Les Ormva, Les Auea Et La Gestion Participative de L'irrigation
Les Ormva, Les Auea Et La Gestion Participative de L'irrigation
Les Ormva, Les Auea Et La Gestion Participative de L'irrigation
DE L’IRRIGATION
A. Herzenni*
1. INTRODUCTION couverture des besoins alimentaires du
2. LES DEFIS DE LA POLITIQUE pays est en progression sensible (cas
Les ORMVA, outils principaux de la DE L’IRRIGATION notamment du maraîchage, du sucre,
politique de l’irrigation à l’échelle des produits laitiers, des viandes). Les
régionale, sont appelés depuis un 2-1 Caractéristiques générales de la périmètres de grande irrigation ont
vingtaine d’années à de gros efforts de politique de l’irrigation enregistré une augmentation et une
mise à niveau. Comment alléger, voire stabilisation sensibles des revenus et du
supprimer, les subventions publiques Le Maroc compte un potentiel de
surface irrigable de 1.353.000 ha en eau nombre d’emplois. Ils apportent une
grâce à la promotion d’un nouveau forte contribution à la valeur ajoutée
management de l’irrigation fondé sur la pérenne et de 300.000 ha en eaux
agricole (45%) et aux recettes
participation effective des irrigants et occasionnelles et de crue (18% de la
d’exportation agricole (plus de 75%).
sur la rationalisation de la gestion des surface cultivable du pays). Etant donné
Les effets d’entraînement de la
ORMVA? Jusqu’à quel point des la vulnérabilité de l’agriculture pluviale production irriguée sont tangibles, qu’il
établissements publics tels que les face à l’aléa climatique et aux s’agisse du développement des secteurs
ORMVA, conçus au départ essentiel- sécheresses fréquentes, l’irrigation des travaux publics, de l’industrie et des
lement comme des outils de constitue un facteur essentiel de services à l’amont ou des unités de
déconcentration, peuvent-ils aussi développement agricole malgré les transformation (sucreries, laiteries), de
devenir pour ainsi dire outils de limitations en surface et en ressources conditionnement, de conserverie et
“privatisation” de la gestion des eaux? en eau Son poids est d’autant plus autres à l’aval. L’amélioration des
Comment parviendront-ils, étant donné important que le Maroc fonde pour une conditions de vie des agriculteurs n’est
le poids des dépenses de fonction- large part son développement pas en reste, qu’il s’agisse du
nement (600 à plus de 1000 employés économique sur l’agriculture. désenclavement des zones rurales, de
par ORMVA) à assurer un service l’amélioration de l’habitat, de
La politique agricole a constamment
convenable à un moindre coût et à des l’électrification, des adductions en eau
visé, depuis l’indépendance du pays, des potable et autres actions de
niveaux de redevances d’eau
objectifs tels que la couverture des développement rural etc… Autre apport
d’irrigation acceptables par les
agriculteurs? Dans quelle mesure la besoins alimentaires (ou la “sécurité” essentiel de la politique de l’irrigation,
participation de ces derniers alimentaire) d’une population qui bien que peu évoqué d’ordinaire, la
contribuera-t-elle à un meilleur coût- double tous les 25 ans, l’atténuation de contribution à l’aménagement du
efficacité ? l’exode rural grâce à l’augmentation des territoire, notamment à l’essor de villes
revenus et à la création d’emplois, une moyennes et petites jouant à leur tour un
Telles sont les questions qui continuent intégration poussée de l’agriculture rôle de développement régional et local.
de se poser dans un contexte où la dans l’économie nationale et mondiale
déconcentration, la décentralisation et la 2-2 Problèmes et solutions envisagées
grâce aux effets d’entraînement de
participation sont considérées l’hydraulique agricole : industries et L’effort déployé pour le développement
aujourd’hui encore plus qu’il y a vingt services à l’amont et à l’aval de la de l’hydraulique agricole a été supporté
ans, comme des outils essentiels de production agricole, exportations… etc. par des investissements publics
bonne gouvernance. considérables, plus des 2/3 du total des
La politique des grands barrages, lancée investissements agricoles publics dont
Après un aperçu rapide sur les dès les années 60, consolidée par des
caractéristiques générales de la une partie substantielle consacrée au
mesures juridiques et institutionnelles fonctionnement. Les structures
politique de l’irrigation (ch.1), sur les d’importance1 , et appliquée aux grands
principes de mise en oeuvre de la d’intervention sont constituées de 9
périmètres d’irrigation est renforcée à ORMVA (Offices régionaux de mise en
stratégie d’appui à la grande irrigation
grande échelle par l’aménagement des valeur agricole)2 , créés à partir de 1966
(Ch.3), on examinera les résultats
périmètres de PMH (petite et moyenne dans un but de déconcentration, après la
obtenus jusqu’à présent (ch.4). Une
hydraulique) à partir du début des dissolution de l’ONI (Office national de
analyse de la situation actuelle sera
années 80. l’irrigation). Ces organismes publics
esquissée (ch.5), suivie d’éléments de
sont chargés de l’application de
réflexion sur les perspectives futures Les résultats et effets de la politique
l’ensemble de la politique agricole dans
(ch.6). poursuivie sont encourageants. La
3. Gestion des eaux d’irrigation, aménagements hydro-agricoles, mais aussi planification, restru cturation foncière, mise en valeur agricole,
production animale, vulgarisation, gestion administrative et formation professionnelle.
