Néphrologie (2011) PDF
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I-8-Q116
Pathologies auto-immunes
Aspects pidmiologiques, diagnostiques
et principes de traitement
P r Marc Michel, D r Nicolas Limal
Service de mdecine interne, centre de rfrence pour les cytopnies auto-immunes de ladulte,
CHU Henri-Mondor, 94010 Crteil Cedex
[email protected]
TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN
Objectifs
Expliquer lpidmiologie, les facteurs favorisants et lvolution
des principales pathologies auto-immunes dorgane et systmiques
DFINITION, CLASSIFICATION Interprter les anomalies biologiques les plus frquentes observes
ET ASPECTS PIDMIOLOGIQUES au cours des pathologies auto-immunes
Argumenter les principes du traitement et de la surveillance au long
Dfinition, classification cours dune maladie auto-immune
Bien quil nexiste pas de dfinition univer-
selle des maladies auto-immunes (MAI), on
regroupe sous ce terme un ensemble de maladies, systmiques lymphocytes T danimaux atteints des animaux sains prala-
ou spcifiques dorganes, dont la physiopathologie fait inter- blement irradis ;
venir un drglement du systme immunitaire lorigine dune possibilit de prvention et/ou gurison de la maladie auto-
rupture de la tolrance au soi (soi = ensemble de motifs anti- immune exprimentale par l'induction d'une tolrance vis--vis
gniques, lments cellulaires et/ou facteurs solubles propres de l'antigne cible (modle de la souris NOD pour le diabte de
chaque individu et normalement peu ou pas immunognes). Si type 1 par exemple).
lon sait dsormais quun faible niveau dauto-immunit est Au-del de leur dfinition, on distingue habituellement les MAI
physiologique et concourt au maintien mme de lhomostasie spcifiques dorganes des MAI systmiques (tableau 1). Si cette
du systme immunitaire, les maladies auto-immunes (MAI) ont classification est utile et pertinente dun point de vue clinique,
certaines caractristiques parmi les suivantes : elle ne reflte pas forcment les diffrents mcanismes physio-
existence d'une raction humorale et/ou cellulaire dirige pathologiques en cause. Certaines MAI peuvent relever dun
contre un ou plusieurs tissu(s)/organe(s) cible(s) l'origine des dfaut global dlimination (slection ngative) et/ou de lacti-
manifestations cliniques ; vation anormale et de la survie de clones de cellules T ou B auto-
prsence de lsions inflammatoires faites dinfiltrats lympho- ractives (du fait par exemple dune mutation du gne Fas). Dans
cytaires dans le(s) tissu(s) cible(s) sans cause infectieuse ou de nombreux autres cas, la MAI rsulte dune raction cible et
toxique retrouve ; aberrante vis--vis dun antigne particulier, quil sagisse dun
prsence dans le sang circulant et/ou au sein des tissus cibles auto-antigne (exemple : rcepteur lactylcholine dans la myas-
d'auto-anticorps spcifiques dorganes ou non, dont certains ont thnie) ou dun antigne de lenvironnement (syndrome de Guillain-
un pouvoir pathogne direct ; Barr faisant suite une infection par Campylobacter jejuni). Si
induction d'une maladie auto-immune exprimentale par l'ad- les mcanismes en cause dans les manifestations cliniques et/ou
ministration d'un auto-antigne de l'organe cible ; biologiques sont, au moins en partie, lucids dans la plupart des
transfert possible de la maladie par transfert passif d'auto- MAI, la squence et la nature mme des vnements qui sur-
anticorps de patients (ou animaux atteints pour les modles viennent en amont et qui sont lorigine de la perte de tolrance
exprimentaux) des sujets/animaux sains ou par allogreffe de au soi restent en revanche en grande partie mconnues.
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Pathologies auto-immunes : aspects pidmiologiques, diagnostiques et principes de traitement
sont plus frquentes dans les zones intertropicales et en Asie du immunonologique Rhumatologiques
Sud-Est (gradient Sud-Nord). titre indicatif, les taux de prva- anmies hmolytiques polyarthrite rhumatode
lence tablis ou estims en Europe et/ou en Amrique du Nord auto-immunes spondylarthropathies
maladie de Biermer rhumatisme psoriasique
de certaines maladies auto-immunes sont mentionns dans le
tableau 2. MAI NON SPCIFIQUES DORGANES
lupus systmique
polyarthrite rhumatode
FACTEURS FAVORISANTS vascularites systmiques ANCA (anticorps anti-cytoplasme
des polynuclaires neutrophiles)
Les MAI sont des maladies multifactorielles faisant intervenir autres connectivites : sclrodermie, dermatopolymyosites
notamment des facteurs gntiques, des facteurs hormonaux et * liste non exhaustive
des facteurs environnementaux.
Facteurs de susceptibilit gntique dvelopper la MAI considre variant, selon les cas, de 10 40
Parmi les diffrents facteurs de risque de dvelopper une MAI, chez des sujets apparents au premier degr un sujet atteint.
la susceptibilit gntique est de loin le plus important pour la Le deuxime argument en faveur dune prdisposition gntique
majorit des MAI. Limportance des facteurs gntiques a t dcoule des tudes comparant les taux de concordance entre
suspecte de longue date la suite de la constatation de formes jumeaux monozygotes et dizygotes. En effet, pour les MAI les
familiales dans de nombreuses MAI, avec un risque relatif de plus frquentes, pour lesquelles des tudes chez les jumeaux
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sont possibles, il a t observ que le taux de concordance
(probabilit pour que deux jumeaux soient atteints de la mme POINTS FORTS
maladie) tait significativement plus lev entre jumeaux mono- retenir
zygotes quentre jumeaux dizygotes exposs au mme environ- Les maladies auto-immunes rsultent dun ensemble
nement (tableau 3). de ractions aberrantes et/ou excessives du systme
La difficult pour lanalyse et lidentification prcise des fac- immunitaire diriges contre certains constituants de son
teurs de susceptibilit gntique tient au fait que, dans la trs propre organisme ( antignes du soi ). Cette rupture
grande majorit des cas, les MAI ne sont pas des maladies mono- de la tolrance au soi relve de mcanismes
gniques transmises selon un mode mendlien, mais des maladies complexes impliquant une prdisposition gntique
polygniques mode de transmission complexe. Pour certaines sous-jacente associe des facteurs environnementaux
MAI, comme par exemple dans le lupus systmique, la complexit et/ou hormonaux facilitateurs .
est accrue par le fait qu la grande htrognit dexpression La prsence danticorps antinuclaires doit tre
clinique ( phnotypique ) de la maladie correspond une ht- interprte la lumire de leur titre, de leur spcificit
rognit gntique qui rend plus difficile encore lidentification ventuelle contre les diffrents constituants du noyau,
de gnes de susceptibilit. Ces dernires annes, des tudes den- et bien sr des manifestations cliniques associes.
vergure soit portant sur lanalyse tendue ou screening du Les atteintes viscrales des connectivites et des
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gnome partir dun grand nombre de formes familiales, soit vascularites se traitent par lassociation dune
ralises laide de mthodes danalyse mises au point spcifi- corticothrapie initialement forte dose et dun
quement pour ltude des maladies polygniques ont permis immunosuppresseur. Un traitement dentretien prolong
didentifier certains gnes et/ou rgions gntiques de suscep- permet de prvenir les rechutes.
tibilit pour des MAI telles que la maladie de Crohn, le lupus La corticothrapie prolonge, les traitements
systmique ou la polyarthrite rhumatode. immunosuppresseurs classiques et les biothrapies
exposent diffrents degrs un risque accru dinfection,
Facteurs hormonaux et le rapport bnfice-risque de chaque traitement doit tre
Dans la majorit des MAI, les femmes sont prfrentiellement apprci au mieux en fonction du profil de chaque patient
atteintes (sex-ratio allant de 2 3 femmes pour 1 homme dans et de la MAI considre.
la polyarthrite rhumatode jusqu 8 9 femmes pour 1 homme
dans le lupus systmique ou le syndrome de Gougerot-Sjgren),
notamment les femmes en priode dactivit gnitale. En outre,
il a t constat, particulirement dans le lupus systmique, que
la prise dstrognes ou des situations comme la grossesse pou-
Facteurs environnementaux
vaient favoriser la survenue de pousses de la maladie. Linfluence Il a t dmontr que certains facteurs toxiques comme le tabac
dltre de facteurs hormonaux et notamment des strognes avaient un effet nfaste et potentiellement aggravant comme
a par ailleurs t bien dmontre exprimentalement dans des notamment dans les atteintes cutanes du lupus ou dans la maladie
modles murins de lupus. de Crohn. linverse, le tabac aurait un effet protecteur dans
la rectocolite hmorragique.
Dautres facteurs physiques, tels que lexposition aux rayon-
Tableau 2 Exemples de taux de prvalence nements ultraviolets chez les patients atteints de lupus syst-
mique, sont rputs dltres, et cette constatation a t corro-
(par ordre dcroissant) de certaines bore par de nombreux travaux exprimentaux.
maladies auto-immunes Parmi les facteurs environnementaux, limplication dinfections
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virales (virus du groupe herps, rtrovirus endognes, virus de
Thyrodite auto-immunes : . . . . . . . . . . . 1 % de la population fminine lhpatite C) ou bactriennes (Helicobacter pylori, mycobact-
Polyarthrite rhumatode . . . . . . . . . . 0, 5 % de la population fminine ries) dans le dclenchement du processus auto-immun a t
suggre dans bon nombre de MAI, mme si un lien vident na
Syndrome de Gougerot-Sjgren . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5/1 000
t que rarement dmontr. Parmi les mcanismes potentielle-
Diabte de type 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 3/1 000 ment en cause, lexistence de motifs antigniques communs
Maladie cliaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de 1/300 1/1 000 certains agents infectieux et des constituants cellulaires de
Lupus systmique, sclrose en plaques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1/2 000 lhte (mimtisme molculaire) peut parfois donner lieu la pro-
duction dauto-anticorps en excs. Enfin, bien que ntant pas
Maladie de Crohn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1/10 000
proprement parler des facteurs environnementaux, de nombreux
Myasthnie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14/100 000 mdicaments ont t impliqus dans la survenue de manifesta-
Sclrodermie (forme cutane diffuse) . . . . . . . . . . . . . . . . . 5/100 000 tions auto-immunes (lupus induits, anmies hmolytiques auto-
immunes post-mdicamenteuses, thyrodites).
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Pathologies auto-immunes : aspects pidmiologiques, diagnostiques et principes de traitement
Tableau 3 Exemples de taux de concordance est indispensable au diagnostic (LS, vascularites ANCA, poly-
clinique entre jumeaux monozygotes arthrite rhumatode dbutante, anmie hmolytique auto-
immune). Les principales MAI pour lesquelles la recherche
et dizygotes au cours de certaines dauto-anticorps a un intrt diagnostique et le type dauto-anti-
maladies auto-immunes corps correspondants sont rsums dans le tableau 4.
La sensibilit et la spcificit des diffrents auto-anticorps
MONOZYGOTES DIZYGOTES
sont hautement variables. Si certains dentre eux comme les anti-
Polyarthrite rhumatode 12-32 % 4-9 % corps antinuclaires (AAN) peuvent tre observs taux faible
Lupus systmique 23-57 % 3-10 % ou modr chez environ 10 % des sujets sains (prfrentielle-
Diabte de type 1 30-54 % 2-13 % ment dans la population fminine et/ou chez les sujets gs),
Sclrose en plaques 9-20 % 0-4 % dautres sont au contraire trs spcifiques dune MAI donne (anti-
corps anti-endomysium pour la maladie cliaque par exemple).
Maladie de Crohn 44 % 4%
Pour le sous-groupe de MAI systmiques parfois encore
regroupes sous le vocable de connectivites , la recherche
dAAN est une tape cl du diagnostic. La recherche dAAN sef-
ASPECTS DIAGNOSTIQUES, ANOMALIES fectue par un test classique dimmunofluorescence (IF) indirecte.
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BIOLOGIQUES Bien que la mise en vidence dAAN soit en elle-mme peu sp-
cifique, il sagit dune technique trs sensible pour le diagnostic
Dans certains cas, le diagnostic de MAI est soit vident (exemple : de LS (sensibilit 95 %). Une fois la prsence dAAN un titre
diabte de type 1 survenant chez un adolescent), soit fortement significatif (titre > 1/80) confirme, la recherche dune ou plu-
suspect demble devant des manifestations cliniques trs sieurs cibles antigniques spcifiques laide de techniques
vocatrices (exemple : sclrodermie, maladie de Basedow). complmentaires est la deuxime tape cl de la dmarche dia-
Lorsque les manifestations cliniques ou biologiques (hypothy- gnostique. La mise en vidence (inconstante) dune spcificit
rodie, anmie hmolytique) ne sont pas suffisamment spci- des AAN (soit contre lADN soit contre des antignes nuclaires
fiques pour affirmer le diagnostic, la recherche dauto-anticorps solubles) permet daffiner le diagnostic (figure).
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Sans spcificit (polyarthrite
AAN + rhumatode, maladies auto-immunes,
infections, lymphomes)
Lorsque la recherche dauto-anticorps est peu sensible Les principaux objectifs du traitement curatif sont les
et/ou peu spcifique, le diagnostic de certaines MAI (polymyosites, suivants :
dermatoses bulleuses, certains lupus cutans), voqu par les court terme, contrler les pousses de la maladie consid-
manifestations cliniques, peut reposer sur lanalyse histologique re afin den attnuer les symptmes et den limiter les cons-
du tissu ou organe cible de lsions inflammatoires de topographie quences fonctionnelles (exemple : dformations et/ou destruc-
plus ou moins spcifique associes la prsence de dpts danti- tions articulaires au cours de la PR, insuffisance rnale squellaire
corps spcifiques et/ou de complexes immuns en IF. en cas de nphropathie lupique),
Indpendamment de la recherche dauto-anticorps, qui peut plus long terme, prvenir les pousses, limiter les squelles
avoir un intrt diagnostique, de multiples anomalies biologiques de la maladie et amliorer la qualit de vie, voire gurir la maladie.
souvent peu spcifiques peuvent sobserver au cours des MAI en Paralllement au traitement curatif , des mesures pr-
fonction des tissus ou organes cibles. ventives visant viter des pousses de la maladie doivent tre
systmatiquement envisages dans certains cas : arrt du tabac
dans le LS et la maladie de Crohn, mesures de protection vis--
PRINCIPES DU TRAITEMENT ET MODALITS vis des rayons UV et arrt des strognes chez les patientes
DE LA SURVEILLANCE AU LONG COURS atteintes de LS par exemple.
DUNE MALADIE AUTO-IMMUNE La stratgie thrapeutique doit tre conditionne par la sv-
rit de latteinte initiale et tenir compte du terrain sous-jacent
Principes gnraux de la prise en charge (ge du patient, comorbidits ventuelles, capital osseux, dsir
thrapeutique
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de grossesse ventuel).
Au cours des maladies auto-immunes (MAI) spcifiques dor-
ganes entranant une perte de fonction irrversible de lorgane 1. Traitements symptomatiques
ou du tissu cible, le traitement est purement substitutif et doit Ce sont les anti-inflammatoires non-strodiens (AINS), et la
tre gnralement poursuivi vie : colchicine.
substitution par L-thyroxine en cas dhypothyrodie squellaire Bien quils soient parfois un lment essentiel du traitement
dune thyrodite de Hashimoto ; (comme par exemple les AINS dans les spondylarthropathies),
insulinothrapie dans le diabte de type 1 ; ils ont une action purement anti-inflammatoire et un effet essen-
apport de vitamine B12 dans la maladie de Biermer. tiellement symptomatique.
Au cours des MAI spcifiques dorganes entranant des lsions
rversibles ou encore dans les MAI non spcifiques dorganes, le 2. Traitements immunomodulateurs
traitement vise en revanche au minimum diminuer lintensit de la Ce sont lhydroxychloroquine, la salazopyrine, les interfrons,
raction inflammatoire, et au mieux rtablir la tolrance au soi . les immunoglobulines intraveineuses
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Pathologies auto-immunes : aspects pidmiologiques, diagnostiques et principes de traitement
Leurs mcanismes daction sont loin dtre clairement luci- Tableau 5 Caractristiques principales des immunosup-
ds. Lhydroxychloroquine (Plaquenil) est un antipaluden de
synthse qui a prouv son intrt en prise prolonge pour le trai- IMMUNO- PROPRITS
tement et la prvention des pousses dans les formes syst- SUPPRESSEUR PHARMACOLOGIQUES
miques et cutanes de lupus, et qui est galement utilis au cours
Mthotrexate antimtabolite
de la polyarthrite rhumatode par certains. Il peut et doit tre (Novatrex ) inhibe la dihydrofolate
poursuivi pendant la grossesse chez les patientes lupiques, et rductase
ncessite une surveillance ophtalmologique en raison du risque
de toxicit rtinienne long terme.
Alors mme que linterfron alpha prescrit notamment dans
le traitement de lhpatite C est susceptible dentraner des mani-
festations auto-immunes (thyrodites), linterfron de type bta Lflunomide immunomodulateur
est utilis dans la sclrose en plaques pour prvenir les pousses (Arava)
volutives.
Cyclophosphamide alkylant
Les immunoglobulines polyvalentes intraveineuses (IgIV) sont
(Endoxan)
utilises pour leur effet immunomodulateur et leur rapidit dac-
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presseurs ou apparents utiliss dans les maladies auto-immunes
PRINCIPALES POSOLOGIE HABITUELLE PRCAUTIONS PRINCIPAUX EFFETS SECONDAIRES
INDICATIONS (VOIE DADMINISTRATION) DEMPLOI (HORS GROSSESSE)
polyarthrite rhumatode 0,25 0,3 mg/kg/ semaine (PO) supplmentation en acide folique hpatotoxicit
spondylarthropathies pneumopathie
lupus systmique jusqu 30-40 mg/semaine (IM) viter association Bactrim stomatite
(forme articulaire) agranulocytose
dermato-polymyosites
vascularites ANCA contraception chez la femme
en ge de procrer
polyarthrite rhumatode dose de charge 100 mg/j J1-J3 contraception hpatotoxicit
puis 10 20 mg/j (PO)
lupus systmique (rein, systme 500 750 mg/m2 ( 1500 mg) hydratation protecteur leucopnie
nerveux central, cytopnies) toutes les 2 4 semaines (IV) vsical (Uromitexan) cystite hmorragique
vascularites systmiques graves contraception tumeur de vessie
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philes, vascularites, PO = per os, IV = voie intra-veineuse, IM = intramusculaire,* = activit thiopurine mthyltransfrase (si basse, risque accru de toxicit hmatologique).
une fois la rmission obtenue, le relais est pris par un immuno- sont conseills, mme si leur immunognicit est moindre dans
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suppresseur oral moins toxique : azathioprine (Imurel), myco- ce contexte et si, en dehors de la polyarthrite thumatode et du
phnolate moftil (Cellcept) ou mthotrexate. Ce traitement den- lupus systmique, leur innocuit na pas t formellement dmon-
tretien est habituellement poursuivi pour une priode de 18 mois tre. Les vaccins vivants attnus sont en revanche contre-indi-
en moyenne. qus chez les patients traits par immunosuppresseurs.
Les immunosuppresseurs peuvent galement tre utiliss Les caractristiques des immunosuppresseurs utiliss pour
vise d pargne cortisonique lorsque la MAI est cortico-dpen- la prise en charge des MAI sont rsumes dans le tableau 5.
dante, c'est--dire lorsque la poursuite dune dose dquivalent
prednisone 10-15 mg/j savre ncessaire pour le contrle de 5. Biothrapies ou biomdicaments
la maladie. Les patients sous immunosuppresseurs doivent tre Ces dernires annes, les biothrapies, encore appeles bio-
informs du risque accru dinfections communautaires et/ou mdicaments, qui ont la capacit de cibler spcifiquement certains
opportunistes, et une prophylaxie primaire de la pneumocystose acteurs cellulaires et/ou mdiateurs de la rponse immunitaire
pulmonaire doit tre systmatiquement envisage (Bactrim (cytokines, signaux de costimulation T-B) ont connu un essor
simple : 1 cp/j). Les vaccins contre la grippe et le pneumocoque considrable dans la prise en charge des MAI.
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Pathologies auto-immunes : aspects pidmiologiques, diagnostiques et principes de traitement
VUE D
15:26
/08
29/02
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drable dans les MAI ces dernires annes. Il est utilis dans la LA RE ICIEN
PRAT Vascularites
(
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N 5
N
5 8
/
S 2 0 0 8
1 5 M A R
2008
Monographie
15 mars
Vascularites
PHIEI
IMONOGRA
S
TRAITE
Effets neurop
, MIEUX
ASSES
des cryoglobulinmies. Il sadministre soit en 4 perfusions heb- MIEUX CL
du sein
cancer
peut
Quest-ce qui nt
IRES patients B
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du cancer odes et effets Tumeurs intrac e con
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form
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upratic
revued
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re, son effet peut tre plus ou moins rapide (de 1 12 semaines
Mais aussi
aprs la premire perfusion), et sa dure defficacit chez les
Pneumopathies Epidemiology
patients rpondeurs est galement variable (de 6-9 mois plu- interstitielles des connectivites and estimated population
sieurs annes par exemple chez certains patients atteints de cyto- Cottin V (Rev Prat burden of selected
pnies auto-immunes). Si une lymphopnie B profonde est quasi 2007;57[201]:2235-48) autoimmune diseases
Critical self epitopes are in the United States
constante aprs traitement par rituximab pendant 6 9 mois en Jacobson DL, Gange SJ,
key to the understanding
moyenne, le traitement nentrane habituellement pas dhypo- of self-tolerance and Rose NR, Graham NM
autoimmunity (Clin Immunol
gammaglobulinmie chez ladulte et de risque nettement accru
Dighiero G, Rose NR Immunopathol
dinfections. Les patients qui rechutent aprs une premire (Immunol Today 1997;84:223-43)
rponse au rituximab peuvent tre traits nouveau avec succs, 1999;29:423-8). Systemic lupus
mais la priodicit idale dadministration de traitement (uni- Autoimmune diseases erythematosus
quement en cas de rechute avre ou intrt de doses den- Davidson A, Diamond B Rahman A, Isenberg DA
(New Engl J Med (N Engl J Med
tretien tous les 9 12 mois ?) nest pas clairement tablie ce 2001;345:340-9) 2008;358:929-39)
jour dans les diffrentes MAI considres.
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MINI TEST DE LECTURE
A / VRAI OU FAUX ? 3 La grossesse augmente le risque de pousse
de la maladie.
1 Les anticorps antinuclaires sont spcifiques 4 Les progestatifs sont contre-indiqus.
du lupus.
2 Les ANCA sont frquemment positifs dans C / QCM
la priartrite noueuse.
3 La prsence danticorps antinuclaires exclut Parmi les suivants, quels mdicaments sont autoriss
pendant la grossesse ?
le diagnostic de polyarthrite rhumatode.
4 Les anticorps anti-CCP sont spcifiques 1 Hydroxychloroquine (Plaquenil).
de la polyarthrite rhumatode. 2 Mthotrexate (Novatrex).
3 Azathioprine (Imurel).
B / VRAI OU FAUX ? 4 Cyclophosphamide (Endoxan).
Au cours du lupus...
1 Lexposition au soleil peut favoriser une pousse.
2 Les facteurs de susceptibilit gntique jouent un
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Rponses : A : F, F, F, V / B : V, F, V, F / C : 1, 3.
rle tout fait mineur dans la survenue dun lupus.
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I-00-Q000
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Objectifs
Diagnostiquer un lupus rythmateux dissmin et un syndrome
LUPUS RYTHMATEUX des antiphospholipides.
DISSMIN
Le lupus rythmateux systmique (ou dissmin) est une maladie touchant prfrentiellement les articulations mtacarpophalan-
auto-immune de cause inconnue, touchant prfrentiellement la giennes, interphalangiennes proximales, les genoux, les chevilles.
femme jeune, et responsable dune atteinte polyviscrale. la diffrence de la polyarthrite rhumatode, les dformations
Latteinte dun ou plusieurs viscres peut tre simultane ou sont exceptionnelles et il ny a jamais drosion ou de destruction
isole et cumulative. Lvolution se fait par pousses. La maladie articulaire. Les anticorps antipeptides citrullins (anti-CCP), marqueurs
est caractrise par la prsence dauto-anticorps. Le traitement de la polyarthrite rhumatode, sont absents au cours du lupus.
est bas sur les corticodes. Les ostoncroses aseptiques (tte humrale ou fmorale)
surviennent dans 10 % des cas et sont essentiellement la cons-
pidmiologie quence de la corticothrapie.
Lincidence du lupus est de 1 10 nouveaux cas par an pour
100 000 habitants. Le lupus touche prfrentiellement la femme 2. Manifestations cutanes
jeune. En Afrique, aux Carabes et en Asie, lincidence est 9 fois Lruption en aile de papillon, ou vespertilio, est une ruption
plus frquente que dans les pays europens. Il existe 5 % de formes rythmateuse discrtement squameuse sigeant sur le visage,
familiales. Certains facteurs aggravants sont connus : la prise ds- dans les rgions malaires (fig. 1).
trognes, la grossesse et lexposition au soleil, notamment aux
ultraviolets B (UVB). Certains mdicaments peuvent entraner des
lupus ; ce sont les lupus induits : anticonvulsivants (phnytone), iso- Tableau 1 Frquence des atteintes
niazide, quinidine, minocycline, chlorpromazine, D-pnicillamine, au cours du lupus
btabloquants, antithyrodiens de synthse (PTU), alphamthyldopa,
sulfasalazine, interfron , anti-TNF. MANIFESTATIONS CLINIQUES (%) ANOMALIES BIOLOGIQUES (%)
La survie des malades est de 95 % 5 ans. La mortalit est Fivre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Leucopnie . . . . . . . . . . . . . . 50
lie aux infections favorises par les traitements immunosup- Atteinte articulaire . . . . . . . 90 Thrombopnie . . . . . . . . . . . 30
presseurs, aux thromboses et lathrosclrose acclre. Peau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Anmie hmolytique . . . 10
Rein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 FAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Manifestations cliniques Pleursie . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Anti-ADN . . . . . . . . . . . . . . . . 75
La frquence des manifestations cliniques et des anomalies Pricardite . . . . . . . . . . . . . . 30 Anti-Sm . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
biologiques est rapporte dans le tableau 1 titre indicatif. Atteinte neurologique . . . . 20 Anti-SSA . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Troubles psychiatriques . . . 25 Anti-SSB . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1. Manifestations articulaires
Adnopathies . . . . . . . . . . . . 30
Elles sont inaugurales dans 50 % des cas. Il peut sagir darthrites Splnomgalie . . . . . . . . . . . 35
pouvant ressembler une polyarthrite rhumatode ou darthralgies
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 8 1935
1936 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 8
2. Marqueurs immunologiques
(tableau 1, tableau 2, fig. 4) La prsence danticorps antiglobules rouges dtecte par test
La sensibilit des facteurs antinuclaires est leve au cours de Coombs (habituellement IgG et complment) est responsa-
du lupus, mais leur spcificit est faible, alors que la sensibilit ble dune anmie hmolytique auto-immune (anmie rgnra-
des anti-DNA est moins leve mais leur spcificit meilleure. tive avec baisse de lhaptoglobine, augmentation des LDH et de
La prsence danti-Sm est pathognomonique du lupus (spci- la bilirubine libre). La prsence danticorps antileucocytes peut
ficit 100 %), mais la sensibilit faible. entraner une leucopnie, une neutropnie, une lymphopnie. La
Les anticorps antinuclosomes sont prsents chez 80 90 % prsence danticorps antiplaquettes peut tre lorigine dune
des lupiques et notamment dans les formes sans anti-ADN, ils thrombopnie priphrique semblable au purpura thrombo-
sont trs spcifiques. pnique immunologique.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 8 1937
Figure 2 Lupus cutan subaigu et prsence danticorps anti-SSA. Figure 3 Plaque dalopcie au cours du lupus.
Diffrents anticorps anti-antignes nuclaires solubles Lupus si au moins 4 critres sont prsents
au cours du lupus
Anti-Sm : lupus (pathognomique) ruption malaire
Anti-SSA : lupus, risque BAV nonatal, lupus cutan subaigu, Sjgren lupus discode
Anti-SSB : Sjgren, lupus
Anti-RNP : Sharp ou connectivite mixte photosensibilit
1938 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 8
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 8 1939
3 / TRAITEMENT DU LUPUS
Les corticodes Les antipaludens de synthse : Le cyclophosphamide
sont le traitement de base du lupus, des hydroxychloroquine la posologie de est utilis par voie IV en perfusion men-
posologies variables suivant le type datteinte, 6,5 mg/kg/j, soit en moyenne 400 mg/j, suelle. Un relais par azathioprine 2
au long cours des doses de prednisone sont le traitement de fond du lupus, ils vi- mg/kg/j peut tre propos.
entre 5 et 10 mg/j, des posologies plus tent les pousses et ne doivent pas tre
leves (1/2 mg/kg/j) dans les atteintes des Le mycophnolate moftil
arrts.
sreuses (plvre, pricarde), 1 mg/kg/j La toxicit des antipaludens de synthse est indiqu dans les formes rnales de
dans les manifestations hmatologiques, et en est essentiellement rtinienne et ncessite lupus. Il semble aussi efficace que le cyclo-
association avec les immunosuppresseurs la ralisation rgulire dun lectrortino- phosphamide avec moins de toxicit,
dans latteinte rnale et du SNC gramme. notamment gonadique et infectieuse.
La mthylprednisolone, en IV de fortes
Les immunosuppresseurs La place du rituximab
posologies, 500-1 000 mg/j 1 3 jours, per-
met une action rapide dans les formes graves. sont indiqus essentiellement dans les (anticorps monoclonal anti-CD20) doit
Les dermocorticodes sont utiliss dans atteintes rnales prolifratives (glomru- tre prcise.
certaines lsions cutanes, et les corticodes lonphrite stade III et IV) et les atteintes
intra-articulaires dans les arthrites. neurologiques svres.
Traitement
SYNDROME DES ANTIPHOSPHOLIPIDES
Le traitement et le suivi ntant pas au programme, ils ne sont
signals que dans les encadrs 3 et 4. Le syndrome des antiphospholipides est lassociation dune mani-
Le traitement est bas sur la corticothrapie et lhydroxychloro- festation clinique (thrombose artrielle, thrombose veineuse,
quine (les immunosuppresseurs sont utiliss essentiellement dans pathologie obsttricale) et dun marqueur biologique : antico-
les formes rnales). agulant circulant lupique (ACC) ou anticorps anticardiolipines
Larrt brutal du traitement, par dfaut dobservance, peut tre (ACL) (tableau 5).
responsable dune pousse svre de la maladie. Le syndrome des antiphospholipides (SAPL) peut tre isol
(SAPL primaire), ou associ une autre pathologie, le plus souvent
auto-immune et notamment un lupus (SAPL secondaire).
4 / SUIVI DU LUPUS
pidmiologie
Lupus Traitement* Un 5 % des sujets contrles ont des ACL ; 15 30 % des
lupiques ont un ACC ; 50 80 % un ACL. 30% des lupiques ont
Clinique Peau, dmes HTA
un SAPL.
Articulations Ostoporose
Le risque de thrombose est de 50 % 20 ans au cours du
Plvre Infections
Pricarde Ostoncrose lupus, sil existe un ACC.
Thromboses Le risque de pertes ftales est multipli par 26 en cas dAPL.
Un APL est trouv dans 15 % des checs de grossesse rcurrents.
Biologie Hmogramme
Vitesse CRP
de sdimentation
Manifestations cliniques
Cratininmie Glycmie 1. Thromboses
ECBU Kalimie
Protinurie Les thromboses veineuses sont les plus frquentes. Elles sont
FAN localises aux membres infrieurs et peuvent tre associes ou
Anti-ADN non des embolies pulmonaires. Certaines localisations inhabi-
CH 50 C3 C4 tuelles sont dcrites : les thromboses des membres suprieurs,
les thromboses du systme hpatobiliaire et les thromboses
Examens lectrortinogramme
veineuses rnales.
complmentaires (hydroxychloroquine)
Les thromboses artrielles sont responsables datteintes
(* corticodes et immunosuppresseurs) neurologiques : accident vasculaire crbral, accident ischmique
transitoire. Elles peuvent toucher tous les territoires.
1940 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 8
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TRANSPLANTATION
DORGANES
Aspects pidmiologiques
et immunologiques ; principes de traitement
et surveillance ; complications et pronostic ;
aspects thiques et lgaux
Dr Jean-Michel Rebibou
Service de nphrologie et transplantation rnale, CHU de Dijon, 21034 Dijon, France
Universit de Bourgogne & INSERM UMR 645
[email protected]
de la nphrectomie ;
transplantation dorgane carter toute pathologie potentiellement transmissible infec-
Groupe ABO tieuse ou cancreuse ;
carter toute pathologie augmentant le risque opratoire de
Phnotypage complet en cas de transfusion faon significative ;
Phnotype ou gnotype HLA raliser les examens morphologiques ncessaires pour linter-
vention.
Recherche dAc anti-HLA 2. Donneurs vivants de foie
plusieurs reprises de faon systmatique et aprs tout vnement Il est possible de raliser une greffe partir dune partie du foie
immunisant dun donneur vivant. Une partie du foie est prleve, soit le lobe
gauche pour les receveurs pdiatriques soit le lobe droit ou le foie
Recherche de pathologies infectieuses droit pour un adulte. Le potentiel de rgnration du parenchyme
Srologies VIH 1 et 2, VHC, VHB, HTLV, syphilis, toxoplasmose, CMV hpatique permet au donneur et au receveur de disposer dune
masse hpatique suffisante. Le donneur doit, bien entendu, bn-
Srologie EBV ralise systmatiquement ficier des mmes investigations pour le risque de pathologie trans-
Autres recherches en fonction du contexte clinique missible et le risque opratoire et dun bilan hpatique complet.
fibrose centrolobulaire avec destructions des canaux biliaires. Les transplants sont galement susceptibles de dvelopper
En greffe cardiaque, le rejet chronique se manifeste sous forme des infections svres Herpesvirus 1 et 2.
dun athrome coronarien. En greffe pulmonaire, les lsions de Infections parasitaires et fongiques : linfection Pneumocystis est
bronchiolite oblitrante sont les manifestations classiques du frquente et grave chez le transplant, ce qui justifie une prophy-
rejet chronique. laxie sytmatique. Les infections Candida, Apergillus, et les
2. Infections cryptococcoses ont galement une frquence accrue.
En raison de limmunosuppression, les patients transplants 3. Pathologies noplasiques
prsentent des infections de faon plus frquente que la popula- Le traitement immunosuppresseur multiplie le risque de patho-
tion gnrale. Ces infections sont en gnrale plus svres et logie noplasique par trois.
peuvent prendre un caractre fulgurant. Certaines infections peu Cette augmentation est plus importante chez les transplants
ou pas symptomatiques dans la population gnrale peuvent dun organe thoracique que chez les transplants rnaux ou
savrer svres chez le transplant. hpatiques.
Tout syndrome infectieux chez le transplant doit faire lobjet Elle porte essentiellement, mais pas seulement, sur les patho-
dune valuation rapide afin den identifier la cause. Il est recom- logies noplasiques viro-induites.
mand de contacter lquipe de greffe pour tout syndrome infec- Lincidence des cancers cutans est trs leve avec, contrai-
tieux svre ou inexpliqu. rement la population gnrale, une incidence des spinocellu-
Infections bactriennes : la frquence des infections germes laires plus leve que celle des basocellulaires. Tout transplant
banaux est plus leve, et les transplants sont particulirement doit bnficier dune surveillance dermatologique annuelle et de
sensibles certaines infections bactriennes telles que la tuber- conseils de photoprotection.
culose, la lgionellose et la listriose. Les syndromes lymphoprolifratifs sont une des complications
Infections virales : linfection cytomgalovirus est une complica- noplasiques les plus frquentes aprs greffe. Il existe un lien
tion classique de la transplantation. Elle se manifeste par de la troit entre infection EBV et syndrome lymphoprolifratif aprs
fivre associe une leucopnie et une lvation des enzymes transplantation.
hpatiques. Dans certains cas, des manifestations viscrales Le sarcome de Kaposi est beaucoup plus frquent dans certaines
svres (pneumopathie, colite) peuvent apparatre. La plupart populations de transplants, il sagit galement dune tumeur
des quipes effectuent un suivi systmatique de lantignmie viro-induite, le virus en cause tant le HHV8.
virale ou de la PCR. Son traitement repose sur le ganciclovir, sa Les noplasies muqueuses ont aussi une incidence accrue, ce
frquence diminue depuis lutilisation de traitements prophylac- qui justifie une surveillance systmatique.
tiques. 4. Complications cardiovasculaires
La varicelle est souvent grave chez le transplant et peut tre Elles sont particulirement frquentes, notamment en raison
lorigine de pneumopathies ou dhpatites svres. du diabte, de lhyperlipidmie et de lhypertension artrielle
induits par les immunosuppresseurs.
Les transplants rnaux ont un risque cardiovasculaire cinq
fois plus lev que la population gnrale.
La maladie cardiovasculaire constitue la premire cause de
Quest-ce qui peut tomber dcs chez le transplant rnal, elle est galement lorigine
lexamen ? dune morbidit trs importante.
La prvention du risque cardiovasculaire doit tre particulire-
La transplantation dorgane nest plus tout fait une ment stricte chez les patients transplants.
thrapeutique dexception. 5. Complications osseuses
Dventuelles questions dans un cas clinique peuvent Elles sont essentiellement secondaires la corticothrapie pro-
porter sur le diagnostic de la mort encphalique longe,.
et la possibilit de prlvement dans la prise en charge Elles sont plus complexes chez les transplants rnaux, car
dun coma grave. elles viennent sajouter aux pathologies osseuses secondaires
La transplantation peut tre aborde dans des cas linsuffisance rnale.
cliniques sur des dfaillances graves dorgane (cirrhose,
insufsance rnale terminale, insufsance cardiaque). Organisation administrative
Enn, dans la prise en charge dun transplant,
il peut tre important de sassurer que le candidat La greffe dorgane ne peut tre ralise que dans des tablis-
connat les erreurs ne pas commettre. sements publics par des quipes autorises.
LAgence de la biomdecine a t cre pour grer diffrents
aspects de lorganisation de la transplantation.
la gratuit ;
linterdiction de toute forme de publicit.
POUR EN SAVOIR
Aspects mdico-lgaux
Calmus Y. Transplantation hpatique pour cancer. Rev Prat 2008;58:1745-8.
1. Conditions cliniques du prlvement dorgane
Kimmoun E, Samuel D. Transplantation hpatique. Rev Prat 2004;54:15-6.
Elles ont t abordes plus haut.
Haloun A, Despins P. Transplantation pulmonaire dans la mucoviscidose. Rev
2. Rgles de scurit sanitaire et de traabilit
Prat 2003;53:167-70.
Avant le prlvement, il est essentiel de reconstituer au mieux
Menasch P, Pavie A.Traitements chirurgicaux et transplantations de
lhistoire clinique du donneur pour dpister toute pathologie l'insuffisance cardiaque. Rev Prat 2002:1679-82.
potentiellement transmissible qui contre-indiquerait celui-ci. Durand D, Abbal M, Rischmann P, Rostaing L, Sarramon JP. Transplantation
La recherche de certaines infections est obligatoire : VHB, rnale. Rsultats et indications. Rev Prat 2001 ;51 :404-9.
VHC, VIH 1 et 2, HTLV, syphilis, CMV, toxoplasmose. La pr-
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RDP0109
I-00-Q000
I-9-Q130
Objectifs
Expliquer lpidmiologie, les principales causes et lhistoire naturelle
L
hypertension artrielle (HTA) est un de lhypertension artrielle de ladulte.
problme de sant publique par sa
prvalence (> 30 % aprs 50 ans) et Raliser le bilan initial dune hypertension artrielle de ladulte.
la frquence de ses complications cardio- Argumenter lattitude thrapeutique et planifier le suivi du patient.
vasculaires. Elle est primaire (ou essentielle), Dcrire les principes de la prise en charge au long cours.
cest--dire sans cause dfinie, dans 95 %
des cas. Du fait de la variabilit de la pression
artrielle, il faut rpter les mesures avant den
retenir le diagnostic, ventuellement sur plusieurs mois si llvation On admet la prsence dune HTA lorsque la pression artrielle
tensionnelle est modre. systolique (PAS) est habituellement 140 mmHg et (ou) que la
Un bilan clinique et de laboratoire minimal est obligatoire avant PA diastolique (PAD) est habituellement 90 mmHg. Cependant,
traitement, pour valuer la gravit de lHTA, chercher une cause pour tenir compte de la relation continue PA-risque, les rcentes
curable, et guider le traitement. Ce dernier ne sera pas entrepris recommandations europennes (2003) proposent une classifi-
sur le seul critre tensionnel. Il ne le sera que si le risque indivi- cation plus dtaille des niveaux tensionnels (tableau 1). Elle
duel global est jug suffisant, en tenant compte des facteurs de traduit le fait que lHTA est un phnomne quantitatif plus quune
risque cardiovasculaire concomitants, du retentissement viscral, maladie prsente ou absente et que le critre de 140/90 est
ainsi que des accidents cardiovasculaires antcdents. moduler selon le contexte clinique.
Le but du traitement est de diminuer le risque de complication
cardiovasculaire. Il inclut systmatiquement des prcautions
dhygine de vie (poids, sel, alcool, activit physique, tabac, Tableau 1 Classification des niveaux
graisses satures). Le traitement mdicamenteux commence par
une monothrapie faiblement dose dans lHTA lgre, en tenant
de pression artrielle
compte des indications et contre-indications lies aux pathologies
CATGORIE PAS PAD
associes. Lassociation de plusieurs principes actifs diffrents (mmHg) (mmHg)
est souvent ncessaire dans lHTA plus svre, ou en cas de diabte
ou dinsuffisance rnale associs. Optimale < 120 < 80
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I-9-Q130
Hypertension artrielle de ladulte
Causes rnales
1. Insuffisance rnale chronique
Cest la plus frquente des causes (4 %). LHTA est une cause
daltration de la fonction rnale. Mais inversement, linsuffisance Figure 1 Stnose de lartre rnale.
rnale saccompagne presque invitablement dHTA. Il est souvent A Dysplasie fibro-musculaire dans sa forme la plus
frquente (succession danvrysmes et rtrcissements
difficile de distinguer lequel des deux processus a t premier. sur la partie non proximale de lartre)
En faveur dune cause rnale, plaident un long pass de proti- B Stnose athromateuse caractristique par son
nurie, llvation graduelle de la cratininmie, et bien entendu sige proximal.
les antcdents nphrologiques (glomrulopathie, nphropathie
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Hypertension artrielle de ladulte
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mais avec aldostrone basse. LHTA peut tre svre, voire maligne. Tableau 2 Complications de lHTA
Cependant, elle est gnralement modre. La rgression est habituelle
larrt de la consommation, en quelques semaines quelques mois. COMPLICATIONS DIRECTEMENT COMPLICATIONS
DUES LHTA DE LATHROSCLROSE
3. Mdicaments
Certains mdicaments peuvent jouer un rle tiologique, au Insuffisance cardiaque Coronaropathie
moins adjuvant, et doivent tre recherchs par linterrogatoire :
sympathicomimtiques, corticodes, anti-inflammatoires non st- clampsie Infarctus du myocarde
rodiens, ciclosporine.
Accident vasculaire crbral Angor
hmorragique
Accident vasculaire crbral
HISTOIRE NATURELLE Rtinopathie maligne ischmique
Phases volutives Encphalopathie hypertensive Artriopathie des membres
LHTA secondaire peut sinstaller rapidement, tandis que lHTA infrieurs
primaire sinstalle habituellement de faon progressive et insidieuse. Insuffisance rnale
La variabilit des chiffres est susceptible de crer un bruit de (nphroangiosclrose) Insuffisance rnale (maladie
fond masquant llvation sur le long cours, au fil de consultations vasculo-rnale ischmique)
occasionnelles. Cela est dautant plus frquent quil ny a habituel-
lement aucun symptme concomitant et que llvation initiale
se fait dans les limites de la normale (< 140/90 mmHg), avec seu-
lement quelques pousses. Les facteurs mentionns plus haut et du traitement. Il en est ainsi de lHTA maligne dfinie par la
(poids, sel, alcool) jouent ici leur rle favorisant. prsence dune rtinopathie stade III (hmorragies et [ou]
Llvation tensionnelle avec lge nest pas un phnomne exsudats) ou stade IV (dme papillaire) qui est devenue trs
obligatoire : chez au moins 30 % des individus, la PA reste basse rare, de mme que lencphalopathie hypertensive (cphales,
au cours de la vie. Dans certaines populations, qui ont une consom- troubles de conscience, crises comitiales). LHTA chronique de la
mation de sodium faible, lHTA est virtuellement inconnue. grossesse peut se compliquer, comme lHTA gravidique, dune
Une fois lHTA installe, llvation tensionnelle continue gn- prclampsie (protinurie > 0,3 g/24 h), dun retard de croissance
ralement, en labsence de traitement. Cependant, la PAD, partir ftale ou dun hmatome rtroplacentaire, mais elle est habi-
de 60 ans, a tendance rester stable en moyenne, puis diminuer tuellement bien tolre. En revanche, linsuffisance cardiaque,
partir de 70 ans, tandis que la PAS continue daugmenter. Cela souvent de mcanisme diastolique prdominant du fait de lHVG,
explique la grande frquence de lHTA systolique isole (PAS 140 est frquente, surtout chez les personnes ges avec HTA
et PAD < 90 mmHg) chez les personnes ges. Laccroissement systolique isole.
de la rigidit artrielle avec lge (processus fibrotique et athro- En fait, les complications lies lathrosclrose sont trs pr-
mateux) est responsable de cette volution vers laugmentation dominantes, au premier rang desquelles linfarctus du myocarde,
de la pression pulse (PAS-PAD) et explique la grande frquence qui constitue le risque principal de mortalit chez lhypertendu.
dans ce contexte des complications cliniques. Tout hypertendu ne sera pas ncessairement victime dune
complication. Cest la raison pour laquelle lHTA peut tre consi-
Lsions artrielles et artriolaires dre comme un facteur de risque plus que comme une maladie.
LHTA cause ou acclre des altrations artrielles et Le surcrot de risque est cependant considrable, avec une ampu-
artriolaires responsables de complications cliniques : sclrose tation de la dure de vie de 10 20 ans, en labsence de traitement. R Q 130
artriolaire, anvrismes miliaires des artrioles crbrales Au niveau individuel, le risque est variable. Il est fonction du
pntrantes (hmorragies crbrales), ncrose fibrinode (formes niveau tensionnel, mais ce dernier nest pas le seul dterminant.
aigus/malignes), mdia ncrose kystique des grosses artres En effet, le risque de complication par athrosclrose peut varier
(dissections artrielles). Surtout lHTA favorise la formation des de 1 20 pour un mme niveau tensionnel, selon la prsence ou
plaques dathrosclrose, lorigine des nombreux accidents labsence dautres facteurs de risque ou de retentissement sur
ischmiques, dans divers territoires (myocarde surtout, mais les organes cibles.
aussi cerveau et membres infrieurs). Lvaluation du risque individuel est la base de la dcision de
traitement. Il importe pourtant de raliser que le poids mdical,
Complications cliniques social, ou conomique impos la socit par les complications
Les complications de lHTA peuvent tre schmatiquement cliniques de lHTA provient davantage des trs nombreuses
classes en 2 catgories (tableau 2) : celles directement lies personnes faible surcrot de risque que de la minorit risque
lHTA et celles dpendant de lathrosclrose. Dans lensemble, la trs lev. Cela souligne limportance de la prvention de lHTA
frquence des premires a diminu avec les progrs du dpistage par action sur les facteurs favorisants.
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Hypertension artrielle de ladulte
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Tableau 3 Bilan initial systmatique lvaluation du risque individuel global comprennent les facteurs
en complment de la clinique de risque autres que lHTA, latteinte des organes cibles, et les
antcdents cardiovasculaire personnels (tableau 5). Le diabte
tient une place particulire dans cette stratification tant donn
Dans le sang Dans les urines : limportance de son impact pronostique chez lhypertendu.
Glucose Protinurie, hmaturie
Cholestrol total (bandelette) Mesures non pharmacologiques
Cholestrol HDL et traitement des cofacteurs de risque
Triglycrides ECG
Cratinine Les mesures non pharmacologiques sont susceptibles de freiner
Potassium llvation de la PA, de retarder la ncessit des antihypertenseurs,
ou den rduire les posologies. Elles font donc partie de tout trai-
tement antihypertenseur et peuvent parfois le rsumer. Le trai-
tement des cofacteurs de risque sintgre dans la stratgie de
ATTITUDE THRAPEUTIQUE rduction du risque individuel global.
Le traitement antihypertenseur ne fait pas que diminuer les En pratique, il faut recommander :
chiffres tensionnels. Son effet prventif vis--vis des complications une rduction du poids en cas de surcharge pondrale ou
cliniques a t dmontr pour les grandes classes de mdicaments dobsit ;
suivantes : diurtiques, -bloquants, IEC, antagonistes calciques, une augmentation raisonnable de lactivit physique si elle
ARA II. Pour les diurtiques et les -bloquants, cette dmonstration est insuffisante, en privilgiant les exercices dendurance (p. ex.
est ancienne. Pour les 3 autres classes, elle date des 5 dernires 30-45 min de marche rapide plusieurs fois par semaine) ;
annes. une diminution des apports sods par un usage modr du
sel de cuisine et de table et en vitant les aliments les plus sals :
Dcision de traitement charcuterie, conserves, et fromages ;
Cest une dcision qui doit tre soigneusement pese car le une diminution de la consommation dalcool moins de 30 g
traitement est chronique et ses effets indsirables ne sont pas dalcool pur par jour, soit moins de 3 units usuelles dune boisson
rares. Elle ne doit plus tre fonde sur un critre tensionnel isol alcoolique donne ;
mais sur lvaluation du risque individuel global. Le principe est la consommation rgulire de fruits et lgumes qui contribue
de rserver le traitement mdicamenteux aux personnes les plus augmenter les apports en potassium ;
exposes au risque de complications car ce sont elles qui bn- larrt du tabagisme en prescrivant si besoin des substituts
ficient le plus du traitement. nicotiniques et en veillant contrler une ventuelle prise
Cette valuation peut se faire en utilisant le tableau 4 qui pondrale ;
indique aussi lorientation gnrale du traitement : mdicamenteux la rduction de la consommation de graisses satures et les
sans dlai particulier en cas de risque lev ; conseils dhygine mdicaments hypolipmiants si besoin ;
de vie si le surcrot de risque est modeste ; abstention en labsence le traitement dun diabte par la dittique, le contrle du
de surcrot de risque. Les lments prendre en compte dans poids, et les mdicaments si besoin.
Pas dautre facteur de risque Surcrot de risque faible Surcrot de risque moyen Surcrot de risque lev
surveillance PA 6-12 mois** surveillance PA 3-6 mois** traitement mdicamenteux**
1-2 facteurs de risque Surcrot de risque moyen Surcrot de risque moyen Surcrot de risque lev
surveillance PA 3-6 mois** surveillance PA 3-6 mois** traitement mdicamenteux**
3 facteurs de risque ou plus, Surcrot de risque lev Surcrot de risque lev Surcrot de risque lev
ou atteinte dun organe-cible, traitement mdicamenteux** traitement mdicamenteux** traitement mdicamenteux**
ou diabte*
* Dans le cas de maladie cardiovasculaire associe, le patient doit tre considr comme risque trs lev, quel que soit son niveau tensionnel, et faire lob-
jet dune prise en charge spcifique.
** Dans tous les cas, les conseils appropris dhygine de vie sont donns.
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I-9-Q130
Hypertension artrielle de ladulte
Mdicaments de lHTA
Suivi initial On distingue 8 classes de mdicaments antihypertenseurs
La frquence et le contenu des consultations de suivi dun (tableau 6). Toutes ces classes pharmacologiques ont le mme
hypertendu dpendent de plusieurs facteurs : la qualit du effet antihypertenseur en moyenne mais peuvent avoir des effets
contrle tensionnel sous traitement et la qualit du contrle des sensiblement diffrents au niveau individuel. On admet que
facteurs de risque associs (tabagisme, hyperlipidmie, diabte). lessentiel de leur effet prventif lgard des complications
Elle dpend aussi de la prsence ou non de complications cardio- cardiovasculaires (dmontr pour les 5 premires classes) est li
vasculaire. leur effet antihypertenseur. Cependant, des diffrences entre
Pour un hypertendu indemne de complication, dont le traitement classes pharmacologiques ont t dcrites, selon ces complica-
est bien quilibr, deux ou trois consultations par an sont une tions ou les groupes de patients considrs, suggrant pour cer-
frquence approprie. Le contrle de la cratininmie, de la kalimie, taines un effet bnfique supplmentaire, indpendant de la
et de la protinurie est annuel (ainsi quavant et peu aprs la mise baisse tensionnelle.
en route dun traitement par diurtique, IEC, ou ARA II). Sils Il faut prfrer les mdicaments ayant un effet antihyper-
taient initialement normaux, la glycmie et les lipides sanguins tenseur progressif et prolong. Cest ainsi que les premires dihy-
sont contrls tous les 3 ans. dropyridines, daction rapide et brve sont proscrire. On vise
En principe, le traitement antihypertenseur est de longue dure, atteindre lobjectif tensionnel en quelques semaines.
sans terme dfini. Un excellent contrle tensionnel, plusieurs
consultations successives, autorise cependant une tentative de Traitement initial
diminution progressive du traitement, sous surveillance soi- En principe le traitement initial consiste en un seul produit
gneuse, dans lhypothse dun diagnostic initial dHTA par excs. actif, faiblement dos. Il permettra datteindre les objectifs ten-
Dans une majorit de cas cependant, la PA slve nouveau sionnels dans 1 cas sur 4 environ, et beaucoup plus si lHTA est
dans les mois suivants, conduisant la reprise du traitement lgre. Si elle plus svre, ou si un diabte ou une insuffisance
antrieur. rnale lui sont associs, un deuxime produit actif devra proba-
blement tre ajout. Dans ces cas, il est donc licite de commen-
cer demble par une bithrapie faiblement dose disposant dune
PRISE EN CHARGE AU LONG COURS AMM dans cette indication.
Le choix du premier mdicament est souvent guid par le jeu
Observance et ducation thrapeutique des indications et contre-indications lies aux comorbidits. Le
Un dfaut dobservance est la premire cause dchec du tableau 7 fournit quelques exemples.
traitement. Un dialogue confiant et une coute attentive de la En labsence de contexte particulier, un mdicament appar-
part du mdecin quant aux effets indsirables du traitement, tenant lune des 5 premires familles du tableau 6 peut tre
rels ou supposs, sont des facteurs essentiels de bonne obser- prescrit en premire intention. Les diurtiques et les -bloquants
vance. Comme dans toute affection chronique, un effort particulier sont alors trs comptitifs compte tenu de leur efficacit, leur
dducation thrapeutique doit tre fait. Lautomesure tensionnelle, bonne tolrance, et leur faible cot.
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POINTS FORTS
retenir
Porter le diagnostic dHTA est lourd de consquences
Suivi au long cours puisquil signifie souvent traitement vie.
Le rsultat clinique est vrifi aprs 1 mois ou 2, ou plus tt Il est donc primordial de sassurer du caractre permanent
en cas deffet indsirable. Si lefficacit et la tolrance sont de llvation tensionnelle par des mesures rptes,
correctes, la surveillance se fera ensuite tous les 4 6 mois. avec laide ventuelle de la MAPA ou de lautomesure,
En cas dintolrance avre, il faut changer de classe mdi- et sur une priode de plusieurs semaines si llvation
camenteuse. En cas de baisse tensionnelle insuffisante, plusieurs tensionnelle est labile ou modre.
options sont licites : augmenter la posologie du mdicament Le bilan minimal, qui doit tre systmatique, contribue
initial, le remplacer par un mdicament dune autre classe (en valuer le risque individuel, lequel constitue la base
prfrant un diurtique si le premier nen tait pas un), ou encore de la dcision de traitement : en effet, lobjectif
ajouter un deuxime mdicament (en prfrant l aussi un diu- est de ne traiter que les individus dont le risque
rtique si le premier nen tait pas un). Cette dernire option est daccident cardiovasculaire est jug substantiel.
probablement la plus efficace. La prfrence est donne aux Outre les mesures non pharmacologiques (poids, sel, alcool,
associations les plus synergiques (fig. 5). Les associations fixes, activit physique), plusieurs classes pharmacologiques
dont la majorit comportent une petite dose de diurtique, per- sont disponibles. Il est souvent ncessaire den donner
mettent de simplifier le traitement et damliorer lobservance. au moins deux simultanment pour atteindre ou sapprocher
raisonnablement de la cible de 140/90. Dans ce cas,
la prescription dun diurtique est en gnral trs efficace
Tableau 6 Mdicaments de lHTA si le premier mdicament nen tait pas un.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 5 : 5 5 431
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I-9-Q130
Hypertension artrielle de ladulte
432
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 5 : 5 5
I-00-Q000
I-9-Q134
Nphropathie vasculaire
D r Xavier Belenfant, D r Marie Briet
Service de nphrologie-dialyse, centre hospitalier Andr-Grgoire, 93100 Montreuil, France
[email protected]
Objectifs
L
Diagnostiquer une nphropathie vasculaire.
es nphropathies vasculaires regroupent
un grand nombre dentits ayant un symp-
tme commun, lhypertension artrielle
(HTA). Parmi elles, la nphroangiosclrose est la plus frquente ;
elle est responsable, avec le diabte, de la majorit des causes
dinsuffisance rnale chronique terminale en France.
Par ailleurs, lathrosclrose peut tre lorigine de stnose
des artres rnales responsable dHTA, dinsuffisance rnale ou,
plus rarement, dembolies de cristaux de cholestrol.
Enfin, lassociation dune insuffisance rnale aigu, dune anmie
hmolytique et dune thrombopnie conduira au diagnostic noso-
logique de syndrome urmique et hmolytique ou microangio-
pathie thrombotique.
NPHROANGIOSCLROSE
La nphroangiosclrose est la nphropathie vasculaire la plus
frquente.
Classiquement, la nphroangiosclrose bnigne complique
les hypertensions artrielles mal ou insuffisamment contrles
pendant plusieurs annes (soit 0 3 % des HTA aprs plus de
20 ans dvolution). Elle reprsente une des deux premires
causes dinsuffisance rnale terminale (avec le diabte) en France.
Chez les sujets originaires dAfrique subsaharienne ou afro-
antillais, elle apparat plus prcocement (20-40 ans) et peut tre
dvolution plus rapide.
