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DE L'ÉLABORATION DU RENDEMENT
Chapitre 6
CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT
DES PLANTES CULTIVÉES
1. Introduction
1.1. Étapes de la vie d'une plante
1.2. Échelles d'étude
2. Croissance
2.1. Définition
2.2. Croissance cellulaire et differentiation des tissus
2.3. Croissance d'un organe et d'une plante entière
2.4. Croissance d'un couvert végétal
3. Développement
3.1. Définition
3.2. Germination, dormance et viabilité des semences
3.3. Développement des feuilles, des tiges et des racines
3.4. Floraison et développement reproducteur
3.5. Sénescence, maturité et mortalité des organes
7. Conclusion
Bibliographie
120
CROISSANCE ET DÉVELOPPEMENT DES PLANTES CULTIVÉES
1. INTRODUCTION
Après avoir rappelé les étapes de la vie d'une plante et les échelles d'étude, on dé-
finira la croissance et le développement en insistant sur l'interdépendance des deux
phénomènes et en présentant brièvement les facteurs et conditions de milieu qui les
affectent. La prise en compte du concept de l'équilibre fonctionnel permet de com-
prendre la réaction des plantes, suite à des perturbations de leur fonctionnement, et
d'introduire le domaine fort complexe de la régulation hormonale de la croissance
et du développement.
Les étapes de la vie d'une plante et les échelles d'étude des phénomènes de crois-
sance et de développement sont indiquées dans le tableau 6.1. L'évolution des
phases de croissance et des stades de développement du blé, pris comme exemple,
est présentée dans la figure 6.1.
2. Échelles d'étude
• Croissance cellulaire
• Croissance des ménstèmes correspondant aux futurs feuilles, tiges et racines.
• Croissance d'un organe d'une plante • feuille, tige, nœud, inflorescence, grain, racine
• Croissance d'une plante entière partie aérienne, partie souterraine.
• Croissance d'un peuplement monospécifique ou plurispécifique.
121
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
2' feuille
VMeuille
Figure 6.1. Évolution des phases de croissance et des stades de développement du blé.
Source . Larousse agricole (1981), p 250 et 251
La notion d'échelle revêt une importance considérable car elle conditionne le choix
des outils de l'analyse quantitative de la croissance et du développement, comme
on le verra plus loin. Les différentes échelles d'étude de ces phénomènes sont indi-
quées dans le tableau 6. l.
2. CROISSANCE
2.1. Définition
122
Chapitre 6. Croissance et développement des plantes cultivées
ébauches
des glumes
stade A stade B
stade epiaison
surable dans le temps. La croissance d'une plante entière (ou d'un couvert végétal)
fait intervenir en fait deux phénomènes concomittants :
• la croissance en dimension de chacun des organes après leur initiation : c'est la
croissance au sens strict ;
• la multiplication du nombre de ces organes : c'est la liaison avec le développe-
ment.
Temps —>
(a) Fonction exponentielle ' (b) Fonction logistique
Protoplaste
Cytoplasme
* Membrane cytoplasmique Perméabilité différentielle au mouvement
de l'eau et des solutés
* Organelles du cytoplasme • Des fonctions multiples
• Plastides
- Amyloplastes Synthèse et stockage d'amidon
- Chloroplastes Siège de la photosynthèse
- Chromoplastes Synthèse et stockage des caroténoides
- Leucoplastes : Stockage d'amidon
124
Chapitre 6. Croissance et développement des plantes cultivées
• méristème latéral :
- cambium chez les dicotylé-
dones : racines, branches ;
- bourgeons axillaires : nou-
velles tiges, fleurs, branches ;
chlofoplaste
• méristèmes intercalaires
(chez les monocotylédones) :
- nœud ;
- fabrication des cellules des
entre-nœuds.
La signification agronomique des méristèmes peut être illustrée par les exemples
suivants :
• Luzerne : le collet donne naissance à de nouvelles tiges après défoliation grâce
à l'activité méristématique à ce niveau.
• Trèfle blanc : les rhizomes donnent naissance à de nouvelles tiges après défolia-
tion.
• Céréales à petits grains (blé, orge, avoine) : le tallage permet de réduire la dose
de semis nécessaire et de faire ainsi des économies de semences.
• Canne à sucre (et autres plantes perennes) : la reprise de la croissance peut se
faire à partir des "yeux".
• Soja : reprise à partir des bourgeons axillaires.
Port du végétal
• dressé, à croissance verticale cas des graminées
• étalé ou prostré, à croissance horizontale cas de certaines légumineuses (Trèfle blanc)
"Profondeur" du couvert
• liée au port et au rythme de croissance de la partie aérienne
Architecture du couvert
• Densité de peuplement
• Structure de peuplement
• Inclinaison des feuilles
• Indice foliaire du couvert
Système racinaire
• Système racinaire fascicule comme pour le blé
• Système racinaire pivotant comme pour la luzerne
• Système rhyzomateux comme pour le gazon
126
Chapitre 6. Croissance et développement des plantes cultivées
3. DÉVELOPPEMENT
3.1. Définition
Le développement représente l'ensemble des transformations qualitatives de la
plante liées à l'initiation et à l'apparition de nouveaux organes. Contrairement à la
croissance, le développement est un phénomène repérable dans le temps. Il s'agit
d'événements discrets qu'on peut observer à un instant donné : germination des
graines suite à leur imbibition, émergence des plantules, initiation florale, maturité
des graines, mort du végétal.
donne lieu à une plantule qui émerge de la surface du sol, ou de tout autre medium
utilisé dans les tests de germination (voir chapitre 18).
Pour la plupart des espèces cultivées et adventices qui se propagent par des graines.
7 à 30 jours après la germination, l'embryon puis la plantule sont entièrement dé-
pendants, sauf pour l'eau, de la réserve d'éléments nutritifs stockés dans la se-
mence (amidon, lipides, protéines et acides aminés, minéraux essentiels, etc.). Bien
que toutes les semences contiennent des réserves, il existe une grande diversité
d'organes de stockage : cotylédons dans le cas des légumineuses, endosperme dans
le cas des céréales.
Les processus métaboliques accompagnant la germination sont marqués par une ac-
tivité enzymatique, respiratoire et hormonale accrue. Cette activité permet l'hydro-
lyse de l'amidon, des lipides et des protides en substances directement assimilables
par l'embryon, comme les sucres, les acides gras et les acides aminés.
L'embryon fabrique différents types d'hormones qui sont transloquées dans l'en-
dosperme ou dans les cotylédons, et qui jouent un rôle déterminant dans l'hydro-
lyse des réserves. Le rôle que joue l'acide gibbérellique (GA, voir paragraphe sur
la régulation hormonale) dans la stimulation de l'activité cc-amylase est bien connu
chez les céréales et les légumineuses. L'activité hormonale peut entraîner la pro-
duction de substances promotrices ou inhibitrices de la germination.
La dormance est un phénomène très répandu dans la nature mais difficile à définir
avec précision. Si, en conditions adéquates de germination, une semence ne germe
pas, elle est soit morte soit dormante. La semence est dite dormante si, après un
traitement qui lève la dormance, la germination a lieu. Si la germination n'a pas
lieu, on dira que la semence est morte. La mort d'une semence résulte du fait que
son embryon est détérioré par un choc mécanique, thermique ou autre.
128
Chapitre 6. Croissance et développement des plantes cultivées
Concernant la viabilité, une semence est dite viable si, une fois la dormance levée
et les graines placées dans des conditions adéquates de germination, la germination
est normale. Sinon la semence est dite morte. Il existe des tests de viabilité qui don-
nent des résultats fiables.
La dormance peut être levée par un traitement thermique adéquat en jouant sur l'al-
ternance de températures, par l'exposition à la lumière, par un traitement méca-
nique, ou scarification, permettant d'enlever l'inhibition tégumentaire, et par des
traitements chimiques. Toutes ces techniques ont de larges applications agrono-
miques. Par ailleurs, la dormance revêt une signification écologique considérable
dans la mesure où les plantes utilisent ce phénomène comme stratégie d'adaptation
face à l'adversité de l'environnement.
10
30-
^ 20-
eu
-a
13 CL
(U 10
rj a)
ai
3
o O)
11 I i i I
7 14 21 28 35
Jours après défoliation O
Sauf avortement éventuel, chaque primordia donnera naissance à un futur organe. Dans
le cas des feuilles, l'intervalle de temps séparant l'apparition successive et l'émergence
des feuilles est appelée phyllochrone. En l'absence de limitation à la croissance et au
développement des plantes, on considère que le phyllochrone reste constant. La figure
6.5 permet de visualiser ce phénomène dans le cas de Lolium multiflorwn. Pour ce four-
rage cultivé et pour de nombreuses autres graminées la durée du phyllochrone, en
somme de degrés x jours, est d'environ 100 à 120 °C-jour (figure 6.5.b).
Les principaux facteurs du milieu qui agissent sur l'initiation et l'apparition des
feuilles sont la température et l'intensité de l'éclairement.
reste que la dernière feuille pour assurer la fourniture des assimilais nécessaires au
remplissage des grains, avant qu'ils n'atteignent la maturité. Après cette phase,
tous les organes d'une culture annuelle meurent alors que les plantes perennes re-
prennent leur développement végétatif si les conditions de milieu sont favorables.
L'élaboration de la structure d'une plante, représentée par ses parties aérienne et raci-
naire, dépend du développement successif de ses différents organes et de l'accumula-
tion de la matière sèche dans chacun de ces organes. Ces deux phénomènes sont
concomittants et leur interdépendance peut être illustrée par les exemples suivants :
• En l'absence d'induction florale chez le blé, la montaison (qui relève du développe-
ment reproducteur) n'a pas lieu ; dans ce cas la plante reste essentiellement feuillue et
accumule peu de matière sèche relativement à une plante qui aurait des tiges.
• La teneur en matière sèche des racines d'une luzerne est un indicateur de leur état
de croissance ; cette teneur est intimement liée au stade de développement de la lu-
zernière.
• La montaison, ou développement des tiges, chez la betterave se traduit par une
consommation accrue du sucre accumulé dans les racines et donc par une diminu-
tion de la matière sèche de celles-ci.
• Facteurs de croissance. Ils sont les éléments internes (liés à la plante) et externes
(liés au milieu) qui interviennent dans la fabrication de la matière sèche ; ils ont
une action quantitative donnant lieu à un bilan d'énergie et de matière :
- énergie solaire ;
- éléments minéraux ;
- eau ;
- température.
Ces conditions sont souvent en interaction ; leur lois d'action sont mal connues et
131
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
elles jouent fréquemment par des effets seuils. L'eau est à la fois facteur et condition
de croissance. L'intérêt des études en conditions contrôlées pour déterminer les lois
d'action des facteurs et conditions de croissance est évident, malgré les difficultés
inhérentes au transfert des résultats au niveau du champ cultivé.
La plupart des plantes cultivées connaissent des phases sensibles et des stades cri-
tiques de croissance et de développement lorsque les états du milieu imposent des
limitations à ces processus. Ces contraintes de milieu (stress hydrique, stress ther-
mique, stress minéral, stress salin, etc.) peuvent entraîner des conséquences irréver-
sibles et souvent dommageables pour le rendement. Une discussion détaillée de ces
aspects est donnée dans Fowden et al. (1993).
Dans tous les cas, le rendement utile est une fraction du rendement biologique. Le
rapport rendement utile/rendement biologique est appelé indice de récolte.
133
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
l'appareil aérien, pour explorer davantage de volume de sol et satisfaire ainsi ses
exigences hydrique et minérale. Les mécanismes mis en jeu sont complexes et font
intervenir, entre autres, le système hormonal de la plante.
Il existe des composés qui entraînent des réponses physiologiques importantes mais
qui ne sont pas des hormones naturelles, tels que :
- ion K+, inorganique,
- 2,4-D, auxine synthétique,
- saccharose, composé synthétisé puis transloqué mais jouant à forte concentration.
• Les auxines. Celles-ci sont essentiellement produites dans les méristèmes et ré-
gions de croissance active au niveau des parties aériennes. Elles se trouvent dans la
plupart des tissus de la plante y compris dans les feuilles en sénescence. Le trans-
port des auxines se fait dans le phloème, des parties aériennes vers les parties raci-
naires, mais également de cellule à cellule (transport orienté).
Les auxines activent l'élongation des coléoptiles et des tiges et favorisent le photo-
tropisme et le géotropisme. Elles jouent un rôle important dans l'initiation et la for-
mation des racines adventives et dans la différenciation du xylème. Par contre, elles
inhibent l'élongation racinaire. La croissance des bourgeons axillaires est égale-
ment inhibée par le maintien de la dominance apicale, qui est sous le contrôle des
auxines. Enfin elles retardent la sénescence des feuilles et la chute des fruits.
• Les cytokinines. Celles-ci sont synthétisées dans les apex des racines, mais on
les trouve aussi dans les parties aériennes, les semences et les fruits n'ayant pas at-
teint la maturité physiologique. Elles sont transloquées dans le xylème depuis les
racines jusqu'aux parties aériennes. Au niveau de celles-ci, les cytokinines circu-
lent lentement de cellule à cellule.
cellulaire. Elles activent l'initiation des feuilles, des tiges et des stolons, et favorisent
l'extension des feuilles et des cotylédons ainsi que la translocation des assimilats.
Leur rôle dans la transpiration est également rapporté. Les cytokinines inhibent la sé-
nescence des feuilles et permettent la levée de la dormance des graines ainsi que celle
de la dominance apicale des bourgeons axillaires chez certaines plantes.
• Les gibbérellines. Celles-ci sont synthétisées dans les apex racinaires. On les
trouve aussi dans les semences, les jeunes feuilles et les tiges. Leur transport des
racines aux parties aériennes se fait dans le xylème. Le transport des gibbérellines
au niveau des parties aériennes se fait aussi de cellule à cellule et, au niveau des
feuilles, il se fait dans le phloème.
La synthèse des gibbérellines dans les racines et leur transport vers les parties aé-
riennes sont inhibés par l'excès d'eau et par l'effet des jours courts.
• L'éthylène. Celui-ci est produit par toutes les parties de la plante, plus particuliè-
rement, dans les régions apicales en croissance active et au cours de la maturation
des fruits. Étant donné sa nature volatile, son transport est peu connu, mais il cir-
cule des racines vers les parties aériennes.
La maturation des fruits, la sénescence des feuilles et la chute des organes ainsi que
la levée de la dominance apicale des bourgeons axillaires sont les principaux effets
produits par l'éthylène. Cette hormone inhibe la division cellulaire ainsi que le géo-
tropisme des tiges et des racines.
Comme déjà dit, la phase initiale de croissance (cellule, organe, plante entière, peu-
plement) suit une loi exponentielle tant qu'il n'y a pas de limitations intrinsèques à
la plante ou liées à l'environnement (figure 6.2.a). Dès que la limitation est imposée,
la croissance dans le temps est modifiée selon une courbe sigmoide (figure 6.2.b).
En échelle logarithmique, c'est une droite dont la pente correspond au taux d'inté-
rêt, r. Ce concept est à la base de l'analyse quantitative classique de la croissance.
Dans la pratique, Wet L peuvent représenter le poids sec et la surface foliaire d'une
plante isolée, comme ils peuvent se référer à la biomasse par unité de surface de sol
(A) et à la surface foliaire par unité de surface de sol. Ce sont les fonctions de crois-
sance de la biomasse et de l'indice foliaire (voir plus loin).
A partir des fonctions de croissance W=f(t) et L =f(t). on peut dériver les concepts
qui suivent :
137
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
growth rate) se définit pour une plante comme étant l'augmentation de poids sec
par unité de poids existant par unité de temps :
(l\(dW\ d(lnW) n , i . , .u ...
= - — = - ^ — ' - [kg-kg-l-r 1 ou j-i] (2)
W ' v di i dt
Durant la phase de croissance exponentielle, RGR reste constant :
Une fois cette phase initiale de croissance terminée, RGR n'est plus constant et di-
minue progressivement avec l'âge des plantes.
Ce ratio est aussi appelé "surface efficace pour la croissance de l'unité de poids de
la plante".
On peut démontrer (Radford, 1967) que ces différents paramètres instantanés peu-
vent faire l'objet de mesures directes entre 2 états successifs de la croissance
(ij, Wi, Lj) et (t2, W2, L2), et ont pour valeurs moyennes dans l'intervalle [ij, f2] :
h-h
L2~LX\ /In W2 - In Wl
LAR =
W2 - Wx) \ In L 2 - In L,
138
Chapitre 6. Croissance et développement des plantes cultivées
A [m2.kg-l] (5)
WL
Le SLA définit "l'épaisseur" des feuilles et revêt une signification écologique, phy-
siologique et agronomique particulière. Selon certaines théories, toutes les réponses
des plantes aux variations internes ou externes sont intégrées dans le SLA (Charles-
Edward, 1981).
• Poids foliaire spécifique (LWR). Le poids foliaire spécifique (leaf weight ratio)
se définit par le rapport du poids sec des feuilles (W¡) au poids total de la plante
(ou du couvert), W :
139
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
A àt \A>\Làt>
LAI NAR
soit CGR = LAI x NAR (9)
W ât \W>\Làt>
LAR NAR
soit RGR = LAR x NAR (10)
Remarques
- Les équations (9) et (10) sont valides à chaque instant mais les relations ne sont
pas valables pour les valeurs moyennes des paramètres (RGR ^ NAR x LAR) sauf
dans des situations particulières (phase de croissance exponentielle ; phase de
croissance linéaire, s'il y a relation de linéarité entre W et L).
- La première équation (CGR = LAI x NAR) est généralement utilisée pour analy-
ser la croissance d'un peuplement (communauté de plantes) et la seconde est plus
appropriée pour l'analyse de la croissance de plantes isolées.
w
LWR SLA
soit LAR = LWR x SLA (11)
Les concepts de LWR et SLA permettent d'analyser les variations du LAR en termes de :
- variations de la distribution des produits de photosynthèse entre la croissance fo-
liaire (W¿) et la croissance des autres organes ;
- variations de "l'épaisseur" des feuilles (L/WL) c'est-à-dire de la surface foliaire
par unité de poids sec de feuille.
Genèse
Analogie avec la loi des intérêts composés :
W(t) = I/Vo(1 + r)t, r = taux d'intérêt
Si r « 1, In W(t) « In Wo + rt, soit W(t) = Wo e rt croissance exponentielle
Concepts de base
GR = dW/df [kgr 1 ] Vitesse absolue de croissance (plante)
CGR = (1/4) (dl/V/df) [kgm-2j-i] Vitesse absolue de croissance (peuplement)
RGR = (1/1/1/) (dl/l//df) [kg kg-i-j-i ou r 1 ] Vitesse relative de croissance (plante ou peuplement)
NAR = (VL) (dW/dt) [kg nrr2 feuille-f 1 ] Taux d'assimilation nette
LAR = UW [m^kg- 1 ] Surface foliaire massique
SLA = UWL [m 2 feuille kg-1] Surface foliaire spécifique
LWR = WL/W [% ou sans dimension] Poids foliaire spécifique
LAI = L/A [m 2 feuilles/m2 sol] Indice foliaire
LAD = I(LAI x D) [m2-jour, ou jour] Durée d'action foliaire
Lois classiques
CGR = LAI x NAR , RGR = LAR x NAR ; LAR == LWR x SLA
• Développements récents
141
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
En considérant que W est le poids sec d'une plante, N le nombre de plantes par
unité de surface et L la surface foliaire d'une plante, on peut écrire :
N (dWIdf) = {NL) x (1/L) (dW/dt)
soit CGR =LAIxNAR
On peut aussi écrire par analogie :
N (dW/dt) = (NW) x (1/W) (dW/dt)
soit CGR = biomasse x RGR ( 12)
Cette formulation permet donc, en combinant les équations (9) et (12), de fournir
un outil d'analyse valable durant tout le cycle de croissance (Warren-Wilson,
1981). L'approche permet aussi de pousser le développement de l'analyse clas-
sique, pour l'étendre à la discussion d'autres processus.
Ce type d'échelles est très utilisé en amélioration des plantes. Les agronomes utili-
sent plutôt l'échelle de Jonard basée sur la détermination des stades de l'apex,
dont une variante est décrite dans la figure 6.1, plus haut. Des illustrations dé-
taillées de ces échelles sont présentées dans Jonard et al. (1952), Large (1954) et
Zadoks et al. (1974).
Échelle de Zadoks
10 20-29 30 31 32 37 39 45 50 58 75-100
6 7 8 10 10.1 10.5 II
Échelle de Feeke
143
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
Semis
-t-
Stade Début Floraison Maturité
double ride montalson (Anthèse)
Nombre de
plantes/m2
Nombre d'épis/plante
I 1
Nombre
d'épillets/épl
I 1
Nombre de grains/épillet
Semis
1
Début Stade Maturité
floraison "fin d'avortement
des grains"
Nombre de grains/m2
Figure 6.8. Périodes de formation des composantes du rendement du blé d'hiver (a)
et du soja (b).
Source : Meynard J.-M. et David G. (1992), Cahiers Agricultures, 1 : 9-19, p 12
144
Chapitre 6. Croissance et développement des plantes cultivées
145
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
La conception d'un modèle est liée aux objectifs qui lui sont assignés. Un modèle
peut servir pour :
• explorer le contour du système étudié et délimiter sa structure en identifiant les
composantes et sous-systèmes, les variables et paramètres qui le caractérisent ainsi
que les facteurs qui déterminent son comportement ;
• expliquer les interconnexions entre sous-systèmes et les relations fonctionnelles
entre les variables, en précisant les niveaux d'étude et le degré de précision voulue ;
• intégrer les fonctionnements des sous-systèmes pour comprendre le fonctionne-
ment global du système étudié ;
• prévoir les changements d'états du système et les résultats attendus, suite aux
changements des valeurs des variables et paramètres du modèle (simulation).
Un modèle peut être de nature purement conceptuelle (image mentale qu'on se fait
de la réalité), de nature physique ou de nature mathématique. Dans tous les cas, le
formalisme mathématique est un outil précieux pour décrire les caractéristiques du
système modélisé et pour résumer le modèle qui le représente.
Une des étapes les plus décisives est la validation du modèle. Elle consiste à le tester
en utilisant des données indépendantes de celles ayant servi à sa construction. En
outre, le modèle ne pourra être utilisé dans la pratique qu'une fois validé.
146
Chapitre 6. Croissance et développement des plantes cultivées
147
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
• Modèle basé sur la loi de dilution des teneurs en éléments minéraux dans la
biomasse. Lemaire et Salette (1984) proposent ce modèle qui permet de prévoir la
décroissance de la teneur en azote (ou d'un autre élément minéral) en relation avec
l'augmentation de la biomasse (figure 6.9). Le fondement théorique de ce modèle
fait que sa validité est générale (Greenwood et al., 1991).
