Fonctions de Plusieurs Variables: Table Des Matières
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Ce chapitre contient des techniques que vous utiliserez très souvent en physique,
mais les justifications mathématiques rigoureuses ne sont pas encore à votre portée.
Vous allez donc devoir admettre que ce que vous savez faire pour les fonctions de R
dans R s’étend raisonnablement en dimension supérieure. À condition bien sûr que
vous sachiez déjà le faire : avant de vous lancer, révisez ce qui concerne la dérivabilité
et le calcul de primitives pour les fonctions d’une variable. Il n’est pas exclu que vous
ayez aussi besoin d’un petit rafraîchissement sur les applications linéaires, les matrices
et les déterminants.
2 Entraînement 29
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3 Compléments 50
3.1 Le palimpseste d’Archimède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2 Le principe de Cavalieri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.3 La roulette de Pascal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.4 Le paraboloïde hyperbolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.5 Le tailleur de pierres de Mézières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.6 Et ignem regunt numeri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
9 décembre 2014
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Continuité
Nous étudions dans ce chapitre des techniques de calcul pour des fonctions définies
sur un domaine D de Rn , donc dépendant de n variables réelles, et à valeurs dans Rm .
Nous nous limiterons souvent aux dimensions 2 et 3, la généralisation aux dimensions
supérieures ne posant pas de problème particulier. Voici quelques exemples simples.
Surface d’un rectangle en fonction de sa longueur et sa largeur :
R2 −→ R
(x, y) 7−→ xy .
R3 −→ R
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz) .
R3 −→ R
2
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz) , xyz .
R+ × [0, 2π[ −→ R2
(r, θ) 7−→ (x, y)
x = r cos θ , y = r sin θ .
R+ × [0, 2π[×R −→ R3
(r, θ, z) 7−→ (x, y, z)
x = r cos θ , y = r sin θ .
R+ × [0, 2π[×[− π2 , π2 ] −→ R3
(r, θ, φ) 7−→ (x, y, z)
x = r sin θ cos φ , y = r sin θ sin φ , z = r cos θ .
Représenter graphiquement une fonction de plusieurs variables n’est possible que pour
les fonctions de R2 dans R. La fonction f : (x, y) 7→ f (x, y) est représentée en dimension
3 par la surface d’équation z = f (x, y). La figure 4 montre une représentation de la
surface d’équation z = sin(xy).
1
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y
r
θ
x
y
θ r
x
Pour ne pas compliquer les notations dans les définitions qui viennent, nous pren-
drons l’exemple d’une application de R3 dans R2 :
R3 −→ R2
(x, y, z) 7−→ (f (x, y, z), g(x, y, z)) .
x −
7 → f (x, b, c) , x 7−→ g(x, b, c)
y −7 → f (a, y, c) , y 7−→ g(a, y, c)
z − 7 → f (a, b, z) , z −
7 → g(a, b, z)
2
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θ
r
y
φ
x
0
-1
-3.1 -3.1
0.0 0.0
Y X
3.1 3.1
Définition 1. On dit qu’une suite de points converge dans Rn vers un point x si pour
tout i, la suite des i-ièmes coordonnées converge dans R vers la i-ième coordonnée de
x.
Dans R3 , la suite ((xn , yn , zn ))n∈N converge si et seulement si les trois suites (xn )n∈N ,
(yn )n∈N , (zn )n∈N convergent dans R. Par exemple, la suite (2−n , 21/n , 2 + 1/n) converge
dans R3 vers (0, 1, 2).
Définition 2. On dit qu’une application Φ de Rn dans Rm est continue en un point
x de Rn si l’image par Φ de toute suite de points de Rn qui converge vers x, converge
3
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Théorème 1.
1. La somme et le produit de deux applications continues de Rn dans R sont conti-
nues.
2. La composée d’une application continue de Rn dans R par une application conti-
nue de R dans R est continue.
Il suffit de montrer que les deux applications coordonnées sont continues. L’application
qui à (x, y, z) associe xy est continue comme produit de deux applications coordonnées
(point 1 ). Sa composée par exp l’est d’après le point 2. L’application qui à (x, y, z)
associe z + ln(1 + y 2 ) est continue d’après le point 1 et la composée par sin l’est d’après
2. L’application qui à (x, y, z) associe 1 + x2 + y 2 est continue d’après 1, l’inverse
d’après 2 (car le dénominateur ne s’annule pas). Finalement le produit de trois appli-
cations continues est continu d’après 1. On procède de même pour l’autre application
coordonnée.
4
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]x − , x + [×]y − , y + [×]z − , z + [ ⊂ D .
Le cube de centre (x, y, z) et de côté 2 doit être vu comme un voisinage de (x, y, z).
Dorénavant les fonctions que nous considérons sont définies sur un domaine ouvert D
inclus dans R3 . Si les applications partielles sont dérivables, leurs dérivées s’appellent
les dérivées partielles de f en (a, b, c).
∂f df (x, b, c)
(a, b, c) = (a)
∂x dx
∂f df (a, y, c)
(a, b, c) = (b)
∂y dy
∂f df (a, b, z)
(a, b, c) = (c)
∂z dz
Pour calculer la dérivée partielle par rapport à x, il suffit de dériver en x l’expression
de f , en traitant les autres variables comme des constantes paramétriques.
Supposons par exemple que f soit l’application qui à (x, y, z) associe la surface du
parallélépipède dont les longueurs d’arêtes sont x, y, z.
R3 −→ R
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz)
Voici ses trois dérivées partielles.
∂f
(a, b, c) = 2(b + c)
∂x
∂f
(a, b, c) = 2(a + c)
∂y
∂f
(a, b, c) = 2(a + b)
∂z
5
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Nous éviterons systématiquement les cas pathologiques en supposant que les dérivées
partielles sont des fonctions continues.
Définition 4. Soit f une application définie sur un domaine ouvert D de R3 , à valeurs
dans R. On dit que f est continûment différentiable sur D si les dérivées partielles ∂f
∂x
,
∂f ∂f 3
∂y
, et ∂z
, vues comme des fonctions de R dans R sont continues en tout point de D.
Si elles sont continues, les dérivées partielles permettent d’approcher la fonction
par une application linéaire au voisinage d’un point. Le résultat qui suit est l’analogue
pour les fonctions de deux variables d’un développement limité d’ordre 1.
Théorème 2. Soit D un domaine ouvert de R2 , f : (x, y) 7→ f (x, y) une application
continûment différentiable de D dans R et (a, b) un point de D. Notons o(x, y) la
fonction définie par :
∂f ∂f
f (x, y) = f (a, b) + (x − a) (a, b) + (y − b) (a, b) + o(x, y) .
∂x ∂y
Alors :
o(x, y)
lim =0.
(x,y)→(a,b) max{|x − a|, |y − b|}
Ce théorème dit que les variations de la fonction f autour du point (a, b) peuvent
être approchées par une application linéaire, la différentielle de f .
Définition 5. On appelle différentielle de f au point (a, b) l’application linéaire de R2
dans R qui à (hx , hy ) associe :
∂f ∂f
hx (a, b) + hy (a, b) .
∂x ∂y
La différentielle peut être vue comme l’application qui à un vecteur associe son
produit scalaire par le vecteur des dérivées partielles, qu’on appelle le gradient de f au
point (a, b), et que l’on note ∇f (a, b) (prononcez : « nabla »). En physique, on interprète
hx et hy comme de petites variations des variables x et y, et on les note plutôt dx et
dy. Si on note df la différentielle de f , ceci justifie l’écriture abrégée suivante.
∂f ∂f
df = dx + dy .
∂x ∂y
Le théorème 2 donne une approximation de f (x, y) sous la forme :
∂f ∂f
f (x, y) ' f (a, b) + (x − a) (a, b) + (y − b) (a, b) .
