These B Boudebiabaala Afaf 2012
These B Boudebiabaala Afaf 2012
These B Boudebiabaala Afaf 2012
SCIENCES DU LANGAGE
Vol. 1
Afaf BOUDEBIA-BAALA
Le 19 décembre 2012
Membres du jury :
Marie Josèphe BERCHOUD, université de Bourgogne.
Henri BOYER, université de Montpellier III.
Salah KHENNOUR, université de Ouargla.
François MIGEOT, université de Franche-Comté.
Marion PERREFORT, université de Franche-Comté.
2
Dédicace
À mes parents
À mon époux
À mes amis et ma famille
À ceux qui m’ont apporté leur soutien tout au long du
parcours de la thèse
3
Remerciement
4
Sommaire
DEDICACE ------------------------------------------------------------------------------------------------- 3
REMERCIEMENT ---------------------------------------------------------------------------------------- 4
SOMMAIRE ----------------------------------------------------------------------------------------------- 5
INTRODUCTION ----------------------------------------------------------------------------------------- 7
BIBLIOGRAPHIE--------------------------------------------------------------------------------------- 131
5
TABLE DES MATIÈRES ------------------------------------------------------------------------------- 168
6
INTRODUCTION
7
Cette recherche se propose d’éclairer un tant soit peu la
problématique relative à l’enseignement/ apprentissage du français dans
une région située dans le Sud-est algérien appelée le « Souf ». Son
objectif premier consiste dans la description de l’impact du contexte
sociolinguistique et scolaire sur l’enseignement/ apprentissage de la
langue française dans cette région. La particularité du contexte
sociolinguistique soufi sera considérée à partir du statut de la langue
française qui sera, lui-même, envisagé en fonction de plusieurs
paramètres relatifs au contexte étudié.
8
obligé de prendre en compte les particularités régionales. La situation
sociolinguistique est différente selon que l’on s’intéresse à une grande
ville du Nord algérien, à un petit village ou à une région du Sud. En ce qui
concerne l’enseignement du français, nous estimons que ces particularités
doivent être également prises en compte dans la planification linguistique
concernant les institutions scolaires notamment dans le domaine de la
conception des programmes. Cette prise en compte est nécessairement
précédée par une description des spécificités régionales, c’est ce que
notre étude se propose de réaliser.
9
l’enseignement/apprentissage de la langue française et sur le rôle que
peuvent jouer les représentations des langues en présence, et notamment
de la langue française.
10
Analyser l’influence de cette spécificité sur la situation
d’enseignement-apprentissage de la langue française dans la
région.
11
Les représentations relatives à la langue française, son statut
formel et informel véhiculés dans les discours officiels et ambiants
circulant dans la société soufie conduiraient à un malaise identitaire
chez l’enseignant.
12
La première partie s’attache à dresser un état des lieux du contexte
de notre étude. Notre recherche porte, certes, sur un contexte régional
particulier, mais elle ne peut pas être détachée du cadre national dans
lequel elle s’inscrit. Dans le premier chapitre, nous exposerons ce cadre
national en nous focalisant sur la place du français en Algérie. Nous
traiterons cette place en fonction des politiques linguistiques qui ont agi
sur cette langue et ont déterminé son statut. Nous aborderons aussi
l’évolution de l’école algérienne notamment en ce qui concerne
l’enseignement du français. Nous tenterons, enfin, de décrire le statut de
la langue française en fonction des textes officiels et des pratiques
langagières effectives. Une fois le tableau du contexte global dressé, nous
nous préoccuperons de décrire le contexte régional particulier. Nous le
situerons, tout d’abord, géographiquement, puis historiquement, en
exposant les différentes populations qui se sont succédées dans la région
et leur effet du point de vue linguistique. Ensuite, nous décrirons
l’évolution socio-économique de la société dans laquelle s’ancre notre
étude, la société soufie. Nous finirons ce chapitre par une revue des
différentes étapes qui ont marqué la scolarisation dans le Souf.
13
Le chapitre 4 porte sur des notions annexes à celle de
représentation, à savoir les stéréotypes et les attitudes. Nous suivrons le
même procédé adopté pour les représentations. Nous ancrerons ces
notions dans leur domaine d’origine, la psychologie sociale, puis nous
développerons leurs rapports à l’enseignement/ apprentissage d’une
langue. Nous finirons ce chapitre par un traitement de la notion de
motivation en nous focalisant sur la motivation des enseignants étant
donné que nos questionnements partent d’un constat de démotivation
chez les enseignants soufis.
Le chapitre 5 propose une réflexion sur la notion d’identité. Notre
intérêt pour cette notion vient de son rapport étroit avec la notion de
représentation. En premier lieu, nous tâcherons de définir l’identité
collective en passant en revue ses différentes composantes : la culture, la
langue, la nation, le territoire et la religion. En second lieu, nous
explorerons cette notion dans le domaine de la psychologie sociale dans
son rapport aux représentions. En dernier lieu, et puisque nous effectuons
notre études auprès d’un public d’enseignants, nous proposerons des
éléments de réflexion sur l’identité professionnelle.
14
obtenus et vérifions les hypothèses. Ce chapitre se termine par quelques
propositions didactiques conçues dans l’objectif de remédier aux
problèmes relatifs à la situation étudiée.
15
PREMIÈRE PARTIE : État des
lieux
16
CHAPITRE 1: LE FRANÇAIS EN ALGÉRIE :
ENSEIGNEMENT, STATUT(S) ET USAGES
17
réaction à la colonisation, le premier étant le refus absolu. Ces deux types
de réactions ont déterminé deux couches sociales, l’une bourgeoise et
l’autre plébéienne (Grandguillaume, 2002). La première, comptant les
grandes familles caïdales ou confrériques, trouvait dans l’appropriation de
la langue et la culture françaises un moyen de confirmer sa supériorité
sociale. Cette appropriation s’accompagnait parfois d’un abandon de la
culture arabe, mais souvent d’un apprentissage double d’une culture
arabe et française. En revanche, la couche plébéienne était restée en
marge de la scolarisation française pour des raisons diverses :
économiques (la pauvreté), géographiques (zones sans écoles indigènes),
ou idéologiques (refus d’aliénation culturelle).
Les attitudes et les représentations des Algériens à l’égard de l’école
coloniale ont évolué progressivement. L’appropriation de la langue
française a été considérée comme une nécessité économique et sociale
par les uns, et/ou comme un moyen pour mieux se défendre et dénoncer
l’oppression et l’injustice de l’occupant par les autres. Malgré l’évolution
des attitudes et des représentations, une faible partie de la population a
été scolarisée : 2% en 1888, 3,5% en 1902, 4,5% en 1912, 5% en 1914,
8,9% en 1938 et 15% en 1954 (Taleb Ibrahimi, 1997). Le taux de
scolarisation a été plus élevé dans les centres urbains. Dans les zones
rurales, la forte opposition des colons à tout effort de scolarisation des
indigènes a conduit à un résultat inférieur.
18
Durant l’époque de Boumediene (1965-1978), l’arabe constitua l’option
fondamentale de l’éducation nationale. Le ministre de l’éducation à
l’époque Taleb Ibrahimi comptait sur l’école pour anéantir « ce mélange
d'éléments de cultures disparates, et souvent contradictoires, héritées des
époques de décadence et de la période coloniale, [pour] lui substituer une
culture nationale unifiée, liée intimement à notre passé et à notre
civilisation arabo-islamique » (cité par Leclerc, 2002). Le système éducatif
fut donc le premier secteur visé par les politiques linguistiques du pays.
L’école algérienne a connu trois périodes différentes : l’école provisoire
préparant à une école arabisée, l’école fondamentale et l’école réformée.
Nous aborderons brièvement l’arabisation du secteur universitaire avant
de décrire la chronologie de ces trois écoles.
19
communication avec les élèves difficile, notamment avec les élèves
berbérophones.
20
Dans cette école, le français connait un recul. Il est enseigné à partir de la
quatrième année fondamentale et non, comme avant, à partir de la
troisième. En plus, une année d’enseignement est supprimée du cycle
moyen qui passe de quatre années à trois. Et de ce fait, la langue
française perd deux années d’enseignement. Avec l’école fondamentale,
le français perd définitivement son statut de langue d’enseignement. Il est
désormais considéré comme une simple matière à enseigner. Le français
subit un changement d’ordre statutaire. D’une langue d’enseignement, il
passe au statut de langue étrangère (Asselah-Rahal et all., 2007). Toutes
les matières sont enseignées en arabe qui acquiert dans cette école le
statut de « véhicule du savoir » (Grine, 2009). Le volume horaire attribué à
l’enseignement du français change selon le palier. En quatrième année, le
français est enseigné à hauteur de 8h par semaine avant d’être ramené à
5h30 en 1990. Au collège il est de 6h la première année et de 5h les deux
suivantes. Au lycée, l’horaire du français varie entre 3 et 4h selon les
sections.
Concernant notre contexte d’étude, nous avons réussi à obtenir le nombre d’élèves dont
1
les parents ont opté pour l’enseignement de l’anglais, mais nous n’avons pas pu établir
des taux car nous n’avons pas eu accès au nombre de l’ensemble des élèves du
21
Ferhani souligne que les langues étrangères ont été considérées dans le
cadre de cette école comme « les parents pauvres de l’enseignement »
(2006 :12). Ce statut se manifeste essentiellement par la place
qu’occupent ces langues dans les emplois du temps dans lesquels elles
sont intégrées en dernier lieu en occupant les plages horaires les moins
intéressantes. C’est pour cette raison que les langues étrangères sont
désignées familièrement par les enseignants comme « des matières
bouche-trous » (Ferhani, ibid.). Une autre manifestation de ce statut
consiste en l’absence du français dans les épreuves du baccalauréat des
séries Sciences de la nature et Sciences exactes pendant sept ans. Il n’a
été rétabli dans ces épreuves qu’en 1992.
deuxième cycle. En 1993/1994, 772 élèves apprenaient l’anglais comme première langue
étrangère. Ils étaient répartis sur 24 classes avec 9 enseignants. En 1994/1995, le
nombre de classes et d’enseignant n’a pas changé, mais le nombre d’élèves a atteint
855. En 1998/1999, les 157 classes, où on l’enseignait l’anglais, compatit 4839 élèves et
48 enseignants.
22
produit des bacheliers arabisés habitués à l’usage de l’arabe comme
langue d’enseignement et qui ont appris le français en tant que langue
étrangère. Ces derniers, entrant dans des filières universitaires où le
français est utilisé comme langue d’enseignement, se trouvent face à
d’énormes problèmes d’insertion linguistique qui se soldent souvent par
un échec ou par l’abandon des filières francisées pour d’autres arabisées.
Cette fracture se manifeste également entre le système éducatif arabisé et
un marché du travail qui fonctionne en grande partie en français (secteur
économique notamment).
23
supplémentaire mais son volume horaire diminue : trois heures par
semaine en troisième contre cinq heures et demi par semaine durant sa
première année d’enseignement dans l’école fondamentale.
