La Terre (Moins L'europe) Géographie (... ) Levasseur Émile bpt6k432274m PDF
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La Terre (Moins L'europe) Géographie (... ) Levasseur Émile bpt6k432274m PDF
géographie et statistique : la
planète et son atmosphère,
l'Océan, les découvertes, [...]
.
Vade-mecum du statisticien,
et ses colonies. In-12, br. 150 92 tableaux concernant la France
1 50
fig.
sphère, l'Océan, les découvertes, l'Afrique, l'Asie, l'Océanie, l'Amé-
rique du Nord, l'Amérique du Sud, la nature et l'homme.) In-12,
cart., avec
Atlas correspondant(32 cartes coloriées, dressées avec la collabo-
ration de Ch. PÉRIGOT). In-12, cart.....
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CORBIAL.
— Typ et stei, de Creteins
LA TERRE
(MOINS L'EUROPE)
GÉOGRAPHIE ET STATISTIQUE
PAR
E. LEVASSEUR
MEMBRE DE L'INSTITUT
PARIS
CH. DELAGRAVE
Éditeur de la Société de Géographie
58, ROI DES ÉCOLES, 58
1874
Tout exemplaire de cet ouvrage non revêtu de ma griffe
sera réputé contrefait.
LA TERRE
PREMIÈRE PARTIE
LES NOTIONS GÉNÉRALES.
1re Section.
LA PLANÈTE.
1. La forme de la terre. — Ainsi que la plupart des corps
célestes, la terre est ronde : on peut du moins la considérer
comme telle, quoiqu'elle soit légèrement renflée à l'équa-
teur et aplatie aux deux pôles : les globes terrestres en
donnent en petit une image exacte. Nous ne pouvons pas
reconnaître à première vue la rotondité de notre planète,
parce que les moindres ondulations du terrain suffisent,
même dans une plaine unie, pour modifier l'horizon vi-
suel. Mais elle est très-appréciable sur le bord de la mer,
quand un navire s'approche de la côte : c'est le haut des
mâts que l'on voit d'abord de loin ; peu à peu on distingue
les voiles basses, puis la carène du navire. Si la mer était
une surface absolument plane, on verrait, de la côte, aussi
loin que le regard peut porter, le navire très-petit, mais
tout entier, comme on voit un ballon dans l'air : c'est la
courbure de la terre qui nous cache de loin les parties
inférieures. Autre exemple : au bord de la mer (S), on voit
le navire D tout entier (fig. 1) ; mais on n'aperçoit que le
pavillon du navire D" ; d'une éminence (éminence très-
exagérée sur la figure) on voit la voilure de celui-ci ; d'un
point plus élevé encore (S") on voit sa carène ; enfin du haut
d'une tour (S") on distingue complètement, non-seulement
le troisième, mais le quatrième navire : c'est la courbure de
la terre qui arrête la vue et qui dissimule les objets loin-
tains lorsque l'observateur est placé près du niveau de la
mer.
1. Le quart de 90 degrés est de 22° 30' ; or les tropiques sont par 23°
28, et les cercles polaires par 66° 32', c'est-à-dire à 23° 28' du pôle.
zone torride en occupe presque les quatre dixièmes, et les
zones tempérées un peu plus de la moitié1.
On sait que les géomètres partagent le cercle en 360 par-
ties égales ou degrés, chaque degré en 60 minutes, cha-
que minute en 60 secondes. Si donc on coupe une sphère
par la moitié du haut en bas, c'est-à-dire du pôle nord au
[texte manquant]
rence, les quatre quarts de la terre font bien les 360 degrés
(90 X 4 = 360) du cercle. C'est en comparant la, position
des tropiques aux degrés de latitude, qu'on dit qu'ils sont
par 23 degrés 28 minutes.
On distingue ces degrés par les noms de latitude boréale
dans l'hémisphère nord, et de latitude australe dans l'hé-
misphère sud.
Si vous placez votre rapporteur sur le grand cercle de
l'équateur, vous partagerez également ce cercle en 360
degrés : ce sont les DEGRÉS DE LONGITUDE (fig. 4), lesquels me-
surenlla terre dans le sens de sa longueur, de l'est à l'ouest.
Par le point où chacun de ces degrés touche la circonférence
de l'équateur, menez un demi-cercle allant jusqu'au pôle
nord et au pôle sud, vous obtiendrez ainsi 360 demi-cercles
formant 180 grands cercles, tous parfaitement égaux et pas-
sant tous par les deux pôles : on les nomme des MÉRIDIENS,
parce que, lorsque le soleil traverse le plan d'un de ces
grands cercles, il est midi dans tous les lieux qui se trou-
vent sur son tracé (voir la figure 8).
On peut prendre comme point de départ des degrés de
longitude n'importe quel méridien : en France, c'est le
méridien de l'Observatoire de Paris qui est le 0° 1. On
compte, à l'est de ce méridien, par degrés de longitude orien-
tale, jusqu'au 180e degré ; et, à l'ouest, par degrés de longi-
tude occidentale, également jusqu'au 180e.
L'intersection de deux lignes détermine un point géogra-
phique : lors donc qu'on veut déterminer l'emplacement
d'un lieu sur le globe, il suffit de chercher sa longitude
et sa latitude. Exemple : Marseille est par 43°17' de lati-
tude boréale et par 3°2' de longitude orientale.
La distance entre deux degrés de latitude, laquelle se me-
sure du nord au sud, est en moyenne de 111 kilomètres ;
la distance entre deux degrés de longitude est variable : elle
décroît à mesure que de l'équateur, où elle est de 111 kil.,
on s'avance vers le pôle, où elle est nulle ; sous le 45e de-
gré de latitude, elle est de 78 kilomètres.
4. Les cartes. — Sur un globe, on peut représenter
très-exactement la terre et la position relative de tous les
lieux. Mais il est impossible de reproduire d'une manière
1. Exactement 1 407 124 fois : son diamètre égale 112 diamètres 1/16
comme celui de la terre.
millions de kilomètres (ou 38 millions de lieues kilométriques).
Plusieurs planètes ont des satellites. La terre en a un, la
LUNE, dont le diamètre est environ 4 fois moindre et le vo-
lume environ 35 fois moindre que ceux de la terre, et qui cir-
cule autour d'elle en vertu de la même loi d'attraction qui
fait circuler la terre autourdu soleil (voir le tab. de stat. n° 1).
Ce vaste système solaire, dans lequel la terre n'apparaît
que comme un point mathématique, n'est lui-même qu'un
point dans l'immensité des mondes. Chaque étoile que
nous apercevons est un soleil, qui est très-probablement
lui-même le centre d'un système d'attraction. Observez
le ciel avec un télescope puissant : et aux quelques milliers
d'étoiles visibles à l'oeil nu 1, s'ajouteront, par centaines de
mille et par millions, d'autres étoiles. La plupart sont trop
éloignées de nous pour que nous puissions nous faire une
idée quelconque de leur distance ; la plus voisine est
200,000 fois plus éloignée du soleil que le soleil ne l'est
de la terre ; aussi sa lumière (bien que la lumière parcoure
77,000 lieues par seconde et nous arrive du soleil en 8 mi-
nutes environ) met trois ans et demi à nous parvenir. Les
astronomes estiment que la lumière de l'étoile polaire met
31 ans à franchir l'espace qui la sépare de la terre ; et cepen-
dant cette étoile est au nombre des plus rapprochées, étant
une de celles dont on a pu évaluer la distance. On conjecture
qu'il en est dont la lumière met plus de 27 siècles à venir jus-
qu'à nous. De pareilles étendues confondent l'imagination.
Elles sont pourtant loin d'épuiser l'univers. On conjec-
ture aussi, non sans vraisemblance, que dans ce pro-
digieux système stellaire, les millions d'étoiles, centres
d'attraction, sont soumises de leur côté à des attractions
réciproques : on a même commencé à mesurer leur mouve-
ment à l'aide de l'analyse spectrale. L'ensemble du sys-
tème, qui paraît avoir la forme d'une lentille, dont la voie
1. Les années bissextiles sont celles qui sont divisibles par 4, comme
1872. Les années séculaires dont les 2 premiers chiffres sont divisibles
par 4 comme 1600,2000, sont seules bissextiles.
Ces deux jours n'ont pas la même durée. Le premier, qui
exprime simplement le temps nécessaire pour la rotation
2e Section.
LES CLIMATS.
(Voir la catte n° 1.)
rayons très-obliques ; les nuits sont plus longues que les jours
et durent, au nord du cercle polaire, de 24 heures à 6 mois.
C'est la saison d'hiver, et la plus grande inclinaison de cet
hémisphère vers la région ténébreuse, ainsi que la plus
courte durée des jours qui en est la conséquence, se
produit au 21 ou 22 décembre, époque du solstice d'hiver.
Par les mêmes causes, les phénomènes se produisent à
l'inverse dans l'hémisphère austral, qui a son solstice d'été
au 21 décembre (voir fig. 12 l'incidence perpendiculaire des rayons
au tropique du Capricorne S) et son solstice d'hiver au 21 juin.
Mais, comme durant l'hiver de l'hémisphère nord, la
terre, dans l'ellipse qu'elle décrit, se trouve plus rappro-
chée du soleil que durant les autres saisons, le froid est
moins intense ; et la terre marchant plus vite à cause de
cette proximité même, l'hiver dure quelques jours de moins
que celui de l'hémisphère sud : de là une plus grande ri-
gueur du climat dans ce dernier hémisphère.
9. La température. — La terre, dont l'intérieur paraît
être une masse incandescente, a une chaleur qui lui
est propre et qui, du moins jusqu'à une certaine profon-
deur, se fait sentir d'autant plus qu'on s'éloigne de la sur-
face. On en peut faire aisément l'expérience en prenant
l'eau qui sort d'un puits artésien, ou en descendant dans
une mine, même dans une cave en hiver. Mais, à la sur-
face, le soleil est à peu près la seule source appréciable de
chaleur.
Il la répand diversement selon les zones, selon les saisons
dans une même zone, et selon les heures en un même lieu
dans une même journée. Ces trois causes de diversité sont
subordonnées elles-mêmes à la LATITUDE : si la latitude agis-
sait seule, les degrés de latitude détermineraient mathéma-
tiquement la température de chaque lieu.
Mais il y a encore d'autres influences. En seconde ligne est
celle de l'ALTITUDE,c'est-à-dire de l'élévation d'un lieu au-des-
sus du niveau de la mer : à mesure que cette élévation est
plus grande, l'air ambiant est plus raréfié, et la déperdition
de la chaleur par le rayonnement est plus grande ; il suffit de
monter jusqu'à 2,700 mètres dans les Alpes, pour voir des
neiges éternelles ; on en trouve à 5,000 mètres d'altitude
dans la zone torride, tandis qu'au niveau de la mer, et sous la
seule influence de la latitude, on n'en rencontre que dans les
régions polaires. Ainsi, dans la partie équatoriale de l'A-
mérique du Sud, Cumana, sur les bords de la mer, a une
température moyenne de 27° ; Antisana, sur un plateau des
Andes élevé de 4,000 mètres, a une température de 3° et demi ;
et au-dessus d'Antisana, à 4,500 mètres, commencent les
neiges perpétuelles. Aussi change-t-on rapidement de climat
et, par suite, de zone de végétation (voir § 29), en gravissant
une montagne ; et avant d'atteindre les neiges perpétuelles,
on passe par une variété de zones d'autant plus grande,
que la montagne est à une latitude plus voisine de l'équateur.
En troisième ligne est la PROXIMITÉ DE LA MER. On sait
que l'eau s'échauffe et se refroidit lentement, c'est-à-dire
qu'elle absorbe beaucoup de chaleur pour s'élever d'un
petit nombre de degrés, et réciproquement qu'elle émet
une grande quantité de chaleur, tout en ne s'abaissant que
d'un petit nombre de degrés. On peut donc comparer la
mer à un immense réservoir, dans lequel la chaleur solaire
emmagasinéel'été, comme la force est emmagasinée dans le
volant d'une machine à vapeur, est distribuée durant l'hiver
aux terres voisines. Autres considérations : la mer émet
beaucoup de vapeurs, et les nuages, dont elle couvre les ter-
res voisines, sont comme des écrans qui, d'une part, modè-
rent l'action des rayons solaires sur ces terres et, d'autre part,
diminuent le rayonnement, c'est-à-dire la déperdition de
chaleur, de ces mêmes terres vers les espaces célestes. Il
pleut d'ailleurs beaucoup dans le voisinage de la mer ; et la
pluie, en dégageant la chaleur latente contenue dans la va-
peur d'eau, tend à élever la température des lieux où elle
tombe.
En quatrième ligne est la DIRECTION DES VENTS ET DES
COURANTS MARITIMES. Suivant que ces vents et ces courants
viennent de régions froides ou de régions chaudes, ils por-
tent au loin le froid ou le chaud et modifient, d'une ma-
nière quelquefois considérable, l'influence de la latitude.
Telle est l'action réchauffante du Gulf-stream, coruant ma¬
ritime qui, venu du golfe du Mexique, donne à la côte occi-
dentale de l'Europe une température moyenne beaucoup
plus élevée que n'est celle de la côte orientale de l'Amérique
du Nord, située de l'autre côté de l'Atlantique (voir § 40) ;
telle est aussi l'influence du vent de nord-est qui, venu
des régions polaires, refroidit la plaine de Russie.
En cinquième ligne se présentent les influences locales
particulières à chaque contrée, telles que la composition géo-
logique du sol, l'exposition au nord, au levant, au sud ou au
couchant, la nature des cultures, le voisinage des marais,
des forêts, des montagnes, etc., qui modifient la tempéra-
ture des régions voisines. Citons comme exemple le voisi-
nage des Alpes qui envoient des vents glacés à. Lyon, et qui
forment un abri et une sorte d'espalier pour Nice et Menton.
10. Les lignes isothermes. — En ne tenant compte que
des causes principales, et en réunissant sur une carte les
lieux pour lesquels l'observation a donné une même tempé-
rature moyenne durant l'année entière, on obtient des cour-
bes qui font le tour du globe et qu'on appelle lignes iso-
thermes ou lignes de température moyenne égale. (Voir les
fig 13 et 14 et la carte n° 1.)
L'équateur thermal, ou ligne sous laquelle la chaleur est
la plus intense, ne correspond pas exactement à l'équateur
terrestre. Il est placé à quelques degrés au sud de l'équa-
teur dans la partie occidentale de l'océan Pacifique, avec
une température moyenne de 29° 3 ; à quelques degrés au
nord dans la partie orientale et dans l'Atlantique. Il forme
une courbe très-prononcée vers le nord dans la mer des
Antilles, en enveloppant la côte septentrionale de l'Améri-
que du Sud, et une autre plus prononcée encore en traver-
sant l'Afrique, où la chaleur dépasse 31 degrés, et le midi
de l'Ilindoustan ; puis il se porte assez rapidement au sud
de l'équateur, en suivant la côte des îles de la Sonde.
Les lignes isothermes de 20 degrés passent dans les deux
hémisphères à quelques degrés des tropiques, enveloppant
ainsi toute la région tropicale et au delà. Elles s'en écar¬
tent sensiblement cependant sur deux points : la ligne du
sud sur la côte occidentale d'Amérique, à cause des eaux
froides venues du pôle, et dans l'océan Indien à cause de
la chaude influence des moussons ; la ligne du nord sur une
beaucoup plus grande étendue, par la chaude influence du
Gulf-stream dans l'Atlantique, du Sahara en Afrique et des
moussons en Asie. Le Gulf stream manifeste mieux encore
sonaction sur les lignesde 10u et de 0° qu'il recourbe vers le
nord, parce qu'il éleve notablement la température des con-
trées septentrionales qu'il côtoie, en se faisant sentir jus-
qu'au cap Nord, à l'extrémité de la Norvège et même au
delà (voir § 40).
L'éloignement de la mer et l'influence réfrigérante des
vastes continents se font surtout remarquer dans la région
tempérée, sur les lignes de 10° et de 0° dans la traver-
sée de l'Amérique du Nord et de l'Asie.
L'examen de la carte fait aisément reconnaître les faits
suivants :
1° Les lignes isothermes de l'hémisphère nord sont plus si-
nueuses que celles de l'hémisphère sud, précisément à cause
de la présence du Gulf-stream et de la plus vaste étendue des
continents ;
2° A latitude égale, la température est généralement plus
basse dans l'hémisphère sud que dans l'hémisphère nord ;
3° Dans l'hémisphère nord qui a été jusqu'ici le mieux
exploré, la plus grande intensité du froid n'est pas au pôle,
mais sur certains points qui ne paraissent pas très-éloignés
du 80e degré de tatilude : ce fait semble, du reste, ôlre con-
firmé par la découverte,très-hypothétique il est vrai, faite par
Kane en 1853, d'une mer polaire libre de glaces, au delà
du 80° degré et par les voyages faits en 1871 à l'est de la
Nouvelle-Zemble.
11. Les lignes isothères et les lignes isochimènes. —
La connaissance de la température moyenne de l'année ne
suffit pas pour déterminer le climat d'un lieu ; car elle peut
résulter aussi bien d'un été et d'un hiver tempérés, que d'un
été très-chaud et d'un hiver très-froid. Il importe pourtant
d'étudier ces différences au point de vue de l'hygiène des
habitants et des productions du sol. Les plantes qui, comme
les oliviers, craignent la gelée, ne réussissent pas là où
les hivers sont rigoureux, quelle que soit la moyenne tem-
pérature de l'année ; leur culture s'arrête aux points qui
ont une certaine température moyenne de l'hiver, c'est-
à-dire qui sont sur une même ligne isochimène. Les céréales
de printemps, au contraire, qui ne poussent que pendant
le printemps et l'été, peuvent généralement être cultivées
sur tous les points qui ont une certaine température
moyenne de l'été, c'est-à-dire qui sont sur une même ligne
isothère, quelle que soit la rigueur de l'hiver. C'est surtout sur
ces lignes que se fait remarquer l'influence de l'Océan : en
modérant, en effet, la chaleur des étés et le froid des hivers, il
produit dans les contrées qui l'avoisinent les CLIMATS MA-
RITIMES jouissant d'étés et d'hivers relativement tempérés, tan-
dis que, loin de lui, au milieu des continents, règnent les
CLIMATS CONTINENTAUX, qui ont des étés brûlants et des hi-
vers rigoureux.