Diagnostic positif
Le diagnostic prsomptif repose sur un faisceau darguments :
HTA ancienne et souvent mal contrle ;
insuffisance rnale daggravation lente (baisse du dbit de filtra-
tion glomrulaire [DFG], estim denviron 2 mL/min/an) associe
labsence de protinurie ou une protinurie de faible dbit non
nphrotique (taux dalbumine plasmatique normal), labsence Figure 1 Nphroangiosclrose. La figure du haut montre une
dhmaturie et des reins de taille habituellement diminue et de artre de moyen calibre normal (large lumire, un endothlium
contours rguliers ; constitu dune seule couche de cellules endothliales, mdia
peu paisse). La figure du bas montre une artre sige de
frquemment associe une cardiopathie hypertrophique ; nphroangiosclrose (rduction de la lumire vasculaire,
sans argument pour une autre nphropathie. prolifration myo-intimale, et paississement de la mdia).
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La biopsie rnale nest pas ncessaire au diagnostic. Elle ne une insuffisance rnale rapidement volutive associe une
se discute quen cas de doute diagnostique avec une autre protinurie de dbit variable et une hmaturie microscopique
nphropathie. Lexamen histologique (fig. 1) montrerait : inconstante (60 %) ;
une diminution du calibre de la lumire des artres interlobu- une insuffisance cardiaque gauche : dyspne, galop, voire
laires et prglomrulaires secondaire une fibrose sous-intimale dme pulmonaire ;
et une hyperplasie de la mdia responsable par ailleurs dune une rtinopathie hypertensive de stade 3 (exsudats et/ou
augmentation du diamtre externe des vaisseaux ; hmorragie rtinienne bilatrale) ou stade 4 (dme papillaire
en aval, les glomrules apparaissent ischmiques : le flocculus bilatral) ;
est rtract au ple vasculaire, la membrane basale est fripe, une encphalopathie : apathie, confusion, dficit systmatis,
un stade avanc, certaines artres apparaissent occluses, de convulsion, coma ;
plus en plus de glomrules deviennent sclreux (glomrulo- une microangiopathie biologique : anmie hmolytique
sclrose, puis fibrose en pain cacheter ), linterstitium prsente Coombs ngatif (augmentation de LDH, bilirubine, baisse de
une fibrose, et les tubes sont atrophiques. lhaptoglobine) avec prsence de shizocytes, thrombopnie pri-
phrique ;
Traitement un syndrome polyuro-polydypsique ;
Prventif, il repose sur le dpistage et le traitement de toute une hypokalimie secondaire une stimulation de laxe rnine-
HTA et la prise en compte de lensemble des facteurs de risque angiotensine-aldostrone.
cardiovasculaire. La biopsie rnale nest pas systmatique. Elle montrerait une
Curatif, il repose sur le contrle strict de lHTA ( 130/80 mmHg obstruction de la lumire des artres, secondaire une hyper-
en cas dinsuffisance rnale et/ou protinurie) en associant sys- plasie myo-intimale, des dpts sous-endothliaux, une prolif-
tmatiquement : ration des cellules musculaires lisses de la mdia et synthse de
des rgles hygino-dittiques : rgime restreint en sel ( 6 g/j), collagne ralisant un aspect en bulbe doignon . Une ncrose
activit physique rgulire (30 min/j), suppression du tabac, lutte fibrinode est rarement observe.
contre lobsit ;
un inhibiteur de lenzyme de conversion (IEC) en premire Diagnostic diffrentiel
intention dose progressivement croissante ; en cas de contrle LHTA maligne secondaire une nphroangiosclrose maligne
insuffisant, association aux diurtiques thiazidiques (diurtiques est lapanage du sujet originaire dAfrique subsaharienne ou afro-
de lanse si DFG 30 mL/min). Le choix de lescalade thrapeu- antillais.
tique dpend ensuite des comorbidits associes ; Chez le sujet caucasien, il convient de rechercher :
et la prise en compte de lensemble des facteurs de risque une stnose des artres rnales, une maladie des embolies de
cardiovasculaires. cristaux de cholestrol ;
une glomrulonphrite sous-jacente, surtout si le sujet est
jeune ;
une cause toxique : ecstasy, cocane, amphtamine... ;
NPHROANGIOSCLROSE MALIGNE une sclrodermie : suspecter en cas de syndrome de Raynaud,
Diagnostic positif de sclrodactylie.
2046 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 0 N O V E M B R E 2 0 0 8
2. Fibrodysplasie
Le terrain est la femme jeune, HTA de novo. La stnose sige Examens complmentaires
le plus souvent droite ( 90 %), et peut tre bilatrale ( 40 %). La suspicion diagnostique impose de dpister une ventuelle
stnose par un examen non invasif :
3. Causes exceptionnelles lchodoppler des artres rnales a une sensibilit de 91 % et
Il sagit de : une spcificit de 96 % entre les mains dexaminateurs expri-
la maladie de Takayashu ; ments. Les critres en faveur dune stnose serre sont : au niveau
une dissection post-traumatique ; de la stnose, un pic de vlocit 200 cm/s, une vlocit en fin de
une stnose post-radique. diastole 150 cm/s associe une baisse des rsistances distales.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 0 N O V E M B R E 2 0 0 8 2047
2048 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 0 N O V E M B R E 2 0 0 8
Diagnostic
Le diagnostic repose sur une triade :
la notion dun terrain haut risque cardiovasculaire : patient
de sexe masculin, de plus de 60 ans, cumulant les facteurs de risque
cardiovasculaire et prsentant une athrosclrose multifocale :
cardiopathie ischmique et/ou artrite oblitrante des membres
infrieurs et/ou antcdents daccidents vasculaires crbraux
et/ou anvrisme de laorte et/ou stnose des artres rnales ;
Figure 2 Orteils poupres tmoignant dembolies
lexposition un ou des facteurs dclenchants : artriogra-
distales de cristaux de cholestrol au niveau des artrioles
phie/angioplastie, traitement anticoagulant, fibrinolytique, chi- de la pulpe des orteils.
rurgie cardiaque ou vasculaire ;
une atteinte systmique pouvant associer :
Traitement
une insuffisance rnale rapidement volutive (en quelques jours
ou semaines), associe une protinurie de dbit variable, une Il comprend :
hmaturie microscopique dans plus de la moiti des cas, et lag- le traitement symptomatique des dfaillances dorgane : nutri-
gravation dune HTA prexistante, tion, prvention des complications de dcubitus, traitement anti-
une ischmie cutane : coloration pourpre de la pulpe des orteils hypertenseur, de lanmie, de linsuffisance rnale (dialyse) ;
(fig. 2), livedo de la plante des pieds, des jambes, des cuisses ou lviction des facteurs dclenchants : proscrire les artriogra-
de labdomen, plus rarement plaques de ncrose cutane, phies, les angioplasties artrielles, les traitements anticoagu-
une ischmie msentrique (un tiers des cas) suspecte devant lants, les interventions vasculaires la phase initiale ;
des douleurs abdominales, une intolrance alimentaire, une une corticothrapie est propose de plus en plus souvent
hmorragie digestive, (1/3 mg/kg/jour).
une dcompensation cardiaque,
une atteinte rtinienne souvent asymptomatique : prsence de Pronostic
cristaux de cholestrol au FO, Pendant les 3 premiers mois, la surmortalit (17 %) est due
une multinvrite, la rcidive des embolies de cristaux de cholestrol (ischmie ms-
dans un contexte daltration de ltat gnral, de perte de poids. entrique surtout) et aux squelles des atteintes neurologiques
Le diagnostic clinique est souvent retard de plusieurs jours ou trophiques.
ou semaines (en moyenne 2 mois) aprs lexposition au(x) fac- La mortalit tardive (mortalit 20 % 1 an) est celle de tout
teur(s) dclenchant(s). patient ayant un haut risque cardiovasculaire : vnements coro-
La biologie est aspcifique : syndrome inflammatoire, hyper- nariens, crbraux vasculaires et cancers (vessie, poumon, ORL).
osinophilie prcoce et transitoire, et, exceptionnellement, baisse La morbidit est avant tout lie aux squelles rnales (dialyse
du complment (prcoce et transitoire). dfinitive) ou aux gestes damputation distale des membres inf-
R Q 134
La preuve histologique nest ncessaire quen cas de doute rieurs.
diagnostique.
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Tableau Cause des microangiopathies En cancrologie et hmatologie seront voqus les cancers
thrombotiques (syndrome urmique mtastass, les effets secondaires des traitements.
En cas de grossesse en cours (troisime trimestre) sera voqu
et hmolytique, SHU) le diagnostic de prclampsie ; en priode post-partum (vers le
troisime mois), le diagnostic de syndrome urmique et hmo-
Infections En cardiologie lytique du post-partum.
Escherichia coli O 157H :7 Ticlopidine, Clopidogrel En cas de syndrome de Raynaud, de sclrodactylie sera voque
(Shiga Toxine) En gyncologie la sclrodermie.
la bactrie peut tre mise Pilule estroprogestative En labsence dorientation diagnostique chez ladulte, il convient
en vidence dans les selles,
de ne pas oublier linfection par le VIH.
la Shiga-toxine dans le sang) Maladie de systme
Pneumocoque (scrteur Sclrodermie +++ Traitement
de neuraminidase) Syndrome catastrophique Chez lenfant, en cas de micro-angiopathie thrombotique
Shiguelle, salmonelle, des antiphospholipides +++
Campylobacter jejuni post-infectieuse, seul le traitement symptomatique sera propos
Lupus rythmateux en premire intention : dialyse si dfaillance rnale svre, trai-
Virus : VIH, CMV, adnovirus, dissmin
coxakie, echo-virus, rotavirus, tement anti-HTA.
parvovirus B19 Granulomatose Chez ladulte, le traitement symptomatique sera systmatique.
de Wegener
Mdicaments Ltiologie conditionnera le traitement causal. Dans les formes
En cancrologie/hmatologie Hrditaire (enfant) idiopathiques, dvolution rapidement dfavorable, sera discute
Mitomycine C, gemcitabine Dficit en facteur H la ralisation de plasmaphrse en utilisant des PVI (plasma viro-
Radiothrapie Dficit en mtalloprotase inactiv).
ADAMTS 13 Chez lenfant, en cas de cause infectieuse, les autorits sanitaires
Allogreffe de moelle osseuse
Cancer mtastatique doivent tre rapidement alertes (dclaration obligatoire).
Bevacizumab (2008),
anti-angiognique, IFN alpha Divers Pronostic
En transplantation Hypertension artrielle Chez lenfant, le risque de dcs est de 2 % (atteinte neuro-
Ciclosporine, tacrolimus maligne logique). Soixante pour cent des enfants gurissent sans squelles.
Les autres auront une HTA permanente, plus rarement une insuf-
fisance rnale chronique.
von Willebrand polymris. Lorsque latteinte rnale est au premier Chez ladulte, le pronostic est li ltiologie. Globalement, le
plan, le terme de syndrome urmique et hmolytique est souvent pronostic vital est moins bon, le risque de squelles important
utilis, en cas de signes neurologiques au premier plan ou de thrombo- (insuffisance rnale chronique et HTA).
pnie majeure, le terme de purpura thrombopnique thrombo-
cytopnique est prfr (PTT ou syndrome de Moschovitz).
Les auteurs dclarent navoir aucun conflit dintrts
concernant les donnes publies dans cet article.
Diagnostic clinico-biologique
Le diagnostic repose sur lassociation :
dune insuffisance rnale daggravation souvent rapide ; Pour en savoir plus
dune HTA, inconstante ;
dune anmie hmolytique Coombs ngatif, avec prsence
de schizocytes : chute du taux dhmoglobine, de lhaptoglobine,
VUE D
U Insuffisance rnale
2205
Page
LA RE ICIEN
PRAT chronique chez
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le sujet g
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Tome
Monographie
LE SUJET
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2050 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 0 N O V E M B R E 2 0 0 8
MYLOME MULTIPLE
DES OS
Dr Murielle Roussel1, Dr Thomas Gastinne2, Dr Xavier Leleu3
1. Hmatologie clinique, CHU Purpan, Toulouse, France
2. Hmatologie clinique, CHU Htel-Dieu, Nantes, France
3. Service des maladies du sang, CHRU Huriez, Lille, France
[email protected]
Fraction (%) (g/L) Normales (g/L) Fraction (%) (g/L) Normales (g/L)
Albumine 62,7 42,6 30,0-48,0 Albumine 32,2 32,5 30,0-48,0
Alpha 1 3,7 2,5 1,8-4,8 Alpha 1 1,8 1,9 1,8-4,8
Alpha 2 9,3 6,3 3,3-11,0 Alpha 2 8,8 8,8 3,3-11,0
Bta 9,9 6,7 5,4-12,8 Bta 9,7 9,8 5,4-12,8
Gamma 14,5 9,9 6,6-17,6 Gamma 47,5 48,0 6,6-17,6
Total 68 60,0-75,0 Total 68 60,0-75,0
A/G : 1,68 A/G : 0,47
A B C
TABLEAU 3
Principales causes danmie dans le mylome Bilan Initial
nostic est confirm par la ralisation en urgence dun fond dil. POINTS FORTS RETENIR
Un traitement par plasmaphrse est indiqu en complment du
traitement spcifique du mylome. Le mylome multiple est une hmopathie qui atteint le plus
souvent le sujet g (moyenne dge au diagnostic 65-70 ans)
Diagnostic fortuit
et dans laquelle les manifestations osseuses (douleurs non
Le diagnostic de mylome est voqu de plus en plus souvent soulages par les antalgiques usuels, fractures pathologiques)
chez des patients asymptomatiques (20 30 % des cas), par dominent le tableau clinique.
exemple lors d'un bilan biologique de sant ralis titre sys-
tmatique, dcouvrant une anmie, une augmentation de la Le diagnostic est simple et repose sur lassociation
vitesse de sdimentation (VS), une dysglobulinmie monoclonale dune plasmocytose mdullaire excessive (> 10 %)
llectrophorse des protines sriques ou une protinurie. et dune immunoglobuline monoclonale srique et/ou urinaire.
Prs dun tiers des patients sont asymptomatiques
Cas particuliers
au diagnostic.
1. Plasmocytome solitaire
Il sagit dune tumeur plasmocytaire solitaire (parfois multiple),
Le diagnostic de mylome multiple symptomatique
osseuse ou extra-osseuse (tissus mous) associe ou non aux
utilise la classification CRAB : C (calcium), R (rein), A (anmie),
mmes anomalies biologiques que dans le mylome (plasmocy-
B (lsions osseuses).
tome scrtant). Le plasmocytome osseux prdomine, par ordre Le bilan iconographique est bas sur la recherche de
de frquence dcroissant, au rachis dorso-lombaire (50 % des lsions osseuses lytiques, ainsi que des critres de gravit de
cas), au bassin, au crne, au sternum et aux ctes. Il est rare et ces lsions (risque fracturaire et complications neurologiques).
affecte typiquement des sujets plus jeunes que le mylome (50 ans
Les complications frquentes sont les infections,
en moyenne). Il est volontiers associ des signes neurologiques
linsuffisance rnale et les complications osseuses
par un mcanisme de compression (25 % des cas). Laspect
et neurologiques.
radiographique est vocateur en cas de lsion ostolytique
expansive avec une corticale ou coque prioste respecte, Le traitement symptomatique est essentiel, quel que soit
voire paissie (elle peut tre discontinue par endroits) et quelques le traitement antitumoral choisi : atteinte osseuse, douleur,
cloisons intratumorales paisses. Au niveau du rachis, le plasmo- pidurite et compressions mdullaires, pisodes
cytome sige essentiellement dans le corps vertbral. Il peut se hypercalcmiques, infection, insuffisance rnale, anmie,
compliquer dun tassement dimportance variable, dune exten- syndrome dhyperviscosit.
sion pidurale ou infiltrer une vertbre adjacente en passant par
le disque. Lvolution vers le mylome est frquente, dans les
5 ans en moyenne. Le bilan initial permet (tableau 3) :
2. Mylome condensant (3-4 % des mylomes) de connatre limportance de la plasmocytose mdullaire (
Il se traduit par des lsions ostocondensantes plurifocales, ou noter : les plasmocytes peuvent ne pas avoir danomalies cyto-
plus souvent par une ostocondensation diffuse. Il survient chez logiquement dcelables) ;
des patients plus jeunes et est volontiers associ une neuropa- didentifier le composant monoclonal et den mesurer le taux
thie priphrique (85 % des cas). Il peut sintgrer dans le dans le srum et dans les urines ;
POEMS syndrome (pour polyneuropathies, organomgalie, de rechercher lexistence de manifestations cliniques ou biolo-
endocrinopathie, dysglobulinmie monoclonale et anomalie giques en lien avec le mylome : ces manifestations clinico-bio-
cutane [Skin]). La raison de cette condensation reste encore logiques sont regroupes sous lacronyme anglo-saxon CRAB
incertaine. La scintigraphie, si elle est utilise, est habituellement (hyperCalcemia, Renal insufficiency, Anemia and Bone lesions).
positive, avec parfois un aspect dhyperfixation diffuse du sque- Quand le tableau clinico-biologique est complet, le diagnostic
lette contrastant avec labsence de fixation rnale. ne pose gure de problme. La situation est plus difficile quand la
triade nest pas complte. Le tableau 4 prsente les dfinitions
Diagnostic positif du mylome multiple, de la gammapathie monoclonale, du my-
lome indolent et du plasmocytome.
Devant une suspicion de mylome, un bilan hmatologique, Lvaluation de la masse tumorale a t tablie par Durie et Sal-
osseux et biochimique va confirmer le diagnostic. Le diagnostic mon en 1975. Leur classification distingue 3 stades au potentiel
repose sur la triade : plasmocytose mdullaire, pic monoclonal, volutif croissant. Cette classification reste largement utilise sur
retentissement organique. le plan international (tableau 5).
Critres diagnostiques
Mylome multiple (MM) Autres : syndrome dhyperviscosit, ET/OU dune plasmocytose mdullaire 10 %
Prsence dans le srum et/ou les urines amylose, infections bactriennes
rcidivantes (> 2 pisodes en 1 an) ET absence de critres CRAB
dune protine monoclonale (sauf dans le cas
dun mylome non scrtant) Plasmocytome solitaire :
Gammapathie monoclonale de
quatre critres
ET dune plasmocytose mdullaire 10 % signication indtermine (MGUS)
Prsence dune protine monoclonale dans Une unique localisation de plasmocytes
ET prsence dau moins 1 des critres CRAB :
le srum < 3 g/100 mL monoclonaux au niveau osseux ou tissulaire
Calcmie > dau moins 0,25 mol/L
qui doit tre conrme par une biopsie
la limite suprieure de la normale ET dune plasmocytose mdullaire < 10 %
ou > 2,75 mmol/L ET une moelle osseuse normale avec
ET absence de critres CRAB
Cratinine srique > 173 mmol/L une absence de plasmocytes monoclonaux
Anmie avec Hb < de 2 g/dL la limite ET une IRM du rachis et du pelvis sans
Mylome indolent ou Smoldering
infrieure de la normale ou < 10 g/dL
myeloma (mylome asymptomatique) autres lsions ( lexception de latteinte
Lsions osseuses : lyses osseuses, unique si rachidienne ou pelvienne)
ostopnie svre ou fractures Prsence dune protine monoclonale
pathologiques dans le srum 3 g/100 mL ET une absence de critres CRAB
TABLEAU 5
TABLEAU 6
Masse tumorale
Stade Critres Lis l'hte ge lev
( 1012/m2)
I Tous ces critres sont prsents : < 0,6 Lis la tumeur
Hmoglobine > 10 g/dL (faible) Masse tumorale 2m srique leve
Calcmie normale
Hmoglobine basse /Thrombopnie
( 120 mg/L-3 mmol/L)
Os normal ou plasmocytome isol Calcmie leve
Taux d'Ig monoclonale faible : Lsions lytiques tendues
IgG < 50 g/L, IgA < 30 g/L,
Cratinine srique leve
Ig monoclonale urinaire < 4 g/24 h
Plasmocytose mdullaire leve
II Aucun des critres du stade III 0,6-1,2
Ni du stade I (intermdiaire) Malignit intrinsque Anomalies chromosomiques
t(4;14) del(17p)
III L'un au moins des critres suivants : > 1,2 13/13q- hypodiplodie
Hmoglobine < 8,5 g/dL (leve)
Albumine srique basse
Calcmie > 120 mg/L (3 mmol/L)
Multiples lsions lytiques (lsions CRP leve
destructrices ou fractures pathologiques) Taux de LDH lev
Taux lev d'Ig monoclonale :
Cytologie plasmablastique
IgG > 70 g/L, IgA > 50 g/L,
= immature**
Ig monoclonale urinaire 12 g/24 h
* Regroupement des patients en fonction de la masse tumorale Traitement : Chimiorsistance
estime (stades de pronostic de plus en plus pjoratif).
* Paramtres pris en compte dans la classification historique
Sous-classification : de Durie et Salmon.
A - Fonction rnale normale (cratininmie < 20 mg/L).
B - Fonction rnale anormale (cratininmie 20 mg/L). ** Analyses rserves des laboratoires spcialiss
TABLEAU 7
Indice pronostique international
POEMS syndrome (ISS pour les Anglo-Saxons)
Ce syndrome est caractris par la combinaison dune Poly-
Stade Critre Survie mdiane
neuropathie sensitivomotrice prdominance distale, dune Orga-
(mois)
nomgalie (hpatosplnomgalie), dune atteinte Endocrinienne
(hypogonadisme, atteinte hypophysaire, hypothyrodie, diabte I 2m < 3,5 mg/L et albumine 35 g/L 62
essentiellement), de la prsence dun composant Monoclonal
II 2m < 3,5 mg/L et albumine < 35 g/L, 44
(IgA ou IgG et de chanes lgres lambda) et dune atteinte cutane
ou 2m 3,5 mg/L et < 5,5 mg/L
(= Skin) (de type mlanodermie, hypertrichose ou sclrodermiforme).
Les lsions osseuses sont quasi constantes mais, la diffrence III 2m 5,5 mg/L 29
du mylome, celles-ci sont habituellement condensantes.
Amylose AL
Lamylose AL systmique est une maladie monoclonale primitive cela est fait dans le rcent Indice pronostique international,
isole, et le diagnostic de mylome doit tre cart. Lamylose AL tableau 7), la CRP ou les anomalies chromosomiques.
est une maladie pouvant toucher tous les organes, principale- La classification historique de Durie et Salmon a une valeur pro-
ment le rein (80 % des cas, diagnostic souvent pos dans le bilan nostique infrieure celle de la 2m, des anomalies chromoso-
dun syndrome nphrotique li une atteinte glomrulaire), le miques et de lIPI.
cur (pronostic le plus sombre par cardiomyopathie restrictive Les anomalies chromosomiques du clone tumoral, frquentes et
avec troubles de conduction), le systme nerveux (neuropathie souvent complexes, prennent une importance pronostique croissante.
priphrique sensitivo-motrice progressive distale et symtrique, Elles sont le plus souvent identifies par la technique dhybridation
canal carpien ou dysautonomie), le tube digestif (macroglossie, in situ en fluorescence (FISH). On retrouve un impact ngatif sur la
syndrome sec et douleurs abdominales) et les articulations (poly- survie sans progression et sur la survie de la translocation t(4 ;14)
arthrite avec aspect hypertrophique des articulations). La chane (p16 ;q32), de la dltion 17p [del(17p)] et, dans une moindre mesure,
lgre dimmunoglobuline est le plus souvent lambda. de la dltion totale ou partielle du chromosome 13 (-13/13q-).
duite dans les annes 1990 chez les patients de moins de 65 ans. thalidomide. Dans cette indication, lassociation lenalidomide
Cette stratgie a constitu un premier progrs considrable en + dexamthasone est en cours dvaluation. Est galement utilise
dmontrant que le mylome est une maladie chimiosensible et sur- lassociation bortezomib, melphalan et prednisone. Lge avanc
tout que la dure de rponse et la survie sont lies au niveau de nest pas en soi un motif dabstention thrapeutique.
rduction tumorale. Ce constat a chang lapproche thrapeutique
Les auteurs dclarent navoir aucun conit dintrts concernant les donnes
jusque-l limite une perspective palliative court terme. Ces publies dans cet article.
progrs ont t facilits par lintroduction partir des annes 2000
de nouvelles molcules telles que la thalidomide et ses drivs
(lenalidomide), inhibiteurs du protasome (bortezomib), et les
multiples combinaisons qui en rsultent. POUR LA REVUE DU
EN SAVOIR PRATICIEN 1 5 J A N V I E R 2 0 0 6 / T O M E 5 6 N 1
Indications
Monographie
Chez les sujets de moins de 65 ans, le traitement comprend
une premire ligne base sur lutilisation de combinaisons type
IMONOGRAPHIEI
Immunoglobulines
Immunogl monoclonales
Immunoglobulines
QUEL RAISONNEMENT ADOPTER ?
monoclonales
bortezomib + dexamthasone, complte par une intensification OUVERTURES RFRENCES UNIVERSITAIRES
B Helicobacter pylori chez
lenfant B Cryoglobulinmie
Louis et la mthode numrique B Quest-ce qui peut tomber lexamen?
B Voyage en pays tropical B Leucmies aigus B Facteurs de risque Rev Prat 2006;
par melphalan forte dose avec autogreffe de cellules souches B Presse : Prvention
des varices sophagiennes
Cannabis et accidents
p u b l i c a t i o n
cardiovasculaire B Consommation mdicale B Otalgies et otites B Oreillons
b i m e n s u e l l e d e f o r m a t i o n m d i c a l e c o n t i n u e
56(1):15-52
hmatopotiques. Chez les sujets plus gs, le traitement de
rfrence conventionnel est lassociation melphalan + prednisone +
Prescription et surveillance
des diurtiques
P r Germain Bessard 1, D r Sandrine Bacquaert 2, D r Audrey Revol 3
1. Laboratoire de pharmacologie, hpital Michallon CHU BP 217, 38043 Grenoble Cedex 9, France
2. Brigade des sapeurs-pompiers, 75017 Paris, France
3. Service dpartemental incendie et secours de Vaucluse, esplanade Arme dAfrique 84018 Avignon, France
[email protected]
Objectifs
Prescrire et surveiller un mdicament appartenant aux principales
INTRODUCTION classes de diurtiques.
Les diurtiques, stricto sensu, augmentent
le volume des urines .
En fait, ils servent surtout majorer llimination urinaire de leffet dune pression qui est la diffrence entre la pression dans
sodium : ils sont natriurtiques. Ils sont utiliss pour lutter contre le capillaire glomrulaire dune part, les pressions oncotique plas-
les dmes lis une rtention de sodium ; dans ce cadre, ils entrent matique et hydrostatique, dautre part. La nature de la membrane
dans le traitement de linsuffisance cardiaque, de sa complication glomrulaire permet le passage des substances ayant un poids
aigu (ldme aigu du poumon), de lhypertension portale. Ils sont molculaire infrieur 70 000 daltons. la sortie du glomrule, le
aussi indiqus dans le traitement de lhypertension artrielle, liquide tubulaire ne contient ni protines ni lments figurs, mais a,
amliore par la limitation du capital sodique cellulaire. pour le reste, une composition proche de celle du sang.
Deux classes de diurtiques sont employes dans des indica-
tions ne relevant pas de leur effet natriurtique :
les diurtiques osmotiques, qui visent llimination deau intra- Glomrule TCP Anse TCD Tube
cellulaire ; de Henl collecteur
les substances inhibitrices de lanhydrase carbonique, qui ont
actuellement des indications en lien avec la production du liquide
intra-oculaire et du liquide cphalo-rachidien.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 D C E M B R E 2 0 0 8 2155
Tubule
Na+ Na+ Na+
Cest le sige dune adaptation en eau et en lectrolytes de
cette urine primitive qui va se faire par des rabsorptions, scrtions Ple
ATP ATP basal ATP
deau et dlectrolytes, pour aboutir la formation de 1,5 2 litres ase ase ase
durine dfinitive. Les mouvements dlectrolytes sont sous la K+ K+ K+
dpendance de systmes de transport cellulaires passifs, lis aux Na+K+ 2Cl Na+ Cl
K+ Diurtiques
gradients transmembranaires, ou actifs, agissant contre un gradient, Ple distaux
et consommateurs dnergie sous forme dATP. apical
2156 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 D C E M B R E 2 0 0 8
Il sy produit une rabsorption de sodium faible (5 %) constituant Thiazidiques et diurtiques de lanse sont hypokalimiants,
un ajustement. Sur cette partie, le sodium rabsorb est chang alors que les diurtiques distaux sont hyperkalimiants.
contre du potassium sous leffet de laldostrone (ce qui explique Les indications les plus frquentes des diurtiques
lhypokalimie engendre par un excs daldostrone). sont linsuffisance cardiaque congestive, sa complication
ldme aigu du poumon, lhypertension artrielle.
4. Tube collecteur
En intervenant sur llimination des lectrolytes
Cest le sige dune adaptation du volume urinaire par modu- et de leau, les diurtiques perturbent lhomostasie
lation hormonale de la permabilit de sa paroi lorsquelle tra- du milieu intrieur ; le maintien des constantes hydro-
verse la mdullaire fortement hypertonique. Leau est rabsorbe lectrolytiques doit tre surveill de faon rgulire.
en fonction du gradient osmolaire entre mdullaire rnale et
lumire du TC. La permabilit du TC est module par lhormone
antidiurtique (ce qui explique lexistence dune polyurie en cas (v. MINI TEST DE LECTURE, p. 2186)
de dficit hormonal).
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thiazidiques peuvent tre associs aux IEC, ARA2 et calcium-blo- Tableau 2 Principaux effets indsirables
quants. Des prsentations pharmaceutiques de ces associations susceptibles de survenir au cours
existent et permettent de simplifier la prise du traitement, et
dun traitement diurtique
donc damliorer lobservance, ce qui est important car il sagit
dun traitement au long cours. En revanche, les doses associes
de chaque mdicament sont imposes dans ce cas. Effets communs tous les diurtiques
Lassociation thiazidiques-btabloquants est classique et elle Hypovolmie
a dmontr son efficacit, mais il est tabli que les effets ind- Dpltion sode excessive avec hyponatrmie et dshydratation
sirables dysmtaboliques de chaque classe se renforcent et pro- (surtout en cas de traitement par les diurtiques de lanse associ
scrivent son utilisation. un rgime dsod trop strict)
Hypotension orthostatique chez le sujet g
Autres indications des diurtiques
1. Ascite par hypertension portale Hyperuricmie par augmentation de la rabsorption proximale
et diminution de la scrtion tubulaire
Lascite est une complication de lhypertension portale. Elle
traduit, entre autres, une rtention deau et de sodium o lhyper- Thiazidiques
aldostronisme joue un rle. Son traitement utilise, ct du
Hypokalimie et alcalose mtabolique
rgime dsod, la prescription de diurtiques anti-aldostrone,
Hypomagnsmie
dose progressive (spironolactone 75 300 mg/j). Si ncessaire,
des diurtiques de lanse peuvent tre associs (furosmide Hypercalcmie par augmentation de la rabsorption tubulaire
40 mg/j, jusqu 120 mg/j maximum). Un arrt avant la rsorption Hyperglycmie
complte de lascite permet dviter une action au-del de lass- Anomalies du profil lipidique (augmentation cholestrol total,
chement, en raison de leffet retard des anti-aldostrones. triglycrides, LDL-cholestrol, diminution HDL-cholestrol)
2. Hypercalcmie Diminution de la filtration glomrulaire
2160 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 D C E M B R E 2 0 0 8
I-00-Q000
I-11-Q181
Iatrognie
Diagnostic et prvention
D r Raphal Favory, P r Alain Durocher
Urgences respiratoires, ranimation mdicale, hpital Calmette, CHRU de Lille, 59037 Lille Cedex, France
Thrapeutique- Facult de mdecine, Universit Lille 2, 59045, Lille, France
[email protected] [email protected]
Objectifs
Identifier le caractre iatrogne de manifestations pathologiques.
Prendre en compte et prvenir le risque iatrogne lors dune dcision
DFINITION-PIDMIOLOGIE mdicale.
La iatrognie (du grec iatros , le mdecin et
Expliquer les objectifs et les principes du fonctionnement
genes , entran par), daprs le glossaire des
vigilances de lAFSSAPS (Agence franaise de
de la pharmaco- et de la matriovigilance.
scurit sanitaire des produits de sant) est
lensemble des consquences nfastes pour la sant, poten- et sa prise de conscience par les soignants existent depuis que
tielles ou avres, rsultant de lintervention mdicale (erreurs la thrapeutique existe.
de diagnostic, prvention ou prescription inadapte, complica- En France, la loi n 98-535 du 1er juillet 1998, relative au ren-
tions dun acte thrapeutique) ou de recours aux soins ou de forcement de la veille sanitaire et de la scurit sanitaire des pro-
lutilisation dun produit de sant . Cela comprend donc non seu- duits destins lhomme, inscrit comme une des priorits abso-
lement les complications des traitements mdicamenteux, mais lues de sant publique la lutte contre la iatrognie.
aussi les complications de la chirurgie et des techniques instru- Schmatiquement, on distingue habituellement deux types
mentales, les infections nosocomiales et, par extension, tout ce qui daccidents iatrognes : mdicamenteux ou non mdicamenteux.
est provoqu par les soignants. Nanmoins, le terme iatrognie Afin de prvenir et de grer le risque iatrogne, des systmes de
inclut deux types trs diffrents d accidents , lala thra- vigilance ont t mis en place : la pharmacovigilance pour les
peutique (non fautif) et la faute. accidents mdicamenteux et, pour les accidents non mdica-
Une enqute nationale sur les effets indsirables graves lis menteux, la matriovigilance, la bactriovigilance, lhmo-
aux soins (ENEIS) ralise en 2004 dans 71 tablissements de vigilance
sant, reprsentant plus de 35 000 journes dhospitalisation,
soit 8 754 sjours patients, a identifi 1 848 vnements ind-
sirables dont 450 vnements graves ayant ncessit une hospi- DIAGNOSTIC
talisation ou une prolongation dhospitalisation. Prs de 50 % Le diagnostic de iatrognie est parfois difficile, car les symptmes
des vnements indsirables graves ayant motiv une hospita- ou signes peuvent tre atypiques et difficiles diffrencier des
lisation taient associs des produits de sant, la moiti den- symptmes ou signes de la maladie initiale elle-mme et/ou de
tre eux tant considre comme vitables. Les actes invasifs, et ses complications.
notamment chirurgicaux, sont lorigine de lautre moiti des Le diagnostic de iatrognie mdicamenteuse doit tre syst-
vnements indsirables graves. Il faut noter que parmi les cau- matiquement voqu, cest ce quon appelle le rflexe iatro-
ses de iatrognie, les questions dorganisation arrivent en tte. gnique , dans les cas suivants :
Une tude amricaine de 2004 tudiant plus de 30 000 dos- volution atypique dune maladie traite ;
siers retrouve 3,7 % daccidents iatrogniques pendant lhospi- symptmes nouveaux difficilement compatibles avec la maladie
talisation, dont 27 % dus des ngligences (surtout chez la per- de dpart ou symptmes non expliqus par une maladie identi-
sonne ge), la mortalit tant de 13,6 %. fiable ;
Laphorisme primum non nocere (dabord ne pas nuire) prescription risque, cest--dire si le traitement administr ou
attribu Hippocrate est une preuve, sil en faut, que la iatrognie lexamen ralis sont connus pour la frquence de leurs effets
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 O C T O B R E 2 0 0 8 1723
I-11-Q181
Iatrognie : diagnostic et prvention
secondaires (par exemple pneumothorax et voie veineuse centrale dvnements indsirables, dautre part. Par ailleurs, les critres
sous-clavire, hypokalimie et diurtiques) ; diagnostiques dimputabilit du mdicament peuvent varier dune
patient risque : femme enceinte, sujet g. Ceci est particu- tude lautre. Nanmoins, on peut retenir quenviron 5 10 %
lirement important pour les mdicaments chez le patient g des admissions et 1 2 % des consultations seraient induites par
de plus de 65 ans, dont la physiologie est plus fragile et la pharma- de la iatrognie. Vingt pour cent des admissions dans des servi-
codynamie plus alatoire, et qui peut se tromper dans ladmi- ces durgence comportent un risque iatrogne. Cette iatrognie
nistration de ses traitements ; se dvelopperait chez 10 15 % des patients hospitaliss, et le
situation pathologique risque pouvant saccompagner dune taux de mortalit hospitalire imputable la iatrognie serait de
atteinte des monctoires physiologiques (insuffisance rnale, 2 12 %. On estime que 60 % des accidents mdicamenteux
insuffisance hpatique) ou dune susceptibilit particulire de iatrognes sont vitables.
certains organes (insuffisance cardiaque, insuffisance circula-
toire crbrale). Diffrents types daccidents iatrognes
La prsomption diagnostique repose sur la mthode dimpu- mdicamenteux
tabilit :
intrinsque : critres smiologiques (ruption cutane et bta-
1. Accidents immunologiques
lactamines, photosensibilit et fluoroquinolones, insuffisance Les accidents immunologiques ne sont pas dose-dpendants
rnale aprs injection de produit de contraste iod) et chronolo- et ont en gnral un intervalle libre de dure fixe, avec des mani-
giques (intervalle compatible, arrt des symptmes larrt dun festations gnrales de type fivre, arthralgies, dme de
mdicament, rcidive la rintroduction) ; Quincke, choc anaphylactique, toxidermie, hyperosinophilie et
extrinsque : les donnes de la littrature rendent-elles plau- des tmoins biologiques dune raction immunologique cellu-
sibles les effets observs et la iatrognie pour une molcule laire ou humorale.
donne (effet notoire ou non) ?
2. Accidents par surdosage
Les accidents par surdosage sont lis la toxicit directe du
SITUATION CARACTRISTIQUE DE IATROGNIE : mdicament, sont dose-dpendants avec une incidence leve
LA IATROGNIE MDICAMENTEUSE chez les patients exposs et ont des tmoins anatomiques dune
toxicit directe (raction cellulaire).
Dfinition
LOrganisation mondiale de la sant (OMS) dfinit comme 3. Accidents par interaction mdicamenteuse
iatrognie mdicamenteuse toute raction nocive et non On appelle interactions mdicamenteuses les rponses qui
recherche lie la prise dun mdicament et survenant de faon rsultent de la prise dun ou plusieurs mdicaments et qui sont
fortuite . diffrentes des effets connus ou attendus de chacun dentre eux
Tous les mdicaments peuvent potentiellement entraner des pris sparment. Les mcanismes possibles de ces interactions
effets indsirables. Ceux-ci peuvent parfois tre prvisibles, voire sont :
prvenus (supplmentation en potassium et corticothrapie). laddition des effets. Par exemple, les actions de deux anti-
coagulants, deux hypnotiques, deux produits contenant du para-
pidmiologie ctamol vont sajouter partiellement ou totalement ;
La frquence de cette iatrognie mdicamenteuse est variable la potentialisation des effets : au lieu de sadditionner, les effets
dune tude lautre. En effet, elle est probablement sous-estime se multiplient ;
cause dun diagnostic difficile, dune part, dun sentiment de linhibition des effets : lefficacit dun mdicament est amoindrie,
culpabilit et de la peur dtre poursuivi en cas de dclaration voire annule par ladministration dun second.
1724 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 1 5 O C T O B R E 2 0 0 8
Facteurs favorisants
1. Facteurs propres au patient
POINTS FORTS
retenir
Le patient est risque dans certaines situations : La iatrognie englobe toutes les complications des actes
lge lev (risque de 20 % par mdicament avant 70 ans contre mdicaux (diagnostiques, thrapeutiques ou de prvention),
25 % aprs 70 ans), avec des modifications de la pharmacody- que le mdecin soit fautif ou non.
namie et une marge de scurit plus troite, les patients gs Le diagnostic se fait sur des arguments dimputabilit
reprsentent une population tout particulirement risque dac- (critres smiologiques, chronologiques, donnes
cident mdicamenteux iatrogne : en effet, 30 % des mdica- de la littrature) : de faon gnrale, il faut avoir
ments prescrits sont consomms aprs 70 ans, 90 % des per- le rflexe iatrognique ds que lvolution de la maladie
sonnes ges prennent des mdicaments, 10 % des personnes nest pas habituelle.
ges sont victimes de iatrognie, 40 % de la iatrognie est On estime que 60 % environ de la iatrognie est vitable.
observe aprs 65 ans. Les mdicaments le plus souvent en
La iatrognie est une des priorits de la sant publique
cause chez les personnes ges sont les mdicaments vise
depuis la loi du 1er juillet 1998.
cardiovasculaire et les psychotropes ;
le sexe : frquence plus importante chez la femme que chez Le nombre important de mdicaments prescrits
en mme temps, lge du patient, sont des facteurs
lhomme ;
de risque majeurs de iatrognie mdicamenteuse.
la grossesse : les facteurs de risque dorigine maternelle com-
prennent lge, les tats carentiels (vitamine A, acide folique) et Une prescription courte, raisonne, avec estimation du
les pathologies maternelles (diabte, hypertension artrielle, ob- rapport bnfice/risque doit rduire le nombre daccidents.
sit, pilepsie). En fonction du terme de la grossesse, les risques Le dveloppement des systmes de vigilance
pour le ftus et le nouveau-n sont diffrents : (pharmacovigilance, matriovigilance), la formation
de 0 7 jours, priode de blastogense, cest la loi du tout (avor- continue et lvaluation des pratiques professionnelles
tement) ou rien, rendues obligatoires sont des pistes damlioration
de 7 jours 3 mois, priode dembryogense, le risque malformatif de la prvention du risque iatrogne.
est majeur pour le cur, lil, le cerveau et les membres, La dclaration daccidents iatrognes est obligatoire pour
de 3 8 mois, priode de ftogense, le risque est variable et les professions de sant.
concerne surtout les organes gnitaux externes et le cerveau,
de 8 9 mois, priode prinatale, le risque est nonatal et
consiste essentiellement en accident de surdosage ou de sevrage
chez le nouveau-n. le type de classe mdicamenteuse : mdicaments marge
La situation pathologique est risque sil sagit : troite de scurit (digitaliques, immunosuppresseurs), mdi-
dune polypathologie ; caments inducteurs enzymatiques (barbituriques, rifampicine,
dune pathologie grave ; anesthsiques), mdicaments les plus susceptibles daccidents
dun terrain allergique ; allergiques (anti-infectieux, notamment les btalactamines, vac-
dune dnutrition (baisse de lalbumine qui transporte de nom- cins et srums, AINS), mdicaments toxicit directe ou inter-
breux produits pharmaceutiques dans le plasma) ; actions mdicamenteuses notoires (aminosides, antidiabtiques,
de modifications des conditions dlimination naturelle (insuf- digitaliques, inhibiteurs de lenzyme de conversion) ;
fisance hpatique et/ou rnale, dficit en enzymes de dtoxifi- les mdicaments susceptibles dinduire une situation de
cation) ou artificielle (puration extrarnale) des mdicaments. dpendance ou de sevrage (benzodiazpines, morphiniques ).
Pour le rein, citons les aminosides, les antidiabtiques, les bta-
3. Facteurs lis aux prescripteurs
R Q 181
bloquants hydrosolubles, les inhibiteurs de lenzyme de conver-
sion (IEC), la digoxine, les anti-H2, et, pour le foie, les anticoagu- Ce sont :
lants oraux, les antidiabtiques, les btabloquants liposolubles, la mauvaise connaissance du mdicament ;
les psychotropes, la digitoxine. le non-respect des contre-indications ;
Les comportements risque sont : la non-prise en compte des interactions mdicamenteuses,
la mauvaise observance ; la non-coute du patient,
lautomdication non raisonne, non guide et non contrle lerreur dindication,
par le mdecin. la mauvaise surveillance.
Les classes de mdicaments le plus souvent responsables
2. Facteurs lis aux mdicaments daccidents iatrognes sont les psychotropes (15 60 %), les
Ce sont : mdicaments cardiovasculaires (12 30 %), les antibiotiques (8
le nombre de mdicaments : le risque passe de 20 % pour 2 15 %), les anti-inflammatoires (4 15 %), les antalgiques (2 10 %),
4 mdicaments et 32 % pour 10 mdicaments ; les antidiabtiques (6 10 %), les anticoagulants (1 11 %).
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I-11-Q181
Iatrognie : diagnostic et prvention
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R Q 181
demandes). Les infections nosocomiales reprsentent 19 % des comme diagnostic la iatrognie devant toute
volution anormale dune pathologie.
demandes.
5 Les psychotropes sont la classe la plus pourvoyeuse
de iatrognie mdicamenteuse.
Les auteurs dclarent navoir aucun conflit dintrts Rponses : A : F, V, V, F / B : F, F, V, V, F / C : 2, 4, 5.
concernant les donnes publies dans cet article.
PRATIC
57 N 17 (1857-197
N 1 7
T O M E 5 7
e 2007 Tome
2 0 0 7 /
R E
1 5 N O V E M B
15 novembr
1I. Infections basses .
DE LENFANT
RESPIRATOIRES
IMONOGRAPHIEI
Antcdents urologiques
OBJECTIFS
Examen clinique une matit sus-pubienne convexe vers le haut qui reste hypo-
gastrique en dcubitus latral (permet de la diffrencier de la
Histoire de la maladie matit hypogastrique concave vers le bas de lascite) contras-
Lanamnse doit prciser : tant avec le tympanisme pigastrique.
la localisation de la douleur, lenvie duriner ; La palpation des organes gnitaux externes recherche une
lanciennet des troubles mictionnels et leur chronologie urtrite, une orchi-pididymite, une stnose du mat urtral.
jusqu lpisode de rtention ; Le toucher rectal permet de palper la prostate (hypertrophie,
lhoraire de la dernire miction ; nodule, douleur la palpation), de rechercher des signes de pros-
les circonstances dapparition de la rtention ; tatite, de rechercher un fcalome et dvaluer le tonus sphinct-
la recherche de facteurs favorisants : station assise prolonge, rien. Il doit tre refait aprs le drainage des urines vsicales.
alcool, effort de retenue, constipation. Chez la femme, il faut apprcier la trophicit de la vulve, recher-
cher un prolapsus spontan ou aprs un effort de pousse et
Examen physique raliser un toucher vaginal la recherche dune masse pelvienne.
Ds que le diagnostic de rtention aigu durine est suspect, il 3. Autres examens
faut tre systmatique et ne pas perdre de temps, il sagit dune Lexamen neurologique est essentiel, surtout si le sujet est jeune :
urgence thrapeutique. sensibilit prinale superficielle et recherche des rflexes osto-
1. Recherche de signes gnraux tendineux des membres infrieurs et des rflexes prinaux.
Elle comprend la prise des constantes (pouls, pression artrielle, Il faut enfin rechercher un contact lombaire voquant un reten-
temprature) pour rechercher de la fivre, un choc hmodynamique tissement de la rtention sur la voie excrtrice
sur sepsis ou hmorragie, dautres signes infectieux (frissons) Aprs cet examen clinique, sil persiste un doute diagnostique, il
2. Examen abdominal et prinal avec touchers pelviens faut faire une chographie abdominale (il est formellement contre-
Linspection, la palpation, et la percussion de la zone hypo- indiqu de tenter une pose de cathter sus-pubien sil persiste un
gastrique retrouvent : doute, le risque tant de faire une plaie digestive ou vasculaire).
une voussure sus-pubienne pouvant remonter jusqu lombilic ; Les examens complmentaires ncessaires en urgence sont
une masse rgulire tendue, ovale, douloureuse (ou non) avec un ionogramme sanguin avec cratininmie, un hmogramme et
un rveil douloureux de lenvie duriner la palpation ; un bilan de coagulation.
Carrires Sant
Objectifs
Prescrire et interprter un examen des gaz du sang en fonction
INTERPRTATION DUN GAZ dune situation clinique donne.
DU SANG
Ltude de lquilibre acido-basique repose sur
Savoir diagnostiquer et traiter : une acidose mtabolique,
ltude des gaz du sang artriel (PCO2) et de
une acidose ventilatoire.
la concentration plasmatique en bicarbonates
(HCO3). Les variations de PCO2 et dHCO3
peuvent tre associes une modification de la valeur de pH, excs augmente. La diminution du rapport [HCO3]/PCO2
mais ce nest pas ncessaire pour dfinir un trouble acido-basique. normalise le pH (alcalose respiratoire compense) [D] ;
Si le pH est infrieur 7,38, on parle dacidose avec acidmie (ou lacidose mtabolique correspond une diminution initiale des
acidose non compense), sil est suprieur 7,42, on parle dal- bicarbonates aboutissant une baisse du rapport [HCO3]/PCO2
calcose avec alcalmie (ou alcalose non compense). Si le pH est et du pH. La compensation respiratoire se fait rapidement par
normal, le trouble acido-basique est dit compens. Ainsi, ce nest augmentation de la ventilation (grce laction des ions H+ sur les
pas le pH qui dfinit le trouble acido-basique, mais son analyse est chmorcepteurs priphriques), permettant de rduire la PCO2
malgr tout indispensable pour 1) dfinir le caractre compens et par consquent daugmenter le rapport [HCO3]/PCO2 (E). La
ou non de lacidose, 2) tablir lorigine primitivement mtabolique valeur attendue de PCO2 en cas dabaissement du pH peut tre
ou respiratoire du trouble, 3) valuer la profondeur du trouble et calcule suivant la relation PCO2 (mmHg) thorique = 1,5 . [HCO3]
son risque. (mEq/L) + 8 2 ;
Quatre perturbations simples de lquilibre acido-basique peu- dans lalcalose mtabolique, une augmentation des bicarbonates
vent tre individualises (fig. 1) : augmente le rapport [HCO3]/PCO2 et le pH (F). La compensation
lacidose respiratoire correspond schmatiquement aux situa- respiratoire est inconstante et souvent faible.
tions dhypoventilation, et est provoque par une augmentation Les situations mixtes respiratoires et mtaboliques sont fr-
primitive de la PCO2 qui diminue le rapport [HCO3]/PCO2 (A). quentes.
En situation chronique, lhypercapnie chronique est compense
en 3 5 jours par une augmentation de lexcrtion rnale dions
H+ et une rabsorption rnale tubulaire de bicarbonates (B). La SAVOIR DIAGNOSTIQUER ET TRAITER
compensation rnale est en gnral partielle, le pH restant lg- UNE ACIDOSE MTABOLIQUE
rement infrieur 7,4 ;
lalcalose respiratoire correspond schmatiquement aux situations
Diagnostic positif biologique et clinique (fig. 2)
dhyperventilation et est provoque par une diminution primitive Lacidose mtabolique se dfinit donc par lassociation dune
de la PCO2 qui augmente le rapport [HCO3]/PCO2 (C). En situation baisse primitive de la bicarbonatmie, saccompagnant secon-
dhypocapnie chronique, lexcrtion urinaire des bicarbonates en dairement dune diminution de la PCO2.
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I-11-Q219
Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (1re partie)
RAPPELS PHYSIOLOGIQUES
Lorganisme rgule de manire 1) sa concentration dans le liquide moyen terme, par lexcrtion nette de
ne la concentration plasmatique de biologique correspondant est impor- cette charge acide par le rein.
H+. Le maintien du pH une valeur tante ; Schmatiquement, on peut ainsi d-
physiologique est en effet une condi- 2) le pKa est proche du pH. nir les rles du rein et du poumon
tion indispensable au fonctionnement Le plus important tampon extra- dans lquilibre acide-base comme
cellulaire normal. cellulaire est le couple HCO3 organes rgulant respectivement la
La valeur physiologique du pH /H2CO3, dont le pKa est de 6,1 et bicarbonatmie et la pCO2, le pH san-
plasmatique est de 7,38-7,42, cor- dont la concentration plasmatique est guin artriel ne changeant pas tant
respondant des concentrations importante (24 mmol/L). Lquation que le rapport [HCO3]/0,03 PCO2
extrmement faibles de H+ puisque dHenderson-Hasselbalch dcrit la est gal 20.
denviron 40 nmoles/L. De faon relation de ce systme tampon avec le
parallle, lorganisme subit quoti- pH sanguin, de la faon suivante : Rle du rein
diennement une charge acide trs Pour maintenir constante la
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pritubulaire par des transporteurs la production de NH3 par le rein est Lespace mort nintervient pas, car il ne
spciques. adaptable (jusqu un facteur 6), et participe pas aux changes gazeux.
Dans cette partie du nphron, le lexcrtion de H+ sous forme de NH4+ Ainsi :
bilan en HCO3 et H+ est donc nul. augmente donc en situation dacidose
En effet, la scrtion dH+ sert rg- extrarnale ; VCO2 = VA FACO2.
nrer un HCO3. Il y a scrtion mais sous forme dacidit titrable
non excrtion nette de H+, ce qui rend (H2PO4 et H2SO4 entre autres), cor- Cette quation peut tre modie
compte du fait que le tube contourn respondant physiologiquement un et exprime avec les units de mesure
proximal ne participe pas directement tiers de lexcrtion dacide (soit envi- habituelles :
physiologiquement llimination de ron 20 mmol quotidiens). Le pKa de
la charge acide xe. ces systmes tampons est proche du VA (L/min) = K VCO2 mL/min)/
A contrario, une modication pH urinaire (do leur caractre PaCO2 (mmHg).
primitive pathologique des capacits titrable), ce qui rend cette forme
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Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (1re partie)
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Le trou anionique na pas de ralit physiologique, puisque le
plasma est lectroneutre. Il est un simple outil diagnostique per- POINTS FORTS
mettant de distinguer parmi les acidoses mtaboliques celles retenir
pour lesquelles lanion accompagnant la charge protone est le Le diagnostic positif de dsordres acido-basiques repose
chlore (HCl) des autres (AH). sur lanalyse de la pCO2 du HCO3 et du pH.
Un TAp augment indique que lanion accompagnant la charge Un pH normal nexclut pas lexistence dune acidose
protone nest pas le chlore (anion indos). Lacidose mtabo- ou dune alcalose.
lique est normochlormique et rpond trois situations cliniques.
Devant une acidose mtabolique, lanalyse des seuls
Les acidoctoses (prsence de corps ctoniques) : lacidoc-
ionogrammes plasmatique et urinaire permet de resserrer
tose diabtique complique le diabte de type 1 dont il peut tre
de faon trs importante le champ des diagnostics tiologiques.
un mode dentre. Les anions associs sont lhydroxybutyrate et
lactoactate, dosables dans les urines (corps ctoniques urinaires). Le traitement des acidoses mtaboliques est avant
tout tiologique. Lalcalinisation doit tre rserve
Lacidoctose diabtique saccompagne frquemment dune ds-
aux acidoses chroniques et aux acidoses aigus graves
hydratation extra-cellulaire dorigine rnale (natriurse osmo-
ou par perte primitive de bicarbonates.
tique) et dune hyperkalimie par transfert potassique du secteur
intra- vers le secteur extracellulaire. Lacidoctose alcoolique
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Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (1re partie)
PCO2
Acidose mixte
compense compense non compense
Acidose mtabolique
TA plasmatique
TAp 16 TAp 16
Acidose normochlormique Acidose hyperchlormique
Acidose lactique
Acidoctose (diabtique NH4+ urinaire
ou alcoolique) TA urinaire
Intoxications aux acides
non chlors NH4+ 40 mmol/j NH4+ 70 mmol/j
Insuffisance rnale TA u 0 TA u 0
chronique
[K]p
Hypercalciurie Normocalciurie
Hypocitraturie Fuite rnale Pi, glucose, AA
pHu 6 pHu normal
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On distingue ici : Tableau 2 Principales causes dacidoses
les acidoses tubulaires distales de type 1, consquence de lin- tubulaires distales (AT1)
capacit du rein abaisser le pH urinaire dans le canal collec-
teur (pHu jeun 6). Elles sassocient une hypokalimie (ce
Maladies systmiques
qui est inhabituel en prsence dune acidose profonde), une
Maladie de Sjgren (AT1 AT2)
hypercalciurie et une hypocitraturie. Sarcodose
Ces deux derniers lments rendent compte dun risque lithia- Drpanocytose
sique majeur. Ceci peut correspondre :
un dfaut de la scrtion dH+ (pump defect) soit dorigine Maladies gntiques
H+ ATPase avec surdit (AR)
gntique, soit secondaire ;
Ovalocytose hrditaire (AD)
une permabilit anormale de lpithlium du canal collecteur
aux protons, qui rtrodiffusent dans le capillaire pritubulaire. Toxiques
Ici la scrtion dH+ est normale, mais le pH ne peut tre maintenu Amphotricine B
bas (gradient defect). Cette anomalie est le fait du traitement par Nphropathie
amphotricine B ; Uropathies obstructives
les acidoses tubulaires distales de type 4, consquence dune Nphrocalcinose
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Tableau 4 Principales causes dhypoventilation alvolaire
Dfaillance du contrle ventilatoire Lsions des voies affrentes et effrentes : Nerfs priphriques, polyradiculonvrites :
Dysfonction crbrale Cordotomie bilatrale cervicale haute Atteintes des nerfs phrniques
Infection (encphalite) Traumatisme mdullaire cervical (compression, envahissement tumoral)
Traumatisme (au-dessus de C5) Syndrome de Guillain-Barr
Tumeur Mylite transverse Porphyrie aigu intermittente
Accident vasculaire avec atteinte bulbaire Sclrose en plaques Toxiques
Atteinte centrale des pathologies Maladie de Parkinson Jonction neuromusculaire
neurologiques chroniques Dysfonction des rcepteurs priphriques Myasthnie
Surdosage sdatif ou narcotique Destruction des corpuscules carotidiens Intoxication la toxine botulinique,
(endartrectomie carotidienne bilatrale) aux anticholinestrasiques
Dysfonction des centres respiratoires
Perte de contrle Syndrome dArnold-Chiari avec syringomylie Muscles respiratoires (diaphragme)
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2. Hypoventilation alvolaire avec augmentation bien tolre, la perte de compensation de lacidose est un bon
des rsistances ventilatoires indicateur de dcompensation respiratoire. Le traitement est
En cas dinsuffisance respiratoire dorigine bronchopulmo- essentiellement symptomatique et palliatif, linverse de lhypo-
R Q 219
naire, les capacits dadaptation neuromusculaires peuvent tre ventilation alvolaire aigu.
dpasses. Le gradient alvolo-artriel en O2 est le plus souvent
augment, tmoin dune anomalie associe des changes gazeux
Les auteurs dclarent navoir aucun conflit dintrts
(hypoventilation alvolaire mixte) [tableau 4]. concernant les donnes publies dans cet article.
Traitement
Le traitement de lhypoventilation alvolaire aigu ou chro-
nique rejoint les questions 198 et 254. Une dtresse respiratoire Pour en savoir plus
aigu est une urgence ncessitant une dmarche de prise en
charge diagnostique et thrapeutique. Le traitement sera vi- Confrence de consensus SFAR :
demment adapt au diagnostic, mais la ranimation cardio- Correction de lacidose mtabolique en ranimation
circulatoire symptomatique peut prcder le diagnostic suivant Juin 1999
les situations. Dans lhypoventilation alvolaire chronique, souvent
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Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (1re partie)
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I-11-Q219
Objectifs
Prescrire et interprter un ionogramme sanguin en fonction dune
situation clinique donne.
DYSNATRMIE Savoir diagnostiquer et traiter : une dysnatrmie, une dyskalimie.
