mortalité maternelle car toute femme
enceinte peut présenter des complications et des soins obstétricaux
d'urgence doivent être disponibles pour prendre en charge ces
complications.
Nous avons retrouvé plusieurs facteurs affectant les SOU dans cette étude.
C'est l'un des facteurs les plus importants car le plus souvent, il manque un
personnel compétent capable de traiter, de stabiliser et de référer à temps
en cas de nécessité. Même si tous les obstacles liés au premier et
deuxième retard sont levés, le fait d'arriver dans les structures de santé ne
servirait à rien en l'absence de médecin et ou de sage-femme compétents
ou de matériel approprié. « Le matin de bonne heure, nous avons pris une
charrette pour le centre de santé de Bakel. Nous n'avons trouvé ni sage-femme ni
matrone à la maternité. C'est un soigneur de plaies qui a essayé de la faire
accoucher mais il n'a pas réussi .Lorsque la sage-femme est venue vers 9 heures,
elle n'a même pas touché à ma femme, elle a dit de l'évacuer vers Tamba pour une
intervention car le médecin SOU était absent. Nous avons attendu 2 heures environ
pour avoir une ambulance... Trente minutes après le départ de l'ambulance, l'hôpital
de Bakel a appelé le chauffeur pour lui dire de faire demi tour car il y a une autre
personne à évacuer vers Tamba. L'ambulance est retournée à Bakel pour prendre ce
malade. C'est vers Kothiary que malheureusement ma femme est décédée car elle
avait perdu beaucoup de sang ». (Mari d'une femme décédée à Bakel).
Nous avons retrouvé des cas de retards à la prise en charge dans les
structures du fait que les prestataires mettaient du temps à intervenir
devant des urgences obstétricales. « Quand j'ai vu ma femme, qui avait des
convulsions, j'ai cherché partout la sage-femme pour la mettre au courant des
convulsions mais je ne l'ai pas trouvée dans le centre, seule la matrone était
présente et elle est décédée pendant les crises » (Mari d'une femme décédée à
Bakel).
C'est après que nous avions pris une charrette pour aller au poste. Ici c'est difficile de
trouver un moyen de transport surtout quand on a un malade ou une femme
enceinte. Nous avons fait une journée là bas, c'est au deuxième jour qu'elle a
accouché. Après accouchement nous avons fait 6 jours d'hospitalisation dans le
poste car elle était tombée malade. Nous avions acheté des ordonnances et
l'infirmier lui a fait plusieurs perfusions. C'est après que l'infirmier nous a dit d'aller au
centre de santé avec l'ambulance du poste. Arrivée au Centre de Bakel, nous avons
fait une journée où elle recevait des traitements. J'ai acheté des ordonnances sans
compter. Comme rien n'allait, le lendemain à 16 heures nous avons quitté Bakel pour
aller à Tamba où nous sommes arrivés vers 20 heures. Elle a été immédiatement
hospitalisée où elle est décédée vers 3 h du matin. Le bébé aussi est décédé à
l'hôpital quelques heures après »( Mari d'une femme décédée à Samba
Yidé). C'est ce qui fait dire à un médecin de Tamba qu'« On ne peut pas faire
de miracles quand on nous amène des épaves de femmes à l'hôpital régional , c'est
ce qui explique le nombre élevé de femmes qui décèdent. Ces décès sont évitables
à condition que les femmes viennent à temps ».
Le cas qui suit illustre la triste réalité vécue par les femmes dans ce
département victimes de l'ignorance, de la discrimination, du mépris et de la
dévalorisation de leur vie.
« C'était en pleine nuit qu'elle m'a réveillée pour me dire qu'elle ne pouvait pas dormir
à causes des douleurs. Comme il faisait nuit, nous avons attendu 6 h pour se rendre
à l'hôpital par une charrette. Quand nous sommes arrivés, les sages-femmes ont
essayé de la faire accoucher mais ça n'a pas marché. Vers 9 h la sage-femme nous
a dit d'aller à Tamba car le médecin qui fait les opérations est absent. Nous avons
attendu midi pour avoir une ambulance et partir. Nous sommes partis avec F. C un
soigneur de plaies de l'hôpital. C'est vers Boye Nguel prés de Balla qu'elle a
commencé à accoucher. L'ambulance s'est arrêtée et nous sommes descendus pour
permettre à F.C de faire l'accouchement. Quelques moments après, l'enfant est né
sans vie. Moi j'étais sûr que le bébé n'allait pas vivre vu les difficultés de son
accouchement. Nous sommes encore repartis mais elle souffrait, hurlait et saignait.
