TDM en Traumatologie (2009, Elsevier-Masson) ID - BH2018 PDF
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Autres ouvrages :
Échographie musculosquelettique, par N. Sans, F. Lapèque. Collection Imagerie médicale : pratique.
2009, 224 pages (compléments vidéo en ligne).
Scanner pratique, par L. Arrivé. Collection Imagerie médicale : pratique. 2009, 352 pages.
Pathologie du pied et de la cheville, par Th. Leemrijse, B. Valtin. 2009, 832 pages.
Pathologie articulaire et péri-articulaire des membres, par J.-M. Lerais. 2009, 592 pages.
Radioprotection en milieu médical, par Y.-S. Cordoliani, H. Foehrenbach. Collection Imagerie
médicale : formation 2008, 2eédition, 240 pages.
Neuro-imagerie diagnostique, par J.-L. Dietemann. Collection Imagerie médicale : précis. 2007,
712 pages.
IRM pratique en neuroradiologie, par F. Héran, F. Lafitte. Collection Imagerie médicale : pratique.
2007, 384 pages.
IRM pratique, par L. Arrivé. Collection Imagerie médicale : pratique. 2007, 392 pages.
Imagerie musculosquelettique – Pathologies locorégionales, par A. Cotten. Collection Imagerie
médicale : précis. 2008, 880 pages.
Imagerie musculosquelettique – Pathologies générales, par A. Cotten. Collection Imagerie médicale :
précis. 2005, 784 pages.
TDM en traumatologie
Ingrid Millet-Cénac
Chef de clinique, assistant des hôpitaux,
Département d’imagerie médicale à l’hôpital Lapeyronie,
CHU de Montpellier
Patrice Taourel
Radiologue, professeur des universités, praticien hospitalier,
Chef du département d’imagerie médicale à l’hôpital Lapeyronie,
CHU de Montpellier
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intellectuelle).
Catherine Cyteval, radiologue, professeur des Denis Hoa, chef de clinique-assistant, départe-
universités-praticien hospitalier, département ment d’imagerie médicale à l’hôpital Lapeyronie,
d’imagerie médicale à l’hôpital Lapeyronie, CHU CHU de Montpellier.
de Montpellier. Ahmed Larbi, chef de clinique-assistant, départe-
Jean-Jacques Eledjam, professeur des universités- ment d’imagerie médicale à l’hôpital Lapeyronie,
praticien hospitalier, chef de pôle et du départe- CHU de Montpellier.
ment des urgences à l’hôpital Lapeyronie, CHU Mustapha Sabbane, praticien hospitalier, départe-
de Montpellier. ment des urgences à l’hôpital Lapeyronie, CHU
Laure Frisson, chef de clinique-assistant, dépar- de Montpellier.
tement de chirurgie maxillo-faciale à l’hôpital
Lapeyronie, CHU de Montpellier.
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À Patrick Derasse et mon père pour la réalisation des schémas.
À mes amis et collègues radiologues (Samuel, Fernanda, Julie, Julien et Marie-Pierre),
aux manipulateurs et secrétaires du service d’imagerie médicale de Lapeyronie, CHU de Montpellier.
À ma famille.
À Manon et Calou pour leur soutien.
Abréviations
Troisième cause de décès dans la population géné- (body scan), a prouvé son efficacité diagnostique
rale (après les cancers et les affections cardiovascu- chez les patients cliniquement stables, sans point
laires) et première cause de décès chez les jeunes d’appel clinique ou radiographique pour une
(population âgée de 15 à 24 ans), les traumatismes lésion focalisée, permettant de modifier la prise en
sont un problème de santé publique dans les pays charge thérapeutique dans près de 20 % des cas.
d’Europe de l’Ouest et représentent une part Ainsi, les médecins des SAMU ont établi en 2002
considérable des affections rencontrées dans les des critères (critères de Vittel, tableau 1) permet-
services d’accueil des urgences (SAU). Les cir- tant d’évaluer la gravité individuelle des patients.
constances de survenue sont multiples : accident La présence d’un seul critère, à l’exception des
de la voie publique (AVP), pratique sportive, défe- variables liées au terrain, définit un traumatisme
nestration, accident de travail ou agression (arme
à feu ou arme blanche)… Leur gravité est variable, Tableau 1 Critères de Vittel (2002) permettant d’évaluer
de la simple entorse de cheville au polytraumatisé la gravité d’un patient traumatisé.
de la route en détresse vitale. Quoi qu’il en soit,
la quasi-totalité de ces patients nécessitera la réa- Cinq étapes Critères de gravité
d’évaluation
lisation d’un bilan d’imagerie pour confirmer le
diagnostic, faire un bilan lésionnel précis et ainsi Variables Score de Glasgow < 13
physiologiques Pression artérielle systolique < 90 mmHg
guider la prise en charge thérapeutique. Saturation en O2 < 90 % ou imprenable
Les progrès techniques spectaculaires réalisés Éléments Éjection du véhicule
ces cinq dernières années avec l’avènement des de cinétique Autre passager décédé dans le même véhicule
scanners multibarrettes permettent d’acquérir un Chute > 6 m
Victime projetée ou écrasée
grand nombre d’images en un temps très court Appréciation globale (déformation du véhicule,
avec des voxels isotropiques inframillimétriques vitesse estimée, pas de casque…)
autorisant des reconstructions de qualité dans les Lésions Traumatisme pénétrant
trois plans de l’espace et parlantes pour nos collè- anatomiques Volet thoracique
gues cliniciens. Il est rapidement apparu que cet Fracas du bassin
Brûlure sévère, inhalation de fumées associée
outil diagnostique prendrait toute son importance
Suspicion d’atteinte médullaire
en imagerie d’urgence traumatique, permettant Amputation du poignet, de la cheville ou
en un temps très court de faire un bilan lésionnel au-dessus
exhaustif et ainsi de supplanter les multiples bilans Ischémie aiguë de membre
radiographiques. Ces scanners étaient réservés ini- Réanimation Ventilation assistée
tialement au patient polytraumatisé qui correspond préhospitalière Remplissage > 1 000 ml de colloïdes
Catécholamines
à « un blessé grave, victime de plusieurs lésions, Pantalon antichoc gonflé
dont une, au moins, met en jeu le pronostic vital
Terrain Âge > 65 ans
à brève échéance ». Mais, rapidement, l’utilisation (à évaluer) Insuffisance cardiaque ou coronarienne
des scanners s’est généralisée, plusieurs études Insuffisance respiratoire
montrant en effet qu’un scanner réalisé sur les éta- Grossesse (2e et 3e trimestres)
Trouble de la crase sanguine
ges cérébral et cervico-thoraco-abdomino-pelvien
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XIV TDM en traumatologie
potentiellement grave et justifie la réalisation d’un efficace) au cours d’un « scanner corps entier »
scanner du corps entier en urgence. est d’environ 12 à 16 milli-sieverts soit l’équi-
La rapidité et la précision diagnostique ainsi valent d’environ 4 à 5 années d’irradiation natu-
obtenues améliorent le choix et la rapidité de la relle. La technique doit donc être optimale, les
thérapeutique qui, à son tour, améliore la morbi- manipulateurs formés et les éventuelles sources
mortalité. L’ensemble de cette stratégie diminue d’artéfacts liés au matériel de réanimation, bien
donc le coût socioéconomique généré, grande connues pour potentialiser la qualité du pre-
satisfaction nationale à l’heure actuelle. mier examen TDM et ainsi éviter les erreurs ou
défaillances techniques. C’est pour répondre à ce
De fait, le recours au scanner dans un bilan trau-
problème de radioprotection qu’un paragraphe
matique est devenu un fait quotidien, les plateaux
est réservé à la fin de chaque chapitre aux para-
techniques d’imagerie devant être disponibles
mètres d’acquisition. Le rapport signal/bruit
24 heures sur 24 pour optimiser le parcours de
doit être adapté au cas par cas pour conserver
soin. Cela impose un besoin accru en radiologues
une image de qualité tout en essayant de limiter
qualifiés… or toute qualification ne se conçoit
l’irradiation. Il est évident que ce problème de
qu’à la suite d’une formation spécifique et s’entre-
dose délivrée se pose moins dans les polytrau-
tient par des formations continues.
matismes graves en détresse vitale chez lesquels
Cet ouvrage tente de répondre à cette néces- l’erreur technique n’est pas envisageable, source
sité de formation. Il s’agit de guider le radio- de retard diagnostique. Les doses délivrées sont
logue à optimiser ses protocoles d’acquisition, donc automatiquement très élevées (car tête
à formater sa lecture diagnostique pour ne rien impossible à placer dans la têtière, TDM réali-
« louper » et à orienter son compte rendu qui sée avec le matelas de réanimation qui absorbe
doit être clair, concis et précis pour guider nos beaucoup de rayonnement, matériel métallique
confrères cliniciens dans le choix de la stratégie de réanimation extrinsèque…). Nous rappelons
thérapeutique. que la DLP (= produit dose longueur, exprimé
Chaque traumatisme est donc abordé par organe en milligrays-centimètres) doit être consignée sur
avec une approche lésionnelle formatée : chaque compte rendu, principe médico-légal.
• image typique en TDM ;
• pièges et difficultés diagnostiques ; Bibliographie
• impact thérapeutique.
Pinto F., Bode P.J., Tonerini M., Orsitto E. The role
Ainsi, le radiologue pourra trouver rapidement of the radiologist in the management of politrauma
la réponse à sa question sans retarder la commu- patients. European Journal of Radiology 2006 ; 59 (3) :
nication du bilan lésionnel. Des rappels anato- 315–316.
Salim T.A., Sangthong B., Martin M., Brown C., Plurad D.,
miques (présentés sous la forme de schémas) et
Demetriades D. Whole body imaging in blunt multisys-
physiopathologiques ont également été inclus tem trauma patients without obvious signs of injury :
pour faciliter la compréhension des mécanismes results of a prospective study. Arch Surg 2006 ; 141 (5) :
lésionnels. 468–473 ; discussion 73–75.
Taourel P., Merigeaud S., Millet I., Devaux Hoquet M.,
À l’heure actuelle et avec la généralisation des Lopez F.M., Sebane M. Traumatisme thoraco-abdomi-
scanners, on ne doit plus faire fi des principes de nal : stratégie en imagerie. Journal de radiologie 2008 ;
radioprotection. L’irradiation occasionnée (dose 11 (cahier n° 2) : 1833–1854.
Chapitre 1
Généralités
Les lésions intracérébrales sont la première cause de • au niveau du « contrecoup » : une HSA, un
décès en rapport avec un traumatisme. Elles résul- hématome sous-dural (HSD) et des contusions
tent de deux principaux types de mécanismes. plutôt pétéchiales.
Coup/contrecoup Cisaillement/étirement
Le cerveau est une masse viscogélatineuse conte- Lors de décélération ou d’accélération avec com-
nue dans une boîte crânienne osseuse inexpansible. posante rotatoire, il existe un glissement des
Lors d’un choc direct, le cerveau vient s’écraser sur structures de compositions différentes les unes
le site d’impact et a tendance à se détacher du site par rapport aux autres. La boite crânienne change
diamétralement opposé. Lors du retour à l’équili- de forme sans changer de volume. Il s’ensuit des
bre, il revient s’écraser sur la boîte crânienne à l’op- lésions diffuses et bilatérales par torsion et déchi-
posé du site d’impact en s’éloignant du point de rement des fibres nerveuses et des vaisseaux dans
choc. Ainsi les lésions sont doubles, situées en dia- les régions vulnérables (jonction SB-SG, jonction
gonale par rapport au point d’impact (fig. 1-1). os-méninges…) (fig. 1-2).
Ce type de mécanisme engendre : Ce type de mécanisme engendre des HSD, des
• au niveau du « coup » : des fractures de la voûte lésions axonales diffuses (LAD), des hémato-
crânienne, un hématome extra-dural (HED), mes profonds, une hémorragie intraventriculaire
une hémorragie sous-arachnoïdienne (HSA) et (HIV) et une HSA.
des contusions parenchymateuses ;
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4 Traumatismes cranio-encéphaliques
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6 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
c d
Fig. 2-2. TDM en coupes axiales sans injection en fenêtrage parties molles (a et c) et osseux (b et d).
HED typique (*) avec fracture en regard (flèche blanche). Notez l’hématome des parties molles associé en (a).
a b
Fig. 2-3. TDM en coupes axiales en fenêtrage parties molles (a) et osseux (b).
Hématome extra-axial droit en lentille biconvexe franchissant la suture fronto-pariétale mais avec diastasis (*) de cette dernière. Il
s’agit donc d’un hématome extra-dural.
Chapitre 2. Lésions extra-axiales 7
a b
sous-dural…) qu’il faut attentivement rechercher étant masquée et confondue avec l’hyperdensité
car elles peuvent être décompensées lors de l’éva- de la voûte crânienne au contact.
cuation chirurgicale de l’HED par levée du tam- Les HED du vertex sont souvent confondus avec
ponnement hémostatique exercé par ce dernier. un volume partiel sur la voûte.
Dans la grande majorité des cas, les HED s’ac-
L’acquisition doit donc se faire en coupes fines mil-
compagnent d’un effet de masse avec engagement
limétriques et la lecture des coupes natives avec un
secondaire.
fenêtrage adéquat (width 150 UH, level 70 UH)
Chez l’enfant, les HED sont rares car la dure-mère et en reconstructions sagittales et coronales.
est plus adhérente à la voûte osseuse et l’artère
méningée moyenne n’est pas encore englobée dans Diagnostic différentiel
l’os, exception faite des HED de la fosse postérieure
accompagnant une fracture de l’os occipital. • Hématome sous-dural (HSD) : certains HED
peuvent mimer un HSD surtout lorsqu’ils se
développent dans un axe antéro-postérieur,
Pièges et difficultés diagnostiques lorsqu’ils sont en voie de constitution et qu’ils ne
prennent pas leur forme biconvexe ou lorsqu’ils
Par sa taille et/ou sa localisation
sont de trop petite taille (fig. 2-8) et qu’ils per-
Les HED de petite taille peuvent être méconnus si dent leurs caractéristiques morphologiques.
la lecture se fait avec un mauvais réglage du fenê- • Pathologie néoplasique : méningiome, métas-
trage de lecture, l’hyperdensité de l’hématome tase… mais le contexte est bien différent…
8 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
a b
a b
Fig. 2-7. TDM en coupes axiale (a) et sagittale (b).
HED de la fosse cérébelleuse droite (*).
10 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 2-8. TDM en coupes axiales (a et b).
Collection extra-axiale temporo-polaire gauche (*), de trop petite taille pour être caractérisée. La présence d’une fracture (flèche)
en regard est plutôt en faveur d’un HED que d’un HSD.
Image typique
Il s’agit d’une collection péricérébrale spontané-
ment hyperdense, en croissant, homogène avec
extension antéro-postérieure au niveau d’une
convexité hémisphérique (fig. 2-9). Fig. 2-9. HSD typique de la convexité droite (*).
Notez l’effet de masse sur le ventricule latéral homolatéral
Il peut franchir les sutures mais pas les sinus avec discrète déviation des structures de la ligne médiane
veineux (fig. 2-10). En effet, contrairement à vers la gauche.
Chapitre 2. Lésions extra-axiales 11
a b
Fig. 2-10. TDM en fenêtrage parties molles (a) et osseux (b).
Hématome extra-axial fronto-pariétal droit, franchissant la suture fronto-pariétale (flèche blanche). Il s’agit donc d’un HSD. Notez
l’hyperdensité de la partie antérieure de la scissure interhémisphérique en rapport avec une extension de l’HSD.
Fig. 2-11. HSD frontal droit subaigu, isodense au cortex Fig. 2-12. HSD fronto-pariétal gauche chronique, hypo-
(flèches). dense (têtes de flèche).
12 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
L’aspect hypodense au stade initial pourrait, cas de traumatismes crâniens non accidentels (loca-
d’après certains auteurs, être lié, à une lésion lisation surtout interhémisphérique). Il faut donc
traumatique de l’arachnoïde avec passage de LCR savoir l’évoquer en cas de traumatisme atypique.
dans l’espace sous-dural, diluant l’hémorragie Le syndrome du bébé secoué (shaken baby syn-
sous-durale et diminuant ainsi sa densité. Il peut drome) est une forme particulière de trauma-
exister au stade hyperaigu, comme dans l’HED, tisme non accidentel, survenant lorsqu’un bébé,
un saignement actif visible sous la forme d’un classiquement de moins de 2 ans, est violemment
swirl sign (signe du tourbillon) (fig. 2-13). secoué. Les lésions engendrées résultent d’un
Il existe des associations lésionnelles dans plus mouvement de va-et-vient de la tête (qui est
de 70 % des cas avec une hémorragie sous- proportionnellement plus volumineuse et lourde
arachnoïdienne, des lésions axonales diffuses et/ chez l’enfant par rapport au reste du corps) sur
ou des contusions parenchymateuses qui condi- un cou fragile, hypotonique et laxe, avec mou-
tionnent le pronostic. Ces lésions associées sont vements de va-et-vient du cerveau dans la boîte
disposées à proximité de l’HSD (déplacement de osseuse crânienne, entraînant des traumatismes
la ligne médiane > épaisseur HSD = lésions asso- en étirement et choc direct. Il en résulte une
ciées homolatérales) et/ou diamétralement oppo- association lésionnelle caractéristique formée par
sées = lésions de « contrecoup » (déplacement de des HSD, une HSA, des contusions parenchy-
la ligne médiane < épaisseur de l’HSD = lésions mateuses et des lésions de cisaillement (héma-
controlatérales). tomes profonds, œdème cérébral), mais aussi
des hémorragies rétiniennes, des traumatismes
médullaires cervicaux ou de la jonction bulbomé-
Cas particulier de l’enfant : dullaire et des fractures de côtes. Les symptômes
« syndrome du bébé secoué » cliniques peuvent être frustres au début (léthar-
gie, irritabilité, anorexie, trouble respiratoire…)
Chez l’enfant, l’HSD survient dans environ 10 % et le radiologue doit être alerté par la topogra-
des traumatismes crâniens accidentels (beaucoup phie et le type de lésions en présence contrastant
plus fréquent que l’HED), mais il faut être attentif avec l’histoire clinique. La réalisation d’une IRM
car un HSD est présent dans près de la moitié des peut venir confirmer les atteintes médullaires,
Chapitre 2. Lésions extra-axiales 13
a b
Fig. 2-14. HSD de la convexité droite avec un fenêtrage de W60 UH et L35 UH (a) et W120 UH et L70 UH (b).
a b
Fig. 2-15. TDM en coupes axiale (a) et coronale (b).
HSD bilatéral de la tente du cervelet (flèches), s’étendant à droite au niveau de la convexité hémisphérique.
14 Traumatismes cranio-encéphaliques
Fig. 2-16. HSD parafalcique gauche (flèche). Fig. 2-17. Collections hématiques de la face endocrânienne
du rocher droit et gauche (*) ne déplaçant pas le sinus
transverse gauche (flèche), en rapport avec des HSD.
a b
Fig. 2-18. TDM en coupes axiales, fenêtrage parties molles (a) et osseux (b).
Collection hématique extra-axiale frontale gauche bien limitée (flèche noire), franchissant la suture fronto-pariétale (flèche blanche)
sans diastasis de cette dernière, en faveur d’un HSD. Notez l’hématome sous-cutané controlatéral, l’HSD étant donc dans ce cas
une lésion de contrecoup.
a b
Fig. 2-19. TDM injectée en coupes axiale (a) et coronale (b).
Élargissement des espaces péricérébraux de manière bilatérale avec cheminement des veines corticales (flèches blanches) à la
surface du cortex. Il s’agit donc d’une collection sous-durale chronique bilatérale.
a b
Fig. 2-20. TDM injectée en coupes axiale (a) et coronale (b).
Élargissement des espaces péricérébraux traversés de part en part par les veines corticales (flèches) en faveur d’un élargissement
des espaces sous-arachnoïdiens par atrophie cérébrale.
16 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 2-21. TDM en coupes axiale (a) et sagittale sans injection (b).
Hyperdensité de topographie sous-arachnoïdienne intéressant l’ensemble des citernes de la base et des sillons corticaux illustrant
une HSA diffuse (ici sur rupture d’anévrisme).
Chapitre 2. Lésions extra-axiales 17
a b
Fig. 2-24. Œdème cérébral diffus. Fig. 2-26. HSA isolée au niveau de la citerne cérébello-
Notez l’hyperdensité de la faux et des sillons corticaux = médullaire (flèche) dans un contexte de fracture de C2 en
« pseudo HSA ». hyperextension.
Impact thérapeutique
La présence d’une HSA aggrave le pronostic. Si
le saignement est abondant, il existe un risque
d’hydrocéphalie communicante par anomalie de
résorption du LCR. Les risques d’ischémie par
vasospasme sont quant à eux très faibles mais mal
connus, les chiffres rapportés dans la littérature
sont très variables : entre 2 et 40 % selon les séries !
Fig. 2-28. Hyperdensité linéaire frontale droite (flèche) avec
hypodensité sous-corticale au contact en rapport avec une et dépendent vraisemblablement de l’importance
contusion sous-piale et non avec une HSA. de l’HSA.
a b
Fig. 2-29. Bilan de traumatisme, TDM non injectée en coupe axiale (a) et angioscanner artériel en coupe sagittale MIP (b).
HSA localisée préférentiellement au niveau de la citerne péricalleuse (flèches blanches) et au niveau de la scissure interhémisphé-
rique antérieure, peu typique d’une HSA post-traumatique. Angioscanner retrouvant un anévrisme péricalleux (flèche noire). Notez
l’effet de masse du caillot cisternal sur le corps calleux.
20 Traumatismes cranio-encéphaliques
Au total
• Hyperdensité spontanée des espaces sous-arachnoïdiens.
• Attention en cas d’œdème cérébral diffus : faux posi-
tif avec pseudo-HSA.
• Association lésionnelle fréquente.
• Si HSA isolée, deux attitudes :
– faire angioscanner à la recherche d’un anévrisme
du polygone de Willis ;
– ou renouveler la TDM car probables lésions asso-
ciées de détection tardive.
• Risque de vasospasme et d’hydrocéphalie en fonction
de l’importance du saignement. Fig. 2-30. Traumatisme.
Illustration du mécanisme d’inondation hématique ventriculaire
par contiguïté d’une contusion hémorragique frontale droite
ici. Notez les contusions fronto-orbitaires gauches (têtes de
flèche), l’HSA corticale (*) et l’HSD interhémisphérique (flèche)
et pariéto-occipital droit associés.
● « Petit signe à ne pas manquer »
Une hyperdensité triangulaire au niveau de la
citerne interpédonculaire signe la présence d’une
HSA.
Hémorragie intraventriculaire
Une hémorragie intraventriculaire (HIV) peut
résulter de trois mécanismes isolés ou associés :
• par contamination hématique (fig. 2-30) d’un
hématome périventriculaire ; le saignement dif-
fuse et se propage via les espaces périvasculaires
dans les cavités ventriculaires (15 % des contu-
sions s’accompagneraient ainsi d’HIV) ;
• secondaire à une HSA : reflux de sang des espa-
ces sous-arachnoïdiens dans les ventricules par
les foramens du 4e ventricule ; Fig. 2-31. Caillot au sein du ventricule latéral droit (*).
• par cisaillement des veines sous-épendymaires.
Au total
• Rechercher une HIV en cas d’hématome périventri-
culaire et/ou si lésions de cisaillement (lésions axonales
diffuses, hématome profond).
• Risque d’hydrocéphalie : TDM de surveillance.
Bibliographie
Fig. 2-32. Sédimentation hématique dans les cornes occi- Al-Nakshabandi N.A. The swirl sign. Radiology 2001 ; 218
pitales des ventricules latéraux (flèches). Notez les contu- (2) : 433.
sions pétéchiales frontales bilatérales associées. Chateil J.F., Brun M., Mallemouche F. Imagerie des
traumatismes crâniens chez l’enfant. EMC, Elsevier-
Masson, Paris, 2006.
Pièges et difficultés diagnostiques Gardeur J.M. Tomodensitométrie intracrânienne : livre IV,
Pathologie traumatique cranio-cérébrale. Ellipses, Paris,
Le diagnostic est facile et il n’existe pas vraiment 1982.
de diagnostic différentiel. L’HIV peut éventuel- Harbury O.L., Provenzale J.M., Barboriak D.P. Vertex
lement être confondue avec les calcifications des epidural hematomas : imaging findings and diagnostic
plexus choroïdes mais la topographie non déclive pitfalls. European Journal of Radiology 2000 ; 36 (3) :
150–157.
et la densité calcique de ces dernières redresseront Lonergan G.J., Baker A.M., Morey M.K., Boos S.C. From
rapidement le diagnostic. the archives of the AFIP. Child abuse : radiologic-
pathologic correlation. Radiographics 2003 ; 23 (4) :
811–845.
Impact thérapeutique Mattioli C., Beretta L., Gerevini S., Veglia F., Citerio G.,
Cormio M., et al. Traumatic subarachnoid hemor-
Tout comme l’HSA, l’HIV aggrave le pronostic. rhage on the computerized tomography scan obtai-
Il existe un risque d’hydrocéphalie dans moins ned at admission : a multicenter assessment of the
accuracy of diagnosis and the potential impact on
d’un tiers des cas, soit non communicante par patient outcome. Journal of Neurosurgery 2003 ; 98
obstruction de l’aqueduc du mésencéphale (aque- (1) : 37–42.
duc de Sylvius), d’un foramen de Monro ou de McCluney K.W., Yeakley J.W., Fenstermacher M.J., Baird
Magendie par un caillot, soit communicante par S.H., Bonmati C.M. Subdural hygroma versus atrophy
trouble de la résorption du LCR, soit d’origine on MR brain scans :« the cortical vein sign ». AJNR
1992 ; 13 (5) : 1335–1339.
mixte par une association de ces deux mécanis- Osborn A.G. Diagnostic Imaging : Brain. W.B. Saunders,
mes. Ce risque justifie la réalisation d’une TDM Philadelphie, 2004.
de contrôle régulière pour surveiller le volume du Provenzale J. CT and MR imaging of acute cranial trauma.
système ventriculaire. Emergency Radiology 2007 ; 14 (1) : 1–12.
Sullivan T.P., Jarvik J.G., Cohen W.A. Follow-up of
En cas d’hydrocéphalie, une prise en charge neu- conservatively managed epidural hematomas : impli-
rochirurgicale s’impose avec mise en place d’une cations for timing of repeat CT. AJNR 1999 ; 20 (1) :
dérivation ventriculaire. 107–113.
Chapitre 3
Lésions intra-axiales
Les lésions intra-axiales se divisent en quatre sous- hypodensité sous-corticale au contact, volontiers
groupes (tableau 3-1). bilatérales et plus ou moins confluentes.
Les contusions peuvent aussi se présenter
initialement par une plage hypodense d’œdème
Contusion corticale sans hémorragie. Les examens de contrôle per-
mettront de démasquer ces lésions soit par majo-
Une contusion corticale est une lésion traumati- ration de l’intensité de l’hypodensité, soit par
que du parenchyme (cortex) superficiel. Elle est apparition d’une hémorragie intralésionnelle non
très fréquente, présente chez près de la moitié des présente sur l’examen initial (20 % des cas). Quoi
traumatisés crâniens. Elle résulte d’un mécanisme qu’il en soit, il existe une majoration inélucta-
de coup/contrecoup lié à une impaction du cerveau ble des lésions dans les quarante-huit premières
contre les reliefs osseux endocrâniens avec écrase heures avec extension de l’œdème périlésionnel
ment et dilacération du parenchyme richement et majoration des lésions hémorragiques engen-
vascularisé périphérique. drant des lésions secondaires (engagement…)
(fig. 3-3).
Les contusions siègent en général au contact
Image typique des aspérités osseuses endocrâniennes, notam-
Dans plus de 50 % des cas, ce sont des lésions ment au contact des structures osseuses de
d’emblée hémorragiques, confluentes, volontiers l’étage antérieur et moyen de la base du crâne
bilatérales, de topographie corticale avec extension (tableau 3-2).
à la substance blanche sous-jacente et accompa- Les localisations cérébelleuses (tonsilles, vermis
gnées d’une hypodensité (œdème) périlésionnelle supérieur, région inférieure du cervelet) et pariéto-
(fig. 3-1). occipitales sont plus rares.
Elles peuvent se présenter comme un ou plusieurs Il existe fréquemment des associations lésionnel-
foyers d’hyperdensités punctiformes (pétéchiales) les avec une fracture en regard, un HSD et une
corticales (fig. 3-2), ou linéaires gyriformes avec HSA.
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24 Traumatismes cranio-encéphaliques
Fig. 3-1. Contusions bifrontales caricaturales par écra- Fig. 3-2. Pétéchies corticales et sous-corticales bifrontales
sement antérieur du parenchyme encéphalique contre les en rapport avec des plages de contusions.
parois osseuses. Œdème périlésionnel modéré car stade précoce. Évolution vers
Notez l’œdème périlésionnel et l’importance du saignement la confluence des pétéchies avec majoration de l’œdème.
avec sédimentation hématique au sein des régions dilacérées.
a b
Fig. 3-3. TDM initiale en coupes axiale (a) et sagittale (b) puis TDM
de contrôle à 24 heures (c).
Contusion temporo-polaire droite (*). Notez l’aggravation de l’œdème
périlésionnel sur la TDM de contrôle avec majoration de la composante
hémorragique entraînant un engagement temporal interne homolatéral
c (flèche) avec bâillement paradoxal de la citerne ambiante (tête de flèche).
Chapitre 3. Lésions intra-axiales 25
30 % FRONTALES 50 % TEMPORALES
- Fronto-orbitaires (impaction sur la petite - Temporo-polaires (impaction sur la
aile du sphénoïde). grande aile du sphénoïde).
- Basi-frontales (impaction sur la lame - Temporales inférieures (impaction sur
criblée). l’os pétreux).
CONTUSIONS
Diagnostic différentiel
AVC ischémique versus contusion
œdémateuse (ou AVC hémorragique
versus contusion hémorragique)
Fig. 3-4. Hypodensités cortico-sous-corticales temporo-
Les plages de contusions n’ont pas de systéma- polaires bilatérales (flèches) en rapport avec des contusions
tisation vasculaire et sont souvent bilatérales. œdémateuses.
26 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 3-5. TDM en coupes axiale (a) et sagittale (b).
Contusions fronto-orbitaires droites (flèches) par impact sur la petite aile du sphénoïde.
Au total
• Atteinte du parenchyme superficiel au contact des
reliefs osseux.
• Régions antérieures et inférieures des lobes frontaux
Fig. 3-6. Hyperdensité corticale linéaire et épaisse (flèche
blanche) droite avec œdème sous-cortical adjacent en rap-
et temporaux+++.
port avec une contusion sous-piale et non pas avec une • D’emblée hémorragique dans plus de 50 % cas.
HSA. • Souvent bilatérales.
Comparez avec l’HSA visualisée au niveau des sillons cor- • Majoration des lésions dans les 48 premières heures.
ticaux pariétaux (têtes de flèches) d’épaisseur moindre et • Traitement médical avec monitorage de la PIC, parfois
sans œdème parenchymateux. Notez également l’HSD de la chirurgical.
convexité droite.
Chapitre 3. Lésions intra-axiales 27
●● « Petit signe à ne pas manquer » lésées et sont volontiers multiples. L’œdème péri-
Une contusion sous-piale se distingue d’une HSA lésionnel est inconstant (fig. 3-7).
par l’existence d’un œdème sous-cortical au contact. Plus le traumatisme est violent et plus les lésions
s’étendent de la périphérie vers la profondeur
(fig. 3-8).
Lésions axonales diffuses Les lésions sont hémorragiques selon la richesse vas-
culaire des territoires lésés (corona radiata faiblement
« Si elles sont visibles en TDM, elles correspon- vascularisée donc LAD rarement hémorragiques à la
dent à la partie émergée de l’iceberg. » différence des capsules internes et externes).
Cette lésion est la plus fréquente des lésions pri- Les LAD du corps calleux sont souvent asso-
mitives intra-axiales, elle serait présente dans 80 ciées à une HIV par cisaillement des veines sous-
à 100 % des décès liés à un traumatisme crânien, épendymaires.
sur les autopsies. Elle est engendrée par un méca-
nisme de cisaillement de la substance blanche. Les
axones sont étirés, lacérés voire sectionnés dans
Pièges et difficultés diagnostiques
les cas les plus graves. Un impact traumatique
n’est pas nécessaire pour engendrer ce type de La TDM est souvent prise en défaut au stade ini-
lésion. tial, les lésions étant rarement hémorragiques et de
Le terme de LAD serait un « abus de langage » selon petite taille. En revanche, elles peuvent apparaître
certains auteurs car ces lésions ne sont pas nécessai- sur les TDM de contrôles successifs, d’où la néces-
rement « diffuses » mais localisées dans des régions sité de répéter ces examens pour les démasquer.
bien précises d’interfaces tissulaires (tableau 3-3). Il faut les suspecter lorsqu’il existe une discordance
radioclinique avec symptômes neurologiques inex-
pliqués par un examen TDM « subnormal ».
Image typique
L’examen de choix reste l’IRM avec réalisation
La majorité des lésions (80 %) ne sont pas hémor- de séquences en écho de gradient T2 (T2*)
ragiques et ne sont pas détectables en TDM à la voire des séquences SWI pour dépister les lésions
phase précoce. hémorragiques, et des séquences flair et T2 pour
Les lésions hémorragiques se présentent sous la détecter les lésions œdémateuses (fig. 3-9).
forme d’hyperdensités spontanées mesurant entre Cependant, l’IRM n’a pas sa place dans l’urgence
1 et 15 mm de diamètre siégeant dans les sites de du fait de l’absence de traitement spécifique de
prédilection (tableau 3-3). Elles sont en général ces lésions.
ovoïdes avec un axe parallèle à celui des fibres
Impact thérapeutique
Tableau 3-3 Localisations des lésions axonales diffuses Il n’existe pas de traitement spécifique. Ces
par ordre de fréquence décroissant. lésions ont un impact pronostique en fonction
Jonction substance blanche-substance grise des régions fronto- de leur nombre, avec une gravité croissante de la
temporales. superficie vers la profondeur. Il existe des séquel-
Corps calleux : corps et splénium++. les dans près de 90 % des cas (du simple trouble
Corona radiata.
Tronc cérébral : régions dorso-latérales du mésencéphale et
cognitif à l’état végétatif). Les atteintes du tronc
supérieures du pont. cérébral sont souvent fatales, surtout s’il existe
Pédoncules cérébelleux. des lésions bilatérales de la partie supérieure du
Capsule interne et externe. mésencéphale.
28 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Au total
• Mécanisme de cisaillement.
• Rarement hémorragiques donc souvent non visibles
en TDM.
• Gravité croissante de la superficie vers la profondeur.
• Cartographie par IRM (T2 EG, SWI et flair) sans urgence.
• Impact pronostique.
Hématomes profonds
Fig. 3-8. Coupe coronale IRM pondérée T2.
Illustration de l’extension cranio-caudale des lésions axonales Les hématomes profonds représentent environ
diffuses selon la violence du traumatisme. 5 % des lésions intra-axiales primitives. Ce sont
Chapitre 3. Lésions intra-axiales 29
a b
Fig. 3-9. TDM en coupe axiale (a) et IRM en coupe axiale en séquence pondérée T2 écho de gradient (b).
TDM normale et IRM montrant de multiples lésions en hyposignal à la jonction SB-SG en rapport avec des LAD.
Au total
• Mécanisme de cisaillement.
• Lésion des artères perforantes.
• Hématome des noyaux gris centraux et substance
blanche profonde.
• Pronostic selon lésions associées+++.
Au total
• Lésions de mauvais pronostic.
• Sensibilité de la TDM médiocre.
• Rechercher à la phase aiguë des lésions hémorragi-
ques (LAD, hématome ou contusion).
Bibliographie
Fig. 3-12. Lésion hémorragique au niveau de la partie pos- Cordoliani Y.S., Sarrazin J.L., Hauret L., Goasdoué P.,
térieure du mésencéphale (flèche blanche), typique d’une Lévêque C., Sabbah P. Imagerie des traumatismes
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Gentry L.R., Godersky J.C., Thompson B. MR imaging of
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Hématomes profonds par Ischémie par compression Emergency Radiology 2007 ; 14 (1) : 1–12.
rupture des vaisseaux artérielle de la PICA lors des
perforants. engagements amygdaliens.
Contusions par écrasement du Lésions nerveuses des voies
bulbe ou de la protubérance longues (encoche de Kernohan)
contre le clivus ou la tente du secondaire à un engagement
cervelet. temporal interne.
Chapitre 4
Lésions secondaires
a b
Fig. 4-1. HED pariétal droit avec déplacement du septum interventriculaire (flèche) vers la gauche par rapport à la ligne
médiane (ligne pleine) tracée entre les insertions antérieures et postérieures (lignes pointillées) de la faux du cerveau. Il s’agit
donc d’un engagement sous-falcique droit-gauche.
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34 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 4-2. TDM en coupes axiale (a) et coronale (b).
Lésion hémorragique hémisphérique droite avec engagement sous-falcique droit-gauche et hydrocéphalie d’exclusion. Notez la
hernie de parenchyme hémisphérique droit (ligne pointillée) sous la faux du cerveau (flèche).
a b
Fig. 4-3. HSD massif hémisphérique droit avec engagement sous-falcique droit-gauche (*) et hydrocéphalie d’exclu-
sion controlatérale avec hypodensités périventriculaires (têtes de flèches) en rapport avec des stigmates de résorption
transépendymaire.
Il existe différents stades de gravité croissante • soit régionales par déplacement et étirement des
(fig. 4-2 et 4-3) avec progressivement : structures vasculaires cheminant dans la scissure
• compression et déplacement du ventricule laté- interhémisphérique (artère péricalleuse++) avec
ral homolatéral ; risque d’ischémie dans le territoire de l’artère
• puis compression du gyrus cingulaire contro cérébrale antérieure.
latéral ;
• et hydrocéphalie d’exclusion controlatérale
(par obstruction mécanique des foramens de Engagement temporal interne
Monroe). C’est le plus redouté. Il correspond à une hernie
Ce type d’engagement peut entraîner des compli- des sillons temporaux internes à travers l’incisure
cations vasculaires (fig. 4-4) qui sont : tentorielle. Cette hernie peut ne concerner que
• soit locales par compression artériolaire et l’uncus de l’hippocampe à la phase précoce ou en
nécrose calleuse ou cingulaire ; cas de lésion temporale antérieure.
Chapitre 4. Lésions secondaires 35
a b
Fig. 4-4. Angioscanner cérébral artériel en coupes axiale et sagittale médiane illustrant les rapports anatomiques étroits
entre en (a) les deux artères cérébrales antérieures (flèche) cheminant dans la scissure interhémisphérique juste en avant du
corps calleux ; en (b) l’artère péricalleuse (tête de flèche) cheminant à proximité du gyrus cingulaire (zone noircie) situé juste
au-dessus du corps calleux (*).
Notez que cette artère naît de la division de chaque artère cérébrale antérieure (1), division plus ou moins précoce.
a b
Fig. 4-5. Engagement temporal interne gauche.
(a) Contusion temporo-polaire gauche avec protrusion de l’uncus de l’hippocampe (*) à travers l’incisure tentorielle. Notez le
bâillement paradoxal de la citerne ambiante homolatérale (flèche). (b) Schéma illustrant le mécanisme de bâillement de la citerne
ambiante avec protrusion de l’uncus de l’hippocampe à travers la tente du cervelet (flèche droite) responsable d’une compression
des espaces liquidiens périmésencéphaliques homolatéraux venant se déverser dans la citerne ambiante (flèche courbe) engen-
drant un élargissement de cette dernière. VL : ventricule latéral ; TC : tronc cérébral.
a b
Fig. 4-6. Engagement temporal interne droit avec effacement des citernes périmésencéphaliques et hernie transtentorielle
de l’uncus droit (traits pointillés).
Le mésencéphale est refoulé vers la gauche avec compression du pédoncule gauche contre la tente du cervelet (têtes de flèches).
a b
a b
Fig. 4-9. Engagement central avec effacement des citernes périmésencéphaliques et allongement de l’axe antéro-postérieur
du mésencéphale (double flèche).
38 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 4-10. TDM en coupes axiale (a) et sagittale (b).
Engagement amygdalien avec hernie des amygdales cérébelleuses (flèches) à travers le foramen magnum, sur une hauteur (trait
blanc perpendiculaire à l’axe basion-opisthon) supérieure à 5 mm sur les reconstructions sagittales.
Engagement amygdalien
Il est secondaire à des lésions de la fosse postérieure
ou concomitant d’un engagement diencéphalique.
Il correspond à une hernie des amygdales cérébel-
leuses à travers le foramen magnum.
● Diagnostic TDM
Verticalisation des tonsilles oblitérant le foramen
magnum sur les coupes axiales, avec une protru-
sion sur une hauteur supérieure ou égale à 5 mm Fig. 4-11. Angioscanner cérébral artériel en coupe axiale MIP.
sur les coupes sagittales (fig. 4-10). Illustration des rapports étroits entre la PICA (tête de flèche)
naissant de l’artère vertébrale en général et les amygdales
Ce type d’engagement peut engendrer une hydro- cérébelleuses (*).
céphalie par compression du 4e ventricule ou un
infarctus par compression vasculaire (artère cérébel-
leuse postéro-inférieure = PICA +++) (fig. 4-11). ● « Petit signe à ne pas manquer »
Un bâillement asymétrique de la citerne ambiante
signe la présence d’un engagement temporal interne.
Au total
• Analyse systématique de la topographie : Œdème cérébral
– du septum interventriculaire ;
– des uncus hippocampiques ; C’est la plus redoutée des complications précoces
– des amygdales cérébelleuses. car elle entraîne une augmentation de la pression
• Analyse systématique de la morphologie des citernes
intracrânienne (PIC) avec risque d’engagement
périmésencéphaliques.
et de lésions ischémiques associées. Sa présence
• Recherche de complications associées (tableau 4-2).
aggrave considérablement le pronostic.
Chapitre 4. Lésions secondaires 39
Tableau 4-2 Récapitulatif des complications de chaque inflammatoire diffuse, secondaire aux lésions axo-
type d’engagement. nales et endothéliales.
Type Complications Son étendue est maximale dans les 24–48 premiè-
d’engagement
res heures et perdure 1 à 2 semaines.
Sous-falcique Ischémie locale calleuse et cingulaire
par compression.
Ischémie territoire cérébral antérieur
(péricalleux++).
Image typique
Hydrocéphalie controlatérale d’exclusion.
Plusieurs signes permettent d’évoquer ce diagnos-
Temporal Ischémie locale de l’uncus par compression. tic en TDM (fig. 4-12) :
interne Ischémie territoire cérébral postérieur,
cérébelleux supérieur et choroïdien antérieur. • un effacement des sillons corticaux ;
Hydrocéphalie. • une petite taille des ventricules voire des ventri-
Encoche de Kernohan controlatérale. cules « fantomatiques » ;
Central Hydrocéphalie. • une dédifférenciation substance blanche-subs-
Ischémie médiomésencéphalique/hémorragie tance grise avec hypodensité globale du paren-
de Duret.
chyme encéphalique ;
Amygdalien Ischémie territoire PICA. • un engagement.
Hydrocéphalie.
Ces signes d’œdème cérébral peuvent être soit visi-
bles d’emblée sur la TDM surtout chez les enfants
Classiquement, il était admis que cet œdème était (pronostic réservé 40 à 50 % de mortalité), soit
dû à une augmentation de la perfusion sanguine apparaître secondairement selon l’évolution des
intracérébrale avec œdème vasogénique mais de lésions intracérébrales (lésions hémorragiques ou
nombreuses études récentes menées grâce aux ischémiques).
nouvelles performances de l’IRM (imagerie de
diffusion), tendent à démontrer que cet œdème
résulterait principalement d’un œdème cytotoxi- Pièges et difficultés diagnostiques
que. Il existerait une rupture de la barrière hémato-
encéphalique (BHE) de manière précoce et fugace Le piège principal est la « fausse » disparition
dans les quelques heures suivant le traumatisme des sillons corticaux due à la présence d’une
avec œdème vasogénique, rapidement relayé par HSA qui efface le contraste habituel entre les
un œdème cytotoxique engendré par une réaction espaces péricérébraux et le parenchyme adjacent.
a b
Fig. 4-12. Œdème cérébral diffus avec effacement des sillons corticaux et dédifférenciation SB-SG (a), entraînant un enga-
gement diencéphalique avec effacement des citernes de la base (b).
40 Traumatismes cranio-encéphaliques
Le traitement associe :
• des mesures antiœdémateuses avec maintien
d’une perfusion intracérébrale correcte (mais pas
trop élevée car risque d’hyperhémie et d’œdème
vasogénique) ;
• parfois un traitement chirurgical des lésions
aggravantes (drainage d’une hydrocéphalie, éva-
cuation d’un hématome intra- ou extra-axial…) ;
• voire dans les cas les plus critiques une craniec-
tomie de décompression.
Le pronostic est sombre si l’œdème persiste plus
de 48 heures avec une morbidité et une morta-
lité liées essentiellement aux lésions ischémiques
secondaires.
Fig. 4-13. Œdème cérébral diffus.
