Fonctions de Plusieurs Variables: Table Des Matières

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 63

Université Joseph Fourier, Grenoble Maths en Ligne

Fonctions de plusieurs variables


Bernard Ycart

Ce chapitre contient des techniques que vous utiliserez très souvent en physique,
mais les justifications mathématiques rigoureuses ne sont pas encore à votre portée.
Vous allez donc devoir admettre que ce que vous savez faire pour les fonctions de R
dans R s’étend raisonnablement en dimension supérieure. À condition bien sûr que
vous sachiez déjà le faire : avant de vous lancer, révisez ce qui concerne la dérivabilité
et le calcul de primitives pour les fonctions d’une variable. Il n’est pas exclu que vous
ayez aussi besoin d’un petit rafraîchissement sur les applications linéaires, les matrices
et les déterminants.

Table des matières


1 Cours 1
1.1 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Dérivées partielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Dérivées d’ordre supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.4 Extrema . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.5 Extrema liés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.6 Difféomorphismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.7 Intégrales multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.8 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

2 Entraînement 29
2.1 Vrai ou faux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.3 QCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.5 Corrigé du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

3 Compléments 50
3.1 Le palimpseste d’Archimède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2 Le principe de Cavalieri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.3 La roulette de Pascal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.4 Le paraboloïde hyperbolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.5 Le tailleur de pierres de Mézières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.6 Et ignem regunt numeri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

9 décembre 2014
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

1 Cours
1.1 Continuité
Nous étudions dans ce chapitre des techniques de calcul pour des fonctions définies
sur un domaine D de Rn , donc dépendant de n variables réelles, et à valeurs dans Rm .
Nous nous limiterons souvent aux dimensions 2 et 3, la généralisation aux dimensions
supérieures ne posant pas de problème particulier. Voici quelques exemples simples.
Surface d’un rectangle en fonction de sa longueur et sa largeur :

R2 −→ R
(x, y) 7−→ xy .

Surface d’un parallélépipède en fonction de ses trois dimensions :

R3 −→ R
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz) .

Surface et volume d’un parallélépipède en fonction de ses trois dimensions :

R3 −→ R 
2

(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz) , xyz .

Coordonnées polaires d’un point du plan (figure 1) :

R+ × [0, 2π[ −→ R2
(r, θ) 7−→ (x, y)
x = r cos θ , y = r sin θ .

Coordonnées cylindriques d’un point de l’espace (figure 2) :

R+ × [0, 2π[×R −→ R3
(r, θ, z) 7−→ (x, y, z)
x = r cos θ , y = r sin θ .

Coordonnées sphériques d’un point de l’espace (figure 3) :

R+ × [0, 2π[×[− π2 , π2 ] −→ R3
(r, θ, φ) 7−→ (x, y, z)
x = r sin θ cos φ , y = r sin θ sin φ , z = r cos θ .

Représenter graphiquement une fonction de plusieurs variables n’est possible que pour
les fonctions de R2 dans R. La fonction f : (x, y) 7→ f (x, y) est représentée en dimension
3 par la surface d’équation z = f (x, y). La figure 4 montre une représentation de la
surface d’équation z = sin(xy).

1
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

y
r

θ
x

Figure 1 – Coordonnées polaires d’un point du plan.

y
θ r
x

Figure 2 – Coordonnées cylindriques d’un point de l’espace.

Pour ne pas compliquer les notations dans les définitions qui viennent, nous pren-
drons l’exemple d’une application de R3 dans R2 :

R3 −→ R2
(x, y, z) 7−→ (f (x, y, z), g(x, y, z)) .

Les applications f et g, de R3 dans R, sont les applications coordonnées. Si on fixe un


point (a, b, c) dans l’espace de départ, on définit 3 applications partielles pour chaque
application coordonnée.

x −
7 → f (x, b, c) , x 7−→ g(x, b, c)
y −7 → f (a, y, c) , y 7−→ g(a, y, c)
z − 7 → f (a, b, z) , z −
7 → g(a, b, z)

Avant de pouvoir parler de continuité et de dérivabilité, nous devons définir la notion


de limite dans l’espace Rn .

2
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

θ
r
y
φ
x

Figure 3 – Coordonnées sphériques d’un point de l’espace.

0
-1
-3.1 -3.1

0.0 0.0

Y X

3.1 3.1

Figure 4 – Surface d’équation z = sin(xy).

Définition 1. On dit qu’une suite de points converge dans Rn vers un point x si pour
tout i, la suite des i-ièmes coordonnées converge dans R vers la i-ième coordonnée de
x.
Dans R3 , la suite ((xn , yn , zn ))n∈N converge si et seulement si les trois suites (xn )n∈N ,
(yn )n∈N , (zn )n∈N convergent dans R. Par exemple, la suite (2−n , 21/n , 2 + 1/n) converge
dans R3 vers (0, 1, 2).
Définition 2. On dit qu’une application Φ de Rn dans Rm est continue en un point
x de Rn si l’image par Φ de toute suite de points de Rn qui converge vers x, converge

3
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

vers Φ(x) dans Rm .

Comme cas particulier, l’application qui à (x1 , . . . , xn ) associe la coordonnée xi


est continue. D’après la définition de la convergence, l’application Φ est continue si et
seulement si ses applications coordonnées le sont. Il suffit donc d’examiner la continuité
des applications de Rn dans R.
Si Φ est continue, alors ses applications partielles le sont aussi. Malheureusement,
il peut se faire que les applications partielles soient continues sans que l’application Φ
le soit. Nous n’aborderons pas ce cas pathologique. Toutes les applications que nous
rencontrerons seront continues sur leur domaine de définition. Pour le vérifier, il suffira
en général d’invoquer le théorème suivant.

Théorème 1.
1. La somme et le produit de deux applications continues de Rn dans R sont conti-
nues.
2. La composée d’une application continue de Rn dans R par une application conti-
nue de R dans R est continue.

Comme premier exemple, considérons n applications continues de R dans R, f1 , . . . , fn .


Pour tout i = 1, . . . , n, l’application (x1 , . . . , xn ) 7→ fi (xi ) est continue de Rn dans R,
comme composée de fi et de la i-ième application coordonnée.
Leur somme (x1 , . . . , xn ) 7→ f1 (x1 ) + · · · + fn (xn ) et leur produit (x1 , . . . , xn ) 7→
f1 (x1 ) · · · fn (xn ) sont aussi continues.
Vérifions maintenant que l’application suivante est continue en tout point de R3
 s 
exp(xy) sin(z + ln(1 + y 2 )) 2 cos2 (x + y) 
(x, y, z) 7−→  , .
1 + x2 + y 2 1 + z4

Il suffit de montrer que les deux applications coordonnées sont continues. L’application
qui à (x, y, z) associe xy est continue comme produit de deux applications coordonnées
(point 1 ). Sa composée par exp l’est d’après le point 2. L’application qui à (x, y, z)
associe z + ln(1 + y 2 ) est continue d’après le point 1 et la composée par sin l’est d’après
2. L’application qui à (x, y, z) associe 1 + x2 + y 2 est continue d’après 1, l’inverse
d’après 2 (car le dénominateur ne s’annule pas). Finalement le produit de trois appli-
cations continues est continu d’après 1. On procède de même pour l’autre application
coordonnée.

1.2 Dérivées partielles


Les définitions et résultats de cette section sont énoncés pour la dimension 3, afin de
ne pas compliquer les notations. Ils se généralisent facilement en dimension quelconque.

4
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Soit f : (x, y, z) 7→ f (x, y, z) une application de R3 dans R. Etant donné un point


de coordonnées (a, b, c) dans R3 , on définit 3 applications partielles en (a, b, c).
x −7 → f (x, b, c)
y 7−→ f (a, y, c)
z 7−→ f (a, b, z)
Nous souhaitons dériver ces trois applications. Or on ne peut dériver une fonction de R
dans R que si elle est définie au voisinage du point où on souhaite la dériver, c’est-à-dire
sur un intervalle ouvert contenant ce point. Ceci nous amène à introduire la définition
suivante.
Définition 3. Soit D un sous-ensemble de R3 . On dit que D est un domaine ouvert
de R3 si pour tout point (x, y, z) de D, il existe  > 0 tel que D contient le cube de côté
2 et de centre (x, y, z).

]x − , x + [×]y − , y + [×]z − , z + [ ⊂ D .

Le cube de centre (x, y, z) et de côté 2 doit être vu comme un voisinage de (x, y, z).
Dorénavant les fonctions que nous considérons sont définies sur un domaine ouvert D
inclus dans R3 . Si les applications partielles sont dérivables, leurs dérivées s’appellent
les dérivées partielles de f en (a, b, c).
∂f df (x, b, c)
(a, b, c) = (a)
∂x dx
∂f df (a, y, c)
(a, b, c) = (b)
∂y dy
∂f df (a, b, z)
(a, b, c) = (c)
∂z dz
Pour calculer la dérivée partielle par rapport à x, il suffit de dériver en x l’expression
de f , en traitant les autres variables comme des constantes paramétriques.
Supposons par exemple que f soit l’application qui à (x, y, z) associe la surface du
parallélépipède dont les longueurs d’arêtes sont x, y, z.
R3 −→ R
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz)
Voici ses trois dérivées partielles.
∂f
(a, b, c) = 2(b + c)
∂x
∂f
(a, b, c) = 2(a + c)
∂y
∂f
(a, b, c) = 2(a + b)
∂z

5
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Nous éviterons systématiquement les cas pathologiques en supposant que les dérivées
partielles sont des fonctions continues.
Définition 4. Soit f une application définie sur un domaine ouvert D de R3 , à valeurs
dans R. On dit que f est continûment différentiable sur D si les dérivées partielles ∂f
∂x
,
∂f ∂f 3
∂y
, et ∂z
, vues comme des fonctions de R dans R sont continues en tout point de D.
Si elles sont continues, les dérivées partielles permettent d’approcher la fonction
par une application linéaire au voisinage d’un point. Le résultat qui suit est l’analogue
pour les fonctions de deux variables d’un développement limité d’ordre 1.
Théorème 2. Soit D un domaine ouvert de R2 , f : (x, y) 7→ f (x, y) une application
continûment différentiable de D dans R et (a, b) un point de D. Notons o(x, y) la
fonction définie par :
∂f ∂f
f (x, y) = f (a, b) + (x − a) (a, b) + (y − b) (a, b) + o(x, y) .
∂x ∂y
Alors :
o(x, y)
lim =0.
(x,y)→(a,b) max{|x − a|, |y − b|}

Ce théorème dit que les variations de la fonction f autour du point (a, b) peuvent
être approchées par une application linéaire, la différentielle de f .
Définition 5. On appelle différentielle de f au point (a, b) l’application linéaire de R2
dans R qui à (hx , hy ) associe :
∂f ∂f
hx (a, b) + hy (a, b) .
∂x ∂y
La différentielle peut être vue comme l’application qui à un vecteur associe son
produit scalaire par le vecteur des dérivées partielles, qu’on appelle le gradient de f au
point (a, b), et que l’on note ∇f (a, b) (prononcez : « nabla »). En physique, on interprète
hx et hy comme de petites variations des variables x et y, et on les note plutôt dx et
dy. Si on note df la différentielle de f , ceci justifie l’écriture abrégée suivante.
∂f ∂f
df = dx + dy .
∂x ∂y
Le théorème 2 donne une approximation de f (x, y) sous la forme :
∂f ∂f
f (x, y) ' f (a, b) + (x − a) (a, b) + (y − b) (a, b) .
∂x ∂y

La surface d’équation z = f (a, b) + (x − a) ∂f


∂x
(a, b) + (y − b) ∂f
∂y
(a, b) est celle du plan
tangent à la surface z = f (x, y) au point (a, b, f (a, b)) (cf. figure 5). Pour rappeler

6
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

f(a,b)

(a,b)
x D

Figure 5 – Plan tangent à une surface en un point.

cette interprétation géométrique, la différentielle de f au point (a, b) porte aussi le


nom d’application linéaire tangente.
Une application de Rn dans Rm est continûment différentiable si ses m applications
coordonnées le sont, au sens de la définition 4. La différentielle en un point de Rn est
une application linéaire de Rn dans Rm . Sa matrice est la matrice jacobienne. Ici encore
nous donnons la définition en dimension réduite pour des raisons de clarté.
Définition 6. Soit D un domaine ouvert de R3 et Φ une application de D dans R2 .
D −→ R2
Φ :
(x, y, z) 7−→ (f (x, y, z), g(x, y, z)) .
Soit (a, b, c) un point de D. On appelle matrice jacobienne de Φ au point (a, b, c), la
matrice des dérivées partielles de f et g :
∂f ∂f ∂f
 

∂x ∂y ∂z
 
M J(Φ)(a, b, c) =   (a, b, c) .
 
 ∂g ∂g ∂g 
∂x ∂y ∂z
On appelle différentielle de Φ au point (a, b, c) l’application linéaire de R3 dans R2 dont
la matrice dans les bases canoniques de R3 et R2 est la matrice jacobienne.
On ne distinguera pas en général la matrice jacobienne au point (x, y, z) de l’ap-
plication de R3 dans l’ensemble des matrices qui à (x, y, z) associe cette matrice jaco-
bienne. Nous reprenons les exemples de la section précédente, en donnant pour chacun
la matrice jacobienne.
Surface d’un rectangle en fonction de sa longueur et sa largeur :
R2 −→ R  
MJ = y x .
(x, y) 7−→ xy

7
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Surface d’un parallélépipède en fonction de ses trois dimensions :

R3 −→ R  
MJ = 2(y + z) 2(x + z) 2(x + y) .
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz)

Surface et volume d’un parallélépipède en fonction de ses trois dimensions :

R3 −→ R 2
2(y + z) 2(x + z) 2(x + y)
!
MJ = .
 
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz) , xyz yz xz xy

Coordonnées polaires d’un point du plan :

R+∗ ×]0, 2π[ −→ R2 !


cos θ −r sin θ
(r, θ) 7−→ (x, y) MJ = .
sin θ r cos θ
x = r cos θ , y = r sin θ

Coordonnées cylindriques d’un point de l’espace :

R+∗ ×]0, 2π[×R −→ R3


 
cos θ −r sin θ 0
(r, θ, z) 7−→ (x, y, z)  sin θ
MJ =  r cos θ 0 
 .
x = r cos θ , y = r sin θ 0 0 1

Coordonnées sphériques d’un point de l’espace :

R+∗ ×]0, 2π[×] − π2 , π2 [ −→ R3


(r, θ, φ) 7−→ (x, y, z)
x = r cos φ cos θ , y = r cos φ sin θ , z = r sin φ
 
cos φ cos θ −r cos φ sin θ −r sin φ cos θ
M J =  cos φ sin θ

r cos φ cos θ −r sin φ sin θ 
 .
sin φ 0 r cos φ
Pour le calcul des différentielles, on est souvent amené à utiliser la règle de dérivation
selon laquelle la différentielle d’une fonction composée est la composée des différen-
tielles.

Théorème 3. Soit f une application de Rn dans Rm , différentiable au point x de Rn .


Soit g une application de Rm dans Rk , différentiable au point y = f (x) de Rm . La
différentielle de la composée g ◦ f au point x est la composée des différentielles de g
au point f (x) et de f au point x. La matrice jacobienne est le produit des matrices
jacobiennes de g au point f (x) et de f au point x.

M J(g ◦ f )(x) = M J(g)(f (x))M J(f )(x) .

8
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Voici un exemple. Considérons l’application f , de R2 dans R2 , qui aux coordonnées


polaires d’un point du plan associe ses coordonnées cartésiennes.

R+∗ ×]0, 2π[ −→ R2



!
cos θ −r sin θ


f :  (r, θ) 7−→ (x, y) M J(f ) = .
sin θ r cos θ

x = r cos θ , y = r sin θ

Considérons maintenant la fonction g, de R2 dans R qui à (x, y) associe x2 + y 2 .


