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Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs au Cameroun - Contribution à la Préparation d’une Feuille
de Route de Transition vers la Formalité ; Bureau de pays de l’OIT pour le Cameroun, la Guinée Equatoriale et Sao Tomé-et-
Principe et l’Équipe d’appui technique de l’OIT au travail décent pour l’Afrique centrale
Édition Français
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Imprimé en Cameroun
PRÉFACE
Depuis la crise économique survenue au milieu des années 80, le secteur informel
a considérablement gagné du terrain dans l’économie camerounaise et occupe une
place importante dans la création d’emplois au Cameroun. Il absorbe aujourd’hui près
de 90 % de la population active et contribue à 57,6% du Produit Intérieur Brut. En
dépit de sa capacité à absorber et à intégrer socialement les travailleurs, l’impact du
secteur informel sur le climat socio-économique au Cameroun est plutôt négatif. La
prépondérance de l’économie informelle nuit grandement à l’activité économique
nationale, engendre une perte des revenus fiscaux domestiques et limite les opportunités
de croissance des entreprises. La qualité de l’emploi s’en trouve également affectée car
globalement, le secteur informel compte un plus grand déficit de travail décent.
Les efforts de l’Etat visant à faire des acteurs de ce secteur de véritables opérateurs
économiques sont encouragés et capitalisés par l’appui des partenaires techniques
au développement. Le Bureau International du Travail s’est ainsi engagé à appuyer le
Cameroun dans un processus visant à sensibiliser, informer et renforcer les capacités de
tous les acteurs sur la mise en œuvre et le suivi de la recommandation 204 de l’OIT sur
la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, adoptée à la Conférence
Internationale du Travail en juin 2015.
C’est dans ce contexte qu’une collaboration étroite est née entre le Ministère des
Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat, bras séculier
de l’Etat en matière de migration de l’économie informelle vers le formel et le Bureau
International du Travail. Elle a ensuite été développée par la mise en route de plusieurs
études touchant différentes problématiques soulevées par la formalisation des
entreprises informelles et de leurs travailleurs. Le Diagnostic sur la Formalisation des
Entreprises et de leurs Travailleurs au Cameroun constitue la pierre angulaire pour le
développement d’une ’Feuille de route pour la formalisation des entreprises et de leurs
travailleurs’.
L’ampleur sans cesse croissante du secteur informel au Cameroun étant une
préoccupation hautement transversale, la participation et l’implication de toutes
les parties prenantes dont le gouvernement, les employeurs, les travailleurs et les
partenaires à la mise en œuvre de la feuille de route est une condition sine qua non pour
assurer efficacement et durablement la transition vers la formalisation des entreprises
et de leurs travailleurs au Cameroun.
PRÉFACE.............................................................................................................. iii
REMERCIEMENTS ................................................................................................vii
RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF..............................................................................................viii
2.1 C
adre Juridique, églementaire et Normatif................................................................ 10
2.1.1 Normes Internationales..................................................................................... 10
2.1.2 Normes Régionales, Communautaires et Bilatérales ........................................... 11
2.1.3 Normes Nationales ......................................................................................... 12
iv
SECTION 3: S
YNTHÈSE DES DÉFIS CLÉS ET RECOMMANDATIONS.......................52
(i) A
u Niveau des Relations entre les Entreprises Informelles et les
Administrations en Charge de la Formalisation.................................................... 53
(ii) Au
Niveau des Procédures d’Enregistrement....................................................... 55
(iii) A
u Niveau de la Fiscalité................................................................................... 57
(iv) A
u Niveau de l’Accès au Financement................................................................ 58
(v) A
u Niveau de l’Accès aux Marchés...................................................................... 60
(vi) A
u Niveau de la Productivité et du Développement des MPME............................. 63
(vii) A
u Niveau de l’Appui et de la Représentativité des Acteurs Informels................... 63
(viii) A
u Niveau des Mécanismes d’Affiliation au Système de Protection Sociale............ 66
(ix) Au Niveau des Écarts entre les Emplois Formels et Informels et de la
Discrimination Salariale envers les Femmes....................................................... 69
(x) A
u Niveau du Cadre Normatif, Réglementaire et Facilitant................................... 69
ANNEXES ............................................................................................................74
ANNEXE 2 - P
rocessus d’Enregistrement de la
Micro-Entreprise........................................................................................76
ANNEXE 3 - P
ertinence des Conventions Fondamentales et des Conventions de Gouvernance
de l’OIT, dans le cadre de la Formalisation des Entreprises Informelles et de
leurs Travailleurs........................................................................................80
ANNEXE 4 - R
atification nécessaire des conventions non ratifiées particulièrement
pertinentes dans le domaine de l’économie informelle...................................82
ANNEXE 6 - C
adre Normatif Camerounais Pertinent dans la Transition vers l’Économie
Formelle...................................................................................................88
v
ANNEXE 7 - P
rocessus d’Enregistrement du Micro-Entrepreneur du Secteur des Transports
Routiers....................................................................................................90
ANNEXE 8 - L
iste des Impôts Annuels Additionnels, Spécifiques à l’Activité de la Micro-
Entreprise.................................................................................................91
ANNEXE 9 - D
escription des Exigences et du Processus d’Enregistrement de la Petite
Entreprise Classique...................................................................................92
ANNEXE 10 - D
escription des Exigences et du Processus d’Enregistrement de la Petite
Entreprise du Mouvement Coopératif.........................................................94
ANNEXE 11 - D
escription des Exigences et du Processus d’Enregistrement de la Moyenne
Entreprise (SARL Pluripersonnelle)............................................................96
ANNEXE 12 - A
utres Ministères et Organismes Étatiques liés à la Formalisation des
Entreprises et de leurs travailleurs.............................................................98
vi
REMERCIEMENTS
Le présent diagnostic est la synthèse de six études menées au Cameroun sur divers
aspects touchant au secteur informel et relatifs à la formalisation des entreprises et de
leurs travailleurs au Cameroun. Ces études ont été commandées, en 2016 et 2017,
par le Bureau pays de l’OIT pour le Cameroun, la Guinée équatoriale et São Tomé et
Principe, dans le cadre de son assistance aux mandants Camerounais.
Judith VAN DOORN et Alice N’DEYE TALL l’ont rédigé et des contributions techniques
ont été apportés par Roberto Pes, Farid Hegazy, Lassina Traoré, Ali Madai Boukar,
Dramane Batchabi, Marinna Nyamekye, Faustin Ekoue Amoussou, Arlette Salomé
Bwaka, Rodrigue Raoul Zuchuon, Paul Ningini, Laure Ndonko, Julien Bornon, Florence
Bonnet, Christina Behrendt et Guy Tchami.
vii
RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF
Contexte
Ce rapport présente les principaux résultats d’un diagnostic des entreprises informelles
et de leurs travailleurs au Cameroun afin de déterminer des stratégies et politiques
favorisant leur formalisation. Le rapport repose sur six études menées en 2016-2017
dans le contexte d’une initiative entreprise par le Bureau de pays de l’OIT pour le
Cameroun, la Guinée équatoriale et Sao Tomé-et-Principe et l’Équipe d’appui technique
de l’OIT au travail décent pour l’Afrique centrale sur ce même sujet. Il aborde les
thèmes énoncés dans la Recommandation 204 de l’OIT concernant la transition de
l’économie informelle vers l’économie formelle (2015), dans le sens où il ne se focalise
pas seulement sur l’enregistrement des entreprises et de leurs travailleurs, mais aussi
sur d’autres questions touchant à leur formalisation, telles que l’organisation, la
représentation et le dialogue, mais également l’accès au financement, aux marchés
et aux services de développement des entreprises. L’objectif est de donner un aperçu
des principaux défis liés à la formalisation des entreprises et leurs travailleurs au
Cameroun, et de proposer des actions pour y répondre. Par conséquent, ce rapport
contribue au développement d’une feuille de route vers la formalité.
Le secteur informel au Cameroun n’a cessé de se développer depuis les années 1980.
Aujourd’hui, il ne se contente plus de coexister avec le secteur formel, mais domine
aussi l’économie nationale en termes de PIB, de création de nouveaux emplois, et du
nombre d’entreprises et de travailleurs qui y exercent. La cohabitation d’un secteur
informel dynamique et étendu avec un secteur formel à la croissance stagnante est
problématique puisqu’elle affecte négativement l’économie nationale et la qualité des
emplois dans le pays. En dépit de sa capacité à absorber et à intégrer socialement
les travailleurs, son impact sur le climat socio-économique au Cameroun est plutôt
négatif. La qualité de l’emploi s’en trouve également affectée car globalement, le
secteur informel compte un plus grand déficit de travail décent. Enfin, la transition
vers le secteur formel est bénéfique pour les travailleurs puisque les recherches
menées au Cameroun montrent qu’il existe une corrélation positive entre la formalité
d’une entreprise et celle de l’emploi. C’est dans ce contexte que le gouvernement
camerounais s’est engagé, depuis 2004, à faire de la transition vers l’économie
formelle l’une de ses priorités, en créant un Département ministériel en charge de
ces questions.
La définition d’une entreprise informelle utilisée dans le présent rapport a été fixée
par l’Instruction n°011/CAB/PM du Premier Ministre du 18 mars 2010, Relative
aux formalités administratives de création des entreprises au Cameroun. Selon
cette instruction, la formalité est dépendante de la conformité avec l’administration
fiscale (1), avec le régime de sécurité sociale (2) et avec l’administration judiciaire
(3). S’y ajoute la tenue d’une comptabilité formelle (4) comme défini par l’Institut
National de la Statistique. De ce fait, est considérée comme informelle, toute
entreprise manquant à au moins l’une de ses quatre critères.
viii
Constat et Défis
Avec la création du Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie
Sociale et de l’Artisanat en 2004 (MINPMEESA), le gouvernement camerounais a
fait de la transition vers l’économie formelle l’une de ses priorités dans le cadre
de ses objectifs de développement économique et d’émergence. Divers normes,
lois et mécanismes ont été mis sur pied afin de réduire l’ampleur du secteur
informel et d’assister les entreprises dans les démarches relatives à leur création et
développement :
En dépit de ces mesures, l’environnement des affaires pourrait être amélioré, comme
le démontrent les résultats relatifs du Cameroun dans le classement Doing Business de
la Banque Mondiale (166ème sur 190 en 2017).
En outre, le secteur informel reste prépondérant. Les enquêtes EESI (2005 et 2010) et
l’enquête EEIC (2017) montrent que les entreprises informelles sont majoritairement
unipersonnelles, relativement jeunes, et plus de la moitié sont gérées par des femmes.
Selon qu’elles soient situées en milieu rural ou urbain, elles se spécialisent le plus
souvent dans les secteurs primaires (agriculture, élevage, etc.) ou tertiaire (commerce).
En zone rurale, la plupart adhèrent à une structure associative. En général, les UPI ont
plutôt bonne connaissance des administrations en charge de la formalisation (Mairie,
Centre des Impôts, Registre de Commerce, etc.). Cependant la connaissance des CFCE
et de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) reste toujours marginale. Les
entrepreneurs interrogés indiquent néanmoins entretenir des relations médiocres avec
l’ensemble de ces administrations.
Enregistrement et Conformité
Les chefs de petites entreprises interrogés (EEIC, 2017) sont favorables à la
formalisation et en reconnaissent la nécessité et les avantages. Toutefois, le taux de
conformité des entreprises par rapport à l’enregistrement au RCCM, à la CNPS et au
CDI est faible. Avec la majorité des entreprises informelles sondées ne respectant
aucun des quatre aspects de la formalisation, le taux de conformité était globalement
faible. Cela s’explique par plusieurs facteurs, principalement le manque d’intérêt à se
conformer et la perception qu’il n’est pas urgent ou important d’inscrire/immatriculer
l’entreprise et ses travailleurs.
x
Obligations d’enregistrement
Il est obligatoire pour chaque entreprise d’être enregistrée au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) ou au Registre des Coopératives (1).
Selon le type d’activité, l’enregistrement a lieu au greffe du tribunal, à la Mairie
ou dans un Centre de Formalité pour la Création des Entreprises (CFCE). Avant
de s’assujettir au paiement de ses impôts, toute entreprise doit se faire attribuer
un régime fiscal spécifique, fixé selon son chiffre d’affairesi. L’immatriculation à la
CNPS (3) n’est obligatoire que pour les entreprises employant au moins un salarié.
Le cas échéant, l’immatriculation des salariés se fait indépendamment de celle de
l’entreprise et ses derniers sont affiliés au régime obligatoire, couvrant les risques
professionnels, les prestations familiales et les pensions. Enfin, conformément au
Code du Travail Camerounais, les entreprises sont responsables au regard de la loi,
et doivent entre autres, offrir un contrat de travail à chaque employé et déclarer
leur activité à l’Inspection du Travail (4).
Protection Sociale
En matière de protection sociale, le régime obligatoire de sécurité sociale couvre
les travailleur(se)s formel(le)s du secteur privé au Cameroun, alors que le régime
volontaire est ouvert aux chefs d’entreprise informelles, aux travailleur(se)s
indépendant(e)s et aux travailleur(se)s informel(le)s. La couverture de protection
sociale des employé(e)s et des entrepreneurs à leur propre compte est faible. D’une
part, beaucoup d’entrepreneurs sont mal informé(e)s sur les régimes de sécurité
sociale ou ne sont pas intéressé(e)s, et d’autre part, le processus d’immatriculation
xii
Institutions et organisations pour l’appui et la représentation
Il existe plusieurs plateformes de communication et de représentation entre le secteur
public et le secteur privé, qui peuvent jouer un rôle favorisant la formalisation des
UPI et de leurs travailleurs. C’est le cas du Cameroon Business Forum, un colloque
annuel officialisé en 2015, qui permet aux secteurs publics et privés de dialoguer
sur les thèmes relatifs au développement économique. Dans cette lignée, le Conseil
Économique et Social du Cameroun (CESC), coordonne le dialogue social entre les
représentants des différentes branches de la vie économique et sociale au Cameroun
et la Commission Nationale Consultative du Travail (CNCT) se spécialise dans l’étude
et l’élaboration de politiques relatives à l’emploi au Cameroun. Les organisations
d’employeurs telles que le Groupement Interpatronal du Cameroun (GICAM) plaident
en faveur des entreprises auprès des autorités et leur offrent également des services.
Le GICAM, l’organisation patronale la plus importante au Cameroun, s’est lancée dans
une campagne de restructuration visant à attirer plus de petites entreprises, via la
promotion de son Club TPE. L’étude sur la Proposition de Stratégie pour le Groupement
Inter-Patronal du Cameroun (GICAM), qui implique également le rôle de l’organisation
dans la migration des entreprises vers l’économie formelle, a aussi été conduite, de
manière à mettre en évidence dans quelle mesure le GICAM peut s’inscrire dans la
promotion de cette transition.
En dépit de leur rôle considérable dans l’accès aux services et à l’appui, l’adhésion
à une association, coopérative ou autre structure similaire parmi les entreprises
informelles est faible, surtout dans les zones urbaines.
Les études (EEIC et DMAA) suggèrent que la dynamique d’affiliation dans le secteur
informel diffère de zone urbaine à zone rurale, en termes de motifs d’adhésion et du
type de structures privilégiées. En milieu urbain, les entrepreneurs recherchent le plus
souvent une association à même de défendre leurs intérêts, notamment par rapport aux
conflits avec les autorités, relatifs à l’espace urbain. En milieu rural, c’est l’entraide
sociale et financière qui est favorisée.
Les UPI ont des difficultés à accéder aux marchés publics et privés et la perspective
d’entrer sur ces marchés est une motivation importante à la formalisation pour
nombre d’entrepreneurs. Les organisations d’employeurs, le gouvernement et d’autres
parties prenantes pourraient s’engager dans un dialogue et promouvoir des initiatives
pour améliorer l’accès aux offres de marché des grandes entreprises locales ou des
multinationales (en favorisant les liens entre les sociétés et les TPE, en fixant des
objectifs pour la sous-traitance dans le cadre des contrats publics ou en intégrant les
TPE dans les chaînes d’approvisionnement). En outre, l’État pourrait proposer des
programmes d’appui à l’exportation tout en développant les marchés domestiques
de manière à y intégrer les TPME, par le biais, entre autres, de l’organisation de
rencontres entre les grandes entreprises et les TPME. Les associations professionnelles
pourraient dispenser des formations et sessions d’information sur les appels d’offres de
marchés publics.
xiv
Au niveau de l’appui et de la représentativité des acteurs informels, ce sont les
associations professionnelles qui sont à même de faire du plaidoyer pour faciliter le
processus de formalisation et l’exploitation d’une entreprise formelle sur le long terme.
