Exploration Hémodynamique Et Angiographie Cardiaque
Exploration Hémodynamique Et Angiographie Cardiaque
Exploration Hémodynamique Et Angiographie Cardiaque
11-002-A-30
Exploration hémodynamique
et angiographie cardiaque
F Fernandez R é s u m é. – Le cathétérisme et l’angiographie cardiaques permettent, grâce à l’emploi de
A Lafont moyens adéquats : la mesure des pressions existant tant dans les différentes cavités du
C Guérot cœur, oreillettes et ventricules droits et gauches, que dans les gros vaisseaux qui lui sont
proches, aorte, veines caves, artère pulmonaire (AP) et ses branches ; le calcul des débits et
des résistances qui s’opposent au flux sanguin dans le système vasculaire, résistances
proprement dites, estimées comme le rapport des pressions sur les débits et résistances qui
résultent de la distensibilité vasculaire (élastance artérielle) ; le diagnostic et la quantification
des insuffisances et des rétrécissements valvulaires ; l’étude morphologique des cavités
cardiaques et des vaisseaux ; la détection et la quantification des courts-circuits anormaux ;
l’évaluation de la fonction cardiaque, systolique et diastolique (fonction pompe, contractilité,
qualité de la relaxation et distensibilité ventriculaire) et enfin d’analyser la réponse à certains
stimuli, épreuves d’effort, pharmacodynamiques ou autres.
Elles conduisent ainsi à établir un diagnostic et une évaluation correcte d’un grand nombre
de cardiopathies. Mais ces deux techniques permettent aussi (sujets qui ne seront pas
développés ici) l’étude du métabolisme myocardique, le prélèvement de biopsies
myocardiques ventriculaires (droites ou gauches), la réalisation de valvuloplasties,
l’artériographie et l’angioplastie coronaires ainsi que l’étude et parfois le traitement de
certains troubles du rythme.
Les progrès réalisés par l’imagerie cardiaque non invasive, échocardiographie, scintigraphie,
épreuves d’effort et autres, ont limité considérablement les indications des explorations
invasives. Mais les connaissances exposées ici sont importantes pour la cardiologie. Seront
discutés successivement les indications actuelles de ces deux techniques, les voies d’abord,
les incidents et accidents, le choix des sondes, les renseignements fournis par le trajet des
cathéters et par l’enregistrement des pressions, leurs caractéristiques normales et
pathologiques, l’étude du cycle cardiaque, les méthodes de mesure du débit cardiaque et de
reconnaissance des courts-circuits, le calcul des surfaces valvulaires et des résistances,
ainsi que, dans un deuxième temps, les systèmes radiologiques, la nature des rayons X, les
substances de contraste, les incidences, les méthodes de calcul des volumes cavitaires et
d’analyse de la cinétique ventriculaire gauche et le diagnostic des cardiopathies sur les
cinéangiographies.
mécanique sur une partie du corps en vue de la modifier) par voie percutanée général par des bâillements répétés, des sueurs ; le patient devient pâle et se
transluminale, des lésions des artères coronaires, ont abouti à ce que ce soit sent angoissé. La bradycardie et l’hypotension suivent. Il faut, dès les
surtout des patients souffrant d’une insuffisance coronaire qui occupent premiers symptômes, injecter de l’atropine de 0,5 à 1 mg en intraveineux (IV)
actuellement les services de cardiologie. Le nombre de cathétérismes et mettre en place une perfusion de soluté à grosses molécules.
effectués pour évaluer l’importance d’une valvulopathie, le stade évolutif Les complications cérébrovasculaires dues à des embolies sont aujourd’hui,
d’une cardiomyopathie, la réponse à un traitement ou autre est aujourd’hui avec l’emploi systématique des anticoagulants, très rares. Les rétrécissements
restreint. aortiques calcifiés peuvent être à l’origine d’embolies calcaires. La migration
Il est habituel de nommer cathétérisme, ou cathétérisme droit, l’exploration de cristaux de cholestérol, à partir des plaques d’athérosclérose ulcérées,
des cavités droites du cœur, oreillette et ventricule droits, AP et ses branches serait relativement fréquente au cours du passage des sondes dans les artères,
et de faire référence à l’exploration du cœur gauche sous les dénominations et des angiographies et angioplasties, surtout chez les sujet âgés [28] .
de cathétérisme gauche ; le terme angiographie sous-entendant Cependant, les manifestations cliniques de ces embolies, qui peuvent toucher
l’opacification sélective d’une cavité déterminée, oreillette ou ventricule tous les organes situés en aval, passent souvent inaperçues. Il existe
droits, AP, oreillette ou ventricule gauches ou aorte sus-sigmoïdienne. habituellement un délai entre le moment de leur survenue et celui de leur
découverte. Les atteintes rénales peuvent être la cause d’une insuffisance
terminale de ce système.
Indications et contre-indications de l’exploration
hémodynamique et angiographique Les crises d’étouffement, la dyspnée ou l’œdème aigu du poumon
apparaissent quelquefois au décours d’un cathétérisme, du fait du volume des
Le besoin d’effectuer une exploration hémodynamique et liquides perfusés, de l’angiocardiographie, de l’effort, des troubles du rythme
angiocardiographique pour établir le diagnostic ou évaluer l’importance ou de l’insuffisance coronaire.
d’une cardiopathie est devenu aujourd’hui un fait rare. Dans la plupart des Les complications locales sont fonction de la technique employée et de la voie
cas, les méthodes non invasives ont largement remplacé ces deux techniques choisie. L’abord percutané de la veine et de l’artère fémorales peut être à
sanglantes. l’origine d’une fistule artérioveineuse, d’un hématome, d’un faux anévrisme
Il en reste toutefois, à notre avis, un certain nombre d’indications : artériel, ou d’une phlébothrombose veineuse. Les ponctions des veines sous-
– les cardiopathies valvulaires dont l’estimation est difficile, sténoses ou clavière et jugulaire interne peuvent se compliquer d’un pneumothorax.
insuffisances mitrales, aortiques, tricuspides ou pulmonaires, ainsi que les
cardiopathies valvulaires complexes, mitroaortiques et mitrotricuspidiennes.
La plupart des cardiopathies congénitales entrent dans ce cadre ; Voies d’abord
– les myocardiopathies primitives ou secondaires, très souvent moins dans Les cathétérismes droit et gauche peuvent être effectués par dénudation d’une
un but diagnostique que pour faire une évaluation et choisir un traitement ; veine ou artère du bras (veines médiane, basilique ou humérale, artère
– les rétrécissements mitraux, afin d’effectuer une valvuloplastie mitrale humérale, plus rarement veine saphène) ; ou par voie percutanée, selon la
percutanée. technique de Seldinger. Les cathétérismes gauches sont généralement
Le cathétérisme cardiaque est par ailleurs nécessaire : effectués par voie percutanée artérielle rétrograde et, d’une façon
– pour la surveillance des paramètres hémodynamiques dans les unités de exceptionnelle, par voie transseptale.
soins intensifs ; pour l’évaluation des effets thérapeutiques d’une drogue ou Chacune de ces techniques a des avantages, des inconvénients et des
d’une intervention ; indications précises. La voie percutanée préserve le capital vasculaire et
– pour obtenir des biopsies endomyocardiques afin de faire un diagnostic permet la répétition des examens. L’abord par dénudation limite les
étiologique ou dans le cadre du dépistage d’un rejet d’une greffe cardiaque ; possibilités de répétition de l’examen. Le cathétérisme de l’AP dans les cas
de dilatation de l’oreillette droite et d’insuffisance tricuspide importante, le
– pour le diagnostic des embolies pulmonaires. cathétérisme du sinus coronaire, sont plus faciles à partir des veines du bras
L’attitude est diverse en ce qui concerne la convenance ou non de faire un gauche. L’approche brachiale, veineuse et artérielle est nécessaire en cas
cathétérisme droit chez les patients valvulaires, dont le vice est connu, qui d’artérite des membres inférieurs, de lésions athéroscléreuses ou de
doivent être opérés, et qui sont envoyés pour une artériographie coronaire. tortuosités des vaisseaux, de thrombose des veines abdominales, dans certains
cas de coarctation aortique, en cas d’échec du cathétérisme artériel rétrograde
Contre-indications à partir de la fémorale.
Elles sont devenues exceptionnelles. La seule contre-indication absolue serait Voie percutanée
le refus d’un patient pleinement responsable, ou des personnes le représentant
devant la loi. Il existe, en revanche, de nombreuses contre-indications Le cathétérisme percutané est effectué par la méthode de Seldinger, ensemble
relatives. Si l’exploration n’est pas une urgence, toutes les conditions qui de manœuvres qui permettent d’introduire un cathéter dans la lumière d’un
augmentent les risques et qui peuvent être corrigées (fièvre, anémie, vaisseau en se servant d’un guide métallique très fin préalablement passé dans
intoxication digitalique, insuffisance rénale sévère, taux de prothrombine ce vaisseau à travers une aiguille, sous anesthésie locale. Le vaisseau est piqué
inférieur à 30 %, troubles du rythme...) sont des contre-indications relatives. avec une aiguille, montée sur une seringue dans le cas des veines, prise entre
L’âge physiologique avancé et les tares viscérales accroissent les risques. les doigts dans le cas des artères. Les sensations tactiles et l’aspiration dans le
L’existence d’extrasystoles ventriculaires ou de lambeaux de tachycardie cas des veines, et le recul du piston ou l’écoulement du sang en jet dans le cas
augmente les probabilités de déclenchement d’une crise de tachycardie ou de des artères témoignent de la position intraluminale de l’aiguille. Un guide est
fibrillation ventriculaire comme conséquence des excitations mécaniques alors introduit à travers l’aiguille dans la lumière du vaisseau.
dues à la sonde. Puis l’aiguille est retirée, et, grâce au guide, un Desilet veineux ou artériel à
valves, ou des sondes à orifice distal, sont poussés à travers la peau dans le
Incidents et accidents système circulatoire. Le Desilet est un cathéter ou tube court, d’à peu près
10 cm de longueur, à parois minces, qui est placé dans les vaisseaux au niveau
Le cathétérisme et l’angiocardiographie s’accompagnent, dans certains cas, de la ponction de la peau et à travers lequel sont introduites les sondes.
d’incidents et d’accidents [17, 25, 47]. Les risques dépendent de la voie d’abord L’emploi du Desilet à valves diminue les traumatismes artériels et rend
choisie, de la nature de l’exploration, de l’état clinique du patient, du type des indolore le changement des sondes. Ces changements doivent être effectués,
lésions et de certains facteurs tels qu’un âge supérieur à 70 ans, une fraction dans le cas des cathéters préformés à orifice distal, à l’aide du guide ;
d’éjection inférieure à 30 %, une insuffisance rénale ou respiratoire, un l’ensemble guide-sonde est poussé ou retiré du vaisseau.
diabète, une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), une sténose du tronc
commun de la coronaire gauche et autres. Une fois l’examen terminé, les sondes et Desilet sont enlevés et les tissus sont
La mort au cours des explorations hémodynamique et angiographique est comprimés au niveau des ponctions vasculaires, de façon à empêcher le
devenue exceptionnelle. Elle est habituellement la conséquence : saignement et à faciliter l’hémostase. Les pouls distaux doivent être contrôlés.
