Erlpc Oa LCPC Oa38 PDF
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laboratoire
Central
des Ponts
et Chaussées
ÉTUDES ET RECHERCHES
DES LABORATOIRES
DES PONTS ET CHAUSSÉES
laboratoire Central des Ponts et Chaussées
Conformément à la note du 04/07/2014 de la direction générale de l'Ifsttar
précisant la politique de diffusion des ouvrages parus dans les collections éditées
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www.ifsttar.fr
F.J. ULM
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
actuellement au Massachusset lnstitute of Technologie (États-Unis)
D. CHAUVEL
EDF-SEPTEN Division Génie civil
1. SCHALLER
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
actuellement au SETRA
F. de LARRARD
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
Centre de Nantes
F. GUERRIER
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
-3 -
5.2.2. Les données du calcul mécanique ................................................................... 45
5.2.3. Etude comparative de la fissuration ............................................................... 46
5.2.4. Conclusions relatives aux calculs de la fissuration ........................................ 50
VI. Comparaison calcul-expérience - Conclusions .. .... .. ......... .. .... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ...... ... .. . 50
6.1 . Schémas de fissuration .............................................................................................. 51
6.2. Ouverture maximale des fissures et évolution de ces fissures dans le temps ............ 51
6.3. Conclusions ............................................................................................................... 52
6.3.J . Conclusions relatives à l'étude........................................................................ 52
6.3.2. Conclusions d'ordre général ........................................................... ..... ........... 52
VIII. Comparaison entre les résultats obtenus avec l'étude numérique et ceux que
prévoient la méthode de dimensionnement proposée .... ...... ..... ..... ...... .. ... .. ...... ... 63
Remerciements .... ... ..... ..... .. ...................... .... .. ............... ...... .. .... .. .... ..... ..... .. ......... ..... .. ........ 65
Références ............................................................................................................................ 65
-4 -
1. Introduction - Objectif de l'étude
Aujourd'hui le ferrail lage des coques des aéroréfrigérants de centrale nucléaire correspond
pour la partie courante au ferraillage miminum de non fragilité en traction (calculé suivant le
BAEL 91 ). Ainsi, si l'on voulait utiliser un béton à hautes performances, on serait amené à
augmenter le !aux d'armature proportionne llement à l'augmentation de résistance en traction
obtenue en utili sant ce type de béton. Le surcoOt occasionné serait alors trop pénalisant. Les
qualités de durabilité des bétons à hautes performances étant connues, et reconnues, et
pouvant être intéressantes dans le cadre des aéroréfrigérants, la divis ion génie civil de EDF-
SEPTEN a donc proposé au LCPC de se lancer dans une étude approfondie sur l'influence des
BHP sur la fissuration de ces aéroréfrigérants, et de ses conséquences vis-à-vis des problèmes
de durabilité (conlral EDF-SEPTEN/LCPC). La synthèse de cette étude contractuelle qui s'est
déroulée de 1993 à 1995 est l'objet du présent rapport.
Celte étude s 'est articulée autour de la démarche suivante :
D'après l'article A.4.2. du BAEL 91, "...est considérée comme non fragile une section tendue
ou fléchie telle que la sollicitation provoquant la fissuration du béton dans le plan de la section
considérée entraîne dans les aciers une contrainte au plus égale à leur limite d'élasticité
garantie".
-5-
En pratique, le dimensionnement constitue donc à évaluer les sollicitations de fissuration du
béton, et à les équilibrer au moyen du ferrai llage. On obtient, pour une section rectangulaire,
=
un pourcentage d'armatures p Aslbh de la forme:
ft
p=k-1 (1)
je
avec k = 1 pour la traction simple, k = 0,23 pour la flexion simple, et des valeurs
intermédiaires, non précisées par le BAEL, pour la flexion composée. Cette valeur de 0,23 ne
correspond d'ailleurs pas tout à fait avec celle que l'on peut calculer en suivant la méthode du
BAEL. En effet, le moment de fissuration s'écrit
(2)
En égalant des deux expressions, on trouve un coefficient k égal à 0,206. La valeur de 0,23
intègre donc une notion de sécurité, explicable en partie par le fait que la résistance à la
flexion est supérieure à la résistance à la traction directe.
Par ailleurs, le BAEL prescrit des armatures minimales de peau, afin de coudre les fissures
éventuelles dues au retrait du béton. Selon l'article A.8.1., on doit placer au minimum 4 cm2
d'armatures verticales par mètre de parement (sur chaque face), le total constituant au moins
0,2% de la section. Ces quantités ne se cumulent pas avec celles calculées selon les règles de
non-fragilité.
Terminons cette partie par une remarque. Le BAEL prescrit de placer des armatures afin de
rendre les sections non fragiles sous effort imposé; par contre, il ne dit rien de l'ouverture des
fissures. En fissuration très préjudiciable, comme c'est le cas dans un aéroréfrigérant, il faut
pourtant s'assurer de la durabilité du ferraillage, sans quoi une section primitivement non
frag ile pourrait le devenir, par suite de corrosion des armatures.
2.2. Evaluation des contraintes subies par le béton dans les aéroréfrigérants
Les contraintes dues au poids propre. à l'action du vent ou à des tassements différentiels sont
extraites de la note de calcul relative aux aéroréfrigérants de Civaux (Hamont Industrie
Thermique, 1991 ). Vis à vis du vent, la structure travaille théoriquement comme une console
encastrée dans le sol; pour les tassements, la coque est fléchie dans son plan. La superposition
de ces deux actions donne donc des états de contrainte homogènes dans l'épaisseur de la
coque, i.e. des compressions ou des tractions (voir tableau 1).
-6-
Tableau 1: contraintes normales subies par le béton dans les aéroréfrigérants, du fair du
poids propre, du vent et du chargement "dièdre". Il s'agit du chargement S2. en retranchant
l'action du gradient thermique.
Excepté dans la partie basse de l'aéroréfrigérant, l'épaisseur modérée de la coque conduit à des
élévations de températures en cours de prise relativement modestes. L'exothermie du béton ne
suffit donc pas à le fissurer, au contraire des enceintes de confinement. Par contre, le phasage
de construction (une levée par jour) provoque un léger bridage de l'anneau n par l'anneau n- 1,
du fait des retraits thermiques et endogènes différentiels. L'objet de cette partie est d'évaluer
les contraintes (horizontales) qui en résultent à long terme.
- Modèle de calcul - Les calculs sont menés sur un modèle axisymétrique. On considère
d'abord une levée fictive 0 (correspondant en fait à 4 levées réelles), supposée construite et
refroidie, qui constitue le substratum de la levée 1. Lors de la première phase, on coule la
levée 1, zone qui est étudiée en détail. Ensuite, laJevée 2 est coulée lors de la deuxième phase
(figure 1). Considérant que les levées ultérieures n'auront pas d'interaction (ni thermique, ni
mécanique) avec la levée 1, le modèle est donc limité à ces trois levées. On évalue les
contraintes résiduelles en faisant un calcul mécanique à long terme sur le modèle global, en
sachant que seules les valeurs relatives à la levée 1 sont considérées comme représentatives de
la structure réelle.
-7-
2,1 2,1
2,1 2, 1 2, 1 2, 1 2,1 2, 1
- Calcul des températures - Les calculs thermiques ont été effectués avec le module TEXO du
code CESAR-LCPC-LCPC. La température initiale du béton a été prise égale à l 5°C. La
diffusivité du béton et sa capacité calorifique prises en compte sont respectivement de 60
J/h/cm/°C et de 25 J/cm3/°C. Les courbes adiabatiques q(t), représentant la production de
chaleur des bétons pendant la prise et le durcissement, ont été extraites de la base de données
du LCPC. Elles sont relatives à deux bétons représentatifs de ceux utilisés, ou susceptibles de
l'être (B60) dans un aéroréfrigérant.
En B30, la température maximale atteinte est de 30°C, ce qui est modeste, comme on pouvait
s'y attendre pour un voile relativement mince. La montée en température de la levée 2 co·mcide
avec le refroidissement de la levée 1. La diffusion de la chaleur dégagée par la levée supérieure
se manifeste par un plateau de température dans le haut de la levée inférieure.
La température atteinte dans le 860 est à peine supérieure (32°C). Du fait de la prise plus
tardive (liée à l'effet retard exercé par le super plastifiant), il apparaît une petite interaction
thermique entre les levées (dans sa partie basse, la levée 2 chauffe un peu plus que la levée 1).
- Calcul des contraintes résiduel/es - Les calculs mécaniques ont été exécutés en élasticité
vieillissante avec prise en compte des déformations thermiques et endogènes, au moyen du
module MEXO du code CESAR-LCPC-LCPC. Les valeurs de contrainte ont été fo rfairement
frappées d'un coefficient de fluage, puisqu'on s'intéresse aux contraintes résiduelles à long
terme. On suppose dans ces calculs que le béton est non fissuré. Les valeurs des différents
paramètres utilisés apparaissent au tableau 2.
-8-
Tableau 2. Valeurs des paramètres utilisés dans le calcul mécanique. Ei28: module élastique
à 28 jours; Kfl: coefficient de fluage;v: coefficient de Poisson; a: coefficient de dilatation
thermique; Ere: retrait endogène ell/re la prise et l'infini.
Du fait de sa plus grande rigidité, le B60 présente le même tableau, mais avec des contraintes
un peu plus élevées. La traction horizontale maximale est de l'ordre de 0,35 MPa, et la valeur
moyenne dans l'épaisseur avoisine les 0,3 MPa.
- Calcul des températures - Ce calcul est valable tant pour le B30 que le pour le B60 (les
conductivités thermiques de ces matériaux n'ayant pas de raison de différer). Il s'agit d'un
calcul classique en diffusion linéaire. Les valeurs de capacité thermique et de diffusivité sont
les mêmes que celles utilisées au paragraphe 2.2.2 .. Les coefficients d'échange pris en compte,
de type "flux", sont de la forme À.(0ext - 0), avec À. = 1,5 J/h/cm2/°C pour la paroi extérieure,
et À.= 3 J/h/cm2/°C pour l'intérieur. En effet, la condensation de la vapeur d'eau sur le béton
implique une meilleure conductivité thermique de l'interface.
L'équilibre thermique met environ une centaine d'heures à s'établir. Les températures en peau
sont notablement plus rapprochées que celles des deux ambiances: (-2, + 11 °C] pour une paroi
de 0,32 m, et (0, 10°C] pour celle de 0,2 1 m. L'écart de température dans le béton n'est ainsi
q ue de l 3°C au maximum, pour 40°C d'écart imposé.
- Calcul des comraintes - Le calcul aux éléments finis, menés sur la tour complète, montre
que les gradients thermiques n'engendrent que des moments dans la coque. Les états de
-9-
contrainte à l'équilibre thermique sont linéaires, du type [-cr, +cr); la valeur de cr pour les
différents cas apparaît dans le tableau 3. Du fait de la symétrie cylindriq ue, les directions
principales de contraintes et de déformations sont les axes verticaux, radiaux et orthoradiaux.