Notez l’aspect dense de la tente du cervelet en rapport avec
une « pseudo-HSA ». Notez aussi l’hypodensité temporale
interne gauche en rapport avec des lésions ischémiques Au total
secondaires à l’engagement central. • Diagnostic TDM = hypodensité diffuse du paren-
chyme encéphalique avec effacement des sillons cor-
Inversement l’œdème peut mimer une pseudo- ticaux et des citernes de la base.
HSA (fig. 4-13 et cf. chapitre dédié). • Difficulté diagnostique en présence d’une HSA.
• Diagnostic positif et de gravité = mesure directe de la PIC.
Il faut également se méfier d’une dédifférencia- • Pronostic sombre si persistance > 48 heures.
tion SB-SG qui peut être due à une lésion isché-
mique précoce. Dans ce cas, la plage hypodense
dédifférenciée sera localisée dans un territoire
vasculaire précis et sera en général unilatérale à Ischémie cérébrale
l’inverse de l’œdème cérébral qui est plus sou-
vent diffus. Ces deux entités sont cependant sou- Les mécanismes lésionnels sont multiples, l’isché-
vent associées, une lésion ischémique étendue mie cérébrale peut ainsi résulter d’un ou d’une :
pouvant entraîner secondairement un œdème • compression artérielle directe soit secondaire à
cérébral, et un œdème cérébral diffus pouvant un engagement (cf. tableau 4-2 et fig. 4-14)
engendrer des lésions ischémiques secondaires soit par un hématome volumineux ;
par compression des structures artérielles lors des • obstacle au retour veineux (ischémie veineuse) ;
engagements. • hypoperfusion systémique (ischémie dans les
Les ventricules sont de petite taille de manière territoires jonctionnels++) ;
normale chez les enfants et les adolescents donc • vasospasme si HSA de volume important ;
attention aux diagnostics abusifs d’œdème céré- • lésion vasculaire des axes cervicoencéphaliques
bral chez les jeunes patients. (embol).
Elle est présente dans 90 % des traumatismes crâ-
niens fatals.
Impact thérapeutique
Le diagnostic positif est posé par la mesure directe Image typique
de la PIC (pression intracrânienne). Il n’existe pas
de parallélisme entre l’importance et l’étendue Le diagnostic TDM est identique aux lésions isché-
de l’œdème en TDM et la valeur de la PIC, en miques non traumatiques à savoir dédifférencia-
revanche, cette dernière est bien corrélée au taux tion SB-SG (fig. 4-15), effacement des sillons
de mortalité des traumatisés crâniens. corticaux aboutissant à une plage d’hypodensité
Chapitre 4. Lésions secondaires 41
a b
Lésions vasculaires
Les différents types de lésions et leur site de prédi-
lection sont recensés dans le tableau 4-3.
Attention : les traumatismes vasculaires sont sou-
vent associés entre eux.
Ces lésions sont à rechercher essentiellement en cas
de fracture de la base du crâne et en cas de frac-
ture du rachis cervical. Avec la généralisation de
la TDM multibarrettes, le protocole d’acquisi-
tion peut inclure une hélice « artérielle » sur les
vaisseaux cervico-encéphaliques sans perturber
les temps d’acquisition classiques sur le thorax et
Fig. 4-16. Leucopathie périventriculaire d’allure vasculo- l’abdomen. Dans certains centres, leur recherche
dégénérative.
est désormais systématique dans tout protocole de
polytraumatisé avec une acquisition au temps arté-
riel du polygone de Willis jusqu’à la bifurcation
profonde, périventriculaire et sous-corticale, de aorto-iliaque puis une hélice au temps portal sur
topographie souvent bilatérale et symétrique l’abdomen et le pelvis.
(fig. 4-16) ;
Nous ne détaillerons pas dans ce chapitre les trans-
• les plages de contusions œdémateuses ne sont
sections artérielles qui sont souvent fatales avant
pas systématisées à un territoire vasculaire, elles
l’arrivée en salle de TDM et qui ne présentent
sont localisées au niveau des sites d’impact, sou-
pas de sémiologie scannographique problémati-
vent en regard de foyers fracturaires.
que. Il s’agit de patient très instable sur le plan
hémodynamique avec visualisation d’une extrava-
Impact thérapeutique sation de PDC extraluminale en périphérie d’un
vaisseau avec hématome rapidement extensif au
Le but du traitement est d’éviter la survenue de contact. Ces plaies transmurales artérielles sont
ce genre de complication qui génère beaucoup de plus fréquentes au niveau des segments cervicaux
séquelles fonctionnelles à long terme. Il faut donc des artères à destinée encéphalique (fig. 4-17) et
rapidement traiter les lésions initiales et assurer un sont plus fréquemment visualisées sur les artères
monitorage de la PIC et de la perfusion cérébrale carotides externes.
de manière optimale. Une surveillance en réani-
mation est donc indispensable afin d’équilibrer les
constantes hémodynamiques du patient et libérer Tableau 4-3 Sites préférentiels des lésions vasculaires
les voies aériennes pour maintenir une oxygéna- cervico-encéphaliques.
tion cérébrale correcte. Lésion Site préférentiel
Dissection artérielle
Carotide interne Trajet cervical+++ et intrapétreux
(moins fréquent).
Au total Vertébrale Segment V3++ et segment V2 en
• Plage d’hypodensité cortico-sous-corticale systéma- intraforaminal.
tisée à un territoire vasculaire. Fistule artérioveineuse Carotido-caverneuse.
• Pronostic fonctionnel et parfois vital. Thrombose veineuse Sinus longitudinal supérieur et sinus
• La règle : toute ischémie post-traumatique non expli- transverse.
quée doit faire pratiquer un examen des axes artériels Anévrisme intracrânien Carotide interne intracaverneuse.
cervico-encéphaliques à la recherche d’une dissection. Artère péricalleuse.
Chapitre 4. Lésions secondaires 43
a b
a b
Fig. 4-18. Dissection focale de la carotide interne gauche sur fracture de la base du crâne.
(a) Fracture de l’étage moyen de la base du crâne avec hémosinus sphénoïdal (*) et fracture du canal carotidien gauche (flèche)
avec esquille osseuse intracanalaire. (b) Angioscanner artériel avec réduction de la lumière circulante de la carotide interne gauche
(tête de flèche) au contact de l’esquille traduisant une dissection focale.
du crâne sont compliquées de lésions vasculai- lésions ischémiques intracérébrales qu’il faut
res dans environ 10 % des cas (fig. 4-18) ; il attentivement rechercher car elles aggravent le
y a autant de risque de dissection de l’artère pronostic fonctionnel. Inversement, toute lésion
controlatérale au foyer fracturaire que sur celle ischémique dans un contexte post-traumatique
homolatérale ; doit alerter le radiologue quant à la possibilité
• traumatisme pénétrant : ce type de traumatisme d’une dissection causale.
survient lors de blessures par arme à feu ou arme
blanche, surtout au niveau du cou. Pièges et difficultés diagnostiques
La lecture doit être attentive, en fenêtrage adé-
Image typique quat, et réalisée avec les outils diagnostiques que
Le diagnostic TDM repose sur la réalisation sont le MIP et le MPR, afin de dépister les subti-
d’un angioscanner artériel des vaisseaux cervico- lités sémiologiques que requiert parfois ce genre
encéphaliques. On recherchera : de diagnostic. De plus, la présence de matériel
• une augmentation du calibre total de l’artère dentaire (amalgames) peut générer des artéfacts
avec réduction de la lumière circulante par un créant de fausses images de défects endoluminaux
épaississement pariétal circonférentiel ; et source de faux positifs. La technique scanno-
• un flap intimal inconstant correspondant à un graphique peut être déficiente, notamment en
défect linéaire intraluminal ; cas de quantité insuffisante de PDC injecté ou de
• une sténose effilée/fusiforme due à un héma- mauvais temps d’acquisition. Il faut savoir dépis-
tome mural, débutant à quelques centimètres du ter ces lacunes techniques et renouveler l’examen
bulbe et s’étendant jusqu’en intrapétreux (mode en cas de doute diagnostique ou bien réaliser une
de révélation fréquent) ; cette sténose peut être IRM cervico-encéphalique avec séquences T1 ou
focale ou longue, et est en général excentrée ; T2 avec suppression de graisse sur le cou afin de
• une occlusion complète ; dépister les éventuels hématomes de paroi.
• un pseudo-anévrisme, ou plutôt une dissection Le principal diagnostic différentiel concerne les
anévrismale surtout localisée dans le segment lésions athéroscléreuses mais la sténose est alors plus
sous-pétreux (fig. 4-19). courte, plus irrégulière, souvent localisée au niveau
Compte tenu de son potentiel emboligène, toute du bulbe ou de la portion proximale de la carotide
dissection carotidienne peut s’accompagner de interne, avec des calcifications pariétales focales et
Chapitre 4. Lésions secondaires 45
a b
une surcharge athéromateuse visible sur les autres avec subluxation, se compliquent de dissection
axes artériels. Le terrain est différent, l’athérome vertébrale.
survenant chez des patients plus âgés que ceux ren-
contrés habituellement dans le cadre des AVP. Image typique
La sémiologie en TDM est identique à celle des
Impact thérapeutique
lésions carotidiennes (fig. 4-20).
Le traitement est médicamenteux (anticoagulant
ou antiagrégant selon les équipes) permettant de Pièges et difficultés diagnostiques
diminuer par cinq le risque d’AVC ischémique.
Les variantes anatomiques fréquentes du calibre
Le traitement endovasculaire (stenting carotidien) des artères vertébrales peuvent poser un pro-
ou chirurgical peut être proposé en cas de sténose blème diagnostique. Il peut alors être difficile
supérieure à 25 % en réduction de diamètre (ris- de trancher entre une artère vertébrale hypopla-
que de complications accru), en présence d’un sique et une artère vertébrale disséquée. Pour
pseudo-anévrisme ou d’une dissection symptoma- différencier ces deux entités, il suffit d’analyser
tique (ischémie). le calibre du vaisseau par rapport au calibre du
foramen :
Dissection vertébrale
• si le calibre du foramen est nettement supérieur
Presque un quart des fractures rachidiennes cer- au calibre du vaisseau alors le vaisseau est vrai-
vicales passant par les foramens transversaires ou semblablement disséqué ;
46 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
c d
Anévrisme intracrânien
Image typique
Le diagnostic doit être évoqué en présence d’une
HSA de volume trop important, avec une localisa-
tion préférentielle au niveau de la scissure interhé-
misphérique, d’une vallée sylvienne ou des citernes
de la base et contrastant avec un faible nombre de
lésions associées intracérébrales.
Le diagnostic positif est posé au moindre doute
par la réalisation d’un angioscanner du polygone
de Willis à la recherche d’une image d’addition
Fig. 4-21. Angioscanner en coupe axiale. vasculaire, en général sacciforme, sur une branche
Artère vertébrale gauche dominante. Notez l’asymétrie de
calibre des foramens qui témoigne bien d’une artère verté-
artérielle encéphalique (fig. 4-23). Lorsqu’il est
brale droite « dominée » et non disséquée puisque le calibre du rompu, il entraîne parfois un hématome intrapa-
foramen est concordant avec celui de l’artère. renchymateux au contact.
48 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 4-22. IRM pondérée T2 en coupes axiale (a) et coronale T2 (b) puis
axiale dynamique après injection de gadolinium (c).
Fistule carotido-caverneuse droite post-traumatique avec exophtalmie de
grade II, dilatation (flèche) et opacification précoce (tête de flèche) de la
c veine ophtalmique supérieure.
a b
Fig. 4-24. TDM non injectée en fenêtrage osseux (a) et angioscanner veineux (b).
Fracture-disjonction temporo-occipitale gauche (flèche noire) passant par le foramen jugulaire (tête de flèche) avec thrombus au
sein du sinus sigmoïde et du golfe jugulaire (flèches blanches).
50 Traumatismes cranio-encéphaliques
Un défaut d’opacification d’un sinus peut résul- • absence totale de conscience et d’activité
ter d’un défaut technique avec une injection motrice ;
sous-optimale (trop faible quantité de produit de • abolition de tous les réflexes du tronc cérébral ;
contraste injecté ou temps d’acquisition inadé- • absence totale de ventilation spontanée […]
quat…). Il faut alors savoir réitérer les examens vérifiée par une épreuve d’hypercapnie. »
afin de ne pas porter de diagnostic abusif. « De plus en complément des trois critères clini-
ques mentionnés à l’article R. 671-7-1, il doit être
Impact thérapeutique recouru pour attester du caractère irréversible de
Le traitement est médicamenteux avec mise la destruction encéphalique… :
en place d’une anticoagulation en l’absence de • soit à deux électroencéphalogrammes nuls et
lésions associées hémorragiques contre indiquant aréactifs effectués à un intervalle minimal de
son utilisation. quatre heures, réalisés avec amplification maxi-
male sur une durée d’enregistrement de trente
Au total minutes et dont le résultat doit être immédia-
tement consigné par le médecin qui en fait
• En urgence, angioscanner artériel cervico-encéphali-
l’interprétation ;
que systématique à la recherche d’une dissection si :
– fracture du rachis cervical : foramen transverse,
• soit à une angiographie objectivant l’arrêt de la
fracture-luxation ou mécanisme en distraction ; circulation encéphalique et dont le résultat doit
– fracture de la base du crâne passant par le canal être immédiatement consigné par le radiologue
carotidien ; qui en fait l’interprétation. »
– toute lésion ischémique encéphalique inexpliquée. Depuis l’article de B. Dupas paru dans l’American
• En urgence, angioscanner veineux encéphalique sys- Journal of Neuroradiology en 1998, il existe des
tématique à la recherche d’un thrombus si : critères angioscannographiques de mort encépha-
– fracture de la base du crâne passant par le fora-
lique validés par la Société française de radiologie
men jugulaire ;
– fracture de la voûte crânienne passant à proximité
et d’anesthésie-réanimation en 2003.
d’un sinus veineux. La Société française de neuroradiologie a édité
• Toute irrégularité de calibre d’une artère est un signe des recommandations en 2007 que nous allons
de dissection jusqu’à preuve du contraire et doit faire détailler.
réaliser une artériographie au moindre doute.
seize barrettes et ce afin d’obtenir des coupes pour pouvoir déclencher manuellement l’hélice
inframillimétriques. lorsque celles-ci seront opacifiées.
L’injection de PDC est effectuée par voie anté-
Protocole de l’angioscanner cubitale grâce à un injecteur automatique avec
Le but de l’examen est de prouver l’arrêt circu- un volume de 2 cc/kg injecté à un débit de
latoire encéphalique. Il faut programmer plu- 3 cc/s.
sieurs volumes d’acquisition couvrant tout le crâne La première hélice post-injection est déclenchée
depuis C1-C2 jusqu’au vertex avec les mêmes manuellement à l’arrivée du PDC dans les caro-
paramètres d’acquisition en coupes fines inframil- tides. Cette phase précoce permet de s’assurer de
limétriques. Chaque acquisition doit durer moins l’opacification de l’artère temporale superficielle
de 15 secondes. (branche de la carotide externe) qui témoigne
La première série est réalisée sans injection et ser- d’une bonne qualité de l’injection.
vira de référence. Elle permet d’apprécier l’état Puis la série suivante sera réalisée à 60 secondes au
du parenchyme encéphalique et de déterminer les moins après le début de l’injection. Il faut ensuite
zones hémorragiques. reconstruire les images en coupes de 10 mm
On réalise une coupe de référence à hauteur de d’épaisseur tous les 5 mm puis réaliser une coupe
l’os hyoïde afin de repérer les artères carotides épaisse MIP sagittale médiane.
a b
a b
Bibliographie
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qui apparaissent grêles (fig. 4-27). Cet aspect Nunez D.B., Jr., Berkmen T. Imaging of blunt cerebrovas-
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encéphaliques dû à l’hyperpression intracrânienne Osborn A.G. Diagnostic imaging : Brain. W.B. Saunders,
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res est constante, liée à l’existence d’anastomoses multidetector CT angiography. Radiographics 2008 ;
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l’artère ophtalmique devenant fonctionnelles en Sliker C.W., Mirvis S.E. Imaging of blunt cerebrovascular
l’absence de flux dans la carotide interne. Il existe injuries. European Journal of Radiology 2007 ; 64 (1) :
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externe vers l’artère ophtalmique générant un England Journal of Medicine 2001 ; 344 (16) :
retour veineux par les veines ophtalmiques. 1215–1221.
Chapitre 5
Lésions osseuses
TDM en traumatologie
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
56 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 5-2. TDM en coupes axiales zoomées en fenêtrage osseux.
(a) Vaisseau nourricier (flèche) et suture sagittale (tête de flèche). (b) Trait de fracture de l’os pariétal droit.
a b
Fig. 5-4. TDM en coupes axiales, fenêtrage osseux (a) et parties molles (b).
Embarrure fermée pariéto-temporale droite avec contusions parenchymateuses hémorragiques et lame d’HSD en regard. Notez
la contusion hémorragique de contrecoup (flèche).
58 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 5-5. TDM en coupes axiales en fenêtrage osseux (a), parties mol-
les (b) et reconstruction VR (c).
Embarrure postérieure pariéto-occipitale avec au niveau du « coup » une
lame d’HSD et un aspect de thrombus du sinus longitudinal supérieur
(flèche) vérifié par angioscanner veineux. Notez les contusions bifrontales
de contrecoup (*). Notez encore une fois la dépression centrale de la
c fracture sur les images 3D.
a b
Fig. 5-6. Reconstruction VR de la boîte crânienne avec une vue supérieure de l’endocrâne (a) et TDM en coupe sagittale
médiane (b), illustrant la division de la base du crâne en trois étages avec des limites représentées en trait rouge.
Fracture de l’étage antérieur par atteinte des bulbes olfactifs cheminant juste
au dessus ;
Les fractures de l’étage antérieur comprennent : •• la présence de fragments osseux intra-orbitaires
•• les fractures du toit de l’orbite (= processus pouvant être conflictuels sur le muscle droit
orbitaire de l’os frontal) ; supérieur ou compressifs sur le nerf optique ;
•• les fractures du sinus frontal ; •• l’existence d’une exophtalmie lors d’une frac-
•• les fractures de la lame criblée de l’ethmoïde (les ture du toit de l’orbite lié à un mécanisme de
fractures de la lame perpendiculaire appartenant blow in ; il s’agit d’une modification du volume
aux fractures du massif facial). intra-orbitaire lié au déplacement des fragments
osseux à l’intérieur de l’orbite, entraînant
Image typique
une antéprojection du contenu orbitaire avec
Le diagnostic TDM est facile, on visualise un trait exophtalmie ; celle-ci est classée en trois grades
de fracture simple ou comminutif, déplacé ou non, de gravité croissante par la mesure de l’antépro-
sur une ou plusieurs pièce(s) osseuse(s) de l’étage jection de la partie postérieure du globe ocu-
antérieur. Le diagnostic est souvent orienté par la laire par rapport à une ligne bicanthale tracée
présence d’un hémosinus ethmoïdal ou frontal. en coupes axiales. Ainsi on définit un grade I
Plusieurs éléments sont à préciser pour le clinicien lorsque la partie postérieure du globe croise
avec l’aide des reconstructions coronale et sagit- encore la ligne bicanthale avec une antéprojec-
tale, pour apprécier : tion du globe entre 75 et 100 % de son diamè-
•• le degré de déplacement et de comminution de tre antéro-postérieur ; le grade II (fig. 5-8) est
la lame criblée car il existe un risque d’anosmie défini lorsque la partie postérieure du globe est
a b
Fig. 5-8. TDM en coupes coronale (a), sagittale (b) et axiale (c).
Fracture comminutive du toit de l’orbite gauche et de la lame criblée
(flèche) droite avec pneumencéphalie (tête de flèche). Esquilles osseuses
intra-orbitaires conflictuelles sur le muscle droit supérieur (*) et venant en
contact avec le globe oculaire. Exophtalmie de grade II à gauche avec
c face postérieure du globe tangent à la ligne bicanthale.
Chapitre 5. Lésions osseuses 61
tangente à la ligne bicanthale (antéprojection peut jouer un rôle déterminant pour établir un bilan
de 100 %) ; le grade III est une antéprojection topographique préchirurgical précis de la brèche
supérieure à 100 % avec absence de contact par la réalisation d’un cisterno-scanner (injection
entre la ligne bicanthale et la face postérieure sous-arachnoïdienne de PDC iodé par ponction
lombaire puis acquisition spiralée en procubitus,
du globe ;
tête abaissée afin d’objectiver la brèche) ou d’une
• l’existence d’une pneumencéphalie qui signe
IRM comprenant notamment des séquences T2
la présence d’une brèche ostéoméningée par CISS en coupes fines.
lésion traumatique de la dure-mère (++ si frac- La vaccination antipneumococcique reste
ture de la paroi postérieure du sinus frontal ou de rigueur ainsi qu’un traitement antibiotique
de la lame criblée). préventif d’emblée.
Dans environ 20 % des cas, ces fractures coexistent
avec des lésions intraparenchymateuses surtout Impact thérapeutique
frontales (mécanisme d’impact direct) qu’il faut Ces fractures ne constituent pas une urgence
savoir rechercher. thérapeutique proprement dite, leur pronostic
dépend des lésions associées et de la présence
● « Les brèches ostéoméningées »
d’une éventuelle brèche ostéoméningée. Tout
Les brèches ostéoméningées sont présentes dans
20 % des traumatismes de la base du crâne, leur fragment osseux conflictuel sur les structures ner-
révélation tardive est cause de méningite bacté- veuses (nerf optique, nerf olfactif) doit être enlevé
rienne (pneumocoque notamment). Le diagnostic pour diminuer les séquelles sensorielles.
est évoqué cliniquement devant une rhinorrhée ou Le pronostic esthétique est engagé avec possibilité
une otorrhée persistante avec test au glucose ou à de chirurgie de reconstruction différée.
la bêtatransferrine positif. Radiologiquement, toute
fracture faisant communiquer les espaces péricéré-
braux avec les espaces aériens (sinus, air ambiant
ou oreille moyenne) traduit une brèche ostéomé- Au total
ningée (tableau 5-2). Une pneumencéphalie est un • Devant une fracture de l’étage antérieur de la base du
signe indirect du diagnostic. crâne, préciser l’existence ou non :
Le traitement est conservateur dans un premier – d’une pneumencéphalie (traduisant l’existence
temps avec alitement complet, surélévation de la d’une brèche ostéoméningée) ;
tête du lit et ponctions lombaires déplétives afin de – d’une variation de hauteur et/ou une comminution
diminuer le flux au niveau de la brèche permettant de la lame criblée ;
ainsi sa fermeture spontanée ce qui est la règle – de fragments osseux intra-orbitaires et/ou d’une
dans la grande majorité des cas. exophtalmie.
Si la brèche est toujours présente au-delà de
8 jours, un traitement chirurgical différé par voie
endoscopique ou par voie ouverte est envisagea-
ble afin de suturer la brèche et d’éviter les risques Fracture de l’étage moyen
ultérieurs de méningo-encéphalite. Le radiologue
Nous décrirons dans ce chapitre les fractures du
sphénoïde et du rocher.
a b
c d
e f
Fig. 5-9. TDM en coupes axiales de haut en bas respectivement de a à h : topographie et contenu des foramens de la base
du crâne.
Partie droite de l’image : structures osseuses surlignées (trait rouge = os sphénoïde ; trait bleu = os occipital ; trait vert = os eth-
moïde - trait jaune = os temporal). Partie gauche de l’image : foramens.
1 : canal optique (II et artère ophtalmique) ; 2 : fissure orbitaire supérieure (V1, IV, III, VI, veine ophtalmique supérieure) ; 3 : foramen
rond (V2), situé à la partie haute de la fente sphéno-palatine ; 4 : fissure orbitaire inférieure ; 5 : conduit auditif interne (VII et VIII et
artère labyrinthique) ; 6 : fente sphéno-palatine = ptérygo-palatine ; * : foramen déchiré antérieur = foramen lacerum (nerfs grand
pétreux superficiel, branche du VII et profond, branche du IX), 7 : canal carotidien (artère carotide interne) ; 8 : foramen ovale (V3 et
artère méningée accessoire) ; 9 : foramen épineux (artère et veine méningées moyennes, rameau méningé du V3) ;
Chapitre 5. Lésions osseuses 63
g h
Fig. 5-9. (Suite)
10 : foramen jugulaire (IX, X, XI, artère méningée postérieure et golfe jugulaire) ; 11 : foramen stylomastoïdien (VII) ; 12 : canal
condylien antérieur (XII).
a b
Fig. 5-10. Fracture complexe du corps et de la grande aile droite du sphénoïde (têtes de flèche) à trait principal coronal
oblique passant par l’ATM droite, le foramen ovale (*), les parois du sinus sphénoïde (S) avec hémosinus.
Trait de refend au niveau de la selle turcique (T) et au niveau de la fissure orbitaire supérieure controlatérale (flèches).
64 Traumatismes cranio-encéphaliques
Le pronostic fonctionnel peut être engagé du fait compression (par un hématome ou un fragment
des nombreuses voies de passage vasculo-nerveuses osseux), ou par œdème des gaines entraînant une
au sein de cette structure osseuse (tableau 5-3). neuropathie transitoire régressant avec des traite-
Les atteintes nerveuses sont soit directes et irré- ments antiœdémateux.
versibles par section axonale, soit indirectes par Le risque de lésion vasculaire (artérielle ou vei-
neuse) justifie la réalisation systématique d’un
Tableau 5-3 Récapitulatif des risques vasculo-nerveux angioscanner cervico-encéphalique, et ce d’autant
en fonction de la pièce osseuse fracturée.
plus que les traits de fracture passent par le canal
Pièce osseuse Risques carotidien ou le foramen jugulaire.
fracturée
Selle turcique Proximité de la loge caverneuse avec risques :
• d’atteinte vasculaire : dissection Pièges et difficultés diagnostiques
carotidienne, fistule carotido-caverneuse,
thrombose caverneuse ; Le piège classique consiste à confondre la syn-
• d’atteinte nerveuse (III, IV, VI, V1, branche chondrose sphénopétreuse avec un trait de fracture
du V2) ; mais la comparaison avec le côté sain (s’il l’est !)
• de troubles endocriniens (hypophyse) ; éliminera tout doute diagnostique (fig. 5-11).
• d’atteinte du chiasma optique.
Grande aile Foramen rond (V2).
Foramen ovale (V3).
Foramen épineux (artère et veine méningées
Impact thérapeutique
moyennes). Les fractures du sphénoïde n’ont pas d’impact
Fissure orbitaire supérieure (apex orbitaire). sur la mortalité et pas de traitement spécifique.
Apex orbitaire Atteinte du canal optique (nerf optique II En revanche, elles ont un pronostic fonctionnel
et artère ophtalmique).
parfois lourd en fonction des structures vasculo-
Syndrome de la fissure orbitaire supérieure
(III, IV, VI, V1 et veine ophtalmique supérieure). nerveuses lésées.
Sinus Brèche ostéoméningée. La présence d’une brèche ostéoméningée doit
Synchondrose Proximité du canal carotidien en arrière (risque induire un traitement adéquat (cf. p. 61, brèche
sphénopétreuse vasculaire = dissection). ostéoméningée). La présence d’un traumatisme
Proximité du foramen ovale en avant (V3). vasculaire associé nécessite la mise en place d’une
Proximité du foramen lacerum.
anticoagulation.
a b
Fig. 5-11. TDM en coupes axiales, fenêtrage osseux.
Synchondrose sphénopétreuse (flèches blanches), suture occipito-temporale (têtes de flèches blanches), suture sphéno-temporale
(tête de flèche noire) et suture sphéno-zygomatique (flèche noire).
Chapitre 5. Lésions osseuses 65
a b
c d
Fig. 5-12. Rappel anatomique du rocher. u
TDM en coupes axiales de bas en haut (respectivement de a à d) sur le rocher droit.
66 Traumatismes cranio-encéphaliques
e f
Fig. 5-12. (Suite)
Reconstruction coronale en (e) visualisant bien la 3e portion du nerf facial.
Reconstruction axiale oblique sur l’étrier en (f), visualisant bien l’articulation des deux branches de l’étrier au niveau de la
fenêtre ovale.
* : conduit auditif interne ; 1 : cochlée ; 2 : vestibule ; 3 : canal semi-circulaire postérieur ; 4 : 2e portion du facial ; 5 : fenêtre ovale ;
6 : tête du marteau ; 7 : enclume ; 8 : courte apophyse de l’enclume ; 9 : manche du marteau ; 10 : étrier ; 11 : 1re portion du facial ;
12 : ganglion géniculé ; 13 : canal semi-circulaire latéral ; 14 : canal du muscle du marteau ; 15 : 3e portion du facial ; 16 : fenêtre
ronde ; 17 : longue apophyse de l’enclume.
a b
Fig. 5-14. TDM du rocher gauche en coupes axiale (a) et coronale (b).
Fracture complexe du rocher, extra-labyrinthique avec atteinte de la face endocrânienne du rocher à proximité du sinus transverse
(flèche). Trait de refend au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire (tête de flèche) et au niveau du tegmen tympanii (*).
Brèche ostéoméningée certaine.
68 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 5-15. TDM du rocher droit (a) et gauche (b).
Fracture longitudinale, extra-labyrinthique du rocher gauche (flèches), avec disjonction uncudo-malléaire (*). Comparez au côté
controlatéral, sain, où la morphologie du « cornet de glace » est respectée.
a b
Fig. 5-16. Fracture extra-labyrinthique du rocher gauche avec dislocation de l’enclume qui n’est pas en position anatomique
normale (*) mais luxée dans le CAE (flèche blanche).
a b
Fig. 5-17. Fracture extra-labyrinthique du rocher gauche avec disjonction uncudo-stapédienne (*) bien visible malgré l’hé-
motympan en reconstructions axiale oblique dans l’axe de l’étrier (a) et coronale oblique (b).
Chapitre 5. Lésions osseuses 69
Au total
• Conduite à tenir devant une fracture du rocher, ce que
doit préciser le compte rendu :
– fracture extra ou translabyrinthique ;
– vérifier l’intégrité de la chaîne ossiculaire ;
– vérifier l’intégrité du canal du facial ;
– rechercher des arguments en faveur d’une brèche
ostéoméningée (pneumencéphalie, fracture du teg-
men tympanii…) ;
– bilan des lésions traumatiques intracérébrales au
Fig. 5-18. Fracture transversale du rocher gauche avec contact.
disjonction uncudo-malléaire et pneumolabyrinthe (flèche)
témoignant d’une atteinte traumatique de la région des
• Angioscanner veineux si atteinte de la face endocrâ-
fenêtres. Il s’agit donc d’une fracture translabyrinthique. nienne du rocher !
70 Traumatismes cranio-encéphaliques
Image typique
Le massif facial est doté d’une armature osseuse
solide constituée de poutres horizontales et de Le diagnostic TDM est facile si le trait est trans-
piliers verticaux qui supportent la forme et la versal ou oblique sur les reconstructions sagittales
Chapitre 5. Lésions osseuses 71
a b
Fig. 5-20. Fracture des os nasaux en reconstruction sagittale (a) et 3D VR (b).
Notez qu’il existe également une fracture du processus frontal du maxillaire et du plancher de l’orbite gauche.
a b
Fig. 5-23. TDM en coupes axiales (a et b).
Signes indirects de fracture du plancher avec hémosinus maxillaire droit (*) et pneumorbite (flèche) droit.
a b
Fig. 5-24. TDM de la face en coupes coronale (a) et sagittale (b).
Fracture du plancher de l’orbite droit avec fragment osseux intra-sinusien flèche et incarcération graisseuse (tête de flèche) dans
le foyer fracturaire. Le muscle droit inférieur (*) reste en place, de taille et de morphologie normales.
74 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 5-25. TDM en coupes coronales.
Fracture du plancher de l’orbite gauche (flèche) avec incarcération graisseuse et aspect arrondi du muscle droit inférieur (tête de
flèche) en faveur d’une incarcération.
a b
Fig. 5-26. TDM en coupes coronale (a) et axiale (b).
Fracture de l’os frontal gauche (flèche) irradiant à son processus orbitaire (= toit de l’orbite) et entraînant une exophtalmie de
grade II. Notez la présence d’un pneumorbite par fracture de la lame papyracée associée.
Chapitre 5. Lésions osseuses 75
papyracée. Elles résultent d’un mécanisme de blow du nerf optique ou d’un syndrome de la fissure
out comme celles du plancher et comportent un orbitaire supérieure soit par section nerveuse soit
risque d’incarcération du muscle droit interne et/ par compression (hématome ou fragment osseux
ou de la graisse orbitaire dans le labyrinthe eth- comminutif conflictuel). Le pronostic visuel est
moïdal. Les signes TDM d’incarcération sont engagé et un geste chirurgical de décompression
identiques à ceux rencontrés lors de l’incarcéra- peut être nécessaire en urgence.
tion du muscle droit inférieur dans les fractures
du plancher (fig. 5-27). Il existe de même un Lésion du globe oculaire
risque d’énophtalmie. Un hémosinus ethmoïdal
est constant. Ces fractures sont soit isolées, soit Les lésions du globe oculaire mettent en jeu le
intégrées dans des fractures plus complexes (Le pronostic visuel et sont à rechercher systématique-
Fort II ou III, CNEMFO…). Le traitement est ment. On décrit :
chirurgical. •• des ruptures du globe visualisées en TDM sous
la forme d’une déhiscence de la paroi postérieure
Fracture de la paroi latérale du globe (fig. 5-28) ou d’un épaississement
postérieur de la sclère ou d’un niveau liquide-
La paroi latérale est la paroi la plus solide du cadre liquide intra-oculaire ; en cas de traumatisme
orbitaire. Elle nécessite un traumatisme violent pénétrant de l’œil, il peut exister un affaissement
latéral pour se fracturer et correspond aux fractu- global du globe avec perte de sa sphéricité ;
res du zygoma qui sont décrites p. 77. •• des hémorragies du vitré ou de la sclère ;
•• des corps étrangers intra-oculaires plus ou moins
Fracture de l’apex orbitaire détectables en TDM selon leur nature : le verre
Les fractures de l’apex orbitaire ne sont jamais iso- (surtout s’il est teinté) et les métaux sont radio-
lées, elles résultent souvent d’une extension frac- opaques alors que les végétaux et le plastique
turaire à partir d’un traumatisme facial (CNEMFO sont radiotransparents ;
ou Le Fort) ou d’un traumatisme de la base du •• des cataractes traumatiques visualisées sous la
crâne (fracture sphénoïdale ou temporale). Par forme d’hypodensité globale du cristallin ;
souci de simplicité, nous les avons assimilées aux •• des luxations du cristallin (fig. 5-29).
fractures de l’étage moyen de la base du crâne Les lésions du nerf optique sont à rechercher en
(cf. p. 61). Elles comportent un risque d’atteinte comparant le diamètre des deux nerfs optiques en
Fig. 5-27. Fracture de la lame papyracée droite avec incar- Fig. 5-28. Hématome intra-oculaire gauche avec défor-
cération graisseuse et musculaire (droit médial) comme en mation de la paroi postérieure du globe témoignant d’une
témoigne l’aspect globuleux du muscle (flèche). vraisemblable rupture du globe.
76 Traumatismes cranio-encéphaliques
Fig. 5-29. Luxation du cristallin droit (tête de flèche) dans Fig. 5-30. Fracture fronto-ethmoïdo-orbitaire respectant
le vitré. les os nasaux.
Au total
Dans une fracture de type CNEMFO, décrire :
• la comminution du processus frontal du maxillaire
et l’existence d’un éventuel télécanthus ;
• la présence d’une pneumencéphalie ;
• l’atteinte du canal fronto-nasal ou du canal lacrymo-
nasal ;
• la comminution éventuelle d’une fracture de la lame
criblée.
Fracture du zygoma
Fig. 5-31. Schémas illustrant la classification de Manson
(flèche : ligament du canthus interne). Cette fracture résulte d’un choc direct latéral et
(a) Fracture de type I avec détachement d’un large fragment violent.
osseux du processus frontal du maxillaire. (b) Fracture de
Le zygoma forme le relief de la pommette du visage
type II avec comminution du processus frontal du maxillaire
sans atteinte du ligament. (c) Fracture de type III avec avulsion et a un rôle esthétique. Il pose des problèmes
du ligament du canthus interne responsable d’un télécanthus. fonctionnels en cas de fracture avec un retentisse-
a b
Fig. 5-32. Rappel anatomique en coupes coronale (a) et axiale (b) du trajet du canal fronto-nasal (flèches).
En cas de fracture de ce canal, il existe un risque de mucocèle frontal.
78 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
c d
Fig. 5-34. TDM du zygoma illustrant les « 4 pieds anatomiques ».
1 : suture fronto-zygomatique, bien analysable en coupe coronale ; 2 : suture temporo-zygomatique, formant l’arcade zygomati-
que ; 3 : suture maxillo-zygomatique, bien analysable en coupe axiale ; 4 : suture sphéno-zygomatique, bien analysable en coupe
axiale, et la seule suture mal visible sur les reconstructions 3D car trop profonde.
Chapitre 5. Lésions osseuses 79
prise en charge thérapeutique. Ainsi, les « 4 pieds » que (plutôt que fracture tripode qui est un terme
biomécaniques sont le processus zygomatique impropre) qui associe (fig. 5-36) :
de l’os temporal, le cintre maxillo-zygomatique, •• un diastasis de la suture fronto-zygomatique ;
le rebord orbitaire inférieur et le pilier fronto- •• une fracture du corps du zygoma passant par
zygomatique. La jonction avec le sphénoïde ne le plancher de l’orbite (= rebord orbitaire
serait qu’anatomique. inférieur, chercher atteinte du canal du nerf
Les fractures isolées de l’arcade zygomatique sont infra-orbitaire) et la paroi antérieure du sinus
fréquentes alors que les fractures isolées du corps maxillaire (= cintre maxillo-zygomatique) ;
ou de la suture fronto-zygomatique sont rares •• et une fracture de l’arcade zygomatique.
(fig. 5-35). Les reconstructions MPR et 3D sont indispensa-
Il existe souvent une association lésionnelle bles pour nos confrères chirurgiens, notamment
comme la fracture-dysjonction de l’os zygomati- pour apprécier le déplacement et l’impaction des
fragments osseux (fig. 5-37).
Fig. 5-35. Fracture multifocale et impactée de l’arcade Fig. 5-36. Illustration d’une fracture-dysjonction de l’os
zygomatique droite. zygomatique.
La projection du sinus maxillaire est matérialisée par l’ombre
grisée.
a b
Fig. 5-37. TDM en reconstruction 3D (a) et en coupe axiale (b).
Fracture-disjonction zygomatique (têtes de flèche) avec comminution de l’arcade zygomatique (*) et impaction (flèche) du zygoma
par rapport au côté controlatéral. Indication chirurgicale.
80 Traumatismes cranio-encéphaliques
Au total
• Fracture isolée de l’arcade zygomatique fréquente.
• Rechercher association lésionnelle : fracture-dys-
jonction zygomatique ++.
• Décrire le degré d’impaction et le degré de comminu-
tion de la fracture.
• Décrire l’atteinte du processus sphénoïdal avec son
déplacement.
• Vérifier l’intégrité du contenu orbitaire.
Fractures de Le Fort
Décrites en 1901 par le René Le Fort, elles résul-
tent d’un choc direct et consistent en une désu-
nion du maxillaire de la base du crâne. Pour parler
de fracture de Le Fort, il faut donc impérative- Fig. 5-39. Illustration d’une fracture de Le Fort II = « fracture
ment une séparation entre la partie postérieure des pyramidale ».
Elle passe par la suture fronto-maxillaire, la paroi médiale de
sinus maxillaires et les processus ptérygoïdes.
l’orbite, vers le plancher de l’orbite et le foramen infra-orbitaire,
Attention : une fracture des processus ptérygoïdes jusqu’à la suture zygomato-maxillaire et le tiers moyen des
n’est pas synonyme de fracture de Le Fort et peut processus ptérygoïdes. Le zygoma est respecté, il reste soli-
daire du crâne.
survenir en continuité d’une simple fracture de la
base du crâne.
Les fractures de Le Fort sont classées en trois Ces fractures sont classiquement bilatérales et
stades en fonction de la topographie du trait de horizontales mais souvent incomplètes, unilatéra-
fracture. Ces différents stades (respectivement Le les (hémi-Le Fort), associées entre elles ou avec de
Fort I, II et III) sont illustrés et détaillés à partir multiples traits de refend verticaux (fig. 5-41).
des reconstructions 3D VR ci-dessous (fig. 5-38, La TDM en coupes axiales, avec l’aide des recons-
5-39 et 5-40). tructions sagittales et surtout coronales, permet
Chapitre 5. Lésions osseuses 81
a b
Fig. 5-43. Schéma illustrant l’anatomie sur l’hémimandibule droite et les principaux traits de fracture sur l’hémimandibule
gauche.
* : processus alvéolaire ; 1 : fracture du coroné ; 2 : fracture condylienne ; 3 : fracture sous-condylienne haute ; 4 : fracture sous-
condylienne basse ; 5 : fracture angulaire ; 6 : fracture du corpus passant par la racine de la dent 35 ; 7 : fracture parasymphysaire ;
8 : fracture symphysaire.
a b
Fig. 5-44. TDM en reconstructions sagittale oblique (a) et coronale (b).
Fracture de l’angle mandibulaire gauche (flèche noire) passant par le canal du nerf alvéolaire inférieur (tête de flèche) et par l’os
alvéolaire de la dent incluse (flèche blanche), à la fois sur son versant lingual et vestibulaire, témoignant d’une fracture ouverte.
(fig. 5-44). La fracture peut être isolée ou fréquem- aiguë nécessitant une traction de la mandibule
ment associée à une fracture du condyle controla- vers l’avant.
téral. On ne manquera pas de préciser les éventuels Lors des fractures du corpus et de l’angle, il faut
foyers infectieux dentaires pré existants (caries, gra- systématiquement rechercher une atteinte du
nulomes apicaux…) qui devront être traités dans canal du nerf alvéolaire inférieur.
le même temps pour limiter les risques septiques.
Les fractures condyliennes sont directement arti-
C’est une urgence chirurgicale et une indication à
culaires et exposent au risque d’ankylose. Le frag-
une antibiothérapie intraveineuse d’emblée.
ment supérieur est en général déplacé en avant et
Dans la fracture parasymphysaire bilatérale, le en dedans par la traction du muscle ptérygoïdien
fragment médian détaché recule par traction de latéral (fig. 5-45). Le condyle est ainsi souvent
la langue avec risque de glossoptose et d’asphyxie luxé ou subluxé.
84 Traumatismes cranio-encéphaliques
a b
Fig. 5-45. TDM en coupes axiale (a) et sagittale oblique (b).
Fracture comminutive sous-condylienne droite à trait de refend condylien haut avec luxation du condyle (flèche) en avant et en
dedans par traction du muscle ptérygoïdien latéral. Notez la vacuité de la fosse condylienne temporale (*) sur les différentes
reconstructions.
a b
Fig. 5-46. TDM en coupe axiale (a) et reconstruction 3D (b).
Fractures sous-condyliennes basses (flèches blanches) bilatérales et déplacées.
Le but du traitement est de rétablir l’articulé den- buccale ; en cas de subluxation antérieure des
taire. En cas de fracture fermée, le traitement est condyles en TDM, vérifier que la bouche est fer-
chirurgical en fonction du déplacement, différé de mée avant de porter à tort le diagnostic de luxation
quelques jours pour diminuer l’œdème et les ris- condylienne traumatique.
ques hémorragiques.
Bibliographie
En cas de fracture ouverte (atteinte de l’os alvéo-
laire), le traitement est réalisé en urgence avec Chateil JF. Brun M, Mallemouche F. Imagerie des trauma-
réduction à ciel ouvert et ostéosynthèse par pla- tismes crâniens chez l’enfant. EMC, Elsevier Masson,
Paris, 2006.
que-vis. En cas de contre-indication chirurgi- Hopper RA, Salemy S, Sze RW. Diagnosis of midface
cale, le traitement est orthopédique avec blocage fractures with CT: what the surgeon needs to know.
intermaxillaire sur arcs pendant 6 à 8 semaines. Radiographics 2006 ; 26 (3) : 783–793.
L’antibiothérapie est systématique après exérèse Katzen JT, Jarrahy R, Eby JB, Mathiasen RA, Margulies
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En présence d’une fracture articulaire, le traitement 1026–1034.
est fonctionnel d’emblée avec mobilisation précoce Legros B, Fournier P, Chiaroni P, Ritz O, Fusciardi J.
mandibulaire (avec parfois tractions élastiques) sous Basal fracture of the skull and lower (IX, X, XI, XII)
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couvert d’antalgiques. Le traitement chirurgical est
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bulaire de l’os temporal dépend de l’ouverture 188 (2) : 329–338.
Au final, quel protocole pour
l’exploration d’un traumatisme
cranio-encéphalique ?