%N
5
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Matière sèche (t/ha)
Figure 6.9. Évolution de la teneur en azote avec la matière sèche, chez la betterave
à sucre, en zone méditerranéenne irriguée
148
Chapitre 6. Croissance et développement des plantes cultivées
Nutrition minérale
• Caractérisation du régime minéral du sol
• Architecture du système racinaire et activité racinaire
Alimentation hydrique
• Bilan hydrique au niveau du sol et de la plante
• Évapotranspiration et état hydrique des plantes
Croissance et développement
• Croissance, respiration et maintenance des structures
• Développement foliaire
• Morphogenèse (initiation, croissance et développement des feuilles, tiges, inflorescences,
organes de stockage, racines, etc )
• Sénescence des feuilles et des autres organes
Une caractéristique majeure des ces modèles est leur structure élaborée et leur for-
mulation mathématique plus ou moins complexe. Ils ont l'avantage de permettre
des prédictions exactes et de faire des simulations souvent difficiles à réaliser expé-
rimentalement. De ce fait, ils sont utilisés comme des outils de recherche. Le prin-
cipal inconvénient de ces modèles est la difficulté de leur validation.
Interception de la lumière
Photosynthèse, P Respiration, RG
W=WS
Compartiment Compartiment
de stockage. Wg de structure, WG
Croissance
dt
Recyclage, RM
Sénescence, S
149
Partie III. Base physiologiques de l'élaboration du rendement
Selon ce modèle, une plante est constituée d'un compartiment de stockage et d'un
compartiment de structure de poids respectif Ws et WG dont la somme fait le poids
total W. Le premier compartiment gagne du carbone par photosynthèse (P) et en
perd pour satisfaire les besoins respiratoires de croissance (RQ) en vue d'élaborer la
structure (feuilles, tiges, racines, inflorescences, etc.) et alimenter ainsi le second
compartiment. Celui-ci perd à son tour du carbone par sénescence (5) mais en resti-
tue une partie par recyclage au compartiment de stockage, au titre des besoins de
maintenance (Ry[) des structures élaborées.
ât
indiquant que l'accumulation nette de matière sèche résulte du bilan entre l'acqui-
sition de carbone par photosynthèse et la perte de carbone par respiration et sénes-
cence, conformément aux faits expérimentalement établis.
7. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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Sebillotte M. (1982), Cours d'agronomie générale, chaire d'agronomie, INA Paris-
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152
Chapitre 7
PHOTOSYNTHÈSE
ET PHOTORESPIRATION
6. La photo-inhibition
6.1. Mécanismes moléculaires de la photo-inhibition
6.2. Mécanismes de protection
7. Le métabolisme carboné
7.1. Le métabolisme C 3
7.2. Le métabolisme C 4
7.3. Le métabolisme CAM
7.4. Les échanges stroma-cytoplasme
Bibliographie
154
PHOTOSYNTHÈSE ET PHOTORESPIRATION
La photosynthèse est le processus par lequel la lumière solaire incidente est conver-
tie en biomasse. Chez les plantes supérieures ou chez certains procaryotes, comme
les cyanophycées, le bilan réactionnel du métabolisme photosynthétique associe
fixation de CO 2 et production d'O 2 :
n H 2 O + n CO 2 H (HCOH),, + n O 2
où (HCOH)n représente les hydrates de carbone.
Cependant, d'autres organismes captent l'énergie solaire pour réaliser leurs syn-
thèses organiques. Ces organismes, bactéries pourpres ou vertes, sont des anaéro-
bies stricts ou partiels qui utilisent l'hydrogène, l'acide sulfurique ou des molécules
organiques comme source d'électrons. Par conséquent, l'équation générale de la
photosynthèse doit, pour rendre compte de la diversité des substrats donneurs
d'électrons, s'écrire :
Bien que les organismes procaryotes aient une fonction écologique très importante,
l'essentiel de la production primaire, au niveau de la biosphère, est assuré par les
végétaux supérieurs. On estime que chaque année, 210 11 tonnes de matière sèche
sont produites par les écosystèmes végétaux. Ces estimations, impressionnantes par
leurs valeurs, cachent cependant mal la modestie des rendements réels de la
conversion photosynthétique estimés, dans le meilleur des cas, à environ 1 %. Les
causes des écarts observés entre les rendements réel et théorique (± 40 %) peuvent
être appréciées au travers de l'analyse des déterminants de la productivité végétale.
En effet, bien que la photosynthèse soit le facteur déterminant de la productivité,
d'autres éléments interviennent dans l'élaboration du rendement. C'est ainsi que la
productivité nette (PN) d'une culture ou d'une végétation naturelle est principale-
ment déterminée par la quantité d'énergie lumineuse disponible ( 0 , la proportion
interceptée par le couvert (B), l'efficience de photoconversion (E) et, finalement,
les pertes respiratoires (R) (voir chapitres 2, 6, et 8).
155
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Ce paramètre est très influencé par les contraintes du milieu. En particulier, les
dommages de la photo-inhibition, combinaison d'une lumière excessive et d'une
contrainte majeure du milieu, sont importants. L'identification de génotypes possé-
dant une efficience de photoconversion moins influencée par l'environnement re-
présente un axe de recherche prioritaire en agronomie.
D'un point de vue cytologique, les chloroplastes dérivent des plastes, organites cel-
lulaires peu différenciés et spécifiques aux eucaryotes. Spécialisés dans l'accom-
plissement de la photosynthèse, les chloroplastes représentent, à eux seuls, 60 % de
la masse totale des protéines foliaires. Généralement, la forme d'un chloroplaste
peut être ramenée à un ellipsoïde dont les valeurs des grand et petit axes s'échelon-
nent respectivement entre 7 et 10 microns et 2 et 5 microns. Il est constitué de deux
réseaux membranaires totalement indépendants.
Le concept d'unité photosynthétique a été formulé dès les années 30 par R. Emer-
son et W. Arnold pour expliquer la collaboration de plusieurs milliers de molécules
de chlorophylle à la production d'une seule molécule d'oxygène.
Photon
Figure 7.1. Représentation schéma-
tique du fonctionnement d'une
unité photosynthétique.
Les pigments collecteurs constituent un
Pigments puits pour l'énergie d'excitation qui est
dirigée vers le centre réactionnel avec
collecteurs une probabilité proche de 1 Le centre
réactionnel peut réaliser une séparation
de charges, il est dit "ouvert". Lorsque
migration de le piège est oxydé ou l'accepteur secon-
daire A réduit, l'excitation de la paire
spéciale peut survenir, mais elle ne
1'énergie donne pas lieu à une séparation stable
de charges.
centre Le blocage photochimique a une ori-
réactionnel gine différente suivant que l'on consi-
dère l'une ou l'autre situation. Dans le
ouvert cas DP+A-, le blocage résulte de l'inca-
pacité de P+ à éjecter un second élec-
tron Dans la situation D+PA-, une sépa-
ration de charge peut être réalisée
(DP+X-A), mais la présence d'un élec-
fermé tron sur A* prévient la seconde phase
de la stabilisation de l'énergie et favo-
rise la recombinaison de charges pro-
duite par la réaction
Le retour à l'état actif est généralement
conditionné par l'oxydation de A", elle-
fermé même dépendante de l'activité des
chaînes de transfert d'électrons.
157
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
MEMBRANE
LUMEN QQ
Cependant, les centres réactionnels des plantes vertes, des algues ou des bactéries
répondent à un mode de fonctionnement similaire, basé sur la photo-oxydation
d'un dimère de (bacterio) chlorophylle a, encore appelé "pigment piège" ou "paire
spéciale" (figures 7.1 et 7.2).
Les cinétiques ultrarapides des réactions d'oxydoréduction observées dans les centres
réactionnels conditionnent à la fois leur intégrité et le rendement de ces réactions. En
effet, le transfert quasi instantané des charges sur A et D prévient, pratiquement tota-
lement, les pertes d'énergie que causeraient les réactions de recombinaison de
charges. Parallèlement, il limite la durée de vie des espèces P* et P + capables de dé-
naturer les protéines constituant le centre réactionnel et dont l'accumulation, chez les
végétaux supérieurs, détermine une diminution importante de la productivité (photo-
inhibition).
Bien que fortement lipophiles, ces pigments ne sont pas libres dans les membranes
thylacoïdes : ils sont engagés dans des liaisons non covalentes avec des protéines
159
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
dont le nombre varie peu en fonction des espèces : ainsi, une quinzaine de pro-
téines différentes ont été détectées dans les systèmes collecteurs d'organismes aussi
différents que le maïs ou Chlamydomonas, une algue unicellulaire. La plupart
d'entre elles, codées par des gènes nucléaires, sont synthétisées dans le cytoplasme
sous forme de précurseurs solubles. Leur passage au travers de l'enveloppe et leur
insertion dans les membranes thylacoïdes sont contrôlés par une séquence pepti-
dique N-terminale, appelée séquence signal.
s2
k
ckt
Figure 7.3. Représentation schématique des différents états électroniques d'une mo-
lécule de chlorophylle.
Les différents niveaux d'énergie correspondent à une occupation différente des orbitales de la
molécule. Chaque niveau principal se subdivise en un ensemble de sous-niveaux énergétiques
correspondant à différents états de vibration des atomes qui constituent la molécule
L'absorption d'un photon se produit lorsque l'énergie qu'il contient correspond exactement à la
difference d'énergie entre deux niveaux. Chez la chlorophylle, la relaxation (conversion interne)
vers l'état vibrationnel le plus bas précède tout autre événement.
A ce stade, l'énergie d'excitation peut être dissipée thermiquement (kc), par transfert vers une
autre molécule de chlorophylle (kt), par émission d'un photon de fluorescence (kf) ou encore
par photochimie (kp). Chacun de ces processus est caractérisé par une constante cinétique et
contribue à la dépopulation des états excités dans une proportion établie par le quotient de la
constante cinétique et de la somme de toutes les constantes.
En particulier, les systèmes photosynthétiques sont très efficaces puisque le rendement de
photoconversion donné par (kp) I (kp + kf + kc + kt) est égal à = 0,99 ! Cette efficacité repose
tant sur les cinétiques des réactions catalysées par le centre réactionnel, que sur l'efficacité du
transfert d'énergie d'excitation des pigments.
160
Chapitre 7. Photosynthèse et photorespiration
L'absorption d'un photon est un acte "instantané" (10~15 s) qui aboutit à l'appari-
tion d'un état "excité" où l'énergie du photon permet à un électron d'accéder à une
orbitale moléculaire "plus élevée", c'est-à-dire plus énergétique (figure 7.3).
Ces sauts électroniques se produisent sur la base d'une loi de tout ou rien : l'accès aux
différentes orbitales n'est permis que si l'énergie des photons répond à la relation :
= Eexc-Ef = (2)
exc
où £"exc correspond à la différence d'énergie entre les états excité et fondamental de
la molécule ;
h : constante de Planck (6,626-IO"34 J-s) ;
v : fréquence de la radiation.
ID
>•
X
o
ce. o
•SL
©
ut
co
QL
C£
O
1/5
SD
680 700
Le débat reste intense sur les modalités précises des relations pièges-collecteurs. En
effet, si certaines données expérimentales plaident pour une limitation du "piégeage
photochimique" consécutive à la relative lenteur des réactions du centre réactionnel
par rapport à la vitesse de déplacement de l'excitation (limitation par le piège),
d'autres attribuent cette limitation à la vitesse de diffusion de l'excitation. Cette in-
certitude résulte de l'impossibilité de préciser le mécanisme exact de la migration
de l'énergie dont on retiendra, par conséquent, qu'il s'agit d'un processus non ra-
diatif (photosensibilisation), dont l'efficacité est conditionnée par la position et
l'orientation des pigments, le degré de recouvrement des spectres d'absorption des
molécules concernées par le transfert.
• Les complexes antennes majeurs (LHCn) sont quantitativement les plus importants
puisqu'ils représentent à eux seuls 50 % des protéines membranaires. Codés par le
noyau, ils complexent chlorophylles a et b dans un rapport de 1,6. Les LHCn J o u e n t
un rôle déterminant dans la régulation à court et à long terme des réactions primaires.
Ces différentes voies régulatrices ont cependant comme point commun de modifier
la structure, l'organisation et la composition des systèmes collecteurs.
PHOSPKATASE
Figure 7.5. Adaptation de la membrane thylacoïde aux changements de composition
spectrale de la lumière.
La dissociation des LCHu des centres réactionnels est déterminée par un éclairement
préférentiellement absorbé par le PSn la conformation membranaire qu'il détermine caractérise
l'état 2. Réciproquement, un éclairement favorisant l'activité du PS¡ induit le retour des LCHu
au PSn, la membrane se trouve alors dans l'état 1
164
Chapitre 7. Photosynthèse et photorespiration
Les modèles actuels du transport des électrons dans la membrane thylacoïde résul-
tent de l'interprétation correcte du phénomène de "red drop" caractérisé par une di-
minution nettement plus importante du rendement photosynthétique par rapport à
l'absorption aux longueurs d'onde supérieures à 700 nm. Sa suppression par des
éclairements de longueurs d'onde plus courtes (680 nm) établissait non seulement
l'existence de deux réactions photochimiques, mais aussi leur nécessaire interac-
tion pour réaliser la photolyse de l'eau. Parallèlement, la mise en évidence d'un dé-
gagement d'O 2 par une suspension de thylacoïdes éclairés en présence d'un oxy-
dant ouvrait la voie à l'expérimentation directe sur organites isolés.
Pour des raisons de facilité, on distingue trois segments dans la chaîne de transpor-
teurs d'électrons (figure 7.6).
Cette portion de chaîne est responsable de la photolyse de l'eau, elle fournit les élec-
trons nécessaires au fonctionnement du PSjj en réduisant le donneur primaire asso-
cié à l'hétérodimère Dj/D 2 . Après chaque photo-réaction, elle réduit D + . Lorsque
quatre charges positives ont été accumulées, une molécule d'O 2 est libérée :
2 H2O -> 4 H+ + 4 e- + O 2
165
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
H
DPC
L'activité de ces transporteurs "longue distance" est organisée par une plastoqui-
nol-plastocyanine oxydoréductase, encore appelée cytochrome b6f. Cette enzyme
contient quatre groupes prosthétiques : deux cytochromes b 6 , un cytochrome f et un
centre fer-soufre (Fe-S). Protéine enchâssée dans la membrane, elle présente, du
côté interne, un site de fixation pour les plastoquinols (site p) et un site de fixation
pour la plastocyanine et, du côté externe, elle présente un site à haute affinité pour
les plastoquinones (site n).
Lorsque l'activité des deux photosystèmes est équilibrée, les électrons apportés au
site p par un plastoquinol sont utilisés pour réduire deux plastocyanines. Celles-ci,
par diffusion, atteignent les centres réactionnels du PSj où elles réduisent P7oo+- Au
niveau du cytochrome b6f, seul le centre Fe-S, puis le cytochrome f participent aux
166
Chapitre 7. Photosynthèse et photorespiration
L'utilisation des électrons produits par les photo-réactions du PS¡ est articulée sur
une protéine, la ferredoxine, qui, à l'instar de la plastocyanine, diffuse à l'interface
membranaire. La ferredoxine ne constitue toutefois pas l'accepteur primaire du
PSj, dont l'organisation précise reste encore inconnue aujourd'hui.
Dans les thylacoïdes, les modalités du couplage entre flux électronique et proto-
nique ont été décrites dans le paragraphe précédent. Il convient toutefois de préci-
ser que dans le cas des membranes thylacoïdes, l'apport de charges positives dans
le lumen est compensé par des flux anioniques (influx) ou cationiques (efflux). La
force électromotrice y est donc constituée par un gradient de pH généralement es-
timé à = 3 unités.
6. LA PHOTO-INHIBITION
Dans le type oxydant, la durée de vie prolongée de l'espèce PÖ80 + ' oxydant puis-
sant, est à l'origine de la protéolyse de Dj. Expérimentalement, on mesure une aug-
mentation significative de la durée de vie de P680+ l ° r s ^ e fortes irradiations UV ou
d'expositions à des températures inférieures à 0 °C.
168
Chapitre 7. Photosynthèse et photorespiration
En particulier, différents auteurs ont montré que les transitions d'état protégeaient
de la photo-inhibition en réduisant la surface d'absorption des collecteurs du PSjj.
Une protection accrue a été associée à la présence dans les antennes de pigments
caroténoïdes capables de dissiper très efficacement l'énergie d'excitation. D'une
manière générale, ces mécanismes réduisent les flux d'énergie d'excitation destinés
au PS n .
7. LE MÉTABOLISME CARBONÉ
7.1. Le métabolisme C 3
Les travaux de Calvin et de ses collaborateurs ont permis d'élucider les réactions
enzymatiques par lesquelles les plantes réalisent l'incorporation du CO 2 au niveau
des hydrates de carbone.
169
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
(
RuSP Ru5P
r
t t
R5P Xu5P
S7P
CO,
SBP
3RBP + 3 CO, + 3HjO
E4P XuSP
1
6 PGA
6DPCA
FBP
6H,0
C3P DHAP C3P DHAP C3P
DHAP-*
Retro- f
* contrôle
Produit
3 CO, + 2H,0 + Pi-^C^OHCO-CHjOPOlOH), + 3 0 ,
ainsi formées, une sur six, est soit dirigée dans une voie métabolique qui conduit à
la formation de l'amidon dans le stroma, soit transportée sous forme de DHAP, par
l'intervention d'un translocateur localisé dans la membrane interne de l'enveloppe,
vers le cytoplasme,où elle participe aux réactions de synthèse du saccharose.
Il semble que l'activité enzymatique soit localisée aux grandes sous-unités, et les
mécanismes de régulation aux petites. L'assemblage de l'holoenzyme a lieu au sein
du chloroplaste.
171
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Or, comme l'approvisionnement en CO2 à partir de l'air ambiant s'effectue par dif-
fusion au travers des stomates de la feuille, via les espaces intercellulaires, la paroi,
la membrane et le cytoplasme des cellules du mésophylle jusqu'au chloroplaste, il
est certain que la concentration en CO2 au voisinage de la RuBisCO est de loin in-
férieure à 10 (xM. La vitesse de carboxylation est, dans ces conditions, nettement in-
férieure à la vitesse à saturation.
7.1.3. La photorespiration
La photorespiration est une cause majeure de la perte d'efficacité photosynthé-
tique chez les plantes en C 3 . Elle peut, selon les espèces, entraîner des chutes de
rendement photosynthétique de 30 à 50 %.
Là, deux molécules de glycine donnent un autre acide aminé, la serine, en perdant
une molécule d'ammoniac (NH3) et une molécule de gaz carbonique. Ces deux pro-
duits gazeux doivent être recyclés très rapidement par les cellules foliaires, faute de
quoi ils diffusent vers l'atmosphère où ils sont perdus pour le métabolisme.
Sur la base des travaux et des connaissances actuelles, il est assez difficile de justi-
fier une telle attitude scientifique.
En fait, en recyclant, sous forme d'acides aminés comme la serine, trois quarts du
carbone perdu par la formation du phosphoglycolate, elle en atténue fortement les
173
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
7.2. Le métabolisme C4
Ce sont des chercheurs australiens, M.D. Hatch et C.R. Slack qui, en 1960, ont
montré que ces plantes effectuent une double carboxylation. La première permet la
fixation du CO 2 sur une molécule à trois carbones, le phosphoénolpyruvate (PEPA)
et forme une molécule tétracarbonée, d'où le nom de ces plantes. Ultérieurement,
cette molécule est décarboxylée. La molécule de CO 2 récupérée participe à la se-
conde carboxylation et, grâce à l'intervention d'une RuBisCO, est introduite dans
le cycle de Calvin.
Cette biochimie complexe est associée à des structures foliaires particulières. Chez
les plantes C4, les feuilles possèdent deux types de cellules chlorophylliennes dis-
posées en couronnes concentriques autour des vaisseaux conducteurs. Les cellules
externes participent à la première carboxylation. Elles possèdent des chloroplastes
granaires capables d'effectuer toutes les étapes photochimiques de la photosyn-
thèse, y compris la production d'oxygène, mais incapables de réaliser la fixation du
CO 2 via le cycle de Calvin par manque de RuBisCO.
Un schéma simplifié des voies métaboliques C 4 est illustré par la figure 7.8. Il est im-
portant de noter les différences importantes associées à l'usage relatif du malate et de
l'aspartate, comme éléments de communication entre les deux types de cellules et dé-
pendants des spécificités de l'enzyme de décarboxylation des cellules de la gaine.
175
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Les espèces en C 4 sont nombreuses chez les roseaux, les papyrus, les amarantes,
les composées et les graminées où l'on compte plus de six cents représentants en
C 4 . Certaines, originaires des pays chauds, sont connues pour leurs rendements ex-
ceptionnels : le maïs, la canne à sucre, le sorgho et le mil. La plupart de ces espèces
expriment pleinement leurs potentialités physiologiques dans les conditions écolo-
giques des régions tropicales sèches : forte lumière, température élevée et faible
humidité.
Les plantes crassulantes, fréquemment trouvées dans les zones désertiques, ont la
particularité de fermer leurs stomates le jour, lorsque la demande evaporative est
grande, et de les maintenir ouverts la nuit en conditions de faible transpiration.
Ces plantes CAM utilisent les mêmes réactions biochimiques que les C 4 pour fixer
la nuit le CO 2 sous forme d'acides organiques tétracarbonés qui s'accumulent dans
les vacuoles. Le jour, les acides sont décarboxylés et le CO2 récupéré est incorporé
dans le cycle de Calvin suivant le schéma illustré par la figure 7.9. En séparant
dans le temps les deux réactions de carboxylation, les plantes CAM réalisent une
absorption de CO 2 sans importante perte d'eau, ce qui leur confère un avantage
écologique certain.
carbohydrates
(a) (b)
(a)
\ GAP
La photosynthèse implique des échanges gazeux (CO2 et O2) entre la plante et l'at-
mosphère. L'étude de ceux-ci permet de mieux cerner les limitations de la photo-
synthèse intégrées au niveau de la feuille entière.
Dans le cas des plantes en C4, cela s'appliquera plutôt au flux entre l'air et les pre-
mières carboxylations (par la PEP-carboxylase, dans le mésophylle).
Cette équation est le plus souvent réécrite sous forme analogue à celle de la loi
d'Ohm :
A = ±c = gc (4)
Le flux de CO 2 est ainsi traité de la même manière qu'un courant électrique pas-
sant à travers une (des) résistance(s) sous l'action d'une différence de potentiel (ici,
une différence de concentration). On utilise alors les règles relatives aux circuits
électriques (résistances en séries, résistances en parallèle, etc.) dans le cas du flux
de CO2 (figure 7.11).
Dans ce cas, les conductances s'expriment dans les mêmes unités que les densités
de flux, c'est-à-dire en mol-m^-s"1. La nouvelle expression de g correspond à l'an-
cienne expression, multipliée par P/RT, avec :
• P la pression atmosphérique ;
• R la constante des gaz parfaits ;
• Tla température absolue.