La dernière grande cause de fissuration est liée au séchage du béton, et au retrait différentiel
qui en résulte. Le séchage est un phénomène lent; il est donc principalement gouverné par les
conditions aux limites moyennes. Les hypothèses pour ces dernières sont les suivantes
(tableau 4):
température hygrométrie
intérieur 20°c 100 %
extérieur 15°C 55 %
On procède d'abord à un calcul thermique du même type que celui effectué au paragraphe
2.2.3. A partir de ce champ de températures, rapidement stabilisé, on procède à un calcul de
séchage, donnant la répartition de teneur en eau dans le béton. Enfin, on en déduit les
contrai ntes résultant des gradients hydriques, en supposant, comme toujours, les sections non
fissurées.
- JO -
- Calculs hydriques - Ils sont menés en d iffusion transitoire non linéaire. selon le modèle de
Mensi-Acker ( 1988) (module DTNL de CESAR-LCPC-LCPC). La teneur en eau libre C du
béton obéit à l'équatio n différentiel le su ivante, où la diffusivité hydrique dépend de la teneur
en eau:
avec
pour le 8 30, et
pour le 860 (diffus ivité en m2/s), soit deux fois moins que pour le 8 30. De même, les
coefficients d'échange au niveau des parois seront de la forme h(C)(Cext - C), avec
9
h( C );;; 3, 356. 10- (239 - C) (8)
Les teneurs en eau lim ites pri ses en compte sont données dans le tableau 5 .. Ces valeurs sont
tirées de considérations sur les compos itions des bétons, ainsi que sur des résultats d'essais de
sorption-désorption (Pihlajavaara). Du fait de l'autodessiccation des 8HP, la teneur en eau
initiale du 860 est plus faib le que celle correspondant au béton saturé (à 100 % H.R.).
Tableau 5. Hypothèses concernant les teneurs en eau libre des bétons dans le calcul de
séchage
béton teneur en eau initiale teneur en eau à IOO% H.R. teneur en eau à 55 % H. R.
8 30 120 l/m3 120 l/m3 45 J/m3
860 80 l/ m3 100 l/m3 37,5 l/m3
Par rapport au calcul thermique, Je régime permanent est bien sûr beaucoup plus long à
s'établir: 15 à 20 ans pour les parties de 0,20 m d'épaisseur en 830, plus de 40 ans pour les
parties en 860 de 0,32 m!
- 11 -
Au bout de 16 mois, la répartition de teneur en eau dans l'épaisseur de la coque est fortement
non linéaire; pour Je 830, elle est plutôt bilinéaire. Les conditions aux limites sont respectées
(telles qu'i ndiquées au tableau précédent). Depuis la fibre intérieure vers la fibre extérieu re, la
teneur en eau décroît régulièrement, puis la chute s'accélère brutalement lorsqu'on s'approche
de la peau extérieure (à moins de 5 cm du parement). La teneur en eau au point de brisure,
comparable à un front de séchage , diminue lorsque le béton vieillit. A long terme, la concavité
du champ de teneur en eau reste cependant orientée vers le bas.
Un comportement similaire est prévu pour le 860, avec une spécificité: la teneur en eau "en
amont" (i.e. côté intérieur) augmente par rapport à la valeur initiale. Au début du processus,
on a donc un front de mouillage qui prog resse depuis l'intérieur, et un front de séchage qui
régresse (par rapport au sens d'écoulement).
- Calculs mécaniques - Ces calculs sont menés toujours avec le code CESAR-LCPC. Le
comportement du béton est décrit par une loi élastique du type suivant:
J+ V V
t:=-cr--tr(cr) I +j3(w - w) ( 10)
- Ed - Ed - - 0
Les états de contrainte à travers la section sont fortement non li néaires, et font apparaître un
poi nt de brisure correspondant à ceux trou vés dans les champs de teneur en eau. Leur intégrale
est nulle, ce qui n'est pas étonnant, en l'absence d'efforts normaux extérieurs; par contre, leur
moment d'ordre 1 est important. Quel que soit le béton, el dès un an de séchage. o n voit que
les sections sont fissurées (côté extérieur). En effet, les contraintes théoriques calcu lées
dépassent de beaucoup la résistance en traction.
2.2.5 Superposition
- l'histoire du coulage des aéroréfri gérant induit l'existence de contrai ntes résiduelles de
traction assez faibles. contrai ntes horizontales de moment quasi nu l et localisées en pani c
inférieure des levées;
- 12 -
- Je séchage du béton, lent à se développer, induit quant à lui des contraintes de tract ion
considérables qui font fissurer le béton au bout de quelq ues mois; com me dans le cas
précédent, les états de contrainte dus au séchage sont auto équilibrés en effort normal;
- enfin. la conjugaison du poids propre et des actions extérieures appliquées à la structu re
(vent. tassements différentiels) provoque des tractions simples, do nt J'enveloppe est
d'ampl itude variée suivant la zone considérée, pouvant atteindre localement de l'ordre de 40
% de la résistance en traction du béton.
A terme. il résu lte de ces calcu ls que la coque est théoriquement entièrement fissu rée sur sa
face extérieure. La question, en ce qui concerne la no n-fragilité, est d'esti mer quel est l'état de
contrai nte au moment où cette fiss uration se produit. Le cas dimensio nnan t est donc celui où
l'effort normal est à sa valeur maximale. Ai nsi, le pourcentage de non-fragi lité sera
directement fonction de l'effort normal obtenu en cumu lant les effets du poids propre, du
chargement extérieur et des éventuelles contraintes résiduelles.
N ( Il )
v= - -
bhf,
( 12)
--
d=
h 8h
• --
-- 1
1 1
b= lm
Figure 2: symboles utilisés dans le calcul de béton armé.
v+6µ =_!_
f (13)
fe
- 13 -
où ft, rési stance en traction du béton, est prise constante selon le BAEL, mais dépend de la
hauteur de la section h et du rapport µ/v, selon des théories plus récentes. Comme indiqué
plus haut, la valeur de v est extraite de la note de calcul; c'est le paramètre dont on va déduire
le ferraill age.
A
-2... = p=v ( 14)
bh
f t/fe
Le cas limite est obtenu lorsque l'acier est au plus bas de la section, compte tenu des
enrobages. En première approx imation, on écrit :
8 :S 0,9 ( 16)
_ P_ =O 23 ( 18)
f, / !, '
8=0.9 ( 19)
- Cas inrer111édiaire - C'est celui d'une section partiellement comprimée en flex ion composée.
Les calculs de béton armé sont alors fort compliqués (équation du troisiè me degré en ex -
hauteur réduite de la section comprimée - et p à optimiser en faisant varier o). En fait, on se
rend compte que les grandeurs recherchées (p et o) évol uent dans un inte rvalle assez réduit.
intervalle dont les bornes dépendent davantage de l'appréciation de ft· li paraît donc très
suffisant d'effectuer une simple interpolation linéaire entre les deux cas précédents.
- 14 -
RécapiJulatif
1/
/
0.8 /
V
0.6 /
/
0.4
0.2
0
i-
- 1/
V
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.2
0.8 "
0.6
0.4
~
- ......
0.2
0 V
- 15 -
2.4. Evaluation de l'ouverture des fissures
Une méthode de calcul ayant été proposée en vue d'assurer la non fragilité des sections, il fau t
encore s'assurer que l'ouverture des fissures est compatible avec une durabilité satisfaisante
des aéroréfrigérants.
Pour Je calcul de l'espacement des fissures, on peut, en première approximation, utiliser une
formu le empirique issue de l'Eurocode 2 (Jaccoud et al, 1993), qui a l'allure suivante:
(21 )
où srm est l'espacement moyen et <l> le diamètre des armatures (exprimés en mm), p la
proportion d'armatures. k 1 est le rapport résistance au cisaillement/résistance en traction
directe. D'après les essais de Jaccoud et al. réalisés à l'EPFL ( 1993), ce rapport évolue peu
lorsque la nature du béton change (une valeur unique de 0,45 a été prise en compte dans les
calculs qui suivent). k1 est un coefficient tenant compte de la distribution des déformations
dans la section fissurée; il vaut respectivement 1 et 0,5 pour la traction directe et pour la
flexion.
On cherche ensuite à éval uer l'ouverture des fissures sous l'effet du séchage du béton. En effet.
on a vu que les effets des gradients thermiques ou des chargements extérieurs sont d'un ordre
de grandeur inférieurs à ceux du séchage. Etant donné qu'il ne faut pas s'auendre à une grande
précision dans les calculs d'ouverture de fissures, on peut donc négliger les causes secondaires
de fissuration.
On se place dans le cas a priori le plus défavorable: parties minces de la coque (où le séchage
progresse le plus vite), dimensionnées en flexion simple (k = 0,23). Les calcul s de teneur en
eau libre effectués au paragraphe 2.2.4 nous permettent d'évaluer le retrait libre en tout point
de la section. Si on admet en première approximation que la fissuration s'arrête à mi-hauteur
de la section, on peut donc évaluer la teneur en eau moyenne dans la zone non fissurée Wnf·
Du fait de la forme des champs de teneur en eau, une erreur sur l'évaluation de la profondeur
de fissuration sera sans grande conséquence sur la valeur de Wnf·
Si, d'autre pari, o n considère qu'à long terme les contraintes dans le béton fissuré sont relaxées
(ainsi que dans l'acier), les ouvertures de fissure au niveau des armatures (earm ) et en peau
(epeau) sont égales à la différence de retrait libre multipliée par l'espacement entre fissures:
(22)
(23)
Les valeurs calculées d'ouvertures de fissure, pour différents jeux de paramètres, sonl
présentées dans le tableau 6.
- 16 -
Tahlea11 6. Eval11a1ion de l'ouverture des fissures, au droit des armatures et en peau, pour les
par1ie.1· minces de la coque dimensionnées en flexion simple selon le diagramme du
paragraphe 2.3. Les calculs sont effectués pour les deux bétons, avec divers diamètres
d'armalllre. *: valeurs à 40 ans prédites par les calculs du paragraphe 2.2.4.
Si on considère qu'une ouverture maximale de 0,3 mm en peau est un bon critère de durabi lité
des armatures (Godart, 1993), on constate que le dimensionnement en non -fragilité du 860,
selon les règles proposées, est satisfaisant. La marge de sécurité apparaît logiquement moindre
avec le 830.
Dans la relation 13, intervient la résistance à la traction ft du béton. Or, il est maintenant
conn u et admis que cette caractéristique dépend du volume de matériau soumis à de la traction
(Rossi et al., 1992).
Il est donc nécessaire de déterminer la relation existant entre ft et le rapport µ/v quand
l'épaisseur de l'aéroréfrigérant, et la résistance du béton varient. Pour ce qui concerne
l'épaisseur on retiendra 20, 30 cm qui correspondent à celles rencontrées dans les
aéroréfrigérants, et du point de vue des résistances en compression, on s'intéressera
respectivement au 830 et au 860.
