Revue ACI 221 PDF
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Revue ACI 221 PDF
Dans l’actualité
Contrôle interne : les évolutions
récentes de la justice française
Idées et débats
Résultats trimestriels : réelle
nécessité ou véritable nuisance ?
Le reporting intégré
Mémoire d’étudiant
Apprécier la performance du
personnel : un exercice délicat et
complexe – mais indispensable
Fiche technique
>> Trois garanties de
l’indépendance et
de l’objectivité de l’audit
interne
N°221
Septembre - Octobre 2014
Publications
COSO – RÉFÉRENTIEL INTÉGRÉ DE CONTRÔLE INTERNE
Principes de mise en œuvre et de pilotage
AUTEUR : IFACI
Prix : 50,00 €
EDITEUR
Institut Français de l’Audit et
Grands projets
du Contrôle Internes (IFACI)
Association Loi 1901
98 bis, boulevard Haussmann
Rôles et missions de l’audit interne
75008 Paris (France)
Tél. : 01 40 08 48 00
Mel : [email protected]
Internet : www.ifaci.com
DIRECTEUR DE PUBLICATION
F
Farid Aractingi ondé en 2013 par Daniel Lebègue, l’Institut
RESPONSABLE DE LA RÉDACTION Français des Administrateurs (IFA) est devenu
Philippe Mocquard très rapidement la voix écoutée des adminis-
RÉDACTEUR EN CHEF trateurs dans la gouvernance des entreprises, à côté
Louis Vaurs de celle des dirigeants exécutifs représentés notam-
RÉDACTION - RÉVISION ment par l’AFEP et le MEDEF. Au cours de l’interview
Jean-Loup Rouff - Béatrice Ki-Zerbo - qu’il a bien voulu nous accorder, Daniel Lebègue
Annie Bressac
évoque quelques grands thèmes d’actualité que vous
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL aurez certainement plaisir à lire. Président de Transparency International France, il
Eric Blanc - Tél. : 01 40 08 48 02
Mel : [email protected] note le progrès dans le domaine de la transparence et de l’éthique de la vie publique
mais regrette que « dans la recherche d’actes ou de faits de corruption et dans leurs sanc-
RÉALISATION tions », la France n’ait pas encore opté pour une justice transactionnelle. Il insiste
EBZONE Communication
enfin sur l’importance que représente, pour les comités d’audit, l’information reçue
32, avenue de Beauregard
94500 Champigny-sur-Marne des différents acteurs du contrôle interne et de la maîtrise des risques, et se
www.ebzone.fr réjouit … « de voir que les auditeurs internes et les auditeurs externes ressentent de plus
en plus le besoin, la nécessité de dialoguer et de travailler ensemble ».
IMPRESSION
Imprimerie de Champagne
Rue de l’Etoile de Langres - ZI Les Franchises Je vous recommande de lire attentivement le dossier consacré aux audits de projets
52200 Langres qui ont tendance à se développer car répondant aux attentes des dirigeants, et qui
permettent « d’identifier les bonnes pratiques, de traquer les dérives et concourent à l’op-
ABONNEMENT
Elsa Sarda - Tél. : 01 40 08 47 84 timisation du pilotage de projets ». Trois grandes sociétés, AIRBUS, GDF SUEZ et
Mel : [email protected] TOTAL nous font part, dans ce domaine, de leur expérience et de leurs bonnes
Revue bimestrielle (5 numéros par an)
pratiques.
ISSN : 2117-1661
Dépôt légal : octobre 2014 Le reporting intégré fait toujours débat. Vous pourrez lire l’interview de Paul
Photos couverture : © everythingpossible-
Fotolia.com
Druckman, CEO de l’IIRC, le comité international de l’information intégrée, publiée
dans la revue de l’Institut espagnol des auditeurs internes.
Prix de vente au numéro : 25 € TTC
Les résultats trimestriels sont-ils une réelle nécessité ou une véritable nuisance ?
Richard Chambers nous donne son point de vue. Comment faire coopérer les fonc-
tions qualité, gestion des risques et audit interne ? Le groupe associatif Coallia nous
livre son savoir-faire. Enfin, rebondissant sur les évolutions récentes de la justice
française qui prend de plus en plus en compte la valeur du contrôle interne mis en
place par les sociétés, Antoine de Boissieu recommande de prêter une attention
toute particulière à l’ensemble des dispositifs de contrôle et d’en juger leur perti-
Ce document est imprimé avec des encres végétales
sur du papier issu de forêts gérées dans le cadre
nence.
d’une démarche de développement durable.
Bonne lecture.
Les articles sont présentés sous
la responsabilité de leurs auteurs. Louis Vaurs - Rédacteur en chef
DANS L’ACTUALITÉ
6 Contrôle
interne :
les évolutions
récentes de la
justice
française
Antoine de Boissieu
IDÉES ET DÉBATS
9 Le reporting intégré
Paul Druckmant
12 Articulation des
fonctions qualité,
gestion des risques et audit interne
Clarisse Puharré et Alexandre Velikov
17 Regard d’un
professionnel DOSSIER
de la gouvernance
Daniel Lebègue
Grands projets
MÉMOIRE D’ÉTUDIANT Rôles et missions de l’audit interne
Apprécier la performance du personnel :
36 un exercice délicat et complexe – mais
p. 21 à 35
indispensable
Thibaut Bossenie 22 L’audit des projets
Géraldine Sutra
N
ous avons com- cas similaires à celui de moment où Total a affrété A l'inverse, s'il y avait eu une
menté dans le l'Erika. Les juges français l'Erika. Les juges ont consi- carence manifeste des diri-
dernier numéro les auraient donc dû appliquer déré que Total, en choisis- geants dans la mise en
évolutions récentes de la ce texte, qui exonérait Total sant de ne pas mettre en œuvre des dispositifs de
justice aux Etats-Unis, et la de toute responsabilité. En œuvre des dispositifs de contrôle, les pertes auraient
hausse des risques juri- tant qu'affréteur, Total avait contrôle interne à sa dispo- été le résultat d'une négli-
diques pour les entreprises. en effet rempli ses obliga- sition, a délibérément fait gence de la société et donc
Des évolutions similaires tions, et n'avait ni trompé ni courir à la collectivité un non déductibles du résultat
sont également à l'oeuvre en influencé les autres acteurs risque de marée noire, et imposable. Le fisc et la
France depuis plusieurs de la chaîne de transport devait donc en assumer les justice considèrent désor-
années. L'affaire de l'Erika, (armateur, exploitant, société conséquences. Autrement mais que les entreprises ont
remontant à 1999 mais défi- de certification). Les juges de dit, le fait de respecter les une obligation de contrôle
nitivement jugée en cour de première instance, ceux réglementations ne dégage interne, et ne peuvent dimi-
cassation en 2012, est symp- d'appel, confirmés par la pas les sociétés de leur nuer leur résultat, et leur
tomatique de cette évolution cour de cassation, ont responsabilité environne- impôt, en cas de pertes liées
de la justice française. cependant créé un nouveau mentale. à des carences significatives
principe, celui de responsa- de contrôle interne.
ERIKA : bilité environnementale, au Alcatel CIT :
une responsabilité nom duquel ils ont vers une obligation L'affaire Kerviel :
qui va au-delà des condamné Total, en contra- de contrôle interne ? 1,7 milliard d'impôts
obligations légales diction directe avec un texte enjeu pour la SG
international. Une autre évolution symp-
Dans cette affaire, Total a été tomatique, passée elle rela- C'est cette évolution de la
condamné comme étant co- Cette condamnation révèle tivement inaperçue, concer- jurisprudence qui va être au
responsable du naufrage et une évolution majeure de la ne un arrêt du Conseil d'Etat centre du prochain procès de
de la marée noire. Cette justice. Les juges ont en effet de 2008, dans une affaire l'affaire Kerviel. La Société
condamnation n'allait pour- considéré que même si Total opposant Alcatel CIT et les Générale a en effet déduit
tant pas de soi d'un point de avait respecté la réglementa- autorités fiscales. Alcatel CIT les 5 milliards d'euros de
vue juridique. Les juges tion, la société avait les avait subi des pertes causées pertes de son résultat impo-
avaient en effet différents moyens d'éviter la marée par une fraude interne. La sable, diminuant ainsi son
textes à leur disposition pour noire. Il faut rappeler que les société avait considéré que impôt sur les sociétés d'en-
juger. L'un des principes gros pétroliers ont tous leurs ces pertes étaient des viron 1,7 milliard. Cette
généraux du droit est que le équipes d'inspection de charges déductibles du déduction est justifiée si la
juge doit écarter les lois et navires (« vetting » en résultat, ce que contestaient justice considère qu'il n'y a
règlements nationaux pour anglais). Or, les inspecteurs les autorités fiscales. Le pas eu de carence manifeste
appliquer, s'il y en a, les trai- de Shell avaient inspecté Conseil d'Etat a donné dans le contrôle interne de la
tés et accords internationaux l'Erika, et l'avaient placé sur raison à Alcatel CIT, en Société Générale. La cour de
ratifiés par la France. Cela leur liste noire depuis deux jugeant que les faits incrimi- cassation a validé, en mars
permet de donner une sécu- ans. Ceux de Total étaient nés ne révélaient pas « un 2014, le volet pénal du juge-
rité juridique aux engage- passés plus d'un an avant le comportement délibéré ou une ment de la cour d'appel : la
ments internationaux. Il se naufrage, et avaient, à l'issue carence manifeste des diri- condamnation à la prison de
trouve que la France avait de leur contrôle, délivré une geants de la société dans l’or- J. Kerviel a été confirmée. La
ratifié des conventions inter- autorisation d'affrètement ganisation dudit département cour de cassation a cepen-
nationales qui prévoyaient d'un an. Cette autorisation, ou dans la mise en oeuvre des dant cassé la décision
explicitement la répartition purement interne au groupe, dispositifs de contrôle ». concernant les dommages et
des responsabilités dans des était donc expirée au intérêts de 4,9 milliards €.