Après 5 à 10 minutes, si tout semble correct, un pansement compressif est
– d’un choc cardiogénique consécutif à un infarctus du myocarde, un malaise posé, constitué par un rouleau de quelques compresses et une bande
vagal ou à l’angiographie sélective ventriculaire gauche, chez des patients en d’Élastoplastet.
situation critique ;
– d’un trouble du rythme grave, tachycardie ou fibrillation ventriculaire ou
arrêt cardiaque irréversible ; Sondes
– d’une myocardiographie avec ou sans tamponnade. Les sondes sont des tubes, d’un diamètre de 1,6 à 2,9 mm et d’une longueur
La perforation du cœur ou des vaisseaux est extrêmement rare, en dehors des de 80 à 125 cm, qui permettent d’enregistrer les pressions, d’effectuer des
tentatives de cathétérisme transseptal et des valvuloplasties percutanées. prélèvements et d’injecter des substances diverses dans les cavités ou les
Les troubles du rythme sont fréquents : extrasystoles auriculaires ou vaisseaux du cœur. Les sondes doivent être radio-opaques, lisses, peu
ventriculaires, bradycardies vagales. Les malaises vagaux s’annoncent en traumatiques et peu thrombogènes, relativement flexibles pour franchir les
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Cardiologie-Angéiologie EXPLORATION HÉMODYNAMIQUE ET ANGIOGRAPHIE CARDIAQUE 11-002-A-30
tortuosités et les orifices valvulaires, et en même temps assez rigides pour ne Le cathétérisme gauche est effectué après avoir obtenu une pression
pas se plier ni se casser et pour obéir facilement aux manœuvres de torsion. « capillaire » pulmonaire. Les sondes « gauches » sont généralement
Les cathéters destinés à l’injection d’un volume important de produit de introduites avec un guide métallique en J, à leur intérieur. Ces sondes doivent
contraste en un temps très court doivent résister aux pressions nécessaires être manipulées doucement. La progression du cathéter ne doit pas être
sans éclater (jusqu’à 1 000 pounds per square inch [PSI] soit 70 kg/cm_) et douloureuse. Une fois dans l’aorte sus-sigmoïdienne, le guide est retiré. La
rester en place, relativement immobiles, pendant l’injection. Cela n’est sonde est aspirée et rincée, la pression aortique est enregistrée, si nécessaire
possible qu’avec des sondes munies de trous latéraux à leur extrémité distale. en même temps que la pression humérale ou fémorale. Puis, s’il s’agit d’une
Le cathétérisme rapide des cavités cardiaques et des vaisseaux est aujourd’hui « queue de cochon », la sonde est poussée dans le ventricule gauche. Il suffit
possible grâce aux sondes préformées. Ces sondes doivent avoir une bonne souvent pour cela de tourner la boucle distale de façon à la placer dans le plan
mémoire plastique. Le nombre de sondes préformées, dont le but est frontal et de pousser la sonde doucement.
d’atteindre un point déterminé du circuit sanguin, et de cathéters destinés à Les angiocardiographies sont généralement effectuées en fin d’examen. Elles
accomplir une tâche bien précise s’est accru considérablement ces dernières doivent être réalisées dans les conditions les meilleures pour analyser le
années. L’usage de ces sondes très spécifiques, qui offrent des possibilités problème posé par le malade. Le lieu de l’injection, l’incidence des rayons X
autres assez limitées, oblige à l’emploi de plusieurs cathéters au cours d’une et la quantité de produit doivent être adéquats.
même exploration.
Les cathéters ont des calibres exprimés par des chiffres, 5 F, 6 F, 7 F, 8 F, 9 F,
qui indiquent leur circonférence. Le diamètre externe de la sonde est égal à ce Renseignements fournis par le cathétérisme
chiffre divisé par π. Le diamètre externe d’une sonde 8 F est de 2,5 mm. Les renseignements fournis par le cathétérisme découlent de l’analyse :
La majorité des cathéters qui sont fournis aujourd’hui par les fabricants est – du trajet des sondes ;
stérilisée au gaz d’éthylène comme des produits à usage unique.
– des pressions existant dans les cavités cardiaques et dans les vaisseaux ;
– des oxymétries effectuées sur les échantillons de sang prélevés à différents
Choix de la sonde niveaux ;
Le choix de la sonde dépend du but poursuivi. Dans les services d’adultes, le – des courbes de dilution ;
cathétérisme des cavités droites du cœur est généralement effectué avec une – des valeurs du débit cardiaque, des résistances vasculaires et des surfaces
sonde de Swan-Ganz [22]. valvulaires ;
Ces sondes ont été conçues pour être montées jusque dans l’AP à partir d’une – des données tirées des angiocardiographies ;
veine, même sans radioscopie, au lit du malade. Elles sont très souples et – de l’étude de la fonction cardiaque et des réponses aux épreuves d’effort,
disposent généralement de trois conduits ou lumières : l’un est en de remplissage et de provocation ou pharmacologiques.
communication avec le ballonnet situé autour de l’extrémité distale ; ce
ballonnet peut être gonflé à partir d’un embout externe avec une seringue
remplie de 1,5 mL d’air ou d’un gaz neutre ; le gonflage du ballon facilite la Trajet des sondes
progression de la sonde entraînée par le courant sanguin ; les deux autres
voies permettent l’injection ou l’aspiration de liquides ou l’enregistrement Le trajet des sondes peut être normal ou inhabituel (fig 1). Dans certains cas,
des pressions ; l’une aboutit à l’extrémité distale du cathéter et l’autre se la veine cave inférieure débouche par l’azygos dans la veine cave supérieure.
termine à près de 20 cm de cette extrémité. Les pressions artérielle et La sonde, poussée depuis la veine fémorale, passe d’abord derrière l’oreillette
« capillaire » pulmonaires peuvent être obtenues en dégonflant (pression droite et redescend ensuite pour pénétrer dans le cœur (fig 1A). La persistance
artérielle) ou gonflant (pression « capillaire ») bien le ballon une fois la sonde d’une veine cave supérieure gauche communiquant avec le sinus coronaire
dans l’AP. Les sondes de Swan-Ganz comportent encore une sortie peut être une anomalie isolée (fig 1B) ou s’associer à un retour veineux
supplémentaire qui permet de brancher la thermistance située au bout du pulmonaire anormal. Les incidences transverses et l’injection à la main d’un
cathéter sur un appareil adéquat pour mesurer le débit cardiaque par peu de produit radio-opaque permettent de vérifier la position du cathéter et
thermodilution [22]. la nature du vaisseau. Le franchissement d’une communication
Le cathétérisme gauche est généralement effectué avec une sonde dite « queue interauriculaire, ou d’un foramen ovale perméable, est facile à reconnaître par
de cochon ». Pour l’enregistrement des pressions ventriculaires gauches dans le prélèvement de sang à l’endroit que l’on suppose être l’oreillette gauche
les myocardiopathies primitives hypertrophiques obstructives et dans les (celui-ci est bien oxygéné) et par le cathétérisme des veines pulmonaires
rétrécissements aortiques, la sonde idéale est celle de Schoonmaker ou (fig 1C) ou du ventricule gauche (fig 1D). Le passage de la sonde du
« multipropos » à trou uniquement distal. ventricule droit (à travers une communication interventriculaire) dans l’aorte
ascendante (fig 1E), ou de l’AP (à travers un canal artériel persistant) dans
Les sondes de stimulation s’avèrent parfois nécessaires, en cas de bloc l’aorte descendante, ou vice versa, est aisément identifié grâce à l’oxymétrie,
auriculoventriculaire, complet ou avancé, chronique ou paroxystique, ou si à l’enregistrement des pressions et à la progression du cathéter dans les
l’on craint sa survenue. Il faut les connaître et savoir s’en servir. champs pulmonaires, dans les vaisseaux du cou, ou dans l’aorte abdominale
(fig 1H). L’aorte peut descendre à droite de la colonne vertébrale (fig 1I). Le
Déroulement de l’examen cheminement, dans un situs solitus, du cathéter artériel rétrograde, depuis
l’aorte thoracique descendant à gauche dans une aorte ascendante située aussi
Conduite du cathétérisme et manipulation des sondes sur le bord gauche de l’ombre cardiaque (fig 1J), est hautement suggestif
d’une transposition corrigée des gros vaisseaux par inversion
Une fois la peau badigeonnée avec de l’alcool iodé et les champs disposés sur bulboventriculaire.
le malade, l’anesthésie locale est effectuée à l’endroit des ponctions veineuse
et artérielle. Les perfusions pour les sondes sont alors installées ; les têtes
manométriques et les raccords, purgés ; les seringues pour les prélèvements, Pressions
rincées à l’héparine ; les Desilets, veineux et artériel, préparés ; les sondes,
droite et gauche, rincées abondamment et disposées sur un plateau de 20 × Définition
30 cm contenant un peu de sérum. Le guide métallique que l’on utilise et le
raccord court qui sert pour l’angiocardiographie sont aussi placés dans ce Les pressions cardiovasculaires sont surtout le résultat de la contraction
plateau, entre les pieds du malade. cardiaque et varient tout le long du cycle cardiaque. Les pressions
Le cathétérisme droit est effectué d’abord. Les prélèvements de sang et cardiovasculaires peuvent être considérées comme des fluctuations
l’enregistrement des pressions sont effectués au fur et à mesure du périodiques de force par unité de surface [14, 17, 25, 47]. Leur mesure est effectuée
déroulement de l’exploration, dès l’entrée de la sonde dans la cavité : au moyen de microcapteurs, très fidèles, placés à l’extrémité distale des
sondes, ou par transmission à travers la colonne de liquide contenue dans le
– pressions auriculaire et ventriculaire droites ; cathéter et les raccords, grâce à des capteurs externes. Ces capteurs,
– enregistrement de la pression au cours du retrait de la sonde du ventricule transducteurs ou têtes manométriques transforment l’énergie mécanique en
à l’oreillette droite ; énergie électrique. Les systèmes de mesure utilisés habituellement s’appuient
– enregistrement des pressions artérielle et « capillaire » pulmonaire. sur le principe du pont de Wheatstone. Les pressions exercées sur une
Dans le cas des cardiopathies valvulaires, ischémiques ou diverses, sans membrane induisent des différences de potentiel qui, convenablement
« court-circuit », des échantillons de sang sont prélevés dans les veines caves amplifiées et transformées, peuvent être enregistrées.
inférieure et supérieure, l’oreillette droite moyenne et l’AP. Si une Dans les services d’hémodynamique et en cardiologie, malgré les
communication est suspectée, la série de prélèvements est plus complète : recommandations des sociétés savantes, les pressions continuent, encore
veine cave supérieure, haute et basse ; veine cave inférieure, haute et basse ; aujourd’hui, à être exprimées en millimètres de hauteur d’une colonne de
oreillette droite, haute, moyenne et basse ; ventricule droit, tricuspide, pointe mercure (mmHg) [14, 15, 17, 25, 46, 47]. Il faut mesurer ces pressions comme une
et infundibulum ; tronc de l’AP et ses branches, droite et gauche ; oreillette force par unité de surface, en newtons (N) par mètre carré, pascals ou kilo-
gauche et veines pulmonaires, si possible. pascals, 1 Pa = 1 N/m_. Il faudrait multiplier les mmHg par 133,3 pour obtenir
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11-002-A-30 EXPLORATION HÉMODYNAMIQUE ET ANGIOGRAPHIE CARDIAQUE Cardiologie-Angéiologie
VA VE
A B C D E O V
ECG
1 2 3 4
F G H I J
1 Trajets possibles des sondes introduites par voie fémorale.
A. Veine cave inférieure aboutissant dans la veine cave supérieure.
B. Passage dans le sinus coronaire et une veine cave supérieure gauche.
C. Passage dans une veine pulmonaire à travers une communication interauriculaire
ou un foramen ovale perméable.