(
R2 −→ R  
g : M J(g) = 2x 2y .
(x, y) 7−→ x2 + y 2
 
La matrice jacobienne de g au point f (r cos θ, r sin θ) est donc 2r cos θ 2r sin θ . Le
produit des deux est :
!
  cos θ −r sin θ  
2r cos θ 2r sin θ = 2r 0 .
sin θ r cos θ

Effectivement, la composée g ◦ f est la fonction de R2 dans R qui à (r, θ) associe r2 .


En pratique, on calcule rarement les différentielles sous forme matricielle. On écrira
plutôt :
∂g ∂g ∂x ∂g ∂y
= + .
∂r ∂x ∂r ∂y ∂r

1.3 Dérivées d’ordre supérieur


Soit f : (x, y, z) 7→ f (x, y, z) une application d’un domaine D de R3 dans R,
continûment différentiable sur D. Les trois dérivées partielles ∂f , ∂f et ∂f
∂x ∂y ∂z
sont encore
des applications de D dans R. Si elles-mêmes sont continûment différentiables, on dit
que f est « deux fois continûment différentiable ». Leurs dérivées partielles, au nombre
de 9, sont les dérivées partielles secondes de f . Nous admettrons que le résultat ne
dépend pas de l’ordre dans lequel on effectue les dérivations ; c’est le théorème de
Schwarz.

Théorème 4. Soit f une application deux fois continûment différentiable sur un do-
maine ouvert de Rn , à valeurs dans R. Pour tout i, j = 1, . . . , n, on a :
! !
∂ ∂f ∂ ∂f
= .
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi

∂ 2f
La notation pour la dérivée partielle seconde par rapport à xi et xj est . Leur ma-
∂xi ∂xj
trice est la matrice hessienne de f , qui est symétrique d’après le théorème de Schwarz.

9
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Ainsi, pour une application de R3 dans R, la matrice hessienne a 3 lignes et 3 colonnes.


∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
 

∂x2 ∂x∂y ∂x∂z


 
 
 
 ∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f 
H(f ) = 




 ∂x∂y ∂y 2 ∂y∂z 

∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
 
 
∂x∂z ∂y∂z ∂z 2
Reprenons l’exemple de la surface d’un parallélépipède en fonction de ses trois dimen-
sions.
R3 −→ R  
MJ = 2(y + z) 2(x + z) 2(x + y) .
(x, y, z) 7−→ 2(xy + yz + xz)
La matrice hessienne s’obtient en dérivant chacune des dérivées partielles d’ordre 1,
par rapport aux trois variables.
0 2 2
 
 
 
H= 
 2 0 2 
 .
 
2 2 0
Si les dérivées partielles secondes sont elles-mêmes différentiables, on peut définir les
dérivées partielles troisièmes, et en itérant le procédé, des dérivées partielles de tous
ordres.
Les équations aux dérivées partielles, qui sont aux fonctions à plusieurs variables ce
que les équations différentielles sont aux fonctions d’une variable, sont omniprésentes
en physique. Elles relient en général entre elles les dérivées partielles d’ordre 1 et 2, et
font intervenir des combinaisons de dérivées partielles comme le gradient, la divergence,
le rotationnel, ou le laplacien.
Définition 7.
1. Soit f : (x, y, z) 7→ f (x, y, z) une application deux fois continûment différentiable
de R3 dans R. On appelle :
(a) Gradient de f le vecteur, noté ∇f :
 ∂f 
∂x
 ∂f 
∇f =  ∂y  .
∂f
∂z

(b) Laplacien de f le réel, noté ∆f :


∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
∆f = + + .
∂x2 ∂y 2 ∂z 2

10
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

2. Soit F : (x, y, z) 7→ (f (x, y, z), g(x, y, z), h(x, y, z)) une application deux fois
continûment différentiable de R3 dans R3 . On appelle :
(a) Rotationnel de F le vecteur, noté rot(F ) :
 
∂h ∂g
∂y
− ∂z
∂f ∂h
 
rot(F ) = 
 ∂z
− ∂x

 .
∂g ∂f
∂x
− ∂y

(b) Divergence de F le réel, noté div(F ) :


∂f ∂g ∂h
div(F ) = + + .
∂x ∂y ∂z
Le lecteur vérifiera les relations classiques suivantes, à partir des définitions précé-
dentes et du théorème de Schwarz 4.
div(∇f ) = ∆f , div(rot(F )) = 0 , rot(∇f ) = 0 .
À titre d’exemple, voici la plus célèbre des équations aux dérivées partielles, l’équation
de la chaleur. Considérons un corps homogène dans l’espace, et notons f (t, x, y, z) la
température au temps t du point de coordonnées (x, y, z). Des considérations physiques
amènent à montrer que l’application f doit être solution de l’équation aux dérivées
partielles suivante :
!
∂f λ ∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f λ
= + + = (∆xyz f ) ,
∂t ρCp ∂x2 ∂y 2 ∂z 2 ρCp
où λ est la conductivité thermique, ρ la masse volumique et Cp la chaleur spécifique.
L’application suivante porte le nom de « noyau de la chaleur » car elle est solution de
l’équation de la chaleur, ce que nous allons vérifier.
1 c 2
 
2 2
f (t, x, y, z) = √ exp − (x + y + z ) ,
t t t
où c est une constante.
!
∂f 3 x2 + y 2 + z 2 c 2
 
2 2
= − 2 √ +c √ exp − (x + y + z )
∂t 2t t t3 t t
!
∂f 2cx c
 
= − 2 √ exp − (x2 + y 2 + z 2 )
∂x t t t
!
2 2
∂ f 2c x c 2
 
2 2 2
= − 2 √ + 4c 3 √ exp − (x + y + z )
∂x2 t t t t t
Les dérivées partielles par rapport à y et z s’obtiennent en permutant les 3 variables,
qui jouent des rôles symétriques. On obtient :
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f ∂f
∆xyz f = 2
+ 2
+ 2
= 4c .
∂x ∂y ∂z ∂t
ρCp
Pour c = 4λ
, f est donc une solution particulière de l’équation de la chaleur.

11
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

1.4 Extrema
Le but de cette section est d’étudier les variations d’une fonction f de Rn dans R,
et en particulier de déterminer les points de l’espace où elle atteint son maximum et
son minimum. Afin de mieux visualiser les notions introduites, nous nous plaçons en
dimension 2. La fonction f : (x, y) 7→ f (x, y) se représente par la surface d’équation
z = f (x, y) dans l’espace. Nous commençons par la notion de dérivée directionnelle.

Définition 8. Soit D un domaine ouvert de R2 et f une fonction continûment dif-


férentiable sur D. Soit (a, b) un point de D et (u, v) un vecteur non nul de R2 . On
appelle dérivée directionnelle de f en (a, b) dans la direction de (u, v) la quantité :

∂f ∂f
(a, b) u + (a, b) v .
∂x ∂y
Pour comprendre cette définition, considérons la fonction g de R dans R, qui à t
associe :
g(t) = f (a + tu, b + tv) .
Elle définit une courbe sur la surface d’équation z = f (x, y), au-dessus de la droite
{(a + tu, b + tv) , t ∈ R} (voir figure 6). On dérive cette fonction par rapport à t comme
une fonction composée :
d
g 0 (t) = f (a + tu, b + tv)
dt
∂f d(a + tu) ∂f d(b + tv)
= (a + tu, b + tv) + (a + tu, b + tv) .
∂x dt ∂y dt
Soit en t = 0 :
∂f ∂f
g 0 (0) = (a, b) u + (a, b) v .
∂x ∂y
La dérivée directionnelle décrit les variations de f (a + tu, b + tv) autour de (a, b), dans
la direction du vecteur (u, v).
La direction selon laquelle la croissance de la surface est la plus forte est celle du
gradient de la fonction. À titre d’exemple, nous avons représenté sur la figure 7 quelques
valeurs du gradient de la fonction sin(xy). Pour comparaison, nous avons mis à côté
une représentation de la fonction par niveaux de gris : au lieu de la surface z = sin(xy)
(figure 4), les valeurs de la fonction sont symbolisées par des niveaux de gris, d’autant
plus clairs que les valeurs sont plus fortes. Les points blancs sont des maxima de la
fonction, et les points noirs des minima. On constate que le gradient, s’il est non nul,
est toujours orienté vers le haut, dans la direction de la « ligne de plus grande pente ».

Sur la figure 7, on observe que le gradient est nul pour les maxima et les minima.
Définissons d’abord la notion de maximum et minimum local.

12
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

f(a,b)

(u,v)

(a,b)
x D

Figure 6 – Dérivée directionnelle.

4 4

3 3

2 2

1 1

.
0 0

-1 −1

-2 −2

-3 −3

-4 −4
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4

Figure 7 – Représentation par niveaux de gris de z = sin(xy) et champ de gradient


correspondant.

Définition 9. Soit D un domaine ouvert de R2 , f une fonction définie sur D, et (a, b)


un point de D. On dit que f admet un maximum (respectivement un minimum) local
en (a, b), s’il existe  > 0 tel que f (a, b) > f (x, y) (respectivement f (a, b) 6 f (x, y)),
pour tout (x, y) tel que |x − a| <  et |y − b| < .
Théorème 5. Soit D un domaine ouvert de R2 et f une fonction continûment différen-
tiable sur D. Soit (a, b) un point de D. Si f admet un maximum local ou un minimum
local en (a, b) alors le gradient de f au point (a, b) est nul :
∂f ∂f
(a, b) = (a, b) = 0 .
∂x ∂y

Démonstration : Si f admet un extremum (maximum ou minimum) local en (a, b)


alors il en est de même si on restreint f à la direction (u, v) autour de (a, b). La dérivée
de la fonction (de t) f (a + tu, b + tv) doit donc être nulle en t = 0. Donc :
d ∂f ∂f
f (a, b) = (a, b) u + (a, b) v = 0 .
dt ∂x ∂y

13
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Mais les dérivées directionnelles ne peuvent être nulles dans toutes les directions que
si le gradient lui même est nul. 
Les points du plan où le gradient de f s’annule sont les points critiques de f . La
nullité du gradient n’est qu’une condition nécessaire pour qu’un point soit un extre-
mum. Rappelons tout d’abord quelle est la situation pour les fonctions d’une variable,
deux fois continûment dérivable. Si la fonction t 7→ g(t) admet un maximum ou un
minimum local en t = 0 alors g 0 (0) = 0. Réciproquement :
• Si g 0 (0) = 0 et si g 00 (0) < 0, alors 0 est un maximum local pour g.
• Si g 0 (0) = 0 et si g 00 (0) > 0, alors 0 est un minimum local pour g.
Revenons alors à une fonction de 2 variables, que nous supposons deux fois continûment
différentiable. Examinons cette fonction dans la direction (u, v) autour de (a, b).

g(t) = f (a + tu, b + tv) .

Le point (a, b) sera un maximum de f si 0 est un maximum pour g, quelle que soit la
direction (u, v). Calculons la dérivée seconde de g :
!
d2 d ∂f ∂f
f (a + tu, b + tv) = u (a + tu, b + tv) + v (a + tu, b + tv)
dt2 dt ∂x ∂y
∂ 2f 2 ∂ 2f
= (a + tu, b + tv) u + 2 (a + tu, b + tv) uv
∂x2 ∂x∂y
∂ 2f
+ 2 (a + tu, b + tv) v 2 .
∂y
Donc en t = 0 :
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
g 00 (0) = 2
(a, b) u 2
+ 2 (a, b) uv + 2
(a, b) v 2 .
∂x ∂x∂y ∂y
Cette expression peut s’écrire sous la forme matricielle suivante, qui fait intervenir la
matrice hessienne de f .
∂2f ∂2f
 
(a, b) (a, b)
  
∂x2 ∂x∂y u u
(u, v) 


  = (u, v)H   .
∂2f ∂2f
∂x∂y
(a, b) ∂y 2
(a, b) v v

Il se trouve que, comme pour toute matrice symétrique réelle, il existe une matrice
orthogonale P ∈ M2,2 (R) (vérifiant P −1 = t P ) et deux réels λ et µ tels que :
 
λ 0
H=P  P −1 .
0 µ

Les réels λ et µ sont les valeurs propres de la matrice hessienne. Pour les calculer, il
suffit de connaître leur somme, qui est la trace de la matrice hessienne, et leur produit,

14
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

qui est son déterminant.


! !2
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
λ+µ= (a, b) + (a, b) et λµ = (a, b) (a, b) − (a, b)
∂x2 ∂y 2 ∂x2 ∂y 2 ∂x∂y

On résoud alors l’équation du second degré dont λ et µ sont solution.


Posons :    
u∗ u
  = tP   ⇐⇒ (u∗ , v∗ ) = (u, v)P .
v∗ v
La dérivée seconde de g en 0 s’écrit :
  
λ 0 u∗
g 00 (0) = (u∗ , v∗ )    = λu2∗ + µv∗2 .
0 µ v∗

Le signe de g 00 (0) dépend donc des signes de λ et µ.


• Si λ < 0 et µ < 0, alors g 00 (0) < 0 quelle que soit la direction (u, v), donc le point
(a, b) est un maximum local pour f .
• Si λ > 0 et µ > 0, alors g 00 (0) > 0 quelle que soit la direction (u, v), donc le point
(a, b) est un minimum local pour f .
• Si λ > 0 et µ < 0, alors g 00 (0) < 0 dans la direction (u∗ , 0)P , et g 00 (0) > 0 dans la
direction (0, v∗ )P . Dans ce cas on dit que le point (a, b) est un point selle pour f .
Les trois cas sont illustrés sur la figure 8.
z z z

y y y

(a,b) (a,b) (a,b)


x D x D x D

Figure 8 – Maximum, minimum et point selle pour une fonction de R2 dans R.

Voici un exemple.
f (x, y) = x3 + 3xy 2 − 15x − 12y .
Le gradient et la matrice hessienne au point (x, y) sont :
! !
3x2 + 3y 2 − 15 6x 6y
∇= , H= .
6xy − 12 6y 6x

15
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Le gradient s’annule en 4 points dans le plan. Nous les donnons avec les valeurs propres
de la matrice hessienne et la nature du point.

(2, 1) λ = 6 , µ = 18 minimum
(−2, −1) λ = −6 , µ = −18 maximum
(1, 2) λ = −6 , µ = 18 point selle
(−1, −2) λ = 6 , µ = −18 point selle

L’étude précédente se généralise aux fonctions de Rn dans R.


Théorème 6. Soit D un domaine ouvert de Rn , f une fonction deux fois continûment
différentiable sur D et (a, b) un point de D. Notons ∇ le gradient et H la matrice
hessienne de f au point (a, b).
1. Si ∇ = 0 et si H a toutes ses valeurs propres strictement négatives, alors (a, b)
est un maximum local pour f .
2. Si ∇ = 0 et si H a toutes ses valeurs propres strictement positives, alors (a, b)
est un minimum local pour f .
Les valeurs propres de H sont les racines du polynôme Π(x), où Π(x) est le déter-
minant de la matrice H − xI, I étant la matrice indentité de taille n × n.

1.5 Extrema liés


Nous passons maintenant à un problème un peu différent : la recherche d’extrema
liés, aussi appelés extrema sous contrainte. Commençons par un exemple simple. Parmi
les parallélépipèdes de surface S fixée, lesquels ont un volume maximal ? Si x, y, z
désignent les longueurs des côtés du parallélépipède, la surface est 2(xy + yz + xz)
et le volume xyz. Le problème est de trouver le maximum atteint par le volume xyz,
non pas parmi tous les points de R3 , mais seulement parmi ceux vérifiant la contrainte
2(xy + yz + xz) = S, où S est fixé. Bien sûr, on peut utiliser la contrainte pour calculer
une des variables en fonction des deux autres. Par exemple pour z :
S
2
− xy
2(xy + yz + xz) = S =⇒ z = .
x+y
En reportant cette valeur de z dans l’expression du volume, on obtient :
S
2
− xy
VS (x, y) = xy .
x+y
On peut calculer le maximum de cette fonction avec la technique du gradient. Le lecteur
vérifiera que le maximum de VS (x, y) est atteint pour :
s
S
x=y= ,
6

16
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

q
ce qui entraîne aussi z = S6 : à surface fixée, le parallélépipède de volume maximal
est le cube.
Il est rare que l’on puisse effectivement appliquer cette technique de substitution,
surtout s’il y a plusieurs contraintes. On utilise alors le théorème des multiplicateurs
de Lagrange, qui dit que si un problème d’optimisation sous contrainte a une solution
en un point, alors les gradients de la fonction et des contraintes sont des vecteurs
linéairement dépendants.
Théorème 7. Soit D un domaine ouvert de Rn et f, g1 , . . . , gk des applications conti-
nûment différentiables de D dans R. Notons :

A = {x ∈ D , g1 (x) = · · · = gk (x) = 0} .