24
établit indirectement une hiérarchie entre le français et les autres langues
étrangères.
Parmi les désignations accordées à la langue française, Morsly (op. cit.)
relève l’usage de la formulation « LA langue étrangère » qui est utilisée
dans les différentes interventions relatives à la situation du français en
Algérie. Dans ces discours, la langue nationale est opposée à LA langue
étrangère. Cette dernière n’est pas nommée mais tout le monde sait que
c’est le français qui est qualifié ainsi. Pour l’auteure cette formulation
constitue « un concentré de contradictions » (2008 :25). D’un côté,
nommer le français est relégué au rang de tabou. Ceci contribue à
redonner à la langue arabe sa place légitime. D’un autre côté, l’usage de
l’article défini LA permet « d’ ʺindividualiserʺ la langue française, de
l’identifier au sein de ce lot que constitue l’ensemble des langues
étrangères. » (ibid.)
25
Depuis l’arrivée de Bouteflika à la présidence en 1999, des changements
dans la perception du statut et des fonctions du français commencent à
apparaître dans le discours officiel algérien. Il est nouveau qu’un président
algérien s’exprime en français dans des manifestations publiques en
Algérie et à l’étranger.
Dans son discours devant l’assemblée nationale le 14 juin 2000, il
déclare :
26
3-L’usage du français en Algérie
27
justice, et ceux qui lui sont restés étanches, le domaine de l’économie
(surtout les hydrocarbures) et des finances et les sciences et
technologies.
En ce qui concerne le domaine le plus stratégique de l’économie
nationale, Grine cite l’exemple de Sonelgaz et évoque une arabisation de
façade car elle se limite à la correspondance avec l’administration
centrale. En revanche, « les situations professionnelles en milieu de travail
n’ont guère changé dans la mesure où les relations et l’organisation du
travail ont continué à être exercées en français » (Belkahla, citée par
Grine, op. cit. p.82). Le fait d’accueillir de jeunes stagiaires formés à
l’école fondamentale arabisée et, donc, maîtrisant peu ou prou la langue
française, a poussé l’entreprise à une arabisation de la formation qu’elle
propose. Mais en même temps elle propose à ses recrues des cours de
perfectionnement en langue française pour pouvoir communiquer avec
leurs collègues les plus anciens (Belkahla, citée par Grine, op. cit.).
Benbachir (2007), évoque les mêmes choix et usages linguistiques dans
la société Sonatrach. Dans cette entreprise les relations et l’organisation
du travail sont toujours exercées en français. Dans ces deux entreprises,
le choix linguistique ne se pose pas en termes de choix entre l’arabe et le
français mais en termes de maîtrise de l’anglais puisque c’est la langue
qui domine dans le secteur des hydrocarbures dans le monde. C’est pour
cette raison que des dispositifs de formation en anglais destinés aux
cadres de Sonatrach ont été mis en place (Benbachir, ibid.).
28
journal Liberté du 7 mai 2000, d’un facsimilé d’une instruction adressée
par le chef du gouvernement à ses ministres qui est rédigée en français.
La confirmation d’un usage plus important de la langue française dans les
institutions et les entreprises publiques et privées nous interpelle. À ce
propos, nous nous demandons si l’usage du français dans les institutions
et les entreprises dans le Souf est aussi important. Aucune étude ne nous
permet de répondre à notre interrogation. Mais nous pouvons, néanmoins,
formuler une hypothèse. Vu notre connaissance du contexte soufi, nous
pensons que l’usage du français dans les institutions et entreprises
soufies n’est pas plus important que l’usage de la langue arabe. La
description des usages des langues en Algérie est établie d’une façon
générale sans accorder d’importance aux différences des appartenances
géographiques et régionales des locuteurs.
En plus des secteurs que nous venons de citer, le français est présent
également dans les mass médias écrits où il occupe une place importante.
Taleb Ibrahimi (1998 : 40) démontre, avec des chiffres à l’appui, que les
quotidiens et les périodiques en langue française ont la plus large
diffusion. Quand à Kadi (ibid.), elle dénombre sur les deux cent titres de la
29
presse écrite environ les deux tiers qui sont en langue française. Cette
auteure signale que le lectorat de la presse écrite francophone est en
continuelle augmentation. Le Secrétariat d’État à la communication
présente un répertoire qui regroupe tous les périodiques : titre, périodicité,
genre et langue (2009 : 57-66). Sur les 332 périodiques qui y sont
recensés, 185 sont édités en français, 135 en arabe, 9 en anglais et 2 en
tamazight.
Dans le Souf, seuls les périodiques édités en arabe et en français sont
distribués. Leur distribution est devenue régulière depuis 2002, date de la
création d’une imprimerie à Ouargla, ville voisine appartenant, comme le
Souf, au Bas-Sahara. Les trois périodiques édités en arabes les plus lus
sont Achchorouk, avec 2000 exemplaire par jour, Annahar, avec 1200
exemplaires et Al-Jadid avec 1000 exemplaires. Quant aux périodiques
édités en français, les trois les plus lus sont Liberté, El-Watan et Le
Quotidien d’Oran avec 200 exemplaires par jour pour chaque périodique.
Ces données sont très significatives pour décrire les usages linguistiques
dans le contexte de notre étude. Le nombre des lecteurs de la presse
francophone, en comparaison de ceux de la presse arabophone, reste
peu élevé. Ceci témoigne de la présence restreinte de la langue française
dans les pratiques langagières des Soufis.
30
deuxième est relatif au choix des chaînes radiophoniques et télévisuelles
suivies par la population.
Selon le Secrétariat d’État à la communication (2009), l’Algérie dispose de
cinq chaînes de télévision. Il s’agit de : la chaîne nationale terrestre
l’ENTV, Canal Algérie dédié aux Algériens vivant en Europe, A3 destiné
aux Algérien résidant au Moyen-Orient, TV Coran diffusant des
programmes à caractère religieux et TV Tamazight chaîne d’expression
tamazight. La répartition des langues dans les différents programmes
présentés par ces chaînes est synthétisée dans le tableau suivant.
31
précédemment révèle que 53% de la population écoute la radio. 20% de
ce public écoute la chaîne III qui émet en français.
De ce que nous venons de décrire, nous pouvons conclure que pour une
langue désignée comme étrangère, le français reste prégnant dans la
société algérienne. Dans leur ouvrage portant sur le français en Algérie,
Queffélec et all. ont étudié le décalage entre le « status » de la langue
32
française et son « corpus ». Par status, ils désignent le statut et les
fonctions assignées au français sur le plan officiel et institutionnel.
Autrement dit, il s’agit de tout ce qui est relatif à « son officialité, sa place
et ses fonctions telles qu’elles sont décrites dans le discours officiel de
l’État algérien, dans le système éducatif, dans les médias et dans le
secteur économique étatique et privé. » (2002 : 67). Le corpus renvoie à
son utilisation réelle, effective par les locuteurs dans la vie quotidienne. En
plus du status et du corpus de la langue française, les auteurs ont étudié
ceux qui sont relatifs à toutes les langues présentes sur le marché
linguistique algérien. Le tableau suivant résume les résultats qu’ils ont
obtenus.
33
véhicule l’officialité, sans être la langue d’enseignement elle reste une langue de
transmission du savoir, sans être la langue d’identité elle continue à façonner de
différentes manières – et par plusieurs canaux – l’imaginaire collectif, sans être la
langue de l’université elle demeure la langue d’université. » (Sebaa, 1999 :89 )
« Les locuteurs passent souvent d’une langue aux autres, mettant en contact
dans la linéarité du discours les véhiculaires usités – l’arabe algérien et/ ou les
34
variétés du berbère – et les langues académiques – l’arabe standard/ l’arabe
classique et le français.» (Queffélec et all., 2002 :112).
35
CHAPITRE 2 : LE SOUF, PRÉSENTATION GÉNÉRALE
1- Situation géographique
_ Le Bas-
Sahara
_ Le Souf
Le Souf est une région du sud-est algérien comprise entre les 30° et les
34° des latitudes nord et 6° et 8° des longitudes est. Au milieu du grand
Erg oriental, il s’étale entre Oued Rhir et le sud tunisien. Actuellement, le
36
Souf fait partie de la trente neuvième Wilaya de l’Algérie : El-oued. Cette
Wilaya comprend aussi une partie d’Oued Rhir. Il fait partie de ce que les
géographes dénomment le Bas-Sahara. Il s’agit d’une vaste cuvette située
au pied de l’ensemble montagneux Aurès-Nememcha. C’est un espace
caractérisé par une forte aridité et une forte siccité de l’air (Côte, 2005).
2- Aspect historique
2-1- La préhistoire
2
Des couches de bois fossiles ont été trouvées au nord du puits El-Biod en 1893 par
Foureau. (Voisin p.30)
37
importante composée d’éléphants3, de rhinocéros, d’hippopotames, de
crocodiles, de girafes et d’autruches.
Parmi les faciès culturels4 qui sont apparus en Afrique du nord et en
Algérie, aucune trace n’a été découverte dans l’erg des industries
acheuléennes (entre 1,3 millions et 300 000 ans avant le présent5) et
moustériennes (entre 30 000 et 30 000 ans avant le présent). L’Atérien
(entre 40 000 et 30 000 avant le présent) qui tire son nom de Bir Al-Ater
situé à 90 kilomètres au sud de Tébessa est, par contre, un faciès qui était
largement répandu dans le Sahara où plus d’une cinquantaine de
gisements ont été dénombrés. Nous ne savons pas si des traces de cette
industrie ont été trouvées dans le Souf. Concernant l’Ibéro-Maurusien
(entre 20 000 et 10 000 avant le présent), les deux stations les plus
proches du Souf sont à Sidi Mansour (près de Gafsa en Tunisie) et El-
Houita à Laghouat. Malgré l’accord des auteurs pour dire que cette
industrie particulière a occupé le littoral et que le sud ne l’a pas connue, sa
limite étant située au nord des chotts, Voisin (2004 :51) pense qu’il est
possible qu’une branche contournant les chotts ait pu s‘installer dans le
Souf. Mais aucune trace de cette industrie n’a été trouvée dans le Souf.
En ce qui concerne le Capsien (de 6800 à 4500 av. J.C.) par contre,
plusieurs stations ont été trouvées dans le Souf surtout à Sif El Menadi,
Bir El-Adhal et à El-Oued, ceci constitue ce qui est appelé « le faciès d’El-
Oued ». Les Capsiens étaient des pêcheurs errants qui traversaient les
steppes pour pêcher dans les différentes rivières. Le Néolithique de
tradition capsienne a développé, par contre, l’agriculture et la
sédentarisation générale faisant du Souf un foyer de civilisation
préhistorique. Le milieu du Néolithique était marqué par l’installation de la
savane avec une faune plus réduite et une agriculture plus développée
3
Un squelette d’éléphant a été trouvé en 1957 à l’est de Hassi Khalifa, il est actuellement
au musée de la préhistoire de Bardo à Alger.
