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Diagnostic sur la Formalisation

des Entreprises et de leurs


Travailleurs au Cameroun
Contribution à la Préparation d’une Feuille de
Route de Transition vers la Formalité
Diagnostic sur la Formalisation
des Entreprises et de leurs
Travailleurs au Cameroun

Contribution à la Préparation d’une Feuille de


Route de Transition vers la Formalité

Judith van Doorn et Alice Tall


Copyright © Organisation internationale du Travail 2017
Première édition 2017

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Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs au Cameroun - Contribution à la Préparation d’une Feuille
de Route de Transition vers la Formalité ; Bureau de pays de l’OIT pour le Cameroun, la Guinée Equatoriale et Sao Tomé-et-
Principe et l’Équipe d’appui technique de l’OIT au travail décent pour l’Afrique centrale

Édition Français

ISBN: 978-922-230883-5 (print)


978-922-230884-2 (web pdf)

Economie informelle / entreprises / feuille de route / Cameroun

Les désignations utilisées dans les publications du BIT, qui sont conformes à la pratique des Nations Unies, et la présentation
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Web www.ilo.org/publns.

Conception et graphisme par Optic Graphics, Afrique du Sud

Imprimé en Cameroun
PRÉFACE
Depuis la crise économique survenue au milieu des années 80, le secteur informel
a considérablement gagné du terrain dans l’économie camerounaise et occupe une
place importante dans la création d’emplois au Cameroun. Il absorbe aujourd’hui près
de 90 % de la population active et contribue à 57,6% du Produit Intérieur Brut. En
dépit de sa capacité à absorber et à intégrer socialement les travailleurs, l’impact du
secteur informel sur le climat socio-économique au Cameroun est plutôt négatif. La
prépondérance de l’économie informelle nuit grandement à l’activité économique
nationale, engendre une perte des revenus fiscaux domestiques et limite les opportunités
de croissance des entreprises. La qualité de l’emploi s’en trouve également affectée car
globalement, le secteur informel compte un plus grand déficit de travail décent.
Les efforts de l’Etat visant à faire des acteurs de ce secteur de véritables opérateurs
économiques sont encouragés et capitalisés par l’appui des partenaires techniques
au développement. Le Bureau International du Travail s’est ainsi engagé à appuyer le
Cameroun dans un processus visant à sensibiliser, informer et renforcer les capacités de
tous les acteurs sur la mise en œuvre et le suivi de la recommandation 204 de l’OIT sur
la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, adoptée à la Conférence
Internationale du Travail en juin 2015.
C’est dans ce contexte qu’une collaboration étroite est née entre le Ministère des
Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat, bras séculier
de l’Etat en matière de migration de l’économie informelle vers le formel et le Bureau
International du Travail. Elle a ensuite été développée par la mise en route de plusieurs
études touchant différentes problématiques soulevées par la formalisation des
entreprises informelles et de leurs travailleurs. Le Diagnostic sur la Formalisation des
Entreprises et de leurs Travailleurs au Cameroun constitue la pierre angulaire pour le
développement d’une ’Feuille de route pour la formalisation des entreprises et de leurs
travailleurs’.
L’ampleur sans cesse croissante du secteur informel au Cameroun étant une
préoccupation hautement transversale, la participation et l’implication de toutes
les parties prenantes dont le gouvernement, les employeurs, les travailleurs et les
partenaires à la mise en œuvre de la feuille de route est une condition sine qua non pour
assurer efficacement et durablement la transition vers la formalisation des entreprises
et de leurs travailleurs au Cameroun.

Vera Paquete-Perdigão Laurent Serge Etoundi Ngoa


Directrice de l’Equipe d’appui technique Ministre des Petites et Moyennes
de l’OIT au travail décent pour l’Afrique Entreprises, de l’Economie Sociale
centrale et Bureau de pays de l’OIT et de l’Artisanat
pour le Cameroun, la Guinée équatoriale
et São Tomé-et-Principe
iii
TABLE DES MATIERES

PRÉFACE.............................................................................................................. iii

REMERCIEMENTS ................................................................................................vii

RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF..............................................................................................viii

LISTE DES ABBRÉVIATIONS................................................................................. xvi

SECTION 1 : CONTEXTE.........................................................................................1

1.1 Contexte de ce Rapport ........................................................................................... 1

1.2 Le Secteur Informel au Cameroun.............................................................................. 4


Typologie de l’Entreprise Informelle au Cameroun........................................................... 9

SECTION 2: CONSTAT ET DÉFIS ..........................................................................10

2.1 C
 adre Juridique, églementaire et Normatif................................................................ 10
2.1.1 Normes Internationales..................................................................................... 10
2.1.2 Normes Régionales, Communautaires et Bilatérales ........................................... 11
2.1.3 Normes Nationales  ......................................................................................... 12

2.2 Formalisation : Enregistrement des entreprises et leurs employés................................ 16


2.2.1 Contexte ......................................................................................................... 16
2.2.2 Obligations Légales pour l’Enregistrement .......................................................... 19
2.2.3 Comportement et Attitudes par rapport à l’Enregistrement ................................... 25
2.2.4 Accès Limité à la Protection Sociale .................................................................. 33

2.3 Autres Services et Structures liées à la Formalisation d’Entreprises et leurs Employées.39


2.3.1 Organisations/Plateformes de Représentation et Dialogue .................................... 39
2.3.2 Associations, Coopératives et autres Organisations .............................................. 43
2.3.3 Accès aux Marchés, au Financement et aux Services de Développement des
Entreprises ...................................................................................................... 46

iv
SECTION 3: S
 YNTHÈSE DES DÉFIS CLÉS ET RECOMMANDATIONS.......................52
(i) A
 u Niveau des Relations entre les Entreprises Informelles et les
Administrations en Charge de la Formalisation.................................................... 53
(ii) Au
 Niveau des Procédures d’Enregistrement....................................................... 55
(iii) A
 u Niveau de la Fiscalité................................................................................... 57
(iv) A
 u Niveau de l’Accès au Financement................................................................ 58
(v) A
 u Niveau de l’Accès aux Marchés...................................................................... 60
(vi) A
 u Niveau de la Productivité et du Développement des MPME............................. 63
(vii) A
 u Niveau de l’Appui et de la Représentativité des Acteurs Informels................... 63
(viii) A
 u Niveau des Mécanismes d’Affiliation au Système de Protection Sociale............ 66
(ix) Au Niveau des Écarts entre les Emplois Formels et Informels et de la
Discrimination Salariale envers les Femmes....................................................... 69
(x) A
 u Niveau du Cadre Normatif, Réglementaire et Facilitant................................... 69

LISTE DES ÉTUDES..............................................................................................71

LISTE DES RESSOURCES CLÉS ...........................................................................72

ANNEXES ............................................................................................................74

ANNEXE 1 - Terminologies ........................................................................................... 74

ANNEXE 2 - P
 rocessus d’Enregistrement de la
Micro-Entreprise........................................................................................76

ANNEXE 3 - P
 ertinence des Conventions Fondamentales et des Conventions de Gouvernance
de l’OIT, dans le cadre de la Formalisation des Entreprises Informelles et de
leurs Travailleurs........................................................................................80

ANNEXE 4 - R
 atification nécessaire des conventions non ratifiées particulièrement
pertinentes dans le domaine de l’économie informelle...................................82

ANNEXE 5 - Normes Communautaires et Bilatérales en Vigueur au Cameroun et Pertinentes


dans la Transition vers l’Économie Formelle..................................................86

ANNEXE 6 - C
 adre Normatif Camerounais Pertinent dans la Transition vers l’Économie
Formelle...................................................................................................88

v
ANNEXE 7 - P
 rocessus d’Enregistrement du Micro-Entrepreneur du Secteur des Transports
Routiers....................................................................................................90

ANNEXE 8 - L
 iste des Impôts Annuels Additionnels, Spécifiques à l’Activité de la Micro-
Entreprise.................................................................................................91

ANNEXE 9 - D
 escription des Exigences et du Processus d’Enregistrement de la Petite
Entreprise Classique...................................................................................92

ANNEXE 10 - D
 escription des Exigences et du Processus d’Enregistrement de la Petite
Entreprise du Mouvement Coopératif.........................................................94

ANNEXE 11 - D
 escription des Exigences et du Processus d’Enregistrement de la Moyenne
Entreprise (SARL Pluripersonnelle)............................................................96

ANNEXE 12 - A
 utres Ministères et Organismes Étatiques liés à la Formalisation des
Entreprises et de leurs travailleurs.............................................................98

vi
REMERCIEMENTS
Le présent diagnostic est la synthèse de six études menées au Cameroun sur divers
aspects touchant au secteur informel et relatifs à la formalisation des entreprises et de
leurs travailleurs au Cameroun. Ces études ont été commandées, en 2016 et 2017,
par le Bureau pays de l’OIT pour le Cameroun, la Guinée équatoriale et São Tomé et
Principe, dans le cadre de son assistance aux mandants Camerounais.

Judith VAN DOORN et Alice N’DEYE TALL l’ont rédigé et des contributions techniques
ont été apportés par Roberto Pes, Farid Hegazy, Lassina Traoré, Ali Madai Boukar,
Dramane Batchabi, Marinna Nyamekye, Faustin Ekoue Amoussou, Arlette Salomé
Bwaka, Rodrigue Raoul Zuchuon, Paul Ningini, Laure Ndonko, Julien Bornon, Florence
Bonnet, Christina Behrendt et Guy Tchami.

Sincères remerciements aux Ministres Camerounais en charge du Travail et de la


Sécurité Sociale, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, et des Finances. Ces
remerciements vont également à l’endroit de tous leurs collaborateurs qui ont œuvré à
l’enrichissement de ce diagnostic.

Ce document n’aurait vu le jour sans l’implication personnelle et le leadership


de Monsieur Laurent Serge ETOUNDI NGOA, Ministre des Petites et Moyennes
Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat du Cameroun. Un remerciement
spécial à ses collaborateurs des Directions de l’Artisanat et des Migrations du Secteur
Informel, des Petites et Moyennes Entreprises, de la Division des Etudes, des Projets
et de la Prospective, ainsi qu’à ceux de la Cellule de Suivi, pour la diligence et l’
engagement manifestés dans l’aboutissement de ce diagnostic.

vii
RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF
Contexte
Ce rapport présente les principaux résultats d’un diagnostic des entreprises informelles
et de leurs travailleurs au Cameroun afin de déterminer des stratégies et politiques
favorisant leur formalisation. Le rapport repose sur six études menées en 2016-2017
dans le contexte d’une initiative entreprise par le Bureau de pays de l’OIT pour le
Cameroun, la Guinée équatoriale et Sao Tomé-et-Principe et l’Équipe d’appui technique
de l’OIT au travail décent pour l’Afrique centrale sur ce même sujet. Il aborde les
thèmes énoncés dans la Recommandation 204 de l’OIT concernant la transition de
l’économie informelle vers l’économie formelle (2015), dans le sens où il ne se focalise
pas seulement sur l’enregistrement des entreprises et de leurs travailleurs, mais aussi
sur d’autres questions touchant à leur formalisation, telles que l’organisation, la
représentation et le dialogue, mais également l’accès au financement, aux marchés
et aux services de développement des entreprises. L’objectif est de donner un aperçu
des principaux défis liés à la formalisation des entreprises et leurs travailleurs au
Cameroun, et de proposer des actions pour y répondre. Par conséquent, ce rapport
contribue au développement d’une feuille de route vers la formalité.

Le secteur informel au Cameroun n’a cessé de se développer depuis les années 1980.
Aujourd’hui, il ne se contente plus de coexister avec le secteur formel, mais domine
aussi l’économie nationale en termes de PIB, de création de nouveaux emplois, et du
nombre d’entreprises et de travailleurs qui y exercent. La cohabitation d’un secteur
informel dynamique et étendu avec un secteur formel à la croissance stagnante est
problématique puisqu’elle affecte négativement l’économie nationale et la qualité des
emplois dans le pays. En dépit de sa capacité à absorber et à intégrer socialement
les travailleurs, son impact sur le climat socio-économique au Cameroun est plutôt
négatif. La qualité de l’emploi s’en trouve également affectée car globalement, le
secteur informel compte un plus grand déficit de travail décent. Enfin, la transition
vers le secteur formel est bénéfique pour les travailleurs puisque les recherches
menées au Cameroun montrent qu’il existe une corrélation positive entre la formalité
d’une entreprise et celle de l’emploi. C’est dans ce contexte que le gouvernement
camerounais s’est engagé, depuis 2004, à faire de la transition vers l’économie
formelle l’une de ses priorités, en créant un Département ministériel en charge de
ces questions.

La définition d’une entreprise informelle utilisée dans le présent rapport a été fixée
par l’Instruction n°011/CAB/PM du Premier Ministre du 18 mars 2010, Relative
aux formalités administratives de création des entreprises au Cameroun. Selon
cette instruction, la formalité est dépendante de la conformité avec l’administration
fiscale (1), avec le régime de sécurité sociale (2) et avec l’administration judiciaire
(3). S’y ajoute la tenue d’une comptabilité formelle (4) comme défini par l’Institut
National de la Statistique. De ce fait, est considérée comme informelle, toute
entreprise manquant à au moins l’une de ses quatre critères.
viii
Constat et Défis
Avec la création du Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie
Sociale et de l’Artisanat en 2004 (MINPMEESA), le gouvernement camerounais a
fait de la transition vers l’économie formelle l’une de ses priorités dans le cadre
de ses objectifs de développement économique et d’émergence. Divers normes,
lois et mécanismes ont été mis sur pied afin de réduire l’ampleur du secteur
informel et d’assister les entreprises dans les démarches relatives à leur création et
développement :

ƒƒ Statut de l’entreprenant: Le gouvernement a adopté des normes régionales et


communautaires telles que celles du Droit de l’Organisation pour l’Harmonisation
du Droit des Affaires en Afrique (OHADA), dont les actes ont notamment permis
d’introduire le statut de l’entreprenant. Via ce statut, les entrepreneurs potentiels
pourraient démarrer une activité commerciale sous un régime fiscal et règlementaire
plus souple, pendant une période transitoire donnée. Ce statut n’est pas encore
opérationnel à ce jour au Cameroun;

ƒƒ Mise en place des structures:

­- Création des Centres de Formalité des Entreprises (CFCE)  : En 2010, une


mesure phare a été la création des CFCE, guichets uniques dont la mission
est de faciliter l’enregistrement de nouvelles entreprises dans un délai de 72
heures. Ils permettent aux entrepreneurs d’immatriculer leur entreprise au
registre du commerce (RCCM), et de s’enregistrer à l’administration fiscale.
La législation prévoit aussi d’y incorporer la CNPS dans le futur. A ce jour,
dix CFCE opèrent au Cameroun. Une plateforme d’enregistrement en ligne,
opérationnelle dans les CFCE de Yaoundé, Douala et Garoua, a été introduite en
Mai 2016;  
­- Bureaux Communaux de l’Artisanat (BCA) : Afin d’apporter une réponse
Étatique à l’encadrement des opérateurs de la plus petite économie constituée
d’artisans et d’opérateurs de petits métiers du secteur informel, des Bureaux
Communaux de l’Artisanat ont été créés et rendus opérationnels en 2014
dans toutes les communes du Cameroun. Les BCA permettent auxdits acteurs
de s’enregistrer gratuitement les trois premiers mois de l’année et d’amorcer
ainsi le processus conduisant à leur migration du secteur informel vers le
secteur artisanal encadré par la loi du 4 juillet 2007 régissant l’artisanat au
Cameroun;
­- Villages Artisanaux : Le Décret du premier ministre du 07 janvier 2013
qui porte création des villages artisanaux fait de ces structures des lieux
d’encadrement collectifs des activités de production, de commercialisation
et d’animation, réservés aux artisans et entreprises artisanales. Après son
enregistrement au Bureau Communal, l’artisan peut prétendre aux mesures
d’encadrement qu’apporte le village artisanal logé dans le chef-lieu de sa région.
Par ailleurs, la galerie virtuelle de l’artisanat du Cameroun est également une
opportunité pour ces artisans de vendre en ligne leurs productions artisanales.
ix
ƒƒ Autres initiatives : Il s’agit entre autres de la création de l’Agence de Promotion
des Petites et Moyennes Entreprises (APME) qui offre des services d’assistance
multiformes: Centres de Gestion Agrées (CGA), offrant des services de conseil et de
tenue de comptabilité; Fond National de l’Emploi (FNE) qui aide au montage des
plans d’affaires et à l’appui au financement à travers le Programme Intégré d’Appui
aux Acteurs du Secteur Informel (PIAASI) ; Programme d’Appui à la Jeunesse
Rurale et Urbaine (PAJER-U), etc. Mentionnons également la création de la Banque
Camerounaise des PME (BCPME) et de la banque agricole en 2011.

En dépit de ces mesures, l’environnement des affaires pourrait être amélioré, comme
le démontrent les résultats relatifs du Cameroun dans le classement Doing Business de
la Banque Mondiale (166ème sur 190 en 2017).

En outre, le secteur informel reste prépondérant. Les enquêtes EESI (2005 et 2010) et
l’enquête EEIC (2017) montrent que les entreprises informelles sont majoritairement
unipersonnelles, relativement jeunes, et plus de la moitié sont gérées par des femmes.
Selon qu’elles soient situées en milieu rural ou urbain, elles se spécialisent le plus
souvent dans les secteurs primaires (agriculture, élevage, etc.) ou tertiaire (commerce).
En zone rurale, la plupart adhèrent à une structure associative. En général, les UPI ont
plutôt bonne connaissance des administrations en charge de la formalisation (Mairie,
Centre des Impôts, Registre de Commerce, etc.). Cependant la connaissance des CFCE
et de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) reste toujours marginale. Les
entrepreneurs interrogés indiquent néanmoins entretenir des relations médiocres avec
l’ensemble de ces administrations.

Enregistrement et Conformité
Les chefs de petites entreprises interrogés (EEIC, 2017) sont favorables à la
formalisation et en reconnaissent la nécessité et les avantages. Toutefois, le taux de
conformité des entreprises par rapport à l’enregistrement au RCCM, à la CNPS et au
CDI est faible. Avec la majorité des entreprises informelles sondées ne respectant
aucun des quatre aspects de la formalisation, le taux de conformité était globalement
faible. Cela s’explique par plusieurs facteurs, principalement le manque d’intérêt à se
conformer et la perception qu’il n’est pas urgent ou important d’inscrire/immatriculer
l’entreprise et ses travailleurs.

x
Obligations d’enregistrement
Il est obligatoire pour chaque entreprise d’être enregistrée au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) ou au Registre des Coopératives (1).
Selon le type d’activité, l’enregistrement a lieu au greffe du tribunal, à la Mairie
ou dans un Centre de Formalité pour la Création des Entreprises (CFCE). Avant
de s’assujettir au paiement de ses impôts, toute entreprise doit se faire attribuer
un régime fiscal spécifique, fixé selon son chiffre d’affairesi. L’immatriculation à la
CNPS (3) n’est obligatoire que pour les entreprises employant au moins un salarié.
Le cas échéant, l’immatriculation des salariés se fait indépendamment de celle de
l’entreprise et ses derniers sont affiliés au régime obligatoire, couvrant les risques
professionnels, les prestations familiales et les pensions. Enfin, conformément au
Code du Travail Camerounais, les entreprises sont responsables au regard de la loi,
et doivent entre autres, offrir un contrat de travail à chaque employé et déclarer
leur activité à l’Inspection du Travail (4).

De plus, les entrepreneurs font face à de multiples contraintes relatives à


l’enregistrement de leur activité. La fiscalité et la corruption apparaissent comme
étant les premiers obstacles à la formalisation des petites entreprises informelles au
Cameroun. Le système fiscal est trop peu incitatif, les différents régimes fiscaux sont
peu adaptés et considérés comme étant complexes et coûteux, et les relations entre les
entrepreneurs et les administrations chargées de la collecte des impôts sont mauvaises
(Mairie et CDI). Plusieurs régimes fiscaux simplifiés existent pour les PME, tels que
l’Impôt Libératoire et le Régime Simplifié. Néanmoins, ce dernier semble être peu
attrayant pour les entreprises, limitant ainsi leur formalisation. Plusieurs mesures ont
été adoptées pour faciliter les démarches administratives et en réduire les coûts et
délais, mais des progrès restent à accomplir dans ce sens, surtout dans la mise en
conformité et la promotion desdites mesures auprès du personnel des administrations
concernées. Pour les entrepreneurs interrogés, les démarches administratives
relatives à l’enregistrement d’une entreprise sont effectivement toujours considérées
excessivement complexes, onéreuses et longues. Enfin, la perception des entrepreneurs
vis-à-vis du niveau de corruption des administrations est toujours négative, malgré les
progrès significatifs réalisés par le pays dans les indicateurs globaux.

Protection Sociale
En matière de protection sociale, le régime obligatoire de sécurité sociale couvre
les travailleur(se)s formel(le)s du secteur privé au Cameroun, alors que le régime
volontaire  est ouvert aux chefs d’entreprise informelles, aux travailleur(se)s
indépendant(e)s et aux travailleur(se)s informel(le)s. La couverture de protection
sociale des employé(e)s et des entrepreneurs à leur propre compte est faible. D’une
part, beaucoup d’entrepreneurs sont mal informé(e)s sur les régimes de sécurité
sociale ou ne sont pas intéressé(e)s, et d’autre part, le processus d’immatriculation

i La carte de contribuable est automatiquement délivrée au moment de la création d’entreprise.


xi
est perçu comme étant coûteux et laborieux car il requiert des documents parfois
difficiles à obtenir. En outre, la majorité des entreprises informelles au Cameroun
sont unipersonnelles, une catégorie pour laquelle l’immatriculation à la CNPS
n’est pas obligatoire. L’adhésion à une assurance privée couvrant les risques
professionnels est aussi marginale. Dans ce contexte, beaucoup d’entreprises
informelles font appel à des systèmes sociaux d’entraide tels que des tontines,
mutuelles ou associations professionnelles pour se couvrir contre les risques. Bien
qu’ils bénéficient d’une proximité avec le secteur informel, ces groupes comportent
certains défis relatifs à leur gouvernance, capacités de gestion et viabilité. Ces
structures ont le potentiel de contribuer à l’extension de la protection sociale dans
la mesure où leurs systèmes de cotisation et/ou de collecte d’intérêts peuvent,
théoriquement, fournir un point de départ financier suffisant à leur intégration
dans un système national de financement de la sécurité sociale. Les expériences
d’autres pays indiquent qu’une viabilité financière est essentielle dans la durée,
ainsi que la participation pécuniaire du gouvernement.

Accès aux marchés, au financement et aux services de développement des


entreprises
L’accès aux marchés et aux services financiers et non-financiers sont des
thématiques charnières pour les UPI. La perspective d’intégrer des marchés est
l’une des motivations principales des entreprises à se formaliser et s’affilier à une
association et l’intérêt des marchés publics, à s’enregistrer au RCCM. Le manque
d’opportunités d’intégration des marchés publics et privés est donc un obstacle
à la formalisation. Des exemples d’autres parties du monde montrent qu’il est
possible d’intégrer des entrepreneurs en cours de formalisation dans les chaînes
d’approvisionnement de grandes entreprises (nationales ou internationales).

Similairement, la formalisation des UPI est largement entravée par le manque


d’accès au financement, régulièrement cité comme l’un des obstacles majeurs
aux entreprises lors des enquêtes sur le terrain. Les UPI sont, en effet, largement
financées par leurs fonds propres (62.6% d’entre elles selon les enquêtes sur
le climat des affaires en 2011 et 2013), suivi par la famille ou les amis, et les
tontines ou associations. Les institutions bancaires formelles sont peu accessibles
aux petites entreprises informelles, excepté pour les institutions de microfinance.
Pour pallier à cette situation, l’État Camerounais a mis en place une série de
programmes et services visant à mieux intégrer les UPI dans les marchés et à leur
donner accès au financement (Fond National de l’Emploi, Centres d’Incubations
Pilotes, etc.). Parmi les systèmes décentralisés d’entraide, les coopératives sont
bien placées pour offrir des services aux entreprises, tels que des formations, des
crédits, des assurances et l’accès aux marchés. Comme cela est le cas pour les
administrations en charge de la formalisation, les UPI sont mal informées sur les
services financiers et non-financiers (gouvernementaux et non-gouvernementaux)
dont elles peuvent bénéficier.

xii
Institutions et organisations pour l’appui et la représentation
Il existe plusieurs plateformes de communication et de représentation entre le secteur
public et le secteur privé, qui peuvent jouer un rôle favorisant la formalisation des
UPI et de leurs travailleurs. C’est le cas du Cameroon Business Forum, un colloque
annuel officialisé en 2015, qui permet aux secteurs publics et privés de dialoguer
sur les thèmes relatifs au développement économique. Dans cette lignée, le Conseil
Économique et Social du Cameroun (CESC), coordonne le dialogue social entre les
représentants des différentes branches de la vie économique et sociale au Cameroun
et la Commission Nationale Consultative du Travail (CNCT) se spécialise dans l’étude
et l’élaboration de politiques relatives à l’emploi au Cameroun. Les organisations
d’employeurs telles que le Groupement Interpatronal du Cameroun (GICAM) plaident
en faveur des entreprises auprès des autorités et leur offrent également des services.
Le GICAM, l’organisation patronale la plus importante au Cameroun, s’est lancée dans
une campagne de restructuration visant à attirer plus de petites entreprises, via la
promotion de son Club TPE. L’étude sur la Proposition de Stratégie pour le Groupement
Inter-Patronal du Cameroun (GICAM), qui implique également le rôle de l’organisation
dans la migration des entreprises vers l’économie formelle, a aussi été conduite, de
manière à mettre en évidence dans quelle mesure le GICAM peut s’inscrire dans la
promotion de cette transition.

En dépit de leur rôle considérable dans l’accès aux services et à l’appui, l’adhésion
à une association, coopérative ou autre structure similaire parmi les entreprises
informelles est faible, surtout dans les zones urbaines.

Les études (EEIC et DMAA) suggèrent que la dynamique d’affiliation dans le secteur
informel diffère de zone urbaine à zone rurale, en termes de motifs d’adhésion et du
type de structures privilégiées. En milieu urbain, les entrepreneurs recherchent le plus
souvent une association à même de défendre leurs intérêts, notamment par rapport aux
conflits avec les autorités, relatifs à l’espace urbain. En milieu rural, c’est l’entraide
sociale et financière qui est favorisée.

Défis clés et Recommandations


Les conclusions et recommandations identifiées par les études se classent dans dix
catégories.

Premièrement, au niveau des relations entre les entreprises et les administrations en


charge de la formalisation, on constate que peu d’entrepreneurs se conforment à la
règlementation lors de la création de leur entreprise et que le taux de ‘formalisation
post-création’ est tout aussi faible. Les entreprises individuelles, qui sont majoritaires,
sont les moins susceptibles de se formaliser. Parmi les barrières à la formalisation,
c’est le manque de connaissance de l’importance des règlementations et des
démarches à suivre et les mauvaises perceptions relatives aux administrations qui se
révèlent être les plus importantes. Il est donc recommandé de mener une campagne
de sensibilisation auprès des UPI pour promouvoir les administrations et les informer
des bénéfices de la formalisation, et d’adapter en parallèle les services et programmes
proposés sur la base d’une évaluation de la demande potentielle. xiii
Plusieurs initiatives ont été entreprises pour faciliter les procédures d’enregistrement
au CFCE et dans les administrations habilitées. Les entrepreneurs sondés suggèrent
cependant que plus reste à faire pour réduire la complexité, les coûts et les délais
relatifs à ces procédures. Dans certain cas, cela requiert le renforcement des capacités
techniques et énergétiques des centres d’enregistrement, ainsi que la sensibilisation
du personnel au respect des délais prévus. Les procédures doivent par ailleurs être
uniformisées et les coûts doivent être davantage réduits. Les démarches doivent
aussi être simplifiées via la promotion des services en ligne existants, tel que www.
MyBusiness.cm.

Au niveau de la fiscalité, identifiée par les UPI comme la principale barrière à


l’entrepreneuriat, ce sont les lourdeurs du système fiscal et les mauvaises relations
avec les administrations en charge de la collecte des taxes qui représentent les
problèmes majeurs. La création d’une taxe unique ou synthétique, regroupant plusieurs
impôts existants, est donc recommandée, ainsi que la simplification du processus de
paiement et le renforcement de l’incitation fiscale pour se formaliser.

En partenariat avec le secteur privé, plusieurs programmes gouvernementaux tentent


d’améliorer l’accès aux services financiers formels des UPI, qui reste très difficile.
Dans ce sens, il est notamment recommandé d’assouplir les exigences de garanties
bancaires pour l’accès au crédit, d’allouer un fond de création d’entreprise aux
entrepreneurs potentiels et, de manière plus générale, de remanier le système financier
pour permettre aux UPI d’y accéder.

Les UPI ont des difficultés à accéder aux marchés publics et privés et la perspective
d’entrer sur ces marchés est une motivation importante à la formalisation pour
nombre d’entrepreneurs. Les organisations d’employeurs, le gouvernement et d’autres
parties prenantes pourraient s’engager dans un dialogue et promouvoir des initiatives
pour améliorer l’accès aux offres de marché des grandes entreprises locales ou des
multinationales (en favorisant les liens entre les sociétés et les TPE, en fixant des
objectifs pour la sous-traitance dans le cadre des contrats publics ou en intégrant les
TPE dans les chaînes d’approvisionnement). En outre, l’État pourrait proposer des
programmes d’appui à l’exportation tout en développant les marchés domestiques
de manière à y intégrer les TPME, par le biais, entre autres, de l’organisation de
rencontres entre les grandes entreprises et les TPME. Les associations professionnelles
pourraient dispenser des formations et sessions d’information sur les appels d’offres de
marchés publics.

Le manque de productivité et de perspectives de développement des UPI ont plusieurs


causes, mais le déficit de formation commerciale des entrepreneurs et le manque
d’information sur les programmes de formation proposés sont des facteurs importants.
Il est donc recommandé pour les entrepreneurs d’être mieux informés des services
disponibles, et l’offre de services doit être multipliée.

xiv
Au niveau de l’appui et de la représentativité des acteurs informels, ce sont les
associations professionnelles qui sont à même de faire du plaidoyer pour faciliter le
processus de formalisation et l’exploitation d’une entreprise formelle sur le long terme.
Il est donc recommandé de promouvoir la représentation des TPE dans les échanges
publics et privés, de sensibiliser les UPI sur les avantages de la formalisation,
d’encourager les TPE à s’affilier en plus grand nombre, et de développer des
partenariats avec des organismes publics et privés pour proposer des services adaptés
aux UPI. Des recommandations spécifiques au GICAM sont présentées dans cette
étude (voir section 3 (vii)).

La part de la population et des UPI couvertes par toute forme de sécurité sociale au
Cameroun demeure marginale. Il est donc nécessaire de déterminer des mécanismes
d’affiliation au système de protection sociale basés sur l’introduction d’un régime
universel, de préférence obligatoire. Il est recommandé d’impliquer les organisations
socio-professionnelles de travailleurs de l’économie informelle en tant qu’intermédiaires
pour l’affiliation et de concevoir un système basé sur les cotisations des bénéficiaires,
dont les niveaux de contributions sont adaptés aux capacités des bénéficiaires, et
reposant également sur un soutien financier gouvernemental destiné à financer les
groupes spécifiques inclus de manière non-contributive, et pour garantir une viabilité
financière. Ce système pourrait inclure un prélèvement automatique, prépayé, prélevé
sur les cotisations et « les fonds de solidarité ». Ces structures ont le potentiel de
contribuer à l’extension de la protection sociale dans la mesure où leurs systèmes
de cotisation et/ou de collecte d’intérêt peuvent, théoriquement, fournir un point de
départ financier suffisant à leur intégration dans un système national de financement
de la sécurité sociale.

La formalité de l’emploi est un déterminant important du salaire d’un employé, de


même que son genre. L’informalité est une source de pénalité salariale, surtout pour
les femmes. Ainsi, pour réduire les écarts salariaux entre les emplois formels et
informels et la discrimination salariale à l’égard des femmes, il est recommandé de
renforcer l’éducation des femmes, et la formation continue en général, de sensibiliser
les administrations et organismes publics sur ces thèmes, et de mener des politiques
d’amélioration des conditions de travail en milieu rural.