∂x ∂y
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f(a,b)
(a,b)
x D
∂x ∂y ∂z
M J(Φ)(a, b, c) = (a, b, c) .
∂g ∂g ∂g
∂x ∂y ∂z
On appelle différentielle de Φ au point (a, b, c) l’application linéaire de R3 dans R2 dont
la matrice dans les bases canoniques de R3 et R2 est la matrice jacobienne.
On ne distinguera pas en général la matrice jacobienne au point (x, y, z) de l’ap-
plication de R3 dans l’ensemble des matrices qui à (x, y, z) associe cette matrice jaco-
bienne. Nous reprenons les exemples de la section précédente, en donnant pour chacun
la matrice jacobienne.
Surface d’un rectangle en fonction de sa longueur et sa largeur :
R2 −→ R
MJ = y x .
(x, y) 7−→ xy
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R3 −→ R
MJ = 2(y + z) 2(x + z) 2(x + y) .
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz)
R3 −→ R 2
2(y + z) 2(x + z) 2(x + y)
!
MJ = .
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz) , xyz yz xz xy
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Théorème 4. Soit f une application deux fois continûment différentiable sur un do-
maine ouvert de Rn , à valeurs dans R. Pour tout i, j = 1, . . . , n, on a :
! !
∂ ∂f ∂ ∂f
= .
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
∂ 2f
La notation pour la dérivée partielle seconde par rapport à xi et xj est . Leur ma-
∂xi ∂xj
trice est la matrice hessienne de f , qui est symétrique d’après le théorème de Schwarz.
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2. Soit F : (x, y, z) 7→ (f (x, y, z), g(x, y, z), h(x, y, z)) une application deux fois
continûment différentiable de R3 dans R3 . On appelle :
(a) Rotationnel de F le vecteur, noté rot(F ) :
∂h ∂g
∂y
− ∂z
∂f ∂h
rot(F ) =
∂z
− ∂x
.
∂g ∂f
∂x
− ∂y
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1.4 Extrema
Le but de cette section est d’étudier les variations d’une fonction f de Rn dans R,
et en particulier de déterminer les points de l’espace où elle atteint son maximum et
son minimum. Afin de mieux visualiser les notions introduites, nous nous plaçons en
dimension 2. La fonction f : (x, y) 7→ f (x, y) se représente par la surface d’équation
z = f (x, y) dans l’espace. Nous commençons par la notion de dérivée directionnelle.
∂f ∂f
(a, b) u + (a, b) v .
∂x ∂y
Pour comprendre cette définition, considérons la fonction g de R dans R, qui à t
associe :
g(t) = f (a + tu, b + tv) .
Elle définit une courbe sur la surface d’équation z = f (x, y), au-dessus de la droite
{(a + tu, b + tv) , t ∈ R} (voir figure 6). On dérive cette fonction par rapport à t comme
une fonction composée :
d
g 0 (t) = f (a + tu, b + tv)
dt
∂f d(a + tu) ∂f d(b + tv)
= (a + tu, b + tv) + (a + tu, b + tv) .
∂x dt ∂y dt
Soit en t = 0 :
∂f ∂f
g 0 (0) = (a, b) u + (a, b) v .
∂x ∂y
La dérivée directionnelle décrit les variations de f (a + tu, b + tv) autour de (a, b), dans
la direction du vecteur (u, v).
La direction selon laquelle la croissance de la surface est la plus forte est celle du
gradient de la fonction. À titre d’exemple, nous avons représenté sur la figure 7 quelques
valeurs du gradient de la fonction sin(xy). Pour comparaison, nous avons mis à côté
une représentation de la fonction par niveaux de gris : au lieu de la surface z = sin(xy)
(figure 4), les valeurs de la fonction sont symbolisées par des niveaux de gris, d’autant
plus clairs que les valeurs sont plus fortes. Les points blancs sont des maxima de la
fonction, et les points noirs des minima. On constate que le gradient, s’il est non nul,
est toujours orienté vers le haut, dans la direction de la « ligne de plus grande pente ».
Sur la figure 7, on observe que le gradient est nul pour les maxima et les minima.
Définissons d’abord la notion de maximum et minimum local.
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f(a,b)
(u,v)
(a,b)
x D
4 4
3 3
2 2
1 1
.
0 0
-1 −1
-2 −2
-3 −3
-4 −4
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4
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Mais les dérivées directionnelles ne peuvent être nulles dans toutes les directions que
si le gradient lui même est nul.
Les points du plan où le gradient de f s’annule sont les points critiques de f . La
nullité du gradient n’est qu’une condition nécessaire pour qu’un point soit un extre-
mum. Rappelons tout d’abord quelle est la situation pour les fonctions d’une variable,
deux fois continûment dérivable. Si la fonction t 7→ g(t) admet un maximum ou un
minimum local en t = 0 alors g 0 (0) = 0. Réciproquement :
• Si g 0 (0) = 0 et si g 00 (0) < 0, alors 0 est un maximum local pour g.
• Si g 0 (0) = 0 et si g 00 (0) > 0, alors 0 est un minimum local pour g.
Revenons alors à une fonction de 2 variables, que nous supposons deux fois continûment
différentiable. Examinons cette fonction dans la direction (u, v) autour de (a, b).
Le point (a, b) sera un maximum de f si 0 est un maximum pour g, quelle que soit la
direction (u, v). Calculons la dérivée seconde de g :
!
d2 d ∂f ∂f
f (a + tu, b + tv) = u (a + tu, b + tv) + v (a + tu, b + tv)
dt2 dt ∂x ∂y
∂ 2f 2 ∂ 2f
= (a + tu, b + tv) u + 2 (a + tu, b + tv) uv
∂x2 ∂x∂y
∂ 2f
+ 2 (a + tu, b + tv) v 2 .
∂y
Donc en t = 0 :
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
g 00 (0) = 2
(a, b) u 2
+ 2 (a, b) uv + 2
(a, b) v 2 .
∂x ∂x∂y ∂y
Cette expression peut s’écrire sous la forme matricielle suivante, qui fait intervenir la
matrice hessienne de f .
∂2f ∂2f
(a, b) (a, b)
∂x2 ∂x∂y u u
(u, v)
= (u, v)H .
∂2f ∂2f
∂x∂y
(a, b) ∂y 2
(a, b) v v
Il se trouve que, comme pour toute matrice symétrique réelle, il existe une matrice
orthogonale P ∈ M2,2 (R) (vérifiant P −1 = t P ) et deux réels λ et µ tels que :
λ 0
H=P P −1 .
0 µ
Les réels λ et µ sont les valeurs propres de la matrice hessienne. Pour les calculer, il
suffit de connaître leur somme, qui est la trace de la matrice hessienne, et leur produit,
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y y y
Voici un exemple.
f (x, y) = x3 + 3xy 2 − 15x − 12y .
Le gradient et la matrice hessienne au point (x, y) sont :
! !
3x2 + 3y 2 − 15 6x 6y
∇= , H= .
6xy − 12 6y 6x
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Le gradient s’annule en 4 points dans le plan. Nous les donnons avec les valeurs propres
de la matrice hessienne et la nature du point.
(2, 1) λ = 6 , µ = 18 minimum
(−2, −1) λ = −6 , µ = −18 maximum
(1, 2) λ = −6 , µ = 18 point selle
(−1, −2) λ = 6 , µ = −18 point selle
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q
ce qui entraîne aussi z = S6 : à surface fixée, le parallélépipède de volume maximal
est le cube.
