Formation Sur Les Modeles Du Commerce Electronique (Eng)
Formation Sur Les Modeles Du Commerce Electronique (Eng)
Formation Sur Les Modeles Du Commerce Electronique (Eng)
Yvelines
MASTER 2
Droit des nouvelles technologies
de l’information et de la
communication
Bibliographie
1
- J. Calais-Auloy et G. Steinmetz, Droit de la consommation, Précis
Dalloz, 5eme ed.
- Jurislcasseur Communication, Fasc. 4810 : COMMERCE
ÉLECTRONIQUE ET PROTECTION DU CONSOMMATEUR par
ean-Michel Bruguière
2
- Yves Picod, Hélène Davo, Droit de la consommation, Armand Colin
2005
Revues :
- Contrats, concurrence et consommation
- Communication et commerce électronique
- Légicom
- Légipresse
- Bulletin d’actualité Lamy, Droit de l’informatique et des réseaux
- Bulletin d’actualité Lamy, droit de l’immatériel
sites internet :
http://www.droit-technologie.org/
http://www.canevet.com/
http://www.juriscom.net/
http://legal.edhec.com/
http://www.legalis.net/legalnet/
http://www.lex-electronica.org/
http://www.clic-droit.com/web/
http://www.droit-ntic.com/
http://www.foruminternet.org
3
INTRODUCTION
LE COMMERCE ELECTRONIQUE –
PERSPECTIVES ET ENJEUX JURIDIQUES
1 Rapport du groupe de travail présidé par M. Francis Lorentz sur le commerce électronique p 1
http://www.finances.gouv.fr/lorentz
2 ce quine manque pas de poser d’ailleurs des difficultés de qualification juridique quant il s’agit de
consommateurs qui développent une quasi activité de marchand de biens. C’est ainsi qu’un tribunal
correctionnel a décidé de qualifier un particulier ayant vendu un nombre important d’objets sur un site
4
Avec plus de 12 millions d'accès Internet, dont 9,4 d'abonnés haut
débit, selon les derniers chiffres publiés par l'Autorité de régulation des
communications électroniques et des postes, l'e-commerce continue son
essor rapide dans l'Hexagone .
de vente aux enchères : Trib. Correc. Mulhouse 12 janvier 2006, Comm. Com. électr. 2006, comm.
112 note L. Grynbaum, également sur cette question Rep. Min. n° 53223, JOAN Q. 1 er mars 2005, p
2248, Recomm. Du forum des droits de l’internet « commerce entre particuliers sur l’internet » 8
novembre 2005
3 C’est d’ailleurs pour cette raison que le « forum des droits sur l’internet » a publié des
recommandations consistant : pour les vendeurs : de respecter des règles fiscales et sociales pour
les particuliers dont le niveau d'activité de vente en ligne s'assimile à celui d'un professionnel de la
vente à distance ; pour les acheteurs : d'utiliser des outils de paiement sécurisés (carte bancaire,
chèque, etc.), notamment pour l'achat de biens de forte valeur ; pour les plates-formes de mise en
relation : de proposer aux vendeurs des outils techniques permettant de respecter les formalités
légales (double clic) ; de mettre en place une signalétique des vendeurs s'étant déclarés
5
Le réseau de guides d'achat LeGuide.com référençait pour sa part
un total de 6.903 e-commerçants implantés en France au 1er octobre
2006, contre 4.429 en octobre 2005, soit une hausse de près de 56 %
sur un an. Les catégories de produits 'Culture et Loisirs' et 'Vie pratique'
sont respectivement commercialisées par 47 % et 45 % des e-
commerçants. Les secteurs de la mode et de la beauté, de la culture et
des loisirs, et de l'informatique enregistrent les plus fortes hausses
durant le troisième trimestre 2006. 45,5 % des e-commerçants proposent
en outre des livraisons à l'étranger avec une forte concentration sur les
pays limitrophes : Luxembourg, Allemagne, Espagne et Belgique. Le
chiffre d’affaires total du commerce électronique e a été évalué à 450
milliards d’euros.
professionnels ; de renforcer l'information des utilisateurs ; pour les pouvoirs publics : de retenir
l'application du régime de responsabilité de l'hébergeur pour les plates-formes de mise en relation.
6
par correspondance où plus de 10% des commandes se font
aujourd'hui par Internet . Viennent ensuite les livres et la musique puis
l’alimentaire .
France : Le e-commerce en BtoC par secteur d'activité
(en 2004)
2004 (en
Poids en
Sites spécialisés dans... millions Croissance
2004
d'euros)
Tourisme (voyage, transport, hôtellerie) 2.080 51 % 42 %
High-Tech (informatique, multimédia, électronique grand
1.070 41 % 22 %
public, électroménager)
VPC généraliste 625 49 % 13 %
Produits culturels (livres, disques, vidéos) 325 20 % 7%
Cybermarchés (supermarchés en ligne) 154 11 % 3%
7
14 Air France 11 %
15 PriceMinister 10 %
Source : Médiamétrie//Netratings / 2007
présentes dans le commerce traditionnel. Par exemple, La Redoute annonce avoir réalisé au premier
semestre 2003, 12,7 % de son chiffre d'affaires en France sur Internet . 2,6 % du chiffre d'affaires du
groupe la Fnac est réalisé en ligne
8
spécialistes des liens sponsorisés (Overture…), certains sites de petites
annonces, les places de marché, ou encore les sites communautaires
(Friendster…). Certains de ces absolute players ont transposé un
business-model existant (courtiers), d'autres en ont inventé un (Google).
Les revenus reposent essentiellement sur le prélèvement de
commissions ou sur la publicité.
7Voir à cet effet l’étude de Michel Vivant, Le commerce électronique, défi pour le juge, D 2003, Chron
p 674
9
consommateur. Mais, d’un autre côté, celui-ci entre en relation avec des
opérateurs sur lesquels les lois consuméristes n’ont aucune prise. Si
l’ouverture au monde que permet internet démultiplie les capacités
d’action des consommateurs, elle favorise tout autant les actions
frauduleuses d’opérateurs peu scrupuleux et les risques d’abus. Les
règles consuméristes actuellement en vigueur doivent donc être
regardées sous des angles nouveaux pour s’assurer de leur pertinence
au regard de la dématérialisation et de l’internationalisation des
échanges .
10
Ainsi, est en train d’émerger un droit nouveau issu aussi en
grande partie de la pratique contractuelle9, de la coutume10 et de la
jurisprudence11.
Chron p 322
13 Se développe aussi, mais dans une moindre mesure, notamment par le biais du courtage en ligne, le C
11
la télécopie. L’utilisation des réseaux électroniques les différencient
cependant en ce qu’elle aboutit à une dématérialisation des supports
papiers utilisés lors des transaction, sans pour autant qu’il y ai de
modification quant à la nature juridique des opérations en cause qui
demeure inchangée. Les supports traditionnels, reposant sur l’écrit, sont
substitués par des supports nouveaux qui privilégient l’information sur la
forme, de sorte que les questions relatives à la sécurité et à
l’authentification des transactions s’en trouve renforcées.
12
risque. A cet égard, la distance est la meilleur manière d’éviter les abus de
faiblesse parce qu’il est plus facile de dire non à distance qu’en face14. Le
véritable danger vient de ce que le consommateur, qui choisit l’objet de la
vente à travers un écran d’ordinateur, n’en a pas la maîtrise physique
avant la livraison. Le contrat de vente est donc conclu avant qu’il ait pu
réellement se faire une idée des qualités réelles de la chose, d’où il résulte
parfois une déception de l’acheteur. D’autre part, l’acheteur paie avant la
livraison, ce qui n’est pas sans risque lorsque l’entreprise de vente par
correspondance est située à l’étranger ou n’est pas solvable.
gouvernement Jospin et s'est implanté à Morlaix (ville dont Marylise Lebranchu, ex-Garde des Sceaux
de Lionel Jospin après avoir été secrétaire d’Etat à la consommation et aux petites entreprises, a été
le maire et dont elle est toujours conseiller municipal). Cette cellule délocalisée de la Direction
générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a pour
vocation la surveillance du commerce électronique, mais aussi l'orientation et la gestion en ligne des
demandes d'information et des réclamations émanant tant des consommateurs que des entreprises.
Le CSCE travaille en collaboration avec un réseau de veille et de contrôle composés de 37
enquêteurs des directions départementales réparties sur le territoire français.
Outre les produits et services traditionnels fortement présents sur le Web, comme le voyage, la vente
de matériel informatique, les produits culturels ou l'alimentaire, le CSCE surveille également de près la
banque en ligne, les loteries ou les casinos.
13
codes de la consommation et du commerce, par les sites de commerce
électronique français17. En un an, le CSCE a reçu plus de 7.500
messages électroniques et a effectué 1.514 contrôles révélant 410
infractions présumées, contre 402 en 2002
17 http://www.men.minefi.gouv.fr/webmen/informations/pdf/csce.pdf
14
antiradar, des pointeurs laser interdits ou des articles de bain pour bébés
non conformes à la réglementation en vigueur.
15
des parties à la transaction – y compris des utilisateurs de l’Internet, des
prestataires de services et fournisseurs de contenu, des acheteurs, des
vendeurs, des entreprises, des systèmes technologiques et des serveurs
informatiques – peuvent se situer dans différents pays. L’incertitude peut
alors s’installer non seulement quant à savoir où les activités pertinentes
ont lieu, mais aussi – parce que les activités elles-mêmes peuvent avoir
des conséquences voulues et non voulues dans le monde entier – quant à
savoir où situer le lieu du litige, comment déterminer le droit applicable et
quel système juridictionnel peut être saisi du litige.
A Le principe
21 http://europa.eu.int/eur-lex/fr/lif/dat/1980/fr_480A0934.html
22 la Convention de Rome reprend en réalité un principe général de droit international privé établi de
puis longtemps : Cass Civ 5 décembre 1910, S 1911, p 129, note Lyon-Caen ; B. Ancel et Y.
Lequette, Grands arrêts dela jurisprudence française DIP, 4eme ed., Dalloz 2001 n° 11
23 pour un exemple de fraude cité par Julien Le Clainche (www.droit-ntic.com) : un créateur (auteur)
belge contracte avec une entreprise française qui, soucieuse de pouvoir déformer l’oeuvre, insère au
contrat une clause de renonciation au droit moral par l’auteur. Cette clause ne peut exister ni en droit
français ni en droit belge. Dès lors, la société française peut être tentée de placer le contrat sous
l’empire du droit américain qui ne fait que peu de cas du droit moral des auteurs. Il ne fait alors aucun
doute que la manoeuvre frauduleuse serait condamnée par le juge belge en cas de litige.
16
L'article 4 alinéa 2 présume que "le contrat présente les liens les
plus étroits avec le pays où la partie qui doit fournir la prestation
caractéristique a, au moment de la conclusion du contrat, sa résidence
habituelle ou, s'il s'agit d'une société, association ou personne morale,
son administration centrale ».
Conditions de la dérogation
24 Article 5 de la convention
17
S’agissant des règles de fond, les articles 5.2 et 5.3 introduisent
une dérogations aux principes édictés aux articles 3 et 4, si le contrat a
été souscrit dans l’une des circonstances suivantes :
ou
ou
Le fait est qu’une proposition peut être spécialement faite via le net
au moyen d’une page ou d’un site. C’est la technique du « pull ». Une
publicité peut l’être aussi par la technique du push, c’est à dire la
technique qui consiste à adresser une offre directement au
consommateur par un courrier électronique.
18
décide d'y conclure un contrat, ce qui constitue donc pour le
consommateur une attitude active et pour le prestataire une attitude
"passive" qui échappe à l'application de l'article 5.2 de la Convention de
Rome. Ils limitent dés lors l’application des dispositions de l'article 5.2
aux offres non sollicitées envoyées par courriers électroniques (le
prestataire adopte alors une attitude "active")26.
convention de Rome du 19 juin 1980, Rev Crit DIP 1980, n° 288, spéc n° 38
19
En raisonnant par analogie, on pourrait tout à fait admettre que le
cyber-consommateur peut être engagé selon la loi du pays dans lequel il
a pianoté sa commande.
Effet de la dérogation
29 Cass civ 1ere 12 juillet 2005, pourvoi n° 02-13960,à paraître au bulletin, Contrats, conc., consom.
2005, comm 196 note G. Raymond, Les annonces de la Seine, supplément au n° 43 du jeudi 29 juin
2006 p 2 obs Maximin de Fontmichel
30 Sans parler du projet destiné à établir un standard mondial unique tel que résultant de la loi type sur
le commerce électronique élaborée en 1996 par la Commission des Nations Unies pour le droit
commercial international (CNUDCI) (.“Loi type de la CNUDCI sur le commerce électronique et Guide
pour son incorporation” CNUDCI (1996), consultable sur le site
http://www.uncitral.org/english/texts/electcom/ml-ec.htm.
La CNUDCI précise qu’elle a décidé “d’élaborer une législation type sur le commerce électronique du
fait que, dans un certain nombre de pays, la législation régissant les communications et l’archivage de
l’information est inadaptée ou dépassée, car elle n’envisage pas le recours au commerce
électronique”. La loi type vise à assurer le même traitement juridique aux contrats en ligne et hors
ligne (en adoptant “une approche neutre quant à la technique d’information”) en établissant des
normes et des règles de validation des contrats conclus par voie électronique, en définissant les
critères de validité d’un message et d’une signature informatisés et en servant de guide pour la
reconnaissance juridique des messages informatisés (l’admissibilité des messages informatisés et ses
éventuelles limites). Le Guide pour l’incorporation dans la loi interne de la loi type stipule que la loi
type “n’a pas pour objet de prévaloir sur la législation nationale en matière de formation des contrats,
mais plutôt de promouvoir le commerce international en réduisant les incertitudes juridiques quant à la
conclusion de contrats par des moyens électroniques”.
20
1°) En premier lieu, l’article 5.2 pose une importante dérogation au
principe général de l'autonomie de la volonté : la liberté de choix ne peut
pas avoir pour résultat de priver le consommateur de la protection que lui
assurent les dispositions impératives de la loi du pays dans lequel il a sa
résidence habituelle.
C’est ainsi que la Cour de cassation a jugé que l’on ne pouvait pas
appliquer la loi allemande à un contrat de courtage matrimonial signé par
un consommateur démarché à son domicile en France, lieu où il avait
signé le contrat, dès lors que le choix de cette loi n’était pas explicite33.
Il faut enfin préciser que, quelle que soit la loi applicable en vertu
de la convention, celle-ci réserve l’application des lois dites de police,
c’est à dire, toute réglementation particulièrement nécessaire à la
31 dans ce sens, Cass. Civ. 1ere 23 mai 2006, pourvoi n° 03/15637, à paraître au bulletin, qui range
dans les lois impératives les dispositions relatives au crédit à la consommation
32 On ajoutera que la protection du consommateur prévue à l’article 5.2 de la convention de Rome se
trouve renforcée par l’article L135-1 du Code de la consommation, relative aux clauses abusives, qui
prévoit que « Nonobstant toute stipulation contraire, les dispositions de l’article L132-1 sont applicables
lorsque la loi qui régit le contrat est celle d’un Etat n’appartenant pas à l’Union européenne, que le
consommateur ou le non-professionnel a son domicile sur le territoire de l’un des Etats membres de
l’Union européenne et que le contrat y est proposé, conclu ou exécuté. » Ainsi le consommateur
français peut invoquer le bénéfice des dispositions du code de la consommation sur la prohibition des
clauses abusives même dans l’hypothèse où le contrat est soumis à une loi étrangère.
33 Arrêt n° 11-2 Cass 1ere civ 12 juillet 2005, pourvoi n° 02-16915, à paraître au bulletin, comm. Com.
Electr 2005, comm 189 note C. Chabert Les annonces de la Seine, supplément au n° 43 du jeudi 29
juin 2006 p 2 obs Maximin de Fontmichel
21
sauvegarde de l’organisation politique, sociale et économique d’un
pays34.
note C. Chabert,
22
protectrices du consommateur peuvent être qualifiées de loi
impératives37 et s’appliquer à des contrats transfrontaliers même si les
conditions de l’article 5.2 de la convention sont réunies (en l’espèce les
consommateurs avaient pris l’initiative de souscrire avec un étranger)
37 ce qui ne veut pas dire pour autant que toutes les dispositions du Code de la consommation
relèvent des lois de police.
38 Rome I), 15 décembre 2005, COM(2005) 650 final 2005/0261, Comm., com. Electr 2006, comm. 27
note C. Chabert, D 2006, p 1597, RDC 2006/4 obs. Deumier, p 1253, D 2006, note M. Audit, Dr. et
Patrimoine dec. 2006, Chron. M.E. Ancel,
39 la notion « d’activité dirigée » se rapproche de la distinction faite par la Cour de cassation entre
« site actif et site passif » dégagé à l’occasion de l’affaire dite Hugo Boss (Cass com 11 janvier 2005,
D 2005 p 428 obs C. Manara, JCP ed G 2005 II, 10055 note C. Chabert, Comm. Com. Elmlectr 2005,
comm 37 note Caron,), également 1ere civ 9 décembre 2003, D 2004 p 276 obs C. Manada, Comm.
Com. Emectr. 2004, comm. 40 note C. Caron, JCP ed G 2004, II, 10055 note C. Chabert, qui invite le
juge à rechercher, à partir d’un certain nombre d’indice la volonté de l’opérateur de démarcher la
clientèle d’un territoire
23
l’ignorance de la résidence du consommateur non imputable au
commerçant.
24
- frais de livraison, le cas échéant,
- modalités de paiement, de livraison ou d’exécution,
- existence d’un droit de rétractation
- coût de l’utilisation de la technique de communication à distance,
lorsqu’il est calculé sur une base autre que le tarif de base,
- durée de validité de l’offre ou du prix
- le cas échéant, la durée minimale du contrat dans le cas de contrats
portant sur la fourniture durable ou périodique d’un bien ou d’un service.
b) Démarchage à distance
c) Droit de rétractation
d) Exécution de la commande
e) Entrée en vigueur
25
du titre II du livre 1er du code de la consommation (article L 121-16 et
suivants) . Nous l’étudieront plus en détail ultérieurement.
L'harmonisation de ces différents " points clés " permet de considérer que
les législations des différents Etats membres dans ce domaine seront
désormais globalement équivalentes, même si elles ne sont pas
identiques dans le détail. Une entreprise opérant à partir d'un Etat membre
respectera les exigences des autres Etats membres, et n'aura que peu
d'obligations complémentaires à satisfaire.
40voir notamment à ce sujet « Directive sur le commerce électronique « Légipresse juin 2002 n°
172, IV p 51 commentaire L. Bochurberg
26
- la communication commerciale doit être clairement identifiable comme
telle, la personne physique ou morale pour le compte de laquelle la
communication commerciale est faite doit être clairement identifiable
Elles doivent être identifiées de manière claire et non équivoque dés leur
réception par le destinataire.
Les Etat membres doivent veiller à ce que leur système juridique rende
possible la conclusion des contrats par voie électronique, notamment à
ce que le régime juridique applicable au processus contractuel ne fasse
pas obstacle à l’utilisation des contrats électroniques ni ne conduise à
priver d’effet et de validité juridiques de tels contrats pour le motif qu’ils
sont passés par voie électronique
27
- les différentes étapes techniques à suivre pour conclure le
contrat, si le contrat une fois conclu est archivé ou non par
le prestataire et s’il est accessible ou non,
- les moyens techniques pour identifier et corriger les
erreurs commises dans la saisie des données avant que la
commande ne soit passée,
- les langues proposées pour la conclusion du contrat.
B la libre circulation
28
- un contrôle à la source des activités via la responsabilité
des Etats membres à l'égard des prestataires établis sur
leur territoire.
1) La liberté de circulation
Ainsi, dès que la directive aura été transposée dans chacun des
quinze Etats membres, un prestataire établi en France pourra librement
exercer ses activités dans ces quinze Etats ; il devra simplement pour ce
faire respecter la loi française. Inversement, tout prestataire établi dans
un Etat membre autre que la France pourra librement exercer ses
activités en France; il devra respecter la loi de l'Etat membre dans lequel
il est établi.
2) Le contrôle à la source
29
une durée indéterminée. 41
Cette directive, qui doit être transposée par les Etats membres
avant le 17 janvier 2002, ne l’a été par la France que le 22 juin 2004,
date de promulgation de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la
confiance dans l’économie numérique .
Définition
41cf « Directive sur le commerce électronique « Légipresse juin 2002 n° 172, IV p 51 commentaire L.
Bochurberg.
30
- l’exercice d’une activité économique, ce qui exclut les activités
purement désintéressées, par exemple un site personnel qui
fournit de l’information gratuite,
31
Le libre exercice
32
4° Des dispositions relatives à l'interdiction ou à l'autorisation de la
publicité non sollicitée envoyée par courrier électronique ;
33
L’Etat du serveur ou l’Etat d’enregistrement du nom de domaine ne
peuvent non plus, à eux seuls, en l’absence d’autres éléments,
caractériser le lieu d’établissement45
N’est pas non plus retenu le critère pouvant être tiré "public cible",
c'est à dire le public ou les publics visés par l'éditeur du site .
34
2° De déroger aux règles de forme impératives prévues par la loi
française pour les contrats créant ou transférant des droits sur un bien
immobilier situé sur le territoire national ;
Son article 2 dispose que « La vente est régie par la loi interne du
pays désigné par les parties. Cette désignation doit faire l’objet d’une
clause expresse ou résulter indubitablement des dispositions du contrat.
La limite est alors la fraude à la loi. »
47je n’aborderai pas la Convention de Vienne relative à la vente internationale de marchandise qui
porte sur le fond du droit et non sur la détermination de la loi applicable.
35
La convention réserve elle aussi, à son article 5, le jeu des lois de
police, ce qui aboutit aussi à faire appliquer les lois locales de protection
des consommateurs.
A Le principe
36
Aux termes de son article 2 , le critère de compétence générale est
déterminé par le territoire du domicile du défendeur : les personnes
domiciliées sur le territoire d'un État contractant sont attraites, quelle que
soit leur nationalité, devant les juridictions de cet État.
50 La Cour de cassation admet elle aussi la prorogation internationale de compétence (Cass Civ 1ere 17
décembre 1985, rev crit DIP 1986, n° 537).
37
électronique qui permet de consigner durablement la convention est
considérée comme revêtant une forme écrite".
38
devant les tribunaux de son domicile soit devant ceux du domicile de
l'autre partie.
39
l’Etat sur le territoire duquel est domicilié son contractant ou devant les
tribunaux de l’Etat sur le territoire duquel il est lui-même domicilié.
Pour les autres pays, la compétence est, s’il en existe, définie par
une convention bilatérale, soit, à défaut, par extrapolation des dispositions
de l’article 46 du nouveau code de procédure civile selon lesquelles le
demandeur peut saisir à son choix, outre la juridiction du lieu où demeure
le défendeur, en matière contractuelle, la juridiction du lieu de la livraison
effective de la chose ou du lieu de l'exécution de la prestation de service.
52(Cass civ 1ere 17 décembre 1985, Rev Crit DIP 1986, n° 537 note Gaudemet-Tallon, D 1986, IR p 265
obs Audit, également l’article 17 de la convention du 16 septembre 1988 de Lugano.
40
CHAPITRE I
LA PRESENTATION COMMERCIALE
41
qui, outre la présentation informative d’un produit, vise à
provoquer à sa consommation.
La SA coopérative " Compagnie Financière du Crédit Mutuel
de Bretagne " ne peut donc sérieusement contester que le
site internet qu’elle a créé constitue un support publicitaire,
puisqu’il vise tant par son existence même que par son
contenu à favoriser son action commerciale. Elle ne peut pas
plus sérieusement contester que la présentation qu’elle fait
sous un jour attirant de contrats de crédit qu’elle offre à la
souscription ne constitue pas une publicité.
2006
Presse 7.032,3 + 9,5% 33,15 % - 0,35 point
Télévision 6.327,4 + 9,1 % 29,83 % - 0,37 point
42
Presse 6.414 + 2,8 % 33,5 % - 0,0 point
Télévision 5.789 + 1,3 % 30,2 % - 1,4 point
Radio 3.140 + 6,9 % 16,4 % + 0,2 point
Publicité extérieure 2.479 + 3,6 % 12,9 % - 0,3 point
Internet 1.134 + 73,9 % 5,9 % + 2,3 points
Cinéma 179 + 33,8 % 0,9 % + 0,2 point
Médias tactiques 15 + 63,4 % 0,07 % stable
Total 19.150 + 5,9 % 100,0 % -
2004
Presse 6.210 + 8,4 % 34,0 % - 1,2 %
Télévision 5.720 + 6,4 % 31,2 % - 3,7 %
Radio 2.940 + 9,9 % 15,9 % - 1,2 %
Publicité extérieure 2.410 + 10,6 % 13,8 % + 4,5 %
Internet 840 + 78,1 % 4,6 % + 64,3 %
Cinéma 130 + 2,6 % 0,7 % - 3,6 %
Total 18.250 + 10,2 % 100,0 % -
Source : TNS Media Intelligence
Tous secteurs hors auto-promotion & abonnement, en millions d'euros
* Univers constant 2006 vs 2005 : hors régies Hi Média, Adlink, Boursorama, Doctissimo, Groupe Tests,
Interdeco Digital, Groupe Marie Claire, Interpsycho, Voyages-Sncf.com
** Univers constant 2006 vs 2005 : hors Affigolf, Media Tables, Reseaudience
Les dix premiers annonceurs au premier semestre 2005 en France
Investissements
Société Evolution S1 2004 - S1 2005
(en millions d'euros)
Ebay 33,1 x 4,3
Switch Voyages 23,8 x 2,7
SNCF 21,5 x 1,4
Cofidis 13,7 x 5,9
Karavel 13,6 x 1,5
SFR 11,8 x 5,8
Expedia 10,9 x 2,5
France Télécom 10,0 x 1,6
Ilius / Meetic 6,4 nc
Microsoft 6,3 x 1,8
Source : TNS Media Intelligence / IAB France, septembre 2005
Les télécoms, dont le budget publicitaire a été multiplié par 2,4 en un an, représentent le
premier secteur en termes d'investissement : 106 millions d'euros au premier semestre, pour
22,6 % de parts de voix. Ensuite viennent le tourisme (91 millions d'euros, + 76 %), qui est
par ailleurs le secteur pour lequel la part de marché d'Internet est la plus importante (21,4 %
des budgets pub), et les services (55 millions d'euros, + 37 %).
eBay est le premier annonceur sur la période avec un budget multiplié par 4,3 de 33,1
millions d'euros. Derrière eBay, figurent Switch Voyages (Partirpascher.com), qui a investi
23,8 millions d'euros en e-pub, et la SNCF (21,5 millions d'euros). Meetic entre dans le
classement des dix premiers annonceurs online à la neuvième position, avec 6,4 millions
d'euros d'investissements, devant Microsoft (6,3 millions d'euros).
43
Source : TNS Media Intelligence / IAB France, septembre 2005
44
Pour éviter que le professionnel n’abuse de l’information que lui
confère sa compétence pour tirer des profits illégitimes, le droit de la
consommation l’oblige à la partager avec son cocontractant. Lorsque la
diffusion de l’information est spontanée de sa part, il s’assure de sa
loyauté.
Par ailleurs, la loi de 1986 sur l’audiovisuel énonce dans son article
43 al.2 que “ les messages publicitaires doivent être mentionnés comme
tels ”.
54 Art. 1 IV de la loi « On entend par communication au public en ligne toute transmission, sur
demande individuelle, de données numériques n'ayant pas un caractère de correspondance privée,
par un procédé de communication électronique permettant un échange réciproque d'informations
entre l'émetteur et le récepteur.»
55 art 1 IV « on entend par courrier électronique tout message, sous forme de texte, de voix, de son ou
d’image, envoyé par un réseau public de communication, stocké sur un serveur du réseau ou dans
l’équipement terminal du destinataire, jusqu’à ce que ce dernier le récupère”
45
que les concours ou les jeux promotionnels, adressés par courrier
électronique, doivent pouvoir être identifiés de manière claire et non
équivoque dès leur réception par leur destinataire ou, en cas
d’impossibilité technique, dans le corps du message
56 pour une étude plus approfondie sur ce sujet voirV. Sedaillan, à propos de la responsabilité des
outils de recherche, Juriscom.net 19 février 2000, T. Verbiest et E. Wery, la responsabilité des
fournisseurs d’outil de recherche et d’hyperliens du fait du contenu dess sites recherchés, Legipresse
n° 181, mai 2001, p 49, A. Dimeglio, Le droit du référencement dans l’internet Th Montpellier I, 2002),
C. Manara sous CA Paris 15 mai 2002, D 2003, AJ p 621, Varet, Les risques juridiques en matière de
liens hypertextes, Legipresse n° 196, nov 2002, p 146
57 Le referencement payant aurait atteint 4 milliards de dollars en 2004 outre atlantique et serait
appelé a croitre de 24 % par an jusqu’en 2008 {Le Monde du 24 mars 2005 p 20)
46
Commentaire Le marché des liens sponsorisés aux Etats-Unis a frôlé les 20 milliards
d'affichages au mois de mars sur les plus grands moteurs de recherche, selon ComScore
qSearch. Le top 10 des annonceurs dans le domaine du lien sponsorisé, qui pèse pour près de
16 % du marché, s'avère partagé entre les sites marchands et les comparateurs de prix. Sans
surprise, eBay domine largement le classement, avec plus de 4 % de parts de marché des
affichages de liens sponsorisés.
T4 2005 1,39
Source : Fathom Online, janvier 2007
47
Par exemple, sur le site Goggle ces annonces apparaissent sur un fond légèrement
coloré sous le titre “liens commerciaux”, bien que le premier bandeau de publicité ait
tendance à se confondre avec les résultats de la recherche, étant disposé de la
même façon, et la formule [lien commercial] étant peu visible à l’extrémité droite.
Ill s’agit là du résultat des deux procédés de publicité vendus par la société GOOGLE
FRANCE sur son site ; le premier intitulé “Premium Sponsorship” est ainsi défini :
“Votre message publicitaire apparaît en haut des pages de résultats de recherche
Google, lorsque des mots clés ou expressions acheté(e)s figurent dans les termes de
recherche des utilisateurs Google”
Le second qui s’appelle “Adwords”, est ainsi présenté : “choisissez les mots clés
correspondant à votre activité Vos liens commerciaux ne s’afficheront que dans les
résultats de recherche portant sur ces mots clés”. “Adwords” “vous permet de gérer
votre compte personnel et avec la facturation au coût par clic (CPC), vous payez
seulement quand quelqu’un clique sur votre publicité. Vous contrôlez vos coûts en
établissant votre budget au quotidien au montant que vous êtes prêt à dépenser
chaque jour”
58 également de cette opinion J. Huet, « Encore une modification du Code civil pour adapter le droit
des contrats à l’électronique », JCP 2004, ed. G., I, 178
59 je n’évoquerai pas, dans ce cours, les problèmes de droit des marques et de la propriété
intellectuelle que posent en outre les moteurs de recherche et le référencement – cf TGI Nanterre 13
octobre 2003, Viaticume c/ Google France, D 2003, Jur, Act. P 2885 obs Cédric Manara, Sabine
Lipoveski et Fabrice Perbost, Référencement de sites et droit des marques : analyse comparée Etats
Unis/France, Communication, commerce électronique octobre 2003, chron p 20
48
Grace à son coût réduit et sa facilité d’utilisation, le courrier
électronique offre de bien plus grandes possibilités de démarchage de
clientèle par publipostages que les méthodes classiques recourant au
courrier postal ou à la télécopie.
Le « spam » ou « spamming »60 (également appelé pollupostage,
terme approuvé par la commission de terminologie ) est défini dans par
la C.N.I.L.(61.) comme "l’envoi massif – et parfois répété – de courriers
électroniques non sollicités, le plus souvent à caractère commercial, à
des personnes avec lesquelles l’expéditeur n’a jamais eu de contact et
dont il a capté l’adresse électronique dans les espaces publics de
l’Internet : forums de discussion, listes de diffusion, annuaires, sites
Web, etc. "62
Il peut être considéré comme constituant une dérive du marketing
en ligne qui permet aux entreprises de " toucher " rapidement,
directement et massivement les internautes par le biais de leur boite aux
lettres électronique, et de réduire ainsi considérablement l’ensemble des
frais qu’il leur faut engager et ce, d’autant plus que c’est en réalité le
destinataire qui paie le coût des communications.