D. Trajet oreillette droite, oreillette gauche, ventricule gauche. 5 6 7 8
E. Aspect caractéristique observé dans la tétralogie de Fallot, avec passage dans
l’aorte à travers le ventricule droit. 2 Représentation schématique du cycle cardiaque. VA et VE, voies d’admission et
F et G. Cathétérisme des branches droite et gauche de l’artère pulmonaire. d’éjection. O et V, oreillette et ventricule. ECG, électrocardiogramme. Le niveau des
H. Franchissement d’un canal artériel persistant. pressions est indiqué par des traits horizontaux d’autant plus rapprochés que la pression est
plus élevée.
I. Cathétérisme artériel rétrograde : arc aortique droit.
1 et 8. Phases de remplissage ventriculaire lent ; 2. remplissage systolique auriculaire ;
J. Cathétérisme artériel rétrograde : aspect caractéristique de transposition corrigée
3. phase de contraction ventriculaire préisovolumétrique ; 4. contraction isométrique ;
des gros vaisseaux.
5. éjection ; 6. relaxation ventriculaire isométrique ; 7. remplissage ventriculaire rapide.
des pascals. La pression est donc exprimée comme une « hauteur », hauteur
piézométrique. Mais, dans un système de vaisseaux et pour des liquides pression nécessaires au déplacement du sang. Les vaisseaux sont le réseau de
parfaits et circulants, l’énergie mécanique du fluide par unité de poids ou distribution du courant sanguin. Les artères, élastiques, transforment le débit
« charge totale » est la somme de la « hauteur piézométrique » (hp = P/qg), de systolique ventriculaire, discontinu, en un flux continu. Le sang chassé dans
la « hauteur de position » (z), et de la « hauteur dynamique » (hd = V_/2g, liée les artères par la contraction ventriculaire pousse en avant le sang qui s’y
à l’énergie cinétique ; V, vitesse ; hd est la hauteur à laquelle s’élèverait le trouvait et distend les parois des vaisseaux. L’élasticité artérielle permet aux
liquide, comme conséquence de l’énergie dynamique : qV_/2 = qgh → h = vaisseaux d’absorber un volume supplémentaire de sang pendant l’éjection.
V_/2g). Si le système est fermé, la somme de ces trois variables reste constante Les artères stockent, pendant la systole, une énergie qui est libérée en
(théorème de Bernouilli). diastole ; elles maintiennent ainsi un flux presque continu et une pression
moyenne plus élevée que celle de tubes rigides.
Au cours du cathétérisme cardiaque, les pressions sont mesurées chez des
sujets couchés. Les capteurs de pression sont disposés au niveau d’un plan Les artères se divisent et se subdivisent, pour donner des « artérioles » qui
horizontal passant par l’oreillette droite du patient. Ainsi, z est nul. L’énergie conduisent vers des vaisseaux extrêmement fins, les capillaires, dont le calibre
cinétique n’est pas mesurée. Seule est estimée la « hauteur piézométrique ». est à peu près celui d’un globule rouge (3 à 5 µm). Le calibre et la tension
vasculaires artériolaires conditionnent l’importance des résistances et des
Dans un système vasculaire, l’écoulement ou débit Q̇, dans deux points débits. Le système artériel, à hautes pressions, est un système « résistant ».
proches, a et b, est constant et égal au produit de la surface de section S par la Les résistances artérielles systémiques sont dix fois plus élevées que les
vitesse V du flux. Q̇ = VaSa = VbSb. S’il existe une portion de calibre réduit, la résistances artériolaires pulmonaires. La surface vasculaire, qui est de 3 cm_
vitesse augmente. L’énergie totale restant la même pour des vitesses au niveau de l’orifice aortique, augmente à mesure que les artères se divisent.
d’écoulement suffisamment élevées, la pression latérale peut s’abaisser au La surface totale des capillaires est à peu près de 3 000 cm_. La vitesse du sang
point qu’une aspiration se produit, c’est l’effet « Venturi ». est de 30 cm·s-1 à la racine de l’aorte, et de 0,5 mm·s-1 dans les capillaires.
En traversant un orifice de surface s, le liquide transforme son énergie Ceci facilite les échanges dont dépend la vie cellulaire. La surface vasculaire
potentielle ou de gravitation qghi en énergie cinétique qVe_/2 (théorème diminue ensuite depuis les capillaires jusqu’aux veines caves, en même temps
de Torricelli) ; qghi = qVe_/2 → Ve_ = 2ghi et Ve = =≠≠ 2ghi. En substituant que la vitesse du sang augmente. La vitesse moyenne du sang dans les veines
Ve = =≠≠ 2ghi dans la formule de continuité, Q̇ = SV, on obtient Q̇ = S =≠≠ 2ghi, caves est de 20 cm·s-1. Dans les veines, les pressions sont basses. Le système
d’où S, surface de l’orifice, S = Q̇/ =≠ 2g =≠ hi . veineux est un système « capacitant », sorte de réservoir dans lequel les
La racine carrée de 2g (2 × 980 cm·s-2) est égale à 44,3. Cette formule est un pressions résultent surtout de la relation existant entre le volume de sang et la
peu inexacte car, d’une part, la vitesse réelle et le débit sont inférieurs aux distensibilité des parois vasculaires, de la gravitation et de la tension des
valeurs théoriques, et la surface réelle, supérieure. Il faut donc introduire un tissus.
facteur de correction empirique, C. Et, d’autre part, dans le système Le ventricule droit, l’AP et ses branches, les capillaires et les veines
circulatoire, les pressions dépendent des forces cardiaques et les orifices sont pulmonaires et l’oreillette gauche forment la petite circulation ; le ventricule
noyés : h est en fait le gradient des pressions existant de côté (hi) et d’autre gauche, l’aorte, les artères et capillaires périphériques, les veines caves et
(he) de l’orifice. D’où, S = Q̇/(C × 44,3 =≠≠≠[hi - he]). l’oreillette droite, la grande circulation.
Pressions cardiovasculaires
Cycle cardiaque
Les pressions cardiovasculaires dépendent des conditions de l’activité
cardiaque et des relations qui existent entre la contraction cardiaque, le L’enregistrement des pressions auriculaires, ventriculaires et artérielles
volume de sang, la distensibilité des parois, les résistances périphériques, les permet de reconnaître dans l’activité cyclique du cœur sept phases
forces de gravitation, l’inertie et la tension des tissus. successives (fig 2), énoncées ci-après.
Le système circulatoire comprend un élément moteur, le cœur, dont l’activité
est cyclique et analogue à celle de deux pompes, le cœur droit et le cœur Phase de remplissage ventriculaire lent
gauche, fonctionnant côte à côte d’une manière semblable, mais sous des L’oreillette et le ventricule communiquent largement. La valve
régimes de pressions différents face à deux résistances inégales. Chacune des auriculoventriculaire est ouverte. L’apport de sang par la voie d’admission
deux pompes, droite et gauche, est formée de deux chambres, auriculaire et est continu. La valve sur la voie d’éjection est fermée.
ventriculaire, se contractant successivement. L’activité cardiaque comporte
une suite de systoles ou contractions et de diastoles ou relaxations (cf infra). Phase de contraction auriculaire
Les ventricules ont une valve d’admission qui les sépare des oreillettes
(valves auriculoventriculaires) et empêche le reflux du sang au moment de La contraction auriculaire chasse le sang en amont et en aval. Elle rouvre les
l’énergique contraction ventriculaire, et une valve d’éjection, qui les sépare valves auriculoventriculaires, qui tendent ensuite à se rapprocher, comme
des artères (valves sigmoïdes) et s’oppose au reflux du sang vers les conséquence des remous et du remplissage ventriculaire.
ventricules pendant la diastole. Bien qu’il existe une diastole et une systole
auriculaire et ventriculaire, ces termes, employés sans adjectif, s’appliquent Phase de contraction ventriculaire préisovolumétrique
surtout aux ventricules. La mise en tension du ventricule augmente la pression ventriculaire et assure
Le cœur doit assurer un débit adéquat face à des résistances variables, à un la fermeture de la valve auriculoventriculaire. La valve d’éjection demeure
niveau de pression relativement stable ; il fournit l’énergie cinétique et de fermée.
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Cardiologie-Angéiologie EXPLORATION HÉMODYNAMIQUE ET ANGIOGRAPHIE CARDIAQUE 11-002-A-30
Éjection
VG e i d
PA
3 4
FM OA FA OM
FT OP FP OT
v
a 5 h
VD 2 c 7
PO
PV 6 8
1
Éjection
x
y
Valve tricuspide fermée
W S D
3 Chronologie de la fermeture (F) et de l’ouverture (O) des valves, mitrale (M), tricuspide
(T), aortique (A) et pulmonaire (P) au cours du cycle cardiaque. VG et VD, ventricules gauche
et droit. M-P S D
C R
Phase de contraction ventriculaire isovolumétrique
4 Évolution des pressions artérielle (PA), auriculaire (PO) et ventriculaire (PV) au cours
Le ventricule se contracte, toutes valves fermées, à volume constant. La du cycle cardiaque. CI : contraction isométrique ; E : éjection ; RI : relaxation isovolumétri-
pression intraventriculaire s’élève. que ; RVR et RVL : remplissages ventriculaires rapide et lent ; RSA : remplissage systolique
auriculaire ; d : onde dicrote ; W : d’après Weissler ; M-P : d’après Brutsaert, le cœur
Phase d’éjection ventriculaire considéré comme un muscle et une pompe ; S et D : systole et diastole ; C et R : contraction
et relaxation.
Dès que la contraction ventriculaire atteint une énergie-pression suffisante,
les valves sigmoïdes s’ouvrent (point e qui coïncide avec le pied de extrémités de chacune des deux circulations, aorte et veines caves, AP et
l’ascension systolique des pressions aortique ou artérielle pulmonaire) et veines pulmonaires. L’énergie de pression est maximale dans les ventricules.
permettent l’écoulement du sang vers les artères. Après un certain temps La brièveté du circuit et le faible degré des résistances pulmonaires ont pour
(0,10 à 0,15 seconde), le ventricule commence sa relaxation. La pression effet d’aligner les pressions télédiastolique ventriculaire gauche, moyenne
baisse. Dès que celle-ci atteint un seuil critique, la valve sigmoïde se ferme, auriculaire gauche, moyenne « capillaire » pulmonaire et diastolique artérielle
marquant la fin de l’éjection point i ou incisure catacrote des courbes de pulmonaire.
pressions artérielles sus-sigmoïdiennes (aortique ou pulmonaire).