4
En archéologie, le faciès est l'ensemble des traits composant un aspect particulier
d'une période culturelle.
5
L'expression « avant le présent » est utilisée en archéologie pour désigner les âges
exprimés en nombre d'années comptées vers le passé à partir de l'année 1950 du
calendrier grégorien. Cette date a été fixée arbitrairement comme année de référence et
correspond aux premiers essais de datation au carbone.
38
grâce aux animaux domestiques. La région a pris l’aspect désertique que
nous lui connaissons actuellement vers la fin du Néolithique.
2-2- L’antiquité
6
Cette coutume qui subsiste encore dans quelques villages du Souf permet à une femme
libre (jeune fille, divorcée ou veuve) de parler et de faire des sorties avec l’homme de son
choix à condition que le couple reste toujours à la vue de tous.
39
Selon le grand historien du Maghreb Ibn Khaldoun (cité par Voisin,
op. cit:59), deux tribus berbères existaient au sud du chott Djérid : les
Nefzoua et les Ourfedjouma. Pour lui « on trouve les berbères dans les
pays des dattiers depuis Ghadamès jusqu’au Sous El-aqsa, et l’on peut
dire qu’ils forment à peu près toute la population des villages situés dans
les régions des dattiers du désert.» En plus de ces deux tribus, les
historiens situent dans la région d’autres tribus berbères comme les
Zuphones, Iforaces et Massoufas7. Nous n’avons pas plus de précisions
sur la présence de ces tribus dans le sud. Les berbères descendant des
Gétules y vécurent aussi, en semi nomades ou nomades jusqu'à l'arrivée
des premiers conquérants arabes sous la conduite de Okba Bnou Nafi en
provenance du sud de la Tunisie. C’est auprès de ces peuplades de
Gétules que Jugurtha le roi numide trouva appui au cours de ses guerres
contre les Romains.
Se référant à Ibn Khaldoun, Najah précise que toutes les fractions
qui peuplaient le Sahara septentrional appartenaient à la tribu des
Zénatas qui étaient représentés par la grande famille de Meghraoua
comprenant les tribus de Senjas, Righa, Laghouat et Béni-Ouerra. Ce sont
les Senjas et les Béni-Ouerra qui se sont établis dans le Souf. Al Adouani
mentionne aussi la présence de Béni-Mérine. Ces tribus berbères
vécurent dans le Souf jusqu’à l’arrivée des Arabes.
7
D’où vient probablement l’appellation du Souf.
40
2-2-2- Autres civilisations
Nous savons que le Sahara a fait son entrée dans l’histoire avec les
Grecs et les Romains même si les données qu’on peut tirer des livres des
anciens restent vagues et incertaines. Les Phéniciens et les Carthaginois
quant à eux se limitèrent à leurs comptoirs commerciaux prospères qu’ils
avaient établis sur les côtes africaines malgré leurs relations
commerciales avec le Soudan via la Sahara central (au lieu-dit Hassi El-
Hadjar situé sur la piste entre Ouargla et El-Goléa des pièces d’or
carthaginoises ont été trouvées dans le sable). Les marchands puniques
ne s’aventurèrent pas dans le Sahara, les produits africains leur étaient
acheminés par les caravanes libyennes surveillées par les Garamantes
auxquels les voyageurs payaient un droit de péage.
Cependant, Najah (op. cit : 30) parle d’une coutume en voie de
disparition qui pourrait dénoter un héritage punique dans le Souf. Il s’agit
du « Bouharas » la fête qui était célébrée à El-Oued à la mi-août quand le
soleil est au Zénith : une grande planche en forme de croix est habillée
pour représenter une femme gigantesque qu’on promène dans les rues de
la ville au milieu des chants dans des groupes de plus en plus denses. On
dit que cette fête correspond au jour de l’an. Mais la période où on célèbre
cette fête ne correspond ni au début de l’année chrétienne ni musulmane.
Najah pense qu’il s’agit d’une représentation de Tanit la déesse
carthaginoise de la fécondité. La manifestation est suivie par la
consommation de viande, et pour bien commencer la nouvelle année une
règle consistait dans les cuisines à utiliser une marmite neuve et à briser
l’ancienne. Cette manifestation est complètement abandonnée dans le
Souf actuel.
41
le pays.» Quant aux Romains, ils ont découvert le Souf vers le premier
siècle de l'ère chrétienne.
Dès les premières incursions des colonnes militaires des légions romaines
au Sahara et leurs attaques successives contre le royaume de Ghadamès
au sud, ils prirent soin de construire des forts militaires pour sécuriser les
pistes caravanières qui ramenaient les produits divers aux provinces
romaines du nord de l'Algérie. Les ruines de Senderius non loin d'El Ogla
ensevelies par le sable seraient probablement les restes du fort militaire
contrôlant les pistes commerciales du sud-est et du Djérid Tunisien. On
pense aussi que Bir –Romane le puis situé à 180 km au sud-est d’El-Oued
et maçonné en pierres de taille a été creusé par les romains, d’où son
nom « puits des romains ».
On dit que Senderius et Bir-Romane sont romains mais rien ne le
prouve. La seule preuve tangible du passage des Romains dans le Souf
consiste dans les pièces romaines qui y ont été trouvées. Une soixantaine
de pièces en argent romaines ont été trouvées à Ghourd El-Oucif, d’autres
à Guémar et Réguiba. Sur le plan linguistique, nous ne disposons
d’aucune donnée sur l’étendue de la romanisation dans le Souf. Nous ne
pouvons pas savoir si les berbères habitants la région ont pu être latinisés
ou non.
Les Byzantins n’eurent pas le temps de s’organiser car ils ont durent faire
face aux différentes révoltes berbères puis à l’arrivée des arabes. À cette
époque le christianisme était déjà répandu dans l’Afrique du nord. Dans le
Souf, il existait plusieurs monastères chrétiens qui étaient occupés par de
8
DERMENGHEM, 1949, « Le Souf : pays étrange », Sciences et voyages, n° 80, cité
par Voisin (op.cit. :64).
42
nombreux moines voulant vivre dans le recueillement et l’isolement. Parmi
ces monastères citons ceux de Sahabane (compagnons en arabe) et de
Rahbane (moines en arabe). Dans son manuscrit datant du milieu du
XVIIe siècle9, Al Adouani a dénombré sept monastères dans le Souf. À
propos de l’étendue de la religion chrétienne, nous nous posons des
questions qui n’ont pas pu trouver de réponses dans la mince
bibliographie qui traite de ce sujet que nous avons pu consulter : Les
berbères habitant le Souf, étaient-ils tous chrétiens ? Que sont devenus
ces chrétiens après l’arrivée des Arabes ?
43
descendants d’un nommé Adouane qui était venu avec les premières
expéditions musulmanes. Adouane était un guerrier qui appartenait à la
tribu de Béni-Makhzoum, les Koreichites descendants de Moder. Il était
venu seul au Souf où il se maria avec une femme berbère qui lui donna
vingt enfants, les ancêtres des Adouans qui constituèrent plus tard
l’origine de la population sédentaire du Souf. Najah (1971 : 46) pense que
les Adouans se sont retirés dans le Souf à cause de leur appartenance à
la branche religieuse ibadite pourchassée par les orthodoxes sunnites 11.
La conversion du Souf à l’orthodoxie sunnite date du XII e siècle (Côte,
2006 :9).
La famille d’Adouane prospéra et plusieurs autres familles étaient venues
pour vivre auprès d’elle à Ksour Adouanes. Le nombre des sédentaires du
Souf fut augmenté par l’arrivée de plusieurs tribus comme les « Béni
Hilal ». De Gabès, les Hilalias pénétrèrent l’Algérie en 1056. Dans la
région du Souf, ils occupèrent Moui-Aissa. Après leur arrivée plusieurs
tribus se succédèrent à El-Oued, citons les Béni Tabout, les Béni Addas,
les Béni Mérine et les Béni Noual (Voisin, op. cit.: 66).
11
Pour lui plusieurs indices dénotent cette appartenance : le minaret de la mosquée du
Zgoum, l’un des trois plus anciens villages du Souf, rappelle l’architecture ibadite. Il
existe également dans le Mzab, qui a constitué un espace refuge aux minorités ibadites,
des manuscrits anciens écrits par des soufis. (Najah, ibid.)
44
qu’ils prirent la fuite vers le Souf, suivant le conseil de Trad qui s’était
rendu auparavant au pays. Ils livrèrent des combats acharnés contre les
Adouanes laissant plus de six cents morts sur le terrain ; après quoi la
paix était faite. Ces évènements remontent à la fin du XIV e siècle.
C’est ainsi que le Souf est devenu le pays « refuge » des Trouds
pourchassés partout. Pour Bataillon (1955 :27-29), cette spécificité de
pays refuge est due à certaines conditions particulières, le Souf était une
oasis bien isolée. Isolement accru par la zone désertifiée qui l’entoure. En
plus, aucune voie de communication transsaharienne ne passait par le
pays ; le Souf n’a pas profité des mouvements caravaniers qui
traversaient presque tout le désert au moyen âge. Les principales pistes
locales partaient soit de Tunis vers Ghadamès, Ghât et Agadès, ou de
Touggourt en allant vers Ghadamès ou Ouargla. Ces facteurs avaient fait
donc du Souf un pays où l’on n’est pas dérangé et où pouvaient
s’accumuler plusieurs populations qui n’avaient pas où aller ailleurs.
Côte (2006) confirme la particularité du Souf. Les différentes oasis sont
nées suivant les besoins crées par les échanges transsahariens du
Moyen-Âge. Elles constituaient des points relais aux caravanes qui
reliaient la rive Sud à la rive Nord du Sahara. Ce fut, pendant une dizaine
de siècles, la fonction des différentes oasis appartenant au bas-Sahara
algérien à l’exception du Souf. Cet espace avait la position d’angle mort
au sein des différents axes des flux transsahariens. Les caravanes
évitaient la difficile traversée de l’Erg et de là du Souf (carte 2).
45
Carte 2 : L’isolement du Souf : la position d’angle mort du Grand Erg Oriental
Source : Côte (2006)
L’histoire de l’arrivée des Rebaia (vers 1750), l’une des plus grandes
tribus nomades du Souf, est analogue à celle des Troud. Les Rebaia
étaient originaires de Tripolitaine d’où ils immigraient pour la région de
Ben Gardane. Ils gagnaient le Souf suite à des différends avec les
puissances locales des Ben Gardane. Leur arrivée fut pacifique et s’était
faite sans bruit, ils avaient traité avec les occupants antérieurs, et avaient
acheté des palmeraies aux Ouled Ahmed.
Plus tard, d’autres groupes vinrent s’installer au Souf. Les Achèche se
joignirent aux autres tribus au XIVe siècle, les Chaamba au XVII e et au
XXe les Ouled Amor originaires de Fezzan.
