M101: Fondements de L'algèbre
M101: Fondements de L'algèbre
M101: Fondements de L'algèbre
Clément Boulonne
Web : http://clementboulonne.new.fr
Mail : [email protected]
iii
iv TABLE DES MATIÈRES
vii
viii CHAPITRE . PROGRAMME DU COURS
CHAPITRE I
1 Opérateurs logiques
1.1 Proposition
Définition I.1 (Proposition). Une proposition P est un énoncé mathématique qui peut
être vrai (on notera V , le fait que la proposition soit vraie) ou faux (on notera F , le fait
que la proposition soit fausse).
Définition I.4 (et). Soient P et Q deux propositions, on dit que P et Q est une proposition
vraie si et seulement si la proposition P est vraie et, en même temps, la proposition Q est
vraie. On notera la proposition P et Q, P ∧ Q.
P Q P ∧Q
V V V
V F F
F V F
F F F
1
2 CHAPITRE I. LOGIQUE ET THÉORIE DES ENSEMBLES
Définition I.5 (ou). Soient P et Q deux propositions, on dit que P ou Q est une proposition
vraie si et seulement si l’une des deux propositions est vraie. On notera la proposition P ou
Q, P ∨ Q.
P Q P ∨Q
V V V
V F V
F V V
F F F
42 > 12 (P )
√
2>2 (Q)
√
La propostion P est vraie car 42 = 16 mais, par contre, la proposition Q est fausse car 2
vaut approximativement 1, 41. D’où P ∧ Q est faux et P ∨ Q est vrai.
1.3 Négation
Définition I.7 (Negation). On appelle négation d’une proposition P , le contraire de P .
On note non P ou ¬P , la négation de P .
P Q P ⇒Q
V V V
V F F
F V V
F F V
La table I.3 nous donne la table de vérité de l’implication entre deux propositions.
Définition I.11 (Hypothèse et conclusion). Dans la définition I.9, on dit que P est
l’hypothèse dans l’implication et Q est la conclusion.
P Q P ⇔Q
V V V
V F F
F V F
F F V
Proposition I.16 (Loi du tiers exclu). Soit P une proposition. Alors P ∨ ¬P est vraie.
(P ⇔ Q) ⇔ (P ⇒ Q) ∧ (Q ⇒ P )
4 CHAPITRE I. LOGIQUE ET THÉORIE DES ENSEMBLES
¬(¬P ) ⇔ P.
On peut vérifier les règles logiques définies en propositions I.15, I.16, I.17, I.19, I.20 et
I.21 à l’aide d’une table de vérité.
Remarque I.22. Si on veut démontrer que P ⇒ Q n’est pas vrai (ou P ; Q), il suffit de
donner un contre-exemple, c’est-à-dire un exemple où P est vrai mais Q est faux.
2 Quantificateurs
2.1 Notion d’ensembles
Définition I.23 (Ensemble). Un ensemble est une collection d’objets. Ces objets s’appellent
les éléments de l’ensemble.
Exemple I.26. On définit les ensembles de nombres suivants (leur construction sera
justifiée dans [3]) :
– N est l’ensemble des nombres entiers naturels :
N = {0, 1, 2, 3, . . .} .
Z = {−2, −1, 0, 1, 2, 3, . . .} .
Remarque I.32. Il faut faire attention dans quel on écrit les quantificateurs. La proposition
∀x ∈ Z, ∃y ∈ Z, y>x
∃x ∈ Z, ∀y ∈ Z, y>x
3 Méthodes de démonstration
3.1 Démonstration par contraposition
Proposition I.35 (Démonstration par contraposition). Soient P et Q deux propositions.
Alors les deux assertions sont équivalentes :
(i) P ⇒ Q ;
(ii) ¬Q ⇒ ¬P .
On appelle contraposée de « P ⇒ Q », la proposition (¬Q ⇒ ¬P ).
Exemple I.36. Soient n ∈ Z et les propositions suivantes :
n2 est impair, (P )
n est impair. (Q)
On veut démontrer que P ⇒ Q par contraposition (c’est-à-dire on montre que si n est pair 1
alors n2 est pair). Comme n est pair, il existe k ∈ Z tel que n = 2k. D’où n2 = 4k 2 est pair.
Par contraposée, l’énoncé de départ est vrai. On a même l’équivalence des propositions P
et Q.
2n > n. (Pn )
Remarque I.42. Dans l’exemple I.41, on aurait pu démontrer que la propriété Pn est vraie
pour tout n ≥ 0 car P0 est vraie : 20 > 0.
I.2 Ensembles
La définition I.23 nous a défini ce qu’est un ensemble. Passons aux définitions d’un
ensemble vide et du cardinal d’un ensemble.
Définition I.44 (Cardinal d’un ensemble). Un ensemble E est fini s’il contient un nombre
fini d’éléments. On appelle le nombre d’éléments d’un ensemble, le cardinal de E (qu’on
note card(E)).
Remarque I.47. On dit aussi que E est un sous-ensemble de F (ou E est une partie de
F ).
Exemple I.48 (Chaîne d’inclusion). On a :
N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R ⊂ C.
Définition I.49 (Ensemble des parties). Soit E un ensemble. On note P(E), l’ensemble
des parties de E.
Exemple I.50. Soit E = {1, 2, 3}. On a :
P(E) = {∅, {1} , {2} , {3} , {1, 2} , {1, 3} , {2, 3} , E}
et card(P(E)) = 8.
Remarque I.51. E est un sous-ensemble de E.
E F E F
E∩F E∪F
Figure I.2 – Intersection et réunion de deux ensembles E et F
x ∈ E ∪ (F ∩ G) ⇔ (x ∈ E) ∨ (x ∈ F ∩ G)
⇔ (x ∈ E) ∨ ((x ∈ F ) ∧ (x ∈ G))
⇔ ((x ∈ E) ∧ (x ∈ F )) ∨ ((x ∈ E) ∧ (x ∈ F ))
⇔ x ∈ (E ∪ F ) ∩ (E ∪ G).
(ii)
x ∈ E ∩ (F ∪ G) ⇔ (x ∈ E) ∧ (x ∈ F ∪ G)
⇔ (x ∈ E) ∧ ((x ∈ F ) ∨ (x ∈ G))
⇔ ((x ∈ E) ∨ (x ∈ F )) ∧ ((x ∈ E) ∨ (x ∈ F ))
⇔ x ∈ (E ∩ F ) ∪ (E ∩ G).
{A (E) = {x ∈ E, x ∈ A} .
