7362 Maroc 2004 Manuel Conservation Version Francaise PDF
7362 Maroc 2004 Manuel Conservation Version Francaise PDF
7362 Maroc 2004 Manuel Conservation Version Francaise PDF
CERKAS _____________________________________________________________________________________________________________________
1, rue Gandhi,
Rabat
Maroc
Tel. +212 (0)37 20 94 06/29 Fax. +212 (0)37 70 84 17
CRATerre-EAG _______________________________________________________________________________________________________________
Centre du Patrimoine Mondial / Unité des Etats Arabes 35, Avenue du 16 novembre
7, Place Fontenoy BP 1777, Agdal
75352 Paris 07 SP, France Rabat, Maroc
Tel: +33 (0)1 45 68 15 77 Tel. +212 (0)37 67 03 72 / 74
2
Auteurs
Mohamed Boussalh, ethnologue, directeur du CERKAS
Mustapha Jlok, ethnologue, conservateur à l’IRCAM
Hubert Guillaud, architecte, CRATerre-EAG
Sébastien Moriset, architecte, CRATerre-EAG
Illustrations
Photos
Grande photo de couverture : reconstruction d’un mur en pisé lors de la restauration du grenier collectif de Tazlaft
Crédits photographiques : Toutes les photos sont de Mohammed Barjali, photographe, CERKAS
Sauf les suivantes, qui sont de Sébastien Moriset, CRATerre : couverture bd, 11bg, 13hg, 13bd, 15, 16, 17, 19, 21, 22, 24bg,
24 hd, 30, 32bg, 33hg, 35, 44, 59bg, 59bc, 59bd, 61, 62, 64,68
(hg : haut gauche, hc : haut centre, hd : haut droite, bg : bas gauche, bc : bas centre, bd, bas droite)
Dessins
Tous les dessins sont de Bouchra Fadli, architecte, et Hamid Aghazzaf, technicien principal, CERKAS
Sauf les suivants, qui sont de CRATerre : 23, 33, 36d, 37g, 41c, 41d, 43, 44, 45, 46, 63bd
Nous remercions toutes les personnes qui ont participé à la relecture de ce document, et qui nous ont fait part de leurs précieuses remarques.
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Table des matières
Préambule
1. Introduction .................................................................................................................................................................. 7
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5. Production des matériaux ................................................................................................................................. 28
7. Modifications ............................................................................................................................................................ 61
8. Bibliographie ............................................................................................................................................................... 71
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Préambule
La réalisation de ce manuel est née de la volonté d’enrayer les mauvaises pratiques affectant le patrimoine bâti en terre au Sud du Maroc, afin
de préserver ce qu’il reste de son caractère traditionnel exceptionnel. Les architectures de ces vallées, tel que le site du patrimoine mondial de
Aït Benhaddou sont uniques et fragiles. Les facteurs de dégradation sont nombreux, et les volontés de changement très fortes ; chaque
remplacement de porte, chaque décoration érodée, ou encore chaque reconstruction en parpaing représente un pas vers la disparition de cette
richesse. La conservation des splendeurs de ces structures anciennes ne s’oppose pas à la modernisation de la vie et à l’amélioration du
confort de ses habitants. Cependant, certaines règles éthiques doivent être respectées pour ne pas détruire les valeurs culturelles dont sont
chargés ces murs. Des règles de bonne conduite en matière de conservation sont proposées dans ce manuel.
Ce manuel offre aussi des indications sur les techniques d’entretien et de conservation les mieux adaptées à ces architectures en terre. Si les
matériaux modernes sont une atteinte à l’intégrité visuelle du site, ils sont souvent mal adaptés aux structures en terre et peuvent s’avérer
terriblement destructeurs. Les traditions constructives conservées par les mâalems ont depuis longtemps fait leurs preuves, et restent souvent
les plus durables.
Ce manuel s’adresse à tous ceux qui souhaitent entreprendre des travaux sur les villes anciennes, patrimoine architectural exceptionnel du
Maroc. Le public visé comprend :
- Les institutions (municipalités, provinces, communes rurales, collectivités locales, délégation du tourisme, délégation de la culture,
délégation de l’habitat, direction de l’équipement et des travaux publics, division de l’architecture et de l’urbanisme, office national de l’eau
potable, office national d’électricité)
- Les propriétaires (habitants)
- Les investisseurs (investisseurs privés ou bailleurs de fonds)
- Les professionnels du bâtiment (architectes privés, entreprises et artisans)
Ce manuel vise à:
- réduire la vitesse de dégradation des valeurs du patrimoine en informant les décideurs, propriétaires et investisseurs sur les lois et codes de
bonnes pratiques qui régissent la conservation,
- aider les décideurs, propriétaires et investisseurs à prendre les bonnes décisions en terme de conservation, de transformation et de mise en
valeur des sites,
- mettre en valeur les services de l’État, en informant le lecteur de leur existence et en précisant leur rôle et le type d'aide qu’ils peuvent
fournir,
- améliorer la qualité des interventions en fournissant des recommandations techniques pour la mise en œuvre de travaux d’entretien, de
conservation ou de restauration.
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1. Introduction
Si la terre est utilisée en construction sur tous les continents, rares sont les civilisations qui ont eu l’audace de construire des structures
comparables à celles des vallées présahariennes du Maroc. Cette architecture en terre monumentale doit son existence à un savoir faire
exceptionnel et des matériaux de grande qualité, parfaitement maîtrisés. Elle constitue un patrimoine d'une valeur inestimable et une mémoire
encore vivante qui reflètent le savoir-faire des habitants, leur organisation sociale et leur vie quotidienne. Cependant, les conditions nécessaires
à sa conservation ne sont plus réunies, et le problème de la conservation et de la réhabilitation des architectures de terre du Maroc se pose
avec acuité. Dans toutes les régions situées au-delà de l’Atlas, les grands ensembles Ksour et médinas comme l’habitat rural sont confrontés à
d’innombrables problèmes.
L’héritage culturel composé essentiellement de demeures seigneuriales (Tighermt-s en berbère, Kasbahs en arabe) et de villages
communautaires (igherm-s ou Ksour) subit les conséquences d’une évolution de la société difficilement contrôlable mettant en péril le capital
culturel de plusieurs générations et menaçant d’extinction de nombreux chefs d’œuvres architecturaux. En effet, ces ensembles humains qui
auparavant étaient structurés selon des règles communautaires établies, subissent un processus d’éclatement provoquant parfois la rupture
des liens qu’entretenaient les hommes avec leur milieu social et naturel.
Ces mutations souvent irréversibles affectent les structures sociales traditionnelles et entraînent l'apparition de nouvelles habitudes. C’est ainsi
que des matériaux modernes viennent peu à peu remplacer l’adobe et le pisé, et changent progressivement le paysage de ces belles régions
du Maroc. Face à l’ampleur de ce phénomène, les responsables marocains ont pris conscience de l’urgence de freiner cette évolution, et de
protéger les sites et monuments de ce vaste patrimoine.