Le Souf ne constituait pas seulement une région refuge pour les troupes
en déroute. Les fugitifs pouvaient également compter sur la sympathie des
Souafa. Citons à titre d’exemple le kharijite Abouyazide, qui se réfugia
dans le Souf après sa défaite contre El Mansour dans les Ziban en 946-
947. Ce refuge lui permit de se préparer pour pouvoir reparaître en état
46
de continuer la guerre. Son fils Alfadel, battu en 948 à Badias, se réfugia
également dans le Souf en vue de se préparer de nouveau et de
poursuivre la guerre (Najah, op.cit.).
47
Ces frontières étaient délimitées entre le Cap Roux et la steppe de
Frechich en énumérant quelques montagnes. Pour le Souf, comme
ailleurs, le problème se posait pour les régions de nomades où les
frontières restaient superflues. Les tribus nomades subissaient, donc, les
impôts des souverains d’un côté et de l’autre qui s’efforçaient de les
inclure dans leurs champs de pouvoir.
48
traditionnelle. Un chef de tribu touggourti fut proclamé comme Caïd de
Touggourt et du Souf le 26 décembre 1854. La présence militaire fut très
modeste et n’exista qu’à Touggourt, considérée comme le centre de
décision économique et politique du Sahara oriental (Delerive, op. cit.).
L’insurrection de la ville de Touggourt, en 1871, conduisit la France
à imposer plus directement son autorité. Ainsi, on installa à Touggourt un
officier français pour administrer directement la ville et ses environs.
Quant au Souf, on y nomma comme Caïd un lieutenant indigène de
spahis.
Le protectorat de mai 1881 sur la Tunisie, et par la suite la
pénétration du Sud-tunisien eurent une répercussion sur la région. La
province de Constantine décida une occupation définitive du Sud-
constantinois. Dans le Souf, les Français occupent en premier Débila, en
1882, et y construisent un bordj (un fort de petite taille). Il s’agit d’un choix
stratégique lié au contexte tunisien ; Débila étant la dernière palmeraie
importante avant le Djérid tunisien. En 1885, El Oued devient une Annexe
mais c’est en 1887 qu’une garnison y fut installée après la suppression de
celle de Débila.
49
missions diverses avaient effectué des séjours dans le Souf. Avec la
création des écoles, d’autres civils européens s’installèrent dans la région,
il s’agit des enseignants. Depuis 1908, une infirmerie, sous le contrôle
d’un médecin militaire, fut créée. Depuis 1942, elle était tenue par 4 sœurs
blanches et une sage-femme (installée en 1946). Selon Voisin (2004), les
Européens ne représentaient qu’une infime partie de la population. Leur
nombre passe de 50 en 1931, à 100 en 1942, 300 en 1954 et 450 en
1965.
50
affranchis par leurs maîtres mourants. Ils représentaient, au début du XX e
siècle, un pourcentage de 20 à 25% de la population du Souf. Mais leur
nombre est passé de 5000 en 1850 à 500 en 1955. Une grande partie des
Noirs qui restaient se trouvaient chez les nomades (Voisin, ibid.) Côte
attribue cette diminution à plusieurs facteurs : le métissage avec les
autochtones, l’émigration ou la faible fécondité.
Dans son étude datant de 1955, Bataillon distingue deux groupes humains
dans le Souf : Les nomades et les sédentaires. Il est difficile de déterminer
l’histoire de la sédentarisation des tribus dans le Souf. Les données
historiques ne permettent pas de fixer la date de création des vieux
villages. On sait que les trois anciens centres sédentaires, El-Oued,
Guémar et Zgoum, existaient déjà à la fin du XVIe siècle (Côte, 2006).
Mais ils peuvent être plus anciens (Bataillon, op. cit.) Après ce tripode de
centres sédentaires, d’autres vieux villages se sont créés (carte 3). Le
milieu du XIXe siècle marque la création des villages les plus récents. Leur
population vient des vieux villages. La croissance démographique de ces
derniers a poussé une partie de leurs habitants à partir ailleurs et à
construire d’autres villages (carte 3). Le territoire des villages a été élargi
avec la fixation des semi-nomades qui se sont implantés dans le Souf et y
ont créé des palmeraies.
51
Carte 3 : La territorialisation progressive du Souf
Source : Côte (2006)
52
développé une forme originale de la culture du palmier-dattier. Au lieu de
faire venir l’eau au palmier c’est le palmier qui va à l’eau. Autrement dit, la
technique créée par les Soufis consiste à excaver le sable de façon qu’il
ne reste qu’une épaisseur de deux mètres avant la nappe phréatique. Ils
plantent alors le palmier qui puise l’eau par ces racines directement dans
la nappe phréatique. Ce travail est très exigeant. L’excavation ne peut se
produire que sur un petit espace. Le fond planté s’appelle le « ghout » et
constitue l’unité de l’aménagement agricole dans le Souf. La juxtaposition
de ghouts a créé un paysage original ressemblant à des alvéoles d’une
ruche. Les palmeraies- entonnoirs sont régulièrement désensablées par
les hommes.
53
La deuxième culture pratiquée dans le Souf est celle du tabac située
essentiellement dans la partie Nord de la région (Guémar, Magran et
Réguiba). L’introduction de cette culture dans le Souf est assez récente.
Elle a débuté pour la consommation locale à Guémar au début du XIX e
siècle. Quelques dizaines d’années après, en 1860, elle constituait une
culture d’exportations vers le Tell (Bataillon, op. cit.) Najah (1971) signale
que la culture du tabac est ingrate et ne se place qu’en deuxième rang
après les dattes dans la maigre économie du Souf.
En dernier lieu, après l’agriculture et l’élevage, le Souf dispose d’une autre
source de production qui est l’artisanat. La plus ancienne et la plus grande
fabrication dans ce domaine concerne le tissage de burnous et de
djellabas en laine. Quant au tissage des tapis, il est plus récent et a été
introduit à la fin du XIX e siècle par des frères turcs (Najah, op.cit.) Il est
vendu hors du Souf (Bataillon, op.cit.)
Contrairement aux régions voisines du Bas-Sahara, le Souf n’a pas
bénéficié des grands flux du commerce caravanier. Un seul axe
caravanier existait. Il s’agissait de celui liant le Souf à Ghadamès et qui
servait à alimenter le Souf uniquement. En plus de ce trafic, les Soufis
effectuaient des échanges avec le Nememcha durant les périodes de
transhumance.
54
s’orientent davantage vers le Nord du pays où ils travaillent comme
artisans, manœuvres ou commerçants. Ils se sont orientés vers la France
et les chantiers pétroliers du Sud.
55
et le commerce. Cet ordre vit des dons des deux autres. Durant plusieurs
siècles, la pratique religieuse dans le Souf a été encadrée et suivie par les
confréries : la Tidjanya, la Qadrya et la Rahmanya (Voisin, 2004). Le
troisième ordre est composé essentiellement de la paysannerie, des petits
artisans et commerçants.
56
directions et sous-directions administratives, hôpitaux, centres de santé,
lycées, collèges, universités, réseaux de postes et de banques… Cette
nouvelle organisation administrative a permis la création de milliers
d’emplois ce qui a développé l’attraction des wilayat du Sud et a provoqué
l’inversion des flux migratoires. Elle a également d’énormes
conséquences sur l’habitat et le mode de vie (Belguidoum, 2002). C’est en
1984 qu’El-Oued a été promu comme chef-lieu d’une wilaya qui regroupe
en plus du Souf la partie Nord de l’Oued Righ. Cette promotion a contribué
à l’augmentation des investissements de l’État et au retour de quelques
migrants soufis qui ont vu dans cette promotion une occasion pour faire
fructifier leurs capitaux. Ces derniers ont participé au développement des
secteurs du commerce et de l’industrie.
57
Le système d’irrigation se modernise et les motopompes deviennent
l’instrument de base de la conversion agricole du Souf. En plus, les
Soufis ont su adapter le système californien des rampes-pivots qui
permettent d’irriguer d’un coup 30 à 50 ha. Des mécaniciens et des
ferronniers soufis ont pu bricoler des mini-pivots qui peuvent irriguer entre
un ¼ et 4 ha.
58
Les premières unités industrielles se sont spécialisées dans le
cosmétique. Il s’agit à l’origine d’une activité familiale implantée à Alger
qui s’est développée pour créer une unité dans le Souf. En plus de la
cosmétique, d’autres secteurs d’activités industrielles se sont créés dans
le Souf : l’agro-alimentaire, les plastiques, les matériaux de construction…
59
distinguer des salariés à plein temps (employés d’administration et de
service, ouvriers d’usine et du bâtiment…) des saisonniers et des
journaliers de la construction et de l’agriculture. Souvent dans ces
couches, des familles d’une taille importante, six ou sept personnes,
vivent d’un seul salaire ou encore de petits revenus issus des emplois
saisonniers et des activités informelles. Si la création de l’emploi dans les
années 1970 a été porteuse d’espoirs pour ces couches, les évolutions
économiques des années 1980-1990 ont eu des répercussions négatives
sur elles et ont contribué à les fragiliser. Les emplois saisonniers, le taux
important du chômage (environ 30%), les salaires peu élevés et la taille
importante des familles, alimentent une situation de pauvreté. Les
différentes activités informelles pratiquées par les familles n’arrivent pas à
compenser cette situation.
60
enfin après 1962 où la scolarisation était bien marquée par les différentes
politiques linguistiques du pays indépendant.
en son honneur. Vêtu de beaux vêtements souvent neufs, il est promené à dos d’une
61
village. Il ne vit que de ses biens ou des dons symboliques présentés par
les parents des enfants.
L’école ouvre ses portes au lever du jour. Elle fonctionne tous les jours et
on n’y connaît de vacances que pendant les fêtes religieuses qui ne
dépassent pas la durée d’une semaine. Seuls les enfants dont la famille
quitte le village en été pour aller vivre dans la palmeraie, interrompent leur
apprentissage pour le reprendre dès leur retour dans le village en
automne.
Les deux villages du Souf qui ont montré, depuis longtemps, leur assiduité
particulière à l’enseignement de l’arabe sont Guémar et Zgoum. Pour les
mule ou d’un cheval à travers le village puis conduit à son école coranique pour y baiser
les mains de Taleb, désormais jouissant d’autant d’égard que pour les parents, étant
devenu le père spirituel.
14
Signalons pourtant que, dans la plupart des cas, les apprenants ne comprenaient
guère ce qu’ils récitaient, ainsi l’école coranique ne développe pas assez chez eux les
capacités d’abstraction et de réflexion.
62
populations de ces villages, les études peuvent être poussées au-delà de
l’école coranique. Chaque année, une élite d’apprenants connaissant le
coran par cœur partait à Tunis afin de poursuivre les études dans l’institut
de Zitouna. Il s‘agit là d’un cycle secondaire complet dans les domaines
philosophique, théologique et juridique. Certains vont plus loin en
continuant les études supérieures dans les mêmes disciplines.
