Physique Statistique 340
Physique Statistique 340
Physique Statistique 340
PHQ 344
d a Sda = cte
c d Qc - = cte
Tcd
b c Sbc = cte
a b Qf + = cte
p (kPa) Tab
110000.
d .
1000.
.
a .c
Réfrigérateur
100.
10. 0.1 1.
.b
10.
V
3
V (dm)
André-Marie Tremblay, révision automne 2019
2
Table des matières
3 Lois de la thermodynamique 95
3.1 Irréversibilité et l’atteinte de l’équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.1.1 Lorsqu’on relâche des contraintes il y a augmentation du nombre d’états acces-
sibles.27 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.1.2 Lorsqu’une contrainte est relâchée, il y a augmentation du nombre d’états acces-
sibles et le processus est irréversible.28 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
3.2 Interactions thermiques et équilibre thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.2.1 Entre systèmes à l’équilibre interagissant thermiquement, la répartition d’énergie
la plus probable égalise @ ln (E) =@E:29 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.2.2 Valeur la plus probable, valeur moyenne et valeur à l’équilibre sont identiques
dans un système macroscopique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
3.2.3 À l’équilibre, la probabilité maximale pour un système macroscopique est celle
h i 1
où les températures absolues kB T 1
= @ ln@E(E) sont égales.30 . . . . . . . 102
3.2.4 L’entropie est donnée par S (E) kB ln (E) et la probabilité d’un état macro-
scopique se calcule à partir de l’exponentielle de entropie.31 . . . . . . . . . . . . 103
3.2.5 L’entropie totale et l’entropie de l’état macroscopique le plus probable sont es-
sentiellement identiques.32 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
3.2.6 Lors d’un contact thermique, l’énergie est conservée mais l’entropie augmente si
les températures sont di¤érentes.33 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
1 9 Reif, Sec. 2.8
2 0 Reif, Sec. 2.9, 2.10
2 1 Reif, Sec. 2.11
2 2 Reif, Prob. 2.2
2 3 Reif, Prob. 2.6
2 4 Reif, Prob. 2.8
2 5 Reif, Prob. 2.11
2 6 Reif, Berkely, Prob. 2.15
2 7 Reif, Sec. 3.1
2 8 Reif, Sec. 3.2
2 9 Reif, Sec. 3.3
3 0 Reif, Sec. 3.3
3 1 Reif, Sec. 3.3
3 2 Reif, p.111
3 3 Reif, Sec. 3.4
0-1 Valeurs des constantes en SI et les constantes de bas qui les dé…nissent. Tiré de https ://phy-
sicstoday.scitation.org/do/10.1063/PT.6.2.20181116a/full/ Pour la version scienti…que :
http ://stacks.iop.org/0026-1394/55/i=1/a=L13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3-1 L’ouverture d’un trou à travers d’une paroi permet au gaz en b) de se répartir également
entre les deux récipients. Pour retourner à l’état original, il ne su¢ t pas de recomprimer
le gaz comme en c) puisque ceci produit l’échau¤ement illustré d) ce qui implique qu’un
contact thermique devient nécessaire pour retrouver la température initiale. . . . . . . . 97
3-2 Deux gaz isolés de l’extérieur mais interagissant thermiquement . . . . . . . . . . . . . . 99
3-3 Thermomètre à gaz. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
B-1 Représentation shématique d’un cycle moteur réversible comprenant deux adiabatiques. 374
La mécanique statistique (ou physique statistique, c’est la même chose) constitue avec la méca-
nique quantique et la relativité l’un des piliers de la physique moderne. Elle a pour but d’expliquer le
comportement de systèmes macroscopiques (incluant un très grand nombre de particules) à partir de
leurs propriétés microscopiques. C’est de façon générale la mécanique quantique qui décrit les proprié-
tés et l’évolution des systèmes physiques à l’échelle microscopique. La mécanique statistique est donc
construite sur cette description quantique. Il est important de percevoir d’emblée la physique statis-
tique comme une théorie fondamentale, et non pas comme une simple tentative de justi…er a posteriori
la thermodynamique. La démarche consiste donc à présenter la mécanique statistique élémentaire et à
expliquer son articulation avec la thermodynamique et la théorie cinétique pour en dégager un point
de vue uni…é et moderne. La physique statistique permet ainsi de comprendre des phénomènes que les
autres branches ne peuvent expliquer en raison d’une approche déterministe. Des applications concrètes
peuvent être trouvées dans tous les domaines de la physique : physique des solides, électromagnétisme,
astrophysique, cosmologie, super‡uides, etc. Les deux cours de physique statistique sont obligatoires
pour tous les étudiants.
Les lois de la physique statistique sont-elles aussi fondamentales que celles de la mécanique ou
de l’électrodynamique ? Oui. Elles ne peuvent pas être “déduites” de la mécanique ou de l’électro-
dynamique. “More is di¤erent”, en français “plus, c’est di¤érent”. C’est le titre d’un article de P.W.
Anderson paru dans Science, 177, 393 (1972). En présence d’un grand nombre de particules, de nou-
velles notions comme l’entropie, l’irréversibilité, la symétrie brisée et bien d’autres notions émergent.
Ces notions ne peuvent pas en général être “déduites”. Soit qu’elles doivent être posées comme des
postulats, ou soit que d’autres postulats équivalents doivent être posés. La biologie a aussi ses lois et
l’objectif de les déduire entièrement de la physique est irréalisable. Quel est le minimum de lois qu’on
doit postuler pour déduire toute la biologie ? La réponse à cette question n’est évidemment pas connue.
Dans le cas de la physique statistique, très peu de lois fondamentales, ou disons de postulats, sont
nécessaires pour aller assez loin, comme nous le verrons dans ce cours.
La …gure (0.1.1) donne une version schématique de la position de la physique statistique dans le
baccalauréat de physique :
c (1)
la vitesse de la lumière. C’est en posant qu’elle est indépendante du système de référence que l’on
dérive la relativité. Lorsque, dans un problème physique, les vitesses sont faibles par rapport à c, alors
on retrouve l’invariance galiléenne.
– Une théorie du comportement de la matière dans cet espace-temps : la mécanique quantique.
C’est la mécanique quantique qui explique le comportement des particules à l’échelle la plus
microscopique. Évidemment, toute la structure et la richesse de l’univers vient du fait que ces
particules interagissent entre elles pour former d’autres entités. La mécanique quantique décrit
aussi les interactions entre les particules. Ces interactions entre les particules sont de trois types
(mis à part la gravité) : l’électromagnétisme, les forces faibles et les forces fortes. Ces deux der-
nières se manifestent surtout au niveau du noyau et des particules élémentaires. Aujourd’hui, on
peut décrire ces trois interactions élémentaires dans un schéma uni…é comme trois manifestations
di¤érentes de la même force.
Il semble normal que si les atomes existent, il est normal qu’ils obéissent à des lois di¤érentes de
celles auxquelles nous sommes habituées, qui sont elles aussi émergentes. Si les atomes n’étaient que
des morceaux plus petits de matière, on se reposerait la question de quoi sont-ils faits. En d’autre mots,
il faut qu’il y ait une notion absolue de petitesse. Ce qu’il y a de plus petit ce n’est pas une taille, mais
bien une autre quantité, décrite une autre constante physique fondamentale, et cette quantité a les
unités de l’action (temps énergie, ou quantité de mouvement longueur). Elle décrit le “quantum
d’action” et s’appelle la “constante de Planck”
h (2)
Lorsqu’on s’intéresse à des problème où “l’action” est grande par rapport au quantum d’action, on
retrouve la mécanique classique (relativiste ou non selon la valeur des vitesses par rapport à c.). L’élec-
tromagnétisme (ou électrodynamique) peut être considéré dans la limite “classique” ou “quantique”
mais demeure fondamentalement un phénomène relativiste. (Après tout, c est la vitesse de la lumière,
une quantité fondamentalement électrodynamique !)
INTRODUCTION GÉNÉRALE 3
sont des concepts qui n’ont de sens que lorsqu’on considère un nombre très très grand de particules en
interaction. Plus, c’est di¤érent !
En mécanique, on dé…nit trois unités arbitraires, à partir de standards. Dans les unités MKS par
exemple, on dé…nit un étalon (standard) de longueur, le mètre, un étalon de temps, la seconde, et un
étalon de masse, le kilogramme. On pourrait tout aussi bien utiliser le pied, la seconde et la livre ! On
discute dans le cours de mécanique pourquoi ces trois dé…nitions d’unités sont les seules nécessaires.120
La vitesse de la lumière se mesure dans les unités “mécaniques” que l’on a choisies, soit en mètres
par seconde dans le système MKS. De ces mêmes unités, la constante de Planck se mesure en Joule-
seconde ( kg m2 =s ). Ces deux quantités, vitesse de la lumière et constante de Planck, ne sont pas
liées à l’introduction de nouvelles unités, simplement à la mesure de phénomènes physiques.121
Évidemment, à l’inverse, on pourrait dé…nir de nouvelles unités, dans lesquelles on dé…nit un étalon
de vitesse, un étalon d’action, en plus de la seconde. C’est le cas depuis le vendredi 16 novembre 2018.
Évidemment, ces dé…nitions sont choisies pour pouvoir être en accord avec les dé…nitions précédentes et
ces changements ne nous a¤ectent aucunement. Ainsi, les trois unités pour la mécanique, initialement
dé…nies à l’aide d’artefacts dans le système international (SI), soit le mètre, la seconde et le kilogramme,
sont remplacées par des valeurs attribuées à la constante de Planck, à la vitesse de la lumière dans le
vide et par la dé…nition suivante de la seconde : 9,192,631,770 oscillations de l’onde électromagnétique
associée à la transition hyper…ne de l’état fondamental de l’atome de cesium 133.
La constante de Boltzmann a un statut un peu di¤érent de c et de ~. Si on avait décidé de mesurer
la température absolue en unités d’énergie et l’entropie dans des unités sans dimension, la constante de
Boltzmann n’aurait pas été nécessaire. Elle est …nalement là pour des raisons historiques, parce qu’on
a dé…ni une échelle de température absolue avant de se rendre compte que température absolue et
énergie par degré de liberté sont en fait proportionnelles. Cependant, il est quand même bon de garder
la distinction et de mesurer la température absolue en Kelvin plutôt qu’en Joules car ceci permet
d’insister sur le fait que la température absolue est un concept statistique qui n’est pas dé…ni pour une
1 2 0 Lorsqu’on rajoute l’électromagnétisme, on peut tirer pro…t du fait que la charge électrique est quanti…é pour introduire
en plus de la seconde. On peut aussi choisir ces étalons de telle sorte que c = 1 et ~ = 1 dans ces nouvelles unités: Dans
ces unités, les longueurs se mesurent en secondes-c, et les énergies en ~=seconde: Les facteurs de conversion sont que une
seconde c = 2:9979250 108 m, alors que un ~=seconde= 1:054591847 10 34 J.
INTRODUCTION GÉNÉRALE 5
Fig. 0-1 Valeurs des constantes en SI et les constantes de bas qui les dé…nissent. Tiré de
https ://physicstoday.scitation.org/do/10.1063/PT.6.2.20181116a/full/ Pour la version scienti…que :
http ://stacks.iop.org/0026-1394/55/i=1/a=L13
seule particule, alors que l’énergie elle l’est ! Nous verrons que la température absolue est simplement
la dérivée de l’énergie moyenne par rapport à l’entropie, et cette dernière quantité est dé…nitivement
statistique !
Dans le nouveau système SI, c’est la constante de Boltzmann qui est …xée et la température absolue
qui doit être mesurée.
Les 7 constantes de base en SI sont maintenant les suivantes :
1
Kcd 683 lmW
où NA est le nombre d’Avogadro et la dernière unité (le candela) est une mesure d’intensité lumineuse
démodée. La …gure 0-1 donne l’ensemble des unités et les constantes de base qui doivent être utilisées
pour les dé…nir.
Un grand nombre de cours de la dernière année du baccalauréat de physique sont des “applications”
de la physique statistique dans le sens où la physique statistique est importante pour comprendre plu-
sieurs des phénomènes qui se produisent dans chaque domaine en particulier : Les plasmas, la physique
du solide, l’hydrodynamique, l’astrophysique... sont des exemples de domaines basés sur la physique
statistique. Sans parler de toute la chimie des réactions. Dans la session présente, on rencontre en
électronique des applications de la physique statistique. Par exemple, pour comprendre la distribution
en énergie des électrons dans un semiconducteur, il faut connaître la physique statistique. Vous ren-
contrerez aussi notre ami kB T dans la courbe courant-voltage d’une diode. On peut donc dire qu’on
ne peut rien comprendre aux phénomènes physiques à la base de l’ensemble de l’électronique moderne,
sans la physique statistique. Même en particules élémentaires, des analogies formelles entre la physique
statistique et la théorie des champs permettent un échange continuel entre ces disciplines : problème
à N-corps, groupe de renormalisation, transition de phase... Les méthodes de la physique statistique
sont aussi aujourd’hui utilisées dans d’autres domaines comme, par exemple, l’étude des réseaux de
neurones ou même la …nance 122 .
Nous suivrons le développement du livre de F. Reif, “Fundamentals of Statistical and Thermal Phy-
sics”. Ce même livre servira aussi au prochain trimestre pour PHQ-444. Les détails de la présentation
en cours seront di¤érents, mais les grandes lignes identiques.
Il faut d’abord introduire des notions élémentaires de probabilités et de statistiques avant de pré-
senter au chapitre 2 la notion d’ensemble pour les systèmes mécaniques et la formulation statistique
du problème mécanique. C’est là que nous introduirons le postulat statistique de base : Dans un sys-
tème isolé, la probabilité d’un état macroscopique est proportionnelle au nombre d’états microscopiques
correspondants à cet état macroscopique. Nous nous contentons ici des dé…nitions intuitives de “mi-
croscopiques” et “macroscopiques”, mais il est évident que nous devrons dé…nir ces notions plus en
détails. En ré‡échissant au type possible d’interactions entre systèmes macroscopiques, soit les inter-
actions thermiques et mécaniques par exemple, nous pourrons “dériver” dans le chapitre 3 les lois de
la thermodynamique à partir de notre postulat statistique de base. Nous décrirons ensuite dans le
chapitre 4 comment, en pratique, on mesure des quantités thermodynamiques comme la température,
la chaleur spéci…que etc... et quels sont les principes de fonctionnement des machines thermiques (ré-
frigérateurs, machines à vapeur). Dans le chapitre 5, nous appliquerons ces idées aux gaz parfaits, et
aux substances homogènes en général. Dans le chapitre 6, nous montrerons plus en détails comment
faire un calcul à partir de la mécanique statistique à l’aide d’un concept bien commode, celui de la
fonction de partition. Nous discuterons de sa relation avec la thermodynamique. Il est parfois plus
commode d’utiliser l’ensemble grand-canonique, une autre notion que nous introduirons. Pro…tant de
tous les outils que nous avons développés, au chapitre 7 nous pourrons faire les calculs qui permettent
de comprendre les gaz parfaits (encore), le paramagnétisme, le premier exemple de calcul en physique
du solide (par Einstein) et même un exemple biologique avec l’hémoglobine, exemple qui utilisera l’en-
semble grand-canonique. Juste pour vous mettre l’eau à la bouche, je vous dévoile tout de suite que
c’est au chapitre 8 tout de suite après Noël que vous verrez plus en profondeur comment la mécanique
statistique permet aussi de calculer les ‡uctuations en plus des valeurs moyennes. Vous approfondirez
aussi comment les choses se passent lorsque les substances peuvent échanger des particules. Cela nous
permettra de comprendre l’équilibre entre phases, les réactions chimiques, et d’approfondir l’ensemble
grand-canonique, indispensable pour les calculs dans le régime quantique.
1 2 2 The Statistical Mechanics of Financial Markets, Johannes Voit (Springer-Verlag, New York, 2003)
INTRODUCTION GÉNÉRALE 7
0.1.7 Une brève histoire de la physique statistique et de la thermodynamique
Nous utiliserons le livre de J.-P. Maury et celui de Abraham Pais mentionnés dans la bibliographie
comme guides dans les méandres de l’histoire de la physique statistique. Ces remarques historiques
devraient permettre de faire des liens entre les di¤érentes parties du cours, aider à mémoriser des
concepts en leur associant une histoire, en plus de donner une perspective historique fascinante sur le
développement d’une science. D’ailleurs, si on se demande qu’est-ce que la Science, il est intéressant
de lire la réponse proposée par l’American Physical Society le 15 novembre 1998 :
“La science recule les frontières et enrichit nos vies, ouvre notre imagination et nous libère des
servitudes de l’ignorance et de la superstition. Les sociétés savantes soussignées désirent énoncer les
préceptes de la science moderne qui sont responsables de son succès.
La science est l’entreprise systématique d’acquérir des connaissances sur le monde, d’organiser et de
condenser cette connaissance en lois et théories véri…ables.
Le succès et la crédibilité de la science prend sa source dans la volonté des scienti…ques de
1) Soumettre leurs idées et résultats à la véri…cation et la reproduction indépendante par d’autres
scienti…ques, ce qui nécessite l’échange complet et ouvert des données, procédés et du matériel.
2) Abandonner ou modi…er les conclusions acceptées lorsque confrontés à des évidences
expérimentales plus complètes ou …ables.
L’adhésion à ces principes procure un mécanisme d’auto-correction qui est le fondement de la
crédibilité de la science.”
La physique statistique et la thermodynamique se sont développées sur une période d’un siècle
environ et illustrent bien comment une théorie scienti…que naît selon les principes discutés ci-dessus.
Cependant, la présentation que nous ferons de la physique statistique en cours est une présentation
“logique”qui est presque anti-historique. En d’autres mots, nous commençons par la perspective proba-
biliste, qui n’est venue qu’après la thermodynamique. Néanmoins, nous rappellerons les développements
historiques.
Alors qu’en électricité les découvertes fondamentales ont précédé les applications, en thermodyna-
mique c’est tout le contraire. L’histoire de la thermodynamique c’est l’histoire des machines à vapeur
qui furent à la base de la révolution industrielle. L’analyse formelle des machines à vapeur en termes
fondamentaux n’est venue qu’en 1824 avec l’ingénieur français Sadi Carnot, dans un livre publié à
compte d’auteur (600 exemplaires). Les industries n’ont pas attendu Carnot pour utiliser les machines
à vapeur :123
1698 : Thomas Savery construit la première pompe à vapeur.
1712 : Thomas Newcomen invente la pompe à feu.
1769 : Joseph Cugnot construit le premier véhicule à vapeur, son fameux “fardier”
1780 : James Watt construit le premier moteur à vapeur “à double e¤et”.
1787 : John Fitch construit le premier “vapeur”.
1801 : Richard Trevithick présente une voiture “sans chevaux” à vapeur.
1804 : Richard Trevithick construit la première locomotive à vapeur.
1807 : Robert Fulton, américain, construit le premier bateau à vapeur.
1880 : Les voitures à vapeur commencent à devenir populaires.
Pendant un siècle, les locomotives à vapeur ont dominé le transport de marchandises et de passagers.
En passant, il ne faut pas regarder les machines à vapeur avec dédain : même l’énergie nucléaire utilise
la vapeur pour actionner les turbines électriques.
Du côté théorique, ce que Carnot a découvert en 1824 c’est la notion d’entropie, un concept assez
abstrait. Cette découverte a eu lieu bien avant qu’on ait compris la relation entre chaleur et énergie !
Cette dernière notion vous apparaîtra beaucoup plus naturelle que celle d’entropie. En fait elle est
très facile à comprendre lorsqu’on sait que la matière est faite d’atomes. Et c’est l’ignorance de la
validité de l’hypothèse atomique qui a sans doute rendu si di¢ cile la découverte de l’équivalence entre
énergie et chaleur. C’est peut-être une des raisons qui a poussé Feynman à faire l’énoncé suivant : Si
1 2 3 Tiré de ”L’âge de la vapeur”, par Jonathan Rutland (Biblio. municipale, 621.2 R978a)
S = kB ln (4)
reliant entropie et nombre d’états microscopique accessibles apparaît sur sa tombe à Vienne. Nous
reviendrons souvent sur cette loi fondamentale. On peut noter, curieusement que c’est plutôt Planck
qui a introduit la constante de Boltzmann kB .126
1 2 4 Pais, p.18
1 2 5 Pais
1 2 6 Pais, p.60
INTRODUCTION GÉNÉRALE 9
Tombe de Boltzmann à
Vienne
C’est dans ce chapitre que nous nous familiariserons avec les méthodes probabilistes et statistiques
d’un point de vue très général. Vous avez déjà vu la majorité de ce matériel dans un cours préalable
alors nous allons nous restreindre à l’essentiel. Nous discuterons les sections précédées de &. Le reste
vous permettra de vous rafraîchir la mémoire.
À la …n de ce chapitre, vous devriez pouvoir calculer vos chances de gagner à certains jeux de hasard
en utilisant la notion de probabilité et les règles pour combiner les probabilités (et,ou). L’analyse com-
binatoire vous aura donné les outils pour compter rapidement toutes les façons, par exemple d’arranger
N objets en di¤érents groupes. Vous pourrez calculer les propriétés de base de la marche aléatoire, un
modèle qui a donné la clé de la compréhension du mouvement Brownien. La marche aléatoire est bien
décrite par la distribution de probabilité dite ”binomiale”. Dans la limite ou le nombre de pas devient
très grand, celle-ci devient la distribution de probabilité gaussienne. Dans une autre limite, qui corres-
pond plus à celle qu’on rencontre dans les problèmes de radioactivité, cette distribution de probabilité
devient la distribution de probabilité de Poisson, que nous verrons en exercice. Vous pourrez donc par
exemple calculer les probabilités d’obtenir par exemple trois désintégrations dans une période de cinq
secondes d’une substance radioactive. Nous reviendrons à la …n sur une discussion plus générale de la
marche aléatoire pour que celle-ci n’aie plus de secrets pour vous ! Nous comprendrons même peut-
être le théorème de la limite centrale, la clé de beaucoup de problèmes de statistiques. Ce théorème
nous montre que la gaussienne a beaucoup plus d’importance que seulement comme cas limite de la
binomiale.
C’est dans une correspondance de 1654 entre Pascal (1623-1662) et Fermat (1601-1665) qu’on
retrouve les premiers écrits sur la théorie des probabilités et l’analyse combinatoire. La discussion
portait sur un problème posé par le Chevalier de Méré (1610-1685). Pascal et Fermat se sont mis
d’accord sur la solution de ce problème, bien qu’ils y soient parvenu par des méthodes di¤érentes.
Pascal expliqua sa méthode dans une série de petits articles qui ne furent publiés qu’en 1665, après sa
mort. Sa méthode de solution passait par le ”triangle de Pascal” que nous reverrons plus loin.
Presque deux cents ans plus tard, à l’été 1850, on retrouve le jeune Maxwell à dix-neuf ans. C’est
probablement à cet âge qu’il a commencé à s’intéresser à la statistique. Il a lu un long article de
J. Herschel dans Edinburgh Review qui relatait les travaux de Quételet, astronome et mathématicien
belge, qui faisait valoir l’usage des méthodes statistiques en sciences humaines. En fait, le premier usage
connu du mot “statistique”, dérivé de l’Allemand, avait simplement signi…é “Science de l’État”, et au
cours du XV III e siècle il décrivait l’étude des constitutions, des ressources nationales et des politiques
des états. Drôle de lecture d’été pour ce jeune Maxwell. Qui devient quand même le premier, inspiré
par Clausius en 1858, à placer les statistiques et les probabilités à la base de la théorie des gaz, la
cinétique. Un pas de géant était fait. À cette époque il faut se souvenir que l’idée de molécules était
considérée comme très spéculative.
1 Maury, p.150
La théorie des probabilités est un vaste domaine aux applications innombrables. Nous ne ferons que
l’e- eurer. En particulier, nous ne verrons à peu près pas les notions d’échantillonnage et d’inférence
statistique. C’est le fait qu’en physique on travaille presque toujours avec un nombre très grand de
particules qui fait que les notions de probabilité que nous devrons utiliser sont élémentaires. L’ouvrage
en deux tomes de W. Feller sur les probabilités est une des meilleures références sur les probabilités du
point de vue du physicien.
1.2.1 Les probabilités à priori sont dé…nies pour des ensembles statistiques3
Pile ou face. Un jeu bien connu. Prédire si une pièce de monnaie tombera dé…nitivement du côté pile
ou du côté face dans une expérience donnée est un problème d’une trop grande complexité pour espérer
en trouver la solution. Nous pouvons par contre facilement nous convaincre que le côté pile et le côté
face étant équivalents, en répétant l’expérience un grand nombre de fois la pièce tombera autant de
fois du côté pile que du côté face. À partir de cet exemple simple on peut comprendre empiriquement
les notions suivantes :
Ensemble : Imaginons N tirages à pile ou face. Prenons N ! 1. L’ensemble de ces tirages à pile
ou face est celui qui nous intéresse dans cet exemple. (Plutôt que de référer à ”l’ensemble”, on réfère
parfois à “L’Univers des possibles” ou, en statistiques, à la “population”.)
Probabilités : La probabilité est dé…nie par rapport à l’ensemble. La probabilité d’obtenir pile dans
notre ensemble est donnée par la fraction des expériences qui donnent pile. On s’attend à ce que sur N
tirages à pile ou face, N=2 fois on obtienne pile. Ainsi, la probabilité d’obtenir pile est (N=2) =N = 1=2.
De façon plus abstraite, on dé…nit un ensemble “d’événements”. Chacun des événements de l’en-
semble est étiqueté par i: Cet ensemble constitue un espace sur lequel on dé…nit une probabilité à priori .
En d’autres mots, à chacun des di¤érents “événements”de notre ensemble, on associe un nombre appelé
P (i) compris dans l’intervalle [0; 1] . En accord avec la notion intuitive de probabilité, on a que
X
P (i) = 1 (1.1)
i
La somme est sur tous les événements di¤érents possibles. On appelle souvent l’équation ci-dessus la
condition de normalisation.
Exemple 1 Dans le jeu de pile ou face les probabilités à priori sont les suivantes : P (pile) =
1=2; P (f ace) = 1=2 et la condition de normalisation est évidemment satisfaite.
En d’autres mots, les probabilités à priori pour chacun des événements de l’ensemble sont les hypo-
thèses de départ. On peut avoir une idée “expérimentale” de ce qu’est la probabilité d’un événement
dans l’ensemble, mais ultimement en théorie des probabilités les probabilités à priori font partie des
hypothèses de départ.
La notion de probabilité devrait vous être très claire intuitivement. Toute la théorie des probabilités
consiste ensuite à prédire la probabilité de résultats d’expériences plus complexes à partir des proba-
bilités à priori. Par exemple : Quelle est la probabilité d’obtenir deux pile et une face si on fait trois
tirages à pile ou face consécutifs ? À chaque fois par probabilité d’un événement (deux pile, une face)
on veut dire : Si je répète l’expérience un grand nombre de fois, quelle fraction de fois vais-je obtenir
l’événement en question. Par dé…nition donc, la probabilité d’un événement est toujours comprise entre
0 et 1.
2 Reif, Sec. 1.1
3 Feller tome 1 donne une introduction très détaillée à la notion de probabilité.
Exemple 2 Par exemple, la probabilité qu’une graine de tulipe donne une tulipe rouge sera di¤ érente
selon que cette graine est tirée a) d’un ensemble de graines donnant des tulipes rouges ou jaunes b)
d’un ensemble de graines de tulipes de couleurs arbitraires.
Remarque 2 Exemple 3 Parmi toutes les familles ayant deux enfants, la probabilité d’avoir une
famille avec deux …lles est de 1=4: Par contre, si vous savez qu’une famille a déjà une …lle, la probabilité
que cette famille soit composée de deux …lles est de 1=3 puisqu’il n’y a que trois types de familles
possibles dans ce cas : Une avec deux …lles, une avec un garçon né en premier et une …lle après et
un avec une …lle née en premier et une …lle après. Le nom de statistiques Bayesiennes, du nom d’un
moine anglais Bayes, est associé à ce type de raisonnement. Les deux raisonnements ci-dessous sont
aussi des raisonnements du type Baysien.
Exemple 4 * Voici un autre exemple illustrant que la probabilité est une notion qui dépend de l’in-
formation disponible, ou si vous voulez de l’ensemble pertinent. Durant le procès de O.J. Simpson (un
célèbre joueur de football) en 1994-95, les avocats de l’accusation avait plein de preuves que O.J. Simp-
son avait tué sa femme : un gant ensanglanté trouvé chez lui qui formait la paire avec un gant trouvé
sur les lieux du crime, des résultats d’ADN etc. Ils ont plutôt insisté sur le fait que O.J. Simpson battait
sa femme. Cela a permis aux avocats défendant O.J. Simpson de se sortir du pétrin. Ils ont répété à
plusieurs reprises que le fait que O.J. Simpson battait sa femme n’était pas pertinent pour la preuve de
l’accusation puisque seulement une femme battue sur 2,500 est tuée par celui qui la bat. Évidemment,
dans ce cas-ci on savait que sa femme avait été tuée. La statistique pertinente était donc plutôt que
en 1993 aux États-Unis, 90% des femmes battues qui ont été tuées l’ont été par celui qui les battait !
Malheureusement, les avocats de l’accusation ne connaissaient pas bien les statistiques. L’autre morale
de cette histoire est qu’il faut toujours se demander qui utilise quelles statistiques et pourquoi. Et il
faut aussi se rappeler qu’il n’y a que les témoins qui jurent de dire la vérité, toute la vérité et rien que
la vérité. Dans les mots de Dershowitz, l’avocat de la défense dans cette cause, les avocats et les juges
n’y sont apparemment pas tenus puisqu’on ne les fait pas jurer !4
Exemple 5 * Considérons l’ensemble des personnes asymptomatiques qui se demandent si elles ont
le sida. Supposons que vous n’avez pas de comportements considérés risqués pour avoir le sida. La
probabilité que vous ayez la maladie quand même n’est que de 1=10; 000:5 Si vous passez un test pour
le sida qui ne donne de faux positif qu’une fois sur 1; 000 et que ce test est positif pour vous, votre
probabilité d’avoir le sida n’est pas de 999=1; 000, contrairement à ce qu’on pourrait croire. En e¤ et,
sur 10; 000 personnes dans le même groupe que vous, 1 seul aura le sida alors que le test donnera 10
faux positifs. Votre probabilité d’avoir le sida ne sera donc que de 1=11; même si votre test est positif.
Autrement dit, un test qui donne un faux positif avec une valeur plus probable que la probabilité d’avoir
la maladie dans un groupe donné n’est pas très utile. Le tableau ci-dessous aide à comprendre ce qui se
passe :
Groupe non à risque Sain Malade
Test positif 10 1
Test négatif 9,989 0
La somme de tous les nombres dans le tableau est de 10; 000. Le nombre de faux positifs est de 10=9; 989
ce qui est très près de 1=1; 000: La probabilité d’être malade si on a pas les résultats des tests est de
1=10; 000: La probabilité d’être malade lorsque le test est positif est donné par 1=11, où 1 apparaìt dans
le coin supérieur droit et 11 est le total ayant eu un test positif. Il ne faut pas confondre la probabilité
d’être malade si un test est positif avec la probabilité d’un positif si on est pas malade (ce qu’on appelle
un faux positif ). Bien que la probabilité d’un faux positif soit la même dans un groupe à risque, la
probatilité d’avoir la maladie si le test est positif est beaucoup plus grande dans un groupe à risque.
Vous pouvez essayer de vous en convaincre en vous imaginant par exemple qu’un tiers des gens ayant
un comportement à risque attrappe la maladie et en refaisant l’équivalent du tableau ci-dessus.
4 Voir p.119-120 de "The Drunkard’s Walk : How Randomness Rules Our Lives" par Leonard Mlodinow.
5 Voir "The Drunkard’s Walk : How Randomness Rules Our Lives" par Leonard Mlodinow.
Cette section illustre comment on utilise les probabilités à priori de nos événements de départ pour
trouver la probabilité d’événements plus complexes. Commençons par un exercice simple
Exercice 1.2.1 Supposons que j’ai un dé à six faces. Je dé…nis la probabilité à priori d’obtenir n’im-
porte quelle face comme étant 1=6 dans un ensemble d’expériences où je lance un dé. En d’autres mots,
le dé n’est pas truqué ! Quelle est la probabilité d’obtenir un trois ou un cinq au premier lancer ?
Exercice 1.2.2 Avec le même dé, quelle est la probabilité d’obtenir un trois au premier lancer et un
cinq au deuxième lancer
Remarque 3 Nous venons de dé…nir l’indépendance statistique. Si deux événements ne sont pas indé-
pendants statistiquement, il faut explicitement spéci…er la probabilité conjointe, c’est-à-dire la probabilité
d’obtenir un et l’autre.
Finalement, voici un exemple où il faut utiliser les deux lois ci-dessus. Supposons qu’on lance deux
dés simultanément (un bleu et un rouge) et qu’on veuille savoir la probabilité d’obtenir trois et cinq
indépendamment de la couleur du dé ayant le trois ou le cinq. Cette probabilité est de 1=18. En e¤et,
on sait déjà que la probabilité d’avoir trois sur le dé bleu et cinq sur le dé rouge est 1=36: De même, la
probabilité d’avoir cinq sur le bleu et trois sur le rouge est de 1=36: La probabilité d’obtenir un trois et
un cinq, indépendamment de la couleur du dé, est la somme des probabilités de ces deux événements
exclusifs.
1.2.3 Valeur moyenne et écart type caractérisent grossièrement une distribution de probabilité
Dans cette sous-section, nous discuterons de deux quantités numériques souvent rencontrées dans
le calcul des probabilités, la valeur moyenne, et l’écart type.
Remarque 4 Nous venons de faire référence au nombre N pour la dernière fois. L’ensemble sera dé…ni
en même temps que les probabilités à priori et les deux petites règles du ET et du OU ci-dessus su¢ ront
pour faire tous les calculs.
De façon plus abstraite, appelons P (i) la probabilité d’obtenir le résultat i: En supposant que i ne
peut prendre que les valeurs 1 à N; alors
PN
i=1 P (i) = 1: (1.2)
En d’autres mots, P (i) ; comme toute bonne distribution de probabilité, est “normalisée”. La proba-
bilité d’obtenir n’importe lequel des résultats possibles est évidemment égale à l’unité.
Soit maintenant u (i) une valeur numérique associée au résultat i, (par exemple le nombre de dollars
associé au résultat pile ou face) alors on dé…nit la valeur moyenne u ou hui de u par
PN
u = hui = i=1 P (i) u (i) (1.3)
où N est le nombre total de résultats possibles. Par exemple, N = 2 pour pile ou face et N = 6 pour
les dés. Les deux notations, u ou hui sont souvent utilisées pour noter une valeur moyenne. Une autre
façon de dire la même chose est de dire que les symboles h i ; ou veulent dire de faire la moyenne
PN
de la quantité de la façon suivante : i=1 P (i) .
Exemple 6 Supposons maintenant que notre joueur s’intéresse au jeu de dés suivant.
Nombre sur le dé 1 2 3 4 5 6
Gain 3$ 2$ 1$ 0$ 1$ 2$
Dans ce cas, on peut utiliser le nombre écrit sur le dé pour caractériser le résultat de l’expérience.
Notons ce résultat par i. Si le dé n’est pas truqué, la probabilité d’obtenir i est donnée par P (i) = 1=6.
On voit d’après le tableau que le gain u (i) pour l’événement i peut être décrit par la formule suivante :
u (i) = i 4 dollars. Le gain moyen est donc
6
X i 4 (21 6 4)
u = hui = $= $= 0:50$ (1.4)
i=1
6 6
Supposons que notre joueur s’intéresse aux “‡uctuations” de son gain moyen. Le mot ‡uctuations
est plutôt vague mais son sens intuitif est assez clair : Parfois on gagne, parfois on perd, est-ce que le
montant gagné ou perdu à chaque fois est très di¤érent ou non de la moyenne. Il y a plusieurs façons
de répondre à cette question, et si on connaît la loi de probabilité, en fait on connaît tout ce qu’il est
possible de connaître sur ce jeu. Néanmoins, on voudrait avoir un seul nombre qui caractériserait les
‡uctuations. Par convention, on se sert de l’écart type, aussi connu sous le nom de dispersion. Cette
quantité est dé…nie de la façon suivante :
rD E
2
(u hui) (1.5)
Encore une fois, les crochets hi veulent dire “valeur moyenne”. Dans l’exemple qui nous préoccupe
On peut aussi utiliser le gain lui-même, u comme variable aléatoire. On a alors, P (u) = 1=6 pour
toute valeur de u: La distribution de probabilité, sa valeur moyenne et son écart type se représentent
graphiquement comme à la …gure (1-1). La ‡èche verticale indique la valeur moyenne et l’horizontale
l’écart-type.
0.18
0.16
0.14
0.12
Probabilité
0.1
Série1
0.08
0.06
0.04
0.02
0
0
5
-5
-4
-3
-2
-1
Gain
Dé…nition 8 On appelle variable aléatoire, une variable dont la valeur n’est connue qu’avec une cer-
taine probabilité.
Exercice 1.2.4 Considérons un jeu de Loto où la probabilité de perdre 1$ (le coût du billet) est de
999=1000 et la probabilité de gagner 500$ est de 1=1000. Calculez le gain moyen et l’écart type cor-
respondant. Est-ce que les gens participent aux jeux de hasard lorsque les ‡uctuations sont grandes ou
petites et pourquoi ?
8 Mlodinow, p.138
AC
ACB
A BA
BAC
B
BC
C BCA
CA CAB
CB
CBA
Fig. 1-2 Arbre des possibilités illustrant pour N = 3 la façon dont on construit toutes les permutations
possibles de N objets. À la première étape il y a ici N = 3 choix possibles, puis N (N 1) = 6 à la
deuxième étape et …nalement N (N 1)(N 2) = 6 à la dernière étape.
Additionner les probabilités d’événements complémentaires va parfois nous forcer à compter vite !
Alors cette section va nous donner quelques outils pour compter vite.
1.3.1 Permutations, arrangements et combinaisons pour compter les façons di¤érentes d’obtenir un résultat
Si j’ai N objets distincts, combien y a-t-il de façons di¤érentes de les mettre en ordre ? Par exemple,
prenons trois objets, A,B,C. On peut les mettre en ordre des six façons suivantes :
N! N (N 1) (N 2) ::: 2 1 (1.7)
Dé…nition 9 Chacun des ordres di¤ érents de N objets est appelé une “ permutation”. On dit donc
qu’il y a “N factorielle” permutations de N objets di¤ érents.
Pour se convaincre que la formule ci-dessus pour le nombre de permutations est la bonne, il su¢ t
de traiter par exemple le cas de trois objets ABC ci-dessus à l’aide d’un schéma, comme à la Fig.(1-2),
illustrant tous les choix possibles.
Dé…nition 10 On veut savoir le nombre de façons d’ordonner n objets tirés de N: Si chaque ordre
des n objets pris parmi N est considéré comme di¤ érent, on parle alors du nombre “d’arrangements”
de N objets pris n à la fois.
ANALYSE COMBINATOIRE 17
En utilisant le même raisonnement que pour les permutations, en particulier l’arbre des possibilités,
on voit que le nombre d’arrangements de n objets pris parmi N est égal à
N!
N (N 1) : : : (N n + 1) = (1.8)
(N n)!
Une autre façon de voir ce résultat est de noter qu’on ne doit pas tenir compte des permutations des
N n objets qui ne sont pas choisis. Dans le N ! il y a (N n)! permutations qui sont comptées en
trop pour chaque ordre donné des n objets choisis. Il faut donc diviser N ! par (N n)!:
Exemple 11 On veut savoir combien de conseils étudiants di¤ érents il est possible de former dans une
classe de 30 étudiants. Le conseil étudiant est formé d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire
et d’un trésorier. La réponse est qu’il y a 30!=26! = 30 29 28 27 possibilités.
Maintenant un peu plus compliqué. Parmi N objets di¤érents, je veux savoir combien il est possible
de faire de sous-groupes di¤érents composés de n objets lorsque je ne me préoccupe pas de l’ordre
dans lequel les n objets ont été choisis. La réponse est qu’il su¢ t de prendre le résultat précédent pour
les arrangements et de diviser par n! puisque chaque permutation de n objets était comptée comme
di¤érente dans les arrangements. En d’autres mots, on obtient
N N!
CnN n!(N n)! (1.9)
n
N
Ce rapport revient si souvent qu’on prend la peine de lui assigner un symbole, CnN ou encore .
n
Exemple 12 Dans notre exemple de conseil étudiant, si on ne se préoccupe pas de qui occupe chacun
des postes, il faut diviser le nombre d’arrangements par 4! puisque c’est le nombre de façons dont les
quatre étudiants du conseil peuvent occuper chacun des postes.
Remarque 8 Voici une autre façon d’arriver au résultat pour le nombre de combinaisons. Mettons
d’abord les N objets en ordre. Il y a N ! façons de faire cela. Divisons chacun des N ! groupes de N
objets en deux sous-groupes, un contenant les n premiers objets et l’autre les N n suivants. Dans
les N ! séquences que j’ai formé au départ, il arrivera plusieurs fois que les n premiers objets seront
les mêmes sauf pour l’ordre dans lequel ils apparaîtront. Il y a n! façons de les ordonner. Pour chacun
de ces ordres, il y a (N n)! façons d’ordonner les objets restant. Chacun des di¤ érents groupes de
n objets, est donc répété n! (N n)! fois lorsqu’on compte toutes les permutations possibles des deux
sous-groupes. Le nombre de groupes di¤ érents de n objets choisis parmi N sera donc n!(NN ! n)! .
Exemple 14 On véri…e aisément qu’il y a trois façons de faire des groupes de deux objets lorsque
ceux-ci sont choisis parmi trois. Ceci se véri…e explicitement à l’aide de l’exemple A,B,C donné plus
haut ainsi qu’à l’aide de 3!= (2!1!) = 3 2=2 = 3:
Exercice 1.3.1 Prenez quatre objets di¤ érents, disons A,B,C,D. Écrivez au long les 24 façons de les
ordonner et identi…ez le nombre de groupes de deux objets qu’on peut former. Montrez que l’on retrouve
bien le résultat que l’on déduirait de C24 .
Exercice 1.3.2 Nous sommes dans une réunion de vingt personnes. Chacune donne la main à toutes
les autres à l’arrivée. Combien de poignées de mains di¤ érentes seront échangées ? Résolvez ce problème
de deux façons di¤ érentes.
1.3.2 & Binôme de Newton, un théorème pour établir les propriétés de la distribution binomiale
Dans cette section, nous démontrerons un petit théorème qui nous sera très utile dans la section
suivante. En fait, même la dernière technique de preuve sera en partie réutilisée plus tard !
Les nombres CnN sont aussi connus sous le nom de “coe¢ cients du binôme”. Ce nom vient d’une
formule découverte par Newton, “le binôme de Newton”. Cette formule, que nous trouverons très utile
plus tard, permet de développer rapidement un binôme p + q à une puissance quelconque :
N PN N! n N n
(p + q) = n=0 n!(N n)! p q (1.11)
Par dé…nition
0! = 1
On peut prouver le résultat général binôme de Newton de plusieurs façons.
Preuve 1 : Considérez chacun des N termes (p + q) comme s’ils étaient nos N objets. Il faut trouver
combien il y a de façons d’obtenir le monôme pn q N n lorsqu’on fait le produit des N objets. C’est la
même chose que de chercher le nombre de façons dont on peut diviser le groupe de N objets en deux
sous-groupes, celui des p et celui des q, contenant chacun respectivement n et N n objets. Il y a CnN
façons di¤érentes de faire ces deux sous-groupes. Une façon est considérée di¤érente si au moins un des
N termes (p + q) n’appartient pas au même groupe ( p ou q).
Preuves alternatives
Preuve 2 : On peut prouver la formule du binôme par induction. Elle est facile à véri…er pour N = 1
et N = 2. Si la formule est vraie pour N , alors on peut véri…er qu’elle est vraie pour N + 1. (Exercice !)
Preuve 3 : Nous allons généraliser le truc suivant. Supposons qu’on ait un polynôme,
f (x) = a + bx + cx2 + dx3 : (1.12)
Je peux trouver la valeur du coe¢ cient de x2 en dérivant deux fois le polynôme et en évaluant le
résultat à x = 0: Soyons plus explicite. En dérivant deux fois je trouve
1 d2 f (x)
= c + 3dx (1.13)
2 dx2
puis en évaluant à x = 0; j’obtiens
1 d2 f (x)
=c (1.14)
2 dx2 x=0
On peut généraliser cette approche de la façon suivante. On veut trouver les coe¢ cients aN
n ; supposés
inconnus, du polynôme suivant
XN
N
(p + q) = aN k N k
k p q (1.15)
k=0
On note l’identité suivante
1 @n k 1 si k = n
p = (1.16)
n! @pn p=0
0 si k < n
ANALYSE COMBINATOIRE 19
La dérivée courbée indique une dérivée partielle, un concept que nous rencontrerons souvent dans
ce cours. Lorsqu’on prend la dérivée partielle par rapport à p on dérive par rapport à p en gar-
dant toutes les autres variables constantes, en particulier ici q. Pour trouver aN
n il su¢ t d’appliquer
1 @n 1 @N n N
l’opérateur n! @pn (N n)! @qN n à (p + q) puisque appliqué au membre de droite de l’Éq.(1.15) cet opé-
rateur donnera la valeur zéro lorsqu’il agit sur un monôme pk q N k où k 6= n, alors qu’il donnera aNn
lorsque k = n; comme on peut le voir à partir de l’Éq.(1.16). On trouve donc le résultat recherché,
1 @n 1 @N n
N
aN
n = n
(p + q) (1.17)
n! @p (N n)! @q N n
N!
= = CnN (1.18)
n! (N n)!
Pour simpli…er la discussion, on commence par la marche aléatoire en une dimension. A…n d’éviter
les exemples d’alcoolique, considérons plutôt une particule qui se déplace en une dimension d’une
distance ` puis fait une collision. Suite à cette collision, la particule repart à droite avec une probabilité
p ou à gauche avec une probabilité q. On voit qu’il s’agit là d’un modèle d’application très générale
en physique. Que ce soit pour la propagation des particules dans un gaz, ou de la lumière dans un
milieu aléatoire, ou du mouvement Brownien, de simples généralisations du problème de base nous
permettront de traiter de plusieurs cas. Dans le langage des probabilités, p et q sont les probabilités à
priori. En particulier,
p+q =1 (1.19)
puisque aller à gauche ou à droite donne toutes les possibilités après une collision. On veut calculer la
probabilité de se retrouver à la distance
x = m` (1.20)
après N pas.
En suivant nos règles élémentaires pour l’addition et la multiplication des probabilités, on peut
facilement déduire le résultat suivant : La probabilité de faire un pas à droite, puis un pas à gauche
est donnée par pq (règle du ET ). Celle de faire un à gauche puis un à droite par qp. Celle d’avoir fait
un pas à gauche et un à droite dans n’importe quel ordre (c’est à-dire avec à droite en premier OU
à gauche en premier) est donné par la somme des probabilités pour les deux cas précédents (règle du
OU) soit 2pq.
On généralise ce raisonnement à un cas arbitraire. La probabilité de faire une marche aléatoire
particulière avec disons n1 pas à droite puis N n1 pas à gauche est pn1 q N n1 (c’est la règle du ET ).
Si on ne se préoccupe pas de l’ordre dans lequel les pas à droite et à gauche ont été pris mais qu’on ne
veut que connaître la probabilité WN (n1 ) qu’au total n1 pas à droite et N n1 pas à gauche aient été
faits, il nous su¢ t d’additionner (règle du OU ) toutes les façons de faire n1 pas à droite lorsqu’on fait
N pas en tout soit,
N! n1 N n1
WN (n1 ) = n1 !(N n1 )! p q (1.21)
Voilà ! Cette expression, ainsi que la relation entre p et q Éq.(1.19) s’appelle la distribution de probabilité
binomiale.
La probabilité d’être rendu à une distance x se calcule aisément par un changement de variable.
x = (n1 (N n1 )) ` (1.22)
9 Reif, Secs.1.1 et 1.2
Cette fonction est utile car elle permet d’obtenir tous les moments à partir d’une dérivée, évaluée à
= 0: Par exemple,
XN
@e n1
n1 = = n1 WN (n1 ) : (1.28)
@ =0 n =0 1
Pour voir que c’est utile, il su¢ t de noter que la fonction génératrice des moments peut s’obtenir
facilement à partir du théorème du binôme de Newton
N
X N! N
e n1 p n1 e n1 N
q n1
= (pe + q) : (1.29)
n1 =0
n 1 ! (N n 1 )!
Nous pouvons véri…er que cette fonction génératrice permet de retrouver n1 = N p. En e¤et
n1 N
X
@e
n1 = = n1 WN (n1 )
@ =0 n1 =0
N
@ (pe + q)
=
@
=0
N 1
= N (pe + q) pe = N p:
=0
1 0 Reif, Sec.1.4
N
X
@2e n1
n21 = 2
= n21 WN (n1 )
@ =0 n1 =0
N 1
@(N (pe + q) pe )
=
@
=0
N 1 N 2 2
= N (pe + q) pe + N (N 1) (pe + q) (pe )
=0
= N p + N 2 p2 N p2
d’où
n21 n1 2 = N p N p2 = N pq
Remarque 9 *Méthode alternative : Moyenne : Revenant aux sommes, on constate que la somme
donnant la condition de normalisation est connue en fonction des paramètre p et q quels qu’ils soient,
c’est-à-dire même s’ils ne satisfont p + q = 1. Nous allons utiliser ceci à notre avantage. En e¤ et,
@ n1
n1 pn1 = p (p ) (1.30)
@p
où la dérivée courbée reviendra souvent. Cette dérivée courbée est la dérivée partielle que nous avons
déjà rencontrée à la section précédente. Comme toujours, elle veut dire qu’on dérive par rapport à la
variable indiquée, ici p, en gardant toutes les autres variables constantes. Ainsi, on ne dérive pas q par
rapport à p. Celles-ci sont pour le moment considérées indépendantes. Utilisant ce simple résultat, on
obtient donc,
N
X N
X
N! N! @
n1 = n1 pn1 q N n1
= p (pn1 ) q N n1
(1.31)
n1 =0
n1 ! (N n1 )! n1
n ! (N n1 )! @p
=0 1
" N
#
@ X N! @ N N 1
=p (pn1 ) q N n1
=p (p + q) = pN (p + q) : (1.32)
@p n1 =0
n 1 ! (N n 1 )! @p
n1 = N p (1.33)
Écart type : C’est pas juste, vous connaissez tous les trucs ! Après un peu d’amusement mathématique,
on obtient
2
( n1 ) n21 n1 2 = N pq (1.34)
Remarque 10 Le truc que nous venons d’utiliser, c’est-à-dire dériver la condition de normalisation
N
(p + q) par rapport à p pour trouver la valeur moyenne, est un truc d’une très grande généralité.
Non seulement peut-on l’utiliser comme ci-dessous pour calculer l’écart type, on utilisera un truc tout
à fait analogue pour calculer moyenne et écart type de la gaussienne et (en devoir) de la distribution
N
de Poisson. En physique statistique, la fonction de partition Z jouera le rôle de (p + q) et les dérivées
de la fonction de partition (de son logarithme) nous donneront des valeurs moyennes de quantités
observables, comme l’énergie disons. Nous venons donc d’apprendre un truc d’une très très grande
utilité. C’est un bon investissement de faire tous les e¤ orts ici pour le comprendre !
Probabilité
0.2
0.15 Série1
0.1
0.05
0
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Succès
& Illustrations
Pour imager tout ça, voici à la Fig.(1-3) un exemplepexplicitepde distribution de probabilité bino-
miale. La valeur moyenne ici est N p = 4 et l’écart type N pq = 2: 4 = 1: 55:
Un peu de résultats qualitatifs : Une chose importante à remarquer est que la largeur relative de la
distribution de probabilité, c’est-à-dire
q
n21 n1 2
p r
N pq q 1
= = p (1.35)
n1 Np p N
diminue avec le nombre de pas pris au total, N . C’est un résultat général des statistiques. Lorsqu’une
variable aléatoire est la somme d’un grand nombre d’autres variables aléatoires indépendantes, l’incer-
titude relative sur la variable somme diminue avec la racine carrée du nombre de variables aléatoires
dont elle est la somme. Ici, on peut considérer la distance parcourue comme un somme de N variables
aléatoires. Nous reviendrons à cette discussion en …n de chapitre.
N 1 n 0 , 1.. N
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
1 1
3 3
P( n) 0.5
0 0
4 2 0 2 4
n
_________________________________
N 2 n 0 , 1.. 2
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
_________________________________
N 3 n 0 , 1.. 3
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4 0.4
3 3
P( n) . N. p. q 0.2
0
0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
_________________________________
N 10 n 0 , 1.. 10
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
_________________________________
N 20 n 5 , 6.. 20
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
_________________________________
N 50 n 20, 21.. 40
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
_________________________________
N 100 n 45, 46.. 75
N! . p n. q N n
P( n )
n!. ( N n )!
0.4
3 3 0.4
P( n) . N. p. q 0.2
0 0
4 2 0 2 4
n ( N. p)
N. p. q
Remarque 11 La “Gaussienne” a été découverte d’abord par De Moivre en 1733. Gauss l’a introduite
dans l’analyse d’erreur en astronomie. La preuve qu’il en a donnée s’est avérée fausse. C’est Laplace en
1810 qui a envoyé à l’Académie des Sciences un manuscript prouvant le“théorème de la limite centrale”
après avoir lu l’annexe dans laquelle Gauss décrit cette fonction.12 13
Remarque 13 La formule de Stirling marche très bien même pour des N relativement petits, comme
on peut s’en convaincre à partir des résultats numériques suivants : Même pour N = 1 on a :92214 à
partir de la formule approximative. Pour N > 10 on a déjà environ 1% de précision, comme le montre
le tableau suivant.
N N! exp N ln N N + 21 ln (2 N )
2 2 1:919
3 6 5:8362
4 24 23:506
5 120 118:02
6 720 710:08
7 5040 4980:4
8 40; 320 39; 902
9 3:6288 105 3:5954 105
10 3:6288 106 3:5987 106
Quelle est la meilleure stratégie pour trouver une approximation analytique pour la binomiale
lorsque N est grand ? C’est évidemment d’organiser un développement de Taylor qui utilise la petitesse
de 1=N: Rappelons-nous que c’est autour du maximum de WN (n1 ) qu’il faut travailler et que ce
maximum est situé à n1 = N p; c’est à dire à une valeur de n1 qui est d’ordre N: Une approche directe
serait de faire un développement de Taylor autour du maximum. Nous verrons que ce n’est pas vraiment
p
une bonne stratégie. En e¤et, la distribution de probabilité a une largeur qui augmente comme N ,
autrement dit même en développant autour du maximum la valeur de n1 N p peut être très grande,
ce qui n’est pas très confortable pour une série de Taylor.
1 1 La distribution limite s’appelle un point …xe dans le jargon du groupe de renormalisation.
1 2 Mlodinow, p.137 et suivantes.
1 3 Il est recommandé de dire "Théorème central limite" car c’est le théorème qui est central et non la limite, mais nous
Les termes soulignés se simpli…ent. Regroupons ensuite les termes d’ordre le plus bas en n1 ; soit ln (n1 ) :
s
N
WN (n1 ) = exp [n1 ln p + (N n1 ) ln q (1.40)
2 n1 (N n1 )
+N ln N n1 ln n1 (N n1 ) ln (N n1 )] (1.41)
s
N
exp gN (n1 ) : (1.42)
2 n1 (N n1 )
La dernière équation dé…nit gN (n1 ) : Le préfacteur est une fonction algébrique de n1 dont la valeur
autour de n1 = N p ne varie que sur des intervalles d’ordre N: Le facteur exponentiel est évidemment
beaucoup plus sensible aux variations de n1 : Commençons donc par développer l’argument de l’expo-
nentielle gN (n1 ) autour du maximum @g (n1 ) =@n1 jnmax = 0: Le maximum de l’exponentielle est situé
1
au même endroit que le maximum de son argument. Le développement prend la forme
1 d2 gN (n1 ) 2
gN (n1 ) = gN (nmax
1 )+ (n1 nmax
1 ) + ::: (1.43)
2 dn21
la valeur de nmax
1 étant donnée par la solution de
@gN (n1 )
= ln p ln q ln nmax
1 + ln (N nmax
1 )=0 (1.44)
@n1 nmax
1
On remarque que chaque dérivée successive est plus petite que la précédente par un facteur 1=nmax
1 /
1=N: La série de Taylor Éq.(1.43) converge donc rapidement.
Il ne reste plus qu’à évaluer chacun des termes entrant dans la série de Taylor Éq.(1.43) pour
l’argument de l’exponentielle. La solution de l’Éq.(1.44) pour le maximum s’obtient à partir de
p nmax
1
ln = ln (1.46)
q N nmax
1
1 1 1 1 1 1 1
= + = (1.47)
N n1 n1 nmax N 1 p p N pq
1
nmax
1 ln nmax
1 (N nmax
1 ) ln (N nmax
1 ) (1.50)
= N p ln N p N q ln N q = N ln N N p ln p N q ln q (1.51)
Approximation pour W N (n1 ) : Substituant le résultat de tous ces calculs pour l’argument de
l’exponentielle Éq.(1.43) dans l’équation de départ Éq.(1.42) on obtient
s !
2
N 1 (n1 N p)
lim WN (n1 ) exp : (1.52)
N grand 2 n1 (N n1 ) 2 N pq
p
Lorsque n1 = N p N pq; l’exponentielle chute d’un facteur e 1=2 par rapport à sa valeur au maximum.
p
Par contre, la valeur du préfacteur n’a changé que par un facteur d’ordre 1 + O 1= N ce qui est
négligeable. C’est donc une excellente approximation d’évaluer le préfacteur au maximum, ce qui nous
laisse la forme asymptotique suivante à l’ordre dominant
!
2
1 1 (n1 N p)
lim WN (n1 ) =p exp (1.53)
N grand 2 N pq 2 N pq
!
2
1 1 (n1 n1 )
lim WN (n1 ) q exp (1.54)
N grand 2 2 ( n )2
2 ( n1 ) 1
Remarque 14 La dernière façon d’écrire la distribution de probabilité dans cette limite suggère que
le résultat est plus général que sa dérivation. Nous reviendrons là-dessus.
Remarque 15 *Comment justi…e-t-on d’avoir négligé les autres termes dans le développement de
l’argument de l’exponentielle ? En prenant une dérivée additionnelle de l’Eq.(1.45) on voit que le terme
suivant dans l’exponentielle aurait eu la forme
1 3
(n1 N p) (1.55)
N2
p
or, pour n1 = N p + N pq, déjà WN (n1 ) est réduit d’un facteur exp ( 1=2) par rapport à sa valeur au
maximum, ce qui n’est qu’une autre manifestation de l’étroitesse relative de la distribution de probabilité.
Le terme suivant n’ajouterait qu’une correction d’ordre
1 p 3 1
N pq p (1.56)
N2 N
p
à l’argument de l’exponentielle, i.e. on trouverait que WN (n1 ) est réduit au total d’un facteur exp 1=2 + O 1= N :
On néglige donc ces corrections dans la limite N ! 1. Pour n1 = N p + O (N ) la binomiale origi-
nale est très di¤ érente de la gaussienne, mais par contre la valeur de la probabilité est tellement petite
( exp ( N )) que ces corrections ne peuvent changer aucune valeur moyenne de façon importante.
Remarque 16 *Cela aurait été une très mauvaise idée de développer directement l’exponentielle plutôt
que de développer son argument gN (n1 ) : En e¤ et, soit
a 2 b 3
exp (n1 N p) + (n1 N p) + : : : (1.57)
N N2
1
! q
X 1 (n1 n1 )
2
2
2 2 ( n1 )2
exp = 2 ( n1 ) 1 + 2e + ::: (1.59)
n1 = 1
2 ( n )2
1
On sait déjà d’après les tracés de la binomiale que nous avons faits plus tôt que dans la limite
N ! 1 la probabilité ne change plus tellement
p lorsque n1 change de n1 à n1 + 1. En e¤et, il faut que
n1 change beaucoup, soit de l’ordre de N pq, pour que le changement soit appréciable. Les courbes
suggèrent aussi que dans la limite N ! 1 une version continue de la distribution de probabilité devient
naturelle. La probabilité que n1 soit compris entre n1 et n1 + dn1 est alors simplement égale environ à
WN (n1 ) dn1 . Par exemple, si dn1 = 4 la probabilité est égale à quatre fois la probabilité évaluée à n1 .
On peut rendre tout ça encore plus naturel lorsqu’il s’agit de décrire une vraie marche aléatoire.
Pour un pas de grandeur ` à chaque déplacement, on a que le déplacement x est donné comme à
l’équation Éq.(1.22) par
x = (n1 (N n1 )) ` (1.60)
soit le nombre de pas à droite n1 moins le nombre de pas à gauche (N n1 ) fois le déplacement ` à
chaque pas. Substituant alors
1 x
n1 = N+ (1.61)
2 `
dans l’équation pour la binomiale Éq.(1.54) dans la limite N ! 1 on obtient,
dx
WN (n1 ) dn1 = WN (x) P (x) dx (1.62)
2`
1 5 Le Bellac, p.161
1 6 Reif, Sec. 1.6
p
2` N pq (1.65)
1 (x )2
P (x) = p 1 exp 2 (1.66)
2 2 2
Dé…nition 15 La quantité P (x) est une densité de probabilité, c’est-à-dire qu’il faut multiplier par
dx pour obtenir une probabilité.
On s’attend à ce que soit la valeur moyenne du déplacement puisque c’est la valeur qu’on trouve
en substituant n1 = N p dans l’équation Éq.(1.60). De même pour l’écart
p type, on s’attend à ce qu’il
soit égal à puisque dx = 2`dn1 et que l’écart type en n1 est égal à N pq. Puisque nous avons bien
développé le ré‡exe de calculer valeur moyenne et écart type, véri…ons ceci explicitement.
Moyennes calculées dans le continu : Tout d’abord une remarque générale. Pour une probabilité
quelconque P (n1 ) ; lorsqu’on passe dans le continuum, les sommes discrètes deviennent des intégrales,
comme on peut le voir en utilisant la limite habituelle pour dé…nir une somme à partir d’une intégrale
X Z
P (n1 ) ::: ! dxP (x) ::: (1.67)
n1
Donc, en particulier pour n’importe quelle valeur moyenne d’une fonction de la variable aléatoire on a
X Z
P (n1 ) f (n1 ) ! dxP (x) f (x)
n1
Normalisation : Pour véri…er la normalisation de la normale Éq.(1.63) nous devons véri…er que
Z Z !
1 2
1 1 (x )
dxP (x) = p exp 2
dx = 1: (1.68)
1 2 2 2
Notez que les bornes ont été prises de 1 à 1 parce que la distance la plus grande possible à droite
est xmax = N ` alors qu’elle est N ` à gauche, ce qui donne bien les bornes d’intégration que nous
avons choisies dans la limite N ! 1.
Pour véri…er la normalisation, il su¢ t d’utiliser le truc suivant17 . On veut évaluer
Z 1
x2
e 2 2 dx: (1.69)
1
Pour ce faire, on évalue le carré de cette intégrale et on prend la racine carré à la …n. En e¤et, en
changeant en coordonnées polaires, le carré de l’intégrale est facile à faire, comme on peut le voir dans
1 7 Reif, annexe A2
En prenant la racine carrée, on voit qu’on a prouvé que la condition de normalisation Éq.(1.68) est en
e¤et satisfaite. (Il faut évidemment faire le changement de variable x ! x + .)
La fonction génératrice des moments pour la gaussienne se calcule facilement sachant, une fois de
plus, l’intégrale qui donne la normalisation. En e¤et, cette fonction génératrice est donnée par
Z Z 1 !
2
x x 1 1 (x )
he i = P (x) e dx = p exp 2
+ x dx: (1.78)
1 2 2 2
1 2 2
exp[ + ]; (1.79)
2
d’où on déduit,
hxi = (1.80)
2 2 2
x hxi = : (1.81)
Étant donné la forme de la fonction génératrice, on voit au tous les moments ne dépendront que de
la moyenne et de la variance. C’est une propriété caractéristique de la gaussienne. On dit que deux
cumulants, le premier et le second 2 . Le problème 1.12.25 dé…nit ce que sont les cumulants.
Proposition 16 Remarque 20 On peut aussi proposer une méthode pour obtenir la variance qui
ressemble à ce que nous ferons pour l’ensemble canonique au Chapitre 7. Soit
1 (x )2
exp 2 2
P (x) = R 1 : (1.82)
1 (x )2
1
exp 2 2 dx
Remarque 21 Méthode alternative : Moyenne : Pour calculer la valeur moyenne, on procède par un
simple changement de variable et on utilise ensuite la condition de normalisation et le fait que l’intégrale
de 1 à 1 d’une fonction impaire s’annule. En e¤ et,
Z Z !
1 2
x 1 (x )
dxP (x) x = p exp 2
dx (1.85)
1 2 2 2
Z !
1 2
x+ 1 (x)
= p exp dx (1.86)
1 2 2 2 2
Z 1 !
2
1 1 (x)
= 0+ p exp dx (1.87)
1 2 2 2 2
= :
Écart type :18 On utilise le même truc qu’avec la binomiale, c’est-à-dire qu’on dérive le résultat qu’on
a obtenu dans le calcul de la normalisation et on dérive par rapport à 2 . Plus précisément
Z 1 p
(x )2
e 2 2 dx = 2 2 (1.88)
1
Z 1 Z 1 2 p
@ (x )2 (x ) (x )2 @
e 2 2 dx = 3
e 2 2 dx = 2 (1.89)
@ 1 1 @
ou encore
Z 1 p
(x )2
2 3
(x ) e 2 2 dx = 2
1
tel que prévu, cette équation nous donne l’écart type en prenant la racine carré de la variance.
Voici à quoi ressemble une gaussienne, Fig.(1-8), ayant la même valeur moyenne et le même écart
type que la binomiale illustrée à la …gure (1-3).
* Probabilité cumulative (fonction de répartition) et fonction erreur : 19 Pour se familiariser un peu
avec la gaussienne, demandons-nous la question suivante. Soit une variable aléatoire x décrite par une
distribution de probabilité normale de moyenne et d’écart type . Quelle est la probabilité que la
variable x prenne des valeurs situées à de la valeur moyenne ?
La réponse à cette question s’obtient en se souvenant que la probabilité que la variable prenne une
valeur dans l’intervalle dx est donnée par P (x) dx. Sur un intervalle qui n’est pas in…nitésimal, il su¢ t
donc d’intégrer. On trouve donc que la réponse à la question demandée s’obtient en évaluant l’intégrale
1 8 Reif, Annexe A.4
1 9 Reif, Annexe A.5
−σ +σ
0.08
0.06 −2σ +2σ
0.04
0.02
0
-2 0 2 4 6 8 10
Cette fonction est tabulée et on connaît des développements asymptotiques dans di¤érentes limites.
La leçon importante est que, pour une gaussienne, environ les deux tiers des valeurs probables de x se
trouvent
p à l’intérieur de de la moyenne. Mais attention, la chute est brutale. Pour p 2 on trouve
erf 2 = :9545 (i.e. environ 19=20 comme on entend à la télé...) et pour 3 , on a erf 3= 2 = :9973,
soit une probabilité plus faible que 3=1000 de se trouver à l’extérieur d’un intervalle 3 de la moyenne.
la “probabilité cumulative”. Cette quantité P (x) est la probabilité (et non la densité de probabilité) pour
que la variable aléatoire prenne une valeur plus petite que x: Dans le cas de la gaussienne, il est facile
de voir que la probabilité cumulative est simplement reliée à la fonction erreur. Évidemment, P (x) est
comprise entre 0 et 1.
Nous nous permettons une légère digression20 avant de retourner à notre problème principal, soit
celui de la marche aléatoire. Nous nous posons le problème suivant. Soit une variable aléatoire continue
u et une fonction de cette variable aléatoire (u). Sachant la densité de probabilité pour la variable u;
quelle est celle pour la variable ? Pour répondre à cette question, il su¢ t de noter que la probabilité
de tomber dans un intervalle du, soit P(u)du doit être égale à la probabilité de tomber dans l’intervalle
correspondant d . Plus spéci…quement,
W ( ) d = P (u) du (1.98)
= au (1.101)
alors, en ramenant les bornes d’intégration sur d pour qu’elles soient du plus petit au plus grand et
en utilisant la formule de changement de variable standard pour les intégrales, on retrouve le résultat
recherché Éq.(1.100) comme le démontrent les manipulations qui suivent,
Z 1 Z a
du
duP (u) = d P (u) (1.102)
1 a d
Z a
du
= d P (u) (1.103)
a d
Z a
du
= d P (u) (1.104)
a d
Z a
= d W( ) (1.105)
a
0 2 4 6 8 10 12 14 16
0
-5
-10
-15
-20
-25
-30
-35
Fig. 1-9 Changement de variables = 2u, avec u sur l’axe horizontal, et sur l’axe vertical.
Changement de variables φ = 2u 2
φ
50
40
30
20
10
0
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
u
u
Dans l’exemple précédent, il y a deux façons di¤érentes d’obtenir le même : Le facteur 2 re‡ète donc
la règle du OU pour des événements complémentaires. De façon plus générale, lorsque la transformation
entre et u n’est pas biunivoque, il faut tenir compte de toutes les valeurs de u qui donnent le même
:
Remarque 23 Le résultat pour une transformation générale (u) est que s’il y a n valeurs de u;
notées ui (i = 1; 2 : : : n); correspondant à une valeur de donnée, alors
n
X du
W( )= P (ui ) (1.106)
i=1
d ui
Voici maintenant un exemple, tiré textuellement de Reif, qui contient les deux di¢ cultés mentionnées
ci-dessus et qui nous sera très utile dans le chapitre suivant :
Exemple 19 Soit un vecteur bidimensionnel r de longueur …xe mais d’orientation aléatoire. La pro-
babilité à priori que le vecteur pointe dans la direction est donnée par
d
P ( )d = (1.107)
2
Quelle est la probabilité que la composante
x = jrj cos
du vecteur prenne une valeur donnée ? Ce problème est illustré à la …gure (1-11). Notons d’abord que
les valeurs négatives et positives de donnent la même valeur de x. On a donc,
d 1 d
W (x) = 2P ( ) = (1.108)
dx dx
et on peut calculer la dérivée comme d’habitude
s
dx p x2
= jrj jsin j = jrj 1 cos2 = jrj 1 2 (1.109)
d jrj
1
de telle sorte que …nalement, comme jd =dxj = jdx=d j ; alors
( 1
p 12 ; pour jrj x jrj
W (x) = jrj x2 (1.110)
0 ; autrement
Notez que, contrairement à une probabilité, une “densité” de probabilité peut diverger, ce qui est le cas
ici pour x = jrj : Tant que la divergence est intégrable, il n’y a évidemment pas de problème.
Remarque 24 *En terminant, on peut discuter brièvement le cas de plusieurs variables de façon
tout à fait analogue. Soit une densité de probabilité conjointe pour deux variables, c’est-à-dire que la
probabilité de trouver à la fois x et y dans l’intervalle dxdy est donnée par P (x; y) dxdy. Alors, si on
fait le changement de variables u (x; y) et v (x; y), la densité de probabilité pour les variables u et v se
trouve en utilisant la formule de changement de variable pour les intégrales, soit
@ (x; y)
W (u; v) = P (x; y) (1.111)
@ (u; v)
@(x;y)
où le jacobien @(u;v) comme d’habitude est dé…ni par
@x @x
@ (x; y) @u @v
= det @y @y (1.112)
@ (u; v) @u @v
Les problèmes reliés au fait que la transformation n’est peut-être pas biunivoque sont réglés de la même
façon que ci-haut.
Remarque 25 *Juste pour se rappeler un peu d’où vient le Jacobien lorsqu’on transforme des surfaces,
considérons le cas d’une transformation x (u; v) ; y (u; v). Soit le vecteur in…nitésimal de composantes
du1 et dv1 partant du point (u; v) : Le vecteur correspondant en (x; y) a les composantes
@x @x
dx1 = du1 + dv1 (1.113)
@u @v
Puis, utilisant la propriété det (AB) = det (A) det (B) on voit que le jacobien donne la constante de
proportionalité entre les deux surfaces. De même, pour trois variables le produit triple de trois vecteurs
(le volume) est un déterminant et, en suivant le même raisonnement, on voit que le jacobien représente
la constante de proportionalité entre les deux volumes.
D’après notre discussion de la gaussienne, on se doute bien que c’est la distribution de probabilité
qu’on doit obtenir, indépendamment de bien des détails de la probabilité à priori pour les pas à gauche
et à droite. Par exemple, jusqu’à maintenant, on a supposé qu’on ne peut faire que des pas à gauche et à
droite tous de la même longueur ` avec une probabilité respective p et q. La distribution de probabilité
pour la longueur d’un pas quelconque, dans le cas ` = 1, est représentée en haut à gauche de la …gure
(1-12).
Il est remarquable qu’une distribution de départ très asymétrique pour un seul pas, comme celle
d’en haut à gauche de la …gure, donne une distribution …nale pour la distance totale parcourue qui
soit lisse et symétrique comme dans le bas de la …gure. Dans une section précédente nous avons prouvé
que cette distribution était une gaussienne. On peut déjà deviner que ce résultat est très général. Les
détails de la distribution de probabilité de départ sont “oubliés”. Soyons plus spéci…ques. Supposons
que la grandeur et la direction du pas (sa valeur algébrique) soient plutôt tirés d’une distribution de
probabilité à priori qui est continue tel qu’illustré en haut à droite de la …gure. À condition que ces
deux lois de probabilité très di¤érentes (celles de gauche et de droite en haut de la …gure) aient la
même valeur moyenne et le même écart type, après un grand nombre N de pas, la probabilité d’être
à une certaine distance est donnée par la même gaussienne, avec une valeur moyenne qui est égale à
N fois p la grandeur moyenne du pas obtenu de la probabilité à priori pour un seul pas et un écart-type
égal à N fois l’écart type de la probabilité à priori. Dans l’exemple de la …gure, N = 100:
Nous ne nous lancerons pas dans la preuve que la distribution de probabilité est gaussienne dans
la limite N ! 1 (sauf pour donner à la section 1.9 une preuve de ce “théorème de la limite centrale”
reposant sur des notions avancées) mais, par contre, nous allons prouver les relations entre les écarts
types de la distribution de probabilité
PN à priori pour une variable, disons s, et celle de la distribution
de probabilité pour la somme i=1 si ; où si est la valeur prise par la variable aléatoire s au ieme
tirage. Ces résultats ont des applications très importantes dans l’analyse de l’erreur sur la moyenne et
le problème de l’élimination du bruit dans les signaux, sans mentionner les sondages !
Remarque 26 La gaussienne apparaît donc comme une distribution de probabilité “émergente”. C’est-
à-dire que peu importent les détails de chacun des processus aléatoire indépendants contribuant à la
variable aléatoire X, si le nombre des processus élémentaires indépendants est grand, la distribution de
probabilité sera gaussienne.
0.6 0.6
Probabilité
Probabilité
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
-3 -2 -1 0 1 2 3 -3 -2 -1 0 1 2 3
Longueur d'un pas Longueur d'un pas
0.06
0.05
0.04
Probabilité
0.03
0.02
0.01
0
0 6 12 18 24 30 36
Distance
Moyenne = 20
Écart type = 7.59
Cette sous-section sert à présenter les notions de probabilité pour plusieurs variables. Elle est donc
en quelque sorte un lemme pour la sous-section suivante. Nous ferons la discussion dans le cas de
variables continues, mais les résultats se transposent facilement au cas des variables discrètes.
Soit P (x; y) dxdy la probabilité conjointe que les deux variables aléatoires prennent respectivement
les valeurs x et y dans l’intervalle dxdy. La valeur moyenne d’une fonction quelconque f (x; y) de ces
variables aléatoires se calcule ainsi
Z Z
hf iP = f = dx dyP (x; y) f (x; y) (1.116)
La notation hf iP indique que la moyenne est prise sur la distribution P: Évidemment, cette dé…nition
mène immédiatement au résultat suivant
hf + giP = hf iP + hgiP (1.117)
En d’autres mots, P (x) est la densité de probabilité de x que nous avons utilisée jusqu’à maintenant,
puisqu’il s’agit de la densité de probabilité d’obtenir x peu importe la valeur de y: Avec P (x; y) une
probabilité conjointe, P (x) est la densité de probabilité “marginale” de x:
Cas des variables statistiquement indépendantes : Par dé…nition, les variables x et y sont statistique-
ment indépendantes si la probabilité d’obtenir x n’in‡uence pas la probabilité d’obtenir y et vice-versa.
Dans ce cas, notre discussion générale sur la façon de combiner les probabilités, telle que donnée au
début de ce chapitre, nous dit que la probabilité d’obtenir x et y est simplement égale au produit des
probabilités, c’est-à-dire,
P (x; y) dxdy = P1 (x) dxP2 (y) dy ; pour des variables stat. indep. (1.119)
La preuve est donnée dans les quelques lignes suivantes (qui ne sont qu’une façon d’écrire la distribu-
tivité du produit sur la somme du point de vue des intégrales)
Z Z
hf (x) g (y)iP = dxdyP1 (x) P2 (y) f (x) g (y) (1.121)
Z Z
= dxP1 (x) f (x) dyP2 (y) g (y) (1.122)
On peut décrire la marche aléatoire de la façon suivante. Soit s une variable aléatoire qui vaut 1 si
on fait un pas à droite, et 0 si on fait un pas à gauche. Cette variable aléatoire peut être utilisée pour
2 1 Reif, Sec.1.7
2 2 Reif, Sec. 1.9
Chaque pas de la marche aléatoire est décrit par une telle variable si et la distribution de probabilité
pour chacune de ces variables si a la même forme fonctionnelle.23 Chaque pas est de plus statistiquement
indépendant des autres. Le nombre total de pas à droite dans une marche quelconque est donné par
N
X
n= si (1.126)
i=1
À partir des résultats de la section précédente, on obtient donc nos résultats fondamentaux.
Moyenne :
DP E PN
N
hniN = i=1 si = i=1 hsi i1 = N hsi1 (1.127)
N
L’indice N dans hiN indique que la moyenne est prise sur la distribution de probabilité pour la marche
de N pas. Cette distribution est le produit des probabilités pour chacun des pas. Le symbol hi1 réfère
à une moyenne sur la distribution de probabilité pour un seul pas. On remarque cependant, à l’aide
des résultats de la section précédente, que la valeur moyenne de s pour un des pas de la marche de N
pas est égal à la valeur moyenne pour un seul pas : hsiN = hsi1 : Le résultat dans l’équation (1.127)
ci-dessus est indépendant de la forme particulière de notre distribution de probabilité pour s. Dans le
cas particulier considéré au début de cette sous-section, on a donc
hniN = N p (1.128)
Le seul point un peu subtil de ces manipulations est celui de la double somme. Lorsque i = j nous
devons considérer s2i N mais lorsque i 6= j, nous avons plutôt hsi sj iN = hsi i1 hsj i1 . Comme ci-haut,
ce résultat est indépendant de la distribution de probabilité alors pour le cas particulier considéré en
début de sous-section, nous avons
2 2
n2 N
hniN = N s2 1
hsi1 = N pq (1.134)
2 3 En mathématiques, ceci s’appelle des essais de Bernoulli. Des essais répétés, statistiquement indépendants, s’appellent
des ”essais de Bernoulli” s’il n’y a que deux résultats possibles pour chaque essai et si les probabilités sont les mêmes
pour tous les essais. (Nommé en l’honneur de James Bernoulli, 1654-1705).
un résultat fondamental. Le résultat encore plus général est que la distribution de probabilité de n est
une gaussienne. C’est le théorème de la limite centrale (Théorème central limite). Ou la loi des grands
nombres.
Remarque 27 Vous pouvez refaire la démonstration ci-haut en prenant un petit exemple avec trois
pas par exemple. La probabilité que s = s1 + s2 + s3 prenne une certain valeur est donnée par
X
P (n) = P (s1 ) P (s2 ) P (s3 ) n;s1 +s2 +s3 (1.136)
s1 ;s2 ;s3
où le delta est un delta de Kronecker. La valeur moyenne de s est donc donnée par
X X
hni = nP (n) = nP (s1 ) P (s2 ) P (s3 ) n;s1 +s2 +s3 (1.137)
n n;s1 ;s2 ;s3
X
= (s1 + s2 + s3 ) P (s1 ) P (s2 ) P (s3 ) (1.138)
s1 ;s2 ;s3
= 3 hsi1 : (1.139)
Quant à n2 ; on aura
X X
n2 = n2 P (n) = n2 P (s1 ) P (s2 ) P (s3 ) n;s1 +s2 +s3 (1.140)
n n;s1 ;s2 ;s3
X 2
= (s1 + s2 + s3 ) P (s1 ) P (s2 ) P (s3 ) (1.141)
s1 ;s2 ;s3
X
= s21 + s22 + s23 + 2s1 s2 + : : : P (s1 ) P (s2 ) P (s3 ) : (1.142)
s1 ;s2 ;s3
Vous comprenez peut-être un peu mieux d’où vient l’Éq.(1.131). Vous pouvez terminer la preuve vous-
même ici pour la marche à trois pas.
Exemple 20 Cet exemple est très important et est souvent utile en pratique. Le résultat Éq.(1.135)
sur le rétrécissement relatif de la distribution de probabilité lorsqu’une variable est la somme de N
variables indépendantes a des applications importantes en théorie de la mesure expérimentale. En e¤ et,
si on fait une moyenne sur N mesures expérimentales entachées de bruit,palors la valeur moyenne des
mesures est décrite par une distribution de probabilité dont l’écart type est N fois plus petit que l’écart
La formule de Stirling24 a été utilisée dans ce chapitre pour démontrer que la binomiale devient
une gaussienne dans la limite N grand. La démonstration de la formule de Stirling illustre une mé-
thode d’approximation très générale qui est souvent utilisée en physique statistique, l’approximation
du col. On retrouve cette méthode d’approximation par exemple dans la preuve des équivalences entre
ensembles, dans la preuve du théorème de la limite centrale et dans la théorie des transitions de phase.
C’est donc en partie la généralité de la méthode de dérivation qui fait que nous nous y attardons. Dans
le domaine général des mathématiques, l’approximation du col est souvent utilisée pour dériver des
séries asymptotiques.
On commence par représenter N ! par une intégrale. La représentation intégrale que nous cherchons,
celle de la fonction gamma d’Euler est la suivante
Z 1
(N + 1) N ! = dxxN e x (1.147)
0
La preuve de ce résultat s’obtient simplement en intégrant par parties
Z 1 Z 1
N x N x 1
dxx e = x e 0 +N dxxN 1
e x
(1.148)
0 0
Z 1
= N dxxN 1 e x (1.149)
0
*FORMULE DE STIRLING 45
et on note que l’argument de l’exponentielle a un maximum très prononcé. Ce maximum est situé à
d N
(N ln x x) = 1=0 (1.152)
dx x
Faisant un développement limité (série de Taylor) autour du maximum à x = N on trouve
N ln x x = (1.153)
1 2 1 3 4
(N ln N N) (x N) + (x N ) + O (x N)
2N 3N 2
En notant qu’on peut étendre la borne inférieur de l’intégrale jusqu’à 1 avec seulement une correction
d’ordre e N , on a
Z 1
1 2
N ! ' exp [N ln N N ] dx exp (x N ) (1.156)
1 2N
qu’on évalue en utilisant nos résultats pour les intégrales gaussiennes
p
N ! ' 2 N exp [N ln N N ] (1.157)
ce qui nous redonne bien la formule de Stirling Éq.(1.7). En tenant compte des corrections suivantes,
Reif25 donne la première correction,
p 1
N! ' 2 N exp [N ln N N] 1 + + ::: : (1.158)
12N
2 5 Reif, p.614
Pour voir que c’est utile, il su¢ t de noter que la fonction génératrice des moments peut s’obtenir
analytiquement à partir du théorème du binôme de Newton
N
X N! N
e n1 pn1 (e n1
) qN n1
= (pe + q) : (1.161)
n1 =0
n 1 ! (N n 1 )!
@ m ln e n
hnm icum = : (1.163)
@ m =0
ln e n:
ln e z = ln e (x+y) = ln e xe y : (1.165)
ln e xe y = ln e xe y = ln e x + ln e y = ln e z : (1.166)
Comme tous les cumulants peuvent être générés à partir de dérivées par rapport à ; on voit que les
cumulants de z sont la somme des cumulants de x et de y:
La démonstration donnée dans cette annexe est quelque peu di¤érente de celle de Reif.26 Vous
pouvez donc choisir celle que vous préférez.
2 6 Reif, Sec. 1.11
Une fonction caractéristique peut donc être considéré comme une fonction génératrice des moments,
comme on peut voir das l’annexe précédente. Si on connaît la fonction caractéristique d’une distribution
de probabilité, alors on obtient évidemment la distribution de probabilité en prenant la transformée
de Fourier inverse de la distribution de probabilité. De plus, on peut calculer tous les moments de la
distribution de probabilité de façon très simple puisque
n
@ ikx
i e = hxn i (1.168)
@k k=0
On appelle donc aussi fonction génératrice des moments cette fonction caractéristique.
Si une variable aléatoire X est la somme de N variables aléatoires indépendantes distribuées de
façon identique (i.e. chaque variable aléatoire a la même distribution de probabilité) alors la variable
X
N
X
X= xi (1.169)
i=1
a une distribution de probabilité qui est gaussienne. Pour prouver ce théorème de la limite centrale,
nous allons utiliser une variable un peu di¤érente, soit
" N
! #
p 1 X
Y = N xi (1.170)
N i=1
et montrer que dans la limite N ! 1, la distribution de probabilité pour la variable Y a une limite
unique si est choisi convenablement, mais de façon indépendante de N . Ce qui motive le choix de Y est
simplement les graphiques dont nous nous sommes servis pour illustrer la limite N ! 1 de la binomiale.
Dans ce cas, nous avons choisi l’origine et l’échelle pour que la distribution de probabilité tombe toujours
dans notre champ de vision. Nous pouvons toujours retrouver la distribution de probabilité pour la
variable X à l’aide d’un changement de variable simple, soit
Y
X= p + N (1.171)
N
Pour prouver qu’e¤ectivement il existe une limite pour la fonction Y , il su¢ t de prouver que sa
fonction caractéristique a une limite, qu’on calculera explicitement
D p PN E
= lim e ik N [( N i=1 xi ) ] =
1
lim e ikY (1.172)
N !1 N !1
D p p E
= lim eik N N i=1 e
ikxi = N
N !1
p D p EN
= lim eik N e ikx= N
N !1
où dans la dernière égalité nous avons utilisé le théorème sur la moyenne d’un produit de fonctions de
variables aléatoires indépendantes Éq.(1.120).
D p E p
Comme N ! 1, on peut développer e ikx= N en puissances de ikx= N . Cependant, nous
D p E
faisons face à une di¢ culté déjà rencontrée, soit celle que e ikx= N est élevée à la puissance N avec
N ! 1. Donc, si nous écrivons
D p EN ikx
N
ikN hxi
ikx= N
e ' 1 p + ::: '1 p + ::: (1.173)
N N
p p
où f k= N est un fonction de k= N qu’on peut trouver simplement en prenant le logarithme de
D p E
e ikx= N . Alors, nous aurons
D p EN p
e ikx= N = eN f (k= N ) (1.175)
p p
et le développement de f k= N en puissances de k= N sera cette fois-ci permis.
Remarque 30 Soit
ikx
f (k) = ln e (1.176)
Cette fonction f (k) est la fonction génératrice des cumulants de la distribution de probabilité, c’est-à-
dire qu’on dé…nit le cumulant hxn ic d’ordre n par la relation
n
@
i f (k) hxn ic (1.177)
@k
p
Dans le cas qui nous intéresse l’argument de f est k= N 1. Le développement limité nous donne,
k D p E k 1 k2 2 k3
ikx= N
f p = ln e ' ln 1 ip x x +O (1.178)
N N 2N N 3=2
1 2
en utilisant ln (1 + y) = y 2y + ::: on a ensuite
k k 1 k2 2 k3
f p ' i p hxi x2 hxi +O (1.179)
N N 2N N 3=2
Substituant ce résultat dans Éq.(1.175) et dans l’expression pour la fonction caractéristique de Y nous
obtenons,
p D p EN
ikY
lim e = lim eik N
e ikx= N
(1.180)
N !1 N !1
p p
N f (k= N )
= lim eik N
e (1.181)
N !1
p p 1 2 k3
= lim eik N
e
ik N hxi 2k (hx2 i hxi2 )+O
N 1=2 (1.182)
N !1
p p 1 2
= lim eik N ik N hxi 2k (hx2 i hxi2 )
(1.183)
N !1
1 2 2 2
= e 2k (hx i hxi ) (1.184)
où la dernière ligne est la limite que nous cherchions et qui n’existe que si on fait le choix
= hxi (1.185)
@ ikY @ 1 2
2k (hx2 i hxi2 )
hY i = i e = i e =0 (1.186)
@k k=0 @k k=0
2
@ 1 2
2k (hx2 i hxi2 ) 2
Y2 = i e = x2 hxi (1.187)
@k
k=0
hY i
hXi = p + N = N = N hxi (1.188)
N
comme on s’y attendait, et
D E
2 2
(X hXi) =N Y2 =N x2 hxi : (1.189)
Z 1
dk ikX ik 0 1 k2 02
P (X) = e e e 2 (1.194)
1 2
Z 1 " #
2 0 2
dk 1 02 iX i 0 (X )
= exp k 02 02
(1.195)
1 2 2 2
" #Z " #
0 2 1 0 2
(X ) dk 1 02 iX i
= exp 02
exp k 02
(1.196)
2 1 2 2
" #
0 2
1 (X )
= p exp 02
(1.197)
2 02 2
Remarque 31 Pour une gaussienne, tous les cumulants d’ordre plus élevé que le deuxième s’annulent.