179
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Les résistances ra et rs font que C¡ < Ca, mais C¿ est également influencé par l'effi-
cience des carboxylations (courbe de A en fonction de C¡). C'est ainsi que pour les
plantes C4, C¡ sera, en condition optimale, deux fois moindre que chez les plantes
en C 3 (par exemple 150 ppm contre 270 ppm).
Pour être tout à fait rigoureux, on doit toutefois noter que dans la couche limite in-
tervient une part de diffusion turbulente et r a = 1,37 r a í i o (la correction n'est pas
de 1,61 comme pour les stomates, où rs = l,61r sH2O ) ; a'autre part, le gradient de
pression dû au flux transpiratoire provoque un flux de masse entraînant des molé-
cules de CO 2 et l'équation exacte est en fait :
A = (Ca-Ci)g-E(Ca + Ci) il)
et donc :
Cc = C i - A r m (8)
Regroupant cette partie du cheminement avec la partie précédente, et notant que les
résistances sont en série, on a aussi :
(Co - C c )
A=- ^ — (9)
O )
La résistance du mésophylle (r m ) a été l'objet de pas mal de controverses. Les esti-
mations de ces composantes varient beaucoup selon les auteurs, ainsi que l'évalua-
tion globale de son importance comme facteur limitant la photosynthèse. On tend
plutôt à considérer aujourd'hui que rm est faible et donc que Cc est très proche de Cv
Une autre source de problème et de confusion provient de ce que divers auteurs ont
inclus dans rm des résistances de carboxylation. Il s'agit alors de la résistance du
mésophylle, au sens large, ou résistance résiduelle, c'est-à-dire résistance de tout ce
qu'il y a au-delà de la couche limite et des stomates. Cette manière de procéder
n'est pas recommandable (voir ci-dessous).
Dans le cas des plantes en C 4 , on remarquera toutefois que l'équation (10) impli-
quant F s'applique à la première carboxylation (pour la PEP-carboxylase, dans le
mésophylle), il en est de même de Cc (proche de C¡).
Chez les plantes en C4, il y a ensuite transfert actif (contre le gradient de CO2) vers
les chloroplastes de la gaine périfasciculaire et deuxième carboxylation, au niveau
181
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Bien qu'il n'y ait aucune analogie réelle entre réaction enzymatique et diffusion,
cette équation peut être traitée de la même manière que celle décrivant les étapes
précédentes, c'est-à-dire en considérant kP comme une conductance, ou (kP)~l
comme résistance de "carboxylation" rca, ou, plus largement encore, résistance bio-
chimique (bien que cela puisse regrouper toutes les réactions de la photosynthèse,
phase sombre et phase claire). On a ainsi :
A=^ ^ ° (12)
A=^ 5_ (13)
r + r
m ca
et
Ca
A= "C° (14)
Il s'avère également non correct d'affirmer que, puisque chez les plantes en C 4 les
résistances de carboxylation sont plus faibles que chez les C3, le rôle des stomates
dans la régulation de la photosynthèse serait plus important (rs représente une frac-
tion plus importante de la résistance totale). En effet, il faut aussi tenir compte de la
courbe de A en fonction de C¡ qui s'infléchit beaucoup plus vite chez les plantes en
C3, ce qui fait que l'importance relative de rs n'est pas moins élevée !
Dans le même ordre d'idées, les valeurs plus faibles de C\ chez les plantes en C 4 ne
semblent pas dues à une résistance stomatique plus élevée, mais plutôt à une effi-
cience plus grande des carboxylations (courbe de A en fonction de C¡).
Celle-ci peut être considérée comme la courbe de demande de CO 2 par la plante (pour
atteindre une valeur donnée de A). Il y a, d'autre part, les contraintes liées aux résis-
tances de diffusions et à la concentration de CO2 de l'air extérieur (Ca) ; celles-ci sont
exprimées par la droite correspondant à l'équation (5). Cette droite peut être considé-
rée comme décrivant la courbe (droite) d'offre du CO2 (sa pente dépend de rs).
La valeur de A obtenue dans des conditions données est celle qui correspond à l'in-
terception des deux courbes. Or A est influencé à la fois par les effets du milieu, de
l'espèce, etc. sur la courbe de demande et par ceux affectant l'offre (c'est-à-dire es-
sentiellement r s ). C'est la base d'une étude graphique de la limitation imposée par
les stomates à la photosynthèse (figure 7.12) : remarquons qu'on a proposé une es-
timation de la limitation de la photosynthèse par les stomates par 1 - A/AQ, avec Ao
égal à la valeur de A pour C¡ = Ca, obtenue par extrapolation de la courbe de de-
mande. Elle n'est pas parfaite, car les effets de la couche limite sont inclus (suresti-
mation de l'effet de rs) et ne tient pas compte des effets de la transpiration sur A.
183
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
c
/ I *-a i
ñZp¿ (16)
et tenant compte de (5), avec ex et e a la pression partielle de vapeur d'eau dans les
espaces intercellulaires et dans l'air respectivement, et P la pression atmosphé-
rique, on a :
C C
WUE = — ^ - ( 1 - - ) (17)
l,6v Ca
Pour obtenir l'efficience à long terme, il faut tenir également compte de la respira-
tion et des pertes d'eau nocturnes ; de plus, pour être tout à fait rigoureux, il fau-
drait aussi tenir compte des remarques faites au sujet des équations (5) et (6). No-
tamment, l'équation (16) devrait être remplacée par :
(e-, — e n ) (e-. + ea)
(18)
Les plantes en C3, en effet, effectuent une discrimination envers le 13 C, suite essen-
tiellement à une plus faible réactivité du 13 CO 2 vis-à-vis de la RUDP-carboxylase.
Le rapport R = 13 C/ 12 C de leurs tissus est d'environ 20 % moindre que dans l'air.
185
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
X étant lié de façon relativement simple à Q/C a , peut être considéré comme une
mesure (moyenne) de Q/C a .
Quand rs est grand par rapport à la capacité de fixation, C¡ est petit et est bas ;
quand rs est petit (conductance élevée), X augmente (jusqu'à 30%).
dz
Le taux de photosynthèse est calculé à partir du flux d'air (flux d'entrée dans la
chambre d'assimilation) et de la différence de concentration (mesure différentielle)
observée entre l'air de référence et l'air de sortie.
Le principe de base est l'absorption du rayonnement d'IR par les gaz à molécules for-
mées d'atomes dissemblables (CO2, H2O vap., etc.) dans des longueurs d'onde bien
187
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
caractéristiques (2,7 [im pour ces deux gaz). La coïncidence partielle des spectres
d'absorption de ces deux gaz implique d'ailleurs la nécessité de certaines précautions
pour la mesure du CO2 : utilisation de filtres optiques, colonne de séchage, etc.
Dans le cas d'un système à double faisceau, l'appareil est constitué d'une double
source de rayonnement IR, deux cellules à gaz (cellules d'analyse et de référence),
traversées par les gaz à mesurer et de référence (respectivement), un détecteur de
rayonnement, des pompes.
Celui-ci est constitué d'une chambre scellée à deux compartiments séparés par un
diaphragme, formant l'électrode d'un condensateur et contenant du CO 2 . Sous
l'effet de l'absorption du rayonnement résiduel, le gaz se dilate et déforme le dia-
phragme. Le rayonnement étant interrompu périodiquement (mécaniquement ou
électroniquement), le diaphragme vibre, la capacitance du condensateur change et
un signal de mesure est obtenu. On utilise actuellement des détecteurs à transistors.
Dans le système à un faisceau d'ADC, le gaz de référence est toujours de l'air dé-
pourvu de CO 2 (après absorption sur colonne). Une mesure pseudo-différentielle
est obtenue en alternant dans la cellule à gaz l'air de sortie de la chambre d'assimi-
lation, l'air dépourvu de CO 2 , l'air venant directement de la source et, de nouveau,
l'air dépourvu de CO2. Le système stocke en mémoire les signaux et effectue les
calculs pour chaque période de quelques secondes. Le cycle est ainsi doublé par
rapport à une mesure en absolu.
Ce système ne convient pas à une mesure en circuit fermé (une partie de l'air est en
effet déviée à travers les colonnes d'absorption du CO 2 , ce qui affecte la concentra-
tion en CO 2 dans la chambre où l'air est recyclé).
Une méthode rapide et peu destructive implique par exemple l'utilisation d'une
mini-chambre montée sur pince qui, lors de sa fermeture, déclenche l'ouverture
188
Chapitre 7. Photosynthèse et photorespiration
Les parties exposées sont récoltées et "brûlées" par traitement avec des oxydants
dans un récipient hermétique. Le 14 CO 2 reformé à partir des assimilais oxydés est
absorbé par une base organique placée dans le récipient. Après décoloration, la ra-
dioactivité est déterminée généralement par scintillation liquide.
Les mesures se font en milieu liquide, la source de CO 2 est une solution de bicar-
bonate. Pour les mesures de photosynthèse avec la sonde à oxygène, celle-ci doit
être pourvue d'un système fournissant de la lumière, transmise par filtre optique
dans la cellule de mesure (fermée hermétiquement durant la détermination).
Les mesures sont destructives et ne permettent que des déterminations sur des in-
tervalles suffisamment longs (une à deux semaines). Elles ne permettent pas de
suivre les fluctuations instantanées de la photosynthèse.
Dans un couvert végétal, la plupart des feuilles ne fonctionnent pas à Pmax, suite à
l'ombragement par les feuilles des couches supérieures de feuillage et l'ombrage-
ment mutuel des feuilles voisines ; une augmentation de ^ a x peut n'avoir qu'un
effet négligeable sur l'activité photosynthétique du couvert.
D'autre part, il apparaît que ce n'est pas la quantité de rayonnement incident qui
importe, mais le rayonnement intercepté par la culture, d'où l'importance détermi-
nante de l'établissement (aussi tôt que possible) et du maintien aussi longtemps que
possible d'une surface foliaire active suffisante.
MS = Jt-RPAa
avec, par exemple, k = 2,5 (plante C 4 ), 1,9 (plante C3)... si on se limite aux parties
aériennes.
190
Chapitre 7. Photosynthèse et photorespiration
ment décrite par une relation de type 1 - e~^ LAI (loi de Lambert-Beer), où K est un
coefficient sans dimension caractéristique du feuillage (sa valeur = 0,6 pour les gra-
minées par exemple ; K = 0,65 dans le modèle Ceres-maize) ; LAI est l'indice foliaire
(surface foliaire / surface de sol occupée par les plantes). Les valeurs de K étant assez
constantes, la production sera fortement déterminée par les valeurs de LAI.
Dans le cas des céréales à paille, il ne semble pas que le progrès génétique ait amé-
lioré la capacité photosynthétique du couvert et donc la production de biomasse,
jusqu'il y a peu, tout au moins.
Dans le cas du maïs aussi, l'essentiel du progrès est lié à l'obtention de variétés dont
la production en grains par plante chute moins quand le peuplement à l'hectare aug-
mente (tolérance aux densités élevées). Il y aurait eu toutefois également une cer-
taine amélioration de la biomasse, mais, par rapport à l'ensemble des cultures, ce
cas serait plutôt exceptionnel.
La question de savoir dans quelle mesure la photosynthèse limite les rendements de-
mande une réponse nuancée : la limitation et les composantes du rendement affec-
tées dépendent du stade de développement de la plante. Les expériences réalisées
sur blé, avec modification de la photosynthèse pendant des phases bien définies du
développement, le montrent clairement (enrichissement en CO2, ombrage, etc.).
Tant que l'important problème des relations source-puits ne sera pas mieux résolu,
il est douteux qu'on puisse donner des réponses précises. Cette question fondamen-
tale est traitée de manière détaillée dans le chapitre 9.
BIBLIOGRAPHIE
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191
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
192
Chapitre 8
RESPIRATION
ET AUTRES CATABOLISMES OXYDATIFS
Patrick du Jardin
1. Introduction
Bibliographie
194
RESPIRATION ET AUTRES CATABOLISMES OXYDATIFS
1. INTRODUCTION
Dans une optique de production végétale, donc dans celle des sélectionneurs et
agronomes, il est important de définir la signification physiologique de la respira-
tion et de considérer la diversité des phénomènes qui s'expriment derrière une
consommation d'oxygène, avant d'utiliser un tel paramètre comme critère de sélec-
tion en amélioration des plantes ou comme indicateur écophysiologique des perfor-
mances de croissance d'une population végétale.
C'est dans cette perspective que le présent chapitre est écrit. Il ne s'agit pas d'une
description exhaustive des phénomènes. Seules seront décrites les singularités des
systèmes végétaux sur le plan de la respiration mais aussi des voies oxydatives en
amont, comme la glycolyse. Ces particularités seront ensuite discutés sur le plan de
leur signification fonctionnelle éventuelle.
195
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
D'autres organes stockent des quantités importantes de réserves protéiques (ex. les
légumineuses) ou lipidiques (les espèces oléagineuses de façon générale). Dans les
organes de propagation, la dégradation des protéines produit un stock d'acides ami-
nés permettant d'initier de nouvelles protéosynthèses ; elle libère potentiellement
de l'énergie par l'oxydation subséquente de ces acides aminés. Toutefois, le taux de
respiration mesuré est généralement bien supérieur à celui de la dégradation des
protéines et il n'y a pas d'argument convaincant en faveur de l'importance des pro-
téines en tant que source d'énergie. Par ailleurs, lors de la germination, le spectre
des acides aminés libérés par l'hydrolyse des protéines doit être ajusté aux besoins
spécifiques des nouvelles protéosynthèses et cet ajustement de la composition du
stock des acides aminés libres fait largement appel au cycle de Krebs. Des conver-
sions réciproques entre les aminoacides libérés et les cétoacides du cycle sont cata-
lysées par des transaminases, selon le schéma réactionnel suivant :
COOH COOH COOH COOH
Jvj 2. \ ^
Par exemple, oxaloacétate (cétoacide) —> aspartate (aminoacide) pendant que gluta-
mate (aminoacide) —» a-cétoglutarate (cétoacide)
Les lipides forment la troisième grande classe de substances de réserve chez les
plantes. Les sphérosomes désignent les corpuscules cytoplasmiques formés par
l'accumulation de triglycérides entre les deux couches phospholipidiques du réticu-
lum endoplasmique. La masse lipidique finit par quitter l'endomembrane et former
des globules libres limités par une couche phospholipidique unique. Contrairement
aux systèmes animaux, la mobilisation des triglycérides au niveau d'une jeune
plantule n'a pas pour principal objet d'alimenter en énergie le métabolisme, via la
ß-oxydation des acides gras et le cycle de Krebs. Ces organes sont plutôt le siège
d'une gluconéogenèse active conduisant au saccharose, disaccharide exporté et qui
sera respiré au niveau des points de croissance, principaux demandeurs d'énergie.
La conversion en saccharide des acides gras libérés des triglycérides intervient en
plusieurs étapes, au niveau de trois compartiments cellulaires successifs : ß-oxyda-
tion et cycle du glyoxylate dans les glyoxysomes (acides gras —> acétyl-CoA —>
succinate), parcours limité du cycle de Krebs dans la mitochondrie (succinate —>
196
Chapitre 8. Respiration et autres catabolismes oxydatifs
197
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
cet égard de nombreux cas de figure selon les espèces. Chez la canne à sucre, le dé-
chargement du phloème fait intervenir une invertase apoplastique suivie du franchis-
sement actif de la membrane plasmique par les hexoses produits, alors que chez la
betterave, le saccharose déchargé du phloème dans l'apoplasme gagnera le sym-
plasme sans hydrolyse préalable dans la paroi, donc sans intervention d'invertase.
Plusieurs voies contribuent au gain d'énergie par oxydation et sont réparties dans de
multiples compartiments cellulaires. Le compartimentage de ces voies est un aspect
essentiel de la régulation du métabolisme. La figure 8.1 situe les catabolismes oxy-
datifs d'une cellule végétale hétérotrophe, avec le saccharose comme substrat initial.
Saccharose
Cytosol
NAD+
Malate
Pyruvate
NADH ~N| ^< -NAD+
NAD+-^
Lactate, Ethanol+CO?
Pentoses-P ccT ^
NAD+
Plaste Mitochondrie
Figure 8.1. Schéma simplifié des voies oxydatives d'une cellule végétale hétérotrophe, au
départ du saccharose . 1, glycolyse cytosolique , 2, voie (cycle) oxydative des
pentoses-phosphates cytosolique ; 3, fermentations lactique et alcoolique ;
4, glycolyse plastidique ; 5, voie oxydative des pentoses-phosphates
plastidique ; 6, oxydations terminales (cycle de Krebs et phosphorylation
oxydative) Une flèche reliant deux metabolites peut désigner une suite
de réactions.
198
Chapitre 8. Respiration et autres catabolismes oxydatifs
3.1. La glycolyse
Elle est définie par le bilan réactionnel suivant :
Glucose + 2 ADP + 2 P¡ + 2 NAD+ -» 2 Pyruvate + 2 ATP + 2 NADH + 2 H+
avec AG0 = - 31,5 kJ-moH.
Notons par ailleurs que les hexoses-P plutôt que les hexoses peuvent être considé-
rés comme les véritables substrats glycolytiques. Ainsi, la voie saccharose synthé-
tase/UDP-glucose pyrophosphorylase fournit du glucose-P qui peut être directe-
ment injecté dans la glycolyse. La consommation d'ATP, nécessaire à la première
étape de la glycolyse au départ du glucose (phosphorylation en glucose-P) et qui
grève le bilan énergétique, est donc évitée.
II s'agit donc d'une décarboxylation oxydative. Cette voie forme un cycle lorsque
les pentoses-5-P sont utilisés pour régénérer des hexoses-P. Le cycle permet théori-
quement l'oxydation complète du glucose-6-P en CO 2 avec la production concomi-
tante d'équivalents réducteurs NADPH, sans intervention d'oxygène moléculaire.
Toutefois les pentoses-P produits par la phase oxydative du cycle ainsi que des in-
termédiaires de la phase regenerative (érythrose-4-P) sont des précurseurs impor-
tants de nucléotides, d'acides aminés aromatiques, de cofacteurs, d'hormones et de
metabolites secondaires (flavonoïdes, alcaloïdes,...). L'oxydation complète du glu-
cose-6-P en CO 2 s'avère donc très théorique.
Les deux carbones du groupement acétyle sont donc complètement oxydés en CO2
au départ d'une forme activée par liaison au coenzyme A. Cette dernière est pro-
duite par décarboxylation oxydative du pyruvate, selon la réaction suivante :
Pyruvate + NAD+ + HS-CoA -> Acétyl-CoA + NADH + H+ + CO 2
avec AG0' = - 33,5 kJ-mol"1.
199
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
3.4. Fermentation
Les processus de fermentation oxydent le glucose par voie glycolytique mais ont
pour particularité de régénérer les cofacteurs NAD + par voie anaérobie, contraire-
ment à la respiration mitochondriale qui utilise l'oxygène moléculaire comme ac-
cepteur final des électrons du NADH. Le carbone n'est pas complètement oxydé en
CO 2 par la fermentation. Deux produits terminaux, l'éthanol et le lactacte, caracté-
risent les deux types de fermentation, alcoolique et lactique, qui coexistent chez les
végétaux.
Le gain d'équivalents ATP par la fermentation est modeste comparé à celui obtenu
par l'oxydation aérobie du glucose en CO? :
Glucose + 2 ADP + P¡ -> 2 Éthanol + 2 ATP + 2 CO 2
avec AG0" = - 174 kJ-moH.
4.1. La glycolyse
200
Chapitre 8. Respiration et autres catabolismes oxydatifs
lites nécessaires aux biosynthèses actives dans ce compartiment. Par ailleurs, des
translocateurs d'adénylates et de carboxylates sont identifiés dans les enveloppes
des plastes, capables d'importer ces molécules du cytosol. Une activité acétyl-CoA
synthétase est également présente dans les plastes leur permettant, au moins in
vitro, de prélever directement des modules acétate et de les activer en acétyl-CoA,
sans utiliser le pyruvate, produit terminal de la glycolyse. L'acétyl-CoA est ensuite
utilisé pour les synthèses lipidiques du plaste, comme celles des acides gras et des
caroténoïdes.
Une interprétation de ces voies alternatives dans un même compartiment sera ten-
tée plus loin, mais on peut d'ores et déjà les considérer comme une illustration de
la flexibilité du métabolisme des plantes et de leurs capacités adaptives remar-
quables.
Les plastes sont les sites de synthèse principaux sinon exclusifs des acides gras. Ils
assurent également la réduction des nitrites en ammonium. Ces activités sont
grandes consommatrices de pouvoir réducteur sous forme de NADPH. Puisque
201
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
aucun cas d'importation d'équivalents réduits NADPH à partir du cytosol n'a été
décrit, la fourniture du NADPH est une des fonctions classiquement assignées à la
voie des pentoses-phosphates dans le plaste.
Comme déjà évoqué, cette voie métabolique est un fournisseur actif de précurseurs
biosynthétiques et elle ne peut être réduite à sa fonction de fournisseur d'équiva-
lents réducteurs. En absence de données précises sur la fonction physiologique des
voies oxydatives des pentoses-P chez les plantes, on peut évoquer le cas de mutants
de levure Saccharomyces cerevisiae bloqués dans l'activité glucose-6-P déshydro-
génase et dont le phénotype associé est une auxotrophie pour quelques acides ami-
nés (c'est-à-dire une dépendance à l'égard d'un apport exogène de ces composés),
mais pas un blocage des biosynthèses réductrices.
4.3. Fermentation
La plante traverse au cours de son existence des périodes d'hypoxie ou d'anoxie.
L'appareil racinaire, qui représente fréquemment une biomasse supérieure à celle
du reste de la plante, est par exemple confronté à une baisse de la tension en oxy-
gène dans des sols gorgés d'eau et mal aérés. C'est dans ce contexte que les méta-
bolismes fermentatifs prennent une importance physiologique particulière. Ils per-
mettent de soutenir la croissance de la plante en oxydant le carbone réduit, bien
qu'à moindre rendement. Ce métabolisme n'est qu'une roue de secours et n'est
donc utilisé qu'en situation d'urgence. Ce qu'on peut appeler la "réponse anaéro-
bie" fournit ainsi un exemple particulièrement intéressant d'adaptation biochimique
et de régulation des mécanismes adaptatifs.
202
Chapitre 8. Respiration et autres catabolismes oxydatifs
203
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Matrice
Figure 8.2. Organisation des chaînes transporteuses d'électrons dans la membrane
interne d'une mitochondrie végétale Les complexes protéiques absents
des mitochondries animales sont représentées en grisé. Les flèches en
pointillé indiquent les parcours des électrons. Abréviations • NAD(P)H
déshydr., NAD(P)H déshydrogénase ; Cyt c, cytochrome c.