On peut s'en rendre compte en suivant sur la carte de l'A-
tlas la ligne isochimène de + 5° qui descend beaucoup plus
au sud dans le centre de l'Amérique (jusqu'au 35e degré) et
en Asie (jusqu'au 30e degré au Tibet), que sur les bords de
1. La vitesse d'un vent frais, convenable aux navires à voiles, est d'en-
viron 6 mètres par seconde ; celle d'un ouragan, à la circonférence du
cyclone, atteint 40 mètres.
d'une manière différente, dans la mer de Chine et entre
Java et l'Australie 1.
15. Les vents des zones tempérées. — Un courant d'air
produit toujours un contre-courant : la brise de mer et la
brise de terre en sont des exemples. Pendant qu'au niveau
du sol, les alizés envoient du nord-est et du sud-est un air
frais, l'air échauffé s'écoule dans les régions supérieures de
l'atmosphère vers le nord-est et vers le sud-est ; il s'alourdit
peu à peu, ou,pour mieux dire, il se condense en se refroi-
dissant. Un peu au delà des tropiques, vers le 30e degré, il
retombe au niveau du sol, en se heurtant contre les cou-
rants venus du pôle. Il se produit ainsi, par la neutralisation
des forces, deux nouvelles zones de calmes, celle du tropique
du Cancer et celle du tropique du Capricorne. Au delà de
ces deux zones, les courants tièdes, venus de l'équateur,
prédominent à la surface du sol, sans avoir en aucune
façon la régularité des vents alizés, et produisent les vents
du sud-ouest dans la zone tempérée du nord, et les vents du
nord-ouest dans la zone tempérée du sud. Leur souffle se
fait sentir jusque dans les régions polaires dont ils réchauf-
fent quelquefois le sol, pendant que l'air froid appelé vers
l'équateur leur fait place et s'écoule, tantôt dans les ré-
gions supérieures, tantôt au niveau du sol, en donnant
naissance aux vents froids du nord et du nord-est dans l'hé-
misphère nord ; du sud et sud-est dans l'hémisphère sud (voir,
pour la marche générale de ces vents, la figure 17 et le carton de la
carte n° 1.) Dans la zone tempérée du nord, la prédominance
des vents d'ouest est telle qu'on compte, en moyenne, pour
aller à la voile d'Amérique en Europe, 20 jours, et d'Eu-
rope en Amérique, 35 jours 2.
1. Mais leurs limites ne sont pas réglées par les lignes isothermes,
beaucoup de végétaux ne pouvant supporter un certain froid, quelle
que soit la moyenne température de l'année, d'autres craignant la sé-
cheresse, la plupart ayant besoin seulement, pendant la période de la
végétation, d'une certaine somme de chaleur. Les lignes isochimènes
déterminent, mieux que les lignes isothermes, la limite septentrionale
de certains végétaux.
comme Sainte-Hélène, s'arrêtent aux rivages de cette île 1.
Les plantes se propageant, en général, de proche en proche,
peuvent en effet couvrir une plus vaste superficie quand rien
ne les arrête, ce qui a lieu pour l'ancien continent, et n'oc-
cupent qu'un espace restreint, quand la mer leur fait obs-
tacle. C'est ce qui explique la diversité, sous une même la-
titude, de la flore et de la faune des trois continents ou
portions de continent de l'hémisphère austral. C'est ce qui
fait également que la flore et la faune des îles sont un peu
plus pauvres que celle des continents.
Les plantes occupent, en général, une surface d'autant
plus étendue que leur organisation est moins compliquée : c'est
ainsi que certains genres de cryptogames se rencontrent
sous la zone torride, comme sous la zone glaciale, tandis
que beaucoup de plantes dicotylédones ne peuvent vivre
qu'entre les tropiques. Quand les botanistes essayent de
tracer sur la carte les limites du domaine propre à chaque
plante, ils trouvent presque toujours, pour les plantes de
la zone tempérée, une vaste bande allongée de l'est à l'ouest
et resserrée du nord au sud, parce que le froid et le chaud
sont ordinairement les barrières qui, dans cette zone, arrê-
tent la végétation ; et, pour les plantes de la zone torride,
une bande allongée du nord au sud. D'autre part, la tem-
pérature s'abaissant très-rapidement à mesure qu'on s'élève,
on peut en quelques kilomètres, sur la pente d'une mon-
tagne, passer d'un climat tropical à un climat glacial, et
voir superposée une série presque complète de flores,
analogues à celles qui se succèdent de l'équateur au pôle :
cette diversité, due à l'élévation, est d'autant plus grande
que la région est plus accidentée. C'est ce qu'indique la
figure ci-contre (fig. 25), représentant les zones de végétation
du Chimborazo, situé par 0° de latitude ; du Popocatepetl,
1. Il est à remarquer d'ailleurs que, grâce aux courants et au passage
des navires, la flore de Sainte-Helène, aussi bien que celle de l'Ascen-
sion, situées toutes deux dans la zone torride, ressemblent moins à la
flore de l'Afrique équatoriale qu'à celle du Cap.
par 19° ; du mont Perdu par 43°, du mont Blanc, par 46°
et du mont Sulitjelma, en Laponie, par 64°.
Avec les réserves que font faire ces considérations et
d'autres encore, telles que la constitution géologique du
sol actuel et sa disposition dans les époques géologiques
antérieures, l'intensité de la lumière solaire, qui est distincte
L'OCÉAN.
(Voir les cartes no 2 et no 3.)
LES DÉCOUVERTES
(Voir la carte n° 5 )
L'AFRIQUE
1re section.
LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
2e section.
LA GÉOGRAPHIE POLITIQUE.
(Voir la carte n° 7.)
3e section.
LA GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE.
(Voir les cartes nos 8 et 9.)
CÔTE OCCIDENTALE :
L'ASIE
1re section.
LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
1. Excepté à l'ouest.
jours sans profondenr et l'accès du rivage est rendu dange-
reux par le ressac (voir § 39) : aussi cette côte est-elle complé-
tement dénuée de bons ports. Une chaîne de récifs, nommée
le Pont d'Adam, qui empêche toute grande navigation dans
le détroit de Palk et dans le golfe de Manaar, relie la côte
méridionale à la grande ÎLE DE CEYLAN, bordée de lagunes,
mais montueuse au centre et parée d'une végétation lu-
xuriante, A l'extrémité de l'Inde, est le CAT COMORIN, pro-
montoire élevé (1,400 mètres) qui sépare le golfe du Ben-
gale de la mer d'Oman.
La côte occidentale de l'Inde, baignée par la MER D'OMAN,
et élevée à cause du voisinage des Ghats, est rocheuse et
peu hospitalière sur la côte de Malabar ; plus découpée
par des estuaires favorables au commerce sur la côte
de Concan, avec quelques îles, entre autres l'île Salsette
où est Bombay ; généralement basse et marécageuse et
exposée aux coups de mer, au nord, sur les bords du golfe
de Cambaye, de la presqu'île de Guzerate, du golfe de
Koutch et du delta de l'Indus.
1
1. En 1819, le Runn de Koutch fut envahi par la mer sur une sur-
face de plus de 5000 kilom. carrés.
navires ont soin de se tenir éloignés ; on y entre par le DÉ-
TROIT DE BAB-EL-MANDEB, dans lequel est la petite île Périm ;
quelques rares ports, comme celui de Djeddah, se trouvent
sur les parties accessibles de la côte ; au nord, le massif
montagneux du Sinaï sépare le golfe d'Akaba du golfe de
Suez.
Les principales îles de l'océan Indien, sont : dans le
golfe de Bengale, la chaîne des îles montueuses et boisées
d'Andaman et de Nicobar ; dans la mer d'Oman, la longue
chaîne madréporique dés îles Laquedives et Maldives, îles
basses, couvertes de cocotiers et enveloppées de récifs,
comme toutes les formations madréporiques.
4° La côte de la Méditerranée se divise en deux par-
ties :
La côte de la MÉDITERRANÉE proprement dite, est en
général élevée et peu préparée par la nature à abriter le
commerce ; mais placée au point de contact maritime de
l'Asie avec l'Europe, elle a conduit les hommes à profiter
des moindres accidents du rivage pour établir des ports.
Basse et perdue en quelque sorte dans les roseaux au fond
du golfe d'Alexandrette, et du golfe de Tarsous, elle se
relève et devient accidentée au sud de l'Asie Mineure, sans
être beaucoup plus hospitalière ; elle dessine le golfe d'An-
talie. A l'ouest, où l'ARCHIPEL la baigne, elle se découpe
profondément avec des côtes hautes et de profondes baies,
comme celles de Skala-Nova, de Smyrne, etc., qui malheu-
reusement sont en partie ensablées, mais où néanmoins le
commerce a pu, de tout temps, facilement embarquer et
débarquer ses marchandises.
La côte de la MER DE MARMARA et de la MER NOIRE est
élevée, comme presque toutes les côtes de l'Asie mineure.
Deux détroits qui sont, pour ainsi dire, des canaux mariti-
mes, le DÉTROIT DES DARDANELLES et le BOSPHORE séparent
par un étroit intervalle la côte asiatique de la côte euro-
péenne. Sur la mer Noire, il y a plusieurs caps qui abritent
des ports, cap Indehé, etc., mais aucune baie profonde.
Dans la Méditerranée, se trouvent en grand nombre des
îles fertiles et célèbres : CHYPRE (plus de 14,000 kil. c.)
est hérissée de deux massifs montagneux dont le principal,
le mont Olympe, est au sud-ouest ; ils donnent naissance à
de nombreux torrents et séparent de belles plaines, entre
autres la Messaorée. Une longue rangée d'îles, Rhodes, Cos,
Samo, Chio, Métélin, l'ancienne Lemnos, borde la côte oc-
cidentale de l'Asie Mineure, îles montueuses, assez boisées
sur les hauteurs et fertiles dans les vallées.
74. Le relief du sol. — Vu à vol d'oiseau, le relief de
l'Asie présente un dessin compliqué. Au CENTRE, c'est un
VASTE PLATEAU, ou plutôt une succession de plateaux,
s'abaissant graduellement vers le nord, coupés de hautes
arêtes montagneuses, dont la directiongénérale est de l'ouest
à l'est, et s'appuyant au sud sur ceinture de montagnes
très-élevées. AU NORD et au nord-ouest de ce plateau, une
PLAINE BASSE, d'immense étendue, se confond, à son extré-
mité, avec l'océan Glacial. A L'EST, une grande plaine
aboutit à l'océan Pacifique en face d'un rideau d'îles. Au
sud-est, une longue suite de chaînes semblent être les
contre-forts avancés et les étais du plateau. AU SUD et à
l'OUEST sont quatre plateaux distincts : deux d'entre eux
sont isolés et chacun d'eux forme une des TROIS GRANDES
PÉNINSULES asiatiques ; deux sont réunis au plateau central
par des massifs montagneux qui sont comme les ponts des
terres hautes, l'Hindou-kouch entre le grand plateau et
l'Iran, le massif arménien entre l'Iran et le plateau d'Asie
mineure. Ces plateaux séparent eux-mêmes de larges plai-
nes ou des vallées et sont bordées en général de montagnes
ou de terrasses montagneuses, qui relient les terres hautes
aux terres basses et qui descendent, pour la plupart, jusque
sur le rivage de la mer. De cet ensemble, il résulte quatorze
régions :
1°La RÉGION DE L'HIMALAYA est en quelque sorte le noeud
principal du système asiatique tout entier et renferme les
plus hautes montagnes du globe.
La CHAÎNE DE L'HIMALAYA forme un grand arc de cercle
de 2,500 kilomètres de longueur, ouvert du côté du nord
et légèrement incliné vers le sud-est. Elle s'élève brusque-
ment au-dessus de la plaine unie de l'Hindostan, comme
un gigantesque entassement de montagnes aux sommets
arrondis, étagées en amphithéâtre, les unes derrière les
autres, sur une largeur de plus de 200 kilomètres. Au pied
de la chaîne, règne en général une bande de terres sa-
blonneuses et marécageuses, région très-insalubre, dite
Terai. Sur les premières montagnes, disposées comme un
espalier pour recevoir les rayons du soleil, la végétation
est celle des tropiques : les bambous, les palmiers y abon-
dent. A mesure qu'on s'élève, les plantes de la zone tem-
pérée les remplacent et, jusque vers une altitude de
3,000 mètres, on trouve quelques cultures et de vastes
herbages parsemés de saules, de tilleuls, de sycomotes, d'é-
rables, de chênes, de genévriers, de magnolias, de rhodo-
dendrons, de mélèzes, de pins, et de cèdres, au milieu des-
quels se distingue le gracieux cèdre déodara ; là se trouvent
de belles et fertiles vallées, dont quelques-unes, comme la
vallée de Cachemire, sont renommées. Au delà, rien que des
herbes au milieu des rochers ; puis, au-dessus de 4,000 m.,
toute verdure cesse : on ne voit plus que la roche nue, les
glaciers, et vers 5,300 mètres, les neiges éternelles qui ont
valu à la chaîne le nom d'Himalaya, c'est-à-dire « séjour
de la neige » : certains glaciers y ont plus de 50 kil. de
longueur.
Aucun système de montagnes ne présente un aussi grand
nombre de pics élevés (voir le carton de la carte n° 10 et la fi-
gure n° 41), le GAURISANKAH 1 OU mont Everest (8,832 MÈTRES),
LA PLUS HAUTE MONTAGNE DU GLOBE ; le Katschin-Djinga
(S.380 m.), dans le Sikkim; le Dhaivala-Gin (8.170 m.)
et près de deux cents autres sommets dépassant 6,000 mè-
1. Gaurisankar est le nom que lui donnent les Hindous ; les Tibétains
le nomment Chingo-Pamari; Everest est le nom d'un officier anglais.
très et que nul homme n'a jamais gravis Des gorges
étroites et tortueuses contournent les divers étages de ces
sommets et conduisent les eaux dans la vallée du Gange.
Les hautes montagnes du faîte ne dominent que de 4
à 5,000 mètres le sol du côté du nord ; aussi, en descen-
LA GÉOGRAPHIE POLITIQUE.
Tassissudon.
Hors de l'Inde proprement dite et de la Birmanie, les
Anglais possèdent encore : 1° la grande île de Ceylan (64,000
kil. c., et 2,000,000 hab.), ch.-l. Colombo : 2° les établisse-
ments du détroit, l'île Poulo-Pinang avec la province de
Wellesley, Malacca et Singapore (env. 2,800 kil. c., et
300,000 hab.) ; 3° en Chine, l'île Hong-Kong (83 kil. c., et
115,000 hab.), à l'embouchure de la rivière de Canton ; 4° à
l'ouest, sur la côte d'Arabie, les îles Kouria-Mouria, Aden
et l'îlot de Périm qui commande le détroit de Bab-el-
Mandeb.
En tout, près de 208 millions d'Asiatiques sont, directement
on indirectement, soumis à l'Angleterre.
2° Les POSSESSIONS FRANÇAISES : Chandernagor, Yanaon,
PONDICHÉRY, Karikal, Mahé, dans l'Inde (en tout 510 kil. c.,
et 220,000 hab.), et la COCHINCHINE FRANÇAISE (56,000 kil. c.,
et un peu plus de 1 million d'hab.), ch.-l. Saïgon.
(Voir, pour plus de détails, la France avec ses colonies).
3° Les possessions portugaises, Goa, Damaun, Diu, etc.,
dans l'Inde (env. 4,200 kil. c., et 525,000 hab.) ; Macao en
Chine (31 kil. c., et 100,000 hab.).
3e section
LA GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE.
ASIE OCCIDENTALE.
(1) Le chiffre de la population, bien que puisé aux sources les plus
récentes et les plus sûres, ne doit être regardé que comme appro-
ximatif.
çante de l'Asie ottomane sur la mer Noire ; Siwas (25,000
hab.), ancienne Sébaste, ville bien bâtie sur le cours su-
périeur du Kizil-Ermak ; Tokat (45,000 hab.), ville com-
merçante : aux environs est la ville de Zileh, avec une
foire importante en novembre ; Amasiafi (23,000 hab.),
ancienne Amasée, résidence des rois de Pont, et patrie du
géographe Strabon ; Adana (40,000 hab.), sur le Sihoun ;
Tarsous (25,000 hab.), ancienne Tarse, sur le Kara-sou,
ancien Cydnus.
Dans la région arménienne, Tiflis (70,000 hab.), capitale
delà Géorgie, ville commerçante avec d'immenses bazars;
Schemacha (29,000 hab.), dans le Chirwan, plus importante
que Bakou la capitale, célèbre elle-même par ses puits de
feu ; Erivan, capitale de l'Arménie russe ; Erzeroum (60,000
hab.), capitale de l'Arménie ottomane, boulevard de
l'empire Turc au nord-est, entrepôt du commerce entre la
Turquie, la Russie eL la Perse, grande fabrique d'armes
blanches; Tan (43,000 hab.), ville de commerce, sur le
lac de son nom ; Mossoul (50,000 hab.), autre grande place
de commerce, avec des fabriques de maroquins et d'étoffes
légères de coton, appelées de son nom mousselines ; Khor-
sabad, simple village au nord de Mossoul, est sur les ruines
de l'antique Ninive qui occupent une superficie presque
aussi grande que celle de Londres ; Arbil, petite ville au
sud-est, rappelle le nom de l'ancienne Arbclles ; Diar-
bekir (40,000 hab,), capitale du Kourdistan, sur le Tigre,
au centre d'une des plus riches plaines de l'Orient ; Nizib,
ancienne Nisibe, au milieu de riches pâturages et de jardins
renommés par leurs roses blanches, ancienne frontière de
l'empire Romain du côté des Perses, théâtre, en 1839, d'une
victoire de Méhémet-Ali, qui assura l'autonomie de l'É-
gypte ; Malatia (20,000 hab.), ancienne Mélitène sur l'Eu-
phrate.