Une étude numérique, utilisant les éléments fin is, d'un élément en béton soumis à 3 conditions
de chargement différents, traction uniaxiale, flexion pure, et traction flexion est proposée pour
déterminer les re lations entre ft et µ/v. Les calculs sont réalisés en déformations planes. Les
dimensions de l'élément de béton, considéré comme représentatif d'un élément de
l'aéroréfrigérant se fissurant, ainsi que les conditions aux limites utilisées sont donnés dans la
figure 5.
Le modèle retenu pour réaliser ces calculs est un modèle probabiliste de fissuration discrète
développé au LCPC par Rossi (Rossi et Richer ( 1987), Rossi et Wu ( 1992), Rossi et al.
(1996), Rossi et Ulm (1997)) que l'on appelle modèle RPDC (Rossi Probabilistic Cracking
Model). Il est implanté dans le code aux éléments finis CESAR-LCPC-LCPC (module
PR08).
Ce modèle permet d'accéder de manière explicite à l'ouverture, la longueur, et l'espacement
des fissures au sein d'une structure. Il i>ermet également, à partir d'une procédure de type
Monte Carlo, de réaliser une analyse statistique des résultats, c'est à dire qu'au lieu de fournir
un résultat déterministe, il propose une valeur moyenne et un écart type, ce q ui permet, si on
- 17 -
le désire, de mieux cerner un coefficient de sécurité éventuel. Nous allons, dans ce qui suit,
résumer succinctement les bases physiques et théoriques du modèle RPDC.
L= 1m
h = 20 et 30cm
Figure 5. Géométrie de l'élément de béton, et conditions aux limites relatives aux simulations
numériques
Le béton est considéré comme un matériau hétérogène en raison de son caractère composite,
el des phénomènes physiques intervenant lors de sa prise et de son durcissement. Son
comportement mécanique en traction peut être considéré comme élastique fragile si l'on se
place à une échelle de description du matériau très petite par rapport au volume total
considéré. Il peut alors être caractérisé mécaniquement par son module d'Young et sa
résistance en traction directe. Cependant, en raison de l'hétérogénéité, ces caractéristiques sont
aléatoires et dépendent de l'échel le d'observation. A l'échelle d'une structure, on fait
l'hypothèse que les détériorations résu ltant des sollicitations font intervenir localement une
traction, et ce, même dans les zones comprimées. Ceci se traduit par l'apparition de fi ssures
dont la taille varie de quelques microns à quelques dizaines de centimètres en fonction des
contraintes générés par les sollicitation s.
La modélisation numérique d'une structure à l'aide d'un modèle de fissuration implique donc
que la taille des é léments du maillages soit petite vis-à-vis des gradients.
Au sein de ces éléments. le comportement du béton est supposé élastique et isotrope. Ces
éléments sont reliés entre eux par des éléments spéciaux d'interface, susceptibles de s'ouvrir
lorsqu'i ls sont soumis à une traction, ou à un cisaillement, suffisant: on crée ainsi une
discontinuité de déplacement, simulant une fissure. Ce sont des éléments d'épaisseur très
petite au regard des éléments de volume, qui s'ouvrent lorsque la contrainte normale, ou
tangentielle, en leur centre de gravité (point de Gauss milieu) atteint la résistance en traction
locale. L'hétérogénéité du matériau est prise en compte numériquement par une réparti tion
aléatoire des modules d'Young des éléments de massif et des résistances en traction et au
cisail lement des éléments de contact (figure 6). Ces caractéristiques suivent des lois de
distribution du type normale tronquée, qui dépendent du volume considéré. Une étude
- 18 -
ces paramètres dépendent essentiellement du rapport des volumes du plus gros grain du béton
et de l'éprouvette, ainsi que de la résistance en compression simple déterminée sur l'éprouvette
normalisée. Un lissage des résultats expérimentaux a permis d'établir une expression analytique
de la variation de la moyenne et de l'écart-type de la résistance en traction en fonction du
rapport volume du plus gros grain du hétonlvolume total des deux éléments de volume qui
bordent les éléments de contact, et du module d'Young en fonction du rapport volume du plus
gros grain du béton/volume des éléments de volume.
Le modèle probabiliste de fissuration fait donc l'hypothèse que le volume d'un é lément du
maillage correspond au même volume de matériau.
Déterminées expérimentalement
f, f, (V, / V 6 , fc)
~----1 E E (V, / Vs, fJ
Dans cette étude, 10 simulations numériques par type de chargement sont réalisées, ceci pour
les deux bétons et les deux épaisseurs retenus, soit au total 120 simulations numériques.
Les deux maillages utilisés respectivement pour les épaisseurs 20 et 30 cm sont présentés dans
la figure 7.
- 19 -
Dans les figures 8, 9, et IO est présentée l'évolution de la fissuration de l'élément en béton
relative aux trois types de chargement (l'objectif étant de montrer la capacité qu'a le modèle
probabiliste de décrire des pathologies de fissuration différant su ivant le type de chargement).
h=20cm h = 30 cm
- 20 -
Etape 1
Etape 2
- 21 -
-
- -
Etape 1 Etape 2
Etape 3
- 22 -
Etape 1
Etape 2
- 23 -
Les calculs numériques permettent de déterminer l'effort maximal de traction obtenu pour
chaque type de sollicitation. A partir de cet effort, on détermine la résistance en traction
équivalente de l'élément en béton pour les 3 types de chargement, en utilisant une analyse
classique de résistance des matéraux.
Dans Je tableau 7, sont regroupés les résultats relatifs aux 120 simulations.
- les effets d'échelle au sein des structures en béton sont liés au volume de matériau
sollicité, et notamment au volume soumis à des contraintes de traction (Rossi et Ulm ( 1997),
- à partir d'un certain volume soll icité, les effets de vol umes deviennent très faibles.
On constate donc que les résultats obtenus avec le modèle RPDC sont cohérents avec les deux
éléments de connaissance évoqués ci-dessus.
Si l'on compare, maintenant, les effets d'échelle relatifs aux deux bétons en considérant le
rapport fr flexion simptelfr traction uniaxiale• on constate qu'ils sont plus importants pour le
B30 que pour le B60, et ceci pour les deux épaisseurs cons idérées dans l'étude. Ce résul tat est
conforme aux connaissances actuelles sur le sujet (Rossi et al. ( 1992)).
Il faut maintenant examiner comment utiliser les résultats du tableau 7 dans la stratégie c.Jc
dimensionnement présentée précédemment.
Nous proposons la démarche suivante: puisque la méthode de calcul du pourcentage min imum
de non-fragilité repose sur la valeur de v au moment de la fissuration, on va traduire le tableau
1 sous.la forme de courbes ft en fonction de v.fe, ce qui n'est rien d'autre que la contrainte
normale appliquée à l'élément de béton, et ceci pour les deux bétons.
De plus, il est important de raisonner en valeurs caractéristiques de ft, plutôt qu'en valeurs
moyennes, pour se placer du coté de la sécurité. Il suffit d'écrire que:
- 24 -
(24)
Il faut noter que. dans la relation 1. au lieu de diminuer la résistance moyenne de 2 foi s l'écart
type. on l'augmente de 2 fois cet écart type, ceci étant lié au fait que, dans le problème de non-
fragi lité, le pourcentage d'armature à introduire augmente avec la résistance à la traction (la
rés istance caractéristique en traction étant pri se supérieure [1 la résis tance moyenne, o n se
place du côté de la sécurité).
Dans le tableau 8 sont données les valeurs caractéristiques de résistance à la traction .
Dans les fi g ures 11 et 12 sont présentées les courbes ftearact. en fonction de v.fe relati ves
respectivement au 8 30, et au 860.
3,5
3
---- ---- -- --
2,5 h =30 cm
2
1,5
0,5
0 L__~~~~~-L~~~~~----1.~~~~~~-'-~~~~~-'
0 0,5 1,5 2
Contrainte normale (MPa)
- 25 -
Résistance en traction (MPa)
6
Dans ces figures 11 et 12, nous avons calé des courbes théoriques à partir des poi nts
expérimentaux en utili sant la méthode des moindres carrés.
* Pour le 8 30
* Pour le 860
D'un poi nt de vue pratiq ue. pour calculer le pourcentage minimum de non-fragi lité à partir de
notre approche , o n procède de la manière suivante:
- 26 -
!. Il faut tout d 'abord calculer la contrainte normale subie par l'aéroréfrigérants.
2. Connaissant cette contrainte normale, on détermine ftcaract. à l'aide des relations (25) à
(28).
Remarque:
Pour des épaisseurs de paroi d'aéroréfrigérant différentes de celles considérées dans la
présente étude, il faudrait redéterminer les courbes ft - vlµ+ v en procédant comme indiqué ci-
dessus. Il serait alors peut-être possible de trouver une relatio n du type ftcaract. = g((v.fe). J,.,
h) où fc est la résistance en compression caractéristique du béton, et h l'épaisseur de
l'aéroréfrigérant.
Comme nous l'avons signalé dans l'introduction, déterminer le taux d'armature qui permette
d'assurer la non-fragilité de l'aéroréfrigérant n'est pas suffisant, car il faut montrer que ce taux
d'armature est capable de maîtriser la fissuration induite par les gradients d'humidité et de
température, gradients générés lors du fonctionnement en service de l'aéroréfrigérant. Il s'agit
d'un problème important de durabilité.
Dans le paragraphe 2.4, une approche simplifiée est proposée pour évaluer les ouvertures de
fissure de peau. La question que l'on peut alors se poser concerne la pertinence de cette
approche simplifiée. On aimerait ainsi savoir si l'on se place du coté de la sécurité (vis-à-vis
des problèmes de durabilité) en l'utilisant.
Afin d'apporter une réponse sérieuse à ce problème relativement complexe, nous proposons
une approche qui couple calcul numérique et expérimentation. Cette approche se décline de la
manière sui vante:
- 27 -
3.1 Le retrait de dessiccation
Le retrait de dessiccation peut être vu de la façon suivante (cf. Coussy, 1995). Soit un
échantillon de béton saturé par de l'eau liquide et par un mélange formé de vapeur d'eau et
d'air (sec), ce mélange étant à la pression atmos phérique. L'échantillon est soudain mis en
contact avec l'extérieur, contenant le même mélange à la pression atmosphérique, mais
d'humidité relative plus basse que celle régnant initialement dans l'échantillon. Ceci engendre
un déséquilibre thermodynamique entre la vapeur externe et celle présente dans l'échantillon.
Pour restaurer l' équil ibre thermodynamique, l'échantillon échange alors de la vapeur d'eau
avec l'extérieur de telle manière que la pression de vapeur dans l' échantillon décroisse, pour
se rapprocher de celle de l'extérieur (supposée rester constante, au moins loin de
l'échantillon). Pour que l'eau liquide et sa vapeur à l'intérieur de l'échantillon restent en
équilibre, la pression de liquide interne doit alors décroître, elle aussi. Ceci entraîne une
vaporisation de l'eau (si cette dernière ne peut quitter l'échantillon sous forme liquide).
