(Sicara) AI For Business
(Sicara) AI For Business
(Sicara) AI For Business
Comment faire
des entreprises françaises
des championnes de
l’Intelligence Artificielle
AI 1
Partenaires
académiques
INTRODUCTION
Livre blanc • AI for business
C’est pour les aider à explorer ce nouvel âge du numérique que « Les Échos »
a lancé, en septembre 2018, le Think Tank AI For Business. L’idée était simple :
mettre autour d’une même table, régulièrement et durablement, les multi-
ples acteurs de l’écosystème. Des entreprises, notamment des pionnières de
l’IA, pour qu’elles partagent leurs bonnes pratiques, mais aussi leurs doutes
ou leurs fausses routes. Des chercheurs, pour qu’ils expliquent concrètement
les promesses et les limites de l’intelligence artificielle. Des spécialistes du Big
Data, parce que dans la plupart des cas, les algorithmes ont besoin de données
massives. Des juristes, parce que le nouveau monde qui se profile aura parfois
besoin de nouvelles règles, qu’elles soient internes aux entreprises ou inscrites
dans la loi nationale ou européenne.
Pendant six mois, avec l’aide de nos partenaires (BCG GAMMA, Datastax,
Orange Business Services, Sicara), nous avons exploré les grandes questions que
pose l’arrivée de l’IA dans les entreprises. Le dialogue a été souvent stimulant,
parfois enflammé, toujours constructif. Il nous a en tout cas prouvé, s’il en était
besoin, que faire se rencontrer les différentes parties prenantes, et confronter leurs
points de vue, reste le meilleur moyen d’aboutir à des propositions concrètes
et applicables.
Le livre blanc que vous avez entre les mains est le fruit de ces travaux. Il reflète, pour
chacun des thèmes que nous avons abordés, les échanges entre tous les participants du
Think Tank. Il donne aussi 20 recommandations qui ont émané de ces séances de discussion.
Il s’agit en majorité de conseils et de pistes pour les entreprises elles-mêmes, mais nous
y avons adjoint également des remarques en direction des pouvoirs publics.
Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à les lire que nous en avons eu à les
élaborer.
Benoît Georges,
Chef du service Idées & Débats des Échos,
créateur du Think Tank AI For Business
3
Notre proposition de définition
IA
Interface en langage naturel Analytique descriptif
Traduction machine Analytique prédictif
Analyse de sentiments Analytique prescriptif
En chiffres
Livre blanc • AI for business
120000
Publications scientifiques
90000
60000 55.660
30000 Brevets
50% des entreprises n’ont pas encore intégré l’IA dans leurs processus ou offres
Infographie 1 : « Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, rapport Technology Trends 2019 sur l’IA » de
l’article https://www.lesechos.fr/intelligence-artificielle/veille-technologique/0600612793461-explosion-du-nombre-de-bre-
vets-en-intelligence-artificielle-2241510.php
Infographies 2 : rapport BCG/MIT SMR «Artificial Intelligence in Business Gets Real», septembre 2018, 3 000+ exécutifs,
managers et analystes interrogés représentant 29 industries et 126 pays
Infographies 3 et 4 : Boston Consulting Group, Artificial Intelligence : Have No Fear !, 2018, https://de.slideshare.net/The-
BostonConsultingGroup/artificial-intelligence-have-no-fear?linkId=56752563
Hormis en Chine, les préoccupations se révèlent significatives, des pays en
cours d’adoption de l'IA aux pays les plus sceptiques
Q : Quels sont vos sentiments en pensant aux conséquences que l’IA pourrait avoir sur votre travail ?
(2 réponses par répondant)
Les plus confiants Les ‘‘en cours d'adoption’’ Les curieux mais sceptiques
5
n Les préoccupations sont plus marquées dans les pays curieux, mais sceptiques.
65%
53%
52% 51% 44%
24%
n La France arrive en tête des pays inquiets avec 65% des salariés associant l’IA à un sentiment négatif
contre 51% aux Etats-Unis. Ces inquiétudes sont principalement liées aux risques sur l’emploi, la cohésion
sociale et l’éthique. Elles entraînent un retard des entreprises françaises avec seulement 44% d’entre elles
utilisant ou prévoyant de déployer des solutions IA contre 53% dans le reste du monde.
Les participants
Invité spécial
Experts
Bertrand Braunschweig Françoise Soulié-Fogelman
Directeur de la mission INRIA Conseiller Scientifique,
de coordination du programme HUB FRANCE IA
national de recherche en
intelligence artificielle
6
Antoine Petit Charles-Henri Besseyre
Président Directeur Général, des Horts
CNRS Professeur Emérite
en management,
HEC
Professionnels
Organisateurs et Partenaires
Les 20
Recommandations
I - Comment favoriser l’adoption de l’IA dans l’entreprise ?