Malgré les efforts déployés pour préserver l’essentiel de cette architecture, la situation reste critique. Les architectures de terre, fortement
dégradées, sont dans un état d’abandon quasi-total. Les moyens mis à la disposition pour la conservation sont à ce jour insuffisants, et de
nombreux problèmes se présentent:
• délaissement total
• explosion démographique
• éclatement des structures socio-économiques traditionnelles
• faiblesse de l’économie locale
• absence d’infrastructures de base
• émigration rurale intensive
• complexité du statut foncier
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Les réflexions concernant la sauvegarde du patrimoine architectural en terre devraient traiter les problèmes actuels qui pèsent sur l'avenir, à
savoir:
• l'installation des infrastructures nécessaires;
• l'adaptation des édifices encore existants à des usages contemporains;
• la création de logements pour une population qui augmente.
Retenir les habitants dans un milieu qui ne répond plus aux exigences de la vie quotidienne sans entreprendre des actions concrètes menace la
pérennité du patrimoine architectural en terre. Il est temps de favoriser une "conservation intégrée" des architectures vernaculaires au
développement régional en élaborant des synergies d'actions entre les ministères de la Culture, de l'Habitat, des Travaux publics, de
l'Education nationale, du Tourisme...
L'intégration du patrimoine architectural dans une démarche de développement durable est une étape décisive et fondamentale. Une réflexion
globale devrait être menée dans le domaine de l'urbanisme et de la protection des architectures de terre. Ainsi pourquoi ne pas élaborer un
projet expérimental entre les différents services pour la construction des habitations en terre dans la ville de Ouarzazate? Une expérience qui
pourrait être appliquée dans d'autres régions où la terre crue est encore utilisée.
Une politique de partenariat avec les services du Ministère du Tourisme devrait se traduire par des projets de réutilisation des architectures de
terre en gîtes d'étape, en auberges, etc., ou par des stages de formation en faveur des guides. Au niveau de la prise des décisions, il faudrait
associer les Collectivités Locales. Une politique d'entretien soutenue par ces dernières s'avérerait plus efficace sur le plan financier. Il faudrait
s’assurer que les différentes interventions proposées répondent à des problèmes réels et que les solutions préconisées soient conformes aux
attentes de la population. Bien définir les critères de la programmation pour une stratégie culturelle, touristique, sociale en étroite liaison avec
les services intéressés devrait être le champ de bataille de tous les acteurs concernés.
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2. Facteurs de dégradation
2.1. Introduction
Afin de comprendre les processus de dégradation ayant abouti aux pathologies visibles aujourd’hui, il importe d’étudier les
principaux facteurs de dégradation. Ceux-ci sont de deux types, naturels ou humains.
• Facteurs naturels : les facteurs tels que la pluie, le vent ou les séismes sont difficilement contrôlables et souvent
imprévisibles.
• Facteurs humains : les activités que mène l’homme sur ou autour des sites. L’abandon, le mauvais usage d’un site ou
l’introduction de nouveaux matériaux sont des facteurs de dégradation reconnus.
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2.2. Facteurs naturels d’érosion
2.2.3. Ruissellements
Le ruissellement au sol des eaux de pluie peut être plus ou moins destructeur en fonction de la morphologie du terrain, de la
capacité d’absorption des sols, du débit et de la vitesse d’écoulement des eaux. Dans le cas des Ksour, les rues et ruelles ont
une double fonction :
• une fonction spatiale (artères de circulation)
• une fonction d’évacuation et de drainage (chaussées drainantes)
Par manque d’entretien ou à la suite de transformations, les ruelles ne jouent plus leur rôle d’artères d’évacuation naturelle des
eaux de pluie. Les pluies exceptionnelles les transforment en torrents dévastateurs qui sapent à leur passage les bases des
murs. La destruction est d’autant plus rapide si les bases des murs n’ont aucune disposition constructive les protégeant des
eaux, et si le matériau est déjà fragilisé par le phénomène des remontées capillaires.
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Erosion du sommet et des faces verticales des murs Ensablement
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2.2.4. Stagnations et infiltrations
Les eaux de pluies se retrouvent souvent piégées dans des zones de rétention qui se sont créées suite à l’écroulement d’un mur,
au transport de matières par le ruissellement ou à la dépose d’ordures faisant barrage. Des erreurs de mise en œuvre dans les
formes de pente peuvent également aboutir à des zones de stagnation.
L’eau peut aussi stagner à l’intérieur des bâtiments, lorsque des fuites viennent des toitures non entretenues.
Une grande partie de ces eaux stagnantes s’infiltre dans les structures en terre et réduit leur cohésion. La terre est un matériau
capillaire qui absorbe l’humidité et la restitue par évaporation. L’humidité contenue dans les murs devient dangereuse lorsque les
infiltrations sont importantes, car l’argile assurant la résistance du matériau perd ses propriétés cohésives, et le matériau
humidifié se ramollit. La terre ainsi fragilisée est facilement emportée par les vents, la pluie ou les eaux de ruissellement. Plus
grave, l’humidité peut entraîner la déformation structurelle ou l’écroulement d’un édifice.
Les enduits étanches tels que les enduits à base de ciment aggravent ces phénomènes, car ils empêchent l’humidité de
s’évaporer des murs.
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Le mauvais drainage des sites entraîne des stagnations d’eau qui humidifient les structures et finissent par les déformer (photo de droite)
Remontées capillaires
et cristallisation de sels
au dessus de la plinthe
Plinthe imperméable
en briques
maçonnées au
ciment
Sol carrelé
imperméable
Le manque d’entretien, les déchets et le traitement des sols avec des matériaux non poreux favorisent les problèmes liés à l’humidité
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2.3. Action de l’homme
L’homme participe directement à la destruction du patrimoine, parfois consciemment, plus souvent par ignorance. On peut
relever :
• le non entretien ou l’abandon des bâtiments du aux problèmes de successions et à la complexité du statut foncier
• l’abandon par manque de confort et par absence d’infrastructures
• les transformations et aménagements nouveaux (installations électriques, eau courante, nouveaux matériaux, décors de
cinéma)
• le développement de nouvelles activités touristiques ou liées au tourisme (boutiques de souvenirs, hôtels)
• la mauvaise gestion des ordures
• le pillage des éléments décorés (portes et fenêtres sculptées)
Les Kasbahs sont pour la plupart des propriétés privées. Cela ne simplifie pas forcément le statut foncier, car les Kasbahs
abritent souvent une famille élargie avec tout ce que cela suppose d’obligation. Les héritiers sont nombreux, parfois en discorde,
et ne disposent pas de titre de propriété. Cela abouti souvent à la contestation des lignages (ou familles de la même localité).
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Transformations physiques affectant le paysage: câbles et compteurs électriques, luminaires urbains et matériaux nouveaux
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2.3.3. Tourisme (afflux de touristes)
Les touristes abîment directement les sites en se promenant en groupe sur
des structures fragiles. Mais les conséquences de ces piétinements sont
limités et n’affectent que les sites les plus visités. Les effets les plus néfastes
du tourisme sont indirects. L’afflux de visiteurs aisés engendre le
développement d’animations nouvelles (sports mécaniques tel que les
sorties en squad), et la mise en place de structures commerciales rarement
contrôlées (construction d’hôtels ou de restaurants), qui affectent l’intégrité
physique et visuelle des sites. La prolifération de boutiques de souvenirs,
souvent accompagnées d’enseignes trop voyantes, a également modifié
l’aspect des ruelles.
