RP 55934 FR
RP 55934 FR
RP 55934 FR
environnement et qualité
biologiques des eaux
Bilan pesticides
Rapport final
BRGM/RP-55934-FR
décembre 2007
Les retenues collinaires de Mayotte :
environnement et qualité
biologiques des eaux.
Bilan pesticides
Rapport final
BRGM/RP-55934-FR
décembre 2007
Étude réalisée dans le cadre du projet
de Recherche BRGM 2007-MMA-16
L. Amalric
Vérificateur : Approbateur :
Nom : WINCKEL Anne Nom : ROY Stéphane
Date : Date :
Signature : Signature :
© BRGM, 2007, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.
Les retenues collinaires de Mayotte : bilan pesticides
Synthèse
Sommaire
1. Introduction...............................................................................................................7
5. Conclusion ..............................................................................................................31
6. Bibliographie...........................................................................................................33
1. Introduction
L’écoulement des rivières étant soumis aux fluctuations saisonnières, deux retenues
collinaires ont été construites pour stocker des volumes d’eaux libérables en contre
saison ; elles contribuent à sécuriser l’approvisionnement de l’île. Ces retenues,
situées à Combani et à Dzoumogné, alimentent le nord de l’île. La construction d’une
troisième retenue est en projet à Ourovéni pour sécuriser le sud de l’île.
Ce projet a débuté en 2006 avec une première mission en fin de saison sèche
(novembre 2006) qui a permis d’acquérir les connaissances de base sur les
écosystèmes. Il continue avec une mission en fin de saison humide (avril 2007) ayant
Ces travaux sont réalisés par l’UR 167 CyRoCo de l’Institut de Recherche pour le
Développement, le laboratoire de Géochimie des Eaux de l’Université de Paris 7 et le
laboratoire Ecosystèmes Lagunaires de l‘Université de Montpellier II. L’intervention du
BRGM, faisant l’objet de ce rapport, consiste à quantifier dans les retenues collinaires
et leurs affluents, les composés phytosanitaires sélectionnés pour l’étude de la
sensibilité des organismes non-cibles soumis directement ou non à ces composés, à
déterminer le niveau de contamination éventuelle des eaux et à identifier a priori le
processus de transfert des pesticides depuis la zone d’application vers les réservoirs
récepteurs.
Le diuron est un herbicide systémique de la famille des urées. Il est stable en milieu
neutre sous des températures normales mais s’hydrolyse à température élevée. Dans
le sol se produit une déméthylation de l’atome d’azote et une hydroxylation du cycle
benzénique, par voie microbienne et enzymatique. Son activité dans les sols persiste
de 4 à 8 mois en fonction du type de sol et de l’humidité.
Le paraquat est un herbicide de contact utilisé dans la lutte des mauvaises herbes
aquatiques, les mauvaises herbes dans les cultures semencières et les vergers. Il sert
en agriculture, floriculture et dans certains boisements à désherber ou à préparer le sol
pour les cultures de céréales (maïs, blé, orge, seigle, riz..), soja, pomme de terre, fruits
(pomme, orange, banane), plantes destinées à la fabrication de boissons (café, thé,
cacao) et cultures traitées (coton, huile de palme, canne à sucre et caoutchouc). C'est
l’un des herbicides les plus utilisés au monde, vendu dans plus de 120 pays. Bien que
très toxique, il est choisi pour son faible coût et sa facilité d'utilisation. Il est stable en
milieu neutre et acide mais rapidement hydrolysé en milieu alcalin. La pluie survenant
quelques minutes après application ne diminue pas son efficacité. Il se décompose
sous les radiations UV en solution aqueuse. Lorsqu’il n’est pas adsorbé, il est
rapidement dégradé par les micro-organismes du sol. Il est réputé devenir
biologiquement inactif pour les plantes au contact du sol car il y est rapidement et très
fortement adsorbé, mais on ignore ses éventuels effets sur les invertébrés du sol, et
son devenir lorsqu'il est emporté par l'érosion hydrique.
Le paraquat est rapidement et complètement adsorbé sur les particules d’argile dans la
couche supérieure du sol ; cela augmente sa persistance. Dans les sédiments et les
sols aquatiques, il est fortement lié et inactivé, ce qui empêche tout lessivage vers les
eaux souterraines.
