1901 Delafosse Manuel Langue Agni
1901 Delafosse Manuel Langue Agni
1901 Delafosse Manuel Langue Agni
Essai de manuel de la
langue agni parlée dans
la moitié orientale de la
Côte d'Ivoire, ouvrage
[...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Delafosse, Maurice (1870-1926). Maurice Delafosse,... Essai de manuel de la langue agni parlée dans la moitié orientale de la Côte d'Ivoire, ouvrage accompagné d'un recueil de
légendes, contes et chansons en langue agni, d'une étude des origines et des m.... 1901.
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ESSAI DE MANUEL
DELA
LANGUE AGNI
: , --",
.,' 1
PARLÉE
PARIS
LIBRAIRIE AFRICAINE ET COLONIALE
J. ADRÉ, ÉDITEUR
27, RUEBONAPARTE,
27
1901
DE
ESQUISSEAU 1/4.000.000*
DELA
LANGUE AGNI
PREMIÈRE PARTIE
Observations grammaticales.
1° Article. — Il n'y a pas d'article en agni. Cependant on em-
ploie quelquefois üe ou bye avec le sens de l'article partitif « du,
de la » : o m'èi nzâ üe ou o m'èi nza bye, « il lui donna du vin de
palme»; mais on dit aussi bien: o m'èi nzâ.
Notre article « le, la, les », précédant le nom d'un objet et
surtout d'une partie du corps, pris dans «on sens général et ab-
solu, peut s'exprimer par be. Ainsi, si vous demandez à quel-
qu'un: « Comment se dit: « la tête », en baoulé? » il répondra
be ti (mot à mot: leur tête). Mais dans ces expressions: « j'ai
mal à la tête, la tête de cet homme, etc. », l'article ne se traduit
pas, et ce serait un non-sens de dire be ti.
2° Pluriel des noms. - Le pluriel des noms se marque par l'ad-
dition du suffixe mû ou mÕ ou me. On emploie mit ou mÕ pour les
personnes et pour les choses et dans tousles cas; me ne s'emploie
que pour les choses et les animaux, et seulement quand ils sont
proches ou appartiennent au sujet de la phrase :
l'homme (ou un homme), sÓna;
les hommes (ou des hommes), sÓna mu (ou sÓna mô);
1
2 ESSAIDU MANUEL
où sont les poules que j'ai achetées hier? akô me me tô ri be
anuma, be wo ni?
compte combien il y a de moutons, ka bwa me be ti ityè.
On peut omettre la marque du pluriel lorsque l'idée de plura-
lité ne peut faire doute: des hommes viennent: sÓna mô be su ba
ou sÓnà be su ba (le mot be « ils » indique suffisamment 1idée de
pluralité).
Avec les mots « beaucoup de, tous» et les noms de nombre,
on ne met jamais la marque du pluriel: beaucoup de gens sont
partis, sônâ kpâgbâ be wo ri; tous les hommes sont arrivés, sônâ
krwakrwa ba ri; quatre hommes, sÓna na, etc.
Lorsque le nom est suivi d'un adjectif, on omet généralement
la marque du pluriel : les hommes grands sont nombreux ici,
sônâ tende be sôni wa ou sÓnà mÕ be ti tende be sôni wa (les hommes
qui sont grands sont nombreux ici).
Avec un démonstratif, si l'on met la marque du pluriel, elle
doit suivre le démonstratif : voyez ces éléphants, njiâ süi ilga mÕ
ou nya süi nga.
3° IVoms d'unité. — Beaucoup de noms renferment en eux-
mêmes une idée de collectivité: duo, « des ignames », mânda,
« des bananes », aloa, « des haricots », afre, « des perles », anÛ-
grema, « du corail », aÕiïya) « du sable », güe, « du poisson »,
etc. L'idée d'unité s'exprime en faisant suivre chacun de ces
noms du mot ba, qui signifie proprement « enfant » ou « grain,
graine » duo ba ko, une igname; afre ba ityô, deux perles;
anâgremâ ba nu, cinq grains de corail; güe ba buru, dix pois-
sons, etc.
4° Rapport de possession. — Le rapport de possession, de dé-
pendance ou de provenance, s'exprime par une simple inversion,
le nom du possesseur précédant toujours le nom de l'objet
possédé. Quand le possesseur est une personne, le nom de l'objet
possédé peut être ou non précédé de l'adjectif possessif de la
3e personne. Exemples :
sÓna, homme; ti, tête; sÓnâ ti, une tête d'homme (oula tête
de l'homme);
Kwaku i ti, la tête de Kouakou (Kouakou, sa tête);
Kwaku ti, même sens.
sÓnâ mÕ be ti, les têtes des hommes (les hommes, leurs têtes);
sua case; tinu, toit: sua tinu, le toit de la case;
li/a, argile; sè, vase: ufa sè, un vase d'argile ;
five, hommes (en composition) : Baule-fwe, les gens du Baoulé;
DELALANGUE
AGNI 3
I. — Le corps humaine
(1) Motsénoufo.
(2)Jlerpestes lchneumo.
8 ESSAIDE MANUEL
III. - La flore.
(1) CercopithecusRuber.
(2) CercocebusFuliginosus.
(3) Colobus Vellerosus.
(4) Colobus Fuliginosus.
(5) CercopithecusRufo-viridis.
10 ESSAIDUMANUEL
(t) Mot à mot « herbe de dispute » : entrer dans un village des fou-
gères à la main équivaut à une déclaration de guerre.
12 ESSAIDEMANUEL
de remède aux maux de tête), herbes (couvrant une grande
asi. étendue, par opposition à
grain, graine, ma. « végétation arborescente »),
graine, (petite — au goût d'ara- aure.
chide), mvonye. igname (en général), duo.
— de l'arbre à savon, kon- - branchue, duo-mborè.
du-ma. - digitée, lokpa.
— de palme, ae. - digitée (non épineuse),
— de balisier servant de lôgbô.
perles, kokotüi. -- digitée (rhizome épi-
graines qui s'attachent aux vê- neux), senè.
tements, kpokporik- - digitée (tige épineuse),
po-ma. asawa.
— oléagineuses, - d' -), lopa-gye.
rouges (doigt
- grise, grosse, jaune à
akpi, akpüi.
— rondes en grappes ser- l'intérieur, akratin-
vant pourles sauces, dufu.
- noire aplatie, wètè-wè.
nyâfiyâ.
— servant de billes pour tè.
le jeu d'aouaré, - noire cylindrique ou co-
aware-kwi. nique, nzaa.
- noire
graminée pouvant servir de sa- cylindrique,
von, akÓn-umti-samna. mince, kpèiigrè.
-
gui (sorte de -), awetre. nouvelle, duo-fetè.
haricot, aloa, aroa. - sauvage, woruwo;afifi.
- à gousse circulaire, indigo, gale, gare.
aloa-balosâga. indigo (liane à -), gale-nyama.
- à gousse droite, aloa- jute, buye-iiya.
tingerewa. karité (arbre à beurre),kaya, kaa.
haricot (gros et marbré), karité (beurre de—), ngoT,ngwT.
lazaüato. légumes (tous — dont on fait
herbe (en général), iiya. les sauces), tro.
—(analogue au chiendent), liane, nyama.
— à caoutchouc ( voir :
gugùre.
- médicinale (quelconque), « caoutchouc »).
— servant à faire des liens,
mye.
- aquatique à grandes ndÚi.
feuilles, mroa, amroa. maïs, able.
- à tige odoriférante, nya- manioc, agba; bundrè.
ûtre. — à feuilles rondes, kpuka-
— comestible à fleurs bleues, agba.
— sauvage, awanu-agba.
bayaswa. —
— coupante, vénéneux, asigyeÚi.
byabya.
- dont les graines s'atta- menthe, mye.
chent aux vêtements, mil, kalo, haro.
kpokporikpo. mimosa blanc, agwarè.
- dont ont fait des sauces) — jaune, kprere.
namûkû. mousse, agüre ; sendeble.
- - blanche des arbres,
quicausedesdémangeai-
sons, atotumÜ. tatabobo.
- servantderemèdecontre - verte des arbres, 1Oaka-
le ver de Guinée, kotoblamye. agüre.
DÉLA LANGUE
AGNI 13
le sexe, on fait suivre le nom de byâ pour les hommes (byèswa dans les
dialectes orientaux) et de bla pour les femmes (brèswa dans les dialectes
orientaux)
(1) Les Agni n'ont pas de terme particulier correspondant à notre
mot «esclave » ; ils appellentleurs esclaves « mes hommes,mes fils, etc. »;
sÓnà veut dire « homme x, wa « fils», gbafrT « jeune homme », auroba
« enfant de la maison », aowa-sônâ « homme-garantie » ; kâga est le nom
donné à tous les peuples tatoués du Nord (Sénoufo, Mandé, etc.).
(2) Mo ne s'emploie que lorsqu'on adresse la parole à une femme ou
devant son nom et correspond à notre « madame» ou « mademoiselle ».
(3) Ndya ou ya ne s'emploie qu'en adressant la parole à un homme ou
devant son nom et correspond à notre « monsieur».
DELA LANGUE
AG\lI 19
IX. — La famille t.
(1) Voir la note qui se trouve au mot « ami » (dans: VIII. L'humanité,
: wa « fils » ou ci fille», wa bya
la société), sur la distinction des sexes
« fils », wabla « fille ».
(2) Wa et ma ne s'emploient que pour les personnes; wa s'emploie au
singulier et au pluriel si le nombre est déterminé; ma ne s'emploie
qu'au pluriel pour désigner d'une façon indéterminée les enfants d'un
même père; ba s'emploie pour les personnes avec le sens d'« enfant en
bas âge, bébé» et pour les animaux avec le sens de «petit, progéniture» ;
waba s'emploie pour les personnes avec le même sens que ba; kunuba
s'emploie quand on veut insister sur l'idée de maternité. Exemples: Kwasi
wa, le fils de Kouassi ; Kwasi le wa nyù, Kouassi a deux enfants; Kwasi
mamô le bu, ce sont les enfants de Kouassi ; nya mi ba, regarde mon
petit enfant; nyd mi ivaba (même sens) ; arua ba mù, les petits du chien;
Aya kunuba o le Kivadyo, Kouadio est 1enfant (le petit du ventre)
d'Aya.
20 ESSAIDEMANUEL
X. — Les professions.
tous en
Les noms désignant les professions se forment presque
« homme» au mot qui désigne l'instrument de la
ajoutant fwe
ou nom d'nn régime, qui indique
profession ou au verbe, précédé « commerçant »; sua
la profession: wata « commerce », watafwe
».
« porter », trd « charge »; trô-sua-fwe « porteur
XI. — Le village.
abri (contre la pluie) usiusinu. grenier, tâgani.
apatam, lulènu. habitation, auro.
banc (composé de poutres éta- hameau, kurô kà; namwenu.
gées), gbafrï-waka. hangar, kpata.
barrière, awa. jardin, fye.
botte de paille, gùgùre-fyï. lieux d'aisance, bakasu, wakasu;
cabane, blata. aurenu; biàsu.
cabaret à vin de palme, nzâ- maison (voir « case »).
namwenu. marché (couvert), gwa-sua.
carrefour, ngonda; anyaryenu. — (en plein
air), gwanu,
case, sua. gwa.
- à palabres, kpata. métier à tisser, nzarè.
-- en teue avec terrasse, meule de paille, gügüre-kpata.
tofa. ombrage, lulè; froro.
- de plantations, namwe. ombre (endroit à 1'—), lulènu;
- ronde à toit conique, ku- froronu.
tukû. ordures, ura.
cases (groupe de — formant palissade, krâgra.
une habitation), auro. place publique, agwa, gwasu.
chaise à étages, done-bia; plantation, fye, fyesu; namwe.
kpakpa-bia. pont, kye.
chambre mortuaire, sakasu. poulailler, ako- sua, alcôsu.
charogne, (lOt, (wè; va. prison, bisua.
chemin, ati, ati. puits, bura.
cimetière, sakasu. rue, ati, ati..
détritus, ura; ufwe. tas d'ordures, ufwe.
environs (d'un village), tilOa. tesson, nyaiiga.
étable, bwasu; bwa-sua. tombe, saka.
forge, tünzüe. trou, kumâ; bwe.
fossé, kuma. vérandah, sua-gya.
fosse mortuaire, sakabwe. village, kurô, krô.
fourneau de forge, fo. - abandonné, kurôftvTsu.
frais (endroit —), froronu. - de culture, narmoenu.
fumier, ufwe.
22 ESSAIDE MANUEL
XII. — La case.
APPENDICE
(1) C'est-à-dire « tissu froid x, nom donné aux tissus apprêtés, qui
sont froids au toucher.
(2) C'est-à-dire « tissus de Brignan ou Grand-Lahou », nom usité
seulement dans le Baoulé.
DELA LANGUE
AGNI 27
XVI. — L'alimentation.
Nota. — On trouvera à « la faune» et à (\ la flore » les noms
des animaux et végétaux comestibles et des produits animaux et
végétaux qui ne figurent pas ici.
XVIII. — La médecine.
(i) Kagaest un mot qui s'applique à tous les peuples tatoués d'inci-
sions sur la figure, quelle que soit leur race.
(2) Amurukyi vient « d'Amérique », le pays d'où venaient et où se
rendaient les blancs marchands d'esclaves qui ont eu les premiers des
rapports suivis avec les populations de la côte.
3
34 ESSAIDE MANUEL
gr. fr.
1. — Termes désignant les poids en meteba,
usage chez les Agni pour les
en poudre d'or, avec nzyTÕ, > 2,00 6,00
valeurs calculées à raison
Jiaiements
leurs ake, )
de 3 francs le gramme.
- nzoô, 2,33 7,00
gr. fr. mÓküeÕ, 2,66 8,00
kpèsaba, 0,04 0,125 asoba, 3,00 9,00
dama, dèma, 0,08 0,25 nzÜnza, 3,33 10,00
de, deiii, sirnbarifa, 4,00 12,00
bakô, nzwanza, 4,33 13,00
ma ko, 0 16 0,50 küabo, 5,00 15,00
taku, ndarasue, 5,66 17,00
ba-ûyô, ma-nyô, 0,33 1,00 handyasüe, 6,00 18,00
ba-nsà, ma-zâ, 0,50 1,50 anüisüe, 6,50 19,50
ba-nâ, ma-nâ, 0,66 2,00 tra, 7,00 21,00
ba-nu, ma-nu, 0,82 2,50 simbari, 8.00 24,00
ba-nsyi, ma-zyi, 1,00 3,00 bari, 9i00 27,00
ba-nso,ma-zo, 1,16 3,50 asa, 10,00 30,00
ba-môkùe,ma-môkue1,33 4,00 gbâgbandya, 11,00 33,00
ba-ôgorâ ma-ngorâ, 1,50 4,50 tya, hârtdya, 12,00 36,00
ba-buru, taku-buru, 1,66 5,00 anüi, 13,00 39,00
ba buru ne kô, 1,82 5,50 güa, 14,00 42,00
AGNI
DELALANGUE 37
Ir. II. — Objets d'échange les plus
and, fr.
16,00 48,00 usuels.
tyasüe, 18,00 54,00 baril de poudre, aire (igora.
asâ-nyô, 20,00 60,00 - rempli et tassé,
qbâqbândya-nyô, 22,00 66,00 aire borè.
bàndya-nyô, 24,00 72,00 un baril de poudre, aire agora-
anüi-iiyô, 26,00 78,00 ko, aire borè kô ou aire ko.
gua-nyô, 28,00 84,00
32,00 96,00 cinq barils de poudre, aire agora
(once), nu, aire borè nu, ou aire nu.
anâ-nyô
atakpz, 36,00 108.00 verre de poudre, aire kpaku.
anüz-nsa, 39,00 117,00
42,00 126,00 panier de sel, ngi-kè.
güa-nsa, un panier de sel, ftgi-kè kô,
ana-nsa, 48,00 144,00
ta, 52,00 156,00 ngi-ko.
