Cours
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2014
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© UMVF - Université Médicale Virtuelle Francophone
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Objectifs ENC
● Diagnostiquer une insuffisance rénale aiguë et une anurie.
1. Pour comprendre
L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est une diminution du débit de filtration glomérulaire d’apparition rapide
entraînant une urémie et des troubles hydro-électrolytiques mettant en jeu le pronostic vital à court terme.
L’IRA est liée à une altération brusque des capacités d’excrétion du rein entraînant une rétention azotée et
de nombreux troubles hydro-électrolytiques. Elle peut être anurique ou à diurèse conservée (diurèse > 500
mL/24 h). Les signes révélateurs d’IRA sont d’apparition plus tardive : nausées, vomissements, céphalées,
diarrhées et troubles visuels.
2. Diagnostic
L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est une diminution du débit de filtration glomérulaire d’apparition rapide
entraînant une urémie et des troubles hydro-électrolytiques mettant en jeu le pronostic vital à court terme.
Contrairement à l’insuffisance rénale chronique (IRC), l’IRA se caractérise par une élévation de la
créatininémie récente, avec notion de fonction rénale normale auparavant, des reins de taille normale,
l’absence d’anémie et l’absence d’hypocalcémie.
Il faut toujours faire préciser si cette IRA est à diurèse conservée (> 500 mL/24 h) ou oligo-anurique (100–
500 mL/24 h) ou anurique (< 100 mL/24 h).
Il est important de déterminer la clairance à la créatinine (Cl-Cr), soit estimée par la formule MDRD, soit
mesurée sur le recueil des urines des 24 h (Cl-Cr = créatininurie [U] × volume des urines des 24 h
[V]/créatininémie [P]).
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Les indications à la dialyse en urgence sont : l’hyperkaliémie, l’œdème aigu pulmonaire et/ou
hyperhydratation avec hyponatrémie (troubles conscience) et l’acidose métabolique (voir « 6. Prise en
charge de l’IRA »).
Une cause fonctionnelle est impliquée dans l’IRA dans 25 % des cas et sera détectée par le biais du
ionogramme urinaire.
Une cause obstructive doit être évoquée systématiquement en première intention. Elle est à l’origine de l’IRA
dans 10 % des cas, et une échographie systématique de l’arbre urinaire permet de la détecter.
Une cause organique est enfin responsable de l’IRA dans 65 % des cas environ. Certains examens
permettent d’orienter vers une origine néphrologique : un ECBU, une protéinurie des 24 h, une
électrophorèse des protéines urinaires (figure 1).
3.1. Étiologies
Figure 2 : Étiologies IRA fonctionnelle. DEC : déshydratation extra cellulaire HEC : hyperhydratation
extra cellulaire
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3.2. Diagnostic
Lors de l’examen clinique, il existe des signes de déshydratation extracellulaire tels qu’une tachycardie, une
hypotension artérielle ou un pli cutané. Il faut également rechercher un état de choc et une oligurie.
Figure 3 : Formule pour établir la fraction d’excrétion du sodium. *FENa : fraction d’excrétion du
sodium
Une élévation de l’urée plus importante que la créatinine est en faveur d’une IRA fonctionnelle.
Ces critères sont moins fiables en cas de prise de diurétiques ou d’insuffisance rénale chronique.
4.1. Étiologies
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Il faut également évoquer un obstacle intravésical et notamment un caillotage, une tumeur ou un calcul.
Enfin un obstacle urétéral bilatéral ou unilatéral sur rein unique, intraluminal (calcul, nécrose papillaire
aiguë), pariétal (tumeur urothéliale, tuberculose urogénitale, sténose radique, endométriose) ou extra-
pariétal est plus rare (fibrose rétropéritonéale, tumeur pelvienne localement avancée, adénopathies lombo-
aortiques compressives).
4.2. Diagnostic
Il est important de rechercher à l’anamnèse des antécédents urologiques, notamment une HBP, ainsi que
des signes fonctionnels urinaires évocateurs (hématurie, douleurs lombaires, pollakiurie et brûlures
mictionnelles [prostatite/HBP], fièvre [prostatite]).