Il est rare que l’on puisse effectivement appliquer cette technique de substitution,
surtout s’il y a plusieurs contraintes. On utilise alors le théorème des multiplicateurs
de Lagrange, qui dit que si un problème d’optimisation sous contrainte a une solution
en un point, alors les gradients de la fonction et des contraintes sont des vecteurs
linéairement dépendants.
Théorème 7. Soit D un domaine ouvert de Rn et f, g1 , . . . , gk des applications conti-
nûment différentiables de D dans R. Notons :
A = {x ∈ D , g1 (x) = · · · = gk (x) = 0} .
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yz 2x 1
∇f = xz , ∇g1 = 2y , ∇g1 = 1 .
xy 2z 1
La contrainte g1 (x, y, z) = 0 est l’équation de la sphère de centre (0, 0, 0) et de rayon 1 ;
la contrainte g2 (x, y, z) = 0 est l’équation d’un plan. On cherche donc les extrema de f
sur l’intersection de la sphère unité et d’un plan, à savoir sur un cercle dans l’espace.
Si un point (x, y, z) est solution, alors il existe deux multiplicateurs λ1 , λ2 tels que
∇f = λ1 ∇g1 + λ2 ∇g2 . On doit donc avoir :
yz = 2λ1 x + λ2
xz = 2λ1 y + λ2 .
xy = 2λ1 z + λ2
Observons que ces points ont été obtenus par une condition nécessaire. Rien dans le
théorème 7 ne permet de savoir si ce sont des maxima, des minima ou ni l’un ni l’autre.
1.6 Difféomorphismes
Les applications de Rn dans Rn qui sont bijectives, et continûment différentiables
ainsi que leur réciproque, sont utilisées comme changements de variables. On les appelle
des difféomorphismes.
Définition 10. Soient D et ∆ deux domaines ouverts de Rn . Soit Φ une application
de D dans ∆. On dit que Φ est un difféomorphisme si :
1. Φ est une bijection de D sur ∆,
2. Φ ainsi que sa réciproque Φ−1 sont continûment différentiables.
Les différentielles de Φ et Φ−1 sont elles aussi réciproques l’une de l’autre. Les
matrices jacobiennes, qui sont des matrices carrées n × n, sont inverses l’une de l’autre.
Ceci découle du théorème de composition des différentielles 3.
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Remarquons que le déterminant jacobien de Φ−1 , qui vaut r, ne s’annule pas sur le
domaine ∆. La matrice jacobienne est donc bien inversible en tout point de ∆. Voici
son inverse :
−1 cos θ sin θ
M J(Φ−1 )(r, θ) = 1 .
− r sin θ 1r cos θ
Pour obtenir la matrice jacobienne de Φ en un point (x, y) de D, il suffit de remplacer
cos θ, sin θ et r par leurs expressions en fonction de x et y :
√ x √ y
∂r ∂r
x2 +y 2 x2 +y 2 ∂x ∂y
M J(Φ)(x, y) = y x
= ∂θ ∂θ
.
− x2 +y 2 x2 +y 2 ∂x ∂y
On est alors amené à utiliser le théorème 3 pour calculer les dérivées partielles suc-
cessives de g en fonction de celles de f , et réciproquement. À titre d’exemple, voici le
calcul classique du laplacien de f (supposée deux fois continûment différentiable) en
fonction des dérivées partielles de g.
∂f ∂g ∂r ∂g ∂θ ∂g sin θ ∂g
= + = cos θ − ,
∂x ∂r ∂x ∂θ ∂x ∂r r ∂θ
∂f ∂g ∂r ∂g ∂θ ∂g cos θ ∂g
= + = sin θ + ,
∂y ∂r ∂y ∂θ ∂y ∂r r ∂θ
! !
∂ 2f ∂ ∂g sin θ ∂g ∂r ∂ ∂g sin θ ∂g ∂θ
= cos θ − + cos θ − ,
∂x2 ∂r ∂r r ∂θ ∂x ∂θ ∂r r ∂θ ∂x
! !
∂ 2f ∂ ∂g cos θ ∂g ∂r ∂ ∂g cos θ ∂g ∂θ
= sin θ + + sin θ + .
∂y 2 ∂r ∂r r ∂θ ∂y ∂θ ∂r r ∂θ ∂y
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2 g 1 ∂g 1 ∂ 2g
+ = + + .
∂x2 ∂y 2 ∂r2 r ∂r r2 ∂θ2
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D D
y
α(x) c
x x
a x b γ (y) δ (y)
Soit f une fonction continue sur le domaine D. Pour x fixé dans l’intervalle ]a, b[,
l’application partielle y 7→ f (x, y), définie sur ]α(x), β(x)[ est continue, donc intégrable.
La fonction qui à x ∈]a, b[ associe :
Z β(x)
f (x, y) dy ,
α(x)
est continue sur ]a, b[. Il est logique de définir l’intégrale de f sur D comme son intégrale.
Encore faut-il s’assurer que le résultat aurait été le même si on avait intégré d’abord
par rapport à x, ensuite par rapport à y : le théorème de Fubini l’assure, et nous
l’admettrons.
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Définition 12. On appelle intégrale de f sur D, la valeur commune des deux expres-
sions :
Z Z b Z β(x) ! Z d Z δ(y) !
f (x, y) dxdy = f (x, y) dy dx = f (x, y) dx dy .
D a α(x) c γ(y)
D =]a, b[×]c, d[ .
0
0 y x 1
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Cette méthode de calcul s’étend aux intégrales triples, et plus généralement aux inté-
grales sur un domaine de Rn d’une fonction de Rn dans R. Voici un exemple. Notons
D le domaine de R3 défini par :
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dy
x D
dx
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y v
∆
dy
D φ −1
x u
dx
Figure 12 – Interprétation géométrique du terme |J(Φ−1 )(u, v)| dudv dans un chan-
gement de variables.
y v
1
x
2
x /2
2
φ
∆
1 1/2
D φ −1
1/x
1/2x
−1/3 1/3
x u
1 1/2 1
2 2
La seconde étape consiste à déterminer ∆, qui est l’image par Φ de D. Pour cela, on
remplace x et y par leurs expressions en fonction de u et v dans les inégalités définissant
26
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D.
(u−1/3 v 1/3 )2
∆ = (u, v) , < u1/3 v 2/3 < (u−1/3 v 1/3 )2 ,
2
1 1
1/3 2/3
< u v <
2u−1/3 v 1/3 u−1/3 v 1/3
1 1
= (u, v) , < u < 1 , < v < 1 .
2 2
La troisième étape consiste à calculer le déterminant jacobien de Φ−1 . Pour cela, il faut
d’abord écrire la matrice jacobienne, en dérivant les expressions de x et y en fonction
de u et v.
∂x ∂x
∂u ∂v
− 31 u−4/3 v 1/3 1 −1/3 −2/3
3
u v
1
JΦ−1 (u, v) =
∂y ∂y
=
1 −2/3 2/3 2 1/3 −1/3
=− .
∂u ∂v
3
u v 3
u v
3u
DR = { (x, y) , x2 + y 2 < R2 } .
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Nous avons déjà écrit sa matrice jacobienne, et nous laissons au lecteur le calcul de son
déterminant : J(Φ−1 ) = r2 cos φ.
Le volume de la boule BR est :
Z +π Z R ! !
Z
2
Z 2π
2 4π 3
dxdydz = r cos φ dr dθ dφ = R
BR − π2 0 0 3
28
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2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. On considère l’application f de R3 dans R qui à (x, y, z) associe
f (x, y, z) = sin(xyz). Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles
sont fausses, et pourquoi ?