88,00 264,CO cinq paniers de sel, ngi-kè nu,
ta-atakpi,
iigi-nu.
Pour les petites sommes, on barre de sel gemme, ngi-yabwe.
compte par ba (ou taku); pour masse de perles, afre-tre.
les grosses sommes, l'unité est filière de perles, afre-nyama.
le ta. On compte ainsi : collier de perles, afre komi-
gr. fr, nyama.
ta-kô, 52 156 ceinture de perles, afre bo-
nda-nyô, 104 312 nyama.
nda-nzâ, 156 468 une perle, alre-ba kô.
nda-nâ, 208 624 deux perles, afre-ba ftyÕ, etc.
nda-nu, 260 780 un grain de corail, aneilgrema-
312 936 ba kô.
nda-nzyi, tête de tabac, bosro-tre.
nda-nzo, 364 1092
nda-môkue, 416 1248 feuille de tabac, bosro-nyama.
nda-Õgora, 468 1404 pièce de tissu, tane-bwe.
ta buru, 520 1560 pelote de fil, gyese-ba.
1040 3120 — teint en bleu, gyese-
ta abura-ityo,
ta abura-sâ, 1560 4680 ble-ba.
manille (peu usité), ka.
On appelle borè les petits pa- caurie (inusité), nzerewa.
quets renfermantla poudre d'or.
On dira ainsi: bândya-nyô borè
111.— Mesures.
nu,« cinq paquetsde 72 francs »,
c'est-à-dire 360 francs; and-iiyè brasse, asa (deux yards).
borè iiyÓ, « deux onces» ; asa demi-brasse, asa-bwe (un yard).
asa borè nsyi, « six paquets de coudée, sunzu-niva.
30 francs chacun «; ta ta borè palme, asa-tilt.
nsa, « trois paquets d'un- ta cha- pas. gyasu.
cun ». pied, gya-mbwabwa.
I. — Adjectifs qualificatifs.
(1) Pour la prononciation à donner aux mots agni, lire bien attentive-
jnent dans la Préface: II. ALPHABET ADOPTÉ,et les remarques qui suivent
le tableau de l'alphabet.
DE LA LANGUE
AGNI 43
COMPARATIFS
ET SUPERLATIFS.
« Ce, cette, ces» se traduit par iiga ou plus rarement par ni,
ye ou yeni, sans faire de distinction pour les choses proches ou
éloignées: cet homme, sÓna iiga, sônâ ni, sônâ ye, sÓna yeni; cette
femme, bla nga, bla ni; ces gens, sônanga ousônâ nga mô.
Après un mot terminé par a, iiga se prononce souvent ga et l'a
final du mot devient a : bwa ga pour bwa iiga, « ce mouton ».
Après un mot terminé par une voyelle nasale, iiga se prononce
souvent ga : sÓna ga, cet homme.
Dans les dialectes de la rive gauche du Comoé on prononce iika
et ka : sÓna ka.
« Ce, cette, ces » avec une intention de mépris, de blâme ou
d'étonnement, se traduit par ngani (au pluriel nga mû ni) : oh!
cet homme ! sônâ ngani! oh ! ces femmes! bla nga mà ni!
En agni le même mot peut être déterminé par un possessif et
un démonstratif: mi sua ni, ma maison que voici; mi wa iiga,
celui de mes fils que voici. Si le nom est accompagné d'un adjec-
tif, le démonstratif se place après ce dernier: ce petit homme,
bya kâ ga.
Nga et yeni servent aussi à exprimer les pronoms démonstratifs
« celui-ci, celui-là, ceci, cela » : donne-moi ceci, ma mi iiga; donne-
moi celui-ci, pas celui-là, ma mi iiga, na yeni; n'est-ce pas celui-
là? na yeni? na iiga ?
« Ceux-ci, ceux-là » se traduit par be nga, be nga mû (eux que
voici) : tous ceux-là, be iiga mù krwakrwa.
DELALANGUE
AGNI 47
« C'est» devant un nom ou un pronom se traduit pare ou o placé
après le nom agni: c'est un bœuf, nane e: c'est moi, mi e ou mi o;
est-ce celui-ci? iiga e?
« Ce n'est pas», devant un nom ou un pronom, s'exprime sim-
plement par la négation na: ce n'est pas Kofi, na Kofi; ce n'est
pas moi, na mi ou na mi e on na mi o.
Après la conjonction « que », on ne traduit pas « c'est » : il dit
que c'est son père, o se kè i si; il crut que c'était du feu, o buri
kè sù
« Ce » sujet du verbe être suivi d'un adjectif ou d'un adverbe
se traduit par le pronom personnel de la 3e personneo : c'est bon,
o ti kpa; c'est loin, o wo mwa.
Exemples: mon fils, mi wa; mes deux fils, mi wa iiyÕ; mes en-
fants, mi ma mô; ton père, wo si; sa mère, i ni; notre frère (à nous
(teux),ye nyama; notre pays, amekurô; votre jardin, amû fye; leur
maison, be auro. — C'est mon père, me si o le nga; Kouakou est
mon fils, mi wa o le K waku.
le mien, à moi, c'est à moi, mi rye 1.
le tien, à toi, c'est à toi, ivo rye.
le sien, à lui, c'est à lui, i rye.
id. lo rye (seulement dans le
cas où le possesseur n'est
pas présent).
le nôtre, à nous, c'est à nous, ye rye (si les possesseurs
sont deux au plus).
id. ame rye (seulement si les
possesseurs sont plus de
deux.
le vôtre, à vous, c'est à vous, amùrye.
le leur, à eux, c'est à eux, be rye.
Ce bœuf est à lui, i rye o le nane nga (sa chose possède ce
bœuf); c'est à Kouassi, Kwasi i rye; ce bœuf est à Kouakou,
Kwaku rye o le nane liga.
notre (à nous tous), ame iigba be.
votre (à vous tous), ainû ngba be.
leur (à eux tous), be iigba be.
notre pays à tous, ame iigba be kurô.
« mon propre fils » se dit mi wa kpa; « ton propre nom» wo
dumakpa; « son propre vêtement », i trare kpa, etc.
Les expressions « un de mes », « un de tes », etc., se traduisent
ainsi: un de mes amis, mi aengwe kô; un de ses fils, i wa ko, etc.
un, un certain, quelque, ko, kil. aucun, fi, fifi (doit être accom-
des, quelques, mÛ, mô. pagné de la négation).
de, du, de la, bye, üe. personne, sônâfi (même remar-
quelqu'un, sônâ kô. que).
quelques-uns, sÓna mu; bye. rien, rike fi, rike fifi, rike; safi,
on, be (proprement « ils »). sa (même remarque).
— 100 (proprement « tu »). un, un seul, kumba, kiiba.
quelque chose, rike. rien qu'un, kÕ1iglli.
(1) Le mot rye est une contraction de rike « chose » : mi rye signifie
donc « ma chose, ma propriété ».
DELA LANGUE
AGM 51
Exemples: un homme, sÓna ko; des hommes, sÓna mû; que les
mouches ne mangent pas de mon bœuf, na iigosyi di minane bye;
on peut aller à la chasse, be kora be ko ku nè; manger quelque
chose, di rike; je n'ai vu aucun mouton, m awû ma bwafifi; per-
sonne n'est venu, na sônâfi ba ri ousônâfi oba rima; je n'ai rien,
me le arike fi, me le a rike fifi, me le a rike, me le a safi; ce n'est
rien, o ti a safi, o ti a sa; je n'ai pas un seul poulet, me le a akô
kumba; ils n'en ont attrapé qu'un, be tra ri kÕ iigbi; tous les
Ouarèbo sont venus, Warèbo krwakrwa be ba ri; ils sont tous
venus, beiigba be ba ri; toute l'affaire, ndè ngba; est-ce tout?
ngbafils sont tous assemblés, bama be ûsu; beaucoup d'hommes,
sÓna kpagba; il n'y a pas beaucoup de Baoulé qui mangent du
serpent, na Baulesumâ be di wo; prends n'importe quelles perles,
fa afre ngba; n'importe qui peut passer, sÓna ngba kora si; donne-
moi n'importe quoi, mami rike iigba; ce pagne est blanc, j'en
veux un noir, va en chercher un autre, kondro ni ti ufwe, m kuro
kondro ble, ko kundè ko o ti ngumi; donne-m'en un autre à la place,
kaki iiga, ma mi ulre (change celui-ci, donne-moi un autre);
donne-m'en encore un autre, ma mi kÕ ekô; l'un fait une chose,
l'autre une autre, kôyorike ko, kôyo rike iigumi; les uns chantent,
les autres dansent, bye be sro gÛe, bye be si able ou be üe sro güe,
be ûe si able; les uns viennent, les autres partent, bye ba, bye ko.
Remarques. — 1° Les expressions « l'un l'autre, les uns les au-
tres, etc. »se remplacent par des tournures équivalentes ou se
suppriment si le sens du verbe est suffisamment clair.
52 ESSAIDEMANUEL
LES VERBES
I. — Vocabulaire.
i
cligner de l'œil, bubu (p.) ima : il cligne de l'œil, o bubu ima;
Kofi cligne de l'œil, Kofi bubui ima (il cligne son œil, Kofi cligne
son œil);
apporter, fa (r.) bvè : j'apporte quelque chose, me fa rike brè;
me fa
accorder, fa (r.) ma (r. i.) : j'accorde deux ta d'or à Kofi,
sika nda nyÕmaKofi; accorde-moi ceci, fa rike nga ma mi (prends
chose cette donne-moi);
aller au devant de, kpè (r. p.) ati : va au-devant de lui, kpèi
ati; va au-devant de mon père, kpè me si ati (coupe son chemin,
coupe le chemin de mon père);
se rappeler, (r. s.) wo (s. p.) ku nu : je me rappelle cette affaire,
ndè nga o wo mi ku nu (affaire cette elle e.. t mon ventre dans);
avoir mal à, (s. p. — r.) e nya : j'ai mal à la tête, me ti e fiya
moi mal).
(ma tête fait mal) ou me ti o e mi nya (ma tête elle fait
v. a. signifie « verbe actif », v. n. « verbe neutre ».
beau (faire le —), di gba (ri. butter (la terre), autour des se-
bêcher, tutu. mis), boko fye.
belle (se faire —), di tarwa. C
bénéfice (faire un —), fa (r.)
wata su. cacher, fya.
besoin -
(avoir —), voyez (se --), atya.
« avoir »). — (se—dans la brousse),
bien (être -, être convenable), afya bro.
- (se -, en parlant d'un
ti fè.
— (faire du - à), yo (r.) fè : astre), alô nu; au.
-
ça me fait du bien, o yo (se -, s'embusquer),
mi fè. asa.
blâmer, kâ (r.) undè; kpa (r.) cagneux (être -), (s. p) gya
su.. kpa ndanua.
blanchir (du linge), kpu (tane). calmer (se -, un homme en
- (v. n.), ae ufwe; gyüla colère), yaki yarare.
— (se -, le vent), yaki fi-
ufwe.
- (en parlant des che- tare.
veux), abo gye. calomnier, saki (r. p.) duma.
blessé (être -), abota; atètè. cancer (avoir un -), lowe o wo
blesser, bo (r.) kane; bota. (r. i.) nu : il a un cancer au
— (au moral), di (r.) o iÛ. nez, lowe o wo i bwe nu.
boire, nô, caresser, fosa (p.), sa (r. p.) û;
boiter, keti. ka: ne me caresse pas, na
bon (être — à manger), e fè. fosa wo sa mi û; naka mi o.
— (faire -, en parlant du cassé (être -), abu.
— (être — tout à fait), abu
temps), ti foô.
— marché (être -), (s. p.) kpo.
gwa ti fetè; (s. p.) gwa casser, bu; bu (r.) nu.
-
ti a kekre. (du bois), bubu (iye).
dire — -
bonjour (dire ou faire (des mottes de terre),
à), bisa (r.) aiii; hisa. — fufu (asye).
bonjour (faire dire bien le à), cauchemar (avoir un -), kyi
bisa (r.) dededede. lalie tè.
bonne aventure (dire la —), yi causer (parler), di gùere.
mônzue. — avec, gyügyo ne.
bonne aventure (dire la —, en céder à (un plus fort que soi),
consultant les rats), yi gbe- su.
kre. ceindre (se — de), fa (r.) ura
boucher, kata (r.) su. (p.) bo; ma (r. — p.) bo nu:
— (une bouteille), tane je mets une ceinture de per-
(sutwa) nwâ. les, me fa afre ura m'bo.
bouillir, tu. cesser, yaki : cesse de faire cela,
bourgeonner, fefè. yaki sà; cesse de causer, yaki
bourrer (un fusil), tùsre mina gùgùere.
(tüi) nu. chanceler, taga.
briller, ti nranra. changer (v. a.), kaki; kaki (r.)
brisé (être -), abu. vfre.
briser, bu. — de, kaki (r.) ufre; swi
brûler (v. a.), era, ira; aera, (r.) ufre,- asWt.
aerè, aim. — (v. n.), akaki.
- (v. n.), aera, aira, iraira. — (se—en), kaki; akaki.
62 ESSAIDE MANUEL
conduire (se mal — avec quel- couvrir une maison, tu sua nu.
— (se — de feuilles), fefc.
qu'un, voir « agir »).
congé (donner - à), ma (r.) ali. cracher, gwa iigasTe.
— (prendre — de), kare. — du sang, gwa mogya.
connaître, si. craindre, sro, stiro.
conserver, fa (r.) sye; sye. crampe (avoir une -, voyez
considérer (être à -), li sa. « avoir »).
construire, kpôrâ, kpra. craquer, tetè; atè.
— (faire --), tè.
contempler, nya(r.) nu; lOfi(r.)
nu. creuser, tu.
- un trou, kpè kumà.
content (être -), (s. p.) kunu
gyo, creux (être —), ao; ti kproÜ.
— (n'être pas -), (s. p.) crever (v. a.), fiti.
kunu o lo. — (v. n.), afiti.
— (ses ceufs, en parlant d'un
conter, kâ.
— une histoire, kâfigwa. oiseau), bobo (krizùa).
continuer(àfairequelquechose), crier, kpâ.
cris (pousser des — en chœur),
yo (r.) ekô : continue, ye ekÕ. bo aseye.
contraire, (être le —), (s. p.) sü
kyè : c'est le contraire, i sü croire, bu : je crois que Kofi ar-
rivera aujourd'hui, m bu kè
kyè.
convenir (être convenable), ti fè. Kofi o ba neke.
- à, one (r.) fala. croiser les bras, nyônyô(p.) sa.
— (ne pas — à), one (r.) croître, aiii; akyi, akyi.
fala ma. cruel (être -), e urè.
coucher (se —), la, da. cueillir (en général), ti.
— se —, en parlant d'un — haricots, titi (aloa).
— (des
astre), tô ure. (des champignons), tu
— avec (une femme), di (ndrè).
— (du maïs, des ananas),
(bla).
— avec (un homme), di bu (able, abrobe).
— (du riz, des bananes),
(bya).
coudre, kpa. kpè (ayüe, manda).
couler (en général), gwa, — (une papaye), ti (bofre).
— (enparlantd'unerivière ), cuire (v. n.), abe.
— (faire -), tô.
sufgi; si.
couper, kpè. cuit (être —), abe.
— (en petits morceaux), cultiver (un champ), di (fye).
kpekpè.
— les routes (arrêter les 1)
caravanes), tra nole.
courber, kuru; krukru. damer (le sol d'une case), bo
- (se —, une chose ), (sua nu).
akuru; bri. danser, si able, si abli.