Dans la pratique, il est souvent intéressant de pouvoir estimer la précision avec laquelle l’écart-
type a été obtenu d’un nombre limité de mesures. Supposons que l’on fasse une seule mesure dont la
densité de probabilité est donnée par une loi normale. Soit donc y = x2 : En utilisant notre formule de
changement de variables on obtient
dx
P (y) = P(x) (1.198)
dy
où nous allons supposer que P(x) est une gaussienne de moyenne = 0 et d’écart type : (Le cas
6= 0 s’obtient par une translation triviale). On a donc,
dx 1 1 x2 1 1 y
P(x) = p e 2 2 = P (y) = p p e( 2 2
) (1.199)
dy 2x 2 2 2 y 2 2
Remarque 32 Cette densité de probabilité est normalisée puisque la fonction gamma d’Euler est dé-
…nie par Z 1
( )= x 1 e x dx (1.201)
0
La fonction gamma est une généralisation aux réels des factorielles dé…nies sur les entiers. En e¤ et, il
est facile de démontrer en intégrant par parties que pour n entier,
Le cas qui nous intéresse est celui où on fait N mesures indépendantes. Supposons qu’on veuille
connaître la densité de probabilité pour la variable28
N
X
2
N = x2i (1.203)
i=1
2
On a trouvé ci-dessus que la densité de probabilité pour N = 1 est f 1
; 21 1 : On obtient la densité
2 2
2
de probabilité pour N = 2 en multipliant la probabilité pour obtenir < 22 pour la première 1
2 2 2
mesure et 2 1 pour la deuxième mesure, puis en sommant sur toutes les valeurs possibles de 1 :
Mathématiquement, cette procédure mène au résultat,
Z 2
2
2 2 2 2
P2 2 = dyf 1
; 12 2 1 f 1
; 12 1 (1.204)
2 2 2 2
0
qui n’est rien d’autre que la convolution de densités de probabilité qui s’annulent pour des arguments
négatifs. Or, tout comme la convolution de deux gaussiennes donne une gaussienne, la convolution de
deux densités gamma de même paramètre d’échelle donne une densité gamma. Plus précisément,
Ry
f ; + (y) = 0 dxf ; (y x) f ; (x) (1.205)
Preuve : Z y Z y
y 1 1
dxf ; (y x) f ; (x) = e dx (y x) x (1.206)
0 ( ) ( ) 0
La constante de normalisation n’a pas besoin d’être explicitement véri…ée puisque la convolution
préserve la normalisation. Néanmoins, on sait que
Z 1
1 1 ( ) ( )
dt (1 t) t B( ; )= (1.209)
0 ( + )
2 7 Dans cette section nous utilisons les dé…nitions et les preuves décrites dans W. Feller, Volume II, (Wiley, New York,
1971) pp.47,48.
2 8 Il y a di¤érentes dé…nitions du 2 mais elle sont en général trivialement reliées par un changement d’échelle.
qui nous intéresse alors. Encore une fois, en changeant de variable on trouve
2 d 2N
PN N = N f 12 ; N N s2 = f N2 ; N s2 (1.214)
ds2 2 2 2 2
Cette fonction est tracée à la …gure (1-13) où on a choisi 2 = 1 pour l’écart type de la densité de
probabilité de la variable xi . La courbe la plus étalée montre que pour N = 4 l’estimé le plus probable
pour l’écart type est trop petit par rapport à la vraie réponse. En général, cette valeur la plus probable
est s2 = 2 1 N2 : À mesure que N augmente, l’estimé de l’écart type a une probabilité de plus
en plus forte d’être correct. La courbe la plus piquée sur la …gure est pour N = 250. La probabilité
cumulative, illustrée à la …gure (1-14) nous montre par exemple que pour N = 4; il y a environ neuf
chance sur dix que notre estimé de l’écart type soit plus petit que deux fois le vrai écart type. (Note :
PN x2
La distribution pour t2 = i=1 N i 2 est f N ; N t2 )
2 2
– La probabilité que deux événements complémentaires se produisent (OU) est la somme des pro-
babilités de chacun des deux événements.
– La probabilité que deux événements statistiquement indépendants se produisent (ET) est le
produit des probabilités de ces événements.
– Soit P (u) la probabilité d’obtenir un résultat u pouvant prendre N valeurs discrètes. Cette
distribution de probabilité doit être normalisée
PN
u=1 P (u) = 1: (1.215)
alors que l’écart type est : Cette quantité est une mesure de la largeur de la distribution.
4.5
3.5
2.5
1.5
0.5
0
0 0.25 0.5 0.75 1 1.25 1.5 1.75 2 2.25 2.5 2.75
PN
Fig. 1-13 Densité de probabilité pour la valeur de i=1 x2i =N lorsque les x2i sont obtenus d’une
Gaussienne centrée à zéro dont l’écart type est égal à un. La courbe la moins piquée est pour N = 4 et les
autres sont pour N = 10; N = 100, jusqu’à N = 250 pour la plus piquée.
Probabilité cumulative
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 0.25 0.5 0.75 1 1.25 1.5 1.75 2 2.25 2.5 2.75
PN
Fig. 1-14 Probabilité pour que la valeur de i=1 x2i =N soit plus petite que la valueur indiquée sur
l’abscisse lorsque les x2i sont obtenus d’une Gaussienne centrée à zéro dont l’écart type est égal à un.
La courbe la plus douce est pour N = 4 et les autres sont pour N = 10; N = 100, jusqu’à N = 250
pour la plus raide. (Le graphique a été obtenu par simple intégration par la règle du trapèze des résultats
précédents plutôt qu’analytiquement),
décrit, par exemple, la probabilité de faire n1 pas à droite dans une marche aléatoire de N pas.
La valeur moyenne et la variance sont donnés, respectivement, par
n1 = N p (1.219)
2
( n1 ) n21 n1 2 = N pq
– Le truc utilisé pour obtenir la valeur moyenne et l’écart type de cette distribution, c’est-à-dire
N
agir sur la condition de normalisation (p + q) avec l’opérateur (p@=@p), est un truc d’une très
grande utilité. On applique une généralisation de ce truc dans le cas de la gaussienne et de façon
plus générale en physique statistique lorsqu’on prend la dérivée de la fonction de partition pour
calculer une valeur moyenne. (La …n de cette phrase ne deviendra compréhensible qu’au chapitre
6).
– Pour N grand, la distribution binomiale peut être approximée par
!
2
1 1 (n1 N p)
WN (n1 ) = p exp (1.220)
2 N pq 2 N pq
Cette forme fonctionnelle s’appelle une gaussienne. Ce résultat est obtenu en utilisant la formule
de Stirling
1
ln N ! = N ln N N + ln (2 N ) (1.221)
2
et en développant ln WN (n1 ) autour de la valeur de n1 pour laquelle WN (n1 ) est maximum.
– C’est dans la limite du continu surtout qu’on parle d’une gaussienne. En général, P (x) est une
densité de probabilité gaussienne si elle a la forme
1 (x )2
P (x)= p21 2
exp 2 2 (1.222)
et la variance par
D E Z 1
2 2 2
(x ) = (x ) P (x) dx = : (1.225)
1
Un homme ne possédant pas toutes ses facultés essaie de rentrer chez lui. La porte est fermée à
clé. Il possède un trousseau de six clés, dont une seule ouvre la porte. Il essaie une clé au hasard, puis
remet le trousseau dans ses poches, le ressort et essaie encore une clé au hasard.
a) Quelle est la probabilité de ne pas encore avoir trouvé la bonne clé après avoir essayé N fois ?
b) Quelle est la probabilité de ne pas avoir trouvé la bonne clé après (N 1) essais et de la trouver
au N ième ?
c) Si cet homme utilise la même brillante procédure à chaque soir, quel est le nombrePmoyen de
1
fois qu’il essaie une clé avant de trouver la bonne ? Vous aurez besoin du résultat suivant : n=0 pn =
1
(1 p) : Ce résultat P1 pour la somme d’une série géométrique est souvent utilisé et facile à obtenir en
n
notant que si S n=0 p et la série converge, alors pS = S 1:
a) Faites une hypothèse sur la probabilité à priori de tirer une carte donnée d’un jeu de n cartes.
b) On prend deux cartes au hasard d’un jeu standard de 52 cartes.
– Quelle est la probabilité que la première soit un as de pic et la deuxième un as de coeur ? Attention,
la première carte n’est pas remise dans le tas avant de prendre la deuxième.
– Quelle est la probabilité de tirer un as de pic et un as de coeur mais dans n’importe quel ordre
si la première carte est remise dans le tas avant de prendre la deuxième ? Dans ce cas on parle
d’un essai de Bernoulli.
Supposons que la probabilité à priori de fêter son anniversaire un jour donné soir 1=365:
a) Soient deux personnes prises au hasard. La probabilité que leur anniversaire ne soit pas la même
1
date est 1 365 : Expliquez ce résultat à partir de la probabilité à priori donnée ci-haut.
1
b) Pour trois personnes, la probabilité qu’aucune n’ait son anniversaire le même jour est 1 365
2
1 365 : Pourquoi ?
c) Montrez que pour une classe de 23 élèves, il y a plus d’une chance sur deux qu’au moins deux
élèves fêtent leur anniversaire le même jour.
Six juges doivent classer vingt candidats. Chacun d’entre eux connaît bien un des candidats. Une
fois la compétition terminée, on s’aperçoit que les six candidats connus des juges se retrouvent dans
les dix premières places. Quelle est la probabilité que ceci se soit produit par hasard et que les juges
aient vraiment été impartiaux ?
2 9 Reif. Prob. 1.5
N
X
N
(p + q) = CnN pn q N n
:
n=0
N N +1
a) En utilisant le fait que (p + q) (p + q) = (p + q) trouvez une relation entre les CnN et les
CnN0 1 et montrez qu’on peut résumer le résultat à l’aide de l’algorithme suivant, dit “triangle de
Pascal”.
1
1 1
1 2 1
1 3 3 1
1 4 6 4 1
1 5 10 10 5 1
Algorithme : Chaque nombre est la somme des deux nombres immédiatement au-dessus de lui à
gauche et à droite. Le nombre CnN apparaît dans la (n + 1)ième position de la (N + 1)ième rangée (à
moins qu’on ne numérote rangées et colonnes à partir de zéro, en quel cas, CnN apparaît dans la nième
position de la N ième rangée .
b) Montrez que CnN = n!(NN ! n)! satisfait l’algorithme du triangle de Pascal.
Une particule se déplace en une dimension d’une distance ` pendant une temps entre chaque
collision. À chacune de ces collisions, elle change de direction, allant à droite avec une probabilité
p = 1=2 ou à gauche avec une probabilité q = 1=2. Utilisant ce que vous savez sur la binomiale, (valeur
moyenne, variance...) démontrez que
hxi = 0 (1.227)
x2 = Dt (1.228)
D = `2 = (1.229)
Un de vos amis vous propose de jouer deux cents fois avec lui au jeu suivant. Vous lancez deux
dés. Si vous faites un sept, il vous donne 4:00$ et si vous ne faites pas un sept, vous lui donnez 1:00$.
Combien croyez-vous gagner ou perdre après deux cents lancers. Accepterez vous de jouer ? Votre ami
l’est-il toujours ?
Soit la probabilité P (i) pour une variable aléatoire discrète i. Par exemple, P (i) pourrait être la
probabilité de rouler la valeur i dans le jeu de dés précédent. Soit le gain g (i) pour une valeur i des
dés. Le gain moyen est donné par
X12
g= g (i) P (i) (1.230)
i=2
a) Quelle est la distribution de probabilité pour cette variable aléatoire ? (Produit des probabilités)
b) Obtenez la valeur moyenne de G en fonction de g.
c) Montrez que l’écart
p type de la distribution de G est plus petite que l’écart type de la distribution
de g par un facteur 1= N .
d) Quelle est l’erreur sur l’estimé de vos gains ou pertes dans le problème précédent avec votre ami ?
Cela renforce-t-il votre décision ?
Des particules sont émises par une source radioactive pendant un intervalle de temps T . Cet inter-
valle de temps T est beaucoup plus petit que le temps de vie de la substance radioactive, de telle sorte
qu’on pourra supposer que le nombre d’atomes qui ne sont pas encore désintégrés durant l’intervalle T
demeure très bien approximé par une constante. Considérons maintenant un sous-intervalle de temps
t << T . Puisque les particules sont émises au hasard, le nombre de désintégrations se produisant
durant un intervalle t est indépendant des désintégrations qui se sont produites à d’autres temps. De
3 0 Reif. Prob. 1.12 et 1.9
f) Prouvez que
@
e W (n; ) e = nW (n; ) (1.243)
@
g) Utilisez les résultats de e) et de f) pour montrer que la valeur moyenne de la distribution de
Poisson est donnée par,
X1
hni = nW (n; ) = (1.244)
n=0
2
h) Par des moyens semblables, calculez l’écart quadratique moyen n2 hni pour la distribution
de Poisson.
3 1 Reif, Prob. 1.9
Supposons qu’on trouve 625 erreurs de typographie au total dans un livre de 500 pages. Quelle est
la probabilité d’avoir deux erreurs dans une page ? Expliquez votre choix de distribution.
Pour observer la surface d’une planète, il est très utile d’envoyer des signaux radar pendant un
temps disons , et de détecter ce signal plus tard pendant le même temps . Le signal a qui nous
revient, est souvent corrompu par du bruit, en d’autres mots
a = as + ab
où as est le signal qu’on veut vraiment détecter, et ab est le bruit. Supposons qu’on soit dans un cas
où le bruit est beaucoup plus fort que le signal, c’est-à-dire
rD E
2
( ab ) as :
Dans l’équation ci-dessus on a dé…ni ab = ab hab i :La situation n’est pas désespérée quand même.
Montrez que si hab i = 0, alors en envoyant et détectant plusieurs fois le même signal radar, on peut
…nalement extraire le signal du bruit. Estimez le nombre de fois qu’il faudra envoyer le signal radar
sachant l’intensité du bruit et du signal à détecter.
3 2 Reif,
Prob. 1.11
3 3 Reif,
Prob. 1.21
3 4 Q2001
2.5
obtenue
2 Série1
1.5
0.5
0
3.6 3.7 3.8 3.9 4
Distance (m)
La dérivation originale de Bose sur les statistiques de Bose-Einstein était basée sur des raisonnements
semblables à ceux qui suivent.
a) Soit un ensemble de n barres verticales identiques et de p objets identiques. Montrez qu’il y a
(p + n)!
n!p!
façons de les ordonner si on ne compte pas les permutations des objets entre eux et les permutations
des barres verticales entre elles. Pour être plus spéci…que, les deux rangées ci-dessous sont deux façons
di¤érentes d’ordonner les objets et les barres verticales, mais si deux barres verticales ( j ) sont
permutées entre elles, ou si deux objets ( o ) sont permutés entre eux dans une rangée, l’ordre n’est
pas considéré comme di¤érent.
o j o o j o o o
j j o j o o j o
.. .. .. .. .. .. .. .. ..
. . . . . . . . .
b) Soit un ensemble de N particules identiques. Utilisant le résultat précédent, combien y a-t-il de
façons de répartir ces N particules dans m boîtes (chacune des “boîtes” en pratique est une copie du
même niveau d’énergie quantique). Chaque boîte peut contenir un nombre arbitraire de particules. De
telles particules identiques s’appellent bosons. Toutes les particules élémentaires (incluant le photon)
sont soit des bosons, soit des fermions !
On peut aussi avoir des particules identiques qui sont des fermions. Cependant, contrairement aux
bosons, on ne peut pas en mettre plus d’une par niveau d’énergie (“boîte”). Si on a M niveaux d’énergie
et N fermions, avec M > N , combien y a-t-il de façons de répartir les N particules dans les M niveaux
d’énergie ? Le résultat est di¤érent du cas des boson. Un niveau d’énergie est soit vide, soit occupé.
Supposons qu’une pièce de monnaie truquée tombe du côté pile avec une probabilité p = 0:55. Si
vous gagnez 1$ à chaque fois que la pièce tombe sur pile et que vous perdez 1:02$ à chaque fois qu’elle
tombe sur face,
a) Quel est votre gain moyen dans une partie composée de 10 lancers ?
b) Quel est votre gain moyen dans une partie composée de 100 lancers ?
c) Si vous ne pouvez faire qu’une partie, choisirez vous une partie de 10 lancers ou de 100 lancers ?
Véri…ez deux cas, celui ou on maximise le gain et celui ou on minimise les pertes d’argent. Quanti…ez
votre réponse en discutant de l’écart type.
1.12.19 Sondages
Vous désirez faire un sondage pour savoir l’opinion de l’électorat sur une question référendaire
hypothétique. Combien de personnes devrez-vous interroger pour obtenir avec une précision de l’ordre
de 3% le pourcentage de personnes qui voteront pour le OUI ou pour le NON. Vous pouvez supposer
que le vote sera très serré.
où
N
1 X
x= xi (1.247)
N i=1
où xi représente le résultat d’une mesure. On suppose que chaque mesure est indépendante et obtenue
Rde1la densité de probabilité P (x). Sachant que la moyenne de la population s’annule, c’est-à-dire que
xP (x) dx = 0, montrez, en moyennant S 2 sur la population (i.e. avec P (x) dx), qu’on peut estimer
1 R1 2
la variance de la population 2 1
x P (x) dx à l’aide de 2 = S 2 =(N 1). Notez que si on sait
2 2
dès le départ que x = 0, alors = S =N . C’est comme si le fait de ne pas connaître la valeur de la
moyenne lorsqu’on calcule S 2 nous enlève “un degré de liberté” (Il faut diviser par N 1 plutôt que
par N ).
Soit une densité de probabilité P (x) ayant une variance 2 et une moyenne nulle: Montrez que la
probabilité que x soit plus grand que t obéit à l’inégalité, dite de Chebyshev,
Z 1 2
P (x) dx . (1.248)
t t2
Est-il avantageux, lorsqu’on joue au dé, de parier sur l’apparition d’un 6 en lançant 4 fois le dé ?
Est-il avantageux de parier sur l’apparition d’un double-six, quand on lance 24 fois deux dés ? Le
chevalier de Méré, qui était un grand joueur, avait remarqué que le premier jeu était avantageux. Et
en e¤et, la probabilité d’apparition d’un 6 en lançant 4 fois un dé est de 0; 5177:
Se laissant abuser par un argument fallacieux, le chevalier considérait que le deuxième pari était
aussi avantageux : en lançant un dé, il y a 6 issues ; en lançant deux 2 dés, il y en a 36, soit 6 fois
plus. Puisqu’il est avantageux de parier sur l’apparition d’un 6 en lançant le dé 4 fois de suite, il doit
être avantageux de miser sur l’apparition d’un double-six en lançant un dé 24 = 4 6 fois de suite.
Malheureusement pour le chevalier, les règles des probabilités sont plus complexes, et c’est Pascal qui
calcula la vraie probabilité 0; 4914:
Elle est très légèrement inférieure à 1=2 : le deuxième jeu n’est pas avantageux !
Trouvez le raisonnement utilisé par Pascal pour arriver à ce résultat.
Le chevalier de Méré était un noble de la cour de Louis XIV. Selon une lettre de Pascal à Fermat
(datant du 29/07/1654), il “avait très bon esprit, mais n’était pas géomètre”.
Tiré de http ://www.bibmath.net/dico/index.php3 ?action=a¢ che&quoi=./c/chev_mere.html
Dans la vie de tous les jours, nous avons tendance à accorder plus de signi…cation qu’ils ne le méritent
à des sondages faits avec de petits nombres. Par exemple, supposons qu’on sait qu’un candidat aux
élections a été le favori de 60% de l’électorat. Si, juste avant l’élection, vous aviez questionné 5 personnes
au hasard pour leur demander pour qui elles voteraient, quelle est la probabilité que 60% d’entre eux,
c’est-à-dire 3=5 vous aient dit qu’elles voteraient pour le candidat favori ?
a) Supposons une marche aléatoire où on peut faire 3 types de pas, avec les probabilités respectives
p,q et r où p+q+r=1.Quelle est la probabilité dans une marche de N pas au total de faire n pas ayant
la probabilité p, n pas ayant la probabilité q et N n n pas ayant la probabilité r. Indice :
Pour le préfacteur, comptez le nombre de façons de faire les n pas de probabilité p indépendamment
du type des autres pas, puis multipliez par le nombre de façons parmi les N n pas restants de les
diviser en n pas de probabilité q et (N n ) n pas de probabilité r.
b) Généralisez à un nombre arbitraire de types de pas. Le préfacteur est une "multinomiale".
Soit P (x) une distribution de probabilité quelconque. La fonction caractéristique, ou fonction gé-
nératrice des moments est dé…nie par
Z
e ikx dxP (x) e ikx : (1.249)
x
Ce n’est pas une idée di¤érente de la fonction génératrice des moments dé…nie par he i
a) Montrez que les moments peuvent être calculés à partir de
n
@ ikx
i e = hxn i :
@k k=0
Montrez que le seul cumulant non-nul dans le cas discuté en b) est le deuxième et montrez que ce
deuxième cumulant est la même chose que la variance.
Dans ce chapitre, nous allons combiner nos connaissances des lois physiques avec celles de la sta-
tistique, ou de la théorie des probabilités. C’est à dire que nous commençons la “physique statistique”
ou “mécanique statistique”. Nous procéderons comme dans le problème du jeu de dés, qui est aussi
un problème mécanique dont la solution semble en principe connue. Les étapes que nous suivrons sont
donc les suivantes
– Spéci…cation de l’état du système. Dans le jeu de dés, un état est spéci…é par le résultat d’un
lancer de dés. C’est ici que nous introduirons le concept important d’état microscopique et état
macroscopique. Dans le jeu de dés, on spéci…e l’état microscopique en spéci…ant la valeur prise par
chaque dé séparément et on spéci…e l’état macroscopique en donnant le résultat total, c’est-à-dire
la somme des nombres écrits sur chaque dé.
– Spéci…cation de l’ensemble statistique. Dans le jeu de dés, l’ensemble est l’ensemble des lancers.
L’ensemble qu’on veut obtenir ici doit décrire les systèmes sujets à certaines contraintes exté-
rieures et à l’équilibre thermodynamique. Il faudra donc dé…nir ce qu’est un état d’équilibre
thermodynamique.
– Postulat sur les probabilités à priori. Dans le jeu de dés, on donne à chaque résultat écrit sur la
face d’un dé une probabilité à priori égale.
– Calcul de probabilités pour di¤ érents cas. Dans le jeu de dés, on peut demander la probabilité
d’obtenir par exemple un total de 18 en lançant simultanément cinq dés. La probabilité d’obtenir
ce résultat se calcule à partir des probabilités à priori.
Une fois la discussion de la description statistique du problème physique terminée, nous commen-
cerons à expliquer plus en détail ce qu’on veut dire par
– Équilibre thermodynamique
– interactions thermiques et mécaniques entre systèmes.
– Le nombre d’états microscopiques accessibles pour les systèmes macroscopiques augmente comme
une puissance énorme de l’énergie
– processus quasi-statique.
À la …n de ce chapitre, vous pourrez par exemple décrire l’espace des phases pour un oscillateur
harmonique classique et de là calculer la probabilité que sa position prenne une valeur donnée. Vous
pourrez aussi faire des calculs pour des problèmes quantiques tels que le suivant : Sachant l’énergie
totale d’un système de spins, calculez la distribution de probabilité pour son aimantation. Vous pourrez
aussi reconnaître que chaleur et travail in…nitésimal ne sont pas des di¤érentielles exactes et calculer
le travail fait dans un processus quasi-statique.
Nous reviendrons sur toutes ces notions dans le chapitre suivant. Ce chapitre n’est en quelque sorte
qu’un premier aperçu des notions que nous développerons de façon plus mathématique plus tard.
2.1.1 L’état microscopique d’un système est décrit par des nombres quantiques et dans le cas classique
par un point dans l’espace de phases1
spéci…e l’état du système. Ici f est le nombre de degrés de liberté du système (f pour ”degree’s of
freedom, suivant la notation de Reif.). Ces degrés de liberté peuvent inclure la position mais aussi
des variables de spin par exemple. Les nombres n1 ; n2 ; : : : nf , sont les nombres quantiques, c’est-à-dire
des nombres qui spéci…ent les valeurs propres d’observables qui commutent entre elles. Ces nombres
quantiques identi…ent de façon unique l’état du système.
Remarque 34 Dans la notation de Dirac, l’état serait jn1 ; n2 ; :::nf i et sa projection dans la base des
positions serait n1 ;n2 ;:::nf (q1 ; q2 ; : : : ; qf ) = hq1 ; q2 ; : : : ; qf jn1 ; n2 ; :::nf i.
Exemple 21 Dans le cas de l’atome d’hydrogène que vous avez vu au CEGEP, les nombres quantiques
sont n; le nombre quantique principal, ` le moment cinétique orbital, `z sa projection sur l’axe de
quanti…cation z; s le spin, sz sa projection sur l’axe de quanti…cation.
Exemple 23 Soit un système de N particules de position …xe mais dont le spin peut prendre deux
valeurs, 21 ~. Alors, lorsque chaque spin est indépendant, l’état du système est spéci…é en donnant les
nombres quantiques spéci…ant la valeur du spin de chaque particule.
Point de vue classique : Bien que seule la description quantique de la matière n’amène pas de
contradiction en physique statistique, la description classique peut être une excellente approximation
dans certaines limites, comme nous le savons déjà. On spéci…e l’état d’une particule en mécanique
classique en donnant la position et la vitesse initiale de la particule. L’histoire subséquente de la
particule peut être prédite en résolvant les équations de Newton. En mécanique lagrangienne (PHQ 414)
on parle de coordonnées généralisée, q entrant dans le lagragien L. En général, on appelle p = @L=@ q_
et q des variables conjuguées. La quantité p dans le cas le plus simple est la quantité de mouvement de
la particule, ce qui est évidement relié à la vitesse simplement par la masse, p = mv. Dans un cas plus
général, comme en présence d’un champ électromagnétique, la relation entre p et v est plus compliquée.
Spéci…er q et p revient à spéci…er un point dans un système de coordonnées bi-dimensionnel. On appelle
ce système de coordonnées “l’espace des phases”.
Exemple 24 La …gure Fig.(2-1) nous montre la trajectoire dans l’espace des phases d’un oscillateur
harmonique. Rappelons-nous que la conservation de l’énergie pour un oscillateur harmonique nous
donne
p2 1
+ Kq 2 = E (2.2)
2m 2
1 Reif, Sec. 2.1
p
h
Fig. 2-1 Trajectoire d’un oscillateur harmonique simple dans l’espace des phases. Chaque cellule de
l’espace des phases occupe une surface h:
2.1.2 L’état macroscopique est spéci…é par des contraintes externes et des quantités conservées
Dans le monde réel, nous ne possédons jamais assez d’informations sur les systèmes macroscopiques
pour savoir dans quel état microscopique ils sont précisément. Dans un gaz par exemple, il est impossible
de mesurer les vitesses et positions de toutes les particules. Nous ne connaissons que quelques contraintes
macroscopiques. Par exemple, nous savons que le gaz est maintenu à une certaine pression, ou nous
savons que le système de spins est soumis à un certain champ magnétique. Une valeur donnée de la
pression peut correspondre à plusieurs états microscopiques.
L’état macroscopique est donc spéci…é par quelques variables externes comme le champ magnétique,
la volume, etc... et par quelques variables “internes” comme l’énergie totale, le nombre total de par-
ticules etc... Le point clé est qu’un très grand nombre d’états microscopiques correspondent au même
état macroscopique.
Exemple 25 Considérons une boîte de volume V contenant N particules d’un gaz dont l’énergie totale
est E, et dont la quantité de mouvement totale et le moment cinétique total s’annulent: Il n’y a aucun
2.1.3 À l’équilibre thermodynamique les propriétés d’un système ne dépendent ni du temps ni de la façon
dont l’équilibre a été atteint
Les systèmes qu’on veut décrire ici sont à l’équilibre thermodynamique. Il faut donc dé…nir ce qu’on
veut dire par cette expression, “équilibre thermodynamique” ou “équilibre statistique”.
– Dans un système en équilibre thermodynamique, toutes les observations de variables macrosco-
piques (densité, pression, etc...) faites, même sur une petite partie du système, ne dépendent pas
du temps à condition que la mesure soit faite pendant un temps plus long qu’un temps …ni qu’on
appelle le temps de relaxation du système. En d’autres mots, il existe un temps de moyennage
…ni au-delà duquel l’expérience donnera un résultat indépendant du temps. (L’équivalence entre
moyenne temporelle et moyenne d’ensemble s’appelle ergodicité. Un système ergodique visite
au cours du temps tous ses états microscopiques accessibles. Ce postulat est su¢ sant, mais pas
nécessaire pour assurer la validité de la mécanique statistique.)
– Un système atteint l’équilibre thermodynamique lorsqu’on l’a laissé évoluer (en présence de
contraintes extérieures indépendantes du temps) beaucoup plus longtemps que le temps de re-
laxation. (Cette échelle de temps peut être très di¤érente du temps de relaxation dont il est
question dans le paragraphe précédent).
L’observation nous force à accepter l’idée que tous les systèmes macroscopiques sujets à des contraintes
extérieures …xes atteignent éventuellement l’équilibre thermodynamique. C’est la théorie cinétique qui
nous renseigne sur le temps nécessaire pour atteindre l’équilibre thermodynamique. Nous n’avons pas
besoin pour le moment de spéci…er la valeur de ce temps de relaxation, seulement de savoir qu’il existe
et qu’en pratique il peut être plus court que les temps accessibles en laboratoire.
Il est important de noter que les systèmes macroscopiques ont la propriété de “s’auto-moyenner”.
En e¤et, en général les corrélations entre di¤érentes parties d’un système ne s’étendent que sur une
distance …nie appelée longueur de corrélation. Si la sonde utilisée pour observer agit sur des distances
plus grandes que la longueur de corrélation, alors nous aurons besoin d’attendre moins longtemps pour
observer le résultat moyen puisque chaque observation sur un volume L3 revient déjà à moyenner
3
sur (L= ) systèmes di¤érents. C’est ce qu’on entend par s’automoyenner. L’existence d’une longueur
de corrélation et du phénomène d’automoyennage donne une autre façon de comprendre pourquoi des
mesures sur un seul système macroscopique peuvent donner le même résultat que la moyenne statistique
sur un ensemble de systèmes.
Exemple 26 Considérons un gaz dans un contenant isolé. Son indice de réfraction dépend de la den-
sité. Si on mesure son indice de réfraction à l’aide d’un laser de faible intensité, l’indice de réfrac-
tion mesuré dans un cm3 à di¤ érents points du gaz, sera le même partout si on attend su¢ samment
longtemps. “Su¢ samment” en pratique ne correspond pas à un temps très long. La condition initiale
pourrait être que tout le gaz est d’un seul côté du contenant ou peu importe. La con…guration …nale
typique contient une distribution uniforme de gaz.
Considérons les systèmes macroscopiques isolés ayant atteint l’équilibre thermodynamique et pour
lesquels on peut spéci…er les valeurs des champs externes, (gravitationnel, magnétique, électrique)
ainsi que les valeurs de quantités mécaniques conservées. Une quantité conservée est indépendante du
temps pour un système isolé. Par exemple, le nombre total de particules, ainsi que l’énergie totale, la
quantité de mouvement totale et le moment cinétique total peuvent être utilisés pour spéci…er l’état
macroscopique d’un système isolé. Ceci est loin de spéci…er l’état microscopique d’un système.
Dé…nition 28 L’ensemble formé de tous les états microscopiques possibles correspondant à des contraintes
macroscopiques données est l’ensemble dit microcanonique. Les contraintes macroscopiques dont il est
question ici, c’est-à-dire pour l’ensemble microcanonique, peuvent être les champs (électrique, magné-
tique, gravitationnel...), le volume, et des quantités conservées comme l’énergie, le nombre de particules,
le moment cinétique, la quantité de mouvement etc...
Remarque 37 Puisque l’équilibre thermodynamique est indépendant du temps, il est normal que les
quantités conservées (i.e. indépendantes du temps) apparaissent dans la dé…nition des ensembles statis-
tiques qu’on veut utiliser pour décrire cet équilibre. Ces ensembles statistiques ne peuvent pas dépendre
de quantités mécaniques qui dépendent du temps.
Exemple 29 Soit un système de trois spin 1=2. Pour être un système macroscopique il faudrait plus
que trois spins, mais vous pourrez facilement généraliser notre discussion. Lorsque le moment magné-
tique associé au spin pointe dans la direction d’un champ magnétique externe H, il a une énergie
H alors que son énergie est + H s’il pointe dans la direction opposée. Si l’énergie totale du système
est H alors, trois états microscopiques sont possibles
Remarque 38 * En théorie cinétique il faudra aussi utiliser la notion d’ensemble, mais les ensembles
dans ce cas sont des sous-ensembles de l’ensemble microcanonique puisqu’on étudie comment certaines
conditions initiales particulières évoluent vers l’équilibre thermodynamique et le temps pris pour le faire.
2.1.5 Postulat de base pour l’ensemble microcanonique, tous les états microscopiques sont équiprobables
Dans l’ensemble microcanonique tel que décrit ci-haut, il n’y a aucune raison de croire qu’un système
donné est dans un des états microscopiques plutôt qu’un autre, puisque chacun satisfait les contraintes.
Nous faisons donc l’hypothèse suivante.
Axiome 1 Tous les états microscopiques d’un ensemble microcanonique sont équiprobables.
2 Reif, Sec. 2.2
Exemple 30 Dans notre système à trois spins de la section précédente, chacun des trois états a la
même probabilité, soit 1=3. La probabilité qu’un spin donné ait un moment magnétique positif est
de 2=3 alors que cette probabilité est de 1=3 d’obtenir un moment magnétique négatif. Il faut donc
faire attention. Chaque spin a deux états possibles et chacun ici n’a pas la probabilité 1=2 car il faut se
restreindre aux états qui satisfont les contraintes externes. Dans le jeu de dés par exemple, la probabilité
d’obtenir un cinq sur une face en lançant deux dés n’est pas la même dans le cas d’un lancer quelconque
que dans le cas où je sais que le total a¢ ché par les deux dés est sept. L’ensemble de départ est di¤ érent
dans les deux cas (retournez à notre exemple de graines de tulipes !)
Exercice 2.1.1 La …gure 2-2 illustre un autre problème avec cette fois-ci cinq spins. La contrainte
macroscopique est que l’énergie totale est encore égale à H. Tous les états microscopiques cohérents
avec cette contrainte sont illustrés. Quelle est la probabilité que le moment magnétique total des deux
derniers spins du côté droit soit égal à zéro ? Cette probabilité est-elle di¤ érente si je pose la même
question pour une autre paire de spins, disons les deux derniers à gauche, ou les deux du milieu ?
Pourquoi ?
On trouve empiriquement que les états macroscopiques les plus probables dans l’ensemble microca-
nonique décrivent bien les systèmes à l’équilibre thermodynamique soumis à des contraintes mécaniques.
En particulier, comme l’ensemble microcanonique est dé…ni à partir des contraintes et des quantités
conservées, il est clair que les probabilités dans cet ensemble ne dépendent pas du temps, tout comme
dans l’état d’équilibre les observations ne dépendent pas du temps. Dans les systèmes à l’équilibre
thermodynamique il y a des ‡uctuations, mais une moyenne sur un intervalle de temps plus long que
le temps de relaxation, ou sur des distances plus grandes que la longueur de corrélation, donne un
résultat indépendant du temps.
Exemple 31 Soit un système formé d’oscillateurs harmoniques de masse m, de coordonnée q et de
constante de ressort K. L’énergie d’un oscillateur est donnée par
p2 1
E= + Kq 2 (2.4)
2m 2
Si on spéci…e la valeur de l’énergie E, avec une précision E, cela ne su¢ t pas pour connaître la
position de l’oscillateur. Par contre, si on dessine l’espace de phase Fig.(2-3) et qu’on suppose que tous
dq
q
les états sont équiprobables, on voit qu’on peut en déduire la probabilité de se situer dans un intervalle
dq autour de q. En e¤ et, pour l’intervalle dq illustré, cette probabilité est simplement égale au rapport
entre la surface des deux petites régions noires et la surface totale comprise entre les deux éllipses. On
retrouve donc ici un problème analogue à l’exemple traité dans le chapitre précédent où on changeait de
variables pour trouver la projection sur l’axe horizontal d’un vecteur dont l’angle polaire est distribué
uniformément. Remarquez en particulier que la probabilité d’être dans les bouts de l’ellipse est plus
grande que celle d’être près de q = 0 (Dessinez les lignes pointillées et l’aire correspondante dans les
deux cas).
Exemple 32 Une autre façon de voir le même exemple est de dire que la phase de l’oscillateur au
départ peut être quelconque sans changer l’énergie. Il faut moyenner sur toutes ces phases.
Remarque 39 La très grande majorité des états microscopiques correspondant a un état macrosco-
pique ont les mêmes propriétés, c’est la raison pour laquelle on peut moyenner sur ces états microsco-
piques pour calculer des valeurs physiques. .
2.1.6 Le postulat de base permet de calculer les probabilités pour les variables macroscopiques3
À partir de nos probabilités à priori, nous pouvons calculer la probabilité d’une observable phy-
sique quelconque. Pour ce faire, nous avons besoin de (E), le nombre d’états microscopiques pour
un système donné ayant une énergie totale comprise entre E et E + E. En général, il faut spéci…er
le volume, les champs extérieurs comme le champ magnétique ou gravitationnel, le nombre de par-
ticules et toutes les autres quantités conservées. Pour simpli…er la discussion dans ce qui suit, nous
nous concentrerons sur une seule variable E. C’est pourquoi nous écrivons (E). Supposons qu’une
observable physique y puisse prendre plusieurs valeurs yk qu’on indice avec k. Par exemple, yk peut
être la densité des particules dans une partie d’une boîte contenant un gaz. La probabilité d’obtenir
cette valeur est simplement donnée par
(E; yk )
P (yk ) = (2.5)
(E)
3 Reif, Sec. 2.4
Les calculs sont en principe directs, bien qu’en pratique ils puissent être très compliqués.
Il est important de se rendre compte qu’on peut aussi estimer la largeur de la distribution, c’est-à-
dire les ‡uctuations P 2
(yk y) (E; yk )
y2 y2 = k (2.7)
(E)
Exemple 33 Retournons à nos trois spins. Nous avons déjà dit que lorsque l’énergie totale du système
était de H la probabilité d’obtenir un moment magnétique + ou était donnée par
1
P = (2.8)
3
2
P+ = (2.9)
3
De là on peut calculer le moment magnétique moyen
1 2 1
= ( )+ ( )= (2.10)
3 3 3
et les ‡uctuations relatives
q q
2 2 1 2 1 1 2
( ) 3 3 + 3 3 p
= 1 =2 2 (2.11)
j j 3
Évidemment, dans l’exemple qui précède les ‡uctuations sont énormes parce qu’on considère les
‡uctuations du moment magnétique d’un seul spin. Dans un système macroscopique, les ‡uctuations
par exemple de densité dans un sous-ensemble
p de ce système sont minuscules. Pour être plus précis, les
‡uctuations relatives sont de l’ordre de 1= N où N est le nombre de particules dans le sous-ensemble.
2.1.7 Le nombre d’états microscopiques accessibles pour les systèmes macroscopiques augmente comme
une puissance énorme de l’énergie4
La quantité clé pour faire des calculs statistiques est donc le nombre d’états accessibles (E)
puisque la probabilité de chaque état microscopique est 1= (E). Cette quantité dépend du système
considéré mais aussi de l’incertitude E que nous avons sur la mesure de l’énergie. Nous verrons
cependant dans le prochain chapitre que la quantité physique la plus importante est ln (E). Cette
dernière quantité est a) indépendante de E (ou plus exactement la dépendence en E est négligeable)
et b) elle est proportionnelle au nombre de degrés de liberté du système. Ce sont ces deux résultats
que nous prouverons ici.
Remarque 40 L’énergie totale est un autre exemple de quantité proportionnelle au nombre de degrés
de liberté : Si on double la taille du système en juxtaposant deux identiques l’un à côté de l’autre, on
double le nombre de degrés de liberté et on double l’énergie totale. Une quantité qui est proportionnelle
au nombre de degrés de liberté du système est une quantité dite “extensive”. La quantité ln (E) est
une autre quantité extensive. Les quantités extensives jouent un rôle fondamental en thermodynamique.
Nous en reparlerons plusieurs fois.
4 Reif, Sec. 2.5
ln (E) / f ln E (2.12)
où f est le nombre de degrés de liberté du système. Ce résultat qualitatif est très important, très
fondamental. Il sera réutilisé constamment dans le chapitre suivant. Il est essentiel entre autres pour
pouvoir plus tard dé…nir l’entropie et les quantités thermodynamiques qui en sont déduites, telle la
température.
Remarque 41 Il apparaîtra clairement dans la dérivation qu’il faut supposer que f devrait plus préci-
sément ici être dé…ni comme le nombre de degrés de liberté statistiquement indépendants. En d’autres
3
mots, comme le nombre de régions (L= ) statistiquement indépendantes. Ceci ne change rien à notre
résultat …nal car ce nombre de régions statistiquement indépendantes est proportionnel à f et nous ne
nous préoccupons pas des préfacteurs. Cette notion de longueur de corrélation est absolument néces-
saire lorsqu’il y a des interactions entre les particules. Pour des particules indépendantes, cette notion
est super‡ue (puisque la notion de particules indépendantes est essentiellement la même que la notion
d’indépendance statistique.)
Pour faire notre calcul, il est préférable de travailler avec (E) ; le nombre total d’états microsco-
piques accessibles si l’énergie macroscopique prend n’importe quelle valeur plus petite que E. Lorsqu’il
y a une certaine incertitude E sur la valeur précise de l’énergie E d’un système macroscopique par
exemple, le nombre d’états accessibles s’écrira
@ (E)
(E) = E ! (E) E (2.13)
@E
La quantité ! (E) s’appelle la densité d’états.
Remarque 42 Il peut paraître inexacte, en tout cas c’est mélangeant, de voir (E) sans signe de
di¤ érentielle alors que (E) = ! (E) E: L’origine de cette notation ambigüe vient du fait que ce qui
comptera toujours en thermodynamique sera ln (E) où E pourra être négligé, tel que nous le verrons
plus précisément bientôt.
Commençons par faire le calcul pour un cas spéci…que, celui du gaz parfait. Ensuite, nous généra-
liserons.
Cas particulier du gaz parfait dans la limite classique : Considérons un gaz d’atomes en interaction.
L’énergie de ce système s’écrit sous la forme
E =K +U (2.14)
Les intégrales sur les positions quant à elles sont restreintes au volume V du système puisqu’il faudrait
une énergie énorme pour qu’une particule puisse sortir du contenant. Ceci violerait la restriction à une
énergie plus petite que E: L’intégrale sur les coordonnées spatiales se fait donc facilement. On trouve
Z Z
VN
(E) = 3N ::: PN
dp1 dp2 : : : dpN : (2.19)
h 1
2m
2
i=1 pi <E
Pour calculer les intégrales sur les impulsions, il su¢ t de remarquer qu’elles correspondent à calculer
le volume d’une sphère de dimension 3N et de rayon
p
jPj = 2mE (2.20)
où v
uN
uX
jPj = t p2 i (2.21)
i=1
L’intégrale est faisable, mais comme on a pas besoin des facteurs numériques, il su¢ t de noter que
l’analyse dimensionnelle (unités) su¢ t à démontrer que le volume sera proportionnel au rayon de cette
sphère à la puissance 3N . Donc,
VN 3N=2
(E) / 3N (mE) (2.22)
h
et conséquemment,
V 3=2 3N E
= N ln (mE) + ln (2.24)
h3 2 E
Le deuxième terme, ln 3N E
2 E ; est complètement négligeable devant le premier parce que le premier
23
est proportionnel à N 10 alors que le deuxième est proportionnel à ln N 53. En e¤et, l’erreur
sur l’énergie E=E est au maximum d’ordre 1 et donc, ln N EE / ln N / 53. Le résultat à retenir
pour le gaz parfait est donc que, si on ne s’intéresse qu’à la dépendance en énergie, alors
3
ln (E) N ln E (2.25)
2
Cas général. Pour calculer (E) il su¢ t de subdiviser en pensée le système en considérant chacun
des degrés de liberté f que nous supposerons ensuite statistiquement indépendants (et c’est là la
clé de la preuve). Chaque degré de liberté a des nombres quantiques qui peuvent prendre quelques
valeurs discrètes. Le nombre d’états accessibles pour de petits sous-systèmes 1 ( ) sera proportionnel
à l’énergie de ce degré de liberté. Pour s’en convaincre, il su¢ t de regarder l’exemple de l’oscillateur
harmonique.5 Donc
E
1( )/ (2.26)
f
où nous avons fait l’hypothèse naturelle que l’énergie totale du système est divisée également entre les
degrés de liberté. (Nous verrons ce dernier résultat de façon plus formelle plus tard sous le nom de
5 Dans le cas quantique, " = ~!(n + 1=2) et le nombre maximum de niveaux d’énergie accessibles n est proportionnel
à ": Dans le cas classique, la surface de l’ellipse dé…nie par " = p2 =m + Kq 2 =2 dans l’espace des phases est aussi
proportionnelle à son rayon au carré, c’est-à-dire à ":
2.1.8 La dépendance en puissance du nombre de degrés de liberté f des quantités physiques est importante
et peut être trouvée facilement
En théorie des probabilités, on se sert du fait que le nombre d’essais indépendants N est grand
pour prouver les théorème de la limite centrale. Les corrections à la gaussienne sont d’ordre 1=N dans
6 “Physique statistique, des processus élémentaires aux phénomènes collectifs”, Christophe Texier, Guillaume Roux
C’est en 1876 apparemment que Loschmidt, ami et professeur de Ludwig Boltzmann, lui posa la
question de la compatibilité entre la réversibilité des lois mécaniques et l’irréversibilité observée en
Remarque 47 * Voici une autre façon de reformuler ce dernier résultat. En mécanique classique un
point de l’espace des phases se déplacera en suivant les équations du mouvement, comme l’oscillateur
harmonique qui se promène sur une ellipse. Si on place un ensemble de points dans l’espace des phases,
satisfaisant les conditions de l’ensemble microcanonique, cet ensemble de points se déplacera. Le théo-
rème de Liouville nous dit que les équations du mouvement conserveront le volume de cet ensemble de
points. Cependant, les équations du mouvement prendront plus que l’âge de l’Univers pour parcourir
tout l’espace des phases disponibles.
Nous clari…erons dans cette section di¤érents types d’interactions entre systèmes macroscopiques.
Vous ne serez pas tellement surpris de revoir le travail mécanique, mais la signi…cation des interactions
thermiques est moins familière. Nous verrons que lorsqu’il peut y avoir simultanément échange de
chaleur et travail mécanique, on peut amener un système d’un état à un autre de plusieurs façons,
ce qui nous forcera à apprendre la notion de di¤érentielle exacte et inexacte. Cette section présente
plusieurs notions que nous reverrons en beaucoup plus de détails aux chapitres trois et quatre.
Considérons deux systèmes isolés soumis à des contraintes extérieures …xes. Ces contraintes exté-
rieures, ou paramètres extérieurs, peuvent être le volume, le champ magnétique etc... L’état macrosco-
pique de chacun de ces systèmes est déterminé par les paramètres extérieurs et les variables mécaniques
conservées, comme l’énergie totale. Cependant, l’état microscopique est inconnu. On sait cependant
qu’il est statistiquement bien décrit par l’ensemble microcanonique.
On met maintenant ces deux systèmes en contact, mais en gardant les paramètres extérieurs de
chacun …xes. Par exemple, on met un contenant froid dans une glacière comme à la Fig.(2-4). L’air de
la glacière et le contenant froid sont en contact thermique. Ce contact “thermique”permet par exemple
à la radiation électromagnétique ou aux vibrations des parois de transmettre de l’énergie d’un système
à l’autre. En d’autres mots, dans une interaction thermique, l’énergie s’échange entre plusieurs degrés
de liberté (de façon désordonnée). Cependant, les niveaux d’énergie de chacun des systèmes, leurs
états microscopiques, ne sont pas modi…és puisque les paramètres extérieurs sont …xes (voir le cours
de mécanique quantique). Ce n’est que la probabilité d’occupation de ces états microscopiques qui est
modi…ée. C’est ce qu’on appelle des interactions thermiques. Comme d’habitude on ne peut prédire
précisément ce qui va se passer pour un seul système, mais on peut faire des prédictions statistiques.
E+ E0 = 0 (2.40)
On dé…nit
Q= E
et on écrit la loi de conservation de l’énergie sous la forme
Q + Q0 = 0 (2.41)
où par dé…nition
Dé…nition 35 La “chaleur” Q est l’énergie moyenne ABSORBÉE par un système lors d’interactions
thermiques.
Remarque 49 On se concentre sur les valeurs moyennes de quantités macroscopiques en ayant en tête
le théorème de la limite centrale. Comme l’énergie totale vient d’une somme d’énergies individuelles, il
y a fort à parier que l’énergie totale obéira au théorème de la limite centrale. Sa valeur moyenne sera
la même que la valeur la plus probable et l’écart-type de la distribution sera très petit en valeur relative
par rapport à la moyenne. Nous reviendrons là-dessus.
On peut minimiser les interactions thermiques entre les systèmes au point qu’elles soient négligeables
sur les échelles de temps qui nous intéressent. Pour ce faire, on peut par exemple envelopper le système
dans de l’amiante ou de la …bre de verre. Un thermos est formé de deux enveloppes avec le vide
entre les deux. Ce vide minimise les échanges de chaleur par conduction dans l’air. Un revêtement
d’aluminium minimise les échanges thermiques par radiation électromagnétique. De telles enveloppes
sont dites adiabatiques.
Remarque 50 Le mot “adiabatique” a des signifactions di¤ érentes dans d’autres domaines comme la
mécanique quantique.
Dans une telle situation, il est possible quand même de changer l’énergie du système en faisant du
travail.
Exemple 37 Un gaz à haute pression est dans un contenant adiabatique surmonté d’un piston …xé
en place. Le gaz n’a pas d’échanges thermiques avec l’extérieur. Ceci est illustré à la Fig.(2-5). Si
on relâche le piston, celui-ci remonte, oscille et atteint …nalement une position d’équilibre. L’énergie
moyenne du gaz a été modi…ée puisqu’il a fait du travail contre la gravité pour faire monter le piston.
L’interaction entre les deux systèmes, piston et gaz, a été purement mécanique puisqu’il n’y a pas eu
de chaleur échangée.
Exemple 38 On peut penser à deux gaz initialement à des pressions di¤ érentes mais où on permet
subitement à une paroi isolante située entre les deux gaz de se déplacer.
1 1 Reif, Sec. 2.7
Dans le dernier exemple, l’énergie est encore conservée. Bien qu’il n’y ait pas d’énergie potentielle
acquise, comme dans le premier exemple, un des gaz a fait du travail et l’autre a absorbé l’énergie
mécanique correspondante. On a donc encore dans ce cas,
E+ E0 = 0 (2.42)
Dé…nition 39 Cette-fois ci, on dé…nit W comme le travail moyen FAIT par le système. Il faut bien
remarquer le signe négatif que ceci donne dans la relation entre W et le changement d’énergie
W = E (2.43)
Avec cette dé…nition, la loi de conservation de l’énergie s’écrit sous la forme
W + W0 = 0 (2.44)
Le travail mécanique est facile à mesurer.
Exemple 40 Un poids qui chute peut faire tourner une roue dans un liquide ou un gaz et augmenter
l’énergie interne de ce système, comme à la …gure (2-6).On remarque que le travail fait par le poids
qui tombe va en énergie interne du gaz. Cette énergie interne additionnelle peut être utilisée pour faire
du travail sur l’environnement ou pour le réchau¤ er, dépendant de ce qu’on fait avec le système par la
suite. Remarquez qu’on a pas dit que l’énergie potentielle était directement transformée en chaleur. Le
processus ci-dessus cependant est irréversible. Nous discuterons ce point plus en détail plus loin.
Exemple 41 De même, on peut faire circuler un courant dans une résistance placée dans un liquide
ou un gaz. La puissance dissipée, V I, se retrouvera en énergie interne du système. Dans cet exemple,
il est important de considérer la pile comme un système et l’ensemble résistance et gaz comme l’autre
système sur lequel le travail est fait par la pile. L’échange d’énergie interne entre la résistance et le gaz
est un échange thermique.
Remarque 51 Du point de vue des ensembles statistiques, dans des échanges thermiques quasi-statiques
les niveaux d’énergie des systèmes de l’ensemble sont inchangés. Ils sont peuplés di¤ éremment suite à
une interaction thermique. Lors d’une interaction mécanique entre deux systèmes isolés thermiquement,
il est possible de modi…er les niveaux d’énergie sans changer leur probabilité d’occupation si l’interaction
ne se produit pas trop rapidement (voir les processus quasi-statiques ci-dessous). Dans le cas général
où on permet les échanges thermiques dans une interaction mécanique, ou des interactions mécaniques
brutales, les niveaux d’énergie sont à la fois modi…és et peuplés di¤ éremment.
g
Fig. 2-6 Augmentation de l’énergie interne par un travail mécanique.
V
+ -
R Isolant
Gaz
Dans le cas général, on peut évidemment échanger à la fois de la chaleur et faire du travail. Donc,
le changement d’énergie dans un système soumis à des in‡uences extérieures sera donné par
E=Q W (2.45)
puisque Q est la chaleur absorbée par le système et W le travail fait par lui.
– Un des buts principaux de notre étude est de comprendre les changements produits par des
interactions thermiques ou mécaniques. C’est pourquoi on appelle thermodynamique la discipline
classique qui traite de ce sujet.
Exemple 42 Retournons à notre exemple de deux gaz séparés par une paroi et un piston qui peut être
isolé ou non et qui peut bouger ou non. Le système est à la …gure (2-8). Pour illustrer les di¤ érents
Cheville de fixation
A’ A
Piston
Isolant amovible
Fig. 2-8 Piston séparant deux gax pour illustrer di¤érents types possibles d’interactions.
types d’interactions, considérons la Fig.(2-9) a) La paroi est …xe et isolée thermiquement, alors les
deux systèmes n’interagissent pas. b) La paroi n’est pas isolante, mais elle ne peut pas se déplacer,
alors les systèmes interagissent thermiquement. c) La paroi est isolante mais peut se déplacer, alors
les systèmes interagissent mécaniquement d) La paroi n’est pas isolante et peut se déplacer, alors les
systèmes interagissent à la fois thermiquement et mécaniquement.
dE =6 dQ 6 dW (2.46)
Les barres sur 6 dQ et 6 dW sont là pour indiquer que ces quantités réfèrent à la façon dont nous sommes
passés d’un état à l’autre et ne caractérisent pas l’état macroscopique lui même. En e¤et, on peut
arriver à la même situation …nale de plusieurs façons. La di¤érence d’énergie entre les deux états est
bien dé…nie, mais cela n’a pas de sens de parler de la di¤érence de chaleur ou de la di¤érence de travail
entre deux états à l’équilibre thermodynamique l’un avec l’autre. Mathématiquement, on dit que dE
est une di¤érentielle exacte, mais que 6 dQ et 6 dW ne le sont pas. Nous y reviendrons.
Exemple 43 Dans notre exemple favori des deux gaz séparés par une paroi, si je rends la paroi ther-
miquement conductrice avant ou après l’avoir laissée libre de se déplacer, j’arriverai au même état
1 2 Reif, Sec. 2.8
b) A’ A
c) A’ A
d) A’ A
2.3.4 Dans un processus quasi-statique on peut supposer l’équilibre thermodynamique à chaque étape13
Dans les sections qui précèdent, nous avons considéré des processus d’interactions thermiques et
mécaniques quelconques. Nous nous restreignons ici à une sous-classe de processus qui jouera le rôle
principal dans presque tout le reste de ce cours, soit les processus quasi-statiques. Pour ces processus,
il est possible de calculer explicitement le travail fait par le système. C’est ce qui les rend intéressants.
De plus, en pratique c’est une situation qui est réalisable.
Dé…nition 44 Dans un processus quasi-statique, les changements sont faits sur des échelles de temps
plus longues que le temps de relaxation, de telle sorte qu’on peut considérer qu’à tout moment le système
est à l’équilibre thermodynamique.
Soit un état microscopique r de l’ensemble microcanonique. Son énergie est donnée par
Er = Er (x1 ; x2 ; : : : xn ) (2.47)
Comme par hypothèse le système est près de l’équilibre thermodynamique à tout moment, nous
moyennons sur un ensemble qui satisfait les contraintes externes instantanées. En d’autres mots, dé-
notant la moyenne sur les états microscopiques r par une barre au-dessus du symbole, on a pour le
travail macroscopique
XN
@Er
dW
/ = dW / r= dx : (2.50)
=1
@x
Remarque 52 * Remarquez que c’est la valeur moyenne de la dérivée que nous considérons ici et
non la dérivée de la valeur moyenne. Ces deux quantités ne sont pas identiques en général puisque
la distribution de probabilité elle-même peut dépendre de x : Dans l’ensemble microcanonique, si la
dérivée est prise à ln constant alors la dérivée de la valeur moyenne et la valeur moyenne de la
dérivée sont identiques.
Dé…nition 45 La quantité
@Er
X (2.51)
@x
est la force moyenne généralisée conjuguée à x .
Cette dé…nition correspond bien à la dé…nition mécanique de force. On n’a fait qu’y rajouter la
moyenne d’ensemble. Sachant dW;
/ le travail fait dans un déplacement …ni est obtenu par intégration.
1 3 Reif, Sec. 2.9, 2.10
dW
/ r = (pr A) ds = pr (Ads) = pr dV (2.52)
et comme dW
/ r= dEr , la force généralisée est donnée par
@Er
pr = (2.53)
@V
alors que la force généralisée moyenne est simplement la moyenne d’ensemble de ce résultat.
@Er
p= (2.54)
@V
de telle sorte que le travail in…nitésimal est donné par
dW
/ = dW
/ r = pdV
Il est permis de prendre cette moyenne d’ensemble lorsque le travail est fait de façon quasi-statique. Pour
apprécier la généralité de ce résultat pour la pression, il su¢ t de considérer une déformation quelconque
du volume. Il faut se souvenir que la force exercée par un gaz sur une paroi est toujours normale à
celle-ci. On voit sur cette …gure (2-10) que le travail fait si la paroi se déplace d’une distance ds à un
n dA
θ
ds
p
V
Fig. 2-10 Travail fait par la pression lors de l’expansion d’un volume.
angle de la normale, est F dr = (pdA) ds cos = pdV , où dV est le volume du parallélépipède balayé
par l’élément de surface dA dans son déplacement. Sommant sur tous les éléments microscopiques, on
obtient le résultat attendu.
Remarque 53 Pour calculer le travail fait dans un processus quasi-statique lorsqu’on connaît la rela-
tion entre pression et volume du gaz, il su¢ t de procéder par intégration
Z Vf Z Vf
Wif = dW
/ if = p (V ) dV (2.55)
Vi Vi
Cette intégrale en général dépend du chemin pris dans le plan P V . Nous reverrons cela en plus
de détails plus loin. En attendant on peut quand même se rappeler de vieux souvernirs : on sait qu’à
température constante pour un gaz parfait p / 1=V ce qui donnerait dans ce cas Wif / ln (Vf =Vi ) :
Les exemples que nous avons considérés plus haut, par exemple à la …gure (2-9) montrent que le
travail peut dépendre de la façon dont on passe d’un état à l’autre. Considérons un travail in…nitésimal
fait par le système et une chaleur in…nitésimale absorbée. Si chaleur et travail étaient, respectivement,
comme x et y dans l’expression suivante,
Exemple 47 Soit
x
dG
/ = dx + dy (2.58)
y
On veut calculer l’intégrale de ligne pour obtenir G le long de deux parcours di¤ érents. Dans les deux
cas, nous voulons aller de (1; 1) à (2; 2). Ceci est illustré à la …gure (2-11). Dans le premier cas, nous
y
3
x
1 2 3
Fig. 2-11 Illustration de l’intégrale d’une di¤érentielle inexacte le long de deux chemins di¤érents..
Les deux résultats sont di¤ érents ! C’est parce que nous n’avons pas a¤ aire à une di¤ érentielle exacte.
En e¤ et, si la di¤ érentielle était exacte, nous aurions
@G @G
dG = Adx + Bdy = dx + dy (2.61)
@x @y
et donc les coe¢ cients A et B de dx et de dy respectivement obéiraient à l’équation suivante
@A @B
= (2.62)
@y @x
puisque
@A @2G @B @2G
= = = (2.63)
@y @y@x @x @x@y
Or dans l’exemple qui nous préoccupe
@A @B
=0 ; = (2.64)
@y @x y
Donc, dG n’est pas une di¤ érentielle exacte.
2.3.6 Une fonction d’état caractérise l’équilibre thermodynamique indépendamment de la façon d’y arriver.
L’entropie est une fonction d’état.
Lorsque nous calculons le changement d’énergie lors d’interactions mécaniques et thermiques si-
multanément, la quantité de chaleur absorbée et le travail faits par le système se répartiront de façon
di¤érente selon la façon dont le changement est fait. Ceci devrait être clair à partir des exemples que
nous avons considérés plus haut, par exemple à la …gure (2-9) Nous donnons ici un aperçu de ce qui
s’en vient aux prochains chapitres.
L’énergie est une fonction d’état.
Dé…nition 48 Une fonction d’état est une quantité physique qui ne dépend que de l’état macroscopique
du système. Par exemple, la pression, le volume, le nombre de particules sont des fonctions d’état. Le
travail et la chaleur ne sont pas des fonctions d’état puisqu’elles se rapportent à la façon dont des
systèmes physiques échangent de l’énergie.
Si je passe d’un état à l’autre, à la fois en faisant du travail et en absorbant de la chaleur, j’aurai
dE = dQ
/ dW
/ (2.65)
dE = dQ
/ pdV (2.66)
dE = dQ
/ (2.67)
De la même façon que V est une fonction d’état associée au travail, la dernière équation suggère qu’il
doit bien y avoir une fonction d’état associée à la chaleur. Nous verrons au prochain chapitre que cette
V
Fig. 2-12 Deux chemins di¤érents correspondant à des travaux di¤érents mais aux mêmes états initiaux
et …naux.
Il est assez paradoxal de constater que Carnot a découvert les principes fondamentaux de la
deuxième loi et de l’entropie bien avant que l’équivalence entre chaleur et énergie soit découverte.
Les pages de Maury sur ce sujet15 sont fascinantes. C’est l’autorité de Lavoisier qui avait fait triom-
pher l’interprétation matérielle de la chaleur. À partir des années 1780 la chaleur est considérée comme
un gaz, ou disons un ‡uide, le calorique. Cette interprétation n’est cependant pas acceptée par tout le
monde ! Rumford, fuyant la révolution américaine (où il avait été espion pour l’Angleterre) est accueilli
en Angleterre où il fonde la Royal Institution. En France, il marie la veuve de Lavoisier (le mariage ne
dura qu’un an) et s’engage dans des controverses scienti…ques avec Lagrange et Laplace. En perçant
des canons en 1798 il se rend compte que le foret peut chau¤er le canon indé…niment, tant qu’il est
actionné. Ceci lui donne l’idée que la chaleur est du mouvement et pas un gaz. La découverte par
ailleurs du rayonnement infrarouge et de la transmission de chaleur par ce véhicule lui donnent des
munitions ! Par contre le “Traité analytique de la chaleur”de Fourier paraît en 1822. Basé sur l’idée de
calorique, cet ouvrage est un monument de la physique théorique. Les méthodes qui y sont développées
sont encore utilisées de nos jours. Beaucoup y voient la con…rmation de l’existence du calorique.
C’est dans ce contexte qu’on retrouve Joule à vingt-trois ans en 1841. C’est à cette date qu’il établit
l’e¤et calori…que du courant électrique, “l’e¤et Joule”. Il est donc amené à s’interroger sur ces questions.
En 1843, il établit que la chaleur dégagée par le courant électrique vient de la transformation du travail
fait par le poids qui, en tombant, actionne son dynamo. Mesurant le travail fait sur un système et,
dans un autre, processus l’échange de chaleur nécessaire pour remettre le système dans ses conditions
initiales, il établit l’équivalent mécanique de la calorie. Ses résultats sont reçus froidement par la
“British Association”à Cork en 1843. On lui demande d’autres con…rmations expérimentales. C’est là
qu’il réalise plusieurs des expériences que nous avons décrites dans ce chapitre. La Royal Society refuse
de publier son article sur le sujet. Ce travail, un des plus important de la physique, paraît …nalement
dans “Philosophical magazine”. Du côté allemand, le jeune Helmholtz vit les mêmes problèmes. Ce n’est
qu’en 1847 qu’il publie son article “Sur la conservation de l’énergie”. Il avait été refusé par “Annalen
der Physik”et ce n’est donc que sous forme de brochure qu’il est paru. Un médecin de marine allemand,
Mayer, avait déjà calculé l’équivalent mécanique de la calorie bien avant, vers 1840. Comme Carnot
une quinzaine d’années plus tôt, il avait trouvé 3:7J=cal. Ses résultats n’étaient cependant pas appuyés
d’expériences comme ceux de Joule et, conséquemment pourrait-on dire, l’unité moderne d’énergie n’est
par le Mayer.
Il est intéressant de remarquer que comme Newon, Leibniz, Hamilton et Lagrange ignoraient ce
1 5 Maury, p.82 à 85, 64 à 65
E=Q W (2.72)
puisque Q est la chaleur absorbée par le système et W le travail fait par lui.
– Pour un changement in…nitésimal d’énergie, on peut écrire
dE = dQ
/ dW
/ (2.73)
La quantité
@Er
X (2.75)
@x
est la force moyenne généralisée conjuguée à x . Cette dé…nition correspond bien à la dé…nition
mécanique de force. On n’a fait qu’y rajouter la moyenne d’ensemble. Sachant @W / le travail fait
dans un déplacement …ni est obtenu par intégration.
– En particulier, pour calculer le travail fait dans un processus quasi-statique lorsqu’on connaît la
relation entre pression et volume du gaz, il su¢ t de procéder par intégration
Z Vf Z Vf
Wif = dW
/ if = pdV (2.76)
Vi Vi
– Une fonction d’état est une quantité physique qui ne dépend que de l’état macroscopique du
système. Par exemple, la pression, le volume, le nombre de particules sont des fonctions d’état.
Le travail et la chaleur ne sont pas des fonctions d’état. ”La chaleur d’un corps” ne veut rien
dire du point de vue thermodynamique ! La chaleur n’est dé…nie que comme la quantité d’énergie
échangée lors d’interactions thermiques. Des remarques analogues s’appliquent au travail.
Soit un système formé de deux particules de masse m qui peuvent se déplacer en une dimension
entre les positions L et +L. On peut négliger l’interaction entre les deux particules, qui est très faible.
Soit les deux coordonnées des particules, x1 et x2 et les quantités de mouvement correspondantes p1 et
p2 . On sait que l’énergie totale du système se situe entre E et E + E. Comme il est di¢ cile de tracer un
espace de phase quadri-dimensionnel, dessinez séparément une coupe de l’espace des phases impliquant
seulement x1 et x2 et une coupe impliquant seulement p1 et p2 : Indiquez sur ces diagrammes les régions
de l’espace des phases qui sont accessibles au système.
a) Décrivez trois situations di¤érentes illustrant deux systèmes macroscopiques en interaction mé-
canique l’un avec l’autre.
b) Décrivez deux types de processus microscopiques qui peuvent permettre à des systèmes en contact
thermique d’échanger de l’énergie.
c) Considérons un système de spins en équilibre thermique. Peut-on dire combien de chaleur et
combien de travail contient ce système ? Expliquez votre réponse.
1 6 Reif, Prob. 2.2
c) Supposons que les deux côtés de l’équation (2.77) sont divisés par x2 . Ceci donne la quantité
in…nitésimale 6 dG =6 dF=x2 . En utilisant les dérivées croisées, montrez que 6 dG est maintenant une
di¤érentielle exacte. Le facteur 1=x2 s’appelle un facteur intégrant.
Un système est soumis à un processus quasi-statique cyclique qui apparaît comme une courbe fermée
dans un diagramme pression-volume. Montrez que le travail fait par le système est donné par la surface
délimitée par la courbe.
Soit un système de N spins, dont N" pointent vers le haut alors que N# pointent vers le bas. Soit
1 1
N" = s + N ; N# = s+ N (2.79)
2 2
a) Quel est le nombre d’états accessibles au système en fonction de s pour N …xe.
b) Réexprimez le résultat obtenu en a) dans l’approximation gaussienne. Vous pouvez utiliser le
résultat obtenu en classe pour passer de la binomiale à la gaussienne sans refaire tous les calculs.
(Le nombre d’états accessibles s’appelle aussi la fonction de multiplicité.)
Supposons qu’on ait deux systèmes de spins comme celui du problème précédent. Ces systèmes
séparément ont un nombre d’états accessibles 1 (N1 ; s1 ) et 2 (N2 ; s2 ). Pour s et s1 …xe, (s = s1 + s2 ),
le nombre d’états accessibles au système résultant, qui possède maintenant N = N1 + N2 spins, est
(N; s) = 1 (N1 ; s1 ) 2 (N2 ; s2 ) (2.80)
a) Utilisant toujours la forme gaussienne trouvée au problème précédent, montrez qu’à s …xe, s1
variable, le nombre d’états accessibles (N; s) est maximum pour s1 =N1 = s=N: On peut imaginer que
s est …xé par la valeur de l’énergie dans un champ magnétique extérieur. (Ensemble microcanonique)
b) Quel est le nombre d’états accessibles lorsque s1 dévie de cette valeur maximum par une quantité
? Si = 1012 et N1 ' N2 ' 1022 , montrez que (N; s) est réduit de sa valeur maximale par un
facteur 10 174 .
c) Pour s = 1020 , quel est l’ordre de grandeur du nombre par lequel il faut multiplier
Cette dernière somme peut être calculée en l’approximant par une intégrale. Cette intégrale peut être
évaluée en complétant le carré dans l’argument de l’exponentielle.
d) Quelle erreur relative commettons-nous dans le calcul de ln (N; s) si nous approximons la
somme par max (N; s).
e) Quelles leçons physiques peut-on tirer de cet exemple ?
Soit deux gaz parfaits dans des récipients fermés contenant des nombres …xes de particules, respec-
tivement N1 et N2 . Les récipients sont en contact thermique, c’est-à-dire qu’ils peuvent échanger de
l’énergie l’un avec l’autre. On suppose cependant que l’énergie totale des deux gaz est …xe et vaut E
(à une petite incertitude près, qui est sans importance).
a) Soit 1 (E1 ) le nombre d’états microscopiques accessibles pour le récipient contenant N1 molé-
cules lorsque son énergie totale est E1 et soit 2 (E E1 ) le nombre d’états microscopiques accessibles
pour le récipient contenant N2 molécules. Quel est le nombre total d’états microscopiques accessibles
au système complet formé des deux récipients en contact thermique dans le cas où l’énergie du récipient
de N1 molécules est E1 ?
b) Utilisant ce résultat ainsi que le résultat trouvé en classe, ln (E1 ) = 3N
2 ln E1 + C, où C est
1
Nous sommes maintenant prêts à discuter plus en détail la théorie statistique des systèmes en
équilibre thermodynamique. Elle repose entièrement sur le postulat qu’un système isolé à l’équilibre
thermodynamique est décrit par l’ensemble microcanonique où tous les états microscopiques permis
ont des probabilités à priori égales. Ce chapitre repose donc sur les hypothèse du précédent en les
approfondissant. C’est un chapitre clé sur lequel reposera tout le reste de la physique statistique.
C’est ici que nous introduirons les notions d’entropie, de température, d’irréversibilité et que nous
comprendrons ces concepts à l’aide de notions statistiques et mécaniques. La conclusion de ce chapitre
sera les trois lois de la thermodynamique, que nous apprendrons à utiliser plus à fond en particulier
dans les deux chapitres subséquents, quatre et cinq.
À la …n de ce chapitre, vous pourrez relier nombre d’états accessibles et entropie, interpréter la
température comme l’inverse d’une dérivée logarithmique du nombre d’états accessibles, expliquer
l’augmentation d’entropie dans un processus irréversible, décrire un réservoir de chaleur, expliquer
l’étroitesse de la distribution de probabilité pour un système macroscopique, expliquer les forces géné-
ralisées, les conditions d’équilibre, donner les propriétés générales de l’entropie, calculer l’entropie dans
des cas simples et …nalement, connaître les trois lois de la thermodynamique.
Nous commencerons par une constatation simple. Lorsque qu’on relâche les contraintes sur un
système macroscopique isolé, le nombre d’états microscopiques accessibles augmente. Nous ferons de
ceci la base de la notion d’irréversibilité.
Commençons par rappeler ce que nous voulons dire par ”états accessibles”. L’état macroscopique
peut être spéci…é par un ensemble de paramètres représentant ce que nous savons de façon macrosco-
pique sur le système c’est-à-dire, dans le cas de l’ensemble microcanonique,
– la valeur des quantités mécaniques conservées, comme l’énergie totale et le nombre de particules
– les conditions aux limites (volume),
– les champs appliquées de l’extérieur ou générés spontanément (comme dans un ferroaimant)
Les états microscopiques accessibles sont ceux qui sont cohérents avec l’état macroscopique spéci…é
par les paramètres ci-dessus.
Certains paramètres macroscopiques, par exemple le volume, représentent une contrainte qui peut
être relâchée sans faire de travail sur le système, c’est-à-dire en gardant le système isolé.
On se souvient que nous avons décidé de noter par le nombre d’états microscopiques qui tous
satisfont cet ensemble de contraintes
= (y1 ; y2 ; : : : yn ) (3.1)
Comme d’habitude, on peut même se permettre une incertitude sur la valeur précise des paramètre
y1 ; y2 ; : : : yn qui représentent les contraintes et dé…nissent l’état macroscopique.
1 Reif, Sec. 3.1
LOIS DE LA THERMODYNAMIQUE 95
Supposons qu’on enlève, sans faire de travail, un contrainte. Tous les états antérieurement accessibles
le demeurent, mais de nouveaux états deviennent accessibles. Enlever une contrainte sur un système
isolé ne peut donc que résulter en une augmentation du nombre d’états accessibles au système. Au
mieux, ce nombre d’états demeurera le même. Si i est le nombre d’états accessibles initialement, et
f le nombre d’états après avoir enlevé la contrainte, nous aurons donc,
f i (3.2)
Considérons un ensemble de systèmes sujets aux mêmes contraintes, juste après qu’une contrainte
soit relâchée. Les systèmes dans l’ensemble n’occupent alors qu’une fraction des états qui leurs sont
maintenant accessibles. Ceci n’est pas une situation d’équilibre. La probabilité associée à cette situation
est i = f . La situation évoluera donc dans le temps jusqu’à ce que les systèmes de l’ensemble soient
distribués de façon uniforme parmi tous les états accessibles.
Exemple 49 Dans une boîte séparée en deux par une partition, la partition est une contrainte. Si par
exemple tous les atomes sont initialement du même côté de la partition, comme à la Fig.(3-1-a), seuls
les états microscopiques ou aucun atome n’est de l’autre côté sont accessibles. Si on enlève la partition,
ou qu’on y fait un trou, comme à la Fig.(3-1-b) il est très improbable que tous les atomes demeurent
du même côté. L’état le plus probable est celui où les atomes sont répartis également des deux côtés du
récipient. Lorsque cet état d’équilibre est atteint, il y a encore une probabilité non nulle que tous les
N
atomes soient du même côté, mais cette probabilité est de (1=2) où N est le nombre d’atomes. Bien
que …nie, cette probabilité est donc tout à fait négligeable.
Exemple 50 Si une paroi adiabatique sépare deux systèmes, ils doivent satisfaire la contrainte que
leur énergie respective est constante. En enlevant la contrainte, comme par exemple à la partie b) de
la Fig.(2-9), le nombre total d’état accessibles augmente puisque chaque système peut avoir plus que
seulement une valeur de l’énergie accessible. L’énergie, transportée sous forme de chaleur, se répartit
entre les deux systèmes tout en gardant l’énergie totale constante. Cette répartition d’énergie se fera
jusqu’à ce qu’on atteigne l’état macroscopique le plus probable.
Exemple 51 Soient deux systèmes séparés d’un piston isolant …xé en place par une cheville. Les
molécules de chaque sous-système ne peuvent bouger que dans un volume …xé au départ. En enlevant la
cheville, comme à la partie c) de la Fig.(2-9), les volumes peuvent s’ajuster pour équilibrer la pression,
ce qui correspond à une augmentation du nombre d’états accessibles puisque plusieurs valeurs du volume
deviennent accessibles pour chacun des systèmes. Ces volumes peuvent varier tant qu’ils veulent, en
autant que le volume total demeure …xe. La position d’équilibre de la paroi correspondra au maximum
d’états accessibles.
Lorsqu’on relâche une contrainte, le paramètre correspondant, y, peut ‡uctuer tant qu’il veut. En
général cependant, le nombre d’états microscopiques aura un maximum prononcé pour une valeur
donnée de ce paramètre. C’est cette valeur qui sera observée macroscopiquement. On peut résumer la
discussion de cette sous-section comme suit :
Dans un système macroscopique isolé, lorsque des contraintes sont relâchées sans faire de travail, le
nombre d’états accessibles augmente.
Le système évoluera vers “l’équilibre” c’est-à-dire jusqu’à ce que deviennent équiprobables tous les
états microscopiques cohérents avec les nouvelles contraintes.
3.1.2 Lorsqu’une contrainte est relâchée, il y a augmentation du nombre d’états accessibles et le processus
est irréversible.2
Donnons d’emblée les grandes leçons de la présente sous-section. Nous savons déjà de la sous-
section précédente que si une contrainte quelconque sur un système isolé est enlevée, le nombre d’états
2 Reif, Sec. 3.2
96 LOIS DE LA THERMODYNAMIQUE
accessibles au système augmente ou au mieux demeure le même, c’est-à-dire
f i (3.3)
– Si f = i , tous les systèmes de l’ensemble sont déjà distribués avec une probabilité à priori
égale sur tous les états accessibles. Le système demeure à l’équilibre et le processus est réversible.
– Si f > i alors la répartition des systèmes de l’ensemble ne correspond pas à celle de l’ensemble
microcanonique. Le système tend vers une répartition uniforme lorsque la contrainte est enlevée.
Le système n’est pas à l’équilibre thermodynamique lors de toutes les étapes du processus et
celui-ci est dit irréversible.
Retournons à nos exemples pour illustrer ce que nous voulons dire
Exemple 52 Dans le cas de la paroi qui contraint au départ le gaz à être d’un côté seulement du
système, il est clair que replacer la paroi ne retourne pas le système dans sa con…guration originale.
Le processus est irréversible. Il pourrait paraître à priori qu’il est possible de tricher en mettant un
piston qui recomprimerait le gaz d’un côté, comme à la Fig.(3-1-c). Évidemment, ceci nécessite une
a) A’ A
b) A’A’ A
c) A’ A
d) A’ A
e) A’ A
R
Fig. 3-1 L’ouverture d’un trou à travers d’une paroi permet au gaz en b) de se répartir également entre
les deux récipients. Pour retourner à l’état original, il ne su¢ t pas de recomprimer le gaz comme en c)
puisque ceci produit l’échau¤ement illustré d) ce qui implique qu’un contact thermique devient nécessaire
pour retrouver la température initiale.
source d’énergie extérieure qui ferait un travail, donc l’énergie interne du gaz augmenterait et l’état …nal
Exemple 53 Dans le cas de nos deux systèmes en contact thermique, partie b) de la Fig.(2-9), re-
mettre l’isolation thermique ne permet pas à l’énergie de retourner du froid au chaud. Le processus est
irréversible. Évidemment, si dès le départ les systèmes étaient à l’équilibre thermique, enlever l’isolant
thermique n’a rien changé et le processus était réversible.
Exemple 54 Dans le cas du piston, partie c) de la Fig.(2-9), remettre la cheville pour qu’il ne bouge
plus de sa nouvelle position ne restaure pas le volume original des deux gaz.
Remarque 57 Comme d’habitude nous n’avons pas spéci…é le temps nécessaire pour atteindre l’équi-
libre thermodynamique. Il est possible de ne pas spéci…er ce temps dans deux situations expérimentales
générales. a) Premièrement lorsque le temps pour atteindre l’équilibre thermodynamique est beaucoup
plus court que le temps de l’expérience. C’est le cas évident. b) Deuxièmement, lorsque le temps pour
atteindre l’équilibre thermodynamique dans un sous-système est beaucoup plus court que l’expérience
alors que le temps pour atteindre l’équilibre thermodynamique global est beaucoup plus long que l’expé-
rience. Pour être concret, on peut penser à une expérience dans un thermos. Éventuellement le thermos
atteindra la même température que la pièce, mais s’il faut attendre deux jours pour que cela se produise
et que l’expérience dure une heure, nous pouvons à toutes …ns pratiques considérer le gaz à l’intérieur du
thermos comme étant à l’équilibre thermodynamique. Le cas di¢ cile, qui nécessite la théorie cinétique,
survient lorsque le temps pour atteindre l’équilibre thermodynamique est du même ordre que le temps
que dure l’expérience. Même dans ce cas, on fait souvent l’hypothèse d’équilibre thermodynamique local !
Et le temps le plus long est celui nécessaire à atteindre l’équilibre thermodynamique global.
Remarque 58 Si on part d’un système à l’équilibre qu’on divise en deux par une paroi isolante, on
retrouve le même état si on enlève la paroi. Dans ce cas, le fait de mettre ou d’enlever la paroi est un
processus réversible. On pourrait croire cependant que, sans la paroi, il y a plus d’états microscopiques
accessibles et donc que le fait d’enlever la paroi isolante mène de façon irréversible à un nouvel état.
Comme le système que nous considérons était au départ à l’équilibre, ce n’est pas le cas. Le nombre
de nouveaux états microscopiques accessibles est négligeable dans la limite thermodynamique, c’est-à-
dire la limite d’un système in…ni. Nous prouverons ce résultat à la section 3.2.5 où nous calculerons
l’entropie combinée de deux systèmes à l’équilibre.
Nous avons donc abordé l’irréversibilité dans cette sous-section en la rendant presque triviale. Il
faut cependant remarquer qu’il est possible que le gaz passe d’une situation uniforme à une situation
où il est concentré dans la moitié du récipient. Il su¢ rait en principe d’inverser toutes les vitesses
des particules du gaz pour qu’elles tracent le chemin inverse et retournent dans leur moitié de départ.
Évidemment, c’est la réversibilité des équations de la physique au niveau microscopique qui rendent
ceci possible en principe. En pratique on ne peut pas faire cette inversion des vitesses. De plus, même si
on pouvait réaliser ces conditions initiales très particulières, la moindre perturbation externe imprévue
(le mur qui vibre) ferait que tout le gaz ne retournerait pas dans une seule moitié du récipient.
Par contre, il y a un très grand nombre de conditions initiales réalisables en pratique qui permettent
de réaliser la situation inverse, c’est-à-dire le gaz qui part d’un côté et se réparti uniformément. De
plus, même si des perturbations externes imprévues se produisent, le résultat …nal sera une distribution
homogène du gaz (en moyenne). Formulé de ce point de vue où l’état n’est spéci…é que de façon
macroscopique, on retrouve la notion de probabilité.
En d’autres mots, l’irréversibilité est liée au fait que les conditions initiales que nous pouvons
réaliser en pratique ainsi que l’in‡uence des perturbations externes incontrôlables nous placent toujours
dans une situation où le nombre d’états accessibles augmente lorsqu’on ”touche” au système de façon
quelconque, comme par exemple en enlevant une paroi.
98 LOIS DE LA THERMODYNAMIQUE
Remarque 59 Remarquez que pour les situations que nous avons quali…ées d’irréversibles, le …l des
événements …lmé puis passé à l’envers paraîtra tout de suite impossible au spectateur : Un gaz ne
retourne jamais tout seul dans un coin de la pièce. C’est l’irréversibilité. Par contre, lorsque la friction
est négligeable, le …lm de la trajectoire d’un balon est tout aussi crédible, qu’il soit montré à l’endroit
ou à l’envers : Les lois de la mécanique élémentaire sont symétriques sous inversion du temps.
Remarque 60 L’irréversibilité n’est vraie que de façon statistique et n’est qu’une conséquence du
fait que les conditions initiales réalisables dans les systèmes comportant un grand nombre d’atomes ne
peuvent pas correspondre à des situations où le nombre d’états microscopiques diminue lorsqu’on enlève
une contrainte macroscopique. Ceci est discuté en détail par exemple par Peierls dans un petit livre très
profond.3 Le fameux théorème H de Boltzmann démontrant l’irréversibilité contient en fait ces idées
sur l’irréversibilité de façon un peu cachée, comme l’explique Peierls.
C’est en considérant le problème de l’équilibre entre deux systèmes macroscopiques qui peuvent
échanger de l’énergie sans faire de travail que la température et l’entropie apparaissent naturellement.
C’est ce que nous discutons dans cette section. Nous utiliserons partout l’exemple des deux systèmes
A et A0 séparés par une paroi qui peut être isolante thermiquement ou conductrice. Ce système est
représenté à la …gure 3-2.
(0)
E -E E
3.2.1 Entre systèmes à l’équilibre interagissant thermiquement, la répartition d’énergie la plus probable
égalise @ ln (E) =@E:4
Nous avons déjà discuté au chapitre précédent ce que nous voulions dire par systèmes qui peuvent
échanger de la chaleur. Ces systèmes peuvent interagir thermiquement, comme à la …gure 3-2. En
d’autres mots, ils peuvent se transmettre de l’énergie sous forme désordonnée par l’entremise de pho-
tons, de vibrations, de collisions etc. Demandons-nous maintenant ce qu’est l’équilibre thermique.
Notons d’abord que si A et A0 étaient isolés l’un de l’autre, dans notre exemple favori, le nombre total
d’états accessibles serait
(E) 0 (E 0 ) (3.4)
3 R. Peierls, dans Surprises in theoretical Physics, p.73 à 84
4 Reif, Sec. 3.3
Exemple 55 Supposons que le système A soit un spin pouvant prendre, pour une valeur E donnée,
les valeurs up " et down # (deux états). Supposons aussi que le système A0 est aussi un spin mais qui
peut prendre trois valeurs, up ", down # et "couché" 0; lorsque son énergie prend la valeur E 0 . Au
total, il y aura 2 3 = 6 états pour le système combiné : ""; " 0; "#; lorsque le spin de A est up et
#" ; # 0; ## lorsque le spin de A est down. Cet exemple trivial se généralise facilement à des systèmes
macroscopiques.
On peut même supposer une certaine incertitude sur chacune des énergies E et E 0 . Maintenant,
remplaçons la paroi par une paroi qui vibre et laisse passer la radiation, c’est-à-dire une paroi qui n’est
pas isolante thermiquement. On suppose que le système combiné est isolé. Il satisfait donc la contrainte
Remarque 61 La notation ci-dessus veut dire que E est l’énergie associée uniquement au système
A alors que E 0 est associée uniquement au système A0 . Cette division ne peut être exacte puisque les
deux systèmes interagissent, ce qui veut dire, par exemple, qu’il peut y avoir de l’énergie potentielle
associée à l’interaction d’une particule du système A qui n’est pas très loin d’une particule du système
A0 . De plus, il faut que ce genre d’interaction existe pour que l’équilibre thermodynamique soit atteint !
Néanmoins, l’interaction augmente comme la surface des deux systèmes où le contact s’établit alors
que l’énergie totale augmente comme le volume. En d’autres mots, l’énergie associée à l’interaction
est d’ordre (surface macroscopique) (longueur de corrélation) alors que E est de l’ordre de (volume
macroscopique). Si est la longueur de corrélation et L l’ordre de grandeur de la longueur du système,
l’énergie d’interaction est donc de l’ordre de =L fois plus petite que l’énergie de l’un ou l’autre des deux
systèmes et peut être négligée puisque la longueur de corrélation est généralement de l’ordre de quelques
distances interatomiques (sauf très près de certains types de transitions de phase). En thermodynamique,
on néglige généralement les énergies associées aux surfaces par rapport aux énergies associées au volume.
En conformité avec notre discussion de la sous-section précédente, le nombre total d’états accessibles
est plus grand lorsque les systèmes sont en contact thermique que lorsqu’ils étaient séparés par une
paroi isolante puisque tous les états deviennent accessibles, ce qui veut dire que l’énergie de A peut
être transférée à A0 et vice-versa. Mathématiquement, cela veut dire qu’étant donné le nombre d’états
accessibles (E) 0 E (0) E lorsqu’on connaît l’énergie avec une précision E, le nombre total d’états
accessibles du système combiné tot E (0) est donné en sommant sur toutes les valeurs possibles de
E, chacune étant séparée de E.
X
(0)
tot E = (E 00 ) 0 E (0) E 00 (3.6)
E 00
Lorsque les deux systèmes étaient isolés, le nombre total d’états accessibles correspondait à un seul
terme de cette somme.
Comme l’ensemble A(0) A + A0 est un système microcanonique, le postulat de probabilité à priori
égales s’applique. Chaque état microscopique accessible a la même probablilité, soit 1= tot E (0) : On
peut donc facilement calculer la probabilité que le système A soit dans un état macroscopique d’énergie
E: Il su¢ t de multiplier le nombre d’états microscopiques accessibles par la probabilité 1= tot E (0)
d’un état microscopique dans l’ensemble microcanonique,
0
P (E) = (E) E (0) E = tot E (0) (3.7)
où f est le nombre de degrés de liberté e¢ caces du système. (Comme nous l’avons déjà
remarqué précédemment, ce nombre de degrés de liberté e¢ caces est le nombre de degrés
de liberté statistiquement indépendants, ce qui est généralement une fraction du nombre
total. Ce nombre est quand même gigantesque, soit de l’ordre du nombre d’Avogadro dans
les systèmes macroscopiques.)
Ce résultat sur l’écart type est déjà évident d’après ce que nous connaissons sur les variables
aléatoires statistiquement indépendantes.
Intuitivement le maximum existe et est très prononcé parce que nous avons prouvé que (E) est
une fonction très rapidement croissante de E et donc 0 E (0) E est une fonction très rapidement
décroissante de E. Ceci veut dire que le produit de ces deux fonctions ne peut qu’avoir un maximum
très prononcé.