10 CHAPITRE I. LOGIQUE ET THÉORIE DES ENSEMBLES
∁A (E)
x ∈ A \ B ⇔ (x ∈ A) ∧ (x ∈
/ B).
E
A
(iv) E c = ∅,
(v) (Ac )c = A,
(vi) A ⊂ B ⇒ B c ⊂ Ac ,
(vii) A \ B ⇒ A ∩ B c ,
(viii) (A ∪ B)c = Ac ∩ B c ,
(ix) (A ∩ B)c = Ac ∪ B c .
x ∈ A ⊂ B ⇔ (x ∈ A ⇒ x ∈ B) ⇔ (x ∈
/B⇒x∈ / A)
c c c c
⇔ (x ∈ B ⇒ x ∈ A ) ⇔ B ⊂ A .
(vii)
/ B) ⇔ (x ∈ A) ∧ (x ∈ B c ) ⇔ x ∈ A ∩ B c .
x ∈ A \ B ⇔ (x ∈ A) ∧ (x ∈
(viii)
x ∈ (A ∪ B)c ⇔ ¬(x ∈ A ∪ B) ⇔ (x ∈ / A) ∨ (x ∈/ B)
⇔ (x ∈ A ) ∧ (x ∈ B ) ⇔ x ∈ A ∩ B c .
c c c
(ix)
nZ = {np, p ∈ Z} .
Simplifier 2Z ∩ 3Z.
E × F = {(x, y), x ∈ E et y ∈ F } .
Exemple I.62.
Rn = R
|
×R×
{z
· · · × R}
n fois
Exemple I.63.
Z2 = Z × Z = {(x, y), x ∈ Z et y ∈ Z} ,
et on a : Z2 ⊂ R2 .
I.3 Applications
1 Définitions
Définition I.64 (Application). Soient E et F deux ensembles. Une application f de E
dans F est une loi qui associe tout élément x de E à un élément de F qui est f (x). On
notera :
f : E → F
.
x 7→ f (x)
f : Z → Z
.
x 7→ f (x) = 2x + 1
2 Restriction et prolongement
Définition I.70 (Restriction). Soient E et F deux ensembles, f : E → F une application
et A ⊂ E. On appelle la restriction de f à A, l’application :
f |A : A → F
.
x 7→ f |A (x) = f (x), ∀x ∈ A
f |A
E F
avec A = N∗ , E = N et F = Q. On pose :
f1 : N → Q
1 si x 6= 0,
x
x 7→ f1 (x) =
0 si x = 0.
14 CHAPITRE I. LOGIQUE ET THÉORIE DES ENSEMBLES
et
f2 : N → Q
1 si x 6= 0,
x
x 7→ f2 (x) =
1 si x = 0.
Comme f1 |N∗ = g et f2 |N∗ = g, f1 et f2 sont deux prolongements de g.
3 Composition
Définition I.74. Soient E, F et G trois ensembles, f : E → F et g : F → G deux
applications. La composée de f et g est l’application :
g◦f : E → G
.
x 7→ (g ◦ f )(x) = g(f (x))
g
x f (x)
y g(y)
g◦f
f (A)
E F
f −1 (B)
E F
Figure I.8 – Image réciproque de B sur F par f
16 CHAPITRE I. LOGIQUE ET THÉORIE DES ENSEMBLES
f −1 (B)
E F
f −1
f : R → R
x 7→ f (x) = x2
et six ensembles :
∀x ∈ E, ∀y ∈ E, f (x) = f (y) ⇒ x = y
⇔ ∀x ∈ E, ∀y ∈ E, x 6= y ⇒ f (x) 6= f (y).
I.3. APPLICATIONS 17
∀y ∈ F, ∃x ∈ E, y = f (x).
f g h
E F E F E F
injection surjection bijection
f −1 : F → E
y 7→ f −1 (y) = x.
On appelle f −1 la réciproque de f .
Exemple I.83 (L’hôtel, [6]). Un groupe de touristes doit être logé dans un hôtel. On
considère l’application qui consiste à ranger l’ensemble des touristes (qu’on nommera T )
dans l’ensemble des chambres (qu’on nommera C).
– Les touristes veulent que l’application soit injective, c’est-à-dire que chacun d’entre
eux ait une chambre individuelle. Ceci est possible si le nombre de chambre dépasse
le nombre de touristes.
18 CHAPITRE I. LOGIQUE ET THÉORIE DES ENSEMBLES
– L’hôtelier, lui, veut que l’application soit surjective, c’est-à-dire que chaque chambre
soit occupée. Ceci est possible si le nombre de touristes dépasse le nombre de chambres.
– Ainsi, on voit clairement que pour satisfaire les deux parties, il faut que l’application
soit bijective, c’est-à-dire que chaque touriste occupe une chambre et que toutes les
chambres soient occupées.
f : R → R
.
x 7→ f (x) = x2
L’application n’est ni injectif car f (1) = f (−1) = 1 (c’est-à-dire que 1 possède deux
antécédents), ni surjectif car −1 ∈ / f (R). D’où f n’est pas bijective. Mais si on prend la
restriction de f sur R+ , c’est-à-dire la fonction :
g = f |R+ : R+ → R+
,
x 7→ g(x) = x2
f (x) = f (y) ⇒ x = y.
Or,
(ii) Il faut montrer que pour tout z ∈ G, il existe un y ∈ F tel que g(y) = z. Or : g ◦ f
est surjective donc il existe x ∈ E tel que (g ◦ f )(x) = z. On pose y = f (x) et
D’où le résultat.
(ii) Soit z ∈ G, on cherche x ∈ E tel que (g ◦ f )(x) = z. Comme g est surjective, il
existe un y ∈ F tel que g(y) = z et, comme f est surjective, il existe un x ∈ E tel
que f (x) = y. Alors :
(g ◦ f )(x) = g(f (x)) = g(y) = z.
D’où le résultat.
Remarque I.88. La réciproque est fausse. Soient les deux ensembles E = {1, 2, 3}, F =
{1, 2} et f : E → F une application telle que :
Corollaire I.89. Soient E et F deux ensembles de cardinal fini tel que card(E) = card(F )
et f : E → F une application. Alors les énoncés suivants sont équivalents :
(i) f est injective,
(ii) f est surjective,
(iii) f est bijective.
Démonstration. Pour montrer que tous les énoncés sont équivalents, il suffit de montrer
que (i) implique (ii), puis que (ii) implique (iii), et enfin que (iii) implique (i).