- - il contre-temps, si able
(se -, une personne),
Icâse. tè.
courir, awondi, awÕndi. — (au son des calebasses),
court (être -, en parlant de la si gori.
— (au son des cornes), k{l
langue, mbro.
couver, utu. yo/e.
couvert (mettre le-I, tu trobli. - (au son du xylophone),
couvrir, kata (r.) su. ho gyomlo.
64 ESSAIDEMANUEL
danser (en battant des mains), défendre (interdire), atua (r. i.)
bo nolo. na : je te défends
— (la danse des femmes d'aller au village,
en temps de guerre), m'alua wo na ko
si agyanu. kurô ro ou me di
— (la danse des hommes), aûre kè wo ko ma
si do. kurÓ ro.
— (la danse des sorciers), - (protéger), uka.
ka awe. défense (prendre la — de, dans
— (une danse de guerre), un palabre), kâ (r.
si fruga. p.) ndè.
déficeler (voir « délier »).
— (une danse de mas- défricher, kpè bo (r.) su; sô (r.)
ques), si zamle. û: je vais défri-
— (une danse sacrée), si cher mon terrain,
(Gye, Bunu, etc. ]. me ko kpè bo mi
— (une danse mortuaire), rikasu ou me ko sô
e sè. mi bo û.
débander (un arc), yaki (r.) nu. — (sans complément),
débarquer (d'un bateau), gya kpè bo; tutu afre.
(alie nu). dégainer, küî larye; uro larye.
déboucher, tike (r. p.) mua. délier, yaiigi.
débourrer (le coton), yi (gyese). délimiter, swa (r.) nu.
— (un fusil), yi lüi délivrer, kpa.
mina. demander (interroger), bisa :
debout (être -), gi; gyasu. demande à Kofi
- (rester -), gina diii. s'il veut de la vian-
- (se mettre -), gyasu. de, bisa Kofi sè o
débrousser, kpè bo; sô mbo; sô: kundènè ; il de-
il ne sait pas débrousser, o manda à Kofi :
kora ma kpè bo ou o kora ma « Qu'y a-t-il ? »
bo nsÕ. o bisa ri Kofi kè :
décapiter, kpè (r. p.) ti. « Nzu o ? »
décharger (un fardeau), sike - (solliciter) srè : va
(iirô). demander de la
- (un fusil, enlever la viande à Kouadyo,
charge), tutu ko srè Kwadyo nè
(tùi). ou mieux ko srè
- (un fusil, tirer), to Kwadyok'o mÕ
( tüi). nè; que deman-
déchiré (être —), atiti. des-tu ? wosrè nzu?
déchirer, titi; aswa (r.) nu; demander (la permission de),
kpaki : il a déchiré son pagne, bisa (r. i.) ati : je
o titi ri i kondro; j'ai déchiré te demande la per-
mon pagne après un clou, mission d'aller me
kpïgbè aswa mi tâne nu (un baigner, mebis'o
clou a déchiré mon pagne); ati m ko unzi.
ne déchire pas ce papier, na — pardon, kpata; se kè
kpaki afrua nga. yaki.
décider, décréter que, di aûre kè. démanger, kaka: mon dos me
découvrir (apercevoir), awú. démange, me si kaka mi; ça
- (ôter ce qui couvre), te démange, o koko.
tike (r.) su. demeurer, tra : dans quel vil-
DELALANGUE
AGNI 65
lage demeure-t-il? o trâ kurÓ village devint grand, kurÓ ae
boni su? je demeure à Zara- ri daou kurÓ fa akyi ni; l'A-
nou, me Ira Nzaranu. raignée devint insecte, Ken-
démolir, bu. dewa o kaki ri kakaba.
dépêcher (se -, en marchant), devoir (avoir une dette), fèri ;
wo ndèndè; dépê- de; (r. i. p.) karè (r.
chez-vous, amû wo — s. p.) awesu; (r. i.
ndèndè. p.) karè (r.) wo(s. p.)
— (se-, en faisant quel- su : tu me dois de
que chose), yo l'argent (de l'or), wo
ndèndè. fèri mi sika ou wo de
déplaire (on tourne par «ne pas mi sika; Kouassi me
aimer») : cet homme me dé- doit dix francs, mi
plaît, me kuro masôna iiga. karè ba-burunyô Kwa-
déplier, yângi (r.) nu. si awe su (mon compte
déposer (un fardeau), sike. est dix francs sur la
- « faim o de Kouassi);
(un objet quelconque),
sye. il me doit cent francs,
dépouiller (enlever la peau), yi mi karè ya wo i su
-
(r. p.) kpro. (mon compte cent est
(quelqu'un, le voler), sur lui).
awa (r. p.) ninge. - (être dans l'obligation
déraciner, lu. de), kunde : je dois
dérober, awa. faire cela, me kunde
descendre, gyüla. mi yo nga.
déshabiller (se —,quand on est d ifîérer (être différent),tingumi ;
vêtu d'un pagne), ti a kumba; ti a so.
yi kondro; yi (p.) diminuer (v. n.), asa.
û tâne. —
— (un prix), kpaki(r.) su:
(se -, quand on diminue ton prix,
porte des vête- kpaki gwa su; dimi-
ments), yi trare. nue - moi un franc,
désirer, kundè, kindè; kuro. kpaki ba nyÕ su; di-
— voir (languir après minue, kpaki su.
quelqu'un), uraloije dire, se : je lui ai tout dit, me se
désirerais beaucoup ri krwakrwa; je dis que,
voir mon père, me me se kè.
uralo me si mboko; - (un mot, en
particulier), se
je désirerais le voir, kè; dis bonjour, se kè
me uralÚe. ndya ani o.
désobliger, e (r.) aWt. - (quand on rapporte les pa-
dessus(êtreau —dequelqu'un), roles d'un autre): (s. p.)
kora. wï; (s. p.) wTkè; se kè: il
détacher (délier), yangi, yângi dit:« Mon père ditque tu
(r.) nu. viennes pour que nous
—
(nettoyer), nunu (r.) nu. mangions le bœuf»,i wi:
déterrer, yi (r.) asye nu; tu. « Baba wi: wo bla ma e di
détruire, saki. nane »; il dit qu'il vien-
deuil (être en -), di (igbeti. dra demain, i wikè o ba
devenir, ae, aye; gyüla; kaki; aima ou ose kè o ba aima;
fa (ce dernier mot ne peut que dis-tu? o wï zèf que
être suivi que d'un verbe) : le dit-il? i wï zèf
5
66 ESSAIDEMANUEL
finir (v. a.), môùe ; ile. yomo (pour bo: au yo, mo,
— (v. n.), aüe. « crier: il est mort, ô fem-
flairer, ti (r.) mva. mes » ).
fleurir, bo toku.
fond (aller au -, dans l'eau),
atolÕ nzüe nu; ko nzüe bo. G
fondre (v. n.), akru, akuru.
- (faire -), kru, kuru.
forcer (à faire quelque chose), gage (donner en —), ma (r.)
myemye (r.) mô : force Kofi à auwa.
venir, myemye Kofi mô bla. gagner (au jeu, v. n.), kpè,
forger, bo. -
akpè.
fort (être plus — que), kora. (en commerce), fa ivata
fouiller, tutu. su : j'ai gagné deux
fouler (la terre, pour en faire ta, mefariivatasu nda
une sorte de pâte), si (fa). —
nyô.
fourbir, kpita. (obtenir, acquérir),
fourcher (en parlant de la lan- aiiyii, aya; nyii, yâ.
gue), afo : ma langue a four- galoper, tukpi.
ché, j'ai fait un lapsus, mi garantie, (voir « gage »).
nwâ afo. garde (prendre -), gya ire.
- (prendre — à), kuku (r.)
fourmillements (avoir des —,
voyez « avoir »). nè.
franchir, kpè. garder (conserver), fa sye, fa
— (en sautant), tu tra (r.) (r.) sye; ko sye; de :
su; tutra (r.) su. garde-le, fa sye, de ie.
- (surveiller), nia(r.) su,
frapper, bo.
— (une personne), bo; fi, nya (r.) su;sye (r.) nu.
fi. gavé (être -), arye o bo (s. r.)
— (du couteau), wo (r.) tâga.
larye. gaver, bo (r.) tâga.
— (en parlant du soleil), glisser, (yiise; seri.
kpâ. gonfler (se — en cuisant), ae
froid (avoir —), (voyez « avoir»»). tutrutu.
— (être —), agyo, gyo. goûter (déguster), nyrl.
— (il fait —), aere wo nu. graisser, kÜkii : va graisser mon
froidir, gyo, agyo. fusil, ko kâkii me lui;
frotter, kpita (r.) nu, kpita. va le graisser, kokïkï.
- (se —le corps), kpakpa;
fuir, awondi, awôndi.
— (en parlant d'un vase), gwa. kpakpa(p. û: je me
fuite (mettre en —), sândi. suis graissé avec de
l'huile, mekpakpa "Í
fumer(faire de lafumée),e wusre.
- (du poisson, de la viande, iigo; il se graisse, o
urè. kpèkpèi v.
- (du tabac), nô kruwa; nô grand (être trop -, en parlant
taba; nô asra. d'un vêtement), kunzu: ce
funèbres (pousser les cris—, en vêtement m'est trop grand,
trare nga o kunzu mi.
parlant des femmes),
bauye (pourbo : au ye, grandir (un homme), ani; akyï.
« crier: il est morto). — (un animal ou une
funèbres (pousser les cris -, chose), akyi; ae r!fÎ.
en parlant des hommes) bau- gras (être -), le lui.
DELALANGUE
AGNI 71
H
J
habiter, frÕ.
habiller (s' — d'un pagne), kra jeter, to : ne jette pas de
kondro',kratâne; ura lâne. pierres, na to yabwe.
72 ESSAIDEMANUEL
Il. — Conjugaison.
",
1° VERBESCOMMENÇANT PARTOUTELETTREAUTREQUE« a ».
"n
Modèle: di « manger ».
La voix active a neuf temps ou modes.
1. — Temps indéfini. 3. — Présent absolu.
habituelle- : je suis en train de
(Signification
(Signification: je mange manger.)
ment, ou je mangeais, ou j'ai
mangé, ou je mangerai.) Sing. lre pers. me su di.
2e — wosu di.
Sing. lre pers. medi (oumdi) 1. 3e — o su di.
2e — wo di (ou o di) ou Duel lre — ye su di.
è di. Plur. lre — ame su di.
3e — o di (ou rare- 2e — amû su di.
ment a di). 3e — be su di.
Duel lre - ye di (ou e di).
Plur. lre — ame di ou ye di. 4. — Présent proche.
2e — amû di ou amû be [Signification : je vais commencer à
di. manger, ou je viens de manger.)
3e — bedi. Sing. lre pers. m'a di.
— 2e — w'a di (wo a di).
Nota. Les doubles formes
3e — o a di.
indiquées ici pour certains pro- Duel lre — ye a di.
noms sujets se rencontrent à
in- Plur. lre — ame a di.
tous les temps: nous ne les 2e — amûa di.
diquerons donc plus. 3e — bea di ou.b'a di'.
2. — Présent incoatif. 5. — Prétérit ou passé absolu.
: je commence à man- (Signification
[Signification : j'ai mangé, j'ai fini de
ger, je me mets à manger.) manger.)
Sing. lre pers. me su a di. Sing. lre pers. me di ri.
2e — wo sua di. 2e — wodi ri.
3e — o sua di. 3e — o di ri.
Duel lre — ye sua di. Duel lre — ye di ri.
Plur. 1re - ame su a di. Plur. lre — ame di ri.
2e — amûsu a di. 2e — amû di ri.
3e — be su a di. 3e — be di ri.
3° VOIXPASSIVF.
40 VOIXRÉFLÉCHIE.
5° VoixNÉGATIVE.
La négation revêt en agni, suivant les cas, l'une des trois for-
mes ma, a, na; de plus les temps de la voix négative ne sont pas
les mêmes que ceux de la voix affirmative. Aussi donnons-nous un
modèle de conjugaison négative: na di « ne pas manger ». Ce
modèle s'applique sans changements aux verbes non passifs com-
mençant par a, pour ce qui est de l'emploi des négations et de la
signification des temps; pour le reste, voir le modèle au.
1. — Temps indéfini. 3. — Futur.
(Signification: je ne mange pas, ou : je ne mangerai pas.)
(Signification
je ne mangeaispas ou je n'ai pas
mangé.) Sing. lre pers. m'a di ma.
2e — w'a di ma.
1re forme, pouvant être em- 3e — o di ma ou a di
ployée dans tous les cas. ma.
Duel lre-ea di ma.
Sing. lre pers. me di ma ou m Plur. lre —arria di ma.
di ma. 2e — amu a di ma.
28 - wodi maou o di 3e — /J'a di ma.
ma ou èdima.
3e — 0 di maou a di L'a qui précède le verbe est
ma. long.
Duellpe — ye di ma ou e di
ma. 4. — Passé.
Plur. 1re — amedi maou ye : je n'ai pas mangé.)
(Signification
di ma.
2e — amû di ma. Sing. lre pers. me di ri ma.
30 — be di ma. 2e — wo di rima, etc.
— 2. — Temps de volition.
1. Temps indéfini.
: je ne veux pas être
(Signification
: je ne suis pas, n'étais
(Signification mangé.)
pas, n'ai pas été, ne serai pas
mangé.) Sing. lre pers. me su adi ma.
2e — wosuadima,etc.
Sing. lre pers. m'adi ma". 3. — Passé relatif.
2e — w'adi ma.
3e — adi ma. : je n'ai pas encore été
(Signification
Duel lro — y'adi ma. mangé, ou je ne suis pas encore
Plur. lre — ame adi ma. mangé.)
2e — amû adi ma. Sing. lre pers. me nia adiri ma.
3° — be adi ma. 2e - wo nia adi ri ma,
etc.
6° Voix INTERROGATIVE.
Il n'y a pas de forme spéciale pour la voix interrogative : c'est
le ton de la phrase qui indique qu'il y a interrogation: o su ba, il
vient; osu ba? vient-il?
1° VALEUR
ET EMPLOI
DESTEMPS.
— De tous, ce temps est le plus
Tempsindéfini. employé. Que
l'action soit présente, passée ou future, à moins d'une indication
spéciale et bien nette, on peut employer le temps indéfini. On re-
marquera d'ailleurs que les autres temps indiquent plutôt des
« situations » que des « temps» proprement dits. Le contexte
suffit presque toujours à indiquer le temps.
-
2' RÉGIMEDESVERBES.
• Place des
régimes. — Le régime se place toujours après le verbe
(sauf à l'infinitif, voir plus loin). Si le verbe est suivi d'une parti-
cule, comme ri, ou d'une négation, comme ma ou a, le régime
se place après la particule ou la négation. (Exception est faite
pour e ou o, particule exclamative de l'impératif, qui doit suivre
le régime.)
Lorsqu'il y a un régime direct et un régime indirect, on place
le premier le régime le plus court, quelle que soit sa nature. Ainsi
si l'on a un régime accompagné d'une particule et un régime
sans particule, on place le premier le régime sans particule. Si
les deux régimes sont un nom et un pronom, on place le pronom
le premier. Enfin si les deux régimes sont des pronoms, on place
le régime direct le premier, ou mieux, si le sens n'a pas à en
souffrir, on le supprime, ou encore on a recours à une autre tour-
nure. Exemples:
donne de l'eau au cheval, ma nzüe kpago.
donne de l'herbe au cheval, ma
kpâgo gügüre.
j'ai acheté un mouton à Kofi, meto ri biva ko Kofisa nu.
porte ce tabouret au village, fa ko bia iiga Aurd ro.
donne-moi de l'eau, ma mi nzüe.
montre-lui le chemin, kre i ati.
montre-le moi, kre i mi ou mieux kre mi.
dis-le lui, se i ie ou mieux se ie.
