Extrait 42627210
Extrait 42627210
Extrait 42627210
Ti800 - Environnement
Système de management
environnemental produits
et ACV
Réf. Internet : 42627
III
Cet ouvrage fait par tie de
Environnement
(Réf. Internet ti800)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Environnement
(Réf. Internet ti800)
Xavier BONHOMMEAU
Hydrogéologue, spécialiste en sites et sols pollués (Ancien membre du service
Hygiène, Environnement et Prévention des Risques de RENAULT)
Ismahane EL BAHLOUL
Consultante QSE/Management du risque. Auditrice IRCA.
Pierre LE CLOIREC
Professeur, directeur de l'École Nationale Supérieure de Chimie de Rennes
(ENSCR)
Jacques MÉHU
Professeur à l'INSA de Lyon
Pascale NAQUIN
Codirectrice de POLDEN INSAVALOR et coordinatrice scientifique du
CEFREPADE
Lionel POURTIER
Environnement'Air sas
Jean-Louis ROUBATY
Professeur associé Université Paris-Diderot, Ancien directeur SGS
Environnemental services, Ingénieur conseil
Patrick ROUSSEAUX
Professeur à l'Université de Poitiers, Directeur de l'IRIAF (Institut des Risques
Industriels, Assuranciels et Financiers)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Système de management environnemental produits et
ACV
(Réf. Internet 42627)
SOMMAIRE
Analyse du cycle de vie des procédés de traitement de surface des matériaux M1830 69
Bilan environnemental des solutions de valorisation des pneus usagés non G2043 79
réutilisables (PUNR)
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VII
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Système de management environnemental produits et
ACV
(Réf. Internet 42627)
Q
1– Méthodes et outils Réf. Internet page
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Y
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QP
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Q
Développement durable et de l’Énergie
QQ
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gVPPP
Q
un corpus de notions essentielles que l’on peut considérer comme un socle
nécessaire et suffisant pour se lancer dans l’écoconception. Dans sa deuxième
partie, cet article présente une palette de méthodes que l’on peut utiliser pour
mener à bien un projet d’écoconception. La typologie présentée par l’auteur
(méthodes à dominante quantitative, semi-quantitatives ou à dominante quali-
tative) a été proposée dans la première édition de cet article (publié en 1997) et
elle a été largement reprise depuis.
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et Marc JANIN
Docteur en génie industriel
Manager, consultant en développement durable, PricewaterhouseCoopers Advisory
QS
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À noter qu’il est nécessaire de ne pas confondre les approches liées à un site
et les approches liées au produit. En effet, de nombreux outils de management
de site existent, et même s’ils abordent parfois la question du produit, elle est
Q
rarement centrale et orientée sur une approche tout au long de son cycle de vie
de fait multisite.
En agissant au niveau de la conception des produits, les performances envi-
ronnementales ont toutes les chances d’être optimales. Ainsi, jusqu’à 80 % des
nuisances d’un produit tout au long de son cycle de vie sont déterminées dès la
phase de conception [8]. Il est donc important de réfléchir à l’intégration de la
donnée écologique dès cette étape. Les efforts en matière d’écoconception peu-
vent d’ailleurs porter sur une ou plusieurs des phases du cycle de vie du
produit :
– la phase de développement du produit avec, par exemple, l’utilisation de
matériaux renouvelables ou moins énergivores ;
– la phase de fabrication avec, par exemple, l’emploi de procédés nécessitant
moins de matériaux, moins d’énergie ;
– la phase de distribution avec, par exemple, la diminution du volume ou du
poids des emballages ;
– la phase d’utilisation avec, par exemple, une moindre consommation
d’énergie, un accroissement de la durée de vie ;
– la phase de fin de vie avec, par exemple, une aide au désassemblage ou à la
préservation de la qualité des matériaux en vue d’un recyclage matière.
L’intégration de l’écoconception du produit peut s’avérer être une source
d’opportunités concurrentielles. Brezet [4] et Janin [21] ont ainsi défini quatre
niveaux d’écoconception qui traduisent la maturité de la démarche :
– niveau 1 : amélioration environnementale progressive de produits existants ;
– niveau 2 : reconception de produits différents, basée sur une technologie
existante, mais améliorée ;
– niveau 3 : nouveau concept présentant la même fonctionnalité mais avec
fonctions techniques différentes (par exemple : passage d’énergie fossile à
l’énergie renouvelable) ;
– niveau 4 : nouveau système productif avec passage d’une logique produit à
une logique service (par exemple : location de surface de moquettes).
Le niveau d’écoconception va impliquer chez l’industriel une remise en cause
croissante des modes de pensée, d’action et d’organisation.
Selon une étude BVA pour l’ADEME [6], 62 % des entreprises sont sensibili-
sées à l’écoconception, dont 20 % ont des approches systématiques et 13 %
débutent. Mais une des difficultés relevées dans la mise en place de la démar-
che vient d’une profusion d’outils d’écoconception difficile à appréhender. En
effet, la dynamique du Grenelle de l’environnement, avec, en particulier le pro-
jet d’affichage environnemental des produits de grande consommation, a
entraı̂né une augmentation de l’offre d’outils. Cet article propose une cartogra-
phie des outils d’écoconception afin d’aider les entreprises à effectuer un choix
de l’outil qui leur est le mieux adapté.
Dans un premier temps sont exposés les types d’approches, avec une carto-
graphie reprenant certains outils. Une présentation plus spécifique de chaque
type d’outil est ensuite réalisée dans un second temps. Enfin, une dernière par-
tie est consacrée à une approche plus pragmatique de ces outils en fonction des
étapes de développement des produits, mais également des acteurs suscepti-
bles de les utiliser dans une démarche d’écoconception de l’entreprise.
QT
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1. Approches des outils complément des analyses ponctuelles des produits, une approche
globale à développer tout au long de la démarche est ainsi proposée.
d’écoconception 1.2.2 Outils de communication
Ces outils peuvent s’adresser à des publics différents à des fins
1.1 Approche principale : objectifs de communication interne et externe.
d’évaluation et de préconisation & Par rapport à la communication interne, les outils peuvent être
Q
utilisés :
Il existe majoritairement deux catégories principales d’outils.
– pour sensibiliser la direction aux enjeux de l’écoconception et à
& Une première catégorie concerne des outils plutôt destinés à l’intérêt de l’intégrer dans la stratégie de l’entreprise ;
établir un profil environnemental du produit en vue d’améliorer – pour former à l’écoconception les équipes projet internes ;
ses performances écologiques : il s’agit d’outils d’évaluation. Ils – pour sensibiliser globalement le personnel à l’écoconception et
nécessitent une quantité d’informations suffisantes, pertinentes et aux démarches pratiques à développer sur le site pour aider sa
adaptées sur le produit afin d’évaluer les impacts sur l’environne- mise en place.
ment pour chaque phase du cycle de vie : extraction des matières
premières, fabrication, distribution, utilisation, fin de vie, ainsi que Le contenu de ces outils peut être variable : définitions, concepts
toutes les étapes de transport. Les résultats des évaluations indi- principaux, enjeux, démarches possibles, aides financières, orga-
quent les points sensibles du produit étudié, points sur lesquels nismes et bureaux d’études à qui s’adresser, etc. Ils peuvent revêtir
devra agir le concepteur. Ces points peuvent concerner une étape des formes également diverses : CD, DVD, guides papier ou même
de cycle de vie spécifique du produit ou des impacts environne- de plus en plus des portails Internet.
mentaux sur lesquels il est important d’agir. Ces outils peuvent & Par rapport à la communication externe, les outils ont pour
être distingués selon qu’ils reposent sur des évaluations de type objectif de promouvoir les produits écoconçus par rapport aux
quantitatif ou de type qualitatif. publics externes à l’entreprise : fournisseurs, clients mais égale-
& Une seconde catégorie concerne des outils qui sont plutôt desti- ment grand public (consommateurs). Ces outils peuvent prendre
nés à aider le concepteur dans la recherche de solutions, suite à la forme d’écolabels, de déclarations environnementales, de rap-
l’évaluation, en l’aidant à élaborer des axes d’amélioration pour le ports environnementaux, etc.
produit à concevoir : il s’agit d’outils de préconisation. Les straté-
gies à poursuivre dépendront des objectifs et des priorités fixées 1.3 Cartographie des outils
par la direction de l’entreprise.
Chacun des outils peut être caractérisé selon son niveau d’éva-
luation et son niveau de préconisation, qui sont les deux principa-
1.2 Autres approches les approches.
Par rapport à l’assistance possible en matière d’écoconception, Les tableaux 1 et 2 établissent une grille de notation de 1 à 5 des
sont également inventoriés des outils visant à aider l’entreprise : approches d’évaluation et de préconisation.
– dans la mise en œuvre pratique d’une démarche d’écoconcep- La figure 1 présente les outils existants en fonction de leurs notes
tion : il s’agit d’outils organisationnels ; attribuées selon leurs niveaux d’évaluation et de préconisation.
– dans la sensibilisation des différents publics susceptibles d’être Le niveau de grisé des cases indique la facilité d’appréhension de
impliqués dans la démarche (communication interne) et la commu- l’outil.
nication des résultats vers l’extérieur aux consommateurs, clients, Dans le paragraphe 2 consacré à la présentation détaillée de
fournisseurs… : il s’agit d’outils de communication. chaque outil, il sera également précisé, pour chacun d’eux, leur
niveau de « validité scientifique », à savoir :
1.2.1 Outils organisationnels – pour une note de 3 : de nombreux travaux scientifiques ont été
Lorsqu’une entreprise souhaite mettre en place une démarche publiés sur l’outil / la méthode ;
d’écoconception, il est nécessaire de franchir des étapes correspon- – pour une note de 2 : quelques travaux scientifiques sont en
dant à des stades de maturité différents : l’approche est progressive. développement ;
Certains outils ont pour objet d’accompagner de manière pragma- – pour une note de 1 : peu ou pas de travaux scientifiques ont été
tique l’entreprise dans la mise en œuvre de sa démarche. En réalisés.
Approche de l’outil
Niveau Qualitative Quantitative
Nombre de phases du cycle de vie Nombre de critères environnementaux
1 X 1 ou plusieurs Monocritère
2 X 1 ou plusieurs Multicritère
1 ou plusieurs
4 X Mono ou multicritère
ou cycle de vie complet
QU
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Peu de recommandations particulières. Préconisations limitées car seuls les résultats d’évaluation indiquent les
1 aspects environnementaux significatifs (points faibles) du produit sans proposer pour autant de solutions d’améliora-
Q
tion.
Quelques préconisations plus compréhensibles par l’équipe projet puisque le mode d’évaluation se base sur une
2
approche accessible au plus grand nombre et permet déjà d’entrevoir des axes d’amélioration.
Préconisations basées sur des résultats d’évaluation directement exploitables pour améliorer la conception en termes
3 de matériaux (notamment les listes de matériaux), d’assemblage (listes de contrôle)… Permet à l’équipe projet de se
poser les bonnes questions.
Préconisations assez complètes et pragmatiques classées par thématiques ou objectifs de conception. L’équipe projet
4
est guidée facilement selon les axes d’amélioration souhaités.
Préconisations très complètes et illustrées avec des exemples (Success stories) pour sensibiliser l’équipe projet et
5
l’aider pas à pas dans sa démarche tout au long du processus de développement.
5 Guides
Normes
4 Lignes
directrices
Niveau de préconisation
ESQCV
2
Indice
écologique
Approches
1 matricielles
Approches ACV
monocritères : Approches
simplifiées ACV
- empreinte eau Approche
complète
Bilan
- empreinte carbone Produit
1 2 3 4 5
Niveau d’évaluation
Pour public expert ayant une formation ou une expérience dans le domaine de l’écoconception
Figure 1 – Classement d’outils selon leur niveau d’évaluation et de préconisation (d’après Janin [21])
QV
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2. Présentation des outils Des entreprises en nombre croissant s’intéressent à cette appro-
che pour analyser leurs produits dans de multiples secteurs : auto-
d’évaluation mobile, électrique-électronique, chaussures, produits liés au sport,
banque… Cet engouement actuel s’explique, en partie, par l’obliga-
et de préconisation tion d’affichage environnemental sur les produits de grande
consommation programmée lors du Grenelle de l’environnement
en 2007. Des groupes de travail se sont ainsi constitués au sein de
Ce paragraphe est consacré à la présentation des outils classés la plate-forme « affichage environnemental » gérée par l’ADEME et
dans le tableau 3. l’AFNOR. Entretemps, l’obligation a été décalée mais les travaux
QW
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Q
Évaluation écologique du produit multicritères : dégradation de
Analyse du Méthode Eco-indicator 99 (NL)
la couche d’ozone, acidification atmosphérique, effet de serre…
cycle de vie Méthode ReCiPe (NL)
Approche X
complète Méthode EPS (Suède)
multicritère Nombreux logiciels basés sur ces méthodes de calcul des indi-
Méthode Impact 2002+ (CH)
cateurs d’impact (voir tableau au § 6 Annexe).
Méthode USEtox (NL)
Logiciel on line gratuit permettant à un novice ou un confirmé
d’évaluer les impacts de son produit.
– pour un novice : approche qualitative
– pour un confirmé : approche quantitative et évaluation sur la
ECOMAT
X X X base de critères d’impacts.
(CARMA*, F, 2010)
Pour les deux, préconisations d’améliorations en fonction des
résultats d’évaluation.
Analyse du Accessible à l’adresse :
cycle de vie http://www.ecomat2.info
Approches
simplifiées Bilan Produit Logiciel on line à accès gratuit : approche quantitative mais
X
multicritères (ADEME, F, 2008) simplifiée au niveau modélisation et base de données.
Comparaison de types d’emballages en fonction de trois indi-
BEE cateurs : effet de serre, consommation d’eau et quantité de
(bilan environnemental des em- déchets ultimes d’emballages.
X
ballages) Accessible uniquement aux adhérents d’Eco-Emballages à
(Eco-Emballages, F, 2009) l’adresse :
http://www.ecoemballages.fr/entreprises
Empreinte carbone produit
X (normes ISO 14067-1 et 14067-2,
en préparation) Évaluation des impacts sur tout le cycle de vie du produit mais
Approches
sur un seul critère environnemental (les équivalences en émis-
monocritères Empreinte eau sions de carbone ou les pollutions et consommations d’eau).
X (norme ISO 14046, en prépara-
tion)
Évaluation environnementale basée sur le calcul d’une
ERPA matrice 5x5. Une des dimensions de la matrice contient les
(Environmentally Responsible étapes du cycle de vie du produit alors que l’autre contient les
X X
Product Assessment) aspects environnementaux suivants : choix des matériaux,
(AT&T, USA, 1998) utilisation de l’énergie, rejets gazeux, rejets liquides, rejets
Approches solides.
matricielles
MET
Évaluation sur trois critères :
(Material cycle, Energy use and
– consommation de matières
X Toxic emissions)
– consommation d’énergie
(Brezet & van Hemel, NL,
– émissions de substances toxiques
1997) [5]
MECO
(Matériaux, Énergie, Chimiques, Tableau décrivant la consommation de matériaux et d’énergie,
Others) les risques reliés aux produits chimiques et d’autres impacts en
X
(Danish Institute for Product fonction des différentes étapes du cycle de vie du produit étu-
Development & dk-Teknik, Dk, dié.
2000) (Wenzel et al., 2000) [36]
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Évaluation
Préconi-
Outils Quali- Quan- Noms des outils (ou méthodes) Caractéristiques principales
sation
tative titative
Liste de questions classées par axe stratégique d’écoconcep-
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tion, avec lignes directrices possibles ; visualisation sur une
Eco-Estimator cible de la position du produit pour chaque axe.
Fast Five Awareness Eco-Estimator : évaluation d’un produit existant avec liste de
X
(Meinders, PHILIPS, NL, questions précises dont les réponses servent à établir une
1997) [25] notation.
Fast Five Awareness : évaluation d’un produit en cours de
conception (cinq questions).