Dans la Mésopotamie, Hillalt (30,000 hab.), sur la rive
gauche de l'Euphrate, au milieu des ruines de Babylone ;
Bagdad (60,000 hab.), ancienne capitale des Khalifes, près
des ruines de Séleucie et de Clésiphon, est située sur le
Tigre, large, en cet endroit, comme le Rhin à Mayence :
elle possède des fabriques de velours et de coton et de
riches bazars; Bassorah (00,000 hab.), dans une contrée
malsaine, port de commerce sur le ChaU-el-Arab, au-des-
sous du confluent de l'Euphrate et du Tigre.
En Syrie, Antaldeh (20,000 hab.), dans une position dé-
licieuse sur l'Oronte, débris de l'ancienne Antioche, capi-
SIBÉRIE.
CHINE.
plus grand soin ; le ricin ; la rhubarbe (fig. 53) qui est très-
cultivée en Chine, surtout dans les provinces de l'ouest,
pour sa racine, médicament purgatif, pour ses jeunes feuil-
les tendres ou pour la pulpe de ses tiges, aliment es-
timé des Orientaux et des Anglais ; l'aubergine, le safran,
l'indigo, le chanvre des provinces occidentales, etc.
Parmi les arbres, il faut citer le palmier des plaines
inférieures ; le sapin ; le chêne des montagnes de l'ouest ;
l'arbre à vernis qui donne le vernis avec lequel on fait les
laques ; l'arbre à cire, espèce de frêne abondant surtout au
Tché-kiang et qui nourrit un insecte donnant de la cire ; l'ar-
bre à savon qui fournit un savon végétal très-usité ; le mû-
rier à papier ; l'arbre à suif, très-abondant surtout dans
le sud-ouest, ressemblant par son port au cerisier et
fournissant par les enveloppes de ses fruits une cire
végétale d'un grand usage en Chine, et récoltée en no-
vembre.
Dans cette partie, il n'y a pour ainsi dire pas un hectare
perdu pour la culture ; et, comme la terre semble insuffi-
sante, on voit sur les cours d'eau des radeaux recouverts
d'une couche de terre et portant des récoltes flottantes.
3° La Chine septentrionale comprend le Chan-toung, le
Pé-tchi-li, le Chan-si, le Chen-si, le Kan-sou et par exten-
sion la Mandchourie et la Corée. Une notable partie de
cette région, principalement dans le voisinage de la Mongo-
lie, présente de vastes steppes et des plaines sablonneuses
sans culture ; le sorgho, l'avoine, le millet, l'orge, le sarrasin,
le froment sont les céréales principalement cultivées ; les
pois et les fèves le sont dans le Chan-toung, dans le Pé-
tchi-li et surtout dans le Chin-king (partie maritime de la
Mandchourie qui dépend de la province de Pé-tchi-li).
Dans le Chan-toung, on élève le ver à soie du chêne, dans
presque toutes les provinces pousse le coton ; dans le nord,
les sapins et les pins dominent ; dans les forêts de la
Mandchourie et de la Corée, on recueille le ginseng, sorte
d'herbe très-employée en médecine et à laquelle les Chi-
nois attribuent des propriétés merveilleuses. La région
septentrionale de la Mandchourie et de la Corée est favora-
ble au jujubier et aux arbres à fruits, pruniers, pommiers
et poiriers. Elle fournit en outre le raisin, utilisé comme
raisin sec, surtout dans l'est et dans la Corée ; les melons ;
le chanvre, surtout dans l'ouest ; le lin et l'isatis dont on
extrait une teinture bleue
La Chine n'a pas de pâturages ni de prairies, sinon dans
la région du nord. La Chine proprement dite (méridionale,
centrale et septentrionale) n'a pour ainsi dire pas de forêts:
aussi y ménage-t-on beaucoup le combustible, et c'est
ordinairement avec des herbes sèches qu'on fait cuire les
aliments.
9!b Les animaux. — La Chine a très-peu de bétail; cette
nombreuse population, adonnée à la petite culture, fait en
effet par ses mains presque tous les travaux des champs et
pratique précisément des cultures qui exigent beaucoup de
main-d'oeuvre : thé, riz et coton. Cependant on trouve le
buffle partout dans le sud ; le yak dans le nord ; un fort
petit nombre de chevaux, les animaux de race bovine étant
employés, non-seulement comme bêtes de somme pour les
fardeaux, mais comme monture pour les hommes. On
trouve des troupeaux au nord ; mais on trouve surtout des
moutons isolés dans chaque ferme de la Chine proprement
dite; des ânes au centre et au sud; partout beaucoup de
PORCS et des chèvres, compagnons de la petite culture ; par-
tout aussi de la volaille et principalement des CANARDS
(voir la fig. 54), qu'on élève en très-grande quantité dans
les rizières du sud et du centre et dont la viande, séchée et
battue, est un important objet de commerce. Parmi les ani-
maux utiles, il faut mentionner l'abeille ; le ver à soie du
mûrier (voir plus liant § 98), et celuidel'ailanteoudu chêne :
le premier se trouve surtout dans le sud ; le second dans
le nord et dans les régions montagneuses de l'ouest ; enfin
la salangane ou hirondelle de mer, dont le nid, fait avec
une sorte de fucus, est comestible.
100. La pêche. — Plus que dans aucun autre pays, la
PÊCHE est en Chine une des sources de l'alimentation pu-
blique : une partie assez considérable de la population vit
en effet sur les rivières et n'a pas d'autre domicile que
le sampan, sorte de jonque. Les poissons abondent non-
seulement dans les cours d'eau, dans les lacs et les étangs,
mais jusque sur le terrain inondé des rizières : beaucoup
de carpes de diverses espèces et certains poissons appelés
« lo-iou » mesurent jusqu'à 2 mètres et pèsent jusqu'à 100
kilogrammes. Le poisson est, avec le riz et le porc, l'aliment
ordinaire des Chinois. On le pêche de beaucoup de ma-
nières, avec des filets, avec des lignes, ou avec des cormo-
rans, oiseaux pêcheurs.
101. La production minérale. — La Chine, pays plus
agricole qu'industriel, ne tire encore qu'un faible parti
de ses richesses minérales : elle exploite cependant de la
houille de qualité médiocre, dans le Ho-nan, dans le Hou-
nan, dans le Ssé-thouen, c'est-à-dire autour de Han-keou,
qui est le port d'exportation de cette marchandise, et de la
houille de bonne qualité, au nord-ouest de Pé-king. Elle fa-
brique du fer dans un grand nombre de provinces, particu-
lièrement dans le Chan-si, le Chen-si, le Ssé-tchouen, c'est-
à-dire dans la région montagneuse du nord-ouest. Les autres
métaux sont le cuivre du Chan-si, du Tché-kiang, etc. ;
l'étain du Ssé-tchouen, du Yun-nan, etc. ; l'argent au nord
de Pé-king ; le mercure du Kouang-si, etc. Parmi les autres
substances minérales importantes, le KAOLIN, argile blanche
qui sert à fabriquer la porcelaine, se trouve abondamment
dans le Kiang-si, dans le Kiang-sou, le Chan-si, etc. ; les
pierres précieuses, grenat, opale, émeraude, saphir, jade, etc.,
se trouvent surtout au Yun-nan et Ta-li-fou en est le prin-
cipal marché ; le SEL est extrait, dans le Ssé-tchouen, de
nappes souterraines d'eau salée, en creusant des puits ar-
tésiens et en faisant évaporer l'eau à l'aide de la chaleur
des puits à gaz ; on l'exploite aussi dans les salines du lit-
toral et dans les mines de sel gemme du Pé-tchi-li.
102. La production industrielle. — Les Chinois se ser-
vent d'outils très-simples et emploient peu de machines :
aussi les industries mécaniques sont-elles peu développées
chez eux. Cependant ils font beaucoup d'ustensiles en mé-
tal, des bassines, des armes dans le Ssé-tchouen et le
Chen-si, des cloches, des coffres dans les provinces du
nord, de la quincaillerie à Sou-tcheou-fou, à Ning-po, à
Fou-tcheou. Les principales industries chimiques sont la
fabrication de l'huile de graine ou de fruit, la fabrication
des couleurs pour la teinture à Canton, à Sou-tcheou-fou,
au Ssé-tchouen, c'est-à-dire dans les centres de tissage.
La Chine fabrique et consomme du vermicelle en grande
quantité, de la liqueur de riz dans le centre et le sud, de
la liqueur de sorgho dans le nord, une sorte de bière et
de cidre de riz.
Le travail de la laine comprenant draps, tapis de feutre
ou riches tapis ouvrés, ceintures, velours de laine, cou-
vertures, cordages en poil de chameaux, chapeaux, bonnets
et bas de feutre à très-bon marché, occupe un grand nom-
bre de bras dans les provinces voisines de la Mongolie et du
Tibet, c'est-à-dire Chen-si, Chan-si, Kan-sou et Ssé-tchouen,
où les moutons sont nombreux. Le tissage du coton, du
chanvre, du china-grass et de la fibre du pois comprenant la
toile, le velours de coton, les toiles peintes, les tapis imitant
l'astrakhan ; et le tissage du chanvre de palmier, dont on fait
des filets, des cordages, des limousines, des nattes, occu¬
pent aussi un grand nombre de bras dans toutes les provinces.
Le tissage de la soie, soierie unie, foulard, satin, crêpe, gaze,
velours, peluche, passementerie, chaussures brochées, est
pratiqué presque partout, principalement à Sou tcheou fou
et à Song-kiang, dans le Kiang-sou, centre de la produc-
tion de la belle soie ; à Ning-po, à Canton, à Tching-tou-
fou, à Kia-ting et à Chuen-king-fou, au Ssé-tchouen.
L'ébénisterie est une industrie très-importante en Chine :
elle fait des chaises, des tables, des coffres, surtout des
lits à armoire, la principale pièce du mobilier chinois, et
des cercucils, pour lesquels les Chinois déploient un grand
luxe et qu'ils font faire ordinairement de leur vivant ; le
bambou est le bois le plus employé eu ébénisterie, et c'est
dans le sud, à Ning-po, à Canton, à Fou-tcheou, que sont les
artisans les plus renommés. Les maisons riches dans quel-
ques villes sont en pierre, plus souvent en briques ; les
maisons ordinaires et les habitations des campagnes sont
en bois, ordinairement en bambou, avec couverture de
chaume. La Chine fabrique dans toutes ses provinces beau-
coup de poteries ; mais ses plus belles PORCELAINES viennent
du Kiang-si et suitoutde KiNG-TÉ-TCniN, du Chen-siot du
Tché-kiang. Les bronzes d'ornement, arlistement fondus,
viennent de Sou-tcheou fou, de Hung-tcheou-fou, etc. ; les
sapèques de Ning-po et de Fou-tchéou sont renommées.
Les jonques et les chaises à porteur sont des articles dont
la fabrication est très-importante : Fou-tcheou et Han-keou
y ont une réputation particulière.
La Chine fabrique du PAPIER en très-grande quantité,
surtout le genre dit « papier de riz », qu'on fait avec la
moelle d'une certaine plante ; le bambou, le mûrier à pa-
pier, l'ortie sont également employés à cet usage ; c'est
dans le sud et surtout dans les environs de Fou-teheou,
qu'on en fait le plus. Elle fabrique aussi en grande quan-
tité les instruments de musique, tamtams, gongs, tambours,
à Sou-tcheou-fou, à Fou-tcheou, etc. ; l'encre à Pé-king,
dans le Ngan-hoei, le Chen-si, etc.
103. La population et les grandes villes de la Chine.
—
La population de la Chine mérite une attention toute parti-
culière, par ce double motif que la Chine est de tous les États
du globe terrestre, celui dont LA POPULATION est LA PLUS NOM-
BREUSE ET LA PLUS DENSE. La Chine proprement dite, c'est-
à dire indépendamment des pays tributaires, paraît compter
environ UN DEMI MILLIARD D'HABITANTS (1), c'est-à-dire environ
2/5 du genre humain, tandis que l'Europe entière n'en
compte que 300 millions ; et, comme ces 500 millions d'ha-
bitants vivent sur un territoire de 3,361,000 kilom. carrés,
équivalent à un peu plus du tiers de la superficie de l'Eu-
rope, c'est une densité moyenne de 145 habitants au kilom.
carré, ou 1 HABITANT 1/2 PAR HECTARE, densité qu'arrive à
atteindre un seul petit État de l'Europe, la Belgique (2).
Cette densité, qui est bien moins forte dans les provinces
montagneuses de l'ouest, où la moyenne n'est guère que
de 83 hab. par kilom. carré (à peu près la densité de
l'Italie), est beaucoup plus -grande dans les provinces
maritimes et particulièrement dans le bassin du Yang-tsé-
kiang. La densité dans la province du Kiang-sou est de
LE JAPON.
pauvres, ainsi que le THÉ, qui est presque aussi estimé que
celui de la Chine, doivent être, rangés aussi parmi les
végétaux alimentaires.
Les plantes industrielles sont le coton qui est de bonne
qualité, le mûrier qui nourrit le ver à SOIE, le chanvre, le
sésame, le tabac de qualité médiocre, l'indigo, le camphre
de Kiou-siou, l'arbrisseau (rhus vernix) qui donne le venus
particulier du Japon, le bambou, le ko-zo, arbrisseau dont
les filaments servent à fabriquer un très-beau papier, l'ortie
qui est employée à la fabrication du papier commun, l'arbre
à cire de Kiou-siou et de Sikokf. Le Japon, dans ses parties
montueuses, et surtout dans l'île de Yéso, a de belles forêts
de pins qui rappellent celles de l'Écosse.
Mais, quoique l'agriculture y soit, comme en Chine, pra-
tiquée avec beaucoup de soin, le Japon n'a, pour ainsi dire,
aucun bétail : rien que des buffles et des zébus pour les
transports ; mais de beaux chevaux de selle et beaucoup de
volaille. Le POISSON et particulièrement la morue que l'on
pêche sur les côtes, est pour la population une très-impor-
tante ressource.
Le Japon a des mines d'or, de cuivre et d'argent, mais dont
on ignore le produit, parce que la plupart appartiennent à
l'empereur. Le soufre et surtout la terre à porcelaine
(kaolin) sont aussi des productions importantes du sol japon-
nais. L'Ile de Yéso fournit un peu de houille.
108. L'industrie. — Le Japon a une industrie assez déve-
loppée, quoique mal connue jusqu'ici. Il fabrique des étoffes
et surtout de très-riches soieries, art qu'il a reçu, il y a
quatorze ou quinze siècles, des Chinois ; il fabrique des
laques, des armes, des bronzes, plus artistement travaillés
encore que ceux des Chinois, et surtout des porcelaines
dont la plus estimée est celle de l'île de Kiou-siou, supé-
rieure à celle de la Chine, bien que les procédés viennent
de cette dernière contrée,
109. Les voies de communication. — Le Japon a de très-
belles routes, entretenues avec grand soin et bordées d'arbres,
principalement la grande route de Nagasaki à Hakodadé
par Yédo. Un chemin de fer, dont une section est déjà ex-
ploitée, unira Yédo à Osaka et Yédo à Yokohama. Des
services réguliers de paquebots unissent cette dernière
ville à l'Amérique, à l'Inde et à l'Europe. Un câble télégra-
phique la met en relation avec le réseau russe d'une part
et avec Hong-kong et Smgapore de l'autre.
110. Les grandes villes. — Le Japon, ayant une popu-
lation dense, de 90 hab. probablement au kil. c., doit avoir
un certain nombre de villes au-dessus de 100,000 habi-
tants, surtout dans les îles de Kiou-siou et de Sikokf,
et dans le sud de Nippon : on ne connaît guère encore
que les trois villes suivantes qui ont le titre de résidence
« fou » (voir les cartons des cartes n°s 12 et 15) :
Kioto (env. 200,000 hab.), ancienne résidence du Mi-
kado, chef spirituel du Japon ; cette ville, située dans le
sud de Nippon, non loin d'Osaka, fabrique de très-belles
soieries et est, comme Osaka, une ville de grand luxe.
Osaka (400,000 hab. ?), située au sud de Nippon, ville
(1) Un très-beau châle fait à Cachemire coûte sur place 2,500 francs,
à Amritsir 1,250 fr., prix auxquel il faut ajouter les droits imposés par le
gouvernement, qui sont de plus de 1,000 francs.(Rapport du Comité cen-
tral de Lahore à l'exposition de Londres en 1862.)
troduite il y a un demi-siècle, à la suite d'une famine qui
avait chassé les tisserands de la vallée de Cachemire.
Après les tissus, viennent l'orfèvrerie et la bijouterie en
filigrane et en cannetille, dont les dessins qui rappellent
ceux des châles ont, en général, quoiqu'un peu confus, une
grande originalité ; la céramique qui, à côté de beaucoup
d'objets communs sans vernis, donne des poteries d'une
forme élégante et pure et quelques belles poteries dorées
et argentées, comme celles de Mirzapore, Khotah, Patna
et leurs environs ; l'ébénisterie qui fabrique, dans les
articles de luxe, des coffrets de laque et d'ivoire, des
meubles en bois sculpté et fouillé avec un détail infini.
Malgré leurs procédés très-primitifs, les Hindous fabri-
quent un excellent acier, le « voutz », très-renommé
en Asie et dont ils font leur belles armes ; ils fabriquent
aussi divers alliages de métaux, le biddery, etc., avec
lesquels ils font certains ustensiles et des instruments de
musique.
116. Les villes importantes. — L'Inde compte environ
180 millions d'habitants ; or, comme la population est
groupée surtout dans la grande vallée du Gange, qui ren-
ferme à elle seule près de 70 millions d'habitants, il n'est
pas étonnant que, dans cette vallée (1) et sur les côtes, il
y ait un assez grand nombre de villes de plus de 100,000
âmes. Mais la plupart de ces villes, dont le chiffre de popu-
lation, imparfaitement connu, est d'ailleurs très-variable,
ne se composent guère, à part quelques beaux monu-
ments, que d'un amas confus de cabanes en bambou ou
en pisé, tantôt agglomérées le long de rues étroites et
infectes, tantôt s'espaçant sur une étendue immense,
au milieu des ruines et des tombeaux. Aussi sont-elles
(1) La vallée du Gange et le Pendjab ont une superficie et une popu-
lation à peu près égales à la superficie et à la population de la France,
de l'Allemagne et de l'Autriche réunies, mais la population de ces trois
États européens, beaucoup plus laborieuse, est plus exigeante sous le
rapport de l'alimentation et du bien-être général.
moins, à proprement parler, des villes, que de grands vil-
lages. La population de dix-sept d'entre elles paraît dé-
passer 100,000 habitants (Voir, pour quelques-unes d'entre elles,
les plans de la carte n° 13).