F. C a arrêté la voiture pour faire sortir le placenta qui est resté. C'est ainsi qu'il l'a
tiré, tiré de toutes ses forces et ma femme hurlait très fort, se débattait et elle s'est
levée du lit à cause de la force utilisée par F. C et le cordon du placenta qu'il tenait
par les deux mains s'est coupé, J'ai moi-même entendu le brut de rupture du cordon.
Ma femme est retombée renversée du lit en criant pour la dernière fois de toutes ses
forces, « je suis morte ...tu m'as tuée ». Depuis elle ne parlait plus ni ne bougeait,
elle saignait jusqu'à notre arrivée à Tamba. F. C nous a dit que maintenant elle s'en
ira mieux puisque le placenta est sorti. Elle est arrivée à Tamba mourante avec du
sang qui coulait partout. Le médecin a prescrit une ordonnance que je suis allé
acheter, à mon retour il m'informait qu'elle est décédée sans qu'il ne puisse rien faire.
Nous sommes retournés à Bakel et ce jour là personne ne pouvait retenir ses larmes.
Voilà comment S. Ba est morte.» (Mari d'une femme décédée de Bakel).
Des éléments importants dans la réussite d'une prise en charge rapide des
urgences obstétricales ont fait défaut et ont été rapportés par les familles. Il
s'agit par ordre d'importance, un retard dans la prise de décision pour aller
à la formation sanitaire (24.5%), la gravité du problème de la femme n'a pas
été perçue plus tôt par l'entourage (16.33%), un problème de transport pour
rejoindre le centre de santé (14.29%), une autre perception de la maladie
(12.24%), un retard à atteindre le centre malgré un moyen de transport
(12.24%), l'indisponibilité des SOU (10.20%) et un retard à avoir les soins
au niveau du centre de santé(6.12%) et retard de référer(4%). On note qu'il
arrive que pour un même décès maternel, plusieurs de ces facteurs soient
rapportés par la famille.
Méconnaissance
16.33 %
Retard dans la
prise de decision
24.5 %
Problème de
Transport 14.29 %
Retard à
accéder aux
Soins
12.24%
Retard à
recevoir des
Soins
6.12%
Autre
Perception de la
maladie
12.24%
4.08%
Manque de
SOU
10.2 %
3.4.4-Autres facteurs
Dans cette étude ce retard est impliqué dans 12 des 20 cas de décès ce
qui fait dire à l'OMS que c'est au premier niveau de recours que de
nombreux décès maternels ont lieu, soit parce que les femmes viennent de
trop loin et arrivent trop tard, soit parce que les soins obstétricaux
essentiels dont elles ont un besoin immédiat ne peuvent être assurés [44].
Alors pour lutter efficacement contre ce retard, Il faut donc mettre en place
un bon système d'orientation-recours reposant sur la rapidité des
communications de la prise des décisions et du transfert des informations
sur les patientes entre les services concernés, un système de partage des
coûts et un système de transport adéquat entre les villages et les centres
de santé et améliorer l'état des routes. En plus de ces facteurs qui minent la
route aux SOU et aux SOUC se trouvent ceux liés au système de
santé tels le manque de personnel compétent, le retard dans l'intervention,
l'insuffisance de la qualité des soins. Vu l'importance des cas de décès par
septicémie et le délai élevé entre les moments de délivrance et le décès
dans notre étude, il se pose un problème de prise en charge efficace des
complications dans les structures sanitaires de Bakel. Selon la littérature,
toutes les grossesses sont à risque car la plupart des complications
obstétricales ne peuvent être ni prévisibles, ni évitables mais peuvent être
traitées. L'accent doit être mis sur le moment de l'accouchement, au coeur
de la continuité des soins.