La TDM réalisée dans le cadre de l’urgence doit •• amnésie des faits des 30 minutes précédents
générer des images de qualité pour ne pas perdre l’impact (TDM pouvant alors être réalisée dans
d’informations lésionnelles et ce malgré les diffi- les 8 heures suivant le traumatisme).
cultés techniques souvent rencontrées. En effet, la Si le patient présente une amnésie des faits ou une
plupart des patients sont au moins scopés quand perte de conscience après le traumatisme, une
ils ne sont pas intubés et ventilés. Plusieurs sondes TDM doit être réalisée en présence d’une coa-
(nasogastrique, urinaire…) et plusieurs cathéters gulopathie, d’un âge supérieur à 65 ans ou d’un
sont posés, autant de matériel externe source d’ar- traumatisme sévère (éjection d’un passager, chute
téfacts, perturbant les images. De plus, le patient d’une hauteur de plus d’un mètre ou de plus de
est souvent placé sur la table du scanner directe- cinq marches d’escalier, piéton ou cycliste renversé
ment avec le matelas de secours (ce dernier absor- par une voiture).
bant beaucoup les rayons), la tête n’étant donc pas
placée dans la têtière prévue à cet effet. L’ensemble
de ces éléments explique les doses d’irradiation Quel est le protocole standard ?
nécessaires, souvent plus élevées qu’en condition
habituelle, afin de conserver une qualité d’ima- Nous proposons ci dessous les protocoles appli-
ges suffisante à l’analyse diagnostique. Plusieurs qués dans notre centre, réalisés avec un scanner
paramètres d’acquisition peuvent être réglés pour GE LightSpeed VCT, 64 coupes.
limiter les doses reçues au premier rang desquels Le protocole standard pour tout patient trauma-
le bruit. tisé crânien est une acquisition hélicoïdale sans
injection couvrant la totalité du crâne en coupes
Quand réaliser une TDM millimétriques. En général, cette acquisition est
encéphalique ? couplée avec celle du rachis cervical, permettant
ainsi en une seule hélice, avec les bras le long du
corps, d’analyser à la fois l’étage encéphalique et
Selon les recommandations publiées en 2008 dans
l’étage cervical.
le Lancet, une TDM encéphalique doit être réali-
sée en urgence dans les circonstances suivantes :
•• glasgow < 13 à l’admission ; Protocole d’acquisition
•• glasgow < 15 lors de l’évaluation 2 heures après
l’admission aux urgences ; Réaliser un scout « tête et cou » de face et de profil, les
•• suspicion de fracture ouverte du crâne ou bras le long du corps. Le scout peut ne couvrir que
d’embarrure ; le crâne si le rachis cervical a déjà été dédouané par
•• signes de fracture de la base du crâne (hémo- des radiographies standard par exemple.
tympan, hématome en lunettes, rhinoliquor- Programmer l’hélice avec un volume d’acquisi-
rhée ou otoliquorrhée…) ; tion couvrant le vertex jusqu’à C1-C2 pour une
•• déficit neurologique focalisé ; exploration uniquement encéphalique ou jusqu’à
•• plus d’un épisode de vomissements ; T1 pour une exploration couplée du rachis
•• crise d’épilepsie post-traumatique ; cervical.
Chapitre 5. Au final, quel protocole pour l’exploration d’un traumatisme cranio-encéphalique ? 87
Paramètres :
Angioscanner artériel des vaisseaux
• temps de rotation : 0,8 secondes ;
encéphaliques (= polygone de Willis)
• pitch : 0,9 ;
• doses : 120 kV et automilli pour un bruit de 5,2 ; Indications
• collimation : 20 mm (32 x 0,625) ; • Fracture de la base du crâne passant par le canal
• fov : head ; carotidien ou le foramen magnum.
• filtre : soft. • HSA de localisation atypique, discordante avec le
traumatisme.
• Diagnostic de mort encéphalique.
Reconstructions Protocole
Programmer trois hélices : une sans injection et deux
Le volume doit être reconstruit sur la console après injection (temps artériel et tardif). La première et
d’acquisition en filtre bone plus. Pour les fractures la dernière hélice auront les paramètres d’acquisition
de la voûte crânienne, des reconstructions en 3D standard. Le protocole pour l’hélice au temps artériel
(rendu de volume) sont réalisées. Pour les frac- est détaillé ci-dessous :
tures du massif facial, il faut systématiquement • position : tête en premier, décubitus dorsal, bras le
réaliser des reconstructions dans le plan coronal long du corps ;
(perpendiculaire à l’axe du septum nasal) et en 3D • volume d’acquisition : du vertex jusqu’à C1-C2 ;
• temps de rotation : 0,5 s ;
(parfois plan sagittal pour les fractures du plancher
• collimation : 40 mm (64 x 0,625) ;
de l’orbite).
• pitch : 0,5 ;
Les reconstructions 3D doivent être réalisées à • doses : 120 kV et automilli (600 mAs maxi) ;
partir de l’hélice acquise en filtre soft pour une • fov : head ;
qualité optimale. • filtre : standard ;
• injection : 70 cc à 4 cc/s ;
• délai : départ automatique avec zone d’intérêt placée
Mode de lecture au niveau d’une carotide ou de la crosse aortique.
Reconstructions
Les images sont lues sur les consoles de retraite- • En mode MIP, coupes de 10 mm tous les 3 mm dans
ment d’images (Advantage Windows 4.3, GE) le plan axial (axe du jugum sphénoïdal), coronal (axe du
en coupes de 1,25 mm d’épaisseur en fenêtrage tronc basilaire) et sagittal (sagittal strict).
« parties molles » et en coupes de 0,625 mm • Éventuellement reconstruction 3D en cas d’anévrisme.
d’épaisseur en fenêtrage « osseux », dans les trois
plans de l’espace.
La lecture en fenêtrage « parties molles » sur le Angioscanner artériel des vaisseaux
crâne doit être réalisée en fenêtres larges et serrées cervico-encéphaliques
pour dépister respectivement les petites lésions Indications
œdémateuses et hémorragiques. • AVC clinique ou AIT ou lésion ischémique en imagerie dis-
cordante avec le reste du bilan lésionnel post-traumatique.
• Fracture faciale sévère (CNEMFO, Le Fort II ou III).
Quand réaliser une injection • Fractures du rachis cervical à risque (passant par
à l’étage cérébral ? les foramens transversaires, luxation ou subluxation
et fracture en distraction).
Celle-ci est réalisée de manière systématique dans • Hématomes cervicaux.
certaines équipes. Sinon, nous invitons le lecteur à Protocole
se référer aux tableaux ci dessous. • Identique à celui du polygone de Willis sauf :
– volume d’acquisition : de la crosse aortique au vertex ;
La lecture doit être en fenêtrage adapté pour bien – délai : départ automatique avec zone d’intérêt au
analyser le rehaussement vasculaire et le contenu niveau de la crosse aortique.
endoluminal.
88 Traumatismes cranio-encéphaliques
TDM en traumatologie
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92 Traumatismes du rachis
Mécanisme en compression
Il résulte d’une force verticale comme par exemple
lors d’une chute d’un lieu élevé avec des forces
dirigées dans un plan vertical (fig. 6-5). Il pro-
duit en général une fracture éclatement d’un ou
de plusieurs corps vertébraux (type burst fracture)
avec rétropulsion de fragments dans le canal ver-
tébral et atteinte d’au moins deux colonnes. Le cas
le plus typique étant représenté par la fracture du
plongeur dans un bassin vide.
Ce sont les plus fréquentes des lésions traumati- mouvement). La stabilité de la charnière occipito-
ques rachidiennes et les plus graves avec un risque cervicale est assurée par de nombreux ligaments
de compression médullaire haute. Le pronostic dont les plus importants sont (fig. 7-1) :
vital est engagé en cas d’atteinte du centre res- • le ligament transverse (portion transversale du
piratoire principal (diaphragme), soit une lésion ligament cruciforme) joignant les faces internes
au-dessus de C4. Le pronostic est fonctionnel en des deux massifs latéraux de C1 et assurant la
cas de lésion en dessous de C4. stabilité du processus odontoïde lors des mouve
La fréquence de ces traumatismes est accrue chez ments de rotation et de flexion ; le ligament
les enfants qui présentent une immaturité osseuse, transverse s’oppose à la translation antérieure
ligamentaire et musculaire, fragilisant le rachis de C1 lors de la flexion et assure la stabilité du
cervical, avec une atteinte préférentielle au niveau processus odontoïde au contact de la face pos-
de la charnière cervico-occipitale et du rachis cer- térieure de C1 lors des mouvements de rotation
vical supérieur. et d’extension ;
• la membrane tectoriale (recouvrant la face pos-
Le rachis cervical des personnes âgées est égale-
térieure du ligament cruciforme), étendue du
ment plus vulnérable par les remaniements dégé-
clivus à la face postérieure du corps de C2 puis
nératifs cervicaux qui rétrécissent plus ou moins
se prolongeant par le ligament longitudinal pos-
le calibre du canal rachidien et déplacent le cen-
térieur, limitant les mouvements de flexion et de
tre des mouvements au-dessus ou en dessous des
distraction ;
vertèbres « fixées » par l’arthrose avec des bras de
• les ligaments alaires, joignant les faces latéra-
levier plus important. Le traumatisme peut donc
les du processus odontoïde aux bords inféro-
être rapidement dramatique même en cas de choc
interne des condyles occipitaux et limitant les
minime (chute de sa hauteur).
mouvements de rotation et de latéralité.
Enfin, l’existence de pathologies sous-jacentes à
type de spondylarthropathie, de polyarthrite rhu-
matoïde ou de canal cervical étroit constitutionnel Fracture des condyles
fragilise la stabilité rachidienne et grève le bilan
lésionnel en cas de traumatisme.
occipitaux
Elle résulte d’un mécanisme violent (AVP à haute
vélocité) avec mouvements brusques de flexion/
Traumatisme du rachis extension de la tête associés à des mouvements de
cervical supérieur rotation.
Son incidence est mal connue car c’est une frac-
Le complexe « condyles occipitaux-atlas-axis » ture non ou mal détectée sur les radiographies
présente une anatomie, des moyens d’union et standard (presque la moitié passerait inaperçue).
une fonction unique différents des autres étages Depuis la systématisation du scanner dans les trau-
rachidiens. La fonction principale de l’articulation matismes crâniens, ces fractures seraient présentes
C1-C2 est la rotation de la tête (40 à 70 % de ce dans 4 à 16 % des cas selon les séries.
TDM en traumatologie
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98 Traumatismes du rachis
Image typique
Il s’agit de fractures à trait simple ou comminutives
(fig. 7-2), déplacées (fig. 7-3) ou non (fig. 7-4).
Les reconstructions dans le plan coronal permettent
de bien apprécier le déplacement du fragment déta-
ché. Deux principales classifications sont admises
soit selon le mécanisme (classification d’Anderson
et Montesano fig. 7-5), soit selon le déplacement
(classification de Tuli et al., tableau 7-1).
Il faut rechercher une atteinte du canal du nerf
hypoglosse ainsi qu’une atteinte du foramen
jugulaire (nerfs mixtes…). Les lésions nerveuses
peuvent apparaître soit au décours immédiat du Fig. 7-2. Fracture du condyle gauche, comminutive et non
traumatisme (par migration de fragments osseux déplacée, de type I de la classification d’Anderson. Fracture
et compression nerveuse), soit à distance (com- stable.
pression nerveuse par un cal exubérant). Un
hématome épidural peut se créer au contact du Lors des mouvements de rotation de la tête,
foyer fracturaire, d’où l’importance de bien regar- même si la fracture n’est pas déplacée initialement,
der les coupes en fenêtrage « parties molles » pour les fragments osseux risquent de se déplacer, jus-
détecter précocement ce type de complication. tifiant l’immobilisation systématique. En effet, un
a c e
b d f
Fig. 7-10. TDM en coupe axiale MIP (a) et reconstruite avec un logiciel d’addition d’images (b) permettant de fusionner la
coupe passant par le corps de C1 et celle passant par le corps de C2.
Luxation rotatoire C1-C2 gauche chez deux patients différents.
104 Traumatismes du rachis
Le type I est le plus fréquent et correspond à une rare, survenant souvent en présence d’une ano-
luxation rotatoire sans déplacement transversal malie du processus odontoïde (agénésie, dégéné-
de C1, la dent étant le pivot central. C’est une ratif…). Il se produit un déplacement postérieur
lésion stable avec intégrité des ligaments alaires et d’une voire des deux masses latérales. C’est une
transverse. lésion instable.
Le type II correspond à une luxation rotatoire
avec déplacement antérieur unilatéral de C1 par Impact thérapeutique
rapport à C2 de 3 à 5 mm. Le pivot est centré sur
Le traitement consiste en une réduction avec
la masse latérale controlatérale avec soit rupture
mise en traction du rachis en urgence. Dans un
du ligament transverse (IIA), soit fracture de la
second temps et après vérification par TDM du
dent de l’odontoïde (le LT est alors intact, IIB)
retour à la normale sans déplacement persistant,
associée. C’est donc une lésion instable.
un traitement orthopédique sera réalisé pour une
Le type III correspond à un déplacement anté- durée variable avec immobilisation par collier cer-
rieur de plus de 5 mm de C1 par rapport à C2. vical. Les indications de la chirurgie sont la per-
Les deux masses latérales sont déplacées. C’est sistance d’un déplacement antérieur anormal sur
une lésion très instable avec rupture des ligaments les contrôles TDM, les atteintes neurologiques
alaires et du LT. déficitaires, ou la récidive de la déformation à
Le type IV correspond à un déplacement posté- l’ablation du collier. Il consiste en général en une
rieur de C1 par rapport à C2. C’est une lésion arthrodèse postérieure.
Chapitre 7. Traumatismes du rachis cervical 105
Fractures de l’atlas
Elles représentent moins de 10 % des fractures
cervicales.
Fracture de Jefferson
Fig. 7-13. Schéma en coupe coronale illustrant la techni-
Mécanisme que de mesure du déplacement latéral des masses latérales
de C1, permettant d’apprécier l’atteinte du ligament trans-
Compression axiale responsable d’une atteinte verse. Les distances a et b sont mesurées en millimètres et
de l’arc postérieur et de l’arc antérieur de C1 sont additionnées.
avec divergence des fragments osseux ; les mas-
ses latérales de C1 sont prises en étau entre les
condyles occipitaux et les processus articulaires Attention : l’enfant jusqu’à l’âge de 7 ans peut
de C2. avoir un déplacement d’une seule masse latérale
jusqu’à 6 mm de manière physiologique.
Image TDM
Stabilité
C’est une fracture à traits verticaux. Elle peut
être uni ou bilatérale et il peut exister de 2 à Ces fractures ne présentent pas en général de risques
4 fragments (fig. 7-12) avec au maximum un neurologiques car le mécanisme engendre un dépla-
déplacement des masses latérales vers l’extérieur et cement centrifuge des fragments en agrandissant le
lésion du ligament transverse. On peut suspecter diamètre du canal rachidien. Cette fracture est donc
en TDM une atteinte de ce ligament si la somme stable sauf en cas de critères d’instabilité (tableau 7-2)
des déplacements latéraux des masses latérales de qui témoignent d’une atteinte du LT.
C1 est supérieure à 7 mm (fig. 7-13), ou bien s’il Pièges diagnostiques
existe une esquille osseuse paramédiane en regard
Ils sont représentés par les nombreuses variantes
de l’insertion du ligament transverse témoignant
anatomiques de la normale pouvant être prises à
d’une fracture-avulsion de ce dernier, ou bien s’il
tort pour des fractures. Anatomiquement, l’atlas
existe un diastasis atloïdo-odontoïdienne anté-
est composé à la naissance de trois noyaux d’os-
rieur. Un épaississement des parties molles anté-
sification (fig. 7-14). Chaque cartilage de conju-
rieures est constant.
gaison peut être le siège d’une absence de fusion
et chaque noyau d’ossification, d’une agénésie
partielle ou totale.
Ainsi, les variantes les plus fréquentes sont
un défaut de fusion de l’arc postérieur de C1
(fig. 7-15), le plus fréquent (4 % de la popula-
tion), un défaut de fusion de l’arc antérieur de C1
et l’absence d’arc antérieur en C1.
Dans toutes ces variantes anatomiques, les berges
de la solution de continuité sont bien régulières et
corticalisées, à la différence d’une fracture.
Fig. 7-14. L’atlas est composé de trois noyaux d’ossifica- Fig. 7-15. TDM en coupe axiale avec anomalie de ferme-
tion : un antérieur (tête de flèche) et deux latéraux (*). ture de l’arc postérieur de C1 ne devant pas être confondue
Les deux noyaux latéraux fusionnent en arrière vers l’âge avec une fracture.
de 4 ans et l’arc antérieur fusionne vers l’âge de 7 ans. Des
défauts d’ossification peuvent survenir au niveau de chaque
Stabilité
synchondrose.
C’est une fracture stable si elle est isolée, avec une
évolution favorable vers la consolidation.
Lésions associées
Impact thérapeutique
Fracture de l’odontoïde ou des pédicules de C2.
Le traitement des fractures de Jefferson consiste
le plus souvent en un traitement orthopédi- Piège diagnostique
que. En l’absence de critères d’instabilité (voir Il est représenté par les défauts de fermeture
tableau 7-2), le rachis cervical est immobilisé congénitaux de l’arc postérieur, la solution de
pendant au moins 3 mois avec une minerve continuité étant alors souvent sagittale médiane,
à cinq appuis. En cas de critères d’instabilité, régulière et bien corticalisée (fig. 7-16).
une mise en traction est nécessaire pendant 4 à
6 semaines avec immobilisation secondaire par Impact thérapeutique
halo-veste voire fixation chirurgicale par arthro- Le traitement est orthopédique avec immobilisa-
dèse C1-C2. tion par minerve.
Fig. 7-16. Variante anatomique de la normale de C1 avec Fig. 7-18. TDM en coupe sagittale : fracture horizontale
défaut de fermeture de l’arc postérieur (flèche). de C1 (flèche).
Notez une solution de continuité incomplète au niveau de l’arc
antérieur (tête de flèche), en rapport avec une autre variante
de la normale, celles-ci étant souvent associées. Pas de lésion
traumatique récente.
Stabilité
C’est une fracture stable si elle est isolée et de bon
Fig. 7-17. Schéma en coupe sagittale de l’arc antérieur pronostic.
de C1 illustrant les origines des différents traits de fracture
horizontaux. Lésions associées
(A) Fracture par avulsion du ligament occipito-atloïdien antérieur. Fracture de l’odontoïde, tear drop fracture… qui
(B) Fracture par avulsion du muscle long du cou. (C) Fracture
par avulsion du ligament atloïdo-axoïdien antérieur. résultent du même mécanisme et qui sont sources
d’instabilité.
jeunes, il faut un mécanisme à haute énergie pour En cas de déplacement antéro-postérieur supé-
engendrer ce type de fracture. rieur à 5 mm (fig. 7-27 et 7-28 pour méthodes
de mesures) et/ou en cas d’angulation supé-
Mécanisme rieure à 11 °, la fracture est considérée comme à
Compression combinée à une hyperextension ou « risque » et peut nécessiter une prise en charge
une hyperflexion. chirurgicale.
Il existe une fracture horizontale particulière
Image TDM
appelée bobby’s fracture (chapeau de gendarme
Ces fractures sont classées selon la hauteur du londonien) qui correspond à une fracture hori-
trait dans le plan frontal (classification d’An- zontale de la dent à large écart interfragmentaire
derson, fig. 7-22) qui a une valeur pronosti- avec comminution antérieure et postérieure.
que sur la consolidation, mais également selon
l’orientation du trait dans le plan sagittal (clas- Lésions associées
sification de Roy Camille, fig. 7-23) qui a une
Fracture des pédicules de C2, fracture de l’arc
valeur pronostique sur le risque de déplacement
postérieur de C1 et fracture de Jefferson, rupture
secondaire. Ces deux classifications permettent
du ligament transverse et luxation C1-C2.
donc conjointement d’évaluer la stabilité tri
dimensionnelle de la fracture et ainsi de guider Pièges diagnostiques
la stratégie thérapeutique (fig. 7-24, 7-25 et Ils sont représentés par les anomalies de fusion de
7-26). C2 et par les antécédents de fracture de synchon-
Attention : le type II d’Anderson peut passer ina- drose pseudarthrosée. En effet, l’axis comporte
perçu si la lecture se fait uniquement en coupes quatre noyaux d’ossification (fig. 7-29). Le noyau
axiales car le trait est parallèle au plan de coupe, d’ossification de l’apex de la dent apparaît à 6 ans et
les reconstructions sagittales et coronales sont fusionne à 12 ans. Les variantes les plus fréquentes
indispensables. sont une absence d’arc postérieur en C2, une hypo-
plasie du processus odontoïde, la présence d’« ossi-
cules » accessoires (ossiculum terminale au niveau
de la pointe de la dent à différencier de l’os odon-
toideum qui lui résulte d’une fracture ancienne
pseudarthrosée de la synchondrose entre le corps
de C2 et le processus odontoïde, fig. 7-30).
Stabilité
Elle dépend du type de fracture (fig. 7-22 et
7-23). Il n’existe pas de signe neurologique défi-
citaire initial dans la grande majorité des cas. Le
risque de déplacement secondaire et de subluxa-
tion peut grever le pronostic en cas de traitement
Fig. 7-22. Classification d’Anderson et D’Alonzo (dans le
plan frontal). inapproprié ou de fracture méconnue. Les frac-
Type I : le plus rare, fracture oblique passant par l’extrémité tures non déplacées ou d’allure stable nécessitent
supérieure du processus odontoïde, secondaire à une avul- quand même la réalisation de clichés dynamiques
sion de l’insertion du ligament alaire ou du ligament apical de à J10 pour vérifier leur stabilité.
la dent. C’est une fracture stable avec un bon pronostic sur la
consolidation. Type II : la plus fréquente, fracture passant par
la jonction entre le processus odontoïde et le corps de C2.
Impact thérapeutique
C’est une fracture instable avec risques d’atteinte du LT et de En cas de fracture stable (vérifiée par les clichés
désunion, directement liés au déplacement. Elle survient sur dynamiques), le traitement est orthopédique
un os compact et se complique de pseudarthrose dans plus
d’un tiers des cas. Type III : fracture du corps de C2 dans l’os par immobilisation pendant 3 mois (simple col-
spongieux, stable avec un bon pronostic sur la consolidation. lier ou corselet-minerve ou halo-veste). En cas
110 Traumatismes du rachis
Fig. 7-25. TDM en coupes axiale (a), coronale (b) et sagittale (c).
Fracture du processus odontoïde de type III d’Anderson (flèche),
avec un trait horizontal, non déplacée.
Fig. 7-27. Schéma illustrant la technique de mesure de la Fig. 7-29. TDM en coupe coronale.
bascule du processus odontoïde (angle µ en degré). L’axis est composé de quatre noyaux d’ossification à la nais-
sance (1-4) qui fusionnent entre eux vers 1 an. Le noyau d’os-
sification de la pointe de l’odontoïde apparaît vers 6 ans pour
fusionner vers 12 ans, il n’est pas présent sur cette coupe.
Notez les noyaux d’ossification condyliens (tête de flèche) non
fusionnés chez cet enfant de 7 mois.
Mécanisme
Hyperextension.
Image TDM
C’est une fracture verticale en général bilatérale,
initialement décrite au niveau de l’isthme. En fait,
elle peut être bi-isthmique, bipédiculaire ou biar-
ticulaire (fig. 7-31). C’est une fracture séparant
le corps de C2 de son arc postérieur, la dent est
intacte.
Fig. 7-32. TDM en coupe axiale.
La TDM doit préciser l’intégrité ou non du fora- Fracture bipédiculaire de C2. Notez l’atteinte traumatique des
men transversaire (fig. 7-32). En cas d’atteinte de foramens imposant la réalisation d’un angioscanner artériel
celui-ci, il est indispensable de réaliser une angio- cervico-encéphalique.
TDM artérielle des vaisseaux cervico-encéphali-
ques à la recherche de lésions traumatiques des
artères vertébrales. Sharpey au niveau du coin antéro-supérieur ou
inférieur des plateaux vertébraux) ;
Classification • une angulation C2/C3 supérieure à 11° et/ou
Classification d’Effendi (fig. 7-33). un antélisthésis supérieur à 3 mm.
Attention : l’atteinte pédiculo-corporéale d’un
Stabilité
côté de l’anneau et articulo-lamaire de l’autre coté
Il faut rechercher les facteurs d’instabilité par signent la nature rotatoire du traumatisme.
atteinte du SMR (LLA puis disque, puis LLP puis
Les complications neurologiques sont rares même
capsules articulaires…) qui se traduisent en TDM
en cas de déplacement important.
par (fig. 7-34) :
• un bâillement du disque C2-C3 ;
Impact thérapeutique
• une luxation articulaire ;
• un petit arrachement du listel marginal de C2 Le traitement dépend du type de fracture et de
ou C3 (listel = zone d’insertion des fibres de la présence ou non de signes d’atteinte du SMR.
Ainsi, le type I est stable et traité par immobili-
sation. En cas d’atteinte du SMR, la stabilisation
chirurgicale s’impose.
Image TDM
Avulsion du coin antéro-inférieur du corps de C2
par arrachement des fibres du LLA. Le fragment
Fig. 7-31. Différents types de fracture de hangman. triangulaire détaché possède une hauteur supé-
(a) Bi-isthmique ; (b) biarticulaire ; (c) bipédiculaire. rieure ou égale à sa largeur (fig. 7-35).
114 Traumatismes du rachis
Fig. 7-34. TDM en coupes axiale (a), sagittales (b et c) et IRM pondérée T2 en coupe sagittale.
Fracture bi-isthmique de C2 (flèches) avec antélisthésis de 4 mm de C2 sur C3 (type II d’Effendi) traduisant une possible atteinte du
SMR. Celle-ci est confirmée par IRM avec rupture des ligaments longitudinaux antérieur et postérieur et lésion du disque.
Chapitre 7. Traumatismes du rachis cervical 115
Impact thérapeutique
C’est le rétrolisthésis et les lésions associées qui
conditionnent le pronostic neurologique et orien-
tent le choix thérapeutique.
Fracture du corps de C2
Image TDM
Elle est rare et n’a rien de spécifique. La TDM
Fig. 7-35. Fracture du coin antéro-inférieur du corps de C2 avec les reconstructions dans les trois plans de
de type tear drop inversée (flèche).
Notez la fracture du processus odontoïde associée.
l’espace est une aide précieuse au diagnostic. La
TDM précisera le nombre de traits de fracture et
leur orientation ainsi que l’éventuel déplacement
Stabilité des fragments osseux.
Cette fracture n’a pas la même signification selon Classification
l’âge du patient.
Benzel et al. proposent la classification sui-
C’est chez la personne âgée que cette fracture est la vante, selon l’orientation du trait de fracture
plus fréquente. En effet, le rachis cervical inférieur (fig. 7-36) :
est ostéoporotique, souvent fixé par l’arthrose, les • type I : fracture à trait vertical et frontal due
lésions traumatiques prédominent alors sur les éta- à un traumatisme en extension et compression
ges sus- ou sous-jacents à cette arthrose. Le méca- dont l’image radiologique peut évoquer une
nisme se produit à faible énergie, c’est alors une fracture du pendu ;
fracture de bon pronostic (fracture stable). • type II : fracture à trait sagittal due à une com-
Chez le patient jeune, ces lésions prédominent pression axiale ;
sur le rachis cervical inférieur et témoignent alors • type III : fracture à trait horizontal correspon-
d’un mécanisme à haute énergie avec des lésions dant au type III d’Alonzo.
Fig. 7-36. Illustration des types I (a) et II (b) des fractures du corps de C2 selon Benzel.
Les trois flèches indiquent les trois traits frontaux possibles.
116 Traumatismes du rachis
Impact thérapeutique
Le traitement est le plus souvent orthopédique Traumatisme du rachis
avec immobilisation par minerve. cervical inférieur
Dislocation de C2 Les lésions du rachis cervical inférieur résultent de
différentes forces agissant simultanément. Depuis
Mécanisme
les travaux d’Allen, Harris et Sénégas, une classi-
Traumatisme violent en hyperextension extrême. fication de ces lésions est établie selon l’intensité
de la force vulnérante. Ainsi, on classe ces lésions
Image TDM selon que le mécanisme s’opère en compression,
Il s’agit d’une rupture du LLA, du disque, du LLP en flexion/extension/distraction ou en rotation.
et des ligaments jaunes avec étirement et déchi- L’approche thérapeutique en découle et nous
rure des muscles paraspinaux. Une lésion osseuse invitons le lecteur à spécifier le mécanisme lésion-
est présente dans deux tiers des cas par avulsion nel dans tout compte rendu après description pré-
des fibres de Sharpey et de l’annulus fibrosus au cise des traits de fracture et de leur localisation.
niveau du plateau antéro-inférieur de C2. Le frag-
ment triangulaire ainsi détaché possède une lar-
geur supérieure à sa hauteur (à la différence des Lésions en compression
fractures de type tear drop inversée). L’IRM est L’atteinte osseuse prédomine, elles représentent
indiquée pour réaliser le bilan lésionnel médul- environ un tiers des fractures du rachis cervical
laire et ligamentaire. inférieur. Du fait d’une importante mobilité du
rachis cervical, une force fléchissante responsa-
Stabilité
ble de lésions disco-ligamentaires postérieures est
C’est une fracture instable avec des signes neuro- souvent associée (fig. 7-37).
logiques présents d’emblée dans la majorité des
cas. Fracture tassement corporéal antérieur
Fig. 7-37. Illustration des fractures en compression du rachis cervical, avec respectivement de gauche à droite : fracture
tassement antérieur, burst fracture et fracture de type tear drop.
Chapitre 7. Traumatismes du rachis cervical 117
centage de la vertèbre tassée en hauteur ou angle sent des fragments osseux pouvant être rétropul-
vertébral ou régional de cyphose, fig. 7-38) et sés dans le canal vertébral. Le diagnostic TDM
l’existence d’un éventuel déplacement (listhésis en repose sur une comminution du corps vertébral
millimètres) qui guideront l’attitude thérapeutique. avec augmentation de son diamètre antéro-posté-
En cas de tassement supérieur à 50 % de la hauteur rieur, diminution de sa hauteur et atteinte du mur
vertébrale ou en cas de listhésis de plus de 4 mm, postérieur voire de l’arc postérieur. Le radiologue
alors il existe un risque d’atteinte du LLP et la doit préciser l’importance du recul du mur pos-
réalisation d’une IRM peut se justifier pour appré- térieur en pourcentage de réduction du diamètre
cier l’intégrité du système ligamentaire postérieur antéro-postérieur canalaire.
et du cordon médullaire.
Stabilité
Stabilité Fracture instable, elle est souvent associée (environ
C’est une fracture stable si elle est isolée. 50 % des cas) à des signes neurologiques secondai-
res à une compression médullaire par un fragment
Impact thérapeutique osseux migré dans le canal rachidien.
Le traitement est orthopédique par immobilisa-
tion en minerve à cinq appuis moulée sur chaque Impact thérapeutique
patient. Le traitement peut être conservateur en l’ab-
sence de signes neurologiques déficitaires et en
Fracture comminutive de type burst cas de faible déplacement du mur postérieur, par
Mécanisme mise en traction et immobilisation par minerve.
Cependant, le traitement sera chirurgical en pré-
Compression axiale pure, rare à l’étage cervical. sence d’une atteinte neurologique, d’un fragment
endocanalaire qui ne se réduit pas par « ligamen-
Image TDM
totaxis » (= « réintégration » des fragments osseux
Elle atteint essentiellement C7 et est caractérisée endocanalaires sous-ligamentaires par mise en
par plusieurs traits de fracture qui individuali- tension du LLP lorsque le rachis est placé en
traction) ou d’une atteinte articulaire associée,
avec arthrodèse et parfois greffe osseuse.
Image TDM
C’est la fracture la plus grave du rachis cervical car
elle engendre une transsection antéro-postérieure
du SMR (la lésion part dans le ligament interépi-
Fig. 7-38. TDM en coupe sagittale du rachis dorsal avec
tassement cunéiforme de T11 permettant d’illustrer les neux puis se dirige vers l’avant à travers les liga-
techniques de mesures des angles vertébral (AV) et régional ments jaunes, les capsules articulaires, le LLP puis
(AR) de cyphose. se termine dans le disque). La lésion osseuse visi-
L’angle AV est mesuré entre le plateau supérieur et inférieur
ble en TDM n’est qu’un épiphénomène tradui-
de la vertèbre lésée, l’angle AR est mesuré entre le plateau
supérieur de la vertèbre sus-jacente et le plateau inférieur de sant des lésions disco-ligamentaires sous-jacentes
la vertèbre sous jacente. majeures (voir fig. 7-37).
118 Traumatismes du rachis
L’atteinte osseuse se résume souvent à un « sim- gicale devenant une nécessité avec ostéosynthèse-
ple » fragment triangulaire du coin antéro-infé- arthrodèse antérieure après corporectomie. Cette
rieur de la vertèbre, qui reste solidaire de la portion indication concerne la grande majorité des tear
antérieure du disque sous jacent, et qui définit le drop. Mais certaines rares fractures en « larmes »
tear drop. L’existence d’un trait sagittal corpo- ou présentant des lésions à prédominance osseuse,
réal postérieur détachant un fragment corporéal telle que le trait sagittal transcorporéal, ou un trait
antérieur parfois refendu (réalisant la fracture en au niveau de l’arc postérieur, peuvent être consi-
« T » dans le plan axial) serait associée deux fois dérées comme « stables » et évoluer vers la conso-
sur trois et n’est pas un élément péjoratif dans la lidation grâce à un traitement orthopédique bien
neurotoxicité de la fracture (fig. 7-39). Une frac- conduit.
ture verticale de l’arc postérieur est parfois asso-
ciée. La rupture du disque et du LLP peut être Impact thérapeutique
suspectée devant l’importance du rétrolisthésis de L’IRM peut être réalisée pour effectuer le bilan
la vertèbre lésée (très suspect si recul supérieur à disco-ligamantaire avant la prise de décision
4 mm) avec affaissement du disque sous jacent. thérapeutique : chirurgie versus immobilisation
Les lésions postérieures du SMR se traduisent par orthopédique.
une augmentation de l’écart interépineux associé
parfois à des subluxations articulaires.
Lésions en flexion-
Stabilité
extension-distraction
Si la composante de flexion est importante, les
lésions disco-ligamentaires prédominent, à l’in- Elles sont essentiellement disco-ligamentaires.
verse, ce sont les lésions osseuses. Cette dou- Ce type de traumatisme comprend toutes les
ble atteinte explique les contradictions que l’on lésions anatomiques résultant d’un mouvement
retrouve dans la littérature au sujet de l’instabi- de flexion ou d’extension forcée, l’un ou l’autre
lité des tear drop fractures. La présence de lésions de ces mouvements s’accompagnant d’une dis-
disco-ligamentaires des colonnes moyenne et traction de la colonne opposée (fig. 7-40). Ainsi,
postérieure, objectivée par le recul du mur posté- une flexion cervicale entraîne une compression
rieur, un déplacement des articulaires et un écart sur la colonne antérieure et une distraction sur
interépineux signe l’instabilité, l’indication chirur- la colonne postérieure, ce sera l’inverse lors l’un
Entorse bénigne
Mécanisme Fig. 7-41. TDM en coupe sagittale.
Signes TDM aspécifiques d’entorse cervicale en C4-C5 avec
C’est le classique « coup du lapin » lors d’un AVP discrète angulation cyphotique et augmentation modérée de
avec impact par l’arrière. On assiste à une hyper la distance interépineuse (double flèche). CAT = contention
extension du rachis cervical suivie d’une hyper- par minerve et clichés dynamiques à J10.
flexion responsable d’une « élongation » du SMR
sans rupture. La bénignité de l’entorse est définie
Certains recommandent de les éliminer avant toute
par l’intégrité du LLP.
manœuvre de traction ou de stabilisation afin de
Image TDM ne pas méconnaître un fragment discal qui pour-
rait devenir compressif lors de ces manœuvres.
La TDM montre des signes aspécifiques tels
qu’une raideur rachidienne par contracture des Stabilité
muscles paravertébraux ou un discret listhésis ou
Ce sont des fractures stables.
encore une angulation cyphotique modérée, non
significative (fig. 7-41). Les clichés dynamiques à Impact thérapeutique
distance (J10) sont normaux. Le traitement des entorses bénignes est symptoma-
Des hernies discales aiguës peuvent être asso- tique (antalgique, myorelaxant…) avec immobili-
ciées, impliquant systématiquement une lecture sation rachidienne cervicale dans un collier souple
en fenêtrage parties molles dans tout traumatisme et réalisation de clichés dynamiques à distance. Il
rachidien ! est décrit des « neurapraxies » transitoires lors d’en-
N.B. Les hernies discales post-traumatiques sont torse principalement en hyperextension (chute
plus fréquentes lors des mécanismes en hyperex- frontale dans les escaliers par exemple avec lésions
tension et en présence d’une luxation ou d’une de la face) résultant d’une compression transitoire
subluxation articulaire. Elles peuvent être isolées. de la moelle. En effet, le rétrécissement canalaire
120 Traumatismes du rachis
entraîné par l’extension est trois fois supérieur à sion (occiput-arc postérieur). En cas de flexion ou
celui observé en flexion. Ces symptômes sont d’extension incomplètes, on ne peut éliminer formel-
d’autant plus favorisés qu’il existe un canal cervical lement une instabilité disco-ligamentaire et les clichés
étroit ou rétréci (sujets âgés) et nécessitent rare- doivent être réitérés ultérieurement après disparition
ment un geste de décompression chirurgicale. des contractures musculaires cervicales. L’IRM peut
précocement objectiver les interruptions ligamentai-
Entorses graves res et les anomalies de signal discal permettant ainsi
un diagnostic lésionnel initial de certitude.
Caractérisées par une rupture du LLP, elles repré-
sentent un peu plus de 10 % des traumatismes du Stabilité
rachis cervical inférieur. C’est une fracture instable avec évolution inéluctable
vers une aggravation des lésions avec déformation en
Mécanisme
cyphose du rachis cervical et luxations articulaires.
Elles se font principalement en flexion, les entor-
ses en extension étant l’apanage du rachis cervical Impact thérapeutique
supérieur avec la lésion en tear drop inversée en Le traitement est chirurgical par arthrodèse.
C2-C3 (cf. p. 113). N.B. Les exceptionnelles entorses du rachis cer-
vical en extension (fig. 7-43 et 7-44) se tradui-
Image TDM
ront par un bâillement antérieur du disque, une
En radiographie et par extension en TDM fracture du listel antéro-inférieur par avulsion du
(fig. 7-42), une entorse est dite grave en présence LLA avec un fragment plus haut que large, un
d’un ou de plusieurs éléments suivants : rétrolisthésis, et/ou une fracture du processus
• une augmentation de l’écart interépineux ou épineux. Le traitement est chirurgical.
une fracture avulsion horizontale de l’épineuse ;
• une angulation vertébrale supérieure à 11°; Luxations fractures biarticulaires
• une découverte de l’articulaire supérieure de la
vertèbre sous-jacente de plus de 50 % voire une Mécanisme
luxation articulaire ; Identique à celui des entorses graves, mais la force
• un antélisthésis supérieur à 3,5 mm au-dessus de vulnérante prolonge son action après la rupture
C4 ou supérieur à 2,5 mm au-dessous de C4. du LLP. Elles peuvent se faire en flexion ou en
Le diagnostic est souvent méconnu initialement, extension. Elles constituent souvent l’évolution
redressé au 10e jour par la réalisation de clichés dyna- d’une entorse grave négligée (fig. 7-45), ou suc-
miques en flexion (menton-sternum) et en exten- cèdent à un traumatisme violent en hyperflexion.
Fig. 7-42. Schéma récapitulant les signes TDM d’entorse Fig. 7-43. Schéma illustrant les lésions rencontrées lors
grave en flexion. d’une entorse grave en hyperextension, équivalent de tear
drop inversée.
Chapitre 7. Traumatismes du rachis cervical 121
Fig. 7-44. TDM en coupe sagittale (a) et IRM en coupe sagittale pondérée T2 (b).
Entorse en hyperextension de C6-C7 (flèche) avec bâillement antérieur du disque. L’IRM confirme les dégâts disco-ligamentaires
avec rupture du LLA et du disque sur toute sa surface. Le LLP est intact. Traitement chirurgical.
Lésions en rotation
Elles représentent environ un tiers des lésions trau-
matiques du rachis cervical inférieur et associent un
mouvement principal de rotation à une inclinaison
latérale, à l’origine de lésions souvent asymétriques.
Ces lésions se constituent lorsque la limite d’élasti-
cité du disque est dépassée. La stabilité de ces lésions
dépend en grande partie de l’intégrité du disque.
C’est pourquoi de nombreuses IRM sont réalisées
en préopératoire pour apprécier l’état du disque.
●● Attention
Ces fractures sont souvent associées à des trau-
matismes vasculaires des artères vertébrales qu’il
Fig. 7-47. Fracture luxation biarticulaire C7-T1 liée à un
mécanisme en flexion-extension-distraction dans un axe faudra systématiquement rechercher par la réa-
transversal, équivalent de fracture de « Chance » au rachis lisation d’une angioTDM artérielle des vaisseaux
cervical. cervico-encéphaliques.
Chapitre 7. Traumatismes du rachis cervical 123
Mécanisme
Flexion-rotation controlatérale.
Image TDM
L’aspect TDM est classique en coupes axiales avec
aspect de « triple articulaire », associant d’avant en
arrière, fragment articulaire fracturé, articulaire
sus-jacente saine et articulaire sous-jacente déca-
pitée. En effet, en cas de fracture d’une articu-
laire supérieure, le fragment détaché se déplace en
Fig. 7-49. Fracture uni-articulaire unilatérale de C7 (*),
avant et vient comprimer le canal de conjugaison déplacée avec luxation antérieure de C6.
(fig. 7-48). Des signes cliniques de compression
radiculaire de la racine ont ainsi été observés dans
plus de 50 % des cas mais généralement de façon
transitoire. En cas de fracture d’une articulaire Stabilité
inférieure, le fragment lésé ne se déplace pas en L’instabilité de ces fractures est fonction de la
général et reste solidaire de l’articulaire supérieure présence et de l’importance de la lésion discale,
de la vertèbre sous-jacente. La fracture peut inté- facile à affirmer lorsqu’il existe un antélisthésis
resser les deux articulaires d’un même coté, on et d’interprétation difficile en son absence. La
parle alors de fracture biarticulaire unilatérale. fréquence des déplacements secondaires incite
Le bilan lésionnel est facile à condition de réaliser à considérer la majorité de ce type de fractures
des reconstructions sagittales qui permettent de comme instables.
bien vérifier la congruence et l’intégrité des inter-
Impact thérapeutique
lignes articulaires postérieures (fig. 7-49).
Le traitement est en général chirurgical par arthro-
dèse. Des traitements conservateurs sont décrits
en cas de fracture non déplacée, sans signe neuro-
logique ni atteinte discale.
Fracture-séparation
du massif articulaire
Mécanisme
Encore discuté et probablement multidirectionnel :
inclinaison latérale/compression, flexion/compres-
sion, hyperextension/rotation… Quoi qu’il en soit,
il en résulte une compression d’un massif articulaire
en position décoapté entre les massifs articulaires
sus- et sous-jacents.
Image TDM
Fig. 7-48. Fracture biarticulaire unilatérale en C6-C7.
Notez que le fragment articulaire supérieur de C7 (flèche) se
Fracture unilatérale à double trait, un antérieur
déplace en avant dans le foramen. Le fragment articulaire infé- au niveau du pédicule et l’autre postérieur au
rieur de C6 (tête de flèche) n’est pas déplacé. niveau de la lame (ou jonction lame-articulaire)
124 Traumatismes du rachis
Mécanisme Stabilité
Rotation-hyperflexion-distraction violent si bila- C’est une fracture instable : il existe un risque de
téral et hyperflexion-rotation si unilatéral. compression radiculaire (du côté luxé si unilatéral
par réduction de calibre du foramen de conjugai-
Image TDM son) mais surtout médullaire.
Le diagnostic repose en TDM sur le déplacement
de l’articulaire inférieure de la vertèbre lésée en Impact thérapeutique
avant de l’articulaire supérieure de la vertèbre Le traitement nécessite une réduction soit en
sous-jacente. Cela se traduit en coupe axiale par urgence et sous anesthésie générale en cas de défi-
l’aspect caractéristique de facette « dénudée » de cit neurologique, soit par mise en traction pro-
l’articulaire supérieure. La facette inférieure se gressive dans les autres cas. La fixation secondaire
reconnaît facilement car son bord postérieur est consiste en une ostéosynthèse-arthrodèse anté-
arrondi alors que le celui de la facette supérieure rieure ou postérieure avec discectomie.
Fig. 7-50. TDM en coupes sagittale médiane (a) et sagittale paramédiane droite (b).
Fracture luxation en rotation-flexion-distraction de C5 sur C6 avec antélisthésis et luxation antérieure bilatérale totale des articulai-
res (*). Notez le fragment osseux intracanalaire sur le bord postérieur de C5 provenant probablement du listel postérieur.
Chapitre 7. Traumatismes du rachis cervical 125
Fig. 7-51. TDM en coupes axiales en fenêtrage osseux (a) et angioscanner artériel (b).
Fracture isolée de l’apophyse transverse gauche de C5 passant par le foramen vertébral (flèches). Absence d’opacification de
l’artère vertébrale homolatérale (*) sur l’angioTDM en faveur d’une dissection.
Fig. 7-52. TDM sans injection en coupes axiale (a) et coronale (b).
Hématome épidural postérieur gauche de la jonction cervico-thoracique (*), présent mais non vu sur la TDM initiale par manque
de fenêtrage « parties molles ». Diagnostic rétrospectif 3 jours plus tard devant des symptômes neurologiques déficitaires !