94 ESSAIDIt MANUEL
il ne le lui donne pas, o me mè.
donne-le moi, f'èi ma mi ou mieux fa ma mi (prends-le,
donne-moi).
Nota. — Dans les verbes composés de deux verbes, le régime
direct se place en général entre les deux parties du verbe et le
régime indirect après la seconde partie. La place du régime dans
les verbes composés est d'ailleurs indiquée dans le vocabulaire.
30 VERBES
UNIPERSONNELS.
LES PARTICULES
I. - Particules de temps.
assez, tye sô, tye so (se conjugue): il y a assez d'eau, nzüe o tye
so; il n'y a pas assez d'eau, nzüe o tye ma so; assez 1 o tye so!
aussi (également), kûsu, kusu; ue : moi aussi, mi kûsu; toi aussi,
wo kûsu; lui aussi, i kûsu; le singe aussi mange de la viande,
pepe küsu o di np; je viens aussi, mi kftsu me ba ou meba üe;
viens-tu aussi? viens-tu avec moi? wo ko üe?
— (en plus, encore), bokasu; ekô : tu m'as donné un fusil, donne-
moi aussi de la poudre, wo kye ri mi tüi, kye mi aire bokasu; j'ai
acheté des pistaches et aussi des ignames, me té ri ngatè ne
duo ekô.
— que, kè. sa : il est aussi grand que toi, o ti tende kè wo sa.
autant, autant de. - que, kumba, kûba : il y a autant d'hommes
que de femmes,byâ mône blamô be nyÕ be ti kumba (les hommes
et les femmes tous deux sout la même chose); j'ai autant
d'hommes que lui, mi sÓna mÕ ne i sÓna be nyÕ be ti kumba; il
n'y en a pas autant, be ti a kumba.
- que, kè. sa : j'aime autant le mouton que le bœuf, me kuro
bwa nè kè nane sa.
beaucoup, kyè ou mboko ou kpa (modifiant un verbe, un adjectif
ou un adverbe); kpagbd (modifiant un nom quelconque); sumâ
ou kaka (modifiant le nom d'une chose qui peut se nombrer) :
je l'aime beaucoup, me kur'è kye, me kw"è mboko, me kur'è
kpa; il est beaucoup plus gros que toi, o ti kpri tr'o kye; verse-
moi beaucoup d'eau, gwa mi nzüe kpagba; beaucoup d'hommes,
sÓna kpagba ou sÓna fuma ou sônâ kaka.
bien, kpa, kpa; kye: ces bananes sont bien bonnes, manda ni be
e fè kpa; elle est bien jolie, o ti krama kye; il dort bien, o lafi
kpâ.
combien, nyè: combien sont-ils? be ti fiyè? combien apportes-tu
de poulets? wo brè akô nyèf je ne sais pas combien j'en apporte,
me si ma me brè fiyè; compte combien il y a de bœufs, ka nane
mÕ be ti nyè.
- (quel prix?), gwa.
fiyè : combien coûte ce mouton? bwa iiga
i gwa o ti fiyè ? (ce mouton son prix il est combien?) demande à
106 ESSAIDEMANUEL
cette femme combien elle vend ses ignames, bisa bla figa i duo«
be gwa ti nyè; combien? combien cela? i gwa ti nyè?
combien (exclamatif), kè. sÕ ni sa : combien d'hommes sont
morts! kè sÓna sij ni sa be'u ri!
davantage, bokasu : donne-m'en davantage, ma mi bokasu.
demi (à -), bwe : il est à demi cassé, abu bwe.
encore (davantage), bokasu; hyekü, byekô, ekô: donne-moi en-
core des perles, ma mi afre bokasu; encore un peu, bokasu ka;
donne-moi encore un grain de corail, ma mi anâgremâ ba kÕekô.
entièrement, mû krwakriva, muni krwakriva : il est entièrement
fini, i mûnikrwakrwa aüe (sa totalité tout entière est finie).
environ (à peu près), w, Õ, wû, wô : il y a environ cent hommes,
o gyü sÓna ya ô (ça atteint la surface de cent hommes).
excepté, o ka (verbe unipersonnel) : tous sont partis excepté moi,
be ngba be wo ri o ka mi kumba; excepté trois femmes, o ka bla
nsâ.
guère, ka : je n'en ai guère, me le üe ka; il n'est "guère joli, o ti
krama ka (ou o ti a krama mboko).
moins (n'a pas d'équivalent en agni; on tourne par « plus » en
renversant la phrase).
ne. que, kyèyè; ngbi; yèneyo ; kumba : il n'y a que des femmes
dans ce village, bla kyèyè wo kurô figa su; ce n'est que Kofi,
Kofi nghi; ce n'est que cela! so nghï! je ne vais que me pro-
mener, me ko una ngbi: ou me ko una kumba; je n'ai que des
ignames, me le duo yèneyo.
outre (en -, voyez « encore »).
pas de, numa, numa; na : il n'y a pas de poulets ici, akô numa wa
ou na ako wa (voyez « avoir (n'y — pas)» au vocabulaire des
verbes).
pas un, na. kumba (avec un sujet), ma. kumba (avec un régime) :
pas un homme n'est venu, na sÓna kumba o ba ri; je n'ai pas
vu un seul éléphant, m'awû ma süi kumba.
pas du tout, mnômnômnô (précédé de la négation) : je ne com-
prends pas du tout, me ti ma mnômnômnô ; il n'y a pas du tout
de poisson, güe numa mnômnômnô.
peu (modifiant un nom, se traduit par kpagba, suma ou kaka avec
la négation) : il y a peu d'hommes, hya mÕ be ti a kpagbâ; peu
de Baoulé mangent du serpent, na Baule suma di wo.
- (modifiant un adjectif ou un verbe, se traduit par mboko avec
la négation ou par ka) : il est peu aimable, o di ma nüoüi
mboko; cet homme parle peu, sônâ figa gyugyo ma mboko ou
o gyügyo ka,
AGNI
DELALANGUE 107
tout à fait, üe : il est tout à fait détérioré, asaki üe o (l'o est eupho-
nique).
très, kye; kpa; mboko : c'est très bon, o e fè kye, o e (è kpa, o ti
kpa mboko.
trop, mboko : c'est trop cher, i gwa ti kpri mboko ; il est trop gros
pour marcher vite, o ti da mboko, o kora ma nati ndè (il est trop
gros, il ne peut pas marcher vile).
(1) La particule ni, nio, ô placée après une phrase sert de liaison dans
le discours; après un mot elle sert, soit de démonstratif, soit simple-
ment à attirer l'attention sur ce mot.
DE LA LANGUE
AGNI i09
cependant, yè; na; na sâiigè.
comme (conj., voyez « puisque » ou « lorsque »).
— (de même que), kè.sa : fais comme moi, e kè mi sa; ce poulet
est petit comme un pigeon, ako nga ti kakè gbokumomosa;
comme cela, kè iiga sa; il est revenu comme il était parti, o ba
ri kè o ko ri sa.
— cela, sa; kè iiga sa : fais comme cela, yo sa; il est gros comme
'cela, o ti kpri sa ou o ti kpri kè iiga sa; je ne dis pas comme
cela, je ne dis pas cela, m'a s'a sa (pour me a se a sa).
comment, sè, se (placé à lafin de la phrase) : comment t'appelles-
tu? be fre wo sè? (ils appellent toi comment?) ou wo duma ti
sè? (ton nom est comment?) comment a-t-il parlé? o se ri sè?
je ne sais pas comment on l'appelle, me si ma be fre sè.
comment? (employé seul), nzu? nzuko? : comment? qu'as-tu dit?
nzuko? wo wi zè?
côté (d'un autre -, de mon -, etc. ; voyez « part (d'autre -) »
et « quant à »).
de (marquant la possession, l'origine ou la matière; s'exprime
par l'inversion) : les enfants de Kofi, Kofi ma mô ou Kofi i ma
mô; la mère de Kouamna, Kwamna i mo; les femmes du Baoulé,
Baule bla mô; un vase de terre, ufa sè.
— (devant un infinitif, se tourne par « que») : dis-lui de venir,
se ie k'o bra.
donc (par conséquent), yè; yo.
— (après un mot), o: pourquoi donc? nzukoti o? viens donc!
bra 0/ -
effet (en -), sakpa : en effet tu es malalade, sakpa wo ùnè e ya; il
est venu en effet, o ba ri sakpa.
et (entre deux mots ou deux propositions courtes), ne, ni; one, oni;
na : lève-toi et va-t'en, gyasu ne wo; Kofi et son père sont allés
à la chasse, Kofi one i si be wo ri ku nè.
— (entre deux phrases), yè.
mais, na : je sors, mais je reviens tout de suite, me ko na m'a ba
kikra.
mal, tè.
malgré, bu.ü (avec un nom de personne); bu (avec un nom de
chose). —Se conjugue: il est venu malgré moi, o bu mi û o ba
ri (il a brisé mon corps, il est venu) ; je suis entré malgré le
mur, me bu taré me wurU t'i.
même, küsu, kusu; bàbà: même toi ! wo kûsu!son père même l'a
réprimandé, i si kîcsu o kpa ri su; Kofi même est venu, Kofi
bobo ba ri.
110 ESSAIDEMANUEL
V. — Particules d'exclamation.
PHRASÉOLOGIE ET CONVERSATION
I. - Accent.
(1) Chez les Zéma ou Apolloniens, et dans les pays où la langue agni
existe mais où l'influence apollonienne domine, comme à Grand-Bassam
et à Assinie, la réponse yo est très souvent remplacée par èa, èhaouèyaÕ.
126 ESSAIDE MANUEL
(1) Fort souvent, presque toujours même si l'on est au soir, après
avoir remercié pour la case, Boka ajoute: Nana, aere usu (le froid fait
trembler) ou aereku mi (j'ai froid)oumisûrike ni? (ouest ma compagne?).
Ces trois expressions signifient qu'on désire une femme. Kofi répond:
Wo sürike ye ou wo sûrike le yeni (celle-ci sera ta compage) ou fa yeni
(prends celle-ci), et en même temps il désigne une femme. Boka répond:
me fa (j'accepte). — Si la personne qui reçoit Boka est une femme, elle
dit souvent
: wo sûrike o le momi (c'est moi qui serai ta compagne) ou fa
momi (prends-moi), sans d'ailleurs que cette promesse tire à conséquence,
car — dans ce dernier cas seulement — elle n'est généralement pas
suivie d'effet. Quelquefois aussi elle s'offense de la demande du visiteur
et lui répond: Bis'è agure kè brè i nyama (demande à la mousse qu'elle
t'amène sa sœur). — Quelquefois des femmes en visite prononcent aussi
la phrase aere usu, demandant un homme, mais le fait est rare et ces
femmes sont mal considérées.
DE LA LANGUE
AGNI 129
(i) L'hospitalité des Agni est très large, mais elle n'est pas gratuite,
même pour les amis et les parents. Tout homme que l'on va voir vous
offre une chambre; souvent il y ajoute le souper. et parfois le reste.
Mais avant de partir, l'invité doit remettre un cadeau au propriétaire de
la chambre et des vivres, un autre moins important à la femme qui a
fait la cuisine, préparé le bain, etc., et un autre à celle qui a fourni.
le reste. Ces cadeaux sont d'ailleurs minimes, mais faute de les avoir
acquittés, l'invité risque d'être accusé par la suite d'avoir « pris » un
poulet, des ignames. et le reste, et de voir ses parents rendus respon-
sables de sa prétendue dette.
9
130 ESSAIDE MANUEL
lui, qui échange en son nom les formules de politesse, et qui lui
demande au besoin ce qu'il faut répondre, si la conversation
prend une certaine importance. Cependant il arrive que le chef
lui-même pose la question: Lo ri? Dans ce cas, l'autre chef ré-
pond lui-même. En règle générale la parole ne s'adresse qu'entre
personnages occupant le même rang social, tout au moins dans
les réunions cérémonieuses qui précèdent les palabres propre-
ment dits.
2° Au lieu de lo ri? on dit encore :
kâ lo ndè kre mi (explique-moi les affaires de là-bas),
ou kâ o gyü ri lo ri (dis: il est arrivé là quoi, dis ce qui
t'est arrivé),
ou kâ ngyasi kre mi (raconte-moi les nouvelles).
On emploie encore d'autres expressions qui varient suivant le
moment de la journée auquel on se trouve, et qui sont usitées
surtout entre gens d'un même village ou entre gens s'étant ren-
contrés récemment.
Le matin, on dira: ngremu ? ou iigremu ri ? ou ngremu ni? c'est-
à-dire « matin? quoi ce matin? »
Vers midi: üanu? ou üanu ri?
Le soir: noswa? ou noswa ni? ou noswa ri?
La nuit: kÕgwe ri ? ou kôgwe ni ri ?
Entre gens habitant deux villages très voisins, on dit souvent :
koko bre? ou koko ble ri? « quoi là près? qu'y a-t-il près d'ici? »
Si deux personnes se sont saluées par la formule dumwa, ré-
ponse asyi, la première arrivée demandera à l'autre : asyi ni?
« quoi derrière ? » et la dernière arrivée demandera: dumwa ri ?
« quoi devant? »
Si la personne qu'on a saluée oublie ou néglige de demander
les nouvelles, on la rappelle à ses devoirs de politesse en disant :
nzukoti wo bisa ma figyasi? « pourquoi ne demandes-tu pas les
nouvelles? »
ou simplement: bisa ngyasi, « demande les nouvelles ».
Au lieu de ye wu brè sô, on dit souvent safi numâ lo ou rike fi
numâ lo (il n'y a rien), ou encore lo ti betè (là est calme, tout va
bien là-bas). On dit aussi: rike kumba (une seule chose, il n'y a
que ceci), et alors on explique ce qui s'est passé.
Au lieu de wa ri e? on dit souvent na wa? (et ici ? et chez toi?)
Voici encore quelques formules de politesse d'un usage très
fréquent.
Pour remercier quelqu'un d'un cadeau, on lui dit ndya kora o
(ou mo kora o si c'est une femme), et en même temps, s'il s'agit
DELA LANGUE
AGNI 131
(t) Les noms propres correspondant aux jours de la semaine sont les
mêmes, à quelques modifications près, chez tous les peuples de famille
agni-achanti. Voici ceux employés chez les Achanti de Coumassie :
Kwame, Kwasi, Kwadyo, Kwamina (ou Kwabena), Kwaku, Kwaw (ou
Kwa), Kofi, et pour les filles: Ama, Akesi (ou Akwasi), Agüa, Amina, Au
(ou Akua), Aya, Afu. Voici maintenant ceux en usage chez les Apollo-
niens : Kwame,Kwasi (ou Kasi), Kadyo (ou Kodyo),Kabrâ (ouMarà), Kaku
(ou Eku), Yao (ou Kwa), Kofi, et pour les filles: Amwi, Akesi, Adjüa,
Amna, Akuba, Aya, Afwe.
AGNI
DE LA LANGUE 135
(1) L'a qui se trouve placé devant un grand nombre de noms propres
de garçons devient souvent e chez les Apolloniens et dans les pays agni
qui ont subi l'influence apollonienne, et o dans les pays agni où se
trouvent beaucoup d'Achanti.
(d) Nom du fondateur de Coumassie (vers 1700).
136 ESSAIDE MANUEL
(le Chien); Bularet (le Fer, l'Homme de fer), Makô (le Piment);
Guro (le Gouro), Bràfwe (l'Européen, le Blanc), Kpakibo*.