63
population, par l’engouement pour l’instruction, et surtout par les
différentes politiques linguistiques suivies dans le pays. Au milieu de ce
paysage, continuellement instable, l’école coranique a su toujours garder
la même place et le même rôle ; elle permettait aux Soufis ainsi qu’à tous
les algériens musulmans de préserver leur religion et leur langue.
64
et 1943 marqua le développement de l‘enseignement primaire élémentaire
de type métropolitain qui favorisait la méthode de la redécouverte à
l’encontre de l’information passive. En plus de l’attachement de la
population colonisée à sa langue et sa religion, la diffusion de cet
enseignement se heurta à une autre difficulté ; il s’agissait de l’expansion
démographique. Vu les résultats insatisfaisants remarqués au début de
cet enseignement, de nouveaux « Plans d’études et de programmes de
l’enseignement primaire des Indigènes » furent élaborés entre 1890 et
1898 visant surtout une différenciation entre les programmes
métropolitains et ceux destinés aux indigènes. La troisième période
d’enseignement primaire commence en 1944. Elle fut surtout influencée
par la deuxième guerre mondiale qui avait alimenté les aspirations des
peuples colonisés à plus de liberté et d’égalité. L’objectif primordial à cette
époque était de remédier à la situation de scolarisation inégalitaire car en
1944, 8,8% des enfants musulmans étaient scolarisés contre 90% des
enfants européens (Saurier, op.cit. :57).
Les objectifs majeurs de l’école française se trouvent réunis dans le
préambule du « Plan d’études » de 1898, qui donne les finalités des
programmes conçus :
« L’instruction donnée aux Indigènes a pour but de faire d’eux des éclairés,
prévoyants, amis du travail, disposés à se rapprocher de nous par l’usage de
notre langue et la constatation des progrès auxquels nous leurs offrons de
participer en vue d’améliorer leur bien-être, leur hygiène, leurs pratiques
agricoles, leurs travaux industriels, leurs relations commerciales. » (Besserve-
Bernollin, 1981 :134)
65
la morale, l’histoire, la géographie, l’instruction civique, le calcul,
l’observation, l’enseignement manuel et l’agriculture. Nous nous
intéressons surtout à l’enseignement du français qui constitue notre objet
d’étude, à la méthode utilisée pour l’enseigner aux « Indigènes » et aux
représentations qui sous-tendent aussi bien les méthodes que les
programmes. Les représentations que nous présentons dans cette partie
sont celles que nous trouvons dans les «Plans d’études et de programmes
de l’enseignement primaire des Indigènes ». La langue française est
considérée comme vecteur de la civilisation occidentale. Donc, si
l’enseignement primaire veut exercer une influence civilisatrice positive, il
devra obligatoirement utiliser le français comme moyen d’expression car
seul le français permettra le rapprochement entre les Français et les
« indigènes ».
C’est pour cette raison que la méthode d’enseignement du français doit
omettre le passage par la traduction et par la langue maternelle de
l’élève ; l’arabe ou le berbère. La méthode utilisée était donc la méthode
directe. Le vocabulaire était acquis en montrant l’objet ou en effectuent
l’action puis en disant le mot correspondant en français. L’application de
cette méthode avait recours, en plus à des objets matériels et des
tableaux dessinés puisés d’abord dans l’univers familiers de l’enfant, à
l’animation « de petites saynètes exécutées et dialoguées par les enfants
eux-mêmes et surtout à une pédagogie active, concrète, associant
inlassablement le signe à la chose, l’acte au signe » (Besserve-Bernollin,
op.cit. :135). Ainsi, « l’indigène » est habitué à penser en français surtout
que dans les autres matières, l’enseignement était soumis à une « mise
en phrases » en français.
66
5-2-1- Les écoles primaires et les collèges dans le Souf
67
nombre d’élèves a atteint 3474 en 1960, dont 456 filles occupant 85
classes. En 1961, 4000 élèves étaient répartis sur 104 classes dans tout
le Souf.
68
de l’enseignement et le second à la poussée démographique de la
population soufie qui est passée de 92 000 habitants en 1948 à 647 548
habitants en 2008.
69
Wilaya d’El-oued Niveau national
Sans instruction 17,9 22,4
Alphabétisé 0,1 0,1
Primaire 29,2 25,2
Moyen 28,6 27,6
Secondaire 15,5 15,9
Supérieur 5,8 7,6
Non déterminé 2,2 0,7
Tableau 6 : Niveau d’instruction pour la population âgée de plus de 6 ans.
Source : Office National des Statistiques (http://www.ons.dz/IMG/pdf/pop6_national.pdf)
70
notions de représentation sociale, attitude, stéréotype, motivation et
identité. Ce sont ces notions qui seront au cœur de la partie suivante de
notre travail.
71
TROISIÈME PARTIE : Recueil et
traitement des données
72
CHAPITRE 6 : CONSTRUCTION DES DONNÉES
Comme nous l’avons dit, notre recherche a pris source dans notre
expérience dans l’enseignement secondaire dans le Souf. Elle part d’un
constat d’une situation problématique marquée par le rejet du français
chez les lycéens et un manque de motivation chez les collègues
enseignants. Notre expérience personnelle en tant qu’originaire de la
région nous a permis de constater que la situation problématique que
nous avons observée ne se limite pas au lycée. Selon les échanges que
nous avons eus avec différents apprenants et enseignants, cette situation
s’étend à tous les paliers. L’objectif principal de notre recherche est
d’expliquer cette situation problématique en déterminant les différents
paramètres qui produisent un effet négatif sur l’enseignement/
apprentissage du français dans la région.
Comme pour tout chercheur, c’est l’objectif que nous nous sommes
fixé qui a déterminé notre façon d’aborder l’enquête et le choix des outils
d’enquête. Un autre facteur indépendant de notre problématique et de nos
objectifs a eu, aussi, une influence sur nos choix méthodologiques. Il s’agit
d’une contrainte relative aux conditions matérielles dans laquelle nous
avons mené notre étude. Nous sommes installée à Besançon depuis le
début de notre travail de recherche et nous y travaillons à mi-temps en
tant qu’auxiliaire de vie scolaire pour subvenir à nos besoin. Par
conséquent, nos possibilités de déplacements étaient limitées sans parler
du fait qu’ils étaient conditionnés par des autorisations chichement
délivrées. Notre emploi du temps ne nous permettait pas de déplacements
en dehors des vacances scolaires, fait qui ne favorisait pas la réalisation
de l’enquête auprès d’un public scolaire. Nous avons donc dû écarter les
observations de classe comme moyens de collecte de données et dû
opter pour d’autres moyens que nous exposons ci-dessous.
73
1- Choix du public enquêté
74
triangulation théorique : utiliser différentes théories pour interpréter
les données recueillies ;
triangulation méthodologique : utiliser différentes méthodes et
techniques pour étudier le même phénomène ;
triangulation interdisciplinaire : articuler les données avec des
connaissances issues de différents champs disciplinaires.
Nous présenterons, dans ce qui suit, les outils de recueil de
données en deux parties : en premier lieu, ceux utilisés pour la collecte
de données auprès des enseignants de français, et en second lieu,
ceux que nous avons appliqués aux apprenants.
75
-L’enquête par entretien à usage exploratoire : servant à « explorer et
préparer un enquête par questionnaire »
-L’enquête par entretien à usage principal : permettant d’ « analyser un
problème et constituer la source d’information principale »
-L’enquête par entretien à usage complémentaire : utilisée pour
« compléter une enquête ou replacer dans leur contexte des résultats
obtenus préalablement par des questionnaires ou par des ressources
documentaires ».
76
2-1-1- Le questionnaire :
77
formation ou non, ou dans le cas contraire, de leur faire préciser leur
formation initiale (questions 6, 6a, 6b et 6c). Nous avons demandé ensuite
aux enseignants d’évaluer leur formation en précisant et en justifiant,
selon eux, le faite de savoir si elle est suffisante pour enseigner le français
(questions 7 et 7-a). La dernière question de la partie (question 9)
interroge les enquêtés sur les aspects qu’ils voudraient approfondir dans
le cas où on leur proposerait une formation complémentaire.
78
représentations et aux attitudes de ces derniers à l’égard de la langue
ainsi que les difficultés qu’ils rencontrent. Dans cet objectif nous leur
avons demandé si les élèves aimaient apprendre le français (questions
18, 18-a et 18-b), ce que ces derniers pensaient du français et ce qu’ils
disaient par rapport à son apprentissage (questions 19 et 20), et nous les
avons interrogés sur les principales difficultés auxquelles ils sont
confrontés (question 21). Afin de saisir les comportements des élèves,
nous avons demandé aux enseignants si les réactions des élèves étaient
positives ou négatives à l’égard de cette langue, et puis nous les avons
interrogés sur les raisons de ces réactions (questions 22, 22-a et 22-b).
Les questions 23 et 23 visent à connaître les réactions des enseignants
face aux éventuels comportements et attitudes négatifs des élèves et le
discours qu’ils tiennent pour motiver ces derniers.
79
31, 31-a, 32 et 32a) et de l’école coloniale (question 33). Nous leur avons
demandé ensuite si la maîtrise du français représentait, pour eux, un
avantage et lequel (question 34 et 34-a), si l’enseignement du français
dans le Souf représentait un métier facile ou difficile et pourquoi
(questions 35 et 35-a). Nous les avons aussi interrogés sur le statut du
français dans le Souf (question 36), sur l’image que la société véhicule par
rapport à cette langue, et sur l’éventuelle évolution de cette image
(questions 37, 37-a et 37-b). Dans la dernière question, visant à recueillir
les représentations des enseignants sur les langues française et anglaise
et sur leur enseignement, nous avons demandé aux enseignants de dire,
dans le cas où ils pourraient refaire le choix de leur métier, s’ils
choisiraient de rester enseignants de français ou s’ils deviendraient
enseignants d’anglais et de justifier leur choix.
38 questions. Lors de notre travail sur l’analyse des données obtenues par questionnaire,
nous avons jugé que deux questions ouvertes attachées à des questions semi-fermées
devraient être détachées. C’est ainsi que nous obtenons un total de 40 questions.
80
majoritaires. Les questions « de faits » qui permettent d’accéder au profil
des enquêtés et à leurs pratiques sont peu nombreuses (De Singly, 1992 :
63-66).
81
Nous avons remarqué que cette question posait un problème de
compréhension lors de la lecture des réponses fournies à la question
ouverte qui lui était attachée et qui demandait de préciser la nature de
cette influence dans le cas où les enseignants avaient répondu par oui.
Nous avons observé que les enseignants évoquaient des influences sur
l’image donnée par la société et non pas sur l’image qu’ils avaient eux-
mêmes du français. Nous avons pensé que cet amalgame venait de la
traduction en arabe qui laissait penser à l’image donnée par la région ou
par l’enseignant. Nous avons ajouté donc un pronom personnel entre
parenthèse qui permet de préciser que nous cherchons à mesurer
l’influence sur les représentations construites par les enseignants et non
pas par la société soufie. La question en français n’a pas été modifiée.
