La Méthode Des Coûts Complets
La Méthode Des Coûts Complets
La Méthode Des Coûts Complets
La méthode des coûts complets est fondée sur le principe d’une prise en compte
complète des coûts directs et des coûts indirects de l’entreprise, par le biais d’une
répartition préalable pour les seconds, dans des « centres d’analyse ». Malgré ses
imperfections, la méthode reste encore solidement implantée dans les entreprises et
la compréhension de ses principes est donc nécessaire. Sa mise en œuvre nécessite
la maîtrise d’un minimum de concepts et de définitions. Cette leçon a pour objectif
d’exposer le mécanisme d’affectation des charges au coût des produits. Elle sera
complétée par la leçon suivante sur le calcul du coût de revient.
La méthode des coûts complets repose sur le principe d’une affectation de toutes
les charges de la comptabilité analytique au coût des produits fabriqués. Le
problème essentiel est celui de l’affectation des charges de la comptabilité générale
dans le système analytique, puis de leur imputation au coût des produits.
Tableau 1.1-1 : principe général d’affectation des charges incorporables de la comptabilité générale au
coût des produits
S’agissant de coûts directs, comme de la matière première ou de la main-d’œuvre,
dont on peut percevoir le lien immédiat avec le produit fabriqué, l’affectation se
fera généralement au prorata des quantités consommées.
En revanche, l’allocation (c'est-à-dire la répartition) des charges indirectes exige un
traitement préalable. Avant d’être imputées aux produits fabriqués selon des
modalités qu’il reste à définir, elles font l’objet d’un regroupement préalable dans
des centres appelés « centres d’analyse ».
Figure 1.2-3 : schéma de répartition primaire puis secondaire des charges indirectes
Centre
Centres principaux
auxiliaire
⚡ Observons d’emblée que selon le mode de répartition choisi, les coûts in fine ne
seront évidemment pas les mêmes : ceci doit vous inciter à relativiser les calculs de
coûts. Ce n’est pas parce-que le logiciel permet de calculer à la dixième décimale
ou plus si l’on veut, que le calcul du coût est « juste » : il est exact
arithmétiquement, mais il peut-être totalement faux, si les hypothèses sur lesquelles
il est construit s’avèrent fausses.
Le même type de problèmes est rencontré au second niveau, dans l’affectation des
charges des centres d’analyse secondaires aux centres d’analyse principaux. Si les
consommations de services sont mesurables, le biais introduit dans le calcul du
produit est peu important. Dans le cas contraire, le poids de la clé de répartition va
jouer de manière extrêmement forte.
✍ Sur dix millions d’euros, une variation d’un point en pourcentage représente
cent mille francs. Sur cent mille produits fabriqués, cela fait donc déjà 1 € par
unité. Quand un bien fabriqué est vendu 1 000 €, l’impact est peu important ; mais
s’il coûte 10 €, l’impact est de 10 %. Selon les circonstances, le choix de la clé de
répartition peut par conséquent, avoir des répercussions importantes sur la
rentabilité présumée d’un produit.
Tant que les charges indirectes ne représentent qu’une faible part du coût des
produits et que les processus de production demeurent simples, il est clair que la
méthode peut être considérée comme satisfaisante. Ce n’est plus le cas dans
beaucoup de situations, ce qui explique en partie l’émergence de la comptabilité en
coûts par activités.
L’imputation des charges aux produits (ou aux services) est réalisée à l’aide
d’unités d’œuvre ou de taux de frais. Ceux-ci constituent un élément central dans
la méthode des coûts complets. Aussi, est-il important d’en étudier les
caractéristiques et les limites.
On notera que parmi les centres d’analyse principaux, on opère également une
distinction entre les centres opérationnels pour lesquels l’affectation des coûts se
fait proportionnellement à des quantités de matière ou d’heures d’une part, les
unités d’œuvre et les « centres de structure », pour lesquels l’affectation peut
s’effectuer en fonction de valeurs monétaires, appelées alors « taux de frais »,
d’autre part.
☞ Un taux de frais correspond à une mesure de l’activité d’un centre d’analyse
exprimée sous la forme d’un montant en Francs, ou d’un pourcentage.
✍ La société Arc-en-ciel fabrique deux types de pièces de tissus U et V,
correspondant à deux qualités différentes. Chacun de ces produits est traité
successivement dans les deux ateliers filage et tissage, puis passe par le magasin
qui s’occupe du conditionnement et de l’expédition. Les unités d’œuvre ou taux de
frais sont les suivants :
approvisionnements : le kg de matière achetée;
atelier filage : l’heure de main d’œuvre directe (MOD) ;
Centre
Centres principaux
auxiliaire
Nombre
50 000 4 300 5 800 68 400
d’U.O.
Coût de
11,60 110,00 92,00 5,50
l’U.O.
Tableau 2.1-1 : tableau de répartition des charges indirectes de la société Arc-en-ciel
Le taux de frais pour la distribution est calculé ainsi :
Chiffre d’affaires total : (3 000 × 1 000) + (3 200 × 1 200) = 6 840 000 €
Or, il y a 6 840 000/100 = 68 400 fois 100 € dans le chiffre d’affaires. D’où le taux
de frais suivant : 376 200/68 400 = 5,50 €. Cela revient à dire également que
chaque fois que l’on réalise 100 € de chiffre d’affaires, cela coûte 5,50 € de frais
de distribution...Si l’on rapporte 5,50 à 100 €, cela signifie aussi que le taux de
frais est de 5,50 % du chiffre d’affaires.