Rappels physiologiques
La membrane plasmique est une membrane semi-permable matique et par approximation la natrmie dfinissent donc indi-
qui ne laisse diffuser librement ni les lectrolytes ni les macro- rectement ltat du secteur intracellulaire. Lhypo-osmolalit plas-
molcules, mais est permable leau. Ces soluts non diffusi- matique saccompagne dune expansion du secteur intracellu-
bles gnrent des mouvements deau transmembranaires pour laire, par mouvement deau du secteur extracellulaire vers le
tenter den quilibrer les concentrations. Ce mouvement deau secteur intracellulaire ; lhyperosmolalit, dune contraction de
est dit par osmose, et les substances non librement diffusibles ce mme secteur intracellulaire, par un mouvement en sens
lorigine de ce mouvement deau des osmoles efficaces. Les oppos. Losmolalit ne reflte jamais ltat de rpltion du sec-
soluts qui diffusent librement sont des osmoles inefficaces ; teur extracellulaire, qui dpend de la quantit totale de sodium
ils nont pas de pouvoir tonique et ne participent pas aux mouve- prsente dans ce secteur. Les modifications de losmolalit plas-
ments deau. matique peuvent ainsi saccompagner diversement dune perte
Lure diffuse librement dans les cellules, mais de faon lente, ou dun gain de sodium, ou dun bilan nul.
cest donc une osmole inefficace, mme en situation dhyper- Losmolalit plasmatique peut tre dtermine directement
urmie chronique. Les soluts de perfusion glucoss isotoniques en mesurant labaissement du point de conglation, qui est dautant
(G5 %), administrs par voie parentrale, nentranent pas de plus bas que la concentration osmolaire est importante. Losmo-
modification de losmolalit. Nanmoins, le glucose administr va lalit peut galement tre calcule partir de la concentration
tre rapidement mtabolis. Il faut donc considrer au final cet des diffrentes osmoles prsentes dans le plasma :
apport comme uniquement hydrique et non osmotique. Cela osmolalit plasmatique = ([Na] [K]) 2 [ure] [glucose],
explique la fois quun apport important de G5 % puisse parti- [ ] exprime en osmole par litre deau
ciper une hyponatrmie, et quil soit utilis en tant que solut osmolalit plasmatique efficace = ([Na] + [K]) 2 + [glucose],
hypotonique pour corriger les hypernatrmies. [ ] exprime en osmole par litre deau.
Losmolalit plasmatique efficace se dfinit comme la somme Lorsque le calcul est fait partir des concentrations exprimes
des concentrations par volume deau de chacune des osmoles par litre de plasma, on parle dosmolarit. Ainsi, losmolarit est
efficaces prsentes dans le plasma (en mOsmol/kg dH20), pour une approximation de losmolalit, qui est la variable rellement
lessentiel le sodium. Toute modification aigu de losmolalit rgule. Cela est important, car il existe des situations cliniques
plasmatique va entraner un mouvement deau entre les secteurs particulires au cours desquelles losmolalit et losmolarit ne
intracellulaire (SIC) et extracellulaire (SEC). Losmolalit plas- varient pas paralllement (v. infra Pseudohyponatrmie).
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Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (2de partie)
Rle du rein la scrtion dADH permet de fixer losmolarit urinaire une valeur
Le maintien de losmolalit plasmatique une valeur normale permettant dassurer un bilan nul la fois deau et dosmoles. Los-
est conditionn par lobtention dun bilan hydrique nul (sorties molarit urinaire peut ainsi physiologiquement varier de 60 mOs-
et entres deau quivalentes). Les sorties comme les entres mol/L (dilution maximale obtenue lorsque la concentration dADH
deau peuvent tre modules, en rponse aux variations dos- est nulle) 1 200 mOsmol/L (concentration maximale obtenue
molalit. Les osmorcepteurs hypothalamiques peroivent les lorsque la concentration dADH est leve).
variations dosmolalit, entranant une variation dans le mme Lentre deau (boissons), bien que sous le contrle des centres
sens de la libration par la post-hypophyse de lhormone anti- de la soif, reste un acte volontaire, discontinu, et galement modul
diurtique (ADH) et une modulation de la sensation de soif. par dautres facteurs, sociaux en particulier (on peut boire une
LADH est un peptide de 9 acides amins synthtis par les bire la terrasse dun caf sans avoir soif). En outre, si lhyper-
noyaux supraoptiques et paraventriculaires hypothalamiques. osmolalit saccompagne rapidement dune sensation de soif
La fixation de lADH ses rcepteurs situs sur la membrane baso- intense, le dgot de leau (qui serait la sensation oppose) en
latrale du canal collecteur rnal (CC) conduit une augmen- situation dhypo-osmolalit est variable et peu sensible. La rgu-
tation de la permabilit de ce segment leau et, compte tenu de lation physiologique fine de losmolalit se fait donc avant tout
lexistence dune concentration osmolaire interstitielle importante par adaptation des sorties aux entres deau, et cest donc le rein
ce niveau, dune rabsorption massive deau. La modulation de qui est, au final, lorgane rgulateur.
Hyponatrmie hypo-osmotique
Osmo U
Cirrhose
[Na U] Syndrome
nphrotique
Insuffisance
cardiaque
leve ( 20 mM) basse ( 20 mM)
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Diagnostic et traitement
dune hyponatrmie 0 60 1 200
1. Diagnostic positif biologique et clinique Normal Osmo U
200 450
La natrmie nest pas une variable rgule, seule losmolalit
lest. Une variation de la natrmie na de retentissement clinique
Situation A
Pouvoir
t2 t1
ou mtabolique que si elle traduit une variation parallle (ou plus de dilution 0 60 1 200
conserv
rarement antiparallle) de losmolalit. Une hyponatrmie vraie
Apports Osmo U
est dfinie par une natrmie infrieure ou gale 135 mmol/L et hydro- 50
une hypo-osmolalit (OsmoP 280 mOsmol/kg dH20). On parle osmotiques
dhyponatrmie hypo-osmolaire. dsquilibrs t
3
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I-11-Q219
Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (2de partie)
la scrtion dADH rpond un stimulus volmique par hypo- Tableau 1 Principales causes de SIADH
volmie efficace, au cours du syndrome nphrotique, de la cirrhose
ou de linsuffisance cardiaque droite ;
Affections pulmonaires
la scrtion dADH ne rpond pas un stimulus volmique. Elle
Tuberculose
est inapproprie losmolarit et la volmie. On parle alors de
Lgionellose
scrtion inapproprie dADH.
Pneumocystose
Le SIADH se dfinit donc comme une hyponatrmie hypo-
Autre infection pulmonaire
osmotique avec osmolarit urinaire non abaisse et volume extra-
cellulaire normal. En outre, il est retenu comme critre suppl- Affections noplasiques
mentaire labsence dargument pour une insuffisance surrnale Cancer bronchique (petites cellules +++)
ou thyrodienne (qui peut stimuler la scrtion dADH de faon Adnocarcinome gastrique, pancratique, prostatique
indpendante de la natrmie ou de la volmie). Lexistence dune Cancer de vessie et ORL
scrtion persistante et inadapte dADH, bien quvoque par Affections du systme nerveux
le nom du syndrome, nest pas obligatoire. Le SIADH saccompagne Tumeurs crbrales
souvent dune hypo-uricmie. Cet lment biologique est dautant Abcs et mningoencphalites
plus discriminant que les hyponatrmies associes une contrac- Accidents vasculaires crbraux
tion volmique saccompagnent souvent dune lvation de luricmie. Sclrose en plaques
Les principales causes de SIADH sont rsumes dans le tableau 1. Polyradiculonvrite (Guillain-Barr)
Dans tous les cas, lhyponatrmie napparat que si la charge
Mdicaments et toxiques
hydrique dpasse les capacits dlimination deau par le rein.
Antidpresseurs (fluoxtine +++ tricycliques)
Cette capacit dlimination de leau est dautant plus importante
Neuroleptiques (halopridol, chlorpropamide)
que la charge osmolaire est elle-mme importante. Il y a ici deux
Opiacs, ecstasy, barbituriques
notions physiopathologiques majeures permettant de comprendre
Analogues de lADH (desmopressine, vasopressine ocytociques)
lhyponatrmie de dilution : 1/ le bilan du sodium et le bilan de Antinoplasiques (cyclophosphamide, vincristine, cisplatine, ifosfamide)
leau sont dissocis mais interdpendants, puisque la capacit Autres (AINS, amiodarone, clofibrate, ciprofloxacine)
dlimination deau libre varie avec la charge osmolaire, 2/ hor-
mis pour la situation A, les autres situations ne sont que des pr- Autres
dispositions lhyponatrmie, par modification du seuil minimal VIH
de dilution, et lhyponatrmie a dautant plus de chances dap- Syndrome dactivation macrophagique
paratre que les apports osmolaires sont faibles et/ou que les
apports hydriques sont levs.
Au total, la dmarche diagnostique mcanistique et tiolo- prise de mdicaments (diurtiques et mdicaments pourvoyeurs
gique dune hyponatrmie hypo-osmotique ncessite de prciser de SIADH en particulier) ;
les lments suivants : antcdents noplasique, endocrinien ou nphrologique ;
apports hydriques et osmolaires (sel) (en milieu hospitalier, cela biologie du plasma : cratininmie, uricmie, kalimie, protidmie ;
comprend ltude du volume et la composition des solutions biologie des urines : osmolalit sur chantillon et osmolalit des
perfuses) ; 24 heures, Na, K, ure, dbit urinaire.
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Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (2de partie)
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Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (2de partie)
[K+]U
Volume Volume
extracellulaire Hypomagnsmie extracellulaire
Anion en excs
sans acide
Bas Normal (pnicilline) Bas Variable
Transfert intracellulaire : il est gnralement li une action Pertes intestinales de K+ : au cours des diarrhes aigus, lhypo-
thrapeutique. Ladministration dinsuline pour corriger une kalimie est associe une acidose mtabolique hyperchlormique
acidoctose, le traitement de la crise aigu dasthme ou la pr- par perte digestive de bicarbonates. Au cours des diarrhes chro-
vention de la menace daccouchement prmatur par les bta- niques (maladie des laxatifs, tumeur endocrine, tumeur villeuse),
mimtiques peuvent entraner une hypokalimie par transfert lhypokalimie profonde et prolonge associe une contraction
de potassium dans les cellules. Lintoxication au baryum (utilis des volumes extracellulaires peut induire une alcalose mtabolique.
en pyrotechnie, mtallurgie) provoque galement une hypoka- Pertes rnales de K+ : dans cette situation, llment dorientation
limie de transfert par inhibition des canaux potassiques sortants. tiologique est lexistence ou non dune hypertension artrielle.
Il peut exceptionnellement tre li la maladie de Westphal ou Une hypertension artrielle voque une modification primitive
paralysie priodique familiale (hypokalimie secondaire lentre des transports de K+ et de Na+ dans le tube distal, par hyperaldo-
excessive de K+ dans les cellules rythme par les repas et lexer- stronisme ou pseudo-hyperaldostronisme. Il sy associe gn-
cice musculaire). Lalcalose respiratoire et mtabolique entrane ralement une alcalose mtabolique. Elle peut correspondre
aussi une hypokalimie de transfert. La responsabilit de lalcalose trois situations :
mtabolique dans la survenue dune hypokalimie doit cependant lhyperaldostronisme primaire (HAIaire) (rnine basse, aldos-
tre interprte avec prudence. Lhypokalimie par elle-mme trone leve) dont les deux principales causes sont ladnome
peut en effet entraner une alcalose mtabolique en augmentant de Conn (non freinable par le test de dcubitus) et lhyperplasie
la rabsorption proximale de bicarbonates. Certaines causes peu- (freinable), et de manire beaucoup plus rare, une forme gn-
vent par ailleurs tre responsables dune hypokalimie et dune tique (HA sensible aux corticodes) ;
alcalose mtabolique par un effet tubulaire et non de transfert lhyperaldostronisme secondaire (HAIIaire) (rnine leve,
(hyperaldostronisme, vomissements). aldostrone leve) une stnose de lartre rnale (SAR), une
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Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (2de partie)
Hyperkalimie
Normal lev
Pseudo-hyperkalimie [K+]U
leve Normale
Insuffisance Pseudo-hypo-
VIH surrnale aldostronisme
Diabte Blocs
AINS enzymatiques
Coxib IEC
Sartan
Aldactone
Amiloride
Bactrim
Gntique
au mieux par cathter central (toxicit veineuse) ; 3/ dbit dad- en respectant les conditions de prlvement suivantes : prl-
ministration ne dpassant pas 1 g/heure (risque darrt cardiaque vement sans garrot, laiguille et sans vide, sur plasma, sans
au-del de cette dose) ; 4/ surveillance lectrique par scope. serrer le poing.
En cas dhypomagnsmie associe (traitement diurtique Les signes dhyperkalimie sont avant tout lectriques (lectro-
de lanse, tubulopathies primitives et toxicit de lamphotricine B cardiogramme). Ce sont, par ordre dapparition avec llvation
ou du cisplatine en particulier), la correction parallle de lhypo- de la kalimie : des troubles de la repolarisation (ondes T poin-
magnsmie est ncessaire lefficacit du traitement substi- tues) au-del de 6 mmol/L, des troubles de conduction (BAV et
tutif potassique. largissement du QRS) au-del de 7 mmol/L, des troubles du
rythme ventriculaire (flutter, fibrillation ventriculaire et arrt
Savoir diagnostiquer et traiter cardiaque).
une hyperkalimie Les signes neuro-musculaires associant paresthsies et troubles
moteurs (paralysie flasque) apparaissent en cas dhyperkalimie
1. Diagnostic positif biologique et clinique majeure.
Lhyperkalimie se dfinit par une valeur suprieure 5 mmol/L.
Une pseudo-hyperkalimie peut tre observe lorsquune hmo- 2. Diagnostic mcaniciste et tiologique (fig. 4)
lyse survient dans le tube de prlvement, au cours des hyper- Lhyperkalimie rpond schmatiquement trois grands
plaquettoses ou dune libration musculaire locale de K+. Devant mcanismes : un excs dapport, un transfert extracellulaire, et
une hyperkalimie, il faut donc, de principe, contrler le dosage un dfaut dexcrtion rnale de K+.
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La capacit du rein excrter la charge potassique est impor- par linsuline (30 units dinsuline daction rapide associ 500 mL
tante, ce qui rend compte du fait que mme lorsquil existe une de G 30 % en 30 min), avec un effet rapide (15 min) et prolong
cause extrarnale lhyperkalimie, il sy associe souvent une pendant plusieurs heures
anomalie de la rponse rnale, et que lhyperkalimie svre et par alcalinisation (HCO3Na 14 ), avec un effet retard (60
menaante est avant tout lapanage de linsuffisance rnale oligo- min) et prolong pendant plusieurs heures. Il a t bien montr
anurique. que ce traitement nest efficace que lorsqu lhyperkalimie sas-
Excs dapport : le rein tant capable dexcrter jusqu' 300 mmol socie une acidose mtabolique,
de K+ par 24 heures, seul un apport important ou survenant dans par les 2-mimtiques en arosol avec un effet retard (90 min)
un contexte dinsuffisance rnale peut entraner une hyper- et prolong. Lutilisation des formes IV est viter compte tenu
kalimie. Lexcs dapport peut tre dorigine alimentaire (agru- de leffet 1 partiel des 2 mimtiques ;
mes, fruits secs, chocolat) ou iatrogne (sels de K+, nutrition llimination nette de potassium de lorganisme :
parentrale). par le rein (diurtiques de lanse), avec un effet retard et pro-
Sortie de K+ de la cellule : les sorties de potassium de la cellule long, mais suspendu la rponse rnale,
peuvent entraner une hyperkalimie dans la mesure o le prin- digestive, par une rsine changeuse dions (extraction dans
cipal mcanisme de protection la charge aigu en K+, lentre lintestin dun ion K+ en change de lentre dun Na+) [polysty-
cellulaire, est supprim. Lensemble des mcanismes favorisant rne sulfonate de sodium ou Kayexalate]. Leffet est retard par
la sortie de potassium de la cellule peut tre associ une hyper- voie orale (plusieurs heures) et plus rapide par lavement (30 min),
kalimie. Cela peut correspondre soit une lyse cellulaire in vivo par puration extrarnale (hmodialyse). Leffet est rapide aprs
(rhabdomyolyse, lyse tumorale spontane ou secondaire la chimio- le dbut de lhmodialyse, mais sa mise en uvre est longue.
thrapie), soit une modification des transports membranaires Compte tenu de limportant arsenal thrapeutique disponible,
(acidose mtabolique; dficit en insuline au cours de lacidoctose il convient de dfinir quelques stratgies dutilisation :
diabtique ; traitement btabloquant). Il existe enfin une forme hyperkalimie svre ( 6,5 mmol/L) ; au cours de linsuffisance
gntique dhyperkalimie de transfert (maladie de Gamstorp). rnale aigu anurique ; ou en prsence de signes lectriques
Dfaut rnal : cela traduit laltration dun ou plusieurs des menaants (trouble de conduction, trouble du rythme) : injection
mcanismes scrtoires du potassium. Lhyperkalimie dorigine de gluconate de calcium, puration extrarnale avec bain pauvre
rnale est dfinie par lassociation dune hyperkalimie et dun en K+, et en attendant la mise en uvre de lhmodialyse, trans-
GTTK infrieur 2, ou dune kaliurse infrieure 20 mmol/j. fert intracellulaire par insuline/glucose, et traitement diurtique
Au cours de linsuffisance rnale chronique, lhyperkalimie intraveineux (furosmide IVSE) en cas de surcharge associe ;
sexplique par la diminution du dbit du fluide tubulaire et de Na+ hyperkalimie aigu modre (5-6,5 mmol/L) non anurique :
dlivr au distal. Le dfaut dexcrtion potassique survient assez injection de gluconate de calcium si troubles lectriques (choix
tardivement (au stade 4 et 5 de linsuffisance rnale chronique), dune mthode de transfert (alcalinisation si acidose mtabolique
mais peut tre favoris par lutilisation dun traitement nphro- associe, insuline/glucose dans les autres cas), consolidation par
protecteur type inhibiteur de lenzyme de conversion (IEC) ou sartan, rsine changeuse dions (Kayexalate) oral et traitement de la cause ;
ou par un hyporninisme (nphropathie diabtique). hyperkalimie de linsuffisance rnale chronique : arrt dun
Au cours de linsuffisance rnale aigu, lhyperkalimie se voit traitement hyperkalimiant (IEC), rgime pauvre en potassium,
avant tout dans les formes oligo-anuriques. Elle doit faire rechercher rsine changeuse dions (Kayexalate) par voie orale, traitement
une cause extrarnale associe (rhabdomyolyse en particulier). diurtique de lanse si surcharge hydrosode ou alcalinisant si
En labsence dinsuffisance rnale, lhyperkalimie traduit une acidose mtabolique (eau de La Salvetat pauvre en sodium pr-
atteinte fonctionnelle du transport du K+ dans le canal collecteur, frer leau de Vichy).
par modification du contrle hormonal avant tout. Le tableau est
celui dune acidose hyperchlormique et hyperkalimique par Les auteurs dclarent navoir aucun conflit dintrts
R Q 219
dfaut de scrtion dH+ et de K+. Elle correspond lacidose concernant les donnes publies dans cet article.
tubulaire distale de type 4 dont lensemble des causes est repris
dans la question acidose mtabolique.
DJ TRAIT : 1re partie : Rev Prat 2008 ; 58 [12] : 1363-72
3. Prise en charge thrapeutique
En dehors du traitement tiologique, mettre en uvre sys- Pour en savoir plus
tmatiquement, la prise en charge de lhyperkalimie repose sur Hyponatrmies, pour une attitude logique : la balance
trois types de traitement : de la tonicit
le calcium (1 ampoule de gluconate de Ca 10 % en IV lent) qui, Malli JP, Halperin ML, Bichet DG
en augmentant la valeur seuil de dclenchement du potentiel (Nephrologie 1998;19[8]:469-80)
daction, diminue le risque lectrique associ lhyperkalimie, Hypokalemia-consequences, causes, and correction
Weiner ID, Wingo CS
sans modifier la valeur de kalimie ; (J Am Soc Nephrol, 1997 Jul;8[7]:1179-88).
le transfert intracellulaire du potassium, qui peut tre obtenu :
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I-11-Q219
Troubles de lquilibre acido-basique et dsordres hydro-lectrolytiques (2de partie)
2 Toxicit de lamphotricine B.
3 Prise de diurtique de lanse.
4 Syndrome de Liddle.
Rponses : A : 1, 3, 5 / B : F, V, V, F, V.
5 Maladie des laxatifs.
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I-00-Q000
II-Q233
Diabte sucr
de type 1 de lenfant et de ladulte. Diabte sucr
de type 2 de ladulte. Complications du diabte
3e partie Complications du diabte
P r Louis Monnier, D r Jean-Franois Thuan
Service des maladies mtaboliques, Hpital Lapeyronie, 34295 Montpellier Cedex 5
[email protected]
Objectifs
Diagnostiquer un diabte chez lenfant et chez ladulte.
L
es complications dgnratives chro-
niques et les complications aigus font la Identifier les situations durgence et planifier leur prise en charge.
svrit des diabtes de type 1 et de type 2.
Argumenter lattitude thrapeutique et planifier le suivi du patient.
Les complications chroniques sont pour la plu-
part cardiovasculaires, touchant soit les Dcrire les principes de la prise en charge au long cours.
capillaires (micro-angiopathie), soit les artres
(macro-angiopathie). Les complications dg-
nratives chroniques peuvent toucher dautres territoires que Les complications aigus, comme la cto-acidose et les hypo-
les vaisseaux, par exemple le systme nerveux priphrique glycmies, sont surtout observes dans le diabte de type 1. Les
(neuropathie diabtique). Les complications chroniques ont un cto-acidoses rsultent dune insulinopnie svre qui nest ren-
dnominateur commun : la dysglycmie du diabtique avec contre que dans le diabte de type 1. Les hypoglycmies sont le
ses deux composantes qui sont lintensit et la dure de lhyper- plus souvent lies un traitement insulinique inadapt. Toutefois,
glycmie chronique que lon regroupe sous le terme d exposi- des hypoglycmies, bien que moins frquentes, peuvent survenir
tion lhyperglycmie . Cette dysglycmie joue un rle chez les diabtiques de type 2 traits par insuline ou par des anti-
majeur dans les complications microvasculaires dont les deux diabtiques oraux quand ils agissent en stimulant linsulinoscr-
localisations prfrentielles, mais non exclusives, sont la rtine tion : sulfonylures et glinides. Les deux autres complications aigus
et le glomrule rnal. Les complications macro-angiopathiques (comas hyperosmolaires et acidoses lactiques) sont lapanage des
sont galement lies la dysglycmie mais dautres facteurs diabtes de type 2. Le coma hyperosmolaire survient chez les dia-
se surajoutent : les altrations lipidiques plasmatiques ( dysli- btiques gs ayant une altration des fonctions rnales et une
pidmie du diabtique), lhypertension artrielle et les troubles insulinopnie relative souvent rvle au cours dun pisode inter-
de lhmostase. Toutes ces perturbations sont, en partie, dpen- current. Les acidoses lactiques sont lies la prise dun biguanide
dantes de lintensit du dsquilibre glycmique et de ltat din- chez un patient diabtique de type 2 pour lequel les contre-indi-
sulino-rsistance qui est constamment observ dans le diabte cations du mdicament nont pas t respectes : insuffisance
de type 2. Lge venant se greffer sur ces facteurs, on dit classi- rnale, insuffisance hpatique, tat dhypoxie chronique.
quement que le diabte de type 2 est plus expos aux compli- Au terme de cette introduction, il apparat que les complications,
cations macro-angiopathiques quaux complications micro-angio- quelles soient chroniques ou aigus, relvent de mcanismes
pathiques. linverse, cest la micro-angiopathie qui caractriserait complexes et intriqus. Dans ces conditions, il est impossible, sauf
le diabte de type 1. Cette distinction est en grande partie arbitraire, exception, dtablir une correspondance du type telle varit
car un diabtique de type 1 est expos aux complications macro- de complication = telle cause spcifique = tel type de diabte .
angiopathiques quand il prend de lge et le diabtique de type 2 Pour clarifier les choses, les interactions entre complications,
risque de dvelopper des complications micro-angiopathiques si facteur causal prpondrant et type de diabte sont rsumes
son quilibre glycmique reste trop longtemps perturb. dans le tableau 1.
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II-Q233
Complications du diabte
COMPLICATIONS CHRONIQUES
Complications vasculaires Vaisseau normal Vaisseau diabtique
1. La micro-angiopathie
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thromboses des capillaires anormaux dont la lumire est rtr- secondaires locclusion plus ou moins tendue des capillaires
cie et dont le tapis endothlial est dsorganis. Les consquen- rtiniens, voire des artrioles rtiniennes. Sa forme la plus svre
ces sont d'une part rtiniennes avec la prsence de territoires est la maculopathie ischmique par occlusion tendue des
ischmiques qui font le lit de la rtinopathie prolifrante et d'autre capillaires maculaires. Le danger des zones dischmie rside
part glomrulaires avec la prsence docclusions vasculaires et dans le fait quelles font le lit de la prolifration des novaisseaux,
disparition progressive des glomrules rnaux. car elles synthtisent des facteurs de croissance angiogniques,
Physiopathologie des lsions micro-angiopathiques : la plupart des le principal dentre eux tant le vascular endothelial cell growth
dommages rsultent directement ou indirectement de lhyper- factor (VEGF). Dautres techniques dexploration ont t dve-
glycmie (v. encadr 1). loppes mais elles ne sont pas dutilisation courante. Il sagit de
La rtinopathie diabtique est une complication frquente du lchographie et de la tomographie en cohrence optique.
diabte. Sa prvalence est de lordre de 50 % aprs 15 ans dvo- Il existe 2 classifications de la rtinopathie diabtique : la Classi-
lution du diabte. Elle dpasse 75 % quand lanciennet du diabte fication internationale (2003) propose par lAmerican Academy
est suprieure 20 ans. Le risque dapparition ou de progression de of Ophthalmology (5 stades sont individualiss pour la rtino-
la rtinopathie augmente avec le niveau de lhyperglycmie valu pathie avec une classification parallle pour la maculopathie dia-
par lHbA1c et la dure du diabte. Ce fait a t bien dmontr par btique qui peut tre associe nimporte quel stade de la rtino-
2 tudes : ltude du DCCT (dans le diabte de type 1) et ltude pathie diabtique [tableau 2]) et la Classification franaise (ALFEDIAM)
de lUKPDS (dans le diabte de type 2). [tableau 3] qui est trs voisine de la Classification internationale.
Lexamen biomicroscopique du fond dil aprs dilatation Le traitement mdical est bas sur le bon contrle de la glycmie
pupillaire permet didentifier les lsions suivantes (v. encadr 2). et de la pression artrielle qui sont les lments fondamentaux
Cet examen doit tre ralis tous les ans dans le cadre du suivi pour viter la progression dune rtinopathie diabtique (tude du
rgulier de la maladie. Il peut tre ralis plus frquemment en DCCT pour le diabte de type 1 et UKPDS pour le diabte de type 2).
cas de lsions volutives. Le traitement par laser peut prendre plusieurs formes :
Toutes ces anomalies peuvent tre prcises par langiogra- la photocoagulation panrtinienne consiste coaguler toute la
phie la fluorescine. Cette exploration est particulirement indi- surface rtinienne comprise entre larc des vaisseaux temporaux
que pour mettre en vidence les zones dischmie rtiniennes et lquateur. Elle est indique dans toutes les rtinopathies
dAmadori (cto-amine) qui est un compos loppe par M. Brownlee est base sur le fait tion des cellules murales par effet
beaucoup plus stable. que sous leffet de lhyperglycmie, une dhyperosmolarit. En effet, cest laldose
3e tape : longue, au cours de laquelle il partie du glucose pntre passivement lin- rductase de ces cellules qui transforme le
y a dshydratation lente et irrversible du trieur des cellules sous linuence dune glucose en sorbitol et au-del en fructose.
produit dAmadori, elle est suivie dun rar- simple diffrence de gradient entre la concen- Dans la mesure o les cellules murales par-
rangement molculaire qui conduit des tration en glucose extra- et intracellulaire. ticipent la rsorption de lexcs des glyco-
structures irrversibles appeles produits ter- Lexcs de glucose qui a pntr dans les cel- protines produites au niveau des membra-
minaux de la glycation ou produits de gly- lules est soumis laction dltre de radicaux nes basales sous leffet de la glycation non
cation avance. Ces produits sont capables libres tels que lanion superoxyde pour activer enzymatique, on comprend que la destruction
de former des ponts avec une protine voisine 4 voies mtaboliques qui sont impliques de ces cellules contribue aggraver lvolution
pour donner des liaisons croises entre cha- dans les dommages vasculaires induits par progressive vers un paississement inexorable
nes protines. Ces phnomnes conduisent lhyperglycmie : des membranes basales.
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II-Q233
Complications du diabte
prolifrantes. Elle peut, dans certains cas, tre indique dans les Tableau 1 Correspondance entre
rtinopathies prprolifrantes, en particulier quand il y a un risque complications, type de diabte
daggravation rapide : pubert, adolescence, grossesse, quili-
bration rapide de la glycmie ;
et facteur causal prpondrant
la photocoagulation focale est indique sur les lsions micro-
COMPLICATIONS FACTEUR CAUSAL FRQUENCE
vasculaires responsables dexsudation ; PRPONDRANT
la photocoagulation en grille est indique sur ldme macu-
laire diffus. Chroniques
Microvasculaires Exposition Surtout diabte
Le traitement chirurgical (vitrectomie) est utilis dans les lhyperglycmie de type 1
hmorragies intravitrennes, les dcollements de rtine par trac- (dure + intensit)
tion, les dcollements mixtes associant dchirures de la rtine
et traction. Macrovasculaires Exposition Surtout diabte
lhyperglycmie de type 2
Les traitements alternatifs sont les injections intravitrennes + autres facteurs
de corticodes sur les dmes maculaires rfractaires et les (ge, dyslipidmies,
injections intravitrennes danti-VEGF. HTA, troubles de
La nphropathie diabtique touche surtout les diabtiques de
lhmostase)
type 1 : 50 % en sont atteints. Son pic dincidence se situe entre Aigus
15 et 25 ans aprs le dbut du diabte. Au-del, lincidence dcrot Cto-acidose Insulinopnie Surtout diabte
et lon peut considrer quun diabtique de type 1, qui a fran- de type 1
Hypoglycmies Excs dinsuline Surtout diabte
chi sans encombre le cap de la 25e anne, a peu de risques de de type 1
dvelopper une nphropathie. Les grands facteurs dapparition et Coma Insulinopnie Surtout diabte
de progression de la nphropathie sont les mauvais contrles hyperosmolaire relative + altration de type 2
glycmiques et tensionnels. des fonctions rnales
Acidose lactique Traitement Diabte de type 2
La nphropathie volue en plusieurs tapes (fig. 2). Au cours par biguanides chez
des premires annes, il ny a aucun signe de nphropathie ni cli- linsuffisant rnal,
nique, ni biologique, la pression artrielle est normale (< 130/80 hpatique ou le sujet
en tat dhypoxie
mmHg), la micro-albuminurie est normale (< 30 mg/24 h ou < 30
mg/g de cratinine), la filtration glomrulaire value partir de
la clairance de la cratinine est soit normale (120 mL/mn), soit au niveau des glomrules et biochimiques au niveau de la mem-
augmente si le diabte nest pas correctement quilibr. brane basale des glomrules.
Le stade de la nphropathie incipiens survient au bout de Au stade de la nphropathie patente macro-albuminurique,
quelques annes. Il est caractris par une micro-albuminurie le sujet devient symptomatique : hypertension artrielle, syn-
anormale comprise entre 30 mg/24 h et 299 mg/24 h (ou entre drome dmateux avec volution progressive vers une insuffi-
30 mg et 299 mg/g de cratinine). La pression artrielle et la fil- sance rnale. Si rien nest fait (mauvais contrle des glycmies
tration glomrulaire sont normales. La prsence dune micro- et de la pression artrielle), la filtration glomrulaire diminue de
albuminurie anormale traduit la prsence de lsions anatomiques 1,2 mL/mn/mois.
2 / LSIONS RTINIENNES
Les micro-anvrysmes rtiniens. barrire hmatortinienne interne, non Les anomalies vasculaires intrarti-
compense par les mcanismes de rab- niennes (AMIR) ou novaisseaux intra-
Les hmorragies rtiniennes punctiformes,
sorbtion au niveau des capillaires macu- rtiniens.
en ammches ou en taches : elles
laires. Ldme maculaire peut tre loca-
traduisent une rupture vasculaire dun Les novaisseaux prrtiniens et prpa-
lis ou diffus. Dans ce dernier cas il peut
capillaire rtinien ou dun micro-anvrysme. pillaires correspondent des prolifra-
tre non cystode ou organis en logettes
tions novasculaires la surface de la
Les signes de diffusion lis un passage cystodes. Ldme maculaire menace la
rtine (prrtiniens) ou de la papille (pr-
anormal de constituants plasmatiques. Ils vision, car 90 % de la capacit visuelle est
papillaires). Ils apparaissent en rponse
sont matrialiss par ldme rtinien et concentre dans la macula.
lischmie rtinienne. Ces novaisseaux
les exsudats.
Les nodules cotonneux encore appels sont fragiles. Ils peuvent se rompre et
Ldme maculaire est une accumulation nodules dysoriques ou exsudats mous : conduire des hmorragies prrtiniennes
de liquide extracellulaire dans la rtine lsions blanches supercielles et de petite ou intrartinennes.
maculaire. Il rsulte dune rupture de la taille qui traduisent une ischmie focale.
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II-Q233
Complications du diabte
La restnose aprs angioplastie est plus importante chez les Tableau 2 Classication de la rtinopathie
diabtiques. et de la maculopathie diabtique
La comparaison angioplastie versus pontage semble montrer (classication internationale propose en 2003
que le pontage donne de meilleurs rsultats que langioplastie
par l'American Academy of Ophthalmology)
chez les coronariens multitronculaires.
Latteinte des troncs artriels supra-aortiques : latteinte des
RTINOPATHIE MACULOPATHIE
gros troncs vasculaires extracrniens est responsable de la plupart
des accidents vasculaires crbraux comme dans la population Pas de rtinopathie dme maculaire minime
non diabtique. Toutefois, latteinte des vaisseaux intracrniens Rtinopathie non prolifrante dme maculaire modr
est plus frquente chez le diabtique que chez le non-diabtique, minime dme maculaire svre
expliquant la survenue daccidents vasculaires crbraux dont modre
la taille est limite (moins de 15 mm de diamtre). Ils se traduisent svre
par des lacunes avec les mthodes dexploration habituellement Rtinopathie prolifrante
utilises : scanner, IRM de diffusion et de perfusion, chodoppler
continu et artriographie en dernire intention.
Lartriopathie des membres infrieurs : les lsions sont tages car la chirurgie de revascularisation est moins efficace que chez
tout le long de larbre artriel mais elles prdominent au niveau les sujets non diabtiques.
distal, ce qui explique que lartriopathie du diabtique conduise Principes thrapeutiques : le traitement prventif primaire ou
frquemment des ncroses distales plus ou moins tendues. secondaire de la macro-angiopathie, pour viter son installation
En raison de la neuropathie qui est frquemment associe ou sa progression, passe par 4 mesures fondamentales :
lartriopathie, le patient souffre peu ou pas. quilibrer au mieux du diabte en essayant de ramener lHbA1c
L'volution de l'artriopathie passe habituellement par 4 tapes en-dessous de 7 % (recommandations amricaines de lADA) ou,
(classification de Leriche) : stade 1 : pas de symptme ; stade 2 : mieux, en-dessous de 6,5 % (recommandations franaises de la
claudication intermittente ; stade 3 : douleur de dcubitus ; stade 4 : HAS ou recommandations internationales de lIDF) ;
lsions trophiques avec ncrose. traiter les dsordres lipidiques en ramenant les triglycrides
Chez le patient diabtique, les stades 2 et 3 sont souvent en-dessous de 1,5 g/L et le LDL cholestrol en-dessous de 1 g/L.
court-circuits, car non symptomatiques. Cest pour cette raison Les mesures hygino-dittiques sont capitales pour atteindre
quune ncrose distale peut survenir en labsence de sympto- des taux de triglycrides infrieurs 1,5 g/L. Lobtention dun LDL
matologie prmonitoire. En raison du caractre distal des lsions cholestrol < 1 g/L est souvent conditionne par un traitement mdi-
artrielles, la survenue dune gangrne distale (de orteil ou de camenteux hypolipidmiant, le plus souvent par la prescription
lavant-pied) conduit souvent une chirurgie non conservatrice, de statines ;
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30
Autres complications chroniques
1. Neuropathie du diabtique Dbut de Mauvais Macroalbuminurie Annes de diabte
diabte quilibre permanente
Cest la complication la plus frquente et la plus prcoce du
Figure 2 Les grandes tapes de l'volution clinique
diabte sucr. Elle touche surtout les nerfs priphriques o sa
de la nphropathie du diabtique.
manifestation la plus commune est la polynvrite.
Les lsions anatomiques sont caractrises par une dmylisa-
tion segmentaire des axones et une atteinte des cellules de superficielles peuvent tre altres, les troubles moteurs sont
Schwann avec dpts lipidiques. exceptionnels et tardifs. Sur le plan lectrophysiologique, les altra-
Physiopathologie : deux thories sont actuellement avances. tions sont dabord sensitives puis motrices.
La thorie vasculaire voque une atteinte des vasa nervorum, Les troubles trophiques compliquent la polynvrite diabtique
la thorie mtabolique suspecte que les cellules de Schwann et sont en gnral tardifs. Ils peuvent revtir 2 aspects :
sont altres par laccumulation de sorbitol et de fructose syn- le mal perforant plantaire : il sagit dune ulcration cutane
thtis partir du glucose par la voie de laldose rductase. Les qui survient en gnral au niveau des points de pression de la
cellules de Schwann jouent le rle de pricytes au niveau des plante du pied. Dans prs de 50 % des cas, la lsion sige en
prolongations axonales des neurones. Comme les pricytes, regard de la tte du premier mtatarsien. Les bords de la plaie
elles sont quipes en aldose rductase, leur dterioration est sont atones mais nets. La lsion est en gnral indolore en rai-
responsable de phnomnes de dmylinisation segmentaire. son de la neuropathie. Le mal perforant plantaire a tendance
Les mononvrites et multinvrites sont assez frquentes. Lat- rcidiver si les troubles de la statique du pied ne sont pas corri-
teinte motrice est prcde de douleurs musculaires intenses. Elle gs. Les pressions anormales, les frottements anormaux dans
est suivie dune amyotrophie dans le territoire concern. Latteinte des chaussures inadaptes doivent tre vits et corrigs ;
sensitive est caractrise par des douleurs intenses souvent noc-
turnes dans le territoire cutan correspondant. Sur le plan objectif,
on note une hyperesthsie cutane du territoire concern et une Tableau 3 Classication de la rtinopathie
anesthsie la piqre et la chaleur. Les territoires touchs sont et de la maculopathie diabtique
les suivants : atteinte du nerf fmoro-cutan (mralgie du diab-
(classication franaise de l'ALFEDIAM)
tique) et surtout du crural (cruralgie). Les atteintes des nerfs des
membres suprieurs sont possibles mais exceptionnelles. Les attein-
}
tes des nerfs crniens sont inclure dans ce cadre avec, par ordre Pas de rtinopathie
dcroissant de frquence, le III, le VI et le IV. Latteinte du nerf facial Rtinopathie non prolifrante
est plus frquente chez le diabtique que chez le non-diabtique. minime
R Q 233
Lvolution est caractrise, mais pas toujours, par une amliora- modre
tion ou une disparition des symptmes sur une priode de plusieurs svre (ou prprolifrante)
semaines. Rtinopathie prolifrante MACULOPATHIE
La polynvrite du diabtique est beaucoup plus frquente que minime DIABTIQUE
modre
les mono- ou multinvrites. Latteinte est bilatrale et sym- svre
trique, distale au dpart, pour remonter progressivement vers complique
la partie proximale des membres. Elle porte presque exclusive- Maculopathie diabtique
ment sur les nerfs des membres infrieurs. Elle dbute par des maculopathie dmateuse
paresthsies et des dysesthsies prdominance nocturne. Au dme maculaire localis entour dexsudats
bout de quelques annes, la symptomatologie peut devenir dme maculaire diffus de la rgion centrale
(cystode ou non cystode)
douloureuse avec des douleurs exacerbation nocturne qui maculopathie ischmique
cdent en gnral au cours de lexercice physique. Larflexie
osto-tendineuse est frquente, les sensibilits profondes et
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II-Q233
Complications du diabte
Hyperglycmie + ++ +++
Dure du diabte + ++ +++
Hypertension ++
Hypercholestrolmie ++ + +
Baisse du HDL cholestrol +++ ++
Hypertriglycridmie +++ ++
losto-arthropathie du diabtique : elle succde en gnral Infections dentaires : abcs dentaires, pyorrhe alvolo-dentaire.
un mal perforant plantaire dont les lsions ont pris un caractre Infections urinaires : elles sont frquentes, parfois symptoma-
trbrant avec une surinfection locale. Le foyer infectieux et tiques (polynphrite aigu, ou subaigu se traduisant par une fivre
ostolytique saccompagne dune destruction articulaire et tranante), souvent asymptomatiques. Dans tous les cas de figure,
osseuse qui se situe en gnral au niveau des articulations mta- elles doivent tre traites, car elles dsquilibrent le diabte.
tarso-phalangiennes. La destruction se poursuit jusqu ce que
linfection ait disparu et jusqu ce que le squestre osseux ait 3. Autres complications chroniques
t totalement limin par le trajet fistuleux qui assure la com- La cardiomyopathie du diabtique est caractrise par un
munication entre le foyer profond et lextrieur. La gurison sac- remodelage ventriculaire dont les mcanismes sont multiples et
compagne dun remaniement osto-articulaire avec dforma- intriqus : mcanique avec dformation des cellules myocar-
tion du pied : raccourcissement antrio-postrieur, effondrement diques, ischmique avec apoptose des cellules myocardiques et
de la vote plantaire. biochimique avec hypertrophie du collagne interstitiel par gly-
Les atteintes vgtatives comprennent : cation excessive.
les manifestations vasomotrices et sudorales : hypotension La cardiopathie du diabtique comporte plusieurs stades :
orthostatique, syndrome de dnervation cardiaque avec tachy- stade prclinique : il est reconnu par des explorations non inva-
cardie sinusale et disparition de larythmie physiologique respi- sives. ce stade il existe un dysfonctionnement ventriculaire,
ratoire, atteinte sudorale avec anhydrose plantaire, disparition asymptomatique, caractris par des altrations des indices sys-
des ractions pilomotrices ; toliques du ventricule gauche avec en particulier une diminution
les manifestations gnito-urinaires : atteinte gnitale (jacu- de la fraction d'jection ventriculaire. L'chocardiographie est
lation rtrograde et dficit gnsique), atteinte vsicale (atonie une investigation importante ce stade.
de la paroi vsicale avec mictions espaces, laborieuses, pro- stade clinique : il est caractris par une hypertrophie ventri-
longes, avec jet faible) ; culaire gauche qui finit par conduire une insuffisance cardiaque.
les manifestations digestives : gastroparsie du diabtique, diarrhe Le traitement dpend du stade :
du diabtique, motrice, intermittente prdominance nocturne. chez les sujets dont le risque est de dvelopper une insuffi-
Prise en charge de la neuropathie du diabtique : sa prvention sance cardiaque mais qui n'ont pas d'anomalie apparente, le
passe par le bon contrle de lquilibre diabtique. traitement consiste administrer des inhibiteurs de l'enzyme
Lorsque la neuropathie est installe, les signes sont plus incom- de conversion (IEC) ou des antagonistes des rcepteurs de l'angio-
modants et sont les plus douloureux. ce stade ce sont les trai- tensine 2.
tements symptomatiques qui sont utiliss : analgsiques, anti- chez les sujets qui ont des modifications structurelles du cur,
convulsivants, antidpresseurs, benzodiazpines. l'objectif du traitement est de ralentir la progression de l'insuf-
fisance cardiaque. Les mesures dittiques (rgimes hypocalo-
2. Complications infectieuses riques et hyposods) doivent tre mticuleusement respectes.
Elles sont favorises par lhyperglycmie. Les traitements pharmacologiques sont constitus par les inhi-
Infections cutanes : ce sont les staphylococcies donnant des biteurs de l'enzyme de conversion, les antagonistes de l'angio-
furoncles, les surinfections des lsions trophiques des pieds, les tensine 2, les btabloquants, les diurtiques. ce stade, certains
mycoses cutanes ou portant sur les muqueuses buccales ou mdicaments doivent tre proscrits : anti-inflammatoires non
gnitales. strodiens et glitazones.
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II-Q233
Complications du diabte
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veillance clinique doit tre horaire (conscience, frquence respira- fisance hpatique grave au cours dune hpatite aigu, dune
toire, pouls, tension artrielle, diurse, ctonurie et glycmie capillaire) cirrhose au stade terminal ou dun foie de choc.
et la surveillance biologique toutes les 4 heures. Enfin, il faut raliser Acidose lactique lie la prise de metformine : elle est rare, car
les soins de nursing habituels toute ranimation gnrale. la metformine n'entrane qu'une hyperproduction minime de lac-
tates par lintestin et qu'une inhibition modre de la nogluco-
6. Complications gense hpatique et rnale (effet anti-diabtique recherch).
Lies au coma hyperosmolaire, ce sont : Lacidose lactique toxique napparat qu'en prsence de facteurs
le collapsus cardiovasculaire avec oligo-anurie par ncrose favorisants : insuffisance rnale, insuffisance hpatique, hypo-
tubulaire aigu ; xie, dcompensation aigu ou subaigu d'une insuffisance rnale.
les infections qui sont favorises par la dshydratation Pour cette raison, les rgles de prescription des biguanides doi-
(pneumopathie, infections urinaires) ; vent tre strictement respectes. Pour prouver limputabilit de
les complications thromboemboliques. la metformine, il est essentiel en cas dacidose lactique de doser
Lies au traitement : ce sont les mmes que pour la cto-acidose. la metforminmie.
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II-Q233
Complications du diabte
symptmes neurovgtatifs lis la stimulation du systme nerveux Diabte sucr de type 1 de lenfant et de ladulte .
Rev Prat 2007;57[1]:71-8.
autonome (sueurs, pleur des extrmits, tachycardie, palpitations, 2e partie :
nauses et vomissements) qui apparaissent en-dessous dun seuil Diabte sucr de type 2 de ladulte .
Rev Prat 2007;57[5]:531-6.
glycmique de 0,60 g/L. Ensuite, partir dun seuil < 0,50 g/L se
rvlent des symptmes neuroglycopniques lis la souf-
france du systme nerveux central : sensation de malaise avec Pour en savoir plus
asthnie, troubles de la concentration, troubles visuels, troubles Trait de diabtologie Complications du diabte
psychiatriques et neurologiques. Enfin, le coma hypoglycmique Coord. Andr Grimaldi Monographie
dinstallation relativement brutale, prcd ou non de symptmes Paris : Mdecine-Sciences, (Rev Prat 2007;57:
Flammarion paratre)
annonciateurs, associe un coma de profondeur variable avec des
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I-00-Q000
II-Q233
Diabte sucr
de type 1 de lenfant et de ladulte. Diabte sucr
de type 2 de ladulte. Complications du diabte
1re partie Diabte sucr de type 1 de lenfant et de ladulte
D r Sophie Reffet, Pr Charles Thivolet
Service endocrinologie-diabte-nutrition, hpital douard-Herriot, CHU, 69437 Lyon Cedex 03
[email protected]
Objectifs
Diagnostiquer un diabte chez lenfant et chez ladulte.
GNRALITS
Identifier les situations durgence et planifier leur prise en charge.
Le diabte de type 1 (autrefois diabte insulino-
Argumenter lattitude thrapeutique et planifier le suivi du patient.
dpendant) rsulte dune destruction des cel-
lules bta des lots de Langerhans du pancras, Dcrire les principes de la prise en charge au long cours.
responsable dune carence en insuline.
Cette forme de diabte concerne 1 diab-
tique sur 5. La prvalence en France est de 200 000 sujets, et des symptmes voquant une carence en insuline (= syndrome
lincidence est de 10 cas pour 105 habitants/an avant lge de 15 ans. cardinal) : perte de poids avec apptit conserv, syndrome poly-
Il touche principalement lenfant et ladulte jeune avant 35 ans uro-polydypsique brutal ;
(sex-ratio = 1). un tableau clinique et biologique de ctose avec la prsence
Il ncessite habituellement le recours linsuline demble. de sucre et dactone dans les urines ou ctonmie augmente.
La gravit de cette forme de diabte sexplique par : La recherche de marqueurs immunologiques (anticorps) est
la dure dexposition lhyperglycmie souvent associe des utile mais non ncessaire au diagnostic et la mise en route du
complications touchant les petits vaisseaux (rtine, glomrule traitement par insuline.
rnal, nerfs priphriques) ;
le risque dhypoglycmie svre plus frquent au cours des
traitements intensifis ; PHYSIOPATHOLOGIE
les problmes lis lobservance, du fait des contraintes di- La destruction des cellules bta rsulte le plus souvent (> 95 %)
ttiques, des injections multiples et de lautosurveillance glyc- dun mcanisme auto-immun sur un terrain gntique favorisant.
mique. Il existe des formes idiopathiques anticorps ngatifs regrou-
pant le diabte du sujet noir originaire de lAfrique quatoriale
et le diabte MODY 3.
DFINITION En faveur de la nature auto-immune, on retient :
Le diabte sucr se dfinit par une glycmie jeun sur sang veineux la prsence dautoanticorps dans le srum des patients : cyto-
suprieure 1,26 g/L 2 reprises ou par une glycmie nimporte plasmiques comme linsuline ou le glutamate dcarboxylase
quel moment de la journe > 2 g/L. (GAD65), membranaires comme IA-2 (islet antigen 2 ou tyrosine
Affirmer un diabte de type 1 repose sur : phosphatase) ;
lge jeune ; la prsence dun infiltrat lympho-monocytaire dans les lots des
labsence dobsit ; patients, ou insulite ;
le dbut rapide ou explosif des symptmes (en quelques semaines la rcidive prcoce du diabte aprs greffe dun hmipancras
seulement) ; entre jumeaux monozygotes discordants pour le diabte ;
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II-Q233
Diabte sucr de type 1 de lenfant et de ladulte
lamlioration de la fonction des cellules bta au cours des La recherche dune ctose est imprative ce stade, soit par
traitements immuno-suppresseurs ; la prsence dactone dans les urines (Ktodiastix, Ktodiabur
les modles animaux de diabte auto-immun o il est possible 5 000), soit par llvation de la ctonmie sur sang capillaire
de transfrer la maladie des animaux sains par linjection de (bandelettes ctone Abbott).
lymphocytes T provenant danimaux diabtiques ; Le diagnostic de diabte 1 impose un traitement dinsuline
la frquence des maladies auto-immunes associes. demble.
En faveur du terrain gntique prdisposant, on retient :
limportance des associations avec le systme HLA : frquence Autres tableaux de prsentation clinique
des haplotypes DR3-DQB1*0201 et DR4-DQB1*0302 ;
le risque augment dans les fratries en fonction de lidentit
1. Ctoacidose
HLA : < 1 % chez les sujets HLA-diffrents et 15 % en cas dHLA- Cest souvent la manifestation inaugurale, notamment chez
identit. lenfant. Elle est favorise par un pisode infectieux aigu et/ou
En faveur de lenvironnement, on retient : un retard de prise en charge. Les formes svres dacidoses
le gradient Nord-Sud dincidence entre 0 et 15 ans (50 cas/105/an (pH < 7,1) sont associes un coma. Cette situation ncessite un
en Finlande et 10 cas/105/an en France) ; traitement durgence en milieu hospitalier.
laugmentation de lincidence depuis 20 ans ;
le taux de concordance du diabte de type 1 entre jumeaux 2. Diabte type 1 lent ou LADA
monozygotes de lordre de 40 % ; Le dbut est tardif et progressif comme le type 2. Les anti-
des facteurs suspects mais non prouvs : infections virales corps anti-GAD65 positifs. Linsulinodpendance sinstalle aprs
Cocksakie, modifications dans limmunit muqueuse de lintestin 5 10 ans.
par les modifications des stratgies vaccinales, lhygine alimen- En fait, 10 % des types 2 sont des LADA.
taire ou les protines du lait de vache.
La destruction des cellules bta est : 3. Diabte du sujet noir dorigine africaine
progressive et prcoce au cours dune longue phase asympto- subsaharienne (bush diabetes)
matique appele prdiabte o la glycmie jeun est normale Le dbut est ctosique ncessitant un traitement dinsuline.
et o seuls les tests immunologiques sont positifs ; Lvolution se fait vers linsulino-indpendance mais avec un
corrle chez des sujets gntiquement risque (apparents puisement des rserves pancratiques qui survient rapidement.
du 1er degr) avec le nombre dautoanticorps positifs (80 % de Les anticorps anti-GAD65 et IA2 sont ngatifs.
risque de diabte dans les 10 ans si prsence initiale des anti-
corps anti-insuline, anti-GAD65 et anti-IA2) ; 4. Diabte MODY 3
quantifiable avec la perturbation des tests mtaboliques La carence en insuline ncessite de recourir linsulinoth-
comme la rduction de linsulinmie au cours de lhyperglyc- rapie. Lhistoire familiale voquant une transmission sur le mode
mie provoque par voie intraveineuse ; autosomique dominant implique une recherche gntique pour
aggrave par lhyperglycmie (glucotoxicit). la mutation du gne HNF1
5. Femme enceinte
V. question Q17.
DIAGNOSTIC
Tableau typique chez un enfant
ou un adulte jeune QUEST-CE QUI PEUT TOMBER
LEXAMEN ?
Les manifestations sinstallent habituellement sur un mode
aigu. La carence en insuline provoque lapparition dune hyper- De nombreux dossiers sont possibles du fait
glycmie, et dans les formes svres une ctoacidose. du caractre transversal du diabte.
On note :
une polyurie ; Dcompensation acidoctosique chez un diabtique
un amaigrissement ; de type 1 connu (infection, arrt insuline) : protocole de
une asthnie inhabituelle ; prise en charge, gestion de lobservance, dune infection
des douleurs abdominales ; Diabtique de type 1 compliqu (gestion dune compli-
des troubles visuels (anomalies de rfraction) ; cation rtinienne, dune anomalie rnale) : prise en charge,
des modifications du caractre. objectifs dquilibre, modalits de suivi
Suspect par la prsence dune glycosurie, la confirmation du
diagnostic repose sur la constatation dune hyperglycmie (en Femme enceinte diabtique : prise en charge, suivi
gnral > 3 g/L).
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volution
1. Phase de rmission partielle ou totale
POINTS FORTS
retenir
Elle survient dans prs de 25 % des cas et est favorise par Le diabte 1 est une maladie chronique touchant
linsulinothrapie intensive et prcoce (leve de la glucotoxicit). des sujets jeunes.
La rechute est inluctable en quelques semaines quelque Le traitement dinsuline doit tre intensif et adapt
mois (dure moyenne 8 mois). avec lutilisation frquente des glycmies capillaires.
On constate pendant cette phase une rduction des besoins
La prvention des complications ncessite un bon contrle
en insuline, qui peut tre arrte transitoirement.
glycmique dfini par un chiffre moyen dHbA1c 7 %.
2. volution ultrieure Un bilan la recherche danomalies prcoce (fond dil,
microalbuminurie) doit tre trs rgulier pour mettre en
On distingue ensuite 2 phases de diabte de type 1 :
place un traitement prcoce.
peptide C positif (insulinoscrtion rsiduelle) pendant les 5 pre-
mires annes : faibles besoins en insuline et quilibre facile ; Laltration de la vision traduit un stade avanc de
peptide C ngatif : quilibre glycmique difficile avec plus grande rtinopathie.
instabilit. La plupart des complications du diabte sont indolores
et doivent tre recherches systmatiquement.
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II-Q233
Diabte sucr de type 1 de lenfant et de ladulte
plus flexible mais plus contraignant et plus cher, rserver pour apprendre le resucrage oral en cas dhypoglycmie mineure :
certains aux checs de linsulinothrapie optimise ou dans des 15 g dun glucide rapide (= 3 morceaux de sucre = 150 mL de jus
situations particulires. de fruit ou de soda) font remonter la glycmie de 0,50 g/L ;
Le schma thrapeutique est choisi suivant lacceptation du savoir prendre une collation en cas dexercice physique non
patient et les objectifs. Idalement, il sagit dun basal-bolus programm.
(figure) : bolus prandiaux par insuline ultrarapide + couverture Lexercice physique est recommander et prendre en compte
basale par insuline lente ou intermdiaire, soit 4 5 injections/j. pour les doses dinsuline du fait du risque dhypoglycmie.
La dose totale est en gnral autour de 0,7 U/kg, avec une Lutilit des associations (AFD = Association franaise des diab-
dose dinsuline lente autour de 0,3 U/kg. tiques, AJD : Aide aux jeunes diabtiques) nest pas dmontrer.
Lautoadaptation est fonction des glycmies (rtrospective et/ou
instantane), de lactivit physique, de lalimentation prvue. Voies davenir
Les effets secondaires sont les hypoglycmies (v. complications Ce sont :
mtaboliques), la prise de poids en cas de surdosage, lallergie les pompes implantables plus ou moins rtrocontrles (pan-
(rarissime), les lipodystrophies hypertrophiques en cas dinjections cras artificiel) ;
rptes en mme endroit responsables dune rsorption ala- les greffes de pancras et dlots de Langerhans : rserves
toire de linsuline (facteur dinstabilit glycmique). aux diabtes instables (greffe solitaire de pancras ou dlots) et
aux insuffisants rnaux (double greffe rein + pancras) ;
Traitement non insulinique linsuline inhale : dure daction rapide, contre-indique chez
Il est important. les fumeurs, effets pulmonaires long terme inconnus ;
Laccompagnement et le soutien psychologique sont habituels les capteurs de mesure continue de la glycmie ;
pour toute maladie chronique. la prvention par immunothrapie.
Lalimentation doit tre normocalorique, varie et sans interdits :
apprendre lvaluation du contenu en glucides des aliments
pour adapter les doses dinsuline prandiale : ptes, riz, semoule, CAS PARTICULIERS
pommes de terre cuits (20 % glucides), pain (50 % glucides), lgu-
mineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs : 30 % glucides) ;
Diabte de lenfant et de ladolescent
privilgier la prise des glucides au sein dun repas mixte ; Les ctoacidoses rvlatrices sont frquentes. Le risque d-
prfrer les aliments index glycmique bas (fculents, lgumes dme crbral est accru en cours de traitement.
secs et crales) aux aliments index glycmique rapide ; Linnocuit crbrale des hypoglycmies svres nest pas
prouve chez lenfant de moins de 5 ans.
Dune manire gnrale, le diabte est difficile quilibrer et
Tableau 1 Les principales insulines mal accept pendant ladolescence. Il faut noter la frquence
croissante du diabte de type 2 chez lenfant obse aux tats-
TYPE DINSULINE DLAI DACTION DURE DACTION
Unis.