1. L’application f est continûment différentiable sur R3 .
2. La différentielle de f est une application linéaire de R3 dans R3 .
3. Le gradient de f est une application linéaire de R3 dans R3 .
4. Le gradient de f au point ( π2 , 0, 0) est nul.
5. Le gradient de f au point ( π2 , 1, 1) est nul.
6. La matrice jacobienne de f au point (x, y, z) est une matrice réelle 3 × 3.
7. La matrice hessienne de f au point (x, y, z) est une matrice réelle 3 × 3.
8. La matrice hessienne de f au point (0, 0, 0) est la matrice nulle.
9. La matrice hessienne de f au point ( π2 , 0, 0) est la matrice nulle.
10. La matrice hessienne de f au point ( π2 , 0, 0) a toutes ses valeurs propres stric-
tement négatives.
11. La matrice hessienne de f au point ( π2 , 0, 0) a pour valeurs propres 0, π
2
et − π2 .
12. Le point ( π2 , 0, 0) est un maximum local de f .
13. La matrice hessienne de f au point ( π2 , 1, 1) a tous ses coefficients strictement
négatifs.
2
14. La matrice hessienne de f au point ( π2 , 1, 1) a pour valeurs propres 0 et − π2 −1.
15. f atteint son maximum au point ( π2 , 1, 1).
29
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32
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Z Z π
4
4. cos(x + y) dxdy = (cos(y) + sin(y)) dy.
D 0
Z Z π
4
5. cos(x + y) dxdy = (cos(y) − sin(y)) dy.
ZD √
0
6. cos(x + y) dxdy =
2 + 1.
ZD √
7. cos(x + y) dxdy = 2 − 1.
D
Z Z π Z x
4
8. cos(x + y) dxdy = 2 cos(x + y) dy dx.
D 0 0
Vrai-Faux 9. On pose D = {(x, y) , 0 < x < π4 , 0 < y < x}. Parmi les affirmations
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
√
Z
2−1
1. sin(x + y) dxdy = .
D
√ 2
Z
2
2. sin(x) dxdy = (4 − π).
D 8
√
Z
2
3. cos(x) dxdy = (4 + π).
D 8
Z
1
4. sin(2x) dxdy = .
D 4
Z
1
5. cos(2x) dxdy = − .
D 4
2
Z
π π 1
6. sin2 (x) dxdy = − + .
D 64 16 8
Z
π2 π 1
7. cos2 (x) dxdy = + + .
ZD 64 16 8
8. 8xy cos(x2 + y 2 ) dxdy = 2 cos(π 2 /16) − cos(π 2 /8) − 1.
D
Z
9. 8xy sin(x2 + y 2 ) dxdy = 2 sin(π 2 /16) − sin(π 2 /8) − 1.
D
Vrai-Faux 10. On pose D = {(x, y) , x2 + y 2 < 1}. Parmi les affirmations suivantes
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
Z
1. (x2 + y 2 )−1/2 dxdy = π.
D
Z
2. x dxdy = 0.
ZD
3. (x + y) dxdy = 1.
ZD
π
4. (x + y)2 dxdy =
.
D 2
Z
(x + y)2 π
5. √ 2 2
dxdy = .
D x +y 3
33
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Z q 2π
6. (x + y)2 x2 + y 2 dxdy = .
D
Z
5
7. (x2 + y 2 ) cos(x2 + y 2 ) dxdy = π(cos(1) + sin(1) − 1).
D
Z
8. (x + y)2 cos(x2 + y 2 ) dxdy = π(cos(1) + sin(1)).
D
2.2 Exercices
Exercice 1. Pour chacune des applications f suivantes.
(
R2 −→ R
f :
(x, y) 7−→ x2 + y 2 − xy ;
(
R2 −→ R
f :
(x, y) 7−→ x2 − y 2 − xy ;
(
R2 −→ R
f :
(x, y) 7−→ x3 + y 3 − x2 y 2 ;
(
R2 −→ R
f :
(x, y) 7−→ 4x2 + 4y 2 − (x + y)4 ;
1. Calculer le gradient de f .
2. Donner l’équation du plan tangent à la surface d’équation z = f (x, y), aux points
(1, 1), (1, 2), (2, 1).
3. Déterminer les points critiques de f .
4. Calculer la matrice hessienne de f .
5. Soit g l’application de R dans R qui à x associe e−x . Calculer directement, puis
en utilisant les dérivées partielles de f , la dérivée de l’application de R dans R
qui à x associe f (x, g(x)).
6. Pour chacun des points critiques de f , donner les conclusions tirées de l’examen
de la matrice hessienne.
7. Pour chacun des points critiques de f , dire s’il s’agit ou non d’un extremum
global de f .
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(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ x4 + y 2 + z 2 − 4x − 2y − 2z + 4 ;
(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ x4 − 2x2 y + 2y 2 + 2z 2 + 2yz − 2y − 2z + 2 ;
(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ 3(x2 + y 2 + z 2 ) − 2(x + y + z)4 ;
(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ 3(x2 + y 2 + z 2 ) − 2(x + y + z)3 .
1. Calculer le gradient de f .
2. Déterminer l’ensemble des points critiques de f .
3. Calculer la matrice hessienne de f .
4. Calculer le laplacien de f .
5. Vérifier que rot(∇f ) = 0.
6. Pour chacun des points critiques de f , donner les conclusions tirées de l’examen
de la matrice hessienne.
7. Pour chacun des points critiques de f , dire s’il s’agit ou non d’un extremum
global de f .
Exercice 3. Donner une valeur approchée des quantités suivantes, pour x = 3.04 et
y = 2.05.
1. xy
2. x2 y 3
1 1
3. +
x y
x+y
4.
x−y
ln(x + y)
5.
xy
Exercice 4. Soit f l’application de D = R+∗ × R dans R qui à (x, y) associe y 3 ln(x).
Vérifier que partout sur D :
1.
!!! !!!
∂ ∂ ∂ ∂f ∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂x ∂y ∂y ∂y ∂y ∂x ∂y ∂y
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂y ∂x ∂y
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂y ∂y ∂x
35
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2.
!!! !!!
∂ ∂ ∂ ∂f ∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂x ∂x ∂y ∂y ∂x ∂y ∂x ∂y
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂x ∂y ∂x
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂y ∂x ∂x
3.
!!! !!!
∂ ∂ ∂ ∂f ∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂x ∂x ∂x ∂y ∂x ∂x ∂y ∂x
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂x ∂y ∂x ∂x
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂x ∂x ∂x
C = { (x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 = 1 } .
f (x, y) = x + y ; f (x, y) = x + y − xy ;
f (x, y) = x2 + y 2 − xy ; f (x, y) = x2 + y 2 − x2 y 2 .
Pour chacune de ces fonctions :
1. Utiliser le théorème des multiplicateurs de Lagrange pour déterminer quels points
de C sont des extrema possibles pour la restriction de f à C.
2. Pour chacun de ces points, dire s’il s’agit ou non d’un extremum pour la restriction
de f à C.
Exercice 7. Étant donné le domaine D du plan, et la fonction f , calculer l’intégrale
double de f sur D, dans les cas suivants.
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1. l’aire de D,
2. les coordonnées du centre de gravité de D.
2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.
40
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B 4(1 − z)2 dz .
Z0 1 Z 1−z Z 1−z
C dx) dy dz .
0 0 0
4
D .
3
8
E .
3
41
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Question 10. On considère le domaine D du plan défini par D = { (x, y) , x > 0 , y >
0 , x2 + y 2 < 1 }, et la fonction f de R2 dans R qui à (x, y) associe xy.
Z Z π/2 Z 1
A f (x, y) dxdy = sin θ cos θ r3 dr dθ .
D 0 0 !
Z Z 1 Z π/2
3
B f (x, y) dxdy = r cos θ sin θ dr dθ .
D 0 0
Z Z π/2 Z 1
2
C f (x, y) dxdy = sin θ cos θ r dr dθ .