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Transformations physiques affectant le site du patrimoine mondial de Aït Benhaddou :
Porte construite pour le film Laurence d’Arabie en 1962, et jamais détruite après le tournage
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3. Les bonnes pratiques
• Respect de l’architecture : Les valeurs esthétiques de l’architecture traditionnelle doivent demeurer. Cette architecture en terre est la
première marque de reconnaissance du patrimoine de la région ; elle a enthousiasmé de nombreux voyageurs, et elle drainera
encore de nombreux visiteurs tant qu’elle sera là. La conservation de cette valeur architecturale implique un respect des formes, des
couleurs, des textures, des matériaux et des techniques traditionnels. Toute intervention ou changement doit donc être le plus discret
possible.
• Réversibilité : Toute intervention doit être réversible. Cela exige l’utilisation de matériaux et techniques permettant de revenir à la
situation d’origine si des problèmes importants, techniques, éthiques adviennent.
L’ensemble des Ksour et Kasbahs de la vallée du Drâa sont classés au patrimoine national depuis 1943. Cela implique de respecter
des procédures administratives précises lors de l’intervention sur le patrimoine. Toute modification, même partielle ne peut être mise
en œuvre sans l’accord de l’administration.
« L'immeuble ou le meuble inscrit ne peut être dénaturé ou détruit, restauré ou modifié sans qu'avis n'en été donné à l'administration
par le ou les propriétaires, six mois avant la date prévue pour le commencement des travaux »
(loi n° 22-80 chapitre II - Article 6)
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Conserver et restaurer … … mais ne pas modifier
• Conserver les matériaux et les techniques traditionnels • Ne pas modifier la forme des bâtiments existants
• Faire appel aux mâalems pour l’entretien • S’inspirer de l’architecture traditionnelle pour construire de
• Conserver les menuiseries en bois nouveaux bâtiments (respecter les volumes, hauteurs,
• Conserver les décorations ouvertures, décorations…)
• Reconstruire avec les matériaux et les techniques traditionnels
Kasbah restaurée par le Cerkas à Aït Benhaddou Exemple de construction nouvelle dénaturant le site
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3.2. Usage et fonction
Les bâtiments les mieux conservés dans les Kasbahs et les Ksour ont généralement trouvé une nouvelle vocation d’usage (bureau,
hôtel, musée…). Cela montre qu’un changement de fonction peut revitaliser un patrimoine à l’abandon et permettre de dégager les
moyens financiers nécessaires à l’entretien des structures. Il faut toutefois mesurer l’impact architectural des réhabilitations, car le
changement d’usage implique généralement un changement radical des espaces intérieurs. Dans ce cas, il faut essayer de conserver
l’enveloppe du bâtiment, sa forme, ses ouvertures et ses décorations. Les transformations physiques de l’habitat pour servir de
nouveaux usages devront se limiter aux espaces intérieurs et privés. Il faudra entre autre s’assurer de :
• Ne pas reconstruire avec d’autres matériaux
• Ne pas modifier la forme des ouvertures
• Ne pas installer de menuiseries métalliques
• Ne pas détruire les décorations
• Ne pas enduire avec un enduit de sable-ciment
Les transformations doivent se faire en concertation avec les services concernés de l’État (voir liste au chapitre 4.4.).
L’amélioration du confort et l’adaptation aux exigences de la vie moderne doivent être pris en compte dans les projets de réhabilitation.
La conservation des valeurs du patrimoine ne doit pas empêcher les habitants d’accéder aux avantages de la ville :
• eau courante
• électricité
• espaces intérieurs clos sans poussière
Cependant, ces améliorations ne doivent pas entraîner un bouleversement du paysage, ni affecter les valeurs du patrimoine.
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Changer l’usage (reconversion), tout en conservant les valeurs architecturales de la région
Maison de la Kasbah Taourirt reconvertie en hôtel. Les transformations internes ne Construction neuve à Agdz (hôtel), dont l’architecture s’inspire de
sont pas visibles de l’extérieur. Les valeurs architecturales sont conservées. l’architecture traditionnelle locale (détails de fenêtres, décorations).
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3.3. Matériaux de construction : pisé, adobes ou parpaing ?
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Schéma théorique d’une conception résistante
Chapeau débordant
Tableaux d’ouvertures enduits
Gargouille longue
Calepinage des adobes
Soubassement en pierres
Soubassement enduit
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Les détails adaptés de l’architecture traditionnelle Les solutions modernes souvent inappropriées
• les soubassements en pierres • Enduits ciment qui ne tiennent pas et favorisent l’humidification
• les cadres d’ouvertures enduits des structures
• les « chapeaux » débordants sur les acrotères, en terre et roseaux • Enduits chimiquement stabilisés qui se décollent
• les hautes descentes d’eau enduites à la chaux ou au taddelakt • Etanchéité au bitume ne résistant pas aux fortes chaleurs, et
• les longues gargouilles entraînant des infiltrations d’eau dans les toitures
etc…
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4. Gérer et planifier
La conservation du patrimoine immobilier requiert un minimum de gestion. Cette gestion peut être perçue comme une suite d’actions
cycliques :
1. Usure : phase passive pendant laquelle les structures s’usent sous l’effet de facteurs de dégradation naturels ou humains.
2. Inspection / Identification : une visite régulière (annuelle) des bâtiments permet de faire un diagnostic technique (identifier les problèmes)
et de lister les besoins en terme de conservation.
3. Prise de décision : Les informations collectées lors de l’inspection permettent d’établir des priorités et de prendre les bonnes décisions
en fonction des moyens disponibles.
4. Conservation : les travaux de conservation préventive et les petites réparations permettent de maintenir les structures en état, et de les
rendre plus résistantes aux agents de dégradation.
Cycle de conservation
1. Usure/destruction 4. Conservation
La conservation est un processus cyclique
(pluies, usage inadapté…) préventive + réparations
qui requiert une surveillance périodique
des bâtiments et des travaux d’entretien
réguliers. Chaque année, au début de la
saison des pluies en particulier, les
architectures de terre doivent être
contrôlées et si nécessaire entretenues
(réfection de la toiture, crépissage des
façades extérieures, colmatage des
crevasses sur les murs…). Lorsque ce
cycle est rompu, et que l’entretien régulier
n’est plus assuré, des dégradations
2. Inspection des sites 3. Prise de décision importantes peuvent survenir. La reprise
et identification des (gestion) des bâtiments dégradés peut alors
problèmes (suivi/monitoring)
devenir très coûteuse.
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4.1. Inspections régulières (monitoring)
La bonne gestion du patrimoine immobilier nécessite une bonne connaissance de son état. Il est important pour cela d’inspecter
régulièrement les structures, pour identifier les éventuelles dégradations, et voir venir de nouveaux problèmes.
Ces visites régulières permettent de suivre l’évolution des bâtiments et de mesurer le degré de risque.
