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THESE DE DOCTORAT EN COTUTELLE

L’UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE


ET
L’UNIVERSITE IBNOU ZOHR D’AGADIR
Spécialité

(Géosciences et Ressources Naturelles)

Présentée par
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

M. Imad LEKOUCH

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR de l’UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE

Sujet de la thèse :

PRODUCTION D’EAU POTABLE PAR CONDENSATION


PASSIVE DE L’HUMIDITÉ ATMOSPHERIQUE (ROSÉE)

Soutenue le 23/02/2010

Devant le jury composé de :

M. Belkacem KABBACHI : Professeur à l’Université Ibn Zohr d’Agadir (Président)


M. Daniel BEYSENS : HDR au CEA-ESEME, ESPCI-PMMH (Directeur de thèse)
Marc MUSELLI : HDR Université de Corse - UMR CNRS 6134 (Codirecteur de thèse)
M. Jalil OUAZZANI : HDR - Directeur scientifique ArcoFluid à Bordeaux (Rapporteur)
M. Etienne DUGUET : HDR à l’ICMCB de l’Université Bordeaux 1 (Rapporteur)
M. Mohammed EL YOUSSI : Professeur à l’Université Med V-Agdal, Rabat(Rapporteur)
M. Mohammed BENSSAOU : Professeur à l’Université Ibn Zohr d’Agadir (Examinateur)
M. Abdelkrim EZAIDI : Professeur à l’Université Ibn Zohr d’Agadir (Examinateur)

Université Pierre & Marie Curie - Paris 6 Tél. Secrétariat : 01 42 34 68 35


Bureau d’accueil, inscription des doctorants et base de Fax : 01 42 34 68 40
données Tél. pour les étudiants de A à EL : 01 42 34 69 54
Esc G, 2ème étage Tél. pour les étudiants de EM à ME : 01 42 34 68 41
15 rue de l’école de médecine Tél. pour les étudiants de MF à Z : 01 42 34 68 51
75270-PARIS CEDEX 06 E-mail : [email protected]

i
Remerciements

Remerciements
Bien qu'étant un effort personnel, un travail de thèse ne peut aboutir sans l'aide d'un certain
nombre de personnes. Je remercierai toutes celles sans qui cette thèse ne serait pas ce qu'elle est
(aussi bien par les discussions que j'ai eu la chance d'avoir avec eux, leurs suggestions ou
contributions). Et je remercierai aussi toutes les personnes que j’ai pu rencontrer. Le nombre de
personnes qui ont rendu ces années de thèse agréables n’a fait que croître au fil des années. Si
j’oublie une personne dans cet exercice, et je le ferai sans doute, je m’en excuse d’avance.

Je remercie en premier lieu mes directeurs de thèse, Monsieur Daniel BEYSENS et Monsieur
Belkacem KABACHI à la fois pour leur suivi attentif et leurs conseils avisés. Leurs orientations
portent leurs fruits aujourd’hui avec ce travail. Ma respectueuse gratitude à Daniel de m’avoir
accueilli à l’ESPCI de Paris et pour son soutien, son encadrement et les conseils qu’il a toujours su
me prodiguer tout au long de ce travail.

Je tiens aussi à remercier le Professeur Marc MUSELLI pour avoir accepter de co-encadrer
cette thèse et aussi de m’avoir accueilli au laboratoire «Système physiques de l’environnement » à
Ajaccio. Je sais qu'il a pris sur son temps libre pour lire, relire et corriger mes travaux, ce qui ne peut
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qu’augmenter l'estime que je lui porte.

Il m’est agréable aussi de remercier Monsieur Pierre ROGNON pour ces conseils. Il a su
manifester une grande patience à mon égard et un vif intérêt pour ma carrière scientifique, qu’il a
ponctué par ses remarques empreintes de toute son expérience scientifique et de ses parfaites
connaissances.

Je désire également remercier le Professeur Jallil OUAZZANI pour tous ses efforts pour son
encadrement pendant mon séjour à Bordeaux. Je remercie aussi Monsieur Yves GARRABOS et son
équipe qui m’ont bien accueilli au sein de l’ICMCB.

J’exprimerais aussi toute ma sympathie et mes remerciements au Docteur Owen CLUS. Il a


toujours été ouvert à toutes mes questions pour mon stage à Vignola. La collaboration efficace de
l’OPUR m’a beaucoup aidé à réaliser ce travail, merci à Irene MILIMOUK-MELNYTCHUK, Marc
DURAND et Céline EUDIER et tous les membres d’OPUR.

Je remercie les rapporteurs de cette thèse Monsieur Mohammed EL YOUSSI, Monsieur Jallil
OUAZZANI, Monsieur Etienne DUGUET. Aussi, je remercie Monsieur Abdelkarim ZAIDI et
Monsieur Mohamed BENSAOU et les autres membres du jury qui ont accepté de juger ce travail.

La qualité et la continuité des données utilisées ici sont le fruit d’un travail d’équipe sur le
terrain et de maintenance soutenue de la station de Mirleft. J’ai pour cela pleinement profité de la
présence des autorités locale de Mirleft au nom du président de la commune Monsieur BOUAGOU et
de l’association IMARJAN d’Idousskssou (Mouhamed LUNFOURME).

Je tiens à souligner les moments passés avec mes amis à l’université d’Agadir, Soufian, Driss,
Tarik et Abdslam, qui ont parcouru avec moi un bout ou entièrement le chemin de la thèse. Et je
souhaite avec beaucoup de courage aux prochains thésards qui suivent.

J’ai gardé pour la fin ceux qui me sont les plus chers : ma famille. Je pense tout d’abord à mes
parents qui m’ont toujours fait confiance et qui m’ont appris à me donner le meilleur de moi-même. Je
suis très reconnaissant à mon frère Khalid qui m’a fourni une aide considérable pour la
compréhension des phénomènes physiques. Je pense aussi à mes frères Mehdi, Majid et Yassine qui
ont pris en charge une partie de mon travail de terrain au Maroc et durant mon séjour en france. Je
pense également à ma femme, mes sœurs, mes cousins, neveux, oncles. Pour tous, mes pensées
dépassent largement les mots, alors tout simplement Merci.

i
Résumé

Résumé :
Le travail de thèse a pour objectif d’estimer précisément la quantité d’eau que l’on peut espérer collecter par la
rosée dans le village côtier de Mirleft, situé au sud d’Agadir (Maroc), de la comparer aux autres ressources
renouvelables de récupération d’eau douce (brouillard, pluie) et d’estimer sa qualité. La mise en place à Mirleft
d’une station météorologique, de 4 condenseurs et d’un filet à brouillard a permis d’obtenir des données
concernant la période comprise entre le 01/05/2007 et le 31/04/2008. De très nombreux événements de rosée ont
été observés, avec de rares événements de brouillard. L’eau de rosée représente 40 % de l’apport annuel en pluie
et apparaît donc comme une composante essentielle de l’apport hydrique total. Une approche mathématique de la
modélisation de la rosée a estimé son rendement sur une quinzaine de sites répartis sur tout le territoire du
Maroc. Une analyse spatio-temporelle a permis une meilleure connaissance du phénomène de la condensation à
l’échelle du Maroc. Concernant les analyses chimiques, les pH moyens de la rosée et de la pluie sont
respectivement égaux à 7,40 (± 0.28) et 6,85 (± 0.21) avec une conductivité moyenne de 727,25 µS/cm (±
678.64) et 316 µS/cm (± 306.07), représentant une minéralisation totale de 560 mg L-1 et 230 mg L-1. Dans cette
étude, le rapport TA/TC, inférieur à 1, indique la nature alcaline de ces eaux. L’analyse des ions majeurs a
montré que la concentration du Cl- et Na+ est élevée par rapport à celle des autres éléments. Une analyse en
composante principale (ACP) a été réalisée sur les données afin d’identifier l’origine possible des ions. Pour
estimer la contribution marine et non marine de ces ions, la fraction du sel provenant de la mer (SSF) a été
calculé. Les faibles pourcentages du SSF de la rosée ont suggéré une contribution considérable d'origine non
marine pour des composants comme Ca²+, K+, SO42- et NO3- exceptés le Cl-, Na+ et Mg2+. Par contre dans l’eau
de pluie, les valeurs du NSSF (No Sea Salt Fraction) indiquent que seulement Ca²+ et NO3- ne sont pas
influencés par la mer. L'étude du facteur de neutralisation a révélé l'ordre décroissant des cations dans l’eau des
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deux sources NFCa²+ > NFMg²+ > NFK+. On a constaté l’influence du climat sur la chimie de la rosée et par
conséquent les variations temporelles où les saisons de transition et sèches sont plus concentrées en éléments que
la saison humide caractérisée par les taux élevés en eau de rosée. Les quantités d’ions mesurées et les analyses
biologiques montrent que l’eau de rosée est potable vis-à-vis des recommandations de l’OMS. Les résultats en
termes de rendements associés aux analyses chimiques de l’eau de rosée et le succès du condenseur de
démonstration dans différentes régions où notre équipe a réalisé ces recherches nous ont incité à équiper avec
succès des grands systèmes de collectes à Idousskssou (8 km SE de Mirleft) pour l’usage de la population locale.
Mots clefs : Formation de rosée, condenseur radiatif passif, hydrométéorologie, chimie de la rosée, chimie de la
pluie, zonalité climatique.

Abstract :
The work of thesis has for objective to estimate exactly the quantity of water potentially produced by dew in the
village of Mirleft in the South of Agadir (Morocco), to compare it with the other alternative resources of water
collection (fog, rain) and estimate its quality. The implementation at Mirleft of a meteorological station, 4
condensers and a net with fog allowed obtaining data concerning the period between 05/01/2007 and the
04/31/2008. Very numerous events of dew were observed, with rare events of fog. The dew water represents 40
% of the annual contribution of rain and thus appears as an essential component in the whole water balance. A
mathematical approach to modeling the dew has ben used to estimat dew yield over a dozen sites scattered
throughout the territory. A spatio-temporal analysis allowed a better understanding of the phenomenon of
condensation across Morocco. The average pH of the dew and the rain are respectively equal at 7.40 (± 0.28) and
6.85 (± 0.21) with an average conductivity of 727.25 µS/cm (± 678.64) and 316 µS/cm (± 306.07), representing
a total mineralization of 560 mg L-1 and 230 mg L-1. In this study, the ratio TA/TC, lower than 1, indicates the
alkaline nature of these waters. The analysis of the major ions showed that the concentration of Cl- and Na+ are
raised with regard to that of the other elements. An analysis in main constituent (ACP) was realized on the data
to identify the possible origin of the ions. To estimate the contribution marine or not marine of these ions, the
fraction of the salt resulting from the sea (SSF) was calculated. The weak percentages of the SSF of the dew
suggested a considerable contribution of not marine origin for constituents such as Ca²+, K+, SO42- and NO3- Cl- ,
Na+ and Mg2+. On the other hand in the rainwater, the values of the NSSF (No Sea Salt Fraction) indicate that
only Ca²+ and NO3- are not influenced by the sea. The study of the neutralization factor revealed the decreasing
order of the cations in the water of both sources NFCa ²+ > NFMg ²+ > NFK+. We noticed the influence of the
climate on the chemistry of the dew and consequently the temporal variations where the seasons of transition and
sandbanks are more concentrated in elements than the wet season characterized by high rates in dew water. The
quantities of ions measured and biological analysis agrees with the World Health Organization requirements for
potable water. The results in terms of yields associated with chemical analysis of dew and the successful
demonstration of the condenser in different areas where our team has done this research led us to equip
successful collection systems to Idousskssou.
Keywords : Dew formation, radiative condenser, hydrometeorology, dew and rain chemistry, temporal
variation, sources of ions, factor of neutralization, climatic areas.

ii
Sommaire

Sommaire

Introduction générale ........................................................................................................1

Chapitre I : Ressource en eau et climat au Maroc

I.1 Introduction...................................................................................................................6
I.2 Ressources en eau ........................................................................................................8
I.2.1 Ressources en eau de surface ...................................................................................8
I.2.2 Ressources en eaux souterraines ..............................................................................9
I.2.3 Ressources en eaux non conventionnelles ..............................................................11
I.2.3.1 Eaux usées ........................................................................................................12
I.2.3.2 Dessalement d’eau de mer ...............................................................................12
I.3 Raréfaction et surexploitation des ressources en eau .......................................... 12
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I.4 Climat au Maroc et son impact sur les ressources en eau .................................. 14
I.4.1 Le relief ...................................................................................................................15
I.4.2 Précipitations ..........................................................................................................15
I.5 Cas du bassin hydrologique de Souss Massa........................................................ 19
I.5.1 Situation géographique ..........................................................................................19
I.5.2 Climatologie du bassin ...........................................................................................19
I.5.2.1 Les précipitations du bassin ............................................................................19
I.5.2.2 Les températures du bassin .............................................................................20
I.5.2.3 Aridité du bassin ..............................................................................................24
I.5.2.4 L’humidité relative du bassin..........................................................................25
I.5.2.5 La vitesse et la direction du vent du bassin.....................................................29
I.5.2.6 Le brouillard ....................................................................................................32
I.6 Conclusion .................................................................................................................. 34

Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

II.1 Introduction ............................................................................................................... 35


II.2 Bases de données météorologiques ............................................................. 36
II.2.1 L’humidité de l’air ................................................................................................36
II.2.1.1 L’humidité relative.........................................................................................36
II.2.1.2 L’humidité absolue.........................................................................................37
II.2.2 La température .....................................................................................................37
II.2.2.1 La température ambiante (Ta) .......................................................................37
II.2.2.2 La température de rosée (Td) .........................................................................38
II.2.2.3 La température de surface du condenseur (Tc).............................................38
II.2.3 Le vent ...................................................................................................................38
II.2.4 La nébulosité .........................................................................................................39
II.3 Bases physiques entrant en jeux dans la condensation ..................................... 39
II.3.1 Rayonnements naturels ........................................................................................39
II.3.1.1 Les généralités ................................................................................................39
II.3.1.2 Le rayonnement solaire..................................................................................41

iii
Sommaire

II.3.1.3 Le rayonnement atmosphérique ....................................................................41


II.3.1.4 Le rayonnement terrestre ..............................................................................42
II.3.1.5 Le rayonnement net .......................................................................................42
II.3.2 Échange de flux entre la surface et l’atmosphère ................................................43
II.3.2.1 Le bilan d’énergie...........................................................................................43
II.3.2.2 Le cycle de l’eau .............................................................................................44
II.4 La formation de la rosée ......................................................................................... 46
II.4.1 Le refroidissement radiatif ...................................................................................47
II.4.2 La condensation de la vapeur d’eau .....................................................................47
II.4.3 Transferts thermiques au niveau du condenseur.................................................50
II.4.3.1 Modèle d’estimation de la rosée.....................................................................51
II.5 La rosée, source d’eau potable............................................................................... 54
II.5.1 Les condenseurs de rosée ......................................................................................54
II.5.1.1 Les condenseurs aériens massifs ....................................................................55
II.5.1.2 Les condenseurs aériens radiatifs ..................................................................58
II.6. La formation du brouillard .................................................................................... 59
II.6.1 Capteurs de brouillard .........................................................................................61
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II.6 Conclusion ................................................................................................................. 63

Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

III.1 Introduction.............................................................................................................. 64
III.2 Les méthodes de mesures ...................................................................................... 65
III.2.1 Le condenseur standard ......................................................................................65
III.2.2 Films polymères (Foil) .........................................................................................66
III.2.2.1 Propriétés du film .........................................................................................67
III.2.3 La station météorologique ...................................................................................68
III.2.3.1 Les capteurs ..................................................................................................68
III.2.3.3 Interface informatique Weatherlink ............................................................71
III.3 Application de l’analyse statistique..................................................................... 72
III.3.1 Objectif et démarches..........................................................................................72
III.3.2 Analyse factorielle en composante principale ....................................................73
III.3.3 Classification hiérarchique .................................................................................74
III.4 Estimation du taux de condensation .................................................................... 75
III.4.1 Méthode physique................................................................................................75
III.4.2 Réseaux de neurones ...........................................................................................75
III.4.2.1 Présentation de la méthode neuronale .........................................................75
III.4.2.2 Connections entre les neurones ....................................................................76
III.4.2.3 Critères de performance du modèle .............................................................77
III.5 Simulation numérique ............................................................................................ 78
III.6 Analyse physico-chimique de la rosée ............................................................... 78
III.7 Conclusion ............................................................................................................... 80

iv
Sommaire

Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.1 Introduction ............................................................................................................. 81


IV.2 Présentation de la région d’étude ........................................................................ 82
IV.3. Caractérisation des données climatiques .......................................................... 86
IV.3.1 La température ambiante (Ta) et de rosée (Td) ..................................................86
IV.3.2 Humidité relative (RH) ........................................................................................89
IV.3.3 La vitesse et la direction du vent (V) ...................................................................91
IV.3.4 La nébulosité (N)..................................................................................................95
IV.4 Les événements de rosée, de brouillard et de pluie .......................................... 97
IV.4.1 Rosée, brouillard et pluie à Mirleft .....................................................................97
IV.4.2 Rosée et brouillard à Idouasskssou ................................................................... 100
IV.5 Paramètres entrant en jeu dans le phénomène de rosée................................. 101
IV.5.1 L’humidité relative (RH %) .............................................................................. 103
IV.5.2 La couverture nuageuse N (octas) ..................................................................... 104
IV.5.3 La vitesse du vent V (m/s).................................................................................. 105
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IV.5.4 Relation entre V, RH, h et la direction du vent ................................................ 106


IV.5.5 La température de surface ................................................................................ 108
IV.6 Analyse statistique................................................................................................ 110
IV.6.1 La complémentarité entre l’ACP et la CHA ..................................................... 110
IV.6.2 Les résultats de l’analyse statistique ................................................................. 111
IV.6.3 Description des classes ....................................................................................... 114
IV.7 Modèles d’estimation de la rosée ...................................................................... 117
IV.7.1 Modèle physique (OPUR) .................................................................................. 117
IV.7.2 Modèle réseau de neurone ................................................................................. 118
IV.7.2.1 Architecture du réseau ............................................................................... 119
IV.7.2.2 Collecte des données ................................................................................... 120
IV.7.2.3 Résultats et discussions ............................................................................... 120
IV.8 Estimation du taux de condensation dans les régions marocaines .............. 127
IV.8.1 Cartographie de la rosée ................................................................................... 127
IV.8.1.1 Les données météorologiques à disposition ................................................ 127
IV.8.1.2 Carte de la rosée et de l’humidité relative ................................................. 127
IV.9 Simulation numérique.......................................................................................... 132
IV.9.1 Le logiciel PHOENICS ...................................................................................... 132
IV.9.2 Méthodologie...................................................................................................... 133
IV.9.3 Description des cas simulés ............................................................................... 134
IV.9.3.1 Influence du vent......................................................................................... 135
IV.9.3.2 Influence du rayonnement thermique émis par l’atmosphère .................. 136
IV.10 Conclusion ........................................................................................................... 138

Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.1 Introduction ............................................................................................................. 140


V.2 Description des données ....................................................................................... 142
V.2.1 Caractéristiques géochimiques de l’eau de rosée et de pluie ............................. 142
V.2.2 Les analyses statistiques ...................................................................................... 142

v
Sommaire

V.2.3 Validité des données de terrain (balance ionique) ............................................. 143


V.2.4 Les éléments caractéristiques de la rosée et de la pluie ..................................... 143
V.3 Synthèse des analyses faites sur la rosée et la pluie ........................................ 144
V.3.1 Analyse physico-chimique ................................................................................... 144
V.3.2 Le pH de la rosée et de la pluie ........................................................................... 145
V.3.3 La conductivité de la rosée et de la pluie ............................................................ 149
V.3.4 La concentration ionique de l’eau de rosée et de pluie ...................................... 150
V.4 Variations temporelles des concentrations ioniques........................................ 152
V.4.1 Variations mensuelles ......................................................................................... 153
V.4.2 Variations saisonnières ....................................................................................... 157
V.5 Origine des éléments chimiques dans l’eau de rosée et de pluie .................. 159
V.5.1 Relation entre les éléments chimiques ................................................................ 159
V.5.1.1 Matrices de corrélation ................................................................................ 159
V.5.1.2 Analyses factorielles ..................................................................................... 162
V.5.2 Estimation de la contribution marine................................................................. 165
V.5.3 Facteur de neutralisation .................................................................................... 166
V.6 Influence du climat sur la composition chimique de la rosée ........................ 167
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V.6.1 Influence du dt, du volume de la rosée et la vitesse du vent .............................. 167


V.6.2 Zonalité climatique de la rosée ........................................................................... 171
V.6.2.1 la rosée de Mirleft, de Zadar (Croatie) et Bordeaux (France) .................... 171
V.6.2.2 Les rétros-trajectoires des masses d’air ...................................................... 172
V.7 Analyse biologique de la rosée ............................................................................ 177
V.8 Conclusion............................................................................................................... 178

Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

VI.1 Introduction............................................................................................. 180


VI.2 Les systèmes de collecte ......................................................................... 182
VI.2.1 Site ...................................................................................................................... 182
VI.2.2 Installation ......................................................................................................... 182
VI.2.2.1 Condenseur Terrasse (40,64 m²)................................................................. 182
VI.2.2.2 Condenseur toiture double-pente (21,2 m²) ............................................... 185
VI.2.2.3 Condenseur sur terre plein (73,8 m²) ......................................................... 186
VI.2.2.4 Mesures partielles de rosée ......................................................................... 187
VI.2.2.5 Filet à brouillard (40,0 m²) ......................................................................... 189
VI.3 Conclusion .............................................................................................. 190

Conclusion générale ........................................................................................ 192


Références bibliographiques ........................................................................... 194
Annexe............................................................................................................ 202

vi
Introduction générale

Introduction générale
Que nous dit la science d'aujourd'hui sur les origines de la Vie et sur le rôle qu'a pu y
jouer l’eau ? Tout d'abord, nous savons par les études des astronomes sur l'Univers et celles
des géologues sur notre planète que celle-ci, avec le reste du système solaire, s'est condensée,
il y a quelque 4 milliards 600 millions d'années, d'un nuage de gaz et de poussières, en une
masse extrêmement chaude, originellement liquide, dont la surface, en se refroidissant, forma
une croûte percée de volcans d'où la vapeur d'eau s'échappait à grandes bouffées. L'eau
liquide, qui ne pouvait subsister à l'origine à cause de la chaleur, n'apparut que lorsque le
refroidissement permit la condensation de cette vapeur. Elle retomba alors en déluge et
couvrit la planète d'océans où se déposèrent les sédiments arrachés par les flots.
Naturellement, ce raccourci couvre quelques centaines de millions d’années. Autour de cette
Terre inondée subsistait sensiblement l'atmosphère primitive qui contenait essentiellement, en
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plus des gaz, de la vapeur d'eau.


Actuellement, la pénurie d'eau (aridité) et sa fluctuation dans le temps
(sécheresse/désertification) affectent tout particulièrement les écosystèmes puisque l'eau est
un facteur particulièrement limitant des zones arides et semi-arides. La sécheresse bien qu'elle
puisse être persistante est un risque limité dans le temps, mais qui agit directement sur
l'ensemble du milieu puisque son impact se transmet de la pluie (sécheresse climatique) au sol
(sécheresse édaphique) aux produits de la terre (sécheresse agricole par exemple) et aux
nappes phréatiques (sécheresse hydrologique). S’ajoute à ces problèmes naturels,
l’accroissement démographique rapide, couplé à la fois à l’industrialisation, l’urbanisation,
l’intensification agricole et les modes de vie de plus en plus consommateurs d’eau entraînant
une crise mondiale et des conflits sur l’eau.
A l’échelle mondiale, 2.6 milliards de personnes (soit 40% de la population mondiale)
n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement de base. Parmi elles, 1,5 milliard n’ont
carrément pas accès à de l’eau simplement potable de façon durable. On estime que
l’amélioration des conditions d’accès à l’eau potable, des services d’assainissement et de
l’hygiène permettraient de sauver 1,6 million de vies chaque année, principalement des
enfants. Au cours du 20ème siècle, alors que la population mondiale a été multipliée par trois,
la consommation en eau a été multipliée par six.
"Notre capacité à satisfaire une demande planétaire toujours croissante dépendra d’une
bonne gouvernance et d’une bonne gestion des ressources disponibles", indique un rapport de

1
Introduction générale

l’ONU en date du 13 mars 2006. De plus, "la qualité de l’eau est de moins en moins bonne
dans la plupart des régions".
Les problèmes d’eau se situent dans les régions arides où la pluie est rare, dans les
régions ayant peu de ressources souterraines en eau et dans les régions ne possédant que peu
de cours d’eau exploitables pour la consommation humaine et l’irrigation. Pourtant, des
solutions existent, elles sont adaptées à chaque région en pénurie. Il est possible de boire l’eau
issue de la rosée, du brouillard, de réutiliser les eaux usées, de collecter les eaux de pluie. Les
techniques sont diverses et en pleine expansion.
On peut « produire » de l’eau à partir de diverses sources et par différents moyens
techniques. Quelle que soit la solution technique adoptée, le but est d’obtenir une eau en
quantité suffisante, propre à la consommation humaine et accessible à tous, y compris et en
particulier aux groupes les plus défavorisés.
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Dans la région d’Agadir, une étude bibliographique préliminaire concernant les


ressources hydriques montre que de sérieux problèmes d’eau touchent de larges zones rurales
et en particulier l’alimentation d’établissements publics tels que les écoles ou les dispensaires.
Dans le but d’explorer de nouvelles méthodes pour récupérer une eau de qualité pouvant être
mise à disposition des populations, l’étude du phénomène de condensation radiative de la
vapeur atmosphérique (rosée) a été entreprise. Le travail de thèse, qui s’effectue en
collaboration entre l’Université Ibn Zohr d’Agadir (Maroc), l’équipe CEA/CNRS ESEME de
Paris (France), l’équipe UMR CNRS de Corse (France) et l’Association OPUR (France) a
donc pour objectif d’estimer la quantité d’eau douce que l’on espère "produire" par la rosée et
le brouillard au sud d’Agadir, dans le village de Mirleft et des environs. La mise en place à
Mirleft d’une station climatique, de 4 condenseurs et d’un filet à Brouillard a permis d’obtenir
des données concernant la période allant du 01/05/2007 jusqu’au le 31/04/2008.
Une ressource alternative est à chercher tout simplement dans l’air où nous possédons
de très grandes réserves d’eau non maîtrisées pas. Le constat est aisé, mais il faut pouvoir et
savoir extraire cette eau sous forme liquide et de la façon la plus économique possible.
Plusieurs voies sont explorées à ce jour pour exploiter cette ressource. La vapeur d’eau
atmosphérique peut être condensée en eau liquide par l’utilisation de condenseurs passifs de
rosée refroidis par dissipation radiative d’énergie. L’objectif de nos travaux est ainsi de créer
une source d’eau d’appoint (voire principale durant la saison sèche et toute l’année dans
certaines régions du globe) pour l’alimentation en eau potable d’une population isolée.
La première tentative documentée de construction d’un condenseur de rosée est
attribuée à un ingénieur Russe, F.I. Zibold. En 1912 en Crimée (Ukraine), Zibold fit

2
Introduction générale

construire une sorte de coupe d’environ 20 m de diamètre qui fut ensuite chargée de galets de
15 à 40 cm de diamètre. Les galets étaient entassés suivant une forme de cône tronqué
présentant une dépression conique au sommet. La hauteur du cône était d’environ 6 m pour un
diamètre au sommet de 8 m (Nikolayev et al., 1996 ; Beysens and Mylymuk, 2005b). Il
semble que le condenseur ait fonctionné jusqu’en 1915, date à laquelle la fondation se serait
fendue. Les mesures n’ont pas été consignées, cependant 20 ans plus tard, Joukov (1931)
mentionne un rendement de 360 L sur un événement. Toutefois, Nikolayev et al. (1996) ont
montré que la structure massive du condenseur de Zibold ne devait permettre à la structure
d’abaisser sa température en deçà du point de rosée qu’en de rares occasions.
Par la suite en 1929, un hydrométéorologue, Chaptal (1932), tenta d’ériger un
condenseur massif à Montpellier. Il le détruisit après 2 années d’essais décevants, pour « ne
pas induire en erreur les générations futures ». En 1930, l’ingénieur belge Knapen (1929)
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

imagina une version modifiée de ces condenseurs. Il fit construire une tour évidée de 12 m de
haut pour 12 m de large à la base à Trans-en-Provence (France). La tour existe toujours.
Cependant, le rendement n’excéda jamais 12 L par nuit. Ces deux tentatives furent
considérées comme non concluantes (Gioda and Acosta-Baladon, 1991).
Il fallut ensuite attendre 1962 pour que Gindel (1965) teste en Israël un condenseur léger
composé d’un film de polyéthylène de 3 m² et placé en position inclinée d’environ 25°. Les
rendements ont été relevés à 0,86 et 3,63 L / m2/ mois sur trois sites.
Depuis 1994 et après trois mois de test d’un condenseur radiatif par Nilsson (1994) en
Tanzanie puis en Suède, le gisement quantitatif de rosée a été expérimenté dans de nombreux
sites, un « réseau » de mesure se regroupant pour l’essentiel au sein de l’International
Organization for Dew Utilisation « OPUR » ou Organisation Pour l’Utilisation de la Rosée.
Trois sites ont été instrumentés en France (Grenoble, dès 1995, Ajaccio en 1999 et Bordeaux
en 2000), ainsi que Wageningen (Pays-Bas) et Jérusalem (Israël). Les tests, standardisés sur
un condenseur léger de 1 m2, se sont alors étendus à la Croatie (Zadar, Komiza, Bisevo),
l’Ethiopie (Bahir Dahr), l’Inde (Kothara, région du Kutch, état du Gujarat), l’Arabie Saoudite
(Dharam), la Polynésie Française (Tikehau, Tahiti) et au Maroc (Mirleft). Dans la continuité
des travaux précédents, ces trois années de recherches ont permis de poursuivre les mesures
de rosée dans des sites variés et pour différents climats (Figure 1). Une orientation nouvelle a
aussi été prise, car ces recherches ont été mises à profit pour développer l’ensemble des outils
et connaissances pour la réalisation de condenseurs opérationnels de grande superficie
(toitures, usines de rosée).

3
Introduction générale

Figure 1 : Stations de récupération de l’eau de rosée dans le monde : des condenseurs


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standards 1 m² installés dans différentes régions du globe, et des systèmes réels installés :
usine de rosée de Panandhro (Inde), toiture de Bisevo (Croatie), expériences à Ajaccio
(France).

Dans ce contexte, notre étude s'inscrit dans la problématique suivante :


Analyser les données collectées par la station pour comprendre le phénomène de la
condensation atmosphérique dans une région semi-aride et de quantifier la rosée et étudier sa
qualité.
La réponse à la question générale se traduit par trois questions auxquelles nous nous
sommes efforcés de répondre au travers des différents chapitres présentés dans ce manuscrit :
1. Quelle quantité d’eau douce peut-on espérer produire sur la côte sud-ouest du
Maroc ? Il faut pour cela analyser les données météorologiques (température et humidité de
l’air, vent, nébulosité, pluviométrie), instrumenter les endroits les plus prometteurs et mettre
en place une maquette de condenseur.
2. L’eau produite est-elle potable ? L’analyse des paramètres chimiques et biologiques
de l’eau condensée devrait répondre à cette question.
3. Sur les sites sélectionnés, des toits pourront être équipés, en collaboration avec la
population locale, et le rendement en eau estimé. La problématique des « toits-terrasses » sera
analysée. L’intégration de condenseurs radiatifs sur ces toitures spécifiques à l’Afrique du
Nord fera l’objet de travaux approfondis. De nouvelles architectures de condenseurs devront
s’adapter aux particularités des bâtiments de la région étudiée.

4
Introduction générale

4. Suivant les résultats, il pourra être envisagé, basée sur ces principes et en
collaboration avec les communautés locales, la construction de petits condenseurs pour
utilisation agricole (plantation d’arbres…).
Dans le premier chapitre, une brève présentation des ressources en eau et du contexte
climatique au Maroc sera exposée.
Le second chapitre de ce manuscrit est de formaliser l'ensemble de ces questions. Nous
présenterons ainsi toutes les bases physiques nécessaires à la compréhension du phénomène
étudié. Les échanges d'énergie entre la surface du condenseur et l'atmosphère seront présentés
de manière à mettre en évidence l'influence respective des caractéristiques de la surface et
ainsi de se familiariser avec les principales grandeurs utilisées.
Le troisième chapitre présentera les techniques d’acquisition des données par la station
ainsi que les méthodes d’analyses des différentes grandeurs météorologiques.
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Les aspects évoqués précédemment donnent un aperçu général et schématique du


problème et l'objectif du quatrième chapitre est de définir la rosée dans la région d’étude,
analyser les paramètres climatiques et de développer un modèle pour estimer le taux de rosée
à partir de données météorologiques dans différentes régions du Maroc dépourvues de stations
de mesure de la rosée.
Dans le cinquième chapitre, une analyse des paramètres chimiques et biologiques de
l’eau condensée sera présentée afin d’évaluer la potabilité de cette eau.
Enfin, dans le sixième chapitre, nous présentons les étapes d’installation des systèmes de
collecte des eaux de rosée, de brouillard et pluie à Idouassksou.

5
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

I.1 Introduction
Le territoire marocain s’étend sur une superficie de 710.850 km² à la pointe nord-ouest
du continent africain, entre le 21ème et le 37 ème degrés de latitude nord et les 1er et 17ème degrés
de longitude ouest. Il est bordé à l’Ouest par l’océan Atlantique (2934 km de côtes), au Nord
par la Méditerranée (512 km de côtes), à l’est par les frontières algériennes (1350 km), et au
Sud par la Mauritanie (650 km). Il est confronté plus que d’autres régions du monde, à des
défis liés à la raréfaction des ressources en eau et à la pression croissante des activités socio-
économiques et de la demande en eau qui en découle sur ces ressources, qu’elle devra relever
pour assurer son développement durable.
Au Maroc, la maîtrise et la mise en valeur des ressources en eau sont une pratique très
ancienne et depuis toujours un facteur déterminant de la structuration de l’espace et du
développement des terroirs, car le contexte et les conditions climatiques y sont variables et
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irréguliers. L’irrégularité spatiale et temporelle des conditions climatiques, l’impact des


sécheresses et des inondations successives, la distorsion entre les courbes de progression
démographique et celles des productions agricoles et la nécessité absolue d’amélioration du
bien-être des populations, sont autant de facteurs qui font de la maîtrise de l’eau un impératif
technique, et économique et une voie privilégiée pour le développement économique et social.
En adoptant dès les années 1960 une stratégie de maîtrise de l’eau et de sa valorisation, le
Maroc s’est inscrit dans une politique pertinente de valorisation de ses ressources naturelles
par la gestion planifiée et intégrée de l’eau, le distinguant ainsi d’autres pays ayant optés pour
d’autres voies de développement économique et social. En application des hautes directives
de Sa Majesté le Roi, les efforts ont été déployés en matière d’étude et de réalisation
d’infrastructures hydrauliques qui ont permis de réaliser une centaine de barrages. Ainsi, le
Maroc a intimement lié son développement économique et social à l’eau.
Toutefois, au fil des ans, de nombreux facteurs, notamment l’accroissement des besoins
en eau et la rareté des ressources, la succession de sécheresse de longues durées et la
dégradation de la qualité des eaux, la complexité des processus de développement socio-
économique, les conditions climatiques défavorables et l’exploitation intensive des eaux
souterraines ont entraîné des baisses alarmantes de niveaux dans la plupart des zones classées
semi-arides à arides du Maroc (Margat, 1983- CSE 2001). Ceci signifie que le Maroc devrait
faire face à une situation permanente de stress hydraulique et les réserves en eau par habitant,
qui avoisinent déjà le seuil du stress à 1 000 m3/hab/an, se situeraient en 2020 autour à 500
m3/hab/an (Bzioui, 2000). C’est dans cette optique que la loi 10-95 a créé le concept d’«

6
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

Agences de Bassin versants». Elles ont pour mission d’évaluer, de planifier, de gérer et de
protéger les ressources en eau au niveau du bassin hydraulique (Figure I.1).
L’objectif de ce chapitre est de montrer d’une part, et de manière générale les ressources
en eau et les conditions climatiques rencontrées dans les différents bassins hydrogéologiques,
et d’autre part et de manière aussi exhaustive que possible dans le bassin hydrologique de
Souss-Massa.
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Figure I.1 : Carte de découpage de Bassins hydrauliques. La région de Mirleft se trouve dans
le bassin de Souss-Massa (8).

7
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

I.2 Ressources en eau


Les apports pluviométriques sur l’ensemble du territoire sont évalués à 150 milliards de
m3. Sur ces apports pluviométriques, la pluie utile ne représente que 20 %, soit 30 milliards de
m3. Si l’on déduit les pertes par évaporation et les écoulements non maîtrisables vers la mer,
le potentiel hydraulique mobilisable, dans les conditions techniques et économiques actuelles,
est estimé à 20 milliards de m3 dont 16 milliards à partir des eaux superficielles et 4 milliards
en provenance des eaux souterraines (MAT., 2001) (Tableau I.1). Cette estimation reste
tributaire du niveau d’évaporation des eaux qui dépend directement de la température. Ainsi
et devant le réchauffement significatif qu’a connu le royaume durant le XXe siècle (plus de
1°C) et l’occurrence accentuée des sécheresses durant les trois dernières décennies, une
validation des estimations des différentes composantes de ce cycle de l’eau s’impose. Les 20
milliards de m3 économiquement et techniquement mobilisables pourraient être facilement
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revus à la baisse. Les apports pluviométriques sont aussi caractérisés par une forte irrégularité
de leur distribution dans l’espace, diminuant fortement du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est.
Ces apports sont inégalement répartis sur les différentes régions du pays. Ainsi 15 % de la
superficie totale reçoit plus de 50 % des apports pluviométriques. Les régions du Nord et le
bassin de Sebou, bien que n’occupant que 8,5 % de superficie totale, reçoivent plus de 29,3 %
des précipitations globales et participent pour 51,1 % des écoulements, alors que le bassin de
la Moulouya, situé à l’Est, et occupant 8,1 % de cette superficie ne reçoit que 9,4 % de
pluviomètre globale et ne participe que pour 8,7 % des écoulements moyens.

Tableau I.1 : Ressources en eau du Maroc et possibilités de mobilisation (en milliards de m3).

I.2.1 Ressources en eau de surface


Réparties sur une dizaine de bassins versants, les ressources en eau de surface du
royaume se caractérisent par l’irrégularité de leur répartition. Les seuls bassins de Sebou,
d’Oum Rabia et de la Moulouya rassemblent les 2/3 des ressources en eau de surface (Figure
I.2). Par ailleurs, les besoins en eau ne sont pas dans les zones les plus riches en eau d’où la
nécessité de transferts d’eaux coûteux et difficiles à réaliser : la région Nord-Nord Ouest avec
35 % de la population du pays détient 48 % des ressources en eau alors que la région Centre

8
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

Ouest avec 46 % de la population ne contient que 34 % des ressources en eau (MAEE. 1998).
Le potentiel des eaux de surface est très vulnérable aux aléas climatiques. En effet, en années
de sécheresses sévères, celui-ci peut baisser de 30 à 90 %. L’importance en fréquence et en
intensité des sécheresses hydrologiques dans les différents bassins versants n’est pas
uniforme ; les régions de l’Oriental, du Tensift, du Souss-Massa et les zones sud atlasiques
sont généralement les plus touchées par les sécheresses. Celles du nord le sont moins mais les
répercussions sont toutefois importantes car les réserves d’eaux souterraines des régions Nord
sont très limitées.
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Figure I.2 : Répartition des ressources en eau de surface au Maroc.

