Depreux Prosopographie
Depreux Prosopographie
Depreux Prosopographie
Bd. 1
1997
Copyright
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INSTRUMENTA
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PROSOPOGRAPHIE DE L'ENTOURAGE
DE LOUIS LE PIEUX (781-840)
par
Philippe Depreux
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Jan Thorbecke Verlag Sigmaringen
1997
Philippe Depreux
Prosopographie
'entourage de Louis le Pieux
(781-840)
.4.
1
Jan Thorbecke Verlag Sigmaringen
1997
Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme
Depreux, Philippe:
Prosopographie de l'entourage de I.ouis le Pieux
(781-840) / Philippe Depreux. - Sigmaringen:
Thorbecke, 1997
(Instrumenta; Bd. 1)
ISBN 3-7995-7265-1
NE: Instrumenta
INSTRUMENTA
Herausgeber: Prof. Dr. Werner Paravicini
Redakteur: Dr. Stefan Martens
Deutsches Historisches Institut, Hôtel Duret de Chevry, 8, rue du Parc Royal,
F-75003 Paris
PRÉFACE
Louis le Pieux, »le fils petit du grand empereur«, comme Albert Hauck tenta de le
dépeindre en quelques mots, est longtemps demeuré dans l'ombre de la recherche re-
lative aux temps carolingiens, qui porta de préférence sur l'essor des Carolingiens,
sur l'oeuvre de Charlemagne, mais aussi sur l'époque de la décomposition de l'empi-
re des Francs, à la fin du IXe siècle, et sur la recherche des origines de la France et de
l'Allemagne. A cela, il y avait des raisons relevant de l'histoire de la recherche - en
premier lieu, le fait que l'édition des diplômes de Louis par les Monumenta Germa-
niae Historica n'a jamais abouti. Mais il y avait également l'ombre que le père jetait
sur son fils: elle s'avéra un obstacle à un examen centré sur la personne et le gouver-
nement de ce dernier, si l'on excepte les questions relatives à la réforme ecclésiastique
et monastique.
Durant la dernière décennie, il s'est opéré un tournant. Le colloque organisé par
Peter Godman et Roger Collins en 1986, à Oxford, rétablit Louis le Pieux pour ce
qu'il était: »Charlemagne's Heir«, l'héritier de Charlemagne. Les actes de ce collo-
que, publiés en 1990, ont donné un nouveau départ à la recherche; et environ à la mê-
me époque, le travail concernant l'édition des diplômes a repris. A présent, avec la
publication des études de Philippe Depreux, un nouveau pas, important, est accom-
Le fait que cette thèse, pour l'essentiel préparée en Allemagne et soutenue à la Sor-
bonne, soit publiée par l'Institut Historique Allemand de Paris est un beau signe de
l'interdépendance de plus en plus grande de la recherche internationale. Ainsi, ce
livre sera d'autant plus facilement accessible aux chercheurs des deux pays qui
s'intéressent à l'époque carolingienne.
AVANT-PROPOS
L'essentiel de cet ouvrage fut soutenu en décembre 1994 comme thèse de Doctorat de
l'Université de Paris - Sorbonne (Paris IV). Le jury était composé de: MM. O. Guil-
lot (Université de Paris IV), directeur de recherche; H. Atsma (Ecole Pratique des
Hautes Etudes, IVe Section); J.-P Brunterc'h (Archives Nationales); O. Guyotjean-
nin (Ecole Nationale des Chartes); M. Parisse (Université de Paris I), président. Cer-
taines notices prosopographiques ont été légèrement retouchées; la partie d'analyse
consiste pour une part en une refonte de certains chapitres et pour une part en un
texte original.
Je pus travailler à la préparation de ma thèse dans d'excellentes conditions grâce à
un financement de trois ans que m'accorda le Ministère de la Recherche, par le moy-
en d'une Allocation de Recherche, et aussi grâce à l'accueil qui me fut réservé à la bi-
bliothèque des Monumenta Germaniae Historica (München), à la destinée desquels
présidait alors le Prof. Dr. H. Fuhrmann. Avant et après mon séjour munichois, le
Dr. H. Atsma m'ouvrit les portes de la bibliothèque de l'Institut Historique Alle-
mand de Paris. A ces institutions en particulier et à toutes celles auxquelles j'ai eu af-
faire, à leurs responsables et aux personnes qui m'apportèrent leur aide, je tiens à ex-
primer ma reconnaissance. Ma gratitude va également au Prof. Dr. W. Paravicini, qui
me fait l'honneur de publier mon travail dans la nouvelle série des Instrumenta. Que
Mme U. Hugot et le Dr. S. Martens soient aussi remerciés pour leur aide dans la der-
nière ligne droite...
Enfin, je remercie ces amis qui, en France, en Allemagne ou ailleurs, me firent part
de leurs conseils ou m'apportèrent leur patient soutien. En particulier, je tiens à re-
mercier tout spécialement deux personnes pour tout ce que je leur dois: mes parents.
C'est à eux et à tous ceux qui m'ont aidé à comprendre cette phrase d'Ernst Toller
que je dédie mon travail: »... und wenn mich einer fragte, wohin ich gehöre, ich wür-
de antworten: Eine jüdische Mutter hat mich geboren, Deutschland hat mich
genährt, Europa mich gebildet, meine Heimat ist die Erde, die Welt mein Vaterland«
(Eine Jugend in Deutschland, Amsterdam 1936).
ABRÉVIATIONS
INTRODUCTION
Le règne du belliqueux David fit place à celui du pacifique Salomon. Cette comparai-
son rapportée à Charlemagne et à son fils, Louis 1 , illustre une différence profonde et
depuis longtemps constatée entre le gouvernement du grand empereur et celui de son
successeur, dont le surnom de »Pieux« souligne qu'il possédait certaines des qualités
fondamentales dont le souverain devait faire preuve 2 . Ce n'est cependant que depuis
un temps récent que les historiens s'intéressent au règne de Louis le Pieux en tentant
de s'affranchir des préjugés négatifs souvent attachés au souvenir d'un prince humilié
par ses fils et accusé d'avoir mené l'empire à son éclatement. Mais l'attention érudite
s'est pour l'essentiel portée sur l'histoire politique et sur celle des idées politiques ou
politico-religieuses. Les conditions concrètes du gouvernement et, plus spéciale-
ment, les Hommes qui le servirent sont quelque peu restés dans l'ombre 3 . C'est cette
lacune historiographique que je voudrais contribuer à combler par la présente étu-
de 4 . Son principal objet est par conséquent d'ordre prosopographique: il s'agit de
1 Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 295:... régnante iam tune Ludowico pio... post bellicosumpatrem David
Salemone pacifico...
2 Cf. SCHIEFFER, Herrscherbeiname.
3 La nouvelle manière d'appréhender le règne de Louis le Pieux fut inaugurée par GANSHOF, Louis the
Pious reconsidered, et SCHIEFFER, Krise. Parmi les études particulièrement représentatives de l'habi-
tude qu'ont les historiens d'aborder le règne de Louis le Pieux sous l'angle de l'histoire religieuse, on
peut citer celles de NOBLE, Monastic ideal, de M C K E O N , Empire, et de LE MAÎTRE, Image. J'ai pré-
senté les dernières tendances de la recherche dans DEPREUX, Louis le Pieux reconsidéré?
4 Etant donné que notre information est à la fois fragmentaire et lacunaire, particulièrement en ce qui
concerne les personnes laïques pendant le haut Moyen-Age, il m'a fallu faire flèche de tout bois. Par
conséquent, j'ai eu recours à des sources de natures (et parfois d'époques) tellement différentes qu'il
serait incongru d'en proposer une présentation. Les principales sources carolingiennes font d'ailleurs
l'objet d'une analyse dans LÖWE, Karolinger, et dans la série de la Typologie des sources du Moyen
Age Occidental publiée par l'Institut d'Etudes Médiévales de l'Université de Louvain. Lorsqu'une
source présentera un caractère douteux en raison de sa teneur ou de sa date, je l'indiquerai au fur et à
mesure de mon étude. Deux textes fondamentaux pour l'étude du règne de Louis le Pieux ont tout ré-
cemment fait l'objet d'une nouvelle édition: Thegan, Die Taten Kaiser Ludwigs (Gesta Hludowici
imperatoris); Astronomus, Das Leben Kaiser Ludwigs (Vita Hludowici imperatoris), éd. et trad.
Ernst TREMP, München 1995 (M.G.H. SS. rer. Germ., 64). Pour des raisons de délai, les citations dans
le présent ouvrage n'ont pas pu être faites d'après cette édition: j'ai donc eu recours à celle de G. H .
Pertz. Le nom des villes étrangères est francisé selon l'usage. Quant aux noms de personnes, j'ai adop-
té un parti qui tend à faire prévaloir une transformation du nom (le plus souvent d'origine germani-
que et latinisé) tenant compte des traditions les plus fortes au sein de la production historiographique
française (par exemple, je parle de Rico«in, mais j'appelle l'abbé de Saint-Denis Hildwin) ou interna-
tionale (je transforme par exemple Guntbaldus en Gombaud et Ragambaldus en Ragambaud, mais
j'enlève simplement sa terminaison latine à Grimald, car c'est sous ce nom que l'abbé de Saint-Gall est
connu dans les ouvrages de langue allemande, prépondérants pour l'étude de cet individu). Toute
transformation des noms est une trahison de leur caractère. Je me suis par conséquent efforcé de ne
2
ayant présidé à ma démarche fut le souci de mettre en lumière les situations de proxi-
mité vis-à-vis de Louis le Pieux (il est difficile de prouver que telle personne était un
familier de l'empereur: la présence au Palais ne suffit bien souvent pas car il faut que
l'on ait trace de l'influence exercée) ou de délégation exceptionnelle du pouvoir. La
durée dans le temps n'est pas un critère: telle intervention unique peut s'avérer plus
intéressante qu'une présence routinière à la cour; elle illustre alors le recours ponctu-
el à des spécialistes. Mais le Palais n'était pas seulement un lieu de décision, il était
également un lieu de formation: j'ai par conséquent recensé les quelques personnes
dont on sait qu'elles furent »nourries« à la cour 10 .
Pour établir la liste des personnages qui m'intéressaient, eu égard à la difficulté de
proposer une définition positive de l'entourage du prince, c'est à des définitions né-
gatives que j'ai eu recours: en effet, c'est en procédant par élimination, en détermi-
nant ce que ces individus n'étaient pas, que je pouvais espérer cerner les caractéris-
tiques de ce groupe - de ces groupes, devrait-on dire, car on observe une grande di-
versité parmi les cas étudiés11. Ainsi, dans cette prosopographie qui compte 280
notices, seules les personnes pour lesquelles on dispose d'indices irréfutables ont été
prises en compte 12 . J'ai toutefois assoupli mes critères pour les individus ayant fré-
quenté Louis pendant son règne en Aquitaine. En effet, il m'a semblé préférable de
traquer tous ceux qui, à un titre ou à un autre, avaient été en mesure d'exercer une
certaine influence sur le jeune roi, même s'ils ne sont pas explicitement attestés dans
un rôle de »conseiller«13; bref, j'ai cherché à connaître tous ceux qui étaient suscep-
s'apparenter à celle d'un missus, mais pour qui le cloute subsiste. C'est pourquoi, sauf exception dû-
ment justifiée, je n'ai retenu que les individus explicitement attestés comme missi. Pour un exemple de
personnes qui, peut-être, accomplirent une mission proche de celle dont des missi pouvaient être
chargés, mais qui furent écartées de cette prosopographie, cf. le mandement de Louis le Pieux édité
dans Doc. dipl. Saint-Bénigne, n° 34, p. 69.
10 Parmi les individus étudiés dans cet ouvrage, on compte environ vingt-cinq personnes ayant été édu-
quées à la cour, dont plus de la moitié sous le règne impérial de Louis le Pieux (le numéro précédant le
nom des nutriti est celui de la notice prosopographique correspondante). Pour le règne de Pépin le
Bref: 43. Vitiza, alias Benoît d'Aniane. Pour le règne de Charlemagne: 17. Adhémar, un connutritus de
Louis le Pieux; 30. Anségise (?); 51. Bernold; 78. Ebbon, le frère de lait de Louis le Pieux - en fait, Eb-
bon (de même d'ailleurs qu'Adhémar) ne fut pas »nourri« à la cour de Charlemagne, mais à celle du
roi d'Aquitaine, cf. Ermoldus, Elegiacum carmen, IV, v. 1908 sq., p. 146: Nam Hludowicus enimpuer-
um nutrirat eundemj Artïbus ingenuis fecerat esse catum; 82. Eginhard; 104. Fridugise; 125. Grimald;
194. Loup Sanche; 215. Raban Maur. En outre, Walcaud possédait la facilité d'élocution des étudiants
formés à la cour, comme l'atteste Jonas d'Orléans dans une lettre à l'évêque de Liège:... cum adsit vo-
bispalatina scolasticomm facundia ... (Epistolae variorum 2, n° 30, p. 348). Pour le règne de Louis le
Pieux: 26. Aldric (II); 37. l'Astronome (au cas où il ne serait pas 73. Dicuil); 47. Bern; 75. Drogon; 100.
Francon; 145. Héribaud; 159. Hincmar; 165. Hugues (II); 221. Rampon; 245. Ruadbern; 261. Théo-
déric; 272. Warin (I); les fils de l'empereur, du moins explicitement 192. Louis (en effet, Louis le Pieux
retint son fils homonyme auprès de lui jusqu'en 825) et 63. Charles (Charles est de nombreuses fois
attesté à la cour durant son enfance; ce n'est qu'à la faveur de la crise politique ayant occasionné son
éloignement de l'empereur qu'il fut mis en résidence surveillée dans un monastère).
11 Pour une période beaucoup plus tardive, BALDWIN, King's Council, p. 10 sq., avait également souli-
gné la diversité des personnes appelées à conseiller le roi.
12 Je me suis d'ailleurs montré d'autant plus sévère que l'individu étudié s'avérait célèbre. Quelques cas
assez difficiles, dont le nombre est toutefois peu élevé, ont été exposés en annexe n° 3, en raison de
l'intérêt qu'ils présentent.
13 C'est par exemple le cas d'Aton - cf. la notice n° 38.
4
tibles de lui avoir appris son métier de roi 14 . C'est à ce titre que j'ai également retenu
les chefs de guerre ayant pris part aux campagnes du jeune Louis; mais seulement les
chefs, point tous ceux qui s'illustrèrent dans les combats. C'est pourquoi l'on doit
par exemple laisser de côté le pourfendeur de Sarrasins que fut l'aprisionnaire Jean15,
une personnalité locale16, qui devint en 814 le vassal de Louis le Pieux 17 après avoir
été celui de Charlemagne 18 et sur lequel on possède une documentation assez abon-
dante 19 .
En revanche, lorsqu'on aborde le règne proprement impérial de Louis le Pieux,
une grande rigueur est de mise: il faut que l'influence auprès de l'empereur soit indé-
niable ou que l'on puisse trouver mention d'un titre dans les sources. Il n'y a pas lieu
de justifier ici le rejet de chacune des personnes écartées, même si certains choix peu-
vent, de prime abord, sembler surprenants (que l'on pense par exemple à l'archevê-
que de Lyon, Agobard). Il peut en effet arriver qu'un évêque soit qualifié de »person-
nage très important sous Charlemagne et Louis le Pieux«20 alors que cette assertion
est en partie fausse. Ainsi en va-t-il de l'évêque d'Amiens, Jessé. En fait, le rang élevé
d'un individu ne laisse aucunement préjuger de la confiance dont il jouissait auprès
du prince. La marque de confiance seule ne suffit donc pas: il fallait soit qu'elle con-
duisît l'empereur à conférer une charge aulique à l'individu distingué par lui ou à
l'investir d'une mission particulière, soit qu'elle permît à cet individu d'exercer une
influence sur le gouvernement 21 . En outre, la présence d'une personne à la cour n'est
pas synonyme de sa participation au conseil du prince. L'évêque Félix, généralement
identifié comme évêque de Quimper 22 , fut à ce propos sujet d'une méprise. Il se trou-
vait à Thionville, en 83423, avec l'évêque Hermor 24 , lorsque Conwoion vint deman-
der à Louis le Pieux la confirmation de la donation, par Nominoé, de la plebs de
14 II convient toutefois de souligner une chose: outre les individus qui vivaient auprès du roi d'Aquitai-
ne, je ne me suis intéressé ici qu'aux personnes dont Louis avait sollicité le conseil, ce qui explique
qu'Alcuin ou Dadon aient été retenus (cf. les notices n° 23 et n° 68), mais pas Angilben, en dépit de
son envoi à Louis du De doctrina christiana de saint Augustin, accompagné d'un poème de dédicace
(à ce propos, cf. RABE, Faith, p. 76 sqq.).
15 Dipl. Karol. 1, n° 179, p. 241 sq. Sur ce personnage, cf. SALRACH, Défrichement, p. 143; DUHAMEL-
AMADO, Poids de l'aristocratie, p. 94 sq.
16 II est mentionné en 812 parmi les Ispani de vestra ministeria dans le Praeceptum pro Hispanis.
17 B.M. 567(547).
18 Dipl. Karol. l,n° 179, p. 242.
19 Cf. Actes de Charles le Chauve, tome 1, n° 43, p. 119 sqq., et surtout Enquête de Fontjoncouse.
20 DUCHESNE, Fastes, tome 3, p. 129. C'est ainsi que l'auteur commence sa notice sur Jessé.
21 La promotion de personnages à de hautes charges était certes un gage de confiance de la part de l'em-
pereur. Ce n'est cependant pas une condition suffisante pour que l'on puisse retenir les individus ho-
norés de la sorte. Il peut par exemple s'agir de personnes ayant appartenu au (ou à un) Palais de (ou
sous) Charlemagne et auxquelles Louis le Pieux accorda sa confiance, bien qu'elles perdissent leur
charge aulique sous son règne: Suppo fut dans ce cas.
22 DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 370 sq. Selon POULIN, Dossier hagiographique, p. 151 et p. 153, cette
identification n'est pas assurée.
23 B.M.930(901)a.
24 Cf. la notice n° 149.
5
Bains à l'abbaye de Redon. D'aucuns pensent que la requête de Conwoion »fut ap-
puyée par deux évêques sympathisants, déjà présents à la cour« 25 , en l'occurrence
Hermor et Félix; mais en réalité, seule l'intervention de Hermor est attestée26.
Certes, Agobard ou Jessé s'opposèrent à Louis le Pieux. Cependant, la fidélité à la
cause de l'empereur pendant la crise qui marqua son règne ou, plus simplement, la
conformité de l'action pastorale d'un évêque à la ligne définie par Louis ne s'avèrent
inversement pas des critères suffisants pour que l'on considère ces évêques comme
des membres de l'entourage impérial: dans le premier cas, l'exemple de l'évêque de
Coire, Vérendaire, et dans le second, celui de l'évêque de Liège, Walcaud, le prou-
vent. C'est pourquoi les personnages qui ne s'illustrèrent que par leur fidélité à l'em-
pereur (fidélité proclamée solennellement, fidélité telle que Louis le Pieux jugea utile
de la récompenser) n'ont pas été retenus: ils agissaient mus par le sentiment de devoir
que l'empereur était en droit d'attendre de la part de chaque sujet - tel est ce que l'on
peut supposer à propos de Pépin, le fils de Bernard d'Italie, ou du comte Eckard. En
outre, un contact épistolaire assidu avec l'empereur et les plus illustres membres de la
cour, l'exercice d'un commandement militaire important ou, même, des liens de pa-
renté avec Louis le Pieux ne laissent en rien présumer de l'appartenance à l'entourage
du souverain.
Bien souvent, c'est l'absence d'information précise sur un individu qui interdit
qu'on le prenne en compte. Parfois, on ignore à quel titre une action fut accomplie.
D'autres fois, les données chronologiques sont trop lâches. Parfois encore, on ignore
si un personnage dont la fonction suppose le service du prince s'y prêta effective-
ment. Il est d'autre part des personnes qui ont été comptées à tort parmi les membres
du Palais de Louis le Pieux; ainsi Gotabert 27 , présenté comme praeceptorpalatii alors
que la seule source nous étant parvenue à son sujet n'autorise en rien une telle affir-
mation 28 . Ici encore, les incertitudes sont imputables au manque de précision de cer-
taines sources - d'où, parfois, la tentation pour l'historien de privilégier l'hypothèse
dans l'analyse.
Signalons pour finir deux limites à ce travail. D'une part, étant donné que je dési-
rais porter mon attention essentiellement sur l'action des individus étudiés et sur leur
participation au gouvernement, je n'ai pas privilégié l'étude des origines familiales. A
l'occasion, j'indique à quelle famille se rattache tel ou tel individu, mais je n'ai pas
entrepris de nouvelles enquêtes à ce propos: la présente étude ne s'inscrit ni dans le
cadre de la »Stammesforschung«, ni dans celui des recherches sur le contexte social
de cette haute époque 29 . L'autre limite à ce travail est d'ordre chronologique. Eu
25 POULIN, Dossier hagiographique, p. 151.
26 Gesta s. Rotonensium, p. 139.
27 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 74.
28 Walahfridus, Carmina, n° 35, p. 386 sq. Le passage Noster eris ne permet pas non plus d'affirmer que
Gotabert se rendit réellement au Palais de Louis le Pieux et qu'il y demeura.
29 J'ai bien conscience de la force des liens du sang dans les rapports de pouvoir et il conviendrait de re-
prendre cette étude dans un cadre chronologique plus large pour apprécier, tout au long de la période
carolingienne, la participation au gouvernement des membres de telle ou telle famille. A ce propos, je
me permets de signaler que je n'ai pas pu utiliser le livre de Régine LE JAN, Famille et pouvoir dans le
monde franc (VIIe-Xe siècle). Essai d'anthropologie sociale, Paris 1995, paru lors de la révision de
mon manuscrit; cette thèse d'Etat avait fait l'objet d'une présentation sous le titre de Structures de pa-
renté et pouvoirs dans l'aristocratie, entre Loire et Rhin (VIIe-Xc siècle), dans la Revue du Nord 76
(1994) p. 401-408. L'étude de l'individu en soi et de son action n'est toutefois pas injustifiée, car les in-
6
égard à la difficulté que présente une enquête prosopographique large30, l'action des
contemporains de Louis le Pieux n'est étudiée que jusqu'en 840, c'est-à-dire jusqu'à
la mort de l'empereur. Dans la mesure du possible, il est fait référence à d'autres tra-
vaux pour les années ultérieures. Par ailleurs, ce travail a été entrepris dans une pers-
pective qui dépasse le cadre de cette publication et qui a pour objet non seulement
l'étude du gouvernement de Louis, mais celle du gouvernement royal durant la péri-
ode carolingienne. Il s'agit par conséquent ici essentiellement d'un instrument de tra-
vail qui, je l'espère, sera utile à d'autres, et non d'une synthèse. Je ne traiterai pas ici
du gouvernement de Louis le Pieux, bien que chaque notice ait été écrite dans l'es-
poir de le mieux comprendre. Néanmoins, il convient de mettre en exergue deux as-
pects au coeur de mon enquête, deux questions qui en sont la raison d'être et que je
présenterai dans la première partie de cet ouvrage.
En premier lieu, il faudra faire le point sur le Palais carolingien et voir ce que l'étu-
de des membres du Palais de Louis le Pieux nous apprend de cet appareil d'Etat.
J'emploie intentionnellement ce mot, car l'on sait que le thème de l'idée d'Etat sous
les Carolingiens a fait couler beaucoup d'encre 31 et que la question semble à certains
égards rester ouverte: d'aucuns refusent en effet aux contemporains de Charlemagne
et de Louis le Pieux la capacité d'appréhender une telle notion 32 alors que d'autres
vont jusqu'à affirmer que le terme de regnum signifiait »Etat«33. En fait, il ne semble
pas possible de négliger l'importance du concept de res publica™ - notamment sous
Louis le Pieux35, ce qui a d'ailleurs donné l'occasion à un chercheur de consacrer un
ouvrage entier à la »l'idée d'Etat« sous cet empereur 36 . Le témoignage de Nithard
montre en particulier que l'idée de »bien commun« n'était alors pas ignorée 37 . C'est,
à mon sens, l'élément décisif qui doit nous faire reconnaître l'existence de la notion
d'Etat aux temps carolingiens: en dépit du caractère a priori dirimant de l'assimilati-
on de la domus royale à l'administration du royaume 38 et du risque d'anachronisme
qu'une telle qualification recèle39, il est permis de parler d'Etat à propos du gouver-
nement carolingien, même si l'on n'a là que l'origine d'un phénomène en devenir40.
Cela n'excluait cependant pas que le Palais fonctionnât avec une certaine souples-
se, ce qui contribue à en rendre l'étude ardue. Les contours assez mouvants des attri-
butions des divers membres du Palais et, dans un sens plus large, de l'entourage du
prince sont principalement dus à l'importance accordée aux capacités, aux relations,
térêts particuliers allèrent parfois contre les intérêts du groupe ou du clan familial. La fin du règne de
Louis le Pieux et le conflit, latent, qui éclata à la mort de l'empereur le prouvent éloquemment.
30 Que Ton pense par exemple au destin du projet P.R.O.L. exposé dans Francia 1 (1973) p. 25.
31 Le débat est ancien, cf. notamment HALPHEN, Idée d'Etat; MAYER, Staatsauffassung. Exposé des di-
verses tendances dans KELLER, Staatlichkeit.
32 C'est le cas pour FRIED, Herrschaftsverband.
33 Cf. GOETZ, Regnum.
34 Cf. LIEBESCHÜTZ, Rationalismus, p. 37 sqq.
35 Cf. SASSIER, Concept romain; SASSIER, Res publica en France du Nord, p. 80 sq.
36 WEHLEN, Geschichtsschreibung.
37 Cf. DEPREUX, Nithard, p. 153 sqq.
38 A ce propos, cf. OEXLE, Haus, p. 111 sqq.
39 Cf. BOSHOF, Königtum, p. 1: »Der Begriff 'Staat' erscheint uns nicht entbehrlich und legitim ver-
wendbar, wenn mit dem charakterisierenden Zusatz 'mittelalterlich' oder der zeitlichen Präzisie-
rung ... verdeutlicht wird, daß er nicht von den Kategorien des modernen Staates her definiert ist«.
40 Cf. MITTEIS, Staat, p. 2 sq.
7
41 Cf. WEST, Justiciarship, p. IX: »It is almost a cliché to say that the man was always more important
than the office in the early Middle Ages, and that therefore the importance of an office varied with
closeness of its holder's relations with the king and perhaps with his feudal significance«.
42 L'importance de la dimension personnelle dans la nature des liens unissant au roi les membres de son
entourage a été récemment soulignée lors du colloque »Deutscher Königshof, Hoftag und Reichstag
im späteren Mittelalter (12.-15. Jahrhundert)«, organisé par le »Konstanzer Arbeitskreis für mittel-
alterliche Geschichte« en octobre 1992.
43 Cf. Pétat des recherches présenté dans DEPREUX, Louis le Pieux reconsidéré?
44 Cf. WALLACE-HADRILL, Frankish Church, p. 226: »The reign of Louis the Pious was the testing-
time of the Carolingian experiment in Christian rénovation.
45 Comme le notait JOLLIFFE, Angevin Kingship, p. 6, ce qui comptait, c'était moins d'appartenir à
l'hôtel du roi que de jouir de sa familiaritas et de ce que cela impliquait.
9
I. PALAIS O U E N T O U R A G E ?
D'emblée, il convient d'expliquer pourquoi, dans le titre de cet ouvrage, il est fait
référence à »l'entourage« de Louis le Pieux, et non à son »Palais«. C'est l'objet de ce
premier chapitre.
litique8) n'est qu'un artifice. De même, l'évincement des questions d'ordre matériel 9
est contraire à la démarche historique; mais il est nécessaire pour permettre, à l'inver-
se, d'étudier en détail les questions afférentes à l'étude du gouvernement, ou plus
exactement: au recours aux Hommes. C'est par conséquent avec pleine conscience
du caractère partiel de cette étude que je m'engage sur cette voie.
La conception que les historiens peuvent avoir du Palais a évolué au fil des recher-
ches. E. Perroy s'était élevé avec vigueur contre une conception trop moderne - et
donc anachronique: »c'est à peine si, avec les services du chancelier, du chambrier, du
comte du Palais, on peut déceler l'existence de quelques bureaux rudimentaires, ré-
duits à une poignée d'employés subalternes«10. L. Halphen, plus mesuré et conscient
de ce que l'empereur n'avait »pour le seconder dans sa tâche qu'une administration
centrale des plus rudimentaires« 11 , parlait simplement de »quelques services spécia-
lisés«12. C'est actuellement la conception d'une organisation relativement souple qui
prévaut, comme l'illustre le jugement de R.-H. Bautier: »on a conçu le Palais comme
un ensemble de services, sinon de bureaux, aux attributions fixes et disposant d'un
personnel plus ou moins spécialisé. Ces vues de juristes sont loin de répondre à la
réalité d'une époque où tout reposait, dans le flou général des institutions, sur le
pragmatisme, la fidélité personnelle, la familiarité que des hommes, prêts à être uti-
lisés dans les circonstances les plus diverses, avaient avec le souverain lui-même et les
'grands' de son entourage« 13 . Tout récemment, dans son exposé de l'état de la recher-
che sur l'époque mérovingienne, R. Kaiser a aussi proposé une définition du Palais
relativement large14.
Or, les divergences d'interprétation portent également (et surtout) sur la qualité
des membres du Palais: il en va de la nature publique ou privée de ce que N . Fustel de
Coulanges ne parvenait pas à définir mieux que par »un ensemble d'hommes, un per-
sonnel qui entoure le roi, et qui, s'il se déplace, se déplace avec lui«15. Contrairement
à F.-L. Ganshof, qui se rendait à l'évidence que »les institutions centrales du royaume
et l'entourage du roi, c'est tout un« 16 , E. Perroy, qui observait la même réalité sous
un autre angle, voulait réduire le Palais à »l'ensemble de la domesticité privée« du
souverain17. N . Fustel de Coulanges avait certes noté »un mélange et une confusion
des services domestiques et des fonctions publiques« 18 , mais pour lui, l'aspect public
l'emportait 19 . Je me range à son avis, en raison d'un troisième sens du terme depala-
tium, cette fois purement politique: il me semble en effet, comme je le montrerai plus
loin, que lepalatium et l'assemblée desproceres ne différaient pas en nature 20 .
C'est ce que laisse entendre Hincmar dans son traité De ordine palatii, qui avait
pour objet de dépeindre les conditions d'exercice d'un regimen regni plaisant à Dieu
et, ainsi, heureux 21 : pour l'archevêque de Reims, l'exercice du pouvoir s'exerçait par
le biais de deux institutions 22 , le Palais23 et les assemblées générales24. Après avoir
décrit le premier, Hincmar - et avant lui vraisemblablement Adalhard 25 - étudiait la
structure des secondes26. Certains historiens s'en inspirèrent. Ainsi, contrairement à
N. Fustel de Coulanges, qui disposa sa présentation du Palais selon son propre gré27,
G. Waitz (qui ne négligeait toutefois pas les autres sources28) se conforma à l'esprit
du traité De ordine palatii et il étudia de manière conjointe l'organisation du Palais
carolingien et les assemblées générales29. Cela est d'autant plus patent qu'il avait
traité séparément du Palais et des assemblées dans le tome consacré à l'époque méro-
15 FUSTEL DE COULANGES, Transformations, p. 322.
16 GANSHOF, Institutions, p. 360.
17 PERROY, Monde carolingien, p. 192. De même pour FÉDOU, Etat, p. 19, l'Etat était alors »le plus sou-
vent ravalé au rang de resprivata du chef«.
18 FUSTEL DE COULANGES, Transformations, p. 336.
19 Ibid., p. 335: »Ces titres de services domestiques ... ne doivent pas faire illusion. Les fonctions ne
sont domestiques que par un côté. En effet, les documents montrent sans cesse que les hommes ap-
pelés bouteillers, échansons, sénéchaux, chambriers, chefs d'écurie, remplissent fréquemment des
fonctions de tout autre nature«.
20 Cela est d'ailleurs comme pressenti par NELSON, Kingship, p. 219.
21 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 20 sq. p. 34.
22 Ibid., 1. 222 sq. p. 54:... du ab us princip aliter divisionibus totius regni statum constare anteposito sem-
per et ubique omnipotentis Dei iudicio.
23 Ibid., 1. 225 sq. p. 56: Primam videlicet divisionem esse dicens, qua assidue et indeficienter régis pala-
tium regebatur et ordinabatur...
24 Ibid., 1. 226 sqq. p. 56:... alteram vero, qua totius regni status secundum suam qualitatem studiosissi-
meprovidendo servabatur.
25 II n'y a plus lieu de douter de l'existence du traité d'Adalhard, dont Hincmar affirme s'être servi
(Hincmarus, De ordine palatii, 1. 218 sqq. p. 54), comme le faisait HALPHEN, De ordine palatii.
SCHMIDT, Hinkmars De ordine palatii, avança plusieurs raisons de croire à l'existence de ce traité.
Certains furent convaincus par sa démonstration (telle KASTEN, Adalhard, p. 73 sq.). Il faut cepen-
dant mettre un bémol à certaines affirmations, comme le soulignèrent LÖWE, Hinkmar, p. 198 (à
propos des questions de style), ainsi que BRÜHL, Hinkmariana, p. 52, et METZ, Drei Abschnitte, p.
272 sq. (à propos du titre »original« du traité d'Adalhard). Quoi qu'il en soit, il faut admettre que s'il
utilisa le traité d'Adalhard, Hincmar le fit de manière »fort libre« (GANSHOF, Institutions, p. 360 no-
te 77) et qu'il put avoir également recours à d'autres sources (cf. LÖWE, Hinkmar, p. 200).
26 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 466 sqq. p. 82 sqq.
27 FUSTEL DE COULANGES, Transformations, p. 322 sqq. L'auteur a consacré un chapitre séparé aux as-
semblées générales (ibid., p. 356 sqq.)
28 WAITZ, Verfassungsgeschichte, tome 3, p. 495 sq.
29 Ibid., p. 493 sqq.: »Der Hof und die Reichsversammlung«.
12
30 WAITZ, Verfassungsgeschichte, tome 2/2, p. 1 sqq.: »Die Beamten und der Hof«; p. 135 sqq.: »Die
Gerichts-, Heer- und Reichsversammlungen«.
31 BRUNNER, Rechtsgeschichte 2, p. 95 sqq.: »Der Hof des Königs und die Reichsverwaltung«.
32 Cf. SEYFARTH, Reichsversammlungen; pour le règne de Louis le Pieux, cf. ROSENTHAL, Public As-
sembly; sur l'époque suivante (en Francia orientalis), cf. WEBER, Reichsversammlungen. J'ai étudié
les divers plaids de Louis le Pieux dans DEPREUX, Gouvernement, tome 1, p. 149 sqq. Je publierai ail-
leurs une étude sur ces assemblées.
33 Ce point a été mis en évidence par HANNIG, Consensus fidelium.
34 A ce propos, cf. SCHUBERT, Reichshofämter; mais surtout WAITZ, Verfassungsgeschichte, tome 3, p.
493 sqq. On peut également, pour comparer avec les attributions aux temps ultérieurs, avoir recours
à LUCHAIRE, Institutions, p. 518 sqq,; LOT, FAWTIER, Institutions royales, p. 48 sqq. Cf. également
les notes infrapaginales de Hincmarus, De ordine palatii.
35 C'est ce que fit BRÜHL, Fodrum.
36 Cf. par exemple la notice n° 133, où je montre le sénéchal Gunzo à l'ouvrage. Mais un sénéchal pou-
vait également jouer un rôle politique de premier plan, comme ce fut le cas pour Adalhard (III), évo-
qué dans la notice n° 10.
37 D'ailleurs, dès la fin de la période carolingienne, on observe avec éclat le caractère essentiellement
politique que revêtait l'exercice des principales fonctions domestiques auprès du roi: ainsi, en 936,
les ducs assurèrent le service de table pendant le festin donné à l'occasion du couronnement d'Othon
1er (cf. Widukind de Corvey, Sachsengeschichte, II, c. 2, p. 66 sq.: il y est décrit comment les duces
ministrabant). On sait la fortune que connut cet usage, cf. SCHRAMM, König von Frankreich, p. 165
sqq.
13
1 Sur la chancellerie carolingienne, cf. SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 64 sqq.; BRESSLAU, Urkundenleh-
re, tome 1, p. 374 sqq.; TESSIER, Diplomatique, p. 39 sqq. La dernière mise au point est de BAUTIER,
Chancellerie. Pour quelques exemples de chancelleries issues de celle de Louis le Pieux, cf. JUSSELIN,
Chancellerie; KEHR, Kanzlei.
2 KLEWITZ, Cancellaria, p. 72 sqq. Désormais, je parlerai donc de la »chancellerie« en employant des
guillemets.
3 KLEWITZ, Kanzleischule, p. 226: »Die 'Kanzlei' ist keine Behörde, sondern ein Verband von Perso-
nen«.
4 La thèse récente de DICKAU, Kanzlei, n'est pratiquement d'aucune aide. J'ai fait part de mes réserves
dans DEPREUX, Kanzlei.
5 Cf. FICHTENAU, Archive, notamment p. 21 sqq. C'est principalement à propos des capitulaires qu'on
doit mentionner les archives sous Louis le Pieux (en raison de l'entreprise d'Anségise, cf. la notice
n° 30). Il ne semble pas que l'on puisse supposer un service important et bien organisé (cf. BRESSLAU,
Urkundenlehre, tome 1, p. 164). En effet, bien que la conservation d'un exemplaire du texte des capi-
tulaires promulgués fût parfois ordonnée (cf. BÜHLER, Wort, p. 288 sq.), ce n'est, selon certains, que
de manière limitée que cette mesure fut concrétisée (cf. MORDEK, Kapitularien, p. 37: cet auteur rap-
pelle la difficulté qu'Anségise eut à rassembler le texte des capitulaires - sa Collection ne les contient
d'ailleurs pas tous; MCKITTERICK, Written word, p. 35, évoque cependant l'éventualité, fort plausible,
que »his capitulary collection represents a systematic, deliberate and carefully structured sélection«).
Mais les carences peuvent aussi être imputées à la nature de ces textes (BÜHLER, Wort, p. 292: »Für die
Rechtskraft der Kapitularien war die Schriftfassung irrelevant«). L'on avait toutefois recours à l'ex-
emplaire conservé aux archives du Palais en cas d'incertitudes et de points douteux (ibid., p. 290). On
a en outre parfois la preuve que l'on était en mesure de produire des documents autrefois versés aux
archives du Palais. Ce fut par exemple le cas pour le procès verbal du synode de 829 ayant pour objet
la réforme du monastère de Saint-Denis, qui fut produit en 832 pour confondre certains moines con-
testataires. Cela est relaté dans le diplôme impérial du 26 août 832, B.M. 905(876), éd. Recueil des hist.
6, n° 175, p. 575 sqq. (notamment à la p. 578).
6 TESSIER, Diplomatique, p. 39.
7 SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 92. Cf. TESSIER, Diplomatique, p. 51.
14
on de l'édition critique des diplômes, entreprise par les M.G.H. 8 , pour prétendre à
une analyse sérieuse9.
Reprenant une idée avancée déjà par L. Perrichet 10 et s'élevant ainsi contre l'avis
d'une autorité comme Th. Sickel11, H. W. Klewitz refusait de considérer la »chancel-
lerie« comme un organe distinct de la Chapelle 12 . Cet auteur s'appuyait principale-
ment sur le résultat des travaux de M. Tangl13 et il présenta avec son analyse de la
célèbre scène de la visite d'école relatée dans les Gesta Karoli Magni 14 un argument
d'importance 15 . »Que les deux organismes de la Chapelle et de la Chancellerie ...
soient fondus en un seul organisme« 16 a donné lieu à discussion, voire objections
chez les maîtres de la diplomatique française17. O n préfère s'en tenir au fade énoncé
selon lequel, »ayant sous ses ordres et sa direction tout le clergé du palais, l'archicha-
pelain se trouve être le supérieur ecclésiastique du personnel de la chancellerie, per-
sonnel clérical recruté dans celui des chapelains«18. Récemment, R.-H. Bautier a né-
anmoins évoqué une séparation des deux services sous Louis le Pieux: »avec l'avène-
ment de Louis le Pieux et le développement des institutions administratives jusque-là
embryonnaires et mal différenciées la chancellerie acquiert son autonomie presque
complète à l'égard de la chapelle«19. Cet historien s'appuie sur le fait que »dans l'en-
semble des notes tironiennes conservées au bas des diplômes, celles qui mentionnent
une intervention des archichapelains Hilduin, abbé de Saint-Denis, et Drogon 'ar-
chevêque' de Metz, sont exceptionnelles«20. Pourtant, parmi la cinquantaine de di-
plômes de Louis le Pieux conservés en originaux sur lesquels on peut trouver des no-
tes tironiennes, on n'en compte pas moins de dix portant mention d'une intervention
de Hilduin lorsqu'il était à la tête de la Chapelle - en revanche, il n'est aucune fois
question de l'intervention de Hildebaud 21 . Par deux fois on trouve mention du nom
8 Les déboires que connut ce projet ont été exposés par JOHANEK, Probleme.
9 Cf. BAUTIER, Chancellerie, p. 6 note 1, qui, en raison de l'état peu satisfaisant des éditions jusqu'à
présent disponibles, ne porte guère son attention sur l'époque de Louis le Pieux.
10 PERRICHET, Grande Chancellerie, p. 42 sqq.
11 SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 101.
12 KLEWITZ, Cancellaria, p. 47 sqq. et p. 57. La »chancellerie« ne serait dès lors »nichts anderes als ein
Ressort, ein Aufgabengebiet der Hofkapelle« (FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 75).
13 TANGL, Tironische Noten, plus particulièrement la synthèse p. 162 sqq.
14 Notkerus, Gesta Karoli, lib. I, c. 4, p. 5: De pauperibus ergo supradictis quendam optimum dietato-
rem et scriptorem in capellam suam assumpsit.
15 KLEWITZ, Cancellaria, p. 57.
16 Léon LEVILLAIN, Compte rendu de KEHR, Kanzlei, dans M.A. 45 (1935) p. 38.
17 Outre le compte rendu de L. Levillain mentionné à la note précédente, cf. Georges TESSIER, Compte
rendu de FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, dans B.E.Ch. 117 (1959) p. 294 sq. Le savant accepta la défi-
nition de la »chancellerie« comme »Aufgabengebiet der Kapelle« concernant les règnes de Pépin le
Bref à Louis le Pieux, mais pas »en ce qui concerne Charles le Chauve et la chancellerie des Carolin-
giens français«. Un an plus tard, il formula de nouveau un jugement similaire: Compte rendu de
Theodor SCHIEFFER, Die lothringische Kanzlei um 900, D.A. 14 (1958) p. 18-148, dans B.E.Ch. 118
(1960) p. 214.
18 TESSIER, Diplomatique, p. 56. WAITZ, Verfassungsgeschichte, tome 3, p. 516, avait déjà noté: »Die
Kanzlei stand auch in einer gewissen Verbindung mit der Capelle«.
19 BAUTIER, Chancellerie, p. 12.
20 Ibid., p. 12 note 4.
21 Inventaire de ces mentions dans JUSSELIN, Mentions tironiennes. L'on ne compte qu'une seule men-
tion de l'(archi)chapelain de Charlemagne, dans un diplôme datant de 807: Hildebaldus episcopus ita
firmavit (ibid., p. 16).
15
nur die Auswirkung eines positiven Rechtsverhältnisses, das der Schutz des Königs schuf: er war es,
der die Kapellane der bischöflichen Gewalt entzog«.
37 Sur cette appellation, cf. Einhardus, Vita Karoli, c. 31, p. 88; Annales regni Franc, a. 829, p. 177.
38 FALKENSTEIN, Aachener Marienstift. Résumé de la controverse dans SCHIEFFER, Hofkapelle, p. 16
sqq.
39 FALKENSTEIN, Aix-la-Chapelle, p. 256.
40 FALKENSTEIN, Aachener Marienstift, p. 53 sq.
41 Cf. NOLDEN, Besitzungen, p. 226 sqq.
42 FALKENSTEIN, Aachener Marienstift, p. 132 sqq.
43 FLECKENSTEIN, Aachener Marienstift.
44 Cet auteur voulait retracer la »Geschichte der Hofkapelle« comme une »Geschichte der Institution«
(FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. VIII).
45 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 109 sq.: la Chapelle est censée avoir pris corps »durch die Institutio-
nalisierung bestimmter, für die Herrschaft unentbehrlicher Funktionen, vor allem eben des herr-
scherlichen Gottesdienstes und der schriftlichen Verwaltungstätigkeit«.
46 Ibid., p. 109: »Auf allgemeinste Weise läßt sich zunächst die Hofkapeile von hier aus umschreiben
als Herrschaftsinstrument des Königtums, dessen Zweck darauf gerichtet war, der Durchführung
der Herrschaft vom Hofe aus zu dienen«.
47 Episcoporum relatio, c. 32, p. 39 (= le douzième point de la Petitio des évêques en 829).
17
48 Cf. FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 91 sqq.: »der Funktionsbereich der Kapellane ging von Anfang
an über die gottesdienstliche Bestimmung hinaus« (citation p. 91). L'auteur n'affirme pas explicite-
ment que ces missions ou fonctions étaient exercées ex officio, mais on peut le déduire de ce qu'il af-
firme qu'elles faisaient partie de leurs attributions (»Funktionsbereich«) sans même se demander si
d'autres personnes pouvaient en être investies (en particulier des laïcs).
49 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 60.
50 Ibid., p. 61.
51 Dans les capitulaires, l'envoi de chapelains comme missi n'est ordonné qu'une seule fois, en une oc-
casion tout à fait significative. En 787, Pépin d'Italie décida l'envoi de missi (un moine et un chape-
lain) pour enquêter sur l'état des monastères et sur la règle qu'on y observait. Cf. Pippini capitulare
Papiense, c i l (M.G.H. Capit. 1, n° 94, p. 199). Il s'agissait à la fois d'une enquête sur la vie monas-
tique et de l'établissement d'un inventaire de biens.
52 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 92, mentionne notamment la surveillance de la frappe monétaire
(»Überwachung der Münzprägung«). On ne peut cependant que rester perplexe au regard des sour-
ces qu'il cite à l'appui de cette affirmation (note 326). Un examen rapide montrera le peu de crédit
que l'on doit prêter à cette affirmation. Tout d'abord, pour prouver la »Münzprägung in der Pfalz«,
l'auteur fait mention du Capitulare missorum in Theodonis villa datum secundum, c. 18 (M.G.H.
Capit. 1, n° 44, p. 125 - et non 122, comme l'indique J. Fleckenstein). Il y est certes question de la
frappe dans le(s) palais, mais aucunement d'un quelconque chapelain. Quant à la Constitutio Cari-
siacensis de moneta de 861 (M.G.H. Capit. 2, n° 271, p. 301), on ne voit pas non plus ce qu'elle nous
apprend quant aux responsabilités supposées d'un membre de la Chapelle concernant la frappe
monétaire. Il y est prescrit que le chancelier devait garder par-devers lui un exemplaire écrit de cette
décision d'ordre monétaire. C'est également ce souci d'archivage que souligne le Capitulare mis-
sorum Silvacense de 853, c i l (M.G.H. Capit. 2, n° 260, p. 274), que J. Fleckenstein mentionne aus-
si: Capitula autem avi et patris nostri, quae in praescriptis commemoravimus, qui ex missis nostris
non habuerint et eis indiguerint, ut commissa per Ma corrigere possint, sicut in eisdem capitulis iube-
tur, de scrinio nostro vel a cancellario nostro accipiant, ut rationabiliter et legaliter cuncta corrigant et
disponant. J. Fleckenstein n'a par conséquent aucunement prouvé que la surveillance de la frappe
monétaire dépendait des chapelains, ainsi qu'il l'affirme dans le corps du texte. L'auteur se réfère
également à SCHRAMM, Herrschaftszeichen 1, p. 290 (= »Goldmünzen aus der Königszeit Karls des
Großen«, p. 288 sqq.), qu'il convient de citer: »Bei den Kaiserdenaren ist durch die Gleichmäßigkeit
des Münzbildes und der Umschriften gesichert, daß der Hof die Prägung überwachte; vermutlich
war er überhaupt die treibende Kraft«. On n'y trouve aucune allusion aux chapelains.
53 Paschasius, Epitaphium, p. 66: Praesertim et militiam clericorum in palatio, quos capellanos vulgo
vocant, quia nullus est ordo ecclesiasticus, denotabat plurimum, qui non ob aliud serviunt, nisi ob ho-
nores ecclesiarum et questus saeculi, ac lucri gratiam sine probatione magisterii, atque ambitiones
mundi. Quorum itaque vita neque sub régula est monachorum, neque sub episcopo militât canonice,
presertim cum nulla alia tyrocinia sint ecclesiarum, quam sub bis duobus ordinibus. Sur la course aux
honneurs, cf. également Lupus, Correspondance, tome 1, n° 16, p. 97.
18
54 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 270 sq., p. 62: Omnem clerum palatii sub cura et dispositione sua re-
gebat.
55 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 65, releva ce titre, mais il n'en fit aucune analyse et n'en tira donc au-
cune conséquence.
56 Cf. la notice n° 114.
57 Sur les attributions de l'archidiacre, cf. LE BRAS, Institutions, vol. 2, p. 391: il est habituellement »le
premier ministre et le représentant de l'évêque« (ibid., p. 392), ce qui, à mon sens, tend à confirmer
l'analogie entre Parchichapelain et l'Ordinaire.
58 Cette chapelle était desservie par un clerc qu'il fallait rémunérer. Cf. Capitula ab episcopis in placito
tractanda, M.G.H. Capit. 2, n° 186, c. 1, p. 6. Sur les églises et le culte dominical, cf. CHÉLINI, Aube
du Moyen Age, p. 261 sqq.
59 Synodus Franconofurtensis, c. 38, p. 77: De presbyteris qui contumaces fuerint contra episcopos suos:
nequaquam communicentur cum clericis qui in capella régis habitant, nisi reconciliati fuerint ab epis-
copo s HO, ne forte canonica excommunicatio super eos exinde veniat.
60 Capitulare de villis, c. 6, p. 83: Volumus ut iudices nostri decimam ex omni conlaboratu pleniter do-
nent ad ecclesias quae sunt in nostris fiscis, et ad alterius ecclesiam nostra décima data non fiât, nisi
ubi antiquitus institutum fuit. Et non alii clerici habeant ipsas ecclesias, nisi nostri aut de familia aut
de capella nostra.
61 Libellus proclamationis adversus Wenilonem (14 juin 859), M.G.H. Capit. 2, n° 300, c. 1, p. 451:...
Weniloni tune clerico meo in capella mea mihi servienti...
62 Cf. Actes de Charles le Chauve, tome 2, n° 425, p. 451: Proinde quia divae recordationis imperator,
avus scilicet noster Karolus, cui divina Providentia monarchiam totius hujus imperii conferre dignata
est, inpalatio Aquensi cappellam in honore béate Dei genetricis et virginis Mariae construxisse ac cle-
ricos inibi Domino ob sue anime remedium atque peccaminum absolutionem pariterque ob dignita-
tem apicis imperialis deservire constituisse ... Charlemagne est censé avoir agi »par égard à la dignité
de la charge impériale« comme le traduit IOGNA-PRAT, Culte, p. 98. Il est à noter qu'ici aussi, le ter-
me capella désigne le bâtiment, non le collège des clercs.
63 Actes de Charles le Chauve, tome 2, n° 425, p. 451. A ce propos, cf. WALLACE-HADRILL, Charles the
Bald, p. 181 sq.
19
du Palais, qui au sortir de cette »école« pouvaient espérer une haute charge laïque ou
ecclésiastique, il y avait donc bien évidemment l'apprentissage de Pécriture.
L'enseignement au haut Moyen-Age a fait l'objet de travaux qui renouvelèrent
complètement l'état de nos connaissances77. Néanmoins, une grave lacune demeure.
En effet, l'attention des chercheurs se focalise sur l'éducation monastique 78 , et lors-
qu'ils en viennent à parler de la formation dans une »école externe«, c'est à propos de
futurs clercs séculiers instruits dans un monastère 79 . La formation des laïcs est bien
souvent exclue du débat scientifique. Or, d'aucuns pouvaient s'avérer instruits.
L'empereur lui-même, par exemple, »était fort savant en grec et en latin, mais il com-
prenait mieux le grec qu'il ne le parlait, alors qu'il pouvait parler le latin aussi natu-
rellement que sa langue maternelle. Il connaissait parfaitement le sens allégorique,
moral et anagogique de toutes les (Saintes) Ecritures. (En revanche), les poèmes
païens 80 qu'il avait appris dans sa jeunesse, il les rejeta: il ne voulut plus ni les lire, ni
les entendre, ni les réciter81«. Cependant, Louis le Pieux, promoteur des lettres82, ne
fut pas éduqué dans un monastère - bien au contraire! Il y aurait par conséquent
grand intérêt à entreprendre une enquête de fond sur la formation des laïcs à l'épo-
que carolingienne, car si l'on considère que ces derniers étaient instruits à l'époque
mérovingienne, on tend traditionnellement à considérer le VIII e siècle comme une
période de déclin culturel. En témoigne la manière dont G. Tessier expliquait le fait
que les services de la »chancellerie« royale, dont le personnel était laïc aux temps
mérovingiens 83 , furent confiés à des clercs par Pépin le Bref84. La formation des laïcs
revêtait cependant un caractère indispensable: il en allait tout simplement de la possi-
bilité d'administrer le royaume 85 . Or, cette formation, à l'instar de ce qui se faisait à
mulae imperiales, n° 7, p. 292: Omnibus episcopis, abbatibus, abbatissis, comitibus, vicariis, centena-
riis seu reliquis fidelibus nostris) fût sans rapport avec les réalités de l'époque. Il fallait également que
les mandements fussent non seulement lus, mais compris: cela nécessitait une formation.
86 A ce propos, cf. KAISER, Römisches Erbe, p. 90. Pour un exemple précis d'évêque formé à la cour
mérovingienne, cf. DURLIAT, Attributions civiles. Pour une approche plus large, cf. HEINZELMANN,
Studia sanctorum.
87 Cf. WERNER, Formation, dont l'exposé des connaissances en ce domaine montre l'intérêt prononcé
des historiens pour les temps mérovingiens, au détriment des siècles ultérieurs.
88 Cf. FLECKENSTEIN, Hof, p. 41 sqq.
89 Cf. BRUNHÖLZL, Bildungsauftrag, p. 28 sq.
90 Cf. Hincmarus, De ordine palatii, 1.451 sqq., p. 80 sqq.: Alter ordoper singula ministeria in discipulis
congruebat, qui a magistro suo singuli adhaerentes et honorificabant et bonorificabantur locisque
singuli suis, prout oportunitas occurrebat, ut a domino videndo vel alloquendo consolarentur.
10 Cf. par exemple le diplôme pour Abraham, B.M. 807(783), ou le Praeceptum negotiatorum, B.M.
851(825). A ce propos, ci. LAURENT, Marchands; GANSHOF, Praeceptum negotiatorum.
11 Sur cette dernière, cf. RICHE, Vie quotidienne, p. 109 sqq.
12 B.N., Paris, ms. lat. 4788. Sur ce manuscrit, cf. BÜHLER, Capitularia relecta, p. 367 sq.
13 Cf. GANSHOF, Capitulaires, p. 40 et note 149.
14 Cf. Capitulare de disciplina palatii, p. 297.
15 Ibid.: »circa 820?«
16 Littéralement: »inconnu«, si l'on veut bien corriger igrotum en ignotum (cf. Capitulare de disciplina
palatii, p. 298 note b).
17 Capitulare de disciplina palatii, c. 1, p. 298: Unusquisque ministerialispalatinus diligentissima inqui-
sitione discutiat primo homines suos etpostea pares suos, si aliquem inter eos vel apud eos igrotum ho-
minem vel meretricem latitantem invenire possit. Et si inventas homo aliquis vel aliquafemina hui-
Hsmodi fuerit, custodiatur, ne fugere possit, usque dum nobis adnuntietur. Et ille homo qui talem ho-
minem vel talem feminam secum habuit, si se emendare noluerit, in palatio nostro observetur.
Similiter volumus utfaciant ministeriales dilectae coniugis nostrae velfiliorum nostrorum.
18 Astronomus, Vita, c. 23, p. 619: His peractis, imperator omnem coetum - qui permaximus erat -
femineum palatio excludi iudicavit praeter paucissimas, quas famulatio regali congruas iudicavit. Les
soeurs de Louis durent également quitter la cour (ibid.) - à ce propos, cf. NELSON, Famille de Char-
lemagne, p. 210 sq.
19 Cf. par exemple la notice n° 81.
20 Cf. les notices n° 28, n° 193 et n° 270.
21 C'est tout ce que Ton sait sur ce personnage, cf. la notice n° 226.
23
à une inqtiisitio similaire de par son ministerium, c'est-à-dire dans les maisons de nos
esclaves {servi), tant à Aix que dans nos proches domaines attenant à Aix. Quant à
Pierre22 et Gunzo 23 , qu'ils agissent de même dans les chambres et les autres résiden-
ces de nos adores, et qu'Ernaud24 (se charge) des maisons de tous les marchands, tant
chrétiens que juifs, qui font du négoce sur le marché ou ailleurs. Que le mansionarius
et ses assistants fassent de même dans les habitations des évêques, des abbés et des
comtes qui ne sont pas adores et chez nos vassaux: (qu'ils le fassent) au moment où
ces seigneurs ne se trouvent pas dans leur maison«25. On constate ici la rigueur avec
laquelle Louis entendait réformer les moeurs de la cour. Pour éviter toute fraude
chez les puissants, c'est justement lorsque le maître des lieux était absent que l'on de-
vait procéder à la perquisition. Mais au-delà de son caractère anecdotique, cet article
s'avère fort riche quant aux diverses catégories de personnes ayant une mansio à Aix-
la-Chapelle. Il semble d'ailleurs que nombreux étaient les évêques, abbés, comtes ou
vassaux disposant d'une résidence près du palais, ce qui n'est en rien étonnant eu
égard aux multiples visites que certains devaient y faire26. Ratbert, en fonction de son
22 Cf. la notice n° 213.
23 Cf. la notice n° 133.
24 Cf. la notice n° 91.
25 Capitulare de disciplina palatii, c. 2, p. 298: Ut Ratbertus actorper suum ministerium, id est per do-
mos servorum nostrorum, tarn in Aquis quam inproximis villulis nostris ad Aquis pertinentibus simi-
lem inquisitionem faciat. Petrus vero et Gunzo per scruas et alias mansiones actorum nostrorum simi-
liter faciant, et Ernaldus per mansiones omnium negotiatorum, sive in mercato sive aliubi negotien-
tury tarn christianorum quam et Iudaeorum. Mansionarius autem faciat simili modo cum suis
iunioribus per mansiones episcoporum et abbatum et comitum qui actores non sunt et vassorum no-
strorum, eo tempore quando Uli seniores in ipsis mansionibus non sunt.
26 L'évêque de Toul, Frothaire, est attesté à plusieurs reprises à la cour, cf. la notice n° 106. On a par ail-
leurs de nombreuses mentions de déplacements jusqu'à la cour impériale, tel celui de cet André, évê-
que de Vicence, de Italia per gens adpalatium qui passa par la Bavière au retour (cf. Doc. dipl. Frei-
sing, tome 1, n° 400c, p. 344). Certains étaient convoqués au Palais, tel l'abbé de Fleury (cf. Adreval-
dus, Miracula, c. 28, p. 63: Bosoy abbas monasterii sancti confessons Benedict^ palatium evocatus
adierat); d'autres venaient tenter d'y régler leurs problèmes: ainsi, contigit, ut quidam diaconus
Romanae ecclesiae nomine Deusdonapro suis necessitatibus régis opem inploraturus adpalatium ve-
niret (Einhardus, Translatio, lib. I, c. 1, p. 240). Pour d'autres enfin, le voyage semblait une entrepri-
se si périlleuse qu'ils prenaient auparavant des dispositions testamentaires si ego mortuus fuissem in
isto itinere adpalatium eundo (Doc. dipl. Ratisbonne, n° 14, p. 13). Des abbés séjournaient à la cour,
tel celui de Charroux en 815 (cf. Claudius, Epistoiae, n° 2, p. 593 sq.). Il se peut d'ailleurs que le
séjour de l'abbé Juste ait duré plusieurs mois. Il est impossible de savoir si Juste participa au plaid de
Paderborn, B.M. 587(567)b, convoqué le 1er juillet 815, mais cela vaut la peine de se poser la questi-
on. En effet, Claude lui rappela dans une lettre qu'il lui avait passé commande d'un commentaire des
Evangiles. Cette commande, il la lui avait faite »(alors que) tu t'en allais et (que) ta Paternité quittait
le Palais dudit prince (c'est-à-dire de Louis le Pieux) pour le port sûr et aimé (que sera) toujours
pour toi ton monastère, en la 815e année de l'Incarnation de notre Sauveur, Jésus-Christ, après que le
pieux et très doux prince Louis, fils de la sainte Eglise catholique de Dieu, en la seconde année de son
règne impérial, eut dirigé l'armée contre les nations barbares, soutenu (qu'il était) par l'aide du ciel«
(Claudius, Epistoiae, n° 2, p. 593 sq.: Anno DCCCmo XVmo incarnationis salvatoris Iesu Christi
domini nostri, postquampius ac mitissimus princeps sanctae Dei ecclesiae catholicae filius Hludowicus
anno secundo imperii sui caelesti fultus auxilio advers us barbaras nationes movisset exercitum, te que
abeunte et discedente tuam paternitatem ex palatio iam dicti principis ad tutum dilectumque tibi
semper tui monasteriiportum iniunxisti mihi, ut aliquod dignum memoriae opusculum in expositione
evangelii ad legendum dirigerem fratribus monasterii vestri). Or, la présence de Juste est attestée à
Aix-la-Chapelle le 12 février 815: sur sa requête, le diplôme B.M. 573(553) fut alors donné en faveur
de son monastère. De la lettre de Claude, il appert que Juste était encore au Palais (c'est-à-dire éven-
24
tuellement à Aix, mais plus vraisemblablement à la cour qu'il aurait alors suivie dans son déplace-
ment en Saxe) à la fin de la campagne militaire de juillet. Juste était peut-être rentré à Charroux ent-
re-temps. Il est cependant également possible qu'il ait demeuré à la cour pendant tout le printemps.
Quant aux grands laïcs, ils devaient au moins se rendre au Palais pour faire commendatio au (nou-
veau) souverain et recevoir de lui leurs bénéfices (à ce propos, cf. Einhardus, Epistolae, n° 27, p. 123).
27 Cf. METZ, Karolingisches Reichsgut, p. 144 sqq.
28 Le terme de ministerium était également propre à désigner un comté par exemple. Ainsi, dans le di-
plôme B.M. 648(626), éd. Doc. dipl. Saint-Gall, tome 1, n° 226, p. 217 sq., on peut lire une énuméra-
tion de manses sis dans le ministerium de divers comtes (par exemple: in ministerio Frumoldi comi-
tis). Sur le ministerium de Yactor, cf. toutefois GOCKEL, Königshöfe, p. 208 sqq.
29 Cf. Hincmarus, De ordine palatii, 1. 305 sqq., p. 68: Nam quamvis praefati ministri unusquisque de
suo ministerio non sub alio velper alium, nisiper se ipsum solum regem, vel quantum ad reginam vel
gloriosam prolem régis respiciebant...
30 Capitulare de disciplina palatii, c. 3,4 et 5, p. 298.
31 Capitulare de disciplina palatii, c. 3, p. 298: Volumus atque iubemus, ut nullus de his qui nobis in no-
stropalatio deserviunt aliquem hominem propter furtum aut aliquod homicidium vel adulterium vel
aliud aliquod crimen ab ipso perpetratum et propter hoc adpalatium nostrum venientem atque ibi la-
titare volentem recipere praesumat...
32 D'ailleurs, dans un autre capitulaire, il n'est pas fait de différence entre la présentation des causes de-
vant (le comte présidant) un plaid et devant le comte du Palais, cf. Capitula de iustitiis faciendis, c. 4,
p. 295 sq.: Si homini cuilibet causam suam inplacito aut cor am comité palatio aliusfuerit inpedimen-
to et causam eius iniuste disputando inpedierit, tune volumus, ut sive cornes palatii seu cornes ipse in
comitatu suo iubeat eum exire foras ...
25
diculus«33 (cet indiculus était un ordre écrit donné à la partie adverse de se plier au ju-
gement rendu, sous réserve de la production de preuves contradictoires devant le
roi 34 ).
Voyons enfin la dernière disposition du capitulaire De disciplina palatii. Elle est
d'un intérêt tout particulier puisqu'elle permet de constater avec quelle fermeté l'em-
pereur entendait veiller au respect des mesures énoncées plus haut: »que chaque se-
maine, le samedi, nos agents et ministeriales fassent un rapport sur ce qu'ils ont fait
dans le cadre de cette inquisitio, et qu'ils aient diligemment enquêté et mené leurs in-
vestigations en toute sincérité sur ce qu'ils nous signalent pour que, si tel est notre
plaisir, ils soient capables d'affirmer (en mettant leur main) dans notre main qu'ils ne
nous ont rien rapporté d'autre que la vérité«35. Ce règlement avait pour objet d'assu-
rer l'ordre au sein d'une foule dont nous ne connaissons qu'une infime part: certains
des titulaires de charges auliques. C'est eux qu'il convient à présent de passer en re-
vue.
officiers du Palais:
86. Erlaud, sénéchal
117. Géry (I), fauconnier, attesté vers 813
membres de la »chancellerie«:
(archi)chanceliers:
143. Hélisachar, attesté de 808 à 819
104. Fridugise, attesté de 819 à 832
265. Théoton, attesté de 832 à 834
165. Hugues (II), attesté de 834 à 840
notaires38:
32. Archambaud, attesté de 778 jusqu'en 814/815
38 Les notaires dont le nom est suivi d'un ou deux astérisque(s) sont formellement attestés comme cler-
cs: * subdiaconus; ** diaconus.
27
officiers du Palais™:
chambriers (camerarii):
50. Bernard (H), attesté de 829 à 830
258. Tanculf, attesté en 832 (auparavant trésorier)
comtes du Palais (comités palatii):
271. Warengaud, attesté en 814/815
9. Adalhard (II), attesté de 822 à 824
111. Gébouin, attesté de 824 au plus tard à 838
53. Bertry, attesté en 826
7. Adalgise, attesté en 827
175. Jaston, attesté en 827
99. Foulques (II), attesté en 838
220. Rainier (II), attesté de 838 à 840
246. Ruadhart, attesté en 838
222. Rannoux, attesté en 840
sénéchaux (senescalci):
4. Adalbert (II), attesté en 816
133. Gunzo, attesté de circa 820 à 826
10. Adalhard (III), attesté de 831 à 839
échanson (buticularius):
92. Eudes (I), attesté en 826
connétables (comités stabuli):
39 J'énumère les officiers du Palais et les membres subalternes dans l'ordre dans lequel ils sont cités
dans Hincmarus, De ordine palatii, 1. 275 sqq., p. 64.
28
membres subalternes*2:
huissiers (ostiarii):
115. Gérung, huissier en chef43, attesté de 822 à 826/827
232. Richard (III), attesté de 831 à 833/834
19. Agbert, attesté en 839 avec le rang comtal
trésorier (sacellarius):
258. Tanculf, attesté de 821 à 826
responsable des aumônes (dispensator):
inconnu
responsable de la vaisselle (scapoardus):
inconnu
divers*:
précepteurs 45 :
66. Clément, prêtre, attesté jusqu'en 826
276. Wirnit, attesté comme magister paruulorum nostrorum46 en 827
25. Aldric (I)
266. Thomas
sous toute réserve: 73. Dicuil
archiviste47 (cartolarius):
264. Théothard, attesté avant 820/821
bibliothécaire (bibliothecarius):
116. Gerward, qualifié de clericus
responsable des travaux48:
40 Hincmar affirme qu'ils étaient au nombre de quatre: cf. Hincmarus, De ordine palatii, 1. 278, p. 64.
41 Astronomus, Vita, c. 56, p. 642: praefectus venatoribus regalibus.
42 Ce sont les alii ministerielles mentionnés dans Hincmarus, De ordine palatii, 1. 279 sqq., p. 64.
43 Annales regni Franc, a. 822, p. 159: Ostiariorum magister.
44 Hincmar fait mention d'assistants pour chacun de ces personnages (Hincmarus, De ordine palatii, 1.
281, p. 64:... vel quorumeunque ex eis iuniores aut decani fuissent...), ainsi que de diverses catégories
de chasseurs (cf. ibid., 1. 282, p. 66): il n'en est pas un du Palais de Louis dont nous connaissions le
nom. En revanche, Hincmar n'évoque pas les charges suivantes, dont nous connaissons toutefois les
titulaires sous Louis le Pieux.
45 DÜMMLER, Karolingische Miscellen, p. 116: Magister palatinus; Vita Aldrici, c. 4, p. 742: praeceptor
palatinus; Walahfridus, Carmina, n° 36, p. 387: praeceptor palatii.
46 B.M. 841(815), éd. Vet. script, ampl. collectio, col. 24 sq. (à la col. 25).
47 II se peut que cette fonction se confonde avec celle de trésorier, cf. la notice n° 264.
48 II a sous ses ordres Yexactor operum regalium (Gesta patrum Font., p. 94).
29
1 Cf. Episcoporum relatio, c. 32, p. 39: Depresbiteris et capellispalatinis contra canonicum auctoritatem
et aecclesiasticam honestatem inconsulte babitis vestram monemus sollertiam, ut a vestra potestate in-
hibeantur; quoniam propter hoc et honor ecclesiasticus vilior efficitur et vestri proceres et palatini mini-
stri in diebus sollemnibus, sicut decet, vobiscum ad missarum celebrationes non procédant. Nam et ob-
nixe deprecamur, ut...
2 On observe la même ambiguïté dans Theganus, Vita, c. 17, p. 594: Postea pontifex honoravit eum (=
Louis le Pieux) magnis honoribus et multis, et reginam ïrmingardam, et omnes optimates et ministros
eins.
3 Le verbe latin est à l'imparfait.
4 Translatio s. Baltechildis, lect. 7, p. 285: Nuntiantur autem haec sacra miracula Hludowico serenissimo
augusto et inpalatio tarn principibus quam et omnibus imperatori militantibus divulgabantur. Exultât
caesar, iocundantur principes, laetantur omnes et in honore tantae matris laudes attolunt.
5 II est hors de question de faire ici mention de toutes les occurrences des termes se rapportant au Palais
ou à l'entourage royal et de les étudier en détail. Je limite cette analyse aux principales sources concer-
nant le règne de Louis le Pieux et j'aurai recours à des sources d'autres époques dans le seul souci de
préciser l'étude, sans prétendre à l'exhaustivité.
6 Cf. ZÖLLNER, Geschichte der Franken, p. 132 sq.
7 Cf. GAFFIOT, Dictionnaire, p. 348.
8 Cf. Tacite, La Germanie, texte établi et traduit par J. PERRET, Paris 1983 (3e éd.), p. 47 sqq.
9 Ibid., p. 79 (c. 13): Gradus quin etiam ipse comitatus habet, iudicio eius quem sectantur; magnaque et
comitum aemulatio, quibus primus apud principem suum locus, et principum, cui plurimi et acerrimi
comités. Je cite la traduction de J. Perret.
31
qu'à l'occasion de la crise ayant bouleversé le règne de Louis le Pieux, marqua vrai-
semblablement la vie de la cour tout au long de la période qui nous intéresse ici.
L'auteur des Annales royales utilisait le terme de comitatus au sens étymologique
de cornes (cum eo), c'est-à-dire au sens de ceux qui suivaient l'empereur dans son dé-
placement: quittant le palais d'Ingelheim, Louis le Pieux »se rendit avec son comita-
tus« jusqu'à la villa de Salz10. Mais ce terme pouvait également être entendu dans un
sens statique n . En fait, le mot comitatus désignait la compagnie du souverain, comme
l'atteste Eginhard qui, en raison d'une obligation qu'il tait, s'apprêtait, selon son ha-
bitude, à se rendre en plein hiver auprès de Louis le Pieux, c'est-à-dire à gagner »le
comitatus du roi« 12 . Mais la proximité du souverain pouvait être soulignée par d'au-
tres liens, à commencer par celui de l'amitié - Bégon est par exemple désigné comme
»l'ami du roi« (amicus régis)13 - ou par l'appartenance à h familia du souverain. L'au-
teur de l'appendice à la Vita Hludowici de Thégan, transmis par le ms. 408 de l'Ö-
sterreichische Nationalbibliothek relate ainsi l'accueil de Louis le Pieux par Hetti
lors de la visite de l'empereur à Saint-Castor en 836: »et le pontife susnommé l'ho-
nora de multiples cadeaux ainsi que son épouse, ses enfants et que toute sa familia«14.
Puisque l'auteur mentionnait l'épouse et les enfants de Louis avant les membres de la
familia, il les en distinguait. O n doit donc comprendre le terme defamilia dans son
sens antique: il s'agit ici de l'ensemble des serviteurs15 et des personnes attachées à la
personne de l'empereur - donc peut-être son Palais16.
En effet, une part importante revient à la notion de service dans la définition des
membres du Palais, comme le souligne la fréquence avec laquelle Hincmar désignait
ces derniers en tant que ministri17, c'est-à-dire en tant que serviteurs18 - de la chose
publique s'entend 19 . Des ministri, on attendait efficacité et probité. Ainsi, en 813,
Charlemagne est censé avoir exhorté Louis le Pieux à nommer des ministri fidèles
10 Annales regni Franc, a. 826, p. 170:... cum suo comitatu profectus est.
11 Cf. Einhardus, Translatio, I, c. 1, p. 240: ... nam ibi (= Aix-la-Chapelle) eo tempore Imperator cum
suo comitatu erat.
12 Einhardus, Translatio, III, c. 19, p. 255: Cum me quaedam nécessitas secundum consuetudinem comi-
tatum régis adiré compelleret, mense Decembrio ...
13 Cf. la notice n° 42.
14 Theganus, Vita, appendice, p. 603:... et honoravit eum supradictus pontifex cum coniuge et liberis et
omni cumfamilia sua donis innumeris.
15 De nombreuses chartes d'affranchissement attestent l'utilisation du terme de familia aux temps
mérovingiens et carolingiens pour désigner l'ensemble des esclaves, cf. par exemple Marculfus, For-
mulae, II, n° 32, p. 95; Formulae imperiales, n° 33 et n° 35, p. 311 sqq.
16 II ne me semble pas possible de trancher la question de savoir s'il s'agit des officiers du Palais ou des
serviteurs de basse extraction. L'expression familia dominica pouvait en effet désigner les esclaves
attachés aux villae du fisc, cf. Marculfus, Formulae, II, n° 52, p. 106. Mais on peut mettre en parallèle
avec le récit de la visite à Coblence un extrait de la Vita Hludowici de Thégan déjà cité, où il est relaté
comment Etienne IV combla de cadeaux non seulement l'empereur et son épouse, mais également
tous les optimates et les ministri de Louis le Pieux. Ces derniers seraient-ils assimilables à la familia
de l'empereur?
17 Cf. Hincmarus, De ordine palatii, p. 110 (index).
18 Cf. GAFFIOT, Dictionnaire, p. 978.
19 II convient de rappeler que tous les sujets avaient part au ministerium du prince, comme cela est ex-
posé dans Admonitio, c. 3, p. 303: Sed quamquam summa huius ministerii in nostrapersona consiste-
re videatur, tarnen et divina auctoritate et humana ordinatione ita per partes divisum esse cognosci-
tur, ut unusquisque vestrum in suo loco et ordine partem nostri ministerii habere cognoscatur ... A ce
propos, cf. GUILLOT, Ordinatio, plus spécialement p. 466 sq.
32
20 Theganus, Vita, c. 6, p. 592: Fidèles ministros et Deum timentes constituent, qui munera iniusta odio
haberent. Nullum ab honore suo sine causa discretionis eiecisset...
21 Agobardus, Epistolae, n° 10, p. 201. Sur l'expression fidelis noster minister dans certaines éditions de
B.M. 813(789), cf. DEPREUX, Matfrid, p. 341 note 66.
22 Je reviendrai plus bas sur ce point.
23 Astronomus, Vita, c. 59, p. 643 - texte cité à la notice n° 181.
24 Astronomus, Vita, c. 4, p. 609 - texte cité à la notice n° 34.
25 Cf. Astronomus, Vita, c. 3, p. 608 - texte cité à la notice n° 2. Ces nominations eurent lieu en consé-
quence de la défaite de Roncevaux, qui avait prouvé la précarité des fidélités en Gascogne et, plus lar-
gement, en Aquitaine. Cf. GANSHOF, Crise dans le règne de Charlemagne, p. 137 sqq. Sur le guet-
apens de Roncevaux, cf. BAUTIER, Campagne en Espagne.
26 II faut comprendre que Pempereur convoqua le chambrier, le cubicularius et le trésorier.
27 Astronomus, Vita, c. 63, p. 647 - texte cité à la notice n° 75. L'élément de comparaison est bien évi-
demment le testament de Charlemagne, qui, avant qu'il ne fût procédé au partage, consistait en un
inventaire:... descriptio atque divisio quae facta est a ... Karolo ..., quampia etprudenti consideratio-
nefacere decrevit et Domino annuente perfecit de thesauris suis atque pecunia quae in Ma die in ca-
méra ejus inventa est (Einhardus, Vita Karoli, c. 33, p. 94).
28 Cf. la notice n° 37.
29 Astronomus, Vita, c. 58, p. 643 1.19 sqq.
30 Astronomus, Vita, c. 58, p. 643: In cuius crepusculo ministros aulicos vocavit, et elemosinas quam lar-
gissime pauperibus ac servis Dei, tam monachis quamque canonicisy porrigi iussit, missarumque
sollempniaper quoscumquepotuit celebrari fecit...
33
blent bien ne pas avoir compté parmi les derniers des serviteurs, puisqu'ils avaient
accès aux finances. Mais par ailleurs, en ordonnant à quiconque le pourrait (per quos-
cumque potuit) de célébrer la messe, Louis s'adressait à ses chapelains - du moins à
ceux qui avaient reçu la prêtrise. O n voit par là que le terme de minister aulicus était
fort large: il pouvait s'appliquer à chaque membre du Palais, laïc ou clerc.
Le mot palatium pouvait, bien entendu, être employé dans son sens spatial: il était
la résidence du prince. Parfois, la dimension humaine point dans les sources, sans que
l'on puisse trancher de manière certaine. Ainsi, Wala est réputé avoir été »le plus
vénérable de tous ceux qui étaient inpalatio«31. Faut-il comprendre que cette expres-
sion signifie »dans le palais« ou plutôt »au Palais«? On préférera la seconde solution
car le terme de palatium désignait souvent le groupe des palatins. Ainsi en était-il
lorsque l'archevêque de Sens, en 842, évoquait le cas de prélats tirés du Palais (expa-
latio), c'est-à-dire la promotion à l'épiscopat de certains membres du Palais32. Sur le
substantif de palatium, on a forgé l'adjectif palatinus. Ce terme est attesté dès l'épo-
que classique33. Il signifie »du palais«. Ce sens d'appartenance perdura au Moyen-
Age. Ainsi, par exemple, Thietmar de Mersebourg, au début du X P siècle, désignait
systématiquement le comte du Palais (cornes palatii) sous la forme de cornes palati-
nus7'4. Les palatini milites mentionnés dans une source de la fin du IX e siècle35 sem-
blent avoir été les gardes du roi 36 , qui formaient la satellitum et custodum corporis
turba évoquée par Eginhard 37 . Enfin, un membre de la cour dépêché depuis le Palais
en tant que missus était un missus palatinus™.
L'adjectif palatinus s'appliquait à tout ce qui concernait le Palais39, notamment aux
affaires qui s'y déroulaient - et par conséquent, à la vie de la cour. D'où l'expression
respalatinae. Certains auteurs pouvaient désigner par-là les affaires de l'Etat, comme
l'Astronome, qui justifiait sa compétence à décrire le règne de Louis le Pieux parce
qu'il y avait été mêlé40. D'autres semblaient plutôt entendre par-là les intrigues de
cour, tel Eginhard, qui, dans sa lassitude, demandait à un ami de ne plus l'importuner
en lui racontant ce qui se tramait à la cour de Louis le Pieux: il n'y trouvait aucun
31 Translatio s. Viti, p. 40: Wala était omnibus qui erant inpalatio venerabilior.
32 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 26, p. 126: Idque vestrae prudentiae dominus noster nobisjussit
suggerere non esse novicium aut temerarium, quod expalatio honorabilioribus maxime ecclesiis pro-
curât antistites. Cf. également le renvoi par Charlemagne d'un légat: ... mittens cum eo Zachariam
presbiterum depalatio suo ... (Annales regni Franc, a. 800, p. 110). Zacharie était un prêtre, membre
du Palais.
33 Cf. GAFFIOT, Dictionnaire, p. 1104.
34 Cf. Die Chronik des Bischofs Thietmar von Merseburg und ihre Korveier Überarbeitung, M.G.H.
SS. rer. Germ., N . S. 9, Berlin 1935, p. 615 (index).
35 Annales Fuldenses, Continuatio Ratisbonensis, a. 894, p. 123.
36 Cf. l'annexe n° 3 G (en note).
37 Einhardus, Vita Karoli, c. 22, p. 68: Et non solumfilios ad balneum, verum optimates et amicos> ali-
quando etiam satellitum et custodum corporis turbam invitavit, ita ut nonnumquam centum vel eo
amplius homines una lavarentur.
38 Gesta Aldrici, p. 133. A ce propos, Ton sait le débat qu'a suscité la question de l'origine sociale de
certains de ces missi, cf. HANNIG, Pauperiores vassi.
39 D'aucuns n'hésitent pas à qualifier de toute »palatine« l'éloquence des personnes ayant reçu leur for-
mation au Palais. Cf. Epistolae variorum 2, n° 30 (lettre de Jonas d'Orléans à Walcaud de Liège), p.
348:... cum adsit vobispalatina scolasticorumfacundia...
40 Astronomus, Vita, Prologue, p. 607:... quia ego rebus interfuipalatinis ...
34
41 Einhardus, Epistolae, n° 35, p. 127: Quidem de statu rerum palatinarum nihil mihi scribere peto,
quia nihil ex is, quae aguntur, audire delectat.
42 Cf. Formulae Alsaticae, n° 27 des Formulae Morbacenses, p. 336:... cum repente, vix tandem apala-
tinis excubiisy quibus diu inservire coactus fueram, absolutus ... Il s'agit d'une lettre de Prudence de
Troyes. Cf. la notice n° 214.
43 Cf. Epistolae variorum 2, n° 6 (lettre de Hélisachar à l'archevêque de Narbonne, Nibride), p. 307:
Meminisse credimus sanctam paternitatem vestram, quod dudum quando apud Aquasgranipalatium
me officium palatinum, vosque propter ecclesiastica dirimenda imperialis iussio obstringeret...
44 Outre les références citées aux notes suivantes, cf. Notkerus, Gesta Karoli, I, c. 4, p. 6 et I, c. 25, p.
34.
45 Comme pour le terme de palatium, celui à'aula a d'abord un sens spatial, puis il désigne l'ensemble
de ceux qui vivent en ce lieu. Bien souvent, les deux dimensions du champ sémantique du terme
d'aula sont difficilement séparables, comme dans cet extrait d'Einhardus, Vita Karoli, Prologue, p. 4,
où l'auteur évoque son amitié pour Charlemagne: ... perpétua, postquam in aula ejus conversari
coepi, cum ipso ac liberis ejus amicitia. FALKENSTEIN, Aix-la-Chapelle, p. 241 note 34, observe: »chez
les auteurs modernes, on trouve toujours le mot aula regia pour le bâtiment de la grande halle (du
palais), comme s'il s'agissait d'une dénomination de l'époque carolingienne. En réalité, le mot aula,
conforme à l'habitude paléo-chrétienne, ne se trouve dans les sources épigraphiques de l'époque ca-
rolingienne que pour l'église Notre-Dame«. L'auteur a, avec raison, réfuté une interprétation d'Er-
moldus, Elegiacum Carmen, II, v. 702, p. 56, où Y aula est manifestement la cour. Il est toutefois une
autre occurrence dans ce poème où le terme semble, à mon avis, désigner la salle du trône: Louis,
»élevé en Yaula« (celsus in aula), rendait la justice (Ermoldus, Elegiacum Carmen, Prologue, v. 25, p.
4). Traduire »élevé en sa cour« n'a pas grand sens. C'est pourquoi la traduction d'E. FARAL (ibid., p.
5) peut trouver justification: »du haut de son trône«.
46 C'est notamment le cas dans Einhardus, Translatio, III, c. 1, p. 248; ibid., IV, prologue, p. 256; ibid.,
IV, c. 7, p. 258. L'adjectif aulicus est employé comme substantif dès l'époque classique (cf. GAFFIOT,
Dictionnaire, p. 191). Quant à l'évêque Grégoire de Tours, il utilisa même le doublet aulicipalatini,
cf. Historiarum libri, X, c. 29, M.G.H. SS. rer. Mer. 1/1, p. 522.
47 Cf. Notkerus, Gesta Karoli, I, c. 29, p. 40: il est question des indigentes palatini', ibid., I, c. 31, p. 42:
Notker parle des exigui palatini.
48 Ibid., I, c. 18, p. 24. Un peu plus haut dans ce chapitre (p. 22), il est déjà question desprimorespalati-
ni, mais l'adjectif est ici épithète d'un adjectif Substantive, primores.
49 A ce propos, cf. HANNIG, Consensus fidelium. Un exemple tiré des Gesta Dagoberti prouve à ce
propos combien il semblait nécessaire aux hommes du début du IX e siècle que le roi prît conseil au-
près de ses grands. Dans la Chronique de »Frédégaire«, on rapporte comment Dagobert se sépara de
son épouse stérile pour en choisir une autre: »et là, abandonnant la reine Gomatrude dans la villa de
Reuilly, où il l'avait reçue en mariage, il éleva (au statut de) reine Nanthilde, l'une des filles à son ser-
vice, en l'épousant« (Chronicarum quae dicuntur Fredegarii scholastici liber IV, c. 58, M.G.H. SS.
35
que Ton date - d'une manière fort large - d'entre le règne de Charles le Chauve et le
XII e siècle50. Le roi Dagobert III est censé avoir convoqué une assemblée de tous les
Francs à Rouen. Il est dit avoir débattu »avec les (ou ses) proceres et ses optimates«,
mais aussitôt après, on le voit siéger »avec les (ou ses) évêques, les (ou ses) comtes et
ses palatins«. Rien dans le texte ne signale l'introduction des palatins dans le con-
seil51: il faut à mon sens en conclure qu'étaient réputés appartenir au Palais tous ceux
qui avaient vocation à conseiller le roi, à l'aider. D'où l'idée que le terme de palatium
pourrait désigner, outre la résidence et l'hôtel du roi, l'ensemble des optimates du
regnum. Comme je l'ai déjà dit, c'est l'impression que peut aussi susciter l'examen du
De ordine palatii de Hincmar 52 . Certes, les auteurs que je cite ici écrivaient après le
règne de Louis le Pieux. Mais si l'on ne peut pas, à ce qu'il semble, trouver pareille
définition contemporaine de cet empereur, l'examen des faits confirme cette analyse
en ce sens que la participation au conseil et au gouvernement n'était en rien condi-
tionnée par l'appartenance au palatium compris comme l'hôtel du roi (le cas le plus
manifeste étant celui du minister Matfrid d'Orléans, qu'on aurait grand-peine à
pourvoir d'une charge aulique53). On peut alors examiner un extrait des Gesta Aldri-
ci, où le substantif palatinus apparaît également. Le futur évêque du Mans est réputé
avoir été choisi (élu) par l'archevêque de Tours, par le comte du Maine, par »tous les
hommes nobles du diocèse« et par tous les palatins (cuncti palatini), bref54: il fut élu
clero et populo55. Que signifie la référence aux cuncti palatini} Doit-on comprendre
que les palatins, au sens du personnel de l'hôtel du roi, durent se prononcer sur
l'élection d'Aldric? Il est sans doute préférable de reconnaître chez ces »palatins« les
conseillers de Louis le Pieux, les optimates alors dans son entourage. La preuve déci-
sive est, semble-t-il, fournie par l'Astronome.
En effet, alors qu'il évoquait les dispositions prises par Louis le Pieux à l'agonie,
l'Astronome fit mention de l'injonction destinée à Lothaire de respecter la part de
Charles »qu'il (c'est-à-dire Louis le Pieux) lui avait donnée avec et devant lui (= Lo-
rer Merov. 2, p. 150:... ibique Gomatrudem reginam Romiliaco villa, ubi ipsa matrimonium accepe-
rat, relinquens, Nantechildem unam ex puellis de ministerio matrimonium accipiens, reginam subli-
mavit). Or, l'auteur des Gesta Dagoberti, qui s'inspirait de la chronique que l'on vient de citer, tint à
préciser que cette répudiation avait eu lieu »sur le conseil des Francs«: cum consilio Francorum (Ge-
sta Dagoberti, c. 22, p. 408: ... ibique Gomatrudem reginam Romiliaco villa, eo quod esset sterilis,
cum consilio Francorum relinquens, Nanthildem quandam speciosissimi decoris puellam in matrimo-
nium accipiens, reginam sublimavit).
50 Cf. SIMSON, Vita Dagoberti III., p. 557.
51 Vita Dagoberti III, c. 8, p. 516: Idem ergo gloriosissimus rex Dagobertus Kalendis Mardi sinodum
cum omnibus Francis in civitate Rotomagensi adunareprecepit, in qua de utilitatibus ecclesiarum, or-
phanorum ac viduarum considerans, tractabat cum proceribus et obtimatibus suis, quid Uli foret fien-
dum. Cumque in bac sinodo rex cum pontificibus, comitibus acpalatinis suis resedisset...
52 A l'occasion, les éditeurs du De ordine palatii ont d'ailleurs choisi de traduire palatium par »Reich«,
cf. Hincmarus, De ordine palatii, 1. 229, p. 56 et p. 57. Ils se sont justifiés en note 103.
53 Cf. DEPREUX, Matfrid, p. 333 sq.
54 Cet adverbe est de moi, car rémunération continue dans le texte. Mais je considère que le recours à
l'expression clero et populo tend moins à ajouter une nouvelle catégorie parmi ceux qui avaient »voix
au chapitre« qu'à résumer juridiquement le processus.
55 Gesta Aldrici, p. 9:... eligente eum eiusdemprovinciae arcbiepiscopo Landramno, atque comité eius-
dem parrocbiae Morigone, sive omnibus praefixae parrochiae nobilibus hominibus, atque cunctispa-
latinis, et clero et populo ... Cf. les notices n° 185 et n° 238.
36
thaire), Dieu en étant témoin ainsi que lesproceres du Palais«56. Or, l'Astronome af-
firmait qu'après que Lothaire eut renoncé à définir avec les siens {cum suis) les deux
lots et que l'empereur y eut procédé avec son propre entourage (il partagea son empi-
re avec équité, ut sibi suisque visum est), Louis convoqua ses fils et »l'ensemble du
populus« pour que Lothaire choisît sa part 57 . Nithard soulignait également que Lo-
thaire s'était engagé coram omni populo5*. J. Rosenthal mentionne la réunion de
Worms dans son tableau des assemblées publiques 59 ; E. Seyfarth, dont l'analyse est
plus fine, la désignait parmi les assemblées restreintes (»kleinere Versammlungen«)60
- avec raison. Il nota en effet que l'auteur des Annales de Saint-Bertin ne désignait
pas explicitement cette rencontre comme une »Reichsversammlung«, mais il observa
qu'en revanche, Nithard la désignait comme un conventus61. Or, dans aucune source
contemporaine il n'est question d'une »assemblée générale«62. Au contraire, l'auteur
des Annales de Saint-Bertin disait explicitement que les participants avaient été soi-
gneusement triés: Louis le Pieux se rendit à Worms et »là, ayant accueilli certains fi-
dèles auxquels il avait ordonné de se hâter (à venir) spécialement à cette occasion, il
ne refusa aucunement de recevoir paternellement son fils Lothaire qui venait d'Ita-
lie«63. Si l'on veut bien conjuguer les trois informations décisives que fournissent les
sources concernant la qualité des participants à la réunion de Worms, en 839, il faut
admettre qu'en l'occurrence, ceux qui furent choisis ad hoc étaient les proceres pala-
tiiy c'est-à-dire le populus: l'élite de la société, ceux qui détenaient le pouvoir poli-
tique. On a par conséquent la preuve que le terme de palatium, outre qu'il signifiait
»résidence royale« et »hôtel du roi«, pouvait désigner ceux qui avaient part à la vie
politique du regnum et, à ce titre, avaient vocation à assister le roi ou l'empereur 64 .
O n trouvera une illustration éclatante de ce dernier point en se tournant vers la fin
du règne de Charles le Chauve. O n sait en effet que l'un des principaux personnages
56 Astronomus, Vita, c. 63, p. 647:... etportionem regni totam Uli consentiret et tueretur, quam Deo te-
ste et proceribus palatii ille secum et ante se largitus eifuerat.
57 Astronomus, Vita, c. 60, p. 644: Itaque Hlotharius cum suis divisionem regni domno imperatori pro
suo libitu committunt, affirmantes se hanc divisionem nequaquam exsequi posse propter ignoran-
tiam locorum. Igitur imperator aequoy ut sibi suisque visum est, libramine omne suum divisit imperi-
um praeter Baioariam, quam Hludowico reliquit, atque ideo inpartem eorum nemini cessit. Hisper-
actis etfiliis universoque populo evocatis, data sibi optione, Hlotharius afluvio Mosa australem sibi
tenendam delegit partem, occiduam vero Karolo fratri habendam reliquit, et ut haberet coram cunc-
to populo se velle, verbo signavit.
58 Cf. Nithardus, Historia, I, c. 7, p. 32:... et a Mosa partem australem Lodharius cum suis elegit, quin
immo et accepit; occiduam vero ut Karolo conferretur consensit et una cum pâtre coram omni populo
ita se velle annuntiavit.
59 Cf. ROSENTHAL, Public assembly, p. 28.
60 Cf. SEYFARTH, Reichsversammlungen, p. 129.
61 Ibid., p. 53.
62 A la différence de l'assemblée de septembre 839, qualifiée de generale placitum dans Annales Berti-
niani, a. 839, p. 32.
63 Annales Bertiniani, a. 839, p. 31: Ubi susceptis quibusdam quos ad hoc specialiter properare iusserat
fidelibus, Hlotharium, filium suum, ab Italia uenientem paterno suscipere affectu minime rennuit.
64 L'on rejoint ici par un autre biais l'analyse proposée par OEXLE, Haus, p. 111 sqq., qui souligne not-
amment grâce au De ordine palatii - dont l'objet était de montrer »daß der status totius regni auf der
Ordnung (ordo) und richtigen Leitung, auf der rechten 'Ökonomie' (dispositio) des königlichen
Hauses (domus regia, palatium) beruht« (ibid., p. 114) - le lien profond qui existe entre la notion de
»maison« royale et celle de res publica (cf. notamment ibid., p. 112).
37
recourir à ses bons offices, comme l'atteste le modèle d'une lettre de l'époque méro-
vingienne 77 où le palatin à qui elle était destinée est orné d'une des épithètes les plus
prestigieuses: celle des comtes 78 . C'est que ces personnages étaient »les premiers des
palatins«, les palatinorum primores évoqués par un auteur plus récent79. De fait,
c'étaient les membres du conseil du roi 80 . Les proceres palatii - en réalité: certains
grands du royaume, comme on l'a vu plus haut - furent les témoins du partage de 839
entre Lothaire et Charles 81 . O n peut dire qu'ils en étaient aussi les garants, puisque
l'auteur des Gesta de Dagobert présentait les primores palatii en quelque sorte com-
me ceux dont semblaient dépendre la cohésion du royaume à la mort du roi et l'ob-
servation de ses dernières volontés 82 . D'ailleurs, ce fut, entre autres, aux proceres pa-
latini qu'il incomba d'organiser les funérailles de Charlemagne 83 .
Il semble donc logique de citer en dernier lieu le conseiller du roi ou de l'empereur
comme figure par excellence du membre du Palais. Ainsi Adalhard (I), l'abbé de
Corbie, comptait parmi les plus importants personnages du Palais de Charlemagne:
il était du nombre des »premiers du Palais« (primipalatii) et des »conseillers du roi«
(consiliarii régis)*4 - et même le premier d'entre eux85. Mais il n'avait pas pour autant
d'office aulique. Les membres du Conseil étaient consultés concernant les questions
décisives, notamment au cours de la préparation du partage de l'empire 86 . C'est avec
eux que Louis, lorsqu'il briguait l'empire, avait arrêté la politique à adopter vis-à-vis
de Charlemagne 87 . Les conseillers étaient issus àupopulus réuni en plaid, comme le
laisse entendre l'auteur des Annales royales: ayant appris la fuite d'Aizo et la résis-
tance qu'il organisait, Louis le Pieux jugea préférable de ne pas prendre de décision
77 Marculfus, Formulae, II, n° 51, p. 105: Indecolum ad homines potentes palatinus, maxime ad cogni-
tos sibi.
78 Ibid.: Domino inluster et per cuncta magnificentissimo viro Mo Me peccator perennem in Domino
mittit salutem. A ce propos, cf. BRUNNER, Fränkischer Fürstentitel, p. 199. Sur le problème présenté
par l'expression vir inluster dans les diplômes mérovingiens, cf. WOLFRAM, Intitulatio, p. 116 sqq.
79 Widukind, Sachsengeschichte, p. 110.
80 Odilo, Translatio s. Sebastiani, c. 26, p. 385: Praecellentissima ... Chludowici augusti soror Berta ...
discernebat causas singulorum, ut eafratri augusto suique palatii optimatibus congruo tempore refer-
re valeret.
81 Comme on Ta vu, l'accord avait été conclu Deo teste etproceribuspalatii (Astronomus, Vita, c. 63, p.
647).
82 Gesta Dagoberti, c. 42, p. 419: Convocatis deinde primoribus palatii, filiumque et uxorem eis et ipsos
eisdem cum fidelitatis sacramento, ut moris est, commendans ...
83 Astronomus, Vita, c. 21, p. 618: ... ab eis qui sepulturam eius curarunt, liberis scilicet et proceribus
palatinis ...
84 Cf. Translatio s. Viti, p. 36 - texte cité à la notice n° 8.
85 Cf. Hincmarus, De ordine palatii, 1. 218 sqq., p. 54 - texte cité à la notice n° 8.
86 Chronicon Moissiacense, a. 817, p. 312:... et in ipsa aestate iussit esse ibi conventum populi de omni
regno vel imperio suo apud Aquis, sedem regiam, id est episcopos, abbates, sive comités et maiores na-
tu Francorum; et manifestavit eis mysterium consilii sui, quod cogitaverat, ut constituer et unum defi-
liis suis imperatorem. Vers la fin du règne de Louis, c'est vers les conseillers de l'empereur que Judith
se tourna pour obtenir une réconciliation avec Lothaire, en vue notamment de garantir les droits de
Charles, cf. Astronomus, Vita, c. 54, p. 640: Augusta Iudith cum consiliariis imperatoris inito con-
silio ...
87 Astronomus, Vita, c. 20, p. 617: Quod Gerricus cum régi, rex vero consiliariis retulisset, quibusdam
vel pêne omnibus visum est salubre suggestum. Sed rex altiori consilio, ne forte per hocpatrem suscep-
tum redderet, agere distulit.
39
88 Annales regni Franc, a. 826, p. 170 sq.: Sed imperator licet huius rei nuntium graviter ferret, nihil ta-
rnen inconsulte gerendum iudicans consiliariorum suorum adventum statuit operiri.
89 C'est ce que laisse supposer la chronologie du récit: il est ensuite fait mention de la chasse d'autom-
ne, puis du plaid tenu à Ingelheim, B.M. 832(806)c. Les mesures prises par Louis (à savoir l'envoi de
missï) sont relatées au début de la notice relative à l'année 827 (Annales regni Franc, p. 172).
90 SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 269, parle de sa »schlaff(e) und unentschlossen(e) Stimmung«.
91 Cf. Hincmarus, De ordine palatii, 1. 480 sqq., p. 84: Aliudplacitum cum senioribus tantum etpraeci-
puis consiliariis habebatur...
92 Cf. ibid., 1. 435 sqq., p. 80: Et si aliquis ex ministerialibus vel consiliariis decedebat, loco eius congruus
et utilis restituebatur. Cf. également ibid., 1. 410 sqq., p. 78.
93 Sur ce personnage, cf. EWIG, Merowinger, p. 133.
94 Cf. Gesta Dagoberti, c 42, p. 419 et c 45, p. 422.
95 Astronomus, Vita, c 59, p. 644: Interea Judith augusta, consilii quod pridem cum consiliariis aulicis
ceterisque regni Francorum nobilibus inierat nequaquam immemor, persuaserunt imperatoriy quati-
nus ad Hlotharium filium suum missos mitteret...
41
I L L O U I S LE P I E U X E T SES H O M M E S
Dans les actes royaux de la fin du VIII e siècle et de la première moitié du IXe, la
référence au consensus des grands s'avère rarissime1. Toutefois, dans le premier di-
plôme impérial de Louis conservé 2 , il est affirmé que l'empereur prit sa décision
»avec le consensus des évêques« (plaçait nobis una cum consensu episcoporum). Ce
diplôme ne nous est connu que par une copie figurée de la fin du IX e siècle3. Th.
Sickel pensait, au cas où cette leçon serait originelle, qu'elle était due au contexte par-
ticulier dans lequel cet acte aurait été rédigé4: il serait en effet »écrit tout à fait dans le
style des diplômes de Charlemagne« 5 . On doit cependant souligner que la référence
au consensus des évêques et des fidèles n'est pas courante dans les diplômes de Char-
lemagne. On n'y relève qu'une seule allusion au consensus des serviteurs de Dieu,
dans un contexte si différent de celui de B.M. 521(502) qu'il interdit toute comparai-
son 6 . La seule autre occurrence dans un diplôme carolingien sincère datant d'avant
Louis le Pieux se trouve dans un diplôme de Pépin le Bref pour Saint-Denis 7 . Dans
ce diplôme, le roi était également réputé agir cum consilio ponteficum vel seniorum
optimatum nostrorum*. Le préambule dans lequel on lit cette formule ou le diplôme
dans son ensemble furent les modèles direct 9 ou indirect10 de plusieurs diplômes
pour Saint-Denis. Th. Sickel jugeait par conséquent cette mention »insignifiante«: il
s'agissait de formules simplement recopiées11.
On rencontre des formules similaires dans certains diplômes établis au nom de
Louis le Pieux. Dans deux diplômes pour Corvey dont la nature d'original n'est pas
contestée12, il est dit que l'empereur fonda ce monastère avec l'accord de ses fidèles
(cum consensu fidelium nostrorum). Il est par conséquent possible d'accepter comme
sincère le texte d'un acte pour Saint-Martin de Tours où l'empereur est réputé avoir
pris sa décision »mû par la suggestion avantageuse de notre chère épouse Judith et in-
cité à la réaliser par l'exhortation et la médiation de nos vénérables«, c'est-à-dire des
grands, des conseillers13. Cela rappelle également un acte du 17 août 818 pour le mo-
nastère de Saint-Antonin en Rouergue, où la demande avait prétendument été pré-
sentée par la reine cum certis fidelibus nostrisX4. Plus loin dans le diplôme, l'empereur
et la reine, sur le conseil des fidèles dont le nom est donné, sont censés avoir ordonné
la protection des biens de ce monastère. Mais on doit écarter ce diplôme 15 .
La rareté des formules mentionnant le conseil des membres de l'entourage impéri-
al ne doit toutefois pas masquer l'importance de ce mode de gouvernement. Thégan
s'avérait tout particulièrement sensible au choix des conseillers du prince - et à la
mauvaise influence des conseillers mal choisis16. Pour lui, l'action de Louis le Pieux
fut irréprochable, si ce n'est qu'il accordait, plus que de mesure, crédit à ses conseil-
lers17. Il convient par conséquent de s'interroger sur l'identité et le rôle de ces der-
niers.
et parfois mal interprété 6 , il semble de mise d'ouvrir cette analyse en proposant une
identification des personnes ayant apposé leur seing à ce diplôme:
Nom 7 Personne de la prosopographie 8
Reginp(er)tus 228. Régimpert, évêque et chapelain (aq.)
Magnario 196. Magnaire, proche collaborateur
Immone 168. Immo, (futur) comte de Périgord
Adalberto 3. Adalbert (I), futur connétable
Erlaldo 86. Erlaud, (futur) sénéchal (aq.)
Garico 117. Géry (I), (futur) fauconnier (aq.)
Uuigfredo 274. Wigfred, futur comte de Bourges
Ademaro 17. Adhémar, comte
Raganfredo 218. Raganfred, non identifié
Bicone 42. Bégon, futur comte de Toulouse
Gislemaro 120. Gislemar, non identifié
(G)arico 118. Géry (II), non identifié
nom illisible
Harialdo 138. Hariald, non identifié
Abbone 2. Abbon, comte de Poitiers
Launus 186. Launus, clerc
Uuadone 268. Wadon, non identifié
6 C'est le cas chez DICKAU, Kanzlei, 1ère partie, p. 34 sq. A ce propos, cf. DEPREUX, Kanzlei, p. 156.
7 Je suis l'orthographe du document, que l'on peut vérifier grâce à l'édition de H. Atsma et J. Vezin; de
même, je cite les noms dans leur ordre de succession linéaire. Ils sont en général précédés du mot
sign(um); je les laisse au cas originel.
8 Pour la désignation des personnes, j'adopte deux moyens: soit j'écris, comme dans le cas d'Immon:
»(futur) comte de Périgord«; soit, comme dans le cas d'Adalbert (I): »futur connétable«. Dans le pre-
mier cas, il s'agit d'un personnage dont on ne peut pas dire s'il exerçait dès 794 la fonction qu'on lui
connaît ensuite; dans le second, il s'agit d'un personnage qui n'exerçait pas encore la fonction en ques-
tion, ou bien qui semble ne pas encore en avoir été investi. Les titres suivis de la mention »(aq.)« sont
ceux de personnes attachées au Palais de Louis comme roi d'Aquitaine. Chaque nom est précédé du
numéro de la notice prosopographique où son cas est étudié.
9 Doc. dipl. Nouaillé, n° 8, p. 12:... notumque est magnifico nobile domno Hlodoici rege necnon et suis
optimatis et viris catholicis, quod... Cet acte date de mars 799.
44
Dans ce groupe, quatre personnes étaient ou allaient devenir des membres du Pa-
lais de Louis le Pieux; dans trois cas, il s'agissait du Palais du roi d'Aquitaine. A ce
propos, on ne peut pas rester indifférent à un trait de ce groupe: il s'agissait en fait
d'une pépinière. A six reprises, on a affaire à de futurs comtes ou titulaires d'un offi-
ce aulique. Pour une bonne part, en août 794, l'entourage de Louis le Pieux (qui était
alors âgé d'environ 16 ans) était un entourage jeune, composé d'individus en devenir,
tel Adhémar, qui était vraisemblablement le connutritus de Louis qu'on connaît par
ailleurs; quant à Bégon, c'était Yamicus du roi par excellence. Mais des personnes d'â-
ge mûr figuraient aussi dans ce groupe: l'évêque dirigeant la Chapelle de Louis, et
quelques hommes placés par Charlemagne - à commencer par Magnaire, qui avait
été envoyé auprès de Louis pour l'assister. C'était également le cas d'Abbon, nommé
par Charlemagne à l'occasion de la réforme de 778.
Cette composition laïque de l'entourage de Louis le Pieux en 794 ne semble pas le
fruit du hasard, mais le reflet d'une situation constante au cours du règne. En effet,
sur quarante-neuf personnes recensées parmi les membres de l'entourage du roi d'A-
quitaine10, on compte dix-sept clercs ou personnes dont les fonctions font supposer
qu'elles appartenaient à cet ordre. A l'inverse, la composition laïque de l'entourage
de Louis est très marquée: trente-deux personnes, dont l'épouse du roi et au moins
treize comtes. Il me semble important, dans cette perspective, de rappeler qu'on a
voulu faire d'Arnaud, le bajulus du jeune roi, un moine. La chose est loin d'être
prouvée, et il se peut qu'Arnaud ne fût autre que le comte homonyme attesté vers la
même époque en Aquitaine. Magnaire, qui le remplaça aux côtés de Louis lorsque ce
dernier devint majeur, était d'ailleurs lui aussi un laïc.
Il n'y a pas lieu de douter de l'existence du Palais du roi d'Aquitaine11: les quelques
titulaires de charges auliques que nous rencontrons (un sénéchal, un fauconnier, sans
compter les notaires) le confirment; Louis disposait également d'un trésor propre12.
Et au sein du Palais, il y avait la Chapelle, dont l'existence ne peut être mise en doute
puisque l'évêque Régimpert se disait chapelain (cappalanus) de Louis. Son grade
ecclésiastique n'est pas sans intérêt. En effet, à la différence du responsable de la Cha-
pelle de Pépin le Bref, ceux choisis par Charlemagne furent des évêques13; bien qu'il
n'observât pas cet usage avec régularité par la suite, Louis semble avoir eu, du vivant
de son père, une Chapelle organisée sur le modèle de la sienne.
Quant aux moyens de gouvernement de Louis le Pieux, ils nous sont à peine con-
nus. A l'exception, précisément, d'Arnaud, son bajulus, on ignore tout de l'entoura-
ge du jeune roi dans les premières années. Est-ce un hasard si ce n'est qu'après la
proclamation de sa majorité14 que nous voyons les membres de son entourage parti-
10 Cf. les notices n° 2, n° 3, n° 17, n° 22, n° 23, n° 24, n° 32, n° 34, n° 38, n° 42, n° 43, n° 44, n° 57, n° 65,
n° 68, n° 71, n° 78, n° 86, n° 90, n° 96, n° 109, n° 117, n° 118, n° 120, n° 122, n° 127, n° 128, n° 138, n°
143, n° 146, n° 147, n° 152, n° 156, n° 168, n° 173, n° 176, n° 186, n° 187, n° 189, n° 194, n° 196, n°
218, n° 228, n° 230, n° 239, n° 256, n° 268, n° 274 et n° 275.
11 Cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 40.
12 II est question de la caméra nostra dans le diplôme B.M. 519(500), éd. Doc. dipl. Nouaillé (bis), n° 2,
p. 78 sqq. (à la p. 79).
13 Cf. FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 45 sqq.
14 Louis fut armé à Ratisbonne au printemps ou au début de l'été 791, cf. Astronomus, Vita, c. 6, p. 610:
Ibique ense, iam appellens adolescentiae tempora, accinctus est... Il allait sur ses treize ans ou venait
de les avoir.
45
ciper au gouvernement 15 ? Peut-être pas. Il est en tout cas certain que le roi disposait
de missi: il ne s'agissait pas seulement de porteurs d'un message, tel Adhémar en 800,
mais aussi de personnes ayant vraisemblablement pouvoir de traiter des questions
précises, comme Géry (I) auprès de Charlemagne, et de délégués chargés de repré-
senter le roi avec le pouvoir de se prononcer en son nom, d'accomplir pour lui un ac-
te juridique; ainsi en était-il pour Aldebaud et Hermingaud, pour Gauselme et peut-
être pour Leibulf ou pour Sturmion. L'on en sait également trop peu sur la tenue de
plaids par Louis: l'une des rares descriptions dont on dispose est due à Ermold le
Noir, qui écrivait environ douze ans après l'accession de Louis à l'empire; il mettait
en scène Guillaume (I) et Loup, à propos de la préparation d'une expédition militai-
re 16 (d'ailleurs, une douzaine de personnes étudiées dans la prosopographie étaient
des compagnons de combat de Louis). Ermold rappelait l'importance du conseil des
grands, car c'est d'après ce dernier qu'il convenait d'agir: »... en appelant les Francs
selon l'usage antique, le rejeton de Charles convoque les armées célèbres, c'est-à-dire
l'élite du peuple, ceux qui sont au faîte du royaume: c'est immuablement sur leurs
conseils qu'est définie l'action à mener«17. Ce trait est confirmé par l'Astronome (qui
écrivait après la mort de Louis) à propos d'une assemblée convoquée en raison de la
défection du prédécesseur de Guillaume (I), le duc Chorson. Le biographe de Louis
soulignait le gouvernement collégial exercé dans le royaume d'Aquitaine: la res pu-
blica y était administrée sur le conseil des proceres du roi18. Ce trait serait-il dû uni-
quement au fait que Louis n'était alors pas encore majeur19? Je ne le crois pas.
Si l'on cherche les thèmes fondamentaux du Livre Premier de PElegiacum carmen
consacré par Ermold le Noir à Louis le Pieux20, où le poète chantait les hauts faits de
Louis lorsqu'il était roi en Aquitaine, il en apparaît deux: la lutte contre les Sarrasins
et le soutien apporté par le prince à la vie monastique, ce qui est confirmé par l'Astro-
nome 21 . Ce dernier décrivit le soutien apporté par Louis au renouveau des études et à
la réforme des monastères; il lui préférait, en raison de ses oeuvres, le nom de sacerdos
à celui de rex22. Les deux actions principales menées par Louis et que soulignaient ses
chantres ne sont pas sans lien avec la composition de son entourage: il y avait certes
15 II convient toutefois de rappeler que Louis avait convoqué des plaids avant sa majorité, cf. Astrono-
mus, Vita, c. 5, p. 609 (il s'agit des plaids de 789 et de 790).
16 Ermoldus, Elegiacum carmen, I, v. 150 sqq., p. 16 sqq.
17 Ibid., I, v. 146 sqq., p. 16:... accitu Francorum more vetusto/]am satus a Carolo agmina nota vocat, /
Scilicet electos populi, seit culmina regni,/ Quorum consiliis res peragenda manet.
18 Astronomus, Vita, c. 5, p. 609:... rex Hludowicus et proceres, quorum consilio res publica Aquitanici
amministrabatur regni,.conventum generalem constituerunt... De manière significative quant à l'ap-
préhension qu'ont les historiens du règne de Louis le Pieux, HANNIG, Consensus fidelium, p. 261,
transforme cela en »völlige Abhängigkeit seines aquitanischen Regimes von den proceres«, et il sou-
ligne »die Abhängigkeit von Beratern« qu'il croit observer chez Louis.
19 Les auteurs des Regesta imperii reconnaissaient dans l'expression de l'Astronome citée à la note
précédente la description du conseil de tutelle, voire de régence (»vormundschaftliche Regierung«).
20 Le témoignage d'Ermold est plus sérieux qu'on a longtemps voulu le croire, comme l'attestent quel-
ques recherches récentes menées indépendamment les unes des autres et qui, sur certains points,
confirment les dires du poète, cf. DEPREUX, Poètes, p. 315 sq.
21 Astronomus, Vita, c. 13 sqq., p. 612 sqq., pour ce qui concerne les campagnes militaires. A ce propos,
cf. WOLFF, Aquitaine, p. 278 sqq.
22 Astronomus, Vita, c. 19, p. 616 sq. Voici la phrase en question: Et régis quidem ab ineunti aetate, sed
tuncque maxime, circa divinum cultum et sanctae aecclesiae exaltationem piissimus incitabatur ani-
mus; ita ut non modo regem, sed ipsius opéra potius eum vociferarentur sacerdotem.
46
les chefs de guerre que menait le roi sportif et chasseur qu'était Louis 23 ; il y avait
également quelques artisans de la réforme monastique. Je ne reprendrai pas ici l'étu-
de de cette entreprise en Aquitaine 24 , mais je soulignerai simplement que plusieurs
membres de l'entourage aquitain de Louis furent directement impliqués dans ce
mouvement. O n croise bien évidemment Benoît; mais il faut également prendre en
compte l'attitude d'Aton concernant Nouaillé, ou la fondation d'un monastère à
Conques, où Dadon s'était retiré. Adhémar et Guillaume (I) choisirent eux aussi la
vie monastique. Quant à Bégon et à Ebbon, ils feraient plus tard preuve de leur in-
térêt pour la réforme monastique (le premier en réformant Saint-Maur, le second en
participant à la réforme de Saint-Denis). Le cas de Conques, l'exemple retenu par Er-
mold pour caractériser la politique religieuse du roi d'Aquitaine, est d'autant plus in-
téressant que ce monastère semble avoir bénéficié du soutien d'au moins l'un des
membres de l'entourage de Louis le Pieux: celui de Liutard.
L'une des obsessions des historiens est de traquer les membres de l'entourage de
Louis le Pieux ayant pu exercer une forte influence sur ce dernier. O n avance
généralement le nom de Benoît, sans grand-preuve à l'appui 25 . Une autre personne
peut être mentionnée avec quelque raison: Alcuin. Je ne veux pas contester que Lou-
is, notamment pendant ses jeunes années, ait pu apprendre le métier de roi sous l'in-
fluence de quelques personnes privilégiées, par exemple de son bajulus, Arnaud, ou
de son parent, Aton, qui avait fait ses preuves au service de Charlemagne. Ce qui est à
mon sens frappant, sans être étonnant, ce sont les liens unissant à Charlemagne nom-
bre de personnes de l'entourage du jeune Louis 26 . J'ai déjà nommé Aton, mais il
faudrait, outre Archambaud (l'envoyé de Charlemagne), également citer Hermin-
gaud (qui fut appelé à exercer une fonction d'importance au Palais de Charlemagne),
Heribert (envoyé par l'empereur commander une expédition militaire sous la res-
ponsabilité de Louis), ou encore Richard (I), Willibert et Rostaing. Les comtes devai-
ent d'ailleurs leur nomination à Charlemagne: cela avait déjà été le cas d'Abbon avant
le sacre de Louis, cela le serait également pour Béra ou pour Guillaume (I), vraisem-
blablement nommé à l'occasion d'une visite de Louis à la cour de son père.
3 Cf. les notices n° 21, n° 25, n° 30, n° 32, n° 66, n° 73, n° 82 et n° 151.
4 Cf. en particulier les notices n° 139, n° 153 et n° 171.
5 Cf. la notice n° 157.
6 Cf. les notices n° 3, n° 42, n° 43, n° 65, n° 78, n° 90, n° 109, n° 117, n° 143, n° 176.
7 Astronomus, Vita, c. 23, p. 619.
48
Benoît passe généralement pour l'éminence grise du début de règne 8 (il faut à cet
égard rappeler qu'il n'intervint qu'en matière de réforme monastique); on est même
allé jusqu'à mettre en rapport direct sa mort, en février 821, et certains changements
dans la politique de l'empereur 9 . Certes, on observe un revirement dans les années
821/822. Il fut marqué par la réconciliation de Louis le Pieux avec Adalhard (I), Wala
et ses demi-frères; l'empereur reconnut alors avoir mal agi et déclara qu'il voulait
amender sa manière de gouverner. On ne peut pas, à ce propos, écarter l'éventualité
d'un remords sincère et personnel. Mais au-delà de l'influence de telle ou telle per-
sonne, c'est à un renouvellement de génération que l'on a vraisemblablement affaire.
Il ne faut pas oublier que Louis, empereur depuis peu, était alors déjà âgé d'une qua-
rantaine d'années; ceux qui l'avaient conseillé en Aquitaine étaient soit du même âge,
soit un peu plus vieux. D'autres, enfin, étaient morts: Bégon en 816, la reine Ermen-
garde en 818. Hélisachar avait quitté la »chancellerie« en 819. L'énergique abbé Hil-
duin avait été promu à la tête du Palais vers la même époque. Un examen de la com-
position du Palais (dans la mesure où on peut la connaître) entre 814 et 821/822 d'u-
ne part, et entre 822 et 829 d'autre part, s'avère instructive. Dans les deux cas, sur des
périodes de longueur sensiblement égales, on recense une trentaine d'individus dont
la présence au Palais est attestée. Or, seulement huit personnes présentes pendant la
première période le sont également durant la seconde. Cela ne veut bien évidemment
pas dire que les trois quarts des membres du Palais furent renouvelés vers le début
des années vingt, mais il semble difficile de nier un certain changement, un rajeunis-
sement de la cour, qui pouvait affecter la politique impériale.
Le renouvellement du personnel aulique était parfois dû tout simplement à des no-
minations. Il arrivait en effet que des titulaires de charges auliques fussent envoyés
dans l'empire, pour gouverner tel comté ou duché 10 ; on pouvait faire ses preuves à la
cour en tant que sénéchal ou en tant que comte du Palais et être ensuite promu ail-
leurs. Le renvoi du Palais ne signifiait donc pas toujours disgrâce, comme le prouve
le cas de Hélisachar. Le renvoi de Foulques (I) n'altéra pas non plus sa fidélité à Lou-
is le Pieux. Nous ne voyons cet archichapelain participer activement au gouverne-
ment qu'au coeur de la crise de 833; sa présence à la cour fut trop courte pour qu'on
puisse apprécier son action. En revanche, Hilduin eut le temps et l'énergie de s'impo-
ser comme une personnalité indispensable. Drogon également. Leur compétence
dépassait le cadre étroit du Palais. C'est toutefois hors de ce dernier qu'il faut cher-
cher les principaux responsables politiques, du moins pour ce qui concerne la péri-
ode précédant la grande crise des années 829/833. Un trait s'avère en effet marquant:
parmi les membres de l'entourage de Louis le Pieux, certains des individus les plus
influents, en raison même de leur prestige personnel, pouvaient se dispenser d'assu-
mer une fonction aulique. L'âge jouait éventuellement, comme dans le cas d'Adal-
hard (I), le vieil abbé de Corbie. Il était le symbole par excellence des temps Carolins
que Louis, au début de son règne, avait pensé révolus. Alors même qu'il venait d'être
rappelé d'exil, Adalhard semblait avoir gardé son influence intacte, si l'on en croit le
témoignage d'Agobard. Ce retour en faveur fut aussi exprimé par le nouveau crédit
8 Cf. par exemple WALLACE-HADRILL, Frankish Church, p. 229; MCKITTERICK, Frankish kingdoms,
p. 112.
9 Cf. FRIED, Papsttum, p. 254 sq.; contra: DEPREUX, Empereur, p. 895 sq.
10 Cf. les notices n° 4, n° 7, n° 9 et n° 129.
49
accordé à Wala: ce fut vraiment une mission de confiance dont Louis le Pieux l'inves-
tit en l'envoyant assister Lothaire en Italie. Par ce biais, Wala prit part au gouverne-
ment. Il semble également être redevenu un familier de la cour; c'est ce que l'épisode
du choix d'Anschaire pour raccompagner Harold dans son royaume, en 826, laisse
penser. En revanche, il est beaucoup plus difficile de se faire une idée exacte de l'ac-
tion du comte de Tours, Hugues (I) - qui fut à l'occasion le missus de Louis le Pieux.
Le prestige de ce membre d'une illustre famille me semble cependant indéniable,
puisque Louis unit Lothaire à sa fille. Quant à Matfrid, le collègue et complice de
Hugues, il apparaît plus souvent dans les sources. Le comte d'Orléans multipliait les
preuves de sa puissance, de son influence: il est, à mon sens, l'une des figures-clefs du
règne de Louis le Pieux11. Comme pour celui de Tours, on a la preuve du prestige
protocolaire dont jouissait le comte d'Orléans à la cour de Louis le Pieux grâce à la
description de la cérémonie de 826 à Ingelheim. Plus importante semble toutefois
l'apparition de son nom dans les formules N. ambasciavit des diplômes de Louis le
Pieux, ainsi que nous le verrons plus loin. Matfrid faisait donc partie du cercle re-
streint des plus grands parmi ceux auxquels l'empereur accordait sa confiance. O n
comprend dès lors peut-être mieux la sévérité des sanctions prises à l'égard du comte
d'Orléans et de celui de Tours en février 828: leur ampleur devait être à la mesure de
la déception de Louis le Pieux.
La première crise du règne de l'empereur, marquée par la révolte de 830, com-
mença en réalité deux ans plus tôt 12 . K. Brunner a montré qu'on pouvait difficile-
ment croire à l'existence d'un parti unitaire d'essence ecclésiastique (»kirchliche Ein-
heitspartei«) ayant combattu en rangs serrés pour le maintien de l'idée impériale défi-
nie en 817 par un partage réservant à Lothaire le premier rang; de même, on ne peut
pas réduire ce conflit à une opposition entre deux groupes familiaux rivaux13. En fait,
l'attribution d'un territoire à Charles en 829 ne contrevenait pas à l'Ordinatio impe-
rii14. Le sort du dernier fils de l'empereur fut pourtant la raison principale des déchi-
rements du règne de Louis le Pieux. La dotation de Charles amputait certes d'autant
le lot de ses demi-frères (et dans l'immédiat, la part qui reviendrait à Lothaire à la
mort de leur père). Il faut compter avec le sentiment de jalousie. Mais cette dotation
entraînait aussi et surtout une modification des relations de fidélité et d'hommage.
Cela fut d'ailleurs explicitement reproché à Louis le Pieux en 833, lors de son
procès 15 . L'empereur commit l'erreur d'appeler à ses côtés son filleul, celui-là même
qui avait fait l'objet du premier acte d'opposition de la part de Matfrid et de Hugues,
le beau-père de Lothaire. Le passage de Bernard au Palais fut trop éphémère pour
que l'on puisse apprécier en détail son influence sur le gouvernement de l'empereur.
Il en va de même pour Gombaud, qui chercha peu de temps après à tirer avantage de
la situation politique pour s'arroger la maîtrise du gouvernement: les sources docu-
mentaires sont rares. Toutefois, c'est pendant la période de répit (entre la »révolte
11 J'analyse son action dans DEPREUX, Matfrid.
12 Cf. GANSHOF, Am Vorabend.
13 Cf. BRUNNER, Oppositionelle Gruppen, p. 111. Sur les dispositions de 817, cf. GANSHOF, Observa-
tions; MOHR, Einheitspartei.
14 Cf. EWIG, Teilungen, p. 245 sq.
15 Relatio Compendiensis, c. 2, p. 54. L'usage anarchique des serments qui, d'une certaine manière, en
résulta fut (ou avait déjà été) condamné par l'empereur, cf. les Capitula de coniurationibus redécou-
verts par MORDEK, Bibliotheca, p. 1014 sq. (n° 22).
50
loyale« et le coup d'Etat) que ce qui se tramait depuis le remariage de Louis, et sur-
tout depuis la naissance de Charles, éclata au grand jour: une nouvelle donne poli-
tique. Le rôle joué par Judith en est l'expression, alors que Lothaire était écarté de la
cour et relégué en Italie, après qu'il eut été plusieurs fois envoyé en mission en lieu et
place de l'empereur 16 et que son nom eut été un temps associé à celui de son père
dans les diplômes de ce dernier, ce qui était l'expression de sa vocation à participer au
pouvoir impérial17.