((i) ⇒ (ii)) On suppose que f est injective, d’où f : E → f (E) est bijective. D’où
card(E) = card(f (E)) mais d’après l’hypothèse qu’on a fait sur E et F , on a
card(f (E)) = card(F ), d’où f (E) = F (car f (E) ⊂ F ) et ainsi f est surjective.
((ii) ⇒ (iii)) Supposons qu’il existe x, y ∈ E tel que f (x) = f (y) et x 6= y alors
card(f (E)) < card(E). Or f est surjective, d’où f (E) = f et card(f (E)) = card(F ).
Par hypothèse, on a : card(E) = card(F ) = card(f (E)), ce qui nous amène à une
contraction. Donc f est aussi injective, d’où f est bijective.
((iii) ⇒ (i)) Évident car si f est bijective alors f est injective.
I.4 Dénombrements
F = {f : F → E, f est injective}
est un ensemble fini (qu’on appelle ensemble des arrangements de E dans F ) de cardinal
n(n − 1) · · · (n − p − 1).
Théorème I.94 (Combinaison). Soit E un ensemble fini de cardinal n et soit p un entier tel
que 1 ≤ p ≤ n alors l’ensemble des parties de E ayant p éléments (appelé aussi combinaison
de p éléments de E) est un ensemble fini de cardinal :
n(n − 1) · · · (n − p + 1)
Cpn = .
p!
D’autres notations pour désigner le nombre de combinaisons de p éléments de E sont :
!
n n(n − 1) · · · (n − p + 1) n!
Cpn = = = .
p p! p!(n − p)!
Démonstration. On peut s’inspirer de la démonstration du théorème I.90 pour en déduire
que l’ensemble des combinaisons de p éléments de E est au nombre de Cpn .
Exemple I.95. Soit E = {1, 2, 3} et p = 2. Alors l’ensemble des combinaisons de 2 éléments
de E sont
CE = {{1, 2} , {2, 3} , {1, 3}} .
D’où
3!
card(CE ) = C23 = = 3.
2!
Théorème I.96 (Égalité de Pascal). Soient n et p deux entiers tels que 1 ≤ p ≤ n. Alors :
Cpn = Cp−1 p
n−1 + Cn−1 .
card(P(E)) = 2n .
D’où n
Cpn = (1 + 1)n = 2n .
X
card(P(E)) =
p=0
Définition I.99 (Relation). Soit E un ensemble. Une relation R dans E est un sous-
ensemble de E × E.
Définition I.100 (Relation d’équivalence). Soient E un ensemble et R une relation dans
E. On dit que R est une relation d’équivalence si :
1. pour tout x ∈ E, (x, x) ∈ R (réflexivité),
2. pour tout x, y ∈ E, si (x, y) ∈ R alors (y, x) ∈ R (symétrie),
3. pour tout x, y, z ∈ E, si (x, y) ∈ R et (y, z) ∈ R alors (x, z) ∈ R (transitivité).
Si (x, y) ∈ R, on note : x ∼ y ou xRy.
Définition I.101 (Classe). Soit x ∈ E. On appelle classe de x relativement à R, l’en-
semble :
x = {y ∈ E, x ∈ y} .
Remarque I.102. On trouvera parfois la notation C|R (x) pour désigner la classe de x
relativament à R.
Définition I.103 (Ensemble des classes). L’ensemble des classes est noté
E/R = {x, x ∈ E} .
x = {y ∈ Z, x − y est pair} .
Le lecteur est invité à vérifer que R est bien une relation d’équivalence. Soit (a, b) ∈
Z × Z∗ , on a :
a a0
(a, b) = {(a0 b0 ) ∈ Z × Z∗ , ab0 = ba0 } = {(a0 , b0 ) ∈ Z × Z∗ } = 0.
b b
De plus, l’application
f : (Z × Z∗ )/R → Q
a
(a, b) 7→ f ((a, b)) = b
est bijective.
Définition I.106 (Partition). Soient E un ensemble et E1 , . . . , En des sous-ensembles de
E. On dit que E1 , . . . , En réalisent une partition de E si :
1. Ei ∩ Ej = ∅ si i 6= j,
Sn
2. k=0 Ek = E.
E5
E2
E4
E1
E3
E
Figure I.11 – E1 , E2 , E3 , E4 et E5 réalisent une partition de E
I.6 Exercices
Exercice I.1 (Le missionaire et les cannibales). Les cannibales d’une tribu se préparent à
manger un missionnaire. Désirant lui prouver une dernière fois leur respect de la dignité et
de la liberté humaine, les cannibales proposent au missionnaire de décider lui-même de son
sort en faisant une courte déclaration : si celle-ci est vraie, le missionnaire sera rôti, et il
sera bouilli dans le cas contraire. Que doit dire le missionnaire pour sauver sa vie ? (d’après
Cervantès)
Exercice I.2 ([2]). Nier la proposition : « Tous les habitants de la rue du Havre qui ont
les yeux bleus gagenront au loto et prendront leur retraite avant 50 ans ».
Exercice I.3 ([2]). Compléter les pointillés par le connecteur logique qui s’impose : ⇔, ⇒,
⇐.
I.6. EXERCICES 25
1. Pour x ∈ R, x2 = 4 . . . . . . . . . x = 2 ;
2. Pour z ∈ C, z = z . . . . . . . . . z ∈ R ;
3. Pour x ∈ R, x = π . . . . . . . . . e2ix = 1.
Exercice I.6. Soit A une partie d’un ensemble E, on appelle fonction caractéristqiue de
A, l’application 1A de E dans l’ensemble à deux éléments {0, 1}, telle que :
0 si x ∈
/ A,
1A (x) =
1 si x ∈ A.
4.
k : R \ {1} → R
.
x 7→ x+1
x−1
2x
Exercice I.10. Soit f : R → R définie par f (x) = 1+x2
.
1. f est-elle injective ? surjective ?
2. Montrer que f (R) = [−1 , 1].
3. Montrer que la restriction
g : [−1 , 1] → [−1 , 1]
x 7→ g(x) = f (x)
est une bijection.
4. Retrouver ce résultat en étudiant les variations de f .
Exercice I.11 ([2]). Soit E un ensemble et une application f : E → E tel que f 0 = id
pour n ∈ N, f n+1 = f n ◦ f .
1. Montrer que, pour tout n ∈ N, f n+1 = f ◦ f n .
2. Montrer que si f est bijective alors, pour tout n ∈ N, (f −1 )n = (f n )−1 .
Pn−1 n!
Exercice I.12 ([8]). Soit n un entier supérieur à 2. Montrer que p=0 p! est un entier pair.