Où se situe le maximum de P (E) ? Vieux ré‡exe, on prend la dérivée qu’on met égale à zéro. Cet
exercice nous donne
@ ln (E) @ ln 0 (E 0 )
= (3.9)
@E @E 0 E 0 =E (0) E
Preuve :
!
0
@P (E) @ (E) E (0) E
= (3.10)
@E @E tot
" #
0
1 @ (E) 0 (0) @ E (0) E
= E E + (E)
tot @E @E
Utilisant
0
@ E (0) E @ 0 E (0) E @ E (0) E
= (3.11)
@E @ E (0) E @E
@ 0 E (0) E
= ( 1) (3.12)
@ E (0) E
ou encore
@ (E) 0 0 @ 0 (E 0 )
(E ) = (E) (3.14)
@E @E 0
1 @ (E) 1 @ 0 (E 0 )
= 0 0 (3.15)
(E) @E (E ) @E 0
@ ln (E) @ ln (E 0 )
0
= (3.16)
@E @E 0 E 0 =E (0) E
C.Q.F.D.
De notre point de vue probabiliste, les énergies macroscopiques des systèmes A et A0 peuvent ‡uc-
tuer, mais comme la distribution de probabilité pour la répartition de l’énergie entre deux systèmes à
l’équilibre est une distribution très étroite, la valeur observée de l’énergie sera, à une précision aussi
grande que celles accessibles en laboratoire, égale à la valeur moyenne de l’énergie calculée avec la dis-
tribution de probabilité. De plus, cette valeur moyenne et la valeur la plus probable coïncident puisque
la distribution de probabilité est une gaussienne (En e¤et, l’énergie totale est la somme d’énergies de
plusieurs degrés de liberté statistiquement indépendants, donc le théorème de la limite centrale s’ap-
plique et la distribution de probabilité pour l’énergie est une gaussienne. Nous prouverons ce résultat
à la …n du chapitre).
En résumé, pour deux systèmes A et A0 en équilibre thermique, si E est la valeur moyenne et E e la
valeur la plus probable, alors pour le système A
e
E=E (3.17)
3.2.3 À l’équilibre, la probabilité maximale pour un système macroscopique est celle où les températures
h i 1
absolues kB T 1
= @ ln@E(E) sont égales.5
Chacun des membres de l’équation (3.16) qui nous donne la valeur la plus probable de l’énergie
ne dépend que des propriétés de chaque système séparément. En d’autres mots, on peut calculer
@ ln (E) =@E sans rien savoir du système A0 . Cette propriété intrinsèque à un système a les unités
d’inverse d’énergie. Nous pouvons développer une idée physique de ce qu’elle représente en se rappelant
le résultat du chapitre précédent
ln (E) f ln E: (3.19)
Donc, on trouve
@ ln (E) f
: (3.20)
@E E
Le membre de droite représente l’inverse de l’énergie par degré de liberté. On dé…nit donc une quantité
ayant les dimensions d’énergie
h i 1
kB T 1
= @ ln@E(E) : (3.21)
Lorsque deux systèmes macroscopiques sont mis en contact thermique, la valeur la plus probable de
l’énergie se trouve en égalant et 0 pour les deux systèmes.
3.2.4 L’entropie est donnée par S (E) kB ln (E) et la probabilité d’un état macroscopique se calcule
à partir de l’exponentielle de entropie.6
On remarque que la quantité ln (E) apparaissant amplement dans les sous-sections précédentes
est une propriété statistique mais qui est additive, tout comme le nombre de particules, l’énergie etc.
En e¤et, pour nos deux systèmes isolés pris ensembles, le logarithme du nombre d’états accessibles est
donné par, h i
ln (E) 0 E (0) E = ln (E) + ln 0 E (0) E (3.25)
Ce résultat est aussi en accord avec le fait que ln (E) O (f ), c’est-à-dire est une quantité propor-
tionnelle au nombre de degrés de liberté. Il est aussi déjà clair que si nous avions essayé de maximiser
la probabilité par rapport au volume plutôt que par rapport à l’énergie, nous aurions eu à l’équi-
libre une dérivée de ln (V ) par rapport à V . Cette quantité ln (E) est donc une caractéristique
fondamentale d’un système macroscopique qui caractérise les aspects probabilistes de ces systèmes,
c’est-à-dire le nombre d’états microscopiques accessibles. En théorie de l’information, cette quantité
s’appelle l’information, ici elle s’appelle l’entropie.7 Comme nous utilisons des unités de température
qui sont di¤érentes des unités d’énergie, il est préférable de dé…nir comme l’entropie la quantité suivante
Cette dé…nition coïncide avec la dé…nition historique de l’entropie qui avait été donnée avant son
interprétation probabiliste. C’est la fameuse formule inscrite sur la tombe de Boltzmann à Vienne. C’est
là une des formules les plus importantes de la physique. Gibbs l’appelait la “relation fondamentale”8 .
Remarque 63 Avec cette dé…nition de l’entropie nous avons que la température est dé…nie par,
1
T = kB @ ln@E(E) = @S
@E (3.27)
6 Reif,Sec. 3.3
7 Emprunté de l’Allemand Entropie, terme proposé, par analogie avec énergie, par Clausius en 1850 et emprunté au
grec " o interprété comme “retour en arrière”, allusion à l’irréversibilité. Au départ signi…ait l’énergie thermique
qui ne peut se transformer en travail. (En partie du Robert historique de la langue française et du cours d’histoire des
Sciences, D. Sénéchal).
8 Carrington, p.188
1 S(E)+S 0 (E (0) E )
P (E) = exp kB (3.29)
tot (E )
(0)
Remarque 64 Ce résultat est une conséquence triviale encore une fois de la dé…nition de l’entropie et
de notre postulat de base qui relie probabilité et nombre d’états accessibles. Le point de vue de Boltzmann,
Éq.(3.26) n’était cependant pas trivialement considéré comme équivalent au dernier résultat Éq.(3.29)
parce qu’en mécanique classique il n’était pas évident comment calculer le nombre d’états accessibles
(E) lorsqu’on s’intéressait à autre chose que le gaz parfait.9 Einstein préférait donc l’approche de
l’Éq.(3.29) puisqu’elle lui permettait, à partir de données thermodynamiques sur l’entropie, de calculer
les probabilités pour di¤ érentes ‡uctuations, un point de vue qu’il a utilisé avec beaucoup d’adresse pour
en arriver à découvrir le photon.
Cette dernière expression, Éq.(3.29), qui est une conséquence directe de la dé…nition de l’entropie
et de notre postulat de base, permet d’arriver trivialement au résultat fondamental suivant :
Pour un système à l’équilibre, chercher l’état macroscopique le plus probable c’est la même
chose que de chercher l’état macroscopique d’entropie maximale.
Preuve : Le maximum d’une fonction est situé au même endroit que le maximum de son logarithme
puisque le logarithme est une fonction monotone croissante. Ceci prouve le résultat. Pour être un
peu plus explicite cependant, il su¢ t de se souvenir que l’entropie associée à l’état macroscopique
où le système A a l’énergie E et le système A0 a l’énergie E 0 est simplement
S (E; E 0 ) = kB ln [ (E) 0
(E 0 )] (3.30)
de telle sorte que le maximum d’entropie à E (0) …xe est donné par
@ @ h i
[S + S 0 ] = kB ln (E) + ln 0 E (0) E (3.31)
@E @E
@ ln (E) @ ln 0 (E 0 )
= kB =0 (3.32)
@E @E 0
ce qui est la même condition que pour le maximum de probabilité. C.Q.F.D.
En terminant, méditons sur l’entropie un peu plus. L’entropie d’un état macroscopique dépend en
général de plus de variables que seulement l’énergie :
L’entropie est une quantité ayant un caractère statistique puisqu’elle permet de calculer la probabilité
d’un état macroscopique. Cette quantité statistique peut se calculer en fonction de variables ayant une
signi…cation purement mécanique. Ces variables peuvent être des quantités conservées, des contraintes
reliées aux conditions aux limites (volume) des champs externes ou des champs générés spontanément.
Le ln lui-même est une quantité mécanique puisque les lois de la mécanique permettent de calculer
le nombre d’états microscopiques correspondant à n’importe quelle situation macroscopique.
9 Pais, p.71-72
Remarque 66 Nous nous sommes permis une incertitude sur l’énergie. Or, comme le nombre d’états
accessibles est proportionnel à cette incertitude
@ (E)
(E) = E (3.34)
@E
il semble que l’entropie ait une dé…nition un peu ambiguë. Ce n’est pas vraiment le cas car cette ambi-
guïté donne des corrections négligeables dans la limite thermodynamique. En e¤ et, pour une incertitude
di¤ érente E on a
@ (E) @ (E) E
S = kB ln E = kB ln E (3.35)
@E @E E
@ (E) E
= kB ln E + kB ln (3.36)
@E E
E
= S + kB ln (3.37)
E
Or, nous avons déjà discuté que S est de l’ordre du nombre de degrés de liberté f alors que au pire EE
est d’ordre f ce qui correspond à kB ln EE kB ln f . Dans la limite thermodynamique, on a toujours
ln f f . Pour répéter quelque chose que nous avons déjà dit plusieurs fois,
Pour la température il n’y a même pas de correction si E est indépendante de l’énergie car
@ (E)
@ ln (E) @ ln @E E
kB = kB (3.39)
@E h @E i
@ (E)
@ ln @E + ln E
= kB (3.40)
@E
@ (E)
@ ln @E
= kB (3.41)
@E
Remarque 67 L’entropie S est reliée aux échanges d’énergie sous forme thermique, i.e. sous forme
“désordonnée” : dE = T dS si on ne fait pas de travail. C’est pourquoi on parle souvent de l’entropie
comme d’une mesure du désordre.
3.2.5 L’entropie totale et l’entropie de l’état macroscopique le plus probable sont essentiellement iden-
tiques.10
Nous avons vu que lorsqu’on relâche une contraine macroscopique, l’entropie augmente ou demeure
identique. Supposons qu’on enlève une paroi d’isolant thermique entre deux systèmes. Il y a plus d’états
qui deviennent accessibles, alors en général le phénomène est irréversible. Supposons cependant que
je parte d’un système à l’équilibre et que je le divise en deux avec une paroi isolante. Si maintenant
j’enlève la paroi, il semble que le nombre d’états accessibles devrait augmenter, mais le processus n’est
clairement pas irréversible. Je peux remettre et enlever la paroi isolante autant de fois que je le veux,
le système était à l’équilibre au départ et il le demeure, c’est-à-dire que lorsqu’il n’y a pas de parois,
1 0 Reif, p.111
e + S0 E
Stot E (0) = S E f0 (3.43)
pour le système, discuté dans le premier paragraphe, où la paroi isolante est absente mais qui est à
l’équilibre.
Pour prouver ce résultat, retournons d’abord à la dé…nition de l’entropie. L’entropie du système
formé de A et A0 peut être calculée une fois l’équilibre thermique atteint de la façon suivante
En utilisant l’expression pour tot E (0) Éq.(3.6) en fonction du nombre d’états accessibles dans les
deux sous-systèmes, ceci se réécrit
" #
X
(0) 0 (0)
Stot E = kB ln (E) E E (3.45)
E
0
Lorsque les sous-systèmes A et A sont aussi des systèmes macroscopiques, nous allons prouver que
h i
Stot E (0) ' kB ln Ee 0
E (0) Ee (3.46)
où Ee est la valeur la plus probable de l’énergie. Bien que l’égalité soit écrite comme étant approxi-
mative, en fait les erreurs sont négligeables pour un système macroscopique. La dernière équation est
précisément le résultat recherché Éq.(3.42).
Preuve : Si E est l’énergie au delà de laquelle (E) 0 E (0) E est négligeable par rapport à
sa valeur au maximum, alors se souvenant de la dé…nition de la somme donnée au-dessus de
l’équation (3.6) on peut estimer une borne supérieure
X E
(E) 0 E (0) E ' Ee 0 e
E (0) E (3.47)
E
E
3.2.6 Lors d’un contact thermique, l’énergie est conservée mais l’entropie augmente si les températures
sont di¤érentes.11
On peut décider si les énergies initiales Ei et Ei0 des systèmes avant qu’ils soient mis en contact sont
égales aux énergies les plus probables que le système aura à l’équilibre thermique du système combiné.
Il su¢ t de véri…er si les températures des deux systèmes sont égales. Si les températures sont égales,
l’énergie de chaque système ‡uctuera une fois le contact thermique établi, mais les valeurs moyennes
ne changeront pas. C’est-à-dire qu’il n’y aura pas d’échange de chaleur entre les systèmes en moyenne.
Par contre, si les températures des deux systèmes mis en contact sont di¤érentes au départ, il y
aura échange d’énergie jusqu’à ce que la valeur la plus probable de l’énergie de chaque sous-système
devienne égale. En d’autres mots, l’énergie absorbée par le système A sera Q = E e Ei alors que celle
absorbée par le système A0 sera Q0 = E e 0 E 0 . Par conservation de l’énergie,
i
Q + Q0 = 0 (3.49)
Du côté de l’entropie, il su¢ t de noter d’abord que par dé…nition d’énergie la plus probable dans
l’ensemble microcanonique,
e
E 0
E (0) e
E (Ei ) 0
E (0) Ei
donc l’entropie de l’état macroscopique le plus probable (qui est la même que l’entropie du système
à l’équilibre d’après la discussion précédente) est plus grande que l’entropie de l’état macroscopique
initial, c’est-à-dire, en prenant le logarithme de l’expression précédente fois kB
e + S 0 E (0)
S E e
E S (Ei ) + S 0 E (0) Ei (3.50)
S+ S0 0: (3.51)
Le signe d’égalité ne prévaut que lorsque les températures des deux systèmes étaient les mêmes
au départ, en d’autres mots lorsque les systèmes étaient à l’équilibre. Dans le cas où les températures
étaient di¤érentes au départ, il y a de la chaleur absorbée par un des systèmes et émise par l’autre.
Par exemple Q > 0, Q0 < 0 correspondrait à de la chaleur absorbée par A et émise par A0 . Après
avoir discuté de la façon dont on mesure la température, nous montrerons que la chaleur va toujours
du système ayant la température plus élevée vers le système ayant la température la plus basse.
Remarque 69 C’est T plutôt que kB T qu’on choisit normalement d’appeler température absolue. Dans
ce cas, il y a un seul paramètre arbitraire, c’est le choix de la constante kB .
Fig. 3-3 Thermomètre à gaz. La hauteur h de la colonne de mercure mesure la pression. En e¤et, la
force par unité de surface exercée par le mercure à la hauteur de la ‡èche d’en bas (qui est égale à celle
du gaz de l’autre côté) est donnée par p = M g=A. Mais comme la masse M = Ah où A est la surface
et h la hauteur, p = gh: On peut dont mesurer la température absolue par rapport à une température
donnée, soit en mesurant la pression à volume …xe (p1 =p2 = T1 =T2 ) ou en mesurant le volume à pression
…xe (V1 =V2 = T1 =T2 ) :
1 @ ln (E)
(E) = (3.52)
kB T (E) @E
Au chapitre deux, nous avons donné des arguments pour justi…er le fait que dans un système macrosco-
pique, le nombre d’états accessibles augmente indé…niment avec l’énergie. Il n’y a que très peu d’excep-
tions à cette règle. Ceci est discuté dans la remarque à la …n de cette sous-section. Mathématiquement,
cette augmentation du nombre d’états accessibles avec l’énergie se traduit par @ ln (E) =@E > 0 et
donc,
1. > 0 et T > 0
Nous avons aussi au chapitre deux donné des arguments indiquant que ln (E) f ln E; ce qui se
traduit par
f E
2. ' E
ou kB T ' f
Ici est l’énergie par degré de liberté. Ce résultat n’est que qualitatif et donne de la température
l’interprétation physique qu’elle représente l’énergie moyenne par degré de liberté, comme nous l’avions
mentionné plus haut. Le nombre de degrés de libertés ici ne coïncide pas avec le nombre de degrés de
liberté en mécanique classique. Nous avons déjà discuté du fait qu’il représente un nombre e¢ cace
de degrés de liberté. Il n’est que proportionnel au nombre de degrés de liberté tel qu’on l’entend
normalement.
On déduit ensuite une propriété très importante puisqu’elle est reliée à la stabilité du système
comme nous le verrons plus loin.
@T (E)
3. @E >0
C’est un résultat qui correspond à notre intuition. Lorsque l’énergie d’un système augmente, sa
température aussi et vice-versa. Cette propriété est très générale puisqu’elle est une conséquence du
fait que l’entropie combinée des deux systèmes A et A0 à l’équilibre est maximale. Mathématiquement,
le fait que l’entropie soit maximum à l’équilibre veut dire que la dérivée première s’annule et que la
1 5 Reif, Sec. 3.5
@ 2 ln (E) @ 2 ln 0
E (0) E
+ <0 (3.53)
@2E @2E
On peut toujours choisir le système A0 su¢ samment gros pour que le deuxième terme soit négligeable.
En e¤et, on sait depuis notre analyse de la dépendance en puissance de f faite au chapitre 2, Éq.(2.38)
que @ 2 ln (E) =@ 2 E est inversement proportionnel au nombre de degrés de liberté. Si le nombre de
degrés de liberté du système A0 est beaucoup plus grand que celui du système A; le résultat ci-dessus
sur le maximum d’entropie peut s’écrire
@ 2 ln (E)
<0 (3.54)
@E 2
ce implique pour la dérivée de la température
@T @T @ 1 @ 1 @ 2 ln (E)
= = 2 = 2 >0 (3.55)
@E @ @E kB @E kB @E 2
Remarque 70 On peut reprendre un peu plus en détail l’argument qui nous permet de négliger @ 2 ln (E) =@ 2 E
si un des deux systèmes est beaucoup plus gros que l’autre :
@ 2 ln (E) @ f
@2E @E 2
E
(3.56)
E
Sachant que l’énergie d’un système est proportionnelle au nombre de degrés de liberté alors que à
l’équilibre = 0
@ 2 ln 0 (E (0) E )
@2E E f
0 1 (3.57)
2
@ ln (E)
2
E f0
@ E
C.Q.F.D.
Remarque 71 L’estimé
@T 1
(3.58)
@E kB f
qu’on peut facilement obtenir de la propriété numéro deux, nous dit le résultat physiquement très
raisonnable suivant. Le changement de température pour un changement d’énergie donnée est d’autant
plus petit que le système est gros, c’est à dire qu’il y a un grand nombre de degrés de liberté.
Remarque 72 L’estimé Éq.(3.56) pour la dérivée seconde de ln (E) sera utilisé encore à deux re-
prises ci-dessous : Il servira à dé…nir un réservoir de chaleur, ce que nous avons déjà fait sans le dire,
2
et le fait que @ ln
@2E
(E)
< 0 sera utilisé comme propriété fondamentale de l’entropie (elle est concave).
@ ln (E) @ ln 0 (E 0 ) 0 0
Ef Ei + Ef E i > 0: (3.59)
@E Ei @E 0 0
Ei
et conséquemment,
0
i i > 0 (3.61)
Ti < Ti0 (3.62)
c’est-à-dire que le corps qui absorbe la chaleur A a nécessairement une température absolue plus
petite que le corps qui perd de la chaleur A0 . (Cette preuve n’est valable que si le transfert
de chaleur est in…nitésimal mais on peut généraliser aux échanges de chaleur …nis comme nous
verrons plus loin.) C.Q.F.D.
Dé…nition 57 Supposons qu’on mette deux corps en contact thermique. Dé…nissons comme chaud
celui qui perd de l’énergie au pro…t de l’autre qu’on appelle alors froid. (Cette dé…nition de chaud et
de froid a l’avantage de ne pas faire appel à la notion de température absolue que nous ne savons pas
encore très bien mesurer).
La propriété que nous venons de prouver, combinée à cette dernière dé…nition, nous dit que si on
met deux corps en contact pour décider lequel est chaud et lequel est froid, (ce qui revient à mesurer
de quel côté va l’énergie) on pourra constater par la suite que la température absolue du corps chaud
est toujours plus élevée que celle du corps froid.
Remarque 73 On se souvient que la condition @T =@E > 0 était une conséquence du fait que l’entropie
correspondant à l’état le plus probable est maximale. Intuitivement, @T =@E > 0 est une condition de
stabilité car si le corps froid absorbe de l’énergie, ( E > 0) il faut que sa température augmente pour
qu’il puisse …nalement atteindre la température du corps chaud et ainsi devenir à l’équilibre avec celui-ci.
Dans le cas contraire, le corps froid diminuerait de température en absorbant de l’énergie et l’équilibre
ne serait jamais atteint.
Remarque 74 Le résultat ln (E) f ln E n’est valable que pour les systèmes dont l’énergie n’a pas
de borne supérieure. Dans le cas de systèmes de spins, une fois tous les spins orientés dans la direc-
tion défavorable par rapport au champ magnétique l’énergie ne peut être plus grande. Ceci a comme
conséquence qu’il est possible que ln (E) ait un maximum. De l’autre côté du maximum, on a que
@ ln (E) =@E < 0 correspondant à des températures absolues négatives. Ceci a toutes sortes de consé-
quences intéressantes qui contredisent plusieurs des propriétés trouvées ci-haut. Cette situation de tem-
pérature négative ne peut être réalisée en pratique que temporairement en mettant le système de spins
hors d’équilibre. Dans les lasers aussi, en situation d’inversion de population, il est parfois intéressant
d’utiliser le concept de température négative.
Remarque 75 L’entropie et la température sont des propriétés “émergentes”. En d’autres mots, ces
propriétés existent pour les systèmes macroscopiques seulement, mais elles existent indépendamment
des détails microscopiques du système. Les détails microscopiques permettent de calculer ces quantités,
mais l’existence de ces concepts est un résultat très général obtenu par des considérations statistiques
dans la limite où le nombre de degrés de liberté f tend vers l’in…ni. Qu’on ait à faire à un supraconduc-
teur en contact avec un aimant ou à un gaz en contact avec un liquide, la température absolue, calculée
à partir du nombre de degraés de liberté accessibles, pourra nous dire si deux systèmes échangeront
de l’énergie interne sous forme de chaleur lorsque mis en contact thermique, et dans quel sens ira
l’énergie.
Dans la sous-section précédente, en prouvant la propriété numéro trois, @T =@E > 0; nous avons uti-
lisé un arti…ce consistant à supposer que le système A0 était tellement gros que @ 2 ln 0 E (0) E =@ 2 E
était négligeable devant @ 2 ln (E) =@ 2 E. Non seulement ce genre de situation se rencontre-t-il très fré-
quemment en pratique, en plus il est conceptuellement très utile pour déduire une grande quantité de
résultats. On appelle A0 un réservoir de chaleur pour A. Évidemment, le concept de réservoir de chaleur
est relatif. Une tasse de café est un réservoir de chaleur pour le carré de sucre qui tombe dedans mais
c’est la pièce qui est un réservoir de chaleur pour la tasse de café.
Le changement d’entropie d’un réservoir de chaleur lors d’une interaction thermique est facile à
calculer. En e¤et, pour un réservoir de chaleur, l’énergie qu’il peut absorber sous forme de chaleur du
système A ne peut être plus grande que l’énergie totale E de ce système, qui est par hypothèse très
petite par rapport à E 0 . Donc on peut faire l’approximation
0 @ ln 0 (E 0 ) 0 1 @ 2 ln 0 (E 0 ) 02
ln (E 0 + Q0 ) ln 0
(E 0 ) ' Q + Q + ::: (3.63)
@E 0 2 @2E0
La dernière inégalité vient de notre hypothèse sur la taille respective des systèmes. Nous pouvons donc
nous restreindre au premier terme du développement de Taylor
0 @ ln 0 (E 0 ) 0
kB [ln (E 0 + Q0 ) ln 0
(E 0 )] ' kB Q (3.65)
@E 0
Q0
S0 = T0 ; pour un réservoir de chaleur (3.66)
1
puisque (kB T ) = @ ln 0 (E 0 ) =@E 0 :
Pour un système quelconque, lorsque une quantité in…nitésimale de chaleur est absorbée d’un autre
système presque à la même température le résultat analogue est valable et on peut calculer l’augmen-
tation d’entropie de la façon suivante
d/Q
dS = T (3.67)
Cette fois-ci dS est une di¤érentielle exacte puisque l’entropie est une fonction d’état.
Remarque 76 Ce dernier résultat Éq.(3.67) n’est pas surprenant étant donné ce que nous avons trouvé
auparavant à l’Éq.(3.27) en utilisant nos dé…nitions de température et d’entropie, soit 1=T = (@S=@E) :
En e¤ et, dans cette dernière expression dE faisait référence à de l’énergie échangée dans une interaction
thermique donc à de la chaleur 1=T = (@S=@Q) =) dS = dQ=T:
Retournons à notre système A + A0 en équilibre. Nous voulons véri…er que la distribution de pro-
babilité pour que le système A soit dans l’état macroscopique d’énergie E est une fonction ayant un
maximum très prononcé près de E.e Cette probabilité est donnée par
h i
P (E) = exp ln (E) 0 E (0) E ln tot E (0) : (3.68)
Comme nous l’avions fait pour trouver la gaussienne, faisons un développement de l’argument de
l’exponentielle autour du maximum.
" !
@ ln (E) @ ln 0 E (0) E e
P (E) = C exp E E
@E @ E (0) E
! #
1 @ 2 ln (E) @ 2 ln 0 E (0) E e
2
+ + E E + ::: (3.69)
2 @E 2 @E 2
Remarque 77 Il est préférable de développer ln (E) 0 E (0) E autour du maximum plutôt que
0 (0)
de développer directement (E) E E pour la raison habituelle : On sait depuis le chapitre
deux que e e f
E / E où f est le nombre de degrés de liberté. Donc, e + E ne peut pas être
E
f
développé en puissances de E parce que E e+ E =E ef + f Ee f 1 E + ::: = Ee f 1 + f E + ::: ne
e
E
converge que pour E=E e 1=f ce qui est ridiculement petit. Par contre, le développement du logarithme
ln e + E / f ln E
E e + E converge pour E=E e 1 ce qui est beaucoup plus raisonnable et
aussi cohérent avec le fait que l’approximation
p gaussienne prédit que de toute façon les ‡uctuations ne
dépassent pas beaucoup E=E e 1= f .
Rappelons que @ 2 ln (E) =@E 2 est négatif puisque nous avons un maximum. L’estimé pour @ 2 ln (E) =@E 2
O (1=f ) obtenu au chapitre précédent, section 2.1.8 nous permet d’obtenir, pour des systèmes de taille
comparable18
1
2 1 1
+ 0 O (f ) (3.72)
f f
L’énergie est proportionnelle au nombre de degrés de liberté et la variance aussi. Ceci nous donne le
résultat que nous avons utilisé dès le début de cette section
2
E E 1
2 O (3.73)
E f
1 7 Reif,
Sec. 3.7
1 8 Lorsqueles deux systèmes sont de taille très di¤érente, c’est le nombre de degrés de liberté du système le plus petit
qui entre dans O (f ) .
Remarque 78 Les arguments qui permettent de négliger les dérivées d’ordre supérieur à la seconde
dans le développement sont les mêmes que ceux utilisés dans la dérivation du résultat pour la gaussienne.
En e¤ et, le terme d’ordre suivant est donné par des termes du type
@ 3 ln (E) e
3
E E (3.74)
@E 3
Lorsque l’énergie a atteint un écart type, le terme de deuxième ordre prend la valeur 1=2 et
Ee
E e
E p (3.75)
f
alors que celui que nous cherchons à estimer est d’ordre
!3 !
@ 3 ln (E) Ee 1 Ee3 1 1
p O O p (3.76)
@E 3 f 2
f f 3=2 f 2
où nous avons estimé @ 3 ln (E) =@E 3 O 1=f 2 en suivant le raisonnement de la section 2.1.8.
Remarque 79 Notons en terminant que nous avons une expression explicite pour la largeur de la
distribution de probabilité, soit l’Éq.(3.71). C’est Einstein qui a dérivé ce résultat en premier. Comme
d’habitude il travaillait plutôt avec l’entropie, ce qui veut dire que pour lui le résultat Éq.(3.71) s’écrivait
plutôt de la façon suivante
1 1 @2 h e + S 0 E (0) e
i
= S E E : (3.77)
2 e2
kB @ E
En supposant qu’un des deux systèmes soit un réservoir, disons le système prime, on peut négliger la
dérivée seconde correspondante en se basant sur les arguments d’échelle habituels pour la dépendance
en f: On obtient alors
@ E e
1 1 @T
= = :
2
@Ee k 2
B T @E e
f
La dérivée de l’énergie par rapport à la température @ E=@T s’appelle la capacité calori…que. Nous en
reparlerons au chapitre quatre. Par ce résultat, Einstein se trouvait à relier une quantité statistique, les
‡uctuations, à une quantité mesurable par des mesures thermodynamiques, soit la chaleur spéci…que.
Du jamais vu.
Remarque 80 À partir du chapitre 6, nous serons amenés à considérer les systèmes en contact avec un
réservoir de chaleur. La taille de ce réservoir n’aura pas d’importance, seule sa température comptera.
Un autre ensemble que l’ensemble microcanonique deviendra plus commode à utiliser.
Maintenant que nous comprenons bien les conditions d’équilibre entre deux systèmes qui peuvent
échanger de l’énergie, nous pouvons discuter le cas plus général où d’autres quantités peuvent ‡uctuer.
On peut penser à un piston séparant deux gaz dont la position s’ajustera pour atteindre l’équilibre à
la fois thermique et mécanique. Cette situation est illustrée à la Fig.(3-4) où nous avons indiqué les
volumes des systèmes A et A0 que nous laisserons ‡uctuer. On considère que l’équilibre thermique a déjà
été atteint et que le piston est isolé thermiquement. Il ne reste que l’équilibre mécanique à atteindre
et on suppose qu’on est près de cet équilibre.
On peut aussi considérer des cas où une paroi perméable laisse passer des particules d’un système à
l’autre. Ces di¤érentes conditions physiques seront toujours considérées dans ce qui suit dans le contexte
de l’ensemble microcanonique. En d’autres mots, on regarde la distribution de probabilité pour l’éner-
gie, la position du piston, le nombre de particules, peu importe, pour deux systèmes formant ensemble
un système microcanonique. Nous serons plus tard amenés à nous concentrer sur un seul de ces deux
systèmes, en prenant l’autre comme tellement grand qu’il forme un réservoir. Selon le type d’échanges
(énergie, nombre de particules...) permis entre le système et le réservoir nous aurons des situations phy-
siques di¤érentes décrites par de nouveaux ensembles. Mais c’est là le sujet des chapitres subséquents.
Pour l’instant, le présent chapitre se terminera par les lois de la thermodynamique et par des exemples
simples de calculs de physique statistique permettant de calculer des quantités thermodynamiques.
3.3.1 Lorsqu’on modi…e un paramètre externe x à énergie interne constante, le changement du nombre
d’états microscopiques accessibles est relié à la force généralisée @ ln @x(E;x ) = @ ln (E;x )
@E
@E
@x
E x ln
19
Tout comme nous avons eu à calculer @ ln (E) =@E pour trouver les conditions d’équilibre ther-
mique, il est clair que nous aurons à calculer @ ln (E; x) =@x lorsqu’on permet à un paramètre x;
comme la position du piston, de changer pour atteindre l’équilibre mécanique. Nous allons prouver que
@ ln (E;x ) 1
@x = kB T X = X (3.78)
E
Remarque 81 Le changement d’énergie interne à paramètres externes …xes est provoqué par un
échange thermique. On voit ici que le changement d’énergie interne à entropie …xe est relié au tra-
vail. À entropie …xe, la probabilité d’occupation des états microscopiques ne change pas. Ce sont les
niveaux d’énergie eux-mêmes qui sont modi…és.
Le résultat que nous voulons prouver ressemble super…ciellement à une application triviale de la
règle de la chaîne pour la dérivée
@ ln (E; x ) @ ln (E; x ) @E
= (3.80)
@x @E @x
1 9 Reif, Sec. 3.8
Remarque 82 Nous allons donner deux preuves ci-dessous mais une troisième preuve existe qui est
encore plus simple lorsqu’on utilise le résultat Éq.(5.24) du chapitre 5 sur les fonctions de deux variables.
Vous n’avez pas besoin de regarder ce chapitre, le résultat se dérive facilement. Voici donc cette troisième
preuve. On sait pour une fonction de deux variables que
@ ln (E; x ) @ ln (E; x )
d ln (E; x ) = dE + dx : (3.81)
@E x @x E
De là on peut trouver comment E et x doivent varier pour que ln (E; x ) (l’entropie) ne change
pas, ce qui correspond à la situation où le piston est isolé thermiquement :
@ ln (E; x ) @ ln (E; x )
0= dE + dx (3.82)
@E x @x E
@ ln (E; x ) @ ln (E; x ) @E
= : (3.83)
@x E @E x @x ln
On emploie ensuite @x @E
a
= @E r
@xa = @E r
@xa : Cette dernière égalité entre la dérivée de
ln ln ln
la valeur moyenne et la valeur moyenne de la dérivée n’est valable ici que parce que la distribution
de probabilité, i.e. ln ; est gardée constante. Dans le cas particulier où x est le volume V; on a
@Er
@V = p et l’équation ci-dessus donne
ln
@ ln (E; V )
= p (3.84)
@V E
où p est la pression.
Voici d’autres preuves de ce résultat. Reif procède de façon di¤érente de ce qui va suivre. Cela
vous donne un autre point de chute s’il y a des coins obscurs dans ce qui suit. Nous allons travailler
avec le nombre d’états accessibles (E; x) en écrivant un seul paramètre externe x mais, bien entendu,
il peut y en avoir plusieurs. Voici donc deux autres preuves de notre résultat Éq.(3.78). La première
n’est vraiment qu’un argument de plausibilité. La deuxième preuve est une vraie preuve, mais elle est
mathématiquement un peu lourde.
r
Fig. 3-5 Changement de la densité d’états sous l’in‡uence d’un changement de contrainte. Notez que r
numérote les états microscopiques, pas la distance.
l’intervalle d’énergie, pour (@Er =@x) dx > 0 il y aura plus d’états qui sortiront de l’intervalle qu’il y en
a qui entreront. Ces considérations veulent dire deux choses pour d : Il sera négatif si (@Er =@x) dx
est positif et il sera d’autant plus grand en valeur absolue que @ =@E est grand. Mathématiquement,
on écrit donc,
@ @Er
d ' dx (3.85)
@E @x
la quantité entre parenthèses carrées étant le changement d’énergie des niveaux microscopiques causé
par dx. En se souvenant que la force généralisée moyenne X est dé…nie par
@Er
X= (3.86)
@x
le résultat précédent s’écrit
@ @
= X (3.87)
@x @E
ou, en divisant par des deux côtés,
@ ln @ ln
= X= X (3.88)
@x @E
On peut maintenant prouver ce qui nous intéresse en utilisant des règles mathématiques simples
Z
@ (E; x) @ X E+ E
= dE 0 (E 0 Er (x)) (3.91)
@x @x r E
Z E+ E X @
= dE 0 (E 0 Er (x)) (3.92)
E r
@x
Z E+ E X @ @Er
= dE 0 0
(E 0 Er (x)) (3.93)
E r
@E @x
La dernière opération, qui n’est que la règle pour dériver une fonction de fonction, illustre l’origine du
signe négatif dont nous parlions plus haut. Ultimement nous retrouverons une dérivée par rapport à
l’énergie parce que la seule dépendance en x de (E; x) vient de la dépendance en x des énergies des
états microscopiques et l’énergie de ceux-ci est directement reliée à l’énergie de l’état macroscopique.
Pour continuer notre calcul, on remarque que puisque
Z x
dx0 df (x0 ) =dx0 = f (x) f (a)
a
alors
@ (E; x) X @Er
= [ (E + E Er (x)) (E Er (x))] (3.94)
@x r
@x
Par contre, en substituant Or ! @Er =@x dans la dé…nition Éq.(3.90) de la moyenne ci-dessus on a
h i
@ (E; x) @Er Z E+ E X
@x @ @Er
dE 0 (E 0 Er (x)) (3.95)
@E @E E r
@x
X @Er
= [ (E + E Er (x)) (E Er (x))]
r
@x
car Z x
d
dx0 f (x0 ) = f (x) (3.96)
dx a
Donc,
h i
@Er
@ (E; x) @ (E; x) @x @
(E; x) X
= = (3.97)
@x @E @E
@ [ (E; x)] @ X
= X+ (E; x) (3.98)
@E @E
Retournons à notre vedette, le système A(0) fait de deux sous-systèmes A et A0 mis en contact.
Rappelons qu’en plus du contact thermique, il y a un contact mécanique transmis par un piston qui
peut se déplacer. Une fois l’équilibre établi, tous les états microscopiques du système A(0) satisfaisant
les contraintes sont équiprobables. La probabilité que le système A ait une énergie E et un volume V
est alors donnée par
P (E; V ) / (E; V ) 0 E (0) E; V (0) V : (3.100)
L’état macroscopique le plus probable pour le système A se trouve en maximisant cette fonction ou
son logarithme ! Maximiser le logarithme c’est la même chose que de maximiser l’entropie. Pour que
ln P (E; V ) soit maximale, il faut que les dérivées premières par rapport à chacune des variables dont
ln P (E; V ) dépend soient égales à zéro. Donc,
0
@ ln (E; V ) @ ln (E 0 ; V 0 )
= (3.101)
@E V @E 0 V0
@ ln (E; V ) @ ln 0 (E 0 ; V 0 )
= (3.102)
@V E @V 0 E0
@ ln (E; V ) @Er
= (3.103)
@V E @V ln
@Er
p= @V (3.104)
ou
T = T0 (3.107)
p = p0 (3.108)
2 0 Reif, Sec. 3.9
3.3.3 Lorsque des systèmes macroscopiques peuvent échanger des particules, le potentiel chimique =
@ ln (E; N ) =@ ( N ) s’égalise
Supposons qu’un trou soit fait dans la paroi de nos deux systèmes de telle sorte que l’énergie et le
nombre de particules dans chaque sous-système puisse changer bien que chaque volume demeure …xe.
Plutôt que de dériver par rapport au volume, comme dans la section précédente, il faudrait dériver par
(0)
N
A’ -N N
Fig. 3-6 Interaction “chimique” entre deux systèmes. Les particules peuvent passer d’un système à l’autre
mais le nombre total de particules est …xe.
rapport au nombre de particules pour trouver l’état le plus probable. En d’autres mots, plutôt que les
conditions de maximum Éqs.(3.101)(3.102) nous aurions
0
@ ln (E; N ) @ ln (E 0 ; N 0 )
= (3.110)
@E @E 0
@ ln (E; N ) @ ln 0 (E 0 ; N 0 )
= (3.111)
@N @N 0
En utilisant le résultat général obtenu au début de cette section, la dérivée par rapport à N s’écrit
@ ln (E; N ) @Er
= (3.112)
@N @N
Par dé…nition,
@Er
@N (3.113)
s’appelle le potentiel chimique. C’est le changement d’énergie associé à l’ajout d’une particule. C’est une
quantité qui apparaît naturellement dans les réactions chimiques, mais pas seulement dans ce contexte.
La condition d’équilibre pour les systèmes pouvant échanger des particules et de l’énergie est donc
T = T0 (3.114)
0
= : (3.115)
Nous n’utiliserons le potentiel chimique abondamment qu’à la …n du cours, mais il est bon de
le rencontrer immédiatement car il n’est …nalement pas plus mystérieux que la pression ! En …n de
chapitre, nous l’utiliserons pour retrouver la distribution de Fermi-Dirac dont vous avez besoin dans le
cours d’électronique.
Nous allons ici commencer à faire le lien plus direct entre les quantités statistiques et les quantités
physiquement mesurables comme la chaleur et le travail. Pour ce faire, nous considérons deux systèmes
A et A0 qui ne changent que très peu lorsqu’ils sont mis en contact. Cela permet de supposer que
le changement se fait su¢ samment lentement pour que le processus soit quasi-statique. Cette limite
quasi-statique est après tout la seule pour laquelle nous pouvons calculer le travail d’un point de
vue microscopique ! Supposons une seule contraine macroscopique x ; comme le volume. On peut
généraliser facilement à un nombre quelconque de contraintes. Dans ce cas, le changement du nombre
d’états accessibles dû à un changement d’énergie et de contraintes externes est donné par,
@ ln @ ln @ ln
d ln = dE + dx + dN: (3.116)
@E x ;N @x E;N @N E;x
En utilisant la dé…nition de température ainsi que la relation Éq.(3.78) entre dérivée partielle par
rapport à une variable externe et force généralisée l’équation précédente se réécrit
d ln = dE + X dx dN (3.117)
Évidemment, une simple multiplication par kB nous donne la valeur du changement d’entropie
!
1 X
dS = dE + X dx dN (3.118)
T
Remarque 85 On peut retrouver facilement les résultats ci-dessus d’une autre façon. Limitons-nous
au volume comme paramètre externe. Comme ln est une fonction crosissante de l’énergie, on peut
en principe inverser la relation et écrire E (ln ; V; N ) : En utilisant l’expression pour la di¤ érentielle
d’une fonction de plusieurs variables, cela donne
@E @E @E
dE = d ln + dV + dN (3.122)
@ ln V;N @V ln ;N @N ln ;V
= kB T d ln pdV + dN (3.123)
Nous en savons maintenant su¢ samment sur l’entropie pour déduire les propriétés générales les plus
importantes pour cette quantité. Tout d’abord, notons notre dernière découverte 6 dQ = T dS. Même si
la chaleur n’est pas une di¤érentielle exacte, l’entropie l’est. Nous avons déjà noté cette propriété.
1. L’entropie est une fonction d’état. En d’autres mots, elle ne dépend que de l’état macroscopique,
pas de la façon dont cet état a été atteint (contrairement à la chaleur).
Remarque 86 * Mathématiquement, 1=T est un “facteur intégrant” pour la di¤ érentielle inexacte
dQ.
/
On peut calculer la di¤ érence d’entropie entre deux états macroscopiques i et f de la façon suivante
Rf R f d/Q
Sf Si = i
dS = i T (3.124)
(eq)
où l’indice (eq) nous rappelle que la formule utilisée n’est bonne que si le processus est quasi-statique.
Une autre façon de dire ce résultat est que
Z f
dQ
/
est indépendant du processus quasi-statique utilisé (3.125)
i T (eq)
Rf
en autant que les états initiaux et …naux soient identiques. Évidemment, l’intégrale i dQ / elle, dépend
du processus quasi-statique utilisé pour aller de i à f .
Rf
Exemple 58 Pour faire le calcul de i dQ=T / j(eq) en pratique dans un gaz, on suppose qu’on connaît
p (T; V ) en fonction de V et T ainsi que l’énergie E (T; V ) : Donc, si connaît la trajectoire suivie dans le
plan p,V pour aller d’un état à l’autre, on peut calculer le changement d’entropie de la façon suivante.
Pour T ,V donnés, on connaît la pression. Pour un changement in…nitésimal dV on peut calculer le
travail fait par le système pdV et donc en utilisant ce qu’on sait sur l’énergie du système en fonction
de V; T en déduire la chaleur absorbée dQ / = dE + pdV et donc calculer le changement d’entropie
dS = dQ=T
/ . Nous verrons au chapitre suivant comment faire explicitement ce genre de calculs.
2 2 Reif, Sec. 3.10
S = kB ln :
Il faut contraster cet état de chose avec ce que la mécanique classique aurait prédit. En e¤et, en
mécanique classique nous pouvons calculer les di¤érences d’entropie en suivant la méthode que nous
venons de décrire. Cependant, le nombre d’états accessibles est mal dé…ni car il faut connaître la valeur
de la constante de Planck pour enlever les ambiguïtés sur la façon de diviser l’espace de phase en
cellules qu’on peut compter. Cette ambiguïté n’apparaît pas du tout en mécanique quantique.
Cette formule de Boltzmann reliant entropie et nombre d’états accessibles, plus la constatation que
lorsqu’une contrainte est relâchée dans un système isolé le nombre d’états accessibles augmente, nous
amène à la conclusion que
3. Lorsqu’un système isolé change d’un état macroscopique à un autre suite au relâchement d’une
contrainte, l’entropie augmente.
S 0. (3.126)
Remarque 87 On se souvient que cette augmentation de l’entropie est une autre façon de parler
d’augmentation du nombre d’états accessibles lors de l’enlèvement d’une contrainte. Une façon
imagée de parler de l’augmentation du nombre d’états accessibles est de dire que le désordre aug-
mente. “Tendance à l’augmentation de l’entropie” et “tendance vers un désordre maximum” sont
souvent pris comme synonymes. Aussi, la relation dS = dQ=T;valable
/ dans le cas quasi-statique,
montre que le changement d’entropie est relié à l’échange d’énergie sous forme désordonnée, i.e.
sous forme de chaleur.
4. L’entropie de deux systèmes macroscopiques combinés est additive. Nous avons déjà amplement
discuté cette propriété à l’Éq.(3.42). Un cas particulier de cet énoncé est évidemment que
S (E; N; V ) = S ( E; N; V ) (3.127)
Pour comprendre cette dernière équation, pensez au cas particulier où on considère un système
formé de deux copies d’un seul système. Il est deux fois plus gros, ( = 2) c’est-à-dire que le
nombre de particules, l’énergie, le volume sont deux fois plus gros. L’entropie est alors deux fois
plus grande.
Nous arrivons …nalement à une dernière propriété de l’entropie. Prenons le cas où E (0) ; V (0) ; N (0)
sont des valeurs données des paramètre macroscopiques du système A(0) et E est la valeur de l’énergie
du sous-système A.
5a. L’entropie S (0) E (0) ; E; V (0) ; N (0) ; g; H d’un système macroscopique isolé dont on laisse ‡uctuer
un paramètre macroscopique mécanique, comme l’énergie E d’un sous-système, est maximale à
l’équilibre en fonction de ce paramètre macroscopique. En d’autres mots, sa dérivée première
s’annule et sa dérivée seconde est négative.
Ce dernier énoncé sur la dérivé seconde est formulé mathématiquement en disant que l’entropie est
une fonction concave de ce paramètre macroscopique.
Remarque 89 Il y a des dé…nitions plus générales de concavité mais nous nous contenterons de
prendre concavité et dérivée seconde négative comme synonymes.
@S (0) @ (S + S 0 )
= =0 (3.128)
@E @E
Le fait que la probabilité soit maximale à l’équilibre et sa relation avec l’entropie nous montrent immé-
diatement que la dérivée seconde de l’entropie par rapport au paramètre macroscopique, ici l’énergie,
doit être négative. En e¤et, cette condition sur la dérivée seconde
@ 2 S (0) @ 2 (S + S 0 )
= <0 (3.130)
@E 2 @E 2
permet de démontrer que @ 2 S=@ 2 E < 0 pour chacun des deux sous-systèmes pris séparément. Nous
avions prouvé ceci dans la section sur les propriétés de la température absolue en considérant le cas
où un des deux systèmes, disons A0 ; est un réservoir de chaleur, ce qui implique que @ 2 S 0 =@ 2 E est
négligeable par rapport à @ 2 S=@ 2 E dans l’inégalité (3.130) ci-dessus. (Rappel : S O (f ) ; E O (f ) ;
donc @ 2 S=@ 2 E O (1=f ) :),
Remarque 90 Ce résultat nous avait permis de prouver que @T =@E 0: En e¤ et,
@ 2 ln 1 @2S @
= = 0 (3.131)
@E 2 kB @E 2 @E
ce qui implique que
@T @T @ 1 @
= = 2 0 (3.132)
@E @ @E kB @E
Remarque 91 La condition d’annulation de la dérivée première n’est vraie que pour le système A et
A0 combiné lorsqu’on cherche la valeur la plus probable de la variable macroscopique E. Nous avons
@S (0) E (0) ; E; V (0) ; N (0) ; g; H =@E = 0: À l’équilibre l’entropie totale du système est égale à
(0)
Sequ E (0) ; V (0) ; N (0) ; g; H = S (A) E; e ; g; H + S (A0 ) E 0
e Ve ; N e V (0)
E; Ve ; N (0) e ; g; H
N
(3.133)
qui obéit à
(0)
@Sequ E (0) ; V (0) ; N (0) ; g; H 1
(0)
= : (3.134)
@E kB T
Cependant, la dérivée seconde, elle, est nécessairement négative pour chacun des sous-systèmes pris
séparément.
En résumé, nous avons aussi la propriété suivante de l’entropie,
5b. L’entropie S (E; V; N; g; H) est une fonction concave de ses paramètres macroscopiques méca-
niques.
L’exemple que nous avons traité concernait la minimisation par rapport à l’énergie, mais il est clair
que le même genre de raisonnement s’applique au volume, au nombre de particules, etc.
6. L’entropie tend vers une valeur …nie indépendante des paramètres macroscopiques du système
lorsque la température absolue tend vers zéro.
limT !0+ S = S0 : (3.135)
Il s’agit là d’un résultat fondamental qui est une conséquence de la mécanique quantique. En e¤et,
en mécanique quantique l’état fondamental d’un système est généralement unique. Il peut être dégénéré
mais alors cette dégénérescence 0 (E0 ) est de l’ordre du nombre de degrés de liberté 0 (E0 ) f du
système. (Par exemple si le seul degré de liberté du fondamental est l’orientation de son spin, le spin
total a au maximum une dégénérescence de l’ordre du nombre total de particules). Cette dégénérescence
peut dépendre des paramètres extérieurs, mais généralement un changement de paramètres extérieurs
change l’état fondamental en plus de changer sa dégénérescence jusqu’à ce qu’éventuellement nous
n’ayons plus de paramètres extérieurs à notre disposition pour changer la dégénérescence de l’état
fondamental.
Nous avons donc que l’entropie évaluée à l’énergie de l’état fondamental E0 est bornée par
Il faut se rappeler que lorsque l’énergie d’un système macroscopique est plus élevée que l’énergie de
son fondamental, alors
S (E) kB f ln E (3.137)
Le contraste avec l’entropie du fondamental est frappant. On se rappelle que ln f et f ne sont pas
comparables ! En fait, pour calculer l’entropie du fondamental, il faut tenir compte très précisément de
l’erreur liée à notre incertitude E; erreur que nous laissions toujours tomber jusqu’à maintenant.
Les deux équations précédentes nous disent immédiatement que
1 @S (E)
= ! 1; (3.138)
T E0 @E E0
en d’autres mots, que la température ne peut être que zéro lorsqu’on atteint l’énergie du fondamental.
Ceci correspond bien à la notion intuitive de température que nous avons. En pratique, il y a tellement
de di¤érence entre S0 (E0 ) 0 et S (E) kB f ln E que ceci rend inaccessible le fondamental, ou de
façon équivalente le zéro absolu. Nous verrons pourquoi lorsque nous essaierons de comprendre comment
construire des réfrigérateurs. Le fait que S0 (E0 ) devienne indépendant des paramètres extérieurs n’est
évidemment pas étranger au fait que le zéro absolu ne puisse pas être atteint.
Nous pouvons résumer le présent chapitre par deux types de relations. Le premier type de relations
a été obtenu en utilisant que des propriétés très générales de la matière, comme l’existence d’un état
fondamental et la dé…nition d’état macroscopique en fonction de plusieurs états microscopiques. Notre
hypothèse statistique a permis de de formuler des conditions d’équilibre et de dé…nir les propriétés
émergentes S; T; p; qui apparaissent lorsque des systèmes macoscopiques sont en équilibre. À la …n,
les résultats obtenus peuvent être formulés de façon indépendante du modèle microscopique et ils s’ap-
pliquent à tous les systèmes macroscopiques. Ce sont les lois ou principes de la thermodynamique qui
apparaîtront dans la première sous-section ci-dessous. Les deux premières lois de la thermodynamique
ont été formulées par le physicien allemand Clausius vers 1850. Le deuxième type de relations relie la
description statistique et la description thermodynamique de la matière. Déjà Clausius, Boltzmann et
Maxwell avaient commencé à comprendre ces relations au plus dix ou vingt ans après la formulation
de la thermodynamique. Ces résultats seront résumés dans une deuxième sous-section.
3.4.1 Les lois de la thermodynamique résument ce que nous avons vu jusqu’à maintenant.23
0. Si deux systèmes sont en équilibre thermique avec un troisième, ils seront en équilibre thermique
l’un avec l’autre.
2 3 Reif, Sec. 3.11
b. Si le système n’est pas isolé et subit un changement quasi-statique in…nitésimal dans lequel il
absorbe une quantité de chaleur dQ,/ alors
dQ
/
dS = (3.142)
T
où T est une fonction d’état qui s’appelle température absolue.
Remarque 94 Formulation de Kelvin :25 Il n’y existe pas de machine cyclique dont
le seul e¤ et est d’extraire de la chaleur d’un système pour la transformer complètement en
travail.
Remarque 95 Formulation de Clausius :26 Il n’existe pas de machine cyclique dont
le seul e¤ et est de transférer de la chaleur d’un système à une température donnée vers
un autre système à température plus élevée. (Si on dé…nit comme froid un système qui a
une température plus basse qu’un autre, qu’on appelle chaud, alors on peut aussi dire qu’il
n’existe pas de machine cyclique dont le seul e¤ et est de transférer de la chaleur d’un corps
froid vers un corps chaud).
Remarque 96 *Formulation de Carathéodory :27 Au voisinage de n’importe quel état
d’équilibre, il y a des états qui sont inaccessibles par les processus adiabatiques.
Remarque 97 Les deux premières formulations sont équivalentes et toutes les deux disent
que les processus dont on déclare l’impossibilité correspondraient à une diminution de l’en-
tropie. La troisième est aussi équivalente mais plus abstraite. Un exemple d’état inaccessible
par un processus adiabatique (adiathermique) où tous les autres paramètres (p; V etc...) sont
…xes serait un état plus froid.
2 4 A.B. Pippard, Classical Themodynamics, p.17
2 5 A.B. Pippard, Classical Themodynamics, p.30
2 6 A.B. Pippard, Classical Themodynamics, p.29
2 7 A.B. Pippard, Classical Themodynamics, p.30
lim S = S0 (3.143)
T !0+
3.4.2 L’entropie se calcule à partir de la connaissance des états microscopiques, mais elle peut aussi être
mesurée, permettant ensuite de trouver les probabilités d’états macroscopiques.28
Il y a …nalement deux relations statistiques importantes. Celle reliant l’entropie au nombre d’états
microscopiques accessibles, l’épitaphe de Boltzmann
et celle reliant la probabilité d’un état macroscopique au nombre d’états microscopiques y correspon-
dant, ou à son entropie
P / / exp (S=kB ) (3.145)
Einstein a remarqué qu’il est possible d’extraire la probabilité d’états macroscopiques en utilisant la
formule précédente et l’entropie obtenue à partir de mesures thermodynamiques.
Ces deux relations statistiques permettent évidemment d’aller beaucoup plus loin que seulement les
lois de la thermodynamique, puisqu’à partir d’un modèle microscopique elles permettent de calculer non
seulement les quantités thermodynamiques, qui sont des valeurs moyennes de l’énergie, de l’entropie
etc..., mais aussi les ‡uctuations de ces quantités thermodynamiques. La physique statistique englobe
donc la thermodynamique. Elle est plus générale.
Vous serez quand même surpris, particulièrement au chapitre cinq, de découvrir tout ce que la
thermodynamique a permis de découvrir sans connaître l’existence des atomes. Par exemple, l’e¢ ca-
cité théorique maximale des machines thermiques a été comprise par Carnot en 1824. Comme nous
l’avons déjà mentionné, cette e¢ cacité maximale est une conséquence de la deuxième loi, que Carnot
a découvert, sans le savoir, avant la première loi !
Avant d’aller plus loin avec la thermodynamique, nous donnons deux exemples de calcul de quantités
thermodynamiques à partir de la physique statistique. Ceci nous permettra d’apprécier la puissance de
la mécanique statistique avant que nous commencions à l’utiliser vraiment à partir du chapitre six. Le
premier exemple traite d’un cas que vous connaissez depuis votre tendre enfance, celui des gaz parfaits.
Le deuxième exemple fait le lien avec le cours d’électronique en vous présentant, bien avant le temps,
une dérivation de la distribution de Fermi Dirac. Ce n’est qu’au chapitre neuf, c’est-à-dire dans le
deuxième cours de physique statistique, que nous reviendrons sur les statistiques quantiques.
2 8 Reif, Sec. 3.11
Réécrivons la première loi pour un processus quasi-statique où le nombre de particules est …xe et
où le système peut échanger de la chaleur et faire du travail. Nous supposons le nombre de particules
…xe.
dE = T dS pdV (3.146)
T dS = dE + pdV (3.147)
La dernière expression nous dit que l’entropie pour ce problème est une fonction de l’énergie et du
volume
S (E; V ) (3.148)
Sachant l’entropie en fonction de ces variables, on peut calculer la température et la pression du sys-
tème à l’aide des relations thermodynamiques suivantes qui sont une conséquence simple de l’équation
précédente Éq.(3.147)
1 @S (E; V )
= (3.149)
T (E; V ) @E V
p (E; V ) @S (E; V )
= (3.150)
T (E; V ) @V E
Les indices aux dérivées partielles nous informent sur les variables qui sont tenues constantes lors de
la prise de dérivée partielle.
Remarque 100 Les expressions ci-dessus ont été trouvé en considérant les conditions d’équilibre ther-
modynamique. Dans ce context, température, pression et entropie sont des concepts émergents qui n’ont
de signi…cation que pour des systèmes macroscopiques. Dans ce qui suit, nous allons montrer que, dans
le cas particulier où on utilise l’expression pour l’entropie trouvée à partir de considérations microsco-
piques pour l’entropie, alors on retrouve pour la pression la loi bien connue de Boyle-Mariotte, ce qui
con…rme la validité de notre dé…nition de la pression et de la température absolue.
Évidemment, en utilisant la relation entre entropie et nombre d’états accessibles, les deux résultats
précédents correspondent à ce que nous avons trouvé précédemment comme dé…nition de la température
et de la pression
1 @ ln (E; V )
= (3.151)
kB T (E; V ) @E V
p (E; V ) @ ln (E; V )
= (3.152)
kB T (E; V ) @V E
On voit donc clairement qu’en calculant le nombre d’états microscopiques accessibles, on peut connaître
toutes les quantités macroscopiques intéressantes. Vous êtes familier avec la relation exprimant la
pression en fonction de la température et du volume. Si nous pouvons utiliser la première des deux
relations précédentes pour exprimer l’énergie en fonction de la température et du volume, alors en
substituant dans la deuxième il est clair que nous pourrons trouver la pression en fonction de la
température et du volume pour un cas quelconque. La relation entre pression, température et volume
s’appelle équation d’état. Plus généralement,
Dé…nition 60 Équation d’état. Une équation d’état relie les dérivées de l’entropie, de l’énergie,
ou de n’importe quelle fonction d’état, avec les variables dont la fonction d’état dépend. Ou, de façon
plus générale, une fois choisies les variables indépendantes, l’équation d’état relie les autres quanti-
tés thermodynamiques aux variables indépendantes. Dans l’exemple ci-dessus, il y a deux variables
indépendantes. En e¤ et, ln est une fonction de E et V seulement.
2 9 Reif, Sec. 3.12
revient à dire que pour un gaz parfait, il y a une énergie de kB T =2 associée à chacun des 3N degrés
de liberté de quantité de mouvement. C’est un cas particulier de ce que nous appellerons plus loin le
théorème d’équipartition.
p (E; V ) N
= (3.157)
kB T (E; V ) V
et donc le rapport p=T n’est une fonction que du volume. Dans cet exemple particulièrement trivial,
on trouve donc la ”loi de Boyle-Mariotte”30
N
p= V kB T = nkB T (3.158)
où n est la densité du gaz. On peut aussi réécrire cette relation à l’aide de la dé…nition d’une mole et
du nombre d’Avogadro. Dans une mole de gaz, ( = 1) il y a un nombre d’Avogadro Na de molécules.
Donc, N = Na et
pV = (Na kB ) T = RT (3.159)
pression fois volume est à peu près constant. En France on lui donne le nom de loi de Mariotte qui a fait la même
découverte indépendamment un peu après Boyle. (Maury, p.59)
Considérons un système A formé d’un seul niveau d’énergie quantique et A0 un réservoir de chaleur
et de particules. Si les particules sont des fermions, le niveau d’énergie est soit vide, soit occupé par
une seule particule. Cette situation est illustrée à la …gure (3-7). Nous voulons calculer la probabilité
Niveau vide
(0)
E
A’(0)
N
Niveau occupé
E -ε
(0)
A’(0)
N -1
Fig. 3-7 Un niveau d’énergie en contact avec un réservoir de Fermions. Les deux systèmes ensemble sont
décrits par l’ensemble microcanonique. L’énergie totale et le nombre de particules total sont respectivement
E (0) et N (0) .
de chacune de ces deux possibilités pour ensuite calculer le nombre moyen de particules dans le niveau
d’énergie. Nous répéterons la même chose pour les bosons ci-dessous.
En utilisant le résultat général d’Einstein (3.145) nous savons que la probabilité pour chacune de
ces deux possibilités se calcule en considérant l’entropie du système combiné A et A0 . Comme l’entropie
est la somme des entropies et comme l’entropie du système A avec un seul niveau d’énergie s’annule,
nous avons h 0 i
P (0; 0) = C exp S E (0) ; N (0) =kB (3.160)
où C est une constante de normalisation inconnue pour le moment. De même, dans la situation où le
niveau est occupé, supposant que le niveau quantique soit situé à une valeur de l’énergie ;
h 0 i
P ( ; 1) = C exp S E (0) "; N (0) 1 =kB (3.161)
Le changement d’entropie peut se calculer comme dans la section des réservoirs de chaleur ci-dessus,
en faisant un développement de Taylor,
1 0 0
S E (0) "; N (0) 1 S E (0) ; N (0) = (3.166)
kB
0
0 @ ln @ ln 0
ln E (0) ; N (0) 1 ln 0
E (0) ; N (0) =
@E 0 @N 0
Remarque 105 C’est pour la même raison que celle mentionnée à la …n de la sous-section sur l’étroi-
tesse de la distribution de probabilité qu’il est préférable de développer le logarithme du nombre d’états
accessibles plutôt que le nombre d’états accessibles directement.
Remarque 106 Vous vous inquiétez sans doute du fait que nous venons d’utiliser une méthode qui
s’applique normalement à l’équilibre entre deux systèmes macroscopiques alors qu’un des deux systèmes
considérés ici ne contient qu’un seul niveau d’énergie. Cette inquiétude est légitime. On peut refaire
ce problème avec un grand nombre de niveaux sans interactions plutôt qu’un seul et le résultat est le
même parce que les niveaux n’interagissent pas entre eux.
En utilisant notre dé…nition de température, de potentiel chimique et l’hypothèse que nos deux
systèmes sont à l’équilibre thermique, nous pouvons réécrire la dernière équation sous la forme,
0
ln E (0) ; N (0) 1 ln 0
E (0) ; N (0) = + (3.167)
kB T kB T
Substituant dans l’expression pour le rapport des probabilités, on obtient
h i
P ( ;1)
P (0;0) = exp kB T + kB T
On peut trouver une équation additionnelle pour la probabilité en demandant que la probabilité pour
notre petit système soit normalisée, c’est-à-dire
P (0; 0) + P ( ; 1) = 1 (3.168)
nF ( ; T; ) = 0 P (0; 0) + 1 P ( ; 1) (3.171)
= P ( ; 1) (3.172)
h i
exp kB T + kB T
= h i (3.173)
1 + exp kB T + kB T
1
= h i (3.174)
exp kB T kB T +1
1
nF ( ; T; ) = exp[ ( )]+1 (3.175)
à l’aide seulement du rapport P (n ; n) =P (0; 0) puisqu’en divisant par le côté gauche de l’équation de
normalisation, on obtient
P1
nP (n ; n) =P (0; 0)
nB ( ; T; ) = Pn=0 1 (3.181)
n=0 P (n ; n) =P (0; 0)
P1
n exp [ n ( )]
= Pn=01 (3.182)
n=0 exp [ n ( )]
1
X
@
= ln exp [ n ( )] (3.183)
@ ( ) n=0
@ 1
= ln (3.184)
@( ) 1 exp [ ( )]
À la dernière étape, nousPavons simplement fait la somme d’une série géométrique. Nous notons en
1
passant que la quantité n=0 exp [ (n n )] est une quantité que nous appellerons plus tard la
fonction de partition grand canonique. Mais nous sommes bien en avance. Continuons en prenant la
dérivée,
@
nB ( ; T; ) = ln [1 exp [ ( )]] (3.185)
@( )
exp [ ( )]
= (3.186)
1 exp [ ( )]
1
nB ( ; T; ) = exp[ ( )] 1 (3.187)
La limite classique correspond au cas où 1, en quel cas, les deux distributions, soit celle de
Fermi-Dirac et celle de Bose-Einstein, se réduisent à une seule, la distribution de Maxwell-Boltzmann.
nM B ( ; T; ) = exp [ ( )] (3.188)
C’est Paris qui domine toute la science du début du XIXe siècle. En 1810, on trouve à Paris les
Ampère, Biot, Gay-Lussac, Poisson, Laplace... C’est à la révolution française que sont fondées l’École
Normale et l’École Polytechnique et qu’on change le recrutement de l’école des Mines et des Ponts
et Chaussés. Laplace domine la scène, nommant non seulement les membres de l’Académie, mais
distribuant aussi les travaux à e¤ectuer. Ce sont les débuts de l’organisation scienti…que. Ainsi, l’étude
de la chaleur spéci…que des gaz a été l’objet d’une collaboration à grande échelle, impliquant plusieurs
chercheurs ou équipes travaillant séparément sur la même question et se tenant au courant de leurs
progrès. L’étude des gaz et de la chaleur sont indissociables. En e¤et, déjà Amontons avait remarqué
que l’état gazeux était celui ou l’arrivée ou le départ du “chaud” se manifestaient le mieux.
C’est Dalton cependant, un britannique, qui donne le signal de départ de l’étude des gaz. Il rêve
d’une température absolue et il est le premier à étudier un gaz dans un processus adiabatique et à
proclamer l’intérêt et l’urgence d’une étude calori…que des gaz. Évidemment, Dalton n’est pas seulement
le premier daltonien, c’est aussi un chimiste ayant proposé une théorie atomique des réactions.
Les études sont faites à Paris, surtout par Gay-Lussac. Dès 1802, il établit que l’augmentation
relative de volume à pression constante d’un gaz chau¤é entre 00 C et 1000 C est la même pour tous les
gaz. En cette même année, Laplace charge Biot de véri…er si le changement de pression d’un gaz soumis
à une compression adiabatique di¤ère de celle obtenue lors d’une contribution isothermique, c’est-à-dire
à température constante. Ce résultat pourrait expliquer pourquoi la vitesse du son n’est pas celle qui
avait été prédite par Newton. Après plusieurs études, entre autres par Clément (professeur de Carnot)
et Desormes, c’est …nalement Poisson qui établit que dans une compression adiabatique, P V = cte
(où = 5=3 pour un gaz parfait monoatomique). Nous reviendrons sur ce résultat au chapitre cinq.
Dès 1824 Carnot réclamait une théorie complète de la chaleur. Nous reviendrons plus loin sur
l’importante période de Carnot, mais il faut quand même dire quelques mots sur sa théorie. Selon lui,
il était possible d’extraire du travail à partir de sources de chaleur en faisant “tomber”du “calorique”
d’une source chaude à une source froide. Carnot avait prouvé qu’il existait une e¢ cacité maximum,
3 1 Maury, p.67
3 2 Maury, p.79
Les idées de Carnot montrent clairement qu’on ne peut pas faire de travail en extrayant de la chaleur
d’une seule source. En e¤et, c’est la ”chute du calorique”qui produit l’e¤et moteur, selon Carnot. Or,
le frère de Kelvin, James Thomson, en essayant d’y voir clair, suggère une expérience qui fournirait
un contre-exemple à ce résultat de Carnot. Kelvin lui-même véri…e les prédictions, con…rmant ainsi
de façon dramatique les idées de Carnot. Mais pendant ce temps, Joule multiplie les expériences qui
montrent que la chaleur ce n’est pas du calorique, mais une forme d’énergie ! Pour réconcilier les deux,
c’est-à-dire énoncer le premier et le deuxième principe, cela prendra Clausius.
Presque complètement absente de la science au début du XIXe siècle, l’Allemagne met maintenant
les bouchées doubles. Nous avons déjà parlé de Mayer et de Helmholtz dans le contexte de la conser-
vation de l’énergie. En 1850, Clausius publie dans Annalen der Physik un article intitulé De la force
motrice de la chaleur, et des lois sur la chaleur qui peuvent s’en déduire. Clausius y argue que l’équi-
valence chaleur-travail n’est pas contradictoire avec la chute de “calorique”(ou plutôt le passage de la
chaleur d’une source chaude à une source froide dans une machine thermique) : la machine transforme
en travail une partie de la chaleur reçue par la source chaude, et Joule a raison. Mais comme ce n’est
3 3 Maury, p.83
3 4 Maury, p.83
T Q
= (3.190)
T0 Q0
3.6.5 L’entropie35
Ce n’est en fait que quatre ans plus tard, en 1854, que Clausius formulera clairement la notion
d’entropie, et le principe selon lequel l’entropie ne peut pas diminuer. En fait, c’est à cette époque
qu’il comprend que, de la même façon qu’on peut énoncer le premier principe en disant ”il existe une
fonction d’état appelée énergie” on peut énoncer le second en disant ”il existe une fonction d’état
appelée entropie”. Il comprend aussi qu’un processus est réversible lorsque l’entropie ne change pas,
et irréversible lorsque l’entropie change... ou plus précisément augmente. Il comprend que pour un
système isolé, l’entropie ne peut pas diminuer. Et il comprend aussi que pour avoir une description
thermodynamique complète des systèmes à l’équilibre, il su¢ t de rajouter l’entropie à la liste des
paramètres qu’on connaît déjà, comme l’énergie, la température, la pression. À partir de maintenant,
la thermodynamique ne fera que se ra¢ ner. Et ses bases statistiques commenceront à apparaître très
rapidement grâce à Maxwell et Boltzmann, mais aussi grâce à Clausius.
C’est le titre d’un article de Clausius daté de 1857 qui revoit la littérature sur la théorie cinétique.
En 1858, un hollandais, Buis-Ballot, formule une critique, qui va s’avérer très fructueuse, de la théorie
cinétique des gaz. Si les molécules d’un gaz se promènent à très grande vitesse, comment peut-on
comprendre que les odeurs prennent plusieurs secondes à se répandre dans une pièce. Clausius y répond
avec la notion de libre parcours moyen. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Un des points que Clausius étudie soigneusement dans son article de 1857 est celui du nombre de
degrés de liberté des molécules dont l’existence commence à être prise plus au sérieux à cette époque.
Il appelle degré de liberté, ”le nombre de manières d’emmagasiner l’énergie”. Pour une molécule diato-
mique, il a¢ rme que l’énergie doit se répartir également entre les trois degrés de liberté de translation,
les deux degrés de liberté de rotation et le degré de liberté de vibration. C’est la formulation du théo-
rème d’équipartition que nous reverrons plus loin, et le début d’une route qui mène tout droit à un
paradoxe qui n’a pu être résolu que par la mécanique quantique. C’est le paradoxe des chaleurs spé-
ci…ques des molécules diatomiques qui a forcé Gibbs à prévenir le lecteur dans la préface de son livre
de 1902 que la mécanique statistique n’était peut-être pas une bonne description de la nature ! En
traduction libre, voici un extrait de la préface de Gibbs :
3 5 Maury, p.85
– Dans un système macroscopique isolé, lorsque des contraintes sont relâchées sans faire de travail,
le nombre d’états accessibles augmente.
f i (3.191)
– Le système évoluera vers ”l’équilibre” c’est-à-dire jusqu’à ce que deviennent équiprobables tous
les états microscopiques cohérents avec les nouvelles contraintes.
– Si f = i , tous les systèmes de l’ensemble sont déjà distribués avec une probabilité à priori
égale sur tous les états accessibles. Le système demeure à l’équilibre et le processus est réversible.
– Si f > i alors la répartition des systèmes de l’ensemble ne correspond pas à celle de l’ensemble
microcanonique. Le système tend vers une répartition uniforme lorsque la contrainte est enlevée.
Le système n’est pas à l’équilibre thermodynamique lors de toutes les étapes du processus et
celui-ci est dit irréversible.
– On sait du chapitre précédent que pour un système macroscopique, l’indépendance statistique
des parties du systèmes éloignées de plus d’une longueur de corrélation implique qu’en général
ln (E) / f ln E (3.192)
où f est le nombre de degrés de liberté e¤ectifs.
– Soient un système macroscopique A(0) isolé, formé deux sous-systèmes macroscopiques. A(0)
A+A0 est un système microcanonique et donc le postulat de probabilité à priori égales s’applique.
On peut donc facilement calculer la probabilité que le système A ait une énergie E.
0
P (E) = (E) E (0) E = tot E (0) (3.193)
– Cette expression a un maximum prononcé parce que (E) croît rapidement avec E alors que
0
E (0) E décroît avec E (remarquer le signe négatif). Pour développer autour du maxi-
f
mum, on tient compte du fait que (E + E) / (E + E) se développe mal en puissances
de ( E=E) 1 parce que f est grand (Le premier terme est d’ordre f ( E=E)). Par contre,
ln (E + E) / f ln (E + E) converge rapidement en puissances de ( E=E) : Pour approximer
la probabilité autour de son maximum, on développe donc l’argument de
1 h i
0 (0)
P (E) = (0)
exp ln (E) + ln E E (3.194)
tot E
23
kB = 1:380622 10 J=K (3.200)
16
= 1:380622 10 ergs=K (3.201)
Ainsi, deux systèmes sont en équilibre thermique lorsque leurs températures absolues sont égales.
– On dé…nit l’entropie par ce que Gibbs appelait “la relation fondamentale”
Il s’agit d’une quantité ayant un caractère statistique puisqu’elle permet de calculer la probabilité
d’un état macroscopique. Cette quantité statistique peut se calculer en fonction de variables ayant
une signi…cation purement mécanique. Ces variables peuvent être des quantités conservées, des
contraintes reliées aux conditions aux limites (volume) des champs externes ou des champs générés
spontanément. Cette quantité est étroitement reliée à la chaleur puisque nous l’avons rencontrée
en parlant de l’équilibre thermique entre deux systèmes. Cependant, alors que la chaleur n’est
pas une fonction d’état (dQ/ n’est pas une di¤érentielle exacte), l’entropie elle est une fonction
d’état. Avec cette dé…nition de l’entropie nous avons que la température est dé…nie par,
1
T = kB @ ln@E(E) = @S
@E (3.203)
1 S(E)+S 0 (E (0) E )
P (E) = exp kb (3.204)
tot (E )
(0)
– Pour deux systèmes en équilibre thermique, l’entropie est additive, c’est à dire
e + S0 E
S E (0) = S E f0 (3.205)
S+ S0 0 (3.207)
– Pour un système quelconque, lorsque qu’une quantité in…nitésimale de chaleur est absorbée d’un
autre système presque à la même température le résultat analogue est valable et on peut calculer
l’augmentation d’entropie de la façon suivante
d/Q
dS = T (3.209)
dQ
/ = dE + dW
/ (3.210)
– Dans le cas d’équilibre quelconque entre deux systèmes, c’est-à-dire le cas où la paroi peut changer
de position ou même être trouée, il faut connaître la façon dont ln dépend des contraintes. Des
considérations générales nous montrent que
@ ln (E) @Er
= = X (3.211)
@x @x
De là, des arguments analogues à ceux présentés dans le cas de l’équilibre thermique montrent
que les conditions d’équilibre deviennent
T = T0 ; p = p0 ; = 0
(3.212)
où l’indice (eq) nous rappelle que la formule utilisée n’est bonne que si le processus est quasi-
statique.
2. L’entropie peut être calculée de façon absolue par la formule
S = kB ln :
3. Lorsqu’un système isolé change d’un état macroscopique à un autre suite au relâchement d’une
contrainte, l’entropie augmente.
S 0. (3.216)
4. L’entropie tend vers une valeur …nie indépendante des paramètres macroscopiques du système
lorsque la température absolue tend vers zéro.
6. L’entropie S (E; V; N; g; H) est une fonction concave de ses paramètres macroscopiques mécaniques.
– Lois de la thermodynamique :
0. Si deux systèmes sont en équilibre thermique avec un troisième, ils seront en équilibre thermique
l’un avec l’autre.
1. Il existe une fonction qui ne dépend que de l’état macroscopique appelée énergie interne. Si le système
interagit avec l’extérieur et change d’un état macroscopique à un autre, le changement d’énergie
résultant peut s’écrire
E=Q W (3.219)
où W est le travail macroscopique fait par le système à cause du changement de paramètres
extérieurs. La quantité Q dé…nie par la relation ci-dessus est la quantité de chaleur absorbée par
le système.
2. Il existe une fonction qui ne dépend que de l’état macroscopique appelée entropie ayant les propriétés
suivantes :
a. Dans un processus où un système isolé thermiquement change d’un état macroscopique à un
autre, l’entropie ne diminue
jamais, en d’autres mots
S 0 (3.220)
b. Si le système n’est pas isolé et subit un changement quasi-statique in…nitésimal dans lequel il
absorbe une quantité de chaleur dQ,/ alors
dQ
/
dS = (3.221)
T
où T est une quantité qui caractérise l’état macroscopique du système et qui s’appelle tem-
pérature absolue.
3.8.1 Irréversibilité36
Supposons qu’un système A est placé en contact thermique avec un réservoir A0 qui est à une
température absolue T 0 et que A absorbe une quantité de chaleur Q dans ce processus. Montrez que
l’augmentation d’entropie du système A dans ce processus satisfait l’inégalité S Q=T 0 et que le
0
signe d’égalité ne s’applique que si la température initiale de A di¤ère de celle de A in…nitésimalement.
Voici des résultats expérimentaux sur lesquels nous reviendrons plus tard dans ce problème après
avoir modélisé le système physique auquel ils s’appliquent.
Soit un système isolé composé de N particules localisées de spin 1=2. Chaque particule a un moment
magnétique qui peut pointer dans une direction parallèle ou antiparallèle au champ appliqué H.
L’énergie du système est donc
E = (n" n# ) H
3 6 Reif, Prob. 3.4
3 7 Reif, Probs. 2.4, et 3.2
interdit de construire un cycle de Carnot (voir chapitre 4) reliant températures positives et négatives : André-Marie
Tremblay, Am. J. Phys. 44, 994-995 (1976)
Un récipient divisé en deux par une paroi contient N molécules d’un gaz parfait enfermé d’un seul
côté de la paroi.
a) Calculez la dépendance en énergie E et en volume V de l’entropie de ce gaz parfait, sans vous
préoccuper de la valeur absolue de l’entropie. Vous pouvez utiliser le calcul déjà fait au chapitre 2 pour
le nombre d’états accessibles dans un gaz parfait.
Un trou est maintenant percé dans la paroi et on laisse le gaz se redistribuer entre les deux
côtés du récipient. Le côté du récipient qui était vide au départ a un volume V 0 .
b) Quelle est la probabilité après avoir atteint l’équilibre que le gaz reste du côté où il était initia-
lement ?
c) Une fois l’équilibre atteint, la température du gaz parfait a-t-elle changé ?
d) Calculez le changement d’entropie entre l’état initial où tout le gaz était du même côté et l’état
…nal où l’équilibre est atteint. Le résultat ne devrait contenir aucune autre constante que N , kB , V et
V 0.
e) L’entropie a-t-elle augmenté ou diminué ?
f) Le processus est-il réversible ou irréversible ?
g) Exprimez la probabilité calculée en b) en fonction de la di¤érence d’entropie entre l’état macro-
scopique initial où tout est du même côté et l’état macroscopique …nal où le gaz s’est réparti entre les
deux côtés.
h) Obtenez le résultat précédent à l’aide de la formule d’Einstein P / exp (S=kB ) :
Un système contient deux types de molécules. Il y a N1 molécules de type 1et N2 molécules de type
2. Les molécules interagissent faiblement entre elles, donc elles constituent un mélange de gaz parfaits.
a) En utilisant un raisonnement de la mécanique classique, trouvez la dépendance en volume du
nombre d’états accessibles (E) :
b) Utilisez le résultat précédent pour trouver l’équation d’état du système, c’est-à-dire la relation
entre la pression moyenne p; le volume et la température.
La formule exacte pour l’entropie d’un gaz parfait classique est donnée par
" #
3=2
4 E V 5
S (E; V; N ) = N kB ln m 3
+ N kB (3.230)
3 N Nh 2
3 9 Reif, Prob. 3.5
Certaines impuretés dans les semi-conducteurs peuvent être modélisées par un niveau d’énergie "
en contact avec un réservoir. Ce réservoir peut donner un électron de spin up au niveau d’énergie
(E 0 = "), ou un électron de spin down (E 0 = "), ou aucun électron (E 0 = 0). On néglige le cas où deux
électrons de spins opposés occupent le niveau d’énergie car le coût énergétique est trop élevé (à cause
de la forte répulsion Coulombienne). En utilisant le même type de raisonnement que celui fait en classe
pour la distribution de Fermi-Dirac, montrez qu’en équilibre thermique le nombre moyen d’électrons
sur ce niveau d’énergie est donné par
1
n=
1 "
1+ 2 exp kB T
où l’énergie du niveau est ", la température du réservoir est T et le potentiel chimique du réservoir est
.
Dans un des modèles les plus populaires des supraconducteurs à haute température, les électrons se
déplacent sur un réseau carré d’atomes. De plus, la répulsion entre deux électrons lorqu’ils sont sur le
même atome est tellement grande que la probabilité que deux électrons de spin oppposé se trouvent sur
le même atome est négligeable. Ce modèle s’appelle le modèle t J. Chaque électron a un spin 1=2 (i.e.
peut avoir deux états de moment cinétique interne, }=2): À température su¢ samment élevée pour
que les corrélations dans le mouvement des électrons puissent être négligées, mais pas su¢ samment
élevée pour que deux électrons de spin opposé puissent occuper le même site atomique, l’entropie est
celle qu’on peut calculer en comptant la façon d’arranger N électrons de spin 1=2 sur Ns sites (atomes)
avec au plus un électron par site.
a) Calculez l’entropie par site dans cette limite en fonction de n = N=Ns (on suppose n < 1).
Vous pouvez commencer par placer les N électrons et ensuite tenir compte du fait que leur spin est
quelconque. Obtenez le résultat dans la limite où N et Ns sont très grands.
b) Montrez qu’on peut identi…er une contribution à l’entropie venant du spin et une autre venant
de la position des électrons (ce résultat est une des manifestations du phénomène dit de “séparation
spin-charge”).
c) Trouvez le maximum de l’entropie en fonction de n.
Le chapitre précédent était un chapitre charnière puisque nous avons jeté les bases à la fois de
la physique statistique et de la thermodynamique. Le reste de ce cours traite essentiellement de ces
deux sujets. Nous avons déjà expliqué qu’en fait la thermodynamique n’est qu’un cas particulier de la
physique statistique. Néanmoins, la thermodynamique est un sujet qui a une logique interne propre
qu’il est important de comprendre puisqu’elle s’applique à tous les systèmes physiques en équilibre
thermique, peu importe le modèle microscopique. Nous prenons donc ici une bifurcation. Les deux
prochains chapitres traiteront essentiellement de thermodynamique, alors que les deux derniers seront
consacrés plus spéci…quement au calcul à partir de modèles microscopiques.
Dans le présent chapitre, nous étudions plus en détail les paramètres macroscopiques dont nous
avons déjà parlé : travail, chaleur, température, entropie etc... Nous connaissons déjà la signi…ca-
tion microscopique de ces quantités, mais il reste à comprendre comment, en pratique ces quantités
sont expérimentalement mesurées. Il s’agit évidemment d’une démarche complètement anti-historique
puisque les mesures de la chaleur ont été faites avant sa compréhension microscopique. Néanmoins,
il est important de comprendre comment nos notions intuitives de chaleur, de travail et des quanti-
tés thermodynamiques en général peuvent être mesurées et reliées aux dé…nitions microscopiques que
nous avons données. Il s’agit d’un pas essentiel dans toute théorie physique. Le cas de la mécanique
quantique est sans doute le plus ‡agrant. La théorie de la mesure joue un rôle fondamental dans la
dé…nition de la théorie elle-même. Dans le cas de la mécanique, force, puissance, potentiel on aussi
dû faire l’objet de discussions. Dans le cas de la thermodynamique, nous avons a¤aire à des quantités
…nalement assez abstraites qu’il faut pouvoir relier à des mesures spéci…ques sinon nous n’avons pas
a¤aire à une théorie physique, mais simplement à un exercice mathématique.
Nous traitons aussi dans ce chapitre d’un sujet qui a en fait précédé les mesures de chaleur, celui
des machines thermiques. Alors que dans le cas de l’électricité les études fondamentales ont précédé les
applications industrielles, dans le cas des machines à vapeur c’est l’inverse. La révolution industrielle
amorcée par l’utilisation des machines à vapeur était commencée quand, en 1824, Carnot a compris les
principes régissant leur e¢ cacité. La première pompe à vapeur de Savery date de 1698 et quand Watt
inventa en 1765 la première vraie ”machine à vapeur”, il avait déjà utilisé bien avant l’idée du réservoir
froid dont Carnot allait démontrer la nécessité.1 Il s’agit donc d’un sujet dont l’importance historique
est considérable et qui a …nalement motivé le développement de la thermodynamique. De plus, c’est sur
la base de la relation de Carnot que Kelvin a …nalement proposé son échelle de température absolue,
comme nous l’avons vu à la …n du chapitre précédent.
1 Maury, p.56, 57
Nous commencerons par discuter di¤érentes façons de mesurer l’énergie interne correspondant à
un état macroscopique donné en faisant du travail, ou en laissant le système faire du travail. Comme
l’énergie interne est une fonction d’état, la chaleur absorbée dans un processus donné pourra ensuite
être déduite de la di¤érence d’énergie et du travail fait dans le processus. Nous en viendrons ensuite
à la question plus délicate de dé…nir l’échelle absolue de température et à relier chaleur absorbée et
augmentation de température par le biais des chaleurs spéci…ques.
4.1.1 On peut mesurer l’énergie interne par rapport à une référence en e¤ectuant du travail.2
Le travail macroscopique fait par un système est ce qu’il y a de plus facile à trouver. Nous l’avons
déjà fait plusieurs fois. En e¤et, dans le cas d’un gaz dont le volume change par exemple, on peut
mesurer la pression à l’aide d’instruments qui peuvent mesurer la force et ensuite diviser par la surface.
Le travail fait par le gaz dans un processus quasi-statique est donné par
Z Vf
Wif = p (V; T ) dV (4.1)
Vi
Exemple 61 Pour un gaz parfait dont on change le volume à température constante, p (V; T ) =
N kB T =V et l’intégrale est facile à faire (elle donne un logarithme du volume). En général cepen-
dant, la température peut varier lorqu’on change le volume et il faut en tenir compte. Par exemple,
pour un gaz parfait subissant une compression sans échange de chaleur avec l’environnement (adiaba-
tique) on a que S = kB ln / kB N ln V E 3=2 + cte comme nous avons vu pour le gaz parfait. Donc,
S = cte, implique que V E 3=2 = cte: Or nous avons prouvé que E = 3N kB T =2;ce qui veut dire que
S = cte implique T / V 2=3 durant la compression. Dans ce cas l’intégrale à faire ressemblerait plutôt
RV RV
à Vif p (V; T ) dV / Vif V 5=3 dV:
Remarque 108 Lorsque le nombre de particules N est …xe, il reste deux paramètres thermodynamiques
indépendants pour une substance homogène comme un gaz ou un liquide. Si on choisit volume V et
température T comme indépendants, la pression est déterminée. Dans l’exemple ci-dessus où on fait
un changement adiabatique quasi-statique, l’entropie et le volume sont les variables indépendantes. À
entropie donnée, la température dépend du volume tel qu’indiqué ci-dessus. On peut aussi dire que la
pression dépend du volume comme V 5=3 à entropie …xe.
Dans le cas où le système est thermiquement isolé la di¤ érence d’énergie interne entre deux états
macroscopiques i et f donnés s’obtient à partir de la première loi
Ef Ei = Wif (4.2)
Ici, Wif est le travail fait par le système pour passer de l’état initial i à l’état …nal f: Cette formule
demeure vraie même si le processus n’est pas quasi-statique, en autant qu’il n’y a pas de chaleur
absorbée ou émise. Lorsque le processus n’est pas quasi-statique, il n’y a pas en général de formule
simple permettant de calculer explicitement le travail parce qu’il faut pouvoir calculer les détails de la
dynamique du gaz, un problème beaucoup plus compliqué.
Remarque 109 Dans la dernière équation nous n’avons pas indiqué de valeur moyenne sur l’énergie,
mais il faut se souvenir que lorsque nous parlons de quantités thermodynamiques à l’équilibre, d’un
point de vue statistique nous parlons toujours de valeur moyenne ou de valeur la plus probable.
2 Reif, Sec. 4.1
Ef = Wif (4.3)
Les unités de l’énergie interne sont évidemment le Joule (en S.I.), ou l’erg (en c.g.s.).
Dans l’ensemble microcanonique, l’état d’équilibre est dé…ni par E; V; N et par les champs externes.
Supposons les champs égaux à zéro pour simpli…er. En pratique, ce qu’on connaît plus facilement sur
un système sont les variables T , V et N; plutôt que E; V; N: Nous ne savons pas encore comment
mesurer la température absolue T: Nous avons cependant dé…ni au chapitre précédent les notions de
thermomètre et de paramètre thermométrique . Nous nous proposons donc ici de mesurer E ( ; V; N ) :
Nous nous poserons un peu plus loin la question de relier à T:
Supposons qu’on fasse un travail sur un système à volume et nombre de particules …xe. Son éner-
gie interne augmentera. Intuitivement, on sait qu’un thermomètre indiquerait une augmentation de
température. Continuons cette discussion simplement en donnant des exemples.