Il est donc recommandé de promouvoir la représentation des TPE dans les échanges
publics et privés, de sensibiliser les UPI sur les avantages de la formalisation,
d’encourager les TPE à s’affilier en plus grand nombre, et de développer des
partenariats avec des organismes publics et privés pour proposer des services adaptés
aux UPI. Des recommandations spécifiques au GICAM sont présentées dans cette
étude (voir section 3 (vii)).
La part de la population et des UPI couvertes par toute forme de sécurité sociale au
Cameroun demeure marginale. Il est donc nécessaire de déterminer des mécanismes
d’affiliation au système de protection sociale basés sur l’introduction d’un régime
universel, de préférence obligatoire. Il est recommandé d’impliquer les organisations
socio-professionnelles de travailleurs de l’économie informelle en tant qu’intermédiaires
pour l’affiliation et de concevoir un système basé sur les cotisations des bénéficiaires,
dont les niveaux de contributions sont adaptés aux capacités des bénéficiaires, et
reposant également sur un soutien financier gouvernemental destiné à financer les
groupes spécifiques inclus de manière non-contributive, et pour garantir une viabilité
financière. Ce système pourrait inclure un prélèvement automatique, prépayé, prélevé
sur les cotisations et « les fonds de solidarité ». Ces structures ont le potentiel de
contribuer à l’extension de la protection sociale dans la mesure où leurs systèmes
de cotisation et/ou de collecte d’intérêt peuvent, théoriquement, fournir un point de
départ financier suffisant à leur intégration dans un système national de financement
de la sécurité sociale.
xv
LISTE DES ABBRÉVIATIONS
ANUPS : Attestation de Non-Utilisation de Personnel Salarié
APECCAM : Association des professionnels des établissements de crédit du
Cameroun
APME : Agence de Promotion des PME
ASS : Afrique Sub-Saharienne
BCPME : Banque Camerounaise des PME
BCA : Bureaux Communaux de l’Artisanat
BCS : Business Climate Survey
BEAC : Banque des États de l’Afrique Centrale
BIT : Bureau International du Travail
CAPEF : Chambre d’Agriculture des Pêches, de l’Élevage et des Forêts
CBF : Cameroon Business Forum
CCIMA : Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat
CDI : Centre des Impôts
CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale
CESC : Conseil Économique et Social du Cameroun
CFCE : Centres de Formalités de Création d’Entreprise
CGA : Centres de Gestion Agrées
CNCT : Commission Nationale Consultative du Travail
CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
CNRP : étude sur le Cadre Normatif, Règlementaire et Politique
CTD : Collectivités Territoriales Décentralisées
DMAA : étude sur la Détermination de Mécanismes Adaptés d’Affiliation à
la protection sociale
DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
EEIC : Enquête auprès des Entreprises Informelles au Cameroun (BIT)
EESI : Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel
EMF : Établissement de Micro-Finance
FCFA : Franc de la Communauté Financière d’Afrique
xvi
FNE : Fond National de l’Emploi
GDS : étude sur le Genre et les Différences Salariales dans l’emploi au
Cameroun
GIC : Groupe d’Initiative Commune
GICAM : Groupement Inter-Patronal du Cameroun
GIE : Groupes d’Intérêt Économique
INS : Institut National de la Statistique
MINPMEESA : Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie
Sociale et de l’Artisanat
MINADER : Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural
MINAS : Ministère des Affaires Sociales
MINATD : Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
MINCOMMERCE : Ministère du Commerce
MINEPAT : Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement
du Territoire
MINEPDED : Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du
Développement Durable
MINEPIA : Ministère de l’Élevage, de la Pêche et des Industries Animales
MINFI : Ministère des Finances
MINEFOP : Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
MINJEC : Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique
MINJUSTICE : Ministère de la Justice
MINPROF : Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille
MINTAD : Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
MINTSS : Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économiques
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
ONT : Observatoire National du Travail
xvii
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNP : étude sur la Promotion des Normes Pertinentes dans le domaine
de l’économie informelle
RCCM : Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
RGE : Recensement Général des Entreprises
SARL : Société À Responsabilité Limitée
TGI : Tribunal de Grande Instance
TPE : Très Petites Entreprises
TPI : Tribunal de Première Instance
TPME : Très petites, Petites et Moyennes Entreprises
UPI : Unités de Production Informelles
xviii
(Encadré 1.a.)
SECTION 1 : CONTEXTE
Ce rapport de synthèse résume Ce rapport de synthèse présente les résultats d’un
les conclusions principales de six
études, focalisées sur la migration de diagnostic sur les entreprises informelles et leurs
l’économie informelle vers l’économie travailleurs au Cameroun, en vue d’identifier des
formelle, et commissionnées par le BIT: politiques et stratégies pour faciliter la migration
1. Cadre Normatif, Règlementaire de ces entreprises et travailleurs vers l’économie
et Politique (CNRP) de Mise formelle.
en Œuvre de la Transition vers
l’Économie Formelle au Cameroun
1
(Encadré 1.b) manière inclusive et non-sexiste, et utilise donc
ces termes pour désigner des femmes ou des
Définition nationale d’une entreprise
hommes.
formelle
Le rapport utilise le terme d’Unités de Production
Au Cameroun, le niveau de formalité
d’une entreprise est défini, entre Informelles (UPI), qui comprend les travailleurs à
autres, par le Code du Travail leur propre compte et les entreprises d’employeurs
(1992), et cela en fonction de la informels. Plus spécifiquement, sont inclues
nature des relations employeur- dans cette définition d’une UPI, les entreprises
employé. Le contrat de travail dénuées de personnalité morale et exploitées
constitue le premier point de mesure
par des ménages, comprenant les (i) unités qui
de la formalité d’un emploi selon
emploient de la main d’œuvre ; (ii) les unités
les études GDS et CNRP. C’est en
effet le contrat de travail qui confère détenues par des particuliers travaillant à leur
des prestations à l’employé (congés propre compte, qu’ils soient ou non aidés par
payés, protection sociale, etc.) et des membres de leur famille, non rémunérés ;
régule les conditions d’exercice du (iii) les coopératives et unités de l’économie
travail (horaires, salaire, etc). sociale et solidaire. Cette définition est conforme
Ce rapport se réfère à la définition à celle des unités économiques de l’économie
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
légale d’une entreprise informelle au informelle telles qu’elles sont décrites dans la
Cameroun, basée sur l’Instruction Recommandation 204 de l’OIT.
n°011 du Premier Ministre du 18
mars 2010. Les recommandations identifiées dans ces
études constituent la base de l’élaboration d’un
Cette instruction délimite la formalité
à la conformité avec l’administration plan d’action et d’une feuille de route pour la
fiscale (1) (carte de contribuable), formalisation des entreprises du secteur informel
avec le régime de protection sociale
et leurs travailleurs qui se devra d’inclure des
(2) (inscription à la Caisse Nationale
de Prévoyance Sociale (CNPS)) et actions spécifiques au secteur informel global
avec l’administration judiciaire (3) ainsi qu’à l’emploi informel dans ce secteur.
(attestation d’enregistrement au
Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier (RCCM) et inscription au Cadre Conceptuel
Registre des Coopératives pour les
entreprises de l’économie sociale).
Le cadre conceptuel utilisé dans ce rapport pour la
À ceci, l’Institut National de la transition de l’économie informelle vers l’économie
Statistique ajoute la tenue d’une formelle est identifié dans la Recommandation
comptabilité formelle (4).
204 de l’Organisation Internationale du Travail
La définition simplifiée retenue (OIT) (2015) et dans le document Formalisation
d’une entreprise informelle pour de l’Entreprise (BIT, 2017) 1.
1
contribuable (1)
immatriculation à la CNPS (2)
inscription au RCCM (3)
tenue d’une comptabilité formelle (4).
Les entrepreneurs ont tendance à faire le choix rationnel de se formaliser ou pas : ils
comparent les coûts escomptés de l’entrée et du maintien dans la formalisation avec
les avantages que cela présente. Lorsqu’aucun « argument de rentabilité » ne justifie
la formalisation, de nombreux entrepreneurs préfèrent exercer à l’abri du regard du
régulateur.
Le but affiché des initiatives de formalisation des entreprises et leurs travailleurs est de
créer des emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité, de réduire la pauvreté
et de remédier à la marginalisation de ceux qui sont tout particulièrement exposés aux
plus graves déficits de travail décent dans l’économie informelle.
au Cameroun
2 Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail. Il regroupe l’accès à un travail productif
et convenablement rémunéré, la sécurité sur le lieu de travail et la protection sociale pour les familles, de
meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale, la liberté pour les individus
d’exprimer leurs revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie, et l’égalité
des chances et de traitement pour tous, hommes et femmes. 3
1.2 Le Secteur Informel au Cameroun (Encadré 1.c)
Cette section présente les caractéristiques du Avantages de la formalisation des UPI
secteur informel au Cameroun, et s’intéresse
Pour les entrepreneurs informels :
aux entreprises informelles, à la relation entre ce Moins de précarité ; accès aux marchés
secteur et le secteur formel, et aux défis liés à la publics et privés ; meilleur accès aux
prépondérance de l’informalité. services financiers et programmes
d’aide ; accroissement de la productivité
; degré de fiabilité des accords avec
Degré d’Informalité d’autres entités accru.
3 Charmes, J. (2012). « The informal economy worldwide: Trends and characteristics». The Journal of applied
economic research, 6(2): 103-132.
4
entreprises informelles d’investir dans leur activité4. De plus, la qualité des emplois
créés dans l’informel est généralement moindre, y compris par rapport à l’accès à la
protection sociale. De ce fait, même si le secteur informel génère plus d’emplois que le
secteur formel, leur qualité reste discutable.
L’emploi informel reste majoritaire face à l’emploi formel selon les résultats d’EESI 1
(2005) et EESI 2 (2010) (Enquêtes sur l’Emploi et le Secteur Informel) de l’Institut
National de la Statistique (INS) du Cameroun. En effet, à peine plus de 12% des
employés avaient un contrat de travail écrit en 2010 (EESI 2). Ces enquêtes signalent
aussi que bien que le chômage soit un problème visible dans les zones urbaines, et
touchant principalement les jeunes de 15 à 34 ans, le principal défi est celui du sous-
emploi. Ces problèmes sont également recensés dans le Document de Stratégie pour
2005 2010
Secteur de l’Entreprise Formel Informel Formel Informel
Type Formel 50.88% 0.18% 73.18% 2.12%
au Cameroun
4 Fotie, H. (2016), Étude sur la Migration de l’Économie Informelle vers l’Économie Formelle : Proposition de
Stratégie pour le Groupement Inter-Patronal du Cameroun, p.46
5 BIT, L’économie informelle en Afrique : Promouvoir la transition vers la formalité- Défis et stratégies, Genève,
BIT, 2009. 5
Tableau 2 : Genre et Formalité des Emplois au Cameroun
Type d’emploi
Employé formel 12.84 6.19 9.78 13.11 6.77 10.14
Employé informel 42.48 31.23 37.23 38.44 36.33 37.45
Propre compte 0.68 0.20 0.46 0.49 0.11 0.31
formel
Propre compte 44.00 62.38 52.44 47.96 56.78 52.09
informel
6 Fomba Kamga, B. (2017), Enquête Auprès des Entreprises Informelles du Cameroun sur la Formalisation des
Entreprises et leurs Travailleurs (EEIC)
7 1,000 FCFA est environ USD 1.77 (Juillet 2017).
6
Tableau 3 : Répartition (%) des UPI selon le secteur et la branche d’activité au Cameroun
Moins de 14% des entrepreneurs interrogés en 2017 étaient affiliés à une association
Tableau 4 : Répartition (%) des achats des UPI suivant l’origine et par secteur
7
Rapports de concurrence : En dépit d’une certaine collaboration des secteurs
formels et informels, ce dernier reste cependant un problème principal pour les
entreprises formelles. Les enquêtes successives sur le climat des affaires de 2013
et 2014 révélaient ainsi que pour 68% des chefs d’entreprises formelles, le secteur
informel avait un impact négatif sur le développement de leurs activités. En effet,
66.7% d’entre eux considéraient que le secteur informel était aussi une source de
concurrence déloyale. Les secteurs formels pour lesquels cette concurrence est la
plus négative sont l’industrie agroalimentaire, le commerce, la santé, les transports
et le secteur hôtelier. En effet, les UPI sont en mesure d’offrir des produits à
moindre coûts, puisqu’elles ne s’affranchissent pas des contributions fiscales et
sociales, ce qui désavantage les entreprises formelles.
études. Cette section commence par une description du cadre juridique, règlementaire
et normatif affectant les entreprises et leurs travailleurs. Elle analyse également dans
quelle mesure les entreprises s’enregistrent et déclarent ou affilient leurs employés et
détaille les contraintes avenant à la formalisation par rapport à ces paramètres. Par la
suite, elle décrit des aspects plus larges de la formalisation, tels que l’affiliation aux
8
associations, la représentation via les organisations d’employeurs et de travailleurs, et
l’accès aux services de développement des entreprises, aux marchés et au financement.
Enfin, la Section 3 offre des recommandations sur la marche à suivre pour faciliter la
transition vers la formalité pour les entreprises et travailleurs au Cameroun.
tt Âge de l’Entreprise : Elle est âgée de moins de 2 ans (34.7%) ou, de 3 à 5 ans
(27.7%) ;
9
(Encadré 2.a)
SECTION 2: CONSTAT ET DÉFIS
Conventions internationales à valeur
supranationale
2.1 C
adre Juridique, églementaire et
Conventions internationales
Normatif
Elles s’intègrent et prennent l’ascendant
sur le droit national. De ce fait, le Pacta
sunt servanda repris par la convention Cette section détaille les normes pertinentes pour
de Vienna de 1969 implique l’obligation
la transition des entreprises informelles et de leurs
d’exécution des conventions ratifiées et
le respect des accords ainsi convenus. travailleurs vers l’économie formelle. La plupart
de ces normes sont actuellement en vigueur au
Les normes du droit de l’Organisation
pour l’Harmonisation du Droit des Cameroun mais il existe également des normes
Affaires en Afrique (OHADA), pourtant ou conventions particulièrement pertinentes à la
communautaire, sont également
migration vers l’économie formelle que l’État doit
supérieures au droit national.
ratifier et/ou mettre en application.
Adhésion à l’OIT
aux principes qui y sont inscrits. Ces de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et
principes constitutionnels incluent, de l’OIT.
entre autres, et notamment, ceux
contenus dans les huit Conventions
Il existe 44 normes internationales en rapport avec
fondamentales couvertes par la
Déclaration sur les Principes et Droits la transition vers l’économie formelle, allant de la
Fondamentaux au Travail de 1998 Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
qui appelle chaque État Membre
de 1948 aux conventions fondamentales et de
à les ratifier. En outre, il convient
de mentionner le Protocole à la gouvernance, ratifiées dans le cadre de l’adhésion
Convention No. 29 sur le Travail Forcé du Cameroun à l’OIT (voir listes en annexes 3 et 4).
adopté en 2014.
L’adhésion à l’OIT engage le Cameroun à la
Le contrôle de l’application des
ratification de l’ensemble des conventions
normes est exercé par trois organes de
fondamentales relatives aux droits du travail,
supervision: la Commission d’Experts
pour l’Application des Conventions
que l’État a ratifié dans leur ensemble. Les
et Recommandations, la Commission
de l’Application des normes de la conventions fondamentales traitent de la liberté
syndicale (n°87), du droit d’organisation (n°98),
Conférence ainsi que le Comité de la
Liberté Syndicale.
de l’abolition du travail forcé ou obligatoire (n°29
& n°105), de l’âge minimum du travail (fixé à 14
ans au Cameroun) (n°138), des pires formes du travail des enfants (de moins de 18
ans) (n°182), de la discrimination dans l’emploi et la profession (n°111) et de l’égalité
de rémunération (n°100) (étude PNP).
au Cameroun
10
Le Cameroun compte également des conventions pertinentes déjà ratifiées et dont
la mise en application reste à faire, à savoir, la convention de l’OIT n°81 relative
à l’inspection du travail, et la n°122 sur la politique de l’emploi. De plus, d’autres
recommandations relatives à l’économie informelle sont la n°193 sur la promotion des
coopératives et la n°189 sur la création d’emploi dans les PME. En outre, l’étude PNP
a mis en évidence une série de normes et conventions de l’OIT dont la ratification
est particulièrement indiquée pour le Cameroun, et pour lesquelles il n’existe aucun
obstacle à la ratification et à l’application, dans l’optique de la formalisation des
entreprises et de leurs travailleurs (voir liste en annexe 4). Celles-ci concernent, entre
autres, l’extension de l’inspection du travail dans l’agriculture (n°129), la sécurité
sociale (n°102) et la mise en valeur des ressources humaines (n°142).