126 Traumatismes du rachis
bassin avec extension d’un trait de fracture sacré tassements vertébraux ostéoporotiques, le coin
homolatéral qu’il faut savoir dépister. postéro-supérieur de la vertèbre peut discrète-
ment reculer dans le canal vertébral. Une infiltra-
tion œdémateuse réactionnelle des parties molles
Stabilité périvertébrales est constante.
Elles sont stables, par atteinte d’une seule colonne. En fonction du pourcentage de hauteur vertébrale
tassée (calculé selon la formule : hauteur du mur
antérieur x 100/hauteur du mur postérieur de la
Impact thérapeutique vertèbre lésée ou de celle adjacente), il peut exister
des risques d’instabilité par lésion du LLP.
Le traitement de ces fractures est symptomatique
(antalgiques) et orthopédique avec immobilisa-
tion en corset. Stabilité
Elles sont stables dans la majorité des cas. En
cas de tassement vertébral supérieur à 50 % de
Fracture tassement antérieur la hauteur vertébrale, une atteinte de la colonne
postérieure doit être suspectée et une IRM peut
Mécanisme
être réalisée à la recherche d’une lésion du LLP
Flexion-compression. (fig. 8-3), grevant le pronostic de stabilité.
Fig. 8-2. TDM du rachis dorso-lombaire en coupes sagittale (a) et axiale (b).
Fracture tassement antérieur typique de T11 (flèche) sans atteinte du mur postérieur et avec comminution corporéale antérieure.
130 Traumatisme du rachis
Mécanisme Mécanisme
Compression (fig. 8-5). Compression axiale.
132 Traumatisme du rachis
Fig. 8-7. TDM en coupes sagittale (a), axiale (b) et coronale (c).
Fracture de type burst de L3. Notez le caractère comminutif de la fracture
avec recul du mur postérieur sur plus de 50 % de la surface canalaire et
augmentation de la distance interpédiculaire sur la reconstruction coro-
nale (double flèches).
Fig. 8-8. Schéma des différents types possibles de fracture de type « Chance ».
Type transosseuse (a), transdisco-ligamentaire pure (b) et transdisco-ligamento-osseuse (c et d).
N.B. Ces fractures sont associées dans 50 % des rechercher avec attention des signes de trauma-
cas à un traumatisme abdominal, souvent viscéral tisme intestino-mésentérique (cf. chapitre dédié).
(colon et/ou intestin grêle) par compression des
structures abdominales entre le billot rachidien Stabilité
fixe et la ceinture de sécurité lors d’une hyper-
flexion (fig. 8-10). Devant toute fracture en dis- Fracture instable, le retard diagnostique peut
traction du rachis dorso-lombaire, il faut donc être gravissime avec apparition de lésions neu-
Chapitre 8. Traumatismes du rachis dorso-lombaire 135
Fig. 8-9. TDM en coupes sagittale (a), coronale (b) et reconstruction 3D (c), IRM pondérée T2 dans le plan sagittal (d).
Fracture de Chance en T8, notez la direction postéro-antérieure de la fracture (flèche noire et pointillés) avec tassement vertébral
antérieur. Le trait horizontal « ouvre » l’apophyse transverse gauche et l’épineuse comme un livre (flèche blanche). L’IRM illustre les
dégâts ligamentaires associés à ce type de fracture : rupture des ligaments jaunes (* blanche) et du ligament inter mais surtout
supraépineux (* noire).
rologiques irréversibles. Compte tenu de son uniquement transosseuse présentant une instabilité
orientation horizontale, cette fracture peut pas- transitoire et pouvant consolider sous couvert d’un
ser inaperçue en coupes axiales et nous insistons corset rigide porté pendant au moins 4 mois.
sur la lecture systématique du rachis dans les trois
plans de l’espace, en reconstructions sagittales++
notamment.
Fracture en hyperextension
Image TDM
Le diagnostic repose sur une atteinte de la colonne
antérieure avec un bâillement antérieur du disque. En
fonction de la violence du traumatisme, cette fracture
peut se prolonger vers l’arrière avec atteinte du SMR
et de l’arc postérieur en compression (fig. 8-11).
Elle se différencie de la fracture de Chance par une
atteinte systématique de la colonne antérieure en dis-
traction alors que la colonne antérieure est atteinte en
flexion dans les fractures de Chance.
Stabilité
C’est une fracture instable.
Fig. 8-13. TDM en coupes sagittale (a), axiale (b) et IRM en pondéra-
tion T2 et en coupe sagittale (c).
Fracture tassement antérieur de L1 avec antélisthésis de T12 et luxation
articulaire antérieure bilatérale de T12 (flèche). Notez l’aspect de facettes
articulaires nues (*) de L1 signant la luxation. Il s’agit donc d’une fracture
dislocation de L1 en flexion-distraction. Illustration IRM des lésions asso-
ciées : souffrance médullaire (flèche), rupture du LLP (tête de flèche) et
des ligaments jaunes (*).
Fig. 8-14. TDM (a) et IRM pondérée T1 avec saturation de la graisse (b).
Fracture en flexion-compression de T6 avec hématome épidural (*) bien visible sur la TDM en fenêtrage « parties molles » et
confirmé par l’IRM.
Le « SCIWORA » ou Spinal Cord Injury WithOut énergie et sur lésion pré existante à type de hernie
Radiographic Abnormalities correspond à des discale, de canal étroit constitutionnel, de spondy-
symptômes neurologiques déficitaires sans lésion lolyse, d’hypertrophie dégénérative des ligaments
osseuse traumatique sur la TDM. Ces lésions jaunes…, tout ce qui peut réduire la surface cana-
ont été décrites initialement chez l’enfant. Elles laire vertébrale.
seraient dues à une différence d’élasticité entre La TDM joue un rôle dans ce type de symptoma-
le rachis et la moelle, cette dernière étant moins tologie déficitaire post traumatique en éliminant
flexible, elle ne peut subir les différentes forces de manière formelle une lésion osseuse causale.
vulnérantes qu’en se lésant. Plusieurs étiopatho- C’est ensuite l’IRM (fig. 9-1) qui posera le dia-
logies, sont incriminées : traction longitudinale gnostic positif d’atteinte médullaire puisque le
directe sur la moelle, atteinte ischémique secon- pronostic est lié à l’extension de la lésion en hau-
daire (vasospasme), transmission de forces exter- teur et à ses caractéristiques (ischémique ? œdéma-
nes directement à la moelle (concussion)… Quoi teuse ? hémorragique ?).
qu’il en soit, le mécanisme est à haute vélocité. Il
Le traitement est orthopédique chez l’enfant
s’ensuit une tétra ou une paraplégie post trauma-
alors qu’il est généralement médullaire chez les
tique complète d’apparition sub aiguë sans lésion
adultes avec décompression canalaire (laminec-
osseuse, avec atteinte uniquement du cordon
tomie postérieure, flavectomie, discectomie…).
médullaire.
Dans tous les cas, les techniques médicales de
Par analogie, on décrit des cas équivalents chez lutte contre l’œdème médullaire doivent être
l’adulte, survenant lors d’un traumatisme à faible entreprises rapidement.
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142 Traumatisme du rachis
Rachis dorso-lombaire
Rachis cervical
Le rachis dorso-lombaire est acquis dans le même
L’exploration du rachis cervical est réalisée dans le temps que l’acquisition sur le thorax et l’abdomen.
même temps que l’acquisition à l’étage encépha- L’acquisition est réalisée en filtre « standard » et
lique. Les paramètres sont identiques à ceux du sera également reconstruite en filtre bone plus et
crâne (cf. chap. crâne) et l’acquisition est réalisée avec un petit FOV centré sur la colonne rachi-
dans un premier temps sans injection. L’hélice dienne. Les paramètres de l’acquisition seront
acquise en filtre « soft » sera reconstruite en filtre détaillés dans un chapitre dédié. Quoi qu’il en
« bone plus » et en coupes inframillimétriques. soit, la lecture sera réalisée dans les trois plans de
La lecture se fait dans les trois plans de l’espace et l’espace et en fenêtrage os et parties molles.
en fenêtrage os et parties molles. Les reconstruc- L’IRM n’est réalisée en urgence qu’en cas de
tions 3D VR ont peu d’intérêt. discordance radioclinique (symptômes déficitai-
On réalise un angioscanner artériel des troncs res avec TDM normale), à la recherche de lésions
supra-aortiques en cas de : médullaires.
Chapitre 10
Généralités
Les traumatismes thoraciques seraient responsables les AVP et les chutes d’une grande hauteur
d’environ trois quarts des décès post-traumatiques sont les circonstances les plus fréquemment
dans leur ensemble. retrouvées.
On décrit deux types de traumatismes : La radiographie thoracique est certainement la
• les traumatismes ouverts, représentant moins de dernière radiographie standard encore nécessaire
10 % des traumatismes thoraciques, secondaires en urgence dans tout traumatisme. Réalisée de
à une blessure par arme blanche ou arme à feu face, en décubitus, au lit du patient, elle permet
et responsables de lésions situées sur la trajec- d’éliminer les lésions nécessitant une prise en
toire de l’objet vulnérant ; charge thérapeutique en extrême urgence comme
• les traumatismes fermés, représentant la grande un pneumothorax compressif ou un hémomédias-
majorité des cas en Europe, secondaires à plu- tin massif. La TDM multicoupes est ensuite l’exa-
sieurs types de mécanismes (fig. 10-1) : com- men clé du bilan lésionnel thoracique. Elle permet
pression antéro-postérieure ou latérale par en une seule acquisition et une seule injection
choc direct, ou décélération avec cisaillement ; l’analyse optimale de l’ensemble des structures
thoraciques grâce à un triple fenêtrage de lecture Nous aborderons successivement les différents
(« médiastinal », « osseux » et « parenchymateux types de lésions rencontrées dans chaque compar-
pulmonaire ») associé aux reconstructions multi- timent thoracique : secteur osseux puis pleural,
planaires (sagittales pour le rachis et le sternum, parenchymateux pulmonaire et enfin médiastinal.
sagittale oblique pour l’aorte, VR pour le sque- Les lésions du rachis thoracique sont décrites dans
lette costal…). un chapitre dédié.
Chapitre 11
Traumatismes osseux
Fig. 11-1. Fracture de côte typique avec rupture corticale Fig. 11-2. Reconstruction 3D VR.
et déplacement. Multiples fractures de côtes non déplacées intéressant au
moins six côtes adjacentes (têtes de flèche).
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148 Traumatismes thoraciques
Fig. 11-3. Fractures de côte (flèche) chez deux patients différents avec hématome extra-pleural (*) au contact à limites
externes convexes.
matisme de l’aorte thoracique (fig. 11-5), en effet la poumon ou de péricarde via le foyer fracturaire
première côte peut être lésée par traumatisme direct par rupture du tissu fibromusculaire (fig. 11-8).
par la ceinture de sécurité par exemple qui ne néces- Les lésions du squelette cartilagineux sont détec-
site pas forcément un traumatisme violent. tables en TDM sous la forme d’un épaississement
L’intérêt de la TDM n’est pas de comptabiliser des parties molles et d’un hématome (inconstant)
précisément le nombre de côtes atteintes, mais en regard du cartilage atteint (fig. 11-9).
plutôt et surtout de rechercher les complications Chez l’enfant, la souplesse et l’élasticité de la
lésionnelles viscérales sous-jacentes qui sont recen- cage thoracique protègent des fractures costales.
sées dans le tableau 11-1. L’énergie du traumatisme est directement trans-
Les fractures très étendues peuvent entraîner une mise aux viscères sous-jacents, ce qui explique la
brèche pleurale ou une « hernie thoracique » de plus grande fréquence des contusions pulmonaires
Chapitre 11. Traumatismes osseux 149
Fig. 11-7. Coupes axiales au temps artériel (a), portal (b) et tardif (c).
Fracture de côte droite déplacée, compliquée de saignement actif d’une
artère intercostale (flèches) et d’une contusion hépatique (*).
Fig. 11-8. Pneumothorax droit avec brèche pleurale et rup- Fig. 11-9. Fracture ancienne (pas d’hématome au contact)
ture musculo-aponévrotique intercostale sur volet costal. d’un cartilage costal calcifié (flèche) chez une personne
Notez la diffusion du pneumothorax dans les tissus sous- âgée.
cutanés avec emphysème.
Chapitre 11. Traumatismes osseux 151
Les fractures sur côte pathologique sont de décou- costaux et notamment des jonctions costo-verté-
verte plus rare. Les principales tumeurs costales brales et chondrocostales (fracture cartilagineuse)
sont les lésions dysplasiques, les tumeurs à cellules et des côtes flottantes, qu’une lecture trop rapide
géantes, les plasmocytomes et les métastases. peut manquer.
Le post-traitement doit être utilisé dès que pos-
Pièges et difficultés diagnostiques sible pour faciliter la détection et la localisation
des lésions (reconstructions sagittales et 3D
Faux positifs VR++), surtout en cas de fractures non déplacées
La seule vraie difficulté diagnostique est de dif- (fig. 11-12). Mais les reconstructions volumiques
férencier une fracture récente et ancienne. Ce ne sauraient se substituer à une analyse précise des
problème ne se pose pas quand le cal osseux est coupes natives, en effet, les logiciels 3D perdent
typique avec un pont osseux hypertrophique au beaucoup d’informations lésionnelles et risquent
niveau de la côte, qui sera facilement différencié de sous-estimer le bilan fracturaire. C’est en asso-
d’une fracture récente (fig. 11-10). Une fracture ciant l’ensemble des outils diagnostiques que le
en voie de consolidation présente des appositions rendement diagnostique sera le meilleur.
périostées. Une fracture pseudarthrosée présente
des berges plus ou moins régulières mais corticali-
sées. Toutes ces fractures anciennes ne s’accompa- Impact thérapeutique
gnent pas d’un hématome extra-pleural au contact Le pronostic des fractures costales dépend des
ni de lésions traumatiques viscérales sous-jacentes. fréquentes lésions associées sous-jacentes et du
Cependant, une fracture récente peut survenir sur retentissement sur la mécanique ventilatoire. En
une fracture ancienne compliquant ainsi le dia- effet, la morbidité des fractures de côtes est liée à
gnostic (fig. 11-11). N’oublions pas que le maî- la douleur postfracturaire qui entraîne un défaut
tre mot reste la clinique et qu’en cas de doute, une de ventilation et un effort de toux inefficace avec
simple pression manuelle sur la région litigieuse stagnation des sécrétions bronchiques et risque
redressera rapidement le diagnostic. de surinfection bronchopulmonaire. Ce risque
est d’autant plus élevé que le patient est insuffi-
Faux négatifs
sant respiratoire ou cardiaque. La morbidité et la
Les erreurs diagnostiques sont liées aux topo- mortalité sont accrues avec le nombre de côtes
graphies particulières de certains traumatismes atteintes et l’âge du patient (les patients de plus de
Fig. 11-10. Cal osseux typique en TDM. Fig. 11-11. Traumatisme costal, association d’une fracture
semi-récente (flèche) et d’une fracture d’allure récente sur
cal osseux (*).
152 Traumatismes thoraciques
65 ans présentant plus de trois fractures de côtes On parle également de volet thoracique s’il existe
auraient un taux de mortalité multiplié par cinq et une fracture d’au moins trois côtes symétriques
un risque de pneumopathie multiplié par quatre par rapport au sternum.
par rapport aux sujets jeunes). Ces fractures siègent en général au niveau des arcs
En cas de fracture isolée ou avec peu de compli- antérieurs et antéro-latéraux.
cation viscérale, le pronostic est bon avec un seul Le volet peut être impacté, engrené ou désoli-
objectif : l’obtention de l’antalgie (usage d’antalgi- darisé, responsable alors d’une respiration para-
ques de classe progressivement croissante jusqu’aux doxale (dépression du volet costal en inspiration
opiacés). Ce sont ensuite les associations lésionnel- de constatation clinique) conditionnant le pro-
les qui guideront la prise en charge thérapeutique nostic (fig. 11-13).
(possibilité d’embolisation en cas d’atteinte des
Le but de la TDM est, outre de confirmer le dia-
vaisseaux artériels intercostaux ou mammaire…).
gnostic, de faire le bilan des complications viscérales
sous-jacentes (voir tableau 11-1). Les reconstruc-
Au total tions 3D VR sont intéressantes pour montrer le
• La plus fréquente des lésions thoraciques de l’adulte. siège et l’étendue du volet.
• De bon pronostic si isolée.
• Chercher les lésions associées.
• Regarder les vaisseaux au contact. Pièges et difficultés diagnostiques
La principale difficulté diagnostique réside dans la
Volet thoracique détection de tous les traits de fracture nécessaires
pour parler de volet thoracique. Les reconstruc-
Le volet thoracique est la lésion pariétale la plus tions 3D peuvent être d’une aide précieuse.
sévère après les traumatismes rachidiens.
Impact thérapeutique
Image typique
La gravité de ces lésions dépend du retentisse-
Il s’agit d’un trait de fracture au moins bifocal sur ment sur la mécanique ventilatoire et des lésions
au moins trois côtes adjacentes. associées.
Chapitre 11. Traumatismes osseux 153
Les volets thoraciques nécessitent une prise en retrouvées lors d’un traumatisme violent, ces frac-
charge en réanimation avec mise en place d’une tures peuvent néanmoins être isolées.
ventilation assistée et d’une couverture antalgique
puissante. L’amélioration du drainage des sécrétions Rappel anatomique
trachéo-bronchiques est primordiale (kinésithéra-
pie respiratoire) pour éviter les risques de surinfec- Le sternum est formé embryologiquement par la
tion. Le taux de mortalité est plus élevé pour les fusion de six sternèbres (fig. 11-14). C’est un os
volets thoraciques associés à des contusions paren- qui comporte trois parties :
chymateuses, par défaillance respiratoire (SDRA, • le manubrium ;
broncho-pneumopathie…). Les techniques de sta- • le corps ;
bilisation chirurgicale sont encore affaire d’école • l’appendice xiphoïde.
mais de manière consensuelle, sont inefficaces en
cas de traumatisme parenchymateux sous-jacent.
Au total
• Diagnostic = au moins deux traits de fracture sur au
moins trois côtes contiguës.
• Traumatisme sévère.
• Rechercher les lésions viscérales sous-jacentes.
• Traitement en réanimation car risque de défaillance
ventilatoire++.
Traumatisme du sternum
Le sternum est fracturé par un mécanisme en impact
direct. L’incidence de ce traumatisme est en baisse
depuis l’utilisation des airbags. Classiquement Fig. 11-14. Schéma illustrant l’anatomie du sternum.
154 Traumatismes thoraciques
Il peut exister des défauts de fusion entre les dif- liser des reconstructions dans le plan sagittal pour
férentes pièces osseuses, source potentielle de dépister ce type de fracture (fig. 11-15).
confusion dans un bilan traumatique. Elle s’associe souvent à un hématome rétroster-
nal (formant donc un hémomédiastin antérieur)
Image typique qui sera bien différencié d’un hémomédiastin
sur rupture aortique par la présence d’un liseré
C’est une solution de continuité transversale ou graisseux entre l’hématome et l’aorte témoi-
longitudinale, siégeant préférentiellement au niveau gnant de son origine NON aortique (fig. 11-16
du corps et du manubrium. Il est important de réa- et 11-17).
Si l’hémomédiastin antérieur est abondant, il coupes axiales (fig. 11-20). L’utilisation systéma-
existe un risque de tamponnade par compression tique de reconstructions multiplanaires permet
des cavités cardiaques par l’hématome. d’éviter ce type de confusion.
Les lésions viscérales associées à rechercher sont
d’ordre :
• cardiaque : contusion myocardique, hémopéri Impact thérapeutique
carde ; Le traitement est conservateur à visée antalgi-
• rachidienne : surtout fracture du rachis cervical que associé à une surveillance cardiaque rappro-
de type whiplash injury associée dans près d’un chée (ECG, enzymes cardiaques, échographie à
tiers des cas ; la recherche d’un hémopéricarde…) du fait de la
• vasculaire : lacération aortique ou des vaisseaux grande proximité des cavités cardiaques et de la
mammaires internes (fig. 11-18) ; possibilité de contusion cardiaque associée.
• pulmonaire ou trachéobronchique.
Les techniques de stabilisation chirurgicale
(plaques-vis ou suture) se discutent en cas de
Pièges et difficultés diagnostiques déplacement important, de pseudarthrose ou d’in-
suffisance respiratoire par défaut de ventilation. Les
Les défauts d’ossification représentent les prin- fractures longitudinales sont alors suturées comme
cipaux pièges diagnostiques. À la différence des les sternotomies.
fractures, ils possèdent une topographie bien pré-
cise (cf. rappel anatomique), des berges bien cor-
ticalisées en périphérie et ne s’accompagnent pas
d’infiltration œdémateuse des parties molles en Au total
regard ni d’hémomédiastin (fig. 11-19). • Impact direct.
La jonction manubrio-sternale peut mimer une • Signe indirect : hémomédiastin antérieur.
fracture lorsqu’elle est parfaitement parallèle à • Lecture en reconstructions sagittales +++.
• Le pronostic est aux lésions viscérales associées.
l’axe du rayon, générant un volume partiel sur les
Fig. 11-20. Faux positif de fracture du sternum en coupe axiale (flèche), correspondant à un volume partiel sur la jonction
manubrio-sternale (*).
Traumatisme de la clavicule
Il s’agit le plus souvent d’un mécanisme indirect
par chute sur le moignon de l’épaule, et plus rare-
ment, d’un choc direct sur la clavicule.
Fig. 11-22. TDM en coupes axiale (a), axiale oblique (b) et 3D VR (c).
Hématome sous-clavier gauche (*) secondaire à une fracture comminu-
tive du tiers moyen de la clavicule.
ou par choc latéral lors d’une chute sur l’épaule, la N.B. Attention, ce signe de la coiffe apicale est
tête humérale jouant le rôle de bélier venant fractu- également un signe indirect radiographique de
rer la glène et/ou le col de la scapula. Les fractures rupture aortique, lié à la diffusion de l’hémo-
du corps peuvent survenir par impaction sur la paroi médiastin dans l’espace extra-pleural. L’attribuer
thoracique lors d’un choc direct postérieur, en asso- à une fracture de la scapula revient à éliminer au
ciation fréquente avec des fractures de côtes. Les préalable toute lésion aortique post-traumatique.
fractures de la coracoïde sont en général secondaires Les lésions associées à rechercher sont de type
à une contraction musculaire contrariée violente. vasculaire (vaisseaux axillaires, atteinte rare mais
Dans plus de 50 %, il existe d’autres lésions thora- de mauvais pronostic), ostéoarticulaire (autres
ciques associées. fractures de la ceinture scapulaire ou du sque-
lette costal) et pleuropulmonaire (pneumothorax,
hémothorax, contusion…).
Image typique
Les fractures de la scapula sont divisées en deux
types (tableau 11-2) : Pièges et difficultés diagnostiques
• les fractures articulaires désignées comme telles
La gravité des traumatismes en présence ris-
si elles sont susceptibles d’entraîner une modi-
que d’occulter ce type de fracture. En effet,
fication de l’architecture de la glène ou de la
cette fracture étant rarement isolée, le lecteur
voûte acromiale ;
• les fractures extra-articulaires qui sont les plus
fréquentes (fig. 11-24).
Tableau 11-2 Classification des fractures de la scapula.
Le diagnostic est aisé en TDM qui doit préci-
ser la topographie, le déplacement, le degré de Fractures articulaires Fractures extra-
comminution et les refends articulaires du foyer articulaires
fracturaire qui guideront la thérapeutique. Les Fracture du col anatomique ou du col Fracture du corps.
reconstructions MPR mais surtout 3D VR sont chirurgical. Fracture de l’épine.
Fracture de la glène.
pertinentes dans ce type de fracture. Un héma- Fracture du processus coracoïde souvent
tome des parties molles au contact est constant, associée à une luxation gléno-humérale
pouvant diffuser dans l’espace extra-pleural apical ou acromio-claviculaire.
et donner le signe de la « coiffe apicale ». Fracture de l’acromion.
Chapitre 11. Traumatismes osseux 159
Fig. 11-24. TDM en coupes axiale (a), sagittale oblique (b) et 3D VR (c).
Fracture comminutive extra-articulaire du corps de la scapula avec héma-
tome pré- et rétroscapulaire (*). La reconstruction VR permet de bien
analyser les différents traits de fracture et surtout de confirmer l’absence
d’atteinte de l’articulation gléno-humérale. Notez l’aspect de coiffe apicale
homolatérale (flèches) par diffusion du saignement périfracturaire.
Impact thérapeutique
Le traitement est dans la grande majorité des cas Disjonction acromio-claviculaire
orthopédique avec immobilisation sous couvert
d’antalgiques. Une mobilisation douce et pré- Elle résulte le plus souvent d’une chute sur le moi-
coce est indispensable afin d’éviter les adhérences gnon de l’épaule, bras en adduction.
cicatricielles sources d’enraidissement secondaire
de l’épaule. La chirurgie est rarement requise et Image typique
dépend des écoles, elle sera discutée en cas de frac-
ture complexe et/ou très déplacée, d’autant plus La TDM visualise un diastasis entre les surfaces
que la cavité glénoïdienne est atteinte. articulaires acromiale et claviculaire qui ne sont
160 Traumatismes thoraciques
Au total
• Diastasis articulaire acromio-claviculaire.
• Le bilan est clinique et radiographique pour le choix
thérapeutique.
Disjonction sterno-claviculaire
C’est une lésion rare car il existe un puissant sys-
tème ligamentaire assurant la cohésion de l’articu-
lation sterno-claviculaire. Une disjonction résulte Fig. 11-25. Luxation sterno-claviculaire postérieure droite
donc d’un choc violent avec un mécanisme direct (flèche) chez un sujet de moins de 25 ans comme en témoi-
gne la présence du noyau épiphysaire médial de la clavi-
en compression antéro-postérieure ou indirect par cule, non fusionné. Notez la proximité du TABC qui est bien
compression latérale de l’épaule. opacifié sans complication.
Chapitre 11. Traumatismes osseux 161
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Grenier P. Traumatismes du thorax : lésions élémen- 213–224.
Chapitre 12
Traumatismes pleuraux
Hémothorax
Un dogme : « Tout épanchement intrapleural
post-traumatique est considéré comme hématique
jusqu’à preuve du contraire. »
La présence de sang dans la plèvre provient de dif-
férents mécanismes, il s’agit :
• soit d’un saignement veineux à faible pression
d’origine parenchymateuse (lors des contusions
ou lacérations) avec sédation rapide et spontanée ;
• soit d’un saignement artériel (intercostal, mam-
maire interne, sous-clavier ou aortique) à haute
pression avec majoration rapide du volume de Fig. 12-1. TDM non injectée.
l’épanchement, nécessitant une prise en charge Traumatisme, épanchement liquidien pleural gauche de 50 UH
de densité spontanée en rapport avec un hémothorax.
thérapeutique urgente ;
• soit d’origine sous-diaphragmatique par diffu-
sion d’un hémopéritoine à travers une brèche
diaphragmatique.
Image typique
Il s’agit d’un épanchement au sein de la cavité
pleurale spontanément hyperdense (densité supé-
rieure à 40 UH, fig. 12-1) avec atélectasie passive
du parenchyme pulmonaire au contact.
Un caillotage est parfois visible sous la forme d’un
épanchement de densité hétérogène avec des for-
mations arrondies ou linéaires intrapleurales, iso-
ou hyperdenses, en général déclives, en rapport
avec les caillots (fig. 12-2). Ce caillotage diminue
Fig. 12-2. Hémothorax droit.
l’efficacité du drainage. Notez son aspect hétérogène avec hyperdensités déclives
N.B. En présence d’un épanchement pleural per- (flèche) en rapport avec des caillots.
sistant malgré un drain correctement positionné,
la présence de caillot en TDM oriente fortement des structures vasculaires (fig. 12-3). L’origine
vers une obstruction du drain. du saignement est parfois visible avec fuite directe
La présence d’un hémothorax impose la réalisa- de PDC en intrapleural ou fuite active à proximité
tion d’une TDM injectée afin de vérifier l’intégrité de la plèvre (fig. 12-4).
TDM en traumatologie
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164 Traumatismes thoraciques
Un hémothorax peut être associé à un pneu- Il faut savoir reconnaître un épanchement enkysté
mothorax avec un niveau hydroaérique gravito- se présentant sous la forme d’un épanchement
dépendant (fig. 12-5). L’air intrapleural provient localisé, non déclive, de forme lenticulaire ou
le plus souvent d’une lacération pleuro-paren- elliptique et le topographier pour orienter le geste
chymateuse secondaire à une fracture de côte et thérapeutique (fig. 12-8).
exceptionnellement d’une rupture œsophagienne Il faut bien sûr préciser la bonne position du drain
ou d’une fistule broncho-pleurale. pleural s’il est déjà posé lors de la réalisation de la
Le principal signe de gravité à rechercher est TDM. Le piège principal consistant à localiser un
une déviation des structures médiastinales du drain dans le parenchyme alors qu’il est dans une
côté opposé signant un hémothorax compressif scissure et donc bien en place dans l’espace intra-
nécessitant une prise en charge thérapeutique en pleural, et inversement. Les reconstructions MPR et
urgence (fig. 12-6 et 12-7). les coupes fines seront alors d’une aide précieuse.
Fig. 12-5. Hémopneumothorax droit (flèche). Fig. 12-7. Hémopneumothorax gauche compressif avec
Notez la condensation (*) lobaire inférieure droite, systémati- déplacement des structures médiastinales vers la droite.
sée, compatible avec une pneumopathie d’inhalation. Notez la topographie de la sonde nasogastrique très latéro-
déviée à droite.
Fig. 12-6. Hémothorax compressif droit avec refoulement Fig. 12-8. Hémothorax non déclive (*), enkysté au niveau
(flèches) du parenchyme pulmonaire vers la gauche. de la gouttière costo-vertébrale droite et sur le versant axil-
laire, avec tassement parenchymateux passif au contact.
des valeurs de densité. Le diagnostic de certitude d’un hémothorax et l’hématocèle pulmonaire est
repose sur la ponction pleurale avec analyse bio- en général cerné par des opacités parenchymat
chimique du liquide. euses post-traumatiques au contact.
Pneumothorax
Un pneumothorax est retrouvé chez 25 à 40 % des
traumatisés thoraciques, c’est la deuxième lésion
thoracique la plus fréquente après les fractures
costales. Il survient deux fois plus souvent en cas
de traumatisme fermé qu’en cas de traumatisme
pénétrant.
Un pneumothorax massif doit être diagnostiqué
et drainé en urgence sur les lieux de l’accident
car il constitue une cause rapidement curable de
détresse respiratoire fatale.
Les différentes origines des pneumothorax sont
Fig. 12-9. Hémothorax droit (flèche) avec hématocèle para- rappelées dans le tableau 12-1.
médiastinal (*) pouvant mimer un hémothorax enkysté.
Attention : un pneumothorax ne peut pas engen-
drer un pneumomédiastin sauf s’il existe une brè-
d’hémostase) sont réservées aux patients instables
che de la plèvre médiastinale ! En revanche, un
hémodynamiquement sans autre cause extra-pleu-
pneumomédiastin peut donner un pneumothorax.
rale, ou en cas d’hémothorax de volume supérieur à
L’air médiastinal diffuse le long des espaces péri-
1,5 litres d’emblée ou de débit supérieur à 200 ml/
bronchovasculaires puis dans les espaces intersti-
heure.
tiels pulmonaires dont les régions sous-pleurales,
L’origine d’un saignement doit être attentivement créant des blebs sous-pleuraux, pouvant se rompre
recherchée par la TDM car il peut nécessiter un geste secondairement dans la plèvre. L’inverse n’est pas
endovasculaire en cas de saignement actif artériel. possible, la plèvre ne communiquant pas avec les
Dans tous les autres cas (hémothorax de petit espaces interstitiels.
volume, patient stable), le traitement est conser-
vateur avec surveillance régulière clinico-
radiographique.
Il existe un risque d’évolution vers un fibrothorax Tableau 12-1 Récapitulatif des différents mécanismes
(avec altération de la fonction respiratoire) voire de survenue d’un pneumothorax.
une surinfection avec empyème. Traumatisme direct Fracture de côte.
de la plèvre viscérale Objet pénétrant.
Lacération pulmonaire avec rupture
alvéolaire intrapleurale.
Au total
Iatrogène si difficultés lors de la pose
• Origine veineuse ou artérielle qui conditionne le pro- de voie veineuse centrale.
nostic et la prise en charge thérapeutique. Barotraumatisme Secondaire à une ventilation assistée.
• « Listing » à vérifier devant un épanchement pleural Effort à glotte fermé (= effet
post-traumatique : Macklin) souvent en association
– densité ? avec un pneumomédiastin, un
emphysème sous-cutané et parfois
– topographie : enkysté ? grande cavité pleurale ? un pneumopéricarde (risque
uni/bilatéral ? de tamponnade++).
– volume : petite/moyenne/grande abondance ;
Diffusion d’un Toutes les causes de pneumomédiastin
– aspect : homogène ? caillot ? air ? pneumomédiastin diffusant le long des espaces
– compressif ou non ; péribronchovasculaires (cf. tableau 14-2).
– origine du saignement si possible : veineux ? arté-
Anomalie préexistante Rupture de bulles sous-pleurales chez
riel ? avec topographie exacte si visible ; les patients emphysémateux.
– position du drain pleural : intra- ou extra-pleural ? Rupture de blebs chez les plus jeunes.
Chapitre 12. Traumatismes pleuraux 167
Fig. 12-10. Pneumothorax droit sur fracture de côte, notez Fig. 12-11. Pneumothorax gauche enkysté (flèche) dans la
l’emphysème sous-cutané associé. scissure.
168 Traumatismes thoraciques
Fig. 12-12. Pneumothorax d’abondance variable, de petite abondance (a) (flèches) et massif (b) (notez que le drain pleural
est déjà en place).
Fig. 12-13. Pneumothorax droit compressif. Fig. 12-14. Coexistence d’un emphysème paraseptal (flè-
Notez le déplacement des structures médiastinales vers la gau- che blanche) et d’une lame de pneumothorax (flèche noire).
che (flèche) et l’aspect convexe de la plèvre médiastine droite.
Faux négatifs thorax de petit volume peut être mal toléré chez
le patient insuffisant respiratoire chronique. De
Aucun ! Un pneumothorax ne doit pas être « man- même, un petit pneumothorax peut rapidement
qué » en TDM car le diagnostic est évident si la lecture devenir compressif et suffocant chez les patients
est attentive. Les localisations particulières (interscis- placés sous PEEP (ventilation à pression expira-
surale ou très apicale) seront au mieux dépistées par toire positive).
les reconstructions coronales et sagittales. Le pneumothorax compressif est une urgence
thérapeutique et doit être exsufflé dès que pos-
Impact thérapeutique sible. Le drainage s’impose également en cas de
contusions importantes ou d’hémothorax asso-
La gravité du pneumothorax n’est pas liée unique- ciés. Si une ventilation mécanique doit être mise
ment à son volume mais à la qualité de la fonction en route, le drainage du pneumothorax devra être
respiratoire sous-jacente du patient. Un pneumo- discuté au cas par cas. Les pneumothorax de petite
Chapitre 12. Traumatismes pleuraux 169
Fig. 12-15. Dystrophie emphysémateuse évoluée avec Fig. 12-16. Coexistence d’un pneumatocèle sous-pleural
coexistence de volumineuses bulles sous-pleurales (*) et (flèche) et d’une lame de pneumothorax (tête de flèche).
d’un pneumothorax (flèche). Notez le tassement parenchymateux au contact du
pneumatocèle.
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Chapitre 13
Traumatismes du parenchyme
pulmonaire
Contusion parenchymateuse Elles siègent volontiers au niveau des zones
de conflit (= région de l’impact) avec les côtes
C’est la lésion pulmonaire la plus commune au cours (fig. 13-4), le sternum, le cœur ou les vertèbres.
des traumatismes fermés. C’est la plus fréquente des Leur topographie est donc plutôt périphérique
lésions thoraciques chez l’enfant. C’est aussi la lésion la avec typiquement la présence d’une fine couronne
plus létale du poumon (environ 5 à 30 % de mortalité (1-2 mm) de parenchyme sain sous-pleural, cette
selon les séries) lié au risque de développement d’un zone étant relativement peu vascularisée donc
syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). épargnée par les saignements (fig. 13-5).
Une contusion pulmonaire correspond à une « ecchy- Elles peuvent survenir sans traumatisme pariétal
mose » parenchymateuse sans déchirure macrosco- notamment dans la population pédiatrique (cage
pique (lésions capillaires, contusion alvéolaire sans thoracique élastique).
rupture…), liée à une transmission de l’énergie, en En cas d’hémorragie sévère, on assiste à un aspect
général d’un impact direct, de la paroi thoracique au d’« hépatisation » du poumon (fig. 13-6).
poumon. Il en résulte une accumulation d’œdème, Elles évoluent selon une chronologie spécifique
d’hémorragie et d’éléments figurés dans l’intersti- (fig. 13-7 et 13-8) : elles apparaissent dans les
tium et dans les alvéoles sans aucune systématisation. six premières heures suivant le traumatisme, elles
D’autres mécanismes sont possibles, notamment s’aggravent dans les 24–48 heures avec une inten-
au cours de violentes décélérations avec compres- sité maximale à 48 heures, puis elles régressent
sion du parenchyme pulmonaire par inertie sur un complètement en 7 à 14 jours (si ce n’est pas le
arbre bronchique fixe, ou bien par hyperpression cas, il faut alors suspecter une surinfection ou une
intra-alvéolaire (barotraumatisme). évolution vers un SDRA).
L’importance des contusions est corrélée au risque
Image typique de survenue d’un SDRA avec un risque significa-
L’aspect TDM est variable (fig. 13-1) : de la sim- tivement plus élevé en cas d’atteinte supérieure à
ple plage en verre dépoli au foyer de condensa- 20 % du volume pulmonaire, d’où l’intérêt de
tion parenchymateuse unique ou multiple, uni ou décrire l’étendue du dommage parenchymateux.
bilatérale, avec ou sans bronchogramme aérique Une contusion peut favoriser la survenue d’une
(celui-ci est typiquement absent par obstruction torsion lobaire lors du drainage pleural. Cette tor-
bronchique par des sécrétions ou du sang). sion, heureusement rare, correspond à une rotation
Les contours lésionnels sont mal définis, irrégu- d’un lobe autour de son pédicule se compliquant
liers, géographiques. La répartition des lésions est de gangrène, d’issue souvent fatale en cas de retard
focale ou parfois en plages clairsemées (le patchy diagnostique. En TDM, une torsion doit être sus-
des Anglo-Saxons, fig. 13-2). pectée en présence d’une condensation alvéolaire
Elles ne sont pas systématisées. Elles peuvent franchir de localisation anormale avec une anomalie de
les scissures, les segments et les lobes (fig. 13-3). position des hiles, des scissures ou des vaisseaux.
TDM en traumatologie
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172 Traumatismes thoraciques
Fig. 13-4. Foyer de comblement alvéolaire périphérique Fig. 13-6. Hépatisation du poumon droit sur hémorragie
lobaire moyen en rapport avec une contusion (*) au contact sévère intra-alvéolaire (patiente décédée le lendemain de
d’une fracture de côte (flèche). la TDM).
Notez le petit décollement pleural aérique associé.
é vocateurs sont des plages de verre dépoli ou de dépoli de contours géographiques, focales ou dif-
condensation parenchymateuse plutôt périphéri- fuses, ou par des opacités nodulaires éparses péri-
ques, de distribution éparse (patchy) (fig. 13-12). vasculaires. Ils ont une topographie préférentielle
Classiquement, il n’existe pas de syndrome inters- dans les lobes supérieurs.
titiel associé et pas ou peu d’épanchement pleural à
la différence des œdèmes cardiogéniques. D’autre
part, des atélectasies sont possibles. Les anomalies
Tableau 13-1 Critères diagnostiques du SDRA.
radiologiques sont très longues à se normaliser et
une évolution fibrosante n’est pas rare. Début brutal.
Hypoxémie réfractaire malgré une ventilation à haute
Embols graisseux concentration en O2.
Anomalies radiologiques bilatérales évocatrices.
Ils surviennent dans un contexte de fracture Pressions artérielles pulmonaires normales.
Pas d’élévation des pressions dans l’atrium gauche.
ouverte et se traduisent par des opacités en verre
Chapitre 13. Traumatismes du parenchyme pulmonaire 175
Fig. 13-9. Atélectasie lobaire inférieure gauche par obs- Fig. 13-10. Condensation systématisée (*), postéro-basale
truction de la bronche lobaire inférieure gauche (flèche) sur droite plus en faveur d’une inhalation que d’une contusion.
inhalation. Il ne s’agit pas d’une contusion !
Fig. 13-12. SDRA. Fig. 13-13. Hyperclarté ovalaire lobaire inférieure gauche
(flèche) en rapport avec un pneumatocèle.
Fig. 13-15. Lacérations multiples. Fig. 13-16. Pneumatocèles périphériques (*) et centraux
Hématocèles multiples (têtes de flèche) et hémato-pneumato- (tête de flèche noire).
cèle (*). Notez les plages en verre dépoli associées en rapport Notez l’aspect d’hyperclarté sous-pleurale (tête de flèche
avec des hémorragies intra-alvéolaires. blanche), il est difficile de faire la part des choses entre un petit
décollement pleural et un petit pneumatocèle périphérique.
Fig. 13-18. TDM à J1 (a), J3 (b) et 2 mois plus tard (c), illustrant l’évolu-
tion d’un hématocèle paramédiastinal lobaire inférieur droit.
En l’absence de traumatisme connu, ces lésions (*) peuvent mimer des
nodules évolutifs.
Chapitre 13. Traumatismes du parenchyme pulmonaire 179
Fig. 13-19. Emphysème sous-pleural typique (flèche), à ne Fig. 13-20. Coexistence d’un pneumothorax de petite
pas confondre avec un pneumatocèle. abondance (tête de flèche) et d’un pneumatocèle (flèche).
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Chapitre 14
Traumatismes du médiastin
TDM en traumatologie
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182 Traumatismes thoraciques
Fig. 14-2. Diffusion d’un pneumomédiastin via les espaces Fig. 14-3. Emphysème des espaces profonds cervicaux
péribronchovasculaires (flèches) créant un pneumothorax. par diffusion d’un pneumomédiastin.
●● « Petit signe à ne pas manquer » Tableau 14-3 Causes principales des ruptures
Savoir évoquer et rechercher une rupture trachéo- œsophagiennes.
bronchique devant la persistance ou l’aggravation • Ingestion d’un corps étranger contendant (arête de poisson,
d’un pneumothorax, d’un pneumomédiastin ou os de volaille…) avec des lésions plutôt au niveau de la jonction
d’un emphysème sous-cutané malgré un traite- pharyngo-œsophagienne ou œso-gastrique mais c’est une
ment bien conduit. situation rare puisque seulement 1 % des corps étrangers
ingérés se compliquent de perforation œsophagienne.
• « Spontané » ou secondaire à des vomissements itératifs,
à des efforts de toux répétés, à un hoquet persistant…, lié à
Traumatisme œsophagien une hyperpression intraluminale (= syndrome de Boerhaave),
entraînant une section transmurale à proximité du cardia,
souvent de topographie postéro-latérale gauche. Le syndrome
C’est une lésion que l’on ne rencontre pratique- de Mallory-Weiss est une lacération radiaire de la muqueuse
ment jamais dans les traumatismes thoraciques et de la sous-muqueuse de la jonction œsocardiale entraînant
fermés. Elle est plus fréquente dans les traumatis- une hémorragie digestive haute.
• Iatrogène (intubation trachéale ou endoscopie…), les lésions
mes ouverts. siégeant plutôt sur la face postérieure de l’œsophage cervical
Lors des traumatismes thoraciques fermés, le et au niveau de la région crico-pharyngée.
mécanisme lésionnel est une hyperextension du
cou entraînant une impaction de l’œsophage sur lacération transmurale. Les dissections muqueuses
les corps vertébraux en regard. Les lésions siègent n’ont pas de traduction TDM propre. Les rup-
alors préférentiellement sur l’œsophage cervical tures par transsection complète sont rarissimes et
avec un risque accru en présence d’une ostéophy- souvent fatales par médiastinite fulgurante.
tose exubérante cervicale. Les lésions de l’œso-
phage thoracique ou abdominal sont encore plus De multiples signes indirects peuvent orienter le
rares et sont secondaires soit à une hyperpression diagnostic au premier rang desquels un pneumo-
intraluminale œsophagienne (le siège préférentiel médiastin postérieur (fig. 14-4), très fréquent
est alors sous-carénaire à proximité de la jonction (présent dans environ 75 % des lésions œsopha-
œso-gastrique), soit à un traumatisme direct par giennes) avec une valeur localisatrice s’il est de
fracture de côte postérieure ou fracture vertébrale. petite abondance.
Lors de traumatismes pénétrants (arme blanche, Des collections périœsophagiennes, des contours
arme à feu), les ruptures siègent plutôt sur l’œso- flous de l’œsophage avec infiltration de la graisse
phage cervical. périœsophagienne voire des collections médiasti-
Le tableau 14-3 expose les autres causes essen-
tielles et plus fréquentes des ruptures œsopha
giennes.