Ainsi, selon une étude réalisée par Radicati Group, le spam représenterait une perte
pour les entreprises dans le monde de 20,5 milliards de dollars en 2003. En 2007,
cette somme devrait atteindre 198,3 milliards de dollars.
60 à lire notamment Le spamming dans le collimateur de la justice par G Hasas et O. de Tissot, Les
annonces de la Seine du 8 avril 2002, n° 23. Vincent Varet, « le cadre juridique du spam : état des
lieux, Communication –commerce électronique septembre 2002 chron n° 21
61 Le Publipostage électronique et la protection des données personnelles », CNIL, Rapport présenté
destinataires » TGI Paris, 15 janvier 2002, Mr PV c/ Liberty Surf et Free ; Dalloz, 2002, n° 19, note L.
Marino, « La bonne conduite sur Internet : ne pas spammer », p. 1544, Juriscom.net,
http://www.juriscom.net/jpt/visu.php?ID=317.
49
Octobre 2004 69 % 87 %
Septembre 2004 75 % 85 %
Août 2004 76 % 82 %
Juillet 2004 75 % 80 %
Juin 2004 76 % 78 %
Mai 2004 78 % 75 %
Avril 2004 78 % 76 %
Mars 2004 77 % 73 %
Février 2004 76 % 69 %
Janvier 2004 79 % 72 %
Source : Postini, FrontBridge Mis à jour le 23/11/2004
50
Source : Radicati Group Mis à jour le 26/08/2004
Les principaux canaux du spam (source Federal Trade Commission, novembre 2002)
Où sont le plus spammées les adresses e-mails ?
(étude menée sur six semaines à partir de 275 nouvelles adresses e-mails postées sur 175 supports différents)
Support de publication de l'adresse e-mail Part des adresses spammées
Chat room 100 %
Newsgroup 86 %
Page Web d'un site standard 86 %
Page Web d'un site perso 50 %
Forum 27 %
Webmail 9%
CV en ligne 0%
Messagerie instantanée 0%
Service de rencontre 0%
Whois (fiche d'enregistrement d'un nom de domaine) 0%
Origines du spam
(Entre avril et juin 2006)
Rang Pays Part des spams
1 Etats-Unis 23,2 %
2 Chine (et Hong Kong) 20,0 %
3 Corée du Sud 7,5 %
4 France 5,2 %
5 Espagne 4,8 %
6 Pologne 3,6 %
7 Brésil 3,1 %
8 Italie 3,0 %
9 Allemagne 2,5 %
10 Royaume-Uni 1,8 %
11 Taiwan 1,7 %
12 Japon 1,6 %
13 Autres pays 22,0 %
Source : Sophos Mis à jour le 24/07/2006
51
En ce qui concerne la France, une étude réalisée par la CNIL
révèle que 85% des messages électroniques non sollicités sont rédigés
en Anglais, 7% en français et 8% d’origine asiatique. La majorité d’entre
eux sont de nature pornographique. Les messages en langue anglaise
concernent principalement les produits financiers (39%) et le secteur de
la santé (13%), tandis que ceux rédigés en français sont moins
spécialisés. Il a aussi été constaté que la pratique du spam est
essentiellement le fait de petites entreprises qui y voient un moyen
efficace et peu onéreux d’améliorer leur communication commerciale.
Cependant, utilisée massivement depuis 1994, une telle pratique
suppose pour être légale, que les entreprises aient préalablement
collectées les adresses, auxquelles elles envoient ces courriers non
sollicités.
Celles-ci sont collectées la plupart du temps sur les forum de
discussion ou sur les sites où figurent l'organigramme et les mails d'une
équipe. Pour se les procurer, les spammers utilisent des moteurs de
recherche d'e-mails qui scannent sur les espaces publics de l'Internet,
tout ce qui comporte une arobase et un .com, un .net, ou un .org.
Ensuite, le collecteur applique ou non un filtre pour nettoyer le fichier afin
d'écarter tout ce qui n'est pas une adresse e-mail. Ils peuvent également
se procurer ces fichiers d'adresses en les achetant ou en les louant.
.
52
l’émetteur de mettre en place un système permettant aux utilisateurs
d’exprimer leur refus de recevoir des envois non sollicités (c’est le
système mis en place en France pour les envois publicitaires postaux).
La directive laisse toutefois la possibilité aux Etats membres de choisir
de système plus favorable au consommateur dit de " l’opt-in " qui oblige
les prospecteurs à obtenir le consentement des internautes à recevoir
des sollicitations préalablement à tout envoi de courrier électronique
C’est ainsi que l’Allemagne, l’Italie, la Finlande, l’Autriche et le Danemark
ont consacré " l’opt-in " pour réglementer la pratique du spamming sur
leur territoire63.
La directive du 8 juin 2000 prévoit que lorsque le choix se porte
vers " l’opt-out ", les prestataires qui envoient des communications
commerciales non sollicitées doivent consulter régulièrement le registre
sur lequel s’inscrivent les personnes physiques qui ne désirent pas en
recevoir.
Elle impose par ailleurs que des mesures d’accompagnement
soient adoptées : identification claire et non équivoque par l’expéditeur
des communications commerciales, de la personne pour le compte de
laquelle ces communications sont faites ; identification de la nature
commerciale des messages dès leur réception par le destinataire.
63 outre Atlantique, les Etats Unis ont adopté en novembre 2003 le principe du Opt Out : le courrier
électronique non sollicité ne devient illégal et abusif que si son destinataire continue de le recevoir
après avoir demandé à être exclu des bases de données de l’émetteur. Cette nouvelle réglementation
oblige aussi les spammeurs à s'identifier clairement et contraint les publicitaires et les sociétés de
marketing en ligne seront contraints de retirer de leur fichier tout internaute qui en fera la demande.
53
ou services analogues", dès lors que l'internaute a la faculté de s'y
opposer.
Il s'agit donc, dans ce cas précis, d'un retour au système de l'opt-
out.
a) Champ d’application
- La technique de communication
54
communication, stocké sur un serveur du réseau ou dans l’équipement
terminal du destinataire, jusqu’à ce que ce dernier le récupère».
64 Florence Santrot, « Le « spam up », nouvelle plaie du web ». Le Journal du Net, 21 juillet 2003.
55
- la nature du message
- personnes visées
65Rapport du 27 février 2004, accessible à l’adresse suivante : l’avis 5/2004 portant sur les
communications de prospection directe non sollicitées selon l'article 13 de la Directive 2002/58/CE
56
adresse de courrier électronique « personnelle » doit être considéré
comme de la prospection envers des personnes physiques
66 Cf sur ce sujet Eric Caprioli, « loi du 6 aout 2004, Commerce à distance sur l’internet et protection
des données à caractère personnel », Communication – commerce électronique, février 2005, Etudes
p 24
67 CNIL « le publipostage électronique et la protection des données personnelles » 14 octobre 1999 »
68 TGI Paris 6 juin 2003, “Attendu qu’il apparaît, ainsi, incontestable que l’utilisation faite par le
prévenu du fichier litigieux, consiste en un traitement automatisé de données visées par l’article 226-
16 du code pénal puisque les adresses électroniques rassemblées dans ce fichier constituent bien
des informations nominatives, au sens de l’article 4 de la loi du 6janvier 1978, dès lors qu’elles
permettent l’identification des personnes auxquelles elles s’appliquent ; Attendu qu’il n’est pas
contesté en outre que cette utilisation a été réalisée, en l’absence de toute déclaration préalable du
fichier en cause auprès de la CNIL dans les conditions prévues par l’article 16 de la loi 78-17 du 6
janvier 1978 auxquelles renvoient les dispositions de l’article 226-16 précité”. Décision disponible sur
le site du Forum des droits de l’internet : www.foruminternet.org.
57
l'article 226-18 du Code pénal69. L’est aussi le fait de collecter des
données en corrompant des agents d'EDF qui se faisaient passer à une
société d'assurances des renseignements70, ou, selon la CNIL, la
pratique consistant à envoyer en nombre des SMS : « Quelqu'un t'aime
en secret et nous a chargé de te prévenir, devine qui a flashé sur toi en
appelant le ... », afin de collecter ainsi les numéros de mobiles de ceux
qui répondent71.
de l'article 90 du décret no 2005-1309 du 20 octobre 2005, prévoyant une amende prévue pour les
contraventions de la 5e classe
58
On précisera enfin que, selon l’article 38 reconnaît aux personnes
physiques un droit d’opposition :
59
au consommateur sur la possibilité qui lui est offerte de manifester son
opposition devraient faire l’objet d’un décret en Conseil d’Etat ultérieur.
- Exception
74 pour une opinion contraire : Thomas Dautieu in Le nouveau régime juridique applicable à la
prospection directe opérée par voie électronique » GP 31 octobre 2003, Doctr p 8
60
Il s’agit en d’autres termes de créer un régime dérogatoire
d'opposition préalable pour les fichiers de fidélisation (prior opt-out),
prévue par la directive du 12 juillet 2002, en levant l’interdiction de
sollicitation résultant de l’opt-in au profit de l’opt-out à l’égard de clients
antérieurs pour permettre le développement de la relation client, celui-ci
conservant, en toutes hypothèses, le droit de s’opposer à l’envoi ultérieur
de publicités.
- l’obligation de transparence
c) Sanctions
Le non respect des disposition prévues à l’article L 34-5 du Code des
postes et télécommunication est sanctionné à l’article R 10-1 du Code
des postes et télécommunication par une contravention de 5ème classe,
(750 euros) sans préjudice de l'application des sanctions prévues par
l'article 226-18 du Code Pénal en cas d’infraction à la législation sur la
collecte des fichiers informatiques (300.000 euros d'amende et cinq ans
d'emprisonnement).
75 le 6eme alinéa de l’art. 22 de la loi disposant en effet que : «Dans tous les cas, il est interdit
d'émettre, à des fins de prospection directe, des messages au moyen d'automates d'appel,
télécopieurs et courriers électroniques, sans indiquer de coordonnées valables auxquelles le
destinataire puisse utilement transmettre une demande tendant à obtenir que ces communications
cessent sans frais autres que ceux liés à la transmission de celle-ci. Il est également interdit de
dissimuler l'identité de la personne pour le compte de laquelle la communication est émise et de
mentionner un objet sans rapport avec la prestation ou le service proposé ».
61
Il est prévu par ailleurs que le consentement des personnes dont
les coordonnées ont été recueillies de manière licite avant la publication
de la loi peut être sollicité, par voie de courrier électronique, pendant
les six mois suivant la publication de la loi. A l'expiration de ce délai, ces
personnes sont présumées avoir refusé l'utilisation ultérieure de leurs
coordonnées personnelles à fin de prospection directe si elles n'ont pas
manifesté expressément leur consentement à celle-ci .
Ce régime permet à l'industrie du marketing direct de poursuivre
les campagnes d'e-mailing de prospection à partir de fichiers opt-in, en
protégeant les personnes qui n'ont pas accepté que leurs coordonnées
fassent l'objet d'un traitement.
Récapitulatif76 :
Si le destinataire est une personne morale (qu'il s'agisse d'une
entreprise, d'une association, d'une entité professionnelle etc.) le
procédé de l'e-mailing est légal, à la condition de respecter, pour tous les
e-mails, les points suivants :
* Présence, des coordonnées permettant de s'opposer, sans frais,
à tout nouvel envoi d'email (donc, système dit de l'"opt-out"),
* Identification valable de l'émetteur,
* "Objet" (au sens de "titre" de l'e-mail) en relation directe avec la
teneur du message.
En revanche, si le destinataire est une personne physique (peu importe
son statut : commercial, professionnel, ou purement privé) des règles
plus restrictives s'ajoutent au dispositions mentionnées ci-dessus :
* Si une relation commerciale a déjà commencé, avec le même
fournisseur avant l'entrée en vigueur de la loi, si elle portait sur des
produits et services analogues, et si cette relation a permis de
relever les coordonnées (entre autres : l' adresse email) par des
moyens licites, alors une telle relation dispense, définitivement, de
l'expression d'adhésion préalable.
* Mais, si le fournisseur et/ou les produits changent (étant entendu
que les coordonnées des destinataires ont bien été recueillies
avant la publication de la Loi), alors la règle des six mois s'applique
: Durant les six mois qui suivent la publication de la loi (c'est-à-dire
à compter du 22 juin 2004), le fournisseur aura la faculté de
62
solliciter, par voie de courrier électronique, l'accord explicite du
destinataire.
Dans tous les autres cas, l'accord préalable du destinataire est impératif.
e) jurisprudence
Cette législation est par ailleurs complétée par quelques décisions
de jurisprudence, dont la plus remarquable est une ordonnance de référé
du président du tribunal de grande instance de paris 77 qui, après avoir
retenu que la pratique du spamming, qui perturbe gravement les
équilibres du réseau, était considéré dans le milieu de l’internet comme
une pratique déloyale et gravement perturbatrice, a considéré qu’elle
était contraire aux dispositions de la charte de bonne conduite élaborée
par le fournisseur d’accès à internet et pouvait justifier que ce dernier
coupe l’accès de son auteur à internet
77TGI Paris (référé) 15 janvier 2002, D 2002, Jur p 1138 obs C. Manara, Annonces de la Seine 8 avril
2002p 3, http:/www.foruminternet.org)
63
Elle prévoit le marquage par labels (entre autres : dans leur
titre) des messages publicitaires (en général) et des
messages "sexuellement orientés" (en particulier)
64
SECTION III La prohibition de la publicité de nature à induire en
erreur
65
Curieusement, l’article L 121-1 du code de la consommation ne contient
aucune définition de la publicité. On peut néanmoins retenir la définition
donnée par un auteur qui considère que constitue une publicité « tout
message adressé par un professionnel au public dans le but de stimuler
la demande de biens ou de services » 79. Pour la jurisprudence de la
Cour de cassation, constitue une publicité « tout moyen d’information
destiné à permettre au client potentiel de se faire une opinion sur les
caractéristiques des biens ou services proposés »80. Par ajout exprès de
la loi du 21 juin2004 les offres promotionnelles, telles que les rabais, les
primes ou les cadeaux, ainsi que les concours ou les jeux
promotionnels » sont assimilés à de la publicité (art. L 121-15-1)
1) un message
Il doit s’agir d’une information portant sur l’un des éléments visés par
l’article L 121-1 et revêtant la forme d’une allégation, d’une indication ou
d’une présentation. Le mode d’expression est en revanche indifférent.
Elle peut ainsi se présenter sous la forme écrite, orale, imagée ou même
bruitée.
Pradel et Paire, Cass Crim 13 juin 1991, BICC 15 septembre 1991 p 29, Cass Crim 27 Mars 1996, D
66
précisé qu’il importait peu que la publicité ne soit pas diffusée à des fins
lucratives et ne présente pas de caractère commercial. Le droit français,
qui s’applique à tout émetteur, quel quelle que soit sa qualité, assure donc
au consommateur une protection plus étendue que celle qui résulte de la
directive 84/450/CEE du 1er septembre 1984 qui ne vise que la publicité
effectuée par les personnes qui exercent une activité é commerciale,
industrielle, artisanale ou libérale.
1996 IR p 168. voir également J. Thuillier, Le délit de publicité mensongère ou de nature à induire en
erreur appliqué au particulier in Gaz Pal Req. 2002. Chron p 29
84 Position critiquée par une partie de la doctrine qui considère qu’elle contrevient au principe de
l’interprétation stricte : JH Robert et H Matsopoulou, Traité de droit pénal des affaires, PUF 2004, n°
217 p 355, Jeandidier, Droit pénal des affaires, D 2003, n° 411 p 518, cette position a été maintenue
par l’assembéle plénière de la Cour de cassation dans un arrêt du 8 juillet 2005 dans lequel elle
indique que l’article L 121-1 est applicable à une association à but non lucratif dès lors qu’elle
propose un bien ou un service
85 Cass Crim 25 juin 1984, D 1985, J 1980 note Fourgoux ; RTDCom 1985.377 obs Bouzat)
86 (Cass Crim 23 mars 1994, Bull Crim n 114, BICC 1er juillet 1994 p 15, GP ¾ avril 1996, somm p 40
obs Misse)
87 (Cass Crim 21 Mai 1974, D 1974, J, 579 rapp Robert)
88 cass crim 3 septembre 2002, Contrats, conc., consomm., 2003, comm n° 51 obs Guy Raymond
89 (Cass Crim 23 février 1989, Bull Crim n 91, BICC 15 juin 1989 p 16)
90 Crim 15 mai 2001, Bull. n° 122 ; voir également Crim., 3 septembre 2002, pourvoi n° 0185952
67
4) un message diffusé au public
Comme son nom l’indique, le message doit être diffusé au public. Par
public, on doit entendre plusieurs personnes. Un message adressé à un
seul individu ne constitue pas une publicité 91
Le type de public importe par contre peu. Il peut s’agir aussi bien d’un
public de consommateurs qu’un auditoire de professionnels92.
En revanche, il n’est pas nécessaire pour que le délit soit constitué qu’un
contrat ait été passé avec un acheteur93.
B L’élément matériel
Ainsi, dire qu’une boisson chimique aromatisée aux fruits est une
« boisson au goût de fruits pressés » n’induit pas en erreur . En revanche,
si ce message est accompagné d’une image de fruits frais, il peut laisser
croire au public qu’il s’agit de fruits pressés 94car « la force des images
peut ainsi s’allier au poids des mots pour tromper le consommateur »95.
De même, constitue le délit le fait, pour une société qui n'a qu'une activité
de négoce et d'abattage d'animaux provenant pour moitié de régions
autres que la Normandie, d’utiliser la dénomination sociale "Eleveurs de la
vallée d'Auge", appuyée par un logo représentant deux bovins sous un
68
pommier, pour commercialiser de la viande, l'utilisation commerciale d'une
telle dénomination sociale est susceptible d'induire le consommateur en
erreur sur l'origine et la provenance géographique de la marchandise96.
69
L’appréciation du caractère trompeur se fait au moment où la publicité est
rendue publique. Dès lors, le délit est constitué dès la publication du
message trompeur ; peu importe que des renseignements
complémentaires viennent en préciser ultérieurement le sens 102 .
C’est ainsi que la Chambre Criminelle a jugé que ne constituait pas une
publicité de nature à induire en erreur le spot télévisé destiné à prouver la
solidité d’une valise montrant des bulldozers jouer au football avec une
valise Samsonite 107 ou le slogan « la pile Wonder ne s’use que si l’on s’en
sert »108, en considérant que le caractère manifestement exagéré de ces
publicités ne pouvait tromper le consommateur moyen.
341 note Marchi confirmé par Cass Crim 21 mars 1984 Bull Crim p 478 n 185)
107 Cass Crim 21 mai 1984, D 1985, J, 105 note Marguery, RTDCom 1985.379, obs Bouzat
108 Cass Crim 15 octobre 1985, D 1986, IR, 397, Obs Roujou de Boubé
70
utilisation, motifs ou procédés de la vente ou de la prestation de service,
portée des engagements pris par l’annonceur, identité, qualités ou
aptitudes du fabriquant, des revendeurs, des promoteurs ou des
prestataires. Cette énumération, très large, permet de recouvrir
l’ensemble des messages habituellement diffusés.
3) composition du produit : il s'agit de l'un des cas les plus fréquents de
publicité mensongère. Ainsi, le fait de présenter comme étant une boisson
à base d'orange pressée une boisson chimique112, un meuble présenté en
aggloméré comme étant en noyer et en acajou113, du jambon comportant
dans sa composition du nitrate de potassium comme ne comportant
"aucun additif, aucun produit chimique"114 ou de l'engrais dénommé
"organo-minéral" alors qu'il ne contient que de l'azote de synthèse115, de
présenter une perruque comme une nouvelle technique de greffe capillaire
non chirurgicale permettant d’obtenir une chevelure naturelle116.
109 Cass Crim 26 mars 1984, Bull Crim p 325, JCP ed G II n 20459 note Heidsieck
110 Cass Crim 6 novembre 1979, D 1980 IR, 144, Cass Crim 2 décembre 1980 GP 1981, 1, p 355 obs
Fourgoux, Cass Crim 11 janvier 1990, BICC 1990 n 421,) (jurisprudence identique en matière de service,
Cass Crim 9 janvier 1986, JCP 1989, II, 21258 note Robert également TGI de Pontoise 19 mai 2004,
ommunication – commerce électronique décembre 2002, commentaires n° 162 note Luc Grynbaum pour
une agence de voyage proposant sur son site internet des voyages présentés « en solde » en faisant
croire faussement que toutes les offres sont disponibles
111 Cass Crim 29 avril 1976, GP 1976, 2, 797 note Fourgoux
112 Cass Crim 13 mars 1979, JCP ed CI 1979, II, 13104 Chron Guinchard
113 CA Paris, 4 juillet 1977, JCP 1979, ed G, II, 19015 note Divier et Andréi
114 CA Grenoble 26 octobre 1995, GP 26 mai 1996 p 28
115 Cass Crim 30 octobre 1995, Droit Pénal 1996 n62 obs Robert, Contrats, Conc. Consom 1996 n 66
obs Raymond
116 CA Paris, 13eme ch section A, 20 décembre 2000, GP 18/19 mai 2001, Jur Somm p 73, note
Catherine Grellier-Lenain
71
4) qualités substantielles du produit ou du service : la qualité
substantielle d'un produit ou d'un service est celle qui détermine l'acheteur
à contracter. A contrario, il s'agit de la qualité sans laquelle il n'aurait pas
contracté. On trouve souvent ce type de publicité trompeuse en matière de
vente ou de location immobilière, lorsque le publicitaire exagère sur
l'environnement de l'immeuble117, son ensoleillement118 ou sur son mode
de fabrication119. Egalement le fait de faire figurer dans des prospectus
remis aux particuliers et sur une étiquette apposée sur un appareil
d'électrothétrapie la mention d'une homologation du ministère de la santé
suggérant leur efficacité thérapeutique alors que ladite mention concernait
seulement la conformité aux normes de sécurité électrique120 ou celui de
présenter un vin de coupage avec une étiquette indiquant "propriétaire
viticulteur, mise en bouteille à la propriété" (Cass Crim 4 décembre 1978,
Bull Crim n 342) ou de présenter les performances d'un matériel en
omettant de préciser qu'il s'agit des performances non pas du matériel de
base mais de celui à acquérir en option (Cass Crim 26 janvier 1988, Bull
Crim n 39, RTDC 1988.724 obs Bouzat) ou de présenter à tort des
melons comme étant de qualité certifiée(Crim., 26 juin 2001, Bull. n° 160).
On peut assimiler à ce type de publicité mensongère celle portant sur la
teneur en principes utiles.
117 Cass Crim 2 février 1982, RTDCom 1982, n 647 obs Bouzat, Cass Crim 27 mars 1996, D 1996 IR p
168
118 Cass Crim 18 avril 1991, RJDA 1991 n 651
119 Cass Crim 15 mars 1983, GP 1983, 2, jur, p 326 note Doucet
120 Cass Crim 9 novembre 1992, JCP ed E 1992, Pan, 252, BICC 1993 n 211
72
7) mode et date de fabrication : il s'agit en règle générale de publicité
portant sur des produits fabriqués industriellement et cherchant à faire
croire qu'ils ont été réalisés artisanalement. Ainsi, les "saucisses sèches
comme autrefois" (Cass Crim 16 juin 1980, D 1980, IR p 444, Bull Crim p
497), ou le pain cuit "dans un four chauffé au bois" (Cass Crim 21
Novembre 1989, GP 1990, 1, som p 243 note Doucet).
73
titre professionnel et que les prospectus diffusés ne permettaient pas
normalement de se rendre compte que les prix étaient indiqués hors
taxe127, le commerçant qui annonce une réduction pour les objets
emportés calculée sur les prix livrés et non sur les prix ordinaires128 ou le
directeur commercial de la SNCF pour des publicités relatives à des
réductions de prix ne mentionnant pas les conditions très restrictives
auxquelles elles étaient accordées129.
confirmé sur ce point par la cour d’appel de Versailles, elle même confirmée par la Cour de Cassation :
Cass Civ 1ere 9 mars 2004, Communication, commerce électronique 2004, commentaire n° 93, note L.
Grynbaum
132 Trib. corr. Lyon, 3 févr. 2005, procureur de la République, Association des nouveaux
74
10) conditions d'utilisation : constitue une publicité mensongère un
mode d'emploi comportant des indications inexactes de nature à tromper
l'acquéreur sur l'utilisation réelle du produit135 ou le fait de faire passer un
élément d'équipement automobile comme étant obligatoire136.
75
expert145, mais également sur la capacité de son entreprise en présentant
une petite entreprise de détail comme un important grossiste146 ou à
l'inverse en se présentant comme un simple particulier147 pour un
prothésiste dentaire non titulaire du diplôme de chirurgien dentiste
proposant des travaux de fabrication et de réparation dentaires qui lui sont
interdits148 ou organisateur d'un stage de karaté se prévalant d'un titre qui
ne lui a pas été délivré conformément aux dispositions légales149 ou, pour
un fabricant de pneumatiques, de laisser croire à la clientèle d'un magasin
que l'un des vendeurs de celui-ci, qui conseille à la clientèle l'achat de
pneumatiques qu'elle fabrique, appartient à son personnel150, sur ses
motivations en n'indiquant pas, pour un établissement de formation, son
obédience à l'église de scientologie151, en laissant croire à une oeuvre
désintéressée en se présentant pour une agence de voyages comme une
association152 ou, pour une association ayant pour but d'aider ses
membres à trouver un logement, en faisant croire faussement que le
bénévolat et l'entraide constituent les moteurs de ses services153 ou en se
prévalant faussement d'un agrément officiel154 constituent des cas de
publicité trompeuse. Il a été également jugé que la POSTE, en émettant
une publicité laissant entendre qu'elle pouvait délivrer des prêts
immobiliers alors que ses statuts ne lui permettent que de proposer des
plans épargne-logement, contrevenait aux dispositions de l'article L 121-1
du Code de la Consommation155.
C l’élément moral
145 Cass Crim 15 février 1982, D 1983, 275 note Mayer et Pizzio
146 Cass Crim 14 novembre 1991, BID 1992 n 3 p 21
147 Cass Crim 22 juin 1993, BID 1994 n 1 p 29
148 Crim., 14 mai 1997, Bull. n° 183
149 Crim., 15 octobre 1997, Bull. n° 338
150 Cass Crim 23 février 1989, Bull Crim n 91, BICC 15 juin 1989 n 625
151 Cass Crim 15 novembre 1990, RTDCom 1991 p 683 n 7 obs Bouzat
152 CA Paris 10 décembre 1971, JCP ed. G 1972, II, 16976, note DS
153 Cass Crim 23 janvier 1992, Bull Crim n 26, BICC 15 mai 1992 n 894
154 Paris 22 mars 1973, JCP 1973, II, 17459 note Divier
155 CA Versailles 10 avril 1990, GP 19/20 juillet 1996, Jur p14
156 C Paris 13 eme ch section A 22 novembre 2000, GP 18, 19 mai 2001, Jur somm p 69
76
Le droit pénal pose comme principe général que toute infraction doit avoir
été commise avec « intelligence et volonté » (Cass Crim 13 dec 1956
D1957 J 349). Ce principe, communément admis par la doctrine et la
jurisprudence antérieure à l’entrée en vigueur du nouveau code pénal, a
été repris de façon expresse par ce dernier dans son article 121-3 qui
précise « il n’y a point crime ni délit sans intention de le commettre ».
Appliqué au délit de publicité trompeuse, il devrait supposer la mauvaise
foi de l’auteur de la publicité.
77
emporté l’adhésion de l’ensemble de la Doctrine157 dont les critiques ont
contribué à alimenter la résistance de plusieurs juridictions du fond158.
D Répression
157 Delmas-Marty, Code Pénal, droit pénal d’aujourd’hui, matière pénale de demain, D 1986, Chron
27, Fourgoux, Revue de Science Criminelle 1987 p 445, Patin, Fourgoux, Mihailov et Jeannin, Droit de
la Consommation, 2eme éd F.11 et s
158 Grenoble 6 mars 1980, Revue de Science Criminelle 1987 p 446 obs Fourgoux, Colmar 9 sept
78
directement sa responsabilité en tant qu’annonceur s’il n’assure pas les
prestations annoncées161. Une solution identique s’impose lorsque le
prévenu a utilisé des documents publicitaires conçus par un tiers dès
lors qu’il les utilise pour son propre compte et que cette utilisation aboutit
à en rendre le contenu trompeur162.
161 Cass Crim 27 novembre 1990, Revue de Science Criminelle 1991 p 361 obs Fourgoux, BICC 1er
février 1991 p 28
162 Cass Crim 3 septembre 1992, Bull Crim n 281, BICC 1er décembre 1992 p 17
163 Cass Crim 30 octobre 1995, Droit Pénal 1996 n 62 note Robert, Contrats, Conc. COnsom. 1996
n 66 obs Raymond
164 Cass Crim 7 décembre 1981, BC, n 325, D 1982, IR, 151
165 Cass Crim 2 février 1982, BC n 36, JCP 1982, CI, I, 10567
166 Cass Crim 3 janvier 1964, GP 1964, I, 313
79
On peut regretter que l’entrée en vigueur du Nouveau Code Pénal n’ait
pas abouti à inclure le délit de publicité mensongère dans les délits
susceptibles d’entraîner la responsabilité pénale des personnes morales.
Les autres agents qui ont concouru, c’est-à-dire en règle générale l’agence
de publicité ou le support, à la réalisation de la publicité peuvent
également être poursuivis, mais en qualité de complices, à condition qu’ils
aient accompli en connaissance de cause les actes constitutifs de
l’infraction167.
Le second alinéa de l’article L 121-5 précise que le délit est constitué dès
lors que la publicité est faite, reçue ou perçue en France, ce qui permet la
poursuite d’une publicité émise à partir de l’étranger mais reçue en France.
S’agissant de l’action civile, l’article 5-3 du règlement de Bruxelles I prévoit
qu’en matière délictuelle, une partie peut être attraite devant le tribunal du
lieu ou le dommage s’est produit ou risque de se produire.
167 Cass Crim 18 mai 1994, Bull Crim n 195 BICC 1er octobre 1994 p 20
168 CA Paris 17 mars 2004, cf, a propos de l’ordonnance de référé du TGI de Paris que la cour d’appel
a confirmé : E. Wery « Yahoo (re)condamnée en référé : à problème complexe solution boiteuse », 22
novembre 2000, www.droit-technologie.org
169 Cass. 1ere civ. 9 décembre 2003, Bull. civ. I n° 245
170 CA Paris 4eme ch. 6 juin 2007, JCP ed. G 2007, II, 10151
80
françaises incompétentes pour juger un litige relatif à l’affichage, par
Google, de liens commerciaux apparaissant, non pas sur « google.fr »
mais sur « google.ca », «google.de» et « google.co.uk », en retenant que
ces pages d’accueil de google, rédigées en allemand ou en anglais et
renvoyaient exclusivement sur des sites étrangers, étaient destinées aux
publics allemand, britannique et canadien de langue allemande et
anglaise, de sorte qu’il n’existait pas de lien suffisant, substantiel ou
significatif, entre les faits ou actes imputés au défendeur et le dommage
allégué en France.
2°/ Procédure
81
L’article L 121-3 prévoit la possibilité pour le tribunal saisi des poursuites
ou pour le juge d’instruction, sur réquisition du ministère public ou d’office,
d’ordonner la cessation de la publicité (article L 121-3).
La mesure ainsi prise est exécutoire par provision nonobstant toute voie
de recours. Le texte prévoit que la mainlevée peut être donnée par la
juridiction qui l’a ordonnée et qu’elle cesse d’avoir effet en cas de décision
de non-lieu ou de relaxe. Ce dernier cas laisse penser que lorsqu’elle est
prononcée par le Tribunal, elle peut intervenir avant qu’il ne statue sur la
culpabilité du prévenu, de sorte qu’elle ne constitue pas une peine
complémentaire mais une simple mesure de sûreté.