A
lors que l’Union européenne Les partisans des rapports trimestriels se plans d’audit et de s’interroger sur leurs
s’apprête à lever l’obligation font généralement les défenseurs de la hypothèses pour toujours s’assurer de
pour les sociétés cotées de responsabilité et de la transparence, traquer les vrais risques. Car là réside le
publier leurs résultats trimestriels d’ici deux notions que, comble d’ironie, le véritable fond du problème.
novembre 2015 dans le cadre de la rapport Kay était censé soutenir. La relative nouveauté des rapports
Directive sur les obligations de transpa- financiers trimestriels en Grande-
rence, le gouvernement britannique Pour avoir contribué à la dernière mise Bretagne autorise encore la commu-
devrait prendre les devants en annon- à jour du référentiel intégré de contrôle nauté des investisseurs à évaluer objec-
çant des mesures similaires pour les interne du COSO, je suis fermement tivement les avantages et les risques de
entreprises de la City. Bref tour d’hori- convaincu de l’importance de la respon- mettre fin à cette pratique, sans avoir à
zon des « pour » et des « contre » de sabilité et de la transparence, et je sou- composer avec le caractère quasi sacro-
cette directive sur le plan de l’audit tiens vivement les récentes discussions saint qu’ont acquis ces rapports au fil
interne. aux Etats-Unis qui poussent les entre- des ans aux Etats-Unis.
prises cotées à abandonner les audits Sans surprise, la décision de lever l’obli-
Dans un article du 5 janvier, Reuters venant confirmer la réalisation ou non gation de publier des rapports trimes-
soulignait le « fossé culturel transatlan- d’objectifs de rentabilité, au profit de triels a mobilisé toute l’attention des
tique révélé par les nouvelles règles d’infor- rapports plus détaillés et ciblés. Je rap- médias. Ceci étant, il importe d’appré-
mation financière britanniques ». Cette pelle en outre que IIA Global a officiel- hender cette proposition à la lumière du
approche de l’information financière lement adopté l’année dernière le rapport Kay dans son intégralité. Ainsi
que l’on pourrait qualifier de « moins, modèle des « trois lignes de maîtrise » peut-on y lire un appel à une générali-
c’est mieux » s’inscrit en effet aux anti- en matière de gestion des risques. sation au sein même des directions des
podes des tendances règlementaires en Je serais donc bien la dernière personne principes de bonne gestion fondés sur
vigueur aux Etats-Unis où la Loi à oser prétendre que la responsabilité une détention responsable des actifs par
Sarbanes-Oxley de 2002 fait toujours financière, le risque de ternir une répu- les parties prenantes, la confiance et le
référence. tation ou encore l’érosion de la respect avec pour vocation de créer de la
confiance des actionnaires sont des valeur sur le long terme.
Je partage l’avis de l’économiste John questions secondaires. Les réformes proposées par M. Kay sont
Kay qui a dirigé les travaux du rapport dans l’ensemble largement conformes
sur les marchés des actions britanniques Il convient cependant de bien garder à au cadre de référence international des
et la prise de décision à long terme l’esprit deux facteurs qui ont leur impor- pratiques professionnelles de l’audit
remise au Secrétaire d’état pour les tance : interne de l’IIA et à notre code de déon-
entreprises, l’innovation et les compé- 1. les états financiers trimestriels ne tologie. Et quoi qu’en disent leurs
tences le 23 juillet 2012. sont pas audités ; détracteurs qui, à n’en pas douter, trou-
M. Kay y soutient que la publication des 2. avant 2007, les sociétés cotées au veront de nombreux appuis, notamment
résultats trimestriels nuit aux entreprises Royaume-Uni n’avaient aucune obli- dans le milieu des investisseurs améri-
en instaurant une culture du court-ter- gation de déposer des rapports tri- cains, je trouve pour ma part stimulante
misme soit, en d’autres termes, que la mestriels. cette nouvelle approche du « moins,
pression exercée en vue de dégager des c’est mieux ».
bénéfices tous les trimestres priverait les Ayant vu par moi-même les sociétés
investissements de rendements poten- cotées céder à la tyrannie du court-ter- POUR ALLER PLUS LOIN ...
tiellement plus élevés voire de bénéfices misme au nom des tout puissants profits Richard F Chambers tient un blog consulta-
plus durables. trimestriels, l’argument de M. Kay en ble sur www.theiia.org/blogs/chambers et
twitte sur www.twitter.com/rfchambers
L
e groupe associatif Coallia a été Depuis sa création, Coallia s’attache à gestion de la qualité : l’axe le plus
constitué en 1962 et comprend remplir ses missions dans un souci per- important en termes d’enjeux et de
aujourd’hui deux SA consolidées manent d’adaptation aux besoins de la ressources allouées, a été initié dès
au niveau du groupe. Les 4 pôles d’acti- société (développement du secteur 1998, avec à la clé une certification
vités de l’association sont orientés vers médical pour les populations vieillis- ISO 9001 de l’ensemble des services
l'insertion et l’autonomie de personnes santes, depuis 2006), d’adéquation avec fournis par l’association. Mais, au-
vulnérables ou dépendantes. Ces quatre les problématiques locales (insuffisance delà de cette reconnaissance de la
pôles sont l’habitat social adapté, l’hé- de logements sociaux), et d’amélioration qualité de service rendu, cette
bergement social, la promotion sociale constante des services proposés via une démarche vise à décloisonner des
et le pôle médico-social. certification ISO 9001 depuis 1998. directions territoriales au fonctionne-
vise depuis 2009 à renforcer son dis- Par ailleurs, d’un point de vue stricte- ture d’entreprise, reposant pour une
positif de contrôle permanent de ment réglementaire, Coallia, en tant large part sur le système de gestion de
second niveau, avec la réalisation qu’association, n’est pas soumise à la la qualité.
d’une première cartographie des contrainte venant de l’actionnariat, ni La 1ère étape a été donc de trouver une
risques et la création là aussi d’une aux contraintes prudentielles en matière maille commune et cohérente entre le
fonction dédiée quelques années plus de contrôle interne comme d’autres sec- système de management intégré et le
tard. teurs d’activité. Et la notion de risque ne dispositif naissant de contrôle interne.
fait pas explicitement partie de la culture La notion de processus a émergé natu-
Grâce au renforcement de ces trois axes d’entreprise. rellement comme celle permettant de
(système Qualité, fonctions de support concilier d’un côté un corpus procédural
et de contrôle), Coallia a été en mesure Dans ce contexte, la construction du riche, mais axé uniquement sur les
de préserver son équilibre financier et contrôle interne s’est certes appuyée sur aspects opérationnels de l’activité, et de
humain dans un contexte économique les bonnes pratiques et recommanda- l’autre la nécessité de maîtriser cette
difficile. Mais l’enjeu a également évo- tions du COSO, mais adaptées à la cul- activité, tout en donnant de la visibilité
lué : comment optimiser des structures
de contrôle en manque de synergie ?
Financier
Contrôle interne permanent
leurs fonctions.
RH • Par ailleurs, concentrée sur ses
Traitement du risque
tâches courantes, l’exploitation
Ac ons préven ves /
Opéra onnel manque de disponibilité pour
correc ves
Fréquence
des sujets loin de de ses préoc-
Système d’informa on Contrôle périodique cupations. La logique d’amélio-
Méthode de cota on Audit qualité (conformité) ration continue est parfois lais-
Conformité / Juridique
Exp. R = G x F Audit interne sée au second plan sous la pres-
sion des contraintes opération-
Tous Risques Risques importants Risques prioritaires nelles. Concrètement, la réunion
budgétaire avec les financeurs
est plus urgente que les réu-
de service du siège. Les décisions sements médico-sociaux). nions de suivi organisées par le siège.
d’investissement informatique sur les A ce stade du projet, les résultats sont Le groupe projet s’est alors adapté
applications sont validées de manière positifs : l’approche par les risques sem- pour proposer des réunions en dehors
collégiale, à partir des risques et ble aujourd’hui bien intégrée par l’en- du calendrier budgétaire.
enjeux opérationnels, financiers et treprise et son utilité se vérifie au quoti- • Le seul référentiel connu était celui
réglementaires identifiés (par exem- dien dans les processus opérationnels et de la Qualité, valant à l’association
ple, une réglementation renforce les décisionnels. une certification quasi complète à
exigences de suivi du processus d’at- Il serait toutefois prématuré de considé- l’ISO 9001. La mise en place d’un
tribution de logements). rer que le dispositif de pilotage par les référentiel risques, perçu comme
risques est achevé. Il doit en effet encore venant se superposer à l’existant, a fait
L’intégration progressive des outils de être complété par des outils de mesure craindre une surcharge de travail. Là-
pilotage fondés sur une analyse des et de surveillance des risques, et notam- aussi, une communication adaptée a
risques conduit à une évolution des pra- ment des indicateurs consolidés à des- permis de clarifier l’objectif d’optimi-
tiques professionnelles, jusqu’à présent tination de la direction. De plus, l’évo- sation et de simplification visé par la
principalement orientées vers l’accom- lution des pratiques est inégale dans démarche.