Courbes de pression normales
Phase de relaxation ventriculaire isovolumétrique
Sur les courbes de pression auriculaires (fig 4), la contraction de l’oreillette,
La pression ventriculaire baisse, avec les valves fermées, à volume constant. qui précède celle du ventricule, se marque par un accident positif, l’onde a.
L’ouverture des valves auriculoventriculaires marque la fin de cette période. La fermeture de la valve auriculoventriculaire, liée à la montée de la pression
dans les ventricules, s’accompagne d’un accident positif, c, qui survient au
Phase de remplissage ventriculaire rapide début de la contraction isovolumétrique du ventricule. La relaxation de
Le ventricule continue sa relaxation, la pression ventriculaire devient l’oreillette et l’abaissement du plancher ventriculaire pendant la période
inférieure à la pression auriculaire, la valve auriculoventriculaire s’ouvre. d’éjection du ventricule déterminent une chute de la pression, dépression x.
L’oreillette, qui a poursuivi son remplissage pendant les quatre phases Puis, le remplissage auriculaire se complète et entraîne une remontée de la
précédentes, se vide rapidement dans le ventricule. pression, onde v. L’ouverture de la valve auriculoventriculaire donne lieu à
Classiquement, la systole ventriculaire englobe les phases 3 (contraction pré- une chute de la pression auriculaire, du sommet de l’onde v jusqu’à un creux,
isovolumétrique), 4 (contraction isovolumétrique) et 5 (éjection y. L’onde a est généralement supérieure à l’onde v et la dépression x plus
ventriculaire) ; et la diastole ventriculaire, les phases 6 (relaxation profonde que la dépression y. Oreillette et ventricule se comportent ensuite
isovolumétrique), 7 et 1 (remplissage ventriculaire rapide et lent), et 2 comme une cavité unique, jusqu’au cycle suivant.
(remplissage systolique auriculaire). Sur les courbes de pression ventriculaires (fig 4), la contraction des
La systole auriculaire se résume à la phase 2 ; les autres phases correspondent ventricules donne lieu, pendant les phases pré-isovolumétrique (1-2),
à la diastole auriculaire. isovolumétrique (2-3) et première moitié de l’éjection (3-), à une montée de
Les cavités droites et gauches du cœur sont le siège des mêmes phénomènes la pression qui atteint rapidement un maximum. Puis l’énergie de la
hémodynamiques ; la morphologie des courbes de pression est similaire, seuls contraction diminue et la relaxation commence, la pression décline, l’éjection
diffèrent les points indiqués ci-dessous. se termine (-4) et les valves sigmoïdes se ferment (-4-). Après la fermeture
des sigmoïdes, la pression chute rapidement (phase de relaxation
• Chronologie des accidents isovolumétrique, 4-5), la valve auriculoventriculaire s’ouvre (-5-) et le
La contraction auriculaire droite précède de 0,02 s celle de l’oreillette gauche. remplissage ventriculaire commence. Celui-ci comprend trois phases :
Il existe, normalement, un intervalle de 0,04 s entre le début de la – de remplissage rapide, pendant lequel 80 % du volume systolique passe de
dépolarisation ventriculaire gauche (onde Q de l’électrocardiogramme) et la l’oreillette au ventricule ; la pression ventriculaire descend jusqu’à son point
montée de la pression ventriculaire gauche (intervalle électromécanique). La le plus bas qui indique la pression protodiastolique, puis remonte, dessinant
pression télédiastolique ventriculaire gauche coïncide, généralement, avec le généralement une discrète onde F ou R (de filling : remplissage) ;
sommet de l’onde R de l’électrocardiogramme en V6. Le début de la montée – de remplissage lent (6-7), qui donne lieu à une ascension lente de la
de la pression ventriculaire droite survient de 0,06 à 0,065 seconde après le pression ;
début de l’onde Q de l’électrocardiogramme. Le cheminement particulier de – de remplissage actif, dû à la systole auriculaire qui entraîne une discrète
l’activation et les conditions hémodynamiques différentes qui règnent dans le remontée arrondie de la pression ventriculaire, l’onde a (-8-).
cœur droit et gauche entraînent un asynchronisme des deux pompes. En
commençant avec le complexe QRS, la fermeture et l’ouverture des valves se La systole ventriculaire s’étend du début de la montée de la pression (1, point
fait, habituellement, dans l’ordre suivant (fig 3) : fermeture de la valve mitrale z) à la fermeture des valves sigmoïdes (-4-, i). La diastole ventriculaire
(FM), fermeture de la valve tricuspide (FT), ouverture des sigmoïdes commence un peu avant le point i, et s’étend jusqu’au point z suivant.
pulmonaires (OSP), ouverture des sigmoïdes aortiques (OSA), éjection, Les courbes de pression artérielles (fig 4, PA) sont superposables aux courbes
fermeture des sigmoïdes aortiques (FSA), fermeture des sigmoïdes de pression du ventricule correspondant pendant l’éjection, du point e au point
pulmonaires (FSP), ouverture tricuspide (OT), ouverture mitrale (OM). La i ou incisure catacrote (3-4), de l’ouverture à la fermeture des valves
période de fermeture de la valve auriculoventriculaire gauche encadre la sigmoïdes. La contraction ventriculaire donne lieu à un ébranlement liquidien
période de fermeture de la valve auriculoventriculaire droite et la période qui crée une onde de pression qui va se propager le long des artères, déformer
d’éjection du ventricule droit encadre la période d’éjection du ventricule leur paroi élastique et provoquer un déplacement du sang. Dans les artères,
gauche. l’onde de pression, ou onde élastique transverse, est surtout la conséquence
du choc (ou « coup de bélier ») du sang, chassé par les ventricules, avec le
• Niveau des pressions, plus élevé dans les cavités gauches sang artériel. La réflexion de l’ondée systolique artérielle sur les valves
Dans le système cardiovasculaire, la charge totale ou énergie mécanique du sigmoïdes fermées entraîne une réascension de la courbe en protodiastole,
sang baisse d’un bout à l’autre de chacune des deux circulations, des c’est le ressaut ou onde dicrote. La pression descend ensuite régulièrement
ventricules aux oreillettes. L’énergie cinétique est maximale aux deux jusqu’à la systole suivante. Les pressions artérielles qui varient de façon
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Pressions artérielles
L’onde de pression artérielle est un phénomène complexe de fréquence N
(égale à la fréquence cardiaque) qui comprend des ondes incidentes et
réfléchies et qui répond au théorème de Fourier, et qui se modifie à mesure
qu’elle s’éloigne du cœur : elle devient de plus en plus pointue, l’encoche et
l’onde dicrotes s’effacent, la pression systolique s’accroît (comme
conséquence de la diminution du calibre artériel, de l’augmentation
progressive de la rigidité de la paroi et de la disparition des ondes de
réflexion), la pression moyenne diminue. La pression systolique artérielle
fémorale est généralement supérieure à la pression systolique aortique.
La vitesse de propagation de l’onde de pression dans les artères, Co, est
normalement de 4 à 6 m/s. Elle dépend de l’élasticité E et de l’épaisseur h de
la paroi ; elle est une fonction inverse du diamètre D du vaisseau et de la masse
volumique ρ du sang.
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Retraits de pression
L’enregistrement des retraits, c’est-à-dire de la pression au cours du passage
de la sonde d’un point à l’autre du système cardiovasculaire, est très important
pour reconnaître l’existence d’un gradient, différence de pression, donc d’un
obstacle, de son siège et de sa nature. Il est nécessaire d’obtenir au cours du
cathétérisme au moins un retrait à partir des branches droite et gauche de l’AP
7 Pression artérielle pulmonaire. jusqu’au tronc de celle-ci, de l’AP dans le ventricule droit (AP-VD), du
A. Chez un sujet normal. ventricule dans l’oreillette droite (VD-OD) et du ventricule gauche dans
B. Chez un patient présentant un bas débit cardiaque. l’aorte (VG-Ao).
C. Chez un patient ayant une insuffisance mitrale importante aiguë.
Le retrait depuis les branches droite et gauche de l’AP jusqu’au tronc autorise
le diagnostic de sténose ou coarctation des branches, s’il existe un gradient
égal ou supérieur à 5 mmHg (0,7kPa) et un changement de la morphologie
des courbes. Certains auteurs ne retiennent comme significatifs que des
gradients supérieurs à 10 ou 20 mmHg (1,3 à 2,7kPa).
L’existence, sur les retraits AP-VD, d’un gradient systolique supérieur à
10 mmHg (1,33kPa), en l’absence de court-circuit de gauche à droite, et
supérieur à 30 mmHg (4kPa), en cas de shunt de gauche à droite, est le propre
des rétrécissements pulmonaires. L’analyse du tracé et la situation dans le
cœur du point de changement de pression permettent, généralement, d’établir
le siège et la nature de la sténose, supravalvulaire, valvulaire ou
infundibulaire, musculaire ou fixe. La pression systolique ventriculaire droite
en deçà de l’obstacle dépasse 30 mmHg (4kPa), la pression artérielle
pulmonaire est basse.
Dans les communications interauriculaires avec un shunt important de gauche
à droite et un rapport des débits pulmonaire et systémique très au-dessus de 3
(DP/DS supérieur à 3), des gradients systoliques AP-VD de 30 et même
8 Pression « capillaire » pulmonaire. 50 mmHg (4 et 6,65kPa), peuvent n’être que fonctionnels.
A. Chez un sujet normal. Dans les dilatations idiopathiques de l’AP, la pression ventriculaire droite est
B. Chez un patient ayant une sténose mitrale.
C. Chez un patient ayant une insuffisance mitrale.
normale, même s’il existe un gradient AP-VD significatif. Dans les sténoses
pulmonaires fixes, généralement valvulaires, serrées, il existe sur les courbes
de pression artérielles pulmonaires, au moment du passage à travers l’orifice,
pression capillaire est augmentée et la différence entre les deux pressions une dépression systolique, conséquence de l’effet Venturi. Le changement
(PAPm-PCapm) supérieure à 10 mmHg (1,33kPa). Dans l’HTAP d’une pression basse, artérielle, en une pression haute, ventriculaire, est
précapillaire, les résistances « capillaires » pulmonaires sont normales et les brusque et se fait sans transition d’un complexe à l’autre. Dans les sténoses
résistances artériolaires accrues. Dans l’HTAP postcapillaire, les résistances musculaires, généralement infundibulaires, la pression augmente
artériolaires sont normales et les résistances « capillaires » augmentées. Dans graduellement : le gradient est progressif. Dans le cas des sténoses dues à des
l’HTAP mixte, les deux résistances sont élevées. bourrelets musculaires anormaux, les tracés ressemblent souvent à ceux
La pression capillaire pulmonaire dans les cardiopathies va dépendre non observés dans les sténoses fixes.
seulement de la pression auriculaire gauche mais aussi de la capacité et Le retrait VD-OD rend possible le diagnostic de rétrécissement tricuspide si
distensibilité de l’oreillette et du système veineux pulmonaire. Dans le la pression protodiastolique ventriculaire est au-dessous du creux y
rétrécissement mitral, la pression capillaire est uniformément élevée et les auriculaire et si, en moyenne, la pression auriculaire est supérieure à la
accidents sont de faible amplitude ; les ondes a, c et v sont à peu près égales, pression diastolique ventriculaire.