1 - Focaliser les efforts sur deux ou trois sujets à fort impact
2 - Sanctuariser les financements (au moins dix - vingt millions d’euros par an pour un
groupe mondial afin de passer plusieurs sujets à l’échelle)
3 - Impliquer les dirigeants niveau COMEX, en priorité : Métier, SI et Analytics
4 - Utiliser l’IA comme catalyseur d’une transformation agile
5 - Mettre en place une stratégie « make or buy » pour cibler les investissements
Pour passer à l’échelle, il faut surmonter des obstacles sur les sujets analytics, SI et métier, d’où
l’intérêt d’impliquer ces dirigeants au niveau COMEX.
Le pilote initial pour passer à l’échelle doit avoir une forte valeur ajoutée pour l’entreprise
et concerner un territoire stratégique. Par exemple, L’Oréal développe des projets
de réalité augmentée permettant à la fois de faire tester les produits virtuellement
aux utilisateurs via une application smartphone et de récolter des données riches et
différenciées.
A partir du moment où le pilote initial a réussi son passage à l’échelle, cela change la
perception de l’entreprise et d’autres projets sont alors possibles.
Mahasti Razavi, Avocate et Directrice Associée chez August Debouzy, note de son
côté qu’un bon moyen de convaincre les PDG fut d’organiser des rencontres en cercle
restreint entre eux et les porteurs de projets. L’idée n’est alors pas d’avoir « de grands
discours », mais de suggérer chez le PDG le sentiment qu’il va pouvoir avoir une discus-
sion franche et honnête.
L’enjeu du passage à l’échelle est moins une question technique qu’une question
humaine et de stratégie d’entreprise. Les obstacles à lever se situent, pour ainsi dire, à
chaque niveau de l’échelle.
n Concentrer ensuite les efforts sur les sujets à forte valeur ajoutée, qui répondent aux
besoins des métiers, et qui permettent à l’entreprise de valoriser un avantage concur-
rentiel (données uniques, légitimité consommateur, leadership sectoriel, …).
1) MIT Sloan Management School et BCG, Artificial Intelligence in Business Gets Real, 2018, https://sloanreview.mit.edu/
projects/artificial-intelligence-in-business-gets-real/
2. Sanctuariser les financements (au moins
dix - vingt millions d’euros par an pour un
groupe mondial afin de passer plusieurs
sujets à l’échelle)
Livre blanc • AI for business
Exemple de la personnalisation
12
l'équipe et développer (60%) 80% du streaming sur la
(pas de ‘‘next best action’’, offres ~30m de clients ‘‘connus’’ tous
les technologies 20m de clients ‘‘connus’’ base de
personnalisées ou capacités de les ans à DisneyWorld Investissements
recommandations
machine learning)
annuels dans la
personnalisation
Poches
Retardataires Meilleurs
d’Excellence
Moyenne de leur
< 10M/an 10–20M/an 20–40 catégorie
>40M/an
M/an
n Définir les rôles de chacun : le Métier a la direction des cas d’usage, les SI celle
de la constitution des plateformes, et l’Analytics celle de l’équipe en support.
n Mettre en place des équipes interdisciplinaires intégrées sur chaque projet (Analytics,
SI, facilitateurs issus du Métier).
n S’assurer d’un support fort des responsables business : les facilitateurs ou « Data
Product Managers » (lire encadré) doivent être parmi leurs hauts potentiels et
consacrer au minimum 50% de leur temps au projet.
n Déployer les modes de fonctionnement du modèle agile : accent mis sur la réponse
aux besoins clients, amélioration continue et responsabilité sur la valeur créée,
itérations rapides sur la livraison d’un MVP (Minimum Viable Product), culture « fail
fast, fail often ».
Développer ou acquérir des sources de Tirer parti des données différenciées dans des
Gérer les relations vendeurs pour améliorer la Tirer parti de l'expertise technique des vendeurs
performance, par ex. dans les fonctions de pour produire des quick wins
support
Faible
Faible Accès à de la donnée différenciée Elevé
par rapport aux vendeurs d'IA
Sur la question des data, si tout le monde s’accorde sur l’évidence d’avoir des
bases de données claires et disponibles (datalakes), Bertrand Braunschweig,
Directeur de la mission INRIA de coordination du programme national de
recherche en intelligence artificielle, remarque néanmoins qu’elles ne sont
pas toujours nécessaires pour démarrer un projet :
« Tout l’IA n’a pas besoin de la masse de données de l’apprentissage profond ;
quand on parle d’optimisation, ce n’est pas basé sur de grandes quantités
14 de données, des systèmes experts peuvent déjà faire le travail. »
Lorsque les data apparaissent nécessaires néanmoins, « il faut expliquer
que ce ne sont pas des noisettes que l’on garde pour l’hiver », indique Axel
Adida, Digital COO de L’Oréal. C’est-à-dire qu’il faut montrer aux équipes
à quoi elles doivent servir, quel est l’objectif.