Si la restriction de f à A présente un extremum au point a de A, et si les vecteurs


∇g1 (a), . . . , ∇gk (a) sont linéairement indépendants, alors il existe k réels λ1 , . . . , λk
tels que :
∇f (a) = λ1 ∇g1 (a) + · · · + λk ∇gk (a) .
Dans ce théorème, f est la fonction dont on cherche un maximum ou un minimum,
et g1 , . . . , gk sont les contraintes. Remarquons qu’il y a au plus n contraintes, car leurs
gradients doivent être linéairement indépendants. En fait pour que le théorème ait un
intérêt, il ne peut pas y avoir plus de n − 1 contraintes. Les coefficients λ1 , . . . , λk sont
les multiplicateurs de Lagrange. Appliquons ce théorème au problème du volume sous
contrainte de surface.

f (x, y, z) = xyz , g1 (x, y, z) = 2(xy + yz + xz) − S .


   
yz 2(y + z)
∇f = 

xz 
 , ∇g1 = 

2(x + z) 
 .
xy 2(x + y)
Si un point (x, y, z) est solution, alors il existe un multiplicateur λ1 tel que ∇f = λ1 ∇g1 .
On doit donc avoir : 
 yz = 2λ1 (y + z)

xz = 2λ1 (x + z)


xy = 2λ1 (x + y)
En soustrayant ces équations deux à deux, on obtient :


 (x − y)z = 2λ1 (x − y)
(y − z)x = 2λ1 (y − z)
(z − x)y = 2λ1 (z − x)

qui implique que x = y = z. On retrouve donc la solution précédente.


Voici maintenant un exemple similaire, mais avec deux contraintes.

f (x, y, z) = xyz , g1 (x, y, z) = x2 + y 2 + z 2 − 1 , g2 (x, y, z) = x + y + z − 1 .

17
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

     
yz 2x 1
∇f =  xz  , ∇g1 =  2y  , ∇g1 =  1  .
     

xy 2z 1
La contrainte g1 (x, y, z) = 0 est l’équation de la sphère de centre (0, 0, 0) et de rayon 1 ;
la contrainte g2 (x, y, z) = 0 est l’équation d’un plan. On cherche donc les extrema de f
sur l’intersection de la sphère unité et d’un plan, à savoir sur un cercle dans l’espace.
Si un point (x, y, z) est solution, alors il existe deux multiplicateurs λ1 , λ2 tels que
∇f = λ1 ∇g1 + λ2 ∇g2 . On doit donc avoir :


 yz = 2λ1 x + λ2
xz = 2λ1 y + λ2 .


xy = 2λ1 z + λ2

On obtient donc un système de 5 équations (les 3 précédentes et les 2 contraintes), et


5 inconnues : x, y, z, λ1 , λ2 . L’étude de ce système montre qu’il a 6 solutions, données
dans le tableau ci-dessous.
x y z λ1 λ2
1 0 0 0 0
0 1 0 0 0
0 0 1 0 0
− 13 2
3
2
3
− 13 2
9
2
3
− 31 2
3
− 13 2
9
2 2
3 3
− 13 − 13 2
9

Observons que ces points ont été obtenus par une condition nécessaire. Rien dans le
théorème 7 ne permet de savoir si ce sont des maxima, des minima ou ni l’un ni l’autre.

1.6 Difféomorphismes
Les applications de Rn dans Rn qui sont bijectives, et continûment différentiables
ainsi que leur réciproque, sont utilisées comme changements de variables. On les appelle
des difféomorphismes.
Définition 10. Soient D et ∆ deux domaines ouverts de Rn . Soit Φ une application
de D dans ∆. On dit que Φ est un difféomorphisme si :
1. Φ est une bijection de D sur ∆,
2. Φ ainsi que sa réciproque Φ−1 sont continûment différentiables.
Les différentielles de Φ et Φ−1 sont elles aussi réciproques l’une de l’autre. Les
matrices jacobiennes, qui sont des matrices carrées n × n, sont inverses l’une de l’autre.
Ceci découle du théorème de composition des différentielles 3.

18
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Proposition 1. Soit Φ un difféomorphisme de D sur ∆, a un point de D et b un


point de ∆. Alors :
 −1  −1
−1 −1 −1
dΦ (Φ(a)) = dΦ(a) dΦ(Φ (b)) = dΦ (b) ,
 −1  −1
−1 −1 −1
M J(Φ )(Φ(a)) = M J(Φ)(a) M J(Φ)(Φ (b)) = M J(Φ )(b) .

Pour un difféomorphisme, le déterminant de la matrice jacobienne joue un rôle


particulier.

Définition 11. Soient D et ∆ deux domaines ouverts de Rn . Soit Φ une application


continûment différentiable de D dans ∆. On appelle déterminant jacobien de Φ, ou
simplement jacobien, le déterminant de la matrice jacobienne.

J(Φ) = Det(M J(Φ)) .

Comme conséquence de la proposition 1, le jacobien d’un difféomorphisme ne s’an-


nule pas, puisque la matrice jacobienne est inversible. De plus, le jacobien de Φ et le
jacobien de Φ−1 sont inverses l’un de l’autre.
1 1
J(Φ−1 )(Φ(a)) = J(Φ)(Φ−1 (b)) = .
J(Φ)(a) J(Φ−1 )(b)

Les changements de variables en coordonnées polaires, cylindriques ou sphériques,


sont très souvent utilisés. Nous détaillons le premier, qui consiste à remplacer les co-
ordonnées cartésiennes (x, y) d’un point du plan, par le module r et l’argument θ du
point dans le plan complexe (figure 1).
(
D = R2 \ R+ × {0} −→ ∆ =]0, +∞[×]0, 2π[
Φ :
(x, y) 7−→ (r, θ)

Le module r s’écrit r = x2 + y 2 . Par contre il n’est pas facile de donner une expression
explicite de θ en fonction de x et y, à cause des problèmes de signe. On utilise plutôt
l’expression de la réciproque Φ−1 , que nous avons déjà donnée en exemple.

∆ =]0, +∞[×]0, 2π[ −→ D = R2 \ (R+ × {0})





Φ−1 :  (r, θ) 7−→ (x, y)

x = r cos θ , y = r sin θ .

La matrice jacobienne de Φ−1 au point (r, θ) est :


   
∂x ∂x
∂r ∂θ cos θ −r sin θ
M J(Φ−1 )(r, θ) =  ∂y ∂y
 =  .
∂r ∂θ
sin θ r cos θ

19
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Remarquons que le déterminant jacobien de Φ−1 , qui vaut r, ne s’annule pas sur le
domaine ∆. La matrice jacobienne est donc bien inversible en tout point de ∆. Voici
son inverse :  
 −1 cos θ sin θ
M J(Φ−1 )(r, θ) = 1  .
− r sin θ 1r cos θ
Pour obtenir la matrice jacobienne de Φ en un point (x, y) de D, il suffit de remplacer
cos θ, sin θ et r par leurs expressions en fonction de x et y :

√ x √ y
   
∂r ∂r
x2 +y 2 x2 +y 2 ∂x ∂y
M J(Φ)(x, y) =  y x
 = ∂θ ∂θ
 .
− x2 +y 2 x2 +y 2 ∂x ∂y

Observons qu’on a bien la relation attendue entre les jacobiens.


1 1 1
J(Φ)(x, y) = √ = = .
x2 + y 2 r J(φ−1 )(r, θ)

Considérons maintenant une application f : (x, y) 7→ f (x, y), de D dans R. Pour


utiliser le changement de variables Φ, on doit remplacer les anciennes coordonnées
(x, y), par les nouvelles coordonnées (r, θ), et donc considérer la fonction g, de ∆ dans
R, qui à (r, θ) associe :

g(r, θ) = f (Φ−1 (r, θ)) = f (x(r, θ), y(r, θ)) .

On est alors amené à utiliser le théorème 3 pour calculer les dérivées partielles suc-
cessives de g en fonction de celles de f , et réciproquement. À titre d’exemple, voici le
calcul classique du laplacien de f (supposée deux fois continûment différentiable) en
fonction des dérivées partielles de g.
∂f ∂g ∂r ∂g ∂θ ∂g sin θ ∂g
= + = cos θ − ,
∂x ∂r ∂x ∂θ ∂x ∂r r ∂θ
∂f ∂g ∂r ∂g ∂θ ∂g cos θ ∂g
= + = sin θ + ,
∂y ∂r ∂y ∂θ ∂y ∂r r ∂θ
! !
∂ 2f ∂ ∂g sin θ ∂g ∂r ∂ ∂g sin θ ∂g ∂θ
= cos θ − + cos θ − ,
∂x2 ∂r ∂r r ∂θ ∂x ∂θ ∂r r ∂θ ∂x
! !
∂ 2f ∂ ∂g cos θ ∂g ∂r ∂ ∂g cos θ ∂g ∂θ
= sin θ + + sin θ + .
∂y 2 ∂r ∂r r ∂θ ∂y ∂θ ∂r r ∂θ ∂y

Après simplifications, on trouve :

∂ 2f ∂ 2f ∂ 2 g 1 ∂g 1 ∂ 2g
+ = + + .
∂x2 ∂y 2 ∂r2 r ∂r r2 ∂θ2

20
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

1.7 Intégrales multiples


Il n’est pas question de développer ici une théorie générale de l’intégrale d’une fonc-
tion de n variables sur un domaine de Rn . Nous nous limiterons à des domaines ouverts
particuliers en dimension 2, ceux dont on peut délimiter la frontière verticalement par
deux fonctions continues dans le plan.

D = { (x, y) ∈ R2 , a < x < b , α(x) < y < β(x) } ,

où α et β sont deux fonctions continues de ]a, b[ dans R. En général, ce même domaine


pourra être délimité horizontalement par deux autres fonctions (figure 9).

D = { (x, y) ∈ R2 , γ(y) < x < δ(y) , c < y < d } ,

où γ et δ sont deux fonctions continues de ]c, d[ dans R.


y y
d
β (x)

D D
y

α(x) c

x x
a x b γ (y) δ (y)

Figure 9 – Domaine du plan délimité par deux fonctions, verticalement et horizonta-


lement.

Soit f une fonction continue sur le domaine D. Pour x fixé dans l’intervalle ]a, b[,
l’application partielle y 7→ f (x, y), définie sur ]α(x), β(x)[ est continue, donc intégrable.
La fonction qui à x ∈]a, b[ associe :
Z β(x)
f (x, y) dy ,
α(x)

est continue sur ]a, b[. Il est logique de définir l’intégrale de f sur D comme son intégrale.
Encore faut-il s’assurer que le résultat aurait été le même si on avait intégré d’abord
par rapport à x, ensuite par rapport à y : le théorème de Fubini l’assure, et nous
l’admettrons.

Théorème 8. Avec les hypothèses précédentes, l’égalité suivante est vérifiée.


Z b Z β(x) ! Z d Z δ(y) !
f (x, y) dy dx = f (x, y) dx dy .
a α(x) c γ(y)

21
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Définition 12. On appelle intégrale de f sur D, la valeur commune des deux expres-
sions :
Z Z b Z β(x) ! Z d Z δ(y) !
f (x, y) dxdy = f (x, y) dy dx = f (x, y) dx dy .
D a α(x) c γ(y)

Voici un premier exemple, dans le cas particulier où D est un rectangle :

D =]a, b[×]c, d[ .

La fonction à intégrer est f : (x, y) 7→ x3 y 2 .


! " #d
Z Z b Z d
3 2 y3 Z b
3
f (x, y) dxdy = x y dy dx = x dx
D a c a 3 c
d 3 − c3 Z b 3 d3 − c3 b4 − a4
= x dx = .
3 a 3 4
En fait si f (x, y) = g(x)h(y), alors l’intégrale de f sur D =]a, b[×]c, d[ est le produit
des intégrales de g sur ]a, b[ et de h sur ]c, d[.
Voici l’intégrale de la même fonction f sur un domaine triangulaire (figure 10) :

D = { (x, y) ∈ R2 , 0 < x < 1 , 0 < y < x } .

0
0 y x 1

Figure 10 – Domaine triangulaire.


" #x
Z 1 Z x Z 1
y3
Z 
3 2 3
f (x, y) dxdy = x y dy dx = x dx
D 0 0 0 3 0
" #1
Z 1
x6 x7 1
= dx = = .
0 3 21 0
21

22
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Si on commence par la variable x, on obtient :


" #1
Z 1 Z 1 Z 1
x4
Z 
3 2 2
f (x, y) dxdy = x y dx dy = y dy
D 0 y 0 4 y
Z 1 2 " #1
y y6 y3 y7 1
= − dy = − = .
0 4 4 12 28 0
21

Cette méthode de calcul s’étend aux intégrales triples, et plus généralement aux inté-
grales sur un domaine de Rn d’une fonction de Rn dans R. Voici un exemple. Notons
D le domaine de R3 défini par :

D = { (x, y, z) ∈ R3 , 0 < x < y < z < 1 } .

Soit f la fonction de R3 dans R, qui à (x, y, z) associe xyz. Calculons l’intégrale de f


sur D.
Z Z 1 Z 1 Z 1  
f (x, y, z) dxdydz = xyz dz dy dx
D 0 x y
  " #1  
Z 1 Z 1
z2
=  xy  dy  dx
0 x 2 y
Z 1 Z 1
xy

= (1 − y 2 ) dy dx
0 x 2
 " # 
Z 1 2 4 1
y y
= x −  dx
0 4 8 x
x x3 x5
Z 1
= − + dx
0 8 4 8
" #1
x2 x4 x6
= − +
16 16 48 0
1
= .
48

23
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Voici un autre calcul, conduisant au même résultat.


Z Z 1 Z z Z y  
f (x, y, z) dxdydz = xyz dx dy dz
D 0 0 0
" #y ! !
Z 1 Z z
x2
= yz dy dz
0 0 2 0
!
Z 1 Z z
zy 3
= dy dz
0 0 2
" #z !
Z 1
y4
= z dz
0 8 0
Z 1 5
z
= dz
0 8
" #1
z6
=
48 0
1
= .
48
Les intégrales doubles et triples permettent de résoudre les problèmes de calcul d’aires,
volumes, centres de gravité, moments d’inertie etc. de la mécanique du solide. Si D est
un domaine du plan, son aire est l’intégrale sur D de la fonction constante égale à 1.
Son centre de gravité a pour coordonnées :
Z Z
x dxdy y dxdy
xG = ZD et yG = ZD .
dxdy dxdy
D D

La détermination du volume et du centre de gravité d’un solide dans l’espace s’effectue


de façon analogue.

1.8 Changement de variables


Les intégrations successives peuvent conduire à des calculs fastidieux si la fonction
ou le domaine sont compliqués. La technique du changement de variables permet de
les simplifier.
Théorème 9. Soient D et ∆ deux domaines ouverts de R2 , et Φ un difféomorphisme
de D sur ∆. 

 D −→ ∆
Φ : (x, y) 7−→ Φ(x, y) = (u, v)


u = u(x, y) , v = v(x, y)
Soit f : (x, y) 7→ f (x, y) une fonction continue sur D.
Z Z
f (x, y) dxdy = f (Φ−1 (u, v)) |J(Φ−1 )(u, v)| dudv ,
D ∆

24
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

où J(Φ−1 )(u, v) est le déterminant jacobien de Φ−1 au point (u, v) de ∆.