Puisque la pression du liquide décroît et que la pression du mélange (l'atmosphère) reste
inchangée, la pression capillaire augmente. Le squelette est soumis à des compressions
internes de plus en plus fortes qui ont pour effet de contracter l'échantillon : c'est le retrait de
dessiccation. Si ce retrait est empêché, des contraintes macroscopiques de traction sbnt
engendrées dans l'échantillon, et celui-ci est susceptible de fissurer.
La mise en équation du problème nécessite de préciser, d'une part les relations décrivant le
transport de l'eau (eau liquide+ vapeur) vers l'extérieur, et d'autre part les relations liant la
variation d'état hygrométrique aux déformations et aux contraintes. Ces relations sont
détaillées dans Coussy ( 1995), et Lassabatère ( 1994). Ici, on se limite aux équations les plus
utiles pour décrire un tel problème: ce sont les équations utilisées dans les calcu ls.
Cette modélisation est essentiellement basée sur l'hypothèse que le trans port global de l'eau el
de la vapeur n 'est pas influencé par la déformation et la fiss uration du béton. Ainsi, on ramène
ces deux phénomènes de transport (Darcy pour le liquide, Fick pour la vapeur), p lus le
changement de phase sous condition isotherme, à une seu le équatio n de diffusion non-linéaire
de la teneur en eau libre, avec une diffusion qui est principalement due à la différence entre
l'humidité extérieure. Ainsi, l'équation de diffusion non-linéaire s'écrit :
où C est la teneur en eau libre, D(C) l le tenseur (deuxième ordre) des coefficients de diffusion
isotrope, et w le vecteur flux de teneur en eau libre à travers la surface orientée par la normale
n à la frontière an n
du volume de la structure étudiée, tel que
- 28 -
La non-linéarité de la diffusion vient, d'une part, du coefficient de diffu sion D(C) et d 'autre
part du coefficient d'échange À.(C) de la condition aux limites. Mensi et al.( 1988) proposent
les fonctio ns suivantes :
D(C)= Aexp(BC) (3 1)
où A,B et Psont des constantes, h"'' l' humidité relative imposée à la surface, C 100 la teneur en
eau libre à la saturation (h= IOO %), et Ccq la teneur en eau équivalente à l' hum idité extérieure
hext (donc à l'équili bre hydrique), à tirer d 'une courbe de sorption isotherme du béto n étudié.
Avec la condition initiale de teneur en eau libre dans la structure C; 0 ;, ces données doivent être
déterminées pour chaque béton faisant l' objet d'un calcu l de diffusion avec le module DTNL
de CESAR-LCPC-LCPC. Enfin, pour rendre compte du fait que le séchage à une température
supérieure à celle de référence (T 0 = 293 K) est plus rapide, on utilise la relation cinétique
suivante (Oranger, 1995):
On obtient ainsi le champ de teneur en eau libre C = C(x,t) au sein de la structure étudiée.
- 29 -
inchangée, l'équation (34) montre que la pression capi llaire augmente avec la vaporisation de
l'eau au cours du séchage (dpc = - dp 1). Pour équi librer ces tractions, le squelette est soumis à
des compressions internes de plus en plus fortes (figure 13).
(35)
s
dE=- - 1- dp (36)
3Ko c
- 30 -
Retrait de dessication (" 10·6)
700
BO
600 \
500
\
BH -----
400
---- \
300 -- \
200
---\
100 \
0 \
0 20 40 60 80 100
Humidité (%)
(37)
0 ~~--'-~~-'-~---''--~-'-~---'
0 20 40 60 80 100
Humidité (%)
Cette linéarité apparente a été également constatée par rapport la variation de la teneur en eau
libre C, définie par :
(38)
- 31 -
ou ip0 est la porosité initiale. En utilisant la relation (38) dans (34), on a boutit à:
(39)
Notons que les relations (37) et (39) li ant la déformation avec l'humidité relative (ou la teneur
en eau libre) ne sont vala bles que sous la condition dcr = 0, dont elle dérive
(expérimentalement et théoriquement). Toutefois, on peut supposer qu'elle est valable même
hors de cette condition, ce qui revient à supposer que l'application des contraintes a peu
d'influence sur l'évolution des pressions capi llaires. A insi, l'équation d'état (32) peut se
mettre sous la forme :
où K = dc/dC est le coefficient de dilatation apparent liant le retrait lié aux variation s
de la pressio n capillaire à la déformation. En outre, en prenant en compte une dilatation
thermique, l'équation (40) devient:
Enfin, le modèle rhéologique qu'on utilise ( figure 13) ne prend pas en compte une rel axation
des contraintes par fluage. En effet, la relation (36) li ant le retrait de dessiccation aux
pressions capillaires n'est valable qu'en absence de tout phénomène différé comme celui du
fluage. Autrement dit, les contraintes ne peuvent se libérer dans le modèle que par fissuration.
(42)
où f, est la résistance en traction locale distribuée d'une façon aléatoire. cr N = n .cr.n est la
contrainte normale qu'on obtient à partir des équations d'étal (35) et (41) :
(43 )
- 32 -
où G et K0 sont respectivement les modules de cisaillement et de compressibil ité distribués
d'une manière aléatoire, et À = n .E.n est la dilatation linéaire dans la direction n . De plus,
07t = 7t - 7t., est la traction induite par les effets capi ll aires lors du séchage par rapport à un
étal de référence 7t0 :
(44)
Notons que la résistance en traction f, dans le critère (42) est définie par rapport à un état de
référence des pressions capillaires, f, = f,(Jto), correspondant à la traction capillaire 7t0 associée
aux effets capillaires induits par la consommation d'eau dans l'hydratation . En outre, on
remarque que dans le cas du retrait libre (i.e. crN = 0) dû à un séchage homogène (i.e. gradC =
0), le matériau ne se fissure pas. Autrement dit, la fissuration n' est due qu'aux conditions aux
limites en déplacement (retrait empêché) et en humidité relative induisant des gradients
d'humidité.
Afin d'obtenir une bonne représentativité expérimentale des éléments d'aéroréfigérants, les
corps d'épreuve doivent répondre à certaines exigences:
La géométrie et les dimensions du corps d'épreuve choisi sont données dans la figure
16. Il s'agit d'une "cloche" en béton armé.
- 33 -
1,1am
lm
,;;;;;;;;;;;__~-....-...--- '
1 ... ...
' , ......
'
'
',' . . '.
1
1,10m
!I E
0
"'0
--------------- -----,,
' l,
'
' 1,30m
1
La composition respective du B30 et du B60 mis en oeuvre dans cette étude (un corps
d'épreuve en B30 et un corps d'épreuve en B60) est donnée dans le tableau 9. Il s'agit de
formulations de béton proposées par EDF (car proches de celles déjà utilisées).
B30 B60
Gravillons du Boulonnais 1114 1079
4/12,5
Sable du Boulonnais 0/5 431 415
Sable de Seine 0/4 431 415
Fumée de s ilice Laudun 30
Ciment, CPJ 55au laitier, 350 360
CEDEST
Eau 145 150
Superplastifiant Sikament 10 5,3 9
Entraineur d'air SIKA AER 0,3
6 éprouvettes 16 x 32 cm ont été fabriquées lors du coulage des deux bétons pour évaluer les
résistances mécaniques en compression et en fendage à 28 jours. Les résultats relatifs à ces
essais sont présentés dans le tableau 1O.
- 34 -
Tableau IO. Résistances en compression et en traction par fendage à 28 jours relatives aux
deux bétons étudiés
Moyenne
B30 Compression en MPa 44, 1 41 ,5 43,7 43,1
Fendage en MPa 4,2 3,5 3,8 3.8
B60 Compression en MPa 81,4 81,2 8 1,2 81,3
Fendage en MPa 5,1 4,7 5,2 5,0
Les aciers passifs utilisés pour les dalles supérieures des deux corps d'épreuve sont des aciers
HA500 norme 35019.
La disposition de ces aciers est identique pour les deux corps d'épreuve, et seul le diamètre des
aciers diffère.
Il est à s ignaler que dans la méthode de dimensionnement proposée au paragraphe Il, les
armatures (calculées) doivent être placées dans la partie en traction de la section de
l'aéroréfrigérant. Or, dans le cas de cette étude expérimentale, bien que le taux d'armature ait
été calculé en utilisant l'approche du paragraphe II, il a été décidé (par EDF) de se conformer
aux dispositions d'armatures habituellement adoptées dans les aéroréfrigérants.
Ainsi, les aciers, dans la présente étude, sont disposées en deux nappes disposées
symétriquement, et formant un maillage 0, 10 m x 0, 10 m avec un enrobage de béton de 15
mm.
Cela donne pour chaque nappe d'acier, dans chaque direction:
Les quatre cotés du tronc de pyramide, quant à eux, ont été armés de la même façon pour les
deux corps d'épreuve : deux nappes de treillis soudés 0 4 avec des mailles 0,2 m x 0, 1 m
auxquels ont été adjoints des filants 0 4 pour réaliser un maillage 0, 1 m x 0, 1 m et solidariser
l'ensemble du feirraillage du tronc de pyramide.
D'autres aciers 0 4 ont été utilisés pour assurer la connexion entre le ferraillage de la dalle
supérieure, et celui du tronc de pyramide, et renforcer ainsi la liaison de la dalle sur ses
quatres cotés.
Les sollicitations ont été imposées de la manière suivante: pour chaque corps d'épreuve, un
bac inox rempli d'eau a été posé sur un petit muret. Les corps d'épreuve sont alors disposés sur
ces assemblages par l'intermédiaire d'un joint caoutchouc afin de réaliser des enceintes
fermées. Des résistances chauffantes plongées dans l'eau ont deux objectifs:
- obtenir une évaporation de l'eau qui allait ensuite se condenser sur la qui allait ensuite se
condenser sur la sous-face interne de la dalle donnant 100% d'humidité relative au niveau de
la peau du béton,
- 35 -
- chauffer l'air de l'enceinte à 40°C e n chau ffant l'eau, une sonde thermique associée à un
thermostat a permis d'imposer cette température avec une précision de l'o rdre du degré celsius.
Les conditions hygrométriques et thermiques à l'extérieur des enceintes n'ont pas été, tout
comme les aéroréfrigérants en fonctionnement, imposées. Ce sont celles de la plate-forme
d'essais du LCPC sur laquelle ont été réalisés les essais.
La figure 17 illustre la manière dont les sollicitations sont imposées.
Sonde de température
Bac en inox
• •
Figure 17. Conditions d'essai pennettant d'imposer les sollicitations souhaitées
Un s ui vi régu lier de la fissuratio n des d alles supérieures a été assuré dans le temps par des
moyens visuels.
Pour faciliter le relevé des fissu res, un quadrillage avec des mailles de 0, 1 m de coté a été
tracé sur chacune des dalles supérieures, le repérage étant effectué par des lettres et des
chiffres.
Trois fi ssures sur chaque corps d'épreuve (les plus ouvertes) ont été instrumentées afin de
suivre l'évolution de leur ou verture au cours de l'essai.
L'allure de la fissuration est assez similaire sur les deux corps d'épreuve. Elle se présente sous
la forme d'un quadrillage plus fourni au centre des dalles. sensiblement parallèle aux coté de
la dalle. La dimension des mailles de ce quadrillage est de 7 à 8 cm pour le 860. et de 3 à 4
cm pour le 8 30.