Fyzabad (100,000 hab.), sur la Gogra, dans le royaume
d'Oude, près des ruines de la ville d'Oude, qui n'est plus
qu'un lieu de pèlerinage.
Nagpore (110,000 hab.), capitale du Bérar et des pro-
vinces centrales.
Agra (123,000 hab.), capitale de l'empire Mogol au
XVIe siècle, possède plusieurs des plus beaux monuments
de l'Inde, le mausolée d'Akbar, le Tadje, monument élevé
à la mémoire d'une sultane, etc. Centre d'un grand marché
de coton, de filés, de peaux de chèvres et de moutons, elle
fait un commerce actif avec la Perse.
Ahmedabad (130,000 hab.), sur une petite rivière qui dé-
bouche au fond du golfe de Cambaye ; ville renommée par
ses poteries.
Baroda (140,000 hab.), ville commerçante au nord de la
fertile plaine de Surate, abondante en coton et en mûrier.
Joudpore (150,000 hab.), autre ville de commerce, à l'en-
trée du désert de Thurr.
Mourchedabad (150,000 hab.), ancienne capitale du Ben-
gale,sur la rive orientale de l'Hougly, tisse le coton et la soie.
Lahore (150,000 hab.), capitale du Pendjab, fabrique de
châles et de soieries.
Delhi (160,000 hab.), ancienne résidence des Grands-
Mogols, située sur le bord de la Djamna et célèbre par ses
belles ruines, possède encore de beaux édifices et fabrique
des cotonnades et de l'orfévrerie ; c'est la route de Cache-
mire et de Caboul,
Bénarès (186,000 liab.), la ville sainte du brahmanisme,
située sur le bord du Gange qui mesure à cet endroit deux
kilomètres de largeur, et dont la rive est bordée de gra-
dins destinés à faciliter aux Hindous leurs ablutions dans
le fleuve sacré (voir la fig. 63). Bénarès possède des temples
vénérés et de nombreux palais perdus au milieu de ruelles
tortueuses, où errent des taureaux et des boeufs lâchés en
l'honneur de la divinité. On y fabrique divers tissus, des
soieries, des broderies, des brocarts d'or ; et il s'y fait un
commerce important en denrées agricoles, en chevaux
venus de la Perse et en objets d'art.
Hayderabad (200,000 hab.), c'est-à-dire « la ville du
lion », ancienne capitale du Nizam, tisse le coton et tra-
vaillait jadis le diamant de Golconde.
Srinagar ou Cachemire (250,000 hab.), dans une haute
vallée de l'Himalaya, à 2,000 mètres d'altitude.
Patna (285,000 hab.), située sur le Gange, grande fa-
brique de tapis, de tissus de soie et de coton et grand mar-
ché de riz, d'opium, de coton, de salpêtre, etc.
LUCKNOW (300,000 hab.), capitale de l'ancien royaume
d'Oude, fabrique de cotonnades, de soieries, de papier et
d'armes.
MADRAS (427,000 hab.), chef-lieu de présidence, situé
sur la côte de Coromandel et bâti sur un sol sablonneux,
avec une simple rade sans abri. La ville forme deux parties
distinctes : la ville Blanche ou ville européenne, avec de
belles maisons et de larges rues ; et la ville Noire ou ville
asiatique, beaucoup plus vaste, mais ramassis de cabanes
grossières, avec quelques maisons de briques habitées par
les riches hindous.
BOMBAY (650.000 hab.), chef-lieu de présidence, est de-
venu, à cause de sa position en face de la mer Rouge, au
débouché de la péninsule vers les mers d'Europe, une des
plus importantes villes et le plus grand marché de l'Inde.
Bombay occupe l'extrémité méridionale d'une petite île,
reliée par une digue à l'île de Salsette, et formant avec
cette dernière le môle occidental d'une rade excellente
et très-vaste ; c'est pourquoi on lui avait donné le nom
de « bonne baie » qui lui est resté ; le port lui-même, qui
occupe une longueur d'environ 8 kilomètres sur la côte
sud-ouest de la grande rade, est sûr et commode. La
ville a de belles rues, bien aérées, de beaux bazars, une
industrie assez variée ; le quai offre le spectacle d'une
grande activité ; le chemin de fer traverse le sud de
l'île de Salsette et passe sur le continent, au moyen d'un
pont jeté sur le bras de mer. Les Européens ne forment
guère que la centième partie de la population, qui se compose
surtout d'hindous, de musulmans, de parsis ou sectateurs
de la religion de Zoroastre, lesquels en général sont mar-
chands ou artisans, et d'un très-petit nombre de boud-
dhistes et de juifs.
CALCUTTA (plus d'un million d'hab.), résidence du gouver-
neur général, chef-lieu de la présidence du Bengale et ca-
pitale de l'Inde anglaise, bâtie sur la rive gauche de l'Hou-
gly, le bras le plus occidental du delta de Gange. C'est une
belle ville, étalant le long du fleuve ses nombreux édi-
fices qui la font ressembler à un riche quartier de Londres
et qui l'ont fait surnommer la cité des palais, et cachant
plus loin les misérables huttes des Hindous et les ruelles
fangeuses, dont les immondices ne sont guère enlevées
que par les oiseaux de proie. Calcutta est défendue par le
fort William, le principal arsenal des Anglais ; et c'est
sous l'abri de ses canons que la ville s'est formée (1). La
marée se fait sentir jusqu'à Calcutta, où le fleuve a près
de 2 kilomètres de largeur en aval du fort Walliam et
environ 1 kilomètre en amont ; les bâtiments peuvent
arriver jusqu'au quai ; cependant les bâtiments de fort
tonnage ne complètent leur cargaison qu'à Diamond-Har-
bour (Voir le carton de la carte n° 14). De nombreuses industries
de luxe, exercées les unes par des Européens, les autres
par des Asiatiques, animent cette grande cité qui possède
en outre d'importants établissements scientifiques, le
collège de Fort-William et surtout la société Asiatique, pre-
mier corps savant de l'Asie.
(1) Avant l'occupation des Anglais, c'était une berge presque déserte,
désignée sous le nom d'escalier de la déesse Kali (Kali-ghât, d'où Cal-
cutta.)
Outre ces grandes villes, l'Inde en possède un très-
grand nombre dont la population dépasse 20,000 habitants ;
nous n'avons de renseignements à peu près précis que sur
un petit nombre d'entre elles, au nombre d'environ cin-
quante.
Dans le Bengale, Ducca (67,000 hab.), au nord-est de
Calcutta, ancienne capitale du Bengale, encore floris-
sante par l'industrie des mousselines ; Chandernagor (28,000
habitants), c'est-à-dire « ville de la Lune » sur l'Hougly, co-
lonie française ; Râdjamahal (30,000 hab.), sur la rive droite
du Gange ; Purinja (50,000 hab ) plus au nord, dans une
plaine qui n'est qu'un jardin continuel ; it/<mj/îù'(30,000ha-
bitants), sur le Gange, ville industrielle, dont les manufac-
tures d'armes lui ont mérité le nom de Birmingham de
l'Inde ; Gaja (40,000 hab.), au sud de Patna ; Katak (40,000 ha-
bitants), capitale de l'Orissa, sur le Manahady, au sud-ouest
de Calcutta ; Djaganatha ou Jaggernaut (29,000 hab.), plus
au sud, ville sainte des Hindous.
Dans le bassin supérieur du Gange, ou provinces du
Nord-Ouest : Mirzapore (79,000 hab ), au sud-ouest de
Bénarès, entrepôt de soie et de coton et fabrique de pote-
ries ; Allahabad (64,000 hab.), une des villessaintes de l'Inde,
place forte et arsenal considérable, au confluent du Gange
et de la Djamna, à la bifurcation du chemin de fer de Cal-
cutta sur Delhi et sur Bombay ; Kawnpore (59,000 hab.),
place très-forte sur le Gange ; Djansi (60,000 hab.), au sud-
ouest ; Gorackpore (45,000 hab.), au nord de Benarès ;
Mathura (49,000 hab), au nord-ouest d'Agra; Bareilly
(92 000 hab.), ville industrieuse dans le Rohilkund ; Schah-
djihaupoie (62,000 hab ) au sud-est de Bareilly.
Dans le Pendjab : Amritsir (90,000 hab.), la ville la plus
manufacturière de tout le bassin de l'Indus, au nord-est
de Lahore ; Moultan (80,000 hab.), sur le Trimab, reliée à
Lahore par un chemin de fer, ville ancienne avec une uni-
versité musulmane renommée et des fabriques de soieries
et de tapis ; Peschawer (53,000 hab.), au nord-ouest de La¬
hore, ancienne capitale afghane ; Kalabagh (20,000 hab.),
sur l'indus.
Dans le Sindh Hayderabad (24,000 hab.), sur l'Indus qui
cesse d'y être navigable, à cause de l'ensablement des em-
bouchures ; la navigation est remplacée par un chemin de
fer qui aboutit à Kurratchi (82,000 hab.), port sur l'océan
Indien.
Dans le Radjastan, le Malwa, etc., Adjmir (25,000 hab.),
au sud-ouest de Delhi, place très-forte et une des villes
saintes de l'Inde ; Bahawalpore (20,000 hab.), sur la rive
gauche du Sulledje ; Sarangpore (34,000 hab.) ; Gwalior
(50,000 hab.), capitale du Scindiah, avec une forteresse sur
un roc de 100 mètres de haut.
Dans le Cutsch et le Guzerate, Surate (95,000 hab.), bon
port sur le Tapty, à l'entrée du golfe de Cambaye, mais
qui a perdu de son importance depuis l'accroissement de
Bombay ; Cambaye (87,000 hab.), port au fond du golfe de
son nom ; Barutsh (20,000 hab.), sur la Nerbuddah ; Bhooj
(20,000 hab.), dans le Cutsch.
Dans le Dekhan central (provinces centrales, Nizam et
Mysore), Sagar (50,000 hab.), au nord de Nagpore ; Iskan-
derabad (34,000 hab.), près et au nord-est de Hayderabad ;
Aurengabad (60,000 hab.), ancienne capitale du Dekhan sous
Aurengzeb : au nord-ouest de cette ville est Ellora, fameuse
par ses temples, dont les ruines gigantesques ne sont com-
parables qu'à celles de l'Egypte ; Maysore (65,000 hab.), pre-
mière capitale d'un État célèbre qui eut ensuite pour capitale,
à l'époque de Hayder-Ali et de Tippoo-Sahib, Seringapatam,
située un peu au nord-est ; Bangalore (00,000 hab.), capitale,
actuelle de la présidence du Mysore, ville forte et indus-
trieuse, communique avec Madras par un chemin de fer.
Dans le Dekhan occidental (Concan, Malabar, etc.), Nâsika
(25,000 hab.), au nord-est de Bombay ; Punah (75,000 hab.),
au sud-est de Bombay, ancienne capitale de la confédéra-
tion des Mahrattes ; Pandkarpore (20,000 hab.), au sud-est de
Punah ; Tahtscheri (20,000 hab.) ; Cochin (20,000 hab.), im¬
portant à l'époque de la domination hollandaise ; Quilon
(20,000 hab.).
Dans le Dekhan oriental (Carnatic, Coromandel et
Circars), Trinawali (25,000 hab.) ; Tandjore (80,000 hab.)
et Tritschinapali (30,000 hab.) dans le delta du Kavery ; Ka-
rikal (52,000 hab.) et Pondichéry (63,000 hab.), possessions
françaises ; Kandjiwaram (20,000 hab.), au sud-ouest de Ma-
dras ; Arcot (52,000 hab.), également au sud-ouest, impor-
tant par ses forges ; Masulipatam (28,000 hab.), port sur le
golfe du Bengale, avec des fabriques de cotonnades et de
toiles peintes.
Dans l'île de Ceylan, Colombo (50,000 hab.), capitale ac-
tuelle de l'île ; Pantura (20,000 bab.), au sud de Colombo.
117. Les routes intérieures. — L'Inde, comme l'Asie occi-
dentale, a été longtemps dépourvue de routes ; les pluies
tropicales et les débordements des cours d'eau semblaient
interdire la construction de toute oeuvre durable en ce
genre. Mais il y avait des directions suivies par les caravanes.
Dans le Dekhan, ces routes de caravanes parlaient de cer-
tains grands marchés de l'intérieur, comme Seringapatam,
Hayderabad, Nugpore, Jubbulpore, pour aboutir aux côtes
ou à la vallée du Gange.
La vallée du Gange était elle-même et est encore la route
la plus fréquentée du commerce dans la péninsule, grâce
aux riches bazars de Dacca, Mourchedabad, Patna, Bénarès,
Allahabad, Agra et Delhi.
Plusieurs routes fréquentées par des caravanes de cha-
meaux réunissaient, à travers le désert, la vallée du Gange
au bassin de l'Indus, de Delhi à Lahore, et de Delhi ou Agra
à Moultan ou à Shikapore, ; d'autre part le Dekhan au bas-
sin de l'Indus, d'Ahmedhabad à Moultan, etc.
La vallée de l'Indus communiquait elle-même avec l'Asie
antérieure par la route de Lahore à Caboul, le long de la
rivière de Caboul, qui descend du noeud oriental de l'Hima-
laya ; par celle de Moultan à Kandahar, et par celle de
Shikapore à Gondova.
La vallée du Gange communique ou peut communiquer
avec le Tibet, par quelques cols élevés dans le Boutan et le
Sikkim, etc. ; avec la Chine, par l'Assam ; avec le Turkestan,
par la vallée de Cachemire et la passe du Karakoram.
Mais le commerce dans ces directions est nul ou du moins
très-faible aujourd'hui, les Chinois se montrant très-oppo-
sés à l'entrée des étrangers dans leurs provinces intérieures.
En général, du reste, la plupart des routes que nous
avons signalées sont très-médiocrement fréquentées au-
jourd'hui. Les Anglais ont commencé à construire quelques
routes macadamisées, de Calcutta à Bombay par Nagpore,
d'Agra à Bombay, de Bombay à Madras, de Madras à
Calcutta, etc. ; et, depuis la révolte des Cipayes (1857), ils
ont activement travaillé à établir un vaste réseau de chemins
de fer. Les principales lignes, exploitées sur une longueur
de 8,200 kilomètres, sont la ligne de Calcutta à Dacca ; la
grande ligne de Calcutta à Peschawer par Delhi, la vallée du
Gange et Lahore, qui traverse tout l'Ilindostan et le Pendjab,
avec embranchement sur les houillères de Raniegunge ;
la ligne d'Allahabad à Bombay, qui se trouve ainsi relié à la
vallée du Gange, ligne qui emprunte une partie de la vallée
de la Nerbudda et qui projette un embranchement sur Nag-
pore ; les lignes de Bombay à Ahmedabad et au delà, de
Bombay à Madras et de Madras à Baypore sur la côte de
Malabar, avec embranchement sur Negapatam, triple ligne
traversant le Dekhan ; d'Hayderabad à Kurratchi, etc. Ces
chemins dont plusieurs sont encore inachevés, mesureront
une longueur d'environ 10,000 kilomètres. Un vaste réseau
télégraphique de 22,000 kilomètres enveloppe l'Inde.
Les Anglais ont de plus réparé ou construit des canaux
destinés surtout à l'irrigation, mais propres néanmoins à
la navigation : le canal de la Djamna occidentale, le canal
de la Djamna orientale ; le grand canal du Gange, magni-
fique travail dont l'étendue, d'Hurdwar à Cawnpore, sera
de 1,440 kilomètres, et qui n'est pas encore achevé ; le
canal du Godavéry, etc.
La navigation est active et desservie par des bateaux à
vapeur sur le Gange, de Delhi à la mer ; sur l'Indus, elle
n'a lieu que de Moultan à Hayderabad à cause de l'ensable-
ment des embouchures.
118. Les ports de la côte occidentale. — Pour l'Inde,
comme pour l'Asie occidentale, le commerce important,
celui qui intéresse l'Europe, se fait par mer. La côte occi-
dentale compte un grand nombre de ports :
Kurratchi, situé au fond d'un havre commode, hors du
delta ensablé de l'Indus, comme Marseille est hors du delta
du Rhône et Alexandrie hors du delta du Nil, sert de dé-
bouché maritime au fleuve et se relie par un chemin de fer
à Hayderabad, grande ville à la tête du delta. Une foire an-
nuelle attire à Kurratchi des caravanes du Beloutchistan ;
et le commerce y charge pour l'exportation, des laines, des
graines oléagineuses, de l'indigo, du salpêtre, des céréa-
les, etc. ; mais jusqu'à présent, le commerce se fait beau-
coup plus avec Bombay qu'avec les ports d'Europe.
Diu et Damaun, deux petits ports appartenant au Portugal
et situés de chaque côté de l'entrée du golfe de Cambaye,
ne font, pour ainsi dire, aujourd'hui aucun commerce.
Dans le golfe même, on trouve Cambaye, port jadis floris-
sant, aujourd'hui ensablé ; et Surate qui, malgré son mau-
vais port et le voisinage de Bombay, est encore une grande
ville, plus manufacturière toutefois que commerçante.