Elle peut faire l’objet d’un recours devant la cour d’appel lorsqu’elle est
prononcée par le tribunal et devant la chambre d’accusation lorsqu’elle
émane du juge d’instruction. Ces juridictions doivent statuer dans un délai
de dix jours à compter de la réception des pièces.
3°/ Sanctions
82
au maintien par les Etats membres de dispositions visant à assurer une
protection plus étendue des consommateurs171.
171
Cass Crim 27 mars 1996, BICC 1er aout 1996, n° 826 p 19, GP 21/23 juillet 1996 p 15
172 CA Montpellier, 3e ch., corr., 27 mai 1999, Juris-Data, no 034117 : dès lors que l'article 2 vise non
seulement la présentation, mais encore, la désignation et le mode d'emploi, il en résulte que le
prévenu de la qui a présenté en vue de la vente plusieurs accessoires de micro-informatique dont les
mentions sur les emballages ou les notices étaient rédigées exclusivement en anglais, est coupable
d'avoir commis des contraventions de présentation ou produit en langue étrangère, contravention
prévue et réprimée précisément par l'article 1 du décret no 95-240 du 3 mars 1995 et par l'article 2
alinéa 1 de la loi de 1994
173 Véronique Staeffen et Laurence Veyssiere, Publicité et Langue Française, GP 26 au 28 novembre
1995 chron p 3
174 Crim 3 novembre 2004, BICC 1er février 2005 n° 156, pourvoi n° 03-85.642, bien que la délégation
générale à la lanque française considère pour sa part que la loi Toubon est limitée à la protection du
consommateur
175 CA Paris, 13e ch., 17 déc. 1999, Juris-Data no 109740, précisant en particulier que : « la loi du 4
août 1994 tend à la protection de la langue française elle-même, peu important que le consommateur
susceptible d'acheter un produit dont l'emballage ou la notice est écrit en langue étrangère soit un
particulier ou professionnel »
176 CA Paris, 23 févr. 1981, Ann. propr. ind. 1981, p. 31
83
comprise par les acheteurs soit utilisée ou que l’information de l’acheteur
soit assurée par d’autres mesures.177
Tirant les conséquences de cette jurisprudence, une instruction du
directeur général de la DGCCRF d’avril 2002 et destinée aux services de
contrôle de la DGCCRF, confirme que la loi Toubon ne s'oppose pas, pour
les mentions obligatoires et facultatives d'étiquetage, à la possibilité
d'utiliser à la place de la langue française d'autres moyens d'information du
consommateur tels que des dessins, symboles, pictogrammes ou
expressions dans une langue facilement compréhensible pour le
consommateur. Toutefois, ces moyens d'information alternatifs doivent
permettre d'assurer un niveau d'information équivalent à celui recherché
par la règlementation et ne doivent pas être de nature à induire le
consommateur en erreur.
L'instruction réserve cependant le cas particulier des directives
communautaires, qui, pour certaines catégories de produits (jouets,
cosmétiques, équipement de protection individuelle, etc.), imposent
l'usage de la langue nationale. Dans ce cas, les opérateurs ne peuvent
pas substituer d'autres moyens d'information à l'emploi de la langue
nationale.
imposent aux professionnels une telle obligation, telles que les articles L 441-3 du Code de commerce
et L 121-18 1° du Code de la consommation.
84
a) champ d’application
Il semble aussi que celle disposition s’impose aussi aux particuliers qui
proposeraient une offre de contracter sur internet dés lors que la
définition donnée par l’article 14 du commerce électronique n’exclut pas
le C to C 180
Ces informations doivent être d’un accès facile, direct et permanent sur sa
page d’accueil et sur chacune des pages visionnées par le client à partir
du moment où il commence la transaction .
85
être lisibles par les divers logiciels ordinairement installés sur un
ordinateur personnel.181
1° S’il s’agit d’une personne physique, ses nom et prénoms et, s’il s’agit
d’une personne morale, sa raison sociale ;
181 Olivier Cachard, « Le contrat électronique dans la loi pour la confiance dans l’économie
numérique », RLDC 2004.314
182 J. Huet, « Encore une modification du Code civil pour adapter le droit des contrats à
86
membre dans lequel il a été octroyé ainsi que le nom de l’ordre ou de
l’organisme professionnel auprès duquel elle est inscrite.
d) sanctions
Bien qu’il soit mentionné dans le dernier alinéa de l’article 19 que les
infractions aux dispositions qu’il énonce sont recherchées et constatées
dans les conditions fixées par les premier, troisième et quatrième alinéas
de l'article L. 450-1 et les articles L. 450-2, L. 450-3, L. 450-4, L. 450-7,
L. 450-8, (relatifs aux pouvoirs d’enquête de la DGCCRF) L. 470-1 et L.
470-5 du code de commerce, il ne semble pas que le législateur ait
prévu une infraction spécifique. Il n’est cependant pas exclut que le
contrevenant puisse faire l’objet d’une injonction par le juge civil de mise
en conformité183.
183 par ex. TGI Paris 6 décembre 2005, cité par C. Manara :
http://www.journaldunet.com/expert/12066/mentions-legales-d-un-site-web-gare-aux-contraventions.shtml
87
l’obligation générale pré-contractuelle de renseignement mise à la charge
des professionnels par la jurisprudence184.
Bien que proche de l’article 1602 du Code Civil qui dispose que « le
vendeur est tenu d’expliquer clairement ce à quoi il s’oblige », l’article L
111-1 ne se limite pas au contrat de vente et a vocation à s’appliquer aussi
aux prestations de service. La loi ne faisant à l’égard du contrat de vente
aucune distinction, le bien objet du contrat peut être aussi bien un meuble
qu’un immeuble.
Bien que les contrats de location ne soient pas expressément visés par ce
texte, il est fort probable que la jurisprudence, en procédant par analogie,
soumettra les professionnels qui pratiquent la location à cette obligation.
bâtiment qui vend à un non-professionnel du béton qu'il avait commandé à son fournisseur au titre de
son activité professionnelle dès lors que l'utilisation de ce matériau entre dans le champ de cette
activité : Cass. 1ere civ. 1er mars 2005, Bull. civ. I n° 109
186 Une Cour d’Appel s’est fondée sur l’article L 111-1, pour prononcer, non pas la nullité, mais la
résolution d’une vente par correspondance d’un objet ne comportant pas d’éléments figurant, sans
précision, sur la photographie du catalogue (CA Orléans 15 novembre 1995, Contrats, Conc.,
Consom, 1996 n 118 obs Raymond).
88
S’agissant d’une obligation pré-contractuelle, sa violation constitue une
faute au sens de l’article 1382 du Code Civil qui peut donner lieu à l’octroi
de dommages intérêts187 ou à une mesure d’interdiction ordonnée en
référé à la demande d’un concurrent188.
187 Ainsi un Tribunal d’Instance a condamné un vendeur au remboursement du prix d’un pantalon qui
avait rétréci anormalement en retenant que l’étiquette de lavage n’interdisait pas de passer au sèche
linge (TI Tours, 9 octobre 1992, Contrats, Conc Consom 1994 n 35 note Raymond également pour
un entrepreneur en bâtiment qui n’a pas informé son acheteur sur les caractéristiques essentielles du
béton qu’il lui vendait : 1ere civ 1er mars 2005, RLDC 2005, n° 15 p 9, obs Alexandra Decoux, JCP ed
G 2005, II 10164 note Bazin).
188 Par ex Ordonnance de référé du Tribunal de commerce de Paris du 17 octobre 2006 publié sur
http://www.legalbiznext.com/droit/IMG/pdf/tc-par20061017.pdf
89
des acheteurs sur les étiquettes, annonces, réclames et papiers de
commerce.
également:
- le décret du 10 février 1955 sur les conserves et demi-conserves
alimentaires,
- les décrets des 4 janvier 1955 et du 14 mars 1973 sur les textiles,
- le décret du 24 août 1976 sur les spécialités pharmaceutiques,
- le décret du 28 avril 1977 sur les produits cosmétiques et les produits
d’hygiène corporelle,
- le décret du 4 octobre 1978 sur les véhicules automobiles,
- le décret du 14 mars 1986 sur l’ameublement,
- le décret du 7 juillet 1994 sur les appareils domestiques,
90
méconnaissance de ces dispositions d’ordre public est sanctionnée non
seulement pénalement mais encore par la nullité du contrat189.
91
pour leur application, constituent des mesures d’exécution prévues aux
articles L 214-1.
191
CJCE 20 février 1979 Cassis de Dijon, Rev. Trim. Dr. Europ. 1980. 765, CJCE Plen 24 novembre 1993 Keck
et Mithouard, RJDA 2/94 n° 243 chron B de Maissac p 123
192
CJCE 25 juillet 1991 aff C/76/90 Säger et Dennemeyer Rec I p 4221, C 288/89, Gouda, Rec I p 4007 et C
353/89 Commission c Pays Bas, Rec I p 4069 p 4069, GP 10 au 12 décembre 1995 Jurisprudence p 18 note
Huglo, CJCE 24 mars 1994 affaire C/275/92 Schindler, Rec I p 1039, GP 10 au 12 décembre 1995 p 21 note
Huglo, CJCE 10 mai 1995, aff C 384-93Alpine Investissement, D 1995 sommaires Commentés p 317 pour des
services financiers proposés par téléphone
92
Leur étude complète, qui emprunte en large part au droit des marques, au
droit de la propriété industrielle et au droit agricole, nécessiterait de trop
longs développements par rapport à l’objet de notre ouvrage. Nous
bornerons donc à les examiner de façon sommaire.
93
bénéficier d’une appellation d’origine. Pour ce faire, il doit avoir été
fabriqué suivant des usages locaux, que l’article L 115-2 du Code de la
Consommation qualifie de loyaux et constants, propres à son lieu
d’origine, comme par exemple la dentelle de Calais ou du Puy, la toile de
Cholet, les poteries de Vallauris.
Il est d’autre part prévu (article L115-9) que la juridiction saisie peut
également connaître des actions tendant à interdire de faire figurer, sur les
produits autres que ceux bénéficiant de l’appellation d’origine ou sur les
emballages qui les contiennent et les étiquettes, papiers de commerce et
factures qui s’y réfèrent, toute indication pouvant provoquer une confusion
sur l’origine des produits. Cette action est ouverte même si l’aire
géographique de production a été définitivement délimitée judiciairement.
94
A défaut de détermination judiciaire, la protection d’une appellation
d’origine peut résulter d’un décret pris en conseil d’Etat qui délimite l’aire
géographique de production et détermine les qualités et caractères d’un
produit portant une appellation d’origine en se fondant sur des usages
locaux, loyaux et constants. Le décret est pris après une enquête publique
comportant la consultation des groupements professionnels directement
intéressés.
Ce décret peut par ailleurs interdire de faire figurer, sur les produits autres
que ceux bénéficiant de l’appellation d’origine ou sur les emballages qui
les contiennent et les étiquettes, papiers de commerce et factures qui s’y
réfèrent, toute indication pouvant provoquer une confusion sur l’origine des
produits.
L’article L 641-5 du Code rural prévoit qu’outre les qualités requises par
l’article 115-1, les produits agricoles ou alimentaires, bruts ou transformés,
doivent posséder une notoriété dûment établie et faire l’objet d’une
production soumise à des procédures d'agrément comportant une
habilitation des opérateurs, un contrôle des conditions de production et un
contrôle des produits .
95
d’affaiblir la notoriété de l’appellation d’origine. C’est ainsi que des
producteurs de champagne ont pu empêcher l’utilisation de leur
appellation pour un parfum193.
193
CA Paris15 décembre 1993, JCP 1994 II 22229 note Pollaud-Dulliand, RJDA 1994 chron p 213 Grynfogel
96
Sanctions pénales : comme de nombreuses règles édictées dans un but
de régulation de la concurrence, les dispositions relatives aux
appellations d’origine sont sanctionnées pénalement.
97
différence du label rouge, le certificat de conformité ne garantit pas un
niveau de qualité supérieure.
Le label rouge ne peut être utilisés que s’il a fait l’objet d’une homologation
par arrêté ministériel, sur proposition de l'Institut national de l'origine et de
la qualité. Il en est de même des certifications de conformité qui attestent
l’origine géographique.
98
2º Aux autorisations de mise sur le marché des médicaments à usage
humain ou vétérinaire faisant l'objet des dispositions du livre V du code
de la santé publique ;
3º A la délivrance des poinçons, estampilles, visas, certificats
d'homologation, marques collectives ou attestations de conformité aux
dispositions communautaires par l'autorité publique ou par des
organismes désignés à cet effet et soumis à un contrôle technique ou
administratif de l'autorité publique en vertu de dispositions législatives ou
réglementaires ;
4º A la délivrance de labels ou marques prévus par l'article L. 413-1 du
code du travail ainsi que des marques d'artisan et de maître artisan pour
autant que ces marques ne tendent qu'à attester l'origine d'un produit ou
d'un service et la mise en oeuvre des règles de l'art et usages quand ils
leur sont spécifiques.
99
• le fait, dans la publicité, l’étiquetage ou la présentation de tout
produit ou service, ainsi que dans les documents commerciaux de toute
nature qui s’y rapportent, de faire référence à une certification qui n’a
pas été effectuée dans les conditions définies aux articles L 115-27 et L
115-28,
• le fait de délivrer, en violation de ces dispositions, un certificat ou
tout autre document attestant qu’un produit ou un service présente
certaines caractéristiques ayant fait l’objet d’une certification,
• le fait d’utiliser tout moyen de nature à faire croire faussement
qu’un organisme satisfait aux conditions définies aux articles L 115-27 et
L 115-28,
le fait d’utiliser tout moyen de nature à faire croire faussement au
consommateur ou à l’utilisateur qu’un produit ou un service a fait l’objet
d’une certification,
le fait de présenter à tort comme garanti par l’état ou par un organisme
public tout produit ou service ayant fait l’objet d’une certification.
100
au site, savoir qui est son interlocuteur, la description des produits ou
des prestations de services, les conditions financières et leur durée de
validité, la livraison, le service après-vente , la conservation des
données personnelles, les conditions de retour, de garantie et de
réclamation .
101
Le logo de la certification du Bureau VERITAS apparaît sur le site
Internet. Il est constitué par un lien hypertexte vers la page d’un site du
Bureau VERITAS .
L’accès au certificat sur le site Internet est prévu par le moyen d’un lien
hypertexte sur le logo ESL présent sur les pages du site. ce logo est
accompagné de la marche à suivre en cas de réclamation d’un utilisateur
insatisfait.
102
4/ Les marques collectives et autres signes de qualité
195
Décision 93/465/CEE du Conseil, du 22 juillet 1993, concernant les modules relatifs aux différentes phases
des procédures d'évaluation de la conformité et des règles d'apposition et d'utilisation du marquage « CE » de
conformité, destinés à être utilisés dans les directives d'harmonisation technique.
103
Certains produits ne peuvent faire l’objet de commerce
électronique, ou dans des conditions limitées196
C’est ainsi que la Cour d'appel de Paris, dans arrêt du 2 avril 2002, a
condamné, sur le fondement de ce texte, l’auteur d’un site
pornographique dont l’accès était pourtant précédé par passage
obligatoire par une page d'accueil non-pornographique , en retenant
qu’"Il appartient à celui qui décide à des fins commerciales de diffuser
des images pornographiques sur le réseau internet dont les
particulières facilités d'accès sont connues, de prendre les
précautions qui s'imposent pour rendre impossible l'accès des
mineurs à ces messages. C'est à juste titre que les premiers juges ont
relevé que l'obligation de précaution s'imposait au diffuseur du
message et non au receveur, l'accessibilité aux dites images étant
bien le fait de leur commercialisation et non à la carence éventuelle
des parents ou de la permissivité ambiante. Dans ces conditions, dès
lors que Monsieur E. avait conscience, comme il l'a reconnu devant
les services de police, que les précautions prises par lui
n'empêchaient pas que ses sites soient susceptibles d'être vus par
des mineurs, et qu'il a néanmoins continué à les exploiter, l'élément
intentionnel est caractérisé. "
196étant rappelé que le droit pénal s’applique à toute infraction commise sur le territoire français (art L
113-2 al 1 du Code pénal) et qu’une infraction est réputée commise sur le territoire français dès lors
que l’un de ses éléments a été commis sur ce territoire.(art L 113-2 al 2) . Il s’ensuit que tout vendeur
étranger qui vend et livre à des consommateurs français des produits interdits commet en France un
délit et peut être poursuivi à ce titre devant les juridictions répressives françaises.
104
b) produits alimentaires L’article 6-3 du décret du 7 décembre
1984 dispose qu’en cas de vente par correspondance de produits
alimentaires préemballés, les catalogues, brochures, prospectus
ou annonces faisant connaître au consommateur les produits
offerts à la vente et lui permettant d’effectuer directement sa
commande doivent comporter la mention de la dénomination de
vente, de la liste des ingrédients, de la quantité nette, du lieu
d’origine ou de provenance chaque fois que l’omission de cette
mention est de nature à créer une confusion dans l’esprit de
l’acheteur sur l’origine ou la provenance réelle de la denrée, ainsi
que les autres mentions obligatoires prévues par les dispositions
réglementaires relatives à certaines denrées alimentaires.
197 La chambre criminelle de la Cour de cassation, dans un arrêt du 17 janvier 2006, a rejeté un
pourvoi formé contre un arrêt qui avait condamné le gérant d’une société qui avait procédé à la mise
en ligne, sur son site internet, une publicité en faveur du tabac en considérant que la violation de
l’article L. 3511-3 du Code de la santé publique relatif à l’interdiction de toute propagande ou publicité,
directe ou indirecte, en faveur du tabac constitue, quel qu’en soit le support, une infraction continue
qui se poursuit tant que le message litigieux reste accessible au public ».
105
chaînes de télévision". Cette dérogation pourrait avoir un champ
d'application plus étendu avec le développement de la télévision sur
le réseau si la destination des programmes ainsi visés devait être
largement entendue.
106
pharmacies sur le territoire français se réalise en fonction de la
densité de la population, obstacle difficilement franchissable en cas
de dématérialisation de l’officine.
107
La CJCE a ensuite été amenée à préciser sa position relativement au
commerce électronique à propos d’une affaire qui opposait une
association de pharmaciens à deux pharmaciens néérlendais de vendre,
à travers une pharmacie électronique Doc Morris, établie aux Pays-Bas,
de vendre des médicaments sur le sol allemand en invoquant la loi
allemande qui interdit la vente par correspondance de médicaments aux
consommateurs finaux ainsi que la publicité directe ou indirecte sur les
médicaments.
200 CJCE 11 décembre 2003, aff C-322/01, Deutscher Apothekerverband/ 0800 DocMorris NV et
Jacques Waterval, Communication commerce électronique mai 2004, commentaire n° 61 note G.
Decocq, également Eric Gardner de Béville, D 2004 p 2554
201 à noter que le Conseil national de la consommation s’est prononcé en faveur de la distribution de la
108
On notera cependant que, saisie par une société qui distribuait en ligne
des produits de marque "Mercurochrome" pour lentilles de contact et qui
invoquait « la disparition du monopole de distribution des produits
d’entretien pour lentilles de contact bénéficiant du marquage CE » au
regard notamment de la directive 93/42/CE puisque la loi française
« imposerait une condition supplémentaire à la réalisation de la
fabrication, de la mise sur le marché et de la mise en vente de produit,
la Cour d’appel de Paris, dans un arrêt du 2 mars 2005202, n’a pas suivi
la jurisprudence de la CJCE en considérant, sans distinguer suivant que
le produit est ou non soumis à prescription médicale, que « la
réglementation du monopole de la vente en France des produits
pharmaceutiques par les établissements pharmaceutiques et les
pharmaciens, même étendu comme en l’espèce aux opticiens-lunétiers
dans ce cas particulier, ne masque aucune restriction interdite entre les
Etats membres de la Communauté économique européenne et n’est
contraire à aucune disposition du traité instituant la Communauté
européenne (…) les restrictions qui peuvent en résulter relevant de
l’exception prévue par l’article 30 de ce traité selon lequel les
dispositions des articles 28 et 29 relatifs aux restrictions quantitatives et
aux mesures d’effet équivalent ne font pas obstacle aux interdictions ou
restrictions justifiées notamment par des raison de protection de la santé
ou de la vie des personnes ».
109
203
.
203 Calais-Auloy, L’ordonnance du 1er décembre 1986 et les consommateurs, D 1987, Chron. 137
110
bien ou à exécuter la prestation est obligatoire lorsque le prix excède 500
euros 204.
Les conditions de vente, notamment en ce qui concerne la responsabilité
contractuelle, les conditions particulières, les garanties, les modalités de
paiement devraient être portées à la connaissance du consommateur de la
manière la plus claire et la plus précise possible205 .
Lorsque l'annonce de réduction de prix est faite hors des lieux de vente,
elle doit préciser, selon l'article 2-1:
Lorsque l'annonce de réduction de prix est faite sur les lieux de vente,
l'étiquetage, le marquage ou l'affichage des prix doivent faire apparaître
outre le prix réduit, le prix de référence. Lorsque l'annonce de réduction de
prix est d'un taux uniforme et se rapporte à des produits ou services
parfaitement identifiés, cette modalité de réduction doit faire l'objet d'une
publicité et peut être faite par escompte de caisse.
111
A cet effet, l'annonceur doit être en mesure de justifier, à la demande des
agents de la DGCCRF, par des notes, bordereaux, bons de commande,
tickets de caisse ou tout autre document de l'ensemble des prix qu'il a
effectivement pratiqués au cours de cette période.
- l’arrêté du 16 mars 2006 relatif à l'information sur les prix des services
d'assistance des fournisseurs de services de communications
électroniques qui prévoit que tout fournisseur de services de
communications électroniques doit informer le consommateur sur le prix
éventuellement facturé pour tout appel téléphonique vers son service
d'assistance technique, son service après-vente ou son service de
réclamations.
L'information doit porter sur le tarif global de la prestation sollicitée et de la
communication téléphonique susceptible d'être facturée. Elle doit non
seulement être communiquée par écrit dans le contrat, sur les factures et
sur les documents d'information précontractuelle, mais aussi être
communiquée en début d'appel, accompagnée d'une information sur le
temps d'attente prévisible.
112
Ces dispositions sont sanctionnées par une peine d'amende prévue pour
les contraventions de la cinquième classe (450 €, article 33 alinéa 2 du
décret du 29 décembre 1986). Leur violation peut également constituer le
délit de publicité de nature à induire en erreur206.
C’est pour avoir affiché, sur une publicité en faveur de la société Alapage,
une réduction de prix qui s’appliquait à une somme supérieure au prix de
référence que le responsable de Wanadoo a été condamné le 3 février
2004 par le Tribunal de police de Boissy Saint Léger a condamné à 1700
euros d'amende.
Autrement dit, un site qui se bornerait à informer sur ses tarifs ou sur ceux
d’autrui doit se conformer à cette obligation207
CHAPITRE II
LA FORMATION DU CONTRAT
206
Cass Crim 7 décembre 1981, Bull Crim n° 325
207 Philippe Stoffel-Munck, La réforme des contrats du commerce électronique, Communication,
commerce électronique, septembre 2004, Etude n° 30
208 voir à ce sujet l’étude réalisée par Lionel THOUMYRE L’échange des consentements dans le
113
L'accord des volontés, et par la même, la formation du contrat, se fait à
la suite de l'échange des consentements qui s'expriment au travers
d'une offre et d'une acceptation.
§ 1 L'offre électronique
L'offre, ou la pollicitation, peut-être définie comme " la manifestation de
volonté unilatérale par laquelle une personne fait connaître son intention
de contracter et les conditions essentielles du contrat. L'acceptation de
ces conditions par le destinataire de l'offre formera le contrat. "209 Ainsi
que le souligne Jean Carbonnier, bien qu’elle ne se conçoit guère
qu’expresse (ce qui ne veut pas dire forcément écrite ou parlée), elle
peut revêtir une forme très rudimentaire ou même être mécanisée210.
Il s'agit pour nous d'identifier la manière dont l'offre se manifeste sur les
réseaux électroniques et les effets juridiques qu'elle provoque.
A Manifestations, existence et effets juridiques de l'offre
a) Moyens d'expression de l'offre
Plusieurs outils sont à la disposition du pollicitant. Il peut choisir entre
des moyens de communication à caractère public (ouverte)(Web, forums
de discussions) ou privé (fermée) (courrier électronique, IRC, ICQ).
Néanmoins, il est parfois bien difficile de tracer la frontière entre le
caractère privé et public des offres effectuées au travers de l'un de ces
outils. Par exemple, une offre envoyée par courrier électronique à un
nombre important de personnes pourra être considérée comme
publique, en droit français, dès lors que l'offrant ne s'adresse pas
nominativement à chacun des bénéficiaires211. La distinction entre les
caractères privés et publics peut revêtir une certaine importance
juridique. En effet, la Cour de cassation à posé comme principe que
" l'offre au public lie le pollicitant à l' égard du premier acceptant dans les
mêmes conditions que l'offre faite à personne déterminée "212.
Or, nous savons qu'il n'est pas difficile d'automatiser l'envoi de courriers
électroniques afin qu'ils s'adressent nominativement à un grand nombre
de personnes dont les noms et l'adresse électronique auront été
recherchés sur le Web par des logiciels fureteurs. Considérée comme
209Jacques GHESTIN, Traité de droit civil, Les obligations- le contrat : formation, LGDJ, 3eme ed. n°
392
210Jean Carbonnier, Droit Civil, T 4, Les obligations, Thémis, 22eme ed. n° 25
211Voir V. A. VIALARD, " L'offre publique de contrat ", Rev. Trim. Dr. Civ., 1971, p. 753, cité par
Jacques GHESTIN, Op. Cit., p. 223.
212 Cass. civ. 3e , 28 novembre 1968, Bull. civ., III, n°507, p. 389.
114
une offre effectuée à personne déterminée, une telle pratique risque de
lier le pollicitant à l'égard de l'ensemble des destinataires du message.
En revanche, si le nom des bénéficiaires n'apparaît pas en introduction
du message, l'offre sera alors considérée comme publique et ne liera
alors le pollicitant qu'à l'égard du premier acceptant.213
b) Forme de l’offre
Pour constituer une offre au sens juridique du terme, le message affiché
sur un site commercial ou envoyé par courrier électronique doit contenir
tous les éléments nécessaires à la conclusion d'un contrat, c'est à dire
par exemple la désignation précise du produit proposé ainsi que son
prix. L'offre ne pourra contribuer à la formation du contrat qu'à condition
d'être précise, ferme et dépourvue d'équivoque214.
Quand bien même un message apparaissant sur une page Web
remplirait ces conditions, le gestionnaire d'un site commercial conserve
la possibilité de renverser la présomption d'offre en simple invitation à
pourparler.
Dans ce sens, le contrat type, proposé par la Chambre de commerce et
d'industrie de Paris et l'association française du commerce et des
échanges électroniques215, prévoit d'imposer des restrictions à l'offre par
rapport à la zone géographique du commerçant. Ces limitations sont de
deux ordres :
- d'ordre matériel : la livraison du produit proposé ne pourra se
faire qu’à une distance que le commerçant juge raisonnable
- d'ordre juridique : une telle clause a pour effet de changer la
position du commerçant. Son offre étant limitée à une certaine
zone géographique, il ne sera plus lié en dehors de celle-ci en
cas d'acceptation de l'internaute. C'est alors l'internaute qui
devra effectuer une offre que le commerçant aura le loisir
d'accepter ou de refuser.
215 Michel VIVANT, " Commerce électronique : un premier contrat type ", Op. Cit., p. 1-3.
115
D'un autre côté, il existe des circonstances dans lesquelles l'acteur ne
peut révoquer, même expressément, le caractère d'offre des messages
affichés sur son site . Lorsqu'ils sont suffisamment précis et détaillés, les
documents publicitaires lient celui qui les utilise, quand bien même il leur
aurait dénié tout caractère contractuel216 . Un service Internet n'est donc
rien d'autre qu'une nouvelle forme de support pour les offres et la
publicité commerciales. Les informations figurant sur un service en ligne,
par exemple un site Web, pouvant porter notamment sur les prix ou les
caractéristiques techniques des produits de l'entreprise ont valeur de
document contractuel217
La loi sur l’économie numérique introduit à cet effet dans le Code civil
un nouvel article 1369-4 qui prévoit que « quiconque propose, à titre
professionnel, par voie électronique, la fourniture de biens ou la
prestation de services met à disposition les conditions générales et
particulières applicables d’une manière qui permette leur conservation et
leur reproduction ».
Elle concerne par ailleurs toute forme de contrat électronique, sans qu’il
importe qu’il soit exclusivement conclu par voie d’échange de courriers
électronique ou qu’il mette en rapport deux professionnels. Tout comme
le B to C, le B to B est concerné218.
216 T Com Paris 28 novembre 1977, Printemps c SC du Centre commercial de la Défense et l’Epad,
cité par Guestin, op. Cit par 316
217. Valérie Sedaillant, Droit de l’internet, collection AUI ed Netpress, Paris 1997, p 188
J. Huet, « Encore une modification du Code civil pour adapter le droit des contrats à l’électronique »,
JCP 2004, ed. G., I, 178, qui fait observer à cet égard que les dispositions du droit commun étant en
règle générale plus favorables à l’acheteur, l’obligation d’élaborer des conditions générales a pour
effet paradoxal de diminuer ses droits
218 Philippe Stoffel-Munck, La réforme des contrats du commerce électronique, Communication,
116
On soulignera aussi l'ambiguïté du texte qui semble plus évoquer une
publicité que la vente en ligne. Le texte évoque en effet "quiconque
propose, par voie électronique, la fourniture de biens ou la prestation de
services" et non "quiconque propose la fourniture de biens ou la
prestation de services par voie électronique". Si dans la seconde
rédaction c'est assurément la fourniture de biens ou de services qui est
réalisée par voie électronique, dans la version actuelle du texte on peut
se demander si ce n'est pas la "proposition" de produit ou de service qui
est faite en ligne, la vente elle-même pouvant alors être réalisée en ou
hors ligne.
219 en ce sens, Olivier Cachard, « Le contrat électronique dans la loi pour la confiance dans
l’économie numérique », RLDC 2004.314
220 Philipple Le Tourneau, Contrats ionformatiques et électronique, D 2004, n° 23, p 293
117
qu’elles ont été portées à la connaissance du destinataire, elles lui sont
inopposables.221
Mentions obligatoires
L’article 1369-4 nouveau du Code civil prévoit par ailleurs que l’offre222
doit énoncer en outre :
221 on notera que le droit allemand prévoit que, dans ce cas, le consommateur peut se retirer à tout
moment du contrat tandis que le droit autrichien prévoit une amende (Hulmark-Ramberd, The E-
commerrce, Directive and formation of contratct in a comparative perspective, Européen Law Review,
2001, p 438
222 Philippe Stoffel-Munck, (La réforme des contrats du commerce électronique, Communication,
commerce électronique, septembre 2004, Etude n° 30) fait observer qu’il s’agit moins d’une offre au
sens civiliste du terme, puisqu’il peut s’agir d’une simple proposition de contracter à laquelle répondra
une offre ferme et précise du destinataire
223 comme Olivier Cachard (Olivier Cachard, « Le contrat électronique dans la loi pour la confiance
dans l’économie numérique », RLDC 2004.314) nous pensons que cette mention n’impliquepas
l’abandon de l’obligation d’emploi du français
118
Il ajoute qu’il peut, en outre, y être dérogé dans les conventions conclues
entre professionnels.
Cela signifie donc qu’une offre ferme, précise et complète engage son
auteur tant qu’elle est accessible par voie électronique, sous réserve,
bien sûr, que cela soit de son fait (et non résultant d’une mise en
mémoire tampon dans un proxi ou un moteur de recherche ).
