La Thēurgie Chez Les Neo Platoniciens Et Dans Les Papyrus Magiques S. Eitrem
La Thēurgie Chez Les Neo Platoniciens Et Dans Les Papyrus Magiques S. Eitrem
La Thēurgie Chez Les Neo Platoniciens Et Dans Les Papyrus Magiques S. Eitrem
To cite this article: S. Eitrem (1942): La thēurgie chez les neo‐platoniciens et dans les papyrus magiques, Symbolae Osloenses:
Norwegian Journal of Greek and Latin Studies, 22:1, 49-79
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LA THÉURGIE
CHEZ LES NÉO-PLATONICIENS
ET DANS LES PAPYRUS MAGIQUES
PAR
S. EITREM
A Monsieur P. Rotseth
1.
L'ēvolution de la philosophie grecque dans sa derniēre phase
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1
Cf. A. J . Festugière, L'idéal religieux des Grecs, 2e éd., p. 123 et suiv.
4 — SymboUe Osloenses. XXII.
50 S. Eitrem
fut couramment attribué aux philosophes platoniciens, p. ex. à
Porphyre (Jambl., de myst., p. 145. 167 Parthey, cf. Vocab., ibid.).
En tout cas, la Φεουργεία est l'opposé de Γάνοσιουργεία, à en juger
par le passage de Porphyre, cité par Jamblique, de myst., 2, n,
p. 95 Parthey: τήν περί των θείων αγνοιαν και άπάτην «vootoup-
γείαν και άκαθαρσίαν eîvat. Donc la théurgie est une Ιερατική
πραγματεία (Damasc, Vit. Isid., 227) qui purifie l'âme et la rend
capable d'accéder ou monde intelligible, à la vision extatique et
finalement de réaliser « l'union intime avec la divinité elle-même »
(Plotin, Enn., VI 9,12). Ainsi la technique théurgique — c'est bien
ainsi que s'exprime Jamblique, de myst., II 10 —équivaut à une
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1
Voir E. Bréhier, La philosophie de Plotin (1928), p. 107 et suiv. (p. 124—5
références à Chr. Lassen, Indische Altertumskunde, t. III, p. 415 et suiv.,
et à Oldenberg, Die Lehre der Upanishaden und die Anfänge des Bud-
dismas, p. 39). M. Bréhier (ibid., p. 132) attire l'attention sur des indices
qui, dans la littérature grecque, dès avant Plotin laissaient voir chez les
La théurgie des néo-platoniciens, etc. 51
1
Cf. Symb. Osl., VIII, p. 42 et suiv.
La théurgie des néo-platoniciens, ete. 53
sophes qui s'intéressaient aux pratiques occultes -— l'effet d'une
révélation. Cette fois-là, l'Attique fut épargnée par les puissances
souterraines, comme l'a prétendu l'admirateur du vieux Nestorius,
le philosophe nío-píatonicien Syrianus (Zosime, l. /.). L'hiérophante
a su combiner la science de la « théurgie pratique » avec sa con-
naissance profonde des mystères. En tout cas, ce mystagogue
d'Eleusis n' a senti aucun désaccord fondamental entre les diffé-
rentes « initiations » subies par les mystes, les philosophes (cf. Platon,
Phédon, 69 D),1 les magiciens (voir PGM, Vocabulaire s. ν. τελεΐν,
τελετή), et même par les astrologues et les alchimistes. Tous ces
mystères avaient leurs τελεσταί, leurs mystagogues.
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2..
Les « rencontres des Chaldéens » .— συστάσεις et έγτυχίαι ont à
peu près le même sens,2 •— nous les retrouvons sans aucun doute .
dans nos papyrus magiques. Nous les avons déjà analysées auparavant.3
Ici nous devons ajouter que ces rencontres qui font apparaître
les dieux aux yeux des magiciens, comme nous l'enseignent nos
papyrus, sont.à notre avis les meilleurs exemples de la pratique
des théurges qni souhaitent l'union avec la divinité. Ce sont d'abord
des considérations générales qui rendent probable une telle hypo-
thèse. Chez les néo-platoniciens la vue de la divinité, la sainte
contemplation était la fin immédiate de l'ascension de l'âme au ciel.
La contemplation se confondait avec la divinisation, avec Γάπαθα-
Cumont ne doute pas que «l'expression s e u l à. s e u l 4
1
Cf. Plutarque sur Epiménides, Vit. Solon.,'12: εοφιλης χαι σοφος την εν-
ουσαστιxην xαι τελεστιxην σοφίαν. Héliodore, Aeth., III, 16 fait le départ
entre la δημώδης σοφία ( = γοητεία) et ή αληως φιλοσοφία, εων συνόμιλος
xαι φύσεως xρειττόνων μέτοχος (i. e., principalement, l'astrologie).