Il apparaît ainsi que les facteurs qui contribuent aux décès maternels ne
sont plus seulement biomédicaux mais surtout socioculturels, économiques
et environnementaux. Ce qui veut dire que la lutte contre la mortalité
maternelle ne doit plus être basée sur l'accumulation de données
épidémiologiques à savoir les indicateurs d'impact tels que le ratio de
Mortalité Maternelle, mais plutôt sur les facteurs socioculturels et
économiques en relation avec la communauté et aussi sur les indicateurs
dits de processus tels que le taux de césariennes qui à un niveau national
permet de connaître les besoins obstétricaux couverts et par déduction à
partir de ces derniers les besoins obstétricaux non couverts. Tabutin D., ne
disait-il pas en 1992, qu' «Une chose est certaine: la relation simple et le facteur
unicausal ne sont plus de mise ; l'interdépendance entre l'économique, le social, le
sanitaire et le culturel s'impose dans les faits et dans la réflexion, l'approche
systémique devient une nécessité» [61]. Vision corroborée par le Pr. O. FAYE
qui affirmait que « Le modèle social de la santé doit remplacer la stratégie de
l'aval, coûteuse, inégalitaire, et imposée par le tout-puissant modèle biomédical, par
une stratégie dite de l'amont, efficiente et plus humaine » [54].
Bien que conscient des limites d'une étude rétrospective qualitative basée
sur l'exploitation de données communautaires et hospitalières en plus du
biais de sélection, nous pensons que ces résultats reflètent en grande
partie les problèmes réels de santé de la mère dans le département de
Bakel.
RECOMMANDATIONS
A la lumière des constatations faites lors de cette étude, le succès dans la
lutte pour la réduction de la mortalité maternelle ne peut aboutir que par le
biais d'une approche multidimensionnelle et multifactorielle. D'où la
nécessité d'une politique de santé maternelle à la fois médicale,
socioéconomique et culturelle. De plus, nous avons vu que les principales
causes et circonstances des décès maternels peuvent être évitables. Pour
cela, nous pouvons suggérer les stratégies d'appui suivantes :
1) Une Campagne d'IEC pour lever les pesanteurs socioculturelles qui
empêchent le recours rapide aux soins des femmes ;
Pour plus de clarté, nous avons hiérarchisé nos recommandations selon les
cibles.
- apprendre aux AT, aux guérisseurs à référer plus vite les femmes
présentant des complications ;
Obstétricales ;
- mettre en place des banques de sang pour lutter contre les hémorragies
première cause de mortalité maternelle ;
- aider les femmes à arriver à temps dans les centres offrant les soins
appropriés ;
- Doter les postes de santé d'ambulance pour réduire les coûts et le délai
de retard à atteindre les structures sanitaires.
CONCLUSION
Selon Royston et Armstrong « Personne ne sait exactement combien de femmes
meurent tous les ans à la suite d'une grossesse. La plupart d'entre elles sont pauvres
et vivent dans les régions reculées, leur mort passe quasiment inaperçue » [57]. Ce
constat amère confirme que la mortalité maternelle demeure toujours un
problème majeur de santé publique dans les pays en développement et sa
réduction reste un défi crucial à réaliser pour l'amélioration de la santé des
femmes pivot économique et socle social. Le décès maternel, à quel
moment qu'il survienne, est une tragédie pour sa famille et pour la société.
La lutte pour sa réduction est un impératif pour toute personne soucieuse
de la situation et de la santé des femmes qui sont engagées dans ce que
les Soninké appelle à juste titre « l'armée des femmes ». C'est dans ce sens
que nous avions réalisé ce travail, dans le but de contribuer à l'amélioration
des connaissances sur les causes et surtout les facteurs favorisants des
décès maternels dans le département de Bakel, pour une meilleure
orientation des programmes et stratégies actuelles de réduction de la
mortalité maternelle en vue des objectifs du millénaires.