pagnement et l'action sociale. Dans les une structure décentralisée comme
faits, les opérationnels sont amenés à Coallia. Le groupe de projet a ajusté son rythme
consacrer une partie de leur temps au de déploiement pour répondre aux
suivi et au contrôle. La consommation Les freins à la démarche contraintes et inquiétudes du terrain.
de fluides a été identifiée comme un des Le pilotage par les risques génère des
principaux coûts et de dépassement du Plusieurs facteurs, qui sont venus freiner synergies entre les fonctions de contrôle
budget de fonctionnement des rési- la mise en place de la démarche, ont été interne, qualité et audit interne. Cette
dences sociales. En conséquence, le suivi traités avec pédagogie : démarche n’est pas une contrainte
de ce poste a été renforcé et fait l’objet • Le début du projet a été freiné par réglementaire, c’est une opportunité
d’une procédure formalisée. une organisation en silos et une pour Coallia, car elle est libre de
Cette amélioration continue s’est pour- hiérarchie peu sensibilisée à l’ap- déployer un environnement de contrôle
suivie dans la revue de la politique proche par processus. Une commu- adapté à la spécificité de ses activités
contractuelle avec nos partenaires ; l’une nication sur les enjeux de la démarche sociales et médico-sociales.
des premières prestations abordées était a été présentée aux membres du
la sécurité incendie, en raison de son CODIR. Cette communication s’est
enjeu réglementaire, mais également au poursuivie auprès des directeurs ter-
1
Source UNAFO, organisation professionnelle
vu de son importance d’un point de vue ritoriaux, encadrant des équipes de 50
représentative du secteur du logement accom-
de la continuité de service de nos éta- à 100 personnes. La conduite du pagné.
blissements (accueil de public, établis- changement auprès de l’exploitation
En quelques années, l’Institut Français des Administrateurs (IFA) est devenu la voix
écoutée des administrateurs dans la gouvernance des entreprises. Daniel Lebègue,
son fondateur, évoque dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder quelques
thèmes d’actualité : la soft law plus efficace et responsabilisante que la loi en matière
de gouvernance ; l’administrateur référent très utile dans les sociétés où le président
du conseil est également directeur général ; les executive sessions, courantes en
Angleterre, et qui pourraient se développer en France ; l’importance de la loi dite
Grenelle 2 de l’environnement anticipatrice du reporting intégré ; la nécessaire coo-
pération des auditeurs internes et des auditeurs externes…
Daniel Lebègue
L’IFA a enclenché une dynamique qui Nous avons exploré, approfondi la gou-
Ancien Président de l’IFA, s’est renforcée au fil des ans. Il a fallu vernance d’entreprise dans toutes ses
Président de Transparency affirmer le rôle propre des administra- dimensions. D’ailleurs, le travail reste
International France teurs, notamment par rapport aux diri- constamment à renouveler, parce que la
geants exécutifs des entreprises lesquels gouvernance d’entreprise, comme je l’ai
disposent, en France, d’organisations dit souvent, est une matière humaine,
Louis Vaurs :Vous venez de quitter, Daniel professionnelles et de porte-paroles où les évolutions sont permanentes, et
Lebègue, la présidence de l’IFA (Institut éminents et respectables, au travers en nous ne sommes pas au bout de la
Français des Administrateurs), après l’avoir particulier de l’AFEP, du MEDEF et des route. Il surgit toujours des questions
créé en 2003. Comment l’IFA est-il par- chambres de commerce et d’industrie. nouvelles et des thèmes d’action nou-
venu, en si peu de temps, à être reconnu veaux.
aujourd’hui, en France, comme un orga- L’IFA a réussi à gagner sa légitimité, a
nisme clé de la gouvernance ? montré son utilité, à partir du moment Prenez par exemple, dans les deux der-
où l’on s’est situé sur un terrain très nières années : l’administrateur réfé-
Daniel Lebègue : Lorsque l’IFA a été opérationnel. rent ; la question de la diversité dans la
fondé, en 2003, il y avait en France, Sur le terrain des bonnes pratiques pro- constitution des conseils ; les bonnes
comme dans d’autres pays en Europe, fessionnelles du conseil d’administra- pratiques d’évaluation du conseil, la
un besoin d’affirmer l’identité des admi- tion et du métier d’administrateur, au mise en œuvre du principe comply or
nistrateurs, leurs missions, leur valeur travers de nos guides pratiques, de nos explain ?
ajoutée, bref, de leur donner une voix vade-mecum, de nos conférences, de nos Ces questions n’existaient pas dans le
dans la gouvernance d’entreprise. A séminaires de formation, de notre certi- débat public sur la gouvernance d’entre-
l’époque, les administrateurs n’avaient fication on peut avoir un apport concret, prise il y a 3 ou 4 ans.
pas d’association professionnelle ou de effectif, pour ceux qui exercent des man-
structure les représentant et les aidant à dats d’administrateur, les placer dans L’IFA a su donner envie à des acteurs
améliorer leur expertise et leurs pra- une situation d’exercice professionnel reconnus de la gouvernance d’entre-
tiques. Il y avait donc un besoin latent. de leur mandat. prise, de s’investir dans une association
de place, comme on dit, pour identifier, de la recommandation professionnelle D. L. : Le premier niveau du comply or
partager, diffuser les bonnes pratiques. des codes de gouvernance est plus effi- explain, c’est le contrôle, par les acteurs
cace, tout simplement, que le passage eux-mêmes, des règles ou recomman-
Et il y a un autre aspect auquel je suis par la loi ou la réglementation publique. dations qu’ils ont édictées. C’est le sens
très attaché : j’ai toujours pensé qu’en de la création, en 2013, du Haut conseil
matière de gouvernance d’entreprise, Alors, pourquoi ? Il y a trois raisons de la gouvernance qui veille à la bonne
c’étaient les grandes entreprises (parce principales, me semble-t-il. application du code et des recomman-
qu’elles ont les ressources et les moyens, dations du code.
les outils pour le faire) qui créent le Premièrement, la gouvernance d’en-
mouvement. Mais il est très important treprise, c’est un ensemble de relations Le deuxième niveau, en France, est
de diffuser les bonnes pratiques de gou- entre des acteurs – dirigeants, adminis- assuré par l’AMF (l’Autorité des Mar-
vernance dans beaucoup d’autres trateurs, actionnaires et d’autres – elle chés Financiers) pour ce qui est des
familles d’entreprises et même d’orga- porte donc sur des sujets de relations sociétés cotées. La loi a donné mission
nisations : les ETI, PME familiales patri- humaines, de comportement des à l’AMF de veiller à la fiabilité, à la qua-
moniales ; le monde mutualiste et coo- acteurs. Et il est très difficile de fixer, de lité de l’information que les sociétés
pératif ; les entreprises publiques ; et figer dans la loi ou dans la réglementa- cotées donnent à leurs actionnaires, au
même les grandes associations, les fon- tion publique des pratiques, des com- marché et au public.
dations. portements, et plus encore une éthique
des acteurs. J’ajoute qu’il y a des domaines dans les-
Nous avons donc toujours eu cette dou- C’est très difficile parce que, par défini- quels seul le législateur peut édicter des
ble démarche : attirer des tion, la loi est générale, elle est règles. C’est notamment tout ce qui
acteurs qualifiés, profes- uniforme, elle fige les touche au droit des actionnaires, au
sionnels et reconnus choses à un moment droit de propriété. Il ne faut pas oublier
pour faire vivre le donné, elle ne favo- que le droit de propriété, en France, est
centre de res- rise pas l’évolution un principe constitutionnel.
sources, le centre
« La soft law est du corpus de
d’expertise que beaucoup plus souple, règles, de L. V. : Les entreprises du CAC 40 sont
nous sommes ; bonnes pra- majoritairement dirigées par un président
et deuxième-
plus adaptable à la diversité tiques. directeur général. Ont-elles recours à un
ment, diffuser, des situations, administrateur référent ? Comment coha-
en les adaptant, plus évolutive aussi » Deuxièmement, bite-t-il avec le PDG ? Comment est-il
ces outils, ces dans le cadre de la perçu par les autres administrateurs ?
bonnes pratiques soft law, la recom-
dans des univers diffé- mandation venant des D. L. : Quelle est la situation ? Il n’y avait
rents. Dans le même temps, acteurs, des profession- pas d’administrateur référent dans les
on a – avec d’autres – mené en nels eux-mêmes, est plus res- sociétés françaises, il y a trois ans. C’est
particulier le combat pour l’ouverture et ponsabilisante que la règle publique. une initiative récente, l’administrateur
la diversité des conseils, avec la place qui référent apparaît pour la première fois
doit être faite aux femmes, ainsi qu’aux Troisièmement, quand on parle de gou- dans la version révisée du code de gou-
salariés et salariés actionnaires, mais vernance d’entreprise, on ne parle pas vernance en juin 2013.
aussi aux étrangers. seulement du CAC 40 ou du SBF 120.