Exemple 62 Partant d’un état de référence, on peut, à volume et nombre de particules …xes, aug-
menter l’énergie interne simplement en faisant un travail. Le travail peut par exemple venir d’une roue
à hélice actionnée par un poids qui tombe dans le champ gravitationnel, comme à la …gure Fig.(4-1).
L’augmentation d’énergie interne aura des e¤ ets sur la pression, ou sur d’autres quantités physiques
mesurables, par exemple la hauteur d’une colonne de mercure. Même si on ne connaît pas encore la
relation entre ce “paramètre thermométrique” qu’est la hauteur de la colonne de mercure et la tempéra-
ture absolue, il est possible de trouver la relation entre l’énergie interne et le paramètre thermométrique
en notant le travail nécessaire pour que le paramètre atteigne une certaine valeur: C’est la courbe
E ( ) de la Fig.(4-1) (il y a une dépendance en V et N que nous omettons ici de spéci…er). Évidemment,
l’énergie peut dépendre d’autres choses que mais nous allons supposer que tous les autres paramètres
sont …xes.
Gaz
Poids
Fig. 4-1 Machine pour trouver une relation entre énergie interne et paramètre thermométrique en
faisant du travail.
Exemple 63 On peut considérer aussi une résistance maintenue à pression constante et isolée thermi-
quement. On peut faire du travail en y passant un courant électrique et mesurer son état macroscopique
à l’aide d’un paramètre thermométrique. Ce paramètre peut être la valeur de la résistance elle-même
si celle-ci dépend beaucoup de l’énergie interne. On peut ainsi associer une énergie interne à chaque
valeur du paramètre thermométrique. C’est un exemple analogue au premier.
R
Gaz
+
- p a
c
R
Fig. 4-2 Mesure de l’énergie interne à l’aide à la fois du travail fait par le gaz, pdV et du travail
électrique. Attention, le graphique indique le volume V et non la tension.
le travail fait par le gaz dans cette détente en déplaçant le piston et donc l’énergie interne pour chaque
point. b) Le long du segment bc on peut augmenter la pression en établissant un contact thermique
avec la résistance de l’exemple précédent. On fait alors un travail électrique sur la résistance et pas de
travail mécanique puisque le volume est constant. Le travail qu’on fera sur la résistance, w sera plus
grand que le changement d’énergie interne de la résistance que nous pouvons mesurer grâce à notre
calibration avec notre paramètre thermométrique. La di¤ érence w a été absorbée, sous forme de
chaleur, par le gaz. Nous pouvons donc écrire que
Ec = Ea Wab + (w ) (4.4)
4.1.2 On peut déduire la chaleur absorbée par un système à l’aide de la connaissance de l’énergie interne
initiale, …nale et du travail fait dans le processus. 3
Ayant utilisé les méthodes décrites à la sous-section précédente pour calibrer l’énergie interne d’une
substance, il devient possible de déterminer quelle quantité de chaleur est absorbée dans une interaction
thermique quelconque. L’énergie absorbée par un système pour aller de l’état i à l’état f; dénotée Qif ,
est simplement obtenue à partir de
Qif = Ef Ei = w (4.6)
Dans le cas où la résistance est beaucoup plus petite que le système étudié A, on pourra géné-
ralement négliger . On remarque que le travail électrique w qu’on peut calculer à l’aide de
la tension et du courant a été entièrement échangé entre la résistance et le gaz sous forme de
chaleur.
Comparaisons, ou mélanges Si on connaît l’énergie interne d’un système de référence R en fonction
de paramètres thermométriques, il su¢ t de mettre le système étudié A en contact thermique avec
le système de référence. On a alors
EA + ER = QA + QR = 0 (4.7)
QA = ER (4.8)
En pratique, on peut prendre l’eau comme système de référence et y immerger di¤érents corps.
Ceci est illustré à la Fig.(4-3). Au temps t0 les systèmes ne sont pas en équilibre et de la chaleur
Q
t0 A
Équilibre
passe de l’eau, qui sert de référence R; vers un système A. Lorsque l’équilibre est atteint, les
paramètres thermométriques ne changent plus. On connaît l’énergie perdue par l’eau puisqu’on
a auparavant calibré le paramètre thermométrique comme ci-haut pour que lui soit associé une
énergie interne. En d’autres mots, le changement de température de l’eau peut nous permettre de
trouver son changement d’énergie interne et donc celui du système étudié. On peut maintenant
aussi faire un graphique de l’énergie interne du système A en fonction d’un paramètre thermo-
métrique. En principe, toutes ces expériences doivent se faire à volume constant pour qu’on ait
pas aussi à tenir compte du travail.
La dé…nition suivante de la calorie, une unité maintenant désuète, a été choisie pour correspondre
à la dé…nition historique de la calorie :
La calorie est la chaleur nécessaire pour augmenter d’un degré la température d’un gramme
d’eau de 14:50 C à 15:50 C à une pression d’une atmosphère.
Remarque 110 Notez que la chaleur nécessaire à augmenter la température d’un gramme d’eau pure
de 10 C dépend de la température et de la pression.
4.1.3 On peut établir une échelle de température absolue à partir de relations microscopiques ou macro-
scopiques.4
Nous savons déjà comment construire di¤érents thermomètres à gaz, à alcool, à résistance. L’échelle
de température établie par ces thermomètres est cependant pour le moment quelconque. Il s’agit de la
hauteur de l’alcool ou du mercure dans le tube, de la pression du gaz, de la valeur de la résistance ou
peu importe. Comment relier ces di¤érents paramètres thermométriques à la température absolue ?
La température absolue, écrite en unités d’énergie kB T entre dans toutes les prédictions théoriques
1
et ne comporte aucun arbitraire. Elle est simplement dé…nie par [@ ln (E) =@E] . De plus, la zéro-
tième loi nous dit que si nous trouvons un thermomètre pouvant mesurer la température absolue, alors
tous les autres thermomètres peuvent être calibrés à partir de celui-ci. On peut donc déterminer la
température absolue à partir de deux types d’approches di¤érentes
a. À partir de relations théoriques obtenues de considérations microscopiques et concernant les para-
mètres macroscopiques d’une substance quelconque. Par exemple, l’équation d’état pV = N kB T
est une relation entre l’état macroscopique d’un gaz et sa température absolue. Nous avons aussi
vu comme autre exemple en exercice la relation entre l’aimantation d’un système de spin dans
un champ magnétique et la température absolue.
b. À partir de relations théoriques obtenues de considérations purement macroscopiques. Par exemple,
dans une machine thermique réversible nous verrons plus tard dans ce chapitre que
Q1 T1
= (4.9)
Q2 T2
où Q1 et Q2 sont les chaleurs absorbées par deux réservoirs qui sont respectivement aux tempéra-
tures T1 et T2 . On peut donc mesurer le rapport de températures absolues en mesurant des rap-
ports de chaleur absorbée. C’est sur ces considérations que Kelvin a basé son échelle de tempéra-
ture. De façon plus théorique, si on peut mesurer la chaleur absorbée, on peut trouver la valeur de
Rf Rf
la température T en imposant que Sf Si calculé de la façon suivante Sf Si = i dS = i dQ=T /
soit indépendant du chemin pris pour aller d’un point à l’autre. C’est évidemment une dé…nition
plutôt théorique.
Remarque 111 * Remarquez que cette dernière prescription, pour trouver la température absolue, soit
Rf Rf
Sf Si = i dS = i dQ=T / indépendant du chemin, ne détermine la température absolue qu’à une
constante multiplicative près si on ne connaît pas kB :
4 Reif, Sec. 4.3
dE = T dS pdV (4.10)
Comme dE est une di¤ érentielle exacte, la relation précédente s’écrit aussi
@E @E
dE = dS + dV (4.11)
@S V @V S
@E
T = (4.12)
@S V
@E
p = (4.13)
@V S
@T dT @
= (4.16)
@V S d @V S
Quant au membre de gauche de l’équation (4.15), on peut le faire correspondre à une quantité ayant
un sens physique plus immédiat en remarquant que
(T dS)V = dE = dQ (4.17)
1 @p @p 1 dT @
= = (4.18)
T @S V @Q V T d @V S
Remarque 113 Historiquement c’est Amontons qui a remarqué qu’en extrapolant p ! 0 pour le
gaz parfait on pouvait empiriquement déduire l’existence d’une température minimale (la temperature
absolue nulle).
Fig. 4-4 Véri…cation de la loi de Boyle-Mariotte. Le tube B à droite est ouvert et subit la pression
atmosphérique, alors que le tube A de gauche est fermé. Le gaz du tube A peut être soumis à di¤érentes
pressions en mettant le tube B plus haut ou plus bas que le tube A. Le changement de volume est facile à
mesurer en lisant la di¤érence de hauteur indiquée sur la règle.
Pour véri…er si nous sommes vraiment dans la limite des gaz parfaits, il su¢ t de
– Répéter l’expérience avec di¤érents gaz.
– Pour chaque gaz, le rendre de moins en moins dense, en utilisant par exemple un volume de plus
en plus grand pour une quantité de gaz donnée, de telle sorte que le rapport pi =pf devienne
indépendant de la densité du gaz.
Comme cette méthode, ou n’importe quelle autre méthode basée sur une équation d’état, ne peut
mesurer que le rapport des températures, ou la valeur de kB T (Voir le problème du chapitre 3 sur la
“Thermodynamique d’un système de spins”) et jamais T séparément, il faut choisir arbitrairement la
valeur de la température pour un seul cas de référence. Toutes les autres températures peuvent alors être
reliées à cette température à l’aide du thermomètre à gaz. Pour les basses températures, les systèmes
6 Brevet élémentaire Fig. 64.
7 Perras, Fig. 327, p.314
G
h1 VG = cte
T1
T1 p1 h1
= =
T2 p2 h2
G
h2
T2
Fig. 4-6 Thermomètre à volume constant de Amontons servant à mesurer le rapport des températures
absolues. Le rapport des températures absolu est égal au rapport des hauteur de colonnes de mercure.
Dé…nition 66 L’eau pure à son point triple est à une température absolue égale à Tt = 273:16 K exactement.
Le K est le symbole pour le Kelvin. (Il est recommandé de parler de Kelvin seulement, pas de “degré
Kelvin”).
Qu’est-ce que le point triple. C’est le point où vapeur d’eau, gaz et glace coexistent. On peut véri…er
expérimentalement qu’un changement de pression ou de température nous amène nécessairement dans
un état où les trois phases de l’eau ne coexistent pas. Cette dé…nition a l’avantage d’être facilement
reproductible et de coïncider avec les plus vieilles dé…nitions.
Remarque 114 En pratique, on peut construire la référence de la façon suivante. On met dans un
contenant de verre de l’eau pure uniquement, sans air ou autre gaz tel qu’illustré très shématiquement
à la …gure (4-7). À la température ambiante, l’eau condensera pour être en équilibre avec sa vapeur.
Thermomètre à calibrer
Vapeur d’eau
Glace
Eau liquide
Couche d’eau liquide
Fig. 4-7 Calibration d’un thermomètre au point triple de l’eau.
On refroidit le contenant, fait pour recevoir le thermomètre à calibrer, en le mettant en contact avec
une source froide jusqu’à ce que de la glace commence à apparaître. On le laisse ensuite atteindre
l’équilibre thermique. Peu importe la quantité relative de glace, vapeur et liquide, si les trois phases
coexistent, elles sont au point triple et la température prend la valeur dé…nie ci-dessus. On calibre alors
le thermomètre en assignant la valeur Tt = 273:16 K au paramètre thermométrique qu’il indique. Nous
reviendrons sur la coexistence de phase au chapitre huit. Dans un diagramme de phase, le point triple
de l’eau a les coordonnées indiquées à la Fig.(4-8). Notez aussi que le fait qu’il y ait une chaleur latente
pour les trois phases au point triple veut dire que même si le système n’est pas parfaitement isolé et
absorbe un peu de chaleur, il reste au point triple tant que la glace n’a pas complètement fondu. C’est
une méthode “stable” et reproductible pour dé…nir l’échelle Kelvin.
L’échelle de température absolue étant …xée, la valeur de kB doit être mesurée puisque kB T a des
unités d’énergie et que ces unités sont déjà …xées. Un exemple de quantité impliquant kB T est l’écart
type de la distance parcourue dans un mouvement Brownien. Si on réussit à mesurer kB de cette
manière ou d’une autre, on obtient …nalement pour la valeur (National Institute of Standards (NIST)
2006 http ://physics.nist.gov/cuu/Constants/index.html) de la constante de Boltzmann
23
kB = 1:380 650 4(24) 10 J=K : (4.21)
Dans le nouveau système SI, c’est la constante de Boltzman qui est dé…nie et la température du
point triple de l’eau qui est maintenant incertain. Ainsi, depuis le 16 novembre 2018,
23 1
kB = 1:380 649 10 JK :
Remarque 115 Les chi¤ res entre parenthèse correspondent à l’erreur sur les derniers chi¤ res lors-
qu’on regarde à plus ou moins un écart type de la valeur moyenne citée. (Entre parenthèses à la …n on
cite l’erreur relative, en parties par million) Nous adopterons cette convention dans tout ce qui suit.
Toutes les valeurs sont celles de la mise à jour des constantes physiques, datant de 2006.
Remarque 116 La loi des gaz parfaits à elle seule ne permet pas de trouver empiriquement la valeur
de kB puisque c’est le produit de kB avec le nombre d’Avogadro Na qui entre dans cette loi. En pratique,
historiquement, on mesurait la valeur de la constante des gaz, R; en mesurant p; V; T; où est le
nombre de moles du gaz dont on mesure la pression et le volume à une température donnée. (Une dé…-
nition (ancienne) de la mole, nous dit que c’est la quantité de molécules contenue dans 22:414 10(19)L
de gaz à pression ambiante (101:325 kP ) et à la température de congélation de l’eau pure (273:15 K)).
Ces mesures permettent d’obtenir la constante (molaire) des gaz parfaits de la façon suivante
pV
R= (4.22)
T
On obtient ainsi par l’expérience (NIST 2006)
Historiquement, au début du siècle, R était connu, mais ni le nombre d’Avogadro ni, évidemment, kB
ne l’étaient. Comme l’existence des molécules n’était pas encore prouvée, c’est le nombre d’Avogadro
que beaucoup de personnes convaincues de la théorie atomique cherchaient à mesurer. Les méthodes
proposées, par exemple par Einstein, pour trouver le nombre d’Avogadro consistent à faire des mesures
de quantités impliquant kB (e.g. mouvement Brownien) puis de déduire le nombre d’Avogadro à l’aide
de la valeur expérimentale de R: La valeur moderne du nombre d’Avogadro (NIST 2006) est donnée
par
Na = 6:022 141 79(30) 1023 molecules=mole (4.24)
Remarque 117 La pression ambiante est dé…nie comme (101:325 kP ) ou une atmosphère: L’“atmosphère”
n’est pas une unité reconnue en S.I.. Le “bar” vaut 100kP; donc à peu près une atmosphère. Le torr
est une autre unité de pression qui correspond à une hauteur de 1mm de mercure dans l’appareil de
Torricelli.(Voir la section d’histoire Sec. 4.4.1).
Comme kB T est une mesure approximative de l’energie par degré de liberté, notons aussi qu’une
énergie de un électron volt (1eV ) correspond à environ 1:602 10 19 J et donc à une température
Remarque 118 Dans le système international d’unités (S.I.) les mot “degré” et le symbole 0 sont
omis lorsqu’on parle de Kelvin. Ainsi, on devrait écrire 300 K ou trois cents Kelvin. Par contre, on
garde le symbole 0 pour les degrés Celsius et dans ce cas on ne laisse pas d’espace entre le chi¤ re et le
symbol 220 C :
4.1.4 La capacité calori…que ou la chaleur spéci…que sont des propriétés macroscopiques mesurables qui
caractérisent la chaleur absorbée par un système en contact thermique lorsque la température absolue
est modi…ée.8
Une quantité thermodynamique qui a joué un rôle historique fondamental et qui continue d’être
essentielle dans les mesures thermodynamiques est la capacité calori…que. La capacité calori…que (aussi
appelée capacité thermique) est simplement reliée à la chaleur que doit absorber un corps pour que sa
température absolue augmente. Pour être plus précis, on dé…nit
dQ
/
Cy (4.27)
dT y
Le paramètre y représente l’ensemble des quantités qui sont maintenues constantes lors de l’addition
de chaleur dans le système.
La capacité calori…que dépend des paramètres externes maintenus constants lors de l’addition de
chaleur. Par exemple, on comprend bien que si on maintient le volume constant pour un gaz lorsque
la chaleur est absorbée, alors dQ
/ = dE. Par contre, on pourrait maintenir la pression constante et
laisser le volume varier en mettant le gaz dans un cylindre à piston libre de se déplacer. Dans ce cas,
le volume varie pendant qu’on met de la chaleur de telle sorte qu’une partie de l’énergie va en travail.
Plus précisément, dans le cas quasi-statique dQ
/ = dE + pdV . Pour une quantité de chaleur …xe dQ, / on
aura donc que l’énergie interne changera moins dans le dernier cas que dans le premier, ce qui veut dire
aussi que la température augmentera moins. On a donc établi physiquement, par ces considérations
très générales, que pour un gaz,
Cp > CV (4.28)
Il est clair que la capacité calori…que d’un système macroscopique est simplement proportionnelle
à sa taille. En e¤et, si le système est deux fois plus gros, cela prendra deux fois plus d’énergie pour
8 Reif, Sec. 4.4
1 1
où m est la masse du système. Les unités de cette quantité seront JK kg :
Remarque 119 La “chaleur spéci…que” est en un certain sens la “capacité calori…que spéci…que”, ou
normalisée. En pratique on utilise toujours le terme “chaleur spéci…que”.
Dans le cas où tous les paramètres externes pouvant permettre au système de faire du travail sont
maintenus constants, la chaleur spéci…que est directement reliée à l’énergie interne. Dans le cas d’un
gaz par exemple
@E @S
CV = =T (4.31)
@T V @T V
Dans le cas d’un processus quasi-statique quelconque, dQ
/ = T dS, on a que
@S
Cy = T (4.32)
@T y
Cependant
@E
Cy 6= (4.33)
@T y
à moins que les paramètres y gardés constants soient tels que le système ne puisse pas faire de travail.
Dans notre exemple de ci-dessus, si le volume est maintenu constant alors le changement d’énergie
interne par unité de température est relié directement à la capacité calori…que, mais si la pression
est maintenue constante, alors ce n’est pas le cas parce que le système peut faire du travail aussi en
absorbant de la chaleur : dQ
/ = dE + dW:/
Nous avons déjà mentionné la méthode des mélanges pour mesurer la quantité de chaleur absorbée
par un système. Historiquement, c’est l’eau qui était le point de référence le plus utile. Retournant à la
dé…nition de la calorie donnée plus haut, on voit que la chaleur spéci…que de l’eau est donc d’environ
une calorie par gramme par degré.
Exercice 4.1.1 Estimez l’énergie que vous devez dépenser pour monter deux étages. Sachant qu’un
régime alimentaire normal correspond à quelques milliers de calories alimentaires par jour, trouvez si
la calorie et la calorie alimentaire sont deux unités d’énergie identiques.
Exemple 67 On peut utiliser notre connaissance de la chaleur spéci…que des substances pour prédire le
changement de température qui se produira lorsque ces substances seront mises en contact. À l’inverse,
on peut utiliser ces changements de température pour déterminer les chaleurs spéci…ques. En e¤ et, pour
un échange de chaleur quasi-statique in…nitésimal entre deux substances A et B par la méthode des
mélanges, on a
dQ
/ A + dQ
/ B =0 (4.34)
Supposons qu’on connaisse la chaleur spéci…que de la substance A. Nous supposons qu’il s’agit d’une des
chaleurs spéci…ques mentionnées ci-haut sans écrire d’indice pour simpli…er la notation. En mesurant
la di¤ érence de température, on peut mesurer la chaleur absorbée par A puisque nous pouvons écrire,
en utilisant la dé…nition de la capacité calori…que,
/ A = C A dT A
dQ (4.35)
Évidemment, on attend normalement que l’équilibre soit atteint, ce qui veut dire que TfA = TfB .
Exemple 68 Dans le cas où les chaleurs spéci…ques sont indépendantes de la température, le résultat
du premier exemple peut s’appliquer à de grands écarts de température. Si on suppose les chaleurs
spéci…ques connues, on peut trouver la température …nale étant donné les températures initiales et les
quantités de substances A et B impliquées
c0B mB TiB + c0A mA TiA
Tf = (4.40)
c0B mB + c0A mA
Exemple 69 Lorsque les chaleurs spéci…ques dépendent de la température, il faut procéder par inté-
gration. Par exemple QA + QB = 0 devient
Z TfA Z TfB
mA c0A (T ) dT + mB c0B (T ) dT = 0 (4.41)
TiA TiB
Le processus d’équilibration lui-même dans ce cas-ci n’a pas besoin d’être quasi-statique si le volume est
maintenu constant puisque, alors, la chaleur absorbée est égale à l’énergie interne qui est une fonction
d’état.
4.2 Entropie
Nous savons déjà que l’entropie est une fonction d’état. En d’autres mots, comme nous l’avons déjà
discuté au chapitre trois, l’entropie peut être obtenue de l’expression
Z f
6 dQ
Sf Si = (4.42)
i T
eq
en faisant l’intégrale sur un parcours quasi-statique, c’est-à-dire un parcours où nous procédons su¢ -
samment lentement pour que le système soit toujours arbitrairement près de l’équilibre. Sur ce parcours
il est en général nécessaire de faire
a) un travail, par exemple en changeant le volume d’un piston, ou/et
b) de mettre en contact le système avec di¤érents réservoirs de chaleur à des températures
très près de la température de notre système.
Ainsi, partout sur le parcours la température est bien dé…nie, et dQ / peut être mesurée sans am-
biguïté. Dans ce qui suit, nous verrons comment cela se fait en pratique et comment on peut tirer
pro…t de la troisième loi pour extraire des conséquences intéressantes sur les chaleurs latentes ou les
comportements basse-température de la chaleur spéci…que.
Supposons qu’un gaz soit maintenu à volume constant pendant que je change sa température. On
sait d’après notre dé…nition de la capacité calori…que que pour un processus quasi-statique
6 dQ = CV (T ) dT (4.43)
En substituant ce résultat dans la formule générale Éq.(4.42) reliant entropie et chaleur absorbée, on
peut calculer le changement d’entropie
Z Tf
CV (T )
Sf Si = dT (4.44)
Ti T
eq
Ce résultat nous montre donc comment relier une mesure purement macroscopique, soit celle de la
chaleur spéci…que, à une quantité fondamentale, l’entropie, qui ne dépend que de la nature des niveaux
d’énergie d’un système. Ces niveaux d’énergie peuvent être calculés, ou obtenus d’autres mesures comme
des mesures spectroscopiques.
Exemple 70 Retournons à l’exemple discuté dans la section précédente, soit celui de deux systèmes
initialement à des températures di¤ érentes et mis en contact thermique. Le processus n’est pas néces-
sairement quasi-statique puisque la chaleur peut être échangée rapidement. Comme l’entropie est une
fonction d’état, il est cependant tout à fait correct de calculer le changement d’entropie à l’aide des
chaleurs spéci…ques de la façon suivante
Z TfA
mA c0A (T )
SA = dT (4.45)
TiA T
Dans cette formule, on imagine qu’on se déplace d’un réservoir de chaleur à l’autre pour absorber ou
émettre la chaleur et que chaque réservoir de chaleur a une température seulement in…nitésimalement
plus basse ou plus haute que la température à laquelle se trouve le système (plus basse ou plus haute
selon que la chaleur est prise du système ou donnée au système. Voir aussi la remarque “Transfert de
chaleur réversible” ci-dessous). Dans le cas particulier où la chaleur spéci…que peut être approximée par
une constante sur l’intervalle de température qui nous intéresse, on peut faire les calculs facilement.
Entre autres, on peut véri…er qu’il y a augmentation d’entropie dans le processus d’atteinte d’équilibre
thermique lorsque les températures de départ sont di¤ érentes. Allons-y pour le calcul. Le changement
d’entropie s’obtient en faisant l’intégrale pour chaque substance de la température initiale jusqu’à la
température …nale commune, ce qui nous donne, dans le cas où c0A et c0B sont indépendants de la
température,
Tf Tf
SA + SB = mA c0A ln A
+ mB c0B ln (4.46)
Ti TiB
Or, nous avons l’inégalité mathématique suivante
1
ln y 1 (4.47)
y
où le signe d’égalité n’est valable que pour y = 1. La preuve sera faite ci-dessous. On continue le
problème qui nous intéresse en lui appliquant ladite inégalité ce qui donne
TiA TiB
SA + SB mA c0A 1 + mB c0B 1 (4.48)
Tf Tf
9 Reif, Sec. 4.5
ENTROPIE 159
Or, le membre de droite peut se réécrire (cf aussi Éq.(4.38))
1 1
mA c0A Tf TiA + mB c0B Tf TiB = (QA + QB ) (4.49)
Tf Tf
= 0 (4.50)
Dans la deuxième ligne, nous avons utilisé le fait que dT est in…nitésimal pour faire le développement
du logarithme et dans la dernière ligne, nous avons utilisé la conservation de l’énergie, c’est-à-dire le
fait que la chaleur absorbée par le réservoir, QR est égale en grandeur et de signe opposé à la chaleur
absorbée par le système A; soit mA c0A dT: En conclusion, on observe qu’en mettant un système en
contact avec un réservoir de chaleur dont la température ne di¤ ère que de façon in…nitésimale de la
température du système, on peut faire un transfert de chaleur de façon réversible. (Ceci est discuté
aussi etre autres dans le problème, (4.6.7)). Cela est utilisé entre autres dans le cycle de Carnot que
nous verrons plus loin dans ce chapitre. Notez que si la chaleur spéci…que dépend de la température, on
peut généraliser la preuve en faisant un développement en série de Taylor de la chaleur spéci…que.
1
Preuve de l’inégalité : ln y 1 y: Soit
La preuve se fait en montrant que la fonction a un seul minimum situé à y = 1. Calculons donc
la dérivée
df (y) 1 1
= =0 (4.56)
dy y y2
Il y a trois solutions à cette équation, y = 1 et y = 1. Or,
d2 f (y) 1 2
= + 3 (4.57)
dy 2 y2 y
2
d f (y)
= 1 (4.58)
dy 2 y=1
d2 f (y)
= 0 (4.59)
dy 2 y= 1
4.2.2 Comme l’entropie tend vers une constante indépendante des paramètre externes à T = 0; on en
déduit entre autres que la chaleur spéci…que s’annule à T = 0: Comme l’entropie est maximale à
l’équilibre, la chaleur spéci…que est positive. 10
La troisième loi de la thermodynamique nous dit que l’entropie à température nulle atteint une
limite indépendante des paramètres externes du système. De plus cette limite est presque toujours
égale à zéro, c’est-à-dire que le niveau d’énergie fondamental est généralement unique. On peut utiliser
ce résultat pour extraire des conséquences physiquement intéressantes. Par exemple, l’énoncé suivant
La chaleur spéci…que de toutes les substances macroscopiques s’annule lorsque la tempéra-
ture approche le zéro absolu.
Preuve : La preuve de cet énoncé est très simple. On sait déjà de ci-dessus que
Z Tf
CV (T )
Sf Si = dT (4.61)
Ti T
eq
donc, pour que l’entropie prenne une valeur …nie lorsque Tf = 0 ou Ti = 0, il faut que l’intégrale
converge, ce qui n’est possible que lorsque, par exemple,
Autrement dit, la chaleur spéci…que doit absolument s’annuler lorsque la température tend vers
le zéro absolu autrement il y a divergence de l’intégrale qui nous donne l’entropie. C.Q.F.D.
Remarque 121 L’inaccessibilité du zéro absolu est une conséquence pratique de l’annulation des cha-
leurs spéci…ques lorsque la température tend vers zéro. En e¤ et, en se souvenant de la dé…nition de
la chaleur spéci…que sous la forme CV (T ) = (@Q=@T
/ )V on voit que CV (0) = 0 veut aussi dire qu’un
changement de température in…nitésimal à T = 0 peut se produire sans qu’il y ait de chaleur absorbée.
Ou encore, une absorption in…nitésimale de chaleur produit un grand changement de température ! Ces
résultats se comprennent bien en écrivant (@Q=@T
/ )V comme un rapport de di¤ érences …nies.
Remarque 122 On atteint avec des moyens cryogéniques relativement standards des températures de
l’ordre du millikelvin. À Sherbrooke par exemple, des températures de 30mK sont souvent utilisées dans
les laboratoires des professeurs Michel Pioro-Ladrière, Bertrand Reulet et Louis Taillefer. Les records de
températures les plus basses qu’on puisse atteindre aujourd’hui sont de l’ordre de la dizaine de nanokel-
vins mais les moyens utilisés court-circuitent complètement les moyens de réfrigération standard. Ces
températures ne sont possibles que grâce à des appareils qui ont commencé à être développés au milieu
des années 1980.11 En gros, on met les atomes dans des pièges où ils sont ralentis un par un par des
faisceaux laser qui forment une “mélasse optique”. L’idée fondamentale est d’utiliser des laser accordés
à des fréquences très précises très près d’une transition quantique permise de l’atome. Si l’atome se
déplace, l’e¤ et Doppler place la transition exactement à la fréquence laser et l’atome absorbe des pho-
tons, ce qui le fait reculer. La seule façon pour lui de ne pas absorber de photons est d’être tranquille
et de ne pas bouger ! Ceci est illustré à la …gure (4-9). L’invention de cette méthode et de nombreux
ra¢ nements nécessaires pour piéger et refroidir des atomes a été récompensée par le prix Nobel de
physique 1997 (http ://www.us.nobel.se/announcement-97/physics97.html). Les récipiendaires ont été
deux américains et un français, Steven Chu, Claude Cohen-Tannoudji et William D. Phillips.
1 0 Reif,
Sec. 4.6
1 1 Pourune lecture facile sur le sujet, voir l’article de Claude Cohen-Tannoudji dans Science et Vie, Vol. 192, p.126
(Sept. 1995).
ENTROPIE 161
Fig. 4-9 Piège magnéto-optique pour refroidir des atomes (tiré de Science et Vie, Sept. 1995, p.131).
L’enceinte est en verre (1). Les atomes sont soumis à l’action de faisceaux laser (2) qui se croisent au centre
et qui ralentissent les atomes en leur faisant absorber des photons lorsqu’ils ne sont pas au repos. Deux
bobines de …l (3) parcourues par des courants oposés créent un champ magnétique inhomogène qui est nul
au centre de la cellule et augmente lorsqu’on s’en éloigne. L’ensemble des forces concentre les atomes (4)
au centre de la cellule (5).
Fig. 4-10 Les bosons peuvent tous occuper le même niveau d’énergie. On a condensation de Bose-
Einstein lorsqu’une quantité macroscopique de bosons occupe le niveau fondamental. Les fermions par
contre obéissent au principe d’exclusion de Pauli et ne peuvent se retrouver dans le même état.
Remarque 123 * Les constituants de base de la matière peuvent être classés en deux catégories, les
fermions, de spin demi-entier, et les bosons, de spin entier (Figure (4-10)). Les bosons peuvent occuper
tous le même niveau d’énergie, mais le principe de Pauli interdit aux fermions de se retrouver dans le
même état. Lorsqu’un gaz est su¢ samment refroidi, les e¤ ets quantiques deviennent importants. Grâce
à des dispositifs de refroidissement du type décrit ci-dessus, on a pu refroidir des gaz d’atomes à des
températures telles que les e¤ ets quantiques deviennent importants. Ainsi, pour des atomes 87 Rb; qui
sont de type boson, on a pu observer en 1995 la “Condensation de Bose-Einstein”12 , un phénomène
qui donne lieu à la super‡uidité de l’hélium et dont la présence dans les gaz de bosons avait été prévue
par Einstein en 1925. En 1999 13 c’est un gaz de 40 K, où les atomes sont de type fermion, qu’on a
pu refroidir su¢ samment pour observer la formation d’une surface de Fermi, tel qu’illustré à la …gure
(4-11). Il est à noter que les gaz dont on parle ici sont extrêmement dilués, en fait ils sont environ
10 5 fois moins dense que l’air. Et l’air est environ 10 5 moins dense qu’un solide !
1 2 Pour la découverte, voir Anderson et al. Science, 269, 198 (1995). Aussi, D. S. Jin, J. R. Ensher, M. R. Matthews,
C. E. Wieman, et E. A. Cornell, Phys. Rev. Lett. 77, 420 (1996), contient des développements récents sur ce problème.
1 3 Une description simple apparaît à l’adresse http ://www.aip.org/physnews/graphics/html/fermi.htm. La découverte
est par B. DeMarco et D.S. Jin dans le numéro du 10 Septembre 1999 de la revue Science.
La mécanique classique prédit des chaleurs spéci…ques qui peuvent être constantes jusqu’à T = 0.
Par exemple, pour le gaz parfait, CV = @E=@T = @ 23 N kB T =@T = 23 N kB : Ce résultat n’est qu’une
autre façon de dire que la mécanique classique ne connaît rien de la troisième loi. L’existence d’un
état fondamental est une conséquence de la mécanique quantique. La discussion sur les bosons et les
fermions qu’on peut retrouver ci-dessus montre ce qui arrive à un gaz parfait lorsqu’on le refroidit
su¢ samment. Il ne se comporte plus du tout comme un gaz parfait classique. Il condense dans un seul
état quantique s’il est fait de bosons et il forme une “mer de Fermi” s’il est fait de fermions. Les gaz
parfaits quantiques seront plus amplement discutés à la session prochaine.
Une autre conséquence de nos connaissances microscopiques sur l’entropie est la suivante. Nous
avons déjà prouvé que l’entropie prise comme fonction de l’énergie à volume constant devait être
maximale. De ceci, nous avons déduit que
@T
>0 (4.63)
@E V
ou
@E
>0
@T V
Utilisant la première loi, nous pouvons réécrire cette dernière inégalité sous la forme
CV > 0 (4.64)
Comme Cp > CV , nous avons que toutes les chaleurs spéci…ques sont positives. Nous reviendrons au
chapitre cinq sur ce type d’inégalités qui sont des conséquences de ce qu’on appelle généralement la
stabilité thermodynamique, c’est-à-dire la condition que l’entropie d’un système microcanonique doit
être maximale à l’équilibre lorsque prise comme fonction de paramètres macroscopiques qui peuvent
‡uctuer.
Nous terminons avec deux exemples d’application de la dé…nition absolue de l’entropie
Exemple 71 Considérons un amas de N spins pouvant prendre la valeur 1. Dans l’état fondamental,
tous les spins sont alignés pour minimiser leur énergie dans le champ magnétique ambiant. Il n’y a
donc qu’un seul état et
S (T = 0) = kB ln (1) = 0 (4.65)
Par contre, à température in…nie chaque spin peut prendre une orientation quelconque. On a donc,
(T = 1) = 2N et
S (T = 1) = kB ln 2N = N kB ln 2 (4.66)
ENTROPIE 163
Ceci veut dire que Z 1
C (T 0 ) 0
dT = N kB ln 2 (4.67)
0 T0
Ce résultat est valable quelle que soit la dépendance en température de la chaleur spéci…que. Il se peut
aussi qu’il y ait des interactions dans le système qui donnent des états ferromagnétiques, ou di¤ érentes
phases magnétiques. Dans tous les cas, la formule ci-dessus s’applique.
Exemple 72 Considérons un système formé de molécules de P bS qui sont formées de deux atomes, le
plomb et le sou¤ re. On considère ensuite un autre système formé du même nombre d’atomes de plomb
et du même nombre d’atomes de sou¤ re, mais tenus à l’écart dans des contenants séparés. L’entropie de
ces deux systèmes à température nulle est égale puisque dans les deux cas elle s’annule. En pratique, on
atteint des températures très basses où la seule entropie qui reste est celle associée aux spins nucléaires,
qu’on peut considérer comme indépendants. Comme ceux-ci sont les mêmes dans les deux systèmes
considérés, on peut encore dire que l’entropie de ces deux systèmes est identique à la température la
plus basse qu’il est possible d’atteindre en laboratoire
S (P bS) (T ! 0) = S (P b+S) (T ! 0) (4.68)
Si on connaît les chaleurs spéci…ques de ces deux systèmes, on peut donc prédire des choses sur les pro-
cessus quasi-statiques nécessaires pour transformer des molécules de P bS à une température donnée en
deux systèmes d’atomes P b et S séparés. En e¤ et, puisque les valeurs de l’entropie à basse température
sont identiques, on peut écrire
Z T (P bS) 0
C (T ) 0
S (P bS) (T ) S (P b+S) (T ) = 0
dT (4.69)
0 T
Z T
C (P b) (T 0 ) C (S) (T 0 )
+ dT 0
0 T0 T0
Pour faire la transformation de P bS à P b et S séparés, on procède comme suit : a) Chau¤ er le P bS
lentement pour le vaporiser en molécules puis pour que les molécules se dissocient en atomes de P b et
S séparés. b) Passer les gaz dans des membranes semi-perméables qui permettent la séparation de P b
et de S dans des partitions di¤ érentes, ce qui nécessite un travail et de la dissipation. Ce processus se
fait de la façon indiquée sur la …gure (4-12). c) Refroidir les atomes pour retourner à la température
A A A
Poussée B B
A Poussée
B
B B A
A A
B A B
B
A B
A
B
A B
A B
A A B B
A A B
B
Remarque 124 Dans un processus irréversible, l’entropie n’est pas toujours associée à l’échange de
chaleur. C’est clair dans le cas qu’on peut illustrer par la dernière …gure. Supposons que les deux
gaz séparés aient la même température, la même pression, la même énergie moyenne. Si on enlève la
membrane les séparant, les deux gaz se mélangent à énergie constante. Pour des gaz parfaits, il n’y a
pas de changement de température ou d’échange d’énergie moyenne entre les gaz. Néanmoins, l’entropie
du système a maintenant augmenté. On dit qu’il y a une entropie de mélange. Il su¢ t de compter les
états accessibles pour s’en convaincre. Pour mesurer la di¤ érence d’entropie entre l’état initial et l’état
…nal, on peut utiliser un processus quasi-statique pour retourner à l’état initial : En appuyant sur les
membranes perméables à l’une ou l’autre des molécules seulement, on fait un travail. Pour éviter que
la température augmente à cause du travail qu’on fait sur les gaz, on met le système en contact avec un
réservoir de chaleur à une température in…nitésimalement plus basse. Ce dernier échange de chaleur
étant réversible, l’entropie totale de l’univers ne change pas, mais évidemment il y a de la chaleur qui
passe du système au réservoir, correspondant à un changement d’entropie S = Q=T pour le réservoir.
L’entropie du réservoir a augmenté et donc celle de l’état initial mélangé était plus élevée que celle de
l’état …nal où les gaz sont séparés.
14
On remarque qu’il y a deux types de paramètres qui spéci…ent l’état macroscopique d’un système.
Supposons qu’on sépare un système macroscopique en deux parties à l’aide d’une partition. Si y est
un paramètre macroscopique pour le système global et y1 et y2 sont les valeurs correspondantes pour
chacun des sous-systèmes après leur division par une partition, alors il y a deux possibilités
1. Paramètre extensif : Si y est un paramètre extensif, alors
y = y1 + y2 (4.70)
Par exemple, l’énergie totale d’un système est la somme des énergies des sous-systèmes. Comme
nous l’avons discuté précédemment, ceci néglige la partie de l’énergie qui est une énergie associée
aux interactions à la paroi, énergie qui est négligeable dans la limite thermodynamique. L’entropie
est aussi une quantité extensive puisque nous savons déjà que du point de vue microscopique elle
est proportionnelle au nombre de degrés de liberté d’un système. Le volume et le nombre de
particules sont aussi des quantités trivialement extensives !
2. Paramètre intensif : Si y est un paramètre intensif, alors
y = y1 = y2 (4.71)
C’est un énoncé surprenant mais possible. Nous connaissons déjà des paramètres intensifs. La
température, la pression et le potentiel chimique sont des exemples de paramètres intensifs.
Ces quantités sont des propriétés “émergentes” comme nous avons discuté. Elle viennent de
considérations macroscopiques sur l’équilibre thermodynamique. Le champ magnétique ou le
champ gravitationnel sont d’autres exemples de quantités intensives.
1 4 Reif, Sec. 4.7
Remarque 125 Pour ceux et celles qui ont fait de la mécanique avancée, souvenez-vous que lorsqu’on
dé…ni l’impulsion par la relation p = @L=@ q;
_ où L est le Lagrangien et q_ la vitesse, on dit aussi que p
et q_ sont des variables conjuguées.
En guise d’introduction aux machines thermiques, citons une partie de celle que Carnot a rédigé en
1824 pour son livre Ré‡exions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer
cette puissance.15
Malgré les travaux de tous genres entrepris sur les machines à feu, malgré l’état satisfai-
sant où elles sont aujourd’hui parvenues, leur théorie est fort peu avancée, et les essais
d’amélioration tentés sur elles sont encore dirigés presque au hasard.
L’on a souvent agité la question de savoir si la puissance motrice de la chaleur est limitée,
ou si elle est sans bornes ; si les perfectionnements possibles des machines à feu ont un terme
assignable, terme que la nature des choses empêche de dépasser par quelque moyen que ce
soit, ou si au contraire ces perfectionnements sont susceptibles d’une extension indé…nie.
L’on a aussi cherché longtemps, et l’on cherche encore aujourd’hui s’il n’existerait pas des
agents préférables à la vapeur d’eau pour développer la puissance motrice du feu ; si l’air
1 5 Maury, p.72
C’est l’étude de la pression atmosphérique qui permet la mise au point des premières machines16 .
Pascal avait prouvé l’existence de la pression atmosphérique à l’aide du “tube de Torricelli”. Ce dernier
avait démontré17 qu’un tube de mercure renversé dans un récipient de mercure se maintenait à 76cm
de hauteur environ. Pascal eut l’idée en 1648 de mesurer la hauteur de la colonne de mercure en
bas d’une montagne, le Puy-de-Dôme à Clermont-Ferrant, puis en haut. Si la colonne de mercure se
tient à sa hauteur de 76cm à cause du “poids de l’air”, alors la hauteur du mercure dans le tube de
Torricelli devait être moindre en haut de la montagne. L’e¤et était tellement grand, 71:1cm en bas
de la montagne et 62:6cm en haut, qu’il put répéter l’expérience en haut de la tour Saint-Jacques à
Paris et publier un texte triomphant dénonçant l’idée de “l’horreur du vide” qui expliquait jusque là
le fonctionnement des pompes. Pascal avait mis en évidence non seulement la pression atmosphérique,
mais aussi l’importance des forces qu’elle pouvait exercer.
Les “hémisphères de Magdeburg” sont un exemple de démonstration spectaculaire de la pression
atmosphérique. Guericke, bourgmestre de Magdeburg, eut l’idée de faire le vide dans deux hémisphères
de cuivre d’environ un mètre. Il était très …er de faire des démonstrations où l’on voyait deux attelages
de huit chevaux incapables de séparer les hémisphères. Évidemment, l’idée vient de mettre à pro…t
cette force considérable. C’est ainsi que pendant cent ans, jusqu’à Watt, vont se succéder les “machines
atmosphériques”.
Un des premiers pionniers est Papin,18 un médecin qui abandonne la médecine pour se consacrer
à la physique. Il devient entre autre assistant de Boyle. Il invente le “presto” et la soupape pour la
vapeur qu’on utilise encore aujourd’hui et qui orna les chaudières de toutes les machines à vapeur. En
1690 il publie dans les Actes des Érudits de Leipzig sa Nouvelle méthode pour obtenir à bas prix des
forces considérables. Il s’agit d’un tube en cuivre chapeauté d’un piston à l’intérieur duquel se trouve
de l’eau. On approche du feu, ce qui fait bouillir l’eau et remonter le piston jusqu’à un cliquet en haut
du cylindre. On éloigne alors le feu. Le cylindre se refroidit donc et la vapeur se condense, créant un
vide. On enlève le cliquet, et voilà ! La pression atmosphérique enfonce le piston avec une force qu’un
système de roue dentée et de crémaillère peut utiliser. Cette machine est représentée shématiquement
1 6 Maury, p.50
1 7 Maury, p.30
1 8 Maurey, p.52
à la Fig.(4-13)19 .
La faiblesse du système de Papin est claire. Il est très lent. Un britannique, Savery, qui se défend
d’avoir jamais entendu paler de l’invention de Papin, construit, sur un principe analogue, une pompe
pour vider l’eau qui s’accumule dans le fond des mines. Il accélère le processus de refroidissement
en arrosant le cylindre. Savery est un ancien marin, devenu mineur. C’est ainsi que les machines à
vapeur passent des mains des savants à celui des artisans. Thomas Newcomen, un serrurier passionné
de science, applique les idées de Savery à la fabrication d’un vrai moteur. Il doit cependant s’allier à
Savery qui détient le brevet de l’arrosage forcé. C’est en 1711 que ce moteur entre pour la première
fois en service près de Birmingham. Quelques jours plus tard, une fuite de l’eau de refroidissement
dans le cylindre permet de découvrir accidentellement qu’il est préférable de faire entrer de l’eau de
refroidissement directement dans le moteur plutôt que d’arroser l’extérieur. Cette machine demeura en
fonction pendant cinquante ans. La …gure (4-14)20 en illustre le fonctionnement.
En21 1764, le professeur de philosophie naturelle de Glasgow, donne à un jeune garçon de laboratoire,
ancien artisan horloger, un modèle miniature de la machine de Newcomen. L’histoire de la machine à
vapeur venait de commencer. Ce jeune homme s’appelait James Watt.
C’est en essayant de comprendre pourquoi un modèle réduit de la machine à vapeur de Newcomen
ne fonctionnait pas que celui-ci allait découvrir plusieurs principes intéressants. Il se rend compte
que la chaudière du modèle réduit ne peut pas fournir assez de vapeur pour faire monter le piston.
Explication : le rapport surface-volume est beaucoup plus grand dans le modèle réduit, ce qui fait qu’il
est très di¢ cile de chau¤er la surface après chaque refroidissement. Et la vraie machine ? Pourrait-on
améliorer sa rentabilité en rendant plus facile le réchau¤ement des parois ? Il lui vient à l’idée qu’il
su¢ rait de toujours garder le piston chaud et de condenser la vapeur dans un autre cylindre ! Dans
ce condenseur la pression est toujours faible. Quand le piston chaud est plein, on ouvre un robinet.
La vapeur d’eau se précipite dans le condenseur, laissant, comme toujours, la pression atmosphérique
rabaisser le cylindre du piston chaud. Au coup suivant, on ne gaspillera pas de vapeur pour chau¤er le
piston. C’est dans cette machine de Watt qu’on voit apparaître pour la première fois très explicitement
un réservoir chaud et un réservoir froid. La nécessité absolue de ces deux réservoirs sera érigée en
principe par Carnot.
La vraie machine à vapeur sera inventée peu de temps après par Watt en 1765. Il recouvre le dessus
1 9 D.Sénéchal, Cours d’histoires des sciences.
2 0 L.Sprague de Camp, p.74
2 1 Maury, p. 55
du piston chaud par un couvercle pour empêcher que le haut du piston lui aussi ne se refroidisse, et il
apporte de la vapeur directement de la chaudière. Celle-ci a environ la même pression que l’atmosphère
et le remplace avantageusement pour abaisser le piston. Le principe de ce piston à “double action”
est illustré à la Fig.(4-15).22 De là à la machine à vapeur il n’y a qu’un pas. Les légendes des …gures
(4-16)23 (4-17)24 (4-18)25 (4-19)26 (4-20)27 expliquent le fonctionnement des parties essentielles d’une
locomotive. Nous laissons là l’aventure de la machine à vapeur, mais pas sans mentionner que Watt …t
beaucoup d’autres inventions et qu’il mesurait tout. Par exemple, il invente un dispositif permettant
de mesurer la pression dans le cylindre en fonction de la position du piston, donnant un diagramme
pression-volume appelé l’indicateur de Watt. Celui-ci sera un des secrets les mieux gardés du XIXe
siècle. Pendant soixante-dix ans, il sera inconnu en dehors de l’Angleterre, entre autre à cause des
guerres Napoléoniennes. C’est Clapeyron qui le redécouvrira. En France, les coordonnées pression-
volume sont les ”coordonnées de Clapeyron”.
L’idée de base de Carnot est simplement que c’est la ”chute du calorique”de la source chaude à la
source froide, qui doit être considérée comme à l’origine de la force motrice des machines. De la même
façon qu’une machine hydraulique ne consomme pas d’eau même si elle déploie une force motrice, il
n’y a, selon Carnot, aucune consommation de calorique. Bien que fausse, l’idée du calorique va lui
permettre d’aller très loin. Nous y reviendrons ci-dessous. Nous ne nous attardons ici qu’à quelques
anecdotes. Carnot n’est pas un membre reconnu de la communauté scienti…que. Il publie son livre à six
Fig. 4-16 Chaudière de la locomotive à vapeur. Cette …gure illustre la chaudière. Le foyer, source de
chaleur est à droite. Des tubes transportent l’eau qui est chau¤ée. La vapeur est recueillie au-dessus et
envoyée par un tuyau vers les pistons dont le fonctionnement est décrit à la …gure suivante. La vapeur
s’échappant des pistons sort par la cheminée. Cette vapeur assure le tirage de la chaleur et de la fumée du
foyer. L’atmosphère joue le rôle de réservoir froid.
Fig. 4-19 Mécanisme d’actionnement des tiroirs de la locomotive à vapeur : Les tiroirs des pistons sont
actionnés en synchronisme avec la bielle grâce à un collier C que l’on place pour qu’il glisse sur un disque
percé hors de son centre …xé à l’essieu. Ce collier est attaché à une tige T qui transmet le mouvement de
va et vient au tiroir.
4.4.3 Un moteur thermique nécessite deux réservoirs de températures di¤érentes. L’augmentation de l’en-
jQf j
tropie jQ cj
Tc + Tf 0 impose une e¢ cacité maximale.32
Nous avons déjà vu plusieurs exemples où un travail mécanique augmentait l’énergie interne d’un
système quelconque. Qu’on pense à un poids tombant dans le champ gravitationnel ou à une résistance
électrique. Lorsque le système dont l’énergie interne a été augmentée est en contact thermique avec un
autre, cette énergie interne additionnelle peut à son tour être transférée sous forme de chaleur. C’est
ce qu’on veut dire par transformer travail en chaleur.
La question que nous nous posons ici est la question inverse. Peut-on inventer une machine, trans-
formant chaleur en travail. Cette machine doit remplir les conditions suivantes :
– Le travail ne devrait pas venir de la machine elle-même, c’est-à-dire du piston par exemple. Sinon
le processus de conversion de chaleur à travail ne peut être continué indé…niment. La machine en
2 9 Maury, p.77
3 0 Comme l’énergie d’
Run gaz parfait ne dépend que de sa température, il su¢ t de calculer le travail fait dans une détente
isotherme en utilisant pdV avec p = N kB T =V .
3 1 Maury, p.78
3 2 Reif, Sec. 5.11
Dé…nition 73 L’e¢ cacité d’une machine thermique est naturellement dé…nie comme le rapport entre
le travail utile fourni par la machine et la chaleur prise dans le réservoir.
Remarque 126 Nous allons utiliser de ce chapitre les valeurs absolues jQj des chaleurs absorbées de
telle sorte qu’elles soient toujours positives. Elles peuvent donc être de l’énergie absorbée ou rejetée
selon le cas. On tient compte du signe explicitement. Cela rend plus clair d’où vient l’énergie. Notre
convention habituelle est que Q est dé…nie comme la chaleur absorbée par le système. Elle est donc
positive ou négative selon que le système gagne ou perd, respectivement, de l’énergie.
La deuxième loi de la thermodynamique nous dit qu’il est impossible de construire une telle machine.
La formulation de Kelvin le dit de façon très explicite. De notre point de vue probabiliste, la machine
idéale n’existe pas car une telle machine prendrait de l’énergie déjà distribuée de façon aléatoire parmi
plusieurs degrés de liberté pour la transformer en une situation …nale hautement improbable où cette
énergie devient associée avec un seul degré de liberté e¤ectuant un travail.
Mathématiquement, si un réservoir perd une certaine énergie jQj positive, la chaleur absorbée est
négative et son entropie baisse de la façon suivante33
jQj
S= <0 (4.72)
T
Comme la machine elle-même est cyclique et que l’entropie est une fonction d’état, son entropie est
inchangée dans le processus cyclique. Le changement total de l’univers vient donc uniquement de la
perte d’entropie du réservoir. Ceci est interdit par la deuxième loi. Le processus inverse, où le réservoir
absorbe de la chaleur est, lui, évidemment permis !
Pour se sortir de ce dilemme, il faut que la machine n’augmente pas l’entropie de l’univers. Ceci
est possible si on permet à une partie de la chaleur d’aller vers un réservoir froid plutôt que d’être
complètement transformée en travail. En e¤et, soit jQc j l’énergie enlevée au réservoir chaud sous forme
de chaleur, et jQf j la chaleur rejetée dans un réservoir froid. La première loi nous dit alors que la
machine pourra faire un travail
W = jQc j jQf j (4.73)
et la deuxième loi sera elle aussi satisfaite si l’entropie totale a augmenté. Ceci est possible. Il su¢ t
d’additionner la diminution d’entropie du réservoir chaud à l’augmentation d’entropie du réservoir froid
jQc j jQf j
S= + 0 (4.74)
Tc Tf
On voit que cette inégalité peut être satisfaite avec jQc j > jQf j (pour que le travail soit positif) à
condition que Tc soit plus grand que Tf .
Une machine thermique générale peut donc être représentée très shématiquement par le diagramme
de la Fig.(4-21) :
3 3 Notez que nous abandonnons temporairement notre dé…nition algébrique de la chaleur pour ne considérer, jusqu’à
la …n de ce chapitre, que des quantités Q positives en spéci…ant explicitement si la chaleur a été absorbée ou rejetée par
le système.
Tc
Qc
|Qc| = W + |Qf |
W
-|Qc| |Qf |
∆S = +
Tc Tf Qf
Tf
Réservoir froid
Fig. 4-21 Représentation shématique du travail et des échanges de chaleur dans une machine thermique
(moteur).
jQf j jQc j
(4.76)
Tf Tc
et comme toutes les chaleurs que nous avons dé…nies sont des quantités positives, nous pouvons écrire
l’inégalité
jQf j Tf
(4.77)
jQc j Tc
Substituant cette inégalité dans notre expression pour l’e¢ cacité on obtient
jQf j Tf
=1 1
jQc j Tc (4.78)
Tf
max =1 (4.79)
Tc
Cette e¢ cacité maximale est atteinte pour une machine réversible c’est-à-dire où il n’y a pas d’aug-
mentation d’entropie dans le processus. Cette e¢ cacité s’appelle l’e¢ cacité thermodynamique.
Le résultat Éq.(4.78) est connu sous le nom de théorème de Carnot : N’importe quelle machine
thermique opérant entre deux températures a une e¢ cacité plus petite ou égale à celle donnée par
l’équation ci-dessus. Une centrale nucléaire par exemple convertit l’énergie nucléaire en chaleur, puis
celle-ci est convertie en énergie électrique avec une e¢ cacité qui ne peut pas dépasser l’e¢ cacité ther-
modynamique de Carnot ! Il en est de même pour le célèbre moteur à quatre temps de nos automobiles,
dont le fonctionnement est décrit aux …gures (4-22)34 et (4-23)35 . Une machine ayant l’e¢ cacité maxi-
male Éq.(4.79) représente une sorte d’idéal thermodynamique. Discutons brièvement du raisonnement
ayant amené Carnot à ce résultat. Ensuite, nous donnerons un exemple explicite de machine ayant
l’e¢ cacité maximale de Carnot.
Fig. 4-22 Moteur à combustion interne quatre temps : Dans le premier temps, à gauche, le mélange
explosif entre par S’ pendant la descente du piston. Au deuxième temps, le mélange explosif est comprimé
pendant la montée du piston. Au troisième temps, la bougie déclanche une explosion et le piston descend,
poussé par la détente des gaz brûlés. Finalement, au quatrième temps, les gaz brûlés sortent par la soupage
S pendant la montée du piston. Dans un moteur à quatre cylindres, chaque piston est décalé d’un quart de
cycle par rapport à ses voisins, de telle sorte qu’il y ait toujours un des pistons dans la partie du cycle qui
correspond à la poussée de l’explosion. Dans ce moteur, la source chaude est l’explosion et la source froide
l’atmosphère.
4.4.4 Le raisonnement de Carnot sur le mouvement perpétuel et les extensions de Kelvin et Clausius qui
mènent, à partir de raisonnements macroscopiques, à la notion d’entropie.36
Carnot remarque que toutes les machines alors existantes ont une source chaude et un réservoir
froid, ce dernier étant souvent simplement l’atmosphère, comme c’est encore le cas dans les moteurs
automobiles. Il fait de cette constatation un principe universel, c’est-à-dire qu’il doit y avoir chute
de calorique, celui-ci ”tombant” du réservoir chaud au réservoir froid, comme une chute d’eau. La
température est peut-être pour lui l’analogue d’une di¤érence de potentiel en mécanique. En tout cas,
il sait que le travail peut engendrer une di¤érence de température, comme dans le frottement, ce qui
l’amène à proposer qu’à l’inverse une di¤érence de température peut être la source d’un travail. En
essayant de s’a¤ranchir de la question de l’agent, c’est-à-dire de la substance faisant le travail, il est
donc amené à considérer des machines travaillant entre deux réservoirs de températures données. C’est
le cycle de Carnot que nous discutons plus bas. Pour le moment, la seule remarque dont nous avons
besoin est la suivante. Carnot remarque que s’il est capable de construire une machine réversible alors il
est impossible de construire une machine plus e¢ cace fonctionnant entre les mêmes deux températures.
Allons-y tranquillement. D’abord qu’est-ce qu’une machine réversible ? C’est une machine qui peut
fonctionner sur deux modes, moteur et réfrigérateur et qui est telle que si on en connecte une en mode
moteur, l’autre en mode réfrigérateur entre les deux mêmes réservoirs, alors la force motrice de l’une
peut faire fonctionner le réfrigérateur de telle sorte que rien ne change dans les réservoirs. Supposons
maintenant, comme Carnot, qu’on puisse construire une machine plus e¢ cace qu’une machine réver-
sible. Si cela était possible, on pourrait utiliser une partie du travail fourni par cette machine plus
e¢ cace pour faire remonter toute l’énergie interne (le calorique) utilisé au départ à l’aide de la machine
réversible et il nous resterait encore de l’énergie pour faire du travail utile sans que le réservoir chaud
ait perdu quoi que ce soit en énergie interne, tel qu’illustré à la Fig.(4-24). L’ensemble fonctionnerait
donc indé…niment sans vraiment utiliser l’énergie interne du réservoir chaud. Selon Carnot, ceci va
contre la saine physique et il existe donc une borne à l’e¢ cacité maximale qu’on peut atteindre avec
une machine thermique, indépendamment de l’agent dans la machine. Cette e¢ cacité maximale est
celle d’une machine réversible. En d’autres mots, pour Carnot la machine à mouvement perpétuel est
impossible.37 Carnot avait trouvé la deuxième loi de la thermodynamique avant que la première ne soit
3 6 Maury, p.73-74
3 7 Une machine à mouvement perpétuel qui viole la première loi de la thermodynamique s’appelle “de première espèce”
alors que lorsque la deuxième loi est violée on parle de machine à mouvement perpétuel “de seconde espèce”.
T
c
Qc Qc
∆W W
R
Q -∆Q Qf
f f
Tf
Réservoir froid
Fig. 4-24 Shéma pour le raisonnement de Carnot. La machine de gauche est supposée plus e¢ cace que
la machine réversible à droite. Si c’était le cas, il serait possible de faire du travail W sans consommer de
chaleur du réservoir chaud, ou du réservoir froid (on peut avoir Qf = 0), ce qui complète la preuve par
l’absurde.
connue ! L’idée de calorique est tout à fait super‡ue dans ce raisonnement. C’est évidemment l’énergie
interne et le travail qui se convertissent un dans l’autre et la réversibilité est reliée à l’entropie plutôt
qu’à la chaleur.
C’est cette idée d’e¢ cacité maximale que Kelvin utilisera beaucoup plus tard, en 185138 , pour
proposer son échelle de température absolue. En e¤et, une généralisation triviale du raisonnement
précédent nous enseigne que toutes les machines réversibles qu’on peut construire entre deux réservoirs
donnés doivent nécessairment avoir la même e¢ cacité, peu importe les détails de construction de la
machine. De plus, toutes ces machines réversibles ont la même e¢ cacité maximale qui est purement
déterminée par une propriété des réservoirs qu’on appellera température absolue et qui peut se dé…nir
par jQf =Qc j = Tf =Tc où jQf =Qc j sont les rapports des chaleurs échangées entre les deux réservoirs.
Avec la température introduite par Kelvin, on a donc pour une machine réversible,
Tf jQf j
1 =1 : (4.80)
Tc jQc j
Attention. Notez que si on accepte que l’e¢ cacité maximale d’une machine thermique ne dépend que
de la température, on arrive nécessairement à la dernière équation. Cette équation nous donne une
façon de mesurer la température absolue. De plus, cette dernière équation nous mène directement de
raisonnements macroscopiques sur les machines themiques à la notion d’entropie. Voici comment on
procède. En restaurant le signe algébrique des chaleurs, la dernière équation devient.
Qc Qf
+ = 0: (4.81)
Tc Tf
Qc Q0 Qf Q0f
+ c0 + + 0 =0 (4.82)
Tc Tc Tf Tf
Comme on peut s’arranger pour que les températures successives soient in…nitésimalement proches et
comme on peut toujours diviser le parcours en deux sections arbitraires, on a que
Z a Z f
dQ dQ
+ =0 (4.83)
i T a T
Laissant le parcours varier seulement pour une des deux intégrales
Ra en gardant les états initiaux et
…naux de ce parcours …xes, on en conclut que le résultat de i dQ T ne peut dépendre que du point
initial et du point …nal du parcours. Alternativement, on dit qu’il existe une fonction d’état appelée
entropie qu’on peut calculer à l’aide de
Z a
dQ
Sa Si = (4.84)
i T
Comme on voit à partir des équations précédentes, pour une machine réversible, le changement
d’entropie total est zéro. Ce n’est pas le cas pour une machine irréversible comme nous avons déjà
discuté. En e¤et, l’e¢ cacité est nécessairement plus petite que dans le cas d’une machine réversible.
Donc,
Q0f Tf
1 < 1 (4.85)
jQ0c j Tc
Q0f Tf
> (4.86)
jQ0c j Tc
Remarque 127 Si on admet que l’argument de Carnot implique qu’il existe une e¢ cacité maximale,
W jQ j
soit celle d’une machine réversible, alors on a que = jQ cj
= 1 jQfc j doit être plus petit ou égal à
une quantité qui ne dépend pas des détails du fonctionnement de la machine, mais seulement d’une
propriété très générale des réservoirs. Nous savons que cette propriété est la température absolue des
réservoirs.
4.4.5 Le cycle de Carnot fonctionne entre deux isothermes et deux adiabatiques et a l’e¢ cacité thermo-
dynamique maximale.40
Le cycle de Carnot est très simple. Une machine qui fonctionne en suivant le cycle de Carnot est
réversible et a l’e¢ cacité maximale Éq.(4.79). Le cycle de Carnot est un cycle quasi-statique qu’on
peut illustrer par le diagramme de la Fig.(4-25). Il est très important de se rendre compte qu’un
cycle de Carnot peut être fait en principe avec n’importe quelle substance (agent). Sur la …gure, la
machine cyclique contient un gaz parfait comme substance active, mais il y a bien d’autres possibilités.
4 0 Reif, Sec. 5.11
b c Q + = cte
c Tbc
c d Scd = cte
Q
p (kPa)
d a f Tda- = cte
110000.
b
1000.
a c
100.
d
10. 0.1 1. 10.
V 3
V (dm)
Fig. 4-25 Cycle de Carnot pour 10 1 mole d’un gaz parfait. Le travail est donné par la surface de la
région hachurée. L’isotherme cd est pour 1000K alors que l’isotherme ab est pour 300K.
ce qui veut dire qu’à entropie constante, E / V 2=3 : Utilisant E = 3N kB T =2, que nous avons dérivé
à l’équation (3.156), implique que dans un changement adiabatique du gaz parfait, on a que T /
V 2=3 . Substituant ce dernier résultat dans l’équation d’état pV = N kB T nous montre que dans un
changement adiabatique, le gaz parfait monoatomique obéit à la relation
On peut décrire les di¤érentes parties du cycles de Carnot de la façon suivante. Nous allons décrire
le gaz parfait comme “la substance” (l’agent) pour tenir compte du fait qu’un cycle de Carnot peut
être dé…ni pour n’importe quelle substance, pas seulement pour un gaz parfait.
a ! b La substance est isolée thermiquement et on la comprime pour faire monter sa température
et diminuer son volume. Il faut faire un travail pour cette partie du parcours. Un compresseur peut
faire l’a¤aire.
b ! c Une fois la température du réservoir chaud atteinte, on laisse la substance se détendre
en présence d’un réservoir de chaleur, de façon isotherme. La substance peut faire un travail, par
exemple en faisant tourner une turbine ou remonter un piston. Normalement, ce travail fait descendre
la température de la substance, mais comme celle-ci est en contact avec un réservoir de chaleur, il
y a e¤ectivement de l’énergie interne qui passe, sous forme de chaleur, du réservoir à la substance
à cause de la tendance à garder l’équilibre thermique. À cause de la présence du réservoir donc, la
température de la substance ne change pas même si elle fait du travail. Cependant, elle “absorbe de
la chaleur” du réservoir chaud. Comme il y a absorption de chaleur, ceci veut dire que le réservoir est
à une température plus chaude que celle de la substance, mais pour maintenir l’échange de chaleur
réversible, il su¢ t que la température du réservoir demeure seulement in…nitésimalement plus élevée,
+
Tbc . C’est possible si le réservoir est grand et le processus su¢ samment lent. Notez qu’à ce stade
du cycle, l’entropie de la substance augmente alors que celle du réservoir chaud diminue. Comme les
températures ne di¤èrent que de façon in…nitésimale, l’entropie totale de l’univers ne change pas. (Voir
la remarque 120 sur les transferts de chaleur réversibles, section (4.2.1)).
Remarque 128 La compression adiabatique illustre bien que chaleur, température et entropie sont
tous des concepts di¤ érents. Ici, dans ce processus adiabatique, l’entropie est constante mais la tem-
pérature augmente. Si on se place du point de vue de l’espace des phases classique, cet espace des
phases est “comprimé” selon les directions spatiales mais s’étend selon les directions associées à la
quantité de mouvement pour garder le nombre d’états accessibles (l’entropie ou volume de l’espace des
phases) constant. L’augmentation de l’étendue du côté quantité de mouvement mène à l’augmentation
de température.
Remarque 129 Un vendeur ne serait pas très convainquant s’il disait simplement que sa thermopompe
prend de la chaleur de l’extérieur froid pour la transférer à la source chaude. Il serait plus convainquant
s’il expliquait qu’il va chercher l’énergie à l’extérieur en refroidissant une substance à une température
plus petite que la température extérieure. Cette substance (caloporteur) se réchau¤ e au contact avec
l’extérieur, i.e. elle absorbe de l’énergie du “réservoir” extérieur.
4.4.6 Comment peut-on "pomper" de la chaleur de l’extérieur l’hiver ? Les réfrigérateurs sont des mo-
teurs thermiques fonctionnant à l’envers et ils sont aussi contraints par la loi d’augmentation de
l’entropie.41
Tout comme la machine thermique idéale n’existe pas, le réfrigérateur idéal n’existe pas. C’est la
formulation de Clausius de la deuxième loi. Le réfrigérateur idéal prendrait de la chaleur d’une source
froide et la transférerait à une source chaude. Nous avons déjà discuté cette possibilité au chapitre
trois où nous avions conclu que la chaleur ne pouvait aller que du chaud au froid, sinon l’entropie
diminuerait.
Pour construire un réfrigérateur, il faut donc une source d’énergie qui transfère la chaleur du
réservoir froid au réservoir chaud. Shématiquement, un réfrigérateur est construit comme à la Fig.(4-
26). En invoquant la première loi, on voit que le travail absorbé par la substance, w = W ou celui
fait de l’extérieur, plus la chaleur prise du réservoir froid, doit être égal à la chaleur déposée dans le
réservoir chaud. Donc,
w + jQf j = jQc j (4.90)
où toutes les quantités dé…nies ici sont positives.
On se pose les mêmes questions d’e¢ cacité que dans le cas des machines thermiques. Comme on
sait que celle-ci est limitée par l’entropie, évaluons la. Comme d’habitude, l’entropie de la substance
faisant le travail ne change pas puisque la machine est cyclique. Par contre, l’entropie du réservoir froid
diminue et celle du réservoir chaud augmente de telle sorte que
jQc j jQf j
S= 0: (4.91)
Tc Tf
4 1 Reif, Sec. 5.12
Tc
Qc
w + |Qf | = |Qc |
w
|Qc| |Qf |
∆S = -
Tc Tf Qf
Tf
Réservoir froid
L’inégalité obtenue des considérations entropiques nous permet de trouver un minimum pour la valeur
du dénominateur, donc de trouver un maximum pour l’e¢ cacité,
1
T
(4.95)
1 Tfc
Une pompe thermique coûte 1= en énergie de ce que coûterait le chau¤age transformant le travail w
directement en chaleur.
Exemple 74 Le rendement d’un telle machine est donc plus grand que l’unité. Si les températures
froide et chaude sont près l’une de l’autre, il est facile de pomper de la chaleur de la froide à la chaude,
mais cela devient de plus en plus di¢ cile à mesure que la di¤ érence de température augmente. Par
exemple, en hiver si votre maison est à 220 C alors que l’extérieur est à 180 C
1
7:4 (4.96)
1 273 18
273+22
En principe donc, une machine ayant l’e¢ cacité thermodynamique maximale pourrait encore vous
épargner beaucoup d’énergie puisqu’elle pourrait vous apporter sept fois plus de chaleur dans la maison
que si vous utilisiez directement l’e¤ et Joule pour chau¤ er des calorifères avec l’électricité de l’Hydro-
Québec (Sherbrooke !). Les pompes thermiques qu’on peut construire en pratique sont beaucoup moins
e¢ caces que cela. Il n’est plus rentable de les faire fonctionner lorsque la température extérieure descend
sous environ 200 C. En fait, dans une pompe thermique la température du liquide ou du gaz peut
atteindre 1400 C dans la maison. Ceci est rendu nécessaire par le fait que pour que la chaleur puisse être
distribuée rapidement dans la maison, il faut sou- er de l’air sur un élément beaucoup plus chaud que
l’air environnant. Ce processus est évidemment irréversible. Déjà en utilisant 1400 C comme température
de fonctionnement, l’e¢ cacité thermodynamique maximale de la pompe n’est plus que de 1:6 environ.
Remarquez que l’e¢ cacité est d’autant plus grande pour une machine thermique que les tempéra-
tures des réservoirs sont éloignées, alors que pour les réfrigérateurs ou les thermopompes c’est l’inverse !
C’est une question de dé…nition de l’e¢ cacité.
Pour terminer, voici une …gure (4-27) représentant le cycle de Carnot pour un réfrigérateur (réver-
sible) qui n’est rien d’autre que le moteur de la Fig.(4-25) fonctionnant à l’envers. Remarquons que la
substance contenue dans le réfrigérateur (en pratique du fréon ou un substitut) extrait de la chaleur du
réservoir froid en étant elle-même à une température légèrement plus basse que le réservoir lorsqu’elle
est en contact avec lui. En pratique, l’expansion de la substance tend à la rendre très froide et le
réservoir l’empêche de devenir encore plus froide en lui fournissant l’énergie par échange thermique.
– On peut calibrer l’énergie interne des di¤érents états macroscopiques d’un système en isolant ce
système et en mesurant le travail fait pour passer d’un état à l’autre. L’énergie est mesurée par
c d Q
c - = cte
Tcd
b c Sbc = cte
a b Q
f + = cte
Tab
p (kPa)
110000.
d .
Réfrigérateur
1000.
a
. .c
100.
.b
10. 0.1 1. 10.
V 3
V (dm)
Fig. 4-27 Cycle de réfrigération de Carnot pour 10 1 mole d’un gaz parfait. Le travail est donné par la
surface de la région hachurée. L’isotherme bc est pour 1000K alors que l’isotherme da est pour 300K.
dQ
/
Cy = (4.97)
dT y
W jQf j
= =1 (4.100)
jQc j jQc j
où Qf est égale à la chaleur gagnée par le réservoir froid et Qc la chaleur perdue par le réservoir
chaud.
– Il n’est pas possible de construire une machine plus e¢ cace qu’une machine réversible. Pour une
telle machine fonctionnant entre deux réservoirs de température …xe, l’e¢ cacité maximum peut
se calculer en posant que la diminution d’entropie du réservoir chaud est strictement égale à
l’augmentation d’entropie du réservoir froid. On obtient donc en général
Tf
1 (4.101)
Ti
– Un réfrigérateur fonctionne dans le sens contraire d’une moteur. Il utilise du travail pour extraire
de la chaleur d’un réservoir froid et la rejeter dans un réservoir chaud.
Un calorimètre fait de 700g de cuivre contient 150g d’eau. Le tout est en équilibre à 200 C. Un
expérimentateur place 25g de glace à 00 C dans le calorimètre et enferme le tout dans un isolant
thermique.
a) Lorsque la glace aura complètement fondu et que l’équilibre aura été atteint, quelle sera la
température de l’eau ? Pour faire ce calcul, vous pouvez faire l’approximation que les chaleurs spéci…ques
sont indépendantes de la température et vous devez savoir que celle du cuivre est de 0:418Jg 1 K 1
alors que celle de l’eau est de 4:18Jg 1 K 1 . De plus, il faut 333J de chaleur pour convertir 1g de glace
en eau à température constante 00 C: Cette dernière quantité s’appelle la chaleur latente.
b) Calculez le changement total d’entropie résultant du processus précédent.
c) Après que la glace ait fondu et que l’équilibre ait été atteint, combien de travail doit-on faire, en
joules, pour ramener la température à 200 C.
La chaleur absorbée par une mole d’un gaz parfait dans un processus quasi-statique où sa tempé-
rature change de dT et son volume de dV est donné par
Q
1 d
b
Q
2
a
V V
1 2
Fig. 4-28 Cycle de Otto dans le plan p V:
Un solide contient N ions magnétiques ayant un spin 1=2. À température su¢ samment élevée,
chaque spin est orienté de façon complètement aléatoire, c’est-à-dire qu’il peut être dans n’importe
lequel de ses deux états. Mais à température su¢ samment basse, les interactions entre les ions magné-
tiques produisent du ferromagnétisme, avec le résultat que tous les spins deviennent orientés dans la
même direction lorsque T ! 0. Une approximation grossière négligeant la chaleur spéci…que à l’exté-
rieur de l’interval 21 T1 < T < T1 suggère que la contribution à la capacité calori…que venant des spins,
C (T ), est donnée par
T 1
C (T ) = C1 2 1 ; si T1 < T < T1 (4.103)
T1 2
= 0 autrement (4.104)
Utilisez des considérations entropiques pour trouver une expression explicite pour la valeur maxi-
male de la constante C1 .
Un moteur à essence, ou plus précisément le cycle d’un de ses pistons, peut être approximativement
représenté par le cycle idéalisé abcd montré dans le diagramme Fig.(4-28) ci-joint (Ce système de
coordonnées p V s’appelle indicateur de Watt ou coordonnées de Clapeyron). Ce type de moteur est
un moteur à cycle de Otto, nommé ainsi en l’honneur de l’inventeur allemand Nikolaus August Otto.
La partie a ! b représente la compression adiabatique du mélange air-essence, b ! c l’augmentation
de pression à volume constant due à l’explosion du mélange, c ! d l’expansion adiabatique du mélange
durant lequel le piston fait du travail, et d ! a le refroidissement du gaz à volume constant.
Supposons que ce cycle soit fait de façon quasi-statique pour une quantité …xe de gaz parfait ayant
une chaleur spéci…que constante. Calculez l’e¢ cacité , c’est-à-dire le rapport entre le travail fait et
la chaleur absorbée Q1 , exprimant votre réponse en fonction de V1 , V2 , et cp =cV . Pour ce faire,
procédez en suivant les étapes suivantes.
a) Obtenez les chaleurs absorbées et émises en fonction de la chaleur spéci…que cV et des di¤érences
de température aux di¤érents points a; b; c; d.
b) Utilisez la première loi pour trouver le travail fait dans le cycle et exprimer l’e¢ cacité en fonction
d’un rapport de températures.
4 6 Reif, Prob. 4.4
4 7 Reif, Prob. 5.25
R
En calculant le travail total fait dans le problème précédent à l’aide de l’expression pdV et pV =
cte plutôt qu’en utilisant la première loi, prouvez que pour un gaz parfait,
cV 1
=
R 1
Dans la théorie du big bang, l’énergie de la radiation initialement con…née dans une toute petite
partie de l’espace, s’étend de façon adiabatique en gardant une forme sphérique. Nous allons trouver
une conséquence importante de cette théorie. En utilisant
T dS = dE + pdV
E
= aT 4 (4.106)
V
où
2 4
kB
a= (4.107)
15 (~c)3
est une constante.
Utilisant ce résultat ainsi que celui trouvé en a),
b) Obtenez la relation de proportionalité entre la température T de la radiation et le rayon R de
l’univers.
4 8 David V. Schroeder, Thermal Physics
49 Q 1058
Historiquement, Gamow avait prédit à l’aide du modèle du big bang que l’univers actuel devait être
rempli de photons ayant une température moyenne de 3K. Ceci correspond à une énergie dans la gamme
des hyperfréquences (micro-ondes). Le prix Nobel de physique a été donné à Arno Penzias et Robert
Wilson de Bell Laboratories pour leur découverte (accidentelle) en 1965 de cette radiation dite “fossile”.
Grâce au satellite arti…ciel COBE, (Cosmic Background Explorer) qui a été lancé il y a quelques années
et qui fonctionne toujours, on connaît beaucoup de détails sur le spectre d’énergie de cette radiation
fossile. (Plus récemment, le satellite WMAP a été envoyé pour cartographier l’anisotropie de cette
raidation. Le W est pour “Wilkinson” un des pionniers de ce domaine). Dans ce problème, nous vous
demandons seulement de
c) Trouver le rayon qu’avait l’univers au moment où la radiation s’est découplée de la matière,
sachant que l’âge de l’univers est de l’ordre de quinze milliards d’années.
Remarque 131 Les théories dites “in‡ationistes” de l’univers proposent un estimé di¤ érent pour le
rayon de l’univers.
Remarque 132 La prochaine fois que vous trouvez qu’il n’y a rien à la télévision, déconnectez le cable
et cherchez un poste où il n’y a que de la “neige”. Environ 1% de cette neige est causée par la radiation
fossile. La naissance de l’univers est toujours à l’a¢ che.50
Utilisez le résultat d’Einstein sur la distribution d’énergie, tel que dérivé dans les notes de cours à
la section 3.2.10, pour trouver l’écart type des ‡uctuations d’énergie d’un système en contact avec un
réservoir de chaleur. Exprimez votre résultat en fonction de la capacité calori…que et de la température
absolue.
5 0 A short Story of Nearly Everything, (Black Swan book, 2004), p31, par Bill Bryson, un ouvrage divertissant et très
Dans le présent chapitre, nous allons tenter de tirer quelques conséquences des énoncés apparem-
ment anodins que sont les lois de la thermodynamique. Ces conséquences sont multiples et elles sont
indépendantes du modèle considéré. Tout modèle microscopique doit satisfaire les relations qui sont
des conséquences de la thermodynamique.
Selon Albert Einstein “Une théorie est d’autant plus impressionante que ses prémices sont simples,
le nombre de phénomènes di¤érents qu’elle relie élevé et son domaine d’applicabilité grand. D’où l’im-
pression profonde que la thermodynamique classique a faite sur moi. C’est la seule théorie physique
au contenu universel qui, j’en suis convaincu, ne sera jamais remplacée à l’intérieur du domaine d’ap-
plicabilité de ses concepts de base”. (http ://en.wikiquote.org/wiki/Thermodynamics) (http ://www-
personal.umich.edu/~nori/course/physics_406_quotes.html)
Les conséquences des lois de la thermodynamique s’obtiennent généralement en se souvenant simple-
ment que énergie et entropie sont des fonctions d’état dépendant de quelques variables macroscopiques.
Le fait que l’entropie soit une fonction concave de ses arguments jouera aussi un rôle important. On
prend ensuite des dérivées partielles de ces fonctions d’état qui représentent di¤érents processus ther-
modynamiques, c’est-à-dire absorption de chaleur, travail mécanique, ou le changement de température
produit par l’absorption de chaleur etc... L’existence de fonctions d’état permet d’écrire un très grand
nombre de relations entre des processus thermodynamiques apparemment di¤érents. C’est dans ce
grand nombre de relations entre quantités physiques mesurables que réside la puissance prédictive de la
thermodynamique. Mathématiquement, on obtient simplement ces relations dites thermodynamiques,
en faisant des changements de variables et en prenant des dérivées partielles.
À la …n de ce chapitre, vous pourrez expliquer plusieurs propriétés des gaz parfaits, entre autres
pourquoi, lorsque exprimée en fonction de T et de V; l’énergie interne est indépendante de V et ne
dépend que de T . Vous pourrez aussi comprendre la di¤érence entre chaleurs spéci…que à pression et à
volume constant, expliquer comment calculer l’entropie à partir de la chaleur spéci…que. Vous connaîtrez
aussi la signi…cation physique et l’utilité des “potentiels thermodynamiques”, c’est-à-dire enthalpie,
énergie libre de Helmholtz et de Gibbs et les relations de Maxwell entre dérivées thermodynamiques. Le
passage d’un potentiel thermodynamique à un autre se faisant par une transformation de Legendre, vous
vous familiariserez avec ce concept d’une utilité beaucoup plus générale. Vous saurez relier la di¤érence
entre chaleur spéci…que à pression et à volume constant pour une substance homogène quelconque, à
d’autres propriétés thermodynamiques, obtenir l’énergie interne et l’entropie d’une substance dans un
cas quelconque. Finalement, vous pourrez aussi comprendre le processus d’étranglement d’un gaz et
pourquoi ce genre de processus peut autant réchau¤er que refroidir un gaz selon la température où
l’expérience est faite.
Nous allons maintenant rappeler les équations de base de la thermodynamique, et discuter des
changements de variables qui sont possibles. C’est dans l’existence de fonctions d’état et la possibilité
de faire des changements de variables que réside le secret pour trouver des relations thermodynamiques.
Plus concrètement, tout ce que nous ferons dans le présent chapitre sera une conséquence de la
première loi,
dQ
/ = dE + dW
/ (5.1)
appliquée au cas quasi-statique où la deuxième loi nous permet aussi d’écrire que
dQ
/ = T dS: (5.2)
Cette équation n’est pas trop surprenante lorsqu’on se souvient que T = (@E=@S)V;N :
En général, le travail mécanique 6 dW dépendra de la substance considérée. Par exemple, le travail
pourrait être fait en changeant l’aimantation d’un corps en présence d’un champ magnétique H. Le
travail pourrait dépendre alors du produit H dM où M est l’aimantation. Pour le cas simple d’une
substance dont le nombre de particules est …xe, le travail quasi-statique fait par la substance en chan-
geant par exemple le volume se calcule sous la forme 6 dW = pdV . C’est le cas que nous considérerons
principalement dans le présent chapitre.
L’entropie étant une fonction des variables mécaniques énergie et volume, comme nous avons vu au
chapitre trois, nous avons
1 @S (E; V )
= (5.3)
T (E; V ) @E V
p (E; V ) @S (E; V )
= (5.4)
T (E; V ) @V E
1
dS (E; V ) = T (E;V ) [dE + p (E; V ) dV ] (5.5)
Dans les équations ci-dessus, bien que nous n’ayons pas spéci…é le nombre de particules, il est clair
qu’il doit être connu pour pouvoir faire des calculs. En réalité l’entropie dépend non seulement de
l’énergie et du volume, elle dépend aussi du nombre de particules !
@S
= (5.7)
T @N E;V
ce qui veut dire que, dans le cas général, à la place de l’Éq.(5.5) nous devrions considérer
1
dS (E; V; N ) = [dE + p (E; V; N ) dV (E; V; N ) dN ] (5.8)
T (E; V; N )
1 Reif, p.152,153.
V fixe
E
Fig. 5-1 L’entropie comme fonction monotone croissante de l’énergie.
5.1.2 Parce que l’entropie est une fonction concave, on peut faire des changements de variables arbitraires
et utiliser autre chose que les variables mécaniques E; V; N pour décrire un système macroscopique.
Par exemple, à N constant, T dS (p; T ) = dE (p; T ) + pdV (p; T ) :
Nous savons depuis les chapitres deux et trois que l’entropie augmente avec l’énergie et qu’elle
augmente avec le volume.2 Donc,
@S (E; V )
>0 (5.9)
@E V
@S (E; V )
>0 (5.10)
@V E
La première de ces inégalités nous permet de dire qu’à volume …xe il y a une relation biunivoque entre
entropie et énergie. On peut donc trouver la fonction E (S; V ). En e¤et, comme l’entropie est une
fonction monotone croissante de l’énergie, l’énergie détermine l’entropie de façon unique et vice versa.
L’exemple graphique de la …gure 5.1 démontre ceci de façon éloquente. Pour chaque E il n’y a qu’un S
et vice-versa. Si la fonction n’avait pas été monotone croissante (ou décroissante), cela n’aurait pas été
vrai comme le démontre le contre exemple de la …gure (5-2).3 Dans ce graphique, il y a deux valeurs
de l’énergie, E1 et E2 qui correspondent à la même valeur de l’entropie. En résumé, le raisonnement
ci-dessus montre que sachant S (E; V ) on peut trouver sans aucune ambiguïté E (S; V ) et vice-versa.
La deuxième inégalité (@S (E; V ) =@V )E > 0 ci-dessus nous dit de même qu’à énergie donnée il y a
une relation biunivoque entre entropie et volume. On peut donc trouver V (E; S).
Le fait que l’entropie soit une fonction concave nous permet de faire d’autres changements de
variables du type suivant. Rappelons d’abord cette notion de concavité. Elle est simplement une consé-
quence du fait que l’entropie, en fonction de variables macroscopiques, est maximale dans un système
microcanonique, comme nous l’avons vu à la section 3.3.5
@ 2 S (E; V )
0: (5.11)
@E 2 V
De cette inégalité, on peut déduire qu’à chaque valeur de la température correspond une seule valeur de
l’énergie ou de l’entropie et vice-versa. Algébriquement, ceci se démontre en rappelant que l’inégalité
2 C’est une autre façon de dire que la température et la pression sont des quantités positives.
3 Le seul cas où l’entropie n’est pas une fonction monotone croissante de l’énergie est celui où le système a une énergie
maximale, comme par exemple un système de spins. Tel que discuté dans les problèmes, on rencontre dans ce cas toutes
sortes d’anomalies, dont des températures négatives.
V fixe
E
E1 E2
Fig. 5-2 Contre exemple : Une fonction non-monotone. Il y a deux valeurs de l’énergie pour une même
valeur de l’entropie.
ci-dessus implique, tel que démontré au chapitre trois, que la température est une fonction monotone
croissante de l’énergie. Rappelons la preuve
@ 2 S (E; V ) @ @S @ 1 1 @T
= = = 0 (5.12)
@2E V @E @E @E T T 2 @E
Graphiquement, nous pouvons voir ce résultat à partir de la …gure 5.3. Il est clair qu’à chaque
valeur de la pente il ne correspond qu’une valeur de l’entropie ou de l’énergie. En d’autres mots, on
peut écrire S et E comme fonctions de la température et du volume, S (T; V ) ou E (T; V ) plutôt que
d’écrire la température comme fonction de l’énergie et du volume T 1 (E; V ) = (@S=@E)V :
Si S n’avait pas été concave, ceci n’aurait pas été vrai, comme le démontre le contre exemple de
la …gure 5.4La fonction sur cette …gure est monotone croissante, mais il est clair que deux valeurs de
l’énergie et de l’entropie correspondent à la même valeur de la température parce que S n’est pas une
fonction concave de l’énergie.
En résumé, parce que l’entropie est une fonction concave, on peut aussi utiliser la température
comme variable, indépendante, c’est-à-dire qu’on peut écrire S (T; V ) ou E (T; V ).
Des résultats analogues s’appliquent à la dépendance en volume, qui peut être remplacée par une
dépendance en pression. En e¤et
@ 2 S (E; V )
0 (5.13)
@V 2 E
nous dit qu’il y a correspondance univoque entre la pente
@S (E; V ) p
= (5.14)
@V E T
et l’entropie. Au lieu d’exprimer l’entropie comme fonction de E et de V , S (E; V ) ; on peut l’exprimer
comme fonction de E et de p=T , S (E; p=T ) :
Les cas où les dérivées secondes s’annulent sont e¤ectivement problématiques. La correspondance
biunivoque disparaît. Ceci se produit lorsqu’il y a transition de phase de “deuxième espèce”. Lorsque
@ 2 S (E; V ) =@E 2 V = 0, la capacité calori…que à volume constant devient in…nie CV = (@E=@T )V =
1, comme on peut le véri…er à partir de l’Eq.(5.12). De même lorsque @ 2 S (E; V ) =@V 2 E = 0; la
compressibilité devient in…nie. Nous reviendrons sur le cas des transitions de phase à la prochaine
session.
En conclusion, dans cette section nous avons utilisé une partie de la deuxième loi, i.e. S 0
pour un système isolé dont on libère les contraintes. Cette partie de la deuxième loi nous permet de
1/T
V fixe
E
Fig. 5-3 L’entropie est une fonction concave. De ce fait, on déduit qu’à chaque valeur de la pente
(température) correspond une seule valeur de l’entropie. À volume …xe, il y a une correspondance
biunivoque entre ces deux variables.