BOMBAY, aujourd'hui une des plus grandes villes de l'Inde
et le port le plus riche de l'Asie (V. § 116), voit arriver, par les
trois chemins de l'Indus, du Gange et du Dekhan, les produits
de l'intérieur destinés à l'exportation par mer. Bombay est
le centre de tout le cabotage de la mer d'Oman, que les bâti-
ments anglais partagent avec les bâtiments hindous de la
presqu'île de Guzérate, du Koutch, etc. ; avec les bâtiments
arabes et les bâtiments portugais de Goa ou de Diu ; et ce
cabotage s'étend jusqu'au fond du golfe Persique. Bom-
bay est aussi le port principal du grand commerce avec
l'Europe par le cap de Bonne-Espérance ou par la mer
Rouge. L'Angleterre occupe le premier rang dans ce com-
merce et y figure pour quatre millions de tonneaux sur un
total de près de quatre millions et demi ; le reste appartient
aux États-Unis (150,000), à la France (50,000), aux Arabes,
aux Suédois, aux Danois, aux Allemands, etc. Bombay im-
porte 2 à 300 millions en MÉTAUX PRÉCIEUX, principalement
en argent ; près de 90 millions en cotons filés et tissus de coton
ou de soie ; environ 90 millions de coton en laine et de soie
grége que le cabotage y rassemble, en vue de l'exportation
en Europe ; 35 à 40 millions en métaux usuels ; 20 millions
de sucre raffiné ou candi, 15 millions de matériel de chemins
de fer ; les autres articles, spiritueux, grains, fruits, ma-
chines, café, houille, varient entre 10 et 15 millions. L'ex-
portation consiste surtout en COTON brut pour une valeur
d'environ 200 millions de francs (1 million à 1,200,000 bal-
les) ; en OPIUM pour 120 à 200 millions ; en métaux précieux,
pour une soixantaine de millions ; en cotons filés ou en tissus
de coton pour environ 35 millions ; en laine pour 15 à 20
millions ; en graines oléagineuses et café ; les autres articles,
châles, sel, métaux usuels, ivoire, thé, etc., ont chacun
une valeur inférieure à 10 millions. Le total de ce com-
merce, importations et exportations du cabotage et de la
navigation au long cours comprises, représente près d'un
milliard 300 millions de francs, somme un peu supérieure à
celle du mouvement commercial du Havre.
Les autres ports, autrefois importants, Goa, chef-lieu des
établissements portugais, Mangalore, Cananor, Mahé, co-
lonie française ; Calicut, où les Portugais de Vasco de Gama
abordèrent pour la première fois en 1498 ; Cochin, ancien
chef-lieu des établissementshollandais dans l'Inde ; Travan-
core sur la côte de Malabar, sont maintenant relégués à un
rang inférieur : on n'y fait guère que le cabotage dans les
mers de l'Inde; les épices et le bois de teck sont leurs prin-
cipaux objets d'échange.
Dans l'île de Ceylan sont les ports de Colombo et de Pointe
de Galle, station des paquebots anglais et français qui font
le service des mers d'Orient et qui s'y approvisionnent d'eau
et de charbon ; Pointe de Galle (fig. 64), de création récente,
tend à éclipser Colombo, qui exporte encore la majeure partie
des produits de l'île, café, huile de coco, coton, épices, etc.
119. Les ports du golfe de Bengale.—Sur la côte de Co-
romandel, Tuticorin dont la plage fournit les perles les plus
estimées de l'Orient, Negapatam, Karikal, possession fran-
çaise, Tranquebar, Pondichéry, chef-lieu des établissements
INDO-CHINE.
L'OCÉANIE
1re section.
LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE
(Voir la carte n° 16.)
sa population noire (,
de l'hémisphère austral, est dite aussi Mélanésie, à cause de
noir), laquelle disparaît peu à
peu devant la colonisation européenne. Elle touche à l'ouest
à l'OCÉAN INDIEN et à la MALAISIE ; au nord, à la Micronésie,
partie de la Polynésie ; à l'est, à la POLYNÉSIE ; et au sud, à
cette partie de l'Océan où se confondent les limites de
l'océan Pacifique, de l'océan Indien et de l'océan Glacial du
Sud. Elle se compose de quatre groupes : le continent aus-
tralien au centre ; au nord, séparées de ce continent par
la mer de Harafoura, par le détroit de Torrès et par la MER
DE CORAIL, la Nouvelle-Guinée et la chaîne des îles qui fer-
ment la mer de Corail ; au sud, la Tasmanie, séparée par
le détroit de Bass ; et, plus loin au sud-ouest, la Nouvelle-
Zélande (1) avec les îles adjacentes.
1° Le continent australien ou AUSTRALIE, dont un hexa-
gone irrégulier, ayant pour sommets les caps York, Sandy,
Wilson, Leeuwin, Nord-Ouest et la presqu'île de Cobourg,
donnerait une idée approximative, a une longueur d'environ
3,800 kil. de l'ouest à l'est, du cap Nord-Ouest au cap Sandy,
et de 3,000 kil. du nord au sud, du cap York au cap Wilson.
Il mesure plus de 7 MILLIONS ET DEMI DE KILOMÈTRES CARRÉS.
Ce continent est encore très-imparfaitement connu, sur-
tout dans l'intérieur et plus particulièrement dans la partie
occidentale. Toutefois les voyageurs qui l'ont traversé du
sud au nord, et dont le nombre s'accroît tous les ans, l'ont
reconnu comme formant un vaste plateau, de très-médiocre
élévation, ondulé sur divers points, sans qu'aucun sommet
connu de l'intérieur atteigne 1,000 mètres. C'est une
steppe quelquefois aride et pierreuse, quelquefois re-
vêtue d'épaisses broussailles épineuses, ou d'herbes ver-
3e section.
LA GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE,
oir les cartes nos 17 et 18,)
L'AMERIQUE DU NORD
1re Section.
LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE
(Voir la carte n° 19.)
rangée
une ;
le
mètres
par
100
côté
à30
chaque
de
hautes
de
fermée
calcaires,
et
gétation
falaises
reçoit sur sa rive gauche un grand nombre de petits cours
d'eau ; le Dacotah, etc., et sur sa rive droite quelques
grandes rivières : l'Yellow Stone, dont le bassin est rem-
pli de sources chaudes analogues et supérieures aux
geysers d'Islande ; la Nebraska, venue, comme lui, des
montagnes Rocheuses ; le Kansas et X'Osage ;
L'Arkansas (3,400 kilomètres), rivière profonde, qui égale
presque en longueur le Missouri, sort des hauteurs nei-
geuses des Rocheuses méridionales et reçoit la rivière
Canadienne ;
La rivière Rouge, qui traversant, comme tous les cours
d'eau du bassin, des contrées boisées, roule tant d'arbres
déracinés que, sur une longueur d'environ 600 kilomètres,
sa surface en est entièrement obstruée et son cours rendu
pour ainsi dire souterrain par ce « great Raft » ou grand
radeau.
Presque toutes ces rivières coulent encaissées dans une
étroite vallée bien boisée qu'ils ont eux-mêmes creusée
jadis sur la surface unie de la prairie.
7° Le groupe occidental du golfe du Mexique, c'est-à-dire
à l'ouest du Mississipi, comprend :
La Sabine, la Trinidad, le rio Brazos, le rio Colorado
(1340 kil.), qui descendent des terrasses méridionales de la
haute prairie de l'ouest et qui ont en général peu d'eau,
parce qu'ils coulent dans une contrée privée de pluie une
grande partie de l'année ;
Le RIO GRANDE ou RIO BRAVO DEL NORTE (2,300 kil.), grand
fleuve qui naît sur le revers oriental des montagnes Ro-
cheuses coule entre deux hautes chaînes dans une vallée
larged'une trentaine de kilomètres, fertile sur divers points,
mais encore peu peuplée, et descend du plateau de Chihua-
hua dans la plaine, en franchissant les défilés de la Sierra
Madre, dont il longe ensuite les terrasses jusqu'à la mer ;
Le rio Tampico ; le rio Goazacoalcalos qui coule entre
deux plateaux dans la longue dépression de l'isthme de
Tehuantepec ; le rio Tabasco ;
La rivière Saint-Jean qui sert de débouché au lac de
Nicaragua (9,210 kil. c.), et au lac Managua.
8° Le BASSIN DE L'OCEAN PACIFIQUE possède peu de fleuves
importants, parce que le grand Plateau des montagnes
Rocheuses borde de très-près le rivage :
Le GRAND COLORADO (1330 kil.), fleuve encore mal connu,
qui prend sa source sous le nom de rivière Verte (Green
river) sur le revers occidental des montagnes Rocheuses,
au pic Frémont, coule au sud-ouest, entre des rives pres-
que toujours profondément coupées à pic, en longeant le
pied du talus sud-est du Grand-Bassin, traverse plusieurs
gorges, plusieurs déserts, bien que sa propre vallée soit
le plus souvent fertile, et, grossi de divers affluents, le rio
Gila, etc., débouche au fond du golfe de Californie au
milieu d'une plaine marécageuse.
Le Sacramento (670 kil.) qui naît sur le plateau, descend
en cascades la Sierra Nevada, coule vers le sud en suivant
la terrasse située au pied de la chaîne, reçoit le San-Joaquin
qui, venu du sud le long de la même terrasse, arrose comme
lui la fertile plaine de la Californie, et débouche dans la
baie de San-Francisco.
L'Orégon ou Columbia (1190 kil.), large fleuve, formé de
deux branches nées toutes deux sur le plateau et remar-
quable par ses cascades : le Snake River, « rivière des Ser-
pents », est son principal affluent.
Le Fraser (1,200 kilom. environ), dont la source est à
l'occident des montagnes Rocheuses, reçoit les eaux de
plusieurs petits lacs de cette contrée granitique et tombe,
par de belles chutes, de la chaîne des Cascades dans la
plaine et de là dans la mer, en face de l'île de Vancouver ;
Le YUKON (3000 kil.), grand fleuve qui arrose le terri-
toire encore désert d'Alaska, reçoit le Porcupine et se jette
dans la mer de Behring.
9° Le groupe du Grand-Bassin est sans communication
avec l'Océan ; ses rivières se perdent dans les sables en
créant des efflorescences salines, ou se jettent dans des lacs
comme la rivière Humboldt, etc. ; le plus important de ces
lacs est le GRAND LAC SALÉ (8,260 kil. c.), lac sans profon-
deur (à peine 1 mètre en moyenne), marécageux sur ses
bords, situé à une altitude de 1,300 m., au milieu d'une
plaine aussi unie que sa surface, et si salé qu'aucun pois-
son n'y saurait vivre. Il reçoit le Jourdain qui lui apporte
les eaux du lac Utah.
Hors du Grand-Bassin, il y a, sur le plateau des montagnes
Rocheuses un grand nombre d'autres lacs qui sont sans
communication avec la mer, entre autres le lac de Mexico.
153. Le climat. — Une partie du monde qui s'étend du
pôle jusque dans la région tropicale a nécessairement
des climats très-divers. On peut y tracer six grandes
zones :
1° La
zone glaciale, située au nord de la ligne isotherme
de 0°, comprend les terres arctiques, c'est-à-dire la partie
de la terre qui paraît être la plus froide, avec le nord de la
Sibérie. Les pluies y sont rares ; les neiges même peu abon-
dantes ; pourtant en hiver le froid y descend assez souvent à
55° ; et l'été, court et brumeux, a quelquefois trop peu de
chaleur pour élever le thermomètre au-dessus de zéro. Le
Groenland n'est habitable que dans quelques fiords du sud-
ouest ; et dans la plus grande partie du territoire d'Alaska,
de la Nouvelle-Bretagne et du Labrador, les gelées et les
brouillards occupent plus des trois quarts de l'année.
2° La zone de la côte septentrionale de l'Atlantique com-
prend le Canada et les États-Unis à l'est des Appalaches
jusqu'à la baie de Chesapeake. C'est une zone à climats ex-
trêmes, d'autant plus chaude qu'on s'avance davantage vers
le midi ; mais partout, à latitude égale, elle est très-sensi-
blement plus froide que les côtes occidentales de l'Europe. Si
les hivers sont froids, les étés sont généralement très-chauds,
comme sous les climats continentaux : la direction des
vents et des courants et la masse glacée des terres arcti-
ques expliquent cette différence. Au Canada, qui peut être
pris comme exemple de climat extrême, la température
moyenne du mois le plus chaud (juillet) est d'environ
+ 23°, et celle du mois le plus froid (février) de
— 11° ;
quelquefois même le thermomètre monte à + 38° et des-
cends à — 40° ; à Boston, la température, déjà moins ri-
goureuse, est en moyenne de — 1° en hiver, + 7° au
printemps, + 20° en été, + 10° en automne ; le vent
d'ouest domine.
3° La zone de la côte méridionale de l'Atlantique, située à
une latitude inférieure et échauffée par le Gulf-Stream,
jouit d'un climat beaucoup plus chaud ; il y gèle rarement ;
la moyenne de la température à Savannah est de + 10° en
hiver et de + 25° en été. La présence de nombreux ma-
rais rend malsaine, sur beaucoup de points, l'habitation
des côtes ; la moyenne des pluies est de 83 centimètres
dans la Floride.
4° La zone des prairies et des Rocheuses, zone essentielle-
ment continentale, balayée l'hiver par les vents glacés du
nord que rien n'arrête, a, surtout au centre de la vallée
du Mississipi, des températures extrêmes : pendant l'hiver,
des gelées assez fortes pour permettre aux plus lourds cha-
riots de traverser les rivières ; et, pendant l'été, des cha-
leurs très-lourdes ; la moyenne de l'hiver à Saint-Louis est
de 0° ; la moyenne de l'été de 24°. Il y tombe très-peu
+
2e Section.
LA GÉOGRAPHIE POLITIQUE.
(Voir la carte n° 20.)
3e Section.
LA GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE.
(Voir la carte n° 21).
4e Section.
LES ÉTATS-UNIS.
(Voir es_cartes nos 22 a 25.)
1. Les États mentionnés sont ceux pour lesquels cette industrie avait,
en1860, une valem de plus de 25 millions de francs.
lées ou fumées, qui se fait surtout dans le CENTRE, c'est-à-
dire dans la région du bétail, principalement à Chicago, à
Cincinnati et aussi à New York ; et la fabrication des FRO-
MAGES pour laquelle le NEW YORK et l'OHIO sont au premier
rang ; le l'ermont, le Massachusetts, le Connecticut, le New
Hampshire, la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin
au second ; le Nord en exporte une grande quantité dans
les États du Sud.
En troisième lieu, la distillation des spiritueux, whisky,
etc., qui est aussi une industrie spéciale aux États agricoles
du nord-est et du centre, le New York à New York, Albany,
etc., l'Ohio à Cincinnati, etc., la Pennsylvanie, l'Illinois à
Quincy, etc., l'Indiana, le Massachusetts, le Missouri à Saint-
Louis, etc. ; la bière que l'on fabrique dans la région du hou-
blon, dans le New York à Albany, New York, Troy, etc.,
dans la Pennsylvanie à Philadelphie, etc., dans l'Ohio, l'Illi-
nois, la Californie, le Missouri (Saint-Louis) ; le sucre, que l'on
fabrique surtout dans la Louisiane et dans les États du Sud
avec le jus de canne ; dans le centre et le nord-est avec la
betterave et l'érable et que l'on raffine dans le nord-est,
surtout à New York, centre des importations du Sud ; quant
au sorgho, il donne une mélasse qu'on n'a pas encore pu
cristalliser (1).
198. Les industries textiles. — Les États-Unis ont pour
ainsi dire le COTON dans la main ; L'INDUSTRIE DU NORD-EST
a mis en oeuvre cette matière première que lui fournit abon-
damment l'agriculture du Sud. Le Massachusetts occupe a
cet égard le premier rang avec les importantes cités manu-
facturières de LOWELL, de Lawrence, de Salem, de Worces-
ler, de Newbury-Port, et possède plus de 2 millions de
broches de filature. Viennent au second rang, le New
Hampshire, avec les fabriques de Manchester, Nashua, et
Portsmouth ; le Rhode-Island, avec celles de Providence ;
1. Bien que la production de la Louisiane ait beaucoup diminué de-
puis la guerre de l'esclavage, le sucre de canne figure pour les 19/20
dans la consommation des Etats-Unis.
la Pennsylvanie, où Philadelphie fait beaucoup de coton-
nades à bon marché pour l'Ouest et le Sud; le New
York, le Connecticut et le New Jersey (Paterson) ; au troi-
sième rang, Baltimore du Maryland et ses environs, di-
verses villes du Maine et de la Virginie, Dayton et Spring-
field de l'Ohio, etc. Dans le Sud, la Géorgie est l'État où
le tissage a le plus d'importance. En 1860, on comptait en-
viron 5,700,000 broches dans les États de l'Union ; ce nom-
bre a beaucoup augmenté depuis dix ans.
Le tissage de la LAINE a une importance un peu moindre.
Les États-Unis, malgré l'accroissement du bétail et le soin
donné à l'amélioration de la laine, tirent encore de l'étran-
ger une partie de leur matière première ; cependant cette
industrie stimulée par la disette du coton a fait, depuis dix
ans, des progrès merveilleux. Le MASSACHUSETS, avec Lowell,
Worcester, etc., et la PENNSYLVANIE avec Philadelphie, etc.,
occupent encore le premier rang ; au second, le New York,
le Connecticut, le Rhode-Island, le New Hampshire, le Ver-
mont, le New Jersey, le Maine, l'Ohio, la Californie fabri-
quent aussi une certaine quantité de lainages. La bonneterie
de Philadelphie est particulièrement renommée. La plu-
part des villes qui tissent la laine fabriquent des tapis, dont
les Américains, comme les Anglais, font une grande con-
sommation.
La fabrication des soieries est secondaire dans les États-
Unis ; les grandes villes de tissage, Lowell, Philadelphie,
etc., font cependant une certaine quantité de soieries ordi-
naires.
199. Les antres industries. — Parmi les industries du vê-
tement, la CONFECTION occupe un nombre considérable d'ou-
vriers et d'ouvrières dans toutes les grandes villes du nord-
est et même du centre, New York, et Jersey-City, Philadel-
phie, Boston, Cincinnati, Baltimore, etc. La fabrication des
CHAUSSURES est pratiquée tout particulièrement dans le
MASSACHUSETTS à Boston, à Lynn qui fait des chaussures
pour femmes, Newbury-port, etc. ; elle l'est aussi en grand
dans le New York, la Pennsylvanie, le Connecticut (New-
Haven, etc.), le New Hampshire, l'Ohio, ainsi qu'à Newark
(New Jersey), où l'on fabrique surtout des chaussures en
caoutchouc, à Richmond (Virginie), à Saint-Louis (Mis-
souri), etc. La fabrication des chapeaux a lieu à Franklin
(Massachusetts) et dans la plupart des grandes villes. Celle
des articles en cuir, laquelle forme aux États-Unis une ca-
tégorie très-importante, a lieu surtout dans le New York,
la Pennsylvanie et le Massachusetts.
