TutoHarmo 1 PDF
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Attention ! Je considère comme acquises les notions de bases : intervalles, gammes, degrés
et tonalités, données dans le tutorial de Setzer.
Je ne parlerais ici que de l'harmonie tonale classique, assez convenue et limitée, mais qui
est à la base de presque toute la musique actuelle. Par convention l'exemple que je prendrais
sera toujours la gamme de Do Majeur, ou La Mineur pour les cas spécifiques au mode mineur.
NB : Quand je parle de degré harmonique je désigne non pas la note de la tonalité mais
l'accord porté par cette note. Exemple : « le degré I de la tonalité de do majeur » désigne
l'accord de Do Majeur (=Do Mi Sol), « le degré II de la tonalité de do majeur » désigne
l'accord de Ré Mineur (=Ré Fa La) etc...
Je vais faire deux parties :
● La première sera sur l'enchainement des accords uniquement, c'est à dire
« Après tel accord mettre celui ci »
● La deuxième sera sur la manière de faire progresser les différentes voix pour
créer ces accords sans faire de platitudes, je parlerais des chiffrages,
renversements, doublures etc...
Les exemples sont disponibles en MIDI en cliquant sur l'icône Haut parleur, mais mieux vaut les
jouer soi même au piano pour mieux les sentir.
1. ACCORDS SIMPLES
En Do Majeur :
Dans le cadre d'une tonalité deux accords ont un rôle majeur : le degré I et le degré V
Le degré I (tonique) est un degré stable. Une fois dessus, on a une impression tranquille.
Le degré V (dominante)est un degré de tension. Il donne envie de se résoudre sur le degré I.
NB : Le degré V est très souvent enrichi avec une septième (mineure) qui accentue la
tension (quand je dis tension c'est pas violent hein, juste une incitation à retomber sur
l'accord du degré I).
Cadence
La phrase type en écriture tonale est donc de cette forme : (conclusive) Accord du
degré I
Résolution
Accord du Evolution harmonique Accord du
degré I degré V
(facultative)
Stabilité Transition Tension
Repos sur le degré
Demie V
cadence Suspens
Les degrés IV et II (FaM et Rém) intercalés au milieu représentent la transition vers la tension du
degré V.
Et maintenant ? Voyons voir les accords qui se trouvent dans la zone de transition.
B)Les degrés II IV et VI
I VI IV II V I
Do M La m Fa M Ré m7 SolM7 DoM
I II VI IV V I
Do M Rém7 Lam FaM SolM7 DoM
Ici le problème est l'enchainement II -> VI. En effet le degré II est assez proche du degré
V dans la progression classique, et au contraire le degré VI proche du degré I. La sensation
d'avancée dans la phrase avec le degré II est contredite par un retour au degré VI malvenu.
Écoutez vous même !
Tout cela ne laisse pas beaucoup de choix c'est vrai, alors voyons voir la suite...
C)Broderies du degré I
➔ Une fois parti du degré I, il semble jusque là n'y avoir qu'un seul choix : prendre un des
chemins possibles par les degrés VI, IV, et II, arriver sur le degré V, cadence ou demie
cadence, et on recommence sur le degré I... Et bien pas vraiment.
Il est possible de revenir au degré I après avoir joué un ou deux accords parmi les degrés
IV et VI. Cependant ces accords sont alors interprétés non pas comme une progression vers
la tension du degré V qui soudain revient à zéro, mais comme des broderies de l'état de
stabilité initial.
De cela découle ce constat : Si la progression harmonique s'éloigne trop longtemps ou trop
visiblement du degré I (notamment avec un degré II), y revenir ne fera qu'une sensation de
stagnation. (à vrai dire ce n'est dans la musique actuelle absolument pas gênant pour l'oreille).
Pas de panique, je m'explique, exemple à l'appui :
I -------- (IV)--------- I IV II V I
Do M ( FaM ) DoM Lam Rém7 SolM7 DoM
Ici on a donc un retour au degré I depuis le degré IV, mais comme ce n'est qu'un accord
intercalé il n'y a absolument aucun problème à revenir au degré I. Le degré IV est intégré à
cette stabilité du degré I. Comme je l'ai dit plus haut, la broderie avec un degré II est très
rare en musique classique, mais peut être très jolie dans un autre cadre.
➔ Pour accentuer l'impression de rester sur la stabilité du premier degré, il est fréquent
pendant la broderie de garder à la basse la tonique. Voici le même exemple, avec basse :
I ----- (IV)------- I IV II V I
I VI II V I------(IV)------- I
Ça renforce vraiment la cadence, donc c'est en général pour les cadences finales, ou les
plus importantes.