Les éléments les plus importants à inspecter lors des visites sont ceux qui assurent la protection des structures contre l’humidité : base
des murs, enduits, surface de la toiture, acrotères, cadre des ouvertures, etc…
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4.4. Les services de l’état et des collectivités territoriales
Certains services de l’état peuvent vous aider dans les différentes étapes de vos projets (préparation du permis de construire, montage
technique et financier du projet, choix des matériaux, mise en place et suivi du chantier, etc.) :
Délégation du ministère de la Culture à Boulevard des Alaouites Délégation chargée de la vallée du Ziz
Errachidia Océan, Errachidia Tél/fax: 055 57 35 39 Contrôle des projets
Délégation du ministère de la Culture à Boulevard des Almohades
Représentation locale du ministère de la Culture
Ouarzazate B.P. 57 Ouarzazate 45 000 Tél/fax: 044 88 29 73
Centre de Conservation et de Liaison avec des professionnels compétents (Mâalems)
Réhabilitation du Patrimoine Architectural Relevés architecturaux et photographiques
Tel/fax: +212 (0)44 88 30 47
des Zones Atlasiques et Subatlasiques Aide à la conception et à la mise en œuvre de projets de
Kasbah Taourirt BP 253 Ouarzazate
CERKAS conservation des construction en terre
Location d’échafaudages
Ministère délégué auprès du Premier
Angle rues Al Jaouz et Al Joumaiz, Hay Riad, Rabat
ministre chargé de l’Habitat et de Donne des avis techniques pour les permis de construire
http://www.mhu.gov.ma
l’Urbanisme
Agence urbaine de Ouarzazate-Zagora Siège : boulevard Mohamed VI, Près du siège de la
(Agence du Ministère délégué auprès du Province Donne des avis techniques pour les permis de construire
Premier ministre chargé de l’Habitat et de B.P. 290, Ouarazazte dans la région de Ouarzazate
l’Urbanisme) Tél. :044 88 25 90 Fax : 044 88 21 47
Bureau central : 25, rue d’Azilal Casablanca 20 000
Laboratoire Public d’Etudes et d’Essais
Tél. :022 54 75 75 ou 54 75 99 Fax : 022 30 15 50 Analyse des matériaux de construction
LPEE
Bureau de Ouarzazate N°6, quartier industriel, Laboratoire d’essai privé (services payants)
Ouarzazate 45000 Tél : 044 88 51 81
Ecole National d’Architecture B.P. 6372 Rabat Institut Rabat Institution de formation supérieure dans le domaine de
ENA Tél. : 037 77 52 67 Fax : 037 77 52 76 l’architecture. Cette école offre une filière patrimoine aux
e-mail : [email protected] étudiants – possibilités de stages sur le terrain
Assurer le suivi de l’état de conservation des sites et des
Conseil International des Monuments et Secrétariat national, Ecole National d’Architecture
monuments classés
des Sites - ICOMOS Rabat Institut
Sensibiliser le public aux problèmes d protection, de
Comité marocain Tél. : 037 77 52 29 Fax : 037 77 52 76
sauvegarde et de restauration des sites et des monuments
Initier des projets pilotes de conservation / restauration
Province de Ouarzazate Avis technique pour les projets en zones classées
B.P. 74 Ouarzazate 45000
Division de l’Urbanisme Contact : El Mamoun ZAGROUJ, Architecte –spécialiste
Tél : 044 88 22 18 poste 236 ou 256
d’architecture de terre. (email : [email protected])
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5. Production des matériaux
Il est recommandé aux personnes étrangères aux techniques traditionnelles, tels que les architectes formés aux techniques
contemporaines ou les investisseurs étrangers qui s’installent dans la vallée, de faire appel aux artisans expérimentés (mâalems) pour
les guider dans le choix des matériaux. Une visite de leurs réalisations précédentes peut les renseigner sur la qualité de leur savoir-faire.
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Reconstruction des murs en pisé
Comme pour le choix des terres, la technique de mise en œuvre du pisé n’est pas détaillée dans ce manuel. Nous vous recommandons
de faire appel à un mâalem pour la reconstruction de murs en pisé, ou de demander conseil au Cerkas.
Mise en place de la banche à pisé Humidification et malaxage de la terre Transport de la terre jusqu’à la banche
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6. Travaux de conservation
La terre des ruines peut d’ailleurs être recyclée, si elle n’a pas été trop lavée par les pluies. Pour des petites reprises, les murs de pisé
peuvent être reconstruits avec des briques d’adobe.
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6.2. Protections provisoires
Etayage
Les structures en terre se dégradent souvent de l’intérieur, lorsque la toiture commence à
fuir. Les infiltrations d’eau érodent les structures porteuses, qui cèdent au niveau des
points faibles : liaisons poutres-murs, linteaux, etc…
L’étayage consiste à supporter provisoirement ces éléments menaçant de s’écrouler.
Bâchage
Une bâche étanche peut suffire à empêcher l’infiltration d’eau dans une toiture percée. Il
faut cependant s’assurer que cette bâche permet le bon écoulement des eaux vers une
gargouille, sans entraîner d’érosion ponctuelle. Une bâche qui se remplirait d’eau sans
pouvoir l’évacuer entraînerait une surcharge dangereuse de la toiture. Exemple de structure nécessitant un
étayage
Tranchée de drainage
Avant de dégager une ruelle obstruée par des gravats, il est possible de creuser un
passage provisoire pour permettre l’écoulement de l’eau en cas de pluie. Ceci va
permettre de prévenir l’apparition de nouvelles pathologies liées à l’humidité sur les
bâtiments adjacents, le temps de dégager complètement la ruelle.
31
6.3. Drainage
L’humidité est un des principaux facteurs de dégradation. Tout doit être fait pour drainer l’eau loin des constructions en terre. Le
drainage des sols consiste à diriger les eaux de ruissellement aux endroits où ils risquent le moins d’éroder des structures. Le drainage
est généralement assuré par la pente du sol, qui oriente l’eau à l’endroit où l’on veut qu’elle passe. Une faible pente de moins de 5%
suffit à garantir l’écoulement des eaux. Les pentes trop fortes entraînent une accélération des eaux et une érosion accrue des sols.
Lorsque la topographie ne permet pas les pentes douces, il faut prévoir un traitement de surface avec des pierres.
Exemple de toiture terrasse mal drainée Exemple de ruelles en terre bien drainées
32
Création de faibles pentes dans une cour pour diriger les eaux de ruissellement loin des
murs. Les ficelles tendues au sol servent de repère pour mettre en œuvre les couches de
terre en suivant une pente régulière.
33
6.4. Pavage des ruelles
Le pavage des allées et ruelles avec des pierres plates permet de :
• rendre les ruelles praticables pour les piétons lorsqu’il pleut, en particulier les ruelles étroites à forte pente
• garantir le bon drainage des eaux tout en ralentissant l’érosion de surface
• éviter l’infiltration d’eau dans les murs latéraux
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Erosion due aux remontées
capillaires
Les revêtements étanches telles que les dalles en béton ou les carreaux Ruelle revêtue de pierres plates
de terre cuite sont destructeurs pour les bâtiments, car ils favorisent les
remontées capillaires par les murs alentours
35
6.5. Insertion de fondations
La fondation et la base du mur jouent un rôle important. Elles garantissent entre autres que les charges du bâtiment sont bien réparties
sur le sol, et que l’humidité ne remonte pas dans les murs.