Conme cela a été mentionné précédemment. 3 fissures ont été suivies pour chaque corps
d'épreuve.
Les figures 18. et 19 donnent respectivement po ur le 860. et le 830. l'é volution de l'ouverture
de ces fissu res pendant la durée des essais.
- 36 -
25
â:::1..
......,
~
::s
"'
"'
<= Cl)
-a
...
Cl)
::s
t::
Cl)
;>
::s 1995
0
-10
20
,......,
E 15
:::1..
.......,
...::s
Cl)
10
"'
"'
<=
Cl)
-a
Cl)
~
Cl)
23/10/1994 21/01/1995 21/04/1995
;>
::s
0
-15
On peut constat.er que l'évolution des ouvertures des fissures est très faible puisqu'en un an ,
elle est au maximum de 23 w-6 m pour le B60 (fissure E6), et de 17 IQ-6 m pour le B30
(fissure 16).
- 37 -
Les figures 18, el 19 ne donnant que l'évolution de l'ouverture des fissures à partir du moment
où celles-ci ont été repérées (les valeurs négatives sur les figures 18, et 19 indiquent donc que
les fissures se sont refermées à partir du moment où on a su ivi leur évolution), et suivies,
l'ouverture réelle de ces fissures a été mesurée à la fin des essais à l'aide d'un fissuromètre
ocu laire. La précision de ces mesures n'est pas très bonne (environ 25 10-6 m), c'est-à-dire de
l'ordre de grandeur de l'ouverture des fissures.
Le tableau 11 regroupe les valeurs d'ouverture de fissure relatives au 860, et au 830.
B60 830
r Reoéra!!e des fissures A3 A6 E6 H5 16 E6
1 Ou verture en 1o-6 m 150 50 50 50 75 inf. à 50
Les ouvertures de fissures pour les deux corps d'épreuve sont en moyenne de l'ordre de 50 10-
6 m (ou verture maximale de 75 10-6 m pour le 830, el 50 10-6 m pour le 860) à l'exception
de la fissure A3 pour le 860 dont l'ouverture est trois fois supérieure. Mais cette fissure se
situe au niveau de l'encastrement, el n'est donc pas représentative du problème posé.
De plus, au regard des figures 18, et 19, et du tableau 13, on peut conclure que l'évolution de
l'ouverture des fissu res a été très peu importante à partir du moment où elles ont été visibles,
ce qui signifie que leur cinétique d 'évolution a été très importante au début de leur
f ormatio11 pour diminuer ensuite.
Dans cette partie, on présente la détermination des données pour les calculs de la diffusion
non-linéaire d e la teneur en eau libre (cf. Granger, 1995). Il s'agit de déterminer à partir de la
formulation des deux bétons, la teneur en eau initiale Cini• la teneur en eau à saturation et celle
de l'équilibre Ccq correspondant à l'humidité relative de 50 % , qui est la condition imposée
sur les faces extérieures. En l'absence de données plus précises, on détermine la teneur en eau
initiale Cini à partir de :
- 38 -
Tableau 12 : Quantités d'eau et de ciment des deux bétons étudiés en kg!m 3
Pour le ciment CPJ 55 on prend une valeur de k = 0,2 1. En ce qui concerne le degré
d'hydratation final a, on estime que le béton 830 est plus hydraté que le béton à hautes
performances, en prenant les valeurs suivantes :
830: a= 0,96
860 : <X = 0,86
a est supposé constant au sein de la structure. Ainsi , les teneurs en eau initiales pour les deux
bétons se calculent :
Dans une première approximation, on calcule la teneur en eau libre à la saturation (h= 100%) à
partir de
(46)
soit:
3
830: cl()() = (1,5-0,428)x79 = 85kg/ m
3
860: c l()() = (1,5-0,436)x92 = 98kg/m
Pour le calcul de la teneur en eau à l'équilibre, on prend dans une première approximation :
(47)
3
830: ceq = 85(1 - l,25x0,428.j2(1 - 0,5))= 39kg/m
3
860 : c.q = 98(1- l,25x0,436.j2(1-0,5))= 44kg/m
- 39 -
830 : C. . -C =79-39=40kg/ m 3
"" <q
B60: C.1ru. -C cq = 92-44=48kg/m 3
Par conséquent, les conditions de séchage sont plus défavorables pour le B60 que pour le
B30.
Enfin , pour les constantes A, 8 et Q du modèle Mensi et al. ( 1988), on les considère
indépendantes du béton, et on leur donne les valeurs suivantes :
13
A= 3,4lff m/s 2
8 = 0,05
1
Q =4700 k"
1-h
ECH =j3 c.i , =3 10-9 mis
(c<q - c100 )2
Ceci correspond à une situation d 'échange d'une surface sou mise à des conditions
atmosphériques" calmes".
Pour étudier les effets tridimensionnels de la diffusion, on se propose ici de faire une
modélisation tridimensionnelle de la maquette, et comparer les résu ltats avec ceux obtenus par
un calcul bidimensionnel en condition plane et en condition axisymétrique, comme illustré
figure 20. Cette étude préliminaire s'effectue sur le 830, avec les données précisées ci-dessus.
De plus. le gradient de tempé rature est négligé. Les résultats sont comparés en termes de perte
en poids massique globale t:i.P/ P0
1::i.:(t) =
o
-k f(c.., - c(t)}ln
P n
(48)
c'est-à-dire en termes de variation de la teneur en eau massique moyenne dans la structure t:i.P
par rapport au poids de la structure sèche P0 = pn, entre la modélisation tridimensionnelle et
les modélisations bidimensionnelles. Le béton est modélisé par des éléments de massif et les
faces par des éléments d'échange, suivant respectivement la loi de diffusion non-linéaire (29)
et la condition d'échange (30).
La figure 20 montre les pertes en poids (en [%)) en fonction du temps pour les di ffére nts
calculs. On note ainsi qu'un calcul bidimensionnel axisymétriquc donne une bonne
approximation de la perte en poids globale due au séchage de la pyramide tronquée . Dans cc
qui su it , les calculs hydriques sont donc effectués en considérant la maquette comme un cône
tronqué.
- 40 -
0,9
0,8 ...c....o-c-.. .--.. .~~
...,;..,::JI.. ~ ,., -~ ~~ ,.,_..,____,.,__,.. ~
-c-e-----:::1-\...--,.._,__--..;
.o·-~
- ---~-~
0,7
-
*., 0,6
~
;._:·-
~ 0,5
c. ;.:~
.::- ---30
o. 1 g - - 0 - - plan
o!~~~~--,-~~~~~~~~+-~~~-+-~~~--<
0 1CXJO 2CXJO 3CXJO 4000 5CXJO
T~(ioursJ
Figure 20. Comparaison des pertes en poids entre une modélisation 3D et les modélisations
2D
Dans cette partie, o n se propose d'étudier les différences entre le bloc en béton 830 et celui en
860. Cette comparaison porte d'une part sur la perte en poids globale et d'autre part sur les
gradients de teneur en eau. De plus, l'effet du gradient de température sur le séchage est
étudié.
Conditions de séchage
La figure 22 montre les profils de teneur en eau libre après 12 ans de séchage. On constate que
le gradient de teneur en eau pour le béton B60 proche de la face extérieure est plus important
que celui du béton 8 30. De plus et indépendamment du béton, l'effet d'un gradient de
température sur le séchage conduit également à un accroissement du gradient de teneur en eau
par rapport aux conditions de séchage à température constante et homogène dans la structure
(figures 23 et 24). Ainsi, la prise en compte du gradient thermique avec une température plus
basse au niveau de la face extérieure (en contact avec l'atmosphère), ralenti t le séchage et
constitue une condition plutôt défavorable en ce qui concerne les conséquences mécaniques
liées au séchage.
- 41 -
Perte de poids (%)
0,7
Cini / Ceq = 92 / 44
0,6
, .
, ,
0,5
B30 + Temp ,,
B60 + Temp ,,
0,4 I
,
I
0,3
0,2
,
, , ' Ci ni I Ceq = 79 I 39
0,1
85
-- - ---
75
---
65
55
Sb30t
Sb60t
45
\
\
Figure 22. Comparaison des proJils de teneur en eau libre à t = 12 ans (prise en compte du
gradiellf thermique)
. 42.
Teneur en eau libre (kg / m3 )
80 Face extérieure
75
70
65
T =2o·c =const' '
60
55
·_ - Sb30 1
---
50 . Sb30t
I
45
40
Figure 23. Effet du gradient thermique sur le séchage du 830: profils de teneur en eau libre
à t = 12 ans
90
80
T = 2o·c = const
70
60
·--- - Sb60 1
. Sb60t
50
' -
40
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0, 1
Epaisseur (m)
Figure 24. Effet du gradient thermique sur le séchage du 860: profils de teneur en eau libre
à t 12 ans =
- 43 -
5.1.4. Conclusions relatives aux calculs hydriques
La formulation particulière du béton B60 avec un rapport Eo/co assez élevé pour un béton à
hautes performances conduit aux conséquences suivantes :
- les conditions de séchage du B60 sont plus sévères que celles du B30,
- les gradients à un temps donné sont plus importants pour le B60 que pour le B30,
- de plus, l'existence d' un gradient thermique avec une température plus basse au niveau de
la face d'échange avec l'extérieur augmente les gradients de teneur en eau libre.
Ces résultats relatifs aux conditions les plus défavorables (c'est-à-dire avec prise en compte
d'un gradient thermique) sont par la suite utilisés dans les calculs mécaniques permettant
d'analyser la fissuration du béton due aux gradients d' humidité el de température.
La figure 25 montre le maillage bidimensionnel utilisé pour le calcul mécanique avec les
conditions aux limites en déplacement imposé.
- 44 -
Le béton est modélisé à J'aide d'éléments de massif interfacés par des éléments de contact.
Les aciers sont modélisés à l'aide d 'éléments poutre bidimension nels au comportement
élastique linéaire. Ces é léments ne sont pas attachés à to us les nœuds du maillage (uniquement
1 sur 2), ce qu i permet à une fi ssure de "traverser" les armatures. De cette manière,
l'interface acier-béton n'est pas modélisé explicitement, et on suppose une adhérence parfa ite
entre le béton el l'acier, là où les élémen ts poutre sont attachés au x éléments de massif. En ce
qui concerne les cond itions aux limites, on note, d'une part la condition de symétrie x = O (u =
0), et d'autre part l'encastrement à y = 0 (u = 0 et v = 0). Cet encastrement a été choisi pour
rendre compte de la rigidité tridimensionnelle de la structure (voir fi g ure 16) : la condition v =
0 (déplacement vertical imposé nul) fait référence au poids propre d e la structure, bien que ce
soit une conditi on majorant la rigidité en empêchant tout décollement lié à la flexion des côtés
inclinés : la condi tion u = 0 permet de tenir compte de la rigidité induite par les côtés
parallèles au plan étudié. La condition de déformations planes (tu = 0) imposée dans les
calcu ls traduit également cette rigidité.
