Hemi Ple Et State Gied Ere Education
Hemi Ple Et State Gied Ere Education
Hemi Ple Et State Gied Ere Education
Introduction
- L’Approche traditionnelle
- Les approches neurophysiologiques classiques (type Bobath).
- La rééducation cognitiviste sensori-motrice (type Perfetti)
- La rééducation fonctionnelle (tâche orientée répétition de gestes) de Carr et
Shepperd
- Tache orientée et rééducation par renforcement musculaire
- La rééducation éco-contrainte
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A. Les techniques de base.
I. l’approche traditionnelle
Ces manœuvres sont toujours réalisées à chaque séance de rééducation quelle que soit la
technique d’apprentissage moteur qui sera utilisée ensuite.
Cependant, des essais cliniques dont la rigueur méthodologique est indiscutable, n’ont
pas permis de mettre en évidence la supériorité d’une méthode de rééducation neuro-
comportementale par rapport à une autre ni de la méthode Bobath par rapport aux techniques
plus récentes comme celle de l’apprentissage moteur (MRP) (Pollock et al méta-analyse
2008)
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Etude de la rééducation selon le concept de Bobath
Le concept de Bobath est encore très utilisé en Angleterre (où il est né) et dans de
nombreux pays européens. Il a évolué au fils des années et en fonction des avancées
scientifiques.
Cependant déjà en 1980, il représentait une énorme avancée dans le domaine de la
rééducation. En effet, Bertha et Karel Bobath ont développé l’idée que la spasticité n’est
pas un état figé, mais qu’elle peut être influencée par la rééducation. Pour eux, les enfants
présentant une atteinte neurologique ne naissent pas avec des cinèses anormales, mais
développent celles-ci lorsqu’ils tentent d’évoluer dans leur environnement.
Dès lors, une intervention thérapeutique précoce pourrait guider le développement moteur de
l’enfant en évitant l’installation de schémas irréversibles.
A l’époque cette vision était novatrice car on osait penser que les choses n’étaient pas
fixées et que l’on pouvait envisager une dynamique de l’évolution du patient et de la
rééducation qui l’accompagne.
1 . Le concept de BOBATH
- 1ere notion : Une grande partie de nos mouvements volontaires est en fait automatique
(extérieure à notre conscience), en particulier les adaptations posturales.
Le SNC mobilise les centres les + inferieurs (tronc cérébral, cervelet, ganglions de la base)
pour maintenir une attitude et l’équilibre correspondant.
Lors d’un AVC, les centres supérieurs (corticaux) ont une influence moindre sur les centres
inférieurs sous-jacents et donc :
* On observe donc une coordination anormale de l’action musculaire et non une paralysie
des muscles.
* Les schémas posturaux qui en résultent son anormalement rigides, pauvres et stéréotypés.
- 2ème notion : Les réponses motrices montrent que les muscles sont regroupés selon
des schémas coordonnés. Jakson, (cité par Walch, 1946) dit « le cortex ne connaît rien des
muscles, il ne connaît que les mouvements ». On parle donc de travail de groupes
musculaires synergiques, et non de travail analytique muscle par muscle. Cette notion reste
de nos jours très prégnante (paillard : le sens du mouvement).
Donc :
* Lors d’un mouvement, alors que nous ne sommes pas conscients du fonctionnement de
tous les muscles impliqués dans le mouvement, on rééduque des groupes musculaires ; on
recherche un contrôle segmentaire ;
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- 3ème notion : Le SNC est un emboitement complexe de systèmes se régulant entre eux.
Il faut distinguer différents systèmes dans la production de motricité : les reflexes
posturaux, les réflexes toniques, les réactions de redressement, les réactions associées,
les réactions d’équilibration et de protection. (voir double feuille)
Donc :
Toute perturbation du tonus se répercute immédiatement sur les réactions de redressement,
sur les possibilités de coordination et d’ajustement.
* Exemple : Les réactions de redressement peuvent être inhibées par des réactions toniques
trop importantes. Inversement, si les réactions de redressement sont trop activées, il peut y
avoir inhibition des réflexes toniques gênant la coordination.