Exercice I.13 ([10]). En utilisant la formule du binôme, montrer :
1. n
(−1)k Ckn = 0,
X
k=0
2. n
k 2 Ckn = n(n − 1)2n−2 + n2n−1 .
X
k=0
Exercice I.14. 1. Dans le plan, on considère trois droites ∆1 , ∆2 , ∆3 forment un « vrai »
triangle : elles ne sont pas concourantes, et il n’y en a pas deux parallèles. Donner le
nombre R3 de régions (zones blanches) découpées par ces trois droites.
2. On considère quatre droites ∆1 , . . . , ∆4 telles qu’il n’en existe pas trois concourantes,
ni deux parallèles. Donner le nombre R4 de régions découpées par ces quatre droites.
3. On considère n droites ∆1 , . . . , ∆n telles qu’il n’en existe pas trois concourantes, ni
deux parallèles. Soit Rn le nombre de régions délimitées par ∆1 , . . . , ∆n et Rn−1 le
nombre de régions délimitées par ∆1 , . . . , ∆n−1 . Montrer que Rn = Rn−1 + n.
4. Calculer par récurrence le nombre de régions délimitées par n droites en position
générale, c’est-à-dire telles qu’il n’en existe pas trois concourantes ni deux parallèles.
Exercice I.15 ([9]). Montrer que la relation R définie sur R par :
xRy ⇔ xey = yex
est une relation d’équivalence. Préciser, pour x fixé dans R, le nombre d’éléments de la
classe de x modulo R.
CHAPITRE II
ARITHMÉTIQUE DANS Z
II.1 Divisibilité
Définition II.1 (Divisibilité). Soient a et b deux entiers. On dit que a divise b (qu’on
notera a | b) s’il existe un entier k tel que b = ka. Si a ne divise pas b, on notera a - b.
Définition II.3 (Nombre pair et impair). Un nombre entier est pair s’il est divisible par
2 ; il est impair sinon.
a = (kk 0 )a ⇒ (1 − kk 0 )a = 0.
a | b ⇒ ∃k ∈ Z, b = ka (II.1)
b | c ⇒ ∃k 0 ∈ Z, c = k 0 b. (II.2)
c = k 0 b = k 0 ka = (kk 0 )a ⇒ a | c.
27
28 CHAPITRE II. ARITHMÉTIQUE DANS Z
Proposition II.5. Soient a et b deux entiers tel que b 6= 0 alors il existe un unique entier
q et un unique entier r tel qu’on a :
a = qb + r avec O ≤ r ≤ |b|.
(qb + r) − (q 0 b + r0 ) = 0 ⇒ qb − q 0 b + r − r0 ⇒ (q − q 0 )b = r0 − r.
r0 − r = 0 ⇒ r = r0
Proposition II.9. (i) Si a et b sont des entiers non nuls alors PGCD(a, b) existe (c’est-
à-dire que l’ensemble {c ∈ Z, c | a et c | b} est non vide et est fini).
(ii) Unicité : si d et d0 vérifient les conditions de la définition alors d0 ≤ d et d ≤ d0
(c’est-à-dire d = d0 ).
(iii) PGCD(a, b) = PGCD(|a| , |b|) (on a : d | a et d | b si et seulement si d | |a| et d | |b|).
(iv) Si PGCD(a, b) = d alors a et b s’écrivent a = da0 et b = db0 avec PGCD(a0 , b0 ) = 1.
Démonstration. Pour montrer la dernière proposition, supposons qu’il existe un entier k > 0
tel que k | a0 et k | b0 . On a donc dk | da0 et dk | db0 , ce qui implique que dk | a et dk | b.
D’où dk = d et donc k = 1.
Définition II.12. On dit que deux nombres sont premiers entre eux s’ils n’ont pas de
diviseurs en commun autre que 1 et −1.
Théorème II.14 (Algorithme d’Euclide). Soient a et b deuxs entiers. On a alors cinq cas :
1. Si a = 0 alors PGCD(a, b) = |b|.
2. Si b = 0 alors PGCD(a, b) = |a|.
3. Si a | b alors PGCD(a, b) = |a|.
4. Si b | a alors PGCD(a, b) = |b|.
5. Si on n’a pas ces quatre cas là, il faut effectuer des divisions euclidiennes successives
pour obtenir une suite d’équations
car rn+1 = 0.
Exemple II.15. On cherche PGCD(246, 54) par l’algorithme d’Euclide. On fait des divi-
sions euclidiennes successives :
246 = 54 × 4 + 30,
54 = 30 × 1 + 24
30 = 24 × 1 + 6
24 = 4 × 6.
1 Théorème de Bezout
Théorème II.16 (Bezout). Soient a et b des entiers non nuls. Alors il existe des entiers u
et v tels que :
au + bv = PGCD(a, b).
II.4. THÉORÈME DE BEZOUT 31
a = 1 × a + 0 × b,
b = 0 × a + 1 × b,
−a = −1 × a + 0 × b,
−b = 0 × a + −1 × b.
Or comme a et b sont supposés non nuls, il existe un x ∈ {a, −a, b, −b} tel que x > 0.
2. Soit d le plus petit entier positif qui s’écrit sous la forme d = ax + by avec x, y ∈ Z.
On fait la division euclidienne de a par d et b par d :
a = qd + r avec 0 ≤ r < d,
b = q 0 d + r0 avec 0 ≤ r < d
On a alors
PGCD(a, b) = 15 − 2 × 6 = 3 × 15 − 7 × 6.
3. Pour trouver les entiers u et v tels que PGCD(a, b) = au + bv, on utilise l’algorithme
d’Euclide. On peut, par exemple, reprendre l’algorithme d’Euclide pour trouver le
PGCD(246, 54) (vu en exemple II.15).
Donc : u = 2 et v = −9.
auc + bvc = c.
Or, comme a | a et a | b, on a :
a | acu + bcv ⇒ a | c.
II.5. ÉQUATIONS DIOPHANTIENNES LINÉAIRES 33
Remarque II.23. Encore une fois, l’énoncé est faux sans l’hypothèse PGCD(a, b) = 1.
a0 x + b 0 y = c 0 (II.8)
a0 x 0 + b 0 y 0 = c 0 (II.9)
a0 (x − x0 ) + b0 (y − y0 ) = 0 ⇒ b0 | a0 (x − x0 ),
b0 | (x − x0 ) ⇒ x − x0 = kb0 avec k ∈ Z.