L’examen clinique sera particulièrement vigilant sur l’existence d’un globe vésical. Les touchers pelviens
sont indispensables notamment à la recherche de : une HBP, une prostatite, un blindage pelvien, et d’une
sensibilité des fosses lombaires.
Examens radiologiques :
● l’échographie des voies urinaires recherche une dilatation des cavités pyélocalicielles.N.B :
l’échographie peut être normale :
● l’ASP ou TDM peuvent aider au diagnostic mais ne sont pas recommandés en première intention ;
● l’UIV ou l’uro-TDM sont contre-indiquées car l’injection de produit de contraste iodé est à proscrire
dans ce contexte.
5.1. Étiologies
5.2. Diagnostic
Pour le diagnostic, la réalisation d’un ECBU et d’une analyse du sédiment urinaire sont indispensables.
La suspicion d’une IRA organique doit faire réaliser une protéinurie des 24 h et une électrophorèse des
protéines urinaires (tableau 2).
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● Nécrose tubulaire aiguë (NTA) écartée et d’autres causes d’IRA sont évoquées : vasculaire,
glomérulaire ou interstitielle.
● En cas de NTA persistante au-delà de 4–5 semaines.
● NTA sans cause évidente.
● Suspicion de NTIA médicamenteuse devant être écartée car le médicament est indispensable.
● Protéinurie et hématurie abondantes.
● Oligo-anurie persistante plus de 3 semaines.
Néphropathies
glomérulaires aiguës
● Souvent œdèmes ● Glomérulonéphrit
des membres e aiguë (GNA)
inférieurs et HTA postinfectieuse
associés (sauf (syndrome
GNRP) néphritique aigu) :
● Protéinurie : > 1,5 poststreptococciq
g/24 h, sélective ue ou infection
(80 % albumine) bactérienne
● Hématurie micro- ● Glomérulonéphrit
ou es rapidement
macroscopique progressives
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Néphropathies
vasculaires aiguës
● HTA fréquente, ● HTA maligne
souvent ancienne
et négligée,
Insuffisance
cardiaque
gauche, fond
d’œil stade IV,
encéphalopathie
hypertensive
● Facteur de risque
cardio-vasculaire
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● Signes ● Vascularite
systémiques (Périartérite
noueuse)
La PBR nécessite des précautions particulières et notamment un bon contrôle de l’hypertension artérielle,
une absence de trouble de l’hémostase, un repérage échographique des reins et idéalement un opérateur
entraîné.
6.1. Mortalité
La mortalité au cours de l’IRA en réanimation ou nécessitant la prise en charge en dialyse est en moyenne
de 50 % toutes causes confondues.
Elle est liée à la maladie causale (choc septique ou hémorragique, convulsions, insuffisance respiratoire,
grand traumatisme, pancréatite), au terrain et aux comorbidités du patient (âge, coronaropathie,
insuffisance respiratoire, diabète, cancers), aux complications secondaires de la réanimation et en
particulier aux infections nosocomiales.
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● surcharge hydrosodée/OAP ;
● risque de dénutrition car souvent hypercatabolisme azoté.
Les facteurs du pronostic rénal sont la fonction rénale antérieure et le type d’IRA. Les NTA guérissent sans
séquelles, contrairement aux autres atteintes.
Les facteurs du pronostic vital sont l’intensité du choc septique initial, le nombre de défaillances viscérales
associées à l’IRA, les complications métaboliques et le terrain sous-jacent.
Une hospitalisation en milieu spécialisé est requise. Il faut arrêter les médicaments néphrotoxiques et non
indispensables, notamment ceux à élimination rénale dont les posologies doivent être adaptées. Il est
nécessaire de mesurer les pics sériques et résiduels des médicaments néphrotoxiques. Il faut savoir éliminer
et traiter une situation d’urgence (figure 5) :
Les apports caloriques et azotés doivent être suffisants à savoir 40 kcal/kg/j et 1 g de protéines/kg/j (ou 0,2 à
0,3 g/kg/j d’azote) car l’IRA génère un hypercatabolisme. Enfin, il faut assurer la prévention de l’ulcère de
stress par la prescription d’un inhibiteur de la pompe à protons.