Liste de critères classés par thèmes et décrits selon trois situa-
Design for Recycling
X tions possibles : situation idéale, situation acceptable, besoin
(Steinhilper, D, 1995) [31]
d’agir.
Ecodesign Strategy Wheel ou
Roue des stratégies d’écocon- Roue des huit stratégies d’écoconception qui permet, sur la
X
ception base de questions, de trouver des solutions d’amélioration.
(Brezet, NL, 1997) [4]
Liste de critères pour l’attribu-
Liste de critères écologiques à respecter pour l’obtention d’un
X tion d’écolabels européens ou
Listes de label reprenant les impacts majeurs par produit.
nationaux (F, D… …)
contrôle
(check-lists) Méthode basée sur la capitalisation d’expériences de résolution
de problèmes techniques liés à l’innovation dans divers sec-
teurs. Méthode facilitant la créativité.
TRIZ
X Un des outils de la méthode : matrice TRIZ = matrice de
(Altshuller et al., USA, 2005) [1]
40 principes permettant de résoudre des contradictions,
notamment maintenir la qualité du produit tout en améliorant
sa performance environnementale.
Outil qui permet de déterminer une stratégie pertinente pour
Ecodesign Pilot chaque produit, en fonction des impacts environnementaux
X X
(TU Vienne, ADEME, A/F, 2001) qu’il génère à chaque étape de son cycle de vie.
Une partie est consacrée à des définitions, des concepts.
Listes pour aider les fabricants des secteurs électronique et
mécanique à écoconcevoir.
Plusieurs types de listes selon les équipements. Chacune est
Smart Ecodesign Checklists
X déclinée en trois parties : check-list relative aux exigences
(CfSD**, UK, 2002-2007)
réglementaires + clients, check-list relative aux écodéclarations
et check-list pour mettre en place une démarche d’écoconcep-
tion.
Lignes direc-
Guidelines PHILIPS Liste des recommandations succinctes classées par axe straté-
trices X
(Philips, NL, 1998) gique d’écoconception.
(Guidelines)
Annexe XIV : liste de substances chimiques soumises à autori-
sation.
Règlement REACH, annexes XIV Annexe XVII : liste des substances relative aux restrictions
X X
Listes de et XVII (2011) applicables à la fabrication, à la mise sur le marché et à l’utili-
substances sation de certaines substances et certains mélanges et articles
dangereux.
Listes noire, grise et blanche Listes de matériaux à bannir (noire) ou à limiter (seuil, grise) ou
X X
(Volvo, S, 2008-2010) à substituer (blanche) en fonction de la réglementation.
Approche générale
« Guide pour l’introduction des aspects environnementaux
X Guide ISO 64
dans les normes de produit ».
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Évaluation
Préconi-
Outils Quali- Quan- Noms des outils (ou méthodes) Caractéristiques principales
sation
tative titative
Approche sectorielle : secteur automobile
Q X R 10-401
« Traitement des véhicules hors d’usage (VHU). Dépollution et
désassemblage des pièces non métalliques ».
RP
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Démarches d’écoconception
en entreprise
Q
par Jean-Baptiste PUYOU
Ingénieur, O2 France, Conseil en environnement et conception de produits
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 6 050 - 1
RQ
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Q
conception pour les développements de produits, en PME comme en grande
entreprise. Il s’adresse aux concepteurs de produits, aux spécialistes en marke-
ting, aux acheteurs et à toute personne familiarisée avec la conception de pro-
duits en « équipe projet », déjà sensibilisée à la démarche transversale de
développement de produits. Il vise également les spécialistes en environnement
pour leur indiquer la place de leur intervention dans un processus de concep-
tion.
La première partie de l’article donne les informations utiles avant d’engager
une démarche d’écoconception, décision qui relève de la stratégie d’entreprise.
Un déroulement type d’un projet d’écoconception est présenté en deuxième par-
tie, illustré par des exemples pour faciliter la compréhension de la démarche et
de ses outils. La dernière partie formule des recommandations pour la générali-
sation d’une démarche d’écoconception à tous les projets de l’entreprise.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 6 050 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
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gVPUP
Temps
Implication de la direction
Communication
Lignes directrices Soutien de la démarche
de la démarche
Q
Acquisition des connaissances
Formations en interne
Auto-formation
Expertise au sein de l'équipe projet
Un expert extérieur
ment issues des bureaux d’études et les concepteurs, pour leur part, de conception, il se traduit souvent par une réduction de la durée
n’ont parfois qu’une culture superficielle en environnement. Un tra- des étapes de développement et d’industrialisation du produit.
vail préparatoire de formation à l’écoconception de l’un ou l’autre de De plus, les démarches d’écoconception peuvent être conduites
ces spécialistes est donc recommandée. de manière à entraîner une réduction de coûts directs (liés aux
En particulier, les démarches d’écoconception font appel aux achats de matière première, aux coûts de sous-traitance, à la logisti-
méthodes d’évaluation de la qualité environnementale des produits. que...) et/ou générer un retour sur investissement à moyen terme
Elles exigent, de la part du concepteur ou d’une personne au sein de (par un gain de parts de marché, par la maîtrise d’une nouvelle tech-
l’équipe projet, la connaissance des notions de base de l’analyse du nologie, l’amélioration de la qualité, de l’image de marque...). Ainsi,
cycle de vie [21] [22] [23]. la société Eastman Kodak [4] constate que l’intégration des exigen-
Avant de généraliser une démarche d’écoconception, l’entreprise ces de santé, de sécurité et d’environnement dès le développement
devra connaître ou du moins être sensibilisée : de produits :
— au management de la qualité (normes ISO 9000) et de l’envi- — améliore leur qualité ;
ronnement (ISO 14000) ; — diminue leur temps de développement ;
— aux processus de développement de produits en « équipe — réduit leur coût d’exploitation ;
projet » transversale, notamment pour s’assurer des liens étroits — révèle, sur tout leur cycle de vie, l’existence de risques à mini-
entre les fonctions marketing et étude aux différentes étapes du miser et d’opportunités à saisir.
projet ; En définitive, l’investissement nécessaire pour un projet d’éco-
— aux méthodes d’évaluation multicritères de performance des conception dépendra du choix du produit et du niveau d’innovation
projets : l’équipe projet sera amenée à comparer différentes solu- recherché (voir § 2).
tions de conception selon les critères de rentabilité et de réponse au
cahier des charges, en intégrant le critère de performance
environnementale ;
— à l’analyse fonctionnelle et au design industriel, disciplines qui
permettent de prendre en compte une grande diversité d’exigences 2. Comment conduire
lors du développement de produits.
Le lancement de la démarche sous forme de projet pilote,
une démarche
conduite sur un produit, permet de déceler les compétences et les
lacunes de l’entreprise dans ces domaines. Ce chapitre présente une démarche type dans ses grandes lignes,
de façon à être transposée par toute entreprise indépendamment de
sa taille et de son secteur d’activité. Elle pourra être appliquée dans
1.5 Prévision du coût de la démarche le cadre d’un projet pilote d’écoconception, initiative efficace pour
assimiler et personnaliser la démarche en vue d’une généralisation
Pour un projet de conception d’un produit donné, l’augmentation à tous les projets de conception. Le tableau 1 reprend le plan du
des coûts et des délais au début de l’étude peut être compensée paragraphe et résume les apports d’une démarche d’écoconception
dans les étapes ultérieures du projet : comme dans toute démarche dans un projet type de développement de produit.
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 6 050 - 3
RS
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gVQPP
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© Techniques de l’Ingénieur G 6 100 − 1
RU
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gVQPP
L’EIME répond aux besoins des fabricants d’assumer leur part de responsabi-
lités vis-à-vis des préoccupations environnementales. Il s’agit :
— d’identifier, dès la conception, et pour tous les produits, les points faibles
en terme d’impacts sur l’environnement, puis d’assister le concepteur dans ses
choix de matières, de procédés et de concepts pour éliminer ces points faibles,
tout en préservant la compétitivité du produit ;
— de quantifier les progrès consentis et de s’inscrire dans une démarche
Q d’amélioration continue, en réduisant progressivement l’impact global du
produit ;
— de faire de l’environnement un élément à part entière de la culture d’entre-
prise, en mettant à la disposition des industriels un outil utilisable par des non-
spécialistes de l’environnement et qui s’intègre naturellement dans les procé-
dures de conception existantes.
Depuis, cet outil a été testé et généralisé dans plusieurs grandes entreprises
du secteur électrique et électronique parmi lesquels : Alcatel, Legrand ou
Schneider. Il fait aujourd’hui partie intégrante de la politique de développement
durable de certaines d’entre elles.
Cependant, l’EIME n’est pas exclusivement réservé aux fabricants de ce sec-
teur.
En effet, l’EIME peut parfaitement être utilisé comme outil d’aide à la concep-
tion dans le domaine automobile, de l’aéronautique ou de la mécanique.
Afin de faciliter l’accès à un plus grand nombre d’entreprises et notamment
aux PME, la société CODDE, spécialisée dans le conseil et la formation en éco-
conception [1], a été créée en janvier 2003 à l’initiative de la FIEEC. Elle est en
charge du développement de l’outil EIME, de son adaptation et de sa promo-
tion à travers le monde.
La force de la démarche du secteur électrique et électronique réside dans
l’adhésion à un référentiel commun d’analyse environnementale des produits,
l’EIME, permettant de fixer un cadre concret à la mise en œuvre de l’éco-
conception tout en laissant l’initiative de progrès à l’entreprise.
1. Impact des produits prenne en compte dès les premières ébauches de sa réflexion les
aspects du produit qui impacteront négativement l’environnement.
électriques et électroniques On distingue plusieurs grandes familles d’impacts sur l’environ-
nement.
L’environnement est un écosystème complexe. Toutes les activi- ■ La consommation de ressources naturelles
tés de l’homme interagissent avec cet écosystème et génèrent des
impacts positifs ou plus généralement négatifs. Il est essentiel de Il est souhaitable de rechercher une réduction des quantités de
prendre conscience que tout produit interagit avec son environne- ressources utilisées, matières premières ou énergie. Cette dernière
ment à toutes les étapes de sa vie : étant majoritairement issue de procédés eux-mêmes consomma-
teurs de ressources non-renouvelables.
— lors de la conception, par les choix de matières, de procédés,
de concepts ; ■ La pollution de l’eau ou de l’air
— lors de sa fabrication, par l’énergie et les matières consom-
mées, et par les rejets émis ; Cet impact est lié à l’émission de molécules participant à l’alté-
ration des phénomènes naturels. On compte parmi ces pollutions :
— lors de sa distribution, par les moyens de transport utilisés ; la production de gaz à effet de serre ou encore la destruction de la
— lors de son utilisation, par l’énergie et les matières consom- couche d’ozone.
mées ;
— enfin, lors de son élimination en fin de vie, par les déchets ■ La production de déchets
qu’il génère, par l’énergie et les matières consommées pour son
Les déchets de production, les produits d’emballage, ainsi que
traitement, et par l’émission de rejets associée à ce traitement.
les produits en fin de vie, doivent être valorisés pour réduire les
Il est donc important d’appréhender le problème dans sa globalité volumes de matières mis en décharge, et permettre également une
afin de ne pas aboutir à un transfert de pollution d’une étape du diminution des prélèvements de ressources vierges grâce au recy-
cycle de vie à une autre. Et donc une approche systémique doit être clage.
préférée afin d’aboutir à la réduction de l’impact global du produit.
Plusieurs analyses de cycle de vie (ACV), réalisées au cours de
Et ce sont bien les orientations prises en conception qui vont ces dix dernières années, ont mis en évidence que l’un des aspects
conditionner le comportement du produit vis-à-vis de l’environne- environnementaux significatifs des produits électriques et électro-
ment, et ce pendant toute sa vie. Il importe donc que le fabricant niques est la consommation d’énergie.
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à caractère écologique.
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1. Panorama général Chaque type de produits provoque, tout au long de son cycle de
vie, des impacts spécifiques. La répartition des contributions de la
consommation moyenne d’un Européen à l’effet de serre et à la
production de déchets ménagers (ordures ménagères, encom-
1.1 Enjeux environnementaux liés brants et déchets verts) est donnée figure 2 à titre illustratif.
à la qualité écologique des produits Les impacts environnementaux croissants de nos modes de
consommation résultent de la multiplicité des produits et services
Industrie, agriculture, transports... tous ces secteurs d’activité que nous consommons. Ainsi, au-delà de discours qui stigma-
ont des impacts négatifs sur l’environnement. Or, quelle est la fina- tiseraient quelques produits particuliers (sacs de caisse, lingettes,
lité de ces activités si ce n’est de mettre à disposition des consom- produits à usage unique...), il convient avant tout d’améliorer les
mateurs les biens et services achetés au quotidien ? Ainsi, par performances de chaque produit et service en fonction de ses
exemple, nos déchets sont avant tout nos achats. Quant à « l’effet impacts environnementaux spécifiques et de s’interroger sur la
de serre », il résulte en partie du cycle de vie des produits que nous multiplication de nos biens et le raccourcissement de leur durée de
consommons (fabrication, distribution, élimination). vie (pour cause d’obsolescence technique, esthétique, effet de mode
ou pièces non réparables...). Ce raccourcissement est synonyme de
Pour approcher plus finement les impacts liés à notre consomma- renouvellement d’achat plus rapide et donc de consommation de
tion, la Commission européenne, au travers de sa politique intégrée ressources supplémentaires.
des produits (PIP), a mené diverses études qui permettent de carac-
tériser la consommation moyenne d’un Européen. Leur synthèse Pour orienter notre société de consommation vers des modes
sur la période 1999-2002, intitulée « Impacts sur l’environnement plus durables, il convenait donc de développer des sigles de
des produits et services consommés en Europe » et réalisée par Bio reconnaissance distinctifs aptes à guider les consommateurs vers
Intelligence Services pour l’ADEME en mai 2006 permet d’illustrer des choix de produits plus respectueux de l’environnement : les
quantitativement la consommation moyenne individuelle et les écolabels, signes officiels de reconnaissance de la qualité environ-
impacts environnementaux qui en résultent (figures 1, 2, 3). nementale des produits, en sont la pièce centrale.
Textiles
Chaussures
14 kg
Eau potable 4 paires
59 m3
Savon et hygiène
Fruits, légumes, sucre et céréales 5 kg
491 kg
Produits d'entretien
Viande 11 kg
96 kg
Emballages
155 kg
Lait
77 kg
RX
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Fruits, Occupation
légumes, des bâtiments
Produits céréales résidentiels Voitures
de soin 23 % individuelles
et sucre
pour bébé < 0,1% 16,9 % Occupation des
< 0,1 % bâtiments tertiaires
12 % Transports de
Boissons alcoolisées
marchandises
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< 0,1 %
9,9 % Appareils
Produits de jardinage
électriques
et déchets verts
ménagers
< 0,1 %
7,5 % (6,9 %)
Chaussures
0,1 %
Viandes
Service gestion
5,4 %
de l'eau potable
0,6 %
Services de gestion
Papier (hors 9,3 t éq. CO2 des déchets
emballages) 5%
1% Textiles
Travaux publics 5%
1% Matériaux de contruction
Équipements 3%
informatiques Transports publics
1,4 % (1,2 %) Produits Meubles Emballages 2,6 %
d'entretien 2%
2% 2%
Pour les appareils électriques, la valeur entre parenthèses correspond à la phase d’utilisation :
sur les 7,5 % de contribution des appareils électriques ménagers, 6,9 % correspondent à la phase
d’utilisation. Cette phase d’utilisation fait l’objet d’un double comptage : elle est également incluse
dans les 23 % de contribution de l’occupation des bâtiments résidentiels (idem pour la catégorie
équipements informatiques et l’occupation des bâtiments tertiaires). Figure 2 – Bilan effet de serre de la
consommation annuelle moyenne d’un
Européen
Fruits, Occupation
légumes, des bâtiments
Produits céréales résidentiels Voitures
de soin et sucre < 0,1 % individuelles
pour bébé < 0,1 % Occupation
18 %
< 0,1 % des bâtiments tertiaires
Boissons alcoolisées < 0,1 % Transports
< 0,1 % de marchandises
< 0,1 %
Produits de jardinage Appareils
et déchets verts électriques
18 % ménagers
Chaussures 1,7 %
0,7 %
Service gestion Viandes
de l'eau potable 9%
1,6 %
Services de gestion
Papier (hors 580 kg des déchets
emballages) < 0,1 %
10 % Textiles
Travaux publics 1,5 %
< 0,1 % Matériaux de contruction
Équipements 8,6 %
Transports publics
informatiques Produits 0,4 %
Emballages
0,8 % d'entretien Meubles 27,4 %
3,3 % Figure 3 – Déchets ménagers liés à la
< 0,1 %
consommation annuelle moyenne d’un
Européen
1.2 Déclarations écologiques concentrés sur quelques points sensibles en matière d’environne-
ment (« protège la couche d’ozone », « biodégradable à 100 % »...).
sur les produits
Parallèlement, les produits qualifiés de « verts » ont gagné en
Largement présentes en France dès la fin des années 1980, les efficacité de manière à satisfaire les besoins du consommateur en
déclarations écologiques sont des messages imprimés sur les termes de préoccupations environnementales et d’aptitude à
produits ou sur leur emballage, sous forme de textes explicatifs ou l’usage (capacité d’un produit à répondre aux attentes du
de pictogrammes, vantant les mérites environnementaux, réels ou consommateur en matière de service rendu lors de son utilisation).
prétendus, du produit considéré (« protège l’environnement », Après une génération de produits destinée aux seuls
« 100 % recyclé »...). Au fil des années, ces messages ont évolué : consommateurs « écologistes », les vendeurs se sont peu à peu
d’une génération axée sur l’absence de telle ou telle substance adressés à l’ensemble des consommateurs, affirmant qu’un produit
(« sans chlore », « sans colorant »...), les messages se sont peu à peu pouvait être à la fois efficace et « respectueux de l’environnement ».