On a depuis longtemps observé l'émergence, dans la seconde moitié du IX e siècle,
du terme - et par conséquent du concept politique dont il est l'expression - de con-
sors regni appliqué à la reine18. C'est avec Judith qu'apparaissent nettement les élé-
ments caractéristiques de cette association au pouvoir 19 : outre son rôle dans l'admi-
nistration du trésor et des biens du domaine 20 , la reine pouvait intervenir en faveur
d'un tiers, comme l'attestent certains diplômes 21 . Alors que l'on observe à mainte re-
prise une telle intervention de la part de Judith, la première épouse de Louis le Pieux,
Ermengarde, ne semble avoir joué ce rôle qu'une seule fois. Néanmoins, les interven-
tions de Judith ne se répartissent pas uniformément dans le temps. En effet, le pre-
mier diplôme dans lequel on peut lire qu'elle ambasciavit ne date que de mars 828,
alors qu'elle était l'épouse de Louis le Pieux depuis neuf ans. En revanche, son nom
apparaît beaucoup plus souvent après 831, c'est-à-dire après que Louis, en la réhabi-
litant, l'eut placée au-dessus de tous les membres de son entourage 22 . Cette observa-
tion est due à un témoin partisan - opposé à Judith. Or, rien depuis son mariage23
n'avait, à notre connaissance, modifié le statut de Judith 24 : au contraire, l'auteur de la
continuation des Annales Mettenses priores prétend que Louis, en 831, ne fit que
rétablir Judith dans son ancienne dignité25. Quoi qu'il en soit, il ne fait aucun doute
16 Cf. JARNUT, Regnum Italiae, p. 351 sqq., pour ce qui concerne les faits; mais pour ce qui est de leur
interprétation, je me permets de renvoyer à DEPREUX, Empereur, p. 901 sqq.
17 Cf. DEPREUX, Empereur, p. 903 note 80.
18 Cf. par exemple DELOGU, Consors regni, p. 85 sqq. Sur les implications concrètes de cette distinc-
tion, cf. ERKENS, Sicut Esther, p. 19 sqq.
19 Cf. ERKENS, Sicut Esther, p. 16.
20 Ibid., p. 15 sq. Les attributions de la reine pour ce qui concerne la gestion du trésor sont évoquées
par Hincmar en son De ordine palatii. Quant à ses attributions dans la gestion des domaines, elles
sont incontestablement attestées dès le règne de Charlemagne, cf. Capitulare de villis, c. 16, p. 84 et c.
47, p. 87.
21 Cf. ERKENS, Sicut Esther, p. 17 sq.
22 Agobardus, Libri contra Iudith, I, c. 2, p. 275.
23 Annales Xantenses, a. 819, p. 6: Mense Februario Ludewicus Imperator accepit sibi in coniugium Iu-
dith ad imperatricem; Theganus, Vita, c. 26, p. 596 - texte cité à la notice n° 181. Sur l'importance du
mariage comme acte constitutif de l'association au pouvoir, cf. ERKENS, Sicut Esther, p. 24.
24 On sait, grâce à l'auteur de la continuation des Annales Mettenses priores, que Judith avait été cou-
ronnée, puisqu'il la décrit comme telle à l'occasion du plaid tenu en février 830 à Aix-la-Chapelle:
Praedictus enim domnus imperator Ludoicus habebat quandam reginam pulchram nimisy nomine
Iudith, et sapientiae floribus optime instructam, sociatam sibi in coniugio, quae etiam imperatrix
coronata, et Augusta ah omnibus est adclamata (Annales Mettenses, p. 336). BRÜHL, Krönungs-
brauch, p. 322, se montre fort prudent quant à la date de ce couronnement, que WOLF, Königinnen-
Krönungen, p. 65 sq., voudrait dater de février 831 - ce que la structure du récit interdit à mon sens.
En fait, ce couronnement datait fort probablement du mariage de Judith, cf. SIMSON, Jahrbücher, to-
me l , p . 146.
25 Annales Mettenses, p. 336:... suam coniugempraedictam Iudith imperatricem recepit, atque eampri-
stino honori restitua.
51
que la seconde épouse de Louis le Pieux exerça une influence non négligeable dès la
seconde moitié des années vingt - environ depuis la naissance du jeune Charles: c'est
à elle avant tout que s'en prirent les auteurs de la première révolte contre l'empereur.
Mais suite à sa purification de 831, il semblerait qu'elle ait jeté le masque: son pou-
voir, exercé jusqu'alors dans l'ombre, était désormais public. Plus que son mariage
ou son couronnement, ce sont les qualités personnelles de Judith et le contexte poli-
tique qui se sont avérés décisifs26. C'est essentiellement au travers de ses interven-
tions auprès de Louis le Pieux27 qu'apparaît Yadiutrix in regimine, l'auxiliaire in gu-
bernacione regni dont parlait Agobard 28 . L'on sait cependant que les attributions de
Judith furent encore plus larges: elle pouvait également user de son influence concer-
nant l'agrément d'un candidat à l'épiscopat29. Mais elle avait aussi, aux dires de l'ar-
chevêque de Lyon, la fonction d'adiutrix in gubernacione palacii - rôle dans lequel
on peut éventuellement aussi observer Ermingarde quant à la gestion du trésor 30 . On
a fort peu d'éléments prouvant l'activité de Judith dans l'administration du Palais:
l'accusation d'adultère avec Bernard (II) était vraisemblablement d'autant plus aisée
que, d'après la description de l'archevêque de Reims, la reine devait travailler en étroi-
te collaboration avec le chambrier31. Par ailleurs, grâce à une lettre de l'abbesse de
Remiremont à Judith, on a la preuve que cette dernière venait à gérer les réquisitions
dues au titre du droit de gîte, ainsi que le prévoyait le c. 27 du Capitulare de villis. En
outre, Judith avait fait installer sa famille à la cour; ses frères, Conrad et Raoul, étai-
ent dans l'entourage impérial: Nithard précise qu'en février 831, ils furent rendus à
Louis le Pieux32 suite à la révolte au cours de laquelle ils avaient été exilés. Que les
opposants à la politique de l'empereur s'en prissent aux frères de son épouse montre
que ceux-ci étaient sinon influents, du moins le symbole de la puissance du »clan«
mené par Judith.
Après l'erreur de la nomination de Bernard, Louis eut recours à un homme qui
avait fait carrière à la cour: Tanculf. Il était depuis fort longtemps à son service. On
compte en effet quelques personnes dont la période d'activité fut extraordinairement
longue: le notaire Durand, par exemple, ou son collègue Hirminmaris. Ces person-
nes contribuaient au maintien des traditions et à la continuité de l'administration.
26 Je tends par conséquent à renverser l'échelle de valeurs établie par ERKENS, Sicut Esther, p. 24, bien
qu'il ne sous-estime pas l'importance des facultés personnelles de la reine: »Sieht man einmal von
den (sicherlich nicht unmaßgeblichen) persönlichen Fähigkeiten und Begabungen der einzelnen
Herrscherinnen sowie den äußeren Umständen ab, unter denen sie ihre politischen Qualitäten unter
Beweis stellen mußten, dann ist es offenbar die Salbung, die Einbeziehung in die sakrale Sphäre ge-
wesen, die ihre besondere Position in der westfränkischen Herrschaftsordnung entscheidend mitbe-
gründete«. Judith, de même qu'Ermengarde, semble ne jamais avoir été sacrée. En 816, la première
épouse de Louis le Pieux fut »bénie« en sus de son couronnement (cf. Ermoldus, Elegiacum carmen,
II, v. 1102 sqq., p. 86), ce que WERNER, Hludovicus Augustus, p. 40, met à juste titre en parallèle avec
la cérémonie de 754, mais cette benedictio, pas plus que pour l'épouse de Pépin le Bref (cf. HALPHEN,
Charlemagne, p. 33), n'est, ici, synonyme de consecratio - c'est pourquoi la comparaison avec le sa-
cre de 866 établie par WOLF, Königinnen-Krönungen, p. 86 note 15, est dangereuse.
27 Exceptionnellement, cela est attesté par la mention Iudith ambasciavit. Comme nous le verrons plus
loin, l'impératrice était d'ordinaire mentionnée comme celle qui avait présenté la requête.
28 Agobardus, Libri contra Iudith, II, c. 2, p. 277.
29 Frotharius, Epistolae, n° 15, p. 286 sq.
30 C'est ainsi que j'interprète Ardo, Vita Benedicti, c. 31, p. 213. Cf. la notice n° 90.
31 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 365 sqq., p. 74.
32 Nithard, Historia, I, c. 3, p. 12.
52
1 Cf. B.M. 521(502); B.M. 579(559); B.M. 595(575); B.M. 597(577); B.M. 603(583); B.M. 607(587); B.M.
617(597); B.M. 648(626); B.M. 654(640); B.M. 656(642); B.M. 670(656); B.M. 682(663); B.M. 684(664);
B.M. 711(688); B.M. 728(704); B.M. 735(711); B.M. 757(732); B.M. 759(734); B.M. 764(739); B.M.
773(748); B.M. 775(750); B.M. 782(757); B.M. 787(760); B.M. 789(764); B.M. 794(769); B.M. 796(772);
B.M. 797(773); B.M. 813(789); B.M. 833(807); B.M. 848(822); B.M. 849(823); B.M. 850(824); B.M.
858(834); B.M. 869(840); B.M. 872(843); B.M. 876(847); B.M. 883(854); B.M. 888(859); B.M. 895(866);
B.M. 896(867); B.M. 902(873); B.M. 910(881); B.M. 914(885); B.M. 919(890); B.M. 921(892); B.M.
922(893); B.M. 923(894); B.M. 925(896); B.M. 929(900); B.M. 933(904); B.M. 952(921); B.M. 954(923);
B.M. 963(932); B.M. 964(933); B.M. 971(940); B.M. 972(941); B.M. 973(942); B.M. 977(946); B.M.
978(947); B.M. 979(948); B.M. 988(957); B.M. 990(959); B.M. 991(960); B.M. 993(962); B.M. 994(963);
B.M. 997(966); B.M. 999(968); B.M. 1006(975). Il n'y a pas lieu de compter ici B.M. 907(878); à ce pro-
pos, cf. la notice n° 265. Par ailleurs, on ne peut pas retenir B.M. 743(718): il y est dit que l'archevêque
Agobard fit un rapport à l'empereur concernant l'élection de l'abbé Tructesinde; il n'est pas dit qu'il
demanda à Louis le Pieux de confirmer cette mesure. En outre, il convenait que celui qui présenta la
requête ne partageât pas d'intérêts communs avec le bénéficiaire; c'est pourquoi, par exemple, on ne
peut pas prendre en compte le diplôme B.M. 886(857) expédié en faveur du monastère de Cormery,
sur la requête de Fridugise. En l'absence d'une critique sérieuse de B.M. 996(965), je préfère écarter
cet acte.
2 JOHANEK, Probleme, p. 413, avait annoncé »578 Volltexte«, mais lors de sa communication à Bonn, le
18 février 1994, à l'occasion du colloque sur Schriftkultur und Reichsverwaltung unter den Karolin-
gern, il a revu ce chiffre à la baisse, déclarant travailler sur 474 textes complets.
53
nellement par l'affaire en question et ceux qui ne le paraissent pas. Les premiers ne
feront l'objet que d'une brève présentation, car ce sont les seconds qui s'avèrent les
plus intéressants. D'ailleurs, il y avait parmi eux les personnes dont on sait qu'elles
ambasciaverunt et qui se trouvaient ainsi au degré ultime de la participation à la prise
de décision.
Les interventions en faveur de tiers consistaient essentiellement en deux phases: il
convenait d'informer l'empereur de la situation et de formuler ou d'appuyer la de-
mande du requérant. Parfois, il est simplement dit que l'empereur prit sa décision sur
hpetitio, la suggestio ou la deprecatio d'un tel3. Mais souvent, cette requête s'accom-
pagnait d'une relatio, d'un exposé de la situation 4 , introduit généralement par le ver-
be suggère*', innotescere6 ou referre7 - quelquefois, la chose était sous-entendue 8 . A
l'occasion, d'aucuns pouvaient renoncer à se rendre à la cour et se reposer entière-
ment sur leur intermédiaire 9 . De même, celui qui appuyait la demande pouvait égale-
ment ne pas être physiquement présent, mais dépêcher quelqu'un pour le représen-
ter10. En d'autres cas, l'intermédiaire pouvait intervenir au tout début du processus
juridique (par exemple pour demander l'autorisation préalable à un échange), sans
qu'il semble avoir été ensuite de quelque secours pour les personnes concernées 11 .
Mais par ailleurs, en ce qui concerne certains diplômes, alors que le requérant était
réputé avoir présenté lui-même la requête en exposant l'affaire, on sait qu'en fait, ce-
lui qui impetravit était un officier du Palais12. Force est alors d'avouer, dans la majo-
rité des cas, notre impuissance à reconstituer le processus d'octroi d'un privilège et
d'établissement des diplômes expédiés en conséquence: en effet, si le diplôme donné
en faveur de Kempten le 4 avril 833 n'était pas conservé en original (si, donc, nous
n'avions pas connaissance de la mention en notes tironiennes portée sur le parche-
min), nous ignorerions tout de l'intervention de l'archichapelain Foulques - ceci
n'est qu'un exemple parmi d'autres.
L'on peut admettre que celui qui introduisait auprès de l'empereur la requête d'un
tiers avait auparavant pris connaissance du dossier et qu'il avait jugé la demande rece-
vable. C'est le bon sens qui commande cette hypothèse: présenter à l'empereur la re-
quête d'un quidam supposait de la part de celui qui acceptait - probablement après
réflexion - de se prêter à cette procédure que, d'une certaine manière, il appuyât cet-
te requête. Or, un haut personnage pouvait-il se permettre de cautionner une de-
3 B.M. 579(559); B.M. 603(583); B.M. 682(663); B.M. 757(732); B.M. 813(789); B.M. 850(824); B.M.
876(847); B.M. 883(854); B.M. 895(866); B.M. 910(881); B.M. 919(890); B.M. 990(959).
4 B.M. 617(597); B.M. 988(957).
5 B.M. 759(734); B.M. 896(867).
6 B.M. 773(748); B.M. 782(757); B.M. 789(764); B.M. 796(772); B.M. 849(823); B.M. 858(834); B.M.
869(840); B.M. 888(859); B.M. 902(873); B.M. 914(885); B.M. 952(921); B.M. 972(941); B.M.
973(942); B.M. 978(947).
7 B.M. 971(940).
8 B.M. 670(656); B.M. 684(664); B.M. 775(750); B.M. 797(773); B.M. 1006(975).
9 B.M. 775(750).
10 B.M. 933(904). A ce propos, cf. la notice n° 205.
11 B.M. 794(769).
12 B.M. 921(892). Cas de figure similaire dans B.M. 923(894) ou dans B.M. 925(896). Pour GRAT, Men-
tion, p. 14, »la mention N. impetravit désigne ... la personne qui a obtenu du souverain l'expédition
du diplôme«; mais il admettait que cette personne était »presque toujours« celle qui avait obtenu la
faveur garantie par le diplôme (ibid., p. 20).
54
13 B.M. 753(728), éd. Doc. dipl. Westphalie, n° 3, p. 4 sq. (à la p. 4):... missa petitione deprecatus est...
Cf. également B.M. 619(599) ou B.M. 840(814). On possède le texte de telles suppliques, cf. Doc.
dipl. Conféd. suisse, n° 46, p. 38 sqq., n° 47, p. 40 sq. et n° 49, p. 41 sq.
14 Cf. par exemple B.M. 707(686) ou B.M. 887(858).
15 Cf. B.M. 848(822). Pour un exemple a contrario, cf. B.M. 845(819). Il s'agit dans les deux cas d'une
restitution.
16 Cf. B.M. 715(692).
17 Cf. B.M. 592(572), éd. Doc. dipl. Farfa, n° 217/CCXXXIIII, p. 176 sq. (à la p. 177): ... hoc nostrae
auctoritatis preceptum inspectas auctoritatespatentas fieriplaçait... Cf. également B.M. 848(822).
18 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 315 sqq., p. 68.
19 Cf. les notices n° 115 et n° 232.
20 En règle générale, il ne sera fait référence au numéro B.M. des diplômes qu'au cas où ils concernent
des individus n'ayant pas fait l'objet d'une notice prosopographique. Dans la majorité des cas, il
conviendra de se reporter aux notices prosopographiques pour plus ample information.
21 B.M. 682(663).
22 B.M. 654(640).
55
d'élection de son propre abbé. Il se pouvait aussi qu'une personne présentât une re-
quête en faveur d'un établissement religieux concernant un bien de cet établissement
sur lequel elle avait des droits: c'est ce que l'on observe dans le cas d'Arn de Salz-
bourg 23 , de Théodrade 24 ou des comtes Gerold (I), Banzlegb25 et Adalbert (II) en ce
qui concerne l'église cathédrale du Mans. Il arrivait également qu'un missus inter-
cédât en faveur d'une personne ou d'une institution dont il avait eu à s'occuper, com-
me le fit Aldric (I) à propos de Saint-Amand.
Nous verrons plus loin que des titulaires d'offices importants pouvaient avoir
connaissance de plusieurs dossiers dans lesquels ils ne semblent avoir eu aucun in-
térêt. Mais il arrivait également qu'ils fussent concernés par la cause qu'ils soutenai-
ent: ceci est par exemple vrai pour les reines, couvrant l'action de leur personnel 26 ou
favorisant leurs vassaux27. On ne sait par ailleurs pas à quel titre Judith présenta la re-
quête en suite de quoi Louis fit faire le diplôme B.M. 964(933) en faveur du monastè-
re du Mont-Sainte-Odile. L'archichapelain Drogon présenta également une requête
en faveur d'un des chapelains. Il est patent que tous ces individus soit étaient person-
nellement intéressés par l'octroi du diplôme, soit connaissaient particulièrement bien
le dossier - parfois, le bénéficiaire dépendait d'eux. C'est vraisemblablement à ce der-
nier titre qu'ils présentèrent la requête: l'empereur pouvait reconnaître en eux des ex-
perts de la question. Au contraire, on peut penser que la compétence technique pas-
sait au second plan lorsque les intermédiaires étaient étrangers à l'affaire en cause:
c'étaient alors vraisemblablement leur influence et leur prestige politique qui primai-
ent.
A l'exception de Scahafès, de Hiliand et de Suizgaire, des individus dont on ne sait
rien et qu'il convient dès à présent de laisser de côté pour cette raison, les personnes
ayant introduit la cause de tiers sans qu'il semble que ce fût parce qu'elles y étaient
intéressées forment un cercle assez restreint. On y compte essentiellement des hauts
personnages du Palais ou des personnes d'un poids politique incontesté. Il s'agit de
Lothaire, Louis le Germanique, Charles (le Chauve) et Judith, des archichapelains
Hilduin, Foulques et Drogon, du chambrier Bernard, de Parchichancelier Hugues,
du sénéchal Adalhard, des huissiers Richard et Gérung (dont il est question dans un
seul diplôme mais dont les compétences sont attestées par d'autres sources), et, enfin,
du comte Matfrid, de l'archevêque Ebbon et de l'abbé Eginhard.
Si l'on écarte les individus attestés une seule fois (Bernard, Hugues et Gérung,
Eginhard et Ebbon, et même le jeune Charles, dont Gombaud se servit à deux repri-
ses), on observe que les individus intervenant plusieurs fois dans des situations va-
riées étaient soit des personnes explicitement associées au pouvoir impérial, soit des
23 B.M. 607(587).
24 B.M. 848(822).
25 B.M. 972(941).
26 B.M. 670(656).
27 B.M. 919(890).
56
individus au sommet de la hiérarchie du Palais28 (cela est également vrai pour Hugues
et, surtout, pour Bernard): d'une part, on trouve Lothaire (empereur associé), Louis
(roi) et l'impératrice Judith, d'autre part, les archichapelains créés par Louis (à la dif-
férence d'un Hildebaud que l'empereur avait hérité de Charlemagne), l'huissier
Richard, et le sénéchal Adalhard, dont Nithard souligna la grande influence qu'il
exerçait sur Louis le Pieux vers la fin de son règne29. Mais il y avait aussi une excepti-
on: Matfrid. Il était apparemment le seul membre de ce »club« fermé ne faisant pas, à
notre connaissance, partie du Palais au sens classique; c'est d'ailleurs ce qui fait
l'intérêt de sa personne 30 . Les interventions de Lothaire et de Louis revêtaient un ca-
ractère hautement politique: ainsi, ils s'entremirent pour appuyer la cause de re-
quérants dépendant territorialement d'eux 31 . Mais Louis le Germanique défendit
également les intérêts de monastères sis en des régions sur lesquelles son père ne lui
reconnaissait pas autorité, mais qu'il revendiquait32. Par ailleurs, si l'on ne peut appa-
remment pas trouver de raison particulière à la présentation, en 829, de la cause de
l'évêque d'Angers par Lothaire, en revanche, son intervention en faveur du monastè-
re de Charroux en 830 illustre parfaitement la conjoncture politique du moment: le
bénéficiaire n'était autre que Gombaud, qui avait profité de la crise entretenue par
Lothaire pour se hisser au pouvoir.
Parmi les personnes ayant introduit la cause de tiers tout en y étant apparemment
étrangères, on en compte également quelques-unes qui, à ce qu'il semble, ne jouissai-
ent pas d'une influence particulière. Il s'agit des évêques Hucbert et Rataud. Hucbert
se joignit à l'archevêque Ebbon (cela est assuré pour le premier des deux diplômes en
faveur de la communauté de Corvey dans lequel on dit qu'il est intervenu; dans le se-
cond diplôme, donné une semaine plus tard, Hucbert semble avoir agi seul) et
Rataud s'associa à l'archichapelain Drogon. O n ignore la raison pour laquelle les
moines de Corvey s'adressèrent à Ebbon et à Hucbert. Peut-être était-ce le fruit du
hasard, peut-être l'amitié joua-t-elle un rôle. En effet, on sait que l'évêque de Meaux
accueillit en mars 836 l'abbé de Corvey lorsque ce dernier procéda à la translation
des reliques de saint Guy, de Saint-Denis jusqu'en Saxe33. Pourquoi Warin fit-il halte
chez Hucbert, qui l'accueillit avec faste? N'était-ce dû qu'à la dévotion du peuple
meldois, ou bien était-ce en raison de quelque amitié entre l'évêque et l'abbé? Tou-
jours est-il que les diplômes pour Corvey en question furent donnés au plus fort de
la crise politique: les intermédiaires se faisaient vraisemblablement rares en juin 833.
28 BÜHRER-THIERRY, Evêques, p. 31, aboutit mutatis mutandis à un constat assez proche en ce qui con-
cerne les évêques de Pentourage des derniers rois carolingiens en Germanie apparaissant comme »in-
tercesseurs présentant une requête en faveur d'un tiers«: »il nous semble que cette ... fonction désig-
ne les grands ecclésiastiques qui ont la plus large audience auprès du roi et qui font partie de l'entou-
rage direct du souverain«. Mais selon l'auteur, la géographie était un facteur contraignant (n'importe
qui n'intervenait pas dans n'importe quelle région), cf. ibid., p. 49 notamment.
29 Cf. Nithardus, Historia, IV, c. 6, p. 142.
30 Cf. DEPREUX, Matfrid.
31 Ce fut le cas pour Louis en ce qui concerne Kremsmünster, cf. B.M. 850(824). C'est également à qui
de droit que l'évêque de Coire, Victor, s'était adressé lorsqu'il se tourna vers Lothaire pour lui de-
mander de plaider sa cause auprès de Louis le Pieux, cf. la notice n° 191.
32 C'est le cas en ce qui concerne, en Alémanie, les abbayes de la Reichenau, cf. B.M. 869(840), et de
Kempten, cf. B.M. 929(900) et B.M. 978(947). A ce propos, cf. la notice n° 192.
33 Translatio s. Viti, p. 50 sqq.
57
mentions d'intermédiaires sont relativement rares avant la grande crise politique des
années 828/829 et suivantes; inversement, on constate une multiplication de ces in-
termédiaires pendant les troubles et, ensuite, un certain tassement, le pouvoir étant
alors passé aux mains d'autres individus. On doit certainement reconnaître dans le
grand nombre des mentions d'intermédiaires entre 828/829 et 834 la volonté des no-
taires ou des bénéficiaires de s'abriter derrière la responsabilité d'un personnage in-
fluent. Ainsi, on compte huit intermédiaires différents jusqu'en 828 (c'est-à-dire sur
une période de quatorze ans), dix intermédiaires entre 828 et 834 (c'est-à-dire sur une
période deux fois moins longue que la précédente), et six intermédiaires pendant les
dernières années du règne (c'est-à-dire pendant un peu plus de cinq ans). Ce bilan ne
prend tout son relief que si l'on souligne que dans les phases précédant et suivant les
années de crise, on ne compte à chaque fois que deux individus dont les interventions
sont répétées et qui font preuve d'une constance dans l'exercice des plus hautes res-
ponsabilités. Les interventions des autres intermédiaires semblent relever plutôt du
hasard des contraintes administratives ou de l'occasion particulière qu'eut tel ou tel
grand d'appuyer une affaire à laquelle il n'était pas indifférent. C'est, à mon sens, ain-
si qu'il faut analyser les interventions d'Eginhard en 817, de Benoît en 819, de Hili-
and en 820, de Suizgaire en 822 et, enfin, de l'huissier Gérung et de celui qui se joignit
à lui (dont on ne connaît que l'initiale: L.). La même chose vaut pour l'intervention
de Judith en 837, de Louis le Germanique en 838, de Parchichancelier Hugues en 839
et de Scahafès vers la fin du règne de Louis le Pieux.
En contraste avec ces diverses personnes dont on n'a la trace que d'une interventi-
on, on rencontre d'une part Matfrid et l'archichapelain Hilduin, d'autre part son suc-
cesseur Drogon et le sénéchal Adalhard (III). Dans les deux cas, on a un clerc et un
laïc, qui pouvaient à l'occasion traiter une affaire de concert, comme ce fut le cas pour
Hilduin et Matfrid: ils ambasciaverunt ensemble en 821. A-t-on ici affaire au hasard?
Il est difficile de répondre, car si l'on peut être tenté de reconnaître le partage des
pouvoirs décrit par Hincmar 38 (à ceci près que l'archevêque de Reims accordait au
comte du Palais une importance qu'on n'observe pas pour le règne de Louis le
Pieux), on doit concéder qu'il y un certain déplacement dans le temps des principales
manifestations d'influence. On rencontre d'abord Matfrid (à six reprises, dont la
moitié en tant qu'ambasciator), de 815 à 823. Ensuite, c'est Hilduin qui s'impose, jus-
qu'à la période de crise (pour lui aussi, on dénombre six interventions en faveur de
tiers, dont trois en tant qu5ambasciator). Il ne fait pas de doute qu'il tirait son presti-
ge de son titre d'archichapelain. Hilduin commença par ambasciare pour le compte
de sa propre abbaye dès 820; le diplôme B.M. 735(711) où il est mentionné en compa-
gnie de Matfrid concerne la première affaire que l'archichapelain suivit pour le
compte d'un tiers. Lorsqu'on passe à la dernière phase du règne de Louis le Pieux, on
observe que la période d'intense influence de Drogon se situe entre janvier 836 et ju-
in 838 (on a trace de quatre interventions), et qu'ensuite, le pouvoir se déplaça dans
les mains d'Adalhard, principalement actif en 839 (on compte quatre interventions
entre avril et juillet, c'est-à-dire pendant la période qui précéda et suivit immédiate-
ment l'accord entre Louis le Pieux et son fils Lothaire, dont la soeur de l'épouse avait
le sénéchal pour beau-frère39). Adalhard était déjà intervenu en 831 (il agissait de
concert avec Judith) et en 836. On observe toutefois une différence majeure entre la
première phase du règne de Louis le Pieux et la dernière: du temps de Matfrid et de
Hilduin, d'autres personnes ambasciaverunt (Eginhard, Benoît, Hiliand et Suizgai-
re); en revanche, l'exercice de ce pouvoir de décision fut ensuite confisqué au profit
exclusif de Drogon et d'Adalhard. Les autres intermédiaires (Louis, Hugues ou Sca-
hafès) n'avaient que la possibilité d'intercéder; Judith elle-même fut soumise à cette
discipline, bien qu'elle eût jadis l'occasion d'ambasciare. Il s'agissait vraisemblable-
ment d'une réaction à la relative anarchie de la période de crise.
On ne peut pourtant pas dire que la faculté à'ambasdare fût bradée durant cette
période: alors que le malaise naissait40, Judith ambasciavit en mars 828; mais ensuite,
plus personne n'assuma cette responsabilité. On n'eut plus que des intercesseurs.
Lothaire d'abord, en janvier 829. Mais il était concurrencé, par son frère Louis (le roi
de Bavière intervint à deux moments particulièrement critiques: en septembre 829,
alors que son frère aîné venait d'être évincé, et en juillet 834, quand Lothaire était en
rébellion), et par Bernard. Le chambrier appuya une requête en octobre 829. On sait
qu'il fit courte carrière à la cour: elle fut interrompue par la révolte de 830. Il se peut
que dans la période qui suivit immédiatement cette crise, Charles fût jugé seul capa-
ble de gagner la confiance de son père: Gombaud s'en servit en février 831. Puis les
choses rentrèrent dans l'ordre; un huissier, Richard, appuya deux affaires (en avril
831 et en juillet 832). Ce fut aussi le triomphe de Judith, cette épouse enfin lavée des
accusations portées contre elle: on compte deux interventions à l'automne 831 (dont
une en commun avec le sénéchal Adalhard, vraisemblablement déjà le beau-frère de
sa belle-soeur41), une intervention en novembre 832 et une autre en juin 833. Nous
voilà au coeur de la tourmente: c'était apparemment l'affolement42. Entre avril et juin
833, alors que Louis le Pieux s'efforçait de rassembler ses fidèles, on compte cinq di-
plômes mentionnant l'intervention d'un ou deux intermédiaires: outre Judith, on
voit apparaître l'archichapelain Foulques, l'évêque Hucbert et l'archevêque Ebbon,
c'est-à-dire le plus haut responsable du Palais, un ancien chantre de la Chapelle et un
39 En effet, Lothaire avait épousé Ermengarde, la fille du comte Hugues de Tours (cf. la notice n° 191).
Une autre fille de Hugues, Berthe, avait été unie au comte Girard, qui n'était autre que le frère du
sénéchal Adalhard (cf. Louis, Girard, p. 30 sqq.; VOLLMER, Etichonen, p. 169; WILSDORF, Eticho-
nides, p. 10).
40 Hugues et Matfrid venaient d'être déposés, cf. les notices n° 164 et n° 199.
41 On ignore la date à laquelle Conrad, le frère de Judith, épousa Adélaïde, la soeur de Berthe, l'épouse
du comte Girard et helle-soeur d'Adalhard (cf. Louis, Girard, p. 32; VOLLMER, Etichonen, p. 168;
WILSDORF, Etichonides, p. 10). Il est toutefois peu probable que le frère de l'impératrice s'unît à la
fille du comte Hugues de Tours après qu'il entra en révolte contre Louis le Pieux.
42 C'est ce que semble prouver la multiplication des diplômes. En effet, la fréquence d'expédition des
diplômes lorsque Théoton était archichancelier s'avère remarquable, notamment avant le coup d'E-
tat. En moins d'un an, c'est-à-dire entre le 13 juillet 832 et le 10 juin 833, vingt-trois diplômes furent
expédiés. C'est plus que la moyenne annuelle du règne de Louis le Pieux: JOHANEK, Probleme, p.
421, l'a estimée à »22,23« (sur les critères, cf. ibid., note 51), mais elle doit être revue à la baisse. Elle
devrait s'élever en réalité à environ 18 diplômes expédiés annuellement. En effet, P. Johanek avait
calculé cette moyenne sur la base de 578 »Volltexte« (ibid., p. 413). Or, comme j'en ai fait état au dé-
but de ce développement, il a récemment reconnu s'être trompé et devoir modifier ce nombre: il n'y
aurait que 474 »Volltexte«. Le nombre élevé de diplômes expédiés en 832/833 est assez simple à ex-
pliquer: il s'agissait pour Louis le Pieux de récompenser ou d'acheter les fidélités, cf. DEPREUX, Nit-
hard, p. 152.
60
ami d'enfance (qui, néanmoins, devait trahir l'empereur) - bref, ce qui semble avoir
été les dernières personnes sur lesquelles Louis pensait pouvoir s'appuyer et qui étai-
ent susceptibles de soutenir sa cause.
Louis dut également envoyer des missi en Septimanie vers la fin de son règne, en
838, pour mettre un frein aux exactions des hommes de Bernard (II), l'ancien cham-
brier dont il avait grand-peine à se faire encore obéir. Au cas où Hélisachar ne serait
pas déjà mort, il était en tout cas très âgé. Quant à Hildebrand, il était alors assuré-
ment décédé. Louis ne pouvait par conséquent plus recourir entièrement aux mêmes
hommes. Voyons donc sur qui il fit porter son choix23. Donat l'avait autrefois satis-
fait: l'empereur eut de nouveau recours à lui. Son cas est d'autant plus intéressant
qu'il s'était rebellé contre Louis le Pieux et était passé dans le camp de Lothaire. Né-
anmoins, dès 834 il s'était réconcilié avec l'empereur, mais il avait perdu son honor
comtal. Le comte Boniface, qui l'accompagnait en 838, avait également été dépouillé
de son honor, mais pour la raison inverse: il avait quitté l'Italie par fidélité à Louis le
Pieux. Quant à l'abbé Adrevald, qui avait jadis travaillé à la libération de Louis en
collaboration étroite avec ce même Bernard (II) qu'il connaissait donc bien, il avait
prouvé son habileté dans une mission de confiance à Rome l'année précédente. Une
dizaine d'années après l'envoi en mission de Hélisachar et de ses compagnons, on
observe par conséquent un recours beaucoup plus marqué à des gens ayant prouvé
sans équivoque leur fidélité à Louis le Pieux. La présence de Donat devait rappeler en
outre à Bernard et aux siens que l'empereur désirait une réconciliation durable (en
dépit de ses sautes d'humeur à l'égard de ses fils24). Cette observation a-t-elle cepen-
dant quelque valeur plus générale?
La personnalité des missi envoyés en 831 enquêter à Pfavers25 ou celle des évêques
Albéric et Modouin qui firent partie de la commission dépêchée entre 829 et 836 à
Flavigny26 le laissent penser. Néanmoins, Louis ne pouvait pas s'appuyer sur n'im-
porte quel grand dont la fidélité lui était acquise. Il lui fallait parfois se montrer di-
plomate. Ce fut assurément le cas en 834 aux environs de Blois, lorsqu'il dépêcha des
légats auprès de Lothaire pour le convaincre de se réconcilier avec lui27. Louis confia
cette mission au comte Gébaard, qui, quelques mois plus tôt, avait rendu visite à
l'empereur lorsqu'il était prisonnier de son fils, et surtout à l'évêque Badurad et au
comte Bérenger (I). Or, l'évêque de Paderborn avait soutenu avec constance la fon-
dation de Corvey, un trait auquel Wala, qui se trouvait alors dans l'entourage de Lo-
thaire, ne devait certainement pas demeurer indifférent. La présence du comte
Bérenger (I), de la puissante famille des Unrochides 28 , parmi les envoyés de Louis
était également susceptible de flatter le ressentiment de Lothaire et de ses amis pour
un ancien conseiller de l'empereur. Bérenger était en effet alors en concurrence ach-
arnée avec Bernard (II) pour le contrôle de la Septimanie. L'identité des membres
d'une autre ambassade envoyée auprès de Lothaire un peu plus tard, vers 836 en Ita-
lie, illustre aussi la diplomatie de Louis le Pieux à l'égard de son fils29. Outre l'évêque
Hildi, on rencontre le comte Warin (II), qui après s'être opposé à Louis en 830, avait
travaillé ardemment à sa libération lors de la seconde crise. Lothaire avait eu affaire à
lui: il avait marchandé sa fidélité, mais Warin était finalement demeuré attaché à Lou-
is. Dans cette délégation, on rencontre également le comte Adalgise et l'archevêque
Otgaire. Le premier était l'homme de terrain du groupe: en tant que comte de Parme,
il travaillait sous les ordres de Lothaire. Quant au second, il s'avérait le véritable am-
bassadeur de la réconciliation durable que l'empereur souhaitait: il était lui-même un
ancien »traître« (le mot est de Thégan) à qui Louis avait tout pardonné.
Enfin, l'analyse de la composition de deux autres délégations, envoyées toutes deux
à Saint-Calais en 838, peut éclairer notre propos d'un jour particulièrement intéres-
sant. D'abord, l'empereur ordonna une enquête suite à la plainte d'un de ses amis,
l'évêque Aldric (II); ensuite, il fit procéder par d'autres missi à l'application du juge-
ment rendu en faveur de l'évêque du Mans. Le premier groupe 30 fut composé des évê-
ques de Poitiers et de Paris (Ebroin et Erchanrad), d'Altmar (le sénéchal de Judith) et
du comte Rorgon. Erchanrad était demeuré fidèle à Louis durant la crise de 833; il
était en outre vraisemblablement un ami d'Aldric. La fidélité d'Ebroin envers Louis le
Pieux ne fait également pas l'ombre d'un doute. Il était parent avec Rorgon, dont le
prestige est certain, en dépit de sa brève association avec Lothaire. Rorgon était en ou-
tre l'homme de terrain de l'équipe, puisqu'il était comte du Maine. La composition de
ce groupe est donc ici d'une teinte tranchée: on y décèle un mélange d'attachement
presque inconditionnel au couple impérial et d'un rien, peut-être, de partialité. A l'in-
verse, le groupe des missi chargés de procéder à l'investiture d'Aldric fut composé de
personnages (un comte du Palais, deux comtes et un vassal31) à la personnalité beau-
coup plus neutre, pour qui ce fut vraisemblablement la première (et pour certains
peut-être aussi la seule) occasion de s'illustrer. Il suffisait d'appliquer un jugement: la
décision politique faisait alors place à l'action purement administrative.
On aura compris que je rejoins l'analyse de R. Le Jan lorsqu'au regard des informati-
ons qu'elle a recueillies sur les agents du roi en Neustrie du milieu du VII e siècle au
milieu du IXe, elle constate que »tout se passe (...) comme si le pouvoir se personnali-
sait davantage en se concentrant entre les mains des quelques grands qui entourent
l'empereur« 32 . De même, je m'accorde avec S. Airlie pour privilégier l'examen indivi-
duel de la manière dont chaque personne pouvait agir au gré des diverses situations 33 .
C'est donc à cette étude que je convie maintenant le lecteur.
1. AARON1
Moine (prêtre), attesté en 817/818
Aaron, qui ne nous est peut-être connu que par son nom de profession religieuse2 et
que Candide qualifiait de monachus occidentalisa et de presbyter4, fut envoyé par
Louis le Pieux à Fulda après la déposition de l'abbé Ratgaire 5 , pour mettre fin aux
dissensions à l'intérieur de la communauté. Il était accompagné du moine Adalfrid6.
L'empereur les y envoya également pour éprouver et, éventuellement, modifier les
institutions de cette abbaye 7 ; ce qu'ils firent8. L'on se doit par conséquent de mettre
ce fait en relation avec l'envoi d'inspecteurs dans tout l'empire, suite à l'assemblée ré-
formatrice tenue à Aix-la-Chapelle en juillet 8179: il est en effet fort probable qu'on
doive classer Aaron et son compagnon, Adalfrid, dans la catégorie de missi dont
l'Astronome fait mention 10 . Aaron et Adalfrid dirigèrent la communauté de Fulda
pendant un temps assez long11, puis les moines, principalement sur le conseil d'Aa-
ron (inito consilio cum Aaron et sociis eius), envoyèrent Adalfrid et quelques moines
de Fulda à la cour pour demander à l'empereur la permission d'élire un abbé 12 . Celle-
ci obtenue et Eigil une fois élu13, Aaron dirigea la délégation des moines de Fulda
1 Seule forme onomastique: Aaron. Au début de chaque notice, j'annoncerai les formes onomastiques
sur lesquelles j'ai travaillé. Il ne s'agit toutefois ni d'une indication visant à quelque étude sur les
noms de personnes, ni d'un inventaire exhaustif, mais d'une annonce des éventuelles propositions
d'identification que j'exposerai dans le texte.
2 Le frère de Moïse fait figure de lévite par excellence, cf. Ex. IV, 10-17; Ex. VII, 1-7; Ex. XXVIII, 2;
Ex. XXIX, 1-46 etc.
3 J. Mabillon a proposé d'identifier Aaron avec un moine homonyme du monastère de Bèze, mais
OEXLE, Forschungen, p. 74 sq. a montré le caractère hypothétique de toute identification.
4 Candidus, Vita Eigilis, c. 9, p. 225:... Aaron presbyter primus ex monachis occidentalibus ...
5 TANGL, Urkunde für Fulda, p. 27 sqq. émit l'hypothèse selon laquelle Ratgaire aurait déjà été démis
de ses fonctions lorsque les moines de Fulda obtinrent le diplôme daté du 4 août 817, dans lequel le
nom de l'abbé ne figure pas. Cf. B.M. 656(642). Sur l'histoire de Fulda, cf. HUSSONG, Fulda.
6 Cf. la notice n° 5.
7 Candidus, Vita Eigilis, c. 3, p. 223: Quo iam decedente ob quandam discordiam, quam seminaverunt
inter eum et fratres illius membra capitis omnium iurgiorum, surrexit statim cura et auxilium circa
nos Hludwici serenissimi augusti... Hic igitur misit nuntios suos Aaron et Adalfridum cum sociis ip-
sorum, monachos scilicet occidentales, qui nos in temptatione temporalis miseriae consolando suble-
varent et, si quae de regulae instituas apud nos aut incoepta aut dilapsa fuissent, fraterna dilectione
praemonendo corrigèrent.
8 Ibid., c. 4, p. 224: Eramus quidem multo tempore in coenobio degentes vitam quitatem sub eorum
magisterio, addito praeposito et decanisab eisdem constituas. Cf. SEMMLER, Studien zum Supplex Li-
bellus, aux p. 279 sqq. et à la p. 295.
9 B.M. 651(631).
10 Astronomus, Vita, c. 28, p. 622: Itidemque constitua isdem amabilis Deo imperator Benedictum ab-
batem et cum eo strenuae monachos per omnia vitae, qui per omnia monachorum euntes redeuntes-
que monasteria, uniformem cunctis traderent monasteriis, tarn viris quam sanctis monialibus feminis,
vivendi secundum regulam sancti Benedicti incommutabilem morem.
11 Candidus, Vita Eigilis, c. 4, p. 224: Eramus quidem multo tempore in coenobio degentes vitam
quietam sub eorum magisterio ...
12 Ibid.
13 TANGL, Urkunde für Fulda, p. 30 note 1, émit l'hypothèse d'une élection vers la fin de l'année 818.
68
lorsqu'elle alla présenter le nouvel abbé à Louis le Pieux14: c'est lui qui, le premier, fut
introduit auprès de l'empereur 15 .
2. ABBON 1
Comte de Poitiers, attesté d'environ 778 au 27 avril 795
Abbon fut l'un des Francs que Charlemagne plaça en Aquitaine au retour de l'expé-
dition militaire de 7782; il fut nommé à Poitiers 3 . Abbon est attesté comme comte de
Poitiers en 780; il présida deux plaids en cette cité, le 18 novembre 4 et le 1er décem-
bre 5 . Un certain Abbon souscrivit le diplôme de Louis le Pieux donné en faveur de la
cellola de Nouaillé le 3 août 794 au Palais6 (Haute-Vienne, arr. Limoges). Ce
souscripteur peut être identifié avec le comte de Poitiers 7 . Enfin, Abbon souscrivit la
notice d'un plaid tenu à Poitiers le 27 avril 795 et présidé par les missi du roi d'Aqui-
taine 8 , Aldebaud 9 et Hermingaud 10 . En 811, un comte du nom d'Abbon fit partie des
primores de parte Francorum qui confirmèrent par serment la paix conclue avec les
Danois 11 . Rien ne permet cependant d'identifier ce comte avec celui de Poitiers 12 . Il
en va de même du comte Abbon qui tenait en fief le viens Epaonisn que Louis le
Pieux, suite à la requête de ce dernier, restitua le 3 mars 831 à l'église cathédrale de
Vienne14.
3. ADALBERT 1 (I)
Connétable, attesté le 2 septembre 820 (peut-être dès le 3 août 794)
4. ADALBERT 1 (II)
Sénéchal, puis comte de Metz, attesté à partir du 8 novembre 816 -
mort le 13 mai 841
Adalbert est attesté comme sénéchal de Louis le Pieux dans un diplôme daté du 8 no-
vembre 8162: il avait été envoyé enquêter en tant que missus à la suite d'une plainte
des moines de Prüm concernant l'aliénation d'une part de forêt par les servi du fisc de
Thommen (Tumbas)3, Il faut rapprocher cette mission du sénéchal Adalbert de deux
autres témoignages relatifs à l'action d'un comte Adalbert en tant que missus: à une
date indéterminée, Louis le Pieux rendit la liberté à un quidam qui s'était plaint de-
vant les missi de l'empereur, Hetti 4 et Adalbert 5 . Nous savons par ailleurs que l'ar-
chevêque de Trêves et le comte Adalbert avaient en charge la legatio de Trêves6. Etant
donné l'identité des zones d'action et malgré la fourchette de neuf ans séparant les
deux témoignages datables, je tends à identifier le sénéchal Adalbert avec le comte
faisant office de missus en compagnie de Hetti.
Bien que les auteurs des Regesta imperii 7 tendissent à reconnaître le futur comte
de Metz en lefidelis auquel Louis le Pieux, le 20 novembre 834, céda en pleine pro-
priété les biens sis dans lepagus de Worms et en Cunigessunteri (près de Mayence8)
qu'il tenait jusqu'alors de l'empereur en bénéfice9, et bien que l'on puisse en conclu-
re que cefidelis participa au plaid tenu en novembre 834 à Attigny 10 , ce n'est que vers
835 que l'on a de nouveau assurément affaire au comte Adalbert 11 : Louis le Pieux l'a-
vait chargé de transmettre à l'abbé de Fulda l'ordre de renforcer la garde de l'arche-
vêque Ebbon, accusé de diffuser des écrits de propagande, de peur que Lothaire ne
parvînt à libérer ce dernier 12 . Tandis que le préambule du diplôme du 20 novembre
834 n'a rien d'exceptionnel 13 , il n'en va pas de même d'un diplôme donné environ
deux ans plus tôt, par lequel Louis le Pieux donna à un certain fidelis vassallus noster
ita esset an non, misimus. At Me secundum quod Uli iniunxeramus diligentissimam adhibens inquisi-
tionem, repperit, quod nostri servi aliquam partem ipsius waldi iniuste adpartem nostram tenuissent
... Sur le fisc de Thommen (Belgique, arr. Verviers), cf. RANZI, Königsgut, p. 52; CARNOY, Origines,
tome 2, p. 667.
4 Cf. la notice n° 150.
5 B.M. 823(798) = Formulae impériales, n° 9, p. 293: ... quidam homo, nomine Ingilbertus, questus est
coram missis nostris, Etti videlicet archiepiscopo et Adalberto comité, eo quod ... Quae res dum ab
eisdem missis et ceteris fidelibus nostris diligenter perscrutata, et per homines bonefidei veraciter in-
quisita esset, inventum est, sicut iidem missi nostri renuntiaverunt, ita verum esse.
6 Commemoratio, p. 308: In Treveris Hetti archiepiscopus et Adalbertus comes. DÜMMLER, Geschich-
te, tome 1, p. 126 note 2, établit un rapprochement avec le comte de Metz.
7 De même SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 179; DÜMMLER, Geschichte, tome 1, p. 126.
8 Cf. DÜMMLER, Geschichte, tome 1, p. 126 note 2.
9 B.M. 932(903), éd. Doc. dipl. Nassau (bis), n° 56, p. 23 sq. (à la p. 23): ... quia concessimus eidemfi-
deli nostro, Adalberto nomine, ad proprium quasdam res, quas idem ipse nostro munere inpago Wor-
maciense et Cuniges Sunteri hactenus iure beneficiario posséda ...
10 B.M. 931(902)g. Le diplôme B.M. 932(903) fut donné à Attigny.
11 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 136, qui tient l'identification avec le comte de Metz pour »vrai-
semblable« (ibid., p. 136 note 3).
12 Epistolarum Fuldensium fragmenta, p. 520 1. 37 sqq.: Et captum illum (sc. Ebbonem) in Fuldense
coenobium misit ac custodiri in carcere iussit eundemque, cum fama increbuisset, quod Lotharius
eum conaretur in Italiam ad novas turbas evocare et quod ipse literas scriberet, quibus ecclesiam et
rempublicam denuo perturbaret, praecepit abbatiper Adalbertum legatum suum, ut eum diligentius
et accuratius custodiret, utpatet ex epistolis abbatis ad Drogonem et ad Marquardum Prumiensem et
ad Iuditham.
13 Arengenverzeichnis, n° 1076: Imperialis celsitudinis moris est, fidèles suos donis multiplicibus et ho-
noribus ingentibus honorare atque sublimare.
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du nom d'Adalbert la villa Fontanas sise dans lepagus de Toulouse14: c'était, d'après
le préambule, expressément pour le récompenser de la constance avec laquelle il avait
servi l'empereur 15 . Rien ne s'oppose à ce que les deux fidèles n'en fussent en réalité
qu'un seul; rien ne permet cependant de le prouver. C'est Nithard qui, dans son récit
relatif aux événements de 841, fit mention d'Adalbert comme comte de Metz 16 ; ce
dernier joua un grand rôle dans le conflit entre Louis le Germanique et Lothaire, et il
fut à cet effet créé aux par le second17. Nithard souligna également le prestige dont
jouissait alors Adalbert 18 . Mais le prestige du comte est attesté dès 838/839, puisqu'il
était alors parvenu, tantôt par ses menaces et tantôt par ses conseils19, à rallier les Sa-
xons au parti de Louis le Pieux, contre Louis le Germanique 20 . Lors de l'ultime
révolte du roi de Bavière contre son père, Adalbert fut chargé, avec Drogon 21 , de gar-
der la rive occidentale du Rhin 22 .
De la mention du nom du comte Adalbert (le premier des laïcs, cités après les évê-
ques) parmi les témoins de la restitution ordonnée par Louis le Pieux en faveur de
l'abbé de Fulda le 14 juin 838 au palais Nimègue 23 , on peut conclure que cet individu
participa au plaid alors réuni par l'empereur et dont l'objet principal était la défense
des côtes contre les Danois 24 . Le 13 mai 841, le dux Austrasiorum livra bataille à Lou-
is le Germanique pour, conformément aux ordres de Lothaire, l'empêcher de rejoin-
dre Charles le Chauve 25 : il mourut dans le combat26. Nous avons déjà pu constater
que l'importance du comte Adalbert était loin d'être négligeable vers la fin du règne
de Louis le Pieux. Un détail va l'illustrer encore plus précisément: le 17 avril 838,
Louis le Pieux avait restitué, à la demande du comte Adalbert, la villa Bonalla sise
dans lepagus Carmicense, que ce dernier tenait de lui en bénéfice, à l'église cathédra-
le du Mans 27 . Or, dans ce diplôme, Adalbert est dit être le conseiller de l'empereur:
cornes et consiliarius noster2*.
Prétendument vers la même période apparaît dans un diplôme attribué à Louis le
Pieux un certain Adalbert réputé être fidelis vassalus noster et sacri palatii cornes; il
est présenté comme le fondateur du monastère de Lindau. Or le diplôme en question
est un faux29. Bien que le nom d*Adalbert soit réellement lié à l'histoire du monastère
de Lindau 30 et qu'un comte du Palais soit par ailleurs attesté comme Stifter dis mùn-
sters*\ on ne peut ici prendre en compte cet hypothétique cornes palatii de Louis le
Pieux. Reste la question de l'identité entre le sénéchal attesté en 816 et le comte de
Metz de la fin du règne de Louis le Pieux. Bien que B. Simson se soit avec vigueur
prononcé contre cette identité 32 , il me semble que la constance géographique plaide
fortement en sa faveur. L'abbaye de Prüm, le diocèse de Trêves, le comté de Metz, les
rivages du Rhin: ces lieux sont le rayon d'action d'un personnage qui, certes, tint des
bénéficia et eut des propriétés dans tout l'empire 33 , mais se trouvait ancré en Austra-
sie.
5. ADALFRID 1
Moine, attesté en 817/818
Adalfrid fut l'un des monachi occidentales envoyés à Fulda par Louis le Pieux pour
mettre fin aux dissensions au sein de la communauté et pour procéder à la réforme
des institutions de l'abbaye. Son action est présentée dans la notice relative à son
compagnon, Aaron 2 .
6. ADALGAIRE 1
Comte, attesté de septembre 836 au 7 juillet 856
Lothaire, pour cause de maladie, ne parut pas au plaid tenu par son père à Worms en
septembre 8362: en conséquence, Louis le Pieux envoya son demi-frère Hugues 3 et le
comte Adalgaire auprès de son fils pour le visitare par l'intermédiaire de ses missifi-
delissimi, comme l'écrit l'Astronome, qui semble faire allusion à une visite de cour-
toisie 4 . En réalité, le terme visitare est à comprendre au sens d'inspecter 5 , comme
Prudence l'atteste en ses Annales: il s'agissait certes de s'inquiéter de l'état de santé de
Lothaire, mais aussi de s'informer s'il comptait rencontrer son père par la suite. En
outre, les deux missi durent traiter deux affaires: d'une part, négocier la restitution
aux églises de Francia de leurs biens italiens usurpés par les tenants de Lothaire et,
d'autre part, obtenir la garantie pour les évêques et comtes ayant raccompagné Judith
d'exil - c'est-à-dire ayant par ce fait abandonné la cause de Lothaire - de recouvrer
leurs charges et leurs biens 6 ; les tractations ne semblent pas, à ce propos, avoir abou-
ti 7 . Du fait de sa mission, on peut en outre conclure à la participation du comte Adal-
gaire au plaid tenu en septembre 836 à Worms 8 .
On peut également identifier avec notre personnage un comte témoin de la restitu-
tion faite en faveur de l'abbé de Fulda sur l'ordre de Louis le Pieux, le 14 juin 838 à
Nimègue 9 . Par conséquent, Adalgaire participa au plaid alors tenu en ce palais par
l'empereur, visant à la défense des côtes contre les Danois 10 . C'est peut-être à cette
occasion qu'il fut envoyé chez les Abodrites et les Wilzes11. Toujours est-il qu'il ac-
complit sa mission avec succès12 et en revint à l'automne 13 , avec des otages14. Adal-
gaire semble par la suite avoir été un personnage important de l'entourage de Charles
le Chauve, qui l'envoya durant l'été 840 comme messager auprès de Lothaire 15 , et
pour la liberté de qui le jeune roi n'hésita pas à mettre en oeuvre le siège de Laon 16 .
Adalgaire est en outre attesté comme missus de Charles le Chauve en novembre 853 17
et le 7 juillet 85618.
7. ADALGISE 1
Comte du Palais, puis comte de Parme, attesté de 827 à 853
son nom. Le 11 mars 827 à Ostiglia, un plaid avait été tenu pour régler un différend
entre l'abbaye de Nonantola et le comte de Vérone 9 . Ce plaid avait été notamment
présidé par Adalgise, comte du Palais, agissant comme missus de l'empereur: in pre-
sencia Ragimundi comiti et Adelgis comis palacii missi domni imperatoris10. L'on ne
peut malheureusement pas définir s'il s'agit d'un comte du Palais de Louis le Pieux
ou de Lothaire 11 . Par ailleurs, un certain comte Adalgise avait fait partie d'une délé-
gation envoyée par Louis le Pieux à Pavie en 836, auprès de Lothaire 12 .
Les avis des érudits sont fort partagés à propos de l'identification de ces deux per-
sonnages. Alors que L. Hartmann avait émis l'hypothèse de l'identité entre le comte
attesté en Italie comme missus de Lothaire et le comte du Palais présidant le plaid de
82713, E. Hlawitschka, rejoignant ici B. Simson14, la rejeta en la jugeant
»impossible«15 - sans cependant présenter une quelconque justification de cet avis.
De même, E. Hlawitschka se refusa (ici également sans se justifier16) à reconnaître
avec S. Pivano 17 et P. Hirsch 18 le comte de Parme dans l'individu envoyé en ambassa-
de auprès de Lothaire. Concernant ce problème d'identification, la part d'hypothèse
est fort grande et elle dépend en majeure partie de la sensibilité des différents auteurs.
Il me semble impossible de prouver l'identité des personnages19. Reste à savoir si cet-
te identité est, comme l'affirme E. Hlawitschka, impossible. Tout d'abord, rien, dans
ce que nous savons de l'itinéraire du comte de Parme ne s'oppose à ce qu'il fût le
membre de la légation envoyée auprès de Lothaire: il était à Parme le 15 juin 83520,
mais cette légation ne fut ordonnée qu'au cours de l'hiver 835/83621. D'autre part, on
ne peut pas prétexter une tension telle entre Louis le Pieux et Lothaire qu'elle inter-
dît à un comte du royaume de ce dernier de se rendre à la cour du premier (d'où il est
vraisemblable qu'il partit pour se rendre auprès de Lothaire), puisque les deux hom-
mes s'étaient réconciliés en 83422 et que la dégradation des relations ayant conduit à
lianza Piacenza«. Pour un rapide aperçu de la carrière d'Adalgise, cf. HLAWITSCHKA, Franken, p. 110
sq.
9 Doc. dipl. Italie, n° II, p. 566 sqq.
I O C . Manaresi comprit que le plaid était présidé par »les« missi impériaux Ragimond et Adalgise, mais
on ne peut grammaticalement retenir que le second comme missus. C'est pourquoi le premier n'a pas
été étudié dans cette prosopographie.
11 MEYER, Pfalzgrafen, p. 460, le mentionne toutefois parmi les comtes du Palais de Louis le Pieux, tout
en reconnaissant le flou qui entoure ce personnage (ibid., note 7).
12 Liutolfus, Translatio s. Severi, c. 2, p. 292: Interea Hludowicus imperator Otgarium Mogontiensem
archiepiscopum et Hilti Viridunensem antistitem duosque comités, quorum alter Warinus, alter Adal-
gisus vocabatur, ad Hlutharium filium suum, qui eo tempore Ticini morabatury destinavit pro pace et
amicitiis inter eos renovandis, quae pravorum hominum machinatione ex aliqua parte erant turba-
tae.
13 Cf. HARTMANN, Geschichte Italiens, tome 3/1, p. 229 note 114.
14 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 146 note 2.
15 HLAWITSCHKA, Franken, p. 111 note 12.
16 Ibid.
17 Cf. PIVANO, Comitato di Parma, p. 13.
18 Cf. HIRSCH, Erhebung, p. 55 note 1.
19 Cf. MEYER, Pfalzgrafen, p. 460 note 7.
20 Annales O.S.B. 2, n° 58, p. 689 sq.
21 B.M.951(920)a.
22 B.M.931(902)d.
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la fermeture des cols alpins par Lothaire23 ne data que de 83624/83725. Il me semble
par conséquent tout à fait possible que le comte envoyé par Louis le Pieux auprès de
Lothaire fût le comte de Parme: une thèse qui a l'inconvénient, d'une part pour les
partisans d'une division trop stricte entre l'entourage de Louis et celui de son fils et
d'autre part pour les historiens posant comme postulat une Italie hors de la zone
d'influence de Louis le Pieux, de remettre en question une interprétation trop ma-
nichéenne de l'histoire de l'empire carolingien vers la fin du règne de Louis le Pieux -
c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'opte pour cette identification. Quant au refus
d'aucuns concernant l'identification du comte du Palais de 827 comme futur comte
de Parme, il ne repose sur aucun argument sérieux. A mon sens, cette identification
est d'autant plus probable que nous avons un autre exemple (cette fois irréfutable) de
la nomination d'un comte du Palais (de Louis le Pieux) à la tête d'une circonscription
administrative d'Italie26.
8. ADALHARD 1 (I)
Abbé de Corbie, mort le 2 janvier 826
Il est hors de question de présenter ici une étude exhaustive sur Adalhard, d'autant
que l'on dispose désormais d'une biographie de l'abbé de Corbie2. Il convient juste
par conséquent de rappeler l'importance de l'Antoine3 du temps de Charlemagne et
d'observer ce qu'il en fut sous Louis le Pieux. L'abbé de Corbie, de sang royal4, jouit
d'un très grand prestige à la cour de Charlemagne, comme en témoignent plusieurs
auteurs considérant en lui le premier parmi les plus proches conseillers du souver-
ain5. Son domaine d'action politique fut essentiellement l'Italie (c'est-à-dire l'ancien
royaume des Lombards et le Patrimonium Pétri6). Il fut envoyé porter au pape les
actes du concile tenu à Aix-la-Chapelle en 809 sur la question de la procession du
saint Esprit7. Mais c'est surtout la régence qu'il exerça à la mort de Pépin d'Italie (8
juillet 810) qui atteste son rôle prépondérant au sein de l'empire franc8. Adalhard fut
en quelque sorte le mentor du jeune Bernard9, pour qui il composa éventuellement
son De ordine palatii10. Adalhard ne résida pas tout le temps de sa régence en Italie; il
fit vraisemblablement plusieurs voyages en Francia - un tel voyage est du moins
attesté, au cours duquel Pabbé de Corbie introduisit Pabbé Pierre de Nonantola au-
près de l'empereur pour requérir son accord relativement à un échange de biens11.
L'action d'Adalhard en tant que missus en Italie est, grâce à plusieurs notices de plaid,
assez bien connue12.
Dès qu'il reçut la nouvelle de la mort de Charlemagne, Adalhard regagna en hâte
son monastère de Corbie13. Les historiens s'accordent sur le fait que c'est en 814, à
l'occasion de la purge du Palais, que l'abbé de Corbie fut envoyé en exil14, au monas-
tère de Saint-Philibert15. Certes, les auteurs médiévaux favorables au père spirituel
qu'était pour eux Adalhard mirent l'avènement de Louis le Pieux en rapport avec le
triste sort infligé à l'abbé de Corbie16, mais aucune source ne permet de dater cet exil
avec précision. Toujours est-il qu'Adalhard ne semble pas n'avoir plus osé s'aventu-
rer hors de son monastère17, puisqu'il participa, en 814, à un synode réuni à Noyon
par l'archevêque de Reims, Vulfaire18. L'on pourrait objecter qu'il est possible que
l'abbé Adalhard que mentionne à cette occasion Flodoard fût le successeur d'Adal-
nachus Hierosolimis primo commovit; cuius definiendae causa Bernharius episcopus Wormacensis et
Adalhardus abbas monsterii Corbeiae Romam ad Leonem papam missi sunt. Passage repris dans les
Annales Fuldenses, a. 809, p. 17. A propos de cette mission, cf. Leo, Epistolae, n° 9, p. 67 sq.
8 Translatio s. Viti, p. 36 sqq.: Sed iam dicto abbati Mo in tempore commissa erat cura maxima, videli-
cet ut regnum Longobardorum gubernare deberet, donec filins Pippini Bernhardus nomine cresceret.
Cf. Doc. dipl. Lombardie, n° 88 col. 164: Cumpost obitumpiae memoriae domni Pippini régi dom-
nus imperator Carolus missos suos ad procurandam Italiam dirigeret ... Cf. également Paschasius,
Vita Adalhardi, c. 16, p. 525 sq.
9 Translatio s. Viti, p. 38: Factum est autem, postquam praefatuspuer crevity accepit ei uxorem et con-
stitua (eum) secundum iussionem principis super omne regnum. Sur la nomination de Bernard com-
me roi en Italie, cf. DEPREUX, Königtum.
10 Cf. BRÜHL, Hinkmariana, p. 54; KASTEN, Adalhard, p. 72 sqq. (notamment p. 79). Cet auteur, à la
différence de BRÜHL, Hinkmariana, p. 53 note 27, soutient la thèse d'une régence assurée par Adal-
hard en Italie au début du règne de Pépin, cf. KASTEN, Adalhard, p. 42 sqq. La date de rédaction du
traité d'Adalhard n'est pas connue avec certitude. D'autres la pensaient par exemple plus tardive (cf.
KIRN, Staatsverwaltung, p. 533 sq.; LÖWE, Karolinger, p. 317).
11 Doc. dipl. Lombardie, n° 88 col. 164 sqq.
12 Cf. Doc. dipl. Italie, n° 25 p. 77 sqq. (Pistoia, mars 812); n° 26 p. 80 sqq. (avril 813); n° 28 p. 85 sqq.
(Spolète, février 814 - malgré la date, Adalhard agit en tant que missus de Charlemagne: il n'avait
vraisemblablement pas encore reçu la nouvelle de la mort de ce dernier).
13 Cf. Translatio s. Viti, p. 38.
14 SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 20 sqq.; KASTEN. Adalhard, p. 85; BRUNNER, Oppositionelle Grup-
pen, p. 78. Les causes de l'exil d'Adalhard ne sont pas claires, cf. KASTEN, Adalhard, p. 85 sq. SEMM-
LER, Beschlüsse, p. 78, est d'avis que »die Verbannung ... hatte sicherlich dynastisch-familiäre Grün-
de«. Quant à WEINRICH, Wala, p. 30, il souligne que »der Prozeß der Neuordnung des Hofes war
schon so weit gediehen, daß sich gegen diese Behandlung Adalhards kein Widerspruch erhob«.
15 Paschasius, Vita Adalhardi, c. 32, p. 527:... mittitur ...ad Heri insulam.
16 Paschasius, Vita Adalhardi, c. 30, p. 527; Translatio s. Viti, p. 38.
17 KASTEN, Adalhard, p. 85, suppose qu'entre son retour d'Italie et son bannissement, Adalhard fré-
quenta la cour qu'il n'aurait quittée qu'après le synode de Noyon. Rien ne permet d'affirmer cela.
18 Flodoardus, Historia, lib. 2, c. 18 p. 4661.1 sqq. Cf. HARTMANN, Synoden, p. 164 sq.; SOT, Flodoard,
p. 468 sq. KASTEN, Adalhard, p. 85, invente quand elle date le synode du »début de l'été« 814 et pré-
tend qu'il fut présidé par Louis le Pieux.
78
hard, à savoir Adalhard »le Jeune« 19 . Toutefois, un détail m'incite à identifier cet ab-
bé avec Adalhard »l'Ancien« 20 , si l'on admet avec M. Sot que Flodoard utilisa les ac-
tes du synode pour composer son Histoire 21 et si l'on suppose qu'il fut, selon son ha-
bitude 22 , fidèle à sa source: le fait qu'Adalhard est le premier des abbés cités.
Le 29 janvier 815 à Aix-la-Chapelle, Louis le Pieux délivra un diplôme en faveur
de l'abbaye de Corbie: à la demande de l'abbé Adalhard, il confirma à l'abbaye son
privilège d'immunité; il devrait s'agir d'Adalhard »le Jeune«. En effet, Adalhard
»l'Ancien« semble avoir été envoyé en exil en 814, ou du moins sept ans avant d'être
libéré23. Or, c'est à la mi-octobre 821 qu'il rentra en grâce24. Au plaid tenu en août
822 à Attigny, Louis le Pieux battit publiquement sa coulpe (publicum confessionem
fecit etpaenitentiam egit) en partie en raison de l'envoi en exil de l'abbé de Corbie 25 .
L'abbé de Corbie consacra ensuite toute son énergie à la fondation du monastère de
Corvey 26 , pour laquelle il reçut l'appui de Louis le Pieux27. Il ne convient pas ici de
rouvrir ce dossier. En revanche, un détail sur l'activité politique d'Adalhard doit re-
tenir notre attention. L'abbé de Corbie semble avoir joué un rôle assez important
lors du plaid tenu en août 822: d'après le témoignage d'Agobard, il se serait montré
chaud partisan de la réforme générale alors mise en oeuvre par un souverain cher-
chant, le premier, à s'amender28. L'abbé de Corbie, ainsi que son demi-frère et Héli-
sachar, servirent alors d'intermédiaires entre l'archevêque de Lyon et Louis le Pieux
concernant la question du baptême des esclaves de maîtres juifs29. Il n'y a donc aucun
doute sur le fait qu'à sa mort, l'abbé de Corbie avait recouvré tout son prestige et
toute son influence30. Adalhard mourut le 2 janvier 82631.
9. ADALHARD 1 (II)
Comte du Palais2, puis duc de Spolète, attesté à partir de 822 (peut-être dès l'été 821)
- mort à la fin de l'année 824
30 II semblerait qu'Adalhard ne se soit cependant pas plié aux idéaux ludoviciens, mais ait plutôt tra-
vaillé à rétablir les traditions du temps de Charlemagne, comme ses choix architecturaux pour Cor-
vey le laissent penser. Cf. JACOBSEN, Allgemeine Tendenzen, p. 650 sqq.
31 Le 2 janvier 826 est traditionnellement retenu comme date de la mort d'Adalhard, cf. KASTEN, Adal-
hard, p. 168 sq.
C'est le 19 octobre 831 que le sénéchal Adalhard est attesté pour la première fois: à sa
requête et à celle de Judith, Louis le Pieux fit une donation à l'abbesse de Hohen-
bourg 4 . Mais c'est vers la fin du règne de Louis le Pieux que le sénéchal semble avoir
9 Le fait qu'on l'appelle Adalhard »le Jeune« (cf. Annales regni Franc, a. 824, p. 166) me semble égale-
ment un argument en faveur de l'appartenance de ce personnage à la cour de Louis le Pieux: s'il
n'était en fonction qu'à la cour de Pavie, le souci de le distinguer de l'abbé de Corbie ne serait, tant
pour l'annaliste que pour ses contemporains, pas si impératif.
10 Cf. la notice n° 111.
11 Cf. la notice n° 235.
12 Cf. Einhardus, Epistolae, n° 7, p. 112 - texte cité à la notice n° 111.
13 Annales regni Franc, a. 824, p. 166: Supporte apud Spoletium, sicut dictum erat, defuncto eundem
ducatum Adalhardus cornes palatii, qui iunior vocabatur, accepit. Qui cum vix quinque menses eo-
dem honorepotiretur, correptusfebre decessit. Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 234.
14 Etant donné qu'il semble que la mort de Suppo se situe vers le mois de mars (Annales regni Franc, a.
824, p. 164) et que le récit concernant le décès d'Adalhard et de son successeur, le comte de Brescia,
est mentionné au milieu d'événements s'étant déroulés en novembre/décembre 824, il faut en con-
clure qu'Adalhard fut nommé assez rapidement - par exemple à l'occasion du plaid tenu en juin 824
à Compiègne, cf. B.M. 785(761 )c - et qu'il mourut à l'automne ou au début de l'hiver 824.
15 D o c dipl. Saint-Gall, tome 1, n° 252, p. 241 sq.
16 Doc. dipl. Freising, n° 475, p. 406 sq.
17 ... inpalatio habito ad Phadarprunnin ... S'agit-il du plaid tenu en 815? Cf. B.M. 587(567)b. C'est en
tout cas le seul plaid ayant été tenu à Paderborn avant le 31 août 822, date de la notice par laquelle
nous connaissons cette affaire.
gagné en influence à la cour - une mauvaise influence, si Ton en croit Nithard 5 . Son
nom apparaît dans les mentions en notes tironiennes de plusieurs diplômes 6 - princi-
palement des donations. C'est lui qui ambasciavit à Rambervillers en août 836 en fa-
veur du fidelis Fulbert 7 , à Thionville en juin 837 pour Cormery (à cette occasion,
Adalhard ne fit que transmettre la demande 8 ), au palais Bodoma villa en avril 839
pour la Reichenau 9 et pour le fidelis Eckard10, à Worms en juin 839 encore une fois
pour la Reichenau11 et, enfin, en juillet 839 au palais de Cruciniacum pour le fidelis
Gérulf12. Dans ce contexte, Ton se doit de mentionner une lettre de l'abbesse de Re-
miremont, Teuthilde13, à un membre du Palais du nom d'Adalhard H , que l'on a iden-
tifié avec le sénéchal15 - mais qui pourrait aussi se rapporter au comte du Palais,
Adalhard (II). Ce personnage, désigné comme une personnalité de première impor-
tance16, fut remercié par Pabbesse pour son appui17.
En juin 840, Adalhard permit et souscrivit, en tant qu'abbé (abbas) de Saint-Mar-
tin de Tours, un échange passé entre un certain Frédéric et l'abbé de Cormery 18 . On
considère qu'Adalhard était »abbé laïque de Saint-Martin de Tours et de Marmoutier
depuis la mort de Fridugisus et de Theoton, en 834«19, mais rien ne permet en réalité
5 Nithardus, Historia, Hb. IV, c. 6, p. 142: Dilexerat autempater ejus (i. e. Karoli) suo in tempore hune
Adelardum adeo ut quod idem vellet in universo imperio, hoc pater faceret. Qui utilitati publice mi-
nus prospiciens placer e cuique intendit. Hinc libertates, hinc publica inpropriis usibus distribuere sua-
sit acy dum quod quique petebaty utfieret effecit, rem publicam penitus annullavit. A ce propos, cf.
DEPREUX, Nithard, p. 157 sq.
6 SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 176 sq., s'appuie sur le fait qu'Adalhard serait mentionné comme
ambasciator dans les diplômes B.M. 977(946) et 978(947), respectivement du 7 et du 14 juin 838,
pour affirmer que le sénéchal participa au plaid tenu en juin 838 à Nimègue, B.M. 977(946)a. Or il
n'en est rien. Certes, le nom d'Adalhard est cité par les auteurs des Regesta imperii pour le premier
diplôme, mais la personne dont les notes tironiennes font mention en tant qu'elle ambasciavit^ c'est
Drogon (cf. Mentions tironiennes, p. 20). Quant au second diplôme, c'est sur l'entremise de Louis le
Germanique qu'il fut établi, et le nom d'Adalhard n'apparaît aucunement. Par conséquent, l'hypo-
thèse de B. Simson a perdu tout fondement.
7 B.M. 963(932). Mentions tironiennes, p. 20: Adalaardus seniscalcus ambasciavit et fieri jussit. Hugo
fieri et firmare jussit.
8 B.M. 967(936). Mentions tironiennes, p. 20: Adalaardus per Bartolomeum ita fieri rogavit.
9 B.M. 991(960). Mentions tironiennes, p. 20: Adalaardus ambasciavit.
10 B.M. 993(962). Mentions tironiennes, p. 20: Adalaardus ambasciavit.
11 B.M. 994(963). Mentions tironiennes, p. 20: Adalaardus seniscalcus ambasciavit.
12 B.M. 997(966). Mentions tironiennes, p. 20: Adalaardus ambasciavit.
13 Sur cette abbesse, cf. HLAWITSCHKA, Àbtissinnenreihe, p. 36 sqq.
14 Indicularius Thiathildis, n° 4, p. 526 sq.
15 HLAWITSCHKA, Äbtissinnenreihe, p. 37; LEVILLAIN, Wandalbert, p. 18 sq.
16 Indicularius Thiathildis, n° 4, p. 526: Eximio viro adqueper omnia magnifico, summis palacii digni-
tatibus sublimato, neenon sapiencie faleramentis adornato, domino Adalardo.
17 Ibid.: Gracias vobis imensas referimus, quasi vestris sacris vestigiis provolute; de magna benivolencia
et sollicitudine vestra, quam circa nos abuistis, etfidentes sumus, quod et abêtis.
18 Doc. dipl. Cormery, n° 13, p. 27 sqq.
19 LOT, Alard, p. 593. Je rappelle que Théoton succéda vraisemblablement à Fridugise à Saint-Martin,
cf. la notice n° 265.
82
11. ADALLEOD 1
Scribe/notaire, éventuellement attesté entre 817 et 824, notaire de
Louis le Germanique entre 830 et 840
Le nom d'Adalleod n'apparaît aucunement dans les diplômes de Louis le Pieux; mais
sur la base de comparaisons paléographiques, O. Dickau 2 a émis l'hypothèse - vrai-
semblable 3 - selon laquelle le notaire de Louis le Germanique 4 des années 830/840,
en qui P. Kehr avait reconnu un élève de Durand 5 , serait issu de la »chancellerie« de
Louis le Pieux, pour qui il aurait écrit trois diplômes 6 . Depuis longtemps, l'on s'ac-
corde sur le fait qu'Adalleod serait originaire de Saint-Martin de Tours 7 .
12. ADALOCH 1
Evêque de Strasbourg 2 , attesté du 28 août 816 au 2 septembre 8203
L'évêque de Strasbourg, Adaloch, est attesté pour la première fois le 28 juin 816, dans
un diplôme de Louis le Pieux confirmant, à sa requête, à l'église cathédrale de Stras-
20 II semble juste ne pas y avoir eu d'intermédiaire entre Théoton et lui, cf. VAUCELLE, Saint-Martin, p.
439. E. Vaucelle souligna cependant l'absence complète d'information sur l'abbé Adalhard (ibid., p.
78). En 845, ce dernier fut remplacé par Vivien (ibid., p. 439), c'est-à-dire qu'il perdit l'abbaye de
Saint-Martin avant d'avoir trahi Charles le Chauve (cf. LOT, Alard, p. 596).
21 Cf. NELSON, Intellectual in Politics, p. 3.
22 Annales Bertiniani, a. 842, p. 43.
23 LOT, Alard, p. 592 sqq.
bourg la possession du petit sanctuaire (sacellum) dit Stella4. Uévêque Adaloch 5 fut
envoyé par Louis le Pieux en Italie ad iustitias faciendas avec le comte Hartmann 6 . A
cette occasion, il leur fut confié l'enquête en vue de la restitution à l'église cathédrale
de Plaisance du monastère de Gravago 7 , usurpé du temps de Charlemagne - une res-
titution demandée par le prêtre Ragenold, agissant au nom de l'évêque Podon. Les
missi de Louis le Pieux menèrent leur enquête et firent leur rapport à l'empereur 8 .
Leur mission nous est connue par le diplôme de restitution octroyé par Louis le
Pieux suite à leur avis. Ce diplôme fut donné à Aix-la-Chapelle le 27 avril 820; l'envoi
des deux missi fut donc antérieur à cette date - et peut-être de beaucoup, puisqu'il
ressort du texte qu'Adaloch et Hartmann étaient déjà en Italie quand ils reçurent
l'ordre de procéder à cette enquête 9 . L'évêque de Strasbourg participa également au
plaid tenu en 820 à Quierzy-sur-Oise 10 , puisqu'il souscrivit l'acte d'échange du 2
septembre de cette année conclu entre le comte de Tours et l'évêque de Worms, agis-
sant en tant qu'abbé de Wissembourg 11 .
13. ADALULF 1
Notaire, attesté en 828, éventuellement dans la période 826/829
Adalulf2, qui avait le grade ecclésiastique de diacre, fit la récognition d'un diplôme
donné à Thionville le 20 août 828 en faveur d'Eichstätt 3 et d'un diplôme pour Saint-
Denis datable de la période 826/8294. Son nom apparaît également dans le faux relatif
à la fable de la donation de Montier-en-Der à l'église cathédrale de Reims 5 .
4 B.M. 627(607).
5 SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 183 note 2, n'est pas certain de l'identification avec l'évêque de Stras-
bourg (l'évêque en question s'appelle Adallahus); en revanche, KRAUSE, Geschichte, p. 265 n° 77 et
p. 287 n° 72, l'affirme. MENKE, Namengut, p. 78, identifie lui aussi le missus envoyé en Italie avec
l'évêque de Strasbourg.
6 Cf. la notice n° 139.
7 Cf. MENKE, Namengut, p. 215.
8 B.M. 715(692), éd. P.L. 104, col. 1095 sq. (à la col. 1096): Quam remjussimus missis nostris Adallabo
venerabili episcopo et Artmanno comiti, quos ad justitias faciendas in Italiam misimus, diligenti in-
quisitione investigare et nobis si ita verum esset renuntiare. Hanc causam subtiliter investigatam de-
tulerunt jam dicti missi nostri ad nostram notitiam et eam quanta potuerunt subtilitate nobis expo-
suerunt.
9 Cf. la note précédente.
10 B.M. 722(699)a.
11 Doc. dipl. Wissembourg, n° 69, p. 268 sqq., à la p. 271: signum Adallobo episcopo. Cf. SIMSON, Jahr-
bücher, tome 1, p. 157 sq.
14. ADALUNG 1
Abbé de Lorsch et de Saint-Vaast, attesté à partir de novembre 804 -
mort le 24 août 838
Pieux décida d'envoyer deux missi, l'abbé Adalung, mentionné en tant qu'abbé de
Saint-Vaast, et le comte de Coire, Hunfrid 19 . L'arrivée à la cour franque de légats du
pape ne changea rien à la décision de l'empereur. Toutefois, les missi impériaux ne
purent rien découvrir, le pape s'étant purifié par serment. C'est au plaid tenu en no-
vembre 823 à Compiègne 20 que les deux missi firent leur rapport à l'empereur 21 . Le
dernier acte politique d'Adalung s'incrit dans un contexte particulièrement troublé
et tendu 22 : suite à la visite que Grégoire IV fit à Louis le Pieux en juin 833 lors de son
arrivée au »Champ du mensonge«, Adalung fut chargé par l'empereur de porter des
présents au pape 23 , et vraisemblablement également de défendre la position du père
vis-à-vis de ses fils24 - une mission de haute diplomatie. Ce n'est qu'à la suite de cet
épisode que Thégan relate les nombreuses désertions qui décidèrent de l'échec de
Louis. Rien ne permet de savoir si Adalung passa lui aussi dans le camp des fils ou s'il
fit partie du lot des fidèles25. Toujours est-il qu'il oeuvra jusqu'à la dernière minute
pour Louis le Pieux26.
Adalung est attesté pour la dernière fois comme abbé de Lorsch le 23 juillet 83727.
Il mourut un 24 août 28 , reste à savoir en quelle année. D'après les Annales de Saint-
Amand, il serait décédé en 83829, d'après la Chronique de Saint-Vaast, en 83930. Mais
d'après la Chronique de Lorsch, l'abbé serait mort dès 83731. C'est par conséquent la
date du 24 août 837 qui est habituellement retenue32. Or, comme l'a montré avec jus-
19 Cf. la notice n° 166.
20 B.M. 783(758)a.
21 Annales regni Franc, a. 823, p. 161 sq.: Nuntiatum est etiam, Theodorum sanctae Romanae ecclesiae
primicerium et Leonem nomenclatorem, generum eins, in patriarchio Lateranense primo excaecatos
ac deinde fuisse decollatos et hoc eis ob hoc contigisse, quod se in omnibus fideliter erga partes Hlo-
tharii iuvenis imperatoris agerent; erant et, qui dicerent, vel iussu vel consilio Paschalis pontifias rem
fuisse perpetratam. Ad quod explorandum ac diligenter investigandum missi sunt Adalungus abbas
monasterii sancti Vedasti et Hunfridus cornes Curiensis. Cf. Astronomus, Vita, c. 37, p. 627 sq.; The-
ganus, Vita, c. 30, p. 597.
22 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 44 sqq.
23 Theganus, Vita, c. 42, p. 598: Non post mukös dies venerunt ad colloquium imperator et supradictus
pontifex; qui non diu loquentes, honoravit eum pontifex inprimis magnis et innumeris donis. Post-
quam uterque rediit ad tabernaculum, misa imperator dona regalia per Adalungum venerabilem ab-
batem atque presbyterum supradicto pontifia.
24 Cf. Astronomus, Vita, c. 48, p. 636: ... nuntiatum est imperatoriadvenirepapam Romanum ... De-
ductus autempapa in habitationem castrensem, multis assertionibus perdocuit, non se tantum iter ob
aliud suscepisse, nisi quia dicebatur, quod inexorabili contra filios discordia laboraret, ideoque pacem
in utramque partem serere vellet. Audita vero parte imperatoris, mansit cum eo aliquot diebus.
25 Sur ces derniers, cf. Annales Bertiniani, a. 833, p. 9 note g.
26 On peut penser qu'il resta fidèle à Louis le Pieux, à l'instar des membres du groupe familial dont il
était proche, les Robertides, cf. GLÖCKNER, Lorsch und Lothringen, p. 225; SIEGWART, Alemanni-
sches Herzogsgut, p. 184 sq. Sa fidélité peut être considérée comme prouvée par le fait qu'Adalung
fit toujours dater les actes de Lorsch d'après les années de règne de Louis le Pieux, et ce même après
833, cf. Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 54; SEMMLER, Lorsch, p. 86 et note 173.
27 Doc. dipl. Lorsch, tome 3, n° 2328 p. 21.
28 Kalendarium necrologicum Laureshamense, p. 149.
29 Annales Elnon. maiores, p. 11.
30 Chronicon Vedastinum, p. 708.
31 Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 308 c. 26.
32 SEMMLER, Lorsch, p. 86, place la mort d'Adalung en 834, mais il s'agit d'une coquille, comme le
prouve la note 183 p. 148, où il se réfère à Doc. dipl. Lorsch, p. 309 note 5. Cf. également TREMP,
Studien, p. 20 et note 101. Il est à noter que l'on n'a généralement pas pris en compte que le chroni-
86
tesse Ph. Grierson 33 , c'est la date du 24 août 838 qui doit être préférée, puisqu'elle
permet d'accorder les données relatives à l'abbatiat d'Adalung à Lorsch (80534 + 33 35
= 838) et à Arras (808 + 30 = 838). C'est principalement en raison de son mécénat que
les moines de Lorsch gardèrent d'Adalung un souvenir favorable36. Il faut également
signaler qu'Adalung et Eginhard étaient particulièrement en bons termes, comme en
témoigne la donation à Lorsch par ce dernier de la cella de Michelstadt 37 qu'il avait
reçue de Louis le Pieux38.
15. ADELRIC 1
Peintre (vers 825)
Adelric 2 fut l'un des peintres ayant enluminé le ms. 3868 de la Biblioteca Apostolica
Vaticana3, produit vers 825 à la cour de Louis le Pieux 4 .
16. ADHALLVIT 1
Attesté en 826
Adhallvit ne nous est connu que par un détail: après le baptême de Harold en juin
826 à Ingelheim, lorsque la procession se rendit du palais à l'église où l'on allait
célébrer la messe, »Adahallvit, sa baguette en main, en frapp(ait) la foule et
prépar(ait) un chemin à César et à sa suite, à sa femme et à ses fils«2. Rien ne permet
de cerner de plus près le rôle de ce fonctionnaire du Palais3.
queur, n'étant pas fiable pour Tannée de début de Tabbatiat, pouvait également ne pas Têtre pour cel-
le de sa fin.
33 GRIERSON, Fulco, p. 280 note 5.
34 Bien que nous ayons vu qu'Adalung fut abbé à Lorsch dès 804, il faut ici compter comme le chroni-
queur, c'est-à-dire à partir de 805.
35 En réalité, le texte donne XIII. C'est K. GLÖCKNER, dans Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 295, qui cor-
rigea en XXXIII.
36 Cf. Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 294 sq.
37 Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 301 n° 20 (donation du 12 septembre 819).
38 B.M. 569(549), donation du 11 janvier 815.
17. ADHÉMAR 1
Comte, attesté de 794 à 815
Un certain Adhémar est attesté pour la première fois comme membre de l'entourage
de Louis le Pieux le 3 août 794 au Palais (Haute-Vienne, arr. Limoges), quand il
souscrivit l'acte donné par le roi d'Aquitaine en faveur de la cellola de Nouaillé 2 . Au
printemps 8003, alors qu'il apprit la venue de Charlemagne en Neustrie, Louis le
Pieux dépêcha son légat Adhémar à Rouen pour demander à son père de venir ins-
pecter son royaume d'Aquitaine 4 . Charlemagne refusa, et finalement la rencontre,
objet d'une anecdote célèbre5, se fit à Tours 6 . C'est, ensuite, à l'occasion des campa-
gnes militaires de Louis le Pieux en Marche d'Espagne que l'on rencontre notre
homme. Durant l'été 801 7 , Adhémar est attesté comme porte-enseigne (signifer); il fit
partie des troupes devant faire obstacle aux renforts sarrasins8. En 804 ou 8099, Ad-
hémar fit partie du détachement chargé de prendre Tortosa à revers et de piller le
pays 10 . En 808 ou 810, il fit de nouveau partie du détachement devant, sous la con-
duite d'Ingobert n , créer la surprise à Tortosa12. Ce fut un échec, car ils furent aupara-
vant découverts. Le personnage dont nous avons jusqu'ici suivi la trace devait être ti-
tulaire d'un comté en Marche d'Espagne, puisqu'il faisait partie des destinataires du
Praeceptum pro Hispanis donné par Charlemagne le 2 avril 81213. L'aprisionnaire
Jean eut maille à partir avec lui et l'affaire dut être tranchée par le tribunal du Palais H ,
vraisemblablement vers la fin de l'année 81415. Il se peut que notre comte ait, sur la
fin de sa vie, revêtu la bure et ne soit autre que le moine Adhémar, connutritus du jeu-
ne roi Louis, témoin à qui l'Astronome devait son information concernant la période
aquitaine du règne de Louis le Pieux16. Nous ignorons la date de sa mort 17 .
18. ADREVALD 1
Abbé de Flavigny, attesté à partir de 834 - mort au début de 840
Le 19 février 834, les comtes Warin 2 et Bernard 3 , soucieux de libérer Louis le Pieux,
dépêchèrent deux légats, dont l'abbé Adrevald, auprès de Lothaire à Saint-Denis,
pour négocier4. Nous retrouvons l'abbé Adrevald investi d'une mission délicate en
837. Alors que l'on avait apporté à Louis le Pieux la nouvelle que Lothaire s'en pre-
nait aux biens de l'Eglise romaine 5 , l'empereur, que les événements empêchaient de
se rendre sur place6, envoya trois missi: deux auprès de Lothaire, un autre (Adrevald)
auprès du pape 7 . Après avoir été reçu par le pape, ce n'est que par ruse qu'Adrevald
put faire parvenir à Louis le Pieux la lettre que Grégoire IV lui avait adressée8.
15 Cf. l'annexe n° 1.
16 Astronomus, Vita, Prologue, p. 607: Porro quae scripsi, usque ad tempora imperii Adhemari nobilis-
simiet devotissimimonachi relatione addidici, qui ei coaevus et connutritus est... Cf. DEPREUX, Poè-
tes, p. 319 sq.
17 L'Astronome ne semble pas faire mention d'un défunt lorsqu'il évoque le moine Adhémar (cf. la no-
te précédente), ce qui laisserait supposer que ce dernier était encore en vie à l'époque de la rédaction
(c'est-à-dire pendant l'hiver 840/841, au plus tard au printemps 841) - chose peut-être difficilement
compatible avec les données biographiques relatives au comte qui nous intéresse ici, en pleine ac-
tivité au tournant du siècle. Mais il faut souligner que l'Astronome semble ne pas distinguer claire-
ment par une formule appropriée les personnages encore en vie et les défunts. Ainsi, la manière dont
il désignait, par exemple, le pape Hadrien (Astronomus, Vita, c. 4, p. 608 1. 44) s'appliquait plutôt à
un personnage encore en vie - or ce pontife était mort depuis presque un demi-siècle.
deux comtes et l'abbé Adrevald 14 . C'est la dernière mission dont nous ayons con-
naissance. A chaque fois, l'on devine en Adrevald un fin diplomate.
19. AGBERT 1
Huissier, attesté vers la fin de 839 et au début de 840
20. ALBÉRIC 1
Evêque de Langres 2 , attesté à partir de 821 - mort le 21 décembre 838
L'évêque Albéric est attesté pour la première fois comme évêque de Langres en 821 3
et pour la première fois comme missus de l'empereur vers 825: les provinces ecclésia-
14 Astronomus, Vita, c. 59, p. 644: In eodem loco et tempore pêne omnes Septimaniae nobiles affuerunt,
conquerentes advenus Bernhardum ducem illarum partium, eo quod homines illius tarn rebus eccle-
siasticis quamque privatis absque ullo respectu divino humanoque pro libitu abuterentur. Unde pe-
tierunty ut domnus imperator sub protectionis suae eos susciperet munimine, et post haec taies missos
in eandem terram dirigeret, qui et potestate et prudentia de ablatis aequo libramine penderent, et
avitam eis legem conservarent. Ad quod peragendum missi sunt secundum postulationem eorum et
domni imperatoris electionem Bonifatius cornes et Donatus itidem cornes, sed et Adrebaldus Flavinia-
censis monasterii abbas.
stiques de Lyon, de Tarentaise et de Vienne lui étaient alors confiées4. Il est encore at-
testé comme missus vers 829 - il s'agit vraisemblablement du même missaticum5. A
une date inconnue, du moins entre 829 et 8366, Albéric fut l'un des quatre missi de
Louis le Pieux chargés de régler, à l'abbaye de Flavigny, le différend relatif au partage
des menses abbatiale et conventuelle 7 . Au début de l'année 835, l'évêque de Langres
participa au plaid tenu à Thionville au cour duquel l'archevêque Ebbon fut déposé 8 .
En 838, Albéric fut encore mêlé activement à l'actualité, puisqu'il fit partie des desti-
nataires de l'acte d'accusation porté par Florus de Lyon contre le chorévêque Ama-
laire, chargé d'administrer le diocèse depuis la déposition d'Agobard 9 , ce qui laisse
supposer qu'Albéric fut pressenti pour juger l'affaire ou en être rapporteur 10 . La
question fut étudiée lors du plaid tenu en septembre 838 à Quierzy-sur-Oise 11 , mais
curieusement, il semble qu'Albéric en fut absent. Tout au moins ne figure-t-il pas
parmi les participants mentionnés dans la notice du jugement concernant les moines
de Saint-Calais12, alors que sa présence est attestée lors du jugement rendu en avril
838 à Aix-la-Chapelle 13 .
Albéric fut particulièrement actif dans le domaine des réformes monastiques 14 .
Non seulement il réforma le collège des chanoines de Langres15, comme nous l'ap-
prend un diplôme de Louis le Pieux donné à Langres le 19 août 834 (une époque par-
ticulièrement tendue 16 , ce qui prouve la fidélité d'Albéric) par lequel l'empereur con-
firmait la dotation faite par l'évêque17, mais Albéric travailla aussi à la réforme du
monastère de Bèze. Albéric passa les fêtes pascales de l'année 826, du moins le Ven-
dredi Saint (30 mars), en ce monastère18, mais ce n'est qu'en 830 qu'il le réforma.
C'est avec l'accord de l'archevêque de Lyon, Agobard, qui fut présent au synode réu-
donnée die Jovis in anno VIII régnante domino nostro Ludovico imperatore, c'est-à-dire en 821,
comme l'avait noté DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 189, ou plus exactement entre février 821 et janvier
822 (sur la date du début de règne de Louis le Pieux, cf. DEPREUX, Wann begann?).
4 Commemoratio, p. 308: Lugdunum, Tarantasia et Vienne Albericus episcopus et Rihhardus cornes.
Sur les raisons éventuelles de la nomination d'Albéric, cf. KAISER, Evêques de Langres, p. 99.
5 Capitula tractanda, p. 7: De monasteriolis etiam diversis in missatico Albrici.
6 Ce sont les dates du pontificat d'Aldric de Sens, en mission avec lui; cf. la notice n° 25.
7 Dipl. Karol. 3, n° 50 p. 145: ... detuleruntque nobis quandam ordinationem, quam domnus etpiae
recordationis genitor noster Hludouicus augustus inibi propter evitandas discordias per missos suos,
per Aldricum scilicet sanctae Senonicensis ecclesiae venerabilem quondam archiepiscopum nec non et
Albericum Lingonensis ecclesiae episcopum seu Motuinum Augustudunensis episcopum vel Bosonem
venerabilem sancti Benedicti abbatem, olim institua... sicut a praefatis missis domni et genitoris no-
stri ordinatum atque institutum esse dinoscitur ...
8 Concilium ad Theodonis villam, p. 703 (n° 28). Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 126 sqq.
9 Amalarius, Epistolae, n° 13, p. 267 sqq.
10 SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 185, était d'avis que Florus s'adressa à Albéric et à d'autres personnes
simplement en raison des liens d'amitié qui les unissaient à l'Eglise de Lyon.
11 B.M. 982(951)a. Cf. Concilium Carisiacense, p. 768-782.
12 Concilium Carisiacense (bis), p. 850.
13 Ibid., p. 846.
14 Cf. OEXLE, Forschungen, p. 163 sqq. Pour le détail des réformes que l'on peut attribuer à Albéric, cf.
SEMMLER, Beziehungen, p. 388 sq.
15 Pour un autre exemple de l'attention d'Albéric pour les biens de son église, cf. Frotharius, Epistolae,
n° 26, p. 293 sq.
16 Cf. B.M. 930(901)b.
17 B.M. 931(902).
18 Spicilegium, tome 2, p. 407 (Carta Teutonis abbatis). Il s'agit d'un échange de biens.
92
21. ALBGAIRE 1
Comte, attesté de 817 jusqu'à éventuellement 842
Alors que l'empereur de Constantinople avait envoyé une ambassade auprès de Lou-
is le Pieux pour examiner les questions de frontières entre les Dalmates, les »Ro-
mains« et les Slaves2, ce cernier avait fait venir à la cour Cadola, ad quem illorum con-
finium cura pertinebat\ mais étant donné que l'avis des populations était nécessaire
pour la prise d'une décision, l'empereur envoya Cadola en Dalmatie et lui adjoignit
Albgaire, dont l'annaliste spécifie qu'il était Unrochi nepos4. Il n'est pas nécessaire de
reprendre en détail l'étude des données relatives à Albgaire, puisque ce dernier a fait
l'objet de présentations exhaustives5. Qu'il suffise de rappeler qu'Albgaire fut vrai-
semblablement institué comme confinii cornes en Pannonie 6 . Ce personnage, qui
reçut ensuite un comté en Alémanie, puisqu'il est dit cornes de Alamania dans une
notice de plaid datée d'entre avril 823 et juin 8407, avait résidé à la cour de Charlema-
19 Annales Besuenses, p. 248: 830. Hocanno venerabilis Albericus episcopusprecipiente sibi beato Petro
apostolo reedificavit locum istum, et clericos inde eiecity et monacbos constitua. Le monastère de Bèze
était dédié aux apôtres Pierre et Paul. Il est difficile de trancher si Pauteur avait en tête une éventuel-
le dévotion particulière d'Albéric pour ces deux saints, s'il voulait faire allusion à une apparition de
l'apôtre Pierre qu'aurait éventuellement eue Albéric, ou bien s'il faut reconnaître dans ce texte une
référence à une injonction du pape. Pour un exemple montrant comment l'intervention supposée de
saint Pierre pouvait se combiner à la politique pontificale, cf. GUILLOT, Miracles.
20 Concilium Lingonense, p. 681 (Louis et Lothaire) et p. 681 sq. (Agobard).
21 B.M. 878(849).
22 Cf. SCHMID, Bischof Wikterp, p. 120 sqq.; BAUERREISS, Altbayerische Hachilingen, p. 256. SEMM-
LER, Beziehungen, p. 377, émit des réserves (il était moins réservé ibid., p. 388) concernant le résultat
des travaux de K. Schmid.
23 Annales s. Benigni, p. 39: 838. Albericus episcopus Lingonensis obiit 12 Kal. Ian. En revanche, son
décès est mentionné à l'année 855 dans les Annales Besuenses, p. 248.
24 Cf. Spicilegium, tome 2, p. 407.
gne: il avait été le précepteur (baiolus) de la fille de Pépin d'Italie 8 . Peut-être Albgaire
poursuivit-il ses »services au Palais« sous Louis le Pieux, du moins au début du règne
(jusqu'à son envoi en 817?). Rien ne permet de reconnaître avec certitude le comte
Albgaire dans la personne du fidelis à qui, en février 842, Lothaire fit une donation 9 .
22. ALBON 1
Attesté en 808
Albon ne nous est connu que par la mention Albo ad vicem Helizachar scripsi1 por-
tée sur le diplôme de Louis le Pieux donné à Chasseneuil le 7 avril 808 en faveur du
monastère de Cormery 3 .
23. ALCUIN 1
Abbé de Saint-Martin de Tours, mort le 19 mai 804
Il n'est pas question de présenter ici une biographie de celui qui, selon une anecdote
célèbre au temps de Louis le Pieux, prédit l'accession de ce dernier à l'empire 2 . On se
reportera pour cela aux nombreuses études qui furent consacrées à l'abbé de Saint-
Martin 3 . Il convient juste de citer ici un extrait de la correspondance d'Alcuin, qui
justifie qu'on le considère comme conseiller de Louis le Pieux, alors roi d'Aquitai-
ne 4 . Il s'agit d'une lettre adressée à Charles, le fils aîné de Charlemagne. Elle prouve
les relations étroites qu'entretenaient le vieux maître et Louis: »Ton frère, le jeune
(et) très noble Louis, m'a plus souvent (que toi) demandé de lui envoyer des lettres
d'admonition; ce que j'ai alors fait et que, si Dieu le veut, je ferai encore: en effet, il a
8 Ibid.: Dicebat ipse Alpcharius: Tempore domni Pippini régis, dum ego eram baiolus Adelaide filie ipsi-
HS Pippini régis ... Posteay dum per iussionem domno Pippino rege ambolavi cum predicta Aldelaidam
in Franciam ad domnum Carolum imperatorem, et dum in eius servicio illic demorassem, sua mercede
dedit mihi comitum; et dum pro bis et ceteris palatinis serviciis preocupatus venire in hacpatria licen-
tiam non babuissem ...
9 Dipl. Karol. 3, n° 66, p. 177 sq. Cf. HLAWITSCHKA, Franken, p. 121 note 8.
pour habitude de les lire avec grande humilité« 5 . Il n'est également pas inutile de rap-
peler ici qu'Alcuin et Benoît d'Aniane étaient amis 6 .
24. ALDEBAUD 1
Attesté en 795
Aldric, en qui J. Fleckenstein reconnaît avec raison un chapelain4, fut élevé au monas-
tère de Ferneres 5 du temps d'Alcuin 6 . En revanche, je considère l'interprétation de J.
Fleckenstein comme erronée 7 quand l'auteur, identifiant sans argument véritable-
5 Alcuinus, Epistolae, n° 188, p. 316: ... nobilissimus iuvenis Chlodoicusgermanus tuus me rogavit sae-
pius mittere ammonitorias Uli litteras. Quod iam etfeci et volente Deofaciam; quas etiam cum magna
humilitate legere solet. A ce propos, cf. EDELSTEIN, Eruditio, p. 62 note 67.
6 Cf. Vita Alcuini, c. 14, p. 192; Alcuinus, Epistolae, n° 57, p. 100 sq.
8 Alcuinus, Epistolae, n° 260, p. 417 sq. Cf. également ibid., n° 264, p. 421 sq.
9 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 71.
10 Vita Aldrici, c. 3, p. 741 sq.
11 Vita Aldrici, c. 4, p. 742: Tandem fama celé bris viri illustris, longe lateque diffusa, ad régis Ludovici,
filii Caroli Magni, pervenit audientiam, qui tune regni Francorum tenebat monarchiam. Ad cujus
monitum, quorumdam incredulorum, qui tune fidem christianam impugnabanty prout Spiritus sanc-
tus dabat eloqui Uli, versutias elisit argutas, et ruinam periclitans fidei propulsata penitus ambiguitate
redintegravit. Super quibus jucundatus imperator augustusy eum praeceptorem palatinum institua, ut
vita imperialis aulae et majora negotia suae discretionis arbitrio diffinirentur. Si j'interprète bien ce
texte, Aldric aurait été notamment préposé à l'enseignement des païens (demeurant au Palais). Or
on sait, par exemple, que le danois Harold, après son baptême en 826, laissa son fils et son neveu à la
cour de Louis le Pieux (Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2510 sq., p. 190).
12 Cf. BRESSLAU, Urkundenlehre, tome 1, p. 385. Aldric fit la récognition du diplôme donné à Ingel-
heim (Dipl. Karol. 1, n° 206, p. 275). Il écrivit également ce diplôme (cf. les notes tironiennes). Il
semblerait aussi qu'Aldric ait fait la récognition du diplôme donné à Aix-la-Chapelle le 26 mai 808
(Dipl. Karol. 1, n° 207, p. 276 sqq.). Cf. ibid., p. 277 et BRESSLAU, Urkundenlehre, tome 1, p. 385 no-
te 1.
13 Cf. Actes de Pépin, p. XLI sq.: »On voit, par le simple rapprochement des dates, que le chancelier de
Pépin 1er devait être l'abbé de Ferneres et qu'il abandonna la direction des services dont il avait la
charge pour devenir le métropolitain de la province de Sens«.
14 Cf. ibid., p. XLVII. Les récognitions ad vicem Aldrici sont la preuve qu'Aldric dirigeait alors la
»chancellerie«. Les recherches paléographiques de JUSSELIN, Notes tironiennes, p. 126 sq., sem-
bleraient éventuellement permettre de considérer qu'Aldric était déjà en fonction au 31 octobre 825,
comme tendait à le penser L. LEVILLAIN, cf. Actes de Pépin, p. XLVII et p. 14. Mais étant donné qu'il
s'agit d'un diplôme (n° 4, p. 12 sqq. pour Saint-Antonin) auquel je considère qu'il est prudent, en
l'état actuel de la recherche, de ne pas donner un trop grand crédit (cf. l'annexe n° 2), je ne retiens pas
cette date.
15 Vita Aldrici, c. 5, p. 742. Aldric est attesté comme abbé de Ferrières par Lupus, Correspondance, to-
me 1, n° 1, p. 6 et tome 2, n° 130, p. 206.
16 B.M. 757(732), éd. Recueil des hist. 6, p. 530 sq. (à la p. 530), diplôme donné le 29 juin 822, à Stratel-
la villa: ... adiens serenitatem culminis nostri vir venerabilis Adaleodus abba monasterii sancti
Amandi, una cum Aldrico misso nostro, quem adpraedictum coenobium direximus ad ordinem regu-
lae sancti Benedicti confirmandum, suggesserunt mansuetudini nostrae qualiter congregationi con-
fessons Christi Amandi aliqua de rebus & villis ejusdem ecclesiae deputare & confirmare ad usus &
nécessitâtes illorumpraejudicaremus. Aldric était alors déjà abbé: ad deprecationem vel suggestionem
praedictorum abbatum, Adaleodi videlicet & Aldrici...
96
Chapelle et que l'Astronome mentionne 17 . Par ordre (jussu) de Louis le Pieux18, Ald-
ric reçut l'archevêché de Sens19. Le siège métropolitain était vacant à la fin de Tannée
828, lorsque l'empereur convoqua pour l'année suivante quatre conciles20; mais Ald-
ric participa comme archevêque de Sens à celui tenu en juin 829 à Paris21, à l'occasion
duquel il présida avec Ebbon une inquisitio sur la profession des moines de Saint-De-
nis et où il fut décidé de procéder à la réforme de ce monastère 22 . Il souscrivit égale-
ment la charte par laquelle, le 22 janvier 832 à Saint-Denis, la question de la mense
conventuelle fut réglée23. A part la réforme de Saint-Denis (où il intervint en tant
qu'évêque métropolitain), l'action pastorale d'Aldric est fort mal connue. Les Gesta
des évêques d'Auxerre mentionnent le rôle qu'il joua dans l'installation d'Héribaud
sur le siège épiscopal de saint Germain 24 . D'autre part, Aldric transféra le monastère
de Saint-Remi de sa cité épiscopale à Vareille et il obtint de Louis le Pieux un diplôme
garantissant les possessions du monastère et définissant ses rapports juridiques avec
l'archevêque 25 . Au début de 835, Aldric participa au plaid réuni à Thionville, au
cours duquel Ebbon fut déposé 26 . A une date indéterminée, Aldric fut l'un des missi
envoyés par Louis le Pieux à Flavigny pour y procéder au partage des menses abba-
tiale et conventuelle27. L'archevêque de Sens mourut le 10 octobre 83628.
Aldricus praesul meritis insignis et actu, telle est la manière dont un poète a pu quali-
fier l'évêque du Mans 3 . De fait, Aldric se montra particulièrement actif, comme l'état
extraordinairement riche de la documentation le concernant permet de le constater 4 .
Aldric naquit le 21 juin 5 8006; son père, un dénommé Saxon, était Franc, quant à sa
mère, Syon, elle était d'origine alémanique et bavaroise7. A l'âge de douze ans, il fut
envoyé au Palais8. Bien que l'auteur des Gesta affirme que dès avant d'être envoyé au
Palais, Aldric avait été élevé au milieu d'évêques 9 , l'enfant fut destiné à une carrière
séculière. C'est en effet au Palais qu'il reçut sa vocation religieuse10 et il demanda au
souverain la permission de quitter la militia secularisn, permission que ce dernier est
censé ne lui avoir accordée qu'à contre-coeur 12 . Aldric demanda à Louis le Pieux de
lui accorder une prébende à Metz, pour lui et douze clercs l'accompagnant13.
D'après la chronologie du récit, Aldric se rendit à Metz vers 821. Il y reçut la ton-
sure, et après deux ans, il fut ordonné diacre par l'évêque Gundulf. Trois ans plus
tard, c'est de Drogon qu'il reçut l'ordination sacerdotale14. Il fut ensuite promu
maître-chantre, écolâtre et, pour finir, primicier15. Vers juillet 83216, Louis le Pieux
l'appela au Palais et en fit son confesseur17. Le 9 novembre 832, Aldric fut élu évêque
du Mans en présence de Louis le Pieux, à Tours 18 . Il reçut le sacre épiscopal le 22 dé-
cembre 83219. Louis le Pieux vint rejoindre Aldric au Mans et passa les fêtes de Noël
832 avec lui20. Et de commencer la longue série des diplômes que l'évêque du Mans
obtint de l'empereur 21 , qui en échange pouvait compter sur sa fidélité22. De fait, Ald-
ric se montra fidèle, puisqu'il fit partie de ceux qui ne trahirent pas Louis le Pieux en
juin833,auRotfeld 23 .
D'un diplôme donné le 24 juin 835 à Stramiaco, dans \tpagus de Lyon24, on peut
déduire qu'Aldric participa à l'assemblée devant laquelle Agobard fut sommé - en
vain - de comparaître 25 . L'on ne peut, par conséquent, que s'étonner de l'absence
d'Aldric à Thionville au début de 835, où Ebbon fut déposé 26 . La présence d'Aldric à
la cour est attestée en mars 83627, et environ un mois plus tard, un pacte de fraternité
fut conclu entre les Eglises du Mans et de Paderborn 28 . De même, Pévêque du Mans
se trouvait à la cour à la mi-juin 83729 - Aldric participa vraisemblablement au plaid
tenu en mai à Thionville30. Au printemps 838, Aldric était de nouveau à Aix-la-Cha-
pelle31, où son conflit avec les moines de Saint-Calais fut finalement jugé32. Aldric
participa également au plaid tenu en septembre 838 à Quierzy-sur-Oise 33 ; il est vrai-
semblable qu'il eut à examiner la plainte de Florus de Lyon34 contre Amalaire, qui fut
alors déposé 35 . A l'automne 839 et début 840, Aldric fit partie de l'expédition militai-
re de Louis le Pieux en Aquitaine 36 . Lorsque Louis le Pieux laissa la famille royale en
Aquitaine pour se tourner contre Louis le Germanique, Aldric regagna Le Mans, où,
le 12 mai 840, il tint un synode diocésain37. Le pontificat d'Aldric se prolongea enco-
re un peu plus de quinze ans après la mort de Louis le Pieux38; l'évêque du Mans
mourut le 24 mars 85739, »son anniversaire est pourtant fêté, au moins depuis le XVe
siècle, le 7 janvier«40. Avant de devenir évêque du Mans, Aldric aurait reçu l'abbaye
de Saint-Amand 41 . Notons que le catalogue des abbés de Saint-Riquier mentionne
un certain Aldric ayant succédé à Hélisachar42. Rien ne permet de savoir s'il s'agit
également de notre personnage.
28 Translatio s. Liborii, p. 154: Dehinc inter utriusque aecclesiae, Cenomannicae videlicet etpraefatae
Patherbrunnensis, congregationes, firmata karitate perpetuae fraternitatis, ad patriam eis redeundi
licentiam dédit. Sur ce récit de translation, cf. HONSELMANN, Zur Translatio s. Liborii; HONSEL-
MANN, Bericht des Klerikers; LE MAÎTRE, Corpus du Mans, tome 1, p. 161 sqq.
29 B.M. 966(935), diplôme donné le 15 juin 837 à Gundulfi villa; B.M. 968(937), diplôme donné le 18
juin 837 à Thionville.
30 B.M. 965(934)a.
31 Cf. B.M. 972(941), diplôme donné le 22 mars; B.M. 973(942), diplôme donné le 17 avril; B.M.
974(943), diplôme donné le 23 avril. A noter cependant qu'à la différence des auteurs des Regesta im-
perii, Ph. Le Maître juge le premier de ces diplômes »douteux« et les deux autres »faux« (LE MAÎTRE,
Corpus du Mans, tome 2, p. 197 sq.).
32 Cf. Concilium Carisiacense (bis) p. 836 sqq. Le jugement fut rendu le 1er mai, cf. Carmina Cenoma-
nensia, n° 9, p. 634 v. 11 sqq.
33 Cf. Concilium Carisiacense (bis), p. 847 sqq. Cf. également B.M. 980(949) et B.M. 981(950).
34 J'interprète ainsi le fait qu'Aldric fut l'un des co-destinataires de la lettre dans laquelle Florus expo-
sait ses griefs contre Amalaire. Cf. Amalarius, Epistolae, n° 13, p. 267 sqq.
35 Cf. Concilium Carisiacense.
36 B.M. 998(967)a. Cela est attesté par deux diplômes, donnés à Poitiers le 16 novembre 839 et le 15
février 840: cf. B.M. 999(968) - à noter qu'à la différence des auteurs des Regesta imperii, LE MAÎT-
RE, Corpus du Mans, tome 2, p. 200, a rejeté ce diplôme comme »faux« - et B.M. 1002(971). Les au-
teurs des Regesta imperii ont déclaré ce dernier diplôme »mindestens zweifelhaft«, mais LE MAÎTRE,
Corpus du Mans, tome 2, p. 189, l'a jugé »authentique«. Quand Aldric demanda l'autorisation de se
décharger d'une part de ses fonctions sur un économe, il revendiqua la continuation d'une tradition
mancelle, cf. Concilium Carisiacense (bis), p. 838 1. 26 sqq. et p. 846 1. 9 sqq.
37 Cf. Concilium Cenomannicum.
38 Cf. LE MAÎTRE, Aldric, p. 64.
39 DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 339: »D'après les indications du catalogue (Xle siècle), sa mort devrait
tomber au 24 mars 857«. En effet, alors que le catalogue des Actus pont. Cenom., p. 8, ne donne que
le nombre d'années d'épiscopat (24 ans), celui transmis avec les Gesta Aldrici, p. XXI, est plus pré-
cis: Domnus Aldricus episcopus, féliciter multa vivat per tempora, sed. annis XXIIII, menses III, dies
IL Or 832 + 24 = 856,22 décembre 856 + 3 mois = 22 mars 857, et 22 + 2 = 24, ce qui donne la date du
24 mars 857.
40 DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 339.
41 Annales Bertiniani, a. 833, p. 9 note g (ajout de la fin du Xle siècle dans le ms. de Saint-Omer).
42 Catalogus abbatum Centulensium.
100
27. ALÉDRAMNE 1
Comte de Troyes, attesté à partir de septembre 820 - mort avant le 25 avril 855
Un comte Alédramne siégea en qualité de missus de Louis le Pieux dans un plaid tenu
à Nurcie en août 821, où l'on traita une affaire concernant l'abbaye de Farfa2. Du tex-
te d'un diplôme donné le 6 novembre 822 en faveur de Farfa, l'on peut conclure
qu'Alédramne était encore en vie à cette date 3 . Le 2 septembre 820, à Quierzy, un
certain comte Adadramne souscrivit l'acte d'échange passé entre le comte de Tours et
l'évêque de Worms, agissant en tant qu'abbé de Wissembourg 4 . On peut en conclure
que le comte Adadramne/Alédramne 5 participa au plaid alors tenu en ce palais par
Louis le Pieux. Rien ne permet d'affirmer à coup sûr l'identité de ce comte avec celui
attesté comme missus en Italie 6 , mais rien n'interdit cette identification. H. d'Arbois
de Jubainville identifia le comte attesté comme missus en Italie en 821 comme étant le
comte de Troyes Alédramne ayant en 837 autorisé, contre paiement d'un cens, le
prêtre Adremar à fonder une cella en l'honneur de saint Pierre, la future abbaye de
Montiéramey 7 . H. d'Arbois crut, à la faveur d'un mandement, pouvoir faire preuve
de l'activité de ce comte dès le règne impérial de Charlemagne 8 - à tort 9 . En revan-
che, c'est avec notre comte qu'il faut identifier le personnage qui ambasciavit, attesté
dans un diplôme du 18 octobre 849 par lequel Charles le Chauve donna en toute pro-
priété à l'un de ses fidèles des biens sis en Narbonnais 10 . Depuis 848 environ 11 , il était
28. ALTMAR1
Sénéchal de Judith, attesté en 838
29. ANSCHAIRE 1
Archevêque de Hambourg(/Brême) 2 , né vers 801 - mort le 3 février 865
Anschaire est un personnage bien connu 3 . Pour cette raison, il n'est pas nécessaire de
retracer toutes les étapes de sa vie: seuls les éléments les plus significatifs pour notre
12 Chronicon Font., p. 302 1. 38; Annales Bertiniani, a. 850, p. 58 sq. Fin 848, Alédramne fut chassé de
Barcelone par le fils de Bernard de Septimannie, cf. LOT, HALPHEN, Charles le Chauve, p. 206 sq. Sur
les péripéties de l'action d'Alédramne en Gothie, cf. LOT, Aye d'Avignon, p. 147 sqq.; LEVILLAIN,
Nibelungen, p. 17 sq.
13 CHAUME, Bourgogne, p. 189 note 3, p. 314 note 1 et p. 552 sq., voulut faire d'Alédramne l'époux d'u-
ne soeur de Judith et par conséquent un oncle maternel de Charles le Chauve. Avec raison ni
FLECKENSTEIN, Herkunft der Weifen, ni TELLENBACH, Älteste Weifen, n'ont retenu cette hypothèse.
De même, CHAUME, Bourgogne, p. 152 note 3, voulut faire de Dhuoda une soeur de Judith. L'argu-
ment qu'il avança ne résiste pas à la critique, cf. Dhuoda, Liber manualis, p. 84 et p. 368 (ce sont les
deux seules occurrences du nom de Louis le Pieux, que Chaume voulait en vain faire appeler frater
par Dhuoda). RICHE, Carolingiens, p. 190, fait du comte Alédramne un »allié à la famille des Robert-
ides«. Sur les Alédramnides en Italie, cf. TELLENBACH, Großfränkischer Adel, p. 64.
14 Cf. Actes de Charles le Chauve, tome 1, n° 171 p. 449 sqq. Il s'agit d'un diplôme délivré sur la requê-
te d'Eudes, successeur d'Alédramne:... temporepredecessoris sui Aledramni, quondam fidelis comi-
tis nostri ex comitatu Tricasino ... Ce diplôme, daté de 854 d'après les années de règne (GIRY, Etudes
carolingiennes, p. 124 n° 4), doit en réalité être daté d'après l'indiction, c'est-à-dire de 855, comme le
montra LOT, Aléran, p. 582 note 4.
propos seront retenus ici. Anschaire fut moine à Corbie 4 et il y exerça les fonctions
de magister scolae5. Puis il fut envoyé à Corvey lors de la fondation de ce monastère,
également pour y enseigner6. C'est alors que son nom, lors d'une délibération entre
l'empereur et ses optimates7, fut proposé par Wala, suite à la demande du Danois Ha-
rold formulée lors de son baptême en 826, concernant l'envoi d'un missionnaire pour
parfaire sa propre formation catéchétique et évangéliser son peuple 8 . Après avoir de-
mandé à Anschaire s'il était prêt pour cette expédition missionnaire 9 - l'on pourrait
presque dire cette aventure 10 -, Louis le Pieux lui donna des objets liturgiques, des
coffres et des tentes, et il l'envoya accompagner Harold 11 .
L'on observe à peu près le même processus lorsqu'une délégation de Suèves vint à
la cour de Louis le Pieux, vraisemblablement en 82912, informer l'empereur que les
13 Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 9, p. 696: Interim vero contigit legatos Sueonum ad memoratum prin-
cipem venisse Hludowicum, qui inter alia legationis suae mandata clementissimo Caesari innotuer-
unt: esse multos in gente sua, qui christianae religionis cultum suscipere desiderarent, régis quoque sui
animum ad hoc satis benivolum, ut ibi sacerdotes Dei esse permitteret; tantum eius munificentia me-
rerentury ut eis praedicatores destinaret idoneos.
14 Ce terme est également employé pour désigner la mission d'Ebbon en 822, cf. Rimbertus, Vita s. An-
skarii, c. 13, p. 699 1. 13.
15 Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 10, p. 697: Suscepit itaque legationem sibi a Caesare iniunctamy ut in
partes iret Sueonumy etprobaret, utrum populus Me ad credendum paratus esset, sicut missi supradic-
ti (c'est-à-dire les membres de l'ambassade suève) innotuerant. Le compagnon d'Anschaire fut alors
le moine Witmar (ibid., 1. 10).
16 Ibid., c i l , p. 697 1.39 sqq.
17 Ibid., c i l , p. 697 1.30 sqq.
18 Ibid., c 12, p. 698: Peracto itaque apud eos altero dimidio annoy praefati servi Dei cum certo suae le-
gationis experimento et cum litteris regia manu more ipsorum deformatisy ad serenissimum reversi
sunt Augustum. Qui honorifice, et cum maxima pietatis benivolentia ab eo susceptiy narraverunt,
quanta Dominus secum egerit, et quod ostium fidei in Ulis partibus ad vocationem gentium patefac-
tum fuerit. L'éditeur de la Vita date ce retour de 832.
19 Ibid.: ... quaerere coepity quomodo in partibus aquilonis, in fine videlicet imperii suiy sedem consti-
tuere posset episcopalem, unde congruum esset episcopo ibi consistenti, causa praedicationis Mas fre-
quentius adiré partes et uunde etiam omnes Mae barbarae nationes facilius uberiusque capere vale-
rent divini mysterii sacramenta.
20 Ibid.: ... una cum consensu episcoporum acplurimo synodi conventu inpraefata ultima Saxoniae re-
gione trans Albiam in civitate Hammaburg sedem constitua archiepiscopalem, cui subiaceret univer-
sa Nordalbingorum ecclesia, et ad quam pertineret omnium regionum aquilonalium potestas ad con-
stituendos episcopos sive presbyteros, in Mas partes pro Christi nomine destinandos. La création de
l'archevêché de Hambourg a fait l'objet d'un débat houleux, prenant parfois des accents passionnels
chez les médiévistes. SCHIEFFER, Adnotationes, p. 506 sqq., a résumé l'état de la question. C'est tout
à fait consciemment que je laisse de côté cette querelle érudite, pour donner le primat à l'œuvre de
Rimbert, »eine zeitgenössische Quelle von ungewöhnlichem Rang« (SCHIEFFER, Adnotationes,
p. 511).
21 Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 12, p. 698: Ad hanc ergo sedem dominum etpatrem nostrum sanctissi-
mum Anskarium praedictus imperator solemniter consecrari fecit archiepiscopum per manus Drogo-
nis Mettensis praesulis et summae sanctaeque palatinae dignitatis tune archicapellani, astantibus ar-
chiepiscopis Ebone Remensiy Hetti Treverensi, et Otgario Magonciacensi... A ce propos, cf. la notice
n°75.
104
que de quelques missi11 jusqu'à Rome, où il reçut le pallium des mains de Grégoire
IV23. La date à laquelle Anschaire fut promu au siège de Hambourg n'est pas connue
par des documents contemporains24. Elle se situe vers la fin de 83125. Il n'entre pas
dans mon propos de retracer l'activité pastorale d'Anschaire, qui date d'ailleurs
plutôt de la période post-ludovicienne26. Anschaire mourut le 3 février27 86528, alors
qu'il était dans sa soixante-quatrième année, c'est-à-dire la trente-quatrième année
de son pontificat29.
30. ANSÉGISE 1
Abbé, attesté avant 807 - mort le 20 juillet 833
Grâce aux Gesta des abbés de Fontenelle, nous disposons d'une documentation assez
riche sur Anségise. Il était le fils d'un certain Anastase et d'une certaine Himilrade2.
Après avoir reçu la tonsure à Fontenelle sous l'abbatiat de Géroald (787/789-807?),
son parent3, il fut envoyé au Palais4. L'on ne peut rien tirer du titre donné à Charle-
magne pour proposer de dater l'événement5. J. Fleckenstein a montré que les chape-
lains entraient au service du souverain par prestation de la commendatio6; Anségise
fut vraisemblablement membre de la Chapelle royale7. Avant 807, il reçut le monas-
22 II s'agissait des évêques Bernold et Rataud, ainsi que du comte Gerold. Cette requête visant à la con-
firmation de l'élévation d'Anschaire à la dignité archiépiscopale fut présentée en 832, cf. SEEGRÜN,
Erzbistum Hamburg, p. 33.
23 Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 13, p. 699. La nomination d'Anschaire est présentée comme un événe-
ment s'inscrivant en continuité avec la mission d'Ebbon en 822.
24 L'on ne peut à ce propos pas prendre en compte le diplôme du 15 mai 834, par lequel Louis le Pieux
est censé avoir alors fondé l'archevêché de Hambourg, B.M. 928(899), et qui n'est qu'un faux.
25 Cf. SCHMEIDLER, Hamburg-Bremen, p. 235, et la notice consacrée à Drogon (n° 75).
26 Cf. Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 14 sqq., p. 699 sqq. et c. 21 sqq., p. 706 sqq.
27 Adam, Gesta Hammaburg. eccl. pont., p. 37: Cuius depositio summa veneratione colitur 111° non.
Februarii. Obiit anno Domini DCCCLXV...
28 Annales Corbeienses, p. 3: 865. Ansgarius archiepiscopus obiit. Erreur d'un an dans les Annales Ful-
denses, a. 866, p. 22 sq.: ... sanctissimus episcopus Bremensis Ansger de bac luce migravit.
29 Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 40, p. 722 1. 27 sq. Le nombre des années d'épiscopat est le même dans
le Chronicon brève Bremense, p. 390:16 (Hambourg) +18 (Brème) = 34.
semblablement vers 83017)> une mission délicate en Marche d'Espagne fut confiée à
l'abbé de Fontenelle 18 . En janvier 82719, il composa sa célèbre Collection de capitu-
laires20. Anségise mourut le 20 juillet 83321.
31. ANSFRID 1
Abbé de Nonantola, attesté du 1er décembre 825 au 19 novembre 837 -
vraisemblablement décédé en 842, le 13 mars
Le 1er décembre 825 à Aix-la-Chapelle, Louis le Pieux fit, à la requête de l'abbé An-
sfrid, une donation à son monastère de Nonantola 2 . Mais c'est pour une mission que
l'abbé reçut quelque temps plus tard que ce dernier nous intéresse ici: lors du plaid
tenu à Aix-la-Chapelle en février 828 3 , l'évêque de Cambrai, Halitgaire, et l'abbé de
Nonantola revinrent de Constantinople où ils avaient été envoyés en ambassade au-
205): Quae pactuatio sive convenientia cum nostris auribus per praedictos missos nostros fuisset insi-
nuatay complacuit nobis eam nostrae auctoritatis iussione confirmare.