1/T
V fixe
E
Fig. 5-4 Contre exemple : Une fonction monotone croissante mais qui n’est pas concave. On voit qu’il
peut y avoir deux valeurs de l’entropie et de l’énergie pour un seule valeur de la température.
ou
T dS (V; T ) = dE (V; T ) + p (V; T ) dV (5.16)
ou etc... En d’autres mots, non seulement les fonctions elle-mêmes, mais évidemment les di¤érentielles
apparaissant dans l’expression précédente peuvent être fonctions de n’importe quelle paire de variables.
L’équation T dS = dE + pdV est valable pour les processus quasi-statiques et les di¤érentielles y
apparaissant peuvent être fonction de n’importe quelle paire de variables. Par exemple si on décide que
V et T sont les variables indépendantes, alors
@E @E
dE = dV + dT (5.17)
@V T @T V
5.1.3 Deux identités pour les dérivées partielles de fonctions de deux variables.
La dernière expression trouvée pour dE est simplement un résultat général pour la di¤érentielle
d’une fonction de deux variables. La physique est dans dE = T dS pdV et les mathématiques dans la
théorie des fonctions de plusieurs variables ! Si on écrit l’entropie en fonction de p et T comme variables
indépendantes par exemple, on a
@S @S
dS = dp + dT (5.18)
@p T @T p
@A @A
dA = dB + dC (5.19)
@B C @C B
De ce résultat général, on tire des propriétés importantes pour les dérivées des fonctions de deux
variables. Par exemple, en mettant dC = 0 dans notre équation de base (5.19) on a
@A
dAjC = dBjC (5.20)
@B C
@A @B
1= (5.21)
@B C @A C
1 @A
= @B C : (5.22)
( @B
@A )C
@A @B @A
+ = 0: (5.23)
@B C @C A @C B
Sous une forme plus facile à retenir à cause de sa ressemblance avec la règle de la chaîne, on peut
réécrire ce dernier résultat Éq.(5.23) en utilisant Éq.(5.22)
@A @B @C
@B C @C A @A B = 1 (5.24)
Avant de nous lancer dans les cas tout à fait généraux, nous allons illustrer le type de calcul qu’on
fait en thermodynamique à l’aide d’un exemple simple, celui des gaz parfaits.
Nous avons déjà dé…ni ce que nous entendions par gaz parfait. En pratique, un mélange de gaz
comme l’azote moléculaire N2 à la pression atmosphérique et à la température de la pièce n’est pas
si loin de cette idéalisation. À l’aide de mesures simples de volume et de pression, on sait depuis bien
longtemps que les gaz parfaits obéissent à la loi de Boyle-Mariotte
pV = RT (5.25)
V (T; p) = RT =p (5.27)
T (p; V ) = pV = R: (5.28)
Puisque nous avons trois variables et une relation entre elles, n’importe laquelle des variables peut
s’écrire comme une fonction de deux autres. Il ne nous manque que deux fonctions thermodynamiques,
soit l’énergie E et l’entropie S. Nous verrons qu’une mesure d’une des chaleurs spéci…ques (celle à
volume constant) nous su¢ ra pour déterminer E. L’entropie pourra ensuite être calculée sans que nous
ayons à faire de mesures supplémentaires.
Dans la première sous-section, nous allons montrer que la loi de Boyle et les notions générales
de thermodynamique su¢ sent pour prouver que l’énergie d’un gaz parfait exprimée en fonction de T
et de V ne dépend que de T . Puis nous montrerons que la chaleur spéci…que à pression constante
peut s’obtenir de celle à volume constant sans que des mesures supplémentaires soient nécessaires. De
là, nous déduirons qu’une mesure de n’importe quelle chaleur spéci…que su¢ t pour obtenir l’énergie
interne. Nous conclurons en obtenant la relation pression-volume dans un processus adiabatique, i.e.
p (V; S).
Cette section illustre donc, dans le contexte très simple du gaz parfait, la façon de penser du
thermodynamicien. À partir du minimum de mesures, déduire le maximum de conséquences pour les
propriétés d’une substance. Dans les calculs microscopiques, c’est l’entropie par exemple qu’on calcule
pour en déduire ensuite des propriétés comme la chaleur spéci…que, l’équation d’état etc. Nous ferons
même une légère digression dans cette section pour obtenir la chaleur spéci…que à partir d’un calcul
microscopique de l’entropie. Cependant, du point de vue thermodynamique, on fait plutôt la démarche
inverse : On mesure la chaleur spéci…que, l’équation d’état, le coe¢ cient de dilatation thermique, ainsi
de suite, et on en déduit l’entropie, l’énergie...
En fait nous savons depuis les calculs microscopiques que nous avons faits au chapitre deux, que
l’énergie interne d’un gaz parfait ne dépend que de la température. Supposons que nous soyons au
XIXe siècle et que nous ignorions ce résultat. En fait, c’est Joule qui a expérimentalement ”prouvé”ce
résultat de la façon suivante.
Remarque 133 Remarque historique4 sur la dilatation libre des gaz, par Joule. Celui-ci mis dans
un bassin d’eau un récipient. Ce récipient était divisé en deux par une paroi qu’on pouvait ouvrir de
l’extérieur sans perturber le système. D’un côté il y avait un gaz et de l’autre le vide. Joule mesura la
température du bassin d’eau et du récipient et s’assura que le tout était à l’équilibre. Ensuite, il ouvrit
la valve pour laisser le gaz se précipiter dans le côté vide, et remesurera la température. Il se rendit
compte qu’elle n’avait pas changé ! Il en conclut donc qu’il n’y avait pas eu d’échange de chaleur entre
l’eau et le récipient et donc que l’énergie interne du gaz était indépendante du volume occupé
par celui-ci. Avec nos idées modernes, ce résultat n’est pas surprenant puisque dans un gaz parfait
l’énergie interne n’est que l’énergie cinétique des particules et celle-ci ne peut pas changer si on ne fait
pas de travail. Or, en laissant le gaz se détendre librement, aucun travail n’est accompli. Il est intrigant
de noter que les historiens des sciences croient en fait que Joule n’avait pas la précision expérimentale
su¢ sante pour vraiment prouver ce qu’il avançait comme conclusion de son expérience.
Comme nous avons l’avantage sur Joule de connaître la thermodynamique, montrons que cette
théorie prédit précisément le résultat que Joule a trouvé expérimentalement. Nous partons de notre loi
générale
1 p
dS = dE + dV (5.29)
T T
Nous désirons éventuellement connaître l’énergie interne en fonction de la température et du volume.
En particulier, nous voulons prouver que (@E=@V )T = 0 pour toute température, c’est-à-dire que
l’énergie ne dépend pas du volume à température constante. Il est donc naturel d’utiliser ces variables
indépendantes. En utilisant l’équation d’état pour réécrire p=T et en prenant des dérivées de notre loi
générale nous obtenons
@S 1 @E R @V 1 @E R
= + = + (5.30)
@V T T @V T V @V T T @V T V
@S 1 @E R @V 1 @E
= + = (5.31)
@T V T @T V V @T V T @T V
Nous avons évidemment posé qu’à volume constant le volume ne varie pas !
Pour arriver au résultat cherché, il su¢ t ensuite d’utiliser l’égalité des dérivées croisées, un des trucs
favoris des thermodynamiciens
@ @S @ @S
= (5.32)
@T @V T V
@V @T V T
Ce résultat est valable parce que pour une fonction de deux variables, l’ordre des dérivées n’est pas
important, comme on peut facilement le prouver en retournant à la dé…nition de dérivée.
Preuve :
@f f (x + x; y) f (x; y)
= lim
@x y
x!0 x
4 Reif, p.155
1 f (x + x; y + y) f (x; y + y)
= lim lim
y!0 y x!0 x
f (x + x; y) f (x; y)
lim
x!0 x
f (x + x; y + y) f (x; y + y) f (x + x; y) + f (x; y)
= lim lim
y!0 x!0 x y
Dans le dernier membre de droite, il est clair que x et y ont été traitées de la même façon. Il n’est
plus possible de décider si la dérivée partielle par rapport à y a été prise avant ou après celle par
rapport à x, en autant évidemment que ces dérivées existent.
L’égalité des dérivées croisées Éq.(5.32) ci-dessus est généralement écrite sous la forme abrégée
suivante
@2S @2S
= (5.33)
@T @V @V @T
Évidemment, on pourrait dans cette équation remplacer S par E ou par n’importe quelle fonction
d’état.
Tirons maintenant pro…t de l’égalité des dérivées croisées en utilisant nos résultats précédents. En
dérivant l’Éq.(5.30) on obtient
@ @S @ 1 @E R
= +
@T @V T V
@T T @V T V V
1 @E 1 @2E
= + (5.34)
T2 @V T T @T @V
alors qu’en dérivant Éq.(5.31) on a
@ @S 1 @2E
= (5.35)
@V @T V T
T @T @V
Posant l’égalité les deux derniers résultats et utilisant
@2E @2E
= (5.36)
@T @V @V @T
prouve le résultat que nous cherchions, c’est-à-dire que pour toute température
@E
=0 (5.37)
@V T
La loi de Boyle et la thermodynamique nous permettent donc de prouver que l’énergie interne d’un gaz
parfait exprimée en fonction de T et de V ne dépend que de T . Nous pouvons donc obtenir l’énergie
interne purement à partir de la chaleur spéci…que à volume constant. En e¤et, la relation
dQ
/ = dE + pdV (5.38)
montre qu’à volume constant, la chaleur absorbée dans un processus est directement reliée au change-
ment d’énergie interne. En particulier
1 dQ
/ 1 dE
cV = (5.39)
dT V dT V
L’énergie interne pour un volume donné peut donc s’obtenir pour une substance quelconque en intégrant
cV (V; T ) par rapport à la température. Pour un gaz parfait, l’énergie étant indépendante du volume,
il su¢ t de faire cette intégrale pour un volume donné et le tour est joué.
Remarque 134 Nous verrons plus loin que dans le cas général, c’est-à-dire pour un gaz qui n’est pas
nécessairement parfait, une mesure de cV (V; T ) pour un volume donné su¢ t pour trouver cette quantité
pour un volume quelconque lorsqu’on connaît l’équation d’état.
Supposons que par malheur la mesure de chaleur spéci…que à volume constant soit impossible et
que seulement une mesure à pression constante soit disponible. Dois-je m’attrister ? Non, encore une
fois la thermodynamique vient à notre rescousse. Commençons par notre dé…nition de base
dQ
/ = dE + pdV (5.40)
@E @E
dE = dT + dV = cV dT (5.41)
@T V @V T
puisque pour un gaz parfait (@E=@V )T = 0: Donc, pour un gaz parfait on a de façon tout à fait
générale,
dQ
/ = dE + pdV = cV dT + pdV (5.42)
La chaleur spéci…que molaire à pression constante peut maintenant se calculer en sachant la variation
dQ
/ causée soit par dT directement ou soit indirectement à partir du fait qu’il y a une variation dV
causée par la modi…cation de la température à pression constante. Plus spéci…quement, directement
de l’équation précédente on obtient,
dQ
/ dV
cp = cV + p (5.43)
dT p dT p
Remarque 135 Ce dernier résultat s’obtient aussi de l’Éq.(5.42) en changeant de variables pour uti-
liser p et T comme variables indépendantes. On a alors besoin de
dV dV
dV = dT + dp (5.44)
dT p dp T
dV dV
dQ
/ = cV dT + p dT + p dp (5.45)
dT p dp T
La dérivée apparaissant dans l’expression (5.43) pour la capacité calori…que molaire à pression
constante cp est reliée au coe¢ cient de dilatation thermique isobare = (dV =dT )p =V: La quantité
(dV =dT )p s’obtient facilement à l’aide de l’équation d’état écrite sous la forme V (p; T ) = RT =p qui
nous donne immédiatement
dV R
= (5.46)
dT p p
En substituant dans notre expression précédente pour cp on obtient le lien entre chaleur spéci…que à
volume et à pression constante
cp = cV + R (5.47)
La chaleur spéci…que à pression constante est plus grande que celle obtenue à volume constant car
la chaleur absorbée par le système à pression constante peut être transformée aussi en travail, pas
seulement en énergie interne. À volume constant toute la chaleur absorbée va en énergie interne et
donc en augmentation de la température.
5 Reif, Sec. 5.2
Nous terminons cette section satisfaits. Nous savons qu’une mesure d’une chaleur spéci…que quel-
conque su¢ t à nous permettre d’obtenir par intégration l’énergie interne du système. En e¤et, soit que
nous ayons mesuré directement cV (T ), soit que nous ayons mesuré cp ce qui nous permet quand même
d’obtenir cV = cp R. Ensuite, comme l’énergie ne dépend que de la température, nous avons
Z T Z T
@E
E (V; T ) E (V; T0 ) = dT = cV (T ) dT: (5.48)
T0 @T V T0
Il ne nous reste plus qu’à calculer l’entropie et nous connaîtrons tout sur la thermodynamique du
gaz parfait. Avant de procéder, nous faisons une courte digression dans la sous-section suivante pour
calculer la chaleur spéci…que d’un gaz parfait à partir de nos connaissances microscopiques. Un vrai
thermodynamicien serait simplement allé au laboratoire pour obtenir cette chaleur spéci…que. Nous
comparerons donc calcul microsopique et mesures.
5.2.3 À partir du calcul microscopique de l’entropie d’un gaz parfait, on peut en déduire les chaleurs
spéci…ques.6
Nous avons obtenu au chapitre deux que le nombre d’états accessibles pour un gaz d’atomes sans
interaction était donné par
(E; V ) = BV N E 3N=2 (5.49)
Le facteur B est une constante que nous n’avons pas besoin de spéci…er. Les autres facteurs s’expliquent
en se souvenant que le nombre d’états accessibles était obtenu en intégrant sur les coordonnées et les
quantités de mouvement de chaque particule. L’intégrale sur chacune des positions a donné un facteur
V pour chaque particule. L’intégrale sur les quantités de mouvement P de son côté était proportionnelle
N
à E 3N=2 : En e¤et, cette intégrale multiple était
p contrainte par E = 2
i=1 pi = (2m) ce qui correspond
au calcul du volume d’une sphère de rayon 2mE dans l’espace des pi : Cet espace est de dimension
3N .
À partir du résultat pour (E; V ), nous obtenons
3N
ln = ln B + N ln V + ln E (5.50)
2
Utilisant ensuite la dé…nition de la température
1 @ ln 3N 1
= = = (5.51)
kB T @E 2 E
or
3N 3
E= kB T = RT (5.52)
2 2
Ce résultat peut se comprendre intuitivement en disant qu’à chaque degré de liberté est associé une
énergie 21 kB T . Nous prouverons plus rigoureusement au chapitre 7 ce théorème d’équipartition, valable
pour les systèmes classiques.
La thermodynamique nous avait permis de démontrer que l’énergie interne d’un gaz parfait ne
dépend que de la température. Microscopiquement, nous avons explicitement trouvé cette dépendance.
La chaleur spéci…que s’obtient par une simple dérivée
1 @E 3 1 1
cV = = R = 12:47JK mole (5.53)
@T V 2
6 Reif, p.157
Remarque 136 La dernière colonne de ce tableau est obtenue en prenant la valeur expérimentale de cV
et en utilisant cp = cV +R pour calculer le rapport cp =cV . L’accord essentiellement parfait avec la mesure
explicite de cp =cV démontre la validité de la relation cp = cV + R. On peut cependant se demander
pourquoi la valeur de cV elle-même est en désaccord avec le résultat théorique 12:47 JK 1 mole 1
lorsque le gaz n’est pas monoatomique. Remarquons d’abord que pour les deux gaz diatomiques azote
et oxygène, le résultat est près de cV = 52 R = 20:78 JK 1 mole 1 . De même pour le dioxyde de
7 1 9
carbone, un gaz triatomique, on a cV 2 R = 29:09 JK mole 1 et pour l’éthane cV 2R =
1 1
37:41 JK mole . Toutes ces chaleurs spéci…ques sont plus petites que ce à quoi nous nous serions
attendus à partir de la mécanique classique. En e¤ et, pour un gaz diatomique par exemple, nous nous
serions naïvement attendus à six degrés de liberté, soit trois de translation, et trois de rotation (associés
aux angles d’Euler), ce qui nous aurait donné une chaleur spéci…que de 62 R. Le fait que la chaleur
spéci…que soit plus petite vient de la mécanique quantique. Nous reviendrons plus tard, dans le cadre
du problème (7.9.1), sur l’explication du résultat 52 R. Gibbs ne connaissait pas la mécanique quantique,
de telle sorte que le fait que la chaleur spéci…que d’un gaz diatomique soit expérimentalement de 52 R
plutôt que de 26 R a été su¢ sant pour lui faire croire que ses idées n’étaient pas vraiment applicables.
Souvenons-nous que ce problème avait même été posé à Clausius !
Remarque 137 On peut avoir un gaz parfait qui n’est pas monoatomique parce que la pression est
reliée au mouvement du centre de masse. Donc, peu importe les degrès de liberté internes, si un gaz est
su¢ samment dilué et à température su¢ samment élevé, il sera un gaz parfait, obéissant à P V = RT:
Par contre, la chaleur spéci…que dépend des degrés de liberté internes d’une molécule cas on peut y
emmagasiner de l’énergie interne. C’est pourquoi, lorsqu’on sait qu’on a un gaz parfait, on sait que
P V = RT , mais on ne sait pas à priori sa chaleur spéci…que. Cela dépend des détails de la molécule
impliquée et à la température de la pièce, la mécanique quantique intervient comme nous le verrons au
chapitre 7 en particulier.
Revenons à la thermodynamique pure. Nous allons maintenant montrer qu’avec l’équation d’état
et la chaleur spéci…que, nous avons su¢ samment d’information pour calculer l’entropie par simple in-
tégration. L’entropie est utile pas seulement d’un point de vue théorique. En e¤et, supposons qu’on
veuille connaître la relation entre volume et pression dans un processus adiabatique comme celui ren-
contré dans le cycle de Carnot. Alors la connaissance de S (p; V ) su¢ t puisqu’en posant S = cte on
trouve une relation entre p et V:
Allons-y pour le calcul de l’entropie. En utilisant l’équation d’état on peut réécrire notre relation
7 Reif, p.157
J.R. Partington et W.G. Schilling The Speci…c Heats of Gases, p.201, Benn, London, 1924
8 Reif, Sec. 5.4
Z T Z V
cV (T 0 ) 0 dV 0
= dT + R (5.57)
T0 T0 Vi V0
Comme nous étudions le gaz parfait, la chaleur spéci…que est constante et l’intégrale peut être facilement
faite
T V
S (T; V ; ) S (T0 ; Vi ; ) = cV ln + R ln : (5.58)
T0 Vi
Nous reviendrons à la section 5.7.1 sur ce résultat pour en étudier la dépendance en nombre de moles.
5.2.5 Dans une dilatation ou une compression adiabatique, les changements de pression et volume sont
reliés par pV = cte pour garder l’entropie constante.9
Nous avons déjà souvent rencontré des processus de compression ou de dilatation adiabatique. Nous
avons utilisé que pV = cte dans un tel processus. Plus spéci…quement, dans le contexte des cycles
de Carnot, nous avons prouvé en partant de notre expression microscopique pour l’entropie d’un gaz
parfait monoatomique que pV 5=3 = cte (voir Éq.(4.89)). Nous présentons ici le résultat qui est valable
pour un gaz parfait quelconque où cV n’est pas nécessairement égal à 3R=2:
Une autre façon de voir le résultat pV = cte du point de vue de la thermodynamique est de dire
que lorsque nous réécrivons la pression en fonction du volume et de l’entropie p (S; V ) plutôt qu’en
fonction du volume et de la température p (T; V ) comme c’était le cas dans l’équation d’état, alors
où f (S) est une fonction de l’entropie pour le moment inconnue. Sachant ce que nous savons mainte-
nant, nous pouvons e¤ectivement prouver ce résultat à partir de notre expression pour l’entropie par
mole Éq.(5.58) qui, utilisant cV ln T = R ln T cV =R , se réécrit
V T cV =R = cte (5.61)
Dans cette dernière expression, nous avons utilisé le fait que pour un gaz parfait quelconque (pas
nécessairement monoatomique) nous avons cp = cV + R. Notons en passant que l’expression reliant
volume et température dans un processus adiabatique Éq.(5.61) se réécrit aussi
Nous donnons maintenant une dérivation alternative partant de notre relation habituelle
T dS = dE + pdV (5.68)
0 = cV dT + pdV: (5.70)
Cette équation détermine une relation entre T et V (ou entre p et V , ou n’importe quelle autre paire)
le long d’une surface adiabatique (S = cte). De cette équation, nous allons montrer comment arriver au
résultat recherché en prenant trois chemins di¤érents a…n d’illustrer les manipulations qu’on rencontre
en thermodynamique.
1. Par intégration, on peut obtenir directement le résultat Éq.(5.61). En e¤et, si on prend T et V
comme variables indépendantes, il su¢ t d’exprimer p en fonction de ces variables à l’aide de
l’équation d’état. On trouve alors
RT
0 = cV dT + dV (5.71)
V
dT dV
0 = cV + R (5.72)
T V
T V
0 = cV ln + R ln (5.73)
T0 V0
cV T V
0 = ln + ln (5.74)
R T0 V0
!!
cV =R
T V
0 = ln cV =R
: (5.75)
T0 V0
Dans cette section, nous allons obtenir des relations très générales, indépendantes du modèle mi-
croscopique décrivant une substance homogène à l’équilibre thermique. Un mélange d’huile et d’eau est
un exemple de substance non-homogène. Nous introduirons la notion de potentiel thermodynamique
ainsi que des relations entre dérivées thermodynamiques connues sous le nom de relations de Maxwell.
L’énergie interne est un exemple de potentiel thermodynamique et
@T @p
= (5.91)
@V S @S V
T dS =6 dQ = dE + pdV + 6 dW 0 (5.92)
où nous avons supposé que les processus sont réversibles et où nous avons écrit tout travail qui pouvait
être fait par d’autres moyens qu’un changement de volume sous la forme 6 dW 0 .
10
5.3.1 Pour l’energie interne, dE = T dS pdV: On dit donc que les variables naturelles sont S et V .
L’énergie interne est un potentiel thermodynamique. Comme les autres potentiels thermodyna-
miques qui vont suivre, c’est une fonction d’état. Sa signi…cation physique est la suivante. Si aucun
travail n’est fait par le système ou sur le système, alors la chaleur absorbée par le système est simplement
égale au changement d’énergie interne
dQ = dE ; pour dV = 0: (5.93)
dE = T dS pdV (5.94)
On en déduit que
@E
= T (5.95)
@S V
@E
= p (5.96)
@V S
En dérivant une fois de plus ces deux dernières équations et en utilisant l’égalité des dérivées croisées
@2E @2E
= (5.97)
@S@V @V @S
on obtient notre première relation de Maxwell
@T @p
@V S
= @S (5.98)
V
Remarque 138 La quantité (@T =@V )S est proportionnelle à la l’inverse du coe¢ cient de dilatation
thermique à entropie constante. Autrement dit, cette dérivée nous renseigne sur le changement de
température produit par un changement de volume pour un système isolé thermiquement, i.e. qu’on
dilate ou comprime à entropie constante. C’est une quantité bien dé…nie physiquement. Il n’est pas
évident à priori que cette quantité soit liée à (@p=@S)V : La signi…cation physique de cette dernière
@p
dérivée n’est pas très claire non plus. Cependant, lorsqu’on écrit @Q = T@p@S ; cette dérivée prend
V V
une signi…cation empirique plus claire. On voit qu’elle nous informe sur le changement de pression
produit par une absorption de chaleur à volume constant. Néanmoins, en pratique, on utilisera les
relations de Maxwell pour éliminer ce type de dérivées par rapport à l’entropie, tel (@p=@S)V ; en
faveur de quantités plus facilement acessibles expérimentalement, tel (@T =@V )S .
Remarque 139 Notons que si on choisit p et T disons comme variables indépendantes, alors dE =
T dS pdV est toujours valable, mais il faut remplacer dE par dE = (@E=@p)T dp + (@E=@T )p dT;
ainsi de suite pour les autres di¤ érentielles, par exemple dV = (@V =@p)T dp + (@V =@T )p dT .
1 0 Reif, p. 161
Supposons maintenant qu’un système absorbe de la chaleur à pression constante et ne fasse pas
/ 0 = 0) que celui fait de façon quasistatique par la pression d’un réservoir de pression
d’autre travail (dW
lors de possibles changements de volume. Alors, notre relation de base Éq.(5.92) nous donne, pour un
processus quasi-statique,
H E + pV: (5.100)
de telle sorte que l’égalité des dérivées croisées nous donne encore une nouvelle relation de Maxwell.
Remarquez qu’à volume constant, la température s’obtient de @H @S V mais qu’à pression constante on
@H
a plutôt que c’est l’enthalpie qu’il faut dériver @S p = T :
@T @V
@p = @S p : (5.106)
S
Les propriétés de convexité des dérivées secondes de l’enthalpie seront discutées après que nous aurons
vu la transformation de Legendre.
5.3.3 Pour l’energie libre de Helmholtz F = E T S, on trouve dF = SdT pdV; donc les variables
naturelles sont T et V: 12
Supposons maintenant qu’on désire connaître le travail fait par l’extérieur dans un processus quasi-
statique où la température est gardée constante, c’est-à-dire lorsque le système est en contact avec un
1 1 Reif, p.162
1 2 Reif, p.163
pdV / 0 = dE
dW T dS = d (E T S) ; pour dT = 0: (5.107)
Dé…nissons donc encore un autre potentiel thermodynamique, fonction d’état, l’énergie libre de Helm-
holtz
F = E TS : (5.108)
La signi…cation physique de cette quantité est que la di¤érence d’énergie libre entre deux états
macroscopiques est égale au travail fait par le monde extérieur sur la substance lorsque la température
est gardée constante. On peut aussi interpréter F comme le travail qu’il faut faire pour créer le système
en présence d’un réservoir de chaleur. Ce travail est plus petit que ce qu’il faut pour créer l’énergie
interne E car une Rpartie de l’énergie vient de la chaleur que le système absorbe du réservoir de chaleur.
Cette chaleur est T dS = T S pour un réservoir à T …xe.
Comme F est une fonction d’état, on peut aussi demander la di¤érence d’énergie libre pour un
processus quelconque où la température peut changer mais où il n’y a pas de travail d’autre source que
le changement de volume (dW / 0 = 0). On obtient, pour un changement in…nitésimal,
dF = dE d (T S) = dE (dT ) S T dS
= T dS pdV (dT ) S T dS (5.109)
@F
= S (5.111)
@T V
@F
= p (5.112)
@V T
de telle sorte que l’égalité des dérivées croisées nous donne encore une fois une nouvelle relation de
Maxwell
@S @p
@V T = @T (5.113)
V
Une fois de plus les propriétés des dérivées secondes pourront être éclaircies après que nous aurons
discuté la transformation de Legendre.
5.3.4 Pour l’energie libre de Gibbs G = E T S + pV on trouve dG = SdT + V dp, donc les variables
naturelles sont T et p. 13
Il ne nous reste plus qu’un cas à considérer, soit celui où on se demande le travail fait par l’extérieur
(autre que celui dû à la pression) lorsque la température et la pression sont toutes les deux gardées
constantes
/ 0
dW = dE T dS + pdV = d (E T S + pV ) (5.114)
pour dT = 0 et dp = 0 (5.115)
On dé…nit donc un autre potentiel thermodynamique, fonction d’état, l’énergie libre de Gibbs
G=E T S + pV (5.116)
1 3 Reif, p.163-164
@G
= S (5.120)
@T p
@G
= V (5.121)
@p T
de telle sorte que l’égalité des dérivées croisées nous donne encore une fois une nouvelle relation de
Maxwell
@S @V
@p = @T p
(5.122)
T
5.3.5 (T; S) et (p; V ) sont des variables thermodynamiques conjuguées. Et comment mémoriser les rela-
tions de Maxwell14
Le moyen le plus simple de reconnaître une dérivée thermodynamique susceptible d’être réécrite à
l’aide d’une relation de Maxwell est de partir de la relation pour le premier potentiel thermodynamique,
soit l’énergie interne,
dE = T dS pdV (5.123)
et de dé…nir la notion de variable thermodynamique conjuguée. La paire de variables (T; S) forme une
paire de variables thermodynamiques conjuguées car elles apparaissent ensemble dans l’expression pour
dE et aussi dans les expressions pour la di¤érentielle de n’importe quel potentiel thermodynamique.
Il en est de même pour la paire de variables (p; V ). Notons en passant qu’une des deux variables est
une variable intrinsèquement extensive, comme S et V alors que l’autre variable de chaque paire est
intrinsèquement intensive, comme p et T . Ces variables intrinsèquement intensives sont égales à celles
de leur environnement à l’équilibre thermique, mais pas les variables intrinsèquement extensives.
Remarque 140 * La notion de variable conjuguée qui est rencontrée ici est analogue à celle rencontrée
en mécanique. Dans ce contexte, on écrit pour le lagrangien L (q;
_ q) que le moment conjugué à q_ est p
dé…ni par
@L
p= (5.124)
@ q_ q
1 4 Reif, Sec. 5.6
@E (S; V )
T = (5.126)
@S V
L’analogie avec la dé…nition Éq.(5.124) du moment conjugué en mécanique est claire. En thermody-
namique on passe d’un potentiel thermodynamique à l’autre aussi à l’aide d’une transformation de
Legendre dé…nie par l’équation précédente (voir aussi la section suivante Sec. 5.3.7), qui est utilisée
pour exprimer S en fonction de sa variable conjuguée T et du volume, et par la relation
À chaque fois qu’on rencontre la dérivée d’une variable thermodynamique où la variable thermody-
namiquement conjuguée est gardée constante alors que la dérivée est prise par rapport à une des deux
variables de l’autre paire, alors une relation de Maxwell s’applique. Pour trouver toutes les relations
de Maxwell, on part de dE = T dS pdV: Si S et V sont les variables indépendantes (i.e. on dérive
par rapport à l’une d’elle en gardant l’autre constante) cela su¢ t à trouver la relation de Maxwell
correspondante en posant l’égalité des dérivées croisées
@T @p
= (5.128)
@V S @S V
Si, par contre, S et p sont les variables indépendantes, le potentiel thermodynamique naturel est l’en-
thalpie. Se souvenant du changement de signe habituel associé au passage d’une variable indépendante
à l’autre qui lui est conjuguée, on a dH = T dS + V dp d’où on trouve facilement la relation de Maxwell
impliquant S et p comme variables indépendantes soit
@T @V
= (5.129)
@p S @S p
dE = T dS pdV (5.130)
dH = T dS + V dp (5.131)
dG = SdT + V dp (5.133)
Les relations de Maxwell se lisent directement de ces relations.
L’utilisation principale des relations de Maxwell est de remplacer les dérivées de l’entropie
à température constante, qui ne correspondent par à des quantités facilement accessibles
expérimentalement, par des dérivées qu’on peut calculer à partir de l’équation d’état ou
obtenir facilement expérimentalement.
Remarque 142 Un autre moyen mnémotechnique consiste à remarquer que toutes les relations de
Maxwell peuvent se réécrire T S = pV si on oublie les signes de di¤ érentielles et si on manipule les
variables de façon algébrique. Pour décider du signe, il su¢ t de remarquer que le signe est positif si
on a une dérivée d’une variable intensive par rapport à une autre variable intensive ou une variable
extensive par rapport à une variable extensive. On a un signe négatif dans le cas contraire.
F= rV (5.135)
@E
p= : (5.136)
@V S
Remarquez que la dérivée est prise à entropie constante. Si c’est la température qu’on veut garder
constante, la pression est quand même la dérivée d’un potentiel, mais cette fois-ci le potentiel est
l’énergie libre de Helmholtz. Cela se voit à partir de l’équation (5.112), c’est-à-dire
@F
p= : (5.137)
@V T
Si on tient la température constante, le réservoir de chaleur contribue. C’est la raison pour laquelle
c’est F et non E qui intervient dans ce cas.
3. En général, à partir de la condition d’égalité des dérivées croisées d’un potentiel thermodynamique,
on tire des relations entre dérivées thermodynamiques qui s’appellent relations de Maxwell. L’éga-
lité des dérivées croisées est analogue à la condition r (r ) = 0 pour un potentiel en méca-
nique ordinaire. En e¤et, soit les cas où l’énergie potentielle gravitationnelle par exemple dépend
de deux variables, x et y, alors, r (r ) = b z @ 2 =@x@y @ 2 =@y@x = 0
Les deux propriétés suivantes discutent les analogues des conditions de minimum que l’on retrouve
en mécanique
@2E
>0 (5.141)
@S 2 V
comme on peut s’en convaincre en regardant la …gure (5-1) de côté. Le fait que la dérivée seconde
soit positive nous dit que l’énergie est une fonction convexe (plutôt que concave comme l’entropie).
Nous donnons maintenant une preuve plus rigoureuse des propriétés de convexité de l’énergie
interne.
5. Nous avions prouvé au chapitre trois que l’entropie est une fonction concave de l’énergie et du
volume à partir du fait que l’entropie est maximale à l’équilibre thermodynamique. À partir de
cette même condition de maximum, on peut prouver que l’énergie interne totale est minimale à
l’équilibre thermodynamique (Remarquez l’analogie avec la mécanique). Pour ce faire, on suppose
encore une fois qu’on considère le système plus le réservoir avec lequel il est en contact comme
formant un seul système macroscopique décrit par l’ensemble microcanonique d’énergie totale
E (0) et de volume total V (0) : L’entropie du système plus celle du réservoir à l’équilibre est donc
e Ve ; x + S 0 E (0)
S E; e V (0)
E; Ve (5.142)
où le système prime (S 0 ) est le réservoir. Si l’énergie et le volume dévient de leur valeur à l’équi-
libre, l’entropie du système sera modi…ée mais aussi celle du réservoir. Pour le réservoir, comme
d’habitude, il su¢ t de garder le premier ordre pour obtenir la ‡uctuation d’entropie causée par
E=E E e et V = V Ve
@S 0 @S 0 1 p0
S0 = E V = E V (5.143)
@E 0 V0 @V 0 E0 T0 T0
Comme, lors d’une ‡uctuation, l’entropie totale doit être plus petite que sa valeur au maximum,15
on a S + S 0 0 ou
0
S T10 E Tp 0 V 0 (5.144)
Considérons maintenant S et V comme variables indépendantes. L’équation précédente peut aussi
se réécrire
T 0 S + p0 V + E 0 (5.145)
et s’interpréter comme une condition sur l’énergie interne. Deux conséquences sont intéressantes :
a) Si E ‡uctue à cause de processus microscopiques internes spontanés autres qu’une ‡uctuation
d’entropie ou de volume (i.e. S = 0, V = 0) alors, à l’équilibre l’énergie est minimale. b) Dans
le cas où les ‡uctuations de l’énergie interne viennent seulement de ‡uctuations d’entropie et de
volume alors l’inégalité précédente nous donne des conditions sur les dérivées secondes de l’énergie
interne. En e¤et, développant E en puissances de S et V on obtient
@E @E
E S+ V (5.146)
@S V @V V
2
1 @ E @2E 1 @2E
+ S2 + S V + V2
2 @S 2 V @S@V 2 @V 2 S
1 5 Landau et Lifchitz, section 21.
Comme on s’y attend, pour T = T 0 , p = p0 on a que les termes linéaires dans les variations
s’annulent. Les dérivées secondes nous disent que l’énergie est convexe.
@2E
0 (5.149)
@S 2 V
@2E
0 (5.150)
@V 2 S
Remarque 143 Les dérivées secondes des autres potentiels thermodynamiques que nous allons
discuter ont aussi des propriétés bien dé…nies mais nous allons attendre d’avoir discuté la trans-
formée de Legendre pour attaquer cette question.
Remarque 144 *Les deux conditions précédentes sur les dérivées secondes sont des conditions
nécessaires, mais pas su¢ santes, pour que l’inégalité (5.148) soit satisfaite. Les conditions néces-
saires et su¢ santes peuvent être obtenues en diagonalisant la forme quadratique. On obtient
@2E
0 (5.151)
@S 2 V
et
2
@2E @2E @2E
0 (5.152)
@S 2 V @V 2 S @S@V
@2E
L’inégalité @V 2 0 est une conséquence triviale de ces deux dernières. Une preuve simple
S
des deux résultats, Éqs.(5.151) et (5.152) consiste à noter que
Puisque les variations sont quelconques, les coe¢ cients de V 2 et de de l’autre di¤ érentielle
2
@2E @2E
S+ V @S@V = @S 2 ci-dessus doivent être positifs.
V
6. On peut exprimer l’énergie interne en fonction de n’importe quelle paire de variables. Par exemple,
on sait déjà qu’on peut obtenir E (T; V ) ou E (T; p) etc. Cependant, si on connaît E en fonction
de S et V , alors il est très facile d’obtenir les deux autres variables macroscopiques qui nous
manquent (parmi les cinq), soit T et p; simplement en prenant deux dérivées, comme l’illustrent
les équations (5.95) et (5.96). Tous les potentiels thermodynamiques ont cette propriété : Si on
les connaît en fonction des deux variables “naturelles”, alors les variables thermodynamiques
manquantes sont obtenues par di¤érentiation. Pour en revenir à l’exemple de l’énergie interne, si
pdV = T dS dE (5.154)
d’où
@S (E; V )
p (E; V ) = T (E; V ) (5.155)
@V E
Cette façon de faire est évidemment plus compliquée et moins systématique que si on connaît
l’énergie interne en fonction des variables “naturelles” S et V: Mais il y a pire que ça, cette
méthode ne marche pas vraiment : En e¤et, retournons à l’étape où nous prétendions avoir
obtenu l’entropie à partir de l’Éq.(5.153) par intégration,
Z E
1
S (E; V ) S (E0 ; V ) = dE (5.156)
E0 T (E; V)
Le problème est que nous ignorons la constante d’intégration S (E0 ; V ) : On peut se contenter
d’une énergie de référence E0 , mais comme la constante d’intégration S (E0 ; V ) dépend du vo-
lume, de gros problèmes nous attendent lorsqu’on essaie d’obtenir la pression en prenant une
dérivée par rapport au volume, comme à l’équation (5.155) ci-dessus, puisque la valeur de cette
constante d’intégration a¤ectera la valeur que nous trouverons pour la pression. On peut voir que
ce problème n’est pas imaginaire en considérant le cas du gaz parfait monoatomique. On sait que
3N kB
E (T; V ) = 23 N kB T: Donc, T (E;V
1
) = 2E et l’intégrale de cette quantité par rapport à l’énergie,
comme dans l’Éq.(5.153), nous montre que toute la dépendance en volume de l’entropie vient en
fait de la constante d’intégration ! Si on met cette constante d’intégration égale à zéro, on obtient
que la pression du gaz parfait est zéro. Autrement dit, ci-dessus nous n’avons tenu compte que
du fait que S (E; V ) peut dépendre de V travers le fait que T peut dépendre de E et V; mais S a
aussi une dépendance explicite en V: On en conclut que pour pouvoir obtenir toute l’information
thermodynamique à partir de l’énergie interne, il faut la connaître en fonction de S et V: La
connaissance de E en fonction d’une autre paire de variables thermodynamiques est insu¢ sante
en général, sauf dans les cas où on peut utiliser la troisième loi de la thermodynamique ! (Voir
note ci-dessous) Évidemment, si on connaît de l’information en plus, comme l’équation d’état
p(T; V ), on peut trouver S à partir de E de p et de T dS = dE + pdV:
7. La note précédente nous montre que trouver un potentiel thermodynamique par intégration peut être
dangereux si on ne connaît pas la constante d’intégration. La troisième loi de la thermodynamique
nous fournit des constantes d’intégration à profusion puisque dans la plupart des cas, s’annule
à T = 0; quelle que soit la valeur des autres variables thermodynamiques ! On peut donc en
pro…ter. Par exemple, si on connaît E (T; V ) jusqu’à T = 0 (ce qui implique nécessairement que
la mécanique quantique intervient), alors on peut trouver l’entropie de la façon suivante
Z T
@E (T 0 ; V ) dT 0
S (T; V ) 0 = : (5.157)
0 @T 0 V T
0
5.3.7 On passe d’un potentiel thermodynamique à l’autre par une transformation de Legendre
Le passage entre les potentiels thermodynamiques peut être considéré mathématiquement comme
une transformation de Legendre. Vous rencontrerez ce genre de transformation dans votre cours de
mécanique II où vous apprendrez que le passage du Hamiltonien au Lagrangien s’e¤ectue par une
transformation de Legendre.
Soit y (x) une fonction concave de x: Il est possible d’exprimer x en fonction de y 0 = dy=dx sans
ambiguïté parce que la concavité de y implique que y 0 est une fonction monotone de x, c’est-à-dire
d2 y=dx2 = dy 0 =dx < 0. Ceci veut dire qu’on peut écrire y comme une fonction de y 0 plutôt que de
x en faisant le changement de variable y (x (y 0 )). La fonction y ne dépend alors de y 0 qu’à travers
la dépendance de x sur y 0 , c’est-à-dire x (y 0 ). Il est possible de dé…nir une nouvelle fonction qui elle
demeurera inchangée au premier ordre lorsque x change à y 0 …xe. C’est la transformée de Legendre.
La transformée de Legendre d’une fonction concave y (x) donne une nouvelle fonction (convexe) qui
dépend plutôt de la dérivée y 0 dy (x) =dx.
z (y 0 ) = y (x (y 0 )) y 0 x (y 0 ) (5.159)
dy(x)
y0 = dx (5.160)
est une fonction de y 0 qui s’appelle la transformée de Legendre de y (x). On sous-entend que c’est la
dernière équation qui doit être inversée pour écrire x en fonction de y 0 .
Exemple 77 Le passage de E à F est une transformation de Legendre qui nous fait passer d’un
potentiel thermodynamique (E) ayant S comme variable naturelle à un autre potentiel thermodynamique
(F ) ayant T comme variable naturelle, V jouant le rôle d’un paramètre qui n’intervient nullement dans
le raisonnement. En e¤ et, soit z = F (T ), y = E (S) dans les dé…nitions ci-haut:16 Le rôle de x est
joué par S et celui de y 0 par T: La transformée de Legendre s’obtient de
y'
y(x)
-xy'
y
z
x
Fig. 5-5 Construction graphique de la transformée de Legendre z (y 0 ) de la fonction y (x) :
La constante est une fonction de N que nous calculerons explicitement plus tard. Contentons-nous
d’utiliser le résultat exact ( " # )
3=2
V E
S = N kB ln + 0 (5.166)
N N
sans spéci…er la constante 0 que nous calculerons plus tard. Il y a deux façons (au moins) de procéder
à partir d’ici. La façon la plus simple est décrite juste après cet exemple. La façon systématique, mais
plus compliquée, de procéder pour la suite est celle décrite ci-haut. On obtient E (S; V ) simplement en
inversant l’expression pour l’entropie ci-dessus,
2=3
E (S; V ) N 2 S
0
= e3 N kB
(5.167)
N V
c) Ce résultat nous permet d’obtenir E (S; V ) en fonction des mêmes variables T; V simplement en
faisant E (S (T; V ) ; V ) ce qui nous donne
ce qui complète le processus. On peut véri…er que tout est cohérent en calculant les dérivées de cette
énergie libre de Helmholtz
@F N kB T
= p (T; V ) = (5.173)
@V T V
( " # )
3=2
@F V 3kB T
= S (T; V ) = N kB ln + 0 (5.174)
@T V N 2
La façon de trouver F illustrée par l’exemple précédent est systématique. Mais ici il est plus simple
de procéder de la façon suivante : a) À partir de l’expression pour l’entropie microcanonique Éq.(5.166),
on obtient
1 @S 3 N kB
= = (5.175)
T @E V 2 E
d’où E (T; V ) = 32 N kB T: On sait qu’avec (T; V ); l’énergie est indépendante du volume. b) De là,
F (T; V ) = E (T; V ) T S (T; V ) donne directement l’Éq.(5.172) si on remplace E apparaissant dans
l’expression pour S (E; V ) par E (T; V ) = 23 N kB T .
Remarque 146 Abus de langage : Les résultats ci-dessus illustrent concrètement une ambiguïté de
notation qui ne plairait pas au mathématiciens. On voit bien que E(S; V ) à l’Éq.(5.167) n’est pas la
même fonction de ses arguments au sens mathématique que E (T; V ) Éq.(5.170), même si on utilise le
même symbol pour ces deux fonctions ! On garde le même symbol parce que dans les deux cas on parle
de l’énergie.
Remarque 147 *Autre écriture pour la transformée de Legendre. Conjuguée de Fenchel. Soit F (T ) =
supS fT S E (S)g c’est-à-dire pour un T …xe la valeur de F (T ) est la plus grande valeur de T S
E (S) lorsqu’on fait varier S: Lorsque T S E (S) peut être dérivée, on trouve la dé…nition habituelle
de la transformation de Legendre, c’est-à-dire
F (T ) = E (S (T )) T S (T ) (5.176)
@E
T = (5.177)
@S
qui donne l’endroit où la dérivée première de T S E (S) s’annule à T …xe. Dans le cas où il y a des
transitions de phase, les potentiels thermodynamiques ne peuvent pas être dérivés et ils perdent leur
équivalence. Dans ce cas, en particulier pour les transitions de premier ordre, cette façon de faire est
utile. La quantité supS fT S E (S)g est la conjuguée de Fenchel de E (ou la transformée de Legendre-
Fenchel).17
Théorem 78 La transformée de Legendre d’une fonction concave est une fonction convexe.
1 7 Complete analysis of phase transitions and ensemble equivalence for the Curie-Weiss-Potts model, M. Costeniuc,
R.S. Ellis, H. Touchette. J. Math. Phys. 46, 063301, 2005. cond-mat/0410744. Complete analysis of phase transitions
and ensemble equivalence for the Curie-Weiss-Potts model, M. Costeniuc, R.S. Ellis, H. Touchette. J. Math. Phys. 46,
063301, 2005. cond-mat/0410744.
dz = x (y 0 ) dy 0 (5.178)
dz
= x (y 0 ) (5.179)
dy 0
d2 z dx (y 0 ) 1 1
= = dy 0
= (5.180)
dy 02 dy 0 dx(y 0 )
d2 y
dx2
2 2
d y d z
Ceci prouve que si y (x) est concave dx 2 < 0 alors z (y 0 ) est convexe, c’est-à-dire dy 02 > 0 .
Notons qu’on peut aussi arriver au résultat de la dernière ligne directement à partir de celui de
la ligne du milieu en prenant la dérivée par rapport à x. Dans ce cas, il faut considérer que le
membre de gauche dépend de x seulement indirectement à travers la dépendance en y 0 : À partir
de là, nous avons
d dz d2 z dy 0 d2 z d2 y
0
= 1= 0 0 = 2 (5.181)
dx dy dy dy dx d (y 0 ) dx2
2
d2 z d y
d’où d(y 0 )2 dx2
= 1; ce qui prouve bien le résultat recherché. C.Q.F.D.
Théorem 79 La transformée de Legendre est une involution, c’est-à-dire que la transformée de Le-
gendre de la transformée de Legendre nous redonne la fonction initiale.
dz 0
w = z y (5.182)
dy 0
dz 0
= y y0 x y (5.183)
dy 0
dz
Or, nous savons de la deuxième équation de la preuve précédente que dy 0 = x (y 0 ) d’où
w=y y 0 x + xy 0 = y (5.184)
C.Q.F.D.
Remarque 148 Il n’a pas été nécessaire d’intégrer pour trouver la transformée inverse. La propriété
d’involution montre qu’aucune information n’est perdue dans la transformée de Legendre. La correspon-
dance entre une fonction et sa transformée de Legendre est biunivoque. C’est ce qui permet à un potentiel
thermodynamique de demeurer un potentiel thermodynamique sous transformation de Legendre.
Les exemples suivants illustrent avec l’énergie libre de Helmholtz diverses propriétés des transfor-
mations de Legendre.
dF = dE T dS SdT (5.187)
= T dS pdV T dS SdT (5.188)
= SdT pdV (5.189)
(@F=@T )V = S (5.190)
(@E=@S)V = T (5.191)
En d’autres mots, lorsqu’on fait une transformée de Legendre sur une paire de variables conjuguées,
alors les dérivées premières des potentiels thermodynamiques par rapport à la variable naturelle sont
reliées à la variable conjuguée de cette variable naturelle. Et il y a toujours un signe négatif qui apparaît
dans un des deux cas.
est une autre façon de dé…nir la transformé de Legendre. La condition de minimum donne (@E=@S)V =
T:
@F
W = F T (5.193)
@T V
= F + ST = E T S + ST = E: (5.194)
@ @F @ ( S)
= = 1 (5.195)
@S @T V @S V
@ @F @ @F @T
1= = (5.196)
@S @T V @T @T V @S V
@2F @2E
1= (5.197)
@T 2 V @S 2 V
ce qui montre que les dérivées secondes par rapport aux variables naturelles ont des signes opposés.
Remarque 150 * Par contre, si on écrit simplement y (x (y 0 )) ; le fait que la fonction y soit concave
garanti que pour chaque y 0 il n’y a qu’un y; mais le chemin inverse n’est plus possible. En e¤ et, il est
facile de voir graphiquement que toutes les fonctions y (x) déplacées rigidement sur l’axe des x ont la
même valeur de y (y 0 ) ce qui veut dire que le retour vers x devient ambigu. Pour être plus spéci…que,
considérons le graphique de y (x) et celui de g (x) = y (x + b). Alors, g 0 (x) = y 0 (x + b) de telle sorte
que la même valeur de la dérivée g 0 = y 0 peut nous donner x ou x + b comme inverse. En d’autres mots,
pour retourner à y (x) à partir de y (y 0 ), il faut trouver y 0 = f (y) en prenant l’inverse de la fonction
y (y 0 ), puis intégrer cette équation di¤ érentielle, ce qui nous laisse avec une constante d’intégration
arbitraire. Ceci est illustré à la …gure (5-6)
4.5
3.5
y(x), g(x)
2.5
1.5
0.5
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Fig. 5-6 Ambiguité survenant lorsqu’on essaie d’utiliser la dérivée comme variable indépendante. : Ceci
est illustré par cet exemple pour lequel le retour à y (x) est impossible si on ne connaît que y (y 0 ) : En
e¤et, on illustre deux fonctions concaves, y (x) et g (x) = y (x + b) qui sont telles que y (y 0 ) = g (g 0 ) : Les
tangentes permettent aussi de véri…er que ces deux fonctions n’ont cependant pas la même transformée de
Legendre. Celle-ci est l’intersection de la tangente avec l’ordonnée en fonction de la valeur de la tangente.
Remarque 151 * La transformée de Legendre prend toute son importance lorsqu’on considère les
fonctions de plusieurs variables. En e¤ et, E (S + f (V ) ; V ) et E (S; V ) donnent toutes les deux la
même fonction E (T; V ) car la pente de E (S + f (V ) ; V ) (tracée à V …xe) donne la même valeur de
T à S + f (V ) que la fonction E (S; V ) à S. En d’autres mots, un déplacement rigide de la courbe
E (S; V ) sur l’axe S ne change pas la valeur de la fonction E (T; V ), ce qui peut être physiquement
incorrect lorsque ce déplacement rigide est fonction du volume. Par contre, la dé…nition géométrique
de la transformée de Legendre montre bien que E (S + f (V ) ; V ) et E (S; V ) ont deux transformées de
Legendre di¤ érentes. Il n’y a donc pas d’information perdue dans le changement de variable lorsque par
la suite on prend des dérivées par rapport au volume ! Nous avons démontré explicitement plus haut
que E (T; V ) ne contient pas assez d’information pour obtenir la pression. C’est dans ce contexte que
la transformée de Lengendre prend son importance puisque F (T; V ), qu’on peut obtenir de E (S; V )
par transformée de Legendre, lui contient toute l’information pour obtenir la pression. Donc, E (S; V )
et F (T; V ) sont des potentiels thermodynamiques. Par contre, lorsque exprimée en fonction de T et
de V; l’énergie interne E (T; V ) ne su¢ t pas pour obtenir la pression, tel que discuté au point 5 de la
section (5.3.6), à moins d’utiliser une intégrale pour obtenir l’entropie, tel que discuté au point 6.
À partir du fait que la transformation de Legendre d’une fonction est concave si la fonction est
convexe et vice versa, et sachant des Éqs.(5.149) et (5.150) que
@2E @2E
0 ; 0 (5.198)
@S 2 V @V 2 S
nous obtenons facilement les propriétés de convexité suivantes pour les autres potentiels thermodyna-
miques :
@2H @2F
0 ; 0: (5.199)
@p2 S @T 2 V
Le résultat pour les dérivées prises par rapport à la variable “passive” qui n’est pas impliquée dans la
transformée de Legendre est plus di¢ cile à prouver. Le résultat est que la dérivée seconde ne change
Remarque 152 Les inégalités ci-dessus sont faciles à mémoriser : Les dérivées secondes sont posi-
tives lorsqu’on dérive un potentiel thermodynamique par rapport à une variable extensive et elles sont
négatives lorsqu’on dérive par rapport à une variable intensive.
Remarque 153 Le cas où la dérivée seconde est égale à zéro est pathologique car il correspond à
une dérivée seconde in…nie pour la transformée de Legendre, comme on peut le voir de l’Éq.(5.180)
ci-dessus. La dérivée seconde s’annule dans les transitions de phase de deuxième ordre. Le choix du
potentiel thermodynamique le plus approprié se pose alors de façon plus pressante !
Remarque 154 L’enthalpie et l’énergie libre de Helmholtz ont une convexité qui dépend de la variable
considérée comme on peut le voir ci-dessus.
Remarque 155 * Pour vraiment prouver les inégalités ci-dessus il faut être prudent. Considérons par
exemple le passage des dérivées secondes de E (S; V ) à celles de F (T; V ) : On note tout d’abord le cas
facile
@E
= T (S; V ) (5.202)
@S V
@2E @T 1 1
= = @S
= @2F
(5.203)
@S 2 V @S V @T V @T 2 V
h i 1
@2E @2F
@S 2 = @T 2
V V
ce qui généralise directement le cas à une variable : en éliminant S en faveur de T le nouveau potentiel
thermodynamique correspondant a une dérivée seconde qui est l’inverse de celle de départ et qui est de
signe opposé. Le cas de la variable qui n’a pas subi la transformation de Legendre, ici la variable V; est
plus subtil. On obtient
@F
= p (T; V ) (5.204)
@V T
@2F @p @ @E (S; V )
= = (5.205)
@V 2 T @V T @V @V S T
@2E @2E @S
= + (5.206)
@V 2 S @S@V @V T
Nous aimerions exprimer la dernière dérivée comme la dérivée seconde d’un potentiel thermodynamique.
Il est facile de le faire en utilisant la relation entre S et l’énergie libre de Helmholtz
@S @2F
= (5.207a)
@V T @V @T
Ce n’est cependant pas su¢ sant car ce ne sont que les dérivées secondes de E (S; V ) que nous connais-
sons. Nous avons donc besoin de dérivées à entropie constante, ou a volume constant, pas de dérivées
à température constante. Il est facile de faire le changement en notant que
@S @S @T
= (5.208)
@V T @T V @V S
@S @S
dS = dV + dT (5.209)
@V T @T V
@S
Avec ce résultat, notre équation pour @V T devient
et
@2F @2E @2E @2F @2E
= + (5.212)
@V 2 T @V 2 S @S@V @T 2 V @S@V
@2F
Utilisant le résultat précédent pour @T 2 , on trouve le dernier résultat qui nous manque
V
Remarque 156 * La dernière relation que nous venons de dériver peut être utilisée pour trouver faci-
lement la relation entre compressibilité isotherme et isentropique. La généralisation de cette relation aux
autres potentiels thermodynamiques permet de trouver (par exemple) la relation entre chaleur spéci…que
à pression et à volume constant, comme par exemple l’Éq.(5.259) ci-dessous.
Remarque 157 * L’entropie étant aussi une fonction concave, on peut dé…nir ses transformées de
Legendre. Celles-ci s’appellent fonctions de Massieu.19 Elles sont cependant moins utilisées en thermo-
dynamique élémentaire.
Les inégalités que nous venons de déduire ont des conséquences importantes sur les “fonctions de
réponse”comme la chaleur spéci…que et la compressibilité. En e¤et, les huit inégalités apparaissant au
début de la section (5.3.8) ci-dessus peuvent aussi se réécrire
@T T @p 1
= 0 ; = 0 (5.214)
@S V CV @V S V S
@T T @V
= 0 ; = V S 0 (5.215)
@S p Cp @p S
@S CV @p 1
= 0 ; = 0 (5.216)
@T V T @V T V T
@S Cp @V
= 0 ; = V T 0 (5.217)
@T p T @p T
Remarque 158 * Toutes les inégalités précédentes sur les chaleurs spéci…ques et les compressibilités
peuvent être obtenues à partir seulement de changements de variables et des conditions nécessaires et
su¢ santes pour la convexité de l’énergie Éqs.(5.151)(5.152). À partir de ce que nous connaissons déjà,
nous allons voir ci-dessous qu’il est aussi possible, par changement de variables, de prouver Cp > CV
et T > S : Ces inégalités sont un cas particulier du principe dit de Le Châtelier-Braun qui peut
aussi être dérivé à partir de la concavité de l’entropie.20 La relation entre Cp et CV ou celle entre T
et S viennent automatiquement lorsqu’on connaît les relations entre dérivées secondes des potentiels
thermodynamiques.
5.3.9 Selon le potentiel thermodynamique choisi, il peut être maximum ou minimum en fonction des
variables macroscopiques ou microscopiques.
Supposons d’abord que d’autres processus changent l’énergie interne mais que S et V demeurent
de bonnes variables. Alors, utilisant la notation des forces généralisées,
X
dE = T dS pdV X dx (5.218)
Comme nous avons prouvé à l’Éq.(5.145) que l’énergie interne d’un système est minimale, en fonction
des x , à l’équilibre lorsque S et V sont maintenus constants, cela veut dire que l’enthalpie H aussi est
minimale, mais lorsque S et p sont maintenus constants, l’énergie libre lorsque T et V sont constants
et l’énergie libre de Gibbs lorsque T et p le sont.
Rappelons que l’Éq.(5.145), T 0 S + p0 V + E 0; est une conséquence directe du fait que
l’entropie totale, incluant le système et le réservoir en contact avec celui-ci, est maximale à l’équi-
libre. Comme H = E + pV; l’inégalité précédente se réécrit, T 0 S + p0 V + (H pV ) = T 0 S +
(p0 p) V V p+ H 0: En posant que le réservoir est à l’équilibre avec le système, p0 = p; on
0
obtient T S V p + H 0 et donc, le fait que H soit minimal à l’équilibre lorsque S et p sont
constants, correspond à maximiser l’entropie du système et du réservoir à S et p constants. De même,
la condition de minimum de l’énergie libre de Helmholtz à T et V …xe correspond à la condition de
maximum de l’entropie du système et du réservoir combinés à T et V …xes pour le système. Mutatis
mutandis pour l’énergie libre de Gibbs.
Exemple 84 * Voici l’explication de la démonstration vidéo faite en classe sur la lévitation. On part
de la relation suivante, valable à température et pression constantes
dG = 0V M dH (5.220)
2 0 Landau et Lifchitz, Section 22.
Un supraconducteur est un diamagnétique parfait, c’est-à-dire qu’il tend à produire des courants qui
expulsent le champ magnétique. En unités SI, le diamagnétisme parfait correspond à M = H et donc,
Hc2
Gs (T; p; Hc ) = Gs (T; p; 0) + 0 V (5.222)
2
Pour minimiser son énergie libre de Gibbs, le supraconducteur veut expulser le champ magnétique. Il le
fait en faisant lever l’aimant, c’est-à-dire en faisant un travail mgh dans le champ graviationnel où h
est la hauteur. Le fait de faire ce travail abaisse son énergie libre de Gibbs en diminuant H et en rajou-
tant un terme mgh à droite de l’équation ci-dessus. Lorsque h augmente, H dans le supraconducteur
diminue. Il y a un minimum. Notez que l’entropie est allée du supraconducteur chaud au bain d’azote
froid. L’entropie totale a augmentée. Une partie de la chaleur est allée au réservoir froid et une autre
partie en travail pour faire lever l’aimant.
5.3.10 Lorsqu’on a un processus qui va dans une seule direction plutôt qu’un cycle, le travail est maximal
lorsqu’il est fait de façon réversible.
Passons maintenant au cas des processus irréversibles. Soit un processus irréversible où le système
fait un travail sur le monde extérieur sans échange de chaleur. Par exemple, on peut penser à un système
qui se détend très rapidement en faisant un travail sur un réservoir de pression mais sans échanger de
chaleur avec ce réservoir. Bien que Qirr = 0 dans ce processus, il y a changement d’entropie puisque
le processus est irréversible. La relation T dS = dQ / n’est pas valable ici car le processus n’est pas
quasi-statique. On ne peut pas supposer que l’équilibre thermodynamique s’établit à toutes les étapes.
Par exemple, si la détente est trop rapide, la température peut varier d’un endroit à l’autre à l’intérieur
du système. La première loi dans un tel processus nous donne
E= Wirr (5.223)
pour le changement d’énergie du système. Comme l’énergie est une fonction d’état, on peut aussi aller du
même état initial au même état …nal par un processus quasi-statique réversible. Dans ce cas cependant
il sera nécessaire en général d’échanger de la chaleur avec le reste du monde. Dans notre exemple, on
laisserait le système se détendre encore une fois mais lentement, en lui permettant d’échanger de la
chaleur avec son environnement. On aura donc dans ce cas
Comme dans le premier processus irréversible nous avons relâché des contraintes il faut absolument
que l’entropie ait augmenté, ce qui veut dire pour le processus réversible que
Z
Qrev = T dS > 0 (5.225)
Éliminant E des deux premières équations et utilisant la dernière pour la chaleur on obtient
Du point de vue de quelqu’un qui fait de la mécanique statistique, il su¢ t de calculer S (E; V ) à
partir de la connaissance des états microscopiques du système pour obtenir tout ce qu’on désire savoir
à son sujet. En e¤et, une dérivée de S (E; V ) par rapport à l’énergie nous donnera la température,
et une dérivée par rapport au volume nous permettra d’extraire la pression. Ce genre de calcul est
parfaitement illustré à partir de l’exemple du gaz parfait que nous avons traité ci-dessus.
Notez que sachant S (E; V ) il est facile de calculer les autres potentiels thermodynamiques. Par
exemple, F (T; V ) = E (@E=@S)V S avec T (@E=@S)V . Nous verrons aux chapitres six et sept
qu’il peut être plus facile de calculer F (T; V ) que S (E; V ). En pratique donc, celui qui fait de la
mécanique statistique calculera un potentiel thermodynamique quelconque et déduira tout le reste à
partir de celui-ci.
Le point de vue du thermodynamicien est di¤érent. Il n’y a pas d’appareil de laboratoire qui
permette de mesurer l’entropie directement. Par contre, des appareils simples lui permettent de mesurer
l’équation d’état, c’est-à-dire la relation p (V; T ). De même la chaleur spéci…que est une mesure qu’il
est possible de faire. Dans cette section, nous allons démontrer le résultat suivant :
L’entropie et l’énergie interne d’une substance quelconque en fonction du volume et de la
température peuvent être obtenues à partir de
(a) La chaleur spéci…que à volume constant, mesurée pour un seul volume …xe en fonction
de la température.
(b) L’équation d’état, p (V; T ).
L’entropie et l’énergie interne étant connues en fonction de V et T , tout peut ensuite être calculé.
Par exemple, on peut prédire la relation entre volume et température dans un processus adiabatique
quasi-statique où S = cte: N’importe quel cas plus compliqué peut être considéré puisque le potentiel
thermodynamique F (T; V ) = E (T; V ) T S (T; V ) est maintenant connu et puisque nous savons qu’un
seul potentiel thermodynamique su¢ t à trouver toute la thermodynamique !
Finalement, nous allons voir que si par hasard la chaleur spéci…que à volume constant est di¢ cile
à mesurer, elle peut être déduite de la chaleur spéci…que à pression constante.
5.4.1 Sachant l’équation d’état p (T; V ) ainsi que CV (T; V1 ) pour un volume V1 ;on peut obtenir l’entropie
et énergie interne, donc F (T; V ) et toute la thermodynamique.22
Supposons donc l’équation d’état connue ainsi que la chaleur spéci…que à volume constant et
demandons-nous comment obtenir l’énergie et l’entropie. Nous commençons par l’entropie. Comme
2 1 Pour plus de détails, voir Plishke et Bergersen section 1C ou Carrington Chap. 7.
2 2 Reif, Sec. 5.8
La dérivée de S par rapport au volume, prise à température constante, fait intervenir, quant à elle, la
dérivée d’une des variables thermodynamiques (S), prise en gardant la variable conjuguée correspon-
dante (T ) constante. Il y a donc une relation de Maxwell qui s’applique, soit celle venant de l’énergie
libre de Helmholtz23 (dF = SdT pdV ),
@S @p
= (5.230)
@V T @T V
Cette relation est fort utile car l’expression de droite peut être obtenue de l’équation d’état. Nous
semblons donc prêts à intégrer l’expression pour dS le long d’un parcours quasi-statique. En e¤et, les
résultats précédents substitués dans notre expression de départ nous donnent
CV @p
dS = dT + dV (5.231)
T @T V
Substituant dans notre expression pour dS, Éq.(5.231), l’entropie par rapport à un état de référence
peut être obtenue en intégrant selon n’importe quel parcours quasi-statique, par exemple en intégrant
d’abord par rapport à V à T constant, puis par rapport à T à V constant, ou l’inverse
Z V Z T
@p (T0 ; V 0 ) CV (T 0 ; V ) 0
S (T; V ) S (T0 ; V0 ) = dV 0 + dT
V0 @T0 V0 T0 T0
Z T Z V
CV (T 0 ; V0 ) 0 @p (T; V 0 )
= 0
dT + dV 0
T0 T V0 @T V0
Comme l’entropie est une fonction d’état, les deux approches doivent donner la même chose. En choisis-
sant la dernière façon de faire l’intégrale, on voit qu’il su¢ t de connaître la chaleur spéci…que CV (T; V0 )
pour un seul volume et pour toute température pour trouver l’entropie, (à condition bien sûr de
connaître aussi l’équation d’état ou du moins (@p (T; V ) =@T )V ). Il n’y a qu’une constante d’intégra-
tion S (T0 ; V0 ) qui est inconnue.
Remarque 159 Il est clair que si on connaît S (T; V ) pour toute température et pour tout volume,
on connaît CV (T; V ) en prenant une simple dérivée. On peut aussi procéder autrement et prouver
directement qu’une mesure de la capacité calori…que en fonction de la température mais pour un seul
volume su¢ t à trouver la capacité calori…que à volume constant pour tous les volumes lorsque l’équation
d’état est connue. En e¤ et,
@S CV
= (5.232)
@T V T
De cette relation, on obtient ensuite
@CV @ @S
= T (5.233)
@V T @V @T V
@ @S
= T (5.234)
@T @V T
2 3 Il n’est par surprenant de retrouver que c’est la relation de Maxwell associée à l’énergie libre de Helmholtz qui
intervient ici puisque nous travaillons dans le contexte où les variables pertinentes sont T et V; soit précisément les
variables naturelles pour l’énergie libre de Helmholtz.
@CV @2p
@V T
=T @T 2 (5.235)
V
De ce résultat, il est facile d’obtenir la chaleur spéci…que pour un volume quelconque V lorsqu’elle est
connue pour un volume V1
Z V
@CV (T; V 0 )
CV (T; V ) = CV (T; V1 ) + dV 0 (5.236)
V1 @V 0 T
Z V
@ 2 p (T; V 0 )
= CV (T; V1 ) + T 2
dV 0 (5.237)
V1 @T V 0
Notons qu’on retrouve un résultat que nous avons obtenu précédemment pour le gaz parfait. En e¤ et,
comme @ 2 p (T; V ) =@T 2 V = 0 dans ce cas, on déduit de la dernière équation que CV (T; V ) est
indépendant du volume.
Il ne nous reste plus que l’énergie interne à calculer. On aura alors le potentiel thermodynamique
F (T; V ) = E (T; V ) T S (T; V ) à partir duquel on sait qu’on peut extraire toute l’information ther-
modynamique. Pour calculer l’énergie interne, il su¢ t de retourner comme toujours à
dE = T dS pdV (5.238)
Substituant l’expression Éq.(5.231) pour dS dans cette expression, nous obtenons,
@p
dE = CV dT + T dV pdV (5.239)
@T V
@p
= CV dT + T p dV (5.240)
@T V
Comme pour l’entropie, nous pouvons procéder par intégration le long d’un parcours quasi-statique
quelconque.
Remarque 160 À partir de cette dernière équation pour dE on retrouve bien que pour un gaz parfait
@p
dE = CV dT même lorsque le volume n’est pas constant. En e¤ et, pour le gaz parfait, on a T @T
V
p = 0:
Nous désirons maintenant nous attaquer à la question pratique suivante. Supposons que je ne puisse
mesurer que la chaleur spéci…que à pression constante. Est-il possible d’en déduire celle dont j’ai vrai-
ment besoin, soit celle à volume constant, en utilisant seulement ma connaissance de l’équation d’état ?
Nous allons répondre oui dans la sous-section suivante mais, auparavant, nous rappelons quelques
résultats mathématiques préliminaires importants qui rendent les calculs machinaux.
On appelle jacobien le déterminant suivant
@u @u
@ (u; v) @x y @y
x
= (5.241)
@ (x; y) @v @v
@x y @y
x
L’antisymétrie du déterminant sous inversion de deux lignes nous donne la propriété suivante
@ (u; v) @ (v; u)
= (5.242)
@ (x; y) @ (x; y)
2 4 Landau et Lifshitz, op. cit. p.67
5.4.3 Sachant l’équation d’état p (T; V ) et CV (T; V ) on peut obtenir Cp (T; V ) :25
Supposons que la mesure de capacité calori…que à pression constante soit plus facile que celle à
volume constant. C’est souvent le cas en pratique lorsqu’on s’intéresse à des substances solides (Pensez à
la façon dont vous devriez procéder pour garder le volume constant en mesurant la chaleur spéci…que de
l’acier !). Si on connaît l’équation d’état, on peut facilement relier les deux types de capacité calori…que
ensemble sans mesure additionnelle. Allons-y.
La capacité calori…que à volume constant a été obtenue en partant de l’Éq.(5.228) qui présuppose
que S est une fonction de T et V:
@S @S
dS = dT + dV (5.248)
@T V @V T
On peut obtenir la variation par rapport à la température mais à pression constante simplement en
calculant toutes les variations par rapport à la température mais à pression constante. Pour être plus
spéci…que, on divise l’expression précédente par dT à p constant.
@S @S @T @S @V
= + (5.249)
@T p @T V @T p @V T @T p
@T
On a le même résultat que ci-dessus si on égalise les coe¢ cients de dT et qu’on note que @T p = 1.
2 5 Landau et Lifshitz, op. cit.p.67
La dérivée de S (avec sa variable conjuguée T …xe) par rapport à une des variables de l’autre paire de
variables conjuguées (p; V ) peut être réexprimée à l’aide d’une relation de Maxwell comme d’habitude.
Retournant aux bases, T dS pdV ! SdT pdV; nous permet de retrouver la relation de Maxwell
associée à l’énergie libre de Helmholtz, Éq.(5.113)
@S @p
= (5.253)
@V T @T V
C’est le résultat recherché. Il su¢ t de connaître l’équation d’état pour calculer les dérivées partielles à
droite.
Rappelons-nous que nous avions comme motivation initiale la di¢ culté de faire une mesure à volume
constant. Or, la dérivée (@p=@T )V apparaissant ci-dessus est à volume constant. En fait, dans les tables,
plutôt que (@p=@T )V on retrouve plutôt d’habitude les quantités suivantes qui ont une signi…cation
physique claire et ne sont pas obtenues à volume constant :
a) Le coe¢ cient de dilatation thermique isobare
1 @V
V @T p
(5.255)
ainsi que
b) La compressibilité isotherme
1 @V
T V @p (5.256)
T
Dé…nition 85 Le pré…xe iso, du grec isos, signi…e ”égal”. Ainsi, nous avons, ”isotherme” (à tempéra-
ture constante), ”isobare” (à pression constante), ”isochore” (à volume (densité) constant), ”isentro-
pique” (à entropie constante, ou adiabatique). Van der Marel (Genève) a proposé “isarithmique” pour
un processus à N constant et “isodyne” pour constant.
On peut réexprimer notre relation entre Cp et CV en écrivant (@p=@T )V à l’aide de ces deux
quantités. En e¤et,
@p @p
dp = dT + dV (5.257)
@T V @V T
implique
@p @T @V
= 1 (5.258)
@T V @V p @p T
(comme nous aurions pu le déduire directement de notre relation générale Éq.(5.24)). Utilisant et
T , la relation entre Cp et CV s’écrit
2
( @V
@T )p 2
Cp CV = T = TV (5.259)
( @p )T
@V T
c’est la relation dite de Robert Mayer. Remarquez que les membres de gauche et de droite sont tous
les deux extensifs.
Remarque 162 *Pour relier la capacité calori…que à volume constant, qui utilise les variables (T; V )
à la capacité calori…que à pression constante, qui utilise les variables (p; T ), il on peut aussi simplement
utiliser la formule de changement de variables des jacobiens.
@S @ (S; V )
CV (T; V ) = T =T (5.260)
@T V @ (T; V )
@ (S; V ) @ (T; p)
= T (5.261)
@ (T; p) @ (T; V )
@(S;V )
@(T;p)
= T @(T;V )
(5.262)
@(T;p)
où nous avons utilisé la dernière formule de la section précédente pour écrire la dernière ligne. Cette
dernière étape est motivée par le fait que nous voulons que toutes les dérivées soient prises par rapport
à p et T . Nous réutiliserons ce truc souvent dans les sections qui vont suivre. Évaluons explicitement
le jacobien. Il nous reste
@S @V @S @V
@T p @p @p @T p
T T
CV (T; V ) = T (5.263)
@V
@p
T
@S @V
@p @T p
T
= Cp T (5.264)
@V
@p
T
Comme auparavant, la dérivée de l’entropie à température …xe peut se réécrire en utilisant une relation
de Maxwell la reliant à une dérivée qui peut être calculée à l’aide de l’équation d’état. Retournons aux
bases, T dS pdV ! SdT + V dp; nous permet de retrouver la relation de Maxwell associée à l’énergie
libre de Gibbs, Éq.(5.122)26
@S @V
= (5.265)
@p T @T p
Substituant ci-dessus , il nous reste une version de la relation dite de Robert Mayer, Éq.(5.259).
Cp > CV (5.266)
toujours. Ce résultat peut être formulé comme un cas particulier d’un résultat bien plus général qui
s’appelle le “Principe de Le Châtelier-Braun”. L’inégalité T > S est un autre exemple d’application
de ce principe.
2 6 Il n’est par surprenant de retrouver que c’est la relation de Maxwell associée à l’énergie libre de Gibbs qui intervient ici
puisque nous travaillons dans le contexte où les variables pertinentes sont T et p; soit précisément les variables naturelles
pour l’énergie libre de Gibbs.
2 7 Landau et Licshitz, section 21.
Comment pouvons-nous en pratique refroidir un gaz ? Nous allons d’abord considérer un processus
où le gaz se détend librement. Les inconvénients de cette méthode nous amèneront à suggérer une
autre approche, celle de l’étranglement Joule-Thomson (ou Joule-Kelvin puisque Thomson et Kelvin
sont la même personne comme nous avons déjà vu). La thermodynamique nous permettra de prédire
le résultat de ces expériences simplement à l’aide d’une connaissance de l’équation d’état.
Nous savons déjà que pour un gaz parfait la détente libre ne produit aucun changement de tem-
pérature. Nous verrons que c’est aussi le cas pour le processus d’étranglement. Pour un gaz réel par
contre, il y a e¤ectivement un refroidissement qui peut se produire dans les deux cas de …gure. Nous
essaierons de comprendre qualitativement ce résultat comme une conséquence des interactions entre
les molécules du gaz. Il su¢ ra pour cela de comprendre l’e¤et des interactions sur l’équation d’état.
5.5.1 La température peut changer dans une détente libre si le gaz n’est pas parfait.28
Nous avons déjà considéré ce processus. On prend un système formé de deux contenants séparés
par une valve. Le gaz est dans un des contenants seulement. Ensuite, on ouvre la valve. Le volume
s’accroît donc à énergie constante car aucun travail n’est fait sur le système, qu’on suppose aussi isolé
thermiquement. En général, ce type de processus est évidemment irréversible, mais si nous connais-
sons la fonction E (T; V ), il est possible d’en prédire le résultat car nous connaissons la température
initiale ainsi que les volumes initiaux et …naux, ce qui veut dire que l’égalité de l’énergie des états
macroscopiques initiaux et …naux
E (Ti ; Vi ) = E (Tf ; Vf ) (5.267)
@p
dE = CV dT + T p dV (5.268)
@T V
on voit qu’il su¢ t de poser dE = 0 pour trouver la relation entre dT et dV à énergie constante
@T 1 @p
@V E
= CV p T @T (5.269)
V
Pour un gaz parfait, il est clair que le membre de droite s’annule. Ce n’est pas le cas en général pour
un gaz réel.
Remarque 164 *A l’aide de nos formules de changement de variable pour les jacobiens (ou d’une
généralisation simple des manipulations de l’Éq.(5.24))30 on obtient
Utilisant la dé…nition de la capacité calori…que ainsi que la relation de base dE = T dS pdV; cette
dernière équation se réécrit
@T 1 @S
= T p
@V E CV @V T
La dérivée de l’entropie S à variable conjuguée T constante peut être réécrite à l’aide d’une relation de
Maxwell que nous avons déjà utilisée Éq.(5.230) et qui nous permettra de travailler uniquement avec
l’équation d’état. Ceci nous redonne l’Éq.(5.269).
5.5.2 L’e¤et Joule-Thomson est un exemple de processus à enthalpie constante. On l’utilise en pratique
pour refroidir les gaz. 31
En pratique, la détente libre peut refroidir un gaz, mais le problème est qu’il faut aussi refroidir
les parois. L’écoulement avec étranglement est une meilleure façon de fonctionner. Un piston pousse
un gaz de gauche à droite, tel qu’illustré, à travers un matériel poreux. De l’autre côté du matériel
poreux, le gaz se retrouve à une pression et un volume di¤érents, maintenus par un autre piston. Il
s’agit là encore d’un processus irréversible. Cependant, en procédant lentement, on remarque que d’un
côté de la paroi poreuse on se trouve à pression et température constante, alors que de l’autre côté on
a aussi une pression et une température constantes, mais di¤érentes de celles à gauche de la paroi. Le
grand avantage de ce processus est qu’en état stationnaire les parois sont à température constante. On
a donc pas à tenir compte de leur refroidissement. On suppose que le système illustré à la …gure (5-7)
est en fait isolé thermiquement.
p V p
1 1
2
p V2 p
1
2
Considérons une quantité de gaz à gauche contenue dans un volume V1 . L’énergie du gaz dans ce
volume est E (T1 ; p1 ). Une fois rendu de l’autre côté, cette quantité de gaz est comprise dans un volume
3 1 Reif, Sec. 5.10
Il y a aussi un travail fait par le gaz. Comme pression et température sont constantes de chaque côté,
une quantité donnée de N molécules a fait un travail p2 V2 en se détendant à droite, alors que la même
quantité avait absorbé un travail p1 V1 en se laissant pousser de la gauche. Le travail net fait par le gaz
est donc
W = p2 V2 p1 V1 (5.273)
On utilise maintenant la première loi,
Q= E+W (5.274)
mais il n’y a pas de chaleur absorbée de l’extérieur ici car le système est isolé thermiquement. Ceci
veut dire que Q = 0 et donc que
Le processus Joule-Thomson est donc à enthalpie constante. Ce n’est pas surprenant car nous avions
interprété la di¤érence d’enthalpie comme la chaleur absorbée dans un processus à pression constante
et ici il n’y a pas de chaleur absorbée et la pression est constante de chaque côté de l’étranglement.
Comme pour la détente libre, nous allons nous concentrer sur un changement in…nitésimal de volume
et de pression d’un côté à l’autre de la paroi poreuse pour prédire la tendance au refroidissement ou
au réchau¤ement. On calcule donc le coe¢ cient de Joule-Thomson
@T
(5.276)
@p H
où la dérivée est prise à enthalpie constante. Encore une fois, cette dérivée est un peu bizarre et nous
préférerions exprimer le résultat à l’aide de ce que peuvent nous apprendre l’équation d’état et la
capacité calori…que, deux quantités thermodynamiques d’accès expérimental facile.
Procédant en analogie complète avec le cas précédent, mais en travaillant cette fois-ci avec l’en-
thalpie (revoir la dérivation des Éqs.(5.240) et (5.269)) on obtient, utilisant T et p comme variables
indépendantes,
dH = T dS + V dp (5.277)
" #
@S @S
= T dT + dp + V dp (5.278)
@T p @p T
@S
= Cp dT + T + V dp (5.279)
@p T
" #
@V
= Cp dT + T + V dp (5.280)
@T p
Dans cette dernière égalité nous avons, comme d’habitude, reconnu la combinaison de variables conju-
guées correspondant à une relation de Maxwell. Celle-ci s’obtient en notant que p et T sont les
variables indépendantes, donc on utilise l’énergie libre de Gibbs dG = SdT + V dp pour écrire
(@S=@p)T = (@V =@T )p : Gardant dH = 0 nous permet ensuite d’écrire32
h i
@T 1 @V
@p = Cp T @T p
V (5.281)
H
Encore une fois, pour le gaz parfait le coe¢ cient de Joule-Thomson s’annule. La section suivante nous
permettra de comprendre ce qui se passe pour un vrai gaz.
3 2 Remarquez qu’on peut réécrire cette expression en fonction du coe¢ cient de dilatation thermique.
Tout ceci nous permet de réécrire le coe¢ cient de Joule-Thomson sous la forme de l’Éq.(5.281).
5.5.3 On peut retracer l’origine microscopique du refroidissement aux interactions entre molécules.34
Pour comprendre pourquoi le coe¢ cient de Joule-Thomson peut être soit positif ou soit négatif, il
faut pouvoir expliquer, à l’aide de l’équation d’état, la dépendance en température du volume. Dans
un vrai gaz, l’équation d’état peut, à cause des interactions, être di¤érente de ce que prédit la loi des
gaz parfaits. En se rappelant qu’un gaz réel devient un gaz parfait à basse densité, il paraît naturel
d’écrire la loi des gaz parfaits sous la forme
p = kB T n (5.288)
où n = N=V est la densité. Si on pouvait faire un calcul microscopique ici, on généraliserait cette loi
en faisant un développement en puissances de la densité
p = kB T n + B2 n2 + B3 n3 + : : : (5.289)
Ceci s’appelle le développement du viriel et les coe¢ cients B2 ; B3, s’appellent les coe¢ cients du viriel.
Physiquement, le coe¢ cient B2 représente l’e¤et des collisions binaires puisque la probabilité qu’il y
ait une collision entre deux molécules est proportionnelle au carré de la densité.
À défaut de pouvoir ici faire un calcul microscopique, nous allons utiliser une approche phéno-
ménologique, c’est-à-dire une approche reposant sur des hypothèses physiques simples en accord avec
l’observation. Ce genre d’approche permet généralement d’obtenir soit des résultats qualitatifs, soit des
résultats quantitatifs mais qui dépendent d’un petit nombre de paramètres.
3 3 Landau et Lifshitz, op. cit. p. 71
@T @p @H
Notez que ce résultat s’obtient aussi de @p @H @T
= 1 qui est une conséquence directe de nos formules
H T p
générales du début de chapitre.
3 4 Reif, p.182
N kB @B2 kB T
= T + + B2 (5.297)
Cp p @T p
N @B2
= T B2 (5.298)
Cp @T
Notre discussion précédente nous montre que le premier terme de cette expression est positif, alors
que le deuxième, B2 , est négatif à basse température et positif à haute température. Donc,
> 0 à basse température (5.299)
< 0 à haute température (5.300)
3 5 Une autre façon de voir que la pression à basse température est plus basse pour un gaz réel que pour un gaz parfait
est de noter que le gaz réel deviendra éventuellement un liquide. Or un liquide a évidemment une pression beaucoup plus
basse qu’un gaz de même densité.
Les relations de Maxwell combinées à la troisième loi (Principe de Nernst) peuvent nous apprendre
des choses intéressantes sur les quantités physiques observables.37 En e¤et, nous avons déjà prouvé que
le fait que l’entropie s’annule à température nulle implique, par la relation
Z T
CV (T 0 ) 0
S (T ) S (0) = dT (5.301)
0 T0
@S
lim =0 (5.302)
T !0 @p T
de telle sorte qu’utilisant la relation de Maxwell qu’on déduit de l’énergie libre de Gibbs, Éq.(5.122)
@S @V
= (5.303)
@p T @T p
ainsi que la dé…nition du coe¢ cient de dilatation thermique que nous venons de donner, Éq.(5.255),
on obtient
1 @V
lim lim (5.304)
T !0 T !0 V @T p
1 @S
= lim =0 (5.305)
T !0 V @p T
De même, nous avons déjà expliqué que la chaleur spéci…que à pression constante di¤ère de la
chaleur spéci…que à volume constant parce que à pression constante une partie de la chaleur va en
travail. Mais cela n’est le cas que si le coe¢ cient de dilatation thermique est non-nul. Comme celui-ci
s’annule à T = 0, nous avons
lim Cp = lim CV : (5.306)
T !0 T !0
Sachant que T et s’annulent à température nulle alors que la compressibilité est une quantité …nie,
la loi de Robert Mayer à l’Éq.(5.259) nous redonne évidemment ce résultat.
Remarque 167 La plupart des calculs théoriques sont faits à volume constant, mais pour les applica-
tions basse température ceci est donc su¢ sant pour comparer aux résultats expérimentaux mêmes s’ils
sont toujours à pression constante.
3 6 Reif, p.182
3 7 Reif, p.170
lim Cp = 0 (5.307)
T !0
Remarque 168 Ces résultats sur les chaleurs spéci…ques ne sont pas en contradiction avec nos résul-
tats pour le gaz parfait car, même sans interaction, le gaz parfait classique devient un gaz de fermions
ou de bosons, selon le cas, à su¢ samment basse température. Pour ces gaz quantiques, la chaleur
spéci…que s’annule e¤ ectivement à su¢ samment basse température.
Remarque 169 On peut obtenir ces résultats aussi à partir des autres potentiels thermodynamiques.38
Par exemple, soit
E F @F
S (T; V ) = = (5.308)
T @T V
On a que la limite T ! 0 du membre de l’expression du milieu est mal dé…nie. Utilisant la règle de
l’Hôpital et la troisième loi, on a que
@E @F
@T V @T V @F
lim S (T; V ) = lim = lim (5.309)
T !0 T !0 1 T !0 @T V
On peut procéder ainsi avec les autres potentiels thermodynamiques, par exemple en notant que S =
H G @G
T = @T p : Notez que le raisonnement que nous venons de faire utilise une forme faible de la
troisième loi de la thermodynamique, i.e. seulement que limT !0 S existe et que S = (@F=@T )V même
à T = 0.
Remarque 170 * De façon générale les relations de Maxwell nous permettent de tirer beaucoup de
39
conséquences de la troisième
P loi de la thermodynamique. En e¤ et, écrivons de façon générale dF =
SdT d=W = SdT Xa dxa où comme d’habitude X est une force généralisée (e.g. pression)
et xa la quantité extensive correspondante (e.g. volume). La troisième loi de la thermodynamique et les
relations de Maxwell impliquent
@S @X
=0= (5.311)
@x T =0 @T x
@S @x
=0= (5.312)
@X T =0 @T X
On reconnaît notre résultat ci-dessus pour le coe¢ cient de dilatation thermique Éq.(5.303) comme un
cas particulier de cette dernière relation avec X = p et x = V: Dans la version de la troisième
loi où S est complètement indépendante de X et x à T = 0 même les dérivées d’ordre supérieur
@2S @ @x
tel @X 2 s’annulent, ce qui veut dire par exemple que @T @X = 0: Lorsque, dans le cas
T =0 x
d’une substance magnétique dans un champ externe H …xe,40 X = H et x = M par exemple, ceci
implique que la dérivée par rapport à la température de la susceptibilité magnétique = @M=@H, soit
@ 2 M=@H@T , s’annule à T = 0:41
3 8 Landsberg, Prob. 1.24
3 9 Balian, Vol.1, p211
4 0 Par analogie avec ce que nous avons déjà fait, il est possible de considérer di¤érents potentiels thermodynamiques
dérivées ne peut être échangé, ce qui peut invalider la preuve que nous venons de faire concernant la limite de @ =@T
à tempéraure nulle. H. Nélisse, C. Bourbonnais, H. Touchette, Y.M. Vilk et A.-M.S. Tremblay, European Journal of
Physics B 12, 351-365 (1999).
Dans ce chapitre, excepté au tout début, nous avons considéré que le nombre de particules était
donné et constant. Il est clair que fondamentalement c’est la densité d’un corps macroscopique qui
est importante. Si on connaît la densité, l’extensivité nous donne de façon triviale la dépendance des
quantités thermodynamiques sur le volume ou le nombre de particules. C’est la raison pour laquelle
nous nous sommes restreints à discuter seulement deux variables thermodynamiques indépendantes.
Dans cette section nous allons réintroduire explicitement le nombre de particules. On sait que dans ce
cas les considérations habituelles sur l’équilibre thermodynamique nous forcent à introduire la quantité
conjuguée à N , soit le potentiel chimique . Nous verrons que l’extensivité nous permet d’obtenir une
équation, la relation de Gibbs-Duhem, qui nous permet de relier trivialement le potentiel chimique et le
nombre de particules aux quantités que nous connaissons déjà. Mais en premier lieu, nous allons revenir
sur le problème de l’entropie du gaz parfait et résoudre le “paradoxe de Gibbs”avant de rediscuter des
potentiels thermodynamiques.
5.7.1 L’extensivité permet de trouver l’entropie du gaz parfait en tenant compte du nombre de particules
et de résoudre le paradoxe de Gibbs.
