Notes Sur J C Pariente-Le Langage Et L'individuel
Notes Sur J C Pariente-Le Langage Et L'individuel
Notes Sur J C Pariente-Le Langage Et L'individuel
18p : Bergson (Essai) découpe l’être en deux régions, celle du spatial et celle de
la durée : il confine l’individuel uniquement dans la deuxième : tout ce qui est
individuel ressortit à la duré, tout ce qui dure est individuel. Est individuel ce
qui, par essence, diffère, ce qui manque à tout le reste et de tout le reste.
19p : l’individuel est ce qu’on ne verra jamais deux fois : or la durée est l’unique
élément dans lequel soit garantie l’impossibilité de toute répétition., sa
continuité assure l’intégralité de la transmission d’un contenu d’un moment au
moment suivant : elle engendre donc nécessairement l’hétérogénéité de deux de
ses moments successifs puisque le moment suivant « contient toujours, en sus du
précédent, le souvenir que celui-ci a laissé ».
21p : si le rire jaillit à chaque fois que l’individuel se révèle imitable et se prête à
la répétition, comment éviter que l’usage d’un concept ne soit toujours comique
puisqu’il présente comme susceptible de se répéter la réalité à laquelle il est
appliqué ?
31p : Kant situe l’individuel dans un monde phénoménal, parce qu’en dehors de
l’espace et du temps, on ne peut trouver un milieu qui se prête à l’activité de
différenciation par laquelle l’individuel se laisse appréhender.
35p : l’extension d’un concept ne doit pas englober la totalité du réel sous pein
de voir disparaître sa compréhension ; elle ne doit pas non plus se réduire à un
objet unique, car alors le concept n’assurerait plus les fonctions qui sont les
siennes dans l’ordre de l’expression et de la communication : l’extension doit
être comprise entre les deux.
39p : soient un stylo à bille et un stylo à plume : il est indispensable qu’on ait à
la fois appréhendé leurs propriétés communes et leurs caractéristiques
individuelles : la première opération exige qu’on considère les deux objets
comme des échantillons sensibles du même concept et qu’à cette fin, on annule
les différences de taille, couleur, etc,. Mais cette différenciation n’est que
provisoire.
41p : on peut poser que l’individualité n’est pas une donnée de l’expérience,
mais le résultat d’un acte d’individualisation ; celui-ci se réalise à travers une
procédure linguistique qui porte sur l’objet concerné et il faut absolument que
pendant cette procédure l’objet se maintiennet dans son individualité, faute de
quoi il devient impossible d’en parler.
44p : nous ne pouvons individualiser que sur la base d’un concept parce que le
concept, en déterminant les traits communs aux objets auxquels il convient,
circonscrit du même coup la nature des singularités grâce auxquelles nous
individualiserons. Les perturbations aphasiques altèrent l’appréhension des
individualités : l’impuissance à classer va de pair avec des difficultés à
individualiser. Pour l’aphasique, une simple altération de la graphie (boucle,
etc,.) suffit à la rendre totalement méconnaissable.
48p : deux objets tombant sous l’extension d’un concept présentent à la fois
plusieurs propriétés communes et au moins une propriété différentielle. Pour les
différencier, il faut donc admettre que leur participation à une même forme
n’entraîne pas leur totale identité, et cette distinction ne les rend pas totalement
différents. Il y a donc corrélation entre l’attitude d’individualiser et celle de
conceptualiser.
57p : la fonction de l’article dans la langue est de limiter l’extension à une unité
et assurer ainsi le passage d’une classe à un individu. Il se trouve individualisé
comme le seul être à qui convient le prédicat. L’article indéfini est un opérateur
d’instanciation et l’article indéfini est un opérateur d’individualisation.
58p : les indicateurs et les noms propres d’un côté, les descriptions de l’autre
constituent les trois voies permettant de passer du niveau des classe et des
concept à celui de l’individualisation. l’article défini n’opère pas
l’individualisation par lui-mêmemais en se liant au prédicat tandis que les
indicateurs comme « ceci, ici, maintenant », ou les noms propres individualisent
indirectement mais par eux-mêmes.