Normes Régionales
Au niveau du continent africain, seule la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des
Peuples (1981) et sa révision de 2003 sont pertinentes à la transition vers l’économie
formelle.
L’étude CNRP (2017) discerne trois actes de droit pertinents à la formalisation des
entreprises et de leurs travailleurs élaborés par le droit OHADA :
11
L’Acte Uniforme révisé relatif au Droit Commercial Général (AUDCG) de 2010 a
établi le statut de l’Entreprenant, un statut transitoire d’entrepreneur individuel
qui permet à ce dernier de se risquer à une activité commerciale avant de
devenir un entrepreneur formel. Ce statut bénéficie des avantages liés au statut
de commerçant, sans toutefois devoir se soumettre à toutes les contraintes (voir
encadré 2.h pour plus d’informations sur le statut de l’entreprenant).
L’Acte Uniforme relatif au droit des Sociétés Coopératives de 2010 définit le droit
encadrant ce type d’entreprises à gestion communautaire, utiles à la formalisation
groupée d’UPI via l’enregistrement obligatoire au Registre des Sociétés
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
Coopératives.
De nombreuses normes bilatérales sont en vigueur, mais on peut noter l’accord entre
le Cameroun et le Mali (1964) qui autorise la libre circulation et l’établissement des
individus et celui entre le Cameroun et le Nigéria (1963) qui facilite le mouvement
et l’établissement des individus et abroge les visas.
12
pertinente au regard de la formalisation des entreprises puisqu’elle rappelle la
nécessité pour tout chef d’entreprise de régulariser son activité au niveau fiscal, social
et financier (art.42), et qu’elle définit la typologie des Très Petites, Petites et Moyennes
Entreprises (TPME) (voir tableau 5 ci-contre). Cette loi régit également les modalités
d’inscription des entreprises au fichier national des PME, une base de données tenue
par le MINPMEESA et ouvrant droit aux programmes gouvernementaux pour les
entreprises qui y figurent. De même, l’article premier du Code Général des Impôts
stipule que l’enregistrement des entreprises et leur paiement des taxes est obligatoire.
13
La formalisation des activités économique est prévue par plusieurs décrets et arrêtés,
tels que l’arrêté 075/CAB/PM du 18 mai 2005 portant création, organisation et
fonctionnement du Comité de pilotage du projet de création des Centres de Formalités
des Entreprises qui prévoit la création d’un comité ayant la responsabilité de mettre en
place des Centres de Formalité des Entreprises, suivi par la circulaire interministérielle
n°001 du 30 mai 2012 (entre le Ministère de la Justice, le Ministère des PME, de
l’Économie Sociale et de l’Artisanat et le Ministère des Finances) qui définit les
procédures relatives aux entreprises nouvellement créées aux Centres de Formalités de
Création d’Entreprises (CFCE) (voir section 2.2.1). Dans la même logique, on notera
les décrets 2013/092 du 3 avril 2013 et 2013/297 du 9 septembre 2013 portant
organisation et fonctionnement de l’Agence de Promotion des PME (APME), en charge
de l’implémentation de la stratégie nationale de promotion des PME (voir section 2.2.1
pour plus de détails sur l’APME).
un recul de 15 places depuis 2006. Cette performance passable est d’autant plus
frappante en comparaison avec d’autres pays de l’Afrique Sub-Saharienne (ASS).
Il apparaît que plus de réformes, telles que celles engagées par l’État pour promouvoir
la formalisation, sont requises (13 réformes en 10 ans au Cameroun comparé à 48
au Rwanda). Une multiplication des réformes est d’autant plus nécessaire que leur
impact est avéré, puisque l’introduction des CFCE et la loi sur l’artisanat ont bel et
bien contribué à améliorer le classement du Cameroun durant l’année de leur adoption.
Similairement, Tamba (2015) démontre que les progrès du Cameroun au niveau du
classement Doing Business en 2015 sont imputables aux réformes entreprises au
Cameroun pour faciliter les procédures d’enregistrement des entreprises et réduire le
nombre de jours requis pour ces démarches.
14
Il en va de même pour les réformes relatives à la protection des investisseurs, qui ont
contribué à la progression du Cameroun dans le classement Doing Business de 2015
dans ce domaine (Tamba, 2015). Le Cameroun est toutefois désavantagé dans ce
dernier classement à cause des inégalités de genre quant aux démarches de création
d’entreprise, plus complexes et donc, plus coûteuses pour les femmes. Enfin, le pays
est particulièrement mal classé en termes de commerce transfrontalier (186ème
sur 190 pays), paiement des taxes et impôts (180ème et des transferts de propriété
(177ème).
À l’inverse, la sécurité sociale est un service que se doit d’être associée à tout contrat
au Cameroun
de travail. Le décret 74/733 de 1974 fixe ainsi les modalités d’application de l’article
5 de la loi 69-LF-18 de 1969 qui stipule que les employeurs doivent obligatoirement
s’immatriculer à la CNPS. De plus, le décret 2014/2377 sur l’extension de la sécurité
sociale aux travailleurs de l’informel ouvre le régime d’assurance volontaire aux
15
travailleurs indépendants ou à ceux dont l’employeur ne s’est pas immatriculé à la
sécurité sociale (voir sous-section 2.2.2 pour plus de détails sur la réglementation).
Enfin, la législation recommande aux employeurs de mettre des services d’infirmerie
ou d’assurance maladie à disposition des employés.
Résumé: Plusieurs normes, lois et décrets ont été adoptés pour faciliter la
formalisation des entreprises et celle des travailleurs informels. Des exemples
incluent : le statut de l’Entreprenant (un statut transitoire d’entrepreneur
individuel qui permettrait à ce dernier de se risquer à une activité commerciale
avant de devenir un entrepreneur formel – pas encore opérationnel au Cameroun);
l’adoption d’une loi visant à créer des Centres de Formalités et de Création
d’Entreprises (CFCE) (des guichets uniques pour faciliter l’enregistrement
de nouvelles entreprises) et l’institution de l’Agence de Promotion des PME.
L’environnement des affaires pourrait toutefois être davantage amélioré. Malgré
l’introduction des CFCE et autres réformes, des progrès restent à accomplir dans
la promotion de la formalisation. L’impact des réformes est cependant avéré
puisque l’introduction des CFCE et la loi sur l’artisanat ont contribué à améliorer
la place du Cameroun dans ce classement l’année suivant leur adoption. En ce
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
2.2.1 Contexte
Depuis 2010, le gouvernement camerounais a fait de la transition vers l’économie
formelle l’une de ses priorités dans le cadre de ses objectifs de développement
16
économique et d’émergence. Divers mécanismes ont été mis sur pieds afin de réduire
l’ampleur du secteur informel et d’assister les entreprises dans les démarches relatives
à leur création et développement. Il s’agit entre autres des assistances multiformes de
l’Agence de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises (APME), du conseil et de
la tenue de comptabilité assurés par les Centres de Gestion Agrée (CGA), de l’aide au
montage des plans d’affaire et de l’appui au financement à travers le Fond National
de l’Emploi (FNE), le Programme Intégré d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel
(PIAASI), le Programme d’Appui à la Jeunesse Rurale et Urbaine (PAJER-U), etc. Une
mesure phare a été la création des Centres de Formalités de Création des Entreprises
(CFCE), ayant pour objectif de réduire les délais de création d’entreprise. On note
également les décrets relatifs à la création de la Banque Camerounaise des PME
(BCPME) et de la Banque Agricole en 2011 (voir plus de détails sur l’ensemble de ces
mécanismes dans les sections suivantes). La réglementation a été adaptée (circulaire
interministérielle de mai 2012) pour simplifier la procédure légale d’enregistrement
d’une entreprise au CFCE et en réduire les délais. Des progrès restent néanmoins
à accomplir, notamment pour sensibiliser le personnel des CFCE sur le respect des
délais. Ce rapport synthétise les acteurs clés qui sont responsables du développement
et de la formalisation des petites entreprises et de leurs travailleurs.
Les objectifs des CFCE ont rapidement été remplis puisque le nombre d’entreprises
créées chaque année au Cameroun a plus que doublé durant leurs deux premières
années d’activité, passant de moins de 3,000 entreprises crées (hors CFCE) en
2010 à 7,441 en 2012. Fin 2014, 32,773 entreprises avaient été créées en
CFCE, dont une large majorité à Yaoundé et Douala (Tamba, 2015)
Les communes, dont les sièges sont les Mairies, sont au nombre de 360 au
Cameroun, sont les collectivités territoriales décentralisées (CTD) de base, dont 315
18
sont rurales. Les communes sont responsables,
(Encadré 2.c)
entre autres, de l’enregistrement des artisans,
de l’émission de documents pour ces derniers, Perceptions des CTD
l’administration judiciaire
- enregistrement au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, ou
- inscription au Registre des Coopératives, ou
- inscription en Mairie pour les artisans
l’administration fiscale
- carte de contribuable
l’administration du travail
d’employés.
Immatriculation Fiscale
De manière similaire, le Centre des
Impôts (CDI), également en charge L’immatriculation fiscale est également obligatoire
de la collecte de certaines taxes, dès lors qu’une société est en activité. Ce
est une administration bien connue
processus consiste à faire une demande de carte
des entreprises de l’échantillon
(plus de 80%), avec laquelle elles de contribuable, au Centre des Impôts (CDI), en
entretiennent des relations tout aussi vue de l’obtention de ladite pièce, valable dix ans,
mauvaises.
et de la création d’un Dossier Fiscal Unique (DFU).
Que ce soit la Mairie, le CDI ou Les entreprises camerounaises sont soumises à
les entrepreneurs qui initient le
un régime de taxe spécifique, dépendant de leur
contact l’un avec l’autre, la raison
principale est le plus souvent liée chiffre d’affaires annuel. Pour les plus petites
aux impôts (contrôle ou demande entreprises et les artisans réalisant un chiffre
de paiement dans le cas de
d’affaires de moins de 10 millions de FCFA
l’administration et déclaration dans le
cas des entrepreneurs) et 34.7% des (17.833 USD) par an, c’est l’Impôt Libératoire qui
entrepreneurs interrogé(e) qualifiaient s’applique, et ceux réalisant un chiffre d’affaires
leurs relations avec la mairie de
entre 10 et 50 millions de FCFA (17.833 et
mauvaises.
89.174 USD) sont sous le Régime Simplifié (pour
Les résultats de l’enquête semblent
plus de détails sur les régimes, le tableau en
donc suggérer qu’il existe une
corrélation entre la proximité annexe 2 et encadré 2.e ci-dessous).
des entrepreneurs avec ces
administrations, la responsabilité Les entreprises et artisans réalisant un chiffre
au Cameroun
20
Moyennes Entreprises (CIME) et d’autre part,
(Encadré 2.e)
le Centre Divisionnaire des Impôts (CDI). Ils
interagissent tous deux avec les acteurs de Régimes Fiscaux Simplifiés pour les PME
au RCCM
10 La patente est une taxe professionnelle dont doit s’acquitter toute entreprise en exercice effectif et habituel
d’une activité lucrative. La patente se calcule sur la base du chiffre d’affaires de l’entreprise.
11 Dans le régime formel, il n’existe pas de dispositif d’indemnités chômage ou de congés maladie en cas
d’incapacité temporaire des salariés.
21
- Immatriculation de l’entreprise : l’affiliation des salariés ne peut se faire que par
une entreprise préalablement immatriculée à la CNPS.
Toute entreprise qui n’emploie aucun salarié n’est pas tenue de s’immatriculer à la
CNPS mais doit obtenir l’ANUPS.
Lorsqu’un entrepreneur est à son propre compte, il est nécessaire d’obtenir une
Attestation de Non-Utilisation de Personnel Salarié (ANUPS), et ce, chaque année,
moyennant une visite des autorités sur le lieu d’exercice de l’activité.
salariés informels ceux engagés dans soit dotée de capacité contributive. Cependant,
des relations de travail mais qui ne il s’adresse spécifiquement aux travailleurs
sont, dans la loi ou la pratique, pas
indépendants du secteur formel et du secteur
assujettis à la législation du travail,
ni à l’impôt sur le revenu, et qui ne informel (notamment, les professions libérales,
bénéficient pas de protection sociale les chefs d’entreprises, les travailleurs à leur
ni de prestations liées à l’emploi. propre compte, les personnes travaillant pour un
L’emploi informel ne concerne pas ou plusieurs employeurs du secteur informel, ou
seulement les employés mais aussi encore les vendeurs à la sauvette).
les employeurs, les travailleurs à
leur propre compte et les travailleurs Mécanismes d’assistance sociale : Aux régimes
familiaux contribuant à l’entreprise obligatoires et volontaires s’ajoutent d’autres
familiale.
mécanismes d’assistance sociale pour des groupes
Dans le cas des employeurs et des vulnérables, comme, par exemple, des subventions
travailleurs à leur propre compte, sociales ciblant des groupes spécifiques. Ces
la nature informelle de l’emploi est
régimes ne couvrent pas spécifiquement les
déterminée par le caractère informel
de l’entreprise. Les travailleurs à travailleurs de l’économie informelle et du secteur
leur propre compte (sans employés) agricole, qui emploient plus de 80% des actifs.
et les employeurs œuvrant dans une
entreprise informelle sont considérés
en emploi informel. De plus, tous les Déclaration à l’Inspection du Travail
travailleurs familiaux sont considérés
Comme indiqué dans l’encadré 1.b, le niveau de
comme étant en emploi informel,
quelle que soit la nature formelle formalité d’une entreprise au Cameroun est défini,
ou informelle de l’entreprise dans entre autres, par le Code du Travail (1992), et cela
au Cameroun
22
les obligations d’une entreprise en matière de formalisation des travailleurs au
Cameroun, telles qu’elles sont fixées par le Code du Travail. Ces obligations s’appuient
sur la validité et les caractéristiques de l’accord du travail ; le salaire, la sécurité sociale
et les autres prestations liées à l’emploi. Le Code du Travail régente donc l’ensemble
des règlementations relatives aux responsabilités de l’entreprise et de l’entrepreneur
vis-à-vis des travailleurs, et affectant, directement ou indirectement, la formalisation.
En parallèle des démarches ci-dessus, toute entreprise doit se déclarer à l’Inspection
du Travail.
(Encadré 2.g)
L’Emploi Informel
Une recherche documentaire (basée sur EESI I et EESI II) trouve qu’entre 2005 et 2010, la proportion
d’hommes ayant un emploi formel s’est maintenue au-dessus de celle des femmes (à 13.11% et 6.77%
respectivement), et que les femmes exerçaient plutôt des activités informelles, à leur propre compte ;
On note une corrélation forte et positive entre la formalité de l’entreprise et la formalité des emplois ;
L’échelon salarial est positivement influencé par le degré de formalité d’un emploi, par le genre (les emplois
formels et les hommes sont mieux rémunérés) et par le niveau de capital humain;
La proportion d’employés bénéficiant d’une sécurité sociale et de congés payés dans le secteur formel s’est accrue
de manière marquée, passant de 50.88% en 2005 à 73.18% en 2010.
Processus d’Enregistrement
au Cameroun
23
(établissement, SARL, etc.) et/ou son type d’activité (société coopérative, artisans,
secteur des transports, etc.). Le tableau en annexe 2 explique le processus
d’enregistrement pour les micro-entreprises en termes d’enregistrement/obtention
de licence, de régime fiscal, de régime social et d’immatriculation au RCCM. Les
obligations pour les commerçants, entreprenants, PME (y compris celles opérant dans
des secteurs particuliers) sont listées en annexes 7 et 9 à 11).
(Encadré 2.h)
Le Statut de l’Entreprenant
Prévu par l’AUDGC du Droit OHADA, le statut d’entreprenant est un statut transitoire d’entrepreneur
individuel pour une personne physique, permettant à ce dernier de se risquer à une activité professionnelle
civile, commerciale, artisanale ou agricole, avant de devenir un entrepreneur formel.