224 Pour le droit français, voir par exemple Cass. Civ. 3e, 10 mai 1968, 2 arrêts, Bull. civ., III, n°209, p.
161 : " si une offre de vente peut en principe être rétractée tant qu'elle n'a été acceptée il en est
autrement au cas où celui de qui elle émane s'est expressément engagé à ne pas la retirer avant une
certaine époque
225 Jacques GESTIN, Op. Cit., p. 234.
226 Cass. Civ. 1er, 8 octobre 1958, Bull. civ., I, n°413, cité par Jacques GESTIN, Op. Cit., p. 235.
119
Il est dès lors indispensable que les professionnels se livrent à une
gestion soignée de la "datation" de ces documents, de leur mise en ligne
comme de leur suppression et veillent à retirer les offres de leurs sites
quand ils les jugent caduques, spécialement quant ils ont épuisé leur
stock227.
B. La manifestation de l'acceptation
a) la forme de l’acceptation
Selon le principe du consensualisme, l’acceptation ne doit revêtir aucune
forme particulière. Il demeure toutefois essentiel d’observer la manière
dont elle pourra se manifester sur les réseaux électronique. On peut
notamment s’interroger sur les procédés offerts à l’internaute pour
exprimer l’acceptation d’une pollicitation proposée sur une page Web .
Tacite ou expresse, l’acceptation doit être suffisamment explicite pour
aboutir à la formation du contrat.
Le " cliquage " sur un bouton d'acception présenté sur une page Web
commerciale suffit-il à exprimer réellement l'intention de l'internaute a
accepter les termes essentiels du contrat qui lui sont proposés ?
L'acceptation de l'internaute n'étant ni exprimée oralement, ni par écrit, il
peut sembler difficile de considérer ce simple fait comme une acception
expresse.
Pourtant, la mise en action du bouton d'acceptation entraîne la
transmission d'informations numériques qui seront reconnues par un
logiciel, lequel les convertira en informations intelligibles pour le
commerçant destiné à les recevoir. Ce résultat provient de la pression du
doigt de l'internaute sur le bouton de sa souris ou sur la touche de
validation de son clavier, c'est à dire d'un geste. Au travers de
l'enchaînement de conséquences décrit ci-dessus, ce geste sera
identifiable par le commerçant.
Or, nous savons qu'en droit civil un geste non-équivoque ou un
comportement actif peut être considéré comme une manifestation
expresse de la volonté de l'acceptant. Par exemple, le fait pour une
227Philippe Stoffel-Munck, La réforme des contrats du commerce électronique, Communication,
commerce électronique, septembre 2004, Etude n° 30
120
personne de monter dans un autobus ou dans un taxi en stationnement
à l'emplacement consigné est considéré par la jurisprudence comme une
manifestation expresse de l'acceptation du contrat de transport228. La
doctrine admet également que de simple signes fait avec le corps tel
qu'un hochement de tête dans une vente aux enchères peuvent
constituer une acception expresse " si, d'après la coutume, ils sont
normalement destinés à révéler la volonté 229 ". Les tribunaux pourraient
alors prendre en compte l'usage qui s'est développé sur l'Internet pour
convenir du fait que le cliquage sur le bouton approprié constitue
effectivement une acception.
Enfin, comme le souligne J. Ghestin, " les manifestations de la volonté
expresses et tacites se caractérisent par l'intention de communiquer,
c'est à dire par le but poursuivi par leur auteur "230. Il y aurait peu de
difficultés à assimiler le cliquage sur un bouton d'acceptation comme une
" intention de communiquer " de la part du consommateur.
D’ailleurs, saisi par une association de consommateur qui voulait voir
déclarée abusive la clause insérée au sein du préambule des conditions
générales de vente du préambule des conditions générales de vente
d’un site de commerce électronique stipulant :
La commande de produits présentés sur le site Père-Noel.fr, dans
le catalogue électronique Père-Noel.fr, est subordonnée à
l’acceptation par l’acheteur et vaut acceptation sans aucune
réserve par ce dernier, de l’intégralité des conditions générales de
vente exposées ci-après. Ces conditions générales de vente
s’imposent à l’acheteur sans égard pour des clauses particulières
ajoutées par lui – sauf accord exprès du vendeur et sans égard
pour les documents publicitaires émis par Père-Noel.fr.
L’acceptation de l’acheteur est matérialisée par sa signature
électronique, concrétisée par le « clic de validation », ainsi que par
la communication de ses coordonnées bancaires aux fins du
paiement de sa commande. Cette signature électronique a valeur
de signature manuscrite entre les parties. Cette double démarche
équivaut pour l’acheteur à reconnaître qu’il a pleinement
connaissance et qu’il approuve l’ensemble des conditions
indiquées ci- après.
228Nancy, 1er mars 1950, J.C.P. 1950. II. 5892 et Cass. civ., 1 er, 2 décembre 1969, Bull. civ., I, P. 303
n°381, cités par Jacques GESTIN, Op. Cit., p. 303.
229 Jean Carbonnier, Les obligations, T 4, Thémis, PUF 1992, p 84
230 Jacques GESTIN, Op. Cit., p. 302.
121
Le tribunal de grande instance de Paris a jugé que cette clause n’était
pas abusive au sens de l’article L 132-1 de la consommation, faute de
créer un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des
parties, dés lors que le consommateur est nécessairement invité à
prendre connaissance des-dites conditions générales avant de valider sa
commande231.
b) l’étendue de l’acceptation
Pour qu'un contrat soit valablement formé, la concordance de l'offre et
de l'acceptation devra porter sur les éléments essentiels du celui-ci. On
doit donc s’assurer que l'internaute a effectivement admis l'ensemble des
dispositions essentielles du contrat d'adhésion proposé par le marchand.
Afin de s’assurer que le consentement du consommateur est sans
équivoque, l’offre commerciale est souvent suivie d’une succession de
pages écran invitant le consommateur à confirmer son acceptation, ses
choix. C’est ce qu’on appelle le « chemin de contrat » que la loi sur
l’économie numérique, suivant en cela les recommandations du rapport
du Conseil d’Etat, a rendu obligatoire dans les relations entre un
professionnel et un consommateur .
Le chemin de contrat
La loi sur l’économie numérique introduit en effet dans le code civil un
nouvel Art. 1369-5 qui dispose que pour que le contrat soit valablement
conclu, le destinataire de l’offre doit avoir la possibilité de vérifier le détail
de sa commande et son prix total, et de corriger d’éventuelles erreurs,
avant de confirmer celle-ci pour exprimer son acceptation.
Ainsi, non seulement la loi impose à celui qui propose une offre en ligne
de préciser dans l’offre "les différentes étapes à suivre pour conclure le
contrat par voie électronique" mais il va bien au-delà en imposant,
lorsque le contrat est proposé par voie électronique, la manière dont il
sera conclu. Ainsi, « pour que le contrat soit conclu, le destinataire de
l’offre doit avoir eu la possibilité de vérifier le détail de sa commande et
son prix total, et de corriger d’éventuelles erreurs, avant de confirmer
celle-ci pour exprimer son acceptation ".
231 TGI Paris 4 février 2003, D 2003, jur p 762 obs Cédric Manara
122
destinataire de l’offre (l’internaute) aura cliqué deux fois : une première
fois, pour passer commande, une seconde pour confirmer celle-ci232.
L’accusé de réception
Une fois encore il faut souligner que le texte ne prévoit aucune sanction
à l'égard des contrevenants. On observera en premier lieu que l’absence
d’accusé de réception ne serait pas de nature à affecter la validité du
contrat puisqu’il est censé être adressé une fois l’échange des
consentements réalisés 233.
232 Xavier Linant de Bellefonds en conclut que, finalement, l’offre de contracter n’est qu’une
proposition d’engager une session de contractualisation c’est à dire de pourparlers : La réforme des
contrats du commerce électronique, Communication, commerce électronique, septembre 2004, Etude
n° 22
233Xavier Linant de Bellefonds considère pourtant que la rencontre des consentement n’est effective
que lorsque l’accusé de réception est envoyé par l’offreur ( La réforme des contrats du commerce
123
On pourrait d’autre part considérer que le cyber-marchand qui ne
respecterait pas cette obligation engagerait sa responsabilité
contractuelle . Mais cette mise en jeu de sa responsabilité suppose que
celui qui la met en œuvre doit démontrer non seulement qu’il a bien
conclu un contrat, alors même qu’en l’absence d’accusé de réception, il
est dépourvu d’élément de preuve, mais encore le préjudice que cette
inexécution lui aurait causé.
124
résultant des deux premiers alinéa comme pour les contrats conclu par
courrier électronique) dans les conventions conclues entre
professionnels.
Mais à défaut d'une indication expresse dans leurs contrats, les relations
BtoB seront donc aussi régies par la LEN.
Les tribunaux ont été depuis longtemps confrontés aux litiges portant sur
des contrats conclus par correspondance. Les deux types de difficultés
les plus couramment rencontrées tiennent à l’identité des parties au
contrat et à la date de formation du contrat. A ces questions, qui risquent
de survenir aussi sur internet, s’ajoutent deux sujets spécifiques au
commerce électronique et tenant d’une part à la nature de la relation
entre l’homme et la machine et, d’autre part, à la preuve de la
convention.
125
Plus délicat est le problème qui se pose lorsque l’acheteur est mineur ou
incapable majeur. S’il est mineur, sa capacité est limitée, aux termes des
articles 389-3 et 450 du Code Civil, aux seuls actes de la vie courante.
S’il peut ainsi acquérir un vélomoteur234 ou louer un véhicule
automobile235, il ne peut acquérir une automobile236.
Le vendeur risque dès lors de se voir opposer par les parents du mineur
la nullité du contrat sur le fondement de l’article 1124 du Code Civil. Il ne
pourra en tout état de cause se retourner contre ces derniers car la Cour
de Cassation considère qu’ils ne sont pas tenus des obligations des
contrats passés par leurs enfants mineurs, que ce soit ou non dans le
cadre des actes de la vie courante237.
Quel que soit le type de convention, et donc même s’il s’agit d’un acte de
la vie courante, le contrat peut en outre être rescindé sur le fondement
d’une simple lésion (article 1305 du Code Civil).
234
CA Rennes 19 novembre 1980 Juris data n° 80220
235
Cass Civ I 4 novembre 1970 JCP 1971 II 16631
236
Cass Civ I 9 mai 1972, Bull Civ I n 122
237
Cass Civ I 21 juin 1977, Bull Civ I n° 285
238
TI Nimes 29 juin 1982, D 1983, jur p 13
239
art.1990 c. civ : Un mineur non émancipé peut être choisi pour mandataire ; mais le mandant n'aura d'action
contre lui que d'après les règles générales relatives aux obligations des mineurs.
126
- la simple délivrance du numéro de carte de crédit n’est pas une
conditions suffisante pour s’assurer de la majorité d’une
personne. Nombreux sont les cas de piratage d’un numéro de
carte ;
- les commerçant ne désirent pas alourdir les procédures
d’acceptation qui, en elles-mêmes, exigent souvent la délivrance
d’un numéro de carte de crédit pour effectuer le paiement du
produit ou du service souhaité.
Le majeur en curatelle conserve quant à lui le droit de passer seul tous les
actes d’administration. L’article 510 du Code Civil lui interdit en revanche
de passer seul des actes de disposition pour lesquels il doit obtenir
l’assistance de son curateur. La Cour de Cassation en a déduit qu’une
banque ne pouvait délivrer une carte accréditive dès lors que celle-ci lui
donne la possibilité de s’endetter au delà de ses revenus241. Appliqué dans
le cadre des ventes à distance, ce principe pourrait aboutir à interdire à un
majeur sous curatelle de procéder à ce type de vente. En effet, le différé
de paiement qui survient en cas de paiement à la livraison entre le jour où
la commande est passée et celui auquel la somme est payée donne la
possibilité au majeur sous curatelle de s’endetter au delà de ses revenus.
127
De nombreuses solutions ont été proposées par la Doctrine pour résoudre
ce problème. Deux grandes théories s’affrontent : la théorie de l’émission,
qui retient le moment où l’acceptation est émise et celle de la réception,
qui suggère de retenir le moment où le policitant reçoit la réponse . Ces
deux systèmes se divisent eux-mêmes chacun en deux sous-systèmes.
Alors que si elle énonce dans certains arrêts que la détermination du lieu
et du moment de la formation du contrat constitue une question de fait qui
relève de l’appréciation souveraine des juges du fond243, elle prend dans
d’autres décisions parti pour l’une ou l’autre thèse244.
Le nouvel article 1369-5 au Code civil qui dispose que pour que le contrat
soit conclu, le destinataire de l’offre doit avoir eu la possibilité de vérifier
le détail de sa commande et son prix total, et de corriger d’éventuelles
erreurs, avant de confirmer celle-ci pour exprimer son acceptation prend
partie pour la théorie de l’émission, ou plus exactement pour celle de
l’émission de l’acceptation confirmée,245 alors que la Directive sur le
commerce électronique qui, dans son article 11, indique que « le
prestataire accuse réception de la commande » allait plutôt dans le sens
de la théorie de la réception,246, suivant en cela le modèle dominant, plutôt
défavorable au consommateur, adopté par les droits américain247 et
anglais et que l’on retrouve généralement en droit international, que ce soit
au sein de la loi-type élaborée par la CNUDI248 ou la convention de
242 voir cependant Luc Grynbaum qui estime que la Cour de cassation a opté enf aveur de la théorie
de l’émission de l’acceptation, Contrats entre absents : les charmes évanescents de la théorie de
l’émission de l’acceptation, D 2003, Chron p 1706.
243 Cass Com 21 novembre 1966, JCP 1967 ed G II n 15012 note Level, Cass Com 22 juin 1976, Bull
Civ IV p 84, Cass Civ III 24 octobre 1978, Bull Civ III n 320
244 par exemple Cass Civ 21 décembre 1960, Bull Civ I p 456 D 1961 jur p 417 pour la théorie de la
réception, et Cass Com 7 janvier 1981, Bull Civ IV n 14, RTDCiv 1981, 849 obs Chabas pour la
théorie de l’émission, étant précisé que certains auteur ont vu dans cette dernière décision un arrêt de
principe eu égard à la formulation très générale des attendus utilisés par la Chambre Commerciale.
Plus récemment, à propos d’un contrat de travail conclu par téléphone, qui retient aussi la théorie de
l’émission Cass Soc 11 juillet 2002, Bull Civ V n° 254
245 L Grynbaum ; Projet de loi sur la société de l’information : le régime du contrat électronique, D
128
Vienne, qui, en ce sens249
a) Données du problème
249 Elisabeth Grimaux, la détermination de la date de conclusion du contrat par voie électronique,
Communication, commerce électronique 2004 chronique n° 10
250 Elisabeth Grimaux, la détermination de la date de conclusion du contrat par voie électronique,
Gesetz et l’Angleterre dont l’Electronic Comemrce Régulation 2002/25013 est entré en vigueur le 21
août 2002
129
La passation d’un contrat sur internet pose une autre difficulté,
d’apparence plus théorique : peut-on échanger un consentement avec
une machine 255?
Les questions qui se posent sont les suivantes : peut-on dire que les
conditions essentielles de formation des contrats ont été respectées ?
Peut-on considérer qu’une machine puisse valablement manifester un
255 cette question avait été déjà envisagée, mais en dehors de l’environnement internet, par Jérome
Huet, « le consentement échangé avec la machine »,RJComm 1995, n° 11 p 124
256 Sur la fonctionnalité des cookies, voir Jean-Marc DINANT, Les traitements invisibles sur Internet :
130
consentement ? En d’autres termes, un bien meuble, fût-il aussi
sophistiqué qu’un ordinateur, peut-il disposer d’une capacité à
consentir ? Le consentement de l’une des parties peut-il être exprimé par
un système automatique ?
258 Marty et Raynaud, Droit civil, Les obligations, 2eme ed. T 1, les sources, n° 102
259 Terré, Simler, Lequette, Précis Dalloz, Droit Civil, les Obligations, 8eme ed.
260 Ripert et Boulanger, Traité de droit civil (d’après le traité de Paniol), T 2, 1957 n° 136
261 Jean Carbonnier, Droit Civil, T 4, les Obligations, Themis, 22eme ed. n° 37
262 R. Saleilles, La déclaration de volonté, Préface p VIII cité par Marty et Raynaud, Droit Civil, Eme
131
b) la recherche d’une solution264
132
responsable. Plutôt que d’utiliser le terme « expression », il conviendrait
plutôt d’employer celui de « transmission d’information ». L’ordinateur
devient alors l’objet par lequel sera transmise la volonté du véritable
acteur juridique de la transaction. Ainsi, l’on ne devrait plus dire que
l’ordinateur a conclu automatiquement un contrat pour le compte de la
personne dans l’intérêt de laquelle il agit. Bien au contraire, c’est la
personne qui a conclu le contrat au travers d’un outil de communication
chargé de transmettre sa volonté.
Cette solution propose en quelque sorte de jouer sur les mots. Il s’agit
d’employer le bon terme pour contourner une évidence : en fixant elle-
même certains éléments essentiels du contrat (prix et/ou quantité de
marchandise), la machine ne fait que transmettre la simple volonté de
l’acteur juridique. Elle comble les zones de négociation au seul
desquelles la volonté directe et immédiate de l'utilisateur n'intervient
plus. Un simple téléphone ne prend jamais ce genre d'initiatives !
Le fait de considérer les actes perpétrés par un ordinateur au même titre
qu'une conversation téléphonique relève donc d'une véritable fiction
théorique. Celle-ci présente pour seul avantage de ne pas remettre en
cause notre ordre juridique comme c'était le cas dans la première
proposition. Ainsi, nous quittons le monde du virtuel pour aborder celui
du fictif ou encore du " simulacre ". Dans ce cas là, le droit se propose
d'ignorer simplement l'autonomie de la machine de manière à ne pas
bouleverser le scénario juridique écrit avant l'arrivée des acteurs du
commerce électronique.
Le risque est indéniable : si les juges adoptent cette théorie, l'acteur
juridique devra irrémédiablement supporter les conséquences
désastreuses qui pourraient survenir d'un bug informatique, d'une erreur
de calcul ou d'un défaut de programmation. Il sera tenu de l'ensemble
des termes contractuels réorganisés ou " décidés " par la machine
comme si ceux-là émanait directement de sa propre volonté.266
266 c’est ce qui a failli arriver à la société Netbusiness qui, à la suite d’une erreur, proposait à la vente
sur son site un rétropojecteur valant plus de 50 000 F à un prix de 5290 F, fut assignée par un
internaute qui avait passé commande . Le tribunal d’instance de Strasbourg n’a pas suivi celui-ci,
estimant que « n’exprime pas le consentement du vendeur un prix résultant d’une erreur purement
matérielle d’étiquetage prouvée par le prix proposé par ses concurrents « (TI Strasbourg 24 juillet
2002, D 2003, Jurisprudence, actualité jurisprudentielle p 2434 obs Cédric Manara) de la même façon,
la société Amazon qui, à la suite d’une erreur, proposait sur son site une télévision valant 1049 $ à un
prix de 99,99 $, fut poursuivie devant un tribunal américain par l’un des internautes qui s’était porté
acquéreur . Le juge ne l’a pas suivi au motif que le contrat n’était pas formé à défaut de débit du prix
de vente. Egalement du même type http://news.com.com/2100-1017-964831.html
133
Alors que la première solution se proposait de personnaliser la machine,
la seconde décide d'ignorer purement et simplement son pouvoir
décisionnel. Peut-être existe-t-il une issue raisonnable entre ces deux
extrêmes.
267 Voir John P. FISCHER, " Computers as agents: A proposal approach to revised U.C.C. article 2 ",
Indiana L. J., 72, 1997
268 " Indeed, the provisions discussed below dealing with EDI's capability to form a contract without
human awareness or consent [proposed article 2 U.C.C. Draft] reach precisely the same results as
agency law would reach if applied to the computers witch enter into contracts. ", John P. FISCHER,
Op. Cit., p. 557.
269
C'est pourquoi Isabelle de Lamberterie avait-elle rejeté cette possibilité en 1988, Isabelle de
LAMBERTERIE (Dir.), La vente par voie télématique -- Rapport intérimaire, Ivry, CNRS, 1988, p. 27.
134
4° L’établissement d’un lien d’obligation entre l’ordinateur et
la personne juridique
Des théories d’inspiration américaine envisagent de créer un lien légal
d’obligation entre la machine et la personne pour le compte de laquelle
elle agit.
Deux projets vont dans ce sens :
- le projet de modification du Uniform Commercial Code (U.C.C.)
américain qui aborde la notion d'agent électronique définit
comme " a computer program or other electronic or automated
means used, selected, or programmed by a person who initiate
or respond to electronic messages or performances without
review by any individual. "270 Cet agent électronique constituerait
en fait une nouvelle forme de mandat palliant les obstacles
évoqués ci-dessus. Le projet américain a sans doute subit
l'influence de Raymond T. Nimmer qui s'est consacré à élaborer
une théorie de l' " attribution "271 dont le but est de créer un
véritable lien d'obligation entre le message et la personne pour
le compte de laquelle il a été automatiquement transmis. Nous
retrouvons la même proposition au sein de la loi-type de la
CNUDCI (Commission des Nations Unies pour le Droit
Commercial International)272
- la loi-type de la CNUDCI : en son article 12, intitulé " Attribution
des messages de données ", la loi-type stipule notamment
qu' " un message de données est réputé émaner de l'expéditeur
s'il a été envoyé (...) par un système d'information programmé
par l'expéditeur ou en son nom pour fonctionner
automatiquement ".
272Loi type de la CNUDCI sur le commerce électronique et Guide pour son incorporation" CNUDCI
(1996), peut être consultée sur le site http://www.uncitral.org/english/texts/electcom/ml-ec.htm. Elle a
pour vocation d'être intégré dans le système juridique des Etats qui auront décider de l'adopter.
135
l’essentiel est bien l’intention de s’engager . S’il est vrai que pour que
cette intention ait une valeur juridique, il faut nécessairement qu’elle soit
extériorisée, ce qui importe en définitive, c’est moins cette manifestation
de volonté qu’elle traduit que la volonté intime elle-même273
Elle pourrait peut être cependant trouver un écho en droit positif français
au travers de la responsabilité du fait des choses de l’article 1384 du
code civil. Le fait qu’un ordinateur, encore considéré comme une chose,
ait provoqué une situation matérielle ou morale préjudiciable pour un
tiers engage irrémédiablement la responsabilité du gardien. Un lien
d’attribution entre le gardien et le message envoyé par la machine a dont
bien été créé par cet acteur « incapable juridiquement ». Bien que nous
nous situons ici en matière délictuelle, nous voyons bien que le droit civil
n’est pas totalement réfractaire à ce genre de situation.
Les sources n° 96
136
manipule le serveur du site pour mettre en forme sa commande puis la
valider.
En quelque sorte, l’accès au site constitue la preuve du mandat276.
Les conditions de fonctionnement du logiciel d’interface que le
cybermarchand a programmé constituent en quelque sorte le cadre du
mandat qu’il consent au consommateur.
En d’autres termes, le pirate informatique qui détournerait le programme
proposé par le commerçant pour passer une commande dépassant ses
prévisions excèderait les limite du mandat et pourrait donc se voir
opposer la nullité du contrat.
276la doctrine et la jurisprudence admettent tout à fait que l’existence d’un mandat tacite puisse être
présumée à partir de circonstances de fait qui rendent celui-ci vraisemblable : J. Ghestin, Traité de
droit civil, Les obligations, Le contrat, LGDJ 3emeed. N° 400
277 Jean CARBONNIER, Droit civil, t 4 – Les obligations, Paris, Themis, PUF, 1992, p. 84.
278Voir V. A. VIALARD, " L'offre publique de contrat ", Rev. Trim. Dr. Civ., 1971, p. 753, cité par
Jacques GHESTIN, Op. Cit., p. 223.
137
La volonté interne peut être prouvée par tous moyens s'agissant par
exemple d'établir qu'un fait juridique a vicié le consentement de l'une des
parties279. La preuve de la défaillance de la machine pourrait alors
suffire. Bien sur, une telle acceptation soumettrait la volonté réelle des
parties à l'interprétation des juges à qui on laisse le soin de rechercher
postérieurement si les messages émis par la machine caractérisent
suffisamment la volonté de son utilisateur. Elle ferait alors peser une
certaine incertitude sur chacun des actes effectués par les systèmes
automatiques. Cela pourrait sembler insupportable dans certaines
relations commerciales. Une telle solution aura cependant le mérite de
poser comme principe la validité des conventions automatisées.
I La notion de consommateur
Elle ne fait pas l'objet du même consensus chez les juristes. Bien
que fréquemment utilisée depuis trente ans, elle ne repose, en droit
français, sur aucune définition légale, ce qui, bien entendu, n'a pu que
contribuer à alimenter une longue controverse doctrinale et
jurisprudentielle280.
279Sur l'ensemble de ces questions en droit français voir notamment Jacques GHESTIN, Op. Cit., p.
297.
280 G.Cornu, Rapport sur la protection du consommateur et l'exécution du contrat en droit français, Trav.
Assoc H. Capitant, t 24, 1973, Dalloz 1975 p 131; G. Berlioz, Droit de la consommation et droit des
contrats, JCP 1979, ed . G, I, 2954; G.Rouhette, Droit de la Consommation et théorie générale du contrat,
Et. Rodière, Dalloz 1981, p 247-272, JP Pizzio, L'introduction de la notion de consommateur en droit
français, D 1982, chr 91; rep com Dalloz, Droit de la consommation, 1987, n 416; Ph Malinvaud, La
protection du Consommateur; D 1981 Chr 49 n2; Le Consommateur, 81eme Congrès des Notaires de
France, Lyon 1985; Malaurie, Le Consommateur, Def 1985, art 33593; G Cas et D Ferrier, Traité de droit
de la Consommation, PUF 1986, n8; J Ghestin, Le Contrat, LGDJ 1988, n59; A Oillic-Lepetit, La Notion
de consommateur en droit français; Contrats-Conc-Consom, 1988, n44, p 3; J Mestre, Des notions de
Consommateurs, RTD Civ 1989, P 62s, Ch Giaume, Le non professionnel est-il un consommateur? où
les problèmes de la redondance en droit de la consommation: Petites Affiches 23 juillet 1990 p 25;
J.Calais-Auloy, F Steinmetz, Droit de la Consommation, Dalloz 4eme ed 1996, n° 9; G.Paisant, Essai sur
la notion de consommateur en droit positif, JCP ed G 1993 3655, LR. Martin, Le Consommateur Abusif, D
1987, Chr p 150, H Davo, Fasc Jurisclasseur Civil, Contrat et Obligation, Protection du Consommateur,
138
La promulgation d'un code de la consommation par la loi du 26 juillet
1993 aurait pu sans nul doute être l'occasion, comme l'avait préconisé un
éminent auteur 281 d'élaborer une fois pour toutes une définition générale.
Il n'en n'a rien été puisque la loi de 1993 s'est contentée de compiler dans
un code unique diverses dispositions législatives déjà existantes 282
D.Bureau, Remarques sur la Codification du droit de la consommation, D 1994, Chron p 291, Giverdon,
Lecharny, Regnier, Verdun, GP 4 février 1994 p 8, Code de la Consommation Commenté par JP Pizzio,
ed Montchretien 1995.
139
prêts consentis par toute personne physique ou morale en vue de financer
l’acquisition d’un immeuble à usage d’habitation ou à usage professionnel
et d’habitation, à l’exception des prêts « destinés, sous quelque forme que
ce soit, à financer une activité professionnelle »
Les autres textes, comme les lois n78-23 du 10 janvier 1978 95-96
du 1er février 1995 sur les clauses abusives, la loi n° 83-660 du 21 juillet
1983 relative à la sécurité des consommateurs, l’article 30 de l’ordonnance
n°86-1243 du 1er décembre 1986 sur le refus de vente, la loi n° 88-14 du
5 janvier 1988 relative aux actions en justice des associations agréées de
consommateurs et à l’information des consommateurs, la loi n°88-21 du
23 juin 1989 relative à la protection et à l'information du consommateur, la
loi n 92-60 du 18 janvier 1992 renforçant la protection des
consommateurs l’ordonnance n° 2001-741 du 23 août 2001 relative aux
contrats de vente et de prestation de service conclu à distance, font
référence à la notion de consommateur, ou à celle de non-professionnel
qui est considérée par la jurisprudence comme synonymique, sans pour
autant la définir.
140
non professionnels, devient une partie à un contrat de fournitures de biens
ou de services285, " la personne physique ou morale de droit privé qui se
procure ou utilise des biens et des services pour un usage non
professionnel 286. L’administration adopte d’ailleurs une position identique
. Dans une circulaire datée du 19 juillet 1988 relative à l’application de
l’arrêté du 3 décembre 1987 relatif à l’information du consommateur sur
les prix, elle précise que »le consommateur s’entend comme le
consommateur final qui emploie (des produits) pour satisfaire ses propres
besoins et deux des personnes à sa charge, et non pour les revendre, les
transformer ou les utiliser dans le cadre de sa profession ».287
288 Dir 85/577 du 20 décembre 1985 sur la protection des consommateurs dans le cas de contrats
négociés en dehors des établissements commerciaux, dir 99/44 du 25 mai 1999 sur certains aspects de
la vente et des garanties des biens de consommation, CJCE 21 juin 1978, Bertrand, aff 150/77, Rec
CJCE p 1431, CJCE 14 mars 1991, P. di Pinto, aff C 31/89, Rec CJCE, I, p 1206, CJCE 3 juillet 1997, D
1997, IR p 174, cf Monique Luby La notion de consommateur en droit communautaire : une commode
inconstance ; également CJCE 3eme ch, 22 novembre 2001, aff. jointes C 541/99 et C 542/99 ; Cape
Snc c/ Idealservice et Idealservice MNRE Sas c/ Omai Srl, JCP 2002, II Jur 10047 note Gilles Paisant
289 Cass Civ I 15 avril 1982 D 1984, J p 439 note J.P. Pizzio
290 Cass Civ 1ere 15 avril 1986, D 1986, IR 393 obs Aubert, ou à un commerçant en appareils
électro-ménager, Cass Civ I 23-06-87, Bull 87 I no 209 p 154
141
professionnel qui agit pour les nécessités de son activité professionnelle. Il
n'est donc pas tenu compte de l'état réel d'infériorité du professionnel, qu'il
soit petit artisan ou société anonyme, néophyte ou expérimenté.
291 Cass Civ 1ere, 28 avril 1987 D 1988, 1, note P. Delebecque; D 1987 Somm 455 obs Aubert; JCP
1987, II, 20893 note Paisant, Paisant, les nouveaux aspect de la lutte contre les clauses abusives, D
1988, Chron 253 n5, RTDCiv 1987.537 obs Mestre.
292 Cass Comm 8 juillet 1975 GP 1976, 1, 329.
293 Cass Civ I 25 mai 1992, Audijuris juin 92 n 21 p 25 note Vigneau, D 92 somm p 401, JCP I 93 N
3655 note Paisant, D 1993, Jur p 87 note Nicolau,
294 Cass Civ I, 20 octobre 1992, JCP 93 n 22007 Note Paisant
295 Cass Civ I 6 janvier 1993, Audijuris avril 92 n 30 p 24 note Vigneau, JCP 93 n 22007 note Paisant
296 CA Besançon, 10 juin 1994, Contrats, Conc, Consomm 1995 n 23 obs Raymond
142
Il est intéressant de noter que la motivation de ces décisions est
identique quelle que soit la loi à laquelle il s'applique, alors que, nous
l'avons vu, les champs d'application des lois de 1972 et 1978 ne sont pas
rédigés en termes identiques, confortant ainsi la thèse de l’unification de la
notion de consommateur.
Une distinction intervient donc entre les contrats conclus pour les
besoins de la profession, "actes de la profession" 298 et donc exclusifs de
la notion de consommateur, de ceux conclus, certes à l'occasion de la
profession, mais en dehors de la sphère habituelle de compétence, "actes
relatifs à la profession" 299
297
Cass Civ 1ere, 28 avril 1987 op. cit.