2
PGM, IV 1930 εντυχία προς Hλιον, autrefois simplement σύστασις (les deux
mots signifient aussi simplement « prière de rencontre », cf. XIII 695); IV
169 συσταεις προς "Ηλιον; III 588 προσ<σ>ύστασις.
3
Symb. Osl., VIII, 1929, p. 49—53; cf. ib., p. 25 et suiv. Quant à l'aveugle-
ment de ceux qui manquent de piété (ib., p. 27, n. 2), ajouter Schol. Juv.,
III 138, Serv., Bucol., VIII, 68; cf. Radermacher, Festschr. für Gomperz,
p. 201. L'œil de la Gorgone pétrifie aussi celui qui la regarde.
4
Cf. encore PGM, IV 2333 βλέπω σε xαι βλέπεις με (dans une « systase »
avec la Lune). Sur la « fuite » de Plotin, la φυγη μόνου προς μόνον (Enn.
VI 9, 11) cf. la remarque si pertinente de Kerényi, Der große Daimon
des Symposion (1942), p. 27.
54 S. Eitrem.
et l'idée qu'elle exprime ne soient empruntées à la langue et à la
doctrine du culte égyptien. Il se réfère expressément à l'histoire
du médicin Thessalus (contemporain de Néron), mentionée dans le
Cotai, coda, astrol., VIII 3, p. 136 (VIII, 4, p. 257). 1 Toutefois il
n'est pas certain que nous devions, avec Cumont, poser, les néo-
pythagoriciens comme intermédiaires entre les théologiens orientaux
et les philosophes platoniciens. Le rôle des esséniens est également
problématique, en tout cas pour ce qui est de l'histoire du néo-
platonisme alexandrin.
Mais l'influence du culte égyptien sur la vision extatique de
ces philosophes est plus que probable. C'est bien la contemplation
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1
Cumont, loc. cit., p. 87.
2
Voir Erman, Die Religion der Ägypter (1934), p. 371, avcc les références
dans la note de la p. 455.
3
F. LI. Griffith and H. Thompson, The Demotic Magical Papyrus of London
and Leiden (1904), vol. 1, texte et traduction. Traduit également par P. Lexa,
La magie dans l'Egypte antique, tome II (1925), p. 122 et suiv.
La théurgie des neó-platoniciens, etc. 55
dieux à l'aide d'une lampe: la lumière de la lampe et celle du
soleil coopèrent. On place la lampe allumée contre le soleil (col.VI 3),
mais on peut aussi se passer du soleil (un endroit sombre est
prescrit col. XXVII 19) et opérer avec la lampe seule. Toutefois,
la chambre et toute l'opération sont orientées vers l'est. Le médium
est un garçon chaste. On s'adresse de préférence aux divinités de
la lumière,· par exemple, col. XVII, 1 ss. : « Boël . . . compagnon
dû feu . . . dieu grand qui résides dans la flamme, qui es au
milieu de la flamme . . . entre dans la flamme et révèle-toi à
ce garçon », etc. La lampe tient lieu de soleil. Dans ces
formules, le dieu Rê n'est pas tout à fait oublié non plus, col.
VI 3. XVIII 12).1 Dans la pratique décrite à la col. XXIX 5
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3.
Dans sa vie de Plotin (Vit., 10), Porphyre nous raconte un
épisode qui jette une vive lumière, sans doute un peu frappante,
sur les rapports du philosophe platonicien avec les magiciens. On
n'a pas, à ma connaissance, assez souligné la portée de ce récit.
Pour la mentalité de l'école platonicienne, à une époque postérieure
vacillant entre la philosophie et la magie, l'épisode est d'un intérêt
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1
Cf. H. P. L'Orange, Studien zur Geschichte des spätantiken Porträts
(1933), p. 54, p, 91: Symb. Osl., XIII (1938), p. 116.
