Jodelet D. 2015 - Introduction Un Fairesurlapenseesociale PDF

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Représentations sociales

et mondes de vie
Denise Jodelet

Textes édités par

Nikos Kalampalikis

Collection
Psychologie du social

éditions des archives contemporaines


Introduction :
Un faire sur la pensée sociale

« On ne voit pas, par exemple, qu’une psychologie sociale serait possible en ré-
gime d’ontologie objectiviste. Si l’on pense vraiment que la perception est une
fonction de variables extérieures, ce schéma n’est (bien approximativement) ap-
plicable qu’au conditionnement corporel et physique, et la psychologie est con-
damnée à cette abstraction exorbitante de ne considérer l’homme que comme un
ensemble de terminaisons nerveuses sur lesquelles jouent des agents physico-
chimiques. Les ‘autres hommes’, une constellation sociale et historique, ne peu-
vent intervenir comme stimuli que si l’on reconnaît aussi bien l’efficience
d’ensembles qui n’ont pas d’existence physique, et qui opèrent sur lui non selon
leurs propriétés immédiatement sensibles, mais à raison de leur configuration so-
ciale, dans un espace et un temps sociaux, selon un code social, et, finalement,
comme des symboles plutôt que comme des causes. Le seul fait qu’on pratique la
psychologie sociale, on est hors de l’ontologie objectiviste, et l’on ne peut y rester
qu’en exerçant sur ‘l’objet’ qu’on se donne une contrainte qui compromet la re-
cherche. L’idéologie objectiviste est ici directement contraire au développement du
savoir ».
Merleau-Ponty, Maurice 1964/2004.
Le visible et l’invisible. Paris, Gallimard (p. 42).

L’ouverture sur la citation de Merleau-Ponty trace le chemin que j’ai essayé de suivre pour
l’étude des représentations sociales. Un chemin dont les textes présentés dans cet ouvrage
donnent un panorama qui s’il peut paraître à certains diffus, obéit à une volonté de cerner un
ensemble complexe de phénomènes mentaux, relevant de l’ « idéation sociale » dont parle
Durkheim et qui animent la vie sociale. Ces phénomènes renvoient à des formes, façons et
processus touchant au sentir, au savoir, au connaître, à la donation de sens dans l’expérience
quotidienne.
Ce parti pris, un peu en décalage par rapport aux différentes tendances qui, dominantes ou
alternatives, structurent le champ auquel j’appartiens, la psychologie sociale, doit être explicité,
sans véritable prétention théorique, mais plutôt dans le souci de ramener dans leur milieu
d’origine et de fonctionnement des observables qui relèvent de la pensée sociale. Ce à quoi va
s’attacher cette introduction non sans avoir fait un détour plus biographique. En effet, il est
difficile d’introduire à un ensemble de textes écrits au cours d’une longue période de vie de
recherche sans y engager sa personne, sans parcourir la trajectoire de travaux qui conduits dans
un univers conceptuel déjà structuré, restent néanmoins tributaires d’une histoire passée et des
accumulations de l’expérience réflexive correspondante.
4 | Introduction

Une trajectoire vers et à partir des autres


Après plusieurs activités de terrain en éducation populaire et divers apprentissages dans les
sciences humaines et sociales, au contact de chercheurs de l’Ehess1, j’ai intégré, à sa création
par Serge Moscovici, en 1965, le Groupe de Recherche en Psychologie Sociale de l’Ehess2. Je
m’y suis initiée à la psychologie sociale grâce à la préparation d’un ouvrage documentaire paru
en 1972, avant d’entamer véritablement un travail de recherche.
Il s’est agi, pour commencer, d’une étude sur les représentations de la folie dans un milieu rural
français où était implanté, à Ainay-le-Château, aux limites du Cher et de l’Allier, sous le nom de
Colonie Familiale, un hôpital psychiatrique dont les ressortissants étaient logés chez l’habitant
et vivaient en liberté dans la communauté. Totalement ignorée des milieux psychiatriques au
moment de ma recherche, cette institution a inspiré les premières expériences d’ouverture des
portes de l’asile, en particulier celle de Sivadon (1993). C’est d’ailleurs à l’occasion d’un témoi-
gnage radiophonique de ce réformateur du système asilaire que j’ai découvert son existence
alors que je cherchais un site où des personnes souffrant de troubles psychiques circulaient en
liberté dans leur environnement social. Avec ce travail qui a réclamé quatre ans d’enquête sur le
terrain, mais ne fut publié qu’en 1989, et auquel quelques références sont faites dans différents
chapitres de ce livre, j’ouvrais une réflexion sur les processus psychosociaux de mise en altérité,
guidée par une découverte inattendue faite lors de l’exercice des activités d’éducation populaire
en Algérie.
Nous étions en 1956, à Alger. Chargée, par l’organisme des « Centres sociaux »3 d’un stage de
formation générale pour des élèves infirmières algériennes, je cherchais à les initier aux pro-
blèmes posés par les troubles psychiques. Un hôpital psychiatrique de Blida était réputé pour
ses pratiques libérales, voire révolutionnaires. Pour les découvrir, je sollicitais un rendez-vous
auprès de son directeur dont j’ignorais l’identité. Il s’agissait de Franz Fanon4. Il nous reçut
pendant deux longues heures, développant l’identité du traitement réservé aux personnes souf-
frant d’affection mentale et d’exclusion raciale et ethnique. Ce rapprochement concernant le
destin de l’altérité, conforté par quelques observations personnelles, éclairé par la lecture de
Foucault sur l’Histoire de la Folie (1961) devait inspirer plus tard la recherche menée sur la colo-
nie Familiale Ainay-le-Château et orienter mon travail sur les formes et figures de l’altérité
(chap. IV-1) et la stigmatisation (chap. III-3).
Pour conduire cette recherche, j’avais adopté le cadre d’approche des phénomènes sociaux
proposé, en 1961, par la théorie de S. Moscovici sur les représentations sociales que d’autres
chercheurs avaient commencé à illustrer par leurs travaux. Je l’abordais avec le souci de garder
comme horizon la culture, les rapports sociaux, l’histoire, initiant une longue période de re-
cherches menées dans différents champs (corps et santé, espaces urbains et environnement,
mémoire sociale).