Image typique
Malheureusement, le diagnostic est souvent
retardé car il existe de nombreux signes évoca-
teurs qui sont très peu spécifiques. Il faut savoir
l’évoquer cliniquement devant un sepsis d’aggra-
vation rapide chez un patient traumatisé thoraci-
que grave (traumatisme cardiaque, gros vaisseaux
médiastinaux et/ou trachéo-bronchique).
Le TDM recherchera des signes « directs » très
Fig. 14-4. Pneumomédiastin localisé (flèche) avec hémo-
inconstants qui sont un épaississement parié- médiastin sur rupture œsophagienne post-traumatique.
tal focal de l’œsophage traduisant un hématome N.B. Traumatisme sévère avec patient en choc cardiogénique
mural, ou une solution de continuité traduisant une à l’arrivée.
Chapitre 14. Traumatismes du médiastin 185
nales d’emblée en rapport avec une médiastinite Il existe de nombreux faux négatifs (voir ci-des-
sont également des signes évocateurs. sous) et il peut être utile de potentialiser l’examen
Parfois, ces traumatismes œsophagiens s’accom- en modifiant la position du patient (acquisition
pagnent d’un emphysème sous-cutané, d’un en décubitus latéral ou en procubitus) permettant
pneumothorax, d’un hémo-, hydro- ou d’un parfois de démasquer le site de la perforation.
pyopneumothorax secondaire à une rupture de la plè- N.B. En cas de suspicion de fistule trachéo-œsopha
vre médiastine. Ces épanchements pleuraux siègent gienne (voir encadré, p. 186), il faudra plutôt
plutôt à droite si la lésion se situe dans les deux tiers utiliser de la baryte.
supérieurs de l’œsophage et plutôt à gauche si la L’endoscopie œsophagienne permet de confirmer
lésion intéresse le tiers inférieur. La constatation d’un le diagnostic mais avec une sensibilité variable
pneumopéricarde reste une « histoire de chasse ». (50 à 90 % selon les équipes) en fonction de la
Une opacification œsophagienne à l’aide de pro- taille et du type de lésion.
duit de contraste iodé hydrosoluble (dilué à 1/5e)
suivie d’une acquisition TDM spiralée permet par-
fois d’objectiver le site perforé par opacification Pièges et difficultés diagnostiques
de la brèche et passage de PDC dans le médiastin
Faux négatifs
(fig. 14-5). Les reconstructions multiplanaires et
parfois l’utilisation du mode MIP sont très perfor- Si la perforation est de trop petite taille ou obtu-
mantes pour la détection de brèches de petite taille. rée par un œdème ou un tissu fibrohémorragique,
u
En cas de fistule de taille inférieure à 2 cm, un traitement
conservateur est discuté.
Sinon, le traitement est chirurgical avec fermeture
de la fistule, drainage médiastinal voire plastie
œsophagienne et/ou trachéale si nécessaire, sous
couvert d’une antibiothérapie prophylactique à large
spectre. L’état nutritionnel du patient doit être conservé
avec jéjunostomie d’alimentation.
Image typique
Impact thérapeutique
Le diagnostic est évoqué en TDM devant un
épanchement pleural persistant (chylothorax) La mortalité est d’environ 50 % en cas de brèche non
dans un contexte de carence nutritionnelle avec traitée, en rapport avec l’immunosuppression induite
immunosuppression et troubles respiratoires. Ces et les complications infectieuses secondaires.
188 Traumatismes thoraciques
Le traitement est médical pendant au moins d’autre part le diagnostic des ruptures asympto-
4 semaines, avec nutrition parentérale et régime matiques en détectant des microsignes.
pauvre en lipides permettant de réduire le flux Ce traumatisme correspond presque exclusive-
chyleux et ainsi de diminuer le débit au niveau de ment à une lacération (déchirure) transversale
la brèche pour favoriser sa fermeture spontanée. linéaire atteignant une ou plusieurs couches parié-
Ce traitement est jugé efficace si le chylothorax tales aortiques et secondaire à des forces de trac-
régresse progressivement. tion, d’étirement et de torsion.
Si la brèche est clairement individualisée par la Les mécanismes lésionnels sont encore discutés et
TDM, un traitement spécifique chirurgical ou probablement multifactoriels, ils associent :
radiologique interventionnel (embolisation par • une décélération horizontale brutale entraîne
microcoils) peut être envisagé. En cas de brèche une traction préférentielle au niveau des zones
non objectivée, le traitement chirurgical consiste de jonction entre segments fixes et mobiles,
en une ligature du canal thoracique à hauteur du notamment au niveau de l’isthme ou juste au
diaphragme. niveau du hiatus diaphragmatique, où les for-
ces de cisaillement sont maximales, lacérant
l’intima ;
Au total • la décélération verticale entraîne des lésions
préférentielles sur l’arche aortique et l’aorte
• Secondaire à un traumatisme pénétrant en général.
ascendante qui viennent en flexion se plicaturer
• Diagnostic évocateur : chylothorax (confirmé par la
et s’impacter sur les structures hilaires transver-
biochimie).
• Diagnostic topographique : lymphographie couplée à sales sous-jacentes ;
la TDM. • un mécanisme en compression directe engendre
• Traitement médical, chirurgical ou radiologique une augmentation brutale de la pression intra-
interventionnel. luminale laquelle, telle une vague, est transmise
directement à l’isthme aortique entraînant une
sorte de blast intraluminal ;
• lors d’une compression antéro-postérieure, l’aorte
● « Petit signe à ne pas manquer »
Rechercher attentivement une lésion œsopha-
est prise en étau entre le mur thoracique antérieur
gienne en cas de chylothorax : lésions souvent et le billot rachidien, c’est le concept osseux.
associées+++. Les lésions de l’aorte ascendante sont souvent
fatales immédiatement par atteinte des coro-
naires, du péricarde et tamponnade, ce qui
Traumatismes vasculaires explique en partie la plus grande fréquence des
lésions isthmiques, qualifiées de moins « graves »
Traumatisme aortique (tableau 14-4).
N.B. On définit l’isthme par le segment aorti-
Les traumatismes aortiques seraient responsables que situé entre la dernière artère à destinée bra-
de 10 à 20 % de l’ensemble des décès après AVP chiocéphalique (sous-clavière gauche en général)
à haute vitesse. On observe environ 80 à 90 % de et le ligament artériel.
décès immédiat et, parmi les survivants, la moitié
décédera dans les 24 heures.
Tableau 14-4 Localisation préférentielle des lésions
L’amélioration, tant des transports médicalisés aortiques.
que des possibilités d’imagerie précoce dans des
> 80 % : isthme sur sa face antéro-médiale ++
conditions d’urgence, rend le diagnostic de rup-
< 10 % : aorte ascendante à la sortie du sac péricardique
ture aortique de moins en moins exceptionnel.
La TDM de réalisation « systématique » permet < 5 % : aorte descendante au niveau du hiatus diaphragmatique
Chapitre 14. Traumatismes du médiastin 189
Image typique
La sémiologie TDM des lésions aortiques est col-
ligée dans le tableau 14-5. L’acquisition est réa-
lisée avec un temps artériel (cf. protocole à la fin
du chapitre).
L’aspect TDM de ces différentes formes de lésions
traumatiques aortiques est résumé ci dessous.
Fig. 14-8. TDM injectée en coupes axiale (a), sagittale oblique (b) et
3D VR (c).
Rupture typique de l’isthme aortique avec faux anévrisme contenant le
saignement. Notez l’hémomédiastin (*) au contact de l’aorte.
hiatus diaphragmatique. L’aorte est générale- faux chenal (les bords du vrai chenal sont alors
ment augmentée de taille aux dépens du faux concaves).
chenal qui se dilate ; d’où l’intérêt des recons- On rappelle l’utilité de la classification de Stanford
tructions sagittales obliques ou, mieux, des qui oriente la prise en charge chirurgicale en
reconstructions curved qui permettent d’aligner fonction de la topographie de la porte d’entrée
toute la longueur de l’aorte descendante. de la dissection. Ainsi le type A correspond à une
Il peut exister de nombreuses voies de réentrées dissection de l’aorte ascendante (imposant un
et de sorties (fig. 14-11). La porte d’entrée se traitement chirurgical) et le type B de l’aorte des-
situe préférentiellement soit au niveau antéro- cendante (traitement médical).
latéral droit de l’aorte ascendante (lié au flux
aortique pulsé) soit au niveau de l’insertion du Hématome intramural aigu
ligament artériel sur l’aorte descendante. Le vrai Il correspond à une dissection aortique non com-
chenal possède en général un calibre inférieur au municante secondaire à un hématome contenu
faux chenal, ce dernier possédant une résistance des vasa vasorum dans la média. En TDM, c’est
périphérique moindre. Il est indispensable de une hyperdensité spontanée pariétale en général
rechercher l’extension de la dissection aux TSA circonférentielle, non rehaussée après injection et
et à l’aorte abdominale et ses branches, et une apparaissant hypodense par rapport à la lumière
éventuelle compression du vrai chenal par le aortique sur les séries injectées (fig. 14-12).
Chapitre 14. Traumatismes du médiastin 191
Fig. 14-9. TDM en coupes axiales (a, b, d) et sagittale oblique (c) au temps artériel et au temps tardif.
Rupture complète transpariétale de l’isthme aortique (flèche blanche) avec extravasation de PDC dans le médiastin sur le temps
tardif. Décès du patient sur la table du scanner. Notez l’aspect d’hépatisation du lobe inférieur gauche en rapport avec un saigne-
ment massif intra-alvéolaire (flèche noire) coexistant avec une atélectasie (*) en avant.
Dans près de la moitié des cas, cet hématome peut Quel compte rendu ?
se compliquer en rompant soit l’intima donnant un Une attention particulière doit être portée à la
aspect de dissection communicante, soit l’adven- rédaction du compte rendu en cas de traumatisme
tice avec un saignement aigu médiastinal plus ou aortique, qui doit préciser la topographie exacte
moins contenu. Un diamètre aortique supérieur de la lésion par rapport aux TSA (distance par rap-
à 5 cm ou un hématome d’épaisseur supérieure à port à l’artère sous-clavière gauche ++), le diamè-
11 mm, serait un critère péjoratif d’évolution vers tre de l’aorte sus- et sous-jacente, la longueur de
une complication. la lésion et l’existence de variantes anatomiques
Un thrombus mural, qui repose au-dessus de l’in- vasculaires de la normale, cela afin d’orienter le
tima, présente des calcifications extérieures et des choix thérapeutique (chirurgical versus endo-
contours irréguliers à la différence de l’hématome vasculaire) et le type de matériel prothétique. Il
mural qui est sous-intimal, avec des calcifications faut également rechercher les lésions associées au
internes et des contours réguliers. premier rang desquelles une atteinte des TSA ou
192 Traumatismes thoraciques
Un hémomédiastin est défini par la présence de Les faux positifs d’hémomédiastin sont représen-
sang en topographie médiastinale. La topographie tés par les résidus thymiques, les atélectasies para-
de l’hémomédiastin oriente vers l’origine du sai- aortiques et les hémothorax dans les gouttières
gnement. Ainsi, un hémomédiastin antérieur avec paravertébrales.
conservation d’un liseré graisseux avec l’aorte
provient généralement d’une cause sternale. Un Faux positifs
hémomédiastin strictement de topographie posté- Intrinsèques
rieure doit faire rechercher une cause rachidienne. Certaines variantes anatomiques de l’aorte thora-
Un hémomédiastin au contact direct des vaisseaux cique peuvent mimer des lésions traumatiques :
doit faire rechercher un traumatisme vasculaire • l’aortic spindle (= équivalent de coarctation
et en particulier aortique en cas de localisation aortique peu serrée) correspond à un rétrécis-
médiastinale moyenne et supérieure. Si aucun gros sement congénital de l’aorte en regard du liga-
vaisseau n’apparaît lésé, il s’agit vraisemblablement ment artériel avec dilatation fusiforme d’aval
d’un saignement des petits vaisseaux médiastinaux pouvant persister à l’âge adulte (incidence dans
(fig. 14-13). la population adulte entre 10 et 15 %) ;
Un hémomédiastin peut diffuser dans l’espace • un diverticule du canal (= ductus diverticulum)
extra-pleural, pleural, inframédiastinal postérieur qui est une ectasie de l’abouchement du canal
(= rétrocrural) et rétropéritonéal. artériel soit « primaire », soit « secondaire » par
194 Traumatismes thoraciques
Fig. 14-13. TDM sans injection (a) et injectée (b) au temps artériel.
Hémomédiastin moyen droit (*) en rapport avec un saignement actif d’une petite artère médiastinale (flèche) sans anomalie
de calibre ni de rehaussement aortique.
Fig. 14-14. Diverticule du canal artériel. TDM en coupes axiale (a) et sagittale oblique avec MIP (b).
Notez l’absence d’hémomédiastin et l’aspect typique de ce diverticule.
traction par le ligament artériel (fig. 14-14) ; L’existence de pathologies sous-jacentes et notam-
en tout cas, ce diverticule se raccorde progres- ment d’un ulcère athéroscléreux pénétrant peuvent
sivement, à angle obtus avec la lumière aorti- être prises à tort comme un signe de traumatisme
que en général au niveau de sa face antérieure aortique. L’athérome siège préférentiellement au
et médiale ; il concernerait entre 10 et 30 % de niveau de la crosse aortique et de l’aorte descen-
la population générale ; dante, il peut se compliquer de faux anévrisme,
• une dilatation des infundibula des TSA ou des dissection ou rupture (fig. 14-16 et 14-17). Les
troncs inter costo-bronchiques peut mimer une arguments en faveur d’une ulcération athérosclé-
image d’addition aortique mais la continuité reuse sont l’association à une infiltration athéro-
avec une petite branche vasculaire redressera mateuse diffuse sur les autres axes artériels et un
rapidement le diagnostic (fig. 14-15). épaississement asymétrique des parois de l’aorte.
Chapitre 14. Traumatismes du médiastin 195
Fig. 14-15. Dilatation de l’infundibulum d’un tronc inter- Fig. 14-17. Localisation typique au niveau de l’aorte des-
costo-bronchique droit (flèche). cendante d’une plaque athéromateuse ulcérée (flèche).
Faux négatifs
Fig. 14-16. Plaque athéromateuse ulcérée.
Notez la topographie des calcifications restant à l’extérieur Le fenêtrage de lecture doit être adapté (W 400–500,
et la conservation d’un diamètre aortique total stable. L 200) pour détecter les anomalies d’opacifica-
tion intraluminales. Les lésions situées au niveau
de la crosse aortique peuvent être méconnues,
Extrinsèques prises pour un volume partiel. Les reconstruc-
Les artéfacts de battements cardiaques créent de faus- tions de l’aorte dans le plan sagittal oblique per-
ses images de lacération sur l’aorte ascendante mettent de confirmer ou d’infirmer l’existence de
(fig. 14-18 et 14-19). Une TDM avec synchronisa- ces lésions.
tion cardiaque (gatting) est l’examen idéal pour s’af-
Impact thérapeutique
franchir de ces problèmes. Cependant, cet examen,
nécessitant une fréquence cardiaque régulière et pas Le diagnostic de lésion traumatique aortique a
trop rapide, est de réalisation difficile en contexte un impact thérapeutique majeur. Le traitement
d’urgence. Les nouvelles machines à 64 canaux ou consiste dans un premier temps et en urgence à
plus permettent par leur rapidité d’acquisition de stabiliser le statut hémodynamique du patient
s’affranchir partiellement de ces artéfacts. avec contrôle strict de la TA et de la fréquence
196 Traumatismes thoraciques
Fig. 14-18. TDM injectée réalisée sans (a) et avec synchronisation cardiaque (b).
Importants artéfacts de mouvements au niveau de l’aorte ascendante avec double contour aortique symétrique (traits noirs) et
image d’addition en croissant hypodense périphérique (tête de flèche), non expliquée par les mouvements cardiaques. La TDM
avec synchronisation permet de confirmer le diagnostic d’hématome mural en s’affranchissant des artéfacts.
Fig. 14-19. Exemples d’artéfacts de battements cardiaques avec aspect de double contour aortique symétrique (flèches)
permettant de les différencier d’une éventuelle dissection.
Notez les artéfacts de durcissement sur le tronc de l’artère pulmonaire droite par la VCS opacifiée.
Fig. 14-20. Artéfact de durcissement sur l’aorte ascen- Pour guider le chirurgien pour sa voie d’abord
dante par le PDC dans la VCS. (postérieure ou antérieure), et décider du siège
du clampage, le rôle du radiologue est de préci-
embolisé et la fracture stabilisée, un saignement ser la localisation exacte de la lésion (face anté-
hépatique doit être « packé », une rate qui saigne rieure, latérale ou postérieure de l’aorte, quel
enlevée…). Un saignement intracérébral serait segment…) et de vérifier l’intégrité du segment
une « contre indication » à l’intervention du fait aortique ascendant siège en général de la voie de
d’un pronostic très sombre ou nécessite au mini- dérivation. Toute variante anatomique vasculaire
mum une décompression au préalable. Le risque de la normale doit être relevée.
principal de la réparation chirurgicale est celui
de la paraplégie postopératoire (pouvant attein- Traitement endovasculaire
dre jusqu’à un tiers des patients selon les séries) Traitement de première intention dans certains
par hypodébit et ischémie dans le territoire spinal centres, la pose d’endoprothèse couverte en cas
antérieur. Ce risque est plus élevé en cas de clam- de pseudo-anévrisme est de plus en plus utilisée
page qu’en cas de CEC, notamment lorsque la (fig. 14-21), notamment chez les patients avec
durée du clampage est supérieure à 30 minutes. des comorbidités ou en présence d’autres lésions
Fig. 14-21. Aortographie (a) avec sonde graduée et TDM en reconstruction 3D VR (b).
Traumatisme de l’isthme aortique (flèche) traité par voie endovasculaire avec mise en place d’une endoprothèse couverte. La TDM
reconstruite en 3D permet de bien vérifier le positionnement prothétique.
198 Traumatismes thoraciques
Fig. 14-22. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif à 5 minutes (c).
Hématome pariétal thoracique antérieur droit avec saignement actif d’une
branche perforante de l’artère thoracique interne. Notez la cinétique de
l’extravasation sur les différents temps de l’injection.
fréquence lésionnelle. Ces lésions sont à rechercher ou hypothermie…). Les dissections sont traitées
en cas de fracture des deux premières côtes, de par anticoagulation efficace.
fracture sternale ou claviculaire, ou de disjonction
sterno-claviculaire. Artère phrénique
La TDM objective une extravasation de PDC, Cf. chap. 15.
une occlusion, un pseudo-anévrisme ou une dis-
section. Cette dernière peut provenir soit d’une Artères intercostale et bronchique
extension d’une dissection aortique, soit d’une La rupture d’une artère intercostale peut entraî-
lésion propre (fig. 14-23). Dans tous les cas, ner soit un hémothorax soit un hématome de
une association avec un hématome axillaire ou paroi et la rupture d’une artère bronchique, un
sus-claviculaire, et/ou un hémomédiastin est hématome intraparenchymateux ou un hémo-
classique. médiastin selon la topographie lésionnelle
Le traitement est rarement immédiat car les (fig. 14-24). Un arrachement de l’ostium de
lésions nécessitant un geste précoce sont souvent l’artère peut être à l’origine d’un faux anévrisme
fatales. La chirurgie différée est réalisée soit par aortique.
thoracotomie latérale, soit par cervico-sternoto- Le traitement est soit chirurgical soit endovascu-
mie et nécessite une protection cérébrale (shunt laire (embolisation si patient stable).
200 Traumatismes thoraciques
Traumatismes péricardiques
Le péricarde est une enveloppe entourant le cœur
et la racine des gros vaisseaux. Il est composé de
deux couches (viscérale et pariétale) contenant un
espace virtuel siège d’une lame liquidienne physio-
logique. En TDM, le péricarde est toujours visible
en avant des cavités cardiaques droites, souligné
par la graisse médiastinale d’un coté et la graisse Fig. 14-25. TDM sans injection.
Volumineux épanchement spontanément hyperdense du péri-
épicardique de l’autre. Son épaisseur, mesurée
carde (*) = hémopéricarde.
en regard de la partie moyenne des ventricules
(reconstruction coronales et sagittales++), ne doit
pas excéder 2 mm. Sa pathologie traumatique se entre 0 et 20 UH. Tout ceci n’est que théorique,
traduit en TDM soit par un épanchement péricar- en effet un hémopéricarde chez un patient anémié
dique, soit par des signes directs de rupture. aura une densité proche de 20 UH et un exsudat
(épanchement riche en protéines) peut avoir une
Épanchements péricardiques densité spontanément élevée. Seule la ponction
péricardique permet d’asseoir le diagnostic quali-
Ils sont de nature variable, soit liquidiens soit
tatif de l’épanchement.
gazeux.
L’examen TDM doit rechercher des signes de
Épanchement liquidien tamponnade (tableau 14-7) nécessitant une
Tout épanchement péricardique liquidien chez décompression péricardique en urgence. Dans les
un patient traumatisé doit être considéré comme cas extrêmes, on peut visualiser une fuite active
hématique jusqu’à preuve du contraire. Il peut de PDC dans le péricarde, constituant un signe
résulter d’un traumatisme fermé, témoignant alors de gravité.
d’une contusion myocardique ou péricardique, N.B. le reflux de PDC dans les veines hépatiques
d’un traumatisme de l’aorte ascendante étendue est interprétable uniquement si l’injection de
au segment péricardique ou d’une simple diffu- PDC s’est faite au niveau des membres supérieurs
sion d’un hémomédiastin. Il peut également être et non par une voie fémorale !
secondaire à un traumatisme pénétrant avec trajet
péricardique de l’objet vulnérant. Pièges et difficultés diagnostiques
Le piège diagnostique habituel est de confondre
Image typique un hémopéricarde avec un hémomédiastin ou avec
Le diagnostic en TDM est aisé en visualisant un
aspect hypertrophique du péricarde. La TDM Tableau 14-7 Signes TDM de tamponnade.
permet en théorie d’approcher la nature du Petit cœur.
liquide péricardique par la mesure de la densité Septum paradoxal à limite convexe dans le VG traduisant une
spontanée : un épanchement spontanément dense augmentation des pressions dans les cavités cardiaques droites.
Cavités cardiaques droites dilatées ou plus volumineuses que
(> 50 UH) serait en rapport avec un hémopéri- celles de gauche.
carde (fig. 14-25), un épanchement de densité Signes d’insuffisance cardiaque droite avec reflux de PDC dans les
négative serait en rapport avec un chylopéricarde, veines hépatiques dilatées, œdème périportal et dilatation de la VCI
un épanchement liquidien pur aurait une densité (fig. 14-26).
202 Traumatismes thoraciques
un hémothorax. La distinction entre ces différen- une extension vers le haut limitée par les récessus
tes topographies est très difficile voire impossible supérieurs le long de la racine de l’aorte.
en TDM, la densité du péricarde étant similaire La présence d’importantes calcifications péri-
à celle des épanchements, le péricarde « s’efface », cardiques pourrait également prêter à confusion
noyé au milieu du liquide (fig. 14-27). Les avec une extravasation de PDC, confusion vite
reconstructions multiplanaires peuvent être utiles levée par l’élargissement du fenêtrage de lecture
mais parfois, seul le recours à une échographie car- (fig. 14-28).
diaque permet de vérifier l’intégrité du péricarde.
En faveur d’une topographie péricardique, on Impact thérapeutique
notera un aspect convexe vers l’avant, la conserva- L’évolution dépend de l’étiologie mais surtout de la
tion d’un liseré graisseux médiastinal antérieur, et rapidité de constitution de l’épanchement. Le trai-
tement est fonction du retentissement sur les cavités péricarde possède une limite convexe vers l’avant
cardiaques droites : ponction péricardique évacua- avec conservation d’un liseré graisseux médiasti-
trice ou péricardotomie, transfusions et traitement nal antérieur. En présence de bulles d’air médias-
du choc, antibiothérapie parfois. La surveillance des tinales antéro-inférieures, il faut se rappeler qu’un
paramètres hémodynamiques, échocardiographi- pneumomédiastin antérieur est nettement plus
ques et électrocardiographiques est primordiale. fréquent qu’un pneumopéricarde.
Une rarissime hernie digestive intrapéricardique
Épanchement gazeux
sur rupture diaphragmatique peut mimer un
Un pneumopéricarde est rare, secondaire à un pneumopéricarde mais les reconstructions multi-
traumatisme pénétrant avec perforation péricardi- planaires actuelles lèveront rapidement le doute
que. De manière exceptionnelle, il est secondaire diagnostic.
à un traumatisme fermé, témoignant alors d’une
communication du péricarde avec le parenchyme Impact thérapeutique
pulmonaire, ou avec la plèvre si pneumothorax, Le traitement est fonction de l’étiologie (suture
ou exceptionnellement avec une fistule œso- ou d’une brèche en cas de perforation sur plaie péné-
trachéo-péricardique. Il peut aussi résulter d’une trante) et des lésions associées.
simple diffusion d’un pneumomédiastin le long
des vaisseaux pulmonaires. Rupture péricardique
Image typique Elle est le plus souvent secondaire à un trauma-
La TDM objective de l’air en topographie péri- tisme pénétrant et peut s’associer à une luxation
cardique, cernant le cœur (fig. 14-29). Un cardiaque. Elle siège plus volontiers du côté
épanchement liquidien peut être associé (hémo- gauche.
pneumopéricarde), il est alors déclive avec une
Image typique
limite antérieure horizontale. Il faudra faire le
bilan des lésions associées et rechercher des signes En TDM, le signe direct est la visualisation
TDM de tamponnade (tableau 14-7). d’une solution de continuité péricardique. Un
pneumopéricarde est évocateur en cas de pneu-
Pièges et difficultés diagnostiques mothorax gauche associé. Une luxation cardia-
Le piège diagnostique consiste à confondre pneu- que peut survenir d’emblée ou quelques jours
mopéricarde et pneumomédiastin. Le pneumo- après le traumatisme et se traduit par une désor-
ganisation et une bascule vers la gauche des cavi-
tés cardiaques. Dans 10 % des cas, une rupture
diaphragmatique est concomitante avec un ris-
que de hernie de viscères péritonéaux dans le
péricarde.
Impact thérapeutique
Le traitement est une urgence chirurgicale, le
cœur hernié étant source de désamorçage cardiaque
par étranglement à travers l’orifice péricardique.
Traumatismes
du muscle cardiaque
Les traumatismes cardiaques regroupent les
Fig. 14-29. Pneumopéricarde (flèche).
Notez le pneumothorax gauche silhouettant une partie du contusions myocardiques, les ruptures myocar-
feuillet pariétal du péricarde antérieur. diques, les ruptures de cordage et les infarctus
204 Traumatismes thoraciques
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Chapitre 15
Traumatismes diaphragmatiques
Le diagnostic de rupture diaphragmatique est en • en arrière au niveau des ligaments arqués laté-
général retardé, les signes cliniques étant masqués par raux (délimitant un hiatus costo-lombaire de
d’autres lésions sus- ou sous-diaphragmatiques. Henlé faisant communiquer l’espace sous-pleu-
La TDM multidétecteurs, par sa résolution spa- ral et l’espace pararénal postérieur) et médiaux,
tiale, a amélioré les performances diagnostiques ainsi que sur les corps vertébraux de L1 à L3
préchirurgicales avec une très bonne sensibilité (par l’intermédiaire des piliers).
(aux alentours de 80 %) et spécificité (avoisinant
les 100 %).
Une rupture diaphragmatique peut résulter de Image typique
différents mécanismes :
• traumatisme pénétrant : le plus fréquent, les Il existe cinq signes TDM suggestifs d’atteinte
lésions sont alors de petite taille (inférieure à traumatique diaphragmatique certains très spé-
2 cm) et plus difficile à détecter en TDM ; cifiques, mais il faut une association de plusieurs
• traumatisme fermé : signes pour que la sensibilité approche les 100 %
– un impact frontal sur l’abdomen engendre (tableau 15-1). Les reconstructions coronales et
une hyperpression intra-abdominale avec sagittales sont indispensables pour l’analyse des
une transmission de l’onde de pression sur le courbures diaphragmatiques.
diaphragme créant des ruptures prédominant Les lésions diaphragmatiques sont plus fréquen-
au niveau de la jonction myotendineuse+++, tes à gauche avec un ratio d’environ trois lésions
– un impact latéral sur le thorax entraîne à gauche pour une lésion à droite. Il existe plu-
une déformation de la cage thoracique sieurs raisons à cette constatation : on citera en
avec étirement et désinsertion des enthèses particulier le rôle protecteur du foie qui constitue
diaphragmatiques (fracture/avulsion costale un « amortisseur » de pression admis par tous, le
ou désinsertion d’un pilier) homolatérales à fait que la coupole droite est plus épaisse que la
l’impact. gauche, mais aussi la sous-estimation des lésions à
droite puisque le diaphragme est bien mieux suivi
à gauche en TDM car silhouetté par de la graisse,
Rappel anatomique facilitant ainsi la détection des ruptures.
Le diaphragme est composé de plusieurs faisceaux Tableau 15-1 Sémiologie évocatrice d’atteinte traumati-
que diaphragmatique.
musculaires qui convergent vers un centre tendi-
neux. Les insertions diaphragmatiques se font : Hernie d’organes intrapéritonéaux = le plus spécifique
• en avant, à la partie postérieure du tiers inférieur mais le moins sensible.
Signe du collet.
du sternum et de l’appendice xiphoïde délimitant Solution de continuité.
un hiatus costo-sternal (= fente de Larrey) ; Épaississement localisé.
• en latéral au niveau du versant interne de K6 à « Chute » du foie ou de l’estomac au contact de la paroi thoracique
K12 ; postérieure.
TDM en traumatologie
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
208 Traumatismes thoraciques
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• Plutôt à gauche et plutôt postéro-latéral et radiaire.
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• Hernie intrathoracique de viscères abdominaux Kaya SO, Karabulut N, Yuncu G, Sevinc S, Kiroglu Y.
avec signe du collet = signes les plus sensibles et Sinus cut-off sign : a helpful sign in the CT diagnosis
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que postérieure et l’estomac à gauche, et la partie Taourel P, Merigeaud S, Millet I, Devaux Hoquet M,
supérieure du foie à droite, doit attirer l’attention Lopez FM, Sebane M. Traumatisme thoraco-abdomi-
car très évocateur d’une lésion diaphragmatique nal : stratégie en imagerie. Journal de radiologie 2008 ;
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Coulomb M, Ferretti G, Thony F, Paramelle PJ, Radio diagnostic IV - Appareil digestif, 33–101-A-30,
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sa région chez l’adulte. Feuillets de radiologie ; 2001 : Wintermark M, Schnyder P. Imagerie des traumatismes
41 (2), 99–144. fermés du thorax. J Radiol 2002 ; 83 : 123–132.
Au final, quel protocole
pour l’exploration
d’un traumatisme thoracique ?
Le bilan thoracique est généralement couplé à une de s’affranchir partiellement de ces artéfacts et
acquisition abdomino-pelvienne. sont donc à développer dans les sites d’imagerie
Une acquisition hélicoïdale basse dose sans injec- accueillant les urgences.
tion est réalisée soit de manière systématique
dans certaines équipes, soit de manière orientée,
en particulier en cas de suspicion de traumatisme Protocole d’acquisition
aortique (détection des hématomes de paroi et
dépistage des calcifications vasculaires). Voici le protocole réalisé dans notre centre, sur un
Une acquisition avec injection de PDC est la règle appareil GE LightSpeed VCT, 64 coupes :
et doit être systématiquement réalisée. Le départ • position du patient : décubitus, bras relevés si
de l’acquisition sera déclenché de manière auto- possible ;
matique par un logiciel de détection de la colonne • scout : TAP ;
de PDC au niveau de la crosse aortique. On pri- • volume d’acquisition : des clavicules incluses
vilégiera le côté droit pour la voie d’abord anté- aux bases pulmonaires ;
brachiale afin d’éviter les artéfacts de durcissement • temps de rotation : 0,5 seconde ;
pouvant perturber l’analyse des troncs supra- • pitch : 0,9 ;
aortiques et de la crosse aortique. • doses : 120 kv, automilli pour un bruit de 22–24 ;
• filtre : standard ou soft (si patient corpulent) ;
Un temps tardif se discute en fonction de l’exis-
• fov : large body ;
tence ou non d’un saignement actif intrathoraci-
• collimation : 40 (64 x 0,625) ;
que. On rappelle qu’un temps veineux thoracique
• injection : 120 cc à 3 ou 4 cc/sec avec départ
nécessite un départ de l’acquisition entre 90 et
automatique.
120 secondes après le début de l’injection.
Nous poursuivons cette hélice à l’étage abdomi-
Dans l’idéal, une TDM avec synchronisation car-
nal et pelvien pour dépister les éventuels saigne-
diaque (gatting) est plus fiable, notamment en cas
ments actifs artériels sous-diaphragmatiques, voire
de traumatisme vasculaire, pour l’exploration de
jusqu’aux membres inférieurs si cela est nécessaire.
la portion ascendante de l’aorte et des coronai-
res. De nombreuses contraintes techniques restent
encore à améliorer pour s’affranchir notamment
des variations de rythme cardiaque et des champs Reconstructions
d’acquisition trop petits qui empêchent son uti-
lisation en pratique courante dans le cadre de Elles sont réalisées en filtre osseux ou détail sur
l’urgence. Les nouvelles machines à 64 canaux la console d’acquisition afin d’optimiser la qualité
ou plus permettent par leur rapidité d’acquisition des images sur le squelette.
Chapitre 15. Au final, quel protocole pour l’exploration d’un traumatisme thoracique ? 213
On préconise la lecture des coupes en épaisseur de rachis et le sternum++ et coronal pour les clavicu-
2,5 mm sur le médiastin et 1,25 mm sur le paren- les, l’arbre trachéo-bronchique…) et en fenêtrage
chyme pulmonaire afin d’améliorer le rapport osseux, médiastinal et parenchymateux pulmo-
signal sur bruit chez ces patients ayant du matériel naire. La reconstruction sagittale oblique (en MPR
de réanimation extrinsèque et souvent les bras le et/ou en 3DVR) sur l’aorte est indispensable lors
long du corps. des traumatismes aortiques permettant aux chirur-
giens de choisir la thérapeutique optimale.
Les reconstructions 3D VR sont utiles pour le
Lecture squelette costal et pour les fractures complexes de la
ceinture scapulaire. On précisera que la qualité des
Elle doit se faire sur une console de post-traitement reconstructions VR nécessite une hélice de départ
dans les trois plans de l’espace (sagittal pour le en filtre standard ou soft et non en filtre bone.
Chapitre 16
Généralités
Environ un patient traumatisé sur trois souffre de Morrison, l’espace inter-spléno-rénal, les gout-
d’un traumatisme abdomino-pelvien. tières pariéto-coliques et le cul-de-sac de Douglas
afin de détecter un éventuel épanchement permet-
tant un traitement optimal en urgence avant toute
Mécanismes lésionnels TDM (drainage d’un hémothorax, laparotomie si
hémopéritoine…).
On distingue les traumatismes ouverts et fermés. Dans tous les autres cas, et comme l’examen cli-
Un traumatisme est dit ouvert dès qu’il existe une nique abdominal est très peu spécifique, la TDM
communication avec le milieu environnant (effrac- multicoupes reste l’examen de choix dans l’explo-
tion cutanée le plus souvent), il est en général ration d’un traumatisme abdominal.
secondaire à un traumatisme par arme blanche ou
par arme à feu. Le rôle de la TDM est d’établir
le bilan lésionnel organique sur le trajet de l’objet Questions divergentes
vulnérant et d’apprécier la profondeur du trau-
matisme en recherchant notamment une plaie du Quel protocole ?
péritoine pariétal.
Le principal sujet de controverse reste le protocole
Un traumatisme est dit fermé lorsqu’il n’existe pas scannographique à utiliser avec quelques interro-
d’effraction cutanée. On différencie les traumatis- gations « phares » :
mes directs par choc en compression (par exemple • Faut-il opacifier oralement ? Non, à ce jour
lors d’un écrasement de l’abdomen sur le volant devant le très faible rendement diagnostique.
ou sur le tableau de bord), et les traumatismes • Faut-il faire un passage sans injection ? Oui,
indirects par onde de pression (« blast ») ou par pour certains, permettant de détecter les lésions
décélération entraînant des lésions de cisaillement hémorragiques notamment dans le mésentère
et de traction au niveau des organes intrapéri- (= « caillot sentinelle », sur probable lésion diges-
tonéaux dont la sévérité est proportionnelle à la tive) et dans les organes pleins (détection des
masse de l’organe en question et à la vitesse du hématomes intraparenchymateux facilitée).
choc (arrachement des vaisseaux mésentériques • Faut-il réaliser un passage injecté au temps arté-
par traction des anses digestives par exemple). riel ? Oui, pour détecter les lésions artérielles et,
En cas de patient instable sur le plan hémo- en présence d’une extravasation, affirmer leur
dynamique malgré une réanimation efficace origine artérielle et non veineuse, ce qui influe
(classiquement définie par une non-amélioration sur la prise en charge thérapeutique ultérieure.
après perfusion d’un volume liquidien supérieur • L’acquisition au temps portal (70-100 s) reste
à 3 litres dont 3 à 4 culots sanguins), les Anglo- indispensable.
Saxons prônent la technique FAST (Focused • Faut-il réaliser un passage au temps tardif ? Oui,
Abdominal Sonogram for Trauma) qui consiste en à la demande, pour caractériser les extravasations
une échographie rapide au lit du patient visuali- (sang versus urine versus pseudo-anévrisme) et
sant le péricarde, les culs de sac pleuraux, l’espace détecter les lésions urinaires.
TDM en traumatologie
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218 Traumatismes abdomino-pelviens
Nous reviendrons en fin de chapitre de manière Tableau 16-1 Classification AAST des traumatismes
plus spécifique sur les réponses à ces questions spléniques.
avec les protocoles possibles d’acquisition. Grade Descriptif lésionnel
1 Hématome sous-capsulaire de taille < 10 % de la surface
splénique.
Et les classifications d’organe ? Lacération capsulaire ou parenchymateuse < 1 cm de
profondeur.
Pour être pertinente et utile, une classification
2 Hématome sous-capsulaire atteignant entre 10 et 50 %
doit être simple, facilement apprise et applicable, de la surface splénique.
reproductible, et nécessite d’être comprise par nos Hématome intraparenchymateux < 5 cm de diamètre.
correspondants avec un impact soit sur la théra- Lacération parenchymateuse entre 1 et 3 cm de
profondeur, n’atteignant pas de vaisseaux trabéculaires.
peutique, soit sur le pronostic. Compte tenu de
la multiplicité des lésions traumatiques rencon- 3 Hématome sous-capsulaire > 50 % de la surface ou évolutif.
Hématome intraparenchymateux > 5 cm de diamètre.
trées en pratique courante pour un même organe Lacération > 3 cm de profondeur ou atteignant un
à l’étage abdominal et des divergences thérapeu- vaisseau trabéculaire.
tiques d’un centre à l’autre, à l’heure actuelle, 4 Lacération atteignant un vaisseau segmentaire ou hilaire
aucune classification ne remplit la totalité de ces avec dévascularisation de la rate > 25 %.
devoirs. Leur connaissance n’est donc pas utile en 5 Rate déchiquetée, multifracturée.
imagerie d’urgence. Elles ont toutefois le mérite de
rappeler les points importants devant figurer dans
Tableau 16-2 Classification AAST des traumatismes
tout compte rendu TDM post-traumatique et gar- hépatiques.
dent un intérêt pour effectuer des comparaisons
Grade Descriptif lésionnel
lésionnelles dans le cadre d’études scientifiques.
Les classifications internationalement utilisées 1 Hématome sous-capsulaire de taille < 10 % de la
surface hépatique.
sont celles de l’AAST (American Association for Lacération capsulaire ou parenchymateuse < 1 cm de
the Surgery of Trauma) que nous rappelons ci-des- profondeur.
sous par organe, celles de Mirvis pour le foie et 2 Hématome sous-capsulaire atteignant entre 10 et 50 %
de Fullen pour le digestif sont aussi classiques. Il de la surface hépatique.
apparaît évident que ce type de classification ne Hématome intraparenchymateux < 10 cm de diamètre.
Lacération parenchymateuse entre 1 et 3 cm
saurait remplacer le descriptif lésionnel précis dans de profondeur et < 10 cm de longueur.
tout compte rendu d’urgence traumatique.
3 Hématome sous-capsulaire > 50 % de la surface
ou évolutif ou rompu avec saignement actif.
Classification AAST Hématome intraparenchymateux > 10 cm de diamètre
des traumatismes spléniques ou évolutif ou rompu.
Lacération > 3 cm de profondeur.
Basée à la fois sur des constatations chirurgicales et 4 Hématome intraparenchymateux rompu
scannographiques, elle prend en compte la taille et avec saignement actif.
la localisation des contusions et des hématomes, la Lacération atteignant 25 à 75 % d’un lobe hépatique
ou un à trois segments dans un même lobe.
profondeur des lacérations et les signes de dévas-
cularisation (tableau 16-1). La gravité des lésions 5 Lacération atteignant > 75 % d’un lobe hépatique
ou plus de trois segments dans un même lobe.
augmente avec le grade. Lésion vasculaire des veines hépatiques ou de la VCI
rétrohépatique.
Tableau 16-3 Classification AAST des traumatismes Tableau 16-5 Classification AAST des traumatismes
pancréatiques. rénaux.
Grade Descriptif lésionnel Grade Description de la lésion
1 Hématome de taille moyenne sans atteinte canalaire. 1 (de loin, Contusion rénale.
Lacération superficielle sans atteinte canalaire. les plus Hématome sous-capsulaire, non expansif,
fréquentes) sans lacération parenchymateuse.
2 Hématome volumineux sans atteinte canalaire.
Lacération volumineuse sans atteinte canalaire ni perte 2 Hématome périrénal non expansif, confiné
de tissu parenchymateux. au rétropéritoine.
Lacérations corticales superficielles < 1 cm
3 Lacération à type de transsection distale
de profondeur sans extravasation urinaire.
ou parenchymateuse avec atteinte canalaire.
3 Lacérations > 1 cm de profondeur sans atteinte
4 Lacération à type de transsection proximale
du système collecteur et sans fuite urinaire.
ou parenchymateuse atteignant l’ampoule.
4 Lacérations corticales atteignant la médullaire
5 Fragmentation massive de la tête pancréatique.
et le système collecteur avec fuite urinaire.
Lésion de la veine ou de l’artère rénale avec
saignement contenu.
Thrombose d’une artère segmentaire avec infarctus
Tableau 16-4 Classification AAST des traumatismes d’aval sans lacération parenchymateuse.
digestifs. 5 Rein multifracturé.
Atteinte du hile rénal avec dévascularisation
Grade Ischémie Segment digestif
(occlusion ou avulsion artérielle ou veineuse).
I Maximale Jéjunum, iléon, côlon droit.
II Modérée Segment majeur de grêle et/ou de côlon
droit. digestif ischémié (= grade) et la distance de la lésion
III Minimale Segment(s) mineur(s) de grêle sur l’artère mésentérique supérieure (= zones).
ou de côlon droit.
IV Aucune Absence d’ischémie. Classification AAST
Zone Segment de l’AMS des traumatismes rénaux
I Tronc proximal jusqu’à la première branche
(pancréatico-duodénale inférieure).
Cette classification a été validée par la conférence
de consensus internationale en 2004 et permet
II Tronc entre la pancréatico-duodénale inférieure
et la colique médiane. de grader les lésions rénales en fonction de leur
gravité et de la sévérité du traumatisme (tableau
III Tronc distal en aval de la colique médiane.
16-5). Du fait de la coexistence, notamment
IV Branches segmentaires jéjunales, iléales ou coliques.
dans les grades IV et V, de lésions vasculaires,
parenchymateuses et excrétrices de pronostic
fonctionnel et/ou thérapeutique différents, elle
Classification AAST ne permet pas une approche pronostique ni
des traumatismes pancréatiques thérapeutique.
Elle est basée sur la taille et la topographie des
lésions, ainsi que sur l’atteinte canalaire associée Bibliographie
(tableau 16-3). Elle aurait une corrélation cor- Heilbrun ME, Chew FS, Tansavatdi KR, Tooze JA. The
recte avec le taux de mortalité et de complications role of negative CT of the abdomen and pelvis in the
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220 Traumatismes abdomino-pelviens
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trauma : current imaging techniques and CT findings
Chapitre 17
Épanchements intra-abdominaux
TDM en traumatologie
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222 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 17-2. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif (c).
Contusion parenchymateuse hépatique avec saignement artériel actif (flè-
che) libre dans la cavité péritonéale entraînant un hémopéritoine de PDC
(*) sur les clichés tardifs.
Au total
• Un épanchement liquidien intrapéritonéal post-trau-
matique n’est pas forcément un hémopéritoine mais doit
être considéré comme tel jusqu’à preuve du contraire.
• Une densité spontanée supérieure à 30 UH est en
rapport avec un hémopéritoine mais si la densité est
inférieure à 30 UH, on ne peut pas conclure quant à la
nature de l’épanchement.
• Rechercher la cause qui oriente le traitement.