63p : le nom propre s’accorde en quelque sorte à lui-même une référence, c’est
pourquoi il perturbe le fonctionement du langage sitôt qu’il ne possède plus de
référence. Quand le logicien le paraphrase et l’élimine, il reprend le contrôle du
langage car il explicite les présupposés qui restaient à l’état latent avec
l’usage des noms propres. Il constate que la proposition ou figurait ce dernier
ne peut être vraie que s’il existe au moins un et au plus un objet auquel
convienne le prédicat.
64p : le fait qu’un individu porte un nom propre est un prédicat vrai de cet
individu. L’individu résulte de l’assignation à une variable : « être, c’est être une
valeur d’une variable ».
69p : outre qu’il pose sa différence, il ne prend pas le risque de spécifier en quoi
elle consiste. La désignation par indicateurs ne convient à personne à titre
permanent, mais seulement en tant que son objet est évoqué dans un acte de
parole effectif : d’un emploi à un autre, elle peut ainsi servir pour désigner deux
individus différents.
73p : les noms propres ne sont pas dépourvus de sens : le rapport nom propre-
nom commun n’est pas celui de la dénomination-signification : ils sont plus
proches que cela.
74p : si Russel a eu tort de rapprocher nom propre et démonstratif, c’est à la fois
parce que le dernier comporte encore un élément de prédication, contrairement
au nom propre et parce que le démonstratif relève de la pure désignation tandis
que le nom propre demeure toujours du côté de la classification.
75p : le nom propre est utilisé pour désigner par ses sonorités distinctives et non
par ses qualités de classification. L’ignorance de la signification du prénom
étranger n’empêche pas de l’utiliser efficacement : il n’y aurait
vraisemblablement pas de toponymie si on passait par le signifié des noms de
lieux. Mais que le nom propre soit reconnaissable par la sensibilité n’empêche
pas qu’il entretienne quelques rapports avec l’entendement.
76p : quand un nom propre est constitué de termes généraux, il n’attribue pas
(« bison fumeux ») à son porteur les propriétés que lui attribueraient ces termes
généraux , mais seulement la propriété d’être membre unique d’une classe
formée par une expression où on fait mention de ces termes généraux, au lieu
d’en faire usage. Ils n’ont aucun usage classificatoire dans ce cas précis. Et
même s’il y a un code, il est alternatif, -indexé aux normes inhérentes au
contexte d’emploi- et son ignorance n’est pas rédihbitoire comme le serait
l’ignorance du sens « table ».
79p : on est donc conduit à accorder au signifiant en tant que tel une part
essentielle dans le fonctionnement du nom propre comme opérateur
d’individualisation. Même si dans certains emplois, ce signifiant est associé à un
signifié, cette association petrmet au plus d’expliquer les les raisons de
l’assignation, mais pas son mode d’action.
81p : deux noms propres singularisent d’emblée deux individus, sans attendre
l’inventaire des caractéristiques particulières de chacun d’eux. Le nom propre
est la forme (quasi-) vide de la différence. Le nom propre n’est pas un prédicat
comme les autres, puisqu’il est compatible avec (presque) n’importe quel
prédicat. Il est un symbole qui offre une très grande improbabilité a priori :
quelque soit l’étendue des renseignement possédés sur un homme, ils ne
permettent pas de prévoir quel sera sont nom : il faudrait qu’il y ait des règles
d’assignation, mais dans ce cas, les noms propres perdraient leur efficacité
comme opérateurs d’individualisation ; du fait de cette improbabilité a priori, il
apporte une grande quantité d’information. l’information apportée par un
élément du code et son sens varient l’une en fonction de l’autre de façon
inverse : les noms propres sont parmi les éléments les moins signifiants puisque
presque totalement imprévisibles.
83p : c’est cette quasi-insignifiance qui lui confère cette souplesse. Elle est
essentielle à son fonctionement, soit, dans le langage ordinaire, établir une
correspondance bi-univoque entre un individu et une suite de phonèmes. Si les
signifiés véhiculés par le langage ordinaire sont a priori impropres à la
désignation, on peut utiliser à cette fin, s’il le faut, leur signifiant en ne retenant
qu’eux (même s’il s’agit de signifiants de concepts ou de vérité générale). Hors
contexte, il ne saurait être considéré comme un élément de la connaissance de
l’individu, mais au mieux, de reconnaissance.