1Contacts noués notamment avec R. Bastide, P. Bourdieu, G. Devereux, I. Meyerson, J.-C. Passeron à l’occasion de
séminaires et de collaborations.
2 Le Geps est devenu ensuite Laboratoire de Psychologie Sociale dont j’ai pris la direction au départ de S. Moscovici.
3Créé en 1955, par Germaine Tillon, le service des Centres Sociaux, rattaché à la Direction Générale de l’Éducation
nationale en Algérie pour garder son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, avait pour but de « donner une
éducation de base aux éléments masculins et féminins de la population », mettre à la disposition des populations « un
service d’assistance médico-social polyvalent », « assurer le progrès économique, social et culturel » (Arrêté de création).
4 Franz Fanon dirigea à partir de 1953 l’Hôpital psychiatrique de Blida-Joinville où il introduisit les méthodes de socio-

thérapie, de psychothérapie institutionnelle et d’ethnopsychiatrie jusqu’à sa démission immédiatement suivie de son


expulsion d’Algérie par le Gouvernement Général en 1957. Il s’était engagé auprès du FLN et a publié des ouvrages
marquants sur le racisme (1952, 1961).
Introduction |5

Ces recherches dont les parties II, III, IV donnent un aperçu ont répondu à des demandes
publiques ou se sont fécondées les unes les autres dans leurs thèmes, leurs objets et leurs mé-
thodes, débouchant sur de nouvelles perspectives. L’expérience de l’étude sur la Colonie
d’Ainay-le-Château pour laquelle j’avais mis en œuvre une procédure subordonnant
l’exploration des représentations à l’examen des pratiques qui régissaient les rapports entre la
population et les malades mentaux, inspira celle utilisée dans les autres recherches. Partant du
recensement des pratiques, il s’est agi de cerner le sens, les attendus et les justifications qui les
sous-tendaient. Cette démarche s’est avérée féconde pour isoler des systèmes de représenta-
tions caractérisant des conduites aussi diverses que : la participation sociale à des politiques
urbaines lors d’études de communautés à Louviers (1978) ou au Creusot (1994, 1997) ; les
dimensions subjectives, normatives et idéologiques orientant les choix de l’allaitement maternel
(1987, 2000) ; les positions du personnel de services hospitaliers ayant en charge des malades
du sida en fin de vie (Vincent et al., 2000) ; le jeu des représentations de la contagion dans les
relations avec des personnes atteintes du VIH (1994) et, plus récemment, dans le cas du cancer
(Mazières et al., 2014). Sur le plan technique, les différentes recherches menées individuelle-
ment ou en équipe, ont eu recours à des méthodologies mixtes de recueil et traitement des
données autant qualitatives (observation participante, étude de cas, entretiens, analyse de con-
tenu classique) que quantitatives (questionnaires, inventaires des contextes d’action, traitement
statistique des données, cartes cognitives, analyse informatique textuelle).
Ces travaux s’accompagnaient d’une réflexion dont les éléments sont repris dans les chapitres
de la partie I. Elle portait sur les présupposés orientant ma pratique en réponse aux inquiétudes
qui ont traversé son histoire à mesure que l’étude des représentations sociales se développait.
L’évolution de ce domaine de recherche a donné lieu à diverses orientations théoriques et
modèles d’approche et affirmé sa fécondité dans un nombre croissant de champs d’application.
Cela bien qu’il se trouvât en butte à des critiques venues, en psychologie sociale, des perspec-
tives classiques du « mainstream » ou des entreprises visant son renouvellement, comme la
psychologie discursive ou le constructionnisme, ou encore se heurtât à l’apparente ignorance,
pour ne pas dire au mépris, que manifestaient les disciplines voisines.
Il faut, à ce propos, souligner le paradoxe du courant de recherches sur les représentations
sociales. Il a une triple particularité. D’une part, la longévité, malgré les vicissitudes qu’a con-
nues un développement marqué par des périodes de latence et de regain, évoqué dans le cha-
pitre « un domaine en expansion » de l’ouvrage que j’ai dirigé en 1989. D’autre part, la
coexistence de mouvements de large utilisation et de forte contestation. Ainsi alors même que
s’engageait ce qui a été appelé la « crise de la représentation », entrait-on dans « l’ère des repré-
sentations » comme l’annonçait en 1982 Serge Moscovici, illustrée non seulement par le
nombre de travaux portant sur les représentations sociales, mais aussi par la mise en œuvre de
perspectives qui en reprennent, sans le dire, les cadres d’analyse proposée par Moscovici. Ceux-
ci ont constitué une référence pour toutes mes recherches. Un cadre à partir duquel j’ai essayé,
en m’appuyant sur les apports des sciences sociales, d’ouvrir de nouveaux chantiers dans des
domaines encore peu explorés en psychologie sociale.
Une troisième caractéristique de notre champ réside dans la stabilité et la reviviscence du para-
digme princeps qui s’accompagne de florescences diverses, de modèles et de perspectives cen-
trés sur des aspects particuliers. Reprenant une image de Tarde, j’ai qualifié, en 2008, la théorie
des représentations sociales de « belle invention » en raison de la variété des perspectives aux-
quelles ses propositions ont donné lieu, permettant de créer de nouveaux domaines de re-
cherche dont certains se sont même autonomisés. Tel est le cas, par exemple, de la
vulgarisation scientifique, qui fut directement inspirée par la mise en regard, de la connaissance
de sens commun et de la connaissance scientifique avant de devenir un champ autonome
6 | Introduction