On parle de milliers, de dizaines de mil- Il existait l’équivalent de l’administra-
L. V. : En matière de gouvernance, à la loi, liers d’entreprises de statuts différents, teur référent dans quelques pays étran-
vous semblez préférer la soft law. Le code de tailles différentes. C’est pourquoi il a gers, dans le code mais pas dans la loi.
de gouvernement d’entreprise AFEP / été créé une soft law pour les petites et Le meilleur exemple, évidemment, c’est
MEDEF des sociétés cotées, révisé en juin moyennes entreprises. le Royaume-Uni, avec le Lead Indepen-
2013, vous conforte-t-il dans cette préfé- dant Director. Il y a une dynamique qui
rence ? Et si oui, pourquoi ? En bref, la soft law est beaucoup plus reste pour l’instant cantonnée aux
souple, plus adaptable à la diversité des grandes sociétés cotées, en France, mais
D. L. : C’est une approche qui n’est pas situations, plus évolutive aussi. qui va vers la nomination d’un adminis-
propre à l’IFA, qui est partagée par d’au- trateur référent, tout particulièrement
tres, les organisations professionnelles L. V. : Il reste cependant un contrôle de la dans les sociétés où les fonctions de pré-
d’entrepreneurs, en général, dans tous part des régulateurs. Je pense notamment au sident et de directeur général sont exer-
les pays de l’Union européenne. Tout le rôle que joue l’AMF au niveau du comply cées par la même personne.
monde pense que la voie de la soft law, or explain. Les missions qui leur sont imparties et
monopole aux commissaires aux Une haute autorité de transparence de tionnement de cette deuxième ligne de
comptes, ne serait-ce que vis-à-vis des la vie publique, dotée d’un statut indé- maîtrise. C’est bien l’objectif qu’il doit se
entreprises petites et moyennes… mais pendant est dirigée par un ancien haut fixer. Mais d’une façon plus générale, ce
je considère pour ma part qu’ils sont les magistrat français disposant de tous les que je souhaite dire c’est que les admi-
mieux armés sinon pour délivrer une moyens d’investigation. nistrateurs, et notamment ceux qui sont
certification, du moins pour effectuer On a encore, toutefois, des points fai- membres de comités d’audit et/ou de
une évaluation de ces données extra- bles. Pour aller à l’essentiel, la manière comités de risques, ont absolument
financières. Et dans ce cadre là, il pour- dont travaille la justice en France, dans besoin de points d’appui de la part d’ac-
rait y avoir un partenariat fructueux avec la recherche d’actes ou de faits de cor- teurs professionnels de l’audit, du
les auditeurs internes. ruption et dans leurs sanctions, est à contrôle interne, de la gestion des
l’évidence infiniment moins efficace que risques, des professionnels qui sont soit
L. V. : Pouvez-vous nous dire quelques mots ce que font d’autres grands pays. La dans l’entreprise – les auditeurs
sur Ecoda, une organisation que vous France est un pays de droit dur où on internes, les directeurs de risques, les
connaissez bien, mais qui, généralement, mène des investigations, pendant sou- compliance officers –, soit qu’ils intervien-
reste mal connue en France ? vent des années, pour aboutir à des nent aux côtés de l’entreprise, comme
sanctions prononcées très rarement. Les les auditeurs externes, les commissaires
D. L. : Ecoda a été créée juste après Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, aux comptes.
l’IFA, en 2004, par trois instituts d’admi- l’Allemagne, l’Italie, récemment
nistrateurs nationaux, britannique, fran- l’Espagne ont opté pour une justice dite Si vous privez le conseil d’administra-
çais et belge. Aujourd’hui, Ecoda réunit transactionnelle dans laquelle le juge, le tion, et en particulier le comité d’audit,
15 instituts ou associations profession- procureur négocie avec les dirigeants de de cette source d’informations, de cet
nelles d’administrateurs nationaux en l’entreprise ou l’agent public qui est mis apport d’expertise, livré à lui-même, il
Europe. C’est une organisation très en cause. Il négocie des sanctions finan- est sourd et aveugle parce que, par défi-
représentative, dans laquelle siègent cières – des amendes, des dommages et nition, il n’est pas au contact des opéra-
tous les grands pays. intérêts –, le cas échéant, un plaider cou- tionnels, de la gestion quotidienne de
pable, une reconnaissance des fautes, l’entreprise.
Ecoda se veut la voix des administra- des responsabilités.
teurs en Europe, vis-à-vis des institu- Et surtout, et c’est pour ça que Transpa- J’ajoute que le branchement des audi-
tions européennes – la Commission, le rency y est très favorable, le juge, le pro- teurs internes, des auditeurs externes
Parlement – et des nombreux acteurs cureur va négocier, avec l’entreprise, sur le conseil par l’intermédiaire du
professionnels présents à Bruxelles, sur l’adoption d’un dispositif, d’un pro- comité d’audit, c’est vraiment une
tous les sujets qui sont suivis par l’Union gramme de conformité destiné à éviter dimension fondamentale de la gouver-
européenne, qui font l’objet de projets, le renouvellement des dérives ou des nance d’entreprise.
de directives, de recommandations, de fautes.
bonnes pratiques aussi, en matière de Et tout ce que l’on a fait avec l’IFACI,
gouvernance d’entreprise et de droit des Il y a par contre un autre domaine qui avec la Compagnie nationale des com-
sociétés. évolue dans la bonne direction, c’est missaires aux comptes, depuis de
celui de l’action préventive des entre- longues années déjà, vise précisément à
Et ces projets sont aujourd’hui très prises. Beaucoup d’entre elles, depuis conforter cette relation de confiance et
nombreux. On peut considérer que les des années, des décennies, ont des dis- d’apport d’informations pertinentes,
trois quarts de la matière Gouvernance positifs anti-fraude. A Transparency, on d’expertise, d’outils d’évaluation des
d’entreprise sont du ressort de l’Europe. accompagne beaucoup d’entre elles auditeurs en direction du comité d’au-
pour intégrer pleinement, dans leur pro- dit.
L. V. : Vous êtes le président de Transpa- gramme de conformité, stratégie de
rency, organe de lutte contre la corruption, conformité, un volet anticorruption. Je me réjouis beaucoup, de voir que les
contre la fraude, pour l’intégrité de la vie auditeurs internes et les auditeurs
publique. Qu’est-ce qui a été fait, et que L. V. : Ma toute dernière question porte sur externes ressentent de plus en plus le
reste-t-il à faire dans ce domaine ? les trois lignes de maîtrise, sur le rôle de besoin, la nécessité de dialoguer et de
l’audit interne qui doit s’assurer du bon travailler ensemble.
D. L. : Nous considérons, à Transparency fonctionnement de la deuxième ligne et sur
International France, avoir beaucoup celui des autres acteurs du contrôle interne ? L. V. : Je vous remercie de votre éclairage sur
progressé au plan des textes et des le rôle et les actions de l’IFA pour une meil-
règles pour ce qui est de la transparence D. L. : Oui, à l’évidence, il appartient à leure gouvernance des entreprises.
et de l’éthique de la vie publique. l’audit interne de veiller au bon fonc-
Grands projets
Rôles et missions de l’audit interne
Les projets font souvent l’objet de critiques irritées au sein des entreprises : budget
dépassé, délais non respectés, résultats incertains, pilotage flou, responsabilités trop
éclatées... Les audits de projet permettent d’identifier les bonnes pratiques, de tra-
quer les dérives et concourent à l’optimisation du pilotage des projets. Focus sur les
points clefs de cet audit spécifique.
Initiés parfois avec énergie et mobilisa- D’un point de vue managérial, la gestion
tion de moult ressources, les projets de projet obéit aussi à une logique spé-
finissent régulièrement par faire l’objet cifique : le pilotage du projet est bien
Géraldine Sutra
de critiques irritées au sein des entre- souvent distinct des liens hiérarchiques
Présidente, Strat&Risk prises : budget dépassé, délais non res- usuels prévus par les organigrammes.
pectés, résultats incertains, pilotage flou, Le chef de projet doit avant toute chose
responsabilités trop éclatées... Les mettre en place une logique de mana-
reproches ne manquent pas et font par- gement transversal, de coopération et de
fois oublier que la gestion de projet est coordination d’acteurs, indépendam-
avant tout une gestion habile des écarts ment de tout lien hiérarchique. Cela
entre un déroulé prévisionnel et une implique de communiquer la bonne
réalité. information, au bon moment, à la bonne
personne. Dans cet environnement,
Commençons tout d’abord par revenir dont l’analyse concourt à se faire une
aux bases : un projet a un caractère opinion sur ce qui relève de l’environ-
unique avec une date de début et une nement général de contrôle, les écueils
Présidente de Strat&Risk, cabinet date de fin. Ce processus unique se peuvent déjà être multiples.
d’audit et de risk management, compose d’activités dont l’enchaîne-
Géraldine Sutra est diplômée ment maîtrisé et coordonné permet Que doit-on auditer ? Quels
d’HEC, d’un DEA en droit et certifiée d’aboutir à un livrable. Ce livrable sont les risques à couvrir ?