86p : les démonstratifs peuvent soit être employés comme indicateurs ou comme
représentants
101p : notre présent est le passé de celui qui nous répond. L’individualisation
qui se fait dans le langage se fait donc sur la base d’éléments non-conceptuels.
109p : entre un énoncé qui contient au moins un indicateur et un énoncé qui n’en
contient aucun,, il y a une profonde différence qu’on rapportera à celle du
synthétique et de l’analytique. Tout pour les indicateurs, l’attribution d’un nom
propre est compatible avec n’importe quel prédicat, étant donné sa quasi-
insignifiance. Comme pour les indicateurs, on paie la souplesse au prix du sens
111p : la notion d’individu admet dans son extension les objets au delà desquels
le discernement devient impossible : l’individualité est la discernabilité ultime.
Quand on examine les modalités de l’appréhension linguistique de l’individu, on
est conduit à identifier l’individualité avec l’extra-conceptualité puisque ni les
indicateurs ni les noms propres ne relève de la prédication.la position la plus
courante est donc d’admettre que la discernabilité ultime ne fait qu’un avec
l’extra-conceptualité.
113p : le vocabulaire technique des éleveurs de chevaux est aussi complet que
celui des gauchos : simplement des distinctions qui appartiennent chez un
peuple à la langue courante, ne se retrouvent, chez tel autre qu’au niveau de la
sous-langue technique.
114p : la dénivellation est l’opération servant à extraire un objet de sa classe ;
elle peut s’opérer de deux façons :ou bien on rapporte l’objet à individualiser à
au message même dans lequel on a besoin de parler de lui : un instant qu’on
dissocie des autres en le désignant comme celui où est émis le message, un
homme qu’on singularise en le désignant comme celui à qui s’adresse le
message ; ou bien on a recours à un nom propre afin de réaliser
l’individualisation en s’appuyant sur l’association de tel objet à telle séquence
de phonèmes. On a recours dans le premier cas à une opération individuelle,
dans le second, à une convention sociale.
115p : « ici » ne désigne l’endroit d’où je parle qu’en l’opposant d’un coup à
tous les ailleurs, de même pour « aujourd’hui » on opère une dissociation.
118p : **si les philosophes depuis le 17ème ont reproché aux mots de nous
éloigner des choses, c’est parce que le langage nous permet de composer des
significations sans retourner aux expériences desquelles nous les avons
éventuellement dégagées. « ici ce n’est plus la Seine » peut se voir rétorquer que
la limite est plus lointaine, mais jamais que l’on n’est pas « ici » :
l’individualisation par indicateur est incontestable.
119p : l’énoncé d’une description contient parce qu’il combine des concepts, des
éléments permettant de savoir si elle individualise ou non, si elle est vraiment la
description définie qu’elle prétend être : une description porte en elle-même, à la
différence des opérateurs, les éléments de la critique qu’il peut y avoir lieu de
faire de sa capacité d’individualiser un objet. La description relève bien de
l’ordre de la prédication. Il faut donc se emander comment un élément de
prédication peut réussir à individualiser.
120p : la description assure qu’un seul objet est le seul à présenter un certain
prédicat. Elle signifie qu’aucun autre objet ne saurait être membre de la classe
associée à ce prédicat. D’un côté, l’objet décrit n’est pas individualisé en ce
qu’il est simplement porteur d’un prédicat quelconque « inventeur de
l’imprimerie », mais en ce qu’il est présenté comme en étant le seul porteur : il
possède l’exclusivité de l’appartenance à une classe donnée, même si l’objet
n’est pas individualisé comme le possesseur exclusif d’un prédicat en général.
La classe reçoit la puuissance d’individualiser car l’objet de la description n’est
pas un membre, mais le membre. La description définie peut transmettre la
singularité car l’élément est le seul membre : l’appartenance à une classe
comprenant plusiers membres les unifie au contraire sous le concept fédérateur.