La íhéurgie des néo-platoniciens, etc. . 63
Tyaneus Apollonius atque Plotinus — ont eus avec les dieux, sont
dus à leurs démons familiers, non pas aux dieux, et précisément,
à l'égard de P l o t i n , il ajoute quelques mots sur la théorie
en question: ausus quaedam super hac re disserere mystica alteque
monstrare, quibus primordiis hi genii, animis conexi mortalium, eas
tamquam gremiis suis susceptas tuentur (quoad licitum est) docentque
maiora, si senserint puras et a conluvione peccandi immacùlata
corporis societate discretas. Sans doute, Ammien qui n'a qu'une
connaissance superficielle de la philosophie philonienne, se réfère
principalement aux Ennêades, I. III, 4, 3 et suiv. (p. 284 et suiv.) 1
Quand il fait mention de l'élite des morts que « leurs vertus
multiples ont fait pousser hors des limites fixées aux hommes »,
nous pensons aux méthodes, aux c a t h a r s e i s des théurges qui
élevaient les philosophes au plus haut degré de l'apothéose, à la
contemplation. Plotin a lui aussi, à sa manière, parlé du démon
qui accompagne l'homme durant la vie, mais il l'a, pour ainsi dire,
scindé en plusieurs démons, se succédant l'un à l'autre, pour
aboutir au Dieu (III, 4, 6) : νους γαρ ενεργεί εν τούτω, ή οδν
δαίμων αυτός ή κατά δαίμονα («au lieu d'un démon») καΐ δ α ί μ ω ν
τούτω θ ε ό ς .
Plotin tenait les oiseaux dans les mains selon les instructions du
prêtre, et il faut supposer que les animaux étaient destinés à un
sacrifice, non pas à tenir à l'écart des puissances ou démons
hostiles à l'opération. Dans nos papyrus il se trouve une recette
à évoquer le démon familier (PGM, VII, 5 0 5 — 5 2 7 ) ; à vrai dire,
seule l'invocation du Soleil, conçu comme le principe de »toute
la combinaison cosmique *,' nous reste de l'opération magique. 11 y
avait certainement différentes méthodes pour de telles systases avec
son propre démon; la recette en question est, au moins à l'égard
de la κλησις, pénétrée de la théosophie la plus élevée (cf. Reitzen-
stein, /. c), digne de la théurgie greco-égyptienne. Mais le prêtre
égyptien de Rome a vraisemblablement, pour évoquer le démon
de Plotin, utilisé une recette toute différente, s'il faut en juger
par le sacrifice considéré comme nécessaire à l'opération. Les oiseaux
étranglés nous rappellent la pratique que nous trouvons dans les
PGM XII, 15 et suiv., et qui était destinée à animer un Éros et
une Psyché en cire. La consécration et « divinisation » (άφιέρωσις)
dont il .s'agit, demande trois jours. Le premier jour le magicien
étrangle sept oiseaux (tous d'une nature erotique, conforme à l'Érds),
le second et le troisième un oisillon. Nous n'entrons pas ici dans
le détail, nous soulignerons seulement que chaque fois le magicien
« approche l'oiseau de l'Éros, en le suffoquant, afin qne le souffle
entre dans l'image », comme dit le texte. L'origine égyptienne de
cet usage rituel est certain, et il n'est pas nécessaire d'y insister.2
1
Reitzenstein, Die hellen. Mvsterienrel (3e éd.), p. 176, 226.
2
Cf. Festugière, L'idéal religieux des Grecs, p. 297. et suiv. (cf. p. 123).
L'usage du souffle dans les exorcismes judaïques et chrétiens (cf. aussi
La théurgie des néo-platoniciens, etc. 65
1
Joseph., Ant., XVIII 65 (an 19 après J.-Chr,); Rufin., Hist. eccl., XI 25
(Reitzenstein, l. c., p. 246).
2
v. Wilamowitz (Der Glaube der Hellenen, II, p. 525 et suiv.) s'attache à
la thèse de Lobeck (Aglaophamus, I, p. 109) en écartant l'idée que Plotin
aurait subi l'influence de la magie égyptienne. Mais alors, que faire du
récit de Porphyre? Ce n'est certes pas la pure curiosité qui a dirigé les
pas du philosophe dans le temple d'lsis.
La théurgie des néo-platoniciens, etc. 67
4.
1
Cf. Festugière, l. c., p. 317.
2
Avec le démon impérial dont le départ annonce la mort prochaine de
Constance on pourrait comparer Dionysos et son cortège quittant Antoine
avant sa défaite finale et sa mort (Plut., Anton., 75).
3
Chez les Grecs modernes on trouve la superstition que l'homme, en
mourant, voit son ange; comparer Rennell Rod, Customs and Lore of
Modern Greece, p. 113.