2° Les surnoms qui suivent le nom sont des adjectifs exprimant
une particularité physique ou morale; ils servent surtout à dis-
tinguer des individus portant le même nom. Ils s'emploient in-
différemment pour l'un et l'autre sexes. On a ainsi: Ble ou üi
(le Noir, la Noire), Ufioe ou Fufwe (le Blanc), Kokre ou Okre (le
Rouge), Kâ ou Tika ou Kpekprè (le Petit), Kpri (le Gros), Kpa
(le Bon), Tè (le Méchant), Krè ou Krèkrè (le Tordu), Agomu ou
Brembi (le Riche), Krukru (le Rond), etc. On aura ainsi des noms
comme Kwadyo-Ble, Kwasi-Kokre, Kofi-Ka, Au-Tika, Kwae-
Kpekprè, Akwasi-Kpri, Agila-Tè, etc. : Kwadyo-Ble-Kwamna
(Kouamna fils de Kouadio le Noir), Akwasi-Kpri-krô (village
d'Akouassi la Grosse).
Quelquefois pourtant certains de ces surnoms s'emploient seuls,
le nom étant tombé en désuétude; ce sont surtout: Ble, Ufwe ou
Fu/we, Kokre, Krèkrè, Krukru. — Exemples: Ufwe-Gye-krô (vil-
lage de Guié fils d'Oufoué), Kruku-Ngesà (Nguessan fils de Krou-
krou), etc.
3° Plusieurs surnoms sont empruntés aux peuplades étrangères
voisines, comme: Kruru, Soti, Kugye, Zarati (noms gouro);
Bwakari ou Bakari, Mori, Amadu, Karamo (noms mandé). Ces
surnoms suivent le nom, mais peuvent aussi le remplacer.
§ 3. — Nom de l'ascendant. — En général le nom de l'ascen-
dant, qu'on place avant le nom d'un individu, et qui lui tient
lieu de nom de famille, est le nom de son père. Ainsi un nommé
Kofi a deux fils nommés Kwasi et Kwae et une fille nommée Ago:
ses enfants s'appelleront Kofi-Kwasi, Kofi-Kwae, Kofi-Ago.
Pour les femmes, on mentionne souvent le nom du mari, mais
alors on place le motyi « épouse» entre les deux noms: Akafu-
yi-Bru, Brou femme d'Akafou.
Lorsqu'un parent ascendant de l'enfant (grand-père ou grand'-
mère, oncle ou tante) est mort pendant la grossesse de la mère,
on fait en général précéder le nom de l'enfant du nom ou surnom
de ce parent, au lieu de le faire précéder du nom du père. Quel-
quefois même on donne à l'enfant le nom complet du parent dé-
(1) Surnom donné par ses guerriers à Akafou, chef Ngban du Baoulé,
à la suite de sa lutte avec la colonne de Kong (1894-95).
(2) Ce surnom a été donné à plusieurs enfants nés durant ou après le
voyage dans le Baoulé du capitaine Marchand, connu sous le nom de
Kpakibo(pour o kpaki bo, celui qui fend la forêt, qui ouvre les routes).
138 ESSAIDEMANUEL
§ 2. — Jeux et danses.
batiuakâ mô be di ngioa, les enfants s'amusent.
be si able, be si abli, on danse.
be sro güe, be to gue, on chante.
be bo sro, ils finissent de chanter.
be e sè, on danse une danse funéraire, on tire des coups de
fusils.
kâ iigwa kre mi, raconte-moi une histoire.
bla yeko to aware, viens faire une partie d'aouaré.
sÓnâ rnÕ be kâ kri, bye kusu be ka aivè, bye be fita bro, des
hommes jouaient du tambour, d'autres de la corne, d'au-
tres de la flûte.
m'akpè, j'ai gagné.
akpè mi, j'ai perdu.
§ 3. — Nourriture.
nè ni ilhe ma, cette viande n'est pas cuite.
arye ftga o ti aufre, cet aliment n'est pas frais.
o ti umwi, il est rassis, cuit d'hier.
140 ESSAIDEMANUEL
§ 4. — Cultures. :
be fasi ko gwa aure nu, ils vont mettre le feu aux herbes.
si tafremâ o a wo ôro fit, la flamme commence à s'élever.
si o ira ko mwa, l'incendie s'étend.
ame diri gyuma mboko, nous avons bien travaillé.
be tu duo mô, on arrache les ignames.
o gwagwa nzüe fye su, il arrose le jardin.
ko ti bofre ko, va cueillir une papaye.
ko titi aloa, va cueillir des haricots.
be bo duo, ils plantent les ignames.
be ta ri agba lo, on a planté du manioc ici.
bye lua able, bye gwa ayüe, les uns sèment du maïs, les au-
tres du riz.
sa kè wo ta kpaku waka rika fïga ro, il faudra planter un
cocotier à cette place.
o wo ri ndre ture, elle est allée ramasser des champignons.
kyî woni be bu able? quand cueillera-t-on le maïs?
auèfwe mô kpè ri mi manda krioakrwa kpa, des voleurs ont
enlevé toutes mes bananes.
AGNI
DELALANGUE 141
§ 5. — Commerce.
o ko di wata, il va faire du commerce.
i gwa ti kpri, c'est cher.
i gwa tikekre mboko, c'est trop cher.
i gwa ti a kekre, ce n'est pas cher.
i gwa ti tetè, c'est bon marché.
duo o wa kpâgbâf y a-t-il beaucoup d'ignames ?
üe o wa kâ, il y en a peu.
ue numa wa mnômnômnô, il n'y en a pas du tout.
ma mi duo ko, me tÓ, vends-moi une igname.
wo de nzu? qu'est-ce que tu veux en paiement?
rike figba, rike krwakrwa, n'importe quoi.
nya, rike ni wo kur'è wo fa, choisis ce que tu voudras.
wo tüa ma mi karè ? tu ne me payes pas?
me tü'o oni sika, je te paierai en or.
wo fa anâgremâ ba nu? acceptes-tu cinq grains de corail ?
bokasu, ma mi ba kÕ bokasu, encore, donne-moi encore un
grain.
bokasu byekô, davantage encore.
o ka ko, il en manque un.
wo kuro afre îiga? veux-tu de ces perles?
m kur'è me fa, je veux bien.
m kuro me, m fa me, je n'en veux pas.
kaka numâ wa? n'y a-t-il pas de coupe-coupe? -'
bye wo wa, il y en a.
bye wo misa nu, j'en ai.
kurÓ ni su nane sô ni o, il y a beaucoup de bœufs en ce
pays.
me kundè tâne tore, je veux acheter de l'étoffe.
sünzu asa nsâ, mesure-s-en trois brasses.
o ti dà mboko, c'est trop grand.
ivâo ri sika? qui a pesé l'or?
142 ESSAIDE MANUEL
§ 6. — Maladies.
mi ûnè e ya, mi rika e ya, je suis malade.
nzuko e wo nya? qu'est-ce qui te fait souffrir?
o y'o nya nifa? où ça te fait-il mal?
fie ku mi, j'ai envie de vomir.
me fi ri kpè nu kôgwe, j'ai vomi cinq fois cette nuit.
be bo ri mi tè, be bo ri mi kane, je suis blessé.
mi gya akpè, je me suis coupé le pied.
me ti kpukemi, j'ai mal à la tête (ou je suis enrhumé).
me gye nzüe, j'ai la diarrhée.
megye mogya, j'ai la dysenterie.
mi kunu e ya kpa, j'ai des coliques.
mi ûnè o lo mboko, j'ai la fièvre.
m gye ma, je suis constipé.
miafoko e nya, j'ai une bronchite.
m' akpro ri mi m,je me suis écorché.
m'ayâ ni kpèkpè, j'ai attrapé les oreillons.
me kyini lalie tè anuma kÕgwe, j'ai eu des cauchemars cette
nuit.
mi mogya gwa ri kpâgbâ, j'ai saigné beaucoup.
me si kaka mi, mon cfos me démange.
sikosiko ku mi, j'ai le hoquet.
m kora ma lafi, je ne peux pas dormir.
mi kumvënu e mi nya, j'ai une douleur dans le côté.
wo yira alo ri, ton furoncle est mûr.
yi wo tafremd, montre-moi ta langue.
tike o nwa su, tike kpa, ouvre la bouche, ouvre-la bien.
- o wo ri bakasu anuma? es-tu allé à la selle hier?
wo bi ti sè? comment sont tes selles?
fa airè nga, wo kpènu kungu kaza nzüe kpaku nu, wo nô,
prends ce médicament, tu en verseras un tout petit peu
goutte à goutte dans un verre d'eau et tu boiras.
mèi krwakrwakpè ko, avale le tout à la fois.
kèkèi nu kpa, syini wo nô, remue-le bien avant de boire.
wo koto mi, tu me fais mal.
na koto mi kane, ne mets pas le doigt sur ma plaie.
AGNI
DE LA LANGUE i4
§ 7. — Chasse, guerre.
ini linge kpa, il est très adroit.
wo ni ti krè, tu vises mal.
wonzani nga o ti bobrobe kpa, c'est une belle antilope, une
belle pièce.
wo bo ri kane ? l'as-tu blessé ?
me bo ri, je l'ai blessé.
m'o fii trâ nè su, surveille le gibier.
me sa me nyi, je le guette.
nzuko o le rike ilga o kuTi û ase? qu'est-ce que c'est que cette
chose qui rampe?
wo kÕ le ie, c'est un serpent.
wâga kÕ o ti ri misabwi, un chat-tigré m'a griffé.
awe o yi mi ase, le buffle m'a renversé.
be to ri tüi kôgwe krwakrwa kpa, ils ont tiré toute la nuit. -
alè sô ni o, les ennemis sont nombreux.
alè sô ma, les ennemis ne sont pas nombreux.
be fini kurÓ, ils ont pillé le village.
be aera ri be namwenu ngba, ils ont incendié tous leurs villages
de culture.
Nanafwe one Faatwe be kuàlè, les Nanâfoué et les Faafoué
se font la guerre.
wa koraf qui est vainqueur?
Faafwe be kora Nanafwe, les Faafoué ont vaincu les Nanâ-
foué.
144 ESSAIDEMANUEL
§ 8. — Voyages, visites.
ne ti sè? kyi woni le ne? quel jour sommes-nous?
ne ti mone, c'est dimanche aujourd'hui.
tyetye, ne ti kesye, non, c'est lundi aujourd'hui.
kyr nsa me ko Nzaranu, dans trois jours j'irai à Zaranou.
kyi ni me ko, wo kusu ko suma mi, le jour que je partirai, tu
viendras m'accompagner.
ko sumâ mi, viens me faire la conduite.
me ko kpè i ati, je vais au-devant de lui.
ye w'e! ame wo! allons.
ame nati o! marchons!
nzukoti wo nati ndèndèso? pourquoi marches-tu si vite?
kre mi Kwasikrô ati, montre-moi le chemin de Kouassikro.
ati o ni? où est le chemin?
na ati kumba? n'est-ce pas le même chemin? ce chemin ne
conduit-il pas au même endroit?
o ti kumba, c'est le même, ça revient au même.
si famasu, tourne à droite.
si bèsu, tourne à gauche.
si sa, passe par là.
gina ble, arrête-toi là, arrête-toi.
Kwasikrô o mwa? Kouassikro est-il loin?
o ti koko, o li koko wa,c'est tout près d'ici.
ati wa ri o! la route est bien longue!
o wa ma mboko, elle n'est pas bien longue.
y'amni ri ati, nous avons perdu le chemin.
ma mi sÓnâ kô mô di mi fiinu, donne-moi un homme pour
me montrer le chemin.
dimwa, marche devant.
nati Kofiinu, marche devant Kofi.
ka mi syr, reste derrière moi.
amu be sike tro ase, posez vos charges à terre.
amu sua trô, ye wo, prenez vos charges, partons.
nzüeba nio sungi lefâ? de quel côté coule cette rivière?
o ko sa, elle coule par là.
mi alie abutu ri, ma pirogue a chaviré.
bla utu misu, bla uka mi, viens à mon secours, viens m'aider.
nÚte o bo kpaga, la rivière est agitée.
AGNI
DE LA LANGUE 145
§ 9. — Palabres.
kâ wo ndè, raconte ton affaire.
kd wo ndè kre mi; kâ kre mi o, explique-moi ton affaire.
se k'ayo, nse k'ayo, kè nse k'ayo, ne k'ayo, m'a yo, écoute (dis
donc, je vais parler). „
o wi zè? owï ze? qu'est-ce que tu dis?
i wi zè? que dit-il?
iO
1
§ 11. — Divers.
o ti kpa, a ti kpa, c'est bon, c'est bien.
o ti a kpa, a ti a kpa, ce n'est pas bon, c'est mal.
o ti fè, c'est bien, c'est convenable.
o ti a fè, ce n'est pas convenable.
o e tè, c'est bon à manger.
o yo mi fè, ça me fait du bien, ça me fait plaisir.
o yo mi ya, ça me fait mal, ça me fait de la peine.
tarwa figa o to fè kpa, cette jeune fille chante très juste.
o ti a e, ce n'est pas gracieux.
kre iiga o ti e mboko, ce chapeau est très élégant.
o y'a mi fè, je ne suis pas content.
o e sè ti o? pourquoi cela?
na rike ti, pour rien.
me se ma so, m'a s'a sa, je ne dis pas cela.
i sü kyè, c'est le contraire.
ato! na'to, ce n'est pas vrai! si, c'est vrai (ou: c'est faux! ce
n'est pas faux).
me se kè ato, je dis que ce n'est pas vrai.
152 ESSAIDEMANUEL
- be ti kokre bikisa, na kikra b'a gyüla ble, ils sont rouges main-
tenant, mais bientôt ils deviendront noirs.
wo gyügyo Ani? parles-tu agni?
wo gyügyo Baule ? parles-tu baoulé?
me sônzô Frâsu güere, j'apprends le français.
o sÕnzo afrua, il apprend à lire et à écrire.
SIXIÈME PARTIE
CHRESTOMATHIE1
I. - Légendes.
Nota. — J'ai fait suivre chaque légende, conte ou chanson
d'une traduction aussi littérale que possible et j'ai en outre ex-
pliqué dans des notes les passages difficiles à traduire ou dignes
de remarque, de façon qu'en contrôlant l'étude du texte par la
lecture de la traduction et des notes, on arrive à saisir le méca-
nisme et le génie de la langue agni. Tous les textes qui suivent
m'ont été dictés par des indigènes du Baoulé (Warèbo, Atoutou et
Nzipouri).
1. — La formation du monde.
2. — Le déluge universel.
(i) Asasi veut dire « terre» en achanti: Asasiwa signifie donc « Fils
de la Terre ». D'après la mythologie agni-achanti, le Ciel en effet épousa
DELALANGUE
AGNI 159
la Terre et en eut plusieurs enfants dont 1erSoleil, la Lune, Asye-Busu et
Asasiwa.
(2) bla est ici le subjonctif « qu'il vienne».
(3) be mèmè pour be ma ma èi (ils ne lui donnent pas).
(4) ma « donner» fait souvent au prétérit mè ni au lieu de ma ri.
(5) o est explétif.
(6) na veut dire ordinairement « mais », et aussi quelquefois, comme
dans ce cas « et ».
(7) i se rapporte ici a Asasiwa.
(8) trè ri est ici pour tra ri. -- - , --
(9) aworo tiga ba fi ble est la pour aworo nga bo a ft bie;afi est le
présent proche de fi : « la lune qui va venir de là, qui va commencer ».
(10) ba «venir» a ici comme plus haut (aworo iiga obafi. lo)le sens de 1
Motravfrhf « aller » nlacé devant un infinitif.
(11) C'est-à-dire quele soleil ne s'est pascouché durant deux mois.
