DCEM1 - Pharmacologie - Chapitre 14 - 3 - Vie Du Médicament - Septembre 2005
DCEM1 - Pharmacologie - Chapitre 14 - 3 - Vie Du Médicament - Septembre 2005
DCEM1 - Pharmacologie - Chapitre 14 - 3 - Vie Du Médicament - Septembre 2005
J. DANGOUMAU
1. PRESCRIPTION
1.1. L'ordonnance
On appelle "prescription" l'acte par lequel un professionnel de santé indique à un malade le médicament qu'il lui
conseille. Cette prescription peut être orale, mais elle prend le plus souvent la forme d'un document écrit,
"l'ordonnance (médicale)". Celle-ci comporte l'identification du prescripteur, est datée et signée par lui, indique le
nom du médicament, sa posologie, son mode d'emploi, la durée du traitement (ou la quantité), éventuellement la
possibilité ou l'interdiction du renouvellement.
L'ordonnance peut comporter d'autres prescriptions que celles de médicaments : soins infirmiers, examens
complémentaires, hospitalisation, transports,… Elle peut aussi comporter une partie diététique et des conseils
d'hygiène de vie.
Le médecin jouit d'une liberté de prescription en principe totale. Elle est cependant limitée dans certains cas par le
classement des médicaments (médicaments à prescription restreinte).
La prescription doit cependant respecter les indications de l'AMM. Outre le risque de non prise en charge par
l'assurance maladie, s'en affranchir engage directement la responsabilité du médecin.
Les chirurgiens-dentistes peuvent prescrire tous les médicaments nécessaires à l'exercice de l'art dentaire (article L
368 du CSP). Il n'y a pas de limitation autre que de pouvoir justifier que la prescription est en relation avec la
pathologie et la thérapeutique bucco-dentaire.
Les sages-femmes peuvent prescrire les médicaments nécessaires à l'exercice de leur profession (art. L 370 du CSP).
Ces produits figurent sur une liste limitative établie par arrêté du Ministre chargé de la Santé après avis de
l'Académie de Médecine.
Les directeurs de laboratoire d’analyse médicale peuvent prescrire un nombre limité de produits indispensables à la
réalisation d’un examen donné.
Le droit commun est que les médicaments sont librement accessibles, chacun peut les obtenir sans ordonnance chez
le pharmacien. Toutefois, des considérations de santé publique telles la dangerosité particulière de certains produits,
leurs difficultés d’utilisation, la nécessité d’une surveillance médicale, etc. font que des médicaments, nommément
désignés (liste positive), ne sont obligatoirement délivrés que sur prescription. Ce classement figure dans l’AMM.
Les principes de la classification résultent de la directive européenne 92/26; le système est donc identique dans toute
l’Union.
L'ordonnance est facultative pour un médicament non classé et obligatoire pour un médicament classé.
Dans le premier cas, sa forme est totalement libre puisqu'il peut ne pas y en avoir. Toutefois, si le médicament est
remboursable, elle devra mentionner pour être prise en compte par l’assurance maladie, les noms, adresse et qualité
du prescripteur, le nom et prénom du malade ainsi que la dénomination, forme, posologie et quantité du
médicament.
Si le produit est classé, elle doit être établie selon des règles de rédaction qui tiennent compte de ce classement.
Pour les stupéfiants, elle doit être faite sur un carnet à souche personnalisé et délivré par le Conseil de l’Ordre au
médecin; il lui sert aussi à renouveler sa trousse d’urgence dans une limite déterminée (ce carnet devrait être
remplacé par une ordonnance infalsifiable).
Dans tous les cas, l'ordonnance est indispensable pour le remboursement par les organismes sociaux. En plus des
dispositions générales ci-dessus, dans deux cas particuliers (malades en affection de longue durée, médicament
d’exception, cf. chapitre 14.5.), elle doit être établie sur des formulaires spéciaux (ordonnancier bizone, ordonnance
pour médicament d'exception) pour que le remboursement soit possible.
L’annexe (4.3.) 2 donne des renseignements pratiques sur les médicaments à statut particulier.