ZD 0 π 40 1
cos 2θ r
D f (x, y) dxdy = − × .
D 4 0 4 −1
π/2 4 1
cos 2θ r
Z
E f (x, y) dxdy = − × .
D 4 0 4 0
Réponses : 1–CE 2–BC 3–AC 4–BD 5–BD 6–AC 7–BE 8–CE 9–BD 10–AE
2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : On considère une application f définie sur R2 , à valeurs dans
R, continûment différentiable. On note (a, b) un point de R2 , (u, v) un vecteur non nul
à deux dimensions, et A la droite passant par (a, b) de vecteur directeur (u, v), donc
d’équation (x − a)u = (y − b)v. On note g l’application de R dans R qui à t associe
f (a + tu, b + tv).
1. Énoncer la définition de la dérivée directionnelle de f au point (a, b) dans la
direction (u, v), et reliez cette définition à la dérivée de g et au gradient de f .
2. En appliquant le théorème des multiplicateurs de Lagrange, montrer qu’une
condition nécessaire pour que la restriction de f à la droite A admette un extre-
mum local en (a, b), est que la dérivée directionnelle de f au point (a, b) dans la
direction (u, v) s’annule.
3. Exprimer la dérivée seconde de g en 0, en fonction du vecteur (u, v) et de la
matrice hessienne de f au point (a, b).
4. On fait désormais l’hypothèse que pour tout (u, v), la restriction de f à A admet
un minimum. Montrer que le gradient de f est nul.
5. Montrer que le déterminant et la trace de la matrice hessienne sont positifs ou
nuls.
Exercice 1 : On considère l’application de R2 dans R qui à (x, y) associe x3 + y 3 + 3xy.
1. Calculer le gradient de f et sa matrice hessienne.
2. Utiliser le gradient de f pour calculer la dérivée de l’application x 7→ f (x, ex ).
42
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43
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Si ces deux vecteurs sont proportionnels, alors leur déterminant est nul, soit :
∂f ∂f
(a, b) u + (a, b) v = 0 .
∂x ∂y
3.
!
d2 d ∂f ∂f
2
f (a + tu, b + tv) = u (a + tu, b + tv) + v (a + tu, b + tv)
dt dt ∂x ∂y
∂ 2f 2 ∂ 2f
= (a + tu, b + tv) u + (a + tu, b + tv) vu
∂x2 ∂y∂x
∂ 2f ∂ 2f
+ (a + tu, b + tv) uv + 2 (a + tu, b + tv) v 2 .
∂x∂y ∂y
En utilisant le théorème de Schwarz et en prenant la valeur en t = 0, on obtient
la dérivée seconde de g en 0.
d2 g ∂ 2f 2 ∂ 2f ∂ 2f
(0) = (a, b) u + 2 (a, b) uv + (a, b) v 2 .
dt2 ∂x2 ∂x∂y ∂y 2
44
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Cette expression peut s’écrire sous la forme matricielle suivante, qui fait intervenir
la matrice hessienne de f .
∂2f ∂2f
(a, b) (a, b)
∂x2 ∂x∂y u
(u, v) .
∂2f ∂2f
∂x∂y
(a, b) ∂y 2
(a, b) v
∂f ∂f
(a, b) u + (a, b) v = 0
∂x ∂y
∂f ∂f
(a, b) = 0 et (a, b) = 0
∂x ∂y
Donc le gradient de f est nul.
5. Si la restriction de f à A admet un minimum, alors la dérivée seconde de g en 0
est positive ou nulle, soit :
∂ 2f 2 ∂ 2f ∂ 2f
2
(a, b) u + 2 (a, b) uv + 2
(a, b) v 2 > 0 .
∂x ∂x∂y ∂y
Si ceci a lieu pour tous (u, v), alors les deux valeurs propres de la matrice hessienne
sont positives ou nulles. Il en est de même de leur somme (la trace) et de leur
produit (le déterminant).
Exercice 1 :
1. Les dérivées partielles de f sont :
∂f ∂f
= 3x2 + 3y et = 3y 2 + 3x .
∂x ∂y
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
= 6x , =3, = 6y .
∂x2 ∂xy ∂y 2
45
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Les valeurs propres de la première matrice sont +3 et −3. Donc le point (0, 0)
est un point selle pour la surface d’équation z = f (x, y).
Les valeurs propres de la seconde matrice sont −9 et −3. Donc le point (−1, −1)
est un maximum pour la surface d’équation z = f (x, y).
6. L’application x 7→ f (x, x) = 2x3 +3x2 tend vers −∞ quand x tend vers −∞, donc
aucun point de R2 ne peut être un minimum global. Elle tend vers +∞ quand x
tend vers +∞, donc aucun point de R2 ne peut être un maximum global.
Exercice 2 :
1.
u+v
x =
u = x+y
2
⇐⇒
v = x−y .
u − v
y = .
2
À tout couple (u, v) ∈ R2 correspond un unique couple (x, y) tel que Φ(x, y) =
(u, v). Donc Φ est une bijection et l’application réciproque Φ−1 est définie pour
tout (u, v) dans R2 par :
u+v u−v
Φ−1 (u, v) = , .
2 2
46
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2. ! !
1 1 1 1 1 −1
M J(Φ) = et M J(Φ ) = .
1 −1 2 1 −1
Le produit des deux matrices est égal à la matrice identité.
3. Les déterminants jacobiens sont constants et valent :
1
J(Φ) = 2 et J(Φ−1 ) = .
2
4.
g(u, v) = f (Φ−1 (u, v)) = euv .
On a donc :
∂g ∂g
= veuv et = ueuv .
∂u ∂u
Mais aussi :
∂g ∂f ∂x ∂f ∂y
= +
∂u ∂x ∂u ∂y ∂u
1 2 2 1 2 2
= 2xex −y − 2yex −y
2 2
x2 −y 2
= (x + y)e = ueuv ,
et,
∂g ∂f ∂x ∂f ∂y
= +
∂v ∂x ∂v ∂y ∂v
1 2 2 1 2 2
= 2xex −y − 2yex −y
2 2
x2 −y 2
= (x − y)e = veuv ,
5. Les trois inégalités qui définissent D se traduisent ainsi.
(a) x > 0 ⇐⇒ u + v > 0
(b) x − 1 < y ⇐⇒ v < 1
(c) y < 1 − x ⇐⇒ u < 1
Le domaine ∆ est le triangle limité par les droites v = −u, u = 1, v = 1.
∆ = { (u, v) , v > −u , u < 1 , v < 1 } .
6. Z
2 −y 2
Z
1
ex dxdy = euv dudv
D ∆ 2
Z 1 Z 1
uv
= e dv du
−1 −u
uv 1
Z 1
e
= du
−1 2u −u
−u2
Z 1
eu e
= + du
−1 2 2u
47
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Posons : 2
Z 1 −u
euZ 1
e
I1 = du et I2 = du .
−1 2 −1 2u
Dans I2 , la fonction à intégrer est impaire, donc l’intégrale est nulle. L’intégrale
cherchée vaut donc :
Z
2 −y 2 e1 − e−1
ex dxdy = I1 = = sinh(1) .
D 2
Exercice 3 : Le domaine D est la portion du disque unité compris entre l’axe des x
et la première bissectrice.
1. En intégrant d’abord par rapport à x puis par rapport à y,
√
Z √
Z Z 2/2 1−y 2
f (x, y) dxdy = xy dx dy
D 0 y
√
Z √2/2 " 2 # 1−y 2
xy
= dy
0 2 y
Z √2/2
(1 − y 2 )y y 3
= − dy
0 2 2
" #√2/2
2 4
y y
= −
4 4 0
1
= .
16
2. En intégrant d’abord par rapport à y puis par rapport à x, on doit décomposer
le domaine en deux parties, une limitée par la droite y = x, l’autre par le cercle
unité.