-
2 Cl
Koc=4.x105-
1.63x107
cm3/g
Pour éviter l’envoi de grands volumes d’échantillons d’eaux de Mayotte vers Orléans, il
a été envisagé d’extraire les échantillons sur place, aussitôt après leur prélèvement
puis de ramener les extraits au laboratoire d’Orléans pour les analyser.
Ce mode d’extraction consiste à faire percoler 1 litre d’échantillon sur une cartouche
remplie d’un support solide qui va retenir les composés d’intérêt. L’élution de ces
composés est réalisée avec un solvant approprié ou un mélange de solvant, dont le
volume varie de 3 à 10 ml. La nature des composés à extraire détermine le choix de la
phase solide.
Afin de disposer des meilleurs supports SPE, une étude bibliographique a été réalisée
et confrontée aux pratiques du laboratoire du BRGM. L’étude bibliographique a
concerné la détermination des phytosanitaires paraquat, deltaméthrine, téméphos,
fénitrothion et diuron, conformément au projet.
Pour extraire la deltaméthrine, le choix s’est porté sur le support C18 avec une élution
à l’acétate d’éthyle et au dichlorométhane [8-10]. Ce protocole permet également de
récupérer le téméphos et le fénitrothion [11-30].
Pour le diuron, plusieurs supports peuvent être employés [31-40] ; le choix s’est porté
sur celui utilisé au laboratoire du BRGM : Oasis HLB.
Pour connaître la liste des phytosanitaires pouvant se trouver dans les eaux de
Mayotte, nous avons dans un premier temps dressé la liste des substances actives
autorisées pour la culture des fruits et légumes tropicaux puis celle des substances
utilisées contre le moustique, pour lutter contre le Chikungunya.
2.3.1. Agriculture
La liste des phytosanitaires utilisés à Mayotte pour l’agriculture a été obtenue à partir
des listes de substances actives autorisées pour la culture des fruits et légumes
tropicaux [41] en recherchant les fruits et légumes cultivés à Mayotte.
Illustration 2 – Phytosanitaires pouvant être employés pour les fruits et légumes cultivés
à Mayotte [41].
Les quantités d’insecticides utilisées à Mayotte n’ont pas pu être obtenues ; les
informations disponibles sont celles concernant l’île de la Réunion [44].
Le rapport de la DIREN [45] précise que dans le cas des pulvérisations à ultra bas
volume (ULV), la préparation de paluthion est mélangée avec du pyretex fogger, lui-
même constitué d’un mélange de pyréthrine (3 g/l) et de butoxyde de pipéronyl (24 g/l).
Le butoxyde de pipéronyl est souvent ajouté dans les formulations des insecticides de
la famille des pyréthroïdes et pyréthrines. Il a un effet synergique sur les matières
actives des formulations et inhibe un groupe d’enzymes impliquées dans la
détoxification des pyréthroïdes, ce qui augmente leur toxicité. Il ne s’agit pas d’un
pesticide au sens strict, mais d’un xénobiotique.
Dans le cas de son utilisation en lutte adulticide, la deltaméthrine est utilisée à la dose
de 1 g de matière active par hectare. Le rapport de la DIREN [45] précise que les
formulations K-Othrine ULV 15/5 et Aqua K-Othrine ont en particulier été utilisées à la
Réunion. Ces formulations contiennent, outre la deltaméthrine, de l’esbiothrine.
Le téméphos est utilisé comme larvicide. Dans le cas de son utilisation à la Réunion, la
dose préconisée était de 2,5 g de matière active/l. Le téméphos a été appliqué sous
forme de la préparation Abate 500. La quantité utilisée dans le cadre de la lutte anti-
vectorielle à la Réunion en 2006 est inconnue.
Le Bti est une bactérie et ne fait pas partie des substances étudiées dans le cadre de
cette mission.
3. Prélèvements et extractions
des échantillons à Mayotte
Les stations étudiées sont celles prospectées en novembre 2006 lors de la première
mission consacrée aux retenues collinaires de Dzoumogné et Combani. La recherche
des phytosanitaires ne faisait pas l’objet de cette première mission.