Le cadre normatif, règlementaire et politique de mise en œuvre de la transition vers


l’économie formelle au Cameroun nécessite un renforcement qui passera par la
ratification des normes pertinentes (conventions de l’OIT) et par la formation et la
sensibilisation des acteurs de l’économie informelle sur le cadre normatif de manière à
lever les barrières relatives à la formalisation dues au manque d’information.

xv
LISTE DES ABBRÉVIATIONS
ANUPS : Attestation de Non-Utilisation de Personnel Salarié
APECCAM : Association des professionnels des établissements de crédit du
Cameroun
APME : Agence de Promotion des PME
ASS : Afrique Sub-Saharienne
BCPME : Banque Camerounaise des PME
BCA : Bureaux Communaux de l’Artisanat
BCS : Business Climate Survey
BEAC : Banque des États de l’Afrique Centrale
BIT : Bureau International du Travail
CAPEF : Chambre d’Agriculture des Pêches, de l’Élevage et des Forêts
CBF : Cameroon Business Forum
CCIMA : Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat
CDI : Centre des Impôts
CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale
CESC : Conseil Économique et Social du Cameroun
CFCE : Centres de Formalités de Création d’Entreprise
CGA : Centres de Gestion Agrées
CNCT : Commission Nationale Consultative du Travail
CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
CNRP : étude sur le Cadre Normatif, Règlementaire et Politique
CTD : Collectivités Territoriales Décentralisées
DMAA : étude sur la Détermination de Mécanismes Adaptés d’Affiliation à
la protection sociale
DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
EEIC : Enquête auprès des Entreprises Informelles au Cameroun (BIT)
EESI : Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel
EMF : Établissement de Micro-Finance
FCFA : Franc de la Communauté Financière d’Afrique

xvi
FNE : Fond National de l’Emploi
GDS : étude sur le Genre et les Différences Salariales dans l’emploi au
Cameroun
GIC : Groupe d’Initiative Commune
GICAM : Groupement Inter-Patronal du Cameroun
GIE : Groupes d’Intérêt Économique
INS : Institut National de la Statistique
MINPMEESA : Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie
Sociale et de l’Artisanat
MINADER : Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural
MINAS : Ministère des Affaires Sociales
MINATD : Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
MINCOMMERCE : Ministère du Commerce
MINEPAT : Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement
du Territoire
MINEPDED : Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du
Développement Durable
MINEPIA : Ministère de l’Élevage, de la Pêche et des Industries Animales
MINFI : Ministère des Finances
MINEFOP : Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
MINJEC : Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique
MINJUSTICE : Ministère de la Justice
MINPROF : Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille
MINTAD : Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
MINTSS : Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économiques
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
ONT : Observatoire National du Travail

xvii
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNP : étude sur la Promotion des Normes Pertinentes dans le domaine
de l’économie informelle
RCCM : Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
RGE : Recensement Général des Entreprises
SARL : Société À Responsabilité Limitée
TGI : Tribunal de Grande Instance
TPE : Très Petites Entreprises
TPI : Tribunal de Première Instance
TPME : Très petites, Petites et Moyennes Entreprises
UPI : Unités de Production Informelles

xviii
(Encadré 1.a.)
SECTION 1 : CONTEXTE
Ce rapport de synthèse résume Ce rapport de synthèse présente les résultats d’un
les conclusions principales de six
études, focalisées sur la migration de diagnostic sur les entreprises informelles et leurs
l’économie informelle vers l’économie travailleurs au Cameroun, en vue d’identifier des
formelle, et commissionnées par le BIT: politiques et stratégies pour faciliter la migration
1. Cadre Normatif, Règlementaire de ces entreprises et travailleurs vers l’économie
et Politique (CNRP) de Mise formelle.
en Œuvre de la Transition vers
l’Économie Formelle au Cameroun

2. Promotion des Normes Pertinentes 1.1 Contexte de ce Rapport


dans le Domaine de l’Économie
Informelle (PNP)
Le champ d’application de ce rapport inclut :
3. Étude sur la Migration de l’Économie
Informelle vers l’Économie Formelle
ƒƒ
Les unités de production informelles et les
: Proposition de Stratégie pour travailleurs concernés : travailleurs à leur
le Groupement Inter-Patronal du propre compte, employeurs et leurs employés ;
Cameroun (GICAM)

4. Genre et Différences Salariales ƒƒ


Les administrations camerounaises en charge

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


(GDS) dans les Emplois Formels ou connectées au processus de formalisation
et Informels au Cameroun
des entreprises et de leurs employés ;
5. Étude Technique sur les Filières et
Métiers de l’Économie Informelle
en Milieu Urbain et Rural, pour
ƒƒ Les patronats et syndicats ;
la Détermination de Mécanismes
Adaptés d’Affiliation au Système ƒƒ
Les associations, regroupements ou autres
de Protection Sociale (DMAA) entités œuvrant en collaboration avec les
et de Mesures Incitatives au
Cameroun acteurs de l’économie informelle ;

6. Enquête auprès des Entreprises


ƒƒ Le rapport contient des informations sur le
Informelles (EEIC) du Cameroun
sur la Formalisation des Entreprises cadre normatif, règlementaire et politique
et leurs Travailleurs. régissant le monde du travail, l’économie
Ces études s’appuient sur des formelle et l’économie informelle, la protection
ressources primaires (enquête globale, sociale, le monde des affaires et les activités
entretiens personnalisés, études
commerciales.
terrain, etc.) et sur des ressources
secondaires (revues de littératures,
textes règlementaires, etc.) ƒƒ Les études réalisées dans le cadre de ce rapport
sont détaillées dans l’Encadré 1.a.

Ce rapport se concentre spécifiquement sur la formalisation des entreprises informelles


et de leurs travailleurs, et ne prend, par conséquent, pas en compte l’emploi informel
au Cameroun

dans des entreprises formelles, la prévention de l’informalisation et la création


d’entreprises formelles. L’annexe 1 inclut des définitions liées à l’économie informelle.
Ce rapport fait référence aux travailleurs, entrepreneurs, salariés, employés, etc. de

1
(Encadré 1.b) manière inclusive et non-sexiste, et utilise donc
ces termes pour désigner des femmes ou des
Définition nationale d’une entreprise
hommes.
formelle
Le rapport utilise le terme d’Unités de Production
Au Cameroun, le niveau de formalité
d’une entreprise est défini, entre Informelles (UPI), qui comprend les travailleurs à
autres, par le Code du Travail leur propre compte et les entreprises d’employeurs
(1992), et cela en fonction de la informels. Plus spécifiquement, sont inclues
nature des relations employeur- dans cette définition d’une UPI, les entreprises
employé. Le contrat de travail dénuées de personnalité morale et exploitées
constitue le premier point de mesure
par des ménages, comprenant les (i) unités qui
de la formalité d’un emploi selon
emploient de la main d’œuvre ; (ii) les unités
les études GDS et CNRP. C’est en
effet le contrat de travail qui confère détenues par des particuliers travaillant à leur
des prestations à l’employé (congés propre compte, qu’ils soient ou non aidés par
payés, protection sociale, etc.) et des membres de leur famille, non rémunérés  ;
régule les conditions d’exercice du (iii) les coopératives et unités de l’économie
travail (horaires, salaire, etc). sociale et solidaire. Cette définition est conforme
Ce rapport se réfère à la définition à celle des unités économiques de l’économie
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

légale d’une entreprise informelle au informelle telles qu’elles sont décrites dans la
Cameroun, basée sur l’Instruction Recommandation 204 de l’OIT.
n°011 du Premier Ministre du 18
mars 2010. Les recommandations identifiées dans ces
études constituent la base de l’élaboration d’un
Cette instruction délimite la formalité
à la conformité avec l’administration plan d’action et d’une feuille de route pour la
fiscale (1) (carte de contribuable), formalisation des entreprises du secteur informel
avec le régime de protection sociale
et leurs travailleurs qui se devra d’inclure des
(2) (inscription à la Caisse Nationale
de Prévoyance Sociale (CNPS)) et actions spécifiques au secteur informel global
avec l’administration judiciaire (3) ainsi qu’à l’emploi informel dans ce secteur.
(attestation d’enregistrement au
Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier (RCCM) et inscription au Cadre Conceptuel 
Registre des Coopératives pour les
entreprises de l’économie sociale).
Le cadre conceptuel utilisé dans ce rapport pour la
À ceci, l’Institut National de la transition de l’économie informelle vers l’économie
Statistique ajoute la tenue d’une formelle est identifié dans la Recommandation
comptabilité formelle (4).
204 de l’Organisation Internationale du Travail
La définition simplifiée retenue (OIT) (2015) et dans le document Formalisation
d’une entreprise informelle pour de l’Entreprise (BIT, 2017) 1.
1

cette étude est toute entreprise


manquant à au moins l’une de ces
conditions :

ƒƒ possession d’une carte de


au Cameroun

contribuable (1)
ƒƒ immatriculation à la CNPS (2)
ƒƒ inscription au RCCM (3)
ƒƒ tenue d’une comptabilité formelle (4).

1 Voir http://www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=NORMLEXPUB:12100:0::NO::P12100_ILO_CODE:R204 et www.ilo.


2 org/eese pour plus d’informations.
La transition de l’économie informelle vers l’économie formelle est partie intégrante
du programme global et régional de promotion du travail décent 2, et se fonde sur la 2

Recommandation 204 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) (2015) et la


déclaration d’Addis-Abeba : Transformer l’Afrique grâce au travail décent pour un
développement durable (2015).

La Recommandation 204 concernant la transition de l’économie informelle vers


l’économie formelle prévoit la mise en place de stratégies nationales coordonnées et
intégrées (politiques, législation, administrations concernées, etc.), basées sur des
diagnostics contextuels permettant le développement de mesures incitatives adaptées.
Toute stratégie se doit de respecter les droits fondamentaux des travailleurs, et même
de les encourager, en faisant notamment du droit d’association et de négociation
collective une priorité pour favoriser l’échange d’expertise entre entreprises et la
défense d’intérêts communs. La recommandation en appelle donc à la responsabilité
des États membres de l’OIT pour la création d’un environnement favorable à l’exercice
de ce droit pour les employeurs et les travailleurs, ainsi que pour leur participation au
dialogue social dans l’optique de la migration vers l’économie formelle. De même, le
rôle des organisations d’employeurs et de travailleurs est d’œuvrer à l’inclusion des

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


UPI et des travailleurs de l’économie informelle via leur affiliation.

Globalement on distingue deux types d’entrepreneurs (employeurs et travailleurs à leur


propre compte) de l’économie informelle :

ƒƒ Les entrepreneurs de nécessité: Ceux qui n’ont ni l’ambition, ni les moyens ou


les connaissances suffisantes pour se formaliser. Ces acteurs sont exposés à la
précarité, vulnérables, et ne sont pas à même de faire croître leur activité;

ƒƒ Les entrepreneurs d’opportunité: Ceux qui pourraient potentiellement se formaliser


s’ils en ont la possibilité ou qu’ils y sont incités.

Les entrepreneurs ont tendance à faire le choix rationnel de se formaliser ou pas : ils
comparent les coûts escomptés de l’entrée et du maintien dans la formalisation avec
les avantages que cela présente. Lorsqu’aucun « argument de rentabilité » ne justifie
la formalisation, de nombreux entrepreneurs préfèrent exercer à l’abri du regard du
régulateur.

Le but affiché des initiatives de formalisation des entreprises et leurs travailleurs est de
créer des emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité, de réduire la pauvreté
et de remédier à la marginalisation de ceux qui sont tout particulièrement exposés aux
plus graves déficits de travail décent dans l’économie informelle.
au Cameroun

2 Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail. Il regroupe l’accès à un travail productif
et convenablement rémunéré, la sécurité sur le lieu de travail et la protection sociale pour les familles, de
meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale, la liberté pour les individus
d’exprimer leurs revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie, et l’égalité
des chances et de traitement pour tous, hommes et femmes. 3
1.2 Le Secteur Informel au Cameroun (Encadré 1.c)
Cette section présente les caractéristiques du Avantages de la formalisation des UPI
secteur informel au Cameroun, et s’intéresse
Pour les entrepreneurs informels :
aux entreprises informelles, à la relation entre ce Moins de précarité ; accès aux marchés
secteur et le secteur formel, et aux défis liés à la publics et privés ; meilleur accès aux
prépondérance de l’informalité. services financiers et programmes
d’aide ; accroissement de la productivité
; degré de fiabilité des accords avec
Degré d’Informalité d’autres entités accru.

Au Cameroun, depuis la crise économique entamée Pour l’État et la société : Accroissement


de la productivité nationale ; assiette
au milieu des années ‘80 le secteur informel a
fiscale élargie, ce qui est nécessaire
considérablement gagné du terrain dans le marché pour fournir des biens et services
du travail, et occupe une place importante dans publics améliorés ; meilleure cohésion
sociale.
la création des emplois. En 2003, les chiffres
indiquaient que le secteur informel contribuait à Pour les travailleurs : Accès aux droits
et bénéfices sociaux ; amélioration de
57,6% du Produit Intérieur Brut.3
conditions de travail ; en moyenne, les
revenus sont plus élevés et stables dans
Les données de la deuxième Enquête sur l’Emploi
le secteur formel que dans le secteur
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

et le Secteur Informel (EESI 2) montrent qu’il informel.


existait 2.5 million d’unités de production
Pour les entreprises formelles :
informelles (UPI) non-agricoles en activité en Réduction de la concurrence déloyale
2010, dont 54.4% dirigées par des femmes, qui de la part des entreprises informelles.
sont surreprésentées dans le secteur informel. Cela
émontre que le ratio d’entreprises formelles et
informelles était d’environ 1:25 à cette période, puisque le Recensement Général des
Entreprises ne dénombrait en 2009 que 93,969 entreprises formelles enregistrées, et
cela même en comptabilisant le secteur agricole.

De nos jours, l’économie camerounaise se distingue par une cohabitation entre un


secteur informel dynamique et un secteur formel à la croissance stagnante.

C’est en effet le secteur informel qui concourt majoritairement à la création d’emplois


au Cameroun, à hauteur de 88.6% de tous les emplois crées en 2014 selon les
Comptes Nationaux du Cameroun. La part des actifs travaillant dans le secteur informel
s’est élargie de manière considérable durant ces trois dernières décennies.

La prépondérance de l’économie informelle est un problème qui doit être adressé


puisqu’elle nuit à l’activité économique nationale, engendre une perte des revenus
fiscaux domestiques et limite les opportunités de croissance des entreprises. Les
entreprises informelles sont trois fois moins productives que les entreprises formelles,
ce qui engendre un phénomène de sous-compétitivité qui affecte négativement
au Cameroun

l’économie nationale. Le manque de productivité dans le secteur informel est aussi


dû à la difficulté d’accès au financement, et donc, à la capacité réduite pour les

3 Charmes, J. (2012). « The informal economy worldwide: Trends and characteristics». The Journal of applied
economic research, 6(2): 103-132.
4
entreprises informelles d’investir dans leur activité4. De plus, la qualité des emplois
créés dans l’informel est généralement moindre, y compris par rapport à l’accès à la
protection sociale. De ce fait, même si le secteur informel génère plus d’emplois que le
secteur formel, leur qualité reste discutable.

Informalité et Travail Décent


L’ampleur du secteur informel affecte le travail décent : l’étendue des connaissances
et données relatives au secteur informel, partiellement produites en collaboration avec
le BIT montrent que les travailleurs du secteur informel gagnent moins bien leur vie et
sont exposés à un risque de pauvreté plus grand que ceux de l’économie formelle5.

L’emploi informel reste majoritaire face à l’emploi formel selon les résultats d’EESI 1
(2005) et EESI 2 (2010) (Enquêtes sur l’Emploi et le Secteur Informel) de l’Institut
National de la Statistique (INS) du Cameroun. En effet, à peine plus de 12% des
employés avaient un contrat de travail écrit en 2010 (EESI 2). Ces enquêtes signalent
aussi que bien que le chômage soit un problème visible dans les zones urbaines, et
touchant principalement les jeunes de 15 à 34 ans, le principal défi est celui du sous-
emploi. Ces problèmes sont également recensés dans le Document de Stratégie pour

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


la Croissance et l’Emploi (DSCE) et constituent l’une des priorités du Programme Pays
pour le Travail Décent, qui vise à l’amélioration du cadre normatif et des conditions de
travail pour tous les travailleurs (Tamba, 2015). Le DSCE propose donc de promouvoir
l’auto-emploi dans le cadre de la réduction du sous-emploi et de la migration vers
l’économie formelle (ibid).

La comparaison des études EESI successives révèle néanmoins une certaine


amélioration en termes de travail décent au Cameroun. Il reste toutefois beaucoup de
travail à accomplir car les trois quarts de la population salariée étaient toujours en
déficit de travail décent en 2010 (EESI 2).

Il existe une corrélation positive significative entre la formalité de l’entreprise et la


formalité des emplois. En effet, les EESI 1 et 2 indiquent que le degré de formalité de
l’emploi dans les entreprises formelles à tendance à s’accroitre dans le temps. Ainsi,
la proportion d’employé(e)s formel(le)s du secteur formel bénéficiant d’une protection
sociale et de congés payés s’est accentuée entre 2005 et 2010, passant de 50.9% à
73.2% (voir tableau 1).

Tableau 1 : Secteur de l’Entreprise et Formalité des Emplois

2005 2010
Secteur de l’Entreprise Formel Informel Formel Informel
Type Formel 50.88% 0.18% 73.18% 2.12%
au Cameroun

d’Employé(e)s Informel 40.12% 99.82% 26.82% 97.88%

Source: à partir de l’EESI 1 (2005) et de l’EESI 2 (2010)

4 Fotie, H. (2016), Étude sur la Migration de l’Économie Informelle vers l’Économie Formelle : Proposition de
Stratégie pour le Groupement Inter-Patronal du Cameroun, p.46
5 BIT, L’économie informelle en Afrique : Promouvoir la transition vers la formalité- Défis et stratégies, Genève,
BIT, 2009. 5
Tableau 2 : Genre et Formalité des Emplois au Cameroun

Années 2005 2010

Sexe Hommes Femmes Ensemble Hommes Femmes Ensemble

Type d’emploi
Employé formel 12.84 6.19 9.78 13.11 6.77 10.14
Employé informel 42.48 31.23 37.23 38.44 36.33 37.45
Propre compte 0.68 0.20 0.46 0.49 0.11 0.31
formel
Propre compte 44.00 62.38 52.44 47.96 56.78 52.09
informel

Source: à partir de l’EESI 1 (2005) et de l’EESI 2 (2010)

Caractéristiques des Entreprises Informelles


Selon l’EESI 2 la plupart des UPI étaient de petite taille en 2010, avec 86%
d’entreprises unipersonnelles. L’une des études formant la base de ce rapport s’appuie
sur une enquête BIT (EEIC) menée auprès d’entreprises informelles en Mars 20176.
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

1745 entrepreneurs ou gérants d’entreprises informelles (employant un maximum de


10 personnes) ont été interrogés pour identifier les facteurs contribuant à l’informalité
et/ou à la formalisation des entreprises. Le rapport d’enquête fait également état du
fait qu’une majorité des entreprises sont individuelles, et donc, gérées à 73.1% par
leurs promoteurs.

En 2005, la moitié des UPI camerounaises avait un chiffre d’affaires annuel en


dessous du million de Francs CFA (FCFA) (1782 USD) et pour une UPI sur quatre, ce
chiffre d’affaires s’élevait tout au plus à 27,000 FCFA (48USD)7.

L’incidence de formalité augmente avec l’échelle de l’entreprise (nombre d’employés,


chiffre d’affaires, etc.) car il existe une corrélation positive entre la taille d’une
entreprise et sa propension à se formaliser, au désavantage des petites entreprises.
Les entreprises comptant des salariés sont plus visibles et exposées à l’inspection du
travail, et par conséquent, plus susceptibles de se formaliser que les personnes auto-
employées (EESI 2).

En 2010, chaque secteur d’activité, à savoir l’industrie, le commerce et les services,


était représenté approximativement à part égale dans le secteur informel (EESI 2,
voir tableau 3). Les branches d’activités les plus importantes étaient le commerce de
détail, l’agroalimentaire, la restauration, le transport et la confection.
au Cameroun

6 Fomba Kamga, B. (2017), Enquête Auprès des Entreprises Informelles du Cameroun sur la Formalisation des
Entreprises et leurs Travailleurs (EEIC)
7 1,000 FCFA est environ USD 1.77 (Juillet 2017).
6
Tableau 3 : Répartition (%) des UPI selon le secteur et la branche d’activité au Cameroun

Secteur Branche % par rapport au % par rapport à la


secteur branche
Agro-alimentaire 19,0
Confection 5,7
Industrie 34,1
Autres industries 5,6
BTP 3,9
Commerce de gros 3,2
Commerce 33,7
Commerce de détail 30,4
Transport 6,7
Restauration 9,7
Services 32,2
Réparation 3,0
Autres services 12,9
Total 100,0 100,0

Source : À partir d’EESI 2 (Phase 2)

Moins de 14% des entrepreneurs interrogés en 2017 étaient affiliés à une association

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


quelconque, et, globalement, l’intérêt pour ces organisations était mitigé, avec la
part des avis défavorables aux associations prenant le pas sur les avis favorables.
Un sondé sur quatre jugeait ainsi les associations (d’entreprises et d’entrepreneurs)
passables et peu à même de représenter les intérêts des PME.

Relations entre les Secteurs Formels / Informels


Les relations entre le secteur formel et le secteur informel sont complexes et
hétérogènes :

ƒƒ Rapports de coopération : Ce sont des ménages que provient la majorité du chiffre


d’affaires des UPI (73.1%), suivis par les entreprises formelles (20%) selon
l’EESI 2 (2011). Pour leur part, les entreprises formelles utilisent régulièrement
les UPI, parties intégrantes de leurs « stratégie[s] de distribution », sachant que
ces premières sont les fournisseurs principaux des UPI. Similairement, les UPI
approvisionnent les entreprises formelles et effectuent pour elles des travaux de
sous-traitance.

Tableau 4 : Répartition (%) des achats des UPI suivant l’origine et par secteur

Grande Petite Grande Petite Ménages/ UPI elle- Autres Total


entreprise entreprise entreprise entreprise Particuliers même
privée commerciale privée non non
au Cameroun

commerciale commerciale commerciale

Industrie 22,2 45,7 10,0 1,7 18,5 1,6 0,3 100,0

Commerce 12,1 52,2 26,4 4,9 2,5 1,0 0,9 100,0

Services 1,2 53,0 17,1 9,1 4,2 1,8 0,5 100,0

Source: INS (2011), EESI, Phase 2

7
ƒƒ Rapports de concurrence  : En dépit d’une certaine collaboration des secteurs
formels et informels, ce dernier reste cependant un problème principal pour les
entreprises formelles. Les enquêtes successives sur le climat des affaires de 2013
et 2014 révélaient ainsi que pour 68% des chefs d’entreprises formelles, le secteur
informel avait un impact négatif sur le développement de leurs activités. En effet,
66.7% d’entre eux considéraient que le secteur informel était aussi une source de
concurrence déloyale. Les secteurs formels pour lesquels cette concurrence est la
plus négative sont l’industrie agroalimentaire, le commerce, la santé, les transports
et le secteur hôtelier. En effet, les UPI sont en mesure d’offrir des produits à
moindre coûts, puisqu’elles ne s’affranchissent pas des contributions fiscales et
sociales, ce qui désavantage les entreprises formelles.

ƒƒ Rapports de complémentarité : De temps à autre, le secteur informel complémente


le secteur formel dans le sens où il permet de combler le fossé entre ce dernier et
les consommateurs, notamment dans le secteur agricole. Les UPI agricoles sont
en effet plus à même que les entreprises formelles de créer des réseaux de vente
compétitifs de produits au détail à des prix adaptés aux revenus faibles dans les
zones rurales. Les entreprises formelles se contentent donc de financer les stocks
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

de leurs distributeurs en zones agricoles sans intervenir directement.

Secteur Informel et Environnement Socio-Économique


L’impact du secteur informel sur l’environnement socio-économique du Cameroun est
mitigé, avec pourtant une nette dominance des effets négatifs. D’un côté, le secteur
informel est un « amortisseur social » dans la mesure où il offre des emplois et
revenus à ceux pour qui le secteur formel est inaccessible, ainsi qu’une plateforme de
solidarité et d’intégration aux acteurs informels. La participation du secteur informel à
l’économie camerounaise est substantielle et l’Institut National de la Statistique (INS)
l’évaluait à hauteur de 50% du PIB en 2005 (étude GICAM). De plus, ce secteur est
flexible, présente une capacité d’adaptation rapide aux besoins du marché et est facile
d’entrée pour les producteurs. En effet, toujours selon l’INS, 90.5% des actifs occupés
aux Cameroun travaillaient dans l’informel en 2005.

Cependant, l’informel n’offre pas d’emplois décents (situation et revenus instables,


positions moins à même d’évoluer que dans le secteur formel et risques sanitaires
conséquents). En outre, il contribue à la dévalorisation du climat national des affaires,
menace l’intégrité juridique de l’État et impacte négativement sur la capacité de l’État
à fournir des services publics, du fait du manque à gagner en termes de contributions
fiscales diverses.
Ce rapport est structuré comme suit : Section 2 présente les résultats de plusieurs
au Cameroun

études. Cette section commence par une description du cadre juridique, règlementaire
et normatif affectant les entreprises et leurs travailleurs. Elle analyse également dans
quelle mesure les entreprises s’enregistrent et déclarent ou affilient leurs employés et
détaille les contraintes avenant à la formalisation par rapport à ces paramètres. Par la
suite, elle décrit des aspects plus larges de la formalisation, tels que l’affiliation aux

8
associations, la représentation via les organisations d’employeurs et de travailleurs, et
l’accès aux services de développement des entreprises, aux marchés et au financement.

Enfin, la Section 3 offre des recommandations sur la marche à suivre pour faciliter la
transition vers la formalité pour les entreprises et travailleurs au Cameroun.

Typologie de l’Entreprise Informelle au Cameroun

tt Statut Juridique : C’est une entreprise unipersonnelle (ou entreprise individuelle)


- 73% des promoteurs(ices) gèrent l’entreprise eux-mêmes et sont donc des
travailleur(euse)s à leur propre compte ;

tt Âge de l’Entreprise : Elle est âgée de moins de 2 ans (34.7%) ou, de 3 à 5 ans
(27.7%) ;

tt Caractéristiques du(de la) gérant(e) :



Entreprise typique urbaine Entreprise typique rurale

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


(surtout Douala ou Yaoundé)
Genre Probablement une femme (EESI 2 : plus de 50% de chance)
Âge De 15 à 34 ans
Statut marital Marié (43.4%) ou célibataire (40.8%)
Niveau d’éducation Primaire (40.7%)
Secteur d’activité Tertiaire : Commerce Primaire : Agriculture,
élevage, pêche ou sylviculture

tt Affiliation à une association : L’entreprise est très probablement affiliée (sans


aucun doute pour l’entreprise rurale du secteur primaire (96.2%)), et le type
d’association est probablement un GIC (surtout en zone rurale) ;

tt Connaissance des administrations en charge de la formalisation et de leur rôle :


­- L’entrepreneur est particulièrement familier(ère) avec la Mairie (95%) ;
­- Il/Elle a connaissance du Centre des Impôts et du Tribunal de Première
Instance (>80%) ;
­- L’entrepreneur est plutôt susceptible de connaitre la CNPS (71.5%) ;
­- Il/Elle ne connait probablement pas les CFCE (19.2%) ;

tt Contact avec les administrations en charge de la formalisation :


­- L’entrepreneur est en contact avec la Mairie et les Impôts (>80%) ;
au Cameroun

­- Il/Elle n’est probablement pas en contact avec la CNPS (<15%) ;

tt Contraintes : L’entreprise se dit principalement contrainte par la fiscalité, la


corruption et les lourdeurs administratives.

9
(Encadré 2.a)
SECTION 2: CONSTAT ET DÉFIS
Conventions internationales à valeur
supranationale
2.1 C
 adre Juridique, églementaire et
Conventions internationales
Normatif
Elles s’intègrent et prennent l’ascendant
sur le droit national. De ce fait, le Pacta
sunt servanda repris par la convention Cette section détaille les normes pertinentes pour
de Vienna de 1969 implique l’obligation
la transition des entreprises informelles et de leurs
d’exécution des conventions ratifiées et
le respect des accords ainsi convenus. travailleurs vers l’économie formelle. La plupart
de ces normes sont actuellement en vigueur au
Les normes du droit de l’Organisation
pour l’Harmonisation du Droit des Cameroun mais il existe également des normes
Affaires en Afrique (OHADA), pourtant ou conventions particulièrement pertinentes à la
communautaire, sont également
migration vers l’économie formelle que l’État doit
supérieures au droit national.
ratifier et/ou mettre en application.
Adhésion à l’OIT

Lorsqu’un État adhère à l’OIT, celui- 2.1.1 Normes Internationales


ci souscrit à la Constitution de
l’Organisation et en conséquence Ces normes ont été adoptées dans le cadre
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

aux principes qui y sont inscrits. Ces de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et
principes constitutionnels incluent, de l’OIT.
entre autres, et notamment, ceux
contenus dans les huit Conventions
Il existe 44 normes internationales en rapport avec
fondamentales couvertes par la
Déclaration sur les Principes et Droits la transition vers l’économie formelle, allant de la
Fondamentaux au Travail de 1998 Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
qui appelle chaque État Membre
de 1948 aux conventions fondamentales et de
à les ratifier. En outre, il convient
de mentionner le Protocole à la gouvernance, ratifiées dans le cadre de l’adhésion
Convention No. 29 sur le Travail Forcé du Cameroun à l’OIT (voir listes en annexes 3 et 4).
adopté en 2014.
L’adhésion à l’OIT engage le Cameroun à la
Le contrôle de l’application des
ratification de l’ensemble des conventions
normes est exercé par trois organes de
fondamentales relatives aux droits du travail,
supervision: la Commission d’Experts
pour l’Application des Conventions
que l’État a ratifié dans leur ensemble. Les
et Recommandations, la Commission
de l’Application des normes de la conventions fondamentales traitent de la liberté
syndicale (n°87), du droit d’organisation (n°98),
Conférence ainsi que le Comité de la
Liberté Syndicale.
de l’abolition du travail forcé ou obligatoire (n°29
& n°105), de l’âge minimum du travail (fixé à 14
ans au Cameroun) (n°138), des pires formes du travail des enfants (de moins de 18
ans) (n°182), de la discrimination dans l’emploi et la profession (n°111) et de l’égalité
de rémunération (n°100) (étude PNP).
au Cameroun

La Recommandation N°204 de l’OIT est la norme internationale la plus pertinente


à la formalisation des entreprises et de leurs travailleurs, puisqu’elle promeut
spécifiquement la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle (voir
section 1.2. pour plus de détail sur la Recommandation N°204).

10
Le Cameroun compte également des conventions pertinentes déjà ratifiées et dont
la mise en application reste à faire, à savoir, la convention de l’OIT n°81 relative
à l’inspection du travail, et la n°122 sur la politique de l’emploi. De plus, d’autres
recommandations relatives à l’économie informelle sont la n°193 sur la promotion des
coopératives et la n°189 sur la création d’emploi dans les PME. En outre, l’étude PNP
a mis en évidence une série de normes et conventions de l’OIT dont la ratification
est particulièrement indiquée pour le Cameroun, et pour lesquelles il n’existe aucun
obstacle à la ratification et à l’application, dans l’optique de la formalisation des
entreprises et de leurs travailleurs (voir liste en annexe 4). Celles-ci concernent, entre
autres, l’extension de l’inspection du travail dans l’agriculture (n°129), la sécurité
sociale (n°102) et la mise en valeur des ressources humaines (n°142).

2.1.2 Normes Régionales, Communautaires et Bilatérales

Normes Régionales 
Au niveau du continent africain, seule la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des
Peuples (1981) et sa révision de 2003 sont pertinentes à la transition vers l’économie
formelle.

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


ƒƒ La Charte Africaine des Droits de l’Homme & des Peuples (1981) prévoit l’égalité
en droit pour tous, y compris dans le travail (art.15) ce qui comprend de bonnes et
équitables conditions de travail et des salaires égaux à travail égal. Le protocole à
cette charte (2003) est relatif aux droits de la femme et interdit toute discrimination
basée sur le genre, prévoit l’égalité dans tous les aspects du travail, et ce, même
pour le secteur informel.

Normes Communautaires et Bilatérales


Ces normes découlent de l’adhésion du Cameroun à l’Organisation pour l’Harmonisation
du Droit des Affaires en Afrique (OHADA) et à l’Union Économique de l’Afrique
Centrale (UEAC) et se rapportent donc spécifiquement aux normes régissant le climat
des affaires dans les pays membres.

Normes du Droit de l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires


ƒƒ
en Afrique (OHADA)  : Le Cameroun est un État membre de l’OHADA, et, à ce
titre, il participe à l’élaboration de ces normes communautaires. À l’instar des
conventions fondamentales de l’OIT, les Actes Uniformes du droit OHADA doivent
obligatoirement et directement être appliqués dans le droit interne des États
membres et leur adoption abroge toutes règlementations nationales contraires en
vigueur et à venir.
au Cameroun

L’étude CNRP (2017) discerne trois actes de droit pertinents à la formalisation des
entreprises et de leurs travailleurs élaborés par le droit OHADA :

11
L’Acte Uniforme révisé relatif au Droit Commercial Général (AUDCG) de 2010 a
établi le statut de l’Entreprenant, un statut transitoire d’entrepreneur individuel
qui permet à ce dernier de se risquer à une activité commerciale avant de
devenir un entrepreneur formel. Ce statut bénéficie des avantages liés au statut
de commerçant, sans toutefois devoir se soumettre à toutes les contraintes (voir
encadré 2.h pour plus d’informations sur le statut de l’entreprenant).

L’Acte Uniforme révisé relatif aux Sociétés Commerciales et au Groupement


d’Intérêt Économique (AUSCGIE) de 2014 institue deux formes commerciales, à
savoir le Groupement d’Intérêt Économique (GIE) et la Société à Responsabilité
Limitée (SARL) Unipersonnelle. Pour cette dernière, l’AUSCGIE prévoit un
minimum d’apport de capital social rabaissé à 100.000 FCFA (178 USD). Cette
modification a pour but de permettre aux micro-entrepreneurs de formaliser
leur activité en SARL, avec, en outre, le recours notarial optionnel mais un
enregistrement au RCCM obligatoire ;

L’Acte Uniforme relatif au droit des Sociétés Coopératives de 2010 définit le droit
encadrant ce type d’entreprises à gestion communautaire, utiles à la formalisation
groupée d’UPI via l’enregistrement obligatoire au Registre des Sociétés
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Coopératives.

ƒƒ Normes de l’Union Économique de l’Afrique Centrale (UEAC) et de la Communauté


Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) : Ces conventions et actes
visent à l’harmonisation des régulations nationales en terme de climat propice aux
affaires ; création d’un marché commun avec le libre mouvement de travailleurs,
capitaux, biens et services ; prohibition de la discrimination en matière de
rémunération, promotion et formation ; et de création de politiques communes en
matières sectorielles, d’infrastructures, de dialogue social, de droits, de formation,
etc. (voir liste en annexe 5).

De nombreuses normes bilatérales sont en vigueur, mais on peut noter l’accord entre
le Cameroun et le Mali (1964) qui autorise la libre circulation et l’établissement des
individus et celui entre le Cameroun et le Nigéria (1963) qui facilite le mouvement
et l’établissement des individus et abroge les visas.

