Bâle

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Bâle

Les missions du Comité de Bâle

Afin d'assurer la stabilité du système financier mondial et d’en promouvoir la


régulation, le Comité de Bâle est amené à exercer différentes fonctions.
 entretenir des échanges d’information avec le secteur bancaire et les marchés
internationaux de façon à identifier les risques existants ou émergents au sein du
système financier mondial ;
 améliorer la coordination des actions de régulation à l’échelle mondiale ;
 établir des normes, des standards techniques et des recommandations de
supervision et de régulation du secteur bancaire au niveau international ;
 assurer le suivi de la mise en œuvre de ces normes ou recommandations
techniques auprès de ses pays membres ;
 coopérer avec d’autres institutions internationales de régulation concourant à ces
mêmes objectifs.
Le comité de Bâle ne possède aucun pouvoir d’autorité supranationale. Aussi, les
décisions prises dans son enceinte n’ont pas force exécutoire. Pour assurer la mise
en œuvre de son mandat, le comité de Bâle doit compter sur la capacité de ses
membres à faire adopter par leur juridiction intérieure compétente les normes qu’il
a édicté.
Le Comité de Bâle entretient des relations étroites avec différentes institutions
internationales telles que le Joint Forum, ou encore le Groupe de coordination,
instance créée en 1996 pour traiter de questions communes aux secteurs de
la banque, de l’assurance et des valeurs mobilières. Il regroupe également
d’autres organisations internationales de régulation telles que l’Organisation
Internationale des Commissions de Valeurs (OICV), l’Association Internationale
des Contrôleurs d’Assurance (AICA) ainsi que des représentants du Comité de
Bâle et du Joint Forum.
Le Comité de Bâle a participé à l’élaboration de travaux concernant la mise en
place de normes comptables internationales (normes IFRS) et encourage
l’échange d’informations entre superviseurs bancaires appartenant ou non à ses
pays membres.
Enfin, le Comité de Bâle est un membre permanent du Conseil de Stabilité
Financière (CSF). Ces deux institutions assurent conjointement la promotion de
la mise en application de normes ou de recommandations de régulation bancaire
à l’échelle internationale avec le soutien du G20.
La composition du Comité de Bâle
Le Comité de Bâle se compose de représentants des autorités de supervision
bancaire et de banques centrales de 27 pays développés ou émergents, dont la
France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Japon, la Suisse, le
Brésil, la Russie et les États-Unis.

Rappel sur Bâle II

les accords de Bâle II reposaient sur trois piliers. Le premier visait à définir les
exigences minimales de fonds propres des banques pour couvrir les trois
principaux risques auxquels elles s'exposent. Le deuxième instaurait le principe
d'une surveillance prudentielle individualisée. Enfin, le troisième se focalisait sur
les notions de transparence et de discipline de marché.
Les 3 piliers des accords de Bâle II
Pilier 1 : les exigences minimales de fonds propres
Dès 1988, le ratio Bâle I (ou ratio Cooke) avait été créé pour limiter le risque de
crédit, c’est-à-dire le risque de non remboursement associé à un prêt accordé par
une banque. Égal à 8 %, ce ratio se mesurait en comparant le montant de ses fonds
propres réglementaires au niveau des engagements d’une banque (crédits et autres
engagements, notamment ceux figurant au hors-bilan). Ces engagements étaient
pondérés en fonction du risque de contrepartie, lequel pouvait être nul (les États
de l’OCDE), faible (les banques ou les collectivités locales pour lesquelles un
coefficient de 20 % était appliqué) ou fort (les entreprises ou les particuliers pour
lesquels le coefficient appliqué était de 100 %, sauf si l’existence de garanties
permettait de réduire le risque à 50 %).
Les fonds propres réglementaires comprenaient les capitaux propres (fonds
propres de base composés essentiellement du capital social et des réserves) et les
fonds propres complémentaires (qui comprenaient notamment les provisions
générales, les titres subordonnés à durée indéterminée et les obligations
subordonnées convertibles ou remboursables en actions).

Si la banque accorde un prêt à une entreprise pour un montant total de 100 millions
d’euros, elle doit disposer d’un minimum de 8 millions d’euros de fonds propres
pour respecter la norme Bâle I. En revanche, si elle prête la même somme à une
collectivité locale (une région française, par exemple), son engagement sera de
100 millions × 20 %, soit 20 millions et elle ne devra plus disposer que de 1,6
million de fonds propres (8 % de 20 millions). Si le même prêt est accordé à un
État de l’OCDE (comme la France), la banque n’a pas besoin de mettre des fonds
propres en regard de cet engagement, puisque le risque de défaillance est
considéré comme nul.
Problème : le ratio Cooke ne prenait en compte qu’une partie du risque auquel
s’expose une banque. N’étaient notamment pris en compte ni le risque de
marché ni le risque opérationnel.
Les accords dits de Bâle II définissent ainsi un nouveau ratio de solvabilité
bancaire, dit ratio « Mac Donough » fondé sur le même principe que le ratio
Cooke. Il se définit de la façon suivante :