en risk management. répond à un besoin préalablement iden-
Précédemment risk manager tifié dont la réalisation est encadrée par L’identification des risques et la criticité
des contraintes budgétaires et calen- va bien évidemment dépendre de la
d’Aéroports de Paris, elle a soutenu
daires. nature et de l’ampleur du projet audité.
en 2012 une thèse professionnelle
La notion de projet est donc large et Toutefois, certains thèmes sont récur-
à HEC sur la complémentarité des
peut viser des projets de travaux rents quel que soit l’objet du projet, et
outils du risk management et de la
(construction d’un bâtiment...), des pro- l’auditeur aura un intérêt indéniable à
stratégie, qui a obtenu les félicita- jets internes (déménagement d’un site, s’interroger préalablement sur ces der-
tions du jury. Elle est formatrice déploiement d’un nouvel outil informa- niers pour l’aider à déterminer les objec-
IFACI. tique...), ou des projets d’affaire (acqui- tifs de son audit.
de trouver le bon niveau de granularité Si l’analyse de l’origine de l’écart peut tion des risques, dont on oublie parfois
de la décomposition pour être adapté à être intéressante à regarder, l’auditeur trop souvent que les résultats sont issus
la taille du projet. ne devra pas perdre de vue que c’est la d’appréciations subjectives. Leur mau-
Certains outils peuvent permettre façon dont l’écart est géré qui est essen- vaise utilisation peut contribuer à don-
d’identifier des flux d’intervention opti- tielle. ner une « assurance raisonnable » non
misés des ressources. Sans aller jusqu’à conforme à la réalité.
ce niveau, le chef de projet doit a Par exemple, y a t-il eu des indicateurs
minima disposer et maintenir à jour qui ont permis d’alerter sur la surve- Quand doit-on réaliser
cette vision décomposée du projet. nance de ces écarts ? L’information est- un audit de projet ?
Deuxième bonne pratique : jalonner elle remontée au bon moment, à la
son projet. Cette deuxième bonne pra- bonne personne ? De quelles façons ces La réponse dépend évidemment des
tique est naturellement complémentaire écarts ont-ils été gérés ? On retrouve ici besoins du client. Un audit en cours de
à la première. Il s’agit d’associer les l’importance des rôles et des responsa- projet permettra de mettre en valeur les
phases du projet à des passages de bilités telle qu’évoquée précédemment bonnes pratiques du projet, mais aussi
jalons auxquels correspondent des livra- dans cet article. Tous les écarts ne doi- de rectifier le tir en mettant l’accent sur
bles intermédiaires du projet. Le pas- vent pas remonter à la maîtrise d’ou- des dérapages progressifs qu’il convient
sage au jalon suivant ne peut avoir lieu vrage ; à l’inverse, cette dernière doit de vite corriger, ou à défaut de limiter les
que si le jalon précédent est validé. Cela être impliquée quand ses objectifs bud- impacts, par des plans d’actions adé-
permet de recentrer les acteurs autour gétaires, calendaires ou quantitatifs sont quats.
de points essentiels à l’avancement du susceptibles d’être impactés par des
projet et permet, en principe, d’éviter la arbitrages. A l’inverse, un audit sur un projet ter-
découverte tardive de problèmes struc- miné présente aussi un intérêt en
turants obligeant à une reprise des Enfin, pour anticiper la gestion de ces termes de capitalisation au sein de l’en-
phases précédentes. écarts, les chefs de projet doivent iden- treprise, d’intelligence collective parta-
tifier et suivre les risques de leurs pro- gée. Dans ce dernier cas, il peut être
Comment sont gérés les écarts jets. Là aussi, le challenge portera sur le intéressant d’orienter l’audit sur les
avec le prévisionnel ? bon niveau de granularité de l’analyse. modalités de la conduite du projet et
Cette gestion des risques du projet doit d’avoir un périmètre élargi à plusieurs
La subtilité de la gestion de projet appa- reprendre les principes généraux et projets : par l’identification des forces et
raît dans les modalités de gestion des bonnes pratiques de la gestion des des faiblesses de ces projets, ce sont les
écarts. La complexité de l’objet de cer- risques, dont notamment la hiérarchisa- autres projets en cours qui s’en trouvent
tains projets – surtout lorsqu’ils intè- tion des risques après leur identification, enrichis. Dans cette perspective, l’audit
grent un caractère innovant –, leur la détermination de plans d’actions pour concourt à la dimension pédagogique
durée, la multiplicité des intervenants, les risques dont la décision est prise de de partages des bonnes pratiques et
les évolutions réglementaires, les chan- les traiter, ainsi que la mise à jour régu- d’encouragement des démarches
gements de parties prenantes... rendent lière de ces éléments. d’amélioration.
inévitables des ajustements de plus ou
moins grande importance en cours de Toutefois, il convient de rester prudent
projet. sur les outils automatisés de quantifica-
mier lieu dans les équipes durée est ajustée en fonction de la com-
projet. L’audit ne se borne plexité de l’audit ou d’une échéance
pas à vérifier que les procé- imposée par le management ou l’envi-
dures sont appliquées, ronnement externe. Le nombre et l’ex-
mais, de façon très opéra- pertise des auditeurs sont définis en
tionnelle, que la dyna- conséquence, mais la qualité première
mique de suivi des risques d’un auditeur est la flexibilité car ce qui
et des plans d’actions per- fait la valeur ajoutée d’un audit de pro-
met de les anticiper et gramme, outre son contenu, c’est le
diminuer leur impact. Il timing. Délivré trop tôt, il ne rend pas
faut également s’assurer bien compte des risques majeurs encou-
que l’enveloppe budgé- rus car les phases critiques sont trop
Gaia
taire, destinée à financer éloignées ; réalisé trop tard le délai ne
les plans d’actions et la permet pas de corriger les déviations, au
vations fait l’objet d’un plan d’actions matérialisation de certains de ces pire il ne fait que constater les pro-
agréé avec la division. S’ensuit un pro- risques, est cohérente et évolue avec le blèmes survenus. C’est pourquoi, il est
cessus formel de suivi de ces recom- niveau des risques identifiés. primordial, une fois le plan d’audits
mandations où seul l’audit est habilité à défini en fin d’année, de contacter les
valider les actions selon les informations Un aléa peut aussi avoir un impact posi- chefs de programme pour convenir avec
et preuves fournis par les responsables. tif sur le programme, il devient une eux de la période d’audit la plus appro-
Le but est de s’assurer que les risques ou opportunité. Si la gestion des risques fait priée en fonction de l’avancement du
faiblesses identifiés sont réduits et per- maintenant partie de la culture de l’en- programme.
mettent bien d’atteindre les objectifs treprise, cela n’est pas encore tout à fait
annoncés. Tous les trimestres, un le cas pour les opportunités. Elles sont De l’identification des risques
compte-rendu résumant les actions en souvent identifiées mais pas toujours au partage des bonnes
cours et en retard est envoyé au top bien exploitées, bien qu’impactant très pratiques
management. L’audit est clos lorsque directement les objectifs financiers.
toutes les actions ont été menées. L’audit rappelle alors les bonnes pra- L’audit est une fonction transverse dont
tiques attendues dans ce domaine. le champ d’application s’étend à l’en-
La gestion des risques : semble du groupe et de ses filiales. Cette
une composante essentielle La flexibilité, position privilégiée lui permet d’avoir
de l’audit de programme facteur d’efficacité une compréhension et une visibilité des
pratiques de la gestion de projet dans les
Dans tous les cas, une partie de l’audit La durée standard d’un audit est de 9 diverses divisions et organisations. Son
est consacrée à la gestion des risques et semaines divisée en 3 phases équiva- rôle est alors d’identifier les meilleures
des opportuni- lentes : prépa- pratiques (« best practices ») et de les
tés. Un pro- ration, réalisa- communiquer, favorisant ainsi l’échange
gramme repose tion des tests et le savoir-faire entre différentes orga-
sur des hypo- et écriture du nisations. L'audit devient alors un vec-
thèses qui peu- rapport. Cette teur de l’amélioration continu.
vent s’avérer
inexactes ; il est
également sou-
mis à des aléas
qui sont autant
de problèmes EC130
qui peuvent sur-
venir et le faire
dévier de ses objectifs. Ces risques inhé-
rents à la vie d’un programme doivent
donc être suivis très attentivement car
s’ils sont considérés comme inévitables,
ne pas les maîtriser est une faute. Airbus
a mis ces dernières années un focus par-
ticulier sur le processus de gestion des
risques avec des procédures, des outils
et des formations cascadés dans toutes
A400M
les organisations du groupe et en pre-
projet dépend surtout du fait d’être ou • de nombreux audits organisés par dif- La mise en œuvre des audits
de ne pas être opérateur. Par consé- férents métiers, tant techniques que
quent, pour simplifier, nous ne traite- fonctionnels, qui permettent notam- L’audit interne intervient le plus souvent
rons ici que des projets opérés. ment d’assurer le respect des stan- dans le courant de la première année,
dards techniques et de sécurité, ainsi une fois la décision finale d’investisse-
Le référentiel que le contrôle des plannings et des ment prononcée par le comité exécutif.
coûts qui sont des points essentiels Cette intervention au démarrage permet
Du point de vue du contrôle interne des dans la mise en œuvre d’un projet. la prise en compte effective des recom-
projets, au sens général de maîtrise des mandations de l’audit dans l’organisa-
risques et des activités, Total s’est doté Parmi les nombreux documents spéci- tion du projet. L’audit interne peut aussi
de longue date d’un dispositif très struc- fiés dans les directives internes, certains intervenir une seconde fois, en général
turé, fondé sur : sont très utiles pour la conduite des mis- quelques années plus tard, avant la mise
• des directives internes portant sur sions d’audit, en particulier le registre en production. Il s’agit alors de s’assurer
l’organisation et le management des des risques (cartographie des risques que les litiges associés à la construction
projets, depuis les processus de vali- spécifiques du projet), le plan d’assu- sont clos et documentés, que les retours
dation et d’approbation initiale rance qualité et bien entendu le plan d’expérience sont formalisés et, d’une
jusqu’à la mise en production ; d’exécution du projet. Ces documents manière générale, que l’ensemble du
• un référentiel de spécifications tech- sont à la base du travail de préparation projet (en particulier les changements
niques très complet et continuelle- d’une mission d’audit interne. apportés au plan d’exécution initial) est
ment mis à jour ; sérieusement documenté.