4. Un ministre délégué auprès du premier ministre est désigné en 1978 pour évaluer les activités et la gestion des entreprises publiques. Cette
mission est à l’origine de la création d’un commission ministérielle chargée d’étudier la révision de certaines dispositions du CIA (code des
investissements agricoles, juillet 1969) en 1979.
5. Les PAGI sont financés sur prêts important s (BM et autres bailleurs). Objectifs du PAGI I : tirer le meilleur parti des ressources en eau,
favoriser le développement de la production agricole, améliorer le management des ORMVA, transférer certaines responsabilités des
ORMVA aux agriculteurs. Objectifs du PAGI II : améliorer l’entretien et la maintenance des réseaux, améliorer le réseau d’irrigation et les
services de vulgarisation, améliorer les revenus, améliorer l’efficacité des ORMVA et leur autonomie financière. Objectifs du PNI : étendre
l’aménagement hydro -agricole, promouvoir l’économie de l’eau (réhabilitation des équipements, renforcement des capacités des ORMVA,
organisation des agriculteurs en AUEA, réduction des pertes d’eau, mise en place d’un système de tarification rationnel), améliorer la
productivité, améliorer l’efficacité opérationnelle des ORMVA.
6. C’est d’ailleurs ce qui est prescrit par le CIA (art. 16 du dahir n°1-69-25 : la redevance pour usage d’eau d’irrigation est annuelle et
permanente. Elle comprend l’amortissement et les dépenses d’exploitation et d’entretien du réseau externe d’irrigation.
7. Voir décret n°2-96-297 du 30 juin 1986 relatif à la distribution et à l’utilisation des eaux d’irrigation.
8. Une clause du CIA prévoit une ristourne sur la redevance d’eau lorsque des groupements d’irrigants participent à l’entretien du réseau.
Depuis 30 ans, la concrétisation de cette clause constitue un casse-tête pour les décideurs. Il faut espérer que les études de tarification ont
résolu la question
9. 1Les interventions principales des PAGI I et II concernent des réhabilitations. C’est précisément pour éviter de nouvelles réhabilitations à
très court terme, au coût rédhibitoire, que ces programmes insistent dans leurs recommandations sur une gestion saine, en partenariat avec
les irriguants, susceptible d’assurer une exploitation et une maintenance plus rationnelles et à moindre coût.
12. Les crédits alloués à la GPI et aux mesures incitatives en faveur des AUEA auraient été réduits récemment, ce qui pourrait confirmer cette
assertion.
13. Voir l’exemple des " community organizers ", entre autres, dans l’expérience des Philippines.
14. Un effort appréciable a été déployé dans le cas des PMH, avec une grande attention portée à l’analyse des besoins de formation, au plan
d’action de formation et au suivi. Une action pilote de 3 ans est financée par la KFW.
Organisation en projet et
Recouvrement des redevances
sous -projet
Protocole d accord
ORMVA-AUEA
15. Il va de soi que les guides et manuels ne suffisent pas à eux seuls, si les animations ne sont pas entreprises par des professionnels qualifiés.
Sinon, ce seraient des recettes appliquées mécaniquement sans capacité d’analyse, de diagnostic, et donc sans capacité de propositions de
changement approprié et de maîtrise de ce changement.
16. Par exemple, le colloque national de novembre 1995 s’est focalisé sur la constitution des AUEA, sans se préoccuper des conditions
nécessaires à leur bon fonctionnement, (données objectives de tarification, données de SIG, restructuration des services, animation
professionnelle).
Le 2ème séminaire sur la GPI (1-2 décembre 1999) ne semble pas avoir emprunté une voie différente.
ABREVIATIONS