68 S. Eitrem
et même « dieu des dieux » et Aiôn (1. 164). Ce démon vient
directement du ciel, de la sphère astrale l . Il est un astre « qui se
délie de l'univers — αστέρα εκ του καΦολικοϋ άναλυό|Αενον — et
devient, un dieu» (I. 154). Naturellement il doit être également
maître de la Fatalité, de l'Heimarmené, quoiqu' il ne le dise pas
expressément, en opposition directe avec le démon que mentionne
Ammien. De plus, le démon du magicien est maître des autres
démons (1. 112), il lutte contre tous les malins démons (1. 115).
En dernière analyse, il est, de sa nature, un Agathodémon. Il peut
aussi faire prendre à son favori toutes les formes désirées (I. 117,
cf. Simon Magus, Clem. Rom., II, 14). En d'autres termes, ce
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5.
La vie de Proclus (ch. 28), citée ci-dessus nous renseigne
sur la prononciation des prières des théurges. L'usage des « Chal-
déens », communiqué à Proclus par la fille de Plutarque, a, à ce
1
Citons cependant saint Augustin, de civ. Dei X, 9, où il rappelle la con-
ception de Porphyre sur le rôle des démons et des anges: quamquam
itaque discernat (sc. Porphyre) a daemonibus angelos, aëria loca ease
daemonum, aetheria vel vel empyria disserens angelorum, et admoneat
utendum alicuius daemonis amicitia, quo subvectante vcl paulutum a
terra possit elevari quisque post mortem, etc.
2 Sur les adynata, 1. 114—127, cf. Pap. Osl., I, 141, note; en outre E. Dutoit,
Le thème de l'adynaton dans la poésie antique (1936).
70 S. Eitrem
qu'il semble, donné des règles strictes sur la prononciation dès
prières, des formules et des noms sacrés. Tout cela doit avoir été
compris dans les εκφωνήσεις propres à être emploiyées par les
théurges. Nous trouvons des renseignements aussi précieux que
précis là-dessus dans un article de Suidas (s. δίεσιν, p. 1341,19B).
Asclépiodote, l'élève de Proclus, médecin et philosophe (« le grand
Asclépiodote », Damasc.) s'intéressait beaucoup à l'étude de la
musique, et il savait « former sa voix- encore mieux qu'une figure
de cire » : « conséquemment il savait imiter les voix de tous les
animaux et tous les bruits qu'ils font». Nous avons encore une
note de Suidas sur le même sujet (s. Χαλ8αικοΐς, p. 1583,19 B . ) :
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1
Poimandres, p. 262 et suiv.
2
La création du monde a eu lieu, à ce qu'il semble, seulement dans la
première moitié du mois (ib., p. 264). Dans les PGM, VII, 765 tout le
mois est compris (σύντρορος, se. φ όγγος).
3 La vision et l'audition sont également importantes pour les théurges et
pour les magiciens — le Dieu se révèle par l'une et par l'autre, cf. Corp.
Herm., I, 6 το εv aol βλέπον xαι αxoϋov λόγος xυρίου εστιν; cf. en Outre le mot
ομμαxόιον, Damasc., Vit. Isid., 273 (της αυτοψίας xαι αxοης αμα). Sur l'usage
dans l'Évangile selon Saint Jean, voir Lyder Brun, Symb. Osl., V (1927),
p. 3 et suiv.
72 S. Eitrem
que nous retrouvons dans la poésie qui s'occupe de la magfë;
aussi chez la sorcière thessalienne de Lucain, Phars., VI, 685 et suiv.:
685. Turn vox, Lethaeos cunctis pollentior herbis
excantare déos, confudit murmura primum
dissona et humanae multum discordia linguae.
Latratus habet illa canum gemitusque luporum,
quod trepidas bubo, quod strix nocturna queruntur,
690. quod stridunt ululantque ferae, quod sibilat anguis.
Exprimit et planctus inlisae cautibus undae
silvarumque sonum fradaeque tonitrua nubis.
Tot rerum vox una fuit.
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6.
On ne peut nier qu'il n'y ait Une similitude frappante entre
les pratiques de Proclus et celles des papyrus magiques également
dans l'appareil externe. Plus on étudie ce côté de la théurgie,
plus on est porté à avouer que saint Augustin, somme toute, a
raison en disant (de civ. dei, X, 9): vel magian vel detestabiliore
nomine goëtian vel honorabiliore theurgian vacant. La colère des
théurges, se voyant classés avec les goètes, est facile à comprendre
— l'accusation de thaumaturgie était trop bien fondée. Un bon
exemple des communs efforts et des communs remèdes des magi-
1
Ce détail de la pratique magique suffit à démontrer l'âge prétendue de
la pratique elle-même; probablement ce trait nous reporte aux temps les
plus reculés de la magie.