Outre l'industrie ordinaire du bâtiment qui a lieu, comme
partout, là où il y a des groupes de population, on fabri-
que aux États-Unis des maisons pour l'exportation, à l'usage
des pionniers de l'Ouest : c'est surtout à Cincinnati qu'est
exercée cette industrie des maisons portatives.
Les articles d'ameublement viennent principalement du
New York, de l'Ohio, du Massachusetts et de la Pennsylva-
nie. Le verre et la faience sont, aux États-Unis comme en
Europe, des industries concentrées dans le voisinage des
contrées houillères, à Pittsburg, Harrisburg, Philadelphie
(Pennsylvanie), dans le New Jersey, à East-Cambridge (Mas-
sachusetts), à Wheeling (Virginie), etc.
Les constructions navales ont une grande importance dans
la région industrielle et maritime du nord-est, à Portland
(Maine), à Portsmouth (New Hampshire), à Charlestown,
faubourg de Boston (Massachusetts), à Brooklyn (New-
York), à Philadelphie (Pennsylvanie), à Baltimore (Mary-
land). Elles en ont aussi sur les lacs et sur les grands
cours d'eau à Chicago, Sackels-Harbour, Cincinnati, etc.,
et commencent à en avoir sur le Pacifique, à San-Fran-
cisco, etc. Le nombre et surtout le tonnage des navires
augmentent rapidement d'année en année.
Les principales fabriques de papier sont établies dans le
nord-est, dans le Massachusetts à Lowell, Worcester, etc.,
dans le New York, dans la Pennsylvanie à Philadelphie,
dans l'Ohio à Cincinnati, etc. Partout on imprime et l'on
publie des livres et des journaux, nulle part autant que dans
l'État de New York, dans la Pennsylvanie à Philadelphie, etc.,
dans le Massachusetts à Boston, etc., dans l'Ohio à Cincin-
nati, et dans l'Illinois à Chicago.
200. Les cours d'eau et les canaux. — Toute la partie oc-
cidentale des Etats-Unis est pauvre en voies de commu-
nication fluviale, surtout au sud, où les cours d'eau sau-
tent de terrasse en terrasse et ont des embouchures enva-
sées. Mais la partie centrale, avec le MISSISSIPI et ses affluents
arrosant un bassin de plus de 3 millions de kilomètres car-
rés, est un des plus vastes et des plus beaux réseaux de
routes d'eau qui soient au monde : des bouches du Missis-
sipi jusqu'au saut Saint-Antoine, c'est-à-dire depuis le golfe
presque tropical du Mexique jusqu'aux rudes climats des
grands lacs, s'étend, du sud au nord, une ligne de naviga-
tion presque directe de plus de 3,500 kilomètres ; par les
bras du Missouri et de ses affluents, de l'Arkansas, de la
rivière Rouge, elle se prolonge à plus de 1,500 kilomètres à
l'ouest jusqu'au pied des montagnes Rocheuses, dans des
régions où la naugation est encore nulle, parce que la po-
pulation fait défaut ; par les bras de l'Illinois, du Wisconsin
et surtout de l'Ohio et de ses affluents, elle pénètre à plus
de 1,000 kilomètres à l'est jusqu'au voisinage des grands
lacs et au pied des Alleghanys, à travers des contrées peu-
plées et riches.
La partie du nord, riveraine des GRANDS LACS, partage
avec le Canada la navigation de la plus grande masse d'eau
douce qui existe sur le globe.
Il n'y a pas de canal à l'ouest du Mississipi : l'homme n'a
pas encore assez complétement pris possession du sol
pour y exécuter des travaux de ce genre.
Entre le bassin du Mississipi et celui des grands lacs, il y a
de nombreux canaux, qui ont été faciles à creuser, à cause
du peu de relier de la ligne de séparation. Le canal du
Michigan part de l'Illinois, à Peru, pour gagner le lac
Michigan, à Chicago. Le canal Wabash part du Wabash,
à Terre-Haute,
pour gagner, d'une part, le lac Michigan
à Chicago ; d'autre part, le Maumee, tributaire du lac
Érié. Le canal du Miami part du Miami à Cincinnati, et
gagne le lac Érié (par le Maumee). Le canal de l'Ohio et les
deux canaux de Pittsburg, unissent l'Ohio au lac Érié. A
travers les Alleghanys le travail était plus difficile, et un
seul canal, qui n'est pas achevé, doit réunir le bassin du
Mississipi aux bassins de l'Atlantique : c'est le canal de la
Delaware à l'Ohio, entre Philadelphie et Pittsburg. Un peu
plus nombreux sont les canaux unissant les grands lacs
aux bassins de l'Atlantique et creusés, grâce aux dépressions
du massif des Appalaches, dans sa partie septentrionale : le
canal Erié, le plus ancien des canaux de l'Amérique, cons-
truit de 1817 à 1825, joint, sur une longueur de 558 ki-
lomètres, Albany sur l'Hudson, à Buffalo sur le lac Érié,
et, par un embranchement, à Oswego, sur le lac Ontario ;
il peut porter de fort bateaux, puisqu'il a environ 23 mètres
de large et plus de 2 mètres de profondeur. Le canal Cham-
plain relie le lac Champlain, tributaire du Saint-Laurent, et
l'Hudson. Ces deux canaux, le premier surtout, en reliant
New York à la grande ligne de navigation des lacs et du
Saint-Laurent, ont contribué, plus que toute autre oeuvre,
à la grandeur commerciale de New York. Quelques ca-
naux facilitent la navigation de l'Ohio. Divers autres unis-
sent les fleuves du bassin de l'Atlantique, dans la partie la
plus peuplée et la plus industrielle : le canal Morris et le
canal de l'Hudson entre l'Hudson et la Delaware ; le canal
de la Delaware à la Susquehannah, le canal de la Delaware
à la baie de Chesapeake, etc.
201. Les chemins de fer. — Les État-Unis, dès les
premières années du XIXe siècle, ont commencé un réseau
de routes qui s'étendent aujourd'hui sur presque tout le
pays, excepté la région des grandes plaines de l'ouest. De
bonne heure aussi ils ont entrepris la construction de voies
ferrées. Ils mettaient en exploitation leur première ligne
en 1828 ; ils en possédaient déjà plus de 3,500 kilomètres
en 1835 ; depuis ils en ont développé le réseau sur toute
l'étendue de leur vaste territoire, à partir de Milfort (Maine)
et du Canada au nord, jusqu'à Atsena-Otie (Floride) et Co-
lumbia (Texas) au sud ; depuis les rivages de l'Atlantique
à l'est, jusqu'aux rivages du Pacifique à l'ouest. L'étendue
des voies ferrées dépasse aujourd'hui 120,000 kilomètres. Les
États suivants : Pennsylvanie, New York, Ohio, Illinois, In-
diana, Massachusetts, c'est-à-dire la région du nord-est
sont ceux qui possèdent le plus grand nombre de kilomè-
tres. Toutes les grandes villes sont en communication les
unes avec les autres par des chemins de fer ; celles d'où
partent les voies les plus nombreuses, rayonnant dans di-
vers sens, sont : 1° sur les bords de la mer, Boston, New
York, Philadelphie, Baltimore, et plus au sud, Welming-
ton, Charleston, Savannah, Nouvelle-Orléans; 2° dans l'inté-
rieur des terres, Albany (New York), Harrisburg et Pitts-
burg (Pennsylvanie), Columbus, Cincinnati, Toledo (Ohio),
Indianapolis, Fort-Wayne, Logansport (Indiana), Chicago,
Bloomington et Alton (Illinois), Saint-Louis (Missouri),
Louisville (Kentucky), Jackson (Mississipi), Nashville et Mem-
phis (Tennessee), Columbia (Caroline du Sud), Richmond
(Virginie).
Les lignes les plus suivies sont, comme partout, celles
qui traversent les régions les plus peuplées ; les plus im-
portantes par leur étendue ou par la nature de leur trafic
sont :
Celles qui, de Portland, de Boston, etc., rejoignent la
grande ligne canadienne de l'ouest, le Grand-Tronc ;
Celles qui, de New York rejoignent soit Albany et le lac
Erié, soit le lac Ontario et Chicago, soit Harrisburg, et
Pittsburg en Pennsylvanie ; et de là, Chicago, ou Colum-
bus et Cincinnati, Indianapolis Saint-Louis, Louisville et
Memphis.
Celles qui, à l'ouest du Mississipi, prolongent les précé-
dentes, surtout par Saint-Louis et Davenport, au delà du
Missouri, dans le Kansas, par Topeka, dans le Nébraska
par Omaha-City ;
Celles qui suivent la côte, reliant New York, d'une part,
aux ports du nord jusqu'au delà de Portland (Maine), d'au-
tre part par Philadelphie, Baltimore, Washington, Rich-
mond, aux ports du sud tels que Wilmington (Caroline du
Nord), Charleston et Savannah(Caroline du Sud) ;
Celles qui, de Washington, gagnent le Tennessee et
Memphis d'une part, d'autre part Mobile et la Nouvelle-
Orléans ;
Celles qui de Richmond, de Charleston, etc., gagnent
Mobile, en passant au pied des Appalaches ; la plupart
des lignes de cette région ont, comme les pentes du ter-
rain et le cours des eaux, la direction du nord-est au
sud-ouest ;
Les lignes qui, du nord au sud, longent la vallée du
Mississipi depuis Saint-Paul sur le Mississipi, Marquette
sur le lac Supérieur, Green-Bay et Chicago sur le lac Mi-
chigan jusqu'à Mobile et la Nouvelle-Orléans ;
Enfin la grande ligne du GREAT-PACIFIC-RAIL-ROAD, com-
posée du Central-Pacific, de Sacramento au grand lac Salé ;
et de l'Union-Pacific, du grand lac Salé à Omaha-City. Elle
se raccorde aux chemins du centre, à Omaha-City ; remonte
le cours de la Nebraska, franchit, dans le Wyoming, les
passes des montagnes Rocheuses, à une hauteur de plus
de 2,500 mètres, parcourt le plateau du Grand-Bassin à tra-
vers l'Utah et le Névada, en passant au nord du grand lac
Salé, descend les pentes rapides de la Sierra Névada, et
aboutit à Sacramento, au fond de la baie de San-Pablo, qui
communique elle-même avec la baie de San-Francisco. D'O-
maha-City à Sacramento, ce chemin de fer a été construit,
sur une longueur de 2,600 kilomètres, en moins de trois
ans (1866-1869). De New York à San-Francisco, on traverse
en sept jours toute l'Amérique, sur une longueur de 5,190
kilomètres.
Sur cette ligne, comme sur la plupart des longues li-
gnes des États-Unis, on a dû prendre, en conséquence
de la longueur des trajets, des dispositions particulières,
aménager les trains en manière d'hôtels, avec lits, salles
à manger, etc.
202. Les monnaies et mesures. — L'unité monétaire des
États-Unis est le dollar, monnaie d'argent et monnaie
d'or valant 5 fr. 33, et qui se divise en 100 cents ; le cent
vaut 0 fr. 033 ; les pièces d'or les plus usitées, avec le
dollar, sont l'aigle (valant 10 dollars, ou 53 fr. 30) et ses
subdivisions.
Les mesures sont presque toutes des mesures anglaises :
la livre (pound), divisé en 16 onces et valant 453 grammes ;
le tonneau de 20 quintaux (20 fois 112 livres), valant 1,015
kilogrammes ; le gallon américain, avec ses multiples et
ses subdivisions, valant 3 litres 78 ; le boisseau (bushel),
valant 36 litres 34.
203. Les banques. — Les États-Unis sont le pays où les
ressources du crédit sont les plus nombreuses et les plus
diverses ; on y compte plus de 1,800 banques, émettant des
billets, soit banques d'État (environ 240), soit banques
nationales, établies ou modifiées conformément à la loi
de 1863. Leur capital est d'environ 2 milliards et demi
de francs ; la circulation des billets, très-variable d'année
en année, n'atteint pas à un milliard et demi.
204. La navigation. — Les États-Unis sont un des pays
du monde où la navigation est le plus active. Cette na-
vigation comprend deux catégories distinctes :
1° La navigation intérieure ou navigation sur les fleuves,
les canaux et les grands lacs. Celle des lacs appartient
en partie au commerce extérieur, puisqu'elle a lieu entre
les Etats-Unis et le Canada, et elle occupe près de 2,000 na-
vires, d'une capacité d'environ 500.000 tonnes. Le mouve-
ment d'entrée et de sortie dans les ports des grands lacs dépen-
dant des États-Unis dépasse 17 millions de tonneaux.
2° La navigation maritime a fait au XIXe siècle de mer-
veilleux progrès ; de 1 million de tonnes en 1820, la
marine marchande des États-Unis s'était élevée, en 1861,
à l'époque de la guerre de sécession, à 5 millions et demi.
La moitié environ (plus de 2 millions et demi) de ce ton-
nage était employée au cabotage, lequel d'ailleurs, dans
un pays tel que les États-Unis, a de beaucoup plus gran-
des proportions que dans les États d'Europe ; 320, 000
tonnes représentaient la part de la pêche. Les événements
ont réduit cette marine au chiffre de 4, 110,000 tonnes ;
mais, comme la marineétrangère a pris une part plus grande
dans le commere américain, l'activité n'a pas diminué
et le MOUVEMENT TOTAL DES ENTRÉES ET DES SORTIES DE NAVIRES
EST D'ENVIRON 20 MILLIONS DE TONNES, dont 7 millions 1/2 à la
marine américaine, 12 millions 1/2 aux marines étrangères
sans compter le cabotage qui s'éleve à 60 millions de tonnes.
205. Les ports de la côte de l'Atlantique. — Les princi-
paux ports de la côte de l'Atlantique sont, en allant du
nord au sud :
Eastport, situé à la limite du Maine et du Nonveau-
Brunswick, dans une île de la baie de Passamaquoddy.
Bangor, situé sur le Penobscot, à 100 kilomètres de
l'embouchure, est accessible cependant à des bâtiments
d'un fort tonnage et exporte beaucoup de bois.
Portland, bon port situé sur une presqu'île de la baie
de Casco, communique par des chemins de fer avec le
Canada, avec Boston, etc. ; Portland construit beaucoup
de navires, arme pour la grande pêche et importe du su-
cre, de la mélasse, des rails, des farines, etc.
Portsmouth, dans le New Hampshire, près de l'embou-
chure de la Piscataqua, un des plus anciens et des meil-
leurs ports des États-Unis, mais éclipsé aujourd'hui par
des ports moins septentrionaux, possède à peu près le
même genre de relations et d'industrie que Portland.
Newbury, port du Massachusetts, situé à 13 kilomètres
de l'embouchure du Merrimac dont une barre obstrue
l'entrée, arme beaucoup pour la pêche de la morue et
de la baleine.
Gloucester, dans une baie située au sud du cap Ann et au
nord de la baie de Massachusetts, est la ville de l'Union
qui fait le plus d'armement pour la pêche de la morue, et
en tire annuellement un produit de plus de 5 millions de
francs.
Salem, dans le Massachusetts, situé sur une langue de
terre qui découpe en deux parties une baie peu profonde,
mais assez bien abritée, se livre à la pêche de la morue et
de la baleine, au cabotage et au grand commerce maritime,
bien qu'à cet égard le voisinage de Boston lui ait nui ; ses
armateurs entretiennent de nombreuses relations avec
l'Afrique et l'Amérique du Sud.
Lynn, grande cité d'industrie, et port assez considérable.
BOSTON une des plus grandes villes et le second port
de l'Amérique (Voir le carton de la carte n° 23). La ville est bâ-
tie sur un isthme, au fond de la grande baie de Massa-
chusetts ; le port, qui s'étend de la pointe de Nantasket
à la pointe de Chelsea et qui est abrité par plusieurs îles ;
île Lowell, île du Daim, île Longue, etc., a une largeur
de près de 16 kilomètres. La ville, avec ses faubourgs,
comprend plusieurs isthmes et plusieurs îles, à l'embou-
chure de la rivière Charles et de la rivière Mystic, et pré-
sente un grand développement de quais bordés de maga-
sins. Elle a une marine marchande de plus de 500,000
tonneaux, dont un sixième environ est employé â la pê-
che sur les côtes et sur le banc de Terre-Neuve, et un
mouvement maritime (entrée et sortie) de près de 2 millions
de tonneaux. Elle importe en grande quantité les grains
et les farines de l'intérieur qui lui arrivent par terre de
New York et de la région des grands lacs, le coton, le sucre,
la mélasse, le café, l'indigo et les bois de teinture des États
du Sud et des Antilles, qui lui arrivent par mer. Elle
reçoit également les graines oléagineuses de l'Afrique et de
l'Orient, les cuirs de la Plata, le chanvre de Manille, les co-
tonnades, les lainages et les toiles de l'Angleterre, les soie-
ries de la France, le cuivre du Chili, et d'autres métaux,
etc. Elle exporte des métaux précieux, des tissus de coton
et de laine, de la farine, du bois, des viandes salées, de la
glace qu'elle expédie jusque dans l'Inde, de l'alcool, du
poisson séché, des chaussures, de la quincaillerie, etc.
Barnstable, dans la baie du cap Cod.
New Bedford et Fairhaven, bâties dans une des nom-
breuses anses de la baie Buzzard, s'occupent surtout de la
pêche de la haleine et de la morue.
Newport, dans Rhode-Island ; Fall-River, dans le Mas-
sachusetts ; Bristol et Providence, dans Rhode-Island,
ports situés dans le profond estuaire de la baie de Narra-
gansett, s'occupent beaucoup de la pêche et font un assez
grand commerce de cabotage.
New London et Norwich sur le Thames, ports de pêche
du Connecticut.
Hartford, bien que situé à 80 kilomètres de l'embouchure
du Connecticut, est réuni par un service régulier de
paquebots avec New York.
New Haven, principal port du Connectient, sur un es-
tuaire du détroit de Long-Island, fait un commerce de
plus de 8 millions de francs, et entrelient de très-
fréquentes relations avec New York.