204
Chapitre 8. Respiration et autres catabolismes oxydatifs
Quant aux enzymes du cycle de Krebs, peu d'entre elles ont été spécifiquement
étudiées chez les végétaux. Quelques différences ont pu être relevées par rapport
aux systèmes animaux (comme la production d'ATP plutôt que de GTP par la suc-
cinyl-CoA ligase ou l'absence d'inhibition de l'isocitrate déshydrogénase par
l'ATP chez les plantes contrairement aux animaux), mais les données sont trop
fragmentaires pour dégager des conclusions générales sur le fonctionnement du
cycle chez les plantes comparativement aux autres systèmes.
L'ATP étant le principal pourvoyeur d'énergie chimique sous forme de liens phos-
pho-anhydrides, l'évolution des concentrations en adénylates est un indicateur du
statut énergétique de la cellule, du tissu ou de l'organe. Les concentrations mesu-
rées des différents types (ATP, ADP, AMP) dépendent de leurs taux de production
et de consommation au niveau d'un nombre considérable de réactions, ainsi que de
l'activité de l'enzyme réversible adénylate kinase (ATP + AMP o 2 ADP) mainte-
nant les concentrations en adénylates dans des rapports de concentration proches de
ceux définis par la constante d'équilibre. Atkinson a proposé le concept de "charge
énergétique des adénylates" (CEA) exprimé par le rapport :
CEA _ [ATP] + 0,5 [ADP]
[ATP] + [ADP] + [AMP]
et qui représente le degré relatif de saturation des adénylates en liens phospho-anhy-
drides. Les activités enzymatiques peuvent être mesurées en fonction des valeurs de
CEA. Plusieurs activités semblent ainsi répondre au statut des adénylates : des en-
205
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Devant la difficulté de cette approche réductionniste qui tente d'identifier des en-
zymes régulatrices par leur aptitude à répondre aux concentrations en adénylates,
peut-on présenter des arguments en faveur d'un contrôle in vivo de la respiration
par ces molécules ?
La respiration est également contrôlée par le niveau de ses substrats. Divers tra-
vaux font état d'une corrélation positive entre le contenu en sucres non structuraux
d'un organe et son activité respiratoire. L'observation banale de la stimulation de la
croissance par l'augmentation de la photoassimilation (par optimisation de l'illumi-
nation et de la pression partielle en CO 2 ) indique que les substrats produits stimu-
lent les catabolismes oxydatifs qui soutiennent cette croissance. Les mécanismes en
cause sont toutefois rarement évoqués. Une régulation simple par effet de masse est
suggérée, mais l'observation selon laquelle le saccharose stimule l'expression de
gènes multiples codant pour des enzymes et des protéines de réserve chez les
plantes permet de penser qu'une régulation métabolique de la synthèse d'enzymes
glycolytiques et respiratoires pourrait intervenir.
206
Chapitre 8. Respiration et autres catabolismes oxydatifs
Figure 8.3 a. Coupe de feuille de \//gra unguiculata (L.) Walp. (grossissement 46 000 fois).
Les mitochondries sont identifiables aux crêtes formées par invagination de la
membrane interne, mt, mitochondrie ; cp, chloroplaste ; v, vacuole ; re,
reticulum endoplasmique ; pi, plasmalemme , p, paroi pecto-cellulosique.
Le trait représente 1 um b. Mitochondries isolées de tubercules de pomme de
terre (Solarium tuberosum L.) par des cycles multiples de centrifugation. La mi-
crographie (grossissement 66 000 fois) présente une fraction obtenue après
centrifugation dans un gradient de Percoli, me, membrane externe ; mi, mem-
brane interne ; m, matrice. Le trait représente 0,5 ^ m .
Source • Les deux micrographies ont été aimablement fournies par J. Gerard et P Dizengremel
(Laboratoire de physiologie végétale et forestière, université de Nancy I).
207
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Plantes et animaux contrastent par la présence chez les premières d'un génome mi-
tochondrial de taille hétérogène et généralement grande (200 - 2 000 kb) et chez
les seconds d'un génome mitochondrial de petite taille (< 40 kb). Cette différence
de taille n'est toutefois pas expliquée par un nombre de gènes très différent. Des
mitochondries végétales synthétisent in vitro une vingtaine de polypeptides, un peu
plus que les mitochondries animales. La différence de taille considérable est expli-
quée par l'abondance des régions non codantes, intergéniques et introniques chez
les plantes, contrastant avec une organisation compacte des unités codantes dans
les chromosomes mitochondriaux animaux.
Parmi les gènes identifiés dans l'ADN mitochondrial figurent des séquences codant
pour des protéines de la chaîne respiratoire (des sous-unités des complexes I, III,
IV, V) et pour des composantes de la machinerie d'expression génétique (des ARN
ribosomiques et de transfert, des protéines ribosomiques). Et le reste ? La majorité
des protéines mitochondriales est en définitive codée par l'ADN nucléaire. Synthé-
tisées par les ribosomes libres du cytosol, les protéines gagnent la mitochondrie
grâce à des signaux d'adressage amino-terminaux spécifiquement reconnus par des
récepteurs en surface de la mitochondrie. Des protéines cytosoliques assistent le
processus d'importation. D'autres, mitochondriales, permettent le reploiement cor-
rect du polypeptide après son entrée. Après importation, l'extension amino-termi-
nale portant le signal d'adressage est clivée.
Les descriptions qui précèdent ont mis en lumière la complexité particulière des
plantes au niveau de fonctions métaboliques pourtant largement partagées par les
êtres vivants. Cette complexité réside tantôt dans la duplication des voies métabo-
liques dans des compartiments distincts, tantôt dans des voies alternatives à l'inté-
rieur d'un même compartiment. Afin de tenter une explication physiologique de
cette complexité, deux pistes de réflexion sont proposées : l'une relative à l'imbri-
cation des voies catabolique et anabolique chez les plantes aux capacités biosynthé-
tiques très diversifiées, l'autre relative aux capacités homéostatiques remarquable-
ment développées par les végétaux supérieurs.
208
Chapitre 8. Respiration et autres catabolismes oxydatifs
ADH A
NADH-DH
Rolenone-Rte
209
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
vores ; les pyréthroïdes, insecticides naturels, sont des dérivés terpéniques de l'acé-
tyl-CoA ; enfin, de nombreux dérivés phénoliques interviennent dans les relations
des plantes avec leur biocénose. Les alcaloïdes, les composés terpéniques et phéno-
liques dérivent tous indirectement de metabolites prélevés des voies oxydatives. Il
est donc simplificateur de raisonner sur la signification physiologique des voies oxy-
datives en considérant la demande énergétique comme référentiel unique.
210
Chapitre 8. Respiration et autres catabolismes oxydatifs
froid ont pu être corrélées avec une plus ou moins grande capacité à aiguiller les
électrons vers la voie indépendante des cytochromes. Les radicaux libres étant un
dénominateur commun à de nombreux stress abiotiques, la portée adaptative de la
voie mitochondriale alternative dépasse la problématique de la résistance au froid.
• Quatrième exemple : l'infection de tubercules de pommes de terre par une race
incompatible de Phytophthora infestans conduit à la biosynthèse de phytoalexines
du groupe des sesquiterpénoïdes. Le blocage de la voie alternative par un inhibiteur
spécifique (le SHAM) inhibe cette biosynthèse. Si les liens de causalité éventuels
sont peu compris, ceci suggère que les réactions des plantes aux contraintes bio-
tiques peuvent elles aussi reposer partiellement sur ces voies alternatives.
Ces travaux et hypothèses attirent plusieurs remarques. Tout d'abord, ces corréla-
tions sont parfois limitées à des organes précis : les feuilles à maturité mais pas les
méristèmes foliaires ni les racines dans le cas de L. perenne. Il n'est donc pas justi-
fié d'appliquer arbitrairement ce critère à un organe quelconque dans un pro-
gramme de sélection. De plus, des travaux récents affinant la relation entre respira-
tion et rendement chez cette même graminée révèlent que deux génotypes expri-
mant une différence de taux de respiration et de rendement ne contrastent sur ce
dernier point que pour une densité de végétation élevée. Lorsque le semis est réa-
lisé à faible densité, aucune différence de rendement n'est relevée et la corrélation
respiration-rendement est perdue. Ceci signifie qu'il n'y a pas de lien causal direct
entre respiration et rendement chez cette espèce et que les corrélations éventuelle-
ment utiles dans un programme de sélection ne s'expriment que dans un contexte
bien déterminé.
211
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
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212
Chapitre 9
TRANSLOCATION ET RELATIONS
SOURCE-PUITS
1. L'anatomie du phloème
1.1. Les éléments de tubes criblés
1.2. Les cellules compagnes
1.3. Les plasmodesmes
Bibliographie
214
TRANSLOCATION ET RELATIONS SOURCE-PUITS
Si le déplacement des solutés d'une cellule à l'autre peut être expliqué par les phé-
nomènes de diffusion, de cyclose et de transport membranaire actif, leur déplace-
ment sur de plus grandes distances implique quant à lui la mise enjeu d'un système
étendu, rapide et efficace. Le processus de translocation, par lequel des solutés
sont transportés et distribués d'un organe à l'autre, est permis par la présence d'un
tissu vasculaire complexe, le phloème. Ce tissu, constitué de cellules adaptées au
transport des solutés, forme un vaste réseau qui atteint chaque tissu de la plante.
Ainsi, les organes producteurs de metabolites, les organes-sources, peuvent ali-
menter les organes qui utilisent ces metabolites, les organes-puits. La translocation
des assimilais permet donc aux divers organes-puits, comme les organes en crois-
sance, les organes reproducteurs et les organes souterrains, de maintenir un taux
métabolique adéquat, nécessaire à leur bon développement. De même, l'accumula-
tion de réserves, qui survient dans plusieurs tissus et organes, est rendue possible
par une translocation préalable des assimilais à partir des organes-sources, princi-
palement des feuilles parvenues à maturité.
Le présent chapitre s'attardera aux divers aspects relatifs à la translocation des assi-
milais et aux relations qui s'établissent entre les organes-sources et les organes-
puits chez une plante à fleurs. Après une brève revue de l'anatomie du phloème, les
étapes du transport des assimilais de la source au puits seront considérées. Cette
étude sera suivie d'un survol des règles qui régissent les interactions source-puits,
et d'une étude des principaux facteurs environnementaux qui influencent la translo-
cation. Enfin, des considérations agronomiques seront présentées au sujet d'une
implication potentielle du processus de translocation sur le rendement des cultures.
1. L'ANATOMIE DU PHLOÈME
215
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
ture même du tissu rend l'expérimentation difficile. D'abord, les cellules de trans-
port sont petites et les vaisseaux formés par ces cellules sont microscopiques. En-
suite, au-delà de la faible dimension de ses composantes, le phloème est, du point
de vue expérimental, d'une fragilité extrême. Les hautes pressions internes qui ca-
ractérisent ce tissu provoquent, au moment de son prélèvement à des fins expéri-
mentales, une sortie spontanée des fluides qui s'y trouvent, ce qui engendre des
bris cellulaires considérables. Néanmoins, la détermination des expérimentateurs et
le développement récent de techniques plus adaptées ont permis l'obtention de ren-
seignements précieux au sujet de la structure de ce tissu. Ainsi, bien que des
connaissances anatomiques supplémentaires soient encore nécessaires pour une
meilleure compréhension de son fonctionnement, la structure de base du phloème
est maintenant bien connue.
L'élément de tube criblé (ETC) constitue, avec la cellule compagne, l'unité fonc-
tionnelle de base du tissu. Disposés en files longitudinales, les ETC forment les
tubes criblés, qui établissent le réseau conducteur du phloème, associé à tous les
tissus de la plante. Les cellules compagnes, en relation physiologique étroite avec
les ETC, sont caractérisées par un taux d'activité métabolique élevé, et semblent
très actives au niveau des processus actifs liés à la translocation. Outre les deux
types cellulaires mentionnés ci-avant, le phloème comporte aussi des fibres et des
cellules parenchymateuses. Les premières, à paroi lignifiée, sont des cellules ri-
gides qui servent de support physique au phloème. Les secondes, de forme légère-
ment allongée, sont disposées parallèlement à l'axe de la plante, comme les autres
cellules du tissu, ou perpendiculairement à ces cellules. Dans le dernier cas, elles
forment les rayons du phloème, qui sont en continuité topographique avec ceux du
xylème. De plus, les cellules de parenchyme accumulent des réserves d'amidon et
A B
Figure 9.1. Organisation générale du phloème d'une angiosperme. A. Aspect du tissu
en coupe longitudinale. B. Aspect d'une plage criblée en coupe
transversale : les pores de la plage criblée sont entourés de callose (cercles
blancs). CC : cellule compagne ; CM : cellule du mésophylle ; CP : cellule
de parenchyme ; ETC : élément de tube criblé.
216
Chapitre 9. Translocation et relations source-puits
De forme allongée, les ETC parvenus à maturité ont une longueur de 100 à 500 um
et un diamètre de 20 à 40 um. En cours de différenciation, le noyau de ces cellules
se désintègre, et la plupart des organites disparaissent. Aussi, le cytoplasme devient
réduit et confiné à la périphérie de la cellule, ce qui provoque un arrêt permanent de
la cyclose. Enfin, des aires percées de nombreux pores se forment aux extrémités
des ETC, et constituent des plages criblées. Les pores de ces plages, d'un diamètre
de 0,1 à 5 um, permettent un mouvement rapide des assimilats d'un ETC à l'autre,
tout au long du tube criblé. Ainsi, la différenciation caractéristique des ETC les
rend parfaitement adaptés à leur rôle premier, celui du transport des assimilats.
Par ailleurs, les ETC sont munis de mécanismes de protection, par lesquels des
substances s'accumulent au niveau des plages criblées et causent une obturation
des pores dans les cellules soumises à un stress. Par exemple, une blessure phy-
sique, un agent pathogène ou des températures extrêmes peuvent engendrer une dé-
position de callose, un polymère de glucose, au niveau des pores des ETC affectés.
L'obturation des pores peut être aussi causée par des molécules spécifiques aux
ETC, les protéines-P. En situation de stress, ces protéines s'accumulent et forment
un bouchon visqueux au niveau des plages criblées. La déposition des deux sub-
stances mentionnées limite considérablement l'entrée des solutés dans les ETC, ce
qui permet un isolement efficace des cellules endommagées. Parallèlement à une
adaptation fonctionnelle liée au transport des assimilats, les ETC disposent donc de
mécanismes de sûreté permettant le maintien de leur intégrité structurale par une
restriction des dommages aux zones tissulaires directement touchées.
membrane
plasmique
desmotubule
annulus
paroi
cellulaire
Le transport des assimilats, du lieu de leur synthèse à celui de leur utilisation dans
un organe-puits, nécessite quatre étapes majeures. D'abord, ces assimilats sont
amenés latéralement des cellules-sources aux cellules du phloème, par une voie ap-
paremment intracellulaire. Ensuite, ils sont incorporés au phloème par un méca-
nisme actif et spécifique, puis transportés dans ce tissu en direction d'un organe-
puits. Enfin, ils sont libérés du phloème et récupérés par les cellules de l'organe-
218
Chapitre 9. Translocation et relations source-puits
puits, où ils sont métabolisés ou mis en réserve. Après une brève revue des solutés
transportés dans le phloème, les principales hypothèses émises au sujet des méca-
nismes associés à ces étapes du processus de translocation seront décrites dans
cette partie 2.
Par ailleurs, en plus des variations temporelles, divers facteurs génétiques et envi-
ronnementaux influencent la nature de la sève élaborée. Par exemple, certains acides
aminés peuvent être retrouvés chez plusieurs espèces, et non chez d'autres ; de
même, des facteurs externes, comme la nature du sol ou la disponibilité en éléments
minéraux, peuvent engendrer des variations considérables. Néanmoins, des éléments
constants ressortent quant à la composition de la sève élaborée. Ainsi, pour la plu-
219
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
part des espèces, les glucides constituent la majeure partie des solutés transportés.
Ce fait était d'ailleurs prévisible, si l'on considère la structure moléculaire des tissus
végétaux, basée principalement sur cette classe de composés. En outre, des acides
aminés et des éléments minéraux sont présents en quantité significative dans les
ETC. Plusieurs metabolites y sont retrouvés en quantité moindre, ou même à l'état
de trace : c'est le cas, notamment, de certains composés à activité métabolique puis-
sante ou spécifique, comme les régulateurs de croissance et les vitamines.
• Les glucides transportés dans le phloème. Les glucides simples, qui constituent
environ 90 % des solutés transportés dans le phloème, y sont généralement retrouvés
sous leur forme réduite, ce qui les rend peu réactifs et relativement résistants à l'hy-
drolyse. En outre, des analyses chromatographiques ont permis de déterminer le
spectre glucidique de la sève élaborée. Le saccharose, synthétisé à partir des trioses-
P produits lors du processus photosynthétique (figure 9.3), constitue de loin l'espèce
moléculaire la plus abondante dans les ETC, pour la grande majorité des espèces.
Formé par la condensation de deux monosaccharides phosphorylés, le fructose-P et
le glucose-P, ce glucide est le premier composé non phosphorylé produit à la suite
de la photosynthèse, et il constitue le squelette carboné à l'origine de tous les com-
posés organiques retrouvés dans la plante. Aussi, ses propriétés physico-chimiques,
en particulier sa neutralité électrochimique, son inertie chimique et sa grande solubi-
lité en milieu aqueux, en font un composé idéal pour la translocation.
CHLOROPLASTE^m\ CYTOPLASME
Amidon i SACCHAROSE
Pi —
T
Trioses-P'
l
220
Chapitre 9. Translocation et relations source-puits
CH2OH
H2COH
OH OH
• Autres solutés retrouvés dans le phloème. Outre les glucides, les composés azo-
tés et les éléments minéraux constituent les solutés les plus abondants de la sève éla-
borée. Les composés azotés, notamment nécessaires aux synthèses protéiques, sont
généralement retrouvés sous forme d'amides, d'uréides ou d'acides aminés qui pro-
viennent, dans plusieurs cas, des tissus sénescents, desquels ils sont exportés vers
des zones tissulaires en croissance. Ainsi, comme il a été mentionné auparavant, la
teneur en composés azotés dans les tubes criblés est déterminée par le stade de déve-
loppement des organes concernés, lui-même lié aux variations climatiques saison-
nières. Pour leur part, les éléments minéraux sont retrouvés en concentration plus
importante dans le phloème que dans le xylème. Les organes-puits qui transpirent
peu, comme les méristèmes, les fruits et les racines, peuvent ainsi obtenir les élé-
ments inorganiques nécessaires au maintien de leur activité métabolique, générale-
ment très élevée. L'ion K+, dont la concentration est d'environ 0,05 M, est l'élément
minéral le plus abondant du phloème ; son importance au niveau de certains méca-
nismes associés à la translocation expliquerait cette abondance (voir 2.3).
Par ailleurs, plusieurs solutés sont retrouvés dans les tubes criblés en quantité très
faible. Des acides organiques, des vitamines, des alcaloïdes et de l'ATP ont été dé-
tectés chez plusieurs espèces. Aussi, des enzymes ont été isolées à quelques re-
prises, quoique dans ce cas, le métabolisme apparemment peu actif des ETC laisse
supposer la possibilité d'une contamination des exudats récoltés à partir de cellules
de l'écorce adjacentes au phloème. Enfin, à l'exception de l'éthylène, des régula-
teurs de croissance naturels de toutes les classes connues ont été identifiés dans les
tubes criblés. De même, des régulateurs de croissance synthétiques appliqués aux
feuilles ont été détectés ultérieurement dans les cellules du phloème. L'importance
de la translocation des régulateurs de croissance d'un organe à l'autre est sans
doute nécessaire au bon développement de la plante ; la quantité de données dispo-
nibles à ce sujet demeure toutefois négligeable.
• Le transport des assimilats entre les cellules du mésophylle. Bien que la route
empruntée par les photo-assimilats ait longtemps été matière à controverse, un
221
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Figure 9.5. Mouvement intercellulaire des assimilats dans la feuille, selon l'hypothèse
d'un chargement du phloème à partir du milieu apoplastique. Les flèches
indiquent le sens de migration des assimilais ; les liens cytoplasmiques
entre les cellules correspondent aux plasmodesmes ; l'entrée des
assimilats dans une cellule compagne se fait par l'intermédiaire d'un
transporteur spécifique. A . milieu apoplastique ; CC • cellule compagne ;
CM : cellule du mésophylle ; ETC élément de tube criblé.
poré aux ETC. A l'inverse, les hexoses sont presque exclus de ces cellules, ce qui
laisse supposer l'implication de transporteurs spécifiques au cours du processus de
chargement. Par ailleurs, ce processus est bloqué par une baisse du taux d'oxygène
atmosphérique ou par des inhibiteurs de la respiration. A titre d'exemple, le taux de
chargement du phloème chez le blé est réduit de plus de 50 % après quelques mi-
nutes d'anoxie. Ce fait suggère la présence de mécanismes actifs survenant lors du
processus. La nécessité d'une source d'énergie lors du chargement du phloème est
d'ailleurs prévisible, si l'on considère l'importante accumulation à contre-gradient
de solutés dans les ETC, notamment celle du saccharose, dont la concentration y
est amplifiée jusqu'à cent fois. Bien que de moindre importance, la création d'un
tel gradient osmotique est aussi remarquée pour d'autres solutés, comme certains
acides aminés, dont la concentration est dix fois plus élevée dans les cellules du
phloème que dans celles du mésophylle.
pH<5
i .
voir Rp (le réservoir-puits). Si les deux réservoirs sont immergés dans un bain
d'eau pure (RE), de l'eau du bain entrera par osmose dans le réservoir-source, qui
est riche en sucres. Comme celui-ci est relié au réservoir-puits et que le montage
constitue un système fermé, l'entrée d'eau dans le premier provoquera un courant
de masse de la solution sucrée du réservoir-source dans le tube de verre, en direc-
tion du réservoir-puits, duquel de l'eau sera alors expulsée. Ce cycle se terminera à
l'instant où un équilibre sera atteint entre les deux réservoirs semi-perméables,
c'est-à-dire jusqu'au moment où les concentrations en sucres seront identiques
dans les deux réservoirs.
phloème
226
Chapitre 9. Translocation et relations source-puits
réservoir d'eau correspondrait aux tissus du xylème, qui fourniraient l'eau néces-
saire à l'écoulement en masse des solutés dans le phloème. Enfin, à la différence du
montage de laboratoire, la plante croît dans un système ouvert, où des assimilais
sont constamment amenés à la source et utilisés au niveau du puits. En consé-
quence, le gradient de turgescence produit dans la plante demeure toujours présent,
ce qui permet le maintien d'un mouvement de masse continuel.
ailleurs, l'état passif du mécanisme de la translocation, tel que proposé par l'hypo-
thèse d'un écoulement en masse des solutés, semble infirmé par des travaux effectués
au sujet de la respiration des ETC. Bien qu'il soit généralement admis que ces cel-
lules ont une activité métabolique restreinte, elles semblent dans certains cas caracté-
risées par un taux respiratoire élevé. Aussi, une concentration en ATP de l'ordre de
0,4 mM est retrouvée dans ces cellules, et ce tout au long des tubes criblés, à l'in-
verse du saccharose, dont la concentration varie de l'organe-source à l'organe-puits.