(Roqueplo, 1974, cf. également la revue Public Understanding of Science). Les différentes « Écoles »
ou tendances qui se sont dégagées à partir du paradigme princeps sont un autre exemple que je
commente dans un texte (chap. I-6).
En 1982, après avoir fait, à l’occasion de rencontres internationales sur « La représentation »
organisées par les Universités de Lyon et de Montréal, une première synthèse du champ (chap.
I-1), j’entrepris, parallèlement à mes recherches et à la direction de plus de trente thèses de
doctorat ou d’État5, et vingt Diplômes de l’Ehess, un travail de présentation synthétique et
didactique du paradigme moscovicien sur les représentations sociales assorti d’opérations de
diffusion.
J’ouvris ainsi, dès 1982, une campagne d’échanges et de recherches dans différents pays
d’Amérique latine (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Équateur, Mexique, Venezuela). Cette
expérience qui se poursuit encore aujourd’hui, après s’être étendue à l’Afrique du Nord et
l’Asie, fut un véritable apprentissage du dialogue entre cultures dont témoigne le chapitre (I-3)
consacré aux formes d’exploration des dimensions culturelles dans l’étude des représentations
sociales et qui a été prolongé, en 2012, par l’examen des rencontres entre savoirs dans un es-
pace globalisé. Je dois beaucoup à mes collègues. Grâce à leur souci pour l’intervention en
milieu réel, ils m’ont permis d’enrichir mes perspectives et de les infléchir dans le sens d’une
plus grande sensibilité aux demandes du terrain, d’un enracinement dans les conditions con-
crètes de production et d’usage des représentations sociales, dont témoignent des publications
sur l’intervention et la place des représentations dans la compréhension de situations relevant
des champs de la santé, de l’éducation. En guise de remerciement, bien des textes inspirés par
ces incitations ont été réservés à une publication locale ou ont précédé leur édition en français,
comme c’est le cas de certains textes de ce livre.

Miscellanées d’une quête de compréhension des phénomènes


représentatifs
Le champ d’étude des représentations sociales, inauguré il y a plus de cinquante ans, est sou-
vent subsumé par des théorisations, mais dont on ne voit pas toujours l’unité, ni la cohérence,
en dépit des inter-citations entre les auteurs, et du rattachement au paradigme princeps. Dans
ce qui suit, sans vouloir faire œuvre proprement théorique, je vais parcourir quelques thèmes
autour desquels s’est cristallisée mon attention, sous forme de notules réflexives qui ont orienté
ma pratique.