Pour comprendre ce résultat, nous devonsR donner une interprétation géométrique


de l’intégrale et du jacobien. Dans l’écriture D f (x, y) dxdy, il faut voir dxdy comme
la surface d’un petit rectangle de largeur dx et de longueur dy autour du point (x, y).
Le produit f (x, y) dxdy est le volume d’un petit parallélépipède dont la base est ce
rectangle et la hauteur f (x, y). L’intégrale est la somme de ces petits éléments de
volume (figure 11).
z
f(x,y)

dy
x D
dx

Figure 11 – Interprétation géométrique d’une intégrale double.

Appliquer le difféomorphisme Φ au domaine D revient à le déformer, comme si


c’était une plaque de caoutchouc. Le petit rectangle de largeur dx et de longueur dy
autour du point (x, y) est lui aussi déformé en une petite surface, autour de (u, v) =
Φ(x, y). En première approximation, cette petite surface peut être vue comme un pa-
rallélogramme, dont l’aire est |JΦ−1 (u, v)| dudv : rappelons que le déterminant de deux
vecteurs dans le plan est au signe près l’aire du parallélogramme qu’ils délimitent (cf.
figure 12). R
Soit à calculer D (x + y) dxdy, où le domaine D est délimité par deux paraboles et
deux hyperboles (figure 13).
( )
x2 1 1
D= (x, y) ∈ R2 , < y < x2 , <y< .
2 2x x

On pourrait calculer directement cette intégrale de la façon suivante.


1
Z Z 1 Z x2 ! Z 21/3 Z !
x
(x + y) dxdy = 1
(x + y) dy dx + x2
(x + y) dy dx .
D 2−1/3 2x
1 2

25
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

y v


dy

D φ −1
x u
dx

Figure 12 – Interprétation géométrique du terme |J(Φ−1 )(u, v)| dudv dans un chan-
gement de variables.
y v
1
x
2
x /2
2
φ

1 1/2

D φ −1
1/x
1/2x
−1/3 1/3
x u
1 1/2 1
2 2

Figure 13 – Exemple de changement de variables.

Nous proposons le changement de variables suivant.



D −→ ∆


Φ : (x, y) 7−→ Φ(x, y) = (u, v)
u = xy2 , v = xy .

La première étape consiste à déterminer Φ−1 , en résolvant en x et y le système :


 u = y
 
 x = u−1/3 v 1/3
x2 ⇐⇒
 y = u1/3 v 2/3 .

v = xy

Ceci fournit l’expression explicite de Φ−1 .




 ∆ −→ D
Φ−1 : (u, v) 7−→ Φ−1 (u, v) = (x, y)
x = u−1/3 v 1/3 , y = u1/3 v 2/3 .

La seconde étape consiste à déterminer ∆, qui est l’image par Φ de D. Pour cela, on
remplace x et y par leurs expressions en fonction de u et v dans les inégalités définissant

26
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

D.
(u−1/3 v 1/3 )2

∆ = (u, v) , < u1/3 v 2/3 < (u−1/3 v 1/3 )2 ,
2
1 1

1/3 2/3
< u v <
2u−1/3 v 1/3 u−1/3 v 1/3
1 1
 
= (u, v) , < u < 1 , < v < 1 .
2 2
La troisième étape consiste à calculer le déterminant jacobien de Φ−1 . Pour cela, il faut
d’abord écrire la matrice jacobienne, en dérivant les expressions de x et y en fonction
de u et v.

∂x ∂x
∂u ∂v

− 31 u−4/3 v 1/3 1 −1/3 −2/3
3
u v
1
JΦ−1 (u, v) =


∂y ∂y
=
1 −2/3 2/3 2 1/3 −1/3
=− .

∂u ∂v




3
u v 3
u v

3u

La quatrième étape consiste à appliquer le théorème 9. Pour cela, on remplace x et


y par leurs expressions en fonction de u et v dans la fonction, et on multiplie par la
valeur absolue du jacobien. Il ne reste plus qu’à calculer cette nouvelle intégrale.
Z Z
1
(x + y) dxdy = (u−1/3 v 1/3 + u1/3 v 2/3 ) dudv
D ∆ 3u
!
1 Z 1 Z 1 −4/3 1/3
= u v + u−2/3 v 2/3 du dv
3 12 1
2
! Z ! ! Z !
1 Z 1 −4/3 1
1/3 1 Z 1 −2/3 1
2/3
= u du v dv + u du v dv
3 12 1
2
3 12 1
2
3   3  
= −1 + 21/3 1 − 2−4/3 + 1 − 2−1/3 1 − 2−5/3 .
4 5
Le changement de variables en coordonnées
R
polaires s’impose quand le domaine D est
un disque centré en 0. Soit à calculer DR f (x, y) dxdy, où :

DR = { (x, y) , x2 + y 2 < R2 } .

Le changement en coordonnées polaires envoie le disque DR , privé du segment joignant


l’origine à (0, −R), sur un domaine rectangulaire :

∆R = { (r, θ) , 0 < r < R , 0 < θ < 2π } .

Le jacobien de Φ−1 , déjà calculé, vaut r. On a donc :


Z Z 2π Z R !
f (x, y) dxdy = f (r cos θ, r sin θ) r dr dθ .
DR 0 0

Calculons le volume de la boule de rayon R, à l’aide du changement de variables en


coordonnées sphériques.
n o
BR = (x, y, z) ∈ R3 , x2 + y 2 + z 2 < R .

27
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Le difféomorphisme Φ−1 est :

]0, R[×]0, 2π[×] − π2 , π2 [ −→ BR \ {(x, y, z) , y = 0, x > 0}


(r, θ, φ) 7−→ (x, y, z)
x = r cos φ cos θ , y = r cos φ sin θ , z = r sin φ

Nous avons déjà écrit sa matrice jacobienne, et nous laissons au lecteur le calcul de son
déterminant : J(Φ−1 ) = r2 cos φ.
Le volume de la boule BR est :
Z +π Z R ! !
Z
2
Z 2π
2 4π 3
dxdydz = r cos φ dr dθ dφ = R
BR − π2 0 0 3

28
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

2 Entraînement
2.1 Vrai ou faux
Vrai-Faux 1. On considère l’application f de R3 dans R qui à (x, y, z) associe
f (x, y, z) = sin(xyz). Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles
sont fausses, et pourquoi ?
1.  L’application f est continûment différentiable sur R3 .
2.  La différentielle de f est une application linéaire de R3 dans R3 .
3.  Le gradient de f est une application linéaire de R3 dans R3 .
4.  Le gradient de f au point ( π2 , 0, 0) est nul.
5.  Le gradient de f au point ( π2 , 1, 1) est nul.
6.  La matrice jacobienne de f au point (x, y, z) est une matrice réelle 3 × 3.
7.  La matrice hessienne de f au point (x, y, z) est une matrice réelle 3 × 3.
8.  La matrice hessienne de f au point (0, 0, 0) est la matrice nulle.
9.  La matrice hessienne de f au point ( π2 , 0, 0) est la matrice nulle.
10.  La matrice hessienne de f au point ( π2 , 0, 0) a toutes ses valeurs propres stric-
tement négatives.
11.  La matrice hessienne de f au point ( π2 , 0, 0) a pour valeurs propres 0, π
2
et − π2 .
12.  Le point ( π2 , 0, 0) est un maximum local de f .
13.  La matrice hessienne de f au point ( π2 , 1, 1) a tous ses coefficients strictement
négatifs.
2
14.  La matrice hessienne de f au point ( π2 , 1, 1) a pour valeurs propres 0 et − π2 −1.
15.  f atteint son maximum au point ( π2 , 1, 1).

Vrai-Faux 2. Soit f une application deux fois continûment différentiable de R2 dans R


et (a, b) un point de R2 . Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles
sont fausses, et pourquoi ?
1.  Si le gradient de f au point (a, b) est nul, alors f atteint son maximum en
(a, b).
2.  Si le gradient de f au point (a, b) est nul, et si la matrice hessienne de f en
(a, b) a deux valeurs propres strictement négatives, alors f atteint son maximum
en (a, b).
3.  Si le gradient de f au point (a, b) est nul, et si sa matrice hessienne a deux
valeurs propres strictement négatives, alors (a, b) est un maximum local pour f .
4.  Si la matrice hessienne de f au point (a, b) a deux valeurs propres strictement
positives alors (a, b) est un minimum local pour f .

29
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

5.  Si la matrice hessienne de f au point (a, b) a un déterminant strictement


négatif, alors (a, b) est un point selle pour f .
6.  Si le gradient et la matrice hessienne de f au point (a, b) sont nuls, alors (a, b)
ne peut pas être un maximum local pour f .
7.  Si le gradient de f est nul et si le déterminant de sa matrice hessienne au point
(a, b) est nul, alors (a, b) ne peut pas être un maximum local pour f .
8.  Si le gradient de f est nul, si le déterminant de la matrice hessienne de f au
point (a, b) est strictement positif et sa trace négative, alors (a, b) est un maximum
local pour f .

Vrai-Faux 3. Soient f et g deux applications continûment différentiables de R2 dans


R, A = {(x, y) , g(x, y) = 0} et (a, b) un point de A. On note ∇f et ∇g les gradients
de f et g au point (a, b), et on suppose que ∇g est non nul. Parmi les affirmations
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1.  Si ∇f = 2∇g alors f atteint forcément son maximum au point (a, b).
2.  Si f atteint son maximum sur A au point (a, b), alors ∇f et ∇g sont propor-
tionnels.
3.  Si f atteint son maximum sur R2 au point (a, b), alors ∇f peut être égal à
2∇g .
4.  Si ∇f = 2∇g , alors (a, b) n’est pas un maximum local pour f sur R2 .
5.  Si ∇f = 2∇g, alors f atteint au point (a, b), soit son maximum sur A, soit son
minimum sur A.

Vrai-Faux 4. Soient f et g les applications de R2 dans R définies par f (x, y) = x4 +


y 4 − xy et g(x, y) = x2 − y. On note A = {(x, y) , g(x, y) = 0}. Parmi les affirmations
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1.  Si le gradient de f au point (a, b) est nul, alors a = b = 0.
2.  Les points de R2 où le gradient de f s’annule sont (0, 0), ( 21 , 12 ) et (− 12 , − 12 ).
3.  Les trois points (0, 0), ( 12 , 21 ) et (− 21 , − 21 ) sont des minima locaux de f .
4.  Le point (0, 0) est un point selle.
5.  Les points (0, 0) et ( 12 , 12 ) sont des points de A.
6.  Le seul point de A où la restriction de f à A peut atteindre son minimum est
(0, 0).
7.  On ne peut pas savoir si la restriction de f à A atteint son minimum en (0, 0).
8.  Le point (0, 0) n’est pas un minimum pour la restriction de f à A.
9.  La restriction de f à A atteint son minimum en un point dont l’abscisse est
comprise entre 0.59 et 0.6.

30
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Vrai-Faux 5. On considère l’application Φ de R2 dans R2 qui à (x, y) associe


Φ(x, y) = (u, v), avec u = x2 +y 2 , v = x2 −y 2 . Parmi les affirmations suivantes lesquelles
sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
1.  Φ est continûment différentiable sur R2 .
2.  si (u, v) = Φ(x, y), alors −u 6 v 6 u.
3.  Φ est un difféomorphisme de R2 sur lui même.
4.  Φ est un difféomorphisme de ]0, +∞[2 sur lui même.
5.  Φ est un difféomorphisme de ]0, +∞[2 sur son image.
6.  Φ est un difféomorphisme de ]0, +∞[2 sur {(u, v) , −u < v < u}.
7.  Φ est un difféomorphisme de ]0, 1[2 sur {(u, v) , 0 < u + v < 1 , 0 < u − v < 1}.
8.  Φ est un difféomorphisme de ]0, 1[2 sur {(u, v) , −u < v < u , u − 2 < v <
2 − u}.
9.  Φ est un difféomorphisme de ]−1, 0[2 sur {(u, v) , −u < v < u , u−2 < v < 2−u}.
10.  Si D = {(x, y) , 0 < y < x , x2 + y 2 < 1}, alors Φ est un difféomorphisme de
D sur son image ∆.
11.  Si D = {(x, y) , 0 < y < x , x2 + y 2 < 1}, alors Φ(D) = D.
12.  Si D = {(x, y) , 0 < y < x , x2 + y 2 < 1}, alors Φ(D) = {(u, v) , 0 < u <
1 , 0 < v < u}.
13.  La matrice jacobienne de Φ au point (x, y) est inversible si et seulement si
x 6= 0 et y 6= 0.
14.  Si x > 0 et y > 0, alors le déterminant jacobien de Φ au point (x, y) est
strictement positif.

Vrai-Faux 6. On considère l’application Φ de R2 dans R2 qui à (x, y) associe


Φ(x, y) = (u, v), avec u = x2 + y 2 , v = x2 − y 2 . On pose f (x, y) = sin(x4 − y 4 ) et
g(u, v) = sin(uv). Parmi les affirmations suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont
fausses, et pourquoi ?
1.  M J(f )(1, 0) = M J(g)(1, 0) M J(Φ)(1, 0).
2.  M J(f )(1, 0) = M J(g)(1, 1) M J(Φ)(1, 0).
3.  M J(g)(1, 1) = M J(f )(1, 0) M J(Φ−1 )(1, 1).
∂f ∂g ∂g
4.  = + .
∂x ∂u ∂v
∂f ∂g ∂u ∂g ∂v
5.  = + .
∂x ∂u ∂x ∂v ∂x
6.  ∆g(u, v) = −(u2 + v 2 ) sin(uv).
7.  ∆f (x, y) = 12(x2 − y 2 ) cos(x4 − y 4 ) + 16(x6 + y 6 ) sin(x4 − y 4 ).

31
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Vrai-Faux 7. On considère l’application Φ de R2 dans R2 qui à (x, y) associe


Φ(x, y) = (u, v), avec u = x2 + y 2 , v = x2 − y 2 . On pose D = {(x, y) , 0 < y <
x , x2 + y 2 < 1} et ∆ = {(u, v) , 0 < u < 1 , 0 < v < u}. Parmi les affirmations
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
Z Z
1.  dxdy = dudv.
D ∆
Z Z
2.  8xy dxdy = dudv.
D ∆
Z
1
3.  xy dxdy = .
D 2
Z
1
4.  xy dxdy = .
Z
D 16
Z
5.  x3 y dxdy = (u + v) dudv.
D ∆
1 Z1 1
Z Z 
3
6.  x y dxdy = (u + v) du dv.
D 16 0 0
1 Z1 u
Z Z 
7.  x3 y dxdy = (u + v) dv du.
D 16 0 0
1 Z1
Z Z 1 
8.  x3 y dxdy = (u + v) du dv.
D 16 0 v
Z
1
9.  x3 y dxdy = .
D 32
Z
1 Z
10.  xy 3 dxdy = (u + v) dudv.
D 16 ∆
1 Z1
Z Z v 
11.  xy 3 dxdy = (u − v) dv du.
D 16 0 0
1 Z1
Z Z u 
12.  xy 3 dxdy = (u − v) dv du.
D 16 0 0
1 Z 1 Z 1
Z 
13.  xy 3 dxdy = (u − v) du dv.
D 16 0 v
Z
1
14.  xy 3 dxdy = .
D 96
Vrai-Faux 8. On pose D = {(x, y) , 0 < x < π4 , 0 < y < π4 }. Parmi les affirmations
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
Z Z π
!2
4
1.  cos(xy) dxdy = cos(x) dx .
D 0
Z Z π
!2 Z π
!2
4 4
2.  cos(x + y) dxdy = cos(x) dx − sin(x) dx .
D 0 0
π
π
Z Z  
2
3.  cos(x + y) dxdy = sin + y dy.
D 0 2

32
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Z Z π
4
4.  cos(x + y) dxdy = (cos(y) + sin(y)) dy.
D 0
Z Z π
4
5.  cos(x + y) dxdy = (cos(y) − sin(y)) dy.
ZD √
0

6.  cos(x + y) dxdy =
2 + 1.
ZD √
7.  cos(x + y) dxdy = 2 − 1.
D
Z Z π Z x 
4
8.  cos(x + y) dxdy = 2 cos(x + y) dy dx.
D 0 0

Vrai-Faux 9. On pose D = {(x, y) , 0 < x < π4 , 0 < y < x}. Parmi les affirmations
suivantes lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?