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environnementale environnemental conception et
seule responsabilité du fabricant ou du distributeur. Le message (14004, 14061) développement de
écologique peut être véhiculé par la dénomination même du pro- produits (14062)
ducteur, par le produit ou encore par des marques ou labels verts
propres à un distributeur ou à un vépéciste. De même, des Démonstration Système de Étiquetage
messages et pictogrammes largement répandus, comme management environnemental
« sauvegarde la forêt », ne font généralement pas appel à un environnemental (série 14020)
contrôle par tierce partie. (14001)
■ Marques ou labels privés collectifs initiés par un secteur pro- Outils Audit
fessionnel ou par un organisme considéré comme indépendant du d’évaluation environnemental
(série 14010)
fabricant, qui assurent que chaque produit qui les porte satisfait à un Analyse de cycle de vie
cahier des charges, identique pour tous. On citera, pour exemple, le Évaluation des (série 14040)
pictogramme APUR (Association des producteurs et utilisateurs de performances
carton recyclé) qui informe l’acheteur sur la quantité effective de environnementales
fibres recyclées présente dans le papier. (série 14030)
■ Écolabels, signes officiels de reconnaissance des avantages envi- Terminologie Termes et définitions (14050)
ronnementaux des produits qui les portent. Chaque pays présente
ses procédures propres : en France, la marque NF-Environnement
résulte d’une certification, régie par la loi no 94-442 du 3 juin 1994. tions ne sont pas trompeurs par nature : c’est le manque de
Le produit écolabellisé a fait l’objet d’un contrôle par tierce partie et connaissances qui conduit le consommateur à une appréciation
a satisfait à un cahier des charges préétabli fixant des critères pour erronée. Exemple : la boucle de Moebius.
la catégorie de produits considérés : l’élaboration des cahiers des
Ce sigle, très largement répandu, signifie généralement que le
charges a fait appel aux différentes parties intéressées (profession-
produit ou l’emballage qui le porte est recyclable : il s’agit là d’une
nels, associations, pouvoirs publics...). L’écolabel peut être national
caractéristique technique des matériaux qui ne présuppose en rien
(« NF-Environnement » français, « Ange bleu » allemand...) ou
de l’effectivité du recyclage après utilisation dudit produit, le
supranational (Écolabel européen, Cygne blanc du Conseil
recyclage effectif dépend de bien d’autres facteurs (existence d’un
Nordique).
système de collecte séparative, d’une filière de recyclage, de
En France, la cohabitation actuelle de tous ces types de décla- débouchés industriels...). Dans le cas cité, si le consommateur
rations écologiques résulte de la jeunesse des écolabels, qui se perçoit que le sigle en question se réfère au recyclage, la dis-
traduit par un faible nombre de catégories couvertes et une faible tinction entre techniquement recyclable ou effectivement voué à
visibilité sur le marché, et aussi de la volonté de différenciation des être recyclé lui échappe généralement.
professionnels (préférence pour un sigle spécifique à leurs propres La figure 4 donne des exemples de symboles ou de picto-
produits par opposition à une reconnaissance certes officielle mais grammes présents sur les produits.
exploitable également par les produits concurrents).
Il convient de citer un dernier type d’information à caractère
écologique, actuellement en voie de développement. C’est un cas 1.3 Pratiques aujourd’hui normalisées
particulier d’étiquetage écologique, couramment dénommé
« écoprofil ». Informatif et non sélectif, il fait appel à la compré- Concernant l’approche « produit », les travaux environnementaux
hension supposée accrue du public, professionnel en particulier, de l’ISO sont centrés sur les outils d’évaluation (normes relatives
pour les questions environnementales. Ces étiquettes peuvent se à l’analyse de cycle de vie : série des ISO 14040), la prise en compte
présenter sous forme de diagrammes ou de tableaux récapitulant de l’environnement en conception (« éco-conception » : ISO 14062)
les valeurs de quelques indicateurs environnementaux clés et sur la communication écologique (Normes relatives à l’étiquetage
(exemples : effet de serre, potentiel de destruction de la couche environnemental : série des ISO 14020). Ces différentes normes
d’ozone, CO2, déchets...). Ces valeurs sont généralement issues des sont le pendant des normes, aujourd’hui plus connues, traitant du
résultats d’une ACV (Analyse de cycle de vie) des produits. management environnemental des sites ou organismes (tableau 1).
Aux côtés de ces déclarations à caractère environnemental, Concernant spécifiquement les normes relatives à l’étiquetage
d’autres types d’informations sont diffusés et souvent compris à environnemental, celles-ci traitent à la fois des écolabels officiels
tort par le consommateur comme correspondant à un avantage (ISO 14024), des autodéclarations (ISO 14021) et des éco-profils
environnemental effectif, spécifique au produit. On citera les (ISO 14025) et bénéficient d’une norme internationale commune :
marquages obligatoires (exemple : le point vert Éco-emballage l’ISO 14020 (cf. [Doc. G 6 250V2]).
dont la signification est que l’entreprise a payé sa contribution aux
La diffusion et l’appropriation de ces différentes normes doit
coûts de valorisation des déchets d’emballages ménagers) ou les
conduire, à terme, à clarifier et assurer la sincérité des procla-
pictogrammes d’identification des matériaux (acier, aluminium,
mations à caractère écologique. En effet, si l’application des normes
plastiques, carton...) qui, dans un but de valorisation de leurs
ISO est volontaire, leur caractère mondial ainsi que la référence
images, intègrent souvent des éléments graphiques à consonance
qu’elles constituent dans le cadre des échanges commerciaux inter-
environnementale, généralement liés au récyclage (boucle, flèches
nationaux doivent faciliter une diffusion massive et une adoption
disposées en triangle...).
progressive par tous des bonnes pratiques préconisées. En
Sauf exception (exemple : mettre en exergue l’absence d’une particulier, dans le cadre des autodéclarations, ces normes peuvent
substance qui n’est généralement pas présente dans la servir de support à l’élaboration de différentes réglementations ou
composition des produits considérés), les différents types d’asser- préconisations nationales.
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L ’analyse du cycle de vie (ACV) est une compilation et une évaluation des
entrants et des sortants et une représentation des impacts environnemen-
taux potentiels d’un système assurant une (ou plusieurs) fonction(s), le long de
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tout son cycle de vie. Autrement dit, c’est un outil qui permet d’évaluer les
impacts environnementaux potentiels de l’ensemble des processus se
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1. Définition des objectifs Exemple : dans le cas de l’emballage de boissons, la fonction peut
être « le stockage sûr et propre de la boisson ». Lorsque les objectifs
et des finalités de l’étude précisent des critères additionnels, concernant la résistance,
le type, le poids, les modalités de transport de la boisson emballée, la
fonction devra être complétée : « le stockage sûr et propre de la
boisson, conjuguant résistance à la pression et légèreté ».
L’objectif d’une étude ACV est de comparer différentes alterna-
Dans le cas de la production d’énergie électrique par combustion de
tives, à savoir scénarios ou (étapes de) systèmes de produits
charbon, la fonction commune à tous les scénarios est « production
Q
assurant la (les) même(s) fonction(s).
d’énergie électrique ». Ensuite, chaque scénario comprend une ou
plusieurs cofonctions différentes liées à la valorisation des cendres
volantes et d’autres sous-produits, par exemple « production de
La comparaison peut comprendre la sélection (l’identification des ciment à partir des cendres volantes valorisées ».
meilleures alternatives), le tri (la séparation des bonnes alternatives
des moyennes et des mauvaises) et le classement des alternatives. Le système de produits comprend les processus spécifiques à la
Les finalités de l’étude, à savoir les utilisations qui seront faites des fonction considérée (dits « de premier plan »), à savoir les proces-
résultats, peuvent être multiples. Généralement dans les entre- sus d’acquisition des matières premières, de fabrication des maté-
prises, les études ACV visent à l’évaluation d’un produit ou d’un riaux intermédiaires, de fabrication du produit étudié, d’utilisation
procédé et de ses alternatives, en vue de l’amélioration et de la de ce produit, de recyclage ou de réutilisation et d’élimination finale.
communication de ses performances environnementales, de la Il peut comprendre aussi tous les processus (dits d’« arrière-plan »)
conception de nouveaux produits et procédés ou encore de la liés aux précédents, à savoir :
sélection à l’achat de matières premières. Les collectivités publiques — de consommation de ressources énergétiques, ainsi que ceux
ou les associations cherchent, le plus souvent, à valider les per- de transformation de ces ressources en combustibles utilisables ;
formances d’un produit ou d’un procédé que l’industrie ou l’État — de transport des matériaux d’une étape à l’autre ;
présente comme « propre ». La finalité d’un organe législatif peut — d’extraction et de préparation des ressources naturelles
être de déterminer s’il faut encourager ou non l’usage de certains brutes, à savoir les minerais, le bois et les ressources fossiles qui
matériaux ou produits de substitution. Dans tous les cas, les fina- ne sont pas utilisées pour leur contenu énergétique.
lités des études ACV sont en adéquation avec leurs objectifs et Une étude ACV de moyenne complexité comprend généralement
visent à supporter les processus de prise de décision. entre quarante et cinquante processus distincts. Dans la pratique,
des sous-systèmes autonomes « fermés » sont isolés, prenant en
L’identification des alternatives à comparer aide à mieux définir
compte toutes les étapes depuis l’acquisition des matières pre-
les objectifs, les finalités et l’étendue de l’étude ACV. Des alter-
mières jusqu’à la fabrication d’un produit utilisable. La phase d’uti-
natives complexes nécessitent une ACV complète, c’est-à-dire
lisation du produit et les éventuels problèmes posés par la fin de
incluant l’évaluation des impacts. Des choix plus simples peuvent
vie, tels que la réutilisation, le recyclage ou l’élimination ne sont
être faits à partir des informations fournies par un inventaire du
pas considérés dans ces sous-systèmes.
cycle de vie (ICV) des systèmes concurrents.
Les systèmes de produits des scénarios étudiés sont géné-
Exemple : considérons la comparaison d’un emballage de boissons ralement différents l’un de l’autre. Afin que la comparaison soit
avec un emballage concurrent, conçu pour fournir au consommateur cohérente, tous les scénarios doivent respecter la même unité
une quantité égale de liquide. Si l’un des emballages consomme moins fonctionnelle, qui quantifie la(les) fonction(s) étudiée(s).
d’énergie et produit des émissions moindres dans l’air, l’eau et le sol
pour tous les paramètres considérés, alors l’ICV suffit à montrer que
cet emballage est préférable d’un point de vue environnemental. 2.2 Unité fonctionnelle
Au contraire, si l’on cherche à comparer différents modes de pro-
duction d’énergie électrique par combustion de charbon, les objectifs
Une unité fonctionnelle (UF) appropriée est construite à partir
d’une étude ACV consisteront à comparer plusieurs scénarios de
de l’évaluation des fonctions remplies, elle doit être pertinente
production caractérisés par différentes techniques de combustion, de
avec la finalité de l’étude et préciser une quantité, une unité de
dépollution (désulfuration, dénitrification...) et de traitement des
mesure, un contexte spatial et un contexte temporel. Elle permet
déchets (cendres...), et différents types de combustible, en
de mesurer, pour chaque processus du système de produits, une
considérant des installations spécifiques. Ces objectifs permettront
quantité de produit, procédé ou service de référence, appelée
d’atteindre diverses finalités :
unité de référence (UR), qui remplit la fonction considérée ou
— quantifier les points faibles et les points forts du point de vue qui est produite par la fonction.
environnemental de la production d’électricité à partir du charbon ;
— dégager de nouvelles propositions relatives à la gestion et à la
À partir de cette UR, toutes les quantités inventoriées des
conception du cycle de vie à partir des résultats de l’inventaire et de
processus élémentaires de chaque scénario sont normalisées et
l’évaluation d’impacts potentiels sur l’environnement ;
agrégées.
— supporter les processus de prise de décisions sur des projets de
nouvelles unités de combustion. Exemple : la fonction « emballage de bière » peut être remplie par
une canette en aluminium ou en acier. Si l’UF est exprimée sur la base
d’un volume de bière contenu (par exemple 33 cL), les UR pour les deux
systèmes sont choisies en terme de masse de matériaux d’emballage
2. Définition du champ d’étude requise pour remplir la fonction, respectivement 16 g et 25 g.
Dans le cas de la production d’énergie électrique l’UF est 414 GJ, ce
qui correspond environ à 1 heure de fonctionnement d’un groupe de
115 MWe. Cette production implique des volumes horaires de fumées
2.1 Systèmes et fonctions à étudier dégagés suite à la combustion et des quantités de matières premières
consommées bien précises, qui représentent les UR des processus
relatifs. Compte tenu que les données inventoriées in situ sont
La définition du champ d’étude consiste à préciser la (les)
mesurées sur base horaire, cette UF et les UR associées permettent
fonction(s) et les systèmes de produits à étudier, comprenant les
ainsi de limiter les erreurs de non-linéarité lors du calcul des flux
processus liés au produit, service ou procédé considéré, et cela
élémentaires (les émissions de polluants, les consommations d’autres
en fonction des objectifs de l’étude. matières premières...).
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2.3 Frontières des systèmes sont très significatifs même s’ils sont émis en très faible quantité,
ces critères peuvent entraîner l’omission d’impacts très importants.
et critères d’inclusion des entrants Le critère le plus correct s’avère alors celui de la « pertinence
et des sortants environnementale » : les flux retenus sont ceux dont la contri-
bution à chaque catégorie d’impact par rapport à l’impact cumulé
Si tous les processus du cycle de vie relatif à la (aux) fonction(s) tout au long du système de produits est supérieure à un seuil fixé.
étudiée(s) étaient pris en compte, à l’interface entre l’environ-
nement et le système de produits on retrouverait seulement des 2.3.1.2 Méthode de « masse-énergie-économique
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tème. Toutefois, elle fait aussi partie de l’étape d’inventaire. Nous posons que les
problèmes d’affectation sont des problèmes d’affectation de charges à des fonc-
tions. La notion de charges correspond dans cet article à tous les flux amenant
des impacts environnementaux, par exemple, des besoins en énergie ou en
transport, des consommations de ressources naturelles, des émissions de pol-
luants. Les liens entre les charges et les impacts s’établissent dans d’autres par-
ties de l’inventaire [29] et surtout dans l’étape d’évaluation des impacts [30]. Les
charges envisagées sont environnementales car les ACV se limitent pour le
moment à ces aspects. Mais la notion de charges pourrait tout à fait être généra-
lisée aux domaines économiques et sociaux.