Ce ratio affine le précédent en imposant aux établissements de crédit de détenir


un niveau de fonds propres minimum davantage en adéquation avec l’ensemble
des risques encourus.
En outre, des exigences supplémentaires sont introduites en matière de
composition des fonds propres. Ainsi, le ratio de solvabilité est scindé en deux
éléments complémentaires :
 Le premier ratio dit « Tier 1 », au minimum égal à 4 % des risques, doit comporter
du capital sans risque. Il est lui-même décomposé en deux sous-ratios : le « Core
Tier 1 », de 2 % minimum, qui ne prend en compte pour le calcul des fonds
propres que les actions et les réserves constituées des bénéfices non distribués, et
le « Core Tier 2 » -également de 2 % des risques pondérés au minimum, qui
intègre les titres super subordonnés (obligations à caractère perpétuel) ou certains
titres hybrides présentant d’étroites ressemblances avec le capital (comme
les obligations convertibles).
 Le second, dit « Tier 2 », lui aussi au minimum égal à 4 %, intègre des éléments
de fonds propres complémentaires qui ne peuvent toutefois excéder 100 % des
fonds propres pris en compte dans le « Tier 1 ». Il s’agit notamment de titres
subordonnés à durée indéterminée.
La réglementation Bâle II prévoyait aussi l’intégration de fonds propres « sur-
complémentaires » (dénommés Tier III) spécifiquement dédiés à la couverture du
risque de marché. Y figuraient les fonds propres Tier II excédentaires (le montant
éligibles au titre du Tier II mais qui dépassent 100% des fonds propres admis en
Tier 1) ainsi que des titres de dettes subordonnées ayant une échéance initiale au
moins égale à 2 ans.
Par ailleurs, les méthodes de calcul du risque de crédit ont également été
modifiées. Le calcul inclut en effet une pondération qui tient compte à la fois du
risque de défaut de la contrepartie, via une probabilité de défaut associée à chaque
emprunteur, et du taux de perte en cas de défaut. Ces deux paramètres pouvant
être définis soit en recourant à une méthode standard (probabilité de défaut
estimée en recourant à la notation des agences de rating, taux de perte en cas de
défaut imposé réglementairement par le régulateur), soit en recourant à une
méthode interne propre à l’établissement bancaire (dans ce cas la méthode doit
avoir été validée par le régulateur), soit en recourant à une méthode mixte
(probabilité de défaut estimée en interne et taux de perte en cas de défaut imposé
par le régulateur).
Un crédit consenti à une entreprise aura une probabilité de défaut d’autant plus
faible que la notation financière de celle-ci par une agence de rating (comme
Standard and Poor’s ou Moodys) sera bonne. Supposons que l’entreprise bénéficie
de la meilleure note possible. Dans ce cas, sa probabilité de défaut sera faible.
Dans le cadre de la méthode standard, la banque devra alors appliquer un
coefficient de pondération de sa créance correspondant à cette faible probabilité
de défaut et qui est définie par la réglementation prudentielle. Ce coefficient étant
fixé à 20 %, le risque pris en compte pour le calcul du ratio de solvabilité est donc
de 20% du solde du crédit consenti. Sous la réglementation Bâle I, ce dernier
aurait été repris à 100 % dans le calcul du risque.
Pilier 2 : une procédure de surveillance prudentielle
Le deuxième pilier des accords de Bâle II organise un dialogue structuré entre les
superviseurs bancaires et les établissements financiers placés sous leur contrôle.
À cet effet, il prévoit la mise en place par les banques elles-mêmes de processus
internes de suivi et de calcul des risques (y compris ceux du pilier 1) et des besoins
en fonds propres associés.
Les superviseurs sont ensuite chargés de confronter leur propre analyse du profil
de risque de l’établissement avec celle conduite par la banque et, en fonction de
leurs conclusions, d’engager des actions. Ils peuvent notamment exiger que la
banque renforce ses fonds propres au-delà du ratio minimum de fonds propres
exigé par Bâle II.
Pilier 3 : La discipline de marché
Le pilier 3 vise à instaurer des règles de transparence financière en améliorant la
communication d’informations au grand public sur les actifs, les risques et leur
gestion.
L’objectif sous-jacent est d’uniformiser les pratiques bancaires en matière de
communication financière et de faciliter ainsi la lecture des informations
comptables et financières des banques d’un pays à l’autre.
Les insuffisances de Bâle II
La crise financière de 2007/2008 a mis en évidence le fait que les fonds propres
des institutions financières étaient insuffisants ou de mauvaise qualité. Certains
risques avaient été peu ou mal identifiés et ce, pour deux raisons :
 la complexification des opérations réalisées sur les marchés financiers (produits
structurés, titrisation) ;
 la défaillance du contrôle interne et de la gouvernance des établissements
bancaires (dans de nombreux cas) ;
 les insuffisances du contrôle exercé par les régulateurs dans un univers où on
faisait une confiance sans doute excessive à l’autorégulation.
Les banques n’ont pas su apprécier correctement les risques qu’elles prenaient de
sorte que leur niveau de fonds propres s’est retrouvé en inadéquation avec la
réalité des risques figurant à leur bilan ou dans leur hors-bilan (voir notre article
de décryptage sur les comptes d’une banque). Le système bancaire s’est ainsi
trouvé dans l’incapacité d’absorber ses pertes sur les activités de négociation et
de crédit, pertes qui ont alors pris une dimension systémique. En outre, beaucoup
d’établissements, qui avaient délaissé la gestion de leur risque de liquidité, ont été
confrontés à de vives tensions lorsque le marché monétaire s’est brutalement
bloqué, obligeant les banques centrales à intervenir pour assurer son bon
fonctionnement et parfois pour soutenir certaines banques.
De Bâle II à Bâle III : des règles prudentielles renforcées
Compte tenu de l’ampleur et de la rapidité avec laquelle la crise financière s’est
propagée à travers le monde et du caractère par nature imprévisible des crises, il
est apparu essentiel que tous les pays renforcent la capacité de résistance de leur
secteur bancaire. C’est l’objet des accords de Bâle III adoptés par le Comité le 12
septembre 2010 et avalisés par les chefs d’État et de gouvernement lors de la
réunion du G20 à Séoul, les 11 et 12 novembre 2010. Ces accords instaurent
plusieurs mesures visant à réformer en profondeur le dispositif prudentiel
international. Ils tirent les conséquences des insuffisances de la réglementation
Bâle II et imposent un renforcement des normes en matière de solvabilité et de
liquidité bancaires.

Bâle III

 Les missions du Comité de Bâle


 Rappel sur la réglementation Bâle II
 Bâle III
o Le renforcement de la solvabilité des banques
o L’introduction d’un ratio d’effet de levier
o La gestion du risque de liquidité
 L’impact de Bâle III sur le secteur bancaire et sur le financement de l'économie
Bâle III constitue la troisième série d’accords établis par le Comité de Bâle, après
ceux dits de Bâle I et de Bâle II. Conclus en 1988, les accords dits de Bâle I ont
défini un ratio de solvabilité, dénommé ratio "Cooke", qui exigeait que les fonds
propres des banques internationales ne soient pas inférieurs à 8 % du total de leurs
engagements de crédit pondérés. Cet accord a été transposé dans l'Union
européenne en 1989 et dans les pays du G10 en 1992. En France, la directive
européenne a été intégrée dans la réglementation prudentielle en 1991.
Pour rappel,ce ratio se répartissait en deux composantes : le numérateur,
correspondant à la mesure des fonds propres réglementaires, et le dénominateur,
mesurant les actifs pondérés par leurs risques. Le ratio d’adéquation des fonds
propres devait atteindre au minimum 8 %.
En juin 2004, un nouveau dispositif d’adéquation des fonds propres a été adopté
par le Comité de Bâle en remplacement du ratio « Cooke ». Ce nouveau dispositif,
désigné comme l’accord de Bâle II, est entré en vigueur le 31 décembre 2006. Il
prévoit une couverture plus complète des risques bancaires, incite les
établissements à améliorer la gestion interne de leurs risques et affine la méthode
de calcul du ratio de solvabilité (lien avec dico « ratio de solvabilité bancaire »).
En 2010, en réponse à la crise financière, le Comité de Bâle présente la réforme
dite de » Bâle III ». Cette fois, l’objectif est d’accroître la capacité de résilience
(c’est à dire la capacité à s’adapter à la conjoncture) des grandes banques
internationales. Ces nouveaux accords prévoient notamment un renforcement du
niveau et de la qualité des fonds propres et une gestion accrue de leur risque de
liquidité. Ces règles ont été transposées en droit communautaire européen par
l’intermédiaire d’une directive dite CRD 4 (Capital Requirements Directive 4).
S’agissant du dénominateur,la gamme des risques pris en compte dans la
précédente réglementation a été élargie. De nouvelles dispositions relatives
au risque de contrepartie ont notamment été mises en place.