17 CALMETTE, De Bernardo, p. 84, proposa l'année 830; les éditeurs des Gesta patrum Font., p. 99 note
218, à la suite de SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 269, avancèrent la date de 827. Etant donné que le
soulèvement d'Aizo (à ce propos, cf. ABADAL, Dels Visigots, p. 311 sqq.), qui aurait nécessité l'envoi
d'Anségise, eut lieu en 826, je juge impossible de retenir cette date, puisque Anségise était occupé à la
confection de sa Collection au début de 827. CALMETTE, Gaucelme, p. 170 sq., plaida de nouveau -
de manière à mon avis convaincante - en faveur d'une datation vers 830.
18 Gesta patrum Font., p. 99: Iustitiaepostremo virtutem quam magnifiée tenuerit testantur legationes,
quibus iussu Augustorum fréquenter functus est, maxime ea quae tempore domni Hludouuici magni
imperatoris iussu eiusdem partibus marcae Hispanicae celebrata est adversus Gautselinum custodem
limitis illius.
19 Ansegisus, Capitularium collectio, p. 394. La date précise est donnée par Anségise: il rassembla les
capitulaires de Charlemagne et de Louis le Pieux en l'an 827, lors de la 13 e année de règne de Louis le
Pieux. Etant donné qu'à partir de février 827 commence la 14e année de règne (à ce propos, cf. D E -
PREUX, Wann begann?), l'abbé de Fontenelle ne peut avoir composé sa Collection qu'en janvier 827.
20 L'identité entre l'abbé (de Luxeuil) Anségise et le compilateur de la Collectio capitularium est affir-
mée par l'auteur des Miracula s. Waldeberti, c. 12, p. 414: Capitula siquidem regum Francorum quae
diversis fuerant acta conduis excepit & uno volumine contineri fecit. Sur cette Collection, cf.
SCHMITZ, Kapitulariengesetzgebung, p. 477 sqq.; GUILLOT, Ordinatio, p. 455 sqq.; WERNER, Hlu-
dovicus Augustus, p. 84 sqq.
21 Anségise était malade, cf. Gesta patrum Font., p. 110:... passio incidit Uli quam Graeciparalisim uo-
cant ... Il mourut après dix ans d'abbatiat, die XIII Kalend. Augusti. Cf. ibid., p. 124. Comme les
éditeurs des Gesta l'ont noté (ibid., p. 128), il y a contradiction avec l'indication chronologique
donnée au c. 4 (ibid., p. 101): ... quodfactum estpridie nonas Decembris, dominica, expletispost obi-
tum eiusdem gloriosi patris mensibus III et diebus XVI. De cela, on devrait conclure qu'Anségise
serait mort le 19 août 833 (et non le 18 août, comme l'indiquent les éditeurs, ibid., p. 101 note 231): 4
décembre - 3 mois = 4 septembre, 4 septembre - 16 jours = 19 août. Comme dans le cas de l'accès à
l'abbatiat, je préfère m'en tenir à l'indication d'une date donnée dans le texte, plutôt qu'à un calcul de
durée, pour lequel les risques d'erreur sont plus grands. Par ailleurs, les éditeurs des Gesta n'ont pas
remarqué que le 4 décembre 833 ne tombait pas un dimanche, mais un jeudi (comme l'a noté S. L O E -
WENFELD dans son édition pour les M.G.H. SS. rer. Germ. 28, p. 53 note 2), ce qui rend l'utilisation
de cette donnée encore plus sujette à caution.
4 Annales regni Franc, a. 828, p. 174: Halitgarius Camaracensis episcopus et Ansfridus abba monaste-
rii Nonantulae Constantinopolim missi et a Michahele imperatore, sicut ipsi inde reversi retulerunt,
honorifice suscepti sunt. Cf. également Astronomus, Vita, c. 42, p. 631. Les auteurs des Regesta impe-
rii, B.M. 844(818)a, placent l'envoi à cette date, ce que l'on ne peut pas déduire du texte des Annales
royales. Quant à l'Astronome, il affirme que c'est leur retour de mission qui eut alors lieu. SIMSON,
Jahrbücher, tome 1, p. 258, place également ce retour en 828. Sur le contexte des relations diploma-
tiques entre la cour byzantine et celle de Louis le Pieux, cf. LOUNGHIS, Ambassades, p. 165 sq.
5 Dipl. Karol. 3, n° 7, p. 66 sqq.
6 Dipl. Karol. 3, n° 32, p. 108 sq.
7 Doc. dipl. Nonantola, tome 2, n° 31 p. 48.
8 A moins qu'il ne fît partie de la suite du pape Grégoire IV, retourné à Rome immédiatement. Cf.
B.M. 925(896)c.
9 Doc. dipl. Nonantola, tome 2, n° 33, p. 50 sq. La première occurrence dans les actes de Nonantola
date du 8 février 826 (ibid., n° 27, p. 44 sqq.).
10 Catalogi abbatum Nonantulanorum, p. 571: Ansfrith annos 17. Ordinatus anno Domini 821. Hic
fuit religiosus et Deo devotus vir et sanctissime vixit. Fecit autem capsam euangelii totam auream et
preciosis lapidibus ornatam. Fecit et calicem grandem argenteum et patenam, quos mirifice vestivit
auro et ornavit lapidibus. Obiit 3. Idus Mart.
11 Cf. Doc. dipl. Italie, n° 36, p. 109 sqq.
12 Doc. dipl. Nonantola, tome 1, p. 80.
13 D'après le catalogue des abbés de Nonantola, Ratpert aurait succédé à Ansfrid en 838, et il aurait eu
pour successeur Rotichild en 839 (il faut évidemment amender la date 809 des Catalogi abbatum
Nonantulanorum, p. 571, en 839, comme cela est imprimé dans l'édition de G. Tiraboschi; G. Waitz
affirme que l'édition des M.G.H. ne fut pas une simple réédition du texte de G. Tiraboschi, mais que
L. Bethmann collationna le texte sur le manuscrit; toutefois, étant donné qu'aucune note infrapagi-
nale ne signale la divergence, il faut la tenir pour une coquille), lui-même remplacé par Giselprand en
842. Or l'abbé Rotichild (Rothtehild) était encore en vie le 18 mai 845, comme l'atteste un acte de
Nonantola (Doc. dipl. Nonantola, tome 2, n° 36, p. 52 sq.). L'on ne peut par conséquent pas prendre
en compte les années indiquées par le catalogue comme étant celles de l'entrée en charge - au cas où
les durées d'abbatiat seraient exactes, il faut admettre un décalage d'environ quatre ans.
108
32. ARCHAMBAUD 1
Notaire, attesté de 778 à fin 814 (?)
Notre personnage 2 est attesté comme notaire de Charlemagne (le nom apparaît prin-
cipalement sous la forme Ercanbaldus) de janvier 778 3 au 17 février 7974. Du 31 mars
797 au 2 avril 812, il dirigea la »chancellerie«5. La compétence d'Archambaud hors
du domaine de rétablissement des diplômes est attestée 6 , de même que l'étendue de
ses compétences, puisqu'en 801 l'organisation d'une flotte en Ligurie lui fut confiée7.
A une date indéterminée, Archambaud, qualifié de secrétaire (commentariensis), fut
envoyé par Charlemagne auprès de Louis le Pieux, alors roi d'Aquitaine, pour lui
porter des ordres 8 . Par ailleurs, un certain Archibald désigné comme notarius9 siégea
lors d'une séance du tribunal du Palais, vraisemblablement tenue peu avant le 1er jan-
vier 81510. Je tends à identifier ce personnage avec le notaire du temps de Charlema-
gne11, d'où une conséquence, en réalité double: Archambaud serait simplement »ren-
tré dans le rang« et demeuré au Palais, passant alors au service du comte du Palais,
qui disposait d'un service d'écritures personnel 12 .
33. ARDOUIN1
Comte, attesté au printemps 838 - mort avant le 13 janvier 859
10 Cf. l'annexe n° 1.
11 Déjà HALBEDEL, Fränkische Studien, p. 43 et note 14, avait voulu reconnaître en Archambaud - que
BRESSLAU, Urkundenlehre, tome 1, p. 380 note 6, tenait pour un »pfalzgräflich(er) Notar« du temps
de Louis le Pieux - le notaire Ercambaldus, responsable de la chancellerie de Charlemagne de 797 à
812. Certes, les noms du notaire de Charlemagne et de celui mentionné dans le procès verbal de 834,
tous deux connus par des documents originaux, ne sont pas absolument identiques: il s'agit d'une
part d'Ercambaldus (cf. par exemple Dipl. Karol. 1, n° 181, p. 244 sq.) et d'autre part Archibald(us),
cf. Enquête de Fontjoncouse (planche IV). Certaines leçons du nom du notaire de Charlemagne se
rapprochant du nom d'Archibaldus sont fournies par des copies relativement tardives (cf. Dipl. Ka-
rol. 1, p. 541, »Anhang« à l'index). Toutefois, le témoignage de l'Astronome est ici décisif: il parle en
effet d'un certain Archamboldus, désigné comme commentariensis, c'est-à-dire comme secrétaire. Il
me semble difficilement contestable qu'il s'agit du notaire Ercanbaldus.
12 Cf. SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 356 sqq.; TESSIER, Diplomatique, p. 116 sqq.
34. A R N A U D 1 (I)
Comte, attesté vers 781 - mort avant le 14 août 822
Nommé avec d'autres ministri chargés de la régence2 en 781, c'est en qualité de pré-
cepteur {baiulus) du jeune Louis en Aquitaine que nous rencontrons Arnaud 3 , qui
devait être identique avec le comte Arnaud 4 , mort avant le 14 août 822, qui avait
donné per suum wadium la villa de Cissan 5 et Cazouls-d'Hérault 6 , sise dans lepagus
de Béziers, à l'abbaye d'Aniane du temps de l'abbé Benoît (c'est-à-dire grosso modo
sous le règne de Louis le Pieux en Aquitaine) 7 .
n'est pas affirmée dans le document. Mais étant donné que ce dernier n'accomplit pas la donation,
pourtant menée à bien secundum votum adque preceptum Harduini comiti ac senioris nostri, et que
celle-ci était faite notamment pro ejusdem seniore nostro Harduino comité elimosinam et propter ani-
ma ipsius liberationem ac quietem, on en a conclu qu'il était alors déjà mort (ainsi: CHAUME,
Bourgogne, p. 253 note 2; G. TESSIER, dans Actes de Charles le Chauve, tome 1, p. 60). A noter que
le comte était à coup sûr décédé quand sa fille épousa Louis le Bègue en 862: ... filiam Harduini
quondam comitis ... sibi coniugem copulat (Annales Bertiniani, a. 862, p. 91).
7 Monuments historiques, n° 170, p. 107 sq. Sur ce monastère, cf. le court résumé historique dans HÄ-
GERMANN, HEDWIG, Polyptichon, p. 4 sqq.
8 VOtlingua Saxonia est attestée comme comté d'Ardouin en 853, cf. Capitulare missorum Silvacen-
se, p. 275: Otlingua Saxonia et Harduini. Sur l'identité entre VOtlingua Saxonia et le comté de notre
personnage, cf. LEVILLAIN, Comte Eudes, p. 166. Sur la localisation, cf. ibid., p. 166 note 2.
L'appartenance du notaire Arnaud 2 à la »chancellerie« n'est attestée que par deux di-
plômes de Louis le Pieux, l'un donné à Aix-la-Chapelle le 10 février 816 en faveur
des »Espagnols«3, l'autre donné également à Aix le 21 juin de la même année en fa-
veur du monastère de Farfa4: Arnaud fit la récognition advicem Helisachar. Il n'est
pas à exclure que ce notaire soit identique avec le cancellarius ayant rédigé deux actes
de l'abbaye de Murbach. Dans le premier cas, il s'agit d'un acte d'échange entre le
comte Gerold et l'abbé Sigismar conclu la seizième année du règne de Louis le Pieux 5
(février 829 - janvier 830) à Blotzheim 6 (in villa seu marca Flabotesbaim); dans le se-
cond, il s'agit de l'échange d'un servus de l'abbaye que l'abbé de Murbach remit à sa
belle-famille (nobilis) contre trois mancipia, afin que les enfants de ce servus ne de-
meurassent pas in servitio. L'on procéda à l'échange licentia a domno imperatore Lu-
dovico accepta au palais royal d'Illzach 7 (actum Hilciaco palatio regio) la vingt-deu-
xième année du règne de Louis le Pieux8 (février 835 - janvier 836).
36. ARNOUL 1
Abbé de Saint-Philibert (Noirmoutier / Grandlieu), attesté à partir de 817 -
mort le 27 ou 28 juin 839
Arnoul fit partie de ces missi envoyés par Louis le Pieux dans les monastères de l'em-
pire pour y faire appliquer la réforme décidée à Aix-la-Chapelle en 816/817 et dont
l'Astronome fait mention 2 : il est attesté avec Benoît d'Aniane à Saint-Denis, vrai-
semblablement dès 8173, où il permit la division de la communauté 4 . Le 16 mars 819,
Arnoul obtint pour son monastère de Saint-Philibert5, qu'en raison des »incursions
des Barbares« il avait réédifié à Dée (Saint-Philibert de Grandlieu) per nostrum con-
7 B.M. 758(733), éd. Recueil des hist. 6, n° 109, p. 531 (diplôme donné à Corbeny le 14 août 822). Dans
ce document, il est explicitement fait référence à la mort du comte.
9 Annales Engolismenses, p. 485: 839. Arnulfi abbatis advenit bora. Je préfère me fier à cette source
plutôt qu'aux Annales sancti Florenti Salmurensis, a. 825 (Annales angevines, p. 113): Hildebodus
abbas efficitur, obeunte Arnulpho. Le successeur d'Arnoul est attesté (sous le nom de Hilboldus)
comme abbé de Saint-Florent dans le Liber niger de ce monastère (Paris, Bibliothèque Nationale,
ms. nouv. acq. lat. 1930, fol. 82v). L'on peut néanmoins se demander si cette mention est véridique.
Dans les Annales de Saint-Florent, le début de l'abbatiat de Hildebold est mentionné à Tannée 825
(en réalité, il faut comprendre 824), comme nous venons de le voir, mais il se pourrait que le fait in-
téressant en réalité le monastère fût la disparition (en réalité le retrait, non le décès) d'Arnoul. En ef-
fet, dans le Liber niger, la liste des abbés est ainsi composée: Hilboldus, Frotbertus. Hii te(m)p(o)r(e)
Ludovici. Na(m) Frotb(er)tu(m) istu(m) fecit Ludovicus rev(en)ti de Italia & dédit ei Glomnense ce-
nobium, cette dernière information étant conforme à B.M. 786(762). Or, d'après le diplôme de Lou-
is le Pieux, Frotbert était déjà abbé de Saint-Florent en date du 30 juin 824. Alors, de deux choses Tu-
ne: ou bien Hilbold exerça un abbatiat fort court (une sorte d'intérim?) à Saint-Florent et ne garda
que Saint-Philibert, ou bien l'auteur des Annales de Saint-Florent avait en tête l'avènement de Hil-
debold à Saint-Philibert et l'auteur de la liste du Liber niger interpréta mal le texte et fit à tort de
Hildebold un abbé de Saint-Florent.
10 Si Ton admet l'identité de Tabbé de Saint-Philibert avec celui de Rebais et de Saint-Faron. Cf. Obi-
tuaires de Sens, tome 4, p. 156 (Rebais): 27 jun. Depositio domni Arnulphi abbatis, patris mo-
nacborum; ibid., p. 166 (Saint-Faron): 28 jun. Ob. Landericus et Arnulphus, abbates.
11 Cf. COUTANSAIS, Monastères du Poitou, p. 8; BRUNTERC'H, Moines bénédictins, p. 83 et note 52;
SEMMLER, Corvey und Herford, p. 294. La datation de J. Semmler (»seit etwa 810«) n'a aucune base
documentaire. Outre la mention de son décès dans les annales de ce monastère (Annales angevines,
p. 113), qui ne présente pas une preuve décisive (cf. sa mention dans les Annales d'Angoulême: An-
nales Engolismenses, p. 485), je considère que la mention dans le diplôme (faux) attribué à Charle-
magne (Dipl. Karol. 1, n° 298, p. 445 sqq.), si elle ne peut pas être prise en compte pour dater l'abba-
tiat d'Arnoul, est une trace de son activité dans ce monastère.
12 Cf. SEMMLER, Corvey und Herford, p. 295. A l'exception des mentions dans les obituaires de Rebais
et de Saint-Faron, je n'ai pas eu l'occasion de vérifier les sources citées par J. Semmler (ibid., note 50).
1 Au cas où l'identification avec Hilduin le Jeune serait juste, sa mort serait à placer en 877. Sur cette
date de 877, cf. LOT, Hilduin, p. 465 et p. 491.
2 Ceci en raison de ses connaissances astronomiques. Cf. MÜTHERICH, Book illumination, p. 600:
»The closest connections with the court circle are those shown by the Leiden Aratus. It is a picture
book for a noble récipient and is to be dated towards 840. One may thus be tempted to think of the
impression which the cornet of the year 837 made on the Carolingians and which may well have ju-
stified the dedication of an astronomical picture book to a member of the court. The anonymous
'Astronomus', author of the Vita Hludovici, cornes to mind though there is no évidence to confirm
that he had something to do with the Leiden manuscript«. Ce manuscrit a été reproduit en fac-si-
milé: cf. Aratea. A l'occasion de cette reproduction en fac-similé, plusieurs expositions ont été orga-
nisées, cf. notamment: KATZENSTEIN, SAVAGE, Leiden Aratea; Der Leidener Aratus. Antike Sternbil-
der in einer karolingischen Handschrift (Bayerische Staatsbibliothek - Ausstellungskataloge, 49)
s.l.n.d. (München 1989). Cf. également EASTWOOD, Leiden Planetary Configuration.
114
l'Astronome avec Hilduin le Jeune proposée par d'aucuns 8 . Une autre identification
est cependant possible: peut-être l'auteur de la Vita Hludowici imperatoris (com-
posée vers l'hiver 840/841, au plus tard au printemps 8419) n'était-il autre que l'Irlan-
dais Dicuil 10 . A ma connaissance, personne n'a proposé cette identification avant
moi; mais en l'état actuel de la recherche, cela n'est qu'une hypothèse dont il con-
viendrait, dans la mesure du possible, d'évaluer la plausibilité par une étude fine du
vocabulaire des deux auteurs.
38. ATON 1
Diacre et abbé, puis évêque de Saintes2, attesté à partir de 779 -
mort avant le 16 mars 819
Sur la requête du diacre et abbé Aton, son parent 3 (... magnifico viro et parente no-
stro Atone diacono atque abbate ...) qui est également dit fidelisimus domno et geni-
tore meo et noster, Louis le Pieux accorda le privilège d'immunité à la cellola de
Nouaillé et en confirma les possessions 4 . Le diplôme fut donné le 3 août 794 au Pa-
lais (Haute-Vienne, arr. Limoges) et il s'avère en ceci remarquable qu'il porte de
nombreuses souscriptions 5 . Le statut juridique d'Aton n'est pas indiqué dans le do-
cument, quoiqu'il soit habituellement tenu pour l'abbé de Saint-Hilaire de Poitiers 6 .
Je tends également à le considérer comme tel. En effet, il est à exclure qu'il fût à la tê-
te de la communauté de Nouaillé puisque celle-ci était pourvue d'un rector en la per-
3 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 73: »Sein Bericht verrat, daß er als Geistlicher am Hofe weilte. Man
hat deshalb mit Recht auf seine Zugehörigkeit zur Kapelle geschlossen«.
4 Astronomus, Vita, c. 58, p. 643: Quod cum imperator talium studiosissimus, primum ubi constitit,
conspexisset, antequam quieti membra commiteret, accitum quendam (idem me qui haec scripsi et
qui buius rei scientiam habere credebar) percontari studuit, quid super hoc mihi videretur. Cui cum
tempuspeterem, quofaciem syderis considerarem ...; Annales Fuldenses, a. 837, p. 28: Stella comètes
in signo Librae apparuit III. Id. April. (=11 avril) et per très noctes visa est.
5 Cf. BALDET, OBALDIA, Catalogue, p. 10, n° 25.
6 Astronomus, Vita, Prologue, p. 607: Porro quae scripsi, usque ad tempora imperii Adhemari nobilis-
simi et devotissimi monachi relatione addidici... ; posteriora autem, quia ego rebus interfui palatinis,
quae vidi et comperire potui3 stilo contradidi.
7 Cf. DEPREUX, Poètes, p. 320 note 31. Pour que cette identification soit tenable, il faut considérer que
l'Astronome fut »nourri« au Palais dès sa tendre enfance et que les souvenirs de cette époque ne
s'évanouirent pas. Sur la date de la mort, cf. LOT, Hilduin, p. 465 et p. 491.
8 TREMP, Überlieferung, p. 147 sq. L'hypothèse n'est pas neuve, cf. BUCHNER, Entstehungszeit. Sur
Hilduin le Jeune, cf. LOT, Hilduin.
9 Cf. TENBERKEN, Vita, p. 42 sqq. Pour une présentation des travaux relatifs à cette Vita et pour un
nouvel examen de la valeur du témoignage de l'Astronome, cf. DEPREUX, Poètes.
10 Cf. la notice n° 73.
sonne du prêtre Hermenbert 7 . Or, en mars 799, Aton est attesté comme évêque de
Saintes et rector de Saint-Hilaire de Poitiers, dans un acte passé avec Hermenbert,
rector du monasterium de Nouaillé, restauré par l'évêque8. Etant donné les liens ent-
re Saint-Hilaire de Poitiers et Nouaillé 9 , il est fort vraisemblable que ce soit en qua-
lité de rector de Saint-Hilaire qu'Aton présenta sa requête en 79410. Il semblerait que
des missions diplomatiques fussent confiées à Aton 11 , en qui J. Fleckenstein recon-
naît un chapelain du Palais12. En effet, vers 779/780, le diacre Aton fut envoyé à Ro-
me avec l'abbé Fulrad de Saint-Denis13. Vers 787, il était envoyé en mission à Saler-
ne14.
Le 2 août 830, Louis le Pieux délivra un diplôme en faveur du monastère de Saint-
Philibert. Il y est question d'un certain feu Aton, episcopus monasterii sancti Philiber-
ti, ayant oeuvré à la réforme du monastère15. Il est possible qu'il s'agisse également de
notre homme 16 , dont on peut résumer ainsi la carrière: diacre, chapelain du Palais,
puis/et rector de Saint-Hilaire de Poitiers, puis évêque de Saintes, puis/et abbé de
Saint-Philibert de Noirmoutier. On a affaire ici à un parent de Louis le Pieux qui par-
ticipa activement à la réforme monastique en Aquitaine. Si Ton admet l'identité entre
l'évêque de Saintes et l'abbé de Saint-Philibert, notre homme mourut avant le 16
mars 819 - du moins avait-il à cette date déjà été remplacé par Arnoul au monastère
de Noirmoutier 17 .
5 Sur l'interprétation de ce diplôme à souscriptions, cf. DICKAU, Kanzlei, 1ère partie, p. 34 sq. et p. 59
sq.; contra: DEPREUX, Kanzlei, p. 156. Cf. également supra, la partie d'analyse II A.
6 Cf. DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 74 sq.; LEVILLAIN, Nouaillé, p. 279; Doc. dipl. Nouaillé, p. XIII.
7 B.M. 516(497). Hermenbert était déjà attesté comme rector de Nouaillé en juillet 780 (Doc. dipl.
Nouaillé, n° 2, p. 3 sq. = Ch.L.A., n° 680).
8 Doc. dipl. Nouaillé, n° 8, p. 11 sqq.:... monasterium ... ipsum renovavimus et m(onacho)s ibidem in-
stituimus ad mercedem comulandam domnorum regum et nostram. Aton s'intitule humilis et servus
sevorum Dei ultimus, pontifex urbis (Sanctonicae) sancti Pétri ecclesiae senioris canonice necnon et rec-
tor monasterii sancti Hilarii. C'est la souscription qui prouve sans conteste possible qu'Aton était
évêque de Saintes: Ego Ato indignus episcopus urbis Sanctonice ecclesiae banc conjunctionem libentissi-
mo animofieri vel affirmare rogavi. Cet acte avait été daté par erreur de 798 par LEVILLAIN, Nouaillé,
n° 8, p. 292 sqq. Or, le mois de mars de la trente-et-unième année de règne de Charlemagne tombait
en 799. COUTANSAIS, Monastères du Poitou, p. 7, fait par erreur d'Aton un évêque de Limoges.
9 Cf. LEVILLAIN, Nouaillé, p. 246, p. 250 sqq. et p. 278 sq. Sur Aton, ibid., p. 264 sqq. Cf. également
B.M. 519(500). Sur l'action d'Aton à Nouaillé, cf. les inscriptions éditées dans Alcuinus, Carmina, n°
99/1, p. 323, n° 99/12, p. 325 (= Corpus inscr. Fr. méd., n° 58, p. 58 sq.) et n° 99/13, p. 326.
10 Aton entra en fonction après 780, puisqu'à cette date, c'est un certain Aper, abba, qui était rector ex
monasterio sancti Helarii (Doc. dipl. Nouaillé, n° 2, p. 3 sq.).
11 Pour l'identification de notre personnage, cf. FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 88 note 307; contra:
STOCLET, Fulrad, p. 347 (sans argument solide).
12 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 59.
13 Codex Carolinus, n° 65, p. 592 sqq. Le nom du personnage en question est Addo.
14 Codex carolinus, n° 82, p. 615 sq. et n° 83, p. 616 sqq. Cf. également ibid., appendix n° 1, p. 654 sq. et
n° 2, p. 655 sqq. Cf. ABEL, Jahrbücher, tome 1, p. 611 sqq.
15 B.M. 875(846), éd. Recueil des hist. 6, n° 156, p. 563 sqq.
16 Cf. Monuments Saint-Philibert, p. XXV. Pour J. Semmler, cette identification semble aller de soi, cf.
SEMMLER, Beziehungen, p. 422. SEMMLER, Corvey und Herford, p. 294, date l'action d'Aton des en-
virons de l'an 800. Sa datation ne repose sur aucune source. Il est juste dit dans le diplôme de Louis le
Pieux B.M. 875(846) qu'Aton entreprit la réforme de l'établissement religieux per largitatem sanctae
recordationis domni Karoli genitoris nostri & praestantissimi imperatoris.
116
39. BADURAD 1
Evêque de Paderborn 2 , vraisemblablement à partir de 815 -
mort le 17 septembre 862
Tu déçus espopuli, vocitaris episcopus ipsej Et superintendens, dux eris atque gregis.
Tels sont les termes en lesquels Raban Maur s'adressait à Badurad en l'un de ses poè-
mes, multipliant les épithètes élogieuses à son égard3. Badurad devint évêque de Pa-
derborn vraisemblablement en 8154. A sa requête, Louis le Pieux accorda le 2 avril
822 le privilège d'immunité à son église cathédrale 5 . Le 25 août 822, Badurad était à
Corvey: c'est lui qui bénit le lieu où devait s'élever l'autel majeur de l'abbaye qui ve-
nait d'être fondée et il lui imposa son nom de Corbeia6. On le voit d'ailleurs interve-
nir environ dix ans plus tard dans ce monastère en qualité de missus de Louis le
Pieux 7 . En juin 829, l'évêque de Paderborn prit part au concile réuni par l'archevêque
de Mayence à Saint-Alban 8 sur l'ordre de l'empereur 9 . Badurad fit vraisemblable-
ment partie des évêques restés fidèles à Louis le Pieux en 83310, puisque ce dernier lui
confia, durant l'été 834, la mission de négocier avec Lothaire, alors que sa course fol-
le avait conduit ce dernier à Blois11 - Badurad sut faire entendre raison au fils rebel-
le12. On voit également l'évêque de Paderborn jouer un rôle important au début de
835 à Thionville: il fut l'un des trois juges qu'Ebbon s'était choisis lors du procès au
17 Cf. B.M. 687(667). Le successeur d'Aton à Saint-Hilaire, Foulques, est attesté pour la première fois
le 24 juin 827, cf. Actes de Pépin, n° 7, p. 21 sqq.
11 B.M. 930(901)d. Theganus, Vita, c. 54, p. 602 1. 9, place l'action aux abords d'Orléans, mais l'auteur
des Annales Bertiniani, a. 834, p. 14 sq., affirme que c'est alors que Lothaire se trouvait à Blois que
Louis le Pieux lui envoya une délégation chargée de l'inviter à se rendre (misit ad illum ut pacifiée ad
se ueniret).
12 Theganus, Vita, c. 54, p. 602: Tune imperator misit legatos suospost illum, Badaradum episcopum Sa-
xonicum, et Gerhardum (corriger: Gebaardum) nobilissimum ac fidelissimum ducem, et Berengari-
um sapientem, propinquum suum. L'évêque parla le premier. Après un temps de réflexion, Lothaire
accepta les conditions. Inde regredientes legati venerunt ad principem, nuntiantes ei quae gesta
erant. Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 113.
13 Concilium ad Theodonis villam, p. 702; Flodoardus, Historia, lib. 2, c. 20, p. 472 sq. Badurad fit par-
tie des six évêques ayant entendu la confession de l'archevêque de Reims. Cf. SIMSON, Jahrbücher,
tome 2, p. 126 sqq.
14 Miracula s. Quintini, p. 270.
15 B.M. 962(93l)a. Ceci ressort de la Translatio s. Liborii, c. 31, p. 157: les délégués de l'évêque de Pa-
derborn furent de retour avec les reliques mancelles le 28 mai 826, or l'évêque était absent, car il se
trouvait à la cour de l'empereur: episcopus quidem nequibat occurrere - nam apudpalatium tune mo-
rabatur. Cette translation fut l'occasion d'établir un pacte de fraternité entre les Eglises du Mans et
de Paderborn, cf. ibid., c. 17 p. 154. Sur ce récit de translation, cf. HONSELMANN, Zur Translatio s. Li-
borii; HONSELMANN, Bericht des Klerikers Ido; LE MAÎTRE, Corpus du Mans, tome 1, p. 161 sqq. A
une date indéterminée, Badurad obtint également de l'évêque de Cambrai les reliques de saint Lan-
dolin, cf. Doc. dipl. Westphalie (ter), n° 37, p. 42 sq.
16 B.M. 977(946)a. Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 176.
17 Doc. dipl. Fulda, n° 513, p. 226.
18 Translatio s. Liborii, c. 6, p. 151: Quipraeclarae morum nobilitatis, magnanimitatis et industriae mé-
rite* familiaritatem regiam intime consecutus ... Une autre preuve de la confiance dont Badurad jou-
issait auprès de Louis le Pieux: à l'automne 830, cf. B.M. 876(847)c, c'est aux abords de Paderborn
que Hilduin fut exilé: Astronomus, Vita, c. 45, p. 633.
19 Concilium Ingelheimense, p. 793. L'archevêque de Reims, jugé en 835 notamment par Badurad, fut
alors rétabli.
20 Cf. TENCKHOFF, Beziehungen, p. 95.
21 Concilia 3, n° 14, p. 160 et n° 26, p. 241.
22 Todtenbuch Paderborn, p. 159: XV. Kal Oct. Baduradus episcopus ob. Cf. également Totenbuch Ab-
dinghof, p. 102 (17 septembre; mais il y a également la même mention au 15 février, p. 88). Sur cette
(mauvaise) édition, cf. TENTRUP, Handschrift.
118
40. BARTHOLOMÉ 1
Notaire, attesté de février 821 (?), de 833 (?), (à coup sûr) de juin 837 à 8552
Bartholomé 3 présente le cas intéressant d'un notaire qui, après avoir été chargé de
l'écriture, se vit confier la récognition des diplômes 4 . Il est attesté à la »chancellerie«
dès juin 8375, mais H. Bresslau tendait à reconnaître son écriture au moins dès 833 6
et O. Dickau, qui lui attribue la rédaction de 24 diplômes 7 , tend à faire débuter sa
carrière en février 821 8 . Bartholomé était à Nimègue le 14 juin 838, où il fit la réco-
gnition d'un diplôme pour Kempten 9 et à Francfort au début de l'année 839, où il fit
la récognition d'un diplôme pour un fidelis10 et pour Fulda 11 . O. Dickau tend à pous-
ser un peu plus loin la période d'activité de Bartholomé, jusqu'en avril 83912. Ensuite,
il passa dans la »chancellerie« de Charles le Chauve 13 .
23 B.M. 587(567)b.
24 Translatio s. Viti, p. 40.
25 Translatio s. Liborii, c. 6, p. 1511. 27 sq.
26 Cf. HONSELMANN, Paderborner Bischöfe, p. 28.
27 Séries episc. Paderbornensium, p. 342: Bathuradus 48.
28 Telles étaient les conclusions de W. DIEKAMP dans Doc. dipl. Westphalie (bis), n° 246, p. 33, révisant
les datations proposées par H. ERHARD, dans Doc. dipl. Westphalie, n° 407, p. 105 sq. Cette date est
également retenue par HONSELMANN, Paderborner Bischöfe, p. 29.
41. BAUDRY 1
Comte, marquis 2 /duc 3 de Frioul 4 , attesté de 815 à 828
Etant donné que l'on dispose de bons résumés de la carrière de Baudry 5 , il n'est pas
nécessaire de reprendre ici tout le dossier. Il suffira d'en rappeler les grands traits.
C'est au printemps 815 que notre homme apparaît pour la première fois dans les
sources: il était alors le legatus de Louis le Pieux envoyé par l'empereur au-delà de
l'Eider à la tête de troupes (conduites par les comtes saxons et dont firent partie les
Abodrites) afin d'assurer les droits du Danois Harold 6 . A la mort de Cadola 7 , en 819,
Baudry fut nommé pour le remplacer en Frioul 8 , où il eut notamment à faire front à
la révolte de Liudévit 9 . Lorsque Louis le Pieux voulut être plus amplement informé
des rumeurs concernant la mort du roi des Bulgares, c'est Baudry que l'empereur
consulta10, mais il ne put le renseigner. A ce propos, Baudry prit part au plaid convo-
qué en juin 826 à Ingelheim11, au cours duquel Harold, qu'il avait autrefois aidé mili-
tairement, fut baptisé12. Mais suite à un revers devant les troupes bulgares, Baudry
fut démis de ses fonctions en février 82813, lors du plaid tenu à Aix-la-Chapelle 14 .
C'est la dernière fois que l'on entend parler de ce personnage dans les sources 15 .
42. BÉGON 1
Comte en Aquitaine (Toulouse?), puis comte de Paris 2 , attesté à partir de 794 -
mort le 28 octobre 816
La première mention que l'on ait du nom de Bégon, en qui ses contemporains eurent
coutume de reconnaître Yamicus régis3, remonte à 794: il faut fort vraisemblablement
reconnaître notre homme en le Bico qui souscrivit, le 3 août de cette année, le diplô-
me de Louis le Pieux donné au Palais (Haute-Vienne, arr. Limoges) en faveur du mo-
nastère de Nouaillé 4 . Bégon succéda peut-être à Guillaume 5 comme comte de
Toulouse, mais cette hypothèse n'a pour elle que la vraisemblance6: rien ne permet
d'en être certain 7 . Toujours est-il qu'il exerça des fonctions comtales sous le règne
aquitain de Louis le Pieux. C'est ce qui appert d'un acte de Bégon, vir inluster, comis,
par lequel ce dernier donna au prêtre Crisogomius le monastère d'Alao 8 . En 800, à la
fin du plaid où l'expédition contre Barcelone fut décidée, c'est par Bégon que Louis
le Pieux fit transmettre l'ordre de mobilisation pour le mois de septembre de cette
année 9 . Bégon participa d'ailleurs au siège de la ville10 et c'est lui qui, au printemps
801, porta la nouvelle de la victoire franque à Charlemagne, précédant le convoi
chargé du butin 11 . On le retrouve à Doué-la-Fontaine en février 81412, quand la nou-
velle de la mort de Charlemagne fut apportée à Louis: Bégon consola le roi 13 . Il n'y a
donc aucun doute sur le fait qu'il comptait parmi les plus proches serviteurs 14 du
prince 15 . Ermold affirme à cette occasion que Bégon avait l'habitude de rendre visite
à Louis le Pieux le matin16. Il s'agissait vraisemblablement de séances de travail, à
l'instar de ce qui se faisait à la cour de Charlemagne 17 .
Après l'élévation de Louis à l'empire, Bégon »conserva toute son influence auprès
de lui«18. C'est en effet ce dont témoigne son intervention en faveur de Donat, con-
cernant la donation à ce dernier de colonges de la villa de Neuilly-Saint-Front 19 . La
participation de Bégon au gouvernement permet alors de comprendre plus facile-
ment pourquoi le comte fut mentionné dans la Visio cuiusdam pauperculae mulieris:
si l'on en croit ce récit polémique, il se serait fait détester pour sa cupidité 20 . Bégon
est attesté comme comte de Paris21 vraisemblablement dès le 1er décembre 81422. Son
action ne nous est connue qu'à propos de la restauration de l'abbaye Saint-Maur-
des-Fossés23: »Bégon, notre fidèle, rapporta à notre sérénité comment, découvrant
qu'un certain monastère dans lepagus de Paris, au lieu dit des Fossés ... était presque
détruit, il veilla, ayant pris sur lui ce travail, à restaurer ce lieu et à le faire revenir au
statut initial, pour le profit de son âme. Et une fois cela accompli, venant en notre
présence, il nous confia ce monastère avec l'abbé, du nom de Benoît, et les moines
confiés à ce même abbé pour être régis«24. On a ici l'illustration de ce que l'entreprise
réformatrice de Louis le Pieux fut partagée par les membres - ou pour le moins par
certains membres - de son entourage.
Bégon mourut le 28 octobre 25 81626. Son décès causa une profonde peine à Louis le
Pieux27. A l'occasion de la mort de Bégon, les sources nous apportent une informati-
on capitale: il avait épousé une filia imperatoris29 du nom d'Elpheid/ Alpaid29. L'i-
dentification de l'épouse de Bégon comme fille de Charlemagne a tout récemment
été de nouveau défendue30. Je tends cependant à penser que L. Levillain prouva de
manière définitive31 qu'il ne pouvait s'agir que d'une fille de Louis le Pieux32. Sensi-
ble au fait que la mention de la mort de Bégon fut portée dans le Chronicon Lauris-
sense brève 33 , L. Levillain procéda à l'analyse du Codex Laureshamensis et il trouva
mention d'un certain Bicco, en qui il reconnut le comte de Paris, dans cinq chartes34.
L'auteur tira de la datation de ces documents une interprétation fort subtile et sédui-
sante: »nos sources ne nous ont montré Bégon en Aquitaine qu'en 794; il est alors
possible que Charlemagne ne l'ait envoyé auprès du roi, son fils, qu'après juin 791, et
que la disparition du nom de Bégon dans les chartes de Lorsch ait correspondu exac-
tement à la période du séjour du personnage en Aquitaine, comme sa réapparition en
juin 814 correspondrait à un retour en pays rhénan pendant le temps, où, rentré en
Francia, Bégon n'avait pas encore assumé les fonctions comtales à Paris...« 35 Si l'i-
dentification proposée par L. Levillain s'avérait juste, Bégon aurait été uni en pre-
mières noces à une certaine Hildtibrun 36 . Quoi qu'en dise F. Vianello37, qui veut faire
de Bégon un Unrochide 38 , l'hypothèse de L. Levillain me semble fort plausible.
riae Begonis comitis, in augmentum victus et vestitus pauperum Christi Fossatensium, in pago Pari-
siaco villam que vocatur Ferreolas cum omnibus appenditiis suis ...
25 Obituaire de Saint-Germain des Prés, dans: Obituaires de Sens, tome 1, p. 276
26 Chronicon Laurissense brève, p. 39. Les Annales Hildesheimenses, p. 42, mentionnent à tort sa mort
en 815, qu'Ermold, en revanche, évoque parmi les événements de 816 (Ermoldus, Elegiacum Car-
men, lib. II, v. 1134, p. 88).
27 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. II, v. 1134 sqq., p. 80: Bigofidelis obit, narrantur funera regij In-
vitusque suum deserit heu dominum./ Divisitque dopes, nec non partitur honorem/ In sobolem pro-
priam Caesar amore patris. A ce propos, cf. LEVILLAIN, Comtes de Paris, p. 187.
28 Chronicon Laurissense brève, p. 39: Picco primus de amicis régis, qui et filiam imperatoris duxit
uxorem, defunctus est; Annales Hildesheimenses, a. 815, p. 42. Cf. également les sources indiquées à
la note suivante.
29 II s'agit d'une fille de Louis le Pieux, cf. Vita Rigoberti, c. 12, p. 68 sq.; Flodoardus, Historia, lib. II,
c. 12, p. 460 et lib. IV, c. 46, p. 595. SCHIEFFER, Karolinger, p. 112, situe le mariage vers 806; rien ne
permet d'affirmer cela.
30 VIANELLO, Unruochingi, p. 349. Exposé des arguments dans Louis, Girard, p. 14 note 4.
31 Cf. WERNER, Nachkommen, p. 445 sq. (l'auteur ne prend toutefois pas en compte l'analyse de L. Le-
villain).
32 LEVILLAIN, Comtes de Paris, p. 182 sqq.
33 Ibid., p. 178: »La mention de la mort de Bégon dans les Petites Annales de Lorsch atteste certaine-
ment des relations personnelles du défunt avec la grande abbaye du Rheingau et permet de croire à
l'origine rhénane de sa famille«.
34 Ibid., p. 178 sq.
35 Ibid., p. 179.
36 Ibid., p. 178 et p. 180. Cf. Doc. dipl. Lorsch, tome 2, n° 640, p. 183.
37 VIANELLO, Unruochingi, p. 347 note 36.
38 Ibid., p. 346 sqq. L'auteur pense qu'il est »certamente possibile ed anche probabile, che Beggo possa
essere un'abbreviazione di Berengar« (ibid., p. 348).
123
43. BENOÎT 1
Abbé d'Aniane, puis d'Inden, né vers 751 2 - mort le 11 février 821
Benoît est l'une des figures les plus célèbres de l'époque de Louis le Pieux. Pourtant,
sa personnalité ne se laisse que difficilement traquer 3 . Voyons quels éléments l'on
peut rassembler4. Benoît était le nom en religion du goth Vitiza5, d'origine noble 6 .
Son père, qui était comte de Maguelonne 7 , l'envoya à la cour de Pépin le Bref (où il
fut confié à la reine), pour y recevoir sa formation 8 : il était en effet destiné à une car-
rière séculière. Au Palais, il exerça les fonctions d'échanson dès le temps de Pépin et
sous Charlemagne 9 . C'est alors que naquit sa vocation religieuse10. En 774 n , il se fit
moine au monastère de Saint-Seine12. Vers 78213, alors que les moines de Saint-Seine
voulaient l'élire abbé 14 , Benoît, se rendant compte qu'il était peu fait pour les coutu-
mes de ce monastère, s'en retourna sur ses biens familiaux15: à Aniane, où il construi-
sit une église et une cella exigua. C'est là qu'il fonda sa communauté 16 . Il fit confir-
mer la fondation par Charlemagne 17 . Bien que moine, Benoît fut toujours mêlé à la
vie du regnum Francorum, puisqu'il participa au concile tenu en 794 à Francfort18,
où la question de l'hérésie adoptianiste, qui concernait directement la province de
Narbonnaise 19 , fut débattue 20 . Benoît jouissait assurément d'un prestige très grand
dans le royaume d'Aquitaine: Alcuin, qui était lié d'amitié avec lui21, n'hésita pas,
dans l'adresse d'une lettre relative à l'hérésie d'Elipand de Tolède22, à nommer l'abbé
d'Aniane immédiatement après les archevêques de Lyon et de Narbonne, et avant les
autres évêques de la région23. Il leur demanda, par un autre écrit, leur avis sur son
traité contre Elipand avant de le publier 24 . Par ailleurs, l'abbé d'Aniane fut parmi
ceux qui reçurent l'ordre d'aller sur place combattre PAdoptianisme et de veiller, sur
le terrain, à sa disparition 25 . Benoît fit aussi office d'intermédiaire entre Alcuin et les
abbés de Gothie (ne pourrait-on pas dire, sans exagérer: entre la cour de Charlema-
gne et ces derniers?), puisque c'est par lui que l'abbé de Saint-Martin leur fit connaî-
tre le libellas qu'il composa en rassemblant des extraits des Ecritures montrant en
12 Ibid., 1. 45 sqq.: Preparatis itaque omnibus, iter quasi Aquis iturus arripuit; set ubi sancti Sequani in-
gressus est domum, redire suos ad patriam iubet, seque in eodem coenobio Christo Deo servire velle
indicavit. Postulat ingrediendi licentiam; qua adepta, mox capitis comam deposuit et veri monachi
abitum sumpsit. Après une période probatoire fort rude, il fut nommé cellérier: Iniungitur ei post
haec custodiendum cellarium (ibid., p. 202,1. 35).
13 La période de jeûnes et de mortification que Benoît s'infligea lors de son entrée au monastère dura
deux ans et six mois (Ardo, Vita Benedicti, c. 2, p. 201 sq.). Ensuite, cinq ans et huit mois s'é-
coulèrent jusqu'à la mort de l'abbé de Saint-Seine (ibid., c. 3, p. 202), ce qui fait un total d'environ
huit ans. 774 + 8 = 782. Ardo, Vita Benedicti, c. 17, p. 205, date de 782 la construction de l'église
Saint-Sauveur.
14 Ardo, Vita Benedicti, c. 3, p. 202.
15 Ibid., 1. 46 sqq.
16 Ardo, Vita Benedicti, c. 4 sqq., p. 203 sqq.
17 Ardo, Vita, c. 18, p. 207 sq. = Dipl. Karol. 1, n° 173, p. 231 sqq. Ce diplôme fut donné à Ratisbonne
en août 792. Or, il y fut alors question de l'Adoptianisme (cf. HARTMANN, Synoden, p. 104 sq.). On
peut par conséquent en conclure que Benoît était dès 792 impliqué dans la lutte contre l'Adoptianis-
me et qu'il participa à l'assemblée de Ratisbonne.
18 Chronicon Moissiacense, a. 794, p. 301 note *: inter quos etiam venerabilis acsanctissimus abbas Be-
nedictes qui vocatur Vitiza, monasterii Anianensis a partibus Gotiae...
19 Ardo, Vita Benedicti, c. 8, p. 204.
20 Sur ce concile, cf. HARTMANN, Synoden, p. 105 sqq.
21 Ardo, Vita Benedicti, c. 24, p. 210: ... inviolabili se Uli caritate coniuncxit... C'est ce qu'illustrent un
passage de la Vita de l'abbé de Saint-Martin relatant la visite de Benoît à Tours (Vita Alcuini, c. 14, p.
192) et sa correspondance (Alcuinus, Epistolae, n° 56, p. 99 sq. et n° 57, p. 100 sq.).
22 Cf. W. HEIL, Adoptianismus, dans: L.M.A., tome 1, col. 162 (qui donne des orientations bibliogra-
phiques); K. SCHÄFERDIEK, Elipandus, dans: L.M.A., tome 3, col. 1830 sq.
23 Alcuinus, Epistolae, n° 200 (datée de 800 par l'éditeur), p. 330: Domnis in Christi caritate venerabili-
bus atque dilectissimis Laidrado episcopo Lugdunensi et Nefridio episcopo Narbonensi et Benedicto
abbati simulque sanctissimis nobisque valde honorabilibus Gothiae provinciae partibus episcopis, ab-
batibus etfratribus humillimus sanctae ecclesiae filius Albinus salutem.
24 Alcuinus, Epistolae, n° 201, p. 333 sq.
25 Alcuinus, Epistolae, n° 207, p. 345: Et ille cum abbate Benedicto Nifridio missus est in illaspartes oc-
cidentales ad extinguendas et evacuandas huius pravissime adsertionis infidelitates.
125
26 Alcuinus, Epistolae, n° 205, p. 340: Albinus humilis Christi famulus et serviens sancti Martini omni-
bus abbatibus fratribus etfiliis, qui sunt Gothiae partibus, in Christo karissimis aeterne beatitudinis
salutem. (...) Quod multis testimoniis evangelicis velapostolicis, veletiam sanctorumpatrum tradi-
cionibus conprobari potest, sicut in libello ex parte factum est, quem direximus per abbatem Benedic-
tum vobis solacium et confirmacionem fidei catholice.
27 Alcuinus, Epistolae, n° 206, p. 342: Frater vero Benedictus mea omnia tibi innotescere potuerit.
Quem cum lacrimis dimisi; tu vero cum gaudio recipias eum.
28 C'est notamment patent dans une lettre qu'il adressa aux deux hommes: Alcuinus, Epistolae, n° 303,
p. 461 sq. Alcuin terminait sa lettre ainsi: Vos divina gratia fortes efficiat in certando etfelices in reg-
nando, fratres carissimi.
29 Alcuinus, Epistolae, n° 206, p. 342: Vos vero ambo laborate quasi bonipastores in grege Christi; nihil
haesitantes de merce de perpétua, quae dabitur fideliter gregem Christi pascentib us.
30 Ardo, Vita Benedicti, c. 20, p. 208: Caritate utique plenus, Arelato cum quam pluribus episcopis, ab-
batibus, monachis perplures resedit dies, canonum sécréta pandens et beau Gregorii papae homelias
enucleans ignorantibus. Rien ne permet de savoir s'il s'agit du Concile réuni en 813. D'après l'agen-
cement du récit, cela me semble peu probable.
31 Ardo, Vita Benedicti, c. 19, p. 208: Omnium denique monasteriorum tarn in Provincia quam in Go-
tia seu Novempalitana provintia consistentium erat quasi nutrixfovens iuvansque, atque ab omnibus
amabatur utpater, venerabatur ut dominus, reverebatur ut magister.
32 Ardo, Vita Benedicti, c. 24, p. 209: Interea audientes eius sanctitatis famam gregisque eius sanctam
opinionem, postulare instanter exempli gratia monachos nonnulli episcopi coeperunt, de quibus Leid-
radus Lugdunensiumpontifex volens monasterium quod vocatur Insula-Barba rehedificare ...
33 Ibid.: Théodulf us quoque Aurelianensium presul, cum monasterium sancti Maximini construere vel-
let, a iamprefato viropostulat regularis disciplinaeperitos ...
34 Ibid., p. 210 1.13 sqq.
35 Ardo, Vita Benedicti, c. 31, p. 213: Regina quoquepio affectu colebat eum; et quia iustum noverat, li-
benter obscultabat suisque muneribus sepissime honorabat.
126
toute l'Eglise se trouvant en Europe, ayant appris quel était le chemin (choisi par Be-
noît pour parvenir à) la sainteté, il Faim(a) extrêmement et il se soum(it) volontiers à
son conseil; d'autre part, il le préposa à tous les monastères de son royaume afin qu'il
montrât à tous la règle salutaire«36. Grâce à l'Astronome, l'on peut se faire une idée
de l'ampleur de la réforme alors accomplie37. Benoît veilla également à la prospérité
d'Aniane 38 et reçut, tant de particuliers que du roi d'Aquitaine, plusieurs monastè-
res39, dont Saint-Savin sur Gartempe 40 .
Lors de son accession à l'empire, Louis le Pieux fit venir Benoît à la cour 41 . Pour
Aniane, voici un déluge de diplômes impériaux 42 . Il en fut délivré trois le 23 avril 814
à Aix-la-Chapelle 43 , ce qui prouve que Benoît suivit effectivement Louis à la cour
franque ou qu'il le rejoignit dans les plus brefs délais. Le 22 février 815, à Aix-la-
Chapelle, Benoît obtint un nouveau diplôme 44 . C'est la dernière mention que l'on ait
de lui en temps qu'abbé d'Aniane. Le 21 mai 815, son successeur est attesté à la tête
de la communauté fondée par Benoît 45 . Mais cela ne veut pas pour autant dire que ce
dernier se désintéressa du sort d'Aniane: à deux reprises, le 9 mars 819 et le 15 octob-
re 820, des diplômes furent délivrés en faveur de cet établissement46 - or c'est Benoît
qui en avait présenté la requête. Le premier de ces deux diplômes est d'autant plus in-
36 Ardo, Vita Benedicti, c. 29, p. 211 : Gloriosissimus autem Ludoicus rex Aquitaniorum tune, nunc au-
tem divina providente gratia tocius aecclesiae Europa degentis imperator augustus, sanctitatis eius
viam compertam, permaxime diligebat eiusque consilium libenter obtemperabat; quem etiam omni-
bus in suo regno monasteriis prefecit, ut normam salutiferam cunctis ostenderet. L'auteur poursuit
ainsi: Etant enim quaedam monasteria instituta canonica servantes, regulae autem precepta ignoran-
tes. Cuius Me obediens iussis, circumivit singulorum monasteria, non solum semel et bis, sed et multis
vicibus, ostendens monita regulae eamque eis per singula capitula discutiens, nota confirmans, ignota
elucidans; sieque actum est providente Deo, ut omnia pêne monasteria in Aquitania sita regulärem
susciperent formam.
37 Astronomus, Vita, c. 19, p. 616 sq.: Et quidam multa, ut dictum est, ab eo (Louis le Pieux) sunt in ei-
us dicione reparata, immo afundamentis aedificata monasteria, sedpraecipue haec: et l'auteur de ci-
ter pas moins de 25 monastères et cetera plurima. Sur l'action de Benoît en Aquitaine, cf. SEMMLER,
Institutioneller Zusammenschluß.
38 Ardo, Vita Benedicti, c. 30, p. 211 sqq.
39 Ardo, Vita Benedicti, c. 31 sqq., p. 214.
40 IOGNA-PRAT, Geste des origines, p. 146 sqq., a récemment montré quelle importance ce détail fourni
par Ardon a pu revêtir pour l'hagiographie ultérieure et pour l'historiographie.
41 Chronicon Moissiacense, a. 814, p. 311 note *.
42 Déjà lorsqu'il était roi d'Aquitaine, Louis le Pieux avait fait des donations à Aniane, cf. Ardo, Vita
Benedicti, c. 30, p. 213 1. 17 sqq. et B.M. 969(938). Cependant, la simple mention d'une donation
n'est en aucun cas une preuve de l'établissement d'un diplôme, comme le souligna M. PROU, Recueil
des actes de Philippe 1er, roi de France (1059-1108), Paris 1908, p. CXXIX sq. Sur le diplôme de
Louis d'Aquitaine pour Gellone, cf. DEPREUX, Kanzlei, p. 157 sqq.
43 B.M. 522(503), B.M. 523(504) et B.M. 524(505). Pour éviter de surcharger encore plus cette notice, je
n'entre pas dans le détail de ces diplômes, qui intéressent avant tout l'histoire d'Aniane.
44 B.M. 574(554).
45 B.M. 580(560).
46 Respectivement B.M. 684(664) et B.M. 728(704).
127
téressant qu'il porte en notes tironiennes une mention prouvant que Benoît examina
lui-même le dossier (qu'il connaissait bien puisqu'il s'agissait de confirmer une me-
sure qu'il avait prise): Benedictus abba ambasciavit et magister dictavit47. Il est vrai-
semblable que l'abandon de l'abbatiat à Aniane ait coïncidé avec l'installation de Be-
noît à Inden, qu'il faudrait donc dater du printemps 815. Toutefois, ce ne fut pas son
premier lieu de séjour en Francia: Benoît s'installa tout d'abord à Marmoutier (en
Alsace), mais étant donné Péloignement par rapport à Aix-la-Chapelle et »parce qu'il
était indispensable à l'empereur à de nombreux titres« {quia imperatori multis pro
causis erat necessarius), ce dernier le fit se rapprocher et ordonna la construction du
monastère d'Inden (Cornelimünster) 48 , qu'il considérait comme son propre monas-
tère (monasterium noster)49. Le témoignage d'Ermold est ici tout à fait remarquable,
et il convient de le citer intégralement: »S'adressant à lui en des termes affectueux,
comme de coutume, et inspiré par l'amour divin, (Louis le Pieux) lui dit: »Tu sais, je
pense, Benoît, combien je m'intéresse à ton ordre depuis qu'il m'est connu. Aussi
voudrais-je, pour l'amour de Dieu, dédier un monastère dans le voisinage de ma rési-
dence. Trois raisons, je te le dis, m'en ont mis le désir au cœur, et je t'en exposerai ce-
ci. Tu vois comme les soucis de l'empire sont lourds à mon esprit; les affaires me sont
un grand fardeau: peut-être, dans cette maison, pourrai-je me reposer un peu et offrir
saintement à Dieu un tribut agréable. Ma seconde raison est que, de ton propre aveu,
ta situation présente ne répond pas à ton souhait, étant donné que les moines ne doi-
vent pas se mêler aux affaires publiques ni prendre plaisir à la vie de palais: dans cette
maison, tu pourrais diriger les travaux des moines, préparer aux visiteurs de passage
une sainte hospitalité; puis, retrempé, tu reviendrais auprès de moi, et, à intervalles,
tu rapporterais tes bons avis à tes frères. Je pense, en troisième lieu, au profit que
serait pour moi et pour mes sujets un sanctuaire de cette sorte à proximité d'Aix: si je
mourais, c'est là que mon corps trouverait sa sépulture; c'est là que s'enrôleraient au
service du Christ ceux qui auraient découvert leur vocation et qu'ils feraient agréer
leur pieuse résolution« 50 .
47 Lecture de M. Illo Humphrey. Cette mention se trouve à la fin du texte, juste après le mot sigillari.
Seule la lecture dictavit n'est pas certaine. A l'intérieur de la ruche, on lit également la mention en
notes tironiennes: Helisacaar re(cognovit). Le diplôme B.M. 684(664) fait partie d'un lot d'actes
pour Aniane et Gellone récemment retrouvés et mis en dépôt aux Archives départementales de
l'Hérault en 1993. Grâce à l'amabilité de M. Jean Le Pottier, Directeur des Archives départementales
de l'Hérault, et de Mme Martine Sainte-Marie, Conservateur, j'ai pu consulter ce document (cote: 1 J
1017) en août 1994. Ce diplôme fut exposé aux Archives Nationales de février à avril 1994, cf. le ca-
talogue: La mémoire de la France. Quarante ans d'enrichissements des Archives de France, Paris
1993, cat. n° 2, p. 29 sq. C'est lors de son exposition qu'I. Humphrey en déchiffra les notes tironien-
nes. Je le remercie vivement pour son aide amicale.
48 Ardo, Vita Benedicti, c. 35, p. 215.
49 B.M. 734(710), éd. Vet. script, ampl. collectio, tome 1, col. 76 sq.
50 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. II, v. 1208 sqq., p. 94 sqq. (traduction d'E. Faral). Etant donné la
longueur du texte, par exception, je renonce à le citer en latin, priant le lecteur de se reporter à l'édi-
tion d'E. Faral.
128
Louis, une fois empereur, s'efforça d'étendre la réforme monastique à tout l'empi-
re51. Le rôle de Benoît fut alors prépondérant 52 . Et Ardon d'affirmer que c'est Benoît
qui eut l'initiative de la promulgation du Capitulare monasticum pour contraindre
juridiquement les monastères à la réforme53. Benoît participa probablement au conci-
lium d'août 81654. O n peut en tout cas être certain qu'il anima les séances du plaid
tenu en juillet 81755: Ardon l'atteste 56 . A la suite de cette assemblée, il fut envoyé
dans les monastères de l'empire y introduire la réforme57. C'est à ce titre qu'il se ren-
dit à Saint-Denis avec Arnoul, l'abbé de Saint-Philibert58, vraisemblablement en
81759. Il ne put cependant procéder à la réforme et permit la division de la commu-
nauté 60 . L'action de Benoît est également attestée à Sainte-Colombe de Sens61. En
janvier 819, Louis le Pieux tint un plaid à Aix-la-Chapelle 62 , auquel participèrent les
missi qu'il avait dépêchés dans les diverses Eglises de l'empire, et ils lui firent alors
leur rapport 63 . Il est vraisemblable qu'il faille considérer que c'est à cette occasion
qu'il fut mis fin à la mission de Benoît, qui - à n'en pas douter, bien qu'aucun docu-
ment ne permette de l'affirmer - participa à ce plaid. Ensuite, nous ignorons tout de
51 II est hors de question d'étudier ici la législation promulguée par Louis le Pieux au début de son rè-
gne, cf. Synodusprima Aquisgranensis; Synodus secunda Aquisgranensis. A ce propos, il convient de
renvoyer aux travaux de J. Semmler: SEMMLER, Reichsidee; SEMMLER, Überlieferung; SEMMLER, Be-
schlüsse. Cf. également SEMMLER, Iussit princeps. Sur l'action de Benoît et sur le mouvement général
de renovatio au début du règne de Louis le Pieux: SEMMLER, Benedictus II; SEMMLER, Réforme;
SEMMLER, Monachisme occidental; SEMMLER, Renovatio regni Francorum.
52 Ardo, Vita Benedicti, c. 36, p. 215: Prefecit eum quoque imperator cunctis in regno suo coenobiis, ut,
sicut Aquitaniam Gotiamque norma salutis instruxerat, ita etiam Franciam salutifero imbueret ex-
emplo. Multa denique monasteria erant, quae quondam regulariter fitérant instituta; setpaulatim te-
pescente rigore, regularispêne deperierat ordo.
53 Ibid.: ... de quibus etiam capitularem institutum imperatori confirmandum prebuit, ut omnibus in
regno suo posais monasteriis observare preciperet. Si je comprends bien Ardon, Benoît aurait deman-
dé à Louis le Pieux de confirmer le capitulaire déjà établi (en assemblée?, par Benoît seul?).
54 B.M. 622(602)a. C'est ce que suppose SEMMLER, Beschlüsse, p. 63.
55 B.M. 649(627)a.
56 Ardo, Vita Benedicti, c. 36, p. 215 1. 37 sqq.
57 Astronomus, Vita, c. 28, p. 622 - texte cité à la notice n° 1.
58 Cf. la notice n° 36.
59 Cf. OEXLE, Forschungen, p. 113, qui reprend SEMMLER, Reichsidee, p. 43 sqq.
60 B.M. 905(876) - texte cité à la notice n° 36. Ce n'est qu'en 832 qu'il fut mis fin à cette situation, cf.
SEMMLER, Saint-Denis, p. 107 sqq.
61 B.M. 961(930), éd. Recueil des hist. 6, n° 214, p. 610 sq. (à la p. 610): ... olim dum monasticum ordi-
nem usquequaque depravatum esse constaret, et ad eum corrigendum atque emendandum, imo ad
pristinum debitumque modum et rectitudinem, auxiliante Domino, reducendum, quemdam abba-
tem ejusdem ordinis ferventissimum, Benedictum cognomine, per monasteria imperii a Deo nobis
commissi destinaremus, contigit cum ad monasterium, quod dicitur sanctae Columbae, haud procul
ab urbe Senonensi devenire: in quo cum caetera regulariter ordinäre satageret, quia tune temporis
abbatem canonicum, Jacob vocabulo, inibi praeesse contigerat, quasdam villas, quae prisas tempori-
bus ad ususfratrum ibidem Deo famulantium fuerant destinatae, segregavit, ut absque regali autpu-
blicoservitio, velquolibetabbatis dono aut exactione usibus eorumperpetuo deservirent, idest...
62 B.M. 672(658)h.
63 Astronomus, Vita, c. 32, p. 624: Qua hieme imperator in eodem palatio conventum populi sui cele-
bravitpublicum, et renuntiantes sibi missos de omni regno suo quospro statu sanctae ecclesiae restau-
rando deiecta vel confirmando stantia, miserat, audivit. Annales regni Franc, a. 819, p. 150: Con-
ventus Aquisgranipost natalem Domini habitus, in quo multa de statu ecclesiarum et monasteriorum
tractata atque ordinata sunt, legibus etiam capitula quaedam pernecessaria, quia deerant, conscripta
atque addita sunt.
129
Benoît. Toujours est-il qu'il se trouvait à la cour, au début de février 821, lorsqu'il
tomba malade. Pendant son agonie, il fut transporté à Inden par Tanculf64; Hélisa-
car65 se trouvait à son chevet66. Benoît mourut le 11 février 821 67 .
44. BÉRA 1
Comte de Barcelone, attesté de 801 à 820 - vraisemblablement encore en vie en 827,
mort avant juillet 844
logique qu'il invoque ne tient cependant pas 13 . Vers 813, Béra est censé avoir fondé
avec son épouse Romelle, pour le repos de leur âme et de celle de Guillaume, le père
de Béra, l'abbaye d'Alet qui aurait été soumise au pape Léon III et à l'Eglise romai-
ne14. Avec raison, Ph. Wolff a remis en question l'authenticité de ce document 15 .
Vraisemblablement peu avant le 1er janvier 81516, le comte Béra, venu à Aix-la-Cha-
pelle avec la délégation des »Espagnols«17, siégea parmi les membres du tribunal pré-
sidé par le comte du Palais Warengaud18, pour examiner la plainte de l'aprisionnaire
Jean19. Or voici qu'en janvier 820, lors du plaid alors tenu par Louis le Pieux à Aix-
la-Chapelle 20 , Béra fut accusé d'infidélité à l'empereur par Sanila et, son échec lors du
duel judiciaire ayant prouvé sa culpabilité, il fut condamné au bannissement à Rou-
en21. L'on ignore tout de la nature de la trahison de Béra ou des motifs ayant poussé
Sanila à l'accuser22. Béra semble encore avoir été en vie en 82723; il mourut avant le 30
juillet 84424.
13 BRUNNER, Oppositionelle Gruppen, p. 82, distingue de manière très stricte les noms Béra et Béro et
veut faire du Béro du testament de Charlemagne un Bernard, »denn für die Kurzform von Bernhard
gäbe es Identifikationsmöglichkeiten genug, es sind auch vermutlich zwei verschiedene Namen:
Während Bero als Kurzform von Bernhard gelten kann, ist Bera Vollname (Ursus)«. Or les deux
formes Béra et Béro ont la même racine, cf. FÖRSTEMANN, Personennamen, col. 258 sqq.; KAUF-
MANN, Personennamen, p. 57 sq.; MORLET, Noms de personne, tome 1, p. 52. D'autre part, la forme
Béro est également attestée pour le nom de Béra, sans qu'une identification avec un autre personna-
ge soit possible: ainsi, le comte attesté en 801 à Barcelone s'appelle Béra pour l'Astronome et Béro
pour Ermold (Astronomus, Vita, c. 13, p. 613 1. 18; Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. I, v. 309 p. 28
& v. 356 p. 32). De même pour le comte accusé en 820 (Annales regni Franc, a. 820, p. 152: Béra;
Astronomus, Vita, c. 33, p. 625 1. 22: Béra; Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. III, v. 1806 p. 138:
Béro).
14 Doc. dipl. Languedoc, n° 23, col. 79 sq.
15 WOLFF, Aquitaine, p. 298 note 249. Déjà TISSET, Gellone, p. 33 sqq., avait bien vu la difficulté que
présente l'identification de Béra comme fils de Guillaume de Toulouse. BRUNNER, Oppositionelle
Gruppen, p. 82, a mal compris le document (qu'il ne cite d'ailleurs pas) quand il fait de l'épouse de
Béra la fille du »Vater namens Wilhelm«. Romelle semble bien avoir été l'épouse de Béra: cf. Doc. di-
pl. Languedoc, note XCI, col. 338 sqq., où il est fait mention d'une »vente faite par Rotrude, veuve
du comte Alaric, & fille du feu comte Béra & de Romille«.
16 Cf. l'annexe n° 1.
17 Cf. B.M. 566(546).
18 Cf. la notice n° 271.
19 Enquête de Fontjoncouse, n° 3, p. 112 sqq.
20 B.M. 709(659)a.
21 Annales regni Francorum, a. 820, p. 152; Astronomus, Vita, c. 33, p. 625: In quoplacito Bera cornes
Barcinonensis, cum impeteretur a quodam, vocabulo Sanila, et infidelitatis argueretur, cum eodem
secundum legem propriam - utpote quia uterque Gothus erat equestriproelio - congressus est, et vic-
tus. Sed cum lege in eum animadvertendum esset, ut capitali sententia tamquam reus maiestatis feri-
retur, imperatoris tarnen dementia vitae reservatus est, et Rotomagum consistere iussus.
22 Ermold, à qui l'on doit un récit pittoresque de l'accusation et du combat, montre les deux hommes
fermement décidés à s'affronter. S'agirait-il d'un différend personnel? Cf. Ermoldus, Elegiacum car-
men, lib. III, v. 1806 sqq. p. 138 sqq.
23 II en est question à propos de la défection de son fils, Willemond, qui passa dans le camp du rebelle
Aizo. L'annaliste ne parle pas de Béra comme d'un défunt. Cf. Annales regni Franc, a. 827, p. 172;
information reprise par Astronomus, Vita, c. 41, p. 630 1. 24 sq.
24 Cf. l'acte de vente établi par Argila qui sumfilius quondam Berani comiti (Doc. dipl. Languedoc, n°
126, col. 259 sq.).
131
En 818, Bérenger2 est attesté comme comte de Toulouse 3 . Le 7 février 819, on le voit
exercer ses fonctions judiciaires4. Il est de nouveau attesté, présidant un plaid, le 2
avril 832 à Eine 5 . L'on retrouve notre personnage dans les chartes de Saint-Julien de
Brioude, comme comte de Velay6; il est attesté pour la première fois en septembre
819, lors d'un échange entre un certain Rodague et son épouse d'une part et le comte
Bérenger, l'abbé Ferriole et les chanoines d'autre part 7 . Le statut de Bérenger à Saint-
Julien de Brioude n'est, juridiquement, pas clairement défini; il est cependant assuré,
puisqu'il est souvent cité en premier (avant l'abbé) et qu'il semble agir au nom de la
communauté, que c'est lui qui, en réalité, avait autorité sur l'établissement religieux.
En réalité, c'est lui qui restaura Saint-Julien, et c'est en cette qualité que celui à qui
Louis le Pieux avait confié le comté de Brioude demanda à l'empereur de confirmer
par un précepte la restauration des chapitres de Saint-Julien et de Vitry et de définir
leurs prestations 8 . De ce diplôme de Louis le Pieux du 4 juin 825, dont l'authenticité
a été contestée par E. Magnou-Nortier, qui admet toutefois que le faussaire pût tra-
vailler d'après un document sincère9, l'on peut conclure que Bérenger participa au
plaid tenu en mai10. Bérenger est encore attesté dans les actes de Brioude en octobre
825, lors d'un échange entre le chapitre de Saint-Julien et un certain vir illuster du
nom de Wigon11.
En 834 aux environs de Blois12, Bérenger, qualifié par Thégan de sapiens et pré-
senté comme le parent {propinquus) de Louis le Pieux, fut envoyé par ce dernier avec
deux autres légats auprès de Lothaire, pour tenter de faire entendre raison à ce fils re-
belle13. Un document inconnu des auteurs des Regesta imperii et publié pour la pre-
mière fois par R. d'Abadal montre clairement que Bérenger bénéficiait alors de la
1 Formes onomastiques: Berengarius, Beringarius.
2 Sur ce personnage, cf. ABADAL, Diplôme inconnu, p. 346 sqq. L'auteur défend cependant la thèse se-
lon laquelle Bérenger aurait été le fils de Hugues, le comte de Tours (ibid., p. 348), alors qu'il s'agit
d'un Unrochide, cf. WERNER, Bedeutende Adelsfamilien, p. 133 sqq. et plus particulièrement p. 134.
3 Annales regni Franc, a. 819, p. 150:... Lupus Centulli Wascoy qui cum Berengario Tolosae et Warino
Arverni comité eodem anno (le récit se rapporte à l'année 818)proelio conflixit... cum in conspectum
imperatoris venisset... temporali est exilio deportatus. Cf. Astronomus, Vita, c. 32, p. 624. Cf. égale-
ment un diplôme (non daté) par lequel Bérenger confirma au monastère d'Alao ses possessions,
ABADAL, Eis comtats, tome 2, p. 283 sq., n° 8.
4 Cf. Doc. dipl. Languedoc, n° 49, col. 123 sq.
5 Doc. dipl. Languedoc, n° 80, col. 177 sqq.: ... inpresentia Berengario comité.
6 Sur l'identité du comte de Toulouse avec celui de Brioude, cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 141 no-
te 2. MAGNOU-NORTIER, Brioude, p. 315 sq., a contesté l'hypothèse selon laquelle Bérenger aurait
été comte du Velay (chose affirmée dans le diplôme de Louis le Pieux, dont le texte est reproduit
ibid., p. 335, qu'elle rejette comme faux).
7 Doc. dipl. Brioude (bis), n° 293, p. 81 sq.
8 B.M. 797(773).
9 Cf. MAGNOU-NORTIER, Brioude, p. 322 sq.
10 B.M. 794(769)c. Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 235.
11 Doc. dipl. Brioude, n° 341, p. 351 sq. La datation est établie d'après le seul règne de Pépin 1er d'A-
quitaine.
12 Cf.B.M.931(902)d.
13 Theganus, Vita, c. 54, p. 602 - texte cité à la notice n° 39.
132
confiance de l'empereur et qu'il avait accès direct auprès de Louis le Pieux. En effet,
dans un diplôme du 19 octobre 834 donné à Quierzy-sur-Oise 14 , Louis le Pieux fit
une donation au comte Oliba, sur la suggestion de Bérenger15. L'année suivante, en
835, l'on voit ce même Bérenger (dux fidelis et sapiens selon Thégan 16 ) en rivalité
avec Bernard de Septimanie pour le contrôle de cette région. On considère générale-
ment que c'est à l'occasion de la disgrâce de Bernard que Bérenger fut investi de la
Septimanie17. Selon J. Dhondt, le »bon droit« se trouvait du côté de Bérenger18, l'au-
teur étant d'avis que l'administration du Toulousain et celle de la Septimanie n'étai-
ent alors pas séparées19. Le conflit n'eut pas de suite étant donné la mort de Béren-
En 825, un comte Bérenger fut nommé, ainsi que l'évêque Rantgaire de Noyon,
comme missus de l'empereur dans les diocèses de Noyon, Amiens, Thérouanne et
Cambrai 2 . L'on ignore tout de ce comte 3 .
14 Ce diplôme s'intègre bien dans l'itinéraire de Louis le Pieux. Il ne pose qu'un problème mineur pour
ce qui relève de la critique diplomatique: Louis le Pieux est intitulé divina propitiante dementia im-
perator augustus alors qu'à cette époque la titulature normale portait repropitiante. Il s'agit cepen-
dant d'un détail négligeable, qui ne justifie aucunement que l'on mette l'authenticité de ce diplôme
en doute, puisqu'il y est bien fait allusion à la dementia divine, comme c'était le cas dans les diplô-
mes délivrés après le rétablissement de 834, alors que les diplômes d'avant octobre 833 faisaient
référence à la Providentia divine. Sur les titulatures de Louis le Pieux, cf. WOLFRAM, Lateinische
Herrschertitel, p. 172.
15 ABADAL, Diplôme inconnu, p. 345 sq.: ... Beringarius fidelis cornes nosterpro quodam fidèle nostro
Oliba comiti fidèle nostro, nostrae suggessit serenitati ut, quia illefidem suam in perturbationis tem-
pore fideliter et inviolabiliter drca partes nostras conservare studuit, aliquod remunerationis debitum
ei contulissemus, ejus suggestioni, quiajustam et rationi convenientem esse perspeximus, annuerepla-
cuit...
16 Theganus, Vita, c. 58, p. 603.
17 DHONDT, Naissance, p. 183.
18 Ibid., p. 184.
19 Ibid., p. 176 sqq.
20 Astronomus, Vita, c. 57, p. 642 - lors du plaid tenu dans le pagus de Lyon en juin 835, B.M.
942(910)a: Set et causa Gothorum ibidem ventilata est, quorum aliipartibus Bernbardifavebant, alii
autem favore ducebantur Beringarii, H. Turonid quondam comitis filii. Sed Berengario inmatura
morte praerepto, apud Bernhardum potestas Septimaniae quemmaxima remansit, legatis illuc missis,
qui ea quae indigebant correctione in meliorem componerent statum. Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome
2, p. 300. Theganus, Vita, c. 58, p. 603: Eodem anno ipso in itinere obiit Berengarius, dux fidelis et sa-
piens, quem imperator cumfiliis suis luxit multo tempore.
47. BERN 1
Chapelain
Bern 2 ne nous est connu que par un extrait d'une lettre de février 842, qui nous ap-
prend que ce dernier, parent (propinquus) de Charles le Chauve, avait été pressenti
par le roi pour devenir évêque d'Autun 3 . O r Bern avait été élevé par Louis le Pieux,
qui le combla d'honorés4. L'appartenance de Bern à la Chapelle de Charles le Chauve
est attestée 5 , mais on peut penser qu'il faisait déjà partie de celle de Louis le Pieux 6 .
48. BERNAIRE 1
Evêque de Worms 2 , attesté à partir de 809 (peut-être dès 799) - mort le 21 mars 826
La première mention certaine que nous ayons de Bernaire date de 809: suite au conci-
le assemblé à Aix-la-Chapelle pour débattre de la procession du saint Esprit 3 , l'évê-
que de Worms fut envoyé par Charlemagne avec Adalhard de Corbie auprès du pape
Léon III pour lui soumettre les travaux de cette assemblée et lui demander son avis à
ce sujet4. Peut-être Bernaire s'était-il déjà rendu à Rome dix ans plus tôt: il se peut en
effet que le Bernard que mentionne le Liber pontificalis à propos de la délégation
franque ayant raccompagné le pape Léon III à Rome 5 et enquêté concernant l'atten-
tat perpétré contre lui 6 ne fût autre que l'évêque de Worms 7 . En 811, Bernaire fut en-
voyé à Fulda pour mettre fin au différend entre l'abbé et la communauté 8 . Deux ans
plus tard, il participa au concile tenu à Mayence 9 . Outre les archevêques de Cologne,
Mayence et Salzbourg, il est le seul évêque apparaissant nommément dans la lettre
1 Seule forme onomastique: Bernus.
2 Cf. DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 181 note 7.
3 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 88 note 307: Ȇber Bern ist sonst nichts bekannt. Er ist vermutlich
gestorben, ehe er, wie vorgesehen, Bischof von Autun werden konnte«.
4 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 26, p. 126: Bernus, a beatae memoriae glorioso imperatore
Hl(udovico) tenere educatus et claris ornatus honoribus.
5 Ibid.: Idque vestrae prudentiae domnus noster nobis jussit suggerere non esse novicium aut temerari-
um, quod expalatio honorabilioribus maxime ecclesiis procurât antistites.
6 FLECKENSTEIN, Hofkapelle l , p . 150.
par laquelle les Pères de ce concile en adressèrent les actes à Charlemagne 10 : un signe
patent du prestige de l'évêque de Worms.
Une fois Louis devenu empereur, Bernaire ne tarda pas à faire confirmer par ce
dernier les privilèges de son église cathédrale. Ce qui fut fait le 3 septembre à Aix-la-
Chapelle 11 . L'évêque de Worms avait donc probablement participé au plaid tenu par
Louis le Pieux un mois plus tôt en ce palais12. Avant le 20 janvier 820, Bernaire est at-
testé comme missus de Louis le Pieux à Wurzbourg, où il dut enquêter concernant la
restitution de biens à Saint-Kilian13. L'évêque de Worms participa au plaid tenu par
Louis le Pieux en 820 à Quierzy-sur-Oise 14 , comme l'atteste l'acte conclu le 2 sep-
tembre entre Bernaire et le comte de Tours, Hugues 15 . C'est en qualité d'abbé de
Wissembourg que Bernaire conclut cet acte d'échange. Il est attesté à la tête de l'ab-
baye alsacienne à partir du 20 mai 811 16 et il en demeura l'abbé jusqu'à sa mort, le 21
mars 17 82618. Il était notamment lié d'amitié avec Eginhard 19 .
49. BERNARD1©
Roi d'Italie, né vraisemblablement vers 7972 - mort le 17 avril 818 3
satisfaisante8, et il est fort probable que le cas de Bernard doive rester toujours plus
ou moins une énigme, car l'état de la documentation ne permet pas, à mon sens, de
tout résoudre. C'est dire que la part d'hypothèse restera toujours grande. Pour ce qui
est du début du règne, je pense avoir prouvé que Bernard fut nommmé roi d'Italie 9
par Charlemagne non en septembre 81310, mais un an plus tôt 11 . La nomination de
Bernard ne fut par conséquent pas liée à l'association de Louis le Pieux à l'empire.
C'est toutefois avec l'accord de ce dernier que Bernard reçut le royaume italien12. Il
est hors de mon propos d'examiner de nouveau ici la révolte de Bernard et ses origi-
nes13 - qu'il suffise de rappeler qu'elle était directement dirigée contre Louis le
Pieux14. Il n'est également pas nécessaire de revenir ici sur la mort de Bernard 15 . Seuls
m'intéressent les témoignages prouvant la participation de Bernard au gouvernement
de l'empire (dans le cadre administratif de son regnum). Il convient à ce propos de
rappeler que les droits régaliens sur les abbayes italiennes furent reconnus à Ber-
nard16, un roi dont nous ne possédons cependant aucun diplôme17.
Bernard participa au plaid tenu en août 814 à Aix-la-Chapelle18: il s'agissait pour le
jeune roi de manifester à Louis le Pieux sa soumission. J'ai présenté ailleurs une in-
terprétation de cette venue de Bernard à la cour de son oncle19 et n'ai pas à y revenir
ici. Bernard participa également au plaid tenu à l'été 815 à Paderborn20; il y vint avec
son armée21. Peu auparavant, alors que Louis était encore à Aix-la-Chapelle, on avait
appris à la cour la nouvelle de la tentative d'attentat contre Léon III perpétrée par
quelques membres de l'aristocratie romaine, opposants politiques que le pape avait
fait exécuter22 (c'est en cela qu'il outrepassa ses droits23). En conséquence, Louis le
Pieux dépêcha à Rome son neveu Bernard, auquel il adjoignit le comte Gerold24,
pour y enquêter. Souffrant, le roi d'Italie fit transmettre son rapport à l'empereur par
Gerold25. Vers la fin de cette même année, l'on voit Bernard intervenir de nouveau
dans le Patrimonium Pétri pour y pacifier la situation (plus exactement: il y envoya
des troupes, commandées par le duc de Spolète), des Romains ayant profité de la
mauvaise santé de Léon III pour tenter une nouvelle révolte contre ce dernier26. Du-
16 B.M. 639(619), éd. Annales eccl. Franc, tome 7, p. 375 sq. (à la p. 376), diplôme du 17 novembre 816
pour le monastère de Montamiata. Louis le Pieux accorda la liberté d'élection de l'abbé parmi les frè-
res: per huJHsmodi nostram auctoritatem & consensum, vel dilectifilii nostri Bernardi régis licentiam
habeant eligendi abbates ...
17 A l'exception d'un faux (Dipl. Karol. 1, n° 317, p. 479 sq.), on ne possède également aucun diplôme
de Pépin d'Italie.
18 B.M. 528(509)a.
19 Cf. DEPREUX, Königtum, p. 10 sqq.
20 B.M. 587(567)b.
21 Chronicon Moissiacense, a. 815, p. 311: ... et venit (Louis le Pieux) ad Partesbrunnam; et ibi venit
ad eum Bernardusy rex Langobardorum, cum exeràtu, et habuit imperator ibi placitum magnum ...
Cf. également Annales regni Francorum, a. 815, p. 142.
22 Annales regni Franc, a. 815, p. 142.
23 Astronomus, Vita, c. 25, p. 619:... quos detractos atque convictos isdem apostolicus supplitio addixe-
rit capitali, lege Romanorum in id conspirante. La dernière remarque de l'Astronome est singulière.
Or il ne fait pas de doute que c'est bien le pape que Louis le Pieux suspectait d'avoir violé le droit,
puisque c'est lui (par l'intermédiaire de ses légats:... legatipontifias... per omnia imperatori satisfe-
cerunt, Annales regni Franc, a. 815, p. 142 sq.) qui devait rendre des comptes à l'empereur. Bien que
l'Astronome écrivît longtemps après la conclusion du pacte de 817, par lequel l'empereur restreignit
l'étendue des pouvoirs judiciaires du pape (éd. HAHN, Hludowicianum, p. 134), il me semble qu'il
faille voir dans cette réaction de l'empereur la preuve que dès le pontificat de Léon III, Louis le Pieux
entendait faire appliquer un droit (déjà en vigueur sous ce pape? et) qu'il fit (de nouveau?) promul-
guer sous Pascal 1er. Bien qu'on ait pu voir dans la clause du Hludowicianum relative à l'exercice de
la justice une marque de »Schwäche des Kaisers gegenüber der Kirche« en ce sens que Louis re-
nonçait à intervenir en temps normal si ce n'est à la requête du pape (cf. HAHN, Hludowicianum, p.
96), le fait que l'empereur se réservait le droit d'intervention au cas où la justice ne régnerait pas
prouve que »Wahrung und Ausübung der iustitia ohne Ansehen der Person waren ihm ... ein be-
sonderes Anliegen« (ibid., p. 99).
24 Cf. la notice n° 112.
25 Annales regni Franc, a. 815, p. 142: ... cum adFranconofurdpalatium venisset, Bernbardum regem
Italiae, nepotem suumy qui et ipse cum eo in Saxonia fuerat, ad cognoscendum, quod nuntiabatur,
Romam mittit. Is cum Romam venissety aegritudinem decubuit, res tarnen, quas compereraty per Ge-
roldum comitemy qui ad hoc ei legatus fuerat datus, imperatori mandavit. Cf. Astronomus, Vita, c.
25, p. 619.
26 Annales regni Franc, a. 815, p. 143: Romaniy cum Leonem papam aegritudine decubuisse vidèrent,
collecta manu omnia praedia, quae idempontifex in singularum civitatum territoriis noviter constru-
137
rant l'été 816, Bernard se rendit à la cour de Louis le Pieux, comme l'atteste la Chro-
nique de Moissac27, et il est vraisemblable qu'il participa au plaid tenu à Aix-la-Cha-
pelle28. En septembre 816, lors de la venue d'Etienne IV en Franciay Bernard reçut
l'ordre d'accompagner le pape sur une partie de son itinéraire29 - ce fut peut-être la
dernière action menée par Bernard au service de l'empereur Louis le Pieux, avant
qu'il ne se révoltât contre lui.
Bernard de Septimanie est un personnage bien connu 2 , pour lequel il ne s'agira pas ici
de retracer la vie, mais simplement la manière dont il participa au pouvoir. D'après
Ardon, c'est le comte Guillaume 3 qui fit investir ses fils de ses diverses charges4. En
outre, il trouva pour Bernard un parrain prestigieux en la personne de Louis le
Pieux 5 . C'est peut-être d'ailleurs en qualité de filleul de l'empereur que Bernard put
se marier, le 29 juin 824, au palais d'Aix-la-Chapelle 6 . En 827, il est attesté comme
comte de Barcelone: la bravoure avec laquelle il défendit sa cité contre le rebelle Ai-
zo 7 , alors que les troupes envoyées en renfort et conduites par Hugues 8 et Matfrid 9
tardaient à arriver10, le rendit célèbre ... et fit des jaloux. On ignore cependant pour-
quoi les comtes de Tours et Orléans, dès 827, lui étaient hostiles - ce dont témoigne
leur lente progression 11 . Je suppose que l'opposition à une dotation territoriale de
Charles au détriment de Lothaire n'y fut pas étrangère: pour marquer un désaccord
avec la politique ourdie à la cour, il pouvait s'avérer symbolique de s'en prendre au
xity primo diripiunt, deinde inmisso igné cremant, tum Romam ire statuunt et, quae sibi erepta quere-
bantur, violenter auferre. Quo comperto Bernhardus rex missa manu per Winigisum ducem Spoliti-
num et seditionem illam sedavit et eos ab incepto désistere fecity quaeque gesta erant, per legatos suos
imperatori nuntiavit. Cf. Astronomus, Vita, c. 25, p. 620.
27 Chronicon Moissiacense, a. 816, p. 312: ... et aestatis tempore venit ad eum Bernardus, rex Lango-
bardorum.
28 B.M. 622(602)a.
29 Astronomus, Vita, c. 26, p. 620: Imperator autem eius adventu praecognito, Bernardo quidem nepoti
eum comitari iussit. Sed et adpropinquanti alios missos, qui eum cum debito perducerent honore, dir-
exit.
28 Annales Fuldenses, a. 830, p. 26: Commotio contra imperatorem a primoribus Francorum in Com-
pendio exorta propter Bernhardum, quem in palatio esse noluerunt.
29 Annales Bertiniani, a. 830, p. 2. Cf. également Astronomus, Vita, c. 45, p. 633.
30 Theganus, Vita, c. 36, p. 597. A propos de cette accusation, cf. BÜHRER-THIERRY, Reine adultère.
31 Astronomus, Vita, c. 44, p. 633.
32 Agobardus, Libri contra Iudith, I, c. 2, p. 275.
33 BM?895(866)a.
34 Astronomus, Vita, c. 46, p. 634; Theganus, Vita, c. 38, p. 598; Annales Bertiniani, a. 831, p. 4; Annales
Xantenses, a. 831, p. 7 sq.
35 Nithardus, Historia, lib. I, c. 3, p. 14.
36 Astronomus, Vita, c. 47, p. 635. Cette influence était peut-être ancienne, comme semble le montrer
un diplôme de Pépin 1er d'Aquitaine du 22 décembre 825 (Actes de Pépin, n° 5, p. 16 sqq.) établi ob
deprecationem Bernardi comitis. Encore faut-il qu'il s'agisse bien de notre personnage.
37 Astronomus, Vita, c. 49 etc. 51, p. 637.
38 C'est ce que laisse supposer la mise à mort par noyade de Gerberge, la soeur de Bernard. Cf. Astro-
nomus, Vita, c. 52, p. 639; Theganus, Vita, c. 52, p. 601; Annales Bertiniani, a. 834, p. 14.
39 DHONDT, Naissance, p. 184: »certains indices font penser que la mainmise de Bernard sur la Septi-
manie fut une pure et simple usurpation«.
40 Lors du plaid tenu dans lepagus de Lyon en juin 835; cf. Astronomus, Vita, c. 57, p. 642 - texte cité à
la notice n° 45.
41 En septembre 838 à Quierzy, pêne omnes Septimaniae nibiles se plaignirent adversus Bernhardum
ducem illarum partium, eo quod homines illius tarn rebus ecclesiasticis quamque privatis absque ullo
respectu divino humanoque pro libitu abuterentur. Louis le Pieux envoya des missi pour rétablir la
justice (Astronomus, Vita, c. 59, p. 644), mais dans le cas de l'abbaye de Psalmodi, l'ordre de restitu-
tion prononcé par l'empereur n'eut aucune prise sur l'attitude de Bernard (Actes de Charles le
Chauve, tome 1, n° 54, p. 151 sqq.).
42 Annales Xantenses, a. 844, p. 13: Et Bernhardus cornes a Karolo est occisus. Pour l'identification, cf.
ibid., note 17. Cf. également Doc. dipl. Languedoc, n° 117 - LXIV, col. 239 sqq.
140
51. BERNOLD 1
Evêque de Strasbourg 2 , attesté de juin 823 à mai 833
voyé comme missus à l'abbaye de Pfävers, pour y enquêter sur la perte d'autorité de
l'abbé de ce monastère 16 . Bernold dut faire son rapport à Ingelheim en juin 831 et il
en profita pour requérir de Louis le Pieux la confirmation du privilège d'exemption
de tonlieu de sa propre église cathédrale17. Bernold est également attesté comme mis-
sus à Coire 18 . Il était peut-être à la cour dès le début du mois de mai, quand l'empe-
reur tint son plaid au palais d'Ingelheim19. Vers 832, l'évêque de Strasbourg fit partie
de la légation envoyée par Louis le Pieux pour accompagner Anschaire à Rome après
son ordination et demander à Grégoire IV de remettre le pallium au nouvel archevê-
que 20 . C'est peut-être également Bernold qui fut envoyé, en mai 833, par Louis le
Pieux alors à Worms, pour tenter de faire revenir les fils à leur père 21 . Ensuite, nous
perdons toute trace de l'action de Bernold22.
16 B.M. 892(863), éd. P.L. 104, col. 1199 sq. (à la col. 1199): Ad hanc causam diligenti examine investi-
gandam nobisque renuntiandam missos nostros, Bernoldum scilicet venerabilem episcopum Straz-
burgensem, ac etiam Godefridum sancti Gregorii abbatem, necnon et Retharium comitem destinavi-
mus. Ce diplôme fut donné le 9 juin 831 à Ingelheim.
17 B.M. 890(861). Diplôme du 6 juin 831.
18 B.M. 893(864).
19 B.M. 888(859)a.
20 Rimbertus, Vita Anskarii, c. 13, p. 699: Et ut haec omnia perpetuum suae stabilitatis retinerent vigo-
rem, eum honorabiliter ad sedem direxit apostolicam, et per missos suos venerabiles Bernoldum et
Ratoldum episcopos ac Geroldum illustrissimum comitem omnem hanc rationem sanctissimo papae
Gregorio intimari fecit confirmandam. Quod etiam ipse tam decreti sui auctoritate, quam etiam pal-
lii datione, more praedecessorum suorum roboravit ... Sur la date, cf. SEEGRÜN, Erzbistum Ham-
burg, p. 33.
21 Astronomus, Vita, c. 48, p. 635: Imperator porro e contra maio mense Warmatiam venit cum valida
manUy ibique, quid agendum sibi foret, diu deliberavit. Missisque destinatis, Bernhardo scilicet epis-
copo cum reliquis, filios hortabatur ad se redeundum. Comme le nota G. H. PERTZ, ibid., note 90, il
ne peut pas s'agir de l'évêque de Worms Bernaire, puisque ce dernier était déjà mort à cette date (cf.
la notice n° 48). L'éditeur a donc proposé d'y reconnaître l'évêque de Strasbourg. Il a été suivi par
DUCHESNE, Fastes, tome 3, p. 173: »En 833, l'empereur Louis le chargea d'une mission auprès de ses
fils révoltés«. En revanche, pour SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 37 note 5, cette identification »er-
scheint bei der Verschiedenheit des Namens ... kaum zulässig. An sich würde es am nächsten liegen,
an den Erzbischof Bernard von Vienne zu denken ..., wenn dieser nicht später gerade als einer der
schuldigsten Rebellen erschiene«.
22 WATTENBACH, Geschichtsquellen, p. 277, affirmait que Bernold mourut le 17 avril 840, sans toute-
fois indiquer la source sur laquelle il s'appuyait. DUCHESNE, Fastes, tome 3, p. 173, ne mentionne au-
cune date en ce qui concerne la mort de l'évêque de Strasbourg. PIETSCH, Bernolt, p. 133: »Weder ge-
burts- noch todesjahr sind bekannt«. Le successeur du successeur de Bernold (entre ce dernier et Ra-
told vint s'intercaler Uto, cf. Catalogi episc. Argentinensium, notamment le Catalogus episcoporum
Argentinensium metricus, p. 322 1. 29 sqq.: Instituapopulum Bernolt bene providus istum./ Alter in
hoc numéro fuit inde trigesimus Uto./ Diversis opibus loca compserat ista Ratoldus) est attesté pour la
première fois le 29 juillet 840 (ibid., p. 134). Il est toutefois certain que Bernold mourut un 17 avril,
cf. Necrologium Augiaedivitis, p. 275: Aprilis, XV. kal:Bernhartrex... Pernoltuseps.
142
52. BERTCAUD 1
Scribe royal, attesté en 836
53. BERTRY1
Comte du Palais2, attesté en 826
Le comte du Palais Bertry ne nous est connu qu'à une seule occasion, quand, suite à
l'annonce de la mort du roi des Bulgares, il fut envoyé (au début de l'année 826) s'en-
quérir de la véracité de la chose auprès de Baudry 3 et de Gerold 4 , afin que l'empereur
Louis le Pieux sût comment formuler sa réponse à l'ambassade que ce roi avait en-
voyée à la cour franque 5 .
54. BODON 1
Diacre du Palais, attesté du 22 septembre 8372 à 847
Le chapelain Bodon 3 , lié d'amitié à Walafrid Strabon 4 , est surtout connu pour son
apostasie5: alors que ce diacre du Palais, d'origine alémanique, s'était rendu en pèleri-
nage à Rome en 838, il se convertit au judaïsme et se rendit à Saragosse6. Il fit encore
parler de lui vers 847 par son comportement hostile aux chrétiens d'Espagne 7 .
55. BONIFACE 1
Comte de Lucques, attesté du 5 octobre 823 à 838
Boniface est attesté comme responsable militaire pour la Corse (cui tutela Corsicae
insulae tune erat commissa) et on le voit, à la tête d'autres comtes de Toscane, mener
une expédition maritime 5 . Au printemps 8346, Boniface fit partie des fidèles qui
libérèrent Judith et l'amenèrent à la cour de Louis le Pieux. Alors que l'auteur des
Annales de Saint-Bertin présente cela comme le fait de leur propre initiative7, Thégan
affirme qu'ils agirent sur l'ordre de Louis: l'empereur aurait fait envoyer des légats
en Italie8. Le premier témoignage me paraît plus vraisemblable9. Boniface fut victime
de sa loyauté envers Louis: en quittant l'Italie, il perdit tous ses biens et Lothaire re-
fusa de le réintégrer dans ses fonctions 10 . De fait, nous retrouvons Boniface en Fran-
cia en septembre 838 n : suite à la plainte de pêne omnes Septimaniae nobiles concer-
nant les expropriations indûment accomplies par Bernard 12 et ses hommes, il fut en-
voyé par Louis le Pieux comme missus pour y rétablir la justice13. C'est la dernière
mention que l'on ait de Boniface.
56. BONIFRID 1
Notaire royal 2 , attesté de 792 à 820
5 Annales regni Franc, a. 828, p. 176; Astronomus, Vita, c. 42, p. 632. Cette expédition contre les pira-
tes sarrasins mena ces comtes toscans de Corse à Carthage, via la Sardaigne. On apprend à cette oc-
casion que Boniface avait un frère du nom de Bereharius/Berhardus.
6 Entre le 16 mars (dimanche Laetaré) et le 5 avril (Pâques), comme on peut le déduire de la chronolo-
gie du récit de PAstronomus, Vita, c. 52, p. 638.
7 Annales Bertiniani, a. 834, p. 13: Factum est autem, cum sentirent qui fidèles erant domno imperatori
in Italia, Ratboldus videlicet episcopus, Bonifacius cornes, Pippinus, consanguineus imperatoris, ali-
ique quamplures, quod coniugem eins quidam inimicorum morti tradere vellent, miserunt sub omni
celeritate qui illam eriperent, ereptam usque ad praesentiam domni imperatoris in Aquis incolumem
perduxerunt.
8 Theganus, Vita, c.51,p. 601:... misit fidèles legatos suos partibus Italiae ...
9 Une raison fort simple me fait penser que Thégan se trompe: pour être envoyés en Italie, il faudrait
que ces fidèles aient quitté ce royaume. Or qu'auraient-ils fait en Francia pendant la captivité de
Louis? Aucune source.ne parle d'un contingent italien ayant oeuvré à sa libération.
10 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 159 note 2. Il ne fait pas de doute que Hugues et Adalgaire plai-
dèrent notamment en sa faveur en septembre 836 lorsque Louis le Pieux les envoya négocier auprès
de Lothaire, cf. Annales Bertiniani, a. 836, p. 19 (texte cité à la notice n° 6). Lothaire refusa.
11 Etant donné qu'il reçut une mission à cette occasion, Ton peut considérer que Boniface assista au
plaid alors tenu à Quierzy-sur-Oise, B.M. 982(951 )a.
12 Cf. la notice n° 50.
13 Cf. Astronomus, Vita, c. 59, p. 644 - texte cité à la notice n° 18.
à Spolète par les missi domni régis*. D'autre part, ce notarius domni régis siégea avec
Adalhard 5 lors du plaid tenu par ce dernier en tant que missus domni inperatoris en
mars 812 à Pistoia 6 . C'est lui qui dicta au notaire Paul le texte de la notice de ce
plaid 7 . Le 31 mars 820 à Vérone, il siégea auprès de l'évêque de cette cité, Rataud 8 ,
lors du plaid tenu par ce dernier en tant que missus9. Rataud avait chargé Bonifrid
d'enquêter concernant une affaire relative aux biens de Nonantola 10 , et dans le
procès, il représenta le monastère 11 . Nous ne disposons pas de plus ample informati-
on sur ce personnage. H. Bresslau, était d'avis que Bonifrid était établi à la cour de
Pavie et il reconnut en lui un notaire dont »la compétence n'était pas limitée territo-
rialement, mais qui n'agissait en fait que dans le cadre des procès menés par les missi
et se distinguait par son titre des notaires locaux habituels«12. L'on ne peut également
qu'être sensible au fait qu'en 812 comme en 820, le regnum Langobardorum était ad-
ministré directement par l'empereur (grâce à des missi). En effet, en mars 812, Ber-
nard n'avait pas encore été nommé roi d'Italie 13 et en mars 820, Lothaire, à qui Louis
avait dès 817 promis l'autorité sur l'Italie14, n'y avait pas encore été envoyé 15 . La que-
stion de la persistance d'un Palais organisé à Pavie alors qu'aucun roi n'était alors
nommé ne peut être réglée ici16. Toujours est-il que l'empereur pouvait disposer des
services de Bonifrid. D'autre part, le cas de ce notaire est un bon exemple de la conti-
nuité que connut l'administration du regnum Langobardorum entre le règne de
Charlemagne et celui de Louis le Pieux.
57. BOREL 1
Comte, attesté de 798/799 à 8042
Vers 798/799, Louis le Pieux confia au comte Borel la garde des places nouvellement
fortifiées sur la frontière méridionale du royaume d'Aquitaine 3 . En 8044, Borel fit
partie de la troupe chargée de prendre Tortosa à revers et de piller l'arrière-pays 5 . Ce
comte est vraisemblablement le Bosrellus à qui Charlemagne avait cédé la villa de
Foncouverte 6 .
58. BORNA 1
Duc de Dalmatie, attesté à partir de 818 - mort en 821
Borna apparaît pour la première fois dans les sources en 818 en tant que dux Gudus-
canorum2, alors qu'il avait envoyé des légats auprès de Louis le Pieux 3 . L'empereur
reçut en effet diverses ambassades étrangères (du duc de Bénévent, des Abodrites, de
Borna, mais aussi du duc de Pannonie et du marquis de Frioul) vers la fin de l'année
818, à Herstal 4 . Il ne convient pas ici de retracer le détail des expéditions militaires de
Borna contre Liudévit 5 , avec qui il était cependant éventuellement parent 6 . Borna
agissait certes en lien avec la cour franque7, mais c'est surtout le fait que Louis le
Pieux, en janvier 820 lors du plaid tenu à Aix-la-Chapelle 8 , prit conseil auprès de
Borna qui me semble d'un intérêt tout particulier: l'empereur le fit en effet venir au-
près de lui spécialement à cette fin9. Borna mourut en 821 10 .
Le comte Boson est attesté comme missus de l'empereur peu avant mai 827, lorsqu'il
présidait un plaid à Turin 2 . Il ne fait aucun doute que Boson était un missus de Louis
le Pieux 3 , puisque c'est à ce titre que l'empereur lui confia une enquête relative aux
biens de l'église cathédrale de Grado 4 . Le 10 juin 826 à Ingelheim, Louis le Pieux fit
une donation à ce comte 5 . Il faut donc en conclure que ce dernier participa au plaid
alors tenu par Louis le Pieux au palais d'Ingelheim 6 . C'est tout ce que l'on sait de ce
personnage 7 .
7 Annales regni Franc, a. 819, p. 151: ... quae qualiter gesta fuerint, per legatos suos imperatori nunti-
are curavit.
8 B.M. 709(659)a.
9 Annales regni Franc, a. 820, p. 152: Mense Ianuario conventus ibidem habitus, in quo de Liudewiti
defectione deliberatum est, ut très exercitus simul ex tribus partibus ad devastandam eius regionem
atque ipsius audaciam coercendam mitterentur. Borna quoque primo per legatos, deinde ipse veniens,
quid sibi facto opus esse videretur, suggessit.
10 Annales regni Franc, a. 821, p. 155. Son successeur fut son neveu (nepos), Ladasclave. Cf. également
Astronomus, Vita, c. 34, p. 625.
L'abbé de Fleury Boson fut l'un des missi de Louis le Pieux ayant, à une date indéter-
minée, procédé au partage de la mense abbatiale et de la mense conventuelle à Flavi-
gny 4 . Il fut également, pour un temps, le geôlier d'Ebbon, l'archevêque de Reims
déchu 5 . La restitution du 24 août 835 était peut-être déjà une récompense pour les
bons services de Boson 6 .
61. BURGARIT 1
Responsable des veneurs, mort à l'automne 836
Burgarit ne nous est connu comme praefectus venatoribus regalibus qu'à l'occasion
de sa mort: partisan de Lothaire, il l'avait suivi jusqu'en Italie et il fut frappé par l'épi-
démie de 8362. Etant donné que l'Astronome cite à cet endroit explicitement ceux
qui firent défection à Louis le Pieux, l'on ne peut pas douter que Burgarit appartînt
au Palais de ce dernier - cette interprétation est d'ailleurs renforcée par l'expression
quondam*. Il s'agit peut-être d'un parent du connétable de Charlemagne, Burchard 4 .
62. CADOLA 1
Duc de Frioul, attesté à partir de 804 - mort le 31 juillet 819
Le comte Cadola 2 est attesté en tant que missus de Charlemagne en 8043 en Istrie, à
l'occasion d'un plaid qu'il présida en compagnie du prêtre Izzo et du comte Aio 4 .
D'après l'identification d'un certain Chadaloh apparaissant dans quelques chartes de
Saint-Gall proposée par G. Tellenbach5, »Cadola était... originaire d'Alémanie et il
descendait... de l'ancienne famille comtale alémanique des Halaholfinger« 6 . Ce n'est
cependant qu'à partir de 817 qu'il est attesté comme responsable de la Marche de
Frioul 7 . Au début de cette année-là, une ambassade envoyée par l'empereur Léon V
pro Dalmatinorum causa parvint à la cour franque. Avant de prendre toute décision,
Louis le Pieux préféra attendre l'arrivée de Cadola, qui devait venir au palais. Mais
étant donné que l'affaire ne pouvait être réglée sans le consentement des frontaliers
concernés, Cadola leur fut envoyé par Louis en compagnie d'Albgaire 8 . C'est princi-
palement contre Cadola que Liudévit tenta initialement de faire porter sa révolte 9 .
Au retour d'une campagne en Pannonie, en 819, le marquis de Frioul fut pris de fiè-
vre et mourut 10 - peut-être le 31 juillet11. Son successeur fut Baudry 12 . Les deux
1 Formes onomastiques: Cadola, Cadolach, Cadolah, Kadola, Cadalus, Chadalo, Cadolaus, Cadolao,
Chadaloh, Chadolt, Chadelous.
2 Cf. HLAWITSCHKA, Franken, p. 163 sqq.; KRAHWINKLER, Friaul, p. 223 sqq.
3 Le document n'est pas daté. C. Manaresi a proposé cette date dans son édition. HOFMEISTER, Mark-
grafen, p. 272 et HLAWITSCHKA, Franken, p. 164, préférèrent s'en tenir à la fourchette chronologique
801-810, mais KRAHWINKLER, Friaul, p. 201 note 10, a montré que la date de 804 était fort probable.
4 Doc. dipl. Italie, n° 17, p. 48 sqq. Cf. également B.M. 732(708).
5 TELLENBACH, Großfränkischer Adel, p. 54.
6 HLAWITSCHKA, Franken, p. 165 (avec un arbre généalogique).
7 Cf. HOFMEISTER, Markgrafen, p. 272 sq. KRAHWINKLER, Friaul, p. 223: »Cadolah dürfte der unmit-
telbare Nachfolger des 799 gefallenen Herzogs Erich gewesen sein«. Le conditionnel est en effet de
mise, car rien ne permet d'affirmer cela avec certitude.
8 Annales regni Franc, a. 817, p. 145: ... legatum Leonis imperatoris de Constantinopolipro Dalmati-
norum causa missum Niciforum nomine suscepit; quem etiamy quia Cadolah, ad quem illorum confi-
nium cura pertinebat, non aderat et tarnen hrevi venturus putabatur, adventum illius iussit opperi-
ri... Quo veniente ratio inter eum et legatum imperatoris de questionibus, quas idem detulit, habita
est; et quia res adplurimos et Romanos et Sclavos pertinebat neque sine illorum praesentia finiriposse
videbatur, Mo decernenda differtur, missus ad hoc cum Cadolane etpraedicto legato in Dalmatiam
AlbgariuSy Unrochi nepos. Cf. également Astronomus, Vita, c. 27, p. 621. Cf. LOUNGHIS, Ambassa-
des, p. 163. Sur Albgaire, cf. la notice n° 21.
9 Ainsi l'accusa-t-il devant l'empereur en octobre 818 à Herstal, par l'intermédiaire d'une ambassade:
res novas moliens Cadolaum comitem et marcae Foroiuliensis praefectum crudelitatis atque insolen-
tiae accusare conabatur (Annales regni Franc, a. 818, p. 149). Cf. également Astronomus, Vita, c 31,
p. 624. Cf. WOLFRAM, Geburt, p. 269.
10 Annales regni Franc, a. 819, p. 151; Astronomus, Vita, c. 32, p. 624.
11 Necrologium Augiae Divitis, p. 278; Necrologium sancti Galli, p. 478. Selon, TELLENBACH,
Großfränkischer Adel, p. 54 note 72, il n'est cependant pas absolument certain qu'il s'agisse de notre
personnage. Il est toutefois à noter que sa mort est mentionnée dans les Annales royales entre le
développement consacré au plaid tenu en juillet et la mention d'événements survenus durant l'hiver.
Un décès fin juillet correspond par conséquent à la chronologie du récit. D'autre part, la datation
d'un manuscrit (sur ce dernier, cf. BISCHOFF, Schreibschulen, tome 1, p. 199 sq.) permet d'affirmer
que la campagne commandée par Cadola était en tout cas achevée le 12 septembre 819. En effet, le
scribe écrivit: hic liber fuit inchoatus in hunia in exercitu anno d(omi)ni XVI111° IIII n(onarum)
iun(ii) & perfinitus apud s(an)c(tu)m Florianum II id(us) sept(em)b(ris) in ebd(omada) XVma; cf. le
150
Etant donné que le personnage de Charles est relativement bien connu et qu'il a ré-
cemment fait l'objet d'une biographie 4 , il ne me semble pas nécessaire de reprendre
en détail l'étude de ses années de jeunesse 5 . Il va de soi que les années postérieures à la
mort de Louis le Pieux, c'est-à-dire le règne de Charles lui-même, ne peuvent pas être
analysées ici. Charles passa son enfance à la cour de Louis le Pieux. En 826, il gamba-
dait devant son père dans le cortège conduisant l'empereur et le Danois Harold à
l'intérieur de la chapelle d'Ingelheim 6 ; vers 829, Walafrid Strabon le décrit aux côtés
de Judith: ils sont comparés à Rachel et Benjamin7. Au début de l'année 831, Charles
fut chargé d'accueillir et d'amener à Aix-la-Chapelle sa mère lorsqu'elle fut libérée8.
Louis avait également son jeune fils auprès de lui en juin 833, au Rotfeld9. Charles
était probablement à Coblence les 19 à 21 novembre 836, pour assister à la célébrati-
on de l'octave de la translation des reliques de saint Castor, à laquelle Louis le Pieux
participa cum conjuge et liberis™. L'on doit supposer que Charles fut présent aux di-
vers plaids jalonnant le règne de Louis le Pieux lors desquels l'empereur procéda à un
partage en sa faveur11. Il était également à Nimègue en juin 838, lors d'un plaid dont
fac-similé dans: Mss. datés en Belgique, planche 1. On considère que le scribe acheva son travail à la
célèbre abbaye autrichienne de Saint-Florian, qui en était alors aux balbutiements de son histoire (cf.
HEUWIESER, Geschichte, p. 295). Il est par conséquent possible que Cadola soit mort le 31 juillet
819. WOLFRAM, Geburt, p. 269, tient cette date pour assurée.
12 Cf. la notice n° 41.
13 B.M. 785(761).
12 II s'agit d'un acte de restitution suite au jugement d'un différend (contentio) relatif à des biens de
Fulda. L'affaire fut examinée coram imperatore Hludovico etfiliis eius Hludovico et Carolo necnon
etprincipibus eins (Doc. dipl. Fulda, n° 513, p. 226).
13 Charles avait alors quinze ans, l'âge requis par la Loi des Francs Ribuaires. Cf. Ordinatio imperii, c.
16, p. 273, et Lex Ribuaria, titre 84(81), p. 130.
14 Annales Bertiniani, a. 838, p. 24 sq.: Quo Pippino paternis obsequiis assistente atque favente, fratri
Karolo, tune cingulo insignito, pars Niustriae ad presens data est, ducatus videlicet Cenomannicus
omnisque occidua Galliae ora intra Ligerim et Sequanam constituta; Nithardus, Historia, I, c. 6, p.
26: ... praefato Karolo arma et coronam necnon et quandam portionem regni inter Sequanam et Li-
gerem dédit; Astronomus, Vita, c. 59, p. 643: Ubi domnus imperator filium suum Karolum armis vi-
rilibuSy id est ensey cinxit, corona regali caput insignivit, partemque regni quam homonimus eius Ka-
rolus habuit, id est Neustriam, attribua. Cf. BRUNTERC'H, Duché du Maine, p. 44; FLORI, Origines,
p. 218.
15 Annales Bertiniani, a. 838, p. 25: Absoluto conventu, ipse (Louis) orationis gratia Parisius sanctorum-
que martyrum basilicas curavit invisere. Directoque Karolo in partes Cenomannicas ...
16 Ibid.: ... Attiniacum perveniens Karolum redeuntem suscepit.
17 Cf. ZATSCHEK, Reichsteilungen; EWIG, Teilungen, p. 243 sqq.; BOSHOF, Einheitsidee. Pour une pré-
sentation rapide du règne de Louis le Pieux dans le dessein d'expliquer celui de Charles, cf. LOT,
HALPHEN, Charles le Chauve, p. 1 sqq.
18 Cf. Theganus, Vita, c. 35, p. 597; Annales Xantenses, a. 829, p. 7. La part attribuée à Charles en 829
fut élargie en 831, cf. Regni divisio, p. 24. D'où l'objectif militaire de Louis le Germanique lors de sa
révolte contre son père, en 832: il voulait envahir PAlémanie, quae fratri suo Karolo a pâtre iam du-
dum datafuerat (Annales Bertiniani, a. 832, p. 5 sq.).
19 Nithardus, Historia, I, c. 3, p. 10: Et Lodharius quidem, eo tenore re publica adepta, patrem et Karo-
lum sub libéra custodia servabat.
20 Annales Bertiniani, a. 833, p. 9 sq.: ... et filium eius Karolum Uli auferens, ad monasterium Pronee
transmisit, unde patrem nimium contristavit.
21 Astronomus, Vita, c. 48, p. 636: ...et Karolo Prumiae commendato nee tarnen attonso ...
22 Les partisans de Louis le Pieux voulaient se rendre à Saint-Denis, ubi tune Lodharius patrem et Ka-
rolum servabat (Nithardus, Historia, I, c. 4, p. 16). Je voudrais soulever ici un point délicat. En 875,
Charles le Chauve fit apposer les signes de validation sur l'un de ses diplômes pour Saint-Denis en
rappelant les motifs le poussant à cet acte: il se disait en effet Dei constitutione rext ipsiusque etfra-
trum electione monasterii magni Dionysii abba, a pâtre causa tutele traditus (Actes de Charles le
Chauve, tome 2, n° 379, p. 350), d'où il faut conclure que Charles fut »remis à Saint-Denis par son
père, en raison de la tutelle«. Ce passage est obscur. Faut-il comprendre que Louis le Pieux plaça son
fils à Saint-Denis, comme oblat? Déjà, Pépin le Bref fut éduqué à Saint-Denis (cf. RICHE, Carolingi-
ens, p. 59); quant au roi Lothaire (954-986), il fut oblatus à Saint-Remi (cf. DEPREUX, Saint Rémi, p.
256). Mais dans le cas de Charles, on sait qu'il passa sa jeunesse à la cour de son père. C'est pourquoi
152
changèrent pas grand-chose à sa ligne de conduite: vers la fin de son règne, sa récon-
ciliation avec Lothaire et le partage qui la scella23 avaient pour principal objet d'assu-
rer l'avenir de Charles 24 . Par ailleurs, Louis n'hésita pas à entreprendre lui-même le
voyage d'Aquitaine, à l'automne 839, pour imposer son jeune fils25 et, vraisemblable-
ment, remettre de l'ordre dans l'administration du royaume aquitain26.
Pour finir, il convient d'analyser les éléments qui, en fait, justifient la prise en
compte de Charles dans cette prosopographie: ils sont au nombre de deux. Il y a d'a-
bord un diplôme de Louis le Pieux donné à Aix-la-Chapelle le 25 février 831; il s'agit
d'une donation au monastère de Kempten 27 . Louis le Pieux fit cette donation sur la
requête de Charles, ad deprecationem dilecti filii nostri Karoli. L'intervention de
Charles est justifiée, puisque la cellula donnée était sise in ducatu Alamannie, c'est-à-
dire sur le territoire qu'il avait reçu de son père 28 . Néanmoins, la prise de décision ap-
paraît sous un jour nouveau grâce aux mentions en notes tironiennes de ce diplôme:
il y est en effet rappelé que Guntbaldus abba impetravit29. Ce personnage exerçait
alors une influence certaine à la cour 30 . On peut par conséquent supposer que c'est
en réalité lui qui se chargea de faire présenter la requête par Charles (alors âgé de pres-
que huit ans), car ce dernier avait officiellement en charge le ducatus d'Alémanie,
mais peut-être surtout parce qu'on pouvait espérer qu'il saurait gagner son père à la
cause du monastère de Kempten. Ce diplôme, où il est fait mention d'une requête
je suppose que cette traditio du fils encore mineur eut lieu lors de la captivité de Pempereur. Il me
semble que, bien qu'il en attribue l'initiative à Lothaire et qu'il place l'événement en 830, le témoi-
gnage de Nithardus, Historia, c. 3, p. 10, est un indice non négligeable: il y est relaté que Lothaire in-
cita son frère (et non Louis, comme le supposait Ph. LAUER, ibid., p. 11 note 8, car Charles est le der-
nier nommé dans la phrase précédente et par conséquent celui que vise l'expression cum quo) à se
faire moine (cum quo monachos, qui eidem vitam monasticam traderent et eandem vitam illum assu-
mere suaderent, esse praeceperat).
23 Cf. Annales Bertiniani, a. 839, p. 31 sq.; Nithardus, Historia, I, c. 7, p. 30 sqq.; Astronomus, Vita, c.
60, p. 644; Annales Fuldenses, a. 839, p. 30.
24 Judith joua un rôle décisif à ce sujet. Cf. Astronomus, Vita, c. 54, p. 640; ibid., c. 59, p. 644. Cf. égale-
ment Nithardus, Historia, I, c. 6, p. 28; sur le partage de Worms, cf. ibid., c. 7, p. 30 sqq.
25 Cf. Nithardus, Historia, I, c. 8, p. 32 sqq.; Annales Bertiniani, a. 839, p. 34 sq.; Astronomus, Vita, c.
61, p. 645 sq.
26 On sait que le voyage de Louis avait été occasionné par l'opposition d'une partie des Aquitains, qui
soutenaient le fils homonyme de Pépin d'Aquitaine (cf. Annales Bertiniani, a. 839, p. 33; Astrono-
mus, Vita, c. 61, p. 645). En conséquence, il semble qu'il faille prêter attention à deux témoignages
convergents, qu'il nous faut à présent évoquer. Bien que son témoignage date de la génération sui-
vante, l'on ne peut écarter la présentation de l'action menée par Louis le Pieux en 839 donnée par
Ado, Chronicon, p. 321: il relate que l'empereur confia le royaume d'Aquitaine, c'est-à-dire son ad-
ministration, aux maiores Francorum, tout en donnant aux Aquitains un roi en la personne de son
fils (... commisso Aquitaniae regno maioribus Francorum, et inclyto Carolo filio suo rege Aquitanis
dato ...). Autrement dit, Louis, sous couvert de l'octroi aux Aquitains d'un roi qui leur fût propre,
aurait redistribué le pouvoir. Or, selon Astronomus, Vita, c. 61, p. 646, Louis le Pieux se serait rendu
en Aquitaine pour y procéder à une ordinatio de ce royaume (... deinde ad regni Aquitanici ordina-
tionem sese convertit). L'auteur avait déjà employé ce terme à propos de la grande réforme de 778
menée en Aquitaine par Charlemagne (cf. GANSHOF, Crise dans le règne de Charlemagne): il est dans
ce cas certain que le roi procéda à un renouvellement de personnel (Astronomus, Vita, c. 3, p. 608:
Ordinavit autemper totam Aquitaniam comités ...).
27 B.M. 883(854), éd. M.B. 28, n° 12, p. 19 sq. (à la p. 19).
28 Cf. Theganus, Vita, c. 35, p. 597; Annales Xantenses, a. 829, p. 7; Regni divisio, p. 24.
29 Cf. Mentions tironiennes, p. 19.
30 Cf. la notice n° 123.
153
présentée par Charles, est d'autant plus important qu'il permet de rejeter l'une des
principales objections de G. Tessier concernant la sincérité d'un acte de Charles lui-
même, où il est dit avoir présenté une requête auprès de son père 31 - c'est le second
élément prouvant la participation de Charles au gouvernement. En effet, dans cet ac-
te, il est rappelé que Walefred, l'abbé de Charroux, présenta à Charles un diplôme de
donation de Louis le Pieux dans lequel il était signalé que cette donation avait été fai-
te ad nostram deprecationem32. L'on pourrait supposer que cette intervention de
Charles date d'une époque où l'Aquitaine dépendait de lui, c'est-à-dire fugitivement
vers 83233 ou plutôt en 839/84034. Il me semble cependant qu'un détail rend probable
que cette requête fut présentée vers 830/831: le fait qu'elle concernait le monastère de
Charroux, autrement dit, le monastère dont Gombaud était abbé. On aurait alors
confirmation de l'hypothèse que j'ai formulée plus haut: à savoir que Gombaud se
serait servi du jeune Charles pour obtenir de Louis le Pieux ce qui lui convenait.
L'abbé de Charroux n'était d'ailleurs apparemment pas le seul à connaître l'influence
que le fils cadet de l'empereur pouvait exercer sur son père 35 .
64. CHOSLE 1
Palefrenier, mort à la fin de l'été 818
31 Actes de Charles le Chauve, tome 2, n° 236 bis, p. 23 sqq. Sur les réserves de G. TESSIER, cf. ibid., p.
24: après la désignation de Charles comme augustus dans l'intitulation, il note qu'il »est plus grave de
lire que les diplômes de Louis le Pieux avaient été expédiés à la prière de Charles«.
32 Ibid., p. 25 sq.: Walefredus vir venerabilis ...ad nostram accedens excellentiam attulit obtutibus no-
stris auctoritates domni genitoris nostri, in quibus continebatur qualiter idem domnus et genitor no-
ster, ad nostram deprecationem, pro eterne retributione fructu, adjam dictum monasterium ejusdem
congregationi ibidem Deofamulanti concessisset cellam in honore sancti Saturnini constructam ...
33 Cf. Nithardus, Historia, I, c: 4, p. 14: Per idem tempus Aquitania, Pippino demptay Karolo datur, et
in ejus obsequio primatus populiy qui cum pâtre sentiebat, jurât.
34 Cf. supra.
35 Cf. la notice n° 198.
65. CLAUDE 1
Evêque de Turin, attesté de 811 à mai 827
L'évêque de Turin 2 est célèbre pour les positions dogmatiques qu'il adopta - ou
plutôt qu'on l'accusa d'avoir adoptées. Ce n'est cependant ni son iconoclasme 3 , ni
son oeuvre 4 qui nous intéressent ici, mais le fait qu'il fut membre de la Chapelle de
Louis le Pieux 5 . Claude, un prêtre »espagnol«6 qui avait reçu sa formation à Lyon au-
près de Laidrade 7 , fut appelé au service de Louis le Pieux et appartint à son Palais,
comme l'attestent plusieurs documents, à commencer par la lettre de dédicace de son
Expositio in Genesim à l'abbé Dructéramne 8 . Claude est attesté à la cour aquitaine
de Louis le Pieux, un prince auquel il fut très attaché si l'on en croit l'une de ses dédi-
caces9, dès 811 10 . Il suivit vraisemblablement Louis le Pieux à la cour d'Aix-la-Cha-
8 II faut distinguer ce personnage du connétable, le »comte de Pétable« {cornes stabulï), cf. WAITZ, Ver-
fassungsgeschichte, tome 3, p. 502 note 1. Il va de soi que Chosle était sous les ordres de ce dernier.
9 Gesta Karoli, lib. II, c. 21, p. 763.
10 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. III, v. 1718, p. 130, mentionne un Coslipuer qui, domini praevin-
ctus amore, mit à mort le Breton ayant tué Chosle.
pelle lors de l'accession de ce dernier à l'empire 11 . L'on ne peut pas savoir précisé-
ment quand Claude fut nommé évêque de Turin12. Il est attesté pour la dernière fois
en tant que tel en mai 82713.
66. CLÉMENT 1
Maître de l'école du Palais, attesté depuis le règne de Charlemagne jusqu'en 826
Clément 2 est présenté par Ermold comme préposé au collège des prêtres, quand le
poète décrit la procession précédant la messe célébrée en 826 à Ingelheim à l'occasion
du baptême de Harold le Danois 3 . J. Fleckenstein compte Clément parmi les chape-
lains du Palais4. En réalité, ce prêtre d'origine insulaire (Scottus)5 était maître de l'é-
cole du Palais: magisterpalatinus6. Le moine de Saint-Gall, auteur des Gesta Karoli,
a dépeint son arrivée sur le continent 7 ; c'est la »classe« de Clément qui fit l'objet de la
célèbre »visite d'école« de Charlemagne 8 . Sous le règne de Louis le Pieux, l'abbé de
Fulda envoya certains de ses moines étudier auprès de Clément 9 , qui fut également le
11 C'est ce que semble prouver un extrait de sa correspondance, cf. Claudius, Epistolae, n° 2, p. 593
sqq. (lettre de 815 à l'abbé Juste): Anno DCCCmo XVmo incarnationis salvatoris Iesu Christi domi-
ni nostriy postquam pius ac mitissimus princeps sanctae Dei ecclesiae catbolicae filius Hludowicus an-
no secundo imperii sui caelesti fultus auxilio adversus barbaras nationes movisset exercitum, teque
abeunte et discedente tuam paternitatem ex palatio iam dicti principis ad tutum dilectumque tibi
semper tui monasterii portum iniunxisti mihiy ut aliquod dignum memoriae opusculum in expositione
evangelii ad legendum dirigerem fratribus monasterii vestri.