L’affectation à fonction considérée ici consiste souvent à répartir la charge
environnementale d’un système entre toutes les fonctions assurées par ce sys-
tème. Cependant il arrive que l’affectation implique à un moment donné une
modification du système.
Il n’existe pas de méthode d’affectation générale acceptée. Comme les choix
effectués sont susceptibles de modifier largement les résultats des études, une
analyse comparée des différentes méthodes revêt une grande importance.
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Charges CP Charges C T
Produit P1
Déchet D1
Produit P2
Système A P Système A T
Déchet D2
Service S
Productions Traitements
1.2 Coproduction
Modification Indicateurs de
Les problèmes de coproduction apparaissent lorsqu’un système du système responsabilité
remplit plusieurs fonctions de production alors qu’une seule est étu-
diée, autrement dit lorsqu’un système génère plusieurs produits ou
services tandis qu’un seul de ces flux sortants contribue à la fonc- Socio-
Découpage Élargissement Physiques
tion étudiée. Ils sont aussi connus sous le nom d’affectation à systè- économiques
mes multisorties (multi-output). Ce type courant de problème se
pose pour une raffinerie de pétrole qui produit différents carburants,
Figure 5 – Diagramme récapitulatif des méthodes de résolution des
combustibles industriels et matériaux divers. Un autre exemple typi-
affectations à cofonctions simultanées
que est la coproduction de soude, chlore et hydrogène par électro-
lyse du sel [4].
Un problème de ce type se pose ainsi : considérons un système ■ Les boucles ouvertes mettent en jeu des cofonctions successives.
AT remplissant 2 fonctions de traitement en traitant les déchets D1, L’exemple considéré et les différentes méthodes d’affectation pour
D2, et ayant des flux entrants et sortants amenant la charge environ- ce type de cofonctions sont présentées au paragraphe 3.3.5.
nementale CT (figure 4). Quelle part de CT doit-on affecter à la fonc- Les figures 5 et 6 montrent les méthodes de résolution des affec-
tion de traitement de D1 ou D2 ? tations à cofonctions simultanées et successives.
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Cofonctions successives
Traitements Productions
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Découpage et Systèmes Découpage et Vie complète Systèmes
Découpage Découpage
charges évitées cascade charges évitées de la ressource cascade
Figure 6 – Diagramme récapitulatif des méthodes de résolution des affectations à cofonctions successives
FE1, S2 Produit P2
FE2, D3 Système A P
Les coproductions et cotraitements sont des cofonctions qui se
P4 Service S
produisent au même instant et qui peuvent de ce fait être analysées
au niveau d’un processus élémentaire donné : on parle de cofonc- D4
tions simultanées. Nous allons ici présenter les différentes métho-
des de résolution des problèmes d’affectations à des cofonctions Figure 7 – Application de la méthode de découpage
remplies au même instant. Celles-ci incluent les coproductions, les
cotraitements et les revalorisations vues comme des cofonctions
simultanées. Une première stratégie consiste à modifier le système
Parfois, le découpage ne se fait pas selon des critères techniques.
analysé : soit par une étude détaillée des processus suivie d’un
Certains proposent en effet de découper arbitrairement les systè-
découpage du système, soit par un élargissement à d’autres
mes en choisissant un ratio approprié par exemple en partageant
systèmes remplissant les mêmes fonctions. Une seconde méthode
équitablement la charge environnementale du système à l’ensem-
consiste à établir des règles d’affectation sur la base d’indicateurs
ble des fonctions qu’il assure. Ces méthodes sont difficilement justi-
physiques et/ou socio-économiques. La plupart des auteurs associe
fiables si les fonctions sont différentes.
plusieurs méthodes.
La première étape commune à toutes ces méthodes est la défini-
tion du système étudié (frontières, flux entrants et sortants...).
2.2 Méthodes basées sur l’élargissement
du système
2.1 Méthodes basées sur le découpage
du système Ces méthodes, souvent dénommées méthodes par substitution
(d’un système par un autre) [8] élargissent le système à d’autres sys-
tèmes remplissant les cofonctions. Elles considèrent qu’un système
Il s’agit de décomposer le système en sous-systèmes indépen- qui assure plusieurs fonctions en même temps évite l’existence
dants liés à chacune des fonctions. Ainsi, par l’étude approfondie d’autres systèmes remplissant chacune des fonctions. Après exten-
d’une plate-forme pétrolière, il est possible d’identifier certains pro- sion, le système ne remplit plus que la fonction étudiée.
cessus liés uniquement à la production de gaz et d’autres liés à la
production de pétrole [7]. Elles ont beaucoup été utilisées pour créditer la production par
incinération [9]. Les charges de la production d’énergie par le
Pour le système AP, supposons que la charge CP soit liée aux pro- pétrole, par exemple, sont alors soustraites des charges affectées à
duits P3, P4 entrants, aux services S1 et S2 entrants, aux flux environ- des emballages en plastique lorsqu’ils sont incinérés.
nementaux entrants F E1 ainsi qu’aux flux environnementaux sortant
F E2 et aux déchets sortants D3 et D4. Une étude précise (par la chi- Pour l’exemple AP, on étend le système à un système B de char-
mie, la physique, l’automatique...) peut permettre un découpage ges CB produisant le même produit P2, à un système C de charges
fructueux. On s’apercevra par exemple que les flux entrant P3 et S1 CC produisant le service S. On affecte alors à la production de P1, les
sont liés à P1, que S2 et F E1 et F E2 et D3 sont liés à P2 et que P4 et D4 charges CP - CB - CC.
sont liés à S (figure 7). Pour le cotraitement AT, si l’on considère l’affectation à la fonction
Pour le cas de cotraitement, par une étude approfondie du sys- de traitement du déchet D1 par le système AT. Nous étendons le sys-
tème AT, les charges seraient aussi attribuées au traitement de D1 et tème à un système D de charges CD traitant le déchet D2. On affecte
D2. alors au traitement de D1 la charge CT - CD.
Malheureusement, la technique de découpage n’est pas toujours Cette méthode par soustraction peut amener l’apparition de char-
applicable, car elle demande une connaissance approfondie des ges négatives. Pour éviter cela et pour rendre la méthode plus trans-
procédés et mécanismes et les cofonctions sont parfois profondé- parente, certains auteurs préfèrent ajouter les charges évitées au
ment liées. système comparé [10]. Par exemple, si l’on compare la production
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TQ
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Les deux premières étapes sont développées dans les articles Analyse du
Cycle de Vie (ACV) [G 5 500] et Analyse du cycle de vie. Réalisation de l’inven-
taire [G 5 510]. La troisième étape fait l’objet du présent article. Il est donc
recommandé au lecteur de prendre connaissance des deux premières étapes
et des articles associés avant de lire ce qui suit.
L’objectif de cet article est de présenter, sur la base des connaissances scien-
tifiques actuelles, les méthodes d’évaluation des impacts environnementaux
Q
dans le contexte des ACV. Les méthodes d’évaluation des impacts potentiels
dans les ACV sont traditionnellement réalisées en trois phases :
– la classification des impacts : cette phase consiste d’abord à choisir une liste
pertinente de catégories d’impacts à prendre en compte. Puis, pour chaque
catégorie, l’ensemble des flux de l’inventaire est identifié qualitativement ;
– la caractérisation des impacts : elle consiste à définir l’indicateur d’impact
qui permettra de quantifier la contribution spécifique de chaque flux apparte-
nant à la classe d’impact considérée, de calculer pour chaque classe la contri-
bution de chaque flux et d’agréger au sein de chaque classe les contributions
calculées pour les différents flux ;
– l’évaluation globale des impacts : l’objectif de l’ACV est de comparer les
impacts potentiels de systèmes. Cette comparaison porte :
soit sur le cycle de vie de différents systèmes rendant le même service ;
l’objectif est alors d’identifier quel est le (ou les) système(s) le(s) plus respec-
tueux de l’environnement sur l’ensemble des classes d’impacts étudiées ;
soit sur les différentes étapes du cycle de vie d’un système donné : l’objectif
est ici de connaı̂tre les points faibles et les points forts d’un système sur
l’ensemble de son cycle de vie et au regard des classes d’impacts étudiées.
Quel que soit l’objectif, cette dernière phase revient à agréger l’ensemble des
informations obtenues à la précédente phase de caractérisation pour aboutir à
une appréciation environnementale globale des systèmes, utile à l’interpréta-
tion et à la décision.
Le présent article présente dans un premier temps la notion d’impact en ACV
et les principales classes d’impacts consensuelles. Il décrit ensuite les principa-
les méthodologies de caractérisation, avec leurs points forts et leurs limites,
ainsi que leur utilisation. La dernière partie porte sur l’évaluation globale des
impacts, une fois que ces derniers ont été caractérisés.
TR
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Émission
de la
substance
Midpoint
Dommage
Q
Endpoint sur les milieux
à préserver
Ainsi, si l’on considère par exemple une substance relâchée dans Lors de la mise au point d’un tel système de classification se
l’environnement, son impact potentiel sera lié à : pose le problème du choix des impacts environnementaux à pren-
– la quantité et la concentration du rejet ; dre en compte. Trois critères au minimum sont à envisager :
– la mobilité et la tendance à la dispersion ; – l’exhaustivité : la méthode de classification testée sera considérée
– la persistance dans le milieu, dépendante de la dégradation ; comme exhaustive si elle couvre l’ensemble des problèmes environne-
– l’accumulation, dans les sédiments ou les tissus vivants ; mentaux, compte tenu des connaissances scientifiques du moment ;
– la synergie avec d’autres substances ou la transformation en – la non-redondance : elle est définie comme une augmentation
d’autres produits formés dans l’environnement ; du nombre d’éléments de la liste sans accroissement corrélatif de
– l’effet nuisible pour les êtres humains, les animaux, les plantes, la quantité d’information. Il ne faut pas confondre la redondance
les écosystèmes et les cibles non vivantes. avec le fait qu’un élément de l’inventaire puisse contribuer à plu-
sieurs impacts. On peut distinguer, pour une substance émise,
Un impact potentiel dépend donc d’un grand nombre de paramè- trois façons de contribuer à plusieurs impacts :
tres. La communauté scientifique a construit et construit toujours
des modèles intégrant ces paramètres et permettant de prédire la en parallèle : l’émission peut potentiellement contribuer à
contribution d’une substance à un impact donné. Malgré les efforts plusieurs impacts. Par exemple, le dioxyde de soufre (SO2)
importants, l’incertitude liée à l’évaluation des impacts demeure peut contribuer à l’acidification et à des effets toxiques par
plus ou moins importante selon l’impact envisagé. Ce n’est toute- inhalation. Cependant, une seule molécule de SO2 ne peut
fois pas tant l’incertitude elle-même mais plus l’incapacité de la engendrer ces deux effets simultanément,
mesurer qui rend l’interprétation des impacts complexe. Car si en série, directement : l’émission peut engendrer plusieurs
l’on considère l’ACV comme une méthodologie dont la finalité est effets l’un après l’autre. Par exemple, une même molécule
l’intégration de l’évaluation environnementale globale du cycle de d’oxyde d’azote (NOx) est susceptible de contribuer à la fois
vie dans un processus décisionnel, toute incertitude devrait pouvoir à l’acidification et à l’eutrophisation,
être scientifiquement appréciée. en série, indirectement : la substance contribue à un autre
L’attitude actuelle des praticiens de l’ACV consiste à considérer effet, à partir de l’effet causé précédemment. Par exemple,
que l’évaluation environnementale n’est pas une technique totale- les particules vont contribuer à la pollution atmosphérique
ment maı̂trisée aujourd’hui. Cependant, chaque avancée dans ce particulaire. En faisant cela, elles peuvent exercer un effet
domaine réduit l’incertitude de l’évaluation. Il faut donc se poser négatif sur le réchauffement climatique ;
systématiquement la question : compte tenu des incertitudes scien-
– la faisabilité : l’appartenance d’un flux à une classe d’impact
tifiques (même réduites), quelles fonctions de dommages sont
doit être suffisamment explicite. En d’autres termes, la personne
accessibles avec un niveau de connaissance acceptable ? Il s’agit
chargée de la classification des impacts ne doit pas avoir de doutes
donc, dans l’état actuel des connaissances scientifiques, de gérer
quant à la contribution d’une substance à un impact environne-
au mieux l’incertitude en se fondant sur un consensus minimum
mental potentiel.
de la communauté scientifique.
Nota : le lecteur pourra également consulter l’article [G 5 620] sur les incertitudes des
évaluations des impacts.
2.2 Classes d’impact : dommages endpoint
Au niveau endpoint, trois dommages sont généralement retenus :
la santé, les écosystèmes et les ressources.
2. Classification des facteurs & Santé
d’impact L’indicateur endpoint doit montrer la mortalité et la morbidité
associées aux impacts générés durant le cycle de vie étudié. Pour
chaque dommage, les nombres d’années de vie perdues (YLL,
Years of Life Lost) et de vie avec un handicap (YLD, Years of life
2.1 Règles générales Disabled) sont additionnés pour obtenir un nombre d’années
exprimé en DALY (Disability-Ajusted Life Years) [1]. En dépit de cer-
Au cours de la réalisation d’une ACV, un bilan matière-énergie tains défauts (dépendance à un contexte spatio-temporel donné,
est réalisé pour chaque sous-système du cycle de vie. Cet inven- évaluation des années avec handicap par rapport à une espérance
taire fournit un nombre important de données qu’il est généra- de vie « standard », pondération en fonction de l’âge auquel sur-
lement impossible de gérer comme tel. L’objectif de la classifica- vient la mort ou la maladie, etc.), la DALY est l’indicateur retenu
tion est de regrouper ces flux afin de faciliter leur quantification. par l’Organisation mondiale de la santé et donc l’indicateur end-
point le plus consensuel actuellement pour la santé en ACV.
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concerne l’ensemble des modèles et des règles utilisés pour le calcul
du GWP, à savoir le choix du maillage de division de l’atmosphère, des Un intervalle générique est noté :
valeurs moyennes des variables utilisées (par exemple des concentra-
tions des substances gazeuses qui influencent le forçage radiatif dans x ∈ [xinf ; xsup]
chaque maillage), des référentiels... [4]. Malheureusement, les carac-
téristiques détaillées des modèles utilisés pour l’évaluation des avec xinf et xsup respectivement les extrêmes inférieur et
impacts (à savoir IMAGE pour l’effet de serre) sont souvent peu acces- supérieur qui décrivent l’étendue de la
sibles aux praticiens ACV. Néanmoins, il est toujours possible d’asso- variabilité.
cier une incertitude à l’ensemble de ces caractéristiques. Le calcul avec intervalles se fait par l’arithmétique, les techniques
de résolution d’équations et de systèmes linéaires et les propriétés
(commutativité, associativité, neutralité, etc.) spécifiques aux inter-
valles [5].
1.2 Sources d’incertitude Exemple : on considère l’émission de CO2 d’un processus de com-
bustion de charbon en installation fixe. La valeur moyenne à considérer
est affectée par une variabilité due aux aléas et aux variations stochas-
tiques du processus de combustion et aussi du rapport entre la valeur
Les éléments de l’évaluation des impacts concernés par ces types
d’émission et l’UR (unité de référence) du processus (l’énergie pro-
d’incertitude sont les données, les règles (sous forme d’équations
duite en MJ) qui varie elle aussi. Sur la base des données expérimenta-
et/ou de relations) et les modèles utilisés dans les méthodes d’éva-
les, la variabilité sur la valeur moyenne x (égale à 250 g/UR) sera ainsi
luation.
représentée :
Les principaux types de données sont les suivants : x ∈ [250 − 50 ; 250 + 50]
— les données d’inventaire, à savoir des quantités de matière et Il est à noter qu’aucune information n’est donnée relativement à la
énergie rapportées à l’unité fonctionnelle ([G 5 500] Analyse du « plausibilité » des différentes valeurs comprises dans l’intervalle, à
cycle de vie. Réalisation de l’inventaire) ; savoir la valeur moyenne et toutes les autres valeurs ont les mêmes
« chances » d’être observées.