Les deux sites étudiés sont les retenues collinaires de Combani et de Dzoumogné, ainsi
que les cours d’eaux alimentant ces retenues. Des prélèvements supplémentaires ont été
réalisés au volcan de Dziani, dans l’ancienne carrière de Doujani et dans le lac Dziani
Karihani, pour compléter les mesures réalisées par les autres membres de l’équipe (ill. 3).
La mission s’est déroulée en fin de saison des pluies, du 21 mars au 2 avril 2007.
La retenue d’eau a été mise en service en 1998. Un seul cours d’eau alimentant la
retenue a été identifié au nord-est de la retenue. Les autres cours d’eau mentionnés
sur la carte IGN 4410MT sont à sec.
Trois points ont été échantillonnés le 26 mars 2007 par prélèvement au seau, de
cinq litres d’eau :
- dans le bras nord-est (repère GPS 8588-516 de la carte IGN 4410MT ; ill. 4).
- dans un cours d’eau au sud de la retenue (côte 105, repère GPS 8589-516 105 de
la carte IGN 4410MT). Ce cours d’eau n’alimente pas la retenue.
Trois points ont été échantillonnés le 27 mars 2007 par prélèvement de cinq litres
d’eau au seau :
- affluent Bandram au sud-ouest de la retenue (côte 60, repère GPS 8594-511 de la
carte IGN 4410MT ; ill. 6)
Il s’agit de l’ancienne carrière mise en eau (repère GPS 8586-521 de la carte IGN
4410MT ; ill. 9). Cinq litres d’eau ont été prélevés au seau le 26 mars 2007. La valeur
de pH est élevée : 9,6 en surface [46].
Le lac est très peu étendu et présente plutôt l’aspect d’une mare de quelques hectares.
Il constitue le seul plan d’eau douce naturel de l’île. Le prélèvement de cinq litres a été
réalisé en bordure du lac, au seau, le 29 mars 2007 (ill. 10).
Le volcan Dziani est difficile d’accès (ill. 11). Il n’a pu être échantillonné qu’au bord du
plan d’eau, au seau. Un volume de cinq litres a été prélevé. Les paramètres physico-
chimiques ont été mesurés par les scientifiques de l’IRD au moyen d’une sonde. Les
valeurs de conductivité sont très élevées, supérieures à la salinité de l’eau de mer. Les
valeurs de pH sont également élevées (9,36) suggérant une forte production
photosynthétique dans le plan d’eau [46].
Les échantillons d’eaux ont été extraits dans le local servant de laboratoire aussitôt
que possible après leur prélèvement.
Le pH a été vérifié avant de réaliser les extractions sur les trois supports solides MCX,
C18 et Oasis HLB. Les échantillons n’ont pas été filtrés avant percolation sur les
cartouches sauf lorsque les cartouches se sont colmatées ou lorsque les échantillons
présentaient visuellement une trop grande teneur en matière en suspension pour
permettre leur percolation. L’illustration 12 indique les différentes conditions (filtration,
volumes percolés…) en fonction des extractions réalisées.
Pour la carrière de Doujani, la cartouche C18 colmate après 150 ml percolé. Par
conséquent, un volume de deux litres d’échantillon a été filtré à 0,10 µm avant
extraction sur les supports Oasis HLB, MCX et C18. En raison du colmatage des
cartouches, deux cartouches sont nécessaires à chaque fois. Les extraits des deux
cartouches ont été réunis.
L’eau du site de Karihani a été filtrée à 10 µm ; malgré cela les trois types de
cartouches se sont colmatés et seuls des volumes de 454, 92 et 256 ml ont pu être
percolés sur les supports Oasis HLB, C18 et MCX, respectivement. En raison du
colmatage des cartouches, la stratégie d’extraction a été modifiée ; la quantité de
dichlorométhane disponible pour la mission étant largement suffisante et ce solvant
permettant l’extraction de l’ensemble des composés organiques, il a été décidé
d’extraire cet échantillon en mode liquide/liquide.