12 Cf. DÜMMLER, Claudius von Turin, p. 431: »Das Jahr ist nicht mit Sicherheit festzustellen, frühe-
stens wohl 816, doch könnte es ebenso gut ein paar Jahre später gewesen sein«.
13 Doc. dipl. Italie, n° 37 p. 113. Malgré le combat dogmatique suscité par les positions de Claude, ce
dernier ne fut pas déposé, cf. DÜMMLER, Claudius von Turin, p. 436 sqq. Le successeur de Claude est
attesté pour la première fois en 832, cf. ibid., p. 438.
67. CONRAD1
Comte, attesté à partir de 830 - disparaît des sources après 8622
Le frère de l'impératrice Judith jouissait d'un grand prestige auprès de ses contempo-
rains, comme Heiric d'Auxerre l'atteste par sa façon de le désigner dans ses Miracles
de saint Germain 3 : »Conrad, prince fort célèbre, (était) le compagnon des rois et (il
s'avérait) supérieur en célébrité aux plus importants membres de la cour« 4 . Walafrid
Strabon se fit également le chantre de ce comte 5 . L'on ne sait cependant pas grand-
chose du beau-frère de l'empereur, du moins pour ce qui concerne le temps de Louis
le Pieux, époque qui nous intéresse ici. Toujours est-il qu'en épousant Adélaïde 6 ,
Conrad s'unit à la fille d'Hugues, le comte de Tours 7 .
L'on ne s'étonnera cependant pas de voir Conrad victime de la »révolte loyale« de
830 dirigée en partie contre Judith, car il ne fait pas de doute que l'ascension politique
de cette dernière et celle de ses frères étaient liées: Conrad reçut la tonsure et fut con-
fié à la garde de Pépin d'Aquitaine 8 . Il faut conclure du témoignage des sources que
Conrad se trouvait à la cour de Louis le Pieux, à Compiègne 9 , lorsque la révolte écla-
ta. L'impression selon laquelle les frères de Judith auraient fait partie de l'entourage
immédiat de Louis le Pieux se trouve confortée par une remarque de Nithard, d'a-
près lequel ils »furent rendus« à l'empereur 10 , en février 831. Conrad était comte en
68. DADON1
Ermite, attesté vers 793 - mort avant avril 819
69. DAGOLF 1
Veneur, attesté en 8392
Le veneur (venator) Dagolf n'est attesté que par une lettre d'Eginhard: il devait
transmettre un ordre de l'empereur à un comte bavarois 3 .
70. DANIEL 1
Notaire, attesté d'août 836 à octobre 849
Daniel 2 , notaire à la »chancellerie« de Louis le Pieux, ne nous est connu que par deux
actes dont il fit la récognition: l'un donné à Rambervillers le 24 août 836 en faveur de
Fulbert, un fidelis de l'empereur 3 ; l'autre à Worms le 20 juin 839 en faveur de la Rei-
chenau 4 . Dans les deux cas, Daniel s'intitulait notarws, mais il est également désigné
dans les notes tironiennes du diplôme de juin 839 comme subdiaconus5. Ensuite, Da-
niel est attesté à la »chancellerie« de Lothaire 6 . C'est à Th. Schieffer qu'il revint de
prouver que Daniel passa au service du fils aîné de Louis le Pieux dès l'été 8407.
71. DÉODAT 1
Responsable de la »chancellerie«, attesté en août 794
Déodat 2 ne nous est connu que par un seul document: le diplôme de Louis le Pieux
donné au Palais (Haute-Vienne, arr. Limoges) le 3 août 794 en faveur de la cellola de
Nouaillé. Déodat était alors responsable de la »chancellerie« du roi d'Aquitaine 3 .
72. DEUSDEDIT 1
Notaire, attesté en mars 820
Deusdedit 2 est attesté comme notarius regalis par la notice (rédigée de sa main) du
plaid tenu le 31 mars 820 à Vérone par l'évêque Rataud 3 , siégeant en tant que missus
domni imperatoris*.
73. DICUIL 1
- Peut-être enseignant au Palais, attesté de 795 à 825
C'est sous toute réserve que Dicuil est présenté dans cette prosopographie: on sup-
pose en effet qu'il enseignait la grammaire à la cour 2 , mais cette hypothèse est fort
fragile puisqu'elle repose sur un seul vers qui, au demeurant, ne prouve pas grand-
chose 3 . Outre la diversité de son oeuvre 4 , Dicuil s'avère intéressant pour deux rai-
sons: pour l'application avec laquelle, vers le début du règne de Louis le Pieux, il s'ef-
força de gagner la bienveillance de l'empereur en lui offrant ses écrits d'astronomie à
l'occasion des plaids généraux5; mais aussi pour une oeuvre que jusqu'à présent per-
sonne ne lui a attribuée, mais qui pourrait être de sa plume. Je veux parler de la Vita
Hludowici de l'anonyme connu sous le nom d'Astronome. D'aucuns ont voulu re-
connaître en cet auteur Hilduin le Jeune 6 . Certes, il serait simpliste d'associer sous
une même identité, par une sorte de qui pro quo, celui que Louis le Pieux consulta en
837 à propos du passage de la comète de Halley 7 et l'auteur d'un traité d'astronomie.
Pour que l'hypothèse prenne corps, il faudrait engager une recherche philologique et
procéder à des comparaisons stylistiques que je ne peux pas mener ici. Néanmoins,
cette hypothèse mérite qu'on s'y intéresse, pour des raisons de chronologie 8 .
Certes, la dernière trace que nous ayons de Dicuil ne. remonte qu'à l'an 825 9 , c'est-
à-dire à une quinzaine d'années avant la composition de la Vita Hludowici, mais les
données relatives à l'arrivée de l'Irlandais 10 à la cour peuvent correspondre à ce que
nous savons de l'Astronome. En effet, Dicuil semble n'être venu dans le royaume de
Charlemagne (et, vraisemblablement, à sa cour) que vers la fin de son règne. En 795,
il entendit le récit de voyage de clercs qui s'étaient rendus en Islande11 - Dicuil n'a-
vait alors vraisemblablement pas encore quitté l'Irlande 12 . C'est donc plus tard qu'il
gagna le continent. Dicuil évoque certes l'éléphant de Charlemagne, qui mourut en
81013, mais il ne prétend pas l'avoir vu14. On suppose cependant que Dicuil vint en
Francia vers l'extrême fin du VIII e siècle15 ou au début du IX e16 . Ceci correspondrait
par conséquent à ce que l'on sait de l'Astronome: ce dernier ne se dit témoin oculaire
que pour les années du règne impérial; pour la période que Louis passa en Aquitaine,
il eut recours au témoignage d'un tiers17.
74. DONAT 1
Comte de Melun, attesté avant le 28 octobre 816 - mort après 843
Le cas du comte Donat est fort intéressant. Donat était comte de Melun. Ceci appert
du récit relatif à un plaid présidé par lui et Jonas, évêque d'Orléans 2 , en qualité de
missi a latere régis3, et où devait être tranché un différend entre les abbayes de Fleury
et de Saint-Denis 4 . Etant donné que son comté se trouvait dans la province ecclésias-
tique de Sens, il est probable qu'il faille l'identifier avec le Donatus cornes attesté vers
9 C'est alors que Dicuil acheva son traité de géographie, cf. Dicuil, De mensura, c. IX/ 13, p. 102.
10 Cf. Dicuil, De Astronomia, lib. I, c. V/2, p. 388.
11 Cf. Dicuil, De mensura, c. VII/11—13, p. 74. Dicuil dit cet événement vieux de trente ans. On a par
conséquent supposé qu'il était né vers 760/770 (cf. l'introduction de J. TIERNEY, ibid., p. 11).
12 Cf. ibid., p. 12.
13 Annales regni Franc, a. 810, p. 131.
14 Dicuil, De mensura, c. VII/35, p. 82.
15 Cf. l'introduction de J. TIERNEY, dans Dicuil, De mensura, p. 12.
16 Cf. BRUNHÖLZL, Geschichte, p. 306, qui propose l'année 806.
17 Astronomus, Vita, prologue, p. 607. A ce propos, cf. DEPREUX, Poètes, p. 319.
825 comme missus pour cette province, avec l'archevêque Jérémie 5 . Grâce à Hinc-
mar, nous connaissons relativement bien le destin politique de Donat. En effet, au
tout début du règne impérial de Louis (en tout cas avant le 28 octobre 816, date de la
mort de Bégon), Donat reçut en beneficium la villa de Neuilly-Saint-Front, sur l'en-
tremise du comte Bégon 6 . Lors du conflit entre Lothaire et son père, Donat passa
dans le camp du fils rebelle. Bien qu'il se réconsiliât avec Louis le Pieux en 834 lors de
la capitulation de Lothaire aux abords de Blois7, il perdit et le comté de Melun, et la
villa de Neuilly-Saint-Front. Hincmar affirme qu'il ne récupéra rien du vivant de
Louis le Pieux. Ce n'est qu'après 843 que Donat recouvra la villa de Neuilly-Saint-
Front. Il recommanda quelque temps plus tard son fils Gozelin au roi Charles le
Chauve 8 .
On a par ailleurs trace d'un autre missus du nom de Donat. Il est attesté pour la
première fois dans un diplôme du 5 juin 818: suite à la requête de l'abbé Ingoald vi-
sant une donation à l'abbaye de Farfa d'une forêt aux confins de la cité de Rieti, Lou-
is le Pieux avait chargé deux missi, dont son vassal Donat, de délimiter le bien en que-
stion 9 . Environ un an plus tard, un certain Donat fut envoyé enquêter sur les biens
du monastère de Hornbach, suite à une requête de l'abbé Wyrund 10 . Il est à noter que
dans les deux cas, Donat, dit tantôt vassus noster, tantôt fidelis noster, n'est pas men-
tionné avec le titre comtal 11 . Or Hincmar n'affirme absolument pas que Donat était
comte lorsqu'il reçut la villa de Neuilly-Saint-Front 12 . L'on peut donc proposer de
reconnaître en nos missi un seul et même personnage, en la personne du (futur) com-
te de Melun 13 . En 827, pour parer à la situation explosive en Marche d'Espagne, Lou-
is le Pieux envoya trois missi, dont un comte Donat 14 que rien n'interdit d'identifier
avec le comte de Melun. Nous rencontrons une dernière fois un comte Donat comme
missHS en 838, à l'occasion du plaid tenu par Louis le Pieux en septembre à Quierzy-
sur-Oise 15 : suite à la plainte de pêne omnes Septimaniae nobiles relative aux agisse-
ments de Bernard de Septimanie16, Louis le Pieux envoya trois missi, dont Donat,
pour y rétablir la justice17. Il me semble logique, étant donné l'identité de la zone
géographique concernée, de reconnaître en les missi de 827 et de 838 un seul et même
personnage. De prime abord, la défection de Donat en 834 et la privation de son ho-
nor sembleraient interdire une identification du missus de 838 avec l'ancien comte de
Melun 18 . Mais a y regarder de près, l'affaire est possible. En effet, il ne faut pas
oublier que Donat se réconcilia avec Louis le Pieux et prêta serment de fidélité. Rien
n'indique que Donat suivit Lothaire en Italie19. Il se peut par conséquent que Louis
le Pieux ait encore eu recours à ses services. D'ailleurs, le comte Boniface, envoyé
avec Donat en 838, était également sans honor (il avait, au contraire, perdu son honor
italien en restant fidèle à Louis 20 ). Dans l'hypothèse où l'identification proposée ici
serait juste, Donat présenterait le cas remarquable d'un missus auquel Louis le Pieux
aurait eu recours tout au long de son règne et en des régions toujours différentes de
son empire, en dépit des avatars politiques.
11 C'est cette absence de titre comtal qui me fait supposer qu'il s'agit du même personnage (du moins
qui rend l'identification possible).
12 II est totalement à exclure que l'investiture du comté de Melun et la dotation en beneficium de la vil-
la de Neuilly-Saint-Front fussent liées, puisque cette dernière était sise hors du pagus de Melun
(Neuilly-Saint-Front se trouve dans l'Aisne, arr. Château-Thierry).
13 SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 246 note 4, a hésité à identifier le comte de Melun avec le Donat atte-
sté par ailleurs comme missus. Finalement, il a distingué les deux personnages (cf. l'index à la fin de
son ouvrage). A mon sens, ou bien l'on accepte l'identité des deux personnages - que de toute façon
l'on ne peut pas définitivement prouver - ou bien, en bonne logique, l'on applique la méthode hy-
percritique consistant à distinguer autant de personnages qu'il y a d'occurrences du nom. L'identifi-
cation des différents missi avec le comte de Melun est donc avant tout une hypothèse de travail.
14 Annales regni Franc, a. 827, p. 172: Imperator Helisacharpresbyterum et abbatem et cum eo Hildi-
brandum atque Donatum comités ad motus Hispanicae marcae componendos misit. (...) Cum adse-
dandos ac mitigandos Gothorum atque Hispanorum in Ulis finibus habitantium animos Helisachar
abbas cum aliis ab imperatore missus multa et propria industna et sociorum consilio prudenter admi-
nistrasset... Cf. également Astronomus, Vita, c. 41, p. 630.
15 B.M. 982(95l)a. Donat participa à ce plaid.
16 Cf. la notice n° 50.
17 Astronomus, Vita, c. 59, p. 644 - texte cité à la notice n° 18.
18 Telle est l'opinion de SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 246 note 4.
19 Le fait qu'il recouvra la villa de Neuilly-Saint-Front sous Charles le Chauve rend vraisemblable
qu'il ne se soit pas exilé.
20 Cf. la notice n° 55. Rien ne permet d'affirmer que Louis le Pieux dota Boniface d'un honor au nord
des Alpes.
163
75. DROGON 1
Evêque de Metz, archichapelain, né le 17 juin 801 2 - mort le 8 décembre 855 3
Etant donné que l'on dispose d'une excellente étude sur Drogon 4 , je ne rappellerai ici
que les faits essentiels de sa biographie avant d'étudier en détail son action au Palais.
Pour ce qui concerne le destin de Drogon après la mort de Louis le Pieux, on se re-
portera à l'étude de Chr. Pfister5. Drogon était l'un des fils naturels que Charlema-
gne eut de sa concubine Régine6. Charles le confia à Louis le Pieux lorsqu'il l'associa
à l'empire 7 et ce dernier accueillit Drogon à sa table après la mort de leur père 8 . Suite
à la révolte età la condamnation de Bernard d'Italie, Louis fit tonsurer Drogon ainsi
que ses autres demi-frères9. Ce n'est qu'en 822, lors du plaid tenu à Attigny, que
l'empereur se réconcilia avec Drogon 10 . Peu de temps après, le 12 juin 823, à Franc-
fort11, il fut ordonné prêtre pour recevoir - malgré son fort jeune âge12 - le siège épis-
copal de Metz 13 , cité carolingienne par excellence14 où Drogon était déjà chanoine 15 .
C'est vraisemblablement le 28 juin 823 que Drogon reçut la consécration épiscopa-
le16. En tant qu'évêque de Metz, Drogon devait veiller au destin de l'abbaye de Gor-
ze17; ce n'est cependant que tardivement qu'il en devint abbé 18 . De même, ce n'est
qu'en 838 qu'il reçut l'abbaye de Saint-Trond 19 . En revanche, il reçut l'abbaye de Se-
nones en même temps que l'évêché de Metz 20 . »Drogon cumula avec sa dignité épis-
copale celle d'abbé d'un assez grand nombre de monastères«21; mais c'est surtout à la
largesse de Lothaire qu'il le dut 22 .
Drogon participa au concile assemblé en juin 829 à Mayence 23 ainsi qu'à l'assem-
blée de janvier 832 au cours de laquelle la règle bénédictine fut restaurée à Saint-De-
nis24. Il fut étroitement associé à la politique missionnaire de Louis le Pieux, puisque
c'est lui qui, en 832, sacra Anschaire archevêque de Hambourg. Rimbert prétend
qu'Anschaire fut sacré par l'archichapelain Drogon 25 . Puisqu'il jugeait que »Drogon
n'eut qualité pour présider à une telle cérémonie que le jour où il fut archichape-
lain«26, Chr. Pfister data la consécration d'Anschaire de 834, année durant laquelle
aurait été expédié le diplôme de fondation de l'archevêché, un acte pourtant réputé
faux27. Or, Adam de Brème, qui connaissait d'ailleurs ce diplôme, affirmait que c'est
en 832 qu'eut lieu la consécration - des mains de Drogon, qui n'est pas mentionné
comme archichapelain. Vraisemblablement, Adam eut à sa disposition une source in-
dépendante et meilleure. Les origines de l'archevêché de Hambourg-Brème ont fait
l'objet d'une polémique passionnée qui a fait couler beaucoup d'encre. On est allé
jusqu'à qualifier de »fiction« l'existence de l'archevêché de Hambourg 28 . Th. Schief-
fer, dans une étude où il s'efforçait de replacer chaque source dans son contexte et de
lui accorder l'importance qui lui est véritablement due, montra qu'il s'agissait d'une
17 Cf. l'échange de biens fait en 824 una per consilium et licentiam domni et senioris nostri Drogoni, ar-
cbiepiscopi (Doc. dipl. Gorze, n° 48, p. 86 sq.).
18 Cf. PFISTER, Drogon, p. 130 sq. Ce n'est qu'en 848 que Drogon est attesté comme abbé de Gorze, cf.
GAILLARD, Diocèse de Metz, p. 268. Cf. Doc. dipl. Gorze, n° 53, p. 95 sq. (acte de 849):... ubi dom-
nus Drogo rectorpreesse videtur.
19 Cf. Gesta abbatum Trudonensium, p. 372.
20 Cf. PFISTER, Drogon, p. 132 sq.; cf. Frotharius, Epistolae, n° 28, p. 294 sq.
21 PFISTER, Drogon, p. 129. M. Gaillard a tenté de brosser un tableau de l'application de la réforme
bénédictine dans le diocèse de Metz au IX e siècle. Force est de constater que les résultats sont fort
maigres, ainsi que le concède l'auteur: sous Louis le Pieux, durant l'épiscopat de Drogon, il semble
»qu'un vent de rénovation, sinon de réforme, soufflait sur le diocèse de Metz, sans qu'on puisse éta-
blir de relation explicite avec les capitulaires monastiques de 816-817« (GAILLARD, Diocèse de Metz,
p. 270). A vrai dire, ce »vent« a plutôt l'aspect d'une brise des plus légères.
22 Sur les divers monastères à la tête desquels se trouvait Drogon, cf. PFISTER, Drogon, p. 129-138.
23 Epistolarum Fuldensium fragmenta, p. 529.
24 Constitutio de partitione, p. 694.
25 Cf. Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 12, p. 698 - texte cité à la notice n° 29.
26 PFISTER, Drogon, p. 125 note 4.
27 B.M. 928(899), éd. Recueil des hist. 6, n° 188, p. 593 sq. (à la p. 594): Qui etprimumpraeesse atque so-
lenniter consecrari per manus Drogonis Metensis et summae sanctae palatinae dignitatis praesulis An-
sgarium fecimus arcbiepiscopum, astantibus archiepiscopis Ebone Remensiy Hetti Treverensi et Otga-
rio Mogontiacensi cumplurimis aliis generali in conventu totius imperii nostripraesulibus congregatis
... Le faussaire s'est manifestement inspiré de la Vita composée par Rimbert.
28 Cf. DRÖGEREIT, Erzbistum Hamburg.
165
29 Cf. SCHIEFFER, Adnotationes, p. 534: »Auszuschließen ist aber, aus historischen und diplomatischen
Gründen, daß die biographischen und urkundlichen Zeugnisse über die Errichtung des Missions-
bistums Hamburg durch Ludwig d. Fr., die Weihe Ansgars durch Drogo von Metz, seine Erhebung
zum Erzbischof durch Gregor IV., seine 'Versetzung* nach Bremen und die von Nikolaus I. sanktio-
nierte Vereinigung der beiden Diözesen - daß all dies fiktiv sei«; sur Rimbert, cf. ibid., p. 511.
30 Adam, Gesta Hammaburg. eccl. pont., lib. I, c. 16, p. 23: Hoc factum est anno Domini DCCCXX-
XII, qui est Ludvici imperatoris XVIII, Willerici Bremensis episcopi XLIII. Consecratus est autem a
Drogone Metensi episcopo, cesaris fratre germano, astantibus atque faventibus Odgario Mogontino,
Ebone Remensi, Heddi Treverensi et aliis ...
31 Chronicon brève Bremense, p. 390: Anno eius 42. (i. e. Willerici) sanctus Ansgarius archiepiscopus or-
dinatus est apud Hammaburg. Cf. SCHMEIDLER, Hamburg-Bremen, p. 235 sq. W. Seegrün, qui suit
la chronologie établie par B. Schmeidler, date la fondation de l'archevêché de Hambourg de 831
(SEEGRÜN, Erzbistum Hamburg, p. 27) et la demande de confirmation par le pape de 832 (ibid., p.
33).
32 Annales Mettenses, p. 336: Qui statim propter eam optimates regni sui misit, ut eam honorifice ad
eum adducerent; postea vero Karolum, filium suum, et Drogonem episcopum, fratrem videlicet ma-
gno honore deducerent. La décision fut prise lors du plaid tenu en octobre 830 à Nimègue.
33 Cf. Annales Bertiniani, a. 833, p. 9 note g.
34 Astronomus, Vita, c. 49, p. 637: A Germania porro Hugo abbas in Aquitaniam missus a Hludoico et
ab eis qui illuc confugerant, a Drogone scilicet episcopo et reliquis, Pippinum in hoc ipsum instigabat.
35 Annales Bertiniani, a. 835, p. 15 (il s'agit du 25 décembre 834); Astronomus, Vita, c. 54, p. 640.
36 Astronomus, Vita, c. 54, p. 640.
37 Ibid.; Annales Bertiniani, a. 835, p. 17.
38 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 20, p. 472.
39 Concilium ad Theodonis villam, p. 703: Drogo archiepiscopus.
166
40 II fut le successeur de Foulques, cf. Hincmarus, De ordine palatii, 1. 268, p. 62. Cf. PERRICHET, Gran-
de Chancellerie, p. 461; LÜDERS, Capella, p. 58 sq.; FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 55 sq.; DICKAU,
Kanzlei, 2e partie, p. 112 sq.
41 Walahfridus, Carmina, n° 5, p. 353 sqq., notamment v. 25: Qui Ioseph regnare déditpost carceris tim-
bras.
42 Cf. Annales Bertiniani, a. 835, p. 15 et p. 17. L'on doit toutefois noter qu'entre ces deux mentions,
l'auteur anonyme des Annales avait passé la main à Prudence.
43 Cf. l'introduction de L. LEVILLAIN, Annales Bertiniani, p. X sq. PFISTER, Drogon, p. 107 note 3, se
montre fort prudent quant à la détermination de la date de la nomination de Drogon; il mentionne
une fourchette chronologique de trois ans. Cf. la belle formule de l'auteur des Gesta episc. Mettensi-
um, p. 541: Hic archiepiscopus honore sublimatus est, et sacripalacii moderator extitit.
44 Concilium ad Theodonis villam, p. 703.
45 C'est vraisemblablement pour cela qu'il figure en tête des personnalités auxquelles Florus, en 838,
adressa son mémoire contre Amalaire, cf. Amalarius, Epistolae, n° 13, p. 267 sqq.
46 Concilium Carisiacense (bis), p. 843: Hae vero chartae et haec praecepta publice relecta et recitata
sunt ante domnum imperatorem et Drogonem eins fratrem et archicapellanum sive etiam ante suos
missos, quos domnus imperator ad hanc causant audiendam et discernendam constitua, seu ante con-
scriptos episcopos et comités et ministros ac iudices, quando hoc iudicium in praescripto palatio iudica-
tum est... Drogon souscrivit les actes immédiatement après Judith et le jeune Charles (ibid., p. 846).
47 Ibid., p. 848 et p. 850.
48 Doc.dipl.Fulda,n°513,p.226.
49 B.M. 952(921), éd. Doc. dipl. Alsace, n° 96, p. 77 sq. (à la p. 77): ... dilectus frater noster Drogo ar-
chiepiscopus & sacri palatii nostri archicapellanus necnon Rotaldus itidem episcopus nostram adeuntes
mansuetudinem innotuerunt...
50 Mentions tironiennes, p. 20.
51 Ibid.
167
52 B.M. 971(940), éd. M.B. 28, n° 21, p. 31 sqq. (à la p. 31):... dilectus frater noster Drogo archiepiscopus
et sacripalatii nostri archicappellanus nobis retulit eo quod... Ibid., p. 32: Supplicauit celsitudini no-
strae vice Hunberti eiusdem urbis episcopi, ut...
53 B.M. 954(923), diplôme donné à Aix-la-Chapelle, le 4 février 836. Mentions tironiennes, p. 20: Dro-
go ambasciavit.
54 B.M. 977(946), diplôme donné à Nimègue, le 7 juin 838. Mentions tironiennes, p. 20: (Domnus Dro-
go) archiepiscopus et archicapellanus ambasciavit.
55 B.M. 990(959), éd. P.L. 104, col. 1304: ...ad deprecationem dilectissimi fratris nostri Drogonis vene-
rabilis archiepiscopi, sacrique palatii nostri summi capellani... Sur Ratulf, cf. la notice n° 227.
56 Annales Fuldenses, a. 840, p. 30: Hludowicus filius imperatoris partem regni trans Rhenum quasi iu-
re sibi debitam affectans per Alamanniam facto itinere venit ad Franconofurt, multorum ad se orien-
talium Francorum animis prudenti consilio conversis. Quo conperto imperator de Aquitania infecto
negotio redire conpulsus Druogonem archicapellanum et Adalbertum comitem cum aliis multis prae-
misit ad tuendum litus occidentale Rhenifluminis; ipse vero secutus in Aquisgranipascha celebravit.
57 Astronomus, Vita, c. 63, p. 647: Aderant autem eius consolationi venerabiles antistites et alii servi
Dei quamplurimi; inter quos erant Heti venerabilis Treverorum archiepiscopus, Otgarius Mogontiae
similiter archiepiscopus, sed et Droco frater domni imperatoris, Mettensis episcopus necnon sacri pala-
tii archicapellanus, quem quanto sibi propinquiorem noverat, tanto ei familiarius sua omnia etsemet
credebat. Per eum quidem. cotidie confessionis suae munus, sacrifitium Spiritus contribulati et cordis
humiliati, quod Deus non despicit, offerebat. Sur l'agonie de Louis le Pieux, cf. TREMP, Letzte Worte.
58 Astronomus, Vita, c. 63, p. 647: Iussit autem eidemfratri suo venerabili Drogoni, ut ministros came-
rae suae ante se venire faceret, et rem familiärem, quae constabat in ornamentis regalibus, scilicet
coronis et armis, vasis, libris vestibusque sacerdotalibus, per singula describi iuberet. Cui, prout sibi
visumfuit, quid ecclesiis, quidpauperibus, postremo quidfiliis largiri deberet, edixerat, Hlothario sci-
licet et Karolo.
59 Cf. Astronomus, Vita, c. 64, p. 647 sq.; Nithardus, Historia, lib. I, c. 8, p. 34 sqq.; Ado, Chronicon,
p. 321.
60 Carmina varia, n° 6, p. 654: Cuius germanus Drogo, Christique sacerdos,/ Transtulit hue corpus, con-
didit hoc tumulo.
61 Cf. SCHMOLL, Grabmal; DEPREUX, Louis le Pieux reconsidéré?, p. 191 sq. note 84.
62 Drogon fut le premier des participants au concile d'Ingelheim, en août 840, à souscrire le document
rétablissant l'ancien archevêque de Reims, Ebbon. Cf. Concilium Ingelheimense, p. 792.
168
76. DROGUS 1
Cubicularius, attesté vers 828
77. DURAND1
Notaire, attesté du 23 avril 814 au 4 octobre 832
Durand2 était assurément l'un des personnages les plus importants de la »chancelle-
rie« de Louis le Pieux3. Il fit la récognition de 118 diplômes de Louis le Pieux (ce
chiffre est obtenu en ne comptant que les actes sincères4). Durand était diacre. Dans
les notes tironiennes de deux diplômes, datant l'un du 10 novembre 8275 (où il est
également orné du titre de magister), l'autre du 14 octobre 8296, Durand est men-
tionné comme ayant procédé au scellement. Il ne fait donc point de doute qu'à ces
dates, il était au sommet de la hiérarchie de la »chancellerie«, mais bien sûr sous les
78. EBBON 1
Archevêque de Reims 2 , attesté dès le règne de Louis le Pieux en Aquitaine 3 -
mort le 20 mars 851 4
Ebbon de Reims, dont M. Sot considère l'épiscopat comme »un des plus brillants de
la Renaissance carolingienne« 5 a déjà fait l'objet de plusieurs études 6 . Le responsable
de la province de Belgique Seconde que Walafrid Strabon chanta comme le pontifi-
cum sublime caput7 bien qu'il fût ex originalium servorum stirpe* nous intéresse ici
principalement parce qu'il comptait parmi les intimes de Louis le Pieux: il était prae-
celsi régis amicus9. De fait, lui et Louis étaient frères de lait et ils furent élevés ensem-
ble10, ce qui permit au servus11 qu'était Ebbon de devenir liberalibus disciplinis erudi-
tus12; on comprend par conséquent qu'il exerçât auprès du roi d'Aquitaine les fonc-
tions de bibliothécaire13. Peut-être fut-il investi d'une abbaye dès avant d'accéder à
Fépiscopat: c'est ce qu'il faudrait déduire de la liste des participants au synode réuni
en 814 à Noyon 14 , au cas où PEbbon mentionné parmi les abbés15 serait identique
avec notre personnage, ce que l'on ne peut en rien prouver 16 .
Ebbon devint archevêque de Reims quelque temps après le sacre de Louis par le
pape 17 en octobre 816 en la cathédrale de cette cité18: »Le fait qu'Ebbon soit censé
avoir déjà reçu le pape en tant qu'archevêque de Reims repose sur une erreur de Flo-
doard« 19 . M. Sot a récemment tenté de réhabiliter le témoignage de Flodoard 20 . Il me
semble important de verser au dossier deux éléments qui, à mon sens, tendent à
prouver qu'Ebbon n'était pas archevêque de Reims en octobre 816: à savoir le té-
moignage de Charles le Chauve dans sa lettre, adressée en 867 au pape Nicolas 1er,
relative au cas d'Ebbon 21 et celui de l'ennemi juré d'Ebbon que fut Thégan 22 , en
vouant une attention particulière à la chronologie des récits. En effet, Charles le
Chauve évoque successivement la rencontre de Louis le Pieux et d'Etienne IV à
Reims en octobre 816, la mort, eo tempore, de l'archevêque Vulfaire, et ensuite la
candidature ratée de Gislemar puis, finalement, le choix d'Ebbon par l'empereur 23 .
De même Thégan, aux c. 16 et 17, relate la rencontre de Louis et d'Etienne IV, au c. 18
il mentionne la mort de ce dernier, puis il fait le portrait de Louis le Pieux (c. 19), et ce
10 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 19, p. 467: Ludowici collactaneus et conscolasticus. Cf. Carolus, De
causa Ebbonis, p. 557: Ipse igitur Ebbo ... regia pietate pii ac gloriosi avi nostri Caroli susceptus, pa~
latinis negotiis non mediocriter annutritus, libertate donatus, ad nobilitatem vehementis ingenii in
sacris ordinibus gradatim promotus, genitori nostro Hludovico piissimo augusto Aquitanicum reg-
num regenti ab eodem glorioso est ad serviendum deputatus. FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 66, a
déduit de ce passage que »Karl d. Gr. (ihn) in seine Kapelle aufgenommen hatte«. Au cas où Ebbon
aurait reçu sa formation à la cour de Charlemagne, il ne peut pas avoir été éduqué avec Louis le
Pieux, comme le laisse entendre Flodoard. En effet, Louis, roi dès 781, fut envoyé en Aquitaine au
plus tard vers 784, donc au plus tard alors qu'il était dans sa septième année (cf. supra, introduction,
note 1). Etant donné qu'Ebbon et Louis étaient sensiblement du même âge (la mère d'Ebbon fut la
nourrice de Louis), Ebbon ne pouvait pas quitter la cour de Charlemagne en 784 muni des grades
ecclésiastiques. En revanche, si l'on considère la cour de Louis comme partie de celle de Charlema-
gne (étant donné que ce dernier avait toujours autorité sur elle), on peut considérer qu'Ebbon ac-
compagna Louis en Aquitaine alors qu'ils étaient encore enfants et que c'est là que, jouissant de la
bienveillance de Charlemagne, il fut éduqué avec son royal frère de lait.
11 Cf. Theganus, Vita, c. 20, p. 595. Sa mère s'appelait Himiltrude, cf. Flodoardus, Historia, lib. II, c.
19, p. 467 1.39.
12 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 19, p. 467. Ermold atteste de ce qu'Ebbon reçut sa formation à la
cour de Louis: Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 1908 sq.: Nam Hludowicus enimpuerum nu-
trirat eundem,/ Artibus ingenuis fecerat esse catum.
13 Carolus, De causa Ebbonis, p. 557 B.
14 Cf. HARTMANN, Synoden, p. 164 sq.
15 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 18, p. 466.
16 Cf. GoETTiNG, Bischöfe, p. 59 note 18.
17 Sur la portée de cette cérémonie, cf. DEPREUX, Saint Rémi, p. 236 sqq.
18 Cf. GOETTING, Bischöfe, p. 59.
19 Ibid. Cf. Flodoardus, Historia, lib. II, c. 19, p. 468 1. 36.
20 SOT, Flodoard, tome 2, p. 683 note 60.
21 Carolus, De causa Ebbonis.
22 Cf. TREMP, Studien, p. 70 sqq.
23 Carolus, De causa Ebbonis, p. 557 B et C.
171
n'est qu'ensuite, au c. 20, qu'il décoche ses premières flèches contre Ebbon, en ne le
mentionnant toutefois pas nommément, mais l'allusion est limpide 24 . Au c. 21, il est
question de l'Ordinatio imperii de 817. Au cas où le vil Ebbon aurait reçu le siège ré-
mois avant octobre 816 et aurait accueilli le pape à Reims en qualité d'archevêque,
Thégan n'aurait-il pas agencé son récit autrement? Volontairement, je passe sous si-
lence l'action d'Ebbon à Reims25, pour analyser d'emblée son rôle sur la scène poli-
tique de l'empire carolingien.
La première action d'envergure menée par Ebbon remonte à l'année 82226: il partit
alors évangéliser les Danois. Il fut officiellement investi de cette mission par le pape 27
et bénéficia du soutien de Louis le Pieux28: mission et politique extérieure ne font
qu'un à cette époque 29 . Ebbon revint en 823, son action couronnée de succès30 - Eb-
bon ramena notamment dans l'empire franc de jeunes enfants danois pour les édu-
quer dans la foi chrétienne 31 . L'archevêque de Reims fut présenté à Anschaire comme
un modèle lorsque ce dernier fut nommé archevêque de Hambourg 32 . Ebbon assista
d'ailleurs à son sacre33 et il lui donna des reliques de saints rémois34.
24 Theganus, Vita, c. 20, p. 595: Quia iamdudum illapessima consuetudo erat, ut ex vilissimis servis fie-
bantsummipontifices ...
25 Cf. SOT, Flodoard, 471 sqq. D'un intérêt tout particulier est le diplôme B.M. 801(777) transmis uni-
quement par Flodoardus, Historia, lib. II, c. 19, p. 469 sq. A ce propos, cf. DEPREUX, Zur Echtheit.
Outre la construction de la cathédrale, il semble qu'Ebbon ait également entrepris celle de l'abbatia-
le de Saint-Remi, cf. DEPREUX, Dévotion, p. 128. On dispose d'un témoignage de l'action pastorale
d'Ebbon avec Ebo, De ministris ecclesiae. A sa demande (Epistolae variorum 3, n° 2, p. 616 sq.), Ha-
litgaire composa son pénitentiel (Halitgarius, De vitiis). L'archevêque de Reims fut à son tour prié
par son ami Agobard de composer sur le thème de la foi et de la crainte un florilège de textes bibli-
ques (cf. Agobardus, Epistolae, n° 14, p. 221 sqq.).
26 Annales Fuldenses, a. 822, p. 22.
27 Epistolae selectae, n° 11, p. 68 sqq. Halitgaire lui fut adjoint par Pascal 1er.
28 Epistolae variorum 4, n° 16, p. 163.
29 C'est ce qu'illustre le passage des Annales regni Franc, a. 823, p. 163, où il est fait mention de l'ac-
tion d'Ebbon chez les Danois (Ebbon revint avec des légats de Louis envoyés examiner la situation
politique). D'après Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 1900 sqq., p. 144 sqq., la tâche d'Ebbon
aurait été d'amener le Danois Harold à la conversion. Cf. également DIERKENS, Typologie.
30 Annales regni Franc, a. 823, p. 163:... cum quibus (il s'agit des missi mentionés à la note précédente)
et Ebo Remorum archiepiscopus, qui consilio imper atoris et auctoritate Romani pontifias praedicandi
gratia ad terminos Danorum accesserat et aestate praeterita mukös ex eis ad fidem venientes baptiza-
veraty regressus est. C'est certainement la mention en 823 du retour d'Ebbon (parti l'année précéden-
te) qui est à l'origine de ce que certaines annales, par erreur, situent son départ en mission à cette da-
te, cf. Annales Xantenses, a. 823, p. 6; Annales Iuvav. maximi, a. 823, p. 740. Sur la dimension »rémi-
gienne« de cette mission, cf. DEPREUX, Dévotion, p. 126 sqq.
31 Cf. Rimbertus, Vita Anskarii, c 33, p. 716:... venerabilis Gauzbertus episcopus ad gentem Sueonum
quendam misit presbyterum, nomine Ansfridum, qui ex gente Danorum oriundus a domino Ebone
ad servitium Domini educatus fuerat.
32 Cf. Rimbertus, Vita Anskarii, c. 13, p. 699.
33 Ibid., c. 12, p. 698 1. 38; B.M. 928(899). Le sacre d'Anschaire eut lieu fin 831, cf. SCHMEIDLER, Ham-
burg-Bremen, p. 235 et la notice n° 75, consacrée à Drogon.
34 Adam, Gesta Hammaburg. eccl. pont., lib. I, c. 18, p. 25. Adam note également: beau vero Remigii
cimilia cum decenti honore servavit Bremae.
172
35 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 19, p. 471. Flodoard situe Pévénement au début des années trente du
IXe siècle: Illud enim tune aderat tempus, quando filiorum suorum contumeliis agebatur imperator
Ludowicus. Sur cette vision, cf. DEPREUX, Saint Rémi, p. 249. DINZELBACHER, Vision, p. 75, date la
rédaction du texte transmis par Flodoard du temps du pontificat de Parchevêque Hincmar.
36 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 19, p. 471: »Ubi modo degit Ebo Remensis arebiepiscopus?« Quo res-
pondente: »Palatino, iussu régis exequitur négocia«. »Cur«, ait, »tam sedulopalatii terit liminaf Pror-
sus hinc nequaquamm maiore ditabitur sanctitatis efficacia. Veniet enim, veniet celerrime tempus,
quando non prosperabitur in talibus«.
37 B.M. 922(893).
38 Mentions tironiennes, p. 19. »Il y avait d'abord Hucbertus impetravit; et Ebo fut ajouté et la termi-
naison vit fut corrigée en verunt«.
39 Constitutio de synodis, p. 2; Doc. dipl. Paris, n° 35, p. 49 sqq. (cette charte de l'évêque de Paris four-
nit la liste des évêques présents au concile). Tant dans la convocation par l'empereur que dans la
charte de l'évêque de Paris, Ebbon est nommé le premier, bien qu'il fût hors de sa province ecclésias-
tique. Cf. HARTMANN, Synoden, p. 181 sqq. Ebbon est réputé avoir été présent à Thionville en 821,
cf. Capitulare de clericorum percussoribus, p. 360; mais ce document est un faux: cf. SCHMITZ, Waf-
fe der Fälschung, p. 94 sqq.
40 B.M. 876(847)c.
41 Theganus, Vita, c. 37, p. 598: Et ibi Iesse iusto iudicio episcoporum depositus est.
42 B.M. 888(859)a. Sur l'amnistie, cf. Annales Bertiniani, a. 831, p. 4; Astronomus, Vita, c. 46, p. 634.
43 Theganus, Vita, c. 44, p. 600: Tu cum ceterorum iudicio Iesse a sacerdotio deposuisti; nunc herum re-
vocasti eum in gradum pritinum.
44 B.M. 839(813), éd. Recueil des hist. 6, n° 162, p. 552: Nos vero banc rem diligentius scire volentes, jus-
simus venerabilem virum Hebonem Remensem archiepiscopum et aliquos ex suffraganeis suis ad
praedictum locum ire, et diligenter intueri, non solum si ipse locus aptus esset ad monasticum ordinem
observandum, verum et utrum clerici ibi degentes monastice vellent vivere, an non. Sur les rapports
entre l'archevêque de Reims et l'abbaye de Montier-en-Der, cf. DEPREUX, Zur Echtheit, p. 7.
45 Sur la réforme de Saint-Denis, cf. SEMMLER, Saint-Denis, p. 107 sqq.
173
46 Cf. OEXLE, Forschungen, p. 115. C'est néanmoins une assemblée indépendante du concile qui fut
tenue à Saint-Denis par les archevêques de Sens et de Reims, pour enquêter sur la profession des
moines de Saint-Denis et y rétablir l'ordre monastique. Cf. Praeceptum synodale, p. 684 et B.M.
905(876).
47 Cf. HARTMANN, Synoden, p. 189.
48 Constitutio de partitione, p. 694: + Ebo indignus Remensis archiepiscopus.
49 Commemoratio, c. 1, p. 308: In Remis Ebo archiepiscopus, quando potuerit; et quando ei non licuerit,
Ruotbadus episcopus eius vice et Hruotfridus cornes sint super sex videlicet comitatusy id est Remis,
Catolonis, Suessionis, Silvanectis, Belvacus et Laudunum. La province ecclésiastique de Reims est la
seule, dans le document, à être coupée en deux entités, d'une part, comme on vient de le voir, les dio-
cèses de Reims, Châlons, Soissons, Senlis, Beauvais et Laon; d'autre part, ceux de Noyon, Amiens,
Thérouanne et Cambrai, confiés à l'évêque de Noyon, Rantgaire, et au comte Bérenger.
50 Cf. la notice n° 240.
51 B.M. 822(-) = Formulae imperiales, n° 45, p. 321: Quam causam missos nostros, Ebbonem episcopum
et Hruotfridum comitem diligenter inquirere iussimus ac inquisitam nobis renuntiare; qui reverten-
tes retulerunt nobis, per omnia ita verum esse, sicut memoratus Me Enoch renuntiaverat.
52 B.M. 925(896)a.
53 C'est ce que prouve la mention en notes tironiennes de B.M. 922(893).
54 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 20, p. 471: ... accepta a Lothariopropatrisproditione abbatia sancti
Vedasti...
55 Annales Bertiniani, a. 833, p. 10: In quo conventu (Compiègne, octobre 833) multa in domnum im-
peratorem crimina confinxerunt, interquos Ebo, Remorum episcopus, falsarum obiectionum incentor
extiterat. Et tarn diu illum vexaverunt quousque arma deponere habitumque mutare cogentes limi-
nibus ecclesiae pepulerunt, ita ut nullus cum eo loqui auderet nisi Uli qui ad hocfuerant deputati. Sur
les faits, cf. également Relatio Compendiensis; Agobardus, Cartula de poenitentia. Cf. HALPHEN,
Pénitence. Pour une interprétation de la pénitence de Louis le Pieux, cf. OBERNDORFF, Openbare
boetedoening; D E JONG, Power and humility.
56 Theganus, Vita, c. 44, p. 599 sq. L'apostrophe crudelis revient comme un leitmotiv en ce chapitre.
57 Ibid.: Elegerunt tune unum inpudicum et crudelissimum, qui dicebatur Ebo, Remensis episcopus, qui
erat ex originalium servorum stirpe ...
58 Annales Bertiniani, a. 835, p. 16:... Ebo ... qui eiusdem factionis velut signifer fuerat...
59 Narratio clericorum Rhemensium, col. 17.
60 Theganus, Vita, c. 48, p. 601. De même ses complices, les évêques Jessé d'Amiens, Héribaud d'Au-
xerre, Agobard de Lyon et Bartholomé de Narbonne. Il faut ajouter également à la liste des traitres
174
nois 61 , mais il fut ramené par les évêques de Soissons et Paris jusqu'au monastère de
Fulda, où il attendit son procès 62 . Le 4 mars 835, après s'être confessé auprès de juges
qu'il s'était choisis, Ebbon signa son acte de démission63. Une fois déposé, Ebbon re-
tourna à Fulda, puis il fut confié à la garde de Fréculf, l'évêque de Lisieux64, et pour
finir à celle de Boson, l'abbé de Fleury 65 . Alors que dans la Narratio clericorum Rhe-
mensium, il est affirmé que ce n'est qu'à la mort de Louis le Pieux qu'Ebbon rejoignit
Lothaire 66 , Flodoard prétend que l'ex-archevêque de Reims, dès après sa déposition,
se rendit auprès du fils de Louis le Pieux, en Italie67. Il semblerait que le chanoine de
Reims se soit trompé sur ce point 68 . Toujours est-il que Lothaire, en août 840, fit
rétablir Ebbon sur le siège rémois 69 . Chassé par Charles le Chauve, en froid avec Lo-
thaire, Ebbon se réfugia auprès de Louis le Germanique, qui lui accorda le siège de
Hildesheim 70 .
79. ÉBROIN 1
Evêque de Poitiers 2 , attesté à partir de 831 - mort vraisemblablement le 18 avril 8543
L'évêque de Poitiers Ebroin, de la famille des Rorgonides 4 , est bien connu 5 ; il suffira
ici de rappeler rapidement, pendant le règne de Louis le Pieux, les faits marquants qui
Hildemann de Beauvais, retenu prisonnier à Saint-Vaast. Cf. Flodoardus, Historia, lib. II, c. 20, p.
472.
61 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 20, p. 472 1. 6 sqq.
62 Ibid., 1.13 sqq. Epistolarum Fuldensium fragmenta, p. 520.
63 Cf. Concilium ad Theodonis villam. Cf. également Annales Bertiniani, a. 835, p. 16 sq.; Theganus,
Vita, c. 56, p. 602; Astronomus, Vita, c. 54, p. 640.
64 Cf. la notice n° 101.
65 Narratio clericorum Rhemensium, col. 18. Sur Boson, cf. la notice n° 60.
66 Narratio clericorum Rhemensium, col. 18: Defuncto autem imperatore, reductus estajam dicto Bo-
sone abbate ad Lotharium ...
67 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 20, p. 473: Igitur Ebopost banc depositionem suam in Cisalpinis fer-
tur regionibus conversatus usque ad obitum Ludowici imperatoris, qui contigit anno dominicae in-
carnationis 840.
68 Cf. Carolus, De causa Ebbonis, p. 558 E: Post obitum vero domni imperatorispraefatus Ebbo ab Mo,
qui eum custodiebat, fratri nostro Hlothario ductus est.
69 Cf. Concilium Ingelheimense.
70 Sur la carrière d'Ebbon après la mort de Louis le Pieux, cf. GOETTING, Bischöfe, p. 69 sqq. Les sour-
ces saxonnes font d'Ebbon un évêque de Hildesheim »par la clémence de l'empereur« (Catalogus
episc. Hildesheimensium, p. 747; Chronicon Hildesheimense, p. 851; Annalista Saxo, p. 574), ce qui
est faux. Tout aussi fausse est la lettre de Grégoire IV (Epistolae selectae, n° 15, p. 81 sqq.).
le concernent. En 839, son loyalisme envers Louis le Pieux éclata au grand jour: c'est
lui qui, à la tête des grands d'Aquitaine s'opposant à toute initiative avant que l'em-
pereur n'eût pris sa décision suite à la mort de Pépin 1er, prévint Louis le Pieux de la
situation explosive dans ce royaume et de la nécessité de trancher les problèmes de
succession au plus vite 6 . Peut-être Ebroin avait-il dès 832 pris parti pour Louis le
Pieux, et donc contre son roi Pépin 1er, si l'on en croit L. Levillain, qui interprète de
cette manière la disparition d'Ebroin de la »chancellerie« du roi d'Aquitaine 7 . En ef-
fet, Ebroin avait dirigé ce service, assurant vraisemblablement la succession d'Ald-
ric 8 . Il n'est cependant attesté dans cette fonction que par un seul diplôme, daté du 25
février 831 9 . Consilio et hortatu illustris viri Rorigonis, le roi d'Aquitaine donna à
Ebroin, qui n'était alors que simple clerc, le monastère de Saint-Maur de Glanfeuil10,
mais Ebroin était déjà évêque de Poitiers quand il se fit confirmer la possession de
l'abbaye par Louis le Pieux11. Ebroin est attesté comme évêque de Poitiers au début
de 83812. C'est la première mention que nous ayons relativement à son épiscopat.
D'autre part, Ebroin possédait également Saint-Aubin d'Angers 13 . Ebroin fut direc-
tement associé au pouvoir en 838, puisqu'il fut chargé, en qualité de missus, d'enquê-
ter à Saint-Calais concernant le différend entre l'abbé et l'évêque du Mans 14 . L'évê-
que de Poitiers siégea d'ailleurs lors de l'assemblée ayant eu connaissance de l'affaire,
s'initier à la vie politique«. Il fut suivi par FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 142 sq. Rien ne permet ce-
pendant de prouver avec certitude qu'Ebroin reçut sa formation au Palais et qu'il fut chapelain de
Louis le Pieux.
6 Astronomus, Vita, c. 61, p. 645:... nuntii ad eum certissimi venerum, affirmantes, quod verum erat,
alios Aquitanorum suam expectare sententiam, qualiter res ordinaretur Aquitanici regni; alios autem
indigne ferre, eo quod audierint Karolo idem a pâtre traditum regnum. Nam imperatore de talibus
sollicito, Ebroinus nobilissimus Pictavensis episcopus Flateram - pour l'identification, cf. B.M.
996(965)c - advenit, nuntians tam se quam ceterosprimores eiusdem regni imperatoris exspectare vo-
luntatem, et imperantis exequi iussionem. Erant enim in hanc conspirantes voluntatem maximi qui-
que procerum; quorum eminentes erant ipse Ebroinus venerabilis episcopus ... At vero altera pars po-
puli... assumentes filium quondam Pippini régis, Pippinum itidem nomine, quaquaversum vagaban-
tur, sicut moris talibus est, praedatione atque tyrannidi operam dantes. Precabatur ergo praefatus
antistes Ebroinus imperatorem, ne in longum differret hune morbum serpentem, sed mature medere-
tur per suum adventum incommodo tali, antequam tanta lues plurimos inficere posset. Imperator
porropraefatum episcopum in Aquitaniam cum multisgratiarum actionibus remisit...
7 LEVILLAIN, Ebroin, p. 178 sq.
8 Actes de Pépin, p. XLII.
9 Ibid., p. XLVII. Il s'agit de l'acte n° 17, p. 59 sqq.
10 Odo, Miracula s. Mauri, c. 3, p. 467 sq. 1. 51 sqq. Sur l'action d'Ebroin à Saint-Maur de Glanfeuil, cf.
LEVILLAIN, Ebroin, p. 180 sqq.
11 Odo, Miracula s. Mauri, c. 3, p. 468 1. 5 sqq.
12 DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 86, se trompe quand il prétend qu'Ebroin n'est attesté qu'à partir de
839.
13 Cf. Doc. dipl. Saint-Aubin, tome 1, n° 17, p. 29 sq. (acte non daté de l'abbé Lambert, datation pro-
posée par l'éd.: 846): ... ut innoscerem domno régi Carolo qualiter pater ejus pie recordationis, dom-
nus Hludovicus, ortante Ebroino episcopo, qui tunceorum existebat pastor, eis per preceptum conces-
serit quasdam villas ad usus ipsorum quarum bec habentur vocabula ... Cf. également B.M. 1008(-),
éd. Dipl. inédits (Fr.), n° 12, p. 219: Preceptum Hludovici régis impetratum ab Ebroino Pictavensium
episcopo de confirmatione rerum beau Albini et ordinis in ipsius monasterio constitua. LEVILLAIN,
Ebroin, p. 179, a supposé qu'Ebroin avait reçu Saint-Aubin de Louis le Pieux assez tôt, avant d'avoir
été promu à Tépiscopat. Rien ne permet cependant d'affirmer cela.
14 Concilium Carisiacense (bis), p. 837 - texte cité à la notice n° 28.
176
80. ÉÉMUND 1
Comte, attesté en 825
Le comte Eémund ne nous est connu qu'à une seule occasion: en 825, il est attesté
comme missus dans le diocèse de Cologne 2 .
81. ÉGILOLF 1
Précepteur de Louis le Germanique, attesté en avril 818
Egilolf, le précepteur de Louis le Germanique, ne nous est connu que par une charte
de Freising: il est mentionné comme témoin d'une donation faite le 18 avril 8182.
Etant donné que Louis ne fut envoyé dans son royaume qu'en 825 3 , l'on doit comp-
ter son précepteur parmi les membres du Palais de son père 4 . On ignore tout de l'état
(ecclésiastique ou laïc) d'Egilolf.
15 Ibid., p. 846 (n° 11).
16 Ibid., p. 850 (n° 15).
17 Gesta Aldrici, p. 85 et p. 95. (actes datés du 1er avril 837, jour de Pâques).
18 B.M. 1000(969).
19 Cf. LEVILLAIN, Ebroin, p. 188.
20 Ibid., p. 189 sqq.; FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 143 sq.
82. ÉGINHARD 1
Attesté à partir de 7882 - mort le 14 mars 840 3
Eginhard 4 jouissait d'une très bonne réputation tant chez ses contemporains 5 qu'aux
générations suivantes6. Il joua sous Louis le Pieux un rôle de premier plan 7 , mais
c'est sous Charlemagne que débuta sa carrière. Eginhard reçut sa première éducation
à Fulda 8 . Peut-être y fit-il office de scribe. Plusieurs actes des années 788/791 furent
en effet rédigés par un certain Einhart 9 . S'il s'agit bien de notre homme, force est de
constater qu'il mourut à un âge avancé10. Eginhard fut »nourri« au Palais de Charle-
magne11. Vers la fin du règne de ce dernier, il supervisait les travaux effectués au pa-
lais d'Aix-la-Chapelle 12 . Grande était sa science; c'est pourquoi l'abbé de Fulda Rat-
gaire lui confia la formation de l'un de ses moines 13 . L'on pourrait multiplier les
pourquoi, dans le troisième élément de la notice, qui porte sur la confirmation faite au palais d'Aix le
30 décembre 819 (Doc. dipl. Freising, n° 397c, p. 338), il est clairement fait distinction entre ceux qui
assistèrent réellement à la scène {Haec sunt quipraesentes adfuerunt) et les témoins désignés comme
ceux dont Egilolf ouvrait un an plus tôt la liste (hti vero testes per aures tractï). Quant à la présence de
Louis le Germanique en Bavière, elle n'est aucunement prouvée par celle de son précepteur. On peut
simplement en conclure que ce dernier n'était pas étranger à la Bavière.
1 Formes onomastiques: Einhardus, Einhart, Einhartus, Einardus, Eynardus, Heinh ardus, H einardus,
Ainardus, Ainhardus.
2 FLECKENSTEIN, Einhard, L.M.A., tome 3, col. 1737, date la naissance d'Eginhard »um 770«. D'autres
penchent pour les années 775/776, cf. GANSHOF, Eginhard, p. 728 note 3.
3 Cette date a été établie par Ph. JAFFÉ, dans: Monumenta Carolina, p. 499 note 6. Son analyse fait au-
torité, cf. KURZE, Einhard, p. 89. Néanmoins, FLECKENSTEIN, Einhard, p. 120, préfère la prudence:
»wir wissen (...) nicht, wann er gestorben ist«. La date de 844 donnée par les Annales s. Bavonis
Gandensis, p. 187, est erronée.
4 Cf. HAMPE, Einhard; FLECKENSTEIN, Einhard (bibliographie p. 96 note 2).
5 Cf. Astronomus, Vita, c. 41, p. 631 : ... Heinhardus sui temporis prudentissimus virorum ...
6 Cf. Poeta Saxo, Annales, a. 803, p. 261 : ... Francos inter clams veraxque relator/ Ac summe prudens,
Einhardus nomine ...
7 Cf. KURZE, Einhard, p. 31 sqq.
8 Ceci est attesté par le prologue que Walafrid Strabon composa pour la Vita Karoli (Einhardus, Vita
Karoli, appendice, p. 104): Natus enim in orientali Franciay inpago qui dicitur Moingewi, in Fulden-
si coenobio sub paedagogio sancti Bonifacii martiris prima puerilis nutriturae rudimenta suscepit ...
Voyant qu'Eginhard s'avérait doué, l'abbé de Fulda l'envoya au Palais de Charlemagne. Sur l'origine
d'Eginhard et sa vie à Fulda, cf. SCHEFERS, Einhard, p. 2 sqq.
9 Cf. Doc. dipl. Fulda, n° 87, p. 53 (19 avril 788): Ego Einhart rogatus scripsi; n° 100, p. 60 (12 septem-
bre 791) et n° 102, p. 61 (791): Ego Einhart scripsi. GANSHOF, Eginhard, p. 728 note 3, pense que cet
Einhart »n'est pas nécessairement le futur biographe de Charlemagne«.
10 II devait être à peu près septuagénaire.
11 Einhardus, Vita Karoli, Prologue, p. 2: ... res gestas domini et nutritoris mei Karoli ...; ibid., p. 4:
Suherat et alia non inrationabilis, ut opinor, causa, quae vel sola sufficere posset ut me ad haec scri-
benda conpellerety nutrimentum videlicet in me inpensum et perpétua, postquam in aula ejus con-
versari coepi, cum ipso ac liberis ejus amicitia. Cf. également Hrabanus, Carmina, n° 85, p. 238:
Quem Carolus princeps propria nutrivit in aulaj Per quem et confecit multa satis opéra. Sur la pré-
sence d'Eginhard à la cour, cf. GANSHOF, Eginhard, p. 728 sqq.
12 Cf. Gesta patrum Font., p. 94 - texte cité à la notice n° 30. Sur l'activité d'Eginhard à la cour de
Charlemagne, cf. SCHEFERS, Einhard, p. 6 sqq.
13 Catalogus abbatum Fuldensium, p. 272: Eo quoque tempore Hrabanum et Hatton Turonis direxit ad
Albinum magistrum liberales discendi gratia artes, Brunan ad Einhartum variarum artium doctorem
peritissimum, Modestum cum aliis ad dementem Scottum grammaticam studendi.
178
14 Ainsi l'auteur anonyme d'une lettre sur la Trinité adressée à Louis le Pieux termine-t-il par ces mots:
Einhardey si bec legasy non mireris, si forte invenias errantem, sed magis volo mireris, si a liquid a me
rede dictum videas (Epistolae variorum 3, n° 1, p. 616). Cf. également Lupus, Correspondance, to-
me l , n ° l , p . 2 sqq.
15 Annales regni Franc, a. 806, p. 121: De bacpartitione et testamentum factum et iureiurando ab opti-
matibus Francorum confirmatum, et constitutiones pacis conservandae causa factae, atque haec om-
nia litteris mandata sunt et Leoni papae, ut his sua manu suscriberet, per Einhardum missa. Quibus
pontifex lectis et adsensum praebuit et propria manu subscripsit.
16 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 70.
17 Ibid., p. 68: »Kleriker eines der niederen Weihegrade«.
18 Ceci est attesté par plusieurs sources. Son épouse se nommait Imma. Cf. notamment Doc. dipl.
Lorsch, tome 1, p. 301 sq.; Lupus, Correspondance, tome 1, n° 3 et 4, p. 12 sqq.
19 Cf. E. JOMBART, Le célibat des clercs en droit occidental, dans: Dictionnaire de droit canonique, éd.
R. NAZ, tome 3, Paris 1942, col. 132-145, à la col. 134 sq.
20 Annales s. Bavonis, p. 187. Tout aussi fantaisiste est le titre d'arcbicapellanus notariusque imperatoris
Karoli donné à Eginhard dans la Chronique de Lorsch, cf. Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 298.
21 Translatio Sanguinis, p. 447.
22 On notera que FELTEN, Äbte, p. 49, qualifie Eginhard de »einer der frühesten Laienäbte überhaupt«.
SCHEFERS, Einhard, p. 1, le désigne comme un »fromm(er) Laie«.
23 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. II, v. 682 sqq., p. 54. Ermold présente les choses comme si l'asso-
ciation de Louis avait été décidée hors de sa présence.
24 B.M. 569(549). Eginhard en fit donation à Lorsch quatre ans plus tard, cf. Doc. dipl. Lorsch, tome 1,
p. 301 sq., n° 20.
25 On ignore à quel titre Pabbé Eginhard procéda, en 824, à un échange de mancipia avec l'abbesse
d'Argenteuil, cf. De re dipl. 6, n° 70, p. 515 sq.
26 Cf. Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 304: Quomodo ... Einbardus monasterium Seliginstat construxerit
... Cf. FLECKENSTEIN, Einhard.
27 Gesta patrum Font., p. 96: Post quem Einbardus hoc coenobiumper VII ferme tenuit annos.
28 Cf. Doc. dipl. Mont-Blandin (bis), p. 5 sq. On doit donc rejeter le témoignage de l'auteur des Anna-
les s. Bavonis, p. 187, qui place l'accession d'Eginhard en 826, bien que ceci soit confirmé par les An-
nales de Saint-Pierre au Mont-Blandin, où il est fait mention, en 825, d'une donation sous l'abbé
Folrad (en réalité: sub eodem; il faut remonter à l'année 815 pour trouver le nom de l'abbé), alors que
la donation dont il est fait mémoire en 826 est datée sub Einardo. Cf. Annales Blandinenses, p. 23.
179
Pieux confirma le privilège de cet établissement le 2 juin 815, sur la requête du vir ve-
nerabilis Einhardus abba ex monasterio Blandinio.29. Eginhard était également abbé
de Saint-Bavon30. Par ailleurs, il était abbé de Saint-Servais de Maastricht31, de Fritz-
lar32 et de Saint-Cloud33, et il tenait en bénéfice la basilique Saint-Jean-Baptiste de
Pavie à l'époque de la translation des saints Pierre et Marcellin - puisque dans son ré-
cit, Eginhard fait mention »des rois«, l'on peut penser qu'il s'agit d'un bénéfice de
Charlemagne confirmé par Louis le Pieux et/ou Lothaire34. A ce que l'on peut en ju-
ger, Eginhard portait un soin tout particulier à l'établissement des actes privés des
établissements qu'il dirigeait35, attention toute naturelle pour un personnage en rela-
tion avec la chancellerie de Louis le Pieux36. Eginhard s'avéra un partisan de la réfor-
me monastique et, pour citer un cas précis, l'on a supposé qu'il favorisa celle de
Fulda37. Eginhard participa au plaid de septembre 820 à Quierzy-sur-Oise38. Il prit
également part au plaid tenu en février 828 - on tient à cette occasion l'une des rares
preuves que les grands recevaient à cet effet une convocation écrite39 - ainsi qu'à celui
tenu à la fin de cette année40. Entre-temps s'était produit l'un des événements ma-
jeurs dans la vie du conseiller de Louis le Pieux: la translation des saints Pierre et
Marcellin41. Pour cela, Eginhard avait envoyé en 827 à Rome42 son notaire Ratleic43
29 B.M. 581(561), éd. Einhardus, Oeuvres complètes, tome 1, n° 1, p. XCI sq. (à la p. XCI). Sur l'action
d'Eginhard à Saint-Pierre, cf. Doc. dipl. Mont-Blandin (bis), p. 14 sqq.
30 Cf. B.M. 689(669) - diplôme du 13 avril 819. Cf. VERHULST, Sint-Baafsabdij, p. 14 sqq. Cf. également
(mais à utiliser avec une extrême prudence): VAN LOKEREN, Histoire, p. 16 sqq. GANSHOF, Eginhard
à Gand, p. 16, suppose qu'Eginhard devint à la même date abbé des deux établissements gantois.
31 II est attesté comme tel en 819/821, cf. Formulae imperiales, n° 35, p. 313.
32 Einhardus, Epistolae, n° 9, p. 113. A ce propos, cf. SCHEFERS, Einhard, p. 19 et note 77.
33 Einhardus, Epistolae, n° 39, p. 129; Einhardus, Oeuvres complètes, tome 2, p. 423 sqq. A ce propos,
cf. SCHEFERS, Einhard, p. 19 et note 78.
34 Einhardus, Translatio, I, 6, p. 242:... tune ex beneficio regum ad meam pertinuitpotestatem.
35 Doc. dipl. Mont-Blandin, n° 10 (21 janvier 830), p. 17 sq. (cité d'après Doc. dipl. Belgique [bis], vol.
1, n° 50, p. 139 sq., à la p. 140, reproduit en fac-similé ibid., vol. 2, pi. II): Ego Einhard(us) abb(a) re-
cognivi et subscripsi; de même, cf. Doc. dipl. Mont-Blandin, n° 11 (7 septembre 839), p. 18. Cf. égale-
ment l'acte transmis par les Formulae imperiales, n° 35, p. 313, qui débute par un préambule particu-
lièrement solennel et dont le protocole final s'inspire des diplômes: Et ut haec manumissionis ac li-
bertatis auctoritas inconvulsam atque inviolabilem obtineat firmitatem, manu propria subter firmavi
... Ego Einhardus abbas manu propria scribendo firmavi. Il se peut néanmoins qu'il s'agisse d'un re-
maniement dû au scribe qui copia les Formulae imperiales, car l'on retrouve le même phénomène
dans Formulae imperiales, n° 33, p. 311 sq. - il s'agit également d'une charte d'affranchissement.
36 II est remarquable que le scribe qui copia les Formulae imperiales ait eu connaissance de l'acte d'af-
franchissement d'un servus de Saint-Servais par Eginhard, afin qu'il pût recevoir l'ordination sacer-
dotale. A ce propos, cf. VIDIER, Actes d'affranchissement, p. 301 sqq.
37 Cf. SEMMLER, Studien zum Supplex Libellus, p. 296. Sur l'action d'Eginhard à Saint-Bavon et sur-
tout à Blandinium, cf. GANSHOF, Eginhard à Gand, p. 27 sqq.
38 Cf. Doc. dipl. Wissembourg, n° 69, p. 268 sqq.
39 Einhardus, Translatio, 1,15, p. 245:... sed etiam regali diplomate, quod nobis in via obviam venerat,
evocati, Domino iter nostrum prospérante, adpalatium sumus cum magna exultatione regressi.
40 Cf. Einhardus, Translatio, III, 12, p. 252.
41 Cf. BONDOIS, Translation; FLECKENSTEIN, Einhard, p. 107 sqq.
42 Cf. Annales regni Franc, a. 827, p. 174; Astronomus, Vita, c. 41, p. 631; Rodulfus, Miracula Fuld., p.
329.
43 Cf. DÜMMLER, Geschichte, tome 2, p. 432. Ratleic passa ensuite dans la chancellerie de Louis le Ger-
manique.
180
Une dizaine d'années plus tôt, Eginhard avait peut-être été celui qui ambasciavit et
dicta le diplôme donné à Aix-la-Chapelle le 4 août 817, par lequel l'empereur con-
cluait un échange entre le fisc et le monastère d'origine d'Eginhard, l'abbaye de
Fulda55. On a par ailleurs la preuve qu'Eginhard joua le rôle d'intermédiaire entre un
tiers et l'empereur - il semble avoir fait en quelque sorte office de secrétaire56. Ainsi,
il prévint Amalaire de Metz que l'ordre de venir au palais lui avait été transmis par er-
reur et qu'il s'était entretenu avec Louis de son problème57. De même, un Hetti, ar-
chevêque de Trêves, ne dédaigna pas de s'adresser à Eginhard pour obtenir des infor-
mations - mais en l'occurrence, ce fut en vain58.
On a cru observer chez Eginhard, progressivement, une certaine critique et une
distance par rapport à la politique de Louis le Pieux59, dont la Vita Karoli serait no-
tamment l'expression60. Or, le désir d'Eginhard était de se retirer du monde, et Louis
le Pieux le lui permit61 - ce qui n'exclut pas qu'il continuât de conseiller, par lettres,
l'empereur62. L'on pourrait accuser Eginhard de couardise politique: il est vrai que
mus, et a serenitate domni imperatoris non pleniter fuiset receptus, permissum nobis herum est, ut ali-
um sipotuisemus ex nobis huic officio congruum inveniremus. Sed cum esset inventus, ut credimusy in
Dei et domni imperatoris servitio habilis, nescimus, ob quam causam a missis dominicis non estplena
benivolentia susceptus. Unde vestram oramus benignitatem, ut ex (hoc) nobis in adiutorium esse dig-
nemini, quatenus ipsum, de quo dicimusy ad praesentiam domni imperatoris nos ipsi deducamus, et
qualiter iusserit, discutiatur etprobetur, si nobis prodesse valeat et in servitio Dei aptus essepossit, an
minus. Optamus vos divinis semper muniri praesidiis et inmortalitatis corona quandoque gloriari, pi-
issime et reverentissime domine.
55 B.M. 656(642). Cf. Mentions tironiennes, p. 17: ... ardus ambasciavit atque dictavit. L'hypothèse de
restitution (Einh)ardus est due à TANGL, Urkunde für Fulda, p. 24 sq.
56 Sur les lettres qu'Eginhard écrivit pour Louis le Pieux, cf. HAMPE, Einhard, p. 606 sqq.; FLECKEN-
STEIN, Einhard, p. 102.
57 Einhardus, Epistolae, n° 4, p. 111: Nescio quis prévenu adventum pueri vestri, qui mihi litteras ve-
stras attulit et effecit, ut tibi mandaretury quatinus proximo palmarum die ad imperatorem venisses.
Sedpostquam ego litteras vestras accepi et imperatorem de hisy quae voluisti, interrogaviy precepit mi-
hi vobis scribere, ut sanctum pasche diem domi celebrassetis et ceterum comitatum vestrum post vos
venire iuberetis, eo modo ut, quando Me ad vos inpalatio venisset, mandatis acceptis et ratione lega-
tionis vestrae vobis insinuatay sine mora iter vestrum adgredi valeatis.
58 Einhardus, Epistolae, n° 45, p. 132 sq.: Quod autem per nos cognoscere voluistisy minime vos de his
certiores reddere valemus, quia pêne nihil inde ad nostram notitiam solet pervenire; neque nos de his
magnopere curiosi sumus, de quorum cognitione nullam utilitatem etparvam percipimus voluptatem.
Il semblerait qu'Eginhard ait alors déjà quitté la cour.
59 Cf. FLECKENSTEIN, Einhard, p. 104 sq.
60 Cf. LINTZEL, Zeit der Entstehung, p. 33 sq. Sur les diverses interprétations de la Vita Karoli par les
historiens contemporains, cf. WOLTER, Intention. LÖWE, Entstehungszeit, date la rédaction de cette
biographie des années 825/826. INNÉS, MCKITTERICK, Writing of history, p. 204 sqq., contestent cet-
te datation et proposent de la placer à une époque plus haute, aux alentours de 817. Je ne suis pas
convaincu par leur argumentation. Ce n'est pas ici le lieu de la discuter point par point. Je rappellerai
simplement que la mention des témoins du testament de Charlemagne ne pose pas de problème ma-
jeur: Eginhard faisait oeuvre d'historien. Quant à l'accident survenu au palais d'Aix et daté par Egin-
hard de la fin du règne de Charlemagne, il se peut qu'il ne s'agisse que d'une erreur de chronologie,
cf. DEPREUX, Louis le Pieux reconsidéré?, p. 186 note 39. Il me semble en tout cas impossible d'en ti-
rer quelque argument pour dater la Vita Karoli des environs de 817.
61 Cf. Einhardus, Translatio, 1,1, p. 239. Sur la retraite d'Eginhard, cf. FLECKENSTEIN, Einhard, p. 114
sqq.
62 Cf. Einhardus, Epistolae, n° 40, p. 129 sq.
182
son départ coïncidait avec le début de la grave crise du règne de Louis le Pieux63, mais
le conseiller était alors un vieillard - il invoquait d'ailleurs des raisons de santé pour
qu'on l'excusât64. O n doit aussi prendre au sérieux son dégoût de la politique au
spectacle des rivalités qui déchirèrent l'empire 65 - Eginhard ne rompit cependant pas
toute relation avec le Palais et il y conserva des amis66. Certes, Eginhard fit en sorte
de se prémunir contre la défaveur de Lothaire 67 ; mais en 830, il eut le courage de l'ex-
horter à ne rien entreprendre contre son père 68 ... Einhard mourut vraisemblable-
ment le 14 mars 840. Raban Maur composa son épitaphe 69 .
83. ENGILPOTO 1
Missus dominicus, attesté en août 814
Engilpoto, désigné comme missus dominicus, ne nous est connu que par une charte
de Freising du 25 août 814: il est mentionné comme témoin de la donation 2 .
84. ERCHANGAIRE 1
Comte (en Brisgau), attesté de mai 816 (peut-être dès 811) à mars 828
Erchangaire a déjà fait l'objet d'une présentation détaillée par M. Borgolte 2 , qui re-
connaît en lui grâce aux datations sub Erchangario comité de quelques chartes de
Saint-Gall un comte en Alpgau et Brisgau3. La première de ces chartes date du mois
de mai 8164. Cette première occurrence du nom d'Erchangaire coïncide avec la réfor-
63 BONDOIS, Translation, p. 81 sqq., rejette l'hypothèse classique d'un retrait définitif des affaires en
830.
64 Cf. Einhardus, Epistolae, n° 13, p. 116 sq. et n° 15, p. 118. A ce propos, cf. GANSHOF, Eginhard à
Gand, p. 21 sqq.
65 II écrivit en effet à un ami: Quidem de statu rerum palatinarum nihil mihi scribere petoy quia nihil ex
iSy quae aguntur, audire delectat (Einhardus, Epistolae, n° 35, p. 127).
66 Cf. Einhardus, Epistolae, n° 18, p. 119 et n° 52, p. 135.
67 Vers mai 830, il écrivit à un évêque ami pour qu'il lui obtînt d'être reçu par Lothaire (Einhardus, Epi-
stolae, n° 16, p. 118). On le voit également bien soucieux, trois ans plus tard, de sauvegarder l'un de
ses bénéfices (Einhardus, Epistolae, n° 25, p. 122) et il rechercha la coopération de Louis le Germani-
que (Einhardus, Epistolae, n° 33, p. 126).
68 Einhardus, Epistolae, n° 11, p. 114 sq. Il s'agit d'une fort belle lettre.
69 Hrabanus, Carmina, n° 85, p. 237 sq.
ments, puisqu'il désire, au prix d'une interprétation de la datation d'une charte 17 qui
reste hypothétique 18 (bien qu'elle soit de l'ordre du plausible), faire mourir le comte
de Brisgau entre le 28 avril 827 et le 12 février 82819. Or le comte Erchangaire est attes-
té à Aix-la-Chapelle le 4 mars 828: à la requête de l'abbé Waldo et du comte, entouré
de sa famille20, Louis le Pieux confirma l'échange conclu entre l'abbé de Schwarzach
et la famille d'Erchangaire 21 . Cette fois, Judith ambasciavit22. Il faut en conclure
qu'Erchangaire participa au plaid tenu en février 828 à Aix-la-Chapelle 23 . Il est à re-
marquer que dans les deux cas, le comte bénéficia de l'appui de personnages fort in-
fluents (Matfrid, Judith) pour obtenir la confirmation des échanges auxquels il avait
procédé.
M. Borgolte a identifié le comte en question dans ce dernier diplôme comme le fils
d'Erchangaire 24 . A ce propos, deux remarques s'imposent. D'une part, Erchangaire
ne peut pas avoir transmis à son fils homonyme (Erkingarius) »ses comtés« (»seine
Grafenwürde«): à la même époque, un tiers, à savoir Liuthaire (Liutharius), fut investi
de son honor en Brisgau25. D'autre part, il est curieux, au cas où Erchangaire serait
mort peu auparavant, qu'il ne soit fait aucune mention de ce dernier dans le diplôme
de Louis le Pieux, alors que c'est justement suite à sa mort que sa veuve et ses fils au-
raient formé une »Erbengemeinschaft«. L'hypothèse d'une »Erbengemeinschaft« est
intéressante, mais éventuellement à analyser autrement: s'il n'est pas fait mention de
l'époux (mort ou non) de Rotrude, ne serait-ce pas parce qu'il n'était, en cette questi-
on, pas important? Ce serait le cas s'il s'agissait d'un bien appartenant personnelle-
ment à la mère 26 de celui que, dans l'absence d'élément vraiment probant allant con-
tre cette identification27, je considère comme le personnage auquel cette notice est
consacrée.
85. ERCHANRAD 1
Evêque de Paris 2 , attesté à partir de janvier 8323 - mort le 7 mars 4 8565 ou 8576
Erchanrad est attesté pour la première fois comme évêque de Paris le 22 janvier 832:
il fut présent à l'assemblée au cours de laquelle l'abbaye de Saint-Denis fut rendue à
l'observance bénédictine 7 et il souscrivit l'acte par lequel l'abbé Hilduin procéda à la
dotation de la mense conventuelle 8 . Le 17 mars 833 9 au monastère de Chelles (dont
l'abbesse n'était autre que Hegilwich, la mère de l'impératrice Judith), l'évêque de
Paris procéda à la translation des reliques de sainte Bathilde10. L'empereur Louis le
Pieux fit à cette occasion donation au monastère de la villa de Coulombs-en-Valois n ,
mais il n'assista cependant pas à la cérémonie de translation 12 . Erchanrad resta fidèle
à Louis le Pieux lors de la crise de 83313, ainsi qu'on peut en juger à l'occasion de la
capture et de la déposition d'Ebbon, l'archevêque de Reims. Non seulement Erchan-
27 II semble qu'il faille attendre 843 pour avoir une nouvelle mention d'un comte homonyme (cf. BOR-
GOLTE, Grafengewalt, p. 28), qui pourrait bien être cette fois le fils d'Erchangaire et le père de l'é-
pouse de Charles le Gros.
rad fit partie de l'assemblée réunie à Thionville le 4 mars 83514, au cours de laquelle
Ebbon signa sa résignation15, mais il avait été, environ un an plus tôt, l'un des deux
évêques chargés par l'empereur de rattraper l'archevêque cherchant alors refuge chez
les Danois, et de le conduire à Fulda pour l'y faire garder16. La présence d'Erchanrad
à Paris est attestée au printemps 836, lorsqu'il reçut la délégation de Paderborn rap-
portant du Mans les reliques de saint Liboire 17 . Enfin, Erchanrad fut mêlé à l'affaire
de Saint-Calais (il avait du reste un an plus tôt déjà souscrit deux chartes de l'évêque
Aldric 18 ): non seulement il participa à l'assemblée tenue à la fin du mois d'avril 838 à
Aix-la-Chapelle 19 et à celle tenue en septembre de la même année à Quierzy-sur-Oi-
se20, mais il fut envoyé à Saint-Calais pour y enquêter en qualité de missus de l'empe-
reur 21 .
86. ERLAUD 1
Sénéchal, attesté en 794 - mort avant le 10 mars 828
Erlaud est attesté comme sénéchal de Louis le Pieux par un diplôme de Pépin 1er
d'Aquitaine 2 . Il ne fait pas de doute qu'il fut au service de Louis au temps où il était
roi d'Aquitaine 3 . Le sénéchal de Louis avait, sur l'entremise de ce dernier, reçu de
l'abbé de Saint-Martin, Itier 4 , la villa de Marsat (Puy-de-Dôme, canton de Riom) 5 .
Or un certain Erlaud fit partie des souscripteurs 6 du diplôme donné par Louis le
Pieux le 3 août 794 au Palais (Haute-Vienne, arr. Limoges) en faveur de la cellola de
14 B.M. 938(909)c.
15 Concilium ad Theodonis villam, p. 703.
16 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 20, p. 472: Quapropter imperatorper episcopos eum, Rothadum scili-
cet Suessonicum et Erchenradus Parisiorum episcopum, revocari fecit et in monasterio sancti Bonifatii
ei et clericis ac laids, qui cum eo erant, necessaria ministrari et sinodum expectare precepit.
17 Translatio s. Liborii, c. 25, p. 155.
18 Gesta Aldrici, p. 85 et 95 (documents datés du 1er avril 837, jour de Pâques).
19 Concilium Carisiacense (bis), p. 846.
20 Ibid., p. 850.
21 Ibid., p. 837 - texte cité à la notice n° 28.
Nouaillé 7 . Etant donné la nature de cette liste de souscripteurs 8 , Ton peut presque
sans hésitation 9 identifier ce personnage avec le (futur) sénéchal de Louis le Pieux10.
87. ERLÉGAUD 1
Comte, attesté en juillet 819
Le comte Erlégaud ne nous est connu que par un seul document: il est attesté comme
missHS de Louis le Pieux lors d'une enquête en Saxe, dans le Sturmigau 2 , concernant
la restitution de biens confisqués, c'est-à-dire retenus au profit du fisc3. Le diplôme
de restitution fut délivré le 24 juillet 819 à Ingelheim. Bien qu'il ne soit pas explicite-
ment dit dans le document que l'empereur prit sa décision d'après le rapport de ses
missi, l'on peut considérer qu'Erlégaud participa au plaid tenu à Ingelheim ce mois-
là4.
88. ERMENFRID 1
Comte, attesté de mai 819 (peut-être dès 816/817) à janvier 820
Par un diplôme du 20 janvier 820, nous apprenons que, suite à la requête de l'évêque
de Wurzbourg, Vulfgaire, concernant la restitution de biens à l'église de Saint-Kilian,
le comte Ermenfrid y fut envoyé en qualité de missus de l'empereur, pour y enquê-
ter 2 . On peut penser qu'Ermenfrid participa au plaid tenu en janvier 820 à Aix-la-
Chapelle 3 . Le 29 mai 819, un comte Ermenfrid souscrivit l'acte de donation d'un
tiers en faveur de l'abbaye de Fulda 4 . Il est vraisemblable qu'il s'agisse de notre hom-
me. On peut d'ailleurs éventuellement l'identifier aussi avec le missus de Louis le
Pieux envoyé porter à l'archevêque de Sens, Magne, les actes du concile de 816 réuni
à Aix-la-Chapelle 5 .
89. ERMENGAIRE 1
Comte d'Ampurias, attesté de 812 à 815
90. ERMENGARDE 1
Première épouse de Louis le Pieux, attestée au plus tard à partir de 795 -
morte le 3 octobre 818
Ermengarde était la première épouse de Louis le Pieux, à qui elle donna trois fils et
deux filles2. Elle était la fille du comte (cornes3/dux4) Ingoramme 5 , un neveu de saint
5 Epistolae ad archiepiscopos, p. 339: ... per praesentes missos nostros, Ermenfredum videlicet et Hay-
monem ... A moins qu'il ne s'agisse du futur responsable de la chancellerie de Lothaire, Hermenfrid,
attesté en 832/833 (cf. BRESSLAU, Urkundenlehre, tome 1, p. 399), un personnage »leider ganz unbe-
kannt« selon l'avis de Th. SCHIEFFER (Dipl. Karol. 3, p. 16).
Chrodegang 6 , le célèbre évêque de Metz. Louis Pépousa au plus tard en 7957. Thégan
affirme que Louis le Pieux donna le titre de reine à son épouse (reginam constitua*),
mais on ignore tout d'une éventuelle cérémonie de couronnement 9 . En revanche, il
est certain qu'Ermengarde fut couronnée impératrice par le pape, en octobre 816 à
Reims10. K. F. Werner y a vu, d'une certaine manière, une répétition de la bénédiction
de 754 avec les règles de dévolution de la couronne alors définies n d'après la fameuse
Clausula de unctione Pippini 12 , ce qui, d'après cet historien, expliquerait l'hostilité
que la reine aurait, selon André de Bergame, nourrie envers Bernard d'Italie 13 .
L'on ignore presque tout de l'action d'Ermengarde et de l'influence qu'elle exerça
sur son époux. Deux indices sont cependant d'un intérêt tout particulier. D'une part,
il arriva que la reine présentât une requête aboutissant à l'expédition d'un diplôme,
comme ce fut le cas de celui délivré en faveur du monastère de Saint-Antonin en
Rouergue, établi ad deprecationem dilectae conjugis nostrae Hermengardis14. D'au-
tre part, Ardon affirme qu'Ermengarde voyait volontiers l'abbé d'Aniane, Benoît, et
qu'elle lui faisait souvent des cadeaux15: il s'agit d'un passage jusqu'ici négligé par les
historiens des institutions, mais qui est fort important, en ce sens qu'il peut être cité
comme preuve soutenant l'affirmation d'Hincmar, selon qui la reine avait la respon-
sabilité du trésor royal 16 . Ermengarde mourut le 3 octobre 818 à Angers 17 et elle y fut
inhumée 18 . Il faut croire qu'elle laissa chez certains un mauvais souvenir, puisqu'elle
est châtiée dans la Visio cuiusdam pauperculae mulieris19, un texte composé au plus
tard à la fin des années trente du IXe siècle, vraisemblablement à la Reichenau20.
6 Theganus, Vi ta, c. 4, p. 591: Supradictus vero Hludowicus postquam ad aetatem pervertit, desponsa-
vit sibifiliam nobilissimi ducis Ingorammi, qui erat filius fratris Hruotgangiy sanctipontifias. Supra-
dicta vero virgo Irmingarda vocabatur, quam cum consilio et consensu patris reginam constitua ...
7 Ceci résulte du fait que Lothaire mourut en 855 à l'âge de 60 ans. Cf. B.M. 1014(-)d et B.M.
1177(1143)b.
8 Theganus, Vita, c. 4, p. 591.
9 Sur les cérémonies de couronnement, cf. BRÜHL, Krönungsbrauch. Sur le couronnement des reines,
cf. WOLF, Königinnen-Krönungen.
10 Theganus, Vita, c. 17, p. 594: Et Irmingardam reginam appellavit augustam, et posait coronam aure-
am super caput eius. Cf. également Annales Xantenses, a. 815, p. 5. Sur le couronnement d'Ermen-
garde d'après le témoignage d'Ermold le Noir, cf. WOLF, Königinnen-Krönungen, p. 64 sq. L'auteur
a voulu y reconnaître les »Spuren eines alten Kaiserinnen-Krönungsordo« (ibid., p. 82 sqq.).
11 WERNER, Hludovicus Augustus, p. 39 sqq.
12 Ce texte a été récemment édité par STOCLET, Clausula.
13 Andreas, Historia, c. 6, p. 225.
14 B.M. 670(656), éd. Recueil des hist. 6, n° 76, p. 511. Ce diplôme est classé chronologiquement d'a-
près B.M. 669(655), un diplôme donné à Angers le 17 août 818, également en faveur de Saint-Anto-
nin et à la requête de la reine. Ce diplôme est cependant douteux, cf. l'annexe n° 2.
15 Ardo, Vita Benedicti, c. 31, p. 213: Regina quoquepio affectu colebat eum; et quia iustum noverat, li-
benter obscultabat suisque muneribus sepissime honorabat.
16 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 360 sqq., p. 72.
17 Annales regni Franc, a. 818, p. 148 sq. Cf. également Theganus, Vita, c. 25, p. 596; Chronicon Mois-
siacense, a. 818, p. 313; Annales Fuldenses, a. 818, p. 21.
18 C'est ce que l'on peut conclure de Astronomus, Vita, c. 31, p. 623 sq.
19 Visio cuiusdam pauperculae mulieris, p. 41.
20 Hypothèse de H. Houben.
190
91. ERNAUD 1
Fonctionnaire du Palais (magister des marchands?), attesté vers 820
(peut-être jusqu'en 828)
Ernaud 2 ne nous est connu que par le capitulaire De disciplina palatii Aquisgranen-
sis: il était chargé d'inspecter les maisons des marchands, tant chrétiens que juifs3. Il
était peut-être le magister des marchands évoqué dans un document de 828, le Prae-
ceptum negotiatorum 4 . D'aucuns ont voulu identifier Ernaud avec le sénéchal Er-
laud 5 .
Eudes est attesté en 826 au palais d'Ingelheim, à l'occasion du festin donné après le
baptême du Danois Harold. Eudes, alors désigné par Ermold comme puer- expres-
sion qui dès l'époque classique pouvait désigner les serviteurs, notamment du
prince 2 -, était chargé de préparer les boissons 3 . O n le retrouve d'ailleurs formelle-
ment attesté comme echanson (buticularius) dans un autre document de la même
époque 4 . O n le voit à ce propos en possession d'une forêt. Rien ne permet de dire s'il
s'agissait d'un bien personnel ou d'un beneficium rémunérant le bouteiller pour ses
services. Eudes n'est attesté comme bouteiller qu'en 826. Peu après apparaît un ho-
monyme que Louis le Pieux investit du comté d'Orléans pour remplacer Matfrid,
que l'empereur venait de destituer. Rien ne permet de prouver l'identité entre Eudes
(I) et Eudes (II). Cette dernière n'en demeure pas moins une hypothèse séduisante.
Le comte Eudes 2 est mentionné pour la première fois à l'occasion de la révolte con-
tre Louis le Pieux survenue au printemps 830: les opposants à la politique de l'empe-
reur, de passage à Orléans, en expulsèrent Eudes pour restituer son comté à Matfrid3,
qui en avait été privé en février 8284. L'on peut supposer que c'est environ depuis cet-
te date qu'Eudes tenait en réalité le comté d'Orléans. A l'occasion du plaid tenu au
début de l'été 830 à Compiègne 5 , Eudes fut envoyé en exil6 - un exil qui ne dura vrai-
semblablement que quelques mois: il fut probablement libéré à l'occasion du plaid
tenu à l'automne 830 à Nimègue 7 . On le voit en effet libre lors de la crise de 833/834
- libre, mais non pas rétabli dans ses droits: il est significatif que l'Astronome le dé-
signe alors sans titre 8 . Eudes, dont on a ici la preuve de son attachement au parti de
Louis le Pieux, fut l'un des grands avec lesquels Lothaire accepta de négocier la
libération de son père au début de 834 (peu après le 19 février); cette démarche n'eut
cependant pas lieu étant donné la fuite de Lothaire 9 . A la faveur du rétablissement
politique de Louis le Pieux, Eudes dut être réinvesti de son comté d'Orléans. La
résistance exercée par Matfrid et Lamtbert conduisit, en 834, à l'affrontement au
cours duquel Eudes, notamment, tomba 10 . Son action en Orléanais fut critiquée par
l'un des plus importants établissements religieux de la région11.
94. EVRARD 1
Magister Iudeorum, attesté vers 826/828 (peut-être dès 822)
S. Aniani necnon S. Benedicti, in propriam molitur redigere potestatem. Quod monachi coenobii S.
Benedicti cémentes, consilio inito, misericordiae Domini solius se committentes, maturrimam partem
suorum fratrum adpraefatum dirigunt comitem nimia insanientem tyrannide, cum pignoribus sanc-
torum, omnigena supplicantes prece, ne tantum incurrat piaculum, neve res sacro ordini delegatas ad
nefarios transférât usus, sed magis servos Dei res sibi a Domino traditas libère liceat ordinäre; quae
petitio nulli apud eum valuit. Coeperat, eo in tempore, expeditionem parare, viribus undecumque
contractis, adversum Lambertum atque Matfridum sociosque eorum, Neustriae partibus residentes,
qui ab imperatore ad Lotbarium defecerant. Cui expeditioni jusserat quoque interesse Jonam, vene-
rabilem episcopum Aurelianensem, et Bosonem, abbatem S. Benedicti, quorum res injuste sibi vindi-
caverat...
95. FARAMOND 1
Notaire, attesté du 23 avril 8142 au 9 mai 826 3
Le notaire Faramond 4 semble avoir joué un rôle non négligeable au sein de la »chan-
cellerie«5. A ses débuts, il rédigea les actes6, ensuite il en fit la récognition 7 . Toutefois,
il se peut que Ton doive assouplir cette chronologie 8 . En tout, O. Dickau estime que
Faramond participa à l'élaboration de 27 diplômes 9 .
96. FAUSTIN 1
Scribe, attesté en 811
Faustin n'est attesté comme scribe à la cour de Louis, roi d'Aquitaine, que par un co-
lophon nous apprenant qu'en 811 au palais de Chasseneuil, il écrivit l'Expositio in
Genesim de Claude 2 (le futur évêque de Turin).
97. FOLCRAD 1
Vassus dominicus, attesté en 838
En mai 838, Folcrad fut l'un des missi que Louis le Pieux envoya à Saint-Calais, suite
au jugement prononcé à Aix-la-Chapelle, pour y procéder à l'investiture (plena ve-
sutura) de Pévêque Aldric 2 . Folcrad avait d'ailleurs participé au plaid au cours du-
quel le différend entre l'évêque du Mans et l'abbé de Saint-Calais avait été jugé 3 .
98. F O U L Q U E S 1 (I)
Archichapelain 2 , attesté du 24 juin 827 au 10 octobre 845
Foulques est attesté comme archichapelain par Hincmar 3 et par l'auteur du récit de la
translation du corps de saint Junien de Maire à Nouaillé 4 . Son prédécesseur, Hilduin,
tomba en disgrâce en octobre 830, lors du plaid tenu à Nimègue 5 . Il est vraisemblable
que Foulques ait été immédiatement nommé pour le remplacer, puisque l'auteur du
récit de la translation de saint Junien le désigne comme tel. Or, cette translation eut
lieu le 5 novembre 6 8307. On ignore presque tout de l'activité de Parchichapelain, qui
»avec la plus grande vraisemblance« fut »sinon le rédacteur, du moins l'inspirateur et,
au regard de l'histoire, le garant« de la première partie (années 830/835) des Annales
de Saint-Bertin8. Deux documents sont cependant forts précieux, qui nous le mon-
trent agissant à la cour. Il s'agit de deux diplômes donnés à Worms en 833, l'un le 4
avril9, l'autre 10 juin 10 . Nous sommes alors à une période critique du règne de Louis
le Pieux, qui avait convoqué l'ost à Worms pour marcher contre ses fils n . Le premier
diplôme fut délivré en faveur de l'abbaye de Kempten, le second en faveur de Sainte-
Colombe de Sens. Dans les deux cas, Foulques introduisit la requête (impetravit) au-
près de l'empereur, la première fois seul12, la seconde, de concert avec l'impératrice
Judith13.
Grâce au récit de la translation de saint Junien 14 , l'identité de l'archichapelain avec
l'abbé de Saint-Hilaire de Poitiers est établie sans conteste possible. Foulques est at-
testé comme abbé de Saint-Hilaire dès le 24 juin 82715. Par ailleurs, un certain Foul-
ques est attesté comme abbé de Saint-Remi de Reims: c'est lui qui assura la gestion
du diocèse de Reims suite à la déposition d'Ebbon. Rien ne permet d'affirmer à coup
sûr qu'il s'agit de notre homme. Toujours est-il que ce dernier jouissait de la confian-
ce de Louis le Pieux, et également de celle de Charles le Chauve 16 . Un fait plaide en
faveur de l'identification avec l'archichapelain: l'abbé de Saint-Remi, tout comme
l'archichapelain, était prêtre 17 . Or le Foulques qui, le 16 mars 834, reçut l'abbatiat de
Saint-Wandrille (Fontenelle) était également prêtre 18 . Il s'agit vraisemblablement du
même personnage, qui était abbé de Jumièges19. Au cas où notre personnage serait
8 Annales Bertiniani, p. VIII.
9 B.M. 921(892).
10 B.M. 926(896).
11 B.M. 925(896)a.
12 Mentions tironiennes, p. 19: Fulco impetravit.
13 Ibid.: Domna regina et Fulco impetraverunt. »Il y avait d'abord Fulco impetravit; on ajouta Domna
regina et on corrigea vi en verunt«.
14 Doc. dipl. Nouaillé, n° 12, p. 20 sqq.
15 Actes de Pépin, n° 7, p. 21 sqq.
16 Narratio clericorum Rhemensium, col. 20: Post haec vero dividentes inter se régna paterna, Lothari-
us imperator ac domnus noster Carolus gloriosissimus rex, devenu iam saepe dicta mater nostra Rhe-
mensis ecclesia inpartem et ditionem gloriosissimi régis Caroli, cum quo erat gratissimus ac potentissi-
mus Fulcho abbas, qui ipsam ecclesiam domni Ludovici imperatoris antea presbyter obtinuerat, et
gratia eiusdem régis, cum quo erat, herum adeptus est eam. Ensuite, Foulques remit l'administration
du diocèse entre les mains de Charles le Chauve: ... quicquid ex eodem episcopatu, quando de manu
Fulconis illum recepimus ... (Actes de Charles le Chauve, tome 1, n° 75, p. 210 sqq. - acte du 1er oc-
tobre 845). Foulques est attesté comme abbé de Saint-Remi par l'acte d'association de 838 entre le
monastère rémois et l'abbaye de Saint-Denis, cf. Doc. dipl. Saint-Denis, pièces justificatives, n° 77',
p. 58 sq.
17 Narratio clericorum Rhemensium, col. 20. Tous les abbés de l'époque étaient loin d'être prêtres: ou-
tre qu'il pouvait s'agir de diacres, ils pouvaient également être des laïcs, cf. FELTEN, Äbte, p. 280 sqq.
18 Gesta patrum Font., c. 14, p. 124 sq.: Fulco, uenerabilis presbiter succedit ab anno incarnationis Do-
minicae DCCCXXXV, qui est annus bonae memoriae domni Hludouuici magni imperatoris XXI...
XVII Kalend. Aprilis fuit tune datum domno Fulconi praedictum coenobium ... Contrairement à
l'indication de l'année de l'Incarnation, il faut placer l'accession de Foulques à l'abbatiat en 834, cf.
ibid., p. 125 note 376. C'est d'ailleurs cette année-là qui est la vingt-et-unième du règne de Louis.
19 L'abbatiat de Foulques à Jumièges est attesté seulement de manière fort ténue, cf. LAPORTE, Listes
abbatiales, p. 442 sq. L'auteur donne comme chronologie approchée: »831? - vers 835?«. Dans une
autre étude (LAPORTE, Jumièges, p. 194), il estime que Foulques fut abbé »dès 830« et que son suc-
cesseur accéda à l'abbatiat »vers 835 ou peu après«. Toujours est-il que Foulques n'était plus abbé de
Jumièges le 23 avril 838, cf. Actes de Pépin, n° 29, p. 124 sqq. GRIERSON, Fulco, p. 280, considère que
Foulques reçut Saint-Vaast en compensation.
196
Le comte du Palais Foulques ne nous est connu que par le Mémorial du Mans 3 . Il
participa à l'assemblée d'Aix-la-Chapelle en avril 838 ayant eu connaissance du dif-
férend entre l'évêque du Mans et l'abbé de Saint-Calais4. Il fut d'ailleurs ensuite au
nombre des missi de l'empereur chargés de procéder à l'investiture (plena vestitura)
d'Aldric en ce monastère. Foulques était le premier nommé parmi ces missi5.
20 Cf. la cérémonie à Saint-Denis le 1er mars 834, B.M. 926(897)p.
21 Après le 19 février, jour de Penvoi de la première délégation.
22 Astronomus, Vita, c. 51, p. 637 - texte cité à la notice n° 93. Cette démarche n'eut cependant pas lieu,
étant donné la fuite de Lothaire.
23 Assurément, Foulques n'était plus abbé de Saint-Hilaire en novembre 835, cf. Actes de Pépin, n° 24,
p. 87 sqq. Il perdit peut-être son abbaye poitevine à l'occasion de la révolte de 833, cette perte s'a-
vérant le prix à payer pour sa fidélité à Louis le Pieux, au Rotfeld par exemple: »That Fridebert's ap-
pointment dates from 833 is only an assumption, though a very probable one« (GRIERSON, Fulco, p.
278 note 7). Ph. GRIERSON, ibid., p. 279, considère que l'abbatiat à Fontenelle et Jumièges servit de
compensation à la perte de Saint-Hilaire, et la gestion du diocèse de Reims à celle de la fonction d'ar-
chichapelain.
24 Cf. Astronomus, Vita, c. 55, p. 641 - texte cité à la notice n° 18. Cf. en outre la notice n° 231.
25 Chronicon Vedastinum, a. 839, p. 708.
26 Comme l'a montré GRIERSON, Fulco.
27 GRIERSON, Fulco, p. 281 sq.
28 Cf. Einhardus, Epistolae, n° 35 et 36, p. 127 sq.
29 GRIERSON, Fulco, p. 282.
100. FRANCON 1
Evêque du Mans 2 , attesté à partir de 816 - mort le 6 novembre 8323
Francon 4 , qui fut ordonné le 29 juin 8165, était issu de la Chapelle de Louis le Pieux6:
il reçut sa formation de diacre au Palais7. Après la mort de son oncle Francon (pre-
mier du nom), l'empereur lui confia l'administration du diocèse du Mans et l'arche-
vêque Landramne le sacra8.
101. FRÉCULF 1
Evêque de Lisieux2, attesté de 825 à 8503
L'on ne connaît que très peu de choses sur l'évêque de Lisieux. Il participa au concile
tenu en 825 à Paris 4 concernant le culte des images; c'est lui qui, s'étant entretenu de
ce sujet avec le pape, fit un rapport aux Pères de cette assemblée5. Il participa aussi au
concile tenu également à Paris quatre ans plus tard 6 . Peu après la crise de 833/834,
Louis le Pieux montra la confiance qu'il avait en Fréculf: il fit de lui, pour un temps,
le geôlier de l'ex-archevêque de Reims, Ebbon 7 . En mars 835, Fréculf avait d'ailleurs
participé à l'assemblée tenue à Thionville au cours de laquelle Ebbon avait signé sa
résignation 8 . Mais c'est surtout pour son oeuvre que ce lettré 9 formé par Hélisa-
8 Ibid., p. 293 sq.: ... cuiapraedicto domno Hludovico, gloriosissimo imperatore,post obitumpraedicti
Franconis, jam dictum episcopatum ad regendum est commissum, in quo antedictus Franco a Lam-
tramno, Turonice civitatis arcbiepiscopo, et ab aliis episcopis, in ipsa sue sedis aecclesia episcopus est, ter-
cio kalendarum juliarum, consecratus et ad eandem aecclesiam titulatus.
char10 est connu: c'est ob amorem dominae meae augustae Judith n que Fréculf com-
posa la seconde partie de sa Chronique, pour l'éducation du jeune Charles (le
Chauve) 12 .
102. FRÉDÉRIC 1
Missus, attesté vers 826/827
Frédéric est attesté à Lyon comme missus de Louis le Pieux chargé d'enquêter sur le
statut des Juifs 2 .
103. FRÉHHOLF1
Missus, attesté entre 790/794 (?) et 822
Le 3 avril 822 lors d'un plaid tenu à Ergolding 2 , deux missi de l'empereur, dont Fréh-
holf, interrogèrent sur l'ordre de ce dernier l'évêque de Freising, Hitto, concernant le
statut de l'église d'Oberföhring 3 . Louis le Pieux eut vraisemblablement recours à un
grand de la région pour faire alors office de missus dominicus. En effet, le nom de
Fréhholf est loin d'être étranger aux chartes de Freising. On retrouve Fréhholf (ou
son homonyme) comme témoin en 815, en 818 et en 8194.
10 Freculphus, Chronicon, II, col. 917: Tu quidem, mi dilectissime Elisachare, et amore insatiabilis so-
phiae venerandepraeceptor ... Cf. Epistolae variorum 2, n° 13, p. 317 sq.
11 Freculphus, Chronicon, II, col. 1258.
12 Epistolae variorum 2, n° 14, p. 319 sq. Sur cette oeuvre, cf. GOEZ, Weltchronik.
104. FRIDUGISE 1
Archichancelier 2 , attesté vers la fin du règne de Charlemagne - mort le 10 août 833 3
Durant l'été ou l'automne 819, Fridugise connut les plus grands honneurs: il fut
nommé archichancelier18. »Fridugisus ouvre la série des archichanceliers qui ne re-
connaissent plus jamais eux-mêmes les diplômes« 19 - ce qui ne signifie pas pour
autant qu'il se désintéressât du fonctionnement de ses services20. Fridugise demeura à
la tête de la »chancellerie« jusqu'au printemps 83221. L'année suivant sa promotion,
en 820, il reçut, regia donatione, l'abbaye de Saint-Bertin22. Dès le 18 septembre 820,
à Vern, il obtint pour sa nouvelle abbaye un diplôme de Louis le Pieux23. Fridugise
réduisit le nombre des religieux et leurs revenus 24 , et il laissa un fort mauvais souve-
nir de son gouvernement: non seulement chez ses contemporains (comme l'attestent
deux chartes - déclarées fausses par W. Puckert 25 - de l'évêque de Thérouanne Fol-
couin 26 et de Hugues, le successeur de Fridugise à Saint-Bertin27), mais également
aux siècles ultérieurs. Le diacre Folcouin, en 961, le qualifiait de destructor de la vie
18 La date de nomination de Fridugise pose un problème qu'il faudra résoudre lors de l'édition des di-
plômes de Louis le Pieux. En effet, Fridugise est attesté pour la toute première fois par la récognition
advicem de B.M. 700(679), éd. Dipl. inédits (Arezzo), p. 447 sq., un diplôme publié après la parution
de SICKEL, Acta regum, qui l'ignore par conséquent. Ce diplôme date du 17 août 819. Hélisachar est
attesté pour la dernière fois (avant la mention évoquée ci-dessus) le 7 août 819, B.M. 699(678). Or, on
retrouve Hélisachar à la tête de la »chancellerie« dans un diplôme (interpolé) du 4 septembre 819,
B.M. 702(681), éd. Doc. dipl. Westphalie, n° 2, p. 3 sq., et dans un diplôme du 1er octobre 819, B.M.
703(682), qui n'est pas sans poser problème (cf. la notice n° 143). Fridugise est de nouveau attesté,
sans doute possible, à la tête de la »chancellerie« le 19 octobre 819, B.M. 704(683), éd. Recueil des
hist. 6, n° 102, p. 524 sq. On a voulu attribuer à Fridugise l'initiative de la confection des Formulae
impériales, cf. FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 82. Ces formules ont été peu étudiées, cf. SICKEL, Ac-
ta regum, tome 1, p. 116 sqq. - en tout cas pas d'une manière permettant un jugement précis sur ce
recueil (on en trouve une rapide présentation dans GANZ, Tironian Notes, p. 45). J'espère pouvoir en
entreprendre l'étude prochainement.
19 TESSIER, Diplomatique, p. 44.
20 Cf. infra la mention en notes tironiennes de B.M. 740(721).
21 Fridugise est attesté pour la dernière fois comme archichancelier le 28 mars 832, cf. B.M. 899(870).
Son successeur, Théoton, est attesté pour la première fois le 13 juillet 832, cf. B.M. 901(872). A mon
sens, L. Levillain dramatise la situation lorsqu'il écrit que Parchichancelier »aurait perdu la confian-
ce de l'empereur et aurait été dépouillé du sceau et de ses abbayes entre février et juillet (832)« (Actes
de Pépin, p. 64 note 2). Il me semble préférable de rejeter la thèse de la perte de confiance pour la
simple raison qu'on ne voit pas pourquoi une crise dans les relations entre Louis et son archichance-
lier serait intervenue au beau milieu de 832, c'est-à-dire trop tard (par rapport à la révolte de 830) ou
trop tôt (eu égard aux événements de 833). Le cas de Hélisachar montre d'ailleurs fort bien que le
responsable de la »chancellerie« pouvait être démis de ses fonctions sans pour autant perdre la confi-
ance du prince (cf. la notice n° 143).
22 Doc. dipl. Saint-Bertin, n c 56, p. 74: Unde contigity ut supradictus Fridegisusy génère Anglus et abbas
sancti Martini Turonis, anno Verbi incarnati DCCCXX etprefati régis Ludovici VII. abbatiam Sit-
biensis coenobii regia donatione susciperet gubernandum.
23 B.M. 726(702). Confirmation aux moines de leur droit de chasse.
24 Sur les griefs contre Fridugise, cf. Doc. dipl. Saint-Bertin, n° 56, p. 74 sq. et Bovo, Inventio, c. 6, p.
529. PUCKERT, Aniane, a tenté de montrer qu'ils étaient infondés. Cf. l'annexe que cet auteur a con-
sacrée à »Die Unthaten des Abts Fridugis zu Sithin (Fälschungen von St. Bertin)«, p. 259-292.
25 PUCKERT, Aniane, p. 262.
26 Doc. dipl. Saint-Bertin, n° 4, p. 85 sq. (charte du 20 juin 839): perpendens injustitiam lacrimabilem
quam Fridogisus... eidem sancto loco intulerat...
27 Doc. dipl. Saint-Bertin, n° 5, p. 87 sq. (charte du 29 juin 839). Même son de cloche que dans le docu-
ment précédent.
201
religieuse28, et environ un siècle plus tard, l'abbé Bovon était tout aussi sévère29. L'on
peut certainement trouver confirmation de cette politique néfaste de Fridugise à
Saint-Bertin dans le diplôme de Louis le Pieux délivré le 19 mars 830 non pas sur la
requête de l'abbé, mais à la demande des moines de Saint-Bertin: il y est spécifié que
les biens de l'abbaye ne pourraient plus jamais être divisés30. Fridugise était en passe
de mener la même politique désastreuse à Saint-Martin, mais la communauté ne se
laissa pas faire: à Tours, le 14 novembre 832, elle obtint de l'empereur la restitution de
biens aliénés in beneficium par l'abbé, alors qu'ils devaient servir à l'entretien des frè-
res31.
On ne sait que peu de choses de Fridugise. Quelques diplômes permettent de dire
quand il fut, .de manière assurée, à la cour: il était à Aix-la-Chapelle au printemps
82032, et il fut donc présent au plaid tenu en janvier de cette année en ce palais33. L'ar-
chichancelier était également à Aix en février 82134 et il fut par conséquent présent au
plaid alors tenu en ce lieu. Il était à Thionville à l'automne 82135 où il participa au
plaid alors tenu par Louis le Pieux36. Le diplôme prouvant cela est fort intéressant: il
est le seul document portant mention du nom de Fridugise orné du titre de magister
(un titre réservé soit à l'archichancelier soit au notaire assurant par délégation le bon
fonctionnement du service de »chancellerie«37) dans les notes tironiennes. Par cette
mention, nous apprenons que Fridugise donna l'ordre de rédiger et de munir le di-
plôme des signes de validation: Hilduinus ambasciavit et Fridugisus magister scribere
38 Mentions tironiennes, p. 18. Le terme magister apparaît pour la première fois dans les notes tironien-
nes de l'acte du 20 janvier 820, B.M. 711(688). Cf. JUSSELIN, Chancellerie, p. 6. C'est donc Fridugise
qui semble avoir été le premier désigné par ce titre. Les interventions du magister, dont on peut con-
sidérer qu'il s'agit de l'archichancelier, étaient de diverses natures (les mentions étudiées ici sont
citées d'après Mentions tironiennes, p. 18 sq.). Il donnait l'ordre d'écrire: magister scribere iussit -
B.M. 711(688) du 20 janvier 820, magister scribere iussit - B.M. 796(772) du 3 juin 825, magister scri-
bere iussit - B.M. 833(807) du 27 octobre 826; il assurait parfois le »Diktat«: magister scribere iussit et
dictavit - B.M. 773(748) du 12 juin 823, magister dictavit et scribere atque firmare iussit - B.M.
831(805) du 10 juillet 826; il donnait l'ordre de munir le diplôme des signes de validation, comme
c'était déjà le cas dans la mention précédente: magister firmari iussit - B.M. 756(731) du 18 mai 822,
magister itafieri etfirmare iussit - B.M. 872(843) du 14 octobre 829; ou encore, il donnait au notaire
l'ordre de procéder à la récognition: Gundulfus Fridugisi iubente subscripsit - B.M. 735(711) du 15
février 821, demandante magistro recognovi et subscripsi - B.M. 753(728) du 2 avril 822. On ne peut
donc pas affirmer avec DICKAU, Kanzlei, 2 e partie, p. 104, que sous Fridugise »die Geschäftsführung
in die Hände des Durandus überging«, comme je l'ai déjà noté dans DEPREUX, Kanzlei, p. 151.
39 B.M. 753(728) du 2 avril 822; Mentions tironiennes, p. 18: Hirminmar(is) diaconus rog(ante) et de-
mandante magistro recognovi et subscripsi. B.M. 756(731) du 18 mai 822; Mentions tironiennes, p.
18: magister ita firmari iussit.
40 B.M. 773(748) du 12 juin 823; Mentions tironiennes, p. 18: magister scribere iussit et dictavit.
41 B.M. 771(746)a.
42 B.M. 773(748)a.
43 B.M. 796(772) du 3 juin 825; Mentions tironiennes, p. 18:... et magister scribere iussit.
44 B.M. 831(805) du 10 juillet 826; Mentions tironiennes, p. 18: magister dictavit et scribere atque fir-
mare iussit. B.M. 833(807) du 27 octobre 826; Mentions tironiennes, p. 18: Hilduinus ambasciavit et
magister scribere iussit.
45 B.M. 829(770)b.
46 B.M. 832(806)c. Cette présence résulte de B.M. 833(807).
47 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2310 sq., p. 176: Et Fridugisus abity sequitur quem discipu-
lorum/ Turba sagax, candens vestibus atque fide.
48 Cf. Actes de Pépin, n° 10, p. 31 sqq., diplôme du 10 mars 828 donné à Aix-la-Chapelle sur la requête
de Fridugise en faveur de Saint-Martin de Tours.
49 B.M.844(818)a.
50 B.M. 872(843) du 14 octobre 829; Mentions tironiennes, p. 19: magister itafieri etfirmare iussit et
Durandus sigillavit.
51 Cf. Actes de Pépin, n° 17, p. 59 sqq., diplôme du 25 février 831 donné à Aix-la-Chapelle en faveur de
Saint-Martin de Tours. B.M. 886(857), du 10 mars 831, acte délivré en faveur de Cormery, sur la re-
quête de Fridugise, agissant en tant qu'abbé de Saint-Martin.
52 B.M. 881(852)a.
53 B.M. 896(867), du 4 novembre 831 en faveur de Saint-Martin de Tours.
54 B.M. 895(866)a.
203
105. FROTBERT 1
Abbé de Saint-Florent de Saumur, attesté en juin 824
Frotbert fut envoyé avec sa communauté en Italie par Louis le Pieux, on ne sait ni
quand 2 ni à quel propos. Après avoir rappelé l'abbé ainsi que les moines, l'empereur
leur donna l'abbaye de Saint-Florent, comme l'atteste le diplôme délivré à Compiè-
gne le 30 juin 824, par lequel Louis accorda à ce monastère le privilège d'immunité 3 .
Ce n'est que sous toute réserve que Frotbert a été retenu dans cette prosopographie,
car il est loin d'être prouvé que c'est en qualité de missus qu'il fut envoyé en Italie4,
par exemple pour y introduire la réforme bénédictine 5 . Toujours est-il que Frotbert,
selon toute vraisemblance, participa au plaid tenu à Compiègne en 824, vers la Saint-
Jean d'été 6 .
55 Fridugise se désignait comme diaconus dans sa lettre De nihilo ... adressée aux membres du Palais de
Charlemagne. Cf. Epistolae variorum 1, n° 36, p. 552. Cf. également Alcuinus, Epistolae, n° 251, p.
406.
56 Agobardus, Epistolae, n° 13, p. 210 sqq.; cf. BOSHOF, Agobard, p. 188 sqq.
57 Actes de Pépin, n° 18, p. 61 sqq.
58 TESSIER, Diplomatique, p. 44 note 5.
59 Actes de Pépin, p. 64.
106. FROTHAIRE 1
Evêque de Toul 2 , attesté à partir de 814 - mort le 22 mai 849 ou 850
Frothaire, que Ton connaît principalement grâce à ses lettres 3 , a fait depuis long-
temps l'objet d'une étude exhaustive4. Il ne sera par conséquent ici question, après
une rapide présentation, que de ce qui motive la présence de l'évêque de Toul dans
cette étude. Frothaire fut éduqué à Gorze 5 avant de devenir abbé de Saint-Epvre près
Toul 6 . Il fut sacré évêque de Toul le 22 mars 7 8148. Frothaire participa au concile réu-
ni en juin 829 à Mayence 9 . Il prit également part à l'assemblée tenue en 835 à
Thionville, pendant laquelle Ebbon fut déposé 10 . Mais l'évêque de Toul fut égale-
ment présent à Ingelheim en août 840, pour approuver la réinstallation d'Ebbon sur
son siège rémois 11 . Frothaire mourut un 22 mai12, en 849 ou en 85013. Il fut inhumé à
Saint-Epvre 14 .
Diverses lettres de Frothaire prouvent ses fréquents séjours à la cour (il y pos-
sédait une habitation, puisqu'il lui arrivait de se faire livrer des victuailles à Aix15).
Ainsi, il écrivit une fois à l'archevêque Hetti pour lui dire qu'il regrettait de ne pas
avoir pu s'entretenir avec lui au passage, lors de son récent retour du palais16. Néan-
moins, il pouvait arriver qu'un évêque effectuât un voyage jusqu'au palais d'Aix
seulement pour y régler des questions privées ou concernant les intérêts de son dio-
cèse 17. Cependant, la nouvelle que Frothaire annonçait à Hetti n'est pas sans intérêt:
il lui fit part de l'ordre qu'il avait reçu de pourvoir au gîte d'ambassadeurs 18 . A ce
propos, une difficulté se présente: faut-il comprendre par l'expression ad providen-
das mansiones que Frothaire avait une responsabilité d'intendance au Palais, ou bien
qu'il était astreint à cette prise en charge d'ambassadeurs depuis le Mont-Saint-Ber-
nard jusqu'au palais d'Aix-la-Chapelle au titre des services dus par n'importe quel
évêque19? Dans le doute, il conviendrait d'écarter Frothaire de cette prosopographie.
Toutefois, plusieurs indices tendant à prouver son importance dans le fonctionne-
ment de l'Etat carolingien font que son cas mérite examen. Tout d'abord, il y avait la
grande confiance que Louis le Pieux accordait sans doute à Frothaire: en effet, il se
peut que, dans les années 818 et suivantes, ce dernier fût le gardien des demi-frères de
l'empereur 20 ..Par ailleurs, les liens de Frothaire avec la cour sont indéniables, comme
l'atteste sa lettre à Gérung, avec lequel il semble avoir été lié d'amitié 21 ; l'évêque
priait l'huissier de veiller à le faire exempter de service au cas où l'empereur aurait dé-
siré qu'il l'accomplît dans la Marche d'Espagne 22 . Il est également question d'un ser-
vice dû au palais d'Aix dans une lettre de Frothaire à Hilduin, mais l'évêque ne préci-
sa malheureusement pas de quoi il désirait qu'on le déchargeât23. Enfin, il se peut que
Frothaire fît office de missus impérial dans le diocèse de Cologne. C'est, selon l'avis
de Chr. Pfister24, la seule explication possible aux propos que l'abbé d'Inden tenait à
l'évêque de Toul 25 . Certes, il y a beaucoup de points d'interrogation dans ce dossier.
Mais le cas de Frothaire est vraisemblablement représentatif de nombre de ces évê-
ques ou de ces comtes dont on ne sait pour ainsi dire rien et dont la participation au
gouvernement, tout active qu'elle fût, nous échappe presque entièrement.
18 Frotharius, Epistolae, n° 12, p. 284: ... quia et ipse secundum imperiale prae cep tum ad providendas
mansiones, in quibus legati suscipi debent, scilicet a monte Iovis usque palatium Aquis ire debeo ...
19 C'est en faveur de cette seconde hypothèse que penchait PFISTER, Frothaire, p. 305 sq.
20 Cf. PFISTER, Frothaire, p. 300; PFISTER, Drogon, p. 103. Contrairement à ce que Chr. Pfister laissait
entendre, la chose n'est à mon sens pas totalement assurée; elle est seulement probable. Cf. les noti-
ces n° 165 et n° 261.
21 Frotharius, Epistolae, n° 6, p. 280: Sciatis igitur, quod postquam nuper vobiscum inpalatio locutus
sumy missas C etpsalteria Lpro vestra salute decantari fecerimus.
22 Ibid.: Vos autem praecamur, ut more solito mei memores sitis, et si in partes Ispanie propter custodiam
et solicitudinem me senior noster ista hieme futur a destinare voluerit, vos ab illo servitio excusare me
dignemini.
23 Frotharius, Epistolae, n° 9, p. 282: Praecipitur enim, ut in Aquis palatio operemur et laboribus ibi-
dem peragendis insudemus. Sed ab boc opère alia servitia et nécessitâtes nos revocant, et si vestrae
pietati übet, etiam oportunam satis excusationem praetendunt.
24 PFISTER, Frothaire, p. 311 note 1: »Evidemment Frothaire ne pouvait agir sur le territoire du monas-
tère d'Inden et rendre pareils jugements qu'en qualité de missus dominicus«.
25 Frotharius, Epistolae, n° 30, p. 296 sq. (à la p. 296): Agat itaque benignitas vestra, ut benigne cepit,
non solum de rebus et hominibus super ipsas conmanentibus, que inpromptu vobis sunt, sed et de Ulis,
quas idem ipsi nostri homines, quipassim et libère habitare videntur, emerunt; ut videlicet semper do-
mini Salvatoris respectui sint mancipate cum Ulis ipsis, qui eas possident. Qualiter autem super hoc
agendum sit, vestrae prudenciae manifestius liquet. Videtur tarnen nobis, si vos utile iudicaveritis, ut
quicumque de ipsis mancipiis sunt, qui se subtrahere de nostra dominatione moliuntur, servitutem
suam coram vobis rewadiare faciatis, et deinceps per iusticiam subacti banc fraudem perpetrare ne-
queant.
206
107. FULCOALD 1
Comte
Le comte Fulcoald 2 est attesté comme missus de Louis le Pieux 3 par un acte de con-
firmation des possessions du monastère d'Aniane 4 : Fulcoald assura, au nom de Lou-
is, la remise au monastère de pâturages 5 . On sait par ailleurs qu'un certain Fulcoald
impetravit auprès de Pépin Ier d'Aquitaine en faveur de l'abbaye de Lagrasse6. Le di-
plôme expédié en conséquence fut donné le 27 septembre 827.
108. GARNIER 1
Comte, mort en février 814
Garnier fut l'un des missi dépêchés en février 814 par Louis le Pieux à Aix-la-Chapel-
le pour assurer l'ordre à la cour avant son arrivée2. A l'insu de leurs collègues, Gar-
nier et son neveu Lambert s'érigèrent en justiciers vis-à-vis de Hodouin, qui se dé-
fendit en tuant le premier et blessant le second 3 . Garnier était membre de la famille
des Widonides; c'est en partie à lui qu'appartenait notamment le monastère de Horn-
bach 4 . Il convient de renvoyer aux travaux sur cette famille5.
109. GAUSELME 1
Comte, attesté à partir de décembre 8042 - mort durant Pété 834
Gauselme était un des fils de Guillaume de Gellone 3 . On comprend dès lors que ce
soit lui qui, en tant que missus, fut chargé de délimiter le terrain donné en 807 par
Louis le Pieux au monastère fondé par le célèbre comte 4 . L'on admet que Gauselme
était comte de Roussillon 5 . A une date inconnue, il délimita avec le comte Bernard,
son frère, le territoire du monastère de Saint-Polycarpe en Razès, sur l'ordre de Lou-
is le Pieux 6 . Vers la fin de 8147, il était à Aix-la-Chapelle, où il siégea au tribunal, pré-
sidé par le comte du Palais, ayant connaissance du différend entre l'aprisionnaire Jean
et le comte Adhémar 8 . A une date inconnue, le comte Gauselme introduisit auprès de
l'empereur la cause du monastère Saint-André de Sorède, en faveur duquel Louis le
Pieux accorda immunité et liberté d'élection abbatiale9. Il intervint 10 également en
faveur du monastère des saints Emeter et Genès 11 . Gauselme resta fidèle à Louis le
Pieux lors de la crise de 833/834: il fit partie des légats envoyés par Pépin d'Aquitaine
et les grands voulant délivrer Louis le Pieux (dont Bernard, le frère du comte qui
nous intéresse ici) pour négocier avec Lothaire, le 19 février 834 à Saint-Denis 12 . Il
dut payer de sa vie sa fidélité à Louis: suite à la prise de Chalon-sur-Saône par Lo-
thaire, ce fils rebelle le fit en effet décapiter13.
1 Formes onomastiques: Gauselmus, Gaucelmus, Gaucelinus (il s'agit probablement d'une confusion
de lecture entre m et in\ Gauzselmus, Gautselmus, Gotselmus, Gotcelmus, Gotbzelmus, Gozhelmus.
2 Cf. Doc. dipl. Languedoc, n° 16, col. 65 sqq.
3 Ibid. Cf. également Vita s. Willelmi, p. 79: Nondum enim monasterium ad perfectum ex toto perdu-
xerat: sedpostea in habitu sanctae religionis, adjuvantibus eumfiliis suis Bernardo scilicet & Gauceli-
noy quos comitatibus praefecerat suis comitibusque vicinis, perfecit sicut coeperat. Le souvenir de
Gauselme est évoqué par Dhuoda, Liber manualis, X, c. 5, p. 354.
4 B.M. 517(498), éd. Recueil des hist. 6, n° 3, p. 453 sq. (à la p. 453): ... sicut a misso nostro comité
Gotcelmo per cruces in lapidibus sculptas seu decursus aquarum in terminationibus traditum et assig-
natum est...
5 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 269; CALMETTE, Famille, p. 155. Comme Ta souligné SIMSON,
Jahrbücher, tome 2, p. 107 note 5, ceci ne reste qu'une supposition (»man nimmt an, daß ...«).
6 Actes de Charles le Chauve, tome 1, n° 50, p. 144 sqq.
7 Cf. l'annexe n° 1.
8 Enquête de Fontjoncouse, n° 3, p. 112 sqq.
9 B.M. 914(885), éd. Doc. dipl. Languedoc, n° 70, col. 158 sqq. (à la col. 158): ... vir inluster Gauceli-
nus (cette leçon est due à une confusion de lecture entre in et m) cornes ad nostram accedens clemen-
tiam innotuit celsitudini nostrae, qualiter... Col. 159: deprecatusque est nos idem vir inluster Gauce-
linus cornes ut...
10 CALMETTE, Gaucelme, p. 169 sq., date cette entremise de 829/830. L'auteur (ibid., p. 167) suppose en
effet que c'est en tant que comte de Gérone, pagus dans lequel est situé le monastère concerné, que
Gauselme joua le rôle d'intercesseur.
11 Charles le Chauve confirma un diplôme d'immunité de Louis le Pieux délivré per intercessionem
Gauzselmi quondam marchionis (Actes de Charles le Chauve, tome 1, n° 38, p. 102 sqq.). Cf. égale-
ment ibid., n° 221, p. 555 sqq. CALMETTE, Gaucelme, p. 167 et note 1, en fait le monastère d'Amer.