Nous allons supposer que nous connaissons l’entropie par mole s0 pour un système de référence
ayant un volume V0 et une température T0 lorsqu’il contient 0 moles. Cela nous donnera un point de
référence pour exprimer la dépendance en nombre de moles de l’entropie. Il serait possible en principe
d’utiliser la troisième loi pour partir de la température nulle et déterminer une valeur absolue de
l’entropie. Cependant, il faudrait tenir compte du fait qu’éventuellement, il y a des e¤ets quantiques
lorsque T ! 0 même pour un gaz parfait. Il est donc plus commode d’avoir une référence et de tout
calculer par rapport à cette référence.
Allons-y. Nous avons trouvé comment obtenir l’entropie à partir de données thermodynamiques. En
particulier, pour un gaz parfait, nous avons obtenu le résultat (5.58) qui est reproduit ici
T V
S (T; V ; ) S (T0 ; Vi ; ) = cV ln + R ln (5.313)
T0 Vi
L’état de référence, T0 ; Vi ; ; doit avoir le même nombre de moles que celui de départ puisque nous
avons toujours supposé que nous travaillons à nombre de moles …xe. La quantité de référence S (T0 ; Vi ; )
à gauche de cette équation dépend du nombre de moles. Nous préférerions référer l’entropie à un
seul état macroscopique ayant une température T0 , un volume V0 et un nombre de moles 0 donnés.
Ce nombre de moles sera en général di¤érent du nombre de moles . Pour étudier la dépendance de
l’entropie sur le nombre de moles, nous allons utiliser, comme dans le reste de cette section, l’extensivité.
L’entropie étant une quantité extensive, il est facile de déduire la dépendance en de S (T0 ; Vi ; ) à
condition de bien choisir Vi . En e¤et, ce que l’extensivité veut dire ici est que, à température …xe, si je
double à la fois le volume et le nombre de moles, je double l’entropie : en e¤et l’entropie est une quantité
additive et c’est comme si j’avais deux systèmes identiques côte à côte. Dans le cas général donc, si
je multiplie le nombre de moles et le volume par le même facteur 0 , j’ai que l’entropie augmente du
même facteur (Voir Eq.(3.127))
Ce genre de relation s’appelle une loi d’échelle ou, en mathématiques, une relation d’homogénéité. Ici,
cette loi implique qu’on connaît maintenant toute la dépendance en de l’état de référence si on choisit
V0 = 0 tel que Vi = 0 V0 dans S (T0 ; Vi ; ). En e¤et, ce choix permet de réécrire le résultat précédent
On choisit une seule entropie de référence, s0 (T0 ; V0 ; 0 ) tel que mentionné au premier paragraphe: On
obtient donc pour l’entropie par mole d’un gaz parfait, le résultat
Remarquez que l’entropie par mole ne dépend que de la température et de la densité =V (nombre de
moles par unité de volume) et pas du volume seul. En d’autres mots, si on change le volume mais en
gardant la densité et la température constante, l’entropie par mole est évidemment inchangée.
Remarque 171 Paradoxe de Gibbs. Si on utilise le résultat du chapitre deux pour (E; V ) pour
calculer l’entropie par mole, on obtient
kB kB 3N kB N
s (E; V ) = ln (E; V ) = ln E + ln V + cte (5.318)
2
3
= R ln E + R ln V + cte (5.319)
2
Utilisant ensuite E = 23 N kB T on peut réécrire
3 3
s (E; V ) = R ln T + R ln N + R ln V + cte (5.320)
2 2
Cette formule, avec cV = 3R=2 est di¤ érente du résultat précédent Éq.(5.317) et elle est inadéquate
puisque l’entropie ne devrait pas changer si je garde la température constante et que je divise le système
en deux. Or, dans ce cas, l’expression ci-dessus donne pour l’entropie initiale 23 R ln T + 23 R ln N +
R ln V et pour l’entropie du système divisé en deux 2 32 2 R ln T + 23 2 R ln N2 + 2 R ln V2 . Les deux
derniers termes, proportionnels à ln N2 et ln V2 posent problème. Ils mènent au paradoxe de Gibbs.42
Il y a paradoxe parce que si on ne fait que diviser en deux un système de particules identiques, il
est possible d’aller du système initial aux deux systèmes deux fois plus petits puis revenir au système
initial sans qu’il y ait de changement à l’état que nous avons appelé initial. Si l’entropie change dans
le passage d’une situation à l’autre, cela veut dire que l’entropie diminue dans un des cas. La solution
de ce paradoxe est simple. Nous avons fait une erreur en calculant (E; V ). En e¤ et, deux états qui
ne di¤ èrent que par la permutation de deux particules ne devraient pas être comptés comme des états
di¤ érents. Fondamentalement, N atomes identiques sont indiscernables. Ceci ressort très clairement de
la mécanique quantique sans plus d’arti…ce. Notre calcul utilisant l’extensivité de l’entropie a donné le
bon résultat. Nous verrons plus loin comment obtenir ce résultat à partir d’une approche microscopique.
5.7.2 Même si nous avons surtout travaillé à N constant, l’extensivité nous permet de trouver ce qui se
passe lorsque ce n’est pas le cas. Les relations de Gibbs-Duhem sont un exemple.
Comme nous le rappelions en introduction, c’est fondamentalement la densité d’un corps homogène
qui est importante. L’e¤et du volume ou du nombre de particules peut facilement se déduire en utilisant
l’extensivité de n’importe quel potentiel thermodynamique. Plus spéci…quement, nous allons montrer
qu’en utilisant l’extensivité on déduit les relations suivantes
E = TS pV + N (5.321)
4 2 Reif, Sec. 7.3
où est un nombre quelconque. En dérivant les deux côtés de cette équation par rapport à
puis en évaluant à = 1; on trouve
@ @
G (T; p; N ) = ( G (T; p; N )) (5.324)
@ @
@
N G (T; p; N ) = G (T; p; N ) (5.325)
@ (N )
N (p; T ) = G (T; p; N ) (5.326)
dE = d (T S pV + N ) (5.327)
= SdT + T dS pdV V dp + dN + N d (5.328)
Remarque 172 Remarque sur le zéro d’énergie : Sachant que G = E T S + pV; on voit qu’en général
G dépend du choix du zéro d’énergie. Cependant, en posant G (T; p; N ) = G (T; p; N ) ci-dessus, on
a supposé que l’énergie est nulle lorsqu’il n’y a pas de particules ( = 0) et que l’énergie totale est
proportionnelle au nombre de particules. C’est seulement avec ce choix du zéro d’énergie que la relation
E = T S pV + N s’applique. Sinon cette relation paraît étrange puisque le membre de gauche dépend
du choix d’énergie mais rien à droite de cette équation n’en dépend.
H = E + pV = T S + N (5.329)
ainsi que d’autres relations qu’on peut trivialement déduire de l’Éq.(5.321) et de la dé…nition des
potentiels thermodynamiques. Les deux relations qui sont souvent utilisées en pratique sont
G= N (5.330)
que nous avons prouvé ci-dessus, et …nalement, pour la quantité qu’on appelle le “grand potentiel”,
J= pV (5.331)
1 @n
T = (5.334)
n2 @ T;V
Preuve :
1 @V
T = (5.335)
V @p T;N
N @ (V =N )
= (5.336)
V @p T;N
@ (1=n)
= n (5.337)
@p T;V
1 @n
= (5.338)
n @p T;V
1 @n
= (5.339)
n2 @ T;V
C’est à la dernière ligne qu’est entré en jeu la relation de Gibbs-Duhem Éq.(5.332) d’où on a
déduit qu’à T constant, dp = nd . 44 Pour prouver la relation recherchée, Éq.(5.334), il faut aussi
utiliser qu’une variation de la densité n peut être faite de façon équivalente à N ou à V …xe.
(Comme la pression est une variable intensive, elle ne dépend que de la densité, p (T; n) et pas
de N et V séparément.)
Dans le cas plus général où le nombre de particules peut varier, on constate, en partant de la relation
fondamentale Éq.(5.8), que les potentiels thermodynamiques obéissent aux relations suivantes :
dE = T dS pdV + dN (5.340)
dH = T dS + V dp + dN (5.341)
dG = SdT + V dp + dN (5.343)
Il su¢ t de rajouter N à la liste des variables naturelles pour chacun des potentiels thermodynamiques.
En d’autres mots, on a E (S; V; N ) ; H (S; p; N ) ; F (T; V; N ) ; G (T; p; N ) : On peut aussi évidemment
dé…nir quatre autres potentiels thermodynamiques en faisant une transformation de Legendre qui
permet d’utiliser plutôt que N comme variables naturelle.
4 4 Voir “Measuring Entropy and Short-Range Correlations in the Two-Dimensional Hubbard Model” équations (2)
et (3) pour une utilisation de la relation SdT V dp + N d = 0 Eq.(5.322) dans une expérience d’atomes froids.
https ://doi.org/10.1103/PhysRevX.7.031025
dH 0 = d (H N ) = T dS + V dp Nd (5.345)
Cette équation est valable pour une substance homogène dont le nombre de particules est …xe.
– L’entropie étant une fonction concave et monotone croissante de ses arguments, on peut inverser
les relations
1 @S (E; V )
= (5.349)
T (E; V ) @E V
p (E; V ) @S (E; V )
= (5.350)
T (E; V ) @V E
et utiliser, disons T et p comme variable indépendante.
– En fait, de façon très générale il n’y a que deux variables thermodynamiques indépendantes
parmi les cinq variables suivantes : S; E; p; V; T: N’importe quelle paire de variable peut être
choisie comme variable indépendante. Les autres sont alors déterminées. Ainsi, on peut écrire, si
p et T sont indépendantes,
T dS (p; T ) = dE (p; T ) + pdV (p; T ) (5.351)
ou si V et T sont indépendantes
T dS (V; T ) = dE (V; T ) + p (V; T ) dV (5.352)
Les di¤érentielles ci-dessus s’interprètent ainsi. Par exemple, si on décide que V et T sont les
variables indépendantes, alors
@E @E
dE = dV + dT (5.353)
@V T @T V
@A @B @C
@B C @C A @A B = 1 (5.355)
– Pour un gaz parfait, utilisant l’égalité des dérivées croisées de l’entropie prise comme fonction de
T et V , on trouve
@E
=0 (5.356)
@V T
– On a aussi que les chaleurs spéci…ques obéissent à
cp = cV + R (5.357)
– Procédant par intégration, on trouve pour l’entropie un forme qui n’est pas sujette au paradoxe
de Gibbs
s (T; V ; ) = S (T; V ; ) = = cV ln T + R ln V + cte (5.358)
– Ce dernier résultat nous permet, par exemple, d’exprimer T en fonction de S et V et d’en déduire
la façon dont T varie en fonction de V lorsque S est tenu constant, c’est-à-dire dans un processus
adiabatique. On trouve
T V 1 = cte (5.359)
où
cp
= (5.360)
cV
Utilisant l’équation d’état, la relation (5.359) donne pour un processus adiabatique,
pV = cte (5.361)
– On peut exprimer l’énergie interne en fonction de n’importe quelle paire de variables. Par exemple,
on sait déjà qu’on peut obtenir E (T; V ) ou E (T; p) etc. Cependant, si on connaît E en fonction
de S et V , alors il est très facile d’obtenir les deux autres variables macroscopiques qui nous
manquent (parmi les cinq), soit T et p; simplement en prenant deux dérivées, comme l’illustrent
les équations
@E
= T (5.362)
@S V
@E
= p (5.363)
@V S
L’énergie interne est un potentiel thermodynamique. Tous les potentiels thermodynamiques ont
cette propriété : Si on les connaît en fonction des deux variables “naturelles”, alors les variables
thermodynamiques manquantes sont obtenues par di¤érentiation.
– Les potentiels thermodynamiques importants, obtenus par transformée de Legendre l’un de
l’autre, sont l’énergie interne
dE = T dS pdV + dN (5.364)
l’enthalpie H = E + pV
dH = T dS + V dp + dN (5.365)
l’énergie libre de Helmholtz F = E TS
dG = SdT + V dp + dN (5.367)
– Les potentiels thermodynamiques ont des propriétés de convexité qui dérivent de celles de l’entro-
pie. Parmi ce qu’on peut déduire de ces propriétés de convexité, notons la positivité des capacités
calori…ques ainsi que celle des compressibilités.
– L’égalité des dérivées croisées de chacun des potentiels thermodynamiques donne les relations de
Maxwell.
@T @p
@V S
= @S (5.369)
V
@T @V
@p = @S p (5.370)
S
@S @p
@V T = @T (5.371)
V
@S @V
@p = @T p
(5.372)
T
– Pour obtenir toute l’information thermodynamique sur une substance homogène, on peut mesurer
F (T; V ) = E (T; V ) T S (T; V ) de la façon suivante. D’abord on déduit S (T; V ) par intégration,
puis E (T; V ) aussi par intégration. Pour faire ces intégrations, il su¢ t de connaître l’équation
d’état p (T; V ) pour toute température et tout volume, ainsi que CV (T; V0 ) pour toute tempé-
rature mais un seul volume. En e¤et, si on connaît CV (T; V0 ) pour toute température mais un
seul volume, on peut l’obtenir pour tous les volumes en utilisant une relation de Maxwell ainsi
que l’équation d’état.
– *Pour établir des relations thermodynamiques, la formule de changement de variables des jaco-
biens, soit
@ (u; v) @ (u; v) @ (s; t)
= (5.373)
@ (x; y) @ (s; t) @ (x; y)
est utile.
– On prouve en particulier la relation de Robert-Mayer
2
( @V
@T )p
Cp CV = T (5.374)
( @V
@p )T
– Les relations de Maxwell peuvent être utiles pour obtenir des conséquences additionnelles de la
troisième loi, en particulier une conséquence du fait que l’entropie est indépendante des variables
extérieures
1 @V
lim lim (5.375)
T !0 T !0 V @T p
1 @S
= lim =0 (5.376)
T !0 V @p T
La dernière égalité avait été obtenue auparavant du fait que l’entropie n’est pas in…nie à T = 0:
@T 1 @p
= p T (5.378)
@V E CV @T V
En pratique, il est plus commode de refroidir un gaz réel en le forçant à passer par un tuyau
obstrué par un …ltre. Dans ce processus la pression est élevée d’un côté et basse de l’autre côté
du …ltre. Si le tuyau est isolé, l’enthalpie est conservée et on peut prédire le changement de
température en calculant le coe¢ cient de Joule-Thomson
" #
@T 1 @V
= = T V (5.379)
@p H Cp @T p
1 @n
T = (5.383)
n2 @ T;V
Ces résultats sont souvent employés lorsque les calculs sont faits dans l’ensemble grand-canonique
(à venir à la prochaine session).
La loi de Stefan-Boltzmann
E
= aT 4 (5.384)
V
où
2 4
kB
a= (5.385)
15 (~c)3
p = u (T ) =3 (5.386)
et du fait que la densité d’énergie interne du photon, u ne dépend que de la température, comme c’est
le cas pour le gaz parfait.
E = V u (T ) (5.387)
Voici quelques indices pour vous aider à retrouver ce résultat. Sachant que
T dS = dE + pdV (5.388)
exprimez l’entropie dS en fonction de dT et dV . Les coe¢ cients de ces deux di¤érentielles vous donne-
ront (@S=@T )V et (@S=@V )T . En utilisant l’égalité des dérivées croisées @ 2 S=@T @V = @ 2 S=@V @T
on peut obtenir une équation di¤érentielle pour l’énergie interne qui peut ensuite être intégrée. Ceci
ne donne cependant pas la valeur de la constante de Stefan-Boltzmann mais seulement u / T 4 .
x l02
t = AT (5.389)
l0 x2
où t est la tension, x la longueur de l’élastique, l0 sa longueur lorsque la tension est nulle, A est une
constante et T est la température absolue.
Lorsque x = l0 la capacité calori…que Cx (x; T ) est une constante K. La relation fondamentale pour
ce système est
dE = T dS + tdx (5.390)
Considérez l’atmosphère de la terre comme un gaz parfait de poids moléculaire (en grammes par
mole) en présence d’un champ gravitationnel uniforme. Soit g l’accélération due à la gravité.
4 5 Reif, Prob. 9.10
P. Mathieu, Université Laval
4 6 Q1083
4 7 Reif, Prob. 5.7
dp g
= dz (5.392)
p RT
dp dT
= (5.393)
p 1 T
c) À partir de (a) et (b) calculez dT =dz en degrés par kilomètre. Vous pouvez supposer que l’atmo-
sphère est composée principalement d’azote N2 pour lequel = 1:4. Votre réponse pour dT =dz vous
semble-t-elle raisonnable ?
d) Pour une atmosphère isotherme à température T , exprimez la pression p à la hauteur z en
fonction de la pression p0 au niveau de la mer.
e) Si au niveau de la mer la pression et la température sont données par p0 et T0 ; respectivement, et
qu’on peut négliger les échanges de chaleur (atmosphère adiabatique) comme dans (b), trouvez encore
une fois la pression p en fonction de la hauteur z. (Note historique : Déjà Pascal en 1648 avait compris
intuitivement que la pression devait diminuer avec la hauteur. C’est ce qui motiva son expérience du
Puy-de-Dôme)
La vitesse des ondes sonores longitudinales de faible amplitude dans un gaz parfait est donnée par
l’expression s
dp
c= (5.394)
d
où p est la pression ambiante et est la densité correspondante du gaz. Obtenez une expression pour
a) La vitesse du son dans un gaz pour lequel les compressions et raréfactions sont isothermes.
b) La vitesse du son dans un gaz pour lequel les compressions et raréfactions sont adiabatiques.
Note historique :49 Il y avait depuis longtemps un désaccord entre calcul et mesure pour la vitesse
du son. C’est en 1802 que Laplace charge Biot de véri…er si cela ne venait pas de l’hypothèse que la
compression de l’air dans une onde sonore était isotherme.
c) Trouvez un argument physique expliquant pourquoi il est préférable de supposer que la compres-
sion dans une onde sonore est adiabatique plutôt qu’isotherme.
M = CH=T (5.395)
48 Q 1020
4 9 Maury, p.69
50 Q 1078
E= MH (5.396)
dW
/ = M dH (5.397)
c) Quelle est la capacité calori…que à champ magnétique constant pour ce système paramagnétique,
en fonction de l’aimantation et de la température ?
2
d) Quelle est l’entropie S (M; H) ? (Réponse, S = S0 M 2C )
e) Quelle est S (H; T ) ?
f) Quelle est S (M; T ) ?
g) Lors d’une désaimantation adiabatique, (un nom mal choisi), on diminue le champ magnétique
appliqué sur une substance paramagnétique, sans échanger de chaleur. Dans un tel processus, est-ce que
la substance se refroidit ou se réchau¤e ? Expliquez qualitativement le résultat. Y a-t-il des applications
possibles des sels paramagnétiques en cryogénie ?
h) Dans le processus de désaimantation adiabatique décrit ci-dessus, on a que dT < 0 en même
temps que dE > 0: En vous servant du fait que dE vient d’un changement de T et de H en même
temps, montrez que dT < 0 en même temps que dE > 0 ne contredit pas le fait que la chaleur spéci…que
à champ magnétique …xe doit être positive.
Un compresseur conçu pour comprimer de l’air doit soudain être utilisé pour comprimer de l’hélium
a…n d’aider à monter une nouvelle expérience. On se rend compte que le compresseur surchau¤e.
Pourtant, avant la compression, la température et la pression sont les mêmes, que ce soit pour l’air ou
pour l’hélium. Le moteur et toutes les pièces semblent fonctionner normalement. Pouvez-vous expliquer
la surchau¤e ? Écrivez explicitement l’équation qui vous permet d’étayer votre argumentation.
5.9.7 Compressibilités52
Note historique : Van der Waals54 termina sa thèse à l’âge de trente six ans à l’Université de Lei-
den. L’année suivante, Maxwell déclara que cette thèse incite à apprendre le Hollandais, et Boltzmann
compara son auteur à Newton. Dans cette thèse, Van der Waals propose une équation d’état pour les
gaz réels. Ce travail lui valu le prix Nobel en 1910.
Vous pourrez trouver beaucoup d’informations utiles sur l’équation de Van der Waals dans Reif.
Cette équation prend la forme
a
p + 2 (v b) = RT (5.403)
v
où v est le volume par mole (volume spéci…que) alors que a et b sont des constantes. Vous trouverez
une explications physique des constantes a et b dans votre livre.
a) Expliquez qualitativement avec des concepts probabilistes, pourquoi le terme qui tient compte
de l’attraction entre molécules est proportionnel à 1=v 2 .
b) Supposons que le gaz subisse une expansion isotherme le faisant passer de v1 à v2 . Calculez
le changement d’énergie libre de Helmholtz de même que le changement d’énergie interne dans ce
processus.
c) Montrez que le coe¢ cient Joule-Thomson pour un gaz de Van der Waals est donné par
2a 3ab
@T v v2 bp
= = a 2ab
(5.404)
@p H cp p v2 + v3
d) Dessinez qualitativement la courbe dans un diagramme (p; v) qui sépare les régions > 0 des
régions < 0. C’est la courbe d’inversion. L’expansion d’un gaz de Van der Waals dans une région de
plus basse pression mènera à un refroidissement seulement dans la région > 0.
Dans cette expression, a est une constante et les autres symboles ont leur signi…cation habituelle.
Calculez la chaleur spéci…que à pression constante.
53 Q 1086, L1.15
5 4 Maury, p.154
5 5 Q1090
@E @S @p
p+ =T =T (5.406)
@V T @V T @T V
b) La loi de Joule pour les ‡uides parfaits dit que (@E=@V )T = 0. Montrez que ceci ainsi que le
résultat obtenu en (a) implique l’existence d’une fonction du volume f (V ) telle que
pf (V ) = T (5.407)
Un contenant isolé thermiquement contient deux parties chacune de volume V =2 séparées par une
partition isolée thermiquement. Chaque côté contient un gaz parfait monoatomique ayant la même
chaleur spéci…que molaire cV qu’on peut prendre indépendante de la température et du volume. À
gauche on trouve 1 moles à la température T1 et à la pression p1 , alors qu’à droite on trouve 2
moles à la température T2 et à la pression p2 . On enlève la partition et on permet aux gaz d’atteindre
l’équilibre.
a) Trouvez la pression …nale.
b) Montrez que le changement d’entropie S si les gaz sont di¤érents est donné par
" !# " !#
3=2 3=2
T T
S = S 0 S = 1 R ln 2 + 2 R ln 2 (5.408)
T1 T2
c) Trouvez le changement d’entropie S si les gaz sont identiques au départ. Dans quel cas s’attend-
on à ce qu’il n’y ait pas de changement d’entropie ?
d) La di¤érence entre les résultats obtenus en (b) et en (c) est une quantité indépendante de la
température et du volume qu’on appelle entropie de mélange. Obtenez cette quantité et montrez qu’on
retrouve bien le résultat obtenu en classe R ln 4 lorsque 1 = 2 : Trouvez cette entropie de mélange à
partir d’un argument purement combinatoire.
Une vieille maison pleine de trous est à la même température que l’extérieur, soit 00 C cette jour-
née là. Après trois heures de chau¤age, on réussit à remonter sa température à 220 C: Une bonne
approximation pour l’entropie de l’air est
E V
S (E; V; ) = + 5R ln + 2R ln (5.409)
2
où R est la constante des gaz parfaits, est une constante, est le nombre de moles et V et E sont
respectivement le volume et l’énergie.
a) À partir de l’expression ci-dessus, trouvez E (T; V; ) et p (T; V; ) puis calculez le rapport entre
la densité d’énergie E=V avant et après le chau¤age. Il faut se souvenir que comme la maison est pleine
5 6 L1.9
5 7 Reif, Prob. 7.4
5 8 Q1074
où 0 est une constante qu’il n’est pas nécessaire de spéci…er ici mais qui du point de vue des unités
3=2 1
donne 0 = (energie) (volume) .
a) Trouvez son énergie E (S; V ) :
b) À l’aide d’une transformation de Legendre appliquée sur E (S; V ), trouvez l’enthalpie H (S; p).
La procédure est la suivante. D’abord à l’aide de
@E (S; V )
p= (5.411)
@V S
@H (S; p)
T (S; p) = (5.414)
@S p
@H (S; p)
V (S; p) = (5.415)
@p S
et en véri…ant que
pV (S; p) = N kB T (S; p) (5.416)
Soit
3=5
5 2 2=5 2 S
H (S; p) = N (p 0) e 5 N kB (5.417)
2 3
l’enthalpie d’un gaz parfait.
a) Calculez le changement d’entropie par mole dans un processus Joule-Thomson où la pression
chute de p1 à p2 :
b) Le changement d’entropie précédent est-il positif ou négatif et pourquoi peut-il y avoir un chan-
gement d’entropie alors qu’il n’y a pas d’échange de chaleur avec l’extérieur ?
où le 2s + 1 vient de la dégénérescence associée au spin, "k est l’énergie pour un vecteur d’onde k et la
fonction de distribution fk est donnée par
1
fk = ) ("k
(5.422)
e 1
où le signe + est pour les fermions et pour les bosons. Le potentiel chimique est relié au nombre de
particules N par la relation X
N = (2s + 1) fk : (5.423)
k
d) En utilisant le résultat de (b), ainsi que ("k ) = ln [(1 fk ) =fk ], montrez que
X
S (T; ) = (2s + 1) kB [fk ln fk (1 fk ) ln (1 fk )] (5.424)
k
e) En utilisant les manipulations habituelles avec les potentiels thermodynamiques, montrez que
= @(E@NT S) puis utilisez les formules ci-dessus pour E (T; ) et S (T; ) pour démontrer que le
T
@(E T S)
apparaissant dans fk est bien le même que celui dé…ni par @N .
T
5.9.16 Cohérence thermodynamique pour les gaz parfaits quantiques d’électrons libres (potentiels de Mas-
sieu)
c) Soit l’expression pour l’énergie des gaz d’électrons libres parfaits quantiques.
X
E (T; ) = (2s + 1) " k fk (5.427)
k
où le 2s + 1 vient de la dégénérescence associée au spin, "k est l’énergie pour un vecteur d’onde k et la
fonction de distribution fk est donnée par
1
fk = ("k )
(5.428)
e 1
où le signe + est pour les fermions et pour les bosons. Et soit l’expression pour N le nombre de
particules, X
N = (2s + 1) fk : (5.429)
k
Montrez que la relation b) est satisfaite.
Soit un système formé de deux types de particules séparément conservées, par exemple les électrons
et les ions dans un solide. Il y a alors un potentiel chimique pour chaque type de particules. Donc
dE = T dS + 1 dN1 + 2 dN2 pdV: (5.430)
a) Soit N = N1 + N2 et n = N1 N2 : Montrez que la relation précédente peut s’écrire
dE = T dS + t dN + d dn pdV (5.431)
en donnant les valeurs appropriées pour t et d :
b) En utilisant l’extensivité du potentiel de Gibbs, G (T; p; N1 ; N2 ) = G (T; p; N1 ; N2 ) ; montrez
que
E T S + pV = 1 N1 + 2 N2 (5.432)
c) Déduisez la relation de Gibbs-Duhem généralisée
V dp = SdT + N1 d 1 + N2 d 2 (5.433)
d) Exprimez l’inverse de la compressibilité totale V (@p=@V )T;N1 ;N2 en fonction de
(@ 1 =@n1 )T;n2 ; (@ 1 =@n2 )T;n1 ; (@ 2 =@n2 )T;n1 et (@ 2 =@n1 )T;n2
en utilisant le fait que i (T; N1 ; N2 ; V ) ne dépend en fait que des densités car c’est une variable
intensive : i (T; n1 ; n2 ) où n1 = N1 =V; n2 = N2 =V:
e) Dé…nissez le potentiel thermodynamique p 1 n1 2 n2 pour dériver une relation de Maxwell
permettant de simpli…er le résultat en (d), puis réécrivez-le sous la forme
1 @p 1 2 1
= V = + + (5.434)
T @V T;N1 ;N2 T;1 T;12 T;2
où les compressibilités partielles pour chacun des sous-systèmes sont dé…nies par
1 @n1 1 @n2
T;1 = ; T;2 = (5.435)
n21 @ 1 T;n2 n22 @ 2 T;n1
Pour un gaz parfait, nous savons déjà que dE = CV dT: Montrez que nous avons aussi dH = Cp dT
et que H (T; p) = H (T; V ) ne dépend que de la température T .
Pour une relation de dispersion quelconque, correspondant à une densité d’états D (") ; on a pour
la densité à température nulle Z
N =V D (") d" (5.439)
1
véri…ez que la compressibilité obtenue de l’Éq.(5.441) corespond bien à celle obtenue de la pression
(souvenez-vous qu’à température nulle, dériver à température constante est la même chose que de
dériver à entropie constante)
Z
@E @
p= = "D (") d" V D ( ) : (5.443)
@V S;N 1 @V S;N
@p @ n2
V = N = : (5.446)
@V T;N @V T;N D( )
Ce dernier résultat est facilement relié à celui obtenu auparavant à l’équation Eq.(5.441),
1 @n 1 @V
= : (5.447)
n2 @ T;V V @p T;N
Notez que partout nous avons supposé que la densité d’états est indépendante du volume. Ce n’est pas
le cas sur un réseau où un changement de la distance entre les atomes change la densité d’états. La
contribution à la compressibilité calculée ci-dessus ne vient que d’une des contributions à la pression.
Elle vient de changements de volume faits en rajoutant des sites au réseau à N …xe ou en changeant
N à nombre de sites …xe, gardant, dans un cas comme dans l’autre, le pas du réseau …xe.59
5 9 Ce problème est inspiré d’une question posée par le Pr. Nozières lors de sa visite à Sherbrooke à l’automne 2002.
Ce que nous avons appris sur la thermodynamique nous sera utile dans tout ce qui suit. Il y a
cependant un aspect important que nous avons laissé de côté, celui des transitions de phase. Nous
n’y avons fait allusion que brièvement en considérant les propriétés de concavité de l’entropie. Nous y
reviendrons plus en détail à la session suivante.
Dans les deux chapitres qui suivent, nous laissons de côté temporairement les aspects purement
thermodynamiques pour revenir à la question des calculs microscopiques de quantités thermodyna-
miques. En fait, nous savons déjà que dans l’ensemble microcanonique, une connaissance des niveaux
d’énergie microscopiques d’un système macroscopique permet d’obtenir l’entropie à l’aide de la formule
de Boltzmann
S (E; V ) = kB ln (E; V ) : (6.1)
De là, il est possible d’obtenir pression et température par de simples dérivées T 1 = (@S=@E)V et
p=T = (@S=@V )E . Donc, un calcul de (E; V ) su¢ t pour calculer toutes les quantités thermodyna-
miques à partir de notre connaissance du modèle microscopique. En fait, nous pouvons calculer plus
que les quantités thermodynamiques puisque le postulat des probabilités à priori égales nous permet de
calculer même les probabilités pour les ‡uctuations et pas seulement les quantités thermodynamiques.
Dans le présent chapitre, nous allons considérer un système en contact avec un réservoir de chaleur
plutôt qu’un ensemble microcanonique. Nous appellerons l’ensemble correspondant à un contact avec
un réservoir de chaleur l’ensemble canonique. Pour cet ensemble, la distribution de probabilité est
donnée par le facteur de Boltzmann et le calcul des quantités thermodynamiques se fait grâce à la
fonction de partition Z qu’on relie à l’énergie libre de Helmholtz par la formule
L’analogie avec le calcul dans l’ensemble microcanonique est claire. Comme c’est le cas pour l’ensemble
microcanonique, nous pourrons calculer non seulement les quantités thermodynamiques, mais aussi
les ‡uctuations. Cette approche à la mécanique statistique à l’aide de l’ensemble canonique a été
développée particulièrement par Gibbs. Elle constitue une des façons les plus commodes de faire la
mécanique statistique.
Le présent chapitre est plutôt un chapitre méthodologique. Nous y verrons qu’en pratique, il est
beaucoup plus facile de calculer des quantités dans l’ensemble canonique que dans l’ensemble microca-
nonique. Nous comprendrons que même si les ‡uctuations sont di¤érentes dans l’ensemble canonique
et dans l’ensemble microcanonique, les quantités thermodynamiques sont identiques. À la …n de ce
chapitre, vous connaîtrez la fonction de partition et saurez calculer des quantités thermodynamiques
avec elle. Vous pourrez expliquer la di¤érence entre les ensembles canonique et microcanonique ainsi
que la méthode des multiplicateurs de Lagrange. Vous commencerez à pouvoir utiliser la fonction de
partition pour résoudre des problèmes simples. C’est au chapitre suivant que nous commencerons les
applications plus détaillées de la méthodologie développée dans le présent chapitre.
Comme d’habitude, avant de calculer des probabilités en physique statistique, nous devons utiliser
toute la connaissance que nous avons sur le système étudié, puis trouver un ensemble nous permettant de
Dans l’ensemble microcanonique, nous considérons un seul système isolé du monde extérieur et
nous supposons son énergie totale connue à une précision donnée. D’autres quantités mécaniques sont
aussi spéci…ées tel le volume et le nombre de particules, mais pour simpli…er la discussion et faire la
connexion plus directement avec ce que nous avons fait en thermodynamique, nous ne tiendrons compte
que du volume.
Toutes les probabilités sont ensuite calculées à partir du postulat de probabilités à priori égales,
postulat qui constitue notre hypothèse statistique de base. Ainsi, la probabilité que le système soit
dans un état microscopique donné r d’énergie Er et de volume V est donnée par
1
(E;V ) ; E < Er < E + E
P (Er ; V ) = (6.3)
0 ; autrement
où X
(E; V ) = (E + E Er ) (Er E) (6.4)
r
est le nombre total d’états microscopiques accessibles dans l’intervalle d’énergie E < Er < E + E. Les
fonctions de Heaviside expriment cette restriction.
6.1.2 L’ensemble canonique décrit un système en contact avec un réservoir de chaleur. Dans ce cas, la
température plutôt que l’énergie est une variable plus naturelle.2
Une tasse de café dans une pièce est un exemple de système en contact avec un réservoir de chaleur.
Nous avons déjà considéré le cas des systèmes en contact avec un réservoir de chaleur au chapitre trois.
Nous revenons sur cet exemple. Nous savons le traiter sans faire d’hypothèse statistique additionnelle.
En e¤et, nous pouvons considérer le système d’intérêt A plus le réservoir de chaleur A0 comme un
seul grand système d’énergie E (0) qui lui est microcanonique. Nous savons déjà depuis belle lurette
comment calculer la probabilité dans ce cas. Supposons que nous désirions connaître la probabilité que
le système A soit dans un intervalle d’énergie E
0
(E) E (0) E
P (E) = P (6.5)
e
e
E 0 E (0) e
E
E
Ici, le volume de A et de A0 sont tous les deux …xes. Pour simpli…er la discussion, nous n’écrivons pas
le volume explicitement, mais il est important de garder ce fait à l’esprit.
La distribution de probabilité sera piquée autour du maximum. On fait donc le développement de
la distribution de probabilité autour de ce maximum en écrivant d’abord
h i
(E) 0 E (0) E = (E) exp ln 0 E (0) E (6.6)
1 Reif, Sec. 6.1
2 Reif, Sec. 6.2
Comme ln 0 E (0) est extensif, c’est à dire proportionnel au nombre de degrés de liberté f 0 , la cor-
rection est d’ordre
@ 2 ln 0 (E (0) ) 2
E f0 2
f 02 f
2
@ (E (0) ) f
f0 0
1 (6.8)
@ ln 0 (E (0) ) f
E f0 f
@E (0)
Ceci permet de ne garder que le terme d’ordre zéro et le terme du premier ordre dans le développement
de ln 0 E (0) E :
@ ln 0 E (0)
ln 0 E (0) E ' ln 0 E (0) E: (6.9)
@E (0)
Normalement, la température s’évalue en prenant la dérivée de ln 0 E (0) E à la valeur de E e
correspondant au maximum de la distribution de probabilité combinée. Ici cependant, comme E (0) E
e sont identiques à une précision arbitrairement grande
la dérivée évaluée à E (0) et celle évaluée à E (0) E
(lorsque le volume du réservoir tend vers l’in…ni). Il est donc loisible d’écrire
1 @ ln 0 E (0)
= = (6.10)
kB T @E (0)
La distribution de probabilité devient alors
0
(E) E (0) exp ( E)
P (E) = P (6.11)
e
e
E 0 E (0) exp e
E
E
(E) exp( E)
P (E) = P (6.12)
e
E (Ee) exp( Ee)
C’est la distribution canonique. Il est important de remarquer que la seule information dont nous ayons
besoin sur le réservoir est sa température !
Se souvenant de notre point de départ dans l’ensemble microcanonique, on constate que dans
l’ensemble canonique chacun des états microscopiques individuels ayant la même énergie E a la même
probabilité d’occupation. C’est pourquoi la probabilité d’avoir une énergie E donnée est proportionnelle
au nombre d’états (E) ayant cette énergie. La probabilité qu’un seul état microscopique donné, r;
soit occupé est donc,
exp ( Er )
Pr = P : (6.13)
e
e exp
E e
E
E
Pour obtenir le résultat sous une forme plus simple, on remarque qu’au dénominateur on peut réarranger
la somme pour qu’elle soit sur tous les états microscopiques sans restriction sur leur énergie puisque
Pr = Pexp( Er ) exp( Er )
(6.14)
r exp( Er ) Z
où la constante de normalisation Z; appelée fonction de partition, jouera un rôle important dans ce qui
suit.
Dé…nition 86 La fonction de partition Z, de l’allemand Zustandssumme, ”somme sur les états” est
dé…nie par
P
Z (T; V ) r exp ( Er ) : (6.15)
La moyenne d’une quantité observable quelconque se calcule comme d’habitude avec la formule,
X X exp ( Er )
y= Pr yr = yr (6.16)
r r
Z
6.1.3 Exemples de calculs de probabilité dans l’ensemble canonique qui sont beaucoup plus simples que
dans l’ensemble microcanonique.3
Les résultats de la section précédente nous disent que la connaissance des niveaux d’énergie micro-
scopiques à volume constant su¢ t pour nous permettre d’obtenir la distribution de probabilité et donc
toutes les valeurs moyennes que nous désirons calculer dans l’ensemble canonique. Nous sommes donc
prêts à faire des calculs. Il y a cependant quelques résultats généraux qui aident à faire des calculs
et à interpréter les réponses. Avant d’élaborer ce formalisme général, nous étudierons trois exemples
simples qui seront développés plus en détails au chapitre sept.
@M @ (N ) N 20
= = = : (6.19)
@H T @H T kB T
3 Reif, Sec. 6.3
Distribution des vitesses de Maxwell pour les molécules d’un gaz parfait.
Considérons une seule molécule d’un gaz parfait. Elle est en contact avec un réservoir de chaleur
formé des autres molécules du gaz. Dans la limite classique, l’énergie d’une particule est donnée par
p2
E= (6.22)
2m
ce qui nous permet d’écrire immédiatement pour la densité de probabilité qu’une particule soit située
n’importe où dans le récipient mais qu’elle ait une quantité de mouvement comprise entre p et p+dp
p2 Z
exp 2m d3 p
3
P (p) d p = R d3 r (6.23)
d3 rd3 p
exp p2 h3
h3 2m
mv 2
exp 2
= R mv 2
d3 p: (6.24)
d3 p exp 2
Pour écrire cette formule, nous nous sommes rappelés que le nombre d’états microscopiques pour une
seule particule est donné, en physique classique, par d3 pd3 r=h3 et nous avons utilisé la règle du OU
pour combiner les probabilités. Le résultat ci-dessus pour P (p) d3 p est la distribution des vitesses de
Maxwell que nous étudierons en beaucoup de détails au chapitre sept lorsque nous traiterons de la
théorie cinétique.
p2
E=
+ mgz (6.25)
2m
La probabilité de se trouver à une hauteur z donnée se trouve à partir de cette expression et d’une
généralisation simple de la section précédente. Il faut cette fois intégrer sur toutes les quantités de
mouvement puisqu’on ne spéci…e pas la valeur de la vitesse (nous avons a¤aire à la loi de composition
OU pour les probabilités). Il faut aussi intégrer dans le plan x; y. Il ne reste donc que
R mv 2 Z
d3 p exp 2 + mgz
P (z) dz = R R mv 2
dz dxdy (6.26)
d3 r d3 p exp 2 + mgz
mgz
/ exp dz (6.27)
kB T
qui correspond bien à ce que nous avions trouvé en problème pour la densité dans une atmosphère
isotherme.
Cet ensemble est particulièrement utile pour les calculs de physique statistique quantique, mais il y
a des exemples classiques aussi très intéressants. Sa dérivation suit la démarche prise pour l’ensemble
canonique. Lorsque j’ai un système en contact avec un réservoir de chaleur et de particules, la probabilité
d’avoir une énergie E et un nombre de particules N est donné par
et que !
0
@ ln E (0) ; N (0)
= (6.31)
@N (0) kB T
E (0)
(E; N ) e (E N)
P (E; N ) = P (E 00 N 00 )
: (6.32)
E 00 ;N 00 (E 00 ; N 00 ) e
Comme tous les états microscopiques ayant la même énergie et le même nombre de particules sont
équiprobables, nous avons que pour un état microscopique r donné,
(Er Nr )
e
P (Er ; Nr ) = P (Er00 00 )
Nr
: (6.33)
00 ;N 00
Er e
r
Pour trouver la relation entre la grande fonction de partition et la fonction de partition grand canonique,
il su¢ t de réécrire la somme sur les états microscopiques r d’énergies Er en regroupant tous les états
microscopiques r0 ayant le même nombre de particules et des énergies Er0 (N ), puis de sommer sur tous
les nombres de particules possibles
X X X
(T; ) = e (Er Nr ) = e (Er0 (N ) N ) (6.34)
Er ;Nr N Er0 (N )
X X
Er0 (N ) N N
= e e = Z (T; N ) e : (6.35)
N;Er0 N
La dépendance en volume de l’énergie des états microscopiques n’a pas été explicitée pour simpli…er
l’écriture, mais elle devrait être gardée à l’esprit.
Vous n’avez sans doute pas été surpris d’apprendre en introduction que dans l’ensemble canonique, le
potentiel thermodynamique qui se calcule le plus naturellement est l’énergie libre de Helmholtz. En e¤et,
cette énergie libre est fonction de T et V qui sont aussi les variables naturelles de l’ensemble canonique.
C’est ce que nous allons démontrer ici. Auparavant, nous faisons une digression mathématique sur les
calculs de valeurs moyennes dans l’ensemble canonique.
Dans le chapitre un sur la théorie des probabilités, nous avons souvent utilisé le “truc de la dérivée”
pour calculer des valeurs moyennes. Par exemple, la condition de normalisation de la distribution
binomiale
X N
N n
(pe + q) = CnN (e p) q N n (6.36)
n=0
nous a permis de calculer la valeur moyenne de n en prenant une dérivée par rapport à p. De même
pour la gaussienne, l’intégrale
Z 1 !
2 p
1 (x )
dx exp 2
= 2 (6.37)
1 2
À partir de la fonction de partition, on peut calculer plusieurs valeurs moyennes. Par exemple, l’énergie
moyenne s’obtient de
@ ln Z
E= @ (6.39)
Preuve :
@
P
@ ln Z 1 @Z @ r exp ( Er )
= = P (6.40)
@ Z@ r exp ( Er )
P
r Er exp ( Er )
= P =E (6.41)
r exp ( E r)
C.Q.F.D.
De même, les ‡uctuations s’obtiennent de
2 @ 2 ln Z
E2 E = @ 2
(6.42)
C.Q.F.D.
Remarque 176 * Cumulants : On peut voir ln Z ( ) comme la fonction génératrice des cumulants de
la variable conjugués à , soit l’énergie. L’exemple précédent nous montre que la dérivée seconde nous
donne le deuxième cumulant, quantité qui est identique à la variance.
@E 1 @ ln Z
p= @V = @V (6.48)
Preuve :
1 @ ln Z 1 @Z
= (6.49)
@V T;N Z @V
1 X @
= exp ( Er ) (6.50)
Z r @V
1 X @Er
= exp ( Er ) (6.51)
Z r @V
@E
= =p (6.52)
@V
C.Q.F.D.
Il est évident qu’une force généralisée quelconque s’obtient de
1 @ ln Z
X= @x T;N
(6.53)
Remarque 177 La dérivée de l’énergie moyenne par rapport à V n’est pas la même chose que la
@E @E
valeur moyenne de la dérivée de l’énergie par rapport à V; i.e. @V 6= @V : Les dérivées partielles par
rapport à V dont on parle sont prises à température constante. On peut donc facilement déduire de la
thermodynamique dE = T dS pdV que
@E @S
=T p: (6.55)
@V T @V T
Or, nous avons d’après l’expression pour la pression dans l’ensemble canonique (6.52) que @E=@V = p
alors que selon la thermodynamique, @E=@V T = T (@S=@V )T p: Il n’y a pas de contradiction.
Remarque 178 Dans l’exemple précédent, lorsqu’on prend la dérivée à entropie constante, comme
dans l’ensemble microcanonique, la distribution de probabilité n’est pas in‡uencée par le changement
@E @E
de volume, alors @V = @V : Par contre, lorsque la dérivée est prise à température constante, la
S S
distribution de probabilité est in‡uencée par le changement de volume. Il faut en tenir compte. Donc,
@E
@V = p, mais ce n’est pas vrai si la dérivée est prise à température constante.
S
6.2.2 Calculs de valeurs moyennes dans l’ensemble grand canonique : la grande fonction de partition
Dans le cas de l’ensemble canonique ci-dessus, la variable N était implicitement tenue constante.
Procédant de façon analogue au cas canonique, on trouve pour le nombre moyen de particules
X 1 @ ln
N= N r Pr = (6.57)
r
@
N et sont conjuguées.
L’énergie des états microscopiques dépend implicitement du volume. Ainsi, par analogie avec le cas
canonique vu à l’Éq.(6.52), on a
1 @ ln
p= : (6.60)
@V ;
Dans l’expression pour la pression dans l’ensemble canonique, c’est la température et le nombre de
particules qui est tenu constant, ici c’est la température et le potentiel chimique qui le sont.
Remarque 179 Pour comprendre intuitivement le résultat précédent, écrivons explicitement tous les
termes. On trouve,
1 @ ln 1X @Er @Nr (Er Nr )
p= = e : (6.61)
@V ; r
@V @V
Nous avons utilisé le fait que l’énergie d’un état microscopique ne dépend ni de la température, ni
du potentiel chimique. Pourquoi devons-nous soustraire le terme proportionnel au potentiel chimique ?
6.2.3 La fonction de partition pour N systèmes indépendants est le produit des fonctions de partition. On
revoit l’extensivité.
Voici maintenant une propriété fondamentale de la fonction de partition qui permet de considéra-
blement simpli…er les calculs en pratique.5
Si un système est composé de sous-systèmes indépendants, alors la fonction de partition du
système combiné est le produit des fonctions de partition de chacun des sous-systèmes.
Preuve : La preuve est simple. Soit le système numéro 1 dont les énergies sont Er et le système
numéro 2 dont les énergies sont Es . Si les deux systèmes n’interagissent pas, alors l’énergie totale
du système combiné est Ers = Er + Es et la fonction de partition correspondante est
X X
Z= exp ( Ers ) = exp ( (Er + Es )) (6.69)
r;s r;s
X X X
= exp ( Er ) exp ( Es ) = exp ( Er ) exp ( Es )
r;s r s
= Z1 Z2 (6.70)
5 Reif, p.217
H
= N H tanh = N H = N" (6.76)
kB T
où est le moment magnétique moyen que nous avions calculé à l’équation (6.18) et " est l’énergie
moyenne pour un seul spin. Les ‡uctuations sont calculées tout aussi simplement. De façon tout à fait
générale, nous obtenons
2 @ 2 ln Z @ 2 ln Z1
E2 E = 2 =N = N "2 "2 (6.77)
@ @ 2
où le dernier terme de droite représente les ‡uctuations d’énergie d’un seul spin. Remarquez qu’on
retrouve notre résultat général que la variance pour une variable aléatoire qui est la somme de N
variables aléatoires statistiquement indépendantes ayant des distributions de probabilité identiques P
est simplement donnée par N fois la variance de cette distribution P . Les ‡uctuations d’énergie pour
un des sous-systèmes peuvent être obtenues du calcul de la section précédente pour les ‡uctuations du
moment magnétique
2
"2 "2 = 2
h i H2 (6.78)
ou encore, directement à partir de la fonction de partition,
@ 2 ln Z1 @
"2 "2 = 2 = H tanh ( H) (6.79)
@ @
2
= ( H) sec h2 ( H) (6.80)
ce qui correspond bien à ce que nous aurions obtenu de l’Éq.(6.20).
Encore une fois, on retrouve le résultat général que les ‡uctuations relatives d’un système formé de N
sous-systèmes indépendants sont réduites. Attardez-vous à la dépendance en taille (N ) de la grandeur
relative des ‡uctuations. Notez aussi que dans l’ensemble canonique l’énergie totale ‡uctue, contraire-
ment au cas de l’ensemble microcanonique. Dans l’ensemble microcanonique, on trouve précisément le
même résultat pour "2 "2 ="2 mais, par contre l’énergie totale, ne ‡uctue pas. En d’autres mots, du
point de vue d’un spin particulier, ou d’un sous-ensemble su¢ samment petit, les ensemble canonique
et microcanonique sont identiques, bien que les ‡uctuations des quantités globales soient di¤érentes.
Nous revenons là-dessus ci-dessous.
6.2.4 La connexion entre la fonction de partition et la thermodynamique est donnée par F (T; V; N ) =
kB T ln Z (T; V; N ) :6
peut être approximée de la façon habituelle à l’aide de l’approximation du col.7 En e¤et, ln est
une quantité extensive, tout comme l’énergie. Ceci veut dire que l’argument de l’exponentielle dans
l’expression suivante
X
Z (T; V ) = exp (ln (E; V ) E) (6.83)
E
est extensif et que le maximum de l’argument de la somme sera très prononcé. Développant autour du
maximum à E, e nous obtenons
h i
Z (T; V ) ' exp ln e V
E; e
E
X @ ln (E; V )
exp E e
E
@E e
E
E
1 @ 2 ln (E; V ) e
2
+ E E (6.84)
2 @E 2 e
E
2 3
e
e V e
X 1@ E e
2
= exp ln E; E exp 4 E E 5 (6.85)
e
2 @E
E
La condition d’extremum
@ ln (E; V ) 1
= = (6.86)
@E e
E kB T
e
kB T ln Z (T; V ) ' E kB T ln e V
E; (6.87)
( )
X 1 @ 2
kB T ln exp E e
E (6.88)
2 @E e
E
E
Comme le dernier terme est négligeable, (cf preuve ci-dessous) il est clair que les équations (6.86) et
(6.87) dé…nissent une transformée de Legendre.
En quelques mots, on prouve comme suit que le dernier terme est négligeable. Une analyse di-
@
mensionnelle rapide nous montre que l’argument de la dernière exponentielle @E est d’ordre 1=f:
e
E
Approximant la somme sur les énergies par une intégrale, les propriétés de la gaussienne nous donnent
immédiatement la dépendance en f du résultat de l’intégrale. On en déduit que le logarithme de la
somme apparaissant dans le dernier terme est au pire proportionnel au logarithme du nombre de de-
grés de liberté du système et donc qu’on peut négliger ce terme devant les autres termes qui sont, eux,
proportionnels au nombre de degrés de liberté.
Preuve : Pour prouver plus en détails que le logarithme du dernier terme est de l’ordre du logarithme
du nombre de degrés de liberté, considérons
P l’argument
R de ce logarithme. Approximons la somme
par une intégrale. On change alors E pour dE " où " est au pire proportionnel à la taille du
système. L’intégrale qui reste est celle d’une gaussienne dont l’écart type est 2 = (@E=@ )V =
(@E=@T )V (@T =@ ) = kB T 2 CV où la capacité calori…que CV est extensive. p Les résultats pour
la gaussienne nous disent que l’intégrale est proportionnelle à et donc à CV : L’argument du
logarithme est donc au pire proportionnel à une puissance du nombre de degrés de libertés.
Dans la limite thermodynamique il ne nous reste donc que
e
kB T ln Z (T; V ) = E kB T ln e V
E; (6.89)
kB T ln Z (T; V ) = E kB T ln E; V (6.90)
1 @S
= (6.91)
T @E V
Remarque 180 Il est important de noter que, comme dans la transformée de Legendre habituelle,
on a supposé que partout où la variable E apparaît dans la dernière expression, elle a été exprimé en
fonction de T et de V à l’aide de l’Éq.(6.91).
qu’on évalue comme ci-dessus à l’aide de l’approximation du col, sachant que la distribution de proba-
bilité pour N est très piquée
ln (T; V; ) ' e +
F T; V; N e
N (6.96)
ce qui donne le résultat déjà trouvé ci-dessus Eq.(6.54) lorsqu’on se souvient que F = kB T ln Z.
0 1
@F T; V; Ne
@ A = (6.98)
e
@N
T;V
Ce dernier résultat premet d’exprimer N e en fonction de T; V; . Combinant ceci avec la relation entre
la grande fonction de partition et la fonction de partition trouvée ci-dessus Éq. (6.96) qui se réécrit
e
kB T ln (T; V; ) = F T; V; N e
N (6.99)
6.2.6 Les trucs de calcul dans l’ensemble canonique sont une autre version de ce qui relie les quantités
physiques aux dérivées de F (T; V ) :
Pour nous rassurer sur la validité de la relation trouvée ci-dessus entre la fonction de partition et
l’énergie libre de Helmholtz, nous allons démontrer dans cette sous-section que les trucs de calculs de
l’ensemble canonique que nous proposions au début de cette section auraient pour la plupart pu être
obtenus à l’aide de la dé…nition des dérivées thermodynamiques de l’énergie libre de Helmholtz
@F @ ln Z (T; V )
p= = kB T =p (6.103)
@V T @V T
ce qui correspond exactement à la formule Éq.(6.48) trouvée ci-haut pour la pression dans l’ensemble
canonique. De même, sachant que
E = F + TS = F T (@F=@T )V (6.104)
@F @ ln Z
S (T; V ) = = kB ln Z + kB T (6.107)
@T V @T V
@ ln Z @
= kB ln Z + kB T (6.108)
@ @T V
1 @ ln Z
= kB ln Z (6.109)
T @ V
F (T; V ) 1 @ ln Z
= (6.110)
T T @ V
@ ln Z
E TS + @
V
S= (6.111)
T
@ ln Z
E= (6.112)
@ V
6.2.7 Les trucs de calcul dans l’ensemble grand canonique sont une autre version de ce qui relie les quantités
physiques aux dérivées de J (T; V; ) :
Pour continuer cette idée de se rassurer, nous allons refaire la même démarche que ci-dessus
pour l’ensemble grand canonique à partir de la relation J (T; V; ) = kB T ln (T; V; ). Partant
de l’Éq.(6.100)
dJ = d (F N ) = SdT pdV N d (6.113)
@J @ ln
p= = kB T =p (6.115)
@V T; @V T;
E N = J + TS (6.116)
ce qui donne
E N= kB T ln + T S:
comme
@J @ ln
S= = kB ln + kB T
@T V; @T V;
@ ln @ ln
E N = kB T 2 = =E N; (6.117)
@T V; @ V;
6.2.8 Les valeurs moyennes sont identiques dans les ensembles canonique et microcanonique mais les
‡uctuations de valeurs moyennes globales (pas locales) peuvent di¤érer.
2 @ 2 ln Z @E dT @E
E2 E = = = = kB T 2 C V (6.118)
@ 2 V @ V d @T V
2
E2 E CV 1
2 = kB T 2 2 / (6.119)
E E f
où nous avons utilisé le fait que la capacité calori…que est extensive et donc proportionnelle au nombre
de degrés de liberté f , tout comme l’énergie.
2
Remarque 182 Le résultat E 2 E = kB T 2 CV a d’abord été trouvé par Einstein en utilisant une
méthode semblable à celle décrite dans un problème du chapitre 4. La discussion du chapitre trois sur
l’étroitesse de la distribution de probabilité contient déjà implicitement ce résultat.
Exemple 88 Même dans l’ensemble microcanonique le moment magnétique d’un spin en particulier
agit comme s’il était en contact avec un réservoir de chaleur formé de l’ensemble des autres spins. Un
2
calcul dans l’ensemble microcanonique montrerait que le résultat trouvé pour 2 h i pour un spin
est identique à celui trouvé dans l’ensemble canonique.
D’un point de vue mathématique, nous pouvons dire que nous avons remplacé le calcul de (E; V )
qui se fait à énergie constante et température au départ indéterminée, par un calcul de Z (T; V ) où
l’énergie au départ est indéterminée et la température est …xe. La petitesse des ‡uctuations dans la
limite thermodynamique rend équivalente l’utilisation d’une ou l’autre méthode pour le calcul des
valeurs moyennes. (La petitesse relative des ‡uctuations est en un certain sens ce qui nous a permis
de négliger le dernier terme dans le calcul par l’approximation du col, Éq.(6.88).) Fixer l’énergie dans
(E; V ) détermine évidemment la valeur de , qui s’obtient à partir d’une dérivée par rapport à E
soit = @ ln (E; V ) =@E. De même, …xer dans Z (T = kB = ; V ) détermine l’énergie moyenne qui
s’obtient à partir d’une dérivée par rapport à , soit E = @ ln Z (T; V ) =@ .
Prenons le calcul de la pression et démontrons explicitement qu’on obtient la même valeur dans
l’ensemble canonique et dans l’ensemble microcanonique. Dans l’ensemble canonique
1 X @Er
pc = exp ( Er ) (6.120)
Z r @V
ou l’indice c nous rappelle qu’on moyenne dans l’ensemble canonique. Si on regroupe tous les états
ayant la même énergie, on a
0 1
1 X @X 1 @Er(E) A
pc = (E) exp ( E) : (6.121)
Z (E) @V
E r(E)
La quantité entre parenthèses est la pression pm (E) dans l’ensemble microcanonique à l’énergie E. On
a donc
1 X
pc = pm (E) (E) exp ( E) : (6.122)
Z
E
En évaluant comme précédemment avec l’approximation du col, (E) exp ( E) est très piquée en E
e la plus probable contribuera puisque pm (E) varie beaucoup plus lentement
et seule la valeur pm E
en E que la combinaison (E) exp ( E). Donc
e X
pm E
pc = (E) exp ( E) = pm (6.123)
Z
E
où la valeur la plus probable de l’énergie est trouvée à partir de la condition de col, soit
1 @ ln (E)
= : (6.124)
kB T @V
Remarque 183 Il est clair que pour prouver toutes les équivalences, nous avons utilisé le fait que
nous travaillons dans la limite thermodynamique, c’est-à-dire la limite où le nombre de particules tend
vers l’in…ni.
Dans cette section, nous considérons un autre point de vue qui permet d’obtenir les ensembles
statistiques.8 Nous ferons explicitement le cas de l’ensemble microcanonique et celui de l’ensemble
canonique. Cette méthode fonctionne aussi parfaitement pour l’ensemble grand canonique et s’applique
à bien d’autres domaines que la physique statistique.
Supposons qu’une expérience ne puisse donner aléatoirement que M valeurs possibles pour une
mesure. Je veux empiriquement déduire la probabilité d’obtenir une de ces M valeurs possibles. Je peux
en principe répéter l’expérience N fois, où N tend vers l’in…ni, et mesurer la proportion d’expériences
donnant un résultat donné. Mon estimé de la probabilité d’obtenir un résultat r sera
nr (N )
Pr (6.125)
N
où nr est le nombre de fois que j’aurai obtenu le résultat numéroté r; où r est compris entre 1 et M:
D’après ce qu’on connaît du théorème de la limite central, dans la limite N ! 1 (N M ) ; la valeur
la plus probable de nr et sa valeur moyenne seront identiques et la probabilité empirique d’obtenir le
résultat numéro r sera donné par la formule ci-dessus.
Supposons que le résultat de chaque essai n’in‡uence pas l’essai suivant et que la probabilité a priori
d’obtenir un des M résultats soit qr pour 1 6 r 6 M: Si la procédure empirique décrite ci-dessus est
correcte, il faut que je trouve
nr (N )
lim Pr = lim = qr : (6.126)
N !1 N !1 N
Véri…ons si c’est le cas.
La probabilité (n1 ; n2 ; : : : nM ) d’obtenir n1 fois le résultat 1; n2 fois le résultat 2; ainsi de suite,
est donnée par
N! n n n N! Y n
(n1 ; n2 ; : : : nM ) = (q1 ) 1 (q2 ) 2 : : : (qM ) M = Q (qr0 ) r0 (6.127)
n1 !n2 ! : : : nM ! r nr ! 0
r
Cette formule est la généralisation du résultat obtenu pour la marche aléatoire où seulement deux
possibilités étaient permises.
Pour trouver la valeur la plus probable des nr ; il est plus facile de maximiser le logarithme de
X X
ln (n1 ; n2 ; : : :) = ln N ! ln nr ! + nr ln qr (6.129)
r r
en respectant les di¤érentes contraintes. Comme le logarithme est une fonction monotone, le maximum
sera situé au même endroit que celui de : Pour formuler le problème d’extrémisation directement en
8 Reif, Sec. 6.10
Ce problème de maximiser une fonction de plusieurs variables tout en respectant certaines contraintes
se fait à l’aide de la méthode dite des multiplicateurs de Lagrange. Nous faisons donc une pause pour
expliquer cette approche.
Remarque 184 * Multiplicateurs de Lagrange. Supposons que nous voulions trouver un extremum de
la fonction de n variables
f (x1 ; x2 ; xn ) (6.134)
Si les n variables sont indépendantes, il su¢ t de résoudre simultanément les n équations
@f
=0 (6.135)
@xi
pour trouver les n valeurs de xi correspondant à chacun des maximums. Le problème devient cepen-
dant beaucoup plus compliqué si les n variables ne sont plus indépendantes à cause d’une ou plusieurs
contraintes. De façon tout à fait générale, on peut écrire une contrainte sous la forme
g (x1 ; x2 ; xn ) = 0: (6.136)
En principe, il faudrait résoudre cette dernière équation pour exprimer une des variables en fonction
des n 1 autres et ensuite substituer dans l’expression pour f avant de poser égales à zéro les dérivées
partielles en fonction des n 1 variables restantes. La façon la plus simple de procéder est d’utiliser
la méthode dite des multiplicateurs de Lagrange dont la dérivation standard sera exposée plus loin
ci-dessous. Présentons d’abord une dérivation moins élégante mais qui exprime mieux l’origine de la
méthode. Supposons que nous ayons fait l’exercice d’exprimer xn comme fonction des n 1 autres
variables. L’extremum se trouve en résolvant simultanément les n 1 équations suivantes
@f @f @xn
+ =0 (6.137)
@xi @xn @xi x/ ;x/ ;g
i n
où l’indice x/i ; x/n ; g signi…e que g et toutes les variables autres que xn et xi sont gardées constantes.
Dans les dérivées partielles de f par rapport aux xi on suppose que toutes les autres variables sont
gardées constantes. Pour évaluer (@xn =@xi )x/ ;x/ ;g on note que
i n
n
X @g
dg = dxi = 0 (6.138)
i=1
@xi
La di¤ érentielle dg est mise égale à zéro car g ne doit pas varier dans le processus de minimisation.
Cette équation nous permet d’évaluer (@xn =@xi )x/ ;x/ ;g car il su¢ t, dans la dernière équation, de garder
i n
toutes les variables constantes sauf xn et xi
@g @g @xn
+ =0 (6.139)
@xi @xn @xi x/ ;x/ ;g
i n
Substituant ce résultat dans les n 1 équations Éq.(6.137) permet de réécrire nos n 1 équations sous
la forme
1
@f @f @g @g
=0 (6.141)
@xi @xn @xn @xi
Il est plus élégant et plus simple à la fois de dé…nir un multiplicateur de Lagrange
1
@f @g
= (6.142)
@xn @xn
Utilisant cette dé…nition, nos n 1 équations de minimisation deviennent
@f @g
@xi + @xi = 0: (6.143)
Notant que la dé…nition que nous avons faite de s’écrit aussi sous la forme
@f @g
@xn + @xn =0 (6.144)
nous remarquons que nous avons maintenant au total n équations analogues. En pratique, plutôt que
de traiter une des variables comme di¤ érente des autres, on résoud ces n équations pour trouver les
coordonnées du maximum comme une fonction de , c’est-à-dire xi ( ), puis on détermine la valeur de
en exigeant que
g (x1 ( ) ; x2 ( ) ; : : : ; xn ( )) = 0 (6.145)
Cette méthode se généralise facilement au cas de plusieurs contraintes.
Remarque 185 La dérivation plus standard du résultat pour les multiplicateurs de Lagrange se fait
de la manière suivante.9 Nous prendrons deux contraintes
g (x1 ; x2 ; xn ) = 0 ; h (x1 ; x2 ; xn ) = 0
pour être à la fois plus spéci…que et plus général. Soit le problème d’extrémiser f (x1 ; x2 ; xn ) : Ceci
veut dire que
Xn
@f
df = dxi = 0: (6.146)
i=1
@xi
Les deux contraintes, qui doivent être satisfaites pour toute valeur des xi , nous permettent d’écrire
n
X @g
dg = dxi = 0 (6.147)
i=1
@xi
Xn
@h
dh = dxi = 0 (6.148)
i=1
@xi
Ces équations nous disent que seulement n 2 des n variables originales sont réellement indépen-
dantes. Multipliant chacune des deux dernières équations par une constante pour le moment arbitraire
et additionnant le tout, nous obtenons
n
X @f @g @h
df + g dg + h dh = + g + h dxi = 0 (6.149)
i=1
@xi @xi @xi
9 Reif, Annexe A.10
La méthode des multiplicateurs de Lagrange nous dit qu’il su¢ t minimiser N1 ln (P1 ; P2 ; : : :) en posant
la contraine de normalisation avec un multiplicateur de Lagrange. Autrement dit, il faut minimiser
! !
1 X X Pr X X
ln (P1 ; P2 ; : : :) + Pr 1 = Pr ln + Pr qr : (6.155)
N r r
qr r r
Dans la dernière égalité, nous avons utilisé le fait que les qr sont normalisés. La solution s’obtient en
posant que toutes les dérivées partielles premières s’annulent
Pi
ln 1+ =0 (6.156)
qi
ce qui nous donne que (P1 ; P2 ; : : :) prend sa valeur maximale lorsque chacun des Pi satisfait
Pi = qi exp ( 1) : (6.157)
La valeur de est déterminée par la condition de normalisation
M
X M
X
Pr = qr exp ( 1) = 1: (6.158)
r=1 r=1
PM
Or, par hypothèse les probabilités à priori doivent satisfaire r=1 qr = 1 ce qui nous donne que le
multiplicateur de Lagrange doit être donnée par = 1; c’est-à-dire
exp ( 1) = 1: (6.159)
Substituant dans le résultat Eq.(6.157) pour les valeurs des Pr qui maximisent ; on obtient
Pr = qr : (6.160)
C’est ce qu’on voulait obtenir pour justi…er qu’au moins dans le cas où on a des probabilités à priori
statistiquement indépendantes, cette mainière empirique de trouver la probabilité est cohérente.
P
Remarque 186 *La fonction r Pr ln Pqrr s’appelle aussi la divergence de Kullback–Leibler, le gain
d’information ou l’entropie relative.
On peut quand même poser que tous les états microscopiques, quelle que soit leur énergie, ont la
même probabilité à priori, soit qi = 1= 0 ; où 0 est di¤érent de . Suivant la procédure ci-dessus pour
trouver empiriquement la probabilité Pr sachant qu’on a maintenant deux contraintes, soit celle sur la
normalisation et celle sur l’énergie moyenne E, la méthode des multiplicateurs de Lagrange nous donne
alors
P P
1 @ ln @ ( r Pr 1) @ E r Er Pr
+ + = 0 (6.162)
N @Pi @Pi @Pi
Pi
ln 1+ Ei = 0 (6.163)
qi
1
Pi = qi exp ( 1 Ei ) = 0
exp ( 1 Ei ) : (6.164)
1 X
0
exp ( 1 Er ) = 1 (6.165)
r
0
exp ( 1) = P (6.166)
r exp ( Er )
ce qui nous donne que la distribution canonique est la distribution la plus probable
exp ( Er )
Pr = P : (6.167)
r exp ( Er )
Notez que lorsque toutes les probabilités à priori sont égales, on peut les laisser tomber et travailler
simplement avec
1 X
S= Pr ln Pr (6.169)
N r
qui, comme nous verrons, correspond à l’expression gnérale pour l’entropie en physique statistique,
indépendamment de l’ensemble statistique.
Remarque 188 Dé…nitionP de l’entropie : L’équation (6.153) suggère de dé…nir Pl’entropie de façon
générale par S = kB r Pr ln Pr . En théorie de l’information, la fonction r Pr ln Pr peut être
dé…nie pour des séquences binaires, en quel cas on appelle cette fonction l’information ou entropie de
Shannon.
6.3.3 La méthode d’entropie maximale permet de trouver les distributions de probabilité qui satisfont toutes
les contraintes connues sans introduire de corrélations qui ne sont pas justi…ées par les contraintes
L’approche que nous avons utilisée ci-dessus pour dériver les ensembles de la physique statistique est
une méthode très générale pour obtenir une distribution de probabilité sans qu’il y ait de corrélations
qui ne sont pas justi…ées par les contraintes. L’exemple suivant est très éloquent.
Soit l’ensemble des kangourous. Supposons qu’on sache que le tiers des kangourous ont les yeux
bleus et que le tiers sont gauchers. Il y a quatre possibilités. Les kangourous peuvent être droitiers ou
gauchers (pas d’ambidextre) et avoir ou non les yeux bleus. De manière générale, on veut trouver le
tableau suivant de probabilités :
Gaucher Droitier
Yeux bleus P1 P2 : (6.170)
Yeux non bleus P3 P4
On a seulement les contraintes suivantes. On sait que le tiers ont les yeux bleus,
P1 + P2 = 1=3; (6.171)
P1 + P2 + P3 + P4 = 1: (6.173)
Gaucher Droitier
Yeux bleus 1=3 0 : (6.175)
Yeux non bleus 0 2=3
Gaucher Droitier
Yeux bleus 0 1=3 : (6.176)
Yeux non bleus 1=3 1=3
Procédons maintenant par la méthode d’entropie maximale, qui part de qr = 1=4; c’est-à-dire dans
le cas où on prend les probablités a priori toutes identiques. Il faut maximiser l’entropie, sujette aux
contraintes. Ceci revient à dire, lorsqu’on utilise la méthode des multiplicateurs de Lagrange, qu’il faut
maximiser la fonction
4 4
!
X X 1 1
Pr ln Pr 1 Pr 1 2 P1 + P2 3 P1 + P3 (6.177)
r=1 r=1
3 3
où les probabilités sont dé…nies dans le tableau 6.170. La minimisation de l’expression précédente nous
donne comme solution pour les Pr ce qui apparaît dans le tableau 6.174 où nous avons supposé que les
yeux bleus et le fait d’être gaucher étaient des propriétés statistiquement indépendantes. Autrement
dit, nous n’avons pas rajouté de corrélations qui n’étaient pas justi…ées par les données. Minimiser
toute fonction autre que l’entropie donne des solutions di¤érentes, intermédiaires entre les résultats des
autres tableaux, donc des corrélations non justi…ées par les données. Par exemple10
Solution Les équations pour le minimum sont obtenues en mettant toutes les dérivées partielles de
l’équation pour l’entropie avec les multiplicateurs de Lagrange Éq.(6.177) égales à zéro :
ln P1 = 1+ 1 + 2 + 3 (6.178)
ln P2 = 1+ 1 + 2 (6.179)
ln P3 = 1+ 1 + 3 (6.180)
ln P4 = 1+ 1: (6.181)
On a donc
P1 = e(1+ 1)
e 2e 3
(6.182)
(1+ 1)
P2 = e e 2
(6.183)
(1+ 1)
P3 = e e 3
(6.184)
(1+ 1)
P4 = e : (6.185)
On détermine maintenant les trois multiplicateurs de Lagrange en utilisant les trois contraintes :
d’abord la normalisation
e(1+ 1 ) (e 2 e 3 + e 2 + e 3 + 1) = 1 (6.186)
puis la contrainte sur le nombre de kangourous aux yeux bleus
1
e(1+ 1)
(e 2 e 3
+ e 2) = (6.187)
3
1 0 M.Jarrell and J. Gubernatis, Physics Reports 269, 133 (1996).
S.F. Gull and J. Skilling, lEE Proceedings 131, 646 ( 1984).
1 1 1
e(1+ 1)
+ + +1 =1 (6.191)
4 2 2
@2 @ 1
s= ( ln Pj 1) = i;j <0 (6.197)
@Pi @Pj @Pi Pi
La théorie de l’information de Shannon est une des plus importantes dans ce domaine. Elle permet
de trouver la façon optimale d’encoder un message pour qu’il transmette l’information avec le moins
de bits possible.
Pour comprendre l’idée, supposons une séquence de N boîtes: Supposons que A décide à l’avance
que B gagnera un prix s’il choisit la boîte n de cette séquence. B ne sait pas la valeur de n; mais il
peut poser des questions à C qui connaît la réponse. C ne peut pas mentir. À chaque fois que B pose
une question à C, cela lui coûte de l’argent. Donc C a de l’information qui vaut de l’argent. Le nombre
de questions nécessaires pour trouver la réponse peut être associé à de l’information.
Considérons les questions optimales à poser dans di¤érents cas :
– N = 1 = 20 alors la réponse est évidente et C n’a pas d’information utile.
– N = 2 = 21 alors B demande une question, est-ce la première ou la deuxième boîte.
– N = 4 = 22 alors B pose deux questions : est que la bonne boîte est parmi les deux premières ou
les deux dernières ? Ensuite, laquelle des deux restantes est la bonne.
– N = 8 = 23 alors trois questions su¢ sent en demandant comme première question si la bonne
boîte est dans les quatre premiers ou les quatre derniers, puis en continuant comme ci-dessus
pour les deux autres questions.
L’information détenue par C, ou le nombre de questions nécessaires pour obtenir la réponse est
log2 N = log2 P avec P = 1=N qui peut être interprété comme la probabilité qu’une des boîtes
au hasard soit la bonne. Supposons qu’il y ait n boîtes rouges et N n boîtes blanches, alors il y
a moins de questions à poser car on peut d’abord demander laquelle des couleurs est la bonne. Que
vaut l’information “la bonne boîte est rouge”? Une fois qu’on a cette information, le prix à payer
est log2 n et sans cette information c’est log2 N . L’information “la boîte est rouge” vaut donc log2 N
n n
log2 n = log N où N est la probabilité que la boîte soit rouge: S’il y ait plusieurs couleurs avec
vaut log nN2 avec une probabilité
n1 +n2 +: : : nk = N alors l’information la bonne boîte est la boîte 2 P
n2 =N de telle sorte que le prix moyen de l’information est H = r Pr log2 Pr où Pr = nr =N .
Vous pouvez penser à ni =N comme la probabilité que dans un mot de français la lettre i apparaisse.
Si on calcule l’information moyenne contenue dans un texte de français, elle sera plus petite que le
nombre de caractères. Il n’y aura égalité que si toutes les lettres étaient équiprobables (comme on peut
voir en maximisant H). Dans ce cas, H = log2 N1 et N = 2H : Dans tous les autres cas, H est
plus petit que log2 N1 . On peut donc, pour un long texte, trouver un code qui prend moins que N
caractères pour écrire la même information. Supposons par exemple que la lettre A est plus fréquente,
alors on utilisera moins de bits pour la représenter. Et vice-versa pour une lettre moins fréquente.
Ce que Shannon a prouvé, c’est que si H est l’information contenue dans un texte, étant donné la
probabilité de chacune des lettres, il ne pourra jamais y avoir moins que 2H caractères nécessaires pour
transférer l’information.
Remarquez que dans le cas où on a qu’une seule lettre dans une langue (et même pas d’espace), un
texte ne contient pas d’information. Plus il y a de lettres qui ont l’air disposées de façon aléatoire, plus
l’information contenue dans le texte est grande. L’information ressemble à l’entropie.
1 1 Roger Balian, "Du microscopique au macrosocpique", Tome I du cours de physique statistique de l’école polytech-
(1957) qui s’est inspiré des idées de Shannon sur la théorie de l’information. L’interprétation basée sur l’expérience de
pensée avec les probabilités à priori qr n’est pas parue dans la littérature à ma connaissance.
1 3 Voir https ://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_l%27information pour plus de détails.
On peut montrer que dans tous les ensembles statistiques, l’entropie peut s’écrire
P
S= kB r Pr ln Pr : (6.198)
où la somme est sur tous les états microcopiques et Pr est la probabilité d’avoir un état r dans cet
ensemble. À part le facteur kB cette quantité est proportionnelle à ce que nous avions appel au
chapitre précédent lorsque nous avons dérivé l’ensemble canonique à partir des multiplicateurs de
Lagrange. Cela s’appelle l’entropie de Shannon en théorie de l’information.
Remarque 189 En passant, ce résultat est très important et très général. Il s’applique dans tous les
ensembles statistiques, en particulier aussi dans l’ensemble grand canonique comme nous verrons ci-
dessous. Vous pouvez aussi véri…er qu’il redonne la bonne réponse dans l’ensemble microcanonique où
les probabilités de tous les états microscopiques sont égales.
@F X
Er
S= ; Z= e (6.200)
@T r
@ ln Z (T; V )
S = kB ln Z (T; V ) + kB T
@T
1 @Z (T; V )
= kB ln Z (T; V ) + kB T
Z @T
1 X Er
= kB ln Z (T; V ) + kB T e Er
Z r kB T 2
1 X
= kB ln Z (T; V ) + kB Er e Er : (6.201)
Z r
Cette dernière formule peut aussi être trouvée plus facilement directement en utilisant simplement
F +E
S= (6.202)
T
or
Er
e
Pr = ; ln Pr = Er ln Z (6.203)
Z
d’où X
S = kB ln Z (T; V ) kB (ln Pr + ln Z) Pr (6.204)
r
Ce dernier résultat est particulièrement parlant au niveau physique. La chaleur correspond au change-
ment d’énergie moyenne qui vient du changement de probabilité d’occupation des niveaux. Le travail
lui, vient du changement des niveaux d’énergie à probabilité d’occupation …xe. Autrement dit, si on
écrit X
E= E r Pr ;
r
alors X X
dE = Er dPr + dEr Pr : (6.210)
r r
Si, dans l’ensemble canonique, à S constant la probabilité ne change pas, alors le changement dû au
changement de volume vient seulement du deuxième terme et est donné par
X dEr
Pr = pdV (6.211)
r
dV S
d’où on déduit que T dS est donné par le premier terme de l’équation (6.210) pour dE:
Preuve : Pour ce qui est du lien entre les probabilités et le changement d’énergie qui vient de la
chaleur, T dS, on a
X
T dS = kB T (ln Pr dPr + Pr d ln Pr )
r
1X Pr
= ln Pr dPr + dPr
r
Pr
1X
= ( Er ln Z + 1) dPr
r
X
= Er dPr (6.212)
r
où nous avons utilisé la condition de normalisation pour obtenir l’identité qui nous manquait :
X X
d Pr = 0 = dPr : (6.213)
r r
@F
p (T; V ) dV = dV
@V T
kB T X @Er Er
= e dV
Z r @V
!
X @Er
= Pr dV (6.214)
r
@V
c’est-à-dire qu’elle vient du changement des niveaux d’énergie à probabilité d’occupation …xe.
Dans l’ensemble grand canonique, la même démarche montre que
P P
T dS = N r0 (Er0 (N ) N ) dPr0 (N ) (6.215)
Remarque 190 Ceci P nous ramène à notre remarque 177 sur la pression. Comme la valeur moyenne
est donnée par E = r Pr Er , la dérivée de la valeur moyenne est
@E X @Pr X @Er
= Er + Pr : (6.218)
@V y r
@V y r
@V y
où y est la variable gardée constante. La dérivée de l’énergie moyenne par rapport à V n’est donc
pas, en général, la même chose que la valeur moyenne de la dérivée de l’énergie par rapport à V; i.e.
@E @E
@V 6= @V :Dans l’ensemble microcanonique cependant, garder l’entropie S constante revient à garder Pr
constant car dans l’ensemble microcanonique, Pr = C exp (S=kB ) où C est une constante de normali-
sation. Donc, le premier terme dans l’équation ci-dessus s’annule lorsque S est gardée constante et on
ne fait pas d’erreur dans l’ensemble microcanonique en obtenant la pression de la dérivée à entropie
constante de l’énergie moyenne : p = (@E=@V )S : Par contre, on voit bien dans l’ensemble cano-
nique que lorsque la dérivée est prise à température constante, le premier terme de l’équation
Pci-dessus
contribue car Pr dépend de V à travers Er (V ) et Z (T; V ). On vient de prouver que T dS = r Er dPr :
À partir de cette dernière équation, on a donc,
@S X @Pr
T = Er (6.219)
@V T r
@V T
à l’équation Eq.(6.55).
la quantité F=T peut être interprétée comme la transformée de Legendre de l’entropie microcano-
nique. Du point de vue de la physique statistique, si nous dé…nissons (E) comme le nombre d’états
microscopiques correspondant à une énergie E, alors nous avons la probabilité Pr = 1= (E) pour
chaque état microscopique et l’entropie microcanonique est donnée par
X 1 1
S (E) = kB ln (6.224)
r
(E) (E)
= kB ln (E) : (6.225)
Donc, du point de vue de la physique statistique, la transformée de Legendre s’obtient de
F X
Er
= kB ln Z = kB ln e (6.226)
T r
X
E
= kB ln (E) e (6.227)
E
X
= kB ln eln (E)
e E
(6.228)
E
X
= kB ln e(S(E) E=T )=kB
(6.229)
E
Alors que l’entropie microcanonique est une fonction de l’énergie des états microscopiques, sa trans-
formée de Legendre est sommée sur l’énergie et est une fonction de 1=T: Le coe¢ cient de E est 1=T à
la fois dans l’expression thermodynamique pour la transformé de Legendre Éq.(6.224) et dans l’expres-
sion statistique pour cette transformée Éq.(6.229). Remarquez la similitude entre le résultat thermo-
dynamique Éq.(6.223) et l’exposant dans l’expression statistique Éq.(6.229). Ce n’est pas un hasard.
L’équivalence s’établit en utilisant l’approximation du col comme nous l’avons vu à la section 6.2.4.
Plus généralement, on peut procéder comme suit. Notez que
@ ln Z
hEi =
@
@ ( F=T )
= (6.230)
@ (1=T )
– L’ensemble canonique est l’ensemble décrivant les systèmes de volume et nombre de particules
…xes qui sont en contact thermique avec un réservoir de chaleur. Dans cet ensemble, la probabilité
d’obtenir un état r d’énergie Er est donnée par
Pr = Pexp( Er ) exp( Er )
(6.231)
r exp( Er ) Z
où la constante de normalisation
P
Z r exp ( Er ) (6.232)
On peut dériver la distribution de probabilité canonique sans utiliser autre chose que notre
postulat de probabilités à priori égales. Il su¢ t de considérer le système et le réservoir de chaleur
comme un seul système microcanonique et de prendre la limite correspondant au cas où le volume
du réservoir est in…niment plus grand que celui du système qui nous intéresse.
– Dans le cas où le système est aussi en contact avec un réservoir de particules, la bonne distribution
de probabilités est la distribution grand canonique
où la constante de normalisation
P
r exp ( (Er Nr )) (6.235)
@ ln Z
E= @ (6.236)
V;N
ou
@ ln
E N= @ (6.237)
V;
ou de
@J 1 @ ln
p= @V T;
= @V T;
: (6.240)
@F
S= (6.247)
@T V;N
et
E = F + TS (6.248)
ou, selon le cas,
@J
p= (6.249)
@V T;
@J
S= (6.250)
@T V;
et
E = J + T S + N: (6.251)
Ces dérivées partielles obetnues de la thermodynamique sont des conséquences de
dF = SdT pdV + dN (6.252)
dJ = SdT pdV Nd (6.253)
qui permet de déduire S; p; à partir de dérivées partielles de F (T; V; N ) ou S; p; N à partir de
dérivées partielles de J (T; V; ).
Soit notre système de spins indépendants habituel, c’est-à-dire N spins 1=2 de moment magnétique
dans un champ magnétique externe H. Supposons que ce système est en contact avec un réservoir
de chaleur à la température T . Calculez l’énergie moyenne de ce système de spins en fonction de la
température et du champ magnétique.
Nous allons considérer dans cet exercice un modèle très grossier d’une bande élastique. On suppose
un polymère uni-dimensionnel de N molécules liées ensemble bout à bout. Chaque molécule a une
longueur d: L’angle entre les liens successifs peut être 00 ou 1800 .
a) Montrez en détail que le nombre de combinaisons qui donne la distance entre les extrémités du
polymère; L = 2md où m est un entier positif, est
N!
(N; m) = 2 N
: (6.254)
2 + m ! N2 m !
dF = SdT + f dL (6.256)
où f est la force et L la longueur. Remarquez que la constante élastique d’une bande élastique a une
origine purement entropique dans ce modèle. Vous pourrez véri…er qu’une bande élastique se contracte
quand on la chau¤e, ce qui est contraire à notre expérience pour les matériaux ordinaires et qui con…rme
que ce modèle entropique de l’élasticité des polymères a quelque chose à voir avec la réalité !
e) Pour un polymère en contact avec un réservoir de chaleur, trouvez la relation entre la force et la
longueur, sans faire la simpli…cation mentionnée en (b,d), i.e. pour n’importe quelle valeur de L mais
pour N 1. Notez que pour étudier ce cas, il faut travailler dans un ensemble où c’est la force f qui
est …xée et non la longueur. Dans ce cas, la probabilité qu’une molécule pointe dans la direction +x ou
x est proportionnelle à exp [ (" f x)] où x = d et " = 0: Ici, f joue le rôle d’un multiplicateur de
Lagrange correspondant à la contrainte sur la valeur moyenne de la longueur totale de la chaîne. Faites
ce calcul en utilisant les probabilités pour chacun des deux états possibles de chaque molécule et ensuite
refaites-le en utilisant la fonction de partition en vous souvenant que maintenant nous avons changé
de variables indépendantes. Ceci implique par une transformation de Legendre que le bon potentiel
thermodynamique est
dG = SdT Ldf (6.257)
et
G (T; f ) = kB T ln (Z (T; f ))
Soit une impureté de spin S = 1 dans un semiconducteur. En présence d’un champ magnétique, son
énergie peut prendre trois valeurs : H; 0; et + H. En traitant le semiconducteur comme un bain de
chaleur
a) Calculez la fonction de partition pour l’impureté en fonction de H=kB T .
b) Calculez son énergie moyenne en prenant une dérivée de la fonction de partition.
c) Calculez les ‡uctuations d’énergie de l’impureté à partir de la fonction de partition.
d) Calculez l’énergie libre de Helmholtz de l’impureté.
e) Obtenez l’entropie de l’impureté à partir de l’énergie libre de Helmholtz.
f) Calculez son énergie moyenne à partir de l’énergie libre de Helmholtz.
Le “système à deux niveaux” est un modèle souvent utilisé en physique statistique. On pose un
système en contact avec un réservoir de chaleur et dont l’énergie ne peut prendre que deux valeurs,
soit "1 et "2 avec "1 < "2 :
a) Sans calcul explicite, faites un graphique qualitatif de l’énergie moyenne du système à deux
niveaux en fonction de sa température en expliquant physiquement votre résultat. Près de quelle
température l’énergie change-t-elle de sa valeur minimale à sa valeur limite haute température ?
b) Utilisant le résultat de a), faites un graphique qualitatif de la chaleur spéci…que à volume constant
en fonction de la température.
1 6 Reif, prob. 6.6
où " = "2 "1 : Véri…ez que votre expression a bien le comportement qualitatif obtenu en b).
6.8.5 Polarisation17
Voici une version bi-dimensionnelle d’un problème d’intérêt. Un solide à température absolue T
contient n impuretés, chargées négativement, par centimètre carré. Ces impuretés remplacent certains
des atomes du matériau pur. Le solide est globalement neutre parce que chacun des ions négatifs de
charge e est entouré par un ion positif (disons un noyau d’hydrogène) de charge +e: L’ion positif est
très petit. Il peut donc se déplacer librement entre quatre positions cristallines équivalentes autour de
l’ion négatif. En l’absence d’un champ électrique, l’ion positif pourra donc être trouvé avec la même
probabilité sur chacun des quatre sites équidistants de l’impureté négative (voir le diagramme. Le pas
du réseau est a).
E^
x
+
a -
a
Fig. 6-1 Polarisation d’un milieu contenant des impuretés.
Supposons qu’un petit champ électrique uniforme E est maintenant appliqué le long de la direction
x: Cette situation est illustrée à la …gure (6-1). Calculez la polarisation électrique, c’est à dire le moment
dipolaire électrique par unité de surface (pour ce problème bidimensionnel) le long de la direction x:
Voici un problème illustrant la généralité de la méthode ainsi que son équivalence à des méthodes
plus standards. Supposons qu’une boîte de carton, dont tous les côtés sont rectangulaires, ait quatre
côtés et un fond mais pas de dessus. On pose que la surface de carton totale pour faire la boîte est A.
En utilisant les surfaces des côtés, A1 ; A2 ; et A3 comme variables, trouvez les dimensions de la boîte
qui donnent un volume extremum en utilisant (Prenez A3 pour la surface du fond.)
1 7 Reif, Prob. 6.8
1 8 Reif, prob. 6.12
Considérez un système de spins indépendants ne pouvant prendre que deux orientations dans un
champ magnétique. Ces orientations correspondent à des énergies E = + H et E = H:En faisant
des graphiques de P (E) dans l’ensemble canonique, expliquez en termes statistiques et physiques les
résultats des parties (g) et (h) du problème (5.9.5) sur la désaimantation adiabatique. Pourquoi la
température baisse-t-elle ? Pourquoi l’énergie augmente-t-elle en même temps ?
En pratique, la plupart des calculs microscopiques de la physique statistique partent soit de l’en-
semble canonique, soit de l’ensemble grand canonique. Ce dernier ensemble est celui où on laisse ‡uctuer
non seulement l’énergie, mais aussi le nombre de particules.