Fig. 17-4. Air en topographie préhépatique, prépéritonéale Fig. 17-5. Air en topographie intrapéritonéale certaine car
(flèche). présence d’un niveau hydroaérique avec l’hémopéritoine
Notez l’hémopéritoine périhépatique (*) bien séparé des bul- périhépatique.
les d’air par le liseré de péritoine pariétal antérieur.
Faux négatifs
Un pneumopéritoine manque dans les toutes
premières heures dans plus de la moitié des per-
forations digestives. C’est un fait expliqué d’une
part par la petite taille des perforations digestives
siégeant en général sur du grêle et, d’autre part,
par le faible contenu aérique des anses grêliques.
D’autres signes indirects de lésions intestinales
seront alors à rechercher (cf. chap. 21).
Impact thérapeutique
Sa présence dans un traumatisme fermé doit faire
rechercher une perforation digestive. Diagnos-
tiquée en TDM ou en peropératoire, le traitement Fig. 17-6. Coupe TDM axiale au temps portal.
d’une brèche digestive est toujours chirurgical On note un épanchement au sein des espaces pararénaux
antérieur et postérieur permettant de délimiter la loge périré-
avec suture ou résection-anastomose. nale qui reste bien graisseuse.
Fig. 17-7. TDM sans injection. Fig. 17-8. Rétropneumopéritoine (flèches) sur traumatisme
Hémorétropéritoine (*). ouvert (arme blanche).
Lubner M, Menias C, Rucker C, Bhalla S, Peterson CM, Ridereau-Zins C, Lebigot J, Bouhours G, Casa C, aubé C.
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Chapitre 18
Traumatismes spléniques
Image typique
Le diagnostic TDM repose sur un défaut de rehaus-
Fig. 18-1. TDM en coupe axiale au temps portal.
sement du parenchyme splénique au temps portal
Plage hypodense irrégulière splénique en rapport avec
pouvant prendre plusieurs aspects en fonction du une contusion (flèche) avec hémopéritoine au contact.
type de lésion (voir infra). Une lame d’hémopéri-
toine au contact est quasi constante, cet hématome
périsplénique refoulant la rate sans la déformer.
à 3 cm, parfois branchée au sein du parenchyme
Parfois, seul un caillot sentinelle ou un simple épais-
splénique. Si elle rejoint deux surfaces viscérales
sissement du fascia pararénal antérieur et « latéro-
ou qu’elle est de longueur supérieure à 3 cm, on
conal » gauche sont observés. Des fractures des
parle de fracture (fig. 18-2). Si elles sont mul-
dernières côtes gauches doivent être recherchées.
tiples (fig. 18-3), on parle de rate déchiquetée,
dilacérée pouvant détacher plusieurs fragments
Contusion parenchymateuse restant plus ou moins vascularisés.
C’est une plage hypodense de contours irréguliers,
intraparenchymateuse (fig. 18-1), à différencier Hématome sous-capsulaire
des infarctus parenchymateux qui eux présentent
une forme en général triangulaire avec des limites C’est un croissant hyperdense périsplénique sur
très nettes. les séries non injectées et hypodense par rapport à
la rate sur les séries injectées (fig. 18-4). Il com-
Lacération parenchymateuse prime et refoule le parenchyme splénique. Il peut
par son volume rompre secondairement la capsule
Elle correspond à une hypodensité linéaire peu et ainsi expliquer les ruptures en « 2 temps » avec
profonde, habituellement de longueur inférieure saignement intrapéritonéal massif.
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228 Traumatismes abdomino-pelviens
Dissection/thrombose
Les lésions artérielles intraparenchymateuses cor-
respondent à des lésions de cisaillement avec
lacérations intimales des artérioles intraparenchy-
mateuses qui se thrombosent et engendrent une
ischémie distale. La topographie et l’étendue de
cette plage ischémiée sont variables et dépendent
du nombre d’artérioles lésées et de l’importance
du réseau collatéral. En TDM, on retrouve un
défaut de rehaussement parenchymateux en géné-
ral triangulaire à base périphérique, à limites net-
tes, restant hypodense sur les différents temps de
l’injection.
Fig. 18-3. TDM au temps portal. Une dissection hilaire de l’artère splénique engen-
Lacérations multiples de la rate responsables d’un rehaus- dre souvent une thrombose avec une interruption
sement très hétérogène. Multiples foyers hyperdenses intra-
parenchymateux en rapport avec des saignements actifs. de l’opacification de l’artère sur la série au temps
Patient traité par splénectomie totale. artériel et une absence totale de rehaussement de
la rate. Parfois, l’absence de rehaussement peut
Hématome intraparenchymateux n’intéresser que le pôle inférieur, le pôle supé-
rieur restant vascularisé par les artères gastriques
C’est une lésion en général arrondie, de contours courtes.
irréguliers, spontanément hyperdense puis présen-
tant une hypodensité relative après injection par Rupture artérielle
rapport au parenchyme splénique rehaussé.
En cas de rupture artérielle, le saignement peut
être soit contenu dans un pseudo-anévrisme, ou
Traumatisme vasculaire dans un hématome intraparenchymateux ou sous-
capsulaire, soit libre dans la cavité péritonéale.
Les traumatismes vasculaires à rechercher en TDM Quoi qu’il en soit, il existe une extravasation de
sont essentiellement ceux d’origine artérielle. PDC visible au temps artériel sous la forme d’une
Chapitre 18. Traumatismes spléniques 229
Fig. 18-4. Hématome sous-capsulaire splénique (*) aux temps artériel (a) et portal (b).
Notez l’effet de masse de l’hématome sur le parenchyme splénique. Notez aussi la contusion splénique avec saignement actif
contenu dans l’hématome sous-capsulaire.
hyperdensité spontanée en « blush » au niveau de que lors du traumatisme entraîne une contraction
l’aire splénique. Une analyse précise des autres réflexe initiale (fig. 18-6).
temps de l’acquisition est primordiale pour dif-
férencier un pseudo-anévrisme versus une extra-
vasation « libre » de PDC versus des fragments
de parenchyme sain : importance du temps tardif Pièges et difficultés
(tableau 18-1). diagnostiques
Des fistules artérioveineuses peuvent se créer en
cas de traumatismes artériels et veineux associés.
Faux négatifs
Le diagnostic en TDM mime un pseudo-anévrisme L’erreur classique se pose lorsque les lésions sont
et le diagnostic de certitude est apporté par très haut situées et qu’elles ne sont pas détectées
l’artériographie. en coupes axiales (effet de volume partiel avec
N.B. La rate peut varier discrètement de taille le diaphragme), il faut donc systématiquement
(jusqu’à 50 % d’augmentation de volume) sur utiliser les coupes coronales pour les démasquer
les examens successifs car la réponse adrénergi- (fig. 18-7).
Tableau 18-1 Caractéristiques TDM des principaux diagnostics à évoquer devant un « blush » hyperdense.
Diagnostic Forme Rehaussement aux temps Aspect au temps tardif
artériel et portal
Pseudo-anévrisme Contours réguliers. Similaire à celui de l’aorte. Devient isodense = « wash out ».
Arrondi. Parfois halo hypodense
Ne se modifie pas sur les différents périphérique.
temps de l’examen.
Extravasation « libre » Contours irréguliers. Reste de densité élevée par rapport Majoration de sa taille avec
(fig. 18-5) Mal limité. aux structures artérielles au niveau « étalement ».
Change de forme selon les séries. du site lésé.
Fragments de parenchyme Variable. Identique au parenchyme sain Densité identique au parenchyme
Ne se modifie pas sur les différents adjacent. sain adjacent.
temps de l’examen.
230 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 18-5. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif (c).
Extravasation punctiforme de PDC sur le temps artériel (flèche), s’étalant
progressivement sur les différents temps de l’injection en rapport avec
un saignement actif splénique périphérique, contenu dans un hématome
intraparenchymateux.
Fig. 18-8. Rate tigrée au temps artériel (a), s’homogénéisant au temps portal (b).
232 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 18-9. Hypodensité linéaire régulière splénique sur son Fig. 18-11. Artéfacts de mouvements respiratoires gênant
versant médial, de contours bien nets et sans hémopéri- l’analyse du rehaussement splénique.
toine au contact en rapport avec une simple indentation
physiologique (flèche).
Fig. 18-10. Hypodensité linéaire splénique périphérique et Fig. 18-12. Artéfacts dus au matériel extrinsèque créant
médiale, d’épaisseur irrégulière et associée à un hémopéri- des hypodensités linéaires spléniques se prolongeant en
toine au contact, en rapport avec une lacération. dehors de l’organe.
Diagnostic confirmé par les contrôles successifs avec restitu-
tion ad integrum.
foyer de contusion, soit à un saignement actif. Les il existe alors un hémopéritoine massif et une
principaux moyens de différencier ces diagnostics extravasation hilaire de PDC.
ont été répertoriés dans le tableau 18-1.
Fig. 18-14. TDM au temps portal à J1 (a) avec fracture splénique, hémopéritoine et fracture de côte (*) traités par sur-
veillance en service de réanimation.
Déglobulisation à J7 (b) avec rupture splénique, saignement actif et majoration de l’hémopéritoine traités par splénectomie en
urgence.
234 Traumatismes abdomino-pelviens
Le foie est le deuxième organe le plus fréquem- Tableau 19-1 Éléments ayant un impact sur la prise en
ment atteint au cours d’un traumatisme abdo- charge thérapeutique et sur le pronostic.
minal et la première cause de mortalité dans les Nombre de segments atteints par les lacérations (grave si atteinte
traumatismes abdominaux. d’au moins trois segments).
Topographie centrale ou sous-capsulaire des lacérations
Les principaux mécanismes lésionnels sont les et des contusions.
suivants : Extension des lésions dans le hile ou dans le lit vésiculaire.
• traumatisme fermé : Abondance de l’hémopéritoine.
Lésions vasculaires avec saignement actif ou présence d’un caillot
– en accélération-décélération avec cisaillement sentinelle.
des attaches postérieures du foie (entre la cap-
sule de Glisson et les ligaments triangulaires)
entraînant des lésions de la partie postérieure Contusion parenchymateuse
et supérieure du foie droit avec, au maximum,
désinsertion de la veine hépatique droite à C’est une plage d’hypodensité relative par rapport
son abouchement dans la VCI ; au foie sain rehaussé, de contours irréguliers, mal
– en choc direct sur l’abdomen avec atteinte délimitée (fig. 19-1 et 19-2 ). Elle est parfois
préférentielle soit des segments antérieurs du associée à des troubles de perfusion hépatique
foie droit, soit du lobe gauche pris en étau par compression et obstruction des sinusoïdes par
entre le billot rachidien et la zone d’impact, l’œdème interstitiel et gène à l’écoulement du flux
avec au maximum une transsection complète porte. Elle est souvent accompagnée de lacération
détachant le lobe gauche (segments II et III) ; et d’hématome. Le compte rendu doit préciser la
ces traumatismes du lobe gauche sont en topographie lobaire ou segmentaire, superficielle
général associés à une atteinte du bloc duo- ou profonde (centrale) de ces contusions, leur
déno-pancréatique et du colon transverse ;
• traumatisme pénétrant : atteinte préférentielle
du foie droit car il est plus volumineux.
Image typique
Un traumatisme hépatique est suspecté devant
toute anomalie de rehaussement du parenchyme
hépatique. Les aspects lésionnels sont classiques et
sont détaillés ci dessous. L’hémopéritoine est quasi
constant, d’autant plus important qu’il existe une
atteinte capsulaire hépatique.
Certains éléments de gravité doivent être signalés
dans tout compte rendu (tableau 19-1).
Fig. 19-1. Plage de contusion hépatique superficielle des
N.B. L’atteinte isolée du lobe caudé est très rare. segments VII et VIII.
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236 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 19-2. Plages de contusions intraparenchymateuses Fig. 19-4. TDM au temps portal.
profondes des segments VII et VIII. Lacération hépatique (flèche) profonde à la jonction des seg-
ments VII et VI, atteignant la capsule et située au contact de
la branche segmentaire postérieure de la veine porte droite.
étendue et leur topographie par rapport aux élé- Notez l’hématome de la loge surrénalienne associé (*).
ments vasculaires (fig. 19-3).
Lacération parenchymateuse
C’est une lésion linéaire irrégulière (fig. 19-4 et
19-5), hypodense par rapport au foie rehaussé
adjacent, parfois branchée, typiquement le long
des vaisseaux (++ le long des veines hépatiques
droite et moyenne et le long des branches porte
postérieures). On les classe en superficielle (sié-
geant à moins de 1 cm de profondeur), moyenne
(entre 1 et 3 cm) ou profonde (siégeant à plus de
3 cm de profondeur).
Fig. 19-6. Fracture-lacération complexe du foie. Fig. 19-8. TDM en coupe coronale sans injection.
*
Volumineux hématome sous-capsulaire du foie gauche ( ).
Notez l’effet de masse de l’hématome sur le parenchyme
adjacent ainsi que les plages spontanément hyperdenses
du foie droit en rapport avec des hématomes intraparenchy
mateux.
Fig. 19-9. TDM sans injection (a) et injectée aux temps artériel (b) et
portal (c). Hématomes intraparenchymateux multiples.
Notez l’aspect de l’hématome (flèche) sur les différents temps de l’injec-
tion, nettement moins bien visible au temps portal.
Veineux
Les traumatismes veineux porte ou hépatique se
caractérisent soit par une extravasation de PDC
visible au temps veineux, et non visible au temps
artériel, soit par un défaut d’opacification partiel Fig. 19-12. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif (c).
ou total de la veine (fig. 19-15). Contusion centro-hépatique avec hyperdensité punctiforme
lors du temps artériel (flèche), s’étalant sur les différents temps
La présence de contusion ou de lacération à proxi-
de l’injection, en rapport avec un saignement actif artériel,
mité des veines hépatiques ou de la VCI doivent contenu dans le parenchyme. Notez l’abondant hémopéri-
faire rechercher attentivement un traumatisme des toine associé.
veines hépatiques ou de la VCI (fig. 19-16), et ce
d’autant qu’il s’y associe des troubles de perfusion Dans tous les cas, l’atteinte veineuse constitue un
hépatique. traumatisme grave avec une mortalité très élevée
Chapitre 19. Traumatismes hépatiques 241
Traumatisme biliaire
Vésicule biliaire
La vésicule biliaire est rarement atteinte en cas
Fig. 19-13. Contusion hépatique avec saignement actif en de traumatisme, sauf chez les patients éthyliques
péritoine libre avec hémopéritoine de PDC (*). chez lesquels elle est souvent distendue et plus
Fig. 19-14. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif (c), artériographie de l’artère hépatique gauche (d).
Pseudo-anévrisme hépatique (flèche) gauche. Notez son rehaussement similaire à celui de l’aorte avec absence de modification
de forme entre le temps portal et tardif permettant d’asseoir le diagnostic.
242 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 19-15. TDM aux temps portal en coupe coronale (a) et tardif en coupe axiale (b).
Contusion du dôme hépatique avec saignement actif (*) intra-hépatique et non-opacification de la veine hépatique droite (flèche).
Sur le temps tardif, très nette majoration de la flaque de saignement (tête de flèche), l’ensemble de ces éléments étant très en
faveur d’un traumatisme artériel et veineux associés.
Fig. 19-18. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif (c).
Plage en carte de géographie, hypodense et homogène (*), en rapport
avec une plage de stéatose typique. À ne pas confondre dans ce contexte
traumatique avec une plage d’ischémie.
Fig. 19-21. TDM aux temps artériel (a) et portal (b), artériographie de
la branche hépatique droite naissant de l’artère mésentérique supé-
rieure (c).
Saignement actif artériel intra-hépatique contenu dans le parenchyme,
traité par embolisation.
Contusion/hématome
Image typique Ces lésions se manifestent par une plage hypodense
au sein du parenchyme, entraînant un élargissement
Les principales anomalies retrouvées en TDM
correspondent à des défauts de rehaussement
du pancréas, principalement au niveau du corps
(localisation traumatique la plus fréquente) et à
des anomalies péripancréatiques, et peuvent être
divisées en signes directs et indirects.
Le but essentiel de la TDM est de détecter une atteinte
du canal pancréatique principal qui signe une urgence
thérapeutique (chirurgicale ou endoscopique). Les
autres éléments clés de l’interprétation doivent
quantifier le degré de nécrose parenchymateuse et
apprécier l’intégrité de la papille.
Signes directs
Lacération/fracture pancréatique Fig. 20-1. Fracture du corps pancréatique (flèche), « trans-
fixiante », avec atteinte plus que probable du canal pancréa-
Une lacération correspond à une solution de tique principal.
continuité hypodense, linéaire, parenchymateuse. Patient traité par pancréatectomie caudale.
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250 Traumatismes abdomino-pelviens
Signes indirects
Ce sont les anomalies les plus fréquemment ren- Pièges et difficultés diagnostiques
contrées au stade précoce :
• œdème pancréatique avec augmentation globale Il n’existe pas de diagnostic différentiel à
du volume pancréatique et perte des lobula- l’exception d’une éventuelle tumeur pancréa-
tions ; tique hémorragique pouvant mimer un héma-
• infiltration de la graisse péripancréatique ; tome…
• épanchement péripancréatique, plus évocateur Les difficultés diagnostiques sont liées essentiel-
si localisé autour de l’artère mésentérique supé- lement, à la phase initiale, aux lésions associées
rieure ou dans la bourse omentale ; qui interfèrent et empêchent une analyse opti-
• épanchement hématique focal entre la face dor- male du parenchyme pancréatique avec d’im-
sale du pancréas et la veine splénique ; portants épanchements diffus, des artéfacts de
• épaississement du fascia pararénal antérieur respiration… Ainsi, la TDM sous-estimerait les
ou épanchement dans l’espace pararénal lésions dans les vingt-quatre premières heures
antérieur ; avec près de 40 % de scanners normaux. En cas de
• présence d’une lésion duodénale (hématome mécanisme typique (anamnèse de l’accident avec
intramural ou perforation complète ou incom- choc direct) ou de lésions associées évocatrices
plète), devant faire rechercher une lésion de la (traumatisme duodénal ou du lobe gauche hépa-
tête du pancréas. tique), il faut s’attacher à rechercher des petits
N.B. La biologie (enzymes pancréatiques = amyla- signes traumatiques pancréatiques et en leur
sémie et lipasémie) apporte peu de renseignement absence, il faut savoir réitérer les examens TDM.
en cas de traumatisme pancréatique. En effet, il Ceux-ci seront au mieux réalisés avec une acqui-
existe une élévation des enzymes uniquement dans sition à un temps parenchymateux pancréatique
la moitié des traumatismes pancréatiques, et non (45 secondes après l’injection) en coupes fines
corrélée à la gravité des lésions : l’élévation des taux millimétriques.
Chapitre 20. Traumatismes pancréatiques 251
TDM en traumatologie
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254 Traumatismes abdomino-pelviens
Contusion/hématome digestif
Leur évolution est en général bénigne. Ils se tra-
duisent par un épaississement pariétal supérieur à
3 mm pour le grêle et supérieur à 5 mm pour le
côlon, sur une anse distendue ou le cas échéant,
par une anse anormalement épaissie par rapport à
Fig. 21-1. Épaississement grêlique focal (flèche) avec
hématome au contact (*), très suspect de perforation
l’aspect habituel ou par rapport aux anses adjacen-
digestive même en l’absence de pneumopéritoine : perfo- tes. Cet épaississement est totalement aspécifique
ration bouchée. (tableau 21-3).
Tableau 21-2 Signes indirects de perforation digestive bord mésentérique (fig. 21-3). Il peut entraîner
qui « pointent du doigt » le site lésé. un syndrome obstructif mécanique (immédiat
Signes péritonéaux Signes digestifs ou retardé) et peut se rompre par sphacélisation
Hématome sentinelle. Bulles de pneumopéritoine (chute de tissu nécrosé). Il traduit une contusion
Infiltration focale enchâssées dans le mésentère. pariétale ou une dévitalisation segmentaire secon-
mésentérique. Épaississement pariétal focal. daire à une atteinte des vaisseaux mésentériques
distaux. Sa topographie élective est le duodénum,
Tableau 21-3 Causes plausibles d’un épaississement un traumatisme pancréatique associé doit alors
pariétal digestif post-traumatique.
être attentivement recherché.
Contusion/hématome. N.B. Attention, chez l’enfant, un hématome duo-
Perforation (bouchée ou non).
Dévitalisation digestive segmentaire distale. dénal peut résulter d’un traumatisme non acci-
Intestin de choc. dentel par traumatisme direct épigastrique qu’il
Réactionnel à une péritonite. faut savoir évoquer en cas de traumatisme incer-
Spasme digestif.
tain ou peu plausible d’autant qu’il s’y associe des
fractures des côtes inférieures.
La contusion est en général de topographie sous- Un contenu hématique des anses digestives, bien
séreuse et régresse spontanément dans des délais décelé sur les séries sans injection par un aspect
variables (de quelques jours à plusieurs mois). hyperdense de la lumière digestive, peut traduire
L’hématome intramural apparaît spontanément un traumatisme pariétal digestif sans prédire pour
hyperdense, concentrique ou excentré, et sur le autant sa localisation.
Fig. 21-3. TDM sans injection en coupes axiale (a) et coronale (b)
et injectée au temps portal (c).
Hématome du duodénum (*) spontanément hyperdense. L’injection per-
met de mieux comprendre la localisation excentrée de l’hématome refou-
lant la lumière duodénale (flèche) et responsable d’une occlusion haute.
E = estomac ; D = duodénum.
256 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 21-8. TDM au temps portal en coupes axiale (a) et coronale (b).
Densification hématique de la graisse latéro-gastrique droite en rapport avec un hématome du petit épiploon sans lésion vasculaire
ni digestive (confirmée par endoscopie œso-gastrique) et sans dévascularisation d’aval.
Fig. 21-9. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif (c).
Hématome mésentérique avec petite hyperdensité punctiforme au temps
artériel, non modifiée au temps portal et indiscernable au temps tardif
compatible avec une lésion vasculaire (pseudo-anévrisme ?). Patient
opéré : pas de plaie vasculaire ni digestive décelable en peropératoire
donc pas de geste thérapeutique chirurgical.
Au total
• Duodénum et grêle plus souvent atteints.
• Nombreux signes évocateurs en TDM mais peu de
signes spécifiques (tableau 21-4).
• En cas de doute diagnostique : faire TDM de contrôle
rapprochée dans les 12 heures ou exploration chirurgi-
cale d’emblée en fonction de la suspicion clinique.
• Urgence chirurgicale pour les perforations, les isché-
mies digestives et la majorité des saignements artériels
Fig. 21-11. Ganglion mésentérique calcifié (flèche) ne actifs.
devant pas être pris pour une extravasation de PDC sur ce • Traitement conservateur pour les autres lésions.
temps artériel.
Chapitre 21. Traumatismes intestino-mésentériques 261
Tableau 21-4 Récapitulatif des principaux signes TDM de Atri M., Hanson J.M., Grinblat L., Brofman N.,
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bowel and/or mesenteric injury in blunt trauma :
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Chapitre 22
Traumatismes du rein
et des voies excrétrices
Tableau 22-1 Critères de réalisation d’une imagerie rénale Lésions périrénales Hématome sous-capsulaire.
dans le cadre d’un traumatisme abdominal. Hématome périrénal.
Urinome/Urohématome.
Hématurie macroscopique. Hémorétropéritoine extensif (rare).
Hématurie microscopique avec signes de choc (TA < 9 mmHg).
Lésions des voies Rupture des cavités pyélocalicielles
Signes de contusion sévère d’un flanc ou fracture de côte basse
excrétrices (souvent sur fracture rénale).
ou d’une apophyse transverse lombaire.
Avulsion urétérale plus ou moins complète.
Traumatisme pénétrant.
Mécanisme évocateur (décélération). Lésions vasculaires Artérielle : pédiculaire ou segmentaire/
Présence d’un autre traumatisme intra-abdominal. dissection ou rupture (saignement contenu
Dans tous les cas chez l’enfant quel que soit son état ou non).
hémodynamique et quelle que soit l’intensité de l’hématurie. Veineuse pédiculaire : thrombose ou avulsion.
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264 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 22-2. TDM au temps portal en coupes axiale (a) et coronale (b).
Contusion du pôle supérieur du rein gauche. Notez l’infiltration de l’espace pararénal antérieur (*), la contusion surrénalienne
(flèche) et splénique associées.
Chapitre 22. Traumatismes du rein et des voies excrétrices 265
Fig. 22-3. TDM au temps portal en coupes axiale (a) et coronale (b).
Lacérations superficielles du rein gauche (flèches) sans atteinte du système collecteur.
Fig. 22-4. TDM au temps portal en coupes axiale (a) et sagittale (b).
Lacérations profondes de la moitié inférieure du rein droit atteignant le système collecteur sans extravasation sur les temps tardifs.
Fig. 22-5. TDM au temps portal en coupes axiale (a) et coronale (b).
Lacérations rénales bilatérales et multiples superficielles et profondes, atteignant la médullaire mais sans extravasation
sur les temps tardifs. Notez l’importante distension gastrique aérique (*).
266 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 22-6. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif (c).
Fracture dilacération du pôle inférieur du rein droit avec des fragments
parenchymateux (têtes de flèche) encore vascularisés. Certaines hyper-
densités (?) visibles au temps portal sont équivoques : saignement actif
ou fragment de parenchyme ? Le temps tardif permet de trancher en
faveur de fragments de parenchyme sans saignement actif.
Hématome périrénal
C’est un épanchement hyperdense périrénal qui
refoule le rein sans le déformer et peut exer-
cer une empreinte sur le psoas s’il est abondant
(fig. 22-9). Il peut diffuser dans l’espace para-
rénal antérieur et postérieur, refoulant alors les
anses digestives et témoignant d’une lésion rénale
plus grave avec urohématome. Il accompagne les
lésions rénales et surrénaliennes.
Urinome/Urohématome
On parle d’urohématome lorsqu’un urinome et
un hématome périrénal sont associés (fig. 22-10).
Il se développe en présence d’une brèche plus ou
moins importante sur le système collecteur avec
fuite d’urine se traduisant sur les séries tardives
Hémorétropéritoine extensif
(cf. chap. 17)
Lésions vasculaires
Infarctus segmentaire
Fig. 22-11. Illustration d’un infarctus rénal focal par dissec-
Il correspond à un territoire d’hypoperfu- tion d’une artère sous-segmentaire.
sion artérielle par dissection ou thrombose
(fig. 22-11). En TDM, il est visualisé sous la bien limitée (à la différence des contusions). Sa
forme d’une plage parenchymateuse triangu- topographie est systématisée dans un territoire
laire, hypodense à base périphérique et sommet artériel précis (sous-segmentaire/segmentaire/
hilaire, non rehaussée sur les différents temps et lobaire…) (fig. 22-12 et 22-13).
Chapitre 22. Traumatismes du rein et des voies excrétrices 269
Dissection
Elle est secondaire à un mécanisme en décélération
avec lacération intimale, laquelle « flappe » dans la
lumière entraînant une agrégation plaquettaire,
formant rapidement un thrombus plus ou moins
obstructif (artère rénale de très petit calibre) ou
une dissection extensive. La dissection donne une
image TDM de sténose régulière plus ou moins
longue et plus ou moins occlusive.
Fig. 22-12. TDM au temps précoce.
Notez l’hypodensité de la lèvre antérieure du rein gauche (*) de En cas de dissection sténosante, il existe une asy-
contours bien nets, en faveur d’une ischémie segmentaire. métrie de sécrétion et de parenchymographie.
En cas de lésion occlusive, le rein est « muet »
N.B. En cas de dévascularisation du rein supé- avec absence de néphrographie (fig. 22-14).
rieure à 50 % de son volume, la fonction rénale L’opacification artérielle rénale s’arrête brutalement
restante serait négligeable. et on peut assister à une opacification de la veine
Fig. 22-13. TDM en coupe axiale aux temps artériel (a) et portal
(b). Reconstruction coronale MIP (c).
Absence de rehaussement du pôle inférieur du rein droit avec interruption
de la branche segmentaire artérielle (flèche) inférieure en faveur d’une dis-
section occlusive avec ischémie segmentaire d’aval.
270 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 22-14. TDM en coupe coronale aux temps artériel (a) et portal (b),
reconstruction axiale oblique en MIP (c).
Dissection occlusive de l’artère rénale droite avec retard de sécrétion du
rein droit. Notez la perméabilité partielle d’une branche segmentaire (tête
de flèche) permettant de vasculariser le pôle supérieur (flèche).
rénale par voie rétrograde depuis la VCI (signe En vue d’une éventuelle artériographie thérapeu-
observé uniquement du côté droit puisqu’à gauche, tique, il faut bien préciser la topographie de la
la veine rénale reçoit les flux veineux gonadiques et lésion et l’artère porteuse, ainsi que les variantes
surrénaliens qui assurent son opacification). anatomiques vasculaires de la normale.
Le classique cortical rim sign, correspondant à une Attention : une absence d’opacification rénale
opacification du cortex corticis via les artères capsu- peut aussi résulter outre d’une avulsion du pédi-
laires issues des branches surrénaliennes et diaphrag- cule rénal, d’un spasme rénal sur importante
matiques inférieures, est souvent absent en phase contusion, d’une vasoconstriction sur choc hypo-
aiguë du fait d’une hypoperfusion systémique et du volémique intense ou d’un syndrome obstructif
délai de mise en route de ce réseau de suppléance. Il majeur.
n’existe pas d’hématome périrénal en général.
•• opacification incomplète ou absente de la veine res à des fractures du bassin avec constitution d’un
rénale ; urinome rétropéritonéal progressivement croissant,
•• néphrogramme persistant ; soulevant la vessie sans lésion de celle-ci.
•• diminution de l’excrétion ; Le diagnostic en TDM est basé sur la réalisation
•• néphromégalie. de clichés tardifs voire très tardifs. En cas d’at-
Une hémorragie périrénale associée est classique. teinte de la JPU, on note la présence d’un héma-
Du côté gauche, compte tenu de la suppléance des tome ou d’un urohématome médian ou au pôle
veines gonadiques et surrénaliennes, le pronostic inférieur du rein avec extravasation d’urine (donc
rénal est meilleur qu’à droite de PDC) au temps excrétoire. Il est nécessaire
d’obtenir une opacification de l’uretère d’aval qui
si présente signe une lacération et si absente fait
Lésions des voies excrétrices suspecter une section complète.
Comme nous l’avons déjà vu, les lésions calicielles N.B. L’opacification de l’uretère peut parfois être
ou pyéliques accompagnent les lacérations pro- incomplète sans traumatisme, liée à la présence d’un
fondes avec constitution d’un urinome périrénal, caillot obstructif. Ce dernier entraîne une hyper-
dépisté sur les temps tardifs (voir fig. 22-10). pression d’amont qui peut favoriser l’extravasation
Les traumatismes urétéraux sont rares (moins de d’urine au niveau des foyers de lacérations. Seule
2 % des traumatismes urinaires), plutôt l’apanage l’urétéroscopie rétrograde permet de confirmer le
des traumatismes pénétrants et surtout des trauma- diagnostic et d’éliminer une lacération urétérale.
tismes iatrogènes peropératoires. Dans le cadre des
traumatismes fermés, on distingue les lacérations qui
seraient secondaires à une hyperextension du rachis Pièges et difficultés diagnostiques
provoquant un étirement des voies excrétrices, et
les avulsions (mécanisme en cisaillement) qui pré- La principale difficulté diagnostique est… de
dominent au niveau de la jonction pyélo-urétérale savoir attendre… pour réaliser des clichés tardifs
(JPU) et qui sont parfois associées à une fracture des en cas de lésion traumatique rénale afin de faire
apophyses transverses rachidiennes. Les lésions de la le bilan lésionnel complet du parenchyme et du
jonction urétéro-vésicale sont en général secondai- système excréteur.
272 Traumatismes abdomino-pelviens
Comme pour tous les autres organes, des artéfacts Le traitement chirurgical en urgence est réservé
de mouvement ou de durcissement peuvent créer aux lésions graves du pyélon (avulsion de la JPU)
de fausses images de lacération ou d’hématome et aux saignements actifs avec instabilité hémody-
sous-capsulaire. namique (néphrectomie d’hémostase). En cas de
Une encoche corticale (physiologique ou séquel- saignement actif artériel contenu (faux anévrisme)
laire) ou des lésions préexistantes ne doivent pas avec stabilité tensionnelle, une embolisation sélec-
être prises à tort pour des lésions traumatiques tive par voie fémorale peut être proposée.
(fig. 22-16). Dans les reins muets sur dissection, les techniques
de revascularisation (chirurgicale ou stenting par
voie endovasculaire) doivent théoriquement être
Impact thérapeutique les plus précoces possible (4 à 6 heures) car la
perte de la fonction rénale débute 2 heures après
Il est à l’heure actuelle le plus conservateur pos- le traumatisme (phase d’ischémie chaude du rein).
sible, avec simple surveillance clinique (diurèse, En pratique ces traitements sont peu réalisés car
TA…) et biologique, et repos au lit. Aucune les résultats sont encore incertains quant au béné-
imagerie de contrôle n’est indiquée sauf s’il fice sur la fonction rénale, d’autant qu’il existe
apparaît un élément clinique ou biologique des revascularisations spontanées possibles. Si le
nouveau. L’évolution est en général favorable, délai est dépassé, et si l’atteinte est unilatérale, le
les hématomes régressent en taille et en den- traitement consiste donc en général en une simple
sité (avec parfois persistance d’un rehaussement surveillance.
périphérique pariétal), et les territoires contus Les traumatismes urétéraux sont traités en fonc-
ou lacérés se fibrosent. Les extravasations uri- tion de leur étendue et de leur gravité, du simple
naires calicielles se tarissent dans plus de 80 % stenting urétéral (sonde JJ) à la réparation chirur-
des cas spontanément. On pourra discuter l’op- gicale (urétéro-urétérostomie, transposition de
portunité d’une dérivation urinaire par sonde JJ l’uretère lésé sur l’uretère controlatéral…).
ou par néphrostomie. Une antibiothérapie est N.B. Le radiologue doit être attentif à toute
parfois proposée en prophylaxie de la surinfec- lésion rénale sous-jacente : tumeur, kyste compli-
tion d’urinome. qué, angiomyolipome… qui peuvent changer la
thérapeutique.
Au total
• Traumatisme fréquent.
• Protocole TDM multiphasique indispensable, temps
tardif+++.
• Lésions radioanatomiques bien codifiées (voir tableau
22-2).
• Attitude thérapeutique la plus conservatrice possible.
• Traitement chirurgical en urgence = saignement actif
avec choc et avulsion de la jonction pyélo-urétérale.
• Traitement endovasculaire à discuter dans tout trau-
matisme artériel avec stabilité hémodynamique.
Image typique
Les lésions sont plus fréquentes du côté droit
(environ trois cas sur quatre). Les signes TDM
de traumatisme surrénalien associent des ano-
malies de la morphologie et du rehaussement
de la glande à des anomalies de la graisse péri-
glandulaire. C’est un traumatisme exceptionnel-
lement isolé, il est en association fréquente avec
des lésions du foie, du rein, de la rate voire de
l’hémithorax homolatéral, qu’il faut s’attacher à Fig. 23-1. Hématome (*) de la loge surrénalienne droite, la
rechercher. surrénale n’est plus reconnaissable.
TDM en traumatologie
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276 Traumatismes abdomino-pelviens
Fig. 23-2. TDM aux temps artériel (a), portal (b) et tardif (c).
Volumineux hématome de la loge surrénalienne droite, la glande n’est plus
reconnaissable. Association avec un saignement artériel actif (flèche) libre,
s’étalant sur les différents temps de l’injection.
Parfois, ces hématomes sont de plus petite taille le temps alors que l’hématome est de plus grande
entraînant une hypertrophie très modérée de la taille, hyperdense spontanément, non rehaussé et
glande, et traduisant une « ecchymose » ou une diminue en taille et en densité avec le temps avec
contusion (fig. 23-4). Au maximum, il existe une parfois apparition de calcifications.
fracture éclatement de la glande qui n’est alors Les surrénales prennent un aspect hyperdense en
plus reconnaissable et qui est noyée au milieu d’un cas de choc hypovolémique, régressif après remplis-
volumineux hématome de la loge surrénalienne. sage vasculaire, ne devant pas être confondu avec
des lésions traumatiques (fig. 23-5).
Pièges et difficultés diagnostiques
Les principales difficultés diagnostiques sont des Impact thérapeutique
faux positifs.
Une lésion d’un pilier diaphragmatique engendre Une lésion traumatique surrénalienne traduit en
un hématome qui peut être pris à tort pour un général un mécanisme violent mais elle n’a pas de
hématome surrénalien. Les reconstructions coro- gravité en soi. Le pronostic est aux lésions asso-
nales et sagittales peuvent être utiles pour diffé- ciées, fréquentes.
rencier ces deux entités. Dans tout examen TDM N.B. Il n’y a pas d’insuffisance surrénalienne
traumatique, les surrénales doivent être individua- quand l’atteinte est unilatérale.
lisées, garant de leur intégrité. Le traitement est conservateur avec surveillance
Une masse surrénalienne isolée sans infiltration de stricte clinique et biologique (taux d’hémoglo-
la graisse au contact (incidentalome) n’est très pro- bine, fonction rénale, ionogramme…), associée à
bablement pas d’origine traumatique. Sa décou- un traitement symptomatique (antalgique, trans-
verte doit faire réaliser une TDM de contrôle fusion…).
pour éliminer une tumeur bénigne (adénome) En cas d’atteinte bilatérale, une insuffisance sur-
ou maligne. Un adénome est en général de petite rénalienne aiguë doit être détectée précocement
taille (moins de 4 cm), hypodense (densité infé- pour qu’un traitement de suppléance soit rapide-
rieure à 10 UH spontanément), avec un rehausse- ment instauré. En cas de saignement actif artériel,
ment homogène et surtout une taille stable dans une embolisation peut être réalisée.
Fig. 23-4. TDM au temps portal en coupes axiale (a) et coronale (b).
Élargissement du bras médial de la surrénale droite qui apparaît hypodense (flèche) après injection, associé à une infiltration de la
graisse de la loge surrénalienne en rapport avec une contusion surrénalienne
278 Traumatismes abdomino-pelviens
Un traumatisme de la vessie est associé dans plus La vessie est plus souvent lésée au cours d’un trau-
de trois quarts des cas à une fracture pelvienne matisme fermé qu’ouvert. Les mécanismes lésion-
mais un traumatisme vésical n’est présent que nels incriminés expliquent les deux principales
dans 5 à 10 % des fractures du bassin. formes de ruptures vésicales qui conditionnent la
prise en charge thérapeutique (tableau 24-1).
Certains centres opacifient systématiquement la
Rappel anatomique vessie par la sonde vésicale sur la table de TDM,
dans toutes les fractures pelviennes, afin d’optimi-
La vessie est un organe extra-péritonéal (fig. 24-1). ser la détection d’une rupture vésicale avec un dia-
Vide, elle a une forme de tétraèdre. Elle a une partie gnostic précoce, sans allonger la durée d’examen
fixe et triangulaire postéro-inférieure que l’on appelle et en évitant le recours à la cystographie ultérieure
le trigone (= base). Celui-ci est matérialisé par la barre (moindre irradiation).
inter-urétérale (reliant les deux méats urétéraux) qui
représente la base du triangle et le col vésical qui
représente le sommet. Les autres parties sont mobiles,
Image typique
très extensibles, formées par deux faces antéro-latéra-
les et par le dôme. Ce dernier est séparé de la cavité Un prérequis : clamper la sonde urinaire avant
abdominale par le péritoine. Lorsqu’elle est pleine, la l’examen TDM.
vessie a une capacité de 300 à 400 ml pouvant aller La lésion la plus fréquente est une rupture vésicale
jusqu’à 1,5 litre en distension maximale. extra-péritonéale sur fracture du bassin avec extra-
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280 Traumatismes abdomino-pelviens
Rupture vésicale
Il s’agit d’une solution de continuité vésicale poten- Fig. 24-2. TDM au temps tardif.
tiellement visible sur les temps tardifs grâce à une Rupture du dôme vésical (flèche) avec extravasation de PDC
dans la gouttière pariéto-colique gauche (§). Notez, l’épaissis-
extravasation extra-vésicale de PDC urinaire. En sement pariétal focal du dôme vésical (*).
fonction de sa localisation, la fuite d’urine se fera en
intra- ou extra-péritonéal ou les deux. La topogra-
phie des épanchements pelviens voire du PDC uri- des Anglo-Saxons) (fig. 24-3) ; tous ces espaces
naire oriente vers l’une ou l’autre de ces hypothèses : extra-péritonéaux communiquant entre eux, les
• rupture intrapéritonéale s’il existe un épanche- épanchements peuvent diffuser au niveau de la
ment intrapéritonéal de densité liquidienne ou paroi abdominale antérieure, le long de la cuisse,
discrètement hématique avec extravasation de du pénis ou du scrotum si le diaphragme urogéni-
PDC au niveau des récessus péritonéaux (cul- tal est rompu et même parfois ils peuvent s’étendre
de-sac de Douglas, gouttières pariéto-coliques à travers les orifices de la cavité pelvienne que sont
ou inter-anses) (fig. 24-2) ; les collections pel- les trous obturateurs et les échancrures sciatiques ;
viennes restent séparées de la vessie par un liseré il existe en général un hématome important lié à
graisseux correspondant aux espaces péri- et l’abondance du réseau veineux périvésical, lequel
prévésicaux (extra-péritonéaux) ; peut rapidement comprimer la vessie et obturer la
• rupture extra-péritonéale si les épanchements et brèche, empêchant sa détection ;
le PDC extra-vésical sont localisés dans les espa- • rupture mixte (représentant environ 1/10e des
ces sous- et prépéritonéaux, c’est-à-dire en péri- ruptures) avec une topographie intra- et extra-
vésical (perte du liseré graisseux périvésical) et péritonéale des épanchements.
prévésical (espace de Retzius) donnant un épan- N.B. Les ruptures intrapéritonéales seraient plus
chement en forme de « U inversé » (molar tooth fréquentes chez l’enfant du fait d’une plus grande
Chapitre 24. Traumatismes de la vessie 281
Fig. 24-3. TDM en coupe sagittale au temps portal (a) et en coupe axiale au temps tardif (b).
Traumatisme grave du bassin. Notez l’important épanchement liquidien sous-péritonéal (*) avec liseré graisseux de sécurité avec
les anses grêles, en rapport avec une rupture extra-péritonéale (flèche) de la vessie avec une solution de continuité antéro-latérale
(tête de flèche).
Contusion vésicale
Il s’agit d’une déchirure partielle, incomplète de la
muqueuse vésicale qui se manifeste par un œdème
pariétal ou par la présence d’un caillot sanguin.
En général, on ne la voit pas en TDM, on peut la
suspecter en cas d’épaississement pariétal focal sur
une vessie en réplétion (épaisseur des parois inin-
terprétables sur une vessie vide !) (fig. 24-4).
En cas d’hématome de la base vésicale fusant sous ● « Petit signe à ne pas manquer »
le plancher pelvien, il peut être difficile de diffé- En présence d’un épanchement pelvien, la conser-
rencier un traumatisme de la vessie d’un trauma- vation d’un liseré graisseux périvésical est en
tisme de l’urètre. faveur d’une topographie intrapéritonéale de cet
épanchement et donc s’il s’agit d’une rupture vési-
cale, elle est de siège intrapéritonéal.
Impact thérapeutique
Bibliographie
La mortalité est aux lésions associées, la morbidité Hélénon O. Imagerie de l’appareil génito-urinaire.
aux risques d’incontinence et d’instabilité vésicale Flammarion Médecine-Sciences, Paris, 2005.
ultérieure. Paparel P., Badet L., Tayot O., Fessy M.H., Bejui J., Martin
Le traitement est chirurgical (suture) en cas de X. Mécanismes et fréquence des complications uro-
logiques de 73 fractures instables du bassin. Progrès
rupture intrapéritonéale pour prévenir le risque de en urologie 2003 ; 13 : 54–59.
péritonite « urinaire ». Les autres indications de la Tezval H., Tezval M., von Klot C., Herrmann T.R.,
chirurgie sont la présence d’une esquille osseuse Dresing K., Jonas U., et al. Urinary tract injuries
dans le foyer « fracturaire » vésical, ou un caillo- in patients with multiple trauma. World Journal of
tage intravésical majeur en fonction des lésions Urology 2007 ; 25 (2) : 177–184.
Vaccaro J.P., Brody J.M. CT cystography in the evaluation
associées. En effet, en cas de fracture complexe of major bladder trauma. Radiographics 2000 ; 20
du bassin nécessitant une fixation interne chirurgi- (5) : 1373–1381.
cale, la présence d’un traumatisme vésical associé,
même s’il est extra-péritonéal, justifie la réparation
chirurgicale vésicale dans le même temps opéra-
toire afin de prévenir le risque de surinfection du
matériel par les urines.
Le traitement est conservateur dans tous les autres
types de lésion avec drainage des urines par voie
sus-pubienne ou par sondage vésical. La brèche se
tarit en une dizaine de jours.
Au total
• Diagnostic par cystoscanner ou par acquisition
très tardive (> 15 min avec clampage de la sonde
urinaire !).