Ce statut bénéficie des avantages liés au statut de commerçant, sans toutefois devoir se soumettre à toutes
les contraintes. À ce jour, le statut de l’entreprenant est prévu dans les textes législatifs mais pas encore
opérationnel au Cameroun.
Par exemple, l’entreprenant ne s’immatriculerait pas au RCCM, il y déclarerait simplement son activité et
il lui serait seulement nécessaire de tenir une comptabilité basique enregistrant les entrées et sorties. Le
statut d’entreprenant pourrait être conservé pendant un maximum de deux ans, durant lesquelles le chiffre
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
Après les deux premières années d’activités, ou, si le chiffre d’affaires est supérieur au seuil fixé durant cette
période, l’entreprenant serait tenu de s’assujettir aux normes et de respecter toutes les charges et obligations
applicables à l’entrepreneur individuel. Dès lors, il perdrait sa qualité d’entreprenant et ne bénéficie plus de
la législation spéciale applicable à ce statut. Il devrait donc véritablement s’immatriculer au RCCM comme
tout entrepreneur individuel.
Plusieurs régimes fiscaux simplifiés existent pour les PME, tels que l’Impôt
Libératoire et le Régime Simplifié. Ce dernier semble être peu attrayant pour les
entreprises, limitant ainsi leur formalisation.
24
Le Code du Travail régente l’ensemble des règlementations relatives aux
responsabilités de l’entreprise et de l’entrepreneur vis-à-vis des travailleurs, et
affectant, directement ou indirectement, la formalisation. Toute entreprise doit
être déclarée à l’Inspection du Travail. En plus de la règlementation relative au
travail, toute entreprise exerçant une activité commerciale au Cameroun doit
prendre part aux processus d’immatriculation, d’enregistrement ou de déclaration
s’y rapportant. Les démarches varient selon la taille de l’entreprise, sa forme
juridique et/ou son type d’activité.
Les données de l’EEIC de 2017 montrent que, sur un échantillon de 1745 entreprises,
plus de la moitié des entreprises ne se conforment à aucun des quatre aspects de
la formalité.
au Cameroun
25
39% des entrepreneurs détiennent une carte de contribuable12;
Seuls 5.5% des entrepreneurs sont affiliés à la sécurité sociale13;
Plus de 10% des entrepreneurs ne connaissent pas le statut juridique de
leur entreprise.
12 Cependant, environ le double des entrepreneurs a déclaré s’être assujetti à l’impôt au moins une fois depuis
la création de l’entreprise. Cela peut suggérer que les entreprises ne payent pas leurs impôts de manière
continuelle et/ou décident de ne plus payer leurs impôts si elles jugent le procédé trop contraignant.
13 Il faut noter que l’EEIC 2017 ne différentie pas les entreprises sans salariés (pour lesquelles l’enregistrement à
la CNPS est facultatif) de celles avec des salariés. De de fait, ce chiffre est potentiellement sous représentatif
de la réalité.
26
des sondés se soumettant au régime de l’Impôt
(Encadré 2.i)
Libératoire, et 68.4% d’entre eux immatriculés au
RCCM (Tamba, 2015). 14 15
Composantes Sexospécifiques
l’équivalent de 78 jours ouvrés. Ces délais sont deux fois plus élevés que la moyenne
des pays de l’Afrique Sub-Saharienne et trois fois plus que celle des pays de l’OCDE.
28
Tableau 9: Obstacles à l’Entrepreneuriat
29
L’EEIC du BIT de 2017 montre que deux entrepreneurs sur cinq mentionnent les
lourdeurs administratives, quelle que soit la localisation, le secteur d’activité, l’âge,
la taille, le degré d’informalité de l’entreprise ou le sexe de l’entrepreneur. Cela
correspond aux résultats d’autres études, telles que l’enquête sur le climat des affaires
au Cameroun en 2013, selon laquelle les lourdeurs et tracasseries administratives
se classent dans le top cinq des problèmes majeurs identifiés par les entreprises au
Cameroun. Plusieurs études (EESI, EEIC) montrent que le processus d’enregistrement
s’avère souvent complexe et imprévisible (délais et coûts) ce qui n’encourage pas les
entreprises à se formaliser. Les démarches s’avèrent souvent compliquées et longues,
qu’elles soient regroupées ou décentralisées. Il est même avéré que certaines UPI
interrompent le processus de formalisation à mi-chemin à cause des difficultés ci-
dessus (étude GICAM, 2016), surtout du fait que l’enregistrement commercial (RCCM)
n’est pas suffisamment incitatif. Nombres de réformes ont été mises en œuvre pour
adresser ces obstacles, tel que la création des CFCE, mais aussi une série de décrets
et arrêtés visant à alléger la charge bureaucratique des entreprises. De même, la loi
n°2007/004 du 13 juillet 20117 régissant l’artisanat au Cameroun a permis aux
artisans de s’enregistrer gratuitement au niveau communal. La mise en application
systématique de ces réformes n’est toutefois pas toujours respectée, ce qui ralentit
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
Les coûts élevés sont souvent mentionnés comme étant des obstacles à la formalisation.
Toutefois, pour les entreprises ayant un capital social inférieur à un million de FCFA
(1,782 USD), comme cela est le cas pour la plupart des UPI, le coût d’enregistrement au
CFCE ne s’élève qu’à 41,500 FCFA (74 USD) (hors débours et annonce légale), le recours
au Cameroun
30
de ne pas avoir obligatoirement recours au notaire. Dans le cas de la SARL, les coûts
sont véritablement déterminés par le montant du chiffre d’affaires. Ainsi, pour toute
entreprise dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 1 million de FCFA (1,782
USD), le coût total d’enregistrement peut monter jusqu’à 400,000 FCFA (480,000 FCFA
hors CFCE)(713 à 856 USD), dont 80% sont des frais notariés. Les coûts de création et
de formalisation d’une activité au Cameroun restent donc hétérogènes en fonction du
mode d’enregistrement choisit et du lieu géographique (tableau 10)16.
En plus des coûts élevés, les entreprises font aussi face à des délais longs dans le
processus de formalisation. En dépit des objectifs de simplification visés par la création
des CFCE et, malgré la mise en place d’un cadre réglementaire simplifié, les délais de
création d’entreprise, notamment en ce qui concerne certaines catégories de personnes
morales restent longues. En effet, le recours au notaire, encore obligatoire pour les
SARL ayant un chiffre d’affaires de plus d’un million de FCFA constitue un véritable
goulot qui rallonge considérablement le délai de création d’entreprise. Par ailleurs, la
méconnaissance des réformes récentes visant à réduire les documents nécessaires,
les coûts et les délais de création d’entreprise17 constitue un frein à la transition
vers le secteur informel, le mythe de la complexité des procédures administratives
étant fortement ancré dans les esprits. La peur de se faire connaître et d’affronter
l’administration pousse les UPI à exercer en marge de la légalité.
au Cameroun
16 Le tableau 10 représente les coûts de création de deux SARL, l’une dont le capital social est de 1 million de
FCFA (1,782 USD), et qui ne bénéficie donc pas du recours notarial facultatif et l’autre avec un capital social
en deçà du million de FCFA, plus représentative de la majorité des UPI.
17 Voir https://cameroun.eregulations.org/ pour plus d’informations sur les coûts et délais d’enregistrement.
31
Corruption : L’éradication de la corruption est essentielle car le bon fonctionnement,
l’efficacité et l’élimination des obstacles (humains et financiers) des tâches
administratives réalisées par les fonctionnaires sont clés dans la transition vers
l’économie formelle.
Cela peut être dû au fait que depuis 2004, la série de programmes nationaux de lutte
contre la corruption s’est notamment illustrée par la création du Comité National Anti-
Corruption (CONAC) en 2007 et des programmes multilatéraux de cette dernière tels
que « Changer d’Habitudes – s’Opposer à la Corruption » CHOC. Cette stratégie a
permis au Cameroun de se placer en deuxième position des pays les moins corrompus
de la CEMAC en 2016.
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
32
Résumé: Les chefs des petites entreprises interrogés sont favorables à la
formalisation et en reconnaissent la nécessité et les avantages. Néanmoins, le
taux de conformité des entreprises par rapport à l’enregistrement au RCCM, à la
CNPS et au Centre des Impôts est faible. Globalement, les femmes entrepreneurs
semblent moins se conformer que les hommes et être moins bien familières
avec les administrations en charge de la formalisation que les hommes. Les
entrepreneurs sondés n’y voient aucun intérêt, ne pensent pas qu’il est important
de s’enregistrer, ou n’ont pas connaissance des obligations légales.
33
Contexte
À l’heure actuelle, le taux de couverture de la protection sociale par la CNPS est
relativement faible pour les entreprises et leurs travailleurs (surtout en milieu rural).
Cela reste vrai, malgré une augmentation notable entre 2006 et 2015 avec 58,813
et 2,171 employés et entreprises supplémentaires immatriculés respectivement
(graphique 1). Le RGE de 2009 et l’EESI de 2010 reportent que seulement 3.9%
des entreprises étaient immatriculées à cette période, un taux relevé à 11.7% pour les
entreprises comptant un salarié ou plus, et qu’en 2010, à peine 6.5% des employés
étaient immatriculés à la CNPS. De même, l’EEIC de 2017 n’a relevé que 5.5% des
entrepreneurs sondés affiliés à la CNPS. Il existe un décalage entre les exigences
relatives à l’immatriculation et les caractéristiques des UPI, qui sont majoritairement
composées d’entrepreneurs à leur propre compte. Puisque l’immatriculation à la CNPS
n’est pas obligatoire pour les entreprises individuelles, il n’est donc pas surprenant de
constater que ces dernières ont tendance à ne pas être affiliées, et que la proportion
globale d’entreprises immatriculées est marginale.
Immatriculations de Immatriculations de
entreprises employés
8000 1 000 000
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
En outre, les coûts d’affiliation à la sécurité sociale (CNPS) entravent les entreprises.
La hauteur de ces coûts dépend du régime d’affiliation de l’entreprise (l’assurance
obligatoire ou l’assurance volontaire, qui renvoie aux individus en dehors de ce premier
régime, tel que les travailleurs à leur propre compte, les étudiants, etc.). Lorsqu’il
est possible de s’enregistrer, le décret n°2016/072 prévoit que les coûts de sécurité
sociale soient partagés entre employeurs (à hauteur d’environ 16.2% du salaire) et
employés (4.2% du salaire).
population, et environ un tiers par l’insuffisance des prestations offertes. Pour les
18 Dans le cas des entreprises employant des salariés, l’immatriculation de cette même entreprise se fait via une
demande d’immatriculation au fichier des employeurs. Cette demande doit être appuyée, entre autres, par
la carte de contribuable et une photocopie du certificat d’immatriculation au RCCM. Dans ce cas de figure,
l’affiliation à la CNPS est véritablement dépendante de l’entreprise étant déjà partiellement formalisée.
35
entrepreneurs sondés lors de l’enquête MPE, l’un
(Encadré 2.l)
des inconvénients majeurs de la CNPS est le fait
Étendue de la Couverture Sociale qu’elle soit associée à l’État (Tamba, 2015). En
L’étendue de la couverture sociale revanche, pour les entrepreneurs préférant la CNPS
du régime national est largement à d’autres mécanismes de protection sociale,
insuffisante pour ses affiliés en
c’était sa rapidité de réaction en cas de sinistre,
termes des risques couverts. En
2010, seulement 5.3% des actifs sa proximité et aide directe qui constituaient des
occupés étaient couverts en cas de avantages clés (ibid).
maladie professionnelle, alors que
ces dernières touchaient plus de Le décret n°2015/2517/PM du 16 juillet 2015
7.5% d’entre eux. De même, 12%
fixant les modalités d’application de la loi
des actifs occupés sondés avaient été
n°017/2001 du 18 décembre 2001 portant
victimes d’accidents du travail durant
les 12 moins précédent à l’enquête,réaménagement des procédures de recouvrement
avec une prédominance en milieu
rural informel.
des créances des cotisations sociales, stipule
qu’il est possible pour les salariés immatriculés
par leur entreprise de s’auto-immatriculer à la
CNPS, de manière indépendante. Cette provision légale est toutefois problématique
puisque d‘une part, la production des documents nécessaires au dossier d’affiliation
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
Les Tontines sont des associations rotatives d’épargne et de crédit qui fournissent
des services financiers (microfinance), et sont, originellement, informelles. Comme
pour les Groupements d’Initiative Communes (GIC), leurs membres se connaissent
et mettent en commun des fonds dont l’allocation est déterminée lors de réunions
officielles. Chaque membre recevant des fonds est chargé de les rembourser, avec
ou sans intérêts.
Ces structures ont le potentiel de contribuer à l’extension de la protection sociale
dans la mesure où leurs systèmes de cotisation et/ou de collecte d’intérêt peuvent,
théoriquement, fournir un point de départ financier suffisant à leur intégration dans
un système national de financement de la sécurité sociale.
national de couverture sociale plus complet. En effet, plus d’une entreprise sur trois
sondée lors du groupe de discussion (DMAA, 2017) est favorable ou très favorable
à l’instauration d’un programme de cotisation et protection sociale obligatoire, et
73.8% de toutes les entreprises interrogées pensent qu’un tel programme doit
engager l’État et potentiellement un ou plusieurs partenaires privés.
38
2.3 A
utres Services et Structures liées à la Formalisation
d’Entreprises et leurs Employées
Alors que les sections précédentes se sont focalisées sur les résultats, et sur la mesure
dans laquelle les entreprises s’enregistrent et déclarent ou affilient leurs employés,
cette section élabore sur les aspects plus larges de la formalisation tels que ceux
mentionnés dans la Recommandation 204, à savoir l’affiliation aux associations, la
représentation via les organisations d’employeurs et de travailleurs, et l’accès aux
services de développement des entreprises, aux marchés et au financement.
Le Cameroon Business Forum (CBF) : C’est dans ce sens qu’a été officialisé en
2015 le CBF, un colloque de dialogue public/privé qui se déroule une fois par
an et qui vise à promouvoir le dialogue entre les secteurs public et privé dans
39
d’activité, catégories professionnelles et de la société civile participent à :
l’élaboration d’un plan d’action annuel ; la conception et/ou la validation de projets
de loi, de programmes ou de mesures économiques et sociales ; l’implémentation
d’enquêtes terrain visant au développement socio-économique du Cameroun ; des
missions économiques, salons, expositions, etc. Le CESC compte 150 membres,
représentatifs des secteurs industriels, commerciaux, agricoles et financiers ; des
professions libérales ; des coopératives ; des artisans ; des ONG (y compris celles
concentrées sur les femmes et la jeunesse) ; des syndicats professionnels ; et des
salariés. En outre, environ un tiers du CESC se compose de membres sélectionné(e)
s de par leur expertise dans les domaines de l’économie, de l’éducation, de la
santé, de la recherche scientifique et technique, de la culture, ou de tout autre
domaine pertinent. Le Président de la République préside l’assemblée annuelle
qui se focalise sur 6 domaines, notamment relatifs à l’économie, aux finances, à
la production, au commerce, aux infrastructures, à l’énergie, à l’aménagement du
territoire et aux affaires sociales.
Organisations d’Employeurs
Les Organisations Patronales informent également leurs membres des
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
40
représentativité des associations des TPE/PE/ (Encadré 2.m)
coopératives au sein du GICAM pour la faire
Le Club TPE du GICAM
passer de 20 en 2016 à 500 en 2019 (voir
section 3). Le Club TPE est l’instrument
du GICAM visant à accroître la
Cette stratégie de réorientation du GICAM représentation des TPE et des PE au
sein de l’organisation.
s’inscrit dans le plan national de transition
vers l’économie formelle. L’axe principal de Via ce club, le GICAM souhaite inciter
les TPE membres à la formalisation,
la stratégie du GICAM est l’accélération de tout en veillant
la croissance, en conformité avec le DSCE
à la pérennité de leur adhésion pour
camerounais. Le GICAM possède des voies leur garantir un soutien informé et de
de connections solides entre les organisations longue durée.
d’employeurs (OE) et le secteur informel et L’objectif est d’accroître le nombre
a donc la capacité d’atteindre les UPI via les TPE, PE et coopératives adhérents en
grandes entreprises membres du GICAM, de par passant de 20 membres actuellement
(2016) à 500 d’ici à 2019.
leurs chaînes d’approvisionnement qui incluent
des UPI. Les cibles seront les TPE désirant
rejoindre le GICAM, les femmes entrepreneurs
Tableau 12 : Répartition des
qualité, financement et information de marché pour les PME et PMI ; (ii) École de
l’Entreprise du GICAM: formation continue et alternance ; (iii) Coopération avec
des partenaires techniques: BIT, OIE, Cameroon Women Entrepreneurs Network
(CWEN) ; (iv) Projets du GICAM: Instauration du FOGAMU (Fond de Garantie
41
Multi-Métiers) et d’un fond d’investissement destinés aux entreprises informelles
incapables de se formaliser du fait du manque d’options de financement formelles.