II - Comment tirer bénéfice
de la complémentarité
homme-machine ?
Entre la première étude sur l’impact de l’intelligence artificielle sur le travail, menée par
l’université d’Oxford en 20132, et la vision que nous en avons aujourd’hui, il y a eu un
basculement.
Très médiatisée à l’époque, l’enquête annonçait que 47% des emplois étaient directement
menacés par l’automatisation. Les chercheurs ont regardé la nomenclature des métiers et
se sont demandé si leurs tâches étaient automatisables. « La méthodologie était un peu
frustre, mais elle a lancé le débat », selon Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux « Échos ».
Depuis, beaucoup d’autres études ont suivi, revoyant systématiquement le chiffre à la
baisse. Selon l’OCDE3, qui s’est concentrée davantage sur les tâches que sur les postes,
c’est seulement 9% des emplois qui seraient menacés. Enfin, nous sommes passés d’un
focus sur la tâche à un focus sur la compétence, notamment avec l’étude du Forum
économique mondial4 qui liste les besoins en compétences à l’horizon 2022. La « pensée
analytique et l’innovation » figurent en tête de ce classement, tandis que la « dextérité
manuelle, l’endurance et la précision » seront moins recherchées.
Stéphane Rideau, Directeur des Systèmes d’Information de Pôle Emploi, appuie ce
changement d’approche : « Depuis juin, nous avons mis en place toute la mécanique
pour définir un profil de compétences, qu’elles soient techniques ou qu’elles relèvent
du savoir-être. » Ce qui permet d’inverser le processus de recherche d’emploi : « L’entreprise
recherche des compétences, et l’individu cherche à les faire valoir. » 15
Emplois susceptibles Emplois à faible VA rendus Emplois recentrés sur leur Emplois renforcés Emplois peu impactés
d’automatisation moins pénibles valeur ajoutée
(les tâches restantes sont à (les tâches restantes sont à
faible valeur ajoutée) forte valeur ajoutée)
Accompagnement vers de Risque d'ubérisation, de Compétences distinctives Collaborateurs plus Apports IA Ponctuels
nouveaux emplois déqualification valorisables performants, etc.
Ex. opérateur Ex. Ouvrier Ex. Contrôleur Ex. Conseiller Ex. artisan
back-office industrie de process financier clientèle, analyste
2) Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborn, The Future of Employment: How Susceptible are Jobs to Computerization?, Oxford, 2013
3) Melanie Arntz, Terry Gregory, Ulrich Zierahn, The Risk of Automation for Jobs in OECD Countries, 2015
4) Forum économique mondial, The Future of Jobs Report, 2018
Ce que souligne David Giblas, Chief Innovation, Digital et Data Officer chez
Malakoff Médéric, qui parle d’« hybridation » des métiers grâce à l’IA. Dans
son organisme, les médecins sont dorénavant assistés d’un outil de détection
des fraudes qui leur a fait gagner du temps. « On n’aurait jamais pu anticiper
ce que le métier de médecin conseil allait devenir. » Signe que l’IA trans-
forme les emplois sans nécessairement les remplacer. Olivier Morbé, Retail CIO
chez BNP Paribas, estime, lui aussi, que l’IA représente plus un atout qu’une
menace : la France a perdu 150.000 emplois dans l’industrie depuis 20125,
Livre blanc • AI for business
Une opportunité qui ne pourra être saisie qu’en impliquant les ressources
humaines. Pour Charles-Henri Besseyre des Horts, Professeur Emérite en mana-
gement à HEC, c’est même une condition pour éviter le « taylorisme digital »,
c’est-à-dire « la distinction entre les phases de conception et de production ».
L’expertise métier étant au fondement de l’amélioration des outils, il faut que
les collaborateurs soient associés dès la conception. L’agilité se présente comme
une méthode de management propice à tirer profit de la complémentarité
homme-machine. Les collaborateurs se réapproprient leur outil en travaillant
à le modifier, alors que c’était auparavant défendu. Les compétences requises
seront donc non seulement la connaissance de l’outil, mais aussi la capacité à le
critiquer pour le perfectionner.
5) Fiches - Emploi – Emploi, chômage, revenus du travail – Insee Références - Édition 2018
7. Communiquer autour des succès de l’IA
et créer un discours transparent
n Créer les conditions d’un dialogue entre les métiers, les ressources humaines et les
experts de l’IA - en introduisant un nouveau métier d’orchestrateur (au moins durant la
phase de transition) et en horizontalisant l’organisation pour ne laisser qu’un cerveau
en central délégant les décisions à des bras d’exécution, et contrôlant les résultats plutôt
que les moyens.