2.1.3 Normes Nationales 


Le DSCE fixe les objectifs de développement du Cameroun d’ici à 2035. Cela inclut la
migration vers l’économie formelle, qui met l’accent sur la restructuration des activités
informelles en TPE, à travers la simplification des procédures d’enregistrement
administratif et pour la protection sociale, l’allègement de la fiscalité, la formation
au Cameroun

et l’assistance technique et financière (Tamba, 2015). En outre, il existe des lois


prévoyant la formalisation des entreprises d’une part, et celle des travailleurs, d’autre
part (voir liste complète en annexe 6). La loi N°2010/001 du 13 avril 2010 portant
promotion des petites et moyennes entreprises au Cameroun est particulièrement

12
pertinente au regard de la formalisation des entreprises puisqu’elle rappelle la
nécessité pour tout chef d’entreprise de régulariser son activité au niveau fiscal, social
et financier (art.42), et qu’elle définit la typologie des Très Petites, Petites et Moyennes
Entreprises (TPME) (voir tableau 5 ci-contre). Cette loi régit également les modalités
d’inscription des entreprises au fichier national des PME, une base de données tenue
par le MINPMEESA et ouvrant droit aux programmes gouvernementaux pour les
entreprises qui y figurent. De même, l’article premier du Code Général des Impôts
stipule que l’enregistrement des entreprises et leur paiement des taxes est obligatoire.

Tableau 5 : Typologie des TPME

Nombre d’Employés Chiffre d’affaires annuel en


FCFA
Très Petites Entreprises (TPE) maximum 5 15 millions maximum
(25.750 USD)
Petites Entreprises (PE) de 6 à 20 de 15 à 100 millions
(25.750 à 178.334 USD)
Moyennes Entreprises (ME) de 21 à 100 de 100 millions à 1 milliard
(178.334 à 1.783.504 USD)

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


À partir des études CNRP et GICAM

La loi 2007/004 du 3 juillet 2007 régissant l’artisanat au Cameroun promue par


le MINPMEESA définit cette activité et en distingue trois types (artisanat d’art, de
production et de service), tous référant à des «activités d’extraction, de production, de
transformation, d’entretien, de réparation ou de prestation de services essentiellement
manuelles et exercées à titre principal, [et dont la fabrication est manuelle et ne donne
pas lieu à une] standardisation industrielle». L’artisan est un travailleur autonome,
gérant de sa propre activité et pouvant faire appel à des membres de sa famille ou
des apprentis. L’article 21 de la loi prescrit aussi la création d’un Conseil National de
l’Artisanat, une plateforme de dialogue public-privé destinée à promouvoir l’artisanat8.

L’État ancre sa stratégie de formalisation sur les activités artisanales, suivant la


Direction de l’Artisanat des Migrations du Secteur Informel définie par le MINPMEESA
(Tamba, 2015 9). Cette stratégie est majoritairement décentralisée aux communes, qui
sont compétentes en matière d’enregistrement et de la tenue du registre des artisans
via les BCA, définie par le décret n°2010/2996/PM du 3 novembre 2010 fixant
les modalités d’application de la loi ci-dessus. Le décret n°2011/0003/PM du 13
janvier 2011 leur transfert également la responsabilité de la promotion des activités
artisanales, par le biais de l’organisation de salons spécialisés, de la réalisation des
infrastructures d’exposition et de commercialisation, et de services d’appuis aux
au Cameroun

artisans (Tamba, 2015).

8 Cette loi n’est pas encore opérationnel.


9 Tamba, I., (2015), Transition de l’Économie Informelle vers l’Économie Formelle au Cameroun, Yaoundé : BIT

13
La formalisation des activités économique est prévue par plusieurs décrets et arrêtés,
tels que l’arrêté 075/CAB/PM du 18 mai 2005 portant création, organisation et
fonctionnement du Comité de pilotage du projet de création des Centres de Formalités
des Entreprises qui prévoit la création d’un comité ayant la responsabilité de mettre en
place des Centres de Formalité des Entreprises, suivi par la circulaire interministérielle
n°001 du 30 mai 2012 (entre le Ministère de la Justice, le Ministère des PME, de
l’Économie Sociale et de l’Artisanat et le Ministère des Finances) qui définit les
procédures relatives aux entreprises nouvellement créées aux Centres de Formalités de
Création d’Entreprises (CFCE) (voir section 2.2.1). Dans la même logique, on notera
les décrets 2013/092 du 3 avril 2013 et 2013/297 du 9 septembre 2013 portant
organisation et fonctionnement de l’Agence de Promotion des PME (APME), en charge
de l’implémentation de la stratégie nationale de promotion des PME (voir section 2.2.1
pour plus de détails sur l’APME).

Le cadre règlementaire camerounais est théoriquement favorable à la formalisation des


entreprises informelles et de leurs travailleurs. L’environnement des affaires pourrait
toutefois être amélioré dans cette optique. En 2017, le Cameroun s’est classé à la
166ème place sur 190 du classement Doing Business de la Banque Mondiale, soit
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

un recul de 15 places depuis 2006. Cette performance passable est d’autant plus
frappante en comparaison avec d’autres pays de l’Afrique Sub-Saharienne (ASS).

Il apparaît que plus de réformes, telles que celles engagées par l’État pour promouvoir
la formalisation, sont requises (13 réformes en 10 ans au Cameroun comparé à 48
au Rwanda). Une multiplication des réformes est d’autant plus nécessaire que leur
impact est avéré, puisque l’introduction des CFCE et la loi sur l’artisanat ont bel et
bien contribué à améliorer le classement du Cameroun durant l’année de leur adoption.
Similairement, Tamba (2015) démontre que les progrès du Cameroun au niveau du
classement Doing Business en 2015 sont imputables aux réformes entreprises au
Cameroun pour faciliter les procédures d’enregistrement des entreprises et réduire le
nombre de jours requis pour ces démarches.

Tableau 6 : Données moyennes relatives à l’enregistrement d’une entreprise au


Cameroun en 2015

Proportion des Pays de l’OCDE Pays de l’ASS


entreprises conformes
Immatriculation RCCM 5 4.8 7.8
Nombre moyens de jours requis 15 9.2 27.3

À partir des données de Tamba (2015)


au Cameroun

14
Il en va de même pour les réformes relatives à la protection des investisseurs, qui ont
contribué à la progression du Cameroun dans le classement Doing Business de 2015
dans ce domaine (Tamba, 2015). Le Cameroun est toutefois désavantagé dans ce
dernier classement à cause des inégalités de genre quant aux démarches de création
d’entreprise, plus complexes et donc, plus coûteuses pour les femmes. Enfin, le pays
est particulièrement mal classé en termes de commerce transfrontalier (186ème
sur 190 pays), paiement des taxes et impôts (180ème et des transferts de propriété
(177ème).

La loi n°96-06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution datant du 2


juin 1972, invoque le droit au travail pour tous (« tout homme a le droit et le devoir
de travailler ». Le Code du Travail camerounais y fait écho et engage en plus la
responsabilité de l’État à garantir le plein emploi (article 2, alinéa 1) et celle des chefs
d’entreprise à déclarer leur activité à l’inspection du travail (article 114, alinéa 1).

La détermination du statut de travailleur relève des dispositions du code du travail. De


ce fait, c’est le Code du Travail qui pose le cadre de référence pour la détermination des
conditions de formalisation des travailleurs, puisqu’il est habilité à spécifier la nature
d’une relation de travail. Les articles 131 à 156 traitent de la gestion des différends

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


au travail, y compris la détermination des tribunaux appropriés. Le Code du Travail
précise que tout contrat de travail se doit d’être librement passé entre deux parties et
en prohibe la conclusion avec des mineurs (enfant de moins de 18 ans). Un contrat
de travail peut prendre diverses formes en termes de durée d’engagement (durée
indéterminée (CDI), durée déterminée (CDD), contrat d’apprentissage, engagement
à l’essai, tâcheronnat), de prestations offertes à l’employé (bulletin de paie, sécurité
sociale, congés payés), de forme (écrite ou non) et des conditions de travail (horaires,
salaire, etc.). Tout contrat peut être transformé en contrat à durée indéterminée (CDI).
Le Code du Travail régit aussi la durée hebdomadaire du travail, fixée à 40 heures
maximum, le taux de majoration des heures supplémentaires au-delà d’un certain seuil
et le repos hebdomadaire obligatoire.

L’employé doit obligatoirement recevoir des compensations pour le travail effectué,


c’est-à-dire, des contreparties pécuniaires (salaire et autres rémunérations), des congés
payés et des services tels que la sécurité sociale. Le salaire minimum national est
fixé par la législation du travail et doit être accompagné d’un bulletin de paie. Aux
congés payés, qui se doivent d’être versés avant le départ de tout salarié, s’ajoutent les
congés de circonstance (mariage, décès dans la famille, etc.) et de maternité. Certains
contrats courts n’ouvrent pas droits à des congés payés (contrats à l’essai, temporaires
ou occasionnels).

À l’inverse, la sécurité sociale est un service que se doit d’être associée à tout contrat
au Cameroun

de travail. Le décret 74/733 de 1974 fixe ainsi les modalités d’application de l’article
5 de la loi 69-LF-18 de 1969 qui stipule que les employeurs doivent obligatoirement
s’immatriculer à la CNPS. De plus, le décret 2014/2377 sur l’extension de la sécurité
sociale aux travailleurs de l’informel ouvre le régime d’assurance volontaire aux

15
travailleurs indépendants ou à ceux dont l’employeur ne s’est pas immatriculé à la
sécurité sociale (voir sous-section 2.2.2 pour plus de détails sur la réglementation).
Enfin, la législation recommande aux employeurs de mettre des services d’infirmerie
ou d’assurance maladie à disposition des employés.

Résumé:  Plusieurs normes, lois et décrets ont été adoptés pour faciliter la
formalisation des entreprises et celle des travailleurs informels. Des exemples
incluent : le statut de l’Entreprenant (un statut transitoire d’entrepreneur
individuel qui permettrait à ce dernier de se risquer à une activité commerciale
avant de devenir un entrepreneur formel – pas encore opérationnel au Cameroun);
l’adoption d’une loi visant à créer des Centres de Formalités et de Création
d’Entreprises (CFCE) (des guichets uniques pour faciliter l’enregistrement
de nouvelles entreprises) et l’institution de l’Agence de Promotion des PME.
L’environnement des affaires pourrait toutefois être davantage amélioré. Malgré
l’introduction des CFCE et autres réformes, des progrès restent à accomplir dans
la promotion de la formalisation. L’impact des réformes est cependant avéré
puisque l’introduction des CFCE et la loi sur l’artisanat ont contribué à améliorer
la place du Cameroun dans ce classement l’année suivant leur adoption. En ce
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

qui concerne la formalisation des travailleurs, c’est le Code du Travail qui en


détermine les conditions au Cameroun, et qui est habilité à identifier le statut
d’une relation de travail informelle et d’en recourir à la législation/réglementation
appropriée. En outre, la réglementation sur la protection sociale prévoit que
les employeurs doivent obligatoirement s’immatriculer à la CNPS. Le régime
d’assurance volontaire est accessible aux travailleurs indépendants des secteurs
formels et informels.

2.2 Formalisation : Enregistrement des entreprises et leurs employés


Cette section détaille les obligations légales auxquelles les entreprises doivent
se soumettre pour enregistrer leur activité et leurs travailleurs, c’est-à-dire, pour
s’assujettir aux administrations judiciaires et fiscales, à la sécurité sociale et au droit
du travail. De plus, cette section porte sur le Comportement des entrepreneurs et sur
les contraintes auxquelles ils/elles doivent faire face pour se conformer aux obligations
d’enregistrement. Elle offre également un aperçu des institutions pertinentes qui
fournissent de l’assistance et du suivi. La sous-section 2.2.2 prend néanmoins une
approche plus large quant aux dimensions de la formalisation, et inclut, par exemple,
l’accès au financement, aux marchés et aux services de développement d’entreprises,
qui sont des facteurs qui concourent à la formalisation. Enfin, la section 2.2.3 décrit
au Cameroun

les organisations de représentation et d’appui à la formalisation.

2.2.1 Contexte
Depuis 2010, le gouvernement camerounais a fait de la transition vers l’économie
formelle l’une de ses priorités dans le cadre de ses objectifs de développement
16
économique et d’émergence. Divers mécanismes ont été mis sur pieds afin de réduire
l’ampleur du secteur informel et d’assister les entreprises dans les démarches relatives
à leur création et développement. Il s’agit entre autres des assistances multiformes de
l’Agence de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises (APME), du conseil et de
la tenue de comptabilité assurés par les Centres de Gestion Agrée (CGA), de l’aide au
montage des plans d’affaire et de l’appui au financement à travers le Fond National
de l’Emploi (FNE), le Programme Intégré d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel
(PIAASI), le Programme d’Appui à la Jeunesse Rurale et Urbaine (PAJER-U), etc. Une
mesure phare a été la création des Centres de Formalités de Création des Entreprises
(CFCE), ayant pour objectif de réduire les délais de création d’entreprise. On note
également les décrets relatifs à la création de la Banque Camerounaise des PME
(BCPME) et de la Banque Agricole en 2011 (voir plus de détails sur l’ensemble de ces
mécanismes dans les sections suivantes). La réglementation a été adaptée (circulaire
interministérielle de mai 2012) pour simplifier la procédure légale d’enregistrement
d’une entreprise au CFCE et en réduire les délais. Des progrès restent néanmoins
à accomplir, notamment pour sensibiliser le personnel des CFCE sur le respect des
délais. Ce rapport synthétise les acteurs clés qui sont responsables du développement
et de la formalisation des petites entreprises et de leurs travailleurs.

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


L’étude sur le Cadre Normatif, Règlementaire et Politique (CNRP) au Cameroun offre
une vue d’ensemble approfondie de ces institutions, programmes et initiatives.

ƒƒ Le Ministère des PME, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat (MINPMEESA) est


l’acteur principal du gouvernement en ce qui concerne la transition vers l’économie
formelle. Il élabore, applique et évalue la stratégie nationale de développement des
PME, de l’économie sociale et de l’artisanat. Il supervise les Centres de Formalité
et de Création des Entreprises, l’APME et la Banque Camerounaise des PME
(BCPME) qui sont des acteurs importants de la formalisation des entreprises. En
outre, le MINPMEESA est responsable de programmes visant les investisseurs en
PME, ainsi que de l’élaboration d’une base de données des PME et artisans pour
ces mêmes investisseurs. Le Ministère privilégie la formalisation et le recadrage des
artisans, qui sont considérés comme le point d’ancrage des entreprises informelles
non agricoles (Tamba, 2015).

Le MINPMEESA est en charge des programmes suivants :

­- Programme d’Appui au Développement du Secteur Privé du Cameroun (PADSP-


CAM), qui se concentre sur l’agro-industrie, l’aquaculture, l’énergie verte,
l’écotourisme et les TIC;
­- Programme d’Appui à la Création et au Développement des PME de
au Cameroun

transformation et de conservation des produits locaux de consommation de


masse (PACP/PME).
­
ƒƒ L’Agence de Promotion des PME (APME) œuvre à la simplification des procédures
de création d’entreprise et au développement de partenariats entre le secteur public
et le secteur privé, et au sein du secteur privé en comblant l’écart entre PME et
17
grandes entreprises. L’agence est aussi chargée de
(Encadré 2.b)
réduire les charges administratives pour les PME,
Connaissances des Centres de Formalité d’encadrer l’élaboration de projets d’entreprise
pour la Création des Entreprises (CFCE)
par les UPI
et d’assister à la gestion d’entreprises existantes,
d’offrir assistance, conseil et formation aux PME,
En 2014, 11.500 MPME ont été
et de faciliter leur insertion dans les marchés.
créées via les CFCE. Néanmoins, le
manque de connaissance de cette
ƒƒ
structure et de ces responsabilités est
Les Centres de Formalité des Entreprises
évident : (CFCE), introduits en 2010, sont des guichets
uniques dont la mission est de faciliter
ƒƒ Moins de 20% des entrepreneurs
sondés en 2017 connaissent l’enregistrement de nouvelles entreprises dans
l’existence des CFCE ; un délai de 72 heures. La législation prévoit
ƒƒ Seuls 11.2% savent que
l’inclusion de quatre administrations en ce lieu
l’immatriculation au RCCM peut
se faire au CFCE. unique (MINPMEESA, MINFI, MINJUSTICE,
CNPS), ce qui permet aux entrepreneurs
d’enregistrer leur activité (RCCM) tout en se régularisant au niveau fiscal (carte de
contribuable) et de la protection sociale. En pratique cependant, la CNPS n’est pas
encore opérationnelle dans les CFCE.
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Les CFCE facilitent donc les formalités d’enregistrement et de formalisation des


entreprises. À ce jour, dix CFCE opèrent à Douala, Yaoundé, Limbé, Maroua,
Garoua, Ebolowa, Bamenda, Bertoua, Ngaoundéré et Bafoussam. Récemment, une
plateforme d’enregistrement en ligne a été introduite (www.MyBusiness.cm).

Les objectifs des CFCE ont rapidement été remplis puisque le nombre d’entreprises
créées chaque année au Cameroun a plus que doublé durant leurs deux premières
années d’activité, passant de moins de 3,000 entreprises crées (hors CFCE) en
2010 à 7,441 en 2012. Fin 2014, 32,773 entreprises avaient été créées en
CFCE, dont une large majorité à Yaoundé et Douala (Tamba, 2015)

ƒƒ Les Centres de Gestion Agréés (CGA) procurent de l’aide à la gestion financière et


fiscale ainsi qu’un abattement de 50% sur leurs bénéfices imposables et d’autres
avantages fiscaux pour ces adhérents, des petites entreprises (aux CA annuels de
15 à 100 millions de FCFA (26.750 à 178.334 USD)), à la condition que ces
dernières tiennent une comptabilité formelle. Les services de conseils relatifs à la
fiscalité sont directement offerts par des inspecteurs des impôts. Les CGA proposent
donc des services d’évaluation et de prévention en plus de leurs responsabilités de
mise en conformité des entreprises. Ces organismes sont sous la responsabilité
générale du MINFI mais peuvent être créés par une chambre consulaire ou une
organisation professionnelle.
au Cameroun

ƒƒ Les Collectivités Territoriales Décentralisées (Communes, Communautés Urbaines,


Régions)

Les communes, dont les sièges sont les Mairies, sont au nombre de 360 au
Cameroun, sont les collectivités territoriales décentralisées (CTD) de base, dont 315
18
sont rurales. Les communes sont responsables,
(Encadré 2.c)
entre autres, de l’enregistrement des artisans,
de l’émission de documents pour ces derniers, Perceptions des CTD

et de leur inscription au répertoire municipal Selon une série d’entretiens et de


; de la formation et l’insertion professionnelle groupes de discussion menés en Avril
2017 (dans le cadre de la DMAA),
des femmes ; de la gestion des Centres de
les UPI entretiennent des relations
Formation Professionnelle (CFP). inégales avec les collectivités
territoriales décentralisées, puisque
En dépit de ces initiatives et des avantages qui 46.6% d’entre elles déclarent
ont été mis en place, le secteur informel reste avoir de bonnes relations mais
47.1% qualifient les actions de
prédominant. Cela suggère qu’il est possible de ces collectivités de contraignantes,
faire plus pour encourager les entrepreneurs à en relation notamment avec les
formaliser leur activité et leurs employés. opérations de recouvrement de taxes
et d’expulsion.

2.2.2 Obligations Légales pour l’Enregistrement


Comme indiqué précédemment, (voir encadré 1.b), au Cameroun, le droit national

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


exige que les entreprises se conforment aux obligations suivantes :

ƒƒ l’administration judiciaire
- enregistrement au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, ou
- inscription au Registre des Coopératives, ou
- inscription en Mairie pour les artisans

ƒƒ l’administration fiscale 
- carte de contribuable 

ƒƒ le régime de protection sociale 


- inscription à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

ƒƒ l’administration du travail

Immatriculation ou Enregistrement au RCCM


Toute entreprise se doit d’être enregistrée au registre du commerce, ou au registre
des coopératives, le cas échéant. Pour se faire, l’entrepreneur doit se présenter au
greffe du Tribunal de Première Instance (TPI), dans les villes où il n’existe pas de
CFCE, pour déposer un dossier d’enregistrement. À l’issue de ces démarches, il/elle
obtient une attestation d’immatriculation ou d’enregistrement, qui est une pièce
définitive. Pour les artisans, l’enregistrement se fait au BCA de leur Mairie (Commune)
au Cameroun

de rattachement, de manière gratuite. Après le dépôt d’un dossier d’inscription,


l’attestation d’enregistrement et la carte d’artisan sont immédiatement délivrées.
Cet enregistrement ouvre droit à des avantages spécifiques aux artisans, tels que des
services individuels d’appui (gestion, information, conseils), des services collectifs
(assistance technique, commerciale et technologique, accès aux marchés facilité) et
19
des services financiers accordés par la BCPME. La décentralisation de l’enregistrement
des artisans en Mairie est une mesure visant spécifiquement à accroître la formalisation
et qui a permis l’enregistrement de 37.000 d’entre eux/elles à ce jour. L’enregistrement
communal des artisans vise en outre à permettre au gouvernement de développer
une cartographie des artisans et métiers pour chaque commune (Tamba, 2015).

ƒƒ Les Greffes de Tribunaux (Tribunal de Première


(Encadré 2.d) Instance (TPI) et Tribunal de Grande Instance
Perceptions de la Mairie et du Centre
(TGI)) sont des institutions juridictionnelles qui
des Impôts produisent l’immatriculation des entrepreneurs
La Mairie est l’administration avec
ou entreprises au Registre du Commerce et du
laquelle les entreprises sont les plus Crédit Mobilier (RCCM) et se prononcent sur
familières, et celles avec lesquelles les litiges commerciaux. Le TPI est saisi pour
elles entretiennent les plus mauvaises
relations. 95% des entrepreneurs
tout litige dont le montant est inférieur ou égal
sondé(e)s lors de l’EEIC de 2017 à 10 millions de FCFA (17.833 USD) et le TGI
connaissaient la Mairie, 85% pour ceux dont le montant est supérieur à 10
affirmaient être en contact régulier
avec cette administration, et cela
millions de FCFA.
indépendamment du nombre (ou non)
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

d’employés.
Immatriculation Fiscale
De manière similaire, le Centre des
Impôts (CDI), également en charge L’immatriculation fiscale est également obligatoire
de la collecte de certaines taxes, dès lors qu’une société est en activité. Ce
est une administration bien connue
processus consiste à faire une demande de carte
des entreprises de l’échantillon
(plus de 80%), avec laquelle elles de contribuable, au Centre des Impôts (CDI), en
entretiennent des relations tout aussi vue de l’obtention de ladite pièce, valable dix ans,
mauvaises.
et de la création d’un Dossier Fiscal Unique (DFU).
Que ce soit la Mairie, le CDI ou Les entreprises camerounaises sont soumises à
les entrepreneurs qui initient le
un régime de taxe spécifique, dépendant de leur
contact l’un avec l’autre, la raison
principale est le plus souvent liée chiffre d’affaires annuel. Pour les plus petites
aux impôts (contrôle ou demande entreprises et les artisans réalisant un chiffre
de paiement dans le cas de
d’affaires de moins de 10 millions de FCFA
l’administration et déclaration dans le
cas des entrepreneurs) et 34.7% des (17.833 USD) par an, c’est l’Impôt Libératoire qui
entrepreneurs interrogé(e) qualifiaient s’applique, et ceux réalisant un chiffre d’affaires
leurs relations avec la mairie de
entre 10 et 50 millions de FCFA (17.833 et
mauvaises.
89.174 USD) sont sous le Régime Simplifié (pour
Les résultats de l’enquête semblent
plus de détails sur les régimes, le tableau en
donc suggérer qu’il existe une
corrélation entre la proximité annexe 2 et encadré 2.e ci-dessous).
des entrepreneurs avec ces
administrations, la responsabilité Les entreprises et artisans réalisant un chiffre
au Cameroun

de ces dernières dans la collecte d’affaires au-dessus de 50 millions de FCFA


d’impôts et taxes et le recouvrement
adhèrent au Régime Réel.
de fonds et les mauvaises relations
qu’elles entretiennent avec les UPI.
Le Centre des Impôts (CDI) se divise en deux
sections, d’une part, le Centre des Impôts des

20
Moyennes Entreprises (CIME)  et d’autre part,
(Encadré 2.e)
le Centre Divisionnaire des Impôts (CDI). Ils
interagissent tous deux avec les acteurs de Régimes Fiscaux Simplifiés pour les PME

l’économie informelle et sont responsables du Les entreprises et artisans réalisant un


contrôle, des opérations de recouvrement et des chiffre d’affaires annuel en dessous
de 10 millions de FCFA (17.833
contentieux.
USD) peuvent bénéficier du régime de
Les taxes locales, telles que l’Impôt Libératoire, l’Impôt Libératoire. L’éligibilité à ce
statut fiscal est illimitée, du moment
se paient à la Mairie de rattachement. Celle-ci que l’entrepreneur/artisan répond
fixe le taux de l’Impôt Libératoire, dans les limites aux critères. Les petites entreprises
d’une fourchette définie par catégorie d’activité. Le assujetties à l’Impôt Libératoire
sont exonérées (« libérées ») de la
Centre des Impôts est en charge de la collecte de patente10, de l’Impôt sur le Revenu
certaines taxes. 10
des Personnes Physiques (IRPP) et de
la TVA pour cette même activité.

Immatriculation à la CNPS Les entreprises/artisans réalisant un


chiffre d’affaires annuel entre 10
Régime obligatoire : Au Cameroun, le système
à 50 millions de FCFA (17.833 à
formel de protection sociale repose sur le régime 89.174 USD) peuvent bénéficier du
général de sécurité sociale géré par la Caisse Régime Simplifié. Sous ce régime,
Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), qui plusieurs impôts directs et indirects

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


sont inclus, comme par exemple
couvre les travailleurs du secteur privé formel
l’impôt sur des sociétés, l’impôt sur
(travailleurs salariés du secteur privé) et sur le le revenu des personnes physiques,
régime spécial de pension des fonctionnaires et l’impôt sur le revenu net réel, la
autres agents de l’État, dont la gestion relève du patente et la taxe sur la propriété
foncière (voir tableau en Annexe 2
Ministère des Finances (MINFI). Un entrepreneur
pour plus d’informations).
doit immatriculer l’entreprise à la CNPS, ainsi
que ses employés, si cela est applicable. Pour En dépit de son nom, le Régime
Simplifié semble être peu attrayant
se faire, il doit généralement présenter son
pour les entreprises. En effet, on
attestation d’immatriculation au RCCM et sa carte remarque que nombre d’entreprises
de contribuable. L’immatriculation de l’entreprise dont le chiffre d’affaires est au-dessus
n’inclut pas l’immatriculation des employés, du seuil réservé à l’Impôt Libératoire
s’en tiennent à ce régime au lieu de
qui ne peut (et doit) se faire qu’une fois que
migrer vers le Régime Simplifié
l’entreprise a été immatriculée. Ce régime couvre
les risques professionnels (accidents du travail,
maladies professionnelles), et les prestations Pièces requise pour l’affiliation à la
famille et pensions de vieillesse, d’invalidité et de CNPS:
décès11. Les obligations vis-à-vis de la CNPS sont
ƒƒ La carte de contribuable
les suivantes : ƒƒ La patente ou Impôt Libératoire
ƒƒ L’autorisation d’ouverture/
­- Affiliation des travailleurs salariés : tout de création d’entreprise (si
salarié doit obligatoirement être affilié à la applicable)
CNPS ; ƒƒ L’attestation d’immatriculation
au Cameroun

au RCCM

10 La patente est une taxe professionnelle dont doit s’acquitter toute entreprise en exercice effectif et habituel
d’une activité lucrative. La patente se calcule sur la base du chiffre d’affaires de l’entreprise.
11 Dans le régime formel, il n’existe pas de dispositif d’indemnités chômage ou de congés maladie en cas
d’incapacité temporaire des salariés.

21
­- Immatriculation de l’entreprise : l’affiliation des salariés ne peut se faire que par
une entreprise préalablement immatriculée à la CNPS.
Toute entreprise qui n’emploie aucun salarié n’est pas tenue de s’immatriculer à la
CNPS mais doit obtenir l’ANUPS.
Lorsqu’un entrepreneur est à son propre compte, il est nécessaire d’obtenir une
Attestation de Non-Utilisation de Personnel Salarié (ANUPS), et ce, chaque année,
moyennant une visite des autorités sur le lieu d’exercice de l’activité.

(Encadré 2.f) Régime volontaire : L’assurance volontaire a été


instaurée par le décret n°2014/2377/PM du 13
Cadre Conceptuel International de
l’Emploi Informel août 2014, fixant les conditions et modalités de
prise en charge des assurés volontaires dans la
Il est défini en partie par les
branche des assurances pensions de vieillesse,
recommandations de la 17ème
Conférence des Statisticiens du d’invalidité et décès. De manière générale, ce
Travail et par les résolutions de l’OIT décret offre à toute personne résidant sur le
de 2003. L’emploi informel y est territoire camerounais la faculté de souscrire à
défini comme toute forme de travail
une assurance volontaire, à condition qu’elle ne
qui échappe à la réglementation.
Spécifiquement, l’OIT désigne comme soit pas assujettie au régime obligatoire et qu’elle
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

salariés informels ceux engagés dans soit dotée de capacité contributive. Cependant,
des relations de travail mais qui ne il s’adresse spécifiquement aux travailleurs
sont, dans la loi ou la pratique, pas
indépendants du secteur formel et du secteur
assujettis à la législation du travail,
ni à l’impôt sur le revenu, et qui ne informel (notamment, les professions libérales,
bénéficient pas de protection sociale les chefs d’entreprises, les travailleurs à leur
ni de prestations liées à l’emploi. propre compte, les personnes travaillant pour un
L’emploi informel ne concerne pas ou plusieurs employeurs du secteur informel, ou
seulement les employés mais aussi encore les vendeurs à la sauvette).
les employeurs, les travailleurs à
leur propre compte et les travailleurs Mécanismes d’assistance sociale : Aux régimes
familiaux contribuant à l’entreprise obligatoires et volontaires s’ajoutent d’autres
familiale.
mécanismes d’assistance sociale pour des groupes
Dans le cas des employeurs et des vulnérables, comme, par exemple, des subventions
travailleurs à leur propre compte, sociales ciblant des groupes spécifiques. Ces
la nature informelle de l’emploi est
régimes ne couvrent pas spécifiquement les
déterminée par le caractère informel
de l’entreprise. Les travailleurs à travailleurs de l’économie informelle et du secteur
leur propre compte (sans employés) agricole, qui emploient plus de 80% des actifs.
et les employeurs œuvrant dans une
entreprise informelle sont considérés
en emploi informel. De plus, tous les Déclaration à l’Inspection du Travail
travailleurs familiaux sont considérés
Comme indiqué dans l’encadré 1.b, le niveau de
comme étant en emploi informel,
quelle que soit la nature formelle formalité d’une entreprise au Cameroun est défini,
ou informelle de l’entreprise dans entre autres, par le Code du Travail (1992), et cela
au Cameroun

laquelle ils travaillent.


en fonction de la nature des relations employeur-
De ce fait, il est important de employé. Le contrat de travail constitue le premier
différencier le secteur de l’entreprise
point de mesure de la légalité d’un emploi. De
(formel ou informel), de la situation
réelle des travailleurs, excepté dans le plus, la sous-section 2.1.3 de ce rapport énumère
cas de l’auto-emploi.

22
les obligations d’une entreprise en matière de formalisation des travailleurs au
Cameroun, telles qu’elles sont fixées par le Code du Travail. Ces obligations s’appuient
sur la validité et les caractéristiques de l’accord du travail ; le salaire, la sécurité sociale
et les autres prestations liées à l’emploi. Le Code du Travail régente donc l’ensemble
des règlementations relatives aux responsabilités de l’entreprise et de l’entrepreneur
vis-à-vis des travailleurs, et affectant, directement ou indirectement, la formalisation.
En parallèle des démarches ci-dessus, toute entreprise doit se déclarer à l’Inspection
du Travail.

L’Inspection du Travail est un organisme clé responsable de (i) l’application


ƒƒ
des réglementations pour la protection des travailleurs ; (ii) la communication
d’information et de conseils techniques aux entreprises pour l’application des dites
réglementations ; (iii) la prévoyance de par l’identification de problèmes potentiels,
non couverts par les dites réglementations.

ƒƒ Le Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale (MINTSS) est chargé de préparer


et mettre en place les normes et la législation du travail (relations professionnelles,
conditions de travail, sécurité sociale). Il est également responsable du respect des

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


lois et conventions en vigueur au Cameroun dans ce domaine et donc, en charge
de l’inspection du travail et d’organismes tels que l’Observatoire National du Travail
(ONT) ou la Commission Nationale Consultative du Travail (CNCT). En outre, le
MINTSS développe et met en place les stratégies nationales relatives à la non-
discrimination, aux respects des conditions de travail et à la sécurité sociale et
supervise la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS). Enfin, le MINTSS
peut arbitrer les différends relatifs à l’emploi.

(Encadré 2.g)

L’Emploi Informel

Une recherche documentaire (basée sur EESI I et EESI II) trouve qu’entre 2005 et 2010, la proportion
d’hommes ayant un emploi formel s’est maintenue au-dessus de celle des femmes (à 13.11% et 6.77%
respectivement), et que les femmes exerçaient plutôt des activités informelles, à leur propre compte ;

On note une corrélation forte et positive entre la formalité de l’entreprise et la formalité des emplois ;

L’échelon salarial est positivement influencé par le degré de formalité d’un emploi, par le genre (les emplois
formels et les hommes sont mieux rémunérés) et par le niveau de capital humain;

La proportion d’employés bénéficiant d’une sécurité sociale et de congés payés dans le secteur formel s’est accrue
de manière marquée, passant de 50.88% en 2005 à 73.18% en 2010.