On a donc :
b
x = x0 + kb0 ⇒ x = x0 + k · .
d
On peut faire la même chose pour y, on obtient
a
y = y0 − k · .
d
Vérifions maintenant qu’on a une solution de l’équation (E) :
!
b a
ax + by = c ⇔ a · x0 + k · + b · y0 + k · = ax0 + bx0 = c.
d d
40 = 18 × 2 + 4
18 = 4 × 4 + 2
4 = 2 × 2.
D’où PGCD(40, 18) = 2. On divise l’équation (II.10) par PGCD(40, 18), on obtient une
nouvelle équation :
20x + 9y = 2 (II.11)
II.6. PLUS PETIT COMMUN MULTIPLICATEUR 35
4 = 40 − 2 × 18,
2 = 18 − 4(40 − 2 × 18) = −4 × 40 + 9 × 18 = −8 × 20 + 18 × 9.
D’où (x0 , y0 ) = (−8, 18) est une solution particulière de (II.10). Les solutions générales sont
donc, par le théorème II.25,
x = −8 + 9k
y = 18 − 20k
avec k ∈ Z.
Avant de terminer ce paragraphe sur les équations diophantiennes, on peut donner une
interprétation géométrique. La droite d’équation ax + by = c (avec x, y ∈ R) contient des
points dont les coordonnées sont des nombres entiers si et seulement si d | c. Si (x0 , y0 ) est
un point de coordonnées entières sur la droite alors (x0 + k · b, y0 − k · a) se trouve sur la
droite (avec k ∈ N).
Définition II.27 (Plus petit commun multiplicateur). Soient a et b deux entiers non nuls.
Le plus petit commun multiple (PPCM) de a et b (noté PPCM(a, b) ou a ∨ b) est l’unique
entier positif m qui vérifie les deux propriétés suivantes :
1. a | m et b | m,
2. si a | c et b | c alors m ≤ |c|.
Remarque II.28. Si a = 0 ou b = 0 alors PPCM(a, b) = 0.
Proposition II.29. Soient a et b deux entiers non nuls alors PPCM(a, b) · PGCD(a, b) =
|ab|.
Démonstration. On a : PGCD(a, b) ≥ 0 = PGCD(|a| , |b| et PPCM(a, b) = PPCM(|a| , |b|).
On peut supposer que a ≥ 0 et b ≥ 0. On pose d = PGCD(a, b). Ainsi si d | ab alors il
existe un entier m ∈ Z tel que ab = dm. On veut montrer que m = PPCM(a, b). Or on a
d | a et d | b donc a = da0 et b = db0 avec a0 b0 ∈ Z et PGCD(a0 , b0 ) = 1. On a :
b0 | k ⇒ b0 ≤ k. (II.13)
2 Lemme d’Euclide
Lemme II.33 (Euclide). Soit p un entier premier et soient a et b deux entiers. Si p | ab
alors p | a ou p | b.
Proposition II.35. Soit n un entier tel que n > 1 alors il existe un nombre premier p tel
que p | n.
Démonstration. Supposons qu’il existe un entier n ≥ 1 tel que aucun nombre premier p
divise n. On pose l’ensemble :
3 Théorème d’Euclide
Théorème II.36 (Euclide). Il existe une infinité de nombres premiers.
On aboutit à une contradiction. D’où l’entier N n’est pas divisible par un nombre premier.
Proposition II.37. Soit n un entier tel que n >√1. n est un nombre premier si et seulement
si n n’admet pas de diviseurs d tel que 1 < d ≤ n.
√ √
Exemple II.38. On montre que 73 est premier. On a 73 ≤ 81 ≤ 9. Ainsi on teste si k
divise 73 avec k nombre premier compris entre 1 et 9. On a :
4 Crible d’Erastosthène
Le crible d’Erastosthène de taille n consiste à :
– écrire une liste de tous les entiers k tels que 1 ≤ k ≤ n,
– rayer tous les nombres pairs (sauf 2),
– rayer tous les multiples de 3 (sauf 3),
– ...
– rayer
√ tous les multiples de p (sauf p), pour p un nombre premier compris entre 1 et
n.
Ainsi, le crible d’Erastosthène de taille n donne tous les nombres premiers qui sont
compris entre 1 et n. La figure II.1 nous donne le crible d’Erastosthène de taille 100.
√
Proposition II.39. Soit p un nombre premier alors p est irrationnel (c’est-à-dire qu’il
√
n’existe pas d’entiers a et b tels que p = ab ).
38 CHAPITRE II. ARITHMÉTIQUE DANS Z
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
31 32 33 34 35 36 37 38 39 40
41 42 43 44 45 46 47 48 49 50
51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
61 62 63 64 65 66 67 68 69 70
71 72 73 74 75 76 77 78 79 80
81 82 83 84 85 86 87 88 89 90
91 92 93 94 95 96 97 98 99 100
Figure II.1 – Crible d’Erastosthène de taille 100 : les nombres premiers sont entourés en
rouge, le reste devrait être rayé
II.7. NOMBRES PREMIERS 39
√ √
Démonstration. On suppose que p ∈ Q alors il existe a, b ∈ Z tel que b 6= 0 et p = ab .
De plus, on suppose que PGCD(a, b) = 1 (car si PGCD(a, b) = d, on pourra remplacer a
par a0 = ad et b par b0 = db ). On a :
√ a a2
p= ⇒ p = 2 ⇒ a2 = pb2 .
b b
D’où p | a donc il existe k ∈ Z tel que a = kp. On obtient donc :
a2 = k 2 p2 ⇒ p2 | a2 ⇒ p2 | pb ⇒ p | b2
n = pa11 · · · pakk
E n’est pas un ensemble vide car n ∈ E, donc E possède un plus petit élément m. Il existe
donc un nombre premier tel que p | n et ainsi m s’écrit m = pm0 avec 1 < m0 < n. Or
m0 < m, d’où m0 ∈ E et m0 est un produit de nombres premiers donc s’écrit :
m0 = p1b1 · · · pbl l .
Comme
m = pm0 = ppb11 · · · ppbl l
, c’est donc bien un produit de nombres premiers.
On montre maintenant l’unicité de la décomposition. Supposons que :
180 = 3 × 2 × 5 × 2 × 3 = 22 × 32 × 5,
378 = 2 × 3 × 3 × 3 × 7 = 2 × 33 × 7.
D’où :
PGCD(a, b) = 2 × 32 = 18,
PPCM(a, b) = 22 × 33 × 5 × 7 = 3780.
II.8 Congruences
1 Premiers résultats
Définition II.46 (Congruences). Soit n un entier tel que n > 1 et soient a et b des entiers.
On dit que a et b sont congrus modulo n (noté a ≡ b (mod n)) si n | a − b.