Un bâtiment sans fondation de pierres n’est pas nécessairement un bâtiment fragile ou en danger. Un bon drainage périphérique offre
déjà de sérieuses garanties de stabilité et de durabilité pour un bâtiment. Mais il arrive que des fondations trop superficielles ne
permettent pas de garantir sa stabilité, particulièrement sur les terrains meubles et sensibles à l’humidité. Dans ce cas, l’assise peut être
renforcée par l’insertion d’une fondation en pierre. Ceci est possible en opérant par petits tronçons d’un mètre environ. Un tel travail n’est
pas sans danger. Il doit être fait en dehors des périodes de pluies, et le mur doit être étayé pour assurer la protection des ouvriers.
36
1. Mur sans fondation
1m
2. Dégagement de l’espace sous le mur (sur
maximum la moitié de son épaisseur seulement) et sur
une largeur de 1 m maximum, puis étayage
37
6.6. Renforcement des bases de murs
La fondation et la base du mur jouent un rôle important. Elles garantissent entre autres que les charges sont
bien réparties sur le sol. La base des murs s’érode plus rapidement que le reste des murs pour plusieurs
raisons :
Lorsqu’une base de mur est trop exposée aux rejaillissements d’eau, le long d’une route par exemple, il est
possible de la renforcer en ajoutant un solin (dessin de droite) ou en la doublant de pierres plates (photos de
la page suivante).
Le solin permet le
renforcement
des murs à leur base
38
Renforcement de la base d’un mur élevé par un doublage en pierres
39
6.7. Suivi et traitement des fissures
Une fissure signale une déformation structurelle. Toutes les fissures ne sont pas
alarmantes. Pour mesurer le niveau de menace, il faut tout d’abord savoir si cette fissure
évolue (fissure vivante), ou si au contraire elle signale un problème stabilisé depuis
longtemps (fissure morte). Pour savoir si une fissure est vivante ou morte, il est
recommandé de la mesurer à intervalles réguliers sur plusieurs mois (monitoring). Un ou
plusieurs témoins de plâtre mis en œuvre sur la fissure permettront de savoir si la fissure
évolue.
40
Reboucher la fissure « morte »
Une fois que la structure est parfaitement stabilisée, la fissure peut être traitée. Ils est alors possible de :
• Nettoyer la fissure pour la débarrasser des poussières.
• Insérer des clefs en bois dans la maçonnerie, en les scellant à la terre ou au plâtre à au moins 15 cm de profondeur.
clefs
façade
externe
1m
clefs
façade
intérieure
1m
Terre-paille
maçonnerie adobes
Les clefs de bois en X : Les clefs horizontales en bois : Reprise de la maçonnerie autour de la fissure :
Cette solution a été pratiquée par le Cerkas, mais Ce principe consiste à suturer le mur, en insérant des Une fois ̏ raccommodée ˝, la maçonnerie peut être
implique une taille considérable dans les murs, et clefs tous les 50 cm, une fois à l’intérieur, une fois à reconstruire de part et d’autre de la fissure. Pour éviter
peut momentanément fragiliser des structures déjà l’extérieur. Les clefs sont scellées dans un bain de que cette fissure réapparaisse, il est recommandé de faire
instables. mortier de terre ou de plâtre. Ce type de clef peut être les reprises en maçonnerie d’adobe, en débordant
en bois enrobé de terre-paille, ou en bois seul, en largement de part et d’autre de la fissure. L’usage des
forme de « H ». La longueur de chaque clef sera de adobes va minimiser les effets de retrait.
1 m minimum.
41
6.8. Renforcement de la maçonnerie par insertion de poteaux et chaînages
Les maisons anciennes ont résisté pendant des siècles au temps, souvent sans se déformer ou souffrir de déformations structurales.
L’insertion d’éléments de chaînages est généralement inutile, même si le bâtiment est fissuré. Comme nous l’avons expliqué dans les
pages précédentes, un bâtiment fissuré doit avant tout être stabilisé en éliminant les causes de la déformation. Une fois la structure
stabilisée et la fissure traitée, il est rare qu’un renforcement structurel supplémentaire soit nécessaire. Tailler en profondeur une
structure fissurée pour y insérer des poutres de béton armé ou des pièces de bois de section importante peut même s’avérer très
dangereux, et peut mettre la vie des ouvriers en danger.
L’insertion de poteaux aux angles est également à éviter, car elle fragilise la structure monolithique en terre, et peut entraîner des
déformations au niveau des angles.
Seul l’insertion d’un chaînage périphérique, de tirants ou de contreforts peut se justifier dans certains cas. De manière générale, il faut
toujours préférer les solutions utilisant le bois, qui se marie mieux à la terre que l’acier ou le béton armé. Toute solution doit être
soigneusement réfléchie avant d’être mise en oeuvre.
• Les tirants
Les tirants transversaux, liant deux façades opposées d’un bâtiment, permettent de reconnecter une structure qui s’est scindée
en deux parties, et dont une partie est déformée (faux aplomb d’une façade). L’insertion d’un tirant peut prévenir l’écroulement
d’un mur fortement déformé.
• Le chaînage périphérique
L’insertion d’un chaînage périphérique est intéressante lorsqu’une structure est fragmentée en plusieurs éléments, suite à
d’importantes déformations. Il permet de reconnecter toutes les parties du bâtiment, et de mieux répartir les efforts dans la
structure.
Lors de la reconversion de maisons d’habitation en terre en lieux accueillant du public, les bureaux d’études exigent souvent
l’insertion de structures en béton armé, au nom de la sécurité. Comme il est expliqué dans le texte cela est généralement inutile, et
peut même s’avérer dangereux en cas de séisme. Ces solutions lourdes ne sont pas du tout adaptées à la réalité des
performances du matériau terre, et peuvent engendrer des comportements structuraux contradictoires.
La loi ne dit rien sur ce point, et n’exige donc pas l’insertion d’une ossature en béton armé à chaque restauration.
42
Tirants transversaux : Chaînage périphérique :
L’insertion de tirants L’insertion d’un chaînage ne se justifie que si la structure est fractionnée en plusieurs
transversaux permet de retenir parties, suite à une importante déformation. Toutes les parties du chaînage doivent
une structure qui s’est scindée être liées entre elles aux angles, et le chaînage doit suivre une forme quadrangulaire
en plusieurs éléments, suite à fermée (carré ou rectangle). Un chaînage ouvert (sur 3 côtés seulement), ou mal
une déformation connecté aux angles, ou encore polygonal (5-6 côtés) n’est pas efficace.
Chaînage continu,
même aux angles
Ancrage des
tirants
43
6.9. Enduits extérieurs
Attention, les enduits sable-ciment sont dangereux !
Les protections de surface modernes trop visibles tels que les enduits sable-ciment, ou invisibles tels que les colles ou les résines, ont
prouvé qu’elles n’offrent qu’une protection provisoire aux structures en terre, et qu’à long terme elles sont beaucoup plus chères, voire
terriblement destructrices. Leurs propriétés physiques et chimiques ne leur permettent pas d’adhérer durablement aux supports en terre
crue. De plus, elles aggravent les pathologies liées à l’humidité par manque de porosité. Leur usage est à proscrire, que ce soit en
enduit ou en revêtement de sols ou terrasses. Pour qu’un enduit stabilisé adhère durablement à un mur en terre, il faut qu’il permette les
échanges d’humidité. Le plâtre et la chaux font partie des stabilisants compatibles avec la terre car ils laissent respirer le mur.