Axel Demazy, Principal au BCG donne en exemple une marque de mode qui s’appuyait
essentiellement sur l’intuition des merchandisers pour prévoir ses ventes et sur un
outil avec un niveau de fiabilité mesuré ex-post à 55%. Le BCG a d’abord mis en
place une nouvelle solution d’IA permettant une fiabilité de 65%. Mais lorsque la
machine se trompait, les merchandisers répondaient : « Je savais que ce sac allait
être un best-seller », raconte Axel Demazy. Le cabinet de conseil a ensuite conçu un
outil similaire à Tinder, avec lequel les merchandisers pouvaient classer les produits de
la prochaine collection selon leur potentiel de vente. L’objectif était de capturer
l’intuition humaine.
Ce procédé a permis de la modéliser pour l’intégrer dans l’algorithme, et ainsi
d’augmenter la précision des ventes de 10 points – mais surtout d’embarquer toute la 17
communauté de merchandisers dans le changement.
n Identifier et investir sur les compétences clefs que la machine ne pourra pas remplacer
à moyen terme, et accompagner la transition des métiers : l’IA n’est pas un simple outil
informatique, c’est un « assistant » qui aide l’humain à exercer son métier – et le collabo-
rateur est partie prenante pour faire évoluer l’IA (l’IA comme Intelligence Augmentée
et non Artificielle).
n Financer des requalifications et des montées en compétence en interne (pour les métiers
autour de la data), avec des plans de rétention renforcés.
Françoise Soulié-Fogelman, Conseiller Scientifique, Hub
France IA : « Un des enjeux de la requalification, c’est
la mise en place de formations pour les administrateurs
de bases de données. »
n Former des chefs de projet aux fondamentaux de l’IA pour les légitimer
Livre blanc • AI for business
-1- -1-
Pensée analytique et innovation Dextérité manuelle, endurance et précision
-2- -2-
Capacité à apprendre Mémoire, capacités verbales
auditives et motrices
-3- -3-
Créativité, originalité et esprit d’initiative Gestion des ressources financières
et matérielles
L’enjeu pour l’entreprise, avant de cibler les profils qu’elle recherche, est de définir
l’ambition qu’elle se donne pour le développement de l’IA et les questions auxquelles
elle souhaite répondre. S’il n’est pas possible de dire au candidat quels défis l’attendent,
ni de lui donner des exercices à la fois pratiques et techniques lors du processus de
recrutement, ni de lui indiquer les données auxquelles il aura accès, alors il risque
d’estimer que l’entreprise ne sait pas où elle veut aller.
3) L a visibilité : il ne faut pas donner l’impression que l’IA sera un sujet de moindre
importance pour l’entreprise, que les data-scientists seront rattachés à un service que
l’on appelle une fois de temps en temps. Il faut mettre l’IA sur le devant de la scène.
C’est même un atout sur lequel les entreprises peuvent jouer, car un data-scientist
chez un GAFAM peut se sentir « perdu dans la masse ».
300k
x15 sur 2013-2018 et praticiens de l’IA ’’
dans le monde d'après
Canada x12 une étude du Tencent
Research Institute en
x10 2017
UK x9 x35
Postes de data scientists
150k
x5 non occupés rien qu'aux
US x5
US dû à la pénurie de
profils (étude "Worforce
x1 x8 report" de LinkedIn, août
x5 x5
x3 2018)
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Deep Computer Machine Speech NLP
learning vision learning recognition
En France, la demande de profils IA a
doublé en 1 an avec 2398 offres d'emploi Une rareté qui s'explique par une offre de
liées à l'IA en 2017 contre 1127 en 2016 formation limitée et exigeante
(Etude de l'Apec)
D’autres critères peuvent entrer en jeu : par exemple la capacité des entreprises
à tirer vers le haut les professionnels de l’IA, par la collaboration avec une star
de la discipline ou l’accès à des outils de pointe.
Serge Yoccoz, Directeur Général de Renault Digital, note que « les grands
groupes peuvent proposer une diversité de cas d’usage ». Une diversité qu’il
faut mettre en avant car elle peut stimuler les talents. Françoise Soulié-Fogelman,
Conseiller Scientifique, Hub France IA, ajoute qu’il ne faut pas « vendre du rêve »,
Livre blanc • AI for business
Pour retenir les talents dans l’entreprise, il est essentiel de les intégrer pleinement,
de leur confier des responsabilités et de leur proposer des projets qui les
stimulent. Mais il faut aussi leur laisser une certaine liberté dans leurs
expérimentations. Pourquoi ne pas aller jusqu’à leur dégager du temps pour
qu’ils travaillent sur des sujets de leur choix. Charles-Henri Besseyre des Horts,
Professeur Emérite en management à HEC, rappelle que la notion de « guerre des
talents » n’est ni nouvelle (elle est apparue dans la littérature du management dans
les années 1990), ni limitée à l’intelligence artificielle. La bonne nouvelle est que
20 les solutions sont connues : « Les entreprises doivent se montrer compétitives sur
la rémunération tout en gardant à l’esprit que ce n’est pas le premier facteur.