I.2.2 Ressources en eaux souterraines


Les eaux souterraines constituent une part importante du patrimoine hydraulique du
Maroc. Elles présentent des avantages certains sur le plan de la couverture des besoins, par
rapport aux eaux de surface, en raison de leur régularité et de leurs faibles coûts de
mobilisation comparativement aux eaux de surface. Quoique très rare dans les régions
sahariennes, elles y représentent la principale ressource en eau.
Le Maroc peut être découpé en six grands domaines hydrogéologiques distincts (Es
Sami, 1994, El Hebil, 1987, CSE., 1992, Agoussine, 1993, Bouchaou, 1995) :

9
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

• Le domaine rifain, constitué par les chaînes calcaires qui couvrent de vastes étendues
dans la région de Tetouan, Chefchaoun, jusqu’à l’Ouest d’Al Houceima. Tout au long
du littoral, il existe une multitude de nappes alluviales plus ou moins importantes,
piégées dans ces reliefs.
• Le domaine atlantique est le plus riche en eau souterraine. Des nappes importantes se
situent dans les formations géologiques assez récentes. Elles sont libres ou localement
captives. Les formations de piémonts atlasiques, dont les principales sont le Tadla, le
Haouz, le bassin de Meknès-Fès, le Doukkala et le Gharb, donnent naissance à des
réservoirs aquifères de première importance.
• Le domaine atlasique est constitué essentiellement de formations calcaires jurassiques
fracturées et karstifiées (Moyen-Atlas, Haut-Atlas calcaire). Le reste du domaine est
composé de formations cristallines peu perméables (Haut-Atlas occidental et oriental,
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massif ancien du Haut-Atlas). Les aquifères atlasiques jouent un rôle de réservoir


régulateur ; les sources sont nombreuses et soutiennent l’étiage de la plupart des cours
d’eau. Ce domaine est caractérisé par une puissante série calcaire au centre et au nord-
est du domaine, et par un enneigement abondant et prolongé sur une grande partie de la
chaîne montagneuse.
• Le domaine oriental qui, à l’exception de la frange côtière bénéficiant de l’influence
méditerranéenne, constitue une unité géographique dominée par l’aridité. Les
principaux réservoirs aquifères sont essentiellement détritiques : les nappes d’Ain Beni
Mathar, les Angads.
• Le domaine sud-atlasique, caractérisé par une aridité climatique associée en grande
partie à une géologie dans l’ensemble peu favorable. Les principales nappes sont celles
du Souss, des Chtouka, du Draa, de Tafilalet, du Guir et de Guelmim.
• Le domaine saharien, correspondant aux bassins de Séguia El Hamra et Oued Eddahab
où le socle cristallin et sa couverture primaire occupent les zones Est et Sud du pays et
renferment de nombreuses nappes d’extensions limitées.

Sur l’ensemble du territoire national, on dénombre 32 nappes profondes (profondeurs


variant de 200 à plus de 1 000 m) et plus de 48 nappes superficielles (une faible profondeur de
niveau d’eau). Les premières sont difficiles d’accès avec un coût de mobilisation et
d’exploitation assez élevé, les secondes plus accessibles mais aussi plus vulnérables à la
pollution et à la sécheresse. Globalement, les ressources en eau souterraines s’élèvent à près
de 9 milliards de m3 /an comme ressources renouvelables dont 3 milliards de m3/an s’écoulent

10
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

par l’intermédiaire des sources contribuant à la régularisation des débits des oueds et 2
milliards de m3/an s’écoulent directement vers les mers. Ainsi, les ressources en eau
souterraines mobilisables sont estimées à 4 milliards de m3/an (Figure I.3). Ces chiffres
n’englobent pas les réserves qui constituent des ressources non renouvelables et qui peuvent
être exploitées en période de pénurie d’eau. D’ailleurs pour certaines nappes, une
surexploitation s’est déjà matérialisée par des baisses des niveaux piézométriques : c’est le cas
du Souss, du Haouz, de Jbel Hamra, de Saiss.
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Figure I.3 : Répartition des ressources en eau souterraine au Maroc.

I.2.3 Ressources en eaux non conventionnelles


Devant les difficultés et les prix croissants de mobilisation des eaux conventionnelles, le
recours aux eaux non conventionnelles a connu un léger développement depuis le début des
années 90. Il s’agit principalement de la réutilisation des eaux usées et de la déminéralisation
des eaux saumâtres et dessalement des eaux marines. Cela a été fait de façon structurée et
maîtrisée pour les eaux saumâtres et salines. Ce n’était pas le cas pour les eaux usées
réutilisées de façon anarchique et non contrôlée par les agriculteurs avec des effets néfastes
sur la santé et l’hygiène.

11
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

I.2.3.1 Eaux usées


Le potentiel d’eaux usées est évalué pour l’an 2000 à plus de 500 millions de m3. 50 %
de ces eaux sont rejetées dans les bassins versants intérieurs et 50 % sont supposées être
rejetées en mer. En réalité une bonne partie de ces eaux est réutilisée à l’état brut en
agriculture (Bzioui, 2000).
La réutilisation des eaux usées brutes sans le moindre traitement est une pratique qui
s’est répandue fortement au Maroc durant les années 80 (période de grandes sécheresses). On
estime que les eaux usées brutes ont irrigué en 1994 plus de 7200 hectares de cultures
maraîchères, céréalières et fruitières situées prés des principaux centres urbains avec des
conséquences néfastes pour la santé des populations; soit environ 70 millions de m3 d’eaux
usées brutes utilisées.
Une valorisation saine et rentable du potentiel hydrique que représentent ces eaux usées,
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reste tributaire aujourd’hui de la mise en place de systèmes fiables de traitement et


d’épuration des eaux usées brutes (SECE., 2004). Le seul volume d’eaux usées perdues en
mer évalué autour de 200 millions de m3 permettrait une fois traitée d’irriguer plus de 25.000
ha (CSEC., 2001).

I.2.3.2 Dessalement d’eau de mer


Au Maroc le recours au dessalement des eaux est une pratique récente. Les premiers
grands projets ont été réalisés dans les années 75 pour le sud du Maroc. L’unité la plus
importante à ce jour est la station de Lâayoune mise en service en 1995. Elle permet
aujourd’hui aux habitants de cette ville de disposer de 7000 m3/jour d’eau potable. Le prix de
revient est encore de plus de dix fois supérieur au prix du m3 d’eau conventionnelle, autour de
20 DH (2€) le m3. Le développement du dessalement reste une solution alternative pour les
périodes de pénurie à venir où le coût des eaux conventionnelles deviendrait plus élevé.
Plusieurs projets sont à l’étude pour les horizons 2010-2020 en vue d’approvisionner les
régions sud du pays (ONEP., 2004).

I.3 Raréfaction et surexploitation des ressources en eau


La rareté des ressources en eau et leur limitation, conjuguées au développement de
moyens modernes d’exploitation des eaux souterraines sont à l’origine de la forte pression
subie par la ressource depuis la fin des années 70, ce qui a entraîné la surexploitation des eaux
souterraine et la rupture de l’équilibre qui prévalait entre les prélèvements traditionnels et les
possibilités de recharge naturelle. Les informations disponibles, qui restent peu fiables,

12
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

montrent que les volumes exploités sont supérieurs aux volumes exploitables d’une manière
durable de près de 718 Mm³ par an. Ceci a eu pour conséquence la baisse des niveaux
piézomètriques, la diminution des débits voire le dessèchement des sources, la perturbation de
l’approvisionnement en eau des secteurs d’irrigation traditionnelle (Figure I.4).
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Figure I.4 : Baisse du niveau de la nappe de Souss (a) et de Saîss (b) en m.

13
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

Au Maroc, le volume d’eau disponible par habitant et par an, indicateur de la richesse ou
de la rareté de l’eau d’un pays, avoisine le seuil de 1000 m3/hab/an, communément admis
comme seuil critique avant le saut vers la pénurie. Ce taux varie actuellement de 180
m3/hab/an pour les zones réputées très pauvres en ressources en eau (Souss-Massa, Sud
Atlasique, Sahara) à près de 1850 m3/hab/an pour les zones du bassin hydrologique du
Loukkos, du Tangérois et Côtiers Méditerranéens relativement riches.

Les ressources en eau par habitant se situeraient autour de 720 m3/hab/an vers l’horizon
2020. A cette date, près de 14 millions d’habitants, soit près de 35% de la population totale du
royaume disposeraient de moins de 500 m3/hab/an.

La pénurie chronique d’eau devient donc une donnée structurelle qu’on ne peut plus
ignorer pour tracer des techniques d’exploitation d’autres ressources d’eau non
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conventionnelles au Maroc.

I.4 Climat au Maroc et son impact sur les ressources en eau


Bien que doté d’une situation géographique favorable, à l’extrême nord-ouest de l’Afrique, le
Maroc reste un pays à climat essentiellement semi-aride à aride dans la majeure partie de son
territoire. Le régime des précipitations est caractérisé par une grande variabilité temporelle et
spatiale. Ce régime varie d’une région à l’autre tout en restant dominé par une forte
irrégularité dans le temps. L’alternance d’épisodes de sécheresse et de forte hydraulicité est
un caractère de plus en plus marquant des régimes climatiques et hydrologiques du pays. Ce
climat se caractérise par des contrastes importants avec des types de climats très différents et
ce, en relation avec les particularités géographiques et écologiques de la région (MCE., 1998,
MATUAE., 2001a, 2001b) :
Le Maroc s’étend sur une superficie de 710.850 km2 dont une grande partie est située en
zone désertique :

• La région est à dominance semi-aride à aride, soumise à un climat résultant


d’influences maritimes au nord (Mer Méditerranée) et à l’ouest (Océan atlantique) et
sahariennes au sud.
• Une grande diversité de type de climat, associée à l’étendue du pays en latitude, à
l’existence de chaînes montagneuses dépassant les 4000 m et à l’influence maritime au
voisinage des côtes.

14
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

• Une grande variabilité spatiale, et inter-annuelle des précipitations avec des


précipitations plus faibles dans la partie Sud, un nombre de jours de pluie très limité
(moins de 50 jours sur une grande partie du pays) et des épisodes de sécheresses
périodiques et fréquents dont la durée peut dépasser trois années successives.
• Des températures moyennes annuelles élevées, dépassant les 20°C dans le sud et plus
douces le long du littoral. Ceci est lié au niveau élevé du rayonnement solaire
parvenant aux différentes régions du pays, et aux advections fréquentes de masses d’air
chaudes. Ces éléments entraînent une forte évapotranspiration.

I.4.1 Le relief
Sur le plan du relief, le territoire marocain est marqué par l’existence de puissantes
chaînes de montagnes occupant le Nord et le centre du territoire marocain. Se développant
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entre le sud-ouest et le nord-est, le Haut Atlas compte plusieurs sommets de plus de 3500 m
dont certains dépassent 4000 m (Jbel Toubkal : 4165 m d’altitude). Le Moyen Atlas, plus au
Nord, compte également des sommets élevés de 2700 m à 3300 m. A l’extrême Nord du
Maroc la chaîne du Rif, avec son versant Nord plongeant dans la mer Méditerranée, culmine à
2456 m.
L’Anti-Atlas, au Sud du Haut-Atlas, atteint des altitudes dépassant 2500 m. Les plateaux
occupent également une grande partie du territoire et se situent à des altitudes variables : 200-
400 m près du littoral atlantique (zone de Larache, Zemmours, Zaërs), 500-900 m à l’Ouest
des chaînes du Moyen et du Haut Atlas (Saïs et plateau des phosphates) et des altitudes
pouvant atteindre 1500 m (Zaïan, Causses du Moyen Atlas, Hauts Plateaux de l’Oriental). Les
plaines s’étendent sur de vastes portions du territoire : elles se situent le long du littoral
atlantique (Gharb, Chaouia, Doukkala, Souss), à l’intérieur comme les plaines du Tadla et du
Haouz, dans l’Oriental comme la plaine de la basse Moulouya, et le long du littoral
méditerranéen (Martil, Laou, Triffa).

I.4.2 Précipitations
Elles sont caractérisées par une très forte variabilité spatio-temporelle. Du fait de
l’influence océanique et de l’effet de barrière de l’Atlas, les précipitations moyennes varient
fortement du Nord vers le Sud du pays (700 mm au nord à moins de 25 mm au sud) et de
l’ouest vers l’Est (de 600 mm à 100 mm), avec une amplification sur les reliefs du Rif et de
l’Atlas (jusqu’à plus de 2000 mm). La variabilité temporelle des précipitations est très

15
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

marquée d’une année à l’autre et d’une saison à l’autre ; elle a un impact considérable sur les
ressources en eau et sur la production agricole du pays (Figure I.5).
Le pluviomètre se répartit comme suit :

 Supérieure à 800 mm dans la zone arrosée du nord-ouest.


 De 600 à 800 mm dans la zone nord et la zone atlasique.
 De 400 à 600 mm dans la zone Sebou, Bouregreg et Oum Rbia.
 De 200 à 400 mm dans le Tensift, Souss Massa et l’Oriental.
 Inférieure à 200 mm dans les zones sud atlasiques et le Sahara.

Les précipitations ont enregistré une tendance générale à la baisse dans toutes les
régions du Maroc (Figure I.6). En plus du fait qu’elles étaient de plus en plus rares, elles se
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sont caractérisées par des disparités spatiales importantes et par de fortes fluctuations, entre
années de sécheresse, parfois sévères, et années à forte pluviométrie. Durant la période
récente 1955-2004, le Maroc a connu 7 périodes de grande sécheresse, dont 5 après 1975. Le
nombre de jours de pluie se limite à 50 jours (100 mm) sur une grande partie du pays. Ces
deux tendances, rareté et irrégularité, renseignent sur le caractère crucial de la question de
l’eau au Maroc et expliquent la très grande vulnérabilité des ressources en eau à la donne
climatique.

16
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.5 : Répartition spatial des précipitations annuelles dans le Maroc.

17
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.6 : Évolution de la pluviométrie dans certaines régions marocaines. Les


précipitations ont enregistré une tendance générale à la baisse dans toutes les régions du
Maroc. En plus du fait qu’elles étaient de plus en plus rares, elles se sont caractérisées
par des fortes disparités spatiales et temporelles.

18
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

I.5 Cas du bassin hydrologique de Souss Massa


I.5.1 Situation géographique
La région de Souss-Massa- Tiznit constitue un bassin triangulaire individualisé entre le
massif du Haut-Atlas occidental, au Nord, l'Anti-Atlas au Sud et à l'Est et l'océan Atlantique à
l'Ouest. Elle s'étale à peu près sur une surface de 16000 km2. Ce bassin comprend la grande
vallée de l'oude Souss, la plaine des Chtouka, la vallée de l'oued Massa et la plaine de Tiznit.
Les courbes de niveau, s'écartant en arrêtes de poisson du cours des principaux oueds Souss et
Massa, traduisent une surface topographique en pente douce et régulière ne dépassant guère
500 m d'altitude. Le passage de la plaine aux montagnes qui l'entourent est partout brutal. Au
Sud de la ville d'Agadir les terrasses marines de la côte rocheuse par laquelle le HautAtlas
aborde l'océan, disparaissent. Les plaines de Souss, Chtouka et Massa sont recouvertes de
formations dunaires prenant généralement l'aspect de dunes basses peu mobiles.
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I.5.2 Climatologie du bassin


Le régime climatique du bassin hydrologique de Souss Massa est caractérisé par une
aridité (Sauvage 1963), dont l’intensité est conditionnée par la proximité de l'océan Atlantique
sur lequel le bassin s'ouvre largement, par l’altitude du Haut-Atlas occidental au Nord, l'Anti-
Atlas au Sud et à l'Est et en une moindre mesure par la latitude saharienne.
Par ailleurs, le contraste saisonnier est très bien marqué, les pluies qui sont souvent
concentrées durant la période automnale et hivernale, sont irrégulières. Le reste de l’année, la
sécheresse prend une ampleur considérable surtout dans les zones de plaine où les
températures et l’évaporation sont élevées (Khiri, 2003).
La climatologie se caractérise donc par :

 un climat semi-aride. Les amplitudes thermiques sont assez importantes entre


l'hiver et l'été : 33,33°C comme température maximale et 9,66°C comme température
minimale.
 une faible pluviométrie moyenne allant de 159,5 (Tiznit) à 236 mm/an (Ait
Baha) avec des variations interannuelles et intersaisonnières importantes.

I.5.2.1 Les précipitations du bassin


Dans le bassin hydrologique de Souss-Massa, les pluies parviennent suite à l'effacement
de l'anticyclone des Açores laissant le passage aux perturbations (Weisrock, 1993 cités par
Khiri, 2003). Les flux perturbés intéressant la région ont alors deux origines principales : les

19
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

unes relèvent des perturbations de front polaire, et sont donc essentiellement de secteurs Nord
et de secteur Ouest, mais peuvent aussi prendre parfois une orientation de secteur Sud-Ouest.
Les autres, de Sud, moins fréquentes dans la région, se produisant lorsqu'une aire de basse
pression atlantique très méridionale s'établit ou lorsqu'il existe une dépression sur le golfe de
Cadix et les Canaries (Delannoy, 1971 et 1993). Il y a alors condensation de l'air tropical
maritime plus au moins humide. Confrontée à cette double origine des précipitations, les deux
chaînes de montagnes exercent un rôle décisif sur leur quantité, leur nature et leur
distribution.
Dans le tableau ci-dessous (Tableau I.2), on remarque que durant les 6 dernières années,
l’évolution des précipitations dans les différentes régions du bassin hydrologique de Souss-
Massa ont tendance à diminuer (Figure I.7).
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Durant cette année d’étude de mai 2007 à fin avril 2008, la région de Mirleft a été
caractérisée par des précipitations assez faibles atteignant une quantité de 48,65 mm avec 31
jours de pluie, à Tiznit, les pluies n’ont pas dépassé 35 jours (Khiri, 2003). Les précipitations
mensuelles sont maximales en décembre- février-mars et minimales en mai- juin- juillet, avec
une averse pendant le mois d’Août où on a enregistré des précipitations élevées par rapport
aux autres mois (Figure I.8).

I.5.2.2 Les températures du bassin


On observe que la température dans le bassin hydrologique de Souss-Massa durant les
années 2006, 2007 et 2008 présente respectivement un maximum en Septembre, Juillet et
Août et un minimum en janvier pour les deux premières années et en décembre pour 2008.
Les moyennes mensuelles sont pour ces trois années sont respectivement ; 19.26°C (± 4,08),
18.98°C (± 3,45) et 19.38°C (±3,38) (Tableau I.2, Figure I.9). Les amplitudes thermiques sont
relativement élevées (10°C en moyenne), ceci est dû principalement aux contrastes
climatiques qui règnent dans la région. En effet, dans cette région, les hautes pressions sub-
tropicales se déplacent vers le Nord et la dépression saharienne s'étend sur le Maroc. Les
températures maximales sont atteintes par temps de Chergui (vent du Sud-est).

20
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.7 : Évolution da la pluviométrie dans les régions du bassin hydrologique de Souss-
Massa durant les 6 dernières années (BHSM). Les précipitations ont enregistré une tendance
générale à la baisse.

Figure I.8 : Les précipitations dans la région de Mirleft durant la période d’étude (Mai 2007 à
Avril 2008).

21
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

Tableau I.2 : Description de la température mensuelle dans la ville d’Agadir.


Date T°C (2006) T°C (2007) T°C (2008)

Janvier 12,42 ± 1,12 14,19 ± 2,73 15,10 ± 2,13

Février 14,18 ± 1,91 15,68 ± 2,28 18,11 ± 3,20

Mars 16,55 ± 2,51 17,26 ± 2,61 17,58 ± 2.79

Avril 18,77 ± 3,00 16,72 ± 2,12 21,80 ± 4,32

Mai 20,32 ± 1,35 19,29 ± 2,69 20,10 ± 2,09

Juin 21,59 ± 0,68 21,13 ± 1,00 21,87 ± 2,16

Juillet 23,68 ± 2,24 24,94 ± 4,22 23,19 ± 1,28

Août 23,42 ± 1,31 23,13 ± 2,01 23,29 ± 1,49


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Septembre 23,97 ± 3,45 21,63 ± 1,10 23,00 ± 1,80

Octobre 22,03 ± 2,59 21,32 ± 2,60 19,32 ± 2,25

Novembre 20,38 ± 3,17 17,73 ± 3.00 15,73 ± 3,10

Décembre 13,87 ± 2,06 14,77 ± 1,76 13,55 ± 1,82

Moyenne 19,26 18,98 19,38

Maximum 23,27 24,94 23,29

Minimum 12,42 14,19 13,55

Ecart-type 4,08 3,45 3,38

Effectif 362 364 365

22
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.9 : Évolution de la température moyennes journaliers et mensuelle durant les trois
dernières années (2006-2007-2008) dans la ville d’Agadir.

23
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

I.5.2.3 Aridité du bassin


L'aridité peut s'exprimer quantitativement par différents indices d'aridité conventionnels
et empiriques, la plupart simples rapports hydro-thermiques fondés principalement sur des
grandeurs moyennes de précipitations et de température, qui sont utilisés pour définir les
degrés d'aridité et les conditions de l'écoulement fluvial. Ils ont été proposés par des
climatologues, des morphologues, des géographes, des botanistes. Les plus connus sont ceux
de De Martonne (1926), Emberger (1932), Thornthwaite (1948), Bagnouls et Gaussen H.
(1953).
Au début du siècle dernier E. de Martonne a mis au point un indice d'aridité :

P
I DM = (I.1)
T + 10
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Où P représente les précipitations annuelles moyennes (en mm) et T la température


moyenne annuelle (en °C). Plus la valeur de I est faible, plus la zone considérée est aride.

Suivant l'ampleur du déficit hydrique déterminant, plusieurs degrés d'aridité peuvent être
différenciés, se définir par des classes d'indices d'aridité convenues et recevoir des
qualifications particulières applicables à des zonalités climatiques. En fonction de cet indice,
l'on peut ainsi classer les climats dans différentes catégories (Tableau I.3).

Tableau I.3 : Classification des climats en fonction de la valeur de l’indice de De Martonne.


Valeur de l’indice 0 < IDM < 5 5 < IDM < 10 10 < IDM <20 20 < IDM <30 30 < IDM < 55

Type de climat hyper-aride aride semi-aride semi-humide humide

Afin de mieux évaluer quantitativement le degré d'aridité qui règne dans la région
d’étude, nous avons calculé cet indice dans notre zone d’étude et on l’a comparé à d’autres
régions dans le bassin hydrologique de Souss-Massa dans le Haut-Atlas, dans l'Anti-Atlas
ainsi que pour la plaine et le bassin versant (EL Morjani, 2002).
Si on se base sur l'indice de De Martonne, le bassin hydrologique du Souss-Massa est
soumis à un climat aride avec tendance à semi-aridité et hyperaride. La plaine et l'Anti-Atlas
se trouvent dans un climat aride avec tendance à l'hyper-aridité et le Haut-Atlas est caractérisé
par un climat semi-aride, ce qui en fait la région la plus arrosée du bassin. Par contre vers le
sud, dans la région de Mirleft, les précipitations sont très faibles influencées par l’hyperaridité
du climat (Tableau I.4).

24
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

Tableau I.4 : Indice de De Martonne pour les régions du bassin hydrologie de Sous-Massa.
Régions Précipitation (mm) Température (°C) IDM Climat

Plaine 188,6 19,6 6 aride

Haut-Atlas 377,5 17,4 14 Semi-aride

Anti-Atlas 185 17,2 7 aride

Bassin 243 17,8 9 Aride à semi-aride

Mirleft 48,85 17,53 1,77 hyperarides

I.5.2.4 L’humidité relative du bassin


L’humidité relative est liée à la température d’air et la pression atmosphérique. De
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manière générale, l’humidité moyenne relative est sensiblement élevée pendant l’année 2006
avec 72,19% ± 3,86 par rapport à l’année 2007 (69,54% ± 5,71) et 2008 (67,67% ± 8,23). Le
tableau ci-dessous expose les principales statistiques de la moyenne journalière, du maximum
et du minimum journalier (Tableau I.5).
Dans la Figure I.11, on remarque les variations de l'humidité relative pour les trois
dernières années à Agadir. Durant l’année 2006, on observe que ce paramètre dépasse 70%
durant tous les mois à l’exception de novembre et décembre. Pour 2007, l’humidité dépasse
ce seuil durant les mois de février, avril, août, novembre et décembre où la température
moyenne est plus élevée (>20°C). Par contre l’année 2008, est caractérisée par un RH élevé
(> 70%) pour les mois de juin, juillet, août, septembre, et octobre. Les fréquences des jours
les plus humides (RH > 70%) représentent 76% de l’ensemble des jours de l’année pour 2006,
64% pour 2007 et 70% pour 2008 (Figure I.12). En général, dans le bassin hydrologique de
Souss-Massa, au littoral, l'humidité est importante par rapport aux autres régions à l’intérieur
du bassin. L’humidité relative moyenne à Agadir pour la période 1998-1999 est 75,6 % et
37,7 % à Tiznit. Par contre, à Taroudant (80 km à l'Est de la côte) l'humidité relative moyenne
décroît à 51,2 % (KHAIRI.F 2003).

25
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

Tableau I.5 : Description de l’humidité relative mensuelle dans la ville d’Agadir


Date RH% (2006) RH% (2007) RH% (2008)
Janvier 75,10 ± 10,71 68,87 ± 16,64 60,87 ± 16,87
Février 75,93 ± 11,42 57,04 ± 22,40 75,57 ± 13,92
Mars 74,71 ± 11,10 67,65 ± 13,03 60,90 ± 17.02
Avril 71,23 ± 13,21 47,80 ± 23,17 72,03 ± 6,55
Mai 73.48± 6,39 64,77 ± 10,53 62.90± 17,18
Juin 73,21 ± 3,88 72,90 ± 5,50 71,60 ± 4,38
Juillet 73,65 ± 8,11 74,81 ± 4,48 66,58 ± 17,72
Août 75,77 ± 5,42 73,68 ± 5,04 75,16 ± 7,34
Septembre 70,07 ± 10,72 73,77 ± 8,92 78,10 ± 3,64
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Octobre 72,84 ± 12,36 76,06 ± 8,16 68,71 ± 18,43


Novembre 64,93 ± 18,58 69,17 ± 13,90 70,47 ± 16,47
Décembre 64,50 ± 15,75 65,58 ± 11,62 71,52 ± 17,54
Moyenne 72,19 67,67 69,54
Maximum 75,93 76,05 78,10
Minimum 64,50 47,80 60,87
Ecart-type 3,86 8,23 5,71
Effectif 362 365 364

26
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.10 : Évolution de l’humidité relative mensuelle durant les trois dernières années
(2006-2007-2008) dans la ville d’Agadir.

27
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.11 : Fréquence de l’humidité relative (moyenne journalière) durant les années
2006, 2007 et 2008 dans la ville d’Agadir.

28
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

I.5.2.5 La vitesse et la direction du vent du bassin


Dans la ville d’Agadir, la direction et la vitesse du vent diurne présentent la même
évolution pour l’année 2007. Le vent à une direction comprise entre 200° et 270° avec des
vitesses qui ne dépassent pas en moyenne 4 m/s. Par contre durant la nuit ces deux paramètres
du vent ont une évolution différente avec des directions de 100° et 200° dont les vitesses
peuvent atteindre 2 m/s (Figure I.12).
On remarque durant cette année la dominance du vent de secteurs OSO et SSE (Figure
I.13). En général, la fréquence des directions des vents enregistrées à la station
météorologique d'Agadir, montrent l'importance des vents du secteur Ouest suivie des vents
Est, SO, SE et S (Figure I.13). Les autres directions ont des fréquences faibles par rapport aux
autres. Cette prédominance des vents d'Ouest à Agadir est due au fait que l'alizé maritime, de
direction NNW à NE, est dévié, à cet endroit, par l'Atlas. Le vent d'Est, appelé localement
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«Chergui », est généralement fréquent en automne, à la fin de l'hiver et au début du


printemps. Ce vent s'accompagne d'une élévation de la température et une diminution de
l'humidité relative de l'air. La rose des vents établie à partir des données montre que les vents
les plus violents sont du secteur WSW et ESE (vitesse > 5 m/s).

29
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.12 : Evolutions des vitesses et direction du vent durant l’année 2007.

30
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.13 : Caractéristique de la rose du vent diurne et nocturne durant l’année 2007 dans la
ville d’Agadir.

31
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

I.5.2.6 Le brouillard
Le brouillard est l’obstacle à la vue le plus courant et le plus persistant en ce qui a trait à
l’aviation. Nuage dont la base est au sol, le brouillard peut être formé de gouttelettes d’eau, de
gouttelettes d’eau surfondue, de cristaux de glace ou d’un mélange de gouttelettes d’eau
surfondue et de cristaux de glace.
A Agadir, les années 2006, 2007 et 2008 sont caractérisées par un nombre élevé de jours
de brouillard (37, 34 et 26 jours respectivement). On trouve des brouillards durant tous les
mois de l’année à l’exception de juin et décembre pour 2006, d’avril, mai et juin pour 2007 et
avril mai juillet pour 2008 (Figure I.14). Ces phénomènes traduisent une humidité relative
toujours élevée au littoral particulièrement en été. Elle est d'importance capitale notamment
sur le couvert végétal d'autant plus que les précipitations sont minimes et irrégulières.
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32
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc
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Figure I.14 : Nombre de jours de brouillard dans le bassin hydrologique de Sous-Massa


(Agadir).

33
Chapitre 1 : Ressource en eau et climat au Maroc

I.6 Conclusion
Les conditions climatiques citées précédemment pour le Maroc et essentiellement pour
le bassin hydrologique de Souss-Massa ont une grande influence sur le régime des
écoulements superficiels. Ceci peut être expliqué par la répartition irrégulière des ressources
en eau dans le temps et dans l’espace. Ce sont surtout les précipitations qui constituent le
facteur essentiel de cette répartition hydrologique des cours d’eau et de l’alimentation des
nappes souterraines.
Aujourd’hui plus que par le passé, la question de l’eau se pose avec acuité. Cette
inquiétude est due à la fois à la succession des années de sécheresse dans la majorité des
régions du pays et aux comportements non maîtrisés des usagers. Ainsi, l’eau représente un
défi majeur pour le développement économique dans une région comme le bassin
hydrologique de Souss-Massa où il y a une forte augmentation de la consommation de l’eau
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due au développement explosif de l’agriculture, notamment depuis les années 70. De ce fait, il
en découle une forte dépendance de l’agriculture de la disponibilité des eaux souterraines.
Vient ainsi une surexploitation des nappes phréatiques au delà des capacités de recharge avec
par conséquent un abaissement du niveau piézométrique (environ 2 m/an) et un assèchement
des puits moins profonds. La situation de l’eau dans le Souss-Massa est devenue très
critique avec le phénomène de sécheresse qui sévit périodiquement dans cette région rendant
la région vulnérable aux problèmes de pénurie d’eau.
Dans le cadre de cette thèse, nous proposons de nouvelles sources complémentaires à
partir de la condensation de l’air humide riche en gouttes d’eau. Le choix de cette région
s’explique par le fait qu’il existe de sérieuses menaces hydriques surtout dans le milieu rural.
En effet, notre objectif est d’évaluer le potentiel en vapeur d’eau atmosphérique récupérable
(rosée, brouillard et pluie) durant une année d’étude. C’est dans cet esprit que nous avons
décidé de réaliser une station de mesures de données météorologiques, des condenseurs de
collecte de rosée et des filets à brouillard dans une région au sud du bassin hydrologique de
Souss-Massa.

34
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

II.1 Introduction
Lorsqu'on cherche à déterminer la formation de la rosée sur des surfaces, en fonction de
leur milieu extérieur environnant, on ne peut faire abstraction des paramètres météorologiques
et des échanges énergétiques intervenant dans le changement de phase.
La condensation de la vapeur d’eau est un phénomène énergétique. En tenant compte de
la chaleur latente de condensation de l’eau de 2,5 kJ g-1 à 20°C (Beysens, 2006b), le
rendement maximum théorique qui peut être espéré par refroidissement radiatif est voisin de
0,8 L m-2 jour-1pour une puissance disponible de refroidissement de l’ordre de 60 à 100 W m-
2
. L’analyse de ce phénomène est donc indissociable des facteurs climatiques du milieu
extérieur. De même, les échanges d'énergie se traduisent en grande partie par les transferts
radiatifs de grandes et courtes longueurs d’ondes à l’interface entre la surface et l’air. Enfin,
l'ensemble de ces transferts ne peut être dissocié du milieu "fluide" c'est à dire l'air, au sein
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duquel ils s'effectuent et donc on ne peut ignorer les processus de l’écoulement de l’air à la
surface du condenseur.
Dans le cadre de l’étude que nous conduisons dans ce chapitre, seule la connaissance de
l’environnement climatique est nécessaire. Le but est de placer le phénomène de rosée dans
son contexte afin de comprendre son fonctionnement et ses interactions avec les différents
paramètres climatiques concerné. Nous nous focaliserons sur une approche physique du
climat afin de cerner précisément le processus de formation de la rosée et les facteurs
météorologiques entrant en jeu dans ce phénomène.
Nous décrivons également les moyens alternatifs aux méthodes classiques d’obtention
d’eau à partir de la condensation de la vapeur d’eau atmosphérique : rosée et brouillard. Nous
examinons la récupération du brouillard et étudions plus en détails comment la condensation
de la vapeur d’eau atmosphérique (phénomène de rosée) a pu être effectuée dans le passé et
pourquoi celle-ci peut être envisagée maintenant avec de meilleurs rendements.

35
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

II.2 Bases de données météorologiques


Les variables météorologiques intervenant dans le phénomène de condensation de la
vapeur d’eau atmosphérique sont connues ; humidité relative, température ambiante, vitesse et
direction du vent, nébulosité….En fait, elles découlent et induisent d’autres paramètres
climatiques. Ils sont très nombreux et il n’est pas nécessaire de procéder à une énumération
exhaustive des grandeurs physiques qui décrivent l’environnement climatique. Nous nous
concentrerons sur quelques uns de ces paramètres en les resituant le plus possible dans leur
contexte pour mieux cerner leurs influences dans le cadre du phénomène de la condensation
de l’humidité atmosphérique et la formation de la rosée. Nous introduirons donc, si
nécessaire ces variables à partir des lois physiques dans lesquelles ils se définissent.

II.2.1 L’humidité de l’air


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La vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère est obtenue par évaporation au niveau des
surfaces d’eau, ou par évapotranspiration des sols humides et du couvert végétal. Dans le cas
de l’air saturé, la vapeur d’eau se condense pour donner les nuages, la rosée ou les
précipitations. L’humidité de l’air peut s’exprimer de plusieurs manières : l’humidité absolue
(Ha) ou relative (HR).

II.2.1.1 L’humidité relative


L’humidité relative est définie par rapport à la pression atmosphérique, à la température
et à la quantité de vapeur d’eau présente dans l’atmosphère. Elle est exprimée en pourcentage
et égale au rapport entre la pression partielle de vapeur (pc) et la pression de vapeur saturante
à la même température (psat) (Malardel, 2005) :

HR=100*
pc 
 % (II.1)
 sat 
p

A chaque température, l’air humide correspond à une pression de vapeur saturante (psat).
La part en eau en excès dans l’atmosphère se transforme à partir de ce point sous forme de
liquide (Condensation) ou de glace (Solidification) en fonction de la température.
Quand la température (Ta) (ou la pression) de l'air s'accroît, psat augmente et la masse
d'eau que peut contenir 1 m3 d'air augmente aussi. Pour un air de température et HR données,
le diagramme psychométrique, qui représente la fraction massique d'eau dans l'air à
différentes températures et HR, permet de définir à quelle température l'air est saturé en eau.
Cette température est celle où la vapeur d'eau peut se condenser, c'est la température de rosée

36
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

(Td). Pour donner un exemple, la température de rosée d'un air à 20 °C et d'humidité relative
80 % est de 18 °C. La température de rosée tombe à 10 °C si la HR n'est que de 25 %.

II.2.1.2 L’humidité absolue


Elle est liée à la masse volumique de l’air (ρ) et du rapport de mélange entre le contenu
(massique) en vapeur d’eau et le contenu (massique) en air sec (X). Elle représente la masse
d’eau par unité de volume d’air (kg/m3) :

Ha = X (II.2)
(1− X )ρ

X peut s’obtenir à partir de la masse volumique de vapeur d’eau (ρv) et la masse


volumique de l’air sec (ρa):
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ρ
X= v
ρa (II.3)

Et ρ est fonction de pression de l’air (P) et de la température (Ta) :

ρ=
(P− pc )*(1+ X ) (II.4)
287,055*Ta

II.2.2 La température
II.2.2.1 La température ambiante (Ta)
En l’absence de perturbations au niveau du sol, les fluctuations de températures sont
plus rapides et relativement plus importantes que celles de la pression. Ces transformations
sont assimilées à des transformations isobares. C’est le cas du réchauffement matinal et du
refroidissement nocturne qui constitue l’évolution diurne normale de la température de l’air
dans les basses couches. Les transformations adiabatiques sont essentiellement des détentes
ou des compressions subies par des particules atmosphériques au cours de leurs mouvements
verticaux causés par les transferts thermiques entre le sol et l’air ou l’élévation de l’air
provoquée par le relief ou le vent. Alors l’air en ascendance va se refroidir, ce qui va le
rapprocher de son point de saturation, entraînant ainsi un changement de phase (Vapeur-
Liquide). L’évolution de l’air se fait donc en considérant des transformations adiabatiques
sèches et des transformations adiabatiques humides selon l’humidité de l’air. L’évolution
adiabatique de l’air par ascendance se fait d’après un gradient de 1°C/100m pour l’air non
saturé, et de 0.5°C/100m dans le cas contraire.

37
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

Dans notre système d’étude, la formation de rosée est influencée par la température
ambiante (Ta) mais aussi par d’autres grandeurs physiques importantes telles que la
température de rosée (Td) et la température de la surface du condenseur (Tc) représentative des
transferts conductifs et radiatifs de grandes longueurs d’ondes.

II.2.2.2 La température de rosée (Td)


C’est la température à laquelle la pression partielle de vapeur d’eau (pc) existant dans
l’air serait égale à la pression de vapeur saturante (psat). Une surface au contact de l’air
refroidie à cette température se couvre de rosée.

Td = f (Ta , RH ) (II.5)
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II.2.2.3 La température de surface du condenseur (Tc)


De nuit, de grandes surfaces telles que des toitures peuvent être refroidies de 1 à 10°C
en dessous de la température ambiante par dissipation d’une énergie radiative de l’ordre de 60
à 100 W m-2 par ciel clair (Berdahl, 1995 in Clus, 2007).
La température d’une surface résulte d'un équilibre entre l'énergie solaire qu'elle absorbe
et l'énergie qu'elle rayonne vers l'espace. À cause de sa température, une surface émet de
l'énergie mais elle en réfléchit aussi. L'énergie rayonnée et l'énergie réfléchie différent par leur
longueur d'onde : l'énergie réfléchie est de même nature que celle du Soleil (visible) et
l'énergie rayonnée est de nature infrarouge. Tc dépend aussi des transferts convectifs et
conductifs assurés par le vent.

II.2.3 Le vent
Le vent est lié à plusieurs facteurs tels que les forces de Coriolis, la distribution spatiale
de la pression atmosphérique, les phases alternantes de refroidissement nocturne et de
réchauffement diurne et de la topographie de l’environnement physique étudié. C'est en fait le
soleil qui est en grande partie responsable de ce phénomène. Il chauffe les mers et les
continents avec des rythmes différents. Une fois réchauffés, ces derniers chauffent à leur tour
les masses d'airs qui les surplombent. L'air se met en mouvement, car il augmente de volume
lorsqu'il est chauffé. Il devient plus léger et s'élève. Les vents d'alizés présentent un exemple
de ce phénomène à l'échelle terrestre, où des masses d'airs chauds s'élèvent de l'équateur pour
être remplacer par d'autres plus froides en provenance des pôles. Le vent sera donc décrit à
partir de sa vitesse et de sa direction.

38
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

II.2.4 La nébulosité
La fraction de la voûte céleste occultée en un lieu et à un instant donné par tout ou partie
des nuages est une grandeur mesurable, usuellement évaluée par l'observateur en octas qui
correspond à une fraction de 1/8ème de la voûte céleste. En l'absence de mention explicite, ce
terme équivaut à la nébulosité totale, qui s'applique à l'ensemble des nuages présents dans le
ciel au moment de l'évaluation. Des dénominations courantes de valeurs ou d'intervalles de
valeurs de la nébulosité totale sont associées, non sans une certaine confusion d'ailleurs, à la
description de l’état du ciel. Selon les critères les plus fréquemment adoptés, différents types
de ciel peuvent de ce point de vue être distingués en priorité:
* Le ciel clair est entièrement ou presque entièrement dégagé de nuages,
l'estimation de sa nébulosité étant inférieure à 1 octas
* Le ciel couvert est au contraire entièrement occulté par les nuages, l'estimation
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de sa nébulosité atteignant 8 octas ;


* Le ciel nuageux est un ciel dont plus d'une moitié est occulté par les nuages,
l'estimation de sa nébulosité dépassant 4 octas sans toutefois atteindre celle d'un ciel couvert.