Les enduits stabilisés étanches empêchent l’évaporation de l’humidité absorbée par capillarité.
Ils finissent par se détacher du mur, se fissurer et tomber en plaques
44
L’enduit extérieur en terre
L’application d’un enduit en terre se fait en cinq étapes :
• Nettoyage du mur : les murs doivent être grattés, dépoussiérés et mouillés abondamment avant d’appliquer
l’enduit, pour enlever les parties friables et les poussières accrochées à la surface.
• Préparation de la terre : la terre est préparée à l’état plastique plusieurs jours à l’avance, puis re-malaxée au
dernier moment.
• Préparation de la surface du mur : une bonne préparation des surfaces est essentielle pour éviter de
nombreux problèmes (fissures, faïençage, décollement). les murs fortement érodés nécessitent un
redressage préliminaire, afin de boucher les creux et restaurer une surface plane, sur laquelle l’enduit
principal sera appliqué de manière uniforme. Cette surface devra rester rugueuse pour permettre l’accroche
des couches suivantes. Les couches doivent rester fines (15 mm maximum), car les murs fragiles ne
retiennent pas les enduits lourds.
• Application de l’enduit : l’application se fait à la taloche, sur une surface préalablement humidifiée, en une ou
deux couches. Pour éviter les fissurations liées à un séchage trop rapide, il est préférable d’enduire les murs
lorsqu’ils sont à l’ombre.
• Finition : Lorsque l’enduit principal est sec, une barbotine de terre appliquée au pinceau permet de boucher
les micro fissures.
couche de dressage 10 à15 mm maximum
(sur mur abîmé seulement)
Barbotine de finition 1 à 3 mm
45
Choix de la terre pour l’enduit : essai de mise au point
En cas d’hésitation pour le choix de la terre, un test simple permet de vérifier les performances des terres disponibles, et de trouver le
meilleur dosage terre-sable, ou terre-sable-paille hachée si la terre est trop argileuse.
46
6.10. Enduits extérieurs stabilisés à la chaux
La chaux sert principalement à stabiliser les éléments extérieurs tels que les façades, patios et parapets, pour augmenter leur résistance
à l’érosion.
Mise en œuvre
L’enduit extérieur se compose de trois couches :
• Couche de dressage (1 à 1,5 cm) : cette couche de dressage est faite de terre ou de terre+sable. Elle offrira une meilleure
accroche si elle est amendée de paille hachée.
• Corps d’enduit : couche épaisse de 0,5 à 1 cm d’épaisseur. La composition du corps d’enduit est 3 terre / 2 sable / 1 chaux
• Couche de finition : appliquée sur le corps d’enduit presque sec, elle permet de boucher toute les petites fissures du mur. La
couche de finition doit être très fine (2 à 3 mm). Sa composition est plus riche que le corps d’enduit : 1 terre / 1 sable / 1 chaux
47
6.11. Enduits intérieurs
Les enduits intérieurs peuvent être faits à la terre seule ou à la terre stabilisée. La stabilisation va rendre la surface plus résistante aux
frottements, mais elle n’est pas indispensable dans les pièces sèches. Une solution intéressante économiquement est de stabiliser
seulement la couche de finition que l’on applique sur une couche de dressage en terre.
Couche de dressage
Comme pour les enduits extérieurs, il convient de préparer le mur en le nettoyant, et en appliquant une première couche de dressage,
pour égaliser le mur. Cette couche de dressage offrira une meilleure accroche si elle est amendée de paille hachée.
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6.12. Enduit au taddelakt
Le taddelakt est un enduit à base de chaux employé entre autres comme revêtement mural dans les hammams. De nombreux bâtiments
attestent de la fiabilité et de la durabilité de ce matériau qui résiste très bien à la chaleur et à l’humidité. Il peut être appliqué à la fois sur les
murs et sur les sols, à l’intérieur comme à l’extérieur. Mais attention, cet enduit de finition est coûteux car très long à mettre en œuvre, c’est
pourquoi il est généralement réservé aux seules descentes d’eau et salles de bain.
Préparation:
Le taddelakt est essentiellement composé de chaux artisanale et d’eau. La chaux artisanale est éteinte dans des grands bacs, deux à trois jours
avant son utilisation. Elle se transforme alors en pâte à laquelle on rajoutera éventuellement de l’eau avant l’application, pour obtenir la
consistance onctueuse souhaitée. Comme pour tout enduit, le support est humidifié avant la mise en œuvre du taddelakt. La coloration finale du
taddelakt est donnée par les pigments que l’on ajoute au mélange en infime proportion.
Application:
La chaux, l’eau et les pigments sont mélangés de manière à obtenir un mortier de consistance plastique. Ce mélange gras est étalé en couche
fine sur le mur (épaisseur environ 2 à 3 mm). L’enduit est ensuite taloché en effectuant des mouvements circulaires pour lui assurer une bonne
planéité.
Quelques minutes après sa mise en œuvre, l’enduit est resserré à l’aide d’une truelle pour reboucher les irrégularités. Le lissage avec une
raclette souple en bois de cèdre, ou en plastique permet de faire ressortir le maximum d’eau du mortier et de serrer celui-ci en surface.
Après une demi-heure à une heure de séchage, la surface de l’enduit est frottée avec un galet par un geste circulaire ; l’eau dégagée par le
mortier fait glisser le galet sans l’accrocher. Cette phase très longue donne une première dureté à l’enduit.
Le lendemain de l’application, le taddelakt est remouillé, puis frotté de nouveau à l’aide d’un galet mais cette fois-ci avec un savon noir dilué
dans de l’eau. Le rôle du savon est primordial en tant que lubrifiant ou graisse puisqu’il évite au taddelakt de se décoller en petites aspérités au
contact du galet. Le savon a remplacé le traditionnel jaune d’œuf, qui permet de durcir le taddelakt, mais rend la mise en œuvre plus difficile.
Certains artisans ajoutent du jaune d’œuf à l’eau savonneuse.
Après un séchage complet de plusieurs semaines, une cire naturelle est appliquée pour que le taddelakt soit plus brillant.
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Précautions de mise en oeuvre:
• Raccords : Il n’est pas possible de faire des raccords sans que cela se voie. Il faut donc réaliser chaque pan de mur en une seule fois, et
prévoir une équipe de travail adaptée à la taille des murs à enduire. Un mâalem assisté de 2 manœuvres réalise environ 0,6 m² de mur
en 8 heures. 25% de ce temps est consacré à la préparation du mélange et son application, et les 75% restant au polissage.
• Travail à l’extérieur : Pour la réalisation d’un taddelakt extérieur, la mise en œuvre doit se faire à l’ombre du soleil pour ralentir le
séchage et éviter des fissurations dues à un retrait trop rapide.
• Teintes : Il est recommandé de produire à l’avance des échantillons de taddelakt de différentes teintes, avec diverses proportions de
pigments, afin de ne pas se tromper dans le dosage des couleurs.