C’est le réglage entre ces 2 réactions qui justifie en rééducation, l’utilisation du travail
en charge, de la recherche d’appui, de la stimulation du redressement du patient.
- 4ème notion Le SNC est un organe coordonnateur. Il relie les multiples informations
sensitivo-sensorielles et les intentions de l’individu afin de fournir des réponses adaptées.
* importance de l’intentionnalité du geste
* importance de l’environnement comme terrain permettant d’utiliser des situations
diversifiées et donc des adaptations variées (séquence de redressement).
2) La rééducation :
1) Partenariat MK / Patient :
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2) Description de la technique :
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Le mélange d’inhibition/facilitation dans l’obtention du maintien d’une position ou dans la
réalisation d’un mouvement tient du guidage du MK, laissant toute sa place à la notion
d’essai erreur et de boucle interne d’apprentissage.
c) Le redressement :
Le redressement progressif est recherché à travers une recherche d’appuis et une mise en
charge. Le terrain d’apprentissage de ces 2 modes de fonctionnement est la séquence de
redressement. Elle représente des situations variées d’entrainement.
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d) Les stimulations sensorielles tactiles ou proprioceptives :
Guider, aider, placer, tracter, positionner, appuyer, solliciter, étirer, frotter, tapoter….sont
autant de possibilités pour la main du MK pour stimuler les sensations du patient et aider à
sa reconstruction.
(battades sur les groupes musculaires peu réactifs, tapping sur les émergences osseuses,
percussions sur les zones réflexogènes, pressions-décoaptation des articulations…)
● Du modelage de l’environnement :
Une des évolutions de la technique Bobath a été de prendre en compte le fait que le SNC
apprend tout le temps. Il apprend ce que l’environnement lui propose, lui impose dans la vie
quotidienne.
Aussi, le MK doit avoir une réflexion sur l’évolution du patient dans son milieu, dans son
activité quotidienne. Il doit réinvestir les acquis dans l’activité propre du patient (marche,
terrains diversifiés, chaises pour s’asseoir, escaliers…)
Parfois des adaptations sont nécessaires FR, coussins, appareillages, sièges adaptés etc.
Conclusion :
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III . Rééducation sensorimotrice cognitiviste : Perfetti
S’appuyant sur les travaux de Luria en disant qu’il existe une interaction entre
l’homme et son environnement, que le comportement humain, et en particulier le
mouvement, tient compte de cette interaction et que seule l’information la plus consciente
peut modifier le comportement moteur et entraîner une correction du geste, si nécessaire, il
bâtit un programme d’exercices thérapeutiques basé sur la recherche d’informations utiles à
un mouvement programmé ( l’homme capte sans cesse les informations dont il besoin pour
adapter son comportement ).
Paillard en 1976 a montré l’existence d’une plasticité cérébrale avec des possibilités de
modification des connections inter-neuronales. Le système nerveux central est non
seulement capable de réparation mais aussi de réorganisation permanente. De plus
l’expérience modifie notre cerveau constamment. Il y a une relation entre la mémoire et
l’attention qui sous-tendent l’organisation de notre cerveau.
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Importance de la connaissance en matière de mouvement et de contrôle moteur :
On peut voir le rôle important que les fonctions supérieures (intentionnalité, attention,
mémoire, anticipation, résolution de problèmes) tiennent dans la production d’un
mouvement.
2. Le Programme de Rééducation
L’idée est de proposer aux patients des problèmes qui les obligent à se référer
à ses propres perceptions sensitives extéroceptives et proprioceptives pour les résoudre
(traitement des informations et sélection des celles qui sont pertinentes).
Exemples : reconnaître les yeux fermés des objets de formes proches, comparer des
déplacements segmentaires, mesurer des différences entre des poids tenus dans la main
hémiplégique par rapport à la main saine…
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b. La progression des exercices :
Les différents stades définis par Perfetti permettent une progression dans le
traitement.
- Les exercices du premier degré sont utilisés chaque fois que le patient a besoin
d’apprendre à contrôler la réaction d’étirement. On ne demande aucune contraction
volontaire au patient. On demande au patient, yeux fermés, uniquement de se concentrer sur
l’élaboration et à la vérification de l’hypothèse perceptive.