(12) beyo dededede, « ils font longtemps », c'est-à-dire « ils passent un
long temps », même sens que plus haut o di awÕro nyÕ « il fit, il dura
deux mois ».
(13) Fa devant un verbe a le sens de « devenir, commencer à ».
(14) Cette légende, très répandue dans toute la région agni-achanti, est
très curieuse par son analogie avec le récit biblique; il est absolument
certain cependant qu'elle n'a ni une origine chrétienne ni une origne
musulmane ; je l'ai recueillie auprès de gens qui la tenaient de leurs
ancêtres et qui n'avaient jamais eu aucune relation ni directe ni indirecte
soit avec des chrétiens, soit avec des musulmans, A noter la précaution
conseillée par le fils du Ciel d'emporter du feu: les Agni attribuent au
feu une origine mystérieuse et en conservent toujours, ne sachant pas
allumer du feu sans feu.
3. — La conquête du Baoulé.
(1) Poku, appelée Aura Poku (la reine Pokou) ou Asae Poku (la conqué-
rante Pokou), sœur ou nièce de Toutou, roi des Achanti et fondateur de
Coumassie, fit la conquête du Baoulé vers 1730.
(2) Aa ou Aafwe (gens dAa) est le nom donné par les Baoulé aux
Achanti de Coumassie.
(3) be fxoi ni oe, ils les chassèrent, les forcèrent à partir de Coumassie.
(4) atoj on rencontre plus souvent la forme tô; proprement ce verbe
veut dire « tomber », d'où « tomber sur, arriver à ».
(5) Kumwe, prononciation indigène du nom du fleuve que nous appe-
lons Comoc; l'endroit où Pokou atteignit le fleuve devait être situé près
d'Attakrou.
(6) L'orsqu'on a une fois exprimé le pronom amiï, ou peut le remplacer
dans la suite par le pronom be : amû fa be kunuba, vous prenez vos en-
fants (proprement: vous prenez leurs enfants).
(7) nziie si veut dire « sur le bord de l'eau », mais sur le bord opposé.
(8) Cela ne veut pas dire que la rivière était si large qu'il fallait dix-
huit jours pour la traverser, mais bien que les Achanti partisans de Pokou
qui avaient émigré avec elle étaient si nombreux qu'il leur fallut dix-
huit jours pour passer tous; du reste la mention qui est faite des nou-
veau-nés prouve qu'il s'agit d'une véritable émigration et que les émi-.
-grés avaient amené avec eux leurs femmes et leurs enfants.
(9) fi, euphonique.
(10) mè-ma « les enfants du pays» ; il ne s'agit pas des indigènes auto-
chthones du Baoulé, mais des tribus achanti venues avec Pokou, « les
enfants de son pays, ses compatriotes ».
(11) simle est pour si-le « action de oasser x.
(12) Ce jeu de mots est encore fait très souvent aux Atoutou par les
autres tribus; on prétend en effet que les Atoutou, n'étant pas d'un ca-
ractère guerrier, plûmaientles poulets que les autres tribus razziaient
dans les villages des autochtones.
(13) On ne connaît pas bien l'étymologie exacte du nom des Nzipouri ;
il semble qu'ils étaient commandés par un chef nommé Nzi, et, qu'en
164 ESSAIDEMANUEL
raison de leur valeur (« vous êtes nies frères et mes soldats 1),leur dit
Pokou), on les appela les Nzi-forts, Nzi-Kpri ou Nzi-Puri.
(14) Particule expletive : nio, ni.
(15) Onomatopée rendant le bruit que font en marchant les gens qui ont
aux jambes des nabâ ou vers de Guinée.
(16) Le nom était Fama-fwe, il s'est contracté en Faa-fwe.
(17) Allusion à une coutume qui existe chez plusieurs peuples primitifs
et qui consiste à toujours emporter un tison avec soi pour se tenir chaud.
(18)tô ni est ici pourto ri.
(19) Bonafwe, sauvages, peuples qui vont tout nus.
-
(20) L appellation de Bonafwe fut modifiée en Nanafwe parce que c était
une appellation blessante; Nanafive n'a pas de sens par lui-même, ou du
moins pas de sens apparent (nana-fwe, gens du grand-père, n'est pas une
étymologie acceptable).
(21) Akwa-Boni, nièce de Pokou, lui succéda comme reine du Baoulé;
Pokou avait un « fils » unique qu'elle jeta dans la Comoé.
(22) sa est le nom d'une espèce
- de gimwmbre.
(23) Les Ouarèbo étaient la tribu à laauelle aDDartenaitPokou.
(24) ni, particule explétive.
(25) agwa signifie « place», endroit où on se réunit pour les palabres,
généralement à l'ombre d'un grand-arbre; Pokou voulait donc dire :
« Les Ouarèbo sont la tête du pays, c'est d'eux que partiront les résolu-
tions d'intérêt général, comme d'une place de palabres ».
(26) Le war'è est le Sterculia Cordifolia.
(27) Le village dont il est question est le village connu aujourd'hui sous
le nom d'Akoua-Boni-Sakassou (cimetière d'Akoua-Boni) ou simplement
Sakassou ; on l'appelle encore Ouarèbo. La reine Pokou en avait fait sa
capitale et y est enterrée, ainsi que sa nièce. L'arbre en question existe
encore sur l'une des places.
(28) Baule (pour ba au-le ou ba-au-re) signifie « mort d'enfant ».
l'heure, je vois pas eux encore. » Alors elle retourna son dos
(elle retourna sur ses pas), elle atteignit* son village. Le-jour se-
leva encore, elle dit: « Je vais aller et je vais attraper eux. »
Elle arriva là, il se-sauvèrent ils entrèrent rocher creux dans.
Alors sa parole dit: « Hommes ces les (ces hommes là), je com-
mande pas eux encore, puisque je vais làje vois pas eux. » Et on
appela eux les-Gori-gens du noir4.
(1) Les Gori étaient une tribu à demi-troglodyte, ayant des cases, mais
se réfugiant dans des grottes en cas de danger; c'étaient les autochtones
de la partie nord-ouest du Baoulé actuel; ils étaient sans doute de la
même familleque les Mouin ou Mona, qui se rattachent aux Lô ou Gouro.
On appelle encore Gori les habitants du pays compris entre la rivière Fa
et la rive gauche du Bandama Blanc, mais les Gori actuels ont subi l'in-
fluence des Ouarèbo et ont adopté la langue
-- agni.
(2) o est mis ici pour be.
(3) bè est une forme assez rare du verbe ba « venir, arriver à ».
(4) On appelle blenu l'obscurité de la nuit (proprement: ble-nu « dans
le noir»); Blenufwe veut donc dire « les Gens de la Nuit », ceux qui
aiment l'obscurité.
II. — Contes.
(6) ae ma y'e (il devient ne pas le faire) rend exactement notre locution
« il n'y a pas moyen- ».
(7) L'Araignée est le personnage qui revient le plus souvent dans les
contes agni; c'est un héros de fabliaux dans le genre de notre Renard,
avec cette différence que presque toujours, après avoir roulé tout le
monde, l'Araignée finit par être roulé. De plus on lui prête beaucoup de
défauts: rusé et malin, il est d'autre part égoïste et avare, méchant
pour sa femme, et ne sait pas profiter de ses avantages. Il a toute une
généalogie : fils d'Agbafri comme l'indique son nom (Agbafri-Kèndewa),
il a pour femme Akoru et possède toute une nichée d'enfants.
(8) Cette partie du conte manque de clarté à la lecture; il faudrait une
explicalion supplémentaire (qu'on trouvera dans la traduction libre),
explication à laquelle le narrateur supplée par une mimique très amu-
sante, se frappant le corps chaque fois qu'il dit i wa ni ti ble? i wa ni ti
kokre?, etc., et se grattant sans en avoir l'air.
(9) mè ri, mè ni, sont pour ma ri, prétérit du verbe nia; la forme la
plus employée est mè ni.
(10) ngosyTest ici un singulier collectif.
(11) n di est la forme du subjonctif.
(12) si anwa, lé feu (que Kenndéoua avait emporté à la main) s'était
éteint.
(13)so veut dire appuyer un morceau de bois sur du feu pour l'enflam-
mer.
(14) baba et na s'emploient sans pronom régime, comme en français
« papa» et« maman».
(15)AÜe-KpT,nom du génie de la Mort, qui joue un peu dans les contes
agni le rôle de l'Ogre dans les nôtres; c'est Aüe qui veut dire « Mort» ;
KpT, qui signifie « chef» ou « vieillard », complète le nom. La Mort est
un génie masculin: Kèndewa d'Araignée} est aussi du sexe masculin.
(16) e, pourue, « nous».
(17)e est ici explétif.
(18) trè est ici pourtra.
(19) i gya nu brè signifie « les pieds restant sur place, sans bouger de
place».
(20) laamô veut dire proprement « avant que» ; iciil signifie plutôt
« auparavant ».
(21)syi ni i su veut dire « déjà» (avant que le souhait de l'Araignée
relatif aux mouches ne se soit trouvé en péril, déjà il était devenu inutile
puisque la Mort avait mangé le bœuf).
2. La mort du Chien.
Kyi ko ndya Gbogro, ndya Aiwa, ndya Nane, ndya Kre, ndya
Nyama-Froro, be ko so nibe bo. Ndya Gbogro Wt: « Ame swl duma
ufre. » Gbogro hóbo duma i rye ni be fre kè : Zagbranumaasu-
manu*; ndya Nane rye le Lu-Kofi; ndya Alwa i rye le Mi Küa-
Dibo*; ndya Krp rye le Lengelenge-Frerepo; ndya Nyama-Froro
i rye le Mi Nyamakd-Sararakpa5. Yè be wT : « Be di aure kè ye
AGN1
DELALANGUE 175
krwakrwa mò ye aswl duma iva ni, na ame ko kdol kre bla mo.
Sona Uga o ko kTl ie kro ro o kre bla mo, ye di amwi. »
Yè ndya AllOa i wT : « M ko baka su. » Kpe kõ o awondi ri, o ko
se bla mu kè : « Ye aswT duma bro ro. » Yè bla be lOt : « Be fre
amu sdf » Aiwa wi : « Be fre mi Kua-Dibo, be fre name Lu-Koft,
be fre gbogro Zagbranumaasumanu, be fre krè Leñgeielîge-Frèrepo,
be fre Ñyama-Froro I\yamakd-Sararakpa. Na amft ma mi arye one
ne m'an di. » Yè bla mõ be mè nil o.
Yè be fa ri arye bd be ko fyesu lo. Kpe kõ Alwa awdndi adimwa'
be inu. Ye bla be gyii ri lo, yè be Wt : « Ndya Lu-Kofi mo! ndya
Zagbranumaasumanu mo! ndya Küa-Dibo mo! ndya hyamakõ-Sa-
rarakpa mol ndya Lengeleiige-Frerepo mo ! »
Yè Gbogro* wT: « Wa ko kd ni duma kuro ro? » Be wT : « Sona
fi a9 wo ma kuró ro, na Aiwa o wo ri baka su. » Qbogro bisa Aiwa
kè : « Wo e k'o se ri duma ni kuro ro? » Alwa wT: « Na mi e. »
Yè be wi yo : « Ame ko di amwi ! » Yè be wo ri kró.
Be ko bubu ri iye, be tro si nwa. Yè be krwakrwa be wT: « Si
kpri iiga bd ye a tro i nwd wa, ye tu ye tra si su niõfO,. sona ñga
o ko se ri duma kuró ro, o tò si nu. » Yè ndya Nane o ba ri, o tu
tra ri su, si aerè m'è. Ndya Gbogro i wT: « Se mi e m ko se ri duma
ni kuro ro, ma me tò si nul sè na mi o, ma m tu m tra su !» Yè Gbo-
gro o tu tra ri su o, rike fi aerè me. Yè ndya Kre o e ri kumba, o
aéra ma. Ndya Nyama-Froro kusumd o e ri sò eko, o ere m'è. Yè
be wi : « Ndya Aiwa, bla e wo rye! »
Ii pè kõ o se be kè : « Amu nya watafwe mo! » Kpè kõ o ho.si iya
st. Yè be wT : « Y'awú me. » Yè o ba ri byeko, i wT o tu tra si su,
yè o td ri si nu.
I ti e alwa o ko'u o, o krukru i sa o b'èi u; i wT i üe fi i hóbó.
revint, disant qu'il allait bien sauter par dessus, mais il tomba
dans le feu.
Voilà pourquoi un chien qui va mourir ramène ses pattes sur
sa poitrine; il veut dire par là que lui-même est cause de sa mort.
- III. — Chansons.
1. — Chansons de femmes.
Aló Sokoti e (bis), gbafrì krama e,
Fa mi ye UJO,yo, ndya e, la mi ye wo!
DE LALANGUE
AGNI 179
Fa mi ye wo Agbanya si,
Fa mi ye wo Agbanya si bleble.
Sokoti e, gbafrr krama e!
Ndya e, fa mi ye wo, fa mi ye wo Agbanya si e.
Traduction. — 0 beau Sokoti, ô joli jeune homme, prends-moi
et allons (c'est-à-dire : allons ensemble, laisse-moi t'accompa-
gner), oui, ô monsieur, prends-moi et allons! prends-moi et allons
au gué de l'Agbagnyan, prends-moi et allons tout doucement
jusqu'au gué de l'Agbagnyan. 0 Sokoti, ôjoli jeune homme! ô
monsieur, prends-moi et allons, prends-moi et allons jusqu'au
gué de l'Agbagnyan 1.
0 ble le e,
-
Akesi-Ndyalo Leñgeleñge-Ñyama e! (bis)
Be se, ndya!
(1) Cette chanson fut composée par des femmes de Tournodi lors du
passage d'un Atoutou nommé Sokoti qui était remarquable par sa beauté
et dont toutes les femmes étaient éprises ; elles lui demandent par ces
paroles de Je reconduire jusqu'au passage de la rivière Agbagnyan, qu'il
devait traverser pour retourner chez lui.
180 ESSAIDE MANUEL
2. — Chansons de guerre.
Ma miaire ne tiii: aima me ko.
Me kundè me kpè be ti: aima me ko.
Be le bla be ti krama : aima me ko.
Be se kè be le sika : aima me ko.
Ne så kè me bu kyeui: aima me ko.
Ne sd kè me so amwi : aima me ko.
Me kunde me kpè be ti : aima me ko.
Ma mi aire ne tüi : aima me ko.
(1) Cette chanson est souvent chantée par les femmes lors de l'arrivée
d'un Blanc, sans d'ailleurs qu'elle tire à conséquence, pas plus pour ce
dernier que pour la chanteuse. — Le ri qui suit ndya est pour riri « lui-
même» ; ndya ici s'emploie dans le sens de « maître de la maison,
mari ». — Saka, qui termine habituellement chaque couplet, est une
exclamation qui n'a pas de sens précis.
DE LA LANGUE
AGNI 181
ont des femmes qui sont jolies: je partirai demain. On dit qu'ils
ont de l'or: je partirai demain. Aujourd'hui il faut que je fasse
des balles: je partirai demain. Aujourd'hui il faut que j'offre un
sacrifice: je partirai demain. Je veux leur couper la tête: je par-
tirai demain. Donne-moi de la poudre et des fusils: je partirai
demain'.
Ndya mò kekre o! Be ti kekerike!
Brofwe mõ kekre o! Be ti kekerike!
Traduction. — (Nos) maris sont braves, ils sont forts! les Blancs
sont braves, ils sont forts! (Chanson chantée par des femmes
agni mariées à des tirailleurs sénégalais pendant que leurs maris
étaient partis en expédition*.)
3. — Chansons diverses.
Y'awdndi, y'afè mboko :
E le ma ndomati o.