( لغ الص رة التي تعطي ا)أن تأثير ع ل منط هل ل تاريخ ااستعمار برأي
الفرنسي ؟
82
collective) et le français (constituant important de leur identité
linguistique).
Pour favoriser la collecte du plus grand nombre de questionnaires remplis,
plusieurs modes de passation ont été adoptés : passation directe aux
enseignants que nous connaissons, passation par l’intermédiaire d’amis
d’enseignants, de directeurs d’écoles ou d’inspecteurs de langue française
dans le primaire. Les enseignants prennent le questionnaire et donnent
rendez-vous pour le rendre mais, dans la plupart des cas, ce rendez-vous
n’est pas honoré. Dans un seul cas, le questionnaire a été rempli sur
place : il s’agissait d’une passation effectuée par l’intermédiaire d’un
inspecteur de langue française qui a distribué les questionnaires pendant
un séminaire de formation ce qui a permis la collecte de 38 questionnaires
sur les 73.
2-1-2- L’entretien
83
même intensité à une dernière question qu’à la première posée. Il est
arrivé, pourtant, que cet ordre soit décalé par les interviewés qui passent,
eux-mêmes au fil du discours, d’un thème à l’autre ou qui abordent des
aspects que l’enquêteur exploite comme un enchainement vers une autre
thématique figurant plus loin dans le guide de l’entretien. Tous les
entretiens ont commencé par une présentation des interviewés (âge,
formation et motivation du choix de l’enseignement du français). Après la
présentation quatre thèmes ont été abordés :
1- Les difficultés rencontrées et la particularité de la région.
2- Les représentations et les attitudes des élèves et de la société soufis.
3- L’enseignement des langues en Algérie et les politiques linguistiques.
4- Les représentations des enseignants.
Nous avons abordé dans le deuxième thème la différence entre les
représentations des garçons et des filles que nous n’avons pas exploitée
dans le questionnaire
84
maîtrisent la langue qu’ils enseignent et pour ne pas perdre la face devant
leurs collègues. Ce qui était très révélateur dans cet entretien est l’attitude
des enseignants qui maîtrisent mieux la langue française. Ces derniers
n’ont pas hésité à utiliser l’alternance des codes. Ils étaient plus confiant
grâce à leur maîtrise de la langue et donc ils se souciaient moins du
jugement des autres.
L’entretien individuel, par contre, favorise la liberté la parole étant donné
que la contrainte sociale y est moins grande (Albarello, 2003). Pour nous,
choisir entre l’entretien individuel ou collectif ne s’est pas fait pour des
raisons stratégiques. Nous avons effectué tantôt des entretiens collectifs
et tantôt des entretiens individuels selon la disponibilité des interviewés :
le premier entretien a été effectué grâce au directeur de l’école primaire
qui nous a conseillé d’interviewer les trois institutrices pendant une heure
consacrée à l’accueil des parents d’élèves (une heure durant laquelle les
institutrices n’ont pas de cours à assurer mais durant laquelle elles doivent
rester à l’école pour recevoir les parents), les entretiens 2, 3, 4, 5, 7, et 8
ont été réalisés grâce à l’aide des informateurs 4, 8, 11 et 13 qui ont
mobilisé leurs collègues. Le mode d'accès aux interviewés est multiple.
Dans certain cas (entretiens 1, 3, 5 et 6), l'accès aux interviewés était
direct : c'est l'enquêteur qui a pris directement contact avec les interviewés
dans les écoles dans lesquelles ils enseignent. Dans d'autres cas
(entretiens 2, 4 et 7), l'accès était indirect et est passé par l'entremise d'un
tiers : ce sont des interviewés (I5, I8 et I11) qui se sont chargés de
contacter leurs collègues et de les réunir pour des entretiens collectifs.
L'interviewé I19 s'est proposé lui-même pour être interviewé quand il a eu
écho de l'enquête par ses collègues.
85
directement à ce choix pour éviter toute gêne qui pourrait occasionner un
blocage chez les interviewés.
Légende :
86
Code Désignation
/ Pause brève (moins d’une seconde)
// Pause moyenne (de 1 à 3 secondes)
/// Pause longue (plus que 3 secondes)
- Troncature de mots
: Allongement vocalique
[ ] Les éléments para verbaux (rire, toux, hésitation…)
( ) Les remarques de l’enquêteur
xxx Passage inaudibles
= Fin ou prise de la parole sans interruption
(L’absence de ce signe indique que l’informateur est
interrompu et qu’il laisse la parole à l’interrompant)
MAJUSCULES Insistance
Mots soulignés Les chevauchements
passages en Les passages en arabe
gras
< > Traduction des mots arabes dans les propos où le
français est plus fréquent
Tableau 8 : Code de transcription des entretiens.
87
Lettre Transcription Lettre Transcription
/ أ/ ؤ/ءئ â/ ô/ î/ ^ ط t’
ب b ظ/ض dh
ت t ع 3
ث th غ gh
ج j ف f
ح h’ ق q
خ kh ڨ g
د d ك k
ر r م m
ز z ن n
س s ه h
ش ch و w
ص s’ ي y
Les voyelles
Dhamma o و ou
Kasra i ي ï
Le Tanwin
88
Tanwin Transcription
an
on
in
Tableau 9 : code de translittération
89
remis les productions des apprenants. Toutes les données ont été
collectées en langue arabe.
90
Ce sont les enseignants qui se sont chargés de la passation de la
consigne et de la préparation de l’expression écrite.
Les entretiens collectifs ont été effectués dans les écoles. Nous
avons opté pour des entretiens collectifs pour perturber le moins possible
le fonctionnement de la classe. Nous avons demandé aux enseignants de
sélectionner parmi les élèves de la classe une dizaine représentative des
différents niveaux. Nous les avons interrogés dans le bureau de la
directrice pour le premier groupe et dans une salle de classe vacante pour
le deuxième groupe alors que le reste de la classe était en cours. Il
s’agissait de notre premier contact avec les apprenants. C’est pourquoi,
nous avons choisi de commencer les entretiens par une question en
rapport avec l’expression écrite. Nous avons demandé à chaque
apprenant de dire quelle langue il avait choisi pour emporter le concours
et d’expliquer les raisons de ce choix. Par la suite, nous avons abordé les
thèmes suivants :
91
CHAPITRE 7 : PROFILS DES ENSEIGNANTS ENQUÊTÉS
92
Arabe 29
Français 32
Arabe et français 12
93
d’enseignants qui ont suivi des formations universitaires arabisées. Étant
donné la réticence de notre informateur à notre égard, nous n’avons pas
osé demander d’autres informations. Nous n’avons donc pas d’idée sur
les statistiques concernant l’âge et le sexe de ces enseignants pour
pouvoir établir un échantillon significatif. La réticence à notre égard de
l’employé travaillant dans le deuxième service est, à notre avis, relative à
la question de la formation des enseignants. Nous n’avons pas pu avoir
de données détaillées car dévoiler officiellement la non-formation des
enseignants risquait de soulever des problèmes d’image (surtout si les
données apparaissent dans un travail rédigé à l’étranger).
Âge
Entre 50 et 55 ans 7
Entre 40 et 49 ans 23
Entre 30 et 39 ans 20
Entre 22 et 29 ans 21
Non réponse : 2
94
anciens » par leurs plus jeunes collègues (par exemple I3, entretien5), ont
évolué pour travailler dans l’administration ou ont pris leur retraite.
95
En général, les enseignants les plus expérimentés sont titularisés.
Les enseignants débutants sont soit stagiaires, quand ils réussissent le
concours de recrutement, ou vacataires, quand ils n’ont pas participé au
concours ou qu’ils ne l’ont pas réussi. C’est ce que le tableau ci-dessous,
qui croise les variables expérience et statut, illustre.
De 30 à 33 ans 0 3 0 0 3
De 26 à 29 ans 0 8 0 0 8
De 20 à 24 ans 0 8 0 0 8
De 15 à 19 ans 1 14 0 0 15
De 10 à 14 ans 0 7 0 0 7
De 5 à 9 ans 0 4 0 1 5
De 2 à 3 ans 0 3 2 2 7
1 an 0 0 8 10 18
TOTAL 1 47 10 13 71
Tous les enseignants qui ont plus de trois ans d’enseignement sont
titulaires. Un seul enseignant fait exception, il est toujours vacataire
malgré ses six ans d’expérience. Cet enseignant a 29 ans et a suivi une
formation en psychologie scolaire. Il est probable que son statut de
vacataire provient de son échec au concours de recrutement qui permet
aux enseignants vacataires de devenir stagiaires puis titulaires.
96
Formation Nb. Fréq.
cit. Formation
Oui 48 65,8%
Non 25 34,3% Oui 48
TOTAL 73 100% Non 25
OBS.
Figure 5 : Catégorisation des enquêtés selon s’ils ont suivi une formation préparant à
l’enseignement du français ou non- Question 6
Tableau 12 : Les formations des enseignants préparés à enseigner le français- Question 6-a
97
troisième catégorie « Autre », nous avons regroupé les enseignants qui
n’ont pas suivi de formation académique. Ces derniers considèrent les
stages de recyclage, les stages d’été et la lecture comme une formation
les préparant à enseigner le français. Ils ont une moyenne d’âge de 40
ans (3 ayant entre 50 et 51 ans et 2 entre 23 et 27 ans).
98
La deuxième catégorie regroupe des enseignants qui ont une
moyenne d’âge plus élevée : 42 ans (un ayant 28 ans, 3 entre 36 et 39
ans, 5 entre 40 et 47 ans et deux entre 53 et 55 ans). Ces enseignants
considèrent que leur scolarité bilingue et leur maîtrise de la langue
constituent une formation permettant d’enseigner le français. Nous
retrouvons dans cette catégorie un enseignant qui est formé pour
l’enseignement des mathématiques au collège et qui enseigne le français
depuis deux ans. Il avance également que sa scolarisation bilingue lui
permet d’enseigner le français.
Ce qui attire notre attention à ce niveau est l’auto-catégorisation chez les
enquêtés. Alors que certains, qui ont suivi une scolarisation bilingue ou
une formation universitaire dont la langue d’enseignement est le français,
estiment qu’ils n’ont pas suivi de formation pour enseigner le français,
d’autres, ayant suivi des cursus similaires, jugent que leur maîtrise de la
langue française due à leur scolarisation bilingue ou à leurs études
universitaires dispensées en français les disposent à l’enseignement du
français.
99
français ou ont suivi des études universitaires francisées ou
arabisées.
2-1- Motivation
Le choix du métier
Le choix Nb. Fréq.
du métier cit.
Non réponse 1
Oui 64 87,7%
Non 8 11,0% Oui 64
Non réponse 1 1,4% Non 8
Total 73 100%
Figure 6 : Le choix du métier –Question 5
100
Motivation Nb. cit
Amour de la langue 27
Maîtrise de la langue 20
Mission sociale 12
Statut sociolinguistique/ utilité 10
Amour du métier/ vocation 7
Disponibilité des postes 4
Ouverture culturelle et scientifique 3
Acquérir une expérience/ une compétence 3
Raisons affectives 2
18
Le mot hadith désigne la communication orale du prophète Mahomet.