En outre, le GICAM compte de nombreux partenariats avec des organismes axés sur
la formalisation, ainsi que le soutien du gouvernement dans le cadre de la stratégie
nationale.
Organisations de Travailleurs
Les Syndicats de Travailleurs sont nombreux au Cameroun. Bien souvent, ils ne se
concentrent pas spécifiquement sur la formalisation ou la discrimination (surtout
dans le domaine public). Les thèmes de revalorisations salariales, promotions et
l’âge de la retraite sont toutefois typiquement abordés dans les organisations de
travailleurs. En outre, les syndicats du secteur privé sensibilisent et forment leurs
membres au code du Travail et respect de la législation en vigueur. Certains syndicats
de travailleurs sont des organisations informelles. Plusieurs syndicats ont organisé
des travailleurs dans l’économie informelle et défendent la promotion des droits
des travailleurs informels tels que l’extension de la sécurité sociale et l’assurance
maladie aux travailleurs informels. Certains d’entre eux ont élaboré des stratégies
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
Cela devrait être complété par des consultations des syndicats pour que leurs
points de vue soient intégrés dans le document de diagnostic préparé par l’OIT et
pour leurs contributions et leurs actions de formalisation de l’économie informelle.
au Cameroun
De telles consultations sont utiles pour saisir ce qui suit dans l’analyse de l’étude
diagnostique:
42
droit d’organisation, etc. ;
- Le niveau de syndicalisation dans l’économie informelle ;
- Les défis de l’organisation dans le secteur informel, qui explique le faible niveau
de syndicalisation ;
- Les objectifs / stratégies des syndicats pour l’organisation des travailleurs
informels. L’organisation et la représentation des travailleurs informels sont-
elles prioritaires pour les syndicats?
Aucune idée
Mal
Médiocre
Passable
Bien
Trés bien
au Cameroun
0 5 10 15 20 25
43
Toutefois, cette enquête se concentrait spécifiquement sur le taux d’affiliation aux
associations d’entreprises et d’employeurs et l’échantillonnage était principalement en
milieu urbain et péri-urbain, entraînant une sous-représentation des UPI rurales.
Ensemble
60%
Affiliation à une association
(75.9% zone rurale)
27% - zone urbaine
GIC
41% - zone rurale
Type d’association
Si ces résultats semblent contradictoires, ils peuvent aussi indiquer que le phénomène
de sous-affiliation des UPI s’observe spécifiquement en zone urbaine, alors que le
secteur informel milieu rural est plus associatif.
En effet, alors que l’EEIC se focalisait spécifiquement sur les associations d’entreprises
et d’employeurs, le groupe de discussion (DMAA) examinait une gamme d’associations
beaucoup plus large, incluant également les Groupements d’Intérêt Commercial (voir
Annexe 10), les tontines, les coopératives, et d’autres types de regroupements.
Pour les UPI du groupe de discussion (DMAA), les formes associatives les plus
populaires étaient les GIC (taux d’affiliation de 27% en zone urbaine et de 41% en
zone rurale), avec les association professionnelles et syndicats venant seulement après
avec 22% et 20% de taux d’adhésion respectifs. À cet égard, les taux d’affiliation
aux associations professionnelles ou syndicats trouvés dans les deux études sont
raisonnablement proches.
Le statut de coopérative est généralement plus contraignant que celui du GIC sur le
plan légal, notamment en ce qui concerne l’application stricte des règles de gestion
au Cameroun
44
Tableau 14 : Répartition des Motifs d’Affiliation des UPI selon le Lieu de Résidence
(Encadré 2.n)
Les motifs d’adhésion diffèrent également entre Les Groupements d’Initiative Commune
zones urbaines et rurales (voir tableau 14 ci- (GIC)
dessus). Dans les zones rurales, c’est l’entraide Définis par la loi n°92/005 de
45
Tableau 15: Type d’Adhésion des UPI par Secteur d’Activité et Zone Géographique
46
Services de Développement des Entreprises et Accès aux Marchés
Comme indiqué précédemment, les entreprises informelles sont trois fois moins
productives que les entreprises formelles, ce qui engendre un phénomène de sous-
compétitivité. Cependant, il est important d’adresser ce manque de productivité
dans le secteur informel en fournissant des services pertinents aux entrepreneurs et
en offrant des informations sur la disponibilité de ces services. De plus, le manque
d’opportunités d’intégration des marchés publics et privés est aussi un obstacle à la
formalisation.
En 2005, deux des cinq besoins prioritaires identifiés par les UPI lors de l’EESI étaient
relatifs à l’accès aux marchés. De fait, pour 54.4% des entreprises sondées l’accession
à de grosses commandes était essentielle, et pour 33.8% d’entre elles, l’information
sur les marchés était également importante.
L’EEIC de 2017 a évalué dans quelle mesure les entrepreneurs informels sont familiers
avec, et utilisent les services non-financiers d’accompagnement à l’entrepreneuriat. De
tels services sont par exemple liés à l’appui au démarrage et à la planification, à la
formation technique et la gestion d’entreprise, à l’information sur les marchés et sur
au Cameroun
47
Non seulement les entreprises sont peu sensibilisées à ces services, mais trop peu
d’entre elles en bénéficient et la part des entrepreneurs sondés dans l’EEIC (2017)
ayant bénéficié au moins une fois de tels services est marginale. Ainsi, des 466
entrepreneurs de l’échantillon étant familiers avec l’offre de services d’appui, à peine
plus de 10% déclarent en avoir bénéficié.
L’Agence de Promotion des PME (APME) (voir section 2.2.1) est un l’agent Étatique
en charge de combler l’écart entre les PME et les marchés publics et les PME et les
marchés de grandes entreprises. Pour se faire, l’APME se charge de (i) Mettre en
place des partenariats et des voix de communications entre les organismes publics
et les PME, entre PME, et entre les PME et les grandes entreprises; (ii) Faciliter
l’accès aux marchés pour les PME ; (iii) Commissionner des études de marché
destinées à élaborer une stratégie de développement des PME ; (iv) Promouvoir
les structures publiques d’incubation de PME, et (v) D’offrir des services d’appui à
l’investissement pour les PME.
Les Chambres Consulaires défendent les intérêts des citoyens auprès des autorités.
Elles jouent un rôle consultatif dans le cadre des législations pertinentes à leur
domaine ; un rôle formateur et d’aide au recyclage des travailleurs ; et, un rôle
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
48
Programme Intégré d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel (PIAASI)
Rôle principal Migration des jeunes acteurs de l’économie informelle vers l’économie
formelle
Bénéficiaires principaux Jeunes acteurs de l’économie informelle
Actions Formalisation des entreprises via leurs promoteurs (formations,
assistance technique, assistance au financement, suivi de micro-projets,
sensibilisation, liaison avec les CFCE)
Fond National de l’Emploi (FNE)
Rôle principal Promotion de l’emploi au Cameroun via des programmes basés sur la
formation, l’aide aux micro-entreprises, etc. ; Aide au montage des plans
d’affaires et appui au financement)
Offre de services, formations et programmes tels que:
Services Financiers
Selon les enquêtes sur le climat des affaires au Cameroun, en 2011 et en 2013,
les difficultés d’accès au financement étaient citées par les entreprises (formelles
et informelles) comme étant le deuxième problème majeur entravant leurs activités.
Ces difficultés ont un impact négatif sur leurs capacités d’investissement et leur
productivité, qui reste stagnante. Le fait que les trois principales sources de
financement des entrepreneurs interrogés sont leur fonds propres (62.6%), la famille
ou les amis et les tontines ou associations illustre également le manque d’accès au
financement des UPI. En 2010, 50% des UPI avaient un capital de démarrage basé
au Cameroun
sur l’épargne individuelle, inférieur ou équivalent à 17,000 FCFA (30.5 USD), malgré
une moyenne s’élevant à 197,800 FCFA (355 USD) (Tamba, 2015). Les institutions
bancaires formelles sont peu accessibles aux petites entreprises informelles, excepté
pour les institutions de microfinance, dans lesquelles 46% de l’échantillon de mars
49
2017 possèdent un compte bancaire. Tout comme ses pays voisins de la CEMAC, le
Cameroun est victime d’un paradoxe financier par lequel les PME sont en manque des
liquidités requises pour le développement de leurs activités alors que les organismes
financiers sont en situation de surliquidité car peu enclins à offrir des crédits à ces
PME. Cette situation s’explique en partie par un climat des affaires jugé incertain par
le secteur bancaire.
Les institutions ci-dessous ont pour but d’améliorer l’inclusion financière des petites
entreprises, des artisans et des groupes vulnérables :
La Banque Camerounaise des PME (BC-PME) établie par la loi depuis 2011 et
implémentée en 2014, aide à la création d’établissement de financement des PME
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
et se spécialise dans le financement des PME et des artisans à travers ses deux
guichets. La BC-PME a pour objectifs de développer une offre de crédit à moindre
coût pour les PME et les artisans et d’accroître le financement aux PME/PMI et
artisans.
-
La Cameroun Coopérative Crédit Union League (CAMCCUL) : en partenariat
avec le projet PADMIR du MINADER, elle opère aussi au niveau urbain et se
spécialise dans les groupes défavorisés.
-
L’Association Nationale des Établissements de Microfinance du Cameroun
(ANEM-CAM) : qui englobe les institutions de microfinance du pays depuis
2006 et est en charge de leur plaidoyer.
- Les Mutuelles Communautaires de Croissance (MC) : qui sont spécialisées dans
le monde rural, parrainées par l’Afriland First Bank (AFB) et l’ADAF (Appropriate
Development for Africa Foundation, une ONG), et gérées par les populations
au Cameroun
locales.
50
- Les Caisses Villageoises d’Épargne et de Crédit Autogérées (CVECA) : sous la
tutelle de l’AFD et de la BICEC.
-
La Mutuelle Financière de Femmes Africaines (MUFFA Cameroun) : aussi
parrainée par l’AFB et l’ADAF.
-
Les Coopératives d’Épargne et de Crédit des Promotrices (CEF PROM) :
parrainées par l’Agence Canadienne pour le Développement International
(ACDI).
-
La Régionale d’Épargne et de Crédit du Cameroun : surtout représentée en
milieu urbain.
51
SECTION 3: S
YNTHÈSE DES DÉFIS CLÉS ET
RECOMMANDATIONS
Cette section identifie les principaux défis relatifs à la transition des entreprises
informelles et de leurs travailleurs vers l’économie formelle, et présente les
recommandations tirées des six études sur le marché du travail au Cameroun.
ne se sont cependant pas traduits par une vague importante de formalisation des
entreprises et des travailleurs.
Voici un aperçu des défis clés et recommandations tirées des études synthétisées
dans ce rapport, présentées par catégories y compris les administrations responsables
de la mise en place de ces recommandations. Ces initiatives visent à renforcer les
mesures existantes pour la simplification des procédures et une amélioration de
l’appui à l’enregistrement. De plus, il est important de mettre en place des incitations
adaptées puisqu’il est avéré que les entreprises comparent les coûts escomptés de
l’entrée et du maintien dans la formalisation avec les avantages que cela présente (voir
cadre conceptuel). Puisque la formalisation va de pair avec un accroissement de la
productivité, les recommandations identifient également des mécanismes d’adoption
ou de renforcement des initiatives de développement des MPME et de l’artisanat. Cette
section met également en exergue des exemples réussis de transition vers l’économie
formelle au Brésil et au Chili.
Ces stratégies de migration reposaient sur des politiques de long-terme, avec des
approches holistiques et dont la mise en place était systématiquement cohérente avec
l’ensemble des reformes et politiques prises au niveau national (Tamba, 2015). C’est
dans une telle optique que les mesures prises devront être en cohésion avec le DSCE et
autres stratégies nationales, et conçues de manière inclusives, en partenariat avec des
acteurs camerounais gouvernementaux et non-gouvernementaux, tels que le secteur
au Cameroun
52
(i) Au Niveau des Relations entre les Entreprises Informelles et les
Administrations en Charge de la Formalisation
Défis Clés :
Les entrepreneurs sont peu informés des nouvelles réformes de facilitation des
démarches et leurs perceptions des délais/coûts relatifs à l’enregistrement sont
donc en inadéquation avec la réalité.
Par contre, moins d’un entrepreneur informel sur cinq connait l’existence des CFCE ;
Le manque d’information sur les procédures, les lourdeurs administratives, les coûts
formels élevés et l’existence des coûts informels sont plébiscités à environ 80%
comme étant les principales barrières à la collaboration avec les administrations.
De même, les entrepreneurs ne sont pas assez familiers avec les différents
au Cameroun
53
Perception de la Collaboration avec les Administrations et Services, et du Climat des
Affaires (EEIC, BIT 2017)
À l’exception de la carte de contribuable, moins de 50% des entrepreneurs
trouvent nécessaire de s’affilier à la sécurité sociale ou de s’enregistrer au registre
de commerce;
Près de 41% d’entrepreneurs ont une appréciation pas du tout favorable de
l’environnement réglementaire encadrant la création et le fonctionnement des
entreprises au Cameroun ;
L’enquête MPE (Tamba, 2015) montre que les relations entreprises-douanes sont
tout aussi difficiles.
Recommandations :
Administrations concernées (i)
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
Sensibilisation et Promotion :
- CNPS
Il est recommandé de mener une campagne
- Inspection du Travail de sensibilisation ayant pour but d’inclure
- TPI durablement les UPI dans la stratégie de
- CFCE développement du Cameroun, avec une refonte
des perceptions d’exclusion de l’activité
- MINPMEESA
économique et politique nationale.
- MINEFOP
Cette campagne devra également promouvoir
- MINCOMMERCE
le cadre législatif et règlementaire en vigueur
- MINATD au Cameroun au niveau des PME, de l’artisanat
- CTD et de l’économie sociale, ainsi que les progrès
accomplis en matière de facilitation des
- CCIMA
démarches d’enregistrement et des coûts et délais
réels ;
De plus, il faudrait promouvoir les CFCE auprès des PME, les BCA auprès des
artisans, et cimenter leur collaboration avec les communes, notamment par :
- le renforcement des capacités des responsables de ces structures ;
- la formation des acteurs impliqués dans le processus de l’enregistrement dans
les communes ;
- la numérisation des enregistrements effectués par les bureaux communaux.
au Cameroun
54
Fonctionnement des Services et Programmes Gouvernementaux aux Artisans, Entreprises
Artisanales et non-Artisanales
Pour le secteur de la PME : Les CFCE devraient se voir attribuer des objectifs
chiffrés, déterminés par une évaluation des clients potentiels et se voir rappeler de
la nécessité de respecter les délais;
Pour le secteur de l’artisanat :
- Les BCA devraient respecter le principe de la gratuité de l’enregistrement
et dresser annuellement les statistiques des enregistrements ainsi que la
cartographie communale des activités artisanales attachée à ces enregistrements
(MINPMEESA, 2017);
- Implémentation des services à rendre aux artisans et entreprises artisanales
prévus par les textes régissant l’artisanat (l’information et le conseil de base;
l’assistance individuelle à la gestion; l’assistance technique collective;
l’assistance technologique, et l’assistance commerciale) devrait se rendre
effective (ibid);
- Les villages artisanaux devraient ressortir, semestriellement, à l’attention du
MINPMEESA les états des formations rendues aux artisans assortis du nombre
Défis Clés :
Le gouvernement a récemment entreprit plusieurs réformes et mit en place des
institutions destinées à faciliter la transition vers la formalité, et à simplifier les
procédures administratives relatives à la création et/ou à la formalisation des
entreprises informelles et de leurs travailleurs au Cameroun.