Le renforcement de la solvabilité des banques

La nouvelle réglementation vise à accroître la capacité de résilience des banques


en renforçant leur faculté à absorber les pertes liées à leur activité. À cet effet, le
dispositif élève la qualité des fonds propres réglementaires ainsi que les normes
de solvabilité. Il introduit également un nouveau ratio destiné à limiter le recours
abusif à l'effet de levier et met en place divers éléments macro prudentiels visant
à contenir le risque systémique.
Les différents points développés ci-après concernent essentiellement les
évolutions relatives au pilier I des accords de Bâle. Néanmoins, les piliers 2 et 3
(procédure de surveillance, gestion des fonds propres et discipline de marché) ont
également été enrichis. Les accords de Bâle III prévoient notamment de renforcer
la communication financière (publication obligatoire de certains éléments de
rémunération et leur lien éventuel avec la performance d’un actif, amélioration de
l’information relative aux produits financiers complexes, etc.).
Des exigences de fonds propres réglementaires de meilleure qualité
Les accords de Bâle III renforcent les exigences de fonds propres des banques. En
particulier, la composition du noyau dur des fonds propres de base est définie plus
strictement. En effet, la réglementation Bâle III exige que certains éléments qui
n’étaient pas déduits du noyau dur des fonds propres le soient désormais, comme
les participations détenues dans des banques ou des assurances et les impôts
différés.
Par ailleurs, les conditions d’admission des titres hybrides émis par les banques
dans les « autres fonds propres de base » sont renforcées, notamment parce qu’il
est désormais exigé que ces titres soient perpétuels, c’est à dire sans échéance de
remboursement, et que la banque émettrice garde la possibilité d’annuler le
paiement des dividendes.
En outre, les fonds propres « Tier 3 » destinés à couvrir les risques de marché sous
la réglementation Bâle II sont supprimés.
Un relèvement des normes de solvabilité
L’exigence minimale de fonds propres réglementaires (Tier 1 et Tier 2) en regard
des risques pondérés reste inchangée et égale à 8 %. Toutefois, la structure et la
composition de cette exigence sont modifiées. Les fonds propres Tier 1 sont portés
à 6 %, contre 4 % sous Bâle II. Ils se composent du ratio minimal de fonds propres
durs (CoreTier 1), qui passe de 2 % à 4,5 %, ainsi que du ratio de fonds propres
« assimilés » à Tier 1, à hauteur de 1,5 %. Les fonds propres réglementaires Tier
2 passent eux de 4 % sous Bâle II à seulement 2 % sous Bâle III. L’accent est
donc clairement mis sur la qualité des fonds propres (fonds propres « durs »). En
outre, un coussin de conservation est instauré. Il est fixé à 2,5 %. Il est constitué
de fonds propres « durs » (CoreTier1) également. Il a pour objectif d’éviter
l’érosion des fonds propres des banques : en cas de besoin, les banques puisent
dans ce coussin, ce qui protège le niveau des fonds propres réglementaires.
Bâle III impose également au secteur bancaire la constitution de quatre autres
coussins de fonds propres qui sont destinés à renforcer la résilience des
établissements bancaires. Les banques doivent ainsi disposer d’un coussin contra-
cyclique, une sorte de « matelas de sécurité » qu’elles alimenteront en phase
d’expansion économique, et dans lequel elles pourront à l’inverse puiser en cas
de récession. Bien que son niveau soit délimité dans une fourchette allant de 1 à
2,5 %, l’alimentation de ce coussin est laissée à l’appréciation des régulateurs
nationaux.
Des exigences en matière de coussins spécifiques pour les établissements
d’importance systémique sont aussi prévues. À ce titre, les Etats membres de
l’Union européenne devront instaurer progressivement à partir du 1er janvier
2016 trois types de coussins.Les deux premiers coussins sont destinés aux
établissements considérés comme « ayant une importance systémique », au regard
de leur taille, de leur interconnexion avec le système financier, de la complexité
de leur structure etc. Ils sont constitués de fonds propres « durs » et peuvent
osciller entre 1 et 3,5 % des actifs pondérés des risques.Enfin, un dernier coussin,
appelé coussin « systémique » peut être décidé au niveau national. C’est un
coussin facultatif, contrairement aux trois autres qui sont obligataires, et il vise à
prévenir des risques systémique ou macroéconomique non cycliques. Les
régulateurs nationaux peuvent les calibrer jusqu’à 5 % des actifs pondérés des
risques.
Le Conseil de la Stabilité Financière a ainsi publié une liste de 29 établissements
de crédit d’importance systémique considérés comme « too big to fail »
(littéralement « trop gros pour faire faillite ») qui devront allouer une charge en
fonds propres additionnelle en raison des risques que leur taille ou leur complexité
ferait peser sur le système financier mondial si elles se révélaient en difficulté.Il
existe 16 établissements de crédit européens dans cette liste, dont 4 français : BNP
Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et BPCE.
Synthèse de l’exigence de fonds propres à l’horizon 2019

En % des actifs Total


Core Tier 1 Tier
pondérés du fonds
Tier 1 supplémentaires 2
risque propres

Minimum 4,5 1,5 2 8

Coussin de
2,5 – – 2,5
sécurité

Total minimum 7 1,5 2 10,5

Coussin contra-
– 0 à 2,5 – 0 à 2,5
cyclique

Coussin risque
– 0à5 – 0à5
systémique

Total global 7 1,5 à 9 2 10,5 à 18


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L’introduction d’un ratio d’effet de levier

Une autre mesure présente dans les accords de Bâle III vise à plafonner l’effet de
levier (rapport entre le total des actifs et les fonds propres). Les actionnaires
peuvent avoir intérêt à ce que l’entreprise accroisse son endettement pour financer
des actifs rentables plutôt que d’augmenter leur capital. Ainsi, ils évitent un effet
de dilution du bénéfice par action (puisque l’augmentation du nombre d’actions
émises entraîne mécaniquement une baisse du bénéfice par action).