C'est une étude qualitative rétrospective qui a porté sur 20 cas de décès
maternels qui se sont produits dans le département de Bakel de 2003 à
2006. L'enquête s'est déroulée du 25 septembre au 25 octobre 2006. Au
cours de laquelle 52 répondant(e)s des 20 femmes décédées ont été
interviewé(e)s pour l'autopsie verbale, 36 prestataires de santé et 25
personnes issues de la communauté ont répondu aux guides d'entretien ce
qui fait un total de 113 personnes. A l'issue de cette étude, nous pouvons
retenir les points suivants :
-Les femmes décédées de causes liées à la grossesse et à l'accouchement
sont d'un âge compris entre 14 et 45 ans. L'âge moyen au décès dans
notre étude est de 26 ans et les âges extrêmes sont de 14 et 45 ans. Ces
femmes sont analphabètes à 85%, ménagères à 65%, mariées pour 95%
d'entre elles, rurales à 60%, majoritairement paucipares et multipares-35%
-qui accouchent à domicile dans 68% et n'ont jamais fait de CPN dans 70
% des cas. Elles sont mortes le plus souvent dans les établissements de
soins et après accouchement dans 70 % des cas et 20 pendant
l'accouchement.
«Le monde doit sauver les femmes, pour que les femmes sauvent le monde...»
Thoraya Obaid, Directrice Exécutive de l'UNFPA.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1- ANKER M et al. (1999) -A Standard verbal autopsy method for investigation
cause of death infants and children. Genève, OMS.
4- BIRAUD Yves. (1956) -Méthodes pour l'enregistrement par des non médecins
des causes élémentaires de décès dans les zones sous-développées - Genève,
OMS.
10- CHANDRAMOHAN D, al. (1998) -Verbal autopsies for adult deaths: their
development and validation in multicentre study. Tropical Medicine and
International Health;3(6):436-446.
14-Dr DIALLO F.B. et al. (2001) -Mortalité maternelle et les facteurs liés aux
habitudes. / www.santetropicale.com/resume/73902.pdf - Visité le 4
/01/2006.
35-LA LIBRE. (2004) -la mortalité négligée, mise en ligne le16 septembre
2004, consulté le
25/1/2005 :www.equipop.org/index.php?rel=10&typ=2&art=399 - 49k
36-LEACH A, McArdle TF, Greenwood AM, BM. et al. (1999)-Neonatal
mortality in rural area of The Gambia. Annals of Tropical Paediatrics; 19:33-43.
http:// www.who.int/reproductivehealth/publications/mortalite_
maternelle/mortalite.
48-OMS, UNICEF, FNUAP. (2001)-Mortalité maternelle en 1995 : estimations de
l'OMS, l'UNICEF et du FNUAP.
49-OMS. (2004) -Au-delà des Nombres : Examiner les morts maternelles et les
complications pour réduire les risques liés à la grossesse, Genève.
56-ROYSTON E., ARMSTRONG S., eds. (1990) -La prévention des décès
maternels. OMS, Genève.
ANNEXES
I-QUESTIONNAIRE D'AUTOPSIE
VERBALE
QUESTIONNAIRE DE L'AUTOPSIE VERBALE SUR LES CAUSES ET
Nom de la femme
décédée :...............................................................................
Date de
naissance :..........................................................................................
Situation
matrimoniale :....................................................................................
Profession :...................................................................................................
Ethnie :........................................................................................................
Nom du chef de
ménage :..................................................................................
Nom Rapport avec la Présent au moment de Quand ils ont rejoint /quitté
femme l'entrevue l'entrevue
Maladie décès
Si oui
précisez :.......................................................................................................
10- Quel âge avait son mari quand elle est décédée si elle est
mariée ? |__|__| Ans (99 = inc. )
11- Est- ce que la femme avait déjà été enceinte (y compris grossesse
avortée/fausse couche) ?
13- Combien de temps était- elle enceinte ? |__|__| Mois (99 = inconnu)
....................................................................................................
..............................................................................................................
.............................................................................................................
24-Est-ce qu'elle (ou son mari) utilisait une méthode contraceptive pour
éviter une
Donnez-les une introduction qui explique que vous aimeriez qu'ils vous
disent tout ce qui s'est passé: S'il vous plaît dites nous ce qui s'est passé
depuis sa maladie jusqu'au décès.
(Instructions pour la personne qui conduit l'interview : Laissez l'enquêté vous
parler de la maladie en ses propres mots. Ne faites pas d'autre suggestion que
de demander s'il y a autre chose.S 'il vous plaît prenez des notes détaillées.