298 JL Aubert obs D 1988 somm 407
299 JL Aubert op. cit.
300 Rapport de la Cour de Cassation 1987 p 208
143
passé entre une banque et un supermarché au motif que la convention
avait été conclue entre professionnels 301
144
rapport direct avec son activité professionnelle306. Par la suite, elle
écarte l’application de ce même texte à un contrat de distribution d'eau
souscrit par une société industrielle307, puis, à un contrat portant sur
l'acquisition d'un logiciel de gestion de clientèle souscrit par une société
commerciale au motif identique que ces dispositions "ne s'appliquent pas
aux contrats de fournitures de biens ou de services qui ont un rapport
direct avec l'activité professionnelle exercée par le cocontractant". 308
306 Cass Civ I 24 janvier 1995, D 1995 Jur p 327 note Paisant, Audijuris n 54 juin 1995 p 4 note Amlon,
D 1995 Sommaires Commentés p 310 obs Pizzio, JCP 1995 ed G IV 745, Contrats, Conc, consom 1995
comm 84 note Leveneur, RTDCiv 1995 p 362 obs Mestre, JCP 1005 I 3893 n 28 obs Viney
307 Cass Civ I 3 janvier 1996, D 1996 IR p 47, D 1996 jur p 228 note Paisant, JCP 1996 I 3929 obs
Labarthe
308 Cass Civ I 30 janvier 1996 D 1996 jur p 228 note Paisant, Audijuris n 64 mai 1996 p 18 note
Vigneau, JCP 1996 IV 673, Contrats, Conc. Consom 1996 n 46 obs Raymond) (Position identique de la
chambre criminelle : Cass Crim 29 juin 1999, BICC 15 octobre 1999 p 8 n° 1105) (également, en dernier
lieu Cass Civ I 23 février 1999, D 1999, inf rapp p 82.
309 Cass Civ I 17 juillet 1996, Audijuris n 67 p 10 note Vigneau, Bull Civ I n° 331 p 231
145
Il n'en demeure pas moins que les frontières de l'espace ainsi laissé
pour l'application du droit de la Consommation ne sont pas évidentes à
tracer. Si on part du principe qu'un professionnel peut contracter pour les
besoins de sa profession sans que ce contrat ait un rapport direct avec
son activité, on pourrait dire, pour ébaucher une définition, qu'est assimilé
au consommateur le professionnel qui, à l’occasion de sa profession,
passe un contrat dont l'objet n'est pas directement destiné à la mise en
oeuvre de son activité professionnelle. Le raisonnement sociologique
devrait donc être abandonné au profit d'un raisonnement économique,
fondé sur un critère objectif, qui distingue entre les actes qui participent au
processus de fabrication, de distribution ou de consommation de ceux,
détachables de la profession, qui ne s'inscrivent pas dans ce processus
économique. 310
Ont ainsi été considérés comme n’ayant pas de rapport direct avec
la profession, bien qu’ayant été conclus pour les besoins de celle-ci :
146
Une association dont l’objet est l’apprentissage rémunéré de la
guitare a été considérée comme exerçant une activité professionnelle au
sens de l’article L 311-3 du Code de la consommation. 315Cela étant, on
peut se demander si cette nouvelle jurisprudence ne comporte pas plus
d'inconvénients que d'avantages. S'il est vrai que la Jurisprudence
antérieure pouvait être critiquable dans la mesure où elle s'écartait de
l'intention du Législateur, il n'en demeure pas moins qu'elle reposait sur
des critères de distinctions plus sûrs que ceux fondés sur le rapport direct
entre le contrat souscrit et l'activité professionnelle.
* *
147
La thèse restrictive présente indiscutablement l’intérêt de la
simplicité et de la sécurité juridique. Facile à mettre en œuvre, elle évite
que puissent être trop facilement remise en cause a posteriori des
situations juridiques créées entre professionnels. Proche de l’intention du
législateur et en harmonie avec le droit européen et celui des autres pays
de l’Union européenne, elle présente néanmoins l’inconvénient de
méconnaître la réalité économique, psychologique et financière de très
petites entreprises.
Mais pour autant qu’elle soit, sur le plan des principes, plus juste et
plus équilibrée, il n’est pas sûr que la jurisprudence de la première
chambre civile de la Cour de cassation soit, en pratique, meilleure que
l’une ou l’autre de ces deux thèses extrêmes. Les acteurs économiques,
qu’ils soient professionnels ou non, ont besoin de savoir, à l’avance et très
exactement, le régime juridique auquel ils doivent se soumettre. Or, faire
dépendre la qualité de consommateur d’un critère aussi subtil, mais parfois
aussi aléatoire, que celui retenu en fin de compte par la Cour de cassation
n’est certainement pas de nature à leur assurer la sécurité juridique à
laquelle ils sont en droit d’attendre et ce, d’autant plus que celle-ci
considère désormais que les juges du fond apprécient souverainement
l’existence du rapport direct 316.
316 Cass Civ I 1er décembre 1998, Bull Civ I n° 159 p 438 également Cass Crim 29 juin 1999, BICC 15
octobre 1999 p 8 n° 1105 et Cass Civ I 10 juillet 2001, D 2001 jur n° 34 obs C. Rondey
317
Dans le sens d’un contrôle par la Cour de cassation : 2eme ch civ, 18 mars 2004, n° 03-10.327, Bull.
civ. I n° 136, cependant, en faveur dumaintien du pouvoir souverain : Cass. 1ere civ. 27 septembre
2005, pourvoi n° 02-13935, Bull. civ. I n° 347, Répertoire du notariat Defrénois, 2005-12-30, n° 24,
jurisprudence, article 38301, 94, p. 2003-2009, observations Eric SAVAUX.
148
Cela étant, on peut s’interroger sur le point de savoir si, par un arrêt
du 27 mai 2003, la 1ere chambre civile de la Cour de cassation n’a pas
franchi une étape supplémentaire en considérant que la destination
professionnelle d’un crédit ne pouvait résulter que d’une stipulation
expresse.318 E, posant une telle règle, la Cour de cassation fait du droit de
la consommation le droit commun du contrat de crédit qui, à défaut d’une
mention expresse, est présumé être souscrit pour financer des besoins
non professionnels et donc entrer dans le champ d’application des
dispositions protectrices du Code de la consommation.
318Cass 1ere civ 27 mai 2003, JCP 2004, II.10 050 note David Bonnet, solution réafirmée par un arrêt
du 21 octobre 2003 bull I, n° 208, JCP G 2003, IV, 2945, D 2003, act. Jur. P 2820 obs C. Rondey,
Contrats, conc., consomm., 2004, com 15, note G. Raymond
149
Mais la protection du consommateur sur internet ne peut se résumer
à ce seul texte. En réalité, l’ensemble du dispositif français de protection
des consommateurs a vocation à appréhender les relations électroniques
entre le professionnel et le consommateur. En d’autres termes, internet
n’est pas un champ à part de l’application du droit mais un vecteur
nouveau de relations commerciales auquel s’applique le droit commun de
la consommation.
A Champ d’application
- les contrats portant sur des services financiers (qui font l’objet
d’une réglementation spécifique prévue aux articles L 121-20-8 et
suivants du Code de la consommation, insérés par l’ordonnance
du 6 juin 2005 qui transpose la directive du 23 septembre 2002
relative à la commercialisation à distance de services financiers
auprès de consommateurs )321
- les contrats conclu par le moyen de distributeurs automatiques ou
pour des prestations fournies dans des locaux commerciaux
automatisés,
- les contrats conclus avec les opérateurs de télécommunication
pour l’utilisation des cabines téléphoniques publiques,
320
Jérome Passa, Commerce électronique et protection du consommateur, D 2002, Chron. p 555
321
commentée par Luc Grynbaum, JCP 2005 ed. G Act. N° 398 p 1323,également Comm. Com électr
2003, comm 15
150
- les contrats conclu pour la construction et la vente de biens
immobiliers ou portant sur d’autres droits relatifs à des biens
immobilier (qui font l’objet d’une réglementation spécifique), à
l’exception de la location
- les contrats conclus lors d’une vente aux enchères publiques.(qui
font eux-même aussi l’objet d’une législation spécifique).
151
- le coût de l’utilisation de la technique de communication à
distance utilisée lorsqu’il n’est pas calculé par référence au tarif
de base,
- le cas échéant, la durée minimale du contrat proposé, lorsqu’il
porte sur la fourniture continue ou périodique d’un bien ou d’un
service.
152
- les information relatives au service après-vente et aux garanties
commerciales (qu’est-ce qu’une « garantie commerciale » ?),
- les conditions de résiliation du contrat lorsque celui-ci est d’une
durée indéterminée ou supérieure à un an.
D le droit de rétractation
Ce texte insère ainsi dans les contrats de vente conclus à distance une
condition résolutoire véritablement potestative puisque l'acheteur n'a pas
besoin de se justifier pour s'en prévaloir, ce qui est remarquable au regard
de l'article 1174 du Code Civil.
La doctrine dominante analyse pourtant les délais de réflexion comme l’élément d’un
processus de formation échelonnée du contrat, considérant qu’il ne s’agirait que d’un
contrat provisoire qui ne deviendrait parfait qu’à l’expiration du délai. 325 Pourtant,
325:G. Cornu, Rapp sur la protection du consommateur et l’exécution du contrat en droit français in La
protection des consommateurs (journées canadiennes, travaux de l’association Henri Capitant, t
153
s’agissant du délai de l’article L 121-20, il ouvre un droit de rétractation qui intervient
postérieurement non seulement à la formation du contrat, mais même au delà de son
exécution. Le contrat est donc valablement formé dés sa conclusion et le
consommateur n’a aucune action a réaliser pour qu’il se consolide. Il est, dés le départ,
définitif. En réalité, l’exercice du droit de retour remet en cause rétroactivement un
contrat valable, définitivement formé et même exécuté. Le délai de réflexion n’a pas
pour effet de différer l’exercice du consentement (comme c’est le cas en matière de
crédit immobilier par exemple) ni d’affecter sa formation ou sa force obligatoire. C’est
bien en ce sens que l’on peut bien parler d’une clause résolutoire.
Ce droit de retour doit être formé dans les sept jours à compter de la
livraison de la commande. Il s'agit d'un délai franc, de sorte que le jour de
la livraison ne compte pas. Si le délai expire normalement un samedi, un
dimanche ou un jour férié ou chômé, il est prorogé jusqu'au premier jour
ouvrable suivant.
XXIV, Montréal, Quebec et Sherbrooke, 1973) ed. Dalloz 1975, p131 et suiv, Ph Le Tourneau et L.
Cadiet, Droit de la responsabilité et des contrats, Dalloz Action, 2002-2003n )5888, p 1113
326 (Cass Civ I 23 juin 1993, Bull Civ I n 232 p160, JCP 1993, IV, 2185)
327 Tpol Les Andelys, 10 décembre 2004, Communication, commerce électronique 2005, com n° 43
note Benoit Tabaka, également ,mais de façon implicite, dans le même sens ;: TGI Paris 4 février
2003 au sujet d’une clause excluant le droit de rétractation en cas d’utilisation du produit, et jugée
abusive :, comm. Com. Electr 2004, comm. 42
154
Cependant, si l'acheteur perd la chose après la livraison du bien et avant
l'exercice de son droit de retour, il devra en supporter la perte.
329 Il s’agit par exemple des opérations sur le marché des changes, et de celles afférant aux
instruments du marché monétaire, aux titres négociables, aux parts dans les entreprises de placement
collectif, aux contrats financiers à terme (futurs) y compris les instruments équivalents donnant lieu à
un règlement en espèces, aux contrats à terme sur taux d'intérêt, aux contrats d'échange (swaps) sur
155
- pour les biens confectionnés selon les spécifications du
consommateur
- les biens qui, en raison de leur nature, ne peuvent être
réexpédiés ou sont susceptibles de se détériorer ou se périmer
rapidement
- en cas de fourniture d’enregistrements audio ou vidéo ou de
logiciels informatiques lorsqu’ils ont été descellés par le
consommateur.
Ce caractère impératif est renforcé par l’article L 121-20-6 qui dispose que
lorsque les parties ont choisi la loi d’un Etat non membre de la
Communauté européenne pour régir le contrat, le juge devant lequel est
invoqué cette loi est tenu d’en écarter l’application au profit des
dispositions plus protectrices de la loi de résidence habituelle du
consommateur assurant la transposition de la directive 97/7/CE du 20 mai
1997 lorsque cette résidence est située dans un Etat membre
taux d’intérêt ou sur devises ou contrats d'échange sur des flux liés à des actions ou à des indices
d'actions (equity swaps), aux options visant à acheter ou à vendre tout instrument visé par le présent
point, y compris les instruments équivalents donnant lieu à un règlement en espèces, étant comprises
en particulier dans cette catégorie les options sur devises et sur taux d’intérêt. 8
156
conformément à la règle de droit commun posée à l'article 2 du Code
Civil, qu'aux contrats conclus postérieurement à son entrée en vigueur.
Les contrats conclus antérieurement demeurent régis par les
dispositions sous l'empire desquelles ils ont été passés330 .
L'article 35 limite d'autre part son champ d'application aux clauses qui
sont relatives au caractère déterminé du prix ainsi qu'à son versement, à
la consistance de la chose, à la charge des risques, à l'étendue des
responsabilités et garanties, aux conditions d'exécution, de résiliation, de
résolution ou de reconduction des conventions.
Pour qu'une clause soit réputée non écrite, l'article 35 prévoit la réunion
de trois conditions, deux matérielles et une formelle:
330
Cass Civ III 3 juillet 1979, JCP 1980 II 19384 note Dekeuwer-Defossez
157
l'impossibilité pour le consommateur ou le non professionnel de
négocier les termes du contrat. Après avoir considéré un temps
qu’il se présumait dans les contrats d'adhésion331, c'est à dire
dans les contrats rédigés unilatéralement par l'une des parties et
auxquels l'autre adhère sans possibilité réelle de les modifier332,
ceux dans lesquels le contenu est déterminé unilatéralement et
arbitrairement par le partenaire 333 la première chambre de la
Cour de cassation, en affirmant ensuite que le seul fait qu'un
contrat relève de la catégorie des contrats d'adhésion ne suffit
pas à démontrer que telle clause particulière a été imposée par
un abus de puissance économique est revenue à une position
moins favorable au consommateur sur qui il fait reposer la charge
de la preuve de l’abus de puissance économique334.
La condition formelle
Pour répondre à la condition formelle, elle doit avoir fait l'objet d'une
désignation par un décret pris en Conseil d'Etat après avis de la
Commission des Clauses Abusives .
art 1er : Dans les contrats conclus entre des professionnels, d'une part,
et d'autre part des non professionnels ou des consommateurs, est
interdite comme abusive la clause ayant pour objet ou pour effet de
331
(Cass Civ I 6 janvier 1994, D 1994 Somm Comm 209 note Delebecque, Audijuris N 40 p 5 note Vigneau, JCP
1994, II n 2237, note Paisant, E. Agostini, de l'autonomie de la volonté à la sauvegarde de justice, D 1994, chron p
235)
332
(Cf Ghestin, Traité de Droit Civil, Le Contrat, 2eme ed LGDJ 1988 n 74)
333
(D. Mazeaud. Le principe de proportionnalité et la formation du contrat : Les Petites affiches, 30 sept 1998. Cf FX
Testu, Le juge et le contrat d’adhésion, JCP G 1993, I, 3673)
334
Cass. 1re civ., 12 mars 2002 ; SA Icd Vie c/ C. : Juris-Data n° 2002-013486, BICC 1er juin 2002, n° 574 p 25,
JCP ed G 2002, II 16163 note Guy Paisant
335
Cass. 1re civ., 12 mars 2002 ; SA Icd Vie c/ C. : Juris-Data n°2002-013486, BICC 1er juin 2002, n° 574 p 25, JCP
ed G 2002, II 16163 note Gilles Paisant
158
constater l'adhésion du non professionnel ou consommateur à des
stipulations contractuelles qui ne figurent pas sur l'écrit qu'il signe. Cette
disposition a été annulée par un arrêt du Conseil d'Etat en date du 3
décembre 1980.
art 2 : dans les contrats de vente conclus entre des professionnels d'une
part et d'autre part des non professionnels ou des consommateurs, est
interdite la clause ayant pour effet ou pour objet de supprimer ou de
réduire le droit à réparation du non professionnel ou consommateur en
cas de manquement par le professionnel à l'une quelconque de ses
obligations.
art 4 : dans les contrats conclus entre des professionnels d'une part et
des non professionnels ou des consommateurs d'autre part, le
professionnel ne peut garantir contractuellement la chose à livrer ou le
service à rendre sans mentionner clairement que s'applique, en tout état
de cause, la garantie légale qui oblige le vendeur professionnel à
garantir l'acheteur contre toutes les conséquences des défauts et vices
cachés de la chose vendue ou du service rendu.
336
Paisant, les nouveaux aspects de la lutte contre les clauses abusives, D 1988, Chron p 253, Mestre, Dernières
nouvelles sur le front des clauses abusives, RTDCiv 1990, 474, Huet, Les hauts et les bas de la protection contre
les clauses abusives, JCP 1992, I, n°3592, voir le site de la Commission à l’adresse suivante :
159
Face à cette inertie, la Première Chambre Civile de la Cour de Cassation
a contourné l'obstacle créé par cette carence réglementaire en utilisant
simultanément trois directions différentes:
http://alize.finances.gouv.fr/clausesabusives/.
337
Cass Civ I 25 janvier 1989, JCP 89 ed G II,21357, D 1989. 337) (voir également sur ce point Civ I 6 juin
1990 Bull I n° 145, JCP 91 ed G II, 21594
338
(D 1990 p 289 note Ghestin, JCP 1990, ed E, II, 15902, JCP ed E 1990.II.15902 note Delebecque , RTDCiv
1990.277 obs Mestre, RTDCom 1990.303, Les Grands Arrêts du droit des Affaires, S 1992.313 note Izorche,
Defresnois 1991 art 34987 obs Aubert)
160
Ce mouvement se voyait par la suite confirmé, mais cette fois-ci de façon
explicite dans un arrêt du 14 mai 339qui rejetait le pourvoi formé à
l'encontre d'un jugement qui avait annulé une clause (non visée par un
décret) limitative de responsabilité inséré dans un contrat de reproduction
de diapositives au motif qu'elle procurait un avantage excessif à l'une des
parties qui était en mesure, du fait de sa position économique, de l'imposer
à sa clientèle.
Ce débat semblait avoir été résolu par un arrêt du 26 mai 1993 340par
lequel la Première Chambre Civile énonçe "qu'il résulte de l'article 35 de la
loi n 78-23 du 10 janvier 1978 que sont réputées non écrites les clauses
relatives à la charge du risque lorsqu'elles apparaissent imposées aux non
professionnels ou consommateurs par un abus de la puissance
économique et ne confèrent pas d'avantage excessif cautionnant
l'association créancière". Elle jugeait par la suite que "le caractère
prétendument abusif de la clause litigieuse ne peut, aux termes des
articles 35 alinéa 3 de la loi du 10 janvier 1978, être invoqué à propos de
contrats de vente conclus entre des professionnels"341. En motivant de la
sorte ces décisions, la Cour de Cassation semblait bien fonder le pouvoir
du juge de déclarer une clause abusive sur les dispositions de la loi de
1978.
339
1991 (Bull Civ I n 153, D 1991, p 449 note Ghestin et Somm 320 note Aubert, JCP 1991 II 21763 note Paisant,
Contrats, conc, consom juillet 1991 n 160 obs Leveneur, RTDCiv 1991.526 obs Mestre, Les grands arrêts de la
jurisprudence civile, 10eme ed. D 1994, p 386 obs Terré et Lequette, Karimi, Examen de 26 décisions judiciaires en
matière de clauses abusives, GP 13, 14 octobre 1995 D p 2)
340
(Audijuris n35 note VV, p 10, D 1993 n 39 p 568 Note Paisant, RTDCiv 1994 p 97, JCP 1993, I, 3709, p 424
obs Marchesseaux)
341
(Cass Civ 24 nov 1993, JCP ed G 1994 n 22334, D 1994 sommaires commentés p 236 note Paisant)
342
1994 (Audijuris n 40 mars 1994 p 5 note VV)
161
constitue une clause pénale qui n'entre pas dans le domaine de l'art 35 qui
inclut les "conditions de résiliation" mais non ses conséquences.
Une première notion, celle de l'abus de droit, vient à l'esprit. Elle doit
cependant être écartée. En effet, en matière de clause abusive, l'abus ne
vient pas de l'utilisation détournée de sa finalité d'un droit préexistant, mais
de l'acquisition abusive d'un droit. 343
On peut également considérer que la clause abusive est une clause sans
cause car sans intérêt pour celui qui s'engage ou sans contrepartie réelle,
et dont la nullité résulte de l'article 1131 du Code Civil . A été jugée sans
cause la clause prévoyant la perception d'intérêts par le jeu des dates de
valeur sur les remises et retraits d'espèces sur un compte bancaire346, la
343
(contra Malaurie et Aynès, Obligations, Cujas 1994-1995 n 112, Ghestin, D 1990.286, Mestre, RTDCIv 1990
277, Bazin, JCP 1993 II 22158, Karimi, GP 13?14 octobre 1995 p 2).
344
(Cass Civ 1ere, 3 nov 1976, GP 1977, 1, 67 note Damien).
345
(Cass Com 20 mai 1980,Bull Civ IV n 212)
346
(Com 6 avril 1993, D 93. 310 note Gavalda, JCP 93 II 22062)
162
stipulation dans un contrat de prêt d'une commission trop importante non
justifiée .347
C’est sur ce même fondement que, dans une décision du 22 octobre 1996
dite Chronopost, la chambre commerciale de la Cour de cassation a jugé
que devait être réputée non écrite la clause limitative de responsabilité
portant sur l’obligation essentielle du contrat348, considérant qu’en la
limitant ou en réduisant à néant sa portée, elle prive de cause l’obligation
principale.
Une clause qui viendrait en contradiction avec une disposition légale serait
aussi nulle par application de l’article 1172 du Code civil350.
La loi du 1er février 1995, qui met la France avec un mois de retard en
conformité avec la Directive Européenne, entérine en partie l'audacieuse
jurisprudence de la Première Chambre Civile de la Cour de Cassation
347
(Cass Civ 30 mars 1943 DC 1944,13, note PLP, et Cass Com 23 octobre 1950, Bull Civ II n 300).
348
(Cass Com 22 oct 1996, JCP 1997, I, n° 4002, note Fabre-Magan, GP 1997, 2, jur p 519 note Martin, D 1997,
Chron p 147 par Larroumet, D 1997, jur p 121 note Sériaux, Gueguen, Le renouveau de la cause en tant
qu’instrument de justice contractuelle, D 1999, chron p 352)
349
(6 janvier 1994, 14 mai 1991)
350
Cass 1ere civ 13 décembre 2005, COntrats, conc., consom. 2006, comm. 35 note G. Raymond
351
(JOCE n L 95/29 21 avril 1993, JCP 1993, ed E, III, 66199, voir sur ce point Trochu D 1993, Chron p 315, Anne
Sinay-Cytermann, JCP ed . G. 1994 n 3804, François Sage, Le Droit Français au regard de la Directive 93/13 du
Conseil des Communautés Européennes du 5 avril 1993, GP 28 octobre 1994, chron p 2)
163
puisqu'elle consacre le pouvoir du juge de qualifier une clause d'abusive
sans qu'elle ait été préalablement visée par un décret352.
Comme nous l'avons déjà précisé, la loi du 1er février 1995, faute d'être
expressément rétroactive, ne s'applique pas aux contrats conclus
antérieurement353.
352
(Gilles Paisant, La Clauses abusives et la présentation des contrats dans la loi du 1er février 1995, Dalloz 1995,
Chron p 99, Ghestin et Marchessaux-Van Melle, L'application en France de la Directive visant à éliminer les clauses
abusives après l'adoption de la loi du 1er février 1995, JCP 1995 Doctrine n 3854, Bazin, La Nouvelle protection
contre les clauses abusives, Revue des Huissiers de Justice 1995 p 523, D.Mazaud, La loi du 1er février 1995 relative
aux clauses abusives : véritable réforme ou simple réformette? Droit et Patrimoine juin 1995.42, Paisant, Clauses
pénales et clauses abusives après la loi du 1er février 1995, D 1995 chron p 223
353
(Cass Civ III 3 juillet 1979 JCP 1980 II 19384 note Dekeuwer-Defossez, Civ III 20 juin 1968 D 1968 749 note
Lesage-Catel, Civ III 7 novembre 1968 JCP 1969 II 15771, Cass Civ 7 octobre 1980Bull Civ III n 152
354
(CJCE plénière 27 juin 2000, aff C-240/98 Océano Grupo Editorial SA c/ Murciano Quintero, JCP ed Enter 2001
Jur p 1281 note Paisant et Carballo-Fidalgo)
164
consommateur, telle que définie par la directive devait être interprétée en
ce sens qu’elle vise exclusivement les personnes physiques.355.
355
(CJCE 3eme ch, 22 novembre 2001, aff. jointes C 541/99 et C 542/99 ; Cape Snc c/ Idealservice et Idealservice
MNRE Sas c/ Omai Srl, JCP 2002, II Jur 10047 note Gilles Paisant)
356
que ces clauses portent sur une obligation principale ou accessoire 1ere civ 3 mai 2006, pourvoi n° 04-16698
à paraître au bulletin
357
(Conseil d’Etat 11 juillet 2001, publié au recueil Lebon, voir aussi la chronique de J. Amar, D
2001 Chronique p 34).
358
(BOSP 13 juin 1979 p 172)
165
sur la base duquel seront établies les relations contractuelles entre le
prestataire du service public de distribution des eaux et les usagers, soit
soumis à la réglementation sur les clauses abusives.359
La loi du 1er février 1995 fait la synthèse entre l'ancien article 35 de la loi
du 10 janvier 1978 et la construction prétorienne de la Première Chambre
Civile de la Cour de Cassation.
359
on rappellera toutefois le principe de l'incompétence des tribunaux judiciaires pour
apprécier la validité d'un règlement administratif (Tribunal des Conflits 16 juin 1923,
SEPTFOND, Long, Weil et Braibants Les Grands Arrêts de la jurisprudence administrative,
Sirey 8eme édition p 179), et en particulier les stipulations d'un cahier des charges type
approuvé par l'autorité réglementaire (Cass Civ I 31 mai 1988, Bull Civ I n 161, D 1988
Somm p 406 note Aubert s’agissant d’un cahier des charges type pour l’exploitation par
affermage d’un service de distribution publique d’eau potable, Cass Civ I 22 novembre 1994,
Bull Civ I n 343, D 1995 IR 16), la Cour de Cassation considérant que les tribunaux de
l’ordre judiciaire ne peuvent, sans méconnaître le principe de la séparation des pouvoirs,
déclarer que des clauses figurant dans un décret ou reprises dans un règlement ont un
caractère abusif, de sorte qu’il appartient au juge judiciaire, saisi d’une telle question de
renvoyer les parties à saisir la juridiction administrative d’une question préjudicielle.
166
clauses "noires", elle consacre l'existence de clauses "grises" dont le
caractère abusif ne dépend pas d'une détermination réglementaire mais
d'une définition générale dont l'application est laissée à l'appréciation du
juge.
Pour apprécier le caractère abusif, la loi précise que, sans préjudice des
règles d'interprétation prévues aux articles 1156 à 1161, 1163 et 1164 du
Code Civil, il s'apprécie en se référant au moment de la conclusion du
contrat, à toutes les circonstances qui entourent sa conclusion, de même
qu'à toutes les autres clauses du contrat. Il s'apprécie également au
regard de celles contenues dans un autre contrat lorsque la conclusion ou
l'exécution de ces deux contrats dépendent juridiquement l'une de l'autre.
360
Du même avis Gilles Paisant dans sa note de l’arrêt de la 1ere chambre civile de la Cour de cassation du 12
mars 2002, JCP ed G 2002 II 16163 n° 6
361
Xavier Lagarde « Qu’est-ce qu’une clause abusive », JCP ed. G 2006, I, 110
362
Cass 1ere civ 12 mars 2002 qui énonce : « la référence aux seuls désavantages subis par l’assuré, sans les
comparer avec les avantages recueillis par l’assureur, ne permet pas de caractériser l’avantage excessif » bull I
n° 92, JCP G 2002, II, 10163 note Paisant « la référence aux seuls désavantages subis par l’assuré, sans les
comparer avec les avantages recueillis par l’assureur, ne permet pas de caractériser l’avantage excessif »
363
L'inadéquation du prix ou de la rémunération au bien vendu ou au service offert peut être pris en compte par
d'autres mécanismes que celui des clauses abusives, notamment celui de la récision pour lésion (articles 1118, 1304
et 1313 du Code Civil), de la violence ( par exemple Cass Civ 1ere 3 novembre 1976, GP 1977, 1, 67 note Damien
167
L’article 16 de l’ordonnance du 23 août 2001 a cependant atténué cette
limitation en la subordonnant à la condition que la clause soit rédigée de
façon claire et compréhensible.
Outre ce dispositif qui tend à faire déclarer non écrite des clauses
contenues dans des contrats signés entre un consommateur et un
professionnel, coexiste deux autres mécanismes originaux :
pour la perception par un avocat d'honoraires excessifs qui peut faire l'objet d'une demande en restitution, l'ignorance
de ce que pouvait être dans les circonstances de l'affaire le montant normal de tels honoraires étant l'un des éléments
de la contrainte morale ayant déterminé son client, en situation d'infériorité manifeste, à lui régler la somme
demandée), du dol, de la cause (Cass Civ 30 mars 1943 DC 1944,13, note PLP, et Cass Com 23 octobre 1950, Bull
Civ II n 300 qui juge sans cause la stipulation dans un contrat de prêt d'une commission trop importante non
justifiée), de la bonne foi de l'article 1134 du Code Civil (Ord Premier Président CA Rouen 15 sept 1992, JCP 1993,
II, 21981 note Martin et RDTCiv 1993 p 354 note Mestre pour des honoraires d'avocat disproportionnés par rapport à
la simplicité du dossier).
168
modèles de conventions habituellement proposés par les
professionnels à leurs contractants non professionnels ou
consommateurs (art. L 132-2 et suivants du code de la
consommation),
Ont été déclarées abusives par la jurisprudence, que ce soit sous l’empire
de la loi du 10 janvier 1978 que de celle du 1er février 1995 :
364
Voir, sur ce point l’étude de également Xavier Lagarde « Qu’est-ce qu’une clause abusive », JCP ed. G 2006,
I, 110, qui distingue les clauses abisives parce qu’elles menacent l’économie du contrat, de celles qui octroient
un avantage excessif au seul professionnel
365
TC Fréjus 1er mars 1993, JCP 1994 II 22194 note Coutant et Alexandre. Cependant, cette jurisprudence semble
devoir être abandonnée au regard de la position nouvelle de la Cour de cassation qui refuse désormais d’assimiler à
un consommateur le professionnel concluant un contrat ayant un rapport direct avec son activité professionnelle.
169
un contrôle sur les conditions de la revente et qui confère ainsi un
avantage excessif au bailleur (même arrêt)
366
(CA Versailles, 3e ch 2 juin 1994, RJDA 1994 n 1220 p 956, RTDCiv 1995 p 360 obs Mestre)
367
(TGI Brest 21 décembre 1994, RJDA 1995 n 218 p 177, JCP 1995 ed Ed, Pan n 200,
RTDCiv 1995 p 360 obs Mestre).
170
- dans un règlement des eaux prévoyant que l'abonné est seul
responsable des dommages pouvant résulter du fonctionnement de la
partie du branchement située en dehors des limites de la voie publique368,
- dans un contrat de vente la clause qui stipule que les dates de livraison
ne sont données qu'à titre indicatif et qu'un retard dans la livraison ne
peut constituer une cause de résiliation ni ouvrir droit à des demandes
de dommages intérêts sauf si la marchandise n'est pas livrée quatre
vingt dix jours après une mise en demeure restée sans effet et
adressée après la date de livraison prévue à titre indicatif 373
171
à son échéance entraîne l’obligation pour le locataire non seulement de
restituer le matériel et de régler les loyers impayées majorés d’une clause
pénale de 10 %, mais encore de verser une somme égale à la totalité des
loyers restant à courir jusqu’à la fin du contrat majorée d’une autre clause
pénale de 10% 374
374
(CA Dijon, 1ere Ch 1ere section, 23 mars 2000, Sté Locam c/ Mme Thevenin, BICC 1er
février 2001, n° 149 p 46).