Or le système bancaire, qui avait accumulé un effet de levier important au bilan


et hors bilan, a vu la rentabilité de ses actifs diminuer fortement au moment de la
crise financière de 2008. Afin de pouvoir faire face à leurs échéances de
remboursement, les banques ont été amenées à céder leurs actifs non rentables, ce
qui a accentué les pressions baissières sur les prix des actifs amplifiant ainsi la
spirale des pertes, l’érosion de leurs fonds propres et la contraction de l’offre de
crédit. Le Comité de Bâle a donc décidé de limiter l’effet de levier dans le secteur
bancaire afin d’atténuer le risque que son inversion fait peser sur la stabilité du
système financier.
Ainsi, le ratio de levier rapporte le montant des fonds propres de base (Tier 1) au
total des actifs non pondérés du risque de la banque.

L’exigence minimale, qui n’est pas encore officiellement arrêtée, pourrait être
fixée à 3 %. Le ratio devra être publié par les banques européennes à compter
du 1er janvier 2015 et pourrait devenir obligatoire au 1er janvier 2018 pour les
établissements de crédit européens si le Parlement et le Conseil approuvent la
réforme proposée par la Commission européenne.
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La gestion du risque de liquidité


L’activité traditionnelle des banques consiste à emprunter sur les marchés des
liquidités (à court terme) pour financer l’octroi de crédits. Par exemple, une
banque peut renouveler un emprunt d’argent sur les marchés tous les trois mois
pour financer des crédits hypothécairessur 30 ans. Les différentes échéances
adossées aux deux types d’emprunt (l’un à court terme et l’autre à long terme)
permettent aux banques de dégager une certaine marge. Autrement dit, plus le
crédit accordé sera long, plus la marge de la banque sera significative.

Cependant, ce mécanisme de transformation, s’il est poussé à l’extrême, peut


engendrer des difficultés de refinancement pour la banque en cas de contraction
sur les marchés. C’est ce que l’on appelle le risque de liquidité.
Pour pallier ce risque, le Comité de Bâle intègre dans son dispositif de régulation
la mise en place de deux ratios de liquidité :
 un ratio de liquidité à court terme (ou LCR pourLiquidity Coverage
Requirement) ;
 un ratio de liquidité à long terme (ou NSFR pourNet Stable Funding Ratio).
Le ratio de liquidité à court terme (LCR)
Cette norme a été établie dans le but « d’assurer que la banque dispose d’un
niveau adéquat d’actifs liquides de haute qualité non grevés pouvant être
convertis en liquidité pour couvrir ses besoins sur une période de 30 jours
calendaires en cas de graves difficultés de financement » (source : BRI).
Ces graves difficultés de financement font référence au scenario de la crise
financièrede 2007/2008. Le système bancaire mondial a connu de fortes tensions
à la suite de déclassements importants de notations de plusieurs établissements de
crédit. Ces déclassements ont entamé la confiance du public et des marchés dans
ces établissements et se sont traduits par des retraits partiels de dépôts et par des
pertes de financements.
Le ratio, qui entrera progressivement en vigueur dans l’Union européenne à partir
du 1er janvier 2015, imposera ainsi aux banques de disposer d’une certaine
quantité d’actifs liquides leur permettant de couvrir les sorties nettes d’argent
pendant au moins 30 jours. Il se définit de la façon suivante :

Selon cette norme, l’encours d’actifs liquides de haute qualité doit au moins être
égal aux sorties nettes de trésorerie pendant les 30 jours qui suivent la date d’arrêté
du calcul du ratio. En respectant ce ratio, l’établissement devrait ainsi disposer de
suffisamment de liquidités malgré des difficultés de refinancement sur les
marchés.
La réglementation Bâle III impose aux banques d’anticiper des situations de crise
à l’aide de la réalisation d’un stress test. simulant des événements susceptibles
de provoquer de fortes tensions sur la liquidité, comme des retraits d’une partie
importante des dépôts de la clientèle ou un déclassement de la note attribuée par
les agences de notation affaiblissant la réputation de l’établissement.
L’assouplissement des règles de liquidité

Le 6 janvier 2013, le Comité de Bâle a annoncé un assouplissement des règles de


liquidité. En effet, dans sa version originale, les accords de Bâle III définissaient
les actifs liquides de haute qualité de façon très restreinte. Seuls quelques actifs
étaient éligibles tels que les réserves à la banque centrale, les titres de dette
(d’États, de banques centrales, d’organismes publics) ou encore
les obligations d’entreprise et des obligations sécurisées notées au minimum AA-
par les agences de notations. En janvier 2013, le Comité de Bâle a décidé d’élargir
les réserves de liquidité aux obligations d’entreprises notées A+ à BBB-, à
certaines actions et à certains emprunts hypothécaires dont la note est supérieure
à AA.

À noter également que la situation des banques françaises en matière de liquidité


à court terme est moins favorable que celle des autres banques européennes du
fait qu’une partie des fonds qu’elles collectent (assurance-vie, OPCVM, épargne
réglementée) ne reste pas dans leur bilan. Ainsi, face à une demande de retrait de
ces fonds, les banques françaises n’auraient pas la capacité de mobiliser les actifs
correspondants à brève échéance.