II.3 Bases physiques entrant en jeux dans la condensation


Nous présentons dans cette partie de ce chapitre, les différents rayonnements naturels
d'origine, solaire, atmosphérique et tellurique intervenant dans le processus de condensation
naturelle.

II.3.1 Rayonnements naturels


Bien que distant d’environ 150 millions de km de la Terre, le Soleil nous délivre une
incroyable quantité d’énergie. Les rayonnements qui proviennent de cette source peuvent
interagir avec les différents milieux, qu’ils s’agissent de l’atmosphère ou de la surface de la
terre. Les différentes grandeurs et définitions liées au rayonnement sont décrites dans
l'Annexe A.

II.3.1.1 Les généralités


Le rayonnement correspond à un transfert d'énergie par des oscillations rapides des
champs électromagnétiques. Ces oscillations correspondent à des ondes qui ne nécessitent pas
de milieu matériel pour se déplacer. Dans le vide, les seuls échanges énergétiques possibles
sont les échanges par rayonnement. Ces rayonnements sont caractérisés par leur longueur
d'onde (λ) ou leur fréquence (ν = Cm/ λ où Cm est la vitesse de propagation de l'onde dans un

39
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

milieu donné). Toutes les ondes électromagnétiques se déplacent à la vitesse de la lumière,


soit C ≈ 3*108 m/s dans le vide et également dans l'air. Le domaine dans lequel peut varier la
longueur d'onde des ondes électromagnétiques est très vaste et correspond à ce que l'on
appelle le spectre du rayonnement électromagnétique (Figure II.1).
Le domaine du rayonnement visible (0,4 – 0,7 µm) auquel l'oeil humain est le plus
sensible est très étroit comparativement à l'ensemble du spectre. Il faut noter également que
les rayonnements émis par la majorité des sources (Soleil, Terre...) sont composés d'un
ensemble de longueurs d'ondes qui constituent leur spectre. La Figure II.2 décrit la variation
relative (normalisée par rapport à leur maximum) de l'émittance spectrale (définie dans
l'annexe A) et montre qu'une grande partie du flux d'énergie solaire se trouve dans le domaine
de longueur d'onde compris entre 0,3 et 3 µm alors que celui de la surface terrestre est
compris dans le domaine allant de 3 à 100 µm. Ces deux domaines sont appelés les domaines
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de courtes et grandes longueurs d'onde.


Le seul apport externe d'énergie pour le système constitué par la Terre et son
atmosphère est le rayonnement solaire. C'est grâce à cette énergie que la vie existe et se
maintient sur la planète.

Figure II.1 : Spectre du rayonnement électromagnétique (d'après Guyot, 1999)

40
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques
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Figure II.2 : Emittance du corps noir selon les longueurs d’onde du rayonnement solaire et du
rayonnement terrestre. L’axe de gauche représente le rayonnement solaire idéal extraterrestre
tel que reçu en haute atmosphère. L’axe de droite représente le rayonnement d’un corps noir à
température ambiante (288 K).

II.3.1.2 Le rayonnement solaire


Le rayonnement incident de courte longueur d'onde est généralement appelé
rayonnement global (RG en W/m2). Le terme global indique qu'il inclut une composante
solaire directe et une composante atmosphérique diffuse, représentant 10 à 25 % de RG pour
un ciel dégagé et jusqu'à 100 % pour un ciel complètement couvert. RG constitue un terme
prépondérant dans le bilan radiatif pendant la période diurne ce qui en fait une variable
climatique essentielle.
Seule une partie de ce rayonnement est absorbée par la surface, le reste étant réfléchi (Rg
ou аsRG en W/m2). Cette fraction réfléchie définit l'albédo de surface, аs, qui varie
principalement selon le type de surface (Tableau A.1, Annexe A) : il varie de 4% pour l'eau et
jusqu'à 90% pour la neige avec des valeurs intermédiaires dépendant du type de végétation
(forêt 10-15%, cultures 15-25%) ou du type de sol (10 à 35 %).

II.3.1.3 Le rayonnement atmosphérique


La surface de la Terre reçoit un flux de rayonnement infrarouge thermique de grande
longueur d'onde (souvent symbolisé par RA, Es ou Rl en W/m2) en provenance de
l'atmosphère. Il résulte des rayonnements émis essentiellement par les nuages, la vapeur d'eau,
le gaz carbonique. Les aérosols en suspension participent également à cette émission

41
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

thermique (Goody, 1964 ; Liou, 1980 ; Lenoble, 1993 in Guyot, 1999). Plusieurs formules
empiriques ont été proposées pour l’estimation du flux radiatif (Es) de grande longueur
d’ondes émis par le ciel à partir des paramètres météorologiques mesuré au sol.

II.3.1.4 Le rayonnement terrestre


On considère que la surface terrestre peut se comporter comme un corps noir à une
valeur de l'émissivité près, définissant ainsi le corps gris dont le maximum de l'émittance
spectrale se produit pour une longueur d'onde voisine de 10 µm (Figure II.2). L'émissivité des
surfaces naturelles varie assez largement mais reste toutefois au-dessous de 1 (Tableau A.1,
Annexe A). Le rayonnement terrestre (RT en W/m2) est presque totalement absorbé par
l'atmosphère sauf dans la fenêtre atmosphérique entre 8 et 14 µm, lorsque le ciel est clair. En
revanche, il suffit de nuages de quelques dizaines de mètres d'épaisseur pour absorber tout le
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rayonnement émis, et en renvoyer une partie vers le sol, empêchant ensuite le refroidissement
de la surface.

II.3.1.5 Le rayonnement net


D'après les conventions proposées par l'Organisation Météorologique Mondiale (1990),
le rayonnement net, Rn qui correspond au bilan de l'ensemble des échanges de rayonnement
de courtes et grandes longueurs d'onde au niveau de la surface du sol peut s'écrire sous la
forme suivante :

( )
Rn = RG − R g + (R A − RT ) (W/m2) (II.6)

Les gains d'énergie pour la surface terrestre proviennent de l'absorption d'une partie du
rayonnement global et du rayonnement atmosphérique, alors que les pertes (Figure II.3)
correspondent aux fractions réfléchies des rayonnements, global (asRG) et atmosphérique
(ρsRA) et au rayonnement terrestre, fonction de la température radiative (Norman et Becker,
1995).

42
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques
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Figure II.3 : Échanges radiatifs simplifiés dans l'ensemble Soleil-surface terrestre-atmosphère.


D'après la figure II.3, le rayonnement net s'exprime sous la forme :

Rn = (1 − a s )RG + (1 − ρ s )R A − ε sσ (Tsol 4 − Tciel 4 ) (II.7)

Où as, ρs, εs, Tsol et Tciel sont respectivement l'albédo, le coefficient de réflexion thermique,
l'émissivité de surface, la température de surface du sol et la température du ciel.

II.3.2 Échange de flux entre la surface et l’atmosphère


II.3.2.1 Le bilan d’énergie
Le bilan énergétique d'un système est représenté comme la somme des flux énergétiques
qu'il échange avec son environnement. Ainsi à tout instant, on peut écrire que le bilan
d'énergie d'un corps est égal à sa variation d'énergie interne. Si l'on considère une surface (sol
ou surface du condenseur) horizontale, l'équation suivante sera donc toujours vérifiée :

Rn = H + LE + Go (II.8)

Rn représente le rayonnement net, H le flux de chaleur sensible, LE le flux de chaleur


latente et Go le flux de conduction dans le sol. La convention de signe adoptée pour l'écriture
de cette équation consiste à considérer les flux positifs lorsqu'ils sont dirigés de la surface vers
l'atmosphère.

43
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

La Figure II.4 représente schématiquement et de façon la plus générale les bilans


d'énergie de jour et de nuit. De jour, les apports énergétiques correspondent au rayonnement
net. Les pertes d'énergie sont dues au flux de chaleur latente dans l'air (évapotranspiration), au
flux convectif de chaleur (chaleur sensible) et au flux de chaleur par conduction dans le sol.
De nuit les pertes de chaleur sont principalement dues au rayonnement net qui est alors
négatif. Les apports énergétiques correspondent au flux convectif de chaleur dans l'air (qui est
plus chaud que la surface du sol), au flux de chaleur latente si de l'eau se condense (rosée) et
au flux de chaleur par conduction dans le sol, dont les couches profondes sont plus chaudes
que la surface.
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Figure II.4 : Représentation schématique des bilans d'énergie de jour et de nuit au niveau de la
surface (D'après Guyot, 1999). Les flèches indiquent le sens des flux et leur longueur
l'importance relative de chaque composante.

II.3.2.2 Le cycle de l’eau


Un système, quel qu'il soit, possède de l'énergie et cette énergie peut varier à la suite
d'échanges entre deux systèmes, ou entre un système et l'extérieur. Les formes d'échanges de
l'énergie sont la chaleur et le travail. Dans le système océan-atmosphère, l’énergie solaire
évapore de l’eau et la vapeur d’eau ainsi formée acquiert de l’énergie potentielle en s’élevant
dans l’atmosphère. Dans l’atmosphère, cette vapeur va restituer de la chaleur par

44
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

condensation et du travail par libération d’énergie potentielle lors des précipitations. Après
avoir défini les principaux réservoirs d’eau sur Terre, nous pourrons définir les modalités de
transfert qui les caractérisent. On estime à environ 1,4. 1015 m3 la quantité d'eau à la surface
de la Terre, dont 97 % dans les océans et 2 % environ dans les calottes glaciaires et les
glaciers. Elle est présentée dans quatre réservoirs de taille inégale ; le premier (gigantesques)
regroupe les eaux océaniques, le second, plus de trente fois moins important, représente les
eaux continentales et les deux derniers (infimes) concernent l’atmosphère (Figure II.5).
Les transferts entre ces réservoirs sont réalisés par l’évaporation, les précipitations et
l’advection. Ainsi, le transfert de l’océan vers l’atmosphère marine est assuré par
l’évaporation de 434.1015 kg d’eau chaque année. Un flux de retour moindre, de l’atmosphère
marine vers l’océan, de 398.1015 kg d’eau met en évidence un déficit qui est compensé par
l’apport des fleuves et des rivières (36.1015 kg d’eau). De façon globale, il pleut moins sur les
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océans qu’il n’y a d’eau qui s’y évapore et il pleut plus sur les continents qu’il n’y a d’eau qui
s’y évapore. L’équilibrage du cycle est assuré par l’advection atmosphérique et le transfert
des fleuves et rivières vers l’océan mondial.
En analysant ce cycle nous voyons que les flux d’entrée dans un réservoir compensent
les flux de sortie : le cycle de l’eau est un système dynamique en état stationnaire. Mais le
temps de séjour d’une molécule d’eau dans un réservoir est variable. Le temps moyen de
résidence en années (tmra) est donné par la formule :

tmra = taille du réservoir/ flux d'entrée (ou de sortie) (II.9)

Ainsi, une molécule d’eau séjourne 3041 ans (1320000/434) dans les océans et
seulement 9 jours (11/434) dans le réservoir de l’atmosphère marine. Cette variabilité du
temps de résidence joue un rôle fondamental lorsque l’on associe à la molécule d’H2O des
éléments chimiques ou des gaz dissous (CO2 par exemple).

45
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques
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Figure II.5 : Le cycle d’eau (d’après BERNER et BERNER, 1996 et CHAHINE, 1992).

II.4 La formation de la rosée


Au cours de la nuit, sous un ciel clair que n'agite aucune perturbation sensible, le sol se
refroidit par rayonnement infrarouge et transmet ce refroidissement aux couches d’air sus-
jacentes, dont la température s'abaisse alors peu à peu. A des altitudes très faibles, l'évolution
de ces couches d'air peut être considérée comme s'effectuant à une pression atmosphérique
constante, qui est la pression au sol P, la quantité de vapeur d’eau contenue dans l'air reste
elle aussi presque constante, et il en va de même pour la pression partielle pc de cette vapeur
d'eau.
La quantité d'eau dans l'atmosphère peut être obtenue à partir de sa pression partiellle pc
au sein de la masse d'air. À température (et pression) donnée, la pression partielle ne peut
excéder une valeur maximale sans qu'il n'y ait condensation, c'est la pression de saturation
psat. Quand la température (ou la pression) de l'air s'accroît, psat augmente et la masse d'eau
que peut contenir 1 m3 d'air augmente aussi. Pour un air de température et HR données, le
diagramme psychométrique, qui représente la fraction massique d'eau dans l'air à différentes
températures et HR, permet de définir à quelle température l'air est saturé en eau. Cette
température est celle où la vapeur d'eau peut se condenser, c'est la température de rosée. Pour
donner un exemple, la température de rosée d'un air à 20 °C et d'humidité relative 80 % est de
18 °C. La température de rosée tombe à 10 °C si la HR n'est que de 25 %.

46
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

II.4.1 Le refroidissement radiatif


De par les aléas de son bilan radiatif, la surface d'un objet peut s'être suffisamment
refroidie pour provoquer la condensation directe de la vapeur d’eau contenue dans l’aire
ambiant ; il s'y forme alors un dépôt d’eu (en général sous forme de gouttelettes), la rosée.
Elle se dépose habituellement durant la nuit, par ciel clair et vent calme, sur des objets
proches du sol et refroidis par le rayonnement nocturne, elle peut apparaître aussi sous forme
de buée lorsque, en absence de rayonnement nocturne, un air chaud et humide rencontre un
objet froid.
Le refroidissement radiatif s’appréhende très simplement comme le bilan des énergies
émises et reçues par un corps. Ce corps reçoit le rayonnement solaire des courtes longueurs
d’onde (994,4 Wm-2) ainsi que le rayonnement atmosphérique des grandes longueurs d’onde
(295,6 Wm-2) (Figure II.2). Le même corps peut émettre par rayonnement IR, un maximum
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d’énergie équivalent à celle émise par un corps noir de même température. Si l’énergie émise
est supérieure à l’énergie absorbée, il y a refroidissement radiatif.
L’énergie radiative globale reçue au niveau du sol de jour représente 1290 Wm-2
(somme des rayonnements UV, VIS, PIR, MIR et LIR). Le rayonnement solaire qui se
décompose en rayonnements UV, Visible et Proche IR représentant respectivement 2,5 % ;
41,4 % et 33,2 % du rayonnement global. De jour (pour une température ambiante de 15°C),
l’émission IR du ciel (Moyen et Lointain IR) représente 22,9 % de l’énergie totale reçue avec
295,6 W m-2. De nuit, ce même rayonnement représente 100 % de l’énergie reçue.
A une température de 15 °C, un corps noir émet 388,3 Wm-2. Face au ciel et pour une
atmosphère standard à 15 °C, ce corps noir dissipera une puissance proche de 93 Wm-2 par
rayonnement IR. Cette dissipation lui permet de se refroidir sensiblement sans apport
d’énergie ; il s’agit du refroidissement radiatif. Le même corps noir porté de jour à 25°C par
le rayonnement solaire émet 445,4 Wm-2. Pour Ta = 15 °C il dissipera alors près de 150 Wm-2
en IR (Figure II.2).
Différentes applications mettant en oeuvre ce principe sont étudiées. En certains lieux
arides ou en déficit hydrique, de nombreuses études sont menées afin de quantifier la quantité
de vapeur d’eau atmosphérique condensable et récupérable sur de telles surfaces froides
(Nilsson, 1994, 1996 ; Muselli et al., 2002, 2006a; Beysens et al., 2003, 2005a, 2007ab;
Berkowicz et al., 2004 ; Sharan et al. 2007).

II.4.2 La condensation de la vapeur d’eau

47
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

De l’eau circule constamment entre les réservoirs qui forment l’hydrosphère ; elle quitte
la surface des océans, des lacs, du sol ou de la végétation qui transpire, pour se retrouver dans
l’atmosphère où son séjour est bref, en moyen d’une dizaine de jours contre des milliers
d’années pour les océans. Cette eau atmosphérique se déplace d’une zone à l’autre sous forme
de vapeur, elle retourne au sol sous formes de précipitation, de brouillard et de rosée. La
quantité de l’eau dans l’air est estimée à 2 900 km3 d'eau douce, dont 98 % d'eau-vapeur et 2
% sous forme de nuages, un chiffre comparable aux ressources en eau liquide renouvelables
sur les terres habitées (12 500 km3). L’épaisseur moyenne est 2 à 3 cm, ce que correspond à 9
jours de pluie et un renouvellement d’eau atmosphérique 40 fois par année (Hufty, 2001). La
répartition spatiale de la vapeur d’eau est irrégulière et elle est liée à la température.
La rosée est le résultat d’une transition de phase dans lequel la vapeur d'eau est
transformée en liquide quand elle entre en contact avec une surface. La condition
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fondamentale pour la formation de rosée est que la température de la surface sur laquelle la
condensation a lieu soit inférieure ou égale à celle du point de rosée. Or, la condensation de la
vapeur sur une paroi refroidie donne naissance à deux types de phénomènes qui se
caractérisent par l’aspect visuel du condensat formé (Figure II.6). Dans le premier cas le
condensat recouvre la surface sous la forme d’un film continu et on parle de condensation en
film (Guyer et al., 1999). Dans le second cas les gouttelettes liquides se forment sur la surface
et on parle de condensation en gouttes. Les gouttelettes de rosée s'organisent selon un ordre
particulier. A leur naissance sur une surface, elles sont de très petites tailles (quelques
millionièmes de millimètres). Elles grossissent peu à peu en agglomérant les molécules de
vapeur autour d'elles. En augmentant de taille, elles vont se toucher et fusionner. Ce
phénomène est qualifié de coalescence. Elles forment alors une nouvelle goutte, plus grosse,
de même forme, mais qui occupe moins de place que les gouttes avant fusion. Le support
reste ainsi sec sur presque la moitié de sa surface (Beysens, 1995).
Lors de la condensation, les gouttelettes venant de la phase vapeur entrent en contacte
avec la surface du condenseur. Le taux du nucléation dépend des propriétés de mouillabilité
de la surface, et plus spécifiquement, de la zone de contact entre la goutte et la surface (Figure
II.7). L’angle de contact θ est nul, lorsque l’eau forme un film, et maximal (180°) pour une
goutte de liquide qui ne mouille pas la surface (séchage complet), cette croissance laisse sèche
une partie importante du support (45 % idéalement) (Zhao et al, 1995 ; Beysens, 1995, 2006b)

48
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques
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Figure II.6 : Les types de condensation de la vapeur d’eau au contact d’une paroi dont Tc<Td.
Chaque colonne représente les modèles observés à quatre emplacements différents selon
l’angle de contact (Zhao et al, 1995).

Figure II.7 : Différents contacts entre la gouttelette de vapeur d’eau condensée et la surface
dont Tc<Td. (a) : Liquide mouillant parfaitement le solide avec θ = 0. (b) : Liquide mouillant
partiellement le solide, angle de contact θ < π/2. (c) : Liquide ne mouillant pas le solide, angle

de contact θ > π/2.

49
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

II.4.3 Transferts thermiques au niveau du condenseur


Les paramètres climatiques liés à la condensation de l’aire humide permettent de définir
les effets des différents transferts d’énergie entre la surface du condenseur et l’air. La
température d'un substrat dépend de plusieurs facteurs. Les échanges de chaleur peuvent se
faire par conduction, avec le sol ou par convection avec l'atmosphère elle-même, ou enfin par
radiation. Il faut aussi considérer le processus de condensation lui-même, qui s'accompagne
d'une production de chaleur latente, chaleur qui fait augmenter la température du substrat. Les
phénomènes radiatifs sont de grandes ou de courtes longueurs d’ondes. Le flux radiatifs de
grandes longueurs d’ondes sont émit par l’atmosphère (Rl) ou par la surface du condenseur
(Rc). Le rayonnement atmosphérique peut être abordé par le biais des grandeurs physiques
telles que l’émissivité (εs) et la température du ciel (Ts). Le rayonnement infrarouge de la
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surface sera caractérisé par la température (Tc) et l’émissivité (εc) de cette surface.
Les échanges radiatifs ont, pour simplifier, deux actions antagonistes : chauffage, par le
rayonnement solaire, et refroidissement, principalement dans le domaine infrarouge. Le jour,
le chauffage l'emporte sur le refroidissement. La nuit, c'est le contraire, le substrat se refroidit.
Bien évidemment, les gaz à effet de serre présents dans l'atmosphère limitent le
refroidissement infrarouge. Le refroidissement peut même s'annuler quand la couverture
nuageuse est dense.
Dans le cadre des transferts thermiques, nous exposerons les transferts thermiques
relatifs à la surface du condenseur. La surface du système que nous étudions est sollicitée par
les paramètres climatiques liés à des composantes énergétiques et aérauliques (Figure II.8).
Les échanges mis en jeu sont de plusieurs types :
* Les transferts radiatifs de grandes et courtes longueurs d’ondes à l’interface
entre la surface et la voûte céleste nocturne, conduisant à un abaissement de température
(Echange radiatifs Ri).
* Les échanges de chaleur par convection, incluant la diffusion thermique à
travers le fluide en contact immédiat avec la surface du condenseur, ce qui entraîne une
élévation de la température (Tc). Le refroidissement radiatif de la surface est à l’origine du
phénomène de convection libre par l’augmentation de la densité de l’air au contact de la
surface froide (Echange convectif Rhe).
* La condensation de la vapeur d’eau sur la surface du condenseur
correspondant à une puissance reçue positive due à la chaleur latente de condensation dégagée

50
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

au cours du transfert de matière (égale au signe près à la chaleur latente de vaporisation de


l’eau d’environ 2,5 kJ g-1 à 20°C ; Beysens, 2006b) (condensation Rcond).
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Figure II.8 : Les différents éléments climatiques et radiatifs qui influencent la condensation de
la vapeur d’eau atmosphérique sur la surface du condenseur.

II.4.3.1 Modèle d’estimation de la rosée


De nombreux modèles décrivent les transferts simultanés de chaleur et matière le long
d’une interface fluide / solide. Les modèles les plus utilisés pour la condensation de vapeur
d’eau atmosphérique sont ceux de Monteith and Unsworth, 1990; Nilsson, 1994 ; Nikolayev
et al., 1996 ; Awanou and Hazoume, 1997; Nikolayev et al., 2001 ; Wahlren, 2001 ; Jacobs et
al., 2004 ; Gandhidasan and Abualhamayel, 2005 ou encore la simulation de machines
thermiques par Computationnal Fluid Dynamic « CFD » (Liu et al., 2004 ; D’Agaro et al.,
2006, Clus et al., 2009). Pour l’ensemble de ces auteurs, la modélisation se fonde sur le
principe de continuité des conditions aux limites (soit à la surface du condenseur) en régime
permanent. La conservation de la masse est respectée et le transfert de masse est déterminé à
partir du bilan thermique global, tel que l’ensemble des flux de chaleur soit nul (Nikolayev et
al., 1996 ) :

51
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

 dTc (MC + m C ) = R + R + R
 dt  c c w i he cond (II.10)

Tc : température de surface du condenseur (°C, K).


M (= ρeSc) : masse du condenseur (g) (Tableau II.1).
ρ : densité du foil (kg m-3)
e : épaisseur du condenseur
Sc : surface du condenseur (m2)
mc : masse d’eau (g, kg) en surface du condenseur en régime stationnaire.
Cc ; Cw : capacité calorifique du substrat de condensation et de l’eau (J kg-1 K-1) .
Ri : transfert radiatif (W).
Rhe : transfert de chaleur (W) convectif et diffusif (condenseur - air).
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Rcond : transfert de chaleur (W) due à la chaleur latente de condensation λc (J/g ou kg).
Le bilan radiatif (Ri) au niveau du condenseur peut être obtenu par la relation suivante :

Ri = Rl − Rc (II.11)

Rc est le flux de rayonnement émis par le condenseur, il peut être calculé par la formule
suivante :

Rc = S cε cσ (Tc + 273)4 (II.12)

Où σ représente la Constante de Stephan-Boltzmann (5,670 x 10-8 W m-2 K-4) et εc est


l’émissivité du condenseur (Tableau II.1).
Rl est le flux de rayonnement infrarouge thermique de grande longueur d'onde émis par
l’atmosphère. Il est donné par la relation suivante (Pedro et Gillespie, 1982 et Campbell,
1977) :

Rl = S cε cε sσ (Tc + 273)4 (II.13)

Où Sc représente la surface du condenseur et εs est l’émissivité du ciel qui dépend de la


température ambiante Ta et de la nébulosité N (Pedro et Gillespie (1982) cité par Muselli et al,
2006a).

52
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

ε s=ε s0+(N8 )1−ε s0− 8(Ta +273) (II.14)

Avec :

ε s0=0,72+0,005Ta (II.15)

Le transfert de chaleur Rcond due à la chaleur latente de condensation est déterminé par la
relation ci-dessous :

(
Rcond = L dm ) (II.16)
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dt

Le transfert de chaleur convectif (Rhe) est évalué par l’équation suivante :

Rhe = S c hc (Tc − Ta ) (II.17)

Le coefficient de transfert thermique hc (W/m²K) dépend de nombreux paramètres qui


peuvent être, la géométrie du système et la vitesse du vent. Il est défini tel que:

1
hc = kf V( D) 2
(II.18)

Où f est un facteur empirique égal à 4WK-1m-2s1/2 pour un plan incliné, selon Pedro et
Gillespie, 1982 (cité par Muselli et al., 2006a), D = (Sc)1/2 est la dimension du condenseur et k
est un coefficients de correction d’ordre 1 qui tient compte des mesures effectuées sur les
condenseurs en environnement extérieur (Muselli et al., 2006a) et de leurs géométries.

La variation de masse d’eau condensée sur la surface du condenseur s’exprime selon


l’équation suivante :

dm = Sc λm [ psat (Td ) − pc (Tc )] (II.19)


dt

si pc (Tc) < psat (Td), sinon dm/dt = 0.

53
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

Ici psat (Td) est la pression de vapeur saturante à la température Td, pc (Tc) est la pression
partielle de vapeur sur le condenseur et αm est le coefficient de transfert massique, elle
s’exprime ici en fonction du coefficient de transfert thermique hc (Muselli et al., 2006a) :

hc g f
αm =0,665 (II.20)
paca

avec gf est un coefficient de correction d’ordre 1 dépendant de l’architecture du condenseur,


pa est la pression atmosphérique (Pa) et ca est la chaleur spécifique de l’air (kcal kg-1 K-1).

II.5 La rosée, source d’eau potable


II.5.1 Les condenseurs de rosée
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Dans l’atmosphère, l’air se refroidit et il peut atteindre la température du "point de


rosée". Par exemple, avec un air à 20° et d'humidité relative de 50%, la température de rosée
est de 10°C (Figure II.9). A partir de ce seuil, l'eau en surplus condense et se retrouve sous
forme liquide. Ainsi, la rosée se dépose sur la surface du condenseur dès que sa température
est inférieure de quelques degrés à celle de la température de rosée de l'air ambiant durant la
nuit. Alors, la rosée est soumise aux contraintes de coïncidences climatiques et géographiques
et elle ne se forme pas toujours et n'importe où, mais il suffit que l'air soit tant soit peu humide
et que le ciel soit raisonnablement dégagé pour que la rosée ait des conditions favorables pour
se former. Beaucoup de pays chauds souffrent de l'absence d'eau. Pourtant, son taux en vapeur
d’eau dans l'atmosphère y est parfois considérable, elle pourrait devenir une ressource en eau
potable pour de nombreuses régions du monde. Même les pays les plus chauds possèdent de
l'eau dans leur atmosphère. Par exemple, dans le Sahel, il ne pleut pratiquement jamais durant
l'année, tandis que l'humidité absolue dans la couche inférieure de l'atmosphère peut atteindre
une vingtaine de grammes par mètre cube grâce aux vents de mousson (Beysens et al., 2000).
Les techniques se développent ainsi pour récupérer l'eau contenue dans l'air sous forme de
vapeur. Il « suffit » que la température d'un substrat descende en dessous de la température de
rosée, température où, comme expliqué plus haut, la vapeur d'eau est sursaturée et se
transforme en eau liquide.
On peut ainsi distinguer deux grandes catégories de condenseurs de rosée :

* les « massifs » : de grande chaleur spécifique pour maintenir leur température la


plus constante possible malgré l'apport de chaleur latente de condensation.

54
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

* les « radiatifs » : légers et thermiquement isolés, où l'énergie de refroidissement


radiatif ne sert idéalement qu'à compenser l'apport de chaleur latente.

Dans les temps anciens, il semble que des condenseurs d'eau atmosphérique aient existé.
Ils sont connus et inconnus en même temps : connus par le biais de multiples légendes,
histoires, récit. Inconnus, car, à l'heure actuelle, nous n'avons que peu de documents
confirmant la véracité de ces faits.
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Figure II.9 : Diagramme de l'air humide. Par exemple, avec un air à 20° et d'humidité relative
de 50%, la température de rosée est de 10°C.

II.5.1.1 Les condenseurs aériens massifs


L’exploitation de l’eau issue de la condensation de la vapeur atmosphérique est une
ancienne technologie qui a été redécouverte dans les temps modernes. Il existe plusieurs
témoignages, qui nous parlent de rosée captée de façon artificielle. Par exemple, entre juillet
1930 et fin 1931, l'inventeur belge Achille Knapen (lauréat de la Société des Ingénieurs de
France) a construit à Trans-en-Provence en France une tour massive qui abrite en son centre
un « puits aérien » haut de neuf mètres et d'un mètre de diamètre (Knapen, 1929) (Figure
II.10). 18 mois d’effort, qui ne porteront pas leurs fruits. La structure n'a pas donné de bons
résultats. Les meilleures nuits, Knapen ne récolta que la valeur d'un seau.
Knapen a été inspiré par les travaux de Léon Chaptal, Directeur de la station de
physique et de bioclimatologie agricoles de Montpellier, qui a construit près de Montpellier
en 1929 une pyramide haute de deux mètres et demi et large de trois mètres (Chaptal, 1932).

55
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

En 1930, la structure avait recueilli environ 100 litres au cours des six mois les plus chauds
(Avril – Septembre) mais seulement la moitié de cette quantité en 1931, la période où les
conditions étaient moins favorables. L'idée lui était venue suite aux résultats encourageants de
l'expérience audacieuse d'un ingénieur russe, Friedrich Zibold. En 1900, dans la région de
Crimée (Ukraine), alors qu'il était engagé dans les travaux de déforestation, Zibold découvrit
de grands tas coniques de pierres, d'environ 600 m3 de volume. Dans la plupart des cas, des
restes de tuyaux en terre cuite entouraient ces tumuli. Zibold en fit la conclusion, qui s'avéra
fausse par la suite (Beysens, 1996a, 1996b), mais qui donna naissance à une construction
étonnante, que ces tas de pierres étaient des condenseurs de rosée. Il décida que les tumuli
trouvés servaient à alimenter en eau potable l'ancienne Féodosia.
Pour vérifier son hypothèse, Zibold entreprit deux œuvres remarquables. D'abord, en
1906, il écrivit un ouvrage expliquant les possibilités de condensation de l'eau à partir de
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l'atmosphère : Rosée souterraine et nouvelle théorie de la naissance de l'eau de source du sol


(Milimouk et al., 1995). Puis, il construisit (Figure II.11) un condenseur fonctionnant sur des
principes qu'il pensait identiques à ceux des anciens condenseurs. Pour cette expérience,
Zibold choisit un endroit sur le sommet Tépé-Oba, près de Féodosia, à 288 m d'atitude. Il bâtit
un condenseur en pierres en forme de coupe de 1,15 m de profondeur et de 20 m de diamètre.
La coupe fut remplie de galets de 10 à 40 cm de diamètre, entassés en forme de cône tronqué
de 6 m de hauteur et de 8 m de diamètre au sommet. Le condenseur commença à fonctionner
en 1912, et donna jusqu'à 360 litres d'eau par jour. Les expériences durent cesser en 1915 par
suite de fuites dans le socle. Suite à ces expériences, Zibold fait figure de pionnier en ayant
construit un condenseur atmosphérique. Celui-ci, semble-t-il, a été le seul au monde à avoir
un rendement non négligeable.
Les faibles quantités d’eaux collectées par ces condenseurs massifs s’expliquent par les
caractéristiques des matériaux utilisés à l’époque. Des études menées au sein de notre équipe,
qui tiennent compte des différents échanges avec l'atmosphère (Nikolayev et al., 1996)
montrent que les grandes masses calorifiques qui caractérisent ces collecteurs ne permettaient
pas de refroidissement nécessaire pour un bon rendement. Le rendement est moins important
lorsque le rapport masse/surface s'élève. C'est le cas des condenseurs massifs du type Chaptal
ou Knapen. Les bons résultats du condenseur de Zibold s’expliquent par le fait que sa
structure en empilement de galets autorisait un refroidissement radiatif sur les couches
externes, et que cet empilement ne permettait que de faibles contacts thermiques entre galets.
Le rapport surface/masse de condensation se trouvait ainsi être relativement important.

56
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques
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Figure II.10 : Le condenseur de A. Knapen à Trans-en-Provence (France) dans son état actuel
(photo : D. Beysens).

Figure II.11 : Le condenseur (maquette de reconstitution) de Zibold à Féodosia (Crimée,


Ukraine) (photo D. Vinçon).

57
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

II.5.1.2 Les condenseurs aériens radiatifs


La surface de certains matériaux (matériau réfléchissant pour la lumière solaire,
absorbant pour l’infrarouge) peut atteindre des températures inférieures à celle de l’air
ambiant de plusieurs degrés (jusqu’à 8 à 10 °C). De tels matériaux existent sous forme de
films à base de polyéthylène ou sous forme de peintures à appliquer sur un support. Ces
matériaux permettent de dégager des puissances frigorifiques jusqu’à 100 W/m2, permettant
de refroidir des structures et de condenser l’humidité de l’air jusqu’à des rendements de 0,8
L/m2/nuit, suivant les conditions météorologiques ambiantes. Plusieurs recherches partout
dans le monde ont utilisé ces techniques pour l’irrigation des arbres ; en Israël, dans les
années 60, des condenseurs formés de feuilles en polyéthylène ont été utilisés pour l'irrigation
des plantes (Gindel, 1965) et aussi dans le Nouveau-Mexique (USA), des condenseurs en tôle
blanchie ont procuré l'apport d'eau nécessaire à des arbres (Hopman, 1978).
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Des recherches scientifiques pour construire un condenseur à haut niveau et bon marché
ont été élaboré (Beysens et al., 1998, Muselli et al., 2002). Depuis 1994 et après trois mois de
test d’un condenseur radiatif formé d'un plan incliné de 1,44 m2 avec un matériau rayonnant
peu cher, par Nilsson (1994), il s’agit d’un film de polyéthylène chargé en microbilles
d'oxydes de titane (Nilsson, 1996, Vargas et al., 1998). Les études se poursuivent sur
l'architecture de tels condenseurs radiatifs, le vent étant le plus grand ennemi, car il réchauffe
la surface de condensation. Des structures en cônes inversés, ont été expérimentées au Bénin
(Awanou, 1997) et récemment à Ajaccio en Corse (Clus, 2007) et aussi des condenseurs
d’1m2 inclinée avec un angle de 30° (Figure II.12.a, b). Le gisement quantitatif de rosée a été
expérimenté dans de nombreux sites, un « réseau » de mesure se regroupant pour l’essentiel
au sein de «l’OPUR» ou Organisation Pour l’Utilisation de la Rosée. En 1995 des expériences
ont eu lieu sur des plaques horizontales de petite surface (0,25 m2) condensant la rosée dans
deux sites en Tunisie. Le premier site se trouvait dans le désert (Tozeur) et l'autre en bordure
de mer (Hergla, à 20 km au nord de Sousse). Le travail à Tozeur s'est effectué à la station
météorologique de l'aéroport, ce qui a permis de bénéficier des facilités inhérentes à une
station : température de sol, vitesse du vent, nébulosité... À Hergla, l'expérience a eu lieu sur
une terrasse dégagée, à 10 m environ du sol. Ces expériences ont permis d'obtenir des
données quantitatives pour valider le modèle de dépôt de rosée (Nikolayev et al., 1996). Elles
ont aussi mis en évidence le rôle clé de l'architecture du condenseur dans l'utilisation du vent :
le vent apporte la vapeur d'eau nécessaire au fonctionnement du condenseur mais en même
temps le réchauffe et peut empêcher toute condensation. En 2006 des grandes surfaces ont été
aménagées pour la construction d’usines de rosée en Inde (Figure II.12.d) (Clus, 2007).

58
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques
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Figure II.12 : (b) Condenseurs d’1m2 inclinée avec un angle de 30° et des structures en cônes
inversés (c) ont été expérimentées à Ajaccio en Corse (Clus, 2007). (d) De grandes surfaces
ont été aménagées pour la construction des usines de rosée en Inde (Clus, 2007).

II.6. La formation du brouillard


Le brouillard, est défini comme étant une nappe d’hydrométéore constituée de
gouttelettes d’eau en suspension dans l’atmosphère. Il est parfois considéré comme un nuage
très bas dont la base atteint le sol. On distingue quatre types de brouillard : le brouillard de
rayonnement, le brouillard d’advection, le brouillard d’évaporation et le brouillard de
mélange.
 Le brouillard de rayonnement est d’origine thermique : en présence de
vent faible, et suite au rayonnement thermique de la terre, les plus basses couches de
l’atmosphère se refroidissent et par conséquent la pression saturante de l’air diminue ce qui
donne naissance aux gouttelettes d’eau. Ce type de brouillard se forme souvent au dessus des
surfaces continentales et se dissipe au cours de la journée, lorsque l’air se réchauffe.

59
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

 Le brouillard d’advection : il se forme lorsque l’air relativement chaud


et humide arrive sur une surface froide, ce dernier se refroidit par la base et provoque une
condensation partielle de la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère. Ce brouillard se forme
surtout sur mer.
 Le brouillard d’évaporation apparaît quand une masse d’air froid
surmonte une surface chaude (un étang ou un cours d’eau), l’air s’enrichit en humidité jusqu’à
saturation, et le supplément d’eau se condense pour donner naissance aux gouttelettes d’eau
formant le brouillard.
 Le dernier type de brouillard est le brouillard de mélange qui est le
résultat de deux masses d’air contrastées en température et en humidité, proches de la
saturation, une fois brassées conduisent un air saturé.
Par ailleurs, le phénomène du brouillard passe par 3 phases : après sa formation, vient sa
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maturation et sa dissipation. Lors de la phase maturation, la nappe du brouillard interagit avec


son environnement par :
* Le refroidissement radiatif au sommet du « brouillard »,
* La diffusion turbulente,
* La sédimentation des gouttelettes d’eau condensées.
Quant à la dissipation, elle apparaît en général quand le refroidissement au sommet du
nuage est interrompu par le lever du soleil par exemple, ou quand il y a réchauffement du sol
dû à la pénétration du rayonnement solaire qui provoque la dissipation par le bas du nuage.
La fréquence du phénomène brouillard est faible durant l’année et n'existe que dans
peu d'endroits, car il dépend de la conjonction de plusieurs conditions climatiques précises. Il
s’agit des régions couvertes par des brouillards côtiers ou de zones au-dessus de la mer de
nuages dans le cas d’îles océaniques. L’eau du brouillard est utilisée dans les aires
géographiques où la ressource hydrique est rare. Ainsi, pour extraire cette eau, il suffit de
ramasser les gouttelettes d'une façon mécanique. Aux îles Canaries, les arbres, dits « Arbres
Fontaines », remplissent naturellement ce rôle (Gioda et al., 1991, 1992). Au nord du Chili,
les premières expériences concluantes avec des filets furent entreprises dès les années 60 par
l'Université catholique du nord d'Antofagasta (Gioda et al., 1994).
Reprises par Schemenauer et ses collaborateurs (Schemenauer et al., 1991, 1992) à
plus grande échelle dans les années 80, elles ont abouti à la récupération d'eau potable pour
l'alimentation d'un petit village de pêcheurs. Cette ressource répond surtout aux besoins
domestiques mais est également utilisée pour les activités agricoles, pour l’élevage,
l’agroforesterie ou encore la foresterie. Pendant ses recherches, Schemenauer comptent 47

60
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

régions, dans 22 pays, où l’eau du brouillard est collectée par la végétation ou par des
capteurs artificiels (Pérou, République Dominicaine, Equateur, Guatemala, Mexique, Haïti,
Namibie, Sultanat d’Oman, Yémen, Iran, Cap Vert, Népal, Inde, Philippines ou encore
Hawaii).