375
(CA PAris, 20 septembre 2002, INC Hebdo 1226)
376
(CA PAris, 20 septembre 2002, INC Hebdo 1226)
377
TGI Paris 4 février 2003, Consommation, commerce électronique 2003,commentaires n° 42obs Philippe
Stoffel-Munck, D 2003, Jur, p 762, obs Cédric Manara, GP 23 juillet 2003, Jur p 38
172
excessive que ne suffisent pas à atténuer les déductions qu'il prévoit
dès lors que l'allocation de la commission de 10 % sur le montant perçu
pour les installations réalisées par l'entremise du client revêt un
caractère aléatoire, tandis que la prime de fidélité est manifestement
dérisoire378.
378
Cass 1ere civ 29 oct 2002, Bull Civ n° 2254, JCP G 2002, IV, 2295, JCP E 2002, 1778, JCP 2003, I, 122 note
Natacha Sauphanor-Brouillaud
379
TGI Nanterre, 22mai 2002, Comm. Com. Electr 2002, comm. 106 et la note
380
CA Versailles, 4 février 2004, Comm. Com. Electr 2004, comm. 57, note P. Stoffel-Mubnck
381
- TGI Nanterre, 10 septembre 2003, inédit
173
- la clause donnant droit à l'organisateur d'annuler le jeu en raison
d'un événement de force majeure, et notamment d'un événement
indépendant de sa volonté (par exemple en raison d'une erreur
matérielle commise de bonne foi par un prestataire extérieur à
l'organisateur), dans la mesure où de telles hypothèses ne
remplissaient pas les caractères d'imprévisibilité, d'irrésistibilité et
d'extériorité requis pour qualifier un événement de force majeure.
(CA Paris, 23 déc. 2003)
382
1ere civ 1er février 2005, Contrat, consoc., consom 2005, comm n° 99 note Guy Raymond
383
1ere civ 1er février 2005, Contrat, consoc., consom 2005, comm n° 99 note Guy Raymond, Les annonces de la
Seine, supplément au n° 43 du jeudi 29 juin 2006 p 3 obs Audrey Abbé
174
prolongée de l'abonnement , la clause qui autorise l'opérateur à
se réserver le droit de refuser la transmission ou le stockage de
tout message dont la taille et/ou le contenu et/ou le nombre de
destinataire pourrait remettre en cause la qualité générale du
service proposé à ses abonnés en ce qu'elle confère au
professionnel, en raison de son imprécision, le droit d'interpréter
discrétionnairement la clause, la clause exonérant l'opérateur
de sa responsabilité en cas de manquement de sa part, la
clause par laquelle il se réserve, sans préavis ni formalités, la
faculté de suspendre ou résilier tout abonnement ou services en
cas de simple manquement par l'abonné à l'une de ses
obligations contractuelles384.
384
TGI Paris, 5 avr. 2005, comm., comm.electr 2005, comm 104 note Ph Stoffel-Munck
385
TGI Nanterre 9 février 2006, Communication, comm. Electr. 2006, comm 126 note Ph. Stoffel-Munck
386
TGI Paris 21 février 2006
387
TGI de Nanterre le 3 mai 2006
388
CA Versailles, 15 septembre 2005, JCP ed G, II 10029 note très critique de B. Fages, Comm., com. Eletr
2005, comm. 171 note Ph Stoffel-Munck
175
* mais ne constituent pas des clauses abusives:
176
- dans un contrat d'assurance chômage signé à l'occasion de la
souscription d'un contrat de crédit, la clause qui permet une révision
tarifaire selon l'évolution des risques du chômage dés lors que le tarif
après révision n'excède pas les taux pratiqués par des organismes
concurrents, que la preuve est rapportée d'une évolution extrêmement
défavorable de ce risque et de l'absence d'un déséquilibre manifeste
entre la prestation et son prix 395
395
- (CA Colmar 16 juin 1995, JCP 1995 II n 22532 note Bigot).
396
Cass. 1re civ., 12 mars 2002 ; SA Icd Vie c/ C. : Juris-Data n° 2002-013486, BICC 1er juin 2002, n° 574 p 25,
JCP ed G 2002, 16163 note Gilles Paisant
397
CA Versailles (1ere ch, 2eme sect) 6 septembre 2002, BICC 15 juin 2003 n° 743.
398
1ere civ 1er février 2005, JCP ed G 2005, IV, 1532,, JCP ed G Act 133 obs Caroline Pelletier, D 2005,act.
Jurispr p 565 obs V. Avena-Robardet, JCP ed G I 141 obs Natacha Sauphanor-Brouillaud, Contrats, conc.,
concom., 2005, comm n° 98 obs. Guy Raymond
177
objets deux mois après le dépôt sans verser aucune indemnité au
dépositaire est clairement informé de son obligation de se
manifester à l'issue du contrat, obligation qui lui est rappelée par
l'exigence d'une information préalable,
- il pourra être convenu à titre de prix de mise en vente initial et
pendant les deux premiers mois une fourchette de prix à l'intérieur
de laquelle le dépositaire pourra librement proposer à la vente
l'article déposé. Les deux extrêmes de la fourchette apparaîtront
alors dans les "conditions particulières" à la colonne "prix de vente
unitaire initial" dès lors qu'il s'agissait d'une fourchette de prix qui
n'était pas obligatoire et était librement débattue entre les parties
lors de la signature du contrat, de sorte que la clause n'impose pas
une obligation, mais prévoit une simple faculté, favorable au
déposant puisqu'elle permettait d'adapter le prix à la demande .399
1 Liste indicative de clauses pouvant être regardées comme abusives si elles satisfont aux
conditions posées au premier alinéa de l'article L 132-1 du Code de la Consommation.
b) d'exclure ou de limiter de façon inapproprié les droits légaux du consommateur vis à vis du
professionnel ou d'une autre partie en cas de non-exécution totale ou partielle ou d'exécution défectueuse
par le professionnel d'une quelconque des obligations contractuelles, y compris la possibilité de
compenser une dette envers le professionnel avec une créance qu'il aurait contre lui;
399
cass 1ere civ 1er février 2005, JCP G 2005, IV 1529
400
CA Versailles, 15 septembre 2005, JCP ed. G, II 10029 note B. Fagès.
401
TGI Paris, 5 avril 2005
178
d) de permettre au professionnel de retenir des sommes versées par le consommateur lorsque celui-ci
renonce à conclure ou à exécuter le contrat, sans prévoir le droit, pour le consommateur, de percevoir
une indemnité d'un montant équivalent de la part du professionnel lorsque c'est celui-ci qui renonce;
e) d'imposer au consommateur qui n'exécute pas ses obligations une indemnité d'un montant
disproportionnellement élevé;
f) d'autoriser le professionnel à résilier le contrat de façon discrétionnaire si la même faculté n'est pas
reconnue au consommateur, ainsi que de permettre au professionnel de retenir les sommes versées au
titre de prestation non encore réalisées par lui, lorsque c'est le professionnel lui même qui résilie le
contrat;
g) d'autoriser le professionnel à mettre fin sans préavis raisonnable à un contrat à durée indéterminée,
sauf en cas de motif grave;
i) de constater de manière irréfragable l'adhésion du consommateur à des clauses dont il n'a pas eu
effectivement l'occasion de prendre connaissance avant la conclusion du contrat;
j) d'autoriser le professionnel à modifier unilatéralement les termes du contrat sans raison, valable et
spécifiée dans le contrat;
l) de prévoir que le prix des biens est déterminé au moment de la livraison, ou d'accorder au vendeur de
bien ou au fournisseur de service le droit d'augmenter leur prix sans que, dans les deux cas, le
consommateur n'ait de droit correspondant lui permettant de rompre le contrat au cas où le prix final est
trop élevé par rapport au prix convenu lors de la conclusion du contrat;
m) d'accorder au professionnel le droit de déterminer si la chose livrée ou le service fourni est conforme
aux stipulations du contrat ou de lui conférer le droit exclusif d'interpréter une quelconque clause du
contrat;
n) de restreindre l'obligation du professionnel de respecter les engagements pris par ses mandataires ou
de soumettre ses engagements au respect d'une formalité particulière;
o) d'obliger le consommateur à exécuter ses obligations lors même que le professionnel n'exécuterait pas
les siennes;
a) le point g ne fait pas obstacle à des clauses par lesquelles le fournisseur de service financier se
réserve le droit de mettre fin au contrat à durée indéterminée unilatéralement, et ce, sans préavis en cas
179
de raison valable, pourvu que soit mise à la charge du professionnel l'obligation d'en informer la ou les
autres parties contractantes immédiatement;
b) le point j ne fait pas obstacle à des clauses selon lesquelles le fournisseur de services financiers se
réserve le droit de modifier le taux d'intérêt dû par le consommateur ou dû à celui-ci ou le montant de
toutes autres charges afférentes à des services financiers, sans aucun préavis en cas de raison valable,
pourvu que soit mise à la charge du professionnel l'obligation d'en informer la ou les autres parties
contractantes dans les meilleurs délais et que celle-ci soient libres de réaliser immédiatement le contrat.
Le point j ne fait pas non plus obstacle à des clauses selon lesquelles le professionnel se réserve le droit
de modifier unilatéralement les conditions d'un contrat de durée indéterminées pourvu que soit mis à sa
charge le devoir d'informer le consommateur avec un préavis raisonnable et que celui-ci soit libre de
résilier le contrat;
d) le point l ne fait pas obstacle aux clauses d'indexation de prix pour autant qu'elles soient licites et que le
mode de variation du prix soit explicitement décrit.
180
sanctionnées, selon l’article L 121-85, par les dispositions prévues aux
premier, troisième et quatrième alinéas de l'article L. 450-1 et les articles
L. 450-2, L. 450-3, L. 450-4, L. 450-7, L. 450-8, L. 470-1 et L. 470-5 du
code de commerce.
a) Mentions contractuelles obligatoires
Tout d’abord et opérant la transposition de l’article 20 de la
directive du 7 mars 2002 « service universel », l’article L. 121-83 impose
aux prestataires de faire apparaître un certain nombre de mentions
Tout contrat souscrit par un consommateur avec un fournisseur de
services de communications électroniques doit comporter au moins les
informations suivantes :
402arrêté du 19 mars 2006, publié au JO du 19 mars 2006 et qui prévoit, à compter de décembre
2006, que pour satisfaire à l'obligation d'information sur le niveau de qualité des services offerts
prévue au paragraphe b de l'article L. 121-83 du code de la consommation, chaque contrat de
services de communications électroniques doit faire apparaître au moins les mentions suivantes :- le
181
On observera que le deuxième alinéa de l’article 20 de la directive
imposait aux fournisseurs d’accès à l’internet d’indiquer les coordonnées
d’un service permettant un règlement amiable des litiges qui pourraient
naître en cours d’exécution du contrat. La loi ne reprend cependant pas
les dispositions de la directive qui, à son article 34, prévoyait que ces
procédures devaient être «transparentes, simples et peu onéreuses » et
puissent permettrent « un règlement équitable et rapide des litiges et
peuvent, lorsque cela se justifie, adopter un système de remboursement
et/ou de compensation ».
délai de mise en service, - le niveau de qualité minimum garanti pour chacune des caractéristiques
techniques essentielles définies dans l'offre, telles que le débit, la capacité ou toute autre
caractéristique susceptible d'être mesurée ;- le délai de rétablissement du service lorsque celui-ci est
interrompu ;- le délai de réponse aux réclamations. Chaque information est fournie de façon précise et
quantifiée dans l'unité appropriée. Chaque contrat de services de communications électroniques doit
également faire apparaître, conformément au paragraphe d de l'article L. 121-83 du code de la
consommation, les compensations et formules de remboursement applicables lorsque, pour les
éléments visés à l'article 1er, le service n'a pas été fourni ou lorsqu'il l'a été sans respecter le niveau
de qualité contractuel
182
Cette disposition transpose l’article 20§4 de la directive « service
universel » selon lequel « dès lors qu'ils sont avertis d'un projet de
modification des conditions contractuelles, les abonnés ont le droit de
dénoncer leur contrat, sans pénalité. Les abonnés doivent être avertis en
temps utile, au plus tard un mois avant ces modifications, et sont
informés, au même moment, de leur droit de dénoncer ce contrat, sans
pénalité, s'ils n'acceptent pas les nouvelles conditions. »
Le mécanisme institué par l’article L. 121-84 est triple :
Pour les contrats à durée indéterminée, le prestataire doit
communiquer au consommateur, un mois avant l’entrée en vigueur de la
modification contractuelle, le projet de modification contractuelle. Il devra
également informer le consommateur de sa possibilité de résilier le
contrat sans pénalité dans un délai de 3 mois et ceci tant qu’il n’a pas
expressément accepté les nouvelles conditions. Aucune acceptation
explicite des modifications n’est exigée de la part du client.
Pour les contrats à durée déterminée ne comportant pas de
clause de modification contractuelle, le consommateur peut exiger
l’application des conditions initiales jusqu’au terme du contrat. Ceci
constitue un respect strict des principes traditionnels contractuels du
droit français.
Pour les contrats à durée déterminée comportant une clause
déterminant précisément les hypothèses pouvant entraîner une
modification contractuelle ou de clause portant sur la modification
du prix, le régime applicable aux contrats à durée indéterminée
s’applique.
Néanmoins, ce dispositif laisse planer un certain nombre de
doutes. D’une part, concernant la communication de la modification
contractuelle à l’abonné, le texte ne précise en aucune sorte le mode par
lequel cette dernière s’opèrera. Sera-t-elle considérée comme exécutée
dès lors qu’une simple annonce figure que la page d’accueil du site du
fournisseur d’accès à l’internet ? Devra-t-elle être communiquée par
courrier électronique, l’abonné ne consultant pas forcément l’email offert
dans le cadre du contrat d’accès à l’internet ? Devra-t-elle s’opérer par
voie postale ?
Dès lors que le texte cherche, de part sa codification au sein du
Code de la consommation, à renforcer la protection du consommateur, il
semblerait nécessaire de prévoir par voie réglementaire les modalités
que pourront revêtir la communication de tout projet de modification des
conditions contractuelles. A défaut, le consommateur ne pourrait se voir
183
opposer un certain nombre de modifications dont il n’aurait pas pu
prendre effectivement connaissance, celles-ci lui ayant été
communiquées que dans des pages secondaires du site de son
fournisseur d’accès à l’internet ou par un simple SMS.
Par ailleurs, concernant le régime applicable aux contrats conclus
pour une durée indéterminée ou, conclus pour une durée déterminée et
intégrant une clause de modification contractuelle, il semble évident que
cette disposition ne permette pas de garantir une parfaite protection du
consommateur.
En effet, comme l’avait précisé la Commission des clauses
abusives dans sa recommandation n° 03-01, « la possibilité
contractuellement donnée au professionnel de modifier unilatéralement,
hors les hypothèses prévues par l’article R. 132-2 alinéa 2 du Code de la
consommation, même avec une faculté de résiliation pour le
consommateur, un contrat en cours, sans l’accord explicite de son
cocontractant, alors que le client, qui a pris un abonnement payant, peut
légitimement compter sur l’exécution de l’intégralité du service qui lui a
été initialement promis, engendre un déséquilibre significatif entre les
droits et obligations des parties ». Ce mécanisme pointé du doigt par la
Commission des clauses abusives et qui contrevient au principe de
l’intangibilité des contrats est aujourd’hui intégré législativement dans le
Code de la consommation. On peut donc légitimement se demander s’il
répond véritablement à un besoin de protection du consommateur.
Section IV la preuve
§ 1 Position du problème
184
Article 1326 : l’acte juridique par lequel une seule partie s’engage
envers une autre à lui payer une somme d’argent ou à lui livrer un
bien fongible doit être constaté dans un titre qui comporte la
signature de celui qui souscrit cet engagement ainsi que la mention,
écrite de sa main, de la somme ou de la qualité en toutes lettres et
en chiffres.
185
informatique qui ne satisferait pas aux exigences légales. En
effet, les dispositions relatives à la preuve ne sont pas d’ordre
public. Il est donc possible pour les parties de prévoir dans un
contrat les questions relatives à l’admissibilité et la valeur
probante de documents numériques.
403 pour l’admission par la jurisprudence de ce type de convention Cass Civ 1ere 8 novembre 1989, D
1990 jur p 369 note Gavalda, RTDCom 1990 p 78 obs Cabrillac – qui casse le jugement rendu par un
tribunal d’instance qui avait refusé de prendre en compte un signature électronique convenue entre
les parties au motif qu’en statuant ainsi, alors que la société Crédicas invoquait l’existence, dans le
contrat, d’une clause déterminant le procédé de preuve de l’ordre de paiement et que, pour les droits
dont les parties ont la libre disposition, ces conventions relatives à la preuve sont licites, le tribunal a
violé les textes susvisés
404 CA Paris, 12 décembre 1980, Banque 1981 p 233 obs Martin
186
De même, la Cour de cassation a jugé qu’il appartenait à la banque, qui
prétendait que sa cliente n’avait pas pris les précautions nécessaires
pour assurer la confidentialité de son code, de le démontrer405.
187
Par la directive européenne du 13 décembre 1999, les instances
européennes posent, pour la première fois, le principe de la
reconnaissance de la signature électronique.
188
article 5 Effets juridiques des signatures électroniques : les
Etats membres veillent à ce que les signatures électroniques
avancées basées sur un certificat qualifié et créées par un
dispositif sécurisé de création de signature :
- répondent aux exigences légales d’une signature à l’égard de
données électroniques de la même manière qu’une signature
manuscrite répond à ces exigences à l’égard de données
manuscrites ou imprimées sur le papier
- soient recevables comme preuves en justice
95)
413Eric Caprioli, « Le juge et la preuve électronique », Juriscom.net, 10 janvier 2000,
<http://www.juriscom.net>.
189
La loi redéfinit la preuve littérale, ou la preuve par écrit, à l’article 1316
comme résultant d’une suite de lettre, de caractères, de chiffres ou de
tous autres signes ou symboles dotés d’une signification intelligible,
quels que soient leur support et leurs modalités de transmission.
Elle vient préciser en outre à l’article 1316-2 que l’écrit sur support
électronique a la même force probante que l’écrit sur support papier.
414 Cass cil 4 octobre 2005, Comm., com. Electr. 2005, comm. 48 note L. Grynbaum
190
Allant même au delà de ce que demandait la directive, la loi du 13 Mars
2000 reconnaît même, à l’article 1317, la valeur du titre authentique
électronique415.
415 lequel acte authentique électronique fait l’objet de deux décrets n° 2005-972 et 973 du 10 août
2005, lepremier relatif aux huissiers de justice, le second aux notaires, commentés par J. Huet au D
2005, Doctr p 2903 Concernant les notaires, le texte prévoit que l'officier ministériel doit utiliser "un
système de traitement et de transmission de l'information agréé par le Conseil supérieur du notariat et
garantissant l'intégrité et la confidentialité du contenu de l'acte". Ce système doit être « interopérable »
avec celui des autres notaires et organismes auxquels les données doivent être transmises . L'acte
notarié électronique devra être signé électroniquement (conformément aux dispositions du décret n°
2001-272 du 30 mars 2001) ; cette signature devant être apposée par le notaire dès l'acte établi, si
besoin après réunion des annexes à l'acte. Enfin, le texte précise que "Pour leur signature, les parties
et les témoins doivent utiliser un procédé permettant l'apposition sur l'acte notarié, visible à l'écran, de
l'image de leur signature manuscrite".
416 P. Catala, Ecriture électronique et actes juridiques, Mélanges Cabrillac, Dalloz et Litec 2000 p 91
191
- la manifestation de sa volonté, approbation du contenu
de l’acte.
Cet objectif est identique, que la signature soit manuscrite ou
électronique :
Mais on constate que, par rapport au support traditionnel, la loi en
demande plus au support électronique qui, en quelque sorte, n’est pas
en soi suffisant et doit être accompagné des mesures suffisantes pour
en garantir d’une part le lien avec le document auquel il est attaché et,
d’autre part, sa fiabilité.
192
1/ il doit garantir par des moyens techniques et des procédures
appropriés que les données de création de signature électronique :
- ne peuvent être établies plus d’une fois et que leur
confidentialité est assurée
- ne peuvent être trouvées par déduction et que la signature
électronique est protégée contre toute falsification,
- peuvent être protégées de manière satisfaisante par le
signataire contre toute utilisation par des tiers
2/ il ne doit entraîner aucune altération de contenu de l’acte à
signer et ne pas faire obstacle à ce que le signataire en ait une
connaissance exacte avant de signer.
Ce dispositif de création de signature doit en outre être certifié soit
par les services du Premier Ministre charges de la sécurité des
systèmes d’information, après une évaluation réalisée, selon des
règles définies par arrêté du Premier Ministre418, soit par des
organismes agréés par ces services, soit par un organisme
désigné à cet effet par un Etat membre de la Communauté
européenne
Le contrôle de la mise en œuvre des procédures d’évaluation et de
certification est assuré par un comité directeur de la certification,
institué auprès du Premier Ministre
Ce type de signature électronique est une signature numérique
basée sur la cryptologie à clé asymétrique.
Il existe deux grands types de cryptographie :
- la cryptographie symétrique : la même clé est
utilisée pour chiffrer et déchiffrer l’information. Le
problème de cette méthode est qu’il faut trouver le
moyen de transmettre de manière sécurisée la clé à
son correspondant ;
- la cryptographie asymétrique : ce n’est pas la même clé
qui crypte et qui décrypte les messages. L’utilisateur
possède une clé privée et une clé publique. Il distribue
sa clé publique et garde secrète sa clé privée. La clé
193
privée ne peut pas être recomposée à partir de la clé
publique. Les méthodes de cryptage à clés asymétriques
reposent sur des calculs mathématiques sophistiqués
utilisant des nombres premiers générés par des
algorithmes. Il est facile de multiplier deux nombres
premiers par exemple 127 et 997 et de trouver 126 619.
Mais il est plus difficile de factoriser c’est-à-dire de
retrouver 127 et 997 à partir de 126 619.
194
période de validité du certificat, les conditions d'utilisation du certificat
etc.
Les prestataires de services de certification doivent répondre à un certain
nombre d’exigences énumérées à l’article 6 II du décret qui se rapportent
à la fiabilité de leurs procédés de certification, les services annexes qu’ils
doivent fournir (annuaire, révocation, horodatage des certificats etc.), la
qualification de leur personnel, la conservation des données, la
prévention contre les falsification, etc.
Les prestataires de services de certification qui satisfont à ces exigences
peuvent demander à être qualifiés . Conformément à l’article 3 de la
directive, cette qualification n’est pas obligatoire, la fourniture de services
de certification n’étant en principe soumise à aucune autorisation
préalable . Elle présente cependant un avantage important puisqu’elle
fait bénéficier au tiers certificateur d’une présomption de conformité aux
exigences définies à l’article 6 du décret.
Cette qualification est délivrée par des organismes ayant reçu à cet effet
une accréditation délivrée par une instance désignée par arrêté du
ministre chargé de l’industrie après une évaluation réalisée par ces
mêmes organismes selon des règles définies par arrêté du Premier
Ministre.
Par arrêté du 31 mai 2002, publié au journal officiel du 8 juin 2002420, le
ministre de l’économie, des finances et de l’industrie a désigné le
COFRAC pour accréditer les organismes .
Cette accréditation est accordée pour une durée de deux ans
renouvelable.
420 Communication – commerce électronique septembre 2002, comm n° 117 note Grynbaum
195
La loi sur l’économie numérique achève la reconnaissance de l’écrit
électronique421. Il accroît la portée de la loi du 13 mars 2000 relative à la
signature électronique en étendant la reconnaissance de l'écrit
électronique aux hypothèses où l'écrit n'a pas seulement pour fonction
de constater l'existence d'un contrat, mais est exigé pour la validité
même de l'acte.
Une disposition générale étend donc l’application des dispositions
nouvelles de la loi du 13 mars 2000 (qui s’appliquent uniquement aux
contrats pour lesquels l’écrit est exigé à titre de preuve) aux contrats
pour lesquels l’écrit est exigé à titre de validité : sauf exceptions
limitativement énumérées, ils pourront également être valablement
conclus en ligne, conformément aux dispositions de la directive
commerce électronique.
Ainsi, il introduit dans le code civil un nouvel article 1108-1 qui prévoit
que « lorsqu’un écrit est exigé pour la validité d’un acte juridique, celui-ci
peut être établi et conservé sous forme électronique dans les conditions
prévues aux articles 1316-1 et 1316-4 et, lorsqu’un acte authentique est
requis, au second alinéa de l’article 1317.
Lorsqu’est exigée une mention écrite de la main même de celui qui
s’oblige, ce dernier peut l’apposer sous forme électronique si les
conditions de cette apposition sont de nature à garantir que la mention
ne peut émaner que de lui-même. »
421 T. Piette-Coudol, L'écrit électronique et la signature électronique depuis la LCEN : Comm. com.
électr. 2004, étude 29
422 Olivier Cachard, « Le contrat électronique dans la loi pour la confiance dans l’économie
196
E L’ordonnance n° 2005-674 du 16 juin 2005, relative à
l'accomplissement de certaines formalités contractuelles par voie
électronique complète ce dispositif
Ainsi, l’article l'article 1369-1 précise que " La voie électronique peut
être utilisée pour mettre à disposition des conditions contractuelles ou
des informations sur des biens ou services «
L'article 1369-7 du Code civil adapte tout d'abord le cas où l'envoi d'un
écrit par lettre simple est prescrit. Ainsi, il est toujours possible
d’adresser par courrier électronique une lettre simple relative à la
conclusion ou à l’exécution d’un contrat
197
En revanche, une lettre recommandée relative à la conclusion ou à
l'exécution d'un contrat ne peut être envoyée par courrier électronique,
selon l’article 1369-8, qu’ à condition que ce courrier soit acheminé par
un tiers selon un procédé permettant d'identifier le tiers, de désigner
l'expéditeur, de garantir l'identité du destinataire et d'établir si la lettre a
été remise ou non au destinataire.
Enfin, l’article 1369-3 dispose que hors les cas prévus aux
articles 1369-1 et 1369-2, la remise d'un écrit sous forme électronique
est effective lorsque le destinataire, après avoir pu en prendre
connaissance, en a accusé réception.
Ce texte ajoute que si une disposition prévoit que l'écrit doit être lu
au destinataire, la remise d'un écrit électronique à l'intéressé dans les
conditions prévues au premier alinéa vaut lecture
Tout d'abord l'article 1369-10 prévoit que lorsque l'écrit sur papier est
soumis à des conditions particulières de lisibilité ou de présentation,
l'écrit sous forme électronique doit répondre à des exigences
équivalentes.
Tel est le cas par exemple de l'article L. 112-3 du Code des assurances
qui prévoit que "le contrat d'assurance et les informations transmises par
198
l'assureur au souscripteur mentionnées dans le présent code sont
rédigés par écrit, en français, en caractère apparents" ;, ou des
dispositions relatives au crédit à la consommation
199
2005423, ce délai est fixé à dix ans (Ce qui correspond au délai de droit
commun de l’article L. 110-4 du Code de commerce relatif à la
prescription des obligations nées entre commerçants et non-
commerçants ,mais est inférieur au délai de droit commun de trente ans)
à compter de la conclusion du contrat lorsque la livraison du bien ou
l'exécution de la prestation est immédiate. Dans le cas contraire, le délai
court à compter de la conclusion du contrat jusqu'à la date de livraison
du bien ou de l'exécution de la prestation et pendant une durée de dix
ans à compter de celle-ci.
200
commerce électronique) est responsable de plein droit à l’égard de
l’acheteur de la bonne exécution des obligations résultant du contrat,
que ces obligations soient à exécuter par elle-même ou par d’autres
prestataires de service, sans préjudice de son droit de recours contre
ceux-ci .
Cependant, s’agissant d’une règle qui n’est pas d’ordre public, elle peut
être écartée par une clause de responsabilité dans les contrats entre
professionnels427.
201
de résultat qui pesait déjà sur lui .430 En revanche, si l’on considère que
l’article 15 s’applique, au delà du seul contrat de vente, à tous les
contrats conclu par voie électronique, il faut convenir qu’il institue un
régime légal d’obligation de résultat dérogatoire du droit commun.
B La protection du consommateur
contractuelle plus favorable, par les articles L 7 et L 8, R 2-1 à R 2-5 du code des postes et
communications électroniques. S’il s’agit d’un envoi de colis, l’indemnité susceptible d’être mises à la
charge du prestataire de services postaux du fait de la perte ou de l’avarie des colis postaux qui lui est
été confié ne peut excéder 23 € par kilogramme de poids brut de marchandises manquantes ou
avariées. Un envoi postal est considéré comme perdu s’il n’a pas été distribué à son destinataire
dans un délai de quarante jours à compter de la date de son dépôt dans le réseau du prestataire (art.
R 2.3)
433 TI Grenoble 1er février 2007, Communication. Comm. Electro. 20007 comm 73, note. Stoffel-Munck
434 on rappellera que le domaine d’application des contrats à distance est plus large que le seul
commerce électronique puisqu’il englobe aussi, par exemple, les contrats conclu par téléphone
202
la consommation que, sauf si les parties en sont convenues autrement, le
fournisseur doit exécuter la commande dans le délai de trente jours à
compter du jour suivant celui où le consommateur a transmis sa
commande au fournisseur du produit ou du service.
Cette disposition est complétée par deux alinéa ajoutés à l’article L 121-
20-3 par l’article 15 II de la loi du 21 juin 2004 et dont le texte est très
proche de celui de l’article 15 I.
435ce texte s’inspire manifestement de la l’article 23 de la loi du 13 juillet 1992 sur les agences de
voyage dont il reprend les termes
203
le texte de prestation de service, mais aussi certainement le contrat de
bail436
Squad estime que la fraude aurait atteint 0,5 % des ventes réalisées en ligne en 2001 aux Etats-Unis,
la majorité touchant les enchères en ligne. Ce constat est partagé par l’bservatoire de la cyber-
consommation du Forum des droits sur l'internet dans son deuxième rapport publié le 19 mai 2005 qui
évalue le taux de fraude en France en 2002 à 0,086%
438 selon une enquête réalisée en 2003 par Benchmark Group , le principal frein à l'achat sur Internet
proposent environ 15% de leurs flux. Mais il peut également atteindre 55 % des paiements, comme
chez Télémarket, ou représenter moins de 1 % des flux comme pour la Fnac. Deux extrêmes qui
s'expliquent, dans le premier cas, par la possibilité donnée aux internautes de payer à la livraison, et
dans le second, par la fixation d'un seuil de 140 euros TTC pour pouvoir payer par chèque. Les
dépenses en ligne rélisées au moyen de la carte visa se sont élevées à 150 milliards de dollards en
2004
204
chèque, de lui faire supporter un risque non négligeable de fraude.
Ces modes de paiement ne sont pas non plus adaptés aux ventes de
produits téléchargeables.
B la formule kiosque
Le mécanisme est sûr. Après avoir été limité au minitel, il se développe sur
les réseaux de téléphonie mobile sous la forme des SMS « surtaxés ».
C la carte bancaire
205
distance. Enfin, le contrat interbancaire entre la banque émetteur et la
banque du commerçant.
Les transactions par carte bancaire peuvent faire l'objet dune demande
d'autorisation pour les paiements dépassant un certain montant chez les
commerçants. La demande d'autorisation est transportée par le réseau
carte bancaire, depuis la banque du commerçant jusqu'à celle du titulaire
de la carte ; cette dernière après vérification donne son accord pour
procéder à la transaction. Une fois que l'émetteur de la carte bancaire a
autorisé l'ordre de paiement , il a l'obligation de payer la banque du
commerçant ; il existe en effet une garantie interbancaire de règlement.