Shams : 260 000 miroirs sur un terrain de 250 hectares. La plus grande centrale solaire concentrée du monde à Madinat Zayed,
environ 120 kilomètres au sud ouest d'Abou Dhabi aux Emirats Arabes Unis.
La contrainte majeure des audits de pro- fonctionnels menés par ailleurs. Pour litée par l’existence d’un registre des
jets, qui pourrait constituer pour les une meilleure efficacité, nous intégrons risques et l’assistance de l’ingénieur de
auditeurs un risque de ne pas atteindre aujourd’hui systématiquement aux projet détaché. Ils s’assurent par des
leurs objectifs, est celle de la dispersion équipes d’auditeurs internes un ingé- tests de la mise en œuvre effective du
des équipes. Beaucoup de parties pre- nieur de projet détaché des équipes référentiel des projets qui est très précis
nantes (entreprises contractantes) se techniques (indépendantes de l’organi- sur l’intégration des dispositifs de
trouvent localisées dans différents pays, sation du projet audité) dont le rôle est contrôle clés. Ils vérifient que les outils
parfois lointains, ce qui impose de nom- notamment d’aider à la bonne compré- informatiques de gestion de la filiale
breux déplacements et par conséquent hension des enjeux du projet, ce qui per- déclinent bien, par construction donc
une planification et une organisation met d’être plus efficace dans l’organisa- dès l’origine, les exigences du référen-
logistique (vols, visas, autorisations tion de la mission. tiel.
diverses) des plus rigoureuses.
Les thèmes à couvrir Il existe cependant quelques thèmes
Les audits de projets sont des missions plus spécifiques aux audits de projets ou,
complexes, réservées à des auditeurs Les audits de projets reprennent la plu- quand ils ne sont pas spécifiques, qui
seniors, dont les compétences en part des grands thèmes des missions nécessitent une attention particulière.
matière d’audit interne doivent permet- d’audit classiques et la méthodologie
tre de distinguer sans ambigüité ce qui mise en œuvre n’est pas différente. Les L’analyse du dossier initial du projet
relève de leur mission d’auditeur interne auditeurs fondent leur programme de (éléments présentés au comité des
et ce qui relève des audits techniques ou travail sur une analyse des risques, faci- risques puis au comité exécutif, ainsi que
les relevés de décisions) doit permettre vis-à-vis des parties prenantes locales niveaux de l’organisation, il existe une
de vérifier le respect des procédures (états hôtes, entreprises et commu- forte attente et une demande d’assu-
d’approbation et le respect a posteriori nautés locales). rance sur la maîtrise des risques, dont le
des décisions prises, notamment en respect des délais et des budgets, et sur
matière de stratégie contractuelle. L’intérêt de tous l’optimisation des coûts.
Le reporting doit être en place et surtout Au-delà des grandes instances de gou- Pour l’audit interne, les audits de projets
cohérent entre les différentes entreprises vernance, comité exécutif et comité sont une occasion de montrer le lien
contractantes. d’audit, les audits de projet ont deux direct qui existe entre les dispositifs de
« clients » immédiats : le directeur de contrôle, qui permettent de maîtriser les
Les interfaces entre les diverses parties projet lui-même et le coordinateur des risques, et la création de valeur.
prenantes du projet doivent être opéra- projets qui rapporte au directeur du
tionnelles. Il convient en particulier que développement. Les missions d’audit Quant aux auditeurs, un audit de projet
les échanges d’informations entre les interne leur permettent de savoir si tout est pour eux une occasion rare de voir
entreprises contractantes soient effectifs est organisé comme spécifié dans les de près la mise en œuvre concrète des
et formels afin d’éviter que des décisions référentiels et si des interventions sont bonnes pratiques de contrôle des grands
soient prises par l’une en méconnais- nécessaires pour corriger des éléments projets, avec un niveau de détail et
sance des autres. qui pourraient conduire à la réalisation simultanément une vision globale qui
de certains risques, y compris le manque ne sont le plus souvent accessibles
Le processus de gestion des change- d’efficience. Les enjeux des grands pro- qu’aux plus hautes responsabilités de
ments spécifié dans les directives jets sont tels aujourd’hui qu’à tous les management. L’exercice, même s’il n’est
internes doit être pas dénué de challenge, peut aussi
respecté stricte- constituer une opportunité de faire
ment, avec des remarquer des capacités personnelles à
validations for- appréhender de manière structurée des
melles signées questions complexes à forts enjeux, et à
par des per- émettre des recommandations fondées
sonnes habilitées sur des analyses causales pertinentes et
par des déléga- porteuses d’une valeur ajoutée qui n’est
tions de pou- pas contestable.
voirs.
© GONZALEZ THIERRY - TOTAL
L’utilisation des
ressources dans
le cadre de la
gestion des aléas
du projet doit
être encadrée Projet GirRi
strictement. West Gemini (Seadrill).
D
ans un environnement énergé- énergétique est une réalité mondiale ; le ment.
tique en forte mutation, GDF rôle du gaz dans le mix énergétique,
SUEZ a décidé d’accélérer sa avec 250 ans de réserves, est renforcé ; Le premier est le bon alignement du
stratégie de croissance. et enfin, l’avenir du charbon, qui pour- projet et de ses objectifs avec la stra-
Plusieurs tendances structurantes du rait être la première énergie primaire tégie globale de l’entreprise et, le cas
monde de l’énergie se dégagent : la dans le monde après 2020, est incertain. échéant, de ses partenaires investis-
croissance de la demande en énergie Tant en Europe que dans les pays à forte seurs. La bonne compréhension du
viendra principalement de pays autres croissance, les besoins en production, contexte local est indispensable :
que ceux de l’OCDE ; la préoccupation transport, stockage et distribution contexte économique, politique, institu-
environnementale augmente dans le d’énergie sont considérables. Plus d’une tionnel et culturel. Le bon alignement
monde ; l’amélioration de l’efficacité vingtaine de projets importants sont conduira à la formulation d’objectifs
tions (claims) ; transfert de la phase de Comment auditer un grand projet ? Et finalement, pourquoi auditer un
construction à la phase d’exploitation ; grand projet ?
etc. Le programme de travail de l’auditeur
est établi sur la base des référentiels Nous avons indiqué plus haut que le
Quand est-il utile d’auditer un grand génériques ou techniques adoptés par grand projet se caractérise par son carac-
projet ? les responsables du chantier (PMI, ISO, tère temporaire et sa structure managé-
AFNOR, RG, etc.). Un enjeu important riale ad hoc. Le grand projet échappe
L’expérience des auditeurs internes de de l’audit de la gestion de grands projets donc en grande partie aux mécanismes
GDF SUEZ indique que les efforts de est le caractère hétérogène et interdé- de gestion et de contrôle de l’entreprise
l’audit doivent être concentrés en pendant de la multitude des activités en « mode exploitation ». C’est la raison
amont, c’est-à-dire pendant les phases menées sur un grand chantier : des cen- pour laquelle l’audit de grand projet est
de développement et de démarrage de taines de relations contractuelles, des généralement demandé par la direction
la construction, sachant que ces phases centaines voire des milliers d’ouvriers, générale de l’entreprise. La mission
recèlent le plus d’incertitudes, d’aligne- des activités s’étendant du gros œuvre à d’audit a pour objectifs d’informer, cla-
ment des parties prenantes et d’impact la haute technologie, des plannings rifier, alerter, rassurer au niveau des
potentiel sur le résultat du projet. Les d’interventions articulés selon un che- organes dirigeants de l’entreprise. Elle a
avantages d’une mission d’audit plani- min critique, etc. L’auditeur définit pré- également pour objectifs d’apprendre,
fiée tôt dans le déroulement du projet cisément l’objectif de sa mission, le anticiper, réorienter, renégocier au
sont de clarifier la relation délai-coût- domaine et le périmètre de son inter- niveau des organes de gestion du chan-
qualité, de confirmer la faisabilité du vention ainsi que les techniques d’audit tier. La méthode de l’auditeur, son auto-
projet, d’évaluer la performance de à mettre en œuvre. Parmi les techniques nomie de fonctionnement et sa capacité
l’équipe de projet, d’identifier rapide- utilisées figurent l’observation, l’inspec- à communiquer doivent lui permettre de
ment les problèmes, d’assurer un repor- tion, la comparaison, le cheminement, la répondre aux attentes de ces deux par-
ting indépendant à la direction générale. confirmation, la revue analytique, etc. La ties prenantes et de jouer pleinement
Plusieurs missions d’audit peuvent être gestion de projet étant un travail son rôle de la troisième ligne de maî-
entreprises au cours d’un même projet d’équipe, l’auditeur sera régulièrement trise.
et porter sur les enjeux particuliers de exposé aux enjeux managériaux et
chacune des phases. humains de ce type d’activité.