Proposition II.49. (i) La relation « congru modulo » est une relation d’équivalence.
(ii) Si a ≡ b (mod n) et si c ≡ d (mod n) alors a + c ≡ b + d (mod n) et ac ≡ bd
(mod n).
(iii) Si a ≡ b (mod n) alors, pour tout k ∈ N, on a : ak ≡ bk (mod n).
Démonstration. (i) On montre que la relation « congru modulo » est une relation
d’équivalence.
Réflexivité On a : a ≡ a (mod n) car n | a − a.
Symétrie Si a ≡ b (mod n), on a alors : n | a − b, d’où n | b − a ou encore b ≡ a
(mod n).
Transitivité On suppose que a ≡ b (mod n) et b ≡ c (mod n). On a alors n | a − b
et n | b − c. En faisant la somme, on obtient :
n | a − b + b − c ⇒ n | a − c,
d’où le résultat.
Ainsi, « congru modulo » est bien une relation d’équivalence.
42 CHAPITRE II. ARITHMÉTIQUE DANS Z
n | a − b + c − d ⇒ n | (a + c) − (b + d) ⇒ a + c ≡ b + d (mod n).
De plus,
ac − bd = ac − bc + bc − bd = c(a − b) + b(c − d),
ce qui implique que n | c(a − b) + b(c − d) et donc n | ac − bd.
(iii) On peut démontrer cet énoncé par réccurence sur k en utilisant (ii).
a = {x ∈ Z, a ≡ x (mod n)} = {x ∈ Z, n | a − x} .
On note donc
Z/nZ = Z/R = {a, a ∈ Z} .
Z/nZ = {0, 1, 2, . . . , n − 1} .
0 = {x ∈ Z, x ≡ 0 (mod 3)} ,
1 = {x ∈ Z, x ≡ 1 (mod 3)} ,
2 = {x ∈ Z, x ≡ 2 (mod 3)} .
a = qn + r, avec 0 ≤ r ≤ n − 1.
a b n
a0 = , b0 = , n0 = .
d d d
L’équation (E) est donc équivalente à
a0 x − n0 y = b0 . (E 0 )
En posant xk = x0 + kn0 , on a :
x1 = x0 + n0 ,
x2 = x0 + 2n0 ,
..
.
xd−1 = x0 + (d − 1)n0 .
2x − 5y = 3. (II.15)
La solution particulière est (x0 , y0 ) = (1, −1) et modulo 5, cela donne (x0 , y0 ) = (1, 4)
(car −1 ≡ 4 (mod 5)).
2. Soit l’équation
5x ≡ 4 (mod 7). (II.16)
On a : PGCD(5, 7) = 1 donc il y a une solution modulo 7. Résoudre II.16 est équivalent
à résoudre l’équation diophantienne suivante :
5x − 7y = 4. (II.17)
Démonstration. On a :
p!
Ckp = ⇒ p! = Ckp k!(p − k)!.
k!(p − k)!
Or : p | p!, ce qui implique p | Ckp k!(p − k)!. D’après le lemme d’Euclide, p | Ckp ou p | k! ou
p | (p − k)!. Mais : k < p et p − k < p, donc p - k! et p - (p − k)!. La seule possibilité est
donc p | Ckp .
Théorème II.57 (Petit théorème de Fermat). Soit p un nombre premier et soit a un entier
alors :
ap ≡ a (mod p).
Si p - a alors :
ap−1 ≡ 1 (mod p).
II.9 Exercices
5a + 16b + 6c = 2.
Exercice II.8. Dire, en justifiant la réponse, si les énoncés sont vrais ou faux.
1. Si a divise mn, a divise m ou n.
2. Si a divise n ou a divise n, a divise mn.
3. Si a divise mn et a ne divise pas m, a divise n.
4. PGCD(a, b) · PPCM(a, b) = ab.
5. PGCD(a, b, c) = PGCD(PGCD(a, b), c).
6. Si a divise 42n + 37 et 7n + 4, alors a divise 13.
Exercice II.10. Montrer que, pour tout entier m, il existe un n tel que l’intervalle [m , n+m]
ne contient aucun nombre premier. Indication : considérer des nombres du type n! + k.
23
Exercice II.11. Trouver le chiffre des unités de 1092007 et 2323 .
Pk=2002
Exercice II.12. Quel est le reste de la division euclidienne de k=1 k! par 15 ?
III.1 Groupes
1 Définitions et exemples
Définition III.1 (Groupe). Soit G un ensemble non vide muni d’une opération (ou une
loi de composition notée « ∗ ») :
∗ : G×G → G
.
(x, y) 7→ x ∗ y
x ∗ (y ∗ z) = (x ∗ y) ∗ z.
x ∗ e = e ∗ x = x.
(iv) Tout élément de G admet un inverse (on dit aussi que tout élément de G est inversible),
c’est-à-dire :
∀x ∈ G, ∃y ∈ G, x ∗ y = e et y ∗ x = e,
y est appelé l’inverse de x et on note y = x−1 .
∀x, y ∈ G, x ∗ y = y ∗ x,
47
48 CHAPITRE III. GROUPES, ANNEAUX ET CORPS
2. Soit (G, ∗) un groupe, on peut montrer que l’élément neutre e et l’élément inverse
y = x−1 sont uniques.
Démonstration de la remarque III.2-2. On montre tout d’abord que l’élément neutre e est
unique. Supposons que e et e0 sont deux éléments neutres de (G, ∗) alors on a,
x ∗ e = e ∗ x = x, (III.1)
x ∗ e0 = e0 ∗ x = x. (III.2)
e ∗ e0 = e0 ∗ e,
c’est-à-dire e = e0 .
On démontre finalement que l’élément inversible y = x−1 est unique. Supposons que y
et y 0 sont deux éléments inversibles de x dans (G, ∗), alors on a :
x ∗ y = y ∗ x = e, (III.3)
x ∗ y 0 = y 0 ∗ x = e. (III.4)
(y 0 ∗ x) ∗ y = y 0 ∗ (x ∗ y) ⇒ e ∗ y = e ∗ y 0 ,
d’où y = y 0 .
Exemples III.3. 1. (Z, +) est un groupe abélien avec 0 comme élément neutre et
d’inverse x−1 = −x, pour x ∈ Z.
2. (R, +) est un groupe abélien avec 0 comme élément neutre et d’inverse x−1 = −x,
pour x ∈ R.
3. (Q∗ , ×) est un groupe abélien avec 1 comme élément neutre et d’inverse x−1 = x1 ,
pour x ∈ Q.