À propos des représentations sociales et de la pensée sociale


Il ne s’agit pas ici de théoriser sur ce qu’implique le fait de se représenter et représenter aux
autres, au plan définitionnel ou au plan de l’examen des conditions de production et de circula-
tion des représentations sociales, de leurs processus et statuts. Comme indiqué plus haut, j’ai eu
l’occasion, dans plusieurs textes, de rappeler les propositions faites en ce sens par Moscovici et
les divers courants qu’il a inspirés. Elles ont été résumées dans le tableau synthétique présenté
plus bas.
Le propos ici est plutôt de présenter comment j’ai tenté de saisir des phénomènes représentatifs à
l’œuvre dans l’expérience quotidienne, à l’occasion de recherches menées sur des thèmes et des

5 Ces thèses dont un panorama est présenté dans l’ouvrage Une approche engagée en psychologie sociale (Madiot, Lage, Arru-

da, 2008), se sont inscrites dans mes principaux axes d’intérêt. Trois quarts de leurs auteurs occupent ou ont occupé un
poste d’enseignement et de recherche dans diverses universités en France (16) et à l’étranger (9).
Introduction |7

terrains sociaux sensibles aux conjonctures culturelles et historiques. Ces phénomènes repré-
sentatifs sont des produits mentaux qui peuvent être abordés au plan individuel et collectif, en
tant que systèmes de connaissances, savoirs et significations. Au plan individuel, ils sont tenus
pour basés sur les appartenances sociales, la place dans les rapports sociaux, les échanges inter-
subjectifs et induisant des engagements idéels et pratiques. Au plan collectif, ils correspondent
à des visions partagées, communes à une formation sociale, et diffusées en son sein par le biais
des communications. Ce qui conduit à faire porter l’accent sur la pensée sociale, en tant que
construction mentale d’objets du monde et que source de formes de vie ayant une incidence
sur le devenir social.
Bien que dans les textes de Moscovici récemment publiés (2012, 2013), une telle approche soit
présente, cet aspect des représentations sociales est resté relativement ignoré des courants de
recherche qui se sont développés et continuent de le faire autour de son paradigme. Cet aspect
concerne la pensée mise en rapport avec toutes les dimensions du social qui y interviennent
d’une part et avec l’incidence qu’elle peut avoir sur les productions symboliques qui animent la
vie et le changement social, d’autre part.
En effet, la tendance est plutôt de laisser l’étude de la pensée aux sciences cognitives et aux
tenants de la cognition sociale, ou alors de mener un débat sur les limites des modèles psycho-
logiques de la cognition. Au plan social et psychologique, comme dans l’histoire même de la
formulation de la théorie des représentations sociales, si on a distingué connaissance et signifi-
cation, comparé la connaissance de sens commun à la connaissance scientifique, on a peu
considéré la spécificité et le rôle de pensée comme telle. Distinction que divers auteurs ont
développée. J’en retiendrai deux : Arendt et Foucault. Pour Arendt (1983), la connaissance qui
se réfère à un savoir positif est objective, alors que la pensée est subjective et expérientielle. Par
son biais, notre vie devient consciente, communicable, partageable et compréhensible par les
autres. La pensée reformule ce qu’imposent nos conditions d’existence, et le rend valide pour
une communauté d’êtres humains et pas seulement pour une seule personne. Elle devient ainsi
une voix/voie de l’intersubjectivité tout en permettant par l’élaboration via la communication,
la conscience. Foucault dans Dits et Ecrits II, introduit une distinction supplémentaire : celle
entre savoir et connaissance : Le savoir est un processus par lequel « le sujet subit une modifi-
cation par cela même qu’il connaît, ou plutôt lors du travail qu’il effectue pour le connaître.
C’est ce qui permet à la fois de modifier le sujet et de construire l’objet. Est connaissance le
travail qui permet de multiplier les objets connaissables, de développer leur intelligibilité, de
comprendre leur rationalité, mais en maintenant la fixité du sujet qui enquête » (2001, p. 876).
Il me semble que c’est à partir de ces distinctions entre savoir, connaissance et pensée, que l’on
peut avancer pour comprendre la façon dont les sujets donnent sens à leur pratique et leur
expérience dans leur monde social de vie. Perspective qui se trouve largement corroborée par
l’émergence récente d’une réflexion sur le savoir expérientiel, notamment dans les domaines de
l’éducation (Jodelet, 2013) et de la santé (Jouet, Las Vergnas, Noël-Huraut, 2014a).
Parler de pensée c’est aussi une manière d’orienter le regard vers une totalité dont les éléments
sont indissociables et qui ne peut être épurée, pour sa compréhension, en ne focalisant
l’attention que sur un des aspects des processus qu’engage cette pensée : interaction, discours,
cognition, etc. De même, c’est une manière d’élargir la thématique initiale qui était centrée sur
l’étude du rapport entre sens commun et science, en englobant non seulement les représenta-
tions sociales dans les échanges interpersonnels, mais aussi dans les communications de masse,
dans celles qui se déroulent dans l’espace public ou communautaire, ou encore sont portées
dans les supports d’expression culturelle que constituent les arts (cf. chap. I-1). Ces aperçus
introduisent à plusieurs ordres de question : celui de l’espace d’inscription et de fonctionne-
ment des représentations sociales ; celui de leur temporalité ; celui du niveau de leur approche.
8 | Introduction