2. L’AUTOMEDICATION
Le titre de ce chapitre prête à confusion. On distingue mal dans les discours, les écrits et les statistiques, des
phénomènes de significations souvent proches mais différentes. Ceci contribue considérablement à brouiller le
paysage, à en rendre difficile la perception pour les différents acteurs et explique sans doute l'image imprécise de ce
secteur, en stagnation en France.
2.1. Définitions
Intuitivement, on entendra par automédication le fait pour un malade de se soigner lui-même. Dans cette acception,
les médicaments d'automédication sont "des spécialités pharmaceutiques prévues et conçues pour être utilisées sans
En pratique, deux critères sont à considérer, le classement ou non du médicament, le remboursement possible ou
non. Seuls les médicaments non listés sont librement accessibles, sans ordonnance. Toutefois lorsque cette
possibilité est utilisée, ils ne sont en aucun cas remboursés, qu’ils figurent ou non sur la liste des médicaments
remboursables. L’automédication concerne donc des médicaments soit non listés, remboursables mais non
remboursés, soit des médicaments non listés et non remboursables.
Parmi ces dernières, on distingue deux catégories, les médicaments "conseils" promus auprès des pharmaciens qui
en conseillent l'achat aux malades qui sollicitent leur avis, et les médicaments "grand public" promus auprès des
patients qui les sollicitent auprès des pharmaciens (cette distinction résulte d'un choix des fabricants ou des autorités
et a surtout des conséquences sur la publicité).
Les spécialités utilisables en automédication ont évidemment une AMM. Il est prévu que pour obtenir celle-ci,
suffise un dossier simplifié, si les indications sont limitées aux situations où l'absence d'avis médical ne fait courir
aucun risque, si le produit est accompagné d'une information adéquate du consommateur et si le principe actif figure
sur une liste ad hoc (malheureusement non actualisée !). Ces spécialités ne sont pas classées ou sont utilisées à des
doses d'exonération. Le passage, total ou partiel, appelé "délistage", d’un statut à l’autre, demande l'avis de
l'Académie de Pharmacie et de la Commission d'A.M.M.
Les spécialités achetées spontanément ne sont évidemment pas remboursées, qu'elles soient ou non remboursables.
En France en 1995, les médicaments non remboursables ont représenté 11 % de la consommation de produits
pharmaceutiques, hors hôpital. Il faut y ajouter 7 % d'achat spontané de produits remboursables, soit en tout 18 %
pour l'automédication. Cette part loin d'augmenter comme il est régulièrement pronostiqué, est stagnante ces
dernières années, sinon en régression.
1
Le débat est souvent obscurci par l'emploi abusif du terme O.T.C. (“ over the counter ”). Cette désignation (et celle de
médicaments "ethics" qui la complète et ne veut en français strictement rien dire) n'a de signification que dans les pays anglo-
saxons. Chez ceux-ci en effet ces produits sont en libre accès et souvent distribués aussi hors des pharmacies (drug-stores).
Ceci est totalement étranger à la réalité française.
La démarche de l'automédication est pour le malade (ou son entourage) une prise en charge de sa propre santé, donc
une démarche volontaire. C'est pourquoi, elle présente souvent des aspects positifs, bien qu'elle ait en général
mauvaise presse chez les médecins. Toutefois elle peut, par méconnaissance ou inconscience, retarder l'appel au
médecin alors qu'il s'impose. L'éducation et l'expérience jouent ici un grand rôle, mais aussi les facteurs
psychologiques et les préjugés.
Lorsqu'il y a achat en pharmacie, le pharmacien revendique à juste titre un rôle de guide et de conseil sanitaires. Il
doit savoir aiguiller au besoin vers la consultation médicale. Mais les enquêtes montrent que ce conseil est loin
d'être toujours sollicité, ni donné.