Exemples d’exercices : Le MK montre au patient un certain nombre de figures ou d’objets
en y faisant bien attention car il devra les reconnaître ensuite les yeux fermés. Puis le patient
ferme les yeux et le MK lui fait parcourir de façon passive avec le doigt ou la main, la figure
ou l’objet à reconnaître. Puis le patient ouvre les yeux et doit indiquer l’objet qu’il a
reconnu.
Les caractéristiques de ces exercices sont : l’absence de contraction volontaire, la
reconnaissance les yeux fermés, l’élaboration d’hypothèses perceptives de type
somesthésique et vérification de celle-ci.
- Les exercices du 2ème degré sont utilisés quand le patient contrôle assez bien la
réaction à l’étirement et qu’il commence à avoir un début de motricité. Le patient peut
alors apprendre le contrôle des effets de l’irradiation provoquée par la contraction
active de groupes musculaires plus ou moins éloignés du groupe dont on veut le
contrôle.
Les caractéristiques de ces exercices sont : le mouvement est actif aide, la reconnaissance
est réalisée yeux fermés, l’objectif est le recrutement des UM par la contraction active
volontaire et le contrôle des contractions irradiées.
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- Les contractions du 3ème degré comprennent tous les exercices par lesquels le patient
apprend à adapter le mouvement à l’hypothèse perceptive proposée, sans faire
attention aux effets de ces composantes anormales car leur contrôle a été automatisé
dans les étapes précédentes. L’attention du patient est entièrement dirigée vers
l’évaluation de la discordance entre le schéma exécuté et celui proposé par le MK.
Les caractéristiques de ces exercices sont : le mouvement actif, la reconnaissance réalisée
yeux ouverts, les objectifs à atteindre sont le recrutement d’un plus grand nombre
d’UM et la capacité d’effectuer ce recrutement dans différentes combinaisons spatiales
et temporelles afin de réacquérir l’adaptabilité nécessaire à la régulation fine du
mouvement.
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c. La construction du projet de rééducation :
Construction de contrats d’objectifs avec le patient qui doit connaître le(s)
but(s) de la (des) séquence(s) proposée(s).
L’organisation du travail lors de l’exercice cognitif doit prendre en
compte :
- le rapport segment à faire travailler – système corporel non travaillé (existe-t-il une
diffusion à l’effort sur le reste du corps),
- la spécificité motrice (quel degré utiliser),
- la modalité informative (visuelle, linguistique, somesthésique),
- les opérations cognitives (le « où » l’espace : distance – direction – forme )
(le « quoi » le contact : surfaces – poids – pressions –
frictions)
L’objectif de la récupération :
Il est de récupérer :
la singularisation (contrôle des informations avec abstraction
des distracteurs)
Le fractionnement (comportements fragmentables qui
permettent de changer de chaîne cinétique en bougeant,
mouvements séquentiels)
La variabilité (gestes complexes dans l’espace) .
Remarque :
Conclusion :
L’utilisation des principes de cette rééducation fait dire à Perfetti que l’on assiste à :
- une normalisation des réactions toniques (spasticité),
- une apparition d’activités motrices adaptées à la situation donnée.
Actuellement, se poursuit sur Lille, une étude qui vise à comparer la rééducation
Bobath / Perfetti. Les résultats sur 16 patients étudiés montrent peu de différences entre
entre les deux groupes traités (Bobath versus perfetti). Seuls, les sub-tests de la MIF
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impliquant le MS de façon plus importante, montrent une progression un peu plus
importante chez les patients traités en Perfetti. Mais le peu d’effectifs inclus dans l’étude ne
permet pas de conclure.
Limites de la méthode :
Lorsque les troubles des fonctions supérieures sont présents (en particulier les troubles de
la compréhension), la méthode est difficilement applicable.
Dans les AVC sévères où les troubles de la sensibilité persistent, la méthode est
fortement limitée ; seul le premier stade peut être abordé.
Au total :
Cette technique, en cours d’évaluation, n’a pas montré, à ce jour, sa supériorité sur les
autres méthodes.