— les données utilisées dans les équations des modèles (les
paramètres tels que le forçage radiatif) ;
— le cas échéant, les valeurs à utiliser dans l’analyse multicritère 2.2 Approche par la théorie probabiliste
qui permet l’interprétation des résultats (par exemple les seuils de
préférence) [G 5 605].
La théorie des probabilités est bien adaptée pour des informa-
Les modèles utilisés sont essentiellement les modèles de caracté- tions précises et dispersées car tous les éléments auxquels il faut
risation (par exemple de l’effet de serre), qui permettent de calculer associer les valeurs de probabilité doivent être identifiés (même en
les facteurs de caractérisation (tel que le GWP) et qui, dans la majo- cas d’ignorance totale). Ces valeurs ne doivent pas dépendre du
rité de cas, sont peu accessibles aux praticiens. nombre d’alternatives et doivent être précises. Pour cela, cette théo-
rie est très souvent utilisée pour représenter la variabilité des don-
Les principaux types de règles adoptées sont les suivantes : nées.
— les règles de calcul des impacts directs et indirects (cf. § 2.3.1) ; L’analyse de la variabilité comprend deux étapes principales : le
choix des distributions de probabilités et la propagation des incerti-
— les règles d’agrégation, pour chaque catégorie d’impact et sur tudes. Dans la suite nous allons les décrire en prenant en compte la
le cycle de vie, des impacts de chaque processus ; chaîne d’inférence générique :
— le cas échéant, les règles de comparaison et de classement des X1 → X2 → ... → Xk,
résultats d’impact dans l’analyse multicritère.
Xk étant le résultat d’impact.
En utilisant la terminologie du domaine de la logique, l’utilisation Finalement, l’analyse permet de représenter les résultats
de ces données, de ces règles et de ces modèles pour le calcul d’un d’impacts sous la forme de distributions de probabilités.
résultat d’impact à partir des résultats d’inventaire est résumée avec
l’expression « chaîne d’inférences ».
2.2.1 Choix des distributions de probabilités
Exemple : le calcul du résultat d’impact d’effet serre (X3) à partir de
la donnée d’inventaire d’émission de CO2 (X1) et du facteur de caracté-
risation GWP (X2) se fait par deux inférences : X1 → X2 → X3. Les éléments dont la variabilité est à caractériser par des distribu-
tions de probabilités sont :
L’évaluation des impacts consiste alors en une série d’inférences, X1, X2, ..., Xk−1,
des données d’inventaire aux résultats des indicateurs d’impact, à
partir des informations à disposition du praticien. L’analyse de Xk étant calculé à partir des précédents.
l’incertitude au sens large consiste alors à analyser les inférences de Généralement lorsque la variabilité d’une donnée ou d’un modèle
calcul préalablement identifiées et schématisées. Dans la suite nous est issue de la somme de nombreuses variations faibles, la distribu-
allons présenter les principales techniques d’analyse pour les diffé- tion résultante est de type normal ou log-normale. Dans le cas d’une
rents types d’incertitude. distribution normale, il suffit alors de connaître la moyenne et la
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Dématérialisation
Mesure par bilans matières et MIPS
par Julia HAAKE
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Économiste
Chercheur au C3ED
(Centre d’Économie et d’Éthique pour l’Environnement et le Développement)
à l’Université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines
Bourse de thèse de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie),
cofinancée par le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique)
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DÉMATÉRIALISATION ___________________________________________________________________________________________________________________
Q présentons dans cet article se trouvent dans des travaux réalisés ■ Le point de départ de ce deuxième courant est un article de
depuis la fin des années 1960 par un certain nombre d'auteurs, 1969 de Robert Ayres et Allen Kneese [5], dans lequel les deux
économistes et chercheurs en sciences naturelles. Ces auteurs ont auteurs prennent, comme Georgescu-Roegen, une position critique
en commun de prendre en compte, dans leur regard sur l'économie, vis-à-vis de l'économie standard. Selon eux, la manière de voir la
certains concepts issus des sciences physiques et naturelles, dont, production et la consommation en économie n'est pas en confor-
surtout, les lois de la thermodynamique et l'entropie. Dans ces mité avec la loi de la conservation de masse, loi physique qui
approches, les flux matériels et énergétiques passant entre la nature domine non seulement la nature, mais aussi l'économie. Rappelons
et l'économie prennent une place majeure, afin de mieux exposer la que, selon cette loi, la matière ne peut pas être détruite, uniquement
relation entre l'économie et sa base physique et naturelle. transformée.
La théorie économique traditionnelle a cependant adopté une
autre vision qui se base sur un système linéaire : les matières et
1.1 Les années 1960 : thermodynamique l'énergie extraites de la nature sont utilisées comme matière
et économie première dans les processus industriels, où elles sont transformées
en biens matériels ; ces biens sont ensuite vendus et consommés,
mais ils disparaissent de la scène économique après la consomma-
■ Le premier des auteurs signalisant l'importance d'un regard
tion, voire même au moment de l'achat. L’économiste ne prend pas
« physique » sur l'économie a sans doute été l'économiste Ken-
en compte le devenir des matières utilisées et leur transformation
neth Boulding, avec un article paru en 1966 « The Economics of the
en déchets.
Coming Spaceship Earth » [6], dans lequel il expose l'analogie entre
l'économie et des systèmes thermodynamiques. Le concept de Afin de surmonter ces manques, Ayres et Kneese proposent pour
l'entropie est essentiel dans cette analogie : il permet d'évaluer la la première fois un système de bilans matières pour une économie
dégradation de l'énergie dans un système et souligne, lorsqu’on comprenant les inputs matériels dans l'économie, les transforma-
l’applique au système économique, les limites physiques au fonc- tions industrielles ainsi que les outputs (figure 1). Du côté entrant,
tionnement économique tel qu'il est pratiqué actuellement. L'idée de ils considèrent les sources d'énergies fossiles, les minerais, les
Boulding est de dire que notre système économique contemporain ressources naturelles renouvelables tels les produits agricoles, le
ressemble à une « cow-boy economy », une économie perçue bois, etc. Du côté output, un vaste éventail de matières est pris en
comme ouverte qui dispose de ressources illimitées en matières et compte, matières émises dans la nature en tant que déchets, émis-
énergie, et habitée par des « cow-boys » exploitant la nature de façon sions, dissipations, eaux usées, etc.
imprudente. Dans une telle économie, les flux matériels à travers ■ C’est surtout Robert Ayres qui a continué, après cet article fonda-
l'économie (par référence à l'expression anglaise « throughput ») teur de l'approche bilan matière, à développer la « pensée
représentent un critère de performance économique. En opposition à matérielle ». Ainsi, il a créé l'analogie du métabolisme industriel
cette économie ouverte (et dépassée), Boulding voit une « spaceman sur la base de la constatation suivante : « l'utilisation de matières et
economy », économie fermée dans laquelle les throughputs ne sont d'énergie au sein de notre système économique – c'est-à-dire la par-
pas désirables puisqu'ils augmentent l'entropie dans le système, et tie de la somme des activités humaines s'occupant de la production
devraient donc être minimisés. et de la consommation de biens et de services ainsi générés – mon-
Cesanalogiesentrephysiqueetéconomieontconnuunsuccès tre certains parallèles avec l'utilisation de matières et d'énergie par
important,surtoutgrâceauxtravauxdeNicholasGeorgescu-Roegen. les organismes biologiques et les écosystèmes » ([3], p. 1). Il s'agit
Dans son œuvre « The Entropy Law and the Economic Process » paru donc d'une analogie entre le concept de métabolisme emprunté aux
en1971[9],ilintroduitl'applicationparanalogiedesdeuxloisfonda- sciences naturelles et le fonctionnement du système productif éco-
mentales de la thermodynamique dans la pensée économique. nomique. Toutefois, la différence majeure entre le métabolisme bio-
Comme Boulding, il démontre que le processus économique logique et le métabolisme industriel réside dans le fait que les cycles
consiste en la transformation de flux à teneur entropique faible en naturels (d'eau, de carbone/oxygène, de nitrogène, de sulfure, etc.)
entropie élevée, c'est-à-dire une transformation d'énergie libre en sont fermés, alors que les cycles industriels sont ouverts.
« bound energy ». En d'autres termes, le système industriel ne recycle généralement
pas sa « nutrition ». Par contre, il fonctionne à partir des matières
Lois de la thermodynamique et économie brutes (sources d'énergie fossile, minerais…) extraites de la terre, et
les retourne à la nature sous forme dégradée. C'est donc cette fonc-
La première loi de la thermodynamique, nommée aussi la tion cruciale de pouvoir recycler des matières « dégradées » de
« loi de la conservation », signifie que dans chaque processus façon à ce qu'elles deviennent (ré-)utilisables qui manque au
physique, l’ensemble d’énergie est conservé. Il est donc impos- système industriel, contrairement aux systèmes naturels (pensons
sible de créer ou de détruire de l’énergie, il est seulement possi- par exemple à la digestion de l'animal ou du corps humain). Par
ble de la transformer. Cette loi de la conservation peut conséquent, Ayres [4] insiste sur la nécessité d'engager des inven-
également être appliquée à la matière. Dans ce cas, on parle de tions majeures de manière à développer cette forme de
la conservation de masse. « métabolisme » industriel.
La deuxième loi, la « loi de l’entropie », souligne que les flux
énergétiques passant à travers un système sont soumis à une
dégradation de valeur (entropie) en cours de leur utilisation 1.2 Les années 1980 : la « renaissance »
dans le système. et ses raisons
Les idées de ces auteurs ont suscité des travaux divers en Les idées autour des flux de matière dans l’économie ont connu
économie et d'autres domaines (on parle même de « l'univers de la un succès important dans la recherche environnementale depuis la
thermodynamique » ou encore de « l'école entropique ») dont on fin des années 1980, et on peut nommer un certain nombre de
peut distinguer deux principaux courants. Il s'agit : raisons qui sont à la base de cette « renaissance ».
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Système de management environnemental produits et
ACV
(Réf. Internet 42627)
1– Méthodes et outils R
2– Applications par secteur d'activité Réf. Internet page
Analyse du cycle de vie des procédés de traitement de surface des matériaux M1830 69
Bilan environnemental des solutions de valorisation des pneus usagés non G2043 79
réutilisables (PUNR)
Sur www.techniques-ingenieur.fr
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R L’ACV apparaît comme un outil pertinent pour comparer les scénarios de recy-
clage et d’incinération avec valorisation énergétique en apportant des argu-
ments scientifiques de discussion à partir du calcul des impacts potentiel
globaux de chacune des filières.
Le présent article se propose donc de montrer comment l’ACV peut être utile à
l’industrie automobile en présentant la situation actuelle quant à la prise en
compte de l’environnement par les constructeurs automobiles, et à l’apport
méthodologique de l’ACV pour réduire les impacts environnementaux liés à la
fin de vie des véhicules et aux émissions atmosphériques lors de leur utilisation
et la non-adéquation de l’ACV en phase de conception. Ainsi, l’ACV apparaît
comme un outil argumentaire permettant de définir de grandes tendances quant
aux impacts liés aux émissions lors de l’utilisation et à la fin de vie des véhicules.
Le lecteur intéressé pourra consulter les articles [37] [38] [39] sur la pollution atmosphérique
générée par les moteurs dans le traité Génie mécanique.
1. L’environnement 50
Masse surfacique (kg/m2)
et l’industrie automobile 45
40
1.1 Évolutions récentes 35
30
Les rapports entre l’environnement et l’automobile ne cessent de
se modifier. Ainsi, les masses des véhicules, la consommation 25
moyenne du parc et la sévérité accrue des réglementations en 1974 1986 1991 Année
matière d’émissions à l’échappement influent sur l’impact environ-
nemental de l’automobile. La figure 1 illustre l’évolution de la Figure 1 – Évolution de la masse surfacique des véhicules
masse surfacique des véhicules depuis 1974. La surface correspond depuis 1974
au produit de la longueur par la largeur hors tout [18].
On observe une diminution de la masse jusqu’en 1986 pour com- 11
penser l’augmentation du coût des carburants due aux chocs pétro-
liers. 10
Consommation (L / 100 km)
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Tableau 1 – Évolutions des réglementations d’émissions à l’échappement pour les véhicules particuliers
CO HC + NOx Particules (1)
Émissions (g/km) (g/km) (g/km)
Essence Diesel (2) Essence Diesel Diesel (2)
1971 35 11 11
1979 22,7 7,5 7,5
1984 17,5 5,9 5,9
1989 7,5 2 2
1992
1996
2,72
2,2 1
0,97
0,5
0,97
0,7
0,14
0,08 R
2000 2,3 (3) 0,64 0,35 0,56 0,05
2005 1 0,5 0,18 0,3 0,025
(1) Les particules émises par les véhicules à essence sont très fines et difficilement mesurables. On ne peut fixer de seuils de mesure.
(2) Émissions réglementées seulement depuis 1996 (pour CO) et 1992 (pour les particules).
(3) L’augmentation du niveau de 0,1 g/km entre 1996 et 2000 pour les véhicules essence est due à la modification de la période de ralenti en matière d’émission
du cycle européen normalisé.
De plus les réglementations en matière d’émissions à l’échappe- Jusqu’à présent, les constructeurs automobiles ont pris en
ment sont de plus en plus sévères : elles concernent les émissions compte l’environnement au travers d’études focalisées sur des
de CO, HC, NOx ainsi que les particules (cf. tableau 1). aspects particuliers : par exemple, études sur les véhicules électri-
Parallèlement à ces évolutions, le nombre de voitures ainsi que la ques, sur l’allégement des véhicules, sur les carburants de substitu-
circulation continuent d’augmenter. À la fin de l’année 1995, le parc tion. La prise en compte globale de l’environnement telle qu’elle est
automobile français comptait 25,093 millions d’automobiles alors préconisée pour atteindre les objectifs du développement durable
qu’il n’en comptait que 20,585 millions dix ans plus tôt. Dans le n’a jamais été réellement réalisée dans l’industrie automobile [23]
même temps, la circulation automobile est passée de 249 milliards Aussi, les constructeurs automobiles s’intéressent-ils aux ACV dans
de kilomètres en 1985 à 348 milliards de kilomètres en 1995. Ainsi, le but de gérer cette globalité environnementale.
malgré les réductions de consommation et d’émissions à l’échappe-
ment, l’augmentation de la circulation automobile se traduit par des
impacts grandissants au niveau de la consommation d’énergie, des 1.3 L’ACV chez les constructeurs
rejets atmosphériques mais également des déchets générés par les automobiles
véhicules en fin de vie.
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Centre de recherche public Henri-Tudor (Luxembourg)
et Dr Markus A. MEIER
Ciba Specialty Chemicals Inc, Colours department (Suisse)
mique, on exposera :
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1. Les ACV dans l’industrie à des technologies du type « end of pipe » ou technologies de dépol-
lution en bout de chaîne. L’ACV peut également être utilisée, dans ce
chimique contexte, comme outil d’aide à la décision évaluant les performances
environnementales des différentes technologies de dépollution.