Le ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR)


Le ratio structurel de liquidité à long terme (ou NSFR pour Net Stable Funding
Ratio) complète le ratio de liquidité de court terme. Son but est d’assurer à tout
établissement financier un « financement stable qui lui permette de poursuivre
sainement ses activités pendant une période de 1 an dans un scénario de tensions
prolongées ». Il se définit de la façon suivante :

Il correspond au montant de financement stable disponible (passif) rapporté au


montant de financement stable exigé (actif). Ce rapport doit au moins être égal à
100 %, autrement dit le montant de financement stable disponible doit au moins
être équivalent au montant de financement stable exigé.
Le NSFR implique que les postes du passif composant les ressources stables
soient pondérés de façon dégressive en fonction de leur stabilité à horizon d’un
an, la pondération dépendant toutefois du type de ressource mais aussi de la
contrepartie. Ainsi, les textes entendent par financement stable disponible d’un
établissement financier la somme de ses fonds propres, de ses actions de
préférence et de l’ensemble de ses autres passifs d’une durée supérieure à un an –
qui bénéficient d’une pondération de 100 % – ainsi que de ses dépôts sans
échéance ou d’une durée inférieure à un an des particuliers ou des PME (pondérés
à 85 %) ou des grandes entreprises (repris pour 50 %).
Le financement stable exigé est constitué quant à lui des actifs auxquels sont
attribués des pondérations variables en fonction de leur degré de liquidité : par
exemple, les liquidités et titres à court terme activement traités ne sont pas repris
(pondération de 0), alors que les crédits aux particuliers d’une maturité inférieure
à un an ne le sont qu’à 85 %. Les obligations émises par les entreprises sont
comptabilisées pour 20 % si elles bénéficient de la notation AA au moins, mais la
pondération monte à 50 % pour celles de qualité inférieure (notation A-) ainsi que
pour les crédits aux entreprises d’une maturité inférieure à un an. Tous les autres
actifs (notamment les prêts à long terme), sont pondérés à 100 %.
À travers le respect de ce ratio, le Comité de Bâle vise un triple objectif :
 financer les actifs de long terme par un montant minimum de passifs stables en
rapport avec le profil de risque de liquidité des banques ;
 éviter le recours excessif aux financements de court terme lorsque la liquidité de
marché est abondante ;
 dissuader le financement des encours d’actifs liquides de haute qualité par des
capitaux de court terme qui arriveraient à échéance immédiatement après la
période définie par le ratio de liquidité de court terme, soit 30 jours.
Ce ratio n’est pour l’instant pas encore transcrit dans le droit communautaire. La
Commission européenne devra présenter pour le 31 décembre 2016 au plus tard
une proposition en ce sens.

L’impact de Bâle III sur le secteur bancaire et sur le financement de l’économie

i la mise en œuvre des accords de Bâle III se traduira par une hausse sensible des
besoins en fonds propres des banques, son impact sur la distribution du crédit aux
entreprises non financières et sur la croissance économique est plus difficile à
cerner.

L’impact sur les fonds propres des banques


La réforme engagée, de par le renforcement des niveaux de fonds
propres pondérés des risques qu’elle prévoit, aboutit mécaniquement à imposer
au secteur bancaire une mobilisation massive de capitaux. Plusieurs études ont été
conduites à ce sujet, notamment sur le secteur bancaire européen. Bien qu’elles
avancent des chiffres différents, toutes concluent à des besoins en fonds propres
substantiels. Ainsi, selon une étude publiée par Mc Kinsey & Company en avril
2010 (Basel III : What the draft proposals might mean for European Banking, 700
milliards d’euros devaient être mobilisés à cette date par l’ensemble des banques
européennes pour respecter la seule norme établie par le ratio d’adéquation des
fonds propres (Core Tier 1 et Tier 1) dont 200 milliards d’euros pour les 16
premiers groupes bancaires européens. En 2011, l’Institute of International
Finance, qui représente l’industrie financière mondiale, estimait à quelque 1300
milliards de dollars le coût du passage à Bâle III pour le secteur bancaire.
Plus récemment, dans le cadre de son exercice de suivi des accords de Bâle III et
à partir des données arrêtées au 31 décembre 2012, le Comité de Bâle chiffrait à
environ 115 milliards d’euros le besoin total de fonds propres des 101 grandes
banques mondiales actives à l’international pour assurer le respect d’un ratio de
Core Tier 1 de 7 % (ratio minimum + coussin de sécurité) à l’horizon 2019. En
l’espace d’un an, ce besoin a reculé d’environ 83 milliards d’euros sous le double
effet d’un accroissement des fonds propres, via un effort de recapitalisation, et
dans une moindre mesure, d’une réduction des actifs pondérés.
Le coût des fonds propres des banques
Afin d’accroître leurs fonds propres, les banques doivent faire appel aux marchés
financiers, soit pour augmenter leur capital (il y a alors émission d’actions
nouvelles), soit pour proposer des titres hybrides répondant aux exigences de la
réglementation Bâle III.
Or, les investisseurs souhaitent obtenir une rémunération suffisante pour accepter
d’investir dans les actions ou des titres hybrides dont les caractéristiques se
rapprochent des actions et qui sont par conséquent plus risqués que d’autres titres
financiers émis par d’autres émetteurs (comme les obligations d’État). Il faut donc
que les banques accordent un retour sur investissement attractif aux investisseurs.
En 2013, le coût des actions pour les banques européennes (frais d’émission et
dividendes versés sur les actions nouvelles) était de l’ordre de 10 % de la valeur
du capital émis. Les titres hybrides répondant aux critères de Bâle III présentent
eux aussi des rendements très élevés, proches de ceux des actions.
Et sur le financement de l’économie
Les effets cumulés des nouvelles normes de solvabilité et de liquidité pourraient
aboutir à contracter l’offre de crédit bancaire ce qui, compte tenu de l’importance
de cette source de financement pour l’économie européenne, pourrait se révéler
néfaste à la croissance du Vieux Continent.
Une contraction de l’offre de crédit aux PME et aux ETI …
La définition plus restrictive des fonds propres durs ainsi que le durcissement des
normes des ratios rapportant les fonds propres réglementaires aux risques
pondérés pourraient, selon certains économistes, conduire les banques à réduire
leur exposition aux risques pondérés les plus élevés, et donc les plus
consommateurs de fonds propres, au premier rang desquels se situent les crédits
aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux entreprises de taille
intermédiaire (ETI).
En outre, le ratio de liquidité de court terme, qui vise à s’assurer que les banques
disposent de suffisamment d’actifs liquides sur une période de 30 jours incite les
établissements de crédit à acquérir de la dette souveraine plutôt que de la dette
« corporate », plus risquée et moins liquide.
De même, le ratio de liquidité de long terme oblige les banques à disposer de
ressources longues alors que leur métier traditionnel s’exerce justement à travers
leur rôle de transformation (les banques accordent essentiellement des prêts à
moyen long terme mais elles se financent à court terme via les dépôts, la collecte
d’épargne liquide ou le recours au marché monétaire). De fait, le coût de leurs
ressources devrait s’accroître et leur rôle d’intermédiation se réduire. Selon ce
scénario, les banques seraient ainsi amenées à répercuter la hausse du coût de leurs
refinancements sur les taux des crédits qu’elles octroient aux particuliers ou aux
entreprises.
Une étude réalisée par l’agence de rating Fitch sur la période décembre 2010 –
décembre 2012 montre que ces craintes pour le financement bancaire des
entreprises européennes sont fondées. En effet, elle met en évidence le fait que
sur la période observée, les seize grandes banques européennes considérées
comme d’importance systémique ont accru leur exposition totale à la dette
souveraine de quelque 550 milliards d’euros (ce qui correspond à une croissance
de 26 % de leurs engagements sur ce type de contrepartie) alors que, dans le même
temps, elles ont réduit leur exposition au secteur des entreprises de 440 milliards
d’euros (soit une baisse de 9 % de leurs engagements à ce titre). Fitch indique
ainsi que « si Bâle III vise à renforcer les capitaux propres et la liquidité des
banques, ces nouvelles règles pourraient créer des effets potentiels collatéraux
non souhaités, notamment si elles conduisent à une réduction du crédit disponible
pour certains secteurs« .
… qui ne fait pas consensus
Toutefois, une autre étude publiée par le FMI en septembre 2012 (« Estimating
the Costs of Financial Regulation« ) conclut à un impact à long terme assez
modeste de la mise en œuvre des réformes de Bâle III sur la hausse des taux
d’intérêt des prêts bancaires aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. D’après leurs
calculs, les auteurs estiment cette hausse moyenne à respectivement 28, 17 et
8 points de base. Selon eux, les nouvelles normes réglementaires entraîneront une
hausse des coûts opérationnels des banques mais celles-ci seront en mesure d’y
faire face en réduisant leur charges (ce qui passerait par des baisses d’effectifs,
notamment) de sorte que la disponibilité du crédit bancaire pour financer
l’économie ne devrait pas en être beaucoup affectée.
Dans le cas de la France, un processus de désintermédiation a déjà été enclenché
par les grandes entreprises et les ETI qui ont de plus en plus recours au marché
(boursier ou obligataire) pour financer leurs activités, profitant de conditions de
coûts et de durée plus intéressantes que celles proposées par les banques. Pour les
PME en revanche, le recours au crédit bancaire reste incontournable car elles
n’ont pas accès aux marchés financiers. Aussi, afin d’éviter que leur financement
ne soit contraint par une trop forte hausse des taux en cas de reprise économique,
plusieurs initiatives récentes ont vu le jour, tel le lancement du PEA-PME ou le
projet de collatéralisation des créances privées. L’objectif : permettre aux
banques d’émettre des obligations garanties par des créances privées de façon à
réduire le coût de leurs emprunts.