Nous courons, nous sommes bien fatiguees; c'est parce que
(ti o) nous n'avons pas. ce qu'ont les hommes. (Chanson que
chantent les femmes lorsque, par suite d'une guerre, elles sont
obligées de fuir de cachette en cachette.)
Baule be di koflgroma,
Kaga be di wo.
Les Baoulé mangent des escargots, les Sénoufo mangent du
serpent. (Chanson composée par les Sénoufo réfugiés chez les
Baoulé, lorsque ces derniers leur reprochaient de manger du
serpent.)
Asye-Busu-Kwamna e ba nõ nza e :
Ndya Kwamnãbo, bra nõ me.
Assyé-Boussou-Kouamna vient boire du vin de palme: mon-
sieur Kouamnanbo, viens boire du vin de palmier à huile. (Chan-
son qu'on chante après avoir invoqué le génie de la brousse,
- Assyé-Boussou-Kouamna ou Kouamnanbo.)
(1) Cette chanson m'a été chantée par Kouadio-Zegbé, chef d'Agba-
gnyan-sou près Toumodi et ses guerriers, lorsqu'ils sont venus m'offrir
leur concours contre un chef révolté.
(2) En temps de guerre, quand les hommes sont partis pour se battre,
les femmes se peignent en blanc, s'habillent de blanc, et courent par
tout le village en chantant des chansons qui sont censées avoir un effet
salutaire sur le succès de leurs maris. Ce ne sont que des cris, souvent,
comme : Akafu ti alèl Oku ti alè! etc. (Akafou est l'ennemi, Okou est
l'ennemi).
SEPTIÈME PARTIE
CONSIDÉRATIONS ETHNOLOGIQUES ET
PHILOLOGIQUES
I. — La famille Agni-Achanti.
(1) Leur nom d'ailleurs est de forme éhoué : Ada-meveut dire en éhoué
« dans Adan, ou pays d'Adan»; Ada estle nom indigène d'Addah. (Com-
parez: DahÓme,Agbome,etc.). Leur langue s'appelle Adilgbe,comme on
dit Dahômegbeou Fôgbe.
AGNI
DE LALANGUE 187
les Nta conquirent sur des Wâgara, c'est-à-dire sur des Mandé1,
probablement des Ligbi (ou Ligouy).
Ensuite les Nta s'avancèrent jusque dans l'Adansi, où leur
union avec les autochtones (sans doute Vetere) et les Zema du
Dankira forma définitivement la tribu des Aka. Le chef de cette
invasion aurait été Aura-Debasa (le roi Débassa) ou, selon d'autres,
Oponko-Ble (XIVesiècle).
Les Adansi ou Aka primitifs vont bientôt se disperser et former
diverses tribus.
Une partie d'entre eux, prenant le nom de Fâti (o fâ Tyi, ils
quittent les Tyi ou Kyi, ou ils viennent des Tyi), se séparent des
autres, et, par le Dankira et le Tyéforo (ou Tufel), s'avancent jus-
qu'à la mer, luttant avec les Fetu (autochtones de famille Vétéré),
les Awutu (gouan) et les Ga, et s'établissent définitivement le
long de la côte entre le Pra et la rivière de Nakoua, où ils se di-
visent en douze familles: les Komane (Commindah), les Odena
(Elmina), les Agivafo (gens d'Agwa ou Ogoua ou Cape-Coast), les
Anamabu (ou Onomabou), les Aberemu, les Afutu (établis dans le
pays des Fetu), les Asabu, les Abora, les AdumakÕ (Adjimako), les
Akumfo, les Agona et les Asikuma.
Un autre groupe d'Akan remonte un peu au nord, fonde le vil-
lage de Dwabin (Douabène), près de l'emplacement futur de Cou-
massie, et devient les Amansi.
Une autre migration vient rejoindre la première près de Doua-
bène, mais gagne l'est et fonde aux -dépens de Lè autochtones
les tribus des Okwau et des Akwamu (fin du xive siècle).
Au xve siècle les Adansi.et les Okwau, devenus trop nombreux,
fondent en se mêlant aux Gouan les tribus des Akyi (ou Akim) et
des Akwapim; et les Akwamu, dont le territoire est ainsi diminué,
entrent en lutte avec les Gan ou gens d'Accra (fin du xve siècle),
qu'ils repoussent près de la mer et même obligent à passer en
partie dans les pays éhoué, de l'autre côté dela Volta (du XVIeau
milieu du XVIIesiècle).
C'est vers la fin du xviie siècle seulement que vont apparaître
les Asante (Achanti), les derniers venus des Akan. Obiri-Ebica
(1663-1697), chef des Amansi, avait un neveu nommé Tutu ou
Toto, qu'il avait donné à Asare, roi ou chef du Dankira, pour lui
servir de domestique. Tutu obtint les faveurs d'Aku-Amna, sœur
d'Asare, et en eut un fils nommé Ntirn. Lorsque la naissance de
(i) Wagara est le nom donné aux Mandé par les Haoussa; à cette
époque, ceux-ci devaient être établis déjà à Salaga, dans le Nta.
AGNI
DE LALANGUE 189
ce fils vint révéler à Asare les rapports que Tutu avait eus avec
sa sœur, il voulut le mettre à mort. Tutu s'enfuit, traversa VOfi
ou Ofim (affluent du Pra), grâce à un arrêt miraculeux du cours
de cette rivière, et s'en fut jusque chez les Akouamou, où il de-
manda asile à Ansâ, chef de cette tribu.
Amna, chassée par son frère du Dankira, émigra dans le Sawi
(Sanwi), où elle fonda le royaume agni de Krinjabo.
A la mort de son oncle Ohiri-Ebwa (1697), qui avait été tué par
Kivasi, chef des Odomara, sur les frontières du Dankira, Toutou
quitta l'Akouamou à la tête de 700 hommes de ce pays, armés de
fusils achetés aux comptoirs danois de la côte, arriva chez les
Amansi qui, n'ayant pas d'armes à feu, ne purent lui résister,
fonda un village qu'il appela Kumd-si (derrière le trou, à cause
d'une sorte de mare située à proximité) et s'y établit avec ses
partisans akouamou, qui devinrent le noyau de la nouvelle tribu
des Asante ou Achanti (1700). C'est là ce qui a fait dire à certains
auteurs (Bowdich, Hutton) que les Achanti venaient des bords de
la mer: ils venaient en effet d'un pays situé près de la mer, mais
leurs ancêtres venaient du Gondja quand ils s'étaient installés
dans ce pays.
Tutu, qui fut appelé Asae-Tutu (ou Saï Toutou ou Osey Toutou,
c'est-à-dire « le conquérant Toutou »), partit en guerre contre
Kouassi, le meurtrier de son oncle, et força les Odomara à se ré-
fugier de l'autre côté de la Tano (ou Tanoé), où ils fondèrent l'As-
sikasso.
En 1731 (ou 1720 d'après Bowdich), Apoku- Ware, neveu de Tutu
par sa mère Amwa (ou frère de Tutu d'après Bowdich), succéda à
son oncle (ou à son frère). Mais un autre neveu de Toutou, nommé
Dakô, lui disputa le pouvoir; les Asante se divisèrent en deux
camps. Dakô fut tué, mais sa sœur Poku réussit à s'échapper avec
le reste de ses partisans et se dirigea vers le nord-ouest, poursuivie
par les partisans dapoku- Ware jusque sur les bords de la Comoé,
qu'elle atteignit près d'Attakrou. Cette migration d'une partie des
Asante fut l'origine des tribus agni du Baoulé.
Apoku- Ware fit ensuite la guerre aux Dankira, dont il fit pri-
sonnier le roi, Ama-Yao. C'est de ce chef, emmené à Coumassie
en captivité, que les Asanté apprirent à se servir de poids et de
balances pour peser l'or.
Apoku- Ware fit aussi la guerre aux Akyi (Akim) ; mais pendant
qu'il guerroyait là-bas, Abiri-Moro chef du Saüe (Sahué), pénétra
dans Coumassie et massacra presque tous les membres de la fa-
mille royale. Revenu en toute hâte, Apoku-Ware chassa Abiri*
190 ESSAIDE MANUEL
Les Fanli (appelés Ncotvumo par les Gan, Fândi par les Agni),
habitent le long de la côte entre le Pra (ou Boussoum Prah) et le
cap de Touam ou Tantam (régions d'Elmina et de Cape-Coast).
Les Akyi ou Akim habitent au nord des Aboutou et des Akoua-
pim et au sud des Okouahou.
Les Akwapim ou Akuapem habitent au nord des Gan, entre les
Akim et le coude de la basse Volta.
Les Akwamu (Akouam ou Akouambou) habitent la région de
Kpong, au nord-est des Akouapim, sur les deux rives de la Volta.
Les Okwau (Okouahou) ou Amina habitent un pays très étendu
au nord des Akim, entre les Amansi et la rive droite de la Volta.
La capitale des Assini était alors Asoko, situé dans une île de
la lagune à une lieue et demie de la mer. Aujourd'hui encore les
gens d'Assinie sont appelés par les Baoulé Asokofwe (gens d'As-
soko), nom que les Baoulé donnent d'ailleurs aussi aux Apollo-
niens, ces derniers passant tous par Assinie pour aller dans les
pays du nord-ouest.
Les Asini ont donc une triple origine : abi, akan et zéma
(puisque les Akan envahisseurs étaient établis, depuis longtemps
sans doute, en pays zéma). Depuis, beaucoup d'Apolloniens se
sont établis à Assinie, et aujourd'hui, dans la race comme dans
la langue, c'est l'élément zéma qui domine.
2° Sdwi.
Aku-Amna, sœur d'Assaré, chef zéma du Dankira qui vivait à
la fin du xvue siècle, ayant accordé ses faveurs à un domestique
de son frère nommé Toutou (qui depuis fonda Coumassie et de-
vint roi des Achanti), fut chassée par son frère du Dankira-,
ayant réuni un certain nombre de partisans, elle traversa le
Broussa et arriva au nord de la lagune d'Aby, en un pays habité
alors par des indigènes appelés Kompa, de même famille que les
Vétéré. Elle refoula en partie ces indigènes sur la lagune, se les
assimila en partie, et fonda ainsi la tribu des Sâwi et le royaume
de Krinjabo, au début du xvmC siècle.
C'est d'Akou-Amna que descendait le chef Amatifu, qui céda à
la France le territoire d'Assinie, et auquel a succédé son neveu
Aka-Simadu.
Les Sanwi sont donc dus à un mélange des Zema avec les au-
tochtones Kompa ou Vetere.
30 Asikaso ou Asüamam.
Une tribu zema, celles des Odomara ou Asüamara, habitait la
frontière nord du Dankira, à l'ouest de Coumassie, dans un pays
appelé Adesya. Le chef de cette tribu, Kwasi, à la suite d'un dif-
férend avec Obiri-Ebwa, chef des Amansi (district de Douabène,
près Coumassie), le fit empoisonner (1697). Toutou, neveu d'Eboua
et fondateur de la tribu des Achanti, partit en guerre contre les
Asüamara vers 1700 et les força à passer la Tano (Tanoé). Ils tra-
versèrent le Sahué, et, arrivant près de la rivière Manzan, ils y
trouvèrent de l'or et s'y fixèrent, donnant à leur pays d'adoption
le nom d'Asikaso (endroit de l'or).
Plus tard, dans le courant du XVllle siècle, des Bonda (Agni
d'origine surtout akan venus du Ntakyima dans le Gaman), per-
sécutés par les Gaman, émigrèrent vers l'est; là, ils furent
200 ESSAIDE MANUEL
du Bandama Blanc, pays qui était habité par des Gouro. Akoua-
Boni mourut dans le Yo-ouré vers 1790; son corps fut transporté
à Warèbo, qu'on appela depuis Akwa-Roni-Sakasu ou simplement
Sakassou et qui devint la ville sainte des Baoulé.
A Akiva-Boni succéda son neveu Kwaku-Gye (1790-1820); à ce
dernier succéda son neveu Kwae-Tolo (1820-1840); puis vint le
neveu du précédent. Toto-Debi (1840-1870); puis un frère de Toto-
Débi, Toto- Yema (1870-1880), à qui succéda son neveu Kwae-
Ñgye, qui vit encore actuellement.
Aoura-Pokou et ses trois premiers successeurs exerçaient sur
tout le Baoulé une véritable autorité féodale, et la famille royale,
celle des Warèbo, avait l'hégémonie. Mais il y eut bientôt entre les
différentes familles des guerres intestines pour la possession des
mines d'or et des territoires les plus fertiles; les grandes familles
se fractionnèrent, émigrant du nord vers le sud, et à partir de
1850 environ, le chef de Sakassou, isolé, n'ayant que des rapports
lointains avec les districts éloignés, n'eut plus assez de prestige pour
gouverner une tribu qui occupait un aussi vaste territoire, dont
la population s'élevait déjà à environ deux millions d'habitants.
Actuellement le descendant d'Aoura-Pokou jouit du respect que
l'on doit aux descendants des héros, nominalement il est le pre-
mier chef du Baoulé, mais c'est tout.
Le territoire actuellement occupé par les Baoulé est constitué
à peu près par un grand triangle dont le sommet se trouve à Tias-
salé, dontla base est à peu près constituée par le parallèle de Sa-
tama, et dont les côtés seraient le Bandama et le Nzi, le triangle
débordant le Bandama Blanc ef le Nzi du côté de sa base.
La population qui l'habite est formée de l'élément achanti en-
vahisseur et des éléments absorbés (Gouro annexés, Sénoufo faits
esclaves ou achetés, peuplades du sud en partie absorbées).
Cette population se divise en huit grandes familles qui des-
cendent des huit familles venues avec Aoura Pokou, et dont plu-
sieurs ont donné naissance à des familles secondaires.
Les huit familles primitives se divisaient en quatre familles
nobles: les Agwciow. Warèbo, les Faafwe, les Nzipuri ou Nzikpri-
fwe et les Sa; et en quatre familles vassales, provenant sans
doute de différentes peuplades akan ou zéma conquises par les
Achanti avant l'exode de Pokou : les Atutu, les Nanafwe, les Ngbû
et les Agba1.
(i) Pour la signification des noms de ces familles, voir dans la Chres-
tomalhie : « La conquête duRaoulé».
202 ESSAIDEMANUEL
70 JSdenye (Indénié).
Vers 1745, Apokou-Ouaré, roi des Achanti, en revenant d'une
expédition dans le Gaman, razzia la tribu akan des Ntakyima ou
Takiman, qui se trouvait sur son passage pour rentrer à Cou-
massie. Un certain nombre de Ntakyima, sous la conduite d'un
nommé Ano, émigrèrent vers le sud-ouest et arrivèrent près de
la rivière Manzan, un peu au nord de Zaranou. Trouvant là des
mines d'or et pas ou peu d'habitants, ils s'y installèrent.
Ensuite arriva un aventurier zéma nommé Efui-Ba, venant du
Broussa par le Sahué, qui s'établit auprès d'Ano. Le roi de Cou-
massie, ayant su que les Ntakyima avaient trouvé de l'or près de
la rivière Manzan, voulut exiger d'Ano qu'il lui payât un fort
tribut; Ano envoya Efùi-Ba à Coumassie pour régler le palabre
et Efui-Ba réussit si bien dans ses négociations qu'à la mort
d'Ano, il fut choisi pour chef de la nouvelle tribu agni.
Cette tribu se composait d'éléments akan (Ntakyima) et d'élé-
menls zema (Broussa) superposés. Elle prit le nom de Ndenye ou
ISdenyenufwe (gens du Ndényénou) et s'étendit au nord jusque
près d'Attakrou et an suri jusqu'aux Beftin.