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Annexes EXEMPLES D’EXERCICES « PERFETTI »
On peut faire varier le nombre d’articulations mises en route, jouer sur différents registres
de mémorisation (mémoire à court terme, long terme, mémoire procédurale), jouer sur le
stade utilisé (se méfier du parasitage de la spasticité et de l’irradiation aux stades 1 et 2).
Exercices d’orientation :
Mouvements orientés de la main par l’intermédiaire de la prono-supination.
reconnaissance d’arcs de cercles gradués pour le pouce et le poignet,
exercices de stabilisation sur planchette de prono-supination instable, avec
poids ou non,
exercices de relever de la main (trouver le degré d’angulation du poignet,
reconnaissance de hauteur d’objet par le poignet)…
Exercices de saisie
pour les prises globales ou de force :
reconnaissance de diamètre (cônes, cylindres..) avec tous les doigts ou la
paume de la main,
reconnaissance de poids.
pour les prises fines
reconnaissances d’épaisseurs, de matières, de contours d’objets
différenciés,
réglage de l’opposition du pouce (reconnaissance d’épaisseurs avec la
pince pouce index),
exercices main interne ( IV et V) / main externe (I, II et III).
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hauteurs
reconnaître une angulation du poignet par reconnaissance d’une épaisseur
d’objet en stabilisant la prono-supination et du coude, placé sur planchette
instable.
Ces exercices sont souvent effectués en position assise. Les repères sensoriels se font au
niveau des appuis fessiers Ce sont :
des exercices de reconnaissance de hauteur
des exercices de reconnaissance de pressions de différentes mousse
des exercices de quantification des appuis (balances, socle à ressorts..)
des exercices de suivi de trajectoires, en position debout, en combinant les
mouvements du bassin et des MI.
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IV. Approche Fonctionnelle par apprentissage moteur
ou tâche orientée répétition de gestes (Carr et Shepherd) :
Elle s’appuie sur l’idée qu’une certaine réorganisation cérébrale se produirait après une
AVC et qu’on favorise la récupération en favorisant le contrôle conscient plutôt que le
mouvement automatique, dans des exercices où la répétition de tâches est considérée comme
le meilleur entraînement possible.
Les séances de rééducation se transforment en périodes d’entraînement où le malade
est actif : il accomplit diverses activités fonctionnelles (utilisation de cibles très concrètes =
objets de la vie quotidienne), d’abord fragmentées, puis globales et de plus en plus
complexes.
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Quelques études :
Evolutions :
Suite aux résultats positifs obtenus par cette technique, la question s’est posée de savoir si :
- le renforcement musculaire pouvait lui être associé (alors que jusque-là ,on le
rendait responsable des mouvements anormaux (spasticité, dystonies..) et apporter encore
plus d’efficacité dans la prise en charge.
- Par ailleurs, certaines activités comme la marche, celle-ci étant considérée comme la
tâche orientée par excellence, vont se développer. On cherche à la réaliser le plus tôt
possible (marche en suspension) et le plus longtemps possible (marche mécanisée).
Or, il semble que la performance motrice ait une certaine corrélation avec la marche et
l’activité fonctionnelle.
Dès lors, la technique tache orientée de Carr et Shepherd s’est enrichie. Elle s’applique avec
du renforcement musculaire sous différentes formes (ESNM, renforcement par charge
directe, renforcement par training de taches orientées, ateliers de groupes) et la marche est
associée à un entrainement précoce sur appareil robotisé ou au BWSTT à un stade plus
avancé de la rééducation.
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IV bis. Variantes de la tâche orientée :
La force de l’agoniste serait limitée, non seulement par celle de l’antagoniste (co-
contraction), mais aussi par des changements dans les propriétés viscoélastiques des
tissus mous (restrictions musculo-tendineuses). La résistance à l’étirement serait donc
davantage reliée aux propriétés mécaniques du muscle post AVC qu’à la spasticité elle-
même.
En Rééducation :
Les techniques utilisées sont, au début, la stimulation électrique (EMG feed back) puis, les
exercices isométriques ou isokinétiques, l’ergocycle manuel, la bicyclette ergonomique, le
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tapis roulant, ainsi que toutes les tâches fonctionnelles inscrites dans les activités de la vie
quotidienne.