En réalité, Amer était une dépendance de ce monastère, comme il appert des deux diplômes de Char-
les le Chauve.
12 Astronomus, Vita, c. 51, p. 637 - texte cité à la notice n° 18.
13 Astronomus, Vita, c. 52, p. 639; Nithardus, Historia, lib. I, c. 5, p. 22.
208
110. GÉBAARD 1
Comte, attesté de juillet 832 au 9 novembre 8792
Etant donné que Louis le Pieux confirma, le 13 juillet 832 à Francfort, un échange de
biens sis dans le Lahngau conclu entre le comte Gébaard et le prêtre Riculf (le comte
puisa dans son benefiàum, avec la permission de l'empereur) 3 , on çn a conclu que
notre personnage était comte du pagus de la Lahn 4 . C'est d'ailleurs dans ce pagus
qu'il fonda un monastère (Kettenbach) 5 , dans lequel E. Tremp suppose qu'il se
retira 6 . Ce comte 7 , désigné à deux reprises par Thégan comme nobilissimus acfidelis-
simus duxs> joua un rôle de premier plan lors du rétablissement de Louis le Pieux en
834. Tout d'abord, il fit partie des grands envoyés par Louis le Germanique en jan-
vier 9 à Aix-la-Chapelle, pour y avoir une entrevue avec l'empereur prisonnier 10 .
Quelques mois plus tard, en automne, ce même comte 11 fut envoyé par Louis le
Pieux auprès de Lothaire, aux portes de Blois, pour l'inciter à capituler12. Gébaard
participa également au plaid tenu par Louis le Pieux en juin 838 à Nimègue 13 , comme
le prouve la mention de son nom parmi les témoins d'une procédure de restitution en
faveur de l'abbaye de Fulda 14 . Il se pourrait que notre personnage fît partie des com-
tes convoqués sur ordre de Louis le Pieux par un comte dont on ignore le nom, pour
statuer, vers 83915, sur la situation en Bavière16.
111. GÉBOUIN 1
Comte du Palais2, attesté d'avant 8243 à 838
Palais Gébouin en juin 838 à Nimègue, où il participa au plaid alors réuni par Louis
le Pieux10, comme la mention de son nom en tant que témoin lors d'une procédure de
restitution en faveur de l'abbaye de Fulda l'atteste 11 .
112. GEROLD1©
Comte, attesté de 811 à 832
Gerold 2 était un confinii cornes2' installé in orientali... parte Bawarie4. Il s'agit d'un
neveu 5 du célèbre comte du temps de Charlemagne 6 , oncle de Louis le Pieux 7 mort le
1er septembre 799 8 . Gerold entra dans l'histoire en grande pompe, puisqu'il fit partie
des témoins mentionnés dans le testament de Charlemagne (811)9. Pendant l'été 815,
il fut adjoint à Bernard d'Italie pour enquêter à Rome sur la mise à mort des respon-
sables de la conspiration contre Léon III. Bernard étant tombé malade, c'est Gerold
qui présenta le rapport à l'empereur 10 . Avant le 28 avril 820, il fut envoyé comme
missHS de l'empereur dans le duché de Spolète, et il enquêta notamment à propos
d'un différend entre l'évêque de cette cité et l'abbé de Farfa concernant l'église Saint-
10 B.M. 977(946)a.
11 Doc. dipl. Fulda, n° 513, p. 226 :... coram his testibus ... Gebauuino comitépalatti, Ruadharto simi-
liter comitépalatii... MEYER, Pfalzgrafen, p. 460 note 8, a remarqué que Gébouin était »möglicher-
weise identisch mit dem in den Gesta Aldrici erwähnten Geboinus comes, der im Jahr 838 an einer
Verhandlung vor dem Kaiser in Aachen beteiligt war«. Contre une telle identification parle cepen-
dant le fait que ce personnage est mentionné avec le seul titre comtal, alors que la liste des partici-
pants porte mention du nom de deux comtes du Palais, cf. Concilium Carisiacense (bis) p. 847.
11 B.M. 719(696) - texte cité à la notice n° 30. BEYERLE, Wirtschaftsgeschichte, p. 139, a proposé d'i-
dentifier le Gerold en question avec le missus de 821 en qui il faut cependant voir le futur comte du
pagus de Zürich (BORGOLTE, Grafen Alemanniens, p. 128). Contrairement à ce qu'affirme M. BOR-
GOLTE, ibid., BEYERLE, Gründung, note 41 p. 209, n'a pas remis en cause son identification; il a juste
affirmé qu'aucune source ne pouvait confirmer l'affirmation de Gallus Ohem, Chronik, p. 47, selon
laquelle l'évêque de Bâle aurait été envoyé en Italie, ou plus exactement à Rome. On ne peut cepen-
dant pas mettre en doute ce diplôme de Louis le Pieux, qui prouve, sinon un envoi à Rome, du moins
une mission en Italie.
12 Doc. dipl. Wissembourg, n° 69, p. 268 sqq.
13 B.M. 722(699)a.
14 Annales regni Franc, a. 826, p. 169 - texte cité à la notice n° 41.
15 B.M. 829(770)b et c. Annales regni Franc, a. 826, p. 170 - texte cité à la notice n° 41. Cf. également
Astronomus, Vita, c 40, p. 629.
16 Doc. dipl. Freising, n° 548, p. 469 sq.: Tuncvero Uuillihelm comis secundum Keroldi iussionem que-
sivit inter vetustissimis viris Baiouuariis et Sclananiis ubi rectissimum terminum invenire potuissent
17 B.M. 850(824), éd. D o c dipl. Enns, n° 7, p. 11 sq. (à la p. 11): ... ad deprecationem dilectifilii nostri
Ludowici régis Waioariorum et Geroldi comitis ...
18 B.M. 844(818)a.
19 Cf. Annales regni Franc, a. 828, p. 174 - texte cité à la notice n° 41.
20 Bavière, Landkreis Rottal-Inn.
21 Doc. dipl. Passau, n° 73, p. 61 sq.
22 Doc. dipl. Alsace, n° 90, p. 73 sq.
23 Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 13, p. 699 - texte cité à la notice n° 51. Sur la date, cf. SEEGRÜN, Erz-
bistum Hamburg, p. 33.
212
Un certain Gerold fut envoyé comme missus dans le pagus de Zürich, avant le 15
février 821, pour enquêter concernant la restitution de biens à l'abbaye de Saint-
Gall 3 . Il ne porte pas de titre comtal 4 . Il semble qu'il faille voir en lui le futur comte
du pagus de Zürich étudié par M. Borgolte 5 . Gerold est attesté pour la première fois
comme comte par une charte de Saint-Gall établie le 1er mars 826 à Eschenbach, sub
Geroldo comité6.
En 834/838 3 , Raban Maur dédia son commentaire sur les Macchabées à l'archidiacre
du Palais, Gerold 4 , avec qui il s'était entretenu à Worms 5 , vraisemblablement en
8296. Gerold est attesté sans conteste comme chapelain de Louis le Pieux par la liste
des bienfaiteurs du monastère de Corvey 7 , où il reçut d'ailleurs sa sépulture 8 .
115. GÉRUNG 1
Huissier 2 , attesté à partir de 822 - mentionné pour la dernière fois vers 840/844 3
L'huissier (ostiarius) Gérung, qui finit ses jours comme moine à Tabbaye de Prüm 4 ,
apparaît pour la première fois dans les sources en 822: après le plaid d'août tenu à At-
tigny, il fut envoyé en Italie avec Lothaire pour l'assister dans sa mission 5 . On le re-
trouve exerçant ses fonctions d'huissier, ou plutôt, comme le dit l'auteur des Annales
royales, d'ostiariorum magister6 en 826 à Ingelheim, lors du baptême du Danois Ha-
rold 7 : la tête couronnée, il portait le sceptre 8 et marchait immédiatement derrière
Louis le Pieux 9 .
Venons-en maintenant aux documents illustrant de manière particulièrement
détaillée le rôle et l'influence de Gérung à la cour. Tout d'abord, il y a deux diplômes
de Louis le Pieux dont les mentions en notes tironiennes font part du rôle joué par
Gérung; l'un fut donné à Aix-la-Chapelle le 1er décembre 825 en faveur de l'abbaye
de Nonantola 10 , l'autre fut donné à Compiègne à une date inconnue en faveur de
Saint-Maur-des-Fossés n . Gérung n'agit jamais seul: il est mentionné une fois avec un
certain Rotfrid, une autre fois avec un personnage dont le nom nous est inconnu.
Dans le premier cas, il donna l'ordre de procéder à la rédaction du diplôme et de le
munir des signes de validation12; dans le second cas, il présenta la requête au souve-
rain13. La première des deux mentions - que l'on s'attendrait plutôt à voir appliquer à
l'archichancelier ou au premier des notaires - est, de prime abord, assez surprenante,
car elle bouleverse la conception jusqu'ici assez close qu'ont les historiens de la
»chancellerie«: le chef des huissiers avait pouvoir d'ordonner l'établissement d'un di-
plôme. La seconde mention montre Gérung dans un rôle d'intermédiaire par ailleurs
bien connu grâce aux lettres de l'évêque Frothaire. Quatre lettres de l'évêque de Toul
à l'huissier ont en effet été conservées14, dans lesquelles Frothaire s'adressait à son
correspondant de manière tout à la fois respectueuse et amicale; à trois reprises, l'évê-
que l'assurait qu'il faisait dire des messes et réciter des psaumes pour lui. Une fois, il
demanda à Gérung d'obtenir de Louis le Pieux qu'aucune mission en Espagne (vrai-
semblablement en 827) ne lui fût confiée15. Une autre fois, il demanda à Gérung d'in-
troduire auprès de l'empereur son messager, au cas où Hilduin ne serait pas là pour le
faire16. Dans une autre lettre, Frothaire demanda à Gérung de lui indiquer quand il
pourrait rencontrer l'empereur et il le priait de lui ménager une audience17. Enfin,
Frothaire en vint également à demander à l'huissier de régler pour lui une affaire18.
116. GERWARD 1
Bibliothécaire2, attesté à partir de 814 - peut-être mort en 8603
C'est grâce à Eginhard, qui l'appelle dans une de ses lettres dilectissimus frater4 (une
expression à comprendre dans le sens de jrater in Christo, qui souligne l'amitié entre
ces deux palatins), que nous connaissons la fonction de Gerward 5 au Palais: il était
bibliothécaire 6 . O n comprend alors qu'il ait édité pour l'empereur la Vita Karoli
composée par Eginhard 7 . Vers 828, Gerward était également responsable des travaux
et chantiers dans les palais de l'empereur 8 . Si le Gerward ayant donné en 814 à l'ab-
baye de Lorsch des biens sis in pago Batauua est identique avec le bibliothécaire de
Louis le Pieux, ce qui est presque certain 9 (cette donation eut lieu au palais d'Aix-la-
Chapelle), notre personnage était un clerc10. Gerward, à qui l'on doit la première
partie des Annales Xantenses 11 , termina ses jours vraisemblablement sur ses terres de
Gent 12 qu'il avait données à l'abbaye de Lorsch 13 et qu'il administra certainement en
tant que moine de cette abbaye 14 .
117. GÉRY^I)
Fauconnier 2 , attesté de 794 à 826/827
Géry souscrivit 3 le diplôme de Louis le Pieux donné le 3 août 794 au Palais (Haute-
Vienne, arr. Limoges), en faveur de la cellola de Nouaillé 4 . Il était fort probablement
5 Gerward doit être identifié avec le Gerowardus filius Landwardi qui fit, le 7 février 828, donation à
l'église Saint-Martin d'Utrecht de biens héréditaires sis en Gelderland (Doc. dipl. Utrecht, n° 19, p.
30 sq.), comme Ta montré LÖWE, Annales Xantenses, p. 84 et p. 87.
6 Einhardus, Translatio, IV, c. 7, p. 258: Gerwardus palatii bibliothecarius, cui tune temporis etiampa-
latinorum operum ac structurarum a rege cura commissa erat, de Noviomago veniens, palatium
Aquense petebat. Gerward disposait également d'une bibliothèque personnelle, dont on a conservé
l'inventaire. Il est édité dans LEHMANN, Erforschung, p. 207 sq.
7 Einhardus, Vita Karoli, p. XVI note 1 : Hos tibi versiculos ad laudem, maxime princepsj Edidit aeter-
nam memoriamque tuam/ Gerwardus supplex famulus, qui mente benigna/ Egregium extollit no-
men ad astra tuumJ Hanc prudens gestam noris tu scriberey lectorj Einhardum magni magnificum
Karoli.
8 Einhardus, Translatio, IV, c. 7, p. 258. On a voulu réduire cette activité au seul palais d'Aix-la-Cha-
pelle, cf. LÖWE, Annales Xantenses, p. 89 note 4.
9 LEHMANN, Erforschung, p. 209, a affirmé cette identité. La démonstration fut menée encore plus
avant par LÖWE, Annales Xantenses, p. 87 sqq.
10 Doc. dipl. Lorsch, tome 1, n° 101 p. 381 sq.: Gerwardus clericus. LÖWE, Annales Xantenses, p. 89,
suppose qu'il avait un grade ecclésiastique inférieur à celui de diacre.
11 Comme l'a prouvé LÖWE, Annales Xantenses.
12 Cf. MARTENS VAN SEVENHOVEN, Gelderland, p. 159. Cf. également LEHMANN, Erforschung, p. 209.
13 II s'agit de la donation de 814. La bibliothèque de Gerward fut, après la mort de l'abbé Adalung (cf.
LÖWE, Annales Xantenses, p. 90), transportée à Lorsch (LEHMANN, Erforschung, p. 207: Hos libros
repperimus in Gannetias, quos Gerwardus ibidem reliquit et ab inde huc Mos transtulimus). Puisque
ses livres étaient à Gent, il faut supposer que c'est là que résidait le moine (cf. LÖWE, Annales Xan-
tenses, p. 91). Sur l'influence de Gerward (que B. Bischoff considérait comme un profès de l'abbaye
dès le temps de son service à la cour) en ce qui concerne l'évolution de la bibliothèque de Lorsch, cf.
BISCHOFF, Lorsch, p. 62.
14 Gerward est mentionné parmi les moines de Lorsch dans le Liber confraternitatis de la Reichenau
(Verbrüderungsbuch Reichenau, p. 54/ B3). Etant donné que cette liste date de l'abbatiat d'Adalung,
il faut en conclure que c'est avant le décès de ce dernier que Gerward quitta la cour pour le cloître
(LÖWE, Annales Xantenses, p. 90).
identique avec le fauconnier (capis5praelatus) Géry attesté vers 813 comme membre
du Palais de Louis d'Aquitaine; il fut envoyé par le roi auprès de Charlemagne afin
de consulter ce dernier à propos de questions dont l'Astronome ne dévoile pas la na-
ture. Le fauconnier aurait alors été incité par plusieurs grands à conseiller à Louis le
Pieux de se rendre auprès de son père afin de recueillir l'héritage6. Il est vraisembla-
ble que ce fût encore ce personnage que Louis le Pieux, vers 826/8277, envoya en
qualité de missus à Lyon pour y enquêter sur le statut des Juifs8.
Géry souscrivit2 le diplôme de Louis le Pieux donné le 3 août 794 au Palais (Haute-
Vienne, arr. Limoges), en faveur de la cellola de Nouaillé 3 .
119. GISCLAFRED 1
Comte, attesté de812à815
semblablement peu avant le 1er janvier 815 4 , on le retrouve siégeant au tribunal réuni
à Aix-la-Chapelle sous la présidence du comte du Palais, pour juger le différend en-
tre Paprisionnaire Jean et le comte Adhémar 5 .
120. GISLEMAR1
Attesté en août 794
Gislemar souscrivit le diplôme de Louis le Pieux donné le 3 août 794 au Palais (Hau-
te-Vienne, arr. Limoges), en faveur de la cellola de Nouaillé 2 .
121. GLORIUS 1
Notaire 2 , attesté de l'automne 838 à février 841
Glorius apparaît comme notaire vers la fin du règne de Louis le Pieux. C'est lui qui
fit la récognition du diplôme confirmant un échange entre l'abbé de Saint-Denis,
Hilduin, et l'abbesse de Jouarre 3 - un document permettant peut-être de distinguer
Y actum4 du datum5. Glorius accompagna la cour en Poitou pendant l'hiver 839/840,
comme l'atteste un diplôme délivré pour Eckard, un fidelis de l'empereur 6 . Ensuite,
Glorius passa vraisemblablement au service de Lothaire 7 ; il est attesté à sa »chancel-
4 Cf. l'annexe n° 1.
5 Enquête de Fontjoncouse, n° 3, p. 112 sqq.
122. GODOLELME 1
Notaire, attesté en 807
Le notaire Godolelme ne nous est connu que par la récognition du diplôme donné
par Louis le Pieux le 28 décembre 807 à Toulouse, en faveur de Gellone: Godolelmus
notarius ad vicem Guigonis recognovit1.
123. GOMBAUD 1
Abbé, attesté en 830/831
Le personnage de Gombaud 2 est fort intéressant, qui met en valeur cette course aux
honneurs et ce souci du succès personnel qui ruinèrent l'empire sous Louis le Pieux,
comme le montra Nithard 3 . J.-P. Brunterc'h, paraphrasant le récit de Nithard qui est
le seul à nous renseigner sur le rôle de Gombaud lors de la première crise du règne de
8 Dipl. Karol. 3, n° 52, p. 153 sq. et n° 55, p. 155 sqq.
9 La date est peu certaine. L. Levillain s'était appuyé, entre autres choses, sur le diplôme de Lothaire
n° 55, daté par les auteurs des Regesta imperii de 843. Or ce diplôme date de 841. Je garde ici la date
de 843 au cas où elle serait établie de manière assez certaine en raison de la référence à la »disette de
vin« à venir (et qui concerne réellement Tannée 843, comme Ta montré L. Levillain). L'éditeur de la
correspondance de Loup avait, lors de ses travaux préparatoires, daté cette lettre de 852 (cf. Lupus,
Correspondance, tome 1, p. 130 note 3).
10 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 28, p. 132: ... G., in monasterio nostro educatus ...
11 Sur l'identification (retenue par FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 126 note 85) de G. comme le notai-
re Glorius, cf. l'analyse de L. LEVILLAIN (Lupus, Correspondance, p. 130 note 3), qui s'appuie sur la
lettre n° 29, p. 134 sqq. DICKAU, Kanzlei, 2 e partie, p. 78, se montre - à mon sens avec raison - plus
réservé.
12 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 28,29 et 30, p. 130 sqq.
Louis le Pieux 4 , a résumé l'action de ce personnage: »En avril 830, dès le début de la
rébellion, l'idée de Pépin et de Lothaire est d'amener TEmpereur à renoncer au siècle.
Aussi Nithard nous dit-il que dans cette optique, des moines, agissant sur Tordre de
Lothaire, se tiennent auprès de Louis le Pieux afin de l'initier à la vie monastique et
de le persuader de s'y consacrer. En fait, ces religieux finissent par s'entendre avec
TEmpereur et décident de Taider à recouvrer son autorité. Parmi eux, Louis le Pieux
choisit un moine nommé Guntbaldus et, sous couvert de religion, l'envoie proposer
un accroissement de royaume à ses fils Pépin et Louis en échange de leur soutien.
Après ces tractations menées avec succès, Louis le Pieux impose de nouveau sa su-
prématie lors de l'assemblée de Nimègue en octobre 830«5.
Nithard désignait Gombaud en tant que monachus. Il est pourtant fort probable 6
qu'il s'agisse en fait de l'abbé de Charroux attesté vers la même époque. En effet, le
13 août 830, à Samoussy, l'empereur Louis le Pieux 7 , sur la suggestion de Lothaire
(suggerente supradicto filio dilecto nostro Lothario augusto et consorte imperii nostri\
fit une donation au monastère de Charroux ubi etiam praesenti tempore vir venera-
bilis Gunbaldus abbas praeesse dignoscitur*. Notre personnage est également attesté
comme abbé de Charroux par un autre diplôme, non daté 9 , et par la liste des moines
de ce monastère contenue dans le Liber confraternitatis de la Reichenau10. Une fois le
pouvoir de Louis rétabli, Gombaud ne semble pas s'être résigné à rentrer dans Tom-
bre. Nithard affirma qu'il convoitait le rang de second personnage de l'Etat 11 . Selon
l'auteur de l'Histoire des fils de Louis le Pieux, le moine serait alors entré en concur-
rence avec l'ancien chambrier de l'empereur, Bernard 12 . Toujours est-il que, de fait,
Gombaud fut associé un court temps au gouvernement, comme l'atteste la mention
en notes tironiennes d'un diplôme donné à Aix-la-Chapelle le 25 février 831 en fa-
veur de Kempten, par lequel l'empereur fit, à la requête de son fils Charles (ad depre-
cationem dilectifilii nostri Karoli), donation à ce monastère d'une cella sise en Alé-
manie13: Gombaud abba impetravitu. Selon l'hypothèse de J.-P. Brunterc'h, qui
s'appuie sur les travaux d'O. G. Oexle, »en réalité, l'ambition de ce personnage est
étroitement soudée à celle de tout un groupe au centre duquel se trouve le propre frè-
re du souverain, Hugues, fils bâtard de Charlemagne« 15 , un membre de la commu-
nauté de Charroux 16 qui apparut peu après sur la scène politique 17 . C'est tout ce que
Ton sait de Gombaud 18 .
124. GOTAFRID 1
Abbé de Gregorienmünster 2 , attesté de juin 823 3 jusqu'en 835 4
Avant le 9 juin 831, l'abbé Gotafrid fut envoyé enquêter sur la perte d'autorité de
l'abbé de Pfavers en tant que missus de Louis le Pieux 5 . Le 12 juin 823 à Francfort, il
avait obtenu de Louis le Pieux la donation pour son monastère de Confluens d'une
partie de la forêt du fisc de Colmar 6 . On peut en conclure que, selon toute probabi-
lité, il se trouvait à la cour le jour suivant, pour la naissance de Charles (le Chauve) 7 .
Il avait probablement participé au plaid que Louis le Pieux avait tenu à Francfort en
mai 8 . Le 27 octobre 826 à Ingelheim, il obtint la confirmation du privilège d'immu-
nité de son monastère 9 . L'on peut en conclure que l'abbé Gotafrid participa égale-
ment au plaid alors tenu par Louis au palais d'Ingelheim 10 . L'abbé de Gregorienmün-
ster aurait par ailleurs été chargé, une fois l'archevêque Ebbon déposé en 835, de re-
quérir du pape la confirmation de cette décision11. Cette assertion de Charles le
Chauve a néanmoins été jugée »à peine crédible«12. C'est tout ce que l'on sait sur Go-
tafrid13.
125. GRIMALD 1
Chapelain 2 , attesté peu après 824 (vers 825/826) - mort le 13 juin 872
posé: en janvier 83415, Grimald fit partie de la délégation envoyée par Louis le Ger-
manique auprès de son père retenu prisonnier par Lothaire au palais d'Aix-la-Cha-
pelle16. Quelque temps après la première mention de Grimald comme abbé de Wis-
sembourg, nous le voyons à la cour de Louis le Germanique, où il dirigeait la »chan-
cellerie«. Il y est attesté (récognition advicem Grimaldï) pour la première fois le 19
octobre 833 17 .
Grimald, au service du roi de Bavière, fut victime de la brouille entre Louis le
Pieux et son fils homonyme: vers la fin du règne de l'empereur, il perdit l'abbaye de
Wissembourg 18 . Il faut bien reconnaître que le détail des agissements de Grimald lors
de la révolte de Louis le Germanique nous échappe, et il semble que notre personna-
ge ait perdu sur les deux tableaux. En effet, alors que la perte de Wissembourg doit
être comprise comme une sanction de Louis le Pieux19, Grimald perdit également la
direction de la »chancellerie« de Louis le Germanique à cette époque 20 . E. Dümmler
avait proposé d'expliquer ceci par une fidélité, de la part de Grimald, trop prononcée
en faveur de l'empereur 21 , hypothèse que P. Kehr rejeta22. A mon sens, l'on ne peut
expliquer cette disparition de Grimald que par son indécision à choisir son camp - il
semblerait alors qu'il fût moins habile qu'Eginhard quelques années plus tôt. Néan-
moins, après la mort de Louis le Pieux, Grimald recouvra son abbatiat à Wissem-
bourg 23 et Louis le Germanique, outre qu'il lui donna Saint-Gall24, lui confia de nou-
veau la direction de la »chancellerie«25 et le nomma archichapelain26. Il ne convient
pas ici de s'attarder sur le règne de Louis le Germanique. Grimald mourut le 13 juin
87227.
15 Après le 6 janvier.
16 Theganus, Vita, c. 47, p. 600 - texte cité à la notice n° 110.
17 Dipl. regum Germ. 1, n° 13, p. 15 sq. Son prédécesseur, Gauzbald, est attesté pour la dernière fois le
27 mai 833 (ibid., n° 11, p. 13 sq.).
18 Grimald est mentionné pour la dernière fois en automne 838 (Doc. dipl. Wissembourg, n° 273, p.
516 sq.), son successeur est attesté pour la première fois le 23 janvier 840 (ibid., n° 151, p. 352 sqq.).
19 Cf. DUFT, Gössi, VOGLER, Abtei St. Gallen, p. 105.
20 La dernière récognition advicem Grimaldï date du 23 septembre 837 (Dipl. regum Germ. 1, n° 25, p.
30 sq.). Son successeur, Ratleic, est attesté pour la première fois le 10 décembre 840 (ibid., n° 26, p. 31
sq.).
21 DÜMMLER, Geschichte, tome 2, p. 431.
22 KEHR, Kanzlei, p. 8.
23 II est attesté pour la première fois le 30 juin 847 (Doc. dipl. Wissembourg, n° 200, p. 410 sqq.). Son
prédécesseur, Otgaire, était mort le 21 avril 847 (cf. Régestes Mayence, p. 63).
24 Ratpertus, Casus, c. 7, p. 67: Ergo hac miserabili consummatione helliperacta, protinus Hludowicus
ahhatiam sancti Galli Grimaldo destinavit atque contradidit. Qui statim eam, in quantum valuit,
causa regiae auctoritatis ohtinuit. Grimald était à la tête d'une troisième abbaye dont on ignore le
nom, cf. GEUENICH, Grimald, p. 63 sqq.
25 Première récognition advicem Grimaldi le 22 juillet 854 (Dipl, regum Germ. 1, n° 69, p. 96 sqq.).
26 Première mention le 21 avril 857 (Dipl, regum Germ. 1, n° 80, p. 116 sqq.).
27 Ratpertus, Casus, p. 71: Contigit autem transitus eius Idihus Iuniis 6. feria in primo ortu solis anno
incarnationis dominicae 872. Rexit autem monasterium nostrum féliciter per annos 30 et unum.
223
126. GUI 1
Comte de Vannes, puis du Mans, attesté à partir d'avril 820 -
mort au début de l'été 834
différends14. Gui périt au début de Pété 834, lors de l'affrontement des troupes fi-
dèles à Louis le Pieux, qu'il dirigeait, et des partisans de Lothaire, qui cherchaient à se
maintenir en Neustrie 15 .
127. GUIGON1
Responsable de la »chancellerie«2, attesté en août 807
Guigon n'est attesté à la tête de la »chancellerie« de Louis le Pieux, alors roi d'Aqui-
taine, que par la formule de récognition d'un diplôme donné le 28 décembre 807 à
Toulouse en faveur de Gellone: Godolelmus notarius ad vicem Guigonis recognovit*.
128. GUILLAUME 1 ®
Comte de Toulouse, attesté de 789 à 806 - mort au plus tard le 28 mai 813
14 Dans le diplôme, l'affaire est d'ailleurs présentée comme de l'histoire ancienne: la dotation des vas-
saux eut lieu ante complûtes annos et c'est Aldric qui rappela à Louis le Pieux qu'il avait ordonné une
enquête par ses missi.
15 Cf. Nithardus, Historia, lib. I, c. 5, p. 20; Adrevaldus, Miracula, c. 21, p. 51.
130. GUNDOLD 1
Infirmier2, attesté en 820
Gundold n'est attesté qu'en janvier 820, lors du plaid tenu au palais d'Aix-la-Chapel-
le 3 . Ermold nous le montre apportant, »comme d'habitude«, une civière lors du duel
entre Béra et Sanila4.
131. GUNDULF 1
Notaire, attesté en 820/821 (peut-être jusque février 822)
Le notaire Gundulf2 est attesté par seulement quelques actes dont il fit la récogniti-
on. Il suivit la cour dans ses déplacements: on le rencontre, dans les diplômes, pour la
première fois à Aix-la-Chapelle au printemps 8203; il participa certainement au plaid
tenu à l'automne à Quierzy-sur-Oise 4 , ainsi qu'à celui tenu en février 821 à Aix-la-
Chapelle 5 et à l'assemblée réunie en octobre de la même année à Thionville 6 . La réco-
gnition de l'acte du 27 octobre 821 est la dernière de ce notaire 7 .
132. GUNFRID1
Comte, attesté en 838
Le comte Gunfrid fut chargé par Louis le Pieux de procéder à l'investiture (plena ve-
stitura) d'Aldric à Saint-Calais, suite au procès gagné par l'évêque du Mans 2 . Il sem-
ble toutefois que Gunfrid n'ait pas participé à l'assemblée tenue à Aix-la-Chapelle en
avril 838, qui eut connaissance de l'affaire3. R. Hennebicque-Le Jan veut faire de ce
personnage un comte de Chartres 4 , attesté par un diplôme délivré plus de trente ans
plus tôt 5 . Etant donné le décalage chronologique, cette identification me semble ha-
sardeuse. .
133. GUNZO1
Sénéchal2, attesté d'environ 820 à 826 (peut-être jusqu'à 838)
134. HADABOLD1
Archevêque de Cologne 2 , attesté à partir de 825 3 - mentionné pour la dernière fois
en 840/841 4
En 825, Hadabold est attesté comme missus de l'empereur dans sa province de Colo-
gne 5 . En 829, l'archevêque de Cologne participa au concile réuni à Mayence 6 . Hada-
bold participa également à l'assemblée tenue en 825 à Aix-la-Chapelle 7 : il demanda
avec Walcaud à l'empereur la permission de procéder à la translation des reliques de
saint Hubert 8 .
5 Concilium Carisiacense (bis), p. 847 (n° 81). Je signale à titre purement indicatif qu'en août 834, un
certain Cunzo fit, avec son fils et sa femme, une donation à Saint-Gall (Doc. dipl. Saint-Gall, tome 1,
n° 350, p. 325 sq.).
135. HAGAN 1
Vassalus de l'empereur, attesté de juillet 821 à janvier 831
Le vassal Hagan nous est connu à la faveur de deux enquêtes qui lui furent confiées.
Avant le 16 juillet 821, il fut chargé de mener une enquête concernant les biens que
Fulquin, pour le temps pendant lequel il serait à Tost, avait confiés au cartolarms
impérial Théothard, mais qui avaient été intégrés au fisc à la mort de ce dernier. L'en-
quête fut ordonnée suite à la requête de Fulquin, qui désirait récupérer ses biens2.
Avant le 18 janvier 831, Hagan enquêta concernant la restitution d'un bois près de la
forêt de Columbarias à la cella de Barisis, tenue par lefidelis Léon3. Après avoir fait
son rapport, Hagan demeura probablement au palais pour participer au plaid de
février 831 tenu à Aix-la-Chapelle4.
136. HAISTULF 1
Archevêque de Mayence2, attesté à partir de 813 - mort en 826
consacra également, en 822, l'église cimétériale Saint-Michel8, qui nous est parve-
nue 9 .
137. HALITGAIRE 1
Evêque de Cambrai 2 , attesté à partir de 822 - mort en 830
Halitgaire, qui composa sur la demande d'Ebbon 3 , son évêque métropolitain, son
célèbre pénitentiel 4 , fut un personnage d'une importance certaine du temps de Louis
le Pieux. On rencontre l'évêque de Cambrai pour la première fois vers 8225: il fut en-
voyé par le pape Pascal 1er en mission chez les Danois, comme auxiliaire d'Ebbon 6 .
Les Annales royales datent de 823 le retour de l'archevêque de Reims 7 . Le 6 décem-
bre 825, c'est Halitgaire, avec l'évêque Amalaire de Metz, qui présenta à l'empereur
les travaux des Pères du concile de Paris 8 , concernant le culte des images9. Peu après,
à une date 10 et pour une raison qui nous sont inconnues, Tévêque de Cambrai fut en-
voyé à la tête d'une ambassade à la cour de Constantinople. Il en revint vers février
828, à l'occasion du plaid que Louis le Pieux tenait alors à Aix-la-Chapelle 11 , et il
rapporta de nombreuses reliques de saints12. En juin 829, Halitgaire participa au con-
cile réuni à Paris 13 . C'est la dernière trace que l'on ait de son activité: Il mourut en
83014 et il fut inhumé en l'abbaye du Mont-Saint-Eloi 15 .
138. HARIALD 1
Attesté en août 794
Hariald souscrivit le diplôme de Louis le Pieux donné le 3 août 794 au Palais (Haute-
Vienne, arr. Limoges), en faveur de la cellola de Nouaillé 2 .
139. HARTMANN 1
Comte, attesté de novembre 817 (peut-être dès février 807) à avril 820
(peut-être jusqu'à mars 835)
Avant le 20 novembre 817, le comte Hartmann fut nommé pour enquêter à Tournai
en qualité de missus, suite à la requête de l'évêque du lieu, concernant une donation
visant à l'extension de la claustra canonicorum2. Avant le 27 avril 820, un comte Hart-
10 Les auteurs des Regesta imperii placent en février 828 l'envoi de Halitgaire, ce qui à mon sens est une
fausse interprétation des sources, cf. B.M. 844(818)a.
11 Annales regni Franc, a. 828, p. 174 - texte cité à la notice n° 31. Cf. également, Astronomus, Vita, c.
42, p. 631.
12 Gesta episc. Cameracensium, c. 42 (40), p. 416 (dans ce texte, Halitgaire est présenté comme l'en-
voyé de Charlemagne; les données chronologiques sont bien évidemment erronées).
13 Cf. Doc. dipl. Paris, n° 35, p. 49 sqq. Sur ce concile, cf. HARTMANN, Synoden, p. 181 sqq.
14 Chronicon Vedastinum, p. 708.
15 Gesta episc. Cameracensium, c. 42 (40), p. 416.
mann, que j'identifie avec le comte en mission à Tournai 3 , fut envoyé ad iustitiasfa-
ciendas en Italie: il dut à cette occasion enquêter à propos d'une éventuelle restitution
à l'église cathédrale de Plaisance4. On a peut-être affaire à notre personnage avec
PArdemannus attesté comme missus de Charlemagne et de Pépin d'Italie le 22 février
807 à Rieti 5 . Il n'est pas impossible, mais plus improbable (car cet individu est men-
tionné par deux fois sans titre comtal), que notre personnage fût identique avec le
Hartmann attesté le 23 mars 835 comme avoué (advocatus) du monastère de Mur-
bach 6 .
140. HATTON 1
Comte, attesté de décembre 819 à mai 824
Dans plusieurs documents de Freising apparaît un certain Hatton, désigné une fois
formellement avec le titre comtal 2 . On le voit siéger par deux fois, en 822, comme
missus dominicus dans des plaids, le 14 avril à Föring 3 et le 31 août à Allershausen 4 .
Déjà le 3 avril 822, on rencontrait Hatton siégeant lors d'un plaid tenu à Ergolding 5 ,
mais il ne semble pas y avoir participé en tant que missus dominicus6. Une dernière
fois, on voit Hatton siéger lors d'un plaid tenu le 24 mai 824 à Ergolting 7 . Le comte
3 Rien ne peut prouver l'identité. Toutefois, le fait que son compagnon fut l'évêque de Strasbourg, Ada-
loch, m'incite à penser qu'il faut également faire du comte pour le moins un grand originaire du nord
des Alpes.
4 B.M. 715(692) - texte cité à la notice n° 12.
5 Doc. dipl. Italie, n° 21, p. 68 sqq.: Dumper iussionem dominorum nostrorum Karoli imperatoris vel
domni régis Pipiniperrexissemus nos Ardemannus et Gaidualdus missi dominorum nostrorum ... Sig-
num + manus Ardemanni missi domini régis, qui hic signum sancte +fecit. A noter que notre person-
nage ne porte pas (encore) de titre comtal.
6 Doc. dipl. Alsace, n° 94, p. 76. Il s'agit d'un acte d'échange fait en le palais royal d'Illzach.
Hatton, dont le personnage est fort difficile à cerner8, est un oublié de l'histoire ba-
varoise9. E. Dümmler voulut en faire un responsable de la défense de la frontière avec
la Bohême, et il l'intercala entre Audulf et Ernust10. De fait, on voit Hatton intéressé
au sort de la commarca11 de Cham12. Peut-être la mention des Annales Guelferbytani
à Tannée 82313 concerne-t-elle notre homme14.
141. HEIMIN 1
Evêque2, attesté en 825/826
L/évêque Heimin est attesté comme missus de l'empereur en 825 dans la province de
Besançon3. Il est également mentionné dans la Responsa missis data de 826: il devait
être consulté concernant le statut de deux femmes4.
142. HEITO1
Evêque de Baie2, né en 764 - mort le 17 mars 836
Heito naquit en 7643. Dès l'âge de cinq ans, c'est-à-dire vers 769, il entra au monastè-
re de la Reichenau 4 , d'où Charlemagne le fit sortir pour lui confier l'évêché de Baie5.
En 806, il reçut également l'abbatiat de son monastère d'origine 6 , qu'il garda jus-
qu'en 822, époque à laquelle il se retira des affaires7. Il mourut en 8368, le 17 mars 9 .
L'on sait peu de chose sur la politique menée par l'abbé de la Reichenau en son mo-
nastère 10 , si ce n'est qu'il fit édifier une nouvelle église, dédiée en 816 n . Quant à l'ac-
tion pastorale de Heito, on conserve de lui des capitula n. Par ailleurs, Heito est l'au-
teur de la Visio Wettini13, qu'il composa au tout début de sa retraite des affaires. Sous
Charlemagne, Heito jouit d'une influence certaine14, comme le prouve la mention de
son nom en 811 parmi les témoins cités dans le testament de Charlemagne 15 . La mê-
me année, il fut envoyé comme ambassadeur à Constantinople 16 . Il bénéficia égale-
1 Formes onomastiques: Heito, Haito, Haido, Hetto, Hitto; ce dernier nom est celui du destinataire
d'une lettre de l'évêque Frothaire. L'éditeur du document a identifié Hitto comme étant l'évêque de
Baie, mais rien dans le texte ne permet de confirmer cette identification. Cf. Frotharius, Epistolae, n°
5, p. 279 sq. Il se pourrait que le destinataire fût en fait l'évêque de Freising, Hitto (811-835).
2 Cf. DUCHESNE, Fastes, tome 3, p. 225; cf. également Helvetia Sacra, I, tome 1, p. 165 et III, tome 1/2,
p. 1070.
3 En 823, lorsqu'il tomba gravement malade, il avait soixante ans. Cf. Walahfridus, Visio Wettini, v. 82
sqq., p. 48.
4 Walahfridus, Visio Wettini, v. 40, p. 46: Coenobium quinquennis enim Insulanensepetivit.
5 Ibid., v. 45 sqq., p. 46. WILSDORF, Haito reconstructeur, p. 178, pense que »Pépiscopat de Haito (...)
commença au plus tôt en 791 et au plus tard en 805«.
6 Walahfridus, Visio Wettini, v. 60 sq., p. 46. Sur la date, cf. ibid., v. 83, p. 48. Cf. également Heriman-
nus, Chronicon, a. 806, p. 101: Augiae Waldone abbate ad regendum sancti Dionisii coenobium
transposito, Heito nonus abbas praefuit annos 17. Le Catalogus abbatum Augiensium, p. 38, donne
également une durée de 17 ans pour l'abbatiat de Heito.
7 Herimannus, Chronicon, a. 822, p. 102: Augiae Heitone abbate et episcopo privatam et quietam vi-
tam adoptante, Erlebaldus abbas lOus praefuit annis 13. Cf. également Annales Weingartenses, a.
822, p. 65. Toutefois, LÖWE, Methodius, p. 343/350 note 10, date la résignation de Heito de l'année
823. Déjà, WILSDORF, Haito reconstructeur, p. 177, avait préféré l'année 823, le successeur de Heito
au siège épiscopal de Bâle ayant été nommé le 21 décembre 823 (cf. ibid., note 12, p. 180).
8 Herimannus, Chronicon, a. 836, p. 103: Augiae Heito, Basilae episcopus, obiit et sepelitur. Cf. égale-
ment Annales Weingartenses, a. 836, p. 65.
9 Necrologium Augiae divitis, p. 274: Haito eps.
10 Sur la participation de Heito à la réforme monastique, cf. LÖWE, Methodius, p. 350/357 note 38.
11 Herimannus, Chronicon, a. 816, p. 102: Augiae basilica sanctae Mariae a Heitone abbate et episcopo
constructa et dedicata est. Le modèle du plan de Saint-Gall semble avoir été l'abbaye de Reichenau,
cf. ZETTLER, St. Galler Klosterplan. Heito fit également reconstruire son église cathédrale de Bâle, cf.
WILSDORF, Haito reconstructeur.
12 Capitula episcoporum, p. 203-219. Sur l'activité de Heito, cf. en outre WILSDORF, Haito reconstruc-
teur.
13 Ed. E. DÜMMLER, M.G.H. Poetae 2, p. 267 sqq. Cf. MÜLLER, Beitrag zur Überlieferungsgeschichte;
cf. également AUTENRIETH, Heitos Prosaniederschrift.
14 Des otages saxons lui furent confiés, cf. Indiculus obsidum. Cf. B.M. 410(403).
15 Einhardus, Vita Karoli, c. 33, p. 100.
16 Annales regni Franc, a. 811, p. 133: Absoluto atque dimisso Arsafio spathario - hoc erat nomen lega-
to Nicifori imperatoris - eiusdem pacis confirmandae gratia legati Constantinopolim ab imperatore
mittuntur, Haido episcopus Baslensis et Hug cornes Toronicus et Aio Langobardus de Foro luli... Sur
le souvenir de la mission de Heito conservé à Saint-Gall, cf. Notkerus, Gesta Karoli, II, c. 6, p. 55 sq.
235
143. HÉLISACHAR 1
Archichancelier, attesté à partir d'avril 808 - mort avant 8402
C'est dans les actes de Louis, roi d'Aquitaine, que le nom de Hélisachar, qui était
prêtre 3 , apparaît pour la première fois. Le 7 avril 808 fut expédié un diplôme écrit ad
vicem de ce personnage 4 qui fit, le mois suivant, la récognition d'un autre diplôme 5 .
Il s'ensuit que Hélisachar devait alors diriger la »chancellerie« du roi d'Aquitaine 6 . Il
accompagna Louis le Pieux à Aix-la-Chapelle en 814 et exerça au début du règne
L'anecdote relatée suite à cette mission met bien en lumière l'importance de Heito à la cour de Char-
lemagne.
17 B.M. 601(581).
18 B.M. 603(583), éd. Doc. dipl. Wurtemberg, n° 74, p. 83 sq.
19 Cf. LÖWE, Methodius, p. 354/361 sqq., qui se fonde sur le témoignage de Gallus Öhem (à ce propos,
cf. la note suivante).
20 B.M. 719(696) - texte cité à la notice n° 30. Gallus Öhem, Chronik, p. 47, affirma que Heito fut en-
voyé à Rome, ce qu'aucune autre source ne permet de confirmer. Cf. BEYERLE, Gründung, note 41p.
209.
impérial les mêmes activités7, le même officium palatinum*, qu'en Aquitaine. Héli-
sachar demeura à la tête de la »chancellerie« jusqu'au 7 août 8199. Le premier ar-
chichancelier du règne impérial de Louis le Pieux est en cela remarquable qu'il parti-
cipa activement à l'expédition des actes: il fit la récognition d'une trentaine de diplô-
mes 10. Etant donné la diversité des destinataires, dont on peut se rendre compte grâce
à l'appendice faisant suite à cette notice11, il est totalement à exclure que Hélisachar
ne participât qu'à l'expédition de diplômes en faveur de personnes proches: la réco-
gnition des diplômes entrait au contraire dans le cadre de ses fonctions. Ce ne serait
plus le cas sous ses successeurs12. Une observation s'impose cependant: presque la
totalité des actes dont Hélisachar fit la récognition furent expédiés durant les deux
premières années du règne impérial de Louis, la majorité de ces diplômes datant
d'ailleurs de 814. On voit par conséquent très nettement ici une manifestation de
l'euphorie des débuts, qui s'essouffla rapidement.
Nous devons à présent nous arrêter sur une question d'un intérêt capital: Héli-
sachar procéda-t-il à la récognition de diplômes après avoir quitté la direction de la
»chancellerie«? Il le fit peut-être encore peu de temps après son départ13 et, ce qui est
encore plus remarquable, peut-être aussi bien ultérieurement. Un diplôme du 3 mars
831 est fort important pour l'analyse de ce problème: sur la requête de l'archevêque
de Vienne, Bernard, Louis le Pieux restitua à la cathédrale Saint-Maurice le monastè-
re de Saint-André, qui avait été usurpé en raison de la cupidité de certains hommes
mauvais (propter cupiditatem malorum hominum). Au bas de ce diplôme, on lit:
Hélisachar recognovi14. Le même jour, un autre diplôme de restitution fut expédié en
faveur de Saint-Maurice de Vienne. Cette fois, Durandus diaconus ad vicem Fredarii
(pour Fridugisi) recognovit15. Certes, étant donné le caractère de la tradition ma-
nuscrite du diplôme B.M. 884(855), l'on ne peut pas prétendre avoir un texte établi
de manière certaine16, mais doit-on suivre Th. Sickel17, quand il suppose que l'éven-
7 Cf. PERRICHET, Grande Chancellerie, p. 468; SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 85 sqq.; BRESSLAU, Ur-
kundenlehre, tome 1, p. 385 sqq.; TESSIER, Diplomatique, p. 43 sq.; DICKAU, Kanzlei, 1ère partie, p.
109 sqq. et 2 e partie, p. 103 et p. 114 sqq.; SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 234 sq.; FLECKENSTEIN,
Hofkapelle 1, p. 81.
8 C'est ainsi que Hélisachar désignait ses fonctions, cf. Epistolae variorum 2, n° 6, p. 307.
9 Cf. B.M. 699(678). Il fut remplacé aussitôt puisque dès le 17 du même mois au plus tard, son succes-
seur était en fonction, cf. B.M. 700(679).
10 Cf. SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 86. Il est toutefois possible que le nombre de ces diplômes soit
plus élevé, mais que nous ayons perdu la trace de l'action de l'archichancelier. En effet, il était possi-
ble qu'un notaire, en l'occurrence Durand, fît la récognition d'un diplôme, mais que Hélisachar pas-
sât après lui et fît de même. C'est ainsi que j'interprète la double récognition de Durand et de Héli-
sachar (cette dernière étant mentionnée en notes tironiennes) du diplôme B.M. 684(664) pour Ania-
ne dont on a récemment retrouvé l'original, cf. la notice n° 43.
11 Je ne prends bien évidemment pas en compte le diplôme B.M. 593(573), éd. M.B. 31, n° 16, p. 40 sqq.
(à la p. 42), dont Hélisachar aurait prétendument fait la récognition (Hélisachar cancellarius ad vi-
cem Richolffi archicapellani recognovî), puisqu'il s'agit d'un acte interpolé.
12 Cf. TESSIER, Diplomatique, p. 94.
13 Cf. le dernier acte de la liste fournie en appendice à cette notice, et en particulier la dernière note de
cet appendice.
14 B.M. 884(855), éd. Recueil des hist. 6, n° 165, p. 570 (diplôme donné à Aix-la-Chapelle).
15 B.M. 885(856), éd. Recueil des hist. 6, n° 166, p. 570 (à la p. 571).
16 Cf. SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 86 note 2, juge la souscription »nicht verbürgt«.
17 SICKEL, Acta regum, tome 2, p. 339 (L. 281).
237
tuelle faute est imputable à un copiste s'étant inspiré du diplôme B.M. 570(550)?
L'explication du savant viennois est séduisante. Cependant, rien ne permet de tran-
cher définitivement. C'est pourquoi je préfère signaler le problème en laissant la
question ouverte.
Hélisachar était lié d'amitié avec Benoît d'Aniane18. Ce dernier l'appela d'ailleurs à
son chevet lors de son agonie19. Leur amitié remontait certainement à la période
aquitaine du règne de Louis le Pieux. On prétend parfois que Hélisachar était d'ori-
gine wisigothique20, mais à ma connaissance, personne n'en a jamais apporté la preu-
ve21. Hélisachar semble avoir joui d'un prestige certain à la cour de Louis le Pieux22.
Un contemporain le qualifia d'ailleurs de »premier parmi les premiers du Palais de
Pexcellentissime empereur Louis«23. Le poème d'Ermold nous en fournit une écla-
tante confirmation: dans le cortège conduisant l'empereur, la cour et le Danois Ha-
rold à l'intérieur de l'église, à Ingelheim en 826, Hélisachar - qui ne détenait alors au-
cune charge aulique - marchait à la gauche de Louis le Pieux, î'archichapelain Hildu-
in se tenant à la droite de l'empereur24. Deux lettres d'Agobard illustrent de manière
concrète comment s'exerçait le rôle de conseiller joué par Hélisachar. La première fut
adressée à Adalhard25, à Wala26 et à Hélisachar27: tous trois entendirent la plainte que
l'archevêque de Lyon présenta en août 822 lors de sa venue à la cour28, concernant le
baptême des mancipia de Juifs. Ensuite, ils en informèrent l'empereur29. La seconde
lettre confirme la première30.
18 DICKAU, Kanzlei, 1ère partie, p. 116, présente comme une »begründete Annahme« l'hypothèse selon
laquelle ce serait grâce à l'intervention de Benoît d'Aniane que Hélisachar »zunächst den Posten ei-
nes Leiters der aquitanischen Schreibstube erhielt, später zum Vorsteher der Reichskanzlei avancier-
te« en raison des »persönlichen Beziehungen zwischen beiden Männern« et de »ihre gemeinsame
Herkunft aus Septimanien«. A mon sens, rien ne permet de prouver que l'abbé d'Aniane fût res-
ponsable de la carrière de Hélisachar.
19 Cf. Ardo, Vita Benedicti, prologue, p. 200: Et quoniam ei unicae dilectionis affectu migranti de secu-
lo Helysacar besit abbas ... Cf. également ibid., c. 42, p. 219.
20 Cf. en dernier lieu DICKAU, Kanzlei, 1ère partie, p. 116, qui parle de sa »Herkunft aus Septimanien«;
SASSIER, Concept romain, p. 22, qui le considère comme un »réfugié espagnol«. Mais RICHE, Réfu-
giés, n'en souffle mot.
21 Le nom de Hélisachar ne donne pas d'indice quant à l'origine du personnage. Cf. MORLET, Noms de
personne, tome 1, p. 79, au préfixe Elis-, Lis: »Ce thème onomastique a été dégagé de noms bibliques
tels que Elisabeth, Eliseus, Elisachar, par une coupure arbitraire de ces noms«.
22 Toutefois, il ne semble pas avoir été au-dessus des lois, cf. Responsa, c. 9, p. 315: Querelam quam
Hélisachar et Heiminus contra Maginarium habent: volumus ut missi nostri secundum iustitiam et
aequitatem definiant. L'identification avec l'ancien archichancelier n'est cependant en rien assurée;
elle n'est que probable.
23 Amalarius, Prologus, c. 10, p. 362: interprioresprimuspalatii excellentissimi Hludovici imperatoris.
24 Cf. Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2294, p. 176.
25 Cf. la notice n° 8.
26 Cf. la notice n° 269.
27 Agobardus, Epistolae, n° 4, p. 164 sqq.: Reverentissimis ac beatissimis domnis et domnis etpatribus
sanctis Adalardoy Walae et Helisacharo.
28 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 393.
29 Agobardus, Epistolae, n° 4, p. 164 - texte cité à la notice n° 8.
30 Cf. Agobardus, Epistolae, n° 5, p. 166 sqq., à la p. 168: Cum haec igitura me dicerentury responder-
untpie reverentissimi viri Adalardus et Hélisachar abbates. Utrum vero audita retulerint domno im-
peratori, nescio. La défiance de l'archevêque de Lyon était certainement due à l'issue négative de sa
démarche.
238
Th. Sickel affirme que Hélisachar apparaît comme intermédiaire dans un diplôme
de 82631 puisqu'il analyse le diplôme du 27 octobre de cette année, B.M. 833(807),
comme expédié »postulante Godefredo abbate et ambasciante Hélisachar« 32 . Il sem-
ble qu'il ne faille pas prendre en compte cette remarque vraisemblablement imputa-
ble à une erreur de lecture. M. Jusselin, en effet, a lu dans les notes tironiennes le nom
de Hilduin 33 . Déjà lorsqu'il était à la tête de la »chancellerie«, Hélisachar reçut une
abbaye: celle de Saint-Aubin d'Angers, comme »première rémunération« selon l'ex-
pression de J. Fleckenstein34. En effet, Ermold le Noir nous montre Hélisachar ac-
cueillant Louis le Pieux à Saint-Aubin vers la fin de l'été 818, à l'occasion du passage
de l'empereur alors en chemin vers la Bretagne35. A une date indéterminée, Hélisa-
char reçut l'abbaye de Saint-Riquier36. Il fut peut-être également abbé de Jumièges37.
Un détail des mesures prises par Hélisachar dans son monastère de Saint-Riquier
peut être cité en écho à la rigueur morale que Louis le Pieux voulait instaurer à la
cour 38 : l'abbé interdit aux femmes de pénétrer dans l'abbaye 39 . Hélisachar participa à
l'expédition militaire en Bretagne à l'automne 824: lui et le comte de Tours assistaient
Pépin d'Aquitaine dans le commandement de son contingent 40 . On le retrouve avec
une mission beaucoup plus importante en 827 puisqu'il fut envoyé pacifier la Marche
d'Espagne 41 . C'est vraisemblablement de cette époque que date la définition des li-
mites des dépendances du monastère de Notre-Dame-sur-Orbieu (Lagrasse) par
Hélisachar et le comte Oliba 42 .
31 SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 87: »826 erscheint er in L. 245 als Fürbitter«.
32 SICKEL, Acta regum, tome 2, p. 158.
33 Mentions tironiennes, p. 18: Hilduinus ambasciavit et magister scribere jussit.
34 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 81.
35 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. III, v. 1546 sqq., p. 118: Andegavensis ovans Caesar pervertit in
urbem,/ Sacre Albine, tuum corpus bonore petit:/ Obvius occurrit laetanti pectore carus/ Hélisachar,
validas sedulus äuget opes.
36 Cf. Catalogus abbatum Centulensium; Hariulfus, Chronicon Centulense, p. 3 et p. 98 sqq. SICKEL,
Acta regum, tome 1, p. 87, suppose que Hélisachar reçut cette abbaye »etwa 822«, mais rien ne per-
met véritablement d'étayer l'hypothèse ni de préciser la date. Toujours est-il qu'il mourut seulement
quelques années après avoir reçu Saint-Riquier: Helisachare venerabili non multis in regimine annis
perfuncto, atque de hocsaeculo nequam erepto ... (Hariulfus, Chronicon Centulense, p. 100).
37 Hariulfus, Chronicon Centulense, p. 98: ... quem ferunt Gemmeticiquoque monasteriifuisse recto-
rem, ob illam quae longe superius a nobis commendata est, mutuae dilectionis fraternitatem. Quant
aux diplômes pour Saint-Maximin de Trêves que Hélisachar aurait obtenus en tant qu'abbé de cet
établissement, on se doit de les écarter puisqu'ils sont faux, cf. B.M. 754(729) et B.M. 755(730).
HUGLO, Trois livres, p. 283 sq., ne prouve en rien l'abbatiat de Hélisachar à Saint-Maximin.
38 Cf. Astronomus, Vita, c. 21, p. 618. Sur la vie à la cour sous Charlemagne, cf. NELSON, Famille de
Charlemagne.
39 Cf. Hariulfus, Chronicon Centulense, p. 98: Hic magnae sanctitatis studiis pollebat, et in tantum
professa summae religionis severitatem, ut ab ingressu monasterii omnimodum arceret feminarum
accessum.
40 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2006 sq., p. 152: Pippino régi Hue H elisacharque potentes/
Junguntur, numéro cetera turba caret.
41 Annales regni Franc, a. 827, p. 172 - texte cité à la notice n° 74. Cf. également Astronomus, Vita, c.
41, p. 630, qui désigne Hélisachar comme abbas.
42 Actes de Pépin, n° 34, p. 152 sqq. - diplôme du 3 septembre 838: ... concedimusquepredicto mona-
sterio Orobioni omnes fines vel terminia cum appendieiis suis, sicut Elisachar fidelis genitoris nostri et
Oliba cornes terminaverunt... Cf. ABADAL, Diplôme inconnu, p. 354.
239
En 830, Hélisachar fit partie des meneurs de la »révolte loyale«43, mais Louis le
Pieux ne semble pas lui en avoir tenu rigueur puisque lors du plaid de l'automne 830
à Nimègue 44 , il l'envoya en Marche de Bretagne pour y rendre la justice45. Peu après
la crise politique de 833/834, on a également la preuve de l'activité de Hélisachar
comme missus dans la région mancelle. A la demande de l'évêque Aldric, qui avait
réclamé l'envoi d'un missus, Louis le Pieux répondit: »quant à cette affaire, nous
avons ordonné à Hélisachar, notre missus, de t'investir des bénéficia susdits quand il
serait envoyé par nous dans ces contrées«46. Par un autre diplôme, on a la preuve
qu'il enquêta concernant la restitution à la cathédrale du Mans de biens tenus en
bénéfice par des vassaux de l'empereur 47 . Hélisachar était un érudit 48 , comme le re-
connaît notamment l'évêque de Lisieux49. Il travailla à l'édition d'un antiphonaire 50 ,
ce que confirme l'une de ses lettres, adressée à l'archevêque Nibride de Narbonne 51 .
L'activité de Hélisachar comme sermonnaire est également attestée52.
Bien que Hélisachar ne fût alors plus à la tête de la »chancellerie«, l'on doit compter
également le diplôme suivant56:
54 Les auteurs des Regesta imperii signalent que le notaire qui fit la récognition était un certain Here-
mannus, dans le nom duquel ils reconnaissent une déformation du nom de Hélisachar. En réalité, on
trouve la mention Hélisachar recognovit (il n'est donc pas question de Heremannus) dans Doc. dipl.
Worms, n° 3, p. 3 sq. (à la p. 4).
55 Cf. la notice n° 43.
56 Les diplômes B.M. 702(681), éd. Doc. dipl. Westphalie, n° 2, p. 3 sq., et B.M. 703(682) posent pro-
blème, puisque la récognition du premier - d'ailleurs interpolé - est faite à la place (ad vicem) de Hé-
lisachar, et celle du second par lui-même. On pourrait, en raison de l'interpolation, écarter le premier
diplôme (un pseudo-original), mais pas le second (original). Il faut toutefois attendre l'édition cri-
tique des diplômes de Louis le Pieux pour pouvoir trancher cette question: la récognition par Héli-
sachar est affirmée par les auteurs des Regesta imperii, mais le nom de l'ancien responsable de la
»chancellerie« n'apparaît pas dans l'édition de Doc. dipl. Nonantola, tome 2, n° 23, p. 40 sq. (à la p.
41); il n'y a que la mention ... recognovi & subscripsi, l'original étant apparemment détérioré à cet
endroit. Peut-être faut-il voir dans B.M. 703(682) un diplôme entièrement achevé, auquel ne man-
quait plus que la date. Une autre hypothèse est aussi possible: on sait que le départ de Hélisachar ne
fut pas causé par une dissension entre l'empereur et son archichancelier (cf. SlCKEL, Acta regum, to-
241
144. HENRY 1
Abbé, attesté en 838
L'abbé Henry et Tévêque d'Orléans, Jonas 2 , durent veiller en 838 3 à ce que les orne-
ments et livres que les moines de Saint-Calais avaient emportés lors de leur départ
fussent restitués 4 .
145. HÉRIBAUD 1
Evêque d'Auxerre 2 , attesté de juin 8293 à 8564
Ce n'est pas en raison de son action en tant qu'évêque d'Auxerre que Héribaud a été
retenu ici, mais en raison de son origine. En effet, ce fils d'un Bavarois et d'une fem-
me du Gâtinais fut élevé au Palais de Louis le Pieux 5 . Il faut cependant rejeter l'asser-
tion des Gesta concernant la charge que Héribaud y aurait exercée6: il ne fut assuré-
ment pas archichapelain7. On ignore le détail de l'activité pastorale de Héribaud 8 . Il
participa cependant au concile tenu en juin 829 à Paris 9 et au synode chargé de réta-
blir la règle bénédictine à Saint-Denis, en janvier 83210. Sa fidélité à Louis le Pieux fut
me 1, p. 87; FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 81). Il n'est par conséquent pas impossible que Héli-
sachar n'ait pas cessé brusquement toute activité et qu'il ait, à l'automne suivant son congé, réelle-
ment procédé à la récognition d'un diplôme. Cependant, c'est à quelques lenteurs dans l'expédition
des diplômes que s'en tiennent les spécialistes pour expliquer les anomalies dont je viens de faire état.
Cf. BRESSLAU, Urkundenlehre, tome 1, p. 385 sq. note 7, qui est d'avis que »für beide Stücke ist mit
Mühlbacher die Datierung auf ein hinter, die Rekognition aber auf ein vor den 17. August (819) fal-
lendes Stadium des Beurkundungsgeschäftes zu beziehen«.
loin d'être à toute épreuve: lors de la crise de 833, il prit parti pour Lothaire et une
fois Louis rétabli, il abandonna son siège pour se réfugier auprès du fils de l'empe-
reur 11 . Néanmoins, au plus tard durant l'été 838, il recouvra son siège épiscopal,
puisqu'il participa (comme ce fut d'ailleurs le cas d'Agobard de Lyon) au concile
tenu en septembre 838 à Quierzy-sur-Oise 12 . L'on a fait de l'évêque d'Auxerre le frè-
re de Loup de Ferneres 13 , ce qui n'est pas tout à fait assuré14.
146. HERIBERT 1
Attesté de 801 à 830(?)
quo que dignitate potentissimus ea tempestate extiterit; atque, ut se habent humana, quamdiu qui-
dem huiusmodi potestatis apicefloruit, secularibus sese negotiis non mediocriter dédit.
7 II n'existe aucune preuve étayant cette affirmation. Hincmar ignore Héribaud dans la liste des ar-
chichapelains qu'il donne en son De ordine palatii. DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 445 note 2, juge
»impossible« que Héribaud ait exercé une telle fonction.
8 Sur cette dernière et sur le mécénat de l'évêque d'Auxerre, cf. Gesta episc. Autisiodorensium, c. 36,
p. 3971. 14 sqq.
9 Doc. dipl. Paris, n° 35, p. 49 sqq. Sur ce concile, cf. HARTMANN, Synoden, p. 181 sqq.
10 Constitutio de partitione, p. 694. Sur cette assemblée, cf. Hartmann, Synoden, p. 189.
11 Flodoardus, Historia, lib. II, c. 20, p. 471 sq.
12 Concilium Carisiacense (bis), p. 850, n° 19. Sur Agobard, cf. l'annexe n° 3 A.
13 Cf. en dernier lieu HOLTZ, Ecole d'Auxerre, p. 133.
14 Cf. les réserves de L. LEVILLAIN dans Lupus, Correspondance, tome 2, p. 108 note 4 (à propos de la
lettre n° 95). SEVERUS, Lupus, p. 181 sqq., a cependant rejeté les objections de L. Levillain.
147. HERMINGAUD 1
Peut-être un comte du Palais de Charlemagne, attesté en 795
(peut-être jusqu'en 808)
148. HERMOLD 1
Abbé, attesté en 834
Peu après le plaid tenu à Attigny vers le 11 novembre 8342 et auquel il participa cer-
tainement, Hermold fut envoyé par Louis le Pieux auprès de Pépin 1er d'Aquitaine
pour ordonner à ce dernier de procéder à la restitution des biens dont il avait privé les
établissements religieux au profit de sa clientèle3. L'on ne peut pas identifier avec cer-
titude ce personnage 4 : il s'agit peut-être du poète autrefois exilé à Strasbourg 5 , peut-
être du futur chancelier de la cour d'Aquitaine 6 .
9 Cf. les réserves de B. SIMSON dans ABEL, Jahrbücher, tome 2, p. 261 note 4 (imprimée à la p. 262).
L'auteur avait voulu également - à mon avis à tort - distinguer le personnage assiégeant Barcelone du
missus de Charlemagne attesté à Huesca.
10 Dans la description de l'arrivée des troupes franques devant Barcelone, il est cependant mentionné
parmi les duces (Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. I, v. 306 sqq., p. 28).
149. HERMOR 1
Evêque d'Alet 2 , attesté du 15 mai 833 3 au 31 janvier 835 4
150. HETCT
2
Archevêque de Trêves , attesté à partir de 816 - mort le 27 mai 847
4 Je tiens pour improbable qu'il s'agisse de l'abbé d'Aniane (H)ermenaldus, attesté en 835/837, cf. B.M.
943(912), B.M. 969(938) et B.M. 970(939).
5 E. Faral s'est montré fort sceptique, cf. Ermoldus, Poème, p. X, et il a émis les mêmes réserves en ce
qui concerne les autres propositions d'identification. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 121 sq., rejette
tant cette identification que celle avec l'abbé d'Aniane. L'argument onomastique d'E. Faral contre une
identification avec Ermold le Noir a cependant été - à juste titre - réfuté par Léon LEVILLAIN dans sa
recension impitoyable de l'édition d'E. Faral, cf. B.E.Ch. 94 (1933) p. 156 sqq.
6 Supposition de SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 122. L. LEVILLAIN, dans Actes de Pépin, p. XLIII, ne
se prononce pas. LÖWE, Karolinger, p. 331 note 128, est réservé. Hermold est attesté comme chef de la
»chancellerie« d'Aquitaine du 28 mars 838 au 23 avril de la même année (Actes de Pépin, p. XLVII).
monastique avait bien été introduite dans les établissements religieux de son diocè-
se22. Hetti agissait sur Tordre de Louis le Pieux: Tempereur n'eut donc pas seulement
recours à des missi d'observance bénédictine 23 , mais également au réseau normal de la
hiérarchie ecclésiastique pour introduire la réforme dans les monastères de l'empire.
Une autre lettre, enfin, montre Hetti dans son rôle d'évêque métropolitain: Frothaire
lui demandait quand il comptait lui rendre visite et à quelle date il envisageait de tenir
un synode provincial24. Signalons pour finir que Hetti était l'un des destinataires de
la lettre par laquelle Florus de Lyon, en 838, accusa Amalaire d'hérésie 25 . Hetti ne
semble cependant pas avoir participé au concile de Quierzy 26 , où Amalaire fut dé-
posé 27 .
151. HILDEBAUD 1
Archevêque de Cologne 2 , archichapelain3, attesté à partir de 787/788 4 -
mort le 3 septembre 818
816 à Reims 7 . Le silence de Hincmar et le fait que Hildebaud ne soit attesté sous
Louis le Pieux que dans un rôle relevant purement de l'étiquette tendent à prouver
l'effacement de l'archevêque de Cologne sous Louis: sa fonction semble être devenue
purement honorifique, son influence réduite à néant 8 . Certes, le nom de Hildebaud
n'est par exemple aucunement mentionné dans les diplômes de Charlemagne 9 , mais
on ne peut pas douter du rôle de premier plan qu'il jouait alors: d'autres sources l'at-
testent.
D'après Altfrid, c'est sous l'influence de Hildebaud que Liudger, peu avant 791 10 ,
se laissa convaincre d'accepter de devenir évêque de Münster 11 . Fort vraisemblable-
ment, il négocia l'affaire également avec Charlemagne, qui avait d'ailleurs lui-même
envoyé Liudger en mission12. En 799, la confiance qu'avait Charlemagne en Hilde-
baud est patente: ce dernier fit partie de la délégation franque chargée de raccompa-
gner Léon III à Rome et d'enquêter sur l'attentat perpétré contre ce dernier 13 . D'au-
tre part, Hildebaud semble avoir été particulièrement bien informé de la situation
concernant Fortunat de Grado, puisque le pape recommanda à Charlemagne d'inter-
roger l'archevêque de Cologne à son sujet14. En 811, il fit partie des témoins cités
dans le testament de Charlemagne 15 . Hildebaud co-présida le concile tenu en juin
813 à Mayence 16 , en qualité de missus de l'empereur 17 . C'est lui, enfin, qui assista
Charlemagne lors de son agonie18. Hildebaud était abbé de Saint-Cassius de Bonn 19
et de Mondsee 20 . Il mourut le 3 septembre 81821.
etiam domnus rex in eadem synodum, ut a sede apostolica, id est ab Adriano pontifia, licentiam ha-
buisse, ut Angilramnum archiepiscopum in suopalatio assidue haberetpropter utilitates ecclesiasticas.
Deprecatus est eadem synodum, ut eo modo, sicut Angilramnum habuerat, ita etiam Hildeboldum
episcopum habere debuisset, quia et de eodem, sicut et de Angilramnum, apostolicam licentiam habe-
bat. Omnis synodus consensit, etplacuit eis eum inpalatium esse debere propter utilitates ecclesiasti-
cas (Capitulare Francofurtense, c. 55, p. 171). Néanmoins, il est probable que Hildebaud fût promu à
la tête de la Chapelle dès 791, date du décès de son prédécesseur, Angilramne de Metz, cf. DUCHES-
NE, Fastes, tome 3, p. 57.
6 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 265 sq., p. 60.
7 Astronomus, Vita, c. 26, p. 620: Qui etiam obviam Hildeboldum archicapellanum sacripalatii, Theo-
dulfum episcopum Aurelianensem, Iohannem Arelatensem, aliorumque copiam ministrorum eccle-
siae procedere iussit, infulis indutos sacerdotalibus.
8 On a juste trace, sous Louis le Pieux, de ce qu'il donna son accord concernant la dotation de l'abbaye
d'Andage par l'évêque de Liège, Walcaud, vraisemblablement peu avant le 10 août 817 (Cantatori-
um, c. 4, p. 11). Mais il ne s'agit là que d'une décision prise en qualité d'évêque métropolitain.
9 Cf. FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 62.
10 Date de l'accession de Liudger à l'épiscopat, cf. GAMS, Séries, p. 294.
11 Altfridus, Vita s. Liudgeri, lib. I, c. 20, p. 411: Qui cum Hildibaldus episcopus persuaderet, ut episco-
pus ordinari debuisset...
12 Ibid.: ...et rex Karolus eundem virum Dei Liutgerum pastorem in occidentali parte Saxonum consti-
tua.
13 Liber pontificalis, tome 2, p. 6.
14 Leo, Epistolae, n° 5, p. 94 sq.: Potestis interrogare fratrem nostrum Hildibaldum archiepiscopum et
Ercanbaldum cancellarium. Fortasse aliquid exinde cognoverunt.
15 Einhardus, Vita Karoli, c. 33, p. 100.
16 Chronicon Laurissense brève, p. 38.
17 Concilium Moguntinense, p. 259.
248
152. HILDEBERT 1
Attesté en 800/801
Hildebert fit partie des chefs2 de l'armée franque conduite par Louis le Pieux en
800/801, pour assiéger Barcelone 3 . Hildebert fut peut-être comte 4 , mais nous n'en
savons rien.
153. HILDEBRAND 1
Comte, attesté de 796 à 827 - mort avant le 29 juin 8362
Hildebrand 3 , qui est attesté dès 796 comme missus de Charlemagne dans le pagus
d'Autun 4 , fut envoyé avec Hélisachar 5 et le comte Donat 6 en Marche d'Espagne en
827 pour y pacifier la situation 7 . Le comte évoqué en 826 dans la Responsa missis da-
ta 8 est peut-être notre personnage.
18 Theganus, Vita, c. 7, p. 592: (le 27 janvier 814, veille du décès de Charlemagne) iussit familiarissimum
pontificem suum Hildibaldum venire ad se, ut ei sacramenta dominici corporis et sanguinis tribueret,
ut exitum suum confirmaret.
19 II est attesté en tant que tel de 787/788 à 804: Doc. dipl. Bonn, n° 14, p. 242; n° 27, p. 255; n° 32, p.
259; n° 12, p. 240 sqq.
20 II est attesté en tant que tel à partir de 808 (Doc. dipl. Salzbourg, n° 4, p. 899 sq.), mais OEDIGER,
Erzbistum Köln, p. 86, fait débuter son abbatiat en 802; son prédécesseur est attesté pour la dernière
fois en 799 (Doc. dipl. Salzbourg, n° 3, p. 898 sq.). Hildebaud est encore attesté comme abbé en 816
(ibid., n° 5, p. 900 sq.), mais en cette année, dans l'esprit de la réforme bénédictine alors promulguée,
il se démit de son abbatiat: cf. SEMMLER, Mönchtum in Bayern, p. 208.
21 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 232. Certaines annales font mourir Hildebaud en 819; B. Simson
a cependant montré (ibid., p. 232 note 2) que c'est l'année 818 qu'il faut préférer, selon d'ailleurs le
témoignage des Annales s. Pétri Colonienses: 818 ind. 11. concurr. 4 obitus Hildebaldi episcopi. In
isto anno commissum est Hadebaldo episcopatus beau Pétri. La date du 3 septembre est fournie par le
Memorienbuch St. Gereonis, p. 116: /77. nonas septembris. O. Hildebaldus archiepiscopus qui dédit
antiquum ciborium.
154. HILDEMANN 1
Vasallus de l'empereur, attesté au début de 833
Avant le 8 janvier 833, Hildemann, vassal de l'empereur, enquêta concernant une res-
titution à l'église cathédrale du Mans 2 .
155. HILDI 1
Evêque de Verdun 2 , attesté à partir de juin 829 - mort le 13 janvier 847 3
Hildi, d'origine alémanique 4 , est attesté pour la première fois en juin 829: il prit part
au concile réuni à Mayence 5 ; mais son prédécesseur étant mort en 8226, il fut vrai-
semblablement ordonné dès cette époque 7 . Hildi participa d'autre part à l'assemblée
de mars 835 à Thionville au cours de laquelle Ebbon fut déposé 8 et, en septembre
838, au concile de Quierzy-sur-Oise 9 . En 83610, Hildi fut envoyé par Louis le Pieux
avec d'autres ambassadeurs auprès de Lothaire, qui séjournait alors à Pavie, »pour
renouveler la paix et l'amitié« entre le père et le fils n .
156. HILDIGAIRE 1
Notaire, attesté en août 794
157. HILDUIN 1
Abbé de Saint-Denis, archichapelain, attesté dès décembre 814 —
mort »le 22 novembre d'une année comprise entre 855 et 859«2
Hilduin est assurément l'un des personnages les plus célèbres du règne de Louis le
Pieux 3 : il passe pour l'un des principaux conseillers de cet empereur 4 . Il s'agit d'un
personnage bien connu, qui dirigea la Chapelle impériale5. C'est pourquoi il s'avère
inutile de s'attarder sur les aspects purement prosopographiques et sur les problèmes
d'identification 6 : c'est la participation de Hilduin au pouvoir qui importe avant tout
ici. Hilduin, qui était prêtre 7 , fut abbé de plusieurs monastères 8 , le plus célèbre étant
11 Liutolfus, Translatio s. Severi, c. 2, p. 292 - texte cité à la notice n° 7. Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2,
p. 145 sq.
9 Cf. infra les nombreux diplômes établis en faveur de Hilduin et de Saint-Denis. Cf. également les
Versus Otfridi, publiés dans Walahfridus, Carmina, n° 65, p. 407 sq.
10 Annales s. Germani, a. 826, p. 167: Hilduinus senior abba. Cf. B.M. 857(833), éd. P.L. 104, col. 1175
sqq. (à la col. 1175) - diplôme du 13 janvier 829 où Hilduin est dit monasterii sancti Vincentii ac sanc-
ti Germani abbas -, et Actes de Pépin, n° 15, p. 54 sqq. (diplôme de 829/830). Cf. également le diplô-
me - faux - B.M. 683(663) du 25 février 819.
11 Annales regni Franc, a. 826, p. 171. Cf. Astronomus, Vita, c. 40, p. 630; Rodulfus, Miracula Fuld., p.
329; Adrevaldus, Miracula, c. 28, p. 63; Einhardus, Translatio, I, c. 1, p. 240.
12 Odilo, Translatio s. Sebastiani, p. 380 sqq. Cf. également le diplôme - faux - B.M. 841(816).
13 Cf. B.M. 747(722).
14 Cf. LEVISON, England, p. 217.
15 Cf. la notice n° 151.
16 Cf. Flodoardus, Historia, lib. III, c. 1, p. 475.
17 En ce qui concerne la titulature, Hilduin fut le premier responsable de la Chapelle à être désigné
comme archicapellanus, cf. FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 52.
18 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 266 sq., p. 60 sqq.: ... tempore denique Hludoviciper Hilduinum
presbyterum ...
19 Sur l'abbé de Saint-Denis, cf. à présent STOCLET, Fulrad.
20 B.M. 691(670).
21 DICKAU, Kanzlei, 2 e partie, p. 108 sqq.
22 Hilduin fut peut-être nommé dès l'automne 818, peu après la mort de Hildebaud.
23 Cf. le De imagine Tetrici, publié dans Walahfridus, Carmina, n° 23, p. 370 sqq., v. 209 sqq., p. 376 sq.
Cf. également un autre poème du même auteur, cette fois dédié à Hilduin: Walahfridus, Carmina, n°
29, p. 383.
24 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2294, p. 176. C'est Hélisachar - alors dépourvu de toute
charge aulique - qui marchait à la gauche de l'empereur.
252
nité de son établissement25. Vers la fin de l'été 818, Hilduin accueillit Louis le Pieux
en chemin vers la Bretagne26. Occasionnellement, on consultait Hilduin sur des ques-
tions de discipline ecclésiastique27.
Hilduin profita de sa charge eminente pour faire établir nombre de diplômes en fa-
veur de Saint-Denis. A au moins huit reprises, il fit confirmer les échanges qu'il avait
conclus avec des tiers. Presque toujours, une mention en notes tironiennes atteste
qu'il ambasciavit2*. Bien qu'Agobard affirmât que l'archichapelain séjournait tou-
jours à la cour 29 , sa présence n'y est certaine qu'aux périodes suivantes30: au début de
mai 819 à Aix-la-Chapelle; à la fin de septembre 820 à Compiègne et à Servais un
mois plus tard; à la mi-février 821 à Aix-la-Chapelle, alors que s'y tenait un plaid, et
au début du mois de novembre de la même année à Thionville, peu après qu'un plaid
y fut tenu. Hilduin était avec la cour à la fin du mois d'août 823 à Coblence et à la mi-
août 824 à Compiègne. En septembre de la même année, il se trouvait à Redon, ce qui
signifie que Hilduin avait accompagné Louis le Pieux lors de sa campagne militaire
en Bretagne. O n le retrouve à Aix-la-Chapelle au tout de début janvier 825, ainsi
qu'au début du mois de juin. A la fin d'octobre 826, il était à Ingelheim, après qu'un
plaid y fut tenu, et en novembre 827 à Quierzy. A la fin du mois de février 828, Hil-
duin se trouvait à Aix-la-Chapelle 31 , où un plaid venait d'avoir lieu; à la mi-janvier
829, il séjournait également dans ce palais32.
A une date indéterminée 33 , Louis le Pieux exempta le monastère de Saint-Denis
d'une redevance de deux cents muids: à cette occasion, Hilduin ambasciavit34. Ce
sont cependant moins les diplômes pour sa propre abbaye 35 que ceux pour des tiers
qui illustrent l'influence de Hilduin. A plusieurs reprises, Hilduin introduisit les re-
quêtes auprès de Louis le Pieux: c'est le cas concernant trois diplômes de confirmati-
25 B.M. 551(532). Cf. également B.M. 552(533) et B.M. 554(535), éd. Monuments historiques, n° 107,
col. 77 sq. Dans ce dernier diplôme, le nom de l'abbé serait Louis (Hludovicus), vraisemblablement
une erreur de lecture pour Hilduinus (ceci est invérifiable car l'original est mutilé au début du docu-
ment, cf. Dipl. Karol. [France], tome 2/1, pi. V).
26 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. III, v. 1523 sqq., p. 116.
27 Cf. Amalarius, Epistolae, n° 6, p. 247 sqq. Hilduin consulta lui aussi des érudits. Il s'adressa par ex-
emple à Raban, qui lui fit parvenir son commentaire sur le Livre des Rois. Cf. Hrabanus, Epistolae,
n° 14, p. 401 sqq. et n° 18, p. 422 sqq.
28 Cf. Mentions tironiennes, p. 18 sq. Il s'agit des diplômes B.M. 727(703), B.M. 729(705), B.M.
746(721), B.M. 803(779), B.M. 844(818) et B.M. 846(820).
29 Agobardus, Epistolae, n° 6, p. 179.
30 Les diplômes de Louis le Pieux établis à la requête de Hilduin, lorsque celui-ci introduisit l'affaire
ou, selon les mentions en notes tyroniennes, ambasciavit, permettent de suivre son itinéraire. La
proposition d'itinéraire repose sur les actes suivants (les diplômes de confirmation d'échange pour
Saint-Denis sont signalés par un astérisque; je reviendrai plus bas sur les diplômes pour des tiers):
*B.M. 691(670); *B.M. 727(703); *B.M. 729(705); B.M. 735(711); *B.M. 746(721); B.M. 782(757);
B.M. 789(764); *B.M. 791(766); B.M. 794(769); B.M. 796(772); B.M. 833(807); *B.M. 844(818).
31 B.M. 846(820) - diplôme pour Saint-Denis. A l'occasion du plaid de février - comme on peut le dé-
duire de la chronologie du texte - Eginhard nous montre Hilduin attendant que Louis le Pieux sorte
de sa chambre, cf. Einhardus, Translatio, II, c. 1, p. 245.
32 B.M. 857(833). Il s'agit de la confirmation, à la demande de Hilduin, des dispositions prises quant à
la dotation de la mense conventuelle de Saint-Germain-des-Prés, dont il était abbé.
33 Hilduin était alors toutefois archichapelain.
34 B.M. 847(821). Cf. Mentions tironiennes, p. 19.
35 Cf. également B.M. 848(822), diplôme dont l'intérêt réside en ce qu'il montre comment Hilduin dut
prouver les droits de Saint-Denis.
253
on d'échange - en août 823 pour l'abbaye de Prüm 36 , un an plus tard pour celle de
Saint-Mihiel37: dans les deux cas, Hilduin annonça à l'empereur la conclusion de
l'échange. Dans le troisième, connu par un diplôme du 3 janvier 825 alors que
l'échange remontait à novembre 82438, Hilduin avait présenté à Louis le Pieux la de-
mande de permission de procéder à un échange avec l'archevêque d'Arles Noton
qu'avait formulée le comte Leibulf39. Pour deux requêtes, il est prouvé que Hilduin
ambasciavit: en 826, il agit seul concernant le monastère de Münster en Gregorien-
tal40; mais en 821 concernant l'abbaye de Saint-Gall, ce fut en collaboration avec le
comte Matfrid d'Orléans 41 . Enfin, dans un diplôme de juin 825 du plus haut intérêt
pour l'étude du fonctionnement de la »chancellerie«, il est prouvé que Hilduin intro-
duisit l'affaire auprès de Louis le Pieux (il s'agit de la demande de confirmation d'un
échange conclu entre l'évêque de Mâcon, Hildebaud, et le comte Warin) et qu'il am-
basciavit42. Enfin, la participation de Hilduin au fonctionnement pratique de la
»chancellerie« est attestée par un diplôme d'autant plus remarquable qu'il date de
juillet 834, c'est-à-dire du lendemain de la grave crise politique du règne de Louis le
Pieux, alors que l'abbé de Saint-Denis n'était plus à la tête de la Chapelle: il ordonna
de procéder à l'établissement d'un diplôme pour l'abbaye de Kempten en faveur de
laquelle Louis le Germanique avait présenté la requête 43 .
Grâce au témoignage d'Eginhard, on sait que Hilduin informa Louis le Pieux, en
avril 828, que les reliques des saints Pierre et Marcellin étaient arrivées à Aix-la-Cha-
pelle44. Ceci n'est qu'une anecdote montrant que Parchichapelain pouvait porter à
l'empereur de telles nouvelles, mais certaines lettres de l'époque nous le présentent
comme un véritable intermédiaire entre un tiers et Louis le Pieux. Ainsi l'évêque de
Toul et l'abbé de Saint-Mihiel firent-ils un rapport à l'empereur sur le différend op-
posant l'abbé de Moyenmoutier à ses moines 45 et ils le confièrent aux bons soins de
Hilduin en lui demandant d'appuyer les moines46, ce qui montre éloquemment que
le personnage introduisant les causes auprès de l'empereur pouvait exercer une cer-
36 B.M. 782(757), éd. Doc. dipl. Rhin moyen, n° 55, p. 61 sq. (à la p. 61): ... vir venerabilis Hildoinus
abba sacrique palatii nostri summus capellanus innotuit celsitudini nostrae eo quod ...
37 B.M. 789(764), éd. Recueil des hist. 6, n° 124, p. 538:... vir venerabilis Hildoinus abba innotuit sere-
nitati nostrae, eo quod ...
38 Cf. Doc. dipl. Lérins, n° 247, p. 255 sqq.
39 B.M. 794(769) - texte cité à la notice n° 187.
40 B.M. 833(807). Cf. Mentions tironiennes, p. 18: Hilduinus ambasciavit et magister scribere jussit.
41 B.M. 735(711). Cf. Mentions tironiennes, p. 18: Hildoinus et Matfridus ambasciaverunt.
42 B.M. 796(772), éd. Recueil des hist. 6, n° 134, p. 546:... vir venerabilis Hilduinus abbas et sacripala-
tii summus capellanus innotuit serenitati nostrae, eo quod ... Cf. Mentions tironiennes, p. 18: Hildui-
nus ambasciavit et Hildebaldus episcopus obsecravit et magister scribere jussit.
43 B.M. 929(900). Cf. Mentions tironiennes, p. 19: Hilduinus abbafieri...
44 Cf. Einhardus, Translatio, II, c. 6, p. 247.
45 Cf. Frotharius, Epistolae, n° 21, p. 290 sq.
46 Frotharius, Epistolae, n° 22, p. 291 sq.: Domno imperatori litteris innotescimus ego et Smaracdus ab-
ba, qualiter Ismundus abba et monachi eius quadam simultate a se invicem discordent. Vestrapia sol-
licitudo agat, ut Uli monachi votum suum Deo promissum implere valeant et easdem litteras ad eius
praesenciam vestra paternitas déférât. La lettre est adressée à Yegregio viro et cum summa veneratio-
ne nominando Hilduino a Deo electo patri et magistro.
254
47 Par mesure de sécurité, Frothaire écrivit également à l'huissier Gérung pour lui demander de présen-
ter sa lettre à Louis le Pieux, au cas où Hilduin serait alors absent de la cour. Cf. Frotharius, Episto-
lae, n° 23, p. 292 (texte cité à la notice n° 115).
48 Cf. la notice n° 269.
49 Agobardus, Epistola, n° 6, p. 179: Noverit mansuetudo vestra prudentissima, idcirco me ad utrum-
que presumpsisse que secuntur scribere, quoniam absque ambiguo vos novi precipuos et pêne solos in
via Dei esse adiutores christianissimi imperatoris, etpropterea impalatio esse unum semper et alterum
fréquenter, ut in operibus pietatis, que absque omni errore querenda, invenienda, tenenda sunt, vos
Uliprudentissimis vestris suggestionibus situs exhortatores et ut dixi adiutores.
50 Frotharius, Epistolae, n° 9, p. 282 sq.
51 Ibid., p. 282: Dum enim vestri regiminis tutelam nobis solito Dei gratia praeesse annuerit, caelestis
protectionis munimen nostris adesse profectibus veraci experimento dinoscimus.
52 Frotharius, Epistolae, n° 15, p. 286 sq.
53 Frotharius, Epistolae, n° 14, p. 286.
54 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 232 sq., p. 56.
55 Introduction au document dans Doc. dipl. Yonne, tome 1, n° 20, p. 37 sqq.
56 Frotharius, Epistolae, n° 13, p. 285.
57 Epistolarum Fuldensium fragmenta, p. 520: Et Hilduinus ac episcopi occidentales inquiunt: Una est
catholica ecclesia per totum orbem terrarum diffusa.
255
suivants doivent être considérés comme propres à illustrer le travail préparatoire au-
quel devait se livrer la personne présentant des requêtes à l'empereur - et dont les
notaires citaient le nom dans les notes tironiennes en spécifiant qu'elle ambasciavit.
Dans sa lettre visant à la restitution de manses, l'évêque de Toul est explicite: il expo-
sait son cas à Hilduin parce qu'il savait que ce dernier avait l'habitude de présenter
des requêtes à l'empereur, après qu'il les avait lui-même »reçues«, c'est-à-dire après
qu'il les avait jugées recevables58. Dans une autre lettre59, il est question de la posses-
sion d'une villa autrefois tenue en bénéfice par un Hispanus60 dont la veuve et le jeu-
ne fils, qui sunt ex familia domni imperatoris, réclamaient la jouissance entière, ce à
quoi s'opposait Frothaire. A cette occasion également, l'évêque de Toul soulignait la
grande influence de Parchichapelain61.
Dès 829, Hilduin travailla à la réforme monastique de son abbaye de Saint-De-
nis62, mais ce n'est qu'en 832 que celle-ci aboutit 63 . L'affaire est célèbre et elle a fait
l'objet de travaux détaillés64. Mais entre-temps, Hilduin connut un revers politique
d'importance. En effet, Parchichapelain s'associa à la révolte de 830: Thégan le cite
comme le premier des magnat(i) prim(i) de Louis le Pieux ayant suivi Pépin d'Aqui-
taine65. C'est la raison pour laquelle il fut exilé lors du plaid tenu durant l'automne
830 à Nimègue - le prétexte étant qu'il se présenta armé à cette assemblée66. Hilduin
fut bien évidemment démis de ses fonctions au Palais. L'Astronome affirme qu'il fut
exilé près de Paderborn, mais il semble avoir été ensuite transféré à Corvey 67 , qui se
trouve d'ailleurs dans la même région. Sa libération dut se produire lors de l'amnistie
prononcée au printemps 831, à l'occasion du plaid tenu à Ingelheim68. Lors de la cri-
se politique de 833, Hilduin sut s'attirer les faveurs de Lothaire 69 , mais Louis le Pieux
ne semble pas lui en avoir tenu rigueur, comme l'atteste la lettre par laquelle l'empe-
reur, peu après son rétablissement sur le trône, lui ordonna de rassembler les écrits
58 Frotharius, Epistolae, n° 17, p. 287 sq.: Quamobrem diversas hominum vos constat suscipere causas
et susceptas ad aures déferre imperiales, ut ob uiuscemodi laborem et Studium sempiterna vobis auge-
scat merces etpraemium.
59 Frotharius, Epistolae, n° 20, p. 289 sq.
60 Ibid., p. 290.
61 Ibid., p. 289: De omnibus necessitatibus atque indigentiis nostris ad vos semper recurrimus utpotepa-
trem unicum ac defensorem piissimum, cuius patrocinio assiduae indigemus, cuius amminiculo sepius
sublevamur. Constat quippe protectionem vestram ianuam adesse salutis vestrumque regimen por-
tum solidissime quietis.
62 Praeceptum synodale.
63 Constitutio de partitione; B.M. 905(876); B.M. 906(877). Cf. LEVILLAIN, Etat de redevances. Hildu-
in fit également construire un nouvel oratoire dans la crypte, cf. B.M. 918(889).
64 Cf. OEXLE, Forschungen, p. 112 sqq.; SEMMLER, Saint-Denis, p. 109 sq.
65 Theganus, Vita, c. 36, p. 597.
66 Astronomus, Vita, c. 45, p. 633: Imperator autem volens adhuc vires adversariorum tenuare, Hildui-
num abbatem culpans interrogavit, cur, cum simpliciter venire iussus sit, hostiliter advenerit. Qui
cum negare nequiret, continuo ex palatio exire iussus est, et cum paucissimis hominibus iuxta Patris-
brunnam in expeditionali hiemare tabemaculo.
67 Translatio s. Viti, p. 46.
68 Annales Bertiniani, a. 831, p. 4; Astronomus, Vita, c. 46, p. 634.
69 Cf. le diplôme pour Saint-Denis d'octobre 833, Dipl. Karol. 3, n° 13, p. 78 sqq.
256
relatifs à saint Denis 70 . D'ailleurs, comme on l'a déjà vu, Hilduin ordonna en juillet
834 de procéder à l'établissement d'un diplôme pour Kempten 71 , ce qui prouve que
bien qu'il ne recouvrât point sa charge au Palais, il n'y avait nullement perdu toute
influence. En 836, cum voluntate et licentia piissimi imperatoris Ludowiä, l'abbé de
Saint-Denis répondit à la demande de celui de Corvey et offrit à Warin les reliques de
saint Guy 72 . En 838, Hilduin prêta serment de fidélité au jeune Charles (le Chau-
ve)73. Un peu plus tard, Louis le Pieux confirma - sur la requête de Hilduin - un
échange conclu entre les abbayes de Saint-Denis et de Jouarre 74 . Hilduin n'accompa-
gna vraisemblablement pas Louis le Pieux lors de sa campagne en Aquitaine, durant
l'hiver 839/840. En effet, il semble s'être trouvé en Parisis le 9 février 840: à cette da-
te, un certain Lantfrid et son épouse donnèrent à Hilduin et à la communauté de
Saint-Denis des res proprietatis nostrae sitas in pago Parisiaco, in loco qui dicitur Bi-
dolidi villam. Or cette donation eut lieu en ce même endroit, apud Bidolidum75.
Après la mort de Louis le Pieux, Hilduin passa au service de Lothaire. Le cours de sa
carrière a déjà fait l'objet de recherches. L'on se reportera par conséquent à ces tra-
vaux76.
158. HILIAND 1
Attesté en janvier 820
70 B.M. 951(920). Cf. Epistolae variorum 2, n° 19, 20 et 21, p. 325 sqq. Cf. MCCORMICK, Byzantium's
Rôle, p. 218 sq.
71 B.M. 929(900). Cf. Mentions tironiennes, p. 19.
72 Translatio s. Viti, p. 46 sq.
73 Nithardus, Historia, lib. I, c. 6, p. 26.
74 B.M. 986(955), éd. Recueil des hist. 6, n° 230, p. 623. Il y a un problème de datation (le texte est cité à
la notice n° 121). En effet, Yactum (à Attigny - en fin d'année 838?) ne correspond pas au datum (en
839? à Francfort?).
75 De re dipl. 6, n° 73, p. 517: Acta est donatio apud Bidolidum vicum publicum prope basilicam sancti
Georgii martyris. Data mense Februarioy die nono ipsius mensis, anno XXVII régnante domno no-
stro Hludowico serenissimo augusto in Dei nomine féliciter. Il est cependant également possible que
la donation ait été faite nommément à Hilduin, sans qu'il fût personnellement présent.
76 Cf. LOT, Hilduin; LOT, Hilduins; LEVILLAIN, Wandalbert, p. 22 sq.
159. HINCMAR 1
Futur archevêque de Reims 2 , attesté à partir d'environ 822 3 -
mort le 21 ou 23 décembre 8824
Il n'est bien évidemment pas question de retracer ici la carrière de Hincmar, qui ne
devint archevêque de Reims que sous Charles le Chauve 5 . Dans le cadre de la présen-
te étude, ce personnage ne nous intéresse qu'en tant que membre du Palais de Louis
le Pieux 6 . En effet, Hincmar, qui avait été élevé à Saint-Denis 7 , fut chapelain de Lou-
is le Pieux 8 : il vécut à la cour 9 , où il fut initié tant aux affaires ecclésiastiques que rela-
tives au Palais10. Il fut certainement à la cour entre 822 et 826, puisqu'il affirme avoir
vu l'abbé Adalhard dans son adolescence11. C'est fort probablement dans le sillage de
son abbé, Hilduin, que le jeune moine vint vivre à la cour 12 . Il demeura cependant lié
à son abbaye d'origine: d'après Flodoard, il travailla à la réforme de Saint-Denis, en
829/83213, et il était toujours moine de cette abbaye vers la fin du règne de Louis le
Pieux14. Pendant l'hiver 830/831, Hincmar suivit volontairement son abbé pendant
son exil aux abords de Paderborn 15 ; mais en 833, il préféra lui désobéir pour rester fi-
dèle à Louis le Pieux16. En mars 835, Hincmar prit part à l'assemblée au cours de la-
quelle Ebbon fut déposé 17 - d'où la supposition de H. Schrörs, selon laquelle Louis
aurait fait venir Hincmar de manière définitive au Palais18. Mais la participation de
Hincmar au plaid de Thionville n'implique aucunement sa présence permanente à la
cour 19 . Par ailleurs, H. Schrörs, qui manque d'argument solide, s'empêtre dans une
chronologie complexe, supposant sans motif apparent le retour de Hincmar à Saint-
Denis vers la fin du règne de Louis le Pieux20, pour se conformer au récit de Flodoard
qui présente alors Hincmar comme moine de ce monastère. Il semble beaucoup plus
probable que Hincmar, bien qu'étant toujours resté en contact avec la cour par la sui-
te, quittât définitivement le Palais avec son abbé, en 83021. A une date indéterminée,
mais déjà sous le règne de Charles le Chauve, dum in ipsius ante episcopatum mora-
retur servitio22, il reçut le regimen des monastères de Notre-Dame de Compiègne et
de Saint-Germer de Flay 23 .
160. HIRMINMARIS 1
Notaire, attesté du 31 juillet 816 au 1er septembre 839
pereur Louis le Pieux presque tout au long de son règne: du 31 juillet 8165 au 1er sep-
tembre 8396. Il fit la récognition d'environ 80 diplômes; ce sont autant de preuves
qu'il fit partie de la suite accompagnant l'empereur dans ses déplacements 7 . Hirmin-
maris ne travailla cependant pas exclusivement pour l'empereur, puisqu'il écrivit, le
12 septembre 819, l'acte de donation de la cella de Michaelstadt à Lorsch par Egin-
hard 8 . D'autre part, plusieurs mentions en notes tironiennes permettent de cerner
plus précisément les fonctions de Hirminmaris, que l'on voit s'étendre vers la fin du
règne de Louis le Pieux 9 . La première mention que nous connaissions date du temps
où l'orage politique grondait: Hirminmaris dicta et ordonna de munir des signes de
validation un diplôme donné le 8 juin 83310. Il est d'ailleurs désigné comme magi-
sterl\ ce qui prouve sa position proéminente au sein de la »chancellerie«12. Rien ne
peut d'ailleurs mieux l'illustrer que la garde du sceau dont il eut la charge: c'est ce que
l'on doit conclure des mentions spécifiant qu'il procéda au scellement13. Hirminma-
ris fut peut-être à l'origine de la copie des Formulae imperiales14; le manuscrit 15 les
contenant n'a cependant pas encore été étudié de manière satisfaisante et il est plus
il s'intitule diaconus. A partir du 21 août 823, éd. Doc. dipl. Wurtemberg, n° 86, p. 99 sq., Hirmin-
maris eut recours au titre de notarius pour se désigner. La formule Ego Irmingerius cancellarius reco-
gnovi, B.M. 891(862), éd. Doc. dipl. Fulda, n° 484, p. 213, est interpolée. Curieusement, en B.M.
932(903), éd. Doc. dipl. Nassau (bis), n° 56, p. 23 sq., Hirminmaris ne porte aucun titre.
5 B.M. 622(602).
6 B.M. 998(967).
7 J'ai fait l'inventaire des présences de Hirminmaris à la cour lors des plaids dans DEPREUX, Gouver-
nement, tome 1, p. 149 sqq. Elles sont attestées aux périodes suivantes (cette liste reprend celle éta-
blie ibid., p. 321): automne 821 (Thionville), été 822 (Attigny), fin de l'année 822 (Francfort), prin-
temps 823 (Francfort), début de l'année 828 (Aix), début de l'année 831 (Aix), automne 831
(Thionville), automne 832 (Orléans), automne 834 (Attigny), début de l'année 835 (Thionville), été
835 (près de Lyon), printemps 837 (Nimègue), printemps 838 (Nimègue), été 839 (Chalon-sur-
Saône).
8 Doc. dipl. Lorsch, tome 1, p. 301, n° 20: Facta donatio in Laureshamo monasterio II idus sept. Anno
VI° regni d(om)ni nostri Ludowici gloriosissimi imperatoris, in Dei nomine féliciter ... Ego
Hirmi(n)marus diaconus, et notarius imperialis, rogante Einhardo hoc testamentum scripsi et sub-
scripsi.
9 SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 99: »Dass Hugo häufig vom Hofe abwesend war, mag dazu beigetra-
gen haben, dass unter ihm Hirminmaris dieselbe hervorragende Stellung einnimmt wie unter Theo-
to«.
10 B.M. 923(894); Mentions tironiennes, p. 19: Magister Hir(min)maris dictavit et mihi firmare jussit.
Formule semblable dans le diplôme du 17 février 839, B.M. 987(956); Mentions tironiennes, p. 20:
Hirminmaris dictavit et scribere jussit et firmare rogavit.
11 De même dans B.M. 994(963), un diplôme qu'il scella: Hir(minma)ris magister fieri jussity qui et si-
gillavit (Mentions tironiennes, p. 20).
12 Cf. JUSSELIN, Chancellerie, p. 5 sq. Cf. BRESSLAU, Urkundenlehre, tome 1, p. 376, à propos de Du-
rand et de Hirminmaris: »Beide haben offenbar eine höhere Stellung eingenommen als ihre Kollegen
und dürfen geradezu als zeitweilige Vertreter des Kanzleivorstehers bezeichnet werden«.
13 Cf. JUSSELIN, Garde du sceau, p. 37 sq.
14 Ceci est l'hypothèse de DICKAU, Kanzlei, 2 e partie, p. 104, mais cet auteur ne prouve rien (cf. ibid.,
p- 3 9 )-
15 Cf. Formulae imperiales. Elles ont été reproduites en fac-similé par G. SCHMITZ, dans Monumenta
Tachygraphica.
260
prudent pour l'instant d'en rester à l'hypothèse classique selon laquelle cette collec-
tion aurait été composée sous Fridugise16.
161. HITTO 1
Evêque de Freising, attesté du 23 avril 8122 au 13 avril 8353
C'est sous toute réserve que Hitto est admis dans cette prosopographie4: vers la fin
de décembre 819, comme l'atteste une notice datée du 30 de ce mois à Aix-la-Chapel-
le, l'évêque de Freising5 fut convoqué au Palais par Louis le Pieux6. Ce fut vraisem-
blablement à l'occasion du plaid de janvier 820, où la révolte de Liudévit était à l'ord-
re du jour7. Il y participa probablement à titre d'expert de la région. On peut égale-
ment penser que Hitto participa, en 825, au plaid de printemps tenu à
Aix-la-Chapelle8, où il accompagna vraisemblablement la délégation bulgare se ren-
dant auprès de Louis le Pieux9. D'autre part, Hitto présida bien quelques plaids en
Bavière, mais les sources ne précisent pas à quel titre10. Toujours est-il que si l'on en
16 Cf. SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 120; GANZ, Tironian Notes, p. 45. Th. Sickel datait cette collec-
tion des années 828/832. J'espère pouvoir entreprendre prochainement l'étude de ces Formulae im-
periales.
juge par les datations des actes de Freising, Hitto ne fit pas preuve d'une fidélité in-
conditionnelle à Louis le Pieux11.
162. HONIFRID 1
Attesté en avril 816
163. HUCBERT 1
Evêque de Meaux 2 , attesté de 823 à 853 3
semblablement fidèle à Louis, puisqu'on le voit siéger lors de l'assemblée qui jugea
Ebbon, en mars 835 à Thionville 9 . La première assemblée pour laquelle on est certain
de la participation de Hucbert est le concile tenu en juin 829 à Paris10. Toutefois, c'est
en 823 que Hucbert fut promu à l'épiscopat, comme l'atteste une lettre de Hincmar
de Reims à Charles le Chauve n . Les 20/21 mars 836, Hucbert se trouvait en sa cité de
Meaux, où il accueillit le cortège transportant les reliques de saint Guy 12 .
honneurs, comme l'atteste son apparition aux côtés de Judith dans le cortège impéri-
al décrit par Ermold le Noir à l'occasion du baptême du Danois Harold, en 826 à In-
gelheim12: à l'instar de Matfrid, il était vêtu d'or et portait une couronne 13 . Vers la
même époque, son influence est également prouvée par la mention de son nom parmi
les nomina amicorum viventium de l'abbaye de la Reichenau14.
Hugues fut également un chef de guerre. O n le voit notamment en Bretagne à l'au-
tomne 824, aux côtés du roi Pépin d'Aquitaine 15 . Il fut également envoyé à la res-
cousse de Bernard de Barcelone en 827, après avoir vraisemblablement assisté au
plaid tenu à Compiègne 16 . O n sait la mauvaise volonté dont firent preuve Matfrid et
Hugues 17 . En suite de quoi ils furent déposés en février 828, lors d'un plaid tenu à
Aix-la-Chapelle 18 . Dès l'année 829, d'aucuns fomentaient une révolte contre Louis le
Pieux19. Elle éclata en 830: Hugues fit partie des meneurs de la »révolte loyale«20. O n
perd la trace de l'ancien comte de Tours pendant les années de crise, mais il ne fait
point de doute qu'il se trouvait auprès de Lothaire, qu'il devait conseiller21, puisque
c'est lui qui, en 834 devant Blois, fut le premier des partisans de Lothaire à demander
pardon à Louis le Pieux, lorsque le fils rebelle se soumit 22 . Hugues suivit Lothaire
dans son exil italien et il mourut à l'automne 23 83724. Il fut inhumé à Monza 25 . Il reste
toutefois un point à éclaircir. Dans un diplôme de Louis le Pieux du 24 août 835, il est
dit que le comte Hugues, que j'identifie avec le comte de Tours, et l'évêque d'Or-
léans, Jonas, enquêtèrent en qualité de missi à propos de la restitution à l'abbaye de
confirma à Saint-Julien son privilège d'immunité. L'identité de ce comte avec celui de Tours est affir-
mée notamment par Louis, Girard, p. 33, mais il ne s'agit que d'une »hypothèse«, comme le rappel-
le WILSDORF, Etichonides, p. 13 note 1.
12 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2304 sqq., p. 176.
13 A ce propos, cf. DEPREUX, Matfrid, p. 345.
14 Verbrüderungsbuch Reichenau, pi. 99. A ce propos, cf. GEUENICH, Gebetsgedenken, p. 90 sq.
15 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2006 sq., p. 152: Pippino régi Hue Helisacharque potentes/
Junguntur, numéro cetera turba caret.
16 Annales regni Franc, a. 827, p. 173: Imperator autem duobus conventibus habitis (...) altero apud
Compendium, in quo (...) bis, qui ad marcam Hispanicam mittendi erant, quid vel qualiter agere
deberent, imperavit...
17 Annales regni Franc, a. 827, p. 173: Contra quem imperator filium suum Pippinum Aquitaniae re-
gem cum inmodicis Francorum copiis mittens regni sui terminos tueri praecepit. Quod ita factum es-
set, ni ducum desidia, quos Francorum exercitui praefecerat, tardius, quam rerum nécessitas postula-
bat, si, quem ducebant, ad marcam venisset exercitus. L'identité des deux comtes est livrée par Astro-
nomus, Vita, c 41, p. 630. On a récemment tenté de les disculper, cf. COLLINS, Pippin, p. 379. Je ne
suis cependant pas convaincu par cette analyse, cf. DEPREUX, Matfrid, p. 356 sq.
18 Annales regni Franc, a. 828, p. 174; Astronomus, Vita, c. 42, p. 631.
19 Astronomus, Vita, c. 43, p. 632.
20 Theganus, Vita, c. 36, p. 597.
21 Nithardus, Historia, lib. I, c. 4, p. 16, affirme que Hugues était l'un de ceux qui cherchaient à s'assu-
rer la deuxième place dans l'empire sous le gouvernement de Lothaire: Insuper autem, dum Hue,
Lambertus atque Mathfridus quis illorum secundus post Lodharium in imperio haberetur ambige-
rent, dissere ceperunt et, quoniam quisque eorum propria querebat, rem publicam penitus neglege-
bant.
22 Theganus, Vita, c. 55, p. 602: Tune veniens Hlutharius cecidit ad pedes patris, etpost eum socer eius
Hug timidus. Tune Matfridus, et ceteri omnes quiprimi erant infacinore Mo ...
23 Astronomus, Vita, c. 56, p. 642.
24 Annales Bertiniani, a. 837, p. 22; Annales Fuldenses, a. 837, p. 28 sq.
25 Cf. WILSDORF, Etichonides, p. 20.
264
26 B.M. 947(916), éd. Recueil des hist. 6, n° 204, p. 604: Sed cum ad hanc causam investigandam nobis-
que renuntiandam missos nostros, Jonam videlicet venerabilem Aurelianensem episcopum, et Hugo-
nem inlustrem comitem destinassemus, et tam ex eorum relationey quam et ex memorati avi nostri
praecepti lectione luce clarius nobis patefieret...
27 Contrairement à HENNEBICQUE-LE JAN, Prosopographica Neustrica, p. 256.
28 En Poccurrence au minimum huit ans.
29 On peut y voir une confirmation du témoignage d'Astronomus, Vita, c. 56, p. 642, qui affirme que
Louis le Pieux fut affligé par la disparition, lors de l'épidémie de 836/837, de ceux qui avaient accom-
pagné Lothaire dans son exil.
pas le compter parmi les abbés de Lobbes 22 . Hugues n'est attesté pour la première
fois comme abbé de Saint-Quentin que le 25 octobre 835, à l'occasion de la translati-
on des reliques de saint Quentin en présence des évêques de Noyon, Laon et Pader-
born 23 . Comme cette translation eut lieu anno ... ipsius abbatis secundo, »il en résul-
te qu'Hugues est devenu abbé de Saint-Quentin entre octobre 833 et octobre 834«24.
Le 31 octobre 838, il invita Louis le Pieux à prendre part aux cérémonies de la fête du
patron de son monastère 25 . Hugues fut également abbé de Saint-Bertin26. Il obtint cet
abbatiat en 83427 - son prédécesseur, Fridugise, étant mort le 10 août 83328. La deu-
xième année de son abbatiat29, Hugues obtint de Louis le Pieux la confirmation des
privilèges de son monastère, le 13 août 83530 - ce qui signifie qu'il devint abbé avant
le 13 août 83431. Le préambule de cet acte, tout à fait unique 32 , montre le grand crédit
dont Hugues jouissait auprès de Louis le Pieux33. Nous reviendrons sur le rôle de
Hugues au Palais. Contrairement à Fridugise, Hugues s'avéra un ardent défenseur de
la réforme bénédictine, comme le prouve la réforme de 83934. Bien que d'après les
textes relatifs à l'abbatiat de Hugues à Saint-Quentin et à Saint-Bertin, il ne semble
avoir été promu à cette dignité que suite au rétablissement de Louis le Pieux (et en ré-
compense pour le dévouement dont il avait fait preuve envers ce dernier), le témoi-
gnage des Annales de Lobbes, selon lequel Hugues aurait été abbé avant la période de
crise politique qu'on vient d'évoquer 35 , trouve chez l'Astronome une confirmation,
au cas où cet auteur ne rapporterait pas à Hugues le titre abbatial ex eventu, mais en
restant fidèle à la situation de l'époque: il désignait Hugues comme abbas dès l'hiver
833/83436. Un point reste à éclaircir, qui concerne l'abbaye de Fulda. En juillet 839,
Louis le Pieux fit établir un diplôme de confirmation d'un échange conclu entre Ra-
ban Maur et le comte Boppon. Cette confirmation eut lieu suite à la requête de H u -
gués, dont Raban est désigné comme le predecessor37. Hugues aurait-il été abbé de
Fulda? Non 38 . Th. Sickel tenta d'expliquer cette mention étrange par une erreur de
copiste et une confusion avec un abbé ultérieur de Fulda 39 , Hugues n'étant alors que
l'intermédiaire ayant présenté l'affaire à l'empereur. La critique de cet acte est à re-
prendre.
C'est à l'occasion de la crise politique de 833/834 que Hugues entra véritablement
en scène. Pendant l'hiver durant lequel Louis le Pieux était retenu prisonnier par Lo-
thaire, Louis le Germanique et Drogon envoyèrent leur oncle et frère auprès de
Pépin d'Aquitaine pour le gagner à la cause de son père 40 . En février 834, Hugues fut
parmi ceux que Lothaire désigna pour négocier la libération de Louis le Pieux41 - cet-
te réunion n'eut cependant pas lieu, puisque le fils rebelle s'enfuit en abandonnant
son père à Saint-Denis. Lors du plaid tenu à Worms en septembre 836, Hugues fut de
nouveau chargé d'une mission délicate: il fut envoyé par Louis le Pieux en Italie pour
exhorter Lothaire à restituer leurs biens aux titulaires d'honorés et de bénéficia itali-
ens s'étant montrés fidèles à l'empereur deux ans plus tôt 42 . Ce fut peine perdue. L'a-
pothéose de la carrière de Hugues, c'est le rôle qu'il exerça à la cour dès que Louis le
Pieux recouvra le pouvoir - sans doute possible en récompense de son dévouement à
la cause de son demi-frère: il succéda à Théoton comme archichancelier43. Il est atte-
sté pour la première fois avec ce titre le 3 juillet 83444. Hugues occupa ce poste jus-
qu'à la fin du règne de Louis le Pieux. Il pouvait introduire des causes auprès de l'em-
pereur, comme c'est le cas pour les deux Juifs auxquels Louis le Pieux confirma le 22
février 839, à Francfort, la jouissance de leurs biens en pleine propriété 45 . Hugues
étudia leur requête puisqu'il en fit le rapport à l'empereur (sua ... relatione). Deux
mentions en notes tironiennes prouvent que Hugues veilla personnellement à l'expé-
dition des diplômes. Ainsi peut-on lire sur un diplôme de donation au fidèle Fulbert,
donné le 24 août 836 à Rambervilliers46: Adalaardus seniscalcus ambasciavit et fieri
37 B.M. 996(965), éd. Doc. dipl. Fulda, n° 655, p. 302 sq.:... qualiter venerabilis frater noster Huggiab-
bas sacrique palacii nostri notariorum summus nostre innotescere studuit majestatiy quod predecessor
suus Rabanus abbas Fuldensis monasterii... (la désignation comme notariorum summus est suspec-
te).
38 Raban est encore attesté comme abbé de Fulda le 6 mai 840, cf. B.M. 1004(973). Ce n'est qu'après la
mort de Louis le Pieux qu'il renonça à son abbatiat, cf. HUSSONG, Fulda, 2e partie, p. 186.
39 SICKEL, Acta regum, tome 2, p. 355 (L. 374). Il s'agirait de l'abbé Huggi (891-915). Sur cet abbé, cf.
Catalogus abbatum Fuldensium, p. 273.
40 Cf. Astronomus, Vita, c. 49, p. 637 - texte cité à la notice n° 75.
41 Astronomus, Vita, c. 51, p. 637 - texte cité à la notice n° 93.
42 Cf. Annales Bertiniani, a. 836, p. 19 - texte cité à la notice n° 6. L'identité de Hugues est assurée: il est
dit »frère« de Louis le Pieux dans Astronomus, Vita, c. 55, p. 641.
43 Cf. PERRICHET, Grande Chancellerie, p. 470; SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 96 sqq.; BRESSLAU, Ur-
kundenlehre, tome 1, p. 386; TESSIER, Diplomatique, p. 44; FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 83 sq.;
DiCKAU, Kanzlei, 2 e partie, p. 103 et p. 120 sq.
44 B.M. 929(900). La nomination de Hugues eut lieu très rapidement après la mort de Théoton, ce der-
nier étant encore attesté le 15 mai 834, cf. B.M. 927(898).
45 B.M. 988(957), éd. Recueil des hist. 6, n° 232, p. 624: ... dilectus frater noster Hugo venerabilis abba
et sacri palatii nostri summus notarius quosdam Hebraeos ... in nostram introduxit praesentiam,
eorumque querimonias tam sua quam illorum relatione didicimus.
46 B.M. 963(932).
268
166. HUNFRID 1
Comte de Coire, attesté de 806 à 823 2
Le comte de Coire, Hunfrid, apparaît pour la première fois en 806: il présidait alors
un plaid dans le Vorarlberg 3 . Il régissait également l'Istrie 4 . En 823, il fut envoyé à
Rome par Louis le Pieux en tant que son missus, pour enquêter sur l'assassinat de
membres du Palais du pape qui étaient pro-Francs 5 . Une fois à Rome, les envoyés de
Louis le Pieux ne purent rien tirer au clair, le pape s'étant purifié par serment. C'est à
l'occasion du plaid tenu en novembre à Compiègne 6 que Hunfrid fit son rapport 7 .
Hunfrid n'était pas étranger au monde romain: il avait déjà été envoyé à la cour de
Léon III en 808, comme missus de Charlemagne 8 . E. Hlawitschka considère que tou-
tes ces données se rapportent à un seul et même personnage 9 , alors que M. Borgolte
distingue le personnage de 806/808 de celui de 823 10 et en fait éventuellement un fils
du premier n . Je me range ici à l'avis d'E. Hlawitschka.
167. IBBON 1
Notaire, attesté en 815 (peut-être dès 809)
Le notaire Ibbon 2 , peut-être identique avec son homonyme en fonction sous Charle-
magne 3 , n'est attesté à la »chancellerie« de Louis le Pieux que par un seul diplôme,
donné à Aix-la-Chapelle le 10 juin 815 en faveur de l'église cathédrale de Vienne,
dont il fit la récognition 4 .
168. IMMON 1
Comte, attesté en 794 - mort avant 823?
Immon 2 est l'un des membres de l'entourage de Louis le Pieux ayant souscrit le di-
plôme délivré le 3 août 794 au Palais (Haute-Vienne, arr. Limoges) en faveur de la cel-
lola de Nouaillé 3 . Il fut vraisemblablement (ensuite?) comte de Périgord 4 . En effet,
en 823 à Compiègne, Louis restitua sa liberté et ses biens à Lambert, un otage origi-
naire du castrum de Turenne livré lors de la prise de l'Aquitaine par Pépin le Bref et
qui, alors que les autres otages avaient été libérés, fut réduit en servitude par le comte
Immon 5 . Peut-être Lambert ne put-il présenter sa requête à Louis le Pieux qu'une
fois Immon décédé. Le dux Arnaud (Arnaldus), fils du comte de Périgord Immon 6 ,
est attesté en Gascogne en 864: cet indice chronologique tend à prouver qu'Immon
vivait sous le règne de Louis le Pieux.
169. INGILFRID 1
Abbé
170. INGOALD 1
Abbé de Farfa, attesté à partir de 8162 - mort un 26 mars, entre 830 et 832
Ingoald 3 , qui était prêtre 4 , devint abbé de Farfa en 8165. Il est attesté pour la premiè-
re fois le 21 juin de cette année, par un diplôme de Louis le Pieux 6 . L'abbé de Farfa
participa peut-être au plaid tenu en avril 818 à Aix-la-Chapelle 7 . Toujours est-il
qu'Ingoald fut vraisemblablement à Aix le 13 février 818 8 ; il y fut également le 5 ju-
in 9 . Il participa certainement au plaid tenu à l'automne 822 à Francfort 10 , puisque sa
présence est attestée le 6 novembre 822 à Worms 11 . L'abbatiat d'Ingoald, qui sut s'at-
tirer la bienveillance tant de Louis le Pieux12 que de Lothaire 13 , fut marqué par une
importante querelle avec la papauté 14 . L'abbé de Farfa entretint peut-être des liens
avec certains palatins; cela est plus que probable dans le cas de Hilduin: Ingoald lui
fut en effet d'une grande aide, en 826, lors de la translation des reliques de saint Sébas-
tien15. Reste à justifier la mention de l'abbé de Farfa dans cette prosopographie. En
820, Ingoald reçut une mission en Francia, comme cela appert d'une notice de plaid:
preterito anno (par rapport à 821), quandofui in servitio domni imperatoris in Fran-
ciey suggessi eins excellentie, eo quod ... 16 L'on ignore tout de la raison pour laquelle
Ingoald fut appelé en Francia pour y exercer le servitium en question. Toujours est-il
que la présence de l'abbé de Farfa à Aix-la-Chapelle est attestée au 28 avril 82017. In-
goald mourut un 26 mars 18 , en 830, 831 ou 83219.
171. INGOBERT 1
Comte, attesté de 808 à 826
En 808 ou 8102, Ingobert fut envoyé par Charlemagne auprès de Louis le Pieux pour
conduire au nom de l'empereur et de son fils la seconde campagne militaire contre
Tortosa 3 . K. F. Werner reconnaît en ce missus un proche parent de la première épouse
de Louis le Pieux 4 . C'est vraisemblablement le même personnage qui, en 814, fut
chargé de mettre de l'ordre à la cour d'Aix-la-Chapelle avant l'arrivée de Louis 5 .
On retrouve notre personnage 6 environ trois ans plus tard: par un diplôme de Louis
14 Cf. B.M. 771(746) - un acte faux - et surtout le plaid tenu au Latran en janvier 829: Doc. dipl. Italie,
n° 38, p. 118 sqq. Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 194; VEHSE, Päpstliche Herrschaft, p. 127 sqq.
Cf. également, en 821, un autre procès où Ingoald fut impliqué: Doc. dipl. Italie, n° 32, p. 98 sqq.
15 Odilo, Translatio s. Sebastiani, c. 7,11 et 15, p. 382 sqq.
16 Doc. dipl. Italie, n° 32, p. 98 sqq. Ingoald soumit à l'empereur l'affaire de Farfa traitée au cours de ce
plaid et Louis le Pieux ordonna une enquête.
17 B.M. 716(693) et suivants.
18 Constructio Farfensis, p. 529.
19 On considère généralement qu'Ingoald mourut le 26 mars 830, cf. SCHUSTER, Farfa, p. 421. C'est
toutefois en 832 que lui succéda Sichard: Catalogus abbatum Farfensium, p. 586; Annales Farfenses,
a. 832, p. 588. SCHUSTER, Farfa, p. 73, s'appuie sur un document faux, B.M. 771(746), pour prouver
qu'Ingoald était encore en vie »verso la fine dell'829«. Ce document n'est pas daté, et au cas où il au-
rait un fondement sincère, il serait plutôt à dater de 823 que de 829, étant donné que Lothaire est
censé agir paternae concordans voluntati et optemperans iussis, unanimité et concorde reflétant peu
la situation de 829, cf. DEPREUX, Empereur, p. 901 sqq. Ingoald est donc attesté pour la dernière fois
le 22 juin 829, cf. B.M. 865(836).
le Pieux du 20 novembre 817, nous apprenons qu'il fut envoyé en qualité de missus
pour étudier la requête de l'évêque de Tournai concernant une donation visant à l'ex-
tension de la claustra canonicorum7. En 825, il est attesté comme missus dans la pro-
vince ecclésiastique de Rouen 8 . L'année suivante, on le retrouve à Rome avec l'abbé
Hilduin 9 . Il ne fait point de doute que notre comte fut un personnage de grand pres-
tige, puisqu'il disposait d'une influence certaine sur le pape 10 .
172. IRMINON1
Abbé, attesté à partir de 811 2 et jusqu'en 823
personnage, il y a le fait que le nom Ingobert (par exception toujours orthographié de la même façon
dans les sources!) ne semble pas très courant. Il est par exemple absent du Liber memorialis de la
Reichenau; on y compte en tout dix occurrences de noms de la même racine (Verbrüderungsbuch
Reichenau, i68: ing-berht, p. 115). Il est également absent des sources de Fulda, cf. Klostergemein-
schaft von Fulda, tome 3 (les occurrences de ce nom devraient se trouver à la p. 258). E. MÜHLBA-
CHER, dans Dipl. inédits (Aquilée), p. 267 note 5, a rejeté toute possibilité d'une identité avec le fils
du lombard Aio. Il ajoute, en se référant à E. Förstemann: »Der Name Ingobert kein seltener«. Cer-
tes FÖRSTEMANN, Personennamen, col. 961, présente une dizaine de variantes de ce nom; mais com-
me je Tai déjà dit, ce qui frappe (en dépit de la prudence dont on doit faire preuve à ce propos), c'est
la constance avec laquelle, dans le cas présent, il est orthographié.
7 Cf. B.M. 658(644) - texte cité à la notice n° 139.
8 Commemoratio, c. 1, p. 308: Rothomagum Willibertus archiepiscopus et Ingobertus cornes.
9 Cf. la notice n° 157.
10 Odilo, Translatio s. Sebastiani, c. 10, p. 384: etenim eratpraepotens et in omnibus apud summum an-
tistitem valens, isque venerabili Hilduino abbati amicissimus existens.
nicorum9. D'après les Annales s. Germani à la chronologie cependant peu sûre, Hil-
duin aurait succédé à Irminon en 826 à la tête de Saint-Germain 10 ; on peut donc
éventuellement supposer qu'Irminon mourut vers cette époque 11 .
173. ISEMBARD 1
Attesté de 801 à 809
174. ISEMBERT1
Chapelain, attesté en 827
Le chapelain Isembert est attesté par la notice du plaid tenu à Contenasco en mai 827:
il siégea en compagnie de Tévêque Claude de Turin au tribunal présidé par le comte
Ratpert, agissant au nom du missus impérial, le comte Boson 2 . Rien ne permet de sa-
voir précisément s'il s'agit d'un chapelain attaché à la cour de Pavie ou d'un chapelain
de Louis le Pieux 3 .
175. JASTON 1
Comte du Palais2, attesté en 827
Le comte du Palais Jaston n'est attesté que par un seul diplôme de Louis le Pieux, da-
tant du 25 mai 827: Jaston fut chargé d'enquêter concernant un différend entre l'abbé
de Stavelot-Malmédy et Yactor du fisc impérial de Theux 3 (Tectis), Albric, concer-
nant une forêt4.
176. JEAN 1
Archevêque d'Arles 2 , attesté de 811 à octobre 8163
L'archevêque d'Arles, Jean, qui figure parmi les témoins du testament de Charlema-
gne (811)4, est attesté en 812 en tant que missus de cet empereur 5 : il jouait alors le rôle
d'intermédiaire entre Charlemagne et son fils Louis 6 . En mai 813, il co-présida avec
Nibride de Narbonne le concile tenu en Arles 7 . Sous Louis le Pieux, Jean jouit égale-
ment d'un prestige certain, puisqu'il fut chargé, au début d'octobre 816, d'accueillir
le pape lors de sa venue à Reims 8 . Quelque temps auparavant, Jean avait été envoyé
3 SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 251 sq., semble le compter parmi les chapelains de Louis le Pieux.
FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 61, l'identifie explicitement comme chapelain de Louis le Pieux.
par Louis le Pieux à Ravenne et à Rome, pour essayer, en tant que missus impérial, de
régler un conflit entre le pape Léon III 9 et l'archevêque de Ravenne, Martin 10 .