L’échantillon du volcan de Dziani est de couleur vert, opaque. Son pH de 9,6 n’a pas
pu être neutralisé avec les réactifs disponibles sur site (un volume de 1 ml filtré à
10 μm et dilué au 1/10e avec de l’eau distillée a nécessité 8 ml d’acide chlorhydrique
10-2M pour atteindre un pH de 7). Ainsi, la stratégie d’extraction a été modifiée et
l’échantillon filtré à 10 µm a été extrait en mode liquide/liquide, par ajout de
dichlorométhane.
Illustration 12 – Couleur, pH et volumes des échantillons extraits en mode solide/liquide sur les
cartouches Oasis HLB, C18 et MCX, et en mode liquide/liquide au dichlorométhane.
L’atrazine deutérée a été ajoutée comme traceur dans les échantillons avant leur
percolation sur cartouche Oasis HLB et C18 pour vérifier le bon déroulement des
opérations de pré-concentration sur phase solide ainsi que d’élution.
Trois extractions ont été réalisées en double : Combani bras est sur C18, Combani
retenue sur C18 et Dzoumogné massoulana gué sur MCX.
Des blancs constitués d’un litre d’eau déminéralisée ont été percolés sur chaque type
de cartouche.
Les extraits ont été congelés jusqu’à leur arrivée au laboratoire à Orléans.
4. Analyses en laboratoire
Les extraits des échantillons prélevés à Mayotte ont été réceptionnés au laboratoire du
BRGM à Orléans pour y être analysés. Les molécules recherchées, paraquat,
deltaméthrine, téméphos, fénitrothion et diuron nécessitent trois méthodes d’analyses
différentes.
Le paraquat extrait sur le support MCX est analysé par chromatographie en phase
liquide en phase normale avec détection UV à barrette de diode (LC/DAD). La limite de
quantification est de 0,10 μg/l, pour un volume d’échantillon de 1 litre. Le paraquat ne
pourra pas être déterminé sur l’échantillon du lac du volcan Dziani puisque cet
échantillon n’a pas été percolé sur cartouche MCX. Pour le lac Kariani, la
détermination ne sera possible que s’il est en concentration suffisamment importante
pour être quantifié sur 256 ml (ill. 12).
Le diuron extrait sur support Oasis HLB est analysé par chromatographie en phase
liquide en phase inverse avec détection UV à barrette de diode couplée à la
spectrométrie de masse (LC/DAD/MS), après ajout d’un standard interne (simazine
deutérée). La limite de quantification est de 0,05 μg/l, pour un volume d’échantillon de
1 litre.
Les composés deltaméthrine, téméphos et fénitrothion extraits sur C18 sont analysés
par chromatographie gazeuse avec détection par spectrométrie de masse (GC/MS),
après ajout d’un standard interne (1-bromo 2-nitrobenzène). La limite de quantification
est de 0,05 μg/l, pour un volume d’échantillon de 1 litre.
Les extraits des deux échantillons obtenus en mode liquide/liquide ont été injectés en
LC/DAD/MS et GC/MS.
Le diuron n’a pas été identifié dans les 9 échantillons extraits soit en mode SPE sur
Oasis HLB, soit en mode liquide/liquide au dichlorométhane, ni dans le blanc, ni dans
le double. L’atrazine deutérée ajoutée dans les échantillons a bien été retrouvée dans
tous les échantillons ; le taux de recouvrement de cette molécule est de 71±11 % pour
les 9 échantillons. Cela indique le bon déroulement des extractions solide/liquide et
liquide/liquide sur le terrain et des analyses au laboratoire, pour chaque échantillon.
L’analyse par GC/MS n’a pas révélé la présence des organophosphorés deltaméthrine,
téméphos et fénitrothion dans les 9 échantillons, ni dans le blanc ni dans les doubles.
Le dopage de l’eau déminéralisée en fénitrothion réalisé à Mayotte et extrait en mode
SPE sur C18 avec les autres échantillons a bien été retrouvé, confirmant ainsi le bon
déroulement de l’extraction SPE sur site.
Il est à noter que pour la quasi totalité des échantillons, seule la phase dissoute a été
analysée, soit parce que l’extraction en mode liquide/solide élimine naturellement la
phase particulaire, soit parce que les échantillons ont été préalablement filtrés (ill. 12).