4. (R∗ , ×) est un groupe abélien.
2 Sous-groupes
Définition III.4. Soient (G, ∗) un groupe et H un sous-ensemble de G. On dit que (H, ∗)
est un sous-groupe de G si (H, ∗) est un groupe lui-même.
Proposition III.5. Soient (G, ∗) un groupe, e l’élément neutre de (G, ∗) et H un sous-
ensemble de G. Alors (H, ∗) est un sous-groupe de (G, ∗) si :
(i) e ∈ H,
(ii) pour tout x, y ∈ H, x ∗ y ∈ H,
(iii) pour tout x ∈ H, x−1 ∈ H.
III.1. GROUPES 49
Démonstration. On vérifie les propriétés (i)-(iv) de la définition d’un groupe pour (H, ∗) :
(i) Cette propriété est vérifié par la condition (ii) de la proposition.
(ii) L’opération ∗ est associative sur H car elle est associative sur G.
(iii) Il existe un élément neutre dans H grâce à la condition (i) de la proposition.
(iv) Chaque élément x ∈ H admet un inverse par la condition (iii) de la proposition.
3. On montre que si H = {−1, 1}, (H, ×) est un sous-groupe de (R∗ , times). Pour cela,
il suffit de vérifier les trois assertions de la proposition III.5.
(i) 1 est l’élément neutre de (R∗ , ×) et 1 est bien dans H.
(ii) Il faut vérifier que pour tout x, y ∈ H, on ait bien x × y ∈ H. Mais :
1 × 1 = 1, 1 × −1 = −1, −1 × −1 = 1, −1 × 1 = −1.
(iii) On montre que pour tout x ∈ H, il existe y ∈ H tel que x × y = y × x = e. Si
x = 1, on prend y = 1 et si x = −1, on prend y = −1.
n o
4. Soient G = (R∗ , ×) et H 0 = 1, 2, 12 . Cette fois-ci, on montre que (H 0 , ×) n’est pas
un sous-groupe de G. On a bien l’élément neutre (1) de G dans H 0 mais on a 2 × 2 = 4
et 4 n’appartient pas H 0 . D’où H 0 n’est pas un sous-groupe de G.
Définition III.7 (Puissance d’un élément d’un groupe). Soient (G, ∗) un groupe, e l’élément
neutre de G et x ∈ G. Soit n ∈ Z, on note :
e si n = 0,
|x ∗ x ∗{z· · · ∗ x} si n > 0,
xn = n fois
−1
x−1{z∗ · · · ∗ x−1}
x ∗ si n < 0.
|
n fois
xRy ⇔ a ≡ b (mod n)
a = {x ∈ Z, a ≡ x (mod n)} = {x ∈ Z, n | a − x} .
On note donc
Z/nZ = Z/R = {a, a ∈ Z} .
Remarque III.14. Cette opération est bien définie, c’est-à-dire qu’elle est indépendante
du choix d’un représentant :
a = a0 et b = b0 ⇒ a ≡ a0 (mod n) et b ≡ b0 (mod n)
0 0
⇒a+b≡a +b (mod n) ⇒ a + b = a0 + b0 .
Démonstration. En exercice.
III.1. GROUPES 51
Corollaire III.24. L’ensemble (Z/nZ)× est l’ensemble des classes a tels que PGCD(a, n) =
1. D’après la définition III.23, (Z/nZ)× a pour cardinal ϕ(n).
(Z/9Z)× = {1, 2, 4, 5, 7, 8} .
D’où ϕ(9) = 6.
4 Homomorphismes de groupes
Définition III.27 (Homomorphisme de groupes). Soient (G, ∗) et (G0 , ) deux groupes
et f : G → G0 une application. On dit que f est un homomorphisme (ou morphisme) de
groupe si :
∀x, y ∈ G, f (x ∗ y) = f (x)f (y).
Si G = G0 , on dit que f est un endomorphisme. Si f est un homomorphisme bijective, on
dit que f un isomomorphisme et, de plus, f est un endomorphisme, on dit que f est un
automorphisme.
Démonstration. (i) On a :
(ii) Soit x ∈ G, on a :
De même :
f (x)f (x−1 ) = e0 ,
d’où le résultat.
D’où x ∗ y ∈ ker(f ).
3. Soit x ∈ ker(f ), on veut montrer que x−1 appartient à ker(f ).
−1
f (x−1 ) = f (x)−1 = (e0 ) = e0
D’où x0 −1 ∈ Im(f ).
Im(f ) est donc un sous-groupe de G0 .
(iii) On veut montrer que f est injective si et seulement si ker(f ) = e.
(⇒) Soit x ∈ ker(f ) alors f (x) = e. Comme f est injective, on a : e = f (e), ce qui
implique que x = e. Donc ker(f ) = e.
(⇐) On suppose que f (x) = f (y) alors
x ∗ y −1 = e ⇒ (x ∗ y −1 ) ∗ y = e ∗ y = y
5 Groupes de permutations
On rappelle la définition d’une permutation.
Définition III.32 (Permutation). Soit n un entier tel que n ≥ 1. Une permutation est
une application σ : {1, . . . , n} → {1, . . . , n}.
◦ : Sn × Sn → Sn
(σ, τ ) 7→ σ ◦ τ
tel que pour tout n, (σ ◦ τ )(n) = σ(τ (n)) est appelée composition.
Proposition III.36. (Sn , ◦) est un groupe d’élément neutre id (tel que id(n) = n et si
σ ∈ Sn alors σ −1 est l’inverse de σ (σ −1 ◦ σ = id).
III.2. ANNEAUX 55
n 1
σ τ 1
1 n n
N N N
Figure III.1 – Composition
Remarque III.37. Si n ≤ 2 alors (Sn , ◦) est un groupe abélien. Si n > 2 alors (Sn , ◦)
n’est pas un groupe abélien.
Exemple III.38. On se place dans l’ensemble S3 . On considère σ, τ ∈ S3 tels que :
σ(1) = 2, σ(2) = 3, σ(3) = 1,
τ (1) = 2, τ (1) = 2, τ (3) = 3.
On a alors :
(σ ◦ τ )(1) = σ(τ (1)) = σ(2) = 3,
(τ ◦ σ)(1) = τ (σ(1)) = τ (2) = 1.
D’où σ ◦ τ 6= τ ◦ σ.
III.2 Anneaux
1 Anneaux
Définition III.39 (Anneaux). Soit A un ensemble muni de deux opérations appelés addition
(notée +) et multiplication (notée ·). On dit que (A, +, ·) est un anneau si :
1. (A, +) est un groupe commutatif, on note e l’élément neutre et −x l’inverse de x ∈ A
pour l’addition.