Les données des calculs mécaniques avec l'approche p robabiliste de la fissuration sont
résumées dans les tableaux 13 et 14. Le tableau 15 résume quelques caractéristiques de la
distribution aléatoire d u module d' Young E et de la résistance en traction du béton f, utili sées
dans le calcu l et issues de l'approche probabiliste. On note que les dispersions pour le 8 60
sont nettement inférieures à celles du 8 30, ce qu i reflète la qualité supérieure de la matrice
d'un béton à hautes performances par rapport à un béton normal.
- 45 -
Tableau l 5. Caractéristiques de la distribution aléatoire dans le maillage
*Valeurs pour deux distributions différentes
B30 B60
Module d'Youn11:
Emov 33990 MPa 42990 MPa
Emin 28598/29056* MPa 38426/37918* MPa
E rnax 38930/39407* MPa 47733/48287* MPa
Résistance traction
fr-mou 2,92MPa 4,27 MPa
f1.min 1, 13/J ,40* MPa 2,69/2,76* MPa
fr-max 4,76/4,8 1* MPa 6,02/5,96* MPa
Dans cette partie, on compare les deux bétons vis-à-vis de la fissuration d'origine thermique et
hydrique. Les éléments de comparaison sont: l'évolution de l'ouverture maxi male des
fissures, les contraintes dans les aciers et les schémas de fi ssuration.
La figure 26 montre l'évolution de l'ouverture maximale des fissures de peau pour le B30 et le
860. On constate qu'au cours des 3 premiers jours, il y a une relaxation par fissuration des
contraintes induites par les gradients hydriques (gradC, qui sont très forts, mais peu profonds).
A cause de la résistance en traction plus faib le du 830, la fissuration du 830 apparaît plus
importante que celle du 860, avec une ouverture" asymptotique" de:
- 8 30: w = 70 µm
-860:w=60µm
Yu l'enrobage de 15 mm par rapport aux gradients hydriques peu profonds aux premiers
jours. il paraît possible que l'augmentation de la résistance en traction du 8 60 puisse
compenser les cond iti ons plus sévères de séchage qu'il subit.
Enfin , il est utile de rappeler que le modèle rhéologique utilisé (voir figure 13) " impose" la
relaxation des contraintes par fissuration et néglige toute autre forme de relaxation liée au
comportement différé du béton (i.e., relaxation par fluage).
- 46 -
Ouverture fissure (10-6 m)
80
70 -830
, , -- ... - .
60 __ _,
' ' , .,--- 8 60
50 '
40
30
20
10
0
0,1 10 100 1000 10 000
Temps U>
Figure 26. Evolution de l'o11vert11re maximale de fissure
Avec l'ouverture des fissures, les aciers sont mis en traction comme l'illustre la figure 27.
Cette figure montre l'évolution des contraintes dans les aciers situés au niveau de la fissure,
dont l'ouverture en fonc tion du temps est illustrée dans la figure 26. L' ouverture de fissure
plus importante du 8 30 par rapport à celle du 860, conduit à des contraintes dans les aciers
plus importantes. Dans les deux cas, les contraintes atteignent " asymptotiquement " au niveau
de la fissure des valeurs assez é levées :
Soit, encore, une différence d 'environ 15 %. Entre deux fi ssures ces contraintes sont très
petites (crA "' 10 MPa).
Enfin , il est utile de rappeler que la modélisation des aciers sous la forme d'éléments poutre
néglige la dégradation de l'adhérence entre l'acier et le béton, et donc d'une sorte de relaxation
des contraintes dans les aciers par détérioration de l'imerface acier-béton. Celle-ci conduit à
une répartition des contraintes le long des aciers, diminuant les concentrations de contraintes
dans les aciers au niveau des fis sures.
- 47 -
Contrainte acier (MPa)
400
---\
_,930
1
350
' ,, ,
' ,,
300
250
200
150
100
50
0
0,1 10 100 1000 10 000
Temps U)
Schéma de fissuration
- 48 -
, ~ ..
lL
"
- 49 -
5.2.4 Conclusions relatives aux calculs de la fissuration
- une relaxation des contraintes par fissuration moins importante pour le B60, du fait
principalement de sa résistance en traction plus importante, et ceci malgré les conditions
de séchage plus sévères liées à sa formulation très particulière (rapport e/c élevé),
- la mise en traction des aciers au niveau des fissures moins importantes pour le B60, ceci
étant dû à des fissures moins ouvertes,
- une profondeur de fissure assez importante, avec des fissures régulièrement espacées
(50-80 mm).
Enfin, il apparaît que le "grain en durabilité mécanique" (fi ssuration , contrainte dans l'acier,
etc.) d'environ 15 % pour le B60 par rapport au B30 pourrait s'améliorer, en optimisant la
formulation du B60 par rapport à son comportement hydrique.
Il est à noter que ces conclusions doivent être annoncées avec une certaine prudence étant
donné les hypothèses faites lors des calculs :
Cette comparaison a, comme nous l'avons déjà indiqué, pour objectif de valider la
modélisation. Cette validation est un passage obligé pour modéliser ensuite la fissuration d'un
élément d'aéroréfrigérant à l'échelle 1.
Les résutats numériques relatifs aux contraintes dans les aciers n'ont pas été comparés aux
résultats expérimentaux car dans les corps d'épreuves les armatures n'étaient pas
instrumentées.
Il est évident que l'expérience étant un problème 3D, et les calculs étant réalisés en 2D, les
schémas de fissuration sont différents, et leur comparaison délicate. On peut malgré tout
regarder si les ordres de grandeur des espacements entre les fissures visibles sont comparables
entre les expériences et les calculs. On constate ainsi que:
- 50 -
- pour ce qui concerne les expériences, la fissuration se présente sous la forme d'un
quadrillage sens iblement parallèle aux côtés de la dal le, dont la dimension des mailles est de 7
à 8 cm pour le 860, et de 3 à 4 cm pour le 830,
- pour ce qui concerne les calcu ls, on ne trouve pas de différence significative entre les deux
bétons pour ce qui concerne l'espacement entre fissures, ces espacements all ant de 5 à 8 cm.
Les ordres de grandeurs relatifs aux espacements de fissures sont donc bien retrouvés par
le calcul.
Il faut malgré tout souligner que les calculs prévoient une fissuration non négligeable des
côtés de la pyramide tronquée que constitue le corps d'épreuve, alors qu'expérimentalement
cette fissuration apparaît peu, si ce n'est dans les angles. Il n'est pas évident d'expliquer cette
différence qui est peut être liée à l'effet 20 de la modélisation alors que le problème est 30,
mais également à une représentation des conditions aux limites (interface entre le sol et le
corps d'épreuve) pas totalement satisfaisante.
6.2. Ouverture maximale des fissures et évolution de ces fissures dans le temps
Comme il est précisé dans le paragraphe 4.2.2, la mesure de l'ouverture maximale finale n'est
pas très précise puisque cette précision est évaluée à 25 µm. Ceci posé, les ouvertures
maximales finales mesurées expérimentalement ont été de:
- 50 µm pour le 860,
- 75 µm pour le 830.
En ce qui concerne les calculs, on trouve:
- 60 µm pour le 860,
- 70 µm pour le 830.
On co11State donc que les calculs donnent des résultats très proches et cohérents par rapport
aux résultats expérimentaux pour ce qui concerne l'ouverture maximale des fissures.
Pour ce qui concerne, maintenant, l'évolution de ces fissures dans le temps, on remarque
qu'aussi bien l'expérience que les calculs, indiquent que les fissures de séchage apparaissent
très tôt, et que I' évolution de l'ouverture de ces fissures dans le temps est ensuite très faible
(de l'ordre de ± 10 µm , et inférieure ou égale à 20 µm en valeur absolue) ceci pour les deux
bétons.
L'évolution de ces ouvertures de fissure est similaire entre l'expérience et les calculs. On
peut donc conclure que pour ce qui concerne aussi bien les ouvertures maximales de
fissure que leur évolution dans le temps, les calculs donnent des informations très réalistes
par rapport à l'expérience.
Notons, pour terminer, que les contraintes de traction dans les armatures obtenues par les
calculs sont sûrement surestimées par rapport à la réalité. En e ffet, l'hypothèse d'adhérence
parfaite entre les armatures et le béton, adoptée dans les calculs, n'est pas très juste, et conduit
à des contraintes dans les armatures plus importantes que si l'on admettait un certain
glissement entre les armatures et le béton, ce qui paraît plus réaliste.
- 51 -
6.3. Conclusions
La comparaison réalisée entre les rés ultats expérimentaux et les résultats obtenus par les
calculs conduit à tirer des conclusions à deux niveaux: celui relatif à la présente étude, et celui
plus général concernant la fissuration de séchage du béton
L'étude a montré que la fi ssuration due au séchage es t un phénomène très local indépendant
du comportement g lobal d 'une structure comme celle étudiée. Il semble, ains i, que cette
fissuration apparaît de manière très rapide, c'est-à-dire dans les premiers jours de séchage,
pour évoluer très peu par la su ite. Ceci est lié au fait que le comportement différé du béton
n'intervient pas, ou peu, sur la relaxation des contraintes importantes qui apparaissent à la
surface du béton (gradients de contrainte dus au séchage). En effet, le fait que les calculs et
l'expérience donnent des informations proches pour ce qui concerne les ouvertures de fissure ,
alors que la relaxation des contraintes n'est pas prise en compte dans les calculs, semble
indiquer que cette relaxation ne doit pas jouer un rôle important dans le process us de
fi ssuration d'une structure soumise à des gradients hydriques.
La géométrie du corps d'épreu ve faisant l'objet de cette étude numérique est identique à celle
de l'étude précédente, réalisée à l'échelle 1/2, mais cette fois -ci à l'échelle 1 (les armatures
comprises).
Les données relatives au calcul hydrique, et aux calculs mécaniques sont identiques à celles
retenues lors des calculs réalisés pour l'échelle 1/2.
Par rapport à l'étude précédente, deu x points nou veaux ont été analysés (ou pris en com pte):
- 52 -
Pour chacun de ces groupes, trois simulations numériques avec l'approche probabi liste de la
fissuration ont été effectuées, soit 9 calculs, chacun de ces calculs ayant une distribution
aléatoire du modu le d'Young et de la résistance en traction différente au sein du (même)
mai ll age. Ceci permet d'analyser et comparer les résultats en termes de leurs moyennes et leur
dispersion. Les caractéristiques de la distribution de ces neuf calculs sont résumées dans les
tableaux 16, 17, et 18.
Tableau 17: Caractéristiques de la distribution aléatoire dans le maillage pour le béton 860
avec ferraillage d = 12 mm dans la dalle.
- 53 -
Tableau 18 : Caractéristiques de la distribution aléatoire dans le maillage pour le béton B60
avec ferraillage d = 8 mm dans la dalle.