50
6.13. Reconstruction de planchers et plafonds
Les planchers sont constitués d’une ossature en bois (poutres + solives + baguettes) portant une épaisse couche de terre.
Les poutres principales de l’ossature sont de solides troncs d’arbres équarris d’environ 20 cm de diamètre. Ils doivent reposer sur une
pièce de répartition ou mieux, sur un chaînage pour éviter d’imposer une charge ponctuelle au mur de terre.
Les solives de l’ossature secondaire sont en bois de plus petite section (diamètre 10 cm), espacés de 30 cm environ. Lorsque les
poutres sont tordues, une couche de pierres et de terre permet de rattraper les déformations et d’assurer le calage des solives au bon
niveau. Les solives sont maintenues en place sur les poutres par des adobes, posées au mortier de terre entre les solives (voir photo du
milieu).
Sur ces solives reposent une couche de baguettes de bois qui sert de coffrage perdu à la terre. Ces baguettes peuvent être simplement
juxtaposées (plafonds en roseaux simples), ou disposées selon des trames géométriques complexes (plafonds Tataoui).
adobes et
mortier
Mise place des poutres Mise place des solives transversales sur les poutres Mise place des baguettes de laurier teintées pour un
plafond Tataoui
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Plafond en roseau simple
Les plafonds en roseaux sont les plus simples à mettre en œuvre. Les roseaux sont simplement posés sur les solives, le plus serré
possible. Les roseaux ne sont pas toujours assez longs pour couvrir tout l’espace. Dans ce cas, le raccord se fait au dessus d’une solive
pour le cacher.
Dans d’autres cas, les roseaux sont coupés à la dimension de l’entraxe des solives, tressés en rouleaux puis installés sur les solives. Ils
sont maintenus en place par la couche de terre qui les couvre.
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Trames géométriques les plus courantes
Plafond simple à un lit de roseaux Plafond Tataoui à 2 lits de roseaux Plafond Tataoui à 3 lits de roseaux
Plafond Tataoui à 4 lits de roseaux Plafond Tataoui à 5 lits de roseaux Plafond Tataoui à 6 lits de roseaux
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6.14. Revêtement de terrasses en dess
Le dess est une couche protégeant la surface des terrasses. Mis en œuvre en trois étapes, le dess constitue une coque de
protection, qui draine les eaux et protège des grandes chaleurs.
Préparation:
Le dess est mis en œuvre sur la couche de terre de la terrasse en trois étapes :
• création d’une forme de pente en terre à pisé comprenant de gros agrégats. En l’absence de terre à pisé, un mélange de tout
venant de rivière (sables et graviers) et d’une terre argileuse peut convenir. Il est également possible d’utiliser un mélange
comprenant 50% de tout venant de rivière d’une granulométrie continue et 50 % de chaux hydraulique. Cette couche de 30
cm d’épaisseur maximum (aux endroits les plus épais) et 5 centimètre minimum (aux endroits les plus fins), doit être serrée
par damage à l’aide d’un pisoir et d’une batte en bois avant son durcissement.
• Application d’un enduit de forme composé de 50% de sable de 0,5 et de 50% de chaux hydraulique. Cet enduit et serré à
l’aide d’un pisoir et d’une batte en bois avant sont durcissement. Il forme une coque monolithique résonante.
• Finition par application d’une barbotine de chaux artisanale servant à obturer les microfissures. Cette barbotine peut être
teintée dans la masse (pigments en poudre en infime proportion).
55
6.15. Réfection des toitures terrasses
Les toitures terrasses méritent d’être soigneusement suivies et entretenues, car elles assurent l’étanchéité du bâtiment. Très sollicitées,
elles s’usent plus vite que le reste du bâtiment. Dès qu’une toiture est laissée à l’abandon, de sérieuses dégradations dues à des
infiltrations d’eau apparaissent. Les toiture terrasses doivent entre autres :
• Résister à l’érosion par la pluie
• Résister à l’abrasion produite par les usagers
• Résister aux fortes variations de températures entre le jour et la nuit
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Shéma type d’une toiture terrasse accessible
Lit de roseaux
Barbotine de chaux
terrasse en
Enduit de finition sable-chaux Elément de renfort
Dess
en terre cuite
Forme de pente en terre à pisé damée
Solives
Poutres maîtresses
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6.16. Conservation des décorations
Les décorations intérieures et extérieures doivent être conservées au même titre que les bâtiments. Les erreurs à éviter sont :
• De remplacer les décorations abîmées par des décorations moins élaborées
• D’avoir recours au dessin, parfois à la peinture pour remplacer les décorations en reliefs faites en briques
Arcade à rainures Arcade a fond Denticules en lettre tifinagh Denticules Nid d’abeilles
zigzaguées en damier
58
Exemples de décorations
59
Exemples de décorations
Denticules
Niches en Décors en
Niches triangulaires Niches en losanges damiers accolades
Denticules
Chevrons
Niches à
encorbellement
60
7. Modifications
Erreurs à éviter :
• Nouvelles ouvertures effectuées dans les murs d’enceintes ; cela altère l’aspect défensif et le contrôle des entrées
• Agrandissement et multiplication des ouvertures, sans aucune régularité avec les ouvertures originales
• Ouvertures larges avec grandes portées, car elles concentrent d’importants efforts sur les jambages
• Remplacement des portes et des fenêtres traditionnelles par des menuiseries métalliques ou en aluminium
Non Oui
Façade avant traitement Eviter les percements anarchiques et l’usage Conserver le rythme de la façade et les proportions
de matériaux disparates. Cela dénature des ouvertures existantes
l’architecture et entraîne un affaiblissement (percements hauts et étroits).
trop important des structures d’origine
61
Remplacement de portes et fenêtres
Les portes et fenêtres ayant atteint un état de délabrement trop avancé pour être réparées, devront être remplacées de préférence par
des copies identiques aux originaux. Il n’est pas permis de remplacer d’anciennes menuiseries par des menuiseries modernes, qu’elles
soient en aluminium, en PVC ou en métal.
62
7.2. Installation de cuisine, de salles de bain, installation de la plomberie
Les pièces humides sont des points sensibles, car une fuite peut entraîner de graves désordres. L’adduction d’eau potable doit être
accompagnée d’un système efficace d’évacuation des eaux usées, pour éviter la stagnation d’eau dans les ruelles et au pied des murs.
Les canalisations d’eau encastrées dans les murs peuvent provoquer des dégâts
considérables en cas de fuite. Il est conseillé de réduire au minimum les traversées de
murs, et de maintenir les canalisations apparentes.
En cas de traversée de mur, on évitera de placer un raccord dans le mur, comme le
montre le schéma de droite. La canalisation devra toujours être positionnée dans un
manchon en céramique, pour faciliter sont remplacement.
63
7.3. Electrification des maisons
Afin de ne pas porter atteinte à l’authenticité des villages, il est préférable d’enterrer le réseau d’électricité; néanmoins, la principale
contrainte de cette option réside dans son coût élevé.
L’emplacement des postes transformateurs doit être choisi de façon à ne pas nuire au paysage environnant et d’éviter les chutes de
tension. Leur construction doit respecter les normes en vigueur tout en s’intégrant dans l’architecture locale (habillage en adobe et
enduit de terre, porte supplémentaire en bois, grille externe en bois et couronnement de l’acrotère en Akffaf ).