(1) Ne pas confondre le pays appelé Baillé (ba-aule, mort d'un enfant)
avec différents cours d'eau, dont le cours supérieur du Nzi, qui portent
chez les Mandé le nom de Ba-Ule (fleuve rouge, en langue mandé).
204 ESSAIDE MANUEL
Les Binié sont appelés par les Mandé Gbeyï ou Gbeyida, d'où
le nom de Gbeyidara donné par les Mandé à la région de Mango.
11° Ndamèfwe. — Habitent la région d'Amakro, à l'est des Agba
et au nord des Ouré (entre ceux-ci et les Ngan); ils doivent sans
doute leur origine à des gens de la suite d'Aoura Pokou qui se
fixèrent là au lieu de continuer l'exode jusqu'au Baoulé. Ils sont
considérés comme Baoulé par les gens d'Attakrou.
12° Bomofwe. — Habitent la région comprise entre la Comoé à
l'est, les Ndamèfoué et les Ouré à l'ouest, Attakrou au sud et les
Ngan au nord; semblent avoir la même origine que les Ndamè-
foué; eux aussi sont considérés comme Baoulé par les Agni de
l'est.
130 Wure (Ouré, appelés à tort Ouorié) : habitent la région au- -
rifère et marécageuse qui forme la zone de partage des eaux entre
la Bayasso (affluent du Nzi) et la Comoé, au nord du Moronou;
une partie des Achanti venus avec Aoura Pokou, ayant trouvé de
l'or dans cette région, s'y fixa. Plus tard ce premier élément fut
un autre, provenant de Kumwenulwe et d'Apolloniens
- rejoint par
venus d'Attakrou.
Les Ouré parlent le même dialecte que les Baoulé1.
14° Morànu ou Moronufwe (appelés à tort Morénou). — Ils habi-
tent une région étendue allant du Nzi ou des environs du Nzi à
l'ouest jusqu'à la Comoé à l'est, entre les Ouré au nord, les Abè
et les Attié au sud.
Leur histoire est encore peu connue, mais il semble qu'ils
doivent leur origine à une migration zéma venue du ou par.le
Sahué, et que les immigrants, traversant la Comoé, auraient
annexé ou refoulé les autochtones attié, abè, ari et adyoukrou,
et auraient donné avec eux la tribu actuelle du Moronou. Cette
migration serait distincte de celles ayant formé les autres tribus
-
agni.
Le dialecte des Moronou est le même que celui du Baoulé.
15° Agbèiiyaú (Binao sur les cartes). — Ils habitent Batra, Bi-
nao (Gbènyaú), Bijué (Bujue), Soukoukro, sur la route de Tiassalé
à Dabou, et la région environnante. Leur pays était peuplé d'Ari
ou Abigui, mais a été conquis par les Baoulé d'Ahua, sur le bas
Bandama; cette tribu s'est donc formée par un mélange d'Agni
déjà faits et d'autochtones ari. Leur dialecte est le même que ce-
lui du Baoulé, mais, outre l'agni, presque tous parlent l'ari.
DE LA LANGUE
AGNI 207
ORGANISATION ET SOCIALE
POLITIQUE DESAUNI.
restent chez leur maître. Mais ils peuvent être vendus. S'ils ont
été achetés adultes, ils adoptent moins facilement la langue et
les coutumes agni, regrettent leur pays et leurs compatriotes,
cherchent souvent à se sauver: aussi leurs maîtres les traitent
avec plus de méfiance, s'en débarrassent souvent en les vendant
ou en les échangeant contre un esclave plus jeune, et parfois,
surtout s'ils sont fainéants ou voleurs ou s'ils sont devenus vieux
et infirmes, on les immole à l'occasion de la mort ou des funé-
railles d'un chef.
On dit généralement que la succession passe,- chez les Agni,
aux neveux fils de sœur: ce n'est pas absolument exact. Il est
vrai que les neveux fils de sœur ont le pas sur les fils, mais les
frères viennent avant eux. L'héritage est d'abord collatéral et ne
passe aux neveux qu'à défaut de frères.
Certe coutume est expliquée ainsi par les Agni: on n'est jamais
sûr d'être le père de son fils, les femmes étant infidèles chez les
Agni comme ailleurs; au contraire, on est sûr que ses frères (de
même mère) sont du même sang (au moins maternel) que soi-
même, et il en va de même pour les enfants de la sœur. Aussi,
suivant la même coutume, l'héritage d'une femme peut passer à
ses enfants, tandis que l'héritage d'un homme n'y passe qu'excep-
tionnellement.
Sarbah, dans son Fanti customary laws, est le seul auteur que
j'aie rencontré jusqu'ici qui donne l'ordre exact de la succession
chez les Agni-Achanti, succession qu'il appelle fort justement
« maternelle ». Voici cet ordre de succession, tel qu'il existe
aujourd'hui chez la plupart des tribus Agni:
1* Les frères (fils de même mère), par rang d'âge;
2° Les neveux fils de sœur, par rang d'âge;
30 Les sœurs (filles de même mère), par rang d'âge;
4° Les nièces filles de sœur, par rang d'âge;
50 Les oncles maternels;
6° Les tantes maternelles;
7° Les cousins-germains, fils de tante maternelle;
8° Les cousines-germaines, filles de tante maternelle.
On voit que les femmes ont part à l'héritage ou à la succes-
sion, mais en général en seconde main seulement par rapport aux-
hommes de même degré de parenté.
Il arrive souvent que cet ordre successoral est modifié: si
l'héritier naturel est trop jeune, ou tiop pauvre, ou peu intelli-
gent, ou infirme, ou encore s'il a épousé une femme d'une autre
tribu, on lui préfère généralement l'héritier qui vient après lui.
14
210 ESSAIDEMANUEL
(1) Le parler d'Assinie est le seul qui présente des différences un peu
notables avec les autres parlers agni: ces différences sont dues en par-
tie à la forte proportion d'Apolloniens installés dans la région d'Assinie.
DE LA LANGUEAGNI 213
1° Groupe gan.
3° Groupe gouan.
Nta Gaman Abrono Oboutou
de (Bondoukou) (Brong) (prèsWinnebah)
(vocabulaire
comparaison)
1 koko ta ekô eko
2 anyu nu enu enyo
3 asa sa esa esa
4 ana na ena end
5 anu tô anu enu
6 asi tore-ta esya esia
7 asuno torifi-nu asuno esono.
8 adubrua torifi-sa akwie ekui
9 akuno torifî-na akono egbono
10 kudu nunu edu edu
père tu ye,se t
mère nu ni
feu ede e,ja ogye
1 eau ntju iu ntcu
lune sivi afente
Auteurs: Bowdich
et Bowdich Bowdich Christaller
vonFrançois et Clarke
DE LALANGUEAGNI 215
50 Groupe zéma.
Achanti Ouassa Ahanta Apollonien Agni
de
(vocabulaire (Ouassou) (vocabulairede
comparaison) comparaison)
1 èkô ekû akú kÕ kÕ
2 ènu enu ayùe iïyüa nyô, nyùô
3 èsa estt asa nsa nstt
4 naii enâ anâ nâ nâ
5 num enu anu nu nu
6 asïa nsya ecï: nsyt nsyï:
7 ason nsu asu nsû nso
8 awoküe moküi awoküe moküe mÓküe
9 akrofi nkorô awona ngora Õgora,iigo-
ra
10 edu budu bunu m buru buru
Auteurs:Christaller Clarke Bowdich Personnel Personnel
6D Groupe kouakoua.
Fanti Avikam Aradyan Ari Abè Agni
(vocabulaire (Lahou) (Jacqueville) (Abigui) (suddu (vocabulaire
de comparaison) Moronou) de ieomparaison)
1 eko atÕ ètô ono nkpà kÕ
2 ebien anyÕ èire ana aiiyÕ iiyô
3 ebyasa aza èÕ ènti are nsa
4 anan ana anzô alla alè na
5 enum anyu ènini ènni ene nu
6 esinya awô aori nawa lohô nsyï
7 esôn abyu èbwi nombo - ari nso
8 awàtci atce èüiri nowo epye mÓküe
9 akono omoro ômorô nombre iiyako ôgorâ
10 idu edyu èva, èüa dyu hene buru
homme oniba etcuna aôneui ge sÓna
— (vir) benyi emowo èkyôno kpii ikpe hya
femme mbesya emise ônô bese yiwo bla
enfant ba bapi èüi mei gegye wa, ma
père gya dade dède bwo dè si, ndya
mère na mama mama ya nô ni, mo
village ekrum edô, dô bwama ewo kurÓ
chemin ekwan esisa nevri sigbe ati
maison edan eva awô kâ teli sua
220 ESSAIDEMANUEL
Fanti Avikam Aradyan Ari Abè Agni
arbre iduya edziba etè ti, ruwa ti baka
eau nsu esô ici mindi megyi nzüe
feu igya eya iya le la si
vin de palme nsa eta za alaoto moro nzâ
bœuf nanke inama enye lu nane
mouton igwan kokose kokosè bOiiÕ üayÕ bwa
chèvre apontci emore ugbri kyô bori
poule akÓ esu okoso karo ÎVOSÔ akô
œuf tcirifua wuro O~d~O-n awoso krinzüa
tête ilci emorobe ukuru ne èlo ti
œil enyoe emÓbe èvè nonowe animÕ nima
bouche ana enufro omwa numuti eûibu nwa
dent nsi enena iiii ane eyi gye
oreille asoa ecibe iiuku rete lokô su
nez ewin emuri inyè wo ngo bwe
main nsèm. ebo èma bo ba sa
ventre yèfû abyulyu èmetè ame ku
dos etci ewozo üi egi- si, üi
sein nofore mà ameme nofre
pied naii èna leka fu gya
cheveux' iwi emu we ruwo mfu tÍ-mwï:
pagne itam kasa èkyasa lidji tumbo tâne
fusil itru etanyara. lui lui
poudre kpe aire
couteau sikan nanya akrawu tieke larye, kaka
terre asase ihi esi asye
ciel nyami lafri awobe nyati èfo nyamye
herbe efu lefri èfi wogyo gügüre
poisson nam etsi ekyi si ke güe
viande eiia anô. nôpyè nè
banane brèdi beci ndèviri okoko banda manda
igname aasi inti dupu mbu duo
manioc bandji vedè bedè fèdè vede agba, vedè
venir ba ba va ye wa ba
aller kà le yi a yi ko
entrer ji dent wuru
sortir pyade fi te
se coucher da da dè rèsi la, da
s'asseoir vriye pyete sosi trâse
dormir dèda kyamba lafi
DE LA LANGUE
AGNI 221
*C. DREYFUS.— Six mois dans VAttié. Paris, 1900, in-12. — (Ren-
ferme un vocabulaire attié, dialecte bodé.)
Dupuis. — Journal of a residence in Ashanti. 1824.
*A. B. ELLIS. — The Tshi-speaking peoples of the Gold-Coast of
West Africa. London, 1887, in-8. - (Renferme quelques notes
de linguistique.)
*A. B. ELLIS. — The Yoruba-speaking peoples of the Slave-Coast
of West Africa. London, 1894, in-8. — (L'appendice contient une
comparaison des langues tchi, gan, éhoué et yorouba.)
J. EYSSÉRIC.— Rapport sur une mission scientifique à la Côte
d'Ivoire. (Extrait des Nouvelles Archivesdes missions scientifiques,
t. IX.) Paris, 1899, in-8.
J. EYssÉRlc. — Exploration et captivité chez les Gouros. La côte,
le Baoulé. [Tourdu Monde, 1er semestre 1900.) Paris, in-4.
FLEURIOTDE LANGLE.— Croisières à la Côte d'Afrique. [Tour du
Monde, 1er semestre 1872, 2a semestre 1873.) Paris, in-4.
*VONFRANÇOIS.- Spî-achproben aus deni Togoland. Zeitschrift fùr
Afrikanische Sprachen,vol. II.) Berlin, 1888,gr. in-8. - 4° X. 321.
(Renferme un court vocabulaire gondja.)
R.-A. FREEMAN. - Travels and lifein Ashanti and Gaman. London,
1898, in-8.
H. HECQUARD. — Voyage sur la côte et dans l'intérieur de l'Afrique
Occidentale. Paris, 1853, in-4.
A. HOVELACQUE. — Les nègres de l'Afrique sus-équatoriale. Paris,
1889, in-8.
*W. HUTTON.— The tour of Africa. London, 1819-21, 3 vol. in-8.
(Renferme un vocabulaire fanti.)
*W. HUTTON.— Nouveau voyage dans l intérieur de l'Afrique, tra-
duit de l'anglais par le chevalier Thorel de la Trouplinière. Paris,
1823, in-8. (C'est la traduction du dernier volume de l'édition
anglaise; le vocabulaire fanti s'y trouve.)
P. ISERT. — Voyages en Guinée et dans les îles Caraïbes. Paris,
1793, in-8.
P. ISERT.— lieize van Koppenhagen naar Guinea. Amsterdam, 1797,
in-8.
*F. JEAND'HEUR.— Vocabulaire français-agni. Paris, 1893, petit
in-32. (Spécial au dialecte d'Assinie.)
*H. JOHNSON and J. CHRISTALLER.— Vocabnlariesof the Niger and
Gold-Coast, West Africa. 1886, in-12. — (Renferme des vocabu-
laires gan et aboutou.)
Rév. D. KEMP. — Nine years at the Gold-Coast. London, 1898,
in-8.
BIBLIOGRAPHIE 225
ERRATA
PRÉFACE.. tJ .., v
lrePartie. — Les noms et les nombres 1
IIe Partie. — Les adjectifs et les pronoms 41
IIIe Partie. — Les verbes 55
IVe Partie. — Les particules. 96
Ve Partie. - Phraséologie et conversation 115
VIe Partie. - Chrestomathie. 155
VIIe Partie. — Considérations ethnologiques et philologiques 182
Bibliographie , 222
Errata. 22X
Esquisses des pays de langue agni-achanti, à la fin du volume.
— IMP.ORIENTALE
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lution de Saint-Domingue. In-12 br 3 fr. 50
CRÉMIEUX(M.), capitaine d'artillerie de marine. — Notions d'Anna-
mite vulgaire. 1 vol. in-12 br. 4 fr. »
DAVILLÉ (Dr E.). Guide pratique du Colon en Nouvelle-Calédonie.
1 vol. in-12br. avec gravures hors texte et carte. 2 fr. 50
— La Culture du Cocotier. In-12 br. 2 fr. »
DELON(F.). —.Étude sur les différentes chartes de la Compagnie
anglaise des Indes. 1 vol. in-8 br. 4 fr. »
DEVILLE (V.). - Partage de l'Afrique. Exploration, colonisation, état
politique. Un fort volume in-12 de 464pagesavec 6 cartes 5l'r. »
FARMER(C.). — La Culture du Cotonnier. In-12 broché, planches et
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GARSAULT.Notice sur la Réunion, rédigée pourl'Exposition coloniale
de1900.1 vol. in-8 br. avec gravures et cartes. 3D8pages.. 2 fr. »
GUILLEMOT(M.). - Notice sur le Congo français, rédigée pour
l'Exposition coloniale de 1900. 1 beau vol. ill. avec carte 1 fr. 50
GUYOT (P.). Voyage auZambèze. In-S br., cartes et planches 5 fr. »
HOUDAS(O.), professeur à l'Ecole des langues orientales vivantes. —
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vulgaire. In-8 cartonné fi fr. »
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IIe Partie. - Les adjectifs et les pronoms
IIIe Partie. - Les verbes
IVe Partie. - Les particules.
Ve Partie. - Phraséologie et conversation
VIe Partie. - Chrestomathie
VIIe Partie. - Considérations ethnologiques et philologiques.
Bibliographie
Errata.
Esquisses des pays de langue agni-achanti, à la fin du volume