Z
2−1
1.  sin(x + y) dxdy = .
D
√ 2
Z
2
2.  sin(x) dxdy = (4 − π).
D 8

Z
2
3.  cos(x) dxdy = (4 + π).
D 8
Z
1
4.  sin(2x) dxdy = .
D 4
Z
1
5.  cos(2x) dxdy = − .
D 4
2
Z
π π 1
6.  sin2 (x) dxdy = − + .
D 64 16 8
Z
π2 π 1
7.  cos2 (x) dxdy = + + .
ZD 64 16 8
8.  8xy cos(x2 + y 2 ) dxdy = 2 cos(π 2 /16) − cos(π 2 /8) − 1.
D
Z
9.  8xy sin(x2 + y 2 ) dxdy = 2 sin(π 2 /16) − sin(π 2 /8) − 1.
D

Vrai-Faux 10. On pose D = {(x, y) , x2 + y 2 < 1}. Parmi les affirmations suivantes
lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses, et pourquoi ?
Z
1.  (x2 + y 2 )−1/2 dxdy = π.
D
Z
2.  x dxdy = 0.
ZD
3.  (x + y) dxdy = 1.
ZD
π
4.  (x + y)2 dxdy =
.
D 2
Z
(x + y)2 π
5.  √ 2 2
dxdy = .
D x +y 3

33
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Z q 2π
6.  (x + y)2 x2 + y 2 dxdy = .
D
Z
5
7.  (x2 + y 2 ) cos(x2 + y 2 ) dxdy = π(cos(1) + sin(1) − 1).
D
Z
8.  (x + y)2 cos(x2 + y 2 ) dxdy = π(cos(1) + sin(1)).
D

2.2 Exercices
Exercice 1. Pour chacune des applications f suivantes.
(
R2 −→ R
f :
(x, y) 7−→ x2 + y 2 − xy ;
(
R2 −→ R
f :
(x, y) 7−→ x2 − y 2 − xy ;
(
R2 −→ R
f :
(x, y) 7−→ x3 + y 3 − x2 y 2 ;
(
R2 −→ R
f :
(x, y) 7−→ 4x2 + 4y 2 − (x + y)4 ;
1. Calculer le gradient de f .
2. Donner l’équation du plan tangent à la surface d’équation z = f (x, y), aux points
(1, 1), (1, 2), (2, 1).
3. Déterminer les points critiques de f .
4. Calculer la matrice hessienne de f .
5. Soit g l’application de R dans R qui à x associe e−x . Calculer directement, puis
en utilisant les dérivées partielles de f , la dérivée de l’application de R dans R
qui à x associe f (x, g(x)).
6. Pour chacun des points critiques de f , donner les conclusions tirées de l’examen
de la matrice hessienne.
7. Pour chacun des points critiques de f , dire s’il s’agit ou non d’un extremum
global de f .

Exercice 2. Pour chacune des applications f suivantes.


(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ x2 + 2y 2 + 3z 2 ;
(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ x2 + 2y 2 − 3z 2 ;

34
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ x4 + y 2 + z 2 − 4x − 2y − 2z + 4 ;
(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ x4 − 2x2 y + 2y 2 + 2z 2 + 2yz − 2y − 2z + 2 ;
(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ 3(x2 + y 2 + z 2 ) − 2(x + y + z)4 ;
(
R3 −→ R
f :
(x, y, z) 7−→ 3(x2 + y 2 + z 2 ) − 2(x + y + z)3 .
1. Calculer le gradient de f .
2. Déterminer l’ensemble des points critiques de f .
3. Calculer la matrice hessienne de f .
4. Calculer le laplacien de f .
5. Vérifier que rot(∇f ) = 0.
6. Pour chacun des points critiques de f , donner les conclusions tirées de l’examen
de la matrice hessienne.
7. Pour chacun des points critiques de f , dire s’il s’agit ou non d’un extremum
global de f .
Exercice 3. Donner une valeur approchée des quantités suivantes, pour x = 3.04 et
y = 2.05.
1. xy
2. x2 y 3
1 1
3. +
x y
x+y
4.
x−y
ln(x + y)
5.
xy
Exercice 4. Soit f l’application de D = R+∗ × R dans R qui à (x, y) associe y 3 ln(x).
Vérifier que partout sur D :
1.
!!! !!!
∂ ∂ ∂ ∂f ∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂x ∂y ∂y ∂y ∂y ∂x ∂y ∂y
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂y ∂x ∂y
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂y ∂y ∂x

35
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

2.
!!! !!!
∂ ∂ ∂ ∂f ∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂x ∂x ∂y ∂y ∂x ∂y ∂x ∂y
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂x ∂y ∂x
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂y ∂x ∂x

3.
!!! !!!
∂ ∂ ∂ ∂f ∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂x ∂x ∂x ∂y ∂x ∂x ∂y ∂x
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂x ∂y ∂x ∂x
!!!
∂ ∂ ∂ ∂f
=
∂y ∂x ∂x ∂x

Exercice 5. Soit f l’application de R3 dans R2 qui à (x, y, z) associe (x + y 2 , xy 2 z).


Soit g l’application de R2 dans R3 qui à (u, v) associe (u2 + v, uv, ev ).
1. Écrire la matrice jacobienne de f au point (x, y, z).
2. Écrire la matrice jacobienne de g au point (u, v).
3. Écrire la matrice jacobienne de f ◦ g au point (u, v).
4. Écrire la matrice jacobienne de g ◦ f au point (x, y, z).
Exercice 6. On note C le cercle unité de R2 :

C = { (x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 = 1 } .

On considère les fonctions de R2 dans R définies comme suit.

f (x, y) = x + y ; f (x, y) = x + y − xy ;

f (x, y) = x2 + y 2 − xy ; f (x, y) = x2 + y 2 − x2 y 2 .
Pour chacune de ces fonctions :
1. Utiliser le théorème des multiplicateurs de Lagrange pour déterminer quels points
de C sont des extrema possibles pour la restriction de f à C.
2. Pour chacun de ces points, dire s’il s’agit ou non d’un extremum pour la restriction
de f à C.
Exercice 7. Étant donné le domaine D du plan, et la fonction f , calculer l’intégrale
double de f sur D, dans les cas suivants.

36
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

1. D = { (x, y) , 0 < x < y , 0 < y < 1 } , f (x, y) = x2 + y .


2. D = { (x, y) , 0 < x < 1 , 0 < y < 1 } , f (x, y) = x sin(xy) .
3. D = { (x, y) , 0 < x < 1 , 0 < y < x } , f (x, y) = x2 sin(xy) .
4. D = { (x, y) , 0 < x < 1 , 0 < y < 1 − x } , f (x, y) = x(1 − 2x) sin(xy) .
5. D = { (x, y) , 1 < x < 3 , 1 < y < 4 − x } , f (x, y) = (x + y)−4 .
q
6. D = { (x, y) , −1 < x < 1 , 0 < y < 2 } , f (x, y) = |y − x2 | .

Exercice 8. Étant donné le domaine D de l’espace, et la fonction f , calculer l’intégrale


triple de f sur D, dans les cas suivants.
1. D = { (x, y, z) , 0 < x < 1 , 0 < y < z < 1 } , f (x, y, z) = xyz .
2. D = { (x, y, z) , 0 < x < y < z < 1 } , f (x, y, z) = x + y + z .
3. D = { (x, y, z) , 0 < x < 1 , 0 < y < x , 0 < z < xy } , f (x, y, z) = x3 y 2 z .
4. D = { (x, y, z) , 0 < x , 0 < y , 0 < z , x + y + z < 1 } , f (x, y, z) = z .

Exercice 9. On note D le domaine du plan défini comme suit.

D = { (x, y) , −1 − x < y < 1 − x , x − 1 < y < x + 1 } .

Soit Φ l’application de R2 dans R2 définie par :



 u = x+y
Φ(x, y) = (u, v) :
v = x−y .

1. Calculer l’expression de Φ−1 .


2. Déterminer le domaine ∆, image de D par Φ.
3. Représenter graphiquement les domaines D et ∆.
4. Vérifier que Φ est une bijection de D sur ∆.
5. Calculer la matrice jacobienne de Φ au point (x, y) et la matrice jacobienne de
Φ−1 au point (u, v). Vérifier qu’elles sont inverses l’une de l’autre.
6. Calculer le déterminant jacobien de Φ au point (x, y) et le déterminant jacobien
de Φ−1 au point (u, v).
7. Utiliser le changement de variable Φ pour calculer les intégrales suivantes.
Z Z
x2 − y 2 dxdy ; (x2 − y 2 )2 dxdy ;
D D
Z
1 Z
q dxdy ; cos(x) cos(y) dxdy .
D |x2 − y 2 | D

37
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Exercice 10. On note D le domaine du plan défini comme suit.

D = { (x, y) , x > 0 , y > 0 , x2 + y 2 < 1 } .

Soit Φ l’application de R2 dans R2 définie par :



 x2
u =


Φ(x, y) = (u, v) :  x2 + y 2
 v = x2 + y 2 .

1. Calculer l’expression de Φ−1 .


2. Déterminer le domaine ∆, image de D par Φ.
3. Représenter graphiquement les domaines D et ∆.
4. Vérifier que Φ est une bijection de D sur ∆.
5. Calculer la matrice jacobienne de Φ au point (x, y) et la matrice jacobienne de
Φ−1 au point (u, v). Vérifier qu’elles sont inverses l’une de l’autre.
6. Calculer le déterminant jacobien de Φ au point (x, y) et le déterminant jacobien
de Φ−1 au point (u, v).
7. Utiliser le changement de variable Φ pour calculer les intégrales suivantes.
Z Z
x dxdy ; xy dxdy ;
D D
Z Z
x2 y dxdy ; x2 y 2 dxdy .
D D

Exercice 11. On note D le domaine du plan défini comme suit.


( )
1 1
D= (x, y) , 0 < x < , 0<y< .
1 + 2y 1 + 2x

Soit Φ l’application de R2 dans R2 définie par :



 x(1 + y)

 u =
1 − xy


Φ(x, y) = (u, v) :
 y(1 + x)
 v = .



1 − xy

1. Calculer l’expression de Φ−1 .


2. Déterminer le domaine ∆, image de D par Φ.
3. Représenter graphiquement les domaines D et ∆.
4. Vérifier que Φ est une bijection de D sur ∆.

38
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

5. Calculer la matrice jacobienne de Φ au point (x, y) et la matrice jacobienne de


Φ−1 au point (u, v). Vérifier qu’elles sont inverses l’une de l’autre.
6. Calculer le déterminant jacobien de Φ au point (x, y) et le déterminant jacobien
de Φ−1 au point (u, v).
7. Utiliser le changement de variable Φ pour calculer les intégrales suivantes.
Z
(1 + x)(1 + y) Z
1 − xy
dxdy ; dxdy ;
D (1 − xy) 3 D (1 + x)(1 + y)
Z
1 Z
1
dxdy ; dxdy .
D 1 − xy D (1 − xy)2

Exercice 12. Soit D le disque ouvert de centre (0, 0) et de rayon 1 :


D = { (x, y) , x2 + y 2 < 1 } .
En utilisant le changement de variables en coordonnées polaires, calculer les intégrales
suivantes.
Z
1
1. dxdy .
D 1 + x2 + y 2
Z
2. (x2 + y 2 )−1/4 dxdy .
ZD
3. x2 dxdy .
ZD
4. x2 (x2 + y 2 ) dxdy .
D
Exercice 13. Soit a un réel strictement compris entre 0 et 1. On considère les domaines
D du plan définis par :
D = { (x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 < 1 , x > a } ;
D = { (x, y) ∈ R2 , x2 < y < a } ;
D = { (x, y) ∈ R2 , 1/x < y < −x + 1/a } ;
D = { (x, y) ∈ R2 , 0 < y < x2 + a } .
Pour chacun de ces domaines, calculer en fonction de a :
1. l’aire de D,
2. les coordonnées du centre de gravité de D.
Exercice 14. Soit a un réel strictement compris entre 0 et 1. On considère les domaines
D de l’espace définis par :
D = { (x, y, z) ∈ R3 , x2 + y 2 + z 2 < 1 , z > a } ;
q
D = { (x, y, z) ∈ R3 , x2 + y 2 < 1 − z , 0 < z < a } ;
D = { (x, y, z) ∈ R3 , x2 + y 2 < z < a } ;
D = { (x, y, z) ∈ R3 , x2 + y 2 + z 2 < 1 , x2 + y 2 < a , z > 0 } .
Pour chacun de ces domaines, calculer en fonction de a :

39
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

1. l’aire de D,
2. les coordonnées du centre de gravité de D.

2.3 QCM
Donnez-vous une heure pour répondre à ce questionnaire. Les 10 questions sont
indépendantes. Pour chaque question 5 affirmations sont proposées, parmi lesquelles 2
sont vraies et 3 sont fausses. Pour chaque question, cochez les 2 affirmations que vous
pensez vraies. Chaque question pour laquelle les 2 affirmations vraies sont cochées
rapporte 2 points.

Question 1. On considère l’application f de R2 dans R qui à (x, y) associe 1/(xy).


A L’application f est définie sur R2 .
B L’application f est continue sur R2 \ {(0, 0)}.
C L’application f est continue sur R+∗ × R+∗ .
D L’application f est continûment différentiable sur R∗ × R.
E L’application f est continûment différentiable sur R∗ × R∗ .

Question 2. On considère l’application f de R2 dans R qui à (x, y, z) associe x + y + z.


A La divergence de f est nulle.
B Le gradient de f est constant.
C Le laplacien de f est nul.
D Le rotationnel de f est constant.
E L’application f admet un extremum local.

Question 3. On considère l’application Φ de R3 dans R2 qui à (x, y, z) associe (x + y +


z, xyz).
A L’application Φ est deux fois continûment différentiable sur R3 .
B La divergence de Φ est nulle.
C La matrice jacobienne de Φ a deux lignes et trois colonnes.
D La première colonne de la matrice jacobienne de Φ est constante.
E L’application Φ est un difféomorphisme de R3 dans R2 .

Question 4. On considère l’application f de R2 dans R qui à (x, y) associe x2 + y 2 .


A Le gradient de f s’annule au point (1, −1).
B La matrice hessienne de f au point (1, −1) a deux valeurs propres positives.
C L’application f admet un minimum local au point (1, −1).
D L’application f admet un minimum global au point (0, 0).
E Le point (0, 0) est un point selle pour l’application f .

Question 5. On considère l’application f de R2 dans R qui à (x, y) associe xy, ainsi


que l’ensemble A = { (x, y) ∈ R2 , 2x + y = 4 }.

40
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

A L’application f admet un maximum global en (1, 2).