0.10
~
I•
~
1}
Io' Il
[,,.-' 1)•
0,10
,_ ~
a.oo
•• 100
T-[JO<lnl]
1000 10000
7.2.1. Dispersion
- 54 -
les aciers de la dalle (figure 33 à 35) pour chacun des groupes de calcul, ains i que la moyenne
sur 3 si mulations (séries) numériques.
140
1
120
-
_,, ~
~~
~
- ,.;....-
__.....
-+- Sériel
-Série2
--Série3
- Moyenne le= 43.1 MPa Id= Smm
J
20
J
' 10 100 1000 10000
Temps [Jours]
Figure 30. Dispersion relative aux courbes ouverture defissure·temps pour le 830 avec des
barres de 8 mm.
te = s1 ,3 MPa I d= 8 mm
180
160
-+-Sériel
_140
e
... -Sérle2
-
-.
"'
.:,120
~100
- -Série3
-Movenne fc=81.3 MPa Id= Smm
•
'; 80
- t, ...
:;
; 60
-
>
:::J
0 40 I
20 I
1
10 100 1000 10000
Temps [Jours]
Figure 31. Dispersion relative aux courbes ouverture de fissure-temps pour le 860 avec des
barres de 8 mm.
- 55 -
te = 81.3 MPa I d= 12mm
140
....,
120
~-
-
E 100
"'
~ ~i,.
i.-h .. ~~
- - Série1
.. 80 le:' L,
-e- Série2
- Série3
~ - Moyenne' fe= 81.3 MPa /cl= 12mm
~ri
~
..:; 60
F"
-·
~-.~
>
..
'C
:::1 •o
J
/
0
20
I
0
10 100 1000 10000
Temps [Jours)
Figure 32. Dispersion relative aux courbes ouverture de fissure-temps pour le 860 avec des
barres de 12 mm.
250
....
h~
200
\ - - -
a;
o..
~
Î -
........ ~~ .......
., ~ 150
ü ""'
..
<
ë
~ 100
ë -+- Sériel
0
u - Série:!
- sério3
50
- Moyenne lc--4.3. 1 MP:l / d.o Bmm
0
10 100 1000 10000
Temps (Jours)
Figure 33. Dispersion relative aux courbes contrainte dans les barres-temps pour le 8 30 avec
des barres de 8 111111.
- 56 -
te= 81.3 MPa / d = 8mm
300
i.~
250 !.o-
u ..
!
ëï
....
1i
200
.
,, "'"'[...<
•
~
... '...
[J
I -- - Sériel
..
<
ë
150
L--
~
...... --Sé<ie:!
--Sério3
- M,,._,no 1""81.3 MPa / d- 8 nvn
~
g 100 j
/
(.)
50
I
0
10 100 1000 10000
Temps [Jours)
Figure 34. Dispersion relative aux courbes contrainte dans les barres-temps pour le 860 avec
des barres de 8 mm.
160
; ~-
IM
140
L-4
], /" -\ . ~
120 ...
ëï
-- ~
---
a. ,~
..
~100
1i
- ~ ~""'
Il ...... 5'1te1
..
< 80
1
--~
ë
ë
ë
60
I ne ""'81.3 MPa Id- 12mm
0
(.)
40
20
0
10 100 1000 10000
Temps [Jours]
Figure 35. Dispersion relative al/X courbes contrainte dans les barres-temps pour le 860 avec
des barres de 12 mm.
- 57 -
On constate que la dispersion initiale, c'est-à-dire celle associée aux très forts mais peu
profonds gradients hydriques, est plus importante pour le 830 que pour le 860
indépendamment du ferraillage de la dalle. Ceci reflète la qualité supérieure de la matrice d'un
béton à hautes performances par rapport à un béton normal. De plus, il est à noter que la
dispersion augmente lorsque le front de séchage progresse.
La figure 36 montre les évolutions (moyennes) en fonc tion du temps de séchage de l'ouverture
maximale des fissures de peau de la dalle pour les troi s groupes de calcu ls. On peut distinguer
trois phases d'évolution de la fissuration.
• une fi ssuration initiale associée aux forts gradients hydriques peu profonds. Dans
cette phase (t < 30 jours), il y a une relaxation par .fissuration des contraintes induites par les
gradients hydriques. L'ouverture maximale des fissures durant cette phase se présente ainsi:
Dans cette phase initiale, on peut quantifier d'une part l'influence de la résistance en traction,
et d'autre part celui du ferraillage, sur la fissuration. En effet, les gradients hydriques étant du
même o rdre de grandeur (forts mais peu profonds), on peut conclure que l'ouverture maximale
de fi ssure durant cette phase diminue avec la résistance de la matrice, et le taux de ferraillage.
• une fissuration , qu'on peut qualifier de "transitoire" (30 jours < t < 600 jours), dont
l'amplitude dépend principalement de la sect ion des armatures dans la dalle, avec une
ouverture de :
Dans cette phase "transitoire", l'ouverture maximale de fissure diminue légèrement avec le
taux de ferraillage.
• enfin. une fissuration dont l'évolution ne semble guère influencée ni par la qualité de
la matrice (pas de différence entre le 830 et le 860 avec d = 8 mm), ni par le taux de
ferraillage (pas de différe nce e ntre les 860 avec d = 8 mm et d = 12 mm), avec une ouverture
de l'ordre de grandeur de t.w "' 100-120 µm. Il est utile de noter que cette ouverture de fissure
n'est pas asymptotique. bien que le d ernier résultat de calcul corresponde à une durée de
séchage d'en viron 25 ans.
On retrouve ces trois phases en traçant l'ouverture maximale des fissures en fonction de la
perte en poids globale t.P/P (figure 37) avec :
- 58 -
Echelle 1 - e---20 cm
1"40
1 .. ~
120
....
---~
....
!
!
::i
•
~
::i
'C
•~ o40
80
80
1
-- ~
. ) .... /
/
....... fc=43. 1 MPa J d= 8 mm
(moyenne)
-re=a1.3 MPa / d=12 mm
(moyenne)
0 - fC=81.3 MPa J d= 8 mm
20 I
J (rnoyennel
0
1 10 100 1000 10000
Temps [Jours)
Figure 36. Evolutions (moyennes) de l'ouverture maximale des fissures en fonction du temps
de séchage
Echelle 1 - e=20 cm
1"40
120
( """
I
.
~ ,_
V/ _/
~U/
. ~
.
!:
:::>
~
80
~ -~
__,/
-+- fc=.43. 1 MPa I d= 8 mm
(moyenne)
!
::i
80 ,,. --re=a1.3 MPa/d=t2 mm
'C (moyenne)
•~ o40 -fc=81 .3 MPa 1d= 8 mm
0 (
20
0
o.oo 0,10 0,20 0,30 0,"40 0,50 0,60 0,70
Perta en Poids {%1
Figure 37. Evolutions (moyennes) de l'ouverture maximale des fissures en fonction de la perte
en poids globale
- 59 -
7.2.3. Mise en traction des aciers due à la fissuration
Avec l'ouverture des fissures, les aciers sont mis en traction comme l'i llustre les figures 38 et
39. Ces figures montrent les évolutions (moyennes) de la contrainte dans les aciers situés au
niveau de la fissure la plus ouverte, en fonction du temps de séchage (figure 38) et en fonction
de la perte en poids globale (figure 39). On retrouve les trois phases de fissuration :
/- cra = 180 MPa pour le béton B30 (fc = 43. l MPa / d = 8 mm) ;
2- cra = 100 MPa pour le béton B60 (fc = 8 1.3 MPa / d = 12 mm) ;
3- cra = 150 MPa pour le béton B60 (fc =8 1.3 MPa / d =8 mm) ;
/ - cra =150-170 MPa pour le béton B30 (fc =43. I MPa / d =8 mm) ;
2- cra = 100-120 MPa pour le béton B60 (fc = 81.3 MPa I d= 12 mm) ;
3- cra = 150-170 MPa pour le béton B60 (fc =81.3 MPa / d =8 mm);
1- cra = 150-200 MPa pour le béton B30 (fc =43.1 MPa / d =8 mm) ;
2- cra = 120-140 MPa pour le béton B60 (fc = 81.3 MPa / d = 12 mm) ;
3- cra = 170-240 MPa pour le béton B60 (fc =8 1.3 MPa / d =8 mm) ;
Echelle 1 - e=20 cm
250
.~
ll.,i
1 r-
.
a.
~150
'~ .....
I -
~
~
....
ü• Il""·~
.-· -.... J
<
--~.1 MPa / d=Bmm
~ J (moyenne)
] 100
-1e=a1 .3 MPa / <1=12 mm
0
c
0 1; (moyenne)
--1c=a1.3 MPa / d=8 mm
50 (moyenne)
' 10 100
Temps [Jours]
1000 10000
Figure 38. Evolutions (moyennes) des contraintes dans l'acier enfo11ctio11 du temps de
séchage
- 60 -
Echelle 1 - e=20 cm
250
...
~
.
a.
200
~ ,....
/_ -
i..--- -
.
:::ii
-=- 150
ü
c(
ë•
.. 100
,:,
~
--..
,.......
-
- ---r - --11>43.1 MPa Id= 8 mm
(moyeme)
c --fc=81.3 MPa/ d=12 mm
0
0 (moyeme)
-..-fc=81.3 MPa Id= 8 mm
50 81V18)
0
•
o.oo 0,10 0.20 0,30 0,40 0,50 0,60 0,70
Perm . . Poids (%]
Figure 39. Evolutions (moyennes) des contraintes dans l'acier en fonction de la perte en poids
globale
Pour quantifier la mise en traction des armatures due à la fissuration, la figure 40 montre
l'évolution des contraintes (élastiques) dans les aciers en fonction de l'ouverture de fissure.
Echelle 1 - e= 20 cm
0 20 40 60 BO 100 120
Ouverture fissure (1Q-6 m]
Figure 40. Evolutions (moyennes) des contraintes dans l'acier en fonction de l'ouverture de
fissure
- 61 -
On constate une rapide mise en traction des aciers due à la fissuration, suivie d'une évolution
qui dépend du béton et du taux d'armature :
1- B30 avec un diamètre d'armature égal à 8mm : après mise en traction due à la
fi ssuration initiale (cra "' 180 MPa}, on constate une relaxation des contraintes dans
les aciers (cra "' 150 MPa) due à une refermeture partielle des premières fissures
ouvertes, accompagnée par la création des multiples fissures en peau avec un
espacement plus ou moins régulier. Les aciers ne sont remis en traction que dans le
phase finale de la fissuration, avec la propagation plus profonde de certaines fissures
3- 860 avec un diamètre d'armature égal à 8 mm : les contraintes dans les aciers ne
cessent pas d'augmenter avec l'ouverture des fiss ures. On constate donc une bonne
participation des aciers vis-à-vis du fonctionnement du composite béton armé face à
l'évolution de la fissuration de séchage.
Enfin , il est utile de rappeler que la modéli sation des .aciers sous forme d'é léments poutre
néglige la dégradation de l'adhérence entre l'acier et le béton , et donc une sorte de relaxation
des contraintes le long des aciers, diminuant les concentrations de contraintes dans les aciers
au niveau des fissures (mais augmentant l' ouverture des fissures).