Le CFCE a été créé pour répondre à cette préoccupation. Cela s’est traduit par une
réduction du nombre de démarches et des délais requis pour s’enregistrer. Les
entreprises peuvent être enregistrées en 72 heures et l’enregistrement en ligne est
désormais disponible dans 3 localités (Yaoundé, Douala et Garoua). En parallèle, la
au Cameroun
circulaire interministérielle de Mai 2012 et la loi des Finances de 2016 ont permis
l’établissement d’une grille de délais pour chaque procédure, la simplification des
démarches d’obtention de documents et la diminution du nombre de pièces requises
pour certaines formalités. De surcroît, 3 CFCE ont bénéficié de formations destinées à
55
engager leur personnel sur la règlementation et les délais requis, et sur l’importance
d’adhérer à ces règles, une approche potentiellement utile à reproduire dans
d’autres CFCE.
Néanmoins, les entrepreneurs interrogés indiquent que d’avantage doit être fait pour
faciliter les procédures administratives relatives à la création et/ou à la formalisation
des entreprises informelles et de leurs travailleurs au Cameroun. Plusieurs études
montrent en effet que le processus d’enregistrement s’avère encore complexe et
imprévisible (délais et coûts). L’étude CNRP de 2017 montre par exemple que les
coûts d’enregistrement sont très disparates, selon le mode et le lieu d’enregistrement
(CFCE ou administrations habilitées). De même, les différences de coûts peuvent aller
au-delà de 230,000 FCFA (415 USD) selon le lieu géographique d’enregistrement. Il
est même avéré que certaines UPI interrompent le processus de formalisation à mi-
chemin dû aux difficultés ci-dessus. Il est donc important d’appliquer davantage la
règlementation relative à la simplification des procédures et à la réduction des coûts
d’enregistrement (comme prévu par la circulaire interministérielle de Mai 2012) qui
simplifie la procédure légale d’obtention de documents en deux étapes : dépôt des
pièces requises et retrait des documents délivrés. L’application de l’ensemble des
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
réformes engagées par l’État dans ce sens doit donc être promut davantage auprès du
personnel des administrations concernées.
Recommandations :
Réduction des Coûts, Délais et Nombre d’Opérations d’Enregistrement
Uniformiser et réduire les coûts relatifs aux démarches de création d’entreprise,
via la multiplication des campagnes de sensibilisation du personnel des CFCE (et
autres administrations habilitées) sur le respect de la grille de délais pour chaque
procédure administrative. La circulaire interministérielle de Mai 2012 relative aux
délais dans les CFCE fixe ces délais à 48h pour les statuts notariés, à 24h pour le
RCCM et à 24h pour la carte de contribuable ;
56
Rendre l’attestation de localisation de l’entreprise non obligatoire durant la
première année d’exercice ;
Défis Clés :
La fiscalité est une des priorités clés des entrepreneurs
sondés. En effet, elle apparaît, dans la globalité des
Administrations concernées (ii)
enquêtes menées au Cameroun ces dernières années
(EESI 1 et 2, EEIC 2017, enquêtes sur le climat des - MINPMEESA
affaires, etc.), comme l’un des problèmes majeurs - MINTSS
affectant le développement des entreprises. Les
- MINJUSTICE
entrepreneurs réfèrent aux lourdeurs du système fiscal
et aux mauvaises relations avec le Centre des Impôts - MINFI
et la Mairie. Au Cameroun, 44 paiements annuels - CBF
sont requis pour régulariser les charges sociales et
- CTD
fiscales et cette régularisation prend, en moyenne
630 heures sur l’année, ou l’équivalent de 78 jours - Centre des Impôts
ouvrés (EEIC, 2017). Ces limitations sont d’autant plus - CNPS
problématiques qu’un nombre certain d’entrepreneurs
- Inspection du travail
sont prêts à payer leurs impôts, comme près de
au Cameroun
19 L’authentification des statuts de la SARL établis sous seing privé s’effectue désormais au CFCE.
57
Des mesures de simplification ont déjà été mises en place pour recourir à ses
faiblesses, telle que l’adoption de la loi des Finances 2016/018 du 14 Décembre
2016, qui prévoit la suppression de la constitution du dossier de patente (qui visait à
recevoir une attestation d’exonération valable deux ans, pour les nouvelles entreprises)
pour les entreprises exonérées. Cependant, des progrès restent à faire pour répondre
aux préoccupations des entrepreneurs.
Recommandations :
Administrations concernées (iii) Il est recommandé d’adapter et simplifier le système
- MINFI
de taxation des TPE comme suit :
Combiner les taxes communales restantes en une taxe communale unique, dont
l’échéance peut être définie. Pour les artisans et entreprises artisanales, cette taxe
intégrerait aussi l’assurance volontaire (TCU) (MINPMEESA, 2017);
Étendre davantage les incitations fiscales existantes dont bénéficient les
entrepreneurs en cours de formalisation ;
Développer des systèmes de paiement des taxes en ligne ou par virement bancaire.
Défis Clés :
Le manque d’accès à des services financiers abordables et adaptés, est un problème
majeur dans l’environnement des affaires au Cameroun, comme l’attestent les enquêtes
sur le climat des affaires au Cameroun (2011 et 2013). Ce problème résulte du
manque chronique pour les PME de garanties bancaires, et donc, des caractéristiques
du système actuel de financement. Plusieurs programmes gouvernementaux, en
au Cameroun
partenariat avec le secteur privé, tentent déjà d’adresser ce problème, et ont, entre
autres, initié la création de l’APME en 2013 et de la BC-PME en 2014.
58
(Encadré 3.a)
Depuis le début des années 1990, l’État Brésilien a mis en place plusieurs initiatives visant à établir un
traitement préférentiel pour les TPE et à faciliter les régulations les concernant. Depuis l’an 2000, la
formalisation a augmenté de manière considérable avec l’adoption de la loi, connue sous le nom de Simples
Nacional, qui a réduit davantage les démarches administratives, en combinant huit taxes différentes
s’appliquant aux petites entreprises en un seul paiement. La loi permet aux entreprises de s’acquitter
d’un impôt unique qui incorpore et remplace plusieurs taxes et cotisations de sécurité sociale, auparavant
payées au niveau national, fédéral et municipal. La loi générale exonère également les TPE du paiement de
contributions sociales additionnelles requises au niveau fédéral, et réduit certaines autres obligations fiscales.
Au lieu de payer chaque taxe ou cotisation séparément, selon différents modes de calculs et calendriers de
paiement, les contribuables s’acquittent d’un montant mensuel unique, qui varie selon les revenus bruts des
12 derniers mois et selon le type d’activité économique réalisée. L’impôt unique simplifie considérablement
les pratiques comptables dans les petites entreprises, et diminue la somme de taxes à payer.
La plupart des TPE ayant opté pour ce régime ont vu leurs contributions fiscales réduites de 20 à 50%, selon
le type d’activité réalisée et leurs niveaux de ventes, alors que 40.4% d’entre elles estimaient qu’elles étaient
restées les mêmes. Sous le régime Simples Nacional, les employés de TPE continuent de bénéficier des
mêmes droits et avantages que les autres salariés formels. Une caractéristique clé de ce système a donc été
la réduction du fardeau administratif des entreprises, sans avoir produit de conséquences négatives en termes
de droits des travailleurs et de bénéfices pour les petites entreprises. À compter de 2012, plus de quatre
millions de TPE avaient opté pour le régime Simples Nacional. Les revenus fiscaux ont été multipliés par
Une loi complémentaire sur les micro-entrepreneurs individuels (2008), s’est traduite par davantage
de formalisation des très petites entreprises et entrepreneurs à leur propre compte au Brésil. La mise en
application de cette loi a considérablement augmenté la couverture de protection sociale des travailleurs
employés dans des petites entreprises au Brésil. Sous la loi IME, les entrepreneurs et travailleur à leur propre
compte en dessous d’un certain seuil, qui n’emploient pas plus d’un travailleur, peuvent s’enregistrer en tant
que micro-entrepreneur (IME). L’IME paie un montant mensuel fixe qui inclut des contributions de sécurité
sociale municipales, fédérales et nationales. De ce fait, l’IME est exempt d’autres impôts et cotisations. Les
contributions à la protection sociale sont équivalentes à 5% du salaire minimum national, comparé à un taux
de 20% du revenu brut mensuel établit par le régime général pour les entrepreneurs à leur propre compte.
Les avantages d’être enregistré en tant qu’IME incluent l’accès à une retraite d’État de base, des prestations
d’invalidité et de survivants, la protection sociale et de maternité, ainsi qu’une allocation familiale dans le cas
de l’emprisonnement ou du décès du/de la chef de famille. Les soins médicaux sont assurés par le système
public, comme c’est le cas pour les travailleurs affiliés au régime général. Dès 2014, quatre millions d’IME
avaient été formalisées au Brésil.
Recommandations :
Un assouplissement des exigences de garanties bancaires serait utile à
l’accroissement de l’accès au crédit;
au Cameroun
59
Dans ce sens, il serait également recommandé de
Administrations concernées (iv)
revoir le mécanisme de financement des banques
- MINFI de microfinance, avec pour objectif de favoriser
- MINPMEESA davantage de crédits à plus long terme;
- BC-PME
Pour favoriser l’accès au financement pour les
nouvelles entreprises, un mécanisme d’allocation
- BEAC
d’un fond de création d’entreprise pourrait être
- CCIMA mis en place pour soutenir ces entrepreneurs
- CAPEF dans le financement du démarrage d’entreprise.
Simultanément, l’APME pourrait proposer aux
- APME
membres des CGA de bénéficier de services
- GICAM d’assistance à l’élaboration de leur plan d’affaires,
- APECCAM et de la certification de leurs comptes ;
Pour réduire les coûts d’emprunt, il est
recommandé de revoir les taux d’intérêt à la
baisse pour les PME, et cela puisque les taux d’intérêts élevés sont régulièrement
cités comme étant des obstacles à la formalisation;
Enfin, le GICAM pourrait offrir du soutien aux entrepreneurs en termes de
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
Défis Clés :
L’EEIC de 2017 montre que si quasiment la moitié de l’échantillon ne voit pas l’intérêt
de s’enregistrer au RCCM, la perspective d’accéder aux marchés publics est tout de
même incitative pour 18% des entrepreneurs. Cela est confirmé par l’EESI 2, qui
indique que l’accès à des commandes était le premier type d’aides souhaitées par les
UPI en 2010, et que le manque de clientèle était la deuxième principale difficulté
entravant le développement des très petites entreprises informelles cette même année.
En ce qui concerne l’accès aux marchés privés, tout aussi nécessaire aux TPME, la
Bourse de Sous-Traitance et de Partenariat (BSTP), instaurée en 2011, promeut les
échanges en organisant des rencontres professionnelles, salons, formations et réunions
pour encourager le développement des PME locales.
Recommandations :
Améliorer l’accès aux offres de marché des grandes entreprises locales ou des
multinationales (en favorisant les échanges entre les sociétés et les TPE, en fixant
au Cameroun
60
Multiplier les grands espaces commerciaux de
Administrations concernées (v)
rencontres entre artisans et entreprises, sur le modèle
du Salon International de l’Artisanat du Cameroun - MINPMEESA
(un salon biennal organisé par le gouvernement) et - MINCOMMERCE
des villages artisanaux sous la tutelle des chefs-lieux
- MINMAP
régionaux et du gouvernement ;
- MINMIDT
Fournir de l’information à l’export et aux marchés
- MINADER
privés pour les PME, par le biais de la promotion
du fichier des entreprises nationales auprès des - MINEPIA
TPE informelles et à travers l’amélioration de - MINEPAT
l’accès (gratuit et pré-organisé) aux évènements - Mairies (Communes)
professionnels ;
- CCIMA
En parallèle avec le travail de l’APME et de la BSTP,
- GICAM
il serait recommandé de développer davantage les
marchés domestiques en sollicitant les grandes
entreprises et multinationales à même d’insérer des TPME dans leurs chaînes
d’approvisionnement ;
Pour faciliter l’accès des UPI aux marchés, le GICAM pourrait envisager plusieurs
options d’interventions non exclusives, certaines d’entre elles en partenariat avec le
gouvernement camerounais:
- Dispenser des formations et des conseils sur la participation aux appels d’offres
publics (conformément à la législation nationale du travail) ;
- Plaidoyer, en parallèle, pour l’introduction de quotas pour ces marchés pour les
au Cameroun
61
Pour les autres marchés :
(Encadré 3.b)
Les entrepreneurs peuvent être induit(e)s à formaliser leur entreprise si cela leur permet de puiser dans
de nouveaux marchés pour leurs produits et services. Favoriser les échanges entre de grandes entreprises
nationales ou internationales et des PME peut encourager ces dernières à se formaliser, d’autant plus que
les grandes entreprises exigent généralement des factures officielles de leurs fournisseurs et distributeurs.
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
De tels partenariats peuvent aussi s’avérer avantageux pour les grandes entreprises, puisque cela implique
l’opportunité d’élargir l’accès aux intrants et services locaux, sans les contraintes auxquelles les grandes
entreprises font habituellement face lorsqu’elles font appel à des intrants et services locaux.
Les grandes entreprises peuvent aider les PME à renforcer leurs capacités productives en les intégrants
dans leurs chaînes d’approvisionnement. Des exemples d’Amérique Latine montrent que de telles initiatives
tendent à se concentrer sur l’amélioration des compétences managériales, la qualité des produits et
l’utilisation des nouvelles technologies. Puisque cette approche repose sur la promotion de situations
gagnant-gagnant, le rôle de l’OIT est de favoriser les échanges entre EMN et PME.
Au Chili, une EMN chef de file de production d’acier a établi un programme visant à améliorer le
professionnalisme et la compétitivité d’une sélection de PME comme tremplin dans l’intégration de PME
dans ses chaînes d’approvisionnement. L’EMN a exigé de ses fournisseurs de ferraille qu’ils améliorent
la qualité de leurs produits, leur rapidité de réponse aux demandes des clients, offre une diversification
continue et de la flexibilité dans le processus de production. Dans ce but, l’EMN a lancé un programme visant
à renforcer les capacités des petites entreprises pour améliorer leurs capacités de gestion, d’entrepreneuriat,
de comptabilité, de technologies de l’information et softwares, d’inventaire et de vente. Cette initiative était
cofinancée par le Programme de Développement des Fournisseurs, de l’Agence Chilienne de Développement
Économique (CORFO) et a consisté en 3 phases : (i) Cartographie, analyse de la faisabilité économique
et formation des PME fournisseurs sur la sécurité, l’organisation du lieu de travail et l’administration ; (ii)
Assistance directe à la mise en place des plans d’affaires et amélioration de la communication et autres
compétences, et ; (iii) Suivi des PME sélectionnées. À la suite de cette initiative, 70% des entreprises se
conformaient aux obligations de formalité, comparé à 25% d’entre elles au début du programme. En outre,
l’EMA et les PME ont réussi à augmenter leurs ventes. Les entreprises les plus petites ont été les principaux
bénéficiaires en devenant fournisseurs, ce qui leur garanti un client important et leur a permis d’obtenir un
prépaiement pour leurs biens ou services.
au Cameroun
62
(vi) Au Niveau de la Productivité et du Développement des MPME
Défis Clés :
Comme spécifié auparavant, les entreprises informelles sont trois fois moins productives
que les entreprises formelles, ce qui engendre un phénomène de sous-compétitivité
qui affecte négativement l’économie nationale. Il est donc recommandé de mettre
en place des mesures pour renforcer les capacités des UPI en gestion d’entreprise à
travers le développement de programmes de formation spécifiques aux TPE informelles
(formations individuelles à la gestion d’entreprise, comprenant notamment des
notions de comptabilité, de marketing, d’amélioration de la productivité, etc.). En
outre, les UPI ne sont pas bien informées sur les services gouvernementaux et non-
gouvernementaux de développement d’entreprise.
Recommandations :
Sensibiliser les entreprises sur les services Administrations concernées (vi)
disponibles ; - MINPMEESA
Développer des programmes d’aide et de - CCIMA
- Mairies (Communes)
Promouvoir les clusters /réseaux d’entreprises
regroupés par secteur d’activité;
Défis Clés :
Le GICAM, en tant que principale organisation d’employeurs, peut exercer de son
influence sur le gouvernement en adressant les requêtes du secteur privé liées à la
au Cameroun
63
Le GICAM pourrait également axer ces interventions sur la facilitation de l’accès à
une offre de services attractifs aux UPI/ aux associations d’UPI, pour les encourager à
migrer vers le secteur formel et pour intégrer les UPI au Club TPE
(i) Plaidoyer vers les autorités camerounaises pour faciliter la formalisation et les
activités dans le formel et l’amélioration du climat des affaires. Les cibles seront
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
(iii) Offre de services attractifs aux UPI/ associations d’UPI destinés à accroître le
nombre de membres du Club TPE. Les services devront être proposés à des coûts
peu élevés et adaptés à chaque UPI.