Pour le lac Kariani, des volumes inférieurs à 1 litre ont été percolés sur les différentes
cartouches, suite au colmatage (ill. 12) ; les limites de quantification sont donc plus
élevées pour cet échantillon. Cependant, l’extraction liquide/liquide au dichlorométhane
réalisée sur un litre confirme l’absence de diuron, deltaméthrine, téméphos et
fénitrothion aux limites de quantification basses.
L’échantillon du lac Kariani est le seul à avoir été analysé sur l’ensemble phase
dissoute et phase particulaire du fait de l’extraction liquide/liquide sans filtration (ill. 12).
Les résultats concernant la recherche des cinq phytosanitaires sélectionnés sont
regroupés dans l’illustration 13.
Ainsi, les extraits obtenus sur Oasis HLB injectés en LC/DAD/MS pour la recherche du
diuron, ont fait l’objet d’une recherche complémentaire par cette même technique, pour
identifier d’autres phytosanitaires. Ils ont d’autre part été injectés en GC/MS pour
élargir le panel de composés identifiables, et en GC/ECD pour la recherche spécifique
des composés organochlorés. Les extraits des échantillons obtenus en mode
liquide/liquide ont été traités de la même façon.
Cela permet de réaliser une première approche de la contamination éventuelle des eaux
par les résidus de phytosanitaires et/ou de produits de lutte anti-vectorielle, qui sera
nécessaire pour la poursuite du projet dans le cadre d’ECOMET (Etude comparée des
effets de phytosanitaires et de produits de lutte anti-vectorielle sur les COmmunautés
Microbiennes aquatiques d’Ecosystèmes Tropicaux, financé par le MEDAD).
liquide/solide liquide/liquide
LC/MS GC/MS LCMS GC/MS
1 Acétochlore X X X
2 Aclonifen X X X
3 Alachlore X X X
4 Aldicarb X
5 Aldicarb sulfone X
6 Alpha-cypermethrine X
7 Ametryne X X
8 Atrazine X X X X
9 Bifenox X
10 Biphenyl X X
11 Bromacil X X
12 Bromopropylate X X
13 Cadusafos X X
14 Captane X X
15 Carbendazime X X
16 Carbofuran X X X
17 Carbophenothion X X
18 Chlopyrifos ethyl X X
19 Chlorfenvinphos X X
20 Chlorothalonil X X X
21 Chlortoluron X X
22 Clodinafop propargyl X X X
23 Clomazone X X
24 Cyanazine X X X
25 Cyproconazole X
26 DEA X X X X
27 Desethylterbutylazine X X X X
28 Desmetryne X X
29 DIA X X X X
30 Diazinon X X
31 Dichlorvos X X
32 Diclofop méthyl X X X
33 Diflufenicanil X X X
34 Dimethachlore X
35 Diméthanamide X
36 Diméthoate X X
37 Disulfoton X
38 Epoxyconazole X
39 Ethofumesate X X
40 Fenamiphos X
41 Fenpropidine X
42 Fenpropimorph X X X
43 Fenthion X X
44 Fluorochloridone X
Flupyrsulfuron
45 sodium X
46 Fluzilazole X
47 Folpel X
48 Hexaconazole X
49 Hexazinon X X
50 Imazalil X
51 Imazamethabenz X
52 Isoproturon X X
53 Isoproturon-2CH3 X X
54 Isoproturon-CH3 X X
55 Isoxaben X X
56 Lambda cyhalotrine X
57 Linuron X X
58 Malathion X X
59 Mercaptodimethur X X X
60 Metamitron X
61 Metazachlore X X X
62 Methabenztiazuron X X
63 Méthomyl X
64 Métobromuron X
65 Metolachlore X X X
66 Metoxuron X
67 Metribuzine X
68 Molinate X X
69 Monolinuron X X
70 Napropamide X
71 Neburon X
72 Oxamyl X
73 Parathion éthyle X X
74 Parathion méthyle X X
75 Penconazole X
76 Pendimethaline X X
77 Pentachlorophénol X
78 Phosalone X
79 Piperonyl butoxyde X
80 Prochloraz X
81 Prometryne X X
82 Propanil X X
83 Propazine X X
84 Propiconazole X
85 Propoxur X
86 Sebuthylazine X X X
87 Simazine X X X X
88 S-métholachlore X
89 Tebuconazole X
90 Tebutame X X
91 Terbuthylazine X X X X
92 Terbutryne X X
93 Tetraconazole X
94 Thiabendazole X
95 Tributhylphosphate X X
96 Trifluraline X X
Aucun des 56 composés n’a été retrouvé dans les échantillons extraits en mode
solide/liquide, par LC/DAD/MS et GC/MS.