Z Z √2/2 Z x Z 1 Z √1−x2 !
f (x, y) dxdy = xy dy dx + √ xy dy dx
D 0 0 2/2 0
Z √2/2
x3 Z 1
x(1 − x2 )
= dx + √ dx
0 2 2/2 2
" #√2/2 " #1
x4 x2 x4
= + −
8 0
4 8 √
2/2
1
= .
16
48
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1
= .
16
49
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3 Compléments
3.1 Le palimpseste d’Archimède
D’après Pline l’Ancien, le roi de Pergame aurait introduit l’emploi du parchemin
au iie siècle av. J.C. à la suite d’une interdiction des exportations de papyrus décrétée
par les Égyptiens, qui craignaient que la bibliothèque de Pergame ne concurrence celle
d’Alexandrie. Fabriqué à partir de peaux animales, raclées, poncées, traitées à la chaux
puis à la craie, le parchemin était long à produire, plutôt rare en regard des besoins
en écriture, et donc cher. On avait pris l’habitude de recycler les parchemins dont
les écrits étaient considérés comme obsolètes et de peu de valeur : grattés à la pierre
ponce, reblanchis à la chaux, les parchemins pouvaient resservir : un parchemin ainsi
recyclé s’appelle un palimpseste. C’est ce que fit un prêtre grec vers le xiiie siècle
quand il se mit en devoir de copier un livre de prières. On ignore s’il eut la curiosité
de lire avant ce qu’il effaçait : rien moins qu’une copie des œuvres mathématiques
d’Archimède ! Heureusement, le prêtre n’était pas très soigneux. Il se contenta d’un
grattage superficiel, suffisant pour écrire perpendiculairement au texte originel, qui
resta en grande partie visible. Les ultraviolets et les rayons X firent le reste. Découvert
en 1906, le Palimpseste d’Archimède est la plus ancienne copie connue de ses œuvres.
Elle contient deux mémoires que l’on croyait perdus et dont il n’existe qu’un seul
exemplaire. Le plus remarquable est un traité intitulé « La méthode ». Il permet de
comprendre comment procédait Archimède pour déterminer des mesures d’aires ou
de volume. On y trouve le volume de la sphère, le calcul du centre de gravité d’une
demi-sphère et celui d’un tronc de paraboloïde.
Bien avant Archimède, les Grecs calculaient des aires ou des volumes par la mé-
thode d’exhaustion. Elle consiste à établir l’égalité de deux aires ou deux volumes en
montrant par l’absurde qu’aucun n’est supérieur à l’autre. Les raisonnements reposent
généralement sur des encadrements de la figure par des figures quarrables de plus en
plus précises. La méthode nécessite cependant de connaître a priori le résultat final,
d’autant qu’il n’est pas exprimé par un nombre, mais comme un rapport : on ne cal-
cule pas le volume de la sphère ; on prouve que ce volume est le quadruple du volume
d’un cône de base égale à un grand cercle de la sphère et de hauteur égale au rayon.
Comment Archimède procédait-il pour deviner quels étaient les rapports à établir ?
Il explique dans « la méthode » qu’il utilise des méthodes mécaniques par pesées, en
découpant en tranches les surfaces ou les volumes considérés.
Sa méthode, Archimède l’a exercée principalement à partir des cylindres, des cônes
et des sphères. Ses résultats figurent dans le traité « de la sphère et du cylindre ». Il
commence ainsi.
Archimède, à Dosithée, salut
Je t’avais déjà envoyé, avec leurs démonstrations, les théorèmes que mes
réflexions m’avaient fait découvrir ; le suivant était au nombre de ces théo-
rèmes :
50
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Tout segment compris entre une droite et la section du cône rectangle, est
égal à quatre fois le tiers d’un triangle qui a la même base et la même
hauteur que le segment.
J’ai terminé aujourd’hui les démonstrations de plusieurs théorèmes qui se
sont présentés ; et parmi ces théorèmes, on distingue ceux qui suivent.
La surface de la sphère est quadruple d’un de ses grands cercles.
La surface d’un segment sphérique est égale à un cercle ayant un rayon égal
à la droite menée du sommet du segment à la circonférence du cercle qui
est la base du segment.
Un cylindre qui a une base égale à un grand cercle de la sphère, et une
hauteur égale au diamètre de cette même sphère, est égal à trois fois la
moitié de la sphère.
La surface du cylindre est aussi égale à trois fois la moitié de la surface de
la sphère.
Quoique ces propriétés existassent essentiellement dans les figures dont nous
venons de parler, elles n’avaient point été remarquées par ceux qui ont
cultivé la géométrie avant nous ; cependant il sera facile de connaître la
vérité de nos théorèmes, à ceux qui liront attentivement les démonstra-
tions que nous en avons données. Il en a été de même de plusieurs choses
qu’Eudoxe a considérées dans les solides, et qui ont été admises, comme les
théorèmes suivants :
Une pyramide est le tiers d’un prisme qui a la même base et la même
hauteur que la pyramide.
Un cône est le tiers d’un cylindre qui a la même base et la même hauteur
que le cône.
Ces propriétés existaient essentiellement dans ces figures, et quoiqu’avant
Eudoxe, il eût paru plusieurs géomètres qui n’étaient point à mépriser,
cependant ces propriétés leur étaient inconnues, et ne furent découvertes
par aucun d’eux.
Au reste, il sera permis, à ceux qui le pourront, d’examiner ce que je viens de
dire. Il eût été à désirer que mes découvertes eussent été publiées du vivant
de Conon ; car je pense qu’il était très capable d’en prendre connaissance
et d’en porter un juste jugement. Quoi qu’il en soit, ayant pensé qu’il était
bon de les faire connaître à ceux qui cultivent les mathématiques, je te les
envoie appuyées de leurs démonstrations : les personnes versées dans cette
science pourront les examiner à loisir.
Porte-toi bien.
On dit qu’Archimède était si fier d’avoir trouvé le rapport entre le volume de la sphère
et celui du cylindre qui la contient (2/3), qu’il demanda que la figure soit gravée sur
sa tombe. Quelque 140 ans plus tard, le jeune Cicéron, récemment nommé en Sicile,
retrouve la tombe grâce à cette indication.
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Quand j’étais questeur, j’ai découvert son tombeau que les Syracusains igno-
raient ; ils affirmaient même qu’il n’existait point. Je l’ai découvert entouré
et recouvert entièrement de ronces et de buissons. Je connaissais quelques
petits vers dont j’avais appris qu’ils étaient inscrits sur sa tombe. Ceux-ci
faisaient connaître qu’en haut du monument il y avait une sphère avec un
cylindre. Or, en parcourant des yeux toutes les tombes, qui sont très nom-
breuses à la sortie d’Agrigente, j’aperçus une petite colonne qui émergeait à
peine des buissons, sur laquelle se trouvaient les figures d’une sphère et d’un
cylindre. Aussitôt je dis aux notables syracusains qui se trouvaient à mes
côtés qu’à mon avis c’était là précisément la tombe que je cherchais. Plu-
sieurs hommes, venus avec des faux, débroussaillèrent l’endroit. Une fois le
lieu dégagé, nous nous approchâmes du soubassement qui nous faisait face.
L’épigramme apparut avec la fin des vers rongée presqu’à moitié. C’est ainsi
que la plus illustre cité de la Grande Grèce, jadis même la plus savante, au-
rait ignoré le tombeau de son concitoyen le plus intelligent si un homme
d’Arpinum ne le leur avait pas révélé.
Archimède aurait sans doute aimé lire la phrase suivante de Paul Cézanne, souvent
répétée pour justifier les théories cubistes :
Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en pers-
pective, soit que chaque côté d’un objet, d’un plan, se dirige vers un point
central.