Ils devront : (i) Encourager les associations d’UPI à rejoindre le GICAM ; (ii) Former
les UPI à la gestion d’entreprise ; (iii) Soutenir l’accès des UPI aux marchés via
des formations ou des conseils sur la participation aux appels d’offres publics
(en simultané avec des actions de plaidoirie visant à réserver des quotas de ces
marchés à ces unités économiques et à un plus grand ajustement des procédures
aux volumes du marchés) ; (iv) Aider à la mise en place d’un fond d’investissement
en identifiant des contributeurs membres d’Organisations d’Employeurs pour le
financement des UPI agricoles, qui se formalisent en retour ; (v) Renforcer l’offre
d’information pour les UPI, notamment, des IMF ; (vi) Amener les technologies
au Cameroun
aux UPI via des partenariats avec des écoles d’ingénieurs , et (vii) Favoriser la
modernisation des outils (offre de leasing).
64
(iv) Développement de partenariats :
- Programmes additionnels pour les UPI : avec des mécanismes de suivi des
entreprises solides, une fois formalisées et pour encourager les formalisations
graduelles ;
- CTD : pour que le GICAM représente les UPI et les porteurs du statut
d’entreprenant en transition ;
- Grandes entreprises : pour formaliser les UPI déjà inclues dans les chaînes
d’approvisionnement, surtout dans le domaine agricole. À ce titre, plusieurs
EMN sont de plus en plus engagées en matière de RSE et de partenariats
sur des programmes dédiés à promouvoir le travail décent dans leurs chaînes
d’approvisionnement;
- Partenaires au développement.
Syndicats
La formalisation des emplois doit reposer sur une stratégie globale des organisation
de travailleurs visant à :
- Offrir des conditions de travail décentes au-delà du seul salaire. Plus
précisément, les négociations avec les autres partenaires doivent reposer sur
une package de conditions de travail, incluant des critères de formalisation des
emplois ;
- Développer un plan d’action solidaire de toutes les Confédérations et
Fédérations, et cela dans toutes les campagnes de plaidoyer pour la promotion
de la formalisation des entreprises et leurs travailleurs;
Les syndicats doivent aussi s’inscrire dans les campagnes de sensibilisation des
entrepreneurs et travailleurs informels sur leurs droits, sur les bénéfices de la
formalisation et sur les procédures administratives, dans le but de contribuer à
l’organisation des travailleurs informels et la formalisation d’emplois. Cela pourrait
au Cameroun
65
(viii) Au Niveau des Mécanismes d’Affiliation au Système de Protection
Sociale
Défis Clés :
Au Cameroun, les systèmes de protection sociale existants (sécurité sociale formelle
de la CNPS et les systèmes d’entraide indépendants) ne couvrent pas suffisamment
les entreprises de l’économie informelle et leurs employés. Les procédures
d’immatriculation à la CNPS sont plutôt fastidieuses et son taux d’affiliation ne
dépasse effectivement pas les 6%. Le régime volontaire actuel est également limité en
termes du nombre d’individus et des risques couverts qui ne sont pas nécessairement
en adéquation avec les souhaits des UPI. Le groupe de discussion (DMAA, 2017)
montre en effet que ces dernières souhaiteraient être couvertes par des pensions de
retraite, des assurances en cas d’incapacité du travail (36.2%) et des assurances
famille en cas de décès prématuré du/de la bénéficiaire.
l’adoption d’un processus participatif incluant toutes les parties prenantes, utilisant
le leadership de l’État en partenariat avec des institutions financières et techniques ;
l’inclusion des populations vulnérables de manière non contributive, à l’aide,
notamment, d’un ciblage efficace et/ou de l’offre de prestations plus universelles ;
66
l’offre de services de qualité, décentralisés,
(Encadré 3.c)
spécialisés pour les UPI et étendus pour les
assurés volontaires (prestations familiales, Expansion de la Couverture Sociale
accidents du travail, maladies professionnelles) des Acteurs de l’Économie Informelle
au Rwanda
en vue de rendre l’affiliation obligatoire d’une
manière adaptée et progressive; Plusieurs pays tels que le Rwanda,
le Ghana, le Sénégal et le Gabon ont
déjà mis en place des mesures pour
Élaboration et Financement de la Stratégie améliorer la couverture et l’accès à la
protection sociale dans le cadre de la
Concevoir un système basé sur les cotisations
formalisation des entrepreneurs et de
des bénéficiaires, dont les niveaux de leurs travailleurs. Leurs expériences
contributions sont adaptés aux capacités des ont montré que la viabilité financière
UPI, et reposant également sur un soutien est un aspect pivot de toute stratégie
financier gouvernemental destiné à financer d’extension de la couverture sociale
les groupes spécifiques inclus de manière au secteur informel. L’expérience
non-contributive, et pour garantir une viabilité Rwandaise signale en particulier que
si ce paramètre est pris en compte,
financière ;
un régime basé sur les groupements
locaux tels que les tontines,
- Pour se faire, il faudrait mettre en place
coopératives, etc. est possible.
67
Le contexte camerounais permettrait l’institution de mécanismes de collaboration
entre les institutions de protection sociale et les organisations socio professionnelles
des travailleurs du secteur informel, dans le but de faciliter l’affiliation et le
recouvrement des cotisations.
Promouvoir la sécurité sociale auprès des UPI en présentant des réformes façonnées
pour les acteurs de l’économie informelle à la CNPS et en renforçant les systèmes
locaux existants (informels ou non conventionnels) ;
Uniformiser et réduire les couts relatifs aux démarches d’affiliation à la protection
sociale, via l’établissement d’une grille de délais pour chaque procédure
administrative ;
Rendre obligatoire l’affiliation à la CNPS pour l’obtention de documents autorisant
l’ouverture d’une entreprise ;
Prévoir de manière automatique une assurance sociale dans le montage de
projets sociaux – c’est-à-dire, allouer un part (2 à 5%) du budget de programmes
gouvernementaux ou d’ONG ou autres bailleurs ;
Solliciter les grands groupes et/ou grandes entreprises pour affilier leurs
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
collaborateurs (PME) ;
« crédit stockage », voir étude sur la Protection Sociale pour plus d’informations)
et l’associer aux cotisations sociales grâce à l’ajout d’une clause de cotisation
sociale intégrée ;
68
Être transparent et efficace dans la gestion des fonds en communiquant avec les
parties prenantes.
(ix) Au Niveau des Écarts entre les Emplois Formels et Informels et de
la Discrimination Salariale envers les Femmes
Défis Clés :
L’échelon salarial est positivement influencé par le degré de formalité d’un emploi, par
le genre (les emplois formels et les hommes sont mieux rémunérés) et par le niveau de
capital humain.
Recommandations :
Administrations concernées (ix)
Renforcement de l’éducation des femmes ;
- MINEFOP
Prévoir une réglementation pour faciliter - MINADER
l’insertion des femmes dans l’emploi formel,
- MINPROF
notamment par le biais de quotas de recrutement
dans le secteur public ; - ONT
Renforcement des politiques visant à améliorer
les conditions de travail en milieu rural ;
Production d’un rapport annuel sur le genre pour favoriser la veille, par l’ONT.
Défis Clés :
Le cadre règlementaire camerounais compte des pièces manquantes puisque toutes
les conventions internationales particulièrement pertinentes à la mise en marche de la
69
transition vers l’économie formelle et la promotion de l’emploi décent n’ont pas encore
été ratifiées et/ou appliquées. Or, il n’existe aucune barrière juridique ou pratique à
leur ratification et/ou implémentation (voir annexes 3 et 4).
Recommandations :
Administrations concernées (x)
70
LISTE DES ÉTUDES
BIT (2017), Enquête auprès des Entreprises Informelles du Cameroun sur la
Formalisation des Entreprises et leurs Travailleurs.
BIT (2016), Genre et différences salariales dans les emplois formels et informels au
Cameroun.
BIT (2016), Étude sur la Migration de l’Économie Informelle vers l’Économie Formelle :
Proposition de Stratégie pour le Groupement Inter-Patronal du Cameroun.
BIT (2017), Étude technique sur les filières et métiers de l’économie informelle en
milieu urbain et rural, pour la détermination de mécanismes adaptés d’affiliation au
système de protection sociale et de mesures incitatives au Cameroun.
71
LISTE DES RESSOURCES CLÉS
Bureau International du Travail (BIT), Tamba, I., (2015), Transition de l’Économie
Informelle vers l’Économie Formelle au Cameroun, Yaoundé : BIT
Institut National de la Statistique (INS), (2005), Rapport principal première Enquête sur
l’Emploi et le Secteur Informel (EESI), Phase 1 : Enquête sur l’emploi, Cameroun : INS
Institut National de la Statistique (INS), (2010), Rapport principal deuxième Enquête sur
l’Emploi et le Secteur Informel (EESI), Phase 1 : Enquête sur l’emploi, Cameroun : INS
OIT, Stevenson, L. & St-Onge, A. (2011), Assessment of the environment for the
development of women’s entrepreneurship in Cameroon, Mali, Nigeria, Rwanda and
Senegal, Geneva: ILO, Employment Sector, Small Enterprise Programme, Job Creation
au Cameroun
72
Pring, C. for Afrobarometer & Transparency International (2015), People and Corruption:
Africa Survey 2015 – Global Corruption Barometer, Berlin: Transparency International
https://www.transparency.org/whatwedo/publication/people_and_corruption_
africa_survey_2015
World Bank, (2017), Doing Business 2017: Equal Opportunity for All, Washington, DC:
World Bank http://www.doingbusiness.org/~/media/WBG/DoingBusiness/Documents/
Annual-Reports/English/DB17-Full-Report.pdf
73
ANNEXES
ANNEXE 1 - Terminologies
L’économie informelle: Aux fins de la Recommandation 204, les termes économie
informelle: (a) Désignent toutes les activités économiques des travailleurs et des
unités économiques qui - en droit ou en pratique – ne sont pas couvertes ou sont
insuffisamment couvertes par des dispositions formelles; et (b) Ne désignent pas
les activités illicites.
Les normes internationales font une distinction entre l’emploi dans le secteur
informel et l’emploi informel. L’emploi dans le secteur informel est un concept basé
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
L’emploi dans le secteur informel: La 15ème ICLS (OIT 2000) a défini l’emploi dans
le secteur informel comme comprenant tous les emplois dans les entreprises du
secteur informel ou toutes les personnes qui, pendant une période de référence
donnée, travaillaient dans au moins une entreprise du secteur informel, quel que
soit leur statut d’emploi et qu’il s’agisse de leur travail principal ou secondaire.
au Cameroun
74
- Les travailleurs à leur propre compte et employeurs occupés dans leurs
propres entreprises du secteur informel. Dans le cas des travailleurs à leur
propre compte et des employeurs, le statut d›emploi informel est déterminé
par la nature informelle de l›entreprise. Ainsi, les travailleurs à leur propre
compte (sans travailleurs embauchés) qui exploitent une entreprise informelle
sont classés dans un emploi informel. De même, les employeurs (avec des
travailleurs embauchés) qui exploitent une entreprise informelle sont classés
dans l›emploi informel;
- Les employés occupant des emplois informels, qu›ils soient employés par
des entreprises du secteur formel, des entreprises du secteur informel ou
des travailleurs domestiques rémunérés par les ménages. Les employés ont
un emploi informel si leur relation de travail est, en droit ou en pratique, non
assujettie à la législation nationale du travail, à l›impôt sur le revenu, à la
protection sociale ou au droit à certaines prestations professionnelles (préavis
de licenciement, indemnité de départ, annuel ou maladie payée Partir, etc.).
Dans la pratique, le caractère formel ou informel d›un emploi occupé par
un employé est déterminé sur la base de critères opérationnels tels que la
cotisation par l’employeur à la sécurité sociale (au nom de l’employé), le droit à
Il convient de noter que la 17ème ICLS n’a pas approuvé le terme «emploi dans
l’économie informelle» et a convenu que, à des fins statistiques, il serait mieux de
au Cameroun
75
ANNEXE 2 - Processus d’Enregistrement de la
Micro-Entreprise
La Micro-Entreprise
(A) Commerçant(e) / Artisan (B) Entreprenant (C) Micro Entreprise des
Transports Routiers
Prévus par le droit OHADA (voir section I.B)
Est commerçant(e) celui/celle
qui fait de l'accomplissement
d'actes de commerce par nature sa Un(e) entrepreneur individuel(le),
personne physique qui, sur
Définition & Critères
profession.
simple déclaration prévue dans
Est artisan, celui/celle qui extrait,
le présent Acte uniforme, exerce
produit, entretien, répare ou
une activité professionnelle
transforme des produits/services
civile, commerciale, artisanale ou
de façon manuelle et, exerce
agricole.
cette profession à titre d’activité
principale.
Statut général d’activité C’est un statut transitoire qui
commerciale existe dans la loi, mais qui n’est
pas opérationnel au Cameroun
Peut s’effectuer au CFCE ou Elle se fait auprès des
Obtention de Licence
Enregistrement et/ou
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
sa demande, le cas échéant), le registre de commerce (sauf pour les entreprises assujetties
à l’Impôt Libératoire), les justificatifs d’identité de l’entrepreneur et de paiement des frais
d’immatriculation et l’attestation de localisation de l’activité (coût de cette dernière : 10,000
FCFA (18 USD)).
• Sont ensuite délivrées la carte de contribuable (si nécessaire) et le Numéro d’Identification
Unique (NIU).
au Cameroun
76
• Tout nouveau contribuable est donc exempt de la patente pendant les 2 premières années
d’activité.
• Les impôts et taxes applicables sont déterminés par le chiffre d’affaires annuel.
• Impôt Libératoire (IL) : S’applique aux CA annuels inférieurs à 10 millions FCFA (17.833 USD),
sans limitation de durée. Les petites entreprises assujetties à l’IL sont exonérées (« libérées »)
de la patente, de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) et de la TVA pour cette
même activité.
• Régime Simplifié : Concerne les entreprises réalisant un CA annuel de 10 à 50 millions de FCFA
(17.833 à 89.174 USD). Il se compose de plusieurs impôts directs et indirects (mensuels et
Régime Fiscal
annuels) :
Taxation
o Impôts mensualisés
- L’impôt
sur les Sociétés (IS) n’est pas adapté à la plupart des micro-entreprises.
- L’impôt
sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) est équivalent à 10-35% du revenu
net global et payable au CDI. Pour les salariés, il est prélevé directement sur le salaire.
o Impôts annualisés :
- L’impôt Annuel sur le revenu net réel est payable au CDI.
- L a patente est perçue par les communes. Les nouvelles entreprises en sont exemptes
pendant 2 ans.
- T axe sur la Propriété Foncière (TPF) est perçue par les communes pour les entreprises
propriétaires d’un immeuble (bâti ou non).
(Voir annexe 8 pour les autres impôts spécifiques à l’activité de l’entreprise)
La Micro-Entreprise - suite
suivant.
Cette démarche est gratuite dans
les deux cas.
(voir schéma 2.c ci-dessous)
L’Attestation de Non Utilisation de Personnel Salarié (ANUPS) doit être obtenue dans les cas où le
ANUPS
commerçant/l’entreprenant n’emploie pas de salariés. Le coût officiel est de 3500 FCFA (6 USD).
(voir schéma 2.d ci-dessous)
77
Schéma Annexe 2.a : Enregistrement du (de la) commerçant(e)/artisan effectué au
CFCE (hors et secteur des transports routiers)
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
78
Schéma Annexe 2.c : Affiliation du/de la commerçant(e) à la CNPS
79
ANNEXE 3 - Pertinence des Conventions Fondamentales et des
Conventions de Gouvernance de l’OIT, dans le cadre
de la Formalisation des Entreprises Informelles et de
leurs Travailleurs
Pertinence des Conventions Fondamentales
Elles s’étendent à tous les travailleurs confondus, formels ou informels. Les droits
fondamentaux du travail (voir tableau ci-dessous), sont donc applicables à tous les
individus qui travaillent.