Le présent chapitre nous permettra de mettre en pratique le formalisme de la fonction de partition
vu au chapitre précédent. Nous nous intéresserons au gaz parfait encore une fois, en particulier pour
discuter de la limite classique et du paradoxe de Gibbs. Nous démontrerons ensuite un théorème
important, le théorème d’équipartition, que nous appliquerons au mouvement Brownien, à l’oscillateur
harmonique, à la loi de Dulong-Petit pour la chaleur spéci…que des solides. Suivra une discussion plus
détaillée du paramagnétisme pour des spins plus grands que 1=2. Finalement, nous conclurons avec
une longue analyse de la théorie cinétique des gaz. Cette étude cinétique des gaz est à la base de
la mécanique statistique et elle a été développée dès le départ par Maxwell. Pour être rigoureux, il
faudrait dériver une équation de transport et introduire le concept de libre parcours moyen, mais nous
remettons cet aspect à la session suivante.
À la …n de ce chapitre, vous pourrez dériver les propriétés générales de la fonction de partition
et sa relation à l’énergie, l’entropie, utiliser la fonction de partition pour comprendre les gaz parfaits,
comprendre le paradoxe de Gibbs et expliquer sa solution, expliquer le domaine d’applicabilité de
la limite classique de la physique statistique, comprendre et appliquer le théorème d’équipartition,
connaître le modèle d’Einstein pour la chaleur spéci…que des solides, comprendre le paramagnétisme
pour un spin S général avec la fonction de partition, dériver la distribution de Maxwell, connaître la
di¤érence entre vitesse moyenne, vitesse la plus probable et vitesse rms, expliquer l’e¤usion et l’origine
cinétique de la pression. Vous pourrez donc, par exemple, calculer valeurs moyennes et ‡uctuations
pour des situations physiques reliées au paramagnétisme ou aux gaz parfaits à l’aide de la fonction
de partition et de la distribution de Maxwell et calculer des quantités physiques comme la vitesse
moyenne, la pression, à l’aide de raisonnements de type cinétique.
Résumons1 ici les conclusions du chapitre précédent. Si un système est en contact avec un réservoir
de chaleur, toutes les prédictions statistiques sur ce système peuvent être obtenues à l’aide de la
distribution canonique qui nous donne la probabilité qu’un état microscopique r donné soit occupé
Er (V )
e 1
Pr (T; V ) = P Er (V )
; = (7.1)
re kB T
Remarque 191 Dans le cas d’un système de spin sans interaction, on peut avoir une dépendance sur
le champ magnétique H plutôt que sur V:
Si on ne s’intéresse qu’aux propriétés thermodynamiques, alors tous les ensembles sont équivalents
et l’ensemble canonique constitue l’ensemble le plus commode pour faire des calculs. La simplicité
d’utilisation de l’ensemble canonique tient au fait que le calcul des valeurs moyennes peut être fait sans
se restreindre aux niveaux microscopiques ayant une énergie donnée comme dans le cas de l’ensemble
microcanonique. Le calcul des états quantiques se fait normalement à volume …xe.
1 Reif, Sec. 7.1
De là la relation
dF = SdT pdV (7.4)
nous permet d’obtenir l’entropie et la pression
@F
S (T; V ) = (7.5)
@T V
@F
p (T; V ) = (7.6)
@V T
puis de calculer l’énergie par simple addition
La fonction de partition permet aussi de calculer les ‡uctuations. En e¤et, nous avons vu que les
‡uctuations d’énergie se calculent par simple dérivée de la fonction de partition
2 @ @ ln Z (T; V ) @E @T @E
E2 E = = = (7.8)
@ @ @ V @ @T V
= kB T 2 C V (7.9)
Par le fait même nous apprenons que les ‡uctuations sont reliées à une fonction de réponse, la capacité
calori…que.
Remarque 192 Dans le cas présent une fonction de réponse CV est reliée aux ‡uctuations d’énergie,
mais dans le cas plus général, on aura aussi des quantités typiquement dissipatives, tel la résistance, qui
sont reliées à des ‡uctuations (de tension par exemple). C’est le contenu du théorème de ‡uctuation-
dissipation.
alors que le nombre d’états correspondant à une cellule de cette taille est
(dq1 ; dq2 ; : : : dqf ; dp1 ; dp2 ; : : : dpf )
(7.12)
hf0
En mécanique classique, la valeur de h0 est arbitraire, mais nous savons par expérience que le calcul
quantique donnera la même limite classique que le calcul que nous faisons ici si on prend h0 égal à
la constante de Planck h. De plus, il faut tenir compte du fait que les particules sont indiscernables.
Donc, s’il y a N particules identiques, la fonction de partition Éq.(7.2) devient dans la limite classique
Z Z
1
Z (T; V ) = f
e E(q1 ;q2 ;:::qf ;p1 ;p2 ;:::pf ) dq1 ; dq2 ; : : : dqf ; dp1 ; dp2 ; : : : dpf (7.13)
N !h0
Ce qui rend di¢ cile le calcul de la fonction de partition est, bien évidemment, la présence d’inter-
actions entre les particules. Dans ce chapitre, nous traiterons des cas simples où il n’y a justement pas
d’interaction. Tous les calculs qui se font cependant dans la “vraie vie” incluent la présence d’interac-
tions. Ce sont les interactions qui produisent par exemple les transitions de phase, ou qui permettent
aux processus Joule-Thomson de fonctionner, comme nous l’avons vu au chapitre précédent. Pour pou-
voir faire les calculs en présence d’interactions, il faut développer de nouvelles approches, comme les
approches perturbatives, ou les approches auto-cohérentes (champ moyen) ou les approches du groupe
de renormalisation, ou les simulations numériques. Ce qu’il est important de noter ici c’est que bien
que les calculs puissent être di¢ ciles en pratique, en principe tous les problèmes thermodynamiques se
réduisent au calcul de la fonction de partition. Dans l’ensemble grand-canonique, on permet au nombre
de particules de ‡uctuer. Il y a aussi d’autres ensembles comme l’ensemble isotherme-isobare. Mis à
part l’étude d’autres ensembles, vous n’aurez jamais à réapprendre une approche plus fondamentale
que celle des diverses fonctions de partitions correspondantes !
Avant de procéder aux calculs, nous notons deux propriétés importantes de la fonction de partition.
Bien que la fonction de partition dépende du choix du zéro d’énergie, la température, les
forces généralisées et l’entropie sont indépendantes de ce zéro.
Preuve : Soit X
Z0 = e (Er + 0)
=e 0
Z (7.15)
r
où 0 représente le choix arbitraire du zéro d’énergie. On a alors que
mais toutes les dérivées de l’énergie libre, comme entropie et pression, sont inchangées. Par
exemple, l’entropie
@F 0 (T; V ) @F (T; V )
S0 = = =S (7.17)
@T @T
est invariante car "0 est une constante dont la dérivée s’annule. Par contre, le zéro d’énergie
intervient évidemment dans la valeur de l’énergie
Nous avons déjà obtenu les propriétés du gaz parfait en utilisant l’ensemble microcanonique. Ce
calcul devient beaucoup plus simple dans l’ensemble canonique principalement parce que lorsqu’il n’y
a pas d’interaction, la fonction de partition de l’ensemble des molécules est simplement le produit
des fonctions de partition pour chaque molécule individuellement. Dans l’ensemble microcanonique,
il fallait tenir compte de la contrainte que l’énergie totale était une constante, ce qui rendait les
coordonnées des di¤érentes particules interdépendantes ! Nous retrouverons toute la thermodynamique
des gaz parfaits et nous verrons en même temps l’importance du facteur 1=N ! lorsque nous calculerons
l’entropie. Comme vous connaissez maintenant un peu plus de mécanique quantique, nous pourrons
aussi discuter de la limite de validité de la limite classique.
où le premier terme représente l’énergie cinétique et le second l’énergie potentielle. Utilisant notre
recette classique pour la fonction de partition, nous devons calculer, avec 3N degrés de liberté,
Z Z
1
Z (T; V ) = d3 r1 d3 r2 : : : d3 rN d3 p1 d3 p2 : : : d3 pN
N !h3N
" N
!#
X p2i
exp + U (r1 ; r2 ; : : : ; rN ) (7.21)
i=1
2m
3 Reif, Sec. 7.2
Dans le cas général d’un gaz classique, la fonction de partition s’écrit donc sous la forme
!
3=2 N
1 (2 mkB T )
Z (T; V ) =
N! h3
Z Z
d3 r1 d3 r2 : : : d3 rN exp [ U (r1 ; r2 ; : : : ; rN )] (7.27)
Lorsque l’énergie potentielle dépend de la position relative des atomes, comme c’est généralement
le cas, l’intégrale sur les coordonnées spatiales est di¢ cile à faire. Il y a simpli…cation lorsque l’énergie
potentielle dépend des coordonnées d’une particule à la fois, comme c’est le cas par exemple dans un
champ gravitationnel uniforme
N
X
U (r1 ; r2 ; : : : ; rN ) = mgzi (7.28)
i=1
Dans ce cas,
!N Z
3=2 N
1 (2 mkB T )
Z (T; V ) = d3 r exp ( mgz) : (7.29)
N! h3
Considérons maintenant le cas le plus simple, soit celui du gaz parfait dans un contenant sans champ
gravitationnel. La présence des murs d’un contenant peut se représenter sous la forme d’un potentiel à
une particule
N
X
U (r1 ; r2 ; : : : ; rN ) = u (ri ) (7.30)
i=1
où
0 si ri est à l’intérieur du contenant
u (ri ) = (7.31)
1 si ri est à l’extérieur du contenant
et de là, en utilisant la formule de Stirling, ln N ! ' N ln N N nous pouvons écrire l’énergie libre de
Helmholtz,
F (T; V ) = kB T ln Z (T; V ) (7.34)
3=2 V
= kB T N ln N + N + N ln (2 mkB T ) : (7.35)
h3
Plus simplement, on écrit
h i
3=2 V
F (T; V ) = N kB T ln (2 mkB T ) N h3 N kB T (7.36)
qui nous permet de voir que l’énergie libre a les unités d’énergie et que l’argument du logarithme n’a
pas d’unités car
h m i2
kB T / énergie / kg (7.37)
s
h m i2
2 mkB T / kg (7.38)
s
h m i3
3=2
(2 mkB T ) = kg (7.39)
s
V
/ m3 (7.40)
N
h m i3
3
h3 / (p x) / kg m (7.41)
s
Remarque 195 Remarquons que le résultat ci-dessus pour l’énergie libre, Éq.(7.36) coïncide avec celui
trouvé au chapitre 5, Éq.(5.172), en utilisant la transformation de Legendre. Sauf que maintenant on
connaît la valeur de la constante 0 qui apparaîssait comme inconnue dans ce chapitre.
Remarque 196 Il est fondamental de remarquer que le facteur 1=N dans l’argument du logarithme
vient directement du N ! dans la dé…nition de la fonction de partition. Sans ce facteur, l’énergie libre
aurait été proportionnelle à N ln V plutôt qu’à N ln (V =N ) ; ce qui veut dire qu’en doublant le volume
et le nombre de particules en même temps, l’énergie libre n’aurait pas doublé comme le prédit le fait
qu’elle soit une quantité extensive. En d’autres mots nous aurions rencontré le paradoxe de Gibbs, que
nous décrirons un peu plus bas. Auparavant, véri…ons bien que nous retrouvons les propriétés du gaz
parfait.
7.2.2 Propriétés thermodynamiques : à l’aide de F (T; V ) on retrouve les résultats connus pour pression,
énergie interne et la loi de Sackur-Tetrode pour l’entropie.4
Ayant obtenu l’énergie libre de Helmholtz, Éq.(7.36) nous avons maintenant le pied à l’étrier. Toute
la thermodynamique du gaz parfait se déduit en prenant des dérivées partielles. Les équations de base,
F =E TS (7.42)
4 Reif, Sec. 7.2, 7.3
Ce dernier résultat s’appelle la loi de Sackur-Tetrode. Notez qu’on retrouve bien le résultat trouvé
au chapitre six sur une base purement thermodynamique, c’est-à-dire
3 T V
S (T; V ) S (T0 ; V0 ) = N kB ln + ln (7.52)
2 T0 V0
– Le seul problème avec notre résultat est que
ce qui est en contradiction avec la troisième loi de la thermodynamique. Cela ne devrait pas trop
nous inquiéter puisque, comme nous l’avons déjà mentionné, à basse température le gaz parfait
devient soit un gaz parfait de fermions ou un gaz parfait de bosons, qui eux satisfont la troisième
loi de la thermodynamique parce qu’ils obéissent à la mécanique quantique, qui après tout est à
la base de cette loi !
– Il ne nous reste plus que l’énergie à trouver, ce qui se fait facilement avec la dernière formule que
nous venons d’obtenir et avec l’expression pour l’énergie libre Éq.(7.36)
CV (T; V ) 3 N kB 3
cV = = = R (7.57)
2 2
Remarque 197 La loi de Sackur-Tetrode a été obtenue théoriquement et par comparaison avec des
expériences sur la pression de vapeur du mercure et sur l’équilibre des réactions chimiques bien avant
que ses fondements quantiques ne soient connus. L’explication de la loi de Sackur-Tetrode a été un
grand dé… pour la physique théorique et plusieurs essais infructueux d’explication apparurent au début
du vingtième siècle.5 À partir de données thermodynamiques comme la chaleur spéci…que prise à partir
de T ! 0 et les chaleurs latentes de transition, on peut en principe obtenir la valeur absolue de
l’entropie par intégration. Par exemple, cet exercice expérimental pour le néon à 27:2K et à la pression
atmosphérique donne S = 96:40J= (mol K) : L’entropie calculée à partir de la loi de Sackur-Tetrode
donne S = 96:45J= (mol K) : Le désaccord n’est pas surprenant puisque l’approximation des gaz parfait
n’est pas complètement adéquate ici. Cette comparaison pour di¤ érents gaz donne6 :
Entropie en J= (mol K)
Gaz Tebulition Expérience Théorie
Ne 27:2 96:40 96:45
Ar 87:29 129:75 129:24
Kr 119:93 144:56 145:06
Remarque 198 Cette loi a été trouvée en 1911 par Otto Sackur à 31 ans, un jeune physico-chimiste
à l’Université de Breslau et par Hugo Tetrode qui avait alors 17 ans. Tetrode était le …ls surdoué du
président de la banque nationale Hollandaise. Il était assez e¤ acé et n’est pas vraiment entré en contact
avec d’autres physiciens, malgré le fait que même Einstein et Ehrenfest se soient présentés à sa porte. Il
a envoyé sa bonne leur dire qu’il ne pouvait les rencontrer. Il est mort à 31 ans de tuberculose. Sackur a
travaillé sous Fritz Haber à Berlin. Ce dernier, célèbre chimiste, a gagné le prix Nobel pour la synthèse
de l’amoniaque mais a perdu en réputation à cause de son travail sur les gaz toxiques pour les champs
de bataille pendant la première guerre mondiale. Sackur est mort trois ans après sa découverte de 1911
d’une explosion dans un des laboratoires de Haber. L’épouse de Haber, qui ne pouvait accepter sur une
base morale le travail de son mari est devenue inconsolable suite à la mort de Sackur qu’elle voyait
comme ayant été forcé de travailler sur un projet immoral. Désespérée, elle s’est …nalement suicidée
avec le pistolet de fonction de Haber, complétant ainsi une tragédie aux accents Shakespeariens. Sackur
et Tetrode sont mort jeunes, victimes des ‡éaux de leur temps, la guerre et la tuberculose. Comme
Boltzmann ils ont laissé comme épitaphe une équation qui les unit. (APS News, automne 2009).
Remarque 199 La loi de Sackur-Tetrode est remarquable car elle fait intervenir la constante de
Planck. Elle a démontré, plus de dix ans avant Schrödinger et Heisenberg, que cette constante était
présente partout en physique statistique. Elle n’avait été auparavant associée uniquement aux photons
par Planck et aux phonons par Einstein.7
5 Kittel,”Thermal Physics”, 1980, p.165.
6 Landolt Börnstein, 6 ieme édition, Vol. 2, partie 4, p.394-399. Cité par Kittel, ”Thermal Physics”, p.168.
7 Walter Grimus, Ann. Phys. 525, A32-A35 (2013).
Considérons une boîte divisée en deux parties de taille identique contenant chacune un gaz parfait
qui est di¤érent de celui situé de l’autre côté. L’un des gaz a une masse m1 et l’autre une masse m2 . Les
deux gaz sont cependant à la même température T et à la même densité n = N=V . Utilisant l’équation
d’état ils sont à la même pression. L’entropie totale du système est alors
3=2 V 5
S1 (T; V; N ) + S2 (T; V; N ) = N kB ln (2 m1 kB T ) 3
+ N kB
Nh 2
3=2 V 5
+N kB ln (2 m2 kB T ) 3
+ N kB
Nh 2
Maintenant, enlevons la paroi entre les deux gaz. Chacun des gaz occupe alors un volume deux fois
plus grand et l’entropie totale devient
3=22V 5
S10 (T; 2V; N ) + S20 (T; 2V; N ) = N kB ln (2 m1 kB T ) 3
+ N kB
Nh 2
3=2 2V 5
+N kB ln (2 m2 kB T ) 3
+ N kB
Nh 2
Le changement d’entropie dans le processus d’enlever la paroi séparant les deux gaz est donc
S = S0 S = 2N kB ln 2 = kB ln 22N (7.58)
Ce changement d’entropie s’appelle l’entropie de mélange. Il est clair que le fait d’enlever la paroi
constitue un processus irréversible.
Remarque 200 Notez que la forme kB ln 22N suggère l’origine de l’entropie de mélange. Chacune
des molécules peut maintenant se trouver à gauche ou à droite, ce qui double son nombre d’états
accessibles. Comme il a 2N molécules, le nombre total d’état accessibles est augmenté d’un facteur
22N : Ceci correspond à un terme kB ln 22N pour l’entropie totale.
Par contre, si les gaz des deux côtés avaient été identiques au départ, le fait de remettre la paroi
nous aurait ramené à l’état initial macroscopique. Dans ce cas donc, il ne peut pas y avoir d’entropie
de mélange. Le processus est réversible, en contradiction avec la formule pour l’entropie de mélange
Éq.(7.58). C’est cette contradiction qui constitue le paradoxe de Gibbs.
Voyons comment éviter ce paradoxe lorsqu’on connaît la bonne formule pour l’entropie. Si les masses
sont identiques, l’entropie avant d’enlever la paroi s’écrit
3=2 V 5
S1 (T; V; N ) + S2 (T; V; N ) = 2 N kB ln (2 m1 kB T ) 3
+ N kB (7.59)
Nh 2
ce qui est exactement la même valeur que l’entropie après qu’on ait enlevé la paroi
3=2 2V 5
S (T; 2V; 2N ) = 2N kB ln (2 m1 kB T ) + 2N kB (7.60)
2N h3 2
puisque le gaz est à la même densité et à la même température (Si la paroi est remise, il n’y a aucune
mesure pouvant permettre de savoir qu’elle a déjà été enlevée).
Nous n’aurions pas trouvé que l’entropie restait inchangée lorsque les deux côtés sont identiques au
départ si l’entropie n’avait pas été une fonction extensive. En e¤et, supposons que nous n’ayons pas
tenu compte du 1=N ! au départ et qu’on se retrouve avec V plutôt que (V =N ) dans l’expression de
l’entropie. Dans ce cas,
S1 (T; V; N ) + S2 (T; V; N ) = 2N kB ln V + cte (7.61)
8 Reif, Sec. 7.3
7.2.4 La limite classique pour un gaz parfait est valable lorsque la longueur thermique de de Broglie est
plus petite que la séparation entre les molécules. 9
Nous nous interrogeons ici sur le domaine d’applicabilité de la limite classique. Nous verrons que
dans un gaz à la température et la pression ambiante, nous sommes parfaitement justi…és de négliger
les e¤ets quantiques. Ce n’est cependant pas du tout le cas pour les électrons dans un métal. Nous
introduirons le concept physique fondamental de longueur d’onde thermique de de Broglie. Cette quan-
tité représente l’incertitude quantique sur la position d’un atome lorsque son énergie est donnée par
l’énergie thermique.
Procédons systématiquement. Le principe d’incertitude de Heisenberg détermine là où la mécanique
quantique s’applique. En e¤et, alors qu’en mécanique classique nous supposons qu’il est en principe
possible de trouver position et quantité de mouvement avec une précision in…nie, nous savons que la
mécanique quantique ne nous permet pas de déterminer à la fois la position et la quantité de mouvement
avec une précision plus grande que
q p&h (7.63)
Pour que l’approximation classique s’applique quand même, il su¢ t tout simplement que l’incertitude
quantique sur la position q soit beaucoup plus petite que la séparation moyenne entre les particules.
Pour trouver quand cette condition est réalisée, on remarque d’abord que la séparation moyenne `1 des
particules dans une boîte cubique est simplement donnée par
1=3
V
`1 ' (7.64)
N
alors que l’incertitude quantique sur la position est nécessairement plus grande que
h
q& (7.65)
p
Pour estimer l’étendue du paquet d’onde quantique, il est raisonnable d’utiliser
h
q' ' (7.66)
p
ce qui reproduit la formule de de Broglie pour la longueur d’onde . La condition de validité de la
mécanique classique est donc !
1=3
h V
' `1 ' (7.67)
p N
9 Reif, Sec. 7.4
L’approximation classique est donc valable à faible densité ou à haute température. On dé…nit la
longueur d’onde de de Broglie thermique ainsi
th p h (7.71)
mkB T
Remarque 203 Dans ces estimés, les coe¢ cients numériques (2=3; ; :::) n’ont pas vraiment d’impor-
tance. La dé…nition de la longueur d’onde thermique pde de Broglie par exemple varie d’un auteur à
l’autre. Par exemple, la dé…nition alternative 0th h= 2 mkB T a l’avantage de permettre de réécrire
V =N
l’équation de Sackur-Tetrode pour l’entropie, Éq.(7.51) sous la forme, S (T; V ) = N kB ln 3 +
( 0th )
5
2 N kB : L’argument du logarithme a alors l’interprétation physiquement satisfaisante d’être la valeur
3
du volume par particule (V =N ) mesuré en unités du volume quantique 0th . Nous reviendrons sur
cette interprétation un peu plus bas.
Remarque 204 Il peut paraître bizarre d’estimer p à l’aide d’une formule classique et de substi-
tuer ce résultat dans une relation d’incertitude qui
q est purement quantique. Cela devient plus naturel
2
lorsqu’on remarque que l’incertitude quantique hp2x i hpx i est en fait proportionnelle à l’énergie
q
1=3
cinétique moyenne 2m h"i 3 : Lorsque h= p (V =N ) alors e¤ ectivement la mécanique classique est
1=3
valable et le résultat h"i = 23 kB T peut être utilisé dans le calcul de p. Lorsque h= p (V =N ) alors
l’estimé h"i = 23 kB T n’est plus valable mais il est normal que notre formule pour la perte de validité de
la limite classique ne soit qu’approximative puisque le passage de la mécanique classique à la mécanique
quantique est évidemment graduel.
Les estimés numériques pour la validité de la limite classique montrent que l’atmosphère
terrestre peut être décrit dans cette limite.
Pour un gaz aux conditions ambiantes, on peut estimer le critère de validité de la façon suivante.
= 12 10 11 m = 0:12nm (7.78)
0
8
ce qui est de l’ordre de grandeur de la taille d’un atome, soit 10 cm = 0:1nm = 1A. La condition que
nous cherchions à satisfaire l’est donc amplement puisque
`1 3:4
28 (7.79)
th 0:12
L’approximation classique sera encore meilleure pour les gaz comme l’azote qui sont plus lourds et
ont donc une longueur d’onde thermique plus petite.
3=2 V =N 5
S (T; V ) = N kB ln (2 mkB T ) 3
+ N kB (7.80)
nh 2
" #
3=2
3=2 (mkB T ) V 5
= N kB ln (2 ) 3
+ N kB (7.81)
h N 2
1 V 5 3=2
= N kB ln 3 N + N kB 2 + ln (2 ) (7.82)
th
La quantité 1= 3th a les dimensions d’un volume, que nous appellerons ”volume quantique thermique”.
On voit que cette expression pour l’entropie a une interprétation intéressante puisque, mis à part la
constante, elle est proportionnelle à
N
V =N
S (T; V ) ' kB ln 3 (7.83)
th
où v = V =N = `31 est le volume par particule. En d’autres mots, c’est comme si chaque particule
avait à sa disposition un nombre d’états accessibles qui est égal à v= 3th c’est-à-dire égal au nombre de
fois qu’un volume thermique quantique 3th entre dans le volume moyen v qui est disponible à cette
N
particule. Dans ce cas, N particules indépendantes ont v= 3th états accessibles. Lorsque le volume
par particule devient plus petit que le volume thermique quantique 3th cet argument ne tient plus. Le
nombre d’états accessibles devient plus petit que l’unité et l’entropie devient négative ! C’est la limite
de validité de l’approximation classique.
Le théorème d’équipartition s’applique seulement dans la limite classique. Il est très utile pour
obtenir les chaleurs spéci…ques, mais il a mené à certains problèmes historiquement puisqu’il démontre
que la chaleur spéci…que d’une molécule diatomique n’est pas 5R=2 comme on trouve expérimenta-
lement ! Comme nous l’avons déjà souvent mentionné, c’est la mécanique quantique qui nous sauve !
Nous commençons par démontrer le théorème, puis nous exposons des exemples simples d’applications.
Z
1
= dq1 exp a1 q12 (7.87)
N !hf
Z Z
exp [ E (q2 ; : : : ; qf ; p1 ; : : : ; pf )] dq2 : : : ; dqf dp1 : : : dpf
L’energie cinétique des molécules d’un gaz parfait est proportionnelle à la température
et la chaleur spéci…que est constante.
Considérons une molécule formée de plusieurs atomes dont la masse totale est M . Alors, l’énergie
cinétique associée au centre de masse est
1
K= P 2 + Py2 + Pz2 (7.93)
2M x
L’énergie cinétique des autres molécules et l’énergie d’interaction ne font pas intervenir ces variables.
Les degrés de liberté de rotation ou de vibration aussi ne font pas intervenir ces variables. Nous
pouvons donc dire en toute généralité que le mouvement du centre de masse des molécules donne une
contribution
3
Ecin: = N kB T (7.94)
2
à l’énergie moyenne totale du gaz parfait. Si au lieu d’être formé de molécules le gaz est formé d’atomes,
alors la contribution venant de l’énergie cinétique associée au centre de masse est la seule contribution,
ce qui veut dire que la chaleur spéci…que molaire du gaz est donnée par
1 @E 3
cV = = R (7.95)
@T V 2
p2 1
E= + Kx2 (7.96)
2m 2
Le théorème d’équipartition nous donne, sans autre forme de calcul, qu’il y aura deux contributions de
1 2
2 kB T chacune à l’énergie totale. Une contribution venant de la partie cinétique p =2m et une venant
1 2
de la partie potentielle 2 Kx de l’énergie. Ceci rajoute une contribution de R à la chaleur spéci…que
molaire totale du gaz.
1 1 Reif, Sec. 7.6
7.3.3 Le résultat du théorème d’équipartition pour l’oscillateur harmonique est un cas particulier qu’on
peut obtenir à partir du calcul quantique exact
La mécanique quantique sera d’accord avec ce résultat seulement dans la limite que nous avons
mentionnée plus haut, soit celle où l’énergie thermique kB T est beaucoup plus grande que la séparation
entre les niveaux d’énergie. Pour prouver cela, nous allons faire le problème quantique au long. Pour
cela, il nous faudra accepter un résultat de la mécanique quantique que vous ne verrez qu’à la session
prochaine. Ce résultat est que l’énergie d’un oscillateur harmonique quantique est de la forme
1
En = n+ ~! (7.97)
2
où n est un entier qui peut prendre toutes les valeur entières positives de 0 à l’in…ni. La fréquence ici
prend la même valeur qu’en mécanique classique, soit
K
!2 = (7.98)
m
Le calcul procède de la manière habituelle. La fonction de partition est donnée par
1
X
Z = exp ( En ) (7.99)
n=0
X1
1
= exp n+ ~! (7.100)
n=0
2
1
X
~!=2 n~!
= e e (7.101)
n=0
Cette dernière somme est une série géométrique comme celles que nous avons souvent rencontrées. Il
est facile de voir que comme la série converge, l’égalité suivante est satisfaite (écrivez quelques termes
pour les expressions à gauche et à droite) :
1
"1 #
X X
n~! ~! n~!
e =e e + 1: (7.102)
n=0 n=0
~!=2 1
Z=e ~!
(7.104)
1 e
Remarque 206 On peut immédiatement obtenir la limite classique en supposant la séparation des
niveaux d’énergie beaucoup plus petite que kB T: Ceci correspond à ~! 1; donc
1
Z (7.105)
~!
@ ln Z @ ln ~! 1
E= = = = kB T (7.106)
@ @
Dans le cas général, on peut déduire les propriétés thermodynamiques à partir de l’énergie libre de
Helmholtz qu’on calcule comme d’habitude à partir de F = kB T ln Z
~!=2 1
F (T; V ) = kB T ln e ~!
(7.107)
1 e
~! ~!
= + kB T ln 1 e (7.108)
2
On en déduit toutes les fonctions thermodynamiques
~!
@F ~! kB T e ~! @
S = = kB ln 1 e ~!
(7.109)
@T V 1 e @T
~! ~! e ~!
= kB ln 1 e + (7.110)
T 1 e ~!
~! 1 ~!
S = kB ln 1 e + (7.111)
T e ~! 1
Remarque 207 L’énergie de point zéro, ~! 2 n’intervient pas dans l’entropie. C’est un résultat re-
marquable, mais évident. Dans l’état fondamental, il y a de l’incertitude quantique, mais celle-ci ne
contribue pas à l’entropie. Il y a un seul état, donc l’entropie est nulle. L’aspect probabiliste de la
mécanique quantique est très di¤ érent des aspects probabilistes traités par la physique statistique. La
nature de ces deux types de probabilités, ou plutôt d’incertitude, est très di¤ érente. Dans le cas quan-
tique on parle de probabilités “objectives”, c’est-à-dire intrinsèques, et dans le cas des probabilités que
nous traitons ici, dues à notre ignorance, il s’agit de probabilités “subjectives”.
Remarque 208 Le résultat ci-dessus pour l’entropie peut aussi être obtenu à partir de la formule
générale discutée à la section 6.5, qui prend ici la forme
1
X
S= kB Pn ln Pn (7.112)
n=0
où
Pn = e (n+ 21 )~! =Z (7.113)
avec le résultat ci-dessus Eq.(7.104) pour la fonction de partition Z:
Remarque 209 Notez que la formule pour l’entropie de l’oscillateur harmonique, Eq.(7.109) prédit
que cette dernière s’annule à T = 0; ( = 1) comme il se doit.
1 ~! kB T
S kB ln ( ~!) + kB ln : (7.114)
T ~! ~!
Comme chaque état est séparé d’une énergie ~! et qu’à une température T on peut peupler les niveaux
d’énergie sur une plage kB T , le nombre d’états accessibles est donné par le rapport kB T =~!: Notez
que même dans la limite classique, l’expression pour l’entropie implique la constante de Planck, de
façon analogue au cas du gaz parfait. Dans le dernier cas, nous avons trouvé de l’expression de Sackur-
Tetrode que S N kB ln v= 3th ; c’est à dire que chaque particule contribue un nombre d’états
3
accessible v= th ; soit le volume par particule divisé par le volume minimal pour avoir un état quantique.
1 kB T
n= ~!
(7.115)
e 1 ~!
comme nous allons le voir à l’instant ci-dessous.
~! ~! @ ln Z
E = F + TS = 2 + e ~! 1
= @ (7.116)
La procédure ci-haut est systématique et donne tous les résultats recherchés. On peut aussi utiliser
@ ln Z
E= @ et S = (E F )=T; c’est un peu plus rapide.
Remarque 211 L’énergie moyenne de l’oscillateur harmonique nous donne aussi la valeur moyenne
du nombre d’occupation n puisque l’énergie de chaque niveau dépend de n par l’Éq.(7.97). En d’autres
mots, de En = n + 12 ~! et de l’expression pour l’énergie moyenne Éq.(7.116) on obtient la distribu-
tion de Bose-Einstein lorsque le nombre de particules n’est pas conservé ( = 0),
1
n= ~!
: (7.117)
e 1
On retrouve la limite classique lorsque la température est beaucoup plus grande que ~!; la séparation
des niveaux d’énergie,
~! kB T (7.118)
~! 1 (7.119)
Dans cette limite, nous pouvons faire le développement du dénominateur dans l’expression pour l’éner-
gie, ce qui nous donne
~! ~! ~! ~!
E = F + TS = + ~! ' + (7.120)
2 e 1 2 ~!
~!
' + kB T ' kB T (7.121)
2
ce qui est bien la limite classique.
Remarque 212 On peut aussi utiliser la règle de l’Hôpital pour trouver cette limite. En e¤ et,
x dx=dx 1 1
lim x
= lim x
= lim x
= (7.122)
x!0 e 1 x!0 d (e 1) =dx x!0 e
~! 1 (7.123)
~! ~!
E = F + TS ' + ~!
2 e
1 ~!
' ~! +e (7.124)
2
@E 2 ~! @ ( )
' (~!) e (7.125)
@T V @T
2
(~!) ~!
= e (7.126)
kB T 2
2 ~!
= kB ( ~!) e (7.127)
Remarque 213 Un modèle physique qui incorpore la mécanique quantique, comme celui que nous
venons de considérer, satisfait en général à la troisième loi de la thermodynamique. Celle-ci implique
que la chaleur spéci…que s’annule à température nulle, tel que discuté à la section (5.6).
Remarque 214 On peut maintenant mesurer les quanta dans une onde sonore mécanique directe-
ment : https ://physics.aps.org/articles/v11/109
Dans cette formule, nous avons supposé qu’un seul nombre quantique (kx ) changeait a…n de trouver la
séparation la plus petite.
Pour que la limite classique s’applique, il faut que cette séparation des niveaux d’énergie
soit beaucoup plus petite que kB T a…n d’e¤acer la nature discrète des niveaux d’énergie
quantique.
En d’autres mots, il faut que
p2 ~2 k x 2
= kB T (7.130)
2m m `1
La valeur de kx ; elle, s’estime en posant que l’énergie cinétique est donnée par le théorème d’équipar-
tition, ce qu’on peut supposer si la limite classique est encore valable
~2 kx2 1
kB T (7.131)
2m 2 p
kx ~ 1 mkB T (7.132)
~2 k x 2 ~2 2 p
1
~ mkB T kB T (7.133)
m `1 m `1
ce qui nous fait bien retrouver le domaine de validité de la limite classique que nous avions rencontré
plus haut Éq.(7.70). Même si la les facteurs numériques sont identiquesp il ne faut pas prendre cette
formule trop au pied de la lettre. Il peut y avoir des facteurs ; ou 3 etc. qui apparaissent selon la
façon particulière dont on estime le domaine de validité.
En général on peut véri…er que la limite classique s’applique pour les degrés de liberté
qui sont à une énergie plus petite que kB T du fondamental et pour lesquels la séparation
des niveaux d’énergie est beaucoup plus petite que kB T . Il faut qu’une grand nombre de
niveaux soit contenu dans l’intervalle kB T pour que l’énergie ait l’air de pouvoir prendre des
valeurs continues. Alternativement, il faut que la longueur d’onde de de Broglie thermique
soit petite par rapport aux dimensions caractéristiques occupées par chacun de ces degrés
de liberté du point de vue classique. La remarque “à une énergie plus petite que kB T du
fondamental” est particulièrement importante pour les électrons dans les métaux, comme
nous discuterons plus tard.
Remarque 215 Encore une autre façon de voir la limite classique : Lorsqu’on considère des fermions,
le principe de Pauli nous dit qu’il est impossible d’en avoir deux dans le même état. Il doit donc y
1=3
avoir au moins un état quantique dans un volume `1 ' (V =N ) tel que mentionné ci-haut. On peut
construire un tel état en prenant la longueur d’onde typique comme l’inverse du vecteur d’onde dans
l’Éq.(7.132). À un facteur numérique près, c’est la longueur d’onde thermique de de Broglie introduite
1=3
plus haut à l’Éq.(7.67). En demandant que cette longueur d’onde soit plus petite que `1 ' (V =N )
pour qu’il soit possible de construire un paquet d’onde dans ce volume, on retrouve encore l’Éq.(7.134)
qui détermine le domaine de validité de la limite classique.
7.3.4 Mouvement Brownien et une brève histoire de la véri…cation de la théorie atomique à l’aide de ce
phénomène.12
Le mouvement Brownien avait été observé avant Brown par Bu¤on et Spallanzani, mais c’est Brown
qui en publia en 1828 une description détaillée. Brown est un botaniste célèbre en particulier pour avoir
découvert les noyaux des cellules végétales. C’est en 1828 qu’il avait observé l’agitation de grains de
pollen dans l’eau. Croyant que ce mouvement venait du fait que le pollen était vivant, il véri…e qu’on
observe le même phénomène avec des poussières minérales ! Les naturalistes de l’époque o¤rent plusieurs
explications : capilarité, vibrations mécaniques, chau¤age inégal du ‡uide par la lumière du microscope
qui provoque des phénomènes de convection. Cela devient un problème vraiment à la mode. Faraday
en parle même en 1829 lors d’une de ses célèbres conférences du vendredi à la Royal Institution. Il
admire l’honnêteté de Brown qui admet ne pas connaître d’explication au phénomène et il démontre
aussi comment les explications suggérées par les autres ne sont pas valables.
L’intérêt dans ce phénomène …nit par diminuer puisqu’on ne pouvait vraiment pas l’expliquer.
Mais vers 1850, avec les découvertes de Joule, Kelvin, Clausius, l’intérêt pour le mouvement Brownien
revient, mais d’une bien curieuse façon. On met en garde contre lui les naturalistes débutants. On y
voit une violation ‡agrante du deuxième principe de la thermodynamique puisqu’on y voit la chaleur
1 2 Maury, p.161
Remarque 217 Une des expériences de Perrin consistait à mesurer x2 dans le mouvement Brow-
nien pour en extraire le nombre d’Avogadro à l’aide du résultat d’Einstein. Il a fait cette mesure de
la façon suivante. D’abord, il fallait inventer un système de lentilles pour projeter au plafond l’image
obtenue à l’aide d’un microscope. Un assistant suivait à l’oeil une particule donnée et marquait sa po-
sition au plafond à intervalle régulier à l’aide d’un crayon. Il su¢ sait ensuite de mesurer les distances
et de faire les statistiques.
En 1931, Kappler répéta un type d’expérience analogue. Il suspendit un petit miroir dans un gaz
dilué et observa le rayon de lumière ré‡échi par le miroir. Comme on peut appliquer le théorème d’équi-
partition au ‡uctuations d’angle du miroir (l’énergie potentielle est proportionnelle à 2 et l’énergie
2
cinétique de rotation à _ ) une mesure de ces ‡uctuations d’angle donne une mesure de kB et donc du
nombre d’Avogadro. Kappler le détermina à 1% près en 1931.
Remarque 218 *Plus récemment, on s’est attaqué à la question du “chaos” moléculaire. En d’autres
mots, on a véri…é la validité de l’hypothèse d’Einstein selon laquelle les collisions des particules de gaz
avec la particule Brownienne sont statistiquement indépendantes.13 Pour ce faire, les chercheurs ont
suivi des particules de 2:5 m en mesurant leur position à toutes les 1=60s pendant 2; 430s avec une
précision de 25nm sur la position. Cette précision dépend du microscope et de la caméra vidéo. Di¤ é-
rentes mesures statistiques associées à la théorie du chaos con…rment l’hypothèse. La façon intuitive de
comprendre le “chaos moléculaire” est de véri…er avec un gaz de sphères dur que des trajectoires dont
les conditions initiales di¤ èrent de façon in…nitésimale …nissent par diverger exponentiellement suite
aux collisions avec d’autres sphères dures. Toute cette question se rattache à la théorie du chaos. On
comprend depuis quelques temps que même les systèmes déterministes classiques simples peuvent avoir
des comportements imprédictibles à cause d’une sensibilité excessive aux conditions initiales. L’expé-
rience dont nous venons de parler véri…e une hypothèse de base de la mécanique statistique, celle du
chaos moléculaire, (du moins du point de vue des équations de Boltzmann pour le transport).
Remarque 219 *Dérivation plus détaillée du mouvement Brownien14 : Cette dérivation va bien au-
delà du programme. Elle indique cependant comment Einstein a souvent utilisé de façon phénomé-
nologique habile le passage du macroscopique au microscopique et vice-versa. Supposons une force K
appliquée sur chaque particule Brownienne. La force totale par unité de volume sera K =m où est la
densité de masse par unité de volume et m la masse de chaque particule Brownienne. Pour un système
fermé à l’équilibre, il faut que cette force par unité de volume soit égale à la dérivée de la pression
par rapport à la distance @p=@x; comme on peut le voir facilement en faisant l’équilibre des forces.
Appliquant au gaz “dilué” de particules Browniennes la loi des gaz parfaits p = kB T =m, on trouve
K @p kB T @
= = : (7.137)
m @x m @x
On peut aussi obtenir une autre relation de nature plus “dynamique” entre @ =@x et K en posant
que le ‡ux de particules venant de la di¤ usion et le ‡ux de particules venant de la force appliquée se
compensent mutuellement. Le gradient de pression, qui vient d’un gradient de densité, cause un ‡ux de
particules se déplaçant à une vitesse moyenne v à cause de la di¤ usion. Le nombre de particules par
unité de temps v =m traversant une unité de surface à cause de la di¤ usion est donné par (D=m) @ =@x
dans la direction opposée au gradient; comme le dit la loi macroscopique de la di¤ usion (première loi
de Fick). Ce ‡ux de particules doit être contrebalancé par un ‡ux dans la direction opposée venant de la
force déterministe K: Dans un milieu visqueux de viscosité ; la vitesse à laquelle se déplace une sphère
de rayon r en présence d’une force K est donnée par la loi de Stokes, K = 6 rv: On en déduit que
1 3 P. Gaspard, M.E. Briggs, M.K. Francis, J.V. Sengers, R.W. Gammon, J.R. Dorfman et R.V. Calabrese, Nature, 394,
K D@
= : (7.138)
6 rm m @x
Cette relation s’appelle aussi “la relation d’Einstein”. En utilisant ce dernier résultat et celui obtenu
au début à l’Éq.(7.137) à partir de considérations sur l’équilibre thermique, on retrouve le résultat cité
à l’Éq.(7.136), D = kB T = (6 r), qui relie la constante de di¤ usion D à des quantités macroscopiques
comme la viscosité et la taille des particules: Dans le temps d’Einstein, on écrivait R=Na plutôt que
kB : Étant donné la constante des gaz parfaits, qui est mesurée macroscopiquement, la mesure de la
constante de di¤ usion D = RT = (6 rNa ) ; faite au microscope en observant les ‡uctuations, nous
renseigne sur la valeur du nombre d’Avogadro. Einstein a consacré une grande partie de ses premiers
travaux à trouver toutes sortes de façons indépendantes de mesurer cette constante a…n de prouver
la théorie atomique. Dans tous les cas, ce sont les ‡uctuations qui nous renseignent sur la nature
corpusculaire de la matière, c’est-à-dire sur l’existence et la valeur du nombre d’Avogadro.
Les résultats établis ci-haut sur l’oscillateur harmonique vont nous permettre d’expliquer qualitati-
vement un autre problème de taille, celui de la chaleur spéci…que de certains solides.15 Nous allons voir
que le théorème d’équipartition prédit que la chaleur spéci…que molaire d’un solide devrait être 3R.
Ce résultat, qui est valable pour beaucoup de solides à la température de la pièce, fut d’abord trouvé
empiriquement par Dulong et Petit et porte leur nom. À basse température cependant, la chaleur spé-
ci…que dévie beaucoup de ce résultat. L’explication de ce phénomène par Einstein en 1907 contribua
beaucoup à faire accepter les idées quantiques. (Einstein utilisa aussi des concepts thermodynamiques
dans l’étude de la distribution d’énergie du corps noir pour mettre en évidence la nature corpusculaire
des photons.)
Considérons tout d’abord le mouvement des atomes dans un solide. On peut imaginer que les
liens chimiques entre les atomes peuvent être modélisés par de petits ressorts obéissant à la loi de
Hooke. Vous savez déjà depuis votre cours d’ondes qu’on peut généralement trouver une base dite de
“modes normaux”. À chacun de ces modes normaux correspondent une fréquence et une coordonnée
généralisée qui est une combinaison linéaire des coordonnées des atomes. En fonction de ces coordonnées
généralisées, l’énergie totale du système s’écrit
3N
X p2i 1
E= + Ki qi2 (7.139)
i=1
2Mi 2
p
où N est le nombre total d’atomes dans le système et ! i = Ki =Mi est la fréquence du i ème mode
normal. On remarque qu’il y a autant de modes normaux, soit 3N; qu’il y a de coordonnées nécessaires
pour décrire la position des atomes au départ.
Le résultat précédent pour l’énergie et le théorème d’équipartition nous donnent immédiatement
que l’énergie totale du système sera
kB T
E = 6N (7.140)
2
car il y a 6N coordonnées et quantités de mouvement entrant sous forme quadratique dans l’expression
pour l’énergie. Alternativement, nous pouvons dire qu’il y a 3N oscillateurs harmoniques dans le
1 5 Reif, Sec. 7.7
Solide cp Solide cp
Cuivre 24:5 Aluminium 24:4
Argent 25:5 Étain blanc 26:4
Plomb 26:4 Sou¤re rhombohédrique 22:4
Zinc 25:4 Carbone (diamant) 6:1
1 @E 1 @E d 1 @E
cV = = = (7.143)
@T V @ V dT kB T 2 @ V
" #
~!
3N ~! ~!e
= 2 (7.144)
kB T 2 (e ~! 1)
2 ~!
~! e
= 3R 2 (7.145)
kB T (e ~! 1)
On retrouve la limite classique lorsque la température est beaucoup plus grande que la séparation
entre les niveaux d’énergie, ce qui correspond à T E : En e¤et, dans cette limite on peut développer
les exponentielles. L’approximation e E =T 1 su¢ t au numérateur, mais au dénominateur il faut
Remarque 220 On peut aussi trouver cette limite par la règle de l’Hôpital, de façon analogue à ce
qui a été fait pour la valeur de l’énergie de l’oscillateur harmonique dans la section sur le théorème
d’équipartition.
Par contre, dans la limite quantique à basse température, l’unité devient négligeable par rapport à
l’exponentielle dans le dénominateur et nous avons
2
E E =T
lim cV = 3R e (7.149)
T E T
Le modèle d’Einstein explique la chute de la chaleur spéci…que, mais pas quantitativement. Les
mesures nous donnent qu’à basse température, cV / T 3 . Ce résultat vient du fait qu’un solide a des
modes de vibrations arbitrairement faibles à grande longueur d’onde. En e¤et, utilisant ! = vs k où
vs est la vitesse du son et en prenant pour vecteur d’onde 2 divisé par la taille du système, on voit
que la fréquence la plus basse possible peut être très faible. Un modèle simple dû à Debye peut tenir
compte de ce phénomène et expliquer la loi cV / T 3 . Nous y reviendrons à la prochaine session.
Malgré toutes ces limites, le modèle d’Einstein n’est pas mauvais pour décrire les solides durs formés
d’atomes légers qui ont en plus des modes de vibration dits optiques, c’est-à-dire où les atomes vibrent
en anti-phase deux à deux. Ces modes de vibration sont possibles dans les solides dont la structure
cristalline est formée de paires d’atomes qui se placent ensuite sur un réseau régulier. C’est le cas du
diamant. La FIGURE 7.7.12 de Reif reprend une …gure de l’article d’Einstein de 1907 où il explique la
chaleur spéci…que du diamant avec pour seul paramètre ajustable E = 1320K.
Remarque 221 Un peu d’histoire : Les chauds rayons du soleil de mars 1870 à Berlin annonçaient
pour Heinrich Friedrich Weber des conséquences fâcheuses. Sans glace, il ne pouvait pas terminer
ses nouvelles mesures sur les propriétés thermiques du diamant. Or, le physicien voulait expliquer un
étrange comportement observé au cours d’expériences portant sur cette pierre précieuse : contrairement
à ce qui avait été constaté avec la plupart des autres matériaux connus, la quantité d’énergie requise
pour réchau¤ er un diamant d’un degré Celsius variait en fonction de la température. Weber ne pouvait
pas prévoir qu’il aurait encore besoin de cinq hivers pour achever ses expériences. Il ne pouvait pas
prévoir non plus que ce serait un de ses élèves, Albert Einstein, qui …nirait par expliquer les étranges
propriétés thermiques du diamant. La légende veut que Weber, devenu plus tard professeur à Zürich, ait
même dit à Einstein, vers 1900 : « Vous êtes un garçon brillant, Einstein, un garçon très brillant. Mais
vous avez un grand défaut : vous ne laissez personne vous dire quoi que ce soit. » C’est ainsi qu’en 1906
le célèbre physicien écrivit le premier article sur la théorie quantique des solides. Einstein lui-même
n’aimait pas tellement cette théorie. En 1912, il écrivit à un de ses amis à ce sujet : « Récemment,
j’ai formulé une théorie sur la quantique des solides. Théorie est un mot trop présomptueux — ce
n’est qu’un tâtonnement sans fondement solide. Plus la théorie quantique remporte de succès, plus elle
apparaît sotte » . Weber a été le directeur de thèse initial d’Einstein, mais suite à une dispute, Einstein
changea pour Alfred Kleiner. Einstein commenta que les cours de Weber étaient démodés de 50 ans
puisqu’ils ne contenaient pas les équations de Maxwell.
7.5 Paramagnétisme
Nous avons souvent pris comme exemple le cas d’un système de spins 1=2 dans un champ magné-
tique. Nous analysons ici le cas plus général d’un spin de grandeur arbitraire.
Remarque 222 En réalité, nous devrions utiliser le champ magnétique local plutôt que le champ
magnétique extérieur, mais pour des concentrations faibles d’atomes magnétiques les corrections sont
petites.
e~ e~
Remarque 223 En CGS, B 2mc= 0; 927 10 20 erg G 1 alors qu’en SI, B 2m =
9; 27400949(80) 10 24 JT 1 2
( ou Am ) = 5; 7883817555(79) 10 5 eV T 1
Vous verrez en mécanique quantique que les valeurs permises pour la projection de moment cinétique
Jz sont
Jz = m ; m = J; J + 1; : : : ; J 1; J (7.153)
Ceci veut dire qu’il y a 2J + 1 valeurs possibles de Jz . Dans le cas J = 1=2, on retrouve bien le résultat
utilisé précédemment, c’est-à-dire qu’il y a deux valeurs possibles du spin. (Notons que pour l0 électron,
g = 2, J = S = 1=2, g B J = B et " = B H). Comme par hypothèse le champ magnétique
pointe dans la direction z, nous pouvons écrire
= g B Hm (7.154)
La valeur moyenne du moment magnétique dans la direction z s’obtiendra par une simple dérivée
PJ ( g B Hm)
1 @ ln Z (T; H) m= J (g B m) e
= PJ = z (7.156)
@H m= J e
( g B Hm)
Cette quantité est facilement mesurable alors nous pourrons la comparer avec l’expérience.
En voiture pour la fonction de partition ! Pour simpli…er l’écriture, nous dé…nissons d’abord
g BH (7.157)
PARAMAGNÉTISME 317
de telle sorte que
J
X
m
Z (T; H) = e (7.158)
m= J
J (J+1)
e Z (T; H) = Z (T; H) e +e (7.159)
J (J+1)
e e
Z (T; H) = (7.160)
1 e
=2 J
e e e (J+1)
= =2
(7.161)
e 1 e
e (J+ 12 ) e (J+ 2 )
1
= =2
(7.162)
e e =2
1
sinh J+ 2
= : (7.163)
sinh 2
Il ne reste plus qu’à évaluer le moment magnétique moyen dans la direction z
1 @ ln Z 1 @ ln Z @ @ ln Z
z = = =g B (7.164)
@H @ @H @
1
@ ln sinh J+2 ln sinh 2
= g B (7.165)
@
" #
J + 21 cosh J + 12 1
2 cosh 2
= g B (7.166)
sinh J + 12 sinh 2
On écrit ce résultat …nal sous la forme
g BH
z (T; H) = g B JBJ kB T (7.167)
Ces résultats peuvent être comparés directement avec l’expérience. Cela est fait à la FIGURE 7.8.3
de Reif. Les mesures sont prises sur des composés ayant un seul ion magnétique. On trace le graphique
de l’aimantation moyenne par atome magnétique en fonction du champ magnétique appliqué pour
quatre températures di¤érentes. En portant H=T sur l’abscisse, on remarque que toutes les mesures
prises pour un ion donné à la même valeur du rapport H=T tombent sur la même courbe. On dit alors
qu’il y a comportement d’échelle (scaling) en fonction de la variable H=T . La fonction de Brillouin suit
les points expérimentaux à l’erreur près.
Remarque 224 Dans le contexte des transitions de phase, cette expression ”comportement d’échelle”
prendra une signi…cation très importante. On observe ce genre de comportement soit lorsque la longueur
de corrélation est zéro, comme ici, ou soit lorsqu’elle est très grande.
On peut étudier analytiquement deux cas limites, soit a) celui des forts champs ou basses tempéra-
tures où l’aimantation sature à sa valeur maximale b) celui de faibles champs ou hautes températures
où l’aimantation varie en suivant la loi de Curie, c’est-à-dire linéairement en fonction de H=T .
–( g B H) 1. Dans ce cas, on peut approximer les cotangentes hyperboliques par l’unité :
lim coth y = 1: (7.169)
y!1
est en accord avec le cas général Éq.(7.177) lorsqu’on substitue J = 1=2 dans les deux équations
((J + 1) = 3=2 lorsque J = 1=2).
Pour véri…er si à haute température on retrouve le résultat classique, faisons le calcul “semi-
classique”. On suppose que chaque atome a déjà un moment magnétique.16 Il faut intégrer de façon
continue sur tous les angles solides possibles la composante z du moment cinétique J cos ,
R
d d (cos ) e g B HJ cos g B J cos
z = R (7.179)
d d (cos ) e g B HJ cos
Ces intégrales peuvent être évaluées exactement mais comme nous ne nous intéressons pour le moment
qu’à la limite haute température, petit, calculons cette expression en développant les exponentielles.
Il ne nous reste à l’ordre dominant que
2
R1 2 2
(g B J) H 1 d (cos ) cos (g B J) H
z = R1 = (7.180)
kB T d (cos ) 3kB T
1
C’est exactement ce que prédit la limite J ! 1 du résultat quantique à haute température Éq.(7.177)
2
(g B) J 2H
lim z = (7.181)
J!1 3kB T
1 6 Si on se restreignait purement à la mécanique classique, il n’y aurait pas de moment magnétique permanent, pas de
spin, car le moment magnétique en mécanique classique vient d’un courant. Ce courant ne pourrait que diminuer avec le
temps à cause de la radiation.
PARAMAGNÉTISME 319
Le résultat classique à J …xe est plus petit en général que ce que prédit la mécanique quantique
on a J (J + 1) quantiquement et J 2 classiquement , parce que classiquement le moment magnétique
peut ‡uctuer dans des directions où sa projection selon z s’annule. Ou vu autrement, le cas classique ne
contient pas de ‡uctuations du point zéro présentes quantiquement. En fait le facteur J (J + 1) vient
du fait que c’est la valeur moyenne du carré Jz2 du moment magnétique qui intervient dans les calculs
dans cette limite. Pour voir pourquoi Jz2 est pertinent dans la limite haute température, il su¢ t de
retourner à l’expression pour le moment magnétique Éq.(7.156) et d’y faire le développement limité
des exponentielles apparaissant dans ces expressions, développement valable lorsque la température
est élevée par rapport à l’énergie de Zeeman, g B JH. La mécanique quantique nous dit que la
valeur moyenne de l’opérateur J 2 = Jx2 + Jy2 + Jz2 est égale à J (J + 1) : Donc, par symétrie, celle de
Jz2 est égale à J (J + 1) =3. Ce facteur J (J + 1) est donc purement quantique et subsiste même dans
la limite haute température. Donc, bien que le résultat Eq.(7.177) ait été obtenu dans la limite haute
température, ce n’est pas exactement ce que la mécanique classique aurait prédit. Quantiquement il
y a moins d’états possibles, essentiellement up et down avec quelques états intermédiaires, donc c’est
plus facile de s’orienter dans la direction du champ magnétique que ce à quoi on se serait attendu
classiquement. Mathématiquement, c’est la di¤érence entre une somme Éq.(7.156) et une intégrale
Éq.(7.179). Pour les systèmes où les interactions ne sont pas négligeables, on rencontre aussi des cas
analogues. Les ‡uctuations qui tiennent compte de la mécanique quantique sont plus grandes que celles
qui auraient été calculées purement classiquement. Dans le cas des antiferroaimants quantiques, un
sujet d’intérêt récent, la physique est très di¤érente selon que le spin est entier ou demi-entier. En
particulier, pour les spins entier, on rencontre le fameux phénomène du “gap de Haldane”, pour lequel
Haldane faisait partie des récipiendaires du prix Nobel 2016.
Remarque 225 Les résultats pour le spin 1=2 à haute température Eq.(7.178) est trois fois plus grand
que le résultat classique correspondant Eq.(7.180). C’est un cas vraiment spectaculaire où la mécanique
quantique se manifeste à très haute température.
Remarque 226 La discussion précédente nous donne un bel exemple où même à haute température
les e¤ ets quantiques peuvent se manifester dans une quantité macroscopique comme l’aimantation
moyenne. La mécanique statistique nous réserve souvent ces surprises. Le passage à la limite clas-
sique ne correspond pas toujours simplement à la limite haute température, particulièrement pour les
spins. Il faut aussi prendre la limite J ! 1. Physiquement, cela vient du fait qu’on ne retrouve la
limite classique que lorsqu’il y a un grand nombre de niveaux d’énergie dans un intervalle kB T: Pour
un spin J; il n’y a que 2J + 1 états possibles. Ce nombre n’est donc jamais grand pour un spin J = 1=2
par exemple !
Remarque 227 Les résultats trouvés dans cette section sont valables quelle que soit l’origine du mo-
ment magnétique. Il peut provenir du moment orbital d’un atome, du spin de l’électron ou d’une combi-
naison des deux. Il peut même venir du magnétisme nucléaire. Le magnétisme d’origine nucléaire joue
un rôle fondamental en imagerie médicale où on utilise la résonnance de Larmor des noyaux d’hydro-
gène présents dans le corps humain pour faire une image. Dans ce cas cependant, c’est le magnéton de
Bohr du noyau qui compte. Comme la masse du proton remplace celle de l’électron dans l’expression
pour le magnéton de Bohr nucléaire, l’aimantation est environ 103 fois plus petite. Autrement dit, il
faut des températures 103 fois plus basses ou des champs magnétiques 103 fois plus élevés pour obtenir
les mêmes valeurs d’aimantation qu’avec des moments magnétiques d’origine électronique. L’équipe de
Maxime Descoteaux au département d’informatique à Sherbrooke développe ces méthodes d’imagerie
médicale.
Remarque 228 Sauver la planète : La réfrigération domestique repose sur la compression et la dilata-
tion des gaz pour absorber ou rejetter de la chaleur. Ces gaz sont poluants pour la plupart, contribuant
à l’e¤ et de serre. Plutôt que de faire du travail mécanique pour absorber ou rejetter de la chaleur, on
peut faire du travail magnétique. Un réfrigérateur basé sur le travail magnétique serait moins poluant
et moins bruyant. Nous avons vu pour le spin 1=2 par exemple que pour des spins sans interaction,
l’entropie est une fonction décroissante de H=T . On peut déduire la même chose dans le cas plus gé-
néral d’un spin de grandeur arbitraire à l’aide des résultats de cette section. Donc, diminuer le champ
magnétique à entropie constante fait aussi diminuer la température. C’est l’e¤ et magnétocalorique.
Par contre, augmenter le champ magnétique à température constante fait décroître l’entropie puisque les
moments magnétiques ont tendance à s’aligner. On peut utiliser ces principes pour construire un cycle
de réfrigération. Le groupe du professeur Fournier à Sherbrooke travaille activement au développement
de nouveaux matériaux magnétocaloriques. Mon groupe théorique, formé de Chloé-Aminata Gauvin-
Ndiaye et Reza Nourafkan, collabore avec eux. En résolvant l’équation de Schrödinger numériquement
à l’aide des méthodes modernes les plus sophistiquées, nous participons à cet e¤ ort. Nous avons réussi
à suggérer des matériaux très prometteurs. En pratique, on mesure le changement d’entropie produit à
température constante à l’aide de
Z H
@M
S (T; H) = dH 0 : (7.182)
0 @T p;H 0
Ce résultat est tiré d’une des relations de Maxwell (@S=@H)T = (@M=@T )H qui peut se déduire de
Pour que le changement d’entropie soit grand, il est donc préférable que M change rapidement avec T ,
ce qui se produit près d’une transition de phase. On peut évidemment trouver l’entropie en intégrant la
chaleur spéci…que, comme d’habitude. L’autre quantité pertinente est le changement de température à
entropie constante. Pour mesurer cette quantité, on utilise le résultat à pression constante
@S
T dS = CH dT + T dH (7.184)
@H p;T
Du côté théorique, voici sur la …gure (7-2) ces deux quantités sur un diagramme de phase pour le
gadolinium :Ce composé est idéal du point de vue technique pour la réfrigération à la température de
la pièce, mais il coûte trop cher. La réfrigération magnétique aujourd’hui est utilisée entre autre pour
refroidir vers des très basses températures. Pour une revue récente, voir M. Balli, S. Jandl, P. Fournier,
and A. Kedous-Lebouc, Applied Physics Reviews 4, 021305 (2017).
PARAMAGNÉTISME 321
Fig. 7-3 Illustration de l’hème contenant le fer où se …xe l’oxygène. Le fer et ses liaisons sont en orange.
L’ensemble grand canonique est particulièrement utile dans le cas quantique, mais il trouve aussi
des applications dans des cas où la mécanique classique paraît à première vue su¢ sante. C’est un des
ces exemple que nous traitons ici.
L’hémoglobine est un pigment du sang qui assure le transport de l’oxygène et du gaz carbonique
entre l’appareil respiratoire et l’organisme. Elle est composée de quatre segments contenant un groupe
hème, c’est-à-dire une molécule organique di¤érente des protéines qui contient un atome de fer sur
lequel peut se …xer l’oxygène. La myoglobine est plus simple. Elle contient un seul groupement hème.
On la on retrouve surtout dans les muscles. Elle emmagasine l’oxygène, plutôt que de le transporter,
comme l’hémoglobine.
Nous allons étudier la myoglobine, qui contient un seul ion fer situé au coeur de l’hème, illustrée à la
…gure 7-3. L’hème forme la partie active de la myoglobine. Nous cherchons la probabilité que l’oxygène
se …xe sur le fer, étant donné la température et la pression d’oxygène environnante.
Nous allons analyser un modèle simpliste du fonctionnement de la molécule de myoglobine, plus
particulièrement de l’absorption d’oxygène. Supposons qu’une et une seule molécule d’oxygène O2 puisse
s’attacher à un groupement fer situé sur la myoglobine (Cet état de fait vient des niveaux d’énergie
de ces atomes et est donc un phénomène quantique). On choisit le zéro d’énergie de telle sorte que
l’énergie de ce groupement fer soit 0 lorsqu’il est libre, et " lorsqu’il est occupé par de l’oxygène.
On peut considérer chaque myoglobine comme étant un système indépendant en contact avec un
réservoir de chaleur et d’oxygène formé par le milieu environant. On peut donc calculer la probabilité
que le groupement fer soit occupé en raisonnant à partir de l’ensemble grand canonique où on prend
une seule molécule de myoglobine. L’ensemble grand canonique nous dit que
1 "
P (E = "; N = 1) = exp (7.186)
kB T
1
P (E = 0; N = 0) = (7.187)
où
"
= 1 + exp (7.188)
kB T
3=2 V
F (T; V; N ) = N kB T ln (2 mkB T ) N kB T; (7.193)
N h3
soit, à une constante près, kB T divisé par le volume quantique par particule (ou volume donné par le
cube de la longueur d’onde thermique de de Broglie) à la température T fois le facteur de Boltzmann
venant de la di¤érence d’énergie entre un oxygène libre et un oxygène lié à la myoglobine. Pour le
membre de droite, nous avons utilisé la dé…nition de la longueur d’onde thermique de de Broglie Eq.
(7.71).
Remarque 229 Cette équation (7.197) pour p50 rappelle qu’en général la pression a des contributions
venant de l’énergie cinétique (ici le préfacteur) et des contributions venant de l’énergie potentielle (ici
le facteur de Boltzmann).
Les lissages à la …gure (7-4) sont faits à l’aide de l’équation (7.196) que les physiologistes appellent
équation de Hill. Cette notation p50 des physiologistes vient du fait que c’est la valeur de la pression
d’oxygène p = p50 à laquelle hni = 50%: La valeur de p50 en milieu physiologique dépend du pH de
l’eau et de d’autres facteurs. La valeur de p50 extraite expérimentalement apparaît à la …gure (7-5)
La signi…cation physiologique de tout ça est expliquée par la …gure (7-6).
Remarque 230 La constante de Planck apparaît explicitement dans l’expression pour p50 Eq.(7.197).
Cette constante apparaît là parce que l’entropie d’un gaz parfait classique, et par conséquent son énergie
libre, dépendent de la constante de Planck. C’est elle qui permet de compter les états, même dans cette
limite classique. Cette constante apparaît aussi de façon très générale dans les réactions chimiques à
travers la loi de masse-action que vous verrez à la prochaine session. Ce résultat que nous avons obtenu
pour p50 est remarquable car il suggère qu’on peut mesurer expérimentalement la constante de Planck
dans les équilibres chimiques. C’est entre autres ce qui a mené aux résultats expérimentaux expliqués
par la loi de Sakur-Tetrode. La constante de Planck apparaît ici dans un contexte où elle n’a rien à
voir avec les photons, contexte dans lequel elle a été introduite pour la première fois. La mécanique
quantique, sa bizarrerie et sa constante h sont les mêmes pour tous les constituants de la matière. La
mécanique statistique met h au grand jour dans des phénomènes macroscopiques, comme nous l’avons
vu avec les vibrations cristallines et leur e¤ et sur la chaleur spéci…que, le paramagnétisme, et, ici, les
réactions chimiques. Ce ne sont que quelques exemples. Vous en rencontrerez bien d’autres dans votre
cours de physique.
Nous étudions dans cette section un sujet qui s’avère en fait être un des plus vieux de la mécanique
statistique. La théorie cinétique des gaz. Nous ne considérerons ici que les aspects ”statiques”des gaz,
Fig. 7-6 Dans la molécule hémoglobine, formée de quatre myoglobine, on voit que dans les conditions
physiologiques des tissus, la réponse à une variation de concentration d’oxygène est optimale.
James Clerk Maxwell est né en 1831 à Glasgow, à une centaine de kilomètres d’Édimbourg. Son en-
fance ressemble vaguement à celle de Newton, à la campagne. À l’âge de dix ans, il arrive à l’Académie
d’Édimbourg. Il a un accent écossais à couper au couteau et s’habille de vêtements étranges dessinés
par son père, indépendant et inventif. Ses collègues le surnomment ”l’Idiot”, dans le sens de ”l’idiot du
village”. On se rend compte cependant très rapidement qu’il est un esprit brillant. Il s’intéresse beau-
coup aux couleurs. Plus tard, en 1861, il réalisera même la première ”diapositive couleur”représentant
un tissu écossais à l’aide de trois plaques photographiques superposées.
Maxwell entre à Cambridge, au collège des écossais en 1850. C’est là qu’enseigne le futur Lord Kelvin.
C’est même le père de Kelvin qui avait conseillé ce collège au père de Maxwell. Kelvin deviendra en
quelque sorte le ”parrain”de Maxwell. Pour un concours, le prix Adams, Maxwell étudie les anneaux de
Saturne et démontre que pour être stables ils doivent être composés de petits blocs solides indépendants.
C’est par cet article qu’il a commencé à se faire connaître.
Il quitte Cambridge en 1856 à l’âge de 25 ans pour aller enseigner à Aberdeen dans son Écosse natale.
Il y publie son premier article sur l’électromagnétisme. Boltzmann comparera le deuxième article de
Maxwell à un chef d’oeuvre de musique symphonique, ce qui, venant d’un mélomane viennois, est un
compliment de taille. Le premier article de Boltzmann sera un prolongement direct de celui de Maxwell.
Pour la petite histoire, mentionnons qu’au moment où Maxwell écrit ce fameux deuxième article, il est
à la recherche d’un emploi. Son collège d’Aberdeen vient de fusionner avec un autre pour former une
université unique et comme cela laissait un physicien de trop les administrateurs ont décidé dans leur
in…nie sagesse que cet ”excédentaire” serait Maxwell. À Édimbourg on lui préfère son ami G. Tait. Il
se trouve …nalement un poste au King’s College de Londres où il restera jusqu’en 1865. C’est à partir
de cette date qu’il écrira son monumental traité sur l’électromagnétisme dans sa maison natale de
Glenlair.
C’est quelques années après son arrivée à Londres et un an après l’article de Clausius sur les gaz en
1858 que Maxwell fait faire un pas de géant à la thermodynamique et à la physique tout entière. Au lieu
de ne s’intéresser qu’aux valeurs moyennes comme Clausius, Maxwell fait l’hypothèse que les collisions
entre molécules entraînent une distribution où toutes les valeurs sont présentes avec une probabilité
connue. Son calcul prend deux pages. On le quali…e d’un peu optimiste mais en tout cas inspiré ! Il en
fait présentation à la British Association à Aberdeen en 1859. Il publie son article un an plus tard.
Cet article contient entre autre un calcul du coe¢ cient de viscosité. Il est arrivé à un résultat tout à
fait surprenant : la viscosité d’un gaz ne dépend pas de la pression. Ce résultat lui paraît tellement
invraisemblable qu’il lui fait remettre en question la théorie cinétique. Aidé par sa femme il refait les
expériences antérieures sur ce sujet, parce qu’elles ne lui paraissent pas concluantes. La con…rmation
expérimentale de son résultat sur la viscosité le convainc de la validité de la théorie cinétique. Ses
1 7 Maury, p.129-131, 133, 150-152
où est le nombre de moles, Na le nombre d’Avogadro et Vliq le volume de liquide mesuré contenant
les moles. À cette époque la chimie nous permettait de savoir combien de moles contenait un liquide
mais on ne connaissait pas le nombre d’Avogadro. Au mieux donc, on pouvait mesurer
Par contre le libre parcours moyen dans un gaz est donné par
` = 1= nd2 = V = Na d2 (7.200)
Les deux seules quantités qui ne sont pas directement mesurées dans ces équations sont donc le nombre
d’Avogadro et la taille des molécules qui peuvent donc tous les deux être trouvés à partir des deux
équations précédentes. (Le nombre de Loschmidt est le nombre de molécules dans un cm3 de gaz parfait
à température et pression normales).
Dans ce même article de 1860, Maxwell énonce le principe d’équipartition de l’énergie sous la forme
suivante : Tous les degrés de liberté ont la même énergie cinétique. Cela le mène tout droit au paradoxe
des molécules diatomiques, auxquelles il attribue six degrés de liberté alors que par comparaison avec
les gaz monoatomiques on en observe que cinq ! (A-t-il aussi associé kB T =2 à l’énergie potentielle de
la vibration ?). Nous savons qu’il faudra attendre la mécanique quantique pour résoudre ce problème.
En 1867 Maxwell prouvera que si les molécules ont la distribution de vitesse qu’il postule, alors les
collisions ne la modi…ent pas. L’année d’après Boltzmann étend le résultat de Maxwell au cas où un
champ gravitationnel est présent (déjà vu ?) et en cours de démonstration est amené à postuler que la
probabilité qu’une molécule ait une certaine énergie est donnée par e E=kB T . Ceci devient le fondement
de la mécanique statistique. Boltzmann en donnera une dérivation encore plus fondamentale plus tard.
Maxwell mourut en 1879 à l’âge de quarante-huit ans. Il est beaucoup plus connu pour ses contributions
à l’électromagnétisme, mais comme la plupart des géants de la physique qui suivront, dont Einstein, il
aura fait des contributions fondamentales à la physique statistique.
Encore une fois, considérons un gaz de molécules identiques de masse m. S’il n’y a pas de force
extérieure, l’énergie d’une molécule en particulier est donnée par la somme de l’énergie cinétique de
son centre de masse, plus l’énergie venant des autres degrés de liberté ”internes” de la molécule (c’est
le théorème de König en mécanique)
p2
= + int (7.201)
2m
En supposant le gaz su¢ samment dilué, nous pouvons négliger les interactions entre molécules. C’est
l’approximation du gaz parfait. Toujours dans cette limite, le mouvement du centre de masse de chaque
1 8 Reif, Sec. 7.9
3=2 mv 2
m
f (v) d3 rd3 v =n 2 kB T e 2kB T
d3 rd3 v (7.210)
Ce résultat s’appelle la distribution des vitesses de Maxwell. Nous avons enlevé la dépendance en r
dans f à gauche puisqu’elle n’apparaît pas à droite. En fait, par symétrie, nous pouvions prévoir ce
résultat dès le début. De plus, encore par symétrie, on remarque que la distribution de vitesses ne
dépend pas de la direction, mais seulement de la grandeur de celle-ci ! Pour véri…er une réponse, il est
toujours important de s’assurer qu’elle est bien cohérente avec les symétries du problème.
Dans les sections qui suivent, nous essaierons d’extraire le maximum de conséquences de cette
distribution de vitesses.
Dans cette sous-section, nous allons obtenir di¤érentes quantités observables reliées à la vitesse.
Nous verrons en particulier que vitesse la plus probable, vitesse r.m.s. et grandeur de vitesse moyenne
sont toutes des quantités di¤érentes ! Laquelle de ces moyennes est pertinente dépend du problème
physique considéré.
2
mvx 1=2 mvx2
g (vx ) = n Re 2 dvx
2
mvx
=n m
2 kB T e 2 dvx (7.215)
e 2 dvx
est le nombre moyen de molécules par unité de volume ayant une composante x de vitesse
comprise entre vx et vx + dvx indépendamment de la valeur des autres composantes.
1 9 Reif, Sec. 7.10
comme nous pouvons le trouver en faisant directement l’intégrale gaussienne. Ce résultat est
évidemment cohérent avec le théorème d’équipartition
1 1
mv 2 = kB T (7.220)
2 x 2
La grandeur moyenne du vecteur vitesse est di¤érente tant de la valeur r.m.s. que de la valeur
moyenne. C’est cette valeur moyenne qui sera pertinente au calcul du nombre de molécules traversant
un petit trou par unité de temps, un problème que nous discuterons ci-dessous. Pour calculer cette
vitesse moyenne, il su¢ t d’évaluer l’intégrale. Elle se fait simplement en changeant de variables et en
intégrant par parties
Z 1 Z 1
1 1
v = vF (v) dv = 4 v 3 f (v) dv (7.228)
n 0 n 0
3=2 Z 1
m mv 2
= 4 v3 e 2kB T
dv (7.229)
2 kB T 0
3=2 Z 1
m mv 2 dv 2
= 4 v2 e 2kB T
(7.230)
2 kB T 0 2
3=2 2Z 1
m 2kB T
= 2 xe x dx (7.231)
2 kB T m 0
r Z 1
4 kB T 1
= p e xx 0 + e x dx (7.232)
2 m 0
r r
8 kB T
= [1] (7.233)
m
d’où
q
8 kB T
v= m (7.234)
Finalement, la valeur r.m.s. s’obtient en faisant la moyenne de v 2 avec la distribution F (v) ou plus
simplement en remarquant que
1 1
mv 2 = m vx2 + vy2 + vz2 (7.235)
2 2
kB T
= 3 (7.236)
2
ce qui nous donne pour la valeur r.m.s de la vitesse, et pas seulement d’une de ses composantes,
p q
3kB T
v2 = 2 (7.237)
Les trois mesures de la distribution de vitesse que nous avons obtenu dans cette section sont enca-
drées. On trouve que la vitesse moyenne est 1:128 fois plus grande que la valeur la plus probable et que
la vitesse r.m.s. quant à elle est 1:224 fois plus grande que la valeur la plus probable. En fait, en n’im-
porte quelle circonstance, comme nous possédons la distribution de vitesse au complet, nous pouvons
évaluer ce qui est le plus approprié à la situation physique d’intérêt, ce que nous nous empressons de
faire dans les sections suivantes. Nous ne pouvons pas cependant conclure sans mentionner un ordre
de grandeur pour la vitesse des molécules d’azote N2 dans l’air :
Nous commençons maintenant les sous-section qui nous permettrons de traiter plusieurs problèmes
physiques di¤érents où notre connaissance des détails de la fonction de distribution nous seront utiles.
Notre première question est la suivante : Combien de molécules par unité de temps frappent une
surface donnée de la paroi du contenant. Ayant répondu à cette question, nous pourrons en aborder
d’autres, comme par exemple combien de molécules sortiront par un petit trou, ou quelle est la pression !
Calcul grossier
Nous procédons d’abord par un calcul très qualitatif qui nous permettra de montrer que 0, le
nombre de molécules frappant la paroi par unité de temps et par unité de surface est
1
0 nv (7.239)
6
où comme dans les sections précédentes, v est la vitesse thermique moyenne des molécules de n leur
densité. La quantité 0 s’appelle un ‡ux de particules. Bien que le facteur 1=6 soit remplacé par 1=4
dans le calcul plus exact que nous donnerons ci-dessous, les arguments physiques présentés ici su¢ sent
à trouver que 0 est proportionnel à la vitesse moyenne et à la densité, un résultat qui en soit n’est
pas négligeable. Si le calcul plus exact ne reproduit pas cette dépendance, c’est qu’il y a quelque chose
que nous ne comprenons pas ou bien une erreur de calcul que nous avons faite ! Allons-y donc pour le
calcul grossier.
Considérons le mur de droite ayant une surface A. Le particules se déplaçant vers la droite et située
à une distance dx = vdt iront frapper le mur. Il faudra regarder en détail les directions des vitesses
mais pour le moment, il su¢ t de supposer que toutes les particules ont la vitesse moyenne. Il n’y a
cependant que les particules allant vers la droite qui frapperont le mur, ce qui ne représente qu’une
direction sur six possibles en trois dimensions. Donc, le nombre de particules par unité de volume ayant
cette direction pour leur vitesse est égal à n=6. En multipliant par le volume de gaz qui ira frapper le
mur, dV = Adx = Avdt nous obtenons que le nombre de particules frappant le mur en un temps dt est
égal à
n
(Avdt) (7.240)
6
Le ‡ux est dé…ni comme le nombre de particules par unité de temps par unité de surface, donc
1 n n
0 (Avdt) = v (7.241)
Adt 6 6
Nous pouvons exprimer ce résultat en fonction de la pression et de la température puisque
p
n= (7.242)
kB T
et
1 3
mv 2 = kB T (7.243)
2 2 r
p kB T
v / 2
v / (7.244)
m
donc
n p
0 v/p (7.245)
6 mkB T
vdt
mur est dA. Les particules qui frapperont le mur dans la petite surface dA sont celles ayant une vitesse
v dirigée le long de l’axe de symétrie du cylindre et qui sont en plus situées à une distance plus petite
que vdt du mur. Les autres molécules frapperont le mur ailleurs, ou ne frapperont pas. (Notez qu’on
prend dt su¢ samment petit pour que les molécules ne fassent pas de collision pendant cet intervalle
de temps).
Le volume du petit cylindre est
vdt (dA cos ) (7.246)
Le nombre de molécules par unité de volume ayant une vitesse comprise entre v et v + dv est par
contre donné par
f (v) d3 v (7.247)
Donc, le nombre de molécules venant de la direction considérée qui frappera la paroi est donné par le
produit des deux résultats précédents,
f (v) d3 v vdt (dA cos ) (7.248)
et le ‡ux venant d’un élément de volume d3 v de l’espace des vitesses est obtenu en divisant par dAdt
0 (v) d3 v =v cos f (v) d3 v (7.249)
Pour obtenir le ‡ux total, il faut intégrer sur toutes les grandeurs de vitesses possibles, ainsi que
sur toutes les orientations de cylindres possibles. Les orientations des cylindres correspondent à celles
des vitesses. On choisit l’angle azimuthal pour représenter les rotations autour de la normale à la
surface du mur. Si on laisse ces angles prendre toutes les valeurs entre zéro et 2 , alors les angles
ne peuvent prendre que les valeurs comprises entre 0 et =2. Les autres angles correspondent à des
particules allant vers la gauche. Nous sommes donc prêts pour le calcul. L’élément d3 v doit d’abord
être exprimé en coordonnées sphériques
Z 2 Z 1 Z 1
0 = d d (cos ) dvv 2 0 (v) (7.250)
0 0 0
Z 2 Z 1 Z 1
= d d (cos ) dvv 3 cos f (v) (7.251)
0 0 0
Comme la distribution de vitesse ne dépend pas de la direction, les intégrales angulaires peuvent être
faites
1Z 1
cos2
0 = 2 dvv 3 f (v) (7.252)
2 0 0
Z 1
= v 3 f (v) (7.253)
0
Substituant dans l’expression pour le ‡ux, nous obtenons notre résultat …nal
nv
0 = (7.257)
4
Tel que promis, ce résultat ne di¤ère que par un facteur numérique de ce que nous avions trouvé par
des arguments simples. Utilisant notre résultat antérieur pour la valeur moyenne de la vitesse, et la loi
des gaz parfaits, nous obtenons
r
p 8kB T
0 = (7.258)
4kB T m
p
= p (7.259)
2 mkB T
À part le facteur numérique, ce résultat correspond bien à ce que nous avons trouvé dans le calcul
simple.
7.7.5 E¤usion21
Il nous faut parler ici intuitivement du libre parcours moyen. Le libre parcours moyen est la distance
moyenne entre collisions dans un gaz. Lorsqu’on perce un trou dans la paroi d’un contenant de gaz et
que ce trou est plus grand que le libre parcours moyen, alors le gaz quitte le contenant par un processus
qui ressemble à l’écoulement d’un liquide. En d’autres mots, la disparition de molécules de gaz par le
trou change radicalement la pression derrière. Par contre, si le trou est beaucoup plus petit que le libre
parcours moyen dans le gaz, les particules s’échapperont une par une, modi…ant très peu les conditions
d’équilibre du gaz qui reste derrière. Ce processus s’appelle l’e¤usion. Il a plusieurs applications.
– On peut se servir de ce phénomène pour mesurer la distribution de Maxwell. En e¤et, en glissant
à vitesse constante une plaque sensible parallèlement à la surface tout de suite après avoir ouvert
le trou, les molécules plus rapides atteindront cette plaque plus rapidement que les plus lentes.
Évidemment, il faut placer d’autres trous entre la plaque sensible et le contenant pour focaliser les
molécules. On peut aussi faire tourner deux roues dentées (dispositif de Fizeau) pour sélectionner
une vitesse particulière.
– On peut séparer des molécules de masse di¤érentes en ouvrant de petits trous (…ltre) dans une
paroi. Les molécules plus légères vont plus vite, leur ‡ux sera plus grand et elles sortiront donc
plus rapidement. On peut se servir de ce phénomène en particulier pour séparer les isotopes. C’est
historiquement le processus qui fut utilisé pour séparer l’isotope d’uranium …ssile du non-…ssile
pour fabriquer les premières bombes atomiques pendant la deuxième guerre mondiale. En fait,
c’était la séparation des isotopes qui était l’obstacle majeure à la fabrication de ces bombes.
L’uranium était d’abord mis sous forme de U F6 gazeux.
– Il faut tenir compte du phénomène d’e¤usion lorsqu’on mesure la pression dans un cryostat à
basse température à partir d’un tube de mercure dont l’autre extrémité est à la température de
2 1 Reif, Sec. 7.12
La pression mesurée, pchaud ; peut donc être drastiquement di¤érente de celle réellement présente
dans le bain d’hélium !
Nous voulons retrouver la loi des gaz parfait, mais cette fois-ci en considérant en détail le processus
de collision avec le mur. Encore une fois, nous faisons d’abord un calcul grossier, puis un calcul plus
détaillé.
Calcul grossier
Si une particule a une collision élastique avec le mur de droite, sa quantité de mouvement initiale
mv devient mv. La quantité de mouvement échangée avec le mur est donc de 2mv. Comme la pression
est égale à la quantité de mouvement échangée avec le mur par unité de temps par unité de surface, elle
peut être obtenue à partir du ‡ux multiplié par le changement de quantité de mouvement par collision,
c’est-à-dire
1 1 1
p 2mv 0 2mv vn n mv 2 n (3kB T ) (7.262)
6 3 3
où nous avons utilisé le théorème d’équipartition dans la dernière inégalité. Nous avons obtenu le bon
préfacteur par chance. Passons au calcul plus exact.
Le changement de quantité de mouvement par unité de temps, par unité de surface est égal à deux fois
cette quantité car la quantité de mouvement perpendiculaire au mur change de direction lors d’une
2 2 Reif, Sec. 7.13
Nous pouvons comparer ce résultat avec l’expression pour l’énergie cinétique moyenne
Z Z Z
1 1 1
mv 2 = d3 v mv 2 f (v) (7.268)
2 n 2
Z Z 1 Z 1
1 2 1
= d d (cos ) dvv 2 mv 2 f (v) (7.269)
n 0 1 0 2
Z
14 m 1 2 2
= dvv v f (v) (7.270)
n 2 0
p = n 23 1
2 mv
2
(7.271)
La pression est égale aux deux tiers de l’énergie cinétique moyenne ! Il est à noter que ce résultat
demeurera valable même lorsque la fonction de distribution f (v) est celle de Fermi-Dirac ou de Bose-
Einstein, c’est-à-dire même dans le cas quantique ! La dérivation ne dépend pas de la forme précise de
cette distribution.
Dans le cas classique cependant, nous utilisons le théorème d’équipartition pour retrouver
p = nkB T (7.272)
Cette expression ne mène pas à la situation paradoxale décrite par Gibbs. Avec l’expression ci-
dessus, le fait d’enlever et de remettre une paroi dans une enceinte contenant un gaz parfait à
l’équilibre est un processus réversible.
– L’expression précédente pour l’entropie mène à une entropie négative lorsque la distance moyenne
entre particules est plus petite que la longueur d’onde thermique de De Broglie. Cette dernière
h
quantité, donnée par th = pmk T
s’obtient facilement de du principe d’incertitude ainsi que de
B
q q r
p = p2x p2x 2
= px = 2m (7.279)
3
où est l’énergie cinétique moyenne d’un atome
3
= kB T (7.280)
2
– Théorème d’équipartition : En mécanique statistique classique, chaque coordonnée généralisée et
chaque quantité de mouvement entrant quadratiquement dans l’expression pour l’énergie, donne
une contribution de 12 kB T à l’énergie totale.
– Par une application simple du théorème d’équipartition, on trouve que la chaleur spéci…que d’un
gaz parfait monoatomique est donnée par cV = 1 @E 3
@T V = 2 R: On trouve aussi que si on
modélise chaque atome d’un solide par un oscillateur harmonique, alors la chaleur spéci…que est
donnée par la loi de Dulong-Petit, soit 3R: Une autre application du théorème d’équipartition
nous dit que le centre de masse d’une particule macroscopique se déplace sous l’e¤et de l’agitation
thermique avec une vitesse quadratique moyenne donnée par 12 M v2 = 32 kB T: C’est le mouvement
Brownien.
– Le calcul quantique des niveaux d’énergie de l’oscillateur harmonique donne En = n + 21 ~! où
n est un entier positif. À partir de ce résultat, on peut facilement calculer la fonction de partition
de l’oscillateur harmonique et calculer l’énergie libre F (T; V ) = ~!2 + kB T ln 1 e ~! : De là
on peut retrouver la chaleur spéci…que à partir de S = (@F=@T ) et CV = T (@S=@T )V ou de
E = F + T S et CV = (@E=@T )V :
– Einstein modélisa les atomes d’un solide par des oscillateurs harmoniques tous de même fréquence.
Ce modèle d’Einstein permet de retrouver, pour la chaleur spéci…que, la loi de Dulong-Petit à
haute température, et l’annulation de la chaleur spéci…que à basse température prescrite par la
troisième loi.
– On peut modéliser les propriétés magnétiques d’ions indépendants soumis à un champ magnétique
en posant que l’énergie de chaque ion est donné par = H où est le moment magnétique.
Ce moment magnétique s’exprime en fonction du spin total J de la façon suivante = g B J où
Le mouvement de rotation des molécules est quanti…é. Pour une molécule diatomique, les niveaux
d’énergie sont de la forme
(j) = j (j + 1) 0 (7.286)
où j peut prendre n’importe quelle valeur entière positive, y compris zéro, alors que 0 est une constante.
La multiplicité (dégénérescence) de chaque niveau de rotation est
g (j) = 2j + 1 (7.287)
Nous supposons que les atomes formant la molécule diatomique n’ont ni spin atomique ni spin nucléaire.
a) Écrivez l’expression pour la fonction de partition Z pour les niveaux de rotation d’une telle
molécule.
b) Évaluez Z approximativement lorsque kB T 0 en convertissant la somme en intégrale.
c) Évaluez Z aussi dans la limite kB T 0 en tronquant la somme après le second terme.
d) Calculez l’énergie interne et la chaleur spéci…que par molécule dans les deux cas limites men-
tionnés ci-haut. À basse température, ne gardez que les termes d’ordre e 2 0 .
3R
2R
1R
T
Fig. 7-8 Représentation très shématique de la chaleur spéci…que de molécules diatomiques en fonction
de la température.
Note historique : C’est dès les années 1860 avec Maxwell et Clausius, que la chaleur spéci…que des
molécules diatomiques est devenue une des pierres d’achoppement de la mécanique statistique. Gibbs
dans son fameux livre de 1902 refuse de suggérer que la mécanique statistique est une description valable
de la nature parce qu’il ne peut pas expliquer le fait que l’azote ait une chaleur spéci…que molaire de
5R=2 à la température de la pièce. C’est donc un mystère qui a survécu pendant plusieurs décennies et
a dû attendre la mécanique quantique pour trouver son explication. Il est remarquable de voir à quel
point la nature quantique de la matière se révèle au niveau macroscopique par la mécanique statistique.