Il faut jouer aussi sur l’image de l’entreprise, et au-delà sur l’expérience proposée :
de l’autonomie, de la liberté, des possibilités d’évolution et du sens. »
n
Recenser les effectifs dispersés dans les pays et les business units et les
consolider dans une équipe avec gestion centralisée : plateau de travail à
disposition, plateformes de partage des données, rituels de partage des
bonnes pratiques.
Pour développer des solutions d’IA, il faut rassembler différents profils : les profils
métiers (comme le product owner ou l’analyste métier) qui vont détecter et suivre
le développement et l’adaptation des cas d’usage aux processus business ; les profils
de développement de modèle (comme les data-scientists et les ingénieurs IA) qui
vont prototyper et déployer les modèles ; les profils de développement de la couche
applicative (comme les développeurs et les UI/UX designers) qui vont adapter les
systèmes support et les interfaces des modèles ; et les profils infrastructure (comme
les architectes données et les architectes IT) qui vont assurer la stabilité, la robustesse
et la praticité de l’infrastructure.
Pour mettre en place des solutions d'IA, plusieurs profils sont nécessaires
NON EXHAUSTIF
Métier
Product owner Participation ad-hoc de profils
(opérationnel du métier) experts selon les cas d'usage
Analyste métier Blockchain
Cybersécurité
Robotique
‘‘Double casquette’’ IA et
secteur applicatif
(e.g., santé)
n
Intégrer des profils externes en freelance, notamment des ingénieurs
données avec de l’expérience dans la mise en production.
Livre blanc • AI for business
Dvt Data scientist Prototypage des modèles sur les cas d'usage Machine learning, Deep learning
modèle
Ingénieur IA / déploiement Industrialisation des prototypes et déploiement des cas d'usage Programmation, machine learning, BDD
Architecte données Définition de la structure et des interactions données Base de données, serveurs, IA basique
Infra Ingénieur données Construction des pipelines de données, remplissage des datalakes Base de données, SQL, programmation
Product owner Responsable des processus, génération de cas d'usage Expertise des processus métiers, IA basique
Métier
Analyste métier Analyse des performances Expertise métier, analyse classique
Gestion
Chef de projet Gestion de projet, priorisation Gestion de projet, IA basique
de projet
12. Repenser une marque employeur dédiée :
rémunération, formation, carrière…
n Aligner les niveaux de rémunération à la hauteur des alternatives locales.
n Clarifier les parcours de carrière dès l’embauche, au sein de l’équipe de data science
d’abord, au-delà ensuite (métiers, SI par exemple) ; prouver par l’exemple dès que
possible.
n Adapter les processus de management : taux d’encadrement resserrés, écoute active
et continue pour capter les signaux faibles, mise en valeur (par exemple avec des
passages en COMEX), plages de temps laissées aux équipes IA pour mener des projets
de leur choix ou en « open innovation ».
n
Mettre l’accent sur la formation continue (avec des pointures mondiales ou des
organismes externes).
n Se différencier avec le cadre de travail (locaux prisés dans Paris intramuros, centres de
recherche dans des villes de province dynamiques, etc.).
23
L'ambition IA claire, la rémunération et l'impact semblent être les plus
importants critères pour les data scientists
L'entreprise met à disposition des outils de pointe régulièrement mis à jour et renouvelés
Savoir quelles seront les données disponibles et quels seront les outils uti-
Livre blanc • AI for business
lisés sont les premières questions des candidats lors des entretiens. Si l’en-
treprise n’est pas en mesure d’offrir un accès large et facilité aux données,
ni de proposer des outils de pointe, elle risque d’échouer à attirer les ta-
lents.
Ces préoccupations créent des freins partout dans le monde et elles se retrouvent
dans les populations de différents pays, même la Chine a lancé un projet sur l’éthique
pour y répondre. L’entreprise chinoise Baidu a d’ailleurs rejoint récemment l’initiative
internationale Partnership on AI qui réunit des grands acteurs de la tech comme Google
et Facebook, mais aussi Amnesty international, dans le but proposer des règles. Celles-ci
devraient être rendues publiques en 2019 ou 2020.
En décembre, une nouvelle initiative a été lancée par la France et le Canada8 : le Groupe
international d’experts sur l’intelligence artificielle (G2IA), inspiré du groupement
d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC). Sa structure doit être définie dans le
courant de l’année, et cinq autres pays seraient susceptibles de le rejoindre. « Le G2IA, 25
ça n’est pas l’idée qu’il faut absolument réguler, mais qu’il faut être plus intelligents
ensemble », déclare Mounir Mahjoubi.