Le recours spontané à l'armoire à pharmacie familiale est toujours plus risqué (prise de médicaments prescrits hors
d'un épisode précédent ou pire, à un autre membre de la famille). Encore qu'il ne faille pas systématiser les
reproches faits à cette pratique extrêmement courante (l'expérience des mères de famille augmente avec la taille de
la fratrie !). A noter cependant que l'on peut parfois avoir des doutes sur le respect des dates de péremption et des
conditions de conservation.
Enfin on n'insistera pas sur le médicament conseillé ou donné, par la famille ou le voisinage…
2.5. L'automédication (le médicament non remboursable, la médication familiale, la médication officinale) ont-
ils un avenir en France ?
On a vu que jusqu'à présent, sauf exception, la démarche a été essentiellement négative : l'automédication a été
dénigrée par les autorités médicales, lorsque les malades n'ont pas été inquiétés ou culpabilisés, tandis que les
médicaments étaient présentés comme des sous-médicaments, destinés seulement à faire faire des économies à la
Sécurité Sociale.
Or, si permettre d'économiser des ressources rares est un objectif somme toute louable, les médicaments modernes
d'automédication sont efficaces (et donc non dépourvus d'effets indésirables) et les aspects positifs de
l'automédication sont indéniables. Il faut pour cela qu'elle corresponde à une responsabilisation du patient vis-à-vis
de sa propre santé, à la prise en charge par chacun des petits événements et des aléas de la vie courante. Il resterait à
savoir si une telle démarche est bien en accord avec l'évolution récente de la société. Elle demanderait en tout cas un
gros effort pédagogique.
Pour que l'automédication se développe en France, il faut donc des conditions culturelles et une volonté politique.
On peut y ajouter des conditions économiques : la régulation des dépenses d'assurance maladie et ses conséquences
sur le comportement des prescriptions y contribueront; il faudra aussi sans doute des changements dans la pratique
pharmaceutique (possibilité de concurrence et de publicité pour les officines, accessibilité directe aux produits).
En tout état de cause, le développement de ce secteur, appuyé sur l'éducation et le conseil sanitaire, vaut beaucoup
mieux que le recours aux pratiques charlatanesques qui, à défaut, continueront à croître et à embellir.
Les traitements par un médicament doivent être surveillés par le médecin, avec l'aide active du malade et/ou de son
entourage dûment informés. La surveillance porte sur l'efficacité du traitement et sur sa tolérance (prévenir et/ou
dépister d'éventuels effets indésirables).
3.1.1. Si l'effet attendu survient, c'est-à-dire si le traitement est efficace, le problème est de quand (et comment)
arrêter le traitement :
Un arrêt trop précoce, parfois un arrêt trop brutal, expose à un rebond ou à une rechute. Mais prolonger inutilement
le traitement, expose à des effets indésirables et est coûteux. On doit se demander :
– les critères retenus (disparition du symptôme, correction de l'anomalie clinique ou biologique, etc.), permettent-
ils d'affirmer que le résultat est obtenu ?
– la maladie connaît-elle des rémissions ou des guérisons spontanées ?
– le traitement peut-il être tenu pour responsable des résultats, le délai d'action est-il compatible avec l'effet ?
– le traitement doit-il être prolongé au-delà de la disparition des signes afin de prévenir les complications ou les
rechutes (exemples : angine, infection urinaire) ?
3.1.2. Si le traitement est inefficace, sa modification (changement de posologie ou de produit) doit être envisagée.
Mais avant il convient de se demander :
– le traitement a-t-il été correctement suivi ?
– la posologie est-elle suffisante et peut-elle être augmentée ?
– le délai d'action "normal" a-t-il été respecté ?
– peut-il s'agir d'une interaction alimentaire ou médicamenteuse ?
– l'état physiologique ou pathologique du patient peut-il avoir modifié la réponse au traitement ?
– ne s'agit-il pas d'une erreur de diagnostic ?
3.1.3. S’il survient un événement nocif, est-il dû à la maladie, au médicament, est-il fortuit ?
En termes pharmacologiques est-il imputable au médicament (cf. 5.1.1.) ? En tout état de cause quelle attitude avoir
vis-à-vis du traitement (maintenir, modifier, supprimer, remplacer) ?