de même que les dépressions x et y. La vitesse de chute de l’onde v est lente
Le retrait VG-Ao permet de faire le diagnostic de rétrécissement aortique s’il
(fig 8B). Si le patient est en fibrillation auriculaire, l’onde a manque. Dans
existe un gradient et d’établir sa nature, fixe ou musculaire (dynamique), et
l’insuffisance mitrale, le creux x tend à disparaître et l’onde v devient très
son siège, sous-valvulaire, valvulaire ou supravalvulaire. Dans le
haute, très pointue, avec une montée et une descente très rapides (fig 8C).
rétrécissement sous-aortique, le gradient est intraventriculaire. La différence
Dans les cardiopathies mitrales associant à la fois un certain degré de sténose
de pression s’inscrit entre deux complexes de morphologie ventriculaire.
et d’insuffisance valvulaires, communément appelées en France « maladies
Dans la chambre sous-valvulaire à basse pression, la pression systolique est
mitrales », le diagnostic de l’obstruction est généralement facile s’il existe un
égale à la pression aortique, la pression diastolique est ventriculaire. Si la
gradient holodiastolique « ventricule gauche-capillaire » et si la chute de
sténose est fixe, diaphragme sous-valvulaire, la pression aortique est vibrée
l’onde v est lente. Il est en revanche difficile d’affirmer, sur la seule analyse de
avec une branche anacrote tantôt rapide, tantôt lente. Si la sténose est
la pression capillaire, la présence d’une régurgitation mitrale et plus encore,
musculaire, cardiomyopathie primitive hypertrophique obstructive, la
de déterminer l’importance relative de chacune des deux lésions. Dans
pression aortique a l’aspect caractéristique décrit plus haut.
l’insuffisance aortique, la pression capillaire peut être normale ou élevée.
L’enregistrement simultané des pressions capillaire et ventriculaire gauche Dans le rétrécissement aortique valvulaire ou supravalvulaire, le gradient ou
fait souvent apparaître, dans ces cas, un croisement mésodiastolique des deux différence de pression se produit entre un complexe de morphologie
courbes, la pression ventriculaire se plaçant au-dessus de la pression capillaire ventriculaire et un complexe artériel (sténose valvulaire), ou entre deux
en télédiastole, les deux pressions dessinent un X. Dans les restrictions complexes de morphologie artérielle (sténose supravalvulaire).
cardiaques, les caractères de la pression capillaire sont similaires à ceux déjà
décrits pour la pression auriculaire droite. Calcul des surfaces valvulaires
La pression télédiastolique ventriculaire gauche est généralement élevée dans Dans le cas des obstacles fixes, il est possible de calculer la surface de l’orifice
les cardiopathies gauches. Dans les syndromes restrictifs, la pression rétréci, grâce aux formules de Gorlin et Gorlin [14, 17, 25, 47]. Il est nécessaire de
ventriculaire gauche présente, pendant la diastole, un aspect caractéristique, connaître pour cela le flux à travers la sténose, en mL/s, et le gradient moyen,
avec une dépression précoce, aiguë et profonde (le dip) et un plateau bien ou différence moyenne des pressions de côté et d’autre de l’obstruction, en
défini ; la pression télédiastolique est augmentée, mais ne représente mmHg ou kPa, pendant le temps de passage du sang. Le gradient moyen peut
habituellement pas plus de 20 % de la pression systolique. être calculé ou mesuré sur les courbes de retrait ou sur les enregistrements
Dans le rétrécissement aortique valvulaire, supravalvaire ou sous-valvaire simultanés des pressions des compartiments situés en amont et en aval de
fixe, la pression aortique comporte un ralentissement de la branche anacrote l’obstacle : OD-VD en cas de rétrécissement tricuspide, VD-AP dans la
qui culmine en un sommet unique et tardif. Le temps de demi-ascension sténose pulmonaire, CP-VG dans le rétrécissement mitral, VG-Ao ou artère
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et artériels pulmonaires et systémiques (veine et artères pulmonaires, veines – une résistance ohmique, ou résistance proprement dite ;
caves et artères périphériques) effectués rapidement, chaque fois que possible – une bobine, qui donnerait lieu à une réactance inductive, inductance ou
et nécessaire. Si les veines pulmonaires n’ont pas été atteintes, ou si le sang inertance ; celle-ci résulterait surtout chez l’homme de l’inertie de la masse
« capillaire pulmonaire » n’est pas obtenu, dans les cas où la saturation des sanguine ;
échantillons ventriculaires gauches est égale ou supérieure à 95 %, celle des – un condensateur, qui agirait comme une réactance capacitive ou
veines pulmonaires est considérée comme identique ; si la saturation du capacitance ; dans le système cardiovasculaire, celle-ci serait la conséquence
ventricule gauche est inférieure à 95 %, celle des veines pulmonaires est de la compliance artérielle.
estimée égale à 96 % et l’on accepte qu’il existe un shunt de droite à gauche
si celui-ci est plausible. Les résistances artérielles sont généralement calculées comme le rapport des
pressions sur le débit.
Le débit pulmonaire effectif (DPE) est la quantité de sang veineux
périphérique désaturé soumis chaque minute à l’hématose. Il est égal au Les résistances artériolaires systémiques ou périphériques (RAS) sont égales
quotient de la consommation d’oxygène par minute (V̇O2) par la différence au quotient de la différence des pressions moyennes aortique ou artérielle
artérioveineuse des contenus en oxygène du sang veineux pulmonaire systémique (PAom ou PAm) et auriculaire droite (PADm ou PODm), par le
(CvpO2) et du sang veineux systémique mêlé, prélevé en amont du shunt débit cardiaque Q̇ en L/min, soit : RAS = (PAom-PODm)/Q̇. Les résistances
(différence entre les contenus en oxygène du sang le mieux saturé (VP) et le artérielles systémiques totales (RAST) sont le quotient de la PAm sur le débit.
plus désaturé (Vm). Le sang veineux systémique mêlé (Cvfl mO 2 ) est Les résistances artériolaires pulmonaires (RAP) sont calculées en divisant la
généralement estimé, au repos, égal à (3 VCS + 1 VCI)/4, ou 0,7 VCS + 0,3 différence des pressions moyennes artérielle pulmonaire (PAPm) et
VCI, ou, encore, au contenu en oxygène de la VCS, prélevée en amont du auriculaire gauche (PAGm ou POGm) ou capillaire (PCap), par le débit
shunt, exprimé en mL %, plus 0,5. cardiaque Q̇ en L/min, soit : RAP = (PAPm-PCap)/Q̇. Les résistances
Ainsi, le DPE, en L/min, est égal à : artérielles pulmonaires totales (RAPT) sont le quotient de la PAPm sur le
débit. Les résistances postcapillaires ou « capillaires » pulmonaires sont
V̇O2/10 (CvpO2 - Cvfl mO2) égales au rapport de la pression capillaire pulmonaire sur le débit.
avec la V̇O2 en mL/min et les contenus en oxygène en mL/100. Le DPE est Les résistances peuvent être exprimées en unités conventionnelles, Wood
aussi le débit systémique effectif, quantité de sang normalement saturée qui (UW) ou Aperia, quotient des pressions en mmHg sur le débit en L/min ; en
atteint les cellules périphériques. dyn·s·cm-5 dans le système CGS (centimètre, gramme, seconde) ; en N·s·m-2
Le débit pulmonaire total (DPT), ou débit pulmonaire tout court, est la dans le système MKSA (mètre, kilogramme, seconde, ampère) et en
quantité de sang qui passe par minute dans la circulation pulmonaire, et dont Pa·min·m-5 dans le système international (SI) actuel.
une partie peut être déjà normalement saturée. Le DPT est égal au quotient de La pression est l’action d’une force sur une surface. Le débit est un volume
la consommation d’oxygène par minute (V̇ O 2 ) par la différence écoulé par unité de temps. Dans le système CGS, la pression s’exprime en
artérioveineuse pulmonaire en oxygène ; différence des contenus en oxygène dyn·cm-2 et les débits, en cm3·s-1. La dyne (symbole dyn) est la force qui,
du sang qui sort des poumons (VP) et de celui qui y rentre (AP) : appliquée à une masse de 1 g, lui imprime une accélération de 1 cm/s dans
DPT = V̇O2/10 (CvpO2 - CAPO2) chaque seconde.
Le débit systémique total (DST), ou débit cardiaque, est la quantité de sang En hémodynamique, les pressions sont mesurées en mmHg. Pour passer de
qui passe par minute dans la circulation générale. Il est égal au quotient de la ces mmHg aux dynes, il faut multiplier la hauteur de la colonne de mercure,
V̇O 2 par la différence artérioveineuse systémique, différence dans les en cm, par le poids spécifique du mercure, 13,6 et par l’accélération de la
contenus en oxygène des sangs périphérique et veineux systémique mêlés ; gravité, 980 cm·s-2 ; c’est-à-dire : P mmHg × 0,1 × 980 × 13,6 = P mmHg
différence des contenus en oxygène du sang qui va vers les tissus (Ca) et de × 1 333 = A dyn·cm-2.
celui qui en sort (Vm) : Dans le système CGS, les résistances sont calculées en prenant la pression en
DST = V̇O2/10 (CaO2 - Cvfl mO2) dyn·cm-2 et les débits en cm3·s-1 : R = (P mmHg × 1 333) / (1 000 Q̇
Dans un shunt gauche-droit exclusif, le sang aortique a la même saturation L·min-1/60) = (P mmHg × 80) /Q̇ L·min-1) = A dyn·s·cm-5.
que le sang veineux pulmonaire. Le débit cardiaque et le débit pulmonaire Les résistances sont aujourd’hui fréquemment exprimées en unités Wood
effectif ont la même valeur. Le shunt de gauche à droite (G → D) est égal à (W), comme le rapport des pressions en mmHg sur les débits en litre par
DPT - DPE. minute :
Dans un shunt droit-gauche exclusif, le sang artériel pulmonaire a la même 1 UW = 80 dyn·s·cm-5
saturation que le sang veineux mêlé. Le débit pulmonaire est égal au débit La résistance artérielle périphérique totale, R, représente la composante
pulmonaire effectif. Le shunt de droite à gauche (D → G) est égal à la statique de la charge, tandis que la composante pulsatile est reflétée par la
différence DST-DP. compliance artérielle totale estimée, C, et les indices de propagation et de
Dans les courts-circuits bidirectionnels ou croisés, le shunt de gauche à droite réflexion de l’onde de pouls. L’élasticité artérielle effective, Ea, quotient de
(G → D) est égal au DPT moins le DPE ; le shunt de droite à gauche (D → G), la pression télésystolique ventriculaire gauche (PTSVG) par le volume
au DST moins le DPE. systolique VS serait une mesure valide de la charge artérielle chez l’homme.