- l'ordre de paiement fait par carte est irrévocable par principe ( loi
du 30 décembre 1991 relative à la sécurité des chèques et des cartes de
paiement introduite dans le code monétaire et financier ; article 132-1 et
suivants) et relève de la responsabilité du système bancaire ;
- le contrat de vente peut être révoqué et relève le cas échéant de
l'unique responsabilité du commerçant.
Selon les communications du GIE carte bancaires, le taux de fraude est inférieur à 0,1%
des paiements par carte ou par communication du numéro facial ; 50 à 60% des
réclamations provenant néanmoins des transactions intervenues par le biais de l’Internet.
440
ce mode de paiement est aujourd'hui utilisé pour la majorité des transactions en ligne avec 65 à 85
% des volumes
206
La Banque de France estime de son coté, se fondant sur une étude de l'institut Gartner
Group, que la fraude sur les paiements par carte sur l'internet a concerné en 2000 1,1%
des transactions alors qu'elle s'élevait, pour la même période, à 0,026% pour l'ensemble
des paiements par carte.441
La société Fia-Ne,t dont l’activité consiste à garantir la sécurité des achats en ligne le
confirme a réalisé en 2003 une étudie qui confirme ces chiffres: en un an, sur un
échantillon constant de 761 e-commerçants estampillés Fia-Net mais dans un contexte
de croissance forte du commerce électronique, le nombre de sinistres déclarés est passé
de 2.664 en 2002 à 1.611 en 2003, soit une baisse de 40 %. A titre de comparaison, le
volume de la fraude entre 2002 et 2001 avait augmenté de 1,2 %. Cette baisse se
répercute également très fortement en valeur, puisqu'en un an, le montant de la fraude
en ligne régresse de 57 % à échantillon constant. Une situation due essentiellement à la
baisse du panier moyen d'un sinistre. De 612 euros, celui-ci est passé à 437 euros en
2003, soit 1,4 fois moins. Cette situation est certainement due au fait que les
commerçants sont devenus plus vigilants et qu'ils ont aujourd'hui des moyens pour
détecter efficacement la fraude. Certains secteurs sont toutefois toujours plus exposés
que d'autres. C'est le cas notamment du tourisme qui avec 35 % du montant total des
fraudes déclarées détrône l'électronique grand public (en baisse de 4 points) et
l'informatique (en baisse d'1 point). Selon Fia-Net, les fraudes concernant les lecteurs de
DVD ou les consoles de jeux sont d'ailleurs en chute libre depuis l'année dernière. Alors
que l'assureur avait recensé 508 produits de ce type détournés en 2002, ils n'étaient plus
que 51 en 2003. Une des explications de ce phénomène pourrait la moins forte demande
des receleurs sur ce type d'objets.
L’une dernières fraudes mises au point, dite du "phishing" (jeu de mot sur "fishing":
pêcher), consiste à découvrir à l'insu des consommateurs leurs coordonnées bancaires
en leur adressant un e-mail qui les dirige vers un site semblant être lié à celui de leur
banque et leur demande de mettre à jour leurs coordonnées, en fournissant différents
moyens d'identification personnelle.
207
Mais ce mécanisme, s’il a l’avantage de la simplicité, n’en présente pas
moins de nombreux inconvénients : il suffit qu’un tiers soit en possession
du numéro de carte, qui n’est pas secret, pour faire des achats sur le
compte du titulaire. d’autre part, le client, livrant son numéro, est à la merci
du commerçant qui pourra l’utiliser à sa guise. enfin, il n’empêche pas le
consommateur de révoquer son mandat.
On doit donc en déduire que tant que l’ordre de paiement n’est pas
exécuté, il est révocable. 444
2000, somm comm p 337 obs. B. Thuillier, Cass. 1ere civ. 19 octobre 1999, Bull. civ. I n° 285,
Contrats, conc., consom., 2000 p 10 note L. Leeneur, JCP E 2000, n° 27 chron. C. Gavalda et J.
Stoufflet
208
importants.
Le porteur dispose, selon l’article L 132-6 , d'un délai de soixante-dix jours à compter de la date
de l'opération contestée pour déposer une réclamation auprès de la banque émettrice . Ce délai
446par exemple Cass Civ 1ere 19 octobre 1999, JCP E 1999 pan p 1845, obs P. Bouteiller, Bull n°
285)
447 Cass com 23 juin 2004, pourvoi n° 02-15.547, Communication ; commerce électronique décembre
2004, commentaire n° 161 note Luc Grynbaum, également Cass. com., 11 janv. 2005 : JCP E 2005,
322, obs. P. Bouteille
448 Pierre Leclercq, Lionel Khalil, La confiance est-elle enfin possible dans les moyens de paiement en
209
peut contractuellement être porté jusqu'à cent vingt jours et est nécessairement long pour laisser
au porteur en possession de sa carte le temps de s'apercevoir que des opérations frauduleuses ont
été effectuées à partir des données de sa carte, contrairement au délai très court laissé au porteur
dépossédé de sa carte et donc en mesure de s'apercevoir de l'anomalie, pour faire opposition
C’est pour cette raison que la convention qui unit le GIE Carte Bleue aux
commerçants qui l’utilisent fait supporter à ceux-ci le risque de l’utilisation
frauduleuse du numéro de carte en stipulant à l’article 14 qu’en cas de
réclamation justifiée, la situation du compte sera restaurée. Dès lors, ils
acceptent de voir leur compte débité d’office du montant de l’opération de
paiement dès que celle-ci est contestée par le titulaire de la carte de
paiement.
210
jours francs après la perte ou le vol de la carte »
449
Cass. com. 2 octobre 2007, pourvoi n° 05-19.899, à paraître au bulletin. Our des exemple d’une telle faute :
carte laissée dans une voiture automobile non verrouillée en stationnement sur la voie publique ou dans un local
librement accessible au public) ou encore l’inscription du code secret sur un papier accompagnant la carte, voire
sur la carte elle-même (Cass. com., 10 janvier 1995 : Bull. civ. 1995, IV, no 7 ; RTD com. 1995, p. 458 obs. M.
Cabrillac ; Cass. com., 21 mai 1996 : no 94-15272 ; Cass. c om., 27 janvier 1998 : no 95-19241).
450 Doté d’un capital de 45,6 millions de francs détenu à 51% par les banques, à 25% par les
partenaires techniques et à 24% par les organismes bancaires et financiers. On compte parmi ses
actionnaires la Banque Populaire, la BNP, les Caisses d’Epargne, le Crédit Agricole, le CCF, le Crédit
Lyonnais, le Crédit Mutuel, la Poste, la Société Générale ainsi que les systèmes de cartes nationaux
et internationaux (GIE carte bancaires, Carte bleue, Europay France et Visa), Paris Bourse, Cap
Gemini, France Télécom, Gemplus, Alcatel, Bull et Oberthur Card System.
211
somme sera mise à sa disposition.
Au lieu de taper les seize chiffres de son numéro de carte sur un site
marchand, le client tape un numéro virtuel que lui fournit la banque et qui
n'est destiné à servir qu'une fois.
Parmi les banques qui l’utilisent déjà, on peut citer la société générale et la
caisse d’épargne. D'autres établissements bancaires comme la Banque
Populaire comptent adopter ce système dans les prochains mois.
212
Les dispositifs de monnaie électronique sont encadrés par la loi bancaire
de 1984, codifiée au code monétaire et financier451, ainsi que par la
directive 2000/46/CE du 18 septembre 2000 452 qui définissent le statut
des établissements de monnaie électronique. L’accès à l’activité, son
exercice, ainsi que les règles prudentielles, sont organisés sur le modèle
des établissements de crédit même si se sont des régimes distincts. Un
agrément unique permettra d’exercer cette activité dans l’intégralité de la
communauté.
451En France, seuls peuvent exercer la profession de banquier, qui comporte la réception de fonds du
public, les opérations de crédit et la mise à la disposition de la clientèle ou la gestion de moyens de
paiement, les établissements de crédit agréés qui répondent à un certains nombre de critères définis
par le code monétaire et financier.
213
Il précise que la monnaie électronique est émise contre la remise de
fonds et ne peut l’être pour une valeur supérieure à celle des fonds
reçus en contrepartie.
214
successivement pour des transactions distinctes, l'établissement
émetteur doit assurer la traçabilité pendant deux ans de l'ensemble des
transactions réalisées.
215
Pour l'exercice de ces missions, la Banque de France procède aux
expertises et se fait communiquer, par l'émetteur ou par toute
personne intéressée, les informations utiles concernant les moyens
de paiement et les terminaux ou les dispositifs techniques qui leur
sont associés. »
454 décret n°2002-709 du 2 mai 2002 pris pour l'application de l'article L. 141-4 du code monétaire et
financier et relatif à l'Observatoire de la sécurité des cartes de paiement (J.O du 4 mai 2002, p. 8296).
216
Lorsqu’un client effectue un achat, la transaction est adressée au
détaillant, puis le logiciel de celui-ci complète les données relatives à la
transaction et la transmet à Cybercash qui la « reformate » avant de
l’expédier à la banque. Une fois la transaction approuvée par la banque, la
transaction est adressée au serveur Cybercash, cryptée et transmise au
détaillant. Après avoir exécuté l’ordre, le détaillant remet au client un reçu
électronique.
CHAPITRE IV
METHODES COMMERCIALES
La vente aux enchères est définie par la doctrine458, comme étant «toute
forme de vente réalisée après l’offre d’une somme supérieure à la mise à
prix ou offres précédentes, au cours d’ un processus d’ adjudication,
lequel permet d’attribuer au plus offrant le bien vendu après mise en
concurrence des enchérisseurs, qui peuvent suivre en temps réel
l’évolution des enchères«.
457 Sont exclues de l’exposé les ventes aux enchères électroniques réglementées par le décret n°
2001-846 du 18 septembre 2001, pris en application de l’article 56 du Code des marchés publics, qui
constituent le procédé par lequel les candidats à un marché public amis à présenter une offre
s’engagent sur une offre de prix transmise par voie électronique, sur ce point, voir N. Gentu et J. Huet,
Les enchères électroniques inversées encadrées par la loi Contrats, conc. Cnsom., 2005, Etudes 22
458 on signalera l’existence sur ce sujet d’une thèse récente : F. Altenbourger, Les enchères
électronique en droit privé, dir. Pierre-Yves Gautier, Thèse Paris II, mai 2004
217
S’agissant de celles portant sur des biens meubles, elles ne pouvaient
jusqu’à peu, être pratiquées que par le ministère d’un commissaire
priseur auquel la loi du 22 Pluviôse an VII reconnaissait un monopole .
218
le bien du mandant. Il s’agit pour lui de vendre le bien « pour le
mandant et en son nom » (art. 1984 du Code civil).
- « … aux enchères publiques… » Le mécanisme des enchères
doit utilisé comme mode de fixation du prix. Ainsi, le bien a
vocation à être attribué automatiquement au dernier enchérisseur,
c'est-à-dire celui qui a proposé le plus fort prix.
Reprenant la solution dégagée antérieurement par la
jurisprudence462, le législateur pose le principe que, pour être
soumises à la loi, les enchères doivent être publiques . Tel sera le
cas lorsqu’elle sont accessibles à tout internaute intéressé463 ,
même lorsqu’il est nécessaire de s’acquitter d’un somme pour
participer aux enchères464.
- «… pour l’adjuger au mieux disant des enchérisseurs »
L’adjudication apparaît comme un élément déterminant de la vente
aux enchères stricto sensu. Elle s'entend du transfert de la
propriété du bien à l'enchérisseur qui a proposé la plus forte
enchère, c'est-à-dire le prix le plus fort, dans le délai imparti .
462 la Cour de cassation a précisé que la vente, même faite dans un lieu public, perd son caractère de
vente publique dès que l'acquisition est réservée à certaines personnes (en l'espèce aux seuls
membres de l'association). Civ. 6 mars 1877 : D.P., 77, 1, 161 . Néanmoins la vente, même réservée
à quelques-uns, sera publique, dès lors que la catégorie de personnes présentes est suffisamment
large Trib. Civ. Vouziers, 14 juillet 1859 : D.P., 60, 3, 15
463 TGI Paris, 1° chambre, 1° section, 3 mai 2000, Chambre nationale des commissairespriseurs c/
219
Il s’agit de sociétés qui interviennent en qualité de mandataires du
propriétaire du bien. Elles ne peuvent être d’ailleurs mandatées que par
le propriétaire du bien, et non par un tiers .
220
c) Organisation de la vente
Chaque vente aux enchères publiques doit donner lieu à une
publicité sous toute forme appropriée. Les indications portées à cette
occasion engagent la responsabilité de la société de vente.
Les biens mis en vente peuvent comporter un prix de réserve, c’est
à dire un prix minimal arrêté avec le vendeur au-dessous duquel le
bien ne peut être vendu. Si le bien a été estimé, ce prix ne peut être
fixé à un montant supérieur à l'estimation la plus basse figurant dans
la publicité, ou annoncée publiquement par la personne qui procède à
la vente et consignée au procès-verbal.
Lorsque la vente a lieu en dehors des locaux où se tiennent de
manière habituelle les opérations, la société doit en aviser
préalablement le conseil des ventes volontaires
L’adjudication intervient à la clôture des enchères, emportant
transfert de propriété. Elle rend parfait le contrat . Les parties se
trouvent donc engagées par l’adjudication : le vendeur est tenu de
délivrer la chose vendue aux enchères et l’acheteur de verser le prix
ainsi déterminé.
La société de vente dresse alors procès-verbal de la vente au plus
tard un jour franc après la clôture. Le procès-verbal doit mentionner
les nom et adresse du nouveau propriétaire déclarés par
l’adjudicataire, l’identité du vendeur, la désignation et le prix de l’objet
tel que constaté publiquement.
A défaut d’adjudication du bien, la société mandatée peut, dans un
délai de quinze jours à compter de la vente, vendre de gré à gré les
biens déclarés non adjugés à l'issue des enchères. Cette transaction
n'est précédée d'aucune exposition ni publicité. Elle ne peut être faite
à un prix inférieur à la dernière enchère portée avant le retrait du bien
de la vente ou, en l'absence d'enchères, au montant de la mise à prix.
Le dernier enchérisseur est préalablement informé s'il est connu469.
Une société de ventes volontaires de meubles aux enchères
publiques peut garantir au vendeur un prix d'adjudication minimal du bien
proposé à la vente, qui est versé en cas d'adjudication du bien. Si le bien
a été estimé, ce prix ne peut être fixé à un montant supérieur à
l'estimation mentionnée à l'article L. 321-11.
221
Cette faculté n'est offerte qu'à la société qui a passé avec un
organisme d'assurance ou un établissement de crédit un contrat aux
termes duquel cet organisme ou cet établissement s'engage, en cas de
défaillance de la société, à rembourser la différence entre le montant
garanti et le prix d'adjudication si le montant du prix garanti n'est pas
atteint lors de la vente aux enchères.
c) Délivrance du bien
L’article L. 321-14 du code de commerce prévoit que les sociétés
de ventes volontaires de meubles aux enchères publiques sont
responsables à l'égard du vendeur et de l'acheteur de la représentation
du prix et de la délivrance des biens dont elles ont effectué la vente.
Toute clause qui vise à écarter ou à limiter leur responsabilité est
réputée non écrite.
Le bien adjugé ne peut être délivré à l'acheteur que lorsque la
société en a perçu le prix ou lorsque toute garantie lui a été donnée sur
le paiement du prix par l'acquéreur.
A défaut de paiement par l'adjudicataire, après mise en demeure
restée infructueuse, le bien est remis en vente à la demande du vendeur
sur folle enchère de l'adjudicataire défaillant; si le vendeur ne formule
pas cette demande dans un délai d'un mois à compter de l'adjudication,
la vente est résolue de plein droit, sans préjudice de dommages et
intérêts dus par l'adjudicataire défaillant.
Les fonds détenus pour le compte du vendeur doivent être versés
à celui-ci au plus tard deux mois à compter de la vente.
d) Responsabilité
L’article L. 321-17 prévoit que les sociétés de ventes volontaires de
meubles aux enchères publiques engagent leur responsabilité au cours
ou à l'occasion des ventes de meubles aux enchères publiques,
conformément aux règles applicables à ces ventes.
Les clauses qui visent à écarter ou à limiter leur responsabilité sont
interdites et réputées non écrites.
Les actions en responsabilité civile engagées à l'occasion des
prisées et des ventes volontaires et judiciaires de meuble aux enchères
222
publiques se prescrivent par dix ans à compter de l'adjudication ou de la
prisée.
e) sanctions pénales
L’article L. 321-15 dispose qu’est puni de deux ans
d'emprisonnement et de 2 500 000 F d'amende le fait de procéder ou de
faire procéder à une ou plusieurs ventes volontaires de meubles aux
enchères publiques:
1o Si la société qui organise la vente ne dispose pas de l'agrément
prévu à l'article L. 321-5 soit qu'elle n'en est pas titulaire, soit que son
agrément a été suspendu ou retiré à titre temporaire ou définitif;
2o Ou si le ressortissant d'un Etat membre de la Communauté
européenne ou d'un Etat partie à l'accord sur l'Espace économique
européen qui organise la vente n'a pas procédé à la déclaration prévue à
l'article L. 321-24;
3o Ou si la personne qui dirige la vente ne remplit pas les
conditions prévues à l'article L. 321-8 ou est frappée d'une interdiction à
titre temporaire ou définitif de diriger de telles ventes.
223
mentionnées aux 1o, 2o, 3o, 4o, 8o et 9o de l'article 131-39 du code
pénal. L'interdiction mentionnée au 2o du même article porte sur l'activité
dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de laquelle l'infraction a été
commise.
470 On estime à 2,5 millions le nombre d'objets (livres, disques...) qui sont vendus chaque année en
France par des sites de courtage en ligne (eBay, Aucland, Priceminister, etc.) . E-Bay, le premier site
mondial d’enchères en ligne, compte 85 millions d’utilisateurs (Le Monde 19/20 octobre 2003, p 16).
471 Même s’il est reconnu que les parties ou les usages peuvent conférer au courtier un un pouvoir
suppélementaire, celui de conclure l’acte pour le compte d’une des parties, voir des deux (Pierre-Yves
Gautier, RTDCiv 2003 p 727
472 A. Jauffret, Manuel de droit commercial, 23eme edition, LGDJ, 1997, p 53J. Huet, Traité de droit
civil de J. Ghestin, Les principaux contrats, 2eme ed. LGDJ, 2001, n° 31134 ; A. Babe,t; Contrats
spéciaux, 5eme ed. Domat-Montchetien, 2001, n° 629
224
a) l’absence de mandat du courtier
Le législateur dans le deuxième alinéa de l’article L 321-3 dispose
que les opérations de courtage aux enchères se caractérisent « par
l’absence d’adjudication et d’intervention d’un tiers dans la conclusion
de la vente d’un bien entre les parties ». Partant, il en déduit que ces
opérations « ne constituent pas des ventes aux enchères publiques ».
Le courtier agit en toute indépendance. Il ne passe pas d’acte
juridique au nom et pour le compte d’autrui : il n’est pas mandataire. A
ce titre, il ne peut donc pas adjuger le bien et donc "tenir le marteau".
Il n’intervient pas dans la vente. Son rôle se limite à cette mise en
relation entre le vendeur et l’(es) acheteur(s).
Ainsi, lorsque la société se contente d'intervenir comme un simple
intermédiaire ou prestataire de services - annonçant une liste d'objets,
ouvrant le site aux enchères et mettant en relation des internautes
avec le vendeur - mais pas comme mandataire du vendeur ou de
l'acheteur, les parties demeurent libres une fois les enchères
terminées de conclure ou non la vente . La mise en ligne d’un objet
sur le site de courtage doit donc s’analyser davantage comme une
proposition de pourparler que comme une véritable offre de vente.
L’enchère devient alors un mécanisme indépendant de
l’adjudication, et donc de la vente. Elle n’emporte pas transfert de
propriété et n’a pas de caractère contraignant : l’acheteur n’est pas
nécessairement le plus offrant.
Le prix reste toujours un aléa pour le vendeur en ce qu’il est le fruit
des enchères. Il permet toujours de désigner indirectement un
cocontractant mais celui-ci n’est qu’hypothétique, le vendeur pouvant
s’affranchir de cette proposition et choisir une autre personne. Le
choix du cocontractant du donneur d’ordre est laissé à sa seule
volonté (ce peut être celui qui propose le plus fort prix, celui qui est
plus près géographiquement, celui qui présente le plus de sécurité,
…).
La vente ne sera parfaite que lorsque le vendeur sera d’accord sur
le prix proposé par l’un des interlocuteurs. Les enchères sur le site
permettent de déterminer ce prix mais ne mettent pas forcément fin
aux pourparlers.
De la même façon, le dernier enchérisseur n’est pas tenu de
donner une suite à son enchère et de conclure le contrat.
225
En fait, aucune obligation entre les parties ne découle des
opérations effectuées sur le site. Les parties ne sont pas contraintes
de contracter. Le contrat ne pourra donc être considéré comme formé
qu’après manifestation de l’acceptation expresse du vendeur du prix
proposé puis par celle de par l’acheteur de conclure réellement la
vente. Cet échange des consentements pourra notamment résulter
d’un échange de courriers électroniques. Dans ces conditions, l’offre
du vendeur peut d’avantage s’analyser comme une offre de
pourparlers que comme une véritable offre de vente.
Alors que dans les ventes aux enchères stricto sensu, le vendeur
n’a ni la maîtrise du prix (même en présence d’un prix de réserve), ni
de l’acquéreur, dans le courtage aux enchères, le vendeur a la
maîtrise de son cocontractant et peut avoir celle du prix.
Les sites de courtage aux enchères s’assimilent dés lors à des
petites annonces avec utilisation du système d’enchères.
En cas réalisation de la vente, le droit commun s’applique pour ce
qui est des relations entre particuliers. Et, il convient de noter que si le
vendeur est un commerçant, les dispositions relatives à la vente à
distance semblent s’appliquer, notamment pour ce qui est du délai de
rétractation.
473 C’est d’ailleurs ce qui a été jugé par un tribunal d’instance : TI Saint-Jean de Maurienne, 6 aout
2003, Communication, commerce électronique 2004, comm. N° 91 note P. Stoffel-Munck
474 TGI Paris, 3ème chambre, 26 oct. 2004, SA Poiray France et Mme Nathalie C. c/ SARL CJSF,
226
transaction475, même sur le fondement des dispositions de l’article 15-
I et 15-II de la loi du 21 juin 2004 qui instaurent une responsabilité de
plein droit de la bonne exécution des obligations résultant du contrat
conclu à distance, dès lors que la défaillance du vendeur caractérise
non pas l’inexécution du contrat de courtage mais celui de vente476
Il est cependant lui-même engagé à l’égard des parties qui ont
adhéré aux conditions posées pour accéder au site de vente . Cette
adhésion engendre dès lors un cadre contractuel régissant les
rapports entre les adhérents et la société exploitant le site.
Contrairement à certaines clauses figurant dans des contrats
d’adhésion de sites actuels477, si l’opérateur ne garantit pas la
réalisation de l’opération contractuelle, il doit néanmoins effectuer
toutes les démarches nécessaires afin de permettre que la vente ait
lieu, et ce dans les meilleures conditions. Ces démarches résident
tant dans l’aspect technique (c'est-à-dire permettre l’hébergement de
l’annonce de vente et permettre d’enchérir) que dans l’information des
parties : le site doit aviser le vendeur, à la fin du délai, s’il a trouvé ou
non d’éventuels cocontractants intéressés par l’offre et l’informer de
l’identité de ceux-ci (reddition des comptes). La plupart des sites
remplissent cette obligation envers le donneur d’ordre par voie d’e-
mail (la preuve par message électronique étant désormais
rapportable).
La jurisprudence considère que le courtier doit fournir des
informations exactes, « de telle sorte qu’aucune incertitude ne puisse
naître sur les rapports de droit liant les personnes concernées par
l’opération», sous peine de devoir réparer le préjudice subi par le
donneur d’ordre induit en erreur. A titre d’illustration, la responsabilité
du courtier peut être engagée s’il présente au donneur d’ordre une
personne juridiquement incapable de contracter.
A l’heure actuelle, l’identification des parties soulève des difficultés
sur les sites Internet, la virtualité semblant compliquer les choses. En
effet, rien ne peut garantir l’exactitude des informations fournies par
les intervenants. C’est pourquoi, certains sites demandent le numéro
de carte bleue. D’autres demandent à ce que l’adhérent envoie par la
voie postale un relevé d’identité bancaire ou un chèque barré.
475 par exemple si une partie ne livre pas le bien acquis : TI Saint-Jean de Maurienne, 6 aout 2003,
Communication, commerce électronique 2004, comm. N° 91 note P. Stoffel-Munck
476 TI Grenoble 1er février 2007, Communication. Comm. Electro. 20007 comm 73, note. Stoffel-Munck
477 au sujet des clauses contractuelles figurant sur les sites de corutage, voir l’article d’Emmanuelle
Garnier, Les clauses contestables des conventions d’utilisation des sites de « vente aux enchères »
GP 24, 25 septembre 2003, Doctrine p 15
227
La responsabilité du courtier pourrait aussi être engagée s’il laissait
croire indûment qu’il effectuait un contrôle sur la qualité des objets
mis en vente478
Le courtier doit s’assurer aussi du caractère licite ou non de la
vente et engage sa responsabilité lorsqu’il contribue à la mise sur le
marché d’un objet illicite (arme, médicaments, produits stupéfiants,
organes humains ; etc.)
Tel était le cas dans l’affaire dite Yahoo479 dans laquelle le juge du
référé du tribunal de grande instance de Paris a, par 3 ordonnances
des 22 mai 2000, 11 août 2000 et 20 novembre 2000, fait injonction à
la société Yahoo de mettre en place un dispositif empêchant depuis la
France d’accéder aux objets Nazis mis en vente sur son site480.
Certains sites, comme eBay, proposent à leurs client une garantie
consistant au versement d’une indemnité, plafonnée à une certaine
somme, aux acheteurs non livrée481.
479 question mise à part de l’application de la loi française à un site situé à l’étranger et de l a
compétence du juge français
480 TGI Paris ordonnance de référé du 22mai 2000, Legipresse septembre 2000, III, p 142, comm C.
Rojinski, TGI Paris ordonnance de référé du 11 aout 2000, Communication et commerce électronique,
septembre 2000, p 19 n° 92 note JC Galloux, TGI Paris ordonnance de référé du 20 novembre 2002,
Communication et commerce électronique, décembre 2000, n° 132 p 25
481 une telle garantie, analysée par un auteur comme sûreté personnelle, n’est bien évidemment pas
due à l’égard de l’acheteur qui a pris un contacte direct avec le vendeur sans se porter enchérisseur :
TI Pau, 26 février 2004, Communication, commerce électronique 2004, commentaire n° 92 note P.
Stoffel-Munk
228
l’UNESCO le 14 novembre 1970, dispose dans son article 1er que : «
sont considérés comme biens culturels les biens qui, à titre religieux
ou profane, sont désignés par chaque Etat comme étant d’importance
pour l’archéologie, la préhistoire, l’histoire, la littérature, l’art ou la
science ». Selon le Traité de Rome et la doctrine de l’Administration
générale des douanes, cette notion englobe, de manière large, tous
les biens qui présentent un intérêt historique, artistique ou
archéologique : « Les dispositions des articles 28 à 29 inclus ne font
pas obstacle aux interdictions ou restrictions d'importation,
d'exportation ou de transit, justifiées par des raisons […] de protection
des trésors nationaux ayant une valeur artistique, historique ou
archéologique …» (art. 30 du Traité instituant la Communauté
européenne, version consolidée) . Le bien doit donc, soit
économiquement, soit de part son ancienneté, s’inscrire dans notre
culture, notre patrimoine français482.
Les sociétés de courtage aux enchères devront se soumettre à la
loi en ce qui est de la vente de biens culturels, sachant que cette notion
devra être clarifiée par le législateur dans les décrets d’application. Elles
devront ainsi obtenir notamment l’agrément nécessaire (cf. supra).
Les ventes de biens culturels aux enchères en France se sont
élevées à environ un milliard d'euros en 2003. 90% de ces ventes
portaient sur des biens d’une valeur inférieure à 10 000 euros483
482 Le Conseil des ventes volontaires a, pour sa part, émis le 19 septembre 2002 un avis identifiant les
biens culturels selon plusieurs critères : certains biens (peintures, objets de collection...) de plus de
150 ans ou de plus de 75 ans pour les photographies ou tous les biens dont l'auteur, l'artiste ou le
fabricant ont fait l'objet d'une vente aux enchères publiques en salle, avec catalogue. Cette définition
du bien culturel a été contestée à la fin de l'année 2002 par les entreprises de courtage en ligne et
notamment eBay. Cette société estimait ainsi que cette définition avait notamment pour conséquence
d'interdire la mise en vente sur son site de tout album d'Asterix ou de Tintin, ou d'anciens exemplaires
de Paris Match. Souhaitant trouver un juste équilibre, le Conseil des ventes volontaires a associé le
Forum des droits sur l'internet a une réunion de concertation sur ce sujet avec l'ensemble des acteurs
le 19 mars 2003. A l'issue de cette réunion, le Forum a proposé de mettre en place un groupe de
travail sur ces questions. Constitué d'experts (acteurs du commerce électronique, du marché de l'art,
ministères de la Culture, de la Justice et de l'Economie), ce groupe de travail a pour objectif de
proposer une définition adéquate de la notion de bien culturel permettant, d'une part, d'assurer les
objectifs posés par la loi de 2000 (protection du patrimoine national, du consommateur), et d'autre
part, de favoriser le développement du commerce électronique. Procédant à de nombreuses auditions
(commissaires priseurs, sociétés de courtage en ligne, universitaires, praticiens, Commission
européenne...), le groupe de travail devrait rendre publique sa recommandation d'ici la fin de l'année
2003. Elle sera alors adressée au Conseil des ventes volontaires et aux ministères de la Culture et de
la Justice.
229
Une enchère inversée consiste pour un acheteur, à sélectionner
sur une place de marché, qui peut être aussi bien matérialisée (un port
de pêche, une exploitation forestière par exemple) que virtuelle, le
vendeur ou le prestataire de service qui accepte de céder son produit ou
offrir son service au moindre coût .
Ce type d’enchère, qui a connu un développement important ces
dernières années, permettent à une entreprise, demandeuse de
produits ou services de mettre en concurrence plusieurs fournisseurs,
qui, à partir d'un prix de départ correspondant à un maximum,
enchérissent à la baisse. À l'issue de l'enchère, le marché est attribué à
l'enchérisseur le moins coûtant, ou le mieux disant en fonction de
critères qui ne sont pas seulement celui du prix. car il
Elle favorise les intérêts des acheteurs plus que ceux des
fournisseurs en tirant, de manière parfois excessive, les prix à la baisse,
ce qui peut mettre ces derniers dans une situation financière délicate.
C’est donc une opération strictement inverse à celle des enchères
« classique » puisque c’est une vente réalisée à l’initiative de l’acheteur,
et le jeu des enchères se fait dans un sens décroissant.
Elles n’étaient pas réglementée484 jusqu’à la loi du 2 aout 2005 dite
en faveur des petites et moyennes entreprises qui a introduit un article L
442-10 au Code de commerce qui les réglemente lorsqu’elles sont
effectuées à distance.
Selon ce texte, constitue une enchère inversée le fait, pour un
fournisseur de s'engager envers tout producteur, commerçant, industriel
ou personne immatriculée au répertoire des métiers sur une offre de prix
à l'issue d'enchères inversées à distance, organisées notamment par
voie électronique.
L’article L 442-10 prohibe le recours à ce procédé pour les produits
agricoles périssables ou issus de cycles courts de production, d'animaux
vifs, de carcasses ou pour les produits de la pêche et de l'aquaculture
figurant sur une liste établie par décret, ainsi que pour les produits
alimentaires de consommation courante issus de la première
transformation de ces produits.