II.6.1 Capteurs de brouillard


Les collecteurs de brouillard se composent des filets, généralement en polypropylène.
Ce sont de larges surfaces de plusieurs mètres carrés tendus, entre deux poteaux, à 2 m du sol,
là où le brouillard est le plus humide. Ils sont disposés verticalement et orientés dans le sens
de l’arrivée du brouillard. Au passage de la brume, des gouttelettes d’eau se forment sur les
mailles du filet. Elles tombent par gravité ensuite dans des gouttières qui alimentent un
réservoir (Figure II.13). Depuis 1987 ce procédé a permis la diminution des coûts
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d’approvisionnement en eau potable pour les zones rurales du désert côtier chilien (Cereceda,
1992, 1998, 2000). Au nord du pays, de tels filets permettent d'alimenter en eau un village de
pêcheurs. Malgré les années sèches, ces installations ont donné en moyenne 11 000 litres
d'eau par jour (Cereceda et al., 1998).
À Tenerife (Canaries), des unités fonctionnent depuis 1996 dans la région d’Anaga et à
Teno Rural Park. En Afrique du Sud, les longues périodes de sécheresse et de pénuries d’eau
ont conduit les autorités à concevoir des programmes de recherches sur l’eau du brouillard
pour l’approvisionnement des communautés rurales prioritaires. En 1995, la Water Research
Commission of South Africa établit plusieurs sites pilotes dans les régions montagneuses de
Tshanowa et de Woodbush mais également dans la région de Lepelfontein sur la plaine
côtière ouest. Dans cette zone aride (moins de 70 mm de pluie par an), les rivières pérennes
manquent et les problèmes de pollution des sources et des nappes phréatiques sont nombreux.
La mauvaise qualité de l’eau est corrélée à une forte mortalité chez les enfants (Olivier et al.,
2002).

61
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques
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Figure II.13 : Filet en polypropylène pour collecter l’eau du brouillard (Mirleft). Les
gouttelettes du brouillard sont piégées dans les mailles du filet.

62
Chapitre II : Données climatiques et analyse physiques

II.6 Conclusion
Dans ce deuxième chapitre, nous avons identifié le rôle que peut jouer la vapeur d’eau
atmosphérique dans l'étude de la production d’eau, les conditions climatiques favorables à la
condensation, les termes des échanges d'énergie à la surface des condenseurs et les techniques
utilisées par différents chercheurs pour la récupération de la rosée.
Contrairement à la récupération des brouillards par des filets, qui ne peut se faire que
dans certaines régions très humides et en altitude (comme au Chili ou sur les îles Canaries), la
formation de rosée peut être importante même en atmosphère relativement sèche, comme dans
les déserts continentaux. Il « suffit » que la température d'un substrat descende en dessous de
la température de rosée, température où, comme expliqué plus haut, la vapeur d'eau devient
sursaturée et se transforme en eau liquide. Beaucoup de pays chauds souffrent de l'absence
d'eau, pourtant, les quantités d’eau dans l'atmosphère sous forme de vapeur y sont parfois
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considérables.
Cependant, et bien que ces deux sources d’eau (rosée et brouillard) soient utilisées dans
différentes régions du monde où quantité et qualité d’eau se dégradent, leur étude combinée
au Maroc n'est encore qu'à son commencement. L'objectif de la thèse est d'utiliser
conjointement ces deux phénomènes naturels par l’installation d’une station au Sud Ouest du
pays dans le bassin hydrologique de Souss Massa (Mirleft) incluant des matériels nécessaires
afin de récupérer les variables météorologiques influençant la condensation de la vapeur
d’eau.
Dans le prochain chapitre, nous allons présenter les différentes méthodes de mesures à la
station de Mirleft des paramètres climatiques, influençant la récupération des précipitations
atmosphériques.

63
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

III.1 Introduction
L'expérience menée dans cette recherche a porté sur une étude de l'interaction entre le
phénomène de la condensation de la vapeur d’eau (rosée) et les paramètres climatiques
régnant dans la région sud ouest du Maroc (Mirleft). Le premier objectif était la
caractérisation des événements de rosée avec la prise en compte des processus
météorologiques de cette zone semi-aride. Le second objectif était de développer des
méthodes d’estimation de la rosée en utilisant ces variables, qui permettent le suivi des
processus de condensation à grande échelle.
La stratégie expérimentale a consisté à collecter la rosée sur quatre condenseurs orientés
vers les quatre directions cardinales (Nord, Sud, Est et Ouest) et suivre son évolution durant
une année, depuis le 1 mai 2007 au 31 avril 2008. Ce suivi a comporté des observations
météorologiques (la température ambiante et de rosée, l’humidité relative, la vitesse et
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direction du vent, la couverture nuageuse, les événements de brouillard) à partir d’une station
météorologique (Vantage pro II) de la marque DAVIS INSTRUMENTS. Les données sont
recueillies toutes les 1/4 heures et stockées sur une base d'acquisition (Weatherlink)
téléchargée toutes les quatre semaines à partir d’un ordinateur portable. L’alimentation
électrique, nécessaire au fonctionnement de la station météo, est fournie par un panneau
solaire couplé à une batterie.
Une étude sur la chimie et la bactériologie de la rosée a été aussi effectuée afin de
déterminer la qualité de l’eau et de l’atmosphère où elle s’est formée. La comparaison entre
l’eau de rosée et de pluie nous a donné une idée sur l'influence possible du substrat de
condensation et de la contribution potentielle des aérosols atmosphériques. La conductivité
électrique EC et le pH ont été mesurés immédiatement à la fin de chaque prélèvement. Les
anions majeurs (Cl-, NO32- et SO42-) et les cations majeurs (K+, Mg2+, Na+ et Ca2+) ont été
analysés par spectrométrie d’émission atomique au centre national pour la recherche
scientifique et technique (CNRST).
Ce chapitre est consacré à la présentation des outils d’analyse qui nous ont été utiles
dans le cadre de la caractérisation et de la modélisation du phénomène de la rosée et les
données météorologiques. Nos démarches de caractérisation feront appel à des techniques
statistiques telles que, par exemple l’analyse en composante principale (ACP) ou la
classification hiérarchique ascendante. Les outils de modélisation couvrent un large spectre
allant de la recherche de fonction de corrélations linéaires à l’utilisation de modèles de type
"boîte noire" tels que les réseaux de neurones.

64
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

III.2 Les méthodes de mesures


III.2.1 Le condenseur standard
Le standard adopté par l’ensemble des chercheurs fédérés au sein de l’International
Organization for Dew Utilisation « OPUR » pour évaluer le gisement de rosée est une mesure
matinale du cumul quotidien de rosée sur un condenseur standard de 1x1 m² incliné à 30°
avec l’horizontale. Les condenseurs sont recouverts d’un film polymère favorisant la
condensation. La version produite et encore employée à ce jour est composée de charges
minérales TiO2 et BaSO4 incorporées dans un film Polyéthylène basse densité (PEBD)
d’épaisseur 0,35 mm (selon Nilsson, 1996; produit par OPUR, France, www.opur.u-
bordeaux.fr, www.opur.fr). Le film est isolé du rayonnement du sol et de la convection
thermique infér ieure par 3 cm de Polystyrène expansé (condenseur fixe) ou 2 cm de
Polystyrène extrudé (modèle de condenseur démontable). Beysens et al. (2003) ont montré
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que pour ce type de surface plane de condensation, la mesure sera optimale pour un angle
d’inclinaison de 30° avec l’horizontale et le condenseur exposé dos au vent dominant
nocturne (afin de limiter l’échauffement par l’écoulement de l’air ambiant). En raison du
vieillissement du film du fait de son exposition en extérieur (abrasion par les poussières,
irradiation UV), il est préférable de cumuler les volumes récupérés (i) par gravité et (ii) après
raclage de la surface afin de mesurer le volume total condensé. Cette mesure standard a été
appliquée en :
* Tanzanie (Dodoma) ; Nilsson, 1994.
* Suède (Göteborg) ; Nilsson, 1994.
* France (Grenoble ; Ajaccio ; Bordeaux) ; Muselli et al., 2002 ; Beysens, et al., 2005a
* Israël (Nizzana, désert du Néguev ; Jérusalem) ; Berkowicz et al., 2004.
* Pays Bas (Wageningen) ; Jacobs et al., 2004.
* Croatie (Zadar ; Komiža) ; Mileta et al., 2004.
* Ethiopie (Bahir Dahr) ; Cf. publication, de l’association OPUR (www.opur.fr,
www.opur.u-bordeaux.fr)
* Arabie Saoudite (Dharam) ; Gandhidasan and Abualhamayel, 2005.
* Inde, Gujarat (Kothara ; Panandhro) ; Sharan, 2006.
* Polynésie Française, Inde, Tamil Nadu (Yellagir i Hills); Clus O. 2007

65
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie
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Figure III.1 : Condenseurs de rosée d’1 m² de surface utilisés par les chercheurs appartenant à
l’OPUR. Il est constitué d’un support avec un angle d’inclinaison de 30°, d’un isolant type
polystyrène (20 mm d’épaisseur), un film et une gouttière .

III.2.2 Films polymères (Foil)


Nilsson dans son travail de thèse (1994) a décrit la mise au point de films polymères
réfléchissant le rayonnement visible (blancs opaques) et présentant une forte émissivité du
rayonnement Infra Rouge thermique dans la bande ciblée 8-13 µm. Il décrit l’élaboration d’un
film plastique blanc opaque d’environ 390 µm d’épaisseur. La matrice choisie est le
Polyéthylène basse densité (LDPE, 92 % en volume) chargée de 2% en volume de Sulfate de
Baryum BaSO4 (diamètre moyen 0,8 µm) et de 5% en volume de dioxyde de Titane TiO2
(diamètre 0,19 µm). 1 % en volume d’additif de type « tensioactif » surfactant alimentaire
insoluble est incorporé afin de rendre la surface hydrophile et de faciliter la dispersion des
charges minérales. Ce matériau produit à titre expérimental avait le défaut de n’être pas
protégé des UV, ce qui entraîne une dégradation au bout de 12 à 24 mois d’exposition en
extérieur (durées observées sur le site d’Ajaccio, Muselli et al., 2002). L’émissivité infrarouge
sur la bande 8 – 13 µm a été mesurée égale à 0,89 et égale à 0,91 sur l’ensemble de la bande
d’émission d’un corps noir à 288,1 K. Sa réflectance du spectre solaire (visible et proche IR)
est de 0,84 (Clus, 2007). En conditions nocturnes, le film fut testé pour la condensation à
Kungsbacka en Suède (septembre – octobre 1993) et à Dodoma (Tanzanie, novembre 1993).

66
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

Le meilleur rendement en rosée sur la période était de 0,207 mm en Suède et de 0,124 mm à


Dodoma.
Des films à base de polyoléfines et présentant des propriétés optiques sélectives
continuent à être développés, notamment par la recherche de nouveaux pigments (Vargas et
al., 2000). Certains films sélectifs sont déjà utilisés en agriculture, tendus en serres et tunnels.
Dans le premier cas, il s’agit de favoriser la croissance des plantes ce qui revient à conserver
une transparence maximale pour le rayonnement visible (0,4 à 0,8 µm) permettant la
photosynthèse. Dans un deuxième temps, il est important de réguler la température intérieure
en limitant le refroidissement radiatif nocturne du sol. Des additifs sont donc incorporés pour
augmenter l’absorbance du rayonnement IR tout en préservant une importante transmittance
du rayonnement visible (Pied, 1978). D’autre part, des mélanges de charges minérales
(particules d’aluminium, mica, calcium carbonate, talc et kaolin) ont été formulés afin de
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réfléchir le rayonnement proche Infrarouge (0,8 – 1,5 µm) et de limiter l’échauffement diurne.
Ces mêmes mélanges permettent de diffuser le rayonnement solaire direct qui peut brûler les
cultures (Kieser et al., 2002). Enfin, un dernier type de films "polyoléfine" pour tunnels est
teinté blanc diffusant (par ajout de TiO2) pour un usage en hangar ou bergerie. Il s’agit d’un
film LDPE dont la durée de garantie est de 7 ans. L’échantillon provient d’une installation en
place depuis 12 ans. Sa réflectance au spectre solaire (0,28 – 2,5 µm) est de 0,71 pour une
émissivité en moyen IR (bande 1,4 – 33,2 µm) de 0,89 mais de seulement de 0,81 sur la bande
8-13 µm.

III.2.2.1 Propriétés du film


Un matériau à bas coût a été développé par OPUR (www.opur.u-bordeaux.fr) pour
favoriser la condensation de l’eau à sa surface. En effet, ce matériau se comporter comme un
corps “noir” dans l’infrarouge et comme un corps “blanc” dans le visible, c’est-à-dire qu’il est
capable d’émettre fortement de la radiation en IR en cycle nocturne (pour se refroidir) et
réfléchir de la radiation lorsqu’il est éclairé pendant le cycle diurne. De plus, il posséder un
caractère hydrophile permettant de récupérer par gravité (matériau incliné) une grande
quantité d’eau afin d’éviter une perte par évaporation le matin. En plus, ce matériau résiste
aux radiations UV solaires, surtout en période estivale. Compte tenu de ce cahier des charges,
le matériau développé est composé d’une matrice polyéthylène chargée en microbilles
d’oxyde de titane (TiO2) et de sulfate de barium (BaSO4) auxquelles un tensioactif et un anti-
UV ont été ajoutés. D’une épaisseur de 0,3 mm, il peut recouvrir des structures planes pour la
production d’eau.

67
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

Après une année de test au laboratoire de l’université de Corse/CNRS d’Ajaccio, ce


matériau innovant a été décliné sous forme de peintures (blanches ou translucides) pour
élargir sa palette d’utilisation (peinture sur tôle, fibrociment, tuiles etc.). les résultats obtenus
à l’aide de la peinture radiative sont nettement meilleurs que ceux obtenus avec des matériaux
issus du commerce.
Le prix de revient de ces matériaux est très bas afin de pouvoir être mis en oeuvre sur de
grandes surfaces. Et ce d’autant plus que le développement de ces systèmes se fera dans un
premier temps dans un contexte socio-économique complexe et à destination des pays en voie
de développement.

III.2.3 La station météorologique


La station météorologique automatique Vantage Pro 2 sans fils se déclinent en 4
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versions selon leur dotation en capteurs et selon le type d'abri qu'elles possèdent (classique ou
à ventilation forcée). Elle comporte trois sous-ensembles :

 Les circuits d’interface pour les capteurs appelés ISS (Integrated Sensor Suite).
Il s’agit d’un assemblage compact formé d'un anémomètre-girouette, d'un pluviomètre, d'un
thermo-hygromètre dans son abri et d'un coffret étanche renfermant la boîte de jonction des
capteurs ainsi que l'émetteur. Un panneau solaire et une pile au lithium assurent l'alimentation
de l'ISS.
 L’unité centrale qui gère l’acquisition et le stockage des données (console
d'affichage/récepteur). La console d'affichage peut recevoir les données provenant de l'ISS
jusqu'à 300 m (dans des conditions idéales). Elle est alimentée par un adaptateur secteur
(fourni) et possède une alimentation de secours par piles.
 Le logiciel WeatherLink permet l’affichage des données sur un ordinateur.

III.2.3.1 Les capteurs


Le but de cette étude est de quantifier l’eau condensée sur la surface du condenseur et
déterminer les variables climatiques qui influencent la formation de la rosée. Pour s’y faire,
plusieurs capteurs ont été mis sur place :

68
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

 Pluviomètre
La quantité totale de précipitations atteignant le sol est représentée par l’épaisseur
équivalente qu’aurait une lame d’eau uniforme sur une surface horizontale. La hauteur des
précipitations est exprimée en mm. Les pluviomètres sont les instruments les plus
couramment utilisés pour faire les mesures. Les appareils classiques nécessitent un relevé
quotidien, alors que les appareils enregistreurs peuvent être reliés à une station
météorologique automatique. Dans la station de Mirleft, un pluviomètre automatique
(précision de 0,20 mm ± 4%) a été placé sous la gouttière de l’un des 4 condenseurs (Figure
III.2.f), pour les autres, ils ont été équipés par des bidons. Afin d’adapter ce système à nos
mesures, on a calibré le pluviomètre par des déversements de 5 litre d’eau goutte à goutte, soit
des conditions approchant un écoulement de rosée.
Les autres paramètres sont mesurés par pas de temps de 15 minutes et transmises sans fil
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à la console par le boîtier (b) (Figures III.2 b) :


 Anémomètre à coupelle
La vitesse du vent est généralement exprimée en m/s, mais en météorologie, elle peut
être également exprimée en nœuds. Selon les recommandations de l’O.M.M (1990) la
direction du vent est indiquée en degrés mesurés à partir du Nord géographique, dans le sens
des aiguilles d’une montre. La direction du vent est celle d’où il souffle. La Vitesse du vent
(résolution 0,10 m/s, précision 5%) et sa direction (résolution 1°, précision 5%) sont mesurées
à 1 m au dessus du toit de la station (5,60 m au dessus du sol) (Figure III.2.a). Ces mesures
permettent d’avoir des informations sur les conditions de vent dans l’environnement immédiat
du poste d’observation. Les vitesses du vent qui sont mesurées, sont plus faibles qu’à 10 m
(hauteur utilisée par les réseaux météorologiques). Pour estimer la vitesse du vent à la hauteur
normalisée, il est nécessaire d’appliquer une correction qui tient compte de la forme du profil
du vent qui dépend du paramètre de rugosité de la surface du sol en utilisant l’équation
suivante (Monteith et Unsworth, 1990) :

ln z 
z
V z = V10  c  (III.1)
ln(10 z c )
avec Vz (m/s) la vitesse du vent à la hauteur Z (m), V10 la vitesse du vent à 10 m et zc la
rugosité de la surface du sol.

69
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

 Température ambiante et Humidité relative


La température exprime le degré de chaleur ou de froid de l’atmosphère en un lieu
mesurée par un thermomètre (résolution de 0,1 °C, précision 0,5 °C). L’humidité relative
(résolution 1%, précision 5%) exprime, en pourcentage, la quantité de vapeur d’eau contenue
dans un certain volume d’air par rapport à la quantité maximale qu’il pourrait accepter à la
même température. Ces deux paramètres sont mesurés à l’ombre dans un abri équipé d’une
ventilation active (Figure III.2.c).

 Capteurs d’arrosage foliaire


Pour connaître la durée d’humectation des plantes, Guyot et Hanocq (1974) ont
élaboré un dispositif qui permet d’avoir une information qualitative sur la présence d’eau
liquide sur les feuilles. Il suffit de mesurer le temps (dt) pendant lequel le capteur a répondu
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« mouillé » c’est à dire le temps de condensation sur les feuilles. Les capteurs d’arrosage
foliaire (AF) utilisés dans ce travail (Figure III.2.e), fonctionnent sur le même principe. On a
placé deux capteurs au niveau des condenseurs : AF1 horizontal, AF2 incliné à 30°. Le circuit
imprimé des capteurs a été placé sur une isolation afin d’en augmenter le refroidissement
radiatif et afin que sa température de surface approche celle du toit des condenseurs. Les
valeurs sont analysées en tant que binaire AF = 15 (condensation) ou AF =0 si <15 (pas de
condensation).

 Sondes à résistance thermique


Les sondes à résistance thermique (résolution 0,1 °C, précision 0,5 °C) sont
placées sur la surface de deux condenseurs (Figure III.2.d). Elles permettent de mesurer la
température du film polymère.

70
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie
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Figure III.2 : Système de mesures des variables climatiques. (a) Anémomètre à coupelle et
girouette. (b) Boîte de jonction des capteurs ISS (Integrated Sensor Suite) et l'émetteur. (c)
abri équipé d’une ventilation active pour mesurer la température ambiante et l’humidité
relative. (d) Sonde à résistance thermique placée sur la surface du condenseur. (e) Capteur
d’arrosage foliaire (AF). (f) Pluviomètre. (g) Console sans fil pour capter les données en
provenance des capteurs. (h) Datalogger enregistreur de données. (i) PC menu d’un logiciel
WeatherLink qui permet de visualiser les données en temps réel, de récupérer les données
enregistrées par le Datalogger.

III.2.3.3 Interface informatique Weatherlink


Le logiciel Weaterlink Ppermet d’exploiter très finement les données collectées par les
stations météorologique Vantage Pro / Pro2 (Figure III.2.h) L’enregistreur de données
fonctionne en mode connecté à un PC, il est possible de consulter en temps réel les données
climatiques ou en mode non connecté, l’enregistreur collectera les données pour des intervales
de 1, 5, 10, 15, 30, 60 ou 120 minutes.
Le logiciel WatherLink permet de visualiser les données en temps réel, de récupérer les
données enregistrées par le Datalogger, de produire des rapports, des graphiques et de publier
sur Internet des pages HTML avec des graphiques (Figure III.2).

71
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure III.3 : Exemple d’une base de donnée qui représente les différentes variables
climatiques enregistrées par le Datalogger et visualisées au niveau du logiciel WeatherLink
sous forme de graphique et de tableau.

III.3 Application de l’analyse statistique


III.3.1 Objectif et démarches
Les journées de rosée qui seront répertoriées doivent présenter les caractéristiques
suivantes :
 Etre déterminées en fonction des différentes variables climatiques.
 Faire référence à des propriétés physiques bien définies ;
* Situations extrêmes (seuil maximal ou minimal pour les indicateurs).
* Jours disposant de caractères particuliers au niveau d’une ou de
plusieurs variables. Par exemple, jour où le ciel est clair.
La fréquence des jours de rosée le long de l’année d’étude doit être prise en compte. En
effet, il est utile de proposer le nombre de jours de rosée et de déterminer les jours avec des
situations climatiques favorables à la condensation de la vapeur d’eau. Par exemple, en cas de

72
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

ciel clair, d’humidité relative importante et de vent faibles, on assistera à une diminution de
température du condenseur et par conséquent, à une intense condensation.
La caractérisation des données climatiques a donc pour objectif la maîtrise des bases de
données météorologiques, afin de disposer d’une vue à la fois synthétique et détaillée des
paramètres climatiques. Elle nécessite l’établissement d’une démarche claire et rigoureuse.
L’analyse univariable intègre les études effectuées pour chaque variable séparément,
telles que l’approche par lecture des histogrammes, des maximas et données moyennes.
L’analyse factorielle en composantes principales permet de définir d’autres indicateurs de
description à partir des données journalieres, afin de cerner plus précisément les évolutions de
la variable climatique et la rosée.
A ce niveau, il est possible d’étudier la fréquence de chaque classe sur l’année ou en
fonction des différentes périodes de l’année. Les résultats de cette première étape peuvent être
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représentés sous la forme d’histogrammes établis sur l’année, ou sur les différents saisons.
On peut définir 3 saisons principales dans la région de Mirleft :
 Une saison sèche qui contiendra les mois de mai, juin, juillet et août.
 Une saison humide qui contiendra les mois de septembre, octobre, novembre et
décembre.
 Les 4 autres mois (janvier, février, mars et avril), sont des mois qui vont
inclure des influences multiples et leur appartenance à l’une des deux saisons précitées
dépendra des quantités de rosée collectées et des indicateurs climatiques étudiés. C’est la
raison pour laquelle nous les qualifierons de mois de transition.
Nous présenterons dans le quatrième chapitre les résultats relatifs à l’analyse de la rosée
et la base de données pour le site d’étude. Cette partie sera par conséquent très descriptive,
puisqu’elle met en évidence de façon approfondie les caractéristiques de chaque paramètre
météorologique en relation avec la formation de la rosée.

III.3.2 Analyse factorielle en composante principale


L'Analyse en Composantes Principales (ACP) est une méthode statistique d'analyse des
données. Elle permet, à partir d'une matrice à n échantillons (individus) et p variables, la
description du nuage dans un espace à p dimensions.
Considérons un tableau de données à n échantillons et p variables. Les échantillons
représentent les lignes du tableau et les variables ses colonnes. Pour faciliter la visualisation
de l'ensemble de données, chaque échantillon est projetée dans un espace à n dimensions

73
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

(espace des échantillons) et chaque variable peut être projetée dans un espace à p dimensions
(espace des variables) et n dimensions (espace des unités statistiques).
Ainsi, on obtient un nuage de points qu’il est impossible de visualiser. Donc pour
faciliter la visualisation, on projette le nuage dans un espace à deux dimensions, déterminé à
partir des axes principaux ou factoriels du nuage. Cette projection permet de minimiser
l’erreur de la représentation de nuage.
Pour conserver au maximum la forme du nuage donc de son inertie par rapport au centre
de gravité, on travaille sur des variables centrées, l'ACP est dite centrée. De plus, afin
d'éliminer l'influence de la taille des variables (problème d’échelle) dépendant des unités
choisies, on considère comme variable normalisée le rapport de chaque valeur à son écart
type, on réalise ainsi une ACP centrée réduite. Les variables centrées réduites sont donc sans
dimension, leurs moyennes sont égales à 0 et leurs variances égales à 1.
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Une fois déterminés, les axes factoriels, le nuage est projeté dans les différents plans des
facteurs principaux soit dans l'espace des variables, soit dans l'espace des unités statistiques.
Dans l'espace des unités statistiques, l'ACP permettra de regrouper selon des facteurs
identiques les échantillons présentant des caractères d'origine ou d’évolution similaire.
L'interprétation de l'ACP consiste ensuite à déterminer les facteurs responsables (composantes
principales) de la structure observée.
Le premier axe factoriel (F1) de cette représentation est tel qu'il détermine le maximum
d'inertie du nuage et donc de la variance, le deuxième axe (F2) perpendiculaire au premier
exprime le maximum de variance restante, le 3ème axe, toujours perpendiculaire aux deux
autres, est défini par le maximum d’inertie restante ; etc.

III.3.3 Classification hiérarchique


Classifier, c'est regrouper entre eux des objets similaires selon tel ou tel critère. Les
diverses techniques de classification visent toutes à répartir n individus, caractérisés par p
variables X1, X2, ..., Xp en un certain nombre m de sous-groupes aussi homogènes que
possible.
On distingue deux grandes familles de techniques de classification :
 La classification non hiérarchique ou partitionnement, aboutissant à la
décomposition de l'ensemble de tous les individus en m ensembles disjoints ou classes
d'équivalence ; le nombre m de classes est fixé.

74
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

 La classification hiérarchique : pour un niveau de précision donné, deux


individus peuvent être confondus dans un même groupe, alors qu'à un niveau de précision
plus élevé, ils seront distingués et appartiendront à deux sous-groupes différents.
Dans le cas de nos données, les valeurs de p variables (paramètre climatiques) de n
individus (jours), on a choisit d'effectuer une classification hiérarchique ascendante des
individus, à partir des p facteurs obtenus à l'aide d'une ACP sur les variables précédentes.

III.4 Estimation du taux de condensation


Pour estimer le taux de condensation à partir de ces données climatiques, plusieurs
méthodes ont été utilisées :
 Méthode physique
 Méthode neuronale
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III.4.1 Méthode physique


La modélisation physique réalisée par l’équipe OPUR repose sur les relations
thermiques et thermodynamiques utilisées pour définir les variations des caractéristiques de la
condensation de l’air humide (rosée) dans son évolution temporelle (temps de condensation)
ou spatiale pour différents sites de mesures.
Le taux de condensation est la quantité d’eau produite chaque jour à partir de l’humidité
atmosphérique dépend des paramètres météorologiques de chaque région où Ta, Td et RH sont
bien favorables pour la condensation de la rosée [h = f (RH, N, V, Ta, Td)].

III.4.2 Réseaux de neurones


III.4.2.1 Présentation de la méthode neuronale
Les réseaux de neurones artificiels (RNA ou ANN) constituent une nouvelle approche
de modélisation des systèmes complexes, particulièrement utile lorsque ces systèmes sont
difficiles à modéliser à l’aide des méthodes statistiques classiques. Les réseaux de neurones
artificiels sont issus des premiers travaux réalisés dans le domaine de l’intelligence artificielle
pour modéliser le fonctionnement du cerveau humain (McCulloch et Pitts, 1943) en se basant
principalement sur le concept des neurones. Il s’agit d’un modèle empirique non linéaire
(Fortin et al., 1997). Il se compose d’éléments de traitement interconnectés (neurones)
travaillant conjointement pour résoudre un problème spécifique. R. Hecht Nielsen 1990 donne
la définition suivante : un réseau de neurones est un système de calcul composé d’éléments de

75
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

traitement simples fortement interconnectés, qui traitent l’information par leur changement
d’état dynamique en réponse à une entrée externe.

III.4.2.2 Connections entre les neurones


Les réseaux de neurones sont organisés en couches ; ces couches se composent d’un
certain nombre de neurones interconnectés qui contiennent une fonction d’activation. Des
entrées (X1, X2, ..., Xj) sont présentées au réseau par l’intermédiaire de la couche d’entrée, qui
les communique aux couches cachées où le traitement s’effectue en utilisant des connexions
pondérées. Puis, les couches cachées transmettent la réponse à la couche de sortie (S). Les
connections entre les neurones se font par des poids (W1, W2,..., Wj) (Figure III.4).
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Figure III.4 : Schéma d’un neurone artificiel. Le fonctionnement d’un neurone artificiel
s’inspire du fonctionnement schématisé du neurone humain.

Nous ne présentons que des aspects très généraux concernant les réseaux de neurones.
Pour les détails de la méthode, le lecteur est invité à ce reporter aux références suivantes
(Bishop 1995, Hinton 1992). Les réseaux de neurones à couche cachée unique est un
assemblage de fonction non linaires. Les entrées de ces fonctions sont pondérées, elles sont
constituées par les variables que nous souhaitons utiliser en entrée du modèle.
Chaque neurone dispose d’une série de « liaisons synaptiques » pondérées. Les
pondérations Wi sont déterminées pendant une phase d’apprentissage qui nécessite une base
de données expérimentale représentant les variations de la variable à prédire en fonction des
variables d’entrées. Un réseau de neurones à une couche cachée, implique qu’il soit nécessaire
de déterminer les pondérations associées aux variables d’entrées, et les pondérations associées
aux connections entre neurones de la couche « cachée » et de la couche « sortie ».

76
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

Le choix du nombre de neurones de la couche de sortie est fixé par le nombre de


variables à prédire. Le nombre de neurones cachés est fixé en fonction du comportement du
réseau en phase d’apprentissage.

III.4.2.3 Critères de performance du modèle


La modélisation par le réseau de neurones artificiels consiste à trouver le nombre
optimal de neurones dans la couche cachée ainsi que le nombre d’itérations pour aboutir au
modèle le plus performant qui est déterminé par le minimum du nombre de noeuds et
d’itérations. La performance du modèle de RNA est aussi validée par d’autres paramètres
statistiques des phases d’apprentissage et du test et qui correspondent au nombre optimal de
neurones de la couche cachée et du nombre d’itérations.
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Les paramètres statistiques utilisés dans ce travail sont : l’erreur moyenne des carrés
ASE (Average Squared Error) et le coefficient de détermination R2. Ces paramètres sont
donnés par les relations suivantes :

N
∑ (Qti −Q'ti )2 
ASE= i=1 (III.2)
N

N
∑ (Qti − Q' t i )
2

R2 = 1− i = 1 (III.3)
N 2
(
∑ Qti − Qti )
i =1

Qti est la quantité de rosée calculée par le modèle, Q’ti est la quantité de rosée mesurée et N
est le nombre de données de l’ensemble de calage.
La valeur de l’ASE donne une indication sur l’erreur de prévision obtenue lors de la
phase de test de la modélisation et R² montre la variation de la valeur de la quantité de rosée
calculé ou estimé par le modèle de la régression linéaire. Les valeurs idéales pour ASE sont
égales à 0 et R peut correspondre à 1.
La performance du modèle est aussi déterminée graphiquement par l’alignement du
nuage de points autour de la courbe y = x (droite linéaire à 45°).

77
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

III.5 Simulation numérique


Le CFD (Computational Fluid Dynamics) est une méthode de calcul qui relie entre elles
plusieurs équations de thermodynamique ou autres servant à décrire un phénomène physique
complexe comme le mouvement de l’air autour du condenseur. Le but est de simuler le
comportement de ce phénomène quand les principaux paramètres sont variés. Le logiciel tel
PHOENICS est utilisé pour le traitement des influences que le vent peut générer sur la
température à la surface du condenseur.
Pour la simulation de l’écoulement de l’air autour des condenseurs, nous avons utilisé le
logiciel PHOENIX version 8. Il fait partie des logiciels qui traitent les écoulements
bidimensionnels ou tridimensionnels de fluides. Les flux peuvent être laminaires ou
turbulents, accompagné d’un transfert de chaleur à la surface des condenseurs.
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III.6 Analyse physico-chimique de la rosée


L’analyse physico-chimique de la rosée nous renseigne sur la qualité de l’eau issue de la
condensation de la vapeur d’eau et de l’atmosphère où elle s’est formée. La composition de
cette eau est enrichie par la dissolution des gaz environnants et des petites particules qui se
déposent sur la surface du condenseur (Beysens et al, 2006). La chimie de la rosée et de la
pluie effectuée à Mirleft présente des résultats sur la qualité de l’eau. La comparaison entre
ces deux sources nous a donné une idée sur l'influence possible du substrat de condensation et
de la contribution potentielle des aérosols atmosphériques. La conductivité électrique EC et le
pH ont été mesurés immédiatement à la fin de chaque prélèvement (Figure III.5). Les anions
majeurs (Cl-, NO32- et SO42-) et les cations majeurs (K+, Mg2+, Na+ et Ca2+) ont été analysés
par spectrométrie d’émission atomique (ICP) au Centre National pour la Recherche
Scientifique et Technique de Rabat (CNRST). Dans le cadre de cette étude, deux analyses
biologiques de l’eau de rosée ont été effectuées le 5/10/2007 et le 11/01/2008 dans le
laboratoire de microbiologie à l’univesité Ibno Zohr dans le but de déterminer une éventuelle
contamination.

78
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie
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Figure III.5 : Mesures de la conductivité électrique EC (Conductimètre) et du pH


(pHmètre).

79
Chapitre III : Expérience ; Instrumentation et Méthodologie

III.7 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons identifié les méthodes de collecte de la rosée et des
paramètres météorologiques qui décrivent ce phénomène. Il nous est apparu nécessaire de ne
pas réduire les fichiers météorologiques uniquement à une base de données se prêtant à une
description des relations existant entre variables climatiques et la condensation de la vapeur
d’eau atmosphérique. Nous avons pu ainsi identifier les critères d’observation qui nous sont
nécessaires pour caractériser les jours les plus favorables à la formation de la rosée grâce à
des analyses statistiques de bases incluant des outils simples, directement applicables et les
outils d’analyse factorielle et de classification.
Dans le but d’estimer la quantité de rosée qu’on espère avoir dans une région donnée à
partir de la génération simultanée de plusieurs variables climatiques, on a utilisé des modèles
qui se basent sur des méthodes linéaires et non linaires prenant en compte les interactions
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entre ces différentes variables.


Dans le prochain chapitre, nous avons choisi de réduire au maximum les
développements mathématiques et théoriques associés à ces outils statistiques. Il nous est
apparu donc plus judicieux d’illustrer directement leurs applications grâce à des logiciels sur
des fichiers météorologiques.

80
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.1 Introduction
Comme nous l’avons abordé aux chapitres précédents, les techniques et les objectifs de
l’analyse du phénomène de la condensation de la vapeur d’eau sont en relation avec les
conditions climatiques. De nombreuses méthodes ont été utilisées pour analyser, classifier et
modéliser les variables météorologiques.
La quantité de vapeur d’eau condensée sur une surface varie en fonction des effets
conjoints des paramètres météorologiques RH, Vv, Vd, Ta, Td, N et de la température Tc du
condenseur (Guyot, 1999) et le fonctionnement de la machine thermique "condenseur"
(CLUS, 2007). L’implication de chacune de ces variables dans le rendement ainsi que leur
dépendance entre elles, est complexe et les corrélations expérimentales sont utiles pour la
compréhension des phénomènes.
Afin d’examiner ces combinaisons climatiques, la démarche généralement utilisée est de
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représenter dans un premier temps les évolutions climatiques par des données journalières
(moyennes, maxima et minima) et déterminer les seuils ayant une signification par rapport à
la formation de la rosée. Les influences de chaque paramètre sur la condensation
atmosphérique ont ensuite été déterminées.
Dans le but d’élaborer une méthode plus simple à la caractérisation de cet
environnement climatique, notre démarche a mené à la création des journées types par
classification statistique. Dans son travail sur le climat Alpin, Chaix (Chaix, 2002) a exposé
une méthode de classification utilisant les variables réduites de l’analyse en composantes
principales, appliquée à chaque paramètre météorologique.
La caractérisation du climat de la région repose sur l’analyse expérimentale des bases de
données météorologiques, l’utilisation d’outils statistiques et l’analyse des différentes
relations entre la formation de la rosée et les variables climatiques précèdent toute recherche
de jours types dont les rendements prennent des valeurs importantes.
De multiples outils ont été utilisés pour la modélisation de ce phénomène
météorologique, et pour l’élaboration d’une équation d’estimation de la rosée à partir de
simple donnée climatique qu’on peut collecter à travers les sites Internet. Deux approches
sont alors utilisées :
 l’analyse statistique de base incluant les outils simples, directement
applicables, et les outils d’analyse factorielle, de comparaison des distributions, de régression
et de classification.

81
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

 la modélisation des variables climatiques en se basant sur une méthode


physique (OPUR) et une autre approche basée sur les réseaux de neurone.
 la simulation numérique des cas concernant les conditions aérauliques autour
du condenseur et le phénomène de la condensation sur la surface d’une plaque plane.

IV.2 Présentation de la région d’étude


Suite à de nombreuses reconnaissances sur le terrain, le choix définitif du site d’étude
s’est porté sur le site de Mirleft, dans le Sud Ouest du Maroc. Situé à 140 kilomètres au sud
d’Agadir (Figure IV.1), les coordonnées géographiques du site sont 29° 35’ 17" Nord, 10° 02’
20" Ouest, avec une altitude de 43 mètres au dessus du niveau de la mer.
Le site de Mirleft a été retenu car il s’agissait d’un site rural répondant aux différents
critères de sélection définis au démarrage de l’étude, à savoir :
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* la présence en quantité suffisante d’humidité relative durant toute l’année.


* l’absence de sources locales de pollution directe, le site de Mirleft se trouve à
des distances supérieures à 140 km des agglomérations possédant des activités industrielles
notables. Les installations les plus proches sont localisées à Agadir.
* l’aide présentée par les autorités de Mirleft on mettant à notre disposition un
local pour installer nos expérimentations.
* l’aide présentée par la population locale à travers l’association d’Imargane qui
nous a permis de mettre en place une station de collecte de rosée et du brouillard dans le
village d’Idouasskssou à 7 km à l’Est de Mirleft.
Dans le but de déterminer d’autres endroits prometteurs à la collecte de la rosée, un
deuxième site a été exploité à l’est de Mirleft. On a pu installer un condenseur de 2 m² et un
filet à brouillard d’1 m² sur le toit d’une école (Figure IV.2) afin de mesurer les contributions
relatives rosée-brouillard sur le condenseur et comparer les deux contributions.
Le climat de la région est aride à nuances océaniques, les étés sont secs et les hivers sont
humides. Les températures sont douces et sans excessivité grâce à la disposition littorale. Les
précipitations annuelles sont médiocres (de l’ordre de 50 mm).
Durant cette année d’étude, on a constaté que l’hiver peut comporter de longues
périodes de sécheresse, l’été des phases de pluie et de vent, et aussi de redoutables vagues de
chaleur. Si l’on ajoute à cela les grandes écarts pluviométriques en années successives dans le
bassin hydrologique de Souss-Massa et le caractère souvent brutal et intense des
précipitations, on aboutit finalement à un schéma heurté qui caractérise la région aride. Ces
dernières altérations s’expliquent aisément ; la saison sèche estivale résulte de l’immunité

82
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

anticyclonique subtropicale et de l’intervention alizéenne océanique. C’est dans ce contexte


que l’alizé peut céder la place à des irruptions pluvieuses d’air polaire maritime ou d’air
tropical humide et que les vagues de chaleur d’origine saharienne sont susceptibles
d’intervenir. Les pluies d’hiver découlent pour leur part essentiellement des advections d’air
polaire maritime et des poussées froides d’altitude modelées dans les ondes des courants
d’Ouest.
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.1 : Situation géographique de la région d’étude dans le bassin hydrologique de


Souss-Massa représenté par le modèle numérique de terrain.