S'il faut, continuez sur le dos de cette feuille ou ajoutez de nouvelles):
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1- Depuis quand elle est malade avant qu'elle ne soit morte ? |__|__| jours
/mois (99 = inconnu)
La délivrance.
- normale
- instrument utilisé
- césarienne
- ne sait pas .
.................................................................................................
.................................................................................................
.................................................................................................
SECTION VII : Pour tous les décès : Les comportements et les facteurs
contribuants en relation avec la santé.
Remplissez le tableau.
5- Est-ce qu'elle est allée voir quelqu'un d'autre qu'on a pas cité en haut ?
..........................................................................................................
.................................................................................................................
8- Une fois que la décision prise de l'envoyer pour soin, est-ce qu'elle est
allée immédiatement ? Oui non ne sait pas
9- Si non pourquoi ?
...............................................................................................................
11- Est ce qu'il a été difficile de trouver les fonds pour l'envoyer au
traitement ?
............................................................................................................
d) Une fois arrivé, combien de temps avez-vous attendu avant qu'elle soit
examinée ?
|__|__| minutes / heures (99 = inconnu)
i) Vous ont-ils demandé d'allez acheter quelque chose ? Oui non ne sait
pas
Si non,
pourquoi ?.......................................................................................................
................
18- Est-ce qu'elle est allée soigner autre chose à part les CNP ?
-sage femme ?
-infirmière/accoucheuse traditionnelle ?
-docteur ?
-marabout ?
-guérisseur ?
.......................................................................................................
DERNIERE SECTION :
L'enquêteur : s'il vous plait écrivez ici votre commentaire sur le processus
total d'entrevue et votre observation.
3 - Vos commentaires ?
4-Signature :-------------------------------------------------------------
II-GUIDES D'ENTRETIEN
GUIDE D'ENTRETIEN
1- IDENTIFICATION
Nom de la structure :
Nom :
Prénom :
Profession :
2- QUESTIONS
GUIDE D'ENTRETIEN
1- IDENTIFICATION
Nom de la structure :
Nom :
Prénom :
Profession :
2- QUESTIONS
Parité Nombre
Primipare 3
Pauci pare 7
Multipare 3
Grande multipare 7
Total 20
Tableau 2 : Distribution selon l'ethnie
Ethnie Nombre
Soninké ou Sarakolé 9
Peul 7
Bambara 2
Maure 1
Mandingue 1
Total 20
Résidence Nombre
Urbaine 08
Rurale 12
TOTAL 20
Profession Nombre
Ménagère 13
Vendeuse 06
Sans profession 01
TOTAL 20
Profession Nombre
Ménagère 13
Vendeuse 06
Sans profession 01
Tableau 6 : Distribution Selon le niveau d'instruction
Niveau Nombre
Sans instruction 17
Primaire 3
Secondaire 00
Supérieur 00
Total 20
Saison Nombre %
Saison sèche 6 30
Saison des Pluies 14 70
Total 20 100
Age Nombre
14 04
15 01
16 04
17 01
18 06
NSP 04
Total 20
« C'est lorsqu'elle a accouché et qu'elle s'est évanouie qu'on m'a mis au courant.
Comme j'ai une voiture je l'ai amené à l'hôpital vers 20 h. Arrivée là bas elle a été
admise dans la salle d'accouchement nous nous avons attendu dehors. Un moment
après la matrone Fanta SYLLA est venue nous dire que le placenta qui restait est
sorti actuellement elle est sous perfusion. C'est la nuit qu'elle s'est réveillée, elle
demandait à boire, à boire à chaque instant. Nous avons passé cette nuit là comme
ça. Le samedi elle a commencé à donner du sein à son bébé, c'était des jumeaux
mais le deuxième est décédé le jour de l'accouchement.
Le dimanche elle m'a dit de l'acheter de nouvelles chaussures car elle a commencé à
marcher petit à petit. J'ai acheté beaucoup d'ordonnance car chaque docteur qui
vient inscrit une ordonnance. J'ai acheté des gangs, des pommades, des bouteilles
de perfusion (10 bouteilles). Sa santé s'est améliorée jusqu'à lundi. La sage- femme
a dit qu'elle pourrait même sortir le mardi si tout va bien. Elle a dit d'acheter de la
viande pour qu'elle puisse avoir de la force. C'est vers 16 heures qu'elle avait mangé
la viande plus des oeufs. Tout à coup elle est retombée dans un état de choc.