De plus, des inhibiteurs de la respiration, comme le cyanure, semblent provoquer une
baisse du taux de translocation. Toutes ces données laissent supposer un mécanisme
énergétique impliqué au cours du processus de translocation, ce qui va à rencontre
du modèle de Miinch. Toutefois, la baisse du taux de translocation par les inhibiteurs
de la respiration est peut-être associée à des bris cellulaires ou encore à une inhibition
des processus actifs de chargement et de déchargement, plutôt qu'à un bloquage di-
rect du mouvement des assimilais. De même, le taux de respiration élevé dans les
ETC est peut-être lié à un phénomène indépendant de la translocation, ou encore à un
mécanisme complémentaire. Par exemple, une absorption active des solutés lors de
leur transport dans les cellules du phloème pourrait survenir, et ainsi favoriser la créa-
tion du gradient osmotique proposé par le modèle de Miinch.
Quoi qu'il en soit, l'hypothèse d'un écoulement en masse des solutés dans le
phloème demeure plausible. Néanmoins, plusieurs interrogations demeurent sans
réponse, ce qui a favorisé l'émergence d'hypothèses alternatives.
228
Chapitre 9. Translocation et relations source-puits
ÉLËMENT DE TUBE
CRIBLÉ/CELLULE COMPAGNE
« «0 ^ «D ^ *>
CELLULE DE PARENCHYME
Figure 9.8. Modèle pour l'hypothèse d'un déchargement apoplastique des assimilats.
Le saccharose (*0) présent dans le complexe élément de tube
criblé/cellule compagne est déchargé dans le milieu apoplastique, où il est
dégradé en fructose (O) et en glucose (•) par l'activité d'une enzyme,
l'invertase acide (L~Z). Le fructose et le glucose sont alors absorbés par
des cellules de parenchyme de l'organe-puits, par l'intermédiaire de
transporteurs spécifiques (W). La flèche représente le sens du
mouvement du saccharose.
229
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
trée dans plusieurs cas, notamment au niveau des apex racinaires chez certaines es-
pèces. De telles constatations ont favorisé l'émergence d'hypothèses proposant une
voie symplastique pour le déchargement des assimilais.
Par ailleurs, comme c'est le cas pour l'hypothèse d'un déchargement apoplastique
des assimilais, les deux hypothèses associées aux mécanismes décrits plus haut
semblent survenir dans certains cas. Ainsi, un déchargement intercytoplasmique et
une transformation subséquente des solutés surviendraient dans les cas où l'organe-
puits correspond à un organe de réserve. A ce sujet, divers travaux ont démontré la
conversion du saccharose en précurseurs de l'amidon dans les cellules de paren-
chyme vasculaire associées à ces organes. L'accumulation d'amidon, un sucre sans
effet sur la pression osmotique, permettrait le maintien d'un faible potentiel osmo-
tique, propice à la translocation des solutés vers l'organe où il est formé. Quant à
elle, l'hypothèse d'un déchargement des solutés au niveau des desmotubules est ap-
puyée par des données expérimentales, selon lesquelles, dans certains cas, le sac-
charose ne serait pas dégradé lors de son transfert du complexe ETC/cellule com-
pagne aux cellules de parenchyme. Ce maintien de l'intégrité du saccharose, proba-
blement permis par son isolement de l'enzyme invertase, laisse supposer une
compartimentation du trajet suivi par ce sucre.
230
Chapitre 9. Translocation et relations source-puits
symplasme
• • 40
CP
• «a •:• « o l
symplasme
symplasme
ETC
CP
Figure 9.9. Deux modèles pour l'hypothèse d'un déchargement symplastique des
assimilats par l'intermédiaire des plasmodesmes (P) A. Le saccharose passe
du cytoplasme d'une cellule du complexe cellule compagne/élément de
tube criblé (CC/ETC) à celui d'une cellule de parenchyme (CP) par l'annulus
d'un plasmodesme. Dans le cytoplasme de la cellule de parenchyme, une
mvertase alcaline (M) dégrade le saccharose ( # ) ) en monosacchandes,
le fructose (O) et le glucose ( • ) , qui sont utilisés ou transportés vers
d'autres cellules de l'organe-puits. B. Le saccharose passe du réticulum
endoplasmique (RE) d'une cellule du complexe CC/ETC à celui d'une cellule
de parenchyme par l'intermédiaire du desmotubule d'un plasmodesme.
Dans ce cas, le saccharose est transporté dans la vacuole, sans être
dégradé Les flèches indiquent le sens de migration des solutés.
231
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
• Règle 1. Les solutés se déplacent des organes-sources aux organe s-puits. A l'in-
verse du xylème, où le mouvement de l'eau est déterminé par un processus pure-
ment physique, le mouvement des solutés dans le phloème est régi par des relations
dynamiques établies entre les divers tissus et organes. Par conséquent, un trafic
complexe des solutés est engendré par la multitude de composés et de tissus impli-
qués. Le mouvement des solutés dans le phloème est donc multidirectionnel, à l'in-
verse du xylème, où il est essentiellement unidirectionnel. En outre, la complexité
du réseau relationnel formé entre les différents organes est amplifiée par la nature
relative des concepts de source et de puits. Ainsi, un organe photosynthétique, gé-
néralement considéré comme un organe-source, peut être un organe-puits quant à
ses besoins en metabolites spécifiques.
• Règle 2. La migration des solutés d'un organe à l'autre tend à être minimale.
Bien que le phloème ait le potentiel de transporter des solutés sur des distances im-
portantes, les assimilats produits dans un organe-source sont généralement distri-
bués aux organes-puits les plus rapprochés. Par exemple, les feuilles âgées alimen-
tent surtout les racines ; de même, les feuilles qui parviennent à maturité alimentent
les plus jeunes feuilles et les apex caulinaires. Cette règle est déterminée en grande
partie par l'agencement anatomique des connexions vasculaires, établi lors du dé-
veloppement morphogénétique de la plante.
• Règle 3. La distribution des solutés est fonction de la vigueur relative des or-
ganes-puits. Une hiérarchie spontanée est établie entre les divers puits de la plante.
En d'autres termes, certains puits attirent plus fortement les assimilats, et en reçoi-
vent ainsi une part plus importante. Par exemple, la croissance des apex caulinaires
est favorisée au détriment de celle des apex racinaires ; de même, les fruits et les
graines obtiennent une quantité relative en assimilats plus importante que les or-
ganes végétatifs.
• Règle 5. Les solutés sont régulièrement redistribués entre les différents organes.
Selon cette règle, subordonnée, comme la règle 4, aux règles 1, 2 et 3, des proces-
sus de mobilisation et de remobilisation des solutés surviennent au cours du déve-
loppement de la plante. Le processus de mobilisation survient, notamment, lorsque
des solutés mis en réserve sont distribués à des organes en croissance active. Pour
sa part, le processus de remobilisation est associé aux organes sénescents, qui ex-
portent leurs metabolites en direction des organes plus jeunes. L'accumulation de
composés azotés dans le phloème à la fin de la saison de croissance est d'ailleurs
expliquée par ce processus.
L'influence du puits est quant à elle d'une importance majeure pour la répartition
des assimilais. Sa capacité volumique et sa localisation influencent directement ce
233
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
stade de développement;
taux de photosynthèse;
mode d'allocation;
taux métabolique
régulateurs de croissance;
gradient osmotique;
disponibilité en assimilats;
structure du système de
chargement;
taux métabolique.
stade de développement;
capacité et localisation;
mécanismes de mise en réserve,
régulateurs de croissance;
taux métabolique.
Enfin, les systèmes moléculaires activés lors des processus de chargement et de dé-
chargement du phloème complètent la liste des sites impliqués dans le contrôle du
processus de répartition. L'activité de ces systèmes est directement liée aux taux
métaboliques des cellules impliquées. De même, la quantité d'assimilats dispo-
nibles et l'intensité du gradient osmotique dans le phloème sont des facteurs qui
semblent liés à l'intensité des processus de chargement et de déchargement, tout
comme la présence de certains régulateurs de croissance. Dans le dernier cas, il
convient de noter que l'acide abscissique aurait une influence majeure lors du dé-
chargement des assimilats, en provoquant une dépolarisation des membranes dans
les ETC. Cette action de l'acide abscissique causerait une baisse du gradient proto-
nique de part et d'autre des membranes, ce qui favoriserait le déchargement par une
sortie accrue du saccharose dans le milieu apoplastique.
234
Chapitre 9. Translocation et relations source-puits
Par ailleurs, les températures extrêmes ont une influence marquée sur le transport
des assimilats dans les ETC. Des températures élevées causent généralement une
diminution de la translocation dans ces cellules. A ce sujet, des travaux ont démon-
tré que les pores d'ETC soumis à des températures d'environ 40 °C deviennent
obstrués par une accumulation de callose. Ainsi, une altération du processus de
translocation est causée, dans ce cas, par une modification structurale des éléments
conducteurs, elle-même liée à un mécanisme de protection (voir 1.1). En outre, de
basses températures causent une diminution marquée du transport des solutés dans
les ETC chez de nombreuses espèces. La grande majorité des dicotylédones appar-
tiennent à ce groupe de plantes, dites sensibles au froid. Dans ce cas, des tempéra-
tures d'environ 10 °C causent une augmentation de la viscosité de la sève, ce qui
provoque un ralentissement du taux de translocation. Des températures plus basses
induisent des réarrangements intracellulaires, qui conduisent à un blocage des
pores. Les dépôts de callose et de protéines-P à l'origine de cette obturation provo-
quent finalement un arrêt complet du transport des solutés. Chez la plupart des mo-
nocotylédones et chez les gymnospermes, des plantes résistantes au froid, une
baisse rapide de température cause une augmentation de la viscosité de la sève, ce
qui entraîne une diminution subite du taux de translocation. Après une ou deux
heures, ce taux est toutefois rétabli, et le processus de translocation est maintenu,
même à des températures voisines du point de congélation. Ainsi, aucune altération
structurale ne semble survenir dans les ETC de ces plantes ; seule la viscosité de la
sève semble varier et engendrer une baisse temporaire du taux de translocation. A
235
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
En outre, bien que plusieurs évidences expérimentales semblent appuyer cette hy-
pothèse d'une diminution du taux de translocation par une inhibition des processus
de chargement et de déchargement, il demeure plausible que la respiration in-
fluence directement les cellules du phloème. A ce sujet, il convient de noter la
baisse du taux de translocation remarquée dans le phloème de pétioles isolés et pla-
cés en situation d'anoxie. Un ralentissement de l'activité métabolique des cellules
compagnes est peut-être à la base de cette inhibition.
• D'abord, une croissance de base adéquate des plantes est favorisée par une régie
efficace des systèmes culturaux. Ainsi, une bonne fertilisation, un régime hydrique
approprié, des règles sanitaires strictes et des méthodes culturales adaptées aux cul-
tures et au milieu permettent l'obtention d'une réponse positive des plantes.
• Ensuite, le taux d'assimilats produits dans les organes-sources peut être accru en
favorisant le processus de photosynthèse. A cet égard, une optimisation de l'inter-
ception solaire par les feuilles peut permettre une augmentation significative des
rendements. En serre, un accroissement du taux photosynthétique peut aussi être
engendré par un enrichissement adéquat du milieu en gaz carbonique.
Évidemment, un tel but ne sera atteint que dans la mesure où des efforts considé-
rables y seront consacrés. Jusqu'ici, les connaissances liées aux aspects structuraux
et fonctionnels du processus de translocation demeurent assorties de nombreuses
lacunes. Aussi, seule une fraction des nombreuses interactions factorielles impli-
quées dans le processus de répartition a été élucidée. Par conséquent, de nom-
237
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
BIBLIOGRAPHIE
RELATIONS HYDRIQUES
SOL-PLANTE-ATMOSPHÈRE
1. Introduction
2. Le continuum sol-plante-atmosphère
5. Le compromis photosynthèse-transpiration
5.1. Introduction
5.2. Mécanique et mécanisme des stomates
5.3. Mesure de la transpiration
Bibliographie
240
RELATIONS HYDRIQUES SOL-PLANTE-ATMOSPHÈRE
1. INTRODUCTION
2. LE CONTINUUM SOL-PLANTE-ATMOSPHERE
Les physiologistes des plantes et les ingénieurs agissant dans le cadre de l'hydrau-
lique agricole approchent le cycle de l'eau au champ en considérant le champ et ses
composantes que sont le sol, la plante et l'atmosphère comme une entité physique
unique. Cette entité est dynamique et divers processus s'y déroulent de manière in-
terdépendante. Ce système unifié est appelé continuum sol-plante-atmosphère.
On considère que le flux d'eau est en tout point du système inversement proportionnel
à une résistance, par analogie avec la loi d'Ohm pour le courant électrique. L'eau cir-
cule du sol vers les racines où elle est absorbée par celles-ci. Elle est ensuite transpor-
tée dans les racines vers les branches et à travers le xylème jusqu'aux feuilles. Le
transport de l'eau dans la plante sera traité au paragraphe 4. Cette eau va s'évaporer au
niveau des feuilles dans les cavités intercellulaires et les ouvertures stomatiques. Elle
passera vers la couche d'air atmosphérique en contact avec la feuille par diffusion.
241
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Nous allons voir comment passer de la notion de l'énergie potentielle à celle du po-
tentiel hydrique.
3.1. Introduction
Par conséquent, il faut définir une propriété qui permet de mieux expliquer les phé-
nomènes observés.
242
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
Le potentiel d'eau est formellement défini comme le travail qu'une quantité uni-
taire d'eau, dans un système sol-plante-atmosphère-eau en équilibre, est capable de
fournir quand elle se déplace à température constante de l'état référentiel à un autre
point. On voit déjà qu'il faut définir un état de référence. L'état de référence est
communément défini comme celui de l'eau pure. La figure 10.1 donne une illustra-
tion schématique des niveaux possibles du potentiel hydrique.
Certains auteurs ont fait état d'autres potentiels qui ne sont pas cruciaux pour notre
système.
243
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
On peut facilement voir que le potentiel gravitationnel est indépendant des proprié-
tés du sol, de la plante ou de l'atmosphère. Il dépend en effet uniquement de la dis-
tance verticale entre la référence et le point considéré. Étant donné que l'altitude de
référence peut être choisie arbitrairement, l'amplitude absolue du potentiel gravita-
tionnel est presque insignifiante. Nous sommes intéressés par la différence de po-
tentiel entre deux points. Dans ce cas on peut prendre n'importe quelle altitude
comme point de référence.
On considère généralement que la pression d'air est uniforme dans le profil de sol
ou dans les conduits du végétal. Par conséquent, ce potentiel est négligé quand on
caractérise les relations hydriques sol-plante, principalement l'écoulement de l'eau
dans le système. Cette hypothèse n'est cependant pas toujours justifiée.
244
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
Dans le cas d'un sol, si Ton néglige les potentiels osmotique et pneumatique, le po-
tentiel d'énergie par unité de poids, H, peut s'écrire :
H= h+z (5)
où h est le potentiel matriciel ou de pression exprimé en charge, et z est la charge
gravitationnelle qui est l'altitude du point de mesure par rapport au plan de réfé-
rence. Si le point de mesure est sous le plan de référence, z est négatif.
Pour éviter de faire une confusion entre les différentes expressions de l'état énergé-
tique de l'eau, on doit se rappeler qu'un potentiel élevé correspond à un milieu hu-
mide, signifiant qu'on se rapproche de zéro en partant des valeurs négatives. Un po-
tentiel matriciel bas correspond à un milieu sec et à une grande valeur négative. Un
potentiel élevé serait par exemple -0,1 bar alors qu'un potentiel bas serait -16 bars.
On parle également de succion qui est définie comme la valeur absolue du poten-
tiel hydrique. La succion est donc de signe positif. Si l'on considère par conséquent
cette définition, on aura une forte succion quand le milieu est sec et une faible suc-
cion quand le milieu est humide. L'exemple ci-avant donnera une succion faible
pour la valeur de +0,2 bar et une succion forte pour la valeur de +16 bars.
Au cours des années, un grand nombre d'unités a été utilisé pour exprimer la suc-
cion. Quelques-unes des unités les plus courantes sont, à part celles déjà utilisées
ci-dessus : l'atmosphère (atm), le dyne par centimètre carré (dyne/cm2) et le milli-
245
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
mètre de mercure (mm Hg). Le bar et le cm sont très utilisés chez les physiolo-
gistes des plantes et les physiciens du sol. Le tableau 10.1 permet de passer d'une
unité à l'autre.
Tableau 10.1. Conversion en différentes unités utilisées pour exprimer le potentiel
hydrique.
Nous avons vu ci-dessus que le potentiel d'eau peut être exprimé dans plusieurs
unités appropriées. La teneur en eau quant à elle peut être exprimée en unités de
masse (teneur en eau massique égale au rapport de la masse d'eau et de la masse de
sol sec). Il est néanmoins plus commode de l'exprimer sur base volumique, soit le
rapport entre le volume d'eau et le volume total de sol. On obtient la teneur en eau
volumique en multipliant la teneur en eau massique par le rapport de la masse volu-
mique apparente (on utilise le terme de densité apparente) du sol, ¿j,, et la densité
de l'eau (en réalité la masse volumique), ô, soit :
(6)
La masse volumique (ou densité) apparente du sol est définie comme le rapport de
la masse de sol séché à l'étuve entre 105 °C et 110 °C et le volume total de ce sol
tel qu'il est prélevé au champ.
L'eau est retenue par le sol grâce à l'action combinée des forces d'attraction par les
surfaces des particules solides et de l'action capillaire sur les pores. Le potentiel
matriciel, comme nous l'avons déjà vu, est lié aux courbures des interfaces eau-air,
qui à leur tour dépendent de la géométrie des pores et de leur humidité. Aux va-
leurs élevées, proches de zéro, du potentiel matriciel, correspond une occupation de
la plupart des pores du sol par l'eau. Dans ces conditions la porosité totale et la dis-
tribution des pores influencent beaucoup la teneur en eau. Comme la texture in-
246
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
fluence la porosité totale et la distribution des pores, elle joue un rôle important sur
la caractéristique de rétention d'eau du sol. En général, plus la teneur en argile est
importante, plus élevée est la teneur en eau à un potentiel donné. L'agrégation du
sol, en particulier celle des sols à texture fine tend à augmenter le nombre des ma-
cropores. Par conséquent la structure du sol joue également un rôle important en ce
qui concerne la quantité d'eau retenue aux potentiels élevés ou aux succions
basses. Quand les macropores sont vides, la quantité d'eau résiduelle du sol est re-
tenue par les micropores et par l'action des particules solides du sol. Cette rétention
est fortement influencée par la texture.
Considérons 6 la teneur en eau du sol. Si le sol a une teneur en eau 0j à une charge
de pression /ÏJ, le potentiel va décroître au cours de l'extraction d'eau par la plante.
Si h2 est considéré comme la charge de pression critique en dessous de laquelle la
plante commence à effectivement souffrir d'un déficit hydrique, la quantité d'eau
retenue par le sol au-dessus de h2 est donnée par la différence 0| - 02. Le terme 0 2
représente la teneur en eau correspondant à la charge de pression h2-
En pratique le problème n'est pas aussi simple que cela. La caractéristique de réten-
tion d'eau d'un sol est en effet sujette au phénomène d'hystérésis. A cause de ce
fait, les valeurs de teneur en eau, 0, doivent seulement être considérées comme des
estimations. Nous pouvons de manière simple définir l'hystérésis comme suit : les
courbes de désorption et de sorption diffèrent l'une de l'autre parce que la teneur en
eau d'un sol à un potentiel donné est fonction du cycle d'humidification et de dessè-
chement. On pourrait par conséquent dire que le sol à une mémoire en ce qui
concerne la relation potentiel de pression-teneur en eau. La dépendance de cette re-
lation au cycle humidification-dessèchement est appelée hystérésis. Pour tout poten-
tiel matriciel, la teneur en eau du sol sera plus grande dans un sol en dessèchement
(désorption) que dans un sol en humidification (sorption). Autrement dit, pour tout
sol la courbe de désorption est toujours au-dessus de la courbe de sorption d'eau.
L'effet d'hystérésis est plus marquant dans les sols humides, et encore plus dans les
sols sableux, où le potentiel est déterminé par les phénomènes capillaires.
champ (field capacity) est définie comme l'eau contenue dans une terre après que
le taux de drainage interne à partir de la zone racinaire est devenu suffisamment
faible pour être négligeable pendant un certain temps et dans des circonstances bien
spécifiques. La capacité au champ est une estimation de la quantité d'eau emmaga-
sinée dans un profil de sol et qui peut être utilisée par les plantes. On a pendant
longtemps considéré, après l'introduction de ce terme par Veihmeyer et Hendrick-
son en 1927, que la capacité au champ était une propriété physique caractéristique
de chaque type de sol. De plus, on a considéré que l'application d'une quantité
d'eau donnée devrait humidifier le sol jusqu'à la capacité au champ sur une profon-
deur déterminée qui dépend du déficit en eau de ce sol par rapport à la capacité au
champ. De nos jours la notion de capacité au champ est utilisée comme une estima-
tion générale et grossière de la teneur en eau d'un sol après quelques jours de res-
suyage. Pour la plupart des sols on peut la considérer comme équivalente aux
conditions proches de l'optimum de croissance des cultures.
Le concept de capacité au champ est plus applicable à un sol grossier qu'à un sol
fin parce que les sols grossiers se ressuyent rapidement après une pluie ou une irri-
gation et que la conductivité hydraulique (qui exprime la facilité avec laquelle
l'écoulement d'eau se fait dans un sol) est faible à des potentiels hydriques relati-
vement élevés (succions relativement basses).
La capacité au champ est influencée, entre autres, par la teneur en matière orga-
nique, la profondeur d'humidification, le cycle d'humidification, la profondeur de
la nappe phréatique et les caractéristiques de l'utilisation de l'eau par les cultures.
En pratique on peut prendre la valeur du potentiel matriciel de -1/10 ou -1/3 bar
comme une première estimation de la capacité au champ si le sol est uniforme.
248
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
• Réserve utile. La quantité d'eau dans un sol comprise entre la capacité au champ
et le point de flétrissement permanent est appelée la réserve utile. Le terme im-
plique que toute cette réserve en eau est utile pour les plantes. Cela est cependant
assez trompeur. En effet si les teneurs en eau du sol approchent la zone de flétrisse-
ment, particulièrement durant les périodes de demandes évaporatives atmosphé-
riques élevées ou pendant la floraison ou la pollinisation, le rendement ou la qualité
de la plupart des cultures baisseront fortement. De plus, certaines plantes peuvent
certainement extraire l'eau du sol à des potentiels inférieurs à -15 bars. Un
exemple concret est donné par les plantes résistantes à la sécheresse ou à la salinité.