Elle date de 1904, soit deux ans avant que le Palimpeste d’Archimède ait été retrouvé,
mais tout de même plus de 2000 ans après qu’il ait été écrit.
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En 263, Liu Hui 2 édite et commente les « Neuf Chapitres sur l’Art du Calcul »,
le texte fondateur des mathématiques chinoises. Même s’il ne l’exprime pas aussi clai-
rement que son successeur Zu Genzhi, il est parfaitement conscient du principe de
Cavalieri, et l’utilise pour déterminer certains volumes dans sa quête de la détermina-
tion du volume de la sphère. Mais il échoue, et reconnaît honnêtement :
Je souhaite exposer mes humbles réflexions, mais je crains de manquer le
principe correct. J’ose laisser les points douteux en l’état, en attendant
qu’un autre les résolve.
Deux siècles plus tard, Zu Genzhi réussit et ne boude pas son triomphe.
Les proportions sont extrêmement précises et mon cœur brille. Zhang Heng
avait copié les anciens, souriant à la postérité. Liu Hui avait suivi les anciens,
mais n’avait pas eu le temps de les corriger. Mais qu’y a-t-il de difficile à
cela ? Il suffit de réfléchir.
Il y avait beaucoup plus chez Liu Hui et Zu Genzhi qu’un principe de comparaison
de volumes. Comme Archimède et sa méthode d’exhaustion, comme Cavalieri et sa
géométrie des indivisibles, comme Thabit Ibn Qurra, Roberval, Pascal et bien d’autres,
il cherchaient tous par leurs découpages de surfaces ou de volumes, à maîtriser cette
notion d’intégrale qui a mis si longtemps à émerger.
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De nos jours, on appelle plutôt cette courbe une cycloïde. Elle avait été proposée par
Mersenne à Roberval qui avait déterminé l’aire sous une des arches : trois fois l’aire du
cercle qui l’engendre. Mais Pascal se pose bien d’autres questions que celle de l’aire sous
la courbe : surface, volume et centre de gravité des solides engendrés par la rotation
de la courbe autour des axes, surface et volume de parties tronquées, etc. Selon l’usage
de l’époque, il propose un défi aux savants européens.
La connaissance de la roulette ayant été jusque là portée par M. de Rober-
val, la chose était demeurée en cet état depuis 14 ans, lorsqu’une occasion
imprévue m’ayant fait penser à la géométrie que j’avais quittée il y a long-
temps, je me formai des méthodes pour la dimension et les centres de gravité
des solides, des surfaces planes et courbes, et des lignes courbes, auxquelles
il me sembla que peu de choses pourraient échapper : et pour en faire l’essai
sur un sujet des plus difficiles, je me proposai ce qui restait à connaître de
la nature de cette ligne ; savoir les centres de gravité de ses solides et les
solides de ses parties ; la dimension et les centres de gravité des surfaces de
tous ces solides ; la dimension et les centres de gravité de la courbe même
de la Roulette et de ses parties.
Je commençai par les centres de gravité des solides et des demi-solides, que
je trouvai par ma méthode, et qui me parurent si difficiles par toute autre
voie, que, pour savoir s’ils l’étaient en effet autant que je me l’étais imaginé,
je me résolus d’en proposer la recherche à tous les géomètres, et même avec
des prix. Ce fut alors que je fis mes écrits latins, lesquels ont été envoyés
partout. Et pendant qu’on cherchait ces problèmes touchant les solides, j’ai
résolu tous les autres, comme on verra à la fin de ce discours, quand j’aurai
parlé des réponses qu’on a reçues des géomètres sur le sujet de mes écrits.
Elles sont de deux sortes. Les uns prétendent d’avoir résolu les problèmes
posés, et ainsi avoir droit aux prix ; et les écrits de ceux-là seront vus dans
l’examen régulier qui doit s’en faire. Les autres n’ont point voulu prétendre
à ces solutions, et se sont contentés de donner leurs premières pensées sur
cette ligne.
J’ai trouvé de belles choses dans leurs lettres, et des manières fort subtiles
de mesurer le plan de la Roulette, et entre autres dans celles de M. Sluze,
chanoine de la cathédrale de Liège, de M. Richi, Romain, de M. Huygens,
Hollandais, qui a le premier produit que la portion de la Roulette retranchée
par l’ordonnée de l’axe, menée du premier quart de l’axe du côté du sommet,
est égale à un espace rectiligne donné. Et j’ai trouvé la même chose dans
une lettre de M. Wren, Anglais, écrite presque en même temps.
Il n’y a pas que de « belles choses » dans les lettres reçues : Pascal s’énerve.
Et c’est pourquoi je ne puis assez admirer la vaine imagination de quelques
autres, qui ont cru qu’il leur suffirait d’envoyer un calcul faux et fabriqué au
hasard pour prendre date du jour qu’ils l’auraient donné, sans avoir produit
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autre marque qui fasse connaître qu’ils ont résolu les problèmes : ce qui est
une imagination si ridicule que j’ai honte de m’amuser à la réfuter.
Quelles sont donc ces « méthodes pour la dimension et les centres de gravité des solides,
des surfaces planes et courbes, et des lignes courbes » ? Une évolution de la « méthode
des indivisibles » de ses prédécesseurs Roberval et Cavalieri, le rapport entre les « tou-
chantes » (tangentes) et les « quadratures » (intégrales), bref, presque une théorie du
calcul différentiel. Leibniz a soigneusement étudié le « Traité du triangle arithmétique »,
dans lequel Pascal montre comment calculer les aires sous les courbes de fonctions puis-
sance, et ce « Traité de la roulette ». Il reconnaît d’ailleurs volontiers ce que sa théorie
du calcul intégral doit à Pascal et s’en étonne même : « il avait tout en main mais il est
resté aveugle ». Peut-être pas, mais en 1658 les mathématiques ne sont plus le centre
d’intérêt principal de Pascal. Dans les 4 ans qui lui restent à vivre, il profite des répits
de plus en plus rares que lui laissent sa maladie pour commencer un grand ouvrage sur
la « vérité de la religion chrétienne », et mettre en ordre ses « Pensées ».
Au fait, dans sa présentation, Pascal parle d’« une occasion imprévue » qui lui a
fait repenser à la géométrie : quelle est cette occasion ? Sa sœur nous en dit plus.
Ce renouvellement des maux de mon frère commença par le mal de dents
qui lui ôta absolument le sommeil. Mais quel moyen a un esprit comme le
sien d’être éveillé et de ne penser à rien ? C’est pourquoi dans les insomnies
mêmes, qui sont d’ailleurs si fréquentes et si fatiguantes, il lui vint une nuit
dans l’esprit quelques pensées sur la roulette.
Au fond, penser à la roulette quand on a mal aux dents : quoi de plus naturel ?
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(
y = x+a
• S∩P : : S contient une autre famille de paraboles dans des
z = x2 + ax
plans parallèles
( ;
y = −x + a
• S∩P : : encore une autre famille de paraboles, orientées
z = −x2 + ax
vers le bas, dans des plans orthogonaux aux précédents.
Une surface engendrée par une famille de droites est dite réglée. Celle-ci l’est dou-
blement, puisqu’elle contient deux familles de droites. Pour vous en faire une idée,
imaginez un cadre rectangulaire, formé de quatre tiges rigides articulées entre elles.
Des élastiques sont tendus d’une tige à son opposée, dans les deux sens (comme un
sommier de sangles). Imaginez maintenant que vous tordiez le cadre, de sorte que les
tiges opposées ne soient plus parallèles. Les élastiques restent tendus, matérialisant
une surface qui est doublement réglée. Une autre manière de visualiser le paraboloïde
hyperbolique est d’imaginer une parabole glissant le long d’une autre parabole, en sens
inverse : on obtient une sorte de selle de cheval (figure 14).