Les mondes de vie, espace d’inscription des représentations sociales


Le fait de rattacher la genèse et les fonctions des représentations sociales à l’expérience quoti-
dienne répond à une filiation avec la phénoménologie qui justifie le choix du titre de ce livre.
Qu’entendre par mondes de vie ? L’inspiration vient directement de la notion de lebenswelt dont la
paternité est attribuée à Husserl, mais qui, déjà présente chez Dilthey, est à l’œuvre, non seule-
ment dans la phénoménologie sociale de Schütz, mais, comme le montre Zaccaï-Reyners
(1995, 1996), dans les courants les plus récents inspirés par la perspective sémiotique.
Husserl a introduit la notion de lebenswelt pour élargir la réflexion philosophique et épistémolo-
gique sur la connaissance au-delà des seules questions posées par la science. Mérite d’être sou-
ligné ici le point de rencontre avec la réflexion sur les représentations sociales puisqu’on sait
qu’à son départ figurait également une interrogation sur le statut différentiel et la coexistence
de différents modes de pensée, scientifique et de sens commun (cf. chap. I-6).
Lebenswelt est traduit par « Monde de la vie », mais j’ai préféré utiliser l’expression mondes de vie
pour deux raisons. Se dégager de toute référence vitaliste qui risque d’être sous-jacente à l’idée
d’un monde vécu dans un espace où se manifestent toutes les formes de vie, qu’elles soient
concrètes, symboliques ou discursives. Mais surtout couvrir l’ensemble des situations au sein
desquelles se trouvent situés les sujets pensants. Celles-ci, en tant que cadre de pensée et
d’action, sont aussi bien matérielles, que correspondant aux différents modes d’existence repérés
dans le devenir social (Latour, 2012), aux formes de relations et aux rapports sociaux, aux types
d’appartenance et d’affiliation au sein d’une formation sociale, aux postures et adhésions dé-
coulant des positions sociales qu’y occupent les sujets et groupes sociaux, ou encore au con-
texte plus large que constitue aujourd’hui le monde (Augé, 1994), etc. Elles impliquent aussi,
sur le plan symbolique, les circulations des modes d’appréhension et d’interprétation de la
réalité et des événements qui marquent l’actualité, via les divers types de communication, inte-
rindividuelles, communautaires, médiatiques, esthétiques, ainsi que les transmissions sociales
entre générations.
Cela permet de pointer la façon dont les acteurs se situent dans le monde matériel et symbo-
lique où se déploient leurs activités et se construit leur expérience. Un monde mixte de réel et
d’idéel, pour reprendre une expression de Godelier (1984) où l’incidence des conditions et
cadres objectifs de vie, des formes de socialité, se mêle étroitement à celle des évolutions maté-
rielles et politiques des contextes et conjonctures où se déroule la vie sociale, comme le font
apparaître les représentations de l’environnement (cf. partie II). Ce qui suppose que cette façon
de se situer, qu’elle soit conscientisée ou présente un caractère pré-réflexif, a toujours pour
point de départ une position dans un cadre matériel et social. Cette position a une incidence
sur l’élaboration des significations posant les objets référents, les définissant, voire comme
l’indique Jacques (1987) se définissant elles-mêmes dans les échanges de l’interlocution.
Il en résulte que les représentations sociales sont des phénomènes complexes, pluridimensionnels, polymorphes,
des holons pour reprendre une expression de Koestler (2013). Ces phénomènes sont saisis chez
les individus qui les créent à partir de leur vécu, dans l’interlocution, ou les endossent lors de
leur circulation dans l’espace social comme des visions partagées, des allants de soi, ou des
prêts à penser. Ils apparaissent aussi dans des supports iconiques ou sonores. Ils s’offrent à
l’étude à la fois comme des contenus et des processus renvoyant à la distinction entre pensée
constituante et pensée constituée et relevant de méthodologies mixtes. Certains de ces phéno-
mènes sont mouvants, d’autres se donnent comme des concrétions d’éléments, présentant des
états stables qui, même s’ils ne le sont que temporairement, vont intervenir dans la formation
d’autres états stables ou mouvants, sous forme de strates ou de sédiments ou de background
informationnel. Ce qui oriente vers leur temporalité.
Introduction |9