• Deux mécanismes différents pour deux types de
lésions pour deux types de traitement :
– un tiers de rupture intrapéritonéale, pas de fracture
pelvienne, dôme = traitement chirurgical ;
– deux tiers de rupture extra-péritonéale, fracture
pelvienne fréquente, face antérieure = traitement
conservateur sauf si fragments osseux incarcérés
dans le foyer fracturaire ou si volumineux caillots
intravésicaux ou si fixation interne du bassin
nécessaire.
Chapitre 25
Traumatismes de l’urètre
Depuis l’avènement des TDM multidétecteurs siquement lors des chutes à califourchon, et ne
permettant la réalisation de coupes axiales infra- seront pas abordés dans cet ouvrage, leur diagnos-
millimétriques, l’excellente résolution spatiale tic n’étant pas scannographique.
obtenue autorise une approche scannographi-
que des lésions traumatiques urétrales. Bien
sûr, l’examen de référence reste l’urétrographie Image typique
rétrograde qui doit être effectuée systématique-
ment, soit pour confirmer une lésion urétrale
Les lésions élémentaires sont des élongations, des
fortement suspectée en TDM soit pour vérifier
lacérations et des ruptures urétrales totales ou
son absence en cas de signes scannographiques
partielles. Les signes TDM sont divisés en signes
indirects.
spécifiques et peu spécifiques.
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284 Traumatisme abdomino-pelviens
Fig. 25-1. TDM en coupes axiales, aux temps portal (a et b) et très tardif (plusieurs heures, c et d).
Plaie iatrogène de l’urètre, patient prostatectomisé. Notez l’importante collection sous-vésicale (*) opacifiée au temps tardif par
une extravasation de PDC urinaire, se prolongeant au niveau de la graisse du diaphragme urogénital (flèche). V = vessie.
Fig. 25-2. Coupes TDM axiales pelviennes respectivement de haut (a) en bas (b).
Anatomie urogénitale masculine.* : graisse du diaphragme urogénital (apex : sommet antérieur) ; flèches : graisse préprostatique ;
têtes de flèches : muscles ischio-caverneux ; OI : muscle obturateur interne ; P : prostate.
Chapitre 25. Traumatismes de l’urètre 285
La TDM n’a pas sa place dans l’exploration de ces Chez l’homme, les traumatismes testiculaires sont
traumatismes. explorés en échographie à la recherche d’une rup-
Chez la femme, un traumatisme des organes ture de l’albuginée, d’un hématocèle, d’un héma-
génitaux internes est exceptionnel et survient tome scrotal, d’une lacération, fragmentation,
souvent sur lésion préexistante (kyste ovarien…). hématome ou infarctus testiculaire.
La TDM permet de préciser l’extension de l’hé- Les traumatismes péniens nécessitent une imagerie
matome pelvien et de faire le bilan des lésions par IRM ou échographie afin d’établir l’intégrité
associées. des corps caverneux qui guide l’attitude thérapeu-
Les lacérations vaginales doivent être recherchées tique. La recherche d’une lésion urétrale associée
cliniquement dans tout traumatisme du bassin en nécessite la réalisation d’une urétrographie rétro-
raison du risque d’abcès pelvien. grade au moindre doute.
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Chapitre 27
Traumatismes des gros
vaisseaux abdominaux
Les lésions de l’aorte ou de la veine cave inférieure La présence de lésions athéromateuses serait
sont rares et sont secondaires dans plus de 90 % un facteur prédisposant par la fragilité pariétale
des cas à des traumatismes pénétrants (arme à feu) induite. L’objet compressif peut aussi bien être le
ou iatrogènes. Les cas restants sont rencontrés volant que la ceinture de sécurité ou autre chose.
dans les traumatismes fermés.
C’est un traumatisme gravissime, en général létal
sur les lieux de l’accident. Les rares personnes Image typique
arrivant aux urgences sont dans un état clinique
La sémiologie TDM est identique à celle des trau-
critique avec choc hypovolémique majeur. Ils sont
matismes de l’aorte thoracique. Les lésions se décli-
souvent directement conduits en salle opératoire
nent en simple lacération intimale avec flap intimal,
pour une laparotomie de sauvetage et peu de
en dissection plus ou moins thrombosée et plus ou
lésions ont donc été décrites en TDM.
moins occlusive, en transsection partielle avec sai-
gnement contenu dans un faux anévrisme, ou libre
avec hémorétropéritoine massif. Nous convions
Aorte abdominale le lecteur à se reporter au chapitre dédié (voir
p. 188) pour la description précise de chaque type
Moins de 100 cas de lésions aortiques abdomi- de lésion et leur aspect TDM (fig. 27-1).
nales ont été rapportés dans la littérature. Les La perméabilité et la topographie des diffé-
traumatismes aortiques abdominaux représentent rentes branches viscérales aortiques doivent
moins de 5 % de l’ensemble des traumatismes être précisées afin d’orienter la prise en charge
aortiques. thérapeutique.
Ces lésions sont sans aucun doute l’apanage des
AVP à haute vélocité sur passager classiquement
ceinturé (à deux ou trois points). Lors d’un méca- Impact thérapeutique
nisme en décélération violente, la ceinture de
sécurité joue le rôle de centre de rotation autour Ces lésions ont un pronostic à la fois vital et
duquel vient se fléchir le rachis dorso-lombaire. Il fonctionnel avec risque d’embol périphérique
en résulte une compression directe de l’aorte et avec ischémie aiguë d’un membre inférieur et
des viscères entre la ceinture et le rachis, généra- risque de paraplégie, soit par ischémie médul-
lement en regard de L3 et de la bifurcation aorto- laire antérieure (atteinte de l’Adamkiewicz qui
iliaque entraînant des lésions à la fois digestives, naît d’une artère intercostale inférieure ou
rachidiennes (fracture de Chance++) et aortiques, lombaire supérieure), soit par ischémie ner-
l’association formant le seat belt syndrome (voir veuse périphérique en cas de dissection occlu-
p. 258). Des forces indirectes d’étirement et de sive, éventuellement réversible selon le délai de
cisaillement sont également associées. reperfusion.
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290 Traumatismes abdomino-pelviens
Le traitement des lésions aortiques est soit chirur- Le siège des atteintes les plus fréquentes est par
gical (pontage extra-anatomique) soit endovas- ordre décroissant : portion supra rénale, puis
culaire avec mise en place d’un stent couvert, en rétrohépatique, infrarénale et enfin pararénale
fonction du type de lésion, des équipes et des pla- (2 cm au-dessus et en dessous des veines rénales).
teaux techniques.
Les complications à long terme sont marquées par
le risque de développement d’une fistule aorto- Image typique
cave. Selon l’importance du traumatisme, on visua-
lise soit une lacération endothéliale avec
hémostase spontanée intraluminale responsable
Veine cave inférieure d’un thrombus endoluminal, soit une rupture
pariétale plus ou moins complète avec irrégu-
C’est un traumatisme rare et souvent fatal, lié le larités pariétales et extravasation de PDC dans
plus souvent à un phénomène de lacération (méca- un hématome extra luminal péricave au contact
nisme en décélération), survenant de manière du segment veineux lésé. Il faut savoir que le
préférentielle au niveau des bifurcations (jonction saignement est rapidement contenu dans l’hé-
atrio-cave, hépatico-cave, réno-cave…). matome favorisant ainsi l’hémostase par tam-
Chapitre 27. Traumatismes des gros vaisseaux abdominaux 291
Fig. 27-2. TDM au temps portal (a et b), et au temps tardif (c). Évolution à J6 (d)
Traumatisme de la veine cave inférieure avec faux anévrisme (flèche) contenu par l’hémorétropéritoine. Patient traité par sur-
veillance en milieu chirurgical. Le contrôle à J6 montre une évolution favorable avec constitution d’un thrombus mural (tête de
flèche) permettant de colmater la brèche.
ponnement et pouvant créer une image de qui peuvent être pris, à tort, pour des thrombi.
pseudo-anévrisme (fig. 27-2). Toute inter- Le diagnostic en TDM nécessite donc plusieurs
vention chirurgicale dans ces conditions peut temps de passage avec idéalement un temps vei-
s’avérer dangereuse avec risque d’hémorragie neux systémique qui est à environ 120 secondes
massive et d’arrêt cardiaque, par levée de la après le début de l’injection (temps idéal pour
pression au sein de l’hématome. affirmer un caillot endoluminal).
La perméabilité des différentes veines afférentes Les autres causes d’hématome rétropéritonéal
doit être précisée. doivent être éliminées, avant d’imputer la VCI
(cf. chap. 17).
Image typique
Hernie post-traumatique
Plusieurs lésions peuvent se rencontrer en TDM Ce type de lésion est secondaire à une hyperpres-
et sont décrites ci-dessous. Elles concernent sion intra-abdominale avec aggravation d’une
essentiellement la paroi abdominale antérieure. déhiscence de paroi préexistante. Il en résulte
Cependant, les parties molles des régions fessières une hernie d’anses digestives à travers un orifice
ou lombaires peuvent être atteintes et il faut donc préexistant physiologique, les anses étant tou-
systématiquement penser à les regarder. jours recouvertes de péritoine pariétal. Ce type
de lésion est rarement diagnostiqué d’emblée,
mais plusieurs mois voire plusieurs années après
Rupture complète de paroi le traumatisme.
Elle correspond à une éviscération (fig. 28-1). En La TDM doit préciser la topographie exacte de la
TDM, le péritoine pariétal antérieur et la sangle hernie (en général ombilicale ou lombaire), son
musculo-aponévrotique sont rompus avec visuali- contenu, les signes éventuels de souffrance diges-
sation d’une solution de continuité avec important tive ainsi que les lésions associées intra-abdominales
diastasis musculaire. Les anses digestives sont en présentes dans plus de 60 % des cas.
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294 Traumatismes abdomino-pelviens
Impact thérapeutique
Les ecchymoses n’ont pas d’implication thérapeu-
tique mise à part la prescription d’antalgiques si
nécessaire.
Les urgences chirurgicales sont représentées par les
Fig. 28-2. Désinsertion des muscles transverse, oblique
éviscérations avec un risque de nécrose digestive.
interne et externe à droite (flèche). En cas de hernie digestive isolée et non compli-
D : muscle droit de l’abdomen ; OE : muscle oblique externe ; quée, le traitement est en général différé consis-
OI : muscle oblique interne ; T : muscle transverse.
tant à fermer l’orifice herniaire par l’interposition
d’une plaque prothétique (dacron…). En cas de
lésion intra-abdominale associée nécessitant une
Hématome de paroi prise en charge chirurgicale, le traitement peut
Il peut être sous-cutané ou intramusculaire éventuellement se faire dans le même temps en
(fig. 28-3). Dans ce dernier cas, il peut fonction de la gravité du patient.
être secondaire à un mécanisme intrinsèque Les désinsertions musculaires sont réparées chi
(déchirure musculaire) ou extrinsèque (choc rurgicalement.
direct). L’évolution des hématomes est souvent béni-
En TDM, il correspond à une collection héma- gne (formation d’une cicatrice rétractile ou d’un
tique, hyperdense de topographie intramuscu- granulome fibreux), marquée cependant par les
laire ou sous-cutanée. Il faut systématiquement risques de surinfection. Certains hématomes volu-
rechercher un saignement actif en son sein mineux peuvent être évacués chirurgicalement et
(petites artères ou veines musculaires) qui peut la présence d’un saignement actif peut nécessiter
nécessiter un traitement spécifique. le recours à une embolisation.
Chapitre 28. Traumatismes pariétaux 295
Bibliographie
Au total
Aguirre D.A., Santosa A.C., Casola G., Sirlin C.B.
• Penser à regarder les parties molles ! Abdominal wall hernias : imaging features, compli-
• Signaler les hématomes pariétaux = topographie, taille cations, and diagnostic pitfalls at multi-detector row
et éventuel saignement actif car prise en charge spécifi- CT. Radiographics 2005 ; 25 (6) : 1501–1520.
que possible (risque surinfection des gros hématomes). Brenneman F.D., Boulanger B.R., Antonyshyn O. Surgical
• Hernie post-traumatique (++lombaire et ombilicale), management of abdominal wall disruption after
apparition souvent retardée. blunt trauma. The Journal of Trauma 1995 ; 39 (3) :
• Une désinsertion musculaire peut s’opérer. 539–544.
• Éviscération = urgence chirurgicale.
Chapitre 29
Traumatismes de la ceinture
pelvienne
Traumatismes
de l’anneau pelvien
Généralités
Le bassin est un anneau osseux solide, sa rupture
demande un mécanisme violent, à l’exception des
personnes âgées (fragilité osseuse par insuffisance Fig. 29-1. Zones vulnérables de la ceinture pelvienne.
osseuse) chez lesquelles une simple chute de sa
hauteur peut fracturer le cadre obturateur. des fractures du cartilage ischio-pubien… avec des
impacts pronostiques plus ou moins graves.
Notion de stabilité
La stabilité du bassin dépend de l’intégrité de ses Classification lésionnelle
ligaments, et notamment du solide hauban liga- Il existe de nombreuses classifications de ces fractu-
mentaire postérieur (ligaments sacro-iliaques pos- res : Letournel, Denis pour les fractures du sacrum,
térieurs, sacro-épineux, interosseux…). Il existe Roy-Camille, Resnik, Young et Burgess…
des zones osseuses de moindre résistance, plus
La classification internationale est celle de Tile
vulnérables, sièges principaux des différentes frac-
modifiée par l’Association for Osteosynthesis en
tures rencontrées (fig. 29-1).
1995 (classification Tile/AO, tableau 29-1) qui
On prend l’habitude de distinguer l’arc antérieur classe les lésions en fonction de leur mécanisme
qui comprend la symphyse pubienne et le cadre de survenue et de leur stabilité. Elle est bien cor-
obturateur, et l’arc postérieur correspondant à rélée à la gravité croissante du traumatisme, au
l’aile iliaque, au sacrum et aux articulations sacro- taux de mortalité et à la prise en charge thérapeu-
iliaques (SI). tique. Les fractures de type A n’entraînent aucune
Chez l’enfant, il existe des formes particulières de instabilité et ne nécessitent habituellement pas
traumatismes liés à la plasticité osseuse, à l’hyper- de traitement chirurgical. Celles de type B sont
laxité physiologique ligamentaire et à la présence partiellement instables en rotation mais stables
de structures cartilagineuses engendrant des frac- en verticalité (instabilité postérieure partielle).
tures du cartilage en Y, des fractures avulsions, Les lésions de type C engendrent une instabilité
TDM en traumatologie
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298 Traumatismes abdomino-pelviens
postérieure totale, rotatoire et verticale. Ces deux Tableau 29-3 Muscles incriminés en fonction de la topo-
derniers types de fracture pourront nécessiter un graphie de la fracture-avulsion.
traitement chirurgical. Site de fracture Muscle incriminé
Épine iliaque antéro- Sartorius et tenseur du fascia
supérieure. lata.
Image typique Épine iliaque antéro- Droit fémoral.
inférieure.
Épine ischiatique. Biceps fémoral, semi-
Deux dogmes
membraneux et semi-tendineux.
1) « Une interruption de l’anneau pelvien en un point doit Crête iliaque. Muscles abdominaux.
faire attentivement chercher un second trait de fracture
Branche ischiatique. Muscles adducteurs.
(homo ou controlatéral) ! »
2) « Les complications vasculaires et urologiques sont à
rechercher systématiquement ! »
Fractures du cadre obturateur
Elles sont l’apanage des personnes âgées. Elles
Fractures stables sont stables si elles sont isolées mais il faut s’assu-
Ce sont les fractures les plus fréquentes du bas- rer, notamment en cas de fracture unilatérale des
sin. Elles sont recensées dans le tableau ci dessous deux branches pubiennes, de l’absence de lésion
(tableau 29-2). Elles interrompent l’anneau pel- associée de l’arc postérieur (disjonction SI contro-
vien en un seul point, le mécanisme de survenue latérale++) mais le mécanisme est alors différent et
est en général un choc direct. plus violent.
Lors des fractures en cadre (les deux branches
Fractures-avulsion pubiennes de manière bilatérale), il faut rechercher
Elles sont l’apanage des enfants et des adoles- des lésions associées de la vessie et/ou de l’urètre.
cents, en rapport avec un arrachement osseux de
Fractures sacro-coccygiennes
l’insertion tendineuse par une contraction mus-
culaire soudaine et intense. Ces zones de fragilité Le diagnostic de fracture du coccyx est essentiel-
osseuse correspondent aux noyaux d’ossifica- lement clinique en raison de la grande variabilité
tion secondaires fusionnant vers 20–25 ans. Les de la morphologie, du nombre et de l’inclinaison
principaux sites atteints sont répertoriés dans le des pièces coccygiennes rendant le diagnostic en
tableau suivant (tableau 29-3). C’est une frac- imagerie très incertain. Une angulation sacro-
ture rare chez l’adulte, la zone fragile étant la coccygienne de plus de 90° peut encore être
jonction musculo-tendineuse siège de déchirure. physiologique !
Les fractures du sacrum dont le trait est transversal
Fracture isolée de l’aile iliaque siégeant en dessous de la ligne glutéale, au niveau
Elle survient en choc direct, est rarement déplacée des 3e et 4e pièces sacrées, sont en général isolées.
et n’a pas de gravité propre (fig. 29-2). En cas de déplacement fracturaire, un déficit neu-
rologique peut être associé.
Tableau 29-2 Fractures pelviennes stables.
Fractures instables
Fracture avulsion d’une insertion tendineuse.
Fracture isolée de l’aile iliaque. Elles interrompent l’anneau pelvien en deux
Fracture(s) unilatérale(s) d’une ou des deux branches pubiennes points, au niveau de l’arc antérieur et posté-
ou une fracture d’une seule branche pubienne de manière
bilatérale.
rieur. L’arc antérieur est en général interrompu
Fractures bilatérales des branches ilio- et ischio-pubiennes au niveau de la symphyse pubienne ou du cadre
= « fracture en cadre ». obturateur et l’arc postérieur au niveau des SI, de
Fracture sacro-coccygienne siégeant en dessous de S2. l’aileron sacré (à travers ou en périphérie des trous
300 Traumatismes abdomino-pelviens
Le complexe ligamentaire postérieur est totale- avec refend transversal passant par les corps de S1
ment rompu. Ces fractures sont systématiquement ou S2 (classique fracture en « H »). Les déficits
associées à de nombreuses lésions viscérales sous- neurologiques sont fréquents.
jacentes. Une fracture de l’apophyse transverse de
L5 peut être associée par cisaillement. Complications viscérales
Elles font toute la gravité du traumatisme et sont
Mécanismes combinés à rechercher systématiquement. Elles sont d’ordre
L’association d’un mécanisme de cisaillement et vasculaire, nerveux et urologique.
de compression engendre des lésions complexes N.B. Une fracture du bassin est dite ouverte si
(fig. 29-9 et 29-10). elle communique avec le rectum, le vagin ou avec
N.B. Les fractures de la partie supérieure du l’environnement par une brèche cutanée.
sacrum résultent de forces indirectes transmises
par un bras de levier rachidien sur un bassin fixe et Complications vasculaires
nécessitent un traumatisme violent (fig. 29-11). Elles sont en cause dans près de 50 % des décès
Elles peuvent être transversales ou prendre l’as- directement imputables aux fractures pelviennes.
pect d’une fracture verticale des ailerons sacrés Elles peuvent être d’origine veineuse (environ
Chapitre 29. Traumatismes de la ceinture pelvienne 303
Fig. 29-10. TDM en coupe axiale (a) et reconstruction 3D VR (b) illustrant un traumatisme complexe du bassin avec fracture
antérieure (cadre obturateur droit et cotyle gauche) et postérieure (fracture des deux ailerons sacrés) bilatérale.
Notez la composante de cisaillement avec fracture de l’apophyse transverse gauche de L5 et la composante de compression
avec déplacement antéro-postérieur de la fracture sacrée droite (flèche).
Fig. 29-11. TDM en fenêtrage osseux (a) et parties molles aux temps
artériel (b) et portal (c).
Fracture de la face antérieure de la première pièce sacrée gauche (flèche)
avec saignement artériel actif rétropéritonéal dans l’espace présacré (tête
de flèche) en faveur d’une lésion de l’artère sacrée latérale.
Chapitre 29. Traumatismes de la ceinture pelvienne 305
deux tiers des cas) ou artérielle (environ un tiers s’étendre de la racine de la cuisse au diaphragme
des cas), qu’il est primordial de différencier en avec plus ou moins de suffusion en intrapéritonéal
TDM car la prise en charge thérapeutique ne sera (si abondant). Les lésions artérielles sont multiples
pas la même. dans près de la moitié des cas et peuvent siéger du
Le siège du saignement oriente vers l’origine arté- côté homo ou controlatéral à la fracture. La TDM
rielle ou veineuse et permet d’approcher l’artère a pour but de préciser le nombre de foyers de sai-
lésée. Ainsi, les saignements médians prévésicaux gnement, leur importance (extravasation punc-
ou présacrés évoquent plus un saignement vei- tiforme ou en large plage) et tenter de préciser
neux qui peut provenir soit des tranches de section l’artère lésée (tableau 29-4).
osseuse, soit des petites veines périfracturaires, soit D’autres types de traumatismes vasculaires doivent
plus rarement des troncs ilio-cave. être recherchés comme par exemple des dissec-
Le saignement artériel constitue l’urgence thé- tions, des faux anévrismes, des occlusions (aspect
rapeutique. Les artères les plus fréquemment de cut-off de l’opacification vasculaire = arrêt bru-
atteintes sont en avant les artères pudendales tal) ou des sténoses sur les branches collatérales de
internes et obturatrices, et en arrière les artères l’artère iliaque interne (fig 29-13), qui peuvent
glutéales, sacrées et ilio-lombaires (fig. 29-12). avoir des conséquences redoutables (ischémie ou
L’hémorragie artérielle rétropéritonéale peut saignement secondaire) en cas d’absence diagnos-
Fig. 29-12. TDM aux temps artériel (a) et portal (b), reconstruction VR (c).
Fracture complexe du bassin avec saignement actif artériel (flèche) présa-
cré en faveur d’une rupture de l’artère sacrée latérale gauche.
306 Traumatismes abdomino-pelviens
tique. La sémiologie TDM de ces lésions est la mer le nerf fémoral qui chemine dans l’épaisseur
même que pour les traumatismes vasculaires des du muscle ilio-psoas. Le nerf sciatique et/ou ses
membres inférieurs (cf. chap. 32). branches peuvent être lésés dans tout traumatisme
N.B. Il ne faut pas confondre un blush artériel postérieur du bassin (épine ischiatique, luxation
avec un fragment osseux ! L’analyse des différents postérieure de hanche, colonne postérieure…).
temps de l’injection permettra de facilement iden- Les autres nerfs (obturateur, pudendal) sont plus
tifier le fragment osseux qui ne change pas de rarement atteints.
forme ni de densité (densité calcique élevée spon-
Complications urologiques
tanée) à la différence de l’extravasation artérielle
qui « s’étale » sur les temps tardifs. Un traumatisme de la vessie, de l’urètre ou du
bas uretère doit être systématiquement recherché
N.B. On peut voir lors d’un temps artériel,
avec la réalisation de temps très tardifs (supérieur à
un blush à la racine du pénis correspondant
10 minutes pour obtenir un bon remplissage vési-
à un « blush caverneux », bilatéral et symétri-
cal) ou de cysto-scanner. Nous convions le lecteur
que, avec wash out sur les autres séries, pouvant
à se référer aux chapitres dédiés (traumatisme de la
être confondu avec un saignement artériel mais
vessie, de l’urètre…) pour plus de détails.
correspondant à un blush capillaire « normal »
(fig. 29-14). Complications digestives
Complications neurologiques Les lésions ano-rectales sont rares mais gra-
ves avec un risque de pelvipéritonite. Elles sont
Presque la moitié des patients ayant une fracture
évoquées devant un rétropneumopéritoine avec
du sacrum vont présenter une atteinte nerveuse
rectorragies.
déficitaire (pédicule lombo-sacré) par étirement
ou compression des racines sacrées avec au maxi-
mum une avulsion radiculaire de mauvais pronos- Pièges et difficultés diagnostiques
tic. Les risques d’atteinte nerveuse s’accroissent
au fur et à mesure que le trait « s’internalise » au La principale difficulté diagnostique consiste… à
niveau du sacrum (risque maximum si atteinte ne pas diagnostiquer le second trait de fracture
du canal central) et en cas de disjonction SI. Un qui constitue un facteur d’instabilité. Tout trau-
hématome volumineux peut également compri- matisme du bassin doit donc être lu avec atten-
Chapitre 29. Traumatismes de la ceinture pelvienne 307
Classification
Fracture du cotyle
La classification de Letournel et Judet, la plus uti-
Généralités lisée, classe ces fractures en lésions élémentaires
(pour environ 40 %) et combinées (pour environ
La cavité cotyloïdienne est une région anatomique 60 %), avec un impact sur la prise en charge théra-
appartenant au bassin, mais sa fonction articulaire fait peutique mais sans corrélation avec la gravité des
que les fractures du cotyle sont considérées comme lésions (tableau 29-5).
une entité séparée des autres fractures du bassin.
Rappel anatomique
Image typique
Le cotyle (acétabulum) se situe au niveau du car- L’analyse de la fracture se fera dans un premier
tilage triradié (jonction entre l’ilium, l’ischion et temps par l’analyse des traits de fracture dans le
le pubis). La partie supérieure de sa surface articu- plan axial, qui orientera sur la topographie et la
laire, appelée toit du cotyle, transmet le poids du complexité de la fracture (colonne ? paroi ?…).
corps au fémur en position debout. Il est compris Les traits plutôt coronaux orienteront vers une
entre l’épine iliaque antéro-supérieure et la grande fracture d’une colonne et les traits plutôt sagit-
échancrure sciatique. taux vers une fracture d’une paroi (fig. 29-16).
Des reconstructions 2D dans les plans coronal
On divise classiquement le cotyle en deux colon-
du bassin et oblique du cotyle (parallèle et per-
nes formant un V inversé (fig. 29-15) :
pendiculaire à son axe antéro-postérieur) et des
• la colonne postérieure ou ilio-ischiatique des-
reconstructions 3D confirmeront la topographie
cend de l’angle de la grande échancrure sciati-
lésionnelle. Le compte rendu devra préciser :
que à la tubérosité ischiatique ;
• l’existence d’une impaction ou d’une encoche
des surfaces articulaires ;
• la congruence articulaire (luxation de la tête
fémorale ?) ;
ANTÉRIEUR
POSTÉRIEUR
Mécanisme
Identique à celui des fractures de la paroi posté-
rieure mais la hanche est alors en abduction.
Trait
Le trait est frontal s’étendant depuis la grande
échancrure sciatique en arrière jusqu’à la partie
postérieure de la fosse acétabulaire puis se termine au
niveau de la branche ischio-pubienne (cette der-
nière est obligatoire pour parler de colonne posté-
rieure) (fig. 29-23).
Lésions associées
Luxation postérieure de hanche, le nerf sciatique
peut être lésé.
Paroi antérieure
Fig. 29-21. Fracture de la colonne antérieure. C’est la fracture la plus rare.
Fig. 29-23. Fracture de la colonne postérieure. Fig. 29-24. Fracture de la paroi antérieure.
Mécanisme
Choc direct sur le grand trochanter.
Trait
Le trait s’étend depuis la partie antérieure de l’acé-
tabulum (sourcil cotyloïdien antérieur) jusqu’à la
branche ilio-pubienne (fig. 29-24). Le fragment
détaché se déplace en avant et en dehors. C’est
une fracture souvent comminutive.
Lésions associées
Luxation antérieure de la tête fémorale.
Lésions combinées
Fracture transversale avec fracture
de la paroi postérieure
C’est la plus fréquente des fractures combinées Fig. 29-25. Fracture transversale avec fracture de la paroi
(fig. 29-25). Elle est associée soit à une luxation postérieure.
centrale de la tête fémorale quand le trait de frac-
ture transversal prédomine, soit à une luxation
postérieure si c’est le trait de la paroi postérieure Fracture bicolonne
(fig. 29-26). Il faut systématiquement rechercher C’est une fracture souvent comminutive et com-
une impaction fémorale ou cotyloïdienne et une plexe (fig. 29-27). Elle résulte d’un choc tro-
incarcération de fragments osseux. Les recons- chantérien direct avec la tête fémorale venant
tructions 3D permettent une meilleure compré- s’impacter en butée à travers les deux colonnes.
hension du type de fracture en présence. La tête fémorale se retrouve prise en étau entre
314 Traumatismes abdomino-pelviens
Fracture en « T »
Elle correspond à une fracture transversale avec
trait de refend vertical (qui se termine en géné-
ral au niveau de la branche ischio pubienne)
(fig. 29-30). On y assimile volontiers une frac-
ture de la colonne postérieure associée à une
hémi-transversale antérieure, les traitements étant
identiques. Si le trait est très postérieur, le cadre
obturateur reste intact et on parle de fracture en
T ischiatique. On ne manquera pas de chercher
une disjonction SI associée, quasi-constante.
Fig. 29-29. TDM en coupes axiales (a et b), sagittale (c) et reconstruction 3D VR (d).
Fracture bicolonne.
316 Traumatismes abdomino-pelviens
Au total
• Lésions élémentaires = colonne antérieure ou posté-
Fig. 29-31. Fractures de la colonne antérieure et hémi- rieure/paroi antérieure ou postérieure/transversale.
transversale postérieure. • Lésions combinées = lésions élémentaires associées.
• Paroi et colonne postérieure = les plus fréquentes.
Impact thérapeutique • Toujours rechercher :
– impaction des surfaces articulaires ;
À la différence des fractures du bassin, le pronos- – présence de fragments intra-articulaires ;
tic est ici fonctionnel avec risque d’arthrose coxo- – congruence articulaire = fracture ou luxation de la
fémorale, d’ostéonécrose de la tête fémorale ou tête fémorale ;
de pseudarthrose, source de handicap et de mor- – lésions associées.
• La règle thérapeutique : rétablir la congruence articulaire.
bidité tardifs.
Chapitre 29. Traumatismes de la ceinture pelvienne 317
●● « Petit signe à ne pas manquer » young-burgess and tile classification systems for fractu-
En coupe axiale : res of the pelvic ring. Journal of Orthopaedic Trauma
les traits plutôt frontaux = fractures des colonnes ; 2008 ; 22 (6) : 379–784.
Otal P., Auriol J., Chabbert V., Lemettre T., Marachet
les traits plutôt sagittaux = fractures des parois.
M.-A., Canevet G., Vierasu B., Joffre F., Rousseau H.
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Chapitre 30
Cas des patientes enceintes
Les traumatismes utérins et fœtaux sont plus fré- les recommandations du CIRTACI, il est pos-
quents et plus graves au-delà de la 12e semaine sible de réaliser un examen d’imagerie irradiant
d’aménorrhée en raison de la topographie intra- et avec injection de PDC iodé, quel que soit le
abdominale de l’utérus qui n’est plus protégé par terme de la grossesse si l’indication de l’imagerie
le bassin osseux. Les traumatismes fœtaux sont est indiscutable. Les pédiatres devront être aver-
plus fréquents lors du 3e trimestre de grossesse tis du risque d’hypothyroïdie fœtale en cas d’in-
du fait de la diminution relative de liquide amnio- jection au-delà de la 12e semaine d’aménorrhée
tique par rapport au volume fœtal. Que ce soit (surveillance en période néonatale de la TSH),
un traumatisme utérin ou fœtal, les conséquences et la dose totale délivrée devra bien entendu être
sont toujours lourdes avec au mieux, réalisation consignée sur le compte rendu. Dans le cadre
d’une extraction fœtale prématurée de « sauve- d’un polytraumatisme, l’utilisation de tabliers
tage » par césarienne en urgence et au pire mort plombés en TDM, placés sur l’abdomen pour
fœtale in utero. protéger le fœtus n’est pas recommandée. Rien
Le bilan des complications traumatiques utérine et ne doit altérer la qualité de l’imagerie ce qui
placentaire se fait par échographie obstétricale. diminuerait les performances diagnostiques.
La TDM intervient dans la stratégie diagnostique
de telles lésions uniquement pour faire le bilan des Bibliographie
lésions maternelles associées : les lésions du foie et
El-Kady D., Gilbert W.M., Anderson J., Danielsen B.,
de la rate seraient plus fréquentes par la compres-
Towner D., Smith L.H. Trauma during pregnancy : an
sion de ces organes contre la cage thoracique par analysis of maternal and fetal outcomes in a large popu-
l’utérus gravide. lation. American Journal of Obstetrics and Gynecology
Les conséquences liées à l’injection de PDC iodé 2004 ; 190 (6) : 1661–1668.
El Kady D., Gilbert W.M., Xing G., Smith L.H. Association
et à l’irradiation fœtale ne doivent en aucun cas of maternal fractures with adverse perinatal outcomes.
retarder la prise en charge diagnostique et thé- American Journal of Obstetrics and Gynecology 2006 ;
rapeutique en cas de traumatisme grave. Selon 195 (3) : 711–716.
TDM en traumatologie
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Au final, quel protocole pour
l’exploration d’un traumatisme
abdomino-pelvien ?
Il n’existe pas de consensus sur le protocole opti- différence significative pour le diagnostic de
mal à réaliser. Doit être réalisé le protocole avec lésions digestives entre les centres utilisant les
lequel on est le plus à l’aise et le plus à même PDC oraux et les autres, les nouvelles machines
d’effectuer une lecture exhaustive. permettant une séméiologie plus fine et plus
précise grâce à leur haute résolution spatiale et
Le protocole optimal est quadriphasique et le protocole temporelle.
minimal biphasique
d’apprécier le temps sécrétoire du rein (= temps majeur), fait récuser la réalisation d’un sondage
cortical). vésical classique.
Le cysto-scanner consiste à réaliser une opacification
vésicale par la sonde urinaire par au moins 350 ml de
Le temps portal est indispensable.
PDC iodé, dilué au 1/5e (avec du sérum physiolo-
gique) pour éviter les artéfacts. Le remplissage est
progressif et s’effectue par la gravité en plaçant la
Faut-il réaliser un temps tardif ? perfusion de PDC plus haute que la table d’examen.
Il est recommandé par certaines équipes de mobili-
Oui, à la demande ser le ballonnet de sonde urinaire pour mettre en
Il se justifie en présence d’une extravasation de évidence une éventuelle lésion près du col.
PDC pour caractériser le saignement : libre ?, Dans un protocole standard (injection uniquement
contenu ?, et orienter la thérapeutique (chirurgie intraveineuse de PDC), la réalisation de clichés
versus embolisation). tardifs voire très tardifs (au-delà de 15 minutes),
Il se justifie aussi dans tout traumatisme ou sus- permettant d’obtenir une excrétion urinaire suf-
picion de traumatisme des voies urinaires (lésions fisante pour distendre et opacifier toute la vessie,
du rein mais aussi épanchement rétropéritonéal et peut remplacer efficacement le cysto-scanner.
fractures du bassin) afin de rechercher une extra-
vasation de PDC d’origine urinaire. Il doit alors
être réalisé au minimum entre 3 et 5 minutes Pour exemple, voici notre
après le début de l’injection et idéalement au-delà protocole d’acquisition
de 5 minutes (voire 10–15 min) pour une bonne
Il est au moins biphasique réalisé sur un appareil
opacification des uretères et de la vessie. Des chan-
GE, LightSpeed VCT, 64 détecteurs.
gements de position avec mise en procubitus peu-
vent faciliter la détection d’une lésion antérieure La première hélice est réalisée au temps artériel
(vésicale ou pyélique). Tout ceci n’est envisagea- (avec détection automatique du PDC, zone d’in-
ble qu’après s’être assuré d’un bon clampage de la térêt placée dans l’aorte thoracique) et est couplée
sonde vésicale ! On peut surseoir au temps tardif si au volume thoracique :
la morphologie du rein est strictement normale, • position du patient : décubitus, bras relevés si
s’il n’existe pas de fracture du bassin ni d’épan- possible ou croisés sur le thorax ;
chement rétropéritonéal ou pelvien sur les séries • scout : TAP ;
précédentes. • volume d’acquisition : des clavicules incluses
aux têtes fémorales ;
Un temps tardif, réalisé à 3–4 minutes permet
• temps de rotation : 0,5 seconde ;
aussi d’apprécier ou plutôt de confirmer une
• pitch : 0,9 ;
absence de rehaussement pariétal digestif dans le
• doses : 120 kV, auto milli pour un bruit de 22–24 ;
diagnostic d’ischémie intestinale. Ce temps tardif
• filtre : standard ou soft (si patient corpulent) ;
est très intéressant dans cette indication permet-
• fov : large body ;
tant de lever le doute quant à un éventuel défaut
• collimation : 40 (64 x 0,625) .
de rehaussement pariétal.
• injection : 120 cc à 3 ou 4 cc/s.
La deuxième hélice est réalisée au temps portal
Faut-il réaliser un cysto-scanner (à 70 secondes après le début de l’injection).
pour les lésions vésicales ? Paramètres identiques à ceux sus-cités à l’excep-
tion de :
Oui en fonction des habitudes
• volume d’acquisition : des coupoles diaphragmati-
C’est une cystographie rétrograde en TDM. La ques aux têtes fémorales ;
suspicion de traumatisme urétral (urétrorragie • pitch : 1,3 ;
et/ou globe vésical et/ou diastasis symphysaire • filtre : soft ;
322 Traumatismes abdomino-pelviens
• doses : 120 kV, auto milli pour un bruit de Des reconstructions globales coronales et sagit-
22–26. tales strictes abdomino-pelviennes peuvent être
À la demande, une hélice au temps tardif est réa- informatives.
lisée (temps variable) : paramètres identiques au
temps portal sauf le temps de rotation qui est
de 0,6 seconde et le bruit plutôt aux alentours Quelle lecture ?
de 26.
L’analyse des images doit se faire en fenêtrage :
• pulmonaire (W 1400, L -300) pour la détection
Quelles reconstructions ? d’un pneumopéritoine ;
• « serré » (W 400–500, L 200) pour la détection
Les reconstructions sont indispensables en cas de des hyperdensités hématiques ;
traumatisme osseux : • habituel (W 400, L 40) pour l’analyse globale
• reconstructions sagittales sur le rachis avec un du rehaussement des organes ;
petit Fov et en filtre osseux (bone ou bone plus) ; • osseuse (W 2000, L 550) pour le rachis et le
on précise que cette reconstruction est réalisée bassin.
sur la première acquisition au temps artériel La lecture sera au mieux réalisée sur une console
(volume TAP) qui permet ainsi d’avoir la tota- de post-traitement qui autorise une plus grande
lité du rachis thoraco-lombo-sacré sur la même autonomie et gestion de l’analyse des images avec
coupe ; possibilité de reconstructions multiplanaires.
• reconstructions 2D et 3D VR sur les fractures N.B. Certains centres effectuent une exploration
du bassin ; pour les fractures sacrées, on réa- thoraco-abdomino-pelvienne en un seul passage,
lisera un plan coronal oblique dans l’axe du aux temps à la fois artériel et portal. Pour ce faire,
sacrum ; il en sera de même pour les fractures ils réalisent une double injection : deux tiers du
des SI ; pour le cotyle, les reconstructions seront bolus total iodé sont injectés initialement (débit
dans un axe parallèle et perpendiculaire à l’axe de 3 cc/s, durée environ 30 s) suivis d’un temps
antéro-postérieur du cotyle ; le choix du filtre de pause (d’environ 30 s) puis injection du der-
d’acquisition est important afin d’obtenir des nier tiers de PDC restant (débit de 3 cc/s, durée
reconstructions 3D de qualité (filtre standard ou d’environ 10 s) et démarrage de l’hélice TAP à la
soft++). fin de la deuxième injection. Ainsi ils obtiennent
Les reconstructions 3D n’ont aucun intérêt dia- un rehaussement parenchymateux au temps portal
gnostique dans les autres traumatismes viscéraux des organes intra-abdominaux tout en ayant une
abdominaux. opacification des axes artériels (et notamment de
En cas de saignement actif ou en cas de fuite uri- l’aorte) optimale. Le principal avantage de cette
naire, l’utilisation du mode MIP peut être perti- technique est un gain d’irradiation puisque un
nente pour détecter le site lésé. seul passage est réalisé sur l’abdomen.
Chapitre 31
Généralités
Grâce à l’avènement des nouveaux scanners multi par une durée d’examen longue, et par la nécessité
détecteurs (nombre de détecteurs supérieur ou d’une équipe spécialisée (pas toujours sur place)
égal à 16 barrettes au minimum pour des images de manipulateurs et radiologues ainsi qu’un pla
de qualité), il est désormais possible d’inclure dans teau technique adéquat. De plus, c’est un acte
un protocole habituel d’exploration cranio-thoraco- invasif qui délivre beaucoup plus de rayonnement
abdomino-pelvienne et avec une seule injection, qu’un angioscanner et beaucoup plus de PDC et
une acquisition des membres et notamment des qui présente de nombreuses complications poten
membres inférieurs en totalité à visée « angio tielles : lésions au point de ponction (dissection,
graphique ». Utilisé en pratique courante pour le faux anévrisme, FAV…), embolie périphérique…
bilan des artériopathies des membres inférieurs, En ce qui concerne la traumatologie, les lésions
l’angioscanner est depuis plusieurs années validé vasculaires des membres inférieurs surviennent
pour ses qualités iconographiques et diagnosti selon deux principaux types de mécanisme :
ques (topographie des plaques athéromateuses, • lors d’un traumatisme pénétrant avec plaie vas
degré de sténose…). Elle supplante l’angiographie culaire directement par des objets vulnérants
conventionnelle dans de nombreux centres pour (balle ou arme blanche…) ;
les examens de dépistage. • ou au cours d’un traumatisme fermé avec com
C’est un examen non invasif, rapide, permettant pression artérielle par une fracture osseuse
en moins de 5 secondes et en une seule injection déplacée, par exemple, ou une lésion vasculaire
d’obtenir une cartographie du réseau artériel des par étirement/cisaillement.
deux membres inférieurs. La réalisation de cou Les principaux signes cliniques évocateurs d’une
pes fines inframillimétriques (0,625 mm avec une atteinte artérielle peuvent être divisés en signes
TDM à 64 canaux) avec obtention de voxels iso sensibles et spécifiques (hard signs) et en signes
tropiques permet un post-traitement de qualité sensibles mais peu spécifiques (soft signs) et sont
et des images « angiographiques » équivalentes à rappelés dans le tableau 31-1.
celles de l’angiographie conventionnelle, non seu
lement dans les deux plans de l’espace (type MPR
avec MIP) mais également en 3D (type rendu de Tableau 31-1 Aspects cliniques prédictifs d’une atteinte
volume). La rapidité d’exécution d’une acquisi artérielle des membres inférieurs justifiant la réalisation
tion hélicoïdale au temps artériel de la tête aux d’une angioTDM en urgence.
pieds (head to foot des Anglo-Saxons) autorise Hard signs Soft signs
d’inclure dans le même protocole une exploration Absence de pouls Jambe froide
abdominale au temps portal sans altérer la qualité Hématome extensif Hématome non extensif
ni le délai de l’acquisition. Thrill vasculaire Changement de coloration
Saignement pulsatile du membre
L’angiographie reste néanmoins le gold standard Déficit neurologique Saignement non pulsatile
en cas de doute diagnostique et à visée thérapeuti Plaie par balle ou arme blanche Fracture ipsilatérale fémoro-
que. Ses principaux inconvénients sont représentés sur le trajet d’un vaisseau tibiale = « genou flottant »
TDM en traumatologie
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326 Traumatismes vasculaires des membres
Image typique
Rappel anatomique
Avant de décrire les principaux signes TDM de
traumatisme vasculaire, il faut rappeler l’anato-
mie vasculaire modale des membres inférieurs
(fig. 32-1).
On recherchera en TDM des signes directs et indi-
rects de traumatisme vasculaire qui sont réperto-
riés dans le tableau 32-1.
Signes directs
Occlusion
C’est la lésion la plus fréquemment visualisée sous
la forme d’un arrêt brutal de l’opacification vascu-
laire (fig. 32-2). Cela peut traduire une dissection
occlusive, un spasme, un embol ou une compres-
sion extrinsèque, qu’il est difficile de différencier sur
une imagerie « statique ». Le réseau d’aval est parfois
opacifié par mise en jeu des réseaux de collatéralité.
Fig. 32-2. TDM de l’épaule gauche en coupe coronale MIP (a) et artériographie (b).
Dissection occlusive secondaire à une fracture-luxation sévère de la tête humérale. Notez l’arrêt brutal et complet de l’opacification
de l’artère axillaire gauche (*).
visualisé sous la forme d’une flaque de PDC de et sur une courte longueur, témoignant d’un
contours mal limités siégeant dans les parties mol- traumatisme pariétal (fig. 32-4). Il s’agit soit
les périvasculaires dès le temps artériel (fig. 32-3). d’une dissection partiellement thrombosée, soit
Au moindre doute sur le caractère contenu ou non d’une lacération intimale avec un thrombus d’hé-
de la lésion, une deuxième acquisition plus tardive mostase intraluminal au contact ou d’un simple
permet de confirmer l’extravasation « libre » en spasme artériel temporaire. Seule l’angiographie
visualisant une extension de la flaque. lèvera le doute diagnostique.