177. JÉRÉMIE1
Archevêque de Sens2, attesté à partir de 8223 - mort le 7 décembre 828
Jérémie est attesté pour la première fois comme archevêque de Sens par un diplôme
de Louis le Pieux du 18 mai 8224. L'on considère qu'il s'agit de l'ancien (archi)chan-
celier de Charlemagne, attesté par un seul diplôme 5 , le 9 mai 813 6 . O n a quelques tra-
ces du rôle d'évêque métropolitain que remplit Jérémie, qui fut également consulté
par Amalaire de Metz sur la manière d'orthographier le nom de Jésus 7 : ainsi le voit-
on procéder à l'ordination de l'évêque Angelelme d'Auxerre 8 ; il donna également
son accord à l'évêque d'Orléans, Jonas, concernant l'octroi du privilège de liberté
d'élection abbatiale à Saint-Mesmin 9 . Une lettre illustre aussi son activité de ges-
tionnaire 10. En 825 n , Jérémie est attesté comme missus de l'empereur dans sa provin-
ce de Sens; le comte Donat 12 lui était adjoint13. Peu après le début du mois de décem-
9 Cette mission date donc d'avant juin 816, cf. GAMS, Séries, p. II. Quant à Martin, il fut archevêque de
Ravenne de 810 à 817, cf. GAMS, Séries, p. 717. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 61, signale cette mis-
sion à Tannée 815.
10 Agnellus, Liber pont. eccl. Ravennatis, c. 169, p. 387: Nonpost multum tempus iratus Leo papa cum
Martinum antistitem, misit legatum suum Franciam ad Lodovicum imperatorem, volens cuntra pra-
edictum Martinum agere pontificem. Tune Lodovicus imperator cunsensit voluntati eius et misit Io-
hannem Arelatensem episcopum, praecipiens Mi, ut iret cum Martino pontifice Romam et ageret cum
Leone papa ... Un peu plus loin dans le texte, Jean est qualifié de legatus imperatoris et sa mission est
désignée comme une legatio. Etant donné la mauvaise volonté de Martin, qui refusa de se rendre à
Rome en prétextant son état de santé, Jean ne put accomplir sa mission. Sur les rapports entre le pa-
pe et l'évêque de Ravenne, cf. BROWN, Ravenna Perspective.
bre de cette année14, l'archevêque fut envoyé par Louis le Pieux auprès du pape pour
lui soumettre les travaux des Pères du concile de Paris 15 sur le culte des images16. La
lettre que l'empereur adressa à ses deux légats, Jérémie et Jonas 17 , est de premier in-
térêt: elle montre en effet sur le vif comment le souverain pouvait recommander, en
un cas bien concret, la diplomatie à ses envoyés 18 . Jérémie dut être de retour avant le
9 mai 826, jour où sa présence à la cour est attestée19. Il mourut le 7 décembre 82820.
178. JONAS 1
Evêque d'Orléans 2 , attesté de 818 à 840/841 3
Jonas est assurément l'une des figures les plus célèbres du règne de Louis le Pieux.
L'évêque d'Orléans est avant tout connu pour ses traités 4 - miroir du prince, dédié au
roi Pépin d'Aquitaine 5 , et miroir des laïcs, dédié au comte Matfrid d'Orléans 6 . Jonas
est attesté pour la première fois durant l'été 818, quand il accueillit Louis le Pieux en
sa cité d'Orléans alors que l'empereur se rendait en Bretagne 7 . En décembre 825, Jo-
nas fut envoyé par Louis le Pieux auprès du pape pour lui soumettre les travaux des
Pères du concile de Paris sur le culte des images8. Il put certainement rendre compte
14 Après le 6 décembre 825, date à laquelle Halitgaire et Amalaire présentèrent à Louis le Pieux les tra-
vaux des Pères du concile de Paris.
15 Sur cette assemblée, cf. HARTMANN, Synoden, p. 168 sqq.
16 B.M. 819(795) = Concilium Parisiense, p. 534.
17 Cf. la notice n° 178.
18 B.M. 818(794) = Concilium Parisiense, p. 533.
19 B.M. 829(770).
20 L'auteur des Annales s. Columbae, p. 103, date sa mort de 829 (Ieremias Senonicae ecclesiae archiepi-
scopus diem obiit 7. Idus Decemb.), ce qui est impossible, puisque le siège de Sens était vacant à la fin
de Tannée 828 (Constitutio de synodis, p. 2). Il faut donc corriger 829 en 828.
8 II fut envoyé avec l'archevêque de Sens, Jérémie. Cf. Concilium Parisiense, p. 533 = B.M. 818(794),
et Concilium Parisiense, p. 534 sq. = B.M. 819(795). Sur la mission de Jonas, cf. MCCORMICK, Tex-
tes, p. 148 sqq.
9 B.M. 825(800), éd. Recueil des hist. 6, n° 132, p. 544 sq. (à la p. 544) - diplôme pour Saint-Mesmin:...
postulavit nobis vir venerabilis Jonas Aurelianensis ecclesiae episcopus, ut Privilegium, quod ... circa
cellam sancti Maximini quae est juris episcopii sui, cum conniventia metropolitani sui Iheremiae ar-
chiepiscopi et canonicorum ecclesiae, cui Deo largiente ministrat, nuper fecerat vel firmaverat, nostra
auctoritate imperiali confirmaremus.
10 B.M. 824(799)a.
11 Cf. Doc. dipl. Paris, n° 35, p. 49 sqq. On a même supposé que Jonas fut l'auteur des actes de ce con-
cile, cf. SCHARF, Studien, p. 371 sqq.
12 Constitutio de partitione, p. 694.
13 Adrevaldus, Miracula, c. 20, p. 48: Coeperat, eo in tempore, expeditionem parare, viribus undecum-
que contractis, adversum Lambertum atque Matfdridum sociosque eorum, Neustriae partibus resi-
dentes, qui ab imperatore ad Lotharium defecerant.
14 Concilium ad Theodonis villam, p. 703, n° 10.
15 B.M. 947(916), diplôme du 24 août 835 - texte cité à la notice n° 164.
16 Je m'en explique à la notice n° 164.
17 B.M. 975(944) - texte cité à la notice n° 144. D'autre part, le nom de Jonas apparaît parmi les
souscripteurs de l'une des chartes d'Aldric du Mans du 1er avril 837, mais de manière curieuse,
seulement dans une seule de ces chartes (Gesta Aldrici, p. 85 - et pas p. 95!).
18 Concilium Carisiacense (bis), p. 846, n° 18.
19 Ibid., p. 850, n° 17.
20 Cf. Adrevaldus, Miracula, c. 25, p. 56 sq. - texte cité à la notice n° 74.
21 Cf. SCHMITZ, Kapitulariengesetzgebung, p. 504 sqq.
278
L'évêque Joseph est attesté comme missus de Louis le Pieux en Italie en janvier 829: il
présida un plaid à Rome en présence du pape, où il rendit un jugement en faveur de
l'abbaye de Farfa3. Peut-être cet évêque était-il identique avec le Josippus que Lo-
thaire envoya avec l'ex-huissier Richard auprès de Louis le Pieux, lors des négociati-
ons de mai 839 à Worms 4 . Au printemps 842, il était encore partisan de Lothaire 5 .
Le notaire Joseph 2 n'est attesté que par un diplôme de Louis le Pieux donné à Aix-la-
Chapelle le 1er janvier 816 en faveur d'un particulier et dont il fit la récognition 3 . Ce
notaire n'est pas identique avec les autres personnages du même nom attestés à la
cour sous d'autres règnes 4 .
181. JUDITH1
Seconde épouse de Louis le Pieux, attestée à partir de 819 - morte en 843
Judith, la fille du comte Welf2, fut la seconde épouse de Louis le Pieux. L'empereur la
choisit à l'occasion d'un concours de beauté, adoptant ainsi un usage byzantin 3 , et
c'est en 819 que leur mariage eut lieu4; la nouvelle impératrice s'avérait une amie des
lettres 5 . Le rôle de Judith jusqu'en 829 a été récemment analysé6. Il convient, dans le
cadre de la présente enquête, de rappeler les grandes lignes de l'action de Judith et
d'étudier dans le détail comment s'exerça son influence. Rappelons d'emblée qu'elle
fit profiter les siens de sa promotion 7 ; pour ce qui touche à la cour, elle y fit vraisem-
blablement venir ses frères, Conrad et Raoul, à l'occasion de son mariage ou peu
après 8 . Judith donna deux enfants à Louis le Pieux: Gisèle et Charles (le Chauve) 9 .
Charles naquit le 12 juin 823, à Francfort 10 . A cette occasion, Judith envoya un an-
neau à l'archevêque Ebbon, qu'il devrait lui retourner le jour où il aurait besoin de
son aide11. On a plusieurs témoignages nous montrant Judith à la cour, notamment
en 826 à Ingelheim, lors du baptême du Danois Harold: Louis le Pieux fut son par-
rain et Judith, la marraine de sa femme12. L'épouse de Louis le Pieux était escortée,
dans le cortège, par les comtes Hugues (I) et Matfrid13. Mais c'est un portrait plus in-
time qu'en présente, trois ans plus tard, Walafrid Strabon: la voici cette fois avec le
jeune Charles à ses côtés, la mère et le fils étant comparés à Rachel et Benjamin14. On
la voit également à Aix-la-Chapelle en avril 828, lorsque les reliques des saints Mar-
cellin et Pierre furent offertes à sa vénération; elle fit alors don de sa ceinture 15 . En re-
vanche, elle n'accompagnait pas Louis en campagne. Elle dut par exemple attendre à
Rouen son retour de l'expédition bretonne de 82416. De même, elle resta à Aix-la-
Chapelle lorsqu'en mars 830, Louis se mit de nouveau en route pour la Bretagne17.
Judith fut l'une des principales cibles des instigateurs de la révolte de 83018. Elle
chercha refuge à Laon 19 , mais elle fut arrêtée. Après qu'on tenta de faire pression sur
Judith afin qu'elle incitât Louis à abdiquer 20 , on lui imposa le voile21 et elle fut en-
voyée en résidence surveillée à Sainte-Croix de Poitiers 22 , après avoir été jugée23. Il
miserat. Tune ipsa horum reminiscens, ejusque lacrymabilia suspiria agnoscens, pio suasu apud episco-
pos, qui Mue convenerant, obtinere curavit, quatenus et imperatoris animum satisfaciendo Unirent, et
leges divinas transgrediendo non violât ent, ne forte vindictam severitatis exercentes in eum qui in eos
deliqueraty non viderentur dignam Deo reddere vicissitudinem, qui eos tanto periculo misericorditer
liberaverat. Statuerat enim animo, ut pro reverentia tanti ministerii nullatenus in depositionem cu-
jusquam episcopi praeberet assensum. Et ob hoc apudpium imperatorem obtinuit ne in ejus depositio-
nem amplius impelleret, quod et secundum moderatissimum ejusdem genitricis nostrae gloriosae im-
peratricis consilium satisfacerent piissimo imperatori, et in eumdem Ebbonem non aliam sententiam
intulissent, nisi quam ipse scripto ediderat. Doit-on conclure du fait que Judith envoya cet anneau à
Ebbon »parce qu'il était archevêque« qu'il en fut ainsi pour tous les évêques métropolitains?
12 Theganus, Vita, c. 33, p. 597.
13 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2302 sqq., p. 176. Cf. les notices n° 164 et n° 199.
14 Walahfridus, Carmina, n° 23, p. 370 sqq., ici p. 375 v. 174 sqq. Le pseudonyme donné à Judith par
Paschase Radbert, Justine, est beaucoup moins élogieux, cf. GANZ, Epitaphium, p. 541.
15 Einhardus, Translatio, II, 6, p. 247.
16 Annales regni Franc, a. 824, p. 165. Grâce à deux lettres, on voit les mesures prises à l'occasion des
voyages de l'impératrice, en l'occurrence à Tours: cf. Einhardus, Epistolae, n° 21 et 22, p. 120 sq. (ces
lettres sont datées habituellement de novembre 832).
17 Annales Bertiniani, a. 830, p. 1.
18 Theganus, Vita, c. 36, p. 597: Dixerunt Iudith reginam violatam esse a quodam duce Bernhardo ...
mentientes omnia; suscipientes reginam Iudith, eamque vi vêlantes et in monasterium mittentes, et
fratres eius Chuonradum et Ruodolfum tondentes et in monasterio mittentes.
19 Astronomus, Vita, c. 44, p. 633: At vero imperator, ut eorum conspirationem contra se et uxorem
Bernhardumque obstinatissime comperit feraliter armatam, Berhardum quidem fugae praesidio se
committere permisit, uxorem autem Lauduni esse, et in monasterio sanctae Mariae consistere voluit;
ipse autem Conpendium venit.
20 Ibid.: Porro hi qui cum Pippino Werimbriam venerum, misso Werino et Lantberto aliisque quamplu-
rimis, Iudith reginam, ex civitate monasteriique basilica eductam, ad se usque perduci fecerunt; quam
adeo usque intentata post diversi generis poenas morte adegerunt, ut promitteret se, si copia daretur
cum imperatore loquendi, persuasurum, quatenus imperator abiectis armis comisque recisis monaste-
rio sese conferret; se etiam inposito vélo capiti itidem facturam ...
21 Outre les sources citées aux notes précédentes et à la note suivante, cf. Nithardus, Historia, lib. I, c.
3, p. 10.
22 Annales Bertiniani, a. 830, p. 2. Cf. LABANDE-MAILFERT, Débuts de Sainte-Croix, p. 84 sq.
23 En effet, à ce qu'il semble, Judith fut jugée lors du plaid de Compiègne et l'on força Louis le Pieux à
confirmer la sentence s'il voulait conserver le trône. Cf. Paschasius, Epitaphium, p. 73: Femine quo-
que huic, quam adiudicastis, quia mea est in Ma ultio, iuxta communes leges, sicut deposcitis, vitam
concedo, ita tarnen ut sub sacro velamine deinceps degeat, et poenitentiam gerat.
281
est inutile de s'appesantir ici sur les calomnies dont on usa contre Judith24. Notons
cependant qu'on l'accusa d'adultère avec le chambrier, Bernard25. Or, l'on sait que
par leurs fonctions, la reine et le chambrier devaient travailler en étroite collaborati-
on26. Le retour de Judith à la cour fut décidé lors du plaid tenu en octobre 830 à
Nimègue27. C'est à l'occasion du plaid tenu en février 831 à Aix-la-Chapelle qu'elle
regagna la cour et se purifia des accusations portées contre elle28. En juin 833, Judith
24 Dans un tissu de fariboles, Odbertus, Passio Frederici, c. 9 à 12, p. 347 sqq., résume à merveille la
fort mauvaise presse de Judith. Il me semble important de souligner ici l'intérêt de deux lettres de
Raban Maur à Judith, par lesquelles il dédia et offrit à l'impératrice ses commentaires du Livre de Ju-
dith et du Livre d'Esther (Hrabanus, Epistolae, n° 17a et 17b, p. 420 sqq.). Ces lettres furent écrites
peu après une victoire de l'impératrice Judith sur ses ennemis (lettre 17a, p. 421: vestra nunc laudabi-
lis prudentia, quae iam hostes suos non parva ex parte vicit). L'éditeur date cette lettre de circa 834,
mais il se pourrait que la victoire en question visât la purification de 831. Toujours est-il que Raban
adressait sa première lettre dominae electae et merito magnae pietatis ab omnibus venerandae atque
amandae, Iudith Augustae (lettre 17a, p. 420). Se pourrait-il qu'un homme de l'intégrité de l'abbé de
Fulda encensât de la sorte une femme (réputée) adultère? Le début de la lettre est dithyrambique.
Mais il faut peut-être lire ici entre les lignes. En effet, Raban écrivit qu'il dédiait à l'épouse de Lous le
Pieux ses commentaires de l'histoire de Judith et de celle d'Esther parce qu'elle portait le même nom
que la première et avait même rang que la seconde, qui était l'épouse du roi Assuérus, dont le terri-
toire s'étendait de l'Inde à l'Ethiopie. En fait, à lire Raban, il semblerait que Judith fût plus proche
d'Esther que de son homonyme. L'abbé de Fulda insistait sur le fait que l'impératrice devait imiter la
reine biblique: Hester quoque similiter reginam, reginay in omni pietatis et sanctitatis actione imitabi-
lem vobis ante oculos cordis semper ponite, quatinus illius sanctitatis meritum adequantes, de terreno
regno ad caelestis regni apicem conscendere valeatis (lettre 17a, p. 421); De us omnipotens, qui illius
regine mentem ad relevandas populi sui calamitates erexerat, te simili studio laborantem ad eterni
regni gaudia perducere dignetur (lettre 17b, p. 422). On a ainsi une confirmation indirecte de la gran-
de influence de Judith sur Louis le Pieux: elle devait s'en servir pour, à l'instar d'Esther, éviter qu'il
ne fût mal conseillé (cf. Est. V sqq.). Quant à Judith, l'impératrice devait essentiellement louer Dieu
d'avoir donné à son homonyme une telle vertu qu'elle accomplit l'impossible: Accipite ergo Iuditb
omonimam vestram, castitatis exemplary et triumphali laude perpetuis eam preconiis declarate, ip-
sumque super omnia benedicitey qui ei talem virtutem tribuity ut invictum omnibus hominibus vince-
rety insuperabilem superaret (lettre 17a, p. 421). Or, Raban, en incise, observe que Judith fut un mo-
dèle de chasteté {castitatis exemplar), vertu mise de fait en exergue dans les Ecritures (cf. Jd. X, 3; Jd.
XIII, 16; Jd. XVI, 22), bien qu'elle fût eleganti aspectu nimis (Jd. VIII, 7) - les deux Judith ont ici un
point commun. L'interprétation de cette incise est fort délicate. S'il s'avérait que Raban, en souli-
gnant la chasteté de celle qui tua Holoferne, entendait présenter à l'impératrice un modèle auquel
elle n'avait de commun que le nom, peut-être les accusations de 830 avaient-elles quelque
fondement. Peut-être y avait-il alors un aspect très concret dans l'exhortation de Raban à imiter ces
femmes de l'Histoire sainte: Quae quidem ob insigne meritum virtutis tarn viris quam etiamfeminis
sunt imitabileSy eo quod spiritales hostes animi vigore, et corporales consilii maturitate vicerunt. Sic
et vestra nunc laudabilis prudentia, quae iam hostes suos non parva ex parte vicity si in bono
cepto perseverare atque semetipsam semper meliorare contenderit, cunctos adversarios suos féliciter
superabit (lettre 17a, p. 421). Force est cependant de reconnaître notre impuissance à trancher.
25 Cf. la notice n° 50. Cf. également BÜHRER-THIERRY, Reine adultère.
26 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 365 sqq., p. 74.
27 Annales Bertiniani, a. 830, p. 3.
28 Annales Bertiniani, a. 831, p. 4; Astronomus, Vita, c. 46, p. 634; Theganus, Vita, c. 37, p. 598.
282
était au Rotfeld29. Elle fut arrêtée 30 et exilée en Italie31, à Tortone 32 . Les auteurs du
coup d'Etat jurèrent cependant qu'ils n'attenteraient pas à la vie de l'impératrice 33 .
Dès que Louis fut libéré, on fit également rappeler Judith. Les sources divergent
quant à l'identité du responsable de cette décision: l'initiative reviendrait à Louis le
Germanique 34 , à Louis le Pieux lui-même 35 , ou bien aux fidèles de l'empereur qui,
spontanément, accompagnèrent Judith en Francia56. L'impératrice arriva entre le 15
mars et le 5 avril 834 au palais d'Aix-la-Chapelle 37 . On retrouve Judith avec Louis à
plusieurs occasions: ainsi les 19-21 novembre 836 au monastère de Confluentes (Co-
blence), où la famille impériale assista à la célébration de l'octave de la translation des
reliques de saint Castor 38 ; ou encore à l'automne 839 lors de la campagne de Louis le
Pieux en Aquitaine 39 . L'empereur célébra le début du carême de l'an 840 avec Judith
et Charles, et il les laissa à Poitiers lorsque la nouvelle de la révolte de Louis le Ger-
manique lui imposa son ultime voyage vers le Rhin 40 . Lors des dernières années du
règne de Louis le Pieux, Judith oeuvra activement à assurer l'avenir de son fils Char-
les41. Dès 836, l'impératrice et certains conseillers de Louis étaient d'avis qu'en prévi-
sion du décès de l'empereur, seule une réconciliation avec Lothaire pouvait assurer
l'avenir de Charles et de sa mère 42 . 836 fut donc l'année d'une tentative de rappro-
chement entre Louis le Pieux et Lothaire 43 . A l'automne 837, Louis le Pieux dota
Charles d'une part du royaume 44 . On peut y voir le résultat de l'obstination de Ju-
dith et de certains membres du Palais45. De même, Judith - qui défendait toujours la
même ligne politique - et certains grands furent pour beaucoup dans la réconciliation
46 Astronomus, Vita, c. 59, p. 644: Interea Iudith augusta, consilii quodpridem cum consiliariis aulicis
ceterisque regni Francorum nobilibus inierat nequaquam immemor, persuaserunt imperatori, quati-
nus ad Hlotharium filium suum missos mitteret, qui eum ad patrem invitarent, ea conditione, ut si
fratris sui Karoli dilector et adiutor, tutor atque protector esse vellet, venir et ad patrem, et sciret se ab
eo omnium perperam gestorum indulgentiam adepturum; simul et medietatem imperii, excepta
Baioaria, consecuturum. Quae res tarn Hlothario quam suis per omnia utilis visa est.
47 Annales Bertiniani, a. 839, p. 31 sq.
48 Chronicon Aquitanicum, a. 843, p. 253; Annales Xantenses, a. 843, p. 13; Annales Augienses, a. 843,
p. 68.
49 Carolus, De causa Ebbonis, p. 558.
50 Einhardus, Epistolae, n° 14 (lettre à un destinataire inconnu), p. 117.
51 Einhardus, Epistolae, n° 15 (lettre à Louis le Pieux), p. 118: Memorem esse dominum meumpiissi-
mumy quomodo mihi licentiam dedistis, ut, quando domina mea ad vos pergeret, tune ego ad bea-
torum Christi martyr um servitium faciendum profiscerer. Sicfacere volui, sed domina mea iussit me
post se ad Compendium venire.
52 Einhardus, Epistolae, n° 13 (lettre à Judith), p. 116 sq.: Nunc autem umiliter deprecor pietatem ve-
stram, ut me aput misericordissimum dominum meum, cum ad illum veneritis, excusare dignemini de
eo, quod ad vos non veni.
53 Indicularius Thiathildis, n° 3, p. 526: Divina annuente gracia gloriosissime domine Iudit imperatrici,
prosapie nobilissime progenite sancteque religionis defensatrici semper auguste, Teathildis omnesque
relique famule ancti Romarici confessons cenobio degentes, monasterio siquidem vestro, in Salvatore
omnium praesentem mansuramque effîagitant vestre celsitudinis indefective manere gloriam. Deni-
que, quasi vestris sacris vestigiis provolute, praesumimus auribus clemencie vestre necessitudinis nost-
re causas humiliter innotescere, ut in Ulis rebus, qui nobis adiacent in territorio Kabillonense, iubeat
pietas vestra, ut nullus de mansionariis vestris ibi praesumant dari mansiones, quia valde nobis neces-
se est, ut mercimonia nostra hactenus ibi exerceantur... Sur les mansionarii, cf. BRÜHL, Fodrum. Sur
la nécessité pour les monastères de s'approvisionner au loin, cf. DEVROEY, Courants et réseaux
d'échange; DEVROEY, Mobiles et préoccupations de gestion.
54 Hincmarus, De ordine palatii, 1. 360 sqq., p. 74: De honestate vero palatii seu specialiter omamento
regali nec non et de donis annuis militum, absque cibo etpotu vel equis, ad reginam praecipue et sub
ipsa ad camerarium pertinebat...
55 Capitulare de villis, c. 27, p. 85: Et quando missi vel legatio adpalatium veniunt vel redeunt, nullo
modo in curtes dominicas mansionaticas prendant, nisi specialiter iussio nostra aut reginae fuerit. Il
284
te dernière pouvait déterminer les limites d'application des tractoriae. Dans la lettre
de Theuthilde à Judith, Remiremont est également dit monasterium vestrum. Il ne
me semble pas que les chercheurs se soient intéressés à cette expression appliquée à la
reine. Il semblerait cependant que ce fussent surtout les liens avec Louis le Pieux qui
primèrent 56 . Le vester s'appliquerait-il alors au couple impérial, ou plutôt: à la di-
gnité impériale, la référence à Louis primant sur celle concernant son épouse, qui
agissait en son nom? Il me semble indispensable de verser ici une autre pièce au dos-
sier, qui, à mon sens, permet d'éclairer la question sous un nouveau jour en mettant
en évidence un aspect jusqu'ici négligé: Judith semble en effet avoir eu part au gou-
vernement. J'en veux pour preuve une lettre que l'évêque de Toul lui adressa57: »Moi,
Frothaire, humble évêque, j'informe Votre Clémence, Sérénissime Impératrice, que
vos missi, c'est-à-dire N.N., ont commis certaines injustices dans notre diocèse, par-
ce qu'ils modifièrent l'ordonnance d'églises à laquelle nous avions procédé selon le
règlement ecclésiastique et qu'ils retranchèrent de certaines églises ce qui leur appar-
tenait de manière juste et raisonnable. Et de l'église de celui-là qui est votre prêtre 58 ,
ils prirent la moitié d'un manse et la moitié de sa dîme pour en faire don à un laïc, en
opposition aux statuts canoniques, à notre ministère et à notre volonté. Or, nous sa-
vons que votre ordre et votre volonté furent qu'ils (fissent preuve de) rectitude et
rendissent justice, et n'entreprissent rien qui fût contre le ministère sacré. C'est pour-
quoi, si votre volonté est que cela soit amendé, donnez-nous mandat, et nous, selon
votre précepte, nous corrigerons tout de telle manière qu'en conséquence (ceci vous
soit compté comme) un accroissement d'aumône et que votre récompense éternelle
soit plus grande. Défendez toujours l'Eglise de Dieu et exaltez la loi ecclésiastique
pour que le Seigneur tout-puissant vous défende de tout mal et (vous) conduise dans
la félicité à l'exaltation du royaume céleste. Amen«. Il me semble ici patent que les
ordres venaient de Judith seule: elle avait pouvoir de dépêcher des missi investis de
pouvoirs de justice et pouvait, par sa propre volonté, casser leurs décisions. Alors,
l'accusation portée par Agobard contre Judith 59 prend une dimension nouvelle. Il
n'y a pas lieu de revenir ici sur les accusations de luxure et d'adultère contre cette
»Judith inassouvie cocufiant l'Empereur sous son toit« qui ouvrent ce »pamphlet vi-
me semble ici secondaire que la compétence de la reine soit attestée dans le cadre des biens du fisc,
des curtes dominicae, alors que dans le cas de Remiremont, il s'agit des biens d'un monastère.
56 Cf. HLAWITSCHKA, Klosterverlegung.
57 Frotharius, Epistolae, n° 29, p. 295 sq.: Innotesco claemenciae vestrae, serenissima imperatrixy ego
Frotharius humilis episcopus, quod quasdam iniusticias fecerunt in nostra parrochia missi vestri, id est
nom. Mis, quia alias ecclaesias a nobis secundum ecclesiasticam dispositionem ordinatas aliter ordina-
verunt et abstulerunt de quïbusdam ecclesiis hoc, quod ad illas iuste et racionabiliter pertinebat. Sed
et de ecclaesia istius presbiteri vestri tulerunt dimidium mansum et dimidiam suam decimam et de-
derunt homini laico contra canonica statuta et contra ministerium ac voluntatem nostram. Nos autem
scimuSy quod vestra iussio et vestra voluntas fuit, ut rectitudinem et iusticiam facerent et contra mini-
sterium sacrum nihilpraesumerent. Quamobrem si vestra voluntas est, ut emendetur, mandate nobis,
et nos secundum vestrum praeceptum haec omnia ita emendabimus, ut vestra exinde crescat elymosi-
na et merces augeatur aeterna. Semper ecclaesiam Dei défendue et ecclaesiasticam legem exaltate, ut
vos omnipotens Dominus ab omni malo defendat et ad exaltacionem caelestis regni féliciter perducat.
Amen.
58 C'est-à-dire de Frothaire lui-même, donc de l'église cathédrale de Toul.
59 Agobardus, Libri contra Iudith.
285
68 B.M. 896(867), éd. Recueil des hist. 6, n° 171, p. 573 sq. (à la p. 573): ... dilecta conjux nostra Judith
augusta nobis suggessit... Nos quoque ejusdem dilectae conjugis nostrae Judith salubri suggestione
commoti simul et hortatu, atque interventu venerabilium nostrorum ad hoc perficiendum commoti
... Sur cet acte, cf. TESSIER, Chartrier de Saint-Martin, p. 686 sq. G. Tessier proposa de corriger in-
terventu venerabilium nostrorum en interventu venerabilium virorum.
69 B.M. 910(881), éd. Recueil des hist. 6, n° 179, p. 583:... dilecta conjux nostra Judith augusta suggessit
nobis ut...
70 B.M. 926(896). Cf. Mentions tironiennes, p. 19: Domna regina et Fulco impetraverunt. M. Jusselin
observe: »Il y avait d'abord Fulco impetravit; on ajouta Domna regina et on corrigea vi en verunt«.
71 Catalogus abbatum Corbeiensium, p. 275: Domnus Liudwicus imperator augustus, Karoli Magnifi-
lius, tradidit monasterii locum et Huxeri cum omnibus terminis suis, Eresburc et Meppiam abbatiolas
et cetera predia in aquilone. Iuditha imperatrix ab eodem viro suo haec optinuit. On n'en a toutefois
aucune trace dans les diplômes connus.
72 II s'agit de la donation de la celle de Saint-Josse à Ferneres. Lupus, Correspondance, tome 1, n° 42, p.
176: Religiosissimus imperator Hludowicus, vestrae nobilitatis auctory ad petitionem gloriosissimae
memoriae Judith Augustaey matris vestrae, cellam sanctijudoci monasterio Ferrariensi contulit et su-
um donum praecepto firmavit ... Lupus rappelle ailleurs cette donation faite intercedente gloriosa
matre vestra (ibid., n° 49, p. 204); propos presque identiques ibid., n° 57, p. 222.
73 B.M. 849(823), diplôme de confirmation d'échange entre l'abbé de Schwarzach, Waldo, et le comte
alsacien Erchangaire. Cf. Mentions tironiennes, p. 19.
74 Doc. dipl. Yonne, vol. 1, n° 43, p. 78 sqq. Je cite d'après l'extrait édité par Louis, Girart, p. 35 sq. no-
te 8 (cet auteur a justifié son édition à la même note): ... Vizeliacumy quam commutavimusy domina
et gloriosa Judith regina agente et impétrante, apud piissimae memoriae dominum et seniorem no-
strum Ludovicum imperatorem; quicquid idem clementissimus imperator, ad eandem villam respici-
ensy subprecepti sui confirmatione condonavit nobisque contulit...
75 Frotharius, Epistolae, n° 15, p. 286 sq.: Presumpsimusy mi domina, auribus claementiae vestrae né-
cessitais nostrae causas humiliter innotescerey ut per vestram pietatem de his caeleriter mereamur
consolationem recipere. (...) Unde vestram oramus benignitatemy ut ex hoc nobis in adiutorium esse
dignemini, quatenus causa suspendatur, donec ipsum, de quo dicimus, adpraesentiam domni impera-
toris et vestram nos ipsi deducamus, et qualiter iusseritis, discutiatur etprobetur, si nobis prodesse va-
leat et in servitio vestro aptus essepossit, an minus. Une lettre presque identique fut adressée à Egin-
hard. La lettre adressée à Hilduin est différente.
76 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 11, p. 84; Odilo, Translatio s. Sebastiani, c. 4, p. 381.
287
182. KYSALHARD 1
Missus, attesté en 822 (peut-être de 802 à 827)
Le 14 avril 822, Kysalhard siégea en tant que missus dominicus2 dans un plaid tenu à
Föring 3 . Ce personnage apparaît souvent dans les chartes de Freising. L'on peut re-
tracer sa carrière comme suit 4 : il est tout d'abord mentionné comme iudex entre juin
802 et avril 8075; en décembre 819, il est attesté comme cornes et iudex6. Ensuite, il est
désigné parfois comme cornes7, parfois comme iudex1. Son nom est mentionné pour
la dernière fois en avril 8279; il semble avoir exercé ses fonctions à Freising 10 - il est
cependant impossible de définir l'espace géographique dans lequel s'exerçait un pou-
voir comtal 11 qui s'avérait en Bavière avant tout un »Personenverband« 12 .
183. LAIDRADE 1
Archevêque de Lyon 2 , attesté de 798 3 à 815
pour compagnon Benoît d'Aniane 7 . En 811, il fit partie des témoins du testament de
Charlemagne 8 . L'empereur, vers la fin de son règne, le consulta sur la question du
baptême 9 . Le 11 novembre 815 à Aix-la-Chapelle, Louis le Pieux accorda, sur la re-
quête de Laidrade, le privilège d'immunité au monastère de l'Ile-Barbe, restauré par
l'archevêque10. A une date indéterminée, suite à la plainte de l'évêque de Mâcon,
Hildebaud, qui affirmait qu'un tiers des tonlieux dans la cité et lepagus et qu'un tiers
des salines de Joux et Chamvers appartenaient à l'évêché, Louis le Pieux ordonna une
enquête: elle fut menée par Laidrade en qualité de missus de l'empereur. Sur son rap-
port, positif, Louis accorda un diplôme à l'évêque de Mâcon 11 . Laidrade gouverna
son diocèse de manière fort active, comme en témoigne son rapport à Charlema-
gne12. On comprend par conséquent l'éloge qu'Adon fit de lui13. C'est au début du
règne de Louis le Pieux que Laidrade se retira à Saint-Médard de Soissons14. Il mou-
rut un 28 décembre 15 .
184. LAMBERT1
Comte de Nantes, attesté pour la première fois en 814 - mort en 837
Le comte Lambert est une personnalité marquante du règne de Louis le Pieux 2 qui
appartenait à une famille »originaire du pays de Trêves, largement possessionnée
dans le Bliesgau et en Alsace«3. Nous verrons plus loin que Lambert resta lié à sa ré-
7 Alcuinus, Epistolae, n° 200, p. 330 sqq. et n° 201, p. 333 sq.
8 Einhardus, Vita Karoli, c. 33, p. 100.
9 Epistolae variorum 1, n° 28, p. 539 sq. L'archevêque lui écrivit également à propos de la renonciation
à Satan: ibid., n° 29, p. 540 sq.
10 B.M. 595(575).
11 B.M. 561(542), éd. Doc. dipl. Saint-Vincent, n° 539, p. 316 sq. (à la p. 316): Nos interea missttm no-
strum venerabilem scilicet Leidrardum archiepiscopum ad hanc rem investigandam et diligenter in-
quirendam misimus, et invenit quod per Justitium predicte ecclesie, juxta divisionem que dudum fac-
ta est et esse debebat. Qui rediens nobis renunciavit hanc rem ita se habere sicut predictus episcopus
asserebaty quod nostra excellentia presentialiter hoc ei in nostra heleemosina reddidit...
12 Epistolae variorum 1, n° 30, p. 542 sqq.
13 Ado, Chronicon, p. 320: Porro Lugdunensem Leidradusy vir seculari dignitati intentissimus et hono-
ri reipublicae utilisy rexit ecclesiam.
14 Ibid.: Qui initio imperii Ludovici imperatoris Suessionis monasterii locum petiit...
15 Obituaires de Lyon, p. 137.
gion d'origine. Il entra en scène à l'avènement de Louis le Pieux: Lambert fut l'un des
quatre grands chargés par le nouvel empereur, en février 814, de mettre de l'ordre au
palais d'Aix-la-Chapelle avant l'arrivée du successeur de Charlemagne4. Ce palais fut
alors le théâtre d'un drame: à l'insu de leurs compagnons, Garnier5 et son neveu,
Lambert, tendirent une embuscade au palatin Hodouin. Ce combat, jugé exemplaire
pour les conflits de factions qui marqueraient le règne de Louis le Pieux6, eut une fin
tragique: Garnier et Hoduin y trouvèrent la mort et Lambert fut gravement blessé7.
Ce n'est que quatre ans plus tard que Lambert est de nouveau mentionné dans les
sources. Durant l'été 818, c'est lui qui accueillit Louis le Pieux à Nantes lors de l'ex-
pédition militaire que l'empereur conduisait alors contre les Bretons8. Lambert était
par conséquent déjà comte de Nantes 9 . L'on reconnaît communément en lui le »pré-
fet de la Marche«10 bretonne, marche dont »l'existence ... est explicitement attestée
pendant une cinquantaine d'années, entre 778 et 830, par des sources contemporai-
nes«11. Certes, Lambert exerça un rôle de première importance aux confins bretons;
certes il fut confirmé, en 830, dans l'exercice de la custodia finium sibi deputatorum12;
certes, le territoire dans lequel il résidait en 834, après le revers politique de Lothaire
et de ses alliés, est désigné comme marca Brittannica par un contemporain13. Mais en
aucun cas il n'est attesté comme Brittanici limitispraefectusu ou portant quelque au-
tre titre soulignant un rang de marchio15. Quand il est désigné avec un titre dans les
sources contemporaines, Lambert est, sans exception, qualifié de cornes. Il semblerait
d'ailleurs que la notion de »préfet de la Marche« de Bretagne ne soit pas appropriée:
selon toute apparence, la sécurité des confins occidentaux était assurée, du moins en
826, de manière collégiale, puisque l'auteur des Annales royales parle pour cette
année des custodes illius limitis16. Mais revenons à l'expédition de 818.
Quelque temps avant cette campagne17, Lambert participa ex officio12 (réserve fai-
te des remarques formulées ci-dessus) à un plaid auquel avaient été convoqués les
in villa que dicitur Lonunbuah quicquid ibidem ad Lantberto et ad Unrocho de pretio meo compa-
raui... (Doc. dipl. Wissembourg, n° 76, p. 280 sq.).
4 Cf. Astronomus, Vita, c. 21, p. 618 - texte cité à la notice n° 108.
5 Cf. la notice n° 108.
6 Cf. BRUNNER, Oppositionelle Gruppen, p. 96 sq.
7 Astronomus, Vita, c. 21, p. 618.
8 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. III, v. 1550 sqq., p. 118 sqq.
9 A propos du rapport sur les Bretons fait par Lambert, qui décida Louis le Pieux à engager cette cam-
pagne après avoir essayé en vain de régler l'affaire par voie diplomatique, cf. GUILLOTEL, Temps des
rois, p. 210: »... son intervention prouve qu'il était déjà en fonction au moins depuis Tannée précé-
dente et probablement depuis plus longtemps«.
10 GUILLOTEL, Temps des rois, p. 208; CASSARD, Lambert, p. 303.
11 GUILLOTEL, Temps des rois, p. 203.
12 Astronomus, Vita, c. 45, p. 633.
13 Nithardus, Historia, lib. I, c. 5, p. 20.
14 Tel est le titre donné à la célèbre victime de Roncevaux par Einhardus, Vita Karoli, c. 9, p. 30.
15 Sur ces titres et les fonctions y attachées, cf. WERNER, Missus, p. 213 sqq.; LEVILLAIN, Marche de
Bretagne. Sur les termes de marca et de marchio, cf. SOUSA COSTA, Studien, p. 244 sqq.
16 Annales regni Franc, a. 826, p. 169: Venerum et ex Brittonum primoribus, quos illius limitis custodes
adducere voluerunt.
17 CASSARD, Lambert, p. 305, date cet événement des »derniers mois de 817«. En réalité, nous ignorons
tout de l'époque à laquelle il eut lieu.
18 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. III, v. 1264, p. 99: Praevidet hic fines ...
290
19 Ibid., v. 1258 sqq., p. 99: More tarnen prisco regnorum limina Caesar/ Electosque duces adforeprima
jubet./ Conveniunt omnes placito parentque jubentiy/ Partibus eque suis congrua verba sonant.
20 Ibid., v. 1286 sqq., p. 100 sqq.
21 Ibid.,v. 1314 sqq., p. 102 sqq.
22 Ibid., v. 1464 sqq., p. 112 sqq.
23 Ibid., v. 1502 sqq., p. 114 sqq.
24 Ibid., p. 121.
25 Ibid.,v. 1552 sqq., p. 120.
26 Cf. GUILLOTEL, Temps des rois, p. 202 sqq.
27 Ermoldus, Elegiacum Carmen, lib. IV, v. 1994 sqq., p. 152 sqq.
28 Annales regni Franc, a. 825, p. 167: ... ab hominibus Lantberti comitis ... Cf. Astronomus, Vita, c.
39, p. 629.
29 Ainsi CASSARD, Lambert, p. 306.
30 B.M. 692(671 )a.
31 B.M. 699(678).
32 B.M. 722(699)a.
291
185. LANDRAMNE 1
Archevêque de Tours 2 , attesté de 8163 à 835
En 825, Landramne est attesté comme missus dans sa province de Tours 4 . En juin
829, il assista au concile tenu à Paris 5 , de même qu'à l'assemblée de mars 835 à
Thionville, au cours de laquelle Ebbon fut déposé 6 . C'est tout ce que l'on sait de cer-
tain sur cet archevêque 7 .
186. LAUNUS 1
Clerc, attesté en 794
187. LEIBULF1
Comte 2 , attesté de 800/801 à mars 828
Leibulf est attesté pour la première fois durant l'hiver 800/801: il participa avec les
autres duces de l'armée de Louis le Pieux au siège de Barcelone 3 . Il est fort vraisem-
blable qu'il faille l'identifier avec le comte dont on a trace à plusieurs reprises une dé-
cennie plus tard. Il était l'un des destinataires du Praeceptum pro Hispanis d'avril
812, un document adressé à huit comtes de la Marche d'Espagne 4 . Leibulf fut un mis-
sus de Louis le Pieux. A ce titre, il borna le terrain d'une saline sise dans le pagus de
Narbonne, que Louis le Pieux donna au monastère d'Aniane, comme il appert dans
un diplôme du 23 avril 8145. Peut-être accomplit-il d'ailleurs cette mission dès l'épo-
que où Louis était roi d'Aquitaine. Le cas de Leibulf est en ceci intéressant qu'il
montre que Louis ne fut pas entouré de personnages à l'action en tout point irrépro-
chable. L'on sait en effet qu'il usurpa les biens de l'aprisionnaire Jean: les témoins ap-
pelés à déposer dans le cadre d'une enquête concernant les droits du fils de Jean affir-
mèrent que Jean posséda Yaprisio de Fontjoncouse usque quod Liebulfus, comis, eum
abstulit ad Johanne, sua fortiay injuste et absque judicio6. L'on retrouve Leibulf en
Arles le 7 novembre 824: il conclut alors un échange de biens sis en ctpagus entre lui
et Noton, l'archevêque du lieu7. Cet échange hit per licenciam domni imperatoris fut
confirmé par Louis le Pieux le 3 janvier 825, sur la requête de Noton 8 . Par rapport à
l'acte d'échange, le diplôme impérial apporte un complément d'information de grand
intérêt: c'est le comte qui avait demandé à l'empereur, par l'entremise de l'archicha-
pelain Hilduin, la permission de procéder à cet échange. Louis confia ensuite à l'ar-
chevêque d'Arles le soin d'examiner la question et d'y consentir si l'affaire était pro-
fitable9. D'après le testament qu'il fit en faveur du monastère de Lérins le 16 mars
828, Leibulf avait pour épouse une certaine Odda10. C'est la dernière mention que
l'on ait de ce comte. Toutefois, il était peut-être encore en vie en octobre 837 u .
188. LÉON 1
Comte, attesté de 801 à juillet 841 - mort avant 8652
Le personnage à qui cette notice est consacrée3 a déjà fait l'objet d'un article fouillé
dans lequel D. Bullough prouva notamment que les diverses mentions italiennes
d'un certain Léon concernaient un seul et même individu4, en qui il crut reconnaître
5 B.M. 522(503), éd. Recueil des hist. 6, n° 3, p. 456 sq. (à la p. 457): Inpago namque Agathensi fiscum
nostrum qui nuncupatur Sita, et in pago Narbonensi salinas quae sunt in loco nuncupante Ad signa,
quantumcumque eis noster missus Leibulf us cornes designavit. Rappel de ceci dans B.M. 752(726) du
20 mars 822 et dans B.M. 970(939) du 21 octobre 837.
6 Enquête de Fontjoncouse, p. 12 sqq.
7 Doc. dipl. Lérins, n° 247 p. 255 sqq.
8 B.M. 794(769). Le document est daté par erreur de 824 dans Doc. dipl. Lérins, n° 248 p. 259.
9 Ibid. (éd. Doc. dipl. Lérins, p. 259): ... vir illustris Leibulf us cornes, per Ilduinum, archicapellinum
nostrum, nobis suggessit ut liceret ei de quibusdam rebus proprietatis sue commutacionem facere cum
rebus episcopatus Arelatensis, ex beneficio videlicet suo. Nos itaque jussimus per nostras litteras Noto-
ni, Arelatensi archiepiscopo, ut utrasque res prospiceret, et, si congruum atque utilissimum ambabus
partibus esset, licentiam haberent inter se commutandi et cartulas, sicut moris est, inter se faciendi.
10 Doc. dipl. Lérins, n° 249, p. 261 sqq. Le document a pour date: Factum testamentum hoc sub die
XVII kalendas aprilis, anno imperante XV domino nostro Ludovico imperatore.
11 II n'en est pas fait mention comme d'un défunt dans B.M. 970(939). Le poids du formulaire est ici
probablement prépondérant, puisqu'il s'agit de la reprise de B.M. 522(503) et de B.M. 752(726).
5 Ibid., p. 237 sq. Par contre, HLAWITSCHKA, Franken, p. 220, tend à y reconnaître un Franc.
6 Ibid., p. 235.
7 L'auteur, par récurrence, investit le père d'une charge comtale dont il suppose que le fils hérita. HLA-
WTSCHKA, Franken, p. 219, veut faire de Léon un comte de Seprio. Il applique ici les mêmes princi-
pes déductifs que D. BuUough. Quant au territoire concerné, D. BuUough applique une méthode in-
ductive alors qu'E. Hlawitschka préfère ne pas étendre les fonctions du territoire de Seprio à tout le
Milanais.
8 BULLOUGH, Leo, p. 233.
9 Doc. dipl. Italie, n° 13, p. 36 sq.: + Leo bassus domni régis concordans subscripsi; ibid., n° 14, p. 38
sqq.: + Leo bassus domni régis concordans subscripsi. Par bassus, il faut comprendre vassus.
10 Doc. dipl. Italie, n° 25, p. 77 sqq.: ... Poto et Leo iudices ... Leo vasso domini régi concordans sub-
scripsi.
11 Doc. dipl. Italie, n° 28, p. 85 sqq.:... cum ... Leone iudice domni régis... Ego Leo bassus domni régis
concordem me subscripsi.
12 Je rejoins ici l'analyse de BULLOUGH, Leo, p. 230.
13 Doc. dipl. Italie, n° 32, p. 100: Tuncprecepit ipseprinceps Rothald et Nortepert episcopis seu isti Leo-
ni, ut causam ipsam inquirerent et legibus indicarent.
14 Doc. dipl. Italie, n° 32, p. 98 sqq. - texte cité à la notice n° 9; ibid.: + Leo missus domni imperatoris
concordans subscripsi.
15 Doc. dipl. Italie, n° 36, p. 111.
16 BULLOUGH, Leo, p. 224 et note 13.
17 B.M. 793(768)b et B.M. 1021(988).
18 Doc. dipl. Italie, n° 36, p. 109 sqq.: + Leo c(omes con)cordans subscripsi.
295
19 Dipl. Karol. 3, n° 51, p. 148: ... (le bibliothécaire Serge, avoué du siège romain) revestivit Leonem,
qui départe nostra (c'est-à-dire de Lothaire) eiusdemque monasterii (Nonantola) advocatus erat.
20 BULLOUGH, Leo, p. 233.
21 Ibid., note 45 p. 233.
22 Doc. dipl. Italie, n° 35, p. 108 sq.
23 Ibid.: Dum in Dei nomine civitate Spoletana in palatio per iussionem domni Hlothariipiissimi impe-
ratoris in iudicio resedissemus nos Leo vassus predicte potestatis cum Ingoaldo abbate monasterii
sancte Marie siti Sabinis...
24 Sur les relations institutionnelles entre les deux empereurs, cf. DEPREUX, Empereur.
25 Comme le fait BULLOUGH, Leo, p. 240.
26 Doc. dipl. Italie, n° 35, p. 108 sq.
27 Doc. dipl. Italie, n° 36, p. 109 sqq. BULLOUGH, Leo, p. 234: »Son accession à la dignité de comte en
823-824, après plus de vingt ans de service semble être une récompense entièrement justifiée et mê-
me tardive«.
28 B.M. 766(741), diplôme du 6 novembre 822 pour Farfa - texte cité à la notice n° 9.
29 Cf. Doc. dipl. Italie, n° 38, p. 118 sqq. - texte cité à la notice n° 179; ibid.: + Ego Leo missus domni
imperatoris concordans subscripsi. C'est à tort que TOUBERT, Latium, tome 2, p. 1198, présente Léon
et Joseph comme »les envoyés de Lothaire«. Il n'y a, pour notre propos, rien à tirer de la notice du
plaid tenu à Milan, où le comte Léon est dit missus domni imperatoris. Doc. dipl. Italie, n° 45, p. 147
sqq. Cette notice n'est pas datée. Cf. BULLOUGH, Leo, note 14 p. 225.
30 Vraisemblablement Barisis dans l'Aisne (arr. Laon, cant. Coucy-le-Château - Auffrique). En effet,
au S-E. de Barisis, au coeur d'une zone aujourd'hui encore fort boisée, se trouve un lieu-dit appelé
»L'Abbaye«.
296
189. LIUTARD 1
Comte de Fezensac, attesté de 801 à 811 2
Fezensac fût identique 9 avec le personnage ayant, en février 801, fait une importante
donation de biens sis dans lepagus de Rodez au monastère de Conques 10 .
190. LIUTHAIRE 1
Comte 2 , attesté en février 828
9 Si l'on admet comme possible Pinflexion de Liutardus en Leutadus. Toutefois, si les préfixes Liud- et
Leut- se rattachent à la même famille liut, qui signifie »peuple«, »famille« (cf. MORLET, Noms de
personne, p. 158 et p. 160), les suffixes appartiennent à des groupes différents: -hadus signifie »lut-
te«, »guerre« (cf. ibid., p. 16, au nom Adalhaus) et -hardus signifie »dur«, »solide« (cf. ibid., p. 14, au
nom Adehardus).
10 Doc. dipl. Conques, n° 1, p. 1 sqq.
missHS dans son ministeriumn. Il s'agit peut-être du même personnage 12 . Mais ceci ne
reste qu'une hypothèse.
191. LOTHAIRE 1
Fils de Louis le Pieux, empereur associé, né en 795 2 - mort le 29 septembre 855 3
Bien qu'il n'existe pas de biographie de Lothaire Ier, il n'est pas question que cette
notice prosopographique en fasse office. Ce ne sont par conséquent que les manifes-
tations de la participation de Lothaire au pouvoir de son père, bien entendu resituées
dans le contexte politique agité de l'époque, qui feront l'objet de cette étude. Par ail-
leurs, il ne sera pas ici question du règne de Lothaire après juin 840, c'est-à-dire après
la mort de son père 4 .
Dès son avènement, Louis le Pieux promut ses deux fils aînés (Lothaire était âgé
d'environ 19 ans) à la tête des royaumes de Bavière, que reçut Lothaire, et d'Aquitai-
ne, où Pépin, le puîné, succédait à son père. Quant à Louis (le Germanique), le cadet,
il demeura à la cour. Le terme auquel les historiens ont recours pour définir le statut
des fils de Louis le Pieux est généralement celui de »Unterkönig« 5 , auquel K. F. Wer-
ner préfère celui de »roi-adjoint« 6 . Il faut souligner que le royaume de Bavière était
une création de Louis le Pieux pour Lothaire: c'est »le premier royaume carolingien
en Germanie« 7 . En effet, en 806, l'administration de la Bavière sicut Tassilo tenuit
avait été confiée à Pépin d'Italie 8 (il y avait par conséquent préservation de l'entité
administrative, mais la Bavière n'était plus administrée par un prince auquel les Bava-
11 Doc. dipl. Saint-Gall, tome 2, n° 19 p. 396: Brève commemoratio de Ulis hominibus, qui in ministerio
Liuderici cum sacramento testificati sunt tribus vicibus de causa sancti Gallonis ante missos domni ré-
gis, inprimis ante Sigibertum et Friuntonem, postea ante Hilteratum et Gerbardum, et tercia vice an-
te Liudericum, id est de Uzinacba, quod Lantolt et Pieta babuerunt, et Luzilunauia tota et Perolves-
villare.
12 Les formes divergentes Liude- et Liutha- ne s'opposent pas à cette identification. Plus difficile serait
cependant l'explication de la transformation de -ricus en -rius, ou inversement. Il est également à no-
ter que les biens concernés ici sont sis dans les actuels cantons de Zürich et Saint-Gall.
rois pussent s'identifier9). La nomination de Lothaire eut lieu lors du plaid tenu en
août 814 à Aix-la-Chapelle 10 , c'est-à-dire lors de l'assemblée à laquelle Bernard d'I-
talie prit part - non sans risque - et au cours de laquelle il fit commendatio à Louis le
Pieux11. L'on ignore le sort de la Bavière dans les années 810/814. Certes, Pépin d'Ita-
lie avait réellement reçu au moins une partie des territoires qui lui avaient été dévolus
en 806 en vertu de la Divisio regnorum 12 . Mais comme on ignore dans quelle mesure
exactement les dispositions prises par Charlemagne quant au partage du lot de Pépin
à la mort de ce dernier 13 furent appliquées, et comme il n'est aucunement question,
en 812/813, de l'administration de la Bavière par Bernard, l'on peut considérer que ce
dernier ne perdit rien à la nomination de Lothaire en 814 - si ce n'est peut-être quel-
ques illusions.
Arrêtons-nous à présent sur la manière dont la nomination de Lothaire est relatée
dans les annales. Force est de constater que l'unanimité ne règne pas: si l'auteur de la
Chronique de Moissac désigne Lothaire explicitement comme rex14, ce n'est pas le
cas pour l'auteur de celle de Lorsch: Lothaire y est appelé dux15. Dans les deux cas
cependant, il est fait recours au verbe constituerez qui suppose une investiture. Il est
par conséquent vraisemblable qu'à l'instar de Bernard d'Italie 16 , Lothaire et son frère
Pépin firent commendatio à Louis le Pieux. De fait, en 833, ce dernier leur reprocha
leur félonie: »Rappelez-vous aussi que vous êtes mes vassaux et que vous m'avez par
serment promis votre foi«17. Toutefois, ce n'est pas au titre qu'est sensible l'auteur
des Annales royales: il ne le mentionne pas. En revanche, par la manière dont il décrit
l'événement, il montre que l'élément auquel on accordait le plus d'importance à la
cour, c'était la mission™ - ceci s'avère particulièrement patent quelques années plus
tard, lors de l'administration de l'Italie par Lothaire 19 . O n a invoqué le silence du
»Reichsannalist« pour mettre en doute que Lothaire jouît du titre royal, mais G. Ei-
9 L'administration de la Bavière par le roi d'Italie n'est cependant pas outre mesure étonnante, puis-
qu'au Ville siècle, l'on observe une tradition d'alliance entre le roi des Lombards et le duc des Bava-
rois, cf. JARNUT, Langobarden, p. 94 sq. et p. 118 sq.
10 B.M. 528(509)a.
11 Cf. DEPREUX, Königtum, p. 10 sqq.
12 Cela fut démontré par SCHMID, Historische Bestimmung, p. 517 sqq.
13 Divisio regnorum, c. 4, p. 127 sq.
14 Chronicon Moissiacense, a. 815, p. 311: Et 3. Kalend. Augusti habuit consilium magnum in Aquis, et
constitua duos filios suos reges Pippinum et Clotarium, Pippinum super Aquitaniam et Wasconiam,
Clotarium super Baioariam.
15 Chronicon Laurissense brève, p. 36: Hludowicus imperator successit in imperium Francorum et con-
stitua filios suos duces Pippinum in Aquitania, Hlutharium in Baioariam.
16 Cf. DEPREUX, Königtum, p. 11 sqq.
17 Paschasius, Epitaphium, p. 85: Mementote, inquit, etiam et quod mei vasalli estisy mihique cum iura-
mento fidem firmastis. Traduction: GANSHOF, Féodalité, p. 54.
18 Annales regni Franc, a. 814, p. 141:... tune duos exfiliis suis, Hlotharium in Baioariam, Pippinum in
Aquitaniam misit. Astronomus, Vita, c. 24, p. 619: Eodem etiam anno duorum filiorum suorum Lo-
tharium in Baioariam, Pippinum vero in Aquitaniam, misit, tertium vero Hluduicum puerilibus ad-
huc consistentem in annis secum tenuit.
19 Cf. DEPREUX, Empereur, p. 902.
300
ten a montré que cette hypothèse n'était pas fondée20. Son analyse est confirmée par
le fait que la promotion de Bernard en 812 est relatée de façon similaire alors qu'il est
établi que c'est à cette époque, et non l'année suivante, qu'il devint roi21.
Lothaire se rendit effectivement en Bavière22. Exception faite de sa participation,
en juillet 815, au plaid tenu à Paderborn23, l'on ne sait rien de son action comme roi
en Bavière. C'est en juillet 817 qu'il apparaît de nouveau, à l'occasion du plaid assem-
blé à Aix-la-Chapelle. Il n'y a pas lieu de rechercher ici les éventuels mobiles24 à l'ori-
gine de la volonté de procéder à un partage exprimée par les fidèles ou d'analyser
l'attachement de Louis et de ceux qui sanum sapiunt à l'unité de l'empire25. Il con-
vient cependant d'observer dans le détail la manière dont la promotion de Lothaire
est décrite dans les sources. Le premier document à citer est l'Ordinatio imperii26. Le
choix commun se porta sur Lothaire; en conséquence, Louis et son peuple, c'est-à-
dire lesproceres, décidèrent (placuit et nobis et omni populo nostro) de couronner Lo-
thaire du diadème, de l'associer au pouvoir (consors) et de lui accorder l'héritage de
l'empire si la volonté de Dieu devait être telle27. Cette dernière formule (si Dominus
ita voluerit) est d'autant plus importante qu'elle implique un certain statu quo tant
que vivrait Louis le Pieux: ce n'est pas dès 817 que les mesures signifiant le primat de
Lothaire sur ses frères entrèrent en vigueur28 et qu'il eut haute main sur l'Italie29 -
20 Cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 60 sq. De nombreux actes de Freising sont datés du règne de Louis le
Pieux et de celui de Lothaire (à partir de 815). La formule la plus courante désigne ce dernier comme
»roi en Bavière«; plus rares sont les actes où il est dit »roi des Bavarois«. Cf. Doc. dipl. Freising, n°
333 sqq., p. 284 sqq.
21 Cf. DEPREUX, Königtum, p. 7.
22 C'est ce que prouve la formule de datation d'un acte de Freising: ... anno primo ex quo rex Hlodha-
rius Baioaria féliciter intravit (Doc. dipl. Freising, n° 335, p. 286).
23 Chronicon Laurissense brève, p. 38: Hludowibus imperator suum placitum cum Francis in Saxonia
ad Phaderzbrunnen habuit, et illuc venit filius eius Hludharius rex Baiororum et alius filius eins, id
est Pippinus rex Aequitaniorum, Bernbartus quoque filius Pippini rex Langobardorumy et erat illud
placitum Kal. Iulii mensis.
24 Sur le contexte politique, cf. MCKEON, Année désastreuse. Je ne suis cependant pas entièrement con-
vaincu par cette démonstration, cf. DEPREUX, Louis le Pieux reconsidéré?, p. 186.
25 Ceci est exposé en détail dans le préambule de l'Ordinatio imperii, p. 270 sq. Il y est clairement dit
qu'une atteinte à Yunitas imperii, par le fait d'une divisio bumana, serait l'occasion d'un scandale au
sein de l'Eglise, c'est-à-dire de la Chrétienté (latine). La dévolution de tout l'empire à un seul fils - en
l'occurrence à Lothaire - est présentée par l'auteur de la Chronique de Moissac comme l'oeuvre pro-
pre de Louis le Pieux et de ses conseillers: ... et manifestavit eis mysterium consilii suiy quod cogita-
veraty ut constitueret unum defiliis suis imperatorem (Chronicon Moissiacense, a. 817, p. 312).
26 Le titre donné à ce texte dans le seul manuscrit nous en ayant transmis le texte prouve que, sous Lou-
is le Pieux, cette mesure fut comprise comme une divisio imperii. A ce propos, cf. DEPREUX, Louis le
Pieux reconsidéré?, p. 190 note 73.
27 Ordinatio imperii, p. 271: (il fut décidé de jeûner, de prier et de faire des aumônes) Quibus rite per
triduum celebratisy nutu omnipotentis Deiy ut credimusy actum esty ut et nostra et totius populi nostri
in dilecti primogeniti nostri Hlutharii electione vota concurrerent. Itaque taliter divina dispensatione
manifestatum placuit et nobis et omni populo nostroy more solemni imperiali diademate coronatum
nobis et consortem et successorem imperii, si Dominus ita voluerit, communi voto constitua
28 Ordinatio imperii, c. 5 sqq., p. 271 sq.
29 Ordinatio imperii, c. 17, p. 273: Regnum vero Italiae eo modo praedicto filio nostroy si Deus voluerit
ut successor noster existât, per omnia subiectum sity sicut etpatri nostro fuit et nobis Deo volentepra-
esenti tempore subiectum manet.
301
Bernard d'Italie n'était par conséquent pas menacé dans l'immédiat30. Pour les Francs,
en 817, il importait de régler l'avenir31. C'était bien l'objet de l'Ordinatio: définir
qui succéderait à Louis. En un certain sens, bien que les circonstances fussent totale-
ment différentes de celles de 813 lorsque Louis fut associé à l'empire32, l'auteur de la
Chronique de Moissac a peut-être raison quand il inscrit cette mesure dans le sillon
de la politique de Charlemagne33. Certaines sources insistent sur l'institution de Lo-
thaire comme empereur34, c'est-à-dire comme consors regni35. A ce titre, l'on com-
prend la hiérarchie entre Lothaire et ses frères décrite par d'autres annalistes, dont
l'auteur des Annales royales36. Quant à l'Astronome, il s'inspire à un tel point des
Annales royales que son témoignage mérite une attention toute particulière quand il
s'en distingue37. C'est ici le cas. En effet, l'Astronome ne s'en tient pas aux titres: il
met en relief l'envoi des rois en Aquitaine et en Bavière - ce qui contraste avec le sort
de Lothaire, à qui Louis confère le nom et la qualité d'empereur sans lui donner un
quelconque territoire à administrer38. L'analyse de Thégan prend alors tout son sens:
la cérémonie de 817 est réduite à une désignation de celui qui succéderait à Louis le
Pieux après sa mort39. Tout semble nous porter à considérer qu'en 817, Lothaire était
30 C'est uniquement la création d'une lignée royale indépendante (et concurrente) qui lui était refusée;
seul le silence de Louis le Pieux sur son cas - bien qu'il y soit fait allusion par la stipulation que tout
devait demeurer comme sous Charlemagne et lui-même, cf. note précédente - pouvait donner lieu à
quelque inquiétude. Cf. DEPREUX, Königtum, p. 15.
31 DELOGU, Consors regni, insiste sur le fait que la »coreggenza« de Louis le Pieux et de Lothaire était
selon lui »limitata in sostanza alla partecipazione al nomen imperatoris e a diritti successori« (p. 91).
Certes, cet auteur montre bien qu'il s'agissait, par l'association à l'empire (présentation générale
dans OHNSORGE, Mitkaisertum), essentiellement de la désignation du successeur, mais son étude est
trop théorique. Le »Mitkaisertum« de Lothaire ne se confine pas à l'histoire des idées politiques: je
montrerai infra qu'à l'occasion, le fils de Louis le Pieux participa au gouvernement; il y eut parfois
délégation de pouvoir.
32 Cf. WENDUNG, Erhebung, p. 223 sqq.
33 Chronicon Moissiacense, a. 817, p. 312: Tune omni populo placuit, ut ipse se vivente constitueret un-
um exfiliis suis imperatorem, sicut Karoluspater eiusfecerat ipsum ... WENDUNG, Erhebung, p. 234
sqq. est également d'avis qu'il y a continuité entre 813 et 817.
34 Annales Xantenses, a. 817, p. 5: Imperator Lotharium filium imperatorem constitua; Andreas, Hi-
storia, c. 6, p. 225: Quidampredicto imperator Hludowicus suum filium Lothario sub se sedem impe-
rialis constitua, vivente pâtre.
35 Chronicon Laurissense brève, p. 39: ... ordinatus estfilius eius Hludbarius in imperatorem, ut con-
sors regni fieret cum pâtre.
36 Annales regni Franc, a. 817, p. 146: ... gêneralempopuli sui conventum Aquisgrani more solito ha-
buity in quo filium suum primogenitum Hlotharium coronavit et nominis atque imperii sui socium si-
bi constituity caeteros reges appellatos unum Aquitaniae, alterum Baioariae praefecit. Emprunt tex-
tuel dans Annales Fuldenses, a. 817, p. 20.
37 Cf. DEPREUX, Poètes, p. 319 sqq.
38 Astronomus, Vita, c. 29, p. 622: Nam bis rite ordinatis, postquam imperator in eodem placito filium
primogenitum Hlotbarium coimperatorem appellari et esse voluit, et duorum filiorum suorum Pippi-
num in Aquitaniam, Hluduicum in Baioariam misit, ut scilicet sciret populus, cui deberet potestati
parère ...
39 Theganus, Vita, c. 21, p. 596: Supradictus vero imperator denominavit filium suum Hluthariumy ut
post obitum suum omnia régna quae tradidit ei Deus per manum patris susciperet, atque nomen ha-
beret et imperium patris...
302
40 Uon sait cependant que Lothaire reçut en donation de Louis le Pieux la villa d'Erstein en Alsace,
entre 817 et 821, cf. B.M. 733(709) = Formulae imperiales, n° 10, p. 294. La datation de cette donati-
on est justifiée, pour le terminus a quo, parce qu'elle fut faite dilectofilio nostro Hlotbario caesari et
consorti imperii nostri, et, pour le terminus ante quem, parce que cette villa fut reçue en dot {nomine
dotis) par Ermengarde, l'épouse de Lothaire, cf. Dipl. Karol. 3, n° 106, p. 231 sqq.
41 Annales regni Franc, a. 821, p. 156: Medio mense Octobrio conventus generalis apud Tbeodonis vil-
lam magna populi Francorum frequentia celebratur, in quo domnus Hlotbarius, primogenitus domni
imperatoris Hludowici, Irmingardam Hugonis comitis filiam solemni more duxit uxorem. Cf. égale-
ment le texte acerbe de Theganus, Vita, c. 28, p. 597.
42 Cf. la notice n° 164.
43 Astronomus, Vita, c. 34, p. 625: Eodem anno medio Octobrio conventus publicus in Tbeodonis villa
est celebratus; ibique domnus imperator primogenito filio suo Hlotbario Hirmengardam, filiam Hu-
gonis comitis, uxorem cum solempni iunxit apparatu; Annales Xantenses, a. 821, p. 6: Ludewicus im-
perator dédit filio suo Lotbario régi ad coniugium Ermingardam filiam Hugonis comitis Turoni-
corum...
44 Annales regni Franc, a. 821, p. 156: ...filium autem Hlothariumpost nuptias ritu solemni celebratas
ad biemandum Wormatiam misit. Cf. également Astronomus, Vita, c. 34, p. 626; Theganus, Vita, c.
28, p. 597.
45 B.M. 770(745).
46 Cf. la notice n° 184.
47 B.M. 770(745), éd. P.L. 104, col. 1107 sq. (à la col. 1107): Nos vero banc rem jussimus investigari
dilectofilio nostro Lotbario imperatori necnon et Mantfredo illustri viro. Sur Matfrid, cf. la notice n°
199.
48 Cf. la notice n° 269.
49 Cf. la notice n° 115.
50 Cf. Annales regni Franc, a. 822, p. 159; Astronomus, Vita, c. 35, p. 626; Theganus, Vita, c 29, p. 597.
51 Cf. JARNUT, Regnum Italiae.
52 Cf. DEPREUX, Empereur, p. 901 sqq.
303
te 53 . L'auteur des Annales royales, à l'année 822, dit simplement que Louis »envoya«
(misit) son fils en Italie54, mais à l'année suivante, il est plus précis: Lothaire avait eu
pour mission de »rendre la justice«55. Cette expression, qui à mon sens ne peut viser
ici une mission de nature fiscale56, est à son tour explicitée par la description du rôle
des auxiliaires accompagnant Lothaire. Le »Reichsannalist« dit qu'ils furent adjoints
à Lothaire »(pour qu') il se servît de leur conseil tant pour son propre compte que
pour les questions touchant aux intérêts du royaume« 57 . Quant à l'Astronome, il af-
firme que Wala et Gérung accompagnèrent Lothaire »(pour que), sur leur conseil, il
disposât, redressât, surveillât les affaires du royaume d'Italie, tant publiques que pri-
vées«58. Il semble qu'on doive donc comprendre que Lothaire avait à régler en Italie
des »affaires privées« dont on a grand mal à cerner la nature. Il est vraisemblable qu'il
faille ici se référer d'abord au texte de l'annaliste, qui dit que le conseil s'appliquait
également in re familiari, c'est-à-dire dans la conduite de la vie privée, et que le rema-
niement de l'Astronome ne s'avère qu'une tentative infructueuse d'améliorer le style
de son modèle 59 . En revanche, le sens général de ces deux textes est clair: il s'agissait
de remettre de l'ordre dans l'administration de l'Italie, que la révolte de Bernard en
817 avait certainement ébranlée. Que ce fût une entreprise de longue haleine, cela
semble confirmé par l'annaliste dans son récit relatif à l'année 823, lorsqu'il relate le
rapport de Lothaire à son père, en juin: une partie seulement des »justices« avait été
accomplie60. La nature essentiellement »judiciaire« de la mission de Lothaire est
prouvée et illustrée par les capitulaires promulgués lors de son premier séjour en Ita-
lie: il y est avant tout question de procédure 61 . Par ailleurs, au printemps 823, il co-
présida avec le pape un plaid à Rome 62 . La mission de Lothaire n'était cependant pas
réservée à un roi: elle pouvait être menée par d'autres missi. De fait, en 823, après le
53 Elle est notamment évoquée dans B.M. 771(746). Malheureusement, ce diplôme pour Farfa est faux.
54 Cf. Annales regni Franc, a. 822, p. 159 - texte cité à la notice n° 115.
55 Annales regni Franc, a. 823, p. 160: Hlotharius vero, cum secundum patris iussionem in Italia iusti-
ciasfaceret...
56 C'est le sens proposé par MAGNOU-NORTIER, Iusticiam facere.
57 Annales regni Franc, a. 822, p. 159: ... quorum consilio et in re familiari et in negotiis ad regni com-
moda pertinentibus uteretur.
58 Astronomus, Vita, c. 35, p. 626: ... quorum consilio res Italici regni componeret, erigeret, tueretury
tarn publicas quam privatas.
59 C'est le reproche classique fait à l'Astronome, cf. TENBERKEN, Vita. A ce propos, cf. DEPREUX, Poè-
tes, p. 319 sqq.
60 Annales regni Franc, a. 823, p. 161: Qui cum imperatori de iusticiis in Italia a se partim factis partim
inchoatis fecisset indicium ...
61 Capitulare Olonnense; Memoria Olonnae comitibus data; Concessio generalis.
62 Dipl. Karol. 3, n° 51, p. 147 (diplôme de Lothaire pour Farfa du 15 décembre 840):... vir venerabilis
Sichardus Sabinensis monasterii abbas ... ostendit serenitatis nostre optutibus domni recolende me-
morie genitoris nostri Hludovici prestantissimi imperatoris auctoritatem, in qua continebatur, quali-
té^ postquam nos divino sibi nutufavente consortes fecit imperiiy ab eo in Hitaliam directi sumus et a
summo invitati pontifice et univ ersali papa acspirituali pâtre nostro Paschali quondam apostolico Ro-
mam venimus. Quo dum in presentia eiusdem domni apostolici ac nostra procerumque Romanorum
sive optimatum nostrorum atque multorum utrisque partis nobilium virorum questiones accitaren-
tur, inter ceteras altercationes iubente eodem domno apostolico advocatus suus nomine Sergius eius-
demque sancte sedis Romane ecclesie bibliotecarius interpellavit virum venerabilem Ingoaldum ab-
batem et memorati Sichardipredecessorem dicens, quod ...
304
63 Cf. la notice n° 9.
64 Cf. la notice n° 200.
65 Annales regni Franc, a. 823, p. 161.
66 Annales regni Franc, a. 823, p. 160 sq.: Hlotharius vero, cum secundum patris iussionem in Italia iu-
sticias faceret et iam se ad revertendum de Italia praepararety rogante Paschalepapa Romam venit et
honorifice ab Mo susceptus in sancto paschali die apud sanctum Petrum et regni coronam et imperato-
ris atque augusti nomen accepit; inde Papiam regressus mense Iunio ad imperatorem venit; Astrono-
mus, Vita, c. 36, p. 627: ... ipso sancto die apud beatum Petrum diadema imperiale cum nomine sus-
cepit augusti.
67 Cf. Papstbriefe, p. 391 (n° 38): lettres de Léon IV à Lothaire.
68 A ce propos, cf. DEPREUX, Saint Rémi, p. 236 sqq.
69 Cf. DEPREUX, Königtum, p. 21 sqq.
70 Annales regni Franc, a. 823, p. 161.
71 Analyse juridique dans: HAGENEDER, Crimen maiestatis, p. 74 sq.
72 Cf. l'enquête de Lothaire en 824 décrite par Astronomus, Vita, c. 38, p. 628, où il est question de hi
qui imperatori sibique et Francis fidèles fuerant.
72> FOLZ, Couronnement, p. 147, doute, à propos des événements de 799, qu'il y eût »dans la noblesse
romaine un parti pro-byzantin qui se proposait de détourner Léon III de son alliance avec les
Francs«. CLASSEN, Karl der Große, p. 42 sqq. ne se prononce pas. Un point aussi brûlant que l'al-
liance avec les Francs suscita cependant forcément des dissensions dans l'aristocratie romaine de la
fin du VIIIe siècle.
74 La décision fut prise à l'occasion du plaid tenu à Compiègne le 24 juin, cf. Annales regni Franc, a.
824, p.164.
75 Sur la politique pontificale jusqu'au lendemain de la Constitutio Romana, cf. NOBLE, Republic.
L'auteur a consacré ses travaux de doctorat aux rapports entre Louis le Pieux et l'Eglise romaine:
NOBLE, Papacy.
76 Annales regni Franc, a. 824, p. 164 sq.:... ipse (Louis) ad Brittanicam expeditionemper sefaciendam
animo intento Hlotharium filium imperii socium Romam mittere decrevit, ut vice sua functus ea,
305
oût 77 , ce qui laisse supposer une longue phase préparatoire (environ deux mois) lors
de laquelle les mesures à prendre à Rome furent discutées puis arrêtées - par Louis le
Pieux: en effet, ce n'est que vers la fin de l'été que l'expédition bretonne eut lieu;
Louis et son fils passèrent donc tout l'été ensemble78. Conformément au mandat que
lui avait confié son père, Lothaire révéla au pape les ordres de Louis le Pieux visant
au statut du populus romain qui avait été altéré par la dépravation de certains papes.
Avec l'accord d'Eugène II, il corrigea la situation pour que chacun rentrât dans ses
droits 79 . L'Astronome, qui fait également part d'une enquête que Lothaire mena con-
cernant l'attentat contre certains fidèles de l'empereur 80 , est plus explicite quant à
l'injustice qui sévissait à Rome et aux mesures prises pour y parer 81 . La teneur de la
Constitutio Romana 82 y est résumée. Lothaire avait agi en tant que représentant de
Louis le Pieux. Néanmoins, le serment de fidélité exigé de la part des Romains visait
tant le père que le fils83. O n a ici l'illustration de l'association de Lothaire au pouvoir
impérial, exprimée avec éclat l'année suivante84.
J'ai affirmé plus haut que la mission de Lothaire n'était pas, par essence, royale: ce
qu'il accomplit, un autre missus aurait vraisemblablement pu le faire. Ceci n'enlève
rien au fait que celui à qui était confié ce missaticum85 avait qualité de roi - et même
quae rerum nécessitas flagitare videbatur, cum novo pontifice populoque Romano statueret atquefir-
maret.
77 Ibid., p. 165: Et Me quidem ad haec exsequendapost medium Augustum in Italiamprofectus est...
78 La présence de Lothaire à la cour de son père est attestée au début de janvier 824 (à Compiègne), cf.
Dipl. Karol. 3, n° 3 p. 54 sqq. La présence de Lothaire au plaid de Compiègne n'est en rien prouvée,
mais bien qu'elle ne soit que probable, je la juge assez vraisemblable pour supposer que Lothaire
passa l'été avec son père. La présence de Louis le Pieux à Compiègne est encore attestée le 16 août
824, cf. B.M. 789(764).
79 Annales regni Franc, a. 824, p. 166: Hlotharius vero iuxta patris mandatum Romam profectus ab
Eugenio pontifice honorifice suscipitur. Cui cum iniuncta sibi patefecerety statumpopuli Romani iam
dudum quorundam praesulum perversitate depravatum, memorati pontifias benivola adsensione ita
correxit, ut omnes, qui rerum suarum direptione graviter fuerant desolati, de receptione bonorum su-
orum, quae per illius adventum Deo donante pr ovenerat, magnifiée sunt consolati.
80 Astronomus, Vita, c. 38, p. 628: Interea cum Hlotharius, ut praedictum est, a pâtre missus Romam
venisset, libentissime atque clarissime ab Eugenio papa susceptus est. Cumque de his quae accesserant
queretur, quare scilicet hi qui imperatori sibique et Francis fidèles fuerant, iniqua nece perempti fue-
rint, et qui super viverent ludibrio reliquis haberentur ... (suite du texte à la note suivante).
81 Ibid.: ... quare etiam tantae querellae adver sus Romanorum pontifices iudicesque sonarent; reper-
tum est, quod quorumdam pontificum vel ignorantia vel desidia, sed et iudicum caeca et inexplebili
cupiditate, multorum praedia iniuste fuerint confiscata. Ideoque reddendo quae iniuste sublata erant,
Hlotharius magnam populo Romano creavit laetitiam. Statutum etiam iuxta antiquum morem, ut ex
latere imperatoris mitterentur, qui iudiciariam exercentes potestatem, iusticiam omni populo, tempo-
re quo visum foret imper atori, aequa lance penderent.
82 Constitutio Romana. A ce propos, cf. BERTOLINI, Osservazioni.
83 Serment annexé à la Constitutio Romana, p. 324: Promitto ego ... quod ab hac die in futurum fidelis
ero dominis nostris imperatoribus Hludowico et Hlothario diebus vitae meae, iuxta vires et intellec-
tum meum, sine fraude atque malo ingenio, salvafide quam repromisi domno apostolico ...
84 Cf.infra.
85 J'ai conscience de l'audace avec laquelle j'use de ce terme en ce contexte, mais, somme toute, il me
semble préférable, par mesure préventive, de le substituer au mot regnum (certes, également, en un
certain sens, une unité administrative, cf. WERNER, Genèse; GOETZ, Regnum), qui pourrait laisser
penser que Lothaire était roi d'Italie, ce qu'il ne fut pas. Ses diplômes étaient datés de son règne in
Italia: cela veut dire qu'il régissait - qu'il gouvernait - l'Italie, mais pas qu'il portait le titre de rex
Italiae ou rex Langobardorum, ce qui avait été le cas de Bernard.
306
86 Cf. les diplômes n° 1 à 5, Dipl. Karol. 3, p. 51 sqq. Le diplôme n° 6 (mars 830) date d'une autre péri-
ode: celle de Pexil en Italie. Cf. infra.
87 Introduction au diplôme de Lothaire n° 3 du 3 janvier 824, Dipl. Karol. 3, p. 55: »Lothars Zustän-
digkeit für Italien weitergalt, auch ohne daß er dort residierte«.
88 Dipl. Karol. 3, n° 3, p. 58 sq. Il y est relaté que Louis le Pieux avait déjà expédié un tel diplôme.
89 Sur les relations difficiles entre Farfa et l'Eglise romaine, cf. VEHSE, Päpstliche Herrschaft, p. 123
sc
rç-
90 Dipl. Karol. 3, n° 51, p. 148 (diplôme de Lothaire pour Farfa, 15 décembre 840): (il est fait part de la
présence de Lothaire lors du plaid romain) Sed cum nos ad domnum et genitorem nostrum Hludovi-
cum augustum reversi fuissemus et ita per ordinem, sicut superius comprehensum est, narrassemus,
placuit Uli non solum idem monasterium rectoresque eins specialiter sub sua sucessorumque suorum
tuitioneacdefensione constituere.... sedetiam omnes res, quaspresentitemporepredictum monaste-
rium ... possidet... inserere. C'est également vers Louis le Pieux que le pape voulut se tourner en
829, en niant la compétence de ses missi, cf. DEPREUX, Empereur, p. 898.
91 Les n° sont ceux de l'édition de Th. SCHIEFFER, Dipl. Karol. 3.
92 Exemption de tonlieu pour un navire.
93 Pancarte confirmant les actes brûlés.
94 Confirmation des possessions et de la protection royale. Dipl. Karol. 3, n° 3, p. 59: Decernimus insu-
per atque sanctimus, ut omnes res predicte ecclesie Cumensis sub defensione et mundio palatii nostri,
sicut tempore patris et avi nostri fuerunt, perhenniter consistant. En conséquence de quoi Lothaire
réserva à son Palais la connaissance des conflits relatifs aux biens de cette église: Et si aliqua alterca-
tio de rebus predicte ecclesie, que per hoc nostrum preceptum et pro mercedis nostre augmento confir-
mavimus, ortafuerit, que ibi minime definiri valuerit, ad sacrum palatium nostrum reserventur, qua-
tinus ibi secundum rectitudinis tramitem terminum accipiat.
307
Une conclusion s'impose à l'examen de ce tableau: bien que, dans les faits, nous
n'ayons pas affaire à des préceptes mineurs en ce qui concerne les diplômes 1 à 5,
puisqu'ils sont munis de corroboration par la manus propria, il s'agit, quant à leur
nature, d'actes dont la forme devrait être celle de préceptes mineurs98. La compéten-
ce de Lothaire semble avoir été réduite à deux fonctions: gérer le fisc et assurer l'exer-
cice de la justice. Ce n'est en revanche vraisemblablement pas par hasard que le pre-
mier diplôme connu datant d'après la première crise entre Louis le Pieux et Lothaire
(le n° 6), lorsque Lothaire fut renvoyé en Italie99, est un diplôme manifestant de fa-
çon classique la puissance souveraine100: certes, Lothaire, avant 829 comme après,
s'intitulait augustus invictissimi domni imperatoris Hludowici filins, ce qui marque
tout à la fois sa qualité impériale et le lien qui l'unissait à Louis le Pieux101 dont il était
en quelque sorte le représentant102; mais, pour ce qui concerne la façon de gouverner
de Lothaire, c'est bien la date de 829 qui marque la césure103.
A partir de 825, ou plus exactement à compter d'une date qui se situe dans la se-
conde moitié de cette année, Lothaire fut associé à son père dans la suscription des
diplômes de ce dernier. Les actes étaient désormais expédiés au nom de Hludowicus
et Hlotharius divina ordinante Providentia imperatores augusti104. Je tends à inter-
préter cette mesure comme une conséquence de la volonté de Louis le Pieux de faire
entrer dans les institutions ce »partage des responsabilités« (O. Guillot) exposé dans
un capitulaire capital pour la compréhension du règne de cet empereur105. Il me sem-
ble par conséquent que l'on peut dater du mois d'août 825 l'Admonitio ad omnes
regni ordines106. Il convient maintenant d'étudier quelle était, concrètement, l'action
de Lothaire non plus en Italie, mais à la cour de son père. En effet, Lothaire rentra en
95 Lothaire dut obéir à l'ordre de son père, qui désirait doter l'hospice des pèlerins du Mont-Cenis, en
donnant des biens de son monastère de Novalèse (ex monasterio nostrae proprietatis, Dipl. Karol. 3,
n° 4, p. 62). En compensation, Lothaire donna un monastère à l'abbaye de Novalèse.
96 Confirmation d'une donation.
97 Privilège d'immunité, protection royale, liberté d'élection abbatiale.
98 Cf. la typologie établie par BAUTIER, Chancellerie, p. 49 sq.
99 Avec JARNUT, Regnum Italiae, p. 356, l'on peut parler de »dégradation« au rang d'un »Unterkö-
nig«, cf. DEPREUX, Empereur, p. 902.
100 Sur ce type d'acte, cf. SEMMLER, Iussit Princeps.
101 Cf. WOLFRAM, Lateinische Herrschertitel, p. 59 et p. 86 sq.
102 Les diplômes de Lothaire étaient alors datés d'après les années de règne de son père et de lui-même.
C'est à l'occasion de la déposition de Louis le Pieux en octobre 833 que Lothaire prit le titre
impérial seul (divina ordinante Providentia imperator augustus), cf. Dipl. Karol. 3, n° 13, p. 78. Les
diplômes étaient alors datés d'après ses années de règne in Francia et in Italia. A la faveur de son
exil en Italie (834), après quelque hésitation (cf. Dipl. Karol. 3, n° 22, p. 93, où il est encore fait men-
tion de son règne in Francia et in Italia), Lothaire data ses actes de son seul règne impérial, sans
mention du règne de Louis le Pieux, mais également sans restriction géographique (cf. Dipl. Karol.
3, n° 23 sqq.).
103 Cf. JARNUT, Regnum Italiae, p. 356 sqq.
104 Cf. WOLFRAM, Lateinische Herrschertitel, p. 87. Je ne suis pas d'accord avec l'analyse de l'auteur,
ibid., p. 60.
105 Cf. GUILLOT, Exhortation; GUILLOT, Ordinatio.
106 Cf. DEPREUX, Empereur, p. 903 note 80.
308
Francia en 825, vers le début de l'été107, et il accompagna dès lors son père dans ses
déplacements108.
Lothaire était, on l'a vu, déjà revenu à la cour de Louis le Pieux en 823. Il était de
retour au début du mois juin (le 4, il se trouvait dans le Vorarlberg109) et, si l'on igno-
re s'il put se trouver à la cour lors de la naissance de Charles (le Chauve) le 13 juin110,
il est certain qu'il prit part à son baptême: en effet, il fut le parrain de son jeune demi-
frère111. C'est probablement à cette occasion qu'il s'engagea, par serment, à garantir
les droits de Charles sur la part du regnum que lui attribuerait Louis112. Il semble
également que ce soit à l'occasion de son retour vers Francfort que l'évêque de Coire,
Victor, s'adressa à Lothaire pour qu'il intercédât auprès de Louis le Pieux, comme
nous l'apprend une lettre de cet évêque à l'empereur113. Ce n'est vraisemblablement
pas par hasard que Victor se tourna vers Lothaire pour lui demander d'être son inter-
cessor. La partie méridionale de l'Alémanie et le ducatus de Coire faisaient depuis 806
partie du royaume d'Italie114. Or, Lothaire devait en hériter si Deus voluerit ut suc-
cessor noster existât115: par conséquent, Victor s'adressait à qui de droit. Lothaire par-
ticipa à l'un des événements les plus glorieux du règne de Louis le Pieux, qui devait
couronner la politique d'évangélisation et d'intégration des contrées septentrionales,
mais dont les retombées politiques furent, pour le premier intéressé, éphémères: il
s'agit du baptême du Danois Harold 116 . Non seulement Lothaire figurait dans le cor-
tège impérial117, mais il participa activement à la cérémonie baptismale puisqu'il de-
vint le parrain du fils de Harold 118 . Au début de l'été 828, Lothaire fut nommé à la tê-
te d'une armée envoyée en Marche d'Espagne pour faire face à une attaque des Sarra-
sins. Ayant appris qu'elle n'avait finalement pas lieu, Lothaire et Pépin d'Aquitaine,
qui se trouvaient alors à Lyon, rebroussèrent chemin119.
Avant de nous tourner vers la période de crise du règne de Louis le Pieux, il faut
rappeler que les relations entre Lothaire et son père semblent avoir été bonnes juste
avant le conflit. Un diplôme illustrant le rôle d'intermédiaire entre Louis et certains
sujets que jouait Lothaire l'atteste: le 27 janvier 829, Louis le Pieux confirma un
échange concernant l'église cathédrale d'Angers, dont son fils avait introduit la cause
auprès de lui120. D'ailleurs, Walafrid Strabon, dans son De imagine Tetrici, se fit le té-
moin de cette apparente harmonie, puisque vers la même époque, il désignait Lothai-
re comme la spes optima regni: il était le Josué qui devait mener à son terme l'oeuvre
du nouveau Moïse qu'était Louis le Pieux121.
Pour les contemporains, le revirement du mois d'août 829 dut faire l'effet d'une
bombe 122 : à l'occasion du plaid tenu à Worms, Louis le Pieux nomma son filleul, le
comte de Barcelone, chambrier123; il dota Charles (le Chauve) d'un territoire 124 et il
renvoya Lothaire en Italie125. Il n'y a pas lieu de retracer ici en détail l'histoire événe-
mentielle des années de crise. Il est cependant un point que je mettrai en exergue, par-
ce qu'il me semble fondamental pour la compréhension des révoltes de 830 et 833,
qui eurent des résultats différents: à l'occasion de la première, Louis le Pieux fut con-
traint de partager le pouvoir; quant à la seconde, elle eut pour effet sa déposition. En
effet, ce qui primait, dans et malgré l'opposition, c'était le souci de légitimité. Il est à
cet égard significatif que, dans les deux cas, l'on fît appel à Lothaire ou que ce dernier
s'imposât - parce qu'il était empereur. Il me semble que l'attitude légaliste des acteurs
de ces révoltes prouve que l'association au nomen imperatoris n'était pas une vaine
mesure: Paschase Radbert, certes le chantre d'un tenant de Lothaire, l'exprimait sans
détour 126 . Il n'y a pas lieu de discuter le fait que Lothaire eut à se faire pardonner sa
rébellion de 830127 ni que sa démarche fut jugée par d'aucuns (en l'occurrence par
119 Annales regni Franc, a. 828, p. 174 sq.; Astronomus, Vita, c. 42, p. 631; Annales Fuldenses, a. 828,
p. 25.
120 B.M. 858(834), éd. Recueil des hist. 6, n° 152, p. 560 sq. (à la p. 560):... dilectus filins noster augustus
Hlotharius innotuit mansuetudini nostrae quod ...
121 Walahfridus, Carmina, n° 23, p. 375, v. 158 sqq.
122 L'on ne dispose toujours pas d'une étude satisfaisante sur les années 829 et suivantes. J'ai supposé
(cf. DEPREUX, Matfrid, p. 357) que Bernard (II) devint, malgré lui, la cible du mécontentement à
Rencontre de Louis le Pieux. Sa nomination par ce dernier, accompagnée du renvoi de Lothaire, fit
alors figure de bras de fer.
123 Cf. la notice n° 50.
124 Theganus, Vita, c. 35, p. 597: Alio anno venit Wormatiam, ubi et Karolofilio suo, qui erat ex Judith
augusta natus, terram Alamannicam, et Redicam, et partem aliquam Burgundiae, coram filiis suis
Hluthario et aequivoco suo tradidit; et Uli inde indignati sunt una cum Pippino germano eorum.
125 Annales regni Franc, a. 829, p. 177: Hlotharium quoque filium suumfinito illo conventu in Italiam
direxit; cf. Astronomus, Vita, c. 43, p. 632. Lothaire fut accusé par Nithardus, Historia, c 3, p. 10,
d'avoir voulu s'opposer par des moyens détournés à la dotation de Charles.
126 Paschasius, Epitaphium, p. 74: Tune tarnen eum quasi liberatorem omnium omnes magnificabant,
et extollebant ubique laudibus, maxime cum césar augustus Honorius ab Italis evocatus venissets eo
quod consortem imperii Iustinianus sibi olim et successorem totius monarebiae cum voluntate et
consensu omnium eum fecerat...
127 Cf. la description de la réconciliation avec Louis le Pieux dans Astronomus, Vita, c 45, p. 633 sq.
310
Eginhard) comme contraire au devoir moral d'un fils à l'égard de son père m - ce qui
n'empêcha pas le même Eginhard de se réjouir du succès de Lothaire une fois qu'il
était assuré129. Néanmoins, Lothaire avait mal agi: à Nimègue à l'automne 830, il dut
jurer fidélité à Louis le Pieux et promettre de ne pas récidiver130. Ces faits maintenant
précisés, nous pouvons nous tourner vers les sources présentant le cours de la révolte
de 830; la primauté de Lothaire y est manifeste. A Compiègne, Pépin était censé agir
avec l'accord de son frère aîné quand il priva Louis et du pouvoir et de son épouse131.
Lorsque Lothaire arriva d'Italie, l'ensemble des opposants à Louis le Pieux se
tournèrent vers lui: c'était à lui, qui semble d'ailleurs en cette occasion avoir traité
son père avec respect, d'apprécier la situation132.
L'on ne possède malheureusement pas de diplôme de Lothaire datant de 830, pen-
dant son séjour en Franàa. Par conséquent, on ignore si les événements eurent quel-
que incidence sur le formulaire de ses actes. Il est cependant probable que ce ne fût
pas le cas, puisqu'on n'en trouve aucune séquelle dans les actes ultérieurs133. Il en fut
différemment pour les actes de Louis le Pieux. En effet, suite au renvoi de Lothaire
en Italie vers la fin de l'été 829, son nom avait été supprimé de la suscription des di-
plômes de son père. Il existe une petite incertitude quant à la date exacte de cette me-
sure134; quoi qu'il en soit, cette dernière est incontestable à partir du 14 octobre135. La
révolte de 830 eut notamment pour effet le retour aux usages d'avant 829: l'associati-
128 Einhardus, Epistolae, n° 11, p. 114 sq. Eginhard exhortait Lothaire à observer Yhonor dû envers ses
parents. Pour lui, la venue de Lothaire en Francia était un acte de désobéissance: ... quidam homi-
nes, sua potius quam vestra commoda querentes, mansuetudinem vestram sollicitent vobisque per-
suadere conentury ut postposito paterno consilio et oboedientia débita derelicta locum vobis ad re-
gendum atque custodiendum a piissimo genitore vestro commissum dimittatis, et ad illum ipso invi-
to et neque volente neque iubente veniatis, et apud eum, quamvis Uli non placeat, permaneatis.
129 Einhardus, Epistola, n° 16, p. 118 (lettre à un évêque de l'entourage de Lothaire): Omnipotenti Deo
et domino nostro Iesu Christo quantas valeo gratias agere non cesso, quia gloriosissimum et a Deo
conservatum semperque conservandum dominum meum Hl(otharium) augustum salvum et incolo-
mem ac te mihi karissimum una cum illo de Italia venisse cognovi; et opto atque oro, ut ille me cito
permittat illo venire, ubi vestra corporali presentia perfrui merear.
130 Theganus, Vita, c. 37, p. 598: Et Hlutharius filius eius cum iuramento fidelitatem promisit, utpost
hoc nunquam talia commitere debuisset.
131 Annales Bertiniani, a. 830, p. 2: Ibique veniens Pippinus cum multitudine populi, consensu Hlotha-
rii omnem potestatem regiam uxoremque eius tulerunt.
132 Astronomus, Vita, c. 45, p. 633: Circa Maium porro mensem filius imperatoris Hlotharius ex Italia
venit, eumque in Compendio repperit. Ad quem venientem tota se illa contulit factio imperatoris in-
imica; ipse tarnen nihil tune temporis patri intulisse visus est dedecoris; probavit autem quae gesta
erant.
133 Dans la suscription, Lothaire était toujours dit »auguste, fils du très invincible seigneur empereur
Louis«, et la date était calculée d'après les années de règne de Louis le Pieux et celles du règne en
Italie de son fils.
134 En effet, le 6 septembre, le diplôme B.M. 869(840), éd. Teutscher Regierungsspiegel, p. 83, et Gallus
Öhem, Chronik, p. 49, fut expédié au nom seul de Louis le Pieux, mais la suscription du diplôme
B.M. 871(842), éd. Doc. dipl. Worms, n° 5, p. 5, expédié le 11 du même mois porte les noms de Lou-
is et de Lothaire. Au cas où cette incohérence ne serait pas imputable à la tradition manuscrite, il
faudrait supposer que le diplôme du 11 septembre fut rédigé avant celui du 6, mais muni des signes
de validation après ce dernier, quand les usages de la chancellerie, dont on aurait ici l'illustration des
lenteurs, avaient déjà changé.
135 En effet, le 14 octobre 829 fut expédié un diplôme que l'on conserve en original, B.M. 872(843), éd.
Recueil des hist. 6, n° 153, p. 561: la suscription porte le seul nom de Louis.
311
136 On observe ceci du 2 août 830 au 11 novembre de la même année. Cf. B.M. 875(846), éd. Recueil
des hist. 6, n° 156, p. 563 sqq., et B.M. 877(848), éd. PL 104, col. 1190.
137 L'auteur des Annales de Saint-Bertin dit que Pépin, à Compiègne, priva Louis de son pouvoir, mais
il faut comprendre qu'il l'empêcha d'exercer son pouvoir (en le faisant prisonnier), car on serait bi-
en en peine de trouver une source décrivant une cérémonie de déposition à l'instar de celle de 833.
En effet, Paschase Radbert est formel: la révolte eut lieu non ut augustus imperio privaretur
(Paschasius, Epitaphium, p. 72). Et l'auteur de présenter l'assemblée de Compiègne, après que
Louis le Pieux eut promis de s'amender, comme une nouvelle intronisation de ce dernier: Quibus
ita pacifiée in eadem concione disposais, relevatur in throno gloriosus imperator, et erigitur cum lau-
dibus, et subditur ei omnis populus in fide amplius fidelis, si posset fieri, quam prius (ibid.). En ce
sens, l'expression recuperato imperio qu'utilise l'auteur des Annales de Saint-Bertin à propos de
l'assemblée d'automne à Nimègue (Annales Bertiniani, a. 830, p. 3), n'est pas tout à fait juste: Louis
n'avait officiellement pas perdu son imperium; ce qu'il recouvra à Nimègue, c'était l'exercice du
pouvoir par lui seul. Cette expression n'en est cependant que plus intéressante: pour un membre de
la cour, il n'y avait pas de doute sur le fait que Louis, au printemps 830, avait réellement perdu le
pouvoir.
138 Nithardus, Historia, I, c. 3, p. 10: Et Lodharius quidem, eo tenore re publica adepta, patrem et Ka-
rolum sub libéra custodia servabat.
139 Astronomus, Vita, c. 45, p. 633: In talibus ergo consistensy solo nomine imperator aestatem transegit.
140 Paschasius, Epitaphium, p. 73: Porro deinceps nihil taie, nihil sine vestro consilio me acturum ulteri-
usprofiteor. Sur les idées de Paschase Radbert, cf. HANNIG, Consensus fidelium, p. 276 sqq.
141 Paschasius, Epitaphium, p. 73: Imperium namque a me, ut olim ordinatum est una vobiscum et con-
stitutum, ita manere decerno et volo.
142 Ibid.: Femine quoque huic, quam adiudicastis, quia mea est in illa ultio, iuxta communes leges, sicut
deposcitis, vitam concedo, ita tarnen ut sub sacro velamine deinceps degeat, etpoenitentiam gerat.
143 Annales Bertiniani, a. 830, p. 2: His omnibus itaperactis, alium conventum domnus imperator cum
filio suo Hlothario circa kalendas octobris Noviomago condixit, ubi Saxones et orientales Franci
convenire potuissent.
144 B.M. 876(847), diplôme donné à Samoussy le 13 août 830.
145 Cf. la notice n° 123.
146 B.M. 876(847), éd. Recueil des hist. 6, n° 158, p. 566: ... suggerente supradicto filio dilecto nostro
Lothario augusto et consorte imperii nostri, communi voluntate parique consensu, pro mercedis no-
straeaugmento etaeternae retributionisfructu, concedimus ...
312
147 Dans le diplôme B.M. 877(848) donné à Nimègue le 11 novembre 830, les noms de Louis et de Lo-
thaire étaient associés dans la suscription. Ce fut le dernier diplôme de ce type. En effet, le diplôme
suivant, B.M. 880(851), éd. Doc. dipl. Rhin moyen, n° 59, p. 66 sq., du 7 janvier 831, fut expédié au
seul nom de Louis.
148 Theganus, Vita, c. 46, p. 634: Hisperactis, ad hiemandum Imperator Aquisgrani secessit. Habuit au-
tem per idem tempus secum semper Hlotharium filium suum. Il s'agissait vraisemblablement pour
Louis de garder son fils en sa puissance tant que la situation d'avant la révolte (que l'on pense no-
tamment au retour de Judith) n'aurait pas été rétablie.
149 Nithardus, Historia, I, c. 3, p. 12: Hinc hi qui cum Lodhario senserunt in concilium deducti et ab ip-
so Lodhario ad mortem dijudicati aut, vita donatay in exilium retrusi sunt; Annales Bertiniani, a.
831, p. 3 sq.: Nam circa kalendas februarii, sicut condictum fuerat, generale placitum habuit, eosque
quianno superiori propter seditionem, prius in Compendio etpostea in Niumago, domnum impera-
torem offenderant venire iussit ut illorum causa discuteretur et diiudicaretur. Primumque afiliis ei-
us ac deinde a cuncto qui aderat populo iudicatum est ut capitalem subirent sententiam. Tune dom-
nus imperator solita pietate vitam et membra Ulis induisit ipsosque per diversa loca ad custodiendum
commendavit. Hlotharius vero, propter quod magis Ulis consenserat quam debuisset, genitoris pium
commovit animum.
150 Annales Bertiniani, a. 831, p. 4; Theganus, Vita, c. 46, p. 634.
151 II est à noter que Lothaire n'est pas mentionné dans le partage de 831, comme si, pour Louis le
Pieux, l'Italie ne faisait déjà plus partie du regn(um) nobis a Deo commiss(um). Cf. Regni divisio.
152 Nithardus, Historia, I, c. 3, p. 12: Lodharium quoque, sola Italia contentum, eapactione abireper-
misit ut extra patris voluntatem nihil deinceps moliri in regno temptaret.
153 Annales Bertiniani, a. 831, p. 4: Ipse autem circa kalendas mai ad Ingulehem veniens Hlotharium
illic ad se venientem honorifice suscepit; hi quoque qui in exilium missifuerant adducti et absoluti
gratiamque domni imperatoris adepti sunt.
154 Theganus, Vita, c. 46, p. 634:... et filium Hlotharium in Italiam direxit.
155 En effet, l'annaliste écrit que Louis renvoya ad sua les fils ayant participé à ce plaid, puis il évoque le
cas spécial de Pépin d'Aquitaine. Comme Charles (le Chauve) était trop jeune pour être renvoyé
»chez lui«, c'est-à-dire ailleurs qu'au palais de son père, il faut admettre que les »fils« en question
étaient Lothaire et Louis (le Germanique). Cf. Annales Bertiniani, a. 831, p. 4 sq.
156 Theganus, Vita, c. 39, p. 598.
157 Annales Bertiniani, a. 832, p. 7 (Mayence); Theganus, Vita, c. 40, p. 598 (Francfort).
158 Annales Bertiniani, a. 833, p. 9: ... arreptapotestate regia ... En octobre 833, à Compiègne, les
grands se soumirent à lui, cf. ibid., p. 10: Ibique episcopi, abbates, comités et universus populus con-
venienteSy dona annualia ei praesentaverunt fidelitatemque promiserunt. Cf. également Annales
Xantenses, a. 833, p. 8. Même ses frères (en l'occurrence Louis le Germanique) durent jurer fidélité
(cf. ibid., p. 9). Pour Nithardus, Historia, I, c. 4, p. 14, il s'agissait cette fois véritablement d'un coup
d'Etat: certains incitaient Lothaire ut rempublicam invadat. Dès octobre 833, la suscription des di-
313
qui Louis reconnaissait son consors ne faisait plus partie de son entourage: au con-
traire, il était devenu son geôlier159. Une présentation détaillée des événements n'ap-
porterait pas grand-chose à notre propos 160 . Je voudrais juste souligner un paradoxe:
son rang impérial conférait certainement à Lothaire un certain prestige, qui explique
vraisemblablement pourquoi il exerça la présidence de l'assemblée qui devait juger
Louis le Pieux161; mais c'en était également fini du primat de Lothaire, car l'une des
raisons de la défection de ses frères, qui dès l'hiver 833/834 allaient travailler à la
libération de leur père, fut précisément son désir de garder le pouvoir pour lui seul162.
D'une certaine manière, on peut dire que l'empire avait vécu163.
De même qu'il n'y avait pas lieu de retracer en détail la révolte de 833, il n'entre
pas dans notre propos d'étudier comment elle prit fin, ni de rappeler de quels com-
bats l'année 834 fut entachée. Ici encore, je ne retiendrai qu'un point: lors de l'entre-
vue près de Blois, quand Lothaire se soumit à son père, il lui jura fidélité et il lui pro-
mit d'obéir à ses ordres et de ne pas sortir sans sa permission du royaume d'Italie164,
royaume que Louis le Pieux lui accorda aux mêmes termes que l'avait tenu Pépin du
temps de Charlemagne 165 . La référence à Pépin d'Italie, et non à son fils Bernard,
pour définir les droits de Lothaire en Italie me semble d'importance: il s'agit, à mon
sens, tant du rétablissement pour le roi d'Italie du droit d'avoir une descendance légi-
time166 que de l'affirmation pour ce dernier d'un certain droit de regard - qu'impli-
quait un devoir de protection - sur l'Eglise romaine167. D'ailleurs, Louis le Pieux rap-
plômes de Lothaire changea, cf. Dipl. Karol. 3, n° 13, p. 78 sqq.: il s'intitulait désormais Hlotharius
divina ordinante Providentia imperator augustus, sans référence à son père, dont les années de rè-
gne disparurent des formules de datation. Dès lors, Lothaire data ses actes de ses propres années de
règne in Francia et in Italia.
159 II s'agit d'une conséquence de la poenitentia publica solemnis, qui supposait alors la réclusion du
pénitent. Cf. VOGEL, Pénitence; VOGEL, Discipline pénitentielle.
160 II existe quelques études récentes sur certains aspects de la pénitence de Louis (cf. DEPREUX, Louis
le Pieux reconsidéré?, p. 185), mais pas sur le déroulement de la crise de 833/834 dans son ensemble.
On doit par conséquent se reporter aux manuels. Cf. notamment HALPHEN, Charlemagne, p. 240
sqq.; ULLMANN, Carolingian Renaissance, p. 64 sqq.
161 Agobardus, Carta de poenitentia, p. 56: Qui utique conventus extitit ex reverentissimis episcopis et
magnificentissimis viris illustribus, collegio quoque abbatum et comitum promiscuaeque aetatis et
dignitatis populo, praesidente serenissimo et gloriosissimo Hlothario imperatore et Christi domini
amatore ...
162 Nithardus, Historia, I, c. 4, p. 16: Et Lodharius quidem iterum eo tenore imperium adeptumy quod
injuste tam facile iteratus obtinuit, iterato facilius juste amisit. Nam Pippinus et Lodhuwicus, viden-
tes quod Lodharius Universum imperium sibi vindicare illosque détériores efficere vellet, graviter
ferebant.
163 Du moins, pour Nithard, la notion de res publica disparut à cette époque, cf. DEPREUX, Nithard.
164 Theganus, Vita, c. 55, p. 602: Post haec iuravit Hluthariuspatri suo fidelitatem, ut omnibus imperiis
suis obedire debuisset, et ut iret in Italiam et ibi maneret, et inde non exiret nisiper iussionempatris.
165 Annales Bertiniani, a. 834, p. 15:... et Hlothario quidem Italiam, sicut tempore domni Karoli Pippi-
nus, germanus domniimperatoris, habuerat, concessit...
166 II semblerait que les dispositions de 817 fussent contraires à cela, cf. DEPREUX, Königtum, p. 15 sq.
167 Suivant l'analyse de SCHLESINGER, Kaisertum, p. 24 sqq., qui considérait que sous Charlemagne, la
protection de l'Eglise romaine était l'affaire de la famille carolingienne (et non du seul empereur),
j'ai montré qu'il était vraisemblable qu'Etienne IV eût notamment pour dessein, par la cérémonie
rémoise de 816, de priver Bernard d'Italie de cette prérogative, cf. DEPREUX, Königtum, p. 18 sqq.
314
pela son fils à l'ordre sur ce point168. Certes, dans les années qui suivent 834, Louis
s'efforça de susciter une véritable réconciliation, et l'on multiplia les ambassades à cet
effet169. Mais un pas décisif était désormais franchi: Lothaire, qui ne prenait plus part
aux plaids de son père170, régnait de manière autonome m. En 837, au souhait de Lou-
is le Pieux de se rendre à Rome172, Lothaire répondit d'ailleurs agressivement173.
C'est grâce à Judith et à certains conseillers de Louis le Pieux que ce dernier par-
donna définitivement à Lothaire, qui vint se réconcilier avec son père au début de
l'été 839, à Worms174. A cette occasion, Louis le Pieux partagea son empire entre Lo-
thaire et Charles (le Chauve)175. En effet, Judith et certains conseillers étaient d'avis
qu'une alliance avec Lothaire serait le meilleur moyen de garantir les droits de Char-
les176. Cette réconciliation semble avoir eu pour conséquence l'obligation, pour Lo-
thaire, de fréquenter de nouveau les plaids de son père177. Mais il manqua au père et à
son fils le temps de renouer des relations normales. Alors qu'il se trouvait à l'agonie,
Louis le Pieux fit envoyer à Lothaire une couronne, afin qu'il se souvînt de ses enga-
gements vis-à-vis de Charles178 - en vain. Les guerres fratricides ne détournèrent ce-
pendant pas complètement Lothaire de sa piété filiale: il fit ériger un autel devant le
sarcophage de son père179.
168 Astronomus, Vita, c. 55, p. 641: ... nuntiatum est imperatori, eo quod conditiones sacramentorum
dudum promissas inrumperet, maximeque ecclesiam sancti Pétri, quam tarn avus eins Pippinus,
quamque pater eins Karolus, necnon et ipse in tutelam susceperanty bomines eius crudelissima clade
vexarent. Quae res adeo animum illius mitissimum asperavit, ut quodammodo extraordinarie, ut
videbatur, missos diriger et... Misit ad Hlotbarium, commonens ne talia fieri permitteret; monens ut
memor esset, quia quando ei regnum Italiae donavit, etiam curam sanctae aecclesiae Romanae si-
mul commisit, et quam ab adversariis defensandam susceperat, nequaquam a suis diripipermitteret.
169 Ce fut le cas en 835 (Theganus, Vita, c. 57, p. 603) et en 836 (Annales Bertiniani, a. 836, p. 18 sq.;
Theganus, Vita, continuation, p. 603; Astronomus, Vita, c. 54 sqq., p. 640 sq.).
170 Cf. par exemple Astronomus, Vita, c. 57, p. 642.
171 Lothaire ne revint pas sur la formule de suscription de ses diplômes adoptée à l'occasion de la dé-
position de Louis le Pieux (cf. supra). Mais une fois de retour dans l'Italie de son exil, à part une ex-
ception (cf. Dipl. Karol. 3, n° 22, p. 91 sqq.), il data ses actes d'après les années de son règne impéri-
al, sans restriction géographique (cf. Dipl. Karol. 3, n° 23 sqq., p. 93 sqq.).
172 Annales Bertiniani, a. 837, p. 21.
173 Ibid., p. 22: Hlotbarius autem clusas in Alpibus mûris firmissimis arceripraecepit.
174 Annales Bertiniani, a. 839, p. 31. Cette réconciliation profita également à certains membres de l'en-
tourage de Lothaire, cf. B.M. 995(964) - à ce propos, cf. la notice n° 232.
175 Annales Bertiniani, a. 839, p. 31 sq.; Astronomus, Vita, c. 60, p. 644 sq.; Nithardus, Historia, I, c. 7,
p. 30 sqq.; Annales Fuldenses, a. 839, p. 30.
176 Astronomus, Vita, c. 59, p. 644; Nithardus, Historia, I, c. 6, p. 28.
177 Astronomus, Vita, c. 62, p. 646 - il s'agissait certes d'une période de crise (printemps 840):... impe-
rator adfilium suum Hlotbarium in Italiam misit, iubens ut eidem placito (il s'agissait d'un plaid
prévu à Worms) interesset, quatinus cum eo de bac re et de aliis deliberaret.
178 Astronomus, Vita, c. 63, p. 647: Et Hlothario quidem coronam, ensem auro gemmisque redimitum,
eo ténore babendum misit, ut fidem Karolo et Iuditb servaret, etportionem regni totam Uli consen-
tiret et tueretur, quam Deo teste et proceribus palatii ille secum et ante se largitus eifuerat.
179 Carmina varia, n° 6, p. 654.
315
Il n'existe pas d'étude récente sur le règne de Louis le Germanique: c'est toujours à la
magistrale présentation générale d'E. Dümmler que l'on doit se reporter 4 . Bien que
l'analyse n'ait, pour mainte question, pas été renouvelée depuis 5 , je dois renoncer à
présenter dans cette notice une recherche exhaustive sur Louis, bien évidemment
pour la période après 840, mais également pour celle précédant cette date: comme ce
fut le cas pour Lothaire, je restreindrai l'analyse à l'essentiel, en portant mon intérêt
principalement sur l'association du fils homonyme au gouvernement de son père.
Lorsqu'il succéda à Charlemagne, Louis le Pieux confia l'administration de la Baviè-
re à Lothaire et celle de l'Aquitaine à Pépin, mais il garda Louis auprès de lui en rai-
son de sa jeunesse6. Ce n'est qu'en juillet 817 que ce dernier fut »distingué par (l'oc-
troi) du nom de roi« 7 et reçut un territoire à administrer: la Bavière et le sud-est de
l'empire 8 . Louis ne gagna cependant pas immédiatement son royaume 9 : ce n'est
qu'en 825 ou en 826 que son père l'y envoya10. Auparavant, Louis eut néanmoins
l'occasion de s'initier au métier de roi, que ce soit dans l'art de la diplomatie 11 ou
dans la conduite des armées12. Une fois en Bavière, il disposa d'un propre Palais, que
nous connaissons cependant fort mal13.
Les liens entre Louis et son père demeurèrent bons au cours des années suivantes.
Le jeune roi fut plus spécialement attaché à la famille de Judith, puisqu'en 827, il en
épousa la soeur14, Hemma 15 . Fort vraisemblablement, le mariage eut lieu à la cour de
Louis le Pieux16. Toujours est-il que Louis (le Germanique) s'était rendu en Francia17
et qu'il en revint en 828 accompagné de son épouse 18 . Son séjour à la cour de son pè-
l'église de Freising, pour supposer que Louis se rendit en Bavière avant son »envoi« officiel. Mais
cette mention ne prouve rien de cela, cf. la notice n° 81.
10 Cf. Annales regni Francorum, a. 825, p. 168: (Après le plaid tenu en août) minorem verofilium suum
Hludowicum in Baioariam direxit. Cf. également Astronomus, Vita, c. 39, p. 629. Ceci est confirmé
par une source salzbourgeoise, les Annales s. Rudberti, a. 825, p. 770: Ludwicus in Bawariam venit.
Certains éléments permettent cependant de penser que c'est seulement en 826 que Louis vint en Ba-
vière, cf. B.M. 1338(1300)d et EITEN, Unterkönigtum, p. 117. La date à partir de laquelle les années
de règne de Louis furent comptées tomberait entre le 27 mars et le 27 mai, cf. EITEN, Unterkönig-
tum, p. 118.
11 Le pacte de 817 entre Louis le Pieux et le pape Pascal fut souscrit par les trois fils de l'empereur, cf.
HAHN, Hludowicianum, p. 135.
12 Louis participa à l'expédition militaire contre la Bretagne en 824: Tum demum adunatis undique
omnibus copiis Redonas civitatem terminis Brittaniae contiguam venit et inde diviso in très partes
exercitu duabusque partibus filiis suis Pippino et Hludowico traduis tertiasque secum retenta Britta-
niam ingressus totam ferro et igni devastavit (Annales regni Franc, a. 824, p. 165). Le comte Matfrid
(cf. la notice n° 199) lui fut adjoint pour l'assister dans le commandement de son armée: Partem un-
am aequivoco belli committit, et una/ Matfridum sociat, milia multa simul (Ermoldus, Elegiacum
carmen, IV, v. 2004 sq., p. 152).
13 Cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 120 et p. 122 sq.
14 Annales Xantenses, a. 827, p. 7: Venerunt corpora sanctorum Marcellini et Pétri de Roma, et Ludewi-
cus rex accepit in coniugium sororem Iudith imperatricis.
15 Regino, Chronicon, a. 876, p. 110: Habuit autem hic gloriosissimus rex ... reginam nomine Hem-
mam sibi in matrimonium iunctam, quae nobilis génère fuit, sed, quod magis laudandum, nobilitate
mentis multo prestantior ... Le nom de Hemma est cité à plusieurs reprises dans les diplômes de
Louis le Germanique (elle est dite dilecta coniunx nostra dans un diplôme de 863, cf. Dipl. regum
Germ. 1, n° 110, p. 159). Son nom apparaît également parmi les Welfides dans le livre de fraternité de
Pfäfers, cf. notamment TELLENBACH, Älteste Weifen. Hemma était »schön, tugendhaft und edel«
(DÜMMLER, Geschichte, tome 2, p. 424).
16 On sait que Louis le Germanique ne se maria pas en Bavière, cf. infra. On peut par conséquent diffi-
cilement concevoir qu'il se mariât ailleurs qu'à la cour de son père.
17 Doc. dipl. Freising, n° 553, p. 476: Actum est hoc in III. id. mar. indictione V. anno Hludowici impe-
ratoris XV. in ipso anno, quandofilius eius Hludowicus rex de Baiouuaria rediit in Francia. L'éditeur
date avec raison cet acte du 12 mars 828, qui se réfère cependant pour l'essentiel à l'année 827. En ef-
fet, le notaire avait recours au style de l'Annonciation pour dater cet acte, comme je pense l'avoir
montré dans DEPREUX, Gouvernement, tome 2, vol. 2, p. 1333 sqq., et plus particulièrement p. 1342
sq. J'explique la datation apparemment incohérente de certains actes de Freising par le recours aux
styles de l'Annonciation, tant le pisan que le florentin; mon analyse modifie quelque peu nos con-
naissances sur la géographie et la date des premières traces (le début du IX e siècle et non la fin) du re-
cours au style pisan (à ce propos, cf. HIGOUNET, Style pisan). Je publierai ailleurs une étude sur la da-
tation des actes de Freising.
18 C'est ce qu'attestent plusieurs datations de diplômes de Freising, où il est dit que l'acte fut établi in
ipso anno quofilius eius Hludouuicus rex in Baiouuaria cum coniuge venit, ainsi qu'on le trouve dans
une donation du 29 mars 828 (Doc. dipl. Freising, n° 554, p. 477), le premier document où cette ex-
pression apparaît. Cf. également les actes suivants de l'édition de Th. Bitterauf. Il semblerait que ce
317
une augmentation de leur territoire 31 . Quel que soit le degré de vérité de cette asserti-
on, un élément me semble prouver la haute estime en laquelle, vers 829, Louis le
Pieux tenait son fils homonyme; cela ne fut d'ailleurs peut-être pas sans influence sur
l'étiquette: dans son De imagine Tetrici, le poète Walafrid, avant l'évocation de Ju-
dith et de Charles, mentionne les fils de premier lit de Louis le Pieux: Lothaire, Lou-
is et Pépin 32 . L'ordre dans lequel ils sont cités ne correspond pas à celui de leur nais-
sance: Pépin n'est que »la troisième gemme« après son cadet Louis. N'aurait-on pas
ici le reflet de la manière dont les fils de Louis le Pieux étaient considérés à la cour de
ce dernier?
Comme pour ses autres frères, la période de crise marqua pour Louis une césure.
Elle fut l'occasion d'un changement radical de sa titulature: il abandonna le titre de
»roi des Bavarois« pour celui de »roi« par excellence, c'est-à-dire sans restriction na-
tionale 33 . Ce changement s'accompagna d'une modification de la datation de ses di-
plômes: ils ne furent plus datés d'après les années de règne de son père et de lui-mê-
me, mais seulement d'après ses propres années de règne in orientali Francia34. Cette
évolution ne demeura pas sans répercussion sur la datation des actes privés35. Il sem-
ble par ailleurs que ce bouleversement ne fût pas que de façade, mais qu'il s'avérât
l'expression d'une modification des pouvoirs de Louis. Comme je l'ai dit plus haut,
on ne possède pas de diplôme de Louis le Germanique antérieur à l'année 83036 -
d'où le besoin, de la part des historiens, d'expliquer ceci par la permission d'expédier
des diplômes que, vers cette date, Louis le Pieux lui aurait accordée. Si tant est qu'il y
eût octroi du »droit d'instrumenter« (»Recht der Urkundenausfertigung«) 37 , force
est de reconnaître que ces diplômes étaient, de par leur teneur, essentiellement des ac-
tes privés38. Sur onze diplômes, on compte six donations 39 , trois confirmations de
propriété 40 , et deux autres étant l'un, une confirmation de précaire, l'autre, un acte
d'affranchissement accompagné d'une donation 41 . Or, cette situation changea, pré-
cisément en 833: le diplôme donné à Francfort le 19 octobre, qui marque la césure
quant à la forme, présente la même particularité concernant le fond, puisqu'il s'agit
31 Nithardus, Historia, I, c. 3, p. 12: Quod quia facile confessum, in restauratione ejus otius consensum
est; assumptoque Guntbaldo quodam monacko, sub specie religionis in hoc negotio ad Pippinum Lu-
dovicumque filios ejus occulte direxit, prominens, si in sua restitutione una cum bis qui hoc cupiebant
adesse voluissent, regnum utrisque se ampliare velle. Acper hocperfacile cupide que paruere ...
32 Walahfridus, Carmina, n° 23, v. 158 sqq., p. 375.
33 Cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 126. Le changement se fit entre le 27 mai 833 (Dipl. regum Germ. 1,
n° 11, p. 13: Hludouuicus divina largiente gratia rex Baioariorum) et le 19 octobre de la même année
(Dipl. regum Germ. 1, n° 13, p. 15: Hludouuicus divina favente gratia rex). Entre ces deux dates eut
lieu la déposition de Louis le Pieux, cf. B.M. 926(897)a. Sur le changement de titulature, cf. WOLF-
RAM, Lateinische Herrschertitel, p. 110.
34 Cette césure est également marquée par les deux diplômes mentionnés à la note précédente.
35 Cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 127.
36 Le premier acte, de 829, édité par P. KEHR (Dipl. regum Germ. 1, n° 1, p. 1) n'est pas un diplôme roy-
al, mais une notice de donation. Cette donation donna lieu, ultérieurement, à la confection d'un
faux, cf. B.M. 1339(1301). On se doit à ce propos de rappeler que toute donation par le roi ne don-
nait pas forcément lieu à l'expédition d'un diplôme.
37 EITEN, Unterkönigtum, p. 122.
38 A ce propos, cf. Folia Caesaraugustana 1, p. 116, n° 8.
39 II s'agit des actes n° 4,5, 7, 8, 9 et 12 de l'édition de P. KEHR (Dipl. regum Germ. l).
40 II s'agit des diplômes n° 2, 3 et 11.
41 Ce sont, respectivement, les diplômes n° 6 et 10.
319
du premier diplôme par lequel Louis le Germanique exerça pleinement les prérogati-
ves royales en confirmant à un monastère la protection royale et les privilèges d'im-
munité et de liberté d'élection abbatiale. Ce diplôme était d'autant plus insolent qu'il
niait le partage de 831. En effet, le bénéficiaire n'était autre que l'abbaye de Saint-
Gall, qui se trouvait dans la partie qui, en 829, avait été donnée à Charles 42 et que
Louis venait de se faire attribuer 43 .
L'histoire de Louis le Germanique dans les années trente est tout à fait représenta-
tive des renversements d'alliance et autres revirements chroniques qui marquèrent la
fin du règne de Louis le Pieux. Ce n'est pas ici le lieu d'en étudier le détail; je me res-
treindrai à en rappeler la trame. Un point me semble cependant particulièrement in-
téressant: quand Louis était proche de son père, il intervenait auprès de lui en faveur
de tiers. Trois diplômes jalonnent l'histoire des relations entre le père et le fils, en 829,
834 et 838. Le 6 septembre 829 à Worms, un diplôme fut expédié en faveur du mona-
stère de la Reichenau, sur l'entremise de Louis le Germanique 44 . Ceci ne manque pas
de sel puisqu'à cette époque, l'Alémanie venait d'être attribuée à Charles 45 : les moi-
nes de la Reichenau s'étaient adressés à Louis le Germanique et il acccomplit la dé-
marche qu'ils l'avaient prié de faire, alors qu'ils devaient passer sous l'autorité de
Charles 46 . De même, le 3 juillet 834, un diplôme fut donné à Aix-la-Chapelle en fa-
veur du monastère de Kempten; Louis présenta la requête 47 . C'est en faveur du mê-
me bénéficiaire qu'il sollicita de son père la confirmation d'un échange, en 838 lors
du plaid tenu à Nimègue 48 .
Voici donc pour finir un rappel de l'évolution des relations entre Louis le Pieux et
son fils homonyme au cours des années trente. L'empereur tint les promesses faites
par l'intermédiaire du moine Gombaud: lors du partage de février 831, à Aix-la-Cha-
pelle, il fut prévu l'annexion à la Bavière de nombreux territoires 49 - mais cette mesu-
re ne devait entrer en vigueur qu'après la mort de Louis le Pieux50. La teneur de ce
partage explique cependant pourquoi Louis, en 833, prétendit régner sur la Francia
42 Cf. la carte publiée par ZATSCHEK, Reichsteilungen, p. 193. En 832, Louis le Germanique avait déjà
tenté de s'emparer de l'Alémanie, cf. Annales Bertiniani, a. 832, p. 5 sq.
43 Sur la tri-partition du royaume (Annales Xantenses, a. 833, p. 8: tripertitum est regnum Francorum\
cf. B.M. 925(896)d.
44 B.M. 869(840), éd. Teutscher Regierungsspiegel, p. 83:... dilectus filius noster Ludovicus rex Bavari-
orum innotuit mansuetudini nostraey qualiter dum ad nos Wormatiam ad generale placitum nostrum
venisset, adiit eum vir venerabilis Erleboldus monasterii Augensis abbas ... & quidam ex monachis
suis suggerentes ei, ut nostrae clementiae innotesceret, qualiter... Cf. également Gallus Ohem, Chro-
nik, p. 49.