Sur la temporalité des représentations sociales


Les représentations sociales sont dans l’histoire et ont une histoire : elles évoluent à la mesure des chan-
gements intervenant dans les modèles culturels, les rapports sociaux, les circonstances histo-
riques qui affectent les contextes où elles se développent, les agents qui les forgent à partir de
leur expérience et de leur insertion dans un réseau de liens sociaux et intersubjectifs. C’est cette
particularité qui assure la proximité épistémologique de leur étude avec celle que développent
les historiens (cf. chap. I-2). Présenté en 1989 lors d’un colloque consacré à I. Meyerson dont on
ne reconnaît pas assez la richesse de sa contribution, ce texte amorçait une réflexion sur les
rapprochements possibles avec les diverses sciences sociales (cf. chap. I-4), en se centrant parti-
culièrement sur l’anthropologie, l’histoire, la sociologie pour plusieurs raisons.
Ces disciplines ont fait un usage réitéré et diversifié de la notion de représentation ou représen-
tation collective dans la lignée des propositions de Durkheim qui inspira largement l’approche
psychosociale. L’examen de leur contribution m’est apparu important pour notre champ
d’étude dans la mesure où elle permettait d’inscrire les phénomènes représentatifs dans les
dynamiques sociales, culturelles et historiques et ainsi de mieux fonder le caractère social des
phénomènes que nous étudiions. J’avais aussi le secret espoir que les rapprochements établis
donneraient l’occasion aux sciences voisines de tirer parti des apports de notre approche. Situa-
tion dont on trouve, ici ou là, quelques traces, bien qu’un dialogue ne se soit pas véritablement
engagé jusqu’à présent. Ce qui rejoint le problème de l’inter, voire de la trans-disciplinarité
(abordé dans le chapitre sur le champ du religieux, cf. IV-6) et plus récemment à propos des
rapports entre les champs de la santé et de l’éducation (Jodelet, 2014a).
Quant à la reconnaissance de l’historicité des représentations, elle tient au fait que l’homme est
inscrit dans un espace-temps historique ce à quoi réfère Bakhtine avec la notion de « chrono-
tope » (1978). Mais si dans leur évolution, les représentations sociales dépendent du contexte
historique et du poids de son passé, elles sont aussi facteur d’innovation. Ce qui nous met en
présence de deux processus importants.
D’une part, conceptuellement et empiriquement des liens essentiels ont été dégagés entre les
représentations et les mémoires sociales. L’identification de la représentation et de la mémoire
déjà posée par Durkheim a été reprise aussi bien par les sciences cognitives que par Ricoeur
(2000). Les chapitres (II-2 et 3) restituent ce référentiel théorique, examiné de manière détaillée
dans ma thèse d’État (1985), et en déploient quelques implications dans le rapport au politique
et à l’espace.
D’autre part, l’étude des représentations permet de saisir l’histoire en train de se faire. Elles ont en quelque
sorte valeur prémonitoire ou prédictive. Une potentialité peu reconnue, mais qui fonde la por-
tée de leur étude pour une analyse des dynamiques sociales. Deux exemples pour illustrer cette
propriété. Dans l’étude sur l’image de Paris (chap. II-1), j’ai introduit une série de questions sur
l’implantation des groupes sociaux dans les différents quartiers de la ville. Procédure que Stan-
ley Milgram, plus intéressé aux formes individuelles de la construction de l’espace urbain
n’avait pas prévu d’utiliser. L’importance des résultats obtenus par ce biais orienta par la suite
le regard qu’il posa sur la construction de l’image de New York. La carte de Paris obtenue par
cette procédure a dessiné, dix ans avant celle de la distribution des votes racistes et xénophobes
de l’extrême droite lepéniste, les espaces rejetés en raison de l’origine exogène de leur peuple-
ment. Ce qui m’a conduite à introduire la notion de représentation socio-spatiale pour souli-
gner l’étroite liaison existant entre la perception et la pratique de l’espace et sa qualification
sociale par son histoire et son peuplement.
Dans l’étude sur les représentations du corps, menée en 1975 et confirmée statistiquement en
1980 (chap. III-1 et 2), l’investissement du vécu et de l’apparence corporelle par les hommes qui
10 | Introduction

ne figurait pas encore dans le discours social, mais était porté par les mouvements émancipa-
toires post 68, s’est affirmé d’une façon flagrante et totalement inattendue. On peut trouver là
la preuve d’une élaboration individuelle de tendances qui commencent à flotter dans l’air du
temps. Chez les femmes, le refus de la souffrance du corps féminin au moment de
l’accouchement anticipait, dans ses thématiques, sur l’affirmation identitaire de l’expérience
féminine de la maternité exprimée dans une recherche ultérieure sur l’allaitement (1987, 2000).
A noter que, comme il ressort des chapitres (III-1, 2, 4 et 5), les mouvements sociaux et
l’emprise des modèles culturels et religieux relatifs aux distinctions de genre et à la condition
féminine, offrent un espace privilégié pour étudier le jeu des représentations dans le temps et
les mentalités ainsi qu’aux différents paliers ou niveaux de leur production, du mythique au
pratique, du culturel à l’esthétique, du collectif au subjectif. Ce qui suppose de sortir des cadres
classiques de la psychologie sociale.