Pseudo-anévrisme
Fistule artério-veineuse
Il correspond à un traumatisme pariétal avec un sai- C’est une lésion rare dont le diagnostic est posé
gnement contenu par l’adventice (intima et média en cas de visualisation d’un retour veineux pré-
lésées) ou par les tissus mous périvasculaires. Il cor- coce dès le temps artériel, avec une dilatation de la
respond à une image d’addition artérielle, en géné- veine de drainage (fig. 32-5).
ral de forme arrondie et bien limitée, raccordée à la
lumière vasculaire par un fin collet. Son opacifica-
tion est celle du vaisseau porteur sur les différents
temps de l’acquisition, il ne change pas de forme. Signes indirects
Un hématome périvasculaire est quasi constant en
Flap intimal
cas de plaie vasculaire. Il peut être de topographie
Il correspond à une lacération intimale avec dis- sous-cutanée, intramusculaire ou interaponévro-
section focale et se traduit par un défect linéaire tique. S’il est volumineux, il peut engendrer un
intraluminal (fig. 32-4). Pour le dépister, il faut syndrome de loges pouvant comprimer les struc-
parfaitement régler le fenêtrage de lecture (envi- tures vasculaires, aggravant ainsi le processus
ron 2 000/500 = W/L) afin « d’adoucir » le ischémique.
contraste intraluminal. La visualisation d’un corps étranger métallique
(balle, projectile…) ou d’un fragment osseux
Sténose brutale
vulnérant à proximité d’un axe neurovasculaire
Elle correspond à une réduction du calibre de la doit faire rechercher un traumatisme artériel sous-
lumière circulante avec des contours irréguliers jacent.
Chapitre 32. Traumatismes vasculaires des membres inférieurs 329
Fig. 32-3. TDM en coupe axiale (a), reconstruction coronale MIP (b)
et 3D VR (c).
Extravasation de PDC (flèche) à partir de l’artère fémorale superficielle
droite en rapport avec une rupture artérielle secondaire à une fracture
déplacée de la jonction 1/3 moyen-1/3 inférieur de la diaphyse fémorale.
Patient opéré avec réalisation d’un pontage.
Pièges et difficultés diagnostiques vaut mieux alors envisager de faire le bilan vascu-
laire en artériographie.
La principale difficulté diagnostique réside en La qualité de l’opacification du réseau distal
une mauvaise opacification artérielle qui peut dépend, en partie, du nombre de détecteur du
être multifactorielle limitant l’interprétation de scanner, et est nettement altérée si le nombre de
l’examen. Une trop faible quantité ou un trop détecteur est inférieur à 16 barrettes.
faible débit de PDC injecté sont des défauts tech- Par ailleurs, des paramètres intrinsèques au patient
niques qui doivent être évités. Les erreurs de comme un hypodébit ou un choc altèrent les vites-
temps d’acquisition (trop précoce ou trop tardif) ses de circulation systémique et peuvent réduire
ne devraient plus être d’actualité compte tenu l’intensité de l’opacification vasculaire. En aval
des méthodes de détection automatique. En cas d’un site partiellement lésé, le débit est ralenti et
de délai trop tardif, l’opacification des artères se l’opacification est peu intense. Il faut alors utiliser
superpose à celle des veines, source de confusion au maximum les outils diagnostiques que sont le
en présence d’un saignement dont il est impos- MIP et le 3D VR.
sible de définir l’origine. À ce stade, si on réin- L’interprétation peut être incomplète ou équivo-
jecte ou si on relance l’hélice, les résultats seront que en raison de la présence d’artéfacts gênant la
médiocres avec notamment impossibilité de toute visualisation correcte de la lumière artérielle. Les
reconstruction (MIP ou 3D VR) de qualité. Il principales sources d’artéfacts sont les suivantes :
330 Traumatismes vasculaires des membres
Fig. 32-4. TDM en coupe axiale (a), zoomée sur le genou gauche (b), reconstructions sagittale MIP (c) et 3D VR (d).
Dissection de l’artère poplité gauche chez un patient présentant une fracture du plateau tibial (non visible sur ces coupes). Notez la
disparité de calibre entre les deux artères poplités (tête de flèche et flèche) avec image de flap intimal sur la coupe zoomée. Cette
dissection se présente sous la forme d’une sténose courte sur les reconstructions sagittales.
Si une hélice artérielle est programmée sur les La quantité de PDC injectée varie de 60 à 100 cc res-
membres inférieurs, il faut positionner le patient pectivement pour une acquisition isolée ou couplée
« pieds en premier » sur la table de scanner (pour (à un TAP) et à condition de s’équiper d’une serin-
les membres supérieurs, c’est l’inverse, la tête gue électrique avec double injecteur afin de « chas-
sera placée en premier avec bras au-dessus de la ser » le bolus de PDC par une solution saline (30 à
tête si possible et, au mieux, position de « super- 50 cc), optimisant sa progression. En l’absence de
man »). Le topogramme (scout view) doit inclure double injecteur, la quantité de PDC injectée sera
un volume allant de la tête aux pieds afin de pro- au moins de 100–120 cc pour une exploration
grammer au mieux les boîtes d’acquisition. En cas totale (TAP et membres inférieurs). Les éventuelles
de réalisation d’une hélice unique sur les membres acquisitions complémentaires sur l’abdomen ou sur
inférieurs (sans exploration du TAP), la boite d’ac- une autre région d’intérêt doivent être program-
quisition doit inclure la bifurcation aorto-iliaque mées d’emblée pour adapter automatiquement le
(à hauteur des crêtes iliaques) et une seule hélice départ des hélices supplémentaires.
doit être programmée jusqu’à la voûte plantaire. La dose délivrée est optimisée automatiquement
Si le patient est agité, une sédation ou une immo- (automilli) pour conserver un signal sur bruit suf-
bilisation des membres inférieurs par une sangle fisant à l’interprétation tout en restant la moins
doit être discutée pour améliorer le rendement élevée possible pour le patient.
diagnostique et éviter les artéfacts.
Voici, par exemple notre protocole réalisé sur un
Les techniques de détection automatique du bolus appareil GE LightSpeed VCT, 64 coupes :
de contraste sont à privilégier (smart prep, bolus • position du patient : décubitus, « pieds en
track…) avec positionnement de la zone d’intérêt premier » ;
au niveau de l’aorte descendante et départ auto- • scout : TAP-membres inférieurs (incluant la
matique de l’hélice quand les valeurs de densité totalité des pieds) ;
intraluminale sont optimales (seuil à 120–150 • volume d’acquisition : des clavicules incluses
UH). aux chevilles ;
N.B. La région d’intérêt doit être la plus large • temps de rotation : 0,5 seconde ;
possible au sein du vaisseau. • pitch : 0,9 ;
En l’absence de détection automatique de • doses : 120 kV, automilli pour un bruit de 22–24 ;
PDC, on programmera le départ de l’hélice à • filtre : standard ou soft (si patient corpulent) ;
40–45 secondes pour une exploration des mem- • fov : large body;
bres inférieurs à la phase artérielle et environ • collimation : 40 (64 x 0,625) ;
30–35 secondes après le départ de la première • injection : 120 cc à 3 ou 4 cc/s avec départ
hélice pour un temps veineux. automatique.
Chapitre 32. Au final, quel protocole pour une exploration vasculaire des membres inférieurs ? 333
L’acquisition réalisée avec un filtre soft ou stan- rotation de l’objet, sont réalisées sur une console
dard est indispensable pour effectuer des recons- de post-traitement (« Advantage Windows 4.3 »).
tructions 3D VR de qualité. Des reconstructions La lecture diagnostique doit toujours se référer aux
avec un filtre bone seront effectuées directement images natives axiales pour confirmer les anomalies
sur la console d’acquisition pour apprécier les constatées sur les reconstructions MIP ou 3D VR.
traumatismes osseux associés. Des images significatives sont sélectionnées pour
Les reconstructions MPR/MIP dans les plans coronal faciliter la communication avec les correspondants
et sagittal, et 3D VR avec au mieux création d’une et guider la conduite thérapeutique.
Chapitre 33
Généralités
Malgré tous les progrès techniques réalisés en • dans un but de caractérisation pour préciser
imagerie ces dernières années, la radiographie l’extension exacte des différents traits de frac-
standard reste le pilier de l’exploration des trau- ture et notamment leur topographie articulaire
matismes osseux périphériques et doit être réalisée ou non, ou réaliser une cartographie précise de
en première intention. La TDM multicoupes peut la distribution des fragments osseux en préopé-
jouer un rôle important dans les fractures articu- ratoire pour choisir le type d’intervention.
laires et/ou complexes. En effet, les reconstruc- Les questions posées sont identiques quelle que
tions 2D (MPR) et 3D VR permettent d’apprécier soit la pièce osseuse fracturée :
le nombre et la distribution spatiale des fragments • Quelle est la topographie du trait de fracture :
osseux, orientant alors la stratégie thérapeuti- épiphyse, métaphyse, diaphyse (1/3 proximal,
que et le choix du matériel chirurgical nécessaire moyen ou distal) ?
(ostéosynthèse, remplacement prothétique, type • Quel est son type : transversal, oblique, spiroïde,
et taille du matériel…). simple, comminutif… ?
C’est ainsi que la TDM n’a aucun intérêt dans les • La fracture est-elle articulaire ou non ?
fractures simples et/ou non déplacées ou dans • Quel est le nombre de fragments ?
les fractures diaphysaires, sauf en cas de suspicion • Quel est le sens du déplacement : chevauche-
clinique de lésions vasculaires sous-jacentes (pour ment, translation, angulation, rotation… ?
les fractures diaphysaires du fémur notamment), N.B. Le sens du déplacement est toujours celui de
imposant alors la réalisation d’un angioscanner. l’extrémité distale du foyer de fracture par rapport
En dehors des indications vasculaires (absence à l’extrémité proximale.
de pouls/ischémie d’un membre), la réalisation Nous allons détailler chaque type de traumatisme
d’une TDM dans un traumatisme périphérique rencontré en pratique courante en TDM, en fonc-
peut être requise dans les situations suivantes : tion de sa topographie et en essayant de préciser
• dans un but de détection : bilan radiographi- les points importants que le compte rendu de
que normal et forte suspicion clinique de frac- TDM devra contenir.
ture ou doute sur l’existence d’une fracture à la
radiographie ;
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Chapitre 34
Traumatismes
du membre supérieur
Classification lésionnelle
La classification de Neer est largement utilisée et a
la réputation d’être simple, et c’est celle que nous
allons exposer (tableau 34-1). Elle classe les frac- Fig. 34-1. Schéma illustrant les principaux repères anato
miques de l’extrémité supérieure de l’humérus.
tures déplacées de l’extrémité supérieure de l’hu- 1 : calotte articulaire ; 2 : tubercule majeur ; 3 : tubercule mineur ;
mérus en fonction du nombre de fragments. Est 4 : col chirurgical ; 5 : sillon intertuberculaire ; 6 : col anatomique.
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340 Traumatismes osseux périphériques
A
Col chirurgical
B
Tubercule majeur
C D
Tubercule mineur
E F
Fracture-luxation
H I J K
Fracture-séparation L’extrémité supérieure de l’humérus est complètement désolidarisée de la diaphyse, donc non engrenée et très
déplacée (fig. 34-2).
On prendra soin de préciser le déplacement N.B. L’engrènement d’une fracture est défini
interne du tubercule mineur (significatif au-delà par une « impaction des fragments osseux avec
de 5 mm) qui nécessite parfois une réparation du tassement du spongieux ». C’est donc un critère
tendon du sous-scapulaire. de stabilité, autorisant un traitement conservateur
Chapitre 34. Traumatismes du membre supérieur 341
Fig. 34-2. TDM de l’épaule en 3D VR en vue de face (a) et en coupe axiale (b).
Fracture-séparation de la tête humérale, non engrenée par définition. La calotte articulaire (*) est rétroversée mais non luxée, le
foyer de fracture est comminutif.
(orthopédique ou ostéosynthèse) sans réduction diagnostic positif de luxation au cours d’un body-
au préalable. En pratique, on parle d’engrènement scanner chez un patient polytraumatisé.
plutôt pour les fractures du col (chirurgical ou
anatomique) de l’extrémité supérieure de l’humé- Classification lésionnelle
rus, pour les fractures du col fémoral et pour les
fractures de l’extrémité inférieure du radius. On distingue les luxations antéro-internes de loin
les plus fréquentes, au cours desquelles la tête
humérale est située en avant de la cavité glénoï-
Impact thérapeutique dienne, les luxations postérieures et les luxations
inférieures (luxation erecta).
Le traitement dépend de l’importance du dépla-
cement, du nombre de fragments et de l’âge du
patient. Les fractures à trait simple ou peu dépla- Compte rendu TDM
cées (avec bascule de la tête < 20°) peuvent être Il doit préciser :
traitées de manière orthopédique avec immobili- • le sens de la luxation ;
sation par gilet orthopédique et rééducation. Les • les lésions osseuses spécifiques à chaque type de
fractures de type Neer 3 ou 4 sont réduites à foyer luxation (tableau 34-2).
ouvert ou fermé puis ostéosynthésées chez le sujet
L’arthroscanner n’a aucune place en imagerie
jeune (vis-plaques, enclouage…) et bénéficient
d’urgence.
en général d’une arthroplastie d’épaule chez les
sujets âgés (prothèse inversée).
Tableau 34-2 Lésions osseuses à rechercher en fonction
du sens de la luxation.
Luxation antéro-interne Luxation postérieure
Luxation gléno-humérale
Fracture du tubercule Fracture du tubercule mineur
majeur (apanage des Encoche antéro-inférieure
Le diagnostic est clinique et radiographique. Des personnes âgées) (Mac Laughlin) de la tête humérale
radiographies doivent être réalisées avant et après Encoche postéro-supérieure dont le scanner doit préciser
(Hills-Sachs) de la tête la profondeur et l’étendue
les manœuvres de réduction (contexte médico-
humérale en pourcentage d’atteinte de la
légal). La TDM intervient soit lorsqu’il existe un Et/ou fracture du rebord surface articulaire
doute quant à la présence de lésions osseuses asso- antéro-inférieur de la glène Et/ou une fracture du rebord
ciées après réduction, soit d’emblée pour faire le postérieur de la glène
342 Traumatismes osseux périphériques
Fig. 34-4. TDM du coude en coupes axiale (a), sagittale (b), coronale (c) et 3D VR (d) : fracture articulaire de la palette
humérale à trait principal coronal (flèche blanche) et trait de refend antérieur (tête de flèche) détachant le capitulum et la face
antérieure de la trochlée. Notez la bascule du capitulum et la présence de fragments osseux intra-articulaires (flèche noire).
Impact thérapeutique
Un dogme
Le traitement dépend des lésions associées. En
Toute luxation « isolée » de la tête radiale doit faire
rechercher une fracture de l’ulna associée, en réalisant général, les fractures de type Mason I sont traitées
une imagerie sur toute la hauteur de l’avant-bras. Cette orthopédiquement, celles de type II sont ostéo-
association lésionnelle (fracture de l’ulna et luxation de synthésées et celles de type III sont traitées soit
la tête radiale) s’appelle la fracture de Monteggia. par exérèse de la tête, soit par remplacement pro-
thétique. Les fractures-luxations de type IV doi-
vent être réduites en urgence.
Classification lésionnelle
On utilise celle de Mason en quatre stades qui a Fracture de l’extrémité
une bonne corrélation avec la prise en charge thé- supérieure de l’ulna
rapeutique (fig. 34-5) :
• stade I : fracture verticale, du col ou parcellaire Fracture de l’olécrane
non déplacée ; Elles sont toujours articulaires avec un trait géné-
• stade II : fracture déplacée (plus de 2 mm) à un ralement transversal. On doit préciser l’impor-
seul fragment de dimension variable ; tance du déplacement et surtout l’existence d’une
• stade III : fracture comminutive ; luxation associée : luxation transolécranienne de
• stade IV (non illustré) : fracture avec luxation la palette huméral ou luxation de la tête radiale
du coude. (équivalent de fracture de Monteggia haute). Le
traitement dépend des lésions osseuses associées.
Fig. 34-5. Illustration de la classification de Mason des Fig. 34-6. Illustration de la classification de Regan et
fractures de la tête radiale. Morrey des fractures de l’apophyse coronoïde.
Chapitre 34. Traumatismes du membre supérieur 345
Luxation du coude
On parle de luxation du coude lorsque l’ulna et/
ou la tête radiale sont désolidarisés de leur facette
articulaire humérale. On classe ces luxations en
fonction de l’intégrité ou non de l’interligne
radio-ulnaire proximal. Ainsi, en cas de luxation
du coude, il faut préciser :
• le sens de la luxation (antérieure ou posté
rieure++) ;
• les pièces osseuses luxées : ulna uniquement ou Fig. 34-8. Fracture de l’extrémité inférieure du radius non
ulna et radius… ? déplacée avec trait de refend (flèche) intra-articulaire non
• l’intégrité ou non de l’interligne radio-ulnaire décelé en radiographie.
Notez la fracture de la pointe de la styloïde ulnaire associée.
proximal ;
• les lésions osseuses associées.
Le traitement est une urgence avec réduction et
prise en charge des lésions osseuses associées. La TDM intervient dans deux circonstances :
• soit il existe une fracture complexe de l’extré-
mité inférieure du radius et il faut réaliser un
Fracture de l’extrémité bilan lésionnel morphologique précis de l’agen-
inférieure du radius cement du foyer fracturaire en vue d’une ostéo-
synthèse (intérêt de la 3D VR++) ;
C’est un traumatisme fréquent, atteignant préfé- • soit il existe un doute quant à l’existence d’une
rentiellement la femme âgée ostéopénique ou le fracture (ou d’un trait de refend articulaire) et
sujet jeune au cours d’un traumatisme à haute la TDM est réalisée pour confirmer ou infirmer
énergie. le diagnostic (fig. 34-8).
346 Traumatismes osseux périphériques
Fig. 34-9. TDM en coupes sagittale (a) et coronale (b) du poignet permettant d’illustrer les techniques de mesure de
l’inclinaison palmaire (*) et radiale (α) de l’extrémité inférieure du radius.
On rappelle que ces angles se mesurent sur des radiographies conventionnelles du poignet de face.
Chapitre 34. Traumatismes du membre supérieur 347
Fig. 34-12. Coupe TDM dans le plan coronal du carpe, Fig. 34-13. Schéma illustrant la classification de la SOFCOT
illustrant les différentes pièces osseuses en présence. des fractures du scaphoïde.
* : projection de l’emplacement du pisiforme sur la face pal- 1 : fracture polaire (proximale) ; 2 : fracture corporéale haute ;
maire du triquetrum ; 1 : triquetrum ; 2 : lunatum ; 3 : scaphoïde ; 3 : fracture corporéale basse ; 4 : fracture transtubérositaire ;
4 : trapèze ; 5 : trapézoïde ; 6 : capitatum ; 7 : hamatum. 5 : fracture du pied ; 6 : fracture du tubercule distal.
Chapitre 34. Traumatismes du membre supérieur 349
En cas de normalité du scanner, une IRM peut orthopédique dans les fractures non déplacées du
être proposée pour dépister les fractures trabécu- col et dans les fractures du tubercule distal.
laires (en compression) qui sont difficiles à visuali-
ser en TDM au stade précoce.
Fracture des autres os du carpe
Compte rendu TDM
Triquetrum
Le bilan TDM doit préciser :
• la topographie du trait de fracture et son obli- En fréquence, et après les fractures du scaphoïde,
quité par rapport au long axe du scaphoïde ; ce sont les fractures du triquetrum qui occupent
• la « comminution » éventuelle ; le deuxième rang. Ce sont des fractures-avulsion
• l’existence d’un déplacement (significatif si déca- postérieures en cas de traumatisme en hyperflexion
lage cortical supérieur à 1 mm dans n’importe (du fait de nombreuses insertions ligamentaires
quel plan de l’espace) et son sens ; postérieures : ligaments ulno-triquétral et scapho-
• les lésions associées : fracture de l’épiphyse ou triquétral…) ou bien des fractures du corps par
de la styloïde radiale, fracture des autres os du choc direct contre la styloïde ulnaire (mécanisme
carpe, luxation périlunaire (on parle alors de en hyperextension et inclinaison ulnaire). Le trai-
luxation trans-scapholunaire du carpe). tement est orthopédique.
Pisiforme
Les fractures du pisiforme surviennent en choc
direct ou bien par fracture-avulsion du tendon du
fléchisseur ulnaire du carpe. Il existe un risque d’at-
teinte du nerf ulnaire qui chemine sur sa face laté-
rale. Le traitement consiste souvent en une ablation
du pisiforme plutôt qu’à une ostéosynthèse.
Trapèze
Les fractures du trapèze sont souvent associées à
une fracture du 1er métacarpien ou du scaphoïde
qu’il faudra rechercher. On précisera l’axe du trait
de fracture (vertical, axial…) ainsi que le caractère
Fig. 34-14. TDM du poignet en reconstruction coronale.
Pseudarthrose du corps du scaphoïde (flèche). L : lunatum ; articulaire ou non de la fracture. Le traitement est
S : scaphoïde ; T : trapèze. chirurgical.
350 Traumatismes osseux périphériques
Fig. 34-15. TDM du carpe en coupe sagittale (a) et en reconstruction 3D VR en vue postérieure (b).
Luxation rétrolunaire du carpe avec traits de fracture (matérialisés en blanc) passant par le corps du scaphoïde (coloré en vert)
et par la styloïde radiale qui sont tout deux fracturés. Le lunatum reste en place sous l’auvent radial. Il s’agit donc d’une luxation
trans-scapho (ou trans-stylo) rétrolunaire du carpe.
Chapitre 34. Traumatismes du membre supérieur 351
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354 Traumatismes osseux périphériques
A3 Fracture intertrochantérienne
1 : oblique simple 2 : transversale simple 3 : à coin médial
Les fractures trochantériennes sont considérées dans les fractures pertrochantérienne et cervico-
comme stables ou instables en fonction du risque trochantérienne.
de déplacement secondaire qui peut être à l’ori- Les fractures trochantéro-diaphysaires peuvent
gine d’un échec de fixation (tableau 35-2). Les être complexes (fig. 35-3).
fractures stables respectent l’éperon de Merckel
(système ogival au croisement de la corticale Compte rendu TDM
interne et supérieure de la diaphyse fémorale avec
la région basicervicale). Les fractures instables sont Il doit préciser :
celles qui atteignent l’un ou les deux trochanters, • la topographie du trait de fracture (pertrochan-
par des traits plus ou moins complexes. térien, sous-trochantérien…) ;
Le déplacement de la diaphyse se fait en général • le nombre de fragments et la comminution
en adduction et rotation externe, notamment éventuelle de chaque fragment ;
• le déplacement (non déplacée, en varus, en val-
gus, rotation…) ;
Tableau 35-2 Classification des fractures trochantérien- • la présence éventuelle d’un trait de refend intra-
nes en fonction de leur stabilité. articulaire.
Fractures stables Fractures instables
Cervico-trochantérienne Pertrochantérienne complexe Impact thérapeutique
Pertrochantérienne simple ou à Trochantéro-diaphysaire
deux fragments intermédiaires Sous-trochantérienne Le traitement est toujours chirurgical du fait de
(fig. 35-2) l’importance des contraintes en flexion au niveau
Intertrochantérienne simple
de la région trochantérienne qui sont suscepti-
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 355
Impact thérapeutique
Le traitement consiste en une réduction en urgence
de la luxation, sous anesthésie générale, pour limi-
ter le risque de nécrose. La stabilisation chirurgi-
cale sera fonction des lésions osseuses associées et
de leur déplacement (ostéosynthèse d’un cotyle,
vissage d’un fragment céphalique…).
Traumatisme du genou
Fig. 35-8. Illustration des différentes topographies des Les traumatismes du genou englobent les fractures
luxations de la tête fémorale sur une reconstruction 3D du
cotyle avec une vue exopelvienne.
de l’extrémité inférieure du fémur, celles de l’extré-
1 : luxation antérieure pubienne ; 2 : luxation antérieure obturatrice ; mité supérieure du tibia et les fractures de la patella.
3 : luxation postérieure ischiatique ; 4 : luxation postérieure iliaque. En cas de traumatisme complexe, il existe des asso-
Fig. 35-9. TDM du bassin en coupe axiale (a) et reconstruction 3D de la hanche gauche (b).
Luxation postérieure de la tête fémorale de type ischiatique, sans fracture associée.
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 359
ciations lésionnelles entre ces trois pièces osseuses. N.B. Il existe une lésion osseuse à type d’enco-
La TDM s’impose dans les fractures complexes et/ che de la face antérieure du condyle latéral qui ne
ou articulaires pour analyser la topographie des doit pas être confondue avec l’encoche physiolo-
traits de fracture et les déplacements, mais égale- gique (qui est inférieure à 2 mm de profondeur),
ment à la recherche d’une lésion vasculaire en cas et qui fait partie des lésions osseuses typiques qui
de fracture-luxation fémoro-tibiale notamment. accompagnent les lésions du ligament croisé anté-
rieur (fig. 35-11). Le bilan lésionnel ligamentaire
pourra être réalisé par IRM.
Fracture de l’extrémité
inférieure du fémur Compte rendu TDM
Classification lésionnelle Le compte rendu devra donc préciser :
Elles sont classées selon l’AO (tableau 35-4) en • la topographie articulaire ou extra-articulaire du
fonction de leur caractère articulaire ou pas, et trait de fracture ;
selon la comminution des pièces osseuses fractu- • le caractère simple ou comminutif de la fracture ;
rées (fig. 35-10). • l’orientation du trait de fracture ;
Tableau 35-5 Classification des fractures de l’extrémité supérieure du tibia selon l’AO.
A Fracture extra-articulaire
A1 : fracture-arrachement de l’éminence A2 : fracture métaphysaire simple A3 : fracture métaphysaire plurifragmentaire
intercondylaire (anciennement massif spinal)
quadricipitale contrariée. Le diagnostic est radio- la patella, non douloureux avec des bords bien
graphique, il peut être tomodensitométrique au corticalisés. Cette anomalie congénitale est sou-
cours de l’exploration d’un traumatisme complexe vent bilatérale.
du genou.
Compte rendu TDM
Classification lésionnelle
Ainsi le compte rendu devra préciser :
La gravité de ces fractures repose sur l’atteinte ou • la topographie et l’orientation (verticale, trans-
non de l’appareil extenseur (tableau 35-6). versale…) du trait de fracture ;
Le piège diagnostique est représenté par la • la comminution et l’écart interfragmentaire
patella bipartita qui correspond à un défaut de (considéré comme significatif à partir de 1 mm) ;
fusion des noyaux d’ossification secondaire. Il • les lésions osseuses associées : condyles fémo-
s’agit d’un ou de plusieurs fragments osseux raux, fracture-luxation de la tête fémorale (dans
classiquement situés au pôle supéro-externe de les accidents de « tableau de bord »)…
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 363
Fig. 35-12. TDM du genou en coupes coronales (a et c), axiale (b) et 3D VR (d) en vue postérieure.
Fracture articulaire partielle du plateau tibial latéral de type fracture-tassement-séparation (type B3 de l’AO) avec impaction d’envi-
ron 5 mm (cf. méthode de mesure en a). Notez la fracture impaction associée de la tête fibulaire (flèche) avec un trait simple oblique
vers le bas et le dehors se prolongeant sur la diaphyse.
Fracture-avulsion du genou
Fracture de Segond
Elle correspond à une fracture-avulsion capsu-
laire latérale avec un fragment osseux parallèle
au tibia, juste en dessous du plateau tibial latéral.
Elle accompagne très fréquemment une lésion
Fig. 35-14. TDM du genou en coupe axiale.
Fracture-avulsion parcellaire de l’aileron patellaire latéral. Cette du LCA et une fissure méniscale (bilan ménisco-
fracture respecte l’appareil extenseur. ligamentaire par IRM indiqué).
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 365
Fig. 35-15. TDM du genou en reconstruction 3D VR en vue de face (a) et en vue postérieure avec injection (b).
Fracture-luxation antérieure du genou droit sans lésion traumatique vasculaire. En revanche, plaie de l’artère fémorale superfi-
cielle controlatérale avec extravasation de PDC en regard d’une fracture comminutive déplacée du tiers moyen de la diaphyse
fémorale.
Classification lésionnelle
Elles sont classées selon l’AO en fonction de
la hauteur du trait sur la fibula par rapport aux
ligaments tibio-fibulaires inférieurs (syndesmose
tibio-fibulaire) ou par rapport aux tubérosités
tibiales sur lesquelles ils s’insèrent, ce qui revient
au même (fig. 35-18).
Dans le type A, la fracture sur la fibula est infra-
syndesmotique (infraligamentaire), les ligaments
tibio-fibulaires sont intacts et le mécanisme
lésionnel est en supination-adduction. Le trau-
matisme sur la fibula peut se traduire soit par une
rupture des ligaments collatéraux latéraux, soit
Fig. 35-16. TDM du genou en coupe sagittale. par une avulsion de la pointe de la malléole laté-
Bilan traumatique, séquelles typiques de maladie d’Osgood- rale, soit par une fracture transverse de la mal-
Schlatter au niveau de la tubérosité tibiale antérieure avec des
fragments osseux bien corticalisés. Pas de lésion post-trau- léole latérale.
matique récente. On distingue trois sous-groupes en fonction de
l’atteinte ou non de la malléole médiale :
• A1 : fracture fibulaire unifocale avec malléole
médiale intacte ;
Fracture bimalléolaire • A2 : fracture bifocale avec une fracture sur la
Les fractures malléolaires compromettent la stabi- malléole médiale qui peut être oblique, verticale
lité transversale de la cheville et sont arthrogènes ou sous la forme d’une impaction du « coin »
par ce biais. Le mécanisme de ces fractures est le médial de la surface articulaire tibiale ;
plus souvent indirect par un mouvement passif • A3 : fracture circonférentielle de la malléole médiale
forcé associant diversement adduction ou abduc- avec une extension postérieure marginale.
tion et rotation axiale (fig. 35-17). Les fractures Dans le type B, la fracture fibulaire est trans-syndes-
bimalléolaires sont les plus fréquentes. Les fractu- motique (transligamentaire), le mécanisme lésion-
res unimalléolaires sont habituellement associées à nel s’opère en supination-rotation externe. C’est
une rupture du ligament controlatéral de la cheville le cas le plus fréquent. La fracture fibulaire peut
réalisant un équivalent de fractures bimalléolaires. être à trait simple avec une syndesmose intacte
Fig. 35-17. Illustration des différents mécanismes lésionnels des fractures bimalléolaires.
1 : fracture en adduction (fracture infraligamentaire) ; 2 : fracture en abduction (fracture supraligamentaire) ; 3 : fracture en rotation
externe (fracture transligamentaire).
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 367
ou avec une rupture de la syndesmose antérieure pouvant être une simple avulsion corticale ou un
(fracture-avulsion) ou multifragmentaire. large fragment marginal postérieur, fig. 35-19).
On distingue trois sous-groupes en fonction du Dans le type C, la fracture fibulaire est suprasyndesmo-
type d’atteinte de la malléole médiale : tique (supraligamentaire), le complexe tibio-fibulaire
• B1 : fracture isolée latérale ; inférieur est rompu ainsi que la membrane interos-
• B2 : fracture latérale et médiale (rupture des seuse jusqu’à hauteur du trait de fracture fibulaire.
ligaments collatéraux médiaux ou fracture trans- Sur le versant médial, il existe soit une rupture des
verse ou oblique de la malléole médiale) ; ligaments collatéraux médiaux, soit une fracture
• B3 : fracture latérale, médiale et postérieure (idem transverse ou oblique de la malléole médiale et/ou
B2 avec en plus un fragment tibial postérieur une fracture-avulsion corticale postérieure du tibia.
368 Traumatismes osseux périphériques
Fig. 35-19. TDM de la cheville en reconstructions coronales (a et b), axiale (c) et 3D VR en vue postérieure (d).
Fracture bimalléolaire avec un trait fibulaire transligamentaire (*) et un trait malléolaire médial transverse et oblique (flèche blanche).
Notez la comminution osseuse au niveau de l’insertion des ligaments tibio-fibulaires antérieurs (tête de flèche) en rapport avec
une fracture-avulsion ligamentaire. Notez aussi le 3e fragment marginal postérieur tibial (flèche noire). Il s’agit donc d’une fracture
bimalléolaire transligamentaire de type B3 de l’AO.
On distingue trois sous-groupes en fonction de la jambe incluant le genou pour rechercher une frac-
hauteur du trait sur la fibula : ture fibulaire haute (diaphysaire ou de la région
• C1 : fracture fibulaire diaphysaire simple céphalique).
(fig. 35-20) ;
Compte rendu TDM
• C2 : fracture fibulaire multifragmentaire ;
• C3 : fracture fibulaire proximale (fracture de Dans tout compte rendu, on précisera :
Maisonneuve) : la fracture se situe au niveau du col • la hauteur du trait de fracture fibulaire par rap-
ou de la tête de la fibula ou au niveau de l’interligne port aux ligaments tibio-fibulaires inférieurs
tibio-fibulaire proximal siège alors d’une luxation. et, éventuellement, le mécanisme lésionnel
correspondant ;
●● « Petit signe à ne pas manquer » • l’orientation et la hauteur du trait de fracture de
Dans toute fracture « isolée » de la malléole la malléole médiale ;
médiale, il faut faire des radiographies de toute la • la comminution des foyers de fractures ;
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 369
Fig. 35-20. TDM de la cheville gauche en coupes coronale (a) et sagittale (b) et radiographie de la jambe (c).
Fracture transversale de la malléole médiale avec fragment marginal tibial postérieur (flèche) sans trait de fracture décelable en
TDM sur la fibula alors qu’il existe un diastasis tibio-fibulaire inférieur (*). Indication de réaliser des clichés standard de jambe qui
retrouvent le trait de fracture supraligamentaire diaphysaire très haut, au niveau du tiers moyen de la diaphyse fibulaire. Il s’agit
donc d’une fracture bimalléolaire de type C1 de l’AO.
• l’aspect de la syndesmose tibio-fibulaire infé- collatéraux sont parfois réparés dans le même
rieure (diastasis ? fracture-avulsion ?) ; temps opératoire. L’immobilisation postopéra-
• les lésions associées : fracture talienne, fracture toire pendant quelques semaines est la règle.
parcellaire du pilon tibial, lésions tendineuses
(muscle tibial postérieur++) ;
• l’existence de fragments osseux intra-articulaires. Fracture du tibia distal
On ne reviendra pas sur les fractures métaphy-
Impact thérapeutique
saires extra-articulaires simples ou comminutives
Le traitement est chirurgical avec réduction et qui ne nécessitent habituellement pas de TDM.
ostéosynthèse bimalléolaire afin de rétablir une En revanche, les fractures du pilon tibial, articulai-
congruence articulaire optimale. Les ligaments res, présentent un risque élevé de développer une
370 Traumatismes osseux périphériques
A Fractures extra-articulaires
A1 : métaphysaire simple A2 : métaphysaire à coin A3 : métaphysaire complexe
tous les autres cas, le traitement sera chirurgical res, trois avec le talus (surface articulaire talaire
par ostéosynthèse. Un apport osseux (greffe) peut antéro-médiale, moyenne et postéro-latérale) et
être réalisé en cas de comminution métaphysaire une antérieure avec le cuboïde. Les trois facettes
trop importante. articulaires avec le talus fonctionnent comme une
unité et on parle alors d’articulation sous-talienne,
ce terme incluant donc l’ensemble des trois facet-
Traumatisme du calcaneus tes articulaires.
Le calcaneus comprend un corps qui est constitué
Les fractures du calcaneus sont l’apanage des chu- d’os spongieux fragile et d’une corticale fine, avec
tes verticales avec réception sur la plante des pieds à sa partie postérieure la grosse tubérosité et à sa
et sont souvent bilatérales. Elles intéressent préfé- partie antéro-médiale, le sustentaculum tali qui
rentiellement le corps et en particulier la surface supporte l’articulation talaire moyenne. Le paquet
articulaire talaire postéro-latérale. L’os cortical vasculo-nerveux tibial postérieur chemine le long
situé juste en dessous de cette surface articulaire de la face médiale du calcaneus et peut donc être
est condensé sur environ 1 cm et est appelé thala- lésé en cas de fracture ou de réduction d’un frag-
mus d’où le nom de « fracture thalamique » donné ment « sustentaculaire ».
à ces fractures passant par la surface articulaire
postéro-latérale.
Fracture thalamique
N.B. Les chutes verticales engendrent également
des fractures en compression étagées du rachis Les fractures thalamiques représentent environ
dorso-lombaire (type burst fracture et fracture- trois quarts des fractures du calcaneus. On distin-
tassement antérieur) qu’il faudra rechercher systé- gue classiquement les fractures-séparation et les
matiquement en cas de rachialgies associées. fractures-tassement mais, en pratique, ces deux
mécanismes sont souvent intriqués.
Fig. 35-22. TDM du calcaneus en reconstruction 3D VR en vue supérieure (a) et en vue médiale (b) illustrant les principaux
repères anatomiques.
Surfaces articulaires : * : talaire postéro-latérale ; 1 : talaire antéro-médiale ; 2 : talaire moyenne ; 3 : cuboïdienne. GT : grosse
tubérosité ; PM : processus médial ; ST : sutentaculum tali ; R : rostre ; S : sinus du tarse.
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 373
Fig. 35-23. TDM du calcaneus en reconstruction 3D et en Fig. 35-24. TDM du calcaneus en reconstruction 3D et en
vue supérieure. vue supérieure.
Illustration en noir du trait fondamental avec ses différentes Illustration en noir du trait fondamental, en trait pointillé et tirets
extensions antérieures possibles. Le trait pointillé illustre une les traits de refend pré- et rétrothalamiques engendrant un 3e
fracture verticale (trait médial sur la surface talaire) et le trait en fragment qui est respectivement impacté (pointillés) ou en bec
tirets illustre une fracture horizontale (trait latéral sur la surface de canard (tirets). Le trait ondulé illustre la topographie du
articulaire talaire). fragment cortical latéral.
374 Traumatismes osseux périphériques
Fig. 35-25. TDM du calcaneus en reconstruction 3D et en vue latérale illustrant l’aspect classique des fractures thalamiques
en compression avec fragment corticothalamique impacté en (a) et en « bec de canard » en (b).
Fig. 35-26. TDM du calcaneus en coupes axiale (a), sagittales (b et c) et reconstruction 3D VR (d) en vue latérale.
Fracture thalamique du calcaneus avec un trait fondamental (double flèche) individualisant deux fragments (1 : fragment antéro-
médial et 2 : fragment postéro-latéral). Traits de refend rétro et préthalamiques individualisant un 3e fragment corticothalamique
(flèche) impacté. Notez les autres traits de refend au niveau de l’articulation talaire antéro-médiale (tête de flèche) et au niveau de
la corticale latérale (vue 3D). Il s’agit donc d’une fracture thalamique comminutive de type fracture-flexion (les composantes en
compression et séparation sont intriquées).
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 375
Traumatisme du talus
Ce type de fracture survient dans un contexte de
traumatisme violent. Le diagnostic est en géné-
ral radiographique. La TDM peut être requise
pour apprécier les déplacements et l’intégrité
des surfaces articulaires dans un traumatisme
complexe ou pour confirmer l’existence d’une Fig. 35-29. Illustration d’une vue latérale du talus.
1 : tête du talus avec surface articulaire talo-naviculaire ; 2 : col
lésion ostéochondrale et apprécier sa taille et son du talus ; 3 : trochlée talienne (surface articulaire) ; 4 : proces-
déplacement. sus latéral ; 5 : processus postérieur.
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 377
En cas de traumatisme en flexion plantaire for- Ainsi le compte rendu TDM précisera :
cée du pied (freinage automobile), le talus est en • la topographie du trait de fracture (corps ou col) ;
général « éclaté », multifragmenté (fig. 35-31). • la comminution ;
378 Traumatismes osseux périphériques
Fig. 35-31. TDM de la cheville en coupe sagittale (a) et 3D VR en vue postérieure (b).
Fracture articulaire comminutive du corps du talus avec impaction du fragment central et subluxation antérieure du pied. Ce type
de fracture est évocateur d’un mécanisme en compression sur un pied en flexion plantaire forcée.
• l’atteinte ou non des interlignes sous-talien, volontiers sur le versant médial de la trochlée,
tibio-talien et talo-naviculaire ; et qui sont l’apanage de l’adolescent et le plus
• l’existence de fragments osseux intra-arti souvent asymptomatiques. À l’occasion d’un
culaires ; traumatisme, le cartilage de recouvrement de
• les lésions associées : autres fractures du tarse, la lésion d’ostéochondrite peut se fissurer et le
compression éventuelle du paquet vasculo-ner- noyau ostéo-cartilagineux totalement se séques-
veux tibial postérieur. trer et se fragmenter créant un corps étranger
La stabilisation chirurgicale après réduction est le articulaire.
traitement de choix. Le traitement est chirurgical avec exérèse du frag-
ment fracturé et suture des faisceaux ligamentai-
res lésés. En l’absence de traitement, ces lésions
Fracture ostéochondrale
évoluent souvent vers la pseudarthrose, source de
Elle est classiquement secondaire à une entorse douleurs chroniques.
grave de la cheville en inversion, et survient à la
partie antéro-latérale de la trochlée talienne. On
peut en rapprocher les tassements sous-chondraux Autres fractures du talus
et les lésions chondrales pures qui surviennent lors Les autres fractures du talus intéressent soit le pro-
d’un traumatisme plus mineur, plutôt situés à la cessus latéral (compliquant une entorse latérale),
partie médiale et plutôt postérieure de la trochlée soit le processus postérieur (secondaire à une
talienne et qui peuvent être responsables de kystes hyperflexion plantaire forcée) dont le traitement
intra-osseux ou de nécrose. est chirurgical ou orthopédique en fonction du
La TDM devra préciser : déplacement.
• la taille et la localisation de la lésion ostéo
chondrale ;
• son caractère complet ou partiel (fragment Traumatisme du pied
complètement détaché ou non) ;
• son déplacement (migré ou retourné). Il est de diagnostic radiographique. Les princi-
Le principal diagnostic différentiel se pose avec pales lésions rencontrées sont les luxations péri-
les lésions d’ostéochondrite qui surviennent plus talaires (luxation du tarse par rapport au talus),
Chapitre 35. Traumatismes du membre inférieur 379
l’énucléation du talus, les lésions médiotarsiennes Daftary A, Haims AH, Baumgaertner MR. Fractures of the
ou tarso-métatarsiennes et les fractures des autres calcaneus : a review with emphasis on CT. Radiographics
2005 ; 25 (5) : 1215–1226.
os du tarse (fig. 35-32). En TDM, l’analyse sera Gottsegen CJ, Eyer BA, White EA, Learch TJ, Forrester D.
toujours la même, à savoir : analyser le type de Avulsion fractures of the knee : imaging findings
trait de fracture (intra- ou extra-articulaire), le and clinical significance. Radiographics 2008 ; 28 (6) :
topographier, préciser le déplacement et vérifier la 1755–1770.
congruence des différents interlignes articulaires. Haapamaki VV, Kiuru MJ, Koskinen SK. Ankle and
foot injuries : analysis of MDCT findings. AJR Am
Nous ne les aborderons donc pas en détail dans J Roentgenol 2004 ; 183 (3) : 615–622.
cet ouvrage. Mui LW, Engelsohn E, Umans H. Comparison of CT and
MRI in patients with tibial plateau fracture : can CT fin-
Bibliographie dings predict ligament tear or meniscal injury ? Skeletal
Radiol 2007 ; 36 (2) : 145–151.
Cotten A. Imagerie musculo-squelettique. Pathologies géné- Pfeifer R, Pape HC. Missed injuries in trauma patients : A lite-
rales. Masson, Paris, 2005. rature review. Patient Saf Surg 2008 ; 2 : 20.
Au final, quel protocole pour
l’exploration d’un traumatisme
osseux périphérique ?
Voici pour exemple les paramètres utilisés sur un Le volume exploré dépendra de la région d’inté-
scanner GE, LightSpeed VCT, 64 coupes, pour rêt et l’acquisition sera toujours réalisée en coupes
une exploration d’un segment osseux donné : fines inframillimétriques en filtre bone plus puis
• position du patient : décubitus en général ; pro- reconstruite en filtre « standard » (indispensable
cubitus avec position de « superman » pour l’ex- pour les reconstructions 3D VR !).
ploration des poignets et du coude, si possible ; Les reconstructions systématiques en MPR doi-
• scout et volume d’acquisition : centré sur l’arti- vent inclure un plan coronal et sagittal par rapport
culation à explorer ; à l’orientation des interlignes articulaires explorés
• temps de rotation : 0,5 seconde ; ainsi qu’une vue 3D VR dynamique (en rotation
• pitch : 0,9 ; par exemple), afin que les chirurgiens puissent
• doses : 100 kV pour main, poignet, cheville et apprécier la morphologie globale du foyer frac-
pied, 120 kV pour les autres articulations, auto- turaire et le déplacement des différents fragments
milli pour un bruit de 10–14 ; osseux, ceci afin de choisir le traitement optimal.
• filtre : bone plus ;
La lecture doit se faire dans les trois plans de
• collimation : 40 (64 x 0,625) ;
l’espace en fenêtrage osseux mais également
• injection : temps artériel si nécessaire, en cas de
« parties molles » pour vérifier l’intégrité des struc-
suspicion de lésion vasculaire associée (cf. pro-
tures tendineuses, nerveuses et ligamentaires péri-
tocole, chap. 31).
articulaires.
Index