101
langues des autres communautés dans l’objectif de se protéger et de
prévenir ce qu’elles pourraient comploter19.
La motivation qui vient en cinquième position est l’amour du métier
d’enseignant et la vocation, et dans la sixième, on trouve la disponibilité
des postes. La disponibilité des postes d’enseignant de français a motivé
certains enseignants à choisir une formation qui prépare à cet
enseignement, et d’autres à opter pour l’enseignement du français après
avoir suivi d’autres formations sans trouver un travail correspondant.
Les trois motivations les moins citées sont : l’ouverture sur d’autres
cultures et vers le savoir scientifique, l’acquisition d’une expérience et de
nouvelles compétences, et des motivations d’ordre affectif. Concernant
ces dernières, les enquêtés citent l’influence de leurs propres enseignants
de français et leur admiration pour eux comme raison du choix de
l’enseignement de cette langue.
Il s’agit du hadith : " "من تع لغ ق أمن شرهque nous traduisons comme ceci « ceux qui
19
102
l’enseignement du français, et un enseignant, E9, qui souhaitait faire des
études universitaires mais qu’il n’a pas pu le faire à cause des conditions
financières qui l’ont obligé à choisir une formation plus courte pour
pouvoir, plus rapidement, prendre en charge sa famille.
2-2- Formation
Nous constatons que plus que la moitié des enseignants jugent que
leur formation suffit pour enseigner le français alors que le reste des
enseignants (un peu moins que la moitié) pensent le contraire. L’analyse
thématique des réponses à la question ouverte associée à la première
question fermée permettra de comprendre sur quelles raisons ils fondent
leurs jugements.
Nous commençons par les enseignants qui pensent que leur
formation est suffisante pour l’enseignement du français. Nous avons
regroupé leurs réponses dans le tableau ci-dessous.
103
Ce qui a attiré notre attention lors de la lecture des réponses
données par les enseignants, sont celles que nous avons regroupées
sous la rubrique « évaluation des compétences » qui comprend la moitié
des réponses. Au lieu de fournir leurs appréciations sur les formations
qu’ils ont suivies, les enseignants ont évalué leurs propres compétences à
enseigner (maîtrise de la langue, capacité de préparer les leçons et les
transmettre, capacités développées lors de leurs expériences). L’énoncé
de la question, pourtant, concernait clairement la formation et non pas les
compétences des enseignants. Les enseignants se seraient-ils sentis
évalués et alors c’est pour cette raison qu’une grande partie d’entre eux a
mis en avant leurs compétences au lieu d’évaluer la formation ?
Certaines réponses laissent à penser que les enseignants cherchent
plutôt à justifier leurs capacités d’enseigner et leur maîtrise de la langue et
à donner une image positive d’eux: « Mes rapports d’inspection durant ma
carrière sont excellents» (E71, 47 ans, pas de formation), « Si mon niveau
n’était pas suffisant, je ne m’engagerais pas à enseigner cette langue »,
(E62, 22 ans, licence d’anglais), « Chacun peut se evaluer sa capacité, je
me sentis où bien je me sens que j’ai le pouvoir total pour enseigner la
langue français, puis la réalité va vous éclairer » (E8, 25 ans, formation
universitaire non spécifiée). Ces déclarations peuvent être interprétées
comme un aveu, implicite, de faiblesse.
104
affirmant qu’une licence de français les a préparés pour bien
"assimiler, présenter, expliquer et simplifier" les cours aux élèves
(E17 et E66).
considérant qu’avoir suivi un cursus universitaire francisé suffit (E46
diplômé en gestion et administration et E49 ingénieur d’état en
électrotechnique).
formulant des appréciations d’ordre général sans fournir de détails :
« parce qu’on a eu l’encadrement nécessaire et les moyens
suffisants pour y arriver » (E6 formé à l’ITE), « J’ai subi une bonne
formation » (E59 formé à l’ITE)
citant le rapprochement entre la langue de spécialité, l’anglais, et la
langue enseignée, le français (E61).
105
Justification de l’insuffisance de la formation Nb. cit.
Durée de la formation 11
Contenu de la formation 6
Nature de la formation 4
Lacunes chez les formateurs 3
Manque de la formation continue 3
Fossé entre la formation et la pratique 1
Justifications généralisantes 6
106
E41, formé à l’ITE, regrette l’absence des méthodologies modernes
de l’enseignement des langues étrangères.
Pour E47, diplômé en psychologie scolaire, la formation met
l’accent sur les aspects théoriques et néglige la pratique. Elle
ajoute qu’elle n’accorde pas d’importance aux programmes et à
leur adéquation au niveau psychologique et social des élèves.
107
concerner tout le public d’enseignants et non pas seulement aux enquêtés
qu’ils ont émises. Il s’agit des réponses qui ne sont pas relatives
directement à la formation mais à d’autres paramètres du contexte
didactique à savoir :
l’enseignant qui reste toujours en cours d’apprentissage, doit
travailler régulièrement pour améliorer son niveau et doit être
toujours en contact avec la langue étrangère (E24, E32 et E64).
la langue enseignée considérée comme une langue « très large »
et une langue qui évolue (E21).
le système éducatif qui est toujours en mouvance (E13).
108
des enseignants de français soufis. Alors que certains enseignants n’ont
pas précisé quels aspects de la langue française ils souhaitaient
approfondir, d’autres ont fourni des précisions. Nous avons regroupé leurs
réponses dans le tableau suivant.
Il est regrettable qu’une grande partie des enquêtés (un peu plus
qu’un tiers, soit 10) n’ait pas précisé l’aspect de la langue française dans
lequel ils voudraient être formés. Le premier domaine de langue
mentionné par les enseignants est celui de l’expression orale. Le manque
de la maîtrise de l’oral constituerait, à notre avis, un élément des
représentations relatives à la situation de la langue française dans le Souf.
L’étude de la grammaire vient en deuxième position. L’enseignement
traditionnel a une grande influence sur la perception de la langue chez les
enseignants d’où une demande de formation en grammaire, en
orthographe, en vocabulaire, ou dans les règles de la langue en général.
Les domaines les moins cités sont la compréhension de l’oral, la
communication et la typologie textuelle.
109
sont complètement absentes dans l’enseignement du français au niveau
primaire, au collège et au lycée.
La pédagogie et la psychologie occupent le troisième rang de
fréquence. Six enquêtés précisent vouloir être formés en psychologie de
l’enfant. E44 souhaite être formé dans les méthodes qui permettent de
motiver l’apprenant.
110
indirectement les lacunes de leur formation et d’évaluer leurs besoins. Il
était peu attendu que les enseignants choisissent des disciplines qui n’ont
pas de rapport avec le français et son enseignement.
2-3- Parcours
111
Continuer dans Nb. Fréq. Continuer ou non dans l'enseignement du français
l'enseignement cit.
du français Non réponse 3
Non réponse 3 4,1% Oui 57
Oui 57 78,1% Non 13
Non 13 17,8%
TOTAL OBS. 73 100%
112
rare de voir des enseignants évoluer vers un travail dans l’administration
(dans la direction d’école ou dans l’académie) après plusieurs années
d’expérience. Dans la majorité des cas, ces derniers sont toujours des
hommes. À ce propos, nous ne disposons pas de statistiques mais nous
nous basons sur notre connaissance du contexte soufi. Les rares
enseignantes qui évoluent pour travailler dans le domaine de
l’administration sont des directrices d’écoles. En général, les femmes
préfèrent rester dans l’enseignement car il leur permet d’avoir des plages
horaires libres pour s’occuper de leur foyer, contrairement au travail dans
l’administration qui les occupera toute la journée. Les hommes, n’ayant
pas d’obligations domestiques, ont plus de liberté pour s’orienter vers
l’administration.
113
CHAPITRE 11 : BILAN ET PROLONGEMENTS
DIDACTIQUES
1- Bilan
114
Nous rappelons que nous nous sommes appuyée sur les données
déclaratives collectées auprès des enseignants du primaire et des
apprenants soufis de ce même niveau afin de décrire les contextes
sociolinguistiques et scolaires et de cerner leur impact sur l’enseignement/
apprentissage du français dans la région. Nous avons, donc, utilisé les
représentations que ces derniers construisent par rapport au contexte
étudié comme moyen de description.
Au terme de cette description, nous pouvons conclure, selon les
dires de notre public d’enseignants, que le contexte sociolinguistique soufi
se caractérise par :
Une absence de pratiques langagières en français dans la société
soufie. Absence attribuée par les enquêtés à deux facteurs
principaux : le manque de maîtrise de la langue française chez les
Soufis et les attitudes négatives adoptées à l’égard des locuteurs
de cette langue. Ce manque d’usage du français aurait, d’après les
informateurs, plusieurs conséquences. Tout d’abord, il limite
l’exposition des apprenants à la langue cible en entraînant un
manque de compréhension et de motivation. De plus, il produit un
effet sur l’enseignant qui doit adapter ses conduites
d’enseignement en recourant à la langue arabe dans la classe de
français. Ce recours est déprécié par les enquêtés. Il s’agit là d’une
vision traditionnelle de l’enseignement dans laquelle seule la
langue cible devrait être utilisée. Elle s’oppose à l’approche
plurilingue qui prend en compte la langue maternelle dans
l’enseignement des langues étrangères. Globalement, les enquêtés
déplorent l’absence des pratique langagières en français dans le
milieu extrascolaire de l’apprenant et considèrent ce manque
comme problématique pour l’enseignement/ apprentissage du
français dans la région. S’agissant d’une langue étrangère, il peut
paraître étonnant que les enquêtés regrettent le manque d’usage
de la langue cible dans le milieu extrascolaire. Replacer la question
des pratiques langagières dans le contexte sociolinguistique
national permet de reconsidérer les déclarations de nos sujets
115
d’enquête. Dans un pays où l’usage de la langue française reste
important (Taleb Ibrahimi, 1998, Quéfellec et all., 2002), il paraît
moins surprenant que les enquêtés considèrent le manque d’usage
informel du français comme une difficulté.
117
Figure 9 : L’incidence du contexte sociolinguistique soufi sur l’enseignement/ apprentissage
du français dans la région du Souf
118
les enquêtés mentionnent des différences relatives au rôle du milieu social
et familial, aux attitudes et aux représentations relatives au français et
enfin à la disponibilité des enseignants de français formés. Ces
différences mènent les enquêtés à considérer que le contexte
sociolinguistique dans le Nord est plus favorable à l’enseignement/
apprentissage du français que celui du Sud.
119
attribuent ce désintérêt à plusieurs raisons dont les plus importantes sont :
les représentations, les attitudes des apprenants, des parents et de la
société, les difficultés d’apprentissage et enfin le programme. Les
enseignants qui déclarent que les apprenants aiment le français renvoient
cette attitude positive à l’attrait de la nouveauté, aux représentations
positives concernant son utilité et aux attitudes positives que certains
parents adoptent.