L’importance des shunts peut être appréciée en établissant le rapport entre les
débits pulmonaire et systémique totaux. Ce rapport est égal au quotient des
différences artérioveineuses systémique et pulmonaire : Systèmes radiologiques et angiocardiographie
DPT/DST = (CaO2 - Cvfl mO2) / (CvpO2 - CAPO2) = DAVS/DAVP
Le cathétérisme cardiaque et l’angiocardiographie exigent l’emploi d’un
En revanche, il est impossible d’apprécier le volume d’un shunt en prenant
système de rayons X. La visualisation du cœur et des sondes est nécessaire
comme base le seul enrichissement en O2, que ce soit en volumes ou en
pour la manipulation des cathéters. Le but de l’angiocardiographie est
pourcentage.
d’obtenir des images de qualité, suffisantes pour établir un diagnostic correct
Impédance artérielle des cardiopathies, au cours de l’injection d’un produit radio-opaque dans les
cavités ou les vaisseaux du cœur. L’enregistrement des images peut se faire
Elle représente la somme des forces qui s’opposent à la progression pulsée du sur des pellicules de 35 × 35 cm (ou de 35 × 24 cm), à une cadence
sang dans les artères et qui dépendent des résistances du système vasculaire relativement basse, de zéro à huit clichés par seconde pendant un temps
et de la viscosité, de la pesanteur et de l’inertie du sang [14, 17, 25, 42, 47]. maximal de 15 à 30 secondes : c’est la sériographie ou angiocardiographie
Dans le système cardiovasculaire, les résistances systémiques et pulmonaires, fixe, ou bien à une vitesse de six à 120 images par seconde, sur des films de
R, sont généralement définies, par analogie avec la loi d’Ohm, comme la 35 mm, ou sur tout autre support, bande magnétique ou disque : c’est la
relation de la différence des pressions existant de part et d’autre du circuit, P1 cinéangiocardiographie (de ciné, mouvement).
- P2, ou perte de charge, sur le débit Q̇ qui le traverse : R = (P1 - P2)/Q̇. Les progrès considérables des systèmes radiologiques, de l’électronique, de
Or, d’après la loi de Poiseuille-Hagen, dans le cas d’un écoulement laminaire, l’informatique et de l’interprétation numérique des images, avec répétition en
le débit Q̇ qui traverse un tuyau cylindrique est une fonction directe de la boucle des séquences, permettent de travailler aujourd’hui dans de très
différence des pressions P1 - P2, existant de part et d’autre du circuit, et du bonnes conditions, et même d’enregistrer le déroulement des examens en
rayon r du conduit, et une fonction inverse de la viscosité µ du fluide et de la temps réel, sur un vidéodisque laser ineffaçable et de grande longévité
longueur L du tube. (30 ans) [17, 25, 47].
Mais en fait, la loi de Poiseuille-Hagen ne peut être appliquée sans discussion Dans tous les cas, il faut choisir la sonde, le point d’injection, l’incidence, la
au système circulatoire dont le débit est, à la sortie des ventricules, pulsé, et vitesse d’injection en mL·s-1 et le volume de produit de contraste. L’injection
dont les vaisseaux ont un rayon variable. En présence d’un courant alternatif, d’un certain volume de liquide radio-opaque dans des conditions de pression
la résistance est l’impédance Z, rapport variable existant à chaque instant et de débit bien déterminées nécessite un injecteur approprié.
entre la pression et le débit en un point donné de l’arbre artériel. Dans le La cinéangiocardiographie exige le concours de nombreuses compétences
système cardiovasculaire, l’impédance est assimilable à celle d’un circuit ainsi qu’un équipement complexe et cher qui comprend notamment les
électrique qui comporterait : éléments suivants :
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– un système radiologique comportant un générateur, un tube de rayons X et signaux n’est pas homogène et si le nombre des photons est petit, leur
une unité de contrôle ; répartition est irrégulière et donne lieu à une fluctuation de l’image. Le gain
– un système de radioscopie composé d’un amplificateur de brillance et d’un de l’amplificateur est limité par le « bruit » qui se superpose au signal
ensemble de télévisions en circuit fermé ; principal. Si la fluctuation est importante et le facteur de conversion élevé, le
– un système d’enregistrement des images, autorisant la révision et le « bruit » visible se manifeste comme un effet de nuage, appelé scintillation.
traitement immédiat et rapide de celles-ci, afin d’effectuer des mesures et des L’émission de lumière par l’amplificateur ne cesse pas immédiatement après
calculs facilitant la prise d’une décision ; il doit être possible de fixer une l’arrêt des rayons X ; il existe toujours un certain délai entre les deux
image de référence sur un écran, pendant que l’on continue à travailler en événements. Ce phénomène, la « rémanence », est très gênant si les objets
scopie sur un autre écran ; étudiés se meuvent vite.
– un système de reproduction des images permettant une interprétation et L’amplificateur de brillance doit avoir un bon pouvoir séparateur. Celui-ci
discussion extemporanée des documents et leur communication ou peut être mesuré à l’aide d’un objet-test formé de lames opaques séparées par
transmission secondaire si nécessaire. une matière transparente. Un bon amplificateur doit permettre de distinguer
clairement les éléments d’une mire ayant de 20 à 25 paires de lignes noires et
blanches par centimètre (une ligne noire et une blanche font une paire).
Système radiologique Dans les services de cathétérisme, il faut un amplificateur avec un gain élevé,
Le générateur transforme le courant alternatif du réseau urbain en un courant une faible rémanence et un bon pouvoir séparateur. L’intensificateur d’images
continu, et fournit au tube de rayons X à la fois le courant à bas voltage et l’analyse numérique facilitent l’emploi de la télévision en circuit fermé,
nécessaire pour chauffer le filament de l’électrode négative ou cathode, et les d’un magnétoscope et de la cinéangiocardiographie et permettent le contrôle
hauts voltages indispensables pour accélérer suffisamment les électrons. automatique des constantes. L’image fournie par l’amplificateur est ronde. Il
est nécessaire de faire un noircissement circulaire de l’écran de télévision. Le
Le tube de rayons X contient les électrodes indispensables pour produire les signal peut être enregistré sur une bande magnétique ou un disque, et revu
rayons X. Ces électrodes sont dans une ampoule de verre sous vide qui est immédiatement. Ceci diminue les risques, accroît la qualité des examens et
immergée dans l’huile. Le tout est refroidi par de l’air. Les rayons X résultent permet de décider raisonnablement de la suite de l’exploration. Le recours à
du bombardement de l’anode (électrode positive) par les électrons émis par la un ordinateur autorise le traitement des images pour calculer le calibre des
cathode. Ces électrons frappent les électrons des couches internes des atomes vaisseaux, les volumes cavitaires ou la masse de certaines structures.
de l’anode et les chassent de ses orbites. Le passage d’un électron d’une orbite
externe à une orbite interne s’accompagne de l’émission de rayons X. Les
électrons qui passent à côté du noyau atomique sont freinés et changent de Cinéangiocardiographie
direction en donnant lieu aussi à l’émission de rayons X. Le rendement des
tubes de rayons X est très faible : 99 % de l’énergie employée est perdue sous La cinéangiocardiographie consiste à enregistrer les images observées au
forme de chaleur et de lumière. cours de l’injection d’un produit radio-opaque dans les cavités ou les
vaisseaux du cœur, sur un film ou sur tout autre support, à la vitesse de 6 à
Les rayons X se déplacent à la vitesse de la lumière et ne sont pas déviés par 50 poses ou images/seconde. Tous les paramètres d’exposition, de traitement
les champs électriques ou magnétiques. Ils impressionnent les plaques et de lecture doivent être contrôlés de façon à obtenir une bonne iconographie
photographiques, excitent la fluorescence de certaines substances et ionisent et un diagnostic correct.
les gaz. Les rayons X sont invisibles et peuvent être considérés comme formés
de particules d’énergie, photons X, ou comme des vibrations d’une toute La quantité de lumière émise par l’écran secondaire de l’amplificateur de
petite longueur d’onde. Les rayons les plus pénétrants sont ceux de plus petite brillance est proportionnelle à la quantité de radiations X qui traverse le
longueur d’onde. Pour les obtenir, il faut utiliser des électrodes de métaux de patient. Celle-ci dépend de la nature même des rayons X. En effet, dans la
haute masse atomique et appliquer des tensions très élevées. Le wolfram ou radiation d’un tube à rayons X, le nombre de photons X par unité de temps est
tungstène (symbole W, masse atomique 183,9) qui est un bon conducteur et a déterminé par l’intensité du courant (mA) et par la différence de potentiel (kV)
un point de fusion élevé (3 400 °C), est un des métaux les plus employés à ces appliquées dans le tube. L’énergie de ces photons, c’est-à-dire, le pouvoir de
fins. « pénétration » ou « dureté » des rayons X, est conditionnée par les kV. Les
rayons X « durs » sont mal absorbés, ils traversent facilement le patient. Si le
L’unité de mesure de la dose émise de rayons X est le röntgen, symbole R, qui voltage des rayons X est très élevé, l’écran est trop « blanc », les artères
correspond à la quantité de radiation qui produit sur une certaine masse d’air coronaires se confondent avec les structures voisines. Si le voltage est trop
une émission d’ions portant une unité électrostatique d’électricité de chaque bas, les rayons X sont « mous », ne passent pas à travers le patient, l’écran est
signe. Dans le tube à rayons X, la cathode est un filament fin de tungstène qui, noir. Il faut obtenir le meilleur rendement possible par rapport à l’épaisseur
chauffé, émet des électrons. Ceux-ci sont accélérés par la différence de du malade, aux organes traversés et au produit radio-opaque, pour aboutir à
potentiel existant entre les électrodes, et dirigés vers une zone limitée de une bonne image radiologique.
l’anode en wolfram qui constitue la cible. L’anode est une couronne dans un
élément en tronc de cône rotatoire. La surface de la cible est inclinée et forme, Contrôle automatique des constantes radiologiques
avec le faisceau d’électrons, un angle de 7 à 12°. Les rayons X produits par ce
foyer de l’anode sont d’autant mieux délimités et les images mieux définies La constance de l’émission des rayons X et de la luminosité de l’écran
que cet angle est plus petit. Mais si cet angle est inférieur à 7°, le nombre secondaire est assurée par un contrôle automatique des kilovolts. La lumière
d’électrons absorbés par la cathode devient trop important. La portion de issue d’une zone centrale de l’amplificateur de brillance, d’à peu près la
l’anode qui émet des radiations X à chaque instant, ou foyer, est très réduite. moitié de sa surface, excite une photocathode qui envoie le courant ainsi
Les tubes de cinéangiocardiographie des salles d’exploration actuelles ont des produit à un comparateur. Celui-ci reçoit aussi un signal de référence choisi
foyers de l’ordre de 0,6 mm et donnent des décharges de rayons X qui durent préalablement. Le comparateur commande le nombre de kV en fonction de la
4 ms, en utilisant des différences de potentiel de 60 à 100 kV et des intensités différence des deux courants. Le noircissement ou la luminosité des images
de courant de 250 à 400 mA. peuvent être modifiés manuellement.