Insuline intermdiaire 1h 18 24 h Enfin, il existe une augmentation des besoins en insuline pen-
ou semi-lente (NPH) dant la pubert dau moins 50 %.
Insulatard
Diabte au fminin
Analogue lent 90 min 24 h
Lantus Levemir 1. Contraception
Insuline rapide 30 min 1 h 58h Des prcautions demploi pour les estroprogestatifs sont fonction
ou rapide humaine du risque vasculaire, sauf en cas de diabte rcent bien quilibr
Actrapid
et sur une priode courte. Les microprogestatifs sont autoriss.
Analogue rapide de linsuline 10 15 min 35h
ou ultrarapide 2. Grossesse
Humalog NovoRapid Le pronostic est quasi normal si lquilibre est parfait de la
Mlange fixe insuline 30 min 18 24 h conception (grossesse programme) laccouchement et si le
rapide + NPH diabte nest pas compliqu.
Mixtard Profil Il faut diffrencier cette situation du diabte gestationnel, qui
est dpist pendant la grossesse.
Mlange fixe insuline 15 min 16 24 h
ultrarapide + NPH Les effets de la grossesse sur le diabte sont la baisse physio-
NovoMix 30 logique de lHbA1c, laugmentation des besoins en fin de grossesse,
Humalog Mix 25 un risque daggravation de la rtinopathie et de la nphropathie.
La seule contre-indication absolue est linsuffisance coronaire.
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rveil coucher
glycmies
Les effets du diabte sur la grossesse sont : avortement, mal- fonction pression intra-oculaire (glaucome) et cristallin (cataracte).
formation, macrosomie, retard de maturation, hypoglycmie et Une acuit visuelle normale nlimine pas une rtinopathie, et lalt-
hypocalcmie nonatales, hypertension gravidique et prclampsie. ration de la vision traduit un stade avanc de rtinopathie.
Les objectifs glycmiques sont trs stricts ( jeun < 0,9 g/L, Les stades de la rtinopathie sont rappels dans le tableau 2.
post-prandial < 1,20 g/L), lautosurveillance rpte, linsulino- La nphropathie survient dans les 20 premires annes dvo-
thrapie optimise, et le suivi diabto-obsttrical mensuel. lution du diabte (25 35 % des diabtiques de type 1) mais trs
rarement aprs. Il existe un rle prpondrant de lquilibre gly-
3. Mnopause cmique et de lanciennet du diabte avec la notion de suscep-
Il ny a pas de contre-indication lhormonothrapie substitutive. tibilit individuelle. Toute atteinte rnale chez un sujet diabtique
est une nphropathie diabtique. En effet, la glomrulopathie
est (presque) toujours associe une rtinopathie. Lalbumine
PRONOSTIC ET VOLUTION est toxique pour le tubule rnal. Lessentiel du traitement est une
action prcoce pour rduire la quantit dalbumine excrte. Les
Prvention et prise en charge
risques long terme sont lvolution vers linsuffisance rnale
des complications dgnratives
terminale et laugmentation du risque de complications macro-
1. Microangiopathie vasculaires.
Lhyperglycmie chronique et sa dure ont un rle majeur. Lhistoire naturelle de la nphropathie comporte :
Lhypertension artrielle est un facteur aggravant. Les princi- une phase silencieuse : albuminurie et pression artrielle nor-
paux mcanismes de la microangiopathie sont la glycation des males, filtration glomrulaire augmente ;
protines, laltration endothliale, le stress oxydatif et la voie le stade initial de nphropathie incipiens (paississement de la
des polyols, avec, pour consquence, un paississement de la MB et expansion msangiale) : microalbuminurie permanente
membrane basale et une hypercoagulabilit sanguine dans les (de 30 300 mg/24 h) avec filtration glomrulaire normale, la
microvaisseaux. tension artrielle peut tre discrtement augmente avec perte
La rtinopathie touche prs de 90 % des diabtiques de type 1. de la baisse nocturne ; R Q 233
Ils sont porteurs dune rtinopathie aprs 15 ans dvolution. Il existe un stade de nphropathie patente (hyalinisation artriolaire
une fragilisation des parois capillaires avec microanvrismes et glomrulaire et dpts msangiaux nodulaires ou diffus) : macro-
hmorragies, exsudats et dme par extravasation ainsi que des protinurie > 300 mg/24 h, voire syndrome nphrotique, appa-
micro-occlusions vasculaires induisant des territoires dischmie rition dune hypertension artrielle et diminution de la filtration
avec dveloppement de novaisseaux qui peuvent se compliquer glomrulaire ;
dhmorragie du vitr ou de dcollement de rtine. Le mauvais linsuffisance rnale ;
quilibre glycmique, lanciennet du diabte et lassociation le traitement et la prvention dpendent du stade (v. encadr).
une hypertension artrielle ont un rle pjoratif. La neuropathie la plus frquente est la polyneuropathie sym-
Les recommandations pour le dpistage des complications trique des membres infrieurs. La frquence est de 50 % des cas
oculaires sont un examen ophtalmologique ds le diagnostic puis aprs 25 ans dvolution. Cliniquement, il existe une perte des
annuel : acuit visuelle, fond dil (aprs dilatation et examen sensibilits tactiles (monofilament), thermiques et vibratoires
par verre 3 miroirs, ou par rtinographe non mydriatique avec (diapason). Latteinte est bilatrale et distale avec parfois aboli-
prise multichamps), angiographie si lsions au fond dil et en tion des rflexes ostotendineux. Il existe parfois des douleurs
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II-Q233
Diabte sucr de type 1 de lenfant et de ladulte
Grle diarrhe motrice acclration du transit test au rouge carmin ralentisseurs du transit
antibiotiques
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neuropathiques (paresthsies et crampes), latteinte motrice est Les causes dhypoglycmie dans le diabte de type 1 sont :
exceptionnelle. Le risque est celui de troubles trophiques (mal le surdosage absolu ou relatif en insuline (erreur dittique,
perforant plantaire). activit physique inhabituelle) ;
LEMG (lectromyogramme) systmatique est inutile. la rsorption trop rapide (activit physique importante, bain
Le traitement, outre la normalisation glycmique, fait appel chaud aprs injection) ;
aux antalgiques spcifiques antipileptiques (Rivotril, Tegretol), la gastroparsie, responsable dune vidange gastrique alatoire
Neurontin), antidpresseurs tricycliques (Laroxyl, Anafranil) et pouvant entraner des hypoglycmies post-prandiales ;
aux morphiniques. la prise dalcool (par blocage de la noglucogense hpatique).
Le dpistage est ralis par un examen neurologique une fois Le traitement, en labsence de troubles de conscience ou de
par an avec valuation de la sensibilit par diapason et monofi- troubles digestifs, fait appel au resucrage per os par 15 g dun
lament, et lexamen rgulier des pieds en cas de neuropathie. glucide rapide (= 3 morceaux de sucre = 150 mL de jus de fruit
La mononvrite et la multinvrite ont un dbut brutal avec ou de soda) qui font remonter la glycmie de 0,50 g/L. Il faut
une volution favorable en quelques semaines ou quelques mois toujours en avoir sur soi et il est ncessaire de contrler la gly-
(nerfs crnienset nerfs des membres plus frquemment touchs). cmie capillaire 30 minutes plus tard.
Cest un diagnostic dlimination. Le traitement est la normali- En cas de troubles de conscience, il faut administrer du gluca-
sation glycmique. gon 1 mg (= 1 ampoule IM) puis resucrer per os aprs rcupration
Les formes de neuropathie vgtative sont dveloppes dun tat de conscience normal. Lducation de lentourage aux
tableau 3. injections est primordiale. Lalternative est le srum glucos
30 % : 3 ampoules IVD (intraveineuse directe) si voie veineuse
3. Macroangiopathie priphrique puis relais par resucrage oral ds que possible.
Les tudes dobservation ont montr que le niveau dHbA1c
napparat pas comme un facteur de risque associ aux compli-
cations cardiovasculaires dans le diabte de type 1.
Les tudes dintervention (DCCT) ont dmontr que le traite- TRAITEMENT ET PRVENTION
ment intensifi apporte un bnfice statistiquement significatif DE LA NPHROPATIE DIABTIQUE
sur lincidence des complications macrovasculaires par labais-
sement de lHbA1c et la rduction de la microalbuminurie (fac- Au stade de microalbuminurie :
teur de risque dathrosclrose chez le diabtique). contrle glycmique strict ;
LHTA, chez le diabtique de type 1, est souvent secondaire objectifs tensionnels stricts < 130/80 ;
IEC (inhibiteurs de lenzyme de conversion de langio-
une nphropathie sous-jacente : le rein est la cause et non la
tensine).
victime de lHTA.
Le risque relatif de cardiopathie ischmique est gal 10 chez Quand l'insuffisance rnale commence apparatre :
les diabtiques de type 1 nphropathes par rapport aux non- contrler la tension artrielle : objectif < 130/80 ;
nphropathes. prescrire un rgime hypoprotidique ;
Il faut souligner limportance du contrle des facteurs de amliorer le contrle glycmique (mme si ce stade la
risque associs : hypertension artrielle (objectif < 130/80), rgression de la nphropathie nest plus possible quelle que
dyslipidmie (LDL cible fonction du niveau de risque cardio- soit la qualit de lquilibre glycmique) ;
vasculaire), tabagisme. grer lanmie (prcoce chez les diabtiques) ;
Le caractre potentiellement silencieux de lischmie myo- prescrire un traitement vitamino-calcique sil existe une
cardique (neuropathie autonome cardiaque) impose le dpistage hyperparathyrodie secondaire ;
des sujets haut risque. prserver le capital veineux (fistule) ; R Q 233
vacciner contre l'hpatite B ;
Prvention et prise en charge radiquer les foyers infectieux (frquence des infections
des complications mtaboliques urinaires basses asymptomatiques) ;
liminer une neuropathie vsicale associe ;
1. Hypoglycmies viter les injections diode (produits de constraste).
On distingue les hypoglycmies mineures des hypoglycmies Dpistage de la nphropathie :
svres ncessitant lintervention dun tiers. microalbuminurie une fois par an ;
Elles sont invitables chez tout diabtique de type 1 bien cratinine plasmatique et calcul de la clairance de la cra-
quilibr (en moyenne 3 5 hypoglycmies mineures/semaine). tinine une fois par an ;
La non-perception et/ou la perception tardive des signes adr- bandelette urinaire ECBU une fois par an (une infection
nergiques dhypoglycmie accrot le risque dhypoglycmie urinaire peut fausser la recherche de protines dans les urines) ;
svre (facteurs favorisants = hypoglycmies mineures rptes, mesure rgulire de la pression artrielle.
neuropathie vgtative).
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Diabte sucr de type 1 de lenfant et de ladulte
2. Ctoacidoses
Cest une hyperglycmie importante, > 3 g/L, associe une MINI TEST DE LECTURE
glycosurie massive et une ctonurie (ou ctonmie) avec bicar-
A / VRAI OU FAUX ?
bonates < 15 mmol/L et pH sanguin < 7,30.
Le coma vrai, au sens nosologique du terme, est rare, inf- 1 Le diabte de type 1 est trait par des antidiabtiques
rieur 10 %. Lincidence est de 2 4 % par an par patient. oraux.
2 Lapparition de la rtinopathie prcde lapparition
Les causes sont la carence absolue en insuline : inaugural de
de la nphropathie chez le diabtique de type 1.
type 1 (10 % des cas) ou arrt volontaire ou non de linsulino-
3 Une kalimie basse lors dune ctoacidose est un
thrapie ; la carence relative en insuline : facteur surajout (infarctus,
lment de bon pronostic.
infection, corticothrapie) inconnue dans 25 % des cas.
Le diagnostic associe une phase de ctose : syndrome cardinal B / QCM
aggrav + troubles digestifs (nauses, vomissements, douleurs
abdominales) et une phase de ctoacidose : dyspne de Kussmaul Lors du bilan annuel , quels sont les lments
indispensables chez un diabtique de type 1 ?
+ troubles de la conscience (tat stuporeux), dshydratation
1 Fond dil.
mixte prdominance extracellulaire.
2 Microalbuminurie.
Le diagnostic doit tre rapide par bandelette urinaire ou capillaire
3 Doppler artriel.
et mesure du pH veineux (et artriel). Lionogramme en urgence est
4 Cholestrol-LDL.
utile pour la kalimie et la rserve alcaline. De nouvelles bandelettes
5 chographie abdominale.
capillaires existent pour le dosage des corps ctoniques sanguins.
Rponses : A : F, V, F / B : 1, 2, 4.
Les critres de gravit imposant lhospitalisation en rani-
mation sont : sujet g ; pH < 7 ; kalimie < 4 ou > 6 mmol/L ;
coma profond ; instabilit tensionnelle ; non-reprise de diurse
aprs 3 heures ; vomissements incoercibles. Les auteurs dclarent navoir aucun conflit dintrts
Les diagnostics diffrentiels sont lurgence abdominale, le concernant les donnes publies dans cet article.
coma hyperosmolaire (calcul de la natrmie corrige : natrmie
mesure + 0,3 x glycmie en mmol/L). PARATRE : 2e et 3e parties :
Lvolution se fait vers la rgression sous traitement en 24 Diabte sucr de type 2 de ladulte
48 heures. Les complications iatrognes peuvent tre ldme Diabte sucr : complications du diabte .
crbral, la surcharge hydrosode.
Le traitement prventif est primordial : les rgles ducatives
en cas de ctose sont le maintien des injections mme si inap- Pour en savoir plus
ptence, supplments en insuline rapide, ctonurie ou ctonmie The effect of intensive treatment Trait de diabtologie
systmatique si glycmie > 2,50 g/L. of diabetes on the development Coordonn par Andr
and progression of long-term Grimaldi
Le traitement curatif est bas sur linsuline rapide ou ultra- complications in insulin- Paris : Mdecine-Sciences,
rapide la seringue lectrique IV dbit constant tant que dure dependant diabetes mellitus Flammarion
la ctose (10 U/h), la rquilibration hydrolectrolytique par The Diabetes Control
srum sal isotonique, apports potassiques ajuster la kalimie and Complications Trial Complications du diabte
Research Group (N Eng J Monographie
rpte et les apports glucoss intraveineux, la demande, pour Med 2003;329:977-86) (Rev Prat 2007;57: paratre)
maintenir la glycmie tant que persiste la ctose.
Huveaux France
www.huveaux.fr
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II Q 233
RR
DIABTE SUCR
DE TYPE 1 ET 2
de lenfant et de ladulte. Complications
Diabte sucr de type 1 de lenfant
Dr Pascal Barat
Unit dendocrinologie et de diabtologie, Hpital des enfants, CHU de Bordeaux, 33076 Bordeaux Cedex, France
[email protected]
Mcanismes physiopathologiques
OBJECTIFS
type 1 est retrouv chez les apparents dans environ 10 % des 3. Confirmer le diagnostic de diabte sucr de type 1
cas. Au sein dune fratrie dun enfant diabtique, le risque de Le diagnostic tiologique du diabte sucr repose sur :
devenir diabtique est de 4 % lge de 20 ans et de 9,6 % lenqute familiale : dans la grande majorit des cas, il nest pas
lge de 60 ans, compar un risque de 0,3 % dans la popula- retrouv dantcdent de diabte de type 1 dans la famille. Des
tion gnrale. Ce risque slve 36 % dans une fratrie de vrais antcdents familiaux peuvent orienter vers un diabte mono-
jumeaux. gnique. Une origine ethnique particulire et une obsit peu-
vent suggrer un diabte de type 2 ;
Dmarche diagnostique la recherche danticorps anti-GAD (glutamate dcarboxylase),
1. Circonstances de dcouverte anti-IA2 (Islet-Antigen 2), anti-insuline, signant lorigine auto-
Le plus souvent, les enfants prsentent un syndrome cardinal : immune du diabte. Les anticorps anti-lots (ICA) ne sont plus
polyurie, polydipsie, polyphagie et amaigrissement. Des prises demands en routine ;
de biberons supplmentaires durant la nuit, des couches particu- ltude du systme HLA : recherche des haplotypes associs
lirement remplies ou lapparition dune nursie secondaire au diabte DR4-DQB1*0302 et DR3-DQB1*0201.
doivent faire penser au diagnostic chez les enfants de moins de
5 ans. Les adolescents peuvent ne pas rapporter lexistence du Situations durgence
syndrome polyuro-polydipsique, ce qui peut conduire un retard
au diagnostic. Deux grandes urgences concernent lenfant diabtique. Lacido-
Dans environ 40 % des cas, le diagnostic est port plus tardive- ctose est une urgence mtabolique pouvant rvler le diabte
ment devant des symptmes dacidoctose. ou rencontre loccasion de dcompensation intercurrente.
Le diagnostic peut tre voqu fortuitement devant une hyper- Lhypoglycmie est possible une fois linsulinothrapie mise en
glycmie ou une glycosurie retrouve lors dun bilan biologique place chez lenfant diabtique.
demand pour une autre indication.
2. Confirmer le diagnostic de diabte sucr Acidoctose
Les critres du diagnostic biologique pour le diabte sucr sont 1. Mcanismes physiopathologiques
rappels dans le tableau 2. En pratique, tout symptme voquant Lacidoctose rsulte dun dficit absolu ou relatif dinsuline cir-
un diabte doit faire rechercher une hyperglycmie. En cas das- culante et des effets combins des hormones contre-rgula-
sociation une lvation des corps ctoniques dans le sang ou trices : catcholamines, glucagon, cortisol et hormone de crois-
dans lurine, le traitement peut tre urgent, et il ne serait pas raison- sance. Cet tat est caractris par une acclration de ltat
nable de temporiser en attendant de confirmer lhyperglycmie. catabolique avec augmentation de la production de glucose par
TABLEAU 1
2. Dmarche diagnostique
TABLEAU 2
Les facteurs de risque dhypoglycmie sont : Critres de diagnostic biologique
les modifications des modalits thrapeutiques : augmentation pour le diabte sucr
de linsuline, diminution des prises alimentaires, augmentation
Symptmes du diabte et glycmie 11,1 mmol/L (2 g/L)
de lactivit physique ;
nimporte quel moment de la journe, quelle que soit lheure
le jeune ge de lenfant ;
du dernier repas
les lipodystrophies ;
une hmoglobine A1c basse ; Glycmie jeun 7 mmol/L (1,26 g/L), le jene tant dni
une frquence importante de glycmies basses ; comme labsence de prise calorique depuis au moins 8 heures
la diminution des symptmes dhypoglycmie ; Glycmie H2 11 mmol/L (2 g/L) lors dune hyperglycmie
la nuit ; orale provoque (charge en glucose de 1,75 g/kg de poids corporel
la prise dalcool. avec un maximum de 75 g)
Lutilisation des analogues rapides dinsuline et de la pompe
insuline a diminu lincidence des hypoglycmies.
La confirmation du diagnostic dhypoglycmie se fait sur :
des signes cliniques : une hypoglycmie est souvent accompa- Prise en charge initiale
gne de symptmes dactivation adrnergique (tremblement,
pleur, sueurs froides) et, si elle est profonde, de symptmes Procdures thrapeutiques
de neuroglucoplgie (irritabilit et pleurs inconsolables chez les 1. Annonce du diagnostic
plus jeunes, difficults de concentration, troubles de la vision, dif- Comme toute maladie chronique, un soin particulier doit tre
ficult dlocution, confusion, convulsion). La faim, les cphales, apport lannonce du diagnostic : annonce faite par un mdecin
les nauses ou la fatigue peuvent se voir en situation dhypo- ou qualifi, si possible en prsence des deux parents, lieu et temps
dhyperglycmie ; dchange adapts, qualit de lchange.
des signes biologiques : mesurer la glycmie capillaire. Chez un 2. Choix du schma dinsulinothrapie
enfant diabtique, une glycmie < 0,60 g/L (3,3 mmol/L) est une Il existe de nombreux schmas thrapeutiques, apportant chacun
hypoglycmie. La limite infrieure du seuil de glycmie normale leur part davantages et dinconvnients. Le schma thrapeutique
est de 0,70 g/L (3,9 mmol/L) chez lenfant trait par insuline. choisi est adapt lge de lenfant, au contexte familial, lexis-
3. Prise en charge tence dun mode de vie particulier, aux habitudes alimentaires et
Le traitement ncessite : aux pratiques sportives. Il peut donc changer dans le temps.
la mise au repos sans attendre. Si possible, ralisation dune On distingue 3 grandes modalits dadministration de linsuline :
glycmie capillaire ; schma 2 injections, comprenant matin et soir une injection
un resucrage per os : 5 g de glucose pour 20 kg de poids danalogue rapide dinsuline (dure daction 3-5 heures) et
(environ 0,3 g/kg) ; dinsuline semi-lente (dure daction 9-16 heures), mlanges
en cas de troubles de la conscience ncessitant lintervention dans une seringue ou faites au stylo insuline. Ce schma vite
dun tiers : injection de glucagon, 0,5 mg (une demi-ampoule) linjection de midi, mais contraint lenfant et sa famille respec-
si poids < 30 kg, 1 mg (1 ampoule) si poids > 30 kg ; ter les horaires et les prises alimentaires prvues ;
en labsence de glucagon : perfuser du srum glucos 30 % schma 4 injections, dit basal-bolus, avec une injection
(0,3 g/kg) suivi dune perfusion de srum glucos 10 %. danalogue rapide dinsuline avant chaque repas et une injec-
La prvention est essentielle. tion dinsuline lente (dure daction 20-24 heures) dans la soi-
Au dcours dune hypoglycmie svre, il convient de rva- re. Ce schma ncessite de nombreuses injections, mais per-
luer les connaissances de lenfant et de sa famille vis--vis de la met une plus grande souplesse dans le rythme de vie et les
prise en charge du diabte et des situations dhypoglycmie, prises alimentaires ;
ainsi que le contexte psychosocial dans lequel lenfant volue. pompe insuline, permettant un apport constant et pro-
Les objectifs glycmiques du traitement par insuline doivent gramm en analogue rapide dinsuline et la ralisation de bolus
rester au dessus de 0,70 g/L. de la mme insuline lors des prises alimentaires. Ce traitement
Lapprentissage par lenfant, sa famille et son entourage (cole) permet, chez le petit enfant, de mieux contrler les apports de
des symptmes prcoces dhypoglycmie et de son traitement petites doses dinsuline. Labsence de piqre lors des repas
est fondamental, de mme que la connaissance des facteurs de permet une meilleure adaptation au rythme de vie et aux prises
risque dhypoglycmie et la ralisation dune glycmie capillaire alimentaires. Bien quun dbranchement de la pompe soit pos-
avant une activit sportive. sible en cas dactivit sportive ou de bain, le patient doit porter
Lecteur de glycmie et apport de glucose doivent tre en per- en permanence sa pompe. Un dysfonctionnement du systme
manence disposition de lenfant. peut rapidement se traduire par une acidoctose.
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I-00-Q000
II-Q233
Diabte sucr
de type 1 de lenfant et de ladulte. Diabte sucr
de type 2 de ladulte. Complications du diabte
2e partie Diabte sucr de type 2 de ladulte
P r Andr Grimaldi
Service de diabtologie-mtabolisme, groupe hospitalier La PitiSalptrire, 75013 Paris
[email protected]
Objectifs
Diagnostiquer un diabte chez lenfant et chez ladulte.
DIAGNOSTIC
Identifier les situations durgence et planifier leur prise en charge.
Le diagnostic du diabte du type 2 se fait en deux
Argumenter lattitude thrapeutique et planifier le suivi du patient.
temps : affirmer le diabte ; en prciser le type.
Dcrire les principes de la prise en charge au long cours.
Affirmer le diabte
Il sagit dun diabte, cest--dire que la gly-
cmie jeun est deux reprises suprieure ou gale 7 mmol/L, un sujet de moins de 40 ans nayant pas dobsit ou chez des
soit 1,26 g/L (dosage la glucose oxydase sur plasma veineux). personnes ayant des antcdents familiaux ou personnels de
Une glycmie nimporte quel moment de la journe suprieure maladie auto-immune (dysthyrodie, anmie de Biermer, vitiligo).
ou gale 2 g/L permet galement de poser le diagnostic. La prsence danticorps anti-GAD et anti-IA2 permettrait daffirmer
Lorsquil ny a pas de symptme, il faut deux dosages pour le caractre auto-immun de ce diabte.
sassurer de labsence derreur. En revanche, en prsence de Le diabte de type 2 africain est galement souvent atypique.
symptmes vocateurs du diabte, en particulier dun syndrome Il peut se manifester plus tt par des pisodes aigus de d-
polyuro-polydipsique, lexistence dune seule glycmie leve, en squilibre du diabte accompagns dune ctonurie suivis de
gnral nettement suprieure 2 g/L, suffit porter le diagnostic. rmissions alternant avec des rcurrences. On ne trouve pas de
En pratique, on ne recourt donc plus lhyperglycmie pro- marqueurs dauto-immunit. Lvolution se fait le plus souvent
voque orale, le dosage de la glycmie jeun suffit. Nanmoins, en quelques annes vers linsulino-requrance dfinitive.
ltalon-or historique de la dfinition du diabte reste inchang : Il ne sagit pas dun diabte gntique quon suspecterait devant
une glycmie la 2e heure de lhyperglycmie provoque orale la dcouverte dun diabte non ctosique avant lge de 20 ans
suprieure ou gale 11 mmol/L (2 g/L). chez un sujet ayant une hrdit familiale importante (1 membre
sur 2 de la famille est diabtique, 3 gnrations successives sont
Prciser le type de diabte atteintes). On chercherait alors une mutation susceptible daffirmer
Le diagnostic de diabte fait, il sagit den prciser le type. Le un diabte MODY. Une hrdit maternelle et lassociation une
diagnostic de diabte de type 2 est dabord un diagnostic dli- surdit de perception feraient voquer un diabte mitochondrial.
mination. Labsence dargument clinique voquant un diabte endocrinien
Il ne sagit pas dun diabte de type 1, quon voquerait demble (acromgalie, cushing, phochromocytome, voire thyrotoxicose
chez un sujet jeune, de moins de 20 ans, nayant pas de surpoids, ou maladie de Conn ou exceptionnellement somatostatinome ou
prsentant un syndrome cardinal avec polyurie, polydipsie, poly- glucagonome) doit tre vrifie.
phagie, amaigrissement surtout sil existe une ctonurie. Mais un Un diabte iatrognique, notamment cortico-induit, a t limin.
diabte de type 1 lent ou diabte LADA peut prendre le masque Enfin, il ne sagit pas dun diabte pancratique. La pancratite
initial dun diabte de type 2. On y pensera plus volontiers chez chronique calcifiante survient le plus souvent dans un contexte
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Diabte sucr de type 2 de ladulte
dalcoolisme et saccompagne dune insuffisance pancratique anti-GAD, anti-IA2, pas dimagerie pancratique. En revanche, il
externe lorigine dune statorrhe. Mais il peut sagir dune est habituel dinclure dans le bilan systmatique initial un dosage
pancratite chronique familiale et des calcifications pancratiques de TSH la recherche dune dysthyrodie, un dosage du fer
diffuses peuvent tre dcouvertes par limagerie pancratique srique et de la transferrine ainsi quune srologie de lhpatite C
en labsence dantcdent de douleurs vocatrices. Une hmo- (laugmentation modre des transaminases tmoigne en ralit
chromatose est voque en cas de maladie familiale connue ou souvent dune statose hpatique, frquente chez les patients
datteinte clinique vocatrice, mais le dosage du fer srique et de prsentant une obsit androde).
la transferrine avec dtermination du coefficient de saturation Reste que le diagnostic de diabte de type 2 est souvent fait
est de toute faon systmatique (ce nest que si la saturation de avec retard, loccasion dun bilan systmatique, voire mme
la transferrine est leve quil y a lieu de rechercher la mutation lors de la dcouverte dune complication. Cest pourquoi le bilan
du gne HFE). Surtout, un diabte non insulinodpendant peut initial doit comprendre une recherche des facteurs de risque
tre loccasion de dcouvrir un cancer du pancras, survenant cardiovasculaire souvent associs et un dpistage systmatique
en gnral chez une personne de plus de 50 ans prsentant un des complications de micro- et de macroangiopathies (v. article
amaigrissement. Le plus souvent, le cancer est alors volu au- sur les complications du diabte).
del des possibilits chirurgicales curatrices.
Le plus souvent, le phnotype du patient est suffisamment typique
pour affirmer le diagnostic de diabte de type 2, et ce nest que dans RECONNATRE LES SITUATIONS DURGENCE
les cas douteux que lon est amen demander des examens ET DFINIR LES GRANDES LIGNES DE LEUR
pour liminer ces causes. Il sagit dun patient de plus de 40 ans PRISE EN CHARGE
ayant un surpoids avec un indice de masse corporelle suprieur Les situations durgence, au cours du diabte de type 2, sont de
ou gal 30 (dfinition de lobsit) ou en tout cas suprieur ou deux ordres : il peut sagir dune part de complications mtabo-
gal 25 (dfinition du surpoids). Le primtre abdominal aug- liques, dautre part dpisodes aigus secondaires aux complica-
ment plus de 90 cm chez la femme, plus de 100 cm chez tions de micro- et de macroangiopathies.
lhomme permet daffirmer lexistence dune obsit androde
franche (le primtre abdominal se mesure avec un centimtre Complications de micro-
de couturire, le malade en position debout, mi-hauteur entre ou de macroangiopathies
la dernire cte et la crte iliaque). Il sagit en ralit dun conti- Encore une fois, cest frquemment loccasion dun infarctus
nuum ; certains proposent 94 cm pour les hommes et 80 cm du myocarde ou dun accident vasculaire crbral que lon dcouvre
pour les femmes. Dans 80 % des cas, il existe une hypertension un diabte de type 2. Un diabte de type 2 peut tre dcouvert
artrielle et/ou une dyslipidmie associe permettant daffirmer loccasion dun mal perforant plantaire avec ostite ou loc-
lexistence dun syndrome mtabolique. Une fois sur 3, on retrouve casion dune gangrne dorteil compliquant une artrite distale
une hrdit familiale de 1er degr. Lorsque ce tableau est vo- longtemps mconnue en raison de labsence de douleur due la
cateur, il ny a pas lieu de demander dexamen complmentaire : neuropathie diabtique. Il peut aussi tre dcouvert loccasion
pas de dosage de linsulinmie, du peptide C, ou des anticorps dune baisse de lacuit visuelle ou dune diplopie (v. complications).
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3. Acidose lactique
(v. MINI TEST DE LECTURE, p. 536)
Elle est exceptionnelle mais particulirement grave puisquelle
entrane le dcs du patient 1 fois sur 2. R Q 233
La responsabilit de la metformine est controverse, mais jus- lopration, en mme temps que lalimentation. La metformine
tifie le respect des rgles de prescription. Elle est contre-indique doit tre arrte la veille dune radiographie comportant une
en cas dinsuffisance rnale, mais deux attitudes sont possibles. injection diode. Elle ne sera reprise que 2 jours aprs, en lab-
Tout le monde est daccord pour exiger son arrt absolu en cas sence dinsuffisance rnale aigu induite par liode. La metfor-
dinsuffisance rnale svre avec clairance de la cratinine mine nest pas toxique pour le rein, mais elle a une limination
infrieure 30 mL/min. Certains pensent que cette interdiction rnale, et en cas dinsuffisance rnale son accumulation peut
est valable ds que la clairance de la cratinine est infrieure tre lorigine dune acidose lactique.
60 mL/min (ce qui est le cas de nombreuses personnes ges).
Dautres estiment que lorsque la clairance est comprise entre 4. Hypoglycmie
30 et 60 mL/min, il suffit de rduire la posologie de metformine Elle peut tre provoque par les mdicaments insulino-scrteurs
moins d1 g par jour. sulfamides hypoglycmiants et glinides et bien sr par linsuline.
La metformine doit tre arrte la veille dune intervention Elle est beaucoup plus frquente et doit tre systmatiquement
chirurgicale avec une anesthsie gnrale. Elle sera reprise aprs prvenue. On distingue :
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Diabte sucr de type 2 de ladulte
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la glycmie moyenne des deux mois prcdant le prlvement. et surtout elles cotent plus cher, et le recul nest que de quelques
Le taux normal dHbA1c par un dosage valid standardis se situe annes. Enfin, si malgr les mesures hygino-dittiques et la
entre 4 et 6 %. On estime quun taux de 6 % correspond une bithrapie lHbA1c reste suprieure 7 %, il faut passer une tri-
glycmie moyenne d1,20 g/L. Un point dHbA1c correspond en thrapie (metformine-sulfamides-glitazones) ou envisager le
moyenne 0,300,35 g de glycmie. Il existe une trs forte cor- recours prcoce linsuline en commenant le plus souvent par
rlation entre le taux dHbA1c et la survenue de complications une injection dinsuline retard le soir au coucher et en visant une
de microangiopathie, avec pour un point en plus dHbA1c, 30 % glycmie jeun infrieure 1,20 g/L. La metformine et les sul-
en plus de rtinopathie, de nphropathie et de neuropathie ainsi famides peuvent tre associs linsuline, mais actuellement en
que dartrite distale (au-dessous du genou). Linverse est vrai : Europe lassociation insuline-glitazones est contre-indique en
un point en moins dHbA1c grce au traitement, entrane sur 5 raison de la rtention hydrosode. Lorsque lHbA1c reste sup-
10 ans, 30 % en moins de rtinopathie, de nphropathie, de neuro- rieure 8 %, le recours linsulinothrapie simpose.
pathie, dartrite distale. La corrlation entre lHbA1c et la macro- Ces objectifs concernent bien sr les personnes ayant une
angiopathie (insuffisance coronaire, artrite cervico-crbrale esprance de vie suffisante pour justifier une prvention des
et artrite proximale des membres infrieurs) est moins forte. complications de microangiopathie (rtinopathie, nphropathie,
Pour un point dHbA1c en plus ou en moins, on observe 10 15 % neuropathie), cest--dire une esprance de vie suprieure
en plus ou en moins daccidents vasculaires. En effet, si lhyper- 10 ans. Chez les personnes ayant une esprance de vie infrieure
glycmie est le facteur causal de la microangiopathie, dont lvo- 5 ans en raison du grand ge ou de pathologies svres, lob-
lution est aggrave par lhypertension artrielle, lhyperglyc- jectif essentiel devient le confort mtabolique et la prvention
mie nest quun des facteurs de risque de la macroangiopathie des complications infectieuses favorises par le dsquilibre
ct de lhypertension artrielle, de lhyperlipmie, du tabagisme, glycmique chronique Pour viter le risque dhypoglycmie, on
du sexe masculin et de lge. Une tude a permis de montrer que peut se contenter dune HbA1c infrieure 9 % avec des glyc-
lorsque lHbA1c reste infrieure 6,5 %, on peut prvenir lappa- mies prprandiales infrieures 2 g/L.
rition de la microangiopathie. Plus gnralement, le risque de Dans tous les cas, le traitement du diabte comprend le trai-
complications svres du diabte augmente nettement lorsque tement des facteurs de risque cardiovasculaire associs, avec
lHbA1c est suprieure 7 %. On peut donc dire quun diabte pour objectif une pression artrielle infrieure 130/80 mmHg
est parfaitement quilibr lorsque lHbA1c est infrieure 6,5, quil et un LDL-cholestrol infrieur 1,30 ou 1 g/L selon limportance
est bien quilibr lorsque lHbA1c est infrieure 7 %. du risque cardiovasculaire. Dans chaque cas de figure, larrt
Lescalade thrapeutique fixe par les recommandations de dune intoxication tabagique simpose.
lHAS 2006 est donc la suivante : le traitement doit commencer
par la mise en uvre de mesures hygino-dittiques personna-
lises (dittique et activit physique adaptes chaque patient).
Si au bout de 3 6 mois, ces mesures savrent inefficaces avec
PLANIFIER LE SUIVI
une HbA1c suprieure 6 %, il faut recourir la prescription de Le traitement du diabte de type 2 et les objectifs doivent en fait
metformine en utilisant des posologies trs progressivement tre individualiss en prenant en compte les facteurs personnels,
croissantes pour amliorer la tolrance digestive (nauses, dou- biomdicaux mais aussi psychosociaux. Les objectifs doivent tre
leurs pigastriques, diarrhe motrice) et en respectant la contre- ngocis avec le patient et ralistes, et donc, si besoin est, rduits
indication absolue de linsuffisance rnale. En cas dintolrance ( micro-objectifs ).
digestive, la metformine peut tre remplace par un inhibiteur En dehors de complications volutives, le malade est suivi en
des alphaglucosidases (acarbose ou miglitol) qui diminuent lab- consultation tous les 3 mois. Ce dlai peut tre raccourci si le
sorption intestinale du glucose, mais la tolrance digestive de diabte est mal quilibr ou au contraire allong 6 mois si le
cette classe mdicamenteuse est galement mdiocre. diabte est bien quilibr. LHbA1c doit tre dose tous les 3 mois. R Q 233
Ce nest quen cas dhyperglycmie franche avec une HbA1c chaque consultation, on vrifie la pression artrielle, le poids
suprieure 6,5 % chez un patient nayant pas de surpoids quon et surtout on discute avec le patient des difficults quil rencontre
pourrait entreprendre un traitement par des sulfamides hypo- suivre le traitement pour rvaluer si ncessaire les objectifs.
glycmiants qui, contrairement la metformine, comportent un Lauto-surveillance glycmique, cest--dire la mesure de la
risque dhypoglycmie. Si malgr les mesures hygino-dit- glycmie capillaire par le malade lui-mme grce une piqre au
tiques et la monothrapie initiale (le plus souvent la metformine), bout du doigt, peut tre utile si elle permet au malade dadapter
lHbA1c devient ou reste suprieure 6,5 %, il faut recourir une son traitement en fonction des rsultats obtenus. Il faut donc dfinir
bithrapie. La bithrapie classique associe metformine et sulfamides. avec le patient la frquence des contrles et les algorithmes thra-
La bithrapie plus rcente associe metformine et glitazones. Elle peutiques en fonction des rsultats. Une simple auto-surveillance
a lavantage dagir sur linsulino-rsistance musculaire et hpa- contemplative est en gnral inutile. Lauto-surveillance est en
tique sans comporter le risque dhypoglycmie. Mais les glitazones revanche indispensable lorsquon envisage le recours linsulino-
favorisent la rtention hydrosode et facilitent la prise de poids. thrapie. Cest dire limportance dune ducation thrapeutique
Elles sont donc contre-indiques en cas dinsuffisance cardiaque structure utilisant les mthodes de pdagogie dapprentissage
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II-Q233
Diabte sucr de type 2 de ladulte
Lauteur dclare participer ou avoir particip des interventions Pour en savoir plus
ponctuelles (essais cliniques, activits de conseils, confrences) Trait de diabtologie Complications du diabte
pour les entreprises : Merck Lipha, Servier, GSK, Takeda, Coord. Andr Grimaldi Monographie
Lilly France, Novo Nordisk, Sanofi-aventis, MSD. Paris : Mdecine-Sciences, (Rev Prat 2007;57:
Flammarion paratre)
536 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 1 5 M A R S 2 0 0 7
I-00-Q000
II-Q252
Objectifs
TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN
L
Diagnostiquer une insuffisance rnale aigu et une anurie.
insuffisance rnale aigu (IRA) se dfinit
par une diminution rapide du dbit de Identifier les situations durgence et planifier leur prise en charge.
filtration glomrulaire (DFG) avec pour
consquence une dfaillance de la fonction
rnale antrieurement stable. L'IRA se caractrise par lapparition quand la permabilit de la membrane glomrulaire diminue
de complications qui rsultent de limpossibilit des reins assurer (glomrulonphrites aigus [GNA]) ;
lhomostasie hydro-lectrolytique et acido-basique et liminer quand la pression urinaire slve : soit les tubules sont ncross
les dchets produits par lorganisme. (NTA), soit il y a un obstacle sur les voies urinaires (IRA obstructive).
Devant un patient suspect de prsenter une IRA, il convient
simultanment d'tablir le diagnostic positif dIRA, de rechercher
PHYSIOPATHOLOGIE des complications immdiates qui ncessitent un traitement en
Les dterminants du dbit de filtration glomrulaire sont repr- urgence et d'tablir un diagnostic tiologique. Un traitement
sents sur la figure 1. Il dpend de trois paramtres : la pression adapt permet dans la plupart des cas dobtenir une normalisa-
capillaire intraglomrulaire (qui dpend de la pression de perfu- tion de la fonction rnale.
sion rnale et des rsistances vasculaires des artrioles affrente
et effrente), la permabilit de la membrane glomrulaire et la
pression urinaire. DIAGNOSTIC POSITIF
Le dbit de filtration glomrulaire diminue : La dfinition de l'IRA n'est pas consensuelle. Le diagnostic d'insuf-
quand la pression capillaire intraglomrulaire diminue (insuf- fisance rnale est le plus souvent voqu devant une diminution
fisance rnale fonctionnelle [IRF], ncrose tubulaire aigu [NTA] du dbit urinaire et/ou la dcouverte d'une lvation de la cratinine
ischmique) ; plasmatique. Le caractre aigu est retenu si llvation de la cra-
Perfusion rnale
GLOMRULE
TUBULE
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1953
II-Q252
Insuffisance rnale aigu Anurie
tinine plasmatique (et dans une moindre mesure de lure) est FORMULES
rcente (classiquement moins de sept jours). L'IRA survient sur
une fonction rnale antrieurement normale ou complique l'- Formule de Cockcroft et Gault (1976)
volution d'une insuffisance rnale chronique (IRC). L'oligurie est K x (140 ge) x Poids
dfinie par une diurse (ou dbit urinaire pendant 24 heures) ClCrat =
Crat
infrieure 500 mL ou un dbit urinaire infrieur 20 mL/h.
Lanurie est l'arrt complet de la filtration glomrulaire avec une ClCrat : clairance de la cratinine (mL/min) ;
diurse infrieure 300 mL. Crat : cratinine plasmatique (mol/L) ;
ge (annes) ;
Moyens du diagnostic poids (kg) ;
K = 1,04 si sexe fminin et 1,23 si sexe masculin
Linterrogatoire du patient : recherche dantcdent urologique
ou nphrologique, recherche de rsultats antrieurs de dosages
sanguins de la cratinine et de lure, et dexamens dimagerie Formule MDRD (Modification of the Diet
des reins et des voies urinaires excrtrices. in Renal Disease), 1999
Le dosage de la cratinine et de lure plasmatique, le iono-
88,4
Crat 1,154 0,203
DFG = K x 186,3 x ge
gramme sanguin.
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1954 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 7
2. lvation de l'ure plasmatique
3. Diminution de la diurse
0
La diurse peut tre rduite en dehors de l'IRA lorsque lap-
port en eau est rduit.
Labsence dmission durine doit systmatiquement faire vo-
quer une rtention aigu durine. La vessie est alors pleine et 500
700
lIRA et peuvent mettre en jeu le pronostic vital. Elles sont sys-
600 tmatiquement recherches et traites en urgence.
500 1. Hyperkalimie
R Q 252
Elle est plus frquente chez le patient anurique et hyperca-
400
tabolique. Le risque est larrt cardiocirculatoire. Le diagnostic
300 est voqu sur lECG (fig. 4), qui retrouve des signes de cardio-
toxicit (onde P plate, largissement du complexe QRS, segment
200 ST mal dfini, onde T pointue et symtrique), et confirm par la
100
mesure de la kalimie. La surveillance avec monitoring ECG et le
traitement adapt sont mis en place ds que le diagnostic est
0 pos, sans attendre le transfert du patient dans une unit qui
0 20 40 60 80 100 120 140 peut raliser en urgence une hmodialyse (ranimation ou soins
intensifs). Le traitement repose sur l'arrt des apports de potas-
Dbit de filtration glomrulaire (mL/min)
sium et des traitements hyperkalimiants (comme les inhibiteurs
Figure 2 Relation thorique (selon la formule de Cockcroft) de lenzyme de conversion), l'injection intraveineuse lente de glu-
entre la cratininmie et le DFG chez lhomme. conate de calcium en cas de troubles du rythme ventriculaire
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1955
II-Q252
Insuffisance rnale aigu Anurie
I AVL V1 V4
V2
II AVR V5
TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN
V3
III AVF V6
Figure 4 Trac ECG dun patient en hyperkalimie (7,2 mmol/L). Onde P aplatie, largissement du complexe QRS, segment ST mal
dfini et onde T pointue, symtrique et diffuse.
1956 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 7
peut manquer lorsque l'examen est ralis prcocement ou tre
ancienne sans obstacle. Une symptomatologie vocatrice et des
cavits excrtrices trop bien visibles l'chographie doivent faire
voquer le diagnostic et rpter l'examen.
Les autres examens qui peuvent tre raliss sont lASP et le
scanner abdomino-pelvien. LASP peut montrer la prsence de
lithiases radio-opaques en regard des voies urinaires excrtri- A B
ces, et le scanner, un processus tumoral qui comprime les voies Figure 6 Aspects chographiques dun rein normal (A)
urinaires. Pour ce dernier examen, linjection de produit de et dune dilatation des cavits pylocalicielles (flches)
contraste iod radio-opaque est ncessaire mais peut tre contre- sur une obstruction urtrale (B).
indique cause du risque daggravation de lIRA (NTA toxique).
Les diurtiques sont contre-indiqus. Le traitement repose
sur le drainage en urgence des urines. Si lobstacle est situ au 2. Occlusion aigu des artres rnales
niveau ou au-dessous de la vessie, les urines sont draines au On voque cette tiologie dans deux circonstances :
moyen dune sonde vsicale demeure ou, en cas dchec, au chez un patient g et polyvasculaire o les artres rnales sont
moyen dun cathter vsical sus-pubien. Pour les obstacles situs stnoses. Locclusion est cause par une thrombose artrielle
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au-dessus de la vessie, soit lurologue monte une sonde urt- rnale et survient loccasion dune hypotension artrielle ou
rale, soit le radiologue pose une nphrostomie percutane (sous dune angioplastie ;
anesthsie locale et sous contrle chographique ou TDM, et chez un sujet jeune dont les artres sont saines. Locclusion est
seulement si les cavits pylocalicielles sont suffisamment dila- cause par une embolie artrielle (fibrillation auriculaire ou endo-
tes). Le drainage des urines permet une reprise rapide de la cardite infectieuse avec vgtations valvulaires), une dissection
fonction rnale. Ce drainage peut tre transitoirement suivi d'un aortique ou un traumatisme.
syndrome de leve d'obstacle caractris par une hyperdiurse. Le tableau est souvent brutal. LIRA peut tre prcde de dou-
Le dbit urinaire est initialement compens volume volume leurs lombaires, dune pousse hypertensive et dune hmaturie
toutes les heures (alternance de srum physiologique et de macroscopique. Lanurie est prsente si locclusion est bilatrale
srum glucos 5 %) puis compens partiellement afin de ne ou si elle survient sur un rein fonctionnellement unique. Le diagnostic
pas entretenir l'hyperdiurse. Le traitement de l'obstacle est est pos par lcho-doppler, la scintigraphie rnale, le scanner inject
souvent ralis dans un second temps (extraction ou destruc- ou langio-IRM qui montrent labsence de flux artriel rnal. Lartrio-
tion de calculs, exrse chirurgicale ou traitement mdical graphie reste lexamen de rfrence et permet une revascularisation
rducteur d'une tumeur). en urgence (dans les 6 premires heures) par voie endovasculaire.
Ischmique Toxique
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1957
II-Q252
Insuffisance rnale aigu Anurie
avec fivre. Lidentification danticorps antinuclaires et anti- un traitement tiologique adapt. Le risque principal de la
corps anti-DNA-natifs, dune hypocomplmentmie, dune anmie ponction biopsie-rnale est le risque hmorragique. La biopsie
avec lymphopnie et thrombopnie, de la prsence dun antico- est donc contre-indique en cas dhypertension artrielle non
agulant circulant affirme le diagnostic. Un syndrome des anti- contrle, de troubles de lhmostase, de traitement anticoagu-
phospholipides est systmatiquement recherch (allongement lant ou anti-agrgant plaquettaire impossible interrompre.
du temps de cphaline active [TCA], anticardiolipines, anticorps En dehors des causes qui viennent dtre dcrites, la grande
anti-2Gp1), surtout en prsence de thromboses et de troubles majorit des IRA sont dorigine fonctionnelle ou par ncrose
neurologiques associs. tubulaire aigu.
Le purpura rhumatode est voqu en prsence dun purpura
ncrotique des membres infrieurs, de douleurs articulaires et Insuffisance rnale aigu fonctionnelle
abdominales et dun syndrome inflammatoire non spcifique. (ou prrnale, IRF)
Les biopsies cutanes montrent une vascularite leucocytocla-
sique, le plus souvent sans dpt dIgA.
1. Physiopathologie
Dans le contexte dune IRA associe un syndrome glom- L'IRF est la premire cause d'IRA. Normalement, une diminution
rulaire, la recherche dune cryoglobulinmie est systmatique, de la perfusion rnale s'accompagne dune autorgulation du
surtout en prsence dun purpura ncrotique des membres inf- dbit plasmatique glomrulaire et d'une stimulation du systme
rieurs, dune dysglobulinmie ou dune hpatite virale C. rnine angiotensine, responsable de la vasoconstriction de l'ar-
Les vascularites ANCA (maladie de Wegener et polyangite triole effrente glomrulaire et de la production de prosta-
microscopique) associent au syndrome glomrulaire une atteinte glandines E2 qui sont de puissants vasodilatateurs de l'artriole
pulmonaire avec atteinte de ltat gnral, ventuellement des affrente glomrulaire. Par ces mcanismes, la pression intra-
lsions ORL et neurologiques. Des anticorps anticytoplasmes glomrulaire et le DFG peuvent tre maintenus lors de la diminution
des polynuclaires sont prsents (plutt de type PR3 dans le de la perfusion rnale. Au cours de lIRF, ces mcanismes d'auto-
Wegener, plutt de type MPO dans la micro-PAN). Enfin, un rgulation sont dpasss et le dbit de filtration glomrulaire
syndrome pneumornal associant IRA, dtresse respiratoire et diminue. LIRF est cause soit par une diminution de la perfusion
anmie avec hmorragies alvolaires peut correspondre un
syndrome de Goodpasture. La prsence danticorps antimem-
brane basale glomrulaire affirme le diagnostic.
Tableau 1 Indications de ponction-biopsie rnale
Le diagnostic diffrentiel de ces GNRP est une glomrulon- au cours de l'insuffisance rnale aigu
phrite aigu postinfectieuse, voque en prsence dun syn-
drome nphritique (hypertension artrielle, insuffisance rnale Absence de dsordres hmodynamiques faisant suspecter
et dmes, protinurie et hmaturie), dune hypocomplmen- une hypoperfusion rnale
tmie et danticorps antistrepto ou staphylococciques. Insuffisance rnale dapparition progressive
Une microangiopathie thrombotique est galement voque Anomalie du sdiment urinaire
lors dune IRA avec hypertension artrielle, le plus souvent
Signes extrarnaux voquant une nphropathie vasculaire,
svre, en prsence dune thrombopnie (mme relative, dfi- glomrulaire ou interstitielle
nie par une diminution des plaquettes suprieure 50 %), dune
Absence de rcupration de la fonction rnale aprs 4 5 semaines
anmie hmolytique (augmentation des LDH et effondrement d'volution lorsquune ncrose tubulaire aigu a t suspecte
de lhaptoglobine) avec prsence de schizocytes.
1958 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 7
rnale, soit par un trouble de l'hmodynamique intraglomrulaire.
Au cours de l'IRF, et par opposition aux IRA organiques, il n'y a POINTS FORTS
pas d'altration histologique du parenchyme rnal. retenir
La rponse au traitement permet d'affirmer le diagnostic, le Il n'y a pas de dfinition consensuelle de l'IRA.
traitement de la cause entranant le retour trs rapide l'tat La grande majorit sont des IRA fonctionnelles et des NTA.
basal de la fonction rnale. En l'absence de traitement, l'IRF vo-
Deux complications sont rechercher car elles ncessitent
lue vers lIRA organique : la ncrose tubulaire aigu ischmique.
un traitement en urgence : lhyperkalimie et l'dme aigu
2. Causes des insuffisances rnales aigus du poumon.
fonctionnelles Trois causes sont rechercher systmatiquement car
imposant un traitement adapt rapide : l'obstacle sur les
L'IRF peut compliquer toutes les situations d'hypovolmie,
voies urinaires, l'obstruction des artres rnales et les
vraie ou efficace. Elle apparat galement lors de la prise de mdi- glomrulonphrites rapidement progressives.
caments qui interfrent avec l'hmodynamique intrarnale.
La prvention et le traitement de l'IRF et de la NTA
Lhypotension artrielle et les tats de choc : toute hypotension
reposent sur le maintien d'une volmie et dune tension
artrielle, et en particulier les quatre types de choc (hmorragique,
artrielle normales et sur lutilisation la plus restreinte
cardiognique, anaphylactique et septique), peut saccompagner
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1959
II-Q252
Insuffisance rnale aigu Anurie
Le risque augmente avec le volume ou des administrations rp- Mylome (prcipitation tubulaire des chanes lgres
tes et rapproches. La cratininmie slve 48 72 heures dimmunoglobulines)
aprs l'injection avec un pic entre le troisime et le cinquime Syndrome de lyse tumorale (spontan ou aprs le dbut dune
jour et un retour la normale au bout d'une semaine. chimiothrapie, en particulier lorsque la masse tumorale est importante ;
prcipitation tubulaire de cristaux de phosphate de calcium)
Insuffisance rnale au cours Leucmies aigus monoblastique ou mylomonocytaire (lysozyme)
des infections
Au cours dune infection, une IRA peut apparatre par diff-
rents mcanismes.
Le plus frquemment, les troubles hmodynamiques prsents aigus surviennent au cours de l'infection (staphylocoque dor,
lors dune infection svre ou dun choc septique font voquer bacille Gram ngatif) et sont causes par la formation et le dpt
une IRF ou une ncrose tubulaire aigu ischmique. de complexes immuns circulants.
LIRA peut galement tre indirectement lie l'agent infectieux La leptospirose, dans sa forme grave ictro-hmorragique, est
lorsque ce dernier est responsable d'une rhabdomyolyse (grippe, responsable dune nphropathie immuno-allergique. Classique-
lgionellose) ou d'une hmolyse. ment, aprs une phase rgressive en 4 10 jours qui comporte
La glomrulonphrite aigu post-streptococcique (syndrome fivre, myalgies, arthralgies, syndrome mning et hpato-
nphritique aigu survenant 3 semaines aprs une infection bact- mgalie, il survient une phase d'hpatonphrite fbrile avec
rienne) est devenue rare en France. D'autres glomrulonphrites atteinte mninge lymphocytaire. Le diagnostic repose sur la
mise en vidence d'IgM sriques par mthode Elisa ou par
l'isolement de leptospires dans lurine.
Tableau 2 Principaux critres biologiques LIRA complique l'volution de 5 10 % des patients sro-
du diagnostic diffrentiel entre IRA positifs pour le VIH. Les causes sont multiples et l'indication de
prrnale et ncrose tubulaire aigu PBR est large. La plus spcifique des IRA est la HIV associated
nephropathy (HIVAN). Il sagit dune glomrulonphrite aigu ou
INSUFFISANCE NCROSE dune GNRP avec une protinurie explosive, souvent sans dme
RNALE AIGU TUBULAIRE et sans hypertension artrielle. LHIVAN peut se rencontrer
PRRNALE AIGU
tous les stades de la maladie.
Osmolalit urinaire/
osmolarit plasmatique > 1,5 1
Natriurse (mmol/L) < 20 > 40 PRVENTION ET TRAITEMENT DE LIRA
Fraction excrte Na (%) <1 >2 FONCTIONNELLE ET DE LA NCROSE
Fraction excrte Ure (%) < 35 > 35 TUBULAIRE AIGU
La prvention de lIRA est trs importante, en particulier chez les
[Na]Urine /[Na]Sang x 100 patients risque qui doivent tre reprs.
Fraction excrte Na (%) =
[Cratinine*]Urine/[Cratinine*]Sang La prvention et le traitement de lIRA reposent sur la nor-
* : en mol/L. malisation de la volmie, de lhydratation et de la pression
Attention : Ces critres ne sont pas utilisables en cas de prise dun artrielle, larrt ou lutilisation trs rflchie des traitements
traitement diurtique ou au cours de linsuffisance surrnalienne.
nphrotoxiques.
1960 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 7
artriole effrente artriole affrente HYPOVOLMIE
Glomrule
Filtration glomrulaire
Figure 7 Physiopathologie de linsuffisance rnale aigu fonctionnelle au cours des traitements par anti-inflammatoires non
strodiens (AINS) et inhibiteurs de lenzyme de conversion de langiotensine II.
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1961
II-Q252
Insuffisance rnale aigu Anurie
rtique ne doit jamais tre utilis chez un patient hypovolmique labsence de dilation des cavits pylocalicielles
objective lchographie rnale permet dexclure
car il est alors un facteur supplmentaire dagression rnale (NTA
une cause obstructive.
ischmique). Sil relance la diurse, le diurtique peut contribuer
au contrle dune surcharge hydrosode ou permettre une admi-
B / VRAI OU FAUX ?
nistration moins restreinte de liquides, comme par exemple la
nutrition. Au cours de lIRA, seule la classe des diurtiques de 1 La prise en charge de lanurie repose
lanse peut tre utilise. sur les diurtiques.
2 Lpuration extrarnale permet dacclrer
Nutrition la rcupration de la fonction rnale au cours
Par opposition lIRC, la nutrition nest pas restreinte au cours de la plupart des insuffisances rnales aigus.
de lIRA. Comme pour tout patient agress, la dnutrition est un 3 Le principal traitement prventif de la nphropathie
facteur de mauvais pronostic et les besoins caloriques et pro- aux produits de contraste iods est la N-Actylcystine.
tiques doivent tre couverts. 4 Une ncrose tubulaire aigu peut rcuprer
ad integrum aprs plusieurs semaines danurie.
puration extrarnale (EER) 5 Quelle que soit la cause de linsuffisance rnale
Il sagit dun traitement de supplance qui nacclre pas la aigu, lutilisation des mdicaments nphrotoxiques
rcupration de lIRA. Mal conduite, elle nest pas dnue de doit toujours tre limite au maximum.
risque pour la fonction rnale (agression ischmique suppl-
mentaire en cas dhypotension artrielle) et pour le patient (col- C / QCM
lapsus tensionnel et trouble de conscience par dme crbral
lors dune puration trop rapide). Parmi les suivantes, quelle proposition sapplique
au diagnostic de linsuffisance rnale ?
Deux indications dpuration extrarnale sont formelles :
lhyperkalimie menaante chez un patient oligoanurique et 1 La cratininmie est directement lie au dbit
ldme aigu du poumon lorsque la diurse nest pas relance de filtration glomrulaire.
par les diurtiques. 2 En gnral, la pose dune sonde vsicale demeure
Lpuration extrarnale est galement propose en cas d'aci- est indispensable pour poser un diagnostic danurie.
dose mtabolique profonde non corrige par la perfusion de 3 Un aspect de petits reins ddiffrencis objectiv
bicarbonate de sodium et lorsque l'ure est leve (au minimum lchographie permet de poser le diagnostic
au-dessus de 30 mmol/L). Enfin, lpuration extrarnale peut dinsuffisance rnale chronique et dexclure
permettre la perfusion de lapport nutritionnel sans risque de le diagnostic dinsuffisance rnale aigu.
surcharge hydrique. 4 Une natriurse importante permet dexclure une
insuffisance rnale fonctionnelle.