Champ d’Application adapté à Importance dans l’économie informelle
l’économie informelle
Liberté Convention n°87 : sur la liberté syndicale
syndicale & Convention n°98 : sur le droit d’organisation
négociation Relatives aux travailleurs, et donc L’EESI 2 & la R204 de l’OIT recommandent
collective applicables au secteur informel la promotion des syndicats auprès des
travailleurs de l’économie informelle
Élimination Conventions n°29 & 105 : sur l’abolition du travail forcé ou obligatoire
du travail Relatives au travail, et donc La R204 de l’OIT recommande l’adoption
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
l’emploi & la qu’aux travailleurs indépendants, et majoritairement dans les postes subalternes.
profession applicables au secteur informel Il est donc important de promouvoir l’égalité
des genres dans le travail informel.
80
Pertinence Particulière des Conventions de Gouvernance
Champ d’Application adapté Importance dans l’économie informelle
à l’économie informelle
Convention n°81 sur Spécifiquement applicable L’EESI 2 et la R204 de l’OIT
l’inspection du travail dans au secteur formel, mais recommandent l’amélioration des
l’industrie et le commerce à même d’être étendue à conditions de travail dans l’économie
l’informel informelle, ce qui passe par l’expansion
de l’inspection du travail
Convention n°122 sur la La C122 préconise la Le DSCE et l’EESI 2 font part du
politique de l’emploi prise de mesure en vue de problème du sous-emploi au Cameroun,
soutenir le plein emploi, surtout sous la forme de rémunération
l’emploi productif et le libre insuffisante, et qui contribue à la
choix d’activité prédominance de l’informel.
81
ANNEXE 4 - Ratification nécessaire des conventions non ratifiées
particulièrement pertinentes dans le domaine de
l’économie informelle
Les Conventions de gouvernance à ratifier
Deux conventions ont déjà été ratifiées :
n°81 sur l’inspection du travail et n°122 sur la politique de l’emploi
Signification succincte Importance de la ratification et Environnement juridique et
application pratique favorable
N°129 (C129) sur l’inspection du travail dans l’agriculture
Cette convention vise à étendre La majorité des actifs occupés Il n’y a pas d’obstacle juridique
l’inspection du travail au de l’économie informelle à la ratification de la C129
secteur agricole. travaillent dans le secteur qui est conforme au Code du
agricole (EESI 2). De plus, le Travail national et complémente
DSCE indique que la pauvreté la C81 de l’OIT, ratifiée par le
est plus proéminente chez Cameroun, sur l’inspection du
les actifs du secteur agricole travail dans les domaines de
(56.9% d’entre eux sont l’industrie et du commerce.
pauvres, comparé à 43.1% hors
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
secteur agricole).
La C129 prévoit l’expansion
de l’inspection du travail à
ce secteur, tout en incluant
les travailleurs et entreprises
informelles, et est donc
également conforme avec la
R204 de l’OIT.
N°144 (C144) sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail
La C144 prévoit l’organisation La ratification de C144 est Non seulement il n’existe
de consultations tripartites essentielle à la mise en place aucun obstacle, mais ce
ayant pour objectif de supporter fructueuse de la R204 de l’OIT. type de consultations est
l’application des normes La R204 prescrit expressément déjà pratiqué au Cameroun,
internationales du travail. le recours au dialogue entre notamment du fait de
travailleurs et employeurs l’adoption de conventions
de manière à concevoir des encourageant le dialogue
politiques appropriées à la social. De plus, la C144 offre
transition vers l’économie flexibilité et liberté quant
formelle. aux modalités d’application
nationales. Il s’agit donc
d’étendre ces consultations
au thème de la transition vers
l’économie formelle.
au Cameroun
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Autres conventions à ratifier
N°102 (C102) sur la sécurité sociale
Définit la sécurité sociale Élément essentiel à la Ces deux impératifs (sécurité
comme l’ensemble des réalisation de la R204 de de revenu et soins médicaux)
prestations, en espèces ou en l’OIT, dont article 18 spécifie sont déjà incorporés dans la
nature, destinées à garantir une la nécessité de l’extension législation Camerounaise via
protection contre, entre autres : de la sécurité sociale vers plusieurs décrets et arrêtés, en
• L es problèmes d’ordre les travailleurs de l’économie complément du Code du Travail
médical (i): informelle. qui précise par exemple, les
o Le manque d’accès modalités du congé maladie et
Seulement 20.3% des actifs
aux soins de santé, de son indemnisation.
occupés bénéficient en effet
notamment de par leur
d’une couverture sociale car Il faut toutefois noter que ces
coût élevé
celle-ci se limite souvent aux réglementations ne ciblent
• L es aléas relatifs au revenu
salariés du secteur formel non pas toutes spécifiquement
(ii):
agricole (EESI 2). les acteurs informels, sauf
o L’absence ou
dans le cas des modalités de
insuffisance de
l’assurance volontaire à laquelle
revenus du fait d’une
les travailleurs informel peuvent
maladie, invalidité,
s’affilier.
83
N°142 (C142) sur la mise en valeur des ressources humaines
Complémente la La C142 répond: Il existe d’autres textes
recommandation n°195 sur le • À l’EESI 2 qui identifie nationaux et internationaux
même sujet et vise à : clairement le besoin dont la vocation est la
• Promouvoir l’adoption de d’une offre de formations promotion des ressources
politiques et programmes professionnelles plus riche humaines.
d’orientation et de formation et diversifiée
La C142 est cependant «
professionnelle • A u DSCE qui reconnaît le
la pièce qui manque au
• Lier l’emploi et la mise développement de l’offre de
puzzle » législatif en matière
en valeur des ressources formation dans sa stratégie
d’éducation et de formation.
humaine de manière solide relative à l’emploi
• Promouvoir le rôle central • À la R204 de l’OIT qui
des services publics dans appelle à des politiques
l’emploi favorisant la formation
• Améliorer les connaissances professionnelle et la
des individus sur le formation continue
marché du travail sur ses
caractéristiques pour leur
permettre de s’y impliquer
• Promouvoir la non-
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
discrimination
N°181 (C181) sur les agences d’emploi privées
Les agences d’emploi privées • L
’EESI 2 conclut que Aucun obstacle.
peuvent harmoniser l’offre la méconnaissance des
Le Code du Travail reconnaît
et la demande d’emploi, structures d’aide à la
le besoin d’opérations
employer des travailleurs recherche d’emploi rallonge
d’appariement entre les emplois
directement pour contribuer la durée moyenne de
disponibles et la main d’œuvre
à cette harmonisation, et/ou recherche d’un emploi
effectuées par des organismes
offrir d’autres services relatifs à salarié
publics ou privés.
l’emploi. • L
e DSCE promet donc une
consolidation de l’offre
formelle de placement des
demandeurs d’emploi
84
N°88 (C88) sur le service de l’emploi
Complémente la • C
onclusions EESI 2 et Aucun obstacle.
Recommandation n°83 de l’OIT DSCE identiques à ci-
Le service de l’emploi est
sur le service de l’emploi et dessus (C181)
principalement la responsabilité
constitue un élément essential • L
e gouvernement s’engage
du FNE mais aussi du
de la stratégie national sur donc à consolider et
MINEFOP (PIAASI)
l’emploi. étendre la portée nationale
La C88 vise à : des réseaux formels de
• Encourager la création et recherche d’emploi, basés
maintenance d’un service sur le Fond National
public gratuit de l’emploi de l’Emploi (FNE) ainsi
que d’autres organismes
Garantir le fonctionnement publics.
harmonieux et équitable du
marché du travail La R204 de l’OIT met
également l’accent sur le
besoin de recourir à des
politiques gouvernementales
de service de l’emploi dans
le cadre de la transition vers
au Cameroun
85
ANNEXE 5 - Normes Communautaires et Bilatérales en Vigueur
au Cameroun et Pertinentes dans la Transition vers
l’Économie Formelle
NORMES COMMUNAUTAIRES
Le GIE est une entité collective, dédiée au support des activités économiques
de ses membres dans l’optique de l’amélioration des résultats. Le GIE agit
seulement en organisme auxiliaire à ces activités.
Une coopérative englobe un groupe de personne travaillant en collaboration
pour atteindre des objectifs économiques, sociaux ou culturels communs. La
gestion se fait communautairement. L’enregistrement au Registre des Sociétés
Coopérative est obligatoire. Les coopératives permettent de formaliser les UPI
de manière groupée.
2. Normes UDEAC/CEMAC
i. Convention régissant l’Union Economique de l’Afrique Centrale (UEAC) – 1996
au Cameroun
86
- la création d’un marché commun avec le libre mouvement de travailleurs,
capitaux, biens et services ;
- l a création de politiques communes en matières sectorielles, d’infrastructures,
de dialogue social, de droits, de formation, etc.
Il prévoit la priorité d’accès à l’emploi pour les nationaux, régionaux (UDEAS)
puis les autres étrangers, mais n’est pas appliqué en pratique.
Il proscrit toute discrimination en matière de rémunération, promotion et
formation.
NORMES BILATÉRALES
1. L
a convention d’établissement et de circulation des personnes entre le Mali et le
Cameroun (1964) autorise la libre circulation et l’établissement des individus.
au Cameroun
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ANNEXE 6 - Cadre Normatif Camerounais Pertinent dans la
Transition vers l’Économie Formelle
LA CONSTITUTION (1972)
Loi n° 96-06 (1996) portant sur la révision de la Constitution (1972) mentionne le
droit et devoir de tous au travail.
- L
e Code Pénal renvoi à la non-discrimination dans l’accès à l’emploi :
- L
e Code Civil rappelle le droit des femmes à exercer une activité professionnelle
indépendante ainsi que la promotion de la formation « rapide » continue pour
tous :
- L
oi 2001/015 sur les transports routiers et l’exigence de posséder une licence ;
- L
oi 92/006 sur les sociétés coopératives & les groupements d’initiative commune
(GIC) qui inclut la nécessité de tenir un registre des activités ;
88
- C
ode Général des Impôts sur l’enregistrement des entreprises et le paiement des
taxes ;
- D
écret n°68/DF/253 (1968) fixant les conditions générales d’emploi des
domestiques et employés de maison ;
- D
écret 2014/2217/PM sur le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
(SMIG) de 36,270 FCFA (65 USD) par mois ;
- D
écret 2014/2377 sur l’extension de la sécurité sociale aux travailleurs de
l’informel par l’ouverture du régime aux assurés volontaires ;
- D
écret 2010/2993/PM sur le statut d’artisan. L’enregistrement est obligatoire et
gratuit et donne accès à des services d’assistance commerciale et technique ;
- D
écret 2013/092 et décret 2013/097 sur l’Agence de promotion des PME
(APME). Ils détaillent ses responsabilités et les services et programmes
proposés ;
- D
écret 2008/3447/PM sur l’enregistrement obligatoire des mototaxis ;
- D
écret 92/455/PM complémente la loi 92/006 sur les GIC ;
- D
écret 75/5725 sur les règles relatives aux établissements industriels
au Cameroun
89
ANNEXE 7 - Processus d’Enregistrement du Micro-Entrepreneur
du Secteur des Transports Routiers
90
ANNEXE 8 - Liste des Impôts Annuels Additionnels, Spécifiques
à l’Activité de la Micro-Entreprise
Alimentaires
Contribution de Licence (DL) : Vente de boissons hygiéniques et alcools
Agricoles/Forestières
Taxe Communale sur le Bétail (TCB)
Taxe sur les Produits de Récupération (TPR) : Pour les produits provenant des forêts
communales.
Divertissements
Taxe sur les Spectacles (TS) : Pour les bars, cafés, clubs…
Transports
Vignette / Droits de Timbre Automobile
Droits de Place sur le Marché (DPM) : Ils peuvent être fixes (DPF) ou journaliers
(DPJ)
91
ANNEXE 9 - Description des Exigences et du Processus
d’Enregistrement de la Petite Entreprise Classique
La Petite Entreprise Classique
Enregistrée en tant qu’Établissement Enregistrée en tant que SARL Unipersonnelle
Définition & Critères
entreprise.
Cela se fait en simultané avec (Voir schéma Annexe 9.b. ci-dessous)
Administrations
mois d’activité.
USD).
• Régime Simplifié : Même régime que pour le micro entrepreneur.
• Régime Réel :
o Impôts Mensualisés :
- IRPP : Similaire au micro entrepreneur
- L ’IS : Imposition des revenus de l’entreprise calculée sur les bénéfices réalisés lors
Taxation
des 12 mois d’exercice fiscal. Le paiement est mis en place au CDI ou au CIME.
- T axe sur la Valeur Ajoutée (TVA) : 19.25% et imposée sur les dépenses de
consommation. Elle concerne toute personne physique ou morale assujettie au
régime réel. Le paiement est mis en place au CDI ou au CIME.
o Impôts Annualisés : Il s’agit de l’Impôt Annuel sur le revenu net réel, de la patente, et
de la TPF. Les modalités sont les mêmes que pour le micro entrepreneur.
Aucun document à fournir pour s’affilier à la CNPS
Affiliation à la CNPS
92
Schéma Annexe 9.a : Enregistrement de la PE comme SARL Unipersonnelle au
CFCE
au Cameroun
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ANNEXE 10 - Description des Exigences et du Processus
d’Enregistrement de la Petite Entreprise du
Mouvement Coopératif
La Petite Entreprise du Mouvement Coopératif
(A) S
ociété Coopérative (B) Groupe d’Initiative (C) Groupement d’Intérêt
Commune (GIC) Économique (GIE)
Composée de plusieurs individus Organisation composée Organisation (personne
aux ambitions communes en d’individus aux intérêts morale) composée d’individus
Définition & Critères
Licence
Affiliation à la
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Schéma Annexe 10.a : E nregistrement du GIE (PE) auprès des administrations
habilitées
au Cameroun
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ANNEXE 11 - Description des Exigences et du Processus
d’Enregistrement de la Moyenne Entreprise (SARL
Pluripersonnelle)
Moyenne Entreprise20 : SARL Pluripersonnelle
Elle peut être de toute forme : classique, coopérative, unipersonnelle,
Définition & pluripersonnelle…
Critères La forme SARL Pluripersonnelle est cependant la plus adaptée aux entreprises
informelles.
CFCE Autres Administrations Habilitées
Il se fait à l’issu de l’assemblée constitutive et de l’adoption des statuts
Enregistrement et/
(rédigés par tous les associé(e)s ou leur mandataire)
ou Obtention de
Licence Voir schéma Annexe 11.a (démarches Voir schéma Annexe 11.b
suivant la constitution du dossier
d’immatriculation au préalable)
Régime Fiscal La Moyenne Entreprise est soumise au régime réel (voir PE)
Régime Social Immatriculation à la CNPS : Si la SARL emploie au moins un salarié, elle doit
être immatriculée au fichier des employeurs. La demande se fait auprès du
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
20 Moyenne Entreprise : Entre 21 et 100 employés et un CA HT annuel entre 100 millions et 1 milliard de FCFA
(178.334 et 1.783.504 USD).
96
Schéma Annexe 11.b : E nregistrement de la Moyenne Entreprise (SARL
Pluripersonnelle) auprès des administrations habilitées
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ANNEXE 12 - Autres Ministères et Organismes Étatiques liés à la
Formalisation des Entreprises et de leurs travailleurs
Le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique (MINJEC) se concentre sur
l’insertion sociale et l’assistance à la jeunesse, ce qui inclut la sensibilisation à
la discrimination par le biais de l’éducation civique. Deux des programmes
sous la supervision du MINJEC ses programmes sont pertinents en matière de
formalisation de l’emploi : le Programme d’Appui à la Jeunesse Rurale et Urbaine
(PAJER-U) et le Projet d’Insertion socio-économique des jeunes par la création des
micro-entreprises de Fabrication du Matériel Sportif (PIFMAP). Ces programmes
offre financement, formation et assistance aux jeunes entrepreneurs et employés
tout en encourageant les partenaires ministériels à revoir les impôts des micro-
entreprises à la baisse. Plus spécifiquement, le PAJER-U offre une formation à
l’entrepreneuriat pour les jeunes sortis du circuit éducatif, suivi par l’assistance
financière et technique de leurs projets commerciaux.
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Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
au Cameroun
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Equipe d’appui technique de l’OIT au travail
décent pour l’Afrique centrale et Bureau de
pays de l’OIT pour le Cameroun, la Guinée
Équatoriale et Sao Tomé-et-Principe