J'en profite pour ajouter une petite feinte célèbre : Il est possible de jouer le degré IV de
la cadence plagale une fois majeur, puis mineur et enfin le degré I. C'est pas à caser partout
mais ça peut être très joli :
I VI II V I------(IV-IVm)--- I
I IV II (I)---------V I
I IV II V (V)-------I
La dissonance Do/Si qui se produit avec ce procédé est -il faut le dire- un peu brute,
aussi elle est largement abandonnée dans la musique moderne.
● Le dernier procédé, que j'aime beaucoup, est très très utilisé, étiré à l'excès,
dans les musiques à caractère épique pour renforcer une cadence. Il s'agit de
l'insertion d'un degré V avec une quarte à la place de la tierce avant le degré V de la
cadence. Pas de panique je m'explique, avec cette fois ci un exemple en La mineur
(seulement histoire de changer, en majeur ça marche aussi bien) :
I VI IV V* V I
F) La cadence rompue
La cadence rompue est une jolie feinte de cadence. Il s'agit de faire une cadence normale
mais de retomber sur le degré VI au lieu du degré I. Comme toutes les autres combinaisons ci
dessus, elle fonctionne aussi bien en majeur qu'en mineur, mais produit dans les deux cas un
effet très différent. L'effet en tout cas est une atténuation de la force de la cadence,
puisque le retour à la stabilité n'est pas complet... Dans la métaphore des ponctuations, la
cadence rompue est un point virgule, ou une virgule. Voyez plutôt :
A)« DOMINANTISATION » !
Derrière ce mot très barbare se cache un procédé extrêmement courant et utile en
musique tonale. Pour introduire la notion, je rappelle que la « dominante » est le petit nom du
degré V de la tonalité.
« Dominantiser » un accord, c'est donc le transformer pour qu'il obtienne une fonction
momentanée de degré V. La propriété la plus importante du degré V est l'incitation à revenir
sur le degré I qu'il produit. Lorsque qu'on dominantise un accord il va donc entraîner vers non
pas le degré I mais vers l'accord qui serait degré I si l'accord dominantisé était vraiment
degré V. Pas de panique je m'explique avec un exemple :
● Progression normale
sans dominantisation :
I VI IV II V I
● Progression altérée
avec dominantisation :
I VI IV VdeV V I
Si vous jouez les deux exemples vous devez normalement percevoir que l'accord noté « V de
V » incite à retomber sur le degré V, qui lui même incite à retomber sur le degré I.
Explications :
(1) Avec son fa diésé, le degré II obtient la morphologie (accord parfait majeur + 7ème) et
donc la valeur d'un degré V. Il s'agit alors d'un accord de Ré Majeur (7ème).
(2) Or Ré Majeur est le degré V de la tonalité de Sol Majeur. Il se résout donc sur le degré I
de Sol Majeur, c'est à dire l'accord de Sol Majeur.
(3) Mais nous sommes toujours en Do Majeur, et cet accord de Sol Majeur est le degré V de
Do Majeur et se résout donc sur le degré I avec la cadence conclusive.
C'est un peu dur à suivre mais si vous le jouez vous sentirez le changement engendrée par la
dominantisation.
Remarques :
– On note que l'accord dominantisé change d'appellation il est appellé ici « V de V », puisque
qu'il s'agit effectivement du degré V de Sol Majeur lui même degré V de la tonalité, c'est
donc « le degré V du degré V ». C'est un cas de figure courant mais pas le seul, puisque
qu'il est fréquent de trouver des « V de IV », « V de II ».
– Le degré qui suit l'accord dominantisé est donc en toute logique dit « tonicisé » puisqu'il
prend momentanément le rôle de degré I (tonique).
– En plus d'une altération pour en faire un accord parfait majeur, on ajoute souvent à
l'accord dominantisé une septième qui rend plus clair son rôle de degré V. Cette septième
n'est pas du tout obligatoire et peut même être un peu lourde dans certains cas.
– Il est possible de jouer une fois l'accord non-dominantisé, puis dominantisé (Vous pouvez
essayer avec l'exemple ci-dessus et l'exemple ci-dessous)
Sans dominantisation :
I VI II V I
Avec dominantisation :
I VdeII II V I
Variante : il est possible de jouer une fois l'accord non dominantisé, puis dominantisé
Et maintenant une petite astuce de dominantisation : Il est facile lorsque l'on suit une des
figures standards de dominantisation d'avoir un chromatisme ascendant à la basse.
En images , sur la même suite d'accords :
I VdeII II V I
(Si vous vous posez la question de pourquoi j'ai changé la disposition du deuxième accord aussi en haut, vous le
saurez dans le chapitre sur le mouvement des notes).
Cette montée chromatique à la basse peut être réalisée sur toutes les dominantisations
standards, vous pouvez vous exercer sur le premier exemple (V de V) là-haut.
I V I IV---->VdeSib I*
I V I VdeFa I*