« toute installation de lignes électriques ou de télécommunications extérieures ou apparentes, est soumise à autorisation si elle
n'est pas interdite expressément par l'acte administratif prononçant le classement»
(n° 1-80-341 CHAPITRE III - SECTION 1 - Article 23)
64
7.3.2. Encastrement des gaines
A l’intérieur comme à l’extérieur des maisons, les fils électriques doivent être insérés dans des gaines encastrées dans le mur à une
profondeur d’environ 10 cm, ceci afin d’éviter l’apparition de fissures au niveau du rebouchage. Lorsque les murs intérieurs sont trop
fins, et que l’insertion des fils pourrait les affaiblir, il faut privilégier une distribution en surface, dans un gainage en bois par exemple.
A éviter !
65
7.3.4. Installation de câbles et d’antennes TV
Les antennes de télévision, et les antennes satellites en particulier sont des éléments très voyants dans le paysage. Ces antennes, ainsi
que les câbles qui les relient aux téléviseurs, peuvent facilement être dissimulées sur les toitures, plutôt que d’être placées sur les
façades.
Antennes visibles depuis la rue Antennes dissimulées sur les terrasses, invisibles de la rue
66
7.4. Dispositions légales relatives au patrimoine classé
Les textes juridiques suivants limite les interventions possibles sur les sites et monuments classés.
Dahir n° 1-80-341 du 17 Safar 1401 (25 décembre 1980 portant promulgation de la loi n° 22-80 relative à la conservation des
monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d'art et d'antiquité
Article 1 - Les immeubles, par nature ou par destination, ainsi que les meubles dont la conservation présente un intérêt particulier
pour l'art, l'histoire ou la civilisation du Maroc peuvent faire l'objet d'une inscription ou d'un classement.
Article 3 - L'inscription des meubles et immeubles est prononcée conformément à la réglementation en vigueur.
67
CHAPITRE II - EFFET DE L'INSCRIPTION
Article 4 - Toute documentation afférente à un meuble ou à un immeuble inscrit peut être diffusée sans que le propriétaire puisse
se prévaloir d'aucun droit.
Article 5 - Les propriétaires des immeubles et d'objets mobiliers inscrits sont tenus d'en faciliter l'accès et l'étude aux chercheurs
autorisés à cet effet.
Article 6 - L'immeuble ou le meuble inscrit ne peut être dénaturé ou détruit, restauré ou modifié sans qu'avis n'en été donné à
l'administration par le ou les propriétaires, six mois avant la date prévue pour le commencement des travaux.
Article 7 - Des subventions peuvent être allouées par l'Etat aux propriétaires d'immeubles ou de meubles inscrits, en vue de la
restauration et de la conservation de leurs biens.
L'administration peut entreprendre, à sa charge, en accord avec les propriétaires, tous travaux visant à sauvegarder et à mettre
en valeur le bien inscrit.
Article 8 - Les propriétaires visés à l'Art. 5 peuvent, dans le cadre de la réglementation en vigueur, exploiter leurs biens à des fins
lucratives dans les conditions fixées par la réglementation en vigueur.
Article 9 - Les immeubles et les meubles inscrits appartenant à des particuliers peuvent être cédés. Toutefois, cette cession est
soumise aux conditions prévues par le titre V relatif au droit de préemption de l'Etat.
SECTION 1 - Immeubles
Article 20 - Un immeuble classé ne peut être démoli, même partiellement, sans avoir été préalablement déclassé conformément
aux dispositions de l'article 36.
Article 21 - Un immeuble classé ne peut être restauré ou modifié qu'après autorisation administrative.
68
Article 22 - Aucune construction nouvelle ne peut être entreprise sur un immeuble classé sauf autorisation accordée
conformément à la réglementation en vigueur.
La délivrance, par l'autorité communale compétente du permis de construire éventuellement nécessaire, est subordonnée
à l'autorisation visée à l’alinéa précédent.
Article 23 - Il ne peut être apporté de modification, quelle qu'elle soit, notamment par lotissement ou morcellement, à l'aspect des
lieux compris à l'intérieure du périmètre de classement, qu'après autorisation administrative.
La délivrance de l'autorisation de bâtir, de lotir ou de morceler, par l'autorité communale compétente, est subordonnée à
l'autorisation l’alinéa précédent.
Dans les sites et zones grevés de servitudes non aedificandi, les constructions existant antérieurement au classement
peuvent seulement faire l'objet de travaux d'entretien, après autorisation. Il ne peut être élevé de nouvelles constructions aux
lieux et place de celles qui sont démolies.
En outre, toute installation de lignes électriques ou de télécommunications extérieures ou apparentes, est soumise à
autorisation si elle n'est pas interdite expressément par l'acte administratif prononçant le classement.
Article 24 - L'apposition des affiches dites panneaux-réclames, affiches-écrans ou affiches sur portatif spécial et, d'une manière
générale, de toutes affiches ou enseignes quels qu'en soient la nature et le caractère, imprimés, peintes ou constituées au
moyen de tout autre procédé, est interdite sur les immeubles classés, sauf autorisation.
Article 25 - L'administration peut faire exécuter d'office, aux frais de l'Etat et après en avoir visé le propriétaire, tous travaux
qu'elle juge utile à la conservation ou à la sauvegarde de l'immeuble classé.
A cette fin, l'administration peut autoriser l'occupation temporaire du dit immeuble ou des immeubles voisins.
L'autorisation d'occupation est notifiée aux propriétaires intéressés. L'occupation ne peut excéder un an.
L'indemnité éventuellement due aux propriétaires est fixée soit par accord amiable, soit, à défaut, par les tribunaux.
Article 26 - Les immeubles classés, domaniaux, habous ou appartenant aux collectivités locales ou aux collectivités régies par le
Dahir du 26 rajeb 1337 (27 avril 1919) organisant la tutelle administrative des collectivités ethniques et réglementant la gestion et
l'aliénation des biens collectifs, sont inaliénables et imprescriptibles.
69
Article 27 - Les immeubles classés appartenant à des particuliers peuvent être cédés. Toutefois cette cession est soumise aux
conditions prévues par le titre V relatif au droit de préemption de l'Etat.
Les constructions existant avant le classement ne doivent plus, lorsqu'elles font l'objet de travaux autres que de travaux
d'entretien, s'appuyer directement contre le dit immeuble. Dans la partie mitoyenne de ce dernier, les propriétaires devront
édifier, sur leur propre terrain, un contre mur pour supporter les constructions.
Une indemnité représentative de la servitude d'appui pourra être allouée dans ce cas aux intéressés. Elle sera fixée ainsi
qu'il est prévu au dernier alinéa de l'article 25.
Lorsque des travaux sont effectués sur leurs immeubles, les propriétaires riverains sont tenus de prendre toutes mesures
nécessaires pour préserver l'immeuble classé de toute dégradation pouvant résulter des travaux.
Ces mesures peuvent, le cas échéant, leur être prescrites par l'administration.
70
8. Bibliographie
Références récentes
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kasbah de Taourirt à Ouarzazate, mémoire de 3ème cycle, Université Senghor, Alexandrie, Egypte, 1999
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