Processus d’Enregistrement
au Cameroun

Comme indiquée ci-dessus, toute entreprise exerçant une activité commerciale


au Cameroun doit se conformer à ces obligations et prendre part aux processus
d’immatriculation, d’enregistrement ou de déclaration s’y rapportant. Les démarches
varient selon la taille de l’entreprise (micro, petite, moyenne), sa forme juridique

23
(établissement, SARL, etc.) et/ou son type d’activité (société coopérative, artisans,
secteur des transports, etc.). Le tableau en annexe 2 explique le processus
d’enregistrement pour les micro-entreprises en termes d’enregistrement/obtention
de licence, de régime fiscal, de régime social et d’immatriculation au RCCM. Les
obligations pour les commerçants, entreprenants, PME (y compris celles opérant dans
des secteurs particuliers) sont listées en annexes 7 et 9 à 11).

(Encadré 2.h)

Le Statut de l’Entreprenant

Prévu par l’AUDGC du Droit OHADA, le statut d’entreprenant est un statut transitoire d’entrepreneur
individuel pour une personne physique, permettant à ce dernier de se risquer à une activité professionnelle
civile, commerciale, artisanale ou agricole, avant de devenir un entrepreneur formel.

Ce statut bénéficie des avantages liés au statut de commerçant, sans toutefois devoir se soumettre à toutes
les contraintes. À ce jour, le statut de l’entreprenant est prévu dans les textes législatifs mais pas encore
opérationnel au Cameroun.

Par exemple, l’entreprenant ne s’immatriculerait pas au RCCM, il y déclarerait simplement son activité et
il lui serait seulement nécessaire de tenir une comptabilité basique enregistrant les entrées et sorties. Le
statut d’entreprenant pourrait être conservé pendant un maximum de deux ans, durant lesquelles le chiffre
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

d’affaires généré devraient rester inférieur au seuil fixé par la norme.

Après les deux premières années d’activités, ou, si le chiffre d’affaires est supérieur au seuil fixé durant cette
période, l’entreprenant serait tenu de s’assujettir aux normes et de respecter toutes les charges et obligations
applicables à l’entrepreneur individuel. Dès lors, il perdrait sa qualité d’entreprenant et ne bénéficie plus de
la législation spéciale applicable à ce statut. Il devrait donc véritablement s’immatriculer au RCCM comme
tout entrepreneur individuel.

Résumé: Le gouvernement camerounais a mis en place plusieurs mesures pour


faciliter la transition vers l’économie formelle. Celles-ci comprennent, entre autres,
la mise en fonctionnement des CFCE, de l’APME, des CGA et de la BCPME. La
réglementation a été adaptée pour simplifier la procédure légale d’enregistrement
des entreprises au CFCE et en réduire les délais. Ceci s’est traduit par un nombre
considérable d’enregistrements via les CFCE. Des progrès restent néanmoins à
accomplir, notamment la sensibilisation des UPI pour améliorer leur connaissance
de ces structures et de leurs fonctions, et la sensibilisation du personnel des CFCE
au respect des délais.

Plusieurs régimes fiscaux simplifiés existent pour les PME, tels que l’Impôt
Libératoire et le Régime Simplifié. Ce dernier semble être peu attrayant pour les
entreprises, limitant ainsi leur formalisation.

En matière de protection sociale, le régime obligatoire de sécurité sociale couvre


au Cameroun

les travailleurs formels du secteur privé au Cameroun, alors que le régime


volontaire est ouvert aux chefs d’entreprises informels et aux travailleurs informel.
Le système compte peu d’adhérents à ce jour et son champ reste limité en terme
de risques couverts.

24
Le Code du Travail régente l’ensemble des règlementations relatives aux
responsabilités de l’entreprise et de l’entrepreneur vis-à-vis des travailleurs, et
affectant, directement ou indirectement, la formalisation. Toute entreprise doit
être déclarée à l’Inspection du Travail. En plus de la règlementation relative au
travail, toute entreprise exerçant une activité commerciale au Cameroun doit
prendre part aux processus d’immatriculation, d’enregistrement ou de déclaration
s’y rapportant. Les démarches varient selon la taille de l’entreprise, sa forme
juridique et/ou son type d’activité.

2.2.3 Comportement et Attitudes par rapport à l’Enregistrement


Cette sous-section fait état du bilan des études en ce qui concerne les démarches de
création ou de formalisation d’une entreprise, d’un artisan et de ses employés, décrit
dans quelle mesure les entreprises doivent se soumettre aux exigences d’enregistrement
et identifie leurs motivations et obstacles à la formalisation de leur activité et de ses
travailleurs. Il apparaît que des progrès restent à faire dans la gestion des coûts, des
délais, de la nature des relations entre les entreprises et les administrations, et de la

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


sensibilisation et information des entreprises sur les administrations habilitées.

Comportement vis-à-vis de la Formalité / Formalisation


Des groupes de discussion distincts menés en 2017 révèlent que les chefs de
petites entreprises et les personnes en charges des administrations responsables de
la formalisation sont favorables à la formalisation et en reconnaissent la nécessité et
les avantages. Cela ne se reflète toutefois pas dans les attitudes des entrepreneurs,
puisque plus de la moitié des entreprises ne se conforment à aucun des quatre aspects
de la formalité.

Tableau 7 : Conformité des Entreprises selon chaque Dimension de la Formalité

Proportion des entreprises conformes


Immatriculation RCCM 18.3%
Carte de Contribuable 39%
Immatriculation CNPS 5.5%

Source : à partir de l’EEIC 2017

Les données de l’EEIC de 2017 montrent que, sur un échantillon de 1745 entreprises,
plus de la moitié des entreprises ne se conforment à aucun des quatre aspects de
la formalité.
au Cameroun

En outre, l’enquête (EEIC) montre que :

ƒƒ Près d’un quart des entrepreneurs sondés sont immatriculés/enregistrés au RCCM ;

25
ƒƒ 39% des entrepreneurs détiennent une carte de contribuable12;
ƒƒ Seuls 5.5% des entrepreneurs sont affiliés à la sécurité sociale13;
ƒƒ Plus de 10% des entrepreneurs ne connaissent pas le statut juridique de
leur entreprise.

Tableau 8 : Motifs de non-conformité

Principale raison pour la non-conformité RCCM Carte de Contribuable


(%) (%)
Je ne vois l'intérêt 33,5 29,6
Démarches trop complexes 7,3 6,6
Démarches très coûteuses 8 8,4
En cours d'enregistrement 4,1 10,5
Je ne trouve pas urgent ou important 17,1 13,7
Je veux bien, mais je ne sais pas comment faire 4 4,3
Je ne veux entretenir aucun rapport avec l’Etat 1,7 1,7
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Je ne connais pas cette pièce 19 19,3


Autres (à préciser) 5,4 6
Total 100 100

Source: D’après l’EEIC, 2017

Graphique 3: Répartition des UPI selon leur Si la proportion d’entreprise possédant


propension à migrer vers le secteur formel une carte de contribuable peut sembler
élevée, il faut toutefois noter que cela
8% ne reflète pas nécessairement la réalité
19%
14% en matière de paiement des impôts,
puisque ce pourcentage ne montre pas
dans quelle mesure les entrepreneurs
se conforment à leurs obligations
fiscales. En parallèle, l’enquête
Oui
MPE de 2015, principalement
Non conduite auprès de petits artisans et
Ne sait pas
59%
commerçants (coiffure, photographie,
L’unité de production est déja enregistrée couture, maintenant audio-visuelle
et bureautique, dépannage et
Source : À partir d’EESI (Phase 2) vente d’appareils électro-ménagers,
au Cameroun

cordonnerie, etc.), enregistrait 76.8%

12 Cependant, environ le double des entrepreneurs a déclaré s’être assujetti à l’impôt au moins une fois depuis
la création de l’entreprise. Cela peut suggérer que les entreprises ne payent pas leurs impôts de manière
continuelle et/ou décident de ne plus payer leurs impôts si elles jugent le procédé trop contraignant.
13 Il faut noter que l’EEIC 2017 ne différentie pas les entreprises sans salariés (pour lesquelles l’enregistrement à
la CNPS est facultatif) de celles avec des salariés. De de fait, ce chiffre est potentiellement sous représentatif
de la réalité.
26
des sondés se soumettant au régime de l’Impôt
(Encadré 2.i)
Libératoire, et 68.4% d’entre eux immatriculés au
RCCM (Tamba, 2015). 14 15
Composantes Sexospécifiques

Globalement, les femmes entrepreneurs


En 2010, la phase 2 de l’EESI révélait qu’environ semblent moins se conformer que leurs
une UPI sur cinq était prête à se formaliser (voir homologues, selon l’EEIC (BIT, 2017).
graphique 3 ci-contre). Cependant, en 2017, des En effet, moins d’entreprises gérées
par des femmes sont immatriculées
groupes de discussion (DMAA) révélaient que les au RCCM, possèdent une carte de
chefs de petites entreprises et les personnes en contribuable, paient leurs taxes et
charges des administrations responsables de la immatriculent leurs employés à la
CNPS. Cependant, lorsqu’elles se
formalisation étaient favorables à la formalisation conforment, les femmes entrepreneurs
et en reconnaissaient la nécessité et les avantages. ont tendance à le faire plus rapidement
que les hommes, c’est-à-dire, durant les
Cela ne se reflète toutefois pas dans les attitudes deux premières années d’activité14. En
des entreprises puisque plus de la moitié ne fait, l’EEIC montre que, à l’exception
de la carte de contribuable, ce sont les
se conforment à aucun des quatre aspects de hommes qui ont d’avantage tendance à
la formalité. Ce décalage entre l’apparente penser que l’enregistrement auprès des
volonté des entreprises à se conformer et les administrations est un passage obligé
pour créer une entreprise.
incidences réelles de formalité peut s’expliquer

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


par les perceptions des entrepreneurs relatives Il n’est donc pas surprenant que les
femmes sondées soient moins en contact
aux coûts (en temps et en argent) engendrés par avec les administrations en charge de la
la démarche de formalisation, mais aussi par les formalisation que les hommes, toujours
coûts de maintien dans la formalité sur le long selon l’EEIC. Cela est particulièrement
vrai pour la CNPS, avec laquelle environ
terme. Les entrepreneurs sont, en effet, peu moitié moins de femmes (7.6%) sont en
familiers avec les récentes initiatives et réformes contact que d’hommes (14.9%).
entreprises pour faciliter les démarches de création
L’EEIC du BIT (2017) semble aussi
ou de formalisation d’entreprise. Ainsi, moins suggérer qu’à l’exception de la carte
d’un entrepreneur sur cinq sondés lors de l’EEIC de contribuable, les femmes ont
tendance à être moins bien familières
de 2017 avait connaissance des CFCE, crées
avec les administrations en charge
en 2010. de la formalisation que les hommes.
En effet, moitié moins de femmes de
Pour ceux qui ne sont pas enregistrés au RCCM et l’échantillon avaient connaissance de
qui ne détiennent pas de carte de contribuable, l’existence du RCCM que d’hommes,
et, global, ces derniers étaient plus
cette non-conformité est justifiée principalement familiers avec les CFCE (20.8% des
par l’absence d’intérêt, la non-connaissance de la hommes contre 15.5% des femmes),
démarche ou la perception que l’inscription n’est le CDI (90.1% contre 85%) et la CNPS
(41.4% contre 36.3%)15.
pas importante ou urgente (tableau 8). La raison
principale invoquée pour la non-affiliation à la Ces résultats comptent néanmoins
des facteurs endogènes potentiels,
CNPS par les entrepreneurs interrogés en 2017 est
puisque l’échantillon de l’enquête
le manque d’intérêt. Pour ceux émettant un intérêt comptait plus de 70% d’hommes,
au Cameroun

soit une surreprésentation de ces


derniers par rapport à la réalité sur le
14 Note BIT : Il serait donc utile pour les programmes de
terrain. Ce dernier point se confirme
sensibilisation à la formalisation de cibler les femmes ayant
par le fait que parmi les entrepreneurs
récemment démarré une activité
interrogés immatriculant leur entreprise
15 Les femmes sont cependant plus familières par rapport à quelle
administration est en charge de quel aspect de la formalisation, à la CNPS après sa création, ce sont
toujours selon l’EEIC de 2017. les femmes éduquées qui sont plus
susceptibles de le faire.
27
à s’affilier, il existe de nombreuses contraintes, à
(Encadré 2.j)
la fois pour les employeurs et pour les employés,
Exemples de Contraintes Fiscales surtout par rapport aux documents requis (voir
Les entreprises Camerounaises section ci-dessous).
peinent à se conformer
au paiement des taxes et
l’augmentation du taux Obstacles
d’imposition des entreprises Cette section détaille les contraintes identifiées
entre 2016 et 2017 a renforcé
ce phénomène. Les réformes par les entrepreneurs en ce qui concerne
fiscales ont placés ce taux au- l’enregistrement de leurs entreprises et
dessus de la moyenne des pays
travailleurs. Les principales contraintes sont
de l’OCDE et n’ont pas contribué
à réduire la charge administrative liées à la fiscalité, la corruption et les lourdeurs
et temporelle des entreprises pour administratives. Néanmoins, cette section inclut
se conformer.
aussi des informations par rapport à l’accès à la
Les différentes enquêtes sécurité sociale.
(Doing Business de la Banque
Mondiale, RGE, etc) montrent Plusieurs études et enquêtes identifient les
que les acteurs du secteur privé
considèrent le régime fiscal
obstacles majeurs à l’entrepreneuriat et à la
Camerounais comme étant rigide formalisation. Lors de l’EEIC (Mars 2017),
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

et dissuasif de par ce qui est la fiscalité, la corruption et les lourdeurs


perçu comme une sur-taxation, ce
qui décourage les entrepreneurs administratives furent les trois principaux obstacles
à s’enregistrer. De plus, à l’entrepreneuriat identifiés par les personnes
l’enregistrement fiscal pourrait interrogé(e)s (voir tableau 9).
être plus incitatif.

Les entreprises sont aussi Fiscalité  : La fiscalité a été identifiée comme


potentiellement rebutées par le obstacle à l’entrepreneuriat par plus de la moitié des
mode de paiement, sa fréquence, entreprises interrogées dans l’échantillon de 2017.
les délais en ce qui concerne
la préparation et le dépôt de
Cela est confirmé par le rapport Doing Business
la déclaration d’impôts, le
paiement des impôts en personne, de la Banque Mondiale, dans lequel le Cameroun
l’anxiété du contact avec les a chuté à la 180ème place sur 190 entre 2016 et
administrations, etc.
2017 au niveau de l’acquittement des taxes. Le
changement décisif a été l’augmentation du taux
d’imposition des entreprises assujetties à l’impôt sur les sociétés. La part des charges
sociales et fiscales dans le profit brut des entreprises est passée de 48,8% à 55,7%
soit plus de 10 points de pourcentage que celui de l’OCDE (42,7%).

La mauvaise performance du Cameroun dans le classement Doing Business s’explique


aussi par la complexité du processus fiscal des entreprises. Au Cameroun, 44 paiements
annuels sont requis pour régulariser les charges sociales et fiscales, comparé à 7 aux
Îles Maurice, et cette régularisation prend, en moyenne 360 heures sur l’année, ou
au Cameroun

l’équivalent de 78 jours ouvrés. Ces délais sont deux fois plus élevés que la moyenne
des pays de l’Afrique Sub-Saharienne et trois fois plus que celle des pays de l’OCDE.

28
Tableau 9: Obstacles à l’Entrepreneuriat

Obstacles Nombre d’entreprises ayant Premier Deuxième Troisième


choisi chacune des éléments Obstacle Obstacle Obstacle
au moins une fois parmi les
trois principaux obstacles
La fiscalité 935 39,5 8 6,8
L'accès au crédit 514 9,1 13,2 8
La corruption 872 13,8 22,8 14,9
Les lourdeurs administratives 704 12,6 13,6 15,6

D’après l’enquête auprès des entreprises de Mars 2017

Pour pallier à ces difficultés, le gouvernement camerounais a récemment révoqué


la constitution du dossier de patente pendant les deux premières années d’activités
d’une entreprise. Les entrepreneurs continuent malgré tout de considérer le Régime
Simplifié comme étant complexe et coûteux (EEIC, 2017), ce qui pousse un bon
nombre d’entreprises à se maintenir dans le régime de l’Impôt Libératoire (d’autant
plus que la plupart des entrepreneurs interrogés lors de l’EEIC de 2017 ont des

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


mauvaises relations avec les administrations fiscales). Le Recensement Général des
Entreprises de 2009 et la Business Climate Survey (BCS) du Ministère de l’Économie,
de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) de 2011, attestent
que, pour plus de la moitié des entreprises camerounaises, la fiscalité représente un
frein important à l’entrepreneuriat. Dans le cadre de la BCS de 2011, la fiscalité était
même mentionnée en tant qu’obstacle clé par 3 entreprises interrogées sur 4.

Le Cameroun pourrait donc bénéficier d’un (Encadré 2.k)

système fiscal favorable aux besoins de l’État et Exemples de Contraintes Juridico-


des contribuables avec des réformes relatives aux Administratives
montants contribués et à la forme des prélèvements. Selon l’étude CNRP, la création, à
Douala, d’une SARL au capital social
Lourdeurs Administratives  : Telles qu’elles de 1 million de FCFA (1.782 USD) et
se présentent actuellement, et ce malgré les comptant deux associés requiert 14
opérations indépendantes, effectuées
récentes réformes et améliorations, les entreprises
auprès de 6 agents différents : le
interrogées indiquent que les procédures notaire, le greffe du TPI, les impôts/
administratives relatives à la création et/ou à la le CDI, les impôts/enregistrement
curatelle, la CNPS et l’inspection du
formalisation des entreprises informelles et de
travail en dernier lieu. Ce processus
leurs travailleurs au Cameroun constituent toujours s’étend sur environ 30 jours, pour
un frein à leur activité. Il s’agit des contraintes un coût estimé de 480,000 FCFA
(856 USD), dont 80% sont versés au
relatives aux procédures, aux délais et aux coûts
notaire.
engendrés pour la création d’une entreprise, telles
au Cameroun

Toujours dans cet exemple (CNRP), et


que les lourdeurs et lenteurs administratives,
d’après l’étude mentionnée ci-dessus,
de multiples procédures et l’inaccessibilité des le recours au CFCE aurait permis
services publiques. le groupement d’un bon nombre
d’opérations au guichet unique.

29
L’EEIC du BIT de 2017 montre que deux entrepreneurs sur cinq mentionnent les
lourdeurs administratives, quelle que soit la localisation, le secteur d’activité, l’âge,
la taille, le degré d’informalité de l’entreprise ou le sexe de l’entrepreneur. Cela
correspond aux résultats d’autres études, telles que l’enquête sur le climat des affaires
au Cameroun en 2013, selon laquelle les lourdeurs et tracasseries administratives
se classent dans le top cinq des problèmes majeurs identifiés par les entreprises au
Cameroun. Plusieurs études (EESI, EEIC) montrent que le processus d’enregistrement
s’avère souvent complexe et imprévisible (délais et coûts) ce qui n’encourage pas les
entreprises à se formaliser. Les démarches s’avèrent souvent compliquées et longues,
qu’elles soient regroupées ou décentralisées. Il est même avéré que certaines UPI
interrompent le processus de formalisation à mi-chemin à cause des difficultés ci-
dessus (étude GICAM, 2016), surtout du fait que l’enregistrement commercial (RCCM)
n’est pas suffisamment incitatif. Nombres de réformes ont été mises en œuvre pour
adresser ces obstacles, tel que la création des CFCE, mais aussi une série de décrets
et arrêtés visant à alléger la charge bureaucratique des entreprises. De même, la loi
n°2007/004 du 13 juillet 20117 régissant l’artisanat au Cameroun a permis aux
artisans de s’enregistrer gratuitement au niveau communal. La mise en application
systématique de ces réformes n’est toutefois pas toujours respectée, ce qui ralentit
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

en certains cas les démarches gouvernementales pour faciliter l’enregistrement des


entreprises. Il apparait donc que les déficits relatifs à la mise en application de la
stratégie de migration vers l’économie formelle au Cameroun ne sont pas dus à un
manque d’aptitudes règlementaires et législatives puisque le gouvernement a engagé
nombre de réformes pour faciliter les démarches administratives. Des progrès restent
plutôt à accomplir dans la mise en conformité de ces réformes (Tamba, 2015), par
exemple par une campagne d’information et sensibilisation vers les employées des
dites structures.

Par exemple, la réforme du droit OHADA en ce qui concerne le processus de création


d’entreprise, et qui prévoit le recours à un notaire de manière facultative, n’est pas
inclue dans le cadre réglementaire camerounais qui continue d’enjoindre l’usage
notarial, sauf dans certains cas. La règlementation nationale prescrit donc néanmoins
le recours notarial optionnel pour les SARL au capital social de moins de 1 million de
FCFA, et pour les SARL unipersonnelles. Dans ce sens, la loi 2016/014 et le décret
2017/0877/PM sur les modalités d’authentification des statuts sous seing privé dans
les CFCE octroi à ces derniers le droit d’authentifier les statuts d’une SARL.

Les coûts élevés sont souvent mentionnés comme étant des obstacles à la formalisation.
Toutefois, pour les entreprises ayant un capital social inférieur à un million de FCFA
(1,782 USD), comme cela est le cas pour la plupart des UPI, le coût d’enregistrement au
CFCE ne s’élève qu’à 41,500 FCFA (74 USD) (hors débours et annonce légale), le recours
au Cameroun

au notaire étant optionnel. En outre, de manière à permettre à plus d’entrepreneurs de


créer une entreprise et de se formaliser, le gouvernement a (par la loi 2016/014), depuis
fin 2016, abaissé le montant du capital minimum requis pour la création d’une SARL
Unipersonnelle à 100,000 FCFA (178 USD). Cette forme juridique permet également

30
de ne pas avoir obligatoirement recours au notaire. Dans le cas de la SARL, les coûts
sont véritablement déterminés par le montant du chiffre d’affaires. Ainsi, pour toute
entreprise dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 1 million de FCFA (1,782
USD), le coût total d’enregistrement peut monter jusqu’à 400,000 FCFA (480,000 FCFA
hors CFCE)(713 à 856 USD), dont 80% sont des frais notariés. Les coûts de création et
de formalisation d’une activité au Cameroun restent donc hétérogènes en fonction du
mode d’enregistrement choisit et du lieu géographique (tableau 10)16.

Tableau 10 : Coût Moyen de Création d’une SARL au Cameroun


Capital Social Mode d’enregistrement (à Douala)
Lieu géographique
Inférieur à 1 41.500 FCFA (74 USD) (aux administrations
million FCFA [+ 10.000 FCFA (18USD) si le promoteur souhaite habilitées)
(1782 USD) publier une annonce légale]
Administrations Nord-Ouest/
CFCE Douala
Habilitées Sud-Ouest
Frais CFCE
Frais notariés
uniquement 480,000 FCFA
41.500 FCFA (74 (856 USD)
USD) 2% du capital

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


Supérieur à 1 Composé
[+ 10.000 FCFA social et/ou forfait
million FCFA à 80% de 102,500 336,300
(18USD) pour frais fixes
(1782 USD) frais notariés FCFA FCFA
l’annonce légale]
+ débours (183 USD) (599 USD)
Coût total divers (timbres
400,000 FCFA (713 USD) fiscaux,
Composé à 80% de frais notariés photocopies,
+ débours divers (timbres fiscaux, etc.)
photocopies, etc.)
D’après l’étude sur le CNRP au Cameroun (2017)

En plus des coûts élevés, les entreprises font aussi face à des délais longs dans le
processus de formalisation. En dépit des objectifs de simplification visés par la création
des CFCE et, malgré la mise en place d’un cadre réglementaire simplifié, les délais de
création d’entreprise, notamment en ce qui concerne certaines catégories de personnes
morales restent longues. En effet, le recours au notaire, encore obligatoire pour les
SARL ayant un chiffre d’affaires de plus d’un million de FCFA constitue un véritable
goulot qui rallonge considérablement le délai de création d’entreprise. Par ailleurs, la
méconnaissance des réformes récentes visant à réduire les documents nécessaires,
les coûts et les délais de création d’entreprise17 constitue un frein à la transition
vers le secteur informel, le mythe de la complexité des procédures administratives
étant fortement ancré dans les esprits. La peur de se faire connaître et d’affronter
l’administration pousse les UPI à exercer en marge de la légalité.
au Cameroun

16 Le tableau 10 représente les coûts de création de deux SARL, l’une dont le capital social est de 1 million de
FCFA (1,782 USD), et qui ne bénéficie donc pas du recours notarial facultatif et l’autre avec un capital social
en deçà du million de FCFA, plus représentative de la majorité des UPI.
17 Voir https://cameroun.eregulations.org/ pour plus d’informations sur les coûts et délais d’enregistrement.

31
Corruption : L’éradication de la corruption est essentielle car le bon fonctionnement,
l’efficacité et l’élimination des obstacles (humains et financiers) des tâches
administratives réalisées par les fonctionnaires sont clés dans la transition vers
l’économie formelle.

Il existe un décalage important entre les perceptions de la prépondérance de la corruption


dans les enquêtes nationales (RGE, Business Climate Survey, EESI 1 & 2, EEIC 2017)
et les progrès considérables réalisés dans les classements internationaux. En effet, le
Cameroun se classait parmi les 10 pays les plus touchés par la corruption entre 1998 et
2003. En 1998 et 1999, le Cameroun se classait en tête du classement dans le rapport
d’Afrobarometer et de Transparency International, selon lequel plus le score est élevé,
plus le niveau de corruption est élevé.

Cela peut être dû au fait que depuis 2004, la série de programmes nationaux de lutte
contre la corruption s’est notamment illustrée par la création du Comité National Anti-
Corruption (CONAC) en 2007 et des programmes multilatéraux de cette dernière tels
que « Changer d’Habitudes – s’Opposer à la Corruption » CHOC. Cette stratégie a
permis au Cameroun de se placer en deuxième position des pays les moins corrompus
de la CEMAC en 2016.
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Néanmoins, les résultats de l’EEIC ne sont pas encourageants : en 2017, une


entreprise sondée sur deux (EEIC) cite la corruption comme étant l’un des principaux
obstacles à l’entrepreneuriat, quelle que soit la localisation, le secteur d’activité, l’âge,
la taille, le degré d’informalité de l’entreprise ou le sexe de l’entrepreneur. Le RGE
(2009) et les BCS successives confirment aussi cette perception puisque le niveau de
corruption s’est accentué ces dernières années. Selon ces études il apparaît que 70%
des entrepreneurs estimaient que la corruption avait un effet négatif sur leur activité
en 2008, un taux supérieur à 75% en 2011.

Ce décalage entre la nette amélioration constatée par les enquêtes et indicateurs


globaux et les enquêtes nationales démontre qu’il reste encore du chemin à accomplir
en termes des perceptions des entreprises vis-à-vis des administrations.
au Cameroun

32
Résumé: Les chefs des petites entreprises interrogés sont favorables à la
formalisation et en reconnaissent la nécessité et les avantages. Néanmoins, le
taux de conformité des entreprises par rapport à l’enregistrement au RCCM, à la
CNPS et au Centre des Impôts est faible. Globalement, les femmes entrepreneurs
semblent moins se conformer que les hommes et être moins bien familières
avec les administrations en charge de la formalisation que les hommes. Les
entrepreneurs sondés n’y voient aucun intérêt, ne pensent pas qu’il est important
de s’enregistrer, ou n’ont pas connaissance des obligations légales.

La fiscalité est le principal obstacle à l’entrepreneuriat selon les chefs de TPME. La


complexité du processus fiscal des entreprises (44 paiements par an) et les délais
qu’il engendre (78 jours ouvrés par an) sont deux fois plus élevés que la moyenne
des pays de l’Afrique sub-saharienne. La corruption se classe à la deuxième place
des obstacles à l’entrepreneuriat identifiés. Même si le pays s’est amélioré dans
les classements internationaux, les entrepreneurs voient toujours la corruption
comme une contrainte majeure à l’exercice de leur activité. En dépit de nombre de
réformes et initiatives gouvernementales, les sondés classent toujours les lourdeurs
administratives comme le troisième obstacle. Ces derniers indiquent que les coûts

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


d’enregistrement sont élevés et que les délais doivent être davantage réduits.
Il faut cependant noter que puisque les entrepreneurs manquent d’information
sur les réformes récentes visant à réduire les coûts et délais de traitement, ces
derniers envisagent souvent le pire en termes de formalités administratives. Ces
difficultés démontrent que les mesures gouvernementales visant à faciliter les
démarches administratives doivent s’additionner de campagnes d’information et
de sensibilisation destinées aux employés des administrations concernées.

2.2.4 Accès Limité à la Protection Sociale


Cette section se concentre largement sur l’extension de la couverture de protection
sociale aux salariés d’entreprises informelles, un des objectifs du DSCE. Elle
se penche aussi sur la couverture de sécurité sociale de l’entrepreneur même.
En effet, une large part des UPI sont unipersonnelles (voir section 1.2). La
protection sociale peut influer sur la productivité des UPI et de leurs travailleurs
(couverture assurance santé, accès à des soins médicaux, accidents du travail,
etc.). Au Cameroun, cependant, l’accès à une sécurité sociale abordable apparaît
comme étant limité. Par conséquent, le gouvernement, avec le support du BIT,
s’inscrit dans un processus d’identification de mécanismes d’extension de la
au Cameroun

couverture de sécurité sociale vers les entreprises informelles et leurs travailleurs.


Cette stratégie est coordonnée par le MINTSS, tel que décrit précédemment.

33
Contexte
À l’heure actuelle, le taux de couverture de la protection sociale par la CNPS est
relativement faible pour les entreprises et leurs travailleurs (surtout en milieu rural).
Cela reste vrai, malgré une augmentation notable entre 2006 et 2015 avec 58,813
et 2,171 employés et entreprises supplémentaires immatriculés respectivement
(graphique 1). Le RGE de 2009 et l’EESI de 2010 reportent que seulement 3.9%
des entreprises étaient immatriculées à cette période, un taux relevé à 11.7% pour les
entreprises comptant un salarié ou plus, et qu’en 2010, à peine 6.5% des employés
étaient immatriculés à la CNPS. De même, l’EEIC de 2017 n’a relevé que 5.5% des
entrepreneurs sondés affiliés à la CNPS. Il existe un décalage entre les exigences
relatives à l’immatriculation et les caractéristiques des UPI, qui sont majoritairement
composées d’entrepreneurs à leur propre compte. Puisque l’immatriculation à la CNPS
n’est pas obligatoire pour les entreprises individuelles, il n’est donc pas surprenant de
constater que ces dernières ont tendance à ne pas être affiliées, et que la proportion
globale d’entreprises immatriculées est marginale.

Graphique 1 : Evolution des taux d’immatriculation CNPS


Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Immatriculations de Immatriculations de
entreprises employés
8000 1 000 000

6000 800 000


600 000
4000
400 000
2000 200 000
0 0
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015

2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015

Source : Annuaires statistiques de la CNPS

Si 60% des entreprises ayant connaissance de la CNPS l’associent à un mécanisme


de protection des employés, 29% ne voient aucun intérêt à s’y affilier selon l’EEIC
de 2017. Au-delà de l’absence d’intérêt, il existe un réel problème de manque de
connaissance des systèmes de sécurité sociale et de la CNPS. Durant l’EESI 2 (2010),
seulement 20.4% des chefs d’UPI avaient connaissance de la sécurité sociale et
41.4% des gérants connaissaient la CNPS. La connaissance des services proposés par
la CNPS par les entrepreneurs familiers avec cet organisme était cependant bonne.
Ici, l’EEIC de 2017 peint un paysage différent avec un peu plus de 70% des sondés
ayant connaissance de la CNPS. On note toutefois que cette enquête s’est faite
au Cameroun

principalement en milieu urbain où la connaissance des administrations en charge


de la formalisation des entreprises est globalement meilleure qu’en milieu rural. De
surcroît, le groupe de discussion de 2017 (DMAA) atteste de la confusion d’au moins
10% des entrepreneurs qui emploient des salariés, estimant que l’immatriculation de
leurs employés à la CNPS ne s’applique pas dans leur cas.
34
Pour les entreprises désirant être couvertes par un système de protection sociale, le
type de prestations le plus souhaité par l’échantillon du groupe de discussion était
la pension retraite (40.5% des entrepreneurs). Venaient ensuite l’assurance en cas
d’incapacité du travail (36.2%) et l’assurance famille en cas de décès prématuré du/
de la bénéficiaire. En effet, l’enquête MPE de 2015 auprès de 277 entrepreneurs
et artisans établis en zones rurales, urbaines et péri-urbaines démontre qu’en ce qui
concerne la CNPS, ces derniers apprécient les services d’assistance en cas de sinistre;
la protection sociale et santé; et l’assurance retraite (Tamba, 2015).

Tableau 11 : Disponibilité de certaines Pièces Requises pour l’Immatriculation CNPS


Employés appartenant à une entreprise Employeurs (%)
ayant au moins un salarie (%)
Qui Non NSP* Qui Non NSP*
Carte de contribuable 14.42 74.49 10.90 21.06 78.83 0.11
Registre du commerce 8.63 78.95 12.42 10.13 89.42 0.45

Source : Auteur à partir de EESI (2010)


Notes: *NSP = Ne Sait Pas

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


Pour les entreprises souhaitant s’affilier spécifiquement à la CNPS, il existe de
nombreuses contraintes, surtout par rapport aux documents requis puisque beaucoup
d’entreprises ne sont pas en mesure de rassembler toutes ces pièces (voir tableau 11).
Ainsi, selon l’EESI 2, en 2010, seulement 21.1% des employeurs étaient à même
de s’affilier par manque de carte de contribuable et/ou d’immatriculation au RCCM18;
et que moins de 14.4% des salariés étaient employés dans une entreprise possédant
l’intégralité des pièces requise à l’affiliation. La production des documents nécessaires
au dossier d’affiliation des employés, constitue donc un facteur d’exclusion pour ces
derniers, en termes de coûts et de capacités.