Il existe aussi des plantes qui peuvent extraire l'eau du sol avant que celui-ci ne
soit drainé jusqu'à la capacité au champ. L'extraction de l'eau par les cultures est
en effet déterminée, en conditions de teneur en eau supérieure à la capacité au
champ, par l'état d'oxygénation du sol (Letey, 1966 ; Letey et Kemper, 1967 ;
Feddes et al., 1978).
Comme avec la capacité au champ, la réserve utile est un concept fort pratique si
on reconnaît les limites de son application. Elle varie avec les facteurs climatiques
qui influencent l'évapotranspiration, les caractéristiques du profil du sol et la pro-
fondeur d'enracinement (Skaggs et al., 1980). Si on connaît la profondeur d'enraci-
nement, PR, on peut calculer la réserve utile comme suit :
RU = (0 vfc - 0 vwp ) PR (7)
où RU est la réserve utile et övfc et 0 vwp les teneurs en eau volumiques respective-
ment à la capacité au champ et au point de flétrissement permanent. La réserve
utile peut être exprimée en mm, en cm ou en m. Une façon très commode de l'ex-
primer est le mm/m de profondeur racinaire.
Pour une culture donnée, le facteur/est soit fonction du type de sol (Taylor et Ash-
croft, 1972), soit fonction de la demande evaporative de l'atmosphère (Doorenbos
et al., 1979). On peut également imaginer une relation combinant l'effet du climat
et du sol.
249
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
En conditions d'équilibre isotherme, les différents facteurs impliqués dans les rela-
tions plante-eau peuvent être synthétisés à l'aide de la relation :
Bien que le potentiel total soit la quantité appropriée pour décrire le mouvement de
l'eau dans la plante, il n'est pas une bonne mesure du stress ou du besoin d'irriga-
tion. Cela est dû au fait que beaucoup de processus physiologiques intervenant
dans la production végétale, tels que la croissance ou la photosynthèse, sont plus
directement liés à la turgescence des cellules (Hsiao, 1973).
Les blocs résistifs réalisés en nylon ou en fibre de verre sont considérés comme
plus durables. Ils répondent plus rapidement et sont plus sensibles aux potentiels
plus élevés (sols humides). Cependant, ils sont beaucoup plus sensibles que les
blocs en gypse à la variation en salinité. De plus ils sont sensibles au phénomène
d'hystérésis (différentes lectures pour une sorption et une désorption).
Les blocs résistifs sont quelque peu sensibles à la variation de la température. Ils
251
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
sont tous affectés par le phénomène d'hystérésis et sont plus fiables au cours de la
désorption qu'au cours de la sorption parce que le dessèchement se fait plus lente-
ment ; ce qui permet aux blocs d'être bien en équilibre avec le sol. On calibre les
blocs en les plaçant dans un appareil à pression. Dans ce cas on mesure la résis-
tance sous différentes pressions. Une telle calibration permet d'estimer le potentiel
matriciel du sol à partir des lectures de résistance des blocs. Ils peuvent aussi être
calibrés par rapport à la teneur en eau du sol si l'on prend des échantillons dans les
environs immédiats des blocs pour des mesures gravimétriques.
Un problème rencontré avec les blocs résistifs est celui du changement de leur
courbe de calibration avec le temps (England, 1965). Mais en dépit des différents
inconvénients relatifs aux blocs résistifs, ceux-ci peuvent être utilisés dans la zone
de potentiels pour lesquels le tensiomètre ne peut pas fonctionner.
• Mesure du potentiel hydrique total du sol. Les deux méthodes décrites ci-avant
ne peuvent pas permettre de mesurer le potentiel osmotique du sol. On peut négli-
ger le potentiel pneumatique et l'obtention de la valeur du potentiel gravitationnel
se résume à la définition d'un plan de référence et à la détermination de l'altitude
du point de mesure par rapport à ce plan. Le potentiel osmotique peut en revanche
être non négligeable dans des sols fortement fertilisés et dans des sols de zones
arides ou semi-arides, où il peut y avoir un problème d'accumulation de sels dans
le profil de sol. On n'a pas de nos jours un instrument tout à fait satisfaisant pour
mesurer de façon routinière le potentiel hydrique total d'un sol au champ.
252
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
La pression de vapeur d'eau peut être exprimée en n'importe quelle unité. Si le po-
tentiel hydrique est exprimé en bars, on peut prendre R égal à environ 82 bars-cm3 /
(mol.K) et VM égal à 18 cm3/mol. Le rapport ele° représentant l'humidité relative
est, dans le sol, proche de 1 pour les potentiels hydriques supérieurs à -15 bars. Le
tableau 10.2 donne une idée de l'étroitesse de l'intervalle des humidités relatives
dans l'air du sol pour des potentiels hydriques du sol allant de -0,1 bar à -15 bars à
une température de 25 °C.
Tableau 10.2. Quelques valeurs de e/e° représentant l'humidité relative de l'air
contenu dans un sol par rapport à son potentiel hydrique total
(d'après Hanks et Ashcroft, 1980). Les valeurs sont calculées à l'aide
de l'équation (12)
Pour ele° proche de 1, la valeur de h\(ele°) peut être approchée par (e/e°) - 1, soit :
Les équations (11) et (12) sont faciles à appliquer si l'on a la valeur de ele°. Cepen-
dant on rencontre dans la réalité pratique deux problèmes majeurs : (1) pour des va-
leurs du potentiel hydrique telles que :
-15 bars < <t>sol < -0,1 bar
la pression de vapeur d'eau est si faible qu'il est très difficile de la mesurer avec
une bonne précision avec des techniques standard et (2) la température doit être
bien contrôlée.
application des équations (12) et (13). Cette technique est actuellement la méthode
dominante utilisée pour la mesure du potentiel hydrique total de la plante. Cela a
été possible parce qu'on a pu résoudre les problèmes inhérents à cette technique
pour les tissus des plantes. Pour commencer nous avons vu auparavant que la tem-
pérature doit être uniforme dans le système fermé. Cette uniformité de température
doit se faire avec une précision de l'ordre du centième de degré Celcius si on veut
que la méthode soit suffisamment précise. Ensuite nous avons vu que l'application
de cette méthode nécessite que l'on puisse mesurer l'humidité relative à l'intérieur
du système. Un système ingénieux qui a permis de résoudre ces deux problèmes a
d'abord été mis au point par Spanner en 1951, en Angleterre. Depuis lors, plusieurs
autres chercheurs l'ont amélioré. Il s'agit du psychromètre / hygromètre à effet Pel-
tier. Une explication détaillée du principe de fonctionnement de cet instrument peut
être trouvée dans le manuel fort didactique de Salisbury et Ross (1985).
Quand on mesure le potentiel d'eau d'une plante, on doit veiller à ce que cette me-
sure se fasse sur le tissu approprié. On sait que les tissus appropriés pour la mesure
de l'état de l'eau dans la plante sont les tissus méristématiques ou ceux, tels que
dans les racines, qui agissent comme source de substances de croissance pour les
plantes (Jones, 1984). Néanmoins on détermine d'habitude O p) et O p sur la feuille
à cause de l'intérêt porté au comportement des stomates et des phénomènes
d'échange gazeux à l'interface feuille-atmosphère.
254
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
Le signe négatif du membre droit de l'équation (14) est justifié par le fait que
l'écoulement se fait des potentiels élevés vers les potentiels bas. Cela équivaut à
(<£>, + j - Of) < 0, quand il y a un flux transpiratoire.
Or-Of Of-Oa
T= R
(15)
V st +
où : O s (= O sol ) est le potentiel hydrique dans la zone racinaire,
O r le potentiel hydrique à la surface des racines,
O f le potentiel hydrique moyen foliaire,
O a le potentiel hydrique en équilibre avec l'humidité atmosphérique,
RST la résistance de passage dans la section sol-racine,
7?pl la résistance dans la plante,
Rsi la résistance stomatique,
Ra la résistance de la couche aérodynamique.
En toute rigueur, l'équation (15) est inexacte pour le flux en phase gazeuse,
puisqu'il faut considérer les pressions de vapeur et non les potentiels. De plus, le
processus de transfert d'eau à partir des feuilles vers l'atmosphère est influencé par
un apport d'énergie externe (par exemple, la radiation) plutôt que par la chute de
potentiel seulement. Cependant cela ne change rien au sens de la démonstration.
Les résistances dans le sol, dans les feuilles et dans l'atmosphère peuvent varier en
fonction des variations des conditions météorologiques et de celles dans le sol. Le
flux dans l'atmosphère est dû au gradient de pression de vapeur et le coefficient de
transfert est une fonction complexe de variables telles que le vent, la turbulence,
etc. Pour plus de détails sur cette portion du processus de transpiration, le lecteur
peut consulter les chapitres 2, 3 et 4 de cet ouvrage.
Air extérieur
Couche limite
Résistance foliaire
(Cu : cuticule ; St : stomate)
La force d'hydratation entre les molécules d'eau et les cellules des parois des
conduits est causée par les ponts hydrogènes et est appelée adhésion.
De manière succincte, les faits essentiels de la théorie de la cohésion utilisée pour expli-
quer la montée de la sève brute (eau et éléments minéraux dissous) sont les suivants :
(1) L'eau a des forces cohésives importantes ; une fois confinée dans des tubes ca-
pillaires avec des parois mouillables, elle peut être assujettie à une tension de plu-
sieurs bars (de 30 à plus de 300 bars) avant que la colonne d'eau ne se rompe.
(2) L'eau adhère fortement aux cellules telles que celles du mésophylle foliaire, à
partir desquelles se fait la plus grande part de l'évaporation.
(3) L'eau dans les plantes forme un film continu supporté par les cellules saturées
en eau des parois.
257
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
(4) Quand l'eau s'évapore d'une partie de la plante, comme les cellules foliaires, la
réduction du potentiel hydrique au niveau des surfaces évaporantes entraîne un
mouvement d'eau du xylème à ces surfaces. Cet appel d'eau va à son tour créer une
réduction du potentiel hydrique dans le xylème, chute de potentiel qui va ainsi se
transmettre de proche en proche jusqu'à l'interface sol-racines, causant un écoule-
ment de l'eau du sol vers les racines.
258
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
sistance au mouvement de l'eau dans les racines parce que l'on considère qu'elle
constitue la principale raison du déséquilibre entre la transpiration et l'absorption
d'eau. Ce deséquilibre est considéré comme la cause des déficits hydriques obser-
vés aux heures chaudes de la journée chez les plantes transpirantes. De plus, les
températures basses dans le sol et une aération déficiente du sol entraînent une ré-
duction de l'absorption de l'eau suite à une augmentation de la résistance 7?sr.
La résistance totale de la plante est relativement basse. Elle serait plus importante
dans les racines, intermédiaire dans les feuilles et plus faible dans les tiges où le
mouvement se fait principalement dans le système vasculaire. La force motrice
pour l'écoulement de l'eau liquide est générée par la chute du potentiel hydrique
dans les feuilles, chute causée par la transpiration. Étant donné que la transpiration
est contrôlée par le degré d'ouverture des stomates dans la plupart des cas et par le
gradient de vapeur entre les feuilles et l'atmosphère, la vitesse à laquelle l'eau cir-
cule dans la plante est fortement contrôlée par le passage à la phase vapeur.
Quand l'absorption d'eau est réduite par un dessèchement du sol ou par une résis-
tance racinaire importante causée par une basse température ou par une aération dé-
ficiente, on observe une perte de turgescence dans les feuilles causée par une chute
de potentiel hydrique. Cela entraîne la fermeture des stomates. Par conséquent
l'augmentation de la résistance sol-racine entraîne indirectement une réduction du
taux de transpiration en accroissant la résistance stomatique.
Kramer (1969) rapporte que la vitesse du déplacement de l'eau entrant dans les ra-
cines et s'échappant des feuilles est relativement faible. Elle est par contre relative-
ment très élevée dans le système vasculaire. On estime par exemple à 0,01 cm/h la
vitesse avec laquelle l'eau entre dans les racines ou sort des feuilles, et à 1 000 cm/h
celle à laquelle elle circule dans le xylème d'une plante de maïs. Des mesures de vi-
259
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
tesse d'écoulement de l'eau dans les plantes ligneuses ont donné des valeurs variant
entre 100 et 6 000 cm/h.
Lors de notre analyse du problème de l'écoulement de l'eau dans les plantes nous
avons négligé les réserves en eau que pourrait constituer le végétal. Cela n'enlève
rien à 1' "applicabilité" de notre approche.
5. LE COMPROMIS PHOTOSYNTHÈSE-TRANSPIRATION
5.1. Introduction
Les plantes qui croissent dans les champs consomment des centaines de kilo-
grammes d'eau par kilogramme de matière sèche synthétisée. Les plantes doivent
donc transmettre à l'atmosphère la plus grande partie de l'eau qu'elles ont extraite
du sol. Le rejet de vapeur d'eau par les plantes est appelée transpiration. Nous
avons vu en 4.2 que la transpiration (flux transpiratoire) est due au gradient de va-
peur d'eau entre les feuilles et l'atmosphère. En d'autres termes, la transpiration est
soustraite aux plantes par la demande evaporative de l'atmosphère.
La question que nous pouvons nous poser à ce stade est la suivante : Pourquoi tant
d'eau transpirée pour permettre la croissance et le développement jusqu'à terme
d'une culture ? La réponse est donnée par le fait que la majeure partie des tissus vé-
gétaux sont formés d'atomes de carbone qui forment la charpente des molécules or-
ganiques constitutives de ces tissus, et virtuellement tout ce carbone doit provenir
de l'atmosphère.
Le carbone entre dans la plante sous la forme de dioxyde (CO2) à travers les ouver-
tures stomatiques et l'eau sort par diffusion à travers ces mêmes ouvertures aussi
longtemps qu'elles restent ouvertes. Cela constitue le dilemme auquel la plante doit
régulièrement faire face : comment faire entrer le maximum possible de CO2 à partir
d'une atmosphère où il est fortement dilué (environ 0,03 % volumique) et en même
temps retenir le maximum d'eau possible pour remplir et conserver toutes les cel-
lules turgescentes afin de procurer un milieu favorable dans lequel le CO 2 peut être,
grâce à la photosynthèse, transformé en molécules de la vie. C'est aussi le défi des
agriculteurs d'atteindre un rendement maximal en utilisant un minimum d'eau.
260
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
La plante est, comme nous l'avons déjà souligné, l'élément vivant dans le système
sol-plante-atmosphère. Cet élément vivant n'est pas du tout passif par rapport aux
processus de transpiration et d'absorption de CO2 (photosynthèse). Elle possède en
fait l'aptitude de limiter au moment voulu le régime transpiratoire et l'absorption
de gaz carbonique en contrôlant l'ouverture des stomates des feuilles. Néanmoins,
la plante paie tôt ou tard cette limitation par une réduction de son potentiel de
croissance. Pour croître donc avec succès, l'économie en eau de la plante doit être
telle que la demande soit équilibrée par une alimentation suffisante d'une part et
que, d'autre part, la photosynthèse soit à un niveau adéquat. Il faudrait donc que la
plante puisse maintenir un bon compromis photosynthèse-transpiration.
Les stomates s'ouvrent quand les cellules de garde sont turgescentes. A priori cela
semble paradoxal. On pourrait penser que le gonflement des cellules de garde for-
cerait plutôt les stomates à se fermer. Les stomates réagissent comme ils le font à
cause de caractères spéciaux liés à la structure submicroscopique de leurs mem-
branes. Cette structure est liée à ce qu'on définit comme la micellation radiale.
Mais qu'est-ce qui fait que les cellules de garde absorbent de l'eau pour devenir
turgescentes afin de provoquer l'ouverture des stomates ? Ce problème classique de
physiologie végétale a été discuté et étudié depuis plusieurs décennies. On pense
que la turgescence des cellules de garde se fait en réponse à une variation de leur
potentiel osmotique. Si tel est réellement le cas, qu'est-ce qui cause alors la varia-
tion du potentiel osmotique dans les cellules pour entraîner l'ouverture des sto-
mates ? Des tentatives de réponse à cette question sont données par les effets de
l'environnement, le processus de contrôle du potentiel osmotique des cellules de
garde (la présence d'ions potassium, la présence d'acide abscissique, etc.).
Les physiologistes des plantes ont remarqué que les stomates de nombreuses es-
261
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Les concentrations de gaz carbonique ont également un effet sur l'ouverture des
stomates. L'extraction de CO2 pendant la photosynthèse par les cellules du paren-
chyme et du mésophylle constitue la raison principale d'ouverture des stomates de
la plupart des espèces végétales exposées à la lumière. De plus, les plantes grasses
fixent le gaz carbonique sous forme d'acides organiques la nuit et cela entraîne
aussi l'ouverture de leurs stomates. Une concentration élevée de CO9 entraîne la
fermeture des stomates que ce soit le jour ou la nuit. La réponse des stomates est
contrôlée par la concentration en gaz carbonique à l'intérieur de la feuille. Il y a
une bonne raison de penser que les autres facteurs qui influencent la photosynthèse
ou la respiration ont un effet sur l'ouverture et la fermeture des stomates de par leur
action indirecte sur la concentration interne du CO2.
Nous avons vu que l'ouverture des stomates se fait suite à une absorption d'eau par
les cellules de garde qui deviennent ainsi turgescentes. Nous savons que cette ab-
sorption d'eau se fait en réponse à un potentiel osmotique plus bas suite à la pré-
sence de solutés. Les physiologistes ont pu remarquer que l'élément responsable de
cette baisse de potentiel osmotique est l'ion potassium, K+. Une augmentation de la
concentration en ions K + jusqu'à 0,5 mol est suffisante pour entraîner une baisse du
potentiel osmotique d'environ 20 bars. L'ouverture des stomates et le mouvement
des ions potassium vers les cellules de garde sont intimement liés. La lumière en-
traîne une concentration d'ions K+ dans les cellules de garde. Il en est de même
avec les faibles concentrations de gaz carbonique. Quand les feuilles sont transfé-
262
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
rées dans l'obscurité, les ions potassium sortent des cellules de garde et se concen-
trent dans les cellules environnantes. Cela entraîne une fermeture des stomates. Les
cellules de garde doivent donc obtenir les ions potassium des cellules accessoires.
Les stomates se ferment également en présence d'une hormone végétale, l'acide
abscissique (ABA). L'application de cette hormone cause en effet une perte d'ions
potassium par les cellules de garde.
Il semble qu'il y ait deux boucles interactives qui contrôlent l'ouverture et la fer-
meture des stomates. Quand la concentration en gaz carbonique décroît dans les es-
paces intercellulaires, les ions K+ se déplacent vers les cellules de garde causant
ainsi une ouverture des stomates. Cette ouverture des stomates permet au gaz car-
bonique d'entrer. Ce schéma illustre la première boucle qui sert les besoins de la
photosynthèse. Cette boucle sert également pour la transpiration des plantes non
grasses. Si le stress hydrique se développe, l'acide abscissique (ABA) commence à
apparaître dans l'eau qui entre dans les cellules de garde. Ce qui entraîne une fer-
meture des stomates. Ce schéma représente la seconde boucle. Les deux boucles
sont interactives. En effet le degré de réponse stomatique à l'ABA dépend de la
concentration de CO 2 dans les cellules de garde et la réponse des stomates au CO 2
dépend de la présence de l'ABA. Une boucle fournit le CO 2 pour la photosynthèse,
une autre protège contre la perte excessive d'eau.
Une approche plus simple est celle du lysimètre. Le lysimètre peut être défini
comme un conteneur qui permet de mesurer de façon assez précise les termes du
bilan d'eau au champ. On peut de la sorte mesurer la transpiration d'une culture ou
plutôt son évapotranspiration. L'évapotranspiration est la valeur combinée de la
transpiration et de l'évaporation d'eau à la surface du sol. La mesure directe de
l'évapotranspiration ou son calcul à partir des données du sol, du climat et de la
plante, la séparation des termes evaporation et transpiration et l'interprétation des
données à l'échelle du champ sont traités dans les chapitres 3 et 4 de cet ouvrage.
Au laboratoire on peut mesurer l'évapotranspiration à l'aide de microlysimètres
(colonne de sol, pot, etc.). Le problème est celui de l'application des résultats ob-
servés aux conditions au champ.
263
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
6.1. Introduction
Le déficit hydrique se caractérise par une chute de la teneur en eau, du potentiel os-
motique et du potentiel hydrique total accompagnée par une perte de turgescence,
une fermeture des stomates et une chute de la croissance. Un déficit hydrique sé-
vère résulte en une réduction drastique de la photosynthèse et une perturbation de
nombreux autres processus physiologiques. Il aboutit en fin de compte à un arrêt de
la croissance et à la mort par dessèchement.
Il n'est pas surprenant de voir que deux phénomènes qui ne sont pas contrôlés par
les mêmes facteurs ne sont pas parfaitement synchronisés, même si ces deux pro-
cessus sont interdépendants et "reliés" par des colonnes d'eau allant des racines
264
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
On sait donc que la transpiration excessive est responsable du déficit hydrique tem-
poraire des plantes aux heures de midi. Cependant, une diminution de l'absorption ra-
cinaire causée par une diminution de la disponibilité en eau dans le sol est respon-
sable des longues et sévères périodes de déficit hydrique dans la plante qui causent
les réductions importantes de la croissance des cultures. Le niveau du potentiel d'eau
du sol établit le niveau maximal du potentiel hydrique de la plante. Il y a souvent une
bonne corrélation entre le stress hydrique et la production végétale, et les illustrations
de ce fait abondent dans la littérature. Cependant, comme nous l'avons déjà dit dans
les paragraphes précédents, le potentiel d'eau du sol ne représente qu'une indication
indirecte de la diminution de la production potentielle des végétaux. En effet la pro-
duction est directement contrôlée par le déficit hydrique dans les plantes.
On définit l'adaptation comme le moyen grâce auquel les plantes survivent à des pé-
riodes de déficit hydrique. Fondamentalement, les plantes sont résistantes à la séche-
resse soit par ce que leur protoplasme est capable d'endurer une déshydratation sans
dommage permanent, soit parce qu'elles possèdent des caractéristiques structurales ou
physiologiques qui leur permettent de ne pas subir un niveau létal de flétrissement.