45 Cf. B.M. 868(839)a.
46 Alors que certains actes de Saint-Gall sont datés d'après le règne de Charles, on ne possède pour la
Reichenau qu'un poème en l'honneur du jeune fils de Louis le Pieux, attestant cependant son auto-
rité sur ce monastère, cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 328.
47 B.M. 929(900), éd. M.B. 28, n° 17, p. 26 sq. (à la p. 26):... petente atque suggerente dilectofilio nostro
Hludowico gloriosissimo rege ... Cf. également Mentions tironiennes, p. 19: Hilduinus abbafieri...
48 B.M. 978(947), éd. P.L. 104, col. 1300 sq. (à la col. 1300) - diplôme donné à Nimègue le 14 juin 838:
... dilectus filius et aequivocus noster Ludowicus gloriosus rex nobis innotuit, eo quod ... Cette dé-
marche eut lieu juste avant la grave crise entre Louis le Pieux et son fils, cf. infra.
49 Regni divisio, p. 24. Cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 123 sq.
50 Regni divisio, p. 21 : post nostrum ab hac mortalitate discessum.
320
orientalis. Le roi des Bavarois fut renvoyé dans son royaume à l'issue du plaid51, ce
qui ne l'empêcha pas de prendre part à l'assemblée tenue à l'automne de la même
année à Thionville 52 . Il n'en demeure pas moins que PAlémanie attirait toujours les
convoitises53. C'est elle que Louis tenta d'envahir en 832. Son père l'en empêcha et le
força à se soumettre à lui, à Augsbourg 54 . Il s'agit d'un tournant dans le règne de
Louis le Pieux: désormais, même le fils qui semblait le plus fidèle avait cessé d'être
fiable. L'on ne s'étonnera donc pas de le voir, en juin 833, au Rotfeld55: c'est lui qui se
chargea temporairement de la garde de Judith 56 . Ensuite, il reçut de Lothaire la per-
mission de s'en retourner dans son royaume 57 après qu'il lui eut promis fidélité58.
Certains expliquent son attitude ultérieure par la volonté de contrer l'ambition de
Lothaire 59 , d'autres par l'indignation devant le sort réservé à son père 60 ; toujours est-
il que Louis, dès l'hiver 833/834, s'efforça de faire mieux traiter Louis le Pieux61, et,
finalement, il travailla à sa libération 62 . C'est d'ailleurs lui qui raccompagna son père
à Aix-la-Chapelle et veilla à sa restauration 63 . En 834, il aida également son père à
poursuivre Lothaire, jusqu'à la rencontre près de Blois64. En suite de quoi, il reçut
congé65.
La participation de Louis aux plaids de son père demeura assidue au cours des
années suivantes. En 835, il prit part à l'assemblée tenue près de Lyon66; en 836, il
était à Worms 67 . Il se trouvait également à Aix-la-Chapelle à l'automne 837: il est ré-
puté avoir alors donné son accord concernant l'attribution à Charles de nouveaux
territoires 68 - faute de pouvoir s'y opposer, si l'on en croit l'Astronome. En effet, au
printemps suivant69, il rencontra son frère Lothaire, mais ils ne trouvèrent aucun
moyen, ni aucun motif, de s'opposer à la politique de Louis le Pieux 70 . Conscient du
danger, ce dernier lui fit jurer, à la mi-avril, de ne rien fomenter à son encontre 71 . En
gage de sa bonne volonté, Louis prit part au plaid tenu par son père au début de l'été
838 à Nimègue: il obéissait ainsi à l'ordre qui lui avait été intimé 72 . Ce plaid fut néan-
moins le théâtre d'un conflit d'importance: Louis le Pieux reprit à son fils les terri-
toires qu'il avait usurpés à la faveur de sa déposition, cinq ans plus tôt 73 . D'après l'au-
teur des Annales de Fulda, Louis le Pieux aurait agi sur les conseils de certains primo-
res74. C'était certes jeter de l'huile sur le feu, mais la mesure avait certainement pour
objet d'éviter que Charles et Louis ne fussent voisins. D'où la révolte de ce dernier,
en fin d'année: il s'empara de Francfort et voulut empêcher son père de franchir le
Rhin 75 . Au printemps suivant, l'empereur eut cependant raison de cette opposition,
son fils ayant pris la fuite76. Le feu couvait néanmoins, et l'empereur en avait cons-
cience77: tenu à l'écart de la réconciliation de l'été 839 entre Louis le Pieux et Lothai-
re ainsi que du partage exécuté entre ce dernier et Charles 78 , Louis reprit les armes
68 Annales Bertiniani, a. 837, p. 22: Post haec adueniente atque annuente Hlodouuico et missis Pippini
omnique populo qui praesentes in Aquis palatio adesse iussi fuerant, dédit filio suo Karolo maximam
Beigarum partent...
69 B.M.971(940)d.
70 Astronomus, Vita, c. 59, p. 643; Nithardus, Historia, I, c. 6, p. 26.
71 Annales Bertiniani, a. 838, p. 23 sq.: ... octavarum sancte Pasche ebdomata iubentepâtre advenit,
subtiliterque discussus, tandem sacramento cum sibi maxime credulis, nihil fidelitati patris atque ho-
nori adversum illo colloquio meditatum firmavit.
72 Cf. le texte des Annales de Saint-Bertin à la note suivante. La présence de Louis le Germanique à
Nimègue est confirmée par Doc. dipl. Fulda, n° 513, p. 226.
73 Annales Bertiniani, a. 838, p. 24: Hlodowicus autem patris praesentiae secundum quod iussum fuerat
sese offere non distulit, habitaque secus quam oportuerat conflictatione verborum, quicquid ultra
citraque Renum paterni iuris usurpaverat, recipiente pâtre, amisit, Helisatiam videlicet, Saxoniam,
Toringiam, Austriam atque Alamanniam.
74 Annales Fuldenses, a. 838, p. 29: Imperator vero mense Iunio Noviomagi conventu generali habito
consiliis quorundam ex primoribus Francorum adquiescens pacti conscriptione Hludowico filio suo
regnum orientalium Francorum, quodprius cum favore eius tenuit, interdixit. On a supposé que les
primores en question furent Otgaire et Adalbert (II), qui selon les dires de Nithardus, Historia, II, c.
7, p. 58, nourrissaient une haine mortelle à l'égard de Louis, cf. B.M. 978(947)a.
75 Annales Bertiniani, a. 838, p. 26.
76 Annales Bertiniani, a. 839, p. 26 sq. D'après Astronomus, Vita, c. 61, p. 645, Louis serait ensuite ve-
nu implorer le pardon de son père.
77 Suite au partage de juin 839, Louis le Pieux interdit à son fils de quitter la Bavière, cf. Annales Berti-
niani, a. 839, p. 33: Imperator autem, indicto generali placito kalendis septembribus erga Cavallo-
nem, legatos ad Hludowicum direxit, praecipiens ut fines Baioariae nullatenus egredi nisi sese iuben-
te présumeret idque sacramento firmari iuberet; sin alias, circa initia septembris ad Augustburg hosti-
liter sibi occursum minime dubitaret.
78 Cf. Astronomus, Vita, c. 60, p. 644: At vero Ludowici animum nonparum haecgesta laeserunt.
322
l'hiver suivant79. C'est lors de la campagne visant à réprimer cette révolte que Louis
le Pieux mourut, peu après avoir renoncé à poursuivre son fils80.
193. LOUP1
Futur abbé de Ferneres, attesté à partir de 829/8302 - mort après 860 3
Il est hors de question de retracer ici la carrière de Loup 4 , qui devint abbé de Ferne-
res au début du règne de Charles le Chauve 5 . De ce disciple d'Aldric de Sens, qui
poursuivit sa formation à Fulda 6 et entretint des relations d'amitié privilégiées avec
Eginhard 7 , J. Fleckenstein 8 , à la suite de L. Levillain9, fit un chapelain de Louis le
Pieux10. L'extrait d'une de ses lettres, cité comme élément de preuve 11 , ne permet en
rien de conclure sur le statut du jeune clerc: il est certain qu'à l'automne 83612, Loup
79 II s'agit toujours du même scénario, toujours des mêmes revendications. Cf. Astronomus, Vita, c. 62,
p. 646:... nuntius Uli (c'est-à-dire Louis le Pieux) advenu, dicens Hludowicum filium suum, assump-
tis quibusdam Saxonibus atque Turingis secum, Alamaniam invasisse; Annales Bertiniani, a. 840, p.
36:... Uli nuntiatum est, Hlodowicus videlicet, filium suum, consueta iam dudum insolentia usque ad
Rhenum regni gubernacula usurpare; Nithardus, Historia, I, c. 8, p. 34: Per idem tempus Lodhuwi-
cus a Baioaria solito more egressus Alamanniam invasit cum quibusdam Toringis et Saxonibus sollici-
tatis; Annales Fuldenses, a. 840, p. 30: Hludowicus filius imperatoris partem regni trans Rhenum
quasi iure sibi debitam affectans per Alamanniam facto itinere venit ad Franconofurt, multorum ad
se orientalium Francorum animis prudenti concilio conversis.
80 Annales Bertiniani, a. 840, p. 36.
fut reçu à Francfort 13 par Louis le Pieux et Judith 14 et qu'un an plus tard, comme l'at-
teste une lettre du 22 septembre 837, il fut convoqué à la cour par l'impératrice 15 ; la
rumeur courait alors qu'il devait recevoir une charge. Force est cependant de recon-
naître notre impuissance à percer ce dont il s'agit. J. Fleckenstein avait appliqué à
Loup le principe ayant dirigé ses recherches: tout clerc attesté au Palais était censé
faire partie de la Chapelle. Il faut cependant souligner que nous ignorons tout de la
fonction que Loup y aurait occupée 16 . D'autre part, l'appartenance de Loup au Palais
n'est pas explicitement prouvée. Tout repose sur le sens du termepromovere 17 . L. Le-
villain l'a compris dans celui de »se mettre en route« 18 ; néanmoins ce verbe, pour des
personnes, signifie plutôt »faire monter en grade«19: par conséquent, il serait peut-
être préférable de comprendre que Loup fut promu au Palais. J'incline donc à penser
que Loup fut appelé à la cour par l'impératrice et qu'elle l'accueillit éventuellement
dans son propre entourage 20 - ceci, bien entendu, sous toute réserve.
194. L O U P SA N C H E 1
Attesté à partir de 801 - mort en 8162
Loup Sanche, chef basque 3 installé par Charlemagne après avoir vraisemblablement
été nourri au Palais carolingien4, participa au plaid tenu à Toulouse au printemps 801
13 Hildegarius, Vita s. Faronis, p. 622: ... accidit aliquando abbatipraefato (il s'agit d'Eudes) itinere
eum (il s'agit de Loup) sibisociari, quo palatium quodvulgo dicitur Franghenecurt attingeret.
14 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 11, p. 82 sqq., ici p. 84: Superiore anno, annitentibus amicis, in
praesentiam imperatoris deductus sum et ab eo atque regina benigne omnino exceptas ...
15 Ibid.: ...et nunc, hoc est X kalendas octobrium, indictione I, ad palatium, regina,, quae plurimum va-
let, evocante, promoveo, multique existimant fore ut cito mihigradus dignitatis aliquis conferatur.
16 II est en tout cas certain que la charge que d'aucuns promettaient au jeune Loup était, à l'époque de
la lettre, évoquée de manière fort vague (gradus dignitatis aliquis). Il me semble exclu d'y reconnaître
une allusion à un quelconque office palatin.
17 Dans le membre de phrase:... ad palatium ... promoveo ...
18 Lupus, Correspondance, tome 1, p. 85: »... je me rends au palais ...«
19 Cf. GAFFIOT, Dictionnaire, p. 1254.
20 En effet, Loup ne répondit pas à un ordre que l'empereur lui aurait donné sur la proposition de son
épouse, mais à la propre convocation de l'impératrice: regina evocante. A noter que SEVERUS, Lupus,
p. 33, qui observe que Loup fut »von der Kaiserin an den Hof gerufen«, est d'avis que rien n'aboutit
alors pour lui: »Zwar hatten sich die Hoffnungen für seine eigene Person, mit denen Lupus zu Hofe
gereist war, damals nicht erfüllt, aber es war vorausgesehen, daß Karl d. K., in allem dem Einfluß sei-
ner Mutter unterstehend, früher oder später die Treue derjenigen suchen mußte, die sich Judiths
Gunst erfreut hatten« (ibid., p. 33 sq.).
par Louis le Pieux, auquel il déconseilla d'engager une campagne militaire5. Néan-
moins, on le retrouve parmi les chefs de l'armée franque lors du siège de Barcelone 6 .
195. MACÉDON 1
Notaire, puis abbé, attesté d'avril 820 à février 840
Le notaire Macédon 2 , qui est mentionné sans titre, apparaît dans trois diplômes de
Louis le Pieux pour l'abbaye de Farfa, donnés tous trois le 28 avril 820 à Aix-la-Cha-
pelle, et dont il fit la récognition 3 . Depuis l'édition des diplômes de Lothaire par Th.
Schieffer, il convient de l'identifier avec deux autres personnages italiens4: avec le
notaire Maredo ayant procédé à la récognition du diplôme que donna l'empereur as-
socié en faveur de l'église cathédrale de Corne, le 4 juin 823 à Rankweil 5 , et du diplô-
me délivré pour cette même église le 3 janvier 824 à Compiègne 6 - l'on en conclut
que le notaire accompagna Lothaire lors de son retour à la cour franque après son
couronnement à Rome. Avec l'abbé Macédon également, qui assista au plaid réuni en
février 840 à Lucques et présidé par le comte du Palais Maurin, alors missus de Lo-
thaire 7 . De par le caractère spécifique des préambules des diplômes de Louis le Pieux
dont Macédon fit la récognition, phénomène dont on trouve d'ailleurs confirmation
dans les deux diplômes de Lothaire 8 , j'ai conclu à l'originalité de Macédon au sein de
la »chancellerie« de Louis le Pieux 9 : il semble vraisemblablement italien et il n'exerça
éventuellement ses fonctions de notaire à la cour de Louis que concernant des actes
en faveur de son abbaye d'origine. L'hypothèse de l'établissement du diplôme par les
soins du destinataire 10 - en l'occurrence Farfa - est par conséquent à poser ici11.
5 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. I, v. 164 sqq., p. 16 sqq.: ... atque Lupus fatur sic Santio contra,/
Santio, quipropriae gentis agebat opus,/ Wasconum princeps, Caroli nutrimine fretus,/ Ingenio atque
fide qui superabat avos:/ »Rex, censura tibi, nobis parère necesse est,/ Haustus consilii cujus ab ore
fluitJ Si tarnen a nostris agitur modo partibus haec res,/ Parte mea, testor, pax erit atque quies«. Guil-
laume de Toulouse, au contraire, préconisa le recours aux armes.
6 Ibid., v. 310, p. 28.
196. MAGNAIRE 1
Attesté en 794
Le comte Magnaire est un personnage qu'il est bien difficile de cerner 2 . K. Brunner a
mélangé l'étude des noms Meginhard 3 et Meginhari 4 , ce qui me semble peu souhaita-
ble 5 : il est donc à exclure que le personnage qui nous intéresse ici fût identique avec le
Meginhardus nommé, en 811, parmi les témoins du testament de Charlemagne 6 ; ce
personnage fit partie des Francs députés pour conclure la paix avec les Danois la mê-
me année 7 . En revanche, Magnaire était éventuellement identique avec le comte Me-
ginheri cité également parmi les témoins du testament de Charlemagne 8 . L'Astrono-
me relate que Charlemagne envoya en Aquitaine auprès de Louis le Pieux un conseil-
ler du nom de Magnaire 9 . Il est presque certain10 que c'est le même personnage qui, le
3 août 794 n , souscrivit en seconde position le diplôme délivré par le roi Louis le
1 Formes onomastiques: Magnarius, Meginarius, Meginheri (?), Magenharius (?), Meginharius (?).
2 Je ne retiens pas ici le comte Magnaire ayant procédé sur l'ordre de Louis le Pieux à un échange entre
l'abbaye de Corbie et le fisc, qui reçut à cette occasion la villa Audriaca (Orville), comme il appert
du diplôme B.M. 821(797). Ce comte est désigné comme actor noster dans le diplôme de Louis le
Pieux, et c'est à ce titre que SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 245, le compte au nombre des »Hofbe-
amte«, parmi les »Amtleute der Krongüter«. La gestion de biens du fisc par un comte ne suppose ce-
pendant pas que ce dernier fût membre du Palais, ce qui ne signifie pas qu'il ne fût point important
(sur l'importance de certains administrateurs des fiscs, cf. METZ, Karolingisches Reichsgut, p. 149).
Quant à l'identification de ce comte, elle est à mon sens impossible à établir (SIMSON, ibid., note 6,
est revenu sur l'identification avec le comte de Sens, proposée par lui au tome 1 de ses »Jahrbücher«,
la jugeant, à la réflexion, »mindestens zweifelhaft«). On a supposé que c'est ce personnage qui eut un
différend avec Hélisachar et Heimin nécessitant l'arbitrage des missi de l'empereur, mais ceci n'est en
rien assuré (Responsa, c. 9, p. 315: Querelam quam Hélisachar et Heiminus contra Maginarium ha-
bent: volumus ut missi nostri secundum iustitiam et aequitatem definiant). Sur ce personnage, cf.
METZ, Karolingisches Reichsgut, p. 1 5 0 sq.
3 J'en profite ici pour signaler que je ne retiens pas dans cette prosopographie le Meginhardus attesté
en 819 en Pannonie comme vassus dominici (Doc. dipl. Freising, n° 419, p. 359 sq.). On a éventuelle-
ment affaire à un parent avec le Meginhart ayant donné son heréditas à l'église cathédrale de Passau
en 791 ou 796 (Doc. dipl. Passau, n° 34, p. 31 sq.). A noter qu'un homonyme est attesté vers le milieu
du IXe s. comme comte du Palais en Bavière. Cf. STÖRMER, Früher Adel, tome 2, p. 419 sq.
4 BRUNNER, Oppositionelle Gruppen, p. 79.
5 J'en veux pour preuve que le nom du notaire Méginaire (voir la notice n° 201) n'apparaît dans aucun
des diplômes de Louis le Pieux dont il fit la récognition (un peu plus d'une quinzaine) sous la forme
Meginhardus. L'on ne peut pas confondre les suffixes -harius et -hardus. La transformation du nom
de Magnarius/Meginarius en »Meginhard« qu'opère BRUNNER, Oppositionelle Gruppen, p. 79, est à
proscrire. D'ailleurs, MENKE, Namengut, p. 151, distingue bien Meginhardus (dont il renvoie l'ex-
plication du suffixe -hardus à Adalhardus, p. 77) de Meginarius (dont l'explication du suffixe -
(h)arius est donnée au nom Bern(h)arius, p. 89).
6 Einhardus, Vita Karoli, c. 33, p. 100.
7 Annales regni Franc, a. 811, p. 134.
8 Einhardus, Vita Karoli, c. 33, p. 100.
9 Astronomus, Vita, c. 7, p. 611: Hahehat autem tune temporis Meginarium secum, missum sibi a pâ-
tre, virum sapientiem et strenuum, gnarumque utilitatis et honestatis regiae.
10 Je rejoins ici BRUNNER, Oppositionelle Gruppen, p. 67 sq. DICKAU, Kanzlei, 1ère partie, p. 35, a
cherché à identifier avec l'abbé de Saint-Denis le personnage ayant souscrit le diplôme de Louis.
Cette hypothèse ne tient pas, cf. DEPREUX, Kanzlei, p. 156.
11 Cette année coïncide d'ailleurs avec la chronologie interne du récit de l'Astronome.
326
197. MAGNE 1
Chapelain, attesté de 822/823 à 824
Le chapelain Magne 2 était avec Wala en 823 3 en Italie et il rendit un jugement concer-
nant le droit de pêche de l'abbaye de Nonantola 4 . En décembre 824 à Reggio, il sié-
gea lors du plaid tenu par Wala lors de son retour de Rome 5 . J. Fleckenstein a consi-
déré que Magne, détaché par Louis de sa propre Chapelle, faisait partie de celle de
12 B.M. 516(497), éd. Ch.L.A., n° 681. Sur les souscripteurs de ce diplôme, cf. DEPREUX, Kanzlei, p. 156
et supra, la partie d'analyse II A.
13 BRUNNER, Oppositionelle Gruppen, p. 30: »Als Meginhar zum ersten Mal in der Umgebung Lud-
wigs des Frommen erwähnt wurde, war der König bereits sechzehn Jahre alt. Man wird also nicht
mehr an ein Baiulat im engeren Sinn denken, sondern annehmen, daß Meginhar bei den damals an-
stehenden Reformen in Aquitanien mitarbeiten sollte«.
14 Ibid., p. 79. En revanche, le comte de Narbonne Magnaire eut dès environ 800 un successeur, cf.
WOLFF, Aquitaine, p. 290. C'est ce comte que je tends à reconnaître dans le conseiller de Louis le
Pieux, cf. infra.
15 C'est ce qui appert de B.M. 949(918).
16 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 113 note 9. Il est suivi par BRUNNER, Oppositionelle Gruppen, p.
49.
17 On sait juste que Rainier était le fils d'un certain comte Maginaire, dont le grand-père maternel,
Hardrad, s'était révolté contre Charlemagne: ... et Reginharius Meginharii comitis filius, cuius ma-
ternus avus Hardradus olim in Germania cum multis ex ea provincia nobilibus contra Karolum im-
peratorem coniuravit (Annales regni Franc, a. 817, p. 148). Theganus, Vita, c. 29, p. 623, n'est pas
aussi précis quant à l'origine du conjuré.
18 Doc. dipl. Languedoc, n° 10, col. 57 sq. Cf. WOLFF, Aquitaine, p. 290 et p. 292 note 176.
Lothaire 6 - ce qui reste à prouver. Mais qu'il ait accompli sa mission en Italie en res-
tant attaché au Palais de Louis le Pieux ou qu'il en ait été détaché pour servir Lothai-
re, toujours est-il qu'il dut, pour le moins avant son activité en Italie, appartenir à la
Chapelle de Louis le Pieux.
198. MARCWARD 1
Abbé de Prüm, attesté à partir de 826/829 - mort avant 859/860
C'est entre 826 et 829 que Marcward, que le diacre Wandalbert qualifia en ses Mi-
racles de saint Goar de sanct(us) et amantissim(us) pater2, succéda à l'abbé Tancrade à
la tête de l'abbaye de Prüm 3 . Il est attesté pour la première fois le 7 janvier 831: par un
diplôme donné à Aix-la-Chapelle et sur la requête de l'abbé, Louis le Pieux confirma
alors un échange concernant les biens de l'abbaye de Prüm 4 . Etant donné la proxi-
mité géographique de cette abbaye et du palais d'Aix-la-Chapelle, l'on ne peut pas en
conclure que Marcward participa au plaid réuni le 2 février de cette année en ce lieu5.
De même, l'on ignore s'il prit part au plaid convoqué en mai 831 à Ingelheim6; tou-
jours est-il que la cour s'arrêta à Prüm alors qu'elle se rendait à cette assemblée7.
6 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 114: »Wenn uns z. B. im Jahre 824 der Kapellan Magnus in der Be-
gleitung des Königsboten Wala in der Nähe von Reggio begegnet, so dürfen wir daraus schließen, daß
Magnus ebenso wie Wala, der paedagogus augusti Caesaris, von Ludwig d. Frommen seinem Sohn
Lothar beigegeben worden ist«. Cf. également ibid., p. 126.
L'important est que nous observons la faveur dont jouissait l'abbé de Prüm durant
l'année qui suivit la »révolte loyale«: il n'y prit donc vraisemblablement pas part.
C'est en 834 qu'éclata au grand jour la fidélité qu'entretenait l'abbé de Prüm pour
Louis le Pieux. Après le sac de Chalon-sur-Saône, l'empereur envoya des légats au-
près de son fils Lothaire pour le ramener à la raison: Marcward était à leur tête 8 . Or,
que ce fût peu avant sa mission ou au retour 9 , nous voyons l'abbé de Prüm dans l'en-
tourage de Louis le Pieux: Marcward et une délégation de moines demandèrent à
l'empereur de confirmer la donation faite par l'un de ses vasalli au monastère de
Prüm où il voulait se faire moine, ce qui leur fut accordé le 20 juillet 834 à Thionvil-
le10. En revanche, bien qu'il fût tenu au courant par l'abbé de Fulda des conditions de
la détention de l'archevêque de Reims 11 , Marcward ne participa pas au plaid réuni le
2 février 835 à Metz 12 au cours duquel Ebbon fut jugé et à la suite duquel Louis le
Pieux fut solennellement réconcilié avec l'Eglise. En effet, le 6 février 835, l'abbé de
Prüm était à Ingelheim, où il procédait à un échange13. Il est cependant vraiment
étonnant que Marcward n'ait pas participé à ce procès, puisqu'il semblerait qu'il ait
été incité par l'abbé de Fulda à intervenir auprès du jeune Charles (le Chauve), alors
âgé d'une douzaine d'années, en faveur d'Ebbon. D'après l'indication trop laconique
que nous fournit la compilation des lettres de Fulda, il semblerait donc que d'aucuns
aient tenté, par l'intermédiaire du prince cadet, de rendre Louis le Pieux clément14.
Cette compilation est par ailleurs fort précieuse: par elle, nous savons que l'abbé de
Prüm était (vers 835) le précepteur du jeune Charles 15 . L'on ne s'étonnera donc pas
de rencontrer fréquemment Marcward à la cour.
Il me semble que la mention d'une éventuelle intervention de Marcward auprès de
Charles pour la réhabilitation d'Ebbon, démarche qui ne peut se situer chronologi-
quement qu'en 835, prouve que l'abbé de Prüm était bien alors son précepteur. Ceci
prouve également que Marcward continua de s'occuper du jeune prince bien après le
temps où ce dernier lui fut confié par Lothaire. En effet, suite à la déposition de Lou-
is le Pieux en 833, Charles avait été séparé de son père et mis en résidence surveillée à
Prüm 16 . Etait-ce malveillance de la part de Lothaire? Pas forcément. Si rien ne permet
8 Theganus, Vita, c. 53, p. 601: Post hoc misit legatos suos imperator ad illum, Marachwardum venera-
bilem abbatemy cum ceteris fidelibus suis, cum epistolis exortatoriis ... Theganus, Vita, c. 54, p. 602:
Postquam Hlutharius locutus fuisset cum supradictis missist legationem eorum grave ac dure suscepit,
et minas eis promisit, quod adhuc non est impletum, neque postmodum fiet. Uli revertentes ab eoy ve-
nerunt ad imperatorem, nuntiantes ei omnia quae audierant.
9 La date du siège de Chalon n'est pas connue avec précision, cf. B.M. 1045(101 l)a.
10 B.M. 930(901). La présence de l'abbé de Prüm hors des transrhenan(es) part(es) à cette époque est
confirmée par une lettre de Loup de Ferneres (Lupus, Correspondance, tome 1, n° 11, p. 82).
11 Cf. Epistolarum Fuldensium fragmenta, p. 520.
12 B.M. 938(909)a.
13 Doc. dipl. Rhin moyen, n° 62, p. 70: Placuit atque convenu inter venerabilem virum Aganonem
exactorem palatii Ingilenheim et egregium virum Marcuardum abbatem Prumiensis monasterii
quasdam res per licenciam et iussu domni imperatoris commutare inter se pro communi et utilitatis
compendioy quod ita etfecerunt.
14 Epistolarum Fuldensium fragmenta, p. 520 sq.: Abbas Fuldensis in epistola ad Marquardum Pru-
miensem petity ut pro Ebbone restituendo ad Carolum imperatoris filium intercédât.
15 Ibid., p. 521: Marcwardus, vir astutia et hypocrisi clarus, successit (Tancrado) praeceptor Caroli, Lu-
dovicifiliiy utpatet ex epistola abbatis Fuldensis ad eundem.
16 Annales Bertiniani, a. 833, p. 9 sq.: ... et filium eius Karolum Uli auferensy ad monasterium Pronee
transmisit, undepatrem nimium contristauit. A ce sujet, cf. NELSON, Charles the Bald, p. 91 sq. Lau-
329
d'affirmer que Marcward était déjà le précepteur de Charles 17 , force est de reconnaî-
tre que son comportement donna satisfaction, puisqu'il continua de s'occuper du jeu-
ne Charles après la restauration de Louis le Pieux. Le 25 mai 835 à Albisheim, Marc-
ward est de nouveau attesté dans l'entourage de Louis le Pieux, qui fit une donation
à son monastère 18 . Peut-être l'abbé de Prüm prit-il part à l'assemblée convoquée en
juin de la même année dans Xzpagus de Lyon19. Le 10 septembre 835, Louis le Pieux
était à Prüm et, sur la requête de l'abbé, il confirma un acte d'échange conclu par ce
dernier20. A une date indéterminée, mais vers la fin du règne de Louis 21 , le passage de
l'empereur à Saint-Goar est attesté. Il y rencontra l'abbé Marcward 22 . Au début de
l'année 836, l'abbé de Prüm fut, cette fois en Italie, de nouveau envoyé par Louis le
Pieux auprès-de Lothaire pour exhorter le fils à s'entendre avec son père 23 , comme en
témoigne une lettre de Loup de Ferneres 24 . C'est la dernière mention que nous ayons
de l'activité de Marcward sous Louis le Pieux. Il est encore attesté en 84325; il mourut
avant 859/86026.
199. MATFRID 1
Comte d'Orléans, attesté à partir de mars 8152 - mort à l'automne 836
On n'étudiera pas ici en détail la vie et l'action du comte d'Orléans Matfrid3. Etant
donné que je viens de lui consacrer une étude, je me permets d'y renvoyer 4 et je n'en
présenterai ici qu'un résumé. L'influence de Matfrid à la cour est notamment attestée
par une lettre de l'archevêque Agobard 5 et par un poème de l'évêque Modouin 6 . O n
trouve d'ailleurs le nom de Matfrid dans la formule TV. ambasciavit de plusieurs di-
plômes de Louis le Pieux: en 817 pour l'abbaye de Saint-Gall 7 et en 823 pour l'église
teur semble ignorer le passage de la compilation des lettres de Fulda prouvant les liens entre l'abbé
de Prüm et Charles après 834.
17 NELSON, Charles the Bald, p. 91, exclut formellement cette hypothèse: »Separated from his tutor...«
18 B.M. 941(910).
19 B.M.941(910)a.
20 B.M. 948(917).
21 Cf. la notice n° 115.
22 Wandalbertus, Miracula s. Goaris, c. 30, p. 371.
23 Sur cette mission, cf. Annales Bertiniani, a. 836, p. 18: (après la Noël 835) missos iterum ad Hlothari-
um direxit, monentes eum.oboedientiae ac reuerentiae paternae pacisque Uli concordiam multiplicen-
ter inculcantes.
24 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 5, p. 42: Namque venerabili viro Marcwardo ... cum in Italiam
legatus mitteretur ... (la lettre date de mai 836).
25 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 28, p. 130 sqq. et n° 30 p. 136 sqq.
26 Lupus, Correspondance, tome 2, n° 110, p. 150: l'abbé Marcward est mentionné beatae memoriae.
cathédrale de Strasbourg 8 . Dans un diplôme de 821 pour Saint-Gall, Matfrid est cité
avec Tarchichapelain Hilduin 9 . Dans d'autres diplômes, on voit également Matfrid
intervenir: en 815 pour que Louis le Pieux confirmât la précaire d'un comte 10 ; à une
date inconnue, il intercéda concernant la restitution de biens au vassal Richard 11 . En
823, à Francfort, Matfrid présenta aussi une requête en lieu et place du requérant,
dont il avait probablement étudié la demande auparavant12.
Le prestige de Matfrid à la cour est d'autre part attesté par Ermold le Noir, qui le
montre accueillant Harold en 82613 et accompagnant Judith lorsque le cortège
impérial entra dans l'église après le baptême du prince danois H . A cette occasion, le
comte d'Orléans portait une couronne 15 . De l'examen des diplômes mentionnés plus
haut, l'on peut conclure que Matfrid participa au plaid de juillet 817 au cours duquel
POrdinatio imperii fut promulguée; il était également à Attigny en août 822, quand
l'empereur confessa ses erreurs en public; sa présence est d'autre part attestée à Franc-
fort en juin 823, pour la naissance de Charles (le Chauve). Matfrid est également atte-
sté comme missus dominicusu. O n a supposé que c'était le comte d'Orléans, vraisem-
blablement originaire de l'Eifel17, qui était à l'origine de la déposition de Théodulf,
l'évêque de cette cité accusé d'avoir trempé dans le complot de Bernard d'Italie. Un
revirement politique est en effet difficilement compréhensible, et il est plus vraisem-
blable que Matfrid ait cherché à évincer un rival à son pouvoir dans la région de la
Loire moyenne 18 . Il ne semble cependant pas qu'il y gagnât grand-chose 19 . Le seul
établissement religieux dont on sait que Matfrid était à la tête est l'abbaye de Meung-
sur-Loire 20 .
Le comte d'Orléans commanda aussi des armées. Lors de l'expédition de 824 en
Bretagne, il était à la tête de celle menée officiellement par le jeune Louis (le Germa-
nique) 21 . Il fut également dépêché en 827 dans la Marche d'Espagne, pour venir au
secours du comte de Barcelone, Bernard 22 . Matfrid et son collègue de Tours (vrai-
8 B.M. 773(748).
9 B.M. 735(711).
10 B.M. 579(559).
11 B.M. 813(789) = Formulae imperiales, n° 49, p. 323 sq. A ce propos, cf. DEPREUX, Matfrid, p. 341 no-
te 66.
12 B.M. 775(750).
13 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2174 sqq., p. 166.
14 Ibid., v. 2302 sqq., p. 176.
15 A ce propos, cf. DEPREUX, Matfrid, p. 344 sq.
16 B.M. 770(745).
17 Cf. HLAWITSCHKA, Anfänge, p. 158 sq.
18 Sur cette nouvelle explication fournie par les historiens ayant dernièrement travaillé sur ce problè-
me, cf. DEPREUX, Poètes, p. 313.
19 Je montre ceci dans DEPREUX, Matfrid, p. 347 sqq.
20 B.M. 760(735).
21 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2004 sqq., p. 152.
22 Astronomus, Vita, c. 41, p. 630.
331
200. MAURING 1
Comte de Brescia, attesté à partir de l'été 823 - mort en 8242
Suite au retour de Lothaire à la cour de Louis le Pieux en juin 823, le comte de Bre-
scia, Mauring 3 , fut adjoint au missus de l'empereur, Adalhard, afin d'assurer le gou-
vernement en Italie4. A la mort d'Adalhard (II), qui avait été promu duc de Spolète,
Mauring lui succéda à cet bonor, vraisemblablement à l'automne 8245, et il mourut
lui aussi quelques jours plus tard 6 .
23 On suppose en effet que Hugues épousa la soeur de Matfrid, cf. KRÜGER, Ursprung, p. 7; VOLLMER,
Etichonen, p. 167. Arbre généalogique dans DEPREUX, Matfrid, p. 361.
24 Annales regni Franc, a. 827, p. 173.
25 Annales regni Franc, a. 828, p. 174.
26 J'évoque cette hypothèse dans DEPREUX, Matfrid, p. 359 sq.
27 Theganus, Vita, c 36, p. 597.
28 Astronomus, Vita, c 44, p. 633. Sur Eudes, cf. la notice n° 93.
29 Nithardus, Historia, lib. I, c. 5, p. 20; Astronomus, Vita, c 52, p. 638.
30 Theganus, Vita, c 55, p. 602.
31 Astronomus, Vita, c. 56, p. 642. Sur la date, cf. TREMP, Studien, p. 20.
201. MÉGINAIRE 1
Notaire, attesté du 26 janvier 826 au 25 juin 8492
Méginaire 3 , toujours désigné dans le texte des actes par le titre de notarius et en réa-
lité diacre 4 , fit la récognition d'un peu plus d'une quinzaine de diplômes de Louis le
Pieux. Il est attesté pour la première fois le 26 janvier 826, dans un acte pour l'abbaye
de Prüm donné à Aix-la-Chapelle 5 . Il prit part aux divers déplacements de la cour
dans les années suivantes 6 . Notons qu'il était dans l'entourage de Louis le Pieux juste
avant l'orage du début de l'été 833: en juin, il était à Worms 7 , alors que l'empereur
cherchait à rassembler des troupes contre ses fils8. O n retrouve Méginaire en décem-
bre 834 à Attigny, où il fit la récognition d'un diplôme pour l'église cathédrale de
Gérone 9 . Mais ensuite, c'est le silence pour environ cinq ans. Méginaire est attesté à
Poitiers, 16 novembre 839, dans un diplôme pour l'église cathédrale du Mans 10 . Il
passa l'hiver en Poitou avec Louis le Pieux11 et il accompagna l'empereur lors de son
ultime déplacement: quelques diplômes dont il fit la récognition jalonnent la marche
de Louis contre son fils rebelle, les étapes étant Salz12, Ketzicha 13 et Francfort 14 .
Puisque cette nouvelle apparition de Méginaire dans l'entourage de Louis le Pieux
correspond à l'époque de sa réconciliation avec Lothaire 15 , accompagnée d'ailleurs
de la réconciliation avec certains de ses anciens serviteurs16, l'on pourrait se deman-
der si le notaire de Louis le Pieux n'aurait pas, au coeur du froid entre le père et le fils,
quitté le premier pour se rendre auprès du second. Ceci n'est rien de plus qu'une hy-
pothèse 17 . Quoi qu'il en soit, Méginaire avait, à la fin du règne de Louis le Pieux, in-
contestablement monté en grade puisqu'on sait qu'il scella un acte18, fait qui prouve
202. MODOUIN 1
Evêque d'Autun 2 , attesté de 815 à décembre 840 3
L'évêque d'Autun Modouin 4 , qui fut lié d'amitié avec Théodulf d'Orléans même du-
rant l'exil de ce dernier 5 , est attesté pour la première fois en 815: le 22 juillet à Pader-
born, il obtint de Louis le Pieux la confirmation du privilège d'immunité de son égli-
se cathédrale 6 . Il s'ensuit qu'il participa alors au plaid tenu par l'empereur 7 . Nous le
retrouvons quinze ans plus tard à Langres où il participa à l'assemblée synodale qui y
fut tenue le 20 novembre 8308. A une date inconnue, mais antérieure au 10 octobre
8369, l'évêque d'Autun fut l'un des missi envoyés par Louis le Pieux à Flavigny pour
y procéder au partage des menses abbatiale et conventuelle10. Modouin mérite
d'autant plus d'être étudié ici qu'il se montra toujours fidèle à Louis le Pieux, même
au coeur de la tourmente de juin 833, si l'on en croit l'auteur d'une adjonction aux
Annales de Saint-Bertin sur le ms. 706 de la Bibliothèque de Saint-Omer (écrite vers
l'an mil): au »Champ du mensonge«, il demeura fidèle à l'empereur 11 . D'autre part,
un détail prouve que Modouin jouissait de la confiance de Louis le Pieux: il fut l'un
des juges d'Ebbon, en mars 835 à Thionville12. Il semble donc que l'on doive compter
Modouin parmi les évêques influents auprès de Louis. Que l'évêque d'Autun ait joui
d'un prestige certain, c'est ce que laisse supposer le fait que les Pères du concile de
203. MONOGOLD 1
Comte, attesté vers 825/826
Le comte Monogold est attesté vers 825 comme missus de l'empereur dans la provin-
ce ecclésiastique de Besançon 2 . Il est par ailleurs attesté avec l'évêque qui partageait
cette charge avec lui - on voit à cet égard le rôle d'enquête joué par les missi lors d'af-
faires déférées devant l'empereur 3 .
204. NIDHART 1
Attesté en avril 822
Le 3 avril 822 lors d'un plaid tenu à Ergolding, en Bavière, Nidhart intervint en tant
que missus dominicus et il interpela l'évêque de Freising au sujet du statut de l'église
d'Oberföhring 2 . Bien que la Bavière fût depuis 817 attribuée à Louis le Germani-
que 3 , nous avons la preuve que ce regnum était sous l'administration directe de l'em-
pereur avant qu'il n'y envoyât son fils, à l'automne 825 d'après le témoignage de l'an-
naliste4, puisque ce missus dominicus et son compagnon 5 agirent sur l'ordre de l'em-
pereur {a domno imperatore eis iniunctum fuisse). On retrouve le nom de Nidhart
dans de nombreux actes privés et notices de plaid en Bavière. Peut-être s'agit-il à cha-
que fois du même personnage, mais rien ne permet cependant de prouver l'identité
du missus avec son/ses homonyme(s) cité(s) comme fidei iussor en 8226 et comme té-
moins) en 814, en 817 et 818, en 821 et 822, en 824 et 825, en 828 et les deux années
suivantes, en 836 et en 841 7 . Nidhart ne semble pas avoir porté de titre comtal - ceci
vaut également pour les autres personnages au cas où il n'y aurait pas identité. Deux
documents se rapportant à un même Nidhart, vraisemblablement identique avec le
missus de Louis le Pieux, permettent néanmoins de cerner ce personnage d'un peu
plus près. En 816, il reçut de l'évêque Hitto l'église de Pirhtilindorf que son père avait
13 Concilium Parisiense, p. 483.
205. NOMINOÉ1
Comte de Vannes2, missus en Bretagne, attesté à partir de juin 8323 - mort en 851 4
Il n'est pas question ici de traiter en détail de Nominoé, ce qui consisterait à para-
phraser l'étude approfondie de H. Guillotel 5 . Ce Breton qui reçut un pouvoir non
seulement sur le comté de Vannes mais sur toute la Bretagne organisée en missaticum,
ce qui appert des diverses datations du Cartulaire de Redon 6 , resta fidèle à la cause
carolingienne du moins pendant tout le règne de Louis le Pieux 7 . O n sait les déboires
que connut Conwoion pour faire confirmer par Louis le Pieux la fondation de son
abbaye de Redon 8 . L'intervention de Nominoé fut décisive pour débloquer la situati-
on. La donation qu'il fit à Redon le 18 juin 834, c'est-à-dire en pleine crise politico-
militaire dans la région 9 , est un document fort précieux qui prouve l'attachement de
Nominoé à Louis le Pieux puisque celui qui s'intitulait son missus déclarait faire cet-
te donation in elemosine Hlodouici imperatoris en motivant notamment sa décision
ainsi: considerans querelam ac tribulationem quam habet domnus noster imperator
Lodouicus10. Quelques mois plus tard, Louis le Pieux confirma cette donation, d'a-
près la requête de Conwoion et sur l'intervention de Nominoé 11 , qui avait dépêché
auprès de l'empereur son légat, Worworet 12 . A cette occasion, Louis le Pieux adressa
d'ailleurs éventuellement un mandement à Nominoé 13 . Un peu plus tard, à une date
difficile à établir14, Louis le Pieux fit de nouveau une donation à Redon simul et hor-
tatu atque interventu fidelis nostri Nominoé commoniti15. Certes, l'auteur décrivant
Nominoé comme un intimus secretorum ... regalium16 avait tendance à enjoliver, car
7 Gesta s. Rotonensium, p. 109: Nominoéprinc(eps), qui regebat Mo temporepaene totam Britanniam,
primitus ex iussione Ludouici imperatoris; postea uero suo arbitrio omnem prouinciam inuaserat. Sur
la situation après Louis le Pieux, cf. GUILLOTEL, Temps des rois, p. 251 sqq.
8 Cf. SMITH, Culte impérial; GUILLOTEL, Temps des rois, p. 241 sq.
9 Cf. B.M. 928(899)b.
10 Doc. dipl. Redon, n° 2, p. 1 sq.
11 Attigny, 27 novembre 834. B.M. 933(904), éd. Doc. dipl. Redon, n° 6, p. 355 sq. (à la p. 355): Cujus
precatu permotiy simul et oratu atque interventu fidelis nostri Nominoé commoniti, complacuit sere-
nitati nostrae ...
12 Gesta s. Rotonensium, p. 139.
13 Ibid.: Fecit ei (il s'agit de Conwoion) praeceptionem de sancto loco Rotonensi et deplebibus supradic-
tisy atque annulo suo signare iussit, uidentibus cunctis qui in palatio commorabantur, et mandauit hoc
factum Nominoé principi per Uuoruuoret legatum suum ... Il y eut éventuellement établissement
d'un acte (sur ce type de document, cf. TESSIER, Diplomatique, p. 70 sq.), dont B.M. 553(534) pré-
sente un exemple concernant Saint-Denis.
14 Ce diplôme est daté de 836 par DAVIS, Composition, p. 89, du 27 août 837 par BRUNTERC'H, Duché
du Maine, p. 62 et du 30 août 838 dans les Regesta imperii et par POULIN, Dossier hagiographique, p.
147. Je m'en tiens à cette dernière date. Les auteurs des Regesta imperii et J.-Cl. Poulin privilégient la
mention de Y actum (il faut retenir une année pendant laquelle Louis le Pieux se trouvait à Quierzy
vers la fin du mois d'août). Or, l'acte est daté de la vingt-troisième année du règne de Louis le Pieux,
ce qui correspond à l'année 836 (année retenue par W. Davis), et de la quinzième indiction, ce qui in-
cite à dater cet acte de 837. C'est ce que proposa SICKEL, Acta regum, p. 348 sq. (à propos de L. 324,
l'acte en question étant L. 353). En effet, à cette époque, le style grec était abandonné au profit de ce-
lui du 25 décembre - 1er janvier, cf. SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 276; TESSIER, Diplomatique, p.
99. BRUNTERC'H, Duché du Maine, p. 62 note 197, retient également cette année 837. Comme il le
note à juste titre, le diplôme ne peut pas dater de 836. En revanche, la date qu'il propose (27 août 837)
doit être revue en ce sens que le troisième jour des calendes de septembre est le 30 août, non le 27.
Quant à l'année, si l'on peut proposer d'amender le datum pour établir une datation en 837, la men-
tion de Y actum ne se comprend que si l'on juge »possible« le »retour« de Louis »de Nimègue à (Aix-
la-Chapelle via) Quierzy« (cf. SICKEL, Acta regum, tome 2, p. 349), ce à quoi se refusèrent les auteurs
des Regesta imperii. Quoi que l'on propose, il faut donc soit amender la datation, soit inventer un
nouvel itinéraire pour Louis: eu égard à cette situation insoluble, je me range à la proposition de da-
tation des auteurs des Regesta imperii. En effet, qui plus est, les sources, apparemment, se contredi-
sent, car selon l'auteur des Gesta sanctorum Rotonensium, c'est à Aix que Conwoion présenta sa re-
quête et que Louis y répondit favorablement (cf. Gesta s. Rotonensium, p. 141 sqq.).
15 B.M. 979(948), éd. Doc. dipl. Redon, n° 9, p. 357.
16 Vita Conuuoionis, p. 237.
337
206. NORBERT 1
Evêque de Reggio2, attesté de 814 à 8353
L'évêque de Reggio, Norbert, fut envoyé par Louis le Pieux en 814 à la cour byzanti-
ne 4 . Il en revint durant l'été de l'année suivante et il fit son rapport à l'empereur 5 .
Quelques années plus tard (avant le mois d'août 821), suite à la requête de l'abbé de
Farfa, Ingoald, Louis le Pieux l'envoya enquêter concernant une spolation de biens 6 .
En décembre 824 à Reggio, Norbert siégea au plaid tenu par Wala à son retour de
Rome 7 et en juin 827, il participa au concile de Mantoue 8 . A Parme, le 15 juin 835, il
souscrivit la donation que Cunégonde, la veuve de Bernard d'Italie, fit au monastère
Saint-Alexandre de cette cité9. Enfin, à une date indéterminée et en un lieu incertain
mais situé en Italie du nord 10 , il est attesté comme missus domni régis11 - peut-être
faut-il comprendre imperatorisn.
17 GUILLOTEL, Temps des rois, p. 232: »une certitude demeure: l'empereur avait fait appel à un Breton
pour remplacer un membre de la haute aristocratie carolingienne (,) ce qui constituait une innovati-
on de taille dans la conduite des affaires bretonnes. Ce choix en dit long sur l'ampleur de la révolte de
830; il n'était plus question en 831 d'expédition en Bretagne mais au contraire d'obtenir de ce côté-ci
de l'empire la tranquilité afin de faire face à la conspiration latente«.
18 Sur la Bretagne de Nominoé sous le règne de Louis le Pieux, cf. SMITH, Province and Empire, p. 77
sqq.
207. ODILON 1
Comte, attesté à partir d'avril 812 - mort avant le 11 septembre 8222
Le comte Odilon 3 , l'un des personnages auxquels fut adressé le Praeceptum pro
Hispanis du 2 avril 8124 et en qui l'on a proposé de reconnaître un comte de Géro-
ne 5 , n'est retenu dans cette prosopographie qu'à un seul titre: il siégea, vraisembla-
blement peu avant le 1er janvier 815 6 , dans le tribunal réuni au palais d'Aix-la-Cha-
pelle sous la présidence du comte du Palais Warengaud et composé de comtes de la
Marche d'Espagne; ce tribunal eut connaissance du différend entre l'aprisionnaire
Jean et le comte Adhémar 7 .
208. OSTORIC 1
Comte, attesté en 814
La notice du plaid présidé par le comte Ostoric en tant que missus de l'empereur
Louis le Pieux quelques jours seulement après la mort de Charlemagne pose de gra-
ves problèmes de critique 2 . Le texte en est fort confus et la date impossible à établir
avec certitude. Toujours est-il que ce plaid fut tenu durant la première année du rè-
gne de Louis 3 , vraisemblablement le lundi 6 février 8144. Il est également difficile de
discerner qui, exactement, siégeait en qualité de missus de Louis le Pieux 5 . Par com-
modité, seul le comte a par conséquent été retenu, un personnage dont on ne sait rien
par ailleurs. A vrai dire, ce n'est pas tant l'affaire traitée que le mobile ayant présidé à
l'envoi de ce missus qui s'avère ici d'un intérêt particulier 6 . O n y voit en effet une
confirmation du témoignage de Thégan, qui affirmait que peu après son avènement,
Louis fit partout enquêter sur les exactions commises du temps de son prédécesseur
et rétablir le droit 7 . Le nouvel empereur et son entourage ne perdirent donc pas de
temps à lancer la Renovatio regni Francorum.
209. OTGAIRE 1
Archevêque de Mayence 2 , attesté à partir de 826 - mort le 21 avril 847
L'archevêque de Mayence, Otgaire 3 , qui fut sacré en 8264, était issu de la Chapelle de
Louis le Pieux 5 : il est en effet désigné comme capellanus dominicus dans les Annales
Xantenses 6 . L'archevêque Otgaire fut certainement un missus de Louis le Pieux puis-
qu'il est question de sa legatio dans un capitulaire7 - peut-être sa legatio s'étendait-
elle à toute sa province ecclésiastique8. Otgaire participa au concile tenu en juin 829
en sa cité 9 , de même qu'à l'assemblée chargée en janvier 832 de restaurer la règle
bénédictine à Saint-Denis 10 . Il assista également, vers la fin de 831, au sacre du nouvel
6 Doc. dipl. Cluny, n° 3, p. 6: Aliterpiissimus domnus imperatorper immensam suam clementiam pre-
cepit per predictos suos missos partibus Borgundiae ac Septimaniae, imperante in eo divina dementia,
ut omnes homines, in quoscumque invenire potuissent, qui partibus fisci, sive etiam ecclesie partibus,
vel quolibet homini a me, in quacumque homines, aut vicarios vel centenarios, sive etiam ante missos
dominicos, vel in quacumque judiceria potestate vel qualibet ingenio, injuste res abstractas fuerunt,
temporibus domni hac genitoris sui piissimi Karoli imperatoris, ut omnes, anime sue salute, adpristi-
num in ejus dominacione revocarentur, légitima debeat esse possessio.
7 Theganus, Vita, c. 13, p. 593: Eodem tempore supradictusprinceps misit legatos suos super omnia rég-
na sua inquirere et investigare, si alicui aliqua iniustitia perpetrata fuisset, et si aliquem invenissent
qui haec dicere voluisset, et cum verissimis testibus hoc comprobare potuisset, statim cum eis in prae-
sentiam eius venire praecepit. Qui egressi, invenerunt innumeram multitudinem oppressorum aut
ablatione patrimonii, aut expoliatione libertatis; quod iniqui ministri, comités, et locopositi per ma-
lum ingenium exercebant...
11 Rimbertus, Vita s. Anskarii, c. 12, p. 698. Drogon fut le consécrateur. Les archevêques Ebbon et
Hetti étaient également présents. Sur la date, cf. SCHMEIDLER, Hamburg-Bremen, p. 235, et la notice
n°75.
12 Theganus, Vita, c. 47, p. 600: ... Qui venientes Aquis, consensit eis Hlutharius} ut vidèrent patrem
cum insidiatoribuSy quorum unus vocabatur Othgarius episcopus, alter vero Righardus perfidus ...
Sécréta vero verba noluerunt ei indicare propter insidiatores praesentes ...
13 Epistolae variorum 2, n° 18, p. 324 sq. (à la p. 325): Scimus enim eum vobis esse in omnibus fidelem,
benivolum, himiliter subiectumy riteque benignum, et in eo maxime libenterque laboraturum ...
14 Concilium ad Theodonis villam, p. 703, n° 3.
15 Concilium Carisiacense (bis), p. 846, n° 4.
16 B.M. 977(946)a.
17 Doc.dipl.Fulda,n°513,p.226.
18 Concilium Carisiacense (bis), p. 850, n° 2.
19 Liutolfus, Translatio s. Severi, c. 2, p. 292 - texte cité à la notice n° 7.
20 Otgaire y est attesté pour la première fois comme abbé le 23 janvier 840 (Doc. dipl. Wissembourg, n°
151, p. 352 sqq.). Son prédécesseur, Grimald, est attesté pour la dernière fois à l'automne 838 (ibid.,
n° 273, p. 516 sq.).
21 Astronomus, Vita, c. 63, p. 647 - texte cité à la notice n° 75.
22 Cf. GERLICH, Otgar von Mainz, p. 305 sqq.
23 Annales Fuldenses, a. 847, p. 36: Otgarius Mogontiacensis episcopus XL Kal Mai. obiit... Cf. égale-
ment Annales Xantenses, a. 847, p. 16; Annales Wirziburgenses, a. 846, p. 240.
341
210. PAUL 1
Notaire italien2, attesté de mars 812 à avril 8443
Le notaire Paul, déjà en fonction vers la fin du règne de Charlemagne 4 , est attesté à
plusieurs reprises dans la suite des missi de Louis le Pieux, ainsi en 821 à Nurcie 5 , ou
huit ans plus tard à Rome, lorsqu'il accompagnait Joseph 6 et Léon 7 et qu'il rédigea la
notice du plaid qu'ils tinrent en janvier 829 au Latran 8 . A une date indéterminée,
Paul participa également à un plaid tenu à Milan par le comte Léon 9 ; de même, en
février 840, il siégea à Lucques aux côtés du comte du Palais Maurin, agissant alors
comme missus de Lothaire 10 .
211. PÉPIN 1
Fils de Louis le Pieux, roi d'Aquitaine, né à une date inconnue 2 -
mort le 13 décembre 838 3
avoir reçu son royaume que Pépin commença à affirmer son autorité8, bien qu'il dis-
posât dès le début de son règne de la plénitude du pouvoir royal, comme ses diplô-
mes le montrent9: il disposait d'un Palais10, battait monnaie11, tenait des plaids12, en-
voyait des missiu. Il n'en demeure pas moins que, tout au long de son règne impérial,
Louis le Pieux intervint dans les affaires du royaume d'Aquitaine14: il est vraisembla-
ble que cette pratique de gouvernement fût due non pas à la mauvaise réputation de
Pépin15, mais simplement aux habitudes que Louis et ses sujets avaient contractées
pendant la trentaine d'années durant lesquelles il fut roi d'Aquitaine16. Les datations
d'actes privés aquitains sont l'illustration de cette fidélité à l'ancien roi17.
Comme pour ses frères, il ne s'agit pas ici de présenter une monographie exhausti-
ve sur Pépin Ier et son gouvernement, mais de replacer ce dernier dans le contexte du
règne de Louis le Pieux, pour montrer la dépendance du roi d'Aquitaine à l'égard de
l'empereur, son père. C'est, à l'instar de Lothaire, à l'occasion du plaid tenu en août
814 à Aix-la-Chapelle que Pépin reçut son royaume, l'Aquitaine18. Il était dès lors
roi19. En juillet 817, le royaume de Pépin, confirmé dans son titre royal20, fut quelque
8 Ibid., p. 101 sq. G. Eiten voit dans le mariage de Pépin la cause de cette évolution. Il veut dater le re-
trait (relatif) de Louis le Pieux de 825, cf. ibid., p. 102.
9 Ibid., p. 102.
10 Ibid., p. 105 sq. L'on ne connaît que fort mal ce Palais.
11 Ibid., p. 103.
12 Ibid., p. 104. Pour un exemple, cf. Ermentarius, Miracula s. Filiberti, p. 299.
13 Cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 105.
14 Ibid., p. 106 sqq.
15 Selon une tradition quelque peu postérieure, il se serait adonné à la boisson, cf. SIMSON, Jahrbücher,
tome 2, p. 191 et note 4.
16 II convient d'élargir à l'ensemble de la période les observations de COLLINS, Pippin, p. 387: »Pippin's
actions during the crises of 829-34 may hâve been conditioned not only by the dictâtes of self-inte-
rest and political fluctuations outside the borders of his kingdom but also by the existence within the
realm of a fundamental body of loyalty towards an emperor who himself for over thirty years had
been king of Aquitaine«.
17 Cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 112 sq.
18 Cf. Annales regni Franc, a. 814, p. 141; Chronicon Moissiacense, a. 815, p. 311 - textes cités à la no-
tice n° 191. Cf. également Astronomus, Vita, c. 24, p. 619; Chronicon Laurissense brève, p. 36. Il s'a-
git vraisemblablement du royaume tel que l'avait reçu Louis le Pieux, cf. AUZIAS, Aquitaine, p. 79.
19 C'est ce qu'a tenté de prouver EITEN, Unterkönigtum, p. 96 sq. Les arguments annalistiques ne peu-
vent pas être écartés (cf. ibid., p. 96 note 5). Cependant, le principal argument de G. Eiten était d'or-
dre diplomatique: or, le diplôme sur lequel il s'appuie n'est qu'un faux (cf. Actes de Pépin, n° 62, p.
269 sqq.). La thèse défendue par G. Eiten garde néanmoins toujours sa valeur, en raison d'un autre
élément que je désire verser au dossier. L. Levillain était d'avis que Pépin n'avait pas reçu le titre ro-
yal avant juillet 817 (cf. Actes de Pépin, p. 3 et note 4), ce qui n'est pas sans incidence sur la manière
dont il proposait de corriger la datation, aberrante, du n° 1 de son édition. La manière dont sont
datés les actes de Pépin est pourtant explicite sur le fait, d'une part, que le roi d'Aquitaine ne com-
mença à régner qu'après le début du règne impérial de son père et, d'autre part, que le début du rè-
gne de ce même roi était bien antérieur aux dispositions de l'Ordinatio imperii de 817 (qu'on en juge
par la datation du diplôme du 1er avril 825, Actes de Pépin, n° 3, p. 12: ... anno XII imperii domni
Hludowici serenissimi augusti et XI regni nostri - si le règne de Pépin n'avait commencé qu'en juillet
817, l'acte du 1er avril 825 daterait de la huitième année de ce règne, et non de la onzième): »les
années du règne de Pépin 1er sont toujours inférieures d'une unité à celles de l'empire de Louis le
Pieux, jour pour jour« (Actes de Pépin, p. CLV). La question me semble par conséquent réglée:
Pépin fut roi dès avant 817, autrement dit dès l'année 814, quand imperator constitua filium suum re-
gem super Equitaniam (Annales Xantenses, a. 814, p. 5). EITEN, Unterkönigtum, p. 100, date la prise
de pouvoir de la fin de l'année 814.
343
peu élargi21. En cette même année, Pépin souscrivit ainsi que ses frères le pacte con-
clu entre leur père et le pape22. Plusieurs sources concordent, qui nous présentent un
Pépin soumis aux ordres de son père, comme c'était notamment le cas pour la con-
duite d'opérations militaires dans son royaume23 - c'est d'ailleurs à Aix-la-Chapelle
que la politique »espagnole« était arrêtée24. Le roi d'Aquitaine participa également à
la campagne de Louis le Pieux en Bretagne, en 824: il conduisit l'une des trois ar-
mées25.
L'influence de l'empereur dans les affaires internes du royaume d'Aquitaine est
également patente26. C'est Louis le Pieux qui, en 822 à Attigny, maria son fils Pépin:
20 Cf. Annales regni Franc, a. 817, p. 146 - texte cité à la notice n° 191; Ordinatio imperii, préambule,
p. 271 - texte cité à la notice n° 192. De cette disposition, il appert que la nouvelle nomination (en
fait: la confirmation) de Pépin comme roi avait pour principal objet de définir précisément son rang
par rapport à Lothaire (elle ne remettait pas en cause le fait qu'il fut investi de la dignité royale dès
814). Cf. également Astronomus, Vita, c. 29, p. 622.
21 Ordinatio imperii, c. 1, p. 271: Volumus ut Pippinus habeat Aquitaniam et Wasconiam et markam
Tolosanam totam et insuper comitatos quatuor, id est in Septimania Carcassensem et in Burgundia
Augustudunensem et Avalensem et Nivernensem. A ce propos, cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 98;
COLLINS, Pippin, p. 373 sqq.
22 Cf. HAHN, Hludowicianum, p. 135.
23 L'annaliste spécifie que c'est »sur l'ordre de son père« que Pépin, en 819, mata l'opposition gascon-
ne: At in partibus occiduis Pippinus imperatoris filius iussu patris Wasconiam cum exercitu ingressus
sublatis ex ea seditiosis totam eam provinciam ita pacavit, ut nullus in ea rebellis aut inoboediens re-
mansisse videretur (Annales regni Franc, a. 819, p. 151 sq.). La soumission des Gascons à Pépin est
mentionnée dans les Annales Fuldenses, a. 819, p. 21; et Astronomus, Vita, c. 32, p. 625, de souligner:
pater enim eum ad hoc destinaverat. En 827, Louis le Pieux envoya également Pépin empêcher la
progression des renforts sarrasins lors du siège de Barcelone: Contra quem imperator filium suum
Pippinum Aquitaniae regem cum inmodicis Francorum copiis mittens regni sui terminos tueri prae-
cepit (Annales regni Franc, a. 827, p. 173). Les comtes Hugues et Matfrid lui furent adjoints: Porro
imperator Pippinum filium suum Aquitaniae contra eos misit regem, simulque missos ex latere suo
Hugonem et Mathfridum comités (Astronomus, Vita, c. 41, p. 630). On sait la mauvaise volonté dont
ils firent alors preuve (cf. les notices n° 164 et n° 199).
24 En février 826, Pépin, ses optimates et les comtes de la frontière espagnole furent convoqués à la cour
de Louis le Pieux, pour définir le moyen de contenir les Sarrasins: Interea Pippinus rex, filius impera-
toris, ut iussus erat, cum suis optimatibus et Hispanici limitis custodibus circa Kai. Febr. Aquasgrani
... venit; cum quibus cum de tuendis contra Sarracenos occidentalium partium finibus esset tractatum
atque dispositum, Pippinus in Aquitaniam regressus aestatem in deputato sibi loco transegit (Annales
regni Franc, a. 826, p. 169). Cf. également Astronomus, Vita, c. 40, p. 629. En juin 828, lors du plaid
tenu à Ingelheim, Louis décida avec Lothaire et Pépin d'une nouvelle expédition contre les Sarrasins,
cf. Annales regni Franc, a. 828, p. 174 sq. Pépin était depuis longtemps à la cour de son père: il avait
fort vraisemblablement pris part au plaid de février, à l'occasion duquel les comtes de Tours et d'Or-
léans furent déposés, cf. B.M. 844(818)a, puisque sa présence à Aix-la-Chapelle est attestée le 10
mars 828 (cf. Actes de Pépin, n° 10, p. 31 sqq.). Ayant appris que l'attaque des Sarrasins n'avait pas eu
lieu, Lothaire et Pépin annulèrent la campagne militaire, cf. Annales regni Franc, a. 828, p. 175.
25 Cf. Annales regni Franc, a. 824, p. 165. Pépin était assisté de Hugues (I) et de Hélisachar, cf. Ermol-
dus, Elegiacum carmen, IV, v. 2006 sq., p. 152.
26 Capitulare de monasterio s. Crucis. Il n'y a pas lieu de s'attacher à la lettre du titre sous lequel ce do-
cument fut publié dans l'édition de J. MABILLON, mais à l'esprit: Capitulare de monasterio sanctae
Crucis, quod est situm intra Pictavensem urbem, quodpiissimus imperator Lugdovicus fieripraecepit
atque ut idem ab omnibus observaretur glorioso filio suo Pippino commisit (cf. l'introduction à ce ca-
pitulaire dans l'édition d'A. BORETIUS). Rien, dans le document, n'indique expressément que ce ca-
pitulaire émanait de Louis le Pieux. Cependant, il ne fait pas de doute que Pépin reçut l'ordre de veil-
ler sur le monastère de Sainte-Croix, ainsi que l'atteste le cl: Ut a nemine praedictae sanctimoniales
opprimantur iniuste vel condemnentur, ab ipso domno Pippino rege provideatur. Or, qui pouvait
344
donner des ordres à Pépin, si ce n'est son père? Ce capitulaire est d'autant plus précieux qu'il explici-
te comment, pratiquement, devait s'exercer la protection en question - la tuitio royale, selon LABAN-
DE-MAILFERT, Débuts de Sainte-Croix, p. 82. Particulièrement intéressant est le c. 3, où il est stipulé
que le tribunal royal (présidé par le roi ou par le comte du Palais) aurait connaissance de toute attein-
te aux possessions du monastère: Similiter ut res monasterii, quas modo babent, non prius ab ullo
auferantur quam aut ante domnum Pippinum aut ante comitem palatii illius praefata ratio reddatur.
27 Annales regni Franc, a. 822, p. 159: Pippinum autem in Aquitaniam ire praecepit, quem tarnen prius
filiam Tbeotberti comitis Matricensis (sur l'Eure) in coniugium fecit accipere et post nuptias ce-
labratas ad occiduas partesproficisci. Cf. également Annales Colon, maximi, a. 822, p. 737. Sur l'ori-
gine d'Ingeltrude (ou plutôt Hringart, selon WERNER, Nachkommen, p. 446 sq.), l'épouse de Pépin,
cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 186.
28 Astronomus, Vita, c. 35, p. 626: Pippinum autem filium cum in Aquitaniam mittere statuisset, prius
Uli coniugem filiam Tbeotberti comitis iunxit, et sic demum ad memoratas partes direxit regendas.
29 Cf. HELLMANN, Heiraten, p. 86/378 sq.; EITEN, Unterkönigtum, p. 101. Sur l'influence de la famille
de l'épouse de Pépin à sa cour, cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 186 et note 8.
30 Cf. Astronomus, Vita, c. 61, p. 645: (Louis le Pieux connaissait les mauvaises moeurs des Aquitains)
et ut talem Pippinum patrem eius (il est en effet question de Pépin II) facere possent, pêne omnes qui
ob custodelam illius missi eranty sicut sibi olimapatre Karolo datifuerant, ab Aquitaniae finibus eli-
minarunt. A ce propos, cf. EITEN, Unterkönigtum, p. 100.
31 Actes de Pépin, n° 2, p. 5 sqq. et p. 296 sqq.
32 B.M. 735(71 l)c.
33 Actes de Pépin, n° 2, p. 298: Cedimus igitur, per voluntatem et jussionem domini Ludovici, domini
serenissimi imperatoris genitoris nostri, praefatae ecclesiae Cadurcensi seu canonicis per tempora ibi
degentibus res quasdam proprietatis nostrae, quas dudum Autricus cornes, per instrumenta cbart-
arumpraedicto domino nostro imperatori, genitori nostroy tradidit, id est ... Cf. également ibid., p.
299.
34 Actes de Pépin, n° 10, p. 31 sqq.
35 B.M. 844(818)a.
345
taine36. Louis consentit à cette restitution et donna à Pépin Tordre d'y procéder 37 , ce
qu'il fit par l'intermédiaire de missi une fois Erlaud mort 38 . Mais pour garantir cette
restitution, Fridugise préféra demander à Pépin un diplôme en sus 39 . Les deux cas
que je viens de citer sembleraient induire l'hypothèse selon laquelle Louis ne serait
intervenu, n'aurait ordonné de procéder à tel ou tel acte juridique que lorsque ce der-
nier se rapportait à une mesure qu'il avait prise lorsqu'il était roi d'Aquitaine. Un
troisième diplôme dément formellement cette hypothèse. En nous faisant faire un
bond dans le temps, il est en cela précieux qu'il montre que même après la crise de
833/834, Louis n'avait pas perdu la haute main sur l'Aquitaine.
En effet, le 24 novembre 835, Pépin, sur la requête de son archichapelain, Fri-
debert, abbé «de Saint-Hilaire de Poitiers, accorda à ce monastère sa protection et le
privilège d'immunité. Or, Louis le Pieux avait donné son consentement et ordonné
cet octroi 40 . Il n'y a pas lieu d'assimiler cette mesure au rappel à l'ordre adressé à
Pépin en raison des usurpations de biens ecclésiastiques auxquelles il s'était livré41.
Le diplôme de 835, en revanche, aide à comprendre pourquoi Pépin obtempéra et res-
titua les biens confisqués: il en avait l'habitude. Ainsi, en février 836, à l'occasion de
l'assemblée réunie à Aix-la-Chapelle, les évêques adressèrent au roi d'Aquitaine une
lettre de remontrances dans laquelle ils se plaignaient de ses nombreuses usurpations
et, forts de l'appui de Louis le Pieux42, l'adjuraient de restituer aux établissements
ecclésiastiques les biens dissipés - ce que Pépin fit en expédiant des diplômes à cet ef-
fet43. Le roi d'Aquitaine prit néanmoins son temps: deux ans plus tard, il donnait en-
36 Actes de Pépin, n° 10, p. 34: Fridigisus ... suggessit serenitati genitoris nostri domni Hludowici Sere-
nissimi augustipro quadam villa ...
37 Ibid., p. 35: Cujus suggestioni genitor noster libenter annuens praecepit nobis ut jam dictae respost
decessum memorati Erlaldiper illius et nostram auctoritatem secundum praescriptam conditionem in
potestatem sancti Martini reducerentur.
38 Ibid.: Sedy dum haec agerentur, saepedictus Erlaldus finem vivendi fecit, et nos praedictas res per mis-
sos nostros adpartem sancti Martini coram multis, sicuti et factum esty reddere jussimus.
39 Ibid.: Sed superius nominatus Fridigisus abba petiit celsitudini nostrae ut pro firmitatis studio no-
stram praeceptionem super hoc eifierij überémus ...
40 Actes de Pépin, n° 24, p. 91: ... adiens nostri culminis serenitatem Fridebertus ...ex verbis senioris
nostri glonosissimi Ludovici augusti, praeceptione atque consensu, petiit ut omnes res ad suprascrip-
tum monasterium cum omnibus supra degentibus pertinentes sub nostro mundeburdo vel immunita-
tis tuitione reciperemus ...
41 Un premier rappel à Tordre eut lieu à l'occasion du plaid tenu à Attigny en novembre 834, cf. Astro-
nomus, Vita, c. 53, p. 639 - texte cité à la notice n° 148. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 151 note 4, a
supposé que l'Astronome avait fait une confusion avec l'assemblée de février 836, mais rien n'inter-
dit de penser qu'il y eut d'abord exhortation sur l'initiative de Louis (une exhortation de ce type en-
tre d'ailleurs tout à fait dans le cadre des mesures de réformes que, selon Astronomus, Vita, c. 53, p.
639, Louis est censé avoir prises lors du plaid d'Attigny), et que, suite à une éventuelle négligeance de
Pépin, les évêques lui envoyèrent leur propre lettre d'exhortation en 836.
42 L'Astronome insiste sur ce fait; il évoque notamment Yimperialis auctoritas. Cf. le texte à la note sui-
vante.
43 Annales Bertiniani, a. 837, p. 21: Epistola etiam ab eodem venerabilium episcoporum conventu ad
Pippinum directa estt in qua eum salutis suae magnopere monuerunty et insuper ut memor morispro-
genitorum suorum acprecipue piissimi genitoris sui, res aecclesiarum Deipridem a suis invasas atque
direptas integritati earum restituerez ne tali etiam occasione divinam contra se iracundiam ardentius
incitaret. Qui tantorum patrum adsensus consilio cuncta restitua ac singulis aecclesiis eisdem rescrip-
tionibus anulo suo roboratis proprie designavit. Il s'agit d'une erreur de datation: cette assemblée eut
lieu non en 837, mais en 836, cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 148 note 2. Cf. également Astrono-
mus, Vita, c. 56, p. 642: In ipsis etiam diebus in quibus purificatio beatissimae semper virginis Mariae
346
core un diplôme, par lequel il restituait des biens au monastère de Jumièges. Dans le
préambule, il est fait référence à l'admonition à »revenir à la norme de droiture initia-
le« que lui avait faite son père44.
Les diplômes de Pépin sont l'expression de la dépendance dans laquelle le roi d'A-
quitaine se trouvait vis-à-vis de son père: à la différence de Louis le Germanique,
Pépin n'expédia jamais de diplômes hors du royaume qui lui avait été attribué par
son père, si ce n'est lorsqu'il se trouvait à la cour de ce dernier45. A la différence de ses
frères, la déposition de 834 n'eut pas d'influence sur sa titulature46; avant comme
après ce drame, ses diplômes étaient datés d'après les années du règne de son père et
celles de son propre règne47. Pourtant, malgré l'autorité que Louis le Pieux avait gar-
dée sur l'Aquitaine et en dépit de la soumission dans laquelle se tenait Pépin, c'est lui
qui, le premier, voulut le déposer. D'après Thégan, Pépin fut indigné du partage ef-
fectué durant l'été 829 à Worms, en faveur du jeune Charles48. Il est d'ailleurs pré-
senté comme le meneur de la révolte de 830, à Compiègne49; c'est lui qui fut le geôlier
des frères de Judith50. Outre les raisons avouées de cette révolte51, Pépin eut peut-
être quelque motif plus personnel à vouloir renverser son père52 - mais force est de
celebrabatur, conventus quidem magnus, sed praecipue episcoporum, Aquisgrani convertit, in quo
cum de aliis utilitatibus ecclesiae necessariis, tum praecipue de bis rebus questum est, quas Pippinus et
sui multis intulerunt aecclesiis. Ob quam rem imperialis auctoritas et commonitorium communis or-
dinatur concilii, quibus commoneretur Pippinus et sui, cum quanto sui periculo res ecclesiasticas per-
vaserint. Quae res prosperum suscepit exitum. Nam Pippinus monita pii patris sanctorumque vi-
rorum libenter suscipiens, oboedienter paruit, et omnia invasa restitui etiam per anuli sui inpressio-
nem constitua. A ce propos, cf. COLLINS, Pippin, p. 370 sqq.
44 Actes de Pépin, n° 29, p. 126: Si enim res Deo sanctisque ejus devotas quamjam dudum, nobis instru-
entibus hinc inde casibus et necessitatibus conpellentibus, ab aecclesiis Christi subtraximus nostrisque
solacii gratia contra fas contulimus, nunc hinc ob indulgentiam divine repropitiationis et genitoris no-
stri Hludovici serenissimi augusti debitam ammonitionem adpristinam rectitudinis normam reduce-
re omnimodis satagimus, dum (proposition de correction: Deum) nobis ob id angelosque ejus et in-
tercessiones eorumdem sanctorum anime ad gloriam regnique a Deo nobis commissi ad diuturnam
stabilitatem propitiari minime dubitamus.
45 Cf. Actes de Pépin, n° 10, n° 13 et n° 17.
46 Pépin porta toujours le titre de rex Aquitanorum. A la différence de Louis le Germanique, il n'aban-
donna pas la restriction nationale du titre royal en 833. Vers cette époque, les diplômes Pépin trahis-
sent quelque hésitation, quant à la formule de suscription, qui n'a cependant pas grande incidence.
En effet, avant la période de crise, Pépin était gratia Dei Aquitanorum rex (Actes de Pépin, n° 1, p.
3). Dans un diplôme du 6 octobre 833, il était annuente divinae majestatis gratia Aquitanorum rex
(ibid., n° 18, p. 64). Le 24 octobre 834 ou 835, il se dit gratia praeordinante divinae majestatis Aquit-
anorum rex (ibid., n° 21, p. 79), et le 26 octobre 835, il était réputé ordinante divinae majestatis gra-
tia Aquitanorum rex (ibid., n° 22, p. 82). Il s'agit désormais de la formule de suscription classique
jusqu'à la mort de Pépin. Dans le diplôme n° 30 de l'édition de L. LEVILLAIN, Pépin porte simple-
ment le titre de rex (ibid., p. 131), mais ce diplôme est un faux (cf. ibid., p. 129 sq.).
47 Le diplôme n° 22 de l'édition de L. LEVILLAIN est daté d'après le seul règne de Pépin. Il fut expédié à
une époque où régnait quelque incertitude quant à la forme des actes de Pépin, cf. la note précéden-
te. Tous les autres actes sont datés à la fois d'après le règne impérial de Louis le Pieux et le règne de
Pépin.
48 Theganus, Vita, c. 35, p. 597 - texte cité à la notice n° 191.
49 Theganus, Vita, c. 36, p. 597.
50 Nithardus, Historia, I, c. 3, p. 10. Ils furent enfermés dans des monastères aquitains. Cf. les notices
n°67etn°224.
51 Annales Bertiniani, a. 830, p. 2; Astronomus, Vita, c. 44, p. 632.
52 Thégan affirme que Louis donna à Charles »une certaine partie de la Bourgogne«, sans préciser exac-
tement de quoi il s'agissait. Or, Pépin avait été doté, en 817, de comtés bourguignons. Le roi d'Aqui-
347
été absent: je pense que le drame de Compiègne et de Soissons fut l'oeuvre de Lothai-
re seul69. Pendant l'hiver 833/834, Pépin se laissa convaincre de travailler à la libérati-
on de Louis le Pieux70: il prit les armes pour cela et Louis le Pieux l'accueillit joyeuse-
ment (gaudenter)71 lorsqu'il le vit le 15 mars 834 à Quierzy72. Selon le voeu de Pépin,
son père lui permit de regagner l'Aquitaine73. Néanmoins, il fut à ses côtés lors de la
capitulation de Lothaire, vers la fin de l'été74. De même, l'année suivante, il participa
au plaid tenu par Louis le Pieux, près de Lyon75, ainsi qu'à celui assemblé en septem-
bre 836 à Worms76.
La réconciliation entre Louis le Pieux et Pépin fut telle que ce dernier, lors du plaid
tenu à Aix-la-Chapelle vers la fin de l'automne 837, fit savoir par l'intermédiaire de
missi qu'il consentait à ce que Charles reçût un territoire plus vaste77: il s'agissait
pour partie de régions qui lui avaient été attribuées en 831, comme on peut s'en ren-
dre compte en comparant l'énumération faite par l'auteur des Annales de Saint-Ber-
tin et les dispositions de la Regni divisio. Pépin assita à la remise d'armes à Charles et
à son investiture du ducatus manceau qui eut lieu l'an suivant à Quierzy78. La con-
corde entre Charles et Pépin ne fut pas altérée, puisque ce dernier mourut à la fin de
la même année79; il fut inhumé à Poitiers80. Charles avait cependant un nouveau con-
current, soutenu par une partie des Aquitains: Pépin, le fils homonyme du roi dé-
funt81.
212. PÉPON 1
Vasallus de Louis le Pieux, attesté peu avant février 839
Pépon, un vassal de Louis le Pieux, n'est pas attesté comme missus de l'empereur,
mais il dut en exercer la fonction. En effet, comme il appert d'un diplôme donné le 17
février 839, il reçut l'ordre d'enquêter concernant un échange que l'abbé de Fulda
voulait faire avec un autre vassal de l'empereur et qui portait sur un bien que ce der-
nier tenait en bénéfice2.
213. PIERRE 1
Chef des panetiers du Palais, attesté d'environ 820 à 826
C'est à Ermold le Noir que l'on doit de connaître la fonction de Pierre 2 , que le poète
décrit s'affairant à préparer les tables du banquet donné à Ingelheim en 826, à l'occa-
sion du baptçme du Danois Harold. Pierre est alors appelé »chef des panetiers«, pi-
storum princeps3. C'était très vraisemblablement le même personnage à qui, dans le
capitulaire relatif à l'organisation de la vie au palais d'Aix-la-Chapelle, il revenait
d'inspecter l'habitation de certains adores*. Là également, il agissait de concert avec
Gunzo, dont Ermold avait évoqué la charge de »chef des cuisiniers«, c'est-à-dire de
sénéchal5, en même temps que la sienne.
214. PRUDENCE 1
Chapelain, attesté vers la fin de la deuxième décennie du IXe siècle - mort en 861 2
HHispanus3 connu sous le nom de Prudence, qui devint évêque de Troyes peu après
la mort de Louis le Pieux 4 , appartint fort vraisemblablement à la Chapelle de cet em-
pereur 5 . A vrai dire, l'on n'a pas de preuve décisive à ce propos, mais tout un faisceau
d'indices font de cette présomption presque une certitude. Tout d'abord, le fait qu'il
soit l'auteur de la seconde partie (835-861) des Annales de Saint-Bertin, la continua-
tion des Annales royales, est un élément de poids en faveur de l'appartenance à la
2 B.M. 987(956), éd. Doc. dipl. Fulda, n° 523, p. 230 sq. (à la p. 231): ...praecepimus Pepponi vassallo
nostro ut cum missis praedicti venerabilis Rabban abbatis adhibitis etiam aliis pluribus hominibus in
eadem vicinia conmanentibus perspiceret easdem respetitas earumque qualitatem et quantitatem hinc
et inde diligenter inspiceret et consideraret et inbreviatam ad nostam deferret notitiam quod ita etfecit
simulque nobis retulit quod ambabus partibus huiuscemodi commutatio utilis et profectuosa esse po-
tuisset et ideo nostra decrevit voluntas ut itafieret.
215. RABANMAUR 1
Abbé de Fulda, futur archevêque de Mayence 2 , attesté dès la fin du VIII e siècle -
mort le 4 février 8563
C'était un érudit d'envergure que le magister devenu en 822 abbé de Fulda 4 . Formé
notamment à Tours auprès d'Alcuin 5 qui lui fit fréquenter la cour de Charlemagne 6 ,
il reçut une charge d'enseignement à Fulda, son monastère d'origine 7 . Il faut recon-
naître en ce Raban, fils du comte Waluramne et de Waltrat qui souscrivit le 25 mai
6 Cf. l'introduction de L. LEVILLAIN aux Annales Bertiniani, notamment p. XII. Cet historien compte
Prudence parmi les »palatins« (ibid., p. XIII). LÖWE, Karolinger, p. 349, reconnaît également en Pru-
dence »ein Kaplan Ludwigs des Frommen«.
7 Theodulfus, Carmina, n° 79, p. 579 sqq.
8 Walahfridus, Carmina, n° 61, p. 403 sq.
9 DÜMMLER, Formelsammlungen, p. 402, a supposé qu'il s'agissait de l'abbé de la Reichenau, Wala-
frid. Son hypothèse a été réfutée par ZEUMER, Formelsammlungen, p. 480. Cet auteur est d'avis que
cette lettre fut rédigée au plutôt vers le milieu du IX e siècle.
10 Formulae Alsaticae, p. 336 (= Formulae Morbacenses, n° 27): ... cum repente, vix tandem apalatinis
exeubiis, quibus diu inservire coactus fueram, absolutus ...
11 Cf. le prologue du traité de Prudence sur les psaumes: Cum quedam nobilis matrona (il s'agit fort
probablement de Judith) in civitatibus vel oppidis a pluribus fuisset oppressa atque ex accidentibus
variis tribulationibus, utplerique noverunt, adesset angustiata nimiisque tediis afflicta, direxit ad me,
rogans obnixe, ut aliquid ex lande psalmorum ad consolationem compassionis suae brevissimis scrip-
tarem versiculis (Epistolae variorum 2, n° 17, p. 323 sq.).
788 deux donations de ses parents au monastère de Fulda 8 , le futur abbé de ce mona-
stère 9 . La datation de la naissance de Raban en 780, admise depuis les travaux de P.
Lehmann 10 , a récemment été réfutée11. Toujours est-il que Raban reçut la prêtrise le
23 décembre 81412. Etant donné la richesse de la production littéraire de Raban 13 et
du fait que ce personnage est bien connu, seuls les éléments significatifs quant à son
action auprès de Louis le Pieux seront pris en compte. Pour le reste, qu'il s'agisse de
son oeuvre, de son action proprement pastorale 14 ou de ses orientations politiques
notamment après la mort de Louis le Pieux, on se reportera aux nombreuses études
disponibles 15 .
Raban est désigné comme fidelis secretarius noster dans un acte faux attribué à
Louis le Pieux16. Bien qu'il n'y ait pas lieu de s'attarder sur ce titre fantaisiste, il con-
vient d'en faire mention car il reflète la manière dont, au XII e siècle, on s'imaginait
l'influence exercée par l'abbé de Fulda. S'il ne fut pas »secrétaire« de Louis le Pieux,
Raban était cependant du nombre des conseillers consultés par ce dernier. O n en a la
preuve irréfutable en ce qui concerne le traité composé en 834 et relatif aux devoirs
des enfants vis-à-vis de leurs parents 17 - en clair: aux devoirs de Lothaire et de ses frè-
res à l'égard de Louis le Pieux, exhorté par l'abbé de Fulda à la clémence18. Ce traité
fut composé sur l'ordre de Louis {secundum iussum vestrum)19. Raban était d'ailleurs
consulté par toute la cour 20 . Les visites de l'abbé de Fulda au Palais étaient notam-
ment l'occasion d'entretiens sur des questions théologiques 21 .
Au printemps 836, une legatio fut confiée par Louis le Pieux à l'abbé de Fulda 22 ,
mais on ne sait rien de sa nature. En tout cas, il semble que Raban fît partie de la com-
mission chargée d'étudier le cas de l'archevêque Agobard concernant sa déposition
en 835, puisque c'est entre autres à lui que le diacre Florus présenta son mémoire ac-
8 Doc. dipl. Fulda, n° 90, p. 55 et n° 91, p. 56.
9 Cf. STAAB, Wann wurde?
10 LEHMANN, Fuldaer Studien, p. 25.
11 FREISE, Geburtsjahr.
12 Chronicon Laurissense brève, p. 38 (année 814).
13 Cf. les dédicaces de ses ouvrages, dans Hrabanus, Epistolae.
14 Cf. notamment Annales Hildesheimenses, a. 831, p. 44, et Lamberti Annales, a. 831, p. 45; Rudolfus,
Miracula Fuld., c. 9 sqq., p. 336 sqq.
15 Une bibliographie jusqu'à Tannée 1983 a été établie par SPELSBERG, Hrabanus. L'ouvrage fondamen-
tal demeure KOTTJE, ZIMMERMANN, Hrabanus. La biographie politique de l'abbé de Fulda a été re-
tracée par ALBERT, Raban.
16 B.M. 1009(977), éd. Doc. dipl. Fulda, n° 527, p. 233 sq. (à la p. 234).
17 Hrabanus, Epistolae, n° 15 p. 403 sqq.
18 Ibid., c. XII, p. 414 sq.
19 Hrabanus, Epistolae, n° 16, p. 416.
20 Hrabanus, Epistolae, n° 18 (lettre adressée à Louis le Germanique), p. 423: Ante annos enim aliquot
rogatu Hildoini abbatis in Regum libros secundum sensum catholicorum patrum quattuor commen-
tariorum libros edidiy quos et sacratissimo genitori vestro Hludowico imperatori presentialiter in no-
stro monasterio tradidi... L'abbé Raban écrivit également pour Judith, cf. Hrabanus, Epistolae, n°
17a et 17b, p. 420 sqq., ou pour l'archidiacre du Palais Gerold, cf. Hrabanus, Epistolae, n° 19, p. 424
sq.
21 Hrabanus, Epistolae, n° 19, p. 424: Memini me in palatio Wangionum civitatis constitutum tecum
habere sermonem de eminentia sanctarum scriptuarum et de difficultate divinarum historiarum ...
22 Lupus, Correspondance, tome 1, n° 5, p. 42: Verum illustris abbas Rhabanuspostmodum regressus a
palatioy foret necne per id temporis isticy propter legationem sibi commissam, ad liquidum scire non
potuit.
352
cusant d'hérésie Amalaire, qui administrait le diocèse de Lyon23. De fait, on voit sou-
vent Raban auprès de Louis le Pieux dans la seconde partie du règne de ce dernier. Il
se trouvait à Worms durant l'été 82924, lors d'un plaid fort important25. Peu de temps
auparavant, il avait participé au concile tenu en juin à Mayence26. Il semble s'être
tenu à l'écart de la révolte de 83027 - du moins le 22 juillet était-il à Fulda28. Il se trou-
vait à Prüm avec Louis le Pieux le 1er mai 831, comme l'atteste un acte d'échange en-
tre l'abbé de ce monastère et Raban29. Je ne suis pas Th. Sickel et les auteurs des Re-
gesta imperii quand ils font de la date et du lieu un obstacle à l'authenticité du docu-
ment30. Louis le Pieux était le 19 avril 831 à Herstal31; or Prüm pouvait constituer
une étape sur le chemin vers Ingelheim. L'auteur des Annales de Saint-Bertin affirme
qu'un plaid y fut tenu circa kal. mai32, mais n'en précise pas la date au jour près (il ne
s'agit en tout cas pas obligatoirement du 1er mai). Il y a environ 90 km à vol d'oiseau
entre Prüm et Ingelheim. C'est une distance que la cour, en se hâtant, pouvait couvr-
ir en un ou deux jours33. Raban participa à ce plaid: sa présence à Ingelheim est attes-
tée le 8 juin34. Au début de février 836, il était au palais d'Aix-la-Chapelle35. La pré-
sence de Raban au plaid tenu en juin 838 à Nimègue 36 est également attestée37, ainsi
que son séjour à la cour en février 839 à Francfort38. Enfin, Raban participa à l'expé-
dition menée par Louis le Pieux contre Louis le Germanique au printemps 84039 -
c'est alors que l'empereur trouva la mort. Son opposition au roi de Bavière conduisit
Raban à renoncer à son abbatiat à la mort de Louis le Pieux40. Néanmoins, en 847, il
fut placé à la tête de l'archevêché de Mayence41.
23 Cf. Amalarius, Epistolae, n° 13, p. 267 sqq.: l'affaire fut soumise au jugement (ad vestrum iam olim
iudicium examinanda perferretur) de l'archichapelain Drogon, de l'archevêque de Trêves Hetti, de
Pévêque du Mans Aldric, de Raban et de l'évêque de Langres Albéric, qui étaient réputés Lugdunen-
si ecclesiae quidam familiarius obstricti.
24 Hrabanus, Epistolae, n° 19, p. 424 - cité supra.
25 Cf. B.M. 865(836)c jusque B.M. 868(839)a.
26 Epistolarum Fuldensium fragmenta, p. 530.
27 Cf. HUSSONG, Fulda, 2e partie, p. 176.
28 Une donation eut alors lieu praesente Hrabano abbate (Doc. dipl. Fulda, n° 481, p. 211 sq.).
29 Doc. dipl. Fulda, n° 483, p. 212 sq.
30 B.M. 888(859)a. En revanche, SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 190 note 4, avait probablement raison
lorsqu'il doutait de l'authenticité de la souscription du document par l'empereur; il s'agit vraisem-
blablement d'une invention du copiste.
31 B.M. 888(859).
32 Annales Bertiniani, a. 831, p. 4.
33 Cf. REINKE, Reisegeschwindigkeit, p. 235 note 38.
34 B.M. 891(862). Louis le Pieux fit une donation à l'abbé de Fulda.
35 B.M. 954(923), diplôme du 4 février. C'est Drogon qui ambasciavit.
36 B.M. 977(946)a.
37 Doc. dipl. Fulda, n° 513, p. 226.
38 B.M. 987(956), diplôme du 17 février. Le diplôme B.M. 989(958) est douteux.
39 B.M. 1004(973); Hrabanus, Epistolae, n° 22, p. 428.
40 Annalista Saxo, a. 840, p. 575; cf. HUSSONG, Fulda, 2 e partie, p. 186.
41 Annales Fuldenses, a. 847, p. 36.
353
216. RAGAMBAUD 1
Missus
217. RAGANAIRE 1
Moine
A une date qui n'est pas précisée2, Raganaire, ensuite attesté comme moine de l'ab-
baye de Fleury, fut envoyé par Louis le Pieux en ambassade à Jérusalem 3 .
218. RAGANFRED 1
Attesté en août 794
Raganfred fit partie des souscripteurs du diplôme de Louis le Pieux donné au Palais
(Haute-Vienne, arr. Limoges) le 3 août 794 en faveur de la cellola de Nouaillé 2 . Il s'a-
gissait peut-être d'un membre de l'aristocratie locale, puisqu'en mars 837, un certain
Raganfred souscrivit un acte d'échange concernant le monastère de Nouaillé 3 , mais
on trouve également des homonymes ailleurs4. Au cas où il aurait été parent avec le
Guigon ayant fait en 856 une donation à Saint-Martial de Limoges, l'on aurait des
précisions sur sa famille5 - mais notre personnage ne peut avoir été le frère de ce do-
nateur 6 . Il est à noter qu'un certain Reginfrid souscrivit l'acte d'échange passé en
septembre 820 entre le comte de Tours et l'évêque de Worms, abbé de Wissem-
bourg 7 . Ce personnage, peut-être identique avec le souscripteur de l'acte pour
Nouaillé, participa donc au plaid alors tenu par Louis le Pieux à Quierzy-sur-Oise 8 .
En 832, Rainier est attesté parmi les conseillers de Louis le Pieux: il incita l'empereur
à refuser d'accorder à Conwoion la permission de fonder le monastère de Redon 5 .
6 Ceci pour des raisons chronologiques: en 856, Raganfred serait encore vivant puisque Guigon agit
consentiente fratre meo Ragamfredo.
7 Doc. dipl. Wissembourg, n° 69, p. 268 sqq.
8 B.M. 722(699)a.
221. RAMPON 1
Comte, attesté de janvier 814 à septembre 822
Le peu que l'on sache sur Rampon a déjà été présenté par J. Calmette, de manière ce-
pendant assez confuse2. Il convient ici d'en rappeler l'essentiel et de corriger quel-
ques erreurs. A la mort de Charlemagne, Rampon fut envoyé auprès de Louis le
Pieux pour lui annoncer la mort de son père 3 . Il fit le trajet d'Aix-la-Chapelle à
Doué-la-Fontaine en grande hâte 4 . O n le retrouve comte en 822, comme l'atteste un
diplôme de Louis le Pieux délivré à Attigny le 11 septembre: sur la requête du vir il-
lustris Rampo cornes, Louis le Pieux accorda au monastère de Banyoles et à Mercoral,
son nouvel abbé, quem in nostra praesentia adducens in manibus nostris eum com-
mendavit, le privilège d'immunité 5 . O n a conclu de ceci que Rampon était comte de
Gérone 6 - il ne peut toutefois l'être devenu qu'après 8177. O n peut également dédui-
re du diplôme de Louis le Pieux que Rampon était présent au plaid d'été tenu par
l'empereur à Attigny 8 .
J. Calmette a également voulu faire de Rampon un »marquis de Gothie« et il fut
suivi par L. Auzias 9 , la pièce à conviction étant un diplôme de Charles le Chauve du
11 mai 844 délivré à l'abbé Donnule en faveur du monastère de Saint-Pierre quod ip-
4 Cf. GOFFART, Le Mans Forgeries, p. 152, qui parle d' »authentic signatures«.
5 Gesta Aldrici, p. 192: S. Ragenarii comitis palatii.
6 Cf. B.M. 998(967)a jusqu'à B.M. 1003(972)a.
222. RANNOUX1
Comte du Palais, attesté en janvier 840
223. RANTGAIRE 1
Evêque de Noyon 2 , attesté de 8253 à 829
L'évêque Rantgaire est attesté en 825 pour remplacer l'archevêque de Reims comme
missus dans les diocèses de Noyon, Amiens, Thérouanne et Cambrai 4 . Rantgaire, qui
est attesté comme évêque de Noyon grâce à l'adresse d'une lettre d'Amalaire 5 , parti-
cipa en 829 au concile de Paris 6 .
224. RAOUL 1
Attesté en 830 - mort en 8662
Le frère de Judith, Raoul 3 , résidait (ainsi d'ailleurs que son autre frère, Conrad) à la
cour de Louis le Pieux, vraisemblablement depuis le remariage de l'empereur. C'est
néanmoins à l'occasion de la révolte de 830 que ce fait est prouvé, puisque les oppo-
sants à Judith s'en prirent également à Raoul: ils le firent tonsurer 4 et le confièrent à
Pépin pour qu'il fût gardé dans un monastère aquitain 5 . Lors du rétablissement de
Judith, Raoul fut rappelé à la cour 6 . Bien qu'il fût comblé d'honneurs par Louis le
Pieux, son influence s'exerça surtout pendant le règne de Charles le Chauve 7 , comme
l'atteste son épitaphe 8 . Celui qui fut à la fois comte et abbé en Neustrie 9 reçut de
Charles l'abbatiat de Saint-Riquier10.
225. RATAUD 1
Evêque de Vérone, attesté de 806 à 838
1 Formes onomastiques: Rataldus, Ratoldus, Rathaldus, Radoltus, Rothald, Ratoltus, Rattoldus, Ra-
tholdusy RatolfuSy Retoldus, Rotaldus.
2 SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 116: »von Geburt ein Alemanne«.
3 Miracula s. Genesii, c. 2, p. 171: ... Pippinus rex Langabardorum Ratoldum, tuneprincipem palatii
sui sacerdotem, veritatem rei diligenter perquirendae Darvisiam misit. Cf. FLECKENSTEIN, Hofka-
pelle 1, p. 65.
4 Doc. dipl. Italie, n° 18, p. 57 sqq.
359
24 juin 813, il établit son testament 5 . On rencontre Rataud pour la première fois sous
le règne de Louis le Pieux en novembre 815 à Aix-la-Chapelle: il présenta avec Pabbé
de Saint-Zénon une requête visant à la confirmation des biens de ce monastère 6 . En
817, il dénonça la révolte de Bernard d'Italie 7 .
En qualité de missus de Louis le Pieux, Rataud présida un plaid en sa cité épiscopa-
le le 31 mars 8208. Le 13 juin 820 à Aix-la-Chapelle, il obtint un diplôme de Louis le
Pieux pour l'école des clercs de Vérone 9 . A peu près vers la même époque (avant août
821), suite à la requête de l'abbé de Farfa, Ingoald, Louis le Pieux l'envoya enquêter
concernant une spoliation de biens qui touchait le patrimoine de l'abbaye 10 . Le 31
juillet 823, toujours en Italie, le vassus domni imperatoris du nom de Hernust et son
épouse se firent donation mutuelle de leurs biens en presencia Rataldi presbiter et
misso domni imperatoris. Peut-être s'agit-il en réalité de l'évêque de Vérone 11 . En ju-
in 827, il participa au concile tenu à Mantoue 12 . Trois ans plus tard, il est censé avoir
fait venir les reliques de saint Marc et de saint Genès à la Reichenau u . Vers 832, il fut
désigné pour accompagner le nouvel archevêque de Hambourg, Anschaire, à Rome,
afin que le pape lui remît le pallium14. Entre le 15 mars et le 5 avril 834 à Aix-la-Cha-
pelle, l'évêque de Vérone ramena Judith d'exil15; d'après Thégan, il aurait agit sur or-
dre de Louis le Pieux16 - du texte du chorévêque de Trêves, l'on peut déduire que
Rataud se trouvait en Francia pendant l'hiver 834/835. En revanche, l'auteur des An-
nales de Saint-Bertin présente les faits comme si le retour de Judith avait eu lieu à la
faveur de la propre initiative de quelques grands, fidèles à Louis le Pieux17. En mars
835, Rataud participa à l'assemblée de Thionville où Ebbon fut déposé.
L'évêque de Vérone partagea certainement le sort des grands d'Italie ayant joué la
carte de la fidélité envers Louis le Pieux: Lothaire le priva vraisemblablement de son
siège18. De fait, on retrouve Rataud à la cour de Louis le Pieux en janvier 836: il inter-
vint en faveur de l'évêque de Coire, Vérendaire, qui était resté fidèle en 834 et fut
pour cela exilé par les ennemis de Louis le Pieux pendant le temps de sa déposition 19 .
Rataud participa également à l'assemblée judiciaire tenue à la fin du mois d'avril 838
à Aix-la-Chapelle 20 et au plaid de Nimègue en juin de la même année 21 , comme on
peut le conclure d'un document de Fulda 22 . En revanche, il ne participa pas au conci-
le de septembre 838 à Quierzy-sur-Oise 23 . Peut-être était-il décédé entre-temps.
226. RATBERT1
Actor, attesté vers 820
Ratbert, attesté comme actor du palais d'Aix-la-Chapelle, était chargé d'inspecter les
habitations des servi attachés à ce domaine 2 .
227. RATULF 1
Chapelain, attesté en 839
Le prêtre Ratulf est attesté comme membre de la Chapelle de Louis le Pieux par un
acte de ce dernier du 18 avril 839: sur la requête de Parchichapelain Drogon, l'empe-
reur donna au monastère de Kempten la cella Aldrici sise dans PAlbgau. En échange,
l'abbé Tatton céda en bénéfice viager au chapelain Ratulf, qui tenait cette cella de
18 Annales Bertiniani, a. 836, p. 19: En septembre 836, suite à l'absence de Lothaire au plaid tenu à
Worms, Louis le Pieux envoya une ambassade pour négocier ... verum et de episcopis atque comiti-
bus qui dudum cum augusta fideli devotione de Italia vénérant, ut eis et sedes propriae et comitatus
ac bénéficia seu res proprie redderentur. Lothaire ne céda pas sur ce point. Sur la perte du diocèse de
Vérone, cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 159.
19 B.M. 952(921) - texte cité à la notice n° 75.
20 Concilium Carisiacense (bis), p. 846 (n° 8).
21 B.M. 977(946)a.
22 Doc.dipl.Fulda,n°513,p.226.
23 Concilium Carisiacense (bis), p. 850.
Louis le Pieux 2 , des biens dans \tpagus de Keltenstein et la cella de Hirschzell dans
celui d'Augsbourg 3 .
228. RÉGIMPERT1
Evêque de Limoges 2 , chapelain de Louis le Pieux, attesté d'août 794 à juillet 817
229. RÉTHAIRE 1
Comte, attesté en 831
Comme l'atteste un diplôme de Louis le Pieux du 9 juin 831, le comte Réthaire fut
envoyé enquêter en qualité de missus sur la perte d'autorité de l'abbé de Pfävers2.
Le comte Richard, présenté par l'Astronome comme provisor des villae de Charle-
magne 2 , fut envoyé par ce dernier au printemps 794 en Aquitaine pour aider Louis le
Pieux à restaurer le fisc3. Il s'agissait peut-être du parent d'Angilbert évoqué par Nit-
hard 4 . En 787/788, Charlemagne avait ordonné l'inventaire des biens du monastère
de Saint-Wandrille par l'abbé de Jumièges et un certain comte Richard 5 . Il n'est pas
exclu qu'il s'agît de notre personnage 6 .
Le comte Richard, que pour des raisons chronologiques l'on doit distinguer de Ri-
chard (I) dont on a trace trente ans plus tôt 2 , est attesté vers 825 comme missus avec
l'évêque de Langres dans les provinces ecclésiastiques de Lyon, de Tarentaise et de
Vienne 3 . Il était peut-être identique avec le comte envoyé en 837 auprès de Lothaire 4
- mais ceci n'est qu'une hypothèse qui ne peut pas être vérifiée5.
Bien que ce ne soit que par un document datant de la fin du règne de Louis le Pieux
que nous apprenons qu'avant sa trahison, Richard était huissier de l'empereur 2 , il est
fort vraisemblable 3 que ce fût lui qui introduisit la cause de Pévêque de Liège à l'ori-
gine de l'établissement du diplôme délivré le 19 avril 831 à Herstal 4 , ainsi que celle du
chambrier Tanculf: Richard informa l'empereur, pour qu'il confirmât l'accord, que
Tanculf avait conclu un échange avec l'abbé de Hasenried 5 . Cette démarche n'est pas
surprenante, puisqu'on voit également Gérung, le collègue de Richard, assumer à
plusieurs reprises la fonction d'intermédiaire 6 . La chose est ici d'autant moins éton-
nante que les requérants avaient recours à un personnage également lié avec l'Austra-
sie7. Lors de la crise politique de 833/834, Richard abandonna Louis le Pieux et passa
dans le camp de Lothaire, qu'il soutint lors de la préparation du coup d'Etat 8 . C'est à
cette trahison qu'il doit l'épithète dont Thégan orna son nom: perfidus. Il est en effet
plus que probable que c'est l'ancien huissier de Louis le Pieux qui assista à l'entrevue
organisée peu après le 6 janvier 834 à Aix-la-Chapelle entre les envoyés de Louis le
Germanique et l'empereur prisonnier: avec l'évêque de Mayence, Richard devait y
espionner pour le compte de Lothaire 9 . Suite au renversement politique de 834,
Richard suivit Lothaire en Italie, puisqu'on le retrouve comme légat de ce dernier au
plaid tenu par Louis le Pieux en mai 836 à Thionville10 et que l'Astronome affirme
qu'il faillit mourir de l'épidémie qui sévissait alors dans la péninsule11. En Italie, Lo-
thaire dédommagea Richard de sa déchéance à la cour de Louis le Pieux par l'attribu-
tion en bienfait de biens appartenant à l'église cathédrale de Reggio12 et en le faisant
vraisemblablement comte13.
Richard participa également à l'assemblée tenue pendant l'été 839 à Worms, au
cours de laquelle Louis le Pieux et Lothaire se réconcilièrent14. C'est lui qui annonça
à Louis le Pieux que Lothaire renonçait à définir les parts entre lui-même et Charles
(le Chauve) et qu'il invitait son père à le faire15. A l'occasion de cette réconciliation,
Louis le Pieux, sur la requête de Lothaire, rendit à Richard la villa de Villance dans
les Ardennes, qu'il lui avait autrefois donnée mais qui fut confisquée suite à sa trahi-
son16. A l'article de la mort, Richard confia cette villa à son frère Bivin17 et à quelques
autres personnes18 afin qu'ils la donnassent à l'abbaye de Prüm, pour le repos de son
âme19. La présence de Richard à Worms est le dernier témoignage que nous ayons de
son activité. Il mourut avant le 17 août 839, puisqu'à cette date, Lothaire restitua à
l'église cathédrale de Reggio migrante autem predicto Richardo de hoc seculo les bi-
ens de cette église qu'il avait attribués en bienfait à sonfidelis20. D'après Th. Schieffer,
10 Theganus, Vita, continuatio, p. 603: Anno vero regni sui 23. habuit imperator colloquium cumfideli-
bus suis in praedio regali Theodonis mense Maio. Et ibi venerunt legati Hlutharii a partibus Italiaey
Walach qui erat abbas, et Rihh ardus perfidusy et Ebarhardus fidelis cum ceteris nonnullis, nunciantes
eum libenter venire ad patrem, si pacifiée potuisset.
11 Astronomus, Vita, c. 56, p. 642.
12 Dipl. Karol. 3, n° 40, p. 121 sqq.: inter que expredicta Regensi ecclesia duas cortesy unam que vocatur
Maxenciatica cum capella in honore sancti Domnini (et alteram que nominatur Luciaria cum capella
sancti Georgii), cuidam fideli nostro Richardo nomine in beneficium aliquandiu concessimus. Ce qui
est cité entre parenthèses est, d'après l'éditeur du document, dû à une interpolation.
13 II est dit Richardus quondam cornes illuster dans le diplôme de Lothaire 1er confirmant la donation
de la villa de Villance à Prüm (Dipl. Karol. 3, n° 68, p. 181 sq.). Comme ce titre n'apparaît pas dans
les documents illustrant l'activité de Richard comme huissier, il faut supposer qu'il obtint cet honor
non de Louis, mais de Lothaire. Je rappelle cependant qu'il était possible qu'un huissier fût comte,
comme le prouve le cas d'Agbert (cf. la notice n° 19).
14 B.M. 993(962)c.
15 Nithardus, Historia, lib. I, c. 7, p. 30: Quod idem cum per triduum dividere vellet, sed minime posset,
Josippum atque Riehardum ad patrem direxity deprecans ut Me et sui regnum dividerent parciumque
electio sibi concederetur.
16 B.M. 995(964).
17 Sa fille devint la seconde épouse de Charles le Chauve. Le fait que la nièce de Richard épousa le roi
de Francia occidentalis illustre le prestige de la lignée de l'huissier de Louis le Pieux.
18 Sur ces dernières, cf. Dipl. Karol. 3, p. 181, et Louis, Girard, p. 44.
19 Dipl. Karol. 3, n° 68, p. 181 sq.; ibid. (diplôme de Lothaire II), n° 23 (Aix-la-Chapelle, 7 mars 865),
p. 420 sq.: Isdem postmodum Richardus iam circa finem obitus sui ob divinum amorem et anime suae
remedium villam ipsam seu alias res suae proprietatis germano suo Biuino nec non et Gerardo tune
temporis comitipalatii atque Basino qui et Tancradus ea conditione tradidit, quatinus Uli vicem com-
plentes ipsius ecclesie sancti Salvatoris, coenobio scilicet Prumiacensi, ob retributionis aeternae com-
mertium funditus a die praesenti traderenty sicuti egisse Mos traditio testamenti nec non et praecep-
tum patris nostri super hoc rescriptum apertissime déclarât. Ce diplôme est précieux car il relate de
manière précise l'histoire de Richard.
20 Dipl. Karol. 3, Diplôme de Lothaire, n° 40, p. 121 sqq.
365
qui édita ce diplôme, le document a été interpolé. Il n'y a cependant pas lieu de re-
mettre la date en doute, puisque Richard était déjà mort lorsque l'Astronome com-
posa sa Vita Hludowici 21 . De ce fait, l'on a la confirmation que Richard mourut avant
l'hiver 840/841, au plus tard avant le printemps 841 22 . Il reste à rappeler que vers le
début de son règne, Louis le Pieux restitua à un quidam vasallus noster nomine Rich-
ardus les biens qui avaient été confisqués à son grand-père Hostlaic, mis à mort en
présence de la reine Fastrade, épouse de Charlemagne, parce qu'il avait tué un hom-
me du nom de Rodmond. C'est Matfrid qui traita l'affaire23. Rien ne permet de sa-
voir si le vassal en question était identique avec l'huissier de Louis le Pieux.
En 814, Louis le Pieux reçut une ambassade de l'empereur byzantin, qu'il fit raccom-
pagner par ses propres légats, l'évêque de Reggio, Norbert 2 , et le comte Ricouin,
pour confirmer Yamicitia entre les deux empires3. Ces légats rentrèrent durant l'été
815, leur mission ayant été couronnée de succès4. Les chercheurs se heurtent depuis
longtemps à un important problème de tradition manuscrite: Ricouin apparaît com-
me comte de Padoue dans certaines familles de manuscrits des Annales royales; com-
me comte de Poitiers dans une autre famille de manuscrits ainsi que dans des sources
un peu plus tardives, dont la Vita Hludowici de l'Astronome. E. Hlawitschka a ex-
posé le problème en détail; il tend à opter pour la thèse poitevine 5 . Etant donné le
nombre de personnages portant ce nom 6 , et puisque je ne suis pas en mesure d'ap-
porter un nouvel élément au dossier, je préfère laisser la question en suspens 7 .
21 Astronomus, Vita, c. 56, p. 642: ... sed et Richardus vix evasit: non post multum et ipse moritur.
22 Cf. TENBERKEN, Vita, p. 42 sq., repris par DEPREUX, Poètes, p. 314 sq.
23 B.M. 813(789) = Formulae imperiales, n° 49, p. 323 sq. (à la p. 323).
En 832, Ricouin est attesté parmi les conseillers de Louis le Pieux: il incita l'empereur
à refuser d'accorder à Conwoion la permission de fonder le monastère de Redon 3 .
C'est en s'appuyant sur ce fait que J.-P. Brunterc'h juge qu'il est »certain que Ricou-
in ... est comte de Nantes dès la fin d'août 832«4. On l'y retrouve au lendemain de la
grave crise politique du règne de Louis le Pieux: »un acte du cartulaire de Redon
dressé entre le 28 janvier 834 et le 27 janvier 835 prouve d'ailleurs que Ricouin a ré-
cupéré le comté de Nantes dès la restauration de l'Empereur ou, tout au moins, dès
l'élimination de Lambert« 5 . Le comte Ricouin mourut vraisemblablement en 841,
lors de la bataille de Fontenoy-en-Puisaye 6 .
Le comte Robert 3 est attesté en 825 comme missus dans la province ecclésiastique de
Mayence 4 . Il s'agit certainement d'un comte de la région 5 . Il se pourrait qu'il fût
identique avec le comte, son homonyme, ayant à l'occasion siégé au tribunal du Pa-
lais sous Charlemagne, comme l'atteste un diplôme de ce dernier daté du 8 mars
8126. Un certain Robert (Ruadbert) apposa son signum parmi ceux d'autres comtes
sur la charte d'échange conclue entre le comte de Tours, Hugues, et l'abbé de Wis-
sembourg, également évêque de Worms 7 - ce qui prouve qu'il participa au plaid tenu
à l'été 820 à Quierzy-sur-Oise 8 . Le 29 mai 819, un comte homonyme (Ruadperah-
tus) souscrivit également une charte pour Fulda 9 . Mais retournons en Alsace. Le 8
janvier 823, Louis le Pieux délivra un diplôme en faveur du monastère de Hornbach.
Ce diplôme fut établi suite au rapport de Matfrid, qui avait interrogé le comte Robert
(Hruotbertus) 10 . Je signale enfin que Louis le Pieux, en janvier 836, récompensa la fi-
délité d'un vassal du nom de Robert en lui faisant une donation 11 ; rien ne permet d'i-
dentifier ce personnage. Quant au comte Robert auquel Eginhard demanda de ren-
dre justice à son homo, un certain Alahfrid12, il était peut-être identique avec le mis-
sus attesté dans la province de Mayence; nous n'avons toutefois aucune certitude à ce
propos.
Ce comte est attesté en 825 comme missus dans la province ecclésiastique de Tours 2 .
L'on se doit bien évidemment de remarquer que ce personnage exerçait les fonctions
de missus dans une région dans laquelle, une génération plus tard, l'un de ses ho-
monymes serait tout puissant 3 . L'identification des différents personnages homony-
mes mentionnés sous le règne de Louis le Pieux n'est pas chose évidente: dans le mê-
me document de 825, la Commemoratio missis data, il est fait mention d'un autre
comte Robert. Les diverses mentions dignes d'intérêt sont étudiées dans la notice
consacrée à ce personnage 4 .
237. RODMOND 1
Comte, attesté de 823 à 826
Suite à la demande d'aide formulée par le Danois Harold lors du plaid tenu en no-
vembre 823 à Compiègne 2 , Louis le Pieux envoya sur place deux comtes pour appré-
cier la situation politique. L'un de ces missi fut le comte Rodmond 3 . Notre personna-
10 B.M. 770(745), éd. P.L. 104, col. 1107 sq. (à la col. 1107): Nos iterum jussimus Matfredo et alios fidè-
les nostros hanc rem diligenter inquirere. Qui, sicut nobis renuntiaverunt, invenerunt per Hruotber-
tur (lire: Hruotbertum) comitem et caeteros nobiles ac veraces homines circa manentes, quod ... A ce
propos, cf. DEPREUX, Matfrid, p. 346 (et plus spécialement note 97).
11 B.M. 953(922).
12 Einhardus, Epistolae, n° 7, p. 112. Cf. la notice n° 111.
ge était peut-être le comte dont il est question dans la Responsa missis data de 826: ce
comte n'avait pas pu se rendre au plaid où il avait été convoqué, en raison du service
qu'il accomplissait alors pour l'empereur (propter nostrum servitium*). Ceci prou-
verait que Louis l'employa également pour d'autres missions qui nous sont incon-
nues, à moins que cette mesure visant à lui permettre de se justifier par serment ne
soit à mettre en rapport avec la mission chez les Danois.
238. RORGON1
Comte du Maine, attesté de 819/820 à 8392
dofridi et statum totius regni Nordmannorum diligenter explorantes adventum Harioldi praecesser-
unt et imperatori omnia, quae in Ulis partibus comperire potuerunt, patefecerunt. Cum quibus et Ebo
Remorum archiepiscopus, qui consilio imperatoris et auctoritate Romani pontifias praedicandi gratia
ad terminos Danorum accesserat et aestate praeterita multos ex eis ad fidem venientes baptizaverat,
régressas est.
4 Responsa, c. 4, p. 314: De causa Hruotmundi comitis: ut ei liceat hic inpalatio sacramentum suum iur-
are, quia propter nostrum servitium sibi constitutum placitum intra patriam observare non licuit.
du roi attestée pour Rorgon 9 , bien que l'on ait ici affaire à un personnage prestigieux
- il fut l'amant d'une des filles de Charlemagne 10 - sur la famille duquel il suffit de
renvoyer à l'étude fondamentale de K. F. Werner11.
239. ROSTAING 1
Comte de Gérone, attesté de 782 à 801
240. ROTFRID^I)
Comte, attesté en 825
Le comte Rotfrid est attesté comme missus de l'empereur en 825 dans la province
ecclésiastique de Reims, où les diocèses de Reims, Châlons, Soissons, Senlis, Beau-
vais et Laon lui étaient confiés2. L'on retrouve notre comte dans un diplôme (non
daté) de Louis le Pieux: il fut chargé d'enquêter sur le statut d'un quidam 3 . C'est tout
9 HENNEBICQUE-LE JAN, Prosopographica Neustrica, p. 263, passe néanmoins ce fait sous silence dans
sa notice. On n'a par contre pas à prendre en compte l'action de Rorgon telle qu'elle apparaît dans le
diplôme B.M. 926(897), puisqu'il s'agit d'un faux.
10 Annales Bertiniani, a. 867, p. 134: Hludouuicus, abbas monasterii sancti Dyonisii, et nepos Karoli im-
peratoris exfilia maiori natu Robtrude, V idus ianuarii obiit. Il eut pour frère Gauzlin (ibid., a. 858,
p. 77), attesté comme fils de Rorgon dans la donation du 1er mars 839 mentionnée supra.
11 WERNER, Bedeutende Adelsfamilien, p. 137 sqq.
ce que Ton sait de ce comte 4 , à moins qu'il ne fût identique avec le Rotfrid mentionné
dans les notes tironiennes d'un diplôme de Louis le Pieux 5 .
242. ROTGAIRE 1
Scribe, vers 825
Rotgaire 2 fut l'un des scribes ayant écrit le ms. 3868 de la Biblioteca Apostolica Vati-
cana3, produit vers 825 à la cour de Louis le Pieux 4 .
4 C'est peut-être du tabellarius de ce personnage (il s'agit d'un tabellarius quidam Rotfridi comitis)
qu'il est question dans Odilo, Translatio s. Sebastiani, c. 29, p. 385.
5 Cf. la notice n° 241.
Rothade, qui devint evêque de Soissons vers 8324, fut, en 834, chargé par Louis le
Pieux de rattraper l'archevêque Ebbon, qui avait tenté de chercher refuge chez les
Danois, et de le conduire à Fulda 5 . Rothade participa d'ailleurs à l'assemblée de mars
835 à Thionville, au cours de laquelle Ebbon fut déposé 6 .
245. RUADBERN 1
Attesté en 833/834
Ruadbern est un personnage sur lequel on aimerait avoir de plus amples renseigne-
ments que ceux fournis par Walafrid Strabon, dans le poème qu'il lui dédia 2 . On i-
gnore quel était l'état de Ruadbern: Walafrid nous permet juste de savoir qu'il était
jeune et peu fortuné 3 à l'époque où il s'illustra par sa fidélité à Louis le Pieux et à son
épouse; néanmoins, ce devait être un membre de l'aristocratie 4 . Walafrid semble lui
attribuer la propre initiative de l'action qu'il relate dans ce poème 5 , puisqu'il attribue
son zèle à une fidélité à toute épreuve 6 . Pour concilier ses liens personnels avec le
souverain et la jeunesse de Ruadbern, l'on peut supposer qu'il comptait parmi les nu-
triti du Palais. Mais que fit-il au juste 7 ?
Alors que Judith était retenue prisonnière en Italie 8 et que les cols alpins étaient
tenus par les partisans de Lothaire 9 , Ruadbern entreprit de se rendre dans la péninsu-
le au prix de grands périls10. Là, il s'efforça, de manière épistolaire et de vive voix, de
gagner les potentes à la cause de Judith 11 . Celle-ci une fois délivrée, il fut conduit au-
près d'elle et il en reçut un message pour Louis le Pieux12, qu'il lui porta au prix d'au-
tres dangers 13 . C'est pourquoi Walafrid invitait Ruadbern à accueillir la récompense
qui lui était due 14 . Notre personnage devint peut-être le cubicularius de Charles le
Chauve attesté une vingtaine d'années plus tard 15 , mais rien ne permet de l'affirmer16.
246. RUADHART1
Comte du Palais, attesté en juin 838
Le comte du Palais Ruadhart 2 n'est attesté que par un seul document: il est cité parmi
les témoins de la restitution faite au profit de l'abbaye de Fulda le 14 juin 838, au pa-
lais de Nimègue 3 . O n peut donc en conclure que ce personnage participa au plaid
alors tenu par Louis le Pieux 4 .
247. RUADPERT 1
Vassal de Louis le Pieux
A une date indéterminée, mais sous le règne de Louis le Pieux, un certain Ruadpert
procéda à une inquisitio - vraisemblablement en tant que missus - concernant des
biens de Saint-Gall 2 . Ce personnage est désigné comme vasallus régis, mais en fait, il
s'agit vraisemblablement d'un vassal de Louis le Pieux3. C'est en tout cas explicite-
ment en tant que tel qu'on retrouve notre personnage dans une autre source, mais
toujours dans la même région: il avait dépossédé le comte Adalbert 4 . Celui-ci l'ex-
pulsa après être allé chercher du renfort; le vassal de Louis le Pieux mourut lors de sa
fuite5. On a voulu reconnaître en ce personnage le comte d'Argengau et Linzgau,
Ruadbert(II) 6 .
248. SCAHAFÈS 1
Attesté en mai 840
Le personnage dont il est écrit dans les notes tironiennes d'un diplôme de Louis le
Pieux délivré à Kissingen le 12 mai 8402 qu'il impetravit pose de graves problèmes
d'identification, tout d'abord en raison de la difficulté de lecture que pose son nom 3 .
1 Formes onomastiques: Ruadpertus, Ruodpertus.
2 Doc. dipl. Saint-Gall, tome 2, n° 18, p. 395: Notitia testium de rebus in Sconiunbirih (Schöneberg) skis
... Nam cum pro eisdem rebus Cozbertus abba ad domnum Hludowicum regem se reclamasset,
jus(s)um est Waningo comitii et Ruadperto vassallo regis inquisitionem de hac refieri.
3 II se peut en effet que le rex Hludowicus en question soit Louis le Pieux, et non Louis le Germanique.
D'ailleurs, dans le même document, Charlemagne est aussi désigné comme rex.
4 Sur ce personnage, cf. BORGOLTE, Grafen Alemanniens, p. 18 sqq.
5 Translatio sanguinis, c. 15, p. 448: Denique Adalberto patentas res haereditario iure, ut dictum est,
possidente, contigit ut Ruodpertus quidam nomine, Ludowici imperatoris vassallus, dolosa circumven-
tione apud seniorem suum impetraret, ut Reciam Curiensem in proprietatem sibi contraderet, pulso-
que Adalberto, possessionem illius sibi usurparet. Me vero cunctis rebus a pâtre relictis spoliatus, quasi
nudus evadens, sola tantum crucicula arrepta, adfratrem, qui tune temporis Hystriam tenebat, confu-
giens, ipsius tandem auxilio collecta virorum multitudine, Ruodpertum invadit, Ulis forte diebus apud
villam Cizuris commorantem. Quifugam iniens, eo quod facultatem cum eo congrediendi non habe-
ret, dum foras villam devenisset, a quodam cavallo, qui ante se capistro ducebatur, qui et nigri coloris
esse ferebatur, genu percussus, confestim equo cui insidebat depositus, moxque in ipso campo supra cly-
peum reclinatus, funeris officio festinanter expleto, praesenti vita miserabiliter decessit.
6 BORGOLTE, Grafen Alemanniens, p. 220 sqq. L'auteur a résumé ainsi son interprétation (ibid., p. 223):
»Adalbert von Rätien hätte demnach bald nach 806/8 die Nachfolge Hunfrids (d. Ä.), seines Vaters,
angetreten. Der Linz- und Argengaugraf R. wäre 816/7 von Ludwig dem Frommen mit dem Ge-
richtsvorsitz im Nibelgau beauftragt worden und danach - mit Billigung des Kaisers - nach Rätien
eingefallen. Er hätte Adalbert vertrieben, der zu seinem Bruder nach Istrien floh. Als Bernhard nach
der Ordinatio Imperii vom Juli 817 seine Rebellion bis in den Bodenseeraum hinein vortrug, zog
Adalbert gegen R. nach Rätien zurück, und bei dem Konflikt um Zizers kam R. ums Leben. Dies
muß noch 817 geschehen sein, da der Aufstand schon Ende des Jahres erstickt war. Adalbert hätte die
Leiche R.s in Lindau bestattet und danach seine Herrschaft in Rätien erneuert«.
La lecture Scahafes est celle de M. Jusselin 4 . Ce personnage - si tant est que son nom
fût lu correctement - est par ailleurs inconnu.
Le comte Sicard fut Tun des missi de Louis le Pieux ayant enquêté en raison d'une
plainte relative à une usurpation de biens par Pabbé du Mont-Joux. Suite au rapport
des missi, les plaignants eurent gain de cause2. Le document nous apprenant cela, qui
figure parmi les Formulae imperiales, est d'autant plus intéressant qu'il est l'une des
rares pièces prouvant qu'un abbé pouvait perdre un procès, ce que la documentation
- essentiellement ecclésiastique - passe le plus souvent sous silence. Il est probable
que le comte Sicard fût celui qui siégea au tribunal du Palais de Charlemagne réuni en
mars 812 à Aix-la-Chapelle 3 .