■ L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode d’évalua- Des études ACV ont d’ailleurs été appliquées aux stations d’épura-
tion des impacts des systèmes (produits, activités, servi- tion d’eaux communales et aux installations de traitement de
ces) du « berceau à la tombe », et cet article est centré sur déchets [16].
son application dans l’industrie chimique. Exemple : Pistor [17] a évalué, grâce aux ACV, l’éco-efficience et
Les ACV sont constituées de quatre phases définies par la SETAC l’éco-efficacité (cf. § 3.1 et 3.2) des différents procédés d’élimination
(Society of Environmental Toxicology and Chemistry) [8] et les nor- de l’azote des eaux usées (nitrification et dénitrification).
mes ISO 14 040 et suivantes [9] :
— définition des objectifs et leur domaine d’application [1][2] ;
— méthodologie de l’inventaire [1][7] ;
— évaluation de l’impact environnemental [3][4] qui se décom-
2. Étude de cas : ACV des
pose en 3 phases : systèmes de dépollution
• la classification,
• la caractérisation, des rejets gazeux
• la comparaison des données ;
— interprétation des résultats, phase importante qui engage Cette étude de cas a été réalisée dans le cadre d’une thèse de doc-
l’auteur de l’étude à tirer des conclusions et à proposer des actions, torat de Sciences techniques au laboratoire de chimie technique de
et ce, à chacune des étapes mentionnées ci-dessus. l’École polytechnique fédérale de Zurich [18].
■ L’industrie chimique a, depuis quelques années, cherché à
construire sa stratégie autour du concept de « développement
durable » [5] et elle l’a appliqué, plus particulièrement, à ses 2.1 Critères de choix
procédés [10] et à ses produits [11].
Le choix de la technologie la plus adéquate pour le traitement
Par ailleurs, des pressions sociales visant à réduire les nuisances
d’un rejet gazeux spécifique est le résultat d’un processus de déci-
écologiques liées aux emballages l’a poussé à la réalisation d’ACV
sion multicritère suivant :
de différents matériaux plastiques comme les polyoléfines ou le
polychlorure de vinyle (PVC) [12]. — une dimension socio-politique qui permet d’évaluer le niveau
d’acceptation de la technologie. On peut se limiter au respect de la
L’industrie des tensioactifs a également réalisé un effort similaire
réglementation en vigueur ;
lors d’études ACV des composés de poudres à laver [13].
— une dimension technique qui a pour objectif principal d’évaluer
La plupart de ces études ont été menées à l’échelle européenne et, la faisabilité technique du système de traitement de gaz. Générale-
de ce fait, elles ont utilisé des données moyennes pour chaque pro- ment, les paramètres considérés dans cette évaluation sont le volume
duit analysé. Cependant, par ailleurs, l’industrie chimique a aussi de gaz à traiter, la charge polluante du rejet, la nature des polluants,
procédé, en interne, à des études d’ACV dans le but d’opérer des les odeurs, la disponibilité de la technologie, l’espace nécessaire (et
choix entre différentes options de procédés ou d’évaluer les impacts disponible) pour l’installation, l’intégration dans les infrastructures
environnementaux spécifiques à leurs produits. existantes, le recyclage des polluants, la maintenance, etc. ;
Exemples : — une dimension environnementale dont l’objectif est d’évaluer
— étude d’un procédé moins polluant d’obtention d’un stilbène par le bénéfice écologique ou l’efficience écologique de la technologie,
oxydation d’un toluène substitué soit par l’eau de Javel, soit par l’air [14] ; dont le niveau de performance environnementale ;
— évaluation environnementale de la méthode biocatalytique et de — une dimension économique afin de connaître les coûts directs
la méthode catalytique par des complexes métalliques pour la réduc- et indirects associés à la technologie et d’évaluer ainsi le niveau de
tion énantiosélective de cétones. L’ACV a démontré que le choix du performance économique.
catalyseur est moins important que le choix des conditions de réaction Ces quatre dimensions sont mises en œuvre à deux niveaux de
et que les étapes ultérieures, comme l’extraction du produit par des décision indépendants :
solvants [15]. — le premier niveau regroupe la faisabilité technique et la législa-
Même si les efforts mentionnés ci-dessus ont abouti à une réduc- tion environnementale (évaluation socio-politique) ;
tion des impacts environnementaux au sein de l’industrie chimique, — une fois les technologies identifiées et considérées conformes
il existe toujours une pollution résiduelle au niveau des activités de aux exigences du premier niveau, le second niveau décisionnel évalue
production. Pour minimiser cette pollution résiduelle, on doit recourir leurs performances économiques et environnementales.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 810 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Environnement
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est élevée, l’air issu de la phase de traitement biologique aérobie tion de Pratteln :
s’enrichit en composés organiques volatils (COV) (tableau 1) qui — la biofiltration ;
doivent être éliminés par un procédé de traitement de gaz. Le choix — l’adsorption sur charbon actif (CA) ;
de la technologie exige d’abord une connaissance des charges volu- — l’oxydation catalytique (OxCat) ;
miques dont les moyennes sont regroupées dans le tableau 2. — l’incinération thermique régénératrice (Thermo).
Volume des
3
rejets gazeux (m /h)
10 100 1 000 10 000 100 000
Biofiltration
Membrane
Incin Incin-Ex
Condensation
Oxydation catalytique (OxCat)
Charbon actif (CA)
Incinération thermique régénérative (Thermo)
Quels traitements
peut-on effectuer ?
Charge en
3
polluants (mg/m )
1 10 100 1 000 10 000 100 000
Biofiltration
Membrane
Incinération Incin-Ex
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Charbon actif
Thermo
Quels traitements
peut-on effectuer ?
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Laboratoire des Sciences du Génie Chimique – CNRS Nancy Université
Mehdi BELHANI
Laboratoire des Sciences du Génie Chimique – CNRS Nancy Université
Jacques BOURGOIS
Docteur-ès-Sciences, Professeur
Centre Sciences Information et Technologies pour l’Environnement,
École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne
et Estelle DUPUIT
Docteur, Ingénieur de Recherche
Centre Sciences Information et Technologies pour l’Environnement,
École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne
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1. Réglementation sur l’eau ticides pour usage domestique et de solvants pour le bricolage
(xyloprotecteurs, peintures, vernis, colles, ...) ; ces eaux peuvent
également contenir des polluants cosmétiques et médicamenteux ;
Compte tenu des modifications climatiques (multiplication des – les eaux « vannes » (rejets des toilettes) qui sont chargées de
sécheresses avec pour conséquence la diminution des niveaux des diverses matières organiques azotées et de germes fécaux.
nappes phréatiques) et de la croissance démographique mondiale, la
gestion de la ressource en eau constitue un enjeu majeur. Il devient Les eaux usées industrielles peuvent également être introduites
primordial de conserver « un bon état écologique et chimique » des dans les systèmes d’assainissement collectif publics uniquement
milieux aquatiques. Cette problématique de préservation des res- avec l’autorisation des maîtres d’ouvrage concernés (art. L. 35-8 du
sources en eau est dictée par la directive cadre 2000/60/CE du code de la santé publique). La pollution des ces eaux varie forte-
23 octobre 2000. En France, la loi du 30 décembre 2006 renforce les ment en fonction du type d’industrie et de l’utilisation de l’eau [4]
obligations d’entretien et de restauration des milieux aquatiques. [5] (métaux lourds, micropolluants organiques, hydrocarbures, ...)
70 % de l’eau potable distribuée est puisée dans les nappes Les eaux pluviales se chargent d’impuretés au contact de l’air
R souterraines par forage ou captée aux sources. Le reste provient (fumées industrielles) et de résidus (huiles, carburants, résidus de
des eaux de surface (lacs et rivières). Ainsi prélevée dans le milieu pneus, métaux lourds, ...) en ruisselant sur les toits et les chaussées
naturel, elle est transportée dans des usines d’affinage, stockée des villes. Ces eaux sont traitées dans une station d’épuration
dans des réservoirs pour être ensuite distribuée aux usagers. urbaine lorsque le système d’assainissement est dit « unitaire ».
Après utilisation, l’eau est collectée dans un réseau qui l’achemine La variation du flux polluant entrant dans les STEP est liée à
vers des stations d’épuration avant retour dans le milieu naturel. l’activité humaine (variations journalière, hebdomadaire, saison-
Sa consommation, en France, est estimée entre 150 et 250 litres nière) même par temps sec et pour les installations ne traitant ni
par personne et par jour [2]. En 2003, 90 % de la population fran- les eaux pluviales et industrielles. Les différentes natures de pollu-
çaise était raccordée à un réseau public d’assainissement tion sont résumées dans le tableau 1.
collectif [3]. Depuis 2005, dans toutes les agglomérations de plus
de 2 000 équivalent-habitants, les eaux rejetées par les utilisateurs 1.2 Réglementation française appliquée
devraient être traitées dans des stations d’épuration (STEP).
aux systèmes d’assainissement
1.1 Eaux résiduaires La directive du Conseil des Communautés Européennes 91/271/
CEE du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines rési-
Les eaux résiduaires entrant dans une station d’épuration duaires impose aux services d’assainissement des obligations de
urbaine sont différenciées par rapport à leur origine (urbaines, résultats : assurer une évacuation rapide des eaux souillées et pré-
industrielles ou pluviales). venir tout risque de contamination des eaux de surface et souter-
Les eaux usées domestiques proviennent des différents usages raines. Cette directive impose un traitement des eaux usées
de l’eau. Elles peuvent être subdivisées en deux catégories : urbaines avec des normes de rejet strictes en fonction du milieu
– les eaux ménagères des salles de bain et des cuisines qui sont récepteur. Elle est transposée en droit français dans la loi sur l’eau
généralement chargées de substances biodégradables (graisses, du 3 janvier 1992. Le décret d’application no 94-469 du 3 juin 1994
savons, ...), de détergents, de produits nettoyants, désinfectants organise la programmation de l’assainissement dans les agglomé-
(hypochlorites, perborates, alcools, glycols, ammoniaque, rations. Il apporte également des précisions sur les notions de zones
aldéhydes, ...), décapants et détartrants ainsi que d’engrais, de pes- d’assainissement collectif et non collectif et de zones sensibles.
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> 120
Charge brute de pollution organique .... (kg/jour) < 120 < 600 > 600
< 600
> 2 000
Équivalent-habitant (EH) < 2 000 < 10 000 > 10 000
< 10 000
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Milieu récepteur eaux côtières zone sensible
ou estuaires ou estuaires
traitement
traitement
biologique
Traitement approprié approprié biologique + secondaire
avec décantation
+ traitement tertiaire
secondaire
applicables applicables
Objectif de qualité aux eaux aux eaux fixé par l’arrêté du 22 décembre 1994
réceptrices réceptrices
Depuis cette loi (codifiée dans la section 1 du chapitre 4 du livre 1.3 Conditions de rejet
2 du code de l’environnement), toutes les stations d’assainissement
dont le rapport débit rejeté à débit du milieu récepteur est supérieur
des effluents urbains
à 25 %, sont soumises à déclaration ou à autorisation au titre de la
police des eaux. Quant aux stations d’épuration recevant un flux
Le lecteur se reportera aux références [7] et [8].
polluant supérieur à 120 kg/jour (2 000 EH), elles constituent des ins-
tallations classées pour la protection de l’environnement (loi ICPE
du 19 juillet 1976). Pour les ouvrages recevant un flux polluant supérieur à 120 kg/jour
en DBO5 (2 000 EH), les eaux résiduaires rejetées au milieu naturel
Les stations d’épuration ont des objectifs de réduction des flux doivent respecter soit les valeurs limites en concentrations, soit les
de substances polluantes à respecter, en fonction des zones de valeurs limites en rendement fixées par l’arrêté du 22 décembre
rejet. De plus, les arrêtés du 22 décembre 1994 et du 21 juin 1996 1994 (tableau 3).
déterminent les prescriptions techniques des stations de traite-
ment des eaux usées par rapport à la charge brute de pollution Ces valeurs limites de rejet sont le minimum acceptable. Elles
organique et au milieu récepteur (tableau 2). peuvent être plus contraignantes dans la réglementation locale
(arrêté préfectoral). De plus, seules la pollution organique, les
Le recours à un traitement alternatif est autorisé dans la mesure matières en suspension et les substances contribuant à l’eutrophi-
où il contribue à une réduction de la charge polluante équivalente sation sont obligatoirement contrôlées. L’arrêté préfectoral peut
aux traitements proposés dans le tableau 2. fixer des seuils de rejet pour d’autres polluants tels que les métaux
lourds, les hydrocarbures, les micropolluants organiques, les pro-
duits biocides et phytopharmaceutiques. Des contrôles bactériolo-
giques peuvent également être effectués afin de vérifier les
proportions de germes pathogènes dans les effluents rejetés.
Définitions d’après le décret no 2006-503 du 2 mai 2006 rela-
tif à la collecte et au traitement des eaux usées mentionnées
aux articles L. 2224-8 et L. 2224-10 du code général des collecti-
vités territoriales.
1.4 Qui est responsable ?
Agglomération d’assainissement : zone dans laquelle la
population et les activités économiques sont suffisamment D’après la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 renforcée par la
concentrées pour qu’il soit possible de collecter les eaux usées nouvelle loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre
pour les acheminer vers une station d’épuration ou un point de 2006, les collectivités locales sont responsables de la gestion de
rejet final. l’eau et de l’assainissement. Elles ont l’obligation d’assurer la col-
Charge brute de pollution organique : c’est la masse d’oxy- lecte, le stockage et l’épuration des eaux usées domestiques ainsi
gène correspondant à la demande biologique en oxygène sur que leur rejet ou leur réutilisation dans les zones d’assainissement
cinq jours (DBO5) calculée sur la base de la charge journalière collectif. Depuis le 31 décembre 2005, elles sont tenues de
moyenne de la semaine au cours de laquelle est produite la contrôler les dispositifs d’assainissement non collectif (assainis-
plus forte charge de substances polluantes dans l’année. sement autonome) et si elles le décident, leur entretien.
Équivalent-habitant (EH) correspond à la charge organique Il appartient donc aux communes de définir les moyens néces-
biodégradable ayant une demande biochimique d’oxygène sur saires à la protection de l’environnement et à la préservation de la
cinq jours de 60 grammes d’oxygène par jour. salubrité publique, via l’assainissement.
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métalliques (fer ou aluminium) pour former un complexe insoluble
2.1.2 Traitement primaire avec les phosphates. Cet ajout peut être réalisé dans le réacteur
biologique ou dans une unité de traitement tertiaire (voir § 2.1.4).
Le traitement primaire consiste à réaliser l’étape de décantation Le traitement biologique, avec des rendements de l’ordre de 60 à
qui élimine jusqu’à 60 % des matières en suspension (MES), et 70 %, doit souvent être suivi d’un traitement chimique.
environ le tiers de la DBO5 entrante. Les boues produites fortement
organiques et fermentescibles sont acheminées vers l’unité de
traitement des boues. La phase aqueuse résultante, non conforme 2.1.4 Traitement tertiaire
aux seuils de rejet, est acheminée vers le traitement secondaire.
Ce type de traitement a pour but d’améliorer certains paramètres
Si le traitement secondaire n’existe pas, comme c’est le cas dans spécifiques de la qualité des rejets dans un milieu naturel vulné-
de nombreuses villes côtières ou riveraines d’un grand fleuve, la rable. Parmi ces traitements, les plus importants sont les suivants :
décantation est optimisée par ajout de coagulant et de floculant
qui améliorent notablement l’épuration. – désinfection lorsque le rejet a lieu dans un milieu aquatique à
usage balnéaire, pour diminuer les risques de contamination (eau
La décantation a lieu dans des décanteurs circulaires raclés ou potable, conchyliculture...) ou pour réduire les risques liés aux
dans des décanteurs lamellaires. perturbateurs endocriniens. L’oxydation par les UV ou par l’ozone
Le traitement primaire est une étape facultative. Dans de est la plus utilisée actuellement ;
nombreuses stations, le flux prétraité est directement envoyé vers – traitement de finition afin de diminuer au maximum les MES,
la phase de traitement secondaire. la DBO5, la DCO (filtre à sable), les teneurs en phosphore (précipi-
tation chimique)... ;
– traitement sur charbon actif utilisé pour éliminer par adsorp-
2.1.3 Traitement secondaire tion les molécules résistantes aux traitements biologiques (c’est le
À l’issue des traitements précédents, la majorité des polluants cas lorsque les STEP recueillent des eaux usées industrielles). Ce
est présente à l’état dissous. Le traitement secondaire de nature traitement élimine également couleurs et odeurs des rejets.
biologique a pour but d’éliminer les pollutions carbonée, azotée et
phosphorée. Il utilise la capacité auto-épuratrice de microorganis-
mes dédiés dont l’activité est améliorée en les plaçant dans des Un schéma de STEP est représenté sur la figure 2.
conditions optimales. De nombreux procédés peuvent être
utilisés [9] : boues activées, lit bactérien, lagunage, biofiltration,
disques biologiques, ... Selon le procédé choisi, les opérations de
maintenance seront fortement différentes : par exemple, tous les Eau à traiter
10 ans pour un lagunage, tous les ans pour une phytoremédiation.