Dans certains cas, la surveillance demande une démarche spécifique afin de s’assurer de l’efficacité du traitement
et/ou d’éviter ses effets nocifs.
3.2.2.1. Efficacité. Certains traitements visent à rétablir une "constante" physiologique dans ses "limites normales",
d'autres ont pour but de les modifier. La surveillance de ces traitements demande de la mesurer. Cela revient à se
baser sur un critère d'efficacité intermédiaire ou substitutif. Les exemples sont innombrables, la glycémie pour les
antidiabétiques, le cholestérol pour les hypolipémiants, l'indice de coagulabilité pour les anticoagulants, l'ECG pour
les antiarythmiques, etc.
– adaptation posologique : dans certains cas, les taux plasmatiques peuvent être considérablement différents selon
les patients (pharmacogénétique, sexe, poids, métabolisation) en telle sorte qu'ils sont imprévisibles à partir d'une
posologie standard. Ceci pour certains produits peut avoir une signification en terme d'efficacité (taux trop bas)
ou de tolérance (taux trop élevés). On détermine donc une posologie individuelle en fonction des paramètres
pharmacocinétiques du malade. Pour cela, on lui administre une dose-test et on suit le devenir du produit (et
éventuellement de ses métabolites) dans le sang. Des formules ou des abaques spécifiques donnent alors la
posologie. Elles sont standard ou établies pour des malades présentant certaines caractéristiques (cinétique
populationnelle). Les exemples restent peu nombreux. Le plus classique est celui de l'isoniazide
(antituberculeux).
Le suivi thérapeutique par dosage des médicaments dans le plasma n'a donc d'intérêt que dans un nombre limité de
cas. Un certain nombre de conditions doivent en effet être remplies :
– existence d'un état d'équilibre réversible et stable entre la concentration du médicament mesurée dans le plasma
et celle à son site d'action;
– existence d'une corrélation entre la concentration plasmatique et les effets pharmacodynamiques;
– le dosage doit porter sur la molécule active, produit initial et/ou métabolites;
– il a été possible d'établir une "fenêtre thérapeutique" entre des taux seuils inférieur réputé inefficace et supérieur
dangereux;
– cette fenêtre thérapeutique est étroite et facilement dépassée dans un sens ou dans l'autre avec les posologies
usuelles ou en raison de grandes variations individuelles;
– on ne dispose pas d'un paramètre clinique ou biologique plus simple.
Dans ces cas particuliers (lithium, certains antiépileptiques, certains antibiotiques, digoxine, ciclosporine, certains
anticancéreux), les dosages peuvent apporter des renseignements précieux. Ils permettent de vérifier que la
posologie est bien adaptée et de la modifier éventuellement. Il permettent aussi de rechercher la cause d'un échec
inexpliqué ou d'une manifestation toxique. Leur pratique demande un maximum de précautions. Le laboratoire doit
être compétent, entraîné et disposer d'une méthode de dosage validée; il doit être soumis à un système d'assurance
de qualité. Pour que le résultat soit interprétable l'état d'équilibre doit être atteint (cf. demi-vie), l'horaire du
prélèvement par rapport à la prise doit être connu (en principe, le matin en fin de cycle avant la prise suivante).
L'observance médicamenteuse concerne la façon dont le malade suit le traitement. Cette définition inclut tant le
contenu écrit de l'ordonnance que les recommandations orales. On parle parfois d'"adhésion" ou d'"adhérence" du
malade au traitement.
L'étude de l'observance est importante en pharmacologie clinique (lors de la réalisation d'essais cliniques
comparatifs par exemple). En médecine praticienne, elle est recherchée lors de la surveillance des traitements
médicamenteux et permet d'expliquer certains échecs thérapeutiques apparents.
Si les médecins constatent aisément que leurs prescriptions ne sont pas toujours suivies, il est plus difficile de faire
une analyse chiffrée de l'observance médicamenteuse. Les chiffres fournis par les diverses études ayant abordé ce
problème sont très variables. Cela tient autant aux techniques d'approche utilisées qu'à l’ambiguïté même de la
définition. Certains auteurs parlent de mauvaise adhésion dès que le patient modifie quoi que ce soit au traitement
prescrit. D'autres exigent que les modifications apportées par le patient soient susceptibles d'influer sur l'efficacité
ou la tolérance.