La différence avec le fonctionnement des opérateurs est que dans ce cas, la
singularité par rapport à laquelle se réalise l’individualisation ne relève pas de la
prédication.
121p : quand je dis « cette rivière » la présence de l’opérateur est liée à,la
pluralité des membres de cette classe [elle la présupose même], dont j’isole un
membre en l’affectant d’une particularité, en l’espèce, en le repérant par une
monstration effective. Du « mois des vendanges » ou de « l’inventeur de
l’imprimerie », j’affirme qu’une certaine classe ne contient qu’un seul élément.
Pour individualiser au sein d’une classe, il faut ajouter des déterminations à
celles que reçoit l’objet du fait de son appartenance. Ces déterminations
supplémentaires peuvent être ou non de nature prédicative « cette X » contre « la
X la plus longue du monde »
123p : du fait qu’il est décrit, un objet est individualisé en tant que lui est
transmise l’individualité de la classe dont il est l’unique élément. Gutenberg est
individualisé soit par rapport aux autres inventeurs, soit par rapport aux
personnes ayant un rapport autre que celui de l’invention avec l’imprimerie.
125p : la capitale de la France peut ainsi être opposée aux autres villes de
France, aux autres capitales, aux autres capitales européenne, ou des pays
industrialisés. Par l’intermédiaire du champ d’individualisation virtuelle, l’objet
d’une description est mis en relation non pas avec la classe unité qui apparaît
dans la description mais avec une de ses classes d’inclusion.
128p : en tant qu’il est un mois, octobre est reproductible ; en tant qu’il est le
mois des vendanges, il ne souffre pas la reproduction. La dénivellation
descriptive garantit bien l’irreproductibilité de l’objet : elle en garantit donc
également l’indivisibilité.
129p : un objet qui tient son individualité d’une description ne saurait être
décomposé sans altération, puisque toute décomposition résout la classe où il
possède son unicité en ses classes d’inclusion dans lesquelles cette unicité cesse
d’être garantie. Que la division-décomposition soit matérielle ou conceptuelle,
toute division d’un objet de description en altère la nature singulière.
140p : ce n’est pas la naissance de Caïn qui fait entrer Adam dans la relation de
paternité, c’est dans la notion même d’Adam que figure à titre de prédicat cette
relation, dont la naissance de Caïn représente seulement l’actualisation. il y a
donc un lien étroit entre la théorie de la notion complète et le principe des
relations internes.
159p : pour qu’il y ait connaissance, l’essentiel n’est pas qu’il y ait mesure, mais
que soit découvert l’angle sous lequel on doit observer un phénomène pour le
percevoir comme variable.
186p : il est réducteur d’assigner aux rêve la seule expression du désir (crainte,
présentiment, souvenirs, etc,.) ; de même la sexualité n’est pas nécessairement le
terminus symbolique : elle peut être, comme tout le reste, une médiation, une
métaphore.
229p : tout individu, même le plus simple est toujours porteur de plusieurs
prédicats qu’il doit au moins aux relations qu’il entretient avec les autres, dans
un monde où il n’est pas isolé. Les propriétés se présentent toujours isolées les
unes des autres, et la première difficulté, si on veut comme un individu, c’est de
reconstituer son unité, de la reconquérir sur la division apparente : cela n’est
possible qu’à condition de découvrir la propriété fondamentale, celle d’où on
pourra, compte tenu des diverses situations dans lesquelles se présente l’objet
étudié, dériver toutes les autres.
242p : Ce nom propre ne possède donc pas le même statut ontologique que le
nom propre ordinaire : celui-ci s’applique à l’espace et au temps et présente un
nombre indéfini de traits distinctifs : seule cette dernière mérite le qualificatif
d’individuel, tandis que la première apparaît comme une classe.aucune
individualité épistémique ne tient compte à elle seule de la totalité des traits qui
constituent une individualité empirique
247p : on voit mal comment la connaissance qui prend pour objet l’homme
pourrait se passer sous un angle ou sous un autre de le rapporter au temps. Il y a
une psychologie génétique, une linguistique diachronique, une psychanalyse qui
étudient elles aussi les comportements dans l’évolution.