L’objectif étant de proposer une troisième voie entre le modèle californien et la Chine.
« D’un côté, il y a l’idée en Californie que plus de profits permettent plus d’attractivité,
et donc plus de profits ; et de l’autre, en Chine, que l’utilité de la technologie est de
permettre davantage de contrôle. »
Sept. 2016 Création du Partnership on Artificial Intelligence to Benefit People and Society rassemblant
Google, Amazon, Facebook, IBM, Microsoft, des universitaires et des spécialistes de l'éthique
Les entreprises Oct. 2017 Création du comité DeepMind Ethics & Society par Google rassemblant salariés et universitaires
pour encadrer le développement de l'IA
Fév. 2018 Publication du rapport "Research Ethics in Machine Learning" par le CERNA (CNRS, INRIA, écoles
d'ingénieurs françaises, etc.)
Les experts, Avril 2018 Esquisse de définition de "système d'armes létales autonome" (Sala) ou "robot tueur" par l'ONU, en
universitaires et vue d'un éventuel moratoire ou accord de non-prolifération
ONG Juin 2018 Abandon par Google du projet militaire "Maven" et adoption de principes éthiques engageant à ne
pas utiliser l'IA pour des armes et des technologies causant un "préjudice global"
Dec. 2018 Déclaration de Montréal
Initiative de l’Université de Montréal qui propose 10 principes éthiques
Les régulations Déc. 2018 Annonce par le Canada et la France de la création d'un groupe international d'experts pour
l'intelligence artificielle (G2IA) chargé d'étudier les impacts de l'IA sur la société et l'économie, et
locales et réunissant scientifiques, entreprises, gouvernements et associations
internationales
Déc. 2018 Publication du rapport « AI Ethics Guidelines for Trustworthy AI » rédigé par 52 experts désignés
par la Commission Européenne et associant l'éthique et la confiance des citoyens
Sources : Articles Les Echos "Intelligence artificielle : les géants du Net s'engagent pour l'éthique 29/09/2016, "Intelligence artificielle : Google lance son comité d'éthique" 06/10/2017,
"L'onu face au casse-tête des robots tueurs" 24/04/2018, "Google renonce à son programme militaire Maven" 04/06/2018, "Le Canada et la France donnent le coup d'envoi d'un "GIEC" de
l'intelligence artificielle" 07/12/2018, "L'Europe veut renforcer la confiance dans l'IA" 18/12/2018
La réflexion continue donc dans les sphères du pouvoir, mais reste la question
du bon niveau de régulation : national, européen ou international ?
La régulation des grandes plateformes passera aussi par celle des contenus mis
en avant, selon Mounir Mahjoubi. Et c’est une question inhérente aux systèmes
d’optimisation, qu’ils soient implémentés sur les réseaux sociaux ou ailleurs,
comme le souligne Benoît Limare, co-fondateur de Sicara. Des aléas algo-
rithmiques apparaissent bon gré mal gré, par exemple lorsque des boules de
pétanque sont recommandées sur un site d’achat après que l’internaute a
effectué une recherche pour des « gilets jaunes ».
26 Des biais et discriminations créés par l’algorithme car construit à partir d’un
échantillon biaisé
Systèmes d'IBM, Microsoft et Face ++ plus précis sur hommes que sur
femmes, et sur peaux claires que sur peaux foncées Images d'entraînement
principalement masculines à peaux
Logiciel Rekognition d'Amazon, à destination de la police pour identifier des claires
Reconnaissance
suspects, testé sur les membres du congrès américain : 5% d'erreurs en
faciale moyenne contre 39% pour les élus noirs
Logiciel de recrutement d'Amazon écartant les profils féminins en repérant Ensemble des CV reçus depuis 10 ans
des références féminines majoritairement masculins
Logiciels de
recrutement
Dans les années 70, discrimination par le système automatique de
recrutement du St George's Hospital de Londres des personnes issues de Personnel de l'hôpital
l'immigration historiquement discriminé
« C’est bien cela la question prioritaire : comment ne pas entretenir des externalités
négatives », répond Mounir Mahjoubi. La difficulté réside dans l’anticipation de
ce genre de phénomène.
9) Commission européenne, High-level expert group on AI, Draft Ethics guidelines for trustworthy AI, 2018
Sinon, un système extrêmement efficace pourrait en venir à tarifier précisément le risque,
rompant ainsi avec le principe de socialisation. « Ce n’est plus de l’assurance, c’est de
l’épargne », note le Chef du service Idées & Débats des « Échos », Benoît Georges.
Il faut donc des principes éthiques, mais selon Bruno Deffains, Président du Pôle Numé-
rique au Club des juristes, « ils ne suffiront pas à créer la confiance ».