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méthodologie (ISO 14040 ) [1], il reste encore des cas pour lesquels les résul-
tats d’une étude d’ACV engendrent des commentaires contradictoires
remettant en question leur crédibilité. Il est généralement reconnu qu’assurer
une bonne qualité des données de l’inventaire du cycle de vie est une des
conditions à remplir afin de garantir la qualité des résultats de l’ACV.
Dans ce dossier, nous proposons une nouvelle démarche d’analyse de
l’inventaire du cycle de vie en vue d’améliorer la qualité des données utilisées
pour la réalisation de l’étude ACV. La démarche proposée s’appuie sur un cou-
plage méthodologique entre la méthode classique d’ACV et un logiciel de
génie des procédés de type « flowsheeting ». Par la suite, ce couplage est
R
appliqué à la filière classique de l’acier.
1. Cadre méthodologique sent les processus élémentaires qui seront pris en compte dans
l’étude. Bien que toutes les activités humaines contribuent au cycle
de l’analyse de cycle de vie du produit, il apparaît clairement que les frontières d’un sys-
tème doivent être finies. Des décisions ont donc été prises
de vie (ACV) concernant les processus élémentaires à analyser et le niveau de
détail auquel ces processus élémentaires sont étudiés. Compte
tenu des éléments ci-dessus, nous présentons sur la figure 1 les
L’analyse de cycle de vie est un outil d’évaluation des impacts frontières du système de production d’une tonne de bobines lami-
sur l’environnement d’un système comprenant l’ensemble des nées à chaud que nous avons considérées.
activités associées à un produit ou à un service, depuis l’extraction
des matières premières jusqu’à l’élimination des déchets [1].
L’ACV se compose de quatre phases : 1.2 Analyse de l’inventaire
– définition des objectifs et du champ de l’étude ;
– inventaire (bilans matière – énergie) ; La deuxième partie de l’analyse du cycle de vie consiste en l’ana-
– évaluation des impacts ; lyse de l’inventaire du cycle de vie (ICV). L’analyse de l’inventaire
– interprétation des résultats. est la phase de l’ACV impliquant la compilation et la quantification
des entrants et des sortants pour un système donné au cours de
son cycle de vie [3]. L’ACV traitant un nombre important de don-
1.1 Définitions des objectifs nées, il est judicieux d’évaluer la qualité de l’ICV. Selon Labouze et
coll. [4], la qualité des résultats de l’ACV est assurée par la qualité
La phase initiale de l’ACV doit indiquer sans ambiguïté l’applica- des données de l’inventaire. Les exigences relatives à la qualité des
tion envisagée, les raisons conduisant à réaliser l’étude et le public données sont importantes pour comprendre la fiabilité des résultats
concerné [1]. Selon le cas, l’ACV peut avoir diverses finalités : de l’étude et pour interpréter correctement ce qu’il en ressort. Selon
l’amélioration d’un procédé, la mise en place d’une réglementa- Rousseaux [G 5 500] ou [5], les principaux points faibles de l’ACV
tion, d’une politique environnementale, ou la sensibilisation du sont la qualité et la disponibilité des données. Dans de nombreux
consommateur [2]. cas, les données nécessaires ne sont pas habituellement mesurées
Dans la présente étude, nous nous intéressons plus particulière- par les exploitants, ou elles sont trop agrégées dans les bases de
ment à l’utilisation de l’ACV au niveau de l’entreprise (en interne) données existantes pour pouvoir être exploitées.
qui est le principal bénéficiaire. Ayant comme objectif final l’amé- Ainsi, nous proposons par la suite une approche innovatrice
lioration environnementale du procédé, notre étude se concentre capable de garantir la qualité des données utilisées dans la réalisa-
sur la réalisation de l’analyse globale du cycle de vie de la filière tion de l’inventaire, tel qu’il a été défini dans la figure 1.
intégrée classique de production d’acier, c’est-à-dire d’une usine
sidérurgique intégrée classique (USIC). La filière classique de pro-
duction d’acier est fondée sur la production de fonte à partir de
minerais de fer, dans un haut-fourneau et la conversion à l’oxy- 2. Couplage méthodologique
gène de cette fonte en acier.
Selon la norme ISO 14040 [1], le champ d’étude décrit principa- Le mode opératoire original développé pour la réalisation de
lement les frontières du système et les fonctions du système. l’inventaire consiste à réaliser une base de données à partir de
modèles physico-chimiques simplifiés pour les sous-systèmes
■ Unité fonctionnelle définis sur la figure 1.
La définition d’une unité fonctionnelle (UF) est nécessaire pour Ainsi est réalisé un couplage entre la méthodologie de l’ACV et
permettre la comparaison des différents sous-systèmes et elle est celle du génie des procédés car la partie la plus importante de
en effet la référence à laquelle sont rapportées les quantités men- l’inventaire est réalisée à l’aide du logiciel de type « flowsheeting »
tionnées dans l’inventaire (deuxième étape de l’ACV). Aspen Plus (figure 2).
Dans la mesure où l’étude concerne l’ACV de la filière classique Nota : il existe d’autres logiciels de type « flowsheeting » :
de production d’acier, l’unité fonctionnelle choisie correspond à – Hysis (produit aussi par Aspen Tech) mais avec une base thermodynamique plus
simplifiée ;
une tonne de bobines laminées à chaud produite dans une usine – Metsim, étudié mais moins performant qu’Aspen Plus.
sidérurgique intégrée classique.
Aspen Plus [6] est un logiciel de modélisation de procédé en
■ Frontières du système régime permanent, équipé d’une base de données thermodyna-
Une fois que les objectifs généraux et le but de l’ACV sont iden- miques utilisée pour calculer les bilans de matière et d’énergie. Ce
tifiés, les frontières du système doivent être fixées. Elles définis- logiciel permet d’effectuer des simulations de procédés (c’est ce
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Centre d’Ingénierie en Traitements et Revêtements de surface Avancés (CITRA),
Limoges, France
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ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
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Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire et un tableau des symboles et
des sigles utilisés.
Vi
bl
le
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WP
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX
NF ISO 15392
Développement durable dans la construction
ISO/TS 21929-2:2015
Génie civil
ISO/TS 12720:2014
NF ISO 16745-1:2017
Développement durable dans les bâtiments et ouvrages
de génie civil
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NF EN ISO 14001:2015 Systèmes de management environnemental
NF EN ISO 14040:2006
Tous types d’organisations Management environnemental – Analyse du cycle de vie
ISO 14044:2006
Définition
des objectifs
Applications directes :
Définition du champ
de l’étude • Développement et amélioration de produits
Interprétation
• Planification stratégique
des résultats
• Mise en place des politiques publiques
• Marketing
Analyse
• Autres…
de l’inventaire
Evaluation de l’impact
leurs profits grâce à cette démarche, ont constaté que la marge 1.2.1 Affichage environnemental des produits
réalisée sur les produits éco-conçus avait dépassé celle des d’usage courant
produits traditionnels.
Suite au Grenelle de l’environnement, et face à l’objectif ambi-
Bien que de nombreux industriels se disent intéressés par les
tieux de fournir au consommateur une indication du “prix écolo-
questions relatives aux études ACV et à l’éco-conception de leurs
gique” des produits, l’ADEME s’est tournée vers l’AFNOR pour
produits, la complexité des logiciels d’ACV, et surtout l’accès sou-
élaborer un cadre documentaire commun, la plateforme
vent payant aux données d’inventaire, ne contribuent pas à popula-
ADEME/AFNOR. Le travail de cette plateforme peut être résumé
riser l’ACV, qui reste trop souvent une affaire de spécialistes.
en disant qu’elle traite de la partie volontaire d’une démarche
Néanmoins, les pouvoirs publics, bien conscients de l’impor- réglementaire définie par la loi dite Grenelle I (n 2009-967 du
tance de ces questions, cherchent à démocratiser l’utilisation de 3 août 2009). L’article 54 de cette loi mentionne le droit du
l’ACV, principalement pour l’éco-conception de produits. Les tables consommateur à disposer d’une information environnementale
rondes du Grenelle de l’environnement (24 et 25 juin 2007) ont « sincère, objective et complète » concernant les produits qu’il
ainsi eu le mérite d’étendre le champ de préoccupation environne- utilise. Cette nécessité d’informer le consommateur passe par
mentale à la consommation, donnant une vision plus large, qui ne un affichage environnemental dont les informations présentées
doit plus être confinée aux problèmes liés à l’énergie, au transport sont en réalité les résultats d’ACV ou de méthodes d’analyse
ou aux déchets. monocritère telles que le bilan carbone.
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ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Pour qui ?
La Base IMPACTS‚ est la base de données d’inventaire de
cycle de vie officielle du programme d’affichage environne- Sur un procédé, Sur quoi ?
un produit, ACV Périmètre restreint
mental français pour les produits de grande consommation. Avec ou étendu ?
Les données d’inventaire génériques de cette base sont tradui- un service ? quelles limites ?
R
décrites en détails dans l’ILCD Handbook [2]. Améliorer un procédé, effectuer
des comparaisons, communiquer ?
1.2.2 Positionnement de l’industrie
des Traitements et Revêtement de Surface
(TRS) Figure 3 – Pistes de réflexion pour la définition des objectifs et du
champ de l’étude
La réalisation de toute étude ACV, qu’elle concerne un produit,
un service ou un procédé, passe par la réalisation d’un inventaire
des consommations et émissions associées. Le travail colossal
Exemple 2 :
que cela représente fait que la réussite d’une ACV dépend avant
Deux types d’ampoules sont comparées, les ampoules LED et les
tout de l’accessibilité des données. Bien que les opérations de trai-
ampoules à incandescence. L’unité fonctionnelle d’une ampoule
tement de surface ne représentent qu’une étape parmi des dizaines
peut être définie ainsi : « Émettre une puissance lumineuse équiva-
d’autres dans la vie du produit final, l’impact environnemental des
lent à 300 lumens pendant 1 000 heures ».
procédés de TRS ne peut être considéré comme négligeable. Dans
Dans le choix de l’UF, chaque terme est important. Ainsi, il faut
ce sens, la qualité des informations fournies par le sous-traitant
bien préciser « émettre », car la puissance émise est différente de
aura a priori une incidence forte sur la validité de l’étude ACV [3].
celle consommée. De même, la durée d’éclairage est à préciser, car
Exemple 1 : la durée de vie de l’ampoule a un impact sur la production de
Un fabricant d’équipements industriels réalise la sous-traitance déchets.
des opérations de peinture de chariots de manutention. Il sou-
haite réaliser une étude ACV de ses produits, mais il ne sait pas par Dans le cas du domaine des TRS, l’unité fonctionnelle doit être
quel procédé les chariots sont peints. Il devra se rapprocher de son choisie pour permettre de comparer des procédés entre eux.
sous-traitant pour savoir si la peinture est appliquée par thermola- Si une UF faisant intervenir la surface traitée est la manière la plus
quage ou par enduction classique. L’utilisation de solvants dans le évidente de raisonner, elle n’est pas la seule. En effet, dans certains
cas d’une enduction classique entraı̂nant des dégagements de COV, cas comme les revêtements sous vide, le volume apparent, la taille
contrairement au thermolaquage, l’impact environnemental de ces et la forme des pièces sont au moins aussi importants que la sur-
deux procédés sera très différent. face traitée, car on cherche à optimiser le procédé en remplissant
au maximum l’enceinte sous vide.
L’épaisseur déposée n’est pas toujours intégrée à l’UF, car on pri-
vilégie plutôt la performance du revêtement. Ainsi, deux revête-
2. Définition des objectifs ments anticorrosion d’épaisseur différentes peuvent apporter la
même tenue au brouillard salin, donc être comparables vis-à-vis
et du champ de l’étude de ce test (tableau 2).
Cependant, dans d’autres cas, c’est l’épaisseur de revêtement qui
importe comme dans l’exemple 3.
La définition des objectifs d’une étude ACV est une étape à ne
pas négliger, car c’est le point de départ de toute étude qui condi- Exemple 3 :
tionne le champ d’application de celle-ci. Définir les objectifs Un revêtement d’alumine est déposé sur une surface d’acier ino-
implique de se poser les bonnes questions (figure 3). xydable. L’épaisseur désirée est de 100 mm minimum, car la rigidité
Ces réflexions ont par ailleurs pour but de définir trois notions diélectrique du matériau, exprimée en V.cm-1, est la propriété à
capitales : considérer dans l’UF.
– l’Unité Fonctionnelle (UF),
– les frontières du système, Il n’y a donc pas d’UF universelle en ACV, même dans le cas par-
– les limites de l’étude. ticulier du domaine des TRS. Au contraire, le choix de l’UF doit être
motivé par une réflexion tenant compte des objectifs de l’étude.
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX
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heures de fonctionnement » Nitruration
Frontières
Frontières
du produit
du procédé
Rejets
Matières dans l’air,
premières l’eau, etc.
Procédés de Transport
Pièce à Pièce
fabrication Procédé de TRS du produit
traiter traitée
Utilisation
du produit
Fin de vie
du produit
Déchets
finaux
cycle de vie global du produit. La figure 4 illustre ces deux Nota : Les bases de données telles que Ecoinvent, utilisées par les logiciels d’ACV,
fournissent des informations assez exhaustives. Cependant, le choix est souvent laissé à
approches. l’utilisateur d’ignorer les processus d’infrastructure, permettant ainsi plusieurs niveaux
Ainsi, réaliser l’étude ACV d’un procédé de TRS sous-entend de réflexion.
d’ignorer la pièce à traiter, les matériaux qui la constituent, les pro-
cédés de mise en forme et le transport jusqu’au site de traitement.
Un procédé de traitement peut aussi être considéré comme une
succession d’étapes élémentaires avec ses consommations, émis-
sions et déchets (figure 5).
3. Réalisation de l’inventaire,
Il faut toutefois préciser que les processus considérés à la figure 5 éléments à prendre
sont suffisants pour réaliser des études ACV simplifiées, mais qu’il est
possible de pousser la réflexion beaucoup plus loin. En effet, la réali-
en compte
sation d’une ACV dite « complète » pourrait inclure, par exemple :
– la durée de vie des équipements et outils,
– l’impact de la surface au sol utilisée, La famille des procédés de traitement de surface est vaste.
– le nombre de personnes employées pour ce procédé. L’objectif de cette partie n’est pas de donner une liste exhaustive
de l’ensemble des consommations, émissions et déchets géné-
Néanmoins, pour des raisons d’interprétation des résultats, et aussi rés par chaque procédé, mais de fournir aux industriels une
en raison de la difficulté de tenir compte d’autant de paramètres, le base de réflexion permettant de réaliser un inventaire le plus
périmètre d’étude est souvent restreint aux processus principaux. complet possible.
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WT
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Membre du Conseil scientifique des Amis de la Terre
pent aux décisions et aux études, au choix des groupes de produits jusqu’à
l’adoption des cahiers des charges.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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G 5 850 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
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1. Label NF-Environnement. •
•
aptitude au recyclage après usage : sac monomatériau ;
absence de produits annexes contenant des métaux lourds ;
Évolution des approches • pas de dégagement de fumées toxiques à l’incinération ;
• seuils pour les rejets dans l’eau des unités de régénération ;
• emballage : matériau répondant aux cinq critères précédents.