2. A est stable par multiplication.
3. La multiplication est associative.
4. Il existe un élément neutre e0 pour la multiplication.
5. Pour tout x, y, z ∈ A, on a :
x · (y + z) = x · y + x · z.
Remarque III.40. Si, en plus, la multiplication est commutatif, on dit que A est un
anneau commutatif .
Exemples III.41. 1. Z, Q, R sont des anneaux commutatifs,
2. Z/nZ est un anneau commutatif,
3. S3 n’est pas un anneau (car il n’y a pas de seconde opération).
56 CHAPITRE III. GROUPES, ANNEAUX ET CORPS
2 Sous-anneaux
Définition III.42. Soit (A, +, ·) un anneau et B ⊂ A. On dit que B est un sous-anneau
de A si (B, +, ·) est un anneau.
III.3 Corps
1 Corps
Définition III.45 (Corps). Soit (K, +, ·) un anneau. On dit que K est un corps si tout
élément non nul de K est inversible par multiplication et (K × , ·) est un groupe. On dit que
K est un corps commutatif si la multiplication dans K est commutative.
2 Sous-corps
Définition III.47. Soient (K, +, ·) un corps et L ⊂ K. L est un sous-corps si (L, +, ·) est
un corps.
III.4 Exercices
x · y = ex+y
Exercice III.4. Soit G un groupe fini de cardinal un nombre premier p. Montrer que G
est cyclique et déterminer le nombre de générateurs de G.
f : Z → Q∗
.
n 7→ 2n
NOMBRES COMPLEXES
IV.1 Introduction
Il y a deux raisons pour justifier la construction d’un ensemble beaucoup plus grand
que R :
1. Considérons l’équation x2 = 1 : cette équation a deux solutions dans R qui sont 1
et −1. Que se passe-t-il si on remplace 1 par −1 ? On est un plus embêté car aucun
nombre réel admet un carré négatif. Alors décidons que i serait une des solutions de
cette équation, c’est-à-dire que i2 = −1. L’équation aurait donc deux solutions dans
un autre ensemble de nombres : i et −i car x2 + 1 = 0 équivaudrait à x2 − i2 = 0
ou soit (x − i)(x + i) = 0. On posera donc C = {a + ib, a, b ∈ R} et l’élément a + ib
serait solution de l’équation x2 = −b2 + a2 .
2. Dans le courant du XVIe siècle, la formule de Cartan-Tartaglia donnant les racines
du polynôme x3 + px + q posa un problème au mathématicien Raphaël Bombelli. Il
essaya la formule pour le polynôme x3 − 15x = 4 et obtient :
q
3 √ q
3 √
x= 2 − 11 −1 + 2 + 11 −1.
C = {a + ib, a, b ∈ R}
avec i2 = −1.
59
60 CHAPITRE IV. NOMBRES COMPLEXES
Définition IV.3 (Opérations dans C). On définit une addition et une multiplication dans
C. Si z = a + ib ∈ C et z 0 = a0 + ib0 ∈ C, on a :
ib z = a + ib
a
−1 1 2 3
−1
−ib z = a − ib
−2
4. z + z 0 = z + z 0 .
5. z · z 0 = z · z 0 .
z z
6. z0
= z0
.
z + z = 2a = 2 Re(z),
z − z = 2ib = 2i Im(z).
Remarque IV.9. On a :
(eiθ )n = einθ .
Notons :
x2 − y 2 = a (IV.1)
2xyi = b (IV.2)
√
x 2 + y 2 = a2 + b 2 (IV.3)
Si on fait (IV.1) + (IV.3), on obtient :
√
2x2 = a + a2 + b 2 ,
et si on fait (IV.3) − (IV.1), on a :
√
2y 2 = −a + a2 + b 2 .
D’où, les solutions sont :
s√ s√
a2 + b 2 + a a2 + b 2 − a
x=± , y=±
2 2
avec le signe de xy est le même que le signe de b, c’est-à-dire
– si b est positif alors x et y ont même signe,
– si b est négatif alors x et y sont de signe opposé.
Géométrique On écrit z = reiθ et w = Reiϕ avec r, R ≥ 0. On a donc :
z 2 = w ⇔ r2 e2iθ = Reiϕ
2
=R √ √
r
r= R (et non r = − R car r ≥ 0)
⇔ 2θ = ϕ + 2kπ, ⇔ ϕ
θ =
2
+ kπ, k ∈ Z.
k∈Z
Ainsi, il y a deux solutions :
√ √
z1 = Reiϕ/2 , Reiϕ/2+πi = −z1 .
z2 =
√
Remarque IV.20. Attention ! Il serait incongru d’écrire z si z ∈ C \ R+ .
64 CHAPITRE IV. NOMBRES COMPLEXES
On donne une méthode géométrique pour trouver les solutions de l’équation. On écrit
z = reiθ et w = Reiϕ , on a alors
Soit l’équation :
z n = 1. (IV.4)
Définition IV.22 (Racines ne de l’unité). Les solutions de (IV.4) sont appelés les racines
ne de l’unité :
zk = e2kπi/n , pour k = {0, . . . , n − 1}.
Les points zk sont les points d’un polyèdre régulier inscrit sur le cercle circonscrit unité.
La figure IV.2 nous montre comment sont réparties les racines cinquième et septième de
l’unité sur le cercle circonscrit unité.
z1 z2
z1
z2
z3
z0 z0
O O
z4
z3
z6
z4 z5
az 2 + bz + c = 0. (IV.5)
∆
(IV.5) ⇔ w2 = .
4a2
Soit δ une racine carrée de ∆, les deux solutions de (IV.5) sont donc :
−b + δ −b − δ
z1 = , z2 = .
2a 2a
IV.5 Exercices
67
Index
68
INDEX 69
existenciel, 5
négation, 5
ordre, 5
universel, 5
réciproque, 17
règle
d’inférence, 4
racine
ne, 64
de l’unité, 64
carrée, 63
relation, 22
d’équivalence, 22
sous-anneau, 56
sous-corps, 56
sous-groupe, 48
engendré, 49
surjection, 16
canonique, 22
table
de vérité, 1
théorème
d’Euclide, 36
de Bezout, 30
Fermat (petit), 44
fondamental de l’arithmétique, 39
transitivité
logique, 4
Z/nZ, 42, 50
Z/nZ
multiplication, 51
(Z/nZ)× , 51
Z/nZ
addition, 50