Dans un premier temps, il plaide néanmoins pour une « soft law », établir une réglementation
au niveau de l’entreprise, avec des certifications par exemple, avant d’éventuellement
envisager une réglementation générale à terme.
• Anticiper les futurs audits des solutions dès leur conception (résultats intermédiaires,
construction par blocs pour faciliter la rétro-ingénierie, standardisation des langages
de code).
• Systématiser les tests itératifs des solutions vis-à-vis des principes éthiques de
l’entreprise.
S’autoréguler ou être dépassé
n Cette soft law pourrait à terme servir de base pour une future formalisation
juridique.
10) Jennifer Valentino-DeVries, Jeremy Singer-Vine et Ashkan Soltani, « Websites Vary Prices, Deals Based on Users’ Infor-
mation », The Wall Street Journal, 24 décembre 2012
La Déclaration de Montréal
Certaines entreprises mettent en place des chartes pour cadrer l’IA, par exemple
en s’inspirant de la Déclaration de Montréal pour un IA éthique
1 P
rincipe de bien-être
Le développement et l’utilisation des systèmes d’intelligence artificielle (SIA)
doivent permettre d’accroître le bien-être de tous les êtres sensibles.
2 P
rincipe de respect de l’autonomie
Les SIA doivent être développés et utilisés dans le respect de l’autonomie des
personnes et dans le but d’accroître le contrôle des individus sur leur vie et
leur environnement.
3 P
rincipe de protection de l’intimité et de la vie privée
La vie privée et l’intimité doivent être protégées de l’intrusion de SIA et de
systèmes d’acquisition et d’archivage des données personnelles (SAAD).
4 P
rincipe de solidarité
Le développement de SIA doit être compatible avec le maintien de liens de
solidarité entre les personnes et les générations.
29
5 P
rincipe de participation démocratique
Les SIA doivent satisfaire les critères d’intelligibilité, de justifiabilité et
d’accessibilité, et doivent pouvoir être soumis à un examen, un débat et un
contrôle démocratiques.
6 P
rincipe d’équité
Le développement et l’utilisation des SIA doivent contribuer à la réalisation
d’une société juste et équitable.
7 P
rincipe d’inclusion de la diversité
Le développement et l’utilisation des SIA doivent être compatibles avec le
maintien de la diversité sociale et culturelle et ne doivent pas restreindre
l’éventail des choix de vie et des expériences personnelles.
8 P
rincipe de prudence
Toutes les personnes impliquées dans le développement des SIA doivent faire
preuve de prudence en anticipant autant que possible les conséquences
néfastes de l’utilisation des SIA et en prenant des mesures appropriées pour
les éviter.
9 P
rincipe de responsabilité
Le développement et l’utilisation des SIA ne doivent pas contribuer à une
déresponsabilisation des êtres humains quand une décision doit être prise.
10 P
rincipe de développement soutenable
Le développement et l’utilisation de SIA doivent se réaliser de manière à
assurer une soutenabilité écologique forte de la planète.
Un appel à manifestation d’intérêts a d’ailleurs été lancé fin 2018 par le minis-
tère de l’Économie et des Finances pour mutualiser les données des industries11.
Utiliser l'IA dans les services publics Soutenir les projets d'IA dans la défense
Entreprises Plusieurs projets sélectionné : répression des fraudes, Création de l'Agence de l'innovation de la défense qui gérera
services sanitaires, surveillance nucléaire le budget innovation de l'armée, plusieurs projets démarrés
Propriété
intellectuelle
Lancer le Hub des données de santé
Bases de données
Health Data Hub a été annoncé le 12 octobre et devrait être
publiques lancé au deuxiéme trimestre 2019
Créer des Instituts Interdisciplinaires d'IA (3IA) Augmenter le nombre de chercheurs en entreprise
Centres de Enveloppe de 100M pour 4 instituts sélectionnés : Simplification du processus en cours pour les chercheurs (e.g.
recherche Grenoble (« MIAI@Grenoble-Alpes »), Nice (« 3IA Côte plus de commission de déontologie, plafonnement du temps à
d'Azur »), Paris (« Prairie ») et Toulouse (« Aniti ») 50% vs. 20% aujourd'hui…)
11) « Mutualisation de données pour l’Intelligence Artificielle », appel à manifestation d’intérêts du Ministère de l’Econo-
mie et des Finances https://www.entreprises.gouv.fr/numerique/mutualisation-de-donnees-pour-intelligence-artificielle
Thierry Picard, Chief Digital Officer chez Pierre Fabre Médicament et Santé, souligne
que c’est loin d’être évident : la crainte d’offrir un avantage aux concurrents avec
un partage des data existe toujours dans les entreprises. « Il faut se réunir autour de
stratégies communes, réfléchir à un système propre », défend-il.