- 8 30 (d = 8 mm) : de JO à 14cm,
-860 (d= 12mm) : de 8 à 12 cm,
- 860 (d = 8 mm) : de 8 à 12 cm.
avec peu de différence entre les deux bétons et les deux taux de fe rraillage.
- 62 -
VIII. Comparaison entre les résultats obtenus avec l'étude numérique et
ceux que prévoient la méthode de dimensionnement proposée
L'étude réalisée comporte p lus ieurs volets qui s'articulent d e la manière suivant:
- 63 -
Concernant les "outils" élaborés ou mis en oeuvre lors de l'étude, on peut conclure de la
manière s ui vante:
Les modèles développés par le LCPC, et implantés dans le code aux éléments fi nis
CESAR-LCPC-LCPC sont bien validés par l'expérience.
La méthode de dimensionnement proposée, conduit à la déterminatio n d'un taux de
ferraillage raisonnable au regard des problèmes de durabilité. En effet, les ouvertures
de fissure de peau que l'ont peu déduire de cette méthode, sont d'une part, du même
ordre de g randeur (bien que se plaçant du coté de la sécurité) que celles résultant de
l'analyse numérique, et sont d'autre part inférieures aux ouvertures cons idérées
habituellement comme préjudiciables d ans un environnement peu agressif.
Le taux de ferraillage déterminé à partir de la méthode de dimensionnement proposée
est inférieur à celui déterminé en utilisant la règle de non fragilité du BAEL. Pour les
BHP, celle diminution n'entraine pas de problèmes de durabilité.
A ces conclus ions relatives aux "outils" d'analyse et de dimensionnement, on peut joindre
d'autres conclusions portant sur le choix du béton et du renfort en relation avec les problèmes
de fissuration indu ite par les gradient d'humidité. Ces conclusions peuvent se décl iner de la
manière s uivante:
1. Ce q ui gère le processus de fissuration de peau d'un matériau qui sèche est un peu la
résistance à la traction du matéri au, et beaucoup la quantité d'eau évaporable qu'il renferme.
Ainsi, dans le cas du 860 étudié, la quantité d'eau évaporable est plus importante que celle
relati ve au 830, alors que sa résistance en traction est supérieure, ce qui conduit à un
processus de fi ssuration du 860 proche du 8 30. Cet exemple illustre parfaitement le fait qu'un
béton haute résistance n'est pas toujours un béton à hautes performances. Vis-à-v is de la
fiss urati on de peau générée par le séchage, l'idéal au rait donc été d'utiliser un béton haute
résistance contenant très peu d'eau évaporable.
2 . La quantité d'acier ne semble pas jouer un rôle important dans l'ouverture des fissures
de peau . Ce constat repose s ur une analyse fine du processus de fi ssurati on. Ainsi, les calculs
réalisés montrent que l'on peut schématiquement d istinguer 3 stades dans l'évo lution de la
fissuratio n:
- Stade I (de I à 2 j ours) - Sous l'effet des gradients de contrainte très forts dus aux
gradients de teneur en eau, et du fai t du caractère hété rogène du béton, quelques fi ssures
apparaissent et se propagent très rapidement au delà des armatures.
Durant ce stade, la profondeur des fi ssures ains i que 'leur ouverture w sont principalement
gouvernées par le taux d'armature, lorsque les armatures "travaillent" ayant réalisé leur
ancrage, et la résistance du béton. Ains i, l'ouverture d iminue avec l'aug mentati on de la
résis tance du matéri au et de la section d 'armature.
- Stade 2 (de 2 à 200 jours) - Les premières fissures c rées lors du stade J sont
"bloquées" par les armatures et progressent peu. En e ffet. lorsque la pointe des fiss ures n'a pas
dépassé de trop la pos iti on des armatures. les contraintes de traction dans les armatures
peuvent être telles qu'elles dimi nuent très fo rtement les concentrat ions de contrainte en pointe
des fi ssures. Cet "arrêt" des premières fissures va se traduire par la créati on d'autres fi ssures.
- Stade 3 (de 200 à 8430 jours) - Le séchage se pous ui vant, les contraintes de traction
engendrées dans les armatu res ne sont plus s uffi santes pou r annihiler les concent rations de
contrainte en pointe de fi ssure. Dans ce cas, les fissu res se propagent. et leur o uverture
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augmente. Durant ce stade 3 de fissuration, les gradients de contrainte, dus aux gradients de
teneur en eau sont tels que la résistance du matériau, et le taux d'armature (armatures trop loin
de la pointe des fissures) intluent très peu sur l'ouverture des fissures.
3. Même si ce qui suit ne constitue pas une des problématiques qui devaient être
considérées dans la présente étude, il nous paraît intéressant et utile, dans le cadre d' une
démarche prospective, d' indiquer que les armatures de béton armé sont insuffisamment
adaptées vis-à-vis de la maîtrise de la fissuration de peau générée par le séchage du béton. Il y
a, en effet, inadéquation entre l'échelle des mécanisme de fissuration, et celle d'intervention
mécanique des armatures. Au regard, des moments de flexion induits dans les parois des
aéroréfrigérants par les différentes sollicitations mécaniques, et du processus de fissuration lié
au séchage du béton, il apparaît qu'une solution béton de fibres métalliques pourrait être plus
peninente. Cette solution conduirait à des structures plus durables (fissures beaucoup moins
ouvertes). Elle serait d'autant plus élégante que l'association béton à hautes performances et
fibres métalliques est une association presque parfaitè (Rossi et al. ( 1995), Rossi ( 1998)).
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier toutes les personnes appartenant aux divisions Bétons et
Composites Cimentaires, et Fonctionnement et Durabilité des Ouvrages d'Art du LCPC ayant
panicipé à l'imponant travail d'équipe qu'a représenté cette étude. Ils tiennent également à
remercier Lucette Vercasson, secrétaire à la division des Bétons et Composites Cimentaires,
pour son apport efficace dans la mise en forme de ce document.
Références
COUSSY, O. (1995) Mechanics ofporous media. J. Wiley & Sons, Chichester, UK.
JACCOUD J.P., CHARIF H., FARRA B. (1993) Cracking behaviour ofHSC structures and
practical consequences for design. Publication n°139, IBAP, Lausanne, Juin, 1993 .
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PIHLAJAVAARA S.E. (1974) A review of some of the mai n results of a research on the
ageing phenomena of concrete - Effect of moisture conditions on strength, shrinkage and
creep of mature concrete. Cernent and Concrete Research, Vol. 4, pp. 761 -77 1.
ROSSI P., WU X., LE MAOU F., BELLOC A. ( 1992) Effet d'échelle sur le comportement
du béton en traction. Bulletin de Liaison des Laboratoires des Ponts et Chaussées, N° 182,
pp. 11-20.
ROSSI P., WU X. (1992 ) Probabilistic mode! for material behavior analysis and
appraisement of concrete structures. Magazine of Concrete Research, Vol. 44, N°16 1, pp.
271-280.
ROSSI, P., ULM, F., (1 997) Size effects in biaxial tensile-compressive behaviour of
concrete: physical mechanisms and modelling. Materials a nd Structures, vol. 30, pp. 210-
2 16.
ROSSI, P., ULM, F., BACHI, F. ( 1996) Compressive behaviour of concrete: physical
mechanisms and modell ing. ASCE Engineering Mechanics, vol. 122, n° 11 , pp. 1038-1043.
ROSSI, P., CASANOVA, P., RENWEZ, S. (1995) Les bétons fibrés à hautes performances.
Des matériaux d'avenir ? Bulletin de Liaison des LPC, pp. 19-23.
ROSSI, P. ( 1998) Les bétons de fibres métalliques. Presses de l'Ecole Nationale de Ponts et
Chaussées.
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Résumé en français
1. Proposition d' une méthode de dimensionnement simpli fiée pe rme ttant de déterminer le
ferraillage minimum des aéroréfrigéranls.
2 . Analyse numérique (calcul aux éléments finis) pour vérifier si le ferraillage minimum
déterminé à partir de la méthode simplifiée conduit à une structure durable. En particulier, il
faut vérifier que ce ferraillage minimum est capable de maîtriser la fissuration due aux
gradients thermiques et hydriques existant au sein des parois de l'aéroréfrigérant.
Les modèles développés par le LCPC, et implantés dans le code aux éléments finis
CESAR-LCPC sont bien validés par l'expérience.
La méthode de dimensionnement proposée, conduit à la détermination d'un taux de
ferraillage raisonnable au regard des problèmes de durabilité. En effet, les ouvertures
de fissure de peau que l'ont peu déduire de cette méthode, sont d'une part, du même
ordre de grandeur (bien que se plaçant du coté de la sécurité) que celles résultant de
l'analyse numérique, et sont d'autre part inférieures aux ouvertures considérées
habituellement comme préjudiciables dans un environnement peu agressif.
Le taux de ferraillage détemziné à partir de la méthode de dimensionnement proposée
est inférieur à celui détem1iné en utilisant la règle de non fragilité du BAEL. Pour les
BHP, cette diminution n 'entraîne pas de problèmes de durabilité.
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Résumé en anglais
Today the rein forcement of the hulls of the cooling towers of nuclear power plant corresponds
for the current part to the miminum reinforcement of nonbrittleness in tension (calculated
according to the BAEL 91 ). Thus, if one wanted to use a concrete with high performances,
one would be brought proportionally to increase the rate of reinforcement to the increase in
tens ile strength obtained by us ing this type of concrete. The caused overcost would be then
too penalizing. Qualities of durability of the concretes with high performances being known,
and being recognized, and being able to be interesting within the framework of the cooling
towers, division civil engineering of EDF-SEPTEN thus proposed with the LCPC to launch
out in an in-depth study on the influence of the BHP on the cracking of these cooling towers,
and its consequences with respect to the problems of durability. This study was articulated
around the foll owing step:
1. Proposai for a simplified design method allowing to determine the minimum reinforcement
of the cooling towers.
2. Numerical analysis (calculation with the finite elements) to check if given minimum
reinforcement starting from the simplified method leads to a durable structure. In particular, it
should be checked that this minimum reinforcement is able to contrai cracking due to the heat
and hydral gradie nts existing within the walls of the cooling tower.
validation of the mode) taking into account the cracking due to thermo-hydro-
mechanics couplings proposed by the LCPC, this validation being donc by comparing
the experimental results obtained on a mode) scale reduced with the numerical
calculations;
- numerical modeling of a scale 1 element of cooling tower.
the models developed by the LCPC, and established in the finite elements code
CESAR-LCPC-LCPC are well validated by the experiment ;
dimensioning method proposed, conduit with the determination of a reasonable rate of
reinforcement in comparison with the problems of durability. lndeed, the crack
openings at the surface deduced from this method, are on the one hand, of the same
order of magnitude that the those resulting one from the numerical analysis, and are
on the other hand lower than the openings usually considered as prejudicial in a not
very aggressive environment ;
the rate of reinforcement determined starting from the simplified design method
suggested is Lower than that given by using the rule of nonbrittleness of the BAEL.
For the BHP, this reduction does not lead to problems of durability.