En outre, les coûts d’affiliation à la sécurité sociale (CNPS) entravent les entreprises.
La hauteur de ces coûts dépend du régime d’affiliation de l’entreprise (l’assurance
obligatoire ou l’assurance volontaire, qui renvoie aux individus en dehors de ce premier
régime, tel que les travailleurs à leur propre compte, les étudiants, etc.). Lorsqu’il
est possible de s’enregistrer, le décret n°2016/072 prévoit que les coûts de sécurité
sociale soient partagés entre employeurs (à hauteur d’environ 16.2% du salaire) et
employés (4.2% du salaire).

Enfin, le manque de conformité par rapport à l’immatriculation à la CNPS peut aussi


s’expliquer par le fait que parmi les entrepreneurs se déclarant insatisfaits du régime
de protection sociale en son état actuel (15.3% des sondés du groupe de discussion
(DMAA) de 2017), la moitié justifiait ce choix par le manque de couverture de la
au Cameroun

population, et environ un tiers par l’insuffisance des prestations offertes. Pour les

18 Dans le cas des entreprises employant des salariés, l’immatriculation de cette même entreprise se fait via une
demande d’immatriculation au fichier des employeurs. Cette demande doit être appuyée, entre autres, par
la carte de contribuable et une photocopie du certificat d’immatriculation au RCCM. Dans ce cas de figure,
l’affiliation à la CNPS est véritablement dépendante de l’entreprise étant déjà partiellement formalisée.
35
entrepreneurs sondés lors de l’enquête MPE, l’un
(Encadré 2.l)
des inconvénients majeurs de la CNPS est le fait
Étendue de la Couverture Sociale qu’elle soit associée à l’État (Tamba, 2015). En
L’étendue de la couverture sociale revanche, pour les entrepreneurs préférant la CNPS
du régime national est largement à d’autres mécanismes de protection sociale,
insuffisante pour ses affiliés en
c’était sa rapidité de réaction en cas de sinistre,
termes des risques couverts. En
2010, seulement 5.3% des actifs sa proximité et aide directe qui constituaient des
occupés étaient couverts en cas de avantages clés (ibid).
maladie professionnelle, alors que
ces dernières touchaient plus de Le décret n°2015/2517/PM du 16 juillet 2015
7.5% d’entre eux. De même, 12%
fixant les modalités d’application de la loi
des actifs occupés sondés avaient été
n°017/2001 du 18 décembre 2001 portant
victimes d’accidents du travail durant
les 12 moins précédent à l’enquête,réaménagement des procédures de recouvrement
avec une prédominance en milieu
rural informel.
des créances des cotisations sociales, stipule
qu’il est possible pour les salariés immatriculés
par leur entreprise de s’auto-immatriculer à la
CNPS, de manière indépendante. Cette provision légale est toutefois problématique
puisque d‘une part, la production des documents nécessaires au dossier d’affiliation
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

des employés, constitue un facteur d’exclusion à la CNPS dû aux coûts et à la charge


de temps engagés par l’immatriculation ; et que, d’autre part, cela constitue un facteur
potentiel de représailles par l’employeur.

En dépit du manque de couverture complète et des failles du régime d’assurance


volontaire, moins de 3% des UPI (hors secteur des transports, à 33.2%) interrogées
lors du groupe de discussion de 2017 (DMAA) adhéraient à une assurance privée
couvrant les risques professionnels.

Systèmes Sociaux d’Entraide


Aux vues de ce contexte, nombre de travailleurs de l’économie informelle ont néanmoins
mis en place, avec le support de partenaires au développement, des systèmes sociaux
d’entraide (ex : mutuelles, tontines, etc.) s’appuyant sur les cotisations de leurs membres
pour offrir une protection contre les risques.

Ces associations décentralisées sont gérées activement par leurs membres


(entrepreneurs et employés) et s’appuient sur leurs relations existantes et leurs
objectifs professionnels communs ou compatibles. Leurs mécanismes d’affiliation se
concentrent sur les besoins réels et immédiats des acteurs de l’économie informelle,
tels que leurs besoins d’entraide et de mutualisation contre les risques financiers,
via des systèmes d’assistance réactifs et flexibles. Ces associations parviennent donc
à englober les individus habituellement exclus ou mal-couverts par les systèmes de
au Cameroun

protection sociale formels, grâce à des techniques de gestion simplifiées, adaptées, et


assorties à des échelons de cotisation ajustés aux acteurs de l’économie informelle.

Néanmoins, ces groupements font face à de multiples difficultés, notamment par


rapport à leur petite taille et manque de capacités organisationnelles et de gouvernance.
En outre, la plupart de ces entités sont enregistrées en tant qu’associations en
36
l’absence de textes spécifiques, ce qui freine la couverture efficace de leurs membres.
Les expériences d’autres pays montrent également que de tels systèmes peinent à se
sustenter avec seulement les cotisations de leurs membres.
En Afrique, d’autres pays se sont en effet essayés à des stratégies d’extension de la
sécurité sociale aux acteurs de l’économie informelle, reposant sur des partenariats
avec des structures telles que des coopératives, associations ou autres. Ces expériences
indiquent que la question de la viabilité financière est essentielle à garantir la
durabilité d’un dispositif national de protection sociale, dont l’entité maîtresse doit
rester le gouvernement, au support financier vital, associé à celui de bailleurs de
fonds internationaux.
Au Rwanda par exemple, l’État a lancé une politique de développement des mutuelles
déjà existantes au début des années 2000, basée sur un partenariat entre ces dernières
et le gouvernement. Ces politiques se sont avérées fructueuses, puisqu’aujourd’hui,
90% de la population rwandaise est couverte par le réseau de mutuelles. La clé de ce
succès réside dans le caractère obligatoire de ce régime de protection sociale. De plus,
l’aspect participatif du programme mis en place, incluant non seulement les mutuelles
et l’État, mais aussi les districts et les conseils d’administration des hôpitaux, a

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


également contribué à ce succès.

ƒƒ Les Coopératives appartiennent à leurs membres ou usagers et se basent donc sur


un principe coopératif où chaque membre a une voix. L’OIT définit la coopérative
comme une «association autonome de personnes volontairement réunies pour
satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs
au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est
exercé démocratiquement ». La Recommandation 204 de l’OIT et le rapport de
la Conférence Internationale du Travail (CIT) de 2014 relèvent du rôle charnière
des coopératives et autres entités de l’économie sociale et solidaire dans la
transition vers l’économie formelle. Plus particulièrement, le rapport de la CIT
2014 spécifie que les coopératives et unités similaires sont tout autant profitables
au développement local (surtout en milieu rural) qu’au développement national,
puisqu’elles ont la capacité de faire coïncider leurs objectifs respectifs.
Les coopératives, de taille variée, réalisent des activités d’ordre économique et
social et offrent des formations à leurs membres. Elles peuvent s’associer à des
banques et/ou partenaires commerciaux et doivent, dans ce cas, justifier d’une
comptabilité formelle et tenir leurs partenaires informés de leur chiffre d’affaires et
niveau d’endettement.
Les coopératives sont des entreprises à part entières, gérées pas des entrepreneurs.
Cependant, dans le cadre de la détermination de dispositifs d’affiliation susceptibles
au Cameroun

d’étendre la couverture sociale au Cameroun, ce sont les types de coopérative


suivantes, dont la vocation est principalement (mais pas exclusivement) l’entraide
qui sont les plus pertinentes :
- Coopératives Financières : Offrent divers services financiers (prêts, assurances,
etc.). Ce sont des caisses populaires, caisses d’économies, coopératives
d’épargne et de crédit, coopératives d’assurances ou mutuelles. 37
- Coopératives à Partenaires Multiples (Coopératives de Solidarité) : Regroupent
des membres divers (clients, travailleurs, investisseurs, etc.) et opèrent surtout
dans les services de santé, à domicile, etc.

Les Tontines sont des associations rotatives d’épargne et de crédit qui fournissent
ƒƒ
des services financiers (microfinance), et sont, originellement, informelles. Comme
pour les Groupements d’Initiative Communes (GIC), leurs membres se connaissent
et mettent en commun des fonds dont l’allocation est déterminée lors de réunions
officielles. Chaque membre recevant des fonds est chargé de les rembourser, avec
ou sans intérêts.
Ces structures ont le potentiel de contribuer à l’extension de la protection sociale
dans la mesure où leurs systèmes de cotisation et/ou de collecte d’intérêt peuvent,
théoriquement, fournir un point de départ financier suffisant à leur intégration dans
un système national de financement de la sécurité sociale.

ƒƒ Les Associations Professionnelles, Syndicats et Autres (voir détails en section 2.3


ci-dessous)
Ces organisations peuvent jouer un rôle dans le développement d’un système
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

national de couverture sociale plus complet. En effet, plus d’une entreprise sur trois
sondée lors du groupe de discussion (DMAA, 2017) est favorable ou très favorable
à l’instauration d’un programme de cotisation et protection sociale obligatoire, et
73.8% de toutes les entreprises interrogées pensent qu’un tel programme doit
engager l’État et potentiellement un ou plusieurs partenaires privés.

Résumé : Au Cameroun, l’accès à une sécurité sociale abordable apparaît comme


étant limité. Pour les entreprises ne souhaitant pas s’affilier, il existe un réel
problème de manque de connaissance des systèmes de sécurité sociale et de
la CNPS qui va au-delà de la simple absence d’intérêt. Pour celles souhaitant
s’affilier spécifiquement à la CNPS, beaucoup ne sont pas en mesure de
rassembler toutes les pièces nécessaires. En outre, les coûts d’affiliation à la
sécurité sociale (CNPS) entravent les entreprises. Le nombre d’UPI interrogées
(hors secteur des transports) adhérant à une assurance privée couvrant les risques
professionnels est marginal. Dans ce contexte, nombre d’UPI ont mis en place,
avec le support de partenaires au développement, des systèmes sociaux d’entraide
(ex : mutuelles, tontines, etc.) pour offrir une protection contre les risques. Ces
groupements font toutefois face à de multiples difficultés, telles que le manque de
capacités organisationnelles, de gouvernance et de viabilité sur le long terme. Ces
structures ont le potentiel de contribuer à l’extension de la protection sociale dans
la mesure où leurs systèmes de cotisation et/ou de collecte d’intérêts peuvent,
au Cameroun

théoriquement, fournir un point de départ financier suffisant à leur intégration


dans un système national de financement de la sécurité sociale. Les expériences
d’autres pays indiquent qu’une viabilité financière est essentielle dans la durée,
ainsi que la participation pécuniaire du gouvernement.

38
2.3 A
 utres Services et Structures liées à la Formalisation
d’Entreprises et leurs Employées
Alors que les sections précédentes se sont focalisées sur les résultats, et sur la mesure
dans laquelle les entreprises s’enregistrent et déclarent ou affilient leurs employés,
cette section élabore sur les aspects plus larges de la formalisation tels que ceux
mentionnés dans la Recommandation 204, à savoir l’affiliation aux associations, la
représentation via les organisations d’employeurs et de travailleurs, et l’accès aux
services de développement des entreprises, aux marchés et au financement.

2.3.1 Organisations/Plateformes de Représentation et Dialogue


Dans le contexte de ses objectifs de développement économique et d’émergence,
l’État s’est mis à l’écoute du secteur privé en vue de concevoir des mesures visant à
encourager la formalisation des entreprises.

ƒƒ Le Cameroon Business Forum (CBF)  : C’est dans ce sens qu’a été officialisé en
2015 le CBF, un colloque de dialogue public/privé qui se déroule une fois par
an et qui vise à promouvoir le dialogue entre les secteurs public et privé dans

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


l’objectif d’améliorer le climat des affaires. Le CBF est présidé par le Premier
Ministre et composé de représentants gouvernementaux (Ministres concernés
par les sujets traités) et de représentants du secteur privé (GICAM, CCIMA, etc.).
Des observateurs au CBF participent également, tels que des partenaires au
développement (Banque Africaine de Développement, Banque Mondiale, etc.), ONG
et missions diplomatiques. Les sujets sont traités sous forme de groupes de travail
(promotion des investissements, commerce transfrontalier, etc.) qui élabore des
réformes spécifiques. En parallèle, le Comité de Suivi et d’Évaluation (CSE) est en
charge, entre autres, de la préparation du forum, du suivi de l’implémentation des
réformes et de la rédaction d’un rapport périodique de suivi et recommandations.
L’application systématique et dans des délais opportuns, des recommandations du
CBF contribuerait certainement à l’amélioration de l’environnement des affaires
au Cameroun. À ce jour, le dégrée d’implémentation des directives du CBF est
insuffisant. En effet, en 2015, seules 6 des 36 recommandations faites par le CBF
en 2014 avaient été mises en application (Tamba, 2015).

La Commission Nationale Consultative du Travail (CNDT) est fondée sur l’article


ƒƒ
71 du Code du Travail. Elle est chargée (i) d’étudier les problèmes relatifs à
l’emploi (y compris les conditions de travail) et à la formation ; (ii) de proposer
des recommandations législatives dans ce contexte. La CNDT a 2 comités ad-hoc :
le comité de synergie chargé de la promotion du dialogue social et la commission
chargée de l’évaluation et du suivi de l’application des conventions de l’OIT.
au Cameroun

En matière de dialogue social, c’est le Conseil Économique et Social du Cameroun


ƒƒ
(CESC) qui est en charge de la coordination des représentant(e)s de la vie
économique, sociale et culturelle du pays. À travers cet organe de concertation
créé par la loi 011 de 2001, les représentant(e)s des différentes régions, secteurs

39
d’activité, catégories professionnelles et de la société civile participent à  :
l’élaboration d’un plan d’action annuel ; la conception et/ou la validation de projets
de loi, de programmes ou de mesures économiques et sociales ; l’implémentation
d’enquêtes terrain visant au développement socio-économique du Cameroun ; des
missions économiques, salons, expositions, etc.  Le CESC compte 150 membres,
représentatifs des secteurs industriels, commerciaux, agricoles et financiers ; des
professions libérales ; des coopératives ; des artisans ; des ONG (y compris celles
concentrées sur les femmes et la jeunesse) ; des syndicats professionnels ; et des
salariés. En outre, environ un tiers du CESC se compose de membres sélectionné(e)
s de par leur expertise dans les domaines de l’économie, de l’éducation, de la
santé, de la recherche scientifique et technique, de la culture, ou de tout autre
domaine pertinent. Le Président de la République préside l’assemblée annuelle
qui se focalise sur 6 domaines, notamment relatifs à l’économie, aux finances, à
la production, au commerce, aux infrastructures, à l’énergie, à l’aménagement du
territoire et aux affaires sociales.

Organisations d’Employeurs
Les Organisations Patronales informent également leurs membres des
ƒƒ
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

réglementations en matière d’emploi et font du plaidoyer auprès du gouvernement


pour, entre autres, l’amélioration de l’environnement des affaires. Elles œuvrent à
l’élaboration de conventions collectives relatives, par exemple, à la facilitation de la
formalisation via la réduction du coût des démarches administratives, comme c’est
le cas du GICAM (voir ci-dessous).

Les organisations patronales manquent toutefois d’adhérents. De plus, en dépit de


leur participation dans le financement de diverses institutions telles que la CNPS,
les organisations patronales se disent sous-représentées dans leur gestion. Enfin,
ces organisations ont tendance à se focaliser sur des actions à leur échelle plutôt
que d’œuvrer collectivement en faveur de la formalisation et contre la discrimination
envers les femmes par exemple.

Les syndicats patronaux du Cameroun comprennent : le GICAM, le Syndicat des


Industriels du Cameroun (SYNDUSTRICAM), le Mouvement des Entrepreneurs du
Cameroun (MECAM), et le Groupement des Femmes d’Affaires Camerounais (GFAC)
et Entreprises du Cameroun (ECAM).

ƒƒ Le Groupement Inter-Patronal du Cameroun (GICAM) est l’organisation patronale


la plus large au Cameroun. Elle représente 60% du PIB formel et compte 319
membres, en majorité de moyennes et grandes entreprises du secteur tertiaire
(voir tableau 12). Le GICAM est membre de l’Organisation Internationale des
au Cameroun

Employeurs (et donc bénéficiaire de l’aide du BIT) et de l’Union des Patronats


d’Afrique Centrale. Le Club TPE est l’instrument du GICAM visant à accroître
la représentation des TPE et des PE au sein de l’organisation (voir encadré
2.m). L’étude sur la Proposition de Stratégie pour le Groupement Inter-Patronal
du Cameroun (GICAM) de 2016 inclut un plan d’actions qui vise à accroître la

40
représentativité des associations des TPE/PE/ (Encadré 2.m)
coopératives au sein du GICAM pour la faire
Le Club TPE du GICAM
passer de 20 en 2016 à 500 en 2019 (voir
section 3). Le Club TPE est l’instrument
du GICAM visant à accroître la
Cette stratégie de réorientation du GICAM représentation des TPE et des PE au
sein de l’organisation.
s’inscrit dans le plan national de transition
vers l’économie formelle. L’axe principal de Via ce club, le GICAM souhaite inciter
les TPE membres à la formalisation,
la stratégie du GICAM est l’accélération de tout en veillant
la croissance, en conformité avec le DSCE
à la pérennité de leur adhésion pour
camerounais. Le GICAM possède des voies leur garantir un soutien informé et de
de connections solides entre les organisations longue durée.
d’employeurs (OE) et le secteur informel et L’objectif est d’accroître le nombre
a donc la capacité d’atteindre les UPI via les TPE, PE et coopératives adhérents en
grandes entreprises membres du GICAM, de par passant de 20 membres actuellement
(2016) à 500 d’ici à 2019.
leurs chaînes d’approvisionnement qui incluent
des UPI. Les cibles seront les TPE désirant
rejoindre le GICAM, les femmes entrepreneurs
Tableau 12 : Répartition des

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


issues du programme de formation GERME
Membres du GICAM par taille
(Gérer Mieux votre Entreprise), les UPI
individuelles bénéficiaires de programmes Taille Part (%)
passés, les jeunes entrepreneurs issus du Petites Entreprises(PE) 6,2
programme « initiatives-jeunes », les UPI
Moyennes entreprises (ME) 33,2
clientes des EMF, les TPE/PE formelles.
Grandes entreprises (GE) 55,8
En théorie, le GICAM détient les ressources Associations 4,8
nécessaires pour mener à bien sa stratégie Total 100
mais doit aussi adresser certains problèmes
Source : GICAM, 2016
potentiels. L’étude sur la Proposition de
Stratégie pour le Groupement Inter-Patronal
du Cameroun (GICAM) de 2016 indique que sa couverture géographique se
limite à Douala et Yaoundé, ses capacités financières sont limitées et il y a un
manque potentiel de soutien de certains membres peu concernés par cette
nouvelle  stratégie.

Pourtant, en amont de sa stratégie de migration des UPI vers le secteur formel,


le GICAM fait déjà un travail de responsabilité sociale important en matière de
lutte contre la contrefaçon, de dialogue public-privé et privé-privé, de promotion
de l’éthique et des bonnes pratiques professionnelles, de l’investissement, comme
par exemple: (i) Business Advisory Service (BAS): aide au management, normes,
au Cameroun

qualité, financement et information de marché pour les PME et PMI ; (ii) École de
l’Entreprise du GICAM: formation continue et alternance ; (iii) Coopération avec
des partenaires techniques: BIT, OIE, Cameroon Women Entrepreneurs Network
(CWEN) ; (iv) Projets du GICAM: Instauration du FOGAMU (Fond de Garantie

41
Multi-Métiers) et d’un fond d’investissement destinés aux entreprises informelles
incapables de se formaliser du fait du manque d’options de financement formelles.

En outre, le GICAM compte de nombreux partenariats avec des organismes axés sur
la formalisation, ainsi que le soutien du gouvernement dans le cadre de la stratégie
nationale.

Organisations de Travailleurs
Les Syndicats de Travailleurs sont nombreux au Cameroun. Bien souvent, ils ne se
ƒƒ
concentrent pas spécifiquement sur la formalisation ou la discrimination (surtout
dans le domaine public). Les thèmes de revalorisations salariales, promotions et
l’âge de la retraite sont toutefois typiquement abordés dans les organisations de
travailleurs. En outre, les syndicats du secteur privé sensibilisent et forment leurs
membres au code du Travail et respect de la législation en vigueur. Certains syndicats
de travailleurs sont des organisations informelles. Plusieurs syndicats ont organisé
des travailleurs dans l’économie informelle et défendent la promotion des droits
des travailleurs informels tels que l’extension de la sécurité sociale et l’assurance
maladie aux travailleurs informels. Certains d’entre eux ont élaboré des stratégies
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

politiques pour promouvoir et soutenir la syndicalisation dans l’économie informelle.

Les syndicats jouent un rôle clé en facilitant le processus de formalisation du


secteur informel par les actions suivantes:
­- Organisation et représentation des travailleurs informels (extension de
l’adhésion et des services syndicaux aux travailleurs informels, y compris la
négociation avec les autorités en leur nom) ;
­- Plaidoyer en faveur de réformes pour que les politiques et mesures nationales
tiennent compte de l’économie informelle ;
­- Formation et sensibilisation des travailleurs informels à leurs droits tels que
le droit à la liberté d’association et à la négociation collective et le droit à la
protection sociale. La sensibilisation à l’importance de s’organiser en tant
qu’organisations/associations de travailleurs informels est également mise en
œuvre;
­- Inclusion des travailleurs informels dans leurs stratégies de dialogue social ;
­- Sensibilisation à la transition de l’économie informelle à l’économie formelle
(Recommandation 204).

Cela devrait être complété par des consultations des syndicats pour que leurs
points de vue soient intégrés dans le document de diagnostic préparé par l’OIT et
pour leurs contributions et leurs actions de formalisation de l’économie informelle.
au Cameroun

De telles consultations sont utiles pour saisir ce qui suit dans l’analyse de l’étude
diagnostique:

­- Les conditions de travail dans l’économie informelle, c’est-à-dire heures de


travail, contrat d’emploi, congés, protection sociale, santé et sécurité au travail,

42
droit d’organisation, etc. ;
­- Le niveau de syndicalisation dans l’économie informelle ;
­- Les défis de l’organisation dans le secteur informel, qui explique le faible niveau
de syndicalisation ;
­- Les objectifs / stratégies des syndicats pour l’organisation des travailleurs
informels. L’organisation et la représentation des travailleurs informels sont-
elles prioritaires pour les syndicats?

Il existe de nombreux Syndicats Professionnels  Indépendants représentant


ƒƒ
les intérêts des travailleurs ou employeurs. Bien que tous ne visent pas
spécifiquement les acteurs de l’économie informelle, ces derniers pourraient
bénéficier de leurs services, notamment en matière de protection syndicale. En
outre, la Recommandation n°204 de l’OIT valorise leur rôle dans la transition vers
l’économie formelle.

2.3.2 Associations, Coopératives et autres Organisations


Malgré le fait que l’affiliation à une association soit un moyen utile d‘accès aux services
et à l’assistance, une méthode d’accès fiable à l’information et un droit reconnu et

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


préconisé par la Recommandation N°204 de l’OIT, seulement 10% des UPI adhéraient
à une structure (association, coopérative, ou autre) en 2010 (EESI 2), contrairement à
42% des entreprises formelles.

De même, le taux d’adhésion à une association de l’échantillon de l’EEIC (BIT, 2017)


était de 13.4% et les entrepreneurs interrogés se révélaient assez sceptiques sur la
capacité des associations à représenter leurs intérêts (voir graphique 2). Ainsi, entre
20 et 25% d’entre eux jugeaient cette capacité de « passable » et, globalement, le
contrepoids entre les avis favorables et les avis défavorables était à l’avantage de
ces derniers.

Graphique 2: Appréciation de la capacité des associations à représenter les intérêts


des PME (%)

Aucune idée
Mal
Médiocre
Passable
Bien
Trés bien
au Cameroun

0 5 10 15 20 25

Associations d’entreprises Associations d’employeurs


Source : A partir de l’enquête

43
Toutefois, cette enquête se concentrait spécifiquement sur le taux d’affiliation aux
associations d’entreprises et d’employeurs et l’échantillonnage était principalement en
milieu urbain et péri-urbain, entraînant une sous-représentation des UPI rurales.

À l’inverse, les résultats de l’étude DMAA de 2017, menée en collaboration avec le


BIT rendent manifeste la forte dynamique associative du secteur informel avec un taux
d’adhésion à une association quelconque de 60% de l’échantillon (voir tableau 13).
En milieu rural, ce taux montait même à 75.9%.

Tableau 13 : Taux d’Affiliation des UPI, par Type de Structure

Ensemble
60%
Affiliation à une association
(75.9% zone rurale)
27% - zone urbaine
GIC
41% - zone rurale
Type d’association

Associations professionnelles 22%


Syndicats 20%
Tontines 12%
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Regroupements classiques & traditionnels 9%


Coopératives & autres 10%

Source: à partir du groupe de discussion (DMAA,2017)

Si ces résultats semblent contradictoires, ils peuvent aussi indiquer que le phénomène
de sous-affiliation des UPI s’observe spécifiquement en zone urbaine, alors que le
secteur informel milieu rural est plus associatif.

En effet, alors que l’EEIC se focalisait spécifiquement sur les associations d’entreprises
et d’employeurs, le groupe de discussion (DMAA) examinait une gamme d’associations
beaucoup plus large, incluant également les Groupements d’Intérêt Commercial (voir
Annexe 10), les tontines, les coopératives, et d’autres types de regroupements.

Pour les UPI du groupe de discussion (DMAA), les formes associatives les plus
populaires étaient les GIC (taux d’affiliation de 27% en zone urbaine et de 41% en
zone rurale), avec les association professionnelles et syndicats venant seulement après
avec 22% et 20% de taux d’adhésion respectifs. À cet égard, les taux d’affiliation
aux associations professionnelles ou syndicats trouvés dans les deux études sont
raisonnablement proches.

Le statut de coopérative est généralement plus contraignant que celui du GIC sur le
plan légal, notamment en ce qui concerne l’application stricte des règles de gestion
au Cameroun

(recrutement d’un gestionnaire qualifié, déclaration et publication des états financiers,


etc.) et un minimum de capital social préalable à leur constitution. En effet, seul
3% des entreprises interrogées lors du groupe de discussion (DMAA, 2017) étaient
regroupées en coopératives.

44
Tableau 14 : Répartition des Motifs d’Affiliation des UPI selon le Lieu de Résidence

Milieu de Résidence (%)


Raison principale de l’affiliation Rural Urbain Ensemble
Ne souhaite pas répondre 37,9 64,5 53,4
Assistance technique, accès aux intrants et informations sur le
16,6 2,0 8,0
marché
Autres ,0 ,5 ,3
Entre-aide sociale et financière 35,2 12,3 21,8
Mieux défendre nos intérêts 10,3 20,7 16,4
Total 100,0 100,0 100,0

Source: à partir du groupe de discussion (DMAA, 2017)

(Encadré 2.n)
Les motifs d’adhésion diffèrent également entre Les Groupements d’Initiative Commune
zones urbaines et rurales (voir tableau 14 ci- (GIC)
dessus). Dans les zones rurales, c’est l’entraide Définis par la loi n°92/005 de

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


sociale et financière qui mène, pour près de 22% 1992, les GIC sont des entités à
caractère économique rassemblant
des UPI répondantes du groupe de discussion, des personnes physiques et basées
suivi de l’assistance technique et l’accès aux sur les valeurs socioculturelles de la
confiance, l’entraide et la solidarité.
marchés. En zone urbaine, l’affiliation est le plus
Les GIC sont souvent issus de
souvent motivée par le besoin de représentation groupements informels, régissant
(« mieux défendre nos intérêts »), ce qui est des pratiques d’entraide en matière
de production, de vente ou de
cohérent avec la nécessité, en zone urbaine, de se construction par exemple, souvent en
soustraire aux représailles des autorités publiques milieu rural, et toujours dans l’optique
de l’intérêt général.
tout en opérant son activité. L’entraide financière,
surtout dans le commerce et la restauration, est le Statut et raison d’être  : Un GIC peut
potentiellement évoluer en coopérative
deuxième motif d’association le plus invoqué dans et jouit d’un statut juridique souple
ce milieu. qui ne requiert pas de comptabilité
formelle et n’a pas d’exigence de
capital social. Les GIC se fondent
sur la proximité de leurs membres,
fréquemment issues de la même
famille, localité ou filière. De ce fait,
la démarche de légalisation de nombre
de GIC a été guidée par le besoin de
remplir les conditions d’accès aux
opportunités de financement qu’offrent
les projets et la participation aux
initiatives déployées par les structures
de l’Etat.
au Cameroun

Fonctionnement : Les GIC se réunissent


de manière bihebdomadaire pour
encadrer les activités d’entraide sur
une base rotative. En zones rurales, une
part de la production agropastorale est
souvent écoulée collectivement pour
financer le fonctionnement du GIC.

45
Tableau 15: Type d’Adhésion des UPI par Secteur d’Activité et Zone Géographique

Type de structures privilégiées


Secteur % Variation zone
Branche (par ordre d’importance)
d’activité d’adhésion
Urbaine Rurale 1 2 3
Agriculture,
Élevage, Associations
Primaire 95.7% 94.1% 96.2% Coopératives
Pêche, professionnelles
Sylviculture
GIC
Regroupements
Associations
Secondaire Industries 52.5% 36.6% 88.9% traditionnels
professionnelles
ouclassiques

Commerce 59.5% 45.8% 84.6% Associations


professionnelles Tontines Autres

Tertiaire Restauration 66.7% 44.4% 100% Tontines


Associations
Transports 70.4% 73.5% 65% Syndicats professionnelles -

Source: à partir du groupe de discussion (DMAA, 2017)


Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Résumé: De nombreuses plateformes de représentation des employeurs, des


travailleurs et du gouvernement existent, et permettent l’ouverture de dialogue
public-privé. L’ensemble de ces acteurs a un rôle à jouer pour faciliter la transition
vers la formalité et atteindre les employeurs et/ou travailleurs dans l’économie
informelle. En dépit de leur rôle considérable dans l’accès aux services et à
l’appui, l’adhésion à une association, coopérative ou autre structure similaire
parmi les entreprises informelles est faible, surtout dans les zones urbaines. Parmi
les différentes formes organisationnelles (Groupements d’Initiative Commune,
associations professionnelles, syndicats, tontines, regroupements et coopératives),
ce sont les GIC qui sont les plus populaires. En zone rurale, l’entraide sociale et
financière est le motif d’adhésion le plus proéminent, alors qu’en zone urbain,
l’affiliation est le plus souvent motivée par le besoin de représentation.

2.3.3 Accès aux Marchés, au Financement et aux Services de


Développement des Entreprises
Cette partie présente les organismes offrant des services de développement
d’entreprises, des services financiers et de l’assistance à l’accès aux marchés. La
au Cameroun

section passe aussi en revue les niveaux d’utilisations et la connaissance de ces


services par les entreprises cibles, ainsi que leurs forces et faiblesses. De manière
générale, les entrepreneurs ont peu connaissance des services d’appui financiers et
non financiers, et cela qu’ils soient offerts par le gouvernement camerounais ou par
des acteurs privés et/ou par des ONG.

46
Services de Développement des Entreprises et Accès aux Marchés
Comme indiqué précédemment, les entreprises informelles sont trois fois moins
productives que les entreprises formelles, ce qui engendre un phénomène de sous-
compétitivité. Cependant, il est important d’adresser ce manque de productivité
dans le secteur informel en fournissant des services pertinents aux entrepreneurs et
en offrant des informations sur la disponibilité de ces services. De plus, le manque
d’opportunités d’intégration des marchés publics et privés est aussi un obstacle à la
formalisation.

En 2005, deux des cinq besoins prioritaires identifiés par les UPI lors de l’EESI étaient
relatifs à l’accès aux marchés. De fait, pour 54.4% des entreprises sondées l’accession
à de grosses commandes était essentielle, et pour 33.8% d’entre elles, l’information
sur les marchés était également importante.

Similairement, 33.6% des UPI identifiaient le besoin de formation technique comme


une nécessité, ainsi que l’aide à l’approvisionnement pour 31.3% d’entre elles.
L’enquête MPE de 2015 établissait également les attentes des entrepreneurs et
artisans vis-à-vis du MINADER, du MINPAT et du MINEFOP, à savoir des services de
formation, d’appui à la création d’emplois et d’encadrement technique et financier aux

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


PME et artisans (Tamba, 2015).
Le tableau 16 montre que l’accès aux marchés publics est l’aspect le plus incitatif
quant à l’immatriculation au RCCM pour les entreprises informelles.

Tableau 16 : Principaux Intérêts de la Formalisation selon les UPI qui se sont


Conformées Après la Création de leur Entreprise

Intérêts Principaux de la Formalisation Immatriculation au RCCM Possession de la carte de


(en %) contribuable
Élargissement de la clientèle 7.14% 2.72%
Meilleur accès au crédit 13.57% 5.45%
Accès aux marchés publics 40% 14.17%
Réduction des contrôles administratifs 22.86% 56.40%

Source: D’après l’enquête auprès des entreprises de Mars 2017

L’EEIC de 2017 a évalué dans quelle mesure les entrepreneurs informels sont familiers
avec, et utilisent les services non-financiers d’accompagnement à l’entrepreneuriat. De
tels services sont par exemple liés à l’appui au démarrage et à la planification, à la
formation technique et la gestion d’entreprise, à l’information sur les marchés et sur
au Cameroun

les obligations légales, au coaching ou mentoring, à l’incubation et aux opportunités


d’approvisionnement. L’étude a montré que le manque de connaissance des services
est chronique, puisque plus de neufs entrepreneurs sondés lors de l’EEIC de 2017 sur
dix ignorent tous des offres d’appui à l’incubation des entreprises, qu’ils s’agissent de
celles proposées par des acteurs privés, des ONG ou le gouvernement camerounais.