2 Cf. PGM, vol. 3, Vocabulaire S. φωνάεις, φωνειν, φωνή.
La théurgie des néo-platiniciens, etc. 73
ciens et des théurges est offert par les roues magiques. Nous
citons encore une fois le précieux Marintis sur la vie de Proclus,
ch. 28: προ δε τούτων (avant que Proclus fît la connaissance de
la théurgie et de sa pratique selon la tradition de Nestor) έν τάξει
ó φιλόσοφος τ ο ι ς Χ α λ δ α ϊ κ ο ΐ ς κ α θ α ρ μ ο ΐ ς καθαιρόμενος, φάσ-
μασι μεν Έ κ α τ ι κ ο ΐ ς φωτοειδέσιν αύτοπτουμένοις ώμίλησεν, ώς
και αυτός που μεμνηται έν ιδίω συγγράμματι. "Ομβρους τε έκίνησεν,
'ίυγγά τίνα προσφόρως κινήσας, και αίιχμων έξαισίων την Άττικήν
ήλευθέρωσεν. Φ υ λ α κ τ ή ρ ι ά τε σεισμών κατετίθετο, και της του
τ ρ ί π ο δ ο ς μαντικής ενεργείας έπειράθη, περί τε της αύτοϋ λήξεως
στίχους έξέβ«λεν. D'abord la force purificatrice de la méthode
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théurges, sont de vraies τελεταί. Ce n' est pas pur hasard que
le morceau de la gnose hermaïque qu'on a trouvé dans le papyrus
Mimaut, se soit inséré dans une « systase ».* Et dans l'Asclépius
du Ps.Apul. (épilogue, 41 b) et dans la systase adressée au Soleil,
ces sentences rythmées, imprégnées de la ferveur religieuse la plus
vive, marquent en même temps le point culminant et la conclusion
de l'invocation au Dieu suprême. Cependant, qu' y a-t-il dans
toute cette prière qui ne cadre pas avec une prière théurgique,
qui soit indigne d'un théurge? Même en ce qui concerne les
m e n a c e s que profère le magicien, plein de confiance en sa propre
puissance (1. 537 — on serait tenté de dire en sa gnose) — juste-
ment après la première partie.de la prière où il a parcouru tous
les «signes, symboles et toutes les figures» du Soleil — nous
pouvons nous appuyer sur la théorie théurgique, en les rapportant
à un théurge semblable à un Maximus, un Proclus, etc. Jamblique
(de myst., VI 5) mentionne comme, βιαστικας άπειλα; . . . ή γαρ
τον ουρανον προσαράξειν (la même idée IV 2315) 2 ή τα κρυπτά
της "ΙσιΒος έκφανεΐν (cf. LVII 13) 3 ή τα έν άβύσσω απόρρητον δεί-
ξειν ή στήσειν την βάριν (cf. Ill 99, 114, comparer en outre I 114)
ή τα ¡¿έλη του Όσίριδος διασκεδάσειν τω Τυοώνι (VII 8) ή άλλο
•τι τοϋσον απειλεί ποιήσειν. Jamblique sait éviter toute difficulté,
1
PGM, III, 591—609; voir Reitzenstein, Hellen. Mysterienreligionen, 3e éd.,
p. 285 et suiv.
2
A cette menace on doit mesurer la valeur de l'expression des PGM, XIII,
9 1 2 ουρανον αένναον άφ αρτον.
3 Cf. Hopfner, Der alte Orient, III, p. 121 et suiv.; PGM, Vocabulaire,
s. Ίσις.
76 5. Eitrem
en écartant le Soleil et la Lune par ses échappatoires dogmatiques
et en les remplaçant par des puissances intelligibles. Pour ce qui
est de ces menaces, nous citons aussi le traitement des démons
qui sont expulsés des démoniaques, traitement d'origine judaïque,
prescrit dans les PGM, IV, 3 0 0 7 - 3 0 8 5 et ibid., 1227—1264.
Certainement, il n' y a rien qui rappelle la théurgie (le premier
de ces préceptes consiste en quantité d'exorcismes, cf. le Nouveau
Testament et son exorcisme). Mais les adeptes de l'école de
Jamblique et les autres philosophes néo-platoniciens ont parfois
aussi, paraît-il, daigné exorciser les démoniaques. Théosébius, un
des élèves du philosophe alexandrin Heraiscus, ne savait rien de
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EXCURSUS
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