Les méthodes d'études sont évidemment très différentes selon que l'approche se fait, au cabinet, par le praticien
comme élément de surveillance du traitement qu'il a prescrit, ou par une équipe spécialisée disposant de moyens
lourds. Nous citerons :
– l'interrogatoire du malade. C'est ce que fait quotidiennement le médecin praticien de façon informelle. Mieux il
connaît le malade et mieux il apprécie la fiabilité des réponses. Il est hors de doute que nombre de malades ne
disent pas la vérité. Cette dissimulation a des aspects quasi infantile pour un psychiatre, mais elle peut être aussi
inconsciente.
A l'hôpital ou au cours d'enquêtes, l'interrogatoire peut prendre la forme de questionnaire pré-établi ouvert ou
fermé. Il est intéressant de recommencer plusieurs fois pour étudier l'évolution de l'observance chez les malades
chroniques. On étudie si les médicaments prescrits ont été achetés ou non, s'ils ont été tous pris à la posologie
prescrite avec le rythme et la durée prévus, s'il n'y a pas eu d'interruption de traitement ou de médicament
surajouté (automédication)...
Cette méthode pour donner des résultats exploitables, demande la parfaite collaboration et franchise du malade,
ce dont on peut souvent douter;
– le compte des unités de prise restantes. On demande au malade de rapporter les conditionnements des
médicaments prescrits, à chaque bilan ou consultation, pour faire (généralement à son insu) le compte des unités
de prise restantes. Ceci n’exclut pas les tricheries;
– la surveillance des prises. Une tierce personne contrôle régulièrement de quelle façon le traitement prescrit est
suivi. Cette méthodologie lourde n'est possible qu'en milieu fermé et ses résultats ne sont que difficilement
extrapolables à la population générale (le malade n'étant pas autonome et se sentant surveillé);
– le dosage dans les milieux biologiques. Les dosages du médicament dans les milieux biologiques (généralement
le plasma), permettent d'affirmer si le malade a pris ou non le médicament prescrit et éventuellement à une
posologie satisfaisante. Cette technique astreignante n'est possible que pour le petit nombre de substances que
l'on dose, qui sont par ailleurs celles pour lesquelles l'observance est la meilleure car correspondant à des
maladies vécues comme graves par le malade (commitialité, maladies cardio-vasculaires...). Enfin, le dosage ne
renseigne généralement que sur la ou les dernières prises médicamenteuses (exemple du malade ne reprenant son
traitement que la veille de la consultation). Ce procédé peut épisodiquement rendre service au praticien. Il est
plus facile à mettre en oeuvre à l'hôpital. Au cours des essais cliniques ou des études épidémiologiques, on
l'emploi sous forme de "contrôle au hasard" en tirant au sort les sujets vérifiés et les dates de vérification;
– les examens complémentaires de contrôle. Le problème est le même que le précédent à la différence près qu'on
ne quantifie pas le taux du médicament lui-même mais une modification correspondant à un de ses effets
pharmacodynamiques (exemples : taux de prothrombine, temps de saignement pour les traitements
anticoagulants, cholestérolémie pour les hypolipémiants, etc.);
Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Générale DCEM1 2005/2006 9
« Médicaments et pratique médicale – Vie et utilisation des médicaments » - Pr. J Dangoumau, Université de Bordeaux 2
Dépôt légal : 1998
– la mise en évidence d'un marqueur. Cette technique sophistiquée, employée uniquement lors d'essais cliniques,
consiste à incorporer dans chaque unité de prise de médicament, une faible quantité d'une substance facile à
mettre en évidence par dosage lors d'un contrôle de routine. Le "marqueur" ainsi rajouté doit être indiscernable
pour le sujet, n'avoir aucun effet pharmaco-namique, ne présenter aucun danger et ne pas réagir chimiquement
avec le médicament auquel il est incorporé (rouge phénol, fluoresceïne, riboflavine);
– collaboration avec les pharmaciens. Dans les pays (exemple : Canada), où le conditionnement et la délivrance
des spécialités se fait par très petites quantités ou à l'unité, on peut demander au pharmacien de noter les visites
du malade venant se faire délivrer son traitement (cela suppose toutefois que le malade s'approvisionne
constamment à la même officine). A une plus grande échelle, pour un secteur géographique donné, des études
ont été faites en comparant pour une ou plusieurs spécialités les quantités prescrites et les quantités délivrées au
cours d'un intervalle de temps donné.