47
Non seulement les entreprises sont peu sensibilisées à ces services, mais trop peu
d’entre elles en bénéficient et la part des entrepreneurs sondés dans l’EEIC (2017)
ayant bénéficié au moins une fois de tels services est marginale. Ainsi, des 466
entrepreneurs de l’échantillon étant familiers avec l’offre de services d’appui, à peine
plus de 10% déclarent en avoir bénéficié.

ƒƒ L’Agence de Promotion des PME (APME) (voir section 2.2.1) est un l’agent Étatique
en charge de combler l’écart entre les PME et les marchés publics et les PME et les
marchés de grandes entreprises. Pour se faire, l’APME se charge de (i) Mettre en
place des partenariats et des voix de communications entre les organismes publics
et les PME, entre PME, et entre les PME et les grandes entreprises; (ii) Faciliter
l’accès aux marchés pour les PME ; (iii) Commissionner des études de marché
destinées à élaborer une stratégie de développement des PME ; (iv) Promouvoir
les structures publiques d’incubation de PME, et (v) D’offrir des services d’appui à
l’investissement pour les PME.

Les Chambres Consulaires défendent les intérêts des citoyens auprès des autorités.
ƒƒ
Elles jouent un rôle consultatif dans le cadre des législations pertinentes à leur
domaine ; un rôle formateur et d’aide au recyclage des travailleurs ; et, un rôle
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

de gestionnaire des Centres de Formalités des Entreprises et des Centres de


Gestion Agréés. Il s’agit de la Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Élevage
et des Forêts (CAPEF) et de la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et
de l’Artisanat (CCIMA) qui est responsable des Centres d’Incubation Pilote (CIP)
aidant à la formation et à l’emploi des jeunes, à la création de nouveaux emplois. La
CAPEF agit quant à elle en partenariat avec le MINEPIA, le MINEFOP, le MINEPAT,
le MINEPDED et le MINJEC et est en charge, entre autres, de la formation
professionnelle des ressortissants camerounais.

Au niveau du gouvernement, c’est le Ministère de l’Emploi et de la Formation


ƒƒ
Professionnelle (MINEFOP) qui œuvre à l’élaboration et la mise en place de la
stratégie nationale pour l’emploi, la formation et l’insertion professionnelle. Le
MINEFOP mène à bien les politiques nationales et conduit des études pour se
tenir informé de l’état du marché du travail. Son action encourage la création de
nouveaux emplois et l’amélioration de la situation des actifs camerounais, ce qui
impacte la transition vers l’économie formelle et aide à réduire la discrimination du
genre en termes de salaires. Le MINEFOP travaille en partenariat avec le MINTSS,
la CNPS et les CFCE et est en charge de 4 institutions et programmes :

ƒƒ Le Ministère des Affaires Sociales (MINAS) et le Ministère de la Promotion de


la Femme et de la Famille (MINPROF) sont en charge de la stratégie nationale
de protection des groupes vulnérables sur le marché du travail, ce qui inclut les
au Cameroun

femmes. Le MINPROF supervise le Plan d’Action National de l’Intégration des


Femmes au Développement et du Plan National pour l’Entrepreneuriat Féminin en
partenariat avec le MINAS.

48
Programme Intégré d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel (PIAASI)
Rôle principal Migration des jeunes acteurs de l’économie informelle vers l’économie
formelle
Bénéficiaires principaux Jeunes acteurs de l’économie informelle
Actions Formalisation des entreprises via leurs promoteurs (formations,
assistance technique, assistance au financement, suivi de micro-projets,
sensibilisation, liaison avec les CFCE)
Fond National de l’Emploi (FNE)
Rôle principal Promotion de l’emploi au Cameroun via des programmes basés sur la
formation, l’aide aux micro-entreprises, etc. ; Aide au montage des plans
d’affaires et appui au financement)
Offre de services, formations et programmes tels que:

Actions - Programme d’Appui au Développement des Emplois Ruraux (PADER)


- Programme d’Emploi des Jeunes : Offre des subventions salariales
pour la création de nouveaux emplois formels
- PME/FNE qui promeut l’entrepreneuriat pour les jeunes (individuel ou
en petite entreprise

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


- Centre Intégré d’Information pour l’Entrepreneuriat des Jeunes (CIIEJ)
Résultats En 2015, plus de 480,000 personnes avaient déjà bénéficié de l’accueil
et des conseils du FNE ; un peu moins de 60,000 avaient reçu une aide
financière à la création de leur entreprise ; et presque 55,000 personnes
ont tiré bénéfice du programme PADER.
Centre Pilote d’Orientation Scolaire Universitaire et Professionnelle (COSUP)
Rôle principal Orientation et sensibilisation des actifs aux opportunités de formation
Observatoire National de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (ONEFOP)
Rôle principal L’observatoire collecte, traite et partage des données relatives aux
thématiques de l’emploi et de la formation professionnelle.

Services Financiers
Selon les enquêtes sur le climat des affaires au Cameroun, en 2011 et en 2013,
les difficultés d’accès au financement étaient citées par les entreprises (formelles
et informelles) comme étant le deuxième problème majeur entravant leurs activités.
Ces difficultés ont un impact négatif sur leurs capacités d’investissement et leur
productivité, qui reste stagnante. Le fait que les trois principales sources de
financement des entrepreneurs interrogés sont leur fonds propres (62.6%), la famille
ou les amis et les tontines ou associations illustre également le manque d’accès au
financement des UPI. En 2010, 50% des UPI avaient un capital de démarrage basé
au Cameroun

sur l’épargne individuelle, inférieur ou équivalent à 17,000 FCFA (30.5 USD), malgré
une moyenne s’élevant à 197,800 FCFA (355 USD) (Tamba, 2015). Les institutions
bancaires formelles sont peu accessibles aux petites entreprises informelles, excepté
pour les institutions de microfinance, dans lesquelles 46% de l’échantillon de mars

49
2017 possèdent un compte bancaire. Tout comme ses pays voisins de la CEMAC, le
Cameroun est victime d’un paradoxe financier par lequel les PME sont en manque des
liquidités requises pour le développement de leurs activités alors que les organismes
financiers sont en situation de surliquidité car peu enclins à offrir des crédits à ces
PME. Cette situation s’explique en partie par un climat des affaires jugé incertain par
le secteur bancaire.

À ce manque d’accès aux services financiers formels s’ajoute la mauvaise connaissance


par les entreprises informelles des services financiers à leur disposition, comme c’est le
cas pour les services de développement des entreprises et d’accès aux marchés. Ainsi,
au moins 70% de l’échantillon de l’EEI de 2017 déclare ne pas connaître l’existence
de tels services, et moins de 20% se dit familier avec les avantages fiscaux offerts par
le gouvernement aux entreprises.

Les institutions ci-dessous ont pour but d’améliorer l’inclusion financière des petites
entreprises, des artisans et des groupes vulnérables :

La Banque Camerounaise des PME (BC-PME) établie par la loi depuis 2011 et
ƒƒ
implémentée en 2014, aide à la création d’établissement de financement des PME
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

et se spécialise dans le financement des PME et des artisans à travers ses deux
guichets. La BC-PME a pour objectifs de développer une offre de crédit à moindre
coût pour les PME et les artisans et d’accroître le financement aux PME/PMI et
artisans.

ƒƒ Les Établissements de Microfinance (EMF)  comptaient, selon les estimations du


MINFI, 1.5 millions de clients en 2013. Cependant, une autre étude du MINFI
démontre que 60% des actifs camerounais ne font pas confiance à ces institutions,
et que 58% d’entre eux leur préfèrent les tontines qui sont moins coûteuses et
requièrent moins de garanties.

Les plus proéminentes au Cameroun sont :

- 
La Cameroun Coopérative Crédit Union League (CAMCCUL)  : en partenariat
avec le projet PADMIR du MINADER, elle opère aussi au niveau urbain et se
spécialise dans les groupes défavorisés.
- 
L’Association Nationale des Établissements de Microfinance du Cameroun
(ANEM-CAM)  : qui englobe les institutions de microfinance du pays depuis
2006 et est en charge de leur plaidoyer.
- Les Mutuelles Communautaires de Croissance (MC) : qui sont spécialisées dans
le monde rural, parrainées par l’Afriland First Bank (AFB) et l’ADAF (Appropriate
Development for Africa Foundation, une ONG), et gérées par les populations
au Cameroun

locales.

50
- Les Caisses Villageoises d’Épargne et de Crédit Autogérées (CVECA)  : sous la
tutelle de l’AFD et de la BICEC.

- 
La Mutuelle Financière de Femmes Africaines (MUFFA Cameroun)  : aussi
parrainée par l’AFB et l’ADAF.
- 
Les Coopératives d’Épargne et de Crédit des Promotrices (CEF PROM)  :
parrainées par l’Agence Canadienne pour le Développement International
(ACDI).
- 
La Régionale d’Épargne et de Crédit du Cameroun  : surtout représentée en
milieu urbain.

Au niveau ministériel, le Ministère des Finance (MINFI) s’implique dans la


ƒƒ
transition de par son rôle auprès des contribuables et via sa division spécialisée en
microfinance.

Résumé: Les entrepreneurs ont peu connaissance des services de développement


offerts par le gouvernement camerounais. Il est donc important d’adresser le
manque de productivité des entreprises du secteur informel en leur fournissant des

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


services pertinents et en leur offrant des informations sur la disponibilité de ces
services. De plus, le manque d’opportunités d’intégration des marchés publics et
privés est aussi un obstacle à la formalisation. L’accès aux marchés a été identifié
comme une priorité importante pour des UPI. L’accession à de grosses commandes
et l’information sur les marchés était également charnière. Les difficultés
d’accès au financement étaient aussi mentionnées par les entreprises (formelles
et informelles) comme étant un problème majeur entravant leurs activités. Cela
est démontré par le fait que les entrepreneurs interrogés tendent à financer leurs
activités par leurs fonds propres, les aides familiales et des amis et les tontines
ou associations. Les institutions bancaires formelles sont peu accessibles aux
petites entreprises informelles, excepté pour les institutions de microfinance. À ce
manque d’accès aux services financiers formels s’ajoute la mauvaise connaissance
par les entreprises informelles des services financiers à leur disposition.
au Cameroun

51
SECTION 3: S
 YNTHÈSE DES DÉFIS CLÉS ET
RECOMMANDATIONS
Cette section identifie les principaux défis relatifs à la transition des entreprises
informelles et de leurs travailleurs vers l’économie formelle, et présente les
recommandations tirées des six études sur le marché du travail au Cameroun.

Le gouvernement s’est engagé dans une stratégie visant à alléger le processus de


formalisation de manière à inciter les entreprises à se formaliser et à rester formelles.
Cette stratégie repose sur la provision de services et d’assistance relatifs aux
démarches administratives, à l’accès au financement et aux marchés commerciaux
et à la formation commerciale. Dans cette optique, la Banque Camerounaise des
PME (BCPME) a été introduite et des Centres de Formalités pour la Création des
Entreprises (CFCE) ont été créés. La BCPME offre des services financiers aux PME,
mais aussi aux artisans. Les CFCE sont des guichets uniques de création d’entreprise
visant à permettre aux entrepreneurs de s’enregistrer en 72 heures. Depuis leur mise
en place, la portée géographique des CFCE s’est étendue avec dix centres désormais
opérationnels à travers le pays (voir section 2.2.1 pour plus de détails). Ces efforts
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

ne se sont cependant pas traduits par une vague importante de formalisation des
entreprises et des travailleurs.

Voici un aperçu des défis clés et recommandations tirées des études synthétisées
dans ce rapport, présentées par catégories y compris les administrations responsables
de la mise en place de ces recommandations. Ces initiatives visent à renforcer les
mesures existantes pour la simplification des procédures et une amélioration de
l’appui à l’enregistrement. De plus, il est important de mettre en place des incitations
adaptées puisqu’il est avéré que les entreprises comparent les coûts escomptés de
l’entrée et du maintien dans la formalisation avec les avantages que cela présente (voir
cadre conceptuel). Puisque la formalisation va de pair avec un accroissement de la
productivité, les recommandations identifient également des mécanismes d’adoption
ou de renforcement des initiatives de développement des MPME et de l’artisanat. Cette
section met également en exergue des exemples réussis de transition vers l’économie
formelle au Brésil et au Chili.

Ces stratégies de migration reposaient sur des politiques de long-terme, avec des
approches holistiques et dont la mise en place était systématiquement cohérente avec
l’ensemble des reformes et politiques prises au niveau national (Tamba, 2015). C’est
dans une telle optique que les mesures prises devront être en cohésion avec le DSCE et
autres stratégies nationales, et conçues de manière inclusives, en partenariat avec des
acteurs camerounais gouvernementaux et non-gouvernementaux, tels que le secteur
au Cameroun

privé, les acteurs informels et les partenaires techniques et financiers (ibid).

52
(i) Au Niveau des Relations entre les Entreprises Informelles et les
Administrations en Charge de la Formalisation
Défis Clés :

Conformité et Motifs de Non-Conformité (EEIC, BIT 2017)


Le respect de la règlementation en matière de création d’entreprise reste assez
ƒƒ
marginal, et, en parallèle, la dynamique de formalisation des entreprises reste
faible (entre 3% et 21%) ;

ƒƒ L’inscription des petites entreprises d’au plus 10 employés au régime du commerce


est faible au Cameroun. Seules 18,3% sont inscrites au registre du commerce, 39%
détiennent une carte de contribuable, et 5.5% sont immatriculées à la CNPS ;

ƒƒ En moyenne, une entreprise attend au moins 2 ans avant de se régulariser (hors


RCCM) ;

ƒƒ Les entreprises individuelles sont moins susceptibles de se formaliser que celles


employant des travailleurs, mais lorsqu’elles se conforment elles le font plus
rapidement, soit moins de 2 ans après leur création ;

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


ƒƒ Outre le défaut d’information, le non-respect de la réglementation s’explique par
l’absence d’incitation à se formaliser, les UPI ne trouvant pas d’avantage ni de
plus-value pouvant les motiver à changer de statut.

ƒƒ Les entrepreneurs sont peu informés des nouvelles réformes de facilitation des
démarches et leurs perceptions des délais/coûts relatifs à l’enregistrement sont
donc en inadéquation avec la réalité.

Connaissance des Administrations et Services (EEIC, BIT 2017)


ƒƒ Globalement, et en admettant des variations régionales, en fonction de l’éducation
de l’entrepreneur et de la taille de l’entreprise, les entrepreneurs connaissent les
administrations chargées de la formalisation (RCCM, Centre des Impôts, CNPS
et Mairie) ;

ƒƒ Par contre, moins d’un entrepreneur informel sur cinq connait l’existence des CFCE ;

ƒƒ Le manque d’information sur les procédures, les lourdeurs administratives, les coûts
formels élevés et l’existence des coûts informels sont plébiscités à environ 80%
comme étant les principales barrières à la collaboration avec les administrations.

ƒƒ De même, les entrepreneurs ne sont pas assez familiers avec les différents
au Cameroun

programmes d’encadrement à leur disposition. L’enquête MPE (Tamba, 2015)


montre en effet que moins de 15% d’entre eux ont connaissance des programmes
PIASSI et PAJER-U, pourtant spécifiquement relatif à la formalisation, et que
moins d’un entrepreneur sur deux connait le FNE.

53
Perception de la Collaboration avec les Administrations et Services, et du Climat des
Affaires (EEIC, BIT 2017)
ƒƒ À l’exception de la carte de contribuable, moins de 50% des entrepreneurs
trouvent nécessaire de s’affilier à la sécurité sociale ou de s’enregistrer au registre
de commerce;

ƒƒ
Près de 41% d’entrepreneurs ont une appréciation pas du tout favorable de
l’environnement réglementaire encadrant la création et le fonctionnement des
entreprises au Cameroun ;

ƒƒ Une majorité d’entrepreneurs déclarent avoir de mauvaises relations avec la Mairie


et le Centre des Impôts, qui sont également les administrations avec lesquelles ils/
elles ont le plus de contact.

ƒƒ L’enquête MPE (Tamba, 2015) montre que les relations entreprises-douanes sont
tout aussi difficiles.

Recommandations :
Administrations concernées (i)
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Sensibilisation et Promotion :
- CNPS
Il est recommandé de mener une campagne
ƒƒ
- Inspection du Travail de sensibilisation ayant pour but d’inclure
- TPI durablement les UPI dans la stratégie de
- CFCE développement du Cameroun, avec une refonte
des perceptions d’exclusion de l’activité
- MINPMEESA
économique et politique nationale.
- MINEFOP
ƒƒ
Cette campagne devra également promouvoir
- MINCOMMERCE
le cadre législatif et règlementaire en vigueur
- MINATD au Cameroun au niveau des PME, de l’artisanat
- CTD et de l’économie sociale, ainsi que les progrès
accomplis en matière de facilitation des
- CCIMA
démarches d’enregistrement et des coûts et délais
réels ;
ƒƒ De plus, il faudrait promouvoir les CFCE auprès des PME, les BCA auprès des
artisans, et cimenter leur collaboration avec les communes, notamment par :
­- le renforcement des capacités des responsables de ces structures ;
­- la formation des acteurs impliqués dans le processus de l’enregistrement dans
les communes ;
­- la numérisation des enregistrements effectués par les bureaux communaux.
au Cameroun

Il est aussi nécessaire de densifier les CFCE pour étendre la couverture


ƒƒ
géographique des CFCE pour que plus de communes soient couvertes, et afin de
faciliter la communication entre ces deux structures.

54
Fonctionnement des Services et Programmes Gouvernementaux aux Artisans, Entreprises
Artisanales et non-Artisanales
ƒƒ Pour le secteur de la PME : Les CFCE devraient se voir attribuer des objectifs
chiffrés, déterminés par une évaluation des clients potentiels et se voir rappeler de
la nécessité de respecter les délais;
ƒƒ Pour le secteur de l’artisanat :
­- Les BCA devraient respecter le principe de la gratuité de l’enregistrement
et dresser annuellement les statistiques des enregistrements ainsi que la
cartographie communale des activités artisanales attachée à ces enregistrements
(MINPMEESA, 2017);
­ - Implémentation des services à rendre aux artisans et entreprises artisanales
prévus par les textes régissant l’artisanat (l’information et le conseil de base;
l’assistance individuelle à la gestion; l’assistance technique collective;
l’assistance technologique, et l’assistance commerciale) devrait se rendre
effective (ibid);
­ - Les villages artisanaux devraient ressortir, semestriellement, à l’attention du
MINPMEESA les états des formations rendues aux artisans assortis du nombre

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


d’artisans formés (ibid);
ƒƒ
Pour les secteurs des PME et de l’artisanat, il faudrait adapter les services et
programmes proposés aux artisans, entreprises artisanales et entreprises sur la
base d’une réévaluation de la demande potentielle de chaque service (en utilisant
les bases de données existantes au niveau des BCA, des CFCE, mais aussi du RGE
ou des EESI 1 et 2). Ainsi, les objectifs en termes de connaissance et/ou demande
ou consommations desdits services seront alignées sur la mesure des bénéficiaires
potentiels et de leurs besoins et capacités.

(ii) Au Niveau des Procédures d’Enregistrement

Défis Clés :
Le gouvernement a récemment entreprit plusieurs réformes et mit en place des
institutions destinées à faciliter la transition vers la formalité, et à simplifier les
procédures administratives relatives à la création et/ou à la formalisation des
entreprises informelles et de leurs travailleurs au Cameroun.

Le CFCE a été créé pour répondre à cette préoccupation. Cela s’est traduit par une
réduction du nombre de démarches et des délais requis pour s’enregistrer. Les
entreprises peuvent être enregistrées en 72 heures et l’enregistrement en ligne est
désormais disponible dans 3 localités (Yaoundé, Douala et Garoua). En parallèle, la
au Cameroun

circulaire interministérielle de Mai 2012 et la loi des Finances de 2016 ont permis
l’établissement d’une grille de délais pour chaque procédure, la simplification des
démarches d’obtention de documents et la diminution du nombre de pièces requises
pour certaines formalités. De surcroît, 3 CFCE ont bénéficié de formations destinées à

55
engager leur personnel sur la règlementation et les délais requis, et sur l’importance
d’adhérer à ces règles, une approche potentiellement utile à reproduire dans
d’autres CFCE.

Néanmoins, les entrepreneurs interrogés indiquent que d’avantage doit être fait pour
faciliter les procédures administratives relatives à la création et/ou à la formalisation
des entreprises informelles et de leurs travailleurs au Cameroun. Plusieurs études
montrent en effet que le processus d’enregistrement s’avère encore complexe et
imprévisible (délais et coûts). L’étude CNRP de 2017 montre par exemple que les
coûts d’enregistrement sont très disparates, selon le mode et le lieu d’enregistrement
(CFCE ou administrations habilitées). De même, les différences de coûts peuvent aller
au-delà de 230,000 FCFA (415 USD) selon le lieu géographique d’enregistrement. Il
est même avéré que certaines UPI interrompent le processus de formalisation à mi-
chemin dû aux difficultés ci-dessus. Il est donc important d’appliquer davantage la
règlementation relative à la simplification des procédures et à la réduction des coûts
d’enregistrement (comme prévu par la circulaire interministérielle de Mai 2012) qui
simplifie la procédure légale d’obtention de documents en deux étapes : dépôt des
pièces requises et retrait des documents délivrés. L’application de l’ensemble des
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

réformes engagées par l’État dans ce sens doit donc être promut davantage auprès du
personnel des administrations concernées.

Recommandations :
Réduction des Coûts, Délais et Nombre d’Opérations d’Enregistrement
ƒƒ Uniformiser et réduire les coûts relatifs aux démarches de création d’entreprise,
via la multiplication des campagnes de sensibilisation du personnel des CFCE (et
autres administrations habilitées) sur le respect de la grille de délais pour chaque
procédure administrative. La circulaire interministérielle de Mai 2012 relative aux
délais dans les CFCE fixe ces délais à 48h pour les statuts notariés, à 24h pour le
RCCM et à 24h pour la carte de contribuable ;

ƒƒ Promouvoir la nécessité de respecter les grilles de délais et de coûts auprès du


personnel des administrations habilitées à l’enregistrement des entreprises ;

ƒƒ Délivrer automatiquement la carte de contribuable à toute entreprise s’étant


acquittée de ses impôts municipaux ;

ƒƒ Renforcer les mécanismes d’échange d’information entre les différents services


publics (inspection du travail, CNPS, etc.) pour faciliter la formalisation ;

Fournir une option d’inscription/immatriculation électronique au RCCM et,


ƒƒ
au Cameroun

opérationnaliser l’enregistrement (en ligne) au CFCE de manière plus efficace et


sur plus de localités ;

56
ƒƒ Rendre l’attestation de localisation de l’entreprise non obligatoire durant la
première année d’exercice ;

ƒƒ Élargir le recours notarial optionnel, au-delà de la SARL Unipersonnelle et des


entreprises au CA annuel de moins de 1 million de FCFA (1782 USD)19.

ƒƒ Complémenter la loi des Finances de 2016 qui ramène le nombre de pièces à


fournir pour l’enregistrement d’une personne physique au RCCM de 7 à 2 pièces,
en réduisant le nombre de pièces à fournir pour des démarches similaires :

Tableau 17: Proposition de Réduction des Pièces à Fournir pour l’Enregistrement


d’une Entreprise

Démarche Nombre de pièces à fournir Recommandation


actuellement
Déclaration de l’entreprenant 6 3 pièces : identité, casier
judiciaire & photo
Immatriculation d’une personne 5 3 pièces : identité, statuts,
morale au RCCM casier judiciaire

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


Immatriculation de l’entreprise 6 3 pièces : identité, extrait du
à la CNPS RCCM, statuts

(iii) Au Niveau de la Fiscalité

Défis Clés :
La fiscalité est une des priorités clés des entrepreneurs
sondés. En effet, elle apparaît, dans la globalité des
Administrations concernées (ii)
enquêtes menées au Cameroun ces dernières années
(EESI 1 et 2, EEIC 2017, enquêtes sur le climat des - MINPMEESA
affaires, etc.), comme l’un des problèmes majeurs - MINTSS
affectant le développement des entreprises. Les
- MINJUSTICE
entrepreneurs réfèrent aux lourdeurs du système fiscal
et aux mauvaises relations avec le Centre des Impôts - MINFI
et la Mairie. Au Cameroun, 44 paiements annuels - CBF
sont requis pour régulariser les charges sociales et
- CTD
fiscales et cette régularisation prend, en moyenne
630 heures sur l’année, ou l’équivalent de 78 jours - Centre des Impôts
ouvrés (EEIC, 2017). Ces limitations sont d’autant plus - CNPS
problématiques qu’un nombre certain d’entrepreneurs
- Inspection du travail
sont prêts à payer leurs impôts, comme près de
au Cameroun

33% des UPI dites « mobiles » (c’est-à-dire sans - TPI


local d’activité) interrogées durant l’EESI de 2005
(Tamba, 2015).

19 L’authentification des statuts de la SARL établis sous seing privé s’effectue désormais au CFCE.

57
Des mesures de simplification ont déjà été mises en place pour recourir à ses
faiblesses, telle que l’adoption de la loi des Finances 2016/018 du 14 Décembre
2016, qui prévoit la suppression de la constitution du dossier de patente (qui visait à
recevoir une attestation d’exonération valable deux ans, pour les nouvelles entreprises)
pour les entreprises exonérées. Cependant, des progrès restent à faire pour répondre
aux préoccupations des entrepreneurs.

Recommandations :
Administrations concernées (iii) Il est recommandé d’adapter et simplifier le système
- MINFI
de taxation des TPE comme suit :

- MINDT ƒƒ Créer une taxe unique ou synthétique incluant


divers impôts et taxes existants (basée sur
- Centre des impôts
le chiffre d’affaires annuel, le statut de
- Mairies l’entrepreneur et le type d’entreprise) pour
- CGA augmenter l’adhésion au système fiscal. Pour
les plus grandes entreprises, il est recommandé
d’échelonner les paiements des impôts ;
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

ƒƒ Simplifier les démarches de paiement de l’Impôt Libératoire (moins de pièces


requises) ;

ƒƒ Combiner les taxes communales restantes en une taxe communale unique, dont
l’échéance peut être définie. Pour les artisans et entreprises artisanales, cette taxe
intégrerait aussi l’assurance volontaire (TCU) (MINPMEESA, 2017);

ƒƒ
Étendre davantage les incitations fiscales existantes dont bénéficient les
entrepreneurs en cours de formalisation ;

ƒƒ Reporter le paiement des charges fiscales et patronales en années 2 ou 3 pour les


entreprises inscrites dans un CGA serait également utile ;

ƒƒ Développer des systèmes de paiement des taxes en ligne ou par virement bancaire.

(iv) Au Niveau de l’Accès au Financement

Défis Clés :
Le manque d’accès à des services financiers abordables et adaptés, est un problème
majeur dans l’environnement des affaires au Cameroun, comme l’attestent les enquêtes
sur le climat des affaires au Cameroun (2011 et 2013). Ce problème résulte du
manque chronique pour les PME de garanties bancaires, et donc, des caractéristiques
du système actuel de financement. Plusieurs programmes gouvernementaux, en
au Cameroun

partenariat avec le secteur privé, tentent déjà d’adresser ce problème, et ont, entre
autres, initié la création de l’APME en 2013 et de la BC-PME en 2014.

58
(Encadré 3.a)

Depuis le début des années 1990, l’État Brésilien a mis en place plusieurs initiatives visant à établir un
traitement préférentiel pour les TPE et à faciliter les régulations les concernant. Depuis l’an 2000, la
formalisation a augmenté de manière considérable avec l’adoption de la loi, connue sous le nom de Simples
Nacional, qui a réduit davantage les démarches administratives, en combinant huit taxes différentes
s’appliquant aux petites entreprises en un seul paiement. La loi permet aux entreprises de s’acquitter
d’un impôt unique qui incorpore et remplace plusieurs taxes et cotisations de sécurité sociale, auparavant
payées au niveau national, fédéral et municipal. La loi générale exonère également les TPE du paiement de
contributions sociales additionnelles requises au niveau fédéral, et réduit certaines autres obligations fiscales.
Au lieu de payer chaque taxe ou cotisation séparément, selon différents modes de calculs et calendriers de
paiement, les contribuables s’acquittent d’un montant mensuel unique, qui varie selon les revenus bruts des
12 derniers mois et selon le type d’activité économique réalisée. L’impôt unique simplifie considérablement
les pratiques comptables dans les petites entreprises, et diminue la somme de taxes à payer.

La plupart des TPE ayant opté pour ce régime ont vu leurs contributions fiscales réduites de 20 à 50%, selon
le type d’activité réalisée et leurs niveaux de ventes, alors que 40.4% d’entre elles estimaient qu’elles étaient
restées les mêmes. Sous le régime Simples Nacional, les employés de TPE continuent de bénéficier des
mêmes droits et avantages que les autres salariés formels. Une caractéristique clé de ce système a donc été
la réduction du fardeau administratif des entreprises, sans avoir produit de conséquences négatives en termes
de droits des travailleurs et de bénéfices pour les petites entreprises. À compter de 2012, plus de quatre
millions de TPE avaient opté pour le régime Simples Nacional. Les revenus fiscaux ont été multipliés par

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


5.6 entre 2007 et 2012. Ces données suggèrent que la création d’un régime fiscal spécial pour les petites
sociétés a contribué à accroître la formalisation sans pour autant diminuer les revenus fiscaux. À l’inverse, le
pays a connu une augmentation considérable du montant des taxes perçues parmi les TPE.

Une loi complémentaire sur les micro-entrepreneurs individuels (2008), s’est traduite par davantage
de formalisation des très petites entreprises et entrepreneurs à leur propre compte au Brésil. La mise en
application de cette loi a considérablement augmenté la couverture de protection sociale des travailleurs
employés dans des petites entreprises au Brésil. Sous la loi IME, les entrepreneurs et travailleur à leur propre
compte en dessous d’un certain seuil, qui n’emploient pas plus d’un travailleur, peuvent s’enregistrer en tant
que micro-entrepreneur (IME). L’IME paie un montant mensuel fixe qui inclut des contributions de sécurité
sociale municipales, fédérales et nationales. De ce fait, l’IME est exempt d’autres impôts et cotisations. Les
contributions à la protection sociale sont équivalentes à 5% du salaire minimum national, comparé à un taux
de 20% du revenu brut mensuel établit par le régime général pour les entrepreneurs à leur propre compte.
Les avantages d’être enregistré en tant qu’IME incluent l’accès à une retraite d’État de base, des prestations
d’invalidité et de survivants, la protection sociale et de maternité, ainsi qu’une allocation familiale dans le cas
de l’emprisonnement ou du décès du/de la chef de famille. Les soins médicaux sont assurés par le système
public, comme c’est le cas pour les travailleurs affiliés au régime général. Dès 2014, quatre millions d’IME
avaient été formalisées au Brésil.

Source: FORLAC: Policies for the formalization of MSEs in Brazil

Recommandations :
ƒƒ Un assouplissement des exigences de garanties bancaires serait utile à
l’accroissement de l’accès au crédit;
au Cameroun

ƒƒ Promouvoir le partenariat et la collaboration avec les établissements de


microfinance pour le financement des très petits operateurs (MINPMEESA, 2017);

59
ƒƒ Dans ce sens, il serait également recommandé de
Administrations concernées (iv)
revoir le mécanisme de financement des banques
- MINFI de microfinance, avec pour objectif de favoriser
- MINPMEESA davantage de crédits à plus long terme;
- BC-PME ƒƒ
Pour favoriser l’accès au financement pour les
nouvelles entreprises, un mécanisme d’allocation
- BEAC
d’un fond de création d’entreprise pourrait être
- CCIMA mis en place pour soutenir ces entrepreneurs
- CAPEF dans le financement du démarrage d’entreprise.
Simultanément, l’APME pourrait proposer aux
- APME
membres des CGA de bénéficier de services
- GICAM d’assistance à l’élaboration de leur plan d’affaires,
- APECCAM et de la certification de leurs comptes ;
ƒƒ Pour réduire les coûts d’emprunt, il est
recommandé de revoir les taux d’intérêt à la
baisse pour les PME, et cela puisque les taux d’intérêts élevés sont régulièrement
cités comme étant des obstacles à la formalisation;
ƒƒ Enfin, le GICAM pourrait offrir du soutien aux entrepreneurs en termes de
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

comptabilité et d’accès au financement en complément de prestations similaires


offertes aux adhérents des CGA.

(v) Au Niveau de l’Accès aux Marchés

Défis Clés :
L’EEIC de 2017 montre que si quasiment la moitié de l’échantillon ne voit pas l’intérêt
de s’enregistrer au RCCM, la perspective d’accéder aux marchés publics est tout de
même incitative pour 18% des entrepreneurs. Cela est confirmé par l’EESI 2, qui
indique que l’accès à des commandes était le premier type d’aides souhaitées par les
UPI en 2010, et que le manque de clientèle était la deuxième principale difficulté
entravant le développement des très petites entreprises informelles cette même année.
En ce qui concerne l’accès aux marchés privés, tout aussi nécessaire aux TPME, la
Bourse de Sous-Traitance et de Partenariat (BSTP), instaurée en 2011, promeut les
échanges en organisant des rencontres professionnelles, salons, formations et réunions
pour encourager le développement des PME locales.