NEW YORK est le premier port de l'Amérique et un des plus
grands ports du monde (Voir le carton de la carte 24). Le mouve-
ment de la navigation y est de plus de 5 millions de tonneaux
par an, et de plus de 8 millions 1/2, si au commerce extérieur
on ajoute le cabotage. Dans le commerce extérieur, le pa-
villon étranger qui, jusqu'à la guerre de sécession, ne venait
qu'en seconde ligne, représente aujourd'hui les 2/3 du ton-
nage. New York est bâti sur une pointe de terre allongée
entre l'embouchure de l'Hudson et le détroit (East-River)
qui sépare Long-Island du continent. Le détroit et le fleuve
lui servent de port ; leurs rives sont toutes bordées de je-
tées et de magasins (piers et wharfs) entre lesquels les na-
vires s'abritent et où ils débarquent leurs marchandises.
En face, l'autre rive où sont d'une part, Jersey-City, d'au-
tre part, Brooklyn, présente un aspect à peu près aussi
animé que les quais de New York lui-même ; de nombreux
bateaux à vapeur sillonnent sans cesse les deux passes et
relient les trois cités. A l'entrée du port, sont trois petits
îlots dont le principal, l'île du Gouverneur, a un fort qui
domine toute la position. Au sud de l'île du Gouverneur,
commence la baie de New York qui sert de rade ; on en
sort par une passe de 600 mètres de largeur environ, res-
serrée entre Long-Island et Staaten Island, dite « Narrows »
(Voir le carton de la carte 24), et l'on entre dans la grande baie
.
ou baie inférieure qui communique avec la haute mer.
Cette belle situation maritime a commencé la fortune de
New York ; la construction des canaux, qui ont relié l'Hud-
son aux grands lacs, et celle des chemins de fer qui rayon-
nent dans tous les sens, en ont fait le plus grand entrepôt
de l'Amérique. New York importe des cotonnades, des lai-
nages, des toiles, du fer, de la quincaillerie et de la coutel-
lerie, de la porcelaine, de la chaudronnerie d'Angleterre ;
des soieries, du vin, des spiritueux de France et d'Espagne ;
du sucre et du café de la Havane et du Brésil ; du thé de la
Chine ; des épices, de l'indigo, de la cochenille, des bois de
teinture, etc. Il exporte du FROMENT, de la FARINE, du MAÏS,
du COTON, du riz, de l'argent, de la VIANDE de boeuf, du PORC,
du beurre, du poisson salé, du tabac, du pétrole, des
bois, etc. Le total de ses importations et de ses exporta-
tions dépasse 2 MILLIARDS 700 MILLIONS : aucun port du
monde n'atteint à un chiffre aussi elevé.
Newark, sur le Passaïc, et Perth-Amboy, deux ports du
New Jersey, sont très-voisins de New York et en relation
continuelle avec cette grande ville.
PHILADELPHIE, le quatrième port de l'Amérique, grande
ville située au-dessus du confluent du Schuylkill et
de la Delaware, à 153 kilomètres de l'embouchure. Phi-
ladelphie communique par canaux et par chemins de
fer avec l'intérieur ; c'est le grand entrepôt de la HOUILLE,
du PÉTROLE et du fer ; les GRAINS, froment, maïs, la
farine, la viande salée y arrivent aussi en très-grande
quantité. Philadelphie exporte ces produits pour une va¬
leur d'environ 90 millions de francs, et reçoit en échange
les cotonnades, les lainages, les soieries, le sucre, le café,
le thé, la quincaillerie, les vins, les spiritueux, etc., pour
une valeur de 75 millions ; avec le cabotage qui est consi-
dérable, son commerce dépasse 300 millions. Le mouve-
ment du port (entrée et sortie) est de près de 1 million de
tonneaux ; des services de paquebots le mettent en commu-
nication régulière avec New York et les autres grands ports
de l'Amérique.
Wilmington, sur la Delaware, dans l'État de Delaware,
est en quelque sorte l'avant-port de Philadelphie.
Baltimore, sur le Patapsco, dans le Maryland, le cin-
quième port des États-Unis, importe des cotonnades et des
lainages, du sucre, du café, du thé, du fer, du vin, des spi-
ritueux ; et exporte du tabac, des grains, de la farine, de
la viande salée, du beurre ; son commerce est d'environ
100 millions de francs.
Washington, sur le Potomac, quoique n'étant pas à
proprement parier une ville de commerce, a une naviga-
tion assez active.
Bichmond et Norfolk, les deux principaux ports de
la Virginie, sont situés, le second près de l'embouchure,
le premier à 80 kilomètres environ de l'embouchure
du James-River ; reliés par plusieurs chemins de fer
avec l'intérieur, ils exportent de la farine, des grains et plus
de TABAC qu'aucun autre port ; ces produits sont dirigés en
partie sur l'Angleterre et le continent européen, en majeure
partie sur New York, Philadelphie et Baltimore.
Beaufort, le meilleur port de la Caroline du Nord.
Wilmington dans la Caroline du Nord, à 54 kilomètres
de l'embouchure de la rivière du Cap Fear, port médiocre,
exporte surtout des bois.
Charleston, dans la Caroline du Sud, bâti sur une langue
de terre au fond d'un estuaire et au confluent de la rivière
Cooper et de la rivière Ashley, fait un commerce de plus
de 100 millions et exporte principalement du coton et du riz.
Savannah, le principal port de la Géorgie, ville heureu-
sement située, à 28 kilomètres de l'embouchure de la ri-
vière du même nom, exporte du coton, du riz et du bois et
fait un commerce de près de 100 millions de francs.
Pensacola, sur la baie du même nom, principal port de
la Floride.
Mobile, le seul port de l'Alabama, sur la rive droite de
la rivière Mobile, au fond de la baie, bâti sur un sol bas et
marécageux, exporte une grande quantité de coton (plus de
150,000 balles), du bois, et fait un commerce de plus de
100 millions de francs.
La Nouvelle-Orléans, sur la rive gauche du Mississipi,
à 170 kilomètres de l'embouchure (Voir les cartons des cartes
nos 22 et 23). C'est le grand débouché maritime de la vallée
du Mississipi, et le troisième port des États-Unis après New
York et Boston. Ses exportations, qui consistent surtout en
COTON (plus de 600, 000 balles), s'élèvent à plus de 450 mil-
lions de francs, tandis que ses importations atteignent à
peine 100 millions. Le mouvement total d'entrée et de sortie
de la navigation maritime, y compris le cabotage, dépasse
2 militons de tonnes. En face de la Nouvelle-Orléans, le Mis-
sissipi a une profondeur de plus de 20 mètres, et jusqu'à
la mer il se maintient à une profondeur de 10 mètres au
moins dans le chenal; mais la barre de l'embouchure ne
laisse, même dans la principale passe, celle du sud-est, que
3 mètres d'eau à marée basse, et moins de 4 mètres à ma-
rée haute : c'est pourquoi les navires d'un fort tonnage ne
peuvent venir à la Nouvelle-Orléans.
Galveston, le principal port du Texas, à l'extrémité
d'une longue île et à l'entrée de la baie de Galveston, en
communication fréquente avec la Nouvelle-Orléans dont
il est distant de 720 kilomètres, fait
un commerce d'envi-
ron 30 millions.
Tous les ports des États du Sud ont souffert considéra-
blement de la guerre de l'Indépendance, et la plupart
n'ont pas encore recouvré toute leur activité commerciale.
206. Les ports de l'océan Pacifique. — Les ports du Pa-
cifique sont :
Monterey, dans la Californie, port presque entièrement
délaissé aujourd'hui.
SAN-FRINCISCO, bâti sur une étroite langue de terre qui
sépare l'Océan de la baie de San-Francisco, la plus belle baie
de l'Amérique sur l'océan Pacifique et qui a 440 kilomètres
de tour (Voir le carton de la carte n° 22). L'entrée de cette haie,
qui n'a guère que 2 kilomètres de large, s'appelle la Porte
d'Or, nom que les richesses minérales de la contrée lui
ont fait donner. La ville est bâtie sur un rivage sablonneux
à 7 kilomètres au sud de la Porte d'Or. En 1848, elle
ne se composait que de quelques cabanes de bois ; c'est
aujourd'hui le plus grand port de la côte américaine du
Pacifique. Tête de ligne occidentale du Grand-central
américain qui relie l'Atlantique et le Pacifique, elle com-
munique par des services réguliers de bateaux à vapeur
avec le Japon et la Chine, avec l'Australie et la Polynésie,
avec Panama et toute la côte occidentale de l'Amérique.
Le mouvement maritime y est d'environ 700,000 tonnes ; près
des 3/4 appartiennent à la marine américaine ; l'Angleterre
est au second rang avec 150,000 tonneaux ; la France et les
îles Havaii au troisième avec 10 à 12,000 tonneaux. L'expor-
tation consiste surtout en OR, en froment et en farine, en
mercure, en laine, en peaux.
Astoria, non loin de l'embouchure de l'Orégon, le prin-
cipal port de l'Orégon, exporte surtout du bois.
207. Le commerce intérieur. — L'immense territoire des
États-Unis a un commerce intérieur très-important et très-
actif. Ce commerce se fait en partie par les grands lacs,
où il appartient autant au commerce extérieur qu'au com-
merce intérieur ; car la navigation sur les grands lacs fait
communiquer non-seulement entre eux les ports du sud,
mais les ports du sud ou ports américains avec les ports
du nord ou ports canadiens. Les ports américains des
grands lacs sont :
MILWAUKEE, le port du Wisconsin, bâti en partie sur la
falaise qui borde le lac Michigan, en partie sur la rive basse
du Milwankee, exporte beaucoup de grains et de bois.
CHICAGO, au sud de Milwaukee, et sur le même lac ;
c'est la principale place de commerce de l'illinois et de la
région des grands lacs ; le mouvement de son port dépasse
100,000 tonnes ; la rivière Chicago, qui se partage en deux
branches et qui est profonde, lui sert de port. Elle exporte
en très-grande quantité des CÉRÉALES, maïs et froment, du
porc salé, du beurre, de la laine, des peaux, de l'alcool.
DÉTROIT, à l'entrée du détroit qui réunit le lac Saint-Clair
au lac Érié ; et Monroé, sur le lac Érié, ports du Michigan,
reçoivent les produits agricoles de la presqu'île et ceux de
l'intérieurqu'amènent les canaux et les chemins de fer.
Tolédo, et Cleveland, deux ports de l'État d'Ohio, sur le
lac Érié, exportent également des céréales et des viandes
salées ; leur navigation est d'environ 100,000 tonnes.
Presqu'île est le port de la Pensylvanie, sur le lac Érié.
Dumalo, à l'extrémité orientale du lac Érié, grand en-
trepôt de la région des lacs et de la région maritime, grâce
aux chemins de fer et au canal Érié, et bon port dans une
anse aux eaux profondes. Il reçoit des régions de l'ouest
les céréales, les viandes salées, les bois, les métaux ; et des
régions maritimes les objets manufacturés, cotonnades,
lainages, objets en fer.
Niagara, sur la rivière de ce nom.
Rochester, bâti à 12 kilomètres de l'embouchure de la
rivière Genesee qui se jette dans le lac Ontario, et au point
où le canal Érié traverse la rivière.
Osxvego, à l'embouchure de la rivière du même nom, sur
le lac Ontario, est réuni par un chemin de fer et un em-
branchement du canal Érié à Syracuse dont il peut être
considéré comme le port ; ces deux villes font un com-
merce très-actif avec le Canada.
Champlain, situé sur le lac de même nom, près de la
frontière du Canada.
Le commerce intérieur se fait également par les canaux
et les cours d'eau. Les principaux marchés de l'intérieur
sont :
PITTSBURG, dans la Pennsylvanie, au confluent de l'Alle-
ghany et du Monongahela dont la réunion forme l'Ohio ; le
mouvement de son port est d'environ 2 millions de tonnes ;
la houille, le fer, l'huile de pétrole, les céréales, les bois de
construction, les produits chimiques, les cotonnades sont
les principaux articles de son commerce..
CINCINNATI, sur la rive droite de l'Ohio, au débouché du
canal Miami et communiquant par plusieurs chemins de
fer avec le Nord, l'Est et l'Ouest, fait un très-grand com-
merce de produits agricoles, céréales, farines, viandes, etc.
Louisville, ville du Kentucky, également sur l'Ohio, fait
un commerce analogue à celui de Cincinnati.
Dans le Tennessee, Nashville sur le Gumberland et Mem-
phis sur le Mississipi.
SAINT-LOUIS (Missouri), sur le Mississipi, à 28 kilomètres
au-dessous du confluent du Missouri ; c'est le grand en-
trepôt des régions de l'Ouest.
208. Le commerce extérieur. — Le COMMERCE EXTÉRIEUR
des États-Unis s'est développé avec la même rapidité que
la population et la richesse de cette vaste contrée. En
1830, ce commerce était d'environ 700 millions de francs ;
en 1871, il dépassait 5 MIILIARDS.
L'importation qui atteint 2 milliards 1/2 consiste prin-
cipalement en TISSUS (de 3 à 400 millions de francs), tissus
de laine provenant d'Angleterre, tissus de soie provenant
d'Angleterre, de France et d'Allemagne, tissus de coton
et de lin d'Angleterre ; en sucre (environ 100 millions de
francs) des Antilles et du Brésil ; en café (80 millions) pro-
venant surtout du Brésil, d'autres États de l'Amérique du
Sud et des Antilles ; en laine brute (75 millions) et en cuirs
(60 millions), provenant surtout de la Plata ; en thé (50 mil-
lions) de la Chine et du Japon ; en métaux, étain, fer,
plomb, acier, venant sur tout d'Angleterre ; en fourrures
du Canada et de la Russie ; en vêtements d'Angleterre, de
France, etc.
L'exportation, qui dépasse 2 milliards 1/2, a pour pre-
mier objet le COTON : cette marchandise qui représentait
plus d'un milliard, avant la guerre de sécession, était tom-
bée à 6 millions en 1862 ; elle s'est relevée depuis la fin de
la guerre à plus de 700 millions. Elle consiste ensuite en
BLE et FARINES (plus de 300 millions) ; en TABAC (plus de
100 millions) ; en jambons (60 millions), porc salé et boeuf
salé ; en graisse et en suif (50 millions) ; en huile de pétrole
(50 millions) ; en beurre et fromage (50 millions) ; en bois,
douves, cercles et barils ; en fer brut et ouvré ; en poissons
secs destinés principalement aux Antilles ; en cotonnades,
meubles, spiritueux, houille, houblon, etc. Les principaux
produits étrangers réexportés par le commerce des États-
Unis sont les sucres, les mélasses, le tabac et le café.
L'Angleterre est au premier rang dans le commerce des
États-Unis ; elle fait plus de 2 milliards d'affaires. La France,
qui vient au second rang, fait environ 500 millions d'affaires ;
elle envoie aux État-Unis des SOIERIES pour plus de 50 mil-
lions, des lainages pour 20 millions, des vins pour 15 mil-
lions, des spiritueux, des cotonnades, du plomb, des four-
rures, du fer et de l'acier, des tissus de chanvre, etc.
Derrière la France viennent, par ordre d'importance, l'Al-
lemagne (450 millions), les Antilles espagnoles (plus de
400 millions), le Canada (plus de 300 millions), le Brésil
(plus de 200 millions), la Chine et le Japon, le Mexique,
l'Inde anglaise et l'Australie.
209. Les villes de plus de 100,000 habitants. Les États-
—
Unis comptent aujourd'hui 14 villes dont la population dé-
passe 100,000 habitants (Voir les cartons des cartes nos 22 à 25).
LOUISVILLE (100,000 habitants), la plus grande ville du
Kentucky, bâtie sur la rive gauche de l'Ohio, en aval des
chutes qu'un canal a permis à la navigation d'éviter ;
c'est là l'origine de la prospérité de la ville d'où rayon-
nent aujourd'hui plusieurs chemins de fer.
NEWARK (105,000 habitants), Tille du New Jersey sur
la rive droite du Passaïc, centre de nombreuses fabriques
de cuir et de caoutchouc, en communication continuelle
avec New York, sa voisine.
WASHINGTON (109,000 habitants), capitale des États-Unis
bâti sur la rive gauche du Potomac. Washington, le li-
bérateur des États-Unis, posa la première pierre de cette
ville sur un territoire acheté au Maryland et destiné à être
le siège du gouvernement fédéral. Le Capitole est le plus
beau monument des États-Unis (fig. 93).
BUFFALO (117,000 habitants), ville de l'État de New York
méridionale
se
jette
Harlem,
et
dans
environ
est
bras
la l'East-River
vieille 2 de
à
3
;
l'Hudson,
ville, kilomètres
l'île
bâtie
long
assez
a
de 21 de
largeur.
irréguliè¬
12
kilomètres
kilom.,
La
rement, mais présentant dans ses rues et surtout sur le
port l'aspect d'une prodigieuseactivité. La partie centrale et
septentrionale se compose de larges rues, bien alignées,
coupées à angle droit et numérotées par rues et par ave-
nues, comme sont numérotées les maisons à Paris. Dans
la partie septentrionale est le beau Parc central qui mesure
plus de 330 hectares. Dans presque toute la longueur de la
ville, du sud au nord, s'étend la grande rue dite Broad-
way, qui aboutit à la Batterie, c'est-à-dire à l'extrémité
sud de New York et qui est citée par les Américains
comme une des plus belles rues du monde ; c'est dans
Broadway qu'est situé l'Hôtel-de-Ville, édifice en mar-
bre blanc. L'eau de la rivière Croton qui alimente une
partie de la ville, est amenée par un aqueduc regardé
comme une des constructions les plus remarquables de
New York.
210. Les antres villes importantes. — 57 autres villes
des États-Unis ont une population de 20,000 à 100,000 ha-
bitants.
Dans le Maine, Portland (31,000 hab.), capitale de l'État
jusqu'en 1831.
Dans le New Hampshire, Manchester (23,000 hab.), sur le
Merrimac.
Dans le Massachusets, Cambridge (40,000 hab.), qui
possède la plus ancienne université et a vu les premières
imprimeries des États-Unis ; Charlestown (28,000 hab.),
avec un grand arsenal fédéral ; Fall-River (26,000 hab.),
port sur la baie de Narragansett ; Lawrence (29,000 hab.) ;
Lowell, (41,000 hab.), sur le Merrimac, grand centre in-
dustriel, appelé le Birmingham de l'Amérique ; Lynn
(28,000 hab.), grande fabrique de chaussures pour fem-
mes ; New Bedford (21,000 hab.), port important pour la
pêche de la baleine ; Salem (24,000 hab.), une des plus an-
ciennes villes de l'Union ; Spring field (27,000 hab.), arse-
nal et manufacture fédérale d'armes ; Worcester (41,000
hab.), ville savante avec de riches collections scientifiques.