Du point de vue du principe "maximaliste" qui met l'accent sur la production des
plantes et non sur leur capacité de survie pendant des périodes de déficit hydrique,
les différences en tolérance au stress sont d'une importance mineure. En effet
quand une plante est soumise à un taux de déficit hydrique proche du flétrissement
permanent, il y aura vraisemblablement une réduction trop importante en produc-
265
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
tion. Pour beaucoup de plantes, la production commence déjà à diminuer pour des
potentiels hydriques du sol de -1 à -2 bars, soit bien avant qu'elles ne soient en
danger de mort par flétrissement permanent. Néanmoins, certaines plantes comme
le sorgho ont la capacité de reprendre une croissance normale après une période de
stress notable.
6.3.2. L'évasion
Dans le cas de l'évasion, la plante effectue son cycle végétatif en dehors des pé-
riodes de sécheresse qui pourraient interférer de façon significative avec leur ren-
dement. C'est le cas des cultivars (variétés) à cycle court dont la période de végéta-
tion se situe à l'intérieur de la saison favorable. C'est également le cas de plusieurs
plantes des régions désertiques qui germent, se développent et fleurissent en quel-
ques semaines après que la pluie ait mouillé le sol. De telles plantes complètent
leur cycle de croissance avant qu'un stress hydrique sévère ne s'établisse. Certaines
espèces végétales utilisent le phénomène de dormance durant la saison sèche et
chaude comme moyen d'évasion envers la sécheresse.
6.3.3. L'esquive
La plante, dans le cas de l'esquive, fait appel à des mécanismes pour maintenir des
potentiels hydriques relativement élevés.
Un des moyens les plus efficaces d'"assurance" contre les dommages causés par la
sécheresse est un système racinaire dense, profond et à rapport pondéral racines/
tiges élevé. Les plantes à enracinement superficiel et peu dense comme par exemple
les pommes de terre, les oignons, la laitue vont souffrir plus tôt d'un déficit hydrique
que les plantes à enracinement profond comme la luzerne, le maïs, le sorgho et la to-
mate. La "combinaison" d'une espèce végétale ayant un bon potentiel d'enracine-
266
Chapitre 10. Relations hydriques sol-plante-atmosphère
ment profond avec des conditions de sol favorables à cet enracinement est vraisem-
blablement un environnement avantageux pour esquiver la sécheresse.
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268
Chapitre 11
2. Les mycorhizes
2.1. Définition
2.2. Classification
2.3. Rôle des mycorhizes
2.4. Signification écologique
2.5. Implications agronomiques
Bibliographie
270
NUTRITION MINÉRALE DES PLANTES
1.1. Introduction
Sans les végétaux, il n'y aurait aucune vie possible sur notre planète. En effet,
ceux-ci, en utilisant le CO 2 dont l'excès rendrait l'atmosphère totalement irrespi-
rable, assurent grâce au processus de la photosynthèse la transformation de l'éner-
gie solaire en énergie chimique. Cependant, si les éléments indispensables tels que
le carbone, l'hydrogène et l'oxygène sont fournis par le CO2 et l'H 2 O, la plante
doit pour assurer sa survie puiser dans le sol les autres éléments dont elle a besoin.
La nutrition minérale joue donc un rôle prépondérant lorsque l'on veut étudier les
paramètres influençant la production végétale.
Depuis les expériences de Jan Baptiste Van Helmont (1577-1644), on sait que la
croissance et le développement d'une plante sont assurés d'une part par les produits
élaborés par la photosynthèse et d'autre part par l'eau et les éléments minéraux pui-
sés dans le substrat. Ces éléments sont acheminés sous forme de sels minéraux
jusqu'aux parties supérieures de la plante où ils sont combinés aux glucides obte-
nus par la photosynthèse pour former les composants indispensables à tous les vé-
gétaux. Il importe donc de rappeler rapidement :
- quels sont les éléments minéraux indispensables et quel est leur rôle ;
- comment ces éléments parviennent du sol jusqu'à la plante ;
- de quelle façon ils sont absorbés par la plante.
271
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Dans le tableau 11.1, on note que les trois premiers éléments C, H, O sont fournis
par l'atmosphère et par l'eau, et interviennent dans la photosynthèse. Les trois der-
niers éléments Na, Si, Co repris entre parenthèses ne sont pas reconnus comme es-
sentiels pour toutes les plantes supérieures. Ils sont cependant nécessaires à cer-
taines plantes. C'est le cas notamment pour le sodium très utile aux chénopodia-
cées adaptées aux conditions salines et qui sont capables de l'absorber en très
grande quantité. Le silicium serait un élément indispensable pour la nutrition du
riz. Enfin, le chlore a été ajouté à la liste des éléments essentiels.
Les investigations récentes montrent que certains autres éléments peuvent être es-
sentiels pour des types d'organismes bien déterminés. C'est ainsi par exemple que
le vanadium est un élément essentiel pour certains micro-organismes.
• L'élément facultatif, bien que se retrouvant dans la plupart des plantes, n'est pas
indispensable à l'accomplissement du cycle végétal. Cela ne signifie cependant pas
qu'il soit sans influence sur le rendement. Ainsi par exemple, le sodium qui est un
élément facultatif pour de nombreuses espèces, augmente de façon très sensible le
rendement des cultures.
Pour un élément facultatif, l'équation citée plus haut devient : y =f(x) + A , c'est-
à-dire qu'elle ne s'annule pas pour x = 0. La valeur de A varie évidemment avec les
différents éléments considérés.
Elément facultatif
Elément indispensable
0 -f
20 40 60
Figure 11.1. Illustration graphique de la définition d'élément nutritif indispensable
et facultatif.
272
Chapitre 11. Nutrition minérale des plantes
Source : Mengel K. et Kirkby E.A (1982), Principles of plant nutrition, International Potash
Institute Bern, Suisse, p. 13
273
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
On le voit, cette distinction entre éléments majeurs et éléments mineurs est assez
arbitraire. Ainsi, dans certains cas, la teneur en Fe ou en Mn est parfois aussi élevée
que la teneur en S ou Mg. Autre exemple, le chlore, nécessaire en quantité infime,
est cependant contenu dans la plante à des concentrations qui sont souvent très éle-
vées. Cet exemple montre bien que la teneur des différents organes d'une plante
(feuille, tige, fruit, racines) ne donne que des indications assez faibles sur les be-
soins physiologiques de cet élément. On peut par exemple trouver de très hautes
concentrations d'éléments non essentiels, qui peuvent même être toxiques. Citons
l'aluminium, le nickel, le sélénium et le fluor.
Le tableau 11.2 nous donne une classification plus précise des formes sous les-
quelles on trouve en général les principaux éléments majeurs et mineurs indispen-
sables à la plante.
Chez les dicotylédones, la petite racine qui est formée au moment de la germina-
tion s'étend rapidement en profondeur dans le sol. L'abondance et la profondeur du
système racinaire varient également suivant les facteurs génétiques. On note ainsi
de grandes différences non seulement entre espèces mais aussi entre les différentes
variétés d'une même espèce. En général, les espèces perennes ont des racines plus
profondes que les espèces annuelles.
274
Chapitre 11. Nutrition minérale des plantes
• Les facteurs externes. Les éléments comme l'atmosphère du sol (teneurs compa-
rées en O 2 et CO->) et la résistance mécanique influencent considérablement le dé-
veloppement des racines. Celui-ci dépend également de la structure et de la texture
des sols. Les sols à texture grossière et à structure finement grumeleuse sont les
plus favorables au développement d'un chevelu racinaire à haute capacité d'ab-
sorption. Si l'on excepte le cas des plantes en début de végétation ou d'une mise en
place à très grand écartement, on peut considérer que l'occupation latérale du ter-
rain dans les couches superficielles du sol est à peu près totale. En conséquence,
c'est la profondeur d'enracinement qui caractérise le plus les différents systèmes.
Des développements récents de De Nobili et al. (1990) ont montré que le rôle du
système racinaire pénétrant dans le sous-sol avait en général été fortement sous-es-
timé. Les espèces à enracinement profond comme la luzerne {Medicago sativa), le
soja {Glycine max) et le coton {Gossypium hirsutum) ont un très fort potentiel pour
l'exploitation du potassium dans le sous-sol. Mais dans certaines conditions, des
céréales peuvent absorber plus de 50 % du potassium en provenance du sous-sol.
Tout comme pour les sols, la C.E.C, (capacité d'échange cationique) racinaire est
définie comme la capacité d'absorption exprimée en milli-équivalents (meq) par
100 g de racines sèches. Cette capacité d'échange est une constante pour une es-
pèce donnée et un type de fertilisation. On distingue 2 types d'espèces :
- les plantes à forte capacité d'échange, essentiellement les légumineuses, ont une
absorption préférentielle des ions bivalents Ca-Mg et une absorption moindre des
monovalents K-Na ;
- les espèces à faible capacité d'échange sont moins bien armées pour l'absorption
des bivalents Ca-Mg.
Plus la capacité d'échange est faible, plus la plante est apte à se développer en mi-
lieu pauvre en potassium. Les valeurs suivantes chiffrent l'importance de la capa-
cité d'échange pour quelques graminées et légumineuses fourragères : dactyle
(25 meq/100 g), ray-grass anglais (de 20 à 27 meq/100 g), fléole (30 meq/100 g),
blé (9 meq/100 g), trèfle blanc (43 meq/100 g), trèfle violet (48 meq/100 g).
En général, on estime que la C.E.C, varie de 25 à 100 meq/100 g chez les dicotylé-
dones et de 10 à 50 meq/100 g chez les monocotylédones.
Source Blanchet R (1968), "La nutrition des plantes", Bulletin technique d'information,
n° 231, Ministère de l'Agriculture, France.
Comme le montrent les tableaux 11.4 et 11.5, l'activité des racines provoque à
micro-échelle une hétérogénéité considérable au niveau du sol. Cette hétérogénéité
est provoquée par l'absorption sélective de la plante qui par exemple consomme
plus de potassium que de calcium.
Plus on est proche de la racine, plus le sol est appauvri en P et en K.
2. LES MYCORHIZES
2.1. Définition
Organes mixtes, résultant de l'association entre des hyphes fongiques et des ra-
cines, ces complexes ont reçu de Frank, en 1885, le nom de mycorhizes. De telles
associations se sont révélées par la suite très communes. La symbiose mycorhi-
zienne, en fait, est la règle plutôt que l'exception chez les plantes. Le caractère fon-
damental de la symbiose mycorhizienne s'explique par l'origine très lointaine de
l'association. En effet, des restes fossiles datant de 400 millions d'années, époque
où les plantes n'avaient pas encore développé de racines, indiquent que celles-ci vi-
vaient déjà en symbiose avec des champignons très semblables aux champignons
endomycorhiziens à vésicules et arbuscules modernes. Il est probable que ces
champignons, en augmentant la capacité d'absorption des rhizomes préhistoriques,
ont aidé les plantes à sortir du milieu aquatique où elles vivaient, pour coloniser la
terre ferme (Pirozynski et Dalpé, 1989). Les plantes ont évolué conjointement avec
les champignons mycorhiziens.
2.2. Classification
Suivant que les hyphes pénètrent ou non les cellules radiculaires, on parle d'endo-
ou d'ectomycorhizes. Du point de vue taxonomique, ces associations sont très va-
riées. Si nombre d'entre elles appartiennent aux basidiomycètes, on trouve égale-
ment des ascomycètes, des zygomycètes et des Fungi imperfeeti. Les ectomyco-
rhizes décrites en premier lieu probablement parce que leurs manchons visibles à
l'œil nu trahissent leur présence, se retrouvent principalement chez quelques es-
pèces arborescentes des forêts tempérées, appartenant aux familles pinacées, salica-
cées, bétulacées et fagacées.
277
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
(environ deux cents espèces), et la plupart des espèces végétales herbacées ou arbo-
rescentes, dont la plupart des espèces d'intérêt agricole, horticole ou forestier. Cette
symbiose se retrouve sous toutes les latitudes.
Le Tacon et al. (1984) ont montré que dans le Massif Central il existait plus de 50
espèces ectomycorhiziennes vivant en symbiose avec le pin et l'épicéa. Ces myco-
rhizes favorisent l'absorption des éléments minéraux et particulièrement des élé-
ments les moins mobiles du sol : P, Cu, Zn. Elles jouent un rôle favorable sur le
métabolisme de l'azote, l'alimentation en eau, l'élaboration de substances de crois-
sance et la protection phytosanitaire des racines contre les agents pathogènes du
sol. Ce dernier aspect de protection phytosanitaire, souvent négligé, est pourtant
très important.
Comme le fait remarquer Pierart (1988) : (1) le manteau constitue une barrière mé-
canique d'autant plus efficace qu'il est épais et dense ; (2) le champignon peut pro-
duire des antibiotiques actifs sur certains organismes pathogènes ; (3) le champi-
gnon peut exercer une attraction pour les communautés bactérienne et fongique de
la rhizosphère qui constituent une protection vraisemblable vis-à-vis des patho-
gènes. De plus, les mycorhizes constituées par certains champignons peuvent mani-
fester une certaine résistance vis-à-vis des aphides et des nématodes.
Clément et al. (1977) ont montré que la tolérance au calcaire du pin noir d'Autriche
en conditions naturelles n'est pas une caractéristique génétique de l'espèce. En
effet, en l'absence de mycorhization, le pin noir sur substrat calcaire présente une
chlorose sévère s'accompagnant de troubles du métabolisme de l'azote et d'une ab-
sorption excessive des cations. La mycorhization élimine la chlorose, rétablit une
croissance normale, empêche la surcharge des tissus en cations et assure un méta-
bolisme normal de l'azote au niveau de la synthèse des acides aminés et des pro-
téines. Pour favoriser cet effet bénéfique, on pratique souvent l'inoculation avec
des champignons ectomycorhiziens des bois ligneux pour reboiser des sols qui en
278
Chapitre 11. Nutrition minérale des plantes
Il est intéressant de noter que plusieurs espèces de plantes qui ne forment pas d'en-
domycorhize, sont des mauvaises herbes notoires. Gerdemann (1968) enumere
quatorze familles où la symbiose se retrouve rarement, dont celles des cypéracées,
brassicacées, caryophyllacées et urticacées.
De plus, comme les champignons endomycorhiziens V.A. sont biotrophes et, dans
l'état actuel des connaissances, ne peuvent pas être produits en bioréacteur, le dom-
mage infligé aux populations indigènes de champignons endomycorhiziens V.A.
peut difficilement être compensé par l'inoculation des cultures. Les coûts prohibi-
tifs de production d'inoculum sur plantes-hôtes cultivées en pots restreignent cette
pratique aux cultures transplantées. Il conviendrait donc de considérer l'impact po-
tentiel des pratiques culturales sur la microflore endomycorhizienne des sols agri-
coles lors de l'élaboration de stratégies de production. Récemment, Sieverding
(1991) et Jeffries (1987) ont exposé l'état des connaissances sur l'écologie et la
biologie des endomycorhizes V.A. dans le cadre de la production agricole.
279
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
On a parfois émis l'hypothèse que la plante pouvait assimiler les éléments miné-
raux par contact direct, la racine épousant la particule du sol, sans l'intervention de
la phase "solution du sol". Pour certains auteurs cependant, il y aurait toujours pas-
sage à cette phase de solution, mais de façon à peine perceptible au niveau de la ra-
cine. La figure 11.2 donne une idée de la façon dont pourrait s'établir cet échange
direct entre le sol et la racine. Des ions H+, libérés par les racines peuvent s'échan-
ger avec des cations adsorbes sur les colloïdes du sol.
Figure 11.2. Zone d'échange entre un minéral argileux et une cellule de l'épiderne
racinaire.
Source . Mengel K et Kirkby E.A. (1982), op. cit., p 64.
On voit d'après ce schéma, que seuls les cations pourraient subir ce type
d'échange. De toute façon, comme le fait remarquer Mengel, la quantité totale
d'éléments qui seraient échangés par contact direct, est extrêmement faible par rap-
port à la demande totale en minéraux. C'est surtout vrai lorsque les éléments sont
demandés en quantités importantes. C'est la raison pour laquelle, le flux de masse
et la diffusion jouent un rôle plus important que l'interception racinaire.
280
Chapitre 11. Nutrition minérale des plantes
La quantité d'éléments contenues dans le sol varie évidemment dans de très larges
proportions. On comprend aisément qu'elle dépend, d'une part, de la quantité totale
de minéraux contenus dans le sol, donc de la richesse chimique de ce sol et de sa
C.E.C., et, d'autre part, de la quantité d'eau disponible, faisant varier la concentra-
tion. C'est la raison pour laquelle, pour éliminer le deuxième point, on se réfère
souvent à un sol saturé en eau, par exemple, lors de la capacité au champ.
Les tableaux 11.6 et 11.7 donnent une idée de l'importance de ces concentrations.
Tableau 11.6. Concentrations en éléments majeurs du sol.
Éléments
Valeurs extrêmes pour Sols acides Sols calcaires
l'ensemble des sols
mg/l meq/l mg/l meq/l mg/l meq/l
Source . Callot G et al (1982), Les Interactions sol-racine. Incidence sur la nutrition minérale,
INRA, Pans
On notera en passant que la solution du sol est très peu concentrée par rapport aux
solutions nutritives qui sont utilisées en physiologie végétale. Il faut cependant sa-
voir que la solution du sol se renouvelle constamment au contact de la phase solide
du sol. La vitesse de la circulation de l'eau dans un sol a donc une très grande im-
portance ; elle détermine le temps de contact entre la phase solide et la phase li-
quide, ainsi que la masse de soluté qui peut être entraînée par le flux pour une
concentration donnée de la solution.
281
Partie III, Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
• Par diffusion des ions. Ceux-ci atteignent les espaces du sol qui sont ou seront
occupés par les racines. La diffusion a lieu lorsqu'un ion est transporté d'une
concentration plus élevée vers une concentration moins élevée, par les mouvements
thermiques aléatoires. Il y a diffusion lorsque la concentration à la surface racinaire
est, soit plus élevée, soit plus basse que celle de la solution environnante. La diffu-
sion a lieu vers la racine lorsque la concentration au niveau de la surface racinaire
est abaissée, et elle a lieu de la racine vers le sol lorsque la concentration au niveau
de la surface racinaire est plus élevée. La diffusion suit la loi de Fick, on a :
F = -D de
dx
où : F est la vitesse de diffusion, quantité diffusée par unité de section et par unité
de temps,
dc/àx est le gradient de concentration,
c est la concentration,
D est le coefficient de diffusion,
x représente la distance.
Les racines des végétaux peuvent donc créer un courant de diffusion des ions.
L'importance de ce transfert dépend du rapport entre ce qui est apporté par le sol et
ce qui est demandé par la plante. Une demande importante de la part de la plante
ou un pouvoir d'absorption élevé chez la racine donnent lieu à un courant plus fort.
Ceci montre donc que la racine elle-même et son métabolisme propre influence la
disponibilité des éléments nutritifs. On a vu précédemment que l'importance du
phénomène dépend de l'effet "puits" créé par la racine.
• Par transport des ions dans la solution du sol (mass flow). Il s'agit des éléments
minéraux présents dans la solution du sol, qui sont absorbés par le courant de transpi-
ration. On comprend aisément que le flux de masse joue un rôle important pour tous
les éléments qui sont présents en haute concentration dans la solution du sol. Ce sera
le cas notamment pour le calcium, le magnésium et l'azote sous forme de nitrates.
282
Chapitre 11. Nutrition minérale des plantes
tiellement aux dépens des agrégats situés au voisinage de la racine. Ce fait explique
la nécessité de la constitution des réserves phospho-potassiques très supérieures
aux besoins annuels des cultures" (Blanchet, 1968).
On peut conclure que l'approche de la fertilisation doit être tout à fait différente
suivant que l'on envisage les engrais phospho-potassiques, d'une part, ou les en-
grais Ca, Mg et N, d'autre part.
Dans le premier cas, à moins d'utiliser par exemple des engrais liquides, il est très
difficile de remédier rapidement à une carence en ces éléments dans le sol. Pour
l'azote, il en va tout autrement et une application de nitrates peut être rapidement
suivie d'un effet positif sur la plante. C'est d'ailleurs sur cette constatation que sont
basées, entre autres, toutes les techniques qui font appel au fractionnement de
l'azote, comme c'est le cas notamment pour les céréales.
L'ion phosphorique migre très lentement dans le sol et on cite des valeurs de coeffi-
cients de diffusion de l'ordre de 5-10~9 cm/seconde. Cependant, l'ion phosphorique
peut diffuser suffisamment vite pour expliquer le prélèvement, observé pendant
plusieurs jours, par une jeune racine, et à la fin de cette période les racines auront
exploré de nouveaux endroits dans le sol. Nous signalons, en passant, la technique
du placement qui consiste à enrober certaines graines avec du P et du K, rapide-
ment assimilables par les jeunes racines.
Les mesures effectuées montrent que le potassium se déplace environ 100 fois plus
vite que le phosphore. On a effectué des mesures qui montrent que le potassium
peut migrer latéralement à 19 cm de sa localisation initiale dans le sol.
283
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
N 330 4 (96)
P 100 0,05 7 0,4
K 330 4 6 10
Ca 4 400 30 200 187
Mg 825 25 50 208
L'accumulation se manifeste dans tous les tissus vacuoles. Les ions traversent la
membrane sous forme de composés organiques assez complexes : ils sont pris en
charge par des transporteurs ou "carriers", qui échangeront ensuite ces ions contre
des ions H + ou HCO3". Le trajet peut donc être schématisé comme suit :
Transporteur ou "carrier"
Milieu interne
Espace libre apparent échange contre H+
ou HCO3-
de ces ions. Les effets de synergie peuvent à leur tour s'expliquer lorsqu'un ion est
nécessaire à la synthèse du transporteur.
Jadis considérée comme une question résolue, la détermination des besoins des cul-
tures reste toujours d'actualité avec l'avènement de nouvelles techniques de pro-
duction, la création de nouvelles variétés à haut rendement et les questions de pro-
tection de l'environnement.
285
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Ces états se traduisent dans la composition des tissus par une relation d'allure sem-
blable.
• Les carences. La carence (ou déficience) est une situation d'insuffisance d'un
élément caractérisée par l'apparition de symptômes. On distingue les carences
"vraies" et les carences induites.
La carence vraie est le résultat d'un manque d'élément dans le sol. Cette insuffi-
sance peut être naturelle ou consécutive à l'action épuisante des cultures qui s'y
sont succédées. Les éléments majeurs, requis en plus grande quantité sont, davan-
tage que les éléments mineurs, affectés par ce premier type.
La carence "induite" survient lorsque l'élément est présent en quantité suffisante
mais que la plante se trouve dans l'impossibilité d'en faire l'absorption. Les causes
peuvent se trouver dans les conditions physico-chimiques qui prévalent dans le sol.
Ce sont principalement :
- trop forte fixation par le sol ;
- pH excessif ;
- antagonismes ou compétition entre éléments.