Apprécier la performance
du personnel : un exercice délicat
et complexe – mais indispensable
Le Prix Olivier Lemant est destiné à récompenser le meilleur mémoire de Master(e) consacré au contrôle
interne ou à l’audit interne et réalisé dans une université ou une grande école partenaire.
Les mémoires primés en 2014 sont :
• 1er prix – « L’audit du processus d’appréciation da la performance du personnel » par Thibaut Bossenie (IAE
d’Aix-en-Provence)
• 2ème prix – « L’audit des plans de continuité d’activité et de la gestion des risques » par Meriem Derrahi et
Jordane Garcia (IAE d’Aix-en-Provence)
A
ppréciation de la performance l’entreprise, dans la construction d’un imposé aux entreprises de nouvelles
du personnel : sujet vaste, inté- programme d’appréciation de la perfor- priorités sur l’emploi. L’apparition dans
ressant, mais complexe. Pour- mance. D’autant plus que ce pro- les années 80 de la notion de gestion de
quoi s’attarder sur un tel sujet ? Tout gramme doit être adapté à la population compétences et la formalisation de
d’abord parce que personne n’y concernée et être cohérent avec ses l’évaluation du personnel ont permis
échappe ! Tout le monde y est confronté. enjeux stratégiques. aux entreprises de mesurer de manière
Aussi bien le collaborateur sur ses per- globale, leur performance et leur poten-
formances individuelles que le directeur Mais qu’entend-t-on par performance ? tiel. De plus, on peut voir que le système
sur sa capacité à créer de la croissance Dans le domaine de la gestion, la notion d’appréciation de la performance peut
dans l’entreprise. Gérer la performance de performance associe efficacité et effi- avoir une influence importante sur
constitue aussi bien un défi pour la cience. Un collaborateur performant toutes les composantes de la fonction
direction de la société que pour l’ensem- doit pouvoir obtenir un résultat confor- ressources humaines comme : les SIRH
ble des individus concernés. Parmi les mément à un objectif donné tout en (système d'informations des ressources
programmes de gestion des ressources minimisant le coût des ressources et des humaines), la GPEC (gestion prévision-
humaines, l’appréciation des perfor- processus. nelle des emplois et compétences), la
mances est probablement celui pour formation, la rémunération, les relations
lequel on observe le plus grand écart L’appréciation de la performance du sociales, le recrutement et la gestion des
entre le projet et la réalité. Son caractère personnel semble être un processus carrières. Il est donc important pour les
quasi incontournable dans l’entreprise assez complexe aussi bien dans sa réali- entreprises de ne pas le négliger.
importe de réaliser cette appréciation sation que dans l’exploitation de ses
avec éthique et objectivité. résultats. De ce fait, on peut se deman- Afin d’appréhender au mieux ce proces-
der pourquoi il est si important pour sus complexe, il est important pour l’en-
Apprécier la performance, de quoi l’entreprise d’apprécier la performance treprise d’intégrer les facteurs de risques
s’agit-il ? Les enjeux fluctuent largement de ses salariés ? Comment et par qui auxquels un système d’appréciation de
selon les entreprises et les individus est-elle assurée ? Qu’est ce que cela la performance peut être exposé. Dès la
concernés. Est-elle implantée à des fins comporte et quels sont les risques asso- phase d’élaboration, il est important de
de productivité ou de dialogue social ? ciés ? mesurer l’impact que peut avoir telle ou
Parle-t-on de performance individuelle, telle décision, et surtout de n’oublier
de résultats d’équipe, ou les deux à la L’incertitude économique actuelle et aucun paramètre. L’entreprise qui sou-
fois? Questions incontournables pour l’ouverture de la concurrence ont haite mettre en place un système d’éva-
Lu pour vous
Audit interne et référentiels de risques
Vers la maîtrise des risques et la performance de l’audit
Auteurs : Pierre Schick, Jacques Vera et Olivier Bourrouilh-Parège
Editeur : Dunod
Trois parties, dix chapitres qui décortiquent tout ce qui a trait à l’audit interne et aux risques, un juste équilibre
entre la théorie et la pratique, voici la deuxième édition de l’ouvrage. Chacun des dix chapitres est construit,
Un executive summary annonce la structure du chapitre. Une large place est faite aux illustrations, aux
dans les grandes lignes, de façon analogue :
Des avis d’experts reviennent sur des positions exprimées dans des revues ou dans des colloques.
outils. Des « focus » mettent en exergue tel ou tel point, et apportent un retour d’expérience.
Une rubrique « l’essentiel » clôt le chapitre, et donne des rendez-vous sur le site pour en savoir plus et
approfondir.
L’ensemble de l’ouvrage fait la part belle aux tableaux et techniques divers.
Enfin, l’ouvrage consacre une centaine de pages aux référentiels de risques de plusieurs grandes fonctions des organisations, suivant
l’approche du référentiel AMF.
Bref, un ouvrage vivant, clair, qui répondra à beaucoup de questions que se posent les professionnels comme les étudiants.
Evénements
Les obstacles sont nombreux : Les activités de contrôle tème d’information, opéra-
organisation et culture admi- (trois principes) : mettre en tions, audit, sécurité, ressources
nistrative encore trop souvent place les activités de contrôle humaines, etc.
empreintes d’une logique de par le biais de règles qui pour- La GID est un projet complexe,
contrôle systématique et a suivent les objectifs poursuivis, et nécessite la définition d’une
priori ; obligations à observer et de procédures qui mettent vision précise et d’une stratégie
mouvantes entraînant des en œuvre ces règles… L’infor- et feuille de route adaptées.
Comment concilier délais ; important volume de mation et la communication
Les enjeux d’un projet de GID
conformité et textes à respecter ; conformité (trois principes) : l’organisa-
doivent être clairement identi-
performance qui accentue le formalisme tion communique avec les tiers
sans réduire les risques (usage sur les points qui affectent le fiés et répondre à des besoins
Réunion mensuelle des délégations de signature) ; positionnement des autres exprimés par un ensemble de
du 4 avril 2014 conformité qui sous-estime des composantes du contrôle parties prenantes de l’organi-
risques ; obligations incontour- interne… Les activités de sation. Le projet de GID doit
« La compliance est l’ensemble nables… pilotage (deux principes) : permettre de démontrer son
des processus qui permettent l’organisation sélectionne, concours à la réduction des
d’assurer le respect des normes Il existe heureusement des risques et à la création de
perspectives d’évolution posi- développe et réalise des éva-
applicables à l’entreprise par l’en- luations continues et ponc- valeur.
semble de ses salariés et diri- tives grâce à un rééquilibrage
entre la conformité et la perfor- tuelles afin de vérifier si les La réussite d’un projet de GID
geants, mais aussi des valeurs et composantes du contrôle passe par la démonstration des
d’un esprit éthique insufflé par mance.
interne sont mises en place et bénéfices pour chaque métier,
les dirigeants ». fonctionnent. par exemple : disposer de don-
La notion de compliance va au- Mettre en œuvre le Les chantiers en cours n’ont nées d’identité fiables
delà de la conformité aux lois nouveau « référentiel pas tous le même degré d’ur- (concerne le groupe dans son
et règlements. ensemble) ; mieux contrôler les
intégré de contrôle gence. Chantiers prioritaires :
ressources allouées (concerne
La conformité est une interne » (COSO 2013) comment responsabiliser
contrainte devenue un point de chacun pour le bon fonction- la finance, le contrôle de ges-
passage obligé puis une oppor- (Extraits) nement du contrôle interne ? tion, les achats) ; faciliter la
tunité pour améliorer sa per- Cette problématique est liée au revue de la conformité des
Réunion mensuelle habilitations (concerne l’au-
formance, rassurer les parties du 27 mai 2014 pilotage de la performance.
prenantes et fédérer les sala- Comment s’assurer de la dit) ; faciliter et fiabiliser les
riés… La compliance ou confor- COSO a publié le 14 mai 2013 bonne remontée d’informa- reportings ; être informé des
mité est une notion plus pré- la mise à jour du référentiel sur tions, d’alertes ? Quel rôle départs et des mutations pour
sente dans certains secteurs le contrôle interne, dit pour les lignes de maîtrise ? être à même de libérer les res-
d’activités (initialement en COSO 1. Comment s’assurer de la sources non utilisées et suppri-
banque et assurance), qui s’est complétude de l’évaluation mer les droits d’accès, etc.