Les niveaux d’approche des représentations sociales


Or, du côté des psychologues sociaux, rares sont ceux qui ont sauté ce pas. La plupart des
modèles proposés sont inspirés par l’horizon de la psychologie sociale comme discipline por-
tant sur l’interaction sociale. Il en résulte que l’étude des représentations sociales reste le plus
souvent située dans l’espace de l’interaction entre individus, individus et groupes ou entre
groupes. Malgré la critique faite aux modèles de la cognition ou de la cognition sociale, le jeu
des conjonctures historiques, des contextualisations culturelles et des impositions sociales est
peu considéré, en dehors de quelques recherches.
De sorte que nombre de modèles sont proposés pour aller de l’inter (l’interpersonnel,
l’intersubjectif, l’intergroupe), comme dans le cas de l’interactionnisme, du dialogisme, de la
psychologie sociale discursive, à l’intra (l’intra mental, l’intra subjectif) selon un même mode, le
plus souvent langagier. On ramène alors la représentation à une forme issue du discours public
intériorisé ou du dialogue avec soi-même ou encore on en fait le produit négocié de
l’interlocution, par ajustement ou conflit des points de vue. Avec une double conséquence.
D’une part, l’on n’a pas encore trouvé le biais pour passer de l’intra à l’inter qui suppose la
reconnaissance du sujet, aujourd’hui prônée dans les sciences sociales comme je le rappelle
dans le chapitre (I-5). D’autre part, on ne tient pas compte de l’intervention des facteurs pro-
prement sociaux et culturels qui interviennent dans l’élaboration privée, conjointe ou com-
mune des représentations. Le même chapitre propose un schéma d’analyse permettant de saisir
la représentation sociale à l’intersection des sphères subjectives, intersubjective et trans-
subjective.
En effet, les représentations sociales sont caractérisées par leur appartenance à diverses sphères
qui, en des degrés divers, contribuent à leur formation et leur structuration. Le schéma suivant
tente de donner une vue de la complexité du champ d’étude des représentations sociales telle
qu’il s’est développé dans le temps.
Introduction | 11

Repris et mis à jour d’un texte publié en 1989 sur l’extension de ce champ, il montre que les
représentations en tant que formes de savoir pratique impliquent une relation indissociable entre un
sujet qui est toujours social à un double titre : par son inscription sociale et par sa liaison à
autrui, et un objet qui, symbolisé par la représentation, est construit et interprété par le sujet s’y
exprimant. Par leur orientation pratique, ces formes de savoir ont un effet sur les conduites et
les actions qui leur confèrent une efficacité sociale.
Or, il se trouve qu’aujourd’hui les recherches, privilégiant les dimensions discursives et narra-
tives des représentations, tendent à se recentrer sur l’interlocution et l’interaction. Certes, cela
permet de cerner l’une des conditions de production et de fonctionnement des représentations,
mais ce n’est pas la seule. Les messages sociaux et collectifs, forgés dans l’espace public, trans-
mis par les canaux institutionnels, médiatiques ou les formes artistiques d’expression, en for-
ment d’autres, sans oublier les fondements structuraux des contextes de vie et des rapports
sociaux affectant directement les sujets sociaux. Prendre en considération la complexité des
processus engagés dans les phénomènes représentatifs engage non seulement à se tourner vers
l’incidence des facteurs sociaux et relationnels, mais aussi à tenir compte de l’intervention du
sujet social qui doit être réhabilité par une psychologie sociale encline à se défendre contre les
risques de l’individualisme (Farr, 1996).
Car le retour du sujet ou du je en raison de l’importance accordée aujourd’hui à la subjectivité
ne s’argumente pas seulement dans les sciences humaines et sociales. Il émerge aussi depuis les
années 80 dans la philosophie, comme l’illustrent les cas de Putnam et Foucault. Le premier
(2002) y vient par une relecture critique de la philosophie analytique dont il fut l’un des secta-
teurs, dans une tentative de résolution des conflits entre objectivisme et relativisme, réalisme et
constructionnisme, faits et valeurs. L’évolution de Foucault (2001, 2014) qui dans l’articulation
12 | Introduction

entre savoir - pouvoir - sujet avait subordonné ce dernier aux deux premières instances renverse le
rapport en lui conférant, avec le souci de soi, un statut de principe régulateur.