A ce propos, voir Méta analyse de Ada et al en 2006 qui montre bien que l’augmentation de
la force n’entraine pas l’augmentation de la spasticité ;
Par contre, les différentes études de ce type ne montrent pas de retentissement fonctionnel à
la phase subaiguë avec le renforcement musculaire.
Le contrôle moteur :
L’apprentissage moteur :
►2 théories principales :
- La théorie cognitive ou l’apprentissage moteur est un processus d’adaptation
cognitivo-moteur, relié à la pratique et à l’expérience. Il est favorisé par des
conditions d’apprentissage qui amènent des changements permanents de la
performance et de l’habileté motrice.
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- La théorie écologique prône que l’apprentissage moteur résulte d’une découverte de
solutions motrices par un système que forment l’organisme et l’environnement et qui
se constituerait interactivement au cours de l’évolution.
La théorie cognitive soutient que l’apprentissage moteur est issu d’un processus cognitif, la
théorie écologique soutient qu’il s’agit d’une réponse de l’organisme aux contraintes qui lui
sont imposées.
Il n’y a actuellement pas de consensus sur l’une ou l’autre théorie. (sans doute, les deux
modes d’apprentissage se complètent).
Les études + récentes montrent que l’organisation de l’entraînement doit tenir compte du
type d’activités visées. Il peut être préférable, pour de meilleurs résultats, de pratiquer une
activité dans son ensemble plutôt que de la décomposer en différentes étapes que l’on
répètera X fois.
La marche en est un exemple.
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De même, Claude Alain Hauert ( 2005 dans JP Didier ; la plasticité de la fonction
motrice) rappelle que l’apprentissage moteur est aussi favorisé par certaines capacités des
sujets, variables selon le niveau de développement du sujet et selon les conditions mises en
place au cours de la rééducation. Ce sont :
- la compréhension et la capacité de se représenter les buts à atteindre : en rééducation il
s’agit de donner au patient les renseignements qui permettent la connaissance du résultat de
l’action (CR) ou de son déroulement (CP = connaissance de la performance)
- la motivation à atteindre ces buts.
Principes de rééducation :
Une fois l’action de base réalisable, le patient est entraîné à développer des
alternatives (y compris des mécanismes de compensation) pour éventuellement choisir la
stratégie la plus efficace dans la situation donnée afin de transférer les acquis ;
Pour améliorer les performances, un nombre considérable de répétitions est nécessaire.
Généralement, la rééducation seule n’est pas suffisante et un programme externe doit être
mis en place.
►Rappel :
- Cette méthode n’est pas, à ce jour étudiée, du point de vue des apprentissages
moteurs. On ne connait pas ses effets réels.
- Son utilisation semble adaptée en cas de gros troubles cognitifs qui ne
permettent pas la compréhension et l’intégration des guidages lors des apprentissages
moteurs.
- Cependant, la question reste posée de savoir si l’autorisation de toutes les
compensations n’empêche pas la mise en route de possibilités motrices inhibées par la
lésion
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B. Approches complémentaires
En théorie :
L’électrostimulation peut être associée aux techniques de reprogrammation motrice.
Elle vise à favoriser la récupération motrice la plus sélective possible, proche de la
motricité physiologique.
Elle stimule la réorganisation fonctionnelle par la plasticité cérébrale ainsi que l’inhibition
de la motricité parasite (spasticité, syncinésie, autres).
En pratique :
Elle fait appel à des différents dispositifs :
L’EMG STIM est une technique qui s’appuie sur les 2 précédentes. La détection
d’une contraction volontaire du patient (effet EMG) déclenche une stimulation électrique
soutenue par SEF du muscle détecté. Il y a ampliation de la contraction et du mouvement
fonctionnel.
Conclusion :
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2. Rééducation du MS hémiplégique par contrainte forcée ou Constraint-Induced
Therapy
Il s’agit ici d’une autre technique, d’avantage centrée sur la récupération du MS, issue
du concept de tâche orientée répétition de gestes de Carr et Shepherd.
Introduction :
Les mauvais résultats fonctionnels quant à l’utilisation du MS obtenus chez les patients
hémiplégiques après rééducation, ont poussé les neurologues et rééducateurs à chercher le
pourquoi de ces résultats et à proposer d’autres solutions.