Les sols à texture sableuse et grossière fixent mal les fertilisants et sont sensibles à
la perte par lessivage. Les éléments N, K, Ca et Mg disparaissent du profil, ce qui
augmente les risques de carences vraies. De surcroît, la perte des éléments Ca et
Mg est associée également à une acidification du sol qui peut, à son tour, réduire la
disponibilité d'autres éléments. Les éléments P, K, Ca, Mg, S et Mo sont donc par-
ticulièrement sensibles à cet égard (Maynard, 1979).
plante peut être masquée par son influence indirecte sur la disponibilité des ions
dans le sol (Barrow, 1992). Selon Cornillon (1977), l'absorption du phosphore est
gênée par les températures froides alors que l'inverse se produit pour l'ammonium
(NH4I"). En période froide, des carences en phosphore sont fréquemment constatées
sur les graminées.
• La salinité. Pour réaliser l'absorption des éléments nutritifs dont elle a besoin, la
plante ne doit pas être soumise à un stress hydrique induit par la salinité du sol. La
tolérance à la salinité prend parfois une importance prépondérante. Cette question
est abordée en détail par Maas (1986).
Pour préserver son équilibre électrique, la plante peut également mobiliser son acti-
vité métabolique. Il en résulte alors soit une production, soit une consommation de
protons associées respectivement à la synthèse ou à la dégradation d'acides orga-
niques (Findenegg et al., 19861).
4.3. Synchronisme
Le rythme d'absorption d'un élément nutritif donné n'est pas constant au cours de
la saison. A titre d'exemple, il est rapporté par Beringer (1985) que, à l'hectare,
l'absorption de P9O5 par le maïs atteint un maximum environ 60 jours après le
semis. Selon Tinker (1985), les percées majeures qu'il faut attendre dans le do-
maine de la nutrition minérale seront associées à un meilleur synchronisme dans
l'espace et dans le temps entre l'apport de fertilisants et les besoins de la culture.
287
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
Lorsque les analyses ne portent que sur deux éléments (P et K), le risque est grand
de négliger d'autres facteurs importants. De même, en règle générale, les échan-
tillons sont limités à la couche arable et négligent le fait que les cultures peuvent
exploiter une profondeur bien plus grande. Les analyses de sols sont surtout utiles
pour apprécier la capacité des sols pauvres à fournir les besoins des cultures. En si-
tuation d'agriculture intensive, les sols contiennent généralement des quantités lar-
gement suffisantes ou même excessives de fertilisants. Les analyses de sols sont
alors utiles pour déceler les excès nocifs pour l'environnement et réaliser des éco-
nomies d'engrais. Avec les sols riches, on distingue trois attitudes agronomiques
(Beringer, 1985) :
(1) le comblement des exportations ;
(2) l'équilibre des éléments caractérisant la capacité d'échange cationique (C.E.C.)
i.e. 65 % par le Ca ++ , 10 % par le Mg ++ , 5 % par le K et 20 % qui reste par H+,
Na+ et les autres cations ;
(3) le maintien des réserves du sol au niveau duquel aucune augmentation de ren-
dement ne peut plus être obtenue.
4.7. Perspectives
modéré de fertilisant devient plus sensible aux carences induites et aux attaques de
ravageurs, ce qui contribue à alimenter le cercle vicieux de l'utilisation des pesti-
cides. Ainsi, la question de la nutrition minérale déborde le cadre immédiat de la
simple obtention des meilleurs rendements possibles et ses implications rejoignent
plusieurs aspects dont la génétique, la protection contre les ravageurs et la valeur
alimentaire.
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Chapitre 11. Nutrition minérale des plantes
292
Chapitre 12
FIXATION BIOLOGIQUE
DE L'AZOTE
Mohamed Ismaili
Faculté des sciences, Meknès, Maroc
Sommaire
1. Introduction
5. Conclusion
Bibliographie
294
FIXATION BIOLOGIQUE DE L'AZOTE
1. INTRODUCTION
No ATMOSPHERIQUE
MICROORGANISMES, VEGETAUX
SYMBIOTIQUES
NO,-
NI FRATATION
(NITROBACTER)
AZOTE ORGANIQUE
PLANTES, ANIMAUX
NITRITAHON
(NITROSOMONAS) AZOTE ORGANIQUE DU SOL
(DECHETS, CADAVRES)
NH,
PUTREFACTION
Figure 12.1. Cycle de l'azote montrant les transformations majeures dans le système
sol-plante-atmosphère.
Source : Mazliak P. (1974), p 238
295
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
100
80
60
40
20
296
Chapitre 12. Fixation biologique de l'azote
Les légumineuses diffèrent par leur capacité à fixer l'azote de l'air (tableau 12.1).
Cette capacité est souvent représentée par la proportion d'azote dérivant de l'atmo-
sphère (%N dfa). Le %N dfa diffère selon les espèces, leur provenance (Sanginga
et al., 1990a), ainsi que selon les conditions de culture.
Tableau 12.1. Taux de fixation chez quelques légumineuses annuelles
Les légumineuses ne répondent pas de la même façon à l'inoculation par les Rhizo-
bium (tableau 12.2). On distingue 6 groupes d'inoculation croisée, chaque groupe
contient les légumineuses qui peuvent interchanger leur Rhizobium : (1) luzernes et
mélilot ; (2) trèfles ; (3) pois et vesces ; (4) soja ; (5) haricot ; et (6) lupins. Les Rhizo-
297
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
bium capables de noduler les six groupes sont respectivement : Rh. meliloti, Rh. trifo-
lii, Rh. leguminosarum, Rh. japonicum, Rh. phaseoli, Rh. lupini. D'autres groupes
existent, comme Rhizobium spp. de Vigna unguiculata (L) Walp., infectant plusieurs
espèces : Arachis, Acacia, Cajanus, Phaseolus aureus (Lim et Burton, 1982).
C. equisetifolia C. cunninghamiana
1 3 44 4 37
2 3 54 7 19
3 9 11 2 8
4 8 19 7 19
5 9 21 1 42
6 7 29 6 22
7 10 20 7 22
8 10 21 8 20
9 10 23 7 23
10 9 22 2 22
11 25 5 2 77
PPDS 5 % 12 38 NS 42
PPDS • plus petite différence significative.
NS . différence non significative
Source : Sanginga N , Bowen G D., Danso SKA. (1990a), p. 544.
298
Chapitre 12. Fixation biologique de l'azote
pondent rarement à l'inoculation comme c'est le cas dans les sols tropicaux
(Bowen, 1991). Chez les césalpiniacées, la nodulation est moins fréquente que chez
les mimosacées et les papilionacées. De plus, certaines espèces nodulent en cer-
taines aires et pas en d'autres. En effet, une restriction géographique a été démon-
trée pour certaines associations actinorhiziennes (L. leucaena nodule bien au Nige-
ria, rarement au Zaïre et pas au Zimbabwe). Le genre Cassia (césalpiniacées),
considéré non fixateur, a été divisé en 3 genres : Cassia, Senna et Chamaechrista.
Ce dernier comporte des espèces nodulantes (Lim et Burton, 1982).
L'activité fixatrice est élevée chez les jeunes plantes. Elle diminue avec l'âge à
cause d'une retranslocation de l'azote des parties âgées vers les tissus jeunes, et de
la combinaison Rhizobiumlwbve à cause de l'effectivité des rhizobia (Bowen, 1991).
La fixation réelle est affectée par le génotype, la souche et les conditions édaphiques
et climatiques. Ainsi, il y a une grande variation entre les saisons et même au sein
d'une même saison. La fixation est réduite en saison aride quoiqu'une fixation sub-
stantielle puisse persister en horizons profonds humides.
Les conditions du sol (fortes ou faibles températures, humidité, acidité, salinité, te-
neur en azote inorganique et en phosphore) affectent la fixation à travers la survie des
rhizobia, la nodulation et l'activité fixatrice. Le stress hydrique réduit la fixation de
l'azote par une action directe sur le système de fixation ou une action indirecte sur la
croissance de la plante (Ismaili et al., 1983). Des pH acides réduisent la croissance de
la plante hôte et la survie des rhizobia dans le sol (Rice, 1982, Nazih, 1992).
La fixation biologique est également affectée par la teneur du sol en éléments miné-
raux comme le potassium (Barta, 1982) et le bore (Agbenin et al., 1990). La fixation
de l'azote est réduite par l'azote inorganique du sol. Certaines espèces d'aulnes tolè-
rent une certaine dose d'azote qui stimule leur activité fixatrice. Le phosphore est
important pour la croissance des plantes et pour la fixation de l'azote. Chez Glirici-
dia sepium et Leucaena leucocephala, la fertilisation phosphatée réduit le délai de
nodulation et augmente le nombre et le poids sec des nodules (Sanginga et al, 1991).
Les deux derniers groupes sont proches entre eux et éloignés du premier. Les Fran-
kia du My rica peuvent infecter les groupes (1) ou (2). Certains Frankia sont ca-
pables de noduler à la fois Alnus et Elaeagnus. Les Allocasuarina et les Casuarina
299
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
sont très spécifiques alors que Alnus glutinosa, EIaeagnus angustifolia et Myrica
gale sont non spécifiques. Enfin, les casuarinacées sont réparties en deux groupes :
groupe des Casuarina, avec une cross-inoculation entre ses espèces, et celui des Al-
locasuarina, avec une cross-inoculation entre ses espèces. Entre les 2 genres, la
cross-inoculation est faible (Torrey et Racette, 1989).
Pour isoler des Rhizobium du sol, le passage par la plante est obligatoire, car il n'y
a pas de milieux sélectifs pour ces bactéries (Date, 1982). Dans le sol, les rhizobia
sont libres sous forme de bâtonnets gram négatif, de taille petite à moyenne, mo-
biles grâce à des flagelles polaires ou périphériques ; aérobes strictes même si cer-
tains peuvent supporter de faibles pressions d'oxygène (Vincent, 1982).
Même lorsqu'elle est effective, la nodulation peut être inefficiente : les nodules
sont verts et blancs à l'intérieur et quelquefois roses ; la plante reste petite et jaune.
A l'inverse, dans le cas d'une nodulation efficiente, les nodules sont rouges à l'in-
térieur ; la plante est vert foncée et se porte très bien.
L'infectivité est l'aptitude d'une souche à induire des nodules sur les racines de la
plante hôte. L'effectivité est la capacité de fixer l'azote. Une nodulation effective est
une nodulation résultant en une fixation d'azote : les nodules sont larges, concentrés
sur la partie supérieure du système racinaire et de coloration rouge (due à la Ieghé-
moglobine). Quand les nodules se développent mais fixent peu ou pas d'azote, ils
sont dits ineffectifs. Ils sont petits, nombreux et dispersés sur le système racinaire.
300
Chapitre 12. Fixation biologique de l'azote
Les termes "effectif et "efficient" sont parfois utilisés dans un même sens, or ils
sont différents. Les nodules effectifs peuvent être efficients ou inefficients. Les no-
dules effectifs inefficients sont de petite taille et de couleur blanche à rose et fixent
peu ou pas d'azote. Les plantes avec ce type de nodules sont chlorotiques. Les no-
dules effectifs et efficients sont de grande taille, de couleur rose à rouge et fournis-
sent de grandes quantités d'azote. Les plantes avec ce type de nodules sont vertes
et vigoureuses. Plus récemment, l'efficience est utilisée pour évaluer le pourcen-
tage d'électrons transférés à la nitrogénase et réellement utilisés dans la fixation de
l'azote. Le reste étant utilisé pour la production d'hydrogène et donc non bénéfique
pour l'hôte. Enfin, le terme inefficient décrit les nodules produits par les rhizobia à
grande capacité fixatrice mais qui ne peuvent pas fonctionner proprement à cause
d'une déficience en molybdène, ou à cause d'un stress thermique et/ou hydrique.
La classification des Rhizobium, basée sur l'affinité par rapport aux plantes (grou-
pes de cross-infection), est remplacée par une nouvelle classification basée sur des
critères divers : [G,C], homologie d'ADN, sérologie et transfert des plasmides. On
distingue alors deux genres : Rhizobium et Brady rhizobium.
Les Rhizobium ont une croissance rapide ; le temps de génération est de 2-4 heures.
Ils forment des colonies circulaires, translucides, gommeuses, de 2-4 mm de dia-
mètre après 3-5 jours d'incubation. Les Rhizobium utilisent différents sucres et leur
[G,C] est de 59,1 à 63,1 % (Vincent, 1982).
Les Rhizobium associés aux arbres sont classés en 3 genres : Rhizobium, Bradyrhi-
zobium etAzorhizobium. Le degré de spécificité est variable. Certaines plantes sont
très spécifiques (Sesbania rostrata. Acacia mangium) et d'autres sont peu spéci-
fiques et répondent à des Rhizobium et des Bradyrhizobium (Crassicarpa).
D'autres encore {Acacia auriculiformis) sont intermédiaires (Galiana et al, 1989).
2.3. Modulation
La nodulation comprend différentes phases (figure 12.3), dont l'infection qui com-
mence par une multiplication des Rhizobium dans la rhizosphère, suivie de l'adhé-
301
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
cordon Bactéroide
'd'infection
nodule Rhizobium ;
mitochondrie
^cordons
'd'infection
poil
absorbant
V
n :/^^\':•/£- ••''noyau
.• noyau ;.• / '• JK/" • ;', '.
poil absorbant
cellules du cortex racinaire infectées
cellule basale
du poil
absorbant
hyphe
endophytique
vésicules
Cas du Casuarina
A l'intérieur des nodules, la réduction de l'azote en ammoniac est assurée par la ni-
trogénase. La léghémoglobine transporte l'oxygène vers les bactéroïdes à une
concentration qui n'entraîne pas l'inhibition de la nitrogénase mais assure la phos-
phorylation oxydative et donc la production d'ATP.
Pour Frankia, l'infection commence par la courbure des poils absorbants en crosse
et, au lieu du cordon infectieux, il se développe des hyphes qui s'allongent pour at-
teindre les cellules de l'écorce. Dans le nodule, les hyphes s'entourent de gaines
peptiques (originaires de la plante), de vésicules et parfois de sporanges (Dom-
mergues et al., 1985). L'activité nitrogénase débute avec la formation des vésicules
dont la paroi protège la nitrogénase de l'oxygène. Chez Casuarina, il n'y a pas de
vésicules et la nitrogénase est protégée dans les hyphes (Torrey et Racette, 1989).
2.4. Inoculation
L'inoculation, ou bactérisation, des légumineuses et des plantes actinorhiziennes
consiste en l'introduction dans le sol de souches de Rhizobium ou de Frankia, pour
permettre la nodulation, une activité fixatrice élevée et une meilleure productivité.
L'inoculation n'est pas toujours nécessaire et s'impose quand une espèce est intro-
duite pour la première fois dans une région, ou si elle a eu une mauvaise nodula-
tion, et dans les sols laissés en jachère pendant plusieurs années. En présence de
souches indigènes, la réponse à l'inoculation peut être très faible ou nulle, mais on
peut y remédier par l'apport de grandes quantités d'inoculum.
L'industrie des inoculums à Rhizobium comprend : des cultures dans l'agar, des cul-
tures liquides, des cultures disséquées dans la vermiculure, des cultures lyophilisées
et des cellules incorporées dans des supports organiques (tourbe, compost de paille,
303
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
bagasse, déchets de plantes, poudre de cellulose, charbon). D'autres supports sont uti-
lisés tels que : argile, limon, terreau et bentonite. Toutefois, le support le plus utilisé
est la tourbe. Après sélection de la souche, elle est multipliée dans de larges fermen-
teurs, en milieu à base de mannitol, extrait de levure, additionné de glucose et de su-
crose. La troisième étape est l'inclusion dans la tourbe. Celle-ci est finement broyée,
stérilisée (autoclavage ou irradiation aux rayons gamma), neutralisée par du CaCO3
et son taux d'humidité est ajusté à 40-50 %. Ensuite, la souche est introduite dans le
support et l'ensemble est incubé à 20-25 °C pendant 4 jours (Okon et Hadar, 1987).
Les méthodes d'inoculation sont de deux types, directes et indirectes. Dans l'inocu-
lation indirecte, les graines sont semées et 1'inoculum est appliqué au sol. Dans
l'inoculation directe, les graines sont inoculées avant le semis ; elle peut se faire
par poudrage, bouillie ou enrobage.
• Inoculation par des suspensions de nodules. Des nodules frais sont écrasés, ho-
mogénéisés et lavés plusieurs fois par des centrifugations répétées, dans du tampon
phosphate salin et 2 % de polyvinyle pyrrolidone (PVP) qui élimine les phénols. La
suspension des nodules écrasés est diluée dans de l'eau de robinet puis directement
appliquée aux plantes. Une quantité de 1 à 2 grammes de nodules suffit pour inocu-
ler 1 000 plantes (Burleigh et Torrey, 1990).
• Inoculation par des cultures pures. L'utilisation de cultures pures de Frankia est
plus rentable car, en utilisant des broyats, il y a risque d'introduire des pathogènes et
des souches inefficientes (Diem et al., 1988 ; Burleigh et Torrey, 1990). Dans ce cas,
les nodules, stérilisés avec du tetroxyde d'osmium pendant 30 s à 6 min puis lavés
plusieurs fois à l'eau stérile, sont découpés en petits morceaux en présence de tampon
PVP qui protège l'endophyte exposé vis-à-vis des phénols. Les morceaux de nodules
sont transférés aseptiquement dans des tubes à milieu nutritif contenant du glucose et
de la lécithine. Le propionate peut être utilisé comme source de carbone et le casa-
mino-acide comme source d'azote. Des colonies se développent alors sur la périphé-
rie des nodules. //; vitro, le Frankia peut former des hyphes, des sporanges et des vé-
sicules (sièges de la fixation d'azote). Pour induire la formation des vésicules, le
même milieu est utilisé sans source d'azote inorganique (Burleigh et Torrey, 1990).
L'inoculation peut être faite de deux façons : dans des pots et sachets où les plan-
tules sont semées (inoculation en phase pépinière) ou directement sur le terrain, par
injection de l'inoculum à la base des racines au moment de la transplantation des
plants (Burleigh et Torrey, 1990). La réussite de l'inoculation dépend de la quantité
et de la qualité de l'inoculum, du moment et de la méthode d'application de l'ino-
304
Chapitre 12. Fixation biologique de l'azote
culum et du statut nutritionnel du sol. Des essais ont montré que l'inoculation en
sachets était meilleure, que l'aulne rouge avait une meilleure nodulation quand il
est inoculé au moment du semis en comparaison avec son inoculation 4 semaines
après semis, et enfin, que l'azote minéral permet d'améliorer la croissance mais ré-
duit la nodulation.
Cette méthode est basée sur la mesure de l'activité de l'enzyme nitrogénase. Cette
dernière n'est pas spécifique à la triple liaison du diazote N2, elle catalyse aussi la
réduction de l'acétylène C 2 H 2 en éthylène C2H4. Cette propriété est exploitée pour
mesurer la fixation biologique de l'azote. Il s'agit de mesurer l'accumulation de
l'éthylène dans un bocal fermé de volume connu, contenant des nodosités détachées
ou collées aux racines, après un certain temps d'exposition à l'acétylène. La quantité
d'éthylène est mesurée par Chromatographie en phase gazeuse (Hardy et al., 1968).
Cette méthode est rapide, extrêmement sensible et peu chère. Cependant, la néces-
sité d'avoir accès au système racinaire et l'aspect très aléatoire de la transformation
de cette mesure en quantité d'azote fixé ont suscité le développement d'autres mé-
thodes de mesure (Messager, 1987).
Pour pouvoir déterminer les proportions relatives d'azote dérivant de l'air et du sol,
il faut admettre que la plante fixatrice et la plante référence assimilent l'azote du
sol et celui de l'engrais avec un même ratio 15 N/ 14 N. La plante fixatrice et la plante
référence reçoivent la même quantité d'engrais avec un même enrichissement en
15
N. Donc, s'il n'y avait comme source d'azote que le sol et l'engrais, ces deux
plantes auraient une même composition isotopique 15 N/ 14 N. Mais la présence
d'une troisième source d'azote chez la légumineuse fait que le % 15 N atome excès
de la plante fixatrice devient inférieur à celui de la plante référence. Et c'est à la
base de cette différence que le %N dfa est calculé et représente le pourcentage
d'azote dérivant de l'atmosphère chez la légumineuse (Fried et Middelboe, 1977) :
/ % 15 N atome excès de la plante fixatrice \
%Ndfa = ( l - jxlOO
%15N atome excès de la plante témoin
Chez les graminées, le nitrate est absorbé par les racines. Une partie de l'azote ab-
sorbé du sol est réduite ou assimilée dans des substances organiques azotées au ni-
veau des racines. Une autre partie des nitrates absorbés peut être stockée dans les
racines pour une utilisation ultérieure. Mais la majorité des nitrates absorbés est
transportée vers la partie aérienne dans le xylème. Les parties âgées peuvent utili-
ser les nitrates directement du xylème. Le nitrate transporté dans le xylème est es-
sentiellement stocké dans le parenchyme des entre-nœuds et des pétioles. Une pe-
tite partie de ces nitrates peut être réduite par la nitrate reducíase de ces organes,
mais généralement, l'activité nitrate reducíase est faible dans les tiges.
306
Chapitre 12. Fixation biologique de l'azote
Tous les nitrates qui entrent dans les feuilles âgées sont réduits par une nitrate ré-
ductase active. Cette activité permet la production d'acides aminés et de protéines
libres qui ne s'accumulent pas dans les feuilles âgées et sont continuellement ex-
portés vers les parties jeunes de la plante. Ainsi, les nitrates ne peuvent pas être dé-
tectés dans les feuilles âgées à cause de leur réduction rapide même si l'activité ni-
trate reducíase est faible dans ces feuilles.
Les parties jeunes de la plante, à croissance rapide, sont très actives dans la réduc-
tion des nitrates, en raison d'une activité nitrate réductase élevée. Les nitrates y
sont très rarement accumulés, alors que les constituants aminés s'accumulent dans
les parties jeunes pour contribuer à la croissance de la partie aérienne. Les sque-
lettes carbonés nécessaires pour la synthèse des acides aminés sont essentiellement
fournis par la photosynthèse.
Dans les feuilles âgées, la synthèse des protéines est minimale. En effet, au cours du
vieillissement des feuilles, on observe une diminution de la teneur en azote et des
307
Partie III. Bases physiologiques de l'élaboration du rendement
protéines solubles. Ainsi, les produits du métabolisme de l'azote dans ces feuilles
sont surtout transportés comme acides aminés et amides vers les points de croissance.
Les parties jeunes de la plante sont approvisionnées en azote par trois sources : la
fixation biologique de l'azote dont le transport est assuré par le xylème ; la réduction
des nitrates dans les racines (transport par le xylème) ; et les acides aminés transpor-
tés par le phloème. En plus, les nitrates transloqués dans le xylème sont métabolisés
par la nitrate reducíase à pouvoir réducteur photosynthétique dans les feuilles
jeunes. Le phloème approvisionnerait les racines en azote à partir du système aérien.
5. CONCLUSION
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