Recommandations :
ƒƒ Améliorer l’accès aux offres de marché des grandes entreprises locales ou des
multinationales (en favorisant les échanges entre les sociétés et les TPE, en fixant
au Cameroun

des objectifs pour la sous-traitance dans le cadre des contrats publics ou en


intégrant les TPE dans les chaînes d’approvisionnement);

ƒƒ Développer davantage de programmes gouvernementaux d’assistance à l’exportation


et favoriser leur accès aux TPE;

60
ƒƒ Multiplier les grands espaces commerciaux de
Administrations concernées (v)
rencontres entre artisans et entreprises, sur le modèle
du Salon International de l’Artisanat du Cameroun - MINPMEESA
(un salon biennal organisé par le gouvernement) et - MINCOMMERCE
des villages artisanaux sous la tutelle des chefs-lieux
- MINMAP
régionaux et du gouvernement ;
- MINMIDT
ƒƒ Fournir de l’information à l’export et aux marchés
- MINADER
privés pour les PME, par le biais de la promotion
du fichier des entreprises nationales auprès des - MINEPIA
TPE informelles et à travers l’amélioration de - MINEPAT
l’accès (gratuit et pré-organisé) aux évènements - Mairies (Communes)
professionnels ;
- CCIMA
ƒƒ En parallèle avec le travail de l’APME et de la BSTP,
- GICAM
il serait recommandé de développer davantage les
marchés domestiques en sollicitant les grandes
entreprises et multinationales à même d’insérer des TPME dans leurs chaînes
d’approvisionnement ;

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


ƒƒ
Il est aussi recommandé de mettre en place des mécanismes simplifiées et
transparentes pour faciliter l’accès aux marchés publics pour les PME et artisans ;
ƒƒ Dans ce contexte, il serait aussi utile d’associer l’accès des PME aux marchés
publics et à la sous-traitance avec le paiement de droits d’enregistrement
relatifs aux bons de commandes émis par l’organisme public en charge. Ce
procédé exigerait donc des entreprises la constitution d’un dossier l’obligeant à
s’immatriculer au RCCM, aux Centre des Impôts et à la CNPS.
ƒƒ Les mairies pourraient favoriser l’établissement de cadres de collaboration entre
producteurs et promoteurs de grandes surfaces de leurs localités, dans le but de
permettre la commercialisation de produits locaux (MINPMEESA, 2017);
ƒƒ Enfin, les mairies pourraient aussi créer des espaces de vente spécialisés (ibid).

Pour faciliter l’accès des UPI aux marchés, le GICAM pourrait envisager plusieurs
options d’interventions non exclusives, certaines d’entre elles en partenariat avec le
gouvernement camerounais:

ƒƒ Pour les marchés publics :

­- Dispenser des formations et des conseils sur la participation aux appels d’offres
publics (conformément à la législation nationale du travail) ;
­- Plaidoyer, en parallèle, pour l’introduction de quotas pour ces marchés pour les
au Cameroun

UPI, et pour l’allègement des procédures ;


­- Organiser des séances d’information sur des projets publics en cours ainsi que
des rencontres entre les responsables desdits projets et les UPI;

61
ƒƒ Pour les autres marchés :

­ - Implémenter un observatoire des marchés permettant de centraliser/réaliser des


études sur les opportunités commerciales ;
­- Offrir de l’information économique aux UPI ;
­- Organiser des rencontres de mise en relations entre TPE, et entre TPE et
Grandes Entreprises ;
­- Créer un marché virtuel numérique permettant de faciliter les rencontres entre
les offreurs et demandeurs des biens et services ;
­- Connecter les organisations sectorielles des TPE à la Bourse de Sous-traitance ;
­- Offrir une formation sur les techniques marketings et de vente.

(Encadré 3.b)

Entreprises Multi-Nationales (EMN) et Formalisation

Les entrepreneurs peuvent être induit(e)s à formaliser leur entreprise si cela leur permet de puiser dans
de nouveaux marchés pour leurs produits et services. Favoriser les échanges entre de grandes entreprises
nationales ou internationales et des PME peut encourager ces dernières à se formaliser, d’autant plus que
les grandes entreprises exigent généralement des factures officielles de leurs fournisseurs et distributeurs.
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

De tels partenariats peuvent aussi s’avérer avantageux pour les grandes entreprises, puisque cela implique
l’opportunité d’élargir l’accès aux intrants et services locaux, sans les contraintes auxquelles les grandes
entreprises font habituellement face lorsqu’elles font appel à des intrants et services locaux.

Les grandes entreprises peuvent aider les PME à renforcer leurs capacités productives en les intégrants
dans leurs chaînes d’approvisionnement. Des exemples d’Amérique Latine montrent que de telles initiatives
tendent à se concentrer sur l’amélioration des compétences managériales, la qualité des produits et
l’utilisation des nouvelles technologies. Puisque cette approche repose sur la promotion de situations
gagnant-gagnant, le rôle de l’OIT est de favoriser les échanges entre EMN et PME.

Au Chili, une EMN chef de file de production d’acier a établi un programme visant à améliorer le
professionnalisme et la compétitivité d’une sélection de PME comme tremplin dans l’intégration de PME
dans ses chaînes d’approvisionnement. L’EMN a exigé de ses fournisseurs de ferraille qu’ils améliorent
la qualité de leurs produits, leur rapidité de réponse aux demandes des clients, offre une diversification
continue et de la flexibilité dans le processus de production. Dans ce but, l’EMN a lancé un programme visant
à renforcer les capacités des petites entreprises pour améliorer leurs capacités de gestion, d’entrepreneuriat,
de comptabilité, de technologies de l’information et softwares, d’inventaire et de vente. Cette initiative était
cofinancée par le Programme de Développement des Fournisseurs, de l’Agence Chilienne de Développement
Économique (CORFO) et a consisté en 3 phases : (i) Cartographie, analyse de la faisabilité économique
et formation des PME fournisseurs sur la sécurité, l’organisation du lieu de travail et l’administration ; (ii)
Assistance directe à la mise en place des plans d’affaires et amélioration de la communication et autres
compétences, et ; (iii) Suivi des PME sélectionnées. À la suite de cette initiative, 70% des entreprises se
conformaient aux obligations de formalité, comparé à 25% d’entre elles au début du programme. En outre,
l’EMA et les PME ont réussi à augmenter leurs ventes. Les entreprises les plus petites ont été les principaux
bénéficiaires en devenant fournisseurs, ce qui leur garanti un client important et leur a permis d’obtenir un
prépaiement pour leurs biens ou services.
au Cameroun

62
(vi) Au Niveau de la Productivité et du Développement des MPME

Défis Clés :
Comme spécifié auparavant, les entreprises informelles sont trois fois moins productives
que les entreprises formelles, ce qui engendre un phénomène de sous-compétitivité
qui affecte négativement l’économie nationale. Il est donc recommandé de mettre
en place des mesures pour renforcer les capacités des UPI en gestion d’entreprise à
travers le développement de programmes de formation spécifiques aux TPE informelles
(formations individuelles à la gestion d’entreprise, comprenant notamment des
notions de comptabilité, de marketing, d’amélioration de la productivité, etc.). En
outre, les UPI ne sont pas bien informées sur les services gouvernementaux et non-
gouvernementaux de développement d’entreprise.

Recommandations :
ƒƒ Sensibiliser les entreprises sur les services Administrations concernées (vi)
disponibles ; - MINPMEESA
ƒƒ Développer des programmes d’aide et de - CCIMA

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


formation spécifiques aux PME informelles - par - CAPEF
les organisations professionnelles et les chambres
- GICAM
consulaires entre autres –pour renforcer les
capacités des UPI en gestion d’entreprise; - ECAM

- Mairies (Communes)
ƒƒ Promouvoir les clusters /réseaux d’entreprises
regroupés par secteur d’activité;

ƒƒ Étendre l’offre d’incubateurs et pépinières d’entreprises pour assister à la


croissance des entreprises ;

ƒƒ Créer un fond d’aide à la formation professionnelle des PME ;

ƒƒ Au niveau urbain : Promouvoir l’aménagement de sites adaptés aux activités


informelles (commerce, services, etc.) pour réduire les conflits relatifs à
l’espace urbain.

(vii) Au Niveau de l’Appui et de la Représentativité des Acteurs Informels

Défis Clés :
Le GICAM, en tant que principale organisation d’employeurs, peut exercer de son
influence sur le gouvernement en adressant les requêtes du secteur privé liées à la
au Cameroun

facilitation de la création d’entreprises formelles et l’amélioration des conditions de


leurs activités, sous la forme de plaidoiries.

63
Le GICAM pourrait également axer ces interventions sur la facilitation de l’accès à
une offre de services attractifs aux UPI/ aux associations d’UPI, pour les encourager à
migrer vers le secteur formel et pour intégrer les UPI au Club TPE

Administrations concernées (vii) Recommandations :


- MINPMEESA Organisations d’Employeurs
- MINCOMMERCE Il est recommandé d’accroître la représentation
ƒƒ 
- MINEFOP des TPE dans les échanges publics-privés par le
biais de l’augmentation des membres TPE dans
- GICAM
les associations professionnelles telles que le
- CCIMA GICAM (voir encadré 2.m).
- Groupement
Interprofessionnel des ƒƒ La stratégie proposée de réorientation du GICAM
Artisans (GIPA) comporte 4 axes :

(i) Plaidoyer vers les autorités camerounaises pour faciliter la formalisation et les
activités dans le formel et l’amélioration du climat des affaires. Les cibles seront
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

le Parlement, le gouvernement et les Collectivités Territoriales Décentralisées


(CTD). Pour les deux premiers, il s’agira de mettre l’accent sur la nécessité
d’appliquer la législation en faveur d’un meilleur environnement des affaires et
d’une formalisation facilitée pour les entreprises.

(ii) Education/Sensibilisation/Communication des acteurs du secteur informel des


opportunités de migration vers le formel en leur faisant connaître les avantages de
la formalité et en corrigeant leurs perceptions négatives des services administratifs
à l’aide d’outils de communications, de séminaires, etc.

(iii) Offre de services attractifs aux UPI/ associations d’UPI destinés à accroître le
nombre de membres du Club TPE. Les services devront être proposés à des coûts
peu élevés et adaptés à chaque UPI.

Ils devront : (i) Encourager les associations d’UPI à rejoindre le GICAM ; (ii) Former
les UPI à la gestion d’entreprise ; (iii) Soutenir l’accès des UPI aux marchés via
des formations ou des conseils sur la participation aux appels d’offres publics
(en simultané avec des actions de plaidoirie visant à réserver des quotas de ces
marchés à ces unités économiques et à un plus grand ajustement des procédures
aux volumes du marchés) ; (iv) Aider à la mise en place d’un fond d’investissement
en identifiant des contributeurs membres d’Organisations d’Employeurs pour le
financement des UPI agricoles, qui se formalisent en retour ; (v) Renforcer l’offre
d’information pour les UPI, notamment, des IMF ; (vi) Amener les technologies
au Cameroun

aux UPI via des partenariats avec des écoles d’ingénieurs , et (vii) Favoriser la
modernisation des outils (offre de leasing).

64
(iv) Développement de partenariats :

- Programmes additionnels pour les UPI  : avec des mécanismes de suivi des
entreprises solides, une fois formalisées et pour encourager les formalisations
graduelles ;

- CTD  : pour que le GICAM représente les UPI et les porteurs du statut
d’entreprenant en transition ;

- Établissements de Microfinance : pour combiner crédit et formation de manière


à attirer les EMF (taux de remboursements) et les UPI (accès au financement) ;

- Organisations du secteur informel : pour renforcer les connaissances du GICAM ;

- Grandes entreprises  : pour formaliser les UPI déjà inclues dans les chaînes
d’approvisionnement, surtout dans le domaine agricole. À ce titre, plusieurs
EMN sont de plus en plus engagées en matière de RSE et de partenariats
sur des programmes dédiés à promouvoir le travail décent dans leurs chaînes
d’approvisionnement;

- Partenaires au développement.

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


ƒƒ Pour renforcer la représentation des intérêts des acteurs du secteur informel, il
est également recommandé d’implémenter une plateforme de communication
entre l’État (administrations en charge de la formalisation), les promoteurs et les
représentants du secteur informel.

Syndicats
ƒƒ La formalisation des emplois doit reposer sur une stratégie globale des organisation
de travailleurs visant à :

­
- Offrir des conditions de travail décentes au-delà du seul salaire. Plus
précisément, les négociations avec les autres partenaires doivent reposer sur
une package de conditions de travail, incluant des critères de formalisation des
emplois ;
­- Développer un plan d’action solidaire de toutes les Confédérations et
Fédérations, et cela dans toutes les campagnes de plaidoyer pour la promotion
de la formalisation des entreprises et leurs travailleurs;

ƒƒ Les syndicats doivent aussi s’inscrire dans les campagnes de sensibilisation des
entrepreneurs et travailleurs informels sur leurs droits, sur les bénéfices de la
formalisation et sur les procédures administratives, dans le but de contribuer à
l’organisation des travailleurs informels et la formalisation d’emplois. Cela pourrait
au Cameroun

aussi contribuer à l’accroissement du nombre de membres des syndicats.

65
(viii) Au Niveau des Mécanismes d’Affiliation au Système de Protection
Sociale

Défis Clés :
Au Cameroun, les systèmes de protection sociale existants (sécurité sociale formelle
de la CNPS et les systèmes d’entraide indépendants) ne couvrent pas suffisamment
les entreprises de l’économie informelle et leurs employés. Les procédures
d’immatriculation à la CNPS sont plutôt fastidieuses et son taux d’affiliation ne
dépasse effectivement pas les 6%. Le régime volontaire actuel est également limité en
termes du nombre d’individus et des risques couverts qui ne sont pas nécessairement
en adéquation avec les souhaits des UPI. Le groupe de discussion (DMAA, 2017)
montre en effet que ces dernières souhaiteraient être couvertes par des pensions de
retraite, des assurances en cas d’incapacité du travail (36.2%) et des assurances
famille en cas de décès prématuré du/de la bénéficiaire.

Par conséquent, l’étude sur la détermination de mécanismes d’affiliation à la


protection sociale au Cameroun propose de prendre des mesures pour faciliter et inciter
l’affiliation au système formel de protection sociale, de manière à étendre la couverture
aux entreprises informelles et à leurs travailleurs. Les structures décentralisées ont le
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

potentiel de contribuer à l’extension de la protection sociale dans la mesure où leurs


systèmes de cotisation et/ou de collecte d’intérêts peuvent, théoriquement, fournir
un point de départ financier suffisant à leur intégration dans un système national de
financement de la sécurité sociale. Les expériences d’autres pays indiquent qu’une
viabilité financière est essentielle dans la durée, ainsi que la participation pécuniaire
du gouvernement.

Administrations concernées (viii)


Recommandations :
- MINTSS L’étude focalisée sur l’accès à la protection sociale
- MINPMEESA au Cameroun a identifié les recommandations
suivantes pour l’extension de la sécurité sociale au
- MINCOMMERCE
secteur informel via l’introduction d’un régime de
- MINJUSTICE préférence obligatoire.
- CNPS
Les grands axes du processus de remaniement du
- CFCE régime de protection sociale sont :

ƒƒ l’adoption d’un processus participatif incluant toutes les parties prenantes, utilisant
le leadership de l’État en partenariat avec des institutions financières et techniques ;

ƒƒ le développement d’un régime flexible, de préférence obligatoire, au déploiement


au Cameroun

progressif accompagné de mesures incitatives ;

ƒƒ
l’inclusion des populations vulnérables de manière non contributive, à l’aide,
notamment, d’un ciblage efficace et/ou de l’offre de prestations plus universelles ;

ƒƒ l’association de la stratégie à celle de la consolidation de l’espace fiscal ;

66
ƒƒ
l’offre de services de qualité, décentralisés,
(Encadré 3.c)
spécialisés pour les UPI et étendus pour les
assurés volontaires (prestations familiales, Expansion de la Couverture Sociale
accidents du travail, maladies professionnelles) des Acteurs de l’Économie Informelle
au Rwanda
en vue de rendre l’affiliation obligatoire d’une
manière adaptée et progressive; Plusieurs pays tels que le Rwanda,
le Ghana, le Sénégal et le Gabon ont
déjà mis en place des mesures pour
Élaboration et Financement de la Stratégie améliorer la couverture et l’accès à la
protection sociale dans le cadre de la
ƒƒ Concevoir un système basé sur les cotisations
formalisation des entrepreneurs et de
des bénéficiaires, dont les niveaux de leurs travailleurs. Leurs expériences
contributions sont adaptés aux capacités des ont montré que la viabilité financière
UPI, et reposant également sur un soutien est un aspect pivot de toute stratégie
financier gouvernemental destiné à financer d’extension de la couverture sociale
les groupes spécifiques inclus de manière au secteur informel. L’expérience
non-contributive, et pour garantir une viabilité Rwandaise signale en particulier que
si ce paramètre est pris en compte,
financière ;
un régime basé sur les groupements
locaux tels que les tontines,
­ - Pour se faire, il faudrait mettre en place
coopératives, etc. est possible.

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


un impôt unique au montant et fréquence
des paiements adaptés aux UPI. Dans ce
cadre, il faudrait réviser l’Impôt Libératoire (IL) collecté par les communes vers
un régime intégrant les cotisations sociales pour les UPI. Cet impôt pourrait
ouvrir la porte à un impôt unique recyclant et recadrant les responsabilités
de chaque institution à travers une collaboration tripartite et des rencontres
multidisciplinaires.
­- Ce régime fiscal repensé, devrait:
o Ê  tre un régime obligatoire, simplifié et incluant les impôts et cotisations
sociales ;
o Être à même de financer une protection sociale adaptée aux travailleurs de
l’économie informelle ;
o Se coupler d’une offre de services intégrée avec les administrations du travail,
fiscales et de l’emploi pour la simplification des procédures administratives ;
Suggérer un système de prélèvement automatique, prépayé, prélevé sur les
ƒƒ
cotisations et «  les fonds de solidarité  ». Les tontines pourraient, par exemple,
collecter les cotisations sociales des acteurs de l’économie informelle pour les
reverser directement aux organismes de sécurité sociale ;
ƒƒ Encourager la consolidation des groupements associatifs des acteurs de l’économie
informelle en identifiant les groupements les plus représentatifs et en renforçant
leurs capacités organisationnelles et de gouvernance. Dans l’optique de la
au Cameroun

consolidation des mécanismes de contributions sociales, il faudrait renforcer les


capacités de collecte et de mobilisation de fonds à l’aide d’outils de gestion plus
modernes ;

67
ƒƒ Le contexte camerounais permettrait l’institution de mécanismes de collaboration
entre les institutions de protection sociale et les organisations socio professionnelles
des travailleurs du secteur informel, dans le but de faciliter l’affiliation et le
recouvrement des cotisations.
ƒƒ Promouvoir la sécurité sociale auprès des UPI en présentant des réformes façonnées
pour les acteurs de l’économie informelle à la CNPS et en renforçant les systèmes
locaux existants (informels ou non conventionnels) ;
ƒƒ Uniformiser et réduire les couts relatifs aux démarches d’affiliation à la protection
sociale, via l’établissement d’une grille de délais pour chaque procédure
administrative ;
ƒƒ Rendre obligatoire l’affiliation à la CNPS pour l’obtention de documents autorisant
l’ouverture d’une entreprise ;
ƒƒ Prévoir de manière automatique une assurance sociale dans le montage de
projets sociaux – c’est-à-dire, allouer un part (2 à 5%) du budget de programmes
gouvernementaux ou d’ONG ou autres bailleurs ;
ƒƒ Solliciter les grands groupes et/ou grandes entreprises pour affilier leurs
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

collaborateurs (PME) ;

ƒƒ Mener une campagne de sensibilisation auprès des UPI articulée autour de


rencontres de proximité pour encourager la collaboration des UPI avec les
administrations ;
ƒƒ Encourager les UPI à affilier leurs employé(e)s à la sécurité sociale via une
plateforme de communication entre l’État, les chefs d’entreprises et les
associations/regroupements connectés à l’économie informelle, et promouvoir des
mécanismes d’assurance, façonnés spécifiquement pour les revenus et risques des
travailleurs informels.
ƒƒ Découler d’une volonté politique ferme de prise en compte des populations exclues
des systèmes actuels, via l’implémentation d’organismes spécifiquement attelés à
cette tâche ;
ƒƒ Fixer des objectifs chiffrés à la CNPS en matière du nombre d’affiliés de manière à
compter un nombre suffisant de bénéficiaires ayant confiance en ce système ;
ƒƒ Revoir la possibilité pour les salariés non-immatriculé(e)s par leur entreprise de
s’auto-immatriculer à la CNPS de manière indépendante, et cela de manière
à adresser les défis relatifs aux nombres de pièces à fournir et à de potentiels
représailles de l’employeur ;
ƒƒ Au niveau rural, il faudrait démocratiser le « crédit warrantage » (également appelé
au Cameroun

« crédit stockage », voir étude sur la Protection Sociale pour plus d’informations)
et l’associer aux cotisations sociales grâce à l’ajout d’une clause de cotisation
sociale intégrée ;

68
ƒƒ Être transparent et efficace dans la gestion des fonds en communiquant avec les
parties prenantes.

(ix) Au Niveau des Écarts entre les Emplois Formels et Informels et de
la Discrimination Salariale envers les Femmes

Défis Clés :
L’échelon salarial est positivement influencé par le degré de formalité d’un emploi, par
le genre (les emplois formels et les hommes sont mieux rémunérés) et par le niveau de
capital humain.

Or, on sait que le degré de formalité de l’emploi se corrèle positivement au degré de


formalité de l’entreprise, ce qui indique que les employés d’entreprises formelles sont
mieux payés que les employés d’entreprises informelles. Les écarts salariaux entre
hommes et femmes sont les plus creusés entre les hommes travaillant dans le secteur
formel et les femmes travaillant dans l’informel. Donc, l’informalité de l’emploi est
une source de pénalité salariale, pour les deux sexes, mais surtout pour les femmes.
En fait, dans le secteur formel, les différences moyennes de salaires entre les sexes

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


n’apparaissent pas significatives. En effet, l’existence d’un plafond de verre défavorable
aux femmes en 2005 ne s’est pas retrouvée en 2010, selon les EESI 1 et EESI 2.

Recommandations :
Administrations concernées (ix)
ƒƒ Renforcement de l’éducation des femmes ;
- MINEFOP
ƒƒ
Prévoir une réglementation pour faciliter - MINADER
l’insertion des femmes dans l’emploi formel,
- MINPROF
notamment par le biais de quotas de recrutement
dans le secteur public ; - ONT

ƒƒ
Renforcement des politiques visant à améliorer
les conditions de travail en milieu rural ;

ƒƒ Renforcement des politiques de formation continue (secteur industriel et grandes


entreprises) ;

ƒƒ Communication et sensibilisation systématique par les organismes publics sur ces


thèmes;

ƒƒ Production d’un rapport annuel sur le genre pour favoriser la veille, par l’ONT.

(x) Au Niveau du Cadre Normatif, Réglementaire et Facilitant


au Cameroun

Défis Clés :
Le cadre règlementaire camerounais compte des pièces manquantes puisque toutes
les conventions internationales particulièrement pertinentes à la mise en marche de la

69
transition vers l’économie formelle et la promotion de l’emploi décent n’ont pas encore
été ratifiées et/ou appliquées. Or, il n’existe aucune barrière juridique ou pratique à
leur ratification et/ou implémentation (voir annexes 3 et 4).

Recommandations :
Administrations concernées (x)

- MINTSS Amélioration de la Gouvernance Sociale de la


Transition vers la Formalité
- MINPMEESA
ƒƒ
Ratification des conventions de l’OIT telles
- MINEFOP
qu’indiquées en annexes 3 et 4 ;
- MINEPAT
ƒƒ Former et sensibiliser les acteurs de l’économie
- FNE
informelle à la connaissance du cadre normatif,
- CCIMA de manière à supprimer les barrières à la
formalisation dues au manque d’informations
relatives au soutien disponible pour la transition
vers l’économie formelle, et cela y compris pour
les entrepreneurs et artisans ayant des niveaux
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

d’instructions bas ou inexistants.


au Cameroun

70
LISTE DES ÉTUDES
BIT (2017), Enquête auprès des Entreprises Informelles du Cameroun sur la
Formalisation des Entreprises et leurs Travailleurs.

BIT (2016), Genre et différences salariales dans les emplois formels et informels au
Cameroun.

BIT (2016), Étude sur la Migration de l’Économie Informelle vers l’Économie Formelle :
Proposition de Stratégie pour le Groupement Inter-Patronal du Cameroun.

BIT (2016), Promotion des Normes Pertinentes dans le Domaine de l’Économie


Informelle.

BIT (2017), Cadre Normatif, Règlementaire et Politique de Mise en Œuvre de la


Transition vers l’Économie Formelle au Cameroun.

BIT (2017), Étude technique sur les filières et métiers de l’économie informelle en
milieu urbain et rural, pour la détermination de mécanismes adaptés d’affiliation au
système de protection sociale et de mesures incitatives au Cameroun.

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


au Cameroun

71
LISTE DES RESSOURCES CLÉS
Bureau International du Travail (BIT), Tamba, I., (2015), Transition de l’Économie
Informelle vers l’Économie Formelle au Cameroun, Yaoundé : BIT

Institut National de la Statistique (INS), (2005), Rapport principal première Enquête sur
l’Emploi et le Secteur Informel (EESI), Phase 1 : Enquête sur l’emploi, Cameroun : INS

Institut National de la Statistique (INS), (2010), Rapport principal deuxième Enquête sur
l’Emploi et le Secteur Informel (EESI), Phase 1 : Enquête sur l’emploi, Cameroun : INS

Institut National de la Statistique (INS) & Ministère de l’Économie, de la


Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), (2009), Recensement
Général des Entreprises (RGE) : Rapport principal des résultats, INS : Cameroun
file:///C:/Users/tall/Downloads/ddi-documentation-french-16.pdf

Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire


(MINEPAT) (2013), Enquête sur le Climat des Affaires au Cameroun : Impact des
Réformes de Création d’Entreprise
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat


(MINPMEESA), (2017), Email à l’Équipe d’appui technique de l’OIT au travail décent
pour l’Afrique centrale et Bureau de pays de l’OIT pour le Cameroun, la Guinée
équatoriale et Sao Tomé-et-Principe, 11 Septembre

Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (2011),


Business Climate Survey (BCS) : Perception des entreprises sur le Climat des Affaires
au Cameroun, Miméo

Organisation Internationale du Travail (OIT), (2015), Déclaration d’Addis-Abeba :


Transformer l’Afrique grâce au travail décent pour un développement durable, 13ème
Réunion régionale africaine Addis-Abeba, Ethiopie, 30 novembre-3 décembre 2015
http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/---relconf/documents/
meetingdocument/wcms_432582.pdf

OIT, (2015), Recommandation No. 204 concernant la Transition de l’Économie


Informelle vers l’Économie Formelle, adoptée par la Conférence internationale du travail
à sa 104ème Session, Genève, 12 Juin 2015 http://www.ilo.org/ilc/ILCSessions/104/texts
-adopted/WCMS_377776/lang--fr/index.htm

OIT, Stevenson, L. & St-Onge, A. (2011), Assessment of the environment for the
development of women’s entrepreneurship in Cameroon, Mali, Nigeria, Rwanda and
Senegal, Geneva: ILO, Employment Sector, Small Enterprise Programme, Job Creation
au Cameroun

and Enterprise Development Department http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---


ed_emp/---emp_ent/---ifp_seed/documents/publication/wcms_170545.pdf

72
Pring, C. for Afrobarometer & Transparency International (2015), People and Corruption:
Africa Survey 2015 – Global Corruption Barometer, Berlin: Transparency International
https://www.transparency.org/whatwedo/publication/people_and_corruption_
africa_survey_2015

World Bank, (2017), Doing Business 2017: Equal Opportunity for All, Washington, DC:
World Bank http://www.doingbusiness.org/~/media/WBG/DoingBusiness/Documents/
Annual-Reports/English/DB17-Full-Report.pdf

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


au Cameroun

73
ANNEXES

ANNEXE 1 - Terminologies
L’économie informelle: Aux fins de la Recommandation 204, les termes économie
ƒƒ
informelle: (a) Désignent toutes les activités économiques des travailleurs et des
unités économiques qui - en droit ou en pratique – ne sont pas couvertes ou sont
insuffisamment couvertes par des dispositions formelles; et (b) Ne désignent pas
les activités illicites.

Unités économiques: Aux fins de cette Recommandation, les unités économiques


ƒƒ
de l’économie informelle comprennent: (a) les unités qui emploient de la main
d’œuvre; (b) les unités détenues par des particuliers travaillant à leur propre
compte, soit seuls, soit avec le concours de travailleurs familiaux non-rémunérés;
et (c) coopératives et les unités de l’économie sociale et solidaire.

Les normes internationales font une distinction entre l’emploi dans le secteur
informel et l’emploi informel. L’emploi dans le secteur informel est un concept basé
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

sur l’entreprise et il est défini en fonction des caractéristiques du lieu de travail du


travailleur. En revanche, l’emploi informel est un concept basé sur l’emploi défini
en fonction de la nature de la relation de travail et des protections associées pour le
travailleur.

Le secteur informel: Selon les normes internationales adoptées par la 15ème


ƒƒ
Conférence Internationale des Statisticiens du Travail (ICLS), le secteur informel
est un sous-ensemble d’entreprises non constituées en sociétés, et qui ne sont
donc pas constituées en tant qu’entités juridiques distinctes, indépendamment de
leurs propriétaires. Elles appartiennent à des membres individuels du ménage ou
à plusieurs membres du même ménage ou de différents ménages. Généralement,
elles présentent un faible niveau d’organisation, fonctionnent à petite échelle et
avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de
production.

L’emploi dans le secteur informel: La 15ème ICLS (OIT 2000) a défini l’emploi dans
ƒƒ
le secteur informel comme comprenant tous les emplois dans les entreprises du
secteur informel ou toutes les personnes qui, pendant une période de référence
donnée, travaillaient dans au moins une entreprise du secteur informel, quel que
soit leur statut d’emploi et qu’il s’agisse de leur travail principal ou secondaire.
au Cameroun

L’emploi informel: Contrairement à la notion de secteur informel qui fait référence


ƒƒ
aux unités de production comme unités d’observation, la notion d’emploi informel
se réfère à des emplois comme unités d’observation. Conformément au paragraphe
3 (2) des lignes directrices, l’emploi informel comprend:

74
­ - Les travailleurs à leur propre compte et employeurs occupés dans leurs
propres entreprises du secteur informel. Dans le cas des travailleurs à leur
propre compte et des employeurs, le statut d›emploi informel est déterminé
par la nature informelle de l›entreprise. Ainsi, les travailleurs à leur propre
compte (sans travailleurs embauchés) qui exploitent une entreprise informelle
sont classés dans un emploi informel. De même, les employeurs (avec des
travailleurs embauchés) qui exploitent une entreprise informelle sont classés
dans l›emploi informel;
­ - Les employés occupant des emplois informels, qu›ils soient employés par
des entreprises du secteur formel, des entreprises du secteur informel ou
des travailleurs domestiques rémunérés par les ménages. Les employés ont
un emploi informel si leur relation de travail est, en droit ou en pratique, non
assujettie à la législation nationale du travail, à l›impôt sur le revenu, à la
protection sociale ou au droit à certaines prestations professionnelles (préavis
de licenciement, indemnité de départ, annuel ou maladie payée Partir, etc.).
Dans la pratique, le caractère formel ou informel d›un emploi occupé par
un employé est déterminé sur la base de critères opérationnels tels que la
cotisation par l’employeur à la sécurité sociale (au nom de l’employé), le droit à

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


un congé de maladie payé et à un congé annuel payé;
­- Les travailleurs familiaux collaborant à l’entreprise familiale, qu›ils exercent
ou non dans des entreprises formelles ou informelles. Le caractère informel de
leur emploi s›explique par le fait que les travailleurs familiaux collaborant à
l’entreprise familiale n›ont généralement pas de contrats d›emploi explicites et
écrits et que leur emploi n›est généralement pas assujetti à la législation du
travail, à la sécurité sociale, aux conventions collectives, etc.
­- Les membres de coopératives de producteurs informels. Le caractère informel
de leur travail résulte directement des caractéristiques de la coopérative dont
ils sont membres;
­- Les travailleurs à leur propre compte engagés dans la production de biens
exclusivement destinés à leur propre usage final par leur ménage (comme
l›agriculture de subsistance ou la construction autonome de logements propres),
s›il est considéré comme employé selon la 13ème définition de l›emploi de
l›ICLS.

Les travailleurs de l’économie informelle comprennent donc tous les travailleurs du


secteur informel et les travailleurs en emploi informel en dehors du secteur informel.

Il convient de noter que la 17ème ICLS n’a pas approuvé le terme «emploi dans
l’économie informelle» et a convenu que, à des fins statistiques, il serait mieux de
au Cameroun

séparer les concepts du secteur informel et de l’emploi informel.

75
ANNEXE 2 - Processus d’Enregistrement de la
Micro-Entreprise
La Micro-Entreprise
(A) Commerçant(e) / Artisan (B) Entreprenant (C) Micro Entreprise des
Transports Routiers
Prévus par le droit OHADA (voir section I.B)
Est commerçant(e) celui/celle
qui fait de l'accomplissement
d'actes de commerce par nature sa Un(e) entrepreneur individuel(le),
personne physique qui, sur
Définition & Critères

profession.
simple déclaration prévue dans
Est artisan, celui/celle qui extrait,
le présent Acte uniforme, exerce
produit, entretien, répare ou
une activité professionnelle
transforme des produits/services
civile, commerciale, artisanale ou
de façon manuelle et, exerce
agricole.
cette profession à titre d’activité
principale.
Statut général d’activité C’est un statut transitoire qui
commerciale existe dans la loi, mais qui n’est
pas opérationnel au Cameroun
Peut s’effectuer au CFCE ou Elle se fait auprès des
Obtention de Licence
Enregistrement et/ou
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

auprès des administrations administrations habilitées


habilitées. Dans ce dernier cas,
l’enregistrement doit s’effectuer
dans le mois suivant le début de
l’activité. (voir schémas 2.a & 2.b
ci-dessous) (voir schémas en annexe
6)
• Toute micro-entreprise doit :
o Obtenir une carte de contribuable (valable 10 ans)
Immatriculation Fiscale

o S’immatriculer à l’administration fiscale.