Depuis 1989, un groupe d’américains et en particulier M. TAUB (Universté de
Birmingham en Alabama) utilise une nouvelle technique de rééducation et en évalue les
effets. Cette technique appelée CIT (constraint-induced therapy) consiste à obliger le
patient à utiliser son MS hémiplégique, en bloquant le bras sain une grande partie de la
journée, et en le soumettant à un réentraînement sur des tâches orientées (6 heures de
« façonnage »).
Les principes de la thérapie motrice sous contrainte s’appuient sur des travaux effectués
sur le singe. Après section des racines postérieures correspondant à un MS, l’animal n’utilise
plus ce membre. On observe ensuite, lors de la récupération totale de la sensibilité du MS,
une non utilisation définitive de ce membre. Cependant, la mise sous contrainte de
l’extrémité non désafférentée ou bien l’entraînement intensif du bras touché a permis à ces
singes de recouvrer l’utilisation de ce bras. Les expérimentations ont montré que la perte de
la fonction motrice due à une désafférentation était le résultat d’un comportement appris,
d’une « non utilisation acquise ».
Le façonnage ou technique de travail intensif comprend une obligation d’utilisation du MS
d’un minimum de 6 heures par jour pendant les 5 jours de la semaine, avec arrêt de la
contrainte le week-end et ceci pendant au moins 2 semaines. Le patient doit être consentant
et posséder un minimum de motricité dans le MS sollicité.
Wolf et all (1989) ont étudié les effets de la CIT sur 25 patients hémiplégiques
stabilisés (à un an de la lésion).Les tests utilisés pour évaluer les effets sont au nombre de 21
et étudient la dextérité manuelle, l’utilisation du MS déficitaire dans le activités de la vie
quotidienne, la force de préhension. Une analyse de séquence vidéo permettait d’apprécier la
qualité des mouvements. Les tests répétés, réalisés avant l’expérimentation, ne montrent
aucune amélioration significative. Le traitement durant 2 semaines consistait à porter toute
la journée un système bloquant le MLS sain sauf 30 minutes maximum par jour. Les
résultats montrent une amélioration de un test la première semaine et de huit tests la
deuxième semaine. L’amélioration s’est poursuivie après l’arrêt du traitement (à un an, 19
tests sur 21 sont améliorés). Cependant, la qualité des gestes n’est pas améliorée
(enregistrement vidéo).
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Miltner et al (1999) aidé de Taub réalisent une autre étude sur 15 patients
hémiplégiques avec des lésions stabilisées. La CIThérapie porte sur 12 jours et le bras est
contraint par une attelle d’immobilisation pendant 90% de la journée. La rééducation ou
« façonnage » dure dure 5 à 6 heures / jour avec 50 exercices différents à répéter. Les tets
d’évaluation des effets portent surtout sur les AVQ. Les résultats montrent que dès les
premiers jours, tous les sujets sont améliorés. Cette amélioration se continue dans le temps
et, à un an, elle est considérable.
Cependant, ces travaux mesurent à la fois l’effet de la contrainte proprement dite et
l’effet de la rééducation intensive de 5 à 6 heures / jour (façonnage). Il faudrait faire la
différence des deux effets.
Van Der Lee et al (1999) ont cherché à faire la différence. L’étude porte sur 66
patients post AVC qui ont eu soit une rééducation intensive de 6h/j, soit une rééducation
intensive et une contrainte du MS. Les tests utilisés étaient l’AR, le Fugl-Meyer et le Motor
Activity Log.
Dans la CIT, 2 tests / 3 ont été améliorés.
Etude EXCITE sur grande échelle actuelle (Dr Simon 2009) montre, à 2 ans de recul
de l’AVC, que la population qui bénéficie le plus de la technique et celle qui avait un AVC
modéré à moyen au départ, celle qui présentait une récupération des extenseurs du poignet et
des doigts.
Au total :
- Les résultats montrent que cette technique améliore significativement l’utilisation du bras
hémiplégique dans la vie quotidienne. Agit surtout sur l’héminégligence (surtout au début de
la prise en charge).
- Les futures études devront montrer si le traitement doit être précoce pour être le plus
efficace.