1.1 Sacs à déchets : première approche Le critère essentiel était fondé sur un a priori favorable aux maté-
riaux recyclés. Les avis des membres du Comité semblaient plutôt
Le dispositif NF-Environnement prévoyait initialement que pour favorables à ce projet.
chaque projet retenu, un projet de cahier des charges serait élaboré En août 1991, un fabricant de sacs à déchets à base de PE vierge
par un expert-rapporteur, avec le concours de tous les partenaires. remet à l’AFNOR une ACV comparée de sacs à déchets en PE vierge
Pour ce dossier particulier, le rapporteur a présenté un projet en et en PE recyclé, établie par un consultant français. Cette ACV faisait
juin 91 : apparaître que, dans les conditions de l’étude, les impacts sur l’envi-
— groupe de produits : sacs à déchets de précollecte et collecte ronnement de sacs en PE vierge étaient inférieurs à ceux de sacs en
en polyéthylène et en papier ; PE recyclé. Le premier projet fut mis en attente.
— délimitation du groupe : sacs destinés à recevoir les déchets
ménagers ou collectifs ordinaires et les déchets industriels banals ;
— critères d’aptitude à l’emploi définis par rapport à une série de
normes NF ;
— unité fonctionnelle non définie ; 1.2 Sacs à déchets : approche ACV
— évaluation des impacts : utilisation de la matrice d’évaluation
(tableau 1). L’évaluation qualitative des impacts au cours de chaque
phase est représentée par une note : 0, 1, ou 2 ; Après une série de réunions d’information sur les inventaires et
— critères écologiques proposés : les analyses du cycle de vie, le Comité a pris, en juin 1992, la déci-
• taux minimal de matière recyclée : polyéthylène (PE) 80 % - sion d’appuyer toutes ses études de critères de labels écologiques
papier 50 % ; sur des ACV.
Contamination de l’eau
Contamination de l’air
Bruit
Contamination d’énergie
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1. Finalité de l’étude ........................................................................... G 2 043 – 2
2. Analyse du cycle de vie appliquée aux solutions
de valorisation des PUNR .............................................................. — 3
2.1 Définition du champ de l’étude ......................................................... — 3
2.1.1 Unité fonctionnelle .................................................................. — 3
2.1.2 Délimitation des frontières du système .................................. — 4
2.1.3 Prise en compte des impacts évités par la valorisation ......... — 4
2.2 Construction des inventaires ............................................................. — 6
2.3 Flux et impacts environnementaux étudiés ...................................... — 7
2.4 Résultats et interprétation ................................................................. — 8
2.4.1 Panorama global des résultats ................................................ — 9
2.4.2 Contribution des étapes de transport et de préparation
des PUNR ................................................................................. — 9
2.4.3 Valorisation en gazons synthétiques ...................................... — 10
2.4.4 Valorisation en cimenterie....................................................... — 11
2.4.5 Valorisation en bassin infiltrant .............................................. — 12
2.4.6 Analyses de sensibilité ............................................................ — 12
2.4.7 Mise en perspective des résultats par des équivalences
de la vie courante .................................................................... — 14
3. Enseignements et perspectives ................................................... — 14
4. Annexes............................................................................................. — 15
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 2 043
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BILAN ENVIRONNEMENTAL DES SOLUTIONS DE VALORISATION DES PNEUS USAGÉS NON RÉUTILISABLES (PUNR) –––––––––––––––––––––––––––––––––––
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1. Finalité de l’étude doit s’appliquer par ordre de priorité dans la législation et la
politique en matière de prévention et de gestion des déchets :
– prévention ;
– préparation en vue du réemploi ;
Après six années d’existence et de développement de voies de
– recyclage ;
valorisation optimisées et diversifiées, Aliapur a procédé à une éva-
– autre valorisation, notamment valorisation énergétique ;
luation environnementale de différentes voies de valorisation avec
– élimination.
l’assistance d’un cabinet spécialisé.
Cette évaluation, fondée sur une démarche d’analyse du cycle de Le second paragraphe de ce texte précise que cette hiérarchie
vie (ACV) conforme aux prescriptions méthodologiques des nor- pourra être remise en question à la lumière d’une étude fondée
mes internationales ISO 14040:2006 et ISO 14044:2006, visait à sur l’approche cycle de vie concernant les effets globaux de la
répondre à trois objectifs principaux : production et de la gestion de ces déchets :
– évaluer de manière comparative l’intérêt environnemental glo- Article 4, paragraphe 2 : « Lorsqu’ils appliquent la hiérarchie
bal des différentes voies de valorisation étudiées ; des déchets visée au paragraphe 1, les États membres prennent
– identifier les principaux avantages et/ou impacts environne- des mesures pour encourager les solutions produisant le meil-
mentaux associés à chacune des voies de valorisation en vue de leur résultat global sur le plan de l’environnement. Cela peut
mieux positionner leur image et pouvoir communiquer des élé- exiger que certains flux de déchets spécifiques s’écartent de la
ments objectifs d’appréciation à un large public ; hiérarchie, lorsque cela se justifie par une réflexion fondée sur
– identifier les points d’amélioration de l’ensemble de la gestion l’approche de cycle de vie concernant les effets globaux de la
des pneumatiques usagés afin d’optimiser ses performances production et de la gestion de ces déchets. »
environnementales.
Neuf voies de valorisation des pneus usagés non recyclés ont été
Le premier objectif de cette étude fait notamment écho à une étudiées (voir tableau 1) : quatre voies destructives (cimenterie,
possibilité de révision ponctuelle de la hiérarchie des déchets fonderie, aciérie, chaufferie urbaine) et cinq non destructives (bas-
qui a été introduite dans le cadre de la directive 2008/98/CE. sin de rétention, bassin infiltrant, objets moulés, sols synthétiques
L’article 4 de cette directive rappelle en effet la hiérarchie qui et sols équestres).
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––––––––––––––––––––––––––––––––––– BILAN ENVIRONNEMENTAL DES SOLUTIONS DE VALORISATION DES PNEUS USAGÉS NON RÉUTILISABLES (PUNR)
Cette évaluation a fait l’objet d’une revue critique par un comité 2.1 Définition du champ de l’étude
international d’experts et de parties prenantes qui s’est prononcé
sur les choix méthodologiques ainsi que sur la validité des données Pour toutes les voies de valorisation, le cycle de vie de la valorisa-
utilisées et sur les résultats de l’étude. tion des PUNR a été étudié en prenant en compte les étapes suivantes :
– collecte depuis les points de collecte (environ 40 000 points en
France qui génèrent environ 140 000 trajets de collecte par an) jus-
qu’aux sites de tri (environ 90) ;
2. Analyse du cycle de vie – tri des pneus usagés entre les pneus usagés réutilisables (PUR)
et pneus usagés non réutilisables (PUNR) ;
appliquée aux solutions – transfert vers les sites de transformation où les PUNR sont
transformés en broyats (si nécessaire) ;
de valorisation des PUNR – broyage (si nécessaire) ;
– granulation (si nécessaire) ;
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– transfert vers la valorisation ;
– valorisation.
Toutes les voies de valorisation ne font pas intervenir l’ensemble
L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode qui consiste de ces étapes. Par exemple :
à évaluer l’ensemble des impacts environnementaux potentiels
d’un système (un produit, un procédé ou un service) qui assure – la voie BTP de valorisation des PUNR en bassin de rétention
une ou plusieurs fonctions, le long de son cycle de vie. nécessite des pneus entiers : les étapes de transfert vers les sites
de transformation, de broyage et de granulation n’ont donc pas
La méthode est généralement appliquée de manière itérative lieu d’être prises en compte ;
en quatre phases principales : – la voie de valorisation en chaufferie urbaine utilise des broyats :
– objectifs ; l’étape de granulation n’est donc pas considérée dans ce cas.
– inventaire ;
La figure 1 présente les étapes mises en œuvre pour les différen-
– analyse des impacts ;
tes voies de valorisation des PUNR étudiées.
– interprétation.
2.1.1 Unité fonctionnelle
Le lecteur pourra se reporter à l’article Analyse du cycle de Dans le cadre de cette étude, l’unité fonctionnelle retenue est :
vie [G 5 500] des Techniques de l’Ingénieur pour une présentation « Valoriser une tonne de pneus usagés non réutilisables au point
générale de la méthode, des principaux points forts et points faibles. de collecte ».
A Stockage des
pneus usagés Valorisation 1 - Bassin de rétention
BTP 2 - Bassin infiltrant
3 - Cimenterie
Valorisation
énergétique 4 - Chaufferie urbaine
B 5 - Aciérie
Collecte / tri Pneus usagés Valorisation
réutilisables matière
6 - Fonderie
7 - Objets moulés
8 - Sols synthétiques
Produits substitués 9 - Sols équestres
C Stockage sur site 1
Pneus entiers Bassin
de transformation de rétention
Bloc béton /
bloc plastique
D
Broyage Broyats
3 2 4 5 6
Cimenterie Bassin infiltrant Chauffage urbain Aciérie Fonderie
E
Granulation Granulats
5 7 8 Sols
9
Fils métalliques Aciérie Objets moulés Sols équestres
synthétiques
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BILAN ENVIRONNEMENTAL DES SOLUTIONS DE VALORISATION DES PNEUS USAGÉS NON RÉUTILISABLES (PUNR) –––––––––––––––––––––––––––––––––––
2.1.2 Délimitation des frontières du système Les pneus usagés contiennent de l’énergie matière, susceptible
d’être mobilisée sous forme thermique, exprimée au travers de
Pour chacune des voies de valorisation, l’ensemble des étapes leurs PCI (pouvoir calorifique inférieur). Cette énergie matière
permettant de passer des PUNR depuis les points de collecte jus- ayant été initialement prélevée dans l’environnement, il
qu’à leur valorisation ou à la valorisation des sous-produits à base convient donc de déterminer à qui affecter cette
de PUNR (broyats, granulats, poudrettes ou fils métalliques) ont été consommation.
prises en compte. Les pneus usagés en fin d’utilisation ayant un statut de déchet
De manière générale, le seuil d’inclusion a été considéré de au sens de la réglementation actuelle, il a été considéré, dans
manière massique et fixé à 5 %, ce qui signifie que la somme des cette étude, que la consommation d’énergie matière du pneu
entrants dont les étapes amont ne sont pas prises en compte repré- devait être comptabilisée à la charge de celui qui a conduit le
R
sente moins de 5 % de la masse totale des entrants dans le sys- pneu à passer du statut de produit à celui de déchet.
tème étudié. Dans la pratique, très peu d’entrants ont été négligés Le pneu usagé est donc doté d’un potentiel réel, son PCI,
et le seuil d’inclusion de 5 % est largement respecté (les consom- considéré comme gratuit du point de vue de la comptabilité
mables qui n’ont pas été comptabilisés représentent, selon les environnementale pour les étapes qui succèdent à cet acte
voies de valorisation, entre 0,0001 % et 0,03 % en masse de d’abandon.
l’ensemble des consommables) ; il a par ailleurs été vérifié de Le choix de cette méthode d’affectation a nécessairement une
manière qualitative qu’aucun de ces entrants négligés n’étaient influence sur les résultats de l’indicateur « consommation
réputés présenter un impact spécifique particulièrement important d’énergie primaire totale ». Par conséquent, une analyse de sen-
(par exemple une substance qui aurait été classée CMR1 ou CMR2). sibilité a été réalisée en considérant une affectation de 50 % de
la consommation d’énergie matière du pneu à celui qui aban-
Nota : une substance CMR est une substance cancérogène, mutagène, reprotoxique.
donne le pneu (le cycle de vie amont correspondant au pneu
Pour chacune des étapes prises en compte pour l’évaluation des produit) et de 50 % à la voie de valorisation PUNR (le cycle de
voies de valorisation, les impacts associés à la construction et la vie correspondant au service de valorisation des PUNR étudiés).
déconstruction des bâtiments et des équipements n’ont pas été
retenus. En effet, compte tenu des facteurs d’amortissement de
ces éléments sur leur durée de vie et sur les volumes de matériaux Encadré 2 – Délimitation aval : la question du devenir
qu’ils permettent de gérer, l’expérience montre que les impacts qui
des produits en fin de vie pour les voies de valorisation
leurs sont associés sont souvent d’ordre négligeable par rapport
aux impacts de fonctionnement des opérations elles-mêmes.
non destructives
Les étapes qui appartiennent au cycle de vie amont des PUNR, Il est à noter que la problématique de délimitation de la fron-
c’est-à-dire au cycle de vie du pneu considéré comme un produit, tière aval dans un cas de valorisation non destructive constitue
n’ont pas été prises en compte dans le cadre de ces travaux. une question délicate dans la mise en œuvre des ACV. De mul-
tiples solutions ont d’ores et déjà pu être proposées pour
répondre à cette question mais aucune ne fait aujourd’hui
Ce choix méthodologique revient à considérer le PUNR, du l’objet d’un véritable consensus scientifique. Dans la pratique,
fait de son statut initial de déchet, comme une ressource maté- on applique généralement, et comme cela a été le cas dans
rielle « gratuite » du point de vue de l’environnement ; ce choix cette étude, la méthode de Huppes qui consiste à poser la
correspond à la pratique dominante dans la mise en œuvre de limite du cycle étudié à l’étape où le matériau recouvre une
l’ACV dans le secteur de la gestion des déchets et, d’un point de valeur positive.
vue plus formel, il correspond à la méthode d’allocation propo- Des discussions de fond avec le comité de revue critique ont
sée par Huppes [G 5 550]. néanmoins portées sur les frontières des systèmes étudiés, et
plus particulièrement sur la fin de vie des valorisations non
Une analyse de sensibilité a toutefois été conduite sur l’énergie destructives de PUNR.
matière contenue dans le pneumatique. Dans ce cas précis, il a Bien que l’unité fonctionnelle porte sur la valorisation d’une
alors été considéré que 50 % de l’énergie contenue dans le PUNR tonne de PUNR et non pas sur l’élimination d’une tonne de
était affectée comme consommation d’énergie à la valorisation des PUNR, certains membres du comité de revue critique considè-
PUNR (voir encadré 1). rent que la fin de vie des valorisations non destructives aurait
Dans le cas des voies de valorisation non destructives, les étapes dû être prise en compte. Ils estiment ainsi qu’en l’absence de
de cycle de vie aval à l’intégration des PUNR ou des sous-produits cette prise en compte les voies de valorisation destructives ne
de PUNR dans la production d’un nouveau produit (par exemple la peuvent pas être comparées aux voies non destructives qui
fabrication d’un gazon synthétique) n’ont pas été prises en compte. devraient faire l’objet de comparaisons séparées (le service
Les étapes de maintenance, déconstruction et valorisation de ce « déchet » (cf. § 2.1.3) rendu par ces deux catégories de voies
nouveau produit n’ont pas été affectées à la valorisation des PUNR. serait différent).
Comme dans la délimitation des frontières amont, ce choix concer- Le lecteur pourra se reporter au § 4 de cet article et au § 3 sur le
nant la frontière aval correspond à la pratique dominante dans la traitement des cofonctions successives de l’article Analyse du
mise en œuvre de l’ACV dans le secteur de la gestion des déchets cycle de vie – Problèmes d’affectation pour plus de détails sur
et, d’un point de vue plus formel, il correspond à la méthode d’allo- cette question [G 5 550].
cation proposée par Huppes [G 5 550] (voir encadré 2).
À titre d’illustration, dans le cas d’une valorisation en cimenterie,
2.1.3 Prise en compte des impacts évités la substitution des pneus aux combustibles traditionnels permet :
par la valorisation – d’éviter les étapes d’extraction et de préparation de combusti-
La valorisation des PUNR ou des sous-produits à base de PUNR bles traditionnels, l’approvisionnement de ces combustibles tradi-
conduit à délivrer un double service : d’une part assurer la gestion tionnels et leur broyage ;
des PUNR considérés comme des produits en fin de vie (c’est le ser- – de substituer les émissions CO2 fossiles dues à la combustion
vice orienté « déchet »), d’autre part permettre la production d’éner- des combustibles traditionnels par des émissions CO2 fossile et
gie ou la production d’un nouveau produit du fait des propriétés des CO2 biomasse dues à la combustion des pneus usagés ;
matériaux à base de PUNR (c’est le service orienté « produit »). – de valoriser l’acier contenu dans les PUNR.
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