Au synode tenu à Mantoue le 6 juin 827, l'un des deux envoyés de l'empereur (Louis
le Pieux), fut un certain Sicard, désigné commepalatinuspresbiter 2 . C'est à juste titre
que J. Fleckenstein a reconnu en lui un chapelain3. En revanche, on ne peut pas le sui-
vre lorsqu'il identifie ce personnage avec l'abbé homonyme de Farfa4, qui fut promu
à l'abbatiat en 8325: en effet, nous savons par son épitaphe que ce dernier fut donné à
l'abbaye encore tout nourrisson. Si »le monde ne le connut point après qu'il fut venu
au jour«, l'on voit difficilement comment il aurait pu faire carrière à la cour impéria-
le6 - carrière que taisent les sources de Farfa (un fait surprenant au cas où l'hypothè-
se de J. Fleckenstein serait juste). D'ailleurs le chapelain Sicard est attesté à la cour
vers 833/834, si la datation d'une lettre de Frothaire de Toul proposée par son éditeur
d'après le contexte s'avère exacte: l'évêque s'adressait à celui qu'il appelait divina
provitione venerabil(is) magist(er) pour lui demander d'introduire auprès de Lothai-
re le fils d'un comte dont l'éducation lui avait été confiée (il s'agissait par conséquent
très vraisemblablement d'un nutritus du Palais)7. Si ce n'est qu'après que Lothaire se
fut emparé du pouvoir8 que le chapelain dut présenter son jeune élève au fils de Lou-
is le Pieux (alors que rien n'indique que l'éducation du puer venait de lui être con-
fiée), il faut conclure que Sicard n'était pas à l'origine au service de Lothaire. Il est par
conséquent logique de le compter parmi les membres du Palais de Louis le Pieux.
251. SIGISBERT1
Notaire, attesté en 821
Le notaire Sigisbert2 n'est attesté que par un seul diplôme, d'ailleurs conservé en ori-
ginal, donné le 28 juillet 821 à Prüm en faveur du monastère de Niederalteich. La for-
mule de récognition n'est pas conforme aux normes habituelles, puisque l'archichan-
celier est désigné en tant qu'abbé: Sigisbertus ad vicem Fredegisi abbatis3. Aurait-on
affaire à un notaire occasionnel?
252. SIMÉON1©
Notaire, attesté en 823 et 824
Le prêtre Siméon, abbé d'un monastère dont on ignore le nom, enquêta en qualité de
missus, concernant une restitution à l'église cathédrale du Mans 2 .
254. SMARAGDE 1
Abbé de Saint-Mihiel, attesté à partir de 809 2 - mort un 29 octobre,
au plus tôt en 827
8 B.M. 622(602)a.
9 Cf. Smaragdus, Expositio, p. XXIX.
10 Cf. Astronomus, Vita, c. 28, p. 622 - texte cité à la notice n° 1.
11 Frotharius, Epistolae, n° 21, p. 290 sq. (citation dans le texte: ibid., p. 290). Sur le contexte dans le-
quel Smaragde procéda au partage de la mense conventuelle et de la mense abbatiale de Moyenmou-
tier, cf. PFISTER, Frothaire, p. 286 sqq.
12 Catalogus abbatum s. Eugendi, p. 744: Zmaragdus abbas et Teutbertuis capellanus, missi domni no-
stri Ludovici imperatoris, in anno 6. imperii eins inbreviarunt res monasterii sancti Eugendi et inve-
nerunt colonicas vestitas 840, absas 17. '
13 B.M. 789(764). Smaragde avait peut-être participé au plaid tenu fin juin 824 à Compiègne, B.M.
785(76l)c. Néanmoins, le temps écoulé entre la réunion de cette assemblée et l'expédition du diplô-
me est trop long pour que l'on puisse affirmer cela.
14 B.M. 837(811).
15 Cf. MANITIUS, Geschichte, p. 461 sqq. A compléter par SCHMALE-OTT, Gedicht.
16 Cf. DEPREUX, Poètes, p. 314 note 14.
17 Epistolae variorum 1, n° 23, p. 532 sq.: Sed non, utprefati sumus, nos ad hoc peragendum opus pre-
sumptionis commovit audacia, sed dilectionis et caritatis excitavit fiducia.
378
255. STABLE1
Evêque de Clermont 2 , attesté de 823 à 8603
C'est par un document diplomatique de nature peu ordinaire 4 que l'évêque Stable est
attesté comme missus de Louis le Pieux. En 823 5 , il fut désigné par l'empereur pour
présider à un échange entre l'abbé de Conques, Anastase, et le vassal impérial Ber-
trand 6 .
256. STURMION 1
Comte, attesté sous le règne de Louis en Aquitaine, vraisemblablement vers 795
A une date inconnue, mais qui se situe probablement vers 795 2 , le comte Sturmion,
sur l'ordre du roi Louis, procéda à l'investiture de l'aprisionnaire Jean 3 et il borna
18 Cf. EBERHARDT, Via regia, p. 46, qui se réfère à Charles AIMOND, Les nécrologes de l'abbaye de
Saint-Mihiel, Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc 44 (1922/1923) p.
1-206, à la p. 112. Le fait que Smaragde mourut en octobre est confirmé par son épitaphe, cf. Doc.
dipl. Saint-Mihiel, p. 9 note 6.
19 Cf. EBERHARDT, Via regia, p. 46.
20 Cf. Dipl. Karol. 3, n° 54, p. 155 (Diplôme de Lothaire de janvier 841, donné en faveur du successeur
de Smaragde à Saint-Mihiel).
son bien 4 . Le comte Sturmion a été retenu dans cette prosopographie car, bien qu'il
ne soit pas désigné comme missus> la mission qu'il reçut semble permettre de le
compter dans cette catégorie d'agents de l'Etat. Reste à préciser son identité. On a
voulu reconnaître en Sturmion un comte de Narbonne 5 . La chose est possible, mais
rien, dans l'enquête où son action fut évoquée, ne permet d'acquérir une certitude en
la matière. Il est simplement dit que les judices de Sturmion, c'est-à-dire ceux qui
l'assistèrent dans sa mission, étaient de Narbonne. En revanche, l'objet du mandat de
Louis le Pieux tel qu'il est évoqué dans un diplôme de Charles le Chauve du 5 juin
844 tend à faire penser que Sturmion était le comte dont dépendait ce lieu, bien qu'il
ne soit pas fait mention explicite de la circonscription où ce comte exerçait son pou-
voir 6 . Or, il existe une autre piste. En effet, l'Astronome relate qu'à l'occasion du re-
nouvellement du personnel administratif survenu vers 778, le comté de Bourges fut
confié à Humbert, auquel Stürbe (Sturbius) succéda peu de temps après 7 . Aurait-on
affaire à la même personne? Rien ne permet de l'affirmer. Cependant, la chose est
possible. Dans une source composée vers le milieu du IXe siècle, le comte de Bour-
ges, Stürbe, est en effet réputé s'appeler Sturminius 8 . On sait par ailleurs que Stur-
mion était également appelé Sturminio 9 .
257. SUIZGAIRE 1
Attesté en octobre 822
Un certain Suizgaire ambasciavit concernant un diplôme pour les forestiers des Vos-
ges2. L'on ne sait rien d'autre de ce personnage.
4 Ibid., p. 11: Et dum Sturmio comis cum suos judices Narbonenses in ipsum villare fuissety sic interjam-
dicto villare et villare que vocant Gurgos terminos et limites misit...
5 WOLFF, Aquitaine, p. 290. Cet auteur se fonde sur l'enquête de Fontjoncouse.
6 Cf. Actes de Charles le Chauve, tome 1, n° 43, p. 120:... vassus noster, nomine Teodtfredus, nostris ob-
tulit obtutibus auctoritatem avi nostri Karoliy qua continebatur qualiter patri suoy nomine Johannit
praescriptus bonae memoriae avus noster Karolus concesserat villarem ad laborandumy qui vocatur
Fontes, cum omni sua integritate et quantumcumque ille in Fontejoncosa de heremi vastitate traxit
cum suis hominibus. Ostendit etiam nobis epistolam domni et genitoris nostri Hludowici piissimi au-
gusti ad Sturminionem comitem directam, utpraedictam villamy id est Fontes, memorato Johanni abs-
que ullo censu et inquietudine habere dimitteret, propter quam epistolam avus noster Karolus, ut in
sua auctoritate continetur, Uli fieri jussit hoc.
7 Astronomus, Vita, c. 3, p. 608 - texte cité à la notice n° 2: Et Biturigae civitati primo Humbertum,
paulo post Sturbium praefecit comitem ...
8 Cf. Adrevaldus, Miracula, I, c. 18, p. 43: ... quibusdam servorum suorumy fisci debito sublevatis, cu-
ram tradidity regni; atque in primis Rahonem Aurelianensibus comitem praefecit, Biturigensibus
Sturminium ... Cf. WERNER, Bedeutende Adelsfamilien, p. 126 note 155. Sur l'époque à laquelle vécut
Adrevald, cf. VIDIER, Historiographie, p. 157 sq.
9 Cf. le diplôme de Charles le Chauve cité supra.
258. TANCULF 1
Trésorier du Palais, puis chambrier 2 , attesté de 821 à 832
Tanculf est attesté pour la première fois en février 821 3 : l'ordre donné par Louis le
Pieux de faire porter l'abbé Benoît, alors à l'article de la mort, jusqu'à Inden fut
transmis par Tanculf, désigné comme camerarius, c'est-à-dire comme chambrier 4 .
Tanculf est également attesté à Ingelheim en 826, puisque c'est lui qui conduisit à
Aix-la-Chapelle le facteur d'orgues amené par Baudry 5 . Tanculf est alors désigné
comme sacellarius, c'est-à-dire comme trésorier, un subordonné du chambrier 6 .
Etant donné que l'on peut difficilement envisager une rétrogradation et que l'on
préférera le témoignage de l'annaliste, il faut conclure à une imprécision d'Ardon 7 :
en 821, Tanculf était bien attaché à la gestion du Trésor, mais pas comme chambrier;
plutôt en tant que son assistant. L'Astronome le désigne comme sacrorum scriniarum
praelato8 et prouve ainsi que le personnage en charge des scrinia avait compétence en
matière de finances9. Le 13 juillet 832, Tanculf est une nouvelle fois attesté comme
camerarius. L'on ne peut pas douter ici de la véracité de l'information et de la rigueur
dans la désignation, puisqu'il s'agit d'un diplôme de Louis le Pieux: l'empereur con-
firma l'échange conclu entre l'abbé de Hasenried et le chambrier Tanculf10. La pro-
motion de Tanculf intervint fort vraisemblablement suite au renvoi de Bernard 11 , en
830.
Etant donné que l'Astronome comprend manifestement scrinium comme coffre à
trésor (comme coffre où étaient placées les finances), et non comme coffret à docu-
ments (à moins que ce coffret ne contînt les titres du roi, les documents prouvant ses
possessions12), l'on peut supposer que la fonction de sacellarius dont parle l'annaliste
(dont le nom vient de saccellus, sacoche13) et celle de scriniarius (dont le nom vient de
scrinium, coffret14), office du personnage auquel écrivait Alcuin15, étaient identiques
et que celui que les historiens ont pris pour un archiviste était en réalité un trésorier.
Mais peut-être la différence entre les deux fonctions n'était-elle pas si stricte16. De
l'ami d'Alcuin, ce scriniarius en qui l'on reconnaît un archiviste 17 ,). Fleckenstein fait
un chapelain18. Il s'agit d'une pétition de principe: rien dans le texte ne nous permet
d'affirmer telle chose. F.-L. Ganshof était plus prudent 19 . Pour des raisons onoma-
stiques, on ne peut pas identifier l'ami d'Alcuin avec le trésorier de Louis le Pieux20.
259. TEUTARD1
Comte
Le comte Teutard enquêta avec Sicard en qualité de missus de Louis le Pieux, sur une
usurpation de biens par le monastère du Petit-Saint-Bernard. L'on ignore la date de
cette enquête 2 .
260. TEUTBERT 1
Chapelain, attesté vers 819
Vers 819, le chapelain Teutbert 2 est, ainsi que Smaragde, l'abbé de Saint-Mihiel, at-
testé comme missus au monastère de Saint-Claude, où il procéda à un inventaire des
biens de cet établissement3.
261. THÉODÉRIC 1
Fils naturel de Charlemagne, né en 807 - attesté jusqu'en 818
Théodéric, né en 8072 d'une concubine du nom d'Adallinde 3 , était l'un des fils natu-
rels de Charlemagne que ce dernier confia à Louis le Pieux en 813, lorsqu'il l'associa
au titre impérial 4 . Suite à la révolte de Bernard d'Italie, Théodéric fut, en 818, tonsuré
et envoyé dans un monastère 5 - éventuellement à Saint-Epvre de Toul 6 . Ensuite,
nous perdons sa trace. Il devint peut-être abbé de Moyenmoutier 7 - c'est là pure hy-
1 Seule forme onomastique: Teutardus.
2 B.M. 812(788) - texte cité à la notice n° 249.
pothèse. Il se peut également qu'il mourut peu de temps après 818, ce qui expliquer-
ait pourquoi Thégan ne fit aucune mention d'une promotion le concernant 8 .
262. THÉODULF1
Evêque d'Orléans 2 (avec le titre d'archevêque), attesté de 791 3 /798 4 à février 820
Il est hors de propos de présenter ici une étude détaillée sur le lettré d'origine wisigo-
thique 5 qui fut l'un des principaux doctor(es) et magist(ri)6 du règne de Charlemagne
et de sa cour, puisque l'on dispose d'une fort bonne étude sur son oeuvre 7 . Il suffira
de rappeler que Théodulf mena une carrière prestigieuse, ce qu'attestent non seule-
ment son activité comme »conseiller théologique de Charlemagne« 8 , mais aussi une
mission dans la Gaule du Sud qu'il relate dans son poème contra indices9: Praefectura
mihifuerat peragenda tributa/ Resque actu grandes officium potens10. Vers 811, la ci-
tation de l'évêque d'Orléans parmi les témoins du testament de Charlemagne prouve
son crédit politique 11 . Le seul fait qui justifie la présence de Théodulf dans cette pro-
sopographie est le suivant: au début d'octobre 816, l'évêque d'Orléans fut chargé par
Louis le Pieux d'accueillir le pape lors de sa visite à Reims n - ce qui montre le presti-
ge dont il jouissait du temps du successeur de Charlemagne, en dépit de ce que l'on a
pu dire sur leurs relations au début du règne. En effet, d'aucuns ont interprété sa dé-
marche de février 814 comme un premier signe de tension 13 (en lequel on ne peut
toutefois qu'avec peine voir un prodrome d'opposition): lorsque Théodulf comprit
quelle nouvelle Rampon portait à Louis le Pieux, il fit demander au nouvel empereur
qui correspond à la fourchette chronologique définie pour la rédaction de la lettre de Frothaire, cf.
HAMPE, Datierung, p. 759 sq.
8 Theganus, Vita, c. 24, p. 596.
où il devait l'accueillir14. Il me semble que Théodulf fut, comme les autres grands, in-
formé de la mort de Charlemagne 15 . Le diplôme expédié à Aix-la-Chapelle le 11 sep-
tembre 814 en faveur de Sainte-Croix d'Orléans 16 prouve en tout cas que Louis le
Pieux et Théodulf n'étaient alors aucunement en froid.
Suite à la révolte de Bernard d'Italie, dans laquelle il fut accusé d'avoir trempé 17 ,
une assemblée d'évêques, en 818, déposa, entre autres, Théodulf18, qui fut incarcéré à
Angers 19 . Selon une tradition fausse20, Louis le Pieux aurait, le jour des Rameaux 818
à Angers 21 , entendu des vers composés par Théodulf22 et, attendri, aurait fait libérer
et rétablir l'évêque d'Orléans dans ses fonctions, que ce dernier n'aurait néanmoins
pas pu reprendre car il aurait entre-temps été empoisonné 23 . Cette fable est à rejeter.
Les raisons pour lesquelles Théodulf aurait fait partie des instigateurs de la révolte de
Bernard d'Italie sont loin d'être évidentes24, et, ainsi qu'E. Dahlhaus-Berg en a émis
l'hypothèse 25 , il est fort probable que l'on doive chercher le motif de l'accusation et
de la condamnation de l'évêque d'Orléans dans une rivalité entretenue par le puissant
comte de cette cité, Matfrid26. L'on doit cependant convenir que ce dernier ne gagna
pas grand-chose à l'évincement de Théodulf27. L'évêque d'Orléans était également
abbé de plusieurs établissements28: de Saint-Aignan29, de Fleury 30 , de Meung-sur-
Loire 31 , dont Matfrid serait ensuite à la tête 32 mais qui comptait bien initialement
parmi les possessions de l'évêché d'Orléans 33 . Théodulf procéda aussi à la réforme de
14 Astronomus, Vita, c. 21, p. 618: Qui (il s'agit de Rampon) cum Aurelianam devenisset ad urbem,
Théodulf us eiusdem urbis episcopusy vir undecumque doctissimus, causam eius adventus persensit, et
velocissime misso perlatore imperatori innotescere studuit, hoc tantummodo ei suggerendum iubens,
utrum praestolaretur venientem in urbem, an in itinere aliquo sibi occurreret venturo ad urbem.
Quam protinus causam Me commentatus agnovit, et ipsum venire ad se iussit.
15 A ce propos, cf. DEPREUX, Wann begann?, p. 263 sq.
16 B.M. 541(522), diplôme de confirmation du privilège d'immunité.
17 Annales regni Franc, a. 817, p. 148; Astronomus, Vita, c. 29, p. 623.
18 Annales regni Franc, a. 818, p. 148; Theganus, Vita, c 22, p. 596; Astronomus, Vita, c. 30, p. 623;
Chronicon Moissiacense, a. 817, p. 313; Annales Fuldenses, a. 818, p. 21; Annales Xantenses, a. 818,
p. 6. Tous les évêques compromis furent relégués dans des monastères.
19 Catalogus abbatum Floriacensium, p. 501. Même pendant son exil, il resta lié d'amitié avec Modou-
in, l'évêque d'Autun. Cf. Theodulfus, Carmina, n° 72, p. 563 sqq. et n° 73, p. 569 sqq.
20 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 169 sq.
21 Catalogus abbatum Floriacensium, p. 501.
22 Theodulfus, Carmina, n° 69, p. 558 sq.
23 Hugo, Historia, Lib. VI, p. 364.
24 Cf. GODMAN, Louis, p. 243.
25 DAHLHAUS-BERG, Nova antiquitas, p. 17 sq.
26 Hypothèse reprise dans DEPREUX, Poètes, p. 313.
27 Cf. DEPREUX, Matfrid, p. 348 sqq.
28 Cf. DAHLHAUS-BERG, Nova antiquitas, p. 2 sq. et p. 9 sq. Les monastères de Saint-Aignan, Fleury et
Meung-sur-Loire sont mentionnés comme établissements quae nobis ad regendum concessa sunt
(Capitula episcoporum, p. 115 sq. = 1er capitulaire de Théodulf, c 19).
29 B.M. 543(524) et B.M. 544(525).
30 Catalogus abbatum Floriacensium, p. 500 sq.
31 Capitula episcoporum, p. 115 sq.
32 B.M. 760(735).
33 Actes de Charles le Chauve, tome 1, n° 25, p. 62 sqq.
385
263. THÉOTHAIRE 1
Comte, attesté de 811 à novembre 823
Suite à la demande d'aide du Danois Harold, Louis le Pieux avait envoyé, entre au-
tres, le comte Théothaire en tant que missus de l'empereur auprès des rivaux du prin-
ce danois, les fils de Gotfrid. Les missi revinrent en 823, vraisemblablement lors du
plaid tenu en novembre à Compiègne 2 . Théothaire était un spécialiste des affaires da-
noises: déjà en 811, on le trouve parmi lesprimores départe Francorum qui conclu-
rent la paix avec les Danois 3 .
34 Letaldus, Liber miraculorum, p. 582 sq. La réforme de Micy a été décrite par JAROSSAY, Micy, p. 55
sqq.
35 DUCHESNE, Fastes, tome 2, p. 459.
36 Theodulfus, Carmina, n° 72, p. 566, v. 111 sqq.
37 DAHLHAUS-BERG, Nova antiquitas, p. 21: »Nach dem 8. Februar 820, einer seinem Carmen LXXII
zu entnehmenden Datierung, und vor dem Oktober 821, als in Diedenhofen eine allgemeine Amne-
stie für die Teilnehmer am Aufstand Bernhards erlassen wurde, die er nicht mehr erlebte, starb er zu
einem unbekannten Zeitpunkt in der Haft«.
38 L. Duchesne se réfère au nécrologe de Saint-Germain-des-Prés, qui porte la mention: XIIII. KL
Oct. Dep. Theodulfi episcopi (cité d'après Doc. dipl. Saint-Germain, pièces justificatives, p.
CXVIII). Cette date est confirmée par l'obituaire du prieuré d'Argenteuil (Obituaires de Sens, tome
1, p. 349). A. MOLINIER (ibid., p. 273) est d'avis qu'il s'agit de l'évêque de Paris qui régna de 911 à
922 (ces dates sont celles données dans la Gallia Christiana ..., tome 7, Paris 1744, col. 39 sq.). Cette
identification n'est pas recevable, étant donné que l'obituaire de la cathédrale de Paris fait mention
de la mort de cet évêque le 24 avril (Obituaires de Sens, tome 1, p. 124: VIII kal De domo sancte
Marie, obiit Albericus, decanus atque sacerdos et Theodulphus episcopus, qui primas firmavit claus-
trum nostrum, sub Karolo rege). Il n'y a pas de doute possible sur l'identité de ce Théodulphe avec
l'évêque de Paris du temps de Charles le Simple. En effet, l'information donnée dans la notice chro-
nologique est confirmée par un diplôme de 910/911: cf. Ph. LAUER (éd.), Recueil des actes de Charles
III le Simple, roi de France (893-923), Paris 1949, n° 64, p. 144 sqq. On peut par conséquent penser
que la mention du nécrologe de Saint-Germain-des-Prés relative au 18 septembre se rapporte à l'évê-
que d'Orléans.
264. THÉOTHARD1
Archiviste {cartolarius), mort entre janvier 820 et juillet 821
Le cartolarius impérial Théothard 2 nous est connu par un diplôme de Louis le Pieux
du 16 juillet 821. Un certain Fulquin lui avait confié ses biens avant de partir en expé-
dition contre les Slaves; il s'agit vraisemblablement de l'expédition de janvier 820.
Fulquin étant revenu sain et sauf de la campagne militaire, il désira récupérer ses bi-
ens. Or, entre-temps, Théothard était décédé. C'est pourquoi Fulquin s'adressa à
Louis le Pieux pour qu'il lui rendît ses biens alors intégrés au fisc, ce que l'empereur
fit après avoir ordonné une enquête 3 . Le titre de cartolarius porté par Théothard
révèle fort probablement une influence du système aulique byzantin sur la cour fran-
que 4 . O n connaît les nombreux échanges épistolaires et diplomatiques entre les deux
cours impériales 5 . Néanmoins, il est fort difficile d'apprécier quelles étaient les attri-
butions exactes du cartolarius, car les chartulaires byzantins avaient des fonctions
fort variées6. La prudence s'impose par conséquent et, sous toute réserve, je propose
de voir en Théothard un archiviste 7 préposé à la gestion du Trésor 8 . C'est également
1 Formes onomastiques: Theuthardus, Teuthardus.
2 SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 232 sqq., ignore ce personnage dans sa description de la cour.
3 B.M. 739(715), éd. Doc. dipl. Rhin moyen, n° 53, p. 59 sq.: ... notum sit vobis quia quidam homo no-
mine Fulquinus de pago Engrisgoe et de villa Meineburo nostram adiit clementiam innotuit mansue-
tudini nostrae, qualiter dum in Dei et nostra utilitate contra Sclavos pergere deberet res suas proprias
quas habeat Theuthardum quondam cartolarium nostrum tradidit, ea videlicet condicione, ut si Dom-
no auxiliante de illo itinere reverteretur, easdem res suas Uli redder et, et si vitam presentem in illo exer-
citu amitterety pro eins anima iam dictas res darety sed dum ipse de eadem expeditione fuisset reversus
defunctum invenit eundem Theuthardum etiam omnes res illas quas idem Fulquinus modo superius
compiebenso Uli delegaverat in iuris nostri vestituram habere acceptam. Le texte de ce diplôme est
fautif. Pour qu'il ait un sens, il faut mettre la première mention de Théothard au datif, et non à l'accu-
satif.
4 Pour un exemple d'influence byzantine sur les usages de l'administration franque, cf. OHNSORGE, Le-
gimus. On a par ailleurs la certitude qu'à une époque certes un peu postérieure à l'affaire qui nous oc-
cupe ici, en l'occurrence vers 840, on connaissait un chartoularios byzantin à la cour franque, cf. SHE-
PARD, Rhos guests, p. 55 sqq.
5 Cf. LOUNGHIS, Ambassades.
6 Cf. GUILLAND, Chartulaire.
7 NIERMEYER, Lexicon Minus, p. 175, donne également le sens de »fonctionnaire préposé aux registres
de l'armée«, ce qui, étant donné le contexte dans lequel on connaît Théothard, est assez séduisant. Je
préfère cependant m'en tenir à une description assez générale de cette fonction. Il y a néanmoins un
problème de taille. F. Niermeyer a cité le diplôme de Louis le Pieux ici en question pour illustrer le
sens d'un »ancien serf qui a été affranchi au moyen d'une charte«. Cette interprétation est totalement
à rejeter. En effet, rien dans le texte de ce diplôme ne laisse supposer cela. Je traduis cartolarius par
»archiviste« (cf. GAFFIOT, Dictionnaire, p. 299, art. »chartularius«) car c'est par ce terme que l'on
peut, d'une manière générale, désigner l'activité des chartulaires byzantins, cf. GUILLAND, Chartulai-
re, p. 405. Sur les archives du Palais, cf. FICHTENAU, Archive, p. 21 sqq.
8 En effet, Paul Diacre fit de Narsès, qui commandait l'armée impériale dans la guerre que Justinien
mena contre les Ostrogoths, un chartolarius imperialis (Paulus, Historia Langobardorum, II, c. 1, p.
72). Or, l'on sait que Narsès fut sacellarius (cf. JONES, Later Roman Empire, vol. 1, p. 276) avant de
devenir praepositus sacri cubiculi (ibid., p. 290). Il semble donc que Paul Diacre considérât les termes
de sacellarius (trésorier) et de chartolarius comme synonymes. Notons qu'au Bas-Empire, la fonction
de chartularius était assumée par un fonctionnaire attaché au service du cubiculum de l'empereur (cf.
JONES, Later Roman Empire, vol. 1, p. 567). Il semble dès lors peut-être permis de considérer Théo-
thard comme un collègue de Tanculf (cf. la notice n° 258).
387
sous toute réserve que je compte Théothard parmi les officiers auliques: rien ne nous
donne l'assurance absolue qu'il n'était pas, au niveau local, chargé de la gestion des
terres du fisc9.
265. THÉOTON1
Archichancelier, attesté à partir de 826 - mort en juin 834
266. THOMAS 1
Précepteur du Palais
C'est par un poème que Walafrid Strabon dédia à Thomas, désigné comme praecep-
torpalatii, que ce personnage, auquel Walafrid donnait de Yalm(us) pater, nous est
connu 2 . J. Fleckenstein suppose que ce précepteur du Palais, c'est-à-dire ce »Lehrer
an der Hof schule«3, comptait parmi les chapelains4.
267. URSINIAN 1
Notaire impérial en Italie, attesté de mai 798 à mars 830
Le notaire Ursinian 2 était dans l'entourage de l'abbé Adalhard lors de son séjour en
Italie vers la fin du règne de Charlemagne: il dicta la notice d'un plaid tenu en février
814 par l'abbé de Corbie 3 . Déjà, Ursinian était dans l'entourage des missi domni régis
en mai 798 à Spolète, puisqu'il fut le rédacteur de la notice du plaid alors tenu en ce
lieu4. L'on retrouve Ursinian à Reggio avec Wala en décembre 824 où il siégea com-
me iud(ex) domni imperatoris5 et à Parme en mars 830, où il présida lui-même le
plaid 6 .
268. WADON 1
Attesté en août 794
Wadon fut l'un des souscripteurs du diplôme de Louis le Pieux délivré le 3 août 794
en faveur de la cellola de Nouaillé 2 .
1 Seule forme onomastique: Thomas.
2 Walahfridus, Carmina, n° 36, p. 387. Il est également question d'un Thomas, vraisemblablement iden-
tique avec notre personnage, dans Theodulfus, Carmina, n° 79, p. 581 v. 57.
3 SIMSON, Jahrbücher, tome 2, p. 260. Il n'y a pas à prendre en compte l'analyse présentée par B. SIM-
SON, ibid., p. 260 sq. note 10, concernant les comtes du Palais désignés comme in palatiis praeceptores
par Walafrid, car la leçon praetores est à préférer (cf. Walahfridus, Libellus de exordiis, c. 32, p. 515 1.
26).
4 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 74.
269. WALA 1
Comte, puis abbé de Corbie, vraisemblablement né entre 772 et 7802 -
mort le 31 août 8363
Etant donné que l'on dispose d'une très bonne étude biographique sur Wala, c'est à
ce travail qu'il convient de se reporter 4 . Il sera par conséquent ici avant tout question
des sources montrant explicitement la participation du célèbre »comte, moine et re-
belle« à l'exercice du pouvoir sous Louis le Pieux. Paschase Radbert, dans son Epita-
phium Arsenii 5 , n'hésite pas à affirmer que Wala fut, en son temps, apprécié comme
nul autre 6 . Ceci est confirmé par l'auteur de la Translation de saint Guy, qui dit de
lui:... in die bus Karoli imperatoris magnae fuerat potestatis, omnibus qui erant inpa-
latio venerabilior7. De fait, Wala apparaît comme l'une des principales personnalités
de la fin du règne de Charlemagne: en 811, il fut le premier des comtes cités comme
témoins de son testament 8 ; en cette même année, il était également le premier despri-
mores ... de parte Francorum ayant conclu la paix avec les Danois 9 . C'est d'ailleurs
en raison du grand prestige dont jouissait Wala que, selon l'Astronome, Louis le
Pieux craignait qu'il ne s'opposât à sa prise de pouvoir après la mort de Charlema-
gne. Au contraire, sa soumission semble avoir provoqué l'adhésion des autres proce-
resi0. Il est à remarquer que Wala compta parmi les quelques grands que Louis le
Pieux envoya au palais d'Aix-la-Chapelle pour y assurer l'ordre en prévision de sa
venue 11 . Cette mission relevait de la stratégie politique, si l'on observe avec K. Brun-
ner que ceux qui en étaient chargés s'avéraient les »représentants des principales fac-
tions de l'aristocratie en concurrence les unes avec les autres«12. Au début du règne
de Louis le Pieux, Wala semble avoir joui pour quelque temps encore de son grand
prestige 13 . Ensuite, et dans des circonstances (retrait volontaire 14 ou forcé des affai-
2 B.M. 516(497), éd. Ch.L.A., n° 681. Sur les souscripteurs de ce diplôme, cf. DEPREUX, Kanzlei, p. 156
et supra, la partie d'analyse II A.
res) qui n'ont toujours pas été absolument éclaircies15, il devint moine à Corbie 16 .
C'est vraisemblablement dès 814 que Wala entra dans la voie monastique 17 où, selon
Paschase Radbert, il parvint presque à la perfection18. En août 822, lors du plaid tenu
à Attigny, Louis le Pieux avoua ses fautes publiquement (publicum confessionemfe-
cit) et il se réconcilia en particulier avec Wala19. Très vite, Adalhard (I) et Wala recou-
vrèrent le prestige dont ils jouissaient à la fin du règne de Charlemagne, comme l'at-
teste une lettre qu'Agobard leur adressa, ainsi qu'à Hélisachar20. Tous trois entendi-
rent la plainte que l'archevêque de Lyon présenta lors de sa venue à la cour 21 ,
concernant le baptême des mancipia de Juifs. Ensuite, ils en informèrent l'empe-
reur 22 .
En 822, Wala fut envoyé en Italie, pour assister Lothaire dans sa mission outre-Al-
pes 23 , ce qui donne à Paschase Radbert l'occasion d'appeler procurator regni et magi-
ster imperatoris le moine de Corbie 24 . La notice d'un plaid qu'il présida en décembre
824 concernant le droit de pêche de l'abbaye de Nonantola (et qui nous renseigne
aussi sur un plaid semblable tenu en 822) illustre l'activité de Wala, qui revenait de
mus inter primos, et cunctis amabilior unus; nimia familiaritate régi inhaerens, et maxima praefectu-
rae dignitate subvectus; in senatu clarior cunctis, in militia vero prudenti animo fortior universis,
quem tanta laus sequebatur in omni vitae negotio, ut longe plus censeretur amore posse, quam omni-
um fastus etiam et tyrannis reliquorum. Erat enim iustitiae custos et decus honestatis, oppressorum
quoque iustus oppressor. Un autre passage - semblable - est significatif (Paschasius, Epitaphium, p.
22): Verum quodprions Arsenii apuero ex militia et dignitate gloriam ampliavit. Fuit enim consobri-
nus maximi augustorum, eique pre cunctis acceptior, in sermone verax, ... in iudicio iustus, providus
in consilio, et in commisso fidelissimus. In senatu quidempre cunctis pollebat ingenio; ut si interroga-
retur de quibuslibet rerum negotiis, quicquid melius dici aut inveniri poterat, mox in eodem momen-
to sine ulla dilatione quasi de fonte manabat consilii...
14 Paschasius, Epitaphium, p. 23: Qui cum esset divino amore succensus, relictis omnibus, coenobium
petiit monastice discipline, ne suis, sed Christi legibus, et spiritu ageretur divino.
15 Cf.WEiNMCH,Wala,p.31.
16 Paschasius, Vita Adalhardi, c. 35, p. 528.
17 Annales Iuvav. maiores, a. 814, p. 738: Walb tonsus est. Il est fort difficile, voire impossible, de déter-
miner si le Walh en question était le demi-frère d'Adalhard. E. DÜMMLER, dans: Karol. Miscellen, p.
120, a voulu en faire un »Geistlicher« de Wurzbourg. Bien qu'il fût en partie suivi par SIMSON, Jahr-
bücher, tome 1, p. 21 note 4 (l'auteur note seulement que cette mention »scheint sich nicht auf ihn zu
beziehen«), BRESSLAU, Salzburger Annalistik, p. 15 note 1, et WEINRICH, Wala, p. 31 note 121, ont
avec raison rejeté son interprétation; mais alors que L. Weinrich veut à tout prix reconnaître en Walh
le personnage auquel il a consacré une biographie, H. Bresslau, plus prudent, a noté: »Aus der Notiz
... ist... nichts Sicheres zu folgern«. Quoi qu'il en soit, il ressort du texte de Paschase Radbert (Vita
Adalhardi, c. 35, p. 528) que l'entrée de Wala dans l'état monastique était contemporaine de l'exil
d'Adalhard, qui date de 814.
18 Paschasius, Epitaphium, p. 35.
19 Annales regni Franc, a. 822, p. 158.
20 Agobardus, Epistolae, n° 4, p. 164 sqq.: Reverentissimis ac beatissimis domnis et domnis etpatribus
sanctis Adalardo, Walae et Helisacharo.
21 En août 822, cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 393.
22 Cf. Agobardus, Epistolae, n° 4, p. 164 - texte cité à la notice n° 8.
23 Cf. Annales regni Franc, a. 822, p. 159 - texte cité à la notice n° 115. Cf. Astronomus, Vita, c 35, p.
626. Un exemple concret de l'action de Wala est présenté par Paschasius, Epitaphium, p. 55 sqq.
24 Paschasius, Epitaphium, p. 58. Cf. également ibid., p. 55:... cumpedagogus esset augusti cesaris ultra
Penninas Alpes, quid egerit in iudiciis, quidve in dispositione rerum et iustitiae disciplina ... et un peu
plus loin (ibid.):... qui tune una cum augustofilio eius ob institutionem et dispositionem regni a pâtre
quasi fidissimus mittebatur et propinquus. Wala profita de son séjour à Rome pour augmenter les
fonds de la bibliothèque de Corbie, cf. Amalarius, Prologus, c 2, p. 361.
392
Rome in servitio d(omni imperat)oris25. Wala n'aurait pas séjourné toujours en Italie,
puisque l'auteur de la Translation de saint Guy affirme qu'il fut envoyé par Adalhard
présenter à Louis le Pieux une requête pour Corbie26, mais il s'agit peut-être d'une
confusion27. En 826, peu après la mort d'Adalhard28, Wala devint abbé de Corbie29 et
de Corvey30. Vers la même époque, on le revoit paraître à la cour de Louis le Pieux.
Agobard s'adressa à lui et à Parchichapelain pour se plaindre de l'interdiction pro-
noncée concernant le baptême des mancipia de Juifs31. L'archevêque de Lyon eut une
nouvelle fois recours à Wala - en vain32 - car il était d'avis que Hilduin et l'abbé de
Corbie s'avéraient »les principaux et presque les seuls aides de l'empereur très-
chrétien à être dans la voie de Dieu« et que Wala, pour cette raison, séjournait »fré-
quemment« à la cour33, ce qui - outre le jugement de valeur - prouve le prestige de
Wala et son influence auprès de Louis le Pieux. On a d'ailleurs un autre exemple du
déplacement de Wala avec la cour, en l'occurrence au début de l'été 826, à l'occasion
du plaid tenu à Ingelheim au cours duquel le Danois Harold fut baptisé: Wala fré-
quentait le palais chaque jour34. Harold avait demandé à Louis le Pieux de le ren-
voyer accompagné d'un missionnaire. Lorsque l'empereur en discuta avec ses
grands, c'est Wala qui fut en mesure de proposer une solution35.
L'abbé de Corbie profitait de son autorité pour faire entendre son avis: en 829, sui-
te à la demande de Louis le Pieux qui proposait de réfléchir sur la raison des maux de
l'époque36, Wala composa un mémoire où il dénonçait les vices des divers organes de
l'Etat et il en présenta la teneur au plaid de Worms37. Jusqu'alors, la critique ne s'était
pas exercée contre Louis le Pieux. Il n'en fut plus de même par la suite, à cause de la
politique qu'il menait désormais38, bien que Wala s'y opposât précisément (et para-
doxalement)/?ro/i*/e regni et régis39. Thégan ne mentionne pas l'abbé de Corbie par-
mi les meneurs de la révolte de 830, mais il y prit part40. C'est pourquoi il fut exilé
lors du plaid tenu durant l'automne 830 à Nimègue 41 . Ce n'est toutefois que bon gré,
mal gré qu'en 833, Wala se rangea dans le camp de Lothaire 42 . Il le suivit également
dans son exil italien43 et il demeura un homme de confiance, cette fois pour le jeune
empereur: Lothaire l'envoya négocier en mai 836, lors du plaid tenu par Louis le
Pieux à Thionville 44 . A cette occasion, Louis se réconcilia avec lui45. Ce fut la derni-
ère mission politique de Wala, qui décéda vers la fin de l'été, le 31 août 83646.
41 Astronomus, Vita, c. 45, p. 633: Walach abbas iussus est ad monasterium redire Corbeiae, ibique re-
gulariter obversari. Cf. Translatio s. Viti, p. 46: His itaque gestispost aliquod temporis spatium accidit
quaedam disceptatio inter Ludowicum imperatorem et principes qui erant in regno. Pro qua re in
tantum indignatio principis excrevit, ut et Walonem, quem olim ante omnes dilexerat, in exilium mit-
teret... Contrairement à ce qu'affirme l'Astronome, ce n'est qu'après un long périple d'un monastè-
re-prison à l'autre (périple décrit et analysé par WEINRICH, Wala, p. 75 sqq.) que Wala revint à Cor-
bie comme simple moine, en 832. Il ne semble donc pas avoir bénéficié de la grâce prononcée au
printemps 831 (cf. Astronomus, Vita, c. 46, p. 634; Annales Bertiniani, a. 831, p. 4).
42 Cf. WEINRICH, Wala, p. 79 sqq.
43 Wala devint abbé de Bobbio, cf. WEINRICH, Wala, p. 85 sqq.
44 Cf. Theganus, Vita, continuatio, p. 603 - texte cité à la notice n° 232. Cf. Annales Bertiniani, a. 836,
p. 18 sq.
45 Astronomus, Vita, c. 55, p. 640: In condictaporro villa et tempore praefinito adfuere missi afilioy qu-
os ipse praecepity plurimi; inter quos etiam Walaprimus adfuit. Causa autem supradicta ventilata at-
que ad calcem perducta, imperator cum coniuge reconciliari voluity primum ipsi Walae, dimissis, qua-
ecumque in eos commiserat, delictis multa alacritate et benignitate cordis ... Dans le texte précédant
ce chapitre, le récit de l'Astronome souffre d'une confusion concernant les plaids de 835 (cf. SIMSON,
Jahrbücher, tome 2, p. 139 note 5), mais il n'y a ici pas d'erreur: il s'agit du plaid tenu à Thionville en
mai 836.
46 Annales Bertiniani, a. 836, p. 20: Tune etiam Walo abbay cuius consiliis Lotharius plurimum utebatur,
in Italia obiit. Cf. Theganus, Vita, continuatio, p. 603. Pour ce qui est du mois et du quantième, cf.
WEINRICH, Wala, p. 88 et note 139. L'auteur se range à une communis opinio, cf. SIMSON, Jahrbücher,
tome 2, p. 156 sq. note 5. Louis le Pieux porta le deuil de Wala, cf. Astronomus, Vita, c. 56, p. 642.
271. WARENGAUD 1
Comte du Palais, attesté en 814/815
D'après l'auteur de la Translation de saint Guy, Warin, d'origine noble à la fois fran-
que 3 et saxonne, aurait joui d'une grande influence étant jeune: il aurait même été
l'un des principaux personnages du Palais de Louis le Pieux. Mais préférant le service
8 Sur le jugement des historiens concernant ce poème, cf. DEPREUX, Poètes, p. 313 sq.
9 Cf. NELSON, Charles the Bald, p. 82 sqq. MANITIUS, Geschichte, p. 303: »Im Jahr 829 wurde er
durch den Erzkapellan Hilduin an den Hof empfohlen und hier wurde er Lehrer des jüngsten Kai-
sersohnes Karl und trat zu Ludwig und Judith in ein näheres Verhältnis«. Sur la reconnaissance de
Walafrid envers Hilduin, cf. Walahfridus, Carmina, n° 29, p. 383.
10 Annales Augienses, a. 838, p. 68. L'indication du Catalogus abbatum Augiensium, p. 38, selon la-
quelle Walafrid aurait exercé les fonctions abbatiales durant sept ans, est erronée.
11 B.M. 991(960) et B.M. 994(963).
12 En effet, le diplôme B.M. 994(963) fut donné à Worms le 20 juin 839. Concernant la fin de la vie de
Walafrid (après la mort de Louis le Pieux), cf. MANITIUS, Geschichte, p. 304, et l'introduction d'E.
DÜMMLER à Walahfridus, Carmina, p. 260 sq.
de Dieu à sa belle et très noble épouse, il se serait fait moine à Corbie. C'est Warin
que le vieil Adalhard voulait avoir pour successeur à Corvey 4 . Son voeu fut accom-
pli: Warin est attesté pour la première fois comme abbé le 8 juin 833, dans un diplôme
de donation de Louis le Pieux à Corvey. Il dut sa charge abbatiale à l'empereur: Wari-
nus, quem in eodem monasterio abbatem praefecimus5. L'auteur de la Translation de
saint Guy laisse entendre que Warin fut élu par les moines peu après la mort d'Adal-
hard 6 et il affirme d'ailleurs qu'il gagna en prestige 7 lorsqu'il eut la garde d'un des
meneurs de la »révolte loyale« de 830, Hilduin, pendant son exil à Corvey 8 . Mais
Warin était-il déjà à la tête de cette abbaye? D'après le catalogue des abbés de Cor-
bie 9 , l'abbatiat de Warin dut commencer en 826 (le 26 avril). Cette date a été large-
ment acceptée par les chercheurs 10 , même si elle pose quelques problèmes chronolo-
giques par rapport au témoignage d'autres sources11. K. Krüger a par conséquent
proposé une nouvelle hypothèse fort séduisante: Warin ne serait devenu abbé qu'au
printemps 83312. Auparavant, il aurait néanmoins assumé une charge prestigieuse en
cette abbaye: Paschase Radbert reconnaissait en effet en lui un magist(er) monasticae
disciplinaen.
Quoi qu'il en soit, Warin, désormais abbé de Corbie, se trouva aux côtés de Louis
le Pieux dans les moments critiques: alors que l'orage s'annonçait, il était avec l'em-
pereur à Worms au printemps 83314; on le retrouve près de lui à Aix-la-Chapelle au
printemps 834. Ce n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard si c'est en faveur de l'ab-
baye de Corvey que Louis le Pieux fit expédier ce qui semble être le premier diplôme
donné après qu'il reprit les rênes du pouvoir 15 . Warin accompagna l'empereur dans la
grande campagne qu'il mena au cours de cette année pour restaurer son autorité,
puisqu'il est attesté à la cour en décembre 83416. Un événement marquant de Pabbati-
4 Translatio s. Viti, p. 44: Erat eo tempore in Corbeiensi monasterio quidam adolescens monachus, qui
ex nobilissimo Francorum atque Saxonum génère fuerat ortus nomine Warinus. Hic a tanta perfectio-
ne cepit, ut cum esset iuvenis atque magna potestate praedictus haberet sibi desponsatam virginem
pulchram atque nobilissimam et iam iamque inter primos palatii consistera, elegit potius servire Deo
aeterno quam régi mortali relectisque omnibus portum monasterii petiit. Hune venerabilis pater in
nova Corbeia iuvenem abbatem facere cogitabat confidens scilicet de Dei misericordia, ut qui a tanta
perfectionne cepisset, perfectius consummaret.
5 B.M. 923(894), éd. Doc. dipl. Westphalie, n° 9, p. 9. Cf. également B.M. 935(906).
6 Translatio s. Viti, p. 44.
7 Warin aurait également reçu d'autres abbayes, cf. SEMMLER, Corvey und Herford, p. 303.
8 Translatio s. Viti, p. 46.
9 Catalogus abbatum Corbeiensium, p. 275.
10 Cf. WEINRICH, Wala, p. 56; cette date est admise de manière implicite par SEMMLER, Corvey und
Herford, p. 302.
11 On était jusqu'alors contraint de supposer que »wie es Adalhard getan hatte, so hielt auch Wala sei-
ne schützende Hand über das Kloster in Sachsen und übte, wie es scheint, noch gewisse Aufsichts-
rechte über den jungen Abt Warin aus« (SEMMLER, Corvey und Herford, p. 302).
12 KRÜGER, Nachfolgeregelung.
13 Epistolae variorum 4, n° 3, p. 132 sqq.
14 B.M. 923(894).
15 B.M. 927(898).
16 B.M. 935(906). Un autre diplôme n'est malheureusement pas daté: B.M. 924(895).
396
at de Warin du temps de Louis le Pieux17 fut assurément, en 836, la translation des re-
liques de saint Guy qu'il avait obtenues de l'abbé de Saint-Denis, Hilduin 18 . Le récit
de cette translation permet de suivre le cortège dans le détail de son périple qui le fit
passer par Meaux (20/21 mars 836), Rebais (jusqu'au 21 mai 836) et Aix-la-Chapelle
(28/29 mai 836). L'arrivée à Corvey eut lieu le 13 juin 836.
Le comte Warin 2 est mentionné pour la première fois en 8183: aux côtés du comte de
Toulouse, Bérenger (I), il combattit le rebelle gascon Loup Centulle 4 . Il est alors dé-
signé comme comte auvergnat - cornes Arverni selon l'auteur des Annales royales et
Arvemorum com(es) selon l'Astronome. En 825, Warin conclut un échange avec
l'évêque de Mâcon, Hildebaud 5 . Les deux parties échangèrent des biens sis en Ma-
çonnais et en Nivernais et leur accord fut confirmé par Louis le Pieux le 3 juin 825 6 .
L'échange portait notamment sur la villa de Cluny 7 , dont le comte reçut la propriété
le 4 juillet 8258. O n considère par conséquent Warin comme comte de Mâcon. C'est
lors de la crise du règne de Louis le Pieux que Warin joua un rôle privilégié. Bien
qu'il fît partie des opposants lors de la »révolte loyale« de 830, puisqu'il fut envoyé
par les partisans de Pépin d'Aquitaine chercher Judith qui s'était réfugiée à Laon 9 , il
se rangea ensuite dans le camp de Louis le Pieux. En effet, durant l'hiver 833/834, il
travailla en Bourgogne, avec Bernard 10 , à rallier les esprits à la cause de Louis 11 .
Ayant rassemblé des forces armées, Warin et Bernard firent marche sur la Marne et,
peu avant le 19 février 834, ils envoyèrent deux légats auprès de Lothaire (Adrevald12
17 SEMMLER, Corvey und Herford, p. 303 note 133, affirme que »am 30. April 838 fungierte er ... als
Beisitzer des placitum Ludwigs des Frommen betr. das Kloster Saint-Calais« et remarque que LOT,
Jugements, ne Ta pas identifié - à juste titre! Il n'y a pas d'abbé Warin parmi les témoins, mais un ab-
bé (par ailleurs inconnu) Waringaire, cf. Concilium Carisiacense (bis), p. 847.
18 Translatio s. Viti, p. 46 sqq.
274. WIGFRED 1
Attesté de 794 à 830
Wigfred fut l'un des souscripteurs du diplôme de Louis le Pieux du 3 août 794 en fa-
veur de la cellola de Nouaillé2. Il faut vraisemblablement reconnaître en lui le futur
comte de Bourges, qui en 830 demanda à Pépin Ier d'Aquitaine d'approuver la fonda-
tion du monastère de Saint-Genou 3 .
275. WILLIBERT1
Archevêque de Rouen 2 , attesté de 794 à 825 3
Vers le printemps 7944, avant qu'il ne reçût l'archevêché de Rouen, Willibert était au
service de Charlemagne: il fut envoyé par ce dernier en Aquitaine pour y restaurer le
fisc5. A une date indéterminée, il obtint, en tant qu'archevêque de Rouen 6 , une dona-
tion de Louis le Pieux devenu entre-temps empereur 7 . En 825, il est attesté comme
missus dans sa province ecclésiastique8.
276. WIRNIT 1
Magisterparvulorum du Palais, attesté en mai 827
277. WITCHAIRE 1
Abbé, attesté à l'automne 818
Vers la fin de l'été 818, l'abbé Witchaire 2 fut envoyé comme émissaire de l'empereur
auprès de Morman, le chef breton en révolte contre la tutelle franque 3 . L'on ignore de
quel établissement il était l'abbé, mais Ermold le Noir affirme que Witchaire con-
naissait et le chef breton et la région, car il avait reçu des biens de l'empereur (biens
du fisc cédés en bénéfice?) dans les environs 4 - c'est d'ailleurs certainement pour cela
qu'il fut choisi pour cette mission.
Suite à la plainte des moines de Prüm concernant l'aliénation d'une forêt au profit du
fisc et suite à une enquête ayant prouvé le bien-fondé de cette plainte, Louis le Pieux
envoya Withaire, son missus, pour effectuer le bornage de cette forêt avant qu'elle ne
fût rendue au monastère, comme l'atteste le diplôme du 8 novembre 8162.
1 Formes onomastiques: Witcbariusy Wiccbarius.
2 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 130 sq.
3 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. III, v. 1324 sqq., p. 104 sqq.
4 Ibid., v. 1343 sqq., p. 104: Notus erat sibimet rex, domus atque locus;/ Illius astpropter fines Wiccbari-
us abba/ Régis habebat opes munere Caesareo. Cf. GuiLLOTEL, Temps des rois, p. 211 et p. 220.
280. WOLMOD 1
Missus de Louis le Pieux, attesté jusque vers 841
L'on ne sait rien sur Wolmod ni sur son état, si ce n'est qu'il fut, à une date indéter-
minée, envoyé par Louis le Pieux au monastère de Saint-Mihiel en qualité de missus
de l'empereur, pour enquêter concernant la restitution au monastère de biens usur-
pés 2 . Sa mission ne fut pas ponctuelle: au contraire, il reçut en permanence compé-
tence à connaître des conflits relatifs à Saint-Mihiel. Le changement de souverain ne
modifia en rien son statut, puisque Lothaire, vers 841, le désignait également comme
son missus3.
harium sdlicet, ut ipse predictum waldumper latis signisque certis designaret etpartem exinde predicti
monasterii revestiret. Quod ita etfecit. DlCKAU, Kanzlei, 1ère partie, p. 74, est d'avis qu'une identité
entre le missus et le notaire Withaire n'est pas à exclure. En réalité, rien ne permet de prouver cette
identité qui du reste me semble improbable.
ANNEXE 1
LA D A T E D U P R O C È S D U C O M T E A D H É M A R
CONTRE L'APRISIONNAIRE JEAN
D E V A N T LE T R I B U N A L D U P A L A I S
le vassal Wimar n . O n en aurait alors profité pour régler certaines questions au Palais,
et le comte Adhémar aurait alors évoqué son différend avec Jean devant le tribunal
du Palais qui fut à cette occasion composé pour partie de ses collègues, mieux au cou-
rant que quiconque de la situation dans cette région. On s'en convaincra à l'examen
de la déposition que firent certains témoins lors du procès de 833, par lequel nous
connaissons le détail de l'affaire: »Et (nous avons vu que) pendant que Jean tenait
cette villa en toute intégrité en raison de son aprision12, alors, le comte Adhémar,
(prétextant) qu'il devait (tenir) sa villa en bénéfice, le convoqua en justice au palais
d'Aix-la-Chapelle, devant Warengaud13, comte du Palais, et devant les comtes Gau-
selme14, Béra15, Gisclafred16, Odilon 17 et Ermengaire 18 , ainsi que devant les judices
Xixila, Jonathan, Vincent et Angenaud, qui faisaient dans cette affaire fonction deju-
dices dominici, et devant le notaire Archambaud 19 ainsi que de nombreuses autres
personnes. Dans ce procès, Jean fournit comme témoins les personnes dont les noms
suivent... Et de la sorte, ils déposèrent leur témoignage dans ce procès, selon cette te-
neur: dans l'église de saint Martin dont la basilique se situe dans le palais d'Aix-la-
Chapelle, ils jurèrent (qu') ils (furent témoins) oculaires lorsque cette villa fut remise
à Jean par la main du comte Sturmion, comme ceci est écrit plus haut« 20 .
Certes, rien ne permet véritablement d'affirmer que le procès devant le tribunal du
Palais eut lieu à l'occasion de la première visite que les Hispani firent à Louis le Pieux
à Aix-la-Chapelle, c'est-à-dire à l'occasion de la présentation de la requête de Jean
ayant donné lieu à l'expédition du diplôme du 1er janver 815. Cette hypothèse a ce-
pendant pour elle la vraisemblance, car la fin de l'année 814 est précisément un mo-
ment où, comme nous l'avons vu, on observe une grande concentration de personnes
venant des marges méridionales de l'Aquitaine. A l'inverse du diplôme du 1er janvier
815, celui du 10 février 816 est isolé: dans les jours précédents ou suivants, il ne fut, à
notre connaissance, donné aucun diplôme pour un bénéficiaire de la région. Certes,
s'était déplacé lui-même à cette fin (... vir venerahilis Nifridius Narhonensis urhis archiepiscopus adi-
ens ohtutihus nostris...).
11 Le même jour, Louis le Pieux fit une donation à son vassal Wimar, dont les biens tenus jusqu'alors en
bénéfice et désormais cédés en pleine propriété étaient sis en Septimanie: B.M. 558(539), éd. Doc. di-
pl. Catalogne, p. 318 sq. (n° 6). Wimar s'était rendu auprès de Louis le Pieux »pour accomplir (les
devoirs auxquels l'obligeait) sa fidélité« {suam exequendo fidelitatem ad nos veniens).
12 A ce propos, cf. DUPONT, Aprision.
13 Sur ce personnage, cf. la notice n° 271.
14 Cf. la notice n° 109.
15 Cf. la notice n° 44.
16 Cf. la notice n° 119.
17 Cf. la notice n° 207.
18 Cf. la notice n° 89.
19 Cf. la notice n° 32.
20 Enquête de Fontjoncouse, p. 11 sq.: Et dum Johannes ipsum villare a hone integritate ahuisset per
suam adprisionemy sic Ademaresy comisy eum mallavit quod ipse villares suus heneficius esse dehehat,
in Aquis palatii, ante Vvarengaude, comitiplatii, vêlante Gauselmo, Beraney Giscafredoy Odilone et
Ermengarioy comités, seu etiam judices Xixilane, Jonatany Vincentio et Angenaldoy qui erant ad tune
judices dominiciy seu etiam Archihaldoy notarioy et alios plures; et a tune Johannes in supra dictorum
judicio sua dédit testimonia, his nominihus: Hiricilane, Calapodius, Offiloy Ilianusy Recesindus, Sid-
morivus, Tremirus et Ermegildus, et sic testificaverunt in supra dictorum judicio et série condiciones.
Hoc juraverunt in ecclesia sancti Martini cujus haselica sita est in Aquis palatii, et viderunt quando
fuit ipse villares traditus ad Johanne per manus Sturmioni, comitiy sicut superius scriptum est.
403
rien n'atteste explicitement que le procès en question se déroula sous Louis le Pieux.
S'il avait eu lieu sous Charlemagne, l'on pourrait proposer de le situer au printemps
812, à l'époque où le Praeceptum pro Hispanis fut donné. Outre Jean, cité parmi les
Hispani venus se plaindre auprès de Charlemagne qu'ils souffraient de nombreuses
oppressions de la part des comtes auxquels est adressé cet acte21, on trouve dans le
Praeceptum le nom de deux des témoins produits par l'aprisionnaire dans le procès
qui nous intéresse22. Mais deux éléments sont propres à montrer le caractère impro-
bable de la tenue du procès d'Adhémar contre Jean pendant l'année 812: d'une part,
cela suppose que les comtes siégeant dans le tribunal, dont les noms figurent dans l'a-
dresse du diplôme de Charlemagne, aient accompagné les Hispani - or, ils sont au
contraire informés de la démarche de ces derniers dont rien, dans le texte, ne permet
de dire qu'elle se fit avec leur aval. D'autre part, si l'on veut bien considérer comme
exhaustive la liste des Hispani s'étant rendus en 812 auprès de Charlemagne23, force
est de constater que six des huit témoins produits par Jean n'y figurent pas.
Il faut par ailleurs rappeler que parmi les actes établis au nom de Louis le Pieux,
pas un n'entre dans la catégorie des jugements24, un domaine d'étude d'ailleurs enco-
re relativement vierge dans la diplomatique carolingienne25. On ne s'étonnera par
conséquent pas de ne pas posséder le texte d'un document établi - si tant est qu'on en
établît un - à l'issue du procès entre Adhémar et Jean, procès que je propose de dater
de la fin de 814. Néanmoins, si l'on veut bien considérer cette carence documentaire
d'une part, et, d'autre part, le fait que le diplôme du 1er janvier 815, bien qu'il n'y soit
fait aucune allusion à ce procès, asseyait en réalité les droits de Jean contestés par le
comte Adhémar, on peut en venir à l'hypothèse selon laquelle l'existence de ce diplô-
me expliquerait l'absence d'un acte délivré par les services du comte du Palais26. En
considération des divers éléments dont je viens de faire état, il me semble que la fin de
l'année 814 s'avère la date la plus vraisemblable pour la tenue du procès entre le com-
te Adhémar et l'aprisionnaire Jean. Ceci ne demeure cependant qu'une hypothèse: il
faut avouer notre impuissance à trancher définitivement.
21 Praeceptum pro Hispanis: ... ad nos venientes suggesserint quod multas obpressiones sustineant de
parte vestra et iuniorum vestrorum.
22 II s'agit de Calapodius et de Of(f)ilo.
23 Cette liste comprend une quarantaine de noms.
24 Cf. SICKEL, Acta regum, tome 1, p. 358; Actes de Charles le Chauve, tome 3, p. 195; BAUTIER, Chan-
cellerie, p. 68. Sur le Iudicium concilii Carisiacensis de 838, cf. GOFFART, Le Mans Forgeries, p. 316.
25 On ne dispose que d'analyses générales sur les premiers Carolingiens (SICKEL, Acta regum, tome 1,
p. 356 sqq.) ou sur l'ensemble de la période (BAUTIER, Chancellerie, p. 68 sqq.), ou de présentations
restreintes aux actes de tel ou tel souverain (en introduction à l'édition critique de ceux-ci). A ma
connaissance, il n'existe pas d'étude similaire à celle entreprise par BERGMANN, Gerichtsurkunden.
Pour l'étude des jugements, les régestes établis par R. HÜBNER (Gerichtsurkunden) s'avèrent un ins-
trument de travail fort utile. Dans certains cas, il me semble possible d'expliquer l'absence de juge-
ment, comme j'ai tenté de le démontrer dans ma thèse (DEPREUX, Gouvernement, tome 1, p. 431
sqq.). Je publierai ailleurs une étude consacrée à cette question.
26 Cf. par exemple BAUTIER, Chancellerie, p. 68 (à propos de l'absence de jugement datant du règne de
Louis le Pieux): »C'est sans doute qu'on considéra alors les sentences de jugement comme des titres
de valeur inférieure qu'il convenait d'incorporer dans des préceptes validés par la main royale et ex-
pédiés sous le grand sceau«.
404
ANNEXE 2
À PROPOS DE Q U E L Q U E S DIPLÔMES
P O U R LE M O N A S T È R E D E S A I N T - A N T O N I N E N R O U E R G U E
En dépit d'une entreprise à présent séculaire, nous ne disposons toujours pas d'une
édition critique des diplômes de Louis le Pieux 1 . Bien qu'il soit souvent nécessaire de
soumettre à un nouvel examen les documents douteux, je n'ai, de manière générale,
pas jugé utile, avant la parution des résultats de l'étude approfondie de tous les actes
que suppose l'édition critique attendue 2 , de revenir sur les jugements émis par Th.
Sickel et les auteurs des Regesta imperii. Il va de soi que les personnages mentionnés
dans des diplômes faux n'ont pas été pris en compte dans la prosopographie. Toute-
fois, il me semble opportun d'évoquer ici brièvement un cas particulier.
Le diplôme B.M. 669(655) est en cela intéressant qu'il contient une liste de person-
nes censées avoir conseillé Louis le Pieux 3 , terminée par les noms de Benjamin et
Jean, qui sont désignés de la sorte: isti sunt comités palatii nostri. Au cas où la liste
serait authentique, elle serait du plus haut intérêt. Le fait que les comtes du Palais (la
mention conjointe de deux de ces fonctionnaires du Palais se retrouve ailleurs4) sont
cités en fin de liste 5 et la mention d'un certain Jean, comte du Palais de Pépin Ier, dans
un jugement de ce roi 6 semblent plaider en ce sens. Néanmoins, le caractère unique
d'une telle liste au sein des diplômes de Louis le Pieux 7 et surtout le caractère dou-
teux de la tradition des textes nous imposent de rejeter ce document. C'est sur cette
tradition fort complexe qu'il convient en effet de s'arrêter 8 .
L'étude du diplôme B.M. 669(655) est indissociable de celle du diplôme B.M.
670(656), jugé authentique 9 . Il faut également prendre en compte une donation de
Pépin Ier d'Aquitaine 10 , concernant également le monastère de Saint-Antonin en
Rouergue en faveur duquel sont établis les deux diplômes de Louis le Pieux. Le di-
plôme B.M. 669(655) est transmis par une »feuille de parchemin« dont l'écriture a été
1 Cf. JOHANEK, Probleme.
2 Le Professeur P. Johanek (Münster) prépare cette édition pour le compte des M.G.H. On ne dispose
jusqu'à présent que d'analyses ponctuelles. Cf. MAGNOU-NORTIER, Brioude; ERKENS, Passau; BAU-
TIER, Langres; MORELLE, Corbie; DEPREUX, Zur Echtheit; DICKAU, Kanzlei, 2 e partie, p. 95 sqq. - à
ce propos, cf. DEPREUX, Kanzlei, p. 154 sq. Sur les diplômes de Louis, roi d'Aquitaine, cf. DICKAU,
Kanzlei, 1ère partie, p. 24 sqq. - à ce propos, cf. DEPREUX, Kanzlei, p. 155 sqq. Il faut en outre signa-
ler qu'un faux longtemps demeuré inédit, B.M. 660(646), vient d'être publié dans Doc. dipl. Mont-
Cassin, p. 144 sqq.
3 Doc. dipl. Languedoc, n° 48, col. 122: ... ego & conjux nostra consilio nostrorum fidelium virorum
quorum nomina haecsunt ...
4 Cf. par exemple Doc. dipl. Fulda, n° 513, p. 226. Il faut cependant se méfier, cf. Dipl. Karol. 1, n° 316
(faux du XIII e siècle): Fridericus cornes palatinus cum fratribus suis (p. 477 1. 24 sq.) deviennent par
exemple quipredicti comités paUtini (p. 478 1.19 sq.).
5 Cf. Dipl. Karol. 1, n° 102, p. 146 sq.; Actes de Pépin, n° 12, p. 44 sqq.
6 Actes de Pépin, n° 12, p. 44 sqq. (notice de l'année 828).
7 Cette liste n'est en rien à comparer avec les souscriptions portées au bas de B.M. 516(497).
8 Pour un autre exemple de dossier falsifié dans la région, cf. WOLFF, Figeac.
9 Cf. SICKEL, Acta regum, tome 2, L. 126 p. 316 sq. Toutefois, les auteurs des Regesta imperii étaient
d'avis que ce diplôme s'avérait douteux (»verdächtig«), alors qu'ils jugeaient B.M. 669(655) interpolé.
10 Actes de Pépin, n° 4, p. 12 sqq. Donation du 31 octobre 825. Le document est connu par une »copie
figurée du X e s.«.
405
ANNEXE 3
EXEMPLES DE PERSONNES
N ' A Y A N T PAS ÉTÉ R E T E N U E S D A N S LA P R O S O P O G R A P H I E
26 La titulature (fausse) est la même que celle de la notice: rex Francorum et Aquitanorum.
sur les décisions de l'empereur8. Outre le fait qu'Agobard eut recours à deux person-
nages influents pour se faire entendre de Louis le Pieux quant au sort des mancipia de
Juifs9, un détail extrait de sa correspondance prouve bien qu'il n'avait alors pas accès
direct auprès de l'empereur10. L'action pastorale d'Agobard semble avoir été cons-
ciencieuse11, même hors de sa province ecclésiastique12; l'on n'observe cependant ri-
en qui n'entre dans les attributions normales d'un archevêque. Un poème dédié à
l'archevêque de Lyon porte en acrostiche le voeu: Agobardopaxu. »Paix« n'est cepen-
dant pas le mot qui convient, car l'archevêque de Lyon ne fut en rien un pacificateur
lors de la crise politique que traversa Louis le Pieux, comme l'illustre son »pamphlet
vitriolant«14 contre Judith15. Agobard, chaud partisan de Lothaire16, après avoir ex-
horté Louis le Pieux à obéir au pape Grégoire IV venu au Rothfeld17, fit partie des
évêques qui, en octobre 833 à Compiègne18, condamnèrent l'empereur à la
pénitence19. En 835, Agobard ne comparut ni au plaid réuni à Thionville en février20,
ni à celui de juin, tenu dans lepagus de Lyon21: il s'était réfugié en Italie, auprès de
Lothaire22. Ce n'est que vers la fin du règne de Louis le Pieux - en 839, selon l'hypo-
8 Ainsi, vers 817, il supposa, dans une lettre adressée à Louis le Pieux, aux ordalies - notamment au
duel judiciaire (Agobardus, Epistolae, n° 3, c. 9, p. 162). Or Louis le Pieux, vers 818/819, recomman-
da le recours à ce mode de preuve (Capitula legibus addenda, c. 10, p. 283). A ce propos, cf. GANS-
HOF, Réformes judiciaires, p. 421 sq. Sur l'échec d'Agobard, cf. MÜLLER, Kirche von Lyon, p. 245
sq., qui n'hésite pas à écrire: »Agobards Geschichte ist die eines Scheiterns in Größe« (ibid., p. 247).
9 Agobardus, Epistolae, n° 6, p. 179 sqq. (lettre à Hilduin et à Wala).
10 Cf. Agobardus, Epistolae, n° 4, p. 164 - texte cité à la notice n° 8.
11 En 829, Louis le Pieux convoqua l'un des quatre conciles à Lyon, cf. Constitutio de synodis, p. 2. Cf.
BOSHOF, Agobard, p. 195 sqq. Le 20 novembre 830, Agobard donna son accord concernant la res-
tauration du monastère de Bèze, cf. Concilium Lingonense. Cf. BOSHOF, Agobard, p. 214 sq. Cf.
d'autre part Agobardus, Epistolae, n° 1,11 et 13, p. 153, p. 203 sqq. et p. 210 sqq. Cf. BOSHOF, Ago-
bard, p. 55 sqq. et p. 188 sqq.
12 B.M. 743(718), éd. Doc. dipl. Languedoc, n° 59, col. 136 sqq. (à la col. 136), lettre de Louis le Pieux
aux moines d'Aniane et de Saint-Guilhelm-du-Désert, datable de 821: Proxime accidit Agobardum
archiepiscopum adnostram devenisse praesentiam, indicans nobis, quomodo eopraesente & Nibridio
arcbiepiscopo, sine mora omnes pari consensu Tructesindum super vos elegissetis abbatem. BOSHOF,
Agobard, p. 82, pose la question: »Ist die Anwesenheit der beiden Erzbischöfe in Aniane nun so zu
deuten, daß der Kaiser sie mit der Aufgabe betraut hat, die ordnungsgemässe Abtswahl... zu über-
wachen?«, mais il montre (ibid., p. 83) que l'on peut expliquer la présence d'Agobard sans prétendre
que l'empereur l'ait en quoi que ce soit mandaté, ce dont on aurait grand mal à trouver la preuve dé-
finitive.
13 Carmen ad Agobardum.
14 L'expression est de ROUCHE, Miroirs des princes, p. 363.
15 Agobardus, Libri contra Iudith.
16 Agobardus, Epistolae, n° 15, p. 223 sqq.
17 Agobardus, Epistolae, n° 16, p. 226 sqq.
18 B.M.926(897)aetb.
19 Agobardus, Cartula de poenitentia; Flodoardus, Historia, lib. II, c. 20, p. 471 sq. 1. 52 sqq. Agobard
était lié d'amitié avec l'archevêque de Reims, Ebbon. Cf. Agobardus, Epistolae, n° 14, p. 221 sqq.
20 B.M. 938(909)a. Cf. Astronomus, Vita, c. 54, p. 6401.12 sqq.
21 B.M. 941(910)a. Cf. Astronomus, Vita, c. 57, p. 642 1. 31 sqq.
22 Ado, Chronicon, p. 321.
408
thèse d'E. Boshof, ou dès la fin de l'été 838 selon F. Lot - qu'il recouvra son siège
lyonnais 23 . Agobard mourut le 6 juin 840, à Saintes24.
B. Le comte Suppo
Suppo 25 est attesté comme comte du Palais à la fin du règne de Charlemagne 26 . Il ap-
partenait vraisemblablement au Palais du roi d'Italie, Bernard 27 . C'est d'ailleurs par
ce comte, qui avait entre-temps quitté le Palais et reçu l'administration du comté de
Brescia, qu'en 817, Bernard fut dénoncé à Louis le Pieux28. En 822, Suppo fut promu
au duché de Spolète29 et il mourut au début de l'année 82430.
quelconque participation de Jessé au pouvoir. La seule action d'éclat que nous lui
connaissions, c'est l'opposition à l'empereur: il fit partie des meneurs de la révolte de
83039 et il fut vraisemblablement le célébrant de la prise de voile forcée de l'impératri-
ce Judith 40 . La roue de la fortune tournant, une assemblée d'évêques présidée par
l'archevêque de Reims déposa Jessé lors du plaid tenu à l'automne 830 à Nimègue 41 .
Au printemps 831, une grâce générale fut promulguée 42 . On peut néanmoins douter
que Jessé en bénéficiât. Il semble en effet que ce ne fût qu'en 833, après la déposition
de Louis le Pieux43, que l'archevêque de Reims le rétablit sur son siège d'Amiens 44 .
Lorsqu'au début de 834 Louis le Pieux fut libéré, Jessé abandonna son siège nou-
vellement recouvré pour se réfugier auprès de Lothaire 45 . C'est en Italie qu'il mou-
rut, durant l'automne 836 ou 83746.
50 B.M. 952(921), éd. Doc. dipl. Alsace, n° 96, p. 77 sq. (à la p. 77): ... dum divino itidicio quorundam
malevolentia & factione honoribus coelitus nobis collatis dilati fuissemus & Verendarius venerabilis
Curiae episcopus causa fidelitatis nobis conservatae honoribus propriis privatus exilioque trusus consi-
stere ... Sed quoniam nostri causa memoratum episcopum exilio deportatum constat...
51 Dipl. Karol. 3, n° 55, p. 157 sqq. (21 janvier 841) et n° 63, p. 172 sq. (17 octobre 841).
52 Cf. DUCHESNE, Fastes, tome 3, p. 192 sq.
53 Gesta abbatum Trudonensium, c. 10, p. 372.
54 Annales Leodienses, a. 810, p. 13; Annales Lobienses, a. 810, p. 231. Ce fait est confirmé par Ansel-
mus, Gesta episc. Leodiensium, c. 18, p. 198, qui date la mort de Charlemagne de la quatrième année
du pontificat de Walcaud. Cf. DIERKENS, Christianisation, p. 311 note 10.
55 Einhardus, Vita Karoli, c. 33, p. 100.
56 Epistolarum Fuldensium fragmenta, p. 530.
57 B.M. 888(859).
58 Annales Lobienses, a. 831, p. 232. Cf. DIERKENS, Christianisation, p. 311 et note 15.
59 Jonas, Vita sancti Huberti, c. c. 30, p. 817: Namque hac paene a fundamentis restauratay in meli-
oremque statum denuo renovata, posthabita avaritia, nobiliter ejus statum composuit, aedificiis ho-
nestis nobilitavit et exceptis praediis quae olim religiosorum virorum largitate possedit, alla de episco-
pio suo superaddidit, incolasque loci illius monachos esse voluit. Cantatorium, c. 3, p. 7: Nam commu-
tato ordine clericali, anno Dominice Incarnationis 817, IUI idus augusti, in die sancti Laurentii
martiris, monachorum ibi religionem constitua, dispositis eis possessionibus et legaliter confirmatis in
posterum que sufficerent usibus ibi Deo deservientium.
60 Jonas, Vita sancti Huberti, c. 32 sq., p. 818; Annales Leodienses, a. 825, p. 13: Translatio sancti Hug-
berti episcopi in Andagio.
61 DIERKENS, Christianisation, p. 319 sqq.
62 Capitularia episcoporum, p. 43 sqq.
63 Cf. DIERKENS, Christianisation, p. 314 sqq.
411
64 Cf. le diplôme du 19 octobre 834, éd. ABADAL, Diplôme inconnu, p. 345 sq.:... Beringarius fidelis co-
rnes nosterpro quodam fidèle nostro Oliba comiti fidèle nostro, nostrae suggessit serenitati ut, quia il-
le fidem suam in perturbationis tempore fideliter et inviolabiliter circa partes nostras conservare stu-
duity aliquod remunerationis debitum ei contulissemus ... Sur Oliba, comte de Carcassonne, cf. ibid.,
p. 352 sqq. A une date indéterminée, mais que je tends à situer vers 827, il procéda en compagnie de
Hélisachar à la délimitation des dépendances du monastère de Notre-Dame-sur-Orbieu. Cf. Actes
de Pépin, n° 34, p. 152 sqq.:... concedimusquepredicto monasterio Orobioni omnes fines vel terminia
cum appendiciis suis, sicut Elisachar fidelis genitoris nostri et Oliba cornes terminaverunt... Nous i-
gnorons si Oliba agissait en qualité de missus (cf. par exemple la notice n° 109), auquel cas, il aurait
fallu compter Oliba dans la prosopographie. Cf. également la notice n° 143.
65 Le 3 janvier 840, Sunifred fit une donation à l'église d'Urgel: Ego Suniefredus umillimus etpusillus
omnium serviencium Deoy ob Domini amore et helemosina jamdicti pissimi augusti et clementissimi
piissime et clementissime gubernans imperiumy ab illo accepta potestate qualem in hoc habere videor,
propter illum et refrigerium animae meae do et concedo ... Plus loin, Sunifred est dit comis (Doc. dipl.
Languedoc, n° 98, col. 212 sq.).
66 Cf. Actes de Charles le Chauve, tome 1, n° 40, p. 108 sqq. (diplôme du 19 mai 844).
67 B.M. 872(843). Le judex cité dans un jugement de 821 du vidame de Narbonne n'était vraisemblable-
ment autre que notre personnage (Doc. dipl. Languedoc, n° 57, col. 134 sq.).
68 Cf. la notice n° 57.
69 Sur les largesse de Louis le Pieux, cf. GANSHOF, Concession d'alleux.
70 B.M. 985(954). Cf. GANSHOF, Concession d'alleux, p. 596.
71 B.M. 564(545) = Formulae imperiales, n° 27, p. 305 sq. Cf. GANSHOF, Concession d'alleux, p. 591.
72 Celsitudinis moris est fideliter sibi famulantes donis multiplicibus atque honoribus ingentibus ho-
norare atque sublimare = Arengenverzeichnis, n° 1076, p. 184.
73 II s'agit d'une église quam defuncta ejus avia nomine illa et avunculus nomine ille domino et genitori
nostro Karolo bonae memoriae piissimo augusto per strumenta chartarum tradiderunt. Sur ce genre
de biens versés au fisc et dont Louis le Pieux abandonna la propriété, cf. DEPREUX, Louis le Pieux re-
considéré?, p. 205, note 213.
412
74 B.M. 564(545): Qui tous nisibus usquequaque nostro servitio nostrisque jussionibus fideliter parère
studet.
75 Cf. CLAUDE, Untertaneneid, p. 368.
76 GANSHOF, Féodalité, p. 56.
77 Ibid.
78 Les antrustiones formaient la garde personnelle du roi (cf. ZÖLLNER, Geschichte der Franken, p. 137
sq.). On ne sait pas exactement ce que cette garde rapprochée devint à l'époque carolingienne (les
quelques éléments nous permettant de connaître les satellites régis ont été exposés par WAITZ, Ver-
fassungsgeschichte, tome 3, p. 545 sqq.). Il semblerait que certains vassaux aient accompli ce service,
cf. GANSHOF, Institutions, p. 363: »Eu égard au caractère militaire de la vassalité carolingienne, on
doit admettre (que les vassi dominicï) constituaient une troupe permanente de cavalerie à la disposi-
tion du roi... Il y eut cependant, sous (le) règne (de Charlemagne) des vassaux royaux 'chasés'... qui
faisaient au moins temporairement du service au Palais«. Encore faut-il que les termes servire ou ser-
vitium que Ton rencontre dans les capitulaires désignent expressément et systématiquement le servi-
ce armé, ce dont on peut douter. Cf. par exemple le Capitulare missorum de exercitu promovendo, c.
9, M.G.H. Capit. 1, n° 50, p. 138: Volumus ut homines fidelium nostrorum, quos nobiscum veladser-
vitium nostrum domi remanere iussimus, in exercitum ire non compellantur, sed et ipsi domi remane-
ant vel in servitio dominorum suorum. Cf. également la notice n° 237. Il ne fait cependant pas de
doute que »le roi, qu'il partît en campagne ou qu'il séjournât dans l'un ou dans l'autre de sespalatia,
disposait... d'une escorte« (GANSHOF, Armée, p. 120). L'auteur de la Continuatio Ratisbonensis des
Annales de Fulda fait en effet mention des palatin(i) milit(es), des gardes du roi, à l'occasion de la pri-
se de Bergame (Annales Fuldenses, a. 894, p. 123:... maximis cum laboribuspalatinis militibus coram
rege certantibus tandem ad murum usque perventum est). Sur ce siège, cf. JARNUT, Eroberung Ber-
gamos. Cet auteur n'est pas sensible à la singularité de l'expression palatin(i) milit(es)y et il n'évoque
que »die königlichen Truppen« (ibid., p. 209). GANSHOF, Armée, p. 120, était d'avis que l'escorte du
roi »comprenait surtout des vassaux«. Or, il cite à l'appui trois capitulaires, notamment celui que j'ai
cité plus haut et Capitula missorum, c. 4: De vassis nostris, qui ad marcam nostram constitua sunt cu-
stodiendam aut in longinquis regionibus sua habent bénéficia vel res proprias vel etiam nobis assidue
in palatio nostro serviunt et ideo non possunt assidua custodire placita: quam rem volumus ut missi
nostri vel cornes nobis notam faciant, et nosfaciemusy ut ad eorum placita veniant. On n'y voit aucu-
nement la preuve que le service de ceux qui nobis assidue in palatio nostro serviunt consistait à assu-
rer la garde du roi. Certes, le servitium régis, dans les capitulaires, semble très souvent désigner le
service par les armes, mais le service du vassal n'y était pas limité, bien que »le caractère militaire (...
l'ait...) emporté sur les autres«, comme le signale GANSHOF, Féodalité, p. 59 sq. En effet, le terme
servitium a un champ sémantique fort large, cf. NIERMEYER, Lexicon minus, p. 964 sqq. (en l'occur-
rence, cf. notamment le sens désigné sous le n° 5: »service aulique«).
79 Cf. DEPREUX, Nithard, p. 152. Cf. également GANSHOF, Concession d'alleux. Cet inventaire ne por-
te que sur les concessions d'alleux à des vassaux, ce qui ne reflète à mon avis qu'un pan de l'effort dé-
ployé par Louis pour s'assurer les fidélités et les récompenser. Il faut également prendre en compte,
par exemple, les donations aux établissements religieux.
413
H. Le prêtre Georges
Le prêtre Georges, originaire de Venise, était facteur d'orgues (hydroliques 81 ) more
Graecomm*2. C'est Baudry qui l'avait amené à la cour de Louis le Pieux, en 826 à In-
gelheim. L'empereur confia le prêtre Georges à Tanculf et il les envoya au palais
d'Aix-la-Chapelle pour que Georges y construisît un orgue 83 , dont la cour franque
s'enorgueillit (vis-à-vis de la cour byzantine) 84 . Il ne fait point de doute que c'est
pour ce service ayant contribué au prestige de la cour de Louis le Pieux que Georges
fut nommé rector du monastère de Saint-Saulve, par beneficium du prince 85 .
80 Astronomus, Vita, c. 52, p. 639: Adclamatione porro militari post captam urbem Gotselmus cornes,
itemque Sanila cornes, necnon et Madalelmus vassallus dominicus, capiteplexi sunt. Sed et Gerberga,
filia quondam Willelmi comitis, tamquam venefica, aquis praefocata est.
81 Annales Fuldenses, a. 826, p. 24; Einhardus, Translatio, IV, c. 11, p. 260.
82 Astronomus, Vita, c. 40, p. 629. Sur les orgues altimédiévales, cf. BITTERMANN, Organ.
83 Annales regni Franc, a. 826, p. 170 - texte cité à la notice n° 258. Cf. également Astronomus, Vita, c.
40, p. 629.
84 Ermoldus, Elegiacum carmen, lib. IV, v. 2520 sqq., p. 192.
85 II est attesté en tant que tel en 828, cf. Einhardus, Translatio, IV, c. 8 à 11, p. 258 sqq.
86 Regino, Chronicon, a. 818, p. 73.
87 Cf. Annales Bertiniani, a. 834, p. 13 - texte cité à la notice n° 55.
88 II fut probablement de ceux dont on traita du sort en septembre 836:... verum et de episcopis atque
comitibus qui dudum cum augusta fideli devotione de Italia vénérant, ut eis et sedes propriae et comi-
tatus ac bénéficia seu res proprie redderentur (Annales Bertiniani, a. 836, p. 19). Lothaire refusa.
HLAWITSCHKA, Franken, p. 246, tient pour possible qu'il fût comte de Parme, mais cela n'est en rien
prouvé.
89 Cf. la donation qu'elle fit au monastère Saint-Alexandre de Parme, le 15 juin 835 (Annales O.S.B. 2,
n° 58, p. 689 sq.).
90 Nithardus, Historia, lib. II, c. 3, p. 44.
414
prit 91 , puisque ses descendants tiendraient ce dernier92; K. F. Werner est plus pru-
dent, qui tient seulement pour vraisemblable que Pépin tînt »un comté dans la région
parisienne«93.
J. Le comte Eckard
Le comte Eckard ne fut à notre connaissance investi d'aucune mission particulière,
mais la fidélité qu'il montra lors de la période de crise politique ayant marqué le rè-
gne de Louis le Pieux justifie qu'on s'intéresse à lui. Pendant l'hiver 833/834, Eck-
ard94 travailla à la libération de Louis le Pieux: »en tout cas, en Francia, le comte Eck-
ard et le connétable Guillaume rassemblaient autour d'eux ceux qu'ils pouvaient,
(c'est-à-dire ceux qu'unissait) la même volonté de rétablir l'empereur (sur son trô-
ne)«95. Alors qu'il avait appris que Lothaire (et Louis le Pieux), traversant Xepagus de
Hesbaye, se dirigeaient vers Paris, le comte et les autres proceres de cepagus se mirent
en marche à la tête de troupes armées, pour libérer Louis 96 . Il semble donc qu'il faille
reconnaître en notre personnage le comte de Hesbaye. Un élément rend cette identi-
fication vraisemblable: le 8 mai 840, Louis le Pieux fit donation à son fidèle Eckard 97
des villae de Pont-de-Loup 98 et de Marchienne-au-Pont" dans le Lommois 100 , sur la
Sambre101, c'est-à-dire dans Xepagus voisin de celui de Hesbaye 102 . O n a d'autre part
ici un nouveau témoignage de la fidélité de ce personnage, puisqu'il accompagna
Louis le Pieux dans sa campagne contre Louis le Germanique. Cette fidélité fut d'ail-
leurs louée dans le préambule de l'acte, du même type que celui observé dans le di-
plôme en faveur de Betton 103 . Il est fort possible que le bénéficiaire du diplôme du 23
avril 839 fût également notre homme 104 . Adalhard (III) ambasciavit pour la délivran-
91 Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 126 note 5. Je ne pense pas, comme le fait l'auteur, que Pépin
reçut le Vermandois aussitôt après la mort de son père. HLAWITSCHKA, Franken, p. 246 sq., suppo-
se également que Pépin administra le Vermandois.
92 Sur la maison de Vermandois, cf. WERNER, Untersuchungen, p. 87 sqq.
93 Ibid., p. 93: »eine Grafschaft im Pariser Raum«.
94 G. H. Pertz avait retenu la leçon fautive ày Eggebardus. Il s'agit vraisemblablement d'une erreur de
lecture, le scribe ayant probablement confondu h et b. Plusieurs manuscrits du texte donnent des
leçons plus correctes, comme Aggardus (ms. Wien, Ö.N.B. ms. 667, de la fin du IX e siècle) ou Eg-
gardus (Biblioteca Apostolica Vaticana, ms. Reine Christine 692, du XII e siècle).
95 Astronomus, Vita, c. 49, p. 637: Et quidem in Franciam Eggebardus cornes, et Willelmus cornes sta-
buliy quospoterant sibi in unione voluntatis restituendum imperatorem coadunabant.
96 Ibid., c. 50, p. 637: Hieme autem exacta et vere iam roseam fatiem praetendentey Hlotharius pâtre
assumpto per pagum Hasbaniensem iter arripuit, et Parisius urbem petivit, ubi obviamfore cunctos
sibi fidèles praecepit. Qui Eggebardus cornes et alii illius proceres pagi cum magna coacta manu ob-
viampro liberatione imperatorispugnaturiprocesserunt...
97 L'identification est en cela possible que certains manuscrits de la Vita de l'Astronome portent les
leçons Aggardus ou Eggardus. Cf. Astronomus, Vita, p. 6371. 46 note k.
98 Arr. Charleroi. Cf. CARNOY, Origines, tome 2, p. 551.
99 Arr. Charleroi. Cf. CARNOY, Origines, tome 2, p. 437.
100 Cf. MOREAU, Dictionnaire, p. 160 sq.
101 B.M. 1005(974), éd. Doc. dipl. Saint-Lambert, n° 3, p. 4 sq. (à la p. 5):... concessimus eidemfideli no-
stro Ekkhardo ad proprium quasdam res nostre proprietatis que sunt site in pago Coniense (- Lo-
mense) super fluvium Samera, hoc est villas duas que vocantur Funderlo et Marcinas.
102 Cf. MOREAU, Dictionnaire, p. 142 sq.
103 Arengenverzeichnis, n° 1076; cf. la rubrique G. de cette même annexe.
104 B.M. 993(962). D'autre part, la présence à Poitiers d'un certain Eckard, fidelis de l'empereur, est at-
testée par B.M. 1001(970), diplôme du 29 décembre 839 par lequel Louis le Pieux donna à ce fidelis
415
ce de ce diplôme 105 . Tout comme il est difficile de préciser les liens rattachant ce per-
sonnage à la famille des Nibelungen »historiques«106, l'on ignore quand Eckard
mourut 107 .
la villa de Perrecy dans le pagus d'Autun. Cette villa avait déjà été donnée environ un an et demi
plus tôt par le roi Pépin 1er d'Aquitaine (Actes de Pépin, n° 38, p. 166 sqq.). Ces deux actes sont in-
troduits par un préambule identique - à la différence que Yimperialis celsitudo devient chez Pépin
regalisy ce préambule est également repris dans l'acte du 8 mai 840, cf. Arengenverzeichnis, n° 1076.
En janvier 876, ce personnage fit donation de Perrecy à l'abbaye de Fleury (cf. Doc. dipl. Saint-Be-
noît, n° 25, 26, 27 et 28, p. 59 sqq.). Il ne s'agit toutefois pas du comte de Hesbaye (Eckard est ap-
pelé fidelis noster par Pépin 1er), mais du futur comte de Chalon étudié en détail par LEVILLAIN, Ni-
belungen, 1ère partie.
105 Mentions tironiennes, p. 20.
106 Sur cette famille, cf. LEVILLAIN, Nibelungen.
107 LEVILLAIN, Nibelungen, 1ère partie, p. 395 note 1, n'a pas 'osé' identifier Eckard avec le comte du
même nom tombé en Aquitaine en 844. D'autres ont d'ailleurs proposé de reconnaître en ce per-
sonnage le comte d'Amiens (cf. Annales Bertiniani, a. 844, p. 47 note 2). Ainsi que l'a également
noté L. LEVILLAIN, ibid., p. 396 note 1, il ne peut s'agir de notre personnage dans la mention de la
mort en 837 sur l'île de Walcheren d'Eggihardus, dit ejusdem loci cornes (Annales Fuldenses, a. 837,
p. 28), comme cela était l'hypothèse de CHAUME, Bourgogne, p. 540.
108 Sur ce personnage, cf. HLAWITSCHKA, Äbtissinnenreihe, p. 36 sqq.
109 Indicularius Thiathildis, n° 1 et 2, p. 525 sq. La lettre n° 1 date indéniablement des années antérieu-
res à la crise de 833, puisque l'adresse est forgée sur la première titulature de Louis le Pieux: Domi-
no Ludwico divina ordinante Providentia imperatori semper augusto. L'on ne peut pas dater la se-
conde lettre, adressée domino gloriosissimo, summe nobilitatis sapientieque diademate redimito
regnique gubernacula strenue regenti, Ludowico imperatori semper augusto.
110 Indicularius Thiathildis, n° 1, p. 525 sq.: Scire igitur obtamus vestram inianter excellentiam, quody
quasi reconpensantes ineffabilibus démentie vestre muneribus, huius volvente anni circulo praesen-
tique hoc in tempore pro vestra incolomitate dignissimeque regine ac dulcissime diu servande régie
prolis cecinimuspsalteria mille, missas 800 cum oblationibus acletaniis creberrimis ...
111 Cf. HLAWITSCHKA, Klosterverlegung, p. 267.
112 Cf. les travaux d'Eugen Ewig sur le sujet. Orientations bibliographiques dans DEPREUX, Louis le
Pieux reconsidéré?, p. 211.
113 Indicularius Thiathildis, n° 3, p. 526.
114 Ibid.,n°4,p.526sq.
115 Telle est l'interprétation de HLAWITSCHKA, Äbtissinnenreihe, p. 37.
416
Palais? - qu'elle pria de lui préciser par écrit la volonté de Louis le Pieux sur un point
que l'on ne connaît malheureusement pas116.
L. Le comte Aznar
Qu'une mission militaire, même importante, fût confiée à un personnage dont on ne
sait rien par ailleurs, cela ne semble pas un critère prouvant que cette personne jouis-
sait d'une confiance hors norme auprès du prince, lui conférant un relief particulier.
C'est pourquoi le comte Aznar 117 , qui fut envoyé à Pampelune à la tête d'une armée
de Gascons m , ne peut pas être retenu, bien que son personnage soit d'un intérêt cer-
tain en ce sens qu'il était de sang gascon (c'est la raison pour laquelle il fut relâché par
ses ravisseurs, qui l'avaient capturé lors de l'embuscade tendue en 824 sur le chemin
du retour 119 ) - il est ainsi l'illustration de l'association par le pouvoir franc de l'aris-
tocratie locale au gouvernement 120 .
M. Le bâtard Arnoul
Ce n'est pas parce qu'un personnage était parent de l'empereur qu'il comptait parmi
les membres de son entourage; cela fut vraisemblablement le cas du fils bâtard de
Louis le Pieux, Arnoul. La seule chose que nous sachions sur lui est que son père lui
confia le comté de Sens121, comme nous l'apprend l'auteur de la Chronique de Mois-
116 Indicularius Thiathildis, n° 5, p. 527: ... subplico piam magnanimitatem vestram, ut per epistolam
vestram certam me faciatis, qualiter domni piissimi imperatoris semper augusti seu inclite adque
magnificentissime domne imperatricis sit voluntas ... A noter que LEVILLAIN, Wandalbert, p. 20 no-
te 3, tient également pour possible que cette lettre date d'après la mort de Louis le Pieux et concer-
ne l'empereur Lothaire.
117 II était citerions Vuasconiae cornes (Annales Bertiniani, a. 836, p. 20). MUSSOT-GOULARD, Princes
de Gascogne, p. 89 sq., en fait un comte de Fezensac, sans justifier son affirmation. Déjà HIGOUN-
ET, Aznar, p. 9, avait relevé l'existence d'une charte pour l'abbaye de Pessan indiquant »que lepagus
Ausciensis, comté de Fezensac, faisait partie de son comitatus gascon«. Or MUSSOT-GOULARD,
Princes de Gascogne, p. 90 note 166, rejette cette charte: »elle ne fait rien connaître sur Aznar-
Sanche«.
118 Annales regni Franc, a. 824, p. 166: Aeblus et Asinarius comités cum copiis Wasconum ad Pampilo-
nam missiy cumperacto iam sibi iniuncto negotio reverterentur, in ipso Pirinei iugo perfidia montan-
orum in insidias deducti ac circumventi capti sunty et copiae, quas secum habuere, pêne usque ad in-
ternicionem deletae; et Aeblus quidem Cordubam missus, Asinarius vero misericordia eorum, qui
eum ceperanty quasi qui consanguineus eorum essety domum redire permissus est. Cf. également
Astronomus, Vita c. 37, p. 628. Sur l'apparente divergence de datation, cf. DEPREUX, Poètes, p. 323.
Ce comte mourut en 836 (horribili morte interiit, Annales Bertiniani, a. 836, p. 20) - MUSSOT-GOU-
LARD, Princes de Gascogne, p. 90, suppose qu'il »fut mis à mort« pour le compte de Pépin 1er d'A-
quitaine - après s'être détaché de ce roi (qui ante aliquot annos a Pippino desciverat, Annales Berti-
niani, a. 836, p. 20) - »c'est sans doute à partir de 833 qu'Aznar se détacha de Pépin« (MUSSOT-
GOULARD, Princes de Gascogne, p. 90).
119 A ce propos, cf. GURRUCHAGA, Segunda batalla.
120 Cf. HIGOUNET, Aznar. L'auteur a résumé son opinion dans: HIGOUNET, Bordeaux, p. 34. Contre
l'origine aragonaise d'Aznar: MUSSOT-GOULARD, Princes de Gascogne, p. 90 note 166.
121 Chronicon Moissiacense, a. 817, p. 312: Quartum verofilium habuit ex concubina, nomine Arnul-
phum, cuipater Senonas civitatem in comitatum dédit. Cf. SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 110 et
note 4. »Soviel ich sehe, die einzige Erwähnung dieses Bastards« (ibid., p. 35 note 7). On a voulu re-
connaître en lui le partisan de Lothaire dont parle Nithardus, Historia, lib. II, c. 6, p. 54 et 56, cf.
WERNER, Nachkommen, p. 446 n° 9. Rien ne permet de confirmer ou d'infirmer cette proposition
d'identification.
417
sac à l'occasion de la description qu'il fait du partage de l'été 817 habituellement dé-
signé sous le nom d'Ordinatio imperii122.
O. Le vicomte Blitgaire
La nature de la fonction de missus dont le vicomte Blitgaire128 fut investi en une occa-
sion qu'il convient d'exposer pose un grave problème d'analyse. Ce vicecomes
souscrivit la notice d'un plaid tenu en décembre 815 par le comte d'Autun, Théo-
déric129. En avril 817, le même vicecomes présida une assemblée judiciaire à Autun et
il en souscrivit la notice130. Or, en octobre 819 à Autun, il présida un autre plaid judi-
ciaire en qualité de missus, alors que le comte était présent131. Certes, il se pourrait
122 B.M. 649(627) a et b.
123 B.M.515(496)o.
124 Nithardus, Historia, lib. I, c. 2, p. 6 sqq.:... a Bertmundo, Lugdunensis provincie praefecto, lumini-
bus et vita pariter privatur. Bermond était, comme l'affirmait Nithard, comte de Lyon. On en a la
confirmation grâce à une lettre de l'archevêque de cette cité, où il est question de Bermond en tant
que com(es) nost(er), cf. Agobardus, Epistolae, n° 10, p. 202.
125 Cf. Adrevaldus, Miracula, I, c. 18, p. 43:... quibusdam servorum suorum, fisci debito sublevatis, cu-
rant tradidit regni; atque in primis Rahonem Aurelianensibus comitem praefecit, Biturigensibus
Sturminium, Arvernis Bertmundum, aliisque, ut ei visum est, locis alios praeposuit. A ce propos, cf.
FUSTEL DE COULANGES, Transformations, p. 424. Cf. aussi WERNER, Bedeutende Adelsfamilien, p.
126 note 155.
126 II se peut que le père du comte de Lyon fût un certain Evrard (Ebrardus), cf. la notice consacrée à
Evrard (n° 94).
127 Contre l'analyse classique relative à la basse extraction de Bermond, cf. DURLIAT, Loi, p. 83 sq., qui
fait état dans la recherche récente d'éléments »apport(ant) de l'eau au puissant moulin qui, actuelle-
ment, voit dans le servus public une personne exerçant un servitium public, un 'serviteur de l'Etat'
plus qu'un esclave« (ibid., p. 83).
128 Sur ce personnage, cf. SICKEL, Vicecomitat, p. 13 - il s'agit de l'un des premiers vicecomites connus.
129 Doc. dipl. Saint-Benoît, n° 10, p. 26.
130 Doc. dipl. Saint-Benoît, n° 11, p. 26 sq.
131 Doc. dipl. Saint-Benoît, n° 16, p. 36 sq.: Noticia sacramentale qualiter veniens Fredelus, die jovis,
Augustiduno civitate in ecclesia sanctijobannis ubialia sacramenta procurrunt ante Blitgario misso,
vir illuster Tbeoderico comité vel quam pluris, dum ipse cornes in ipsa civitate residebat, novem te-
stes ad jurandum dédit bis nominibus ...
418
que Blitgaire fût missus du comte132 - on a supposé que ce vicecomes était en l'occur-
rence investi d'une mission n'entrant pas dans le cadre habituel de ses attributions133.
Un point est cependant gênant: pourquoi, dans la notice, Blitgaire est-il nommé
avant le comte dont il est supposé être le missus} N'aurait-il pas été plutôt missus do-
minicus, c'est-à-dire missus de l'empereur? En l'absence d'une désignation explicite,
comme c'est par exemple le cas pour un certain Nidhart attesté en Bavière134, je
préfère laisser la question en suspens.
132 Ceci est attesté pour d'autres vicecomites, cf. SICKEL, Vicecomitat, p. 27 sq. Sur Blitgaire, cf. égale-
ment ibid., p. 53.
133 SICKEL, Vicecomitat, p. 28 sq.: »ein Auftrag außerhalb der amtlichen Zuständigkeit, so daß der Vi-
cecomes nicht als Vicecomes handelte«.
134 Cf. la notice n° 204.
135 Doc. dipl. Freising, n° 475, p. 406 sq. Ce nom apparaît sans titre - ce qui interdit une identification
certaine - dans des listes de témoins en 816 et 824, ibid., n° 355, p. 304 et n° 509, p. 434 sq.
136 GAMS, Séries, p. 258.
137 Cf. cependant la notice n° 190.
138 Doc. dipl. Saint-Gall, tome 2, n° 19, p. 396. A ce propos, cf. BORGOLTE, Grafschaften Alemanniens,
p. 90 sq.
139 Cf. Doc. dipl. Saint-Gall, tome 2, n° 18, p. 395 sq. - texte cité à la notice n° 247.
140 Son abbatiat (816-837) tombe entièrement sous le règne de Louis le Pieux, cf. DUFT, GÖSSI, VOG-
LER, Abtei St. Gallen, p. 102 sq.
141 Cf. la notice n° 247, consacrée à Ruadpert. Occasionnellement, Louis fut en effet désigné comme
»roi«. D^illeurs, c'est le cas pour Charlemagne dans ce même acte: temporibus Caroli régis.
142 Dipl. regum Germ. 1, n° 13, p. 15 sq.
143 Doc. dipl. Saint-Gall, tome 2, n° 15, p. 393.
144 Ibid., p. 394.
419
broise, les missi qui enquêtèrent avant le 25 janvier 835145 sur le statut des biens dé-
pendant de la curtis de Limonta146, étaient au service de Louis le Pieux ou d'un autre
souverain ayant exercé son autorité sur l'Italie.
145 A cette date, Lothaire donna la curtis de Limonta à Saint-Ambroise de Milan. Cf. Dipl. Karol. 3, n°
23, p. 93 sqq.
146 Cf. Doc. dipl. Italie, n° III, p. 568 sqq.
147 Sur le notariat italien pendant le haut Moyen-Age, cf. M. AMELOTTI, COSTAMAGNA, Origini, p. 147
sqq.; NICOLAJ, Origini; et surtout PRATESI, Appunti.
148 Le notaire du Palais Théodald écrivit, à Brescia en mai 824, la charte par laquelle le prêtre Amizon
donna sa maison à son neveu. Cf. Doc. dipl. Lombardie, n° 106, col. 192 sq.: Ego Teodaldus notari-
us sacripalatii rogatus scripsiy post tradita complevi et dedi.
149 BRESSLAU, Urkundenlehre, tome 1, p. 622 sq., décrit ainsi les compétences des notaires italiens:
»Von den Notaren, deren Kompetenz auf den Bezirk einer Grafschaft beschränkt ist, unterschei-
den sich sehr bestimmt seit dem Anfang des 9. Jahrhundert (sie) andere, die sich teils als königliche,
teils als Pfalznotare bezeichnen« (p. 622), et H. Bresslau de remarquer ensuite: »wir haben hier
Notare vor uns, deren Kompetenz örtlich nicht beschränkt ist, die aber wesentlich nur im Gericht
der wandernden Königsboten tätig sind und sich durch ihren Titel von den gewöhnlichen Ortsnot-
aren bestimmt sondern« (ibid., p. 623). La limitation géographique de l'action des notaires est atte-
stée depuis l'époque qui nous intéresse ici - en fait, depuis le gouvernement de Lothaire 1er en Ita-
lie, cf. BAUTIER, Authentification, p. 708. Selon PRATESI, Appunti, p. 763, cette époque fut celle d'u-
ne modification majeure du statut des notaires.
150 Doc. dipl. Italie, n° 36, p. 109 sqq. Ce personnage siégea, en décembre 824 à Reggio, au plaid tenu
par Wala lors de son retour de Rome.
151 Cf. MEYER, Pfalzgrafen, p. 461.
152 Cf. FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 168.
153 Theganus, Vita, c. 45, p. 600: Qui veniens adpalatium Franchonofurt, statim inde direxit legatos su-
os Gozbaldum abbatem et presbyterum et Mohardum palatinum comitem, postulans et imperans,
ut ergapatrem humaniorem exhibere sententiam.
420
te du Palais Rainier154, qui fut l'un des instigateurs de la révolte de Bernard d'Ita-
lie155, on ignore au service de qui il était avant de rejoindre Bernard. L'Astronome le
dit en effet olim cornes palatii imperatoris156. On a reconnu en Rainier un comte du
Palais de Louis le Pieux lorsqu'il était roi d'Aquitaine157, »mais cette supposition re-
pose sur un fondement très faible«158. Rainier peut tout autant avoir été au service de
Charlemagne159, ce qui serait d'ailleurs plus logique160. Rien ne permet cependant de
trancher. Rainier fut condamné à mort au printemps 818, mais gracié par Louis le
Pieux: en conséquence de quoi il fut aveuglé161. Néanmoins, il préféra, à l'instar de
Bernard, se donner la mort162.
S. Ermold le Noir
On a voulu reconnaître en Ermold le Noir un »membre de la cour impériale«163. Cet-
te appellation est à rejeter vigoureusement: rien, dans l'oeuvre d'Ermold, ne permet
d'affirmer qu'il fit partie du Palais impérial, ne serait-ce qu'en tant que membre
»temporaire«. Sa connaissance précise de l'Aquitaine sous Louis le Pieux s'explique
par son appartenance à l'entourage de Pépin Ier d'Aquitaine, et à ce titre, il participa
en 824 à l'expédition militaire de l'empereur en Bretagne164. Peut-être fit-il, avant
814, partie de l'entourage de Louis le Pieux, mais rien ne permet de l'établir. Quant à
sa description des cérémonies auliques de 826, elles ne prouvent rien concernant son
statut: l'on peut supposer qu'Ermold écrivit en témoin oculaire venu prendre part au
convent(us) non modic(us) convoqué à cette époque165. En outre, l'on ne peut pas
trancher quant à la question suivante: fut-il le légat envoyé par Louis auprès de son
fils huit ans plus tard166?
154 II s'agit d'un descendant du comte Hardrad qui se révolta sous Charlemagne (cf. BRUNNER, Oppo-
sitionelle Gruppen, p. 48), fait que Pauteur des Annales royales et Thégan se complaisent à rappe-
ler.
155 Annales regni Franc, a. 817, p. 148; Astronomus, Vita, c. 29, p. 623.
156 Astronomus, Vita, c. 29, p. 623.
157 SIMSON, Jahrbücher, tome 1, p. 113.
158 MEYER, Pfalzgrafen, p. 455.
159 Ibid., p. 460 note 3: l'auteur juge »möglich, daß er noch unter Karl (dem Großen) Pfalzgraf war«.
Mais c'est à tort que H. Meyer range Rainier parmi les comtes du Palais de Bernard d'Italie.
160 II me semble en effet plus simple d'imaginer que Rainier passa de la cour de Charlemagne à celle de
Bernard, plutôt qu'il rejoignît ce dernier après avoir été au service du roi d'Aquitaine.
161 Annales regni Franc, a. 818, p. 148; Theganus, Vita, c 22, p. 596.
162 Astronomus, Vita, c. 30, p. 623: Etenim Bernardus et Reginherius, dum inpatientius oculorum abla-
tionem tulerunt, mortis sibi consciverunt acerbitatem. Contrairement à certains historiens, j'admets
l'hypothèse du suicide, cf. DEPREUX, Königtum, p. 23 sq. note 117.
163 ANGENENDT, Geistliches Bündnis, p. 7.
164 Ermoldus, Elegiacum Carmen, IV, v. 2016 sqq., p. 154.
165 Annales regni Franc, a. 826, p. 169; B.M. 829(770)b.
166 Cf. la notice n° 148.
421
167 Cf. l'étude de I. M. HANSSES en introduction à Amalarius, Opera liturgica, 1.1, p. 58-82. Cf. égale-
ment DUCKETT, Portraits, p. 92-120. A propos de Penvoi d'Amalaire en ambassade à Constantino-
ple en 813 (cf. Annales regni Franc, p. 137), je me permets de signaler qu'il se considérait lui-même
comme apocrisiarius (cf. Amalarius, Epistolae, n° 6, p. 247), ce qui renforce l'isolement de Hincmar
quant à l'acception qu'il donnait à ce terme dans son traité De ordine palatii (cf. LÖVE, Hinkmar).
Sur le liturgiste qu'était Amalaire, cf. PALAZZO, Moyen Age.
168 Ademarus, Historiae, lib. III, c. 2, p. 119. Sur le grade de »diacre« par lequel Adémar de Chabannes
désigne Amalaire, cf. les remarques d'I. M. HANSSES dans Amalarius, Opera liturgica, 1.1, p. 73.
169 Einhardus, Epistolae, n° 4, p. 111.
170 Cf. Amalarius, Prologus, c. 2, p. 361 : Nam quandofui missus Romam a sancto et christianissimo im-
peratore Hludovico ad sanctum et reverentissimum papam Gregorium de memoratis voluminibus
retulit mihi ita idem papa: Antiphonarium non habeo quem possim mitterefilio meo domino impe-
ratori...
171 FLECKENSTEIN, Hofkapelle 1, p. 60.
172 Cf. la bibliographie dans FRIED, Papsttum, p. 236 sqq. Je ne suis cependant pas d'accord avec l'au-
teur quant à son interprétation des faits, cf. DEPREUX, Empereur, p. 895 sq.
173 Paschasius, Epitaphium, p. 33: cum olim ab augusto directus causa negotii quod nostis.
174 WEiNRiCH,Wala, p. 77.
175 Paschasius, Epitaphium, p. 74 sq.: Ubi cum nonpost diu ab augusto directus ob ecclesiasticarum rer-
um et monastica negotia devenissem, quanquam non sine periculo, ob suum solamen ad eum visi-
tandum ascendi.
423
SOURCES
Parmi les sources, sont également comptés les régestes utilisés. Les divers cartulaires et autres recueils de
chartes et diplômes relatifs à un établissement ou à une région sont regroupés sous un même titre de
»documents diplomatiques« (Doc. dipl.) que suit le nom du lieu qu'ils concernent. Mon étude s'appuie
essentiellement sur les sources publiées. La consultation des manuscrits suivants s'est néanmoins avérée
nécessaire: Paris, B. N., lat. 2718; Paris, B. N., lat. 5456A; Paris, B. N., lat. 13890; Paris, B. N., nouv. acq.
lat. 1930; Paris, B. N., coll. Doat, n° 124; Paris, B. N., coll. Dupuy, n° 635; Paris, Bibl. Ste-Geneviève, ms
608.
von L. SANTIFALLER, mit einem Vorwort, Konkordanztabellen und Ergänzungen von C. BRÜHL und
H. H. KAMINSKY, Hildesheim 1966.
Bovo, Inventio
Bovon, De inventione et elevatione s. Bertini, éd. O. HOLDER-EGGER, M.G.H. SS. 15/1, p. 524-534.
Candidus, De vita Aeigili
Candide, De vita Aeigili, éd. E. DÜMMLER, M.G.H. Poetae 2, p. 94-117.
Candidus, Vita Eigilis
Candide, Vita Eigilis abbatis Fuldensis, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 15/1, p. 221-233.
Cantatorium
K. HANQUET (éd.), La chronique de Saint-Hubert dite Cantatorium, Bruxelles 1906.
Capitula ab episcopis Attiniaci data
Capitula ab episcopis Attiniaci data (août 822), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 174, p. 357 sq.
Capitula ad Francos
Capitula ad Francos et Aquitanos missa de Carisiaco (7 juillet 856), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE,
M.G.H. Capit. 2, n° 262, p. 279-282.
Capitula de iustitiis faciendis
Capitula de iustitiis faciendis (vers 820), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 144, p. 295 sq.
Capitula episcoporum
P. BROMMER (éd.), Capitula episcoporum, M.G.H. Capitula episcoporum 1, Hannover 1984.
Capitula legibus addenda
Capitula legibus addenda (818/819), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 139, p. 280-285.
Capitula missorum
Capitula missorum (821), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 148, p. 300 sq.
Capitula tractanda
Capitula ab episcopis in placito tractanda (début 829), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2,
n°186,p. 6sq.
Capitulare de clericorum percussoribus
Concilium et capitulare de clericorum percussoribus, éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 176,
p.359-362.
Capitulare de disciplina palatii
Capitulare de disciplina palatii Aquisgranensis (vers 820), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 146,
p. 297 sq.
Capitulare de iustitiis faciendis
Capitulare de iustitiis faciendis (811-813), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 80, p. 176 sq.
Capitulare de monasterio s. Crucis
Capitulare de monasterio Sanctae Crucis Pictavensi (822-824), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1,
n° 149, p. 302.
Capitulare de villis
Capitulare de villis, éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 32, p. 82-91.
Capitulare ecclesiasticum
Capitulare ecclesiasticum (818/819), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 138, p. 275-280.
Capitulare Franconofurtense
Capitulare Franconofurtense, publié parmi les actes du Concilium Francofurtense (juillet 794), éd. A.
WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/1, n° 19/G, p. 165-171. Cf. également Synodus Franconofurtensis.
Capitulare missorum
Capitulare missorum (819), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 141, p. 288-291.
Capitulare missorum (bis)
Capitulare missorum (début 829), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2, n° 188, p. 9-11.
Capitulare missorum generale
Capitulare missorum generale (802), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 33, p. 91-99.
Capitulare missorum Silvacense
Capitulare missorum Silvacense (nov. 853), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2, n° 260,
p.270-276.
Capitulare missorum Wormatiense
Capitulare missorum Wormatiense (août 829), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2, n° 192,
p. 14-17.
428
Capitulare monasticum
Capitulare monasticum (10 juillet 817), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 170, p. 343-349.
Capitulare Olonnense
Capitulare Olonnense (822-823), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 157, p. 316 sq.
Capitulare Wormatiense
Capitulare Wormatiense (août 829), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2, n° 191, p. 11-14.
Carmen ad Agobardum
Carmen ad Agobardum archiepiscopum missum, éd. E. DÜMMLER, M.G.H. Poetae 2, p. 118 sq.
Carmina Cenomanensia
Carmina Cenomanensia, éd. E. DÜMMLER, M.G.H. Poetae 2, p. 623-636.
Carmina Centulensia
Carmina Centulensia, éd. L. TRAUBE, M.G.H. Poetae 3, p. 265-368.
Carmina varia
Carmina varia, éd. E. DÜMMLER, M.G.H. Poetae 2, p. 649-686.
Carolus, De causa Ebbonis
Charles le Chauve, Ad Nicolaum I papam de causa Ebbonis, éd. M. BOUQUET, Recueil des historiens
des Gaules et de la France, tome 7,2e éd. Paris 1870, p. 556-559.
Cartae Senonicae
Cartae Senonicae, éd. K. ZEUMER, M.G.H. Formulae, p. 185-207.
Catalogi abbatum Nonantulanorum
Catalogi abbatum Nonantulanorum, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. rer Lang., p. 570-573.
Catalogi episc. Argentinensium
Catalogi episcoporum Argentinensium, éd. O. HOLDER-EGGER, M.G.H. SS. 13, p. 321-324.
Catalogi regum Italiae
Catalogi regum Italiae, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 3, p. 215-219.
Catalogus abbatum Augiensium
Catalogus abbatum Augiensium, éd. I. VON ARX, M.G.H. SS. 2, p. 37-39.
Catalogus abbatum Centulensium
Catalogus abbatum Centulensium, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 15/1, p. 181.
Catalogus abbatum Corbeiensium
Catalogus abbatum Corbeiensium, éd. O. HOLDER-EGGER, M.G.H. SS. 13, p. 274-277.
Catalogus abbatum Epternacensium
Catalogus abbatum Epternacensium, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 13, p. 737-742.
Catalogus abbatum Farfensium
Catalogus abbatum Farfensium, éd. L. BETHMANN, M.G.H. SS. 11, p. 585-587.
Catalogus abbatum Floriacensium
Catalogus abbatus Floriacensium, éd. O. HOLDER-EGGER, M.G.H. SS. 15/1, p. 500 sq.
Catalogus abbatum Fuldensium
Catalogus abbatum Fuldensium, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 13, p. 272-274.
Catalogus abbatum s. Eugendi
Catalogus abbatum Sancti Eugendii Iurensis, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 13, p. 743-747.
Catalogus episc. Hildesheimensium
Catalogus episcoporum Hildesheimensium, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 13, p. 747-749.
Catalogus episc. Mettensium
Catalogus episcoporum Mettensium, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 2, p. 268-270.
Catalogus regum Langobardorum
Catalogus regum Langobardorum, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 5, p. 64.
C.C.Monast. 1
Corpus Consuetudinum Monasticarum, éd. K. HALLINGER, tome 1, Siegburg 1963.
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Hartmut ATSMA, Jean VEZIN (éd.), Chartae Latinae Antiquiores, tome 19, Zürich 1987.
Chronicon Aquitanicum
Chronicon Aquitanicum, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 2, p. 252 sq.
Chronicon brève Bremense
Chronicon brève Bremense, éd. I. M. LAPPENBERG, M.G.H. SS. 7, p. 389-392.
429
Chronicon Font.
Fragmentum chronici Fontanellensis, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 2, p. 301-304.
Chronicon Hildesheimense
Chronicon Hildesheimense, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 7, p. 850-854.
Chronicon Laurissense brève
H. SCHNORR VON CAROSFELD (éd.), Chronicon Laurissense brève, N. A. 36 (1911) p. 13-39.
Chronicon Luxoviense brève
Chronicon Luxoviense brève, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 3, p. 219-221.
Chronicon Mediani monast.
Liber de sancti Hildulfi successoribus in Mediano monasterio, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 4, p. 86-92.
Chronicon Moissiacense
Chronicon Moissiacense, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 1, p. 280-313 et M.G.H. SS. 2, p. 257-259.
Chronicon Novalicense
Chronicon Novalicense, éd. L. BETHMANN, M.G.H. SS. 7, p. 73-128.
Chronicon s. Maxentii
La Chronique de Saint-Maixent, éd. J. VERDON, Paris 1979.
Chronicon s. Michaelis
Chronicon Sancti Michaelis in pago Virdunensi, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 4, p. 78-86.
Chronicon Vedastinum
Chronicon Vedastinum, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 13, p. 674-709.
Claudius, Epistolae
Claude de Turin, Epistolae, éd. E. DÜMMLER, M.G.H. Epistolae 4, p. 586-613.
Codex Carolinus
Codex Carolinus, éd. W. GUNDLACH, M.G.H. Epistolae 3, p. 469-657.
Commemoratio
Commemoratio missis data (avant nov. 825?), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 151, p. 308 sq.
Concessio generalis
Concessio generalis (823?), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 159, p. 320 sq.
Concilia 3
W. HARTMANN (éd.), Die Konzilien der karolingischen Teilreiche 843-859, M.G.H. Concilia 3, Han-
nover 1984.
Concilium ad Theodonis villam
Concilium ad Theodonis villam congregatum (fév.-mars 835), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H.
Conc. 2/2, n° 55, p. 696-703.
Concilium Aquisgranense
Concilium Aquisgranense (816), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/1, n° 39, p. 307-464.
Concilium Aquisgranense (bis)
Concilium Aquisgranense (février 836), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 56, p. 704-767.
Concilium Arelatense
Concilium Arelatense (813), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/1, n° 34, p. 248-253.
Concilium Carisiacense
Concilium Carisiacense (sept. 838), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 57, p. 768-782.
Concilium Carisiacense (bis)
Acta spuria ad concilium Carisiacense spectantia, éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, Appen-
dix n° 9, p. 835-853.
Concilium Cenomannicum
Concilium Cenomannicum (12 mai 840), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 59,
p. 784-788.
Concilium Ingelheimense
Concilium Ingelheimense (août 840), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 61, p. 791-814.
Concilium Lingonense
Concilium Lingonense (20 nov. 830), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 51, p. 681 sq.
Concilium Mantuanum
Concilium Mantuanum (6 juin 827), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 47, p. 583-589.
Concilium Moguntinense
Concilium Moguntinense (813), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/1, n° 36, p. 258-273.
430
Concilium Parisiense
Concilium Parisiense (nov. 825), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/1, n° 44, p. 473-551.
Concilium Parisiense (bis)
Concilium Parisiense (juin 829), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 50 D, p. 605-680.
Concilium Romanum
Concilium Romanum (nov. 826), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 46, p. 552-583.
Concilium Tullense
Concilium Tullense (15 oct. 838), éd. A. WERMINGHOFF, M.G.H. Conc. 2/2, n° 58, p. 782 sq.
Constitutio de partitione
Concilia in monasterio sancti Dyonisii habita, Constitutio de partitione bonorum monasterii s. Dy-
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Constitutio de synodis
Constitutio de synodis anno 829 in regno Francorum habendis (déc. 828), éd. A. BORETIUS, V. KRAU-
SE, M.G.H. Capit. 2, n° 184, p. 2 sq.
Constitutio Romana
Constitutio Romana (novembre 824), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 161, p. 322-324.
Constructio Farfensis
Constructio Farfensis, éd. L. BETHMANN, M.G.H. SS. 11, p. 520-530.
Conversio Carant.
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Corpus inscr. Fr. med.
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Recueil des hist. 6
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Régestes Mayence
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Régestes Strasbourg
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Regino, Chronicon
Reginonis abbatis Prumiensis Chronicon cum continuatione Treverensi, éd. F. KURZE, M.G.H. SS.
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Regni divisio
Regni divisio (fév. 831 ?), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2, n° 194, p. 20-24.
Relatio Compendiensis
Episcoporum de poenitentia, quam Hludowicus imperator professus est, relatio Conpendiensis (oct.
833), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2, n° 197, p. 51-55.
Responsa
Responsa missis data (826), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 155, p. 314.
Rimbertus, Vita s. Anskarii
Rimbert, Vita sancti Anskarii, éd. C. F. DAHLMANN, M.G.H. SS. 2, p. 683-725.
Rodulfus, Miracula Fuld.
Rodolphe, Miracula sanctorum in Fuldensis ecclesias translatorum, éd. G. WAITZ, M.G.H. SS. 15/1,
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Sedulius, De rectoribus christ.
Sedulius Scottus, De rectoribus christianis, P.L. 103, col. 291-332.
Séries abbatum Flaviniacensium
Séries abbatum Flaviniacensium, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 8, p. 502 sq.
Séries abbatum s. Vedasti
Séries abbatum Sancti Vedasti Atrebatensis, éd. O. HOLDER-EGGER, M.G.H. SS. 13, p. 382.
Séries episc. Moguntinensium
Séries episcoporum et archiepiscoporum Moguntinensium, éd. J. Fr. BÖHMER, Fontes rerum Germa-
nicarum, tome 3: Martyrium Arnoldi archiepiscopi Moguntini und andere Geschichtsquellen
Deutschlands im zwölften Jahrhundert, Stuttgart 1853, p. 139 sq.
Séries episc. Paderbornensium
Séries episcoporum Paderbornensium, éd. O. HOLDER-EGGER, M.G.H. SS. 13, p. 341 sq.
Smaragdus, De processione
Libellus Smaragdi abbatis s. Michaelis ad Mosam De processione sancti Spiritus, éd. A. WERMING-
HOFF, M.G.H. Conc. 2/1, p. 236-239.
Smaragdus, Expositio
Smaragde, Expositio in regulam s. Benedicti, éd. A. SPANNAGEL, P. ENGELBERT, C.C.Monast. 8, Sieg-
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Smaragdus, Via regia
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441
Spicilegium
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Supplex Libellus
Supplex Libellus monachorum Fuldensium Carolo imperatori porrectus (812 et 817), éd. J. SEMM-
LER, dans: C.C.Monast. 1, p. 319-327.
Synodus Franconofurtensis
Synodus Franconofurtensis (794), éd. A. BORETIUS, M.G.H. Capit. 1, n° 28, p. 73-78. Cf. également
Capitulare Franconofurtense.
Synodus Papiensis
Synodus Papiensis (850), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2, n° 228, p. 116-122.
Synodus prima Aquisgranensis
Synodi primae Aquisgranensis décréta authentica (816), éd. J. SEMMLER, dans: C.C.Monast. 1,
p. 451-468.
Synodus secunda Aquisgranensis
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Tabulae Karolorum
Tabulae Karolorum, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 3, p. 214 sq.
Teutscher Regierungsspiegel
J. U. PREGITZER, Teutscher Regierungs- und Ehrenspiegel..., Berlin 1703.
Theganus, Vita
Thégan, Vita Hludowici imperatoris, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 2, p. 585-603.
Theodulfus, Carmina
Théodulf, Carmina, éd. E. DÜMMLER, M.G.H. Poetae 1, p. 437-581.
Todtenbuch Paderborn
E. F. MOOYER, Das älteste Todtenbuch des Hochstifts Paderborn, Z.V.G.A. 10 (1847) p. 115-169.
Totenbuch Abdinghof
K. LÖFFLER, Auszüge aus dem Totenbuch des Benediktinerklosters Abdinghof in Paderborn,
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Tractoria
Tractoria de coniectu missis dando (829), éd. A. BORETIUS, V. KRAUSE, M.G.H. Capit. 2, n° 189, p. 10 sq.
Translatio s. Adelphi
Translatio et miracula s. Adelphi episcopi Mettensis, éd. L. VON HEINEMANN, M.G.H. SS. 15/1,
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Translatio s. Baltechildis
Translatio sanetae Baltechildis, éd. O. HOLDER-EGGER, M.G.H. SS. 15/1, p. 284 sq.
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Vita Alcuini, éd. W. ARNDT, M.G.H. SS. 15/1, p. 182-197.
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Vita Aldrici, dans: Acta Sanctorum, Juin 1, Paris, Roma 1867, p. 740-746.
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Vita Meinwerci
Vita Meinwerci episcopi Patherbrunnensis, éd. G. H. PERTZ, M.G.H. SS. 11, p. 104-161.
Vita Rigoberti
Vita Rigoberti episcopi Remensis, éd. W. LEVISON, M.G.H. SS. rer. Merov. 7, p. 54-80.
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Walafrid Strabon, Carmina, éd. E. DÜMMLER, M.G.H. Poetae 2, p. 259-473.
Walahfridus, Libellus de exordiis
Walafrid Strabon, Libellus de exordiis et incrementis quarundam in observationibus ecclesiasticis
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INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Les occurrences du nom de Louis le Pieux ne sont pas prises en compte. Lorsque la mention de la per-
sonne se trouve dans le texte (ou dans le texte et les notes), le numéro de page est imprimé en caractères
droits, lorqu'elle se trouve uniquement dans les notes infrapaginales, le numéro de page est imprimé en
italique. Il est imprimé en caractères gras lorsqu'il se réfère à la notice prosopographique du nom con-
cerné.