Le COSO 2013 consiste en un
néanmoins étendue à tous les référentiel ; des exemples d’ou- des risques ? Quel rôle et quelle approche
secteurs. Elle est devenue une tils d’évaluation ; des pour l’auditeur ? L’accès aux
fonction dédiée dans certaines méthodes et illustrations de applications et aux éléments
entreprises. contrôle interne relatif au repor- Comprendre et évaluer techniques et d’infrastructure
Il existe un lien direct avec des ting financier externe. le processus de gestion est sécurisé par deux méca-
notions proches : éthique et Le remplacement de la version des identités et nismes : l’identification et l’au-
déontologie, conformité et des accès (Extraits) thentification. Dans le premier
d’origine se fait en deux
contrôle interne. Il existe aussi, cas, l’utilisateur s’identifie lui-
temps : COSO laisse à disposi-
nous l’avons dit, de fortes Réunion mensuelle même au système grâce à son
tion les deux éditions, celle de
contraintes réglementaires du 24 juin 2014 identifiant propre. Dans le
1992 et celle de 2013, jusqu’au
dans le secteur bancaire : un second cas, l’utilisateur s’au-
15 décembre 2014. A partir de La Gestion de l’Identité et des
poids prépondérant de la thentifie en donnant son mot
cette date, l’édition de 1992 Droits (GID) est un domaine
conformité, le passage d’une de passe. L’identification per-
sera officiellement remplacée de la Sécurité qui permet de
obligation de moyens à une met de connaître l’identité
par sa mise à jour de 2013. s’assurer que la bonne per-
obligation de résultats, par un d’une personne, alors que l’au-
L’adoption sera volontaire ou sonne accède à la bonne res-
niveau de contrôle pondéré par thentification permet de véri-
obligatoire, selon les juridic- source au bon moment et pour
rapport au taux conformité. fier cette identité.
tions. de bonnes raisons.
Conformité et performance, Dans un système informatique,
Rappel des 17 principes fonda- La GID nécessite la mise en
sont-elles incompatibles ? l’identifiant correspond à un
teurs, dont voici quelques-uns. œuvre d’un ensemble de ser-
Comment les (ré)concilier ? compte utilisateur auquel sont
L’environnement de contrôle vices constitué de processus, de
Comment intégrer la confor- attribués des droits d’accès ou
(cinq principes) : engagement rôles et responsabilités, de
mité dans un processus d’amé- habilitations, c’est à dire un
en faveur de l’intégrité et de technologies et d’informations.
lioration ? Tout d’abord en ensemble de fonctionnalités
valeurs éthiques ; devoir de La GID est un des domaines
s’appuyant sur les hommes et auxquelles l’utilisateur peut
rendre compte de ses respon- de la sécurité où il est possible
le management ; en privilé- accéder. Un système possède
sabilité en matière de contrôle de démontrer, non seulement
giant les audits d’activités ; en plusieurs types de comptes uti-
interne… L’évaluation des la réduction du risque, mais
adoptant une position positive lisateurs.
risques (quatre principes) : également la création de
par rapport à la conformité, intégrer le risque de fraude La gestion des habilitations
mais dans un cadre d’évolution valeur. fixe les points à auditer et
dans l’évaluation des risques
d’audit .
réglementaire « acceptable ». susceptibles de compromettre La GID bénéficie à tous les détermine le périmètre
la réalisation des objectifs… métiers de l’organisation : sys-
Réaliser une cartographie des risques 3j 1 675 € 1 875 € 20-22 17-19 12-14 9-11 12-14 11-13 7-9 17-19 6-8 12-14 8-10
Elaborer le référentiel de maîtrise des activités 2j 1 200 € 1 350 € 23-24 20-21 17-18 14-15 15-16 17-18 10-11 23-24 9-10 18-19 15-16
Piloter un dispositif de maîtrise des activités et de contrôle interne 2j 1 200 € 1 350 € 27-28 25-26 19-20 16-17 19-20 19-20 25-26 13-14 20-21 17-18
Le contrôle interne des systèmes d’information 2j 1 200 € 1 350 € 29-30 24-25 23-24 20-21
Maîtrise des activités, contrôle interne et communication 2j 1 200 € 1 350 € 18-19 21-22 7-8 18-19 22-23 11-12
S’initier à l’audit interne 2j 950 € 1 125 € 9-10 5-6 6-7 3-4 6-7 3-4 1-2 11-12 2-3 13-14 3-4
Conduire une mission d’audit interne : la méthodologie 4j 1 950 € 2 150 € 13-16 11-14 10-13 8-11 12-15 10-13 1-4 15-18 6-9 18-21 8-11
Maîtriser les outils et les techniques de l’audit 3j 1 625 € 1 775 € 20-22 17-19 17-19 14-16 19-21 16-18 7-9 22-24 13-15 24-26 15-17
Maîtriser les situations de communication orale de l’auditeur 2j 1 050 € 1 150 € 23-24 20-21 20-21 17-18 22-23 19-20 8-9 25-26 16-17 27-28 18-19
Réussir les écrits de la mission d’audit 2j 1 050 € 1 150 € 27-28 24-25 24-25 22-23 26-27 23-24 10-11 29-30 20-21 25-26 18-19
Exploiter les états financiers pour préparer une mission d’audit 3j 1 525 € 1 675 € 29-31 17-19 26-28 22-24 19-21
Désacraliser les systèmes d’information 3j 1 525 € 1 675 € 26-28 2-4 17-19 1-3
Détecter et prévenir les fraudes 2j 1 050 € 1 150 € 26-27 24-25 25-26 25-26 22-23 4-5
Le management
Piloter un service d’audit interne 2j 1 300 € 1 450 € 18-19 5-6 6-7
Préparer l’évaluation externe du service d’audit interne 2j 1 300 € 1 450 € 20-21 12-13 24-25
Audit de performance de la gestion des Ressources Humaines 3j 1 525 € 1 675 € 2-4 4-6
Pratiquer l’audit interne dans le secteur public 4j 1 950 € 2 150 € 1-4 16-19 9-12
Pratiquer l’audit interne dans le secteur des assurances 4j 1 950 € 2 150 € 4-7 23-26 20-23 2-5
IFACI Formation - Tél. : 01 40 08 48 08 - Mel : [email protected] - Retrouvez également le programme complet sur le site internet www.ifaci.com
Gestion des Risques :
Auditeurs internes, le comité d’audit
et la direction générale comptent
sur vous !
Norme 2120 – Management des risques : L'audit interne doit évaluer l’efficacité des processus de
management des risques et contribuer à leur amélioration.
Afin de renforcer la capacité des auditeurs internes à exercer efficacement leurs responsabilités en
matière d’évaluation des processus de management des risques, l’IIA a développé la certification
CRMA (Certification in Risk Management Assurance).
Le CRMA est un examen de 2 heures, composé de 100 Questions à Choix Multiples. Il est conçu pour
les auditeurs internes et les professionnels de la gestion des risques qui interviennent sur les
périmètres de l’évaluation des risques, sur les processus de gouvernance, sur l’évaluation de la qualité
et l’auto-évaluation des contrôles.
Trois garanties de
l’indépendance
et de l’objectivité
de l’audit interne
Bernadette Baudier, Directeur du contrôle interne et de l’audit groupe, Total
audits métiers, de façon à leur apporter une expertise Les audits menés sont des audits d’assurance.
sur la méthodologie ; on s’est en effet rendu compte Une particularité chez Total est par ailleurs que les
que des personnes, très compétentes en HSE, opérations pétrolières, à l’exploration-production
pouvaient significativement bénéficier de cet apport notamment, sont souvent logées dans des joint-
en termes de méthodologie d’audit. Il y avait là une ventures ou des operating companies ; ce ne sont donc
opportunité de croisement des compétences. pas les seuls auditeurs de Total qui interviennent sur
Sur d’autres fonctions, comme les achats, par exem- ces projets. Ce sont des co-audits, ce qui renforce
ple, si l’entité auditée a fait l’objet d’une mission évidemment encore l’indépendance des travaux.
métier récente, l’audit utilise les travaux déjà faits et En général, le lead est tournant, c’est-à-dire qu’une
évite ainsi de tomber dans des contrôles de 2ème année, ce sera Total, l’année suivante, Exxon ou BP,
niveau. chaque actionnaire envoyant deux ou trois auditeurs,
L’audit peut aussi utiliser les matériaux fournis par les selon l’objectif de l’audit.
commissaires aux comptes, de façon à ne pas dupli- Les auditeurs coopèrent sous la coordination du lead
quer des travaux qu’ils auraient pu faire. et émettent un rapport, en général en utilisant le réfé-
Les CAC sont d’ailleurs destinataires des rapports rentiel du lead de l’année : Total, Exxon, etc. C’est en
d’audit. Et l’on a mis en place, récemment, une quelque sorte un benchmarking.
réunion semestrielle pour mieux échanger les points
de vue et utiliser davantage les travaux des uns et des Les ingérences et leur signalisation
autres. au conseil / comité d’audit
La direction des risques n’existe pas en tant que telle
chez Total. Un comité risques groupe a été créé en A ce jour, aucune ingérence n’a été signalée aux auto-
2011 ; il est présidé par le secrétaire général auquel la rités concernées. S’il y avait lieu de le faire, la RAI a la
RAI est rattachée. possibilité de rencontrer la présidente du comité d’au-
L’animation de ce comité est assurée par la direction dit. Si elle constate un dysfonctionnement de gouver-
de l’audit interne. nance, elle dispose de la liberté, et elle en a même le
devoir, de « remonter » ce dysfonctionnement, à tout
L’audit interne et les grands projets moment.