Elle disait « donner moi de l'eau, mon ventre est entrain de brûler), elle s'agitait et
criait de douleur. Elle a passé la nuit dans cet état. Mardi matin j'étais parti appeler 3
fois le Dr G. Thiam pour qu'il vienne voir ma belle fille qui souffrait depuis lundi soir.
C'est la quatrième fois qu'il est venu. Il a pris les gangs et il a fait sortir du ventre de
ma belle -fille un sang noir comme cette batterie (il désignait une vieille batterie qui
gisait au sol). Après il a dit que c'était l'effet de ce sang noir qui l'empêchait de se
sentir mieux. Mais rien, pendant toute la journée du mardi et la nuit elle criait, elle n'a
pas dormi. Le mercredi matin j'ai vu un ami docteur Tapha qui est venu, il a tout de
suite appelé les autres agents qui sont venus. Ils vont et viennent, ils ont inscrit des
ordonnances mais sans succès. C'est vers 16 heures qu'ils m'ont dit de l'amener à
Tamba car eux ils n'en pouvaient plus rien. En ce moment j'ai su que c'est fini pour
Salamata sauf Dieu pouvait maintenant la sauver. On s'est préparé, ils ont cherché
un chauffeur et une ambulance, ils nous ont dit de payer le prix du gasoil (32 500F).
Nous avons quitté l'hôpital vers 19 h moins, nous avons prix le gasoil à une station.
Après au lieu d'aller directement, le chauffeur qui est de Bakel est allé garer la
voiture devant sa maison il est rentré la dans. Nous avons attendu presque 1 heure
avant qu'il ne sorte. Moi j'étais dans l'ambulance je tenais la bouteille de perfusion
par ma main droite, l'autre je la posais sur la femme. Lorsque nous sommes partis, le
chauffeur s'est arrêté à Kidira pour dîner. Il a fait une commande de viande fraîche à
la dibiterie, qui a été grillée et servie. Il a mangé à son aise. J'étai tellement fâché
que si ma voiture était là j'allais abandonner cette ambulance pour aller directement
à Tamba. Il ne se souciait pas de la vie de ma belle-fille en danger de mort. C'est
vers 22 heures que nous avion quitté Kidira pour arriver à Tamba vers 1 heure du
matin le médecin a inscrit une ordonnance à acheter. Quand je partais la sage-
femme m'a dit de payer 20 000 F pour qu'elle surveille la femme pendant le reste de
la nuit. Je lui ai donné 5 000 F dans le désespoir, et lui ai dit d'attendre le matin pour
les 15 000 F qui restaient. J'ai acheté une partie de l'ordonnance (61 000 F) dans
l'hôpital. On lui a fait une piqûre et mise une bouteille de sang. Moi je suis sorti de
l'hôpital pour acheter le reste de l'ordonnance. A mon retour, j'ai trouvé qu'elle est
décédée. Le matin j'ai prêté 40 000 F à des amis à Tamba pour faire l'enterrement et
les funérailles à Tamba. J'ai voulu amener le corps à Bakel mais tout mon argent est
fini. Ce que j'ai dépensé, faisait plus de 400 000 F tout cela dans l'espoir qu'elle
vive ».(Beau-père d'une victime -Darou Salam-Bakel)
* 1 - Fred SAI, ancien président de la Fédération internationale du Planning Familial a parlé de la mortalité
maternelle à l'ouverture de la conférence, « Saving lives : skilled attendance at childbirth », qui a eu lieu en
Tunisie du 13 au 15 novembre 2000.
* 2 -Yakharou nkouré désigne l'armée des femmes pour montrer le sacrifice des femmes pendant les
accouchements. Elles sont engagées dans une guerre meurtrière pour donner la vie.
* 2 -Cette femme a accouché seule à terre dans le poste de santé après que la sage -femme qui dormait ait
refusé de venir l'assister pendant son accouchement.