• Pour l’immatriculation, les pièces à présenter sont la carte de contribuable (si déjà obtenue ou
Régime Fiscal

sa demande, le cas échéant), le registre de commerce (sauf pour les entreprises assujetties
à l’Impôt Libératoire), les justificatifs d’identité de l’entrepreneur et de paiement des frais
d’immatriculation et l’attestation de localisation de l’activité (coût de cette dernière : 10,000
FCFA (18 USD)).
• Sont ensuite délivrées la carte de contribuable (si nécessaire) et le Numéro d’Identification
Unique (NIU).
au Cameroun

76
• Tout nouveau contribuable est donc exempt de la patente pendant les 2 premières années
d’activité.
• Les impôts et taxes applicables sont déterminés par le chiffre d’affaires annuel.
• Impôt Libératoire (IL) : S’applique aux CA annuels inférieurs à 10 millions FCFA (17.833 USD),
sans limitation de durée. Les petites entreprises assujetties à l’IL sont exonérées (« libérées »)
de la patente, de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) et de la TVA pour cette
même activité.
• Régime Simplifié : Concerne les entreprises réalisant un CA annuel de 10 à 50 millions de FCFA
(17.833 à 89.174 USD). Il se compose de plusieurs impôts directs et indirects (mensuels et
Régime Fiscal

annuels) :
Taxation

o Impôts mensualisés
- L’impôt
 sur les Sociétés (IS) n’est pas adapté à la plupart des micro-entreprises.
- L’impôt
 sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) est équivalent à 10-35% du revenu
net global et payable au CDI. Pour les salariés, il est prélevé directement sur le salaire.
o Impôts annualisés :
- L’impôt Annuel sur le revenu net réel est payable au CDI.
- L a patente est perçue par les communes. Les nouvelles entreprises en sont exemptes
pendant 2 ans.
- T axe sur la Propriété Foncière (TPF) est perçue par les communes pour les entreprises
propriétaires d’un immeuble (bâti ou non).
(Voir annexe 8 pour les autres impôts spécifiques à l’activité de l’entreprise)

La Micro-Entreprise - suite

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


(A) Commerçant(e) / Artisan (B) Entreprenant (C) Micro Entreprise des
Transports Routiers
L’immatriculation se fait via le CFCE ou directement au greffe du TPI.
À l’issu de cet enregistrement :
Le commerçant reçoit une Selon la loi, l’entreprenant
Immatriculation au RCCM

attestation d’immatriculation recevrait une attestation


au RCCM pour une personne d’enregistrement au RCCM
physique. avec mentions de la date de la
formalité accomplie et le numéro
C’est un document définitif pour de déclaration de l’activité.
la même activité. L’enregistrement serait
temporaire puisque l’entreprenant
possèderait un statut transitoire.
Il/Elle se déclarerait au RCCM au
lieu de s’immatriculer.
Aucun document n’est nécessaire pour s’affilier au régime général Non renseigné
(assurés obligatoires) de la CNPS à compter que le commerçant/
l’entreprenant soit immatriculé au RCCM. Le commerçant/
entreprenant doit s’affilier personnellement, de manière distincte de
Affiliation à la CNPS

l’affiliation de ses salariés, le cas échéant.


Le régime général comprend des assurances vieillesses, invalidité et
décès.
Régime Social

Le commerçant peut toutefois Non renseigné


souscrire à l’assurance volontaire,
auquel cas, le procédé est le
au Cameroun

suivant.
Cette démarche est gratuite dans
les deux cas.
(voir schéma 2.c ci-dessous)
L’Attestation de Non Utilisation de Personnel Salarié (ANUPS) doit être obtenue dans les cas où le
ANUPS

commerçant/l’entreprenant n’emploie pas de salariés. Le coût officiel est de 3500 FCFA (6 USD).
(voir schéma 2.d ci-dessous)
77
Schéma Annexe 2.a : Enregistrement du (de la) commerçant(e)/artisan effectué au
CFCE (hors et secteur des transports routiers)
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Schéma Annexe 2.b : Enregistrement du (de la) commerçant(e)dans les


administrations habilitées (hors secteur des transports routiers
au Cameroun

78
Schéma Annexe 2.c : Affiliation du/de la commerçant(e) à la CNPS

Schéma Annexe 2.d : Demande de l’Attestation de Non-Utilisation de Personnel


Salarié (ANUPS) (Commerçant(e)/Artisan et Entreprenant)

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


au Cameroun

79
ANNEXE 3 - Pertinence des Conventions Fondamentales et des
Conventions de Gouvernance de l’OIT, dans le cadre
de la Formalisation des Entreprises Informelles et de
leurs Travailleurs
Pertinence des Conventions Fondamentales
Elles s’étendent à tous les travailleurs confondus, formels ou informels. Les droits
fondamentaux du travail (voir tableau ci-dessous), sont donc applicables à tous les
individus qui travaillent.
Champ d’Application adapté à Importance dans l’économie informelle
l’économie informelle
Liberté Convention n°87 : sur la liberté syndicale
syndicale & Convention n°98 : sur le droit d’organisation
négociation Relatives aux travailleurs, et donc L’EESI 2 & la R204 de l’OIT recommandent
collective applicables au secteur informel la promotion des syndicats auprès des
travailleurs de l’économie informelle
Élimination Conventions n°29 & 105 : sur l’abolition du travail forcé ou obligatoire
du travail Relatives au travail, et donc La R204 de l’OIT recommande l’adoption
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

forcé applicables au secteur informel de mesures en vue d’abolir le travail forcé


ou obligatoire dans l’économie informelle
Élimination Convention n°138 : sur l’âge minimum du travail (fixé à 14 ans au Cameroun)
du travail des Convention n° 182 : sur les pires formes du travail des enfants
enfants (mineurs de moins de 18 ans)
Relatives à toute forme de travail des • L’étude de l’UNICEF sur le travail des
enfants, y compris dans l’informel enfants dans l’économie informelle
au Cameroun indique que le secteur
emploi des enfants âgés de 6 à 18 ans,
principalement des garçons, souvent
non scolarisés et travaillant plus de 10
heures par jour.
Il est donc essentiel d’appliquer les
C138 et C182 au secteur informel.

• La R204 de l’OIT recommande


l’adoption de mesures visant à éliminer
le travail des enfants dans l’économie
informelle
Élimination Convention n°111 : sur la discrimination dans l’emploi et la profession
de la Convention n° 100 : sur l’égalité de rémunération
discrimination Relatives à l’emploi et à la L’EESI 2 indique que les femmes sont
dans profession, quel qu’ils soient, ainsi surreprésentées dans l’informel, et ceci
au Cameroun

l’emploi & la qu’aux travailleurs indépendants, et majoritairement dans les postes subalternes.
profession applicables au secteur informel Il est donc important de promouvoir l’égalité
des genres dans le travail informel.

80
Pertinence Particulière des Conventions de Gouvernance
Champ d’Application adapté Importance dans l’économie informelle
à l’économie informelle
Convention n°81 sur Spécifiquement applicable L’EESI 2 et la R204 de l’OIT
l’inspection du travail dans au secteur formel, mais recommandent l’amélioration des
l’industrie et le commerce à même d’être étendue à conditions de travail dans l’économie
l’informel informelle, ce qui passe par l’expansion
de l’inspection du travail
Convention n°122 sur la La C122 préconise la Le DSCE et l’EESI 2 font part du
politique de l’emploi prise de mesure en vue de problème du sous-emploi au Cameroun,
soutenir le plein emploi, surtout sous la forme de rémunération
l’emploi productif et le libre insuffisante, et qui contribue à la
choix d’activité prédominance de l’informel.

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


au Cameroun

81
ANNEXE 4 - Ratification nécessaire des conventions non ratifiées
particulièrement pertinentes dans le domaine de
l’économie informelle
Les Conventions de gouvernance à ratifier
Deux conventions ont déjà été ratifiées :
n°81 sur l’inspection du travail et n°122 sur la politique de l’emploi
Signification succincte Importance de la ratification et Environnement juridique et
application pratique favorable
N°129 (C129) sur l’inspection du travail dans l’agriculture
Cette convention vise à étendre La majorité des actifs occupés Il n’y a pas d’obstacle juridique
l’inspection du travail au de l’économie informelle à la ratification de la C129
secteur agricole. travaillent dans le secteur qui est conforme au Code du
agricole (EESI 2). De plus, le Travail national et complémente
DSCE indique que la pauvreté la C81 de l’OIT, ratifiée par le
est plus proéminente chez Cameroun, sur l’inspection du
les actifs du secteur agricole travail dans les domaines de
(56.9% d’entre eux sont l’industrie et du commerce.
pauvres, comparé à 43.1% hors
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

secteur agricole).
La C129 prévoit l’expansion
de l’inspection du travail à
ce secteur, tout en incluant
les travailleurs et entreprises
informelles, et est donc
également conforme avec la
R204 de l’OIT.
N°144 (C144) sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail
La C144 prévoit l’organisation La ratification de C144 est Non seulement il n’existe
de consultations tripartites essentielle à la mise en place aucun obstacle, mais ce
ayant pour objectif de supporter fructueuse de la R204 de l’OIT. type de consultations est
l’application des normes La R204 prescrit expressément déjà pratiqué au Cameroun,
internationales du travail. le recours au dialogue entre notamment du fait de
travailleurs et employeurs l’adoption de conventions
de manière à concevoir des encourageant le dialogue
politiques appropriées à la social. De plus, la C144 offre
transition vers l’économie flexibilité et liberté quant
formelle. aux modalités d’application
nationales. Il s’agit donc
d’étendre ces consultations
au thème de la transition vers
l’économie formelle.
au Cameroun

82
Autres conventions à ratifier
N°102 (C102) sur la sécurité sociale
Définit la sécurité sociale Élément essentiel à la Ces deux impératifs (sécurité
comme l’ensemble des réalisation de la R204 de de revenu et soins médicaux)
prestations, en espèces ou en l’OIT, dont article 18 spécifie sont déjà incorporés dans la
nature, destinées à garantir une la nécessité de l’extension législation Camerounaise via
protection contre, entre autres : de la sécurité sociale vers plusieurs décrets et arrêtés, en
• L es problèmes d’ordre les travailleurs de l’économie complément du Code du Travail
médical (i): informelle. qui précise par exemple, les
o Le manque d’accès modalités du congé maladie et
Seulement 20.3% des actifs
aux soins de santé, de son indemnisation.
occupés bénéficient en effet
notamment de par leur
d’une couverture sociale car Il faut toutefois noter que ces
coût élevé
celle-ci se limite souvent aux réglementations ne ciblent
• L es aléas relatifs au revenu
salariés du secteur formel non pas toutes spécifiquement
(ii):
agricole (EESI 2). les acteurs informels, sauf
o L’absence ou
dans le cas des modalités de
insuffisance de
l’assurance volontaire à laquelle
revenus du fait d’une
les travailleurs informel peuvent
maladie, invalidité,
s’affilier.

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


de la maternité, d’un
accident professionnel,
du chômage, de la
vieillesse ou du décès
d’un proche.
o Le manque de soutien
familial, surtout pour les
enfants et les adultes
dépendants
o La pauvreté et
l’exclusion sociale

Les recommandations n°67


sur la garantie des moyens
d’existence et n°69 sur les
soins médicaux identifient
ces éléments comme étant
essentiels à la sécurité sociale
et définissent des normes
minimales relatives à ces
deux principes; tels que des
prestations de soins médicaux
et indemnités maladie (i) et
des prestations de chômage,
au Cameroun

familiales ou maternité (ii).

83
N°142 (C142) sur la mise en valeur des ressources humaines
Complémente la La C142 répond: Il existe d’autres textes
recommandation n°195 sur le • À l’EESI 2 qui identifie nationaux et internationaux
même sujet et vise à : clairement le besoin dont la vocation est la
• Promouvoir l’adoption de d’une offre de formations promotion des ressources
politiques et programmes professionnelles plus riche humaines.
d’orientation et de formation et diversifiée
La C142 est cependant «
professionnelle • A u DSCE qui reconnaît le
la pièce qui manque au
• Lier l’emploi et la mise développement de l’offre de
puzzle » législatif en matière
en valeur des ressources formation dans sa stratégie
d’éducation et de formation.
humaine de manière solide relative à l’emploi
• Promouvoir le rôle central • À la R204 de l’OIT qui
des services publics dans appelle à des politiques
l’emploi favorisant la formation
• Améliorer les connaissances professionnelle et la
des individus sur le formation continue
marché du travail sur ses
caractéristiques pour leur
permettre de s’y impliquer
• Promouvoir la non-
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

discrimination
N°181 (C181) sur les agences d’emploi privées
Les agences d’emploi privées • L
 ’EESI 2 conclut que Aucun obstacle.
peuvent harmoniser l’offre la méconnaissance des
Le Code du Travail reconnaît
et la demande d’emploi, structures d’aide à la
le besoin d’opérations
employer des travailleurs recherche d’emploi rallonge
d’appariement entre les emplois
directement pour contribuer la durée moyenne de
disponibles et la main d’œuvre
à cette harmonisation, et/ou recherche d’un emploi
effectuées par des organismes
offrir d’autres services relatifs à salarié
publics ou privés.
l’emploi. • L
 e DSCE promet donc une
consolidation de l’offre
formelle de placement des
demandeurs d’emploi

La R204 de l’OIT requiert


la promotion de politiques
nationales de services de
l’emploi, notamment visant
les acteurs de l’économie
informelle
au Cameroun

84
N°88 (C88) sur le service de l’emploi
Complémente la • C
 onclusions EESI 2 et Aucun obstacle.
Recommandation n°83 de l’OIT DSCE identiques à ci-
Le service de l’emploi est
sur le service de l’emploi et dessus (C181)
principalement la responsabilité
constitue un élément essential • L
 e gouvernement s’engage
du FNE mais aussi du
de la stratégie national sur donc à consolider et
MINEFOP (PIAASI)
l’emploi. étendre la portée nationale
La C88 vise à : des réseaux formels de
• Encourager la création et recherche d’emploi, basés
maintenance d’un service sur le Fond National
public gratuit de l’emploi de l’Emploi (FNE) ainsi
que d’autres organismes
Garantir le fonctionnement publics.
harmonieux et équitable du
marché du travail La R204 de l’OIT met
également l’accent sur le
besoin de recourir à des
politiques gouvernementales
de service de l’emploi dans
le cadre de la transition vers

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


l’économie formelle.

au Cameroun

85
ANNEXE 5 - Normes Communautaires et Bilatérales en Vigueur
au Cameroun et Pertinentes dans la Transition vers
l’Économie Formelle

NORMES COMMUNAUTAIRES

1. Normes du Droit OHADA


i. 
Uniforme révisé relatif au Droit Commercial Général (AUDCG) – 2010

 Ces normes se concentrent sur les activités commerciales informelles et sur


l’instauration du statut de l’entreprenant.

ii. Acte Uniforme relatif aux Sociétés Commerciales et au Groupement d’Intérêt


Économique (AUSCGIE) – 2014

 Article 309 : La Société à Responsabilité Limitée (SARL) Unipersonnelle

 Cette dénomination requiert un apport minimum de 100,000 FCFA (178 USD),


un montant récemment corrigé (d’un million de FCFA auparavant (1782 USD))
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

de manière à permettre aux micro-entrepreneurs de formaliser leur activité


en SARL. Le recours notarial est optionnel mais un enregistrement au RCCM
obligatoire. Le statut de SARL est utile à la formalisation car flexible (statut
d’associé unique ou gérant libre), capital minimum relativement bas et pas
nécessairement de frais de notaire.

 Article 869 : Le Groupement d’Intérêt Économique (GIE)

 Le GIE est une entité collective, dédiée au support des activités économiques
de ses membres dans l’optique de l’amélioration des résultats. Le GIE agit
seulement en organisme auxiliaire à ces activités.

iii. Acte Uniforme relatif au droit des Sociétés Coopératives – 2010

 
Une coopérative englobe un groupe de personne travaillant en collaboration
pour atteindre des objectifs économiques, sociaux ou culturels communs. La
gestion se fait communautairement. L’enregistrement au Registre des Sociétés
Coopérative est obligatoire. Les coopératives permettent de formaliser les UPI
de manière groupée.

2. Normes UDEAC/CEMAC
i. Convention régissant l’Union Economique de l’Afrique Centrale (UEAC) – 1996
au Cameroun

Elle a pour objectifs :

- l’harmonisation des régulations nationales pour favoriser un climat propice


aux affaires ;

86
- la création d’un marché commun avec le libre mouvement de travailleurs,
capitaux, biens et services ;
- l a création de politiques communes en matières sectorielles, d’infrastructures,
de dialogue social, de droits, de formation, etc.

ii. Acte 6/77 UDEAC-70 – 1977

Il prévoit la priorité d’accès à l’emploi pour les nationaux, régionaux (UDEAS)
puis les autres étrangers, mais n’est pas appliqué en pratique.

iii. Acte 16/77 UDEAC-70 – 1977


Il proscrit toute discrimination en matière de rémunération, promotion et
formation.

NORMES BILATÉRALES
1. L
 a convention d’établissement et de circulation des personnes entre le Mali et le
Cameroun (1964)  autorise la libre circulation et l’établissement des individus.

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


Abrogée et remplacée en 2015 par une convention qui autorise la libre circulation
des personnes mais aussi des biens.

L’Accord d’amitié et de coopération entre Le Cameroun et le Nigéria (1963) et le


2. 
Protocole d’Accord sur le contrôle du mouvement des personnes et des biens entre
le Cameroun (1963) facilite le mouvement et l’établissement et abroge les visas.

L’Accord commercial entre le Cameroun et le Nigéria (1963) révisé en 1982 et


3. 
2014

au Cameroun

87
ANNEXE 6 - Cadre Normatif Camerounais Pertinent dans la
Transition vers l’Économie Formelle

LA CONSTITUTION (1972)
Loi n° 96-06 (1996) portant sur la révision de la Constitution (1972) mentionne le
droit et devoir de tous au travail.

TEXTES LÉGISLATIFS & RÉGLEMENTAIRES


- L
 e Code du Travail spécifie que le droit au travail est un droit fondamental  ;
formule expressément que l’exercice d’une activité économique non déclarée à
l’inspection du travail est illégale.
- T
 extes législatifs relatifs à la sécurité sociale :

ƒƒ Loi n° 77/11 (1977) portant réparation et prévention des accidents du travail et


des maladies professionnelles ;
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

ƒƒ Loi n° 80/05 (1980) portant modification de la loi n° 77/11 ;

ƒƒ Loi n° 67/LF-7 (1967) instituant un code des prestations familiales ;

ƒƒ Loi n°69/LF-18 (1969) instituant un régime d’assurance pensions de vieillesse,


d’invalidité et de décès ;

ƒƒ Loi n°84/007 (1984) modifiant la loi n°69/LF-18 ;

- L
 e Code Pénal renvoi à la non-discrimination dans l’accès à l’emploi :
- L
 e Code Civil rappelle le droit des femmes à exercer une activité professionnelle
indépendante ainsi que la promotion de la formation « rapide » continue pour
tous :

ƒƒ Ordonnance n°81/02 (1981) portant organisation de l’état civil et diverses


dispositions relatives à l’état des personnes physiques ;

ƒƒ Loi n°76-12 (1976) portant organisation de la formation professionnelle rapide ;


- L
 oi 2007/004 sur le statut de l’artisan et ses responsabilités ;
- L
 oi 2010/001 sur la promotion des PME au Cameroun dont l’article 42 rappelle
la nécessité de se formaliser au niveau fiscal, social et financier ;
au Cameroun

- L
 oi 2001/015 sur les transports routiers et l’exigence de posséder une licence ;
- L
 oi 92/006 sur les sociétés coopératives & les groupements d’initiative commune
(GIC) qui inclut la nécessité de tenir un registre des activités ;

88
- C
 ode Général des Impôts sur l’enregistrement des entreprises et le paiement des
taxes ;
- D
 écret n°68/DF/253 (1968) fixant les conditions générales d’emploi des
domestiques et employés de maison ;
- D
 écret 2014/2217/PM  sur le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
(SMIG) de 36,270 FCFA (65 USD) par mois ;
- D
 écret 2014/2377 sur l’extension de la sécurité sociale aux travailleurs de
l’informel par l’ouverture du régime aux assurés volontaires ;
- D
 écret 2010/2993/PM sur le statut d’artisan. L’enregistrement est obligatoire et
gratuit et donne accès à des services d’assistance commerciale et technique ;
- D
 écret 2013/092 et décret 2013/097  sur l’Agence de promotion des PME
(APME). Ils détaillent ses responsabilités et les services et programmes
proposés ;
- D
 écret 2008/3447/PM sur l’enregistrement obligatoire des mototaxis ;
- D
 écret 92/455/PM complémente la loi 92/006 sur les GIC ;
- D
 écret 75/5725  sur les règles relatives aux établissements industriels

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


animaliers ;
- Instruction n° 001/CAB/PM (2010) relative aux formalités administratives de
création d’entreprises en ligne au Cameroun ;
- Instruction n°004 /CAB/PM (2012) relative aux formalités administratives de
création d’entreprises au Cameroun ;
- C
 irculaire interministérielle 001 (2012) sur les procédures des CFCE.

au Cameroun

89
ANNEXE 7 - Processus d’Enregistrement du Micro-Entrepreneur
du Secteur des Transports Routiers

Enregistrement du micro-entrepreneur dans le secteur des transports routiers


Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Enregistrement du micro-entrepreneur dans le secteur des transports routiers


(mototaxi)
au Cameroun

90
ANNEXE 8 - Liste des Impôts Annuels Additionnels, Spécifiques
à l’Activité de la Micro-Entreprise

Alimentaires
ƒƒ Contribution de Licence (DL) : Vente de boissons hygiéniques et alcools

ƒƒ Taxe d’Hygiène et Salubrité (THS) 

Agricoles/Forestières
ƒƒ Taxe Communale sur le Bétail (TCB)

ƒƒ Taxe d’Abattage du bétail (TAB)

ƒƒ Taxe sur les Produits de Récupération (TPR) : Pour les produits provenant des forêts
communales.

Divertissements

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


ƒƒ Produits de la Taxe sur les Jeux de Hasard (TJHD)

ƒƒ Taxe sur les Spectacles (TS) : Pour les bars, cafés, clubs…

Transports
ƒƒ Vignette / Droits de Timbre Automobile

ƒƒ Droits d’Occupation des Parcs de Stationnement (OPS)

ƒƒ Ticket de Quai (TQ) : Pour les véhicules routiers ou maritimes

ƒƒ Taxe sur le Transport des Produits de Carrière (TPC)

Impôts Activité Locales


ƒƒ Taxe de Développement Local (TDL) : Pour les services locaux (collecte des déchets,
éclairage public…)

ƒƒ Droits de Place sur le Marché (DPM) : Ils peuvent être fixes (DPF) ou journaliers
(DPJ)

ƒƒ Droits d’Occupation Temporaire de la Voie Publique (OTVP)


au Cameroun

91
ANNEXE 9 - Description des Exigences et du Processus
d’Enregistrement de la Petite Entreprise Classique
La Petite Entreprise Classique
Enregistrée en tant qu’Établissement Enregistrée en tant que SARL Unipersonnelle
Définition & Critères

Non renseigné Il s’agit de l’option la plus adéquate pour une


PE informelle puisque la personne physique
(l’entrepreneur) encours un risque financier
moindre. En effet, sa responsabilité n’est
engagée qu’à hauteur de son apport au capital
social de la SARL.
Le procédé est le même que pour la micro (Voir schéma Annexe 9.a. ci-dessous)
CFCE
Obtention de Licence
Enregistrement et/ou

entreprise.
Cela se fait en simultané avec (Voir schéma Annexe 9.b. ci-dessous)
Administrations

l’immatriculation au RCCM, lors du premier


Habilités

mois d’activité.

Le procédé est le même que pour la micro


entreprise.
• Le régime adéquat est fonction du chiffre d’affaires :
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

- CA annuel < ou = 50 millions FCFA (89.174 USD) : régime simplifié


Immatriculation Fiscale

- CA annuel < 50 millions FCFA : régime réel


Pour les personnes physiques, les démarches Pour les personnes morales, il faut :
sont les même que pour le micro entrepreneur. • Obtenir une carte de contribuable (valide
10 ans)
• Présenter les justificatifs de statuts et de
localisation. L’attestation de localisation
de l’activité coûte 10,000 FCFA (18
Régime Fiscal

USD).
• Régime Simplifié : Même régime que pour le micro entrepreneur.
• Régime Réel :
o Impôts Mensualisés :
- IRPP : Similaire au micro entrepreneur
- L ’IS : Imposition des revenus de l’entreprise calculée sur les bénéfices réalisés lors
Taxation

des 12 mois d’exercice fiscal. Le paiement est mis en place au CDI ou au CIME.
- T axe sur la Valeur Ajoutée (TVA) : 19.25% et imposée sur les dépenses de
consommation. Elle concerne toute personne physique ou morale assujettie au
régime réel. Le paiement est mis en place au CDI ou au CIME.
o Impôts Annualisés : Il s’agit de l’Impôt Annuel sur le revenu net réel, de la patente, et
de la TPF. Les modalités sont les mêmes que pour le micro entrepreneur.
Aucun document à fournir pour s’affilier à la CNPS
Affiliation à la CNPS

L’option d’une assurance volontaire est Si l’entrepreneur compte un salarié ou plus, il


facultative : démarches similaires à la micro est employeur et doit s’immatriculer au fichier
Régime Social

entreprise des employeurs via le centre de prévoyance


au Cameroun

sociale ou en ligne. Chaque salarié doit être


immatriculé.
Doit être obtenue auprès de la CNPS.
ANUPS

Les démarches sont les mêmes que pour la micro entreprise.

92
Schéma Annexe 9.a : Enregistrement de la PE comme SARL Unipersonnelle au
CFCE

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


Schéma Annexe 9.b : Enregistrement de la PE comme SARL Unipersonnelle
auprès des administrations habilitées

au Cameroun

93
ANNEXE 10 - Description des Exigences et du Processus
d’Enregistrement de la Petite Entreprise du
Mouvement Coopératif
La Petite Entreprise du Mouvement Coopératif
(A) S
 ociété Coopérative (B) Groupe d’Initiative (C) Groupement d’Intérêt
Commune (GIC) Économique (GIE)
Composée de plusieurs individus Organisation composée Organisation (personne
aux ambitions communes en d’individus aux intérêts morale) composée d’individus
Définition & Critères

matière économique, sociale et socio-économiques aux intérêts économiques


culturelle, concrétisées par le biais communs, concrétisées communs dont l’entreprise
d’une entreprise détenue et gérée par le biais d’une résultante est spécifiquement
collectivement. entreprise détenue et gérée destinée au développement et
collectivement. à l’expansion de l’activité.

(voir encadré 2.n) Le groupement est pour une


durée déterminée.
• C réation de la société et Démarches identiques Ceci peut se faire auprès des
Enregistrement et/ou Obtention de

établissement des statuts lors à la société coopérative, administrations habilitées ou


d’une assemblée constitutive à cela près que le au CFCE (voir schémas Annexe
• R ecours notarial facultatif GIC doit élire un(e) 10.a & 10.b ci-dessous)
• P résentation (dans le mois qui délégué(e) représentant
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

Licence

suit), les représentants doivent qui s’acquittera de ces


se présenter au bureau régional démarches.
du MINADER pour faire une
demande d’immatriculation
• C oût : 1,000 FCFA (18 USD)
• D élai d’obtention : 3 mois.
• A u CDI de rattachement Démarches identiques Démarches identiques à la
Immatriculation Fiscale

• D emande de carte de à la société coopérative société coopérative.


contribuable et effectuée par le(a)
• J ustificatifs à fournir : délégué(e).
o p aiement des frais
o p aiement des statuts
o registre des coopératives
o a ttestation de localisation
Régime Fiscal

• L’IS: Applicable sauf dans • L


 e régime est adapté • L
 e régime est adapté en
certains cas (produits agricoles en fonction du CA fonction du CA annuel :
et d’élevage, syndicats de ces annuel : o R  égime Simplifié :
secteurs) o Impôt Libératoire similaire à la petite
• TVA : S’applique si le CA annuel pour les CA peu entreprise classique
Taxation

est supérieur à 50 millions FCFA élevés OU mais avec exonération


(89.174 USD). Les démarches o Régime simplifié : de l’IS
sont similaires à celles de la PE. Patente, IS, TPF o R  égime Réel : similaire
• T PF : Procédure similaire à la et, potentiellement, à la petite entreprise
micro entreprise la TVA classique
• Patente
au Cameroun

Immatriculation à la CNPS Démarches identiques Démarches identiques à la


Régime Social

Affiliation à la

obligatoire dès lors qu’il y a au moins à la société coopérative société coopérative.


CNPS

un salarié. et effectuée par le(a)


délégué(e).
Les démarches sont les même que
pour la SARL Unipersonnelle.

94
Schéma Annexe 10.a : E nregistrement du GIE (PE) auprès des administrations
habilitées

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


Schéma Annexe 10.b : Enregistrement du GIE (PE) au CFCE

au Cameroun

95
ANNEXE 11 - Description des Exigences et du Processus
d’Enregistrement de la Moyenne Entreprise (SARL
Pluripersonnelle)
Moyenne Entreprise20 : SARL Pluripersonnelle
Elle peut être de toute forme : classique, coopérative, unipersonnelle,
Définition & pluripersonnelle…
Critères La forme SARL Pluripersonnelle est cependant la plus adaptée aux entreprises
informelles.
CFCE Autres Administrations Habilitées
Il se fait à l’issu de l’assemblée constitutive et de l’adoption des statuts
Enregistrement et/
(rédigés par tous les associé(e)s ou leur mandataire)
ou Obtention de
Licence Voir schéma Annexe 11.a (démarches Voir schéma Annexe 11.b
suivant la constitution du dossier
d’immatriculation au préalable)
Régime Fiscal La Moyenne Entreprise est soumise au régime réel (voir PE)

Régime Social Immatriculation à la CNPS : Si la SARL emploie au moins un salarié, elle doit
être immatriculée au fichier des employeurs. La demande se fait auprès du
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

centre de prévoyance sociale ou en ligne. Chaque salarié doit être immatriculé.

Schéma Annexe 11.a : E nregistrement de la Moyenne Entreprise (SARL


Pluripersonnelle) au CFCE
au Cameroun

20 Moyenne Entreprise : Entre 21 et 100 employés et un CA HT annuel entre 100 millions et 1 milliard de FCFA
(178.334 et 1.783.504 USD).
96
Schéma Annexe 11.b : E nregistrement de la Moyenne Entreprise (SARL
Pluripersonnelle) auprès des administrations habilitées

Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs


au Cameroun

97
ANNEXE 12 - Autres Ministères et Organismes Étatiques liés à la
Formalisation des Entreprises et de leurs travailleurs
ƒƒ Le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique (MINJEC) se concentre sur
l’insertion sociale et l’assistance à la jeunesse, ce qui inclut la sensibilisation à
la discrimination par le biais de l’éducation civique. Deux des programmes
sous la supervision du MINJEC ses programmes sont pertinents en matière de
formalisation de l’emploi : le Programme d’Appui à la Jeunesse Rurale et Urbaine
(PAJER-U) et le Projet d’Insertion socio-économique des jeunes par la création des
micro-entreprises de Fabrication du Matériel Sportif (PIFMAP). Ces programmes
offre financement, formation et assistance aux jeunes entrepreneurs et employés
tout en encourageant les partenaires ministériels à revoir les impôts des micro-
entreprises à la baisse. Plus spécifiquement, le PAJER-U offre une formation à
l’entrepreneuriat pour les jeunes sortis du circuit éducatif, suivi par l’assistance
financière et technique de leurs projets commerciaux.

Par ailleurs, huit autres Ministères, focalisés sur le développement, l’assistance et


ƒƒ
la règlementation pour leurs secteurs respectifs, sont susceptibles de jouer un rôle
dans la transition des entreprises informelles et de leurs travailleurs vers le secteur
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs

formel. C’est le cas du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural


(MINADER) et du Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales
(MINEPIA), dont le programme commun d’Appui à la Formation Agropastorale
(AFOP) fournit aux bénéficiaires des cours de droit du travail, et donc focalisés sur
les critères de formalité et le processus de création d’entreprise rurale.

En outre, le MINADER dirige le Projet d’Appui au Développement de la Microfinance


Rurale (PADMIR) qui vise à perfectionner l’environnement de la microfinance et à
en renforcer l’offre en milieu rural. Il est attendu qu’à l’issu du PADMIR, les EMF
ruraux offriront des services plus ciblés pour les petits producteurs (y compris les
femmes et les jeunes) pour leur permettre de mieux épargner.

Il s’agit aussi du Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement


ƒƒ
Technologique (MINDMIDT), du Ministère du Commerce (MINCOMMERCE), du
Ministère des Transports (MINTRANSPORT), et du Ministère du Tourisme et des
Loisirs (MINTOUR).

L’Institut National de la Statistique (INS) et l’Observatoire National de l’Emploi et


ƒƒ
de la Formation Professionnelle (ONEFOP) sont cruciales à la collection, analyse
et dissémination de données et statistiques dans les domaines de l’emploi et de la
formation professionnelle et des activités économiques informelles.
au Cameroun

98
Diagnostic sur la Formalisation des Entreprises et de leurs Travailleurs
au Cameroun

99
Equipe d’appui technique de l’OIT au travail
décent pour l’Afrique centrale et Bureau de
pays de l’OIT pour le Cameroun, la Guinée
Équatoriale et Sao Tomé-et-Principe

Rue Nkol-Eton - BP: 13


Yaoundé, Cameroun
Courriel: [email protected]
Site web: www.ilo.org/yaounde

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