B Le gradient de f au point (1, 2) est (2, 1).
C La restriction de f à A admet un minimum local en (1, 2).
D Le point (1, 2) est un maximum global pour la restriction de f à A.
E La restriction de f à A admet un maximum local au point (2, 4).
Question 6. On considère l’application Φ de R2 dans R2 qui à (x, y) associe (x+y , xy).
A La matrice jacobienne de Φ au point (1, 1) est une matrice carrée
B La matrice jacobienne de Φ au point (1, 1) est inversible.
C La matrice jacobienne de Φ au point (0, 0) a une ligne nulle
D L’application Φ est un difféomorphisme de R+∗ × R+∗ sur son image.
E L’application réciproque de Φ est définie sur R2 .
Question 7. On considère l’application Φ qui à (x, y) associe (x + y, x − y).
A L’application Φ est une bijection du disque unité de R2 sur lui-même.
B L’image par Φ d’un disque centré en 0 est un disque centré en 0.
C L’image par Φ du carré [0, 1]2 a pour aire 1/2.
D L’application Φ est un difféomorphisme de la droite d’équation x = y sur l’axe
des abscisses.
E L’image par Φ d’un domaine D du plan a pour aire le double de l’aire de D.
Question 8. On considère le domaine D du plan défini par D = { (x, y) , x > 0 , y >
0 , x + yZ < 1 }, et la fonction f de R2 dans R qui à (x, y) associe xy.
1
Z 1 Z 1 
A f (x, y) dxdy = x dx y dy .
ZD 2 0 0
Z 1  Z 1−x 
B f (x, y) dxdy = x dx y dy .
ZD Z 10 Z 1−x 0 
C f (x, y) dxdy = x y dy dx .
ZD Z0 1 Z01 
D f (x, y) dxdy = y x dx dy .
ZD Z 01 Z 1−y
1−y 
E f (x, y) dxdy = y x dx dy .
D 0 0

Question 9. La pyramide de base [−1, 1]2 et de sommet (0, 0, 1) a pour volume :


1
Z Z Z 1 1
A dx) dy dz .
Z 01 −1 −1

B 4(1 − z)2 dz .
Z0 1 Z 1−z Z 1−z  
C dx) dy dz .
0 0 0
4
D .
3
8
E .
3

41
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Question 10. On considère le domaine D du plan défini par D = { (x, y) , x > 0 , y >
0 , x2 + y 2 < 1 }, et la fonction f de R2 dans R qui à (x, y) associe xy.
Z Z π/2 Z 1 
A f (x, y) dxdy = sin θ cos θ r3 dr dθ .
D 0 0 !
Z Z 1 Z π/2
3
B f (x, y) dxdy = r cos θ sin θ dr dθ .
D 0 0
Z Z π/2 Z 1 
2
C f (x, y) dxdy = sin θ cos θ r dr dθ .
ZD 0 π  40 1
cos 2θ r
D f (x, y) dxdy = − × .
D 4 0 4 −1
π/2  4 1
cos 2θ r
Z 
E f (x, y) dxdy = − × .
D 4 0 4 0
Réponses : 1–CE 2–BC 3–AC 4–BD 5–BD 6–AC 7–BE 8–CE 9–BD 10–AE

2.4 Devoir
Essayez de bien rédiger vos réponses, sans vous reporter ni au cours, ni au corrigé. Si
vous souhaitez vous évaluer, donnez-vous deux heures ; puis comparez vos réponses avec
le corrigé et comptez un point pour chaque question à laquelle vous aurez correctement
répondu.
Questions de cours : On considère une application f définie sur R2 , à valeurs dans
R, continûment différentiable. On note (a, b) un point de R2 , (u, v) un vecteur non nul
à deux dimensions, et A la droite passant par (a, b) de vecteur directeur (u, v), donc
d’équation (x − a)u = (y − b)v. On note g l’application de R dans R qui à t associe
f (a + tu, b + tv).
1. Énoncer la définition de la dérivée directionnelle de f au point (a, b) dans la
direction (u, v), et reliez cette définition à la dérivée de g et au gradient de f .
2. En appliquant le théorème des multiplicateurs de Lagrange, montrer qu’une
condition nécessaire pour que la restriction de f à la droite A admette un extre-
mum local en (a, b), est que la dérivée directionnelle de f au point (a, b) dans la
direction (u, v) s’annule.
3. Exprimer la dérivée seconde de g en 0, en fonction du vecteur (u, v) et de la
matrice hessienne de f au point (a, b).
4. On fait désormais l’hypothèse que pour tout (u, v), la restriction de f à A admet
un minimum. Montrer que le gradient de f est nul.
5. Montrer que le déterminant et la trace de la matrice hessienne sont positifs ou
nuls.
Exercice 1 : On considère l’application de R2 dans R qui à (x, y) associe x3 + y 3 + 3xy.
1. Calculer le gradient de f et sa matrice hessienne.
2. Utiliser le gradient de f pour calculer la dérivée de l’application x 7→ f (x, ex ).

42
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

3. Donner l’équation du plan tangent à la surface d’équation z = f (x, y) au point


(1, 1, 5).
4. Déterminer les points critiques de f .
5. Utiliser la matrice hessienne de f pour déterminer la nature de ces points cri-
tiques.
6. En considérant l’application x 7→ f (x, x), montrer que f n’a pas de maximum
global, ni de minimum global sur R2 .
Exercice 2 : Soit Φ l’application de R2 dans R2 qui à (x, y) associe :

 u = x+y
Φ(x, y) = (u, v) :
v = x−y .

1. Calculer l’expression de l’application réciproque Φ−1 , et vérifier que Φ est une


bijection de R2 dans R2 .
2. Calculer la matrice jacobienne de Φ au point (x, y) et la matrice jacobienne de
Φ−1 au point (u, v). Vérifier qu’elles sont inverses l’une de l’autre.
3. Calculer le déterminant jacobien de Φ au point (x, y) et le déterminant jacobien
de Φ−1 au point (u, v).
2 2
4. On considère l’application f de R2 dans R qui à (x, y) associe ex −y . Soit g
l’application composée qui à (u, v) associe g(u, v) = f (Φ−1 (u, v)). Calculer les
dérivées partielles de g par rapport à u et v et retrouver le résultat à partir des
dérivées partielles de f et de la matrice jacobienne de Φ−1 .
5. On note D le domaine du plan défini comme suit.

D = { (x, y) , x > 0 , x − 1 < y < 1 − x } .

Déterminer le domaine ∆, image de D par Φ.


6. Utiliser le changement de variable Φ pour calculer l’intégrale de l’application f
sur le domaine D.
Exercice 3 : On considère le domaine D du plan, défini par D = { (x, y) ∈ R2 , 0 <
x , 0 < y < x , x2 + y 2 < 1R} , et l’application f définie sur D à valeurs dans R, qui à
(x, y) associe xy. Calculer D f (x, y) dxdy :
1. en intégrant d’abord par rapport à x puis par rapport à y,
2. en intégrant d’abord par rapport à y puis par rapport à x,
3. en utilisant le changement de variables en coordonnées polaires.

43
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

2.5 Corrigé du devoir


Questions de cours :
1. On appelle dérivée directionnelle de f en (a, b) dans la direction de (u, v) la
quantité :
∂f ∂f
(a, b) u + (a, b) v .
∂x ∂y
C’est le produit scalaire de ∇f par le vecteur (u, v). C’est aussi la dérivée en 0
de l’application t 7→ g(t).

d ∂f d(a + tu) ∂f d(b + tv)


f (a + tu, b + tv)(0) = (a, b) (0) + (a, b) (0)
dt ∂x dt ∂y dt
∂f ∂f
= (a, b) u + (a, b) v .
∂x ∂y

2. La droite A a pour équation h(x, y) = 0, où :

h(x, y) = (x − a)v − (y − b)u .

D’après le théorème des multiplicateurs de Lagrange, si la restriction de f à A


admet un extremum au point (a, b), alors les gradients de f et h en ce point
doivent être proportionnels :
!
∂f ∂f
∇f (a, b) = (a, b), (a, b) v et ∇h(a, b) = (v, −u) .
∂x ∂y

Si ces deux vecteurs sont proportionnels, alors leur déterminant est nul, soit :
∂f ∂f
(a, b) u + (a, b) v = 0 .
∂x ∂y

3.
!
d2 d ∂f ∂f
2
f (a + tu, b + tv) = u (a + tu, b + tv) + v (a + tu, b + tv)
dt dt ∂x ∂y
∂ 2f 2 ∂ 2f
= (a + tu, b + tv) u + (a + tu, b + tv) vu
∂x2 ∂y∂x
∂ 2f ∂ 2f
+ (a + tu, b + tv) uv + 2 (a + tu, b + tv) v 2 .
∂x∂y ∂y
En utilisant le théorème de Schwarz et en prenant la valeur en t = 0, on obtient
la dérivée seconde de g en 0.

d2 g ∂ 2f 2 ∂ 2f ∂ 2f
(0) = (a, b) u + 2 (a, b) uv + (a, b) v 2 .
dt2 ∂x2 ∂x∂y ∂y 2

44
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Cette expression peut s’écrire sous la forme matricielle suivante, qui fait intervenir
la matrice hessienne de f .
∂2f ∂2f
 
(a, b) (a, b)

∂x2 ∂x∂y u
(u, v)  .
  

∂2f ∂2f
∂x∂y
(a, b) ∂y 2
(a, b) v

4. Si la restriction de f à A admet un minimum, alors la dérivée directionnelle de


f en (a, b) dans la direction (u, v) est nulle :

∂f ∂f
(a, b) u + (a, b) v = 0
∂x ∂y

Si ceci a lieu en particulier pour (u, v) = (1, 0) et (u, v) = (0, 1) :

∂f ∂f
(a, b) = 0 et (a, b) = 0
∂x ∂y
Donc le gradient de f est nul.
5. Si la restriction de f à A admet un minimum, alors la dérivée seconde de g en 0
est positive ou nulle, soit :

∂ 2f 2 ∂ 2f ∂ 2f
2
(a, b) u + 2 (a, b) uv + 2
(a, b) v 2 > 0 .
∂x ∂x∂y ∂y

Si ceci a lieu pour tous (u, v), alors les deux valeurs propres de la matrice hessienne
sont positives ou nulles. Il en est de même de leur somme (la trace) et de leur
produit (le déterminant).
Exercice 1 :
1. Les dérivées partielles de f sont :
∂f ∂f
= 3x2 + 3y et = 3y 2 + 3x .
∂x ∂y

Le gradient en (x, y) est le vecteur (3x2 + 3y, 3y 2 + 3x).


Les dérivées partielles secondes de f sont :

∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
= 6x , =3, = 6y .
∂x2 ∂xy ∂y 2

La matrice hessienne en (x, y) est la matrice :


!
6x 3
.
3 6y

45
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

2. Le plan tangent à la surface d’équation z = f (x, y) au point de coordonnées


(1, 1, f (1, 1)) a pour équation :
∂f ∂f
z = f (1, 1) + (x − 1) (1, 1) + (y − 1) (1, 1) = 5 + 6(x − 1) + 6(y − 1) .
∂x ∂y
3.
df (x, ex ) ∂f dx ∂f dex
= +
dx ∂x dx ∂y dx
= (3x2 + 3ex ) + (3e2x + 3x)ex .

4. Le gradient s’annule pour toute solution du système d’équations


(
3x2 + 3y = 0
.
3y 2 + 3x = 0

En reportant y = −x2 dans la seconde équation, on obtient x4 +x = 0, qui a pour


seules solutions réelles x = 0 et x = −1. On trouve donc deux points critiques
(0, 0) et (−1, −1).
5. Les matrices hessiennes aux points (0, 0) et (−1, −1) valent respectivement :
! !
0 3 −6 3
et .
3 0 3 −6

Les valeurs propres de la première matrice sont +3 et −3. Donc le point (0, 0)
est un point selle pour la surface d’équation z = f (x, y).
Les valeurs propres de la seconde matrice sont −9 et −3. Donc le point (−1, −1)
est un maximum pour la surface d’équation z = f (x, y).
6. L’application x 7→ f (x, x) = 2x3 +3x2 tend vers −∞ quand x tend vers −∞, donc
aucun point de R2 ne peut être un minimum global. Elle tend vers +∞ quand x
tend vers +∞, donc aucun point de R2 ne peut être un maximum global.
Exercice 2 :
1.
u+v

x =
 
u = x+y 

 
2
⇐⇒

v = x−y .
 u − v
 y = .


2
À tout couple (u, v) ∈ R2 correspond un unique couple (x, y) tel que Φ(x, y) =
(u, v). Donc Φ est une bijection et l’application réciproque Φ−1 est définie pour
tout (u, v) dans R2 par :
u+v u−v
 
Φ−1 (u, v) = , .
2 2

46
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

2. ! !
1 1 1 1 1 −1
M J(Φ) = et M J(Φ ) = .
1 −1 2 1 −1
Le produit des deux matrices est égal à la matrice identité.
3. Les déterminants jacobiens sont constants et valent :
1
J(Φ) = 2 et J(Φ−1 ) = .
2
4.
g(u, v) = f (Φ−1 (u, v)) = euv .
On a donc :
∂g ∂g
= veuv et = ueuv .
∂u ∂u
Mais aussi :
∂g ∂f ∂x ∂f ∂y
= +
∂u ∂x ∂u ∂y ∂u
1 2 2 1 2 2
= 2xex −y − 2yex −y
2 2
x2 −y 2
= (x + y)e = ueuv ,
et,
∂g ∂f ∂x ∂f ∂y
= +
∂v ∂x ∂v ∂y ∂v
1 2 2 1 2 2
= 2xex −y − 2yex −y
2 2
x2 −y 2
= (x − y)e = veuv ,
5. Les trois inégalités qui définissent D se traduisent ainsi.
(a) x > 0 ⇐⇒ u + v > 0
(b) x − 1 < y ⇐⇒ v < 1
(c) y < 1 − x ⇐⇒ u < 1
Le domaine ∆ est le triangle limité par les droites v = −u, u = 1, v = 1.
∆ = { (u, v) , v > −u , u < 1 , v < 1 } .
6. Z
2 −y 2
Z
1
ex dxdy = euv dudv
D ∆ 2
Z 1 Z 1 
uv
= e dv du
−1 −u
uv 1
Z 1 
e
= du
−1 2u −u
−u2
Z 1
eu e
= + du
−1 2 2u

47
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Posons : 2
Z 1 −u
euZ 1
e
I1 = du et I2 = du .
−1 2 −1 2u
Dans I2 , la fonction à intégrer est impaire, donc l’intégrale est nulle. L’intégrale
cherchée vaut donc :
Z
2 −y 2 e1 − e−1
ex dxdy = I1 = = sinh(1) .
D 2

Exercice 3 : Le domaine D est la portion du disque unité compris entre l’axe des x
et la première bissectrice.
1. En intégrant d’abord par rapport à x puis par rapport à y,
 √
Z √

Z Z 2/2 1−y 2
f (x, y) dxdy =  xy dx dy
D 0 y


Z √2/2 " 2 # 1−y 2
xy
= dy
0 2 y

Z √2/2
(1 − y 2 )y y 3
= − dy
0 2 2
" #√2/2
2 4
y y
= −
4 4 0

1
= .
16
2. En intégrant d’abord par rapport à y puis par rapport à x, on doit décomposer
le domaine en deux parties, une limitée par la droite y = x, l’autre par le cercle
unité.
Z Z √2/2 Z x  Z 1 Z √1−x2 !
f (x, y) dxdy = xy dy dx + √ xy dy dx
D 0 0 2/2 0

Z √2/2
x3 Z 1
x(1 − x2 )
= dx + √ dx
0 2 2/2 2
" #√2/2 " #1
x4 x2 x4
= + −
8 0
4 8 √
2/2