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trous proximaux de la sonde soient au niveau de l’orifice valvulaire. Le ventricule gauche entraîne généralement une diminution de la pression
volume de l’injection, de 15 à 20 mL /s pendant 2,5 à 3 secondes. systolique ventriculaire et artérielle, à cause de l’effet dépresseur du produit
La chambre de chasse du ventricule droit et la valve pulmonaire sont de contraste sur le myocarde et de la vasodilatation périphérique. La pression
généralement bien vues aussi dans cette incidence. télédiastolique ventriculaire gauche, capillaire pulmonaire et artérielle
L’angiocardiographie sélective artérielle pulmonaire est réalisée pulmonaire s’accroissent. Le produit de contraste représente une surcharge
essentiellement pour étudier : volumique qui est fonction de la vitesse de l’injection, de la quantité injectée
et de l’hyperosmolalité du liquide employé. L’hématocrite décroît
– l’arbre vasculaire pulmonaire, dans les cas de rétrécissement pulmonaire, initialement pour revenir vers les valeurs de départ dès la dixième minute. La
d’HTAP ou d’embolie pulmonaire ; fréquence cardiaque augmente. Le débit cardiaque s’accroît généralement
– les veines pulmonaires, surtout dans les cas de retour veineux pulmonaire pour atteindre un maximum vers la deuxième minute de l’angiocardiographie,
anormal ; puis descend discrètement au-dessous des valeurs de contrôle, pour revenir à
– l’oreillette gauche ; la situation initiale après 15 à 20 minutes. Les volumes ventriculaires ne
– la valve mitrale. seraient pas modifiés pendant les trois à quatre premières systoles.
Les opacifications pulmonaires peuvent être effectuées en L’effet du produit radio-opaque est aussi fonction des conditions
cinéangiocardiographie sur le champ de 23 cm, à la cadence de 25 images par hémodynamiques préexistantes. Le gradient « capillaire pulmonaire »-
seconde, après injection sélective dans les artères pulmonaires droite et ventricule gauche s’accentue considérablement dans les cardiopathies
gauche de 15 à 30 mL/s en 1 ou 2 secondes. Dans le cas de retour veineux mitrales. Chez les malades ayant une atteinte sévère de la fonction cardiaque,
pulmonaire anormal isolé, il faut injecter le produit de contraste dans l’AP du l’angiocardiographie sélective peut donner lieu à une inefficacité cardiaque
poumon intéressé, de 20 à 30 mL/s en 1 seconde. Pour confirmer l’existence avec choc, ou à un œdème aigu du poumon grave.
d’une communication interauriculaire, avec un shunt de gauche à droite, il Les réactions générales aux substances radio-opaques résulteraient de
faut injecter le produit de contraste dans l’AP, de 20 à 30 mL/s pendant phénomènes « allergoïdes » de nature pseudoanaphylactique, de la libération
2 secondes, ou dans l’oreillette gauche de 15 à 20 mL/s pendant 3 secondes, de certains médiateurs, comme l’histamine et des kinines, d’une fibrinolyse,
en incidence hépatoclaviculaire, OAG +30° à +45° Cr -45°. de l’activation du complément et de phénomènes de coagulation
L’oreillette gauche (OG) et la valvule mitrale (VM) sont visibles au cours de intravasculaire encore mal connus. Le traitement anticoagulant par
l’opacification du cœur droit, oreillette ou ventricule droits ou AP. l’héparine, les antihistaminiques et les stéroïdes préviendraient ou
L’incidence idéale, en ce qui concerne ces deux structures (OG et VM), est amenuiseraient ces réactions. Le traitement par bêtabloquants non sélectifs
l’OAD -30° -45°. Mais s’il existe un myxome, un thrombus ou une anomalie favoriserait la survenue d’un bronchospasme chez les sujets susceptibles
auriculaire gauche, il faut aussi une OAG +30° à +45° Cr -45° (« hépato- (asthmatiques). Les réactions du type « anaphylactoïde » incluent des
claviculaire »). événements mineurs, tels qu’éternuements, réactions papuleuses localisées,
angio-œdème, urticaire ou érythème généralisé, ou des faits plus graves tels
La valvule mitrale et le ventricule gauche sont parfaitement visibles en OAD qu’un bronchospasme, un œdème de la glotte ou un collapsus
-30° -45°. Nous effectuons généralement les angiocardiographies sélectives cardiovasculaire pouvant être létaux. La chute de la tension artérielle au cours
ventriculaires gauches avec une sonde « queue de cochon » 5 F ou 6 F, de d’une exploration angiocardiographique peut être d’origine vagale (elle
12 à 17 mL/s pendant 2,5 à 3 secondes. Dans le cas de prolapsus valvulaire s’accompagne alors généralement de sueurs, de bradycardie, sauf en cas de
mitral, d’anévrisme ventriculaire, de rétrécissement aortique valvulaire ou traitement par des bêtabloquants non sélectifs, et de bâillements), d’origine
sous-valvulaire ou de cardiomyopathie hypertrophique obstructive, il faut de « toxique », par action inotrope négative et vasodilatation périphérique, ou
plus effectuer une opacification en OAG +50° +75° Cr -20° (OAG « long de nature ischémique ou anaphylactoïde. Dans ces cas, il faut remplir le
axe »). Dans les communications interventriculaires, les projections idéales patient avec du Plasmiont ou du Plasmagelt désodé, administrer de
sont l’OAG +50° +75° Cr -20° (« long axe ») et l’hépatoclaviculaire (OAG l’oxygène et de l’atropine et si nécessaire de l’adrénaline, 0,1 à 0,2 mg IV et
+30° +45° Cr -45°). La « queue de cochon » doit se trouver près de la pointe des vasopresseurs, Dobutrext, de 2 à 10 lg/kg/min selon les besoins.
(afin d’obtenir une opacification satisfaisante de toute la cavité). Si la sonde
est sous-aortique, l’opacification ventriculaire est souvent incomplète. Chez les sujets prédisposés, allergiques à d’autres agents, ou ayant déjà eu
des réactions défavorables aux produits de contraste au cours d’examens
Substances de contraste précédents, un traitement prophylactique est justifié. Celui-ci, réparti sur les
24 à 48 h qui précèdent l’exploration, comporte généralement des corticoïdes,
De nombreuses substances ont été utilisées dans le passé pour opacifier les des antihistaminiques H1, et des sédatifs. Et juste avant l’intervention, injecter
cavités et les vaisseaux du cœur. Ces substances doivent être bien tolérées, en IV des corticoïdes et 0,5 mg d’atropine. En cas de réaction allergique,
stables, solubles dans l’eau et non toxiques. Les produits de contraste administrer un traitement adéquat.
radiologiques employés aujourd’hui sont surtout des composés « non Les substances radio-opaques employées en cardiologie ont deux points
ioniques, peu visqueux et d’osmolalité faible, relativement bien tolérés par d’impact supplémentaires qu’il faut garder en mémoire : le cerveau et les
l’organisme [17, 25, 47], monomères triiodés, obtenus par amidation de la reins. Si la barrière sanguine cérébrale est intacte et si la concentration du
fonction acide, tels l’iopamidol (Iopamiront) et l’iohexol (Omnipaquet) qui produit de contraste (P de C) dans les vaisseaux du cou est peu importante,
contiennent autour de 300-350 g d’iode par litre et dont l’osmolalité se situe comme c’est le cas au cours des explorations effectuées dans les services de
autour de 800 mOsm/kg. L’iode, dont la masse atomique est très élevée cardiologie, les risques d’accidents nerveux sont infimes et négligeables. Il
(126, 9) apparaît comme un élément radio-opaque idéal. L’osmolalité est une faut éviter à tout prix l’injection sélective des artères de la moelle épinière. La
conséquence du nombre de particules osmotiquement actives (POA) par kg néphrotoxicité des P de C est très discutée. Les risques d’anurie sont mineurs ;
de solvant à une température donnée. La pression osmotique totale du plasma celle-ci serait plus fréquente chez les patients âgés, déshydratés, ou ayant une
est d’environ 300 mOsm/kg H2O à 37 °C. La viscosité d’une solution est la insuffisance cardiaque, un diabète, une hypertension artérielle ou une
résistance qu’elle oppose à un écoulement uniforme. Elle est due aux insuffisance rénale préalable avec une urée élevée supérieure à 0,3 g/L soit
frottements internes. 3 à 7 mmol/L, une créatininémie supérieure à 12 mg/L (120 mmol/L) et une
Les effets adverses des produits de contraste sont à la fois locaux et généraux. clairance de la créatinine inférieure à 20 mL/min. L’anurie, généralement
Les réactions locales, sur la genèse desquelles nous sommes encore régressive, peut parfois exiger une dialyse. Il faut chez certains patients
aujourd’hui incertains, résulteraient surtout de l’hyperosmolarité et de la limiter la quantité d’iode injectée et favoriser l’hydratation en permettant
composition chimique des substances utilisées. Ces réactions sont maximales l’absorption précoce de liquides après l’exploration.
à l’endroit même ou à proximité du lieu d’injection. L’angiocardiographie
veineuse ou sélective ou auriculaire, ventriculaire, artérielle pulmonaire ou Calcul du volume des cavités cardiaques
aortique, est généralement bien supportée ; elle s’accompagne d’une
sensation de chaleur qui progresse comme une vague, du cœur vers les Les progrès des moyens d’exploration et le traitement par ordinateurs des
extrémités et qui entraîne une céphalée et une impression douloureuse fugace données recueillies au cours de l’opacification du cœur rendent actuellement
à la pointe des doigts et parfois même de l’anus. Ces sensations sont brèves, possible l’estimation rapide des volumes auriculaires et ventriculaires, droits
elles ne durent habituellement que quelques secondes. Il faut en avertir le et gauches, les volumes télédiastolique, télésystolique et d’expulsion
patient avant d’effectuer l’injection. Si la céphalée est violente, elle peut être ventriculaires gauches, la fraction d’éjection, le volume et la fraction de
apaisée en posant sur le front un champ humecté avec de l’eau froide. Le régurgitation systolique (en cas d’insuffisance mitrale) ou diastolique (en cas
patient peut ressentir aussi des nausées et même vomir. Il faut dans ces cas d’insuffisance aortique) ainsi que la cinétique ventriculaire gauche [17, 25, 33, 47].
recommander au malade de respirer calmement, de tousser un peu et Il ne faut cependant pas oublier que le calcul des volumes des cavités
d’attendre. cardiaques est entaché d’un certain nombre d’incertitudes. Il repose sur des
L’injection du produit de contraste dans le ventricule droit ou l’AP peut hypothèses approximatives qui concernent :
déclencher des quintes de toux. L’angiocardiographie veineuse ou sélective – la position du cœur par rapport au support de l’image et à la source de
droite, auriculaire, ventriculaire ou artérielle pulmonaire, s’accompagne d’un rayons X ;
accroissement des pressions droites. L’injection du produit radio-opaque dans – la forme supposée de la cavité, d’après laquelle est établie la formule de
les ventricules donne souvent lieu à des extrasystoles. L’opacification du calcul ;
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S1
S2
S3
CMS c S4
CMD c
S9
S8 S7 S6 S5
A C1 D1 D3 E2
R1
R2
R3
0. R4
69
R5
R11
R10 R9 R6
R8 R7
B C2 D2 E1 E3
15 Étude de la cinétique du ventricule gauche (VG) sur les angiocardiographies sélectives ventriculaires gauches en incidence oblique antérieure droite.