120
à son apprentissage et engendre son rejet. Les attitudes et les valeurs
fonctionnelles évoquées oscillent entre le positif et le négatif. Les
enseignants ont mentionné autant d’attitudes positives que négatives,
mais les valeurs fonctionnelles négatives sont plus nombreuses.
Parmi les contenus représentationnels les moins fréquents, nous
mentionnons celui relatif à la valeur affective de la langue française
considérée en tant que langue de la colonisation française. Dans la
représentation élaborée par la société soufie, et rapportée par les
enseignants enquêtés, cet élément est le plus saillant. Par contre, dans la
représentation élaborée par les apprenants, il est peu fréquent. La non-
saillance du critère affectif a été corroborée par les résultats obtenus au
moyen du test des mots associés effectué auprès des apprenants.
En revanche, ce test a révélé des résultats différents de ceux cités
précédemment en ce qui concerne la valeur épistémique du français.
L’image de la langue française en tant que langue difficile est moins
saillante (17 apprenants sur 57 soit 29,82%). En plus, un autre aspect de
la valeur épistémique du français apparait dans les associations produites.
15 apprenants, soit un pourcentage de 26,31%, considèrent le français
comme une langue facile. Nous avons formulé deux hypothèses pour
essayer d’interpréter cette contradiction :
- Certains apprenants auraient associé la facilité à l’apprentissage de
la langue française dans le but de répondre aux attentes de
l’enquêteur dont ils connaissent le sujet de recherche ;
- Ou bien, ce sont les enseignants qui auraient du mal à se remettre
en cause. De ce fait, ils projetteraient sur les apprenants leurs
propres difficultés.
121
les négatifs). Nous précisons que ces conclusions ne concernent que le
public d’apprenants enquêtés. Elles ne sont pas généralisables à
l’ensemble des élèves soufis.
Parmi les résultats que nous venons d’exposer, deux entravent la
confirmation de la deuxième hypothèse et ne permettent qu’une validation
partielle. Tout d’abord, le discours des enseignants a mis l’accent sur la
prédominance de l’image du français comme langue difficile à apprendre,
sur l’impact négatif de cette représentation sur l’apprentissage de la
langue et sur les attitudes négatives qu’elle engendre. Mais, les données
collectées auprès des apprenants ont nuancé cette prédominance. De
plus, nous avons suggéré dans cette hypothèse que les représentations
seraient façonnées par la société et par l’histoire de la colonisation dans la
région. Les résultats obtenus ont démontré le rôle de la société dans
l’ancrage de ces représentations. Ils ont montré, par contre, un impact
moins important de l’histoire de la colonisation dans la formation de ces
représentations.
122
À propos de la deuxième composante, celle qui se rapporte à
l’enseignant, nous avons traité plusieurs points : les facteurs agissant sur
la motivation, la problématique du recrutement des enseignants non-
formés pour l’enseignement du français, les représentations que les
enseignants enquêtés construisent des langues et le rapport aux langues
que ces représentations reflètent. Concernant le premier point, les
enseignants interviewés attribuent leur démotivation, ou celle de leurs
collègues, à plusieurs facteurs : la mauvaise situation économique, la
faiblesse des résultats obtenus et l’inadaptation des programmes.
123
incompétence conduit, selon les dire des témoins, à l’élaboration de
représentations négatives quant aux enseignants de français, en général,
dans la région, et quant à l’image du français comme langue difficile à
apprendre et à maîtriser. Ces résultats permettent de confirmer une partie
de la quatrième hypothèse. Effectivement, la formation problématique
d’une partie des enseignants et les critères de leur recrutement
constituent des critères explicatifs de la situation critique observée à
propos de l’enseignement/ apprentissage du français dans le Souf.
124
proposés et à l’absence de progressivité de ces contenus dans les
différents niveaux. Tous ces éléments conduisent à une influence négative
sur l’apprenant et l’enseignant : le manque de réaction chez les
apprenants, leur désintérêt, leur démotivation, leur dispersion face au
contenu intensif, la dégradation du niveau et la démotivation de
l’enseignant. Toutes ces conséquences négatives évoquées par les
enquêtés permettent de confirmer la troisième hypothèse. En effet,
l’inadaptation du programme aux particularités de la région explique les
attitudes négatives que nous avons observées chez les apprenants et les
enseignants, à savoir le manque d’intérêt et la démotivation.
125
comme une langue peu importante et implique un manque d’intérêt et des
comportements négatifs chez les apprenants.
126
Figure 10 : Les paramètres relatifs aux contextes sociolinguistique et scolaire qui
produisent un effet négatif sur l’enseignement/ apprentissage du français dans le Souf.
127
de quelques enseignants d’arabe, et a mis les enseignants de français
dans une situation de confrontation et de malaise.
Cette pratique est devenue plus fréquente à mesure qu’elle suivait les
changements socio-économiques de la société soufie (développement de
la scolarité et un marché du travail exigeant des employés diplômés). Elle
remplit les trois conditions fixées par Rouquette et Rateau pour provoquer
la transformation des représentations relatives au français :
129
appartenant au système périphérique de la représentation, « le français
est une langue utile », est suractivé sous la pression de la nécessité de la
maîtrise de cette langue pour pouvoir effectuer des études universitaires.
Cet élément périphérique est en train d’être intégré, progressivement, au
noyau central de la représentation. Une fois cette intégration terminée, la
nouvelle représentation sera partagée et bien ancrée dans la société
soufie.
130
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166
167
TABLE DES MATIÈRES
DEDICACE ------------------------------------------------------------------------------------------------- 3
REMERCIEMENT ---------------------------------------------------------------------------------------- 4
SOMMAIRE ----------------------------------------------------------------------------------------------- 5
INTRODUCTION ----------------------------------------------------------------------------------------- 7
168
CHAPITRE 3 : REPRÉSENTATIONS SOCIALES ET DIDACTIQUE DES LANGUESERREUR ! SIGNET
NON DEFINI.
1- LES REPRESENTATIONS EN PSYCHOLOGIE SOCIALE ------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
1-1- Rappel de l’histo i ue de la otio ------------------------------ Erreur ! Signet non défini.
1-2- Représentations sociales : Essai de définition----------------- Erreur ! Signet non défini.
1-2-1- La construction ou la reconstruction du réel --------------- Erreur ! Signet non défini.
1-2-2- La aît ise de l’e vi o e e t -------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-2-3- Le rôle de la communication ------------------------------------ Erreur ! Signet non défini.
1-3- Fonctions des représentations sociales ------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-3-1- Fonction de savoir ------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-3-2- Fonction identitaire ----------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-3-3- Fo tio d’o ie tatio ------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-3-4- Fonction justificatrice--------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4- Structure et dynamique de la représentation ----------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-1- Les co ditio s de l’é e ge e des ep ése tatio s so iales ---- Erreur ! Signet non
défini.
1-4-1-1- Les o ditio s d’é e ge e p oposées pa Moli e -- Erreur ! Signet non défini.
1-4-1-1-1 L’o jet ------------------------------------------------------------ Erreur ! Signet non défini.
1-4-1-1-2- Le groupe ------------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-1-1-3- Les enjeux ------------------------------------------------------ Erreur ! Signet non défini.
1-4-1-1-4- La dynamique sociale --------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-1-1-5- L’o thodo ie --------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-1-2- Réfle io s su les o ditio s d’é e ge e des ep ése tatio s sur la langue
française dans la société du Souf --------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-2- Les p o essus d’éla o atio des ep ése tatio s --------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-2-1- L’o je tivation --------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-2-2- l’a age ---------------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-3- L’o ga isatio des ep ése tatio s so iales ---------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-3-1- Le système central ---------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-3-2 Le système périphérique --------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-4-4- La dynamique des représentations sociales : stabilité, évolution et transformation
---------------------------------------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-1-4-1- Pratiques nouvelles et transformation des représentations sociales ------- Erreur !
Signet non défini.
1-5- Aspects historiques des représentations sociales ------------ Erreur ! Signet non défini.
1-5-1- L’app o he h o ologi ue des ep ése tatio s so iales Erreur ! Signet non défini.
1-6- Les ep ése tatio s so iales da s le do ai e de l’e fa eErreur ! Signet non défini.
1-6-1- Les conceptions classiques de la représentation ---------- Erreur ! Signet non défini.
1-6-2- La recherche des modèles liant le psychique au social--- Erreur ! Signet non défini.
1-6-3- La pla e de l’e fa t da s la so iété algé ie e et soufie Erreur ! Signet non défini.
2- LES REPRESENTATIONS DES LANGUES ET DE LEUR APPRENTISSAGE ------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
2-1- Les représentations des pays et des locuteurs---------------- Erreur ! Signet non défini.
2-2- Représentation des langues et conflits historiques ---------- Erreur ! Signet non défini.
2-3- Les représentations en sociolinguistique----------------------- Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE 4: LES STÉRÉOTYPES ET LES ATTITUDES ----------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
1- LES STEREOTYPES ----------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
1-1- Définition --------------------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-2- Les fonctions du stéréotype --------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-3- Les sté éot pes atio au hez l’e fa t ----------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-3-1- Le développe e t de l’idée de la patrie--------------------- Erreur ! Signet non défini.
1-3-2- Le développement des stéréotypes nationaux ------------- Erreur ! Signet non défini.
169
2-3-4- L’aspe t dida ti ue des sté éot pes -------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2- LES ATTITUDES -------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
2-1- Les attitudes en psychologie sociale----------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-2- Les attitudes linguistiques ----------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-3- Des attitudes à la motivation -------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-3-1- la otivatio de l’app e a t ----------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-3-2- La otivatio de l’e seig a t ---------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
170
1- ÉTABLISSEMENT DES PARAMETRES DE DESCRIPTION---------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
2- LES PARAMETRES LIES AU CONTEXTE SOCIOLINGUISTIQUE --------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
2-1- Les pratiques langagières ------------------------------------------ Erreur ! Signet non défini.
2-2- Le milieu social -------------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-3- Les attitudes linguistiques ----------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-4- Les représentations des langues --------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-4-1- Les représentations du français dans la société soufie--- Erreur ! Signet non défini.
2-5- La famille --------------------------------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-6- La pa ti ula ité du o te te d’étude ---------------------------- Erreur ! Signet non défini.
2-6-1- Des contextes polarisés : le couple Nord/ Sud ------------- Erreur ! Signet non défini.
2-6-2- La comparaison Sud/ Sud ---------------------------------------- Erreur ! Signet non défini.
BIBLIOGRAPHIE--------------------------------------------------------------------------------------- 131
171
INDEX DES NOTIONS -------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
INDEX DES AUTEURS -------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
INDEX DES FIGURES --------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
INDEX DES TABLEAUX ------------------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
TABLE DES MATIÈRES ------------------------------------------------------------------------------- 168
172