● Surcharge hydrosodée résistante aux diurétiques et/ou hyperhydratation avec hyponatrémie (troubles
conscience).
● Hyperkaliémie > 7,5 mmol/L ou signes ECG ; en association au traitement médicamenteux débuté
en urgence.
● Acidose avec pH < 7,2.
● Urée > 40 mmol/L et créatininémie > 1 000 μmol/L.
● Syndrome urémique : signes neurologiques, vomissements, syndrome hémorragique.
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1) IRA obstructive
En cas d’obstacle, le drainage en urgence est essentiel car il existe un risque d’infection des urines sus-
jacentes ainsi qu’un risque d’hyperkaliémie et d’acidose.
En cas de globe vésical, la pose d’une sonde vésicale ou d’un cathéter sus-pubien avec vidange
progressive du globe pour éviter l’hémorragie a vacuo est nécessaire.
En cas d’atteinte du haut appareil urinaire, il faut envisager la pose d’une sonde endo-urétérale de type
double J, d’une sonde urétérale ou d’une néphrostomie par ponction directe en transcutané des cavités
rénales.
Il faut réaliser un ECBU sur les urines prélevées, car elles peuvent être faussement stériles en dessous de
l’obstacle, alors que les urines au-dessus sont infectées.
Il faut savoir reconnaître et prendre en charge un syndrome de levée d’obstacle, secondaire à l’incapacité
transitoire des reins à concentrer les urines et caractérisé par une polyurie osmotique, une hypokaliémie et
une déshydratation extracellulaire.
2) IRA fonctionnelle
En cas d’IRA fonctionnelle, il faut évidemment arrêter toute substance pharmacologique potentiellement
néphrotoxique comme les AINS, les diurétiques, les IEC et les sartans.
Il faut veiller à normaliser la volémie et à relancer la diurèse, en assurant un remplissage vasculaire par NaCl
ou par macromolécules. Il peut s’agir d’un bon test diagnostique mais qui peut s’avérer dangereux en cas
d’insuffisance cardiaque préexistante.
En l’absence de traitement, une véritable IRA organique par nécrose tubulaire aiguë peut
s’installer.
3) IRA organique
● la nécrose tubulaire aiguë. Il faut arrêt les médicaments néphrotoxiques, normaliser la volémie,
relancer la diurèse (diurétiques : furosémide). En l’absence de récupération à 4 semaines, il faudra
organiser une ponction biopsie rénale (PBR) ;
● l’IRA glomérulaires. Dans ces cas, il faut demander une PBR en urgence avec immunofluorescence
dans la journée. La recherche de foyer infectieux (GNA) ou d’une histoire infectieuse (VIH) est
indispensable. Il faut effectuer une recherche d’ANCA, de FAN, d’anticorps antimembrane basale, un
dosage du complément, IgA, une sérologie de l’hépatite C ;
● la néphrite tubulo-intestitielle aiguë. Il faut également exiger une PBR et traiter la maladie causale.
La NTIA d’origine médicamenteuse est la cause la plus fréquente. Elle peut être associée à des
signes d’hypersensibilité de type IV (rash cutané, urticaire, arthralgies). Dans plus de 50 % des cas, il
existe une hépatite immuno-allergique associée. La prise en charge consiste évidemment en l’arrêt du
médicament (contre-indiqué à vie), et en l’administration d’une corticothérapie de courte durée ;
● les néphropathies vasculaires aiguës. Dans ces cas, le traitement correspond uniquement à celui
de la maladie causale.
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La prévention de la NTA s’impose dans les cas suivants : infection grave, état de choc, suites de
chirurgie lourde notamment cardiaque ou aortique avec clampage de l’aorte sus-rénale.
La prévention est d’autant plus indispensable chez les sujets âgés, diabétiques, athéromateux, et tous ceux
ayant déjà une insuffisance rénale préalable.