- Cette technique de rééducation s’étend actuellement à d’autres parties du corps (MI et
lest, langage contraint, tronc contraint…)
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4. La marche en suspension (BWSTT), la marche mécanisée (gait trainer, lokomat)
Certaines expériences chez les rats spinaux aigus, ont montré que l’on peut réactiver un
pattern de marche (activation du générateur spinal de marche) par un entrainement sur tapis
roulant avec suspension d’une partie du corps.
C’est la première technique (étude de S. Hesse) qui a permis de stimuler la marche de façon
précoce et intensive.
- Il s’agit d’un entrainement orienté vers la tâche et répété (celui qui veut apprendre à
marcher doit marcher).
- Cette marche peut être enrichie par des perturbations visuelles (réalité virtuelle) ou
motrice (enjambements).
- Permet aussi une réhabilitation à l’effort pour des patients encore très fatigables, mais
peut être utilisé sans BWS à tous les stades de la rééducation pour parfaire la qualité de
la marche et dans un but de réentrainement à l’effort.
Les études ne montrent pas de réels avantages à la marche avec ce type d’entrainement, à la
phase aigüe.
Par contre elle est recommandée à la phase chronique car elle améliore le pattern de marche
et diminue la spasticité temporairement.
Cependant elle ne reproduit pas réellement la marche au sol du fait de la stimulation
plantaire crée par le tapis roulant (alternance des pas).
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Rééducation robotisée à la marche (gait trainer, lokomat):
La rééducation assistée par robot consiste à réaliser des mouvements contraints par un
système électromécanique, couplé ou non à un environnement virtuel.
En fonction de la sophistication du robot, le mouvement peut être libre, totalement guidé ou
assisté, ou assisté de façon variable + ou- importante.
- Il s’agit ici d’une forme d’entrainement par répétition de tâches « bien réalisées »
(principe d’apprentissage sans erreur).
Enfin la robotisation se développe aussi pour le MS (Armeo) mais les études montrent que si
la force et la fonction du MS s’améliorent, il n’y a pas de répercussion flagrante sur les
activités de la vie quotidienne (Kwakkel 2008; Mehrholz 2008)
Conclusion :
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5. Entrainement par Imagerie Mentale, effet miroir et réalité virtuelle
Méthode qui consiste à évoquer et répéter mentalement une expérience motrice déjà
vécue dans le passé ou à évoquer l’image anticipatrice d’une action nouvelle dans le but
d’obtenir la réalisation ou la mémorisation d’un mouvement donné.
L’IRMf a montré que l’imagerie mentale active les mêmes zones corticales que le
mouvement.
Bien que l’on n’ait pas de preuve d’amélioration du geste en faveur de la pratique
mentale avec imagerie motrice, elle peut optimiser la synchronisation du mouvement en
améliorant la planification du geste et l’activation de processus inconscients.
Le milieu sportif exploite cette méthode depuis longtemps et montre que l’apprentissage
moteur par imagerie mentale est efficace. Il existe donc d’autres processus d’apprentissage
moteur que l’apprentissage classique par essai erreur.
E. Le Bomin-Antonello-11/09/2015 27
- réalité virtuelle :
c’est le principe de l’entraînement des aviateurs ou des pilotes de courses. Un système vidéo
3D relié qui fournissent le mouvement, la couleur, le son stéréo, les odeurs, du vent avec
des petits ventilateurs situés près de la tête du patient placé sur un siège vibrant. On recrée
ainsi un voyage en moto en pleine campagne ou ailleurs.
Le patient est donc immergé dans un cadre et doit réaliser des tâches définies. On peut
travailler sur l’analyse et la décomposition des gestes, ou sur la reproduction des conditions
d’entraînement.
La « réalité augmentée » est un procédé de rééducation par réalité virtuelle qui renforce
par une surreprésentation d’informations utiles au patient ou bien modifie à volonté les
informations à disposition du sujet selon ses besoins, dans l’environnement virtuel.
Les résultats observés chez les patients hémiplégiques sont encourageants pour la
récupération motrice surtout du membre supérieur.