Vous allez ici résoudre le problème des chaleurs spéci…ques des molécules diatomiques.
La chaleur spéci…que molaire de molécules diatomiques comme celle du numéro précédent pourrait
avoir qualitativement la dépendance en température indiquée à la …gure (7-8) :
a) Utilisez ce que vous avez appris en cours ainsi que le numéro précédent pour expliquer l’origine
des plateaux à 3R=2, 5R=2, 7R=2, et 3R ainsi que les raisons pour lesquelles ils prennent les valeurs
indiquées. Notez que la séparation des niveaux d’énergie quantiques pour la rotation, 0 , est plus petite
que la séparation des niveaux d’énergie de vibration ~!. La …gure (7-9) montre des données réelles
2 3 Pour une molécule polyatomique qui ressemble à un corps rigide avec trois axes principaux, on retrouve bien le résultat
classique. On peut trouver ce résultat en calculant la fonction de partition à l’aide des niveaux d’énergie obtenus par la
solution quantique du problème correspondant. Cette solution apparaît par exemple dans Landau et Lifchitz ”Mécanique
quantique”, section 103. La remarque en bas de page liée à l’équation (103,4) est particulièrement importante dans ce
contexte (malgré ce qu’en disent les auteurs) puisque la dégénérescence des niveaux d’énergie est la clé de la solution du
problème dans ce cas.
pour l’hydrogène moléculaire dans la région des plateaux 3R=2, 5R=2 et 7R=2.
b) Pour étudier plus en profondeur le passage entre deux plateaux, voici un tableau de la chaleur
spéci…que à pression constante (pas à volume constant) en J= (K mol) pour la molécule de H2 : Trouvez
la température caractéristique T = ~!=kB correspondant à la fréquence d’oscillation de la molécule
de H2 en faisant un graphique de ln T 2 (cp 3:5R) en fonction de 1=T:
T cp T cp
300 28:849 1000 30:204
400 29:181 1100 30:580
500 29:260 1200 30:991
600 29:327 1300 31:422
700 29:440 1400 31:860
800 29:623 1500 32:296
900 29:880
c) Comme en (b), trouvez la température caractéristique T = ~!=kB mais cette fois-ci en lissant
la forme analytique des données sur les points expérimentaux à l’aide d’un algorithme qui minimise les
moindre carrés dans Mathematica (FindFit).
a) À l’aide de la grande fonction de partition calculée dans la section (7.6), calculez l’entropie et
le nombre moyen de molécules d’oxygène à l’aide de J = kB T ln et de dérivées partielles du grand
potentiel J. P
b) Montrez que l’entropie obtenue à l’aide de S = kB r Pr ln Pr est identique à celle trouvée
ci-dessus.
Dans ce bref résumé du cours, plutôt que de revoir les chapitres un à un, nous essaierons de dégager
une autre vue d’ensemble du sujet. Cette vue d’ensemble partira de la thermodynamique pour aller
vers la physique statistique, la démarche inverse de celle adoptée en cours. Le début de chaque chapitre
dans les notes de cours contient un résumé des objectifs de chaque chapitre et la dernière section de
chaque chapitre contient les résultats importants. Nous terminerons ce résumé en reprenant un à un
les objectifs du cours en se demandant comment ils ont été atteints.
Remarque 231 Le présent chapitre peut être lu aussi pour préparer l’intra. Les sections faisant appel
à des notions vues dans la deuxième moitié du cours sont précédées d’une étoile (*).
pV = RT (8.1)
pour un gaz parfait. (Cette formule est aussi utilisée pour dé…nir la température absolue) b) Les mesures
de chaleur spéci…que, que l’on fait principalement par des interactions thermiques,
dQ
/
Cy = (8.2)
dT y
Ces mesures sont souvent faites en utilisant une substance de référence dont l’énergie interne a été
calibrée en fonction d’un paramètre thermométrique et des autres paramètres habituels. La calibration
se fait en utilisant le travail pour obtenir la di¤érence d’énergie interne entre les états macroscopiques
de la substance de référence.
L’existence d’états d’équilibre caractérisés par un petit nombre de paramètres macroscopiques nous
amène à formuler la zérotième loi de la thermodynamique, qui nous dit que si deux systèmes sont en
équilibre thermodynamique avec un troisième, ils seront aussi en équilibre entre eux. En d’autres mots,
il existe des quantités intensives, comme température, potentiel chimique, pression etc. qui caractérisent
l’équilibre thermique. La zérotième loi en un certain sens nous dit qu’il est possible de construire des
thermomètres...
Sous forme concise, la première loi nous dit ensuite qu’il existe une fonction d’état appelée énergie,
qui est conservée. La deuxième loi nous dit qu’il existe une fonction d’état appelée entropie qui augmente
pour un système isolé. De façon un peu moins succinte et un peu plus spéci…que, on peut faire le
tableau suivant, qui identi…e le comportement de ces deux fonctions dans di¤érents cas (mais supposant
N = cte)
Notons que du résultat S 0 pour un système isolé hors d’équilibre, on peut déduire que S est
une fonction concave de ses arguments.
Finalement, la troisième loi nous dit que
où le membre de droite est indépendant des paramètres externes (et en général s’annulle). Une des
conséquences de cette loi est l’inaccessibilité du zéro absolu (l’annulation des chaleurs spéci…ques à
T = 0).
T
c
Qc Qc
∆W W
R
Q -∆Q Qf
f f
Tf
Réservoir froid
Fig. 8-1 Shéma pour le raisonnement de Carnot. La machine de gauche est supposée plus e¢ cace que la
machine réversible à droite. Si c’était le cas, il serait possible de faire du travail W sans consommer de
chaleur du réservoir chaud, ou du réservoir froid (on peut avoir Qf = 0), ce qui complète la preuve ad
absurdum.
machines réversibles doivent avoir la même e¢ cacité si on les fait fonctionner entre les deux mêmes
réservoirs. Kelvin utilise ce résultat pour dé…nir une échelle de température absolue en posant
Tf
max =1 (8.5)
Tc
Pour une machine réversible, on a donc
Tf jQf j
1 =1 (8.6)
Tc jQc j
Qc Qf
+ =0 (8.7)
Tc Tf
Poursuivons maintenant le raisonnement comme Clausius.1 On peut mettre une série de réservoirs
et de machines réversibles l’une à la suite de l’autre. Dans ce cas,
Qc Q0 Qf Q0f
+ c0 + + 0 =0 (8.8)
Tc Tc Tf Tf
Comme on peut s’arranger pour que les températures soient in…nitésimalement proches et comme on
peut toujours diviser le parcours en deux sections arbitraires, on a que
Z a Z f
dQ dQ
+ =0 (8.9)
i T a T
1 Il introduit en 1854 la notion de ”valeur équivalente d’une transformation (d’un travail en chaleur à T donnée)”
comme le rapport Q=T: Tiré de L’évolution des idées en physique, cours de Pierre Mathieu, Université Laval.
T
c
Qc
Qc= W + Qf
W
- Qc Qf
∆S = +
T T Q
c f f
Tf
Réservoir froid
Fig. 8-2 Repr ésentation shématique du travail et des échanges de chaleur dans une machine thermique
(moteur).
Laissant le parcours varier pour seulement pour une des deux intégrales
Ra en gardant les états initiaux
et …naux de ce parcours …xes, on en conclut que le résultat de i dQ T ne peut dépendre que du point
initial et du point …nal du parcours. Alternativement, on dit qu’il existe une fonction d’état appelée
entropie qu’on peut calculer à l’aide de
Z a
dQ
Sa Si = (8.10)
i T
Comme on voit à partir des équations précédentes, pour une machine réversible, le changement
d’entropie total est zéro. Ce n’est pas le cas pour une machine irréversible. En e¤et, l’e¢ cacité est
nécessairement plus petite que dans le cas d’une machine réversible. Donc,
Q0f Tf
1 < 1 (8.11)
jQ0c j Tc
Q0f Tf
> (8.12)
jQ0c j Tc
et donc pour un processus irréversible, le changement total d’entropie des réservoirs est nécessairement
positif, ce qui conclut notre “dérivation” de la deuxième loi de la thermodynamique.
En résumé, la première et la deuxième loi de la thermodynamique peuvent être utilisées pour faci-
lement trouver le rendement maximal de n’importe quelle machine fonctionnant entre deux réservoirs
de température, tel qu’illustré à la Fig.(8-2)
pi
i A
V
Vi Vf
Fig. 8-3 Deux chemins pour changer l’état d’un gaz parfait. Les di¤érences Ef Ei et Sf Si sont
indépendantes du point intermédiaire A:
Supposons un thermodynamicien qui étudie expérimentalement les gaz dilués pour lesquels les gaz
parfaits sont un bon modèle. Il trouve d’abord son équation d’état,
pV = RT (8.14)
puis, à l’aide de mesures à pression puis à volume constants il trouve les capacités thermodynamiques
suivantes
5
Cp = R (8.15)
2
3
CV = R (8.16)
2
À partir de ces résultats il peut calculer la di¤érence d’énergie interne et la di¤érence d’entropie entre
deux états macroscopiques i et f donnés. Les résultats seront indépendants de l’état intermédiaire A
apparaissant dans le chemin choisi pour aller de i à f: Ce chemin est illustré à la Fig.(8-3). On sait
qu’on peut utiliser des processus quasi-statiques pour calculer les di¤érences d’énergie et d’entropie
puisque ce sont des fonctions d’état. Le calcul con…rme que le résultat ne dépend que des propriétés
des points i et f:
Calcul de la di¤érence d’énergie Pour un processus quasi-statique on a
dE = T dS pdV (8.17)
or,
d=Q dS 5
Cp =T = R (8.19)
dT p dT p 2
et de plus sur ce bout de chemin la pression est constante et égale à pi ; d’où,
Z Z
EA Ei = Cp dT pi dV
5
= R (TA Ti ) pA (VA Vi ) (8.20)
2
3 Tf Vf
Sf Si = R ln + R ln (8.31)
2 Ti Vi
" #
3=2
Tf Vf
= R ln (8.32)
Ti Vi
Sachant S (E; V ) ; on peut calculer température, pression, les chaleurs spéci…ques etc... puisque
1 p
dS = dE + dV
T T
S (E; V ) contient toute l’information thermodynamique, soit T; p; les chaleurs spéci…ques etc.... Comme
l’entropie est une fonction concave croissante, on peut trouver à partir de S (E; V ), sans perte d’infor-
mation, S (T; V ) ; S (E; p) ; S (T; p) ; au choix: Cependant, si on ne connaît que S (T; V ) ; par exemple,
on ne peut retrouver E (T; V ) puisque l’équation dE = T dS doit être intégrée à volume constant ce
qui implique que la constante d’intégragion peut dépendre de V:
pour obtenir
@S @S @T @S @V
= + (8.42)
@T p @T V @T p @V T @T p
Le résultat recherché s’obtient facilement d’ici à l’aide de
@S @S @S @V
Cp = T =T +T (8.43)
@T p @T V @V T @T p
@S @V
= CV + T (8.44)
@V T @T p
C’est le résultat recherché. Il su¢ t de connaître l’équation d’état pour calculer les dérivées partielles à
droite. Dans les tables, plutôt que (@p=@T )V on retrouve plutôt d’habitude les quantités suivantes qui
ont une signi…cation physique claire : a) Le coe¢ cient de dilatation thermique isobare
1 @V
V @T p
(8.47)
1 @V
T V @p (8.48)
T
On peut réexprimer notre relation entre Cp et CV en écrivant (@p=@T )V à l’aide de ces deux quantités.
En e¤ et,
@p @p
dp = dT + dV (8.49)
@T V @V T
implique
@p @T @V
= 1 (8.50)
@T V @V p @p T
(comme nous aurions pu le déduire directement de notre relation générale Éq.(5.24)). Utilisant et
T , la relation entre Cp et CV s’écrit
2
( @V
@T )p 2
Cp CV = T = TV : (8.51)
( @V
@p )T
T
C’est la relation dite de Robert Mayer. Nos notions intuitives nous disent que la capacité calori…que à
pression constante sera identique à celle à volume constant si le corps ne change pas de volume lorsque
la température change. Ceci est bien en accord avec ce que nous dit le numérateur du membre de droite
de l’expression ci-dessus.
Exemple 92 Pour trouver toute l’information thermodynamique sur un corps, une mesure de p (V; T )
et de CV (T ) pour un seul volume su¢ sent pour obtenir F (T; V ) et donc toute l’information thermo-
dynamique.
Exemple 93 Dans le processus d’étranglement Joule-Thomson, l’enthalpie est constante. De là on
trouve " #
@T 1 @V
= T V (8.52)
@p H Cp @T p
Comme prélude à la physique statistique, nous devons discuter brièvement de la théorie des proba-
bilités et des statistiques.
La notion intuitive de probabilité nous dit que dans l’ensemble des événements possibles, la proba-
bilité d’un événement correspond à la fraction de fois que l’événement en question apparaît. Ainsi, si
on numérote les événements de 1 à N; on a la condition de normalisation
N
X
Pi = 1 (8.53)
i=1
Si à chaque événement est associé un nombre ui ; la valeur moyenne et la variance sont dé…nis par
N
X
hui = ui Pi (8.54)
i=1
N N
!2
2
X X
2 2
= u hui = u2i Pi ui Pi (8.55)
i=1 i=1
D E
2
= (u hui) (8.56)
Notre résultat le plus important pour l’analyse combinatoire est que le nombre de façons de choisir
n objets parmi N; lorsqu’on ne se préoccupe pas de l’ordre dans lequel le choix est fait, est donné par
N!
(8.57)
n! (N n)!
Lorsqu’on manipule les factorielles pour des nombres grands, la formule de Stirling est d’un grand
secours.
ln N ! N ln N N (8.59)
Notre premier exemple est celui de la marche aléatoire. Si la probabilité de faire un pas à droite
est p et la probabilité de faire un pas à gauche est q; alors la probabilité de faire un pas à droite, puis
un pas à gauche, est donnée par pq; comme on peut facilement le déduire à partir des lois pour ET
ci-dessus. La probabilité d’en faire un à droite et un à gauche, sans égard à l’ordre dans lequel les pas
La moyenne de n et l’écart type se déduisent facilement en utilisant un petit truc qui revient constam-
ment, en particulier dans les calculs dans l’ensemble canonique.
N
X N
@ X N 1
nWN (n) = p WN (n) = N p (p + q) = Np (8.62)
n=0
@p n=0
2
n2 hni = N pq (8.63)
Les deux derniers résultats sont valables même lorsque la limite gaussienne n’est pas atteinte. Ils ne
sont des conséquences que de l’indépendance statistique.
On doit d’abord distinguer les états macroscopiques et les états microscopiques de la matière.
Un état microscopique est spéci…é en mécanique classique en donnant l’ensemble des coordonnées
et des moments conjugués de chacune des particules. Autrement dit, il faut donner les coordonnées
d’un point dans l’espace des phases. Pour N particules en trois dimensions, l’espace des phases a 6N
coordonnées. En mécanique quantique, un état microscopique est spéci…é par les nombres quantiques qui
caractérisent un état stationnaire de l’équation de Schrödinger. Le principe d’incertitude de Heisenberg
nous amène à établir la correspondance entre la description classique et la description quantique en
divisant l’espace de phase classique en sous-volumes de dimension h3N :
Un état macroscopique est spéci…é par la valeur des quantités conservées et des champs extérieurs,
soit par exemple, E; N; P; L;V; g; H: Ainsi, plusieurs états microscopiques correspondent en général au
même état macroscopique.
Dans l’ensemble microcanonique, on considère des systèmes isolés du reste de l’univers et qui ont
été laissés su¢ samment longtemps à eux-mêmes pour avoir atteint l’équilibre thermodynamique. Dans
cet ensemble, l’énergie de chacun des systèmes de l’ensemble est égale à E (0) avec une incertitude E (0) :
Le postulat de base de la physique statistique nous dit que tous les états microscopiques qui cor-
respondent au même état macroscopique dans l’ensemble microcanonique ont la même probabilité à
priori. Ainsi, si tot est le nombre total d’états microscopiques correspondant à un état macroscopique
donné, alors la probabilité que le système soit dans un état microscopique donné est 1= tot :
Comme d’habitude en probabilité, on utilise notre postulat de base sur les probabilités à priori
pour en déduire la probabilité pour des situations plus complexes. Par exemple, on peut utiliser notre
postulat de base pour trouver la probabilité que la partie droite du système illustré à la Fig.(8-4) ait
une énergie totale E; étant donné que l’énergie du système au complet est égale à E (0) :
0
(E) E0 E
P (E) = (8.67)
tot
Dans cette expression, (E) est le nombre d’états microscopiques correspondant à l’état macroscopique
où la partie droite du système a une énergie totale E. De même, 0 E 0 E est le nombre d’états
microscopiques correspondant au cas où la partie gauche du système a une énergie totale E (0) E:
Notons en passant que même si ce n’est pas spéci…é ici, est une fonction de toutes les variables
macroscopiques E; N; P; L;V; g; H : : : C’est une quantité qui peut être calculée uniquement à partir des
lois de la mécanique (classique ou quantique).
Le nombre d’états microscopiques correspondant à une énergie donnée E E croît très rapidement
en fonction de l’énergie. Des considérations spéci…ques sur le cas du gaz parfait (ou des considérations
très générales basées sur la division du système en f parties statistiquement indépendantes) nous
amènent à la conclusion que pour un système macroscopique,
f
E
(E) / (8.68)
f
@ ln @V @E
= 1 (8.75)
@V E;N @E ;N @ ln V;N
@ ln 1
(kB T )V;N = 1 (8.76)
@V E;N p
où nous avons utilisé, en plus de la relation pour la température,
@E
= p; (8.77)
@V ;N
une relation qui n’est valable que parce que la probabilité des états ne change pas lorsque est
gardé constant dans l’ensemble canonique. Dans ce cas, la dérivée d’une valeur moyenne est égale à la
valeur moyenne de la dérivée. Un raisonnement analogue s’applique pour relier @ ln =@N au potentiel
chimique.
Dans le cas général où les contraintes x et l’énergie totale changent, on prouve que le changement
correspondant du nombre d’états accessibles est donné par
@ ln X @ ln @E
d ln = dE + dx (8.78)
@E @E @x
ce qui se réécrit
@E X @E
dE = d ln + dx (8.79)
@ ln @x
Évidemment, la mécanique statistique nous donne plus que les valeurs moyennes (qui sont obtenues
des mesures thermodynamiques) elle nous donne toute la distribution de probabilité. Pour un système
macroscopique, les ‡uctuations des variables E; N; V etc... sont données par une gaussienne. Pour être
plus spéci…que, partons de notre résultat précédent pour la distribution de probababilité de l’énergie
d’un sous-système dans l’ensemble microcanonique Éq.(8.67)
" #
(E) 0 E 0 E 1 S (E) S 0 E (0) E
P (E) = = exp + : (8.83)
tot tot kB kB
Cette dernière forme était la préférée d’Einstein qui aimait bien l’utiliser pour déduire des propriétés
statistiques à partir de mesures thermodynamiques de l’entropie. Nous nous attendons à ce que la
probabilité devienne rapidement négligeable si E dévie appréciablement de sa valeur maximale. Néan-
moins, ce n’est pas une bonne idée de développer (E) autour de la valeur E e où P est maximale
f
puisque E e+ E Ee f 1 + f E + : : : converge peu rapidement, f étant un nombre très grand qui
E
E
rend le paramètre de développement f E inutilisable. Par contre, le logarithme a une meilleure série
de Taylor puisque
f E
e+ E
ln E e+ E =f
= f ln E e + ln 1 +
ln E (8.84)
e
E
e+ 1+ E
f ln E + ::: (8.85)
e
E
Il est donc préférable de développer l’entropie dans l’expression pour la probabilité. On obtient
1 @S @S 0 1 @2S @2S0
P (E) / exp E+ + E2 + : : : (8.86)
kB @E @E 0 2kB @E 2 @E 02
Comme les températures sont égales à l’équilibre, le terme linéaire disparaît et il ne reste que
1 E2
P (E) / exp : (8.87)
2 2
L’analyse dimensionnelle révèle que @ 2 S=@E 2 / f 1 . Donc, dans le cas particulier où le sous-système
prime est énorme par rapport à l’autre, on a @ 2 S 0 =@E 02 @ 2 S=@E 2 ; ce qui nous permet de réécrire,
en utilisant la dé…nition de la température et de la capacité calori…que,
2 2 kB kB @E
= E2 hEi = @2S
= @T 1
= kB T 2 = kB T 2 CV : (8.88)
@E 2 @E
@T
Étant donné un modèle microscopique, dans l’ensemble microcanonique les calculs se font simple-
ment en calculant le nombre d’états accessibles : De là on obtient l’entropie et on en déduit le reste
des variables thermodynamiques à partir de dérivées partielles. Rappelons deux exemples, celui du gaz
parfait et celui du système des spins indépendants.
Gaz parfaits
Le nombre total d’états ayant une énergie plus petite que E est donné par
Z Z
1
(E) = 3N dr1 dr2 : : : drN dp1 dp2 : : : dpN (8.89)
h
où l’intégrale sur les coordonnées spatiales doit être faite à l’intérieur du volume V et l’intégrale sur
les moments linéraires est contrainte par la relation
XN
p2i
E (8.90)
i=1
2m
Comme le volume d’une sphère de dimension 3N est proportionnelle à son rayon à la puissance 3N; on
p 3N
peut déduire que l’intégrale sur les quantités de mouvement sera proportionnelle à 2mE : Donc,
@ (E) E
S = kB ln = kB ln E / kB ln V N E 3N=2 (8.92)
@E E
E
/ N kB ln V E 3=2 + ln N kB ln V E 3=2 : (8.93)
E
1 @S 3N kB
= = (8.94)
T @E 2E
ou
3
E= N kB T (8.95)
2
@E 3 3
CV = = N kB = R (8.96)
@T 2 2
où est le nombre de moles. De même, l’équation d’état est
p @S N kB R
= = = (8.97)
T @V V V
Finalement, utilisant la relation entre énergie et température, la di¤érence d’entropie entre deux états
macroscopiques s’écrit,
3=2
!
Tf Vf
S (Tf ; Vf ) S (Ti ; Vi ) = R ln 3=2
: (8.98)
Ti Vi
E= (n" n# ) H (8.99)
où
N = n" + n# (8.100)
Comme d’habitude, on cherche le nombre d’états accessibles
N!
= n" (8.101)
n" !n# !
où n" s’obtient facilement à partir de l’incertitude sur l’énergie. De là on peut faire tous les calculs
thermodynamiques en utilisant la formule de Stirling pour les factorielles et en utilisant
N E
n# = + (8.102)
2 2 H
N E
n" = : (8.103)
2 2 H
En e¤et, on trouve alors facilement, en négligeant encore ln n" devant N ln n"
N E N E
ln (E) = N ln N + ln +
2 2 H 2 2 H
N E N E
ln : (8.104)
2 2 H 2 2 H
Comme avant, les dérivées font le reste du travail
1 @ ln 1 N H E
= kB = kB ln :
T @E 2 H N H +E
On retrouve l’équation d’état en inversant cette formule pour trouver E (T ). En e¤et,
(n" n# ) E H
m= = = tanh : (8.105)
N NH kB T
Retournons à notre ensemble microcanonique divisé en deux parties. Dans le cas où un des deux
sous-systèmes, disons le sous-système prime, est un réservoir, la distribution de probabilité pour le plus
petit des deux systèmes se trouve facilement par une série de Taylor
0
0 @ ln
(E) 0
E0 E (E) exp ln E0 @E 0 E
P (E) = = (8.106)
tot tot
E
= C (E) exp (8.107)
kB T
où C est une constante de normalisation. La probabilité d’obtenir un état microscopique donné se
déduit du cas (E) = 1: C’est la distribution canonique
Er
e
P (Er ) = (8.108)
Z
@ ln Z X e Er
= Er = hEi (8.110)
@ r
Z
@ 2 ln Z 2 @ hEi @T @ hEi
= E2 hEi = = = kB T 2 C V : (8.111)
@ 2 @ @ @T
Ce dernier résultat est le résultat d’Einstein, obtenu précédemment dans l’ensemble microcanonique.
Remarque 232 La distribution des ‡uctuations d’énergie autour du maximum demeure décrite par
une gaussienne.
La pression s’obtient de
1 @ ln Z X @Er e Er
p= = (8.112)
@V r
@V Z
La fonction de partition a la propriété intéressante que pour N systèmes indépendants,
Z = Z1 Z2 : : : ZN (8.113)
ln Z = ln e
E e
E (8.116)
d’où
kB T ln Z = E (kB ln ) T = E T S = F: (8.117)
Applications
Nous passerons très rapidement sur les applications qui devraient être encore fraîches à votre mé-
moire. Le calcul pour le gaz parfait se fait maintenant simplement
Z Z PN p2i
1 1
Z = 3N
dr dr
1 2 : : : dr N dp1 dp2 : : : dpN e i=1 2m (8.118)
N! h
Z N Z 3N
1 VN p2 1 VN p2
= dpe 2m = dpe 2m (8.119)
N ! h3N N ! h3N
1 VN p 3N
= 3N
2 mkB T : (8.120)
N! h
@F @ (kB T ln Z)
S = = (8.121)
@T V @T V
3=2 V 5
= N kB ln (2 mkB T ) + N kB : (8.122)
N h3 2
Il est aussi facile de déduire, dans le cas classique, que chaque variable (coordonnée ou moment
conjugué) qui apparaît de façon quadratique dans l’expression pour l’énergie donne une contribution
de 21 kB T à l’énergie moyenne. Ce résultat s’applique tout de suite au mouvement Brownien. Il permet
aussi de retrouver la loi de Dulong et Petit pour la chaleur spéci…que molaire des solides isolants
cV = 3R: En e¤et, les atomes oscillent autour de leur position d’équilibre. Le théorème d’équipartition
donne kB T par oscillateur harmonique et il y a 3N oscillateurs dans un solide de N atomes.
La loi de Dulong et Petit ne fonctionne plus à basse température. En calculant la fonction de
partition pour un oscillateur harmonique quantique, on trouve facilement la chaleur spéci…que pour un
solide formé de 3N oscillateurs de fréquence égale. C’est le modèle d’Einstein. Celui-ci satisfait bien la
troisième loi de la thermodynamique, contrairement à Dulong et Petit.
Finalement, une autre application simple de la fonction de partition est le paramagnétisme. Nous
avons fait le cas plus général, mais dans le cas d’un système de N spins 1=2 indépendants par exemple,
on calcule facilement
H N
Z= e +e H (8.123)
H H
@ ln Z e e H
E= = N H H H
= N H tanh (8.124)
@ e +e kB T
comme nous avions trouvé ci-dessus de façon beaucoup plus compliquée dans l’ensemble microcano-
nique.
(E; N ) e (E N)
P (E; N ) = P (E 00 N 00 )
: (8.129)
E 00 ;N 00 (E 00 ; N 00 ) e
Comme tous les états microscopiques ayant la même énergie et le même nombre de particules sont
équiprobables, nous avons que pour un état microscopique r donné,
(Er Nr )
e
P (Er ; Nr ) = P (Er00 00 )
Nr
: (8.130)
00 ;N 00
Er e
r
Pour trouver la relation entre la grande fonction de partition et la fonction de partition grand canonique,
il su¢ t de réécrire la somme sur les états microscopiques r d’énergies Er en regroupant tous les états
microscopiques r0 ayant le même nombre de particules et des énergies Er0 (N ), puis de sommer sur tous
les nombres de particules possibles
X X X
(T; ) = e (Er Nr ) = e (Er0 (N ) N ) (8.131)
Er ;Nr N Er0 (N )
X X
Er0 (N ) N N
= e e = Z (T; N ) e : (8.132)
Er0 (N ) N
Partant donc de X
N
(T; V; ) = Z (T; V; N ) e (8.133)
N
qu’on évalue comme ci-dessus à l’aide de l’approximation du col, sachant que la distribution de proba-
bilité pour N est très piquée
ln (T; V; ) ' e +
F T; V; N e
N (8.135)
ce qui donne
0 1
e
@F T; V; N
@ A = (8.137)
e
@N
T;V
Formules utiles
Statistiques :
N! n N n:
Binomiale : WN (n) = n!(N n)! p q
2
hni = N p ; n2 hni = N pq:
Formule de Stirling : ln N ! N ln N N
1 (x )2
Gaussienne : P (x) = p21 2 exp 2 2
R 2 R 2
hxi = dxxP (x) = ; x2 hxi = dx (x ) P (x) = 2
PN
Théorème de la limite centrale : Si X = i=1 xi où les xi sont des variables statistiquement
indépendantes dont la distribution est identique, alors dans la limite N ! 1 la distribution de
probabilité pour X est une gaussienne caractérisée par la valeur moyenne = N hxi et la variance
2 2 2
= N x2 hxi : Les résultats = N hxi et 2 = N x2 hxi sont valables pour tout
processus aléatoire qui est la somme de N variables statistiquement indépendantes distribuées de façon
identique.
Ensemble microcanonique :
Thermodynamique :
Première loi : E = Q W où Q est la chaleur absorbée par le système et W le travail fait par le
système. Pour un processus quasistatique sur une substance homogène où le nombre de particules est
constant, dE = T dS pdV:
Deuxième loi : S 0 pour un système isolé. Pour un processus quasistatique dS = dQ=T:
/
Gaz parfaits
Équation d’état : pV = N kB T
Énergie interne : E = 23 N kB T
Entropie : S (E; V; N ) = kB ln V N E 3N=2 + cte
Dans un processus adiabatique : pV = cte ( = 5=3 pour un gaz monoatomique)
Dans la vie de tous les jours, nous avons tendance à accorder plus de signi…cation qu’ils ne le
méritent à des sondages (vox pop) faits avec de petits nombres. Par exemple, supposons qu’on sache,
suite aux élections, qu’une candidate a été la favorite de 60% de l’électorat.
a) (1.5 points) Si, juste avant l’élection, vous aviez questionné 5 personnes au hasard pour leur
demander pour qui elles voteraient, quelle est la probabilité que 60% d’entre eux, c’est-à-dire 3=5, vous
aient dit qu’elles voteraient pour la candidate favorite ? Identi…ez bien les hypothèses que vous faites
et donnez une valeur numérique pour le résultat.
b) (1.5 points) Quelle est la probabilité que, à partir de ces 5 personnes sondées, vous ayez conclu
qu’elle ne sera pas élue ? (Donnez aussi la valeur numérique).
Solution : a) (0.5 point) Soit p = 0:6 la probabilité qu’un électeur choisisse la candidate favorite. (0.5
point) La probabilité que 3 personnes sur 5 me disent qu’elles allaient voter pour ce candidat est
donnée par une binomiale si on fait l’hypothèse que les personnes sondées sont choisies au hasard
et que leurs réponses sont indépendantes. (0.5 point) La réponse à la question est donc
5! 3 2 3 2
p q = 10 (0:6) (0:4) = 0:346 :
3!2!
b) (0.5 point) Il faut calculer la probabilité que 0; 1; ou 2 personnes seulement nous répondent
qu’elles allaient voter pour elle. (0.5 point) Il faut additionner ces probabilités puisqu’on a un
“ou” et que ce sont des résultats complémentaires. (0.5 point) La réponse est donc
5! 2 4 5 4 2 3
q 5 + 5pq 4 + p q = (0:4) + 5 (0:6) (0:4) + 10 (0:6) (0:4) = 0:317 :
3!2!
Remarque Vous aurez ici l’occasion de montrer vos connaissances des concepts de fonction généra-
trice, de moyenne, variance, écart-type, de processus statistiquement indépendants et du théorème
de la limite centrale ainsi que vos connaissances sur les probabilités pour les variables continues.
Soit une variable aléatoire réelle positive dont la densité de probabilité sur l’intervalle [ 1; 1] est
donnée par la densité de probabilité exponentielle
1 jxj
P (x) = e : (A.1)
2
a) (1 point) Montrez que cette densité de probabilité est normalisée.
b) (2 points) Calculez la fonction génératrice des moments.
c) (2 points) À l’aide de la fonction génératrice he x i, calculez la valeur moyenne hxi et la variance
2
x2 hxi de cette densité de probabilité.
Soit la variable aléatoire
N
1 X
m= xi (A.2)
N i=1
obtenue en tirant N valeurs de x en utilisant la densité de probabilité P (x) ci-dessus à chaque fois qu’on
tire une valeur de x. Chaque valeur de x obtenue est statistiquement indépendante des précédentes.
2 2
d) (1 point) Trouvez hmi et m2 hmi en fonction de N et de hxi et x2 hxi : Comme
d’habitude vous pouvez utiliser sans démonstration les résultats trouvés en classe mais en justi…ant
pourquoi ils sont applicables.
e) (1 point) Quelle est la distribution de probabilité de la variable m pour N très grand ? Justi…ez
brièvement, en mots, votre réponse.
Solution
a) Normalisation (1 point)
Z 1 Z 1 Z 1
1 jxj x x 1
P (x) dx = e dx = e dx = e 0
=1 (A.3)
1 1 2 0
e) (0.5 point) Comme X est la somme de N variables indépendantes distribuées identiquement, dans
la limite où N est grand, la (0.5 point) distribution de probabilité pour X est une gaussienne et
celle de m aussi.
Remarque Ce problème véri…e si vous avez bien saisi la notion d’ensemble microcanonique et le
postulat de base.
Soit un système formé de quatre spins dont l’énergie est donnée par l’expression
E = J (S1 S2 S3 S4 ) : (A.9)
Les spins dans cette expression peuvent prendre les valeurs Si = +1 ou Si = 1 seulement (les
constantes nécessaires pour avoir les bonnes unités sont dans le dé…nition de J). Sachant que l’énergie
totale du système est égale à J; trouvez dans l’ensemble microcanonique la probabilité que S1 S2 prenne
la valeur +1: Utilisez des arguments combinatoires pour expliquer comment on s’assure d’avoir énuméré
tous les états microscopiques cohérents avec la contrainte macroscopique que l’énergie totale est égale
à J:
Solution (1 point) Il faut énumérer toutes les con…gurations ayant la même valeur de l’énergie totale.
La seule façon d’avoir J est qu’il y ait un nombre pair de spins avec le même signe: On trouve
donc
Con…guration Énergie totale
+ + ++ J
J
++ J
+ + J (A.10)
++ J
++ J
+ + J
++ J
(0.5 point) Pour véri…er qu’on a compté toutes les possibilités, notez qu’il y a deux façons d’avoir
les 4 spins (un nombre pair) dans la même direction, soit tous en haut ou tous en bas. (0.5 point)
Quant au cas ou deux spins ont la même direction, il y a 4!=(2!2!) = 6, possibilités, ce qui est
bien ce qu’on trouve.
(0.5 point) Il y a 8 états microscopiques, tous équiprobables. (0.5 point) Il y a quatre états micro-
scopiques satisfaisant S1 S2 = +1; soit les trois premiers et le sixième. La probabilité est donc
4=8 = 1=2:
Remarque Ce problème véri…e si vous avez bien saisi la notion d’entropie, de fonction d’état, d’irré-
versibilité et de probabilités d’états macroscopiques.
En fonction de l’énergie, du volume et du nombre de particules, l’entropie d’un gaz parfait est
donnée par la loi de Sackur-Tetrode
" #
3=2
4 E V 5
S (E; V; N ) = N kB ln m + N kB (A.11)
3N N h3 2
a) (0.5 point) À partir de cette formule, obtenez une expression pour la température en fonction
des autres paramètres.
b) (0.5 point) Utilisant le résultat précédent, réécrivez l’expression pour l’entropie en fonction
T; V; N:
c) (1 point) Deux gaz parfaits sont mis en contact thermique. Leur volume et leur nombre de
particules est …xe. Au départ, le système A a une température T A et le système B une température
T B : Supposons qu’une fois mis en contact thermique, ils atteignent tous les deux l’équilibre à la
température T: Quels sont les changements d’entropie, S A et S B , de chacun des systèmes.
d) (0.5 point) Le résultat dépend-il du fait que l’équilibre ait été atteint dans la limite quasi-statique
ou non ? Pourquoi ? p
e) (1 point) Sachant que le processus décrit en (c) est irréversible, montrez que T > T A T B , quelles
que soient les valeurs des températures de départ et de la température d’équilibre et quelles que soient
N et V pour chacun des systèmes.
f) (1.5 points) Trouvez le rapport entre la probabilité de l’état macroscopique initial et celle de l’état
macroscopique …nal en fonction de S A et S B . Pourquoi ce rapport est-il plus petit que l’unité ?
1 @S 3
= = N kB : (A.13)
T @E V;N 2E
b) (0.5 point) On remplace E=N par son expression en fonction de la température. On obtient
3=2 V 5
S (T; V; N ) = N kB ln (2 mkB T ) + N kB (A.14)
N h3 2
c) (0.5 point) Le changement d’entropie s’obtient par soustraction. (0.5 point) Comme il n’y a
que la température qui change, on a, utilisant ln a ln b = ln (a=b)
3=2
T
SA = N kB ln (A.15)
TA
3=2
T
SB = N kB ln : (A.16)
TB
d) (0.5 point) Le résultat ne peut pas dépendre de la façon dont l’équilibre thermique est atteint
parce que S est une fonction d’état. On peut calculer sa valeur dans n’importe quel état si on
connaît E; V; N ou T; V; N .
A B SA SB
P =C = C exp + : (A.18)
kB kb
(0.5 point) Donc le rapport des probabilités est donné par
P T A; T B SA SB
= exp : (A.19)
P (T; T ) kB kb
(0.5 point) Ce rapport est plus petit que l’unité parce que SA + S B > 0 puisque le processus
est irréversible.
Remarque On véri…e ici votre connaissance des processus quasi-statiques, du travail, de la chaleur,
de la première loi de la thermodynamique et des gaz parfaits.
Soit un gaz parfait classique, monoatomique. Le nombre d’atomes N est …xe. Supposons qu’on le
fasse passer d’une température T1 et d’un volume V1 à une autre température et volume, soient T2
et V2 ; où T2 < T1 et V2 > V1 : En plus, on a que les températures initiales et …nales sont reliées par
3=2 3=2
T1 V1 = T2 V2 :(Cela se voit à partir de la relation de Sackur Tetrode). Nous allons faire ce passage
de deux façons et déduire quelle est la chaleur absorbée par le gaz pour chacune des deux façons.
a) (3 points) Tout d’abord, on isole le système thermiquement et on laisse le gaz faire un travail
quasi-statique. Est-ce que l’entropie change dans ce cas ? Calculez le travail fait par le gaz pour passer
de l’état initial a l’état …nal, vous souvenant que T 3=2 V = cste pour ce type de processus.
Solution : (0.5 point) Comme le processus est quasi-statique et que le système est isolé, l’entropie ne
3=2 3=2
change pas. Comme T1 V1 = T2 V2 pour le cas qu’on considère, cela veut dire que les deux
états sont reliés par un processus adiabatique et donc E2 E1 = W: Nous nous attendons donc
à obtenir W = 23 kB (T1 T2 ) : Véri…ons ce résultat. (0.5 point) Le travail W fait par le gaz pour
un processus quasi-statique peut être calculé à partir de
Z Vf
W = p (V ) dV (A.20)
Vi
pV = N kB T (A.21)
E = Q W (A.28)
3 V2
N kB (T2 T1 ) + N kB T1 ln = Q (A.29)
2 V1
Note : Ce processus est irréversible. L’entropie du réservoir aura changée alors que celle du
système est la même.
Fin de l’exam en
Formules utiles
Statistiques :
N! n N n:
Binomiale : WN (n) = n!(N n)! p q
2
hni = N p ; n2 hni = N pq:
Formule de Stirling : ln N ! N ln N N
1 (x )2
Gaussienne : P (x) = p21 2 exp 2 2
R 2 R 2
hxi = dxxP (x) = ; x2 hxi = dx (x ) P (x) = 2
PN
Théorème de la limite centrale : Si X = i=1 xi où les xi sont des variables statistiquement
indépendantes, alors dans la limite N ! 1 la distribution de probabilité pour X est une gaussienne
2
caractérisée par la valeur moyenne = N hxi et la variance 2 = N x2 hxi :
Thermodynamique :
Première loiR : E = Q W où Q est la chaleur absorbée par le système et W le travail fait par le
système W = pdV par exemple . Pour un processus quasistatique sur une substance homogène où
le nombre de particules est constant, dE = T dS pdV:
Deuxième loi : S 0 pour un système isolé. Pour un processus quasistatique dS =6 dQ=T:
Troisième loi : l’entropie tend vers une constante indépendante des paramètres extérieurs lorsque
T ! 0:
Pour une substance homogène où on garde le nombre de particules constant, il n’y a que deux va-
riables indépendantes qui peuvent être choisies arbitrairement parmi les cinq fonctions d’état suivantes :
p; V; T; S; E:
Supposons qu’on choisisse V et T comme variables indépendantes, alors un changement de V et
T produit un changement de E qui peut se calculer à partir de dE = @E @E
@T V dT + @V T dV: Les
changements de S et p se calculent de façon analogue.
Pour E (T; V ) on a que @E @T @V
@T V @V E @E T = 1:
Potentiels thermodynamiques pour une substance homogène :
H = E + pV ; F = E T S ; G = E T S + pV ; J = E T S N
dE = T dS pdV + dN ; dH = T dS + V dp + dN
dF = SdT pdV + dN ; dG = SdT + V dp + dN
dJ = SdT pdV N d
Lorsqu’on a un système magnétique, V ! M et p ! H
Relations de Maxwell : Poser l’égalité des dérivées croisées de n’importe lequel des potentiels ther-
@p
modynamiques ci-dessus. Exemple : @F @T V = S et @V@F
T
= p donc @V @S
T
= @T
V
6dQ dS
Dé…nition de la capacité calori…que à y constant :Cy dT =T dT y
y
Ensemble microcanonique :
Ensemble canonique :
Er
Probabilité pour un état microscopique
P donné : Pr = e =Z ( = 1=kB T ) :
Fonction de partition : Z = r e Er
Valeurs moyennes :
@ ln Z
E= @ ; p = 1 @@Vln Z
T;N
V;N
2 @ 2 ln Z
Fluctuations : E 2 E = @ 2 V;N
Théorème d’équipartition : Dans la limite classique, chaque coordonnée généralisée ou moment
conjugué apparaissant quadratiquement dans l’expression pour l’énergie donne une contribution 12 kB T
à l’énergie.
Valeurs moyennes :
@ ln
E N= @ ; p = 1 @@V ln
T;
V;
Entropie et chaleur :
P
Dans tous les ensembles statistiques, S = kB r Pr ln Pr où la somme est sur tous les états
microscopiques r de probabilité
P Pr . P
dE = T dS dW / = r Er dPr + r Pr dEr . Donc la chaleur correspond au changement d’énergie
venant d’un changement de la probabilité d’occupation des états microscopiques.
Remarque : Répondez en quelques phrases concises seulement. Des équations simples peuvent aussi
être utilisées si nécessaire.
a) (1 point) Soit " une séparation typique des niveaux d’énergie d’un système quantique pouvant
prendre de très grandes valeurs de l’énergie. Quelle inégalité entre " et kB T doit être obéie pour que
la limite classique s’applique à ce système ? Expliquez brièvement votre résultat.
b) (1 point) Quelle est l’expression qui relie l’entropie S et la probabilité de chaque état microsco-
pique Pr et qui est valable pour tous les ensembles de physique statistique à l’équilibre ? Dites quelle
méthode doit être uilisée pour dériver les ensembles statistiques à partir de cette expression.
c) (1 point) Pourquoi, physiquement, la chaleur spéci…que à pression constante est-elle toujours
plus grande que la chaleur spéci…que à volume constant ?
d) (1 point) Dé…nissez la chaleur. Peut-on parler de la chaleur contenue dans un corps ?
e) (1 point) Quel potentiel thermodynamique doit-on dériver par rapport au volume pour obtenir
la pression lorsque T et N sont gardés constants ? Même question lorsque T et sont gardés constants.
f) (1 point) Écrire la transformation de Legendre permettant de passer entre les potentiels thermo-
dynamiques énergie libre de Helmholtz F et grand potentiel J.
Solution : a) (0.5 point) " kB T: (0.5 point) En e¤et, les niveaux dans un intervalle d’énergie
kB T seront peuplées et s’il y en a beaucoup, l’énergie aura l’air de pouvoir prendre des valeurs
continues, comme en mécanique classique.
P
b) (0.5 point) S = kB r Pr ln Pr : (0.25 point) Pour dériver les ensemble statistiques à partir de
cette expression, il faut la maximiser sujette à des (0.25 point) contraintes dont on tient compte
par la méthode des multiplicateurs de Lagrange.
c) (0.5 point) La chaleur spéci…que à y constant est donnée par
@S
Cy = T : (B.1)
@T y
Or,
T dS = dE + pdV: (B.2)
(0.5 point) Si on travaille à volume constant, toute la chaleur va en changement d’énergie interne.
À pression constante, une partie de la chaleur va en travail, donc pour une même quantité
de chaleur la température augmente moins vite, ce qui correspond à une plus grande chaleur
spéci…que. Cela se voit aussi directement de la relation de Robert Mayer donnée ci-haut : Cp =
2
CV + T V : La quantité ; qui est la compressibilité isotherme, doit être positive pour que le
système soit thermodynamiquement stable.
d) (0.5 point) Le changement d’énergie interne dans un contact thermique s’appelle la chaleur. (0.5
point) Selon le processus utilisé pour passer entre deux états d’équilibre thermodynamique, la
chaleur absorbée peut être di¤érente. On ne peut donc pas parler de la chaleur contenue dans un
corps.
e) (0.5 point) p = (@F=@V )T;N (0.5 point) p = (@J=@V )T; :
B
∆SBC = 0
∆SDA = 0 D
V
Fig. B-1 Représentation shématique d’un cycle moteur réversible comprenant deux adiabatiques.
f) (0.5 point) J (T; V; ) = F (T; V; N ) N où (0.5 point) N à droite de cette expression est exprimé
en fonction de T; V et à partir de (@F=@N )T;V = .
Remarque : Ce numéro véri…e vos connaissances sur les deux premières lois de la thermodynamique,
la dé…nition de la chaleur spéci…que et de l’entropie et sur ce qu’est un cycle réversible
Un moteur réversible fonctionne comme suit. De A à B la substance absorbe une certaine quantité
de chaleur qu’on peut déduire du changement de température absolue TB TA et de la valeur de la
capacité calori…que CAB qui est connue et dont la valeur est indépendante de la température (et du
volume): Du point B au point C; la substance subit une transformation adiabatique jusqu’au point C:
De C à D; de la chaleur est rejetée dans un réservoir. La capacité calori…que CCD est inconnue mais
on sait qu’elle est indépendante de la température (et du volume). Finalement, le système retourne au
point de départ A de façon adiabatique. Quelle est la valeur de CCD ainsi que la valeur du travail W
fait par la substance en fonction des quatre températures, TA ; TB ; TC et TD et de CAB ?
Solution : (1 point) Figure ou équivalent. (0.5 point) La première loi de la thermodynamique nous
dit que E = Q W; mais sur un cycle fermé, E = 0 donc,
(0.5 point) Les chaleurs peuvent se calculer connaissant les capacités calori…ques et les change-
ments de température. Comme ces capacités calori…ques sont indépendantes de la température
et du volume, on obtient
(0.5 point) Pour trouver l’inconnue qui nous manque, il faut noter que l’entropie est la même
en C et en B et qu’elle est aussi la même en A et en D: (0.5 point) Ceci veut dire que le
changement d’entropie entre les points correspondants est aussi le même, puisque le cycle est
(0.5 point) et substituant dans les équations précédentes pour le travail, on calcule
2 3
ln TTB
W = CAB 4(TB TA ) + (TD TC )5 :
A
(B.8)
TC
ln TD
Remarque : Là il faut penser à comment change l’enthalpie avec S et p, ce qu’est un processus Joule-
Thomson, comment irréversibilité, chaleur et entropie sont reliés ainsi que ce qu’est un processus
adiabatique.
Soit
3=5
5 2 2=5 2 s
H (s; p) = (p 0 ) e 5 R (B.9)
2 3
l’enthalpie par mole d’un gaz parfait, s l’entropie par mole et p la pression. La quantité 0 est une
constante et R est la constante des gaz parfaits.
a) (1 point) Calculez le changement d’entropie par mole dans un processus Joule-Thomson où la
pression chute de p1 à p2 (p2 < p1 ) :
b) (1 point) Le changement d’entropie précédent est-il positif ou négatif et pourquoi peut-il y avoir
un changement d’entropie alors qu’il n’y a pas d’échange de chaleur avec l’extérieur ?
c) (1 point) Étant donné l’expression précédente pour l’enthalpie, trouvez la température en fonction
de l’entropie et de la pression pour un gaz parfait, puis déduisez-en que T p 2=5 est une constante dans
une expansion adiatique (rien à voir ici avec le processus Joule-Thomson).
Solution a) (0.5 point) L’entropie par mole s’obtient en inversant cette formule :
H (s; p) 2 s
= e5 R (B.10)
5 2 3=5 2=5
2 3 (p 0)
" #
2s H (s; p)
= ln (B.11)
5R 5 2 3=5 2=5
2 3 (p 0)
Ceci est cohérent avec les résultats connus. Véri…cation (pas nécessaire) : Pour une mole de
1
gaz parfait pV = p (RT =p) = cte implique p1 T = cte ou T p = T p 2=5 = cte , car
= cp =cV = 5=3
@E @S
=T p: (B.16)
@V T @V T
@ ln Z @E
b) (1.5 points) Sachant que E = @ dans l’ensemble canonique, calculez @V T
et montrez
V
que le résultat obtenu dans l’ensemble canonique est identique à celui trouvé par la thermodynamique
en a).
c) (1 point) On a dé…ni la pression dans Pl’ensemble microcanonique comme la moyenne sur les états
microscopiques r de @Er =@V; soit p = r Pr (@Er =@V ), où Pr est la probabilité microcanonique
pour l’état r. Pourquoi dans cet ensemble peut-on aussi, sans P faire d’erreur, obtenir la pression de la
@E
dérivée de la valeur moyenne, soit, p = @V S ; où E = r Pr Er ; plutôt qu’à partir de la moyenne
de la dérivée (@Er =@V ) ? P
d) (0.5 point) Pouvez-vous expliquer brièvement à partir de E = r Pr Er pourquoi dans l’ensemble
canonique la dérivée de la valeur moyenne de l’énergie n’est pas égale à la valeur moyenne de la dérivée
@Er =@V pour chaque état microscopique ? (Pas de long calcul nécessaire)
Solution : a) Les dérivées partielles par rapport à V dont on parle sont prises à température constante.
(0.5 point) On peut facilement déduire de la thermodynamique dE = T dS pdV que
@E @S
=T p: (B.17)
@V T @V T
ce qui nous donne l’équation précédente lorsqu’on égalise les coe¢ cients de dV:
b) (1 point) La physique statistique dans l’ensemble canonique donne le même résultat que la ther-
modynamique lorsque la dérivée est prise à température constante. En e¤et,
@E @ @ ln Z @ @ ln Z
= =
@V T @V @ @ @V
@ @p
= ( p)V = p
@ @ V
@p
= T p (B.19)
@T V
(0.5 point) ce qui correspond bien au résultat trouvé ci-dessus par la thermodynamique Éq.(B.17)
@S @p
puisque @V T = @T est une relation de Maxwell.
V
P
c) (0.5 point) Comme la valeur moyenne est donnée par E = r Pr Er , la dérivée de la valeur moyenne
est
@E X @Pr X @Er
= Er + Pr : (B.20)
@V y r
@V y r
@V y
où y est la variable gardée constante. (0.5 point) La dérivée de l’énergie moyenne par rapport
à V n’est donc pas, en général, la même chose que la valeur moyenne de la dérivée de l’énergie
@E @E
par rapport à V; i.e. @V 6= @V :Dans l’ensemble microcanonique cependant, garder l’entropie S
constante revient à garder Pr constant car dans l’ensemble microcanonique, Pr = C exp (S=kB ) où
C est une constante de normalisation. Donc, le premier terme dans l’équation ci-dessus s’annule
lorsque S est gardée constante.
d) (0.5 point) On voit bien dans l’ensemble canonique que lorsque la dérivée est prise à température
constante, le premier terme de l’équation ci-dessus contribue car Pr dépend de V à travers Er (V )
et Z (T;P
V ). PAS NÉCESSAIRE MAIS INTÉRESSANT : On a prouvé en cours qu’en général
T dS = r Er dPr : Donc,
@S X @Pr
T = Er (B.21)
@V T r
@V T
qui est le premier terme de l’équation Eq.(B.20) pour la dérivée de l’énergie moyenne. Cette
dernière équation Eq.(6.218) est donc bien équivalente à ce que nous avons trouvé à partir de la
thermodynamique à l’équation Eq.(B.17).
Remarque : Vous tirerez pro…t de vos connaissances sur la distribution canonique, des valeurs moyennes
et de la dé…nition de la chaleur spéci…que.
Le “système à deux niveaux” est un modèle souvent utilisé en physique statistique. On pose un
système en contact avec un réservoir de chaleur et dont l’énergie ne peut prendre que deux valeurs,
soit "1 et "2 avec "1 < "2 :
a) (2 points) Sans calcul explicite, faites un graphique qualitatif de l’énergie moyenne du système
à deux niveaux en fonction de sa température en expliquant physiquement votre résultat (utilisez le
Solution (0.5 point) La population relative des deux niveaux est donnée par le facteur de Boltzmann
P2 "2 "1
= exp
P1 kB T
L’énergie moyenne est égale à "1 à très basse température puisqu’il n’y a que le fondamental qui
peut être peuplé (0.5 point) P2 =P1 ! 0. À très haute température, les deux niveaux d’énergie
doivent être également peuplés, (0.5 point) P2 =P1 ! 1; ce qui veut dire que l’énergie moyenne
doit être égale à "1 +"
2 : Le changement de comportement se produit lorsque la température est
2
égale environ à la di¤érence d’énergie entre les deux états (0.5 point) kB T = "2 "1 ; c’est-à-dire là
où les populations commencent à s’égaliser. Sur le graphique ci-dessous nous avons choisi "1 = 1;
"2 = 2; kB = 1: Le changement de comportement se produit autour de T = 1: L’atteinte du
comportement asymptotique vers une énergie moyenne 1:5 est un peu lente.
2=T 1=T
2e +e
"= e 2=T +e 1=T
1.5
y
1.0
0.5
0.0
0 1 2 3 4
x
T
Solution (0.5 point) Comme l’énergie est indépendante de la température dans les limites haute et
basse température, il faut que la chaleur spéci…que s’annule dans ces limites. La variation de
l’énergie subit un changement maximal positif autour de kB T = "2 "1 c’est donc là que la
chaleur spéci…que sera maximale (et positive évidemment !). (0.5 point) Le graphique a été tracé
pour "2 "1 = 1 et kB = 1:
1 e1=T
CV (T ) = T 2 (e1=T +1)2
y 0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
0 1 2 3 4
x
T
Remarque : Il faut se rappeler de la relation entre grande fonction de partition et grand potentiel,
et de l’expression pour l’entropie lorsqu’on la calcule à partir de J. (Voir les formules en début
d’examen).
Soit un niveau d’énergie " qui peut être occupé par un seul électron ou bien inoccupé. Ce niveau
d’énergie est en contact avec un réservoir de chaleur et de particules dont la température et le potentiel
chimique sont, respectivement, T et :
a) (0.5 points) Calculez la grande fonction de partition.
b) (1.5 points) À partir de ce résultat et de l’expression pour l’entropie dans l’ensemble grand
canonique, déduisez-en l’entropie comme fonction de T; .
(0.5 point) À partir de dJ = SdT pdV N d on voit que (0.5 point) (une ou l’autre de ces
formules compte pour la bonne réponse) :
(" )
@J (" ) e @
S = = kB ln e + 1 + kB T (" )
(" ) : (B.23)
@T T;V e +1 @T
Fin de l’exam en
Formules utiles
Statistiques :
N! n N n:
Binomiale : WN (n) = n!(N n)! p q
2
hni = N p ; n2 hni = N pq:
Formule de Stirling : ln N ! N ln N N
1 (x )2
Gaussienne : P (x) = p21 2 exp 2 2
R 2 R 2
hxi = dxxP (x) = ; x2 hxi = dx (x ) P (x) = 2
PN
Théorème de la limite centrale : Si X = i=1 xi où les xi sont des variables statistiquement
indépendantes dont la distribution est identique, alors dans la limite N ! 1 la distribution de
probabilité pour X est une gaussienne caractérisée par la valeur moyenne = N hxi et la variance
2 2 2
= N x2 hxi : Les résultats = N hxi et 2 = N x2 hxi sont valables pour tout
processus aléatoire qui est la somme de N variables statistiquement indépendantes distribuées de façon
identique.
Ensemble microcanonique :
Thermodynamique :
Première loi : E = Q W où Q est la chaleur absorbée par le système et W le travail fait par le
système. Pour un processus quasistatique sur une substance homogène où le nombre de particules est
constant, dE = T dS pdV:
Deuxième loi : S 0 pour un système isolé. Pour un processus quasistatique dS = dQ=T:
/
Gaz parfaits
Équation d’état : pV = N kB T
Énergie interne : E = 23 N kB T
Entropie : S (E; V; N ) = kB ln V N E 3N=2 + cte
Dans un processus adiabatique : pV = cte ( = 5=3 pour un gaz monoatomique)
Solution : a) (0.5 point) p = v=V la probabilité pour qu’une particule soit dans le volume v. La
probabilité qu’elle soit dans le volume V est (1 Vv ): (0.5 point) La probabilité que n particules
soient dans le volume v est donnée par la binomiale puisqu’on peut supposer que chaque particule
est indépendante, comme chaque pas dans la marche aléatoire.
N! v n v N n
1 : (C.1)
n! (N n)! V V
2 v v
b) (0.5 point) On peut utiliser la formule pour la variance et obtenir n2 hni = N V 1 V :
c) (0.5 point) Dans cette limite la distribution devient une distribution de Poisson.
Remarque Vous aurez ici l’occasion de montrer vos connaissances des concepts de moyenne, variance,
écart-type, de processus statistiquement indépendants et du théorème de la limite centrale ainsi
que vos connaissances sur les probabilités pour les variables continues.
Solution
a) Normalisation (1 point)
Z 1 Z a a
3 3 x3
P (x) dx = 3 x2 dx = =1 (C.3)
1 a 0 a3 3 0
donc,
2 3a2 9a2 3 2
x2 hxi = = a = 0:037 5a2
5 16 80
c) (0.5 point) Comme X est la somme de N variables indépendantes distribuées identiquement, (0.5
2 2 2
point) h i = X
N = N 3
N hxi = 4 a et
2
h i = N12 X 2 hXi = N1 x2 hxi =
1 3 2
N 80 a
d) (0.5 point) Comme X est la somme de N variables indépendantes distribuées identiquement, dans
la limite où N est grand, la (0.5 point) distribution de probabilité pour X est une gaussienne et
celle de aussi.
q
2
e) À l’aide des résultats obtenus en c), on a que l’écart-type (0.5 point) h 2 i h i divisé par la
moyenne h i est donnée par (0.5 point)
q q
2 3
h 2i h i 1 80 0:258 20
=p 3 = p (C.7)
h i N 4 N
Remarque Ce problème véri…e si vous avez bien saisi la notion d’ensemble microcanonique et le
postulat de base.
Soit un système formé de trois spins dont l’énergie est donnée par l’expression
E = J (S1 S2 + S1 S2 S3 ) : (C.8)
Les spins dans cette expression peuvent prendre les valeurs Si = +1 ou Si = 1 seulement (les
constantes nécessaires pour avoir les bonnes unités sont dans le dé…nition de J). Sachant que l’énergie
totale du système est égale à 0; trouvez dans l’ensemble microcanonique la probabilité que S1 S2 prenne
la valeur +1: Répondez à la même question lorsque l’énergie totale est +2J:
Solution (1 point) Il faut énumérer toutes les con…gurations ayant la même valeur de l’énergie totale.
La seule façon d’avoir zéro est que les deux termes aient un signe opposé: On trouve donc
Remarque Ce problème véri…e si vous avez bien saisi la notion d’entropie, de fonction d’état, d’irré-
versibilité et de probabilités d’états macroscopiques.
En fonction de l’énergie, du volume et du nombre de particules, l’entropie d’un gaz parfait est
donnée par la loi de Sackur-Tetrode
" #
3=2
4 E V 5
S (E; V; N ) = N kB ln m + N kB (C.9)
3N N h3 2
b) (0.5 point) On remplace E=N par son expression en fonction de la température. On obtient
3=2 V 5
S (T; V; N ) = N kB ln (2 mkB T ) + N kB (C.12)
N h3 2
c) (0.5 point) Le changement d’entropie s’obtient par soustraction. (0.5 point) Comme il n’y a
que la température qui change, on a, utilisant ln a ln b = ln (a=b)
3=2
T
SA = NA kB ln (C.13)
TA
3=2
T
SB = NB kB ln : (C.14)
TB
d) (0.5 point) Le résultat ne peut pas dépendre de la façon dont l’équilibre thermique est atteint
parce que S est une fonction d’état. On peut calculer sa valeur dans n’importe quel état si on
connaît E; V; N ou T; V; N .
e) (0.5 point) Comme le processus est irréversible et que l’ensemble des deux systèmes A et B est isolé,
il faut que S A + S B > 0. (0.5 point) Utilisant le résultat en (c) et supposant que NA = NB
on en déduit que
3=2
T2
S A + S B = N kB ln > 0: (C.15)
T AT B
Comme l’argument du ln doit être plus grand que l’unité pour que le ln soit positif, cela nous
donne l’inégalité recherchée.
f) (0.5 point) Pour le système combiné, on est dans l’ensemble microcanonique, donc avec C une
constante de normalisation, étant donné la dé…nition S = kB ln ;
A B SA SB
P =C = C exp + : (C.16)
kB kb
P T A; T B SA SB
= exp : (C.17)
P (T; T ) kB kb
(0.5 point) Ce rapport est plus petit que l’unité parce que SA + S B > 0 puisque le processus
est irréversible.
Remarque On véri…e ici votre connaissance des processus quasi-statiques, du travail, de la chaleur,
de la première loi de la thermodynamique et des gaz parfaits. Faites attention aux unités.
Dans un processus quasi-statique où il n’y a pas de chaleur échangée avec l’environnement, la
pression moyenne d’une certaine quantité de gaz dépend du volume de la façon suivante
5=3
P = V (C.18)
où est une constante que vous pourrez déterminer avec les données du problème.
a) (2.5 point) Trouvez d’abord la valeur numérique de ; puis le travail en joules fait par le système
lorsque la pression change de Pi = 32 105 Pa, à Pf = 1 105 Pa, sans échanger de chaleur avec
l’extérieur. On note qu’à ces pressions les volumes respectifs sont Vi = 1 103 cm3 et Vf = 8 103 cm3 .
Passons maintenant du même état initial au même état …nal, mais en laissant le système échanger
de la chaleur avec l’environnement. Quelle est la chaleur totale absorbée par le système si on va de i à
f mais des deux façons di¤érentes suivantes :
b) (2 points) en laissant le système se détendre du volume initial au volume …nal en ajoutant de
la chaleur au système pour garder sa pression constante, pour ensuite garder le volume constant en
extrayant de la chaleur pour réduire la pression à sa valeur …nale.
c) en répétant les étapes de (b) mais dans l’ordre inverse.
5=3 5=3
Solution a) (0.5 point) Il y a deux façons d’obtenir = Pi V i = Pf V f et numériquement (0.5
point)
5=3 5=3 5=3 5=3
= Pi V i = Pf Vf = 32 105 103 Pa cm5 = 1 105 8 103 Pa cm5
= 32 1010 Pa cm5 (C.19)
Le travail se calcule dans le cas sans chaleur échangée par la formule habituelle (0.5 point)
Z f Z f
P (V ) dV = dV (C.20)
i i V 5=3
1
= 48 1010 2
1 = 36 108 Pa cm3 = 36 102 Pa m3 = 3; 600 J
4
b) (0.5 point) Le résultat précédent donne la di¤érence d’énergie entre l’état initial et l’état …nal
parce que si Q = 0, alors E = Ef Ei = W = 3; 600 J. Il est normal que le gaz ait perdu
(0.5 point) Pour trouver la chaleur totale absorbée, on a pas besoin de savoir ce qui se passe à
chaque étape. Utilisant la conservation de l’énergie, on peut calculer
c) (0.5 point) Inverser l’ordre des opérations ne fait que renverser tous les signes.
Fin de l’exam en
Formules utiles
Statistiques :
N! n N n:
Binomiale : WN (n) = n!(N n)! p q
2
hni = N p ; n2 hni = N pq:
Formule de Stirling : ln N ! N ln N N
1 (x )2
Gaussienne : P (x) = p21 2 exp 2 2
R 2 R 2
hxi = dxxP (x) = ; x2 hxi = dx (x ) P (x) = 2
PN
Théorème de la limite centrale : Si X = i=1 xi où les xi sont des variables statistiquement
indépendantes, alors dans la limite N ! 1 la distribution de probabilité pour X est une gaussienne
2
caractérisée par la valeur moyenne = N hxi et la variance 2 = N x2 hxi :
Thermodynamique :
Première loiR : E = Q W où Q est la chaleur absorbée par le système et W le travail fait par le
système W = pdV par exemple . Pour un processus quasistatique sur une substance homogène où
le nombre de particules est constant, dE = T dS pdV:
Deuxième loi : S 0 pour un système isolé. Pour un processus quasistatique dS =6 dQ=T:
Troisième loi : l’entropie tend vers une constante indépendante des paramètres extérieurs lorsque
T ! 0:
Pour une substance homogène où on garde le nombre de particules constant, il n’y a que deux va-
riables indépendantes qui peuvent être choisies arbitrairement parmi les cinq fonctions d’état suivantes :
p; V; T; S; E:
Supposons qu’on choisisse V et T comme variables indépendantes, alors un changement de V et
T produit un changement de E qui peut se calculer à partir de dE = @E @E
@T V dT + @V T dV: Les
changements de S et p se calculent de façon analogue.
Pour E (T; V ) on a que @E @T @V
@T V @V E @E T = 1:
Potentiels thermodynamiques pour une substance homogène :
H = E + pV ; F = E T S ; G = E T S + pV ; J = E T S N
dE = T dS pdV + dN ; dH = T dS + V dp + dN
dF = SdT pdV + dN ; dG = SdT + V dp + dN
dJ = SdT pdV N d
Lorsqu’on a un système magnétique, V ! M et p ! H
Relations de Maxwell : Poser l’égalité des dérivées croisées de n’importe lequel des potentiels ther-
@p
modynamiques ci-dessus. Exemple : @F @T V;N = S et @V@F
T;N
= p donc @V @S
T;N
= @T
V;N
6dQ dS
Dé…nition de la capacité calori…que à y constant :Cy dT =T dT y
y
Ensemble microcanonique :
Ensemble canonique :
Er
Probabilité pour un état microscopique
P donné : Pr = e =Z ( = 1=kB T ) :
Fonction de partition : Z = r e Er
Valeurs moyennes :
@ ln Z
E= @ ; p = 1 @@Vln Z
T;N
V;N
2 @ 2 ln Z
Fluctuations : E 2 E = @ 2 V;N
Théorème d’équipartition : Dans la limite classique, chaque coordonnée généralisée ou moment
conjugué apparaissant quadratiquement dans l’expression pour l’énergie donne une contribution 12 kB T
à l’énergie.
Valeurs moyennes :
@ ln
E N= @ ; p = 1 @@V ln
T;
V;
Entropie et chaleur :
P
Dans tous les ensembles statistiques, S = kB r Pr ln Pr où la somme est sur tous les états
microscopiques r de probabilité
P Pr . P
dE = T dS dW / = r Er dPr + r Pr dEr . Donc la chaleur correspond au changement d’énergie
venant d’un changement de la probabilité d’occupation des états microscopiques.
Remarque : Répondez en quelques phrases concises seulement. Des équations simples peuvent aussi
être utilisées si nécessaire.
a) (1 point) Soit " une séparation typique des niveaux d’énergie d’un système quantique pouvant
prendre de très grandes valeurs de l’énergie. Quelle inégalité entre " et kB T doit être obéie pour que
la limite classique s’applique à ce système ? Expliquez brièvement votre résultat.
b) (1 point) Utilisez un raisonnement général pour démontrer que la formule suivante pour l’entropie
par mole d’une gaz parfait n’est PAS valide : s (E; V ) = 32 R ln E + R ln V + cte
c) (1 point) Laquelle des relations de Mawell suivantes est correcte ?
@V @N
= (D.1)
@ p;T @p ;T
@S @p
= (D.2)
@V T;N @T V;N
@S @p
= (D.3)
@V T;N @T ;N
@S @p
= (D.4)
@V T; @T V;N
Solution : a) (0.5 point) " kB T: (0.5 point) En e¤et, les niveaux dans un intervalle d’énergie
kB T seront peuplées et s’il y en a beaucoup, l’énergie aura l’air de pouvoir prendre des valeurs
continues, comme en mécanique classique.
b) (0.5 point) L’entropie par mole ne peut dépendre que de quantités intensives, sinon on rencontre
le paradoxe de Gibbs. (0.5 point) La dépendence en ln E et ln V est donc incorrecte.
c) (1 point) En comparant avec ce qui est donné dans le formulaire, la deuxième est fausse à cause
du signe, la troisième est fausse parce que le volume n’est pas gardé constant alors que la dérivée
par rapport à p est prise, et la dernière est fausse parce qu’il faudrait que soit N soit soit gardé
constant des deux côtés de l’équation et non pas gardé constant à gauche et N à droite. La
première est donc la seule qui est correcte.
@S
Cy = T : (D.5)
@T y
Or,
T dS = dE + pdV: (D.6)
(0.5 point) Si on travaille à volume constant, toute la chaleur va en changement d’énergie interne.
À pression constante, une partie de la chaleur va en travail, donc pour une même quantité
de chaleur la température augmente moins vite, ce qui correspond à une plus grande chaleur
spéci…que. [Cela se voit aussi directement de la relation de Robert Mayer donnée ci-haut : Cp =
2
CV + T V : La quantité ; qui est la compressibilité isotherme, doit être positive pour que le
système soit thermodynamiquement stable.]
e) (0.25 point) Le changement d’énergie interne d’un système (0.25 point) isolé thermiquement est
égal à moins le travail qu’il fait sur le monde extérieur (au sens mécanique habituel). (0.5 point)
Selon le processus utilisé pour passer entre deux états d’équilibre thermodynamique, le travail
peut être di¤érent. On ne peut donc pas parler du travail contenu dans un corps.
f) (0.5 point) p = (@F=@V )T;N (0.5 point) p = (@J=@V )T; :
g) (0.5 point) J (T; V; ) = F (T; V; N ) N où (0.5 point) N à droite de cette expression est exprimé
en fonction de T; V et à partir de (@F=@N )T;V = .
Remarque 233 Ce problème véri…e vos connaissances sur la première et la deuxième loi de la ther-
modynamique et sur la relation entre entropie et chaleur.
S1
S2
T1 T2 T3 T4 T
Une machine thermique e¤ectue le cycle illustré à la Fig.(D-1) dans le plan température (T ) entropie
(S). Exprimez le travail fait en un cycle en fonction de S1 ; S2 ; T1 ; T2 ; T3 ; T4 et donnez une interprétation
géométrique du résultat dans le plan T S: S’agit-il d’un cycle de réfrigération ou d’un moteur ?
Remarque 234 Ce problème véri…e vos notions sur la température et la thermodynamique, incluant
les relations de Maxwell
Supposons qu’on connaisse les propriétés d’une substance en fonction d’un paramètre thermomé-
trique (hauteur d’une colonne de mercure par exemple). Vous allez montrer que si la relation entre ce
paramètre thermométrique et la température absolue est univoque, c’est-à-dire que pour chaque valeur
de il n’y a qu’une valeur de T; alors on peut se servir des propriétés thermodynamiques mesurées en
fonction de pour établir une échelle de température absolue. On part de
dE = T dS pdV: (D.11)
a) (1 point) Montrez que pour un processus quasi-statique ou dQ est la chaleur absorbée, alors
@p 1 @T
= : (D.12)
@Q V T @V S
ce qui permet d’établir une échelle de température absolue à l’aide de quantités mesurées avec un
themomètre qui n’est pas nécessairement calibré sur l’échelle absolue.
(0.5 point) Comme dQ = T dS, on obtient la relation recherchée en multipliant les deux membres
par 1=T
@p 1 @T
= : (D.15)
@Q V T @V S
b) (0.5 point) Il faut écrire la dérivée à droite comme une dérivée par rapport au paramètre ther-
mométrique en utilisant la règle de la chaîne pour avoir le résultat en fonction des quantités
mesurées
1 @T 1 @T @
= : (D.16)
T @V S T @ S @V S
(0.5 point) Substituant dans l’égalité précédente, on obtient
@p
@Q
V 1 @T
@
= (D.17)
@V S
T @ S
Z @p
T ( 2) 2
@Q
V
ln = @
d : (D.18)
T ( 1) 1 @V S
Remarque 235 Vos connaissances sur le gaz parfait, sur l’ensemble microcanonique, l’irréversibilité
et la relation entre probabilité et entropie vous seront utiles.
La chaleur absorbée par une mole d’un gaz parfait dans un processus quasi-statique où sa tempé-
rature change de dT et son volume de dV est donné par
dQ
/ = cV dT + pdV (D.19)
Tf Vf
S (Tf ; Vf ) S (Ti ; Vi ) = cV ln + R ln (D.25)
Ti Vi
c) (0.5 point) Si Ti = Tf = T et Vf > Vi la di¤érence d’entropie entre l’état initial et l’état …nal
est
NA
Vf Vf
S (T; Vf ) S (T; Vi ) = R ln = kB ln >0 (D.26)
Vi Vi
où la dernière inégalité est une conséquence de Vf > Vi : L’entropie a augmenté et le système est
isolé, c’est donc un phénomène irréversible. (0.5 point) Le rapport des probabilités entre l’état
initial et l’état …nal est
NA
Pi Si Sf Vi
= exp[ ]= (D.27)
Pf kB kB Vf
ce qui, étant donné la grandeur du nombre d’Avogadro, est négligeable aussitôt que Vf est plus
grand que Vi par une quantité …nie.
Remarque 236 Il faut se rappeler de la relation entre grande fonction de partition et grand potentiel,
et de l’expression pour l’entropie lorsqu’on la calcule à partir de J. (Voir les formules en début
d’examen).
Soit un niveau d’énergie " qui peut être occupé par un seul électron ou bien inoccupé. Ce sont les
deux seuls états possibles pour ce niveau d’énergie. Ce niveau d’énergie est en contact avec un réservoir
de chaleur et de particules dont la température et le potentiel chimique sont, respectivement, T et :
a) (0.5 points) Calculez la grande fonction de partition.
b) (1.5 points) À partir de ce résultat et de l’expression pour l’entropie dans l’ensemble grand
canonique, déduisez-en l’entropie comme fonction de T; .
(" )
J (T; V; ) = kB T ln (T; V; ) = kB T ln e +1 : (D.28)
(0.5 point) À partir de dJ = SdT pdV N d on voit que (0.5 point) (une ou l’autre de ces
formules compte pour la bonne réponse) :
(" )
@J (" ) e @
S = = kB ln e + 1 + kB T (" )
(" ) : (D.29)
@T T;V e +1 @T
Ce qui suit est simplement didactique. Ce n’était pas demandé dans l’examen. Comme
1
le nombre d’occupation moyen est n = 1 + e (" ) on a
1 1
(" ) (" ) (" )
1 n = e 1+e = e +1 (D.32)
(" ) 1 n
e = (D.33)
n
ce qui implique que
1 n
S = kB ln (1 n) + n ln (D.34)
n
= kB (n ln n + (1 n) ln (1 n)) (D.35)
Remarque 237 Le secret est dans la fonction de partition, sa forme pour des particules indépendantes
et comment en extraire l’entropie
Soient N molécules indépendantes, …xées sur un réseau, possédant chacune trois niveaux d’énergie.
Le fondamental a une énergie "0 et il y a deux niveaux excités de même énergie "1 avec "1 > "0 :
a) (2.5 points) Calculez l’entropie de ce système.
b) (1.5 points) Montrez que la troisième loi est satisfaite. Comment cela est-il relié à une propriété
de l’état fondamental ?
c) (1 point) Expliquez qualitativement la valeur de l’entropie à T ! 1:
d) (1 point) Montrez que l’entropie que vous avez trouvée ne dépend que de ("1 "0 ) et pas de "0
ou de "1 séparément. Ceci est le résultat attendu puisque ces quantités dépendent du choix du zéro
d’énergie.
qui évidemment ne dépend que de la di¤érence d’énergie comme nous nous y attendions.
Approche plus e¢ cace : Le travail a déjà été fait à l’équation (D.43).
Fin de l’exam en
399
relation générale entre les di¤érents types, Démon de Maxwell, 75, 310
226 Dérivées des fonctions de deux vairables, 194
Champ moyen, 293 Dérivées mixtes
Changement de variables, 58 égalité mathématique, 196
Changements de variable Désaimantation adiabatique, 245, 290
et croissance monotone, 191 Détente libre, 228
Changements de variables, 36, 189 Développement du viriel, 232
et concavité, 191 Dalton, John, 131
Chaud Davy, Humphry, 9
dé…nition, 109 Degrés Celcius
Clément, Nicolas, 131 mise au point de l’échelle, 106
Clapeyron, Émile, 132, 167, 170 Degrés Celsius
Clausius dé…nition, 154
formulation de la deuxième loi, 124 Degrés de liberté, 64, 70, 99, 133
Clausius, Rudolf, 9, 11, 88, 132, 133, 170, 174, Degrés Kelvin, 101
309, 324 mise au point de l’échelle, 133, 175
COBE, 187 relation avec l’énergie, 5
Coe¢ cient de dilatation thermique Densité d’états, 70, 71
dé…nition, 227, 348 et paramètres externes, 113
limite T=0, 234 formule générale, 115
Coe¢ cient de Joule-Thomson, 231 Densité de probabilité, 32
Combinaisons, 18 Desormes, Charles, 131
Comportement d’échelle, 316 Deuxième loi, 124
Compresseur défectueux, 246 Di¤érentielle
Compressibilité inexacte, 76
addition des compressibilités, 251 Di¤érentielle inexacte, 80
adiabatique, 246 Di¤érentielles
inégalités, 228 exactes, 84
isentropique, 220 inexactes, 84
isotherme, 220, 246 Distribution
Compressibilité isotherme binomiale, 20
dé…nition, 227, 348 Bose-Einstein, 128
Concave, 121 Fermi-Dirac, 128
Condenseur, 166 gaussienne, 23, 56
Conservation Lévy, 44
de l’énergie, 4 Maxwell-Boltzmann, 128
Constante de Boltzmann, 4 Poisson, 57
arbitraire de la dé…nition, 5, 101, 154 Distribution de probabilité
dé…nition, 101 plusieurs variables, 41
et point triple, 152 Distribution des vitesses de Maxwell, 325
valeur, 101, 152 Dulong et Petit, 312
Constante de Planck, 65 Dulong, Pierre, 170
Constante des gaz, 127
valeur, 153 E¢ cacité
Contraintes, 76, 82, 93 machine thermique, 171
Convexité, 211 réfrigérateur, 181
Corps noir, 186 E¤usion, 332
Cugnot, Joseph, 8 Einstein
Cumulants, 48 relation d’Einstein, 312
Cycle Einstein, Albert, 9, 75, 112, 184, 187, 310, 312
de Carnot, 176 Ensemble
de Stirling, 185 canonique, 255
calcul des valeurs moyennes, 261
Dégénérescence de l’état fondamental, 122 dé…nition, 256
400 INDEX
et connexion avec la thermodynamique, et capacité calori…que, 270
261 Flux de particules et pression, 330
résumé de l’approche, 291 Fonction caractéristique, 47
et probabilités, 12 Fonction d’état
isotherme-isobare, 293 dé…nition, 85, 89
microcanonique, 75, 76, 256 entropie, 102
calculs, 69 Fonction d’onde, 64
dé…nition, 67 Fonction de Brillouin, 316
Ensemble grand canonique, 260 Fonction de partition, 4
Ensembles dé…nition, 261
et multiplicateurs de Lagrange, 271 dans la limite classique, 292
Enthalpie, 4, 231 de l’oscillateur harmonique classique, 304
dé…nition, 205 de l’oscillateur harmonique quantique, 305
Entropie, 4, 86, 101, 105, 124, 156, 275 et énergie libre de Helmholtz, 266
additivité, 104 et dérivées thermodynamiques, 268
augmentation, 105 pour des systèmes indépendants, 264
changement pour un réservoir de chaleur, Fonction de partition grand canonique
110 et dérivées thermodynamiques, 269
conséquences de la dé…nition absolue, 159, Fonction erreur, 35
185 Fonction génératrice, 47
convexité, 121 Fonction génératrice, moments et cumulants, 46
dé…nition, 101 Fonction homogène, 121
désordre, 121 Force généralisée, 82, 89, 113
de mélange, 248, 299 Formulation de Carathéodory, 124
et information, 276 Formulation de Clausius, 124
fonction d’état, 102 Formulation de Kelvin, 124
gaz parfait quantique, 250 Formule de Stirling, 44
homogénéité, 121 Fourier, Joseph, 87, 132
mesure, 156, 184 Friction, 3
propriétés générales, 120 Froid
relative, 275 dé…nition, 109
Ergodicité, 75 Fulton, Robert, 8
dé…nition, 66
Erreur quadratique moyenne, 60 Gamow, 187
Erreur sur la moyenne, 44, 56, 59 Gaussienne, 23, 56
Espace des phases, 64, 68 Gay-Lussac, Louis-Joseph, 131
Expansion de l’univers, 186 Gaz parfait
classique, 71
Facteur de Boltzmann, 325 énergie libre de Helmholtz, 296
Facteur g, 315 équation d’état, 126
Faraday, Michael, 309 calcul à partir de la fonction de partition,
Farenheit, 106 294
échelle de température, 106 calcul de l’énergie libre par transformée
Fenchel, 215 de Legendre, 214
Fermat, Pierre de, 11 chaleur et entropie, 184
Fermions, 60, 160 chaleur spéci…que, 186, 198
Ferromagnétisme, 185 dans l’ensemble canonique, 259
Feynman en équilibre avec un autre gaz, 92
Richard, 8 enthalpie, 249
Fitch, John, 8 entropie, 178, 200, 249
Fluctuations, 15, 68, 70, 99, 187 et troisième loi, 297
dans un gaz parfait, 92 loi de Sakur-Tetrode pour l’entropie, 297
relatives dans l’ensemble canonique, 266 processus adiabatiques, 201
Fluctuations d’énergie thermodynamique, 195
INDEX 401
Gibbs, Josiah Willard, 9, 75, 133 estimés numériques, 301
Gibbs-Duhem séparation des niveaux d’énergie et tem-
generalisée pour système binaire, 251 pérature, 308
Grand potentiel -pV, 240 Limite du continu, 31
relation de, 237 Limite thermodynamique, 98
Grand potentiel, 240 Liquides parfaits, 248
Grande fonction de partition, 263 Loi d’échelle, 236
Groupe de renormalisation, 28, 293 Loi de Boyle-Mariotte, 127
Guericke, Otto von, 165 Loi de Curie, 246, 258, 317
Loi de Joule, 248
Hémoglobine, 320 Loi de Stefan-Boltzmann, 186, 243
Helmholtz, Hermann von, 9, 87, 132 Loi des grands nombres, 40, 43
Histoire Lois de la thermodynamique, 4, 123
bref aperçu, 8 deuxième, 124
machines thermiques, 165 dé…nition, 124
mouvement Brownien, 309 et machines thermiques, 170
probabilités, 11 et réfrigérateurs, 179
thermodynamique et mécanique statistique, première, 124
131, 184 dé…nition, 124
véri…cation de la théorie atomique, 309 troisième, 125, 159
dé…nition, 125
Imagerie médicale, 318 zérotième, 123
Inaccessibilité du zéro absolu, 159 dé…nition, 123
Indépendance statistique, 14, 41, 99 Lois de Newton, 3
Information et entropie, 101, 276
Longueur d’onde thermique de de Broglie, 300
Interactions
Longueur de corrélation, 66
mécaniques, 77
Loschmidt, Joseph, 74, 325
quelconques, 80, 112
thermiques, 76, 187
Mécanique lagrangienne, 64
Involution, 216
Méthode des mélanges, 147, 184
Irréversibilité, 3, 75, 93, 97, 249
Machines à vapeur, 8
iso
Magdeburg
isotherme, isobare, isentropique, isochore, 227
hémisphères, 165
Isothermes
Magnéton de Bohr, 315, 336
dé…nition, 178
Marche aléatoire, 20, 40, 42, 55
Jacobiens et changements de variables, 225 Maximum sujet à des contraintes, 273
Joule, James Prescott, 9, 87, 132, 309 Maxwell
Joule-Thomson démon, 75
problème sur l’irréversibilité, 249 Maxwell, James Clerk, 9, 11, 75, 133, 324
processus, 229 Mayer
Juges, 55 relation de, 227, 348
Mayer, Julius von, 9, 87
Kelvin, voir Degrés Kelvin, 101 Membrane perméable, 162
formulation de la deuxième loi, 124 Mesures expérimentales, 59
Kelvin, William Thomson, Lord, 9, 75, 132, 174, Modèle de Debye, 314
309, 324 Molécules diatomiques
traitement quantique, 336
Lagrange, Joseph de, 87, 132 Moments, 16, 21, 47
Laplace, Pierre Simon, 87, 131, 245 Moteur, 170
Lavoisier, Antoine, 87 Mouvement Brownien, 55, 60, 309
Libre parcours moyen, 325 Mouvement perpétuel, 174
Limite classique Moyenne, 56
validité, 300 dé…nition, 14
estimé à partir de l’entropie, 302 Multiplicateurs de Lagrange, 271
402 INDEX
et température, 276 événements indépendants, 14
Myoblogine, 320 a priori, 12
ensembles et, 12
Napoléon, 167 lois de composition, ET-OU, 14
Newcomen, Thomas, 8, 166 notions de base, 12
Newton, Isaac, 131 Processus
Nombre d’Avogadro, 127, 325 à enthalpie constante, 231
valeur, 153 adiabatique, 178, 185, 186
Nombrre d’Avogadro irréversible, 94
mesure par mouvement Brownien, 312 irréversibles, 222
Joule Thomson, 249
Optimisation par multiplicateurs de Lagrange, Joule-Thomson, 229
289 quasi-statique, 82, 119, 120, 144, 162
Oscillateur harmonique, 64, 68, 304 réversible, 94
Otto
cycle de, 185 Quételet, Adolphe, 11
Quasi-statique, 82, 86
Papin, Denis, 165
Paradoxe de Gibbs, 293, 296, 299 Réfrigérateurs, 179
Paradoxe du chau¤age des maisons, 248 Réservoir
Paramètre thermométrique, 106, 145 de chaleur, 110
Paramètres intensifs et extensifs Résonance magnétique, 318
dé…nition, 163 Réversibilité, 186
Paramagnétisme, 258, 314 et cycle de Carnot, 176
Particules identiques, 293 et machines thermiques, 173
Pascal, Blaise, 11, 165, 245 Radiation fossile, 187
Penzias, Arno, 187 Radioactivité, 57
Perrin, Jean, 311 Refroidissement des gaz, 228
Phase, 4 Regnault, Victor, 132
Photons, 186, 244 Relation de Maxwell, 204–207
Planck Relations thermodynamiques pour une substance
constante de, 65 homogène, 223
Poincaré, Henri, 310 Royal Institution, 87
Point triple de l’eau, 152 Royal Society, 87
Poisson, Denis, 131 Rumford, comte Benjamin Thomson, 9, 87
Polarisation, 289
Population, 12 Sakur-Tetrode, 297
Postulat de base, 67, 75 Savery, Thomas, 8, 166
Potentiel chimique, 4, 118 Scaling, 316
Potentiels thermodynamiques, 209 Shannon, 276
convexité, 218 Simpson, O.J., 13
et phénomènes irréversibles, 221 Spallanzani, 309
fonctions de Massieu, 220, 250 Stabilité, 109
Première loi, 124 Statistiques, 4
Pression, 4, 83 Stefan-Boltzmann
Pression atmosphérique, 244 loi de, 186
histoire, 165 Supraconducteurs, 141
Principe d’incertitude, 65, 300 Susceptibilité magnétique, 258
Principe de Le Châtelier, 218, 220, 228 Système à deux niveaux, 288
Principe de Le Châtelier Braun, 221, 228 Système de spins, 66–68, 70, 109, 245, 258, 314
Probabilité S=1, 288
conjointe, 38, 41 S=1/2, énergie moyenne, 287
cumulative, 35 Systèmes non-intégrables, 66
Probabilités, 4
événements complémentaires, 14 Tait, Peter, 75, 310, 324
INDEX 403
Température, 3–5, 100, 107
absolue, 100
échelle et calibration, 148
négative, 109
propriétés, 107
et multiplicateur de Lagrange, 276
Température d’Einstein, 313
Temps de relaxation, 66, 68, 96
Théorème d’équipartition, 127, 199, 303, 325
Théorème de ‡uctuation-dissipation, 292
Théorème de la limite centrale, 28, 47, 266
Théorème de Liouville, 75
Théorème H, 97
Théorie cinétique, 66, 322
Théorie cinétique des gaz
pression, 333
Thermodynamique, voir Lois de la thermodyna-
mique, 80
limite, 98
Thermomètre, 106
Thermopompe, 181
Thomson, James, 132
Torricelli, Evangelista, 165
Transformation de Legendre, 213
et convexité, 215
Fenchel, 215
Travail, 76, 82, 84, 144
Trevithick, Richard, 8
Triange le Pascal, 55
Troisième loi, 125, 159
conséquences vers T=0, 234
404 INDEX