5 Une cratininmie suprieure 120 mol/L permet
daffirmer une insuffisance rnale.
1962 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 1 5 N O V E M B R E 2 0 0 7
II Q 253
RR
INSUFFISANCE RNALE
CHRONIQUE
Pr Claire Pouteil-Noble
Service de nphrologie, Centre hospitalier Lyon-Sud, universit Lyon I, 69495 Pierre-Bnite Cedex, France
[email protected]
OBJECTIFS
* Avec marqueurs datteinte rnale : protinurie clinique, hmaturie, leucocyturie, ou anomalies morphologiques ou histologiques, ou marqueurs de dysfonction tubulaire,
persistant plus de 3 mois. Un patient dialys est class D sans stade. Selon son dbit de filtration glomrulaire, un patient transplant rnal est dcrit : 1T, 2T, 3T, 4T, 5T.
Une lvation de la cratininmie doit tre confirme par une 3. Anomalies morphologiques
deuxime estimation partir dun nouveau dosage de la cratini- Lchographie rnale recherche une asymtrie de taille, des
nmie ralis dans des conditions adquates de dosage : en contours bossels, des reins de petite taille ou des gros reins
labsence dun traitement par cphalosporine, flucytosine, cim- polykystiques, une nphrocalcinose, un calcul, une hydron-
tidine, trimthoprime. Cette deuxime estimation est ralise phrose.
dautant plus rapidement que le dbit de filtration glomrulaire
initial est diminu, pour liminer une altration aigu de la Affirmer le caractre chronique de la maladie rnale
fonction rnale. Un dbit de filtration glomrulaire estim et de linsuffisance rnale
<15 mL/mn/1,73 m2 est une urgence nphrologique.
Une maladie rnale chronique est une maladie rnale qui
Dfinition des marqueurs datteinte rnale volue depuis plus de 3 mois.
1. Protinurie La chronicit est voque :
La recherche et le suivi de la protinurie sont un objectif priori- sur les donnes de lanamnse : antcdents familiaux de
taire pour permettre le diagnostic nosologique dune maladie nphropathie, antcdents personnels dinfections urinaires
rnale chronique, pour valuer la progression de la maladie hautes rcidivantes, duropathie, de diabte, dhypertension
rnale chronique et lefficacit de la prise en charge thrapeu- artrielle, de maladie athromateuse, notion de prise chro-
tique et pour apprcier le risque de maladie cardiovasculaire. nique ou antrieure de substance nphrotoxique ;
La protinurie clinique peut tre dfinie par : sur lexistence antrieure dune protinurie, dune hmaturie,
ratio albuminurie/cratininurie > 30 mg/mmol (> 300 mg/g) ; dune cratininmie leve ;
ratio protinurie/cratininurie > 50 mg/mmol (> 500 mg/g) ; sur des critres biologiques en cas dinsuffisance rnale vo-
protinurie des 24 heures > 0,3 g. lue : anmie normochrome normocytaire argnrative
Le ratio albuminurie/cratininurie est mesur sur un chantillon secondaire au dfaut de production drythropotine, hypo-
durine prlev prfrentiellement le matin. calcmie (carence en vitamine D active) ;
Dans le cadre du dpistage dune maladie rnale chronique, la sur des critres morphologiques : diminution de la taille des
bandelette urinaire peut tre utilise. reins limagerie (< 10 cm de grand axe ou < 3 vertbres sur un
Actuellement, une albuminurie de faible dbit ou micro-albuminurie clich dabdomen sans prparation) ;
(ratio albuminurie/cratininurie de 3 30 mg/mmol) est considre dans certains cas ces critres ne sont pas retrouvs. Une
comme un marqueur de risque de maladie rnale chronique chez le insuffisance rnale chronique peut tre associe des reins de
diabtique de type 1 ou de type 2 et comme un marqueur indpen- taille normale, voire augmente, si la maladie rnale initiale
dant de risque cardiovasculaire chez lhypertendu. est un diabte, une amylose, une polykystose rnale autoso-
2. Anomalies du sdiment urinaire mique dominante, une hydronphrose bilatrale. Une insuf-
Les anomalies se recherchent sur un chantillon urinaire fisance rnale chronique sans hypocalcmie peut tre observe
partir dune cytologie urinaire quantitative : en cas de mylome, de mtastase osseuse, de sarcodose,
hmaturie pathologique : GR > 10/mm3 ou 10 000/mL ; dintoxication la vitamine D ou dhyperparathyrodie auto-
leucocyturie pathologique : GB > 10/mm3 ou 10 000/mL. nomise.
Prciser le stade de maladie rnale chronique Prendre en charge les facteurs de progression
En vue dune harmonisation avec les recommandations inter- Le contrle des facteurs de progression est important pour ralentir
nationales, la classification est dfinie en 5 stades (tableau 1). lvolution de la maladie rnale chronique vers linsuffisance rnale
chronique puis vers linsuffisance rnale chronique terminale.
Rechercher la cause de linsuffisance rnale chronique
Pression artrielle
Les lments dorientation diagnostique sont donns par linter- La pression artrielle doit tre infrieure 130/80 chez tous les
rogatoire, lexamen clinique, les examens biologiques sanguins et patients ayant une maladie rnale chronique.
urinaires et limagerie. Ils sont prsents dans le tableau 2. Le traitement de lhypertension artrielle repose sur un apport
La conduite du diagnostic tiologique peut ncessiter dautres sod de 4-6 g maximum par jour et lutilisation dinhibiteurs du
examens comme une lectrophorse des protines urinaires, systme rnine-angiotensine : antagonistes du rcepteur de
une immunofixation des protines urinaires, un cho-doppler des langiotensine 2 pour les diabtiques de type 2 et inhibiteurs de
artres rnales, une ponction-biopsie rnale, une cystographie, lenzyme de conversion.
une urographie intraveineuse, un scanner, avec ou sans injection,
une IRM, avec ou sans gadolinium, une scintigraphie rnale, une Protinurie
artriographie rnale. Les examens sans injection de produit de Une protinurie < 0,5 g/24 h ou un rapport protinurie/cratini-
contraste iod sont privilgier, car linjection diode expose au nurie < 50 mg/mmol/L doivent tre maintenus.
risque daggravation dune insuffisance rnale.
Lartriographie rnale nest prconise qu vise thrapeutique Inhibiteurs de lenzyme de conversion et bloqueurs
devant une stnose de lartre rnale (dcision de revascularisation). des rcepteurs de type 1 de langiotensine 2
Lorientation tiologique vers une cause glomrulaire, tubulo- Les bloqueurs du systme rnine-angiotensine sont utiliser
interstitielle, rno-vasculaire ou vasculaire parenchymateuse repose en premire intention, car ils permettent de contrler la pression
sur lassociation des signes cliniques, biologiques et radiologiques artrielle, de diminuer la protinurie et de ralentir la progression
(tableau 3) de linsuffisance rnale.
Nphropathie glomrulaire maladie gnrale (diabte, amylose, protinurie > 3 g/24 h ou rapport
maladie systmique auto-immune) protinurie/cratininurie > 300 mg/mmol
hypertension artrielle protinurie > 1 g/24 h ou rapport
dmes protinurie/cratininurie > 1 g/g
antcdents de protinurie, dhmaturie associ une hmaturie et/ou cylindres
hmatiques et/ou hmaties dformes
reins symtriques, contours rguliers
atrophie harmonieuse un stade volu
indication de ponction-biopsie rnale
Nphropathie tubulo-interstitielle hypertension artrielle absente protinurie de faible dbit (souvent < 1 g/24 h)
ou modre et tardive ou rapport protinurie/cratininurie
antcdents dinfections urinaires < 100 mg/mmol de type tubulaire
rcidivantes, uropathie, goutte, leucocyturie sans germes
maladie mtabolique cylindres leucocytaires
consommation dantalgiques acidose hyperchlormique avec trou
ou exposition des toxiques anionique normal
atrophie rnale asymtrique, contours bossels
(*) Chaque stade inclut les interventions du ou des stades prcdents. DFG : dbit de filtration glomrulaire (mL/min/1,73 m2).
Les lsions osseuses sont aggraves par lacidose mtabolique. lapport de calcium suffisant : 1 g lment par jour, sous forme
Lostodystrophie rnale est la consquence de lassociation de carbonate de calcium pour chelater le phosphore (Calcidia,
de lostomalacie et de lostite fibreuse. Orocal) ;
Lostomalacie est secondaire la carence en vitamine D les chlateurs du phosphore non calciques sont efficaces
active (diminution de la formation osseuse) et se manifeste par (sevelamer, carbonate de lanthanum). Il est prfrable dviter les
des douleurs osseuses, une dminralisation osseuse avec des gels daluminium pour viter la toxicit neurologique et osseuse ;
stries de Looser-Milkman, (radiographies) et une diminution de la une dittique adapte pour diminuer lapport de phosphore
concentration de la 1-25 (OH)2 D3. (rgime 0,8 g/kg de protides) ;
Lostite fibreuse est secondaire lhyperparathyrodie (aug- des apports de vitamine D sous forme de 1-OH-D3 (Un alfa)
mentation de la rsorption osseuse). ou de 1-25 (OH)2 D3 (Rocaltrol). Lapport de vitamine D3 peut
Les signes cliniques sont reprsents par des douleurs cependant savrer ncessaire en cas de carence trs fr-
osseuses et des fractures pathologiques, les signes radiolo- quente dans la population gnrale.
giques par une rsorption des extrmits osseuses (houppes Les objectifs de traitement sont : une calcmie entre 2,2 et
phalangiennes), des lacunes osseuses au niveau du crne, des 2,6 mmol/L, une phosphormie < 1,5 mmol/L, une PTH inf-
os plats, les signes biologiques par une lvation de la parathor- rieure 3 fois la normale.
mone et une augmentation des phosphatases alcalines. En cas dhypercalcmie et dhyperparathyrodie autonomise,
La prvention et le traitement des anomalies phosphocal- donc non freinable (dite tertiaire), une parathyrodectomie peut
ciques reposent sur : tre ncessaire.
p u b l i c a t i o n b i m e n s u e l l e d e f o r m a t i o n m d i c a l e c o n t i n u e
Lithiase urinaire
P r Olivier Traxer
Service durologie, hpital Tenon, 75020 Paris
[email protected]
Objectifs
Diagnostiquer une lithiase urinaire.
TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN
J
usqu la fin du XIXe sicle, la lithiase urinaire
tait essentiellement vsicale, constitue Argumenter lattitude thrapeutique et planifier le suivi du patient.
de purines et de phosphate de calcium et
touchait principalement les jeunes garons.
Aujourdhui, elle est de sige rnal, oxalo-calcique dans prs de Facteurs favorisant les phnomnes
80 % des cas et concerne environ 2 hommes pour 1 femme entre de nuclation-agrgation
20 et 60 ans. La lithiase rnale est devenue une maladie des
1. Augmentation de la concentration urinaire en
civilisations dabondance et son incidence est en augmentation
substances cristallisables (seuil de solubilit dpass)
constante dans les pays industrialiss. La prvalence de la lithiase
rnale dans la population gnrale varie selon les pays (en France Elle peut tre lie :
11 %). La colique nphrtique (CNA), 120 000 150 000 pisodes la baisse de la diurse (urines concentres) par diminution des
chaque anne en France, reprsente 1 2 % des consultations aux apports liquidiens ou par pertes extrarnales augmentes
urgences (80 % des CNA sont dorigine lithiasique). (transpiration) ;
Les avances technologiques et les dcouvertes scientifiques laugmentation de lexcrtion urinaire de substances cristal-
de ces 20 dernires annes ont mis jour un nouvel arsenal th- lisables ;
rapeutique, domin par la lithotritie extracorporelle et lendo- la production excessive endogne (acide urique) ;
urologie, qui a supplant sans concessions la chirurgie ciel laugmentation des apports exognes (calcium, bases puriques).
ouvert et diminu de faon spectaculaire la mortalit et la mor-
bidit lies la lithiase. Si les techniques et les indications du trai- 2. Facteurs anatomiques favorisant la stase urinaire
tement urologique se sont modernises et affines, elles nont des substances lithognes
pas pour autant permis de prvenir la rcidive lithiasique. Le cot Ce sont :
engendr par cette prise en charge thrapeutique constitue un les diverticules caliciels, la mgacalicose, les diverticules vsicaux ;
vritable problme de sant publique et est directement li au le rein en fer cheval, le rein pelvien, la malrotation rnale ;
caractre rcidivant de la lithiase rnale. la vessie neurologique hypo- ou acontractile ;
le mga-uretre, lurtrocle, le reflux vsico-urtral ;
les obstacles cervico-prostatiques responsables de calculs vsi-
PHYSIOPATHOLOGIE caux (adnome de la prostate) ;
Un calcul est compos de substances cristallines associes une la stnose acquise congnitale ou iatrogne de larbre urinaire :
matrice protique. Ces substances cristallines sont dorigine min- syndrome de la jonction pylo-urtrale, compression ou stnose
rale (phosphates, oxalates, calcium, phosphates amoniaco- urtrale.
magnsiens) ou organiques (acide urique, cystine).
Lorsque les urines sont sursatures en substances cristalli- 3. Facteurs infectieux
sables elles deviennent insolubles et sassocient les unes aux Ce sont les germes possdant une urase (Proteus mirabilis,
autres, on parle de nuclation homogne. La taille de la lithiase Klebsielle, Pseudomonas, staphylocoques) qui favorisent, prf-
dpend de limportance de cette agrgation. rentiellement en milieu basique, la formation des calculs de phos-
On parle de nuclation htrogne lorsque les substances phates amoniaco-magnsiens. Ils sont gnralement coralliformes
cristallisables sassocient des supports diffrents (cellules, pro- (en forme de corail moulant la totalit des cavits pylo-calicielles).
tines, autres structures cristallines). Escherichia coli ne possde pas durase.
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Lithiase urinaire
tent que les tudiants soient capables Ltudiant prendra soin galement de pla- de diagnostiquer une hypertrophie bni-
de prendre en charge, selon les rgles cer dans une de ses rponses que le gne de la prostate et de mettre en place le
dusage, les urgences urologiques et les patient sera laiss jeun (mme si un traitement mdical de premire intention.
pathologies courantes. Le meilleur conseil patient non jeun sera galement opr Il doit galement tre capable de parler
que lon puisse donner un tudiant est dans cette situation durgence), que lanes- des alternatives chirurgicales. De la mme
le suivant : Soyez et faites simple , ce thsiste sera contact, de mme que le faon, il doit tre capable de diagnostiquer
que les correcteurs veulent voir dans vos bloc opratoire. Ne pas oublier lautorisa- un cancer de la prostate et de proposer un
rdactions de questions, cest avant tout tion parentale et de prvenir du risque traitement vise curative ou un traite-
du bon sens, de la logique et du sens pra- dorchidectomie. linverse, si le testicule ment palliatif, selon lextension du cancer
tique. Ils doivent avoir limpression au tra- doit tre sacri, nvoquez pas la cryo- (cancer localis ou mtastatique), comme
vers de votre rdaction que vous avez dj conservation de sperme propratoire : si il doit tre apte diagnostiquer une
vcu ces situations cliniques et que vous cela part dun bon sentiment, vous com- incontinence urinaire leffort. Enn, il est
tes capables (et que vous SEREZ capa- prendrez facilement que cela est impossi- inconcevable de parler durologie sans
bles, une fois nomm) de prendre en ble en urgence chez un patient qui hurle connatre les tumeurs de vessie . Si cet
charge ces patients. de douleur. item nest pas clairement dcrit dans la
Lorsque vous rdigez vos rponses, ima- La colique nphrtique : il sagit de liste des questions, il sintgre de faon
ginez que vous tes en face dun vritable lurgence urologique la plus frquente plus gnrale dans la question hmatu-
patient, en consultation, aux urgences, ou (120 000 cas annuels). Une fois le rie : en clair pas dimpasse sur cette
en salle lors de la visite. Si vous arrivez diagnostic de CN afrm (diagnostic question.
faire cet effort dimagination, alors vous clinique conrm par les images
serez capables de ragir avec du sens pra- dchographie rnale), ltudiant devra Pour terminer, il est indispensable de rap-
tique : cest--dire avec logique et bon sens rechercher des signes de complications : peler aux tudiants que le vocabulaire
comme vous le faites au quotidien dans vre et/ou anurie. Si tel est le cas, la CN mdical doit tre utilis avec prcision :
vos stages dexternes. Encore une fois : sera intitule CN complique , qui ainsi, une colique nphrtique rpond
soyez et faites simple . ncessite alors une prise en charge la dnition suivante : douleur rnale par
mdico-chirurgicale centre sur le distension des cavits pylo-calicielles .
Les urgences urologiques sont peu drainage des urines, en urgence au bloc Cette dnition ne prsage pas de la cause
nombreuses mais leur prise en charge opratoire et sous anesthsie (mmes de la CN. Il ne faut donc pas penser que
doit tre irrprochable : remarques que pour la torsion du toute CN est en rapport avec un calcul uri-
La torsion du cordon spermatique cordon spermatique concernant la prise naire, mme si les calculs reprsentent 80 %
(et non la torsion du testicule !) est en charge au bloc opratoire). des cas. Autre exemple : une hmaturie
exclusivement chirurgicale : cela sous- La rtention aigu durines (RAU) : initiale correspond lmission de sang
entend que ltudiant doit orienter la l encore, faites et soyez simple. Ne mlang aux urines en dbut de miction.
rdaction de son dossier clinique autour confondez jamais une anurie avec une Elle na rien voir avec une urthrorragie
de cet impratif. Il ne demandera donc rtention aigu durines : il sagit de deux (mission de sang par lurthre en dehors
pas dexamens complmentaires inutiles, pathologies diffrentes. Un patient en des priodes mictionnelles).
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4. Influence du pH urinaire
pH acide (5-6), on note la formation de calcul dacide urique, POINTS FORTS
doxalate de calcium et de cystine. retenir
pH basique, il sagit de calculs phosphocalciques et infectieux. La lithiase urinaire dfinit la maladie (capacit faire
des calculs urinaires).
Diffrents types de calculs urinaires
Le calcul urinaire reprsente lexpression clinique
Ils sont : de la maladie lithiasique.
calciques dans 80 % des cas (oxalate de calcium mono- ou
Pathologie trs frquente : prvalence de 10 12 %
dihydrat : 30 %, phosphate de calcium : 10 %, oxalo-phospho-
dans la population franaise.
calcique : 40 %) ;
Maladie des pays industrialiss : incidence augmentant
phospho-amoniaco-magnsiens dans 10 15 % des cas ;
avec le niveau de vie.
uriques dans 5 10 % des cas ;
autres (cystinique : 1 %, xanthique, mdicamenteux : < 1 %). Deux hommes pour une femme, essentiellement entre
20 et 60 ans.
Rcidive : 40 60 % des cas dans les 5 ans et 60 80 %
DIAGNOSTIC des cas dans les 10 ans.
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Lithiase urinaire
Figure 1 ASP calcul lombaire. Figure 2 Calcul pelvien (C) - phlbolite (P).
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urines au plus vite) lie la stase durines infectes en amont Au niveau pelvien, il faut diffrencier les calculs des phlbo-
dun obstacle : on parle de pylonphrite obstructive ou de colique lites qui eux sont multiples, bilatraux, ronds, centre clair et
nphrtique aigu fbrile. situs sur les axes vasculaires (fig. 2).
Les clichs de trois quarts permettent de dgager luretre
4. Autres modes de rvlation iliaque du cadre osseux.
Linsuffisance rnale peut tre aigu ou chronique, dvelop- Les calculs dacide urique et les xanthiques sont radio-
pe alors bas bruit. transparents donc non visibles sur lASP.
La dcouverte de la lithiase dans le cadre dune hypertension
artrielle (HTA) signe souvent la destruction bas bruit du rein
par la lithiase, lorigine de lHTA.
Enfin, une anurie calculeuse est une urgence.
5. Forme asymptomatique
Dans la majorit des cas, les calculs urinaires sont asympto-
matiques. Dcouverts sur un abdomen sans prparation ou au cours
dune chographie abdominale, ou sur un examen systmatique
des urines la bandelette urinaire (frquent en mdecine du travail).
Les calculs coralliformes, souvent volumineux, sont paradoxa-
lement souvent asymptomatiques, car dvelopps bas bruit
sur de longues priodes.
Diagnostic radiologique
1. Abdomen sans prparation (ASP) [fig. 1]
Il recherche un calcul : image radio-opaque ou faiblement
radio-opaque (90 % des cas).
Il localise le calcul :
soit dans laire rnale : lombre rnale est visible sur lASP de
D12 L3, le hile rnal se projetant hauteur de L1-L2, le rein gau-
che est anatomiquement plus haut que le droit (foie) ;
soit sur le trajet urtral : luretre lombaire est vertical, croi-
sant les apophyses transverses de L3-L4-L5 ; luretre iliaque
passe en avant de laileron sacr, en dedans de larticulation
sacro-iliaque ; luretre pelvien est convexe en dehors et rejoint
la vessie en sincurvant vers la ligne mdiane en regard des
pines sciatiques ;
soit dans laire vsicale : centre du pelvis, diffrencier dun Figure 3 chographie rnale : dilatation des cavits pylo-
fibrome calcifi de lutrus. calicielles (rein gauche).
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Figure 4 UIV : calcul lombaire (flche rouge) et dilatation Figure 5 Scanner spiral sans injection. Calcul.
des cavits pylo-calicielles sus-jacentes (flche bleue).
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Lithiase urinaire
4. tiologie
Tableau 1 Examens de premire intention On parle dhypercalciurie si la calciurie est 0,1 mmol/kg/j
ou 4 mg/kg/j si les apports calciques sont de 1000 mg/j ou pour
Urines des 24 h Sang Urines du rveil une calciurie 0,07 mmol/kg/j ou 3 mg/kg/j si les apports
(samedi au dimanche soir) (lundi matin) (lundi matin)
calciques sont de 400 500 mg/j. Elle peut tre primaire ou
cratinine cratinine densit secondaire (v. encadr 1).
calcmie calcium pH par pHmtrie Il existe des formes dhypercalciurie idiopathique.
acide urique acide urique cristallurie
ure bandelette urinaire 5. Traitement
sodium et/ou ECBU Les mesures gnrales sont (tableau 3) :
volume boissons abondantes, au moins deux litres par jour dune eau
pauvre en calcium (Volvic) ;
limitation de la ration calcique en cas dapport important (2
Tableau 2 Interprtation des examens 3 produits laitiers/j) ;
de premire intention limitation des apports en oxalates (chocolat, th, poivre) ;
limitation des apports en protines animales : 1 g/kg de poids /j ;
PARAMTRES SEUIL ORIENTATION TIOLOGIQUE diminution de lapport sodique : 5 g/j ;
rgimes riches en fibres naturelles qui complexent le calcium
Calcmie > 2,61 mmol/L hyperparathyrodie primaire dans le tube digestif (acide phytique) et limitent son absorption.
sarcodose viter les traitements base de vitamine D.
intoxication la vitamine D Le traitement spcifique en cas dhypercalciurie secondaire est
mylome la calcitonine qui diminue lhypercalciurie lie la lyse osseuse
syndrome paranoplasique dans les immobilisations prolonges.
Calciurie > 0,1 mmol/kg/j hypercalciurie de dbit Le traitement prventif est assur par les diurtiques thiasidiques
(> 4 mg/g/j) (effet hypocalciuriant par rabsorption tubulaire du calcium) :
> 3,8 mmol/L hypercalciurie de concentration Esidrex 25 50 mg/j.
Uricurie > 5 mmol/j hyperuricurie de dbit
> 2,5 mmol/L hyperuricurie de concentration Lithiases doxalate de calcium
Ure urinaire > 5,5 mmol/kg/j apport en protines > 1 g/kg/j 1. Aspects radiologique et macroscopique
Natriurse > 150 mmol/j apports en sel > 9 g/j
La lithiase est radio-opaque.
Diurse < 2 litres/j dilution insuffisante Les calculs doxalate de calcium mono-hydrats (whewellite)
Densit > 1 025 g/L diurse nocturne insuffisante sont plus denses, moins friables, de couleur noire, lisses et durs.
PH > 6,5 acidose tubulaire distale Sur lASP ils apparaissent arrondis, homognes et de densit
lithiase phosphocalcique suprieure celle de la dernire cte, plus frquemment situs
lithiase dinfection (urase) au niveau de luretre pelvien.
< 5,2 lithiase urique ou oxalo-urique Les calculs doxalate de calcium di-hydrats (weddellite) sont
moins radio-opaques, plus friables, de couleur jaune et spiculs.
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Sur lASP ils apparaissent spiculs, htrognes et de densit Tableau 3 Rgles dittiques respecter
gale ou infrieure celle de la cte, plus frquemment situs pour la maladie lithiasique rnale
au niveau de luretre lombaire.
2. Caractristiques physico-chimiques des urines Boissons 2,5 3 litres par jour, rpartis sur la journe
Calcium 800 1 000 mg /j
Elles sont comparables celles de la lithiase phosphocalcique
en dehors du pH urinaire qui est plus acide.
Protines 1 g/kg de poids/j
Lhyperuricosurie intervient dans la formation des calculs Sel 3 5 g/j, ne jamais ajouter de sel
oxalo-calciques. Oxalate viter les aliments riches en oxalate : chocolat +++
Une hyperoxalurie est parfois associe, ainsi quune hyper- Acide Urique viter les aliments riches en purines
calciurie. Sucres viter les sucres rapides, bonbons et ptisseries
Lure urinaire est leve (tmoin de la consommation exces- Fibres augmenter lapport en fibres alimentaires
sive en protines animales) et la natriurse aussi (tmoin de la
consommation excessive en sel alimentaire). Ces rgles dittiques doivent tre simples et faciles appliquer
Elles doivent tre respectes vie
3. tiologie
Elles sont inutiles si la diurse quotidienne de 2 litres
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Lithiase urinaire
enzymopathie : hyperactivit de la PRPP synthtase, Lesh-Nyhan la malabsorption. Elle se rencontre dans les pancratites, la
(dficit en HGPRT). maladie de Crohn, dans les rsections tendues du grle,
les by-pass intestinaux, la maladie cliaque.
4. Traitement
Les mesures gnrales sont : Hyperoxalurie dorigine alimentaire
larrt des mdicaments uricosuriques : diurtiques thiazidiques, Plus de 5 grammes par jour (consommation excessive de
aspirine ; chocolat, cure de vitamine C, th, poivre, noix-noisettes,
une diurse abondante alcaline : eau de Vichy (eau sale vi- rhubarbe, oseille, pinards).
ter en cas dhypertension artrielle). Il faut conseiller le vichy
Clestin plus que le Saint-Yorre, car la quantit de fluor est Hyperoxalurie idiopathique
moins importante dans le Clestin : de manire gnrale, il ne
faut jamais prendre plus de 1,5 litre de vichy par jour (risque de
fluorose osseuse). Au besoin, complter par dautres agents un traitement spcifique dun syndrome mylo- ou lympho-
alcalinisants ; prolifratif ;
lalcalinisation des urines par le citrate de potassium : en pr- un traitement adjuvant des chimiothrapies par Fasturtec.
paration officinale (sachet de 6 8 g, 1 fois/j dilu dans un litre La dissolution est obtenue dans plus de 80 % des cas en moins
deau peu minralise : Volvic) ou Alcaphor 1 4 cuillres de 3 mois.
soupe/jour ou Foncitril 4 000 (citrate de sodium et de potassium) : En cas de traitement urgent, la mise en place dune sonde
2 4 sachets/jour, ou bicarbonate de sodium (attention au sel) urtrale ou dune nphrostomie et lalcalinisation des CPC par
1 3 cuillres soupe/jour, associe une diurse de 2 litres irrigation de bicarbonates 14 sous contrle du pH urinaire
(boissons entre 2 et 3 litres) ; pour mmoire, le jus dorange est et du ionogramme sanguin est possible.
conseill pour alcaliniser les urines : deux verres par jour (mais
attention au sucre). Le jus dorange est une source naturelle de Lithiase phospho-ammoniaco-
citrate, et ne contient que peu de vitamine C (65 mg dans deux magnsienne
verres) ; Appele galement struvite, elle est rarement pure, souvent
le contrle du pH urinaire 3 fois/j par bandelette urinaire ou associe des sels calciques indpendants de linfection (oxa-
papier pH (moins onreux) et consigner les rsultats sur un petit late de calcium, phosphate de calcium), ou infectieux-dpendant
carnet (pH et volume urinaire). (carbapatite).
La quantit dalcalinisant urinaire et de boissons est adapter Elle est prdominante chez la femme (80 %), favorise par
aux rsultats du pH et du volume de la diurse de chaque patient : linfection urinaire germes urase + : Proteus mirabilis dans
il ny a pas de rgles strictes de prescription. 60 % des cas (Escherichia coli nen possde pas).
La lutte contre lhyperuricurie passe par :
la suppression des abats : rognons, tripes, foie ; 1. Aspects radiologique et macroscopique
la suppression des charcuteries, du gibier, des crustacs et de De tonalit calcique, moulant les CPC, elle est souvent volu-
lalcool ; mineuse, bilatrale et coralliforme : calculs complexes du rein
viter les lgumes secs : lentilles, pois, haricots blancs ; est une meilleure appellation que coralliforme.
un traitement mdicamenteux : allopurinol (Zyloric) : 100 Elle se prsente parfois sous forme de strates concentriques,
300 mg/j ; et est de couleur blanchtre brun.
1812 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 3 1 O C T O B R E 2 0 0 7
2. Caractristiques physico-chimiques des urines 4. Traitement
Le pH est alcalin (suprieur 7) et il existe une augmentation Une diurse alcaline abondante permet datteindre un pH
de la concentration en ions NH4, lie lactivit urase + des optimum de 7,5 8 (v. lithiase urique) et un volume des urines
bactries. suprieur trois litres par jour.
Le rgime pauvre en mthionine, prcurseur de la cystine, est
3. tiologie difficile maintenir du fait des contraintes dittiques et du risque
La formation de ces calculs est satellite dinfections urinaires de dnutrition.
germes urase + (Proteus mirabilis, Providencia, Klebsielles, La prescription de mdicaments thiols favorise la solubilit
Pseudomonas, Ureaplasma urealyticum, Corynebacterium D2, urinaire de la cystine : Lopril, D-pnicillamine (Trolovol 1,5 g/j),
staphylocoques blancs). se liant la cystine pour former un complexe soluble. Il faut se
Il existe un rle non ngligeable duropathie malformative mfier du risque dagranulocytose sous Trolovol et associer alors
associe, de vessie neurologique ou dobstacle acquis. de la vitamine B6 (50 mg/j).
La cystinurie doit tre maintenue en dessous de 200 micromol/L.
4. Traitement
Mesures gnrales. Il sagit : Lithiase medicamenteuse
de boissons abondantes (viter les boissons alcalines) ; Certaines molcules sont susceptibles de prcipiter elles-
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de lacidification des urines (difficile maintenir) ; mmes dans les urines et de former les calculs. Cest le cas du
du traitement dune infection urinaire associe (primordial) ; triamtrne (Teriam), de lallopurinol (Zyloric), des sulfamides
du traitement dune anomalie urologique. (Bactrim), de lamoxicilline (Clamoxyl), de lindinavir (Crixivan)
Le traitement chirurgical ou par lithotritie extracorporelle se fait dans les trithrapies pour HIV.
toujours sous couverture antibiotique.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 3 1 O C T O B R E 2 0 0 7
1813
II-Q259
Lithiase urinaire
Figure 6 Lithotritie extracorporelle. Figure 8 Calcul corraliforme extrait par chirurgie ciel ouvert.
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Figure 7 ASP : volumineux calcul complexe du rein droit extrait Figure 9 Drainage des urines : sonde double J (1), sonde
par nphrolithotomie percutane. urtrale (2), sonde de nphrostomie (3).
1814 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 3 1 O C T O B R E 2 0 0 7
Calculs du rein :
calcul unique 20 mm : LEC ;
calcul unique 20 mm : NLPC ;
calculs ramifis complexes ou coralliformes : NLPC complte
par LEC.
Calculs urtraux :
Le calcul urtral obstructif est une urgence : il faut drainer
les urines par une sonde urtrale ou une sonde double j, en cas
dchec par une sonde de nphrostomie (fig. 9 et 10). Le calcul
est trait en diffr.
En dehors de lurgence, lexpulsion spontane concerne 70 %
des calculs pelviens < 5 mm.
Calcul uretre lombaire de 6 15 mm : LEC. En cas dchec :
urtroscopie.
Calcul uretre iliaque de 6 15 mm : LEC ou urtroscopie.
Calcul urtral suprieur 15 mm de diamtre (lombaire ou
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L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 3 1 O C T O B R E 2 0 0 7
1815
RR Q 264 II
NPHROPATHIE images
DIAGNOSTIQUER
matrice msangiale, qui ne contient normalement quun petit
une nphropathie glomrulaire. nombre de cellules. Lensemble forme le flocculus. Les nphro-
pathies glomrulaires sont secondaires latteinte dun ou plu-
ARGUMENTER lattitude
sieurs de ces lments constitutifs.
thrapeutique et PLANIFIER Deux principaux types danomalie peuvent tre observs :
le suivi du patient. les dpts (fig. B), immuns ou non, qui peuvent se situer en
position msangiale, sous-endothliale, intracapillaire ou extra-
membraneuse ;
la prolifration cellulaire (fig. C), constitue de cellules pith-
I
es nphropathies glomrulaires constituent un groupe liales et/ou de cellules inflammatoires, qui peut intresser le
Intracapillaire
] Prolifration
endocapillaire
nmie, etc. ; C
la biopsie rnale est presque toujours ncessaire au diagnostic. FIGURE A Reprsentation schmatique dun glomrule normal en coupe.
Trois fragments de parenchyme rnal sont prlevs : lun pour B Les diffrents types de dpts glomrulaires et leur topographie (en rouge).
ltude en microscopie optique, un autre pour ltude en immuno- C Les diffrentes formes de prolifration cellulaire glomrulaire (en rouge).
Nphrotique (SN) Protinurie > 3 g/24 heures* La notion de SN pur (ni HTA, ni hmaturie, ni insufsance rnale)
(> 50 mg/kg/24 heures chez lenfant) ou impur nest rellement utile que chez lenfant.
et hypoalbuminmie < 30 g/L Le SN saccompagne presque toujours dun syndrome dmateux,
et hypoprotidmie < 60 g/L dintensit variable, non indispensable au diagnostic positif de SN.
Glomrulonphrite chronique Associe des degrs variables protinurie, Souvent rvl par le dpistage (bandelette urinaire, PA)
(GNC) hmaturie, hypertension artrielle en situation de mdecine professionnelle.
et insufsance rnale chronique.
Hmaturies macroscopiques Hmaturies totales indolores et sans caillot, Souvent associ un syndrome de GNC.
rcidivantes sans cause urologique retrouve. Rvle le plus souvent une nphropathie IgA.
Glomrulonphrite rapidement Insufsance rnale rapidement progressive Classiquement, la protinurie est rarement nphrotique
progressive (GNRP) ou aigu associe des signes et la PA est peu leve. Hospitalisation en urgence
datteinte glomrulaire (hmaturie pour suspicion de glomrulonphrite extra-capillaire.
micro- ou macroscopique, protinurie).
Syndrome nphritique aigu Anomalies brutales et transitoires : Parfois associ un syndrome nphrotique.
(SNA) oligurie (avec hmaturie souvent Tout syndrome nphritique aigu avec insufsance rnale
macroscopique et protinurie), dmes, non rapidement rgressive voque un syndrome de GNRP.
HTA et insufsance rnale aigu.
labsence de rtinopathie diabtique. La concordance rtino- insuffisance rnale peut tre prsente ds le diagnostic. Laug-
pathie-nphropathie est proche de 100 % dans le diabte de mentation de la taille des reins est classique mais inconstante.
type 1, et environ 60 % dans le type 2 ; Il faut rechercher des signes extra-rnaux datteinte dautres
prsence de signes extra-rnaux non lis au diabte ; organes :
diabte voluant depuis moins de cinq ans. cardiaque : cardiomyopathie hypertrophique, insuffisance
2. Anatomopathologie cardiaque, troubles de la conduction ;
Laspect caractristique est une sclrose glomrulaire das- neurologique : neuropathie priphrique ou vgtative, souvent
pect nodulaire, sans dpts immuns significatifs. lorigine dune hypotension orthostatique ;
3. Traitement et volution digestive : diarrhe, malabsorption ;
Il repose sur le traitement nphroprotecteur indiqu dans toute hpatomgalie (avec lvation de la gamma GT), splnomgalie ;
glomrulopathie chronique et sur un quilibre strict du diabte. autres : macroglossie, ecchymose priorbitaire, insuffisance
Le pronostic rnal est largement fonction de la prcocit et de surrnalienne, hypothyrodie
la bonne conduite du traitement. En cas de protinurie et dHTA Les atteintes cardiaque et neurologique sont frquentes dans
mal contrles, le risque est lvolution vers linsuffisance rnale lamylose AL, exceptionnelles dans lamylose AA.
terminale en quelques annes. 2. Anatomopathologie
Le diagnostic repose sur la mise en vidence de dpts amy-
Lamylose rnale lodes par la coloration rouge Congo. Limmunofluorescence per-
Lamylose est une maladie lie des dpts fibrillaires, pouvant met ensuite de prciser le type damylose, AL ou AA.
toucher de nombreux organes, forms dun composant commun La biopsie rnale nest pas ncessaire lorsque lamylose a t
aux diffrentes amyloses (protine SAP), associ un composant prouve par une biopsie moins invasive, notamment des glandes
variable selon le type damylose. salivaires accessoires.
Les deux principaux types connatre sont lamylose AL et AA. 3. tiologie
Les amyloses hrditaires, rares, ne seront pas voques ici. Lamylose AL est lie la production dune chane lgre dim-
1. Prsentation clinique munoglobuline par un clone plasmocytaire et peut tre isole (ou
La prsentation habituelle est une protinurie, souvent un syn- primaire ) ou associe une hmopathie lymphode, surtout
drome nphrotique. Il ny a pas dhmaturie microscopique. Une un mylome, quil faut rechercher.
la contamination des sujets contacts. Mme si elle ne semble COL4A3 et COL4A4 codant les chanes alpha3 et alpha4 du col-
pas beaucoup influencer lvolution de la glomrulonphrite, une lagne IV pour les formes rcessives. Le collagne IV, composant
antibiothrapie doit donc tre administre. important de la membrane basale glomrulaire, est galement
Le pronostic est excellent, surtout chez les enfants, la gurison exprim dans la cochle, expliquant latteinte rnale et auditive.
complte tant la rgle. long terme, une protinurie et une 4. Traitement et volution
hypertension artrielle peuvent tre observes chez un petit Il ny a pas de traitement spcifique, et lvolution se fait
nombre de patients. constamment vers linsuffisance rnale terminale chez les
hommes. De nombreuses femmes peuvent rester asymptoma-
Glomrulonphrite membranoprolifrative (GNMP) tiques dans la forme lie lX.
1. Prsentation clinique
La glomrulonphrite membranoprolifrative est une maladie Traitement symptomatique et nphroprotecteur
rare ralisant un tableau aspcifique de glomrulonphrite chro- des nphropathies glomrulaires
nique.
2. Anatomopathologie Le but du traitement est de ralentir la progression de la maladie
La biopsie rnale montre une prolifration msangiale et endo- rnale et de diminuer le risque de complications cardiovascu-
capillaire. Il existe des dpts immuns (C3 et immunoglobulines), laires. Le risque cardiovasculaire est trs augment chez tous les
notamment sous-endothliaux, et des remaniements de la mem- patients ayant une protinurie et/ou une insuffisance rnale, sur-
brane basale glomrulaire au contact des dpts ralisant un tout au cours du diabte.
aspect en rail de chemin de fer . Quun traitement spcifique (corticodes, immunosuppresseur,
Il existe dautres formes rares de glomrulonphrite membra- traitement dune infection) soit disponible ou non, les mesures
noprolifrative, qui ne seront pas traites ici. suivantes doivent tre systmatiquement entreprises en cas de
3. tiologie glomrulopathie chronique :
La maladie peut tre idiopathique ou secondaire des affections rduction de la pression artrielle, avec un objectif infrieur
varies, notamment : 130/80 mmHg. Les IEC et les sartans doivent tre utiliss en
cryoglobulinmie mixte, le plus souvent secondaire une premire intention, car outre leur action antihypertensive, ils ont
hpatite C chronique ; galement un important effet antiprotinurique. Ils doivent tre
infections bactriennes subaigus : endocardite, abcs pro- prescrits doses progressives. Il est souvent ncessaire das-
fond, shunt atrioventriculaire infect ; socier dautres classes dantihypertenseurs, notamment les
lupus. diurtiques, pour atteindre la cible thrapeutique,
4. Traitement et volution rduire la protinurie, en utilisant un IEC et/ou un sartan, mme
Le traitement des formes idiopathiques est controvers et peu en labsence dhypertension, en augmentant progressivement
efficace. Lvolution est chronique et le pronostic est variable, de les doses en fonction de la tolrance de ces traitements. Las-
nombreux patients dveloppant une insuffisance rnale chro- sociation IEC + sartan est controverse mais peut tre discute ;
nique. traitement hypolipmiant par statines et correction des autres
facteurs de risque cardiovasculaires ;
Syndrome dAlport traitement symptomatique du syndrome dmateux par res-
1. Prsentation clinique triction hydrosode et diurtiques ;
Le syndrome dAlport est une nphropathie hrditaire dont la anticoagulation efficace prventive en cas dhypoalbuminmie
forme classique est lie lX (85 %), rarement autosomique < 20 g/L pour prvenir le risque de thrombose veineuse,
rcessive (15 %). Latteinte est plus svre chez les hommes, qui notamment des veines rnales. Ce risque est plus lev dans la
prsentent une glomrulonphrite chronique avec hmaturie GEM que dans d'autres glomrulopathies ;
(constante) et parfois une surdit. La maladie est moins svre ducation du patient sur lviction des nphrotoxiques (anti-
chez les femmes, qui peuvent parfois tre asymptomatiques ou inflammatoires, produits de contraste iods) et ladaptation
avoir une hmaturie isole. des doses de mdicaments la fonction rnale.
2. Anatomopathologie
Les auteurs dclarent navoir aucun conit dintrts concernant les donnes
Latteinte caractristique est un amincissement de la mem- publies dans cet article.
brane basale glomrulaire. Limmunofluorescence permet, avec
des anticorps spcifiques, dtudier lexpression des chaines
alpha du collagne IV. POUR EN SAVOIR
3. tiologie
Maladies glomrulaires chroniques
La forme lie lX est due une mutation du gne COL4A5 Monographie. Rev Prat 2003;53(18):1991-2050.
codant la chane alpha5 du collagne IV, ou plus rarement des
POLYKYSTOSE RNALE
Dr Stphane Burtey et Pr Yvon Berland
Centre de nphrologie et transplantation rnale, hpital de la Conception, 13005 Marseille, France
[email protected]
DIAGNOSTIQUER
une polykystose rnale. Le mode de transmission autosomique rcessif se caractrise
par la prsence du trait phnotypique si les deux allles du gne
sont muts. Chaque parent apporte un allle mut. Les parents
sont indemnes de l'affection. Le risque d'apparition de la maladie
dans la fratrie est de 25 %.
Pour plus d'information sur les modes de transmission mend-
liens et la ralisation d'un arbre gnalogique, nous conseillons le
site Orphaschool (http://www.orpha.net/orphaschool/elearn1.htm)
Classification de Bosniak
A B C D Kyste
non clonal
rcent
Rgnration
tubaire et
mise en place
du kyste
Scrtion E Croissance
kystique
Prolifration
FIGURE 1 Modle en trois coups de la polykystose rnale autosomique dominante. Toutes les cellules tubulaires portent une mutation dans PKD1 par exemple.
L'vnement A, le deuxime coup molculaire, ici une mutation somatique dans l'autre allle de PKD1, transforme la cellule tubulaire en cellule kystique.
Pour que cette cellule exprime pleinement son potentiel, il faut un troisime coup, la cellule doit prolifrer par exemple aprs une ncrose tubulaire (B).
La rgnration va ncessiter la multiplication des cellules. La cellule sans polycystine va donner naissance un kyste au lieu de former un tubule (C).
Le kyste est initialement connect la lumire, en croissant, il se spare de cette dernire (D). Initialement la prolifration n'est pas clonale. La croissance
des kystes se fait essentiellement par une scrtion transpithliale nette (E). Les kystes anciens sont clonaux.
Le modle en trois coups permet de comprendre la variabilit migration lithiasique, d'infections (infections de kystes et pylo-
d'expression de la PKD. La kystogense est un phnomne sto- nphrite). Les kystes rnaux peuvent tre responsables d'pi-
chastique dpendant de la frquence de survenue des deuxime sodes d'hmaturie macroscopique. L'insuffisance rnale est
et troisime coups molculaires. secondaire la destruction du parenchyme rnal sain par les
kystes. Elle peut survenir tous les ges. Elle apparat en gnral
Manifestations cliniques dans la quatrime dcennie et 50 % des polykystiques sont en
La polykystose rnale autosomique dominante est une maladie traitement de supplance 54 ans. Ensuite, tous les 10 ans, 10 %
systmique. Il existe des manifestations secondaires la prsence des patients restants dveloppent une IRCT. Pour PKD2, cette
des kystes ou d'une maladie du tissu lastique et du muscle lisse. squence est dcale en gnral de 20 ans. La vitesse de dgra-
Il existe des atteintes rnales et extra-rnales. Les deux complications dation du dbit de filtration glomrulaire est approximativement
majeures de la PKD sont le dveloppement de l'insuffisance de 5 mL/an.
rnale chronique et les anvrismes des artres crbrales. Le Les kystes hpatiques apparaissent chez 70 % des patients, plus
diagnostic peut tre pos devant une de ces manifestations cli- tardivement que les kystes rnaux et plus frquemment chez
niques, mais de plus en plus lors du dpistage familial. les femmes. Ils sont le plus souvent asymptomatiques (fig. 3).
1. Les kystes La principale complication est lie l'hpatomgalie et la
Les kystes rnaux sont constants. Leur augmentation de volume compression des organes de voisinage. Ils ne se compliquent
est lente, progressive et bilatrale. Ils sont responsables de l'en- pas d'insuffisance hpato-cellulaire. La complication la plus
semble des manifestations rnales de la PKD (fig. 1 et 2). La redoutable est l'infection.
svrit des symptmes rnaux et de l'insuffisance rnale est Les autres localisations kystiques sont rarement symptomatiques. Il
corrle au volume kystique. Il se complique d'une augmentation existe des kystes pancratiques chez 30 % des patients, des
du volume rnal qui est responsable de douleurs lies la disten- kystes arachnodiens chez 10 % des patients, tous les organes
sion de la capsule. Les douleurs peuvent tre le symptme d'une solides intra-abdominaux peuvent prsenter des kystes. Les
hmorragie intrakystique (colique nphrtique, figure 2) d'une kystes de l'pididyme peuvent se compliquer de strilit.
A B
FIGURE 2 A : rein polykystique (scanner non inject) compliqu dune hmorragie FIGURE 3 Scanner inject dune polykystose rnale
intrakystique (flche rouge). B : rein polykystique (scanner inject) : les kystes ne sont pas rehausss autosomique dominante avec reins polykystiques et
par le produit de contraste. quelques kystes hpatiques.
est de 130/80 mmHg. Aucun mdicament n'a montr une sup- Maladie hpatique
riorit en termes de nphroprotection. En cas d'HVG, de micro- L'atteinte hpatique se caractrise par une fibrose hpatique
albuminurie ou d'une protinurie associe, le choix se fera en se compliquant d'une hypertension portale associe une proli-
premier sur un bloqueur du SRAA : inhibiteur de l'enzyme de fration des canaux biliaires. Les voies biliaires peuvent tre
conversion ou antagoniste des rcepteurs de l'angiotensine (sar- dilates. On parlera de maladie de Caroli qui prdispose aux
tans). L'arrt du tabac est capital pour ralentir la vitesse de pro- cholangites. La complication principale de la fibrose hpatique
gression de l'IRC et limiter le risque cardiovasculaire. priportale est le dveloppement d'une hypertension portale qui
2. Dpistage des anvrismes intracrniens se compliquera de varices sophagiennes et d'une splno-
Le dpistage des anvrismes intracrniens sera systmatique mgalie majeure.
chez les patients porteurs d'une polykystose dont un des parents
a dj prsent un anvrisme, une hmorragie intracrbrale ou Diagnostic
mninge ou un AVC. Il reposera sur la ralisation d'une angioIRM
tous les 10 ans. Le contrle tensionnel et l'arrt du tabac sont deux Le diagnostic de la polykystose rnale autosomique dominante
points capitaux pour limiter le risque de rupture d'anvrisme. est un diagnostic frquent. Il est important de ne pas porter un
3. Information la famille diagnostic par excs. Le diagnostic d'une maladie gntique
La PKD est une maladie gntique. Il est important d'informer implique l'individu mais aussi toute sa famille.
le patient du risque de transmission sa descendance. Il faut que Les autres maladies kystiques rnales ont des complications
le patient informe les membres de sa famille de sa maladie gn- spcifiques qui ncessiteront une prise en charge spcialise
tique et du risque pour eux d'en tre atteints. Le risque de trans- (par exemple, la maladie de von Hippel-Lindau ou la sclrose
mission la descendance est de 50 %. Un individu non atteint ne tubreuse de Bourneville et la frquence des cancers rnaux
transmet pas la maladie sa descendance. Une chographie associs). Il est indispensable d'avoir un avis spcialis quand le
rnale ne doit tre ralise qu'en cas de signe clinique ou du diagnostic est suspect.
dsir d'un dpistage. La ralisation d'une chographie rnale
doit tre faite en informant le patient des rsultats possibles. Circonstances du diagnostic
La dcouverte de kystes rnaux peut se faire dans des circons-
Polykystose rnale autosomique rcessive tances varies :
devant des symptmes : douleur, hmaturie, infection urinaire,
La PKR est une maladie pdiatrique rare. Sa prvalence est de organomgalie, bilan d'une HTA, bilan d'une insuffisance rnale
1/30 000 naissances. C'est une affection grave de transmission chronique ;
autosomique rcessive. Le risque de rcurrence dans la fratrie lors d'un examen systmatique ;
est de 25 %. Le gne mut est PKHD1 localis sur le chromosome enfin, dans la PKD, le diagnostic est souvent fait lors d'un examen
6p12. Il code pour une protine de 4 074 amino-acides, la fibro- de dpistage dans la famille.
cystine. Sa fonction est inconnue. La PKR se caractrise par une
atteinte rnale et hpatique. La svrit des deux atteintes est
variable d'un patient l'autre. La svrit de la maladie est variable.
La prsentation nonatale peut tre trs svre avec une hypoplasie Quest-ce qui peut tomber
pulmonaire conduisant au dcs. Avant la premire anne, le diag-
nostic est souvent fait devant l'atteinte rnale. Durant la priode
lexamen ?
infantile, l'atteinte rnale (gros rein ou HTA) est souvent sur le devant
de la scne. Plus tard, c'est souvent devant l'atteinte hpatique Deux types de dossier sont possibles.
que le diagnostic est port ou devant la prsence d'une HTA. Le Le premier est un dossier diagnostic
diagnostic prcoce est de mauvais pronostic rnal et vital. classique de PKD, avec des questions portant
sur la maladie.
Maladie rnale Le deuxime type de dossier serait
La lsion rnale de base est une dilatation des tubes collec- un dossier transversal neurologie-nphrologie
teurs. Cette dilatation peut ensuite donner naissance des possible avec une rupture d'anvrisme
kystes. Le diagnostic peut tre antnatal ou nonatal sur une chez un polykystique. Enfin, il est possible,
chographie qui mettra en vidence des gros reins hypercho- chez un insuffisant rnal chronique prsentant
gnes. Le volume rnal a ensuite tendance se normaliser avec des kystes l'chographie, de vous faire discuter
l'apparition de kystes rnaux. Il existe quelques cas d'augmenta- PKD versus multikystose acquise.
tion du volume rnal. L'atteinte rnale se complique d'IRCT dans
20 30 % des cas. L'HTA et frquente.
lvation de la cratininmie
Orientation diagnostique
P r Bernard Canaud
Service de nphrologie, dialyse et soins intensifs, hpital Lapeyronie, CHU de Montpellier, 34295 Montpellier Cedex 5, France
[email protected]
Objectifs
Devant une lvation de la cratininmie, argumenter
L
a concentration sanguine de la cratinine les principales hypothses diagnostiques et justifier les examens
(cratininmie) fluctue peu autour dune complmentaires pertinents.
valeur normale et demeure relativement
constante au cours du temps chez un individu
donn. Cette stabilit relative reflte parfaitement lhomostasie cratine, dont 60 70 % est prsente sous la forme de phospho-
du milieu intrieur et illustre bien lquilibre qui stablit entre cratine. La phosphocratine reprsente une forme de stockage
production et limination de cratinine, une situation mtabo- nergtique du muscle stri et des tissus. La libration par la
lique qui caractrise tout tre vivant en bonne sant. Partant du cratinine kinase de drivs phosphoryls hautement nerg-
postulat que la production de cratinine est constante chez un tiques (ATP/ADP) contribue ainsi aux besoins nergtiques et
individu, il devient alors facile de prouver que toute augmenta- mitochondriaux de la cellule, et en particulier du muscle.
tion de cratinine sanguine est en fait due une rduction de La production endogne de cratinine est relativement cons-
son limination. Cest la raison pour laquelle toute augmentation tante au cours du temps chez un individu donn. La quantit de
de cratininmie doit tre considre, jusqu preuve du cratinine produite quotidiennement chez un sujet dpend de
contraire, comme un signe daltration de la fonction rnale et plusieurs facteurs : ge, sexe, masse musculaire, situation mta-
de baisse de la filtration glomrulaire. bolique (anabolisme/catabolisme) et apports alimentaires. De
Dans ce chapitre, nous aborderons trois aspects : le mtabo- faon schmatique, retenons que la production de cratinine
lisme de la cratinine dans lorganisme ; lutilisation de la cra- endogne est en moyenne de 25 mg/kg/jour chez un adulte, avec
tininmie comme marqueur de fonction rnale ; lorientation dia- des extrmes allant de 15 35 mg/kg/jour. Ainsi, chez un sujet
gnostique face une lvation de la cratininmie. sain de 70 kg, g de 40 ans, la quantit de cratinine produite
est voisine de 1 750 mg/jour ( 15,5 mmol/jour). En vertu de la
balance masse qui sapplique tout individu et garantit la cons-
MTABOLISME DE LA CRATININE DANS tance de la cratininmie, il est possible daffirmer quen phase
LORGANISME SIGNIFICATION ET VALEUR dquilibre mtabolique la quantit de cratinine produite par
DE LA CRATININMIE EN PRATIQUE unit de temps est quivalente celle limine dans les urines.
Soulignons nanmoins quune faible quantit de cratinine exo-
Mtabolisme de la cratinine gne apporte par lalimentation (viande) vient sajouter celle
La cratinine est une substance de faible poids molculaire, produite par lorganisme et se retrouve excrte dans les urines.
113 daltons (30 nm de diamtre), prsente chez tous les mam- Llimination de la cratinine est exclusivement rnale. La cra-
mifres. La cratinine provient dune dshydratation non-enzy- tinine prsente les caractristiques biologiques dun bon mar-
matique de la cratine musculaire. Le taux de conversion de cra- queur de filtration glomrulaire. Elle nest pas lie aux protines.
tine en cratinine est influenc par le pH cellulaire et la Elle filtre librement le glomrule, elle nest pas mtabolise par
temprature. La cratine est synthtise dans le foie puis le rein et est limine sous forme relativement inerte. Elle subit
libre dans la circulation, puis rcupre par les muscles et les au cours de son transit tubulaire les phnomnes de concentra-
tissus demandeurs dnergie ou limine dans les urines. Les tion urinaire. Une trs faible quantit de cratinine est scrte
muscles stris contiennent prs de 98 % du pool total de par le tubule. La scrtion tubulaire contribue relativement peu
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Cratininmie (mol/L)
pour laquelle la clairance de la cratinine endogne nest plus
reprsentative de la filtration glomrulaire en prsence dune
insuffisance rnale chronique avance (DFG 30 mL/min/1,73 m2).
Soulignons quil ny a pas de cratininase digestive chez lhomme,
si bien que la dgradation digestive nintervient pas dans les cau-
ses derreurs dvaluation du dbit de filtration glomrulaire par
la cratinine.
Signification de la cratininmie
La cratininmie est la concentration sanguine de la cratinine.
Sa valeur demeure relativement constante au cours du temps
chez un individu donn. La cratininmie normale chez un adulte
sain est comprise entre 80 et 130 mol/L. DFG (mL/min/1,73 m2)
La cratininmie dun individu rsulte dun quilibre dynamique
liant la quantit produite et la quantit limine. En pratique, la Figure 1 La cratininmie est un marqueur trompeur du dbit
cratininmie est gale au rapport de son taux de production de filtration glomrulaire.