Les surfaces doublement réglées font le bonheur des architectes : on peut couler
d’immenses dalles de béton en les armant selon une des deux familles de droites, tout
en coffrant le long l’autre famille, ce qui confère à la structure d’excellentes propriétés
mécaniques : le toit de la cathédrale de la Sagrada Familia à Barcelone celui du musée
océanographique de Valence, sont des portions de paraboloïde hyperbolique. Au fait,
vous êtes-vous demandé pourquoi les biscuits d’apéritif de la marque Pringles ont cette
forme en selle de cheval plutôt que d’être plats ?
L’hyperboloïde de révolution est un autre exemple de surface doublement réglée.
Pour vous en faire une idée, prenez un paquet de tiges rigides (baguettes de mikado,
pailles . . . ) que vous maintenez en son milieu par un élastique. Élargissez ensuite le
paquet par en haut et par en bas en penchant les baguettes d’un même angle : vous
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venez de matérialiser un hyperboloïde de révolution (figure 15). Il est aussi très utilisé
en architecture : châteaux d’eau, cheminées de centrale nucléaire. . .
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cette voûte dût être exécutée en pierres de taille, il faudrait que la division
en voussoirs fût opérée au moyen des lignes de courbure dont nous avons
donné la construction, et que les joints fussent les surfaces développables
normales à la voûte.
C’est ainsi que jusqu’aux années 1970, des générations d’étudiants en mathématiques
devront au « tailleur de pierres de Mézières » d’avoir été formés à la géométrie cotée,
aux projections frontales et horizontales, et autres surfaces développables.
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Une première élection à l’Académie des Sciences est récusée par Louis xviii (sous la
Restauration, ceux qui s’étaient trop marqués du côté de Napoléon n’étaient pas en
odeur de sainteté). Candidat à nouveau dans la section de Physique générale, il est réélu
et enfin nommé en mai 1817. C’est la consécration ; il réunit ses différents travaux, et la
publication en 1822 de la Théorie Analytique de la Chaleur marque son triomphe : 660
pages, dont 21 de discours préliminaire, où profitant de son autorité enfin reconnue, il
énonce sa philosophie de la science, au risque de pontifier un tantinet.
Les équations du mouvement de la chaleur, comme celles qui expriment les
vibrations des corps sonores, ou les dernières oscillations des liquides, ap-
partiennent à une des branches de la science du calcul les plus récemment
découvertes, et qu’il importait beaucoup de perfectionner. Après avoir éta-
bli ces équations différentielles, il fallait en établir les intégrales ; ce qui
consiste à passer d’une expression commune à une solution propre assu-
jettie à toutes les conditions données. Cette recherche difficile exigeait une
analyse spéciale, fondée sur des théorèmes nouveaux dont nous ne pour-
rions ici faire connaître l’objet. La méthode qui en dérive ne laisse rien
de vague, ni d’indéterminé dans les solutions ; elle les conduit jusqu’aux
dernières applications numériques, condition nécessaire de toute recherche,
sans lesquelles on n’arriverait qu’à des transformations inutiles.
[. . . ]
L’étude de la nature est la source la plus féconde des découvertes mathé-
matiques. Non seulement cette étude, en offrant aux recherches un but
déterminé, a l’avantage d’exclure les questions vagues et les calculs sans is-
sue ; elle est encore un moyen assuré de former l’analyse elle-même, et d’en
découvrir les éléments qu’il nous importe le plus de connaître, et que cette
science doit toujours conserver : ces éléments fondamentaux sont ceux qui
se reproduisent dans tous les effets naturels.
Les équations analytiques, ignorées des anciens géomètres, que Descartes
a introduites le premier dans l’étude des courbes et des surfaces, ne sont
pas restreintes aux propriétés des figures, et à celles qui sont l’objet de la
mécanique rationnelle : elles s’étendent à tous les phénomènes généraux. Il
ne peut y avoir de langage universel et plus simple, plus exempt d’erreurs
et d’obscurités, c’est-à-dire plus digne d’exprimer les rapports invariables
des êtres naturels.
Considérée sous ce point de vue, l’analyse mathématique est aussi étendue
que la nature elle-même ; elle définit tous les rapports sensibles, mesure
les temps, les espaces, les forces, les températures ; cette science difficile se
forme avec lenteur, mais elle conserve tous les principes qu’elle a une fois
acquis ; elle s’accroît et s’affermit sans cesse au milien de tant de variations
et d’erreurs de l’esprit humain.
Son attribut principal est la clarté. Elle n’a point de signes pour exprimer
les notions confuses. Elle rapproche les phénomènes les plus divers, et dé-
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couvre les analogies secrètes qui les unissent. Si la matière nous échappe
comme celle de l’air et de la lumière par son extrême ténuité, si les corps
sont placés loin de nous, dans l’immensité de l’espace, si l’homme veut
connaître le spectacle des cieux pour des époques successives que sépare
un grand nombre de siècles, si les actions de la gravité et de la chaleur
s’exercent dans l’intérieur du globe solide à des profondeurs qui seront tou-
jours inaccessibles, l’analyse mathématique peut encore saisir les lois de ces
phénomènes. Elle nous les rend présents et mesurables, et semble être une
faculté de la raison humaine, destinée à suppléer à la brièveté de la vie et
à l’imperfection des sens ; et ce qui est plus remarquable encore, elle suit la
même marche dans l’étude de tous les phénomènes ; elle les interprète dans
le même langage, comme pour attester l’unité et la simplicité du plan de
l’univers, et rendre encore plus manifeste cet ordre immuable qui préside à
toutes les causes naturelles.
[. . . ]
Les théories nouvelles, expliquées dans notre ouvrage sont réunies pour
toujours aux sciences mathématiques, et reposent comme elles sur des fon-
dements invariables ; elles conserveront tous les éléments qu’elles possèdent
aujourd’hui, et elles acquerront continuellement plus d’étendue. On perfec-
tionnera les instruments et l’on multipliera les expériences. L’analyse que
nous avons formée sera déduite de méthodes plus générales, c’est-à-dire plus
simples et plus fécondes, communes à plusieurs stances solides ou liquides,
pour les vapeurs et pour les gaz permanents, toutes les qualités spécifiques
relatives à la chaleur, et les variations des coefficients qui les expriment. On
observera, dans divers lieux du globe, les températures du sol à diverses
profondeurs, l’intensité de la chaleur solaire, et ses effets, ou constants ou
variables, dans l’atmosphère, dans l’Océan et les lacs ; et l’on connaîtra cette
température constante du Ciel, qui est propre aux régions planétaires. La
théorie elle-même dirigera toutes ces mesures, et en assignera la précision.
Elle ne peut faire désormais aucun progrès considérable qui ne soit fondé sur
ces expériences ; car l’analyse mathématique peut déduire des phénomènes
généraux et simples l’expression des lois de la nature ; mais l’application
spéciale de ces lois à des effets très composés exige une longue suite d’ob-
servations exactes.
Fourier revendique hautement l’« étude de la Nature », jusqu’aux « applications nu-
mériques, condition nécessaire de toute recherche ». Déjà à l’époque, ce n’était pas le
point de vue unanime. Voici ce que le jeune Jacobi écrit à Legendre peu après la mort
de Fourier :
Il est vrai que M. Fourier avait l’opinion que le but principal des mathéma-
tiques était l’utilité publique et l’explication des phénomènes naturels ; mais
un philosophe comme lui aurait dû saisir que le but unique de la science,
c’est l’honneur de l’esprit humain, et que sous ce titre, une question de
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