(Boggio PS et al, Annales de MPR, 2006)
E. Le Bomin-Antonello-11/09/2015 28
7. Rééducation de l’héminégligence par l’orthèse Bon Saint Côme
I. Introduction :
L’appareil Bon Saint Côme a été conçu pour tenter de faire régresser le syndrome de
négligence visuo-spatiale unilatérale (N.S.U) que l’on rencontre fréquemment
dans les lésions l’hémisphère cérébral droit.
La NSU dans l’hémiplégie gauche est un facteur péjoratif pour le pronostic fonctionnel
(en particulier de la marche) malgré une bonne récupération sensori-motrice.
De ces différents travaux, une hypothèse a été émise : le référentiel égocentrique serait-il
dévié lors d’un AVC et la rotation du tronc associée à la répétition des exercices permettrait
–elle un recentrage de ce référentiel ?
Dans cette optique, BSC a élaboré un nouvel appareil de rééducation. A travers celui-ci, il
cherche à acquérir une relation entre l’exploration spatiale à gauche et la rotation volontaire
du tronc (contrôle et coordination de la rotation de l’ensemble « yeux-tête-tronc » ), par
rétrocontrôle (bio feed-back). Au décours de cet apprentissage, il recherche aussi l’obtention
d’un transfert de poids sur le MI droit.
La rééducation par la méthode de BSC aurait pour effet d’améliorer plus vite la tenue du
tronc de l’hémiplégique et de diminuer l’héminégligence en mettant en œuvre les processus
attentionnels et intentionnels des patients.
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III . Description de l’appareil BSC :
1 . L’orthèse :
Il s’agit d’un corset de maintien du tronc, léger, facile à mettre et à enlever, réglable en
hauteur et largeur. A la partie postérieure du corset, en son centre et suivant l’axe de la
colonne vertébrale, est fixée une tige métallique verticale, prolongée par une partie
horizontale qui passe au-dessus de la tête en croisant l’axe corporel. Cette tige est
connectée à un pupitre de commandes par un câble électrique.
L’objectif visé par ce corset et sa tige est d’amener le patient à réaliser une rotation
de l’axe du corps en lui demandant de déplacer l’extrémité de la tige vers des cibles fixées
sur un tableau situé devant lui.
2 . Le tableau :
- Quand la tige métallique reliée au corset touche le bord d’une cible, la lumière
s’allume et / ou le son retentit. Il s’agit ici d’utiliser l’appareil en sollicitant le
patient sur le mode intentionnel.
- Le kiné peut activer les cibles par les touches du pupitre. Il s’agit ici d’attirer
l’attention du patient. On le sollicite alors sur le mode attentionnel.
3 . Le pupitre :
Conclusion :
L’ensemble de ces exercices ainsi que leur mise en pratique dans les AVQ demande au
patient de maîtriser systématiquement « le désengagement de son attention d’une tâche
réalisée pour s’orienter et se fixer sur un nouvel objectif »
Cette mobilisation attentionnelle en suivant un but conscient, devra aller vers une
automatisation du processus en réponse à un stimulus imprévu..
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Les exercices BSC:
Le principe de la méthode BSC est de coupler une exploration spatiale, guidée par
rétrocontrôle (visuel ou auditif), à la rotation axiale volontaire du tronc.
En pratique, les situations proposées doivent aussi amener le patient à effectuer des
transferts sur le MI hémiplégique gauche.
Il existe une progression dans les exercices qui seront réalisés soit couché, soit assis,
soit debout, en station bipodale puis unipodale.
1. Exercices préliminaires :
4. Exercices de dissociation :
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Pendant les exercices de pointage d’une série de cibles, on propose au
patient « d’anticiper mentalement » la saisie de la cible suivante (série
apprise par le patient au préalable). Ceci permet de diminuer le temps
d’action du passage d’une cible à l’autre.
Au total :
L’ensemble de ces exercices ainsi que leur mise en pratique dans les AVQ demande au
patient de maîtriser systématiquement « le désengagement de son attention d’une tâche
réalisée pour s’orienter et se fixer sur un nouvel objectif »
Cette mobilisation attentionnelle en suivant un but conscient, devra aller vers une
automatisation du processus en réponse à un stimulus imprévu..
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