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La mesure du dbit de filtration glomrulaire (DFG) est donc Dautres marqueurs biologiques pouvant tre utiliss en tant
dans tous les cas hautement prfrable celle de la cratinin- que substituts de la filtration glomrulaire sont en cours dva-
mie en pratique clinique pour valuer la fonction rnale. Diff- luation clinique. La bta-2-microglobuline (B2M) est un marqueur
rentes mthodes de mesure du DFG sont utilisables chez anciennement connu de la filtration glomrulaire. Laugmentation
lhomme. Les mthodes de rfrence font appel des marqueurs sanguine de la B2M est bien corrle la baisse de la filtration
exognes (inuline, EDTA, Iohexol) qui prsentent les caractris- glomrulaire. La Cystatine C est un marqueur plus rcent et extr-
tiques idales de marqueur de filtration glomrulaire. Ces mtho- mement sensible de la fonction rnale. Ces biomarqueurs rnaux
des sont nanmoins relativement complexes et coteuses, et sont hautement corrls avec le dbit de filtration glomrulaire.
rserves habituellement aux travaux scientifiques. Les mtho- Ils sont sensibles, spcifiques, prcoces et non affects par la
des bases sur la cratinine endogne demeurent les plus com- masse musculaire ou lge du sujet, mais ont un cot qui les rend
modes et prconises en pratique clinique. Elles sont de deux difficilement utilisables en routine.
types : celles qui consistent mesurer la clairance de la cratine La mesure ou lestimation du dbit de filtration glomrulaire est
endogne en collectant les urines de 24 heures et en appliquant indispensable en pratique clinique pour valuer la fonction rnale.
la relation classique Kr = UV/P, puis en normalisant la valeur obte- Le dbit de filtration glomrulaire permet de quantifier le
nue par rapport la surface corporelle 1,73 m2 ; celles qui consis- degr daltration fonctionnelle rnale, que ce soit en situation
tent estimer le dbit de filtration glomrulaire partir de for- aigu (insuffisance rnale aigu) ou en situation chronique (insuf-
mules simplifies utilisant la cratininmie et des facteurs de fisance rnale chronique). Ce concept a t largement valid
pondration anthropomtrique (ge, sexe, ethnie, taille, poids) dans linsuffisance rnale chronique. Par analogie, il est utilis
ou biologiques (ure, albumine). dans linsuffisance rnale aigu, mais sa validit nest pas una-
Le dbit de filtration glomrulaire estim par la formule de nimement reconnue pour le moment. Les socits savantes inter-
Cockroft et Gault est la plus classique et demeure la rfrence. nationales et les organismes daccrditation mdicale recon-
Elle est utilise et rapporte par les laboratoires de biologie lors- naissent 5 stades linsuffisance rnale chronique bass sur le
quun dosage de cratininmie est prescrit. Cette formule repr- DFG exprim en mL/min : stade I : DFG 120 et 90 ; stade II
sente un net progrs dans lestimation de la filtration glomru- DFG 90 et 60 ; stade III 60 et 30 ; stade IV 30 et
laire, du fait de sa simplicit et des facteurs de pondration utiliss 15 ; stade V 15. En France, la Haute Autorit de sant (HAS)
tenant compte du sexe, de lge et du poids. ne reconnat pour le moment que 4 stades : les stades I et II tant
Le dbit de filtration glomrulaire estim (eDFG) est : en effet regroups dans le cadre dune maladie rnale chronique,
pour lhomme eDFG = [(140 ge) poids 1,24]/[cratininmie] ; linsuffisance rnale chronique se dfinit par un dbit de filtra-
pour la femme eDFG = [(140 ge) poids 1,04]/[cratininmie], tion glomrulaire infrieur 60 mL/min (tableau 1). Rappelons
lorsque la cratininmie est exprime en mol/L. aussi que la baisse du dbit de filtration glomrulaire volue de
Le dbit de filtration glomrulaire estim (eDFG) par la formule faon parallle (et grossire) celle de la perte de masse rnale. En
de Levey, encore appele formule MDRD (Modification of Diet in dautres termes, une baisse de 50 % du DFG (passage de 100
Renal Disease), reprsente un progrs indniable dans cette esti- 50 mL/min par exemple) traduit en fait une amputation de la
mation de la filtration glomrulaire. Le DFG a t tabli dans le moiti de la masse nphronique active. La nphrectomie unila-
cadre dune tude prospective contrle chez des patients insuf- trale chez un sujet fonction rnale normale antrieurement
fisants rnaux ayant bnfici de mesures de filtration glom- est un trs bel exemple damputation de 50 % de la masse rnale
rulaire ralises avec de linuline. Le calcul est galement simple, et de la fonction.
dans la mesure o lquation intgre dj les paramtres anthro- Le vieillissement rnal se traduit par une perte annuelle de 1 %
pomtriques (poids et taille) : de la fonction rnale, ce qui quivaut une perte de 1 mL/min
eDFG = 32 788 Creat1,154 ge0,203 0,742 si femme 1,21 si par an du dbit de filtration glomrulaire au-del de 40 ans. La
sujet de race noire, et la cratininmie est en mol/L. perte de fonction rnale lie au vieillissement rnal nest cependant
Si la formule de Cockroft reprsente la rfrence dans ce pas identique dun sujet lautre. Certains sujets ont un dclin
domaine, elle tend nanmoins sous-estimer la filtration glo- plus prcoce et plus rapide que dautres. Cela a t parfaitement
mrulaire chez les sujets gs et en prsence dune fonction montr dans des suivis de cohorte de sujets a priori sains. Cette
rnale altre. Cest la raison pour laquelle la formule MDRD est observation suggre que le capital nphronique la naissance
actuellement prfre dans beaucoup de cas. et le phnomne de snescence rnale ne sont pas identiques
Il existe dautres formules permettant destimer le DFG, que dun sujet lautre.
nous ne ferons quvoquer. Notamment la formule de Schwartz La cratinine urinaire est utilise habituellement pour calcu-
qui permet destimer le dbit de filtration glomrulaire chez les ler le dbit de filtration glomrulaire. Elle peut tre utilise aussi
enfants : pour normaliser lexcrtion urinaire de diffrents soluts excr-
eDFG = K Taille (cm) cratininmie (mol/L), dans laquelle K ts dans les urines en cas de difficult collecter les urines (nour-
est dfini par lge : rissons, enfants, sujets gs). Lexemple classique est repr-
K = 29 (nouveau-n) ; 40 (nourrisson) ; 49 (enfant jusqu' 12 ans) ; sent par le rapport microalbuminurie/cratininurie (mg/mmol)
53 (fille de 12 21 ans) ; 62 (garon de 12 21 ans). qui permet dvaluer facilement lexcrtion protinurique.
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Stade 0 DFG 90 mL/min/1,73 m2 Patient risque rnal** Stade I Maladie rnale chronique
mais avec facteur de risque rnal
Stade I DFG 90 mL/min/1,73 m2 Maladie rnale chronique
avec DFG normal mais facteur
de risque rnal
Stade II DFG 60-89 mL/min/1,73 m2 IRC dbutante
Stade III DFG 30-59 mL/min/1,73 m2 IRC modre Stade II IRC modre
Stade IV DFG 15-29 mL/min/1,73 m2 IRC svre Stade III IRC svre
Stade V DFG 15 mL/min/1,73 m2 IRC terminale Stade IV IRC terminale
ou dialys ou dialys
ou transplant
* DFG : dbit de filtration glomrulaire estim par une formule simplifie (Cockroft ou MDRD).
** Risque rnal : protinurie, microalbuminurie, hmaturie, anomalie morphologique rnale.
ALGORITHME DIAGNOSTIQUE ET DCISIONNEL danomalie, un contrle de cratininmie devra tre ralis par
FACE UNE LVATION DE LA CRATININMIE une mthode enzymatique plus spcifique et de prfrence dans
un laboratoire de rfrence. Si le doute persiste ou les rsultats
La dcouverte dune lvation de la cratininmie est une ano- sont discordants, une mesure du dbit de filtration glomrulaire
malie biologique relativement frquente dans le cadre des bilans par une mthode de rfrence sera pratique.
biologiques sanguins tout-venant raliss titre de dbrouillage. Pour tre significative, une lvation de la cratininmie doit tre
La relle difficult pour le clinicien rside dans linterprtation de 20 30 % suprieure aux limites suprieures de normalit
de cette valeur et dans la signification pathologique quil doit y du laboratoire et doit tre confirme par un deuxime dosage
attacher. De faon pratique, face une lvation de la cratini- ralis dans les 15 jours qui suivent.
nmie, le clinicien doit se poser trois questions : Les causes factices daugmentation de cratininmie non lies
Sagit-il rellement dune valeur de cratininmie anormale, une altration vraie de fonction rnale devront tre limines.
autrement dit, la valeur observe traduit-elle une erreur de labo- Cest le cas, en particulier, de la prise rcente de certains mdi-
ratoire ou une valeur marginalement leve chez un patient caments bloquant la scrtion tubulaire de cratinine (cimti-
donn ? dine, trimthoprime, probncide).
Sagit-il dune primo-dcouverte, autrement dit, est-ce la pre- En prsence dune cratininmie anormalement leve, le
mire fois que lon trouve une cratininmie leve chez ce diagnostic dinsuffisance rnale se trouve alors confirm et le
patient ? dbit de filtration glomrulaire doit tre calcul pour en estimer
Sagit-il dun patient ayant dj connaissance de valeurs le- la gravit. Un complment dexploration nphrologique est alors
ves de cratininmie, autrement dit, est-ce un patient porteur ncessaire pour en identifier lorigine et proposer un traitement
R Q 310
dune insuffisance rnale chronique ? (fig. 2) adapt.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 1 O C T O B R E 2 0 0 8 1841
VALIDATION DU RSULTAT
1. Insuffisance rnale aigu (IRA) et facilite la rabsorption passive de lure. Laugmentation des
Cest une pathologie dexpression variable qui dpend de la taux sanguins de lure traduit dans ce cas leffet cumul de la
brutalit de lagression rnale, de ltat clinique du patient et de baisse de filtration glomrulaire et de la rabsorption tubulaire
la rapidit de sa dcouverte. LIRA est lexpression dune baisse accrue de lure. Cest la raison pour laquelle, dans lIRA fonc-
relativement brutale de la filtration glomrulaire occasionne tionnelle, laugmentation des concentrations sanguines de lure
par une agression rnale. Dans tous les cas, cela se traduit par et de la cratinine ne sont plus proportionnelles. Lazotmie aug-
une augmentation rapide de la cratininmie et une rtention mente plus rapidement que la cratininmie. La proportionna-
parallle des autres composs azots (ure, uricmie), ainsi que lit du rapport des concentrations sanguines dure et de cra-
par linstallation de dsordres hydriques, sods et lectrolytiques tinine nest plus respecte, le rapport de concentration sanguine
(hyponatrmie, acidose mtabolique, hyperkalimie). En dehors ure/cratinine se dissocie et sa valeur excde 40. De faon
de formes particulires, lIRA ne comporte habituellement pas
danmie, dhyperphosphormie ou dhypocalcmie. La baisse de
la diurse est habituelle dans linsuffisance rnale aigu, pouvant Tableau 2 Indices sanguins et urinaires
lextrme se traduire par une oligoanurie. La prise pondrale permettant de diffrencier lIRA
et la rtention sode (dmes, hypertension) sont rapides et fonctionnelle de lIRA organique
dpendent directement des apports alimentaires. Laugmentation
de la cratininmie est rapide et importante (150 200 mol/L
par tubulopathie
par jour) dans ce cas. Le taux daccroissement journalier de la
INDICES SANGUINS IRA IRA ORGANIQUE
cratininmie est fonction du degr dIRA, de la masse musculaire ET URINAIRES FONCTIONNELLE (NTIA)
et de lge du sujet. Dans les formes extrmes, la cratinmie
peut facilement doubler dun jour lautre. [Ure]/[Crat]sang 50 40
De faon schmatique, lIRA comporte trois formes cliniques OsmU, mOsm/kg H2O 500 350
principales qui correspondent des mcanismes dagressions
[Ure]U/P 10 10
rnales spcifiques (fig. 3) : lIRA fonctionnelle ou prrnale ;
lIRA obstructive ou post-rnale ; lIRA organique ou rnale. [Crat]/U/P 30 30
LIRA fonctionnelle rpond un phnomne dhypoperfusion Na U (mmol/L) 20 40
rnale (hypovolmie, hypotension artrielle systmique ou rnale)
EFNa (%) 1 2
qui rduit la filtration glomrulaire, ralentit le dbit tubulaire urinaire
1842 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 1 O C T O B R E 2 0 0 8
Hypovolmie efficace Lithiase voies urinaires Nphropathie tubulo-interstitielle
aigu (tubulopathie)
toxique, ischmique ou mixte 90%
(AINS, IEC)
Glomrulonphrite aigu
ou rapidement progressive
Fibrose rtropritonale
(secondaire ou primitive)
Embolie cholestrolique
10%
Anvrisme aortique
Syndrome hmolytique urmique
Chirurgie rtropritonale
Gammapathie monoclonale
Radiothrapie
concomitante, les indices urinaires mettent en vidence une conser- tivent une perte de capacit de concentration urinaire des solu-
vation du pouvoir de concentration urinaire des soluts et de los- ts ([Ure]U/P 3, [Cratinine]U/P 20, [osmolarit]U
molalit ([Ure]U/P 8, [Cratinine]U/P 20, [osmolarit]U 500 350mOsm/kg H20), une perte de la capacit de rtention sodique
mOsm/kh H2O), une augmentation de la capacit de rtention rnale ([Na]U 40 mmol/L ou EFNa 1 %) et une conservation
sodique rnale ([Na]U 20 mmol/L ou EFNa 1 %) [ hypovolmie du rapport urinaire sodium/potassium (tableau 2). LIRA orga-
efficace] et une inversion du rapport urinaire sodium/potassium nique rpond diffrentes causes quil est commode de ras-
(hyperaldostronisme secondaire) [tableau 2]. LIRA fonctionnelle sembler en trois groupes : les causes ischmiques pures repr-
rpond diffrentes causes quil faudra identifier : dficit sod sentes par les tats de choc (septique, cardiognique,
et dshydratation extracellulaire dorigine digestive, rnale, ther- traumatique, opratoire) ; les causes toxiques dorigine exo-
mique ou de carence dapports ; dshydratation induite par un gne (mdicament nphrotoxique reconnu, produits de contraste
diurtique ; introduction dun mdicament perturbant lhmo- iods, mtaux lourds) ou dorigine endogne (hmolyse intra-
dynamique rnale (inhibiteur denzyme de conversion, antago- vasculaire aigu, rhabdomyolyse) ; les causes mixtes associant
niste des rcepteurs de langiotensine 2, anti-inflammatoire non une composante ischmique et toxique qui sont les plus fr-
strodien). Le traitement comporte la correction de la cause et quentes en pratique clinique. De faon beaucoup plus rare, les
la mise en place dune recharge sode et volmique prudente. lsions parenchymateuses peuvent toucher dautres composants
R Q 310
LIRA organique rpond un phnomne lsionnel rnal compor- rnaux, ncessitant une prise en charge trs spcifique qui ne
tant le plus souvent des lsions parenchymateuses de type tubu- sera pas aborde ici. Dans ce cadre rentrent notamment les glo-
lopathie (nphrite tubulo-interstielle aigu) dont lorigine peut mrulopathies (glomrulonphrites aigus, glomrulonphrites
tre ischmique, toxique ou mixte. Dans ce cas, lIRA sinstalle rapidement progressives) caractrises par une protinurie ou
moins rapidement et fait suite un pisode dagression rnale les nphropathies ischmiques (thrombose ou embolie artrielle
caractris. La perte de filtration glomrulaire et de fonction- rnale) dinstallation brutale et douloureuse.
nalit tubulaire sinstalle en quelques jours ou quelques semaines. La gradation de la prise en charge thrapeutique rpond la
Dans ce cas, la rtention de la cratinine et des produits azots gravit et lurgence de la situation. Face une IRA organique
demeure proportionnelle, ce qui se traduit par une augmenta- dinstallation rcente ne prsentant pas de signes de gravit
tion parallle des concentrations sanguines de cratinine et du- immdiate, une prise en charge mdicale visant relancer la diu-
re et par une conservation relativement constante du rapport rse et amliorer la perfusion rnale peut tre tente. Cette
de concentrations azotmie/cratininmie avec une valeur comprise preuve thrapeutique sera conduite pendant les 24 48 pre-
entre 30 et 40. De faon concomitante, les indices urinaires objec- mires heures, mais interrompue en cas dchec. Face une IRA
L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 1 O C T O B R E 2 0 0 8 1843
Protinurie Long pass hypertensif Pass urologique Facteurs de risque Contexte familial
vasculaire ou congnital
Morphologie rnale
Reins asymtriques variable en fonction
de la nphropathie
organique avre ou prsentant des signes de gravit immdiats 2. Sagit-il dune insuffisance rnale chronique ?
(dme pulmonaire, surcharge sode, hyperkalimie, acidose), Linsuffisance rnale chronique (IRC) est un tat morbide complexe
la prise en charge mdicale sera plus agressive et recourra la qui rsulte dune baisse prolonge et ancienne du dbit de filtration
mise en place immdiate dun traitement de supplance extra- glomrulaire couple une altration des fonctions tubulaires.
rnal par hmodialyse. Linsuffisance rnale chronique se traduit par un syndrome clinico-
LIRA mcanique rpond un phnomne purement obstructif biologique complexe, caractris par un ensemble danomalies
survenant sur les voies urinaires. Dans ce cas, lIRA sinstalle trs biologiques (rtention azote, rtention sodique et hydrique,
brutalement, comporte volontiers une anurie totale, saccompagne rtention phosphate, acidose mtabolique, hypocalcmie), et
de douleurs et de signes urinaires (hmaturie). Les manifesta- comporte des manifestations cliniques varies. LIRC associe des
tions cliniques dpendent du degr dobstruction et de la vitesse anomalies qui concernent lrythropose, le mtabolisme minralo-
de constitution de lobstacle. Au plan biologique, lIRA obstruc- osseux, lhypertension artrielle, la fonction cardiaque et dautres
tive aigu na pas de caractristiques bien particulires. La rten- fonctions mtaboliques. Le caractre chronique de linsuffisance
tion de cratinine et dure est brutale et rapide. Elle est mar- rnale peut tre affirm sur un faisceau darguments : lanciennet
que par une augmentation trs rapide des taux de cratinine des symptmes (nycturie) ; lidentification dune nphropathie
qui peuvent atteindre dans ces cas 200 400 mol/L par jour. ou de facteurs de risques rnaux ; lanciennet de laugmentation
Les indices urinaires nont rien de spcifique et sapparentent de la cratininmie ; lanmie dorigine rnale ; lintensit des ds-
ceux dune IRA organique. Seule lapparition dune acidose hyper- ordres du mtabolisme minralo-osseux ; latrophie rnale et la
chlormique trou anionique normal est caractristique de lat- ddiffrenciation corticomdullaire lchographie rnale.
teinte obstructive. Dans ce cas, cest limagerie de lappareil urinaire Lenqute tiologique ncessaire devant toute insuffisance
(chographie ou tomodensitomtrie rnale) qui permet de confirmer rnale chronique doit permettre didentifier lorigine de la nphro-
le diagnostic en montrant une dilatation des cavits pylocali- pathie (fig. 4). Les nphropathies les plus frquentes sont : les
cielles, dapporter ltiologie (tumeur, lithiase, fibrose rtropri- nphropathies hypertensives et vasculaires (nphroangiosclrose,
tonale) et de permettre le traitement (drainage rnal par nphropathie ischmique) ; le diabte sucr ; les glomrulon-
nphrostomie ou sondes endoprothtiques de type JJ). phrites chroniques primitives ; les nphropathies interstitielles et
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1846 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 8 , 3 1 O C T O B R E 2 0 0 8
Hmaturie
Orientation diagnostique
D r Nomie Jourde-Chiche, D r Fadi Fakhouri
Service de nphrologie, hpital Necker-Enfants malades, 75743 Paris Cedex 15
[email protected]
Objectifs
DIAGNOSTIC, DPISTAGE Devant une hmaturie, argumenter les principales hypothses
Lhmaturie est dfinie par la prsence de sang
diagnostiques et justifier les examens complmentaires pertinents.
dans les urines. Elle peut tre dorigine urolo-
gique, due une effraction vasculaire par lsion des voies uri- plasma) et peut conduire un faux ngatif. Le seuil pathologique
naires, ou dorigine nphrologique, lie un passage des hma- est de 10 000 hmaties/mL. Cet examen permet aussi de dtecter
ties travers la membrane basale glomrulaire ou une lsion la prsence de leucocytes ou de germes dans les urines.
du parenchyme rnal. Le compte dAddis ou HLM (hmaties et leucocytes/min), cher
Lhmaturie doit tre distingue de la simple prsence de et contraignant, ne doit plus tre demand.
pigments dans les urines, sans hmaties : myoglobinurie (rhabdo-
myolyse), hmoglobinurie (hmolyse), ingestion de betterave
ou traitement par rifampicine. Lautre diagnostic diffrentiel EXPLORATIONS (fig. 1)
est la contamination des urines par du sang dorigine gnitale,
lors des menstruations. Il est noter que lmission de sang par
Interrogatoire et examen clinique
lurtre en dehors des mictions est une urtrorragie, non une Linterrogatoire recherche :
hmaturie. des antcdents personnels ou familiaux urologiques ou
Le diagnostic dhmaturie macroscopique est ais puisquelle nphrologiques (lithiases, polykystose, etc.) ou de surdit ;
est visible lil nu : les urines sont roses, rouges ou brunes. une exposition des facteurs de risque de survenue de tumeurs
Lexamen du sdiment urinaire confirme la prsence dhmaties. urothliales ou une prise rgulire de mdicaments analgsiques ;
Lhmaturie microscopique est invisible lil nu ; elle est d- des signes fonctionnels associs lhmaturie (colique nphr-
tecte par la bandelette urinaire ou ltude du sdiment urinaire. tique, douleurs lombaires, dysurie et fivre sont en faveur dune
La bandelette urinaire est le meilleur examen de dpistage de cause urologique) ;
lhmaturie microscopique. Elle donne un rsultat semi-quantitatif la prsence de caillots dans les urines (en faveur dune cause
(exprim en croix de sang ou, en cas de lecture automatise, urologique, les hmaturies nphrologiques tant habituellement
en nombre approximatif dhmaties par mm3). Il existe de faux mises sans caillots en raison des facteurs fibrinolytiques produits
positifs la bandelette urinaire. En effet, son seuil de dtection dans les glomrules et les tubules rnaux) ;
(5 10 hmaties/mm3) est plus sensible que le seuil pathologique une infection de la sphre ORL (oto-rhino-larynge) rcente
qui est de 10 hmaties/mm3. De plus, le ractif de la bandelette (en faveur dune maladie de Berger ou dune glomrulonphrite
dtecte lhme prsent dans la myoglobine et lhmoglobine. En postinfectieuse) ;
cas de doute, il convient donc de confirmer la prsence dhmaties un caractre cyclique de lhmaturie macroscopique pouvant
par un examen microscopique du sdiment urinaire. La bande- orienter vers une endomtriose des voies urinaires ;
lette urinaire permet galement le suivi de lhmaturie. un traumatisme abdominal.
Lexamen cytobactriologique des urines (ECBU) permet de La chronologie de lhmaturie macroscopique par rapport la
dtecter la prsence dhmaties, condition dtre achemin et miction peut avoir une valeur localisatrice : une hmaturie initiale
interprt rapidement au laboratoire. En effet, un dlai trop long oriente vers une cause prostatique, une hmaturie terminale
entre lobtention de lchantillon urinaire et sa lecture saccompagne vers une cause vsicale. Lhmaturie totale na aucune valeur
dune lyse des hmaties (lurine tant hypotonique par rapport au localisatrice.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 6 : 5 6 901
III-Q315
Hmaturie : orientation diagnostique
lexamen clinique, on recherche : des kystes rnaux, ainsi quune dilatation des cavits pylocalicielles
une hypertension artrielle ou des dmes des membres inf- en cas dobstacle sur les voies urinaires (caillot, calcul). Le doppler
rieurs, vocateurs dune origine glomrulaire ; rnal peut rvler la thrombose dune veine ou dune artre rnales.
un contact lombaire la palpation, tmoignant de laugmen- Le scanner ( injection de produit de contraste) ou limagerie par
tation de la taille des reins (polykystose, tumeur rnale, throm- rsonance magntique (IRM) des voies urinaires sont encore plus
bose dune veine rnale) ; sensibles pour dtecter des tumeurs de petite taille. Le scanner
des signes extrarnaux dans le cadre dune maladie systmique reste le meilleur examen pour diagnostiquer une lithiase. Luro-
ou dun cancer volutif ; scanner est un scanner rnal avec injection de produit de
une anomalie prostatique au toucher rectal. contraste iod, suivi de clichs de radiographie abdominale suc-
cessifs permettant de visualiser lexcrtion et la scrtion de pro-
Hmaturie macroscopique duits de contraste, laspect des uretres et des parois vsicales.
Il peut remplacer lurographie intraveineuse (UIV).
1. voquer une cause nphrologique
Lexistence dune protinurie abondante, dune hypertension 3. Cystoscopie
artrielle (HTA) ou dune dgradation de la fonction rnale En labsence danomalie des examens prcdents, lexamen cl
oriente plutt vers une cause nphrologique. Cependant, quelle est la cystoscopie ralise en priode hmaturique. Elle permet
que soit son origine, une hmaturie macroscopique abondante de dterminer si le saignement est dorigine vsicale ou haute
peut entraner une protinurie. La protinurie doit donc tre et, pour un saignement haut, sil est latralis. Un saignement
quantifie en dehors dun pisode dhmaturie macroscopique. provenant dun seul uretre est dorigine urologique (tumeur,
lithiase, malformation vasculaire) et doit faire pratiquer un scanner
2. Imagerie ou une IRM rnale (sils nont pas encore t raliss), parfois
LASP peut rvler une lithiase radio-opaque. Le premier examen une artriographie ou une urtro-pylographie rtrograde. Un
raliser ensuite est une chographie rnale et vsicale, qui peut saignement bilatral est en faveur dune nphropathie et doit
mettre en vidence une lithiase, une tumeur rnale ou vsicale, faire envisager une ponction-biopsie rnale.
HMATURIE
Macroscopique
Normaux
Cystoscopie en priode
hmaturique
Cytologie urinaire
Saignement vsical
Cystoscopie selon terrain
ou prostatique Saignement haut
902 L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 6 : 5 6
La cystoscopie ralise en dehors dune priode hmaturique
permet aussi de visualiser les tumeurs vsicales. POINTS FORTS
retenir
4. Autres causes Linterrogatoire et lexamen microscopique des urines
Un surdosage en anticoagulants, ou une anomalie de lhmo- permettent souvent de sorienter dans le diagnostic
stase (hmophilie) peuvent entraner une hmaturie macro- tiologique dune hmaturie.
scopique spontane , mais il ne faut pas mconnatre une lsion Les causes les plus frquentes dhmaturie sont urologiques :
sous-jacente, et les mmes explorations sont donc indiques. lithiasiques, infectieuses ou tumorales ; la premire cause
En revanche, en cas dhmaturie macroscopique lie un dhmaturie glomrulaire est la maladie de Berger.
sondage urinaire traumatique, on se contente de surveiller la Certaines causes nphrologiques doivent tre diagnostiques
disparition de lhmaturie aprs ablation de la sonde vsicale. sans retard pour pouvoir bnficier dun traitement adapt
(vascularites rnales en particulier, avec tableau de
Hmaturie microscopique glomrulonphrite aigu, voire rapidement progressive).
La prvalence de lhmaturie microscopique dans la population Les indications des explorations vise diagnostique
gnrale est denviron 6 % (de 0,18 % 16 % selon les tudes). dpendent de lge du patient, en particulier la cystoscopie
Une hmaturie microscopique transitoire peut tre lie un exercice la recherche dune tumeur vsicale.
physique vigoureux, un rapport sexuel ou un lger traumatisme,
et na alors aucune valeur pathologique. Cest pourquoi une hma-
turie microscopique isole doit tre contrle avant denvisager
des explorations tiologiques. Quand raliser une ponction-biopsie
Lexamen microscopique des urines en contraste de phase rnale ?
devrait tre systmatiquement ralis devant une hmaturie, la
Une hmaturie microscopique associe une protinurie
prsence de rouleaux dhmaties ou dhmaties dformes tant
(> 0,5 g/L) ou une insuffisance rnale doivent faire discuter une
pathognomonique dune origine glomrulaire. En pratique, trs
biopsie rnale. La biopsie doit tre ralise en urgence en cas
peu de laboratoires et de services cliniques en France pratiquent
de tableau de glomrulonphrite rapidement progressive (en
cet examen pourtant simple.
labsence de contre-indications).
Devant une hmaturie microscopique, et en labsence din-
Une hmaturie microscopique isole chez un sujet jeune nest
fection urinaire, une protinurie (> 0,5 g/L) et une insuffisance
habituellement pas une indication de biopsie rnale ; elle ne justifie
rnale sont en faveur dune cause nphrologique et doivent faire
quune simple surveillance annuelle (bandelette urinaire, pression
envisager une ponction-biopsie rnale.
artrielle, fonction rnale).
En labsence de ces lments, une cause urologique est recher-
Devant une hmaturie macroscopique, ce nest quaprs avoir
che. Le dosage du PSA permet dorienter vers une cause pro-
limin les causes urologiques et vasculaires que lon envisage
statique. La radiographie de labdomen sans prparation (ASP)
une biopsie rnale, la recherche essentiellement dune maladie
peut rvler une lithiase radio-opaque. Lchographie rnale et de Berger.
vsicale peut mettre en vidence une lithiase, une tumeur, des
kystes rnaux. Les donnes de lchographie peuvent tre pr- Principales causes dhmaturie
cises par un uroscanner, une IRM ou une UIV. Elles sont rappeles dans le tableau.
Lorsque aucun des examens prcdents na permis de dter-
miner la cause de lhmaturie microscopique, on peut raliser
une cytologie urinaire la recherche de cellules tumorales (exa- CAUSES UROLOGIQUES ET VASCULAIRES
DHMATURIE
R Q 315
men peu sensible) et une cystoscopie, dautant plus que le patient
prsente des facteurs de risque pour dvelopper des tumeurs
urothliales. Infections urinaires
Chez le sujet jeune, on mesure la calciurie et luraturie des Les infections urinaires basses (cystite) ou hautes (pylon-
24 heures, car une cristallurie importante peut tre responsable phrite ou prostatite) sont une cause frquente dhmaturie micro-
de microlithiases non dtectes par limagerie. ou macroscopique, et sont systmatiquement recherches
Selon le terrain du patient, on peut rechercher des BAAR devant toute hmaturie. Lhmaturie ne constitue pas un signe
(bacilles acido-alcoolo-rsistants) dans les urines (mme si la de gravit de linfection. Il sagit le plus souvent dinfections
tuberculose urinaire est plutt responsable dune leucocyturie germes banals. La bandelette urinaire retrouve des leucocytes,
aseptique), des parasites de Schistosoma hmatobium (bil- des nitrites et des protines en plus des hmaties. Lexamen cyto-
harziose) si le patient a sjourn en zone dendmie, ou raliser bactriologique permet lidentification du germe, et quantifie la
une lectrophorse de lhmoglobine la recherche dune leucocyturie. Plus rarement, il peut sagir dune tuberculose ou
drpanocytose. dune schistosomiase urinaire.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 6 : 5 6 903
III-Q315
Hmaturie : orientation diagnostique
Lithiases urinaires
La maladie lithiasique urinaire est frquente, avec une pr-
valence de 5 6 % de la population gnrale en France.
La majorit des calculs (80 %) est de nature calcique (oxalate
ou phosphate de calcium). Viennent ensuite les calculs dacide urique
(10 15 %), les calculs phospho-ammoniaco-magnsiens (lithiase
A B
coralliforme infectieuse : 10 %), et les calculs de cystine (1 %). Tous
peuvent lser les voies urinaires et entraner une hmaturie micro-
ou macroscopique, ainsi que des coliques nphrtiques sils
deviennent obstructifs.
LASP permet le diagnostic en cas de calcul radio-opaque
(lithiase oxalo- ou phosphocalcique), ou faiblement radio-opaque
(calcul phospho-ammoniaco-magnsien secondairement calcifi C D
ou lithiase de cystine). Lchographie des voies urinaires, le scanner Figure 2Scanner rnal. Adnocarcinome rnal gauche.
ou luroscanner permettent de visualiser des calculs de plus petite A Avant injection de produit de contraste. B Temps artriel.
taille, ou radiotransparents (acide urique). C Temps tubulaire. D Temps tardif.
904 L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 6 : 5 6
Polykystose rnale autosomique
dominante
Lhmaturie macroscopique est une manifestation frquente
de la polykystose rnale autosomique dominante (fig. 3), et
conduit parfois au diagnostic. Lhmaturie est lie une lsion
dun vaisseau de la paroi dun kyste qui peut son tour se rompre
dans les voies excrtrices urinaires. Elle peut saccompagner
dune douleur abdominale ou lombaire, voire dune colique
nphrtique en cas de caillot obstructif. Les hmorragies intra- A B
kystiques, ne communiquant pas avec les voies urinaires, ne Figure 3
IRM rnale. Polykystose rnale avec kystes hmor-
saccompagnent pas dhmaturie. ragiques (*). A Squence T2. B Squence T1.
Infarctus rnal
Linfarctus rnal (fig. 4) peut se rvler par une hmaturie
micro- ou macroscopique, accompagne dune douleur lombaire.
Le terrain (cardiopathie emboligne ou facteurs de risque vas-
culaire pour la thrombose artrielle, thrombophilie, cancer du
rein ou syndrome nphrotique pour la thrombose veineuse)
oriente le diagnostic.
Dans certains cas, linfarctus complique une dissection de lar-
tre rnale (idiopathique ou sur fibrodysplasie) et se manifeste
A B
par une pousse hypertensive. Limagerie confirme le diag-
nostic : chodoppler rnal, scanner inject ou angio-IRM rnale Figure 4 Infarctus rnal gauche. A Scanner. B cho-doppler.
montrent labsence du flux, le thrombus, et la nphromgalie
en cas de thrombose veineuse, ainsi que des zones paren-
chymateuses hypodenses ischmiques. La biologie retrouve
une lvation du taux de LDH et une insuffisance rnale aigu CAUSES GLOMRULAIRES
en cas de thrombose artrielle, ou de thrombose veineuse bi- ET PARENCHYMATEUSES
latrale ou sur rein unique.
Maladie de Berger (glomrulonphrite
primitive dpts msangiaux dIgA)
Tableau Causes dhmaturies La maladie de Berger est la premire cause dhmaturie glom-
rulaire. Elle touche le plus souvent les adultes jeunes, essentielle-
Causes urologiques Causes glomrulaires ment les hommes, autour de 30 ans.
Infections urinaires Maladie de Berger Le tableau clinique typique est celui dhmaturies macro-
basses/hautes Syndrome dAlport scopiques rcidivantes, survenant dans les 48 heures suivant
Lithiases urinaires Hmaturie familiale bnigne un pisode infectieux de la sphre ORL. La bandelette urinaire
Cancer vsical Glomrulonphrite aigu retrouve frquemment une hmaturie microscopique entre les
(carcinome urothlial) post-infectieuse pisodes dhmaturie macroscopique. Peuvent sy associer une
Adnocarcinome prostatique Glomrulonphrite protinurie, une hypertension artrielle et une insuffisance rnale
Tumeur rnale membrano- prolifrative chronique progressive. Le diagnostic de maladie de Berger doit
R Q 315
(carcinome, angiomyolipome) Glomrulonphrite tre voqu devant une hmaturie microscopique de dcouverte
Polykystose rnale extracapillaire fortuite.
Traumatisme rnal La biopsie rnale confirme le diagnostic en rvlant en immu-
Tuberculose urinaire Causes parenchymateuses nofluorescence la prsence de dpts msangiaux granuleux
Bilharziose Nphrite interstitielle aigu dIgA (fig. 5). La microscopie optique permet dvaluer le degr
(immuno-allergique) datteinte tubulo-interstitielle associe, la quantit de glomrules
Causes vasculaires Ncrose papillaire fibreux et lexistence dune prolifration extracellulaire (croissants),
Infarctus rnal
qui sont de mauvais pronostic.
Malformation artrio-
Le purpura rhumatode est une vascularite pouvant entraner
veineuse rnale
des lsions rnales identiques celles de la maladie de Berger.
Syndrome
Il touche les enfants et les adolescents et saccompagne de signes
du casse-noisettes *
extrarnaux (purpura vasculaire, atteinte articulaire, douleurs
* Compression de la veine rnale gauche dans la pince aorto-msentrique. abdominales, syndrome inflammatoire).
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 6 : 5 6 905
III-Q315
Hmaturie : orientation diagnostique
Figure 5 Biopsie rnale. Dpts msangiaux dIgA en immuno- Figure 6 Biopsie rnale. Microscopie optique. Glomrulonphrite
fluorescence (maladie de Berger). ncrosante avec prsence dun croissant cellulaire (*) et de
cylindres hmatiques (**).
Glomrulonphrites aigus
Les glomrulonphrites post-infectieuses se manifestent par
un syndrome nphritique aigu, associant hmaturie, protinurie,
HTA dmes et insuffisance rnale aigu parfois oligo-anurique.
Elles surviennent aprs un dlai de 10 15 jours suivant une infection.
La baisse de la fraction C3 du complment est trs vocatrice.
Les glomrulonphrites extracapillaires peuvent raliser un Figure 7 Biopsie rnale. tude en immunofluoresence. Dpts
tableau de glomrulonphrite rapidement progressive, associant linaires danticorps anti-membrane basale glomrulaire (syn-
une hmaturie micro- ou macroscopique et une insuffisance drome de Goodpasture).
906 L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 6 : 5 6
Nphrite tubulo-interstitielle aigu
(immuno-allergique)
Lhmaturie est associe une insuffisance rnale aigu, et
survient au dcours dune prise mdicamenteuse (antibiotiques
en particulier, pnicillines, sulfamides, rifampicine). Dautres
signes allergiques peuvent tre observs (rash, fivre, cytolyse
hpatique, hyperosinophilie).
Ncrose papillaire
Les papilles sont les zones de la mdullaire rnale situes au
bord des calices. Elles peuvent se ncroser suite une consom-
mation excessive danalgsiques (AINS, aspirine, phnactine),
une crise drpanocytaire, une hyperpression dans les voies
urinaires (uropathie obstructive) ou en cas de diabte.
Cette ncrose peut tre asymptomatique, de dcouverte fortuite
limagerie rnale. Elle peut au contraire entraner une hmaturie
macroscopique ou une colique nphrtique (obstruction urtrale
par un dbris tissulaire). Lexamen diagnostique de choix est lUIV,
qui montre un largissement du fond caliciel ou une image en cocarde.
L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 6 : 5 6 907
MINI TEST DE LECTURE de la question 31, p. 883
A / VRAI OU FAUX ? 3 Le poumon est cliniquement sain la naissance.
4 Moins de 30 mutations du gne CFTR sont en cause
1 Linfection broncho-pulmonaire dans la mucoviscidose
est exclusivement lie P. ruginosa. dans la mucoviscidose.
2 Dans la mucoviscidose, les exacerbations
C / QCM
de la bronchite ne ncessitent pas de traitement
antibiotique si elles ne sont pas fbriles Parmi les signes suivants, lesquels permettent
et ne saccompagnent pas de signes biologiques dexclure le diagnostic de mucoviscidose ?
dinflammation. 1 Une croissance staturo-pondrale normale.
3 Le pronostic de la mucoviscidose est exclusivement 2 Labsence de signe broncho-pulmonaire lge de 6 ans.
li latteinte broncho-pulmonaire.
3 Un test de dpistage nonatal ngatif.
B / VRAI OU FAUX ? 4 Une maternit chez une femme de 28 ans.
5 La prsence de 4 frres et surs en bonne sant
1 Linsuffisance pancratique exocrine est constante
dans la fratrie.
dans la mucoviscidose.
6 Aucun.
2 La constipation est inhabituelle au cours de Rponses : A : F, F, F / B : F, F, V, F / C : 6
la mucoviscidose.
908 L A R E V U E D U P R AT I C I E N / 2 0 0 6 : 5 6
III Q 319
RR
HYPERCALCMIE
(avec le traitement)
Orientation diagnostique
Pr Pascal Guggenbuhl, Pr Grard Chals
Service de rhumatologie, CHU, 35033 Rennes ; universit Rennes-1, IFR 140, 35000 Rennes, INSERM UMR U 991, 35000 Rennes, France
[email protected]
Calcmie
Phosphatmie N ou N ou
Calciurie
PTH (parathormone)
PTHrP (parathyroid N ou N N
hormone related peptide)
Insufsance rnale
Scrtion du PTH related peptide
Apports excessifs de calcium
Hyperparathyrodie tertiaire
24 heures et rechercher des chanes lgres urinaires par immuno- carence calcique (ou en vitamine D), la PTH augmente (hyperpara-
fixation. Il est maintenant possible de doser les chanes lgres thyrodie secondaire destine augmenter le remodelage osseux,
libres dans le srum. donc la rsorption osseuse via les ostoclastes, afin de fournir du
Mtastases osseuses : il faut rechercher un cancer primitif osto- calcium lorganisme). Dans lhyperparathyrodie primitive, la PTH
phile sil nest pas connu (sein, rein, poumon, thyrode, prostate) est leve de faon concomitante lhypercalcmie, ce qui signe
ou son volutivit sil est connu ; faire une scintigraphie osseuse. le diagnostic. Le plus souvent, cest une tumeur bnigne parathy-
Hmopathies : le plus souvent, il sagit de lymphomes en phase rodienne, un adnome, qui est responsable de la maladie. Moins
dacutisation. souvent il sagit dune hyperplasie des glandes parathyrodiennes,
Hypercalcmie humorale maligne : la tumeur maligne secrte de la ou plus exceptionnellement dun cancer parathyrodien.
PTHrP (PTH-related peptide) qui est une hormone apparente On cherche mettre en vidence ladnome par une chographie
la PTH avec la mme activit sur son rcepteur. Cette hormone cervicale souvent complte par une scintigraphie au MIBI qui a
intervient physiologiquement dans la grossesse, la lactation et le lavantage de pouvoir dceler des localisations ectopiques de
dveloppement ftal. Elle peut tre scrte par des cellules ladnome, par exemple dans le mdiastin. Dans quelques cas, on
tumorales au cours de noplasies : sein, poumon, sophage, ut- peut faire appel au scanner ou lIRM. Nanmoins, la recherche est
rus, peau, rein, vessie, ovaire Lhypercalcmie est souvent plus infructueuse dans un certain nombre de cas. Le diagnostic est bio-
difficile traiter sur le plan symptomatique si on na pas trait la logique ; quand il a t bien port, il conduit parfois une interven-
cause. La PTHrP peut tre actuellement dose assez facilement. tion chirurgicale pour enlever ladnome mme sil na pas t loca-
2. Hypercalcmies non malignes lis pralablement. Cest le chirurgien (qui doit tre expriment
Hyperparathyrodie primitive (30 % des cas) : le dosage de la PTH dans ce type de chirurgie) qui va rechercher ladnome au cours de
permet le diagnostic. lintervention au prix parfois dune exploration mdiastinale.
Cest la cause bnigne la plus frquente. La scrtion de PTH Dans lhyperparathyrodie secondaire, il ny a gnralement
est inapproprie en regard de la calcmie qui est leve. Il existe en pas dhypercalcmie.
effet ltat physiologique un rtrocontrle ngatif : quand la cal- Il existe une forme dhyperparathyrodie, dite tertiaire, qui survient
cmie est haute, la PTH diminue ; inversement, lorsquil existe une chez linsuffisant rnal. Il dveloppe une hyperplasie compensa-
trice des parathyrodes lie la carence en vitamine D. Celle-ci
peut sautonomiser, perdant le rtrocontrle li la calcmie et
constituer un vritable adnome et dans certains cas une hyper-
TABLEAU 2
Objectifs
Devant lapparition ddmes des membres infrieurs, argumenter
DFINITION les principales hypothses diagnostiques et justifier les examens
Le terme ddme dsigne toute accumulation
complmentaires pertinents.
anormale de liquide dans un compartiment de
lorganisme. Ce phnomne peut survenir dans
nimporte quel tissu. Le terme ddme interstitiel dsigne linfla- ou position assise prolonge, doivent tre considrs comme
tion du liquide extracellulaire (hyperhydratation extracellulaire) physiologiques. Ces dmes sus-cits ne ncessitent pas de prise
dans une rgion ou dans lensemble de lorganisme. Ldme sous- en charge thrapeutique particulire.
cutan peut tre associ un panchement des sreuses et
un dme viscral (pulmonaire ou crbromning). Le terme
danasarque dsigne lassociation ddme sous-cutan et dpan- DIAGNOSTIC TIOLOGIQUE
chement sreux. En pratique clinique, le terme ddme utilis Cette partie de la dmarche reste ltape la plus dlicate.
sans qualificatif dsigne lexpression sous-cutane dun dme
interstitiel de cause gnrale ou locorgionale. Ldme des Physiopathologie
membres infrieurs (OMI) est donc lexpression clinique dun La connaissance du mcanisme physiopathologique des d-
dme interstitiel de cause locorgionale ou gnrale sexpri- mes est un pralable indispensable la prise en charge correcte
mant prfrentiellement aux membres infrieurs. dun OMI. Les mouvements de leau sont la rsultante de la pression
hydrostatique transcapillaire (qui tente de faire sortir leau des vais-
seaux) et la pression oncotique des protines (qui tente de retenir
DIAGNOSTIC POSITIF leau dans les vaisseaux). La constitution des dmes implique
En pratique clinique, le diagnostic positif de lOMI ne pose prati- donc un dsquilibre de lchange hydro-lectrolytique entre le
quement pas de problme. Il repose sur la constatation de la compartiment vasculaire et le compartiment interstitiel (fig. 1).
modification de volume du membre, particulirement visible dans Cinq grands mcanismes, quils soient isols ou associs,
la rgion rtromallolaire. La dpressibilit ou le caractre mou concourent la formation des dmes (tableau 1) :
(signe du godet) est un bon signe dinflation hydrique du tissu laugmentation de la pression hydrostatique intravasculaire :
sous-cutan et dOMI pathologiques. lascension de la pression hydraulique capillaire peut tre due soit
Avant denvisager une dmarche diagnostique tiologique, il une augmentation du volume intravasculaire, secondaire une
faut considrer quil existe des dmes physiologiques. En effet, rtention sode rnale primitive ou secondaire, soit une hyper-
la grossesse normale (en dehors dune nphropathie gravidique) pression veineuse ;
saccompagne dans 1 cas sur 3 ddmes de rtention hydroso- une diminution de la pression oncotique des protines : la pression
de multifactorielle (augmentation des taux destrognes et de oncotique est considre comme abaisse quand lalbumine plas-
minralocorticodes, hypoprotidmie physiologique, gne mca- matique est 25 g/L. Cette hypoalbuminmie peut tre secondaire
nique au retour veineux). On citera galement le syndrome pr- une dperdition protique ou un dficit de synthse protique ;
menstruel, caractris par un syndrome dmateux fugace une augmentation de la pression oncotique interstitielle ;
secondaire lhyperestrognie relative. Les dmes gnrali- une augmentation de la permabilit membranaire vasculaire ;
ss discrets, survenant par temps chaud, aprs station debout une diminution anormale du drainage lymphatique.
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2285
III-Q323
dme des membres infrieurs Orientation diagnostique
dmes des membres infrieurs tmoins Linsuffisance cardiaque congestive ( bas dbit cardiaque) : les
ddmes gnraliss OMI sont essentiellement constats lors de ce type de cardiopathie
Dans un nombre important de cas, le contexte clinique permet o il existe une augmentation de la pression de remplissage ventri-
facilement de rattacher ldme une tiologie prcise, mais culaire et une augmentation de la pression de tout le secteur
dans dautres cas la dmarche est plus complexe. Ldme gn- plasmatique damont.
ralis ralise une infiltration non inflammatoire et quasiment Selon le type dinsuffisance cardiaque, le diagnostic est plus
symtrique mise en vidence par le signe du godet. Ces d- ou moins facile. Il est assez vident dans linsuffisance cardiaque
mes sont mobiles et apparaissent dans les parties dclives. En fraction djection altre. Il est plus difficile dans linsuffisance
orthostatisme, ils se traduisent par un dme bilatral des mem- cardiaque dorigine diastolique.
bres infrieurs, prdominant aux chevilles. En position de dcu- Linsuffisance cardiaque non congestive ( dbit conserv) : des
bitus, ldme est constat au niveau des lombes. En cas de OMI sont possibles au cours des insuffisances cardiaques dbit
rtention hydrosode majeure, il saccompagne dpanchement conserv, notamment lors des grosses fistules artrioveineuses,
des sreuses (cavit pritonale, plvre, pricarde). Une oligoa- du bribri, dun tat de thyrotoxicose ou de la maladie de Paget.
nurie avec rduction de la natriurse (< 20 mmol/j) est habituelle. Linsuffisance cardiaque par insuffisance ventriculaire droite
Les dmes gnraliss les plus souvent observs sont en prdominante : elle sobserve essentiellement lors des situations
rapport avec les cardiopathies, les nphropathies et les hpato- de cur pulmonaire postembolique, cur pulmonaire chronique
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pathies, mais ils peuvent tre galement observs au cours dhy- secondaire aux bronchopathies chroniques obstructives.
poprotinmie non rnale et non hpatique. Ils peuvent enfin La pricardite chronique : les signes fonctionnels sont classique-
tre provoqus ou aggravs par de nombreux mdicaments et ment une dyspne, une asthnie, une hpatalgie deffort et une
rester parfois sans explication vidente. ascite. Parfois, les OMI sont rvlateurs de cette adiastolie pro-
gressive secondaire lpaississement du pricarde qui devient
1. dmes dorigine cardiaque un sac inextensible.
Dans la majorit des cas, le diagnostic est ais. Linterrogatoire Ainsi, les examens indispensables pour le diagnostic des OMI
permet de prciser les donnes volutives dune cardiopathie ant- sont la radiographie pulmonaire (recherche dune cardiomgalie,
rieurement diagnostique. Lexamen clinique met en vidence un surcharge vasculaire bilatrale, panchements pleuraux, calcifi-
reflux hpatojugulaire, une hpatalgie avec hpatomgalie bord cations pricardiques), llectrocardiogramme (recherche de
mou, une tachycardie, une turgescence jugulaire, une insuffisance trouble de conduction ou du rythme), voire le dosage du pro-BNP
tricuspidienne. La svrit de ldme nest pas toujours proportion- (peptide natriurtique dont la valeur prdictive ngative est
nelle au degr de llvation de la pression veineuse centrale, en bonne) dans les situations cliniques douteuses. Lchographie
raison dautres facteurs associs, tels que limmobilit, la posture, cardiaque donne une estimation des pressions artrielles pulmo-
linsuffisance veineuse. Ce sont des dmes mous, indolores, prenant naires et du dbit cardiaque et doit avoir des indications larges.
le godet, bilatraux et symtriques, pouvant tre associs un Le cathtrisme droit peut avoir une indication pour mesurer
anasarque et un dme viscral. une HTAP pr- ou postcapillaire ou valuer un dip plateau lors
des pricardites chroniques.
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3. dmes dorigine rnale
Diminution
Les dmes dorigine rnale affectent lensemble de lorga- de la pression
oncotique
nisme, et plus particulirement la face, donnant un aspect bouffi syndrome
vocateur. nphrotique
malabsorption
Augmentation Diminution
Lexistence dune protinurie est un bon lment dorientation, hpatopathie
de la pression de la pression
malnutrition
mais il nest pas spcifique, puisquune protinurie peut sobserver capillaire hydrostatique
L
A Y
en cas dinsuffisance cardiaque ou hpatique. Il peut sagir dune R V M
atteinte aigu sous forme de syndrome nphrtique (glomrulo- T E P
I H
nphrite postinfectieuse) ou dune atteinte plus chronique dans R LIT CAPILLAIRE N A
I U T
le cadre dune insuffisance rnale chronique ou dun syndrome O
L
E
L
E
I
Q
U
nphrotique.
Augmentation Augmentation E
Des OMI associs une protinurie doivent inciter faire un bilan de la pression de la pression
rnal. La vrification de la cratine plasmatique, la natriurse, la oncotique hydrostatique Lymphdme
obstruction primitif
recherche dune hmaturie et lchographie rnale font partie veineuse ou secondaire
cirrhose
du bilan systmatique. Si ncessaire, la biopsie rnale pourra pr- insuffisance rnale
grossesse
ciser le type histologique de latteinte rnale.
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Augmentation de la pression hydrostatique vasculaire augmentation du volume intravasculaire par rtention sode rnale primitive (syndrome
nphrotique, stade initial des cirrhoses, stade initial de linsuffisance cardiaque, mdicaments)
R Q 323
augmentation du volume intravasculaire par rtention rnale secondaire (insuffisance
cardiaque, cirrhose, syndrome nphrotique)
hyperpression veineuse (insuffisance cardiaque globale ou droite, compression,
envahissement, thrombose)
Diminution de la pression oncotique dperdition protique par syndrome nphrotique ou entropathie exsudative
dficit de synthse par cirrhose ou par dnutrition
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III-Q323
dme des membres infrieurs Orientation diagnostique
quence lextravasation du plasma et le gonflement des tissus. gation des donnes de pharmacovigilance. Linterruption du trai-
Les mdiateurs possibles de ce phnomne sont nombreux et tement souponn et lanalyse des critiques dimputabilit per-
permettent de les distinguer. mettent dapprocher le diagnostic. En raison de leur frquence,
Les angidmes histaminiques allergiques ou non allergiques : de leur gravit ou de leur caractre de modle physiopatholo-
ils sassocient souvent des manifestations urticariennes. Un gique, la responsabilit de certains mdicaments mrite dtre
allergne peut tre mis en vidence (piqre dinsecte, mdica- particulirement connue (tableau 2).
ment, produit de contraste, aliment), mais celui-ci nest pas tou-
jours authentifi, et certains dmes histaminiques peuvent tre 7. dmes par anmie
non allergiques (dmes physiques vibratoires ou thermiques). Dans les situations danmie svre et prolonge, un ds-
Les angidmes bradykiniques : ils sont volontiers rsistants quilibre des changes hydro-lectrolytiques peut sinstaller et
aux antihistaminiques et corticodes et sont parfois dclenchs tre lorigine dOMI.
par un traumatisme mme minime. Ils peuvent tre associs
un dficit hrditaire ou acquis en C1 inhibiteur, soit non lis un 8. dmes cycliques idiopathiques (syndrome de Mach)
dficit du C1 inhibiteur, avec notamment les angidmes mdi- Il sagit dune affection touchant la femme jeune en priode
camenteux (inhibiteur de lenzyme de conversion) et les angi- dactivit gnitale. Il sagit ddmes non inflammatoires pre-
dmes de type 3 estrognosensibles. nant peu le godet et saggravant en fin de journe. On retrouve
Les angidmes osinophiliques ou syndrome de Gleich : lvo- frquemment des troubles psychiques, voire des prises caches
lution de cette maladie se caractrise par des dmes rcidivants de diurtiques ou de laxatifs. La pathognie reste incertaine, et
associs une hyperosinophilie, une fivre et une urticaire. Son aucune investigation complmentaire nest rellement suscep-
volution est le plus souvent bnigne, spontanment ou sous tible de confirmer le diagnostic.
corticothrapie.
Les dmes diffus par troubles de la permabilit capillaire : ils tiologie des dmes locorgionaux
peuvent sobserver dans les pathologies systmiques, dans lhyper- Il sagit le plus souvent dun dme unilatral pouvant ou non
osinophilie, ou tre idiopathiques. saccompagner de signes inflammatoires. Il est lexpression dun
dsquilibre des changes entre le compartiment
6. dmes mdicamenteux vasculaire et le compartiment interstitiel.
Ltiologie mdicamenteuse doit toujours tre Pour en savoir plus
voque. Tous les mdicaments susceptibles de 1. dmes locorgionaux sans signe
Pathologies inflammatoire
les avoir provoqus doivent tre interrompus. Il vasculaires intriques
peut sagir ddmes diffus prdominant au et situations cliniques Les dmes dorigine veineuse. Ce sont :
niveau des membres infrieurs ou ddmes loca- Levesque H les thromboses veineuses profondes : un dme
Abrgs Masson Mdecine
liss (surtout au niveau de la face) dans le cadre vasculaire B Devulder rcent unilatral non inflammatoire doit faire
des angidmes. Diffrents mcanismes physio- 1998;320-9 suspecter une thrombose veineuse profonde. Le
pathologiques peuvent tre en cause, notamment dmes des membres diagnostic doit tre confirm en urgence par un
la rtention hydrosode, les troubles de la per- infrieurs cho-doppler veineux. On pourra auparavant doser
mabilit capillaire et les troubles fonctionnels Cledes J, Hanrotel-Saliou C, les D-dimres, qui ont une bonne valeur prdictive
Jobic Y
lymphatiques. Le nombre important de mdica- (Rev Prat 2004;54:675-80) ngative. Un dme bilatral asymtrique peut
ments pouvant tre en cause justifie une interro- tre le fait dune thrombose cave infrieure ;
2288 L A R E V U E D U P R AT I C I E N , V O L . 5 7, 3 1 D C E M B R E 2 0 0 7
les compressions veineuses : le mme tableau clinique peut
tre le fait dune compression veineuse par un kyste poplit ou POINTS FORTS
dune compression de la veine iliaque primitive gauche par lar- retenir
tre iliaque primitive ralisant le syndrome de Cockett. Un dme Ldme interstitiel dsigne linflation du liquide
bilatral asymtrique peut tre le fait dune compression des vei- extracellulaire (hyperhydratation extracellulaire) dans
nes du petit bassin ou de la veine cave par des adnopathies, une une rgion ou dans lensemble de lorganisme.
tumeur, un anvrisme artriel ou une fibrose rtropritonale. Sa constitution implique un dsquilibre de lchange
Les troubles sont alors volontiers asymtriques, et ldme hydrolectrolytique entre compartiment vasculaire
concerne souvent lensemble du membre ; et interstitiel.
linsuffisance veineuse post-thrombotique : la maladie post- Ldme des membres infrieurs est lexpression clinique
thrombotique correspond aux squelles anatomique et hmody- dun dme interstitiel de cause locorgionale ou gnrale
namique des thromboses veineuses profondes. Elle survient dans sexprimant prfrentiellement aux membres infrieurs.
environ 50 % des cas dans les 5 10 annes qui suivent une throm- Un interrogatoire et un examen clinique soigneux aids
bose. Ldme local fait partie des signes dinsuffisance veineuse. de quelques investigations complmentaires orientent
Cliniquement, il diminue avec le repos et la contention veineuse, le plus souvent vers les 4 causes principales :
mais il peut tre fix par des lsions de fibrose sous-cutane ; les cardiopathies, les nphropathies, les hpatopathies
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linsuffisance veineuse chronique fonctionnelle : elle ralise un et la pathologie veineuse. La responsabilit en incombe
dme bilatral chronique prdominant au niveau des chevilles, plus rarement une cause endocrine, hypoalbuminmique,
respectant lavant-pied. Ldme disparat lors du repos allong. mdicamenteuse ou un phnomne idiopathique.
Ldme saccompagne dun inconfort, avec une sensation de Le traitement des dmes des membres infrieurs
jambe lourde ou de chaussures trop serres. Il est aggrav par ne peut reposer que sur le diagnostic tiologique.
la station debout prolonge et la chaleur ambiante. Lexamen Les dmes de cause locorgionale ou gnrale peuvent
peut noter des varices ou des troubles trophiques (dermite ocre). constituer une urgence thrapeutique relative, notamment
Lcho-doppler veineux permet de dcrire avec prcision la topo- dans le cadre des thromboses veineuses profondes ou les
graphie des reflux veineux superficiels. De telles anomalies peu- dermohypodermites. En dehors de circonstances cliniques
vent tre dtectables et accessibles une thrapeutique. urgentes (insuffisance cardiaque aigu ou anasarque),
Les lymphdmes : devant un dme unilatral, volumineux, il ny a pas durgence faire disparatre les dmes.
indolore, lastique, dur et ferme prenant peu le godet, un lym- Le traitement est dabord symptomatique par le repos
phdme doit tre voqu (fig. 2). Son extension est centripte. au lit et une restriction sode, voire des diurtiques.
Il dbute la priphrie des membres, intressant les orteils et
la face dorsale du pied. Il progresse vers le haut. Il est peu
(v. MINI TEST DE LECTURE, p. 2311)
influenc par la posture et partiellement rversible la nuit, ce qui
loppose ldme dorigine veineuse. Laspect clinique du lym-
phdme est gnralement suffisant pour porter le diagnostic.