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Bâle III : les principes fondamentaux


Benjamin Beaudon

12 août 2015

7 commentaires

4 min de lecture

Fonds propres, effet de levier, risque de liquidité, sont autant de terme « nébuleux » évoqués
dans la presse et journaux télévisés depuis la crise financière. Cependant combien de personne
peuvent exactement les définir et évoquer leurs impacts sur les banques mais également sur
l’économie ?

Plus d’information sur le crédit et la réglementation sur ce blog!

Les banques et les marchés financiers sont réglementés. Il y a d’abord eu la réforme Bâle I,
ensuite est venue Bâle II et sa révision Bâle 2,5. Suite à la crise financière, les différentes
parties prenantes de ces réglementations ont voulu mettre en place des mesures afin que des
crises telles que cette dernière ne puissent plus se reproduire (ou en tout cas essayer que
ce genre de crise ne puissent pas se reproduire). Pour ce faire, une nouvelle « version » de
cette réforme a vu le jour sous le nom de Bâle III. Cette dernière, rentrée en vigueur en 2010
(pour une mise en place au 1er janvier 2019) est composée de plusieurs axes principaux.

Renforcer le niveau et la qualité des fonds propres


L’objectif de ce premier point est que les établissements bancaires soient mieux protégés en
cas de pertes importantes. Pour ce faire, le comité de Bâle a mis en place deux points
importants :

 Exigence minimale de fonds propres réglementaires (Tier 1 et Tier 2) en regard des risques
pondérés reste inchangée et égale à 8 %. (ratio de McDonough*). Le tier 1 étant le « noyau
dur » des fonds propres (contient entre autre le capital social et les résultats mis en réserve) et
le tier 2 étant le tier 1 + des fonds de garantie ou encore des provisions.
 Augmentation du ratio de fonds propres durs, ratio Core Tier One, à 4,5% + un matelas de
sécurité de 2,5% soit 7%.
Le ratio de solvabilité des banques doit donc être de 10,5% (8% + le coussin de 2,5% relatif
au tier 1) et non de 8% comme l’exigeait Bâle II.

Ratio de McDonough : Fonds propres > 8% des [85% des risques de crédits + 5% des risques
de marché + 10% des risques opérationnels]

Plafonner l’effet de levier


L’effet de levier est le rapport entre le total des actifs et les fonds propres de la
banque (Voir le fonctionnement du bilan d’une banque). Pour la plupart des banques, ce
rapport était important avant la crise. En effet, les actionnaires pouvaient avoir intérêt à ce que
leur entreprise augmente son endettement afin d’investir dans des actifs rentables plutôt que
d’augmenter leur capital. Cependant si la valeur des actifs diminue fortement comme cela a eu
lieu durant la crise, les moins rentables sont cédés en masse sur les marchés et ainsi amplifient
la spirale de pertes (Comprendre les cessions d’actifs des banques).

Pour éviter cela, ce ratio est fixé à 3%.

Mettre en place deux ratios de liquidité afin d’améliorer


la gestion du risque de liquidité
Tout d’abord, qu’est-ce que le risque de liquidité ? C’est tout simplement le manque de
liquidité afin de faire face aux créances ou encore le fait de ne pas pouvoir vendre un produit
à un prix avantageux. Par exemple, les banques sont confrontées à ce risque lorsque leurs
épargnants retirent davantage d’argent qu’il n’y a de dépôts.