83
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.2 : Filet à brouillard de 1 m2 et condenseur orienté W installés sur le toit d’une
école à Idouasskssou grâce au concours d’OPUR et des éleves-ingénieurs de l'Ecole des
Mines de Douai. (Coordonnées : 29° 34’ 03" N, 9° 59’ 51" W, altitude 240 m à l’est de
Mirleft).

Avec un pas de temps de 15 minutes, la station météorologique enregistre un ensemble


de données ; direction et vitesse du vent, précipitation, pression, humidité, point de rosée et
température. Les valeurs de température relevées par le capteur sur le site de Mirleft sont
présentées graphiquement ci-dessous. Durant la période étudiée (du 01-05-2007 au 30-04-
2008), la distribution des températures est caractérisée par un maximum de 36,7 °C observé
sur la fin juillet et un minimum de 10,9 °C à la fin de décembre (Figure IV.3). La valeur de
température moyenne est de 19,36 °C (± 3,12). Les valeurs pluviomètriques sont présentées
dans la Figure IV.4 sous la forme de précipitations cumulées. La courbe des précipitations
cumulées permet de mettre en évidence, les périodes sèches (tracé horizontal) et les épisodes
pluvieux (tracé vertical). Le découpage saisonnier des valeurs de flux de précipitation
(Tableau IV.1) ne permet pas de pointer de réelle différence entre les saisons. De même, le
nombre de jours pluvieux n’affiche pas de différences saisonnières marquées. L’année étudiée
semble donc être plus sèche avec une valeur annuelle de 48,65 mm.

84
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.3 : Températures (°C) relevées tous les quarts heures sur le site de Mirleft.

Figure IV.4 : Relevé des précipitations cumulées ( mm) sur le site de Mirleft entre le 01-05-
2007 et le 30-04-2008.

85
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

Tableau IV.1 : Comparaison des valeurs saisonnières de précipitations (mm) et du nombre de


jours pluvieux ; automne (21/09/07 au 21/12/07), hiver (22/12/07 au 21/03/08), printemps
(01/05/07 au 20/06/07 et 22/03/08 au 30/04/2008), été (21/06/07 au 20/09/07).
Automne Hiver Printemps Eté
Précipitation (mm) 20,29 10,19 5,86 12,31
Nombre de jours 7 11 7 6

IV.3. Caractérisation des données climatiques


Dans cette partie, nous présentons les résultats relatifs à l’analyse de la base de données
pour le site de Mirleft pour la période allant du 01/05/2007 au 30/04/2008. Cette analyse sera
par conséquent très descriptive, puisqu’elle met en évidence de façon approfondie les
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

caractéristiques de chaque paramètre météorologique. Les résultats de cette première étape


peuvent être représentés sous la forme d’histogrammes établis sur l’année, ou sous les
différentes saisons.
On peut alors définir 3 saisons principales sur Mirleft selon la quantité de rosée
collectée :

 Une saison sèche qui contiendra les mois de Mai à Août.


 Une saison humide qui contiendra les mois de Septembre à Décembre.
 Les 4 autres mois (Janvier, Février, Mars et Avril) présentent des influences
multiples. C’est la raison pour laquelle nous les qualifierons de mois de transition.

IV.3.1 La température ambiante (Ta) et de rosée (Td)


On observe que la température ambiante évolue d’une manière distincte d’une saison à
l’autre. La moyenne journalière est de 20,2 °C (± 1,77) en saison sèche, 19,2 °C (± 2,72) en
saison humide et de 18.7 °C (± 3,19) en saison de transition. Les amplitudes thermiques sont
relativement faibles (5° en moyenne), ceci étant dû principalement à l’influence océanique.
On constate une augmentation en moyenne de 1 °C de l’amplitude thermique pour la saison
de transition (Tableau IV.2). Les évolutions journalières de la température peuvent être
caractérisées par l’amplitude diurne (7 h à 19 h 45 min) qui est une indication de la quantité
d’ensoleillement reçu, et de l’amplitude nocturne (20 h à 6 h 45 min) qui est, elle, mise en
relation avec la couverture nuageuse nocturne. Ainsi, les minima observés pour l’amplitude
thermique se retrouvent en saison sèche, en cas de forte humidité. L’amplitude maximale de
16,8 °C en saison de transition à une situation spécifique ; le passage d’un vent chaud

86
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

saharien de Sud-Est (Chirgué) a provoqué un effet d’assèchement entraînant ainsi une


température maximale de 36,3 °C. Les amplitudes diurnes et nocturnes sont minimales en
saison sèche et ont tendance à évoluer en saison humide et de transition.
Dans la figure IV.5, l’évolution de la température ambiante est distincte d’une saison à
l’autre. Dans la saison sèche 78,9 % des jours (97 jours) ont une température qui dépasse 19
°C, par contre ce pourcentage diminue en saison humide (57,5 %) et en saison de transition
(31,7 %).
Pour la température de rosée, elle évolue différemment d’une saison à l’autre. On constate que
des températures ambiantes importantes engendrent une élévation de la température de rosée
(Figure IV.5). La différence nocturne entre ces deux températures donne une idée sur l’état de
l’air (humide ou non humide). Les épisodes de forte humidité relative RH correspondent aux
évènements où la différence entre Ta et Td tend vers 0 °C.
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Tableau IV.2 : Comparaison de la température (°C) dans les trois saisons de l’année.

Ta (en °C) Journalière Max-J Min-J Amp*. Diurne Amp*. Nocturne Amp*. Jour
Saison sèche
Moyenne 20,2 22,6 18,3 3,9 2,2 4,3
Maximum 26,9 36,7 23,8 15,1 12,4 15,9
Minimum 16,6 18,3 14,1 1,8 0,5 2,0
Ecart-type 1,8 2,9 1,7 1,8 1,7 2,2

Saison humide
Moyenne 19,2 21,6 16,8 4,3 2,8 4,8
Maximum 29,0 35,9 24,7 15,8 11,4 16,5
Minimum 14,1 16,9 10,9 1,2 0,5 2,2
Ecart-type 2,7 3,2 2,9 1,8 1,5 2,1

Saison de transition
Moyenne 18,7 21,7 15,8 5,1 3,2 5,8
Maximum 29,5 36,3 25,4 13,8 7,9 16,8
Minimum 14,4 17,2 11,2 1,6 0,6 2,3
Ecart-type 3,2 4,3 2,9 2,2 1,5 2,7

*Amplitude moyenne sur chaque jour de la saison


Max-J : Maximum journalier
Min-J : Minimum journalier

87
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.5 : Présentation de l’évolution de la température ambiante et de la température de


rosée moyenne journalière durant les trois saisons d’étude (sèche, humide et de transition).
Les événements où Ta-Td < 5 °C sont fréquents sur la saison sèche et humide.

88
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.3.2 Humidité relative (RH)


D’après l’analyse des données à notre disposition, on a constaté que l’humidité relative
moyenne (journalière) est élevée en saison sèche avec 80,6% (± 12,45%) pour diminuer
sensiblement de 5% en saison humide et de 15% en saison qualifiée de transition. Le tableau
IV.4 expose les principales statistiques de la moyenne journalière, de la moyenne diurne et
nocturne, des maxima et des minima.

Tableau IV.3 : Description de l’humidité relative (en %) durant les trois saisons d’étude.

RH (en %) Journalière Max-J Min-J Diurne Nocturne


Saison sèche
Moyenne 80,6 88,7 69,6 77,9 83,6
Maximum 92,3 98 87 91 96,8
Minimum 17,8 30 10 17,6 18,7
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Ecart-type 11,1 8,1 14,1 11,5 11,2

Saison humide
Moyenne 75,8 86 63,7 75,7 76,7
Maximum 94,3 97 87 92,4 96,4
Minimum 24,2 45 13 21,2 20,9
Ecart-type 16,5 9,9 20,6 15,7 18,7

Saison de transition
Moyenne 65 78,2 50 65,2 65,9
Maximum 86,7 93 80 89,7 89,8
Minimum 14,5 24 9 12,6 14
Ecart-type 20,25 15,5 23,2 19,2 23

Max-J : Maximum journalier


Min-J : Minimum journalier

On observe dans la figure IV.6 que la distribution de l’humidité relative est différente
durant l’année d’étude. Pendant la saison sèche, le nombre de jours dont l’humidité est
supérieure à 75% est 105 (84 % des jours), par contre dans la saison humide, il est de 94 (78
% des jours) et il diminue à 53 (44 % des jours de la saison) durant la saison de transition.
En général, on constate que les jours les plus humides durant la période d’étude présente
69 % des jours de l’année. Ceci peut être expliqué par la proximité de la station de mesures
avec l’Océan Atlantique. Le faible pourcentage de l’humidité durant la saison de transition
est probablement dû aux influences des vents chauds provenant du Sahara marocain.

89
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.6 : Présentation de la distribution et de l’évolution de l’humidité relative moyenne


journalière durant les trois saisons d’étude (sèche, humide et de transition).

90
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.3.3 La vitesse et la direction du vent (V)


Dans notre étude, on s’est intéressé à trois paramètres pour caractériser la vitesse et la
direction du vent :
 La moyenne journalière
 La moyenne diurne (7 h à 19 h 45 min)
 La moyenne nocturne (20 h à 6 h 45 min)
En moyenne, durant la période d’étude, la vitesse du vent journalière enregistrée à la
station de Mirleft ne dépasse pas 2,4 m/s. On remarque que le vent est faible pendant la nuit
sur toute la période d’étude avec une moyenne de 2,2 m/s. En saison humide, la vitesse du
vent (1,9 m/s) est généralement inférieure à celle de la saison sèche (2,3 m/s) et de la saison
de transition (2,4 m/s) (Tableau IV.5).
Les figures IV.7 et IV.8 illustrent bien le caractère saisonnier de la fréquence des
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vitesses et des directions des vents à prédominance des alizés pendant la majeure partie de
l’année avec une élévation de l’intensité pendant les mois de février et de décembre. En effet,
les roses de vent réalisées d’après les données mettent en évidence une nette variation de la
direction du vent au cours de la journée dans toutes les saisons. Ce changement de direction
du vent est accompagné par une augmentation de la vitesse du vent. En moyenne, les vitesses
des vents enregistrées respectivement dans les saisons sèche, humide et de transition sont de
2,6 m/s (± 0,58) , 2,2 m/s (± 1,46) et 2,7 m/s (± 1,52) durant le jour et de 2,3 m/s (± 1), 1,9
m/s (± 1,31) et 2,4 m/s (± 1,71) la nuit. Une telle variation de la direction et de la vitesse du
vent au cours de la journée est typique des circulations de brises de mer et de terre. En effet,
en journée, le vent prend une direction variable correspondant à un régime de vent bien défini
avec une direction comprise entre 180° et 360° (brise de mer et alizé). Durant la nuit, on a
presque la même situation avec l’apparition de vent qui s’oriente de la terre vers la mer, ce qui
correspond à une direction de 90° à 180° (brise de terre). Un tel phénomène a été observé par
Guyot sur les côtes du sud du Maroc ou en Amérique sur la côte californienne et les côtes du
Pérou et du Chili (Guyot, 1999). En général, dans la région de Mirleft où la côte est orientée
[180°-360°], le vent évolue ainsi d’une direction comprise entre le Nord-Ouest et le Sud-
Ouest à une direction comprise entre le Sud-Est et l’Est-Nord-Est en se renforçant.

91
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

Tableau IV.4 : Comparaison de la vitesse du vent (en m/s) dans les trois saisons de l’année.

Vitesse du vent (m/s) Journalière Max-J Min-J Diurne Nocturne


Saison sèche
Moyenne 2,47 4,98 0,46 2,65 2,25
Maximum 4,67 12,75 3,07 5,24 5,65
Minimum 1,32 2,51 0 1,57 0,49
Ecart-type 0,64 1,41 0,51 0,58 1,0

Saison humide
Moyenne 2,08 4,49 0,16 2,19 1,93
Maximum 10,97 15,83 2,51 11,85 12,13
Minimum 0,76 2,51 0 0,99 0,44
Ecart-type 1,27 2,04 0,41 1,46 1,31

Saison de transition
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Moyenne 2,58 5,26 0,33 2,68 2,43


Maximum 10,14 15,26 6,15 10,32 10,90
Minimum 1,08 2,51 0 1,14 0,38
Ecart-type 1,49 2,65 0,77 1,52 1,71

Max-J : Maximum journalier


Min-J : Minimum journalier

92
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.7 : Présentation de la distribution et de l’évolution de la vitesse du vent moyenne


journalière, diurne et nocturne durant les trois saisons d’étude (sèche, humide et de transition).

93
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.8 : Rose des vents diurnes et nocturnes durant les trois saisons d’étude.

94
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.3.4 La nébulosité (N)


La nébulosité indique la présence ou non de nuages. Lors des relevés, l'état du ciel est
codé de 0 à 8, selon la couverture nuageuse présente. Des dénominations courantes de valeurs
ou d'intervalles de valeurs de la nébulosité totale sont associées à la description de l'état du
ciel. Selon les critères les plus fréquemment adoptés, quatre types de ciel peuvent de ce point
de vue être distingués en priorité :
 le ciel clair est entièrement ou presque entièrement dégagé de nuages, l'estimation de
sa nébulosité étant 0 octas (N = 0).
 le ciel peu nuageux, que l'on juge largement dégagé malgré la présence effective de
nuages, l'estimation de sa nébulosité se situant entre 1 et 3 octas.
 le ciel assez nuageux, que les nuages recouvrent pour moitié, si ce n'est davantage,
l'estimation de sa nébulosité allant de 4 à 5 octas.
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 le ciel très nuageux, qui est recouvert en grande majorité de nuages, l'estimation de sa
nébulosité allant de 6 à 8 octas.
L’ensemble des observations est représenté à la figure IV.9 où sont portées la
distribution et l’évolution des observations de N. Les données collectées sur le site montre sa
variation le long de l’année. La distribution des valeurs de nébulosité moyenne montre une
représentation importante des nuits de nébulosité supérieure à 3 dans la saison sèche (58,5%
des jours) et des nébulosités inférieures à ce nombre dans les autres saisons, avec 39,1% des
jours de la saison humide et 45,8% durant la saison de transition. Le ciel clair et avec peu de
nuages représente durant les trois saisons respectivement, 41,5%, 60,8% et 54,2%.

95
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.9 : Nombre de jours de nébulosité nocturne et son évolution durant notre année
d’étude. Dans la saison humide et de transition, la nébulosité moyenne a tendance à être faible
(< 4 octas), par contre dans la saison sèche, elle est importante (> 4 octas).

96
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.4 Les événements de rosée, de brouillard et de pluie


IV.4.1 Rosée, brouillard et pluie à Mirleft
Durant cette année d’étude de Mai 2007 à Avril 2008, on a enregistré 178 événements
de rosée et 31 épisodes de pluie (Figure IV.10). La somme des rendements de rosée de toutes
les nuits pour les 4 condenseurs orientés vers le Sud (CS), le Nord (CN), l’Ouest (CW) et
l’Est (CE) sont respectivement 18250 ml (18,25 mm), 18850 ml ( 18,85 mm), 17730 ml
( 17,73 mm) et 18270 ml ( 18,27 mm) (Figure IV.11). La quantité de pluie durant la même
période est de 48.65 mm. On remarque d’après ces chiffres que les rendements de rosée
durant cette d’étude représentent 40% de l’apport annuel en pluie et apparaît donc une
composante importante de l’apport hydrique total (Figure IV.12).
Pour le brouillard, 20 événements ont été observés durant cette période d’étude, avec 7
évènements significatifs donnant 1410 ml (1.41 mm). Le peu d’eau récoltée au niveau du filet
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s’explique par le fait que la station se trouve proche de l’océan à faible altitude et que l’air
atteint rarement le point de rosée. A plus haute altitude, dans les terres, l’air est plus froid et le
brouillard se forme plus fréquemment (les rendements à Id-Ouasskssou, discutés plus bas, le
montrent). La variation du rendement en rosée observée pour différentes directions dépend du
bilan radiatif, de la direction et de la vitesse du vent.

97
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.10 : Les événements de rosée et de pluie pendant une année d’étude, depuis le
01/05/2007 jusqu’au le 30/04/2008. Division de l’année d’étude en trois saisons avec des
rendements variables de rosée.

98
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.11 : Comparaison entre le cumul de rosée des 4 condenseurs.

Figure IV.12 : Comparaison entre le cumul de rosée et de pluie. Le rendement de la rosée


représente 40% de l’apport annuel en pluie.

99
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.4.2 Rosée et brouillard à Idouasskssou


Ce village a connu 50 événements de rosée avec un rendement de 7075 ml, soit 7.075
mm (55% des jours), 5 épisodes de pluie (16 mm) et 16 jours de brouillard (6500 ml, soit 6.5
mm) durant les mois de juillet, à septembre (Figure IV.13). Après l’orage du 9/08 où le vent a
dépassé 10 m/s, le condenseur a été endommagé, ce qui a causé la perte des données sur une
semaine (10/08 - 17/08). Quelques jours de collecte durant le mois septembre ont également
été perdus pour des raisons techniques.
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Figure IV.13 : Comparaison entre le condenseur et le filet à brouillard durant les mois de
juillet, août et septembre. Le cumul de la rosée du condenseur contient aussi l’eau issue du
brouillard.

100
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.5 Paramètres entrant en jeu dans le phénomène de rosée


La formation de la rosée est influencée par les paramètres météorologiques et aussi
l’architecture du condenseur adaptée aux caractéristiques climatiques de chaque région
(Muselli et al., 2002, 2006; Beysens et al., 2003, 2005, 2006; Jacobs et al., 2004).
Le taux de condensation de l’humidité atmosphérique dépend de la quantité de vapeur
d’eau dans l’atmosphère, c'est-à-dire de l’humidité relative RH (%), qui est aussi fonction de
la différence entre la température du point de rosée Td (°C) et la température ambiante Ta (°C).
La formation des gouttes d’eau sur la surface du condenseur se réalise quand la température
de celle-ci (Tc (°C)) est inférieure à Td. Les observations des données dont on dispose
montrent aussi l’influence des autres paramètres tels que la couverture nuageuse (N en octas),
qui limite la puissance radiative de refroidissement et la vitesse du vent (V en m/s), qui
détermine le réchauffement convectif du condenseur, et sa direction.
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La Figure IV.14 représente l’enregistrement d’une nuit de rosée (28-29/9/2007). Elle


montre la période de condensation dt (pour Tc < Td) indiquée par la flèche noire et les
différents paramètres influençant sur la formation de rosée. Au niveau du profil de la
condensation, on remarque un premier pic vers 23h15 correspondant au volume cumulé
depuis 18h et retenus sous forme des gouttelettes d’eau sur la surface du condenseur.
L’écoulement gravitaire diminue entre 00h45 à 04h30 suite à une élévation de la vitesse du
vent. L’accentuation du pic à 06h30 est due au raclage manuel.

101
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.14 : Les facteurs climatiques influençant le phénomène de la condensation donnés


par la station Weatherlink lors d’un cumul de rosée de 220 ml : RH%, LeafWet (Arrosage
Foliaire : valeurs retenues 15 ou 0), %Récept (pourcentage de réception qui donne la qualité
de la transmission), V (m/s), Ta (°C), Td (°C), Tc (°C) et Rosée dh/dt à Mirleft.

102
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.5.1 L’humidité relative (RH %)


Le taux de condensation dépend de l’humidité relative RH (%), qui est exprimée aussi
par la différence entre la température du point de rosée Td (°C) et la température ambiante Ta
(°C) (avec Ln(RH) ≈ Ta-Td). Les observations des données de cette année d’étude ont montré
que la formation de gouttelettes d’eau commence dès que RH > 65 %. De nombreuses études
menées sur les sites d’Ajaccio (France; Muselli et al, 2006), Zadar, Komiza et Biševo
(Croatie; Mileta et al., 2006), Kothara (Inde; Sharan et al., 2006) ont déjà corrélées le
rendement de rosée par rapport à RH et (Ta-Td). Dans la Figure IV.15, la ligne représente cette
corrélation qui s’écrit selon l’équation (1) :

h= h0 [∆T0 −(Td −Ta )] (IV.1)


∆T0
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∆T0 est la température de refroidissement maximal et h0 est le rendement le plus élevé.


Durant cette étude, ∆T0 = -7 °C qui correspond à une humidité relative de 63 % et h0 = 0,45
mm/jour. Cette relation à elle seule ne peut pas donner une estimation exacte du rendement de
rosée pour une simple raison : l’existence d’autres paramètres (vitesse et direction du vent,
couverture nuageuse) qui influence ce phénomène.

103
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.15 : Rendements de rosée exprimés en fonction des valeurs moyennes entre 20:00
et 6:00 de RH % et (Ta-Td) en °C pour la période du 01/05/07 - 31/04/08.

IV.5.2 La couverture nuageuse N (octas)


La nébulosité joue un rôle primordial dans le phénomène du refroidissement radiatif de
la surface qui condense l’humidité de l’air sous forme de rosée. Des valeurs élevées de la
couverture nuageuse induisent une diminution du pouvoir radiatif et par conséquence des
faibles taux de condensation. Pour nos données, la corrélation entre ces deux paramètres
montre bien que les taux les plus élevés de rosée correspondent aux nébulosités faibles
(Figure IV.16). Pour le même état de couverture nuageuse, on peut mesurer des rendements
en eau nuls, ceci est expliqué par le fait que l’humidité relative pour ces évènements est trop
faible ou que la composante convective du vent est trop importante. Il est à noter que les
mêmes conditions ont été signalées pour la comparaison des moyennes de RH et N pour
l’année 2003 à Ajaccio (Muselli et al., 2006).

104
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.16 : Corrélation entre la nébulosité nocturne moyenne (20 :00 et 6 :00) et le volume
d’eau condensée sur le site de Mirleft. On remarque la diminution du rendement de la rosée
avec des couvertures nuageuses importantes.

IV.5.3 La vitesse du vent V (m/s)


Le vent est un facteur climatique important pour véhiculer les masses d’air humide vers
les endroits où l’on peut exploiter la vapeur d’eau comme ressource alternative. Cependant,
les vents de grandes vitesses ont tendance à annuler la formation de rosée (Beysens et al.,
2003). Pour cette étude, l’analyse des vitesses moyenne du vent nocturne a montré que le taux
de condensation est nul pour les vitesses supérieures à 5.7 m/s (Figure IV.17). Il est à noter
que la vitesse du vent est extrapolée pour une hauteur z = 10 m on utilisant l’expression
classique du profil logarithmique du vent au voisinage du sol (Monteith et Unsworth, 1990),
avec zc la rugosité caractéristique du sol (= 0,1 m) et la vitesse du vent est mesurée par un
anémomètre à coupelle situé à 5.7 m au dessus du sol.

V10 ln z 
 zc 
Vz = (IV.2)
ln10 
 zc 

La formation de rosée pour V10 > 3 m/s est expliquée par le fait que les condenseurs se
trouvent sur un toit protégé par le mur (sorte de brise vent). Les résultats obtenus en Corse

105
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

(Ajaccio) montre que la formation de la rosée est suspendue pour des vitesses supérieures à
4.4 m/s (Muselli et al., 2002). À peu près les mêmes valeurs (4 m/s) ont été reconnues pour
une expérience en Tanzanie (Nilsson, 1996).
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.17 : Corrélation entre le volume d’eau (rosée) en mm et la Vitesse du vent en m/s
extrapolée à 10 m.

IV.5.4 Relation entre V, RH, h et la direction du vent


A partir des Figs IV.18 et IV.19 qui représentent le rendement de chacun des 4
condenseurs en fonction des différentes directions du vent et de sa vitesse, on remarque que le
condenseur orienté vers le Nord a un rendement en eau plus élevé que les autres. Ceci est dû
aux directions du vent qui sont en majorités océaniques à caractère humide avec des vitesses
généralement inférieures à 4 m/s à l’exception de 11 événements. Pour les directions NE,
malgré les faibles vitesses (≤ 3 m/s) et les fortes humidités relatives (≥ 80%), on note de
faibles rendements induits par les fluctuations au niveau de la couverture nuageuse.

106
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.18 : L‘humidité relative diurne et nocturne RH (%) et la vitesse du vent V (m/s)
extrapolée à 10 m et représentés en fonction de la direction du vent durant 12 mois depuis mai
2007 jusqu’à avril 2008. (a) : Le jours, la dominance des masses d’aires (océaniques) d’ouest.
(b) : La nuits, les masses d’aires d’origine océanique et continentale. (c) : la majorité des
vitesses journalières du vent est océanique.

107
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.19 : Rendements de rosée en fonction de la direction du vent pour les quatre
condenseurs orientés vers chaque point cardinal et pour la période de mesure du 01/05/07 à
30/04/08.

IV.5.5 La température de surface


De nuit, de grandes surfaces telles que des toitures peuvent être refroidies de 1 à 10
degrés en dessous de la température ambiante par dissipation d’une énergie radiative de
l’ordre de 60 à 100 W m-2 par ciel clair (Berdahl, 1995 in Clus, 2007). Dans cette étude, des
mesures de température de surface Tc (°C) ont été menées sur deux condenseurs orientés vers
deux directions différentes (Est et Nord) afin de déterminer s’il y a un changement dans leur
pouvoir radiatif.
L’évolution du rendement de la rosée et la température de surface durant l’année sont
présentées sur la Figure IV.20. Dans le cas général, dès que Tc < Td à la tombée du jour, la
condensation se manifeste par la formation des gouttes d’eau à la surface du condenseur.
Durant cette étude, la saison sèche est caractérisée par une température de surface du
condenseur plus importante par rapport à celle des saisons de transition et humide. Cette
différence peut être expliquée par les caractéristiques climatiques de chaque saison et par la
couverture nuageuse qui influence le pouvoir radiatif des condenseurs et par conséquence le
rendement de rosée.

108
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.20 : Evolution du rendement de la rosée et la température de surface durant l’année


d’étude. Quand Tc est importante, la quantité de vapeur d’eau condensée est faible.

109
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.6 Analyse statistique


Afin d’approcher le mieux possible les jours où il y a condensation de vapeur
atmosphérique à Mirleft, nous allons engendrer une classification des données par des
méthodes statistiques. Nous verrons ainsi les données et les techniques utilisées, puis les
résultats de la classification, c’est-à-dire les jours les plus représentatifs de la classe.
La classification concerne la base de données climatiques quotidiennes sur une période d’une
année, du 1er Mai 2007 au 30 avril 2008. De nombreux paramètres climatiques à l’échelle
quotidienne sont à notre disposition. La rosée est un phénomène important qui, malgré la
complexité de sa formation et de sa prévision, doit être introduit dans cette classification.
Ainsi, en partant des données sur la couverture nuageuse (N), nous avons effectué un
traitement statistique qui nous a permis de sortir les jours avec présence ou non d’un ciel clair
(N = 0). Nous obtenons ainsi un fichier de données à 7 colonnes (variables : Ta (°C), RH (%),
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Td (°C), Vv (m/s), Dv (°), N (octas), Rosée (mm)) et 365 observations pour les 12 mois
d’étude.
Afin de répondre à l’objectif de notre travail, il nous faut établir une partition d’un
certain nombre d’observations en un certain nombre de classes. Plusieurs méthodes de clas-
sification sont à notre disposition, mais nous ne retiendrons que les méthodes automatiques
qui permettent aisément de mieux justifier le nombre de classes choisies.
Pour traiter le fichier de données et obtenir la classification désirée, nous allons effectuer
une Analyse en Composante Principale (ACP) et une Classification Hiérarchique Ascendante
(CHA) sur facteurs (Berthelot, 2005). Le calcul est effectué sur le logiciel STATISTICA.

IV.6.1 La complémentarité entre l’ACP et la CHA


Les analyses multivariées et principalement l’ACP sont souvent employées dans l’ana-
lyse de longues séries de données météorologiques. Les représentations graphiques obtenues
grâce à l’ACP permettent d’obtenir rapidement une sorte « d’image de la réalité ». Elles
constituent donc une approximation visuelle du tableau de données. Le but de cette analyse
est de résumer la structure de données décrites par les variables quantitatives, tout en obtenant
des facteurs non corrélés entre eux. Ces facteurs peuvent être utilisés comme de nouvelles
variables permettant d'effectuer une classification automatique en ne tenant compte que de
l'information essentielle, c'est-à-dire en ne conservant que les premiers facteurs.
L’apport de la classification est une opération complémentaire de synthèse. Un individu
est caractérisé par son appartenance à un groupe précis. Ce sont les caractéristiques moyennes
de ce groupe qui résument alors les individus du groupe. A elle seule, l’ACP connaît de

110
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

nombreuses insuffisances. Il est toujours difficile d’interpréter les axes ou plans factoriels au-
delà du plan principal. De plus, si nous ne retenons que les axes les plus représentatifs, nous
pouvons être confrontés à une compression excessive des données. Mais les méthodes
factorielles sont nécessaires, malgré leurs insuffisances : la visualisation des résultats sous
forme d’ensemble géométrique reste irremplaçable. Pour observer l’organisation spatiale des
classes, le positionnement de classes sur les axes factoriels s’avère indispensable. L’objectif
de ces techniques est de découvrir des groupes d’individus homogènes. L’analyse factorielle
peut mettre en avant des facteurs latents (cachés) inattendus.

IV.6.2 Les résultats de l’analyse statistique


Il est équivalent d’effectuer une classification des individus à partir d’un ensemble de
variables ou à partir de l’ensemble des facteurs issus de l’analyse factorielle (Tableaux IV.5,
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IV.6, Figure IV.21). On peut, néanmoins, ne prendre en compte qu’un sous-espace factoriel et
effectuer une classification sur les premiers axes factoriels. Cela présente l’avantage d’éli-
miner des fluctuations aléatoires qui constituent en général l’essentiel de la variance prise en
compte par les derniers axes. Le fait d’abandonner les derniers facteurs revient à « lisser » les
données, ce qui en général améliore la partition en produisant des classes plus homogènes.
La CAH fournit un grand nombre de partitions parmi lesquelles on doit en choisir une :
il n’est souvent pas aisé de choisir la coupure significative. D’autre part, l’arbre hiérarchique
obtenu n’est pas un arbre optimal puisque la partition construite à un niveau donné dépend de
la partition obtenue à l’étape précédente. La procédure de la CAH agrège les éléments suivant
un algorithme de classification hiérarchique utilisant le critère d’agrégation de Ward (critère
de la variance). La CAH suit la procédure réalisée avec l’ACP et est effectuée sur les 4
premières composantes. Les résultats peuvent être visualisés graphiquement grâce à un arbre
hiérarchique ou dendrogramme (Figure IV.22).
Notre principal souci est alors d’obtenir une certaine homogénéité du nombre d’effectifs
présents dans chaque classe. Les nombreuses partitions effectuées au cours de cette analyse
justifient le choix d’une partition en 4 classes bien distinctes présentant des effectifs plus ou
moins hétérogènes (Figure IV.23).

111
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

Tableau IV.5 : Matrice des corrélations

Variables Ta (°C) RH (%) Td (°C) Vv (m/s) Dv (°) N (octas) Rosée (mm)


Ta (°C) 1.00
RH (%) -0.45 1.00
Td (°C) -0.08 0.91 1.00
Vv (m/s) 0.16 -0.35 -0.35 1.00
Dv (°) -0.03 0.26 0.28 0.17 1.00
N (octas) 0.06 0.15 0.22 0.20 0.36 1.00
Rosée (mm) -0.29 0.31 0.16 -0.26 -0.19 -0.65 1.00

Tableau IV.6 : Contributions relatives des critères pour les deux premiers axes.
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Facteur 1 Facteur 2 Facteur 3 Facteur 4 Facteur 5


Ta (°C) -0,51 -0,16 0,68 -0,50 -0,06
RH (%) 0,95 -0,21 -0,03 -0,01 -0,19
Td (°C) 0,84 -0,34 0,29 -0,18 -0,21
Vv (m/s) -0,55 -0,31 -0,52 -0,33 -0,47
Dv (°) 0,21 -0,66 -0,33 -0,43 0,48
N (octas) -0,03 -0,88 0,04 0,33 -0,13
Rosée (mm) 0,48 0,71 -0,19 -0,34 -0,08
Variance totale (%) 35,12 28,42 13,70 11,37 7,91

Après l’analyse factorielle, nous prenons les cinq premiers facteurs pour avoir 96,52%
de la variance, même si les deux premiers axes contiennent l’essentiel de l’information. RH et
Td : humidité relative et température de rosée. Rosée, N et Dv : nébulosité et direction du vent.

112
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.21 : Projection des variables sur le premier plan factoriel. Comme on a pu
l’observer dans la matrice des corrélations, l’humidité relative et la température de rosée
contribuent fortement à la formation de l’axe F1. La rosée, couverture nuageuse (nébulosité)
et la direction du vent contribuent quant à elles à la formation de l’axe F2.

Figure IV.22 : Classification journalière de la base de données (365 observations) sous forme
d’un arbre hiérarchique ou dendrogramme avec la méthode de Ward.

113
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.23 : Projection des observations (jours de l’année) et les classes issues de l’analyse
en composante principale et de la classification hiérarchique ascendante sur le premier plan
factoriel.

IV.6.3 Description des classes


Cette dernière procédure vise à décrire chacune des classes à travers les variables
climatiques mesurées, nous avons choisi comme variable déterminante la nébulosité. Ainsi la
Classe 1 correspond à un ciel clair avec une nébulosité moyenne de 0 octas, Classe 2 de 2.6
octas, Classe 3 de 4.25 octas et Classe 4 de 7octas.
Le Tableau IV.7 résume les valeurs moyennes qui caractérisent le mieux chaque classe.
Il est alors possible d’interpréter ces résultats. Les distinctions sur l’état du ciel et l’humidité
relative ont été réalisés. On constate que la Classe 2 qui représente 30,49% des jours et la
Classe 4 avec 23,90% ont une forte humidité mais elles ont des rendements de rosée
différents. Pour la Classe 1 (12,64% des jours), elle est caractérisée par un rendement de rosée
moyen élevé par rapport aux autres et un cumul important.
Cette classification découpe de manière générale les types de temps pour la formation de
la rosée durant cette année d’étude : beau temps (Classe 1), temps moyen (Classe 2), temps
variable (Classe 3) et mauvais temps (Classe 4).

114
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

Tableau IV.7 : Caractéristiques des classes en fonction des moyennes de chaque variable.

Variables N RH Ta Td Vv h moy h somme


Classes
Classe1 Moyenne 0 74,20 17,81 12,10 1,54 0,183 8,46
Minimum 0 18,63 13,92 -1,33 0,44 0
Maximum 0 95,32 25,86 18,85 3,22 0,395
Ecart type 0,44 22,07 3,03 4,90 0,61 0,149
Effectif 46 46 46 46 46 46

Classe2 Moyenne 2,6 83,93 17,96 15,16 1,89 0,082 9,05


Minimum 1 70,32 13,06 9,93 0,38 0
Maximum 3 96,71 22,24 19,09 5,65 0,255
Ecart type 0,63 4,69 2,18 2,44 1,01 0,058
Effectif 111 111 111 111 111 111

Classe3 Moyenne 4,25 61,41 19,20 9,78 2,68 0,008 1,03


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Minimum 2 14,05 12,79 -5,01 0,73 0


Maximum 6 91,56 29,25 19,63 12,13 0,110
Ecart type 0,89 24,59 3,65 6,41 1,94 0,014
Effectif 120 120 120 120 120 120

Classe4 Moyenne 7 84,45 18,61 15,89 2,30 0 0


Minimum 7 63,51 12,77 6,34 0,49 0
Maximum 7 96,34 23,43 19,32 5,12 0
Ecart type 0 7,82 1,94 2,89 0,98 0
Effectif 87 87 87 87 87 87

Un autre travail peut nous aider à mieux discerner les classes entre elles : l’évolution des
effectifs des classes en pourcentage en fonction des mois (Figure IV.24). Nous voyons
parfaitement que la Classe 1 est très présente dans les mois de mai, septembre, octobre,
novembre et décembre (12,64% des types de temps), la Classe 2 est bien répartie dans les
mois juillet, août, octobre et mars (30,49% des types de temps). La Classe 3 qualifiée du
temps variable, a un effectif important en janvier, février et avril (32,97% des types de temps).
Le mauvais temps symbolisé par la Classe 4 est bien représenté dans le mois de juin, juillet,
août et septembre (23,90% des types de temps).
Nous verrons que cette répartition des classes est primordiale dans la distinction entre
les saisons de collecte de la rosée : la saison humide est présentée par la Classe 1, la saison de
transition par la Classe 3 et enfin la Classe 4 est très présente en saison sèche. Contrairement
aux classes, la Classe 2 est présente presque dans toutes les saisons mais avec des effectifs
différents. En conclusion, ce graphique nous donne un aperçu presque exhaustif des types de

115
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

temps favorables ou non à la formation de la rosée durant une année, depuis mai 2007 jusqu’à
avril 2008 à Mirleft.
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Figure IV.24 : Répartition et évolution des pourcentages des classes par mois durant l’année
d’étude.

116
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.7 Modèles d’estimation de la rosée


IV.7.1 Modèle physique (OPUR)
Le taux de condensation est la quantité d’eau produite chaque jour à partir de l’humidité
atmosphérique. Il varie en fonction du temps et de l’espace c'est-à-dire qu’il dépend des
paramètres météorologiques de chaque région et atteint son maximum avant le lever du soleil
(6 :00 du matin) l’heure ou Ta, Td, RH sont bien favorables pour la condensation de la rosée
[h = f (RH, N, V, Ta, Td)]. Pour estimer le taux de condensation à partir de ces données
climatiques, des chercheurs spécialistes de l’équipe française ont élaboré une équation qui
dépend de ces variables climatiques suivantes (OPUR) :
* L’altitude de la région étudiée
* La couverture nuageuse en octas (1/8)
* La vitesse du vent en (m/s), mesurée à 10 m de hauteur de la surface de terre
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* La température de point de rosée en (°C)


* La température de l’air en (°C)
La Figure IV.25 compare les résultats simulés avec les enregistrements des volumes
d’eau condensée. La comparaison par événement (Figure IV.25a) montre des écarts
importants sur les valeurs individuelles. Les cumuls sont plus représentatifs. Le deuxième
graphique montre pour six mois de mesure une évolution parallèle des valeurs cumulées de
simulation et de mesure.

Figure IV.25 : (a) illustre la comparaison des rendements simulés en fonction des
valeurs mesurées. (b) montre les cumuls comparés des volumes simulés et mesurés sur
l’ensemble de la période du 01/05/2007 au 30/10/2007.

117
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.7.2 Modèle réseau de neurone


Les réseaux de neurones artificiels, connus généralement sous l’acronyme ANN
(Artificial Neural Network), sont des modèles mathématiques non linéaires capables d’établir
des relations entre les entrées et les sorties d’un système. Les performances de ces derniers
dans la modélisation non linéaire ont été prouvées dans plusieurs domaines de l’ingénierie et
de la science. Dans le domaine de l’ingénierie essentiellement en géotechnique on peut citer
Najjar et Ali (1998a), (1998b) et Najjar et Zhang (2000) qui ont appliqué les RNA pour
l’évaluation de la perméabilité des argiles et la liquéfaction des sols.
Le réseau de neurone est constitué de fonctions linéaires ou non linéaires associées,
formant ainsi un réseau constitué de plusieurs couches (généralement deux couches : l’une
que nous nommerons "cachée", l’autre couche intégrant la fonction de sortie). A chaque entrée
de ces fonctions est associée une pondération déterminée a partir d’une phase d’apprentissage.
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Modéliser une variable à partir d’un réseau de neurones nécessite plusieurs phases :

 Choix des variables d’entrées (qui seront pour nous les moyennes journalières
des paramètres climatiques).
 Choix de la fonction d’activation et de l’architecture du réseau
 Choix de l’algorithme permettant de déterminer les différentes pondérations
des connections. L’algorithme de Levenberg-Marquardt que nous utiliserons est une méthode
dérivée de l’approche Gauss Newton utilisée pour l’optimisation de l’erreur quadratique
(entre la sortie mesurée et la sortie calculée).