Les apports hydrosodés seront adaptés en fonction de la courbe de poids, de l’apparition d’œdèmes et du
bilan des entrées et des sorties (diurèse et natriurèse, pertes digestives…).
Les solutés de remplissage utilisés sont principalement les cristalloïdes et les colloïdes. Si le patient
demeure oligurique alors que la volémie est satisfaisante, l’utilisation de diurétiques de l’anse permet parfois
de restaurer une diurèse efficace.
Les sujets à risque sont les patients diabétiques, insuffisants rénaux, insuffisants cardiaques, ou ceux
ayant un myélome.
Lorsque l’administration de produits de contraste iodés (PCI) est absolument nécessaire, il faudra
veiller à arrêter au préalable les AINS et les diurétiques, à arrêter les médicaments néphrotoxiques, assurer
une hydratation correcte soit per os (eau de Vichy), soit de recourir si nécessaire à une perfusion de soluté
salé isotonique à 9 g/L (1 mL/kg/h pendant les 12 heures précédant l’examen et les 12 heures suivantes), à
utiliser des PCI de faible osmolarité ou iso-osmolaires, et à limiter le volume de PCI administrés.
La N-acétyl cystéine per os le jour précédent et le jour de l’injection d’iode est utilisée par certaines équipes
mais n’a pas fait la preuve formelle de son efficacité.
La posologie journalière des aminosides doit être adaptée à la fonction rénale. En cas de prescription
prolongée (plus de 48 h), la dose journalière doit être adaptée aux taux résiduels. La déshydratation et la
prise de diurétiques aggravent le risque de néphrotoxicité. Les mêmes précautions d’hydratation,
éventuellement associée à une diurèse forcée (avec un apport de soluté salé iso- ou hypotonique), doivent
être prises pour tous les médicaments néphrotoxiques (amphotéricine B, cisplatine).
Les IEC et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II doivent être prescrits avec prudence
chez le sujet âgé et chez les patients à risque vasculaire. Leur prescription est toujours précédée de la
recherche d’un souffle abdominal et au moindre doute d’une sténose des artères rénales (écho-Doppler) qui
contre-indiquerait ces traitements.
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Au cours des rhabdomyolyses ou des lyses tumorales importantes (spontanées ou après chimiothérapie des
leucémies aiguës, des lymphomes, des cancers anaplasiques à petites cellules), la NTA doit être prévenue
par une hydratation massive avec diurèse forcée.
L’alcalinisation des urines est recommandée au cours des rhabdomyolyses. Elle sera évitée au cours des
syndromes de lyse tumorale car cela augmente le risque de précipitation de cristaux de phosphate de
calcium. L’injection précoce d’uricase IV (Fasturtec®) permet d’éviter l’hyperuricémie des syndromes de lyse
tumorale.
9. Annexes
● Aminosides.
● Amphotéricine B.
● Nombreuses chimiothérapies anticancéreuses.
● Produits de contraste iodés.
● Pénicillines.
● Céphalosporines.
● Rifampicine.
● Sulfamides.
● AINS…
● Acyclovir.
● Sulfadiazine.
● Méthotrexate.
● Indinavir.
Vasoconstriction
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Cryoblobulinémie
Acidose tubulaire
Néphrocalcinose
Points essentiels
● préciser le caractère aigu de l'élévation de la créatininémie ;
● préciser si la diurèse est conservée ;
● déterminer la clairance à la créatinine (estimée ou mesurée sur les urines des 24 h+++).
○ IRA obstructive (post-rénale) : dérivation des urines en urgence++ (sonde vésicale ou cathéter sus-
pubien, montée de sonde JJ ou néphrostomie per cutanée selon nature de l'obstacle). Attention au
syndrome de levée d'obstacle,
○ IRA fonctionnelle (pré-rénale) : remplissage, ± amines pour rétablir une volémie efficace,
○ IRA organique (rénale) : traitement de la cause si possible.
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Annexes
Bibliographie
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