Afin d’éviter ce genre d’exposition, le comité de Bâle a mis en place deux ratios :

 Le LCR (Liquidity Coverage Ratio) permet aux banques de résister à une crise de liquidité
importante durant un mois. L’objectif est que les réserves de liquidités soient supérieures aux
sorties nettes de trésorerie sur un mois.
 Le NSFR (Net Stable Funding Ratio) dont l’objectif est que le montant en financement
stable soit supérieur au montant de financement stable exigé afin que l’établissement puisse
exercer ses activités durant un an dans un contexte de tensions prolongées.
Les points évoqués ci-dessous sont bien entendu uniquement la « partie immergée de
l’iceberg » et ne représentent que les grandes lignes de cette réforme. Nous pourrons
approfondir ces différents points dans d’autres articles ou si vous le désirez, n’hésitez pas à
vous rendre sur le site de l’ACPR : http://acpr.banque-france.fr/lacpr.html

De Bâle I à Bâle II, puis Bâle III : Pour


un changement de modèle bancaire
Aux cours du comité de Bâle qui rassemble les plus grandes banques centrales. Les autorités
prudentielles ont décidé d’instaurer un ensemble de règles aux banques pour stabiliser le
système bancaire. Ces accords de Bâle visent à instaurer des normes internationales de
renforcement de chaque établissement financier afin d’éviter des crises de plus en plus
importante.

Les recommandations de Bâle sont revues régulièrement pour devenir peu à peu une
obligation harmonisée à l’ensemble des banques. De Bâle I à Bâle II, puis Bâle III les
banques doivent anticiper la feuille de route pour respect la règlementation prudentielle
à temps. Tout savoir sur les banques françaises avec notre wikibanque!

Bâle I
Le comité de Bâle est lancé en 1988 après une période de dérèglementation financière qui a
permis aux banques de constituer des conglomérats internationaux regroupant de nombreux
métiers tels que la banque de détail, la finance d’entreprise et particulièrement la finance de
marché. Face à cette croissante débordante des établissements financiers, les autorités
prudentielles ont souhaité encadrer la profession en instaurant des contraintes règlementaires
en fonds propres, on parle du ratio Cooke qui exige 8% de fonds propres par rapport aux
engagements de la banque.

Bâle II
L’approche des risques évolue et le comité de Bâle introduit la notion de risque opérationnel
en 2007. Les banques doivent aussi organiser leur surveillance interne des risques, cette
mesure permet d’assurer le bon suivi des risques dans chaque établissement et l’évaluation de
la qualité de leurs actifs. Le ratio Cooke devient le ratio McDonough (toujours 8%), la mesure
des fonds propres est alors plus fine notamment avec l’intégration du risque opérationnel et la
notion de fonds propres Tier One : les fonds propres durs.

Bâle II s’organise alors en trois piliers :

 Les fonds propres


 Surveillance des risques
 La transparence

Bâle III
La crise des Subprimes est passée par là ! Face à l’ampleur systémique des risques
(interdépendance des banques), les accords de Bâle III proposent d’augmenter fortement la
qualité des fonds propres (toujours 8% jusqu’en 2015) avec des fonds propres Tiers One à
4.5% dès 2013. A terme le ratio de fonds propres sur engagement passera de 8% en 2015 à
10.5% en 2019.
Pour être plus claire…

 2013 : Fonds propres à 8% des engagements dont 4.5% de Tier One


 2014 : Fonds propres à 8% des engagements dont 5.5% de Tier One
 2015 : Fonds propres à 8% des engagements dont 6% de Tier One
 2016 : Fonds propres à 8.625% des engagements dont 6% de Tier One
 2017 : Fonds propres à 9.25% des engagements dont 6% de Tier One
 2018 : Fonds propres à 9.875% des engagements dont 6% de Tier One
 2019 : Fonds propres à 10.5% des engagements dont 6% de Tier One
Des normes sur le risque de liquidité sont également introduites par Bâle III, ainsi la banque
doit sélectionner des actifs facilement cessibles sans perte de valeur pour alimenter sa
trésorerie en cas de difficulté à cause de retraits massifs de sa clientèle ou de l’assèchement du
marché interbancaire.

Il est également demandé aux banques de pondérer leurs actifs selon la qualité du risque, ainsi
une augmentation du risque de contrepartie ou le développement des activités de marché
devront être compensés par plus de fonds propres. En outre, un ratio de levier sera introduit en
2013 pour une application en 2015.

Et après ?
Bâle III a pour vocation de s’instaurer comme un référentiel international alors qu’aujourd’hui
de nombreux pays n’appliquent pas encore cette règlementation prudentielle. De plus, ce
cadre doit être adapté aux réformes gouvernementales qui mettent en place des mesures
différentes dans leur pays respectif comme Volker qui interdit le trading pour compte propre
aux Etats-Unis ou Vickers qui introduit la filialisation de la banque de détail en Angleterre.
On note aussi que les établissements financiers systémiques devront afficher une solidité plus
importante et des normes devront être modifiées dans ce cas.

→ L’accord de Bâle est un chantier loin d’être terminé à cause de l’ampleur et la fréquence
des crises. Les établissements bancaires anticipent ces échéances par des stratégies de
cessions d’actifs, ainsi nous allons assister une modification du modèle des banques.

Ratio de solvabilité bancaire


MISE À JOUR LE 17 JUIN 2016
la finance pour tous


Les banques se doivent d’être d’une grande solidité
financière compte tenu des effets d’une faillite
éventuelle d’une banque sur la stabilité de tout le
système financier et, au-delà, de l’économie tout
entière.
Cette solidité financière est essentiellement mesurée par le montant des fonds
propresde la banque qui détermine sa capacité à faire face aux risques
éventuels liés à ses activités (non remboursement de crédits distribués ou autres
pertes de valeur de ses actifs). Les banques doivent être en permanence solvables,
c’est-à-dire pouvoir faire face à leurs engagements à tout moment. En effet, si les
clients de la banque qui ont déposé chez elle leur argent (dépôts à vue) doutent de
sa solidité financière, ils risquent de perdre confiance et de retirer leurs dépôts,
précipitant la banque (et tout le système s’il s’agit d’une banque importante) dans
des difficultés majeures C’est pourquoi La Banque des Règlements Internationaux
(BRI) dont le siège est à Bâle (Suisse) a établi des ratios de solvabilité que toutes
les banques doivent respecter.
Rappel : un ratio est un rapport, une fraction, qui s’exprime par un pourcentage.
Les règles du Comité de Bâle
Un premier ratio a été créé dès 1988. On l’appelle ratio de Bâle I (ou ratio Cooke) :
Ce ratio se mesurait en comparant le niveau des engagements d’une banque (crédits
et autres placements) au montant de ses fonds propres (capital apporté par les
actionnaires et profits de la banque). Il était égal à 8 %. Cela signifiait que pour prêter
un total de 100 millions d’euros une banque devait avoir au minimum 8 millions
d’euros de fonds propres pour être considérée comme solvable.
Les accords dits de Bâle II ont permis de mettre en place à partir de 2006 un ratio de
solvabilité fondé sur le même principe du rapport entre les fonds propres et le
montant des crédits distribués pondérés par les risques associés. La nature des
risques pris en compte a cependant été enrichie (prise en compte du risque de
marché, du risque de crédit et du risque opérationnel) et les méthodes de calculs des
risques ont été améliorées. Le ratio global était notamment décomposé en deux
parties : un ratio dit « Tier 1 » de 4 % où le capital était supposé être du « vrai »
capital (c’est-à-dire sans risque) ; et un autre ratio de 4 % « Tier 2 » pour lequel les
contraintes étaient moins fortes. Le Tier 1 lui-même a été décomposé lui aussi en
deux : le Core Tier 1 de 2 % pour lequel étaient pris en compte seulement les actions
et les profits de la banque réinvestis et l’autre partie du Tier 1 où des titres hybrides
(comme les obligations convertibles) étaient considérés comme des fonds propres.