La base de données retenue représente un ensemble quotidien de 2 mois de valeurs de


paramètres climatiques mesurés sur le site étudié. Par conséquent, le modèle de RNA est
développé en deux phases : phase d’apprentissage (calibrage) et phase de test (généralisation
ou validation). Dans la phase d’apprentissage, la plus grande partie de la base de données est
employée pour entraîner le réseau et la partie restante est utilisée pour le test du réseau. Le
sous-ensemble de test est habituellement employé pour choisir le modèle le plus performant.
La phase d’apprentissage du modèle est arrêtée quand les valeurs des erreurs
quadratiques moyennes (ASE) atteignent un seuil donné. Le but de l’apprentissage est
d’atteindre une solution optimale basée sur certaines performances telles que l’erreur ASE et
le coefficient de corrélation R2.

118
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.7.2.1 Architecture du réseau


L’architecture du réseau précise le nombre de couches qui le composent et le nombre de
neurones dans chaque couche, ainsi que le poids des connexions. Un réseau de neurones
artificiels est organisé en couches, chacune de ces couches comportant plusieurs neurones.
Chacun de ces neurones qui se présentent comme unité de calcul autonome, est relié à la
totalité ou à certains neurones de la ou des couches précédentes par l’imposition de poids.
Le réseau de neurones utilisé dans notre étude est un réseau à trois couches : une couche
d’entrée qui recevra les données source que l’on veut utiliser pour l’analyse, une seule couche
cachée constituée par l’ensemble de neurones des sorties de la couche d’entrée et une couche
de sortie qui donne le résultat obtenu après compilation par le réseau des données entrant dans
la première couche (Figure IV.26).
Dans ce travail, l’utilisation d’une seule couche cachée est suffisante pour le modèle.
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Dans la majorité des cas, pour limiter le temps de calcul et surtout lorsque les résultats sont en
général satisfaisants, c’est un réseau à une seule couche cachée qui est utilisé.

Figure IV.26 : Architecture du modèle réseau de neurone utilisée dans cette étude.

119
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.7.2.2 Collecte des données


L’application de ce modèle a été effectuée sur les moyennes journalières des paramètres
climatiques et de rosée de la région d’étude. Pour notre étude, pour prédire la rosée, nous
avons utilisé à l’entrée du réseau des valeurs des facteurs météorologiques influençant le
phénomène de la condensation.
* La température ambiante (Ta)
* La température de rosée (Td)
* L’humidité relative (RH)
* La vitesse du vent (V)
* La couverture nuageuse (N)
La base de données a été divisée en deux phases : La phase d’apprentissage et la phase
de validation. L’apprentissage est la propriété la plus intéressante du modèle des réseaux de
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neurones. Pour apprendre, le réseau doit connaître la réponse qu’il aurait dû donner. C’est la
phase du développement d’un réseau de neurones durant laquelle le comportement du réseau
est modifié jusqu’à l’obtention du comportement désiré. Une fois le réseau calculé, il faut
procéder à des tests pour vérifier que le réseau réagit bien comme on le souhaite : c’est la
validation. La méthode la plus simple pour faire la validation est de garder une partie de
l’échantillon réservé à l’apprentissage pour la validation et faire ainsi une validation hors-
échantillon.

IV.7.2.3 Résultats et discussions


On a réalisé ce travail sur une base de donnée de six mois. Les deux premiers de cet
ensemble sont utilisés pour la phase d’apprentissage. Pour la phase de validation, on a utilisé
six mois afin de comparer les résultats avec ceux du modèle physique (OPUR).
Le logiciel qu’on a utilisé nous a permis de comparer entre trois modèles :

 Modèle linéaire
 Modèle polynomial
 Modèle réseaux de neurone

Les résultats obtenus sont représentés dans les figures ci-dessous qui illustrent une
comparaison entre les diagrammes de données de rosée observés et simulés pour les phases
d’apprentissage et de validation dans les trois modèles.
La comparaison des données simulées et mesurées forme un nuage de points situé
autour de la droite linéaire (y = x) pour les différentes phases des trois modèles, linéaire,

120
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

polynomial et réseau de neurone. Les Figures IV.27, IV.28 et IV.29 illustrent les diagrammes
de données de rosée simulés à t+1 pour les deux phases de modélisation respectivement
l’apprentissage et la validation. La droite de nuage de points est répartie statistiquement selon
une orientation de 45° (autour de la droite y = x). Les résultats obtenus montrent une très
bonne concordance expliquée par un coefficient de corrélation élevé pour les deux phases,
essentiellement dans le modèle de réseau de neurone. Ce qui indique que ces résultats sont
très satisfaisants.

A. Modèle linéaire
Toute étude statistique commence par un modèle linéaire, ici :

h=W0 + W1N + W2 V + W3 Ta + W4RH + W5Td (IV.3)


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En langage neuronal, les variables N, V, Ta, RH et Td sont les neurones d'entrée, la


variable h est le neurone de sortie, les coefficients W0, W1, W2, W3, W4 et W5 sont les valeurs
des synapses ajustées au cours de l'apprentissage.

121
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.27 : (a, b) : Les figures illustrent la distribution des rendements simulés en
fonction des valeurs mesurées (à gauche) et leurs cumuls (à droite) dans la phase
d’apprentissage. Les figures (c) et (d) au dessous illustrent ceux de la phase de validation.

122
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

B. Modèle polynomial
Le modèle polynomial d'ordre 2 permet de caractériser l'influence des carrés et des
produits croisés, c'est un modèle non linéaire par rapport aux variables d'entrée mais linéaire
par rapport aux coefficients :
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Figure IV.28 : (a, b) : Les figures illustrent la distribution des rendements simulés en
fonction des valeurs mesurées (à gauche) et leurs cumuls (à droite) dans la phase
d’apprentissage. Les figures (c, d) illustrent ceux de la phase de validation.

123
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

C. Modèle réseaux de neurone


Dans ce travail, nous avons utilisé un réseau de neurone de type perceptron multi-
couche (multi-layer perceptron) MLP avec l’algorithme de Levenberg- Marquart dans la
phase d’apprentissage et ceci pour prédire les quantités d’eau cumulée. Le MLP consiste en
une couche d’entrée qui représente des données climatiques récoltées expérimentalement et
qui sont les entrées du modèle, une couche cachée et une couche de sortie qui représente la
valeur à prédire.
Les résultats obtenus sont représentés dans la Figure IV.29 qui illustre une comparaison
entre les diagrammes de données de la rosée mesurées et simulées, respectivement, pour les
phases de modélisation, apprentissage et le test.
Les paramètres statistiques utilisés pour comparer la performance de ces modèles sont :
l’erreur moyenne des carrés ASE (Average Squared Error), le coefficient de détermination R2
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

et l’erreur moyenne absolue et relative MARE (Mean Absolute Relative Error).


Dans ces modélisations, la phase d’apprentissage du réseau a été effectuée de façon que
la moyenne des carrés des erreurs (ASE) soit minimale. Dans ce cas, le modèle OPUR
enregistre une valeur minimale d’erreur de l’ASE avec une moyenne de 2.10-8 mm, pendant la
phase de validation, le réseau de neurone a une moyenne de 3.10-4 mm suivit du modèle
polynomial (6.10-4 mm) et linéaire (46.10-2 mm).

124
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure IV.29 : (a, b) : Les figures illustrent la distribution des rendements simulés en fonction
des valeurs mesurées (à gauche) et leurs cumuls (à droite) dans la phase d’apprentissage. Les
figures (c, d) illustrent ceux de la phase de validation.

125
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

Les paramètres statistiques des valeurs estimées par les différents modèles et ceux des
valeurs mesurées sont très proches avec une amélioration notable du coefficient de corrélation
dans le modèle OPUR (Tableau IV.8).
La valeur maximale de h est bien estimée par le modèle de réseau de neurone (0,397
mm) et le cumul estimé par le modèle OPUR (7,063) est presque égal au cumul mesuré. Il est
nécessaire de coupler le deux modèles afin d’avoir de bons résultats.

Tableau IV.8 : Comparaison entre les paramètres statistiques des différents modèles.

Modèles
h mesurée OPUR Linéaire Polynomial Réseau de neurone

Moyenne 0,039 0,039 0,044 0,040 0,040


Minimum 0,005 0 0 0 0
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Maximum 0,405 0,187 0,195 0,307 0,397


Somme 7,061 7,063 8,107 7,402 7,325
Ecart type 0,068 0,039 0,046 0,059 0,064
Effectif 183 183 183 183 183
ASE 2.00E-08 0,0059 0,0006 0,0003
R² 0,999 0,97 0,997 0,998

ASE : Erreur quadratique moyenne (Average Squared Error)


R² : Coefficient de détermination,

126
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.8 Estimation du taux de condensation dans les régions marocaine


L’ensemble des points énoncés dans la partie précédente de modélisation nous permet
de bien situer la complexité des paramètres climatiques liés au phénomène de condensation de
la vapeur atmosphérique. Nous allons maintenant appliquer un des modèles existants pour
essayer d’estimer les rendements de rosée dans différentes régions du Maroc.

IV.8.1 Cartographie de la rosée


IV.8.1.1 Les données météorologiques à disposition
Pour pouvoir appliquer un de ces modèles sur certaines régions du Maroc, les valeurs
pour des différents paramètres demandés sont nécessaires. Ces différents paramètres étant
directement définis sur la base de mesures effectuées sur Mirleft, nous présentons ici les
données qu’il a été possible de trouver dans le cadre de la recherche bibliographique sur
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

internet.
Les données météorologiques sont collectées régulièrement par les stations
météorologiques du réseau national. Il s’agit de différents variables climatiques utilisées dans
cette étude (Ta, Td, RH, V, N). Les problèmes rencontrés durant cette partie sont dus à la
couverture du territoire marocain par la grille des stations qui n’est pas assez dense et quelque
fois le manque d’enregistrement horaire d’un paramètre, c’est pour raison qu’on a utilisé
seulement les données enregistrées à 6h00 où le temps est idéal pour la formation de la rosée
(OPUR). Dans cette partie, nous avons utilisé des graphiques à barres pour analyser la rosée
dans les différentes régions du Maroc. On peut comparer la taille des barres dans chaque mois
pour obtenir des informations sur le rendement potentiel des sites. Pour représenter l’humidité
relative, on a utilisé des graphiques à secteurs dont le diamètre peut nous donner des
informations concernant l’ampleur de l’humidité dans les zones étudiées.

IV.8.1.2 Carte de la rosée et de l’humidité relative


Le modèle utilisé (OPUR) nous a permis d’estimer la quantité de rosée mensuelle qu’on
peut avoir dans quelques régions du Maroc. Par exemple, la Figure IV.30 montre l’évolution
spatiale et temporelle de la rosée et de l’humidité relative durant six mois de l’année 2007
depuis mai jusqu’à octobre dans 15 villes marocaines.
Les observations des données météorologiques montrent que les variables climatiques
présentent une évolution spatio-temporelle en allant des côtes atlantiques et méditerranéennes
vers l’intérieur et du nord vers le sud. L’humidité relative et la couverture nuageuse ont un
parcours exclusivement marin et subissent l'effet de divergence induit par l’irrégularité des

127
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

vitesses et des directions du vent qui ramènent les masses d’airs riches en vapeur d’eau
aboutissant à des taux d’humidité variables d’une station à l’autre. En effet, la régression de la
rosée pour quelques stations côtières peut être expliquée par l’état du ciel nuageux ou des
vents violents, entraînant une élévation de la température de la surface dans ces zones. Par
contre dans les régions du centre et de l’est du Maroc, le climat chaud entraîne une faible
humidité relative et par conséquence de faible rendement ou absence de la rosée.
L’étude et l’analyse de l’évolution spatio-temporelle du rendement de la rosée et de
l’humidité relative sont indispensables à une meilleure connaissance du phénomène de la
condensation à l’échelle du Maroc. De plus, les résultats de nos recherches permettent de
constater que ces paramètres changent durant les mois étudiées et on peut parler d'une relative
originalité régionale. Deux zones s'opposent nettement :
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 Une zone humide qui s'étend le long du littoral atlantique et méditerranéen.


Elle présente des rendements élevés de rosée avec une moyenne mensuelle qui dépasse pas 2
mm pour les villes d’Agadir, Casablanca, Rabat, Tanger et Nador, par contre Tétouan et
Alhoucima ont des rendements inférieurs aux autres, ceci est dû à la couverture nuageuse qui
est importante dans ces régions. L’évolution de l’humidité relative durant les six mois est
quasi constante, elle dépasse 75% à l’exception de quelques jours pour Agadir et Tétouan.
 Une zone non humide à l’intérieur du Maroc. Elle est caractérisée par de faible
humidité à l’exception des villes de Marrakech, Benimellal, Meknès, Fès et Ouajda où les
jours humide (>75%) peuvent s’observer fréquemment les mois de mai, juin, septembre et
octobre, mais dans les autres villes le climat est sec particulièrement marqué par l’influence
du Sahara marocain (Ouarzazate et Errachidia).

128
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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129
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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130
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
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Figure IV.30 : Carte de répartition des rendements moyens de la rosée estimés et de


l’humidité relative dans différentes régions du Maroc.

131
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.9 Simulation numérique


Les méthodes de calculs numériques en mécanique des fluides (Computational Fluid
Dynamics (CFD) en anglais) apportent des réponses à des coûts moindres dans un grand
nombre de domaines de l’ingénierie. Les méthodes de simulation numériques trouvent
plusieurs applications dans les pratiques courantes de la science en raison des principaux
avantages qu’ils offrent :
 Réduction du temps et du coût de conception par la réduction du nombre de
prototypes réels à expérimenter ;
 Meilleure compréhension des phénomènes, et par conséquent, diagnostic plus
sûr des problèmes ;
 Développement de solutions comportant moins de risques, car elles sont
expérimentées par simulation plutôt que par des essais en laboratoire ou in situ.
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Dans son travail de thèse, Clus O. (2007), a simulé numériquement les condenseurs
radiatifs avec le logiciel PHOENICS (Code généraliste en CFD). Il a ainsi pu comparer
quantitativement l’efficacité thermique de plusieurs systèmes de géométries différentes.
Dans ce travail présent, on a essayé dans le même ordre d’idée de simuler l’écoulement
d’air au niveau de notre site d’étude (Station de Mirleft). La modélisation de la station a été
réalisée en 3D telle que représentée sur la Figure IV.31. Le but de l’expérience numérique est
de comprendre le comportement des 4 condenseurs lorsqu’ils sont soumis à des variations des
différents paramètres régissant les échanges, c’est à dire , le rayonnement thermique (ciel clair
ou nuageux), la vitesse et la direction du vent. On s’intéresse en particulier à la température de
surface Tc le long des condenseurs.

IV.9.1 Le logiciel PHOENICS


PHOENICS est un logiciel commercial CFD développé au Royaume-Uni par la
compagnie CHAM Ltd. Il résout les équations différentielles d’évolution pour simuler les
écoulements fluides, les transferts de chaleur, les réactions chimiques et autres phénomènes
connexes en une, deux ou trois dimensions, en régime transitoire ou permanent. Pour
effectuer le calcul numérique, la discrétisation se fait en divisant le domaine en un ensemble
de volumes de contrôle finis pour lesquels on détermine la valeur de chacune des variables
(pression, température, concentration, vitesses, turbulence) en résolvant l'équation de
conservation généralisée :

132
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft


( ρ φ ) + ∇ • ( ρ V φ ) = ∇ • ( Γφ ∇ φ ) + S φ (IV. 4)
∂ t

Avec t le temps, φ la propriété transportée (T), V le vecteur vitesse, ρ la densité du fluide,


Γ le cœfficient de diffusion, et S le terme source de la grandeur considérée φ par unité de
volume.
Cette équation générique est appliquée successivement aux variables dépendantes décrites
le tableau VI.9 :

Tableau IV.9 : Présentation des différents termes de l’équation de transport pour la variable φ

φ Γφ
Continuité 1 0
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Moment u, v, w µe
Température T ( µl / σ l + µt / σ T )

Turbulence k ( µl + µt / σ k )

Dissipation ε ( µl + µt / σ ε )

Ici µ l est la viscosité dynamique laminaire, µ t est la viscosité turbulente et µ e la viscosité

efficace, enfin σ k et σ ε sont les coefficients du modèle de turbulence standards.


PHOENICS approche la solution exacte des équations différentielles décrivant la
physique du phénomène (transfert de chaleur…) par un processus itératif qui consiste à
corriger chacune des variables calculées jusqu'à ce que les distributions obtenues vérifient les
équations de base avec un degré d'erreur acceptable. La mesure de cette correction est donnée
par la valeur des résidus, pour chacune des variables, à chaque itération. Plus les résidus sont
faibles, plus la solution calculée est proche de la solution exacte du système algébrique
obtenu.

IV.9.2 Méthodologie
La pertinence de la simulation numérique des écoulements fluides s’appuie sur un choix
approprié d’un maillage du modèle géométrique (Figure VI.31). La précision des résultats
dépend de la dimension des mailles. La méthode des volumes finis consiste à subdiviser le
domaine d’étude en un nombre fini de volumes et d'établir sur ces volumes des bilans de
masse, de moment et d’énergie. Ceci permet de déduire les températures à la surface des

133
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

condenseurs. Dans une première étape, on crée la géométrie générale en définissant les points,
les lignes et les différents objets qui sont présent dans le domaine de calcul (murs,
condenseurs) et également les objets extérieurs (Entrée, Sortie et Paroi) qui définissent les
conditions aux limites du problème considéré.
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Figure VI.31 : (a) Maillage du domaine d’étude; vue de l’ensemble du domaine (4


condenseurs sur le toit de la station à Mirleft), (b) : vue longitudinal du maillage de la station
et (c) : vue transversal du maillage.

IV.9.3 Description des cas simulés


Dans cette section, on donne une brève description des cas simulés avec la version 2008
du PHOENICS en insistant sur leurs points communs qui se résument en :
* La géométrie du domaine d’étude (4 condenseurs sur le toit d’une maison) : 4
parallélépipèdes d’1 m² avec une épaisseur de 0,1 m.
* Un profil de vent de type atmosphérique, choisi avec une quantité de turbulence
de l’ordre de 5%. L'écoulement considéré dans le domaine est par conséquent turbulent et
résolu par le modèle k-ε standard.

134
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.9.3.1 Influence du vent


Le vent est un facteur très important sur les rendements en rosée. Les simulations
numériques ont montré (Clus et al., 2006b) que pour RH = 85 % et V ≥ 3,0 m s-1 l’apport
thermique sur un condenseur 1 m² standard de type OPUR (face arrière au vent dominant) est
suffisamment important pour empêcher la condensation de rosée. Cet ordre de grandeur est
confirmé par de nombreuses mesures sur sites (Muselli et al., 2002 ; Beysens et al., 2003 ;
Mileta et al., 2004 ; Muselli et al., 2006a). Par CFD on a pu ainsi simuler la trajectoire
effectuée par l’air et établir les profils de température (champs thermiques) à la surface de
chaque condenseur. Les figure VI.32a et VI.32b présentent les profils de température de
surface pour deux configurations différentes concernant la présence ou non des murs (coupe-
vent) autour des condenseurs. L’échelle des températures est représentée par des couleurs
variant du bleu (basse température) au rouge (haute température).
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Au niveau du toit avec des murs (Figure VI.32a), les températures prélevées au niveau
de chaque surface différent selon l’emplacement des condenseurs. Celui qui est placé dos à la
direction du vent à une température plus faible (C1), par contre celui en face a une
température supérieure par rapport aux autres (C3) (Tableau IV.10). Il apparaît que C1 avec
vent arrière est le plus favorable à une meilleure condensation, selon Beysens (Beysens et al.
2003) et Clus (Clus et al. 2006) cette configuration permet d’envisager un gain d’efficacité
supérieur à 10 % pour un vent de 1,5 m s-1 correspondant au vent moyen durant les
événements de rosée. On remarque aussi que Tc varie de manière importante à proximité des
extrémités des condenseurs. A cet endroit, l’air se trouve piégé sous l’influence d’un vortex
de recirculation. Ce résultat était déjà montré pour des surfaces inclinées (Condenseur de 30
m2 d'Ajaccio, Muselli, 2002) et l’usine à rosée de Panandhro (Inde) (Clus O., 2007).
Par contre au niveau du toit sans mur (Figure VI.32b), les condenseurs ont des
températures supérieures par rapport au premier cas. La géométrie du toit de la station semble
être bénéfique pour améliorer le rendement de la rosée. La présence de ces coupe-vents à
proximité des condenseurs, se révéle être efficace face aux effets du vent. D’autres études ont
été réalisées sur ce sujet et montrent qu’un brise-vent, contrairement à ce que l’on peut croire
doit être perméable pour être efficace. En effet, le brise-vent doit avoir une porosité
supérieure à 25 % pour permettre de conserver un flux laminaire en aval, de direction
semblable au vent dominant mais de vélocité réduite (Clus, 2007). Pour une porosité optimum
de 35 à 40 % (Melaragno, 1982 ; Guyot, 1999) le produit de la réduction moyenne du vent par
la longueur de la zone protégée est maximum.

135
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

Tableau VI.10 : Influence du vent sur Tc des condenseurs installés sur deux toits différents.

Tc (°C) Condenseur1 Condenseur2 Condenseur3 Condenseur4

Toit avec murs 12,77 13,43 11,88 12,16

Toit sans mur 13,81 14,10 13,74 14,25

IV.9.3.2 Influence du rayonnement thermique émis par l’atmosphère


Dans cette partie, nous vous proposons d’allons étudier l’influence du rayonnement sur
la température de surface des condenseurs (Tc). Pour cela, nous prenons deux cas de l’état du
ciel au dessus de la station, un avec une température atmosphérique de -73 °C et le l’autre
avec une température de + 10 °C. En général, le rayonnement thermique du ciel vers les
condenseurs est un facteur limitant de la condensation de l’humidité atmosphérique. Les
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résultats obtenus par CFD montrent que la température des condenseurs varie
considérablement pour les deux cas simulés (Tableau IV.11).
L’influence du rayonnement du ciel, c'est-à-dire de la couverture nuageuse sur la
condensation de rosée a été énoncée au paragraphe précédent, la comparaison entre Tc et la
nébulosité montre que Tc augmente avec celle-ci. En effet, le refroidissement radiatif du
condenseur est diminué (Tc élevée) par l’effet de serre dû à la couverture nuageuse.

Tableau VI.11 : Influence du rayonnement sur Tc des condenseurs.

Tc (°C) Condenseur1 Condenseur2 Condenseur3 Condenseur4


Rayonnement (-73°C) 12,77 13,43 11,88 12,16
Rayonnement (10°C) 13,45 13,98 12,89 13,37

Nous avons abordé au cours de cette partie l’étude des champs thermique et dynamique
sur les condenseurs. Nous avons procédé à des simulations à l’aide d’un code CFD-
PHOENICS basé sur un schéma de discrétisation en volumes finis des équations qui régissent
les échanges thermiques. Nous avons simulé numériquement le mouvement de l’air autour de
deux types de toits (avec et sans murs) et constaté que la présence de murs autour des
condenseurs est favorable pour diminuer le réchauffement des condenseurs par l’effet du vent.

136
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

Figure VI.32 : Simulation de l’écoulement de l’air et transfert de chaleur à la surface des 4


condenseurs sur le toit de la station de mesure (Logiciel PHOENICS version 2008). (a) :
température de surface pour des condenseurs entourés par le mur (b) et sans mur.

137
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

IV.10 Conclusion
L’analyse de données récoltées durant cette période a permis d’étudier l’amplitude de la
rosée, de la pluie et, dans une moindre mesure, celle du brouillard dans la région de Mirleft.
La quantité de rosée cumulée pour les 12 mois de mesure est 18.85 mm, à comparer à la pluie
48.65 mm. Pour le brouillard, 20 événements ont été signalés durant cette période d’étude,
avec 7 évènements significatifs donnant 1.41 mm. Pour Idhouasksou 7.075 mm de rosée on
été mesurés et 6,500 mm de brouillard seulement durant 3 mois. Le volume de ces eaux
représente presque 40% de l’apport annuel en pluie et apparaît donc une composante
essentielle de l’apport hydrique.
Ce chapitre nous a permis de cerner les relations entre les paramètres climatiques et le
phénomène de la condensation de la vapeur d’eau.
Nous avons préconisé dans ce travail un ensemble de techniques statistiques permettant
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des analyses ciblées pour concevoir des relations entre les paramètres climatiques (ACP),
d’autant plus que nous avons pu faire ressortir les particularités des conditions de la formation
de la rosée. Ces analyses permettent d’identifier des séquences climatiques caractéristiques de
la rosée et leur évolution durant cette année d’étude.
L’ACP est utilisée comme étape préalable à la classification pour deux raisons : pour
son pouvoir de description et son pouvoir de filtrage qui devrait permettre de travailler sur des
coordonnées factorielles moins nombreuses que les variables de départ. L’apport de la
classification hiérarchique ascendante est une opération complémentaire de l’analyse en
composante principale. La typologie se sert de cette méthode pour fournir une autre forme de
synthèse des données. Les individus qui se ressemblent au niveau des variables actives sont
rassemblés dans une même classe. Les classes sont calculées pour que, lorsque l’on passe
d’une classe à une autre, on passe d’une catégorie particulière d’individus à une catégorie
différente. Les nuits avec rosée ont une grande corrélation avec l’humidité atmosphérique, et
les nuits sans rosée semblent très liées à un état du ciel nuageux et à des fortes vitesses du
vent. La logique est donc respectée.
Nous disposons aussi dans ce chapitre d’un ensemble de modèles linéaire, polynomial et
réseau de neurone pour estimer le rendement de la rosée. A ce sujet, une étude de l’équipe
française (OPUR) a éléboré un modèle physique se basant uniquement sur quelques
paramètres climatiques concernant et testé sur une dizaine de région du monde, incluant les
régions tropicales, où notre équipe a mené des recherches sur ce phénomène.

138
Chapitre IV : La rosée dans la région de Mirleft

Par ailleurs, cette modélisation nous a aidé à déterminer la rosée dans une quinzaine de
sites au Maroc. Une analyse spatio-temporelle du rendement de la rosée et de l’humidité
relative a permis une meilleure connaissance du phénomène de la condensation à l’échelle du
pays. De plus, les résultats de nos recherches permettent de constater que ces paramètres
changent durant les mois étudiés et on peut parler d'une relative originalité régionale.
Dans le but de déterminer la qualité de l’eau de rosée récoltée à Mirleft par rapport à
celle d’autres régions dans le monde (Croatie, Bordeaux et Ajaccio), une étude chimique et
biologique a été réalisée. Le chapitre qui suit, présente les analyses effectuées et les résultats
obtenus.
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139
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.1 Introduction
Lors de la condensation de la vapeur atmosphérique sous forme de pluie ou de rosée,
l’eau dissout des minéraux (aérosols), se sature et précipite d’autres minéraux. Par suite, elle
acquiert une composition chimique qui est le résultat de ses interactions avec l’atmosphère, et
l’influence qui est fonction de facteurs externes naturels ou anthropiques.
L’eau joue donc deux rôles complémentaires : (Bakalowicz, 1979)
Réactif chimique qui dissout les minéraux et les matières organiques.
Agent transporteur d’énergie et de matière.
L’analyse physico-chimique de la rosée nous renseigne sur la qualité de l’eau issue de la
condensation de la vapeur d’eau atmosphérique. Ce phénomène est dû au refroidissement
radiatif à la surface d’un condenseur constitué d’un Foil spécifique produit par l’association
OPUR.
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La composition de cette eau est enrichie par la dissolution des gaz environnants et des
petites particules qui se déposent sur la surface du condenseur (Beysens et al, 2006).
Comparée aux études physiques et météorologiques, la qualité de l'eau de rosée a été l'objet de
peu de recherches (Pierson et al (1986), Mulawa et al (1986), Okochi et al (1996), Pierson et
al (1988), Pierson et Brachaczek (1990), Sceller (2003)). Des analyses chimiques ont été
réalisées dans quelques régions du globe, au Chili (Rubio et al, 2002), au USA (Mulawa et al,
1986), au Japon (Chiwa et al, 2003) et en Jordanie (Jiries, 2001), dont les caractéristiques
étaient différentes. L'eau de la rosée est très corrosive au Chili avec une concentration ionique
élevée, très acide au Japon avec une haute concentration des sulfates et des nitrates, et
légèrement alcaline et faiblement minéralisée en Jordanie. En Corse, les caractéristiques de la
rosée sont comparables à celles de la Jordanie avec une alcalinité plus forte (Muselli et al,
2002, 2006b). Une étude sur une année de la chimie et de la bactériologie de la rosée
effectuées à Ajaccio (Muselli et al, 2002, 2006b) et Bordeaux (Beysens et al, 2005) a permis
de caractériser la qualité de l’eau de rosée.
Dans ce travail, on présente une étude de comparaison de la composition chimique de
l'eau de rosée et de l’eau de pluie récoltées dans la région de Mirleft au Sud Ouest du Maroc.
La comparaison entre ces sources nous donne une idée sur l'influence possible du substrat de
condensation et de la contribution potentielle des aérosols atmosphériques. Dans cette
période, les mesures ont été effectuées sur 28 événements de rosée et 9 événements de pluie.
La conductivité électrique EC et le pH ont été mesurés immédiatement à la fin de chaque
prélèvement. Les anions majeurs (Cl-, NO3-, HCO3- et SO4) et les cations majeurs (K+, Mg2+,

140
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Na+ et Ca2+) ont été analysés au Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique
(CNRST) dans les laboratoires de l’Unité d’Appui Technique à la Recherche Scientifique
(UATRS) de Rabat.
Les données présentées dans ce chapitre sont issues des campagnes de prélèvements
réalisées de mai 2007 à avril 2008.
Nous avons choisi de considérer tout d’abord les paramètres phusico-chimiques mesurés
un à un afin de les comparer à ceux publiés dans d’autres travaux de recherches pour
discerner leur comportement vis-à-vis de la position géographique et de certains paramètres
tels que la vitesse et la direction du vent, puis d’utiliser des analyses multidimensionnelles
dont l’Analyse en Composantes Principales (ACP) afin de déterminer les groupements
d’éléments chimiques et leurs origines probables.
Nous pouvons aussi remarquer que les résultats présentés dans cette partie ont un intérêt
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

dans le cadre de la la caractérisation du site prospecté qui montre qu’il se trouve dans une
zone où les activités anthropiques sont limitées (exploitation de la rosée envisageable).

141
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.2 Description des données


Tous les minéraux sont plus ou moins solubles dans l’eau. Cette solubilité n’est pas
identique pour tous les minéraux. Elle dépend de la nature du minéral, de variables physiques
(température et pression) et de la composition chimique du solvant (l’eau).
Le temps joue un rôle principal dans les processus de dissolution ; l’acquisition de la
minéralisation d’une eau n’est pas instantanée : plus le contact avec la surface de
condensation ou la roche est long et plus l’eau a le temps de dissoudre et de se minéraliser.
Les activités anthropiques peuvent également constituer un apport d’éléments importants dans
la composition chimique de l’eau.
En général, une partie de la minéralisation de l’eau de rosée et de pluie dépent de
facteurs externes naturels comme les aérosols (sels marins et poussières continentales) et des
facteurs anthropiques dont les plus importants sont la pollution industrielle enrichissant l’air
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en NO3- et SO42- (responsable des pluies acides anthropiques), des produits chimiques comme
le plomb et les hydrocarbures.

V.2.1 Caractéristiques géochimiques de l’eau de rosée et de pluie


Les prélèvements de l’eau de la rosée et de la pluie sont caractérisés par les variables
suivantes : température (T), pH, conductivité, calcium (Ca2+), magnésium (Mg2+), sodium
(Na+), potassium (K+), chlorures (Cl-), sulfates (SO42-), nitrates (NO3-), la fraction du sel de
mer (Sea-salt fraction ; SSF) et le facteur de neutralisation (NF). Devant le nombre important
de variables et de données ainsi recueillies, nous avons eu recours, pour l’interprétation, à
l’analyse en composantes principales. Cette méthode de traitement est bien connue pour une
description objective des tableaux de données ; elle permet une mise en évidence de facteurs à
l’origine de l’évolution des variables et de leurs relations.

V.2.2 Les analyses statistiques


Les concentrations chimiques dans les eaux de rosée et de pluie sont variables dans le
temps et dans l’espace en relation directe avec l’environnement et les conditions climatiques.
Le nombre de variables est trop grand pour pouvoir faire une synthèse facile des données. Les
analyses faites par la statistique élémentaire et les analyses factorielles permettent d’observer
les variations et les relations entre les différentes variables et objets ou échantillons. Plusieurs
méthodes sont bien adaptées aux données chimiques, on a utilisé le logiciel Statistica 6.0 pour
effectuer une Analyse en Composantes Principales (ACP).

142
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Depuis les années 1980, les analyses par l’ACP sont de plus en plus utilisées en écologie
aquatique car ces méthodes se révèlent être des outils utiles pour identifier les paramètres
importants pour la gestion des eaux de surface. De nombreuses études ont récemment été
menées afin de trouver les paramètres physico-chimiques les plus pertinents pour estimer la
qualité des eaux, visualiser son évolution au cours du temps et organiser la gestion de d’eau.
L’ACP est aussi couramment utilisée dans les études prenant en compte à la fois l’influence
des facteurs climatiques et des facteurs anthropiques sur l’eau de pluie afin de distinguer par
exemple, l’origine de certains paramètres chimiques (Zhang et al 2007, Báez et al 2006, Báez
et al 2007, Cecilia et al 2007).

V.2.3 Validité des données de terrain (balance ionique)


La balance ionique est un moyen de détecter la majorité des erreurs commises. L’erreur
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sur la balance ionique est donnée en pourcentage par la formule suivante :

Balance ionique (BI) = 100* (SA – SC) / (SA + SC) (V.1)

Où : SA = somme des anions, et SC = somme des cations


Si BI n’appartient pas à l’intervalle (-5%, +5%), l’analyse est entachée d’une trop forte
erreur et l’échantillon n’est pas gardé.
Le bilan ionique a été calculé pour tous les échantillons analysés. Le bilan obtenu sur
chacun de ces échantillons a rarement excédé 4%. Toutes les données peuvent donc être prises
en considération à part quelques échantillons (3 échantillons) dont la BI est supérieure à 5%.

V.2.4 Les éléments caractéristiques de la rosée et de la pluie


Mg2+ : les eaux de pluies sont pauvres en Mg2+. Il provient de la dissolution des
dolomies et de calcaires dolomitiques. La présence du magnésium indique généralement des
eaux à transit lent (Bakalowicz, 1994). Il vient aussi des embruns marins.
Na+, K+, Cl- : leur concentration est généralement variable dans les eaux de
condensation et ils proviennent :
* Des précipitations : c’est le principal apport par lessivage des aérosols marins ;
trois facteurs sont à prendre en compte : l’éloignement du littoral, l’origine des
précipitations, et la dilution
* De la dissolution des formations évaporitiques : absentes dans la région de
Mirleft.

143
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

* D’une reconcentration : plusieurs phénomènes d’origine chimique, biologique


ou climatique, peuvent influer sur la concentration des ions Na+, K+ et Cl-.
SO42- : la variabilité des concentrations en SO42- dans les eaux est liée à différents
mécanismes :
* Eaux de pluies : les eaux de pluies contiennent des quantités non négligeables
de SO42-. Il provient de l’oxydation du soufre dans l’atmosphère qui se trouve en abondance
dans les zones industrielles. Cette oxydation est responsable des pluies acides.
* Apport dû à l’encaissant : la dissolution de roches évaporitiques fournit des
sulfates aux eaux souterraines.
* Origine agricole : les scories potassiques et certains phosphates utilisés comme
engrais peuvent apporter des sulfates.
NO3- : sa présence est généralement associée à l’agriculture ; c’est le meilleur signe de
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pollution d’origine agricole. Les nitrates proviennent également des eaux usées domestiques
non traitées. Dans notre étude, son origine probable se trouve dans les excrétions des insectes,
oiseaux ou petits mammifères venant s'abreuver en eau de rosée au condenseur.

V.3 Synthèse des analyses faites sur la rosée et la pluie


Les tableaux V.1 et V.2 récapitulent les compositions chimiques moyennes, maximales
et minimales des événements de rosée et de pluie depuis le 01/05/2007 jusqu’à le 31/04/2008.
Il se dégage un certain nombre d’informations générales sur l’analyse physico-chimique des
eaux du secteur d’étude. La lame d’eau précipitée (Pluie) pendant cette période à Mirleft a été
de 48.65 mm. L’année hydrologique 2007 est une année faiblement pluvieuse. Alors que la
quantité de rosée et de brouillard récolée sont respectivement 18.85 mm et 1.41 mm.

V.3.1 Analyse physico-chimique


L’analyse statistique des éléments caractéristiques de l’eau de rosée et de pluie a été
calculée et présentée dans les Tableaux V.1 et V.2. L’analyse physico-chimique montre que la
nature de ces eaux est alcaline et la conductivité moyenne ne dépasse pas 727.85 µS/cm (±
678.64) pour la rosée et 316 µS/cm (± 306.07) pour la pluie. Les éléments majeurs analysés
sont : calcium, magnésium, sodium et potassium pour les cations ; chlorures, sulfates et
nitrates pour les anions. Les concentrations de ces différents ions montrent la dominance du
Cl- par rapport aux autres éléments. Pour le plomb, le cuivre et le zinc, ils se trouvent en faible
quantité dans ces eaux.

144
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.3.2 Le pH de la rosée et de la pluie


Le pH de la rosée prend une évolution qui varie durant la période d’étude, il prend des
valeurs comprises entre 6,75 et 7,93 (Figure V.1). Les mêmes variations périodiques sont
observées pour le pH de la pluie mais dans l’intervalle [6,49 - 7,17]. Ces variations sont dues
aux différences de quantité d’eau récoltée pour chaque saison, les faibles volumes ayant un
pH plus élevé (Figure V.2). Cependant, le volume d’eau ne peut pas complètement expliquer
ces variations du pH qui sont liées à la concentration des gaz et des particules suspendues
dans l’air. Le faible pH de la pluie par rapport à celui de la rosée (Figure V.3) peut être
expliqué par les proportions différentes en éléments chimiques des deux types de
précipitations qui sont dues aux variations dans la composition atmosphérique en aérosols et
en gaz entre les hautes et les basses altitudes (Wagner al, 1992 in Jiries, 2001). Sur la surface
du condenseur, l’eau de rosée dissout les particules dérivées des sols alcalins. Ainsi, plus le
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taux de condensation est intense (volume élevé), plus ces substances seront diluées et par
conséquence, la neutralisation des gaz (NOx, SOx) responsables de l’acidité de l’eau sera
abaissée. De plus, les variations saisonnières des pH (rosée et pluie) signifient que le volume
ne peut être la seule variable (Beysens et al ; 2005). Le pH évolue suite aux contaminations
d’espèces acides et aérosols alcalins ; ces composantes atmosphériques sont influencées par
les activités anthropiques, les conditions climatiques (vitesse et direction du vent) ainsi que
les événements de pluie précédents qui dégagent les aérosols de l’air avant les mesures (Ali et
al ; 2004).

145
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Tableau V.1 : Différentes propriétés physico-chimiques de la rosée

Moyenne Min Max Ecart type


pH in situ 7,40 6,75 7,93 0,27
EC (µS/cm) 727,25 38,6 2680 678.64
Ca2+ mg/l 48,27 16,65 108,18 24
Na+ mg/l 99,27 17,65 287,91 112,78
Mg2+ mg/l 16,19 4,3 38,09 11,75
K+ mg/l 9,50 1,81 18.65 5,42
Cl- mg/l 255,52 60,84 571,05 209,8
2-
SO4 mg/l 18,34 5,54 54,13 13,63
-
NO3 mg/l 14,90 5,43 28,79 8,71
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Cu mg/l 0,018 0,001 0,033 0,01


Pb mg/l 0,005 0,004 0,008 0,001
Zn mg/l 0,022 0,001 0,147 18,94
-
CFU ml , 20 °C 170 160 180
-
CFU ml , 37 °C 340 280 400

Tableau V.2 : Différentes propriétés physico-chimiques de la pluie.

Moyenne Min Max Ecart type


pH in situ 6,89 6,49 7,17 0,22
EC (µS/cm) 316 14,50 1081 306,07
Ca2+ mg/l 30,86 7,38 50,61 14,04
Na+ mg/l 68,76 6,10 188,43 74,29
Mg2+ mg/l 10,34 1,38 26,75 8,76
K+ mg/l 5,12 0,71 9,68 3,16
Cl- mg/l 147,05 24,79 386,81 118,51
SO42- mg/l 16,85 1,24 47,77 14,15
NO3- mg/l 7,73 0 24,47 8,49
Cu mg/l 0,018 0,002 0,022 0,007
Pb mg/l 0,017 0,004 0,01 0,032
Zn mg/l 0,006 0,003 0,01 7,26

146
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.1 : Evolution du pH de la rosée et de la pluie pendant la période d’étude.