Un dme touchant le dos du pied, mais respectant au dbut Les lymphdmes primitifs congnitaux : ils correspondent
les orteils (aspect de cou de buffle) est particulirement vocateur. une aplasie ou une hypoplasie des lymphatiques distaux ou
Cet dme deviendra souvent dur, sclreux, cartonn, avec un proximaux ou des mgalymphatiques. La dysplasie peut tre
phnomne de peau dorange. Il peut tre li des anomalies isole dans le cadre du syndrome de Milroy (lymphdme cong-
structurelles ou fonctionnelles, congnitales ou acquises de voies nital isol) ou du syndrome de Meige (lymphdme primitif pr-
lymphatiques. coce dtect la pubert chez la femme). Parfois, elle sintgre
dans des dysplasies plus complexes en relation ou non avec des
R Q 323
anomalies chromosomiques (syndrome de Klippel-Trenaunay,
syndrome de Turner ou Klinefelter).
Les lymphdmes secondaires : ils sont lis des destructions
ou des occlusions des voies lymphatiques par un processus
pathologique. Les causes iatrognes sont les plus frquentes
dans les pays occidentaux (curages ganglionnaires inguinaux et
pelviens, chirurgie pour cancer, pontage fmoro-poplit et radio-
thrapie locale). Les tiologies infectieuses sont domines par
les filarioses (principale cause de lymphdme en zone inter-
tropicale) et les infections cutanes bactriennes. Les causes
noplasiques regroupent les localisations ganglionnaires dun
lymphome, dune mtastase, dun sarcome de Kaposi. De faon
Figure 2 Lymphdme. exceptionnelle, le lymphdme peut tre paranoplasique.
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III-Q323
dme des membres infrieurs Orientation diagnostique
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I-00-Q000
III-Q328
Objectifs
Devant la dcouverte dune protinurie, argumenter les principales
PROTINURIE hypothses diagnostiques et justifier les examens complmentaires
La dcouverte dune protinurie (excrtion uri- pertinents.
naire journalire de protines > 0,15 g/j) est Devant un syndrome nphrotique chez lenfant ou chez ladulte,
toujours le tmoin dune anomalie fonctionnelle argumenter les principales hypothses diagnostiques et justifier
ou dune lsion organique rnale. Toutes les les examens complmentaires pertinents.
nphropathies peuvent, au cours de leur volu-
tion, saccompagner dune protinurie. Les cri-
tres qui vont permettre de classer une protinurie sont son molculaire (PM) suprieur 70 kD (albumine, 68k D). Sa richesse
caractre transitoire ou permanent, son abondance, sa compo- en protoglycans chargs ngativement soppose encore plus
sition et sa slectivit, la fonction rnale et lassociation ventuelle au passage des protines charges ngativement.
des anomalies du sdiment urinaire (hmaturie, leucocyturie). Les protines de faible poids molculaire filtres librement
Une protinurie permanente justifie toujours la recherche sont rabsorbes hauteur de 99 % au niveau du tubule proximal
dune cause pour permettre de dfinir les modalits de traite- par un mcanisme dendocytose saturable.
ment, de surveillance, et de prciser au patient le pronostic de La protinurie physiologique se compose donc essentielle-
latteinte. ment pour 60 % de protines plasmatiques de faible poids mol-
La protinurie est un des 2 facteurs majeurs, avec lhypertension culaire (1/3 dalbumine, 2/3 de globulines) et pour 40 % de pro-
artrielle, de progression de linsuffisance rnale. La rduction tines urinaires (scrtion tubulaire de mucoprotine de
de la protinurie est donc un objectif thrapeutique part entire. Tamm-Horsfall et dchets protolyss de lurothlium des voies
Le traitement antiprotinurique fait appel au contrle strict de urinaires) [tableau 1].
la pression artrielle, avec une cible fixe 130/80 mmHg si la
protinurie dpasse 0,5 g/j. Les mdicaments bloqueurs du sys-
tme rnine-angiotensine (IEC-ARA2) sont recommands en pre-
Tableau 1 Protinurie physiologique
mire intention pour obtenir un effet antiprotinurique optimis.
Composition :
60 % de protines plasmatiques : 1/3 dalbumine et 2/3 de globulines
Physiopathologie et classification 40 % de protines urinaires : protines de Tamm-Horsfall, dchets
1. Protinurie physiologique protiques de lurothlium
Dbit :
Le filtre glomrulaire compos de la paroi des cellules endo- protinurie totale < 150 mg/j (40 80 mg/j en moyenne)
thliales puis de la membrane basale glomrulaire et des pdicelles dont albuminurie < 30 mg/j
des podocytes joints par leur diaphragme de fente reprsente une
Non dtecte par les bandelettes ractives : ngative ou traces
barrire physico-chimique la filtration des molcules de poids
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III-Q328
Protinurie et syndrome nphrotique chez lenfant et chez ladulte : Orientation diagnostique
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III-Q328
Protinurie et syndrome nphrotique chez lenfant et chez ladulte : Orientation diagnostique
3. Microalbuminurie
La quantification de la microalbuminurie fait appel des 4. lectrophorse et immunolectrophorse
mthodes de dosage immunologiques, mesurant spcifiquement des protines urinaires
lalbumine, dont la sensibilit est voisine de 1 mg/L. Ralise habituellement sur actate de cellulose, llectropho-
Lexcrtion urinaire dalbumine physiologique est infrieure rse des protines urinaires permet une tude qualitative de la pro-
30 mg/j. Par dfinition consensuelle, une excrtion urinaire tinurie et est trs utile pour caractriser lorigine de la protinurie.
dalbumine suprieure 30 mg/24 heures mais non dtectable Les protinuries dites slectives sont constitues pour plus de
par les techniques conventionnelles de dosage de la protinurie 80 % par de lalbumine et sont, en rgle gnrale, dues une
(cest--dire < 300 mg/24 h) est appele microalbuminurie. nphropathie glomrulaire sans lsion dcelable au microscope
Ce dosage doit tre effectu une fois par an chez les patients optique (syndrome nphrotique lsions glomrulaires minimes).
diabtiques. En effet, au cours dun diabte de type 1 ou 2, une micro- Les protinuries non slectives (proportion dalbumine < 80 %)
albuminurie traduit une atteinte glomrulaire prcoce, permettant contiennent habituellement toutes les classes de globulines du
de dpister la maladie rnale diabtique son stade initial. srum. Toutes les nphropathies peuvent donner de telles pro-
Des considrations similaires peuvent tre faites chez les tinuries.
patients hypertendus. Les protinuries constitues en grande partie par les protines
De manire plus gnrale, la microalbuminurie est galement anormales, migrant sous forme dun pic troit dans les - ou les
dsormais considre comme un marqueur de dysfonction endo- -globulines, correspondent une excrtion anormale de chanes
thliale et donc de risque cardiovasculaire. lgres dimmunoglobuline monoclonale. Cest la protinurie de
Protinurie glomrulaire lsion du filtre glomrulaire dbit variable parfois nphropathies glomrulaires
important (> 3 g/j) (LGM si protinurie slective)
albumine et protines
de PM > 70 kD
Protinurie de surcharge libration massive dbit variable selon cause mylome chanes lgres
ou hyperproduction chanes lgres hmolyse
dune protine plasmatique dimmunoglobuline, hmoglobine, rhabdomyolyse
myoglobine
Protinurie tubulaire dfaut de rabsorption tubulaire dbit faible (< 1 g/j) tubulopathie proximale
-2-microglobuline, (syndrome de Fanconi)
protines de faible PM nphropathie tubulo-interstitielle
chronique
nphropathie vasculaire
Protinurie transitoire perturbation hmodynamique dbit souvent faible fivre, exercice physique
intrarnale isole insuffisance cardiaque
transitoire orthostatisme
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Bence-Jones, caractrise initialement par sa proprit de pr- en fonction de leur poids molculaire. Elles rsultent dun trouble
cipitation autour de 50 C et de redissolution plus haute tem- de rabsorption tubulaire (la lysozymurie et la -2-microglobu-
prature. En fait, 50 % des chanes lgres au plus prsentent ces linurie sont augmentes).
proprits physicochimiques. Limmunolectrophorse ou lim-
munofixation des protines urinaires caractrise la protine Orientation diagnostique
monoclonale (chane lgre kappa ou lambda). Lorientation diagnostique se fait en 3 tapes (fig. 1) :
Les protinuries tubulaires, constitues essentiellement de confirmation de la protinurie et de son caractre permanent
globulines de faible poids molculaire, sont mieux analyses par par le dosage pondral de la protinurie des 24 heures qui limine
llectrophorse en gel de polyacrylamide qui spare les protines une protinurie transitoire ;
CONFIRMATION
PROTINURIE > 150 mg/j
TRANSITOIRE PERMANENTE
CIRCONSTANCES PROTINURIE
PARTICULIRES ORTHOSTATIQUE
LECTROPHORSE
Fivre Adolescent longiligne
DES PROTINES URINAIRES
Exercice physique Protinurie isole
SDIMENT URINAIRE
Disparition
Infection urinaire en clinostatisme CRATININMIE
Insuffisance
cardiaque droite CHOGRAPHIE RNALE
Disparition Disparition
avec la cause aprs lge de 20 ans
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III-Q328
Protinurie et syndrome nphrotique chez lenfant et chez ladulte : Orientation diagnostique
Protinurie > 300 mg/24 heures > 200 g/min > 30 mg/mmol
cratininurie
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de dpts (nphropathie diabtique, amylose, GEM) ou danomalies Chez lenfant, les thromboses vasculaires concernent tous les
des cellules glomrulaires (hyalinose segmentaire et focale [HSF], territoires, veineux et artriels. Chez ladulte, ils sont majoritaire-
glomrulonphrite membrano-prolifrative [GNMP]). La sympto- ment veineux. La survenue de thrombose des veines rnales ou
matologie clinique est domine par le syndrome dmateux. dun sinus crbral est plus frquente au cours des syndromes
nphrotiques, et particulirement grave.
Complications Le risque thrombotique est particulirement lev en cas
dhypoalbuminmie svre (< 20 g/L) et de GEM. Dans ces situa-
1. Complications aigus tions, une anticoagulation prventive par HBPM (en labsence
Les dmes reprsentent le principal symptme rvlateur dun dinsuffisance rnale) ou hparine peut tre propose avec relais
syndrome nphrotique. Ils sont responsables dune prise de poids par AVK en cas de persistance du syndrome nphrotique.
quantifier. La prvention des thromboses ncessite galement dviter
Ils sont blancs, mous, indolores et prennent le godet . Ils le clinostatisme prolong et la dpltion hydrosode brutale
prdominent dans les territoires dclives (chevilles, jambes en (< 1 kg/j chez ladulte) par un traitement diurtique trop intensif.
position debout, lombes chez un sujet en dcubitus dorsal) ou Le traitement curatif se fait selon les modalits habituelles en
aux rgions o la pression extravasculaire est faible (orbite de prenant garde aux difficults dquilibration des AVK (augmen-
l'il). Un panchement des sreuses (plvre, pricarde, pritoine) tation de la fraction libre lie lhypoalbuminmie).
peut tre observ ralisant un tableau danasarque. Ldme Les surdosages mdicamenteux sont lis au fait que de nombreux
pulmonaire est exceptionnel en labsence dinsuffisance cardiaque. mdicaments sont fortement lis lalbumine. Aussi, la baisse de
Les dmes sont lis une diminution de la pression onco- l'albumine srique est directement responsable de l'augmentation
tique des protines intravasculaires, qui permet la fuite de sel et de la fraction libre de ces mdicaments (notamment des AVK,
d'eau vers le liquide interstitiel. Cette fuite d'eau et de sel plasma- des AINS...).
tiques est responsable d'une hypovolmie efficace qui stimule les
systmes participant la rtention hydrosode comme le systme
rnine-angiotensine-aldostrone et le systme sympathique.
LECTROPHORSE DES PROTINES SRIQUES NORMALE
En fait, cette vue classique attribuant la rtention sode du
syndrome nphrotique la seule hypovolmie secondaire lhypo- Albumine Llectrophorse spare
albuminmie a t remise en question par le rsultat dtudes mon- les protines sriques
en 5 fractions (de lanode
trant un tat deuvolmie, voire dhypervolmie chez des patients vers la cathode) :
albumine
atteints de syndrome nphrotique. Toutefois, le facteur primitif (pic le plus important)
responsable de lavidit rnale pour le sodium reste inconnu. 1-globulines
2-globulines
Le traitement du syndrome dmateux est bas sur la res- -globulines
triction sode (< 3 g de NaCl/j, soit 50 mmmol de sodium), un 1 2 -globulines.
repos relatif au lit (pour viter la stimulation du systme rnine-
angiotensine-aldostrone et faciliter la mobilisation des dmes),
LECTROPHORSE DES PROTINES SRIQUES
et la prescription ventuelle de diurtiques de lanse comme le DANS LE SYNDROME NPHROTIQUE
furosmide (Lasilix) ou le bumtamide (Burinex). Dans tous les cas,
lobtention dune rponse natriurtique devra tre progressive Hypoalbuminmie
pour viter laggravation de lhypovolmie et les risques de throm-
boses veineuses (dues lhmoconcentration). Hyper2globulinmie
Linsuffisance rnale aigu (IRA) peut tre :
Hypoglobulinmie
fonctionnelle, lie lhypovolmie relative, le plus souvent iatro-
gne (dpltion trop rapide par les diurtiques, usage dAINS) ;
organique par ncrose tubulaire aigu en cas dhypovolmie Albumine 1 2 1 2
svre et prolonge (syndrome nphrotique idiopathique de
Fractions % g/L Valeur rf. g/L
lenfant et du sujet g) ; Albumine 42,8 15,8< 41,0 52,0
vasculaire par thrombose uni- ou bilatrale des veines rnales Alpha1 11,0 4,1> 2,0 4,0
Alpha2 30,5 11,3> 5,0 9,0
(notamment au cours des GEM) : elle est le plus souvent asymp- Bta1 3,7 1,4< 4,0 6,0
Bta2 6,6 2,4< 2,5 5,5
tomatique, mais parfois rvle par des lombalgies, une hma- Gamma 5,4 2,0< 7,0 15,0
turie macroscopique ou une dtrioration de la fonction rnale. Hypoalbuminmie avec resserement du pic lie la fuite urinaire
dalbumine.
Les thromboses vasculaires sont secondaires un tat dhyper- Hyper2globulinmie importante lie laugmentation
coagulabilit dorigine multifactorielle : fuite urinaire dinhibiteurs de l2-macroglobuline.
Hypogammaglobulinmie lie la fuite urinaire dimmunoglobulines.
de la coagulation (antithrombine III), dficit fonctionnel en pro-
tine C et S, hyperfibrinognmie, thrombocytose et activation Figure 2 Profils de llectrophorse des protines sriques
plaquettaire. dans le syndrome nphrotique.
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III-Q328
Protinurie et syndrome nphrotique chez lenfant et chez ladulte : Orientation diagnostique
Le risque de surdosage et d'effet toxique est augment et infectieux chroniques (ORL et stomatologiques) est recommande.
impose des adaptations posologiques (diminution). En cas dinfections rcidivantes, la perfusion dimmunoglobulines
polyvalentes est discuter.
2. Complications chroniques La corticothrapie et les immunosuppresseurs favorisent les
Une dyslipidmie est frquemment associe au syndrome infections opportunistes (virales, pneumocystose). Ils contre-
nphrotique prolong. indiquent les vaccins vivants.
La dyslipidmie est lie une augmentation de la production
des lipoprotines au niveau du foie (VLDL et LDL) et une dimi- Causes
nution de leur catabolisme. Elle est directement corrle lim- De faon schmatique, on distingue les syndromes nphro-
portance de la protinurie. Elle est de type mixte le plus souvent. tiques primitifs et secondaires :
Lhypercholestrolmie peut tre trs importante (> 10 mmol/L). un syndrome nphrotique est dit primitif ou idiopathique si len-
Elle est athrogne avec lvation du LDL-C et HDL-C normal ou bas. qute tiologique savre ngative : en pratique en labsence de
Lhyperlipidmie svre augmente le risque cardiovasculaire signes extrarnaux. Les nphropathies glomrulaires primitives
et pourrait participer la progression des lsions rnales. sont alors dfinies selon leur type histologique ;
Le traitement de lhyperlipidmie nest indiqu quen cas de un syndrome nphrotique est secondaire si la nphropathie
syndrome nphrotique durable rsistant au traitement spci- glomrulaire sintgre dans le cadre dune maladie gnrale ou
fique (hyalinose segmentaire et focale, glomrulopathie extra- si une tiologie prcise (infectieuse, toxique, tumorale) est mise
membraneuse). Il fait appel lutilisation des statines sous en vidence.
contrle strict des CPK (risque accru de rhabdomyolyse) et Les diffrentes tiologies avec leurs frquences relatives don-
posologie progressivement croissante. nes titre indicatif sont rsumes dans le tableau 5.
Lhypertension artrielle et la progression vers linsuffisance
rnale chronique concernent plus de 50 % des syndromes
nphrotiques intenses (protinurie > 5 g/j) et prolongs (plusieurs Tableau 5 tiologie du syndrome nphrotique
annes) qui vont voluer en moins de 10 ans vers linsuffisance
chez lenfant et chez ladulte
rnale chronique terminale.
Le risque est li au type de glomrulopathie, un effet nphro- SN TIOLOGIE
toxique direct de la protinurie et lexistence ventuelle dune
hypertension artrielle (HTA) associe non contrle, trs frquente CHEZ LENFANT
au cours des glomrulonphrites chroniques.
SN primitif syndrome nphrotique lsions glomrulaires
La prvention de la progression de linsuffisance rnale chro- (90 %) minimes (LGM) (= nphrose lipodique) [75-80 %]
nique suit les recommandations habituelles en cherchant une hyalinose segmentaire et focale (HSF) [10 %]
rduction pharmacologique de la protinurie et une normalisation autres (GEM, GNMP) [< 5 %]
de la pression artrielle : objectifs < 130/80 mmHg et protinurie
< 0,5 g/j, rgime hyposod 6 g/j, utilisation des bloqueurs du SN secondaire congnital
systme rnine-angiotensine (IEC et ARA2) en premire inten- (10 %) basalopathies (syndrome dAlport,)
tion, en association avec les diurtiques si ncessaire. autres (GNMP, GEM)
La malnutrition protique est frquente au cours des syndromes
CHEZ LADULTE
nphrotiques (balance azote ngative par fuite urinaire des
protines, anorexie, corticothrapie prolonge). Les rgimes SN primitif glomrulopathie extramembraneuse (GEM) [40 %]
hyperprotidiques sont pourtant proscrits, linverse, les rgimes (60 %) LGM ou HSF (15-20 %)
hypoprotidiques (< 0,8 g/kg/j) rduisent la protinurie mais aug- glomrulonphrite membrano-prolifrative (GNMP),
mentent le risque de dnutrition protique. glomrulopathie dpts msangiaux dIgA [< 5 %]
Des apports protidiques normaux , de 1 1,5 g/kg/j, sont SN secondaire nphropathie diabtique (20 %)
donc recommands. (40 %) nphropathies lupiques (5 %)
Chez lenfant, un retard de croissance peut tre observ. Il est nphropathies amylodes (AA et AL) (5 %)
principalement imputable la corticothrapie. nphropathies glomrulaires hrditaires (< 1 %)
La susceptibilit accrue aux infections est lie une diminution formes secondaires dautres nphropathies (10 %)
de la rponse immunitaire qui est diminue au cours du syndrome GEM : cancer, hpatite B, sarcodose,
nphrotique. La fuite urinaire des immunoglobulines G et A ainsi mdicaments
que de composants du complment favorisent le risque dinfection LGM : Hodgkin, mdicaments (AINS, lithium)
par les bactries, notamment encapsules (pneumocoque, HSF : rduction nphronique, VIH, mdicaments
Hmophilus, Klebsiella). GNMP : suppurations profondes, hpatite C,
Lantibioprophylaxie nest pas indique. Lefficacit du vaccin lymphomes
antipneumococcique nest pas tablie. Lradication des foyers
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781-790_ref7_moulin 16/04/07 17:12 Page 789
PRA
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chroniques
2 0 0 3
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Tome
3 0
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Monographie
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lenfant et
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Une tude aigu chez lenfant
Dans la pratique, la ralisation dune PBR nest donc pas indi- OUVERTURES
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Linformation clinique
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III-Q328
Protinurie et syndrome nphrotique chez lenfant et chez ladulte : Orientation diagnostique
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18-034-A-10
Le contrle par le rein de lquilibre hydrosod a pour objectif dassurer la stabilit de lhydratation
cellulaire et extracellulaire, essentielle pour lorganisme. Lorganisme ajuste le bilan hydrique dans le but
de normaliser lhydratation cellulaire mesure par les osmorcepteurs ; il ajuste le bilan sod dans le but
dviter les variations du volume extracellulaire dtectes par les variations de la volmie efficace. Les
troubles du bilan hydrique affectent lhydratation cellulaire. On distingue les troubles primitifs du bilan
hydrique responsables dune altration de losmolalit efficace et les troubles du bilan hydrique
secondaires une altration de losmolalit efficace ou de la volmie efficace. Les troubles du bilan sod
affectent lhydratation extracellulaire. On distingue les troubles primitifs du bilan sod responsables dune
altration de la volmie efficace et les troubles du bilan sod secondaires une altration de la volmie
efficace. En pratique mdicale courante, le mdecin dispose dune part darguments cliniques pour
apprcier ltat dhydratation extracellulaire et donc la svrit du trouble du bilan sod, dautre part de
la natrmie, reflet dans la plupart des cas de losmolalit efficace et de ltat dhydratation cellulaire, qui
permet dapprcier la svrit du trouble du bilan hydrique.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Nphrologie 1
18-034-A-10 Anomalies de lquilibre hydrosod
Facteurs agissant
Centres Stock sod Natriurse
ADH sur la natriurse
de la soif
2 Nphrologie
Anomalies de lquilibre hydrosod 18-034-A-10
Tableau 1.
Point fort
Estimation de losmolalit.
Osmolalit (totale) Valeurs normales
du plasma
Pourquoi une cellule sensible la variation Mesure directe (cryoscopie) P 285 10 mOsm/kg
du volume cellulaire est-elle dnomme
osmorcepteur ? Estimation (calcul) 2 (Na + K) + glucose 300 10 mOsm/l
Une variation de lhydratation cellulaire est provoque + ure(a)
par un flux deau travers la membrane cellulaire Osmolalit efficace
lorigine dune variation du volume cellulaire. du plasma(d)
Losmorcepteur dtecte la variation du volume cellulaire Mesure P ure 280 10 mOsm/kg
par la modification rsultante de la tension exerce sur la
membrane cellulaire. Estimation la plus utile 2 Na + glucose(a) 285 10 mOsm/l
La membrane cellulaire tant librement permable (b)
Estimation la plus simple 2 Na 280 10 mOsm/l
leau, leau se rpartit entre les divers compartiments
liquidiens de lorganisme de manire assurer lgalit de Osmolalit (totale)
losmolalit dans chacun des compartiments. Un solut des urines(e)
qui, telle lure, traverse, comme leau, librement Mesure directe (cryoscopie) U Sans objet(f)
et facilement la membrane cellulaire se rpartit
Estimation 2 (Na + K) + ure(c) Sans objet(f)
uniformment la mme concentration dans tous les
compartiments liquidiens. Par consquent une variation P : osmolalit plasmatique ; U : osmolalit urinaire.
(a)
de sa concentration modifie de manire gale losmolalit Estimation inexacte en cas de surcharge par un solut exogne (mannitol, etc.).
(b)
Estimation inexacte en cas dhyperglycmie importante ou de surcharge par un
de chacun des compartiments et ne provoque aucun solut exogne. (c) Ne tient pas compte dune ventuelle glycosurie. (d) Le
transfert osmotique deau travers la membrane cellulaire potassium nest pas pris en compte dans lestimation par le calcul de losmolalit
efficace du plasma, car les variations de la kalimie ne sont jamais suffisantes pour
(cest pourquoi ces soluts sont dits osmotiquement provoquer une variation significative (> 10 mOsm/l) de losmolalit. (e) La
inefficaces ) et donc aucune variation de lhydratation dtermination de losmolalit efficace des urines ne prsente aucun intrt. (f) Il
cellulaire. Ce nest pas le cas des soluts dits ny a pas de valeurs normales pour losmolalit urinaire (seulement des valeurs
habituelles) : seule compte la notion dosmolalit urinaire adapte ou non un
osmotiquement efficaces (glucose, ions, etc.) qui trouble de losmolalit plasmatique.
se rpartissent de manire diffrente entre les
compartiments cellulaire et extracellulaire.
Losmolalit efficace, encore appele tonicit, dsigne la
concentration globale de tous les soluts osmotiquement
efficaces. Elle peut tre dtermine dans le plasma o elle
Point fort
est calcule comme la diffrence entre losmolalit
plasmatique totale (mesure par cryoscopie) et la Barorcepteurs, volorcepteurs et volmie
concentration de lure (qui reprsente en pratique le seul efficace
solut non osmotiquement efficace). Losmolalit efficace La volmie efficace dsigne en ralit une pression, et non
peut aussi tre estime (Tableau 1). pas un volume, dont la variation est dtecte par plusieurs
Hormis le cas de la dpltion potassique, le contenu types de rcepteurs situs dans les parois du systme
cellulaire en osmoles efficaces peut tre considr comme vasculaire et sensibles la pression exerce sur ses parois.
relativement fixe. Dans ces conditions, une variation de Les rcepteurs situs dans les vaisseaux peu compliants
losmolalit efficace ne peut traduire quune variation en (en particulier ceux situs au niveau des artres du sinus
sens inverse du stock hydrique dans les cellules et donc carotidien et de lappareil juxtaglomrulaire), dans
une variation de lhydratation cellulaire. Bien que lesquels une forte variation de pression nentrane quune
losmorcepteur thalamique soit en ralit sensible aux faible variation de leur volume, sont appels
variations de lhydratation cellulaire (qui ne sont pas barorcepteurs, ce qui signifie rcepteurs sensibles aux
directement observables), il dtient son nom de ce quil variations de pression. Les rcepteurs situs dans le
parat, pour lobservateur, sensible aux variations de systme vasculaire trs compliant (en particulier ceux
losmolalit efficace (qui sont mesurables) lorigine des situs au niveau des oreillettes), dans lesquels une faible
variations de lhydratation cellulaire. variation de pression entrane une forte variation de leur
volume, sont eux aussi sensibles aux variations de la
pression. Ils sont cependant appels volorcepteurs, car ils
semblent, pour lobservateur, sensibles aux variations de
Les troubles du bilan hydrique peuvent tre primitifs ou plus
volume (importantes et donc facilement mesurables)
rarement secondaires une variation de losmolalit efficace ou
plutt quaux variations de pression (faibles et plus
de la volmie efficace (Tableau 2).
difficilement observables).
Troubles primitifs du bilan hydrique
Un trouble primitif du bilan hydrique provoque, par concen-
tration ou dilution, une variation de losmolalit efficace et de plasmatique (ou la natrmie puisquelle en est, dans ce cas,
la natrmie. Le diagnostic positif dun trouble primitif du bilan toujours le reflet) permet en effet de dterminer si la rponse du
hydrique repose donc en pratique sur la mesure de la natrmie. rein (concentration ou dilution des urines) est adapte ou non
Les troubles primitifs du bilan hydrique nempchent aucune- au dfaut dajustement du stock hydrique. Lure doit bien sr
ment le contrle du bilan sod datteindre son objectif : en tre prise en compte dans le calcul de losmolalit urinaire dont
consquence lhydratation extracellulaire reste cliniquement elle reprsente une part non ngligeable, voire mme prpon-
normale. drante. Losmolalit urinaire U peut tre soit mesure directe-
Le diagnostic tiologique dun trouble primitif du bilan ment, soit estime par la formule : U = 2 (Na + K) + ure, mais
hydrique ncessite lestimation de losmolalit urinaire. Obser- celle-ci ne prend en compte ni les cations autres que le sodium
ver si losmolalit urinaire est adapte ou non losmolalit et le potassium (en particulier elle ne prend pas en compte lion
Nphrologie 3
18-034-A-10 Anomalies de lquilibre hydrosod
Tableau 2.
Troubles du bilan hydrique.
Troubles primitifs du bilan hydrique (responsables dune variation de
Point fort
losmolalit efficace)
Surcharge hydrique primitive : intoxication leau, SIADH, insuffisance Que signifie une natriurse adapte ou non ?
rnale En prsence dun trouble de la kalimie, il est important de
Dficit hydrique primitif : carence en eau, diabte insipide dterminer si la kaliurse est adapte (< 30 mmol/j) ou
Troubles du bilan hydrique secondaires non la valeur de la kalimie. Un raisonnement analogue
une variation de la volmie efficace ne doit cependant pas tre conduit devant un trouble de
- surcharge hydrique secondaire une hypovolmie efficace : dficit la natrmie : la notion de natriurse adapte ou non la
sod, surcharge sode secondaire natrmie est dnue de sens, et il nexiste dailleurs pas de
- dficit hydrique secondaire une hypervolmie efficace : corrlation entre la natriurse et la natrmie.
hyperaldostronisme primaire En effet, le rein na pas pour rle dajuster la natriurse
une variation de losmolalit efficace pour obtenir une natrmie normale : il ajuste pour cela le
- dficit hydrique secondaire une augmentation de losmolalit stock hydrique en contrlant la diurse. Son rle est en
efficace : surcharge sode, hyperglycmie ralit dajuster la natriurse pour obtenir une hydratation
SIADH : scrtion inapproprie dhormone antidiurtique. extracellulaire normale. En labsence de trouble de
lhydratation extracellulaire, la natriurse, quelle que soit
sa valeur (et quelle que soit la valeur de la natrmie), est
forcment normale et sa mesure na pas ncessairement
Point fort dintrt : elle reflte seulement les apports et elle est ou
non dans lintervalle des valeurs habituelles indiques par
le laboratoire suivant que lalimentation sode du patient
Pourquoi le sodium est-il le seul solut utile pour est ou non dans les normes habituelles de la population.
le diagnostic dun trouble primitif du bilan En prsence dun trouble de lhydratation extracellulaire,
hydrique ? la mesure de la natriurse est ncessaire et la seule
Un trouble primitif du bilan hydrique provoque, par question pertinente est de savoir si la natriurse est
concentration ou dilution, une variation de losmolalit adapte ou non ltat dhydratation extracellulaire, reflet
efficace. Celle-ci affecte seulement la natrmie, et du stock sod.
paralllement la chlormie, car, lexception de la
natrmie et de la chlormie, la concentration des autres
soluts osmotiquement efficaces est rgule par
lorganisme, le plus souvent par des systmes hormonaux. les causes rnales : la capacit de dilution des urines est
En pratique, le diagnostic positif dun trouble primitif du altre. On distingue les causes rnales intrinsques (insuffi-
bilan hydrique repose sur la mise en vidence dune sance rnale chronique) et extrinsques (syndrome de scr-
variation de la natrmie, parce que la variation de la tion inapproprie dADH [SIADH]). Le Tableau 3 indique les
chlormie est moins spcifique : se faisant toujours de circonstances les plus frquentes dans lesquelles survient un
tableau de SIADH, mais on ne retrouve parfois aucune cause
manire prserver llectroneutralit plasmatique, elle
(SIADH idiopathique). Cest en particulier le cas de certaines
peut tre la consquence dune variation dans le mme personnes ges qui prsentent un seuil de dclenchement de
sens de la concentration plasmatique dun cation, en la scrtion dADH anormalement bas (situation dite de
particulier du sodium, mais aussi la consquence dune reset-osmostat).
variation en sens oppos de la concentration plasmatique Le diagnostic tiologique repose sur la mesure ou le calcul de
dun anion, tel le bicarbonate. losmolalit urinaire. Une osmolalit urinaire basse (U
< 80 mOsm/kg ou calcule moins de 80 mOsm/l) est adapte
la surcharge hydrique et donc lhyponatrmie : elle traduit
ammoniaque NH4+) ni la prsence ventuelle de glucose ou une origine extrarnale (apports liquidiens trop importants). Le
dun solut exogne. La comparaison de la natriurse dosage de lADH (qui serait effondre) nest pas utile.
la natrmie nest daucun intrt. loppos, une osmolalit urinaire inadapte
(U > 80 mOsm/kg ou calcule plus de 80 mOsm/l) tmoigne
Surcharge hydrique primitive dune origine rnale (dfaut dlimination du fait de la diminu-
tion de la capacit de dilution des urines). Si le contexte ne le
La surcharge hydrique tend augmenter le volume extracel- permet pas lui seul, le dosage de lADH permet de trancher
lulaire qui est maintenu normal par un ajustement la baisse entre une cause intrinsque (ADH effondre) et une cause
du stock sod dont tmoigne laugmentation de la natriurse extrinsque (ADH normale ou leve, inadapte lhyponatr-
durant la phase dinstallation de lhyponatrmie. La surcharge mie, signant le SIADH).
hydrique primitive est donc lorigine dun tableau dhyperhy-
dratation cellulaire cliniquement pure lorigine dune hypona-
Dficit hydrique primitif
trmie. La prise de poids est constante et traduit la surcharge
hydrique, mais elle est parfois difficile mettre en vidence si Le dficit hydrique tend diminuer le volume extracellulaire
le poids antrieur nest pas bien connu. qui est maintenu normal par une diminution de la natriurse
Une surcharge hydrique primitive sobserve dans les situa- lie la stimulation du systme rnine-angiotensine et permet-
tions o le rein est incapable de diluer suffisamment les urines. tant un ajustement la hausse du stock sod. Le dficit
On en distingue diffrentes tiologies : hydrique primitif est lorigine dun tableau de dshydratation
les causes extrarnales : les urines sont correctement dilues, cellulaire cliniquement pure lorigine dune hypernatrmie. La
mais la capacit de dilution est dpasse. Dans la classique perte de poids traduit le dficit hydrique.
intoxication par leau en rapport avec labsorption de Un dficit hydrique primitif peut tre en rapport :
grandes quantits de bire ou avec une potomanie responsa- avec une insuffisance dapports en eau : soif non ressentie en
ble dun syndrome polyurodipsique [3], le dpassement de la raison danomalies hypothalamiques (adipsie idiopathique ou
capacit de dilution est d des apports liquidiens trop plus souvent secondaire un accident vasculaire crbral) ou
levs ; dans le tea and toast syndrome , ce dpassement soif non satisfaite par absence daccs libre leau (carence en
est d des apports osmolaires trop faibles ; eau, trs jeune ge, handicap, grand ge) ;
4 Nphrologie
Anomalies de lquilibre hydrosod 18-034-A-10
Nphrologie 5
18-034-A-10 Anomalies de lquilibre hydrosod
6 Nphrologie
Anomalies de lquilibre hydrosod 18-034-A-10
Point fort
la surcharge hydrique rsultante provoque une hyponatrmie
(hyponatrmie dite de dficit sod ).
La mesure de la natriurse est indispensable pour prciser
Volmie efficace et hydratation extracellulaire lorigine rnale ou extrarnale du dficit sod. Une natriurse
Bien que lobjectif de la boucle de contrle du bilan sod basse (infrieure 20 mmol/l) avec un rapport Na/K infrieur
(Fig. 2) soit dassurer la stabilit du volume extracellulaire, 1 du fait dun hyperaldostronisme secondaire lhypovolmie
efficace, des urines rares et concentres (ure U/P > 10) du fait
elle nest pas capable den assurer la rgulation parce que
de la stimulation de la scrtion dADH par lhypovolmie
lorganisme na pas la possibilit den dtecter les efficace traduisent un comportement rnal adapt et signent
variations : seule est dtectable une variation de la volmie lorigine extrarnale du dficit sod.
efficace, cense varier dans le mme sens que le volume loppos, une natriurse suprieure 20 mmol/l est inadap-
extracellulaire. te au dficit sod et traduit habituellement un dficit dorigine
Certes, toute variation primitive du volume extracellulaire rnale. Une exception en est lexistence de vomissements
entrane une variation dans le mme sens du volume importants responsables la fois dun dficit sod et dune
sanguin (volmie vraie) lorigine dune variation dans le alcalose mtabolique. La ncessit dliminer du bicarbonate
mme sens de la pression sanguine et donc de la volmie pour contrler lalcalose peut expliquer lexcrtion rnale de
efficace. Cette variation de la volmie efficace conduit un bicarbonate de sodium en dpit du dficit sod. Dans ce cas, le
rein bloque lexcrtion rnale de chlorure de sodium afin
ajustement du stock sod ralis de manire la minimiser
dpargner le sodium : la chlorurie est alors effondre. Cette
en mme temps que la variation du volume extracellulaire
chlorurie basse permet de faire la diffrence avec un dficit sod
qui lui a donn naissance. dorigine rnale, et en particulier avec une intoxication non
Cependant, lhydratation extracellulaire nest pas le seul avoue aux diurtiques, difficile autrement diffrencier de
dterminant de la volmie efficace, en ce sens que celle-ci vomissements cachs, car survenant souvent sur le mme
nest pas uniquement sensible aux variations du volume terrain (jeune femme voulant maigrir) et conduisant tous deux
extracellulaire : une diminution de la pression oncotique une dshydratation extracellulaire avec natriurse inadapte,
du plasma (syndrome nphrotique), une diminution des hypokalimie et alcalose mtabolique.
rsistances vasculaires priphriques (cirrhose hpatique)
ou une diminution du dbit cardiaque (insuffisance Dficit sod secondaire
cardiaque) sont responsables dune diminution de la Les dficits sods secondaires sont dus une augmentation de
volmie efficace indpendante de ltat dhydratation la volmie efficace. Ainsi lhypervolmie efficace de lhyperten-
extracellulaire et de la volmie vraie. Puisque la variable sion artrielle maligne ou de lclampsie provoque par
rgule par la boucle de contrle du bilan sod est la latteinte endothliale entrane-t-elle une stimulation de la
volmie efficace, on observe dans ces conditions une natriurse parce que la stimulation par lhypervolmie des
rtention sode importante, secondaire lhypovolmie facteurs natriurtiques autres que laldostrone lemporte sur la
efficace et responsable dune hyperhydratation stimulation du systme rnine-angiotensine-aldostrone.
Laugmentation de la natriurse est lorigine dun dficit sod
extracellulaire.
qui contre-indique lutilisation des diurtiques dans ces
situations.
La surcharge hydrique primitive tend elle aussi provoquer
une hyperhydratation extracellulaire et une hypervolmie
Dficit sod efficace lorigine dun ajustement la baisse du stock sod
pour maintenir une hydratation extracellulaire cliniquement
Dficit sod primitif normale et viter ainsi un vritable trouble du bilan sod.
Cependant il importe, lors de la correction de la surcharge
Les dficits sods primitifs sont responsables dune dshydra- hydrique et de lhyponatrmie qui la caractrise, dapporter
tation extracellulaire qui se traduit dans le secteur vasculaire par suffisamment de sel pour rtablir le stock sod initial.
une diminution du volume sanguin (hypovolmie) responsable
dune hypovolmie efficace.
Parce que les reins normaux peuvent annuler la natriurse en Troubles de la natrmie
cas de ncessit, il ny a pas de dficit sod par carence
dapports : ceux-ci ne peuvent devenir insuffisants quen cas de La natrmie dsigne la quantit de sodium prsente dans 1 l
pertes excessives. Les pertes sodes peuvent tre : de plasma. Elle est normalement aux environs de 140 mmol/l.
dorigine rnale, de cause intrinsque au rein (insuffisance Les troubles de la natrmie, dfinis par une natrmie en dehors
rnale aigu en phase de reprise de diurse, nphropathie de lintervalle 135-145 mmol/l, sont les plus frquents des
tubulo-interstitielle avec perte obligatoire de sel) ou extrins- troubles lectrolytiques en pratique quotidienne, mais ils nen
que (insuffisance surrnalienne, intoxication aux diurti- restent pas moins le plus souvent mal compris. Pourtant les
ques) ; dysnatrmies svres sont associes une morbidit et une
dorigine extrarnale : les pertes sodes sont le plus souvent mortalit importantes [8].
digestives (diarrhe, vomissements, fistule digestive), mais Un trouble de la natrmie reflte dans limmense majorit des
cas un trouble de lhydratation cellulaire et donc un trouble du
elles peuvent tre aussi en rapport avec la constitution
bilan hydrique. Il nest en aucun cas le reflet dun trouble du
dun troisime secteur (occlusion intestinale) ou avec une
bilan sod, mme si ce dernier peut ventuellement tre
hypersudation profuse (fivre intense et prolonge, tempra-
lorigine du trouble du bilan hydrique.
ture extrieure trs leve), des brlures tendues, une
Les manifestations cliniques des dysnatrmies sont principa-
mucoviscidose. lement neurologiques, lies un dysfonctionnement du systme
Les pertes sodes dorigine extrarnale, quelles quelles soient, nerveux central. Elles napparaissent gnralement que pour des
sont hypotoniques et devraient donc tre lorigine dune dysnatrmies svres (hyponatrmies infrieures 120 mmol/l
hypernatrmie et donc dune dshydratation cellulaire. Cepen- ou hypernatrmies suprieures 160 mmol/l) et en font toute
dant, en labsence de trouble associ du bilan hydrique, le stock la gravit. Les dysnatrmies svres doivent tre corriges de
hydrique est ajust si bien que lon nobserve jamais dhyper- manire lente. En effet, les cellules crbrales ajustent leur stock
natrmie. Bien au contraire, si le dficit sod est suffisamment intracellulaire dosmoles efficaces (ajustement rapide du stock
important pour tre responsable dune hypovolmie svre cellulaire de chlorure de sodium et surtout de potassium,
Nphrologie 7
18-034-A-10 Anomalies de lquilibre hydrosod
Osmolalit plasmatique
efficace ?
Hyponatrmie Hyperhydratation
de dficit cellulaire
potassique cf. Fig. 5
ajustement plus lent du stock cellulaire dosmoles organiques) biologique permet souvent de suspecter facilement une hypo-
afin de limiter la variation de leur volume cellulaire : une natrmie isotonique ou hypertonique, mais en cas de doute
correction trop rapide ne permet pas aux cellules crbrales de persistant, la mesure de losmolalit totale et de la concentra-
rtablir aussi vite leur stock physiologique dosmoles intracellu- tion molaire de lure permet de calculer la vraie valeur de
laires efficaces [9, 10]. losmolalit efficace et dtablir le diagnostic dfinitif du type de
Habituellement dcouvert sur la pratique dun ionogramme lhyponatrmie (Fig. 4).
sanguin effectu loccasion dun bilan systmatique ou dun Lhyponatrmie isotonique correspond une osmolalit
symptme gnralement non spcifique, un trouble de la efficace peu prs normale. Elle nest donc pas associe un
natrmie ncessite dapprcier la fois ltat dhydratation trouble de lhydratation cellulaire et sobserve dans deux
cellulaire et ltat dhydratation extracellulaire afin den prciser situations trs diffrentes :
le mcanisme et de dduire la conduite thrapeutique la mieux soit elle annule laugmentation de losmolalit lie une
adapte. surcharge en osmoles efficaces autres que le sodium : lhyper-
glycmie en est la cause la plus frquente. Une augmentation
Conduite tenir devant une hyponatrmie de la glycmie de 3 mmol/l diminue la natrmie denviron
1 mmol/l, ce qui permet de rduire laugmentation de
Une hyponatrmie est dfinie par une valeur de la concen- losmolalit environ 1 mOsm/kg et de maintenir une
tration plasmatique du sodium infrieure 135 mmol/l de osmolalit efficace peu prs normale pour des hyperglyc-
plasma. Le traitement dune hyponatrmie dpend de son mies pas trop importantes. Parmi les autres causes, citons la
tiologie et ncessite avant tout de rpondre successivement aux perfusion de mannitol isotonique ou linstillation vsicale de
deux questions suivantes : soluts isotoniques contenant peu ou pas de sodium, par
losmolalit efficace du patient est-elle rellement diminue exemple dans les suites dune rsection transurtrale de
(hyponatrmie hypotonique) comme cest le plus souvent le prostate. Dans ce type dhyponatrmie isotonique, la sur-
cas, ou bien se trouve-t-on dans une situation plus rare o charge en osmoles efficaces a t compense par une diminu-
losmolalit efficace est peu prs normale (hyponatrmie tion du stock sod : lors de llimination de cette surcharge,
isotonique), voire nettement augmente (hyponatrmie il est ncessaire, pour corriger lhyponatrmie, dapporter une
hypertonique) ? quantit de sodium suffisante pour reconstituer le stock sod,
le volume extracellulaire du patient est-il peu prs normal, au risque sinon de provoquer une dshydratation extracellu-
nettement diminu ou franchement augment ? laire ;
De lestimation de losmolalit efficace dpendent ltat soit elle est le reflet dune diminution vraie de losmolarit
dhydratation cellulaire du patient et la conduite tenir quant (sans modification de losmolalit) en rapport avec une
aux apports hydriques. De lestimation de lhydratation extra- hyperprotidmie ou une hyperlipmie importantes et est alors
cellulaire dpendent la valeur du stock sod et la conduite appele habituellement fausse hyponatrmie . Une aug-
tenir quant aux apports sods et linstitution dun traitement mentation de la concentration des protides ou des lipides de
diurtique. 6 g/l entrane une diminution de la natrmie denviron
1 mmol/l. La fausse hyponatrmie est suspecte sur la
Apprciation de losmolalit efficace biologie ou sur le contexte clinique (mylome non matris,
Losmolalit efficace tant le plus souvent considre gale au contexte connu dhyperlipmie majeure...). En raison de son
double de la natrmie, une hyponatrmie correspond en caractre physiologique, la fausse hyponatrmie doit tre
principe une hypotonie (Tableau 1). Cependant, il faut respecte : elle ne justifie aucun apport ni restriction deau ou
systmatiquement liminer les rares cas dhyponatrmies de sodium et se corrigera spontanment lors de la disparition
isotoniques et hypertoniques qui reprsentent moins de 5 % des de sa cause.
hyponatrmies en milieu hospitalier, et probablement encore Lhyponatrmie hypertonique est due lajustement la
beaucoup moins en mdecine de ville. Le contexte clinique et baisse du stock sod et lajustement la hausse du stock
8 Nphrologie
Anomalies de lquilibre hydrosod 18-034-A-10
Nphrologie 9
18-034-A-10 Anomalies de lquilibre hydrosod
Hyponatrmie hypotonique
(en dehors du dficit potassique important)
Hyperhydratation cellulaire
dmes gnraliss ?
Non Oui
Plutt basses
Plutt leves
Volume extracellulaire
Dshydratation extracellulaire
cliniquement normal
Dficit sod
Surcharge hydrique primitive
Na > 30 mmol/l
Na < 30 mmol/l U > 80 mOsm/kg
Na > 30 mmol/l U < 80 mOsm/kg Na < 30 mmol/l Surcharge sode
Na/K < 1 Dfaut rnal
Pertes sodes Excs dapports Surcharge sode primitive
Pertes sodes dlimination de leau
rnales liquidiens secondaire + surcharge hydrique
extrarnales libre
primitive
Figure 5. Arbre dcisionnel. tapes du diagnostic tiologique dune hyponatrmie hypotonique. Na : natriurse ; K : kaliurse ; U : osmolalit urinaire.
bloque alors que les apports sods ne sont pas nuls (ce qui corriger le dficit sod (hyponatrmie de dficit), soit pour
traduit un dficit sod dorigine extrarnale) ou lorsque le rtablir sa valeur antrieure le stock sod qui avait t ajust
dficit est suffisamment important pour que les signes cliniques la baisse (hyponatrmie de dilution par surcharge hydrique
de dshydratation extracellulaire soient vidents : le signe primitive). Sauf en cas dinsuffisance rnale chronique svre, il
capital est le pli cutan (perte de llasticit normale de la ne faut pas craindre dapporter trop de sodium, puisque lexcs
peau, plus facilement constate au niveau des rgions sous- ventuel est facilement limin par les reins.
claviculaires et du dos de la main). Il tmoigne de la dshydra- En cas dhyponatrmie modre et asymptomatique, la
tation du secteur interstitiel. La tachycardie, la sensation de restriction hydrique (moins de 750 ml/j) associe un rgime
fatigue avec malaises en position debout tmoignant dune supplment en sodium suffit le plus souvent. Une perfusion de
hypotension orthostatique sont en rapport avec lhypovolmie. chlorure de sodium isotonique est utile en cas de dshydrata-
Les yeux sont cerns, enfoncs dans les orbites. Lhypotension tion extracellulaire avre pour rtablir une volmie efficace
permanente, voire le collapsus, ne surviennent quen cas de normale et faire disparatre la stimulation de lADH.
dficit sod majeur. En cas dhyponatrmie svre, une perfusion de chlorure de
Si les signes cliniques de dshydratation extracellulaire ne sodium hypertonique ( 3 %) sera ncessaire. Le dbit de la
sont pas francs, ce qui est frquent, et si la natriurse nest pas perfusion doit tre dtermin de manire corriger efficacement
bloque, la distinction entre hyponatrmie associe un dficit lhyponatrmie, sans que laugmentation ne dpasse 1
sod dorigine rnale et hyponatrmie de dilution lie une 2 mmol/l durant les premires heures et 8 mmol/l/j afin dviter
surcharge hydrique primitive peut tre difficile en labsence de des lsions crbrales potentiellement irrversibles (mylinolyse
contexte clinique vocateur (prise avoue de diurtiques centropontine).
voquant un dficit sod, syndrome polyurodipsique voquant De nombreuses formules mathmatiques, toutes plus ou
une potomanie...). La mesure de la cratininmie, de lure moins drives de la relation dEdelman [4], ont t proposes,
plasmatique et urinaire et de luricmie, voire de la rnine et de dans les situations dhyponatrmie ou dhypernatrmie, pour
laldostrone plasmatiques, est alors utile [13, 14] : la cratinin- prdire la variation de la natrmie en fonction de la quantit de
mie, le taux plasmatique de lure, luricmie, la rnine et sodium et du volume de solution perfuss [15-17] et aider ainsi
laldostrone sont plutt abaisss dans lhyponatrmie de optimiser le dbit de perfusion. Le rsultat est cependant trs
dilution en raison dune augmentation de la filtration glomru- approximatif, car certaines formules ngligent les pertes deau et
laire lie laugmentation infraclinique de la volmie du fait de de sodium (en particulier rnales) pendant la dure de la
la surcharge hydrique ; ils devraient tre au contraire augments perfusion [15] ; dautres formules en tiennent compte, mais elles
avec un rapport ure urinaire/ure plasmatique lev (> 10) deviennent beaucoup plus difficiles mettre en uvre, et de
dans lhyponatrmie de dficit en raison de la diminution de la plus les pertes extrarnales deau et de sodium pendant la dure
volmie lie la dshydratation extracellulaire. Mais le tableau de la perfusion sont difficiles estimer prcisment [16, 17]. La
biologique est loin dtre toujours aussi clair, en particulier si le formule dAdrogu-Madias [15] prsente lavantage davoir t
dficit sod est li une insuffisance surrnalienne. teste dans une tude clinique [18] . Cependant toutes les
Quoi quil en soit, le traitement dune hyponatrmie isole formules, y compris celle dAdrogu-Madias, sont susceptibles de
(sans dmes gnraliss) ncessite la fois la restriction donner des prdictions parfois trs errones [19], peut-tre parce
hydrique pour combattre lhyperhydratation cellulaire et un que la relation dEdelman dont dcoulent toutes ces formules
apport de sel : celui-ci est en effet toujours ncessaire, soit pour est base sur un modle deux compartiments qui ne prend
10 Nphrologie
Anomalies de lquilibre hydrosod 18-034-A-10
Hypervolmie ?
(HTA et/ou dmes)
Non Oui
Hyperhydratation
extracellulaire
Surcharge sode primitive
Dshydratation extracellulaire Volume extracellulaire
Dficit hydrique primitif cliniquement normal
+ dficit sod primitif Dficit hydrique primitif
dmes ?
Figure 6. Arbre dcisionnel. tapes du diagnostic tiologique dune hypernatrmie. Na : natriurse ; K : kaliurse ; U : osmolalit urinaire ; GNA : glomrulo-
nphritie aigu ; IRC : insuffisance rnale chronique.
pas en compte le sodium osmotiquement inactif qui pourait autres signes cliniques, en particulier neurologiques, qui en font
tre stock dans lorganisme, particulirement au niveau de la toute la gravit : troubles de la conscience, fivre, convulsions...
peau [20]. Ces formules peuvent finalement tre dangereuses, car Des hmatomes intracrbraux, en raison dune rupture vascu-
elles risquent de rassurer faussement le mdecin et de conduire laire lie la diminution du volume crbral, peuvent compli-
des corrections trop rapides ou trop lentes de lhyponatrmie. quer les formes les plus graves, notamment chez le nourrisson.
Mieux vaut donc rester trs pragmatique et prescrire un dbit Lhypernatrmie tmoigne dun ajustement insuffisant du
500 ml/24 h de chlorure de sodium hypertonique sous sur- stock hydrique : le dficit hydrique peut tre isol (dshydrata-
veillance rapproche de la natrmie (toutes les 2 h au dbut), tion cellulaire pure), mais il est parfois associ un trouble du
ce qui permet de ladapter. bilan sod, et dans ce cas beaucoup plus souvent un dficit
Dans le cas dun SIADH, il a t propos dutiliser les sels de qu une surcharge sods. Le traitement dune hypernatrmie
lithium (10 20 mEq/j de lithium, soit un deux comprims/j dpend de son tiologie quil convient donc de prciser en
de Tralithe LP) qui empchent laction de lADH sur le tube apprciant, sur des critres cliniques (pression artrielle,
collecteur, mais lefficacit en est inconstante. Un traitement dmes, etc.), la volmie et ltat dhydratation extracellulaire
plus spcifique du SIADH comporte lutilisation des antagonistes (Fig. 6).
du rcepteur V2 ou des rcepteurs V1/V2 de lADH en cours
dvaluation chez lhomme [12]. Dans la mesure du possible, le Hypernatrmie avec hypervolmie
traitement est tiologique, fonction de la cause du SIADH. Lassociation dune hypernatrmie et de signes cliniques
En cas dhyponatrmie lie un dficit sod svre avec choc dhyperhydratation extracellulaire (hypertension artrielle et/ou
hypovolmique, les soluts macromolculaires peuvent tre dmes gnraliss) est en faveur dune surcharge sode
utiles pour rtablir rapidement un tat hmodynamique stable. hypervolmique, bien quune surcharge sode primitive soit
Si la dpltion est dorigine extrarnale, la rapparition dune rarement responsable dune hypernatrmie. Une hypernatrmie
natriurse tmoigne de la correction du stock sod. modre (entre 145 et 150 mmol/l) peut tre explique par
llvation du seuil osmotique de la soif et de lexcrtion deau
Conduite tenir devant une hypernatrmie libre en rapport avec linhibition de langiotensine et de lADH
Lhypernatrmie est dfinie comme une natrmie suprieure par lhypervolmie. Une hypernatrmie parfois svre peut tre
145 mmol/l. Elle est toujours associe un tat hypertonique observe en ranimation chez le patient insuffisant rnal (avec
et donc une dshydratation cellulaire. Elle ncessite une une capacit limite dexcrtion sode) en alimentation paren-
rhydratation. Normalement, lhyperosmolalit efficace entrane trale trop riche en sodium et incapable de satisfaire sa soif. Le
une soif, signe clinique majeur prsent ds linstallation de la traitement symptomatique repose sur les diurtiques, mais la
dshydratation et qui devrait permettre de lviter. En cons- prsence dune hypernatrmie ncessite dy adjoindre un apport
quence, la persistance dune hypernatrmie est toujours en hydrique, si possible per os, sinon laide de soluts glucoss,
rapport avec le fait que la soif nest pas ressentie (troubles de la de manire rduire lhypernatrmie et corriger la dshydra-
soif correspondant un seuil osmotique anormalement lev, tation cellulaire.
frquent chez le sujet g), ou ne peut tre exprime (troubles
de la conscience, trs jeune enfant) ou satisfaite (handicap,
Hypernatrmie sans hypervolmie
carence en eau, ges extrmes de la vie). Labsence de trouble cliniquement dcelable de la volmie
La scheresse des muqueuses (en particulier de la face interne efficace et de lhydratation extracellulaire tmoigne dun stock
des joues) est un signe classique et important. En cas de sod adapt. Lhypernatrmie est alors en rapport avec un
dshydratation svre ou dinstallation rapide apparaissent les dficit hydrique primitif. La perte de poids est constante, mais
Nphrologie 11
18-034-A-10 Anomalies de lquilibre hydrosod
Rfrences
.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Petitclerc T. Anomalies de lquilibre hydrosod. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Nphrologie,
18-034-A-10, 2011.
12 Nphrologie
18-069-E-20
Lanurie par obstacle de la voie excrtrice se dfinit comme larrt total ou presque de la diurse, la vessie
tant vide, d une obstruction situe un niveau quelconque de la voie excrtrice suprieure, incluant
les mats urtraux. Pour entraner une anurie, lobstacle doit tre bilatral ou survenir sur un rein
anatomiquement ou fonctionnellement unique. Il sagit dune urgence urologique : lanurie obstructive
entrane une insuffisance rnale aigu, mettant en jeu le pronostic vital du patient. Devant toute anurie, il
faut liminer en premier lieu une origine obstructive. Dans la majorit des cas, lchographie de lappareil
urinaire permet de diagnostiquer lobstruction. Les causes les plus frquentes comprennent les
obstructions lithiasiques, noplasiques et la fibrose rtropritonale. Le traitement des anuries
obstructives comporte trois tapes selon le degr durgence : le traitement des troubles mtaboliques
provoqus par linsuffisance rnale aigu, le drainage de la voie excrtrice obstrue, le traitement de la
cause de lobstacle.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Anurie obstructive ; Obstruction haut appareil urinaire ; Anurie postrnale
Urologie 1
18-069-E-20 Anurie par obstacle de la voie excrtrice
Affirmer l'anurie
liminer un globe vsical
(clinique chographie)
Bilan biologique
Rechercher un obstacle
Figure 1. Arbre dcisionnel. Recherche dune cause obstructive une anurie. AUSP : arbre urinaire sans prparation ; TDM : tomodensitomtrie ; HAU : haut
appareil urinaire ; UPR : urtropylographie rtrograde.
2 Urologie
Anurie par obstacle de la voie excrtrice 18-069-E-20
Diagnostic radiologique
Le bilan radiologique, en urgence, a pour but de rechercher
une cause obstructive lanurie (Fig. 1). Ltiologie de lobstacle
nest parfois dtermine que secondairement. Les examens de Figure 3. Pylographie antgrade par sonde de nphrostomie.
base toujours ralisables en urgence sont larbre urinaire sans
prparation et lchographie rnale, cette dernire tant de plus
en plus souvent remplace actuellement par le scanner abdomi- caillot, aspect tissulaire) ainsi que le sige de lobstruction. En
nopelvien non inject. cas de calcul, lhyperdensit lithiasique est observe que le
calcul soit de type radio-opaque ou de type radiotrasparent. En
Radiographie sans prparation revanche, le scanner est mis en dfaut pour une nouvelle varit
La radiographie darbre urinaire sans prparation de face et de calculs, dvelopps chez les patients traits par indinavir
parfois de profil, voire de trois quarts permet danalyser le dans le cadre du syndrome dimmunodficience humaine (sida).
squelette, la taille et la forme du ou des reins et la prsence de Ces calculs, quand ils sont composs dindinavir sulfate pure, ne
calcul(s) radio-opaque(s). sont visibles ni labdomen sans prparation (ASP) ni au
scanner [10] ; ils ncessitent une opacification de la voie excr-
chographie rnale trice pour tre mis en vidence.