Globalement, les enquêtes, montrent que plus de la moitié des malades suivent mal ou très mal le traitement qui leur
a été prescrit. Par exemple, une enquête française (MATILLON et PASQUIER) étudiant 243 malades chroniques
par la technique du questionnaire, a montré que 15 % (33) des malades avaient eu une bonne adhésion au
traitement, 18 % (40) une adhésion satisfaisante (le traitement a été suivi, mais pas dans les conditions prescrites),
65 % (145) une mauvaise adhésion (abandon de tout ou d'une partie du traitement) et 2 % (4) n'avaient acheté aucun
des médicaments prescrits.
Indépendamment des résultats globaux, ces enquêtes ont permis d'étudier les causes de la mauvaise observance
médicamenteuse.
Il n'y a pas de moyens miracles. Cela demande un effort constant du praticien. Il facilitera l'observance :
– en n’oubliant pas que le consultant est un sujet malade, qui ne retiendra qu'une partie de ce qui sera dit, ce qui le
rassure ou l’inquiète, et qu'il n'est pas en état de mémoriser des explications et des schémas de traitement
complexes;
– en simplifiant au maximum le traitement : peu de médicaments, peu de prises, des prises régulières (la prise de
midi en cas de restauration collective ou celle à l'heure du bureau sont rarement respectées);
– en expliquant clairement et en répétant jusqu'à ce que il ait l'impression que le malade a compris (ceci n’est
cependant jamais suffisant);
– en écrivant et en écrivant lisiblement; en employant des mots et des formules compréhensibles par son
interlocuteur;
– en remettant un double de l'ordonnance que le malade pourra garder sans risque d'erreurs lors du recopiage (par
le pharmacien, le patient, l'entourage...!);
– ou mieux, en remettant un calendrier de traitement avec les dates, les jours, les heures et les prises, que le malade
n'a plus qu'à exécuter.
Le pharmacien a un rôle important à jouer dans l'observance. Encore faut-il que ce soit en quelque sorte le
"pharmacien de famille". Les contacts pharmacien-médecin sont utiles lorsque l'aire géographique est limitée.
5 LA PHARMACOVIGILANCE
On appelle pathologie iatrogène les manifestations morbides dues à la thérapeutique. Elle déborde l’usage des
médicaments qui sont responsables de la pathologie iatrogène médicamenteuse.
La pharmacovigilance est l’activité qui s’emploie à identifier les effets nocifs des médicaments, à les décrire, à les
prévenir et à en tirer les conséquences individuelles et/ou collectives. Par définition, elle intervient après la
commercialisation.
5.1.1. L’imputabilité
Devant un “ événement ” nocif survenant en cours de traitement, le problème est celui du diagnostic, sachant que le
médicament n’en est en règle que l’une des causes possibles. Or, sauf cas tout à fait particuliers, il n’existe pas de
signe pathognomonique d’accident médicamenteux. Dans ces conditions, on appelle “ imputabilité ” la probabilité
de responsabilité d’un médicament dans la survenue d’un événement nocif.
Imputer, c’est déterminer l’imputabilité. On dispose pour cela de diverses méthodes. En France, il existe une
méthode officielle utilisée par le système national, dont on ne donnera ici que les principes :
Outre une aide au diagnostic, l’utilisation d’une méthode d’imputabilité a l’intérêt d’homogénéiser les jugements et
de permettre les comparaisons nationales et internationales.