MINI-GUIDE HACHETTE
DES MILLÉsimes
Nombreux sont ceux qui ont un jour ou l’autre consulté un tableau des millésimes pour voir com-
ment étaient notés les vins de leur année de naissance ou de celle d’un proche, en pensant déjà
au futur cadeau qu’ils pourraient faire pour les trente ans ou le demi-siècle à venir. Alors, quelle
joie... ou quelle déception à la lecture des « résultats » ! Pour l’amateur, le millésime est une notion
essentielle, qui détermine la date d’apogée du vin et sinon sa qualité, son potentiel de garde.
L’ANNÉE DE NAISSANCE DU vIN
Date de naissance du vin, le millésime figurant sur l’étiquette correspond obligatoirement à l’année
de la cueillette des raisins. Un millésime 2008 est un vin élaboré avec des fruits vendangés en 2008
(une exception, les rares vins de glace issus d’une récolte effectuée en janvier, qui portent le millé-
sime de l’année précédente). La mention du millésime n’est pas obligatoire. Elle est même interdite
pour les vins issus d’un assemblage de plusieurs années (certains champagnes et crémants, des
vins de liqueurs comme le pineau-des-charentes et de nombreux styles de portos). Depuis peu tou-
tefois – mondialisation oblige ! –, la réglementation européenne autorise la mention du millésime sur
l’étiquette d’un vin pouvant contenir jusqu’à 15 % de vin d’une autre année.
QU’EST-CE QU’UN boN MILLÉSIME ?
La qualité d’un millésime dépend des conditions climatiques enregistrées durant les quatre saisons de
l’année correspondante, de la maturation (de la véraison aux vendanges). Les millésimes tardifs sont
souvent difficiles, car le risque d’intempérie au moment des vendanges est plus grand ; les années
caniculaires sont tout aussi délicates, qui entraînent blocages de
maturité et risquent de produire des vins peu acides, chauds et
MILLÉSIMES MÉMORABLES
Rares sont les millésimes qui brillèrent lourds. On doit aussi juger les conditions du millésime à l’aune
dans toutes les régions. On peut citer du climat régional et local, voire du microclimat. Par exemple, le
néanmoins 1945, 1947, 1961, 1989,
2005. Quant au millésime 2000, s’il
millésime 2004 est bien meilleur pour les blancs liquoreux de la
n’a pas démérité, son succès fut région de Bergerac que pour ceux du Sauternais. La qualité peut
avant tout lié à l’effet « médiatique »
aussi varier en fonction du cépage. Dans une même appellation
du nouveau millénaire.
et un même millésime, des différences existent entre les parcelles
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et les domaines. Car le travail du producteur influe sur la qualité du millésime : certains n’hésitent pas
par exemple à sacrifier une partie de leurs raisins pour favoriser la maturité des autres. C’est pourquoi
l’on parle de « millésimes de vigneron » pour évoquer les années délicates où les choix et l’implication
des producteurs conditionnent la réussite. De manière générale, une bonne année voit se succéder
un hiver froid, un printemps clément, un été ensoleillé et frais la nuit. Pour les vendanges, période cru-
ciale, le soleil et le vent sont préférables à la pluie et au froid. La vigne n’apprécie pas la sécheresse,
les orages, surtout accompagnés de grêle, les atmosphères à la fois humides et chaudes favorisant
la pourriture grise. Un millésime doit donc être équilibré pour donner des vins de garde : apporter ce
qu’il faut d’acidité pour les blancs (trop d’acidité, et le vin est raide, pas assez et il est mou) ; et ce qu’il
faut de maturité des tanins pour les rouges.
borDEAUx N’EST pAS LA FrANCE
Chaque année, au mois de septembre, les médias se tournent vers Bordeaux pour juger de la qualité
du millésime en France. Or, pour le millésime 2000, les rouges sont globalement excellents à Bordeaux,
mais médiocres en Bourgogne ; en 2003, en revanche, les rouges de Bourgogne sont meilleurs que
ceux de Bordeaux. 2002 ? Honnête sans plus à Bordeaux, superbe en Champagne, sinistré dans la
vallée du Rhône. 2007 ? Remarquable dans la vallée du Rhône, de petite garde en Gironde. Donc,
pas de jugement hâtif ! Il convient d’ailleurs de relativiser la notion de qualité des millésimes. Les petits
millésimes offrent des vins plus simples d’accès, sans grandes perspectives de garde mais qui peuvent
se révéler excellents à boire jeunes. Les tableaux de millésimes sont donc à considérer comme des indi-
cateurs généraux, donnant des tendances larges, des moyennes qui prennent en compte ni les micro-
climats ni le travail des producteurs à la
EN RÉSUMÉ vigne et au chai. Prudence également à
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MFNJMMÏTJNFDPSSFTQPOEËMBOOÏFEFMBWFOEBOHF l’égard des notes de dégustation pour
t4FTDBSBDUÏSJTUJRVFTTPOUEÏUFSNJOÏFTOPOTFVMFNFOUQBSMFTDPOEJUJPOT les ventes de grands crus bordelais en
climatiques générales, mais aussi et surtout par les microclimats, le cépage et
par la compétence du viticulteur et du maître de chai. primeur ; elles portent sur des échantil-
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EVOFBQQFMMBUJPO lons prélevés sur fût ou sur cuve, avant
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assemblage, qui peuvent encore large-
ment évoluer lors de l’élevage.