Lchographie rnale analysant galement luretre sous-pylique,
lchographie de la vessie et du contenu abdominal est capitale Imagerie par rsonance magntique
et ralise en urgence. La dilatation bilatrale ou unilatrale sur LIRM et luro-IRM sont ralisables quelle que soit la fonction
rein unique des cavits pylocalicielles, associe une vessie vide, rnale. Elle donne le mme type de renseignements que le
ou peu remplie, est quasi pathognomonique dobstruction du scanner. Elle peut tre pratique sans injection : hydro-IRM avec
haut appareil urinaire. Il existe cependant 5-10 % de faux ngatifs acquisition en cho de spin rapide (fast spin echo FSE) et
lorsque les cavits pylocalicielles ne sont pas dilates [8, 9]. La pondration T2 trs leve faisant apparatre en hypersignal
seule prsence de cavits pylocalicielles visibles lchographie (blanc) les liquides stationnaires dont lurine [11, 12]. Cela permet
est synonyme de dilatation en cas danurie, tmoignant dune une excellente analyse morphologique ultrarapide avec
excrtion durine en amont dun obstacle. exploration de lensemble des voies excrtrices sur une coupe.
Il existe galement 5 % 20 % de faux positifs correspondant Elle a, en revanche, des limites : des kystes sinusaux peuvent
une image liquidienne intrasinusale en rapport soit avec un tre difficilement diffrencis de dilatation des cavits pyloca-
kyste parapylique, soit avec une polykystose [7]. licielles. La visualisation serait dgrade si les urines taient
Lchographie rnale permet galement danalyser la taille du infectes ou hmaturiques [11]. Enfin, elle peut galement tre
rein, lpaisseur du parenchyme, recherche des signes vocateurs ralise avec injection de gadolinium : uro-IRM injecte
de calcul(s) (image hyperchogne, cnes dombre). Elle est (squence T1), reproduisant une urographie intraveineuse (UIV)
complte par une chographie pelvienne, recherchant une avec lavantage dtre utilisable chez linsuffisant rnal [11].
tumeur vsicale (mais vessie peu remplie ou vide), gnitale chez
la femme et prostatique chez lhomme. Autres explorations radiologiques obtenues
Le plus souvent (90-95 %), lchographie permet daffirmer habituellement au bloc opratoire lors
lobstruction et fait la part entre insuffisants rnaux cavits du drainage chirurgical
dilates sur obstacle et insuffisants rnaux cavits fines en
rapport avec une nphropathie. Dans certains cas, malgr Urtro-pylographie rtrograde (UPR)
labsence de dilatation des cavits, il existe un vrai doute sur une Cest lopacification de la voie excrtrice par voie rtrograde
cause obstructive de lanurie du fait des antcdents (lithiase, obtenue aprs mise en place par endoscopie vsicale dune
noplasie). Dans ces conditions, le scanner spiral abdominopel- sonde dans lorifice urtral. LUPR est ralise, le plus souvent,
vien sans injection trouve toute sa justification en urgence. sous anesthsie et elle est suivie par le drainage du haut appareil
urinaire par monte dune sonde urtrale.
.
Urologie 3
18-069-E-20 Anurie par obstacle de la voie excrtrice
lavantage de pouvoir tre ralise sous anesthsie locale. Cette La distinction entre fibrose bnigne ou maligne est souvent
technique est utilise lorsque lUPR nest pas possible techni- difficile, justifiant le plus souvent lintrt dune biopsie soit
quement ou lorsque lobstacle est complet, rendant impossible percutane sous scanner, soit chirurgicale le plus souvent alors
une monte de sonde urtrale, ou enfin de principe dans par laparoscopie.
certains centres en raison de ses avantages (anesthsie locale
possible, pas de ncessit de franchir lobstacle limitant le risque Autres causes plus rares
de fausse route).
Sclrose urtrale ou priurtrale postradiques
tiologie Il sagit dune cause plus rare.
Ltiologie est parfois suspecte ds lexamen clinique ou lors Lsions urtrales iatrognes peropratoires
des explorations radiologiques effectues au cours du drainage
chirurgical. Le diagnostic tiologique nest parfois dfinitif Ces lsions constituent des tiologies ne pas ngliger. Plaie,
quaprs avoir complt la pylographie peropratoire par un ligature duretre sur rein unique ou ligature bilatrale aprs
scanner ou une IRM, une fois la fonction rnale normalise ou chirurgie du rectum, clon, utrus, aorte ou traitement de
stabilise. lincontinence urinaire [14].
Trois tiologies sont les plus frquentes et sont rechercher
en premier lieu.
Causes exceptionnelles [15]
Il sagit de : la tuberculose sur rein unique, les tumeurs
Anurie dorigine noplasique (50 %) rtropritonales, les tumeurs primitives ou secondaires de
luretre, les urtrites et les priurtrites de la malakoplakie, de
Deux mcanismes peuvent tre impliqus : la bilharziose, de laspergillose, de lendomtriose, de la pri-
soit la tumeur primitive (uretre, vessie, prostate, utrus, artrite noueuse et de la tuberculeuse.
clon, rectum ou maladie systmique comme un lymphome) Un prolapsus utrin compltement extrioris peut dtermi-
ralise un envahissement direct par contigut de luretre ou ner une anurie obstructive par compression bilatrale des
des mats urtraux soit il sagit dune compression extrins- uretres. Dans ce cas, la simple mise en place dun pessaire peut
que ; tre suffisant pour rsoudre lobstruction en attendant de
soit une mtastase (ganglionnaire ou par envahissement raliser une cure chirurgicale de prolapsus [16].
rtropritonal) dune tumeur primitive situe distance Citons, chez la femme enceinte, dans le polyhydramnios
(sein, estomac, poumon) comprime ou envahit les uretres. aigu, la compression directe des uretres pelviens par lutrus
Indpendamment du mcanisme de lobstruction et de la gravide [17].
nature de la tumeur primitive, un envahissement urtral
tumoral est un facteur de mauvais pronostic. Le diagnostic Causes exceptionnelles danurie obstructive
tiologique est le plus souvent ais au vu des antcdents du au dcours de la chirurgie urologique
patient. Le scanner abdominopelvien est lexamen cl permet-
tant de confirmer le diagnostic. Une anurie obstructive au dcours de la chirurgie urologique
peut tre due :
Anurie par obstruction lithiasique (40 %) aux points dhmostase aprs adnomectomie prostatique [6, 18] ;
llectrocoagulation dun mat urtral, au cours dune
Lanurie par obstruction lithiasique rsulte le plus souvent de rsection transurtrale de tumeur de vessie intressant le
la migration dun calcul sur un rein fonctionnellement unique trigone, en cas de rein anatomiquement ou fonctionnelle-
(antcdent de nphrectomie controlatrale pour calcul ou non, ment unique. Lobstruction peut tre prvenue par la visua-
ou rein controlatral dtruit). Les obstacles lithiasiques bilat- lisation du mat urtral lors de llectrocoagulation (issue de
raux sont plus rares et sont surtout dorigine mtabolique, bleu aprs injection intraveineuse dindigo carmin) ou, si
secondaires une hyperuricmie (calculs uriques radio- besoin, la mise en place prventive dune sonde double J
transparents) ou une hyperparathyrodie (calculs calciques aprs la rsection ;
bilatraux et multiples). Aprs lchographie et la radiographie ldme bilatral des mats urtraux aprs adnomectomie
de labdomen sans prparation ralises de premire intention, ou prostatectomie radicale. Dans ces cas particuliers, ldme
le scanner spiral sans injection est lexamen de choix du fait des mats et lanurie peuvent se rsoudre spontanment dans
de sa sensibilit et de sa spcificit proches de 100 %. Les les 48 heures [18] ou aprs corticothrapie intraveineuse
obstructions bilatrales peuvent galement rsulter de prcipita- courte.
tions mdicamenteuses (indinavir, mtabolites du mthotrexate
aprs chimiothrapie sans traitement alcalinisant prventif). Anurie obstructive aprs transplantation rnale
Les risques danurie obstructive rapports aprs transplanta-
Fibrose rtropritonale bnigne tion rnale sont en moyenne de 2 % [19]. Les tiologies les plus
idiopathique ou iatrogne communes sont un calcul, soit prexistant soit acquis, lhma-
turie avec caillots, la stnose de lanastomose urtrovsicale [20].
Cest une cause beaucoup plus rare. Elle rsulte dune sclro-
fibrose du tissu adipeux rtropritonal sigeant surtout au
niveau du promontoire, lorigine dune compression extrins-
Anurie obstructive chez lenfant
que sans envahissement direct [7]. Chez lenfant, lanurie peut tre rvlatrice dune anomalie
Certaines fibroses peuvent tre iatrognes dorigine mdica- congnitale, dune tumeur dterminant une compression
menteuse (mthysergide, rserpine, halopridol, mthyldopa, extrinsque bilatrale ou sur rein unique ainsi que en cas de
btabloquant, drivs de lergotamine, phnactine, amph- lithiase urtrale bilatrale ou sur rein unique.
tamines). Dautres ont t associes certaines maladies
inflammatoires systmiques ou encore lexistence dun Formes cliniques particulires
anvrisme de laorte abdominale.
Lchographie montre la dilatation qui signe lobstacle, Insuffisance rnale aigu obstructive diurse
lurtropylographie rtrograde rvle laspect classique de
conserve
lattraction des deux uretres vers la ligne mdiane. Le diagnos-
tic est port par le scanner ou lIRM abdominopelvienne qui Lorsque lobstacle est incomplet, la diurse peut tre en
mettent en vidence la plaque de fibrose qui engaine les volume normal, voire augment. En revanche, lurine est de
uretres, la veine cave infrieure et laorte prdominant au qualit anormale ayant une excrtion faible des mtabolites,
niveau du promontoire [7, 13]. secondaire linsuffisance de concentration des urines par les
4 Urologie
Anurie par obstacle de la voie excrtrice 18-069-E-20
glomrules et tubules rnaux. Lexistence dune diurse conser- grade soit, de principe, dans certains centres en raison de ses
ve ne modifie ni la conduite diagnostique et ni la conduite avantages (anesthsie locale possible, pas de ncessit de
thrapeutique [7]. franchir lobstacle limitant le risque de fausse route).
Association dune insuffisance rnale aigu Mise en place, par voie rtrograde endoscopique, dune sonde
obstructive une pylonphrite aigu urtrale simple ou dune sonde autostatique interne en
double J
Cette situation est frquente et deux mcanismes peuvent
Elle peut tre ralise dans les anuries des compressions
tre impliqus :
rtropritonales par fibrose, idiopathique ou prianvrismale,
une tubulopathie aigu avec nphropathie interstitielle
ou par masse ganglionnaire. Ce sera une bonne solution
infectieuse secondaire une infection des urines en amont
dattente dans certains types de calculs : le cathter urtral
dun obstacle unilatral (rein controlatral non obstru) ;
permet de driver les urines avant une intervention, ce qui
une authentique anurie obstructive complique secondaire-
laisse quelquefois le temps aux ranimateurs de corriger les
ment dune pylonphrite en amont, avec ou sans tubulopa-
troubles mtaboliques et de traiter une ventuelle infection. Le
thie aigu associe.
choix entre sonde double J et sonde urtrale simple dpend de
Sur le plan thrapeutique, une antibiothrapie doit tre
laspect des urines (troubles) ou dune pylonphrite associe.
dbute au plus vite aprs les prlvements bactriologiques
En effet, dans ce cas, il est plus prudent de mettre en place une
usuels. Le drainage des urines, toujours ncessaire, nest pas
sonde urtrale qui, du fait de son drainage externe, permet une
toujours suffisant en cas de tubulopathie associe, et le recours
meilleure surveillance et ainsi dviter une obstruction prolon-
une puration extrarnale peut tre ncessaire le temps que
ge de la sonde passant inaperue en cas de sonde double J. Le
rgresse la tubulopathie.
drainage rtrograde nest pas toujours possible et, parfois, la
sonde urtrale ne peut franchir lobstacle. Dans ces cas, le
Traitement drainage peut tre ralis directement au niveau des voies
excrtrices intrarnales par nphrostomie percutane.
Principes du traitement durgence Nphrostomie percutane
Les principes du traitement durgence sont similaires pour Le reprage idal se fait par chographie, la ponction du rein,
toutes les anuries obstructives. Ils comportent trois phases puis la dilatation du trajet, permettant de mettre en place une
successives. drivation transcutane par sonde type mono J ( pigtail ). Il
est prfrable dobtenir un trajet transparenchymateux plutt
Correction des troubles mtaboliques que transpylique, car il y a moins de risque de dplacement
secondaire. La ponction peut tre effectue plus rarement sous
Il faut tout dabord corriger les troubles mtaboliques, en
scanner lorsque les mauvaises conditions de reprage du rein
urgence, avant tout geste chirurgical, sils engagent le pronostic
rendent impossible la ponction sous chographie.
vital. Ils comprennent essentiellement lhyperkalimie sup-
rieure ou gale 6,5 mEq/ml (risque de troubles du rythme Drainage par chirurgie conventionnelle
cardiaque mortels), mais parfois galement lhyperhydratation Le drainage par chirurgie conventionnelle est une autre
avec surcharge hydrosode lorigine dun dme pulmonaire, possibilit, mais dindication exceptionnelle : nphrostomie
ou une acidose majeure (rserve alcaline infrieure chirurgicale, voire urtrostomie cutane uni- ou bilatrale en
10 mmol/l). Lpuration extrarnale peut tre effectue soit par cas de cancer pelvien et dimpossibilit de drainage endoscopi-
hmodialyse, soit, plus rarement, par dialyse pritonale. que ou percutan.
Drainage en urgence du haut appareil urinaire Surveillance de la diurse
Cette phase thrapeutique est ralise demble ou aprs Elle est capitale aprs le drainage afin de dpister un syn-
puration extrarnale en cas de troubles mtaboliques mettant drome de leve dobstacle provoqu par une hyperdiurse
en jeu le pronostic vital. Le drainage est effectu soit par voie secondaire la perte de concentrations des urines du (des)
rtrograde (sonde urtrale simple ou une sonde double J), soit rein(s) en amont de lobstacle. Cette hyperdiurse, impose une
par nphrostomie percutane. Les avantages et les inconv- compensation adapte des pertes hydrolectrolytiques, faute de
nients de ces diffrents types de drainage, guidant le choix, quoi peut apparatre une dshydratation majeure.
figurent dans le Tableau 1. En rsum, la nphrostomie percu- Le traitement tiologique de lobstacle est envisag secondai-
tane peut tre ralise soit en cas dchec de drainage rtro- rement, une fois la fonction rnale corrige.
Tableau 1.
Caractristiques des diffrents types de drainage.
Type de Sonde double J Sonde urtrale Sonde de nphrostomie
drainage
Avantages Pas de drainage externe, meilleure Surveillance externe, diminue le risque Pose le plus souvent sous anesthsie locale
tolrance dobstruction prolonge (intrt en Surveillance externe, diminue le risque dobstruction
Drainage prolong possible particulier en cas dinfection associe) prolonge (intrt en particulier en cas dinfection
associe)
Taux de succs : 90 %
Inconvnients Surveillance de lefficacit du drainage Drainage temporaire Drainage le plus souvent temporaire
la phase aigu plus difficile Poche de drainage externe Poche de drainage externe
Inconfortable Contre-indique si troubles de la coagulation
Indications Premire intention dans certains Premire intention dans certains chec de drainage rtrograde ou premire intention dans
centres si pas dinfection associe centres en particulier si infection certains centres
associe
Urologie 5
18-069-E-20 Anurie par obstacle de la voie excrtrice
Lurgence tant passe, certains problmes vont se poser en Il sagit dun envahissement du trigone en gnral soit
fonction des tiologies. bilatral, soit unilatral sur rein unique. Lorsquune tumeur
vsicale est suspecte tre la cause dune anurie obstructive
lchographie (ou par le tableau clinique : hmaturie rcidivan-
Anurie obstructive et cancers pelviens tes sans contexte lithiasique radiologique), le drainage du haut
Les cancers pelviens reprsentent une des principales causes appareil urinaire est le plus souvent effectu en urgence par
danurie obstructive. Peu dtudes sont disponibles concernant sonde de nphrostomie [23]. En effet, la repermabilisation des
la rpartition des organes impliqus. Au dbut des annes 1990, mats urtraux lors de la rsection endoscopique peut tre
Colombeau et al. [21] relevaient les tiologies suivantes : cancers difficile. Elle est plus aise secondairement avec une nphro-
gnitaux (35 %), cancers de la prostate (25 %), cancers de la stomie en place, sous contrle radiologique avec pylographie
vessie (23 %), cancers digestifs (15 %). descendante et instillation de bleu par la nphrostomie. Une
fois le bilan dextension ralis, si une cystectomie est indique,
Anurie et cancer gnital le remplacement vsical ncessite une rcupration totale de la
Tous les cancers gyncologiques pelviens peuvent tre fonction rnale, sinon, une drivation supravsicale type Bricker
lorigine dune anurie obstructive dans leurs stades avancs : reste loption de choix. Chez les patients pour lesquels une
cystectomie nest pas envisageable pour une tumeur massive-
le cancer du col utrin partir du stade IIIB (cancer du col et
ment localement avance, une drivation supravsicale pallia-
rein muet) jusquau stade IV (extension au-del du petit
tive peut galement tre envisage.
bassin ou envahissement de la vessie et/ou du rectum) (selon
la classification de la Fdration internationale de gyncologie Anurie et cancer du rectum
obsttrique [FIGO]) ;
Lanurie nest pas une complication frquente de lvolution
le cancer de lendomtre stade III (cancer tendu au-del de
des cancers rectosigmodiens : 5 % seulement des cancers se
lutrus) ou stade IV (envahissement vsical ou digestif) (FIGO
compliquent danurie [6]. Lattitude vis--vis des drivations
1989). Tout comme les sarcomes utrins partir du stade III ;
urinaires est la mme qui est adopte pour les cancers gnitaux.
les cancers ovariens ds le stade II (tumeur limite au pelvis)
et au-del les stades III et IV (tumeur limite labdomen ou
mtastatique).
Anurie obstructive et calculs
Le bilan de tous ces cancers ainsi que leur prise en charge Anurie obstructive et calculs uriques
gyncologique rpondent aux recommandations de la Socit La lithiase urique volue souvent sur un terrain fragile, chez
franaise doncologie gyncologique (SFOG) [22] et comprennent un patient g, obse, porteur de comorbidits. Il sagit de
un examen clinique sous anesthsie gnrale, le dosage de calculs volontiers multiples, et donc parfois bilatraux quon
marqueurs (SCC, CA125, CA19-9, antigne carcinoembryon- peut esprer dissoudre. Les urines ayant t drives, on
naire [ACE]), un bilan dimagerie (IRM abdominopelvienne, entreprend une alcalinisation, soit in situ par une nphro-
radiopulmonaire, positon emission tomography-scan [PET-scan]). stomie, soit par voie gnrale chez un patient porteur de sonde
La prise en charge gyncologique de ces cancers avancs double J. La dissolution des calculs est, en rgle, obtenue dans
consiste le plus souvent en une association thrapeutique un dlai de 5 jours en fonction du volume des calculs, lors
comprenant de la radiothrapie externe, de la curiethrapie dune alcalinisation in situ contre 3 semaines en cas dalcalini-
utrovaginale, de la chimiothrapie et de la chirurgie gnrale- sation par voie gnrale. En cas dchec, lurtroscopie avec
ment secondaire sauf pour les cancers ovariens. lithotripsie in situ reste loption de choix.
La drivation urinaire par sonde double J ou nphrostomie,
en dehors de tout contexte durgence, peut tre effectue lors de Anurie obstructive et calculs calciques
lexamen sous anesthsie gnrale (AG) et comprend une Le traitement des calculs urtraux sur rein anatomiquement
cystoscopie avec ventuelles biopsies vsicales. Un capital ou fonctionnellement unique ou des calculs bilatraux obstruc-
nphronique maximal est conseill en cas de chimiothrapie tifs est le plus souvent diffr et envisag lorsque le haut
par sels de platine. Le mode de drivation urinaire est revoir appareil a t drain par sonde de nphrostomie ou sonde
secondairement en fonction des rsultats carcinologiques et de urtrale. La lithotripsie extracorporelle ou lurtroscopie, avec
lattitude chirurgicale gyncologique allant parfois jusqu la lithotripsie in situ, permettent de traiter successivement les
ralisation dune drivation supravsicale type Bricker lors dune calculs froid dans des conditions idales (ECBU strile,
ventuelle exentration pelvienne. intervention programme).
Anurie et cancer de la prostate Anurie obstructive et calcul compliqu de pylonphrite
Lanurie constitue un accident volutif souvent terminal du Les complications infectieuses de lobstacle lithiasique du
cancer de la prostate. Lanurie rvlatrice des formes localement haut appareil urinaire donnent une gravit particulire ce
avances et rvlatrice du cancer trois fois sur dix il y a une tableau clinique, qui reprsente lune des principales causes de
quinzaine dannes [6] est devenue exceptionnelle dans les pays dcs par choc septique [24].
pratiquant le dpistage. La surveillance chographique des La lithiase urique est le plus souvent en cause, la prise en
patients en chappement hormonal permet maintenant bien charge de ces malades fragiles ncessite de drainer en urgence
souvent de driver le haut appareil par sonde double J ds le une pyonphrose sur obstacle par nphrostomie percutane ou
dbut de retentissement sur la voie excrtrice suprieure, avant par sonde urtrale [6].
lapparition de lanurie. Dans les formes rvlatrices, lurgence La nphrostomie percutane est prfrable, car elle permet un
uronphrologique est le plus souvent traite par la mise en drainage de meilleure qualit (calibre de la sonde) et prolong,
place dune nphrostomie percutane. La poursuite du traite- le temps ncessaire au traitement de la pylonphrite avant de
ment passe par une corticothrapie associe un blocage pouvoir envisager le traitement du(des) calcul(s) [6].
andrognique et un drainage par sonde double J aprs rsection
endoscopique du trigone, le plus souvent envahi. Lobstacle
Anurie obstructive et fibrose rtropritonale
urtral peut galement tre en rapport avec une extension
extraprostatique au niveau de laileron sminal ou encore avec Lanurie est un mode de dcouverte relativement frquent de
une masse ganglionnaire. Lorsque le drainage par sonde double la fibrose rtropritonale. Une caractristique particulire
J est impossible, une nphrostomie est laisse en place le temps toutefois de cette tiologie reste la possibilit pratiquement
que lhormonothrapie lve lobstacle en gnral en 6 constante de pouvoir monter des sondes par voie endoscopique.
8 semaines, ce qui est attest par une pylographie descendante Lorsque les sondes en double J ont pu tre mises en place, la
et par labsence daltration de la fonction rnale lors du plupart des auteurs conseillent la mise en route dun traitement
clampage de la nphrostomie. mdical par corticothrapie doses files sur plusieurs mois. En
6 Urologie
Anurie par obstacle de la voie excrtrice 18-069-E-20
cas de rcidive, lintrapritonisation des uretres reste une [7] Gattegno B. Insuffisances rnales aigues. Anuries par obstacle. Ensei-
excellente option thrapeutique, ventuellement par gnement, Pdagogie : Cours 2e Cycle 2002;252:1-12
clioscopie. (www.urofrance.org/fileadmin/documents/data/CD/2002/CD-2002-
02520001/TEXF-CD-2002-02520001.pdf).
[8] Maillet PJ, Laville M, Pelle-Francoz D, Traeger J, Pinet A. Obstructive
Conclusion anuria with non-dilated cavities. Presse Med 1985;14:1733-7.
[9] Maillet PJ, Pelle-Francoz D, Laville M, Gay F, Pinet A. Nondilated
Lanurie par obstacle est une urgence nphro-urologique dont obstructive acute renal failure: diagnostic procedures and therapeutic
les causes les plus frquentes sont le calcul, ou la compression management. Radiology 1986;160:659-62.
urtrale extrinsque le plus souvent dorigine noplasique. [10] Witte M, Tobon A, Gruenenfelder J, Goldfarb R, Coburn M. Anuria and
Il faut dpister des troubles mtaboliques ncessitant une acute renal failure from indinavir sulfate induced nephrolithiasis. J Urol
correction immdiate ou une puration extrarnale en urgence. 1998;159:498-9.
Lchographie rnale permet de confirmer le diagnostic dans [11] Hubert J, Descotes JL, Lefevre F, Roy C. IRM des voies urinaires. Prog
la plupart des cas. Urol 2003;13:795-806.
Le traitement des anuries obstructives comporte trois tapes [12] Saint F, Saint ML, Legeais D, Lemaitre L, Bailleul JP, Biserte J. Mtho-
selon le degr durgence : le traitement des troubles mtaboli- des diagnostiques de lobstruction de la voie excrtrice suprieure
ques provoqus par linsuffisance rnale aigu, le drainage de la (VES) : quels sont les examens disponibles en 2001. Prog Urol 2001;
voie excrtrice obstrue, le traitement de la cause de lobstacle. 11:602-9.
[13] Estrade V, Traxer O, Sibony M, Haab F. Fibrose rtropritonale. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie, 18-090-A-10, 2004.
[14] Bercault N, Peneau M, Martin P, Agnard P, Gueveler C. Nondilated
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Sallusto F., Deruelle C., Joulin V., Fournier G., Valeri A. Anurie par obstacle de la voie excrtrice. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie, 18-069-E-20, 2011.
Urologie 7
18-055-E-10
Les atteintes rnales au cours des rhumatismes inflammatoires ne sont pas rares. Les rhumatologues sont
amens voir des manifestations ou des complications rnales chez leurs patients, et des atteintes
articulaires peuvent survenir chez des patients suivis en nphrologie. Ces atteintes rnales doivent tre
connues car elles grvent le pronostic vital de maladies plus connues pour leur morbidit fonctionnelle.
Leur dpistage actif est donc capital pour mettre en place les mesures thrapeutiques adaptes, et limiter
leurs consquences et une volution dfavorable vers linsuffisance rnale. Plusieurs circonstances de
dcouverte sont possibles. Il peut sagir de lexploration dune atteinte rnale apparaissant au cours
dune maladie systmique ; lhistologie rnale peut permettre de classer la maladie et guider sa prise en
charge thrapeutique. Il peut galement sagir dune complication rnale maillant le cours dun
rhumatisme connu. Plusieurs maladies systmiques responsables datteintes articulaires et rnales
associes ont dj t traites dans diffrents articles de lEMC, telles que le lupus rythmateux
systmique, la sclrodermie ou les vascularites. Nous ny reviendrons pas. Nous verrons les atteintes
rnales des rhumatismes inflammatoires (polyarthrite rhumatode, spondylarthrite ankylosante,
syndrome de Sjgren) et daffections systmiques diverses telles que sarcodose, goutte, connectivites
mixtes. Les complications des traitements de ces maladies chroniques sont aussi abordes, avec le souci
de prendre en compte des donnes rcentes concernant les nouvelles thrapeutiques utilises. Plusieurs
spcialistes peuvent tre impliqus dans la prise en charge de ces patients, rhumatologue, interniste et
nphrologue, et une bonne collaboration est capitale pour une prise en charge optimale de patients aux
frontires de chaque spcialit.
2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Nphrologie 1
18-055-E-10 Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires
2 Nphrologie
Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires 18-055-E-10
volution clinique des nphropathies au cours des rhumatismes inflammatoires. Elle parat en net
au cours de la polyarthrite rhumatode recul rcemment, en rapport avec les nouveaux traitements de
fond utiliss.
Dans une tude observationnelle prospective portant sur
Le diagnostic de lamylose est histologique, sur des biopsies
1 000 patients suivis pour une polyarthrite rhumatode gs de
rectales ou par aspiration de la graisse msentrique. La ralisa-
plus de 40 ans apparis sur lge et le sexe 1 000 patients non
tion dune biopsie des glandes salivaires accessoires semble plus
porteurs de polyarthrite rhumatode, suivis pendant 10 ans, un
simple quune biopsie de la graisse abdominale. En cas dano-
excs de mortalit dorigine infectieuse, cardiovasculaire et par
malies urinaires, la biopsie rnale montre des dpts amylodes
nphropathie tait observ chez les patients polyarthrite
glomrulaires, vasculaires ou tubulaires, anhistes, caractriss par
rhumatode . Au cours du suivi, 31 dcs par amylose ont t
leur birfringence en lumire polarise aprs coloration au rouge
observs versus un dcs dans le groupe contrle, et 42 dcs
Congo. Les anticorps anti-SAA permettent daffirmer le caractre
par nphropathie versus un dans le groupe contrle. Les
AA de lamylose [7].
principales causes rnales de dcs, une poque o les agents
anti-TNF ntaient pas utiliss, taient une insuffisance rnale Clinique
chronique et des infections rnales [5]. Les manifestations rnales de lamylose sont une protinurie
Une tude plus rcente a compar la mortalit dans une progressive allant jusquau syndrome nphrotique et une
population de 604 patients polyarthritiques apparis sur lge et insuffisance rnale progressive. Lhmaturie microscopique est
le sexe 457 contrles sans polyarthrite rhumatode. Les rare (de 5 % 10 % des cas). Lhypertension artrielle est
auteurs se sont intresss au type des manifestations rnales possible dans 20 % 60 % des cas.
particulirement associes un pronostic dfavorable. La Le rein est la localisation clinique la plus frquente de la
mortalit globale tait augmente dun facteur 1,78 chez les maladie (90 % des amyloses AA). Latteinte amylode apparat
604 patients polyarthrite rhumatode par rapport aux aprs plusieurs annes dvolution de la maladie inflammatoire
457 contrles. Dans le groupe polyarthrite rhumatode , un causale, 200 mois en moyenne. Dautres organes sont atteints :
excs de mortalit apparaissait en cas de protinurie ( 3,54), le foie, la rate, le tube digestif, le cur et les glandes exocrines.
dhmaturie/protinurie combines ( 4,45), dinsuffisance Les facteurs pronostiques sont le degr dinsuffisance rnale, le
rnale chronique ( 3,74) ou de microalbuminurie ( 2,77) par contrle de la maladie sous-jacente, la prsence dune cardiopa-
comparaison aux patients sans anomalie rnale. En revanche, thie si lvolution est ancienne. La mdiane de survie est
une hmaturie isole, une insuffisance rnale sans anomalie comprise entre 2 et 4 ans partir de linstallation des signes
urinaire ou une bactriurie ntaient pas prdictives de morta- cliniques [7].
lit. Lamylose tait associe un surrisque de dcs (odds ratio
Maladies associes
2,31), responsable de 7,5 % des dcs, alors que la glomru-
lonphrite msangiale ntait pas prdictive de mortalit [2]. Polyarthrite rhumatode. Cest la plus frquente des causes
Cette cohorte a de nouveau t tudie en comparant les damylose AA dans les pays occidentaliss. Sa frquence anato-
103 patients du groupe polyarthrite rhumatode qui avaient mique est estime entre 5 % et 10 % des patients vivants. La
une nphropathie avec 102 patients porteurs de polyarthrite moyenne dge des patients est de 56 60 ans. Son dlai moyen
rhumatode sans anomalie rnale, apparis sur lge, le sexe et dapparition est de 16 ans (extrme entre 1 41 ans) aprs le
la dure dvolution de la polyarthrite rhumatode. Lge moyen diagnostic de polyarthrite. Lexpression clinique est rare
des patients tait de 59 13 ans et la dure dvolution de la (1 %) [8]. Lamylose AA est une cause de mortalit importante
polyarthrite rhumatode de 15 10 ans au dbut du suivi. Le dans la polyarthrite rhumatode : 31 malades sont dcds
suivi moyen a t de 13 ans, entre 1988 et 2003. la fin du damylose sur les 1 000 suivis pendant une priode de 10 ans
suivi, une insuffisance rnale dfinie par une cratininmie dans ltude de Laakso et al. [5].
suprieure 200 mol/l tait prsente chez 8 % des patients qui Arthrite chronique juvnile. Cest la premire cause damy-
avaient une hmaturie isole initialement, 30 % des patients lose AA chez lenfant. Elle est prsente dans 5 % 20 % des cas.
ayant une protinurie isole et 57 % des patients prsentant une Le dlai dapparition est de 9 ans en moyenne (extrme entre
combinaison des deux au dbut du suivi. Une amylose tait 1 et 23 ans). Le signe le plus prcoce est une protinurie. La
prsente chez 19 % des patients dans le groupe nphropa- mortalit tait de 30 % 7 ans et de 50 % 10 ans avant
thie alors quelle est apparue chez 4 % des patients du groupe lutilisation des traitements cytotoxiques [9].
contrle. Une insuffisance rnale terminale est apparue chez dix Spondylarthrite ankylosante. Lamylose est rare au cours de
patients sur les 103 du groupe nphropathie (dont huit la spondylarthrite ankylosante. Elle survient dans les formes
taient dues lamylose) versus 2 % des contrles. Cette tude svres dbut prcoce et priphrique, gnralement de 7
confirme que la protinurie est greve dun pronostic dfavora- 15 ans aprs le dbut de la maladie (extrmes entre 2 et
ble, associe une volution vers linsuffisance rnale chronique 45 ans) [10, 11]. Cest une des causes de dcs au cours de la
dans 60 % des cas, probablement lie de lamylose. Il nen est spondylarthrite ankylosante. Devant une protinurie, la biopsie
pas de mme pour lhmaturie, qui nvolue vers linsuffisance rnale est utile pour distinguer une amylose dune maladie de
rnale que chez 20 % des patients. Par ailleurs, dans cette Berger qui peut aussi sassocier la spondylarthrite (cf. infra).
cohorte, une nphropathie apparaissait dans les 10 15 premi- Autres maladies inflammatoires. Elles reprsentent une
res annes dvolution de la polyarthrite. Pass ce dlai, les faible part des causes damylose AA qui en compliquent les
patients dveloppaient rarement une atteinte rnale [6]. formes svres. Il sagit de la maladie de Still de ladulte [12], du
rhumatisme psoriasique [13] et de la maladie de Behet [14].
Amylose AA Traitement
pidmiologie Aucun traitement nagit directement sur la formation de
Lamylose est la complication rnale la plus frquente au lamylose AA. La production de SAA peut parfois tre rduite
cours des rhumatismes inflammatoires. Il sagit dune amylose par le traitement de la maladie inflammatoire sous-jacente [15].
secondaire une inflammation chronique, caractrise par des Les agents alkylants, le mthotrexate ou la colchicine ont t
dpts extracellulaires de fibrilles de protine AA (amylod utiliss avec succs dans des cas anecdotiques ou de petites
associated). Cette protine drive de la protine plasmatique SAA sries, mais il nexiste pas dtude contrle dmontrant
(serum amyloid A) circulante, scrte des taux trs levs lors clairement leur efficacit. Les traitements anti-TNF ont montr
de la phase aigu de linflammation. La concentration srique une efficacit spectaculaire sur la maladie rhumatologique, mais
de SAA est leve de faon permanente dans les infections lvolution de latteinte rnale sous ces traitements a t
chroniques, les maladies inflammatoires, et certains cancers rarement tudie. Une tude franaise rtrospective a rapport,
pulmonaires et coliques. Sa synthse est sous la dpendance des chez 15 patients traits par anti-TNF et porteurs dune amylose
cytokines pro-inflammatoires interleukines 1 et 6, et tumor rnale prouve, une stabilisation de latteinte rnale chez cinq
necrosis factor (TNF). Bien quelle soit indispensable au dvelop- patients, et une amlioration franche et persistante de latteinte
pement de lamylose, cette protine nest pas suffisante et rnale chez trois patients. La bonne tolrance du traitement
certains facteurs gntiques sont impliqus. Latteinte rnale est chez les autres patients en faisait un traitement prometteur de
prdominante et constitue une cause importante de mortalit lamylose secondaire aux rhumatismes inflammatoires [16].
Nphrologie 3
18-055-E-10 Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires
Un traitement dune nouvelle classe, lprodisate, apparent et focale dans un cas, et une nphropathie interstitielle dans un
aux glycosaminoglycanes, semble prometteur. Les interactions cas. Une lithiase oxalocalcique a t trouve chez huit patients.
entre les protines amylodes et les glycosaminoglycanes Dans cette cohorte de patients gs de 35 ans en moyenne
promeuvent lassemblage des fibrilles et stabilisent lamylose. En (extrmes de 15 et 56 ans), lge moyen des patients avec
modifiant ces interactions, ce traitement proche du sulfate atteinte rnale tait de 43 ans. Deux patients ont volu vers
dhparine inhibe le dveloppement de lamylose dans les tissus linsuffisance rnale terminale ncessitant le recours lpura-
dans des modles damylose de souris. Chez lhomme, lprodi- tion extrarnale [22]. Aucun traitement na fait la preuve de son
sate a montr son efficacit pour ralentir la progression de efficacit.
linsuffisance rnale sans viter lvolution vers linsuffisance
rnale terminale ni diminuer la mortalit [17]. Ces donnes Nphropathie dpts msangiaux dIgA
ouvrent la voie vers de nouveaux modes daction thrapeuti- ou maladie de Berger
ques et devront tre confirmes.
La nphropathie IgA est la plus frquente des glomrulopa-
thies de ladulte. Idiopathique dans la majorit des cas, elle peut
aussi sobserver au cours daffections comportant une anomalie
Points essentiels du mtabolisme des IgA (cirrhose thylique, maladie cliaque,
dermatite herptiforme, maladie de Crohn). Son association la
spondylarthrite ankylosante a t rapporte pour la premire
Indications la biopsie rnale au cours des fois en 1975 par Sissons. Depuis, une cinquantaine de cas ont
rhumatismes inflammatoires t rapports dans la littrature, semblant confirmer une
Aide au diagnostic de la maladie systmique sous- association non fortuite des deux maladies. Dans 97 % des cas,
jacente il sagit dhommes jeunes, dun ge moyen de 32 ans (de 15
55 ans), HLA B27 positifs. La nphropathie survient le plus
volution atypique de la maladie rnale, contrastant
souvent plusieurs annes aprs latteinte articulaire (de 6
avec lvolution des nphropathies habituellement 9 ans). Elle peut tre simultane ou survenir avant le rhuma-
associes : tisme chez un quart des patients. Aucun traitement spcifique
C hmaturie microscopique isole : glomrulonphrite de la maladie de Berger associe la spondylarthrite ankylo-
msangiale ou IgA, ou glomrulonphrite sante na fait la preuve de son efficacit. La spondylarthrite
ncrosante ? ankylosante et la nphropathie IgA, lorsquelles sont associes,
C protinurie isole : glomrulonphrite msangiale ne prsentent aucun caractre distinctif particulier par rapport
ou amylose ? leur forme habituelle lorsquelles voluent isolment. Lvolu-
tion vers une insuffisance rnale terminale est observe dans
C insuffisance rnale isole ou rapidement
25 % des cas. La physiopathologie de ces deux pathologies
progressive : glomrulonphrite ncrosante ? impliquerait un dfaut de clairance des IgA ou un excs de leur
En cas de maladie inflammatoire agressive avec atteinte production par la muqueuse digestive. Les dpts msangiaux
rnale prcoce, pour poser lindication dun traitement sont considrs comme des complexes immuns IgA. La
dirig contre lamylose (prodisate) prsence dune vascularite cutane dpts dIgA rapporte
Lorsquil existe un lment associ ou un facteur dans quelques observations renforce cette hypothse.
confondant (pic monoclonal, hpatite, cryoglobulinmie) Autres nphropathies associes
En dehors de lamylose dcrite dans 62 % des cas et de la
nphropathie IgA dans 30 % des cas, dautres glomrulopa-
Spondylarthrite ankylosante thies ont t rapportes de faon anecdotique : glomrulo-
pidmiologie nphrite extramembraneuse ; glomrulonphrite msangiale
dpts de C3 et dIgM. Des lsions vasculaires particulires ont
Latteinte rnale est considre comme rare au cours de la t rapportes, de mme quune association une fibrose
spondylarthrite ankylosante, mais aucune srie importante ne rtropritonale. Une surincidence de lithiases est dcrite chez
permet de prciser sa frquence exacte. Ltude de Radford et les patients porteurs de spondylarthrite ankylosante (de 8 %
Smith et celle de Braun ont montr que la mortalit par atteinte 9 % des cas) [11].
rnale est plus importante chez les spondylarthritiques que dans
la population tmoin [18-20]. Si elle est recherche systmatique-
ment, latteinte rnale est plus frquente quelle ntait estime Syndrome de Gougerot-Sjgren
antrieurement. Dans une tude transversale de 40 patients, Une nphropathie peut survenir au cours du syndrome de
Vilar et al. ont trouv des anomalies du sdiment urinaire chez Sjgren, primaire ou secondaire une autre maladie auto-
14 patients (hmaturie microscopique, microalbuminurie) et immune. Les anomalies rnales observes au cours des syndro-
une lvation de la cratininmie [21] . Les causes les plus mes de Sjgren secondaires sont habituellement lies la
frquentes sont lamylose rnale AA et la glomrulonphrite maladie systmique associe, polyarthrite rhumatode, lupus
dpts msangiaux dIgA ou maladie de Berger, en dehors des rythmateux dissmin, sclrodermie systmique, polymyosites
nphropathies interstitielles chroniques avec ou sans ncrose ou cirrhose biliaire primitive. Les deux atteintes rnales obser-
papillaire lies aux traitements antalgiques et anti- ves au cours du syndrome de Sjgren primitif sont lexpression
inflammatoires prolongs [11]. des anomalies immunologiques de laffection systmique :
Nphropathies associes la spondylarthrite infiltrat inflammatoire des glandes exocrines et maladie
complexes immuns circulants, donnant lieu respectivement
ankylosante
une nphropathie interstitielle chronique ou une glomrulo-
Dans une tude rtrospective tunisienne de 210 cas de nphrite complexes immuns.
spondylarthrite ankylosante suivis pendant une priode de
27 ans, 28 patients ont prsent une atteinte rnale (13,3 %) pidmiologie
dpiste par une bandelette urinaire, une cratininmie et une
protinurie des 24 heures systmatiques. Une hmaturie La frquence de latteinte rnale diffre dans le syndrome de
macroscopique tait prsente dans quatre cas, une hmaturie Sjgren selon que lon considre les anomalies clinicobiologi-
microscopique dans huit cas, une protinurie chez 15 patients, ques spontanes (environ 5 %), linfiltration rnale histologique
un syndrome nphrotique chez six patients et une insuffisance (environ 25 %) ou les anomalies biologiques aprs test de
rnale, dfinie par une cratininmie suprieure 150 mol/l, sensibilisation (de 30 % 40 %) [23, 24]. Latteinte clinique est
chez 13 patients. Onze patients ont eu une biopsie rnale : les donc rare et les cas rapports anecdotiques.
lsions histologiques taient une amylose AA dans six cas, une
nphropathie IgA dans trois cas, une glomrulonphrite Nphropathie interstitielle
endocapillaire dans un cas, des lsions de hyalinose segmentaire Elle est responsable danomalies des fonctions tubulaires.
4 Nphrologie
Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires 18-055-E-10
Acidose tubulaire distale histologique le plus utile pour confirmer latteinte et relier les
Lacidose tubulaire distale avec hypokalimie est lanomalie la anomalies rnales au syndrome de Sjgren.
plus frquente et la plus suggestive. Lacidose est due un La biopsie rnale nest pas utile quand la maladie systmique
dfaut dexcrtion distale de lion hydrogne (H + ). Elle est .
est identifie. Lorsquelle est pratique, elle rvle un infiltrat
caractrise par une acidose (pH < 7,35) hyperchlormique inflammatoire, lymphoplasmocytaire, entourant les tubules. Il
(Cl- > 105 mmol/l) et des urines dont le pH est inappropri sagit de lymphocytes CD4+ similaires aux infiltrats des glandes
(pH > 5,5) en regard de lacidmie. Les cellules intercalaires du salivaires [28]. Dans les formes svres, une atrophie tubulaire est
tube collecteur sont considres comme responsables des observe. La fibrose interstitielle est frquente.
anomalies par lintermdiaire dune absence dexpression de la Traitement de la nphropathie interstitielle chronique
H+-ATPase leur membrane apicale [25]. Lalcalinisation est possible par apports de bicarbonate de
Les consquences du dfaut dacidification sont lhypokali- sodium ou de potassium en quantit suffisante et rpartie entre
mie, lhypercalciurie et lhypocitraturie, le diabte insipide les diffrents repas, en prparation officinale. Lacidose tubulaire
nphrognique nest pas une indication au traitement du syndrome de Sjgren
Hypokalimie. Une dpltion en sodium et en potassium sous-jacent. Lindication des corticodes est rserve aux cas
accompagne lacidose tubulaire distale. Les mcanismes en sont exceptionnels dinsuffisance rnale rapidement progressive.
complexes et multiples. Dans le nphron distal, le dfaut
dexcrtion des protons favorise lexcrtion prfrentielle des Pseudolymphome rnal
anions filtrs (PO42, SO42, Cl ) sous forme de sels de sodium
Deux observations de pseudolymphome rnal ont t rappor-
ou de potassium plutt que dacides, faute dions H+. Lacidose
tes au cours du syndrome de Sjgren [29]. Une insuffisance
diminue la rabsorption proximale du sodium, stimule le
rnale progressive sur quelques mois, une augmentation de la
systme rnine-angiotensine, et augmente la rabsorption
taille des reins, et une infiltration rnale diffuse et majeure par
distale du Na + et la scrtion de K + : leffet global est une
des lymphocytes CD4, taient observes. Le lymphome doit tre
hypokalimie avec kaliurse abondante et inapproprie.
exclu par ltude du rarrangement des gnes codant le rcep-
Hypercalciurie et hypocitraturie. Lhypercalciurie observe teur des lymphocytes T et des chanes lourdes dIg la recher-
est la consquence de la mobilisation des tampons osseux dans che dune clonalit. Une corticothrapie forte dose est
la lutte contre lacidose systmique. Lacidose mtabolique indique en cas de pseudolymphome.
stimule galement la rabsorption rnale de citrate dans le
tubule proximal et rduit la rabsorption de calcium dans le Nphropathies glomrulaires
tube distal. Le citrate solubilise le calcium urinaire alors que
lhypocitraturie, le pH urinaire lev et lhypercalciurie contri- Elles sont rares au cours du syndrome de Sjgren primaire.
buent la lithogense et la nphrocalcinose. Visible sur un Une protinurie suprieure 1 g/j, une hmaturie et une
scanner sans injection, la nphrocalcinose correspond au dpt insuffisance rnale doivent retenir lattention. La biopsie rnale
de calcium dans la mdullaire rnale. est indique pour prciser le type datteinte en cause.
Diabte insipide nphrognique. Son mcanisme nest pas Glomrulonphrites dpts
connu. La polyuropolydipsie peut atteindre de 6 8 litres par Il sagit de glomrulonphrites extramembraneuses ou de
jour. Elle doit tre distingue des consquences du syndrome sec glomrulonphrites membranoprolifratives o une cryoglobu-
en dmontrant un dfaut de concentration des urines. linmie est souvent prsente. La possibilit dun syndrome de
Lpreuve de restriction hydrique montre quen prsence dune Sjgren secondaire un lupus systmique doit tre voque.
hyperosmolarit plasmatique (> 305 mOsm/l) losmolarit Latteinte rnale est alors secondaire un lupus systmique. Le
urinaire est inapproprie (trop basse, souvent bien infrieure traitement propre de la glomrulonphrite lupique par cortico-
750 mOsm/l) et insensible ladministration darginine vaso- des ou cyclophosphamide peut tre indiqu, mais il nempche
pressine, un analogue de lhormone antidiurtique. pas toujours lvolution vers linsuffisance rnale terminale [23].
Atteinte tubulaire proximale Glomrulonphrites extracapillaires pauci-immunes
Les observations datteinte du tubule proximal sont anec- Sept observations sont rapportes de glomrulonphrites
dotiques. Une protinurie tubulaire, infrieure 0,5 g/j et ncrosantes avec croissants sans dpts dIg, parfois associes
constitue de bta-2 microglobuline, reflte un dfaut des anticorps anticytoplasme des polynuclaires neutrophiles
dabsorption proximale de cette protine de faible poids (ANCA) antimyloperoxydase (MPO). Le traitement de ces
molculaire. Elle est constate chez 12 % 46 % des glomrulonphrites pauci-immunes associes au syndrome de
patients [26]. Sjgren repose sur lassociation dune corticothrapie et du
Consquences cliniques de lacidose cyclophosphamide, linstar de ce qui est fait au cours des
vascularites touchant les artres de petit calibre pauci-immunes
Le profil de la nphropathie interstitielle chronique du
ANCA avec atteinte rnale [30, 31].
syndrome de Sjgren est peu symptomatique ; il ny a pas
dhypertension artrielle, pas dalbuminurie ou dhmaturie la
bandelette urinaire. Les reins sont de taille et de morphologie
normales. Parfois, il existe une fatigabilit musculaire, et dans
quelques observations une hypokalimie infrieure 1,8 mmol/l
a provoqu une ttraparsie et une paralysie respiratoire
Points essentiels
rversibles aprs correction de lhypokalimie [27]. Les lithiases et Indications la biopsie rnale au cours du
la nphrocalcinose peuvent se rvler par la migration dun syndrome de Sjgren
calcul. Les calculs sont radio-opaques, de petite taille, multiples
et bilatraux, et rcidivants. Une insuffisance rnale lgre
Lorsque le diagnostic de latteinte systmique na pas
modre peut tre constate ; linsuffisance rnale svre est t fait par la biopsie des glandes salivaires accessoires
exceptionnelle, mme aprs plusieurs annes dvolution [23]. Devant toute situation o lvolution rnale nest pas
typique, contrastant avec lvolution de la nphropathie
Diagnostic
interstitielle habituellement associe
Le syndrome de Sjgren est une des causes principales Syndrome glomrulaire :
dacidose tubulaire distale. Une maladie auto-immune y est
C hmaturie microscopique isole ;
associe le plus souvent. Lexistence dun syndrome sec ou
dautres signes systmiques (syndrome de Raynaud, polyarthrite, C protinurie suprieure 1 g/24 heures ;
purpura vasculaire) oriente vers le diagnostic. Les tests immu- C hypertension artrielle.
nologiques utiles sont la recherche de facteurs antinuclaires, Devant une insuffisance rnale rapidement progressive
danticorps anti-SSA ou SSB prsents chez 50 % 60 % des Devant une augmentation de la taille des reins
malades avec acidose tubulaire distale et syndrome de Sjgren. (suspicion de lymphome)
La biopsie des glandes salivaires accessoires est lexamen
Nphrologie 5
18-055-E-10 Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires
Atteinte rnale au cours rnales itratives ont montr une volution vers la fibrose et des
lsions vasculaires. Le risque, outre linsuffisance rnale squel-
daffections systmiques diverses laire, est lapparition dune hypertension artrielle tardive [38].
Lvolution long terme de la nphropathie tubulo-
Sarcodose interstitielle sarcodosique a t tudie chez 17 patients. Tous
avaient une insuffisance rnale chronique de stade 3 ou 4. Sous
La sarcodose est une granulomatose systmique caractrise traitement corticode prolong la dose initiale de 0,5 mg/kg/j
par la formation de granulomes tuberculodes non caseux. Les suivie dune dcroissance lente, une amlioration du dbit de
manifestations cliniques de la sarcodose peuvent tre limites filtration glomrulaire estim par la formule modification of the
un organe ou diffuses, affectant principalement le poumon, la diet in renal failure (MDRD) tait observe, de 50 % 60 %
peau, lil et dautres organes. Latteinte rnale clinique est 1 an, suivie dune stabilisation persistant au dernier suivi. Seuls
rarement au premier plan au cours de la sarcodose. Le plus les patients nayant pas poursuivi la corticothrapie ont vu leur
souvent, il sagit de consquences rnales du mtabolisme insuffisance rnale saggraver. Les corticostrodes semblent
anormal du calcium. Une nphrite tubulo-interstitielle granulo- donc efficaces pour prserver la fonction rnale et retarder
mateuse est latteinte histologique la plus frquente, le plus lchance de linsuffisance rnale terminale [39].
souvent associe des manifestations systmiques [32]. Plus La rcidive sur le greffon rnal aprs transplantation semble
rarement, elle est isole [33]. Diffrents types de glomrulopa- trs rare.
thies ont t rapports.
Glomrulopathies
Consquences rnales des anomalies Plusieurs types de glomrulopathies dpts ont t dcrits
du mtabolisme du calcium de manire anecdotique : glomrulonphrites extramembraneu-
Les granulomes tuberculodes non caseux qui caractrisent la ses [40, 41] , membranoprolifratives ou ncrosantes
maladie sont constitus de cellules macrophagiques actives croissants [42-44] ; hyalinose segmentaire et focale [45] ; nphro-
scrtrices de calcitriol : les macrophages activs acquirent la pathies dpts dIgA [46]. Le lien de causalit avec la sarcodose
capacit de convertir la vitamine 25-OH D3 en 1,25-OH2D3 ou na pas t tabli. Il semble que la corticothrapie utilise ait t
calcitriol, mtabolite le plus actif de la vitamine D. Cette efficace dans la plupart des cas.
1a-hydroxylation nest pas contrle par la concentration Un cas damylose associe [47], un cas dadnopathies rtrop-
srique de calcitriol. Elle est sensible aux corticodes, peut tre ritonales responsables dune compression urtrale avec
stimule par linterfron et nest pas spcifique de la sarcodose. hydronphrose [48] et un cas dhypertension artrielle rnovas-
Laugmentation de calcitriol circulant induit une augmentation culaire par compression dune artre rnale lie une fibrose
de labsorption intestinale du calcium et de sa rsorption rtropritonale [49] ont t rapports.
osseuse, aboutissant une augmentation de la charge filtre et
de lexcrtion urinaire de calcium. La prvalence de lhypercal-
cmie est de moins de 50 % des cas. Une hypercalcmie peut
apparatre si les apports calciques sont augments, en cas
dexposition solaire ou de diminution de la filtration glomru-
Points essentiels
laire dans 10 % 20 % des cas. Lhypercalcmie chronique peut Indications la biopsie rnale au cours de la
induire une nphrocalcinose (dans moins de 5 % des cas), une
sarcodose
nphrite interstitielle chronique ou la formation de calculs dans
10 % des cas. Le traitement de cette production excessive de Lorsque le diagnostic de latteinte systmique na pas
calcitriol repose sur une hydratation abondante, une diminu- t fait par la biopsie dautres organes
tion des apports calciques, une viction de lexposition solaire. Devant toute situation o lvolution rnale nest pas
Les corticodes sont efficaces en diminuant lactivit de la typique, contrastant avec lvolution de la nphropathie
1a-hydroxylase des macrophages et en limitant leffet du interstitielle habituellement associe
calcitriol sur labsorption digestive et la rsorption osseuse du Syndrome glomrulaire :
calcium. Dautres produits peuvent tre utiliss, chloroquine, C hmaturie microscopique isole ;
hydroxychloroquine, qui agissent sur lactivit 1a-hydroxylase.
C protinurie suprieure 1 g/24 heures ;
Le ktoconazole inhibe certains cytochromes P450 responsables
de la 1a-hydroxylation [34]. C hypertension artrielle.
Devant une insuffisance rnale rapidement progressive
Nphrite interstitielle granulomateuse Devant une augmentation de la taille des reins
Une nphrite interstitielle granulomateuse est frquente au
cours de la sarcodose. Sa prvalence sur des sries autopsiques
a t estime entre 7 % et 13 %. Des tudes histologiques Nphropathie goutteuse
rcentes ont rapport une frquence denviron 20 % [35] , La goutte est une maladie du mtabolisme des purines.
variable en fonction de lindication de la biopsie rnale et de Connue depuis lAntiquit, son origine reste partiellement
lextension des granulomes. Linsuffisance rnale est en gnral comprise. Sa recrudescence rcente et la dcouverte de formes
la circonstance de dcouverte de la nphropathie granuloma- familiales de survenue prcoce lies des mutations de la
teuse. Ltude histologique montre des granulomes focaux ou protine de Tamm-Horsfall ont renouvel lintrt pour cette
diffus, de localisation corticomdullaire. Les glomrules sont maladie ancienne.
normaux. Un infiltrat inflammatoire est associ, constitu de
lymphocytes B, de plasmocytes, de lymphocytes T CD4+. Il ny pidmiologie
a pas de dpts immuns associs. Larthropathie goutteuse dans sa forme classique est caract-
Dans une srie de 59 patients, 56 patients dveloppaient une rise par la survenue daccs aigus darthrite touchant la
insuffisance rnale, svre chez 12 patients (cratininmie mtatarsophalangienne du gros orteil ou dautres articulations
suprieure 800 mol/l). Une hypercalcmie tait frquente et des membres infrieurs chez lhomme de 40 60 ans. Cette
contribuait linsuffisance rnale. Linsuffisance rnale tait arthrite est lie la prcipitation dacide urique sous forme de
progressive, sur quelques semaines quelques mois, mais parfois cristaux durate de sodium monohydrat dans les articulations
aigu. Les anomalies urinaires taient une protinurie nulle ou et les tissus mous. La concentration plasmatique dacide urique
modre, dorigine tubulaire, une leucocyturie, une cylindrurie. est augmente, en rapport avec des apports alimentaires
Il existait parfois une glycosurie ou un syndrome de Fanconi excessifs en purines. La fonction rnale est en gnral normale
complet, une hyposthnurie ou un diabte insipide nphrog- pour lge. La prvalence et lincidence de la goutte sont en
nique. Les reins sont de grande taille, infiltrs, pouvant mimer augmentation actuellement, en rapport avec le mode de vie des
une polykystose ou une noplasie [36, 37]. Le traitement repose socits occidentales : obsit, alimentation riche en purines,
sur la corticothrapie la dose de 1 mg/kg/j pendant 1 2 mois consommation dalcool et traitements diurtiques ou par
suivie dune dcroissance prolonge sur 1 an. Les biopsies ciclosporine chez les transplants dorgane.
6 Nphrologie
Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires 18-055-E-10
HPRT Sauvetage
APRT
Guanine
Hypoxanthine
Adnine
XDH
Dgradation
8-hydroxyadnine Xanthine
XDH
Nphrologie 7
18-055-E-10 Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires
Un dficit incomplet en HGPRT peut tre responsable de linsuffisance rnale est semblable celle des autres rhabdo-
troubles neurologiques de degrs variables, de goutte tophace myolyses, favorable si le traitement est dbut rapidement. Le
et dinsuffisance rnale prcoce par calcifications du paren- traitement par corticodes forte dose et par le mthotrexate
chyme rnal ou lithiases uriques. Plusieurs types de mutation semble efficace. Des cas anecdotiques de glomrulonphrite
ont t dcrits et sont responsables de lhtrognit phnoty- msangioprolifrative dpts dIg et