1
= .
16

48
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

3. En utilisant le changement de variables en coordonnées polaires :


Z Z 1 Z π/4 !
3
f (x, y) dxdy = r cos θ sin θ dθ dr
D 0 0

" #1 " #π/4


r4 − cos 2θ
= ×
4 0
4 0

1
= .
16

49
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

3 Compléments
3.1 Le palimpseste d’Archimède
D’après Pline l’Ancien, le roi de Pergame aurait introduit l’emploi du parchemin
au iie siècle av. J.C. à la suite d’une interdiction des exportations de papyrus décrétée
par les Égyptiens, qui craignaient que la bibliothèque de Pergame ne concurrence celle
d’Alexandrie. Fabriqué à partir de peaux animales, raclées, poncées, traitées à la chaux
puis à la craie, le parchemin était long à produire, plutôt rare en regard des besoins
en écriture, et donc cher. On avait pris l’habitude de recycler les parchemins dont
les écrits étaient considérés comme obsolètes et de peu de valeur : grattés à la pierre
ponce, reblanchis à la chaux, les parchemins pouvaient resservir : un parchemin ainsi
recyclé s’appelle un palimpseste. C’est ce que fit un prêtre grec vers le xiiie siècle
quand il se mit en devoir de copier un livre de prières. On ignore s’il eut la curiosité
de lire avant ce qu’il effaçait : rien moins qu’une copie des œuvres mathématiques
d’Archimède ! Heureusement, le prêtre n’était pas très soigneux. Il se contenta d’un
grattage superficiel, suffisant pour écrire perpendiculairement au texte originel, qui
resta en grande partie visible. Les ultraviolets et les rayons X firent le reste. Découvert
en 1906, le Palimpseste d’Archimède est la plus ancienne copie connue de ses œuvres.
Elle contient deux mémoires que l’on croyait perdus et dont il n’existe qu’un seul
exemplaire. Le plus remarquable est un traité intitulé « La méthode ». Il permet de
comprendre comment procédait Archimède pour déterminer des mesures d’aires ou
de volume. On y trouve le volume de la sphère, le calcul du centre de gravité d’une
demi-sphère et celui d’un tronc de paraboloïde.
Bien avant Archimède, les Grecs calculaient des aires ou des volumes par la mé-
thode d’exhaustion. Elle consiste à établir l’égalité de deux aires ou deux volumes en
montrant par l’absurde qu’aucun n’est supérieur à l’autre. Les raisonnements reposent
généralement sur des encadrements de la figure par des figures quarrables de plus en
plus précises. La méthode nécessite cependant de connaître a priori le résultat final,
d’autant qu’il n’est pas exprimé par un nombre, mais comme un rapport : on ne cal-
cule pas le volume de la sphère ; on prouve que ce volume est le quadruple du volume
d’un cône de base égale à un grand cercle de la sphère et de hauteur égale au rayon.
Comment Archimède procédait-il pour deviner quels étaient les rapports à établir ?
Il explique dans « la méthode » qu’il utilise des méthodes mécaniques par pesées, en
découpant en tranches les surfaces ou les volumes considérés.
Sa méthode, Archimède l’a exercée principalement à partir des cylindres, des cônes
et des sphères. Ses résultats figurent dans le traité « de la sphère et du cylindre ». Il
commence ainsi.
Archimède, à Dosithée, salut
Je t’avais déjà envoyé, avec leurs démonstrations, les théorèmes que mes
réflexions m’avaient fait découvrir ; le suivant était au nombre de ces théo-
rèmes :

50
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Tout segment compris entre une droite et la section du cône rectangle, est
égal à quatre fois le tiers d’un triangle qui a la même base et la même
hauteur que le segment.
J’ai terminé aujourd’hui les démonstrations de plusieurs théorèmes qui se
sont présentés ; et parmi ces théorèmes, on distingue ceux qui suivent.
La surface de la sphère est quadruple d’un de ses grands cercles.
La surface d’un segment sphérique est égale à un cercle ayant un rayon égal
à la droite menée du sommet du segment à la circonférence du cercle qui
est la base du segment.
Un cylindre qui a une base égale à un grand cercle de la sphère, et une
hauteur égale au diamètre de cette même sphère, est égal à trois fois la
moitié de la sphère.
La surface du cylindre est aussi égale à trois fois la moitié de la surface de
la sphère.
Quoique ces propriétés existassent essentiellement dans les figures dont nous
venons de parler, elles n’avaient point été remarquées par ceux qui ont
cultivé la géométrie avant nous ; cependant il sera facile de connaître la
vérité de nos théorèmes, à ceux qui liront attentivement les démonstra-
tions que nous en avons données. Il en a été de même de plusieurs choses
qu’Eudoxe a considérées dans les solides, et qui ont été admises, comme les
théorèmes suivants :
Une pyramide est le tiers d’un prisme qui a la même base et la même
hauteur que la pyramide.
Un cône est le tiers d’un cylindre qui a la même base et la même hauteur
que le cône.
Ces propriétés existaient essentiellement dans ces figures, et quoiqu’avant
Eudoxe, il eût paru plusieurs géomètres qui n’étaient point à mépriser,
cependant ces propriétés leur étaient inconnues, et ne furent découvertes
par aucun d’eux.
Au reste, il sera permis, à ceux qui le pourront, d’examiner ce que je viens de
dire. Il eût été à désirer que mes découvertes eussent été publiées du vivant
de Conon ; car je pense qu’il était très capable d’en prendre connaissance
et d’en porter un juste jugement. Quoi qu’il en soit, ayant pensé qu’il était
bon de les faire connaître à ceux qui cultivent les mathématiques, je te les
envoie appuyées de leurs démonstrations : les personnes versées dans cette
science pourront les examiner à loisir.
Porte-toi bien.
On dit qu’Archimède était si fier d’avoir trouvé le rapport entre le volume de la sphère
et celui du cylindre qui la contient (2/3), qu’il demanda que la figure soit gravée sur
sa tombe. Quelque 140 ans plus tard, le jeune Cicéron, récemment nommé en Sicile,
retrouve la tombe grâce à cette indication.

51
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Quand j’étais questeur, j’ai découvert son tombeau que les Syracusains igno-
raient ; ils affirmaient même qu’il n’existait point. Je l’ai découvert entouré
et recouvert entièrement de ronces et de buissons. Je connaissais quelques
petits vers dont j’avais appris qu’ils étaient inscrits sur sa tombe. Ceux-ci
faisaient connaître qu’en haut du monument il y avait une sphère avec un
cylindre. Or, en parcourant des yeux toutes les tombes, qui sont très nom-
breuses à la sortie d’Agrigente, j’aperçus une petite colonne qui émergeait à
peine des buissons, sur laquelle se trouvaient les figures d’une sphère et d’un
cylindre. Aussitôt je dis aux notables syracusains qui se trouvaient à mes
côtés qu’à mon avis c’était là précisément la tombe que je cherchais. Plu-
sieurs hommes, venus avec des faux, débroussaillèrent l’endroit. Une fois le
lieu dégagé, nous nous approchâmes du soubassement qui nous faisait face.
L’épigramme apparut avec la fin des vers rongée presqu’à moitié. C’est ainsi
que la plus illustre cité de la Grande Grèce, jadis même la plus savante, au-
rait ignoré le tombeau de son concitoyen le plus intelligent si un homme
d’Arpinum ne le leur avait pas révélé.
Archimède aurait sans doute aimé lire la phrase suivante de Paul Cézanne, souvent
répétée pour justifier les théories cubistes :
Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en pers-
pective, soit que chaque côté d’un objet, d’un plan, se dirige vers un point
central.
Elle date de 1904, soit deux ans avant que le Palimpeste d’Archimède ait été retrouvé,
mais tout de même plus de 2000 ans après qu’il ait été écrit.

3.2 Le principe de Cavalieri


Le volume d’un prisme, qu’il soit droit ou oblique, ne dépend que de sa base et et de
sa hauteur : imaginez le prisme comme une pile de tranches fines identiques qui peuvent
glisser les unes par rapport aux autres : une pile de pièces de monnaie par exemple.
Vous pouvez modifier la forme de la pile, mais tant qu’elle contient les mêmes pièces, ni
sa hauteur ni son volume ne changent. La même chose vaut par exemple pour un cône.
Bonaventura Cavalieri (1598–1647) est habituellement crédité de cette observation,
qu’il exprime en dimension deux : si deux figures planes, comprises entre deux droites
parallèles sont telles que les intersections avec les deux figures des parallèles aux droites
sont toujours de mêmes longueurs, alors les deux surfaces sont égales. Plus de dix siècles
avant Cavalieri, les chinois avaient déjà fait la remarque pour la dimension trois. Voici
comment Zu Gengzhi 1 (ve siècle) exprime cela : « Si des surfaces sont empilées pour
former des volumes, et si les aires correspondantes sont égales, alors les volumes ne
peuvent pas être différents »
1. D.B. Wagner : Liu Hui and Zu Genzhi on the volume of a sphere, Chinese Science, 3, p. 59–79
(1978)

52
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

En 263, Liu Hui 2 édite et commente les « Neuf Chapitres sur l’Art du Calcul »,
le texte fondateur des mathématiques chinoises. Même s’il ne l’exprime pas aussi clai-
rement que son successeur Zu Genzhi, il est parfaitement conscient du principe de
Cavalieri, et l’utilise pour déterminer certains volumes dans sa quête de la détermina-
tion du volume de la sphère. Mais il échoue, et reconnaît honnêtement :
Je souhaite exposer mes humbles réflexions, mais je crains de manquer le
principe correct. J’ose laisser les points douteux en l’état, en attendant
qu’un autre les résolve.
Deux siècles plus tard, Zu Genzhi réussit et ne boude pas son triomphe.
Les proportions sont extrêmement précises et mon cœur brille. Zhang Heng
avait copié les anciens, souriant à la postérité. Liu Hui avait suivi les anciens,
mais n’avait pas eu le temps de les corriger. Mais qu’y a-t-il de difficile à
cela ? Il suffit de réfléchir.
Il y avait beaucoup plus chez Liu Hui et Zu Genzhi qu’un principe de comparaison
de volumes. Comme Archimède et sa méthode d’exhaustion, comme Cavalieri et sa
géométrie des indivisibles, comme Thabit Ibn Qurra, Roberval, Pascal et bien d’autres,
il cherchaient tous par leurs découpages de surfaces ou de volumes, à maîtriser cette
notion d’intégrale qui a mis si longtemps à émerger.

3.3 La roulette de Pascal


Voici comment Pascal définit la roulette.
La Roulette est une ligne si commune, qu’après la droite et la circonfé-
rence, il n’y en a point de si fréquente ; et elle se décrit si souvent aux yeux
de tout le monde qu’il y a lieu de s’étonner qu’elle n’ait pas été considérée
par les anciens, dans lesquels on n’en trouve rien : car ce n’est autre chose
que le chemin que fait en l’air le clou d’une roue, quand elle roule de son
mouvement ordinaire, depuis que le clou commence à s’élever de terre, jus-
qu’à ce que le roulement continu de la roue l’ait rapporté à terre, après un
tour entier achevé : supposant que la roue soit un cercle parfait, le clou un
point dans sa circonférence, et la terre parfaitement plane.
Il suffit de suivre la description pour en écrire la définition paramétrique : Si R désigne
le rayon de la roue, θ l’angle du rayon menant au point avec la verticale, le point du
cercle en mouvement a pour coordonnées :
(
x = R(θ − sin(θ))
y = R(1 − cos(θ)) .

2. K. Chemla : Résonances entre démonstration et procédure. Remarques sur le commentaire de


Liu Hui (IIIe siècle) aux Neuf Chapitres sur les Procédures Mathématiques (Ier siècle), Extrême-Orient
Extrême-Occident, 14, p. 91-129 (1992)

53
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

De nos jours, on appelle plutôt cette courbe une cycloïde. Elle avait été proposée par
Mersenne à Roberval qui avait déterminé l’aire sous une des arches : trois fois l’aire du
cercle qui l’engendre. Mais Pascal se pose bien d’autres questions que celle de l’aire sous
la courbe : surface, volume et centre de gravité des solides engendrés par la rotation
de la courbe autour des axes, surface et volume de parties tronquées, etc. Selon l’usage
de l’époque, il propose un défi aux savants européens.
La connaissance de la roulette ayant été jusque là portée par M. de Rober-
val, la chose était demeurée en cet état depuis 14 ans, lorsqu’une occasion
imprévue m’ayant fait penser à la géométrie que j’avais quittée il y a long-
temps, je me formai des méthodes pour la dimension et les centres de gravité
des solides, des surfaces planes et courbes, et des lignes courbes, auxquelles
il me sembla que peu de choses pourraient échapper : et pour en faire l’essai
sur un sujet des plus difficiles, je me proposai ce qui restait à connaître de
la nature de cette ligne ; savoir les centres de gravité de ses solides et les
solides de ses parties ; la dimension et les centres de gravité des surfaces de
tous ces solides ; la dimension et les centres de gravité de la courbe même
de la Roulette et de ses parties.
Je commençai par les centres de gravité des solides et des demi-solides, que
je trouvai par ma méthode, et qui me parurent si difficiles par toute autre
voie, que, pour savoir s’ils l’étaient en effet autant que je me l’étais imaginé,
je me résolus d’en proposer la recherche à tous les géomètres, et même avec
des prix. Ce fut alors que je fis mes écrits latins, lesquels ont été envoyés
partout. Et pendant qu’on cherchait ces problèmes touchant les solides, j’ai
résolu tous les autres, comme on verra à la fin de ce discours, quand j’aurai
parlé des réponses qu’on a reçues des géomètres sur le sujet de mes écrits.
Elles sont de deux sortes. Les uns prétendent d’avoir résolu les problèmes
posés, et ainsi avoir droit aux prix ; et les écrits de ceux-là seront vus dans
l’examen régulier qui doit s’en faire. Les autres n’ont point voulu prétendre
à ces solutions, et se sont contentés de donner leurs premières pensées sur
cette ligne.
J’ai trouvé de belles choses dans leurs lettres, et des manières fort subtiles
de mesurer le plan de la Roulette, et entre autres dans celles de M. Sluze,
chanoine de la cathédrale de Liège, de M. Richi, Romain, de M. Huygens,
Hollandais, qui a le premier produit que la portion de la Roulette retranchée
par l’ordonnée de l’axe, menée du premier quart de l’axe du côté du sommet,
est égale à un espace rectiligne donné. Et j’ai trouvé la même chose dans
une lettre de M. Wren, Anglais, écrite presque en même temps.
Il n’y a pas que de « belles choses » dans les lettres reçues : Pascal s’énerve.
Et c’est pourquoi je ne puis assez admirer la vaine imagination de quelques
autres, qui ont cru qu’il leur suffirait d’envoyer un calcul faux et fabriqué au
hasard pour prendre date du jour qu’ils l’auraient donné, sans avoir produit

54
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

autre marque qui fasse connaître qu’ils ont résolu les problèmes : ce qui est
une imagination si ridicule que j’ai honte de m’amuser à la réfuter.
Quelles sont donc ces « méthodes pour la dimension et les centres de gravité des solides,
des surfaces planes et courbes, et des lignes courbes » ? Une évolution de la « méthode
des indivisibles » de ses prédécesseurs Roberval et Cavalieri, le rapport entre les « tou-
chantes » (tangentes) et les « quadratures » (intégrales), bref, presque une théorie du
calcul différentiel. Leibniz a soigneusement étudié le « Traité du triangle arithmétique »,
dans lequel Pascal montre comment calculer les aires sous les courbes de fonctions puis-
sance, et ce « Traité de la roulette ». Il reconnaît d’ailleurs volontiers ce que sa théorie
du calcul intégral doit à Pascal et s’en étonne même : « il avait tout en main mais il est
resté aveugle ». Peut-être pas, mais en 1658 les mathématiques ne sont plus le centre
d’intérêt principal de Pascal. Dans les 4 ans qui lui restent à vivre, il profite des répits
de plus en plus rares que lui laissent sa maladie pour commencer un grand ouvrage sur
la « vérité de la religion chrétienne », et mettre en ordre ses « Pensées ».
Au fait, dans sa présentation, Pascal parle d’« une occasion imprévue » qui lui a
fait repenser à la géométrie : quelle est cette occasion ? Sa sœur nous en dit plus.
Ce renouvellement des maux de mon frère commença par le mal de dents
qui lui ôta absolument le sommeil. Mais quel moyen a un esprit comme le
sien d’être éveillé et de ne penser à rien ? C’est pourquoi dans les insomnies
mêmes, qui sont d’ailleurs si fréquentes et si fatiguantes, il lui vint une nuit
dans l’esprit quelques pensées sur la roulette.
Au fond, penser à la roulette quand on a mal aux dents : quoi de plus naturel ?