La crise de 2007/2008 a montré les insuffisances des règles concernant les ratios de
solvabilité. D’une part ils ont été contournés par les banques dans le cadre de
la titrisation. D’autre part ils se sont avérés insuffisants pour limiter l’effet de
levier des banques et des prises de risques excessives de leur part.
Le Comité de Bâle de la BRI, a adopté le 12 septembre 2010 de nouvelles règles
concernant les fonds propres des banques (règles dites de Bale III). L’accord a été
avalisé par les chefs d’Etat et de gouvernement lors de la réunion du G20 à Séoul,
les 11 et 12 novembre 2010. Le minimum de fonds propres que les banques
doivent détenir a été relevé.
L’exigence minimale de fonds propres réglementaires (Tier 1 et Tier 2) en regard des
risques pondérés reste inchangée et égale à 8 %. Toutefois, le ratio minimal de fonds
propres durs (Core Tier 1) est porté de 2 % à 4,5 % du total des risques pondérés.
En outre, un « coussin de sécurité » égal à 2,5 % est institué dans lequel les
banques pourront puiser en cas de difficultés de sorte qu’elles puissent conserver un
niveau de capital minimum.
Aussi, le ratio « Core Tier 1 » minimal est-il fixé à 7 % (contre seulement 2 % sous
Bâle II) et le ratio de solvabilité minimal passe de 8 % à 10,5 %.
Bâle III impose également au secteur bancaire la constitution d’uncoussin contra-
cyclique, une sorte de « matelas de sécurité » que les banques alimenteront en
phase d’expansion économique, et dans lequel elles pourront à l’inverse puiser en
cas de récession. L’alimentation de ce coussin est toutefois laissée à l’appréciation
des régulateurs nationaux.
Des exigences en matière de coussins spécifiques pour les établissements
d’importance systémique sont aussi prévues. À ce titre, les Etats membres de l’Union
européenne devront instaurer progressivement à partir du 1er janvier 2016
descoussins « de risque systémique » de 1 à 3,5 % des fonds propres de base en
regard de l’ensemble des risques pondérés pour ces établissements. Le niveau de
ce coussin pourra même atteindre 5 % des expositions nationales pondérées.
Synthèse de l’exigence de fonds propres de Bâle 3

En % des actifs Core Tier 1 Tier Total fonds


pondérés du risque Tier 1 supplémentaires 2 propres

Minimum 4,5 1,5 2 8

Coussin de sécurité 2,5 – – 2,5

Total minimum 7 1,5 2 10,5

Coussin contra-
– 0 à 2,5 – 0 à 2,5
cyclique

Coussin risque
– 0à5 – 0à5
systémique

Total global 7 1,5 à 9 2 10,5 à 18


D’autres ratios complémentaires devraient également être appliqués
progressivement. Ils visent à limiter le levier d’endettement des banques et à garantir
qu’elles détiennent en permanence des liquidités suffisantes de façon à faire face à
un blocage éventuel du marché du crédit interbancaire. Un renforcement
supplémentaire des fonds propres exigés s’appliquerait aux grandes banques dont la
faillite éventuelle entrainerait un risque systémique.
Dans l’Union européenne, les nouvelles règles conformes aux décisions sont entrées
progressivement en vigueur depuis 2013. La plupart sont introduites progressivement
afin de donner aux banques et aux entreprises d’investissement le temps de
s’adapter. Elles ne prendront pleinement effet qu’à compter de 2019.
La réglementation prudentielle est prise entre des exigences contradictoires. Si elle
est suffisamment contraignante pour limiter les prises de risques, elle augmente le
coût en capital de l’activité bancaire ce qui rend le crédit plus cher et pèse
négativement sur la croissance. Mais elle doit aussi s’assurer que l’invention de
nouvelles pratiques financières ne vienne pas la rendre aussi efficace que la ligne
Maginot. En effet une réglementation peu restrictive laisse la porte ouverte aux prises
de risques excessives et aux crises financières à répétition.
Les annonces du Comité de Bâle ont fait de ce point de vue l’objet d’appréciations
contradictoires. Les banques ont notamment insisté sur les effets de
renchérissement et de restriction des crédits. Jamie Diamon, le PDG de la grande
banque américaine JP Morgan a pour sa part pris position le 11 septembre 2011
contre l’application des règles de Bale III aux Etats Unis.
La situation des banques françaises
Selon l’ACPR, la solvabilité des banques françaises s’est encore renforcée au cours
de l’année 2014, malgré la comptabilisation d’importantes charges exceptionnelles.
Ce renforcement de la solvabilité des banques françaises reflète le renforcement
continu de leurs fonds propres, à travers notamment la mise en réserve régulière
d’une part de leurs résultats, d’autant plus importante pour les établissements qui ne
versent pas ou peu de dividendes.
Ratios de solvabilité des 4 plus grandes banques françaises
Au 31 décembre 2014, tous les ratios Common Equity Tier1 (CET1) sont au-delà de
10%. Le total des fonds propres CET1 des six groupes s’élève à 253,8 milliards
d’euros (+5% par rapport au 31 décembre 2013), soit un ratio CET1 moyen de 11,8
% fin 2014 contre 11 % au 31 décembre 2013.
Ratio CET1 des six grands groupes bancaires français, en %

Groupe La
BNP Société Group Crédit
crédit banqu
Pariba général e mutue
agricol e
s e BPCE l
e postale

31/12/201
10,3 10,1 11,3 10,4 14 11,2
3

31/12/201
10,3 10,1 13,1 11,7 15,5 14
4

Source : ACPR.

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