A l'heure actuelle, un seul décret, du 25 mai 2005, a été adopté en
application de l'article L. 441-2-1, et il ne concerne que les « fruits et
légumes à l'exception des pommes de terre de conservation, destinés à
être vendus en l'état frais au consommateur ».
230
Si elles ne portent pas sur ce type de produit, les enchères doivent
respecter deux conditions cumulatives:
1º Préalablement aux enchères, l'acheteur ou la personne qui les
organise pour son compte doit communiquer de façon transparente et
non discriminatoire à l'ensemble des candidats admis à présenter une
offre les éléments déterminants des produits ou des prestations de
services qu'il entend acquérir, ses conditions et modalités d'achat, ses
critères de sélection détaillés ainsi que les règles selon lesquelles les
enchères vont se dérouler ;
2º A l'issue de la période d'enchères, l'identité du candidat retenu
doit être révélée au candidat qui, ayant participé à l'enchère, en fait la
demande. Si l'auteur de l'offre sélectionnée est défaillant, nul n'est tenu
de reprendre le marché au dernier prix ni à la dernière enchère.
A l’issue de la vente, l'acheteur ou la personne qui organise les
enchères pour son compte, doit effectuer un enregistrement du
déroulement des enchères qu'il conserve pendant un an.
Ces dispositions sont assorties de sanctions civiles et pénales.
Sanctions civiles : les contrats passés en violation de ces
dispositions sont nuls et entraînent la responsabilité de leur auteur.
Sanction pénale : le fait de diffuser de fausses offres de vente sur
une place de marché électronique dans le but de troubler les cours ou de
fausser les prix est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 €
d’amende.
231
réelles de la marchandise. Ce principe n’a bien évidemment pas échappé
aux acteurs du commerce électronique qui ont vu dans le réseau internet
un formidable vecteur de développement des jeux d’argent et des loteries.
C’est dans ces conditions que le législateur moderne a, la loi la loi n°
2007-297 du 5 mars 2007, modifié les textes antérieurs relatifs aux jeux
concours et loteries pour en renforcer les sanctions.
Les jeux-concours sont de plus en plus considérés comme un moyen
fiable et peu coûteux de collecter des adresses e-mails
Il s'ensuit que pour être prohibée, une loterie doit remplir quatre conditions:
- il faut d'abord que la loterie soit offerte au public. Une offre de loterie
adressé à un nombre limité de personnes déterminées au sein d'un
groupe fermé n'est donc pas prohibée.
- la loterie doit être payante486 , ce qui signifie, à contrario, qu'elle n'est pas
prohibée si elle n'est subordonnée à aucune obligation d'achat487 ou
qu'elle ne demande à ses participants aucun sacrifice pécuniaire préalable
au tirage. En revanche, la Cour de Cassation a jugé que ne commettait
pas le délit de loterie prohibée le prévenu qui demandait aux participants
une somme de 11 francs pour frais d'envoi pour avoir connaissance du lot
attribué par le sort, dès lors que cette somme n'avait d'autre effet que de
lui permettre d'entrer en possession de ce qui n'était qu'une libéralité et ne
constituait pas une condition de participation à la loterie488.
486 Cass Crim 8 octobre 1958, D 1959 p 36 note Bredin, JCP 1959 II, 11126, Cass Crim 26 février 1964
JCP ed G 1964 II n 13688 note De Lestang, Cass Crim 18 juillet 1985, Bull Crim n 271 p 706
487 Cass Crim 1er juillet 1931, DH 1932 p 446
488 Cass Crim 21 novembre 1989, BICC 1er mars 1990 p 23 N 260, D 1990, IR p 40 CA Paris 9 mars
232
- la loterie doit reposer sur le hasard, de sorte que ne constitue pas une
loterie illicite l'opération dans laquelle l'octroi des lots procède de
l'intelligence des candidats qui doivent répondre à des questions. Il s'agit
alors d'un concours. Cependant, lorsque la détermination des réponses
repose en réalité sur une part de hasard, le concours est requalifié en
loterie prohibée489.
- la loterie doit enfin faire naître l'espérance d'un gain qui serait acquis
par la voie du sort. Donc, lorsque le gain est certain, l'opération ne
constitue pas une loterie prohibée. Ainsi, un contrat de capitalisation
dont l'aléa porte non sur le montant du gain, celui-ci étant fixé au
moment de la souscription du contrat, mais seulement sur l'époque de
son paiement est licite 490.
Le délit de loterie prohibée, tout comme sa publicité est puni d'une peine
de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende, laquelle peut
être portée au quadruple du montant des dépenses publicitaires
consacrées à l'opération illégale, outre les peines complémentaires
prévues à l'article 3 de la loi du 12 juillet 1983.
233
es loteries proposées au public à l'occasion, pendant la durée et dans
l'enceinte des fêtes foraines (art. 7 de la loi du 21 mai 1836)
- les courses de chevaux (loi du 2 juin 1891); D’autre part, la loi du 16 avril
1930 (art. 186) attribue le monopole de l’organisation des paris sur les
courses de chevaux au PMU ;
- les cercles de jeu et les casinos dans les stations balnéaires, thermales
ou climatiques (loi du 15 juin 1907)491. L'article 1er du décret du 22
décembre 1959, déterminant la liste des jeux de hasard autorisés dans les
casinos, a été modifié par le décret n° 2006-1595 du 13 décembre 2006.
En dehors de ces hypothèses, la tenue d’un casino ou d’une « maison de
jeux » est prohibée par l’article 1er de la loi du 12 juillet 1983 relative aux
jeux de hasard, qui punit « le fait de participer, y compris en tant que
banquier, à la tenue d’une maison de jeux de hasard où le public est
librement admis, même lorsque cette admission est subordonnée à la
présentation d’un affilié .
491 L'activité des casinos est réglementée par la loi du 15 juin 1907 qui dispose en son article 1er que
"par dérogation à l'article 1er de la loi n° 83-628 du 12 juillet 1983 relative aux jeux de hasard, il pourra
être accordé aux casinos des stations balnéaires, thermales ou climatiques, sous quelque nom que
ces établissements soient désignés, l'autorisation temporaire d'ouvrir au public des locaux spéciaux,
distincts et séparés où sont pratiqués certains jeux de hasard". L'article 57 de la loi 88-13 du 5 janvier
1988 a étendu l'autorisation aux casinos se situant dans des villes de 500.000 habitants sous réserve
qu'elles soient classées historiques et contribuent pour plus de 40% au fonctionnement d'un théâtre,
d'un orchestre ou d'un opéra ayant une activité régulière. Cette autorisation est accordée par arrêté du
ministre de l'intérieur, après enquête et en considération d'un cahier des charges établi par le conseil
municipal de la commune sur laquelle s'implante le casino et approuvé par le ministre de l'intérieur. Le
directeur et les membres du comité de direction du casino doivent être Français ou ressortissants d'un
des Etats membres de la Communauté économique européenne ou d'un autre Etat partie à l'accord
sur l'espace économique européen, majeurs, jouissant de leurs droits civils et politiques . Un
prélèvement de quinze pour cent (15 p. 100) est opéré sur le produit brut des jeux, au profit d'oeuvres
d'assistance, de prévoyance, d'hygiène ou d'utilité publiques.
234
L’application de ces législations à l’internet pose deux questions, l’une
portant sur l’application de la loi française à une activité dirigée depuis
l’étranger, l’autre sur sa conformité au droit européen.
Nous avons déjà évoqué cette question à propos des dispositions sur la
publicité trompeuse et de la compétence du juge français pour une
publicité émise à l’étranger mais accessible depuis la France.
On sait en effet que, selon l'article 113-2 du Code pénal la loi française est
applicable dès lors qu'un de ses faits constitutifs a eu lieu sur le territoire
français.
492 Cass. crim., 22 mai 1997, pourvoi n°94-85933 Bulletin criminel 1997 N° 198; Gaz. Pal. 1997, 2,
chron. dr. crim., p. 186, également J. Delga, Pratiques équivoques nationales et internationales en
matière de loteries : Gaz. Pal. 1995, 1, doctr. p. 576. – B. Daille-Duclos, L'évolution du droit des
loteries : Gaz. Pal. 1996, 2, doctr. p. 840. – TGI Paris, 2 oct. 1991, Proc. de la République c/ Habloch
Karl Heinz : INC Hebdo 22 mai 1992, n° 772 ; Contrats, conc., consom. mars 1992, comm. 62.
493 CA Paris 17 mars 2004, cf, a propos de l’ordonnance de référé du TGI de Paris que la cour d’appel
235
contrefaçon, de la prévention et de la réparation de dommages subis en
France du fait de l'exploitation d'un site Internet en Espagne, en constatant
que ce site, fût-il passif, était accessible sur le territoire français, de sorte
que le préjudice allégué du seul fait de cette diffusion n'était ni virtuel ni
éventuel »494.
Compatibilité européenne495
236
organisateurs de loteries d'autres Etats membres, de promouvoir leurs
loteries et de vendre leur billets sur le territoire de cet Etat, constituait une
entrave à la libre prestation de service, celle-ci pouvait cependant être
justifiée, au regard de l'article 59, par des objectifs tenant à la protection
des consommateurs et de l'ordre social telles que la protection des
consommateurs et la prévention de la fraude et de l'incitation des
citoyens à une dépense excessive liée au jeu, à la condition toutefois,
que la législation ne comporte aucune discrimination selon la nationalité496.
dans le territoire d'un autre État membre sont interdites. Cette interdiction s'étend également aux
restrictions à la création d'agences, de succursales ou de filiales, par les ressortissants d'un État
membre établis sur le territoire d'un État membre ».
« La liberté d'établissement comporte […] la constitution et la gestion d'entreprises, et notamment de
sociétés au sens de l'article 48, deuxième alinéa, dans les conditions définies par la législation du
pays d'établissement pour ses propres ressortissants… ».
498 Article 49 « […] les restrictions à la libre prestation des services à l'intérieur de la Communauté
sont interdites à l'égard des ressortissants des États membres établis dans un pays de la
Communauté autre que celui du destinataire de la prestation ».
237
- 2° que l'interdiction par la loi italienne pour un particulier en
Italie de participer à des jeux de paris organisés dans des
États membres autres que celui sur le territoire duquel est
établi le parieur constitue une restriction à la libre prestation
des services, de même que l'interdiction faite à des
intermédiaires de faciliter la prestation de services de paris
sur des événements sportifs organisés par un prestataire
établi dans un État membre autre que celui dans lequel ces
intermédiaires exercent leur activité, une telle interdiction
constituant une restriction au droit du bookmaker à la libre
prestation des services et ce, même si les intermédiaires
sont établis dans le même État membre que les destinataires
desdits services.
Puis, elle rappelle que de telles restrictions peuvent être admises au titre
des mesures dérogatoires expressément prévues aux articles 45 et 46
CE ou justifiées, conformément à la jurisprudence de la Cour, pour des
raisons impérieuses d'intérêt général consistant soit à prévenir
l'exploitation des jeux de hasard à des fins criminelles ou frauduleuses
en les canalisant dans des circuits contrôlables, soit à réduire les
occasions de jeux, à condition d’être propres à garantir la réalisation de
l'objectif poursuivi, de ne pas aller au-delà de ce qui est nécessaire pour
atteindre cet objectif et d’être appliquées de manière non discriminatoire.
Ensuite, elle retient que dans la mesure où les autorités d'un État
membre incitent et encouragent les consommateurs à participer aux
loteries, aux jeux de hasard ou aux jeux de paris afin que le trésor public
en retire des bénéfices sur le plan financier, les autorités de cet État ne
sauraient invoquer l'ordre public social tenant à la nécessité de réduire
les occasions de jeu pour justifier des mesures restrictives.
499
CJCE 6 novembre 2003, aff C 243/02, Gambelli, JCP ed G, II 10172, note T. Verbiest, P. Reynaud,
dans le même sens : CJCE 6 mars 2007, C-338/04, C-359/04 et C-360/04
238
Ainsi pour la CJCE, la législation d‘un Etat membre restreignant l’accès
aux paris en ligne n’est justifiée qu’à la condition que cet Etat rapporte la
preuve qu’il mène une politique de canalisation du jeu cohérente et
systématique: autrement dit, les Etats membres ne peuvent invoquer des
raisons impérieuses d’intérêt général telles que protection des
consommateurs et la lutte contre la fraude s’ils encouragent activement
le jeu par ailleurs à travers leurs propres monopoles nationaux.
Toujours dans l’affaire E-turf déjà cité, pour rejeter le moyen tiré de
l’incompatibilité de la législation française avec le droit européen la cour
d’appel avait retenu que « les dispositions françaises, qui ne
poursuivaient pas un objectif de nature économique, avaient pour objet
la protection de l’ordre public français et tendaient à éviter que les paris
soient une source de profits individuels et [...] les risques de délits et de
fraude ». Elle ajoutait que la restriction était aussi justifiée par le
financement d’actions d’encouragement à l’élevage permettant « la
sauvegarde et l’amélioration de la race des chevaux de concours, que la
239
réglementation était appliquée de manière non discriminatoire puisque
toute société de course, quelle que soit sa nationalité, à condition de
répondre aux critères de la loi française, et après contrôle et
autorisations, peut être autorisée à organiser les paris (le GIE PMU ne
faisant que regrouper les sociétés de course) ».
Cet arrêt a cependant été cassé par la Cour de cassation qui, appliquant
la jurisprudence de la CJCE, retient qu’en statuant ainsi, sans
rechercher, d’une part, si les autorités nationales n'adoptaient pas une
politique expansive dans le secteur des jeux afin d'augmenter les
recettes du Trésor public, d’autre part, si l'intérêt général sur lequel se
fondent les objectifs consistant à limiter les occasions de jeux et à
prévenir l'exploitation de ces activités à des fins criminelles ou
frauduleuses, n'est pas déjà sauvegardé par les règles auxquelles le
prestataire de services est soumis dans l'Etat membre où il est établi, la
cour d’appel avait privé sa décision de base légal au regard des articles
49 du Traité CE et 809 du nouveau code de procédure civile500.
Ces loteries publicitaires sont régies par les dispositions de l'article L 121-
36 qui s’applique aux opérations publicitaires réalisées par voie d'écrit qui
tendent à faire naître l'espérance d'un gain attribué à chacun des
participants, quelles que soient les modalités de tirage au sort,
500
Cass. Com 10 juillet 2007, pourvoi n° 06-13986, à paraître au bulletin
501 CA Douai, 20 septembre 1990 BRDA 1990 n 8 p 22, TGI Lille 19 septembre 1990, Contrats, Conc.
Consom. 1991 n248 obs Raymond
502 Cass Crim 30 octobre 1995, Audijuris n 60 janvier 1996 p 48 note Vigneau, GP 31 juillet/ 1er août
1996 p 27 note Misse, Crim., 1er octobre 1997, Bull. n° 323 pour une loterie dont le lot unique consiste
en un chèque de 75 000 francs attribué à un seul participant
240
Selon l’article L 131-36, ces opérations ne peuvent être pratiquées que si
elles n'imposent aux participants aucune contrepartie financière ni
dépense sous quelque forme que se soit.
503 Cass Crim 5 avril 1995, Bull Crim n 151, BICC 1er octobre 1995 n 960 p 48
504 CA Paris 13eme chambre 12 septembre 1994 confirmé par Cass Crim 30 octobre 1995, Audijuris n
60 janvier 1996 p 48 note Vigneau, BICC 15 février 1996 p 15
505 TGI Lille, référé, 29 mai 1990, RTDCom 1991 p 485
506 Crim., 14 novembre 2000, pourvoi n° 9984521
241
consommation, est venu en outre préciser les conditions de présentation
de ces documents.
Les infractions à ces textes sont punies d'une amende de 37 500 euros .
Celle-ci peut être prononcée autant de fois que de destinataires de
bulletins individualisés de participation à une même loterie publicitaire508.
en matière de loterie avec prétirage par J.Delga, GP 21/23 mai 1995 Doctrine p 2 également du même
auteur "le consommateur serait-il devenu moins intelligent?", GP 13 et 14 septembre 1995, Doctrine p 2
et, dans un sens radicalement opposé, C. Ristori-Maria, "Les loteries publicitaires : Le régal des Plaideurs
ou le dévoiement de l'action en justice", GP 17/19 septembre 1995 Doctrine p 2, B. Lecourt, « Les loteries
publicitaires ; La déception a-t-elle un prix, JCP ed G 1999, Doctrine, I, n° 155
510 Crim., 30 octobre 1995, Bull. n° 334 ; Crim., 28 mai 1997, Bull. n° 211
242
1°/ le délit de publicité trompeuse
Ce type de message peut d’abord être sanctionné sur le plan pénal. C'est
ainsi que des organisateurs de loteries commerciales ont été reconnus
coupables du délit de publicité de nature à induire en erreur prévu par
l’article L 121-1 du Code de la Consommation, qui ont laissé croire, par
exemple, à chaque destinataire qu'il allait recevoir un prix de 80.000 francs
alors qu'en réalité la totalité des lots ne représentait qu'une faible valeur
511
, ou que les bagues offertes en lot étaient de grande valeur alors
qu'elles ne constituaient que de la pacotille512 ou par erreur qu'il avait
gagné une voiture513.
511 Cass Crim 11 mars 1993 cité par Delga dans article précité
512 Cass Crim 8 mars 1990, BID 1990 n 9 p 27
513 TGI Paris 31 Janvier 1996, gp 26/30 Mai 1996 p 26
514 Bull Civ n 57 p 31, D 1988 Sommaires Commentés p 405 note Aubert, D 1990 som p 105 obs
Gavalda et Lucas de Leyssac, Petites Affiches 7 décembre 1988 note Calvo, JCP ed G 1989 II n 21313
obs Virassamy
243
constitué par la personnalisation du document envoyé et la vaine
croyance dans l'acquisition d'une somme d'argent515.
Avantages de ce fondement
- bien adapté aux pratiques de loteries publicitaire parce qu’il
s’attache à la tromperie qui est leur élément caractéristiques
et qu’il permet des solutions souples laissant aux juges une
marge d’appréciation pour moduler les dommages intérêts en
fonction du caractère plus ou mois équivoque du message
- il n’implique pas que les termes de l’engagement souscrit par
l’entreprises soient clairs et non ambigus (ce qui est le cas
pour le fondement contractuel) c’est d’ailleurs pourquoi ce
fondement délictuel a aussi été retenu par la première
chambre lorsque les documents adressés au
consommateur étaient équivoques en ce qu’il n’en résultait
pas la volonté certaine de la société émettrice d’attribuer la
maison mentionnée516.
Inconvénients
- réparation limitée au montant du préjudice effectivement subi
par le consommateur qui se limite le plus souvent au
préjudice moral résultant de l’espérance du gain reçu.
- Par conséquent, la solution ne présente pas de caractère
dissuasif
515 Dans le même sens, Cass Civ II 28 juin 1995, GP 1/2 décembre 1995, Pan p 200, Audijuris n 60
janvier 1996 p 51 note Vigneau, D 1996 Jur p 180 note Mouralis, approuvant une Cour d'Appel qui avait
condamné une société de vente, ayant adressé à un consommateur un document dont les termes utilisés
étaient de nature à lui faire croire qu'il s'était vu attribuer un lot d'une valeur de 60.000 francs, à payer à
celui-ci cette somme à titre de dommages intérêts , Cass Civ 2eme 26 octobre 2000, Bull n° 148
516 Cass Civ I 19 octobre 1999, BICC 1er février 2000, n° 113 p 21, JCP ed G 2000, II, n° 10347 note
Mehrez
517 Cass Civ I 26 novembre 1991, Bull n 332 p 215, RJDA 2/1992 n 202 , Cass Civ 1ere Bull n° 150,
19 octobre 1999, Bull n° 289). Cass Civ 1ere 12 juin 2001, JCP 2002, II 10104 note D. Houtchief
518 Cass Civ 2eme 11 février 1998, Bull Civ II n°55, JCP G 1998, I, 155, obs Fabre Magnan
244
Cette engagement contractuel suppose que l’on soit en présence
- d’une part d’une volonté déclarée, sinon réelle, de l’annonceur ou d’une
offre de sa part ayant toute l’apparence de la fermeté et de la précision
suffisante,
- d’autre part d’une acceptation du consommateur réalisée par l’envoie
du bon de participation
Avantages
- la simple constatation de l’inexécution de l’obligation et de la non
obtention du résultat suffit à établir l’existence de la faute
- le consommateur lésé peut réclamer à l’annonceur l’exécution
complète de ses promesses, indépendamment du préjudice subi.
Donc un effet particulièrement dissuasif.
Inconvénients
- l’utilisation de formules ambigues par l’annonceur permet d’échapper
à l’engagement contractuel
- permet à des consommateurs de mauvaise fois de profiter de
l’occasion pour exiger le versement de sommes alors qu’ils savaient
pertinemment le caractère finctif de l’offre
- il est difficile d’admettre un véritable échange des consentements car
l’organisateur n’a pas véritablement l’intention, malgré les
apparences, de donner un effet au contrat .
519 Cass Civ I 28 mars 1995, Audijuris n 58 Novembre 1995 note Amlon, Bull n° 150, Annales des
loyers 1995 p 1370 obs Nevissas-Fau, GP 14 octobre 1995, D 1995 somm. P 227 obs Delebecque, D
1996 Jur p 180 note Mouralis, JCP G 1995 IV
520 Guy Amlon précité
245
Avantages
- fait subir à l’organisateur toutes les conséquences de son
comportement délibéré
Inconvénients
- cette notion, d’origine germanique, n’existe pas dans le code civil
- il est souvent difficile de reconnaître l’existence d’une volonté
indiscutable de délivrer le lot promis
Avantages
- permet une réparation intégrale, tout en tenant compte du degré de
bonne ou mauvaise foi du consommateur
- permet de pallier l’absence de volonté réelle de contracter de la part de
l’annonceur
Inconvénients
- création prétorienne, le code civile ne prévoyant que 2 types de quasi-
contrats : la gestion d’affaires (art. 1375) et la répétition de l’indu(
1376 à 1381)
- la notion de quasi-contrat repose traditionnellement sur le fait volontaire
du créancier et non celui du débiteur
521 BICC 15 octobre 2002 p 3 avec les conclusions du 1er avocat général de Gouttes et le rapport du
Conseiller Gridel, D 2002, Jur p 2963 note Denis Mazeaud, « le réveil des quasi-contrats » par P. Le
Tourneau et A. Zabala, Contrats, concurrence, consommation Décembre 2002 Chron n° 22, D 2002 act.
Jur. P 2531 obs A. Lieubard, Contrats, concurrence, consommation 2002 commentaires n° 151 obs G.
Raymond, position reprise parla première chambre civile dans un arrêt du 18 mars 2003, JCP E 2003 act
n° 14
246
commerciales peuvent se révéler dangereuses lorsque leur utilisation
anarchique ne permet plus d'apprécier la valeur réelle de la marchandise
ou lorsque sous couvert d'une opération promotionnelle se cache une
vente à un prix ordinaire. L'autre reproche qui leur est fait émane des
commerçants traditionnels qui estiment qu'elles favorisent les vendeurs
utilisant des procédés trop agressifs pour détourner leur clientèle.
A Règles communes
522
CA Colmar , 8 juin 1979, GP 1979, 2, 678
247
consommateur523. Il importe peu non plus qu'il s'agisse d'une marchandise
non manufacturée524.
523
Cass Crim 19 juillet 1990, Bull Crim n 279, D 1990 IR 238, RTDCom 1991, 277 obs Bouloc
524
Cass Crim 8 octobre 1985, Bull Crim n 304 pour des bouteilles de vin
525
Cass Crim 15 juin 1962, Bull p 461
526
Cass Crim 17 janvier 1994, RJDA 1994 n 395
248
protection des consommateurs, la sécurité et la loyauté des transactions
(Cass Crim 25 octobre 1993, Bull Crim n 309 RTDCom 1994.585 obs
Bouzat).
B Règles spécifiques
Les ventes au déballage ne peuvent excéder deux mois par année civile
dans un même local ou sur un même emplacement et doivent faire l'objet
d'une autorisation préalable. Cette autorisation est délivrée par le préfet si
l'ensemble des surfaces de vente utilisées en un même lieu, y compris
l'extension de surface consacrée à l'opération de vente au déballage, est
supérieur à 300 mètres carrés, et par le maire de la commune dont
dépend le lieu de la vente dans le cas contraire.
249
- effectuant des tournées fréquentes ou périodiques de ventes de denrées
ou de produits de consommation courante dans l'agglomération où est
installé leur établissement ou dans son voisinage,
b) les liquidations
c) les soldes
250
soldes périodiques ou saisonniers et les soldes permanents. La loi du 5
juillet 1996 a supprimé cette distinction pour ne reprendre qu'une seule
définition. Son article 28 I, devenu depuis L 310-3 I du code de commerce,
définit les soldes comme étant "les ventes accompagnées ou précédées
de publicité et annoncées comme tendant, par une réduction de prix, à
l'écoulement accéléré de marchandises en stock."
Ces ventes ne peuvent être réalisées qu'au cours de deux périodes par
année civile d'une durée maximum de six semaines dont les dates sont
fixées dans chaque département par arrêté du préfet pris après
consultation des organisations professionnelles concernées représentées
dans le département, des chambres de commerce et d’industrie et des
chambres de métier, ainsi que du comité départemental de la
consommation. Le fait de procéder à des opérations qui présente les
caractéristiques de soldes, en dehors de la période autorisé, est constitutif
d’une infraction
La réduction de prix
527
Tcorrect Bordeaux 9 janvier 2006, Comm., com. Electr. 2006, comm 80 note C. Chabert
251
annonce d’une remise d’un certain montant ou d’un pourcentage sur
chaque article, elle ne peut, en revanche, est caractérisée par le fait de
proposer, pour l’achat de certains produits des bons d’achat consistant en
une remise de 50% du prix de vente et ne pouvant être utilisés qu’à
compter du lendemain528.
Une publicité
Les soldes doivent avoir pour but de réaliser un écoulement accéléré des
stocks afin de permettre l’approvisionnement de nouveaux articles en
libérant l’espace occupé par les marchandises de la saison précédente531.
S’agissant d’un élément très subjectif, la jurisprudence se limite, pour en
apprécier l’existence, à rechercher la finalité de l’opération telle qu’elle est
annoncée dans la publicité. Tel sera le cas si l’annonce de réduction de
prix mentionne une « opération de déstockage » (Cass crim 15 octobre
2002, cité par N. Mouligner in « vente en soldes : interprétation
jurisprudentielle de la définition légale », D 2004, chron p 259), mais pas
lorsque l’objectif d’écoulement accéléré de marchandises « n’apparaît
528
Cass Crim 23 janvier 2001, Gaz Pal 15, 16 mai 2002 p 45 note M. Jalade, également commenté par N.
Mouligner in « vente en soldes : interprétation jurisprudentielle de la définition légale », D 2004, chron p 259
529
Cass Crim 19 février 2003, juris-data n° 2003-018156, BICC 1er juin 2003 n° 670 p 37, Annonces de la Seine
12 janvier 2004 p 11également commenté par N. Mouligner in « vente en soldes : interprétation jurisprudentielle
de la définition légale », D 2004, chron p 259
530
Cass crim 13 janvier 2004, Les annonces de la Seine 2005 supplément du n° 38 p 5 obs Anaïs Trubuilt
531
N. Mouligner in « vente en soldes : interprétation jurisprudentielle de la définition légale », D 2004, chron p
259
252
nullement mentionné de manière explicite sur les divers supports
publicitaires qui se bornent à annoncer une réduction de prix sur une
sélection d’articles » (CA Paris, 1er mars 1999, Petites Affiches 26
novembre 1999 p 22 note A . Pelletier, Dalloz Affaires 1999 p 753 obs E.P.
dans le même sens CA Rennes 25 novembre 1999, BID 2000 n° 7-8, p
45)
De même, a aussi été jugé que ne constituait pas des soldes mais « une
promotion avantageuse destinée à optimiser la valeur marchande de
mobilier qui seraient sinon invendable » la vente à 50% de modèles de
cuisine d’exposition (CA Pau 26 juin 2001 Contrats, Concurrence,
Consommation avril 2002 p 45, note G. Raymond)
Cass Com 19 janvier 1993, Bull Civ IV n 27, D 1993, IR 48, BICC 1er avril 1993 n 432 p
532
27, Cass. com., C., 28 janv. 2004 ; SA Chaussures Labelle. Pourvoi n° 01-16.381, D 2004, Jur p
417 obs Eric Chevrier, et p 1228 note N. Mouligner, Les annonces de la Seine 2005 n° 35 p 11,
obs Julie Martinet
253
accéléré de ces marchandises en stock disponible dans le magasin, le
délit de vente en soldes en dehors des périodes autorisés est
caractérisé533.
* les soldes permanents Les soldes permanents sont réalisés par des
professionnels spécialisés dont l'activité consiste à écouler des
marchandises neuves qui, en raison de leur caractère défraîchi, dépareillé,
démodé ou de deuxième choix, ne relèvent plus des circuits habituels de
distribution. S'ils peuvent effectuer librement leur activité, ils n'ont
cependant pas le droit d'utiliser le mot "solde" ou une dénomination y
faisant référence .
533
Cass. Crim 13 janvier 2004, pourvoi n° 03-80563
534
Cass. Crim 2 juin 2004, pourvoi n° 02-21394
535
Cass. Crim 19 février 2003, pourvoi n° 02-80085
536
Cass. Crim 5 décembre 2006 N° de pourvoi : 05-87386
254
d) les ventes directes ou en magasins d'usine
* Par temps de crise économique, les ventes réalisées directement par les
entreprises productrices rencontrent un succès croissant auprès des
consommateurs. Réalisées sans intermédiaire, elle permettent d'abaisser
les prix. Dans l'idée de protéger les commerçants traditionnels, l'article 39
loi du 27 décembre 1973, dite loi Royer, (article L 121-34 du Code de la
Consommation) a tenté d'en limiter la fréquence en soumettant certaines
d'entres elles à un régime d'autorisation administrative. Ce texte a été
abrogé et remplacé par la loi du 5 juillet 1996.
A Les promotions
537
Roubach, "la nouvelle réglementation des soldes, GP 1990 doctrine p 181
538
Cass Com 19 janvier 1993, BICC 1er avril 1993 n 432 p 27, D 1993 IR p 48
255
* Prix d'appel Pour attirer la clientèle, il est fréquent que des
commerçants, et spécialement les grandes surfaces, recourent à la
pratique du prix d'appel qui consiste à attirer les consommateurs par des
prix particulièrement bas sur des produits disposant en général d'une forte
notoriété puis, une fois ceux-ci dans l'enceinte commerciale, de les
reporter sur d'autres produits dont le prix n'a pas été abaissé.
- Cette pratique, en soit, n'est pas illicite. Elle le devient lorsque, pour y
procéder, un commerçant vend ou annonce la revente d'un produit à un
prix inférieur à son prix d'achat effectif et commet ainsi le délit de vente à
perte prévu par l'article 32 de l'ordonnance du 1er décembre 1986 relative
à la liberté des prix et de la concurrence modifié par la loi du 1er juillet
1996. Pour établir le prix d'achat effectif, il est fait référence à celui porté
sur la facture d'achat majoré des taxes sur le chiffre d'affaire, des taxes
spécifiques afférentes à cette revente et du prix de transport. La Cour de
Cassation admet que, pour évaluer le prix d'achat, on puisse tenir compte
des remises accordées au vendeur par son fournisseur, mais à la
condition qu'elles soient chiffrables au jour de la vente539.
539
Cass Crim 18 février 1991, RJDA avril 1991 n 317, JCP ed E 1991 II 183
540
comme par exemple des jouets de Noël Cass Crim 11 Octobre 1993, BID mai 1994 p 15
256
1000 mètres carrés, dont le prix de revente est aligné sur le prix
légalement pratiqué pour les mêmes produits par un autre commerçant
dans la même zone d'activité,
541
Cass Crim 6 novembre 1979, D 1980, IR p 144, Cass Crim 2 décembre 1980, GP 7 juin 1981
note Fourgoux
542
TGI Brest 26 septembre 1996, Contrats, Conc, Consomm 1996 n 93 obs Raymond
257