Dans Rhode-Island, Providence (69,000 hab.), ville in-
dustrieuse et port commerçant.
Dans le Connecticut, Hartford (37,000 hab.), port sur le
Connecticut ; New Haven (51,000) avec un bon port et l'u-
niversité de Yale.
Dans le New York, Albany (76,000 hab.), capitale de
l'État, sur l'Hudson, où fut lancé le premier bateau à va-
peur en 1807 ; Oswego (21.000 hab.), port sur le lac Onta-
rio ; Poughkeepsie (20,000 hab.), sur l'Hudson ; Rochester
(62,000 hab.), sur le Genesee, dont les chutes font mou-
voir de nombreux moulins ; Syracuse (43,000 hab.), ville
active et commerçante ; Troy (46,000 hab ), sur l'Hudson,
manufacture d'armes de guerre ; Utica (29,000 hab.), sur
le canal Erié, importante par son industrie cotonnière.
Dans le New Jersey, Trenton (22,000 liab.), sur la Dela-
vare, capitale de l'État ; Camden (20,000 hab.), sur la De-
laware, en face de Philadelphie ; Elizabeth (21,000 hab.) ;
Hoboken (20,000 hab.), sur l'Hudson, vis-à-vis New York ;
Jersey-City (82,000 bab.) doit aussi sa prospérité au voisi-
nage de New York ; Paterson (33,000 hab.), au nord de
Newark, ville manufacturière, fondée seulement en 1820.
Dans la Pennsylvanie, Harrisburg (23,000 hab.), sur la
Susquehannah, capitale de l'État, Alleghany-City (53,000
hab.), ville industrielle sur la rivière de son nom, une des
branches de l'Ohio ; Lancaster (20,000 hab.), fabrique de
bonneterie et d'aiguilles ; Pittsburg (86,000 hab.), au con-
fluent de l'Alleghany et de la Monongahela qui forment
l'Ohio, doit à ses riches mines de houille et de fer d'être
un des centres les plus actifs et les plus industriels de
l'Union ; Reading (34,000 hab.), fabrique de chapellerie ;
Scranton (35,000 hab.) ; Érié (20,000 hab.), port sur le lac
de son nom.
Dans le Delaware, Wilmington (31,000 hab.), sur la De-
laware, doit son importance à Philadelphie, dont il est
comme l'avant-port.
Dans les États du Sud, Richmond (51,000 hab.), capitale
de la Virginie, sur le James-River, centre de l'insurrection
sudiste en 1860 ; Charleston (49,000 hab.), port de com-
merce et place forte ; Atlanta (21,000 hab.), capitale de la
Géorgie ; Savannah (28 000 hab.), port de la Géorgie, sur
la rivière de son nom ; Mobile (32,000 bab.), la ville la plus
importante de l'Alabama, port sur le golfe du Mexique.
Dans les États du centre, Milwaukee (71,000 hab.), sur
le lac Michigan, la plus grande ville du Wisconsin ; Détroit
(80,000 hab.), sur la rivière de ce nom, entre le lac Saint-
Clair et le lac Érié, ville d'origine française, importante
par son arsenal et première ville du Michigan ; Columbus
(31,000 hab.), capitale de l'Ohio ; Cleveland (93,000 hab.),
sur le lac Érié, ville commerçante du même État, où l'on
trouve encore Dayton (30,000 hab ), ville manufacturière ;
et Toledo (32,000 hab.), autre ville commerçante, sur le
Maumée près du lac Erié ; Indianopolis (48,000 hab.), sur le
White-River, centre de nombreux chemins de fer et capi-
tale de l'Indiana ; Evansville (22,000 bab.), dans le même
Etat : Peoria (23,000 hab.), et Quincy (24,000 hab.), dans
l'Illinois ; Covington (24,000 hab.), seconde ville du Ken-
tucky, séparée de Cincinnati par l'Ohio ; Nashville (26,000
hab.), capitale du Tennessee, et siège d'une université ;
Memphis (40,000 hab.), dans le même État, port commer-
çant et militaire et arsenal maritime sur la rive gauche
du Mississipi ; Kansas-City (32,000 hab.), sur le Kansas,
deuxième ville du Missouri. Davenport (20,000 hab.), sur
la rive droite du Mississipi dans l'Iowa ; Saint-Paul (20,000
hab.), capitale du Minnesota, sur le Mississipi.
211. La population. — La population des États-Unis est
celle dont l'accroissement est le plus rapide sur le globe.
En 1790, à l'époque du premier recensement, elle était
au-dessous de 4 millions d'individus (3,930,000), composée
d'environ 3,102,000 blancs, 700,000 esclaves et 70.000
personnes de couleur libres. La superficie des États-Unis
n'était alors que de 2 millions de kilomètres carrés et la
densité de la population de 2 habitants au kilomètre carré.
Cette population est aujourd'hui d'environ 40 MILLIONS
D'HABITANTS, et la densité moyenne est de 4 habitants au
kilomètre carré. Mais de vastes espaces, comme le territoire
d'Alaska et le Grand-Bassin, sont presque déserts ; sur la
côte de l'Atlantique, depuis le Maine jusqu'au Potomac,
c'est-à-dire dans la partie la plus peuplée, on compte 11
millions 1/2 d'individus, et la densité est de 25 habitants
au kilomètre carré. Il y a environ 35 millions de blancs,
4,900,000 hommes de couleur, nègres ou mulâtres,
tous libres depuis la fin de la guerre de sécession, 50
à 60,000 Indiens, derniers restes des anciens habitants
du pays, et autant de Chinois. Les gens de couleur qui,
en 1790, formaient à peu près le cinquième de la popula-
tion totale, n'en forment plus guère que le huitième ; on
ne les rencontre en grand nombre que dans les États du
Sud et du Sud-Est, où ils constituent plus du tiers de la
population.
C'est en partie à l'excédant des naissances sur les dé-
cès, en partie à l'immigration que les États-Unis doivent
le rapide développement de leur population qui double
dans l'espace de vingt-cinq ans. De 1820 à 1871, ils ont
reçu 7 millions et demi d'immigrants dont plus de moi-
tié venaient des îles Britanniques et particulièrement
de l'Irlande, 2,370,000 d'Allemagne, 284,000 du Canada,
153,000 de Suède et de Norvège, 245,000 de France,
100,000 de Chine. Les immigrants conservent pendant
plusieurs générations leur langue et les habitudes de
leur mère-patrie. C'est dans les États de l'Ouest, au sud
des grands lacs, que se trouvent les principaux groupes
d'Irlandais et d'Allemands. Les Chinois, qu'on rencontre
principalement en Californie, ne se mêlent pas aux au-
tres, races.
212. Résumé des forces productives de l'Amérique du
Nord. — L'Amérique du Nord est, après l'Europe, la partie
du monde la plus civilisée. Elle comprend trois régions dis-
tinctes :
4° La partie septentrionale ou DOMINION DU qui
CANADA,
dépend de l'Angleterre : vaste région de 9 millions et demi
de kilomètres carrés, mais comptant à peine 1/2 habitant
au kilomètre carré, parce que la rigueur du froid la rend,
comme la Sibérie, inhabitable sur une grande étendue.
Aussi, comme la Sibérie, n'est-elle, dans toute la portion
septentrionale et centrale, qu'un terrain de chasse, et
le seul produit consiste-t-il en fourrures. Elle est plus
peuplée sur les bords des grands lacs et du Saint-Laurent
et dans la partie qui s'étend entre le Saint-Laurent et l'Atlan-
tique, quoique l'hiver y soit très-rigoureux. Les BOIS, les
CÉRÉALES et le bétail en sont les principales richesses, avec
la pêche autour de l'île de Terre-Neuve. Une seule ville,
Montréal, dépasse 100,000 habitants.
2° La partie centrale, ou ÉTATS-UNIS, laquelle, avec ses 40
millions d'habitants, son immense territoire de 10 millions
de kilomètres carrés, dont la majeure partie est propre à
la culture, et sa grande activité commerciale, a une impor-
tance économique comparable à celle des plus puissants
États de l'Europe. Les céréales y abondent, MAÏS, FROMENT,
avoine, seigle, riz, etc., en tout plus de 550 millions d'hec-
tolitres. La Russie seule, parmi les États qui ont une sta-
tistique (1), atteint un chiffre presque aussi élevé (500 mil-
lions). Mais la Russie a environ 80 millions d'habitants,
el les États-Unis seuls donnent une moyenne de 10 hecto-
litres par habitant. La pomme de terre et la patate, le sucre,
le TABAC, le COTON que les États-Unis produisent en plus
grande quantité qu'aucun autre pays du globe, les BOIS de
construction sont au nombre des richesses agricoles de
cette région privilégiée, ainsi que le BÉTAIL (bêtes à cornes
et porcs surtout). Les mines donnent de la HOUILLE, du
PETROLE, de L'OR, du fer, du cuivre, etc. L'industrie, armée
1. Il est certain que la Chine, et il est propable que l'Inde, pour nour-
rir leur population, ont une production supérieure ; mais on n'a aucun
moyen de constater le montant de cette production.
des machines les plus perfectionnées, est presque aussi
active dans les États du Nord-Est que dans les départe-
ments manufacturiers de la France.
Le pays est sillonné de canaux et plus encore de chemins
de fer ; le commerce intérieur y est très-actif. Quatorze
villes ont une population de plus de 100,000 habitants :
sept sur la côte de l'Atlantique, Boston, New York, qui,
avec Brooklyn et Jersey-City, constitue un agglomération
d'un million et demi d'habitants, Newark, Philadelphie,
Baltimore, Washington ; une près du glofe du Mexique vers
l'embouchure du Mississipi, la Nouvelle-Orléans; une sur
le Pacifique, San-Francisco ; deux sur la frontière des
grands lacs, Chicago et Buffalo ; trois sur les cours d'eau
de l'intérieur, Cincinnati, Louisville, Saint-Louis.
3° La partie méridionale, qui comprend elle-même trois
régions distinctes, le Mexique, l'AMÉRIQUE CENTRALE et
les Antilles. Les deux premières régions, à côté de vastes
espaces incultes et inhabités, étalent la splendide végéta-
tion des tropiques et produisent le manioc, le maguey.
la vanille, l'indigo, la cochenille, le cacao, le café, les
bois d'acajou et autres ; mais leurs discordes civiles ont
beaucoup entravé leur progrès. Les ANTILLES qui ont à
peu près les mêmes produits, s'adonnent tout particu-
lièrement à la culture de la canne à sucre, du café et du
tabac. Le Mexique est riche en mines d'ARGENT. Deux vil-
les, Mexico sur le continent et La Havane dans l'île de Cuba,
ont plus de 100,000 habitants. »
Le commerce intérieur est presque nul dans la région
glacée du nord ; il est actif sur les bords des grands lacs
et du Saint-Laurent, très-actif dans les États-Unis, surtout
dans la région de l'Atlantique, médiocre dans le Mexique
et l'Amérique centrale par défaut de population et de
routes ; dans les Antilles, qui sont des îles, presque tout
le grand commerce se fait par mer et se confond avec le
commerce extérieur.
Le COMMERCE EXTÉRIEUR de l'Amérique du Nord est ap¬
proximativement estimé à 8 MILLIARDS 330 MILLIONS, c'est-à-
dire à une somme à peu près équivalente au commerce
général de la France. Les 5/8 (5,100 millions appartien-
nent aux ÉTATS-UNIS ; un quart (2 milliards) aux Antilles,
et près des 3/4 du commerce des Antilles appartiennent
à Cuba ; un dixième (environ 950 millions) à la dominion
du Canada ; le reste (380 millions) au Mexique et à l'A-
mérique centrale.
Même proportion pour le mouvement général de la
NAVIGATION qui est de 37 MILLIONS DE TONNES, sans y com-
prendre la navigation des grands lacs, ni le cabotage des
États-Unis (1). Sur ce total, 20 millions appartiennent aux
ÉTATS-UNIS, dont la marine marchande jauge 4,110,000
tonnes ; 11 millions 1/2 à la Dominion du Canada dont la
marine est de 900,000 tonnes ; 4 millions 1/2 aux Antilles ;
1 million au Mexique et à l'Amérique centrale.
Dans le grand commerce extérieur sur l'Atlantique, le pre-
mier rang appartient à L'ANGLETERRE qui fait plus de 3
milliards 1/2 d'affaires, et aux ÉTATS-UNIS qui, faisant avec
l'Europe et l'Asie moins d'affaires que l'Angleterre, en
font davantage avec l'Amérique ; dans les ports dn Paci-
fique, les Etats-Unis l'emportent sur l'Angleterre ; sur
les grands lacs, où ils ne partagent qu'avec le Canada,
les États-Unis font plus des trois quarts des transports
maritimes.
D'Europe, l'Amérique reçoit surtout des PRODUITS MANU-
cotonnades, soieries ; des ma-
FACTURÉS : DES. TISSUS, lainages,
chines, des métaux usuels, des vêtements, des vins et des
spiritueux. Elle y envoie les produits de son sol, BOIS de
construction et d'ébénisterie, COTON, TABAC, BLÉS et FARINES,
VIANDE SÉCHÉE, SUCRE, CAFÉ, indigo, cochenille, vanille, cacao ;
et les produits de ses mines, OR, ARGENT, pétrole, cuivre.
L'AMÉRIQUE DU SUD
1re Section.
LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
(Voir la carte n° 27.)
1. C'est dans ces lagunes qu'on trouve la Victoria regia, sorte de né-
nuphar dont les feuilles ont 2 mètres de diamètre.
gion forestière inconnue et afflue dans le fleuve par quatre
embouchures ; puis la MADEIRA. Cette dernière rivière, dont
le nom signifie « rivière des bois », à cause de la quantité
de bois qu'elle charrie après les crues, est un grand cours
d'eau rapide, ayant plus de 2,500 kilomètres de longueur
et un bassin de près de 900,000 kilomètres carrés : elle est
formée par la réunion de trois rivières, le Beni et le Ma-
moré descendus de rapide en rapide des flancs du plateau
de Bolivie, et l'Itenez, né sur le flanc occidental du pla-
teau brésilien ; dans son lit, large d'un kilomètre et demi,
elle présente à la navigation une ligne d'environ 1,500 ki-
lomètres, malheureusement entrecoupée par de nombreux
rapides. Les autres affluents de la rive droite de l'Amazone
viennent du plateau brésilien par un cours lent dirigé du
sud au nord : le Tapajoz (1,600 kilomètres), formé de la
réunion de deux rivières venues du plateau de Parexis ; le
Xingu (env. 2,000 kil.), qui descend par des rapides du
plateau dans la plaine où il est navigable. Le Tocantins
(env. 2,000 kil.), qui est grossi de l'Araguaya, et qui, mal-
gré la largeur de son lit (2 kilomètres), est d'une naviga-
tion difficile, à cause des rochers qui l'encombrent et de
ses cascades, est moins un affluent de l'Amazone qu'un
fleuve qui débouche dans la mer par la branche appelée
Para.
Le grand fleuve qui reçoit toutes ces eaux, dans son lit
large de 4 à 5 kilomètres et profond de 50 à 100 mètres et
plus, est quelquefois nommé rivière des Saumons rio So-
timuos (1), plus souvent le FLEUVE DES AMAZONES, ainsi dési-
gné par suite d'une fausse interprétation du récit d'Orel-
laña, le premier Espagnol qui en ait descendu le cours, et
qui passe pour avoir rencontré sur ses bords des tribus de
femmes guerrières ; aujourd'hui, comme alors, le grand
8me Section.
LA GÉOGRAPHIE POLITIQUE.
LA GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE.
(Voir la carte n° 29.)
CHILI.
(Voir la carte n° 30.)
BRÉSIL.
GUYANE ET VENEZUELA.
FIN.
TABLE DES MATIÈRES
§ 63. Les routes de terre, 155. — § 64. Les routes de mer, 157.
—
Côte occidentale. 158
îles.
§ 65. Les productions, 158. — § 66 Le commerce, 161.
Le Cap 163
§ 67. Les productions, 163. — § 68. Le commerce, 164,
Côte orientale et 166
§ 69. Les productions, 166. — § 70. Le commerce, 167. — § 71.
—
L'Asie.
Le résumé des forces productives de l'Afrique, 169.
CINQUIÈME PARTIE.
Première section, — LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.... 172
172
SIXIÈME PARTIE.
—
L'Océanie. 323
Première section. — LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE
§ 128. La situation et les dimensions, 323. — § 129. La Ma-
laisie, 324. — § 130. L'Australasie, 327. — § 131 La Poly-
nésie, 331.
DEUXIÈME SECTION.
— LA GÉOGRAPHIE POLITIQUE 334
§ 132. Les révolutions, 334. — § 133. Les États, 335.
Troisième section. — LA GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE. 337
Malaisie et Australasie septentrionale......... .. . 337
....
§ 134. Les productions, 337. — § 136. Les villes importantes,
344. — § 136. Le commerce maritime, 345.
Australie et autres colonies anglaises. 349
§ 137. La production agricole, 349. — § 138. Lu chasse et
la pêche, 353. — § 139. La production minérale, 354. —
§ 140. La production industrielle, 356. — § 141. Les villes
importantes, 356. — § 142. Les voies de communication,
357. — § 143. Le commerce, 358. — § 144. Les ports, 359.
Polynésie. 361
§ 145. La production, 361. — § 146 La pêche, 362. — § 147.
Le commerce, 363. — § 148. Comparaison des forces pro-
ductives de l'Océanie, 364.
SEPTIÈME PARTIE.
— L'Amériqne
du Nord. 366
Première section. — LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.......... 366
§ 149. La situation et les dimensions, 366.
— § 150. Les côtes
et les îles, 367. — § 151. Le relief du sol, 373. — § 152.
Les eaux, 383. — § 153. Le climat, 393.
Deuxième section. — LA GÉOGRAPHIE POLITIQUE
§ 154. Les révolutions, 396. — § 155. Les
...........
États, 398.
... 396
§
Chili.
228. régions naturelles,
Les 547. — § 229. Les végétaux,
547