Dans ce contexte, l’écosystème français semble encore en retard et, même si la question
du modèle à adopter reste ouverte, Benoît Georges, Chef du service Idées & Débats
des Échos résume une idée partagée : « L’idée d’un Google français, il faut arrêter de
courir après. » Plusieurs recommandations du rapport Villani commencent à être mises en
application. C’est notamment le cas pour la recherche avec les instituts interdisciplinaires
de l’intelligence artificielle, sélectionnés début novembre, qui participeront à l’effort
de soutien aux entreprises. Celles-ci doivent en échange contribuer aussi à la recherche.
Mais Antoine Petit, Président Directeur Général du CNRS, regrette toutefois qu’il n’y ait
pas eu davantage d’efforts financiers : « Les Canadiens ont un système de chaire avec
des bonus individuels, et les stars qui s’y trouvent ont la capacité à attirer les jeunes
chercheurs du monde entier. Même nos diplômés qui aiment beaucoup la France sont
très attirés par le Canada et leurs moyens importants. »
Quand bien même les industries parviendraient à coopérer dans le partage des
données et les universités à offrir des moyens importants, Mick Lévy, Directeur Innovation
Business de Business et Décision, se demande « comment fait-on en France quand on
n’a que 69 millions de personnes ? » Le problème est aussi celui du marché autant que
celui du volume de données comparativement à la Chine et sa population de 1,4 milliards
d’habitants et aux Etats-Unis avec 325 millions d’habitants.
Masquerade Technologies
Face.com Mobile Technologies Wit.ai Zurich Eye Ozlo
Harvest.ai
Evi Technologies Orbeus1 Angel.ai Sqrrl
Nervana Systems
Saffron Technology
Indisys Itseez Movidius
Maluuba
Netbreeze Equivio SwiftKey Genee
Cosmify
OculusAI Encore Alert Wrapidity Algo
Whetlab
Temnpo AI PredictionIO
MinHash MetaMind
L’accès à la donnée
Différents modèles d’accès aux données de santé plus ou moins ouverts selon
le niveau de sensibilité des données
Royaume-Uni : Partage ad hoc de données France : Partage très encadré des données Optum : Commercialisation efficace de
spécifiques avec le privé qui rend le modèle lent et complexe données privées moins riches et couteuses
Data : données sur les patients positifs au VIH, Data : données publiques de la sécurité Data : données d'assurances et d'hôpitaux
les cas d'overdose et ceux d'avortement sur sociale, INSERM1 et ATIH2 privés
les 5 dernières années
Processus de 6 mois pour valider le dossier (3 Processus de 2 mois (essentiellement pour la
Processus ad hoc – accord entre DeepMind mois) et extraire les données (3 mois) négociation du contrat commercial)
Health & la Royal Free NHS (regroupant 3
hôpitaux londoniens) en 2018 Données gratuites mais avec des restrictions Données couteuses à ~600k euros pour 6 mois
d'accès pour les entreprises pharmaceutiques d'accès (indicatif)
Objectif : Développer une solution pour – Accès indirect aux données via une
identifier les patients risquant de voir leur entreprise de conseil
état se détériorer voire de mourir à cause d'un
– Pas d'utilisation commerciale possible
insuffisance rénale
En parallèle, fortes rigidités pour l'utilisation
de données de tests cliniques
18. Cibler l’investissement public sur quelques
sujets de rupture
Sylvain Duranton, Directeur Monde de BCG GAMMA :
« Singapour nous a proposé de payer les charges de nos
data-scientists sur leur territoire durant trois ans. »
Le rôle de l’Etat
12) Benoît Georges, David Barroux, Nicolas Rauline, « Gilles Babinet et Pierre Bellanger : la régulation des données, défi majeur du
XXIème siècle », Les Échos, 12/04/2014 https://www.lesechos.fr/12/02/2014/lesechos.fr/0203311413821_gilles-babinet-et-pierre-bellanger--
-la-regulation-des-donnees--defi-majeur-du-xxieme-siecle.htm
SCALE AI : 118 membres dont 80 industriels
Verticales
Biens de consommation & retail Biens industriels & manufacturing Infrastructure & construction
Logistique d'hôpitaux
Livre blanc • AI for business
Transport,
logistique and
SC spécialistes
Horizontales
Digital
et IA
Consultants
Banks
Universités Facilitateurs
HUB : plateforme
Système expert : système informatique pouvant être utilisé pour l’apprentissage automatique.
Il repose sur des règles explicites, type « si… alors… ».
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BIBLIOGRAPHIE
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05/06/2018 https://www.lesechos.fr/05/06/2018/lesechos.fr/0301694384565_l-intelli-
gence-artificielle-a-la-place-des-politiques--.htm
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Livre blanc • AI for business
Notes
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