FigureV.2 : Evolution du pH en fonction du volume de l’eau de rosée récoltée.

147
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.3 : Comparaison entre la distribution du pH de la rosée et de pluie (histogramme).

148
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.3.3 La conductivité de rosée et de pluie


La conductivité électrique de la rosée pendant toute la période d’étude prend des valeurs
allant de 38.6 µS/cm jusqu’à 2680 µS/cm avec une moyenne de 725.25 µS/cm (± 678.64
µS/cm) par contre celle de la pluie s’étend de 14,5 µS/cm à 1081 µS/cm avec une moyenne de
316 µS/cm (± 306,07 µS/cm). On remarque que la conductivité de la rosée présente des
variations temporelles plus importantes que celles observées pour la pluie, les grandes valeurs
se concentrent dans les mois de mai, juin, juillet et août (saison sèche) (Figure V.4). Comme
le pH, la conductivité électrique diminue avec les volumes élevés, en accord avec la
dissolution des gaz et des particules déposées sur la surface du condenseur (Figure V.5)
(Beysens et al., 2006, Ali et al., 2004, Das et al., 2005).
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Figure V.4 : Evolution de la conductivité électrique de la rosée pendant la période d’étude.

149
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.5 : Influence du volume de la rosée sur la conductivité électrique.

V.3.4 La concentration ionique de l’eau de rosée et de pluie


Les concentrations ioniques moyennes (en mEq/L) des espèces chimiques majeures
obtenues par l’analyse de l’eau de rosée et de pluie pour la période d’étude sont présentées
dans la Figure V.6. Dans la rosée, les cations se concentrent de manières différentes, ils
prennent l’évolution suivante ; Na+ > Ca²+ > Mg²+ > K+, pour la concentration des anions : Cl-
> SO42- > NO3-. La comparaison de la chimie des deux eaux montre que la rosée est plus riche
en Ca²+, K+ et SO42- que la pluie ou Na+ et Cl- sont dominants. Dans l’eau de pluie, les
concentrations des ions évoluent de la même façon pendant toute la période d’étude. Les
sources probables du Ca²+, Mg²+, K+ sont les poussières du sol suspendues dans la couche
inférieure de l’atmosphère mais aussi les particules du milieu environnant amenées à la
surface du condenseur par le vent. Les présences élevées du Cl- et Na+ sont principalement
dues aux sels marins qui sont drainés aux alentours du site d’étude qui se trouve à 200 m de la
côte. Les valeurs moyennes du pH de l’eau de rosée et de pluie (respectivement 7,4 et 6,85)
sont supérieures au pH (5,6) de la vapeur d’eau en équilibre avec le CO2 atmosphérique. Cette
alcalinité est due aux faibles teneurs en acides sulfuriques (SO42-) et nitriques (NO3-) qui
contribuent à l’acidité de l’eau et aux fortes concentrations cationiques (Ca²+ + Mg²+)
responsables de la neutralisation de ces anions. Ainsi le rapport (SO42- + NO3-) / (Ca²+ + Mg²+)
ou TA/TC peut être considéré comme indicateur d’acidité. Si TA/TC est inférieur à 1, il

150
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

indique la nature alcaline de l’eau et s’il est supérieur, il indique la présence des anions libres
responsable du pH faible. La chimie de la rosée et de la pluie montre qu’elle est beaucoup
plus riche en éléments que celle d’autres régions (Bordeaux), cette différence est due aux
fortes contributions des apports désertiques qui caractérisent la région d’étude (Tableau V.3).
Elle est à noter que cette composition chimique respecte les normes de l’Organisation
Mondiale de la Santé OMS sauf pour le Cl-, Mg²+. Pour le Zn, on a enregistré deux valeurs
élevées dues à l’utilisation des plaques galvanisées au lieu du foil, ce qui montre l’influence
de la surface de collecte sur la chimie de l’eau de rosée et de pluie.
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Figure V.6 : Caractérisation de la chimie de l’eau de rosée et de pluie dans la région de


Mirleft.

151
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Tableau V.3 : La chimie de l’eau de rosée à Mirleft comparée avec celle de pluie, WHO et
l’eau de rosée d’un autre littoral océanique (Bordeaux, France).

Rosée 2007-2008 Pluie 2007-2008 Max WHO Rosée (Bordeaux)

pH in situ 7.4 6,89 9.5 6.26


EC (µS/cm) 727.25 316 45.1
MT mg/L * 560 230 35
Ca2+ mg/L 48.94 30.86 1.47
Na+ mg/L 125.94 68.76 200 3.6
Mg2+ mg/L 17.97 10.34 0.5 0.36
K+ mg/L 10.08 5.12 0.41
Cl- mg/L 304 147.05 250 5.52
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SO42- mg/L 20.1 16.85 500 3.75


NO3- mg/L 7.1 7.73 40 2.8
TA/TC 0.4 0.47
* MT mg/L : Minéralisation totale

V.4 Variations temporelles des concentrations ioniques


Le Tableau V.4 met en évidence des écarts importants entre les valeurs extrêmes
(minimum - maximum) de concentration relevées pour chaque élément. L’étude de ces écarts
entre extremum est utilisée pour l’interprétation des variations temporelles élémentaires.
L’écart relatif entre les valeurs extrêmes de concentration est calculé sous forme de
pourcentage, selon l’équation V.2.

Ecart % = 100 x (Cmax – Cmin/Cmin) (V.2)

Où Cmax est la concentration maximale et Cmin la concentration minimale.

Tableau V.4 : Ecart relatif en pourcent entre les extremums des concentrations.

Eléments Ca2+ Mg2+ Na+ K+ Cl- NO3- SO42 Cu Pb


% Rosée 550 786 929 1763 1889 430 876 3200 100
% Puie 586 1836 1260 2986 1460 652 3752 806 2375

152
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Quelle que soit la fraction considérée, les pourcentages obtenus oscillent entre 100 %
pour le Pb et 3752 % pour le SO42, ce qui traduit une forte hétérogénéité des résultats. En
prenant comme borne de classement une valeur d’écart relatif de 100 %, qui équivaut à un
rapport Cmax/ Cmin = 2, il est possible de distinguer que tous les éléments chimiques de la rosée
et de pluie sont hautement variables (Ecart > 100 %).
En considérant la rosée, seul le plomb (Pb) dispose d’une valeur d’écart égale à 100 %.
De plus, les pourcentages calculés pour la rosée sont tous inférieurs aux taux relevés pour la
pluie à l’exception de Cl- et Cu.
Suivant les éléments de chaque ressource, l’amplitude entre les teneurs extrêmes met en
évidence l’existence de variations temporelles plus ou moins marquées. Cette approche reflète
les écarts de concentration pouvant exister au fil du temps mais ne renseigne pas sur le
comportement dans le temps. Il est de fait nécessaire de déterminer pour ces éléments
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

chimiques et ceci en fonction du type de la ressource considérée, si ces variations de


concentration sont significatives, et si elles se produisent aléatoirement, au fil du temps, ou
sur des périodes définies de l’année telles que les saisons.

V.4.1 Variations mensuelles


 L’eau de rosée
La variation des concentrations moyennes mensuelles des ions inorganiques majeurs
dans l’eau de rosée est représentée dans la Figure V.7. Les concentrations varient de mois en
mois pour la plupart des ions. Il est clair que les plus hautes concentrations de tous les ions
ont été observées pendant les mois de Juin et Février. Les vitesses les plus élevées du vent
pendant l'été ont tendance à augmenter l'émission des particules de sources terrestres. En plus,
la rareté des pluies pendant une saison sèche permet aux aérosols de séjourner plus longtemps
dans l’atmosphère.
Il est aussi intéressant de comparer des concentrations des ions en février, juin et avec
ceux d’octobre, novembre et décembre. Le volume total de la rosée en Juin et Février est 1.34
mm comparé à 8.106 mm en Octobre, Novembre et Décembre. En effet, les grands volumes
ont de faibles concentrations en éléments chimiques du fait de la grande dilution.

Dans la plupart des échantillons, le comportement temporel de Ca2+ est en rapport avec
le pH, ceci s’explique par l'incorporation des particules de la poussière dans les gouttes de
rosée qui s’est accompagnée d’une forte augmentation du Ca2+ dissous et du pH. De la même
façon, les concentrations élevées de Ca++ sont aussi associées avec les hautes concentrations

153
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

de Mg2+, SO42- et NO3-. Ces observations suggèrent que les sources terrestres ont influencé la
composition ionique de l’eau échantillonnée et l’acidité de la rosée et de la pluie s'est
probablement neutralisée par Ca2+ et Mg2+. On remarque dans ces échantillons, la même
évolution temporelle pour le Cl- et le Na+ qui proviennent probablement de la même source
(NaCl marin).

 L’eau de pluie
La figure V.8 récapitule l’évolution temporelle des éléments chimiques de quelques
épisodes pluvieux de l’année d’étude. Toutes les précipitations ont été prélevées et analysées,
sauf des épisodes où on n’a pas pu collecté ces échantillons (50% des données).
La hauteur d’eau précipitée pendant cette période à Mirleft est de 48.65 mm. Cette
année était une année faiblement pluvieuse. Les pluies les plus concentrées en éléments
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dissous sont les premières pluies, mais aussi celles qui arrivent en fin de saison de pluie. Les
premières sont riches en poussières et aérosols accumulés pendant toute la saison sèche dans
l’atmosphère, les autres sont riches en poussières car elles ont lieu après les vents chauds
provenant du désert et chargés en poussières.

154
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.7 : Variation temporelle des ions dans l’eau de rosée (unité : meq/L).

155
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.8 : Variation temporelle des ions dans l’eau de pluie (unité : meq/l).

156
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.4.2 Variations saisonnières


La variation des concentrations saisonnières des ions inorganiques majeurs dans l’eau de
rosée est représentée dans la Figure V.9. Il est clair que les plus hautes concentrations de tous
les ions ont été observés pendant les mois de Juin et Février. Les vitesses les plus élevées du
vent pendant l'été ont tendance à augmenter l'émission des particules de sources terrestres. En
plus, la rareté des pluies pendant une saison sèche a permis aux aérosols de plus longtemps
dans l’atmosphère. Par contre dans la saison humide, les précipitations et le climat froid qui
règnent dans la région ont tendance à minimiser les concentrations en éléments chimiques.
Ceci peut s’expliquer d’une part par la mobilisation minime des particules des formations
superficielles dont les sols sont humides et couverts de végétation, et d’autre part par une
concentration faible en poussières dans l’atmosphère par suite de son lessivage par la pluie. Il
est aussi intéressant de comparer les concentrations des ions par rapport aux saisons. Le
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volume total de la rosée en saison sèche est 3,11 mm comparé à 6,11 mm en saison de
transition et 9,63 en saison humide (Tableau V.5).

Figure V.9 : Variation saisonnière des éléments chimiques de la rosée durant la période
d’étude (Mai 2007- Avril 2008). (a) Ordonnée gauche : Ca2+. Ordonnée droite : K+, NO3- and
SO42-. (b) Ordonnée gauche : Na+ and Cl-. Ordonnée droite : Mg2+.

157
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Tableau V.5 : Comparaison entre la saison humide, de transition et sèche pour la période
d’étude.

Saison sèche Saison de transition Saison humide


Cumul de pluie (mm) 13,14 13,94 21,54
Cumul de la rosée (mm) 3,11 6,11 9,63
Temps de condensation (heure) 5,95 10,49 11,63
Vitesse de vent (moyenne en m/s) 2,22 1,57 1,35
Somme des cations (moyenne en mEq/L) 6,53 17,38 3,3
Somme des anions (moyenne en mEq/L) 6,58 16,61 3,17
d’origine continental (moyenne en mEq/L) 2,9 3,42 1,6
Sels marins (moyenne en mEq/L) 9,89 29,25 4,56
Origine anthropique (moyenne en mEq/L) 0,59 1,03 0,31

Ce paragraphe a permis de caractériser l’évolution temporelle des concentrations


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élémentaires chimiques dans la rosée avec notamment des regroupements d’éléments en


fonction de leur comportement saisonnier.
Au regard des valeurs de concentrations extrêmes, les éléments affichant la plus forte
variabilité au cours de l’année suivent l’ordre suivant ; Cu, Cl-, K+, Na+, SO42-, Mg2+,Ca2+ et
NO3-, tandis que Pb est le plus stable dans l’eau de rosée. En considérant un seuil de 100 %,
tous les éléments de la pluie présentent des écarts les plus importants et montrent une
variation temporelle plus importante que ceux de la rosée. Cette variabilité est peut être due à
la différence du nombre d’échantillons collectés à différentes périodes de l’année pour les
deux sources.
Diviser l’année en saisons, conduit à une simplification du système. Néanmoins, ce
mode de recoupement permet de dégager un certain nombre de caractéristiques.
L’évolution de la composition chimique de la rosée au cours de l’année montre un cycle
saisonnier significativement marqué pour la majorité des éléments (Ca2+, Na+, Mg2+, K+, Cl-,
NO3-, SO42-). Ainsi les phénomènes à l’origine de ces variations saisonnières affectent la
nature chimique de la rosée.
Les valeurs de concentration associées à chaque saison mettent en évidence des
comportements variés selon les éléments, avec des profils de concentration bien marqués
entre la période Transition – Sèche et la période Humide.
A partir des données de la littérature et de ces résultats, différentes hypothèses peuvent
être proposées pour justifier les variations temporelles et notamment saisonnières observées
sur la période étudiée :

158
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

(1) Existence de variations saisonnières de la précipitation. Au cours des périodes


pluvieuses, l’atmosphère est soumise à un phénomène de lessivage plus intense que lors des
périodes plus sèches.
(2) Existence de variations saisonnières des flux de dépôt des aérosols atmosphériques
ou du mode de dépôt entre la saison sèche, de transition et humide.
(3) Phénomène de dilution des ions dans la rosée. Cette hypothèse est probable si les
périodes caractérisées par un temps de condensation élevé et des plus faibles concentrations
coïncident. Ainsi, la diminution des concentrations en Ca2+, Na+, Mg2+, K+, Cl-, NO3-, SO42-
observée dans notre étude, sur la saison humide serait liée aux temps élevés de condensation
sur la période.
(4) La quatrième hypothèse relève des variations climatiques durant l’année d’étude. La
direction et la vitesse du vent, l’influence de la trajectoires des masses atmosphériques
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(origine marine ou terrestre) sur la saison de transition et sèche, aboutit, sur la période, à
l’agitation de l’atmosphère (vitesses du vent élevées) et l’apport des aérosols d’origine
terrestre ou marin.

V.5 Origine des éléments chimiques dans l’eau de rosée et de pluie


V.5.1 Relation entre les éléments chimiques
Le nombre d’échantillons étant suffisamment important pour faire une étude statistique,
notre approche statistique s’est déroulée en deux étapes :
1- Matrices de corrélation : elles indiquent les coefficients de corrélation R2 des
éléments chimiques. L'analyse par corrélation est une technique utile pour caractériser des
relations entre les ions dans l’eau de la rosée et de pluie.
2- Analyses factorielles et l’Analyse en Composantes Principales ont été utilisée pour
traiter les résultats obtenus dans ce travail.
V.5.1.1 Matrices de corrélation
L’analyse de corrélation est une technique utile pour caractériser les relations entre les
ions présents dans les eaux. Afin de trouver l'association entre des ions dans les précipitations
ainsi que leurs sources éventuelles, les corrélations entre les ions dans la rosée et la pluie sont
calculées et représentées dans les tableaux V.6 et V.7.

 Dans l’eau de rosée


Les espèces dites dérivées du sol telles que Ca2+ et K+ montrent de bonnes corrélations,
ce qui suggère leur origine continentale. De la même façon, les corrélations importantes sont

159
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

aussi observées entre l'espèce du sel de mer Na+ et Cl- avec un coefficient de corrélation de
0,981 indiquant leur source marine commune. Pour Mg2+, NO3- et SO42-, ils présentent une
bonne corrélation à la fois avec Ca2+ et K+ et avec Na+ et Cl- induisant ainsi des origines
diverses. Les bonnes corrélations observées entre les sulfates et les nitrates peuvent être
attribuées à la ressemblance de leurs comportements chimiques dans la rosée. Leur coefficient
de corrélation est 0.895.

 Dans l’eau de pluie


Pour trouver les associations possibles entre les ions dans la pluie, et par conséquent,
leurs sources probables, les corrélations entre ces éléments ont été calculées et présentées
dans le tableau V.7. Les ions acides NO3- et SO42- sont bien corrélées (R = 0.945) qui
indiquent leurs origines semblables, ceci peut être attribué à la ressemblance de leurs
pastel-00547593, version 1 - 16 Dec 2010

comportements chimique dans les précipitations et la co-émission de leurs précurseurs SO2 et


NOx. De la même façon, la bonne corrélation observée entre Ca2+ et K+ (R = 0.73), Ca2+ et
Mg2+ (R = 0.623) suggère une origine commune, probablement continentale. D’autres bonnes
corrélations ont été observées entre Mg2+ et Cl- (sel MgCl2 marin), K+ et Cl-, Na+ et Cl- (sel
NaCl marin), Mg2+ et Na+.

160
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Tableau V.6 : Matrice de corrélation des éléments chimiques de la rosée.

Variables Ca2+ Mg2+ K+ Na+ Cl- NO3- SO42- Cu Pb


Ca2+ 1
Mg2+ 0.754 1
+
K 0.776 0.778 1
+
Na 0.641 0.909 0.730 1
Cl- 0.724 0.922 0.782 0.981 1
-
NO3 0.894 0.868 0.895 0.783 0.852 1
SO42- 0.893 0.908 0.809 0.885 0.910 0.895 1
Cu -0.427 -0.810 -0.435 -0.904 -0.852 -0.586 -0.731 1
Pb -0.493 -0.697 -0.354 -0.697 -0.701 -0.563 -0.653 0.804 1
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Tableau V.7 : Matrice de corrélation des éléments chimiques de la pluie.

Variables Ca2+ Mg2+ K+ Na+ Cl- NO3- SO42- Cu Pb


2+
Ca 1
2+
Mg 0.623 1
K+ 0.730 0.940 1
+
Na 0.332 0.866 0.699 1
Cl- 0.555 0.959 0.881 0.947 1
NO3- 0.136 0.403 0.419 0.569 0.593 1
2-
SO4 0.016 0.262 0.326 0.445 0.474 0.945 1
Cu -0.279 -0.669 -0.429 -0.702 -0.598 0.062 0.286 1
Pb -0.408 -0.150 -0.098 0.131 0.077 0.757 0.887 0.510 1

161
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Les corrélations observées dans les précipitations locales (rosée et pluie) peuvent être
causées par les réactions chimiques atmosphériques des acides H2SO4, HNO3 et HCl avec les
composés alcalins riches dans les matières "carbonates" portées dans l'atmosphère par le vent.
Cela montre l’influence du sol sur la chimie des précipitations (Khemani et al., 1985 ; Applin
and Jersak, 1986 ; Munger, 1982 ; Varma, 1989 ; Casado et al., 1992).
Les événements NaCl peuvent être considérés comme des arrivées massives de la source
NaCl, ici majoritaires par rapport aux autres sources. Il existait plusieurs sources possibles de
NaCl : l’océan Atlantique, le désert au sud de la région d’étude riche en sels des Sebkha
(Kabbachi, 1998) et l’influence des caractéristiques de la géologie et de la pédologie de la
région. Dans notre cas, compte tenu de la position géographique de notre station situé à 200 m
de l’océan et l’éloignement du Sahara marocain, la source océanique devrait jouer le rôle
majeur.
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Les concentrations en Ca2+ et SO42- se corrèlent mieux dans la rosée que dans la pluie.
L’origine de ces éléments peut être les zones évaporitiques du Sahara marocain le long du
bassin Tarfaya-Laayoun qui contient du gypse dans les Sebkhas qui peuvent donc émettre
directement des microcristaux de gypse. Cependant, cette source de gypse primaire ne paraît
pas assez massive pour expliquer les fortes concentrations dans la rosée. Dans les Alpes
(Ronseaux and Delmas, 1988), les poussières d’origine saharienne sont de nature
principalement carbonatée mais elles sont attaquées par l’acidité atmosphérique H2SO4,
HNO3, HCl au cours de leur transport. On peut envisager de même dans la région d’étude, la
formation de gypse secondaire par réaction du carbonate de calcium avec l’acide sulfurique :

CaCO3 + H2SO4 → CaSO4 + CO2 + H2O

Les valeurs élevées du pH sont dues à la neutralisation de l’acidité par les éléments
alcalins. Cette neutralisation a été confirmée par une bonne corrélation entre les ions acides
SO42- et NO3- et les cations majeurs Ca2+, K+ et Mg2+.

V.5.1.2 Analyses factorielles


 Dans l’eau de rosée
Le premier composant (facteur 1) qui représente 47.56% de la variance totale est définit
par plusieurs variables : Ca2+ et K+ suggérés de source continentale (substrat local et régional)
et NO3- (Tableau V.8). La présence du nitrate dans ce facteur est plus complexe à expliquer.
Ses origines se trouvent principalement dans l’automobile, les activités de l'industrie, agricole

162
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

et biomasse brûlée (Zunckel et al. 2003), le nitrate dans la rosée peut dériver d'autres sources
comme les excrétions des insectes, oiseaux ou petits mammifères venus au niveau du
condenseur pour s’alimenter en eau de rosée au condenseur. Une partie de l’azote du sol
regagne l’atmosphère suite à l’action des bactéries qui dégradent les nitrates en N2O puis en
N2 qui sont libérés dans l’atmosphère. A l’inverse, une partie de l’azote atmosphérique
s’incorpore dans la biosphère et se transforme en nitrate grâce à l’énergie des éclairs qui
favorise les liaisons d’atomes d’azote et d’oxygène et donc la production de NO3- que rosées
et pluies ramènent au sol. Le poids d’azote ainsi précipité à la surface du sol est estimé à 1 à
10 Kg/ha/an, voir d’avantage si les orages sont fréquents dans la zone concernée (L’hirondel,
1996).
Le deuxième composant (facteur 2) est définit par Cl- et Na+, Mg2+ et SO42-.
L'association de Cl- et Na+ dans ce composant paraît être dû au sel marin riche en NaCl. Les
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deux éléments Mg2+ et SO42- peuvent être considérés comme les ions d’origines diverses
dans la rosée parce que Mg2+ vient bien que principalement de sources marine et peut être
aussi de sources continentale (sol local) et les sulfates SO42- sont issus de la dissolution des
oxydes de soufre (H2SO4) générés par les activités anthropiques. Ce composant couvre 40.73
% de la variance totale.

 Dans l’eau de pluie


Du fait de la différence des volumes d’eau précipitée, la composition et les
concentrations en substances diverses sont très variables. Néanmoins, on retrouve des
éléments communs avec ceux de la rosée. Les gouttelettes d’eau adsorbent une grande partie
des particules atmosphériques d’origine océanique et terrestre et dissolvent les gaz contenus
dans l’atmosphère. Le dioxyde de carbone présent dans l’air se dissout dans l’eau sous forme
d’hydrogénocarbonate HCO3- induisant un pH généralement compris entre 4 et 7. Les
activités anthropiques génèrent par ailleurs des oxydes de soufre (H2SO4) et des composés
azotés (HNO2 et NH3) qui peuvent modifier le pH. La dissolution de ces composés induit la
formation de sulfates (SO42-) et d’oxydes d’azote (NO2- et NO3-). Ainsi le facteur 2 qui
représente 34.45% de la variance est fortement corrélé avec SO42- et NO3-. L’influence de la
mer se fait toujours sentir en apportant des ions chlorure (Cl-) et des ions sodium (Na+) qui
définit le facteur 1 (38.46%).

163
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Tableau V.8 : Corrélations entre les variables et les facteurs issus d’une ACP (Rosée).

Eléments Facteur Facteur Facteur Facteur


1 2 3 4
Ca2+ 0.92 0.14 0.05 0.32
Mg2+ 0.68 0.70 0.05 0.09
+
K 0.90 0.26 0.19 -0.16
+
Na 0.54 0.76 0.36 0.04
Cl- 0.63 0.68 0.33 0.09
-
NO3 0.89 0.37 0.07 0.12
SO42- 0.79 0.50 0.19 0.22
Cu -0.23 -0.92 -0.22 -0.19
Pb -0.23 -0.68 -0.11 -0.65
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Tableau V.9 : Coordonnées factorielles après une ACP (Pluie).

Eléments Facteur Facteur Facteur Facteur


1 2 3 4
2+
Ca 0.21 -0.10 0.97 0.00
Mg2+ 0.81 0.10 0.48 0.33
K+ 0.57 0.16 0.65 0.47
+
Na 0.92 0.33 0.17 0.06
Cl- 0.81 0.33 0.42 0.21
-
NO3 0.28 0.93 0.18 -0.04
2-
SO4 0.11 0.98 0.09 0.11
Cu -0.91 0.38 -0.06 0.15
Pb -0.15 0.94 -0.30 0.06

164
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.5.2 Estimation de la contribution marine


Pour estimer la contribution des différents ions constituant l’eau de rosée et de pluie, la
fraction du sel de mer (Sea-salt fraction ; SSF) a été calculée, les autres espèces étant
qualifiées d’origine non marine (NSSF). Le sodium (Na+) considéré d’origine marine est la
référence principale de ce calcul (Keene et al, 1986 ; Kulshrestha et al, 1996 in Al Obaidy et
al, 2006) ainsi que la concentration ionique de l’eau de mer donnée par Riley et Chester
(1971). Cependant, les paramètres SSF et NSSF sont décrits par l’utilisation des équations
suivantes :

( Na)( X / Na) sea


% SSFX = 100 × (V.3)
X
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% NSSFX = 100 − SSFX (V.4)

où X est le composant dont on veut connaître l’origine.

Les résultats présentés dans le Tableau V.10 montrent que Ca²+ et K+ sont d’origines
non marines avec un pourcentage de 90,14% et de 51,86% pour la rosée et 91,46% et 94,18%
pour la pluie. Le Mg²+ dans l’eau de rosée semble affecté par les particules du sel de mer
ainsi que le Cl- dont le %SSF est respectivement égal à 84,47% et 74,42%. Dans la pluie, on
remarque les mêmes constatations avec 79,85 %SSF et 84,21 %SSF. Ces pourcentages
indiquent la contribution possible d’autres composants, probablement du sol.

Tableau V.10 : Comparaison entre des ratios des ions par rapport au Na+ de l’eau de mer avec
ceux de la rosée et de la pluie.

165
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.5.3 Facteur de neutralisation


Les valeurs élevées du pH sont dues à la neutralisation de l’acidité par les éléments
alcalins. Cette neutralisation a été confirmée par une bonne corrélation entre les ions acides
SO42- et NO3-et les cations majeurs Ca2+, K+ et Mg2+ avec R² = 0.96 (Figure V.10). Les
substances acides (SO42-, NO3-) contenues dans l’eau de rosée et de pluie réagissent avec les
composantes basiques (Ca²+, Mg²+, K+). Pendant cette opération l’acidité disparaît et l’eau
devient neutre. Dans le but de déterminer le rôle joué par les cations pour neutraliser l’acide
sulfurique et nitrique, le facteur de neutralisation (NF) est calculé selon la formule suivante
(Possanzini et al, 1988, Das et Al, 2005) :

NFX = [ X ] /[ NO3− + SO42 − ] (V.5)


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où X est l’espèce responsable de la neutralisation (Tableau V.11).

Figure V.10 : Comparaison entre les éléments alcalins (Ca2+, K+ et Mg2+) et les ions acides
(SO42- et NO3-) dans l’eau de rosée.

166
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

La concentration importante de calcium comparée aux autres ions dans la rosée et la


pluie implique que le cation le plus neutralisant est le Ca²+ avec un NF le plus élevé, suivi par
Mg²+ puis K+ . De plus, les NF de la rosée sont supérieurs à ceux de la pluie à l’exception du
potassium, ceci s’explique par le fait que le condenseur est situé au voisinage du sol, sa
surface alors est exposée à toutes les particules (Ca²+, Mg²+) qui augmentent le pouvoir
neutralisant de l’eau collectée.

Tableau V.11 : Facteurs de neutralisation des ions dans la rosée et la pluie.


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V.6 Influence du climat sur la composition chimique de la rosée


La formation de la rosée par condensation de l’humidité atmosphérique dépend de la
quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère. La régénération des gouttes d’eau sur les surfaces
se réalise quand la température de celles-ci est inférieure à la température de rosée et par
conséquent, la période de condensation déterminée par la grandeur (dt) est importante.
L’incorporation des aérosols dans cette eau est fonction des conditions météorologiques
(temps de condensation dt, vitesse du vent, volume d’eau condensé…). Elle se fait selon deux
méthodes ; soit par un dépôt humide des aérosols, encore appelé "In cloud scavenging"
(Barrie & Schemenauer, 1989) qui résulte de la capture des particules par les gouttelettes
d’eau en cours de formation, soit par dépôt sec (Davidson & Wu, 1989) où les particules,
véhiculées par les masses d’air, peuvent venir s’impacter sur différents obstacles tels que la
surface du condenseur.

V.6.1 Influence du dt, du volume de la rosée et la vitesse du vent


Dans la figure V.11, nous présentons la comparaison des profils des éléments
chimiques, du temps de condensation et le profil du volume d’eau collecté pour les
échantillons de rosée analysés. On constate qu’une durée de condensation dt importante
coïncide avec les grands volumes et avec une diminution des concentrations des ions. Ceci
peut être expliqué par le phénomène de dilution des ions dans la rosée (Chang et al. 1986). En
partant de la même hypothèse, Beysens et al (2006) observent, pour la rosée de Bordeaux, une

167
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

diminution de concentration au cours des périodes où la condensation est intense. Pour les
ions dérivés du sel marin (Cl-, Na+, Mg2+), on observe une diminution de leurs concentrations
avec les grands rendements de rosée (Figure V.11a, V.11c). Les espèces dites dérivées du sol
Ca2+ et K+ responsables de l’alcalinité de l’eau de rosée et les ions acides NO3-, SO42-
présentent la même évolution en fonction du volume et du temps de condensation (Figure
V.11b, V.11d).
La direction et la vitesse du vent influencent les trajectoires des masses atmosphériques
d’origine marine ou terrestre et par conséquent la variation des concentrations chimiques de la
rosée. Pendant la période sèche et de transition où l’atmosphère est agitée par les vitesses des
vents élevés, on remarque, que les concentrations en Ca2+ et K+ augmentent grâce à la
mobilisation des aérosols aux alentours du système de collecte, ceci coïncide avec la
diminution du volume d’eau condensé (Figure V.12).
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168
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.11 : Corrélation entre les ions (mEq/l) avec le volume de rosée (V en ml) et le temps
de condensation (dt par heure). Les sels marins (Na+, Cl-: ordonnée gauche, Mg2+ : ordonnée
droite) dans (a et c). Les espèces dérivés du sol (Ca2+ : ordonnée gauche, K+: ordonnée droite)
sont dans (b et d). Les ions (NO3-, SO42-, l'ordonnée droite) dans (b et d).

169
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.12 : Corrélation entre les ions (mEq/l) avec la vitesse du vent (m/s). (a) ordonnée
gauche : V/10 (ml), Na+ et Cl-. Ordonnée droit : Mg2+. (b) ordonnée gauche : V/50 (ml) et
Ca2+. Ordonnée droit : K+, NO3- et SO42-.

170
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.6.2 Zonalité climatique de la rosée


Nous avons vu qu’il pouvait y avoir une influence du climat sur les ions dans la rosée.
Suivant le volume d’eau condensé (la durée de condensation) et la vitesse du vent, la
composition chimique de l’eau présentait des caractères très différents. A ces paramètres
peuvent s’ajouter d’autres facteurs tels que l’influence des aérosols caractérisés par une
diversité des sources d’émissions et une variabilité spatiale des concentrations dans chaque
région.
V.6.2.1 La rosée de Mirleft, de Zadar (Croatie) et Bordeaux (France)
La chimie de la rosée de la région de Mirleft montre qu’elle est plus riche en éléments
que celle de Zadar et de Bordeaux (Tableau V.12), cette différence est due à la forte teneur en
NaCl et aux fortes contributions des apports d’aérosols. On sait que la concentration des
aérosols est d’autant plus importante que le pouvoir évaporant est plus grand, c’est-à-dire que
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la température de l’air et sa sécheresse sont plus élevées. Elle est donc plus importante dans
un climat aride tel que celui de Mirleft. Il y a là une influence essentiellement climatique qui
entraîne une certaine zonalité.
Les activités humaines, les poussières terrestres et en plus les gaz à effet de serre,
rejettent dans l’atmosphère des particules en suspension que l’on appelle les particules
d’aérosols. Ces particules représentent une quantité importante accumulée dans l’atmosphère
et peuvent influencer la chimie de la rosée. Trois principales causes peuvent être dégagées
pour expliquer la zonalité de la rosée : la variabilité spatiale des concentrations d’aérosols,
leur variabilité temporelle et enfin la diversité des sources d’émissions et des types d’aérosols.

171
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

Tableau V.12 : La chimie de la rosée à Mirleft, à Zadar et à Bordeaux.

La rosée à Mirleft La rosée à Zadar (Croatie) La rosée à (Bordeaux)

pH in situ 7,40 6,7 6,26


EC (µS/cm) 725,25 195,59 45,10
MT mg/L * 560 160 35
++
Ca mg/L 48,27 34.7 1,47
+
Na mg/L 99,27 13.18 3,60
++
Mg mg/L 16,19 2.84 0,36
+
K mg/L 9,50 2.3 0,41
Cl- mg/L 255,52 23.7 5,52
SO42- mg/L 18,34 3.88 3,75
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NO3- mg/L 14,90 0.71 2,80


Cu mg/L <0,018 0,0027
Pb mg/L < 0,005
Zn mg/L 0,022 0,036
* MT mg/L : Minéralisation totale

V.6.2.2 Les rétros-trajectoires des masses d’air


Le modèle Hysplit permet de calculer la position d’un point de l’atmosphère en
remontant dans le temps, c’est ce que l’on appelle une rétro-trajectoire (Draxler et Rolph,
2003). On peut ainsi connaître le trajet d’une particule d’air pendant les heures qui ont
précédé son analyse. On a utilisé ce modèle en libre service sur l’Internet pour calculer les
rétro-trajectoires sur le site d’étude (http://www.arl.noaa.gov/). Pour ce faire, on a tout
d’abord extrait la position du site (latitude, longitude), puis ces données ont servi à alimenter
le modèle qui nous a donné en sortie la position de la masse d’air à durant 48 heures
précédant le jour de la collecte de la rosée. On a finalement tracé ces rétro-trajectoires sur des
cartes avec une couleur différente en fonction de l’altitude de la masse d’aire (Figure V.13).
Le temps entre deux triangles le long des rétro-trajectoires représente 6 heures.
On remarque que pour les périodes qui nous intéressent, au niveau de Mirleft, les
particules d’air ont une origine océanique et continentale pour le 19/05/2007 (Figure V.13.A)
et le 29/04/2008 (Figure V.13.C), ce qui signifie qu’elles ont passé les 48 dernières heures au
dessus du Sahara et de l’océan. Par ailleurs, les particules d’air rencontrées le 03/10/2007

172
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

(Figure V.13.B), ont passé très peu de temps au dessus du continent et proviennent
essentiellement de l’océan atlantique.
L’étude des rétro-trajectoires nous permet de montrer qu’il existe une relation entre la
forte concentration en élément chimique de la rosée (pH élevé) de la région et l’origine
continentale (désertique) de la masse d’air correspondante à Mirleft.
Les informations fournies par les champs de vents et les rétro-trajectoires nous
permettent ainsi de fournir la conclusion suivante : la masse d’air traversée au dessus de
Mirleft se caractérise par une origine mixte ; océanique et continentale (désertique).
Au niveau de Zadar (Figure V.14), des variations au niveau du pH ont été observées
dans l’eau de rosée et de pluie lors des mesures effectuées de 2004 à 2007. Ces variations
s'expliquent par les influences antagonistes des aérosols originaires de l'environnement
continental : des épisodes avec un pH le plus élevé sont observés dans les situations où les
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masses d'air arrivent des régions arides d'Afrique du Nord, expliquant l'enrichissement
observé en calcium et des épisodes de pH faible sont observés lorsque des masses d'air
passent au-dessus des régions industrielles européennes, principalement attribuées à la
pollution par l'acide sulfurique.
En effet, les particules d’air ont pour origine l’Afrique du nord deux jours avant le
05/08/2004 (A) et le 24/05/2005 (C), ce qui signifie qu’elles ont passé les 48 dernières heures
au dessus de l’Afrique et de la Méditerranée. Cette masse d’air s’enrichit d’humidité et elle
vient en Croatie comme un vent (JUGO) chaud et humide riche en aérosol sans doute
responsable du pH élevé. Par ailleurs, les masses d’air rencontrées le 01/01/2005 (B) et
19/10/2005 (D) où le pH est faible, proviennent essentiellement du nord, ce vent (BORA) est
froid et sec.
Sur la figure V.15, on constate que selon leur nature, les diverses sources d’aérosols sont
globalement réparties selon des régions distinctes. Ainsi, les panaches d’aérosols issus des
sources urbaines (industrie, transport, utilisation domestique) sont répartis principalement
dans l’hémisphère nord (Zadar et Bordeaux), alors que les émissions de poussières minérales
se situent au niveau des déserts comme celui du Sahara par exemple proche de Mirleft. À ces
répartitions complexes des sources d’émissions sur le globe, s’ajoutent des évolutions
temporelles propres à chacune. En effet, les sources liées aux activités urbaines émettent
régulièrement alors que les émissions désertiques sont sporadiques, dépendant des conditions
de vent et d’humidité.

173
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.13 : Rétro trajectoires à 2 jours des masses d’air sur le site de Mirleft, à différentes
altitudes (▬ à 100 m, ▬ à 500 m, ▬ à 1500 m). Sur les tracés, les symboles indiquent la
position des masses d’air toutes les 6 heures. Les trajectoires sont calculées à partir du
système Hysplit du Air Resources Laboratory (National Oceanic and Atmospheric
Administration, USA) ; http://www.arl.noaa.gov/ready/open/hysplit4.html.

174
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.14 : Rétro trajectoires à 2 jours des masses d’air sur le site de Zadar, à une
altitude de 100 m par rapport au niveau de sol. Sur les tracés, les symboles indiquent la
position des masses d’air toutes les 6 heures.

175
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée
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Figure V.15 : Répartition des aérosols dans le monde. (A) : Index des aérosols enregistrés par
le radiomètre POLDER en juin 1997. Les contours blancs indiquent les sources urbaines, les
contours jaunes précisent les panaches de poussières minérales, et enfin les contours noirs
montrent les zones de panaches de feux de brousse. (Source : base de données mise à
disposition par l’équipe "MODIS Atmosphere" du centre de la NASA Goddard Space Flight
Center). (B) : Tempête au large de la côte ouest africaine où les poussières s'étendent vers
Mirleft. (C) : Transport de poussières désertiques provenant de la bande saharienne au dessus
de la méditerranée vers Zadar.

176
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.7 Analyse biologique de la rosée


Dans le cadre de cette étude, deux analyses biologiques de l’eau de rosée ont été
effectuées le 5/10/2007 et le 11/01/2008 afin de déterminer une éventuelle contamination. La
recherche des coliformes totaux a été faite selon la méthode de filtration sur membrane mais
en modifiant les conditions d'incubation. A une température de 22 °C pour la détermination de
la flore spécifique de l’eau (Bactéries végétales) et 37 °C pour les bactéries fécales d’origines
animales, mais dans notre cas, la source probable de cette pollution peut dériver d'autres
sources comme les excrétions des insectes trouvés au niveau du condenseur pour s’alimenter
en eau de rosée. Les résultats de ces deux analyses indiquent leurs absences. Pour les germes
totaux on a identifié une moyenne de 170 CFU (22°C) et 340 (37°C). Selon l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), le risque de déclencher des maladies est très faible pour la
population si la concentration en coliformes (les bactéries humaines les plus courantes, donc
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le meilleur marqueur de pollution biologique) est inférieure à 1000 Unités Formant Colonies
(UFC) par litre d’eau.