3.4 Le paraboloïde hyperbolique


La zoologie des surfaces est un sujet quelque peu désuet, même si on trouve sur
le web de nombreux sites qui permettent de se faire une idée de sa beauté et de sa
poésie : visitez au moins http://www.mathcurve.com/. Nous allons essayer de vous
donner envie d’en savoir plus, en partant de l’équation la plus simple possible : z = xy.
Pour imaginer la surface d’équation z = xy, examinons d’abord quelques unes de
ses sections planes. Nous notons S la surface et nous considérons son intersection avec
le plan P dont(nous donnons l’équation, en fonction d’un paramètre réel a.
y = ax
• S∩P : : S contient une famille de paraboles.
z = ax2
(
z = a
• S∩P : : S contient aussi une famille d’hyperboles (d’où le nom
xy = a
de paraboloïde
( hyperbolique).
x = a
• S∩P : : S contient une famille de droites.
z = ay
(
y = a
• S∩P : : S contient une autre famille de droites.
z = ax

55
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

(
y = x+a
• S∩P : : S contient une autre famille de paraboles dans des
z = x2 + ax
plans parallèles
( ;
y = −x + a
• S∩P : : encore une autre famille de paraboles, orientées
z = −x2 + ax
vers le bas, dans des plans orthogonaux aux précédents.
Une surface engendrée par une famille de droites est dite réglée. Celle-ci l’est dou-
blement, puisqu’elle contient deux familles de droites. Pour vous en faire une idée,
imaginez un cadre rectangulaire, formé de quatre tiges rigides articulées entre elles.
Des élastiques sont tendus d’une tige à son opposée, dans les deux sens (comme un
sommier de sangles). Imaginez maintenant que vous tordiez le cadre, de sorte que les
tiges opposées ne soient plus parallèles. Les élastiques restent tendus, matérialisant
une surface qui est doublement réglée. Une autre manière de visualiser le paraboloïde
hyperbolique est d’imaginer une parabole glissant le long d’une autre parabole, en sens
inverse : on obtient une sorte de selle de cheval (figure 14).

Figure 14 – Paraboloïde hyperbolique

Les surfaces doublement réglées font le bonheur des architectes : on peut couler
d’immenses dalles de béton en les armant selon une des deux familles de droites, tout
en coffrant le long l’autre famille, ce qui confère à la structure d’excellentes propriétés
mécaniques : le toit de la cathédrale de la Sagrada Familia à Barcelone celui du musée
océanographique de Valence, sont des portions de paraboloïde hyperbolique. Au fait,
vous êtes-vous demandé pourquoi les biscuits d’apéritif de la marque Pringles ont cette
forme en selle de cheval plutôt que d’être plats ?
L’hyperboloïde de révolution est un autre exemple de surface doublement réglée.
Pour vous en faire une idée, prenez un paquet de tiges rigides (baguettes de mikado,
pailles . . . ) que vous maintenez en son milieu par un élastique. Élargissez ensuite le
paquet par en haut et par en bas en penchant les baguettes d’un même angle : vous

56
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

venez de matérialiser un hyperboloïde de révolution (figure 15). Il est aussi très utilisé
en architecture : châteaux d’eau, cheminées de centrale nucléaire. . .

Figure 15 – Hyperboloïde de révolution

3.5 Le tailleur de pierres de Mézières


Femme d’esprit et de caractère, Mme Roland avait exercé une influence importante
au début de la Révolution. Résolument engagée du côté des Girondins, elle fut une des
victimes de la Terreur en 1793. En attendant son procès en prison, elle se venge par la
plume de ceux qui vont l’envoyer à la guillotine.
Bonhomme, épais et pasquin, Monge, autrefois tailleur de pierres à Mé-
zières, où l’abbé Bossut lui trouvant quelques dispositions, l’initia aux ma-
thématiques et l’encouragea de six livres par semaine, avait fait son chemin
en travaillant, mais sans revoir son bienfaiteur depuis qu’il était devenu son
égal. Habitué à calculer avec des éléments inaltérables, Monge n’entendait
rien aux hommes ni aux affaires d’administration : lourd et mauvais plaisant
il m’a toujours rappelé, quand il voulait faire l’agréable, un ours que la ville
de Berne fait nourrir dans ses fossés, et dont les gentillesses, appropriées à
leurs formes grossières, amusent les passants.
Le nouveau ministre plaça dans les bureaux des hommes aussi peu capables
d’agir que lui l’était de les juger : il se donnait beaucoup de mal sans rien
faire ; et avec la meilleure volonté du monde, il laissa désorganiser la marine
dans le temps où il était le plus important de l’entretenir et de la remon-
ter. Il faut rendre justice à sa bonne foi ; il fut effrayé du fardeau et désira

57
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

s’en décharger ; mais l’embarras de trouver mieux le fit inviter à demeurer.


Insensiblement sa situation lui parut douce, et il s’imaginait en remplir les
devoirs aussi bien qu’eût fait personne autre. Mais s’il fut mauvais admi-
nistrateur, il était encore pire conseiller, et n’a jamais occupé que sa chaise
dans les délibérations du pouvoir exécutif, se rangeant constamment à l’avis
le plus timide, parce que, n’en ayant point à lui, il ne pouvait adopter que
le plus convenable aux vues d’un esprit borné.
Lorsque Pache devint ministre, il fut le régulateur de Monge, son admirateur
et son ami, qui n’eut plus d’opinion que la sienne et la recevait comme
l’inspiration divine ; c’est ainsi qu’il s’est maratisé, et que cet homme qui
eût dû avoir son genre de bonté, s’est rendu fauteur de la doctrine la plus
sanguinaire et la plus atroce.
Comment Gaspard Monge (1746–1818), un savant renommé, s’était-il retrouvé dans le
camp des extrémistes, ainsi « maratisé » ? Mme Roland n’a pas tort : probablement
plus par faiblesse et par amitié pour Pache que par conviction profonde. Tout « lourd et
mauvais plaisant » qu’il ait pu être jugé, il aura au moins eu le mérite dans une époque
troublée de surnager aux vagues des régimes successifs. Lors du Consulat, il est envoyé
en Italie, puis en Égypte au gré des campagnes de Napoléon. Après le coup d’état du
18 Brumaire, il est nommé membre du « Sénat conservateur », chargé de veiller sur les
constitutions successives du Consulat puis de l’Empire.
Quel rapport entre cette brillante carrière politique et les mathématiques ? Même s’il
n’a pas été un administrateur exceptionnel, Monge aura pesé de tout son poids politique
dans la réforme du système éducatif : École Normale Supérieure, École Polytechnique,
École des Ponts et Chaussées, École des Arts et Métiers. . . , on doit à Monge (et aussi
à Laplace et Lagrange) le système si typiquement français des Grandes Écoles. Ils ne
se contentèrent pas d’en définir les programmes et le niveau d’exigence ; ils en furent
les premiers professeurs, et se dévouèrent à leur enseignement au point de laisser une
empreinte pédagogique qui devait leur survivre au-delà du xixe siècle.
À peine finies ses études au Collège de la Trinité de Lyon, Monge avait été engagé
à 19 ans à l’École royale du génie de Mézières, non pas comme tailleur de pierres, mais
comme dessinateur, et dès l’année suivante avait eu à dessiner des plans de fortifica-
tions. Cette expérience devait influencer durablement ses travaux de géométrie, et par
suite l’enseignement des futurs cadres de la nation. Quand il rédige les notes de son
cours « Application de l’Analyse à la Géométrie, à l’usage de l’École Impériale Poly-
technique », il consacre une monumentale seconde partie (415 pages) à la « Théorie
des surfaces courbes et des courbes à double courbure ». Voici ce qu’il écrit à la fin du
chapitre « Ellipsoïdes ».
S’il était question de voûter un espace circonscrit en projection horizontale
par une ellipse, on ne pourrait pas donner à la voûte une surface plus
convenable que celle de la moitié d’une ellipsoïde dont une des ellipses
principales coïnciderait avec l’ellipse de la naissance ; et en supposant que

58
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

cette voûte dût être exécutée en pierres de taille, il faudrait que la division
en voussoirs fût opérée au moyen des lignes de courbure dont nous avons
donné la construction, et que les joints fussent les surfaces développables
normales à la voûte.
C’est ainsi que jusqu’aux années 1970, des générations d’étudiants en mathématiques
devront au « tailleur de pierres de Mézières » d’avoir été formés à la géométrie cotée,
aux projections frontales et horizontales, et autres surfaces développables.

3.6 Et ignem regunt numeri


« Même le feu est régi par les nombres » : c’est la citation attribuée à Platon que
porte en exergue la « Théorie Analytique de la chaleur » de Joseph Fourier (1768–1830).
Quel est le problème ?
Lorsque la chaleur est inégalement distribuée entre les différents points
d’une masse solide, elle tend à se mettre en équilibre, et passe lentement
des parties les plus échauffées dans celles qui le sont moins ; en même temps
elle se dissipe par la surface, et se perd dans le milieu ou dans le vide.
Cette tendance à une distribution uniforme, et cette émission spontanée
qui s’opère à la surface des corps, changent continuellement la température
des différents points. La question de la propagation de la chaleur consiste
à déterminer quelle est la température de chaque point d’un corps à un
instant donné, en supposant que les températures initiales sont connues.
Cette « question de la propagation de la chaleur », Fourier estime l’avoir résolue dès
1807. Si v(t, x, y, z) désigne la température d’un corps au point de coordonnées (x, y, z)
et au temps t, alors à l’intérieur du corps :
!
dv K d2 v d2 v d2 v
= . + + ,
dt C.D dx2 dy 2 dz 2

où K est la conductibilité interne, D la densité et C la chaleur spécifique. Les conditions


aux bords, la manière de résoudre numériquement les équations différentielles avec des
séries trigonométriques, tout avait été établi, et soigneusement validé par de nombreuses
expériences sur des corps de différentes formes. Alors pourquoi son premier mémoire
de 1807 n’a-t-il pas été considéré ? Pourquoi sa nouvelle soumission en 1812 a-t-elle été
primée, mais curieusement non publiée ?
Cette pièce renferme les véritables équations différentielles de transmission
de la chaleur, soit à l’intérieur des corps, soit à leur surface ; et la nouveauté
du sujet, jointe à son importance, a déterminé la Classe à couronner cet
ouvrage, en observant cependant que la manière dont l’auteur parvient à
ses équations n’est pas exempte de difficultés, et que son analyse, pour
les intégrer, laisse encore quelque choses à désirer, soit relativement à la
généralité, soit même du côté de la rigueur.

59
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

Une première élection à l’Académie des Sciences est récusée par Louis xviii (sous la
Restauration, ceux qui s’étaient trop marqués du côté de Napoléon n’étaient pas en
odeur de sainteté). Candidat à nouveau dans la section de Physique générale, il est réélu
et enfin nommé en mai 1817. C’est la consécration ; il réunit ses différents travaux, et la
publication en 1822 de la Théorie Analytique de la Chaleur marque son triomphe : 660
pages, dont 21 de discours préliminaire, où profitant de son autorité enfin reconnue, il
énonce sa philosophie de la science, au risque de pontifier un tantinet.
Les équations du mouvement de la chaleur, comme celles qui expriment les
vibrations des corps sonores, ou les dernières oscillations des liquides, ap-
partiennent à une des branches de la science du calcul les plus récemment
découvertes, et qu’il importait beaucoup de perfectionner. Après avoir éta-
bli ces équations différentielles, il fallait en établir les intégrales ; ce qui
consiste à passer d’une expression commune à une solution propre assu-
jettie à toutes les conditions données. Cette recherche difficile exigeait une
analyse spéciale, fondée sur des théorèmes nouveaux dont nous ne pour-
rions ici faire connaître l’objet. La méthode qui en dérive ne laisse rien
de vague, ni d’indéterminé dans les solutions ; elle les conduit jusqu’aux
dernières applications numériques, condition nécessaire de toute recherche,
sans lesquelles on n’arriverait qu’à des transformations inutiles.
[. . . ]
L’étude de la nature est la source la plus féconde des découvertes mathé-
matiques. Non seulement cette étude, en offrant aux recherches un but
déterminé, a l’avantage d’exclure les questions vagues et les calculs sans is-
sue ; elle est encore un moyen assuré de former l’analyse elle-même, et d’en
découvrir les éléments qu’il nous importe le plus de connaître, et que cette
science doit toujours conserver : ces éléments fondamentaux sont ceux qui
se reproduisent dans tous les effets naturels.
Les équations analytiques, ignorées des anciens géomètres, que Descartes
a introduites le premier dans l’étude des courbes et des surfaces, ne sont
pas restreintes aux propriétés des figures, et à celles qui sont l’objet de la
mécanique rationnelle : elles s’étendent à tous les phénomènes généraux. Il
ne peut y avoir de langage universel et plus simple, plus exempt d’erreurs
et d’obscurités, c’est-à-dire plus digne d’exprimer les rapports invariables
des êtres naturels.
Considérée sous ce point de vue, l’analyse mathématique est aussi étendue
que la nature elle-même ; elle définit tous les rapports sensibles, mesure
les temps, les espaces, les forces, les températures ; cette science difficile se
forme avec lenteur, mais elle conserve tous les principes qu’elle a une fois
acquis ; elle s’accroît et s’affermit sans cesse au milien de tant de variations
et d’erreurs de l’esprit humain.
Son attribut principal est la clarté. Elle n’a point de signes pour exprimer
les notions confuses. Elle rapproche les phénomènes les plus divers, et dé-

60
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

couvre les analogies secrètes qui les unissent. Si la matière nous échappe
comme celle de l’air et de la lumière par son extrême ténuité, si les corps
sont placés loin de nous, dans l’immensité de l’espace, si l’homme veut
connaître le spectacle des cieux pour des époques successives que sépare
un grand nombre de siècles, si les actions de la gravité et de la chaleur
s’exercent dans l’intérieur du globe solide à des profondeurs qui seront tou-
jours inaccessibles, l’analyse mathématique peut encore saisir les lois de ces
phénomènes. Elle nous les rend présents et mesurables, et semble être une
faculté de la raison humaine, destinée à suppléer à la brièveté de la vie et
à l’imperfection des sens ; et ce qui est plus remarquable encore, elle suit la
même marche dans l’étude de tous les phénomènes ; elle les interprète dans
le même langage, comme pour attester l’unité et la simplicité du plan de
l’univers, et rendre encore plus manifeste cet ordre immuable qui préside à
toutes les causes naturelles.
[. . . ]
Les théories nouvelles, expliquées dans notre ouvrage sont réunies pour
toujours aux sciences mathématiques, et reposent comme elles sur des fon-
dements invariables ; elles conserveront tous les éléments qu’elles possèdent
aujourd’hui, et elles acquerront continuellement plus d’étendue. On perfec-
tionnera les instruments et l’on multipliera les expériences. L’analyse que
nous avons formée sera déduite de méthodes plus générales, c’est-à-dire plus
simples et plus fécondes, communes à plusieurs stances solides ou liquides,
pour les vapeurs et pour les gaz permanents, toutes les qualités spécifiques
relatives à la chaleur, et les variations des coefficients qui les expriment. On
observera, dans divers lieux du globe, les températures du sol à diverses
profondeurs, l’intensité de la chaleur solaire, et ses effets, ou constants ou
variables, dans l’atmosphère, dans l’Océan et les lacs ; et l’on connaîtra cette
température constante du Ciel, qui est propre aux régions planétaires. La
théorie elle-même dirigera toutes ces mesures, et en assignera la précision.
Elle ne peut faire désormais aucun progrès considérable qui ne soit fondé sur
ces expériences ; car l’analyse mathématique peut déduire des phénomènes
généraux et simples l’expression des lois de la nature ; mais l’application
spéciale de ces lois à des effets très composés exige une longue suite d’ob-
servations exactes.
Fourier revendique hautement l’« étude de la Nature », jusqu’aux « applications nu-
mériques, condition nécessaire de toute recherche ». Déjà à l’époque, ce n’était pas le
point de vue unanime. Voici ce que le jeune Jacobi écrit à Legendre peu après la mort
de Fourier :
Il est vrai que M. Fourier avait l’opinion que le but principal des mathéma-
tiques était l’utilité publique et l’explication des phénomènes naturels ; mais
un philosophe comme lui aurait dû saisir que le but unique de la science,
c’est l’honneur de l’esprit humain, et que sous ce titre, une question de

61
Maths en Ligne Fonctions de plusieurs variables UJF Grenoble

nombres vaut autant qu’une question de système du monde.


Après 1822, Fourier écrit encore plusieurs articles sur la chaleur, dont deux consacrés à
la température du globe terrestre, dans lesquels la mode actuelle veut voir l’anticipation
de l’effet de serre et du réchauffement climatique. L’avènement de l’ordinateur avait
déjà fait de la transformée de Fourier un nom commun, le voici promu fer de lance du
sauvetage planétaire : quelle revanche !

62

Vous aimerez peut-être aussi