A. Les contours supérieur et inférieur (non représenté sur la figure), diastolique et systolique du VG, depuis les bords supérieur et inférieur de l’orifice aortique jusqu’à la pointe, sont divisés
en 12 segments égaux (seulement 6 sur la figure). La distance existant entre chaque deux points, diastolique et systolique correspondants, est rapportée à une valeur fixe.
B. Méthode de Stanford.
C. Les centres des masses diastolique et systolique (CMD et CMS) sont superposés et les apex alignés (C2). Les contours supérieurs et inférieurs sont divisés en 12 segments égaux
(6 seulement sur la figure).
D. Les surfaces diastolique et systolique sont divisées par des axes qui vont du point moyen aortique à l’apex. Les points moyens de ces axes aorte-pointe sont superposés et les apex
alignés (D2). Virot et al (D3) alignent les apex en faisant tourner le profil systolique sur le point d’intersection des deux axes (petite flèche en D1).
E. Méthode de Leighton et al (E1, E2, E3).
Ils obtiennent ainsi neuf hémiaxes : quatre antérosupérieurs, quatre postéro- – la qualité de la contraction (fonction pompe et fonction musculaire
inférieurs et un apical, distance de la pointe au plus proche diamètre intrinsèque, ou contractilité) et la qualité de la relaxation ;
transversal. Le pourcentage de raccourcissement moyen normal des hémiaxes – le comportement diastolique passif du cœur.
1 à 7 est de 45 à 55 % ; celui des hémiaxes 8 et 9, autour de 30 et 23 %.
En effet, si l’on considère le cœur comme un muscle et une pompe [5], le cycle
Diagnostic des cardiopathies sur les cinéangiocardiographies cardiaque comporte deux périodes (fig 4) :
sélectives – l’une active, qui comprend la contraction (contraction pré-isovolumétrique
et isovolumétrique et une grande partie de l’éjection) et la relaxation (fin de
L’analyse des angiocardiographies sélectives permet non seulement l’étude l’éjection, relaxation préisovolumétrique et isovolumétrique et remplissage
de la cinétique et de la fonction ventriculaire, mais aussi le diagnostic des ventriculaire rapide), qui se font avec consommation d’énergie ;
cardiopathies, malformations (communications interauriculaires ou
interventriculaires, sténoses pulmonaires, valvulaire ou infundibulaire, – l’autre passive, la diastole, qui comprend le remplissage ventriculaire lent
maladie d’Ebstein ou autre), ou atteintes valvulaires (surtout régurgitations et le remplissage systolique auriculaire. Cette définition diffère un peu des
ventriculo-auriculaires, tricuspide ou mitrale, dans le cas des notions classiques, qui appliquent le terme de systole ventriculaire (du grec
angiocardiographies ventriculaires, ou aortiques ou pulmonaires, dans le cas stole se raccourcir, sin ou sys, sur soi-même) à l’intervalle qui sépare du
des angiocardiographies sus-sigmoïdiennes). deuxième bruit le début de la montée de la pression ventriculaire, et celui de
diastole (du grec dia, qui va vers ou qui mène à) à l’intervalle qui existe entre
L’importance des régurgitations ventriculo-auriculaires ou
artérioventriculaires peut être estimée : le deuxième bruit et le début de la systole suivante.
– quantitativement, dans les cas des régurgitations isolées, en calculant le
Évaluation de la fonction pompe
volume de régurgitation, VR, différence entre le volume total chassé par le
ventricule (VST), égal au volume télédiastolique (VTD) moins le volume L’estimation de la fonction pompe repose sur l’étude du débit cardiaque, Q̇
télésystolique (VTS) et le volume systolique antérograde effectif (égal au ou DC, et des conditions de travail du cœur (pressions et volumes
quotient du débit cardiaque, DC, sur la fréquence cardiaque, FC) ; la fraction télédiastoliques [PTDV et VTDV], télésystoliques [PTSV et VTSV] et
de régurgitation, FR, est égale au rapport du volume de régurgitation sur le systoliques [PS et VS], fraction d’éjection [FE] et travail ventriculaire, TV
volume systolique total, FR : ((VST ou VTD - VTS) - VSE)/VST = VR/VST. gauche ou droit), au repos et si nécessaire au cours d’une épreuve d’effort, de
Le volume systolique total, VST, peut aussi être calculé à partir du volume remplissage ou pharmacologique.
systolique effectif, VSE, si l’on connaît la fraction de régurgitation, FR
(exprimée généralement en pourcentage VST = VSE / (1 - FR) ; Le débit cardiaque par mètre carré de surface corporelle (DC/m_), ou index
cardiaque (IC), vaut normalement 3,55 ± 0,75 L/min/m_. L’IC est égal au
– semi-quantitativement, en fonction du degré d’opacification des chambres quotient de la consommation d’oxygène par minute et par mètre carré de
situées en aval et en amont de la valve incompétente. La régurgitation est dite surface corporelle V̇O2/m (143 ± 14 mL) par la différence artérioveineuse en
légère (une croix), représentant moins de 20 % du flux transvalvulaire total,
oxygène (4,1 ± 0,06 mL/100 mL de sang). Le débit cardiaque, même au repos,
si l’opacification de la chambre d’amont se fait par bouffées systoliques, dans
dépend de nombreuses variables et il est parfois difficile, face à une valeur
le cas des valves auriculoventriculaires, diastoliques dans le cas des valves
sigmoïdes, avec opacification faible de cette chambre. Modérée (deux croix), donnée, de décider de sa normalité. Le calcul du « pourcentage d’utilisation
si l’opacification de la chambre d’amont est homogène, mais faible, de densité d’oxygène », rapport de la DAV sur le CaO2, permet d’apprécier facilement
inférieure à celle de la chambre où a lieu l’injection ; la régurgitation sa qualité. Ce rapport est normalement inférieur à 26 %. L’IC peut être
représentant dans ce cas entre 20 et 40 % du flux total. Et trois croix, considéré comme le résultat du produit du volume de sang expulsé à chaque
régurgitation importante, si l’opacification des deux chambres est égale ; systole par le ventricule, (ou volume systolique par mètre carré, ou indexé,
fraction de régurgitation entre 40 et 60 %. VSI), par la fréquence cardiaque.
Le volume systolique (VS) dépend :
Évaluation de la fonction cardiaque – de la précharge, souvent assimilée à la PTDVG, mais qui est en fait le
Le cœur doit assurer à toutes et à chacune des parties de l’organisme l’apport « stress » ventriculaire, ou force de distension à laquelle est soumis le
des substances dont elles ont besoin à chaque moment de leur existence, et ventricule en télédiastole (cf infra) ;
l’élimination de leurs déchets, en respectant certaines normes. De nombreuses – de la contractilité (cf infra) ;
conditions peuvent altérer ce travail. Le système cardiovasculaire s’adapte de – de la postcharge, ensemble des forces qui s’opposent à la vidange
manière à compenser les défaillances. Malheureusement, et à long terme, ces ventriculaire (résistances du système vasculaire, R [appréciées comme le
mécanismes de compensation contribuent souvent à aggraver la situation. rapport de la pression artérielle moyenne, PAm, sur le DC], et valeur de
L’étude ou l’évaluation de la fonction cardiaque essaye de mettre au clair les l’élastance artérielle effective, Ea [quotient de la pression télésystolique
causes de ces dérèglements, afin de les traiter le plus correctement ventriculaire, PTSV, sur le volume d’éjection systolique, VS], qui est une
possible [5-8, 13, 15, 17, 23, 25, 26, 36-40, 43, 47]. mesure valide de la charge artérielle due à la distensibilité des vaisseaux et à
L’évaluation de la fonction cardiaque exige d’apprécier : la viscosité, pesanteur et inertie du sang).
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pente dσ /d∈ de cette courbe est une fonction de la force elle-même, dσ /d∈ = gauche et capillaire ; ce gradient devient holodiastolique et significatif à
Kσ + c = E. E est la rigidité élastique qui caractérise le comportement du l’effort en cas de sténose mitrale serrée ; cardiomyopathies hypertrophiques
ventricule comme un tout et K est la constante de rigidité du myocarde. Mais obstructives avec un gradient intraventriculaire n’apparaissant qu’au cours
le calcul de σ et ∈ est difficile et c’est pourquoi K est généralement estimé d’une épreuve de Valsalva, après des extrasystoles, ou sous l’effet d’une
d’après la formule : K ≅ α (ou Kp) × V/M avec V, volume télédiastolique du perfusion d’isopropilnoradrénaline) ;
ventricule et M, masse myocardique.
– d’établir un diagnostic différentiel :
Apport des épreuves de provocation et pharmacodynamiques – le comportement des pressions du ventricule gauche et de l’aorte au
au diagnostic des cardiopathies cours des extrasystoles permet de reconnaître la nature fixe ou dynamique
d’une sténose (dans les deux cas, le gradient s’accroît sur la systole
L’évaluation ou le diagnostic de certaines cardiopathies ne sont pas toujours postextrasystolique, mais la pression aortique augmente dans les sténoses
possibles ou faciles en tenant compte seulement des paramètres mesurés à un fixes, diminue dans les obstacles dynamiques ; c’est l’effet Brockenbrough,
moment donné de la maladie, au repos, après traitement. Il est parfois Braunwald et Morrow) ;
nécessaire de recourir à des manœuvres de provocation, déclenchement
d’extrasystoles, épreuve de Valsalva, d’effort, de remplissage ou – après une épreuve de Valsalva, dans le cas des restrictions, les deux
pharmacodynamiques, qui, en modifiant les conditions de travail du cœur, pressions ventriculaires restent superposées s’il s’agit d’une atteinte
permettent : péricardique ; se croisent à un moment ou l’autre, généralement, dans les
– de connaître la tolérance à l’effort, ou de mieux estimer la gravité de cardiomyopathies ;
certaines sténoses ou cardiopathies (sténose tricuspide ou mitrale avec petit – d’étudier le comportement des résistances artériolaires pulmonaires chez
gradient transvalvulaire à l’état basal, au repos ; cardiomyopathies avec des un patient candidat à une greffe cardiaque :
pressions et des débits normaux à l’état basal) ; le débit cardiaque s’accroît
normalement à l’effort de 5 mL pour chaque mL d’augmentation de la – en présence d’une HTAP « précapillaire », il faut vérifier le degré de
consommation d’oxygène (V̇O2) : (DC effort-DC repos)/(V̇O2 effort-V̇O2 réversibilité des résistances artériolaires pulmonaires en procédant à
repos) ≥ 5 ; l’administration d’une drogue capable de les abaisser sélectivement,
perfusion de nitroprussiate de sodium, inhalation de monoxyde d’azote ;
– de dévoiler des lésions cachées (syndromes de restriction ou péricardites
chroniques « constrictives » masquées par un traitement déplectif, qui ne se – en cas de résistances artériolaires pulmonaires basses, il faut s’assurer
révèlent qu’après une épreuve de « remplissage » ; sténose mitrale masquée que celles-ci ne s’accroîtront pas en postopératoire face à l’augmentation
par une insuffisance aortique importante qui, en présence d’une bradycardie, du débit due à un cœur sain, en procédant à une perfusion de dobutamine
peut donner lieu à un croisement télédiastolique des pressions ventriculaire suffisante pour obtenir un débit cardiaque normal.
Références
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