177
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

V.8 Conclusion
L’analyse chimique de la rosée et de la pluie des échantillons récoltés durant cette
période a permis d’étudier la potabilité de ces eaux et de les comparer avec celles d’autres
régions. Le pH de la rosée et de la pluie est respectivement égal à 7,4 et 6,85. La composition
chimique révèle l’abondance du Na+, Ca²+, Mg²+ pour les cations et Cl- pour les anions avec
des concentrations très importantes dans l’eau issue de la condensation de la vapeur
atmosphérique. La teneur élevée en SO42- par rapport à NO3- suggère qu’il est l’ion
majoritairement responsable du faible pH. Cette acidité est neutralisée en première partie par
Ca²+ dont le facteur de neutralisation est le plus important en le comparant avec Mg²+ et K+.
Les corrélations observées dans ces précipitations locales (la rosée et la pluie) sont très
probablement causées par les réactions des acides H2SO4, HNO3 et HCl avec les composés
alcalins riches dans les matières carbonate portées dans l'atmosphère par le vent. Cela montre
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l’influence du sol sur la chimie des précipitations (Casado et al. 1992). Les événements NaCl
peuvent être considérés comme des arrivées massives de la source NaCl, ici majoritaires par
rapport aux autres sources. Il existait deux sources possibles de cet élément ; l’océan
Atlantique et l’influence des caractéristiques de la géologie et de la pédologie de la région.
Dans notre cas, compte tenu de la position géographique de notre station située à 200 m de
l’océan, la source océanique devrait jouer un rôle majeur. L’analyse en composantes
principales (ACP) sur nos données a permis d’évaluer deux composants qui explique 88,29 %
de la variance totale dans la rosée et qui ont été interprétés comme deux sources des éléments
chimiques ; une océanique et l’autre provenant du sol. Ceci est confirmé par le calcul de la
fraction du sel marin (Sea-salt fraction ; SSF) qui indique que la majorité des composants
chimiques ne sont pas influencés par la mer et qu’il existe une contribution possible des autres
composants que l’océan.
A partir de nos résultats, on peut justifier les variations temporelles et notamment
saisonnières observées sur la période étudiée par les variations climatiques durant l’année
d’étude et l’existence de variations saisonnières de la précipitation. Au cours des périodes
pluvieuses (saison humide), l’atmosphère, est soumise à un phénomène de lessivage plus
intense que lors des périodes plus sèches. La direction et la vitesse du vent influencent la
trajectoire des masses atmosphériques (origine marine ou terrestre) sur la saison sèche et de
transition, aboutit, sur la période à l’agitation de l’atmosphère et l’apport des aérosols. Par
exemple l’évolution temporelle de la composition chimique de la rosée en Ca2+ et K+ présente
un cycle saisonnier caractérisé par des maxima en saison de transition et sèche, et des minima

178
Chapitre V : Analyse physico-chimique de l’eau de rosée

sur la période humide. Pour ces deux éléments, la rupture de profil intervient autour de début
octobre et fin décembre et coïncide avec de fortes précipitations, de forts rendements de rosée
et des vitesses de vent faibles.
Au vu des différents tracés des principaux rétros trajectoires observées, il est possible
d’envisager une origine saharienne pour justifier des flux en éléments d’origine continentale,
les éléments de sels de mer (NaCl et MgCl2) étant associés à des sources océaniques.
La chimie de la rosée de la région de Mirleft montre une forte alcalinité par rapport à
celle de Zadar (Croatie) et Bordeaux (France). Cette distinction est probablement due à la
zonalité climatique ainsi que la nature des aérosols dans chaque secteur.
On général, l'eau de rosée est directement, potable, puisque sa richesse en minéraux n'est
pas un problème en soi. La présence minime de bactéries rend cette eau potentiellement
consommable après un traitement antibactérien contre les micro-organismes par des systèmes
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de microfiltration. Il faut préciser que cette étude a été menée dans une région donnée
(Mirleft) où il n’y a pas de pollution industrielle. Il existe les régions sèches telles que les
zones du Sud-Ouest au bord de l’Océan Atlantique, caractérisées par de forte humidité,
peuvent ainsi utiliser cette ressource supplémentaire de l’eau potable.

179
Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

VI.1 Introduction
La collaboration de recherche liant les équipes française et marocaine avait pour but
l’évaluation de la ressource rosée en climat aride dans la région de souss Mass et
spécifiquement à Mirleft. L’étude détaillée des mesures physiques de rendements en fonction
des paramètres environnementaux a été longuement détaillée aux chapitres précédents. Les
résultats en termes de rendement ainsi que les analyses chimiques de l’eau de rosée effectuées
montrent un potentiel intéressant pour la rosée comme ressource d’appoint en eau de qualité.
Le succès du condenseur de démonstration dans différentes régions où notre équipe a réalisé
ces recherches nous à inciter à équiper des systèmes de collectes à Idousskssou (8 km SE de
Mirleft) où des mesures préliminaires sur le toit de l'école avaient déjà eu lieu par OPUR et des
élèves de l'Ecole des Mines de Douai.
De nos jours comme dans un passé récent, la mise en valeur des ressources en eau des
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régions arides est axée sur des projets de grande irrigation. Ces projets offrent cependant peu
d'avantages directs pour le petit exploitant agricole ou le nomade qui doivent survivre dans les
contraintes de leur environnement sans bénéficier de nouvelles technologies adaptées à leurs
besoins. Heureusement, la collecte de l'eau est l'une des méthodes d'amélioration des conditions
d'existence de ces populations.
Le financement du projet a été couvert par l’association OPUR grâce à un prix décerné à
Owen Clus et avec le soutien de Marc Muselli lors d’un évènementiel Festiventu / Université
de Corse de l’édition 2007 du festival du vent de Calvi (Corse, France). L’enveloppe de 10 000
€ est attribuée par la compagnie Corsica Ferries pour le financement d’un projet à haute valeur
environnementale et de promotion du développement durable.
Pour la réalisation pratique de ce projet, le doctorant bénéficiait de la venue de trois
membres de l’OPUR, Owen Clus pour la conception des condenseurs, Marc Durand en soutient
logistique et Céline Eudier pour la réalisation d’un film pédagogique sur le projet. La
population locale et l’implication de l’Association de développement local IMRJANE ont été
essentiels à la bonne marche des travaux, si bien que les efforts des équipes ont abouti à
l’installation de trois systèmes (135,7 m² au total) et un filet de récupération de brouillard pour
comparaison. Tous les systèmes sont aisément accessibles au niveau du sol :
 Une toiture terrasse (40,6 m²) reconstituée sur la dalle de couverture d’une
citerne.
 Une toiture double pente (21,2 m²) a été installée sur une citerne délabrée et qui
a donc été réhabilitée pour le stockage des eaux collectées.

180
Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

 Un condenseur au sol de 73,8 m² à bas coût, donc reproductible à grande


échelle.
 Un filet à brouillard développant 40 m² a été ajouté afin de comparer les
collectes relatives de chacune des ressources dans cette région côtière aux fréquentes entrées
maritimes nocturnes (brumes).
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Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

VI.2 Les systèmes de collecte


VI.2.1 Site
Ce site exceptionnellement favorable à l’installation présente deux citernes de stockage
d’eau côte à côte sur une pente d’environ 17° par rapport à l’horizontale. Une citerne présente
une surface couverte plane de 10,6 x 5,3 m2 et est utilisée comme réservoir tampon pour la
distribution d’eau en aval du village, la seconde, de dimensions internes 4,7 x 3,0 x 1,60 m3 est
abandonnée.
Le condenseur terrasse (40,64 m²) a été installé sur la citerne couverte, la seconde citerne
a été réhabilitée (condenseur en toiture double pente de 21,2 m², enduit intérieur, rehausse
parpaings et système de soutirage d’eau) pour contenir les eaux de rosée et pluie collectées par
le condenseur. Le condenseur au sol sur terre-plein de 73,8 m² est installé au dessus des
citernes pour en recueillir l’eau par gravité.
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VI.2.2 Installation
VI.2.2.1 Condenseur Terrasse (40,64 m²)
La dalle de la citerne a premièrement été surmontée d’un parapet afin de retrouver une
configuration de toiture terrasse traditionnelle. La particularité de cette « toiture » type étant
qu’elle est librement et aisément accessible pour la visite du démonstrateur. La Figure II.2
détaille étape par étape l’installation du condenseur terrasse sur la citerne. Il se compose de
matériau de type plaque galvanisé blanc avec peinture spécial type OPUR pour favoriser la
condensation. Soit 22 plaques de 106 cm de longueur et 200 cm de largeur (environ 40,67 m²)
avec une épaisseur de 0,75 mm. Ils sont tendus sur les plaques d’isolant de polystyrène de 2 cm
d’épaisseur.

182
Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou
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Figure VI.1 : Aperçu du site dans son état initial. (a) Vue général du village. (b) Le site se
trouve en contrebas du village dans une pente qui n’est pas exploitée, ce qui est très intéressant
pour nous car notre installation ne perturbera pas les habitudes des habitants. (1) : Condenseur
Terrasse (40,64 m²). (2) : Condenseur toiture double-pente (21,2 m²). (3) : Condenseur sur terre
plein (73,8 m²).

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Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou
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Figure VI.2 : Installation du condenseur terrasse, maçonnerie, peinture, pose des plaques et
première rosée. (a et b) : Aménagement de la citerne par une ceinture maçonnée de hauteur 1m.
(c et d) : Peinte et installation des plaques sur la terrasse. (e) : Vue d’ensemble du condenseur
terrasse. (f) : condensation de la rosée sur les plaques.
(Photographies : Imad Lekouch et Owen Clus).

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Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

VI.2.2.3 Condenseur toiture double-pente (21,2 m²)


La citerne inutilisée a premièrement été rehaussée de trois rangées de parpaings puis d’un
pignon destiné à recevoir le faîtage. Le condenseur est ensuite installé suivant les étapes
décrites par les photographies suivantes :
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Figure VI.3 : (a) : rehaussement de la citerne par des parpaings. (b) : mise en place du faîtage
(c) : vue finale du condenseur double pente, les gouttières des condenseurs terrasse et double
pente collecte de l’eau vers le même système de mesure à l’intérieur de la citerne aménagée.
(photographies : Imad Lekouch et Owen Clus).

185
Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

VI.2.2.3 Condenseur sur terre plein (73,8 m²)


Le condenseur sur terre-plein a nécessité une préparation (chaînage et stabilisation du
sol). Le design a été choisi pour bénéficier de la pente du terrain (17°) pour l’écoulement
central de la rosée. Plus encore, les principales surfaces de condensation sont inclinées de
30°dans le but d’augmenter la proportion de gouttes récupérées par écoulement gravitaire
(Beysens et al., 2003).
L’installation est décrite par les photographies suivantes :
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Figure VI.4 : Terrassement et stabilisation de la terre pleine, mise en place du film polymère. (a
et b) : Aplanissement du sol et création de pente légère par l’apport de roche et de terre meuble.
(c) : L’équipe d’OPUR (Céline EUDIER, Marc DURANT, Owen CLUS et Imad LEKOUCH)
travaillent la nuit pour achever le condenseur au sol. (d) : vue finale du condenseur.

186
Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

VI.2.2.4 Mesures partielles de rosée


Au cours de cette mission, les données ont dans un premier temps été collectées durant
229 jours du 15/12/2008 au 31/07/2009 sur le condenseur toiture terrasse (40,6 m²), le
condenseur toiture double pente (21,2 m²) et sur le condenseur au sol de 73,8 m². 137
événements de rosée ont été dénombrés soit 46,9% de la période de collecte avec un volume
cumulé de 3791,5 L correspondant à un rendement de 16,6 L / jour sur la période complète et
27,7 L / événement de rosée.
D’après la figure ci-dessus, le condenseur terrasse et double pente (61,8 m²) récolent
presque la même quantité d’eau que le condenseur au sol (73,8 m²). Ceci peut être expliqué par
la différence de matériaux de collecte utilisée et la méthode de construction pour chaque
système. Cependant l’adaptation des structures aériennes existantes telles que des toitures pour
la condensation de rosée a prouvé son efficacité. Sur ce point, l’étude menée par Muselli et al.
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(2006) concluait sur le fait qu’un condenseur suspendu plan de 30 m² condensait environ 14%
de plus que son homologue bâti au sol (type « dune »).

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Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou
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Figure VI.5 : (a) rendements de rosée pour le condenseur toiture terrasse (40,6 m²) et le
condenseur toiture double pente (21,2 m²) (229 jours de mesure). (b) Rendements de rosée
mesurés sur le condenseur au sol de 73,8 m².

188
Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

VI.2.2.5 Filet à brouillard (40,0 m²)


Le filet à brouillard est constitué de madriers de bois haubanés et maillés entre eux par du
câble gainé de plastique selon la technique décrite par Cereceda et Shemenaiuer (Shemenaiuer
et al., 1991 et 1992). Une double couche filet d’ombrage agricole est ensuite cousue sur chaque
maille entre poteaux (voir photographies suivantes). Pour des raisons techniques et climatiques,
on n’a pas encore utilisé ces filets.
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Figure VI.6 : Installation de 40 m² du filet à brouillard, pose des madriers et des filets. (a et b) :
installation des poteaux de bois. (c) : emplacement des filets entre les poteaux et sur des câbles
d’acier. (d) : vue finale du filet à brouillard. (photographies : Imad Lekouch et Owen Clus).

189
Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

VI.3 Conclusion
La récupération des eaux atmosphériques (rosée, brouillard et pluie) est un enjeu majeur,
à plusieurs niveaux :
Niveau écologique : les régions arides connaissent aujourd’hui des problèmes
d’approvisionnement en eau potable. Déjà, certaines régions subissent des restrictions quant à
l’utilisation de l’eau potable en période estivale, et ces problèmes risquent de se poser de plus
en plus dans les années à venir. La récupération de ces eaux est une réponse concrète et
efficace.
Niveau économique : alors que le prix de l’eau potable est en constante augmentation,
même si les économies réalisées par l’utilisation des réservoirs n’apparaissent qu’au bout d’un
certain temps suivant l’usage désiré et les techniques employées, elles sont significatives sur la
consommation d’eau potable.
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Cette pratique nécessite maintenant une incitation de la part des gouvernements afin de se
généraliser dans les zones où les pénuries d’eaux sont accentuées et les conditions climatiques
sont favorables à la récupération de ces eaux.
Le but de la collecte de ces eaux est soit d'augmenter les ressources en eau existantes, soit
de fournir de l'eau là où il n'existe pas d'autres sources ou lorsque les coûts d'une mise en valeur
sont prohibitifs. Ainsi, il s'agit de fournir de l'eau en quantité et en qualité suffisantes pour
l'utilisation prévue.
Un système de collecte de l'eau consiste essentiellement en une surface de captage, qui
peut être constituée de surfaces naturelles ou artificielles (ou d'une combinaison des deux) et en
une installation de stockage de l'eau. Il existe, comme on peut s'y attendre, de nombreuses
configurations possibles. La stratégie retenue dépend d'un certain nombre de contraintes, telles
que :
 la quantité et la qualité de l'eau nécessaire pour satisfaire les besoins ;
 la quantité, la répartition saisonnière et la variabilité des précipitations ;
 les matières premières, la main-d'oeuvre et l'équipement disponibles ;
 les dispositions à prendre pour l'entretien ;
 l’acceptation de la communauté locale.
De nombreux systèmes de collecte de l'eau ont été installés dans les régions arides du
monde. Bien que nombre d'entre eux en soient au stade expérimental, la plupart ont été des
succès. On peut en trouver des exemples au Mexique, en Inde, en Croatie et d'autres sont
actuellement planifiés et exécutés ailleurs.

190
Chapitre VI : Plateforme de démonstration à Idousskssou

Un aspect connexe de la collecte de l'eau encore tout nouveau est la collecte de la rosée,
qui constitue une importante source d'eau dans des zones comme le Sud Ouest marocain.
Il est à noter que les systèmes de collectes de rosée sont complémentaires de la collecte
de la pluie. Ils donnent un "plus" à la pluie.
Si collecte de pluie existant, un léger aménagement (peinture hydrophile par additif, ou
foil +revêtement thermique) permet de récolter la rosée et le brouillard. Les bâtiments habités
bénéficient en outre de climatisation passive.
Si condenseurs de rosée installés, ils collectent aussi bien pluie et petites précipitations et
brouillard.
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191
Conclusion générale

Conclusion générale
Un tiers de l'humanité vit déjà en état de stress hydrique, et parmi eux, 1,5 milliards
d'habitants n'ont pas accès à l'eau potable. Le tarissement progressif des rivières et des lacs,
l'abaissement de nombreuses nappes profondes surexploitées et la dégradation accélérée de la
qualité de l'eau dans certaines régions du monde poussent à s'intéresser aux ressources en eau
non conventionnelles. La récupération de l’eau de pluie est l'une des solutions envisageables,
mais d'autres ressources moins connues ne sont pas à négliger. En effet, si l'eau liquide
renouvelable sur les terres habitées atteint 12 500 km3, l'eau présente dans l'atmosphère
terrestre s'élève à 12 900 km3. Formée pour 98% d'eau sous forme de vapeur et 2% sous forme
condensée (nuages), elle pourrait devenir une ressource supplémentaire en eau potable pour de
nombreuses régions du monde. Même les pays les plus chauds possèdent de l'eau dans leur
atmosphère. Les techniques se développent ainsi pour récupérer l'eau contenue dans l'air sous
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forme de rosée ou sous forme de brouillard.


Ce travail s’inscrit dans la continuité des travaux de l’équipe française (ESPCI de Paris 6,
CEA-Grenoble et l’Université de Corse) depuis 1999, et suite aux études préalables citées,
nous conduisons parallèlement des mesures sur la formation de rosée. Nos expérimentations
effectuées à travers le monde ont démontré l’efficacité et la facilité de mise en oeuvre du
dispositif. L’objectif de ce travail était d’abord d’améliorer les connaissances sur les techniques
déployées pour la collecte des eaux atmosphériques (rosée et brouillard) comme ressources
alternatives ou complémentaires aux problèmes de carence en eau dans les régions semi-aride
et aride.
Contrairement à la récupération des brouillards par des filets, qui ne peut se faire que
dans certaines régions très humides et en altitude, la formation de rosée peut être importante
même en atmosphère relativement sèche, comme dans les déserts continentaux. Les quantités
d'eau de rosée qu'on peut récolter sont très inférieures à celles que collectent les filets, mais la
rosée apparaît tous les jours, contrairement au brouillard.
La première partie de cette thèse a consisté à mettre en place une étude de potentiel de la
rosée. Pour cela, nous avons développé un protocole expérimental basé sur un système de
collecte composé d’un condenseur radiatif d’1 m2 constitué d’un matériau à bas coût (OPUR)
pour favoriser la condensation de l’eau à sa surface, il est dopé avec des microbilles d'oxyde de
titane et de sulfate de baryum. Ces dernières émettent naturellement des radiations infrarouges.
Un isolant thermique est ajouté sous le film : plaques de polystyrène, et diverses sondes
mesurant les conditions météorologiques favorisant la condensation de l’eau (température

192
Conclusion générale

ambiante, hygrométrie, température du point de rosée, direction et vitesse du vent, nébulosité).


Les rendements obtenus dépendent des conditions météorologiques du site de mesure : à
Mirleft ils peuvent atteindre 0,4 L.m-2. On a également développé des modèles de la
condensation de la vapeur d’eau afin de définir, pour un site donné, un modèle de prédiction de
cette ressource. Il nous est désormais possible de construire des prédictions de rosée pour un
site si l’on connaît ses caractéristiques météorologiques simples (température ambiante,
humidité relative, vitesse du vent, nébulosité). En effet, cette modélisation nous a aidé à
déterminer la rosée dans une quinzaine de sites. Une analyse spatio-temporelle du rendement
de la rosée et de l’humidité relative nous a donné une idée sur le phénomène de la condensation
à l’échelle du Maroc. Cette recherche nous a permis de parler d’une relative originalité
régionale de ces paramètres qui changent durant les mois étudiés.
Dans la deuxième partie, on a réalisé des études chimiques et biologiques sur la rosée.
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Plusieurs dizaines d’échantillons d’eau de rosée issus des condenseurs radiatifs et d’eau de
pluie ont été analysés (à Mirleft et d’autres régions du monde). Les eaux de rosée recueillies se
sont révélées potables selon les normes de qualité imposées par l’Organisation Mondiale de la
Santé et la directive européenne en vigueur.
Enfin, un important savoir faire a été accumulé au cours de ce travail de thèse. Tout
d’abord, de nouvelles procédures et systèmes de mesures automatisés en l’absence de contrôle
humain ont été mis au point. Une station a été installée en autonomie à Mirleft. Des
condenseurs standard avec foil ou de tôle peinte (peinture radiative expérimentale) sur laquelle
plus de 92 % du volume d’eau s’écoule par entraînement gravitaire ont été installés dans le
village d’Idoussakssou et ont permis d'augmenter les ressources en eau existantes. Il s'agit de
fournir de l'eau en quantité et en qualité suffisantes pour l'utilisation prévue.
« La récupération de la vapeur d’eau atmosphérique pour les besoins des humains qui
n’a pas encore été exploitée à grande échelle, pourrait donc devenir une réalité dans le futur.
Bien que la quantité d’eau récupérée à l’heure actuelle reste marginale, l’intérêt de cette
méthode réside dans la possibilité d’obtenir de l’eau même dans les régions sèches, y compris
les déserts. Peut-être trouvera-t-on un jour un procédé optimal de condensation pour que notre
eau devienne bon marché et écologique » (Beysens et al 2000).

193
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201
Annexe

ANNEXE : LOIS GENERALES DU RAYONNEMENT

A.1. Loi des corps noirs, origine du rayonnement

En 1900, le physicien Max Planck présenta ses recherches décrivant l’émission et


l’absorption de chaleur / lumière par les corps noirs. Toute molécule constitutive d’un corps
émet un rayonnement électromagnétique dont la longueur d’onde est déterminée par la nature
de la liaison chimique mise en jeu tandis que la puissance émise à cette longueur d’onde est
fonction de la température du corps. En regard de ce principe, un corps noir est un matériau
(théorique) particulier qui absorbe parfaitement toute l’énergie radiative qu’il reçoit. De
même le corps noir est un radiateur parfait en vertu de quoi son absorption (a) tout comme
sont émissivité (ε) sont égales à 1. Le corps noir émet une énergie dont la puissance Ecn(λ) (W
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m-2 µm-1) et la distribution spectrale sont données par la loi de Planck :

C1λ−5
Ecn (λ ) = (1)
exp(C2 ) − 1
λT

λ = longueur d’onde (m)


T = température du corps noir (K)
C1 = 2πc2h = 3.742 108 W µm4 m-2
C2 = chk-1 = 1.439 104 W µm K
h = 6.6255 10-34 J s ; constante de Planck
k = 1.3805 10-23 ; constante de Boltzmann
c = 2.996 108 m s-1 ; célérité des ondes électromagnétiques dans le vide

Rappelons certaines propriétés optiques utiles à la compréhension du rayonnement :

Albédo c’est une grandeur sans dimension, rapport de l'énergie solaire réfléchie par une
surface à l'énergie solaire incidente. On utilise une échelle graduée de 0 à 1, avec 0
correspondant au noir, pour un corps sans aucune réflexion, et 1 au miroir parfait, pour un
corps diffusant dans toutes les directions et n'absorbant rien du rayonnement
électromagnétique visible qu'il reçoit.

Absorption (a) : Mesure du phénomène physique qui revient pour un corps à absorber un
rayonnement en augmentant d’autant son énergie interne. C’est le quotient du rayonnement
quelconque absorbé par un corps sur la quantité de rayonnement incident sur ce même corps.

202
Annexe

Soit a = I / I0 = 1 – R – T (sans dimension, 0<A<1), où I est l’intensité du rayonnement


absorbé, I0 l’intensité du rayonnement incident, R est la réflectance et T est la transmittance.

Absorbance (A) : Grandeur quantifiant l’atténuation d’un rayonnement lumineux à travers un


corps. A est souvent calculée expérimentalement selon des formules variant en fonction de la
discipline scientifique.
Emittance ou Emission ou Radiance (E) : quantité de rayonnement émis par un corps à une
température donnée par unité de surface (W m-2).
Emissivité (ε) : c’est le quotient du rayonnement émis (radiance) par un corps quelconque sur
l’émission (ou radiance) correspondante d’un corps noir à la même température. L’absorption
est égale à l’émissivité pour des corps à température constante, ε = a = 1 – R – T (sans
dimension, 0<ε<1).
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Réflectance ou Réflexion (R) : proportion du rayonnement total incident sur un corps qui est
réfléchi par ce corps (exprimé sans dimension, 0<R<1 ou en %). La réflexion spéculaire
caractérise le rayonnement réfléchi avec un angle à la normale identique à l’angle d’incidence
et dans le plan décrit par le rayon incident et la normale. La réflexion diffuse caractérise toute
réflexion non spéculaire.
Transmittance ou Transmission (T) : Proportion du rayonnement total incident sur une face
du corps qui traverse ce corps sans être absorbée (exprimé sans dimension, 0<T<1 ou en %).
La transmission spéculaire pour un dioptre plan caractérise le rayonnement transmis dans une
direction parallèle au rayon entrant. La transmittance diffuse caractérise toute transmission de
direction non spéculaire.
Absorption, Emissivité, Réflectance et Transmittance peuvent être spectrales (le quotient
de la valeur a, ε, R ou T à une longueur d’onde spécifique ou pour une bande spectrale très
mince sur celle du corps noir à la même température) ou bien totales (le quotient de la valeur
a, ε, R ou T intégrée pour tout le spectre sur celle du corps noir à la même température).
Corps Noir (CN) : Un corps a la propriété de corps noir sur une plage spectrale si il absorbe
l’intégralité du rayonnement électromagnétique qu’il reçoit. Le corps noir est aussi un
radiateur parfait sur cette plage spectrale, a et ε sont égales à 1.0 et le spectre d’émission suit
la loi de Planck.
Corps gris : c’est un corps dont l’émissivité est constante (égale pour toutes les longueurs
d’onde) sur tout le spectre (<1).

203
Annexe
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Tableau A.1. Propriétés radiométriques des surfaces naturelles (adapté de Arya, 1988)

La majeure partie de l’énergie reçue par la Terre provient de l’irradiation solaire qui émet
un spectre équivalent à celui d’un corps noir de température 5777 K (d’après Iqbal, 1983). Or
la température moyenne à la surface du globe peut être considérée comme relativement stable
et constante à l’échelle des temps géologiques. Cela signifie que la Terre et son atmosphère
qui émettent comme un corps noir à température ambiante (longues longueurs d’onde
thermiques), dissipent à leur tour autant d’énergie radiative dans l’espace qu’elles n’en
absorbent du soleil dans le même temps. Cela correspond environ à 70% de l’insolation
moyenne reçue (l’albedo pour le spectre solaire à la surface terrestre étant considéré voisin de
0.3, voir à ce propos Kiehl J. T. and trenberth K. E., 1997). Les composantes du rayonnement
thermique reçues au sol seront donc issues de deux types de spectres bien distincts (Iqbal,
1983) qui seront détaillés par la suite :
- un spectre de courtes longueurs d’ondes radiatives thermiques (UV-VIS-proche IR)
centré autour d’une longueur d’onde maximale de 0.501 µm pour le rayonnement
solaire (corps noir à 5777 K), radiations diurnes uniquement.
- un spectre de grandes longueurs d’ondes radiatives thermiques (Moyen IR- Lointain
IR) d’origine terrestre et centré autour d’une longueur d’onde voisine de 10 µm (corps
noir voisin de 288 K), radiation diurne et nocturne.

204
Annexe

A.2. Le spectre solaire


Source du rayonnement solaire
Au cœur de la sphère gazeuse qu’est le soleil, la réaction de fusion de 4 atomes
d’hydrogène H en un hélium He accompagné d’une légère perte de masse produit une
formidable énergie qui se propage aux couches externes essentiellement par transfert radiatif.
Le rayonnement reçu par l’atmosphère terrestre sur la face éclairée de notre globe est émis par
les 500 km externes du soleil appelés la « photosphère » dont la température est proche de
6000 K.
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Figure A. 1. Trait plein, spectre théorique reçu par l’atmosphère si le soleil était un corps noir
idéal avec une température de surface de 5777 K. Pointillés, spectre solaire extraterrestre reçu
par l’atmosphère selon le standard ASTM G173-03.

La Fig. A.1 présente en courbe pointillée l’intensité lumineuse spectrale telle qu’elle
serait reçue hors atmosphère si le soleil se comportait comme un corps noir de température
5777 K (considérée comme la température « efficace » du soleil selon Iqbal, 1983). Cette
intensité déduite de la loi de Planck est corrigée par le facteur (rs/r0)² pour tenir compte de
l’éloignement Terre – Soleil. rs = 6.9598 105 km rayon moyen du soleil ; r0 = 149597890 km
distance Terre – Soleil.
La courbe en trait plein représente le rayonnement solaire « extraterrestre » standard
(c'est-à-dire reçu aux limites externes de l’atmosphère terrestre) tel qu’il est proposé par
l’American Society for Testing and Materials (ASTM) sous la dénomination ASTM G173-03
comme Spectre de Référence Terrestre pour l’Evaluation des Performances des systèmes

205
Annexe

Photovoltaïques (TRSPPE). Le spectre ASTM G173 a été proposé en 2003 par le Renewable
Resource Data Center (RReDC, http://rredc.nrel.gov/solar/); voir aussi les travaux de
Geymard C. A., Myers D. and Emery K., 2002. Dans le cas réel, la température de surface du
soleil n’est pas uniforme et est sujette à des variations sensibles qui entraîne les écarts du
rayonnement extraterrestre effectif à celui d’un corps noir à 5777 K occupant une portion de
ciel identique à celle occupée par le soleil. Toutefois, la puissance radiative reçue du soleil en
limite externe de l’atmosphère proposée par simulation pour le modèle ASTM G173 a été
confirmée par des mesures spatiales précises poursuivies durant 24 ans. La constante solaire
ainsi déterminée est de 1366,1 W m-².

Atténuation due à l’atmosphère


Au cours de sa propagation à travers l’atmosphère, le rayonnement solaire incident est
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modifié par les phénomènes de diffusion et d’absorption qui en altèrent la puissance, la


distribution spectrale ainsi que la direction (Monteith J. L. and unsworth M.H., 1990). La
diffusion atmosphérique du rayonnement incident est due à l’interaction des photons avec les
molécules de gaz (diffusion de Rayleigh) et les aérosols en suspension dans l’air (diffusion de
Mie). La diffusion de Rayleigh atténue les courtes longueurs d’onde (< 0.55 µm), ce qui
confère au ciel sa teinte bleutée. La diffusion de Mie sur les aérosols affecte l’ensemble du
spectre solaire, ce qui donne par exemple aux nuages leur aspect laiteux. Au sol, la fraction
diffuse du rayonnement solaire varie de 10 à 90 % selon que l’atmosphère est très pure ou très
chargée en aérosols (la nébulosité étant dans ce cas un facteur très important, Guyot Gérard,
1999).
L’absorption atmosphérique est due à la nature des différentes phases gazeuses, certaines
molécules pouvant absorber les longueurs d’onde correspondant précisément à l’énergie
d’excitation de leurs liaisons chimiques constitutives. Les molécules gazeuses à l’origine de
bandes d’absorption dans le spectre solaire reçu au sol sont essentiellement H2O et CO2,
suivies de O3 et O2 dans une moindre mesure. L’atténuation du rayonnement solaire par
absorption est de l’ordre de 10 à 15 % du rayonnement extraterrestre.
Dans notre cas, nous nous intéresserons principalement au rayonnement global Eglob reçu
au niveau de la mer (rayonnement direct plus diffus Edif). De manière générale, les ordres de
grandeur des éclairements pour une distance zénitale du soleil de 45° sont fonction de la
nébulosité N du ciel (octas) :
-
ciel clair (N = 0/8) : Eglob # 900 W m-2 dont Edif # 200 W m-2
-
ciel si N = 4/8 : Eglob # 800 W m-2 dont Edif # 350 W m-2

206
Annexe

-
ciel totalement couvert (N = 8/8) : Eglob # 300 W m-2 dont Edif # 300 W m-2

A.3. Nature du rayonnement thermique de grande longueur d’onde


Le rayonnement atmosphérique aux grandes longueurs d’onde (Moyen IR, Lointain IR)
est émis par la surface et l’atmosphère terrestre en fonction de la température de chaque
élément. Le rayonnement infrarouge est émis par les vibrations des liaisons chimiques
constitutives du corps (Nyquist R. et al, 1996): vibration d'élongation (oscillations de deux
atomes liés, dans l'axe de leur liaison) ou bien vibration de déformation (oscillations de deux
atomes liés à un troisième, produisant une variation périodique de l'angle des deux liaisons).
Pour les températures ambiantes observées de jour comme de nuit à la surface de la terre, ces
types de vibrations émettent un spectre IR idéal centré autour d’un maximum d’émission aux
environs de 10 µm de longueur d’onde qui est représenté en trait gras sur la figure A.2 Le
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spectre idéal solaire reçu en haute atmosphère (émission d’un corps noir à 5777 K, trait fin)
étant émis par un phénomène différent de transitions d’électrons entre niveaux d’énergie par
excitation / relaxation, les spectres solaire et terrestre ne se chevauchent pas (Berdahl P.,
1995).

Figure A. 2. Trait fin, rayonnement solaire idéal extraterrestre tel que reçu en haute
atmosphère. Trait gras, rayonnement d’un corps à température ambiante (288 K).

L’atmosphère gazeuse est relativement transparente sur le domaine spectral du


rayonnement visible, elle ne laisse passer le rayonnement que dans un nombre limité de
bandes spectrales Infrarouges, les « fenêtres atmosphériques ». Pour sa part, la surface
terrestre se comporte pratiquement comme un corps gris dont le maximum d’émittance se
retrouve vers 10 µm et dont l’émissivité totale est supérieur à 0.8 bien que dépendante de la

207
Annexe

nature de la surface (Guyot G., 1999). Le rayonnement de grandes longueurs d’onde émis par
le sol et les étendues d’eau (mers, océans, lacs) est en partie absorbé par l’atmosphère,
principalement par les molécules H2O, CO2, O3 et O2 (et dans une moindre mesure par
d’autres gaz à effet de serre tels que CH4, N2O et CFCs, (Seinfeld J. H. and Pandis S. N.,
1998, Pérez Garcia M., 2004.). Chaque molécule de l’atmosphère réémet alors cette puissance
pour des longueurs d’ondes discrétisées (en fonction de sa nature) et une puissance
déterminée par sa température (et donc suivant son altitude). L’émission étant iso-
directionnelle, une part de ce rayonnement se propage vers la surface terrestre constituant au
sol le rayonnement IR de grandes longueurs d’ondes (aussi communément appelé « effet de
serre »). La figure A.3. (a) schématise l’origine de l’énergie radiative que peut recevoir de
nuit (absence du spectre solaire) une surface plane quelconque au niveau du sol et sur sa face
supérieure.
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Figure A. 3. (a), origine du rayonnement IR que peut recevoir sur sa face supérieur une
surface inclinée au niveau du sol. (b), caractéristiques spectrales du rayonnement IR reçu du
ciel clair par un plan horizontal, avec indication des bandes d’émittance des principaux gaz
contributeurs à ce spectre.

Le spectre du rayonnement thermique IR émis par le ciel au niveau de la mer, figure A.2.
(b), présente les bandes spectrales d’absorption maximales pour chaque molécule et qui sont à
l’origine de la répartition du spectre. La bande spectrale 7.5 – 13.5 µm se distingue par une
grande transparence de l’atmosphère à l’IR (plage sur laquelle le rayonnement est donc peu
émis vers le sol). Dans une moindre mesure, une seconde « fenêtre atmosphérique » est
observable sur la plage spectrale 16.25 à 22.5 µm (Awanou C. N., 1998). Selon Seinfeld J. H.
et Pandis S. N. (1998), près de 80% de l’énergie émise par la surface terrestre sur la bande 7 –
13 µm est dissipée dans l’espace (spectre donné par Kiehl J. T. and trenberth K. E., 1997).

208
Annexe

Seul l’ozone présente un pic d’absorption sur cette fenêtre spectrale, mais sa très haute
altitude (donc température très basse) limite l’intensité de son émittance. Tout comme O3, les
autres gaz à effet de serre hors CO2 (CH4, N2O et CFCs) présentent une absorption intense sur
cette bande, c’est pourquoi des variations infimes de leur concentration entraînent une
variation sensible du flux radiatif.
Plusieurs formules empiriques ont été proposées pour l’estimation du flux radiatif (Es)
de grande longueur d’ondes émis par le ciel à partir des paramètres météorologiques mesuré
au sol. Ainsi, Es s’exprime en fonction de l’émittance du corps noir à température ambiante au
sol Ta pondérée par l’émissivité totale du ciel εs selon la formule suivante:

E s = σ (273 + Ts )4 = ε s [σ (273 + Ta )4 ] (2)


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Es = σ (0.82 − 0.2510−0.007 .ea ).Ta 4 (3) Angstrom (1918)

4
E s = (0.56 + 0.08 ea ).σ .(Ta ) (4) Brunt (1932)

Es = 5.5Ta + 213 (5) Unsworth et Monteith (1933)

Es = 5Ta + 200 (6) Mézino (1985)

σ Constante de Boltzman
Ta température ambiante en (°C)
Ts température équivalente du ciel (°C)
εs émissivité totale du ciel ( 0 <εs<0.1)
Pe ; ea pression de vapeur d’eau

Pour la détermination de l’émissivité du ciel, diverses formules ont été proposées :

ε s = 1 − 0.261exp[−7.7710−4 (Ta − 273)²] (7) Bernard (1980)

Pour la nuit, une autre relation pour estimer l’émissivité inclut l’humidité relative et
l’altitude du site :

209
Annexe

1− N
ε= [5.7723 + 0.95555(0.6017)²]10−4Ta1.1893H r 0.0665
8
(8) Daguenet (1985)
N
[ (
+ 1 − 3000 + 1751z
8
0.652
Hr −3 / 2 −1 4
) Ta ]
Berger a proposé deux relations, selon le jour et la nuit pour la détermination de
l’émissivité du ciel :

ε s = 0.77 + 0.0038Td pour le jour (9) Berger (1988)


ε s = 0.752 + 0.0048Td pour la nuit (10)

Pour sa part, Prata proposa une formulation plus précise de l’émissivité du ciel par ciel
clair grâce à un ajustement expérimental affiné de l’émissivité d’une couche atmosphérique
individuelle :
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 1 
  Pe     Pe  2 
ε 0 = 1 − 1 + 46.5 .exp _ 1.2 + 139.5   (11) Prata (1996)
  Ta     Ta  
 

A.4. Refroidissement radiatif nocturne, climatisation passive diurne

Le refroidissement radiatif s’appréhende très simplement comme la somme des radiations


(énergies) émises et reçues par un corps. Un corps reçoit le rayonnement solaire de courtes λ
(UV-Visible-Proche IR, trait fin sur la figure suivante) ainsi que le rayonnement
atmosphérique de grandes λ (moyen et lointain IR, trait épais). Une fraction variable du
rayonnement reçu est absorbée tandis que l’autre est réfléchie. Un corps peut émettre un
maximum d’énergie équivalent à celle émise par un corps noir de même température (288.1
K, gris foncé sur la figure ; 303.1 K, gris clair). Si l’énergie émise est supérieure à l’énergie
absorbée, alors il y a refroidissement radiatif.

210
Annexe

Figue A. 4. Trait fin, rayonnement solaire (ASTM G173-03). Trait gras, spectre Infrarouge
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reçu à la surface du globe. Surface grise foncée, émittance d’un corps noir (288.1 K). Surface
grise claire, émittance d’un corps noir (303.1 K). Les puissances reçues pour chaque
composante du spectre sont indiquées en W m-2.

L’énergie radiative globale reçue au niveau du sol (de jour,) représente 1290 W m-2 en
atmosphère standard et pour une température de 288.1 K. La première composante est le
rayonnement solaire qui se décompose en rayonnements UV, Visible et Proche IR
représentant respectivement 2.5 % ; 41.4 % et 33.2 % du rayonnement global. De jour (pour
une température ambiante de 15°C), l’émission IR du ciel (Moyen et Lointain IR) représente
22.9 % de l’énergie totale reçue avec 295.6 W m-2. De nuit, ce même rayonnement représente
100 % de l’énergie reçue.

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