Vers de nouvelles orientations


Si le recours à divers courants de pensée a largement étayé les réponses que je trouvais aux
questions que soulève notre domaine d’étude, ce fut toujours corrélativement avec un désir
d’approfondissement des processus à l’œuvre dans la formation et l’efficace sociales des phé-
nomènes étudiés. J’ai ainsi été amenée à ouvrir de nouveaux champs de recherche pour en
approfondir l’examen. Tel fut le cas pour les chapitres traitant du champ du religieux, de
l’imaginaire et du mythique, ou encore des liens entre représentation et émotions (parties III et
IV).
On insiste de diverses parts, sur la dimension imaginaire des représentations sociales, souvent liée à leur
créativité. Peu de recherches ont tenté d’explorer le jeu de l’imaginaire dans leur création et leur
fonctionnement. La question est délicate, car s’il est relativement aisé de cerner la forme ima-
gée d’une production mentale, il n’est pas toujours facile d’en définir le caractère imaginaire.
J’ai essayé de traiter de cette question qui me semble essentielle pour le développement de
l’approche des représentations sociales, en travaillant sur des productions sociales portées par
des individus (chap. III-4, 5), des courants idéologiques (chap. IV-2, 4), religieux (chap. IV-6) ou
des œuvres artistiques, littéraires ou picturales (chap. IV-2, 5). Ces productions sont en lien avec
les transformations de la vision qu’endossent, à une période historique donnée, les membres
d’un groupe social pour puiser une inspiration permettant d’exprimer leur position sur l’état du
monde, manifester leur spécificité identitaire ou encore étayer sur des figures mythiques leur
vision de la réalité humaine et sociale.
Dans une veine approchante, et me fondant sur le caractère révélateur d’une forme
d’expression non langagière, j’ai travaillé sur la musique, organisant des symposia sur la musique
populaire lors de conférences internationales sur les représentations sociales et montant un
projet sur la réception d’une œuvre alliant musique, image et son, la Trilogie Qatsi de G. Reg-
gio et P. Glass. Ce projet a été argumenté lors d’une intervention faite à Rome (chap. IV-5) et
plus récemment à São Paulo (Jodelet, 2014). L’accent mis sur le vécu et l’expérience (chap. IV-
3), la transmission d’états émotionnels et ses effets sur les façons de penser trouvent un écho
dans les préoccupations récentes qui se dessinent dans divers secteurs des sciences humaines.
Le contexte politique contemporain m’a permis de travailler sur une émotion spécifique, la peur
(chap. IV-4), souvent rencontrée dans les études sur le rapport à la folie, et son incidence sur les
modes de pensée et l’élaboration des relations à l’autre, thème qui fait l’objet d’un chapitre
spécifique (chap. IV-1), comme, encore plus récemment, sur l’élaboration du sentiment de
danger ou de menace (Jodelet, 2015).

Conclusion
L’ensemble des considérations que je viens d’égrener traverse tout mon travail de recherche
d’inspiration phénoménologique. Je n’ai pas insisté sur les méthodologies qui l’ont soutenu. Le
lecteur constatera aisément l’usage de méthodologies mixtes centrées sur la mise en lumière des
facettes des objets complexes, dès mes premiers travaux et jusqu’à présent, avec un privilège
accordé aux méthodes qualitatives auxquelles introduit un texte publié en 2003.
À travers ces quelques exemples de recherche, il me semble possible d’apporter la preuve que
selon les objets et les contextes, un éclairage différent peut être mobilisé pour traiter des repré-
sentations sociales. Il n’y a pas qu’une seule perspective valide aujourd’hui. Pour progresser, il
faut se centrer sur l’étude de représentations concrètement situées à propos d’objets délimités,
Introduction | 13

montrer leur complexité et le nécessaire recours à des modèles complémentaires, variables


selon les cas. Il m’a paru plus important de faire sentir comment à travers une pratique de
recherche surgissaient des questions qui ont entraîné une activité de réflexion instruite des
apports de différentes perspectives disciplinaires et débouchant sur de nouvelles probléma-
tiques. Un faire empirique et théorique sur un objet, la pensée sociale, qui s’est défini au cours
d’une histoire intellectuelle qui fut aussi une histoire personnelle, mise au service d’une pers-
pective qui m’est apparue comme l’une des plus fécondes et heuristiques pour les sciences
humaines et sociales. Ce que je présente ici veut aussi être une défense du courant auquel
j’appartiens dans le climat critique actuel du « représentationnalisme » (Ambroise & Chauviré,
2013).
Edward Saïd, dans un ouvrage posthume (2012) a traité de ce qu’il nomme le style tardif, repéré
dans des œuvres produites en fin de vie par des créateurs, musiciens ou écrivains. La caractéris-
tique de ce style tardif est d’intégrer toute la richesse de la production passée pour produire des
œuvres anticipant sur les tendances de la création à venir qu’il préfigure. Cette image pourrait
valoir pour les représentations sociales, articulant passé, présent et futur. Il me reste à espérer
que ce recueil de textes dessine aussi quelques lignes qui feront écho dans le futur, comme ce
fut déjà le cas avec certains de mes anciens doctorants et actuels collègues dont les travaux
poursuivent les voies ainsi tracées6. Et, à tout le moins, que quelques personnes y trouveront
intérêt et un peu de grain à moudre pour leur propre curiosité et recherche.

6Voir, par exemple, les contributions sur la mémoire sociale (Haas, 2011, 2012 ; Haas & Jodelet, 1999, 2000 ; Jodelet
& Haas, 2014), l’identité nationale, le mythe et les noms (Kalampalikis, 2001 ; 2002 ; 2007, 2009), la santé (Apostolidis,
2003, 2006 ; Apostolidis & Dany, 2012), les images de la ville (Haas, 1999 ; 2002a, b ; 2004 ; De Alba, 2002 ; 2012 ;
2013).

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