En revanche, deux composés parmi les 94 ont été identifiés dans les échantillons
extraits en liquide/liquide. Le butoxyde de pipéronyl et le chlorpyrifos éthyle sont
présents dans le lac Kariani à une concentration de 0,63 et 3,84 μg/l, respectivement,
dans l’ensemble des phases dissoute et particulaire (échantillon non filtré). Le
chlorpyrifos éthyle est également présent dans le lac du volcan Dziani à une
concentration de 0,35 μg/l, dans la phase dissoute (filtration de l’échantillon à 10 μm).
Ces deux échantillons ont également été analysés par chromatographie en phase
gazeuse couplée à la détection par capture d’électron. Aucun des 17 pesticides
organochlorés recherchés n’a été retrouvé dans les échantillons du lac Kariani et du
lac du volcan Dziani.
Le dépouillement des chromatogrammes pour tenter d’identifier des pics inconnus n’a
pas apporté d’informations supplémentaires quant à la présence de phytosanitaires
dans les échantillons.
En ce qui concerne les phytosanitaires spécifiques aux cultures sur Mayotte (§ 2.3),
seules 10 molécules font partie de la liste pratiquée par la laboratoire (parathion
méthyle, amétryne, diuron, aldicarbe, cadusafos, fénamiphos, triadiménol, hexazinon,
lamda-cyalothrine, simazine). Aucune d’entre elles n’a été identifiée. En ce qui
concerne les molécules 2,4-D, dichloprop et ioxynil, il est impossible de se prononcer
car elles nécessitent d’acidifier le pH des échantillons pour pouvoir être extraites.
Les deux composés identifiés dans le lac Kariani sont d’une part l’adjuvant présent
dans la formulation du fénitrothion pour le traitement anti-moustique, le butoxyde de
pipéronyl, et d’autre part un insecticide, le chlorpyriphos éthyle qui appartient à la
famille chimique des organophosphorés et dont nous n’avons pas trouvé d’utilisation
particulière pour les cultures de Mayotte.
L’essentiel des quantités de chlorpyriphos non dirigées vers les plantes atteint
directement ou indirectement le sol. De plus une partie des traitements est réalisée
sous forme d’incorporation de granulés [47]. Le chlorpyriphos semble se dégrader
lentement dans les sols selon les données disponibles [50]. À cause de sa faible
solubilité et de sa forte capacité d’adsorption particulaire, un retour potentiel du
chlorpyriphos aux eaux de surface ne semble possible que via l’érosion [50].
En ce qui concerne les eaux, le chlorpyriphos n’est pas entraîné par lessivage dans le
sol. Il est donc peu probable qu’il contamine les eaux souterraines [51]. Malgré la
rareté des informations françaises sur la présence de chlorpyriphos dans les eaux de
surface et les eaux souterraines, on peut estimer que cette substance n’est présente
dans ce milieu que de façon exceptionnelle [52].
Pour le compartiment aérien, le temps de demi-vie dans l’air est faible, inférieur à
2 jours [48]. La volatilisation ne semble pas être une source de dissipation majeure ;
des expériences en laboratoire montrent moins de 10 % de volatilisation en un mois
[50]. La pollution atmosphérique apparaît donc être une voie d’exposition mineure.
Le chlorpyriphos est présent sur Mayotte, où une industrie locale l’utilise pour des
traitements de démoustication et de dératisation chez des particuliers. Sa détection
dans le lac de Kariani n’est donc pas surprenante.
3,8 µg/L) mais les pyréthrines n’étaient plus détectées 16 h après les traitements. Le
butoxyde de pipéronyl a été détecté jusqu’à 34 h après le traitement, avec des
concentrations qui varient selon les endroits entre 0,44 et 3,92 µg/L. Un effet toxique
est mis en évidence ; il résulte de l’effet de synergie qu’a le butoxyde de pipéronyl sur
les insecticides introduits au préalable dans les milieux par des traitements antérieurs,
surtout les usages urbains et domestiques, et qui peuvent s’accumuler dans les
sédiments [54]. Sa très faible solubilité dans l’eau (< 0,001 mg/l [55]) et sa courte
durée de demi-vie dans le sol étudié (4,1 jours) aboutissent à son absence de
détection dans les eaux de ruissellement pendant les 45 jours de suivi après
l’application sur un sol nu à une dose de 670 g/ha. Le butoxyde de pipéronyl a une
demi-vie dans l’eau comprise entre 0,55 et 1,64 jours ; pour la fraction de butoxyde de
pipéronyl associée aux sédiments elle est de 24 jours. La photodégradation est
susceptible d’engendrer une diminution des concentrations.
5. Conclusion
La méthodologie envisagée pour l’extraction des échantillons d’eaux sur site, à savoir
trois extractions sur supports solides adaptés aux trois familles de phytosanitaires
sélectionnés (paraquat - diuron - téméphos, deltamethrine et fénitrothion), s’est révélée
adaptée pour les retenues collinaires de Mayotte et leurs affluents, objets d’étude du
projet.
Aucun des cinq phytosanitaires n’a été détecté dans les retenues de Combani et
Dzoumogné et leurs affluents, dans leur phase dissoute. Cinquante-six composés
supplémentaires ont été recherchés par chromatographie en phase gazeuse et par
chromatographie en phase liquide, mais aucun n’a été détecté au dessus de 17 ng/l.
Cela étaye le fait que ces sites sont considérés comme peu soumis à la pression
agricole sur leurs bassins versants, faiblement anthropisés.
Le lac de Kariani a fait l’objet d’une recherche de 116 composés sur l’ensemble de
l’échantillon (phase dissoute et particulaire). Les phytosanitaires paraquat et
chlorpyriphos éthyle ont été identifiés, ainsi que le butoxyde de pipéronyl, adjuvant
présent dans la formulation du fénitrothion pour le traitement anti-moustique, indiquant
ainsi une exposition aux traitements de lutte contre les insectes responsables de
l’épidémie de Chikungunya. La présence de clorpyriphos semble confirmer son
utilisation sur l’île pour l’éradication des moustiques et des rats. La proximité du village
de Combani et le faible volume d’eau dans le lac de Kariani peuvent expliquer que ce
site soit le plus contaminé des sites échantillonnés lors de cette mission.
Pour la mission prévue à Mayotte en 2008 dans le cadre du projet ECOMET (Etude
comparée des effets de phytosanitaires et de produits de lutte anti-vectorielle sur les
COmmunautés Microbiennes aquatiques d’Ecosystèmes Tropicaux), cette méthodologie
pourra être renouvelée pour les composés cibles. Pour une caractérisation de la
contamination des eaux, on tentera de mettre en œuvre sur place l’extraction en mode
liquide/liquide qui permettra de rechercher un plus grand nombre de composés dans
l’ensemble phase dissoute et particulaire des échantillons. L’ensemble des composés
extractible à pH neutre sera récupéré en une seule extraction (au lieu de deux extractions
sur deux supports) permettant ainsi de faire une extraction supplémentaire à pH acide
pour élargir le nombre de phytosanitaires recherchés.
6. Bibliographie
1- The pesticide Manual, 12th edition, CDC Tomlin editor, British crop portection
council
2- Pico Y., Font G., Molto J.C., Manes J. (2000) – Solid-phase extraction of
quaternary ammonium herbicides. J. Chromatogr. A, 885, p. 251-271
4- Nunez O., Moyano E., Galceran T. (2002) – Solid-phase extraction and sample
stacking – capillary electrophoresis for the determination of quaternary
ammonium herbicides in drinking water. J. Chromatogr. A, 946, p. 275-282.
6- Ibanez M., Pico Y., Manes J. (1998) – Improving the solid-phase extraction of
“quat” from water samples: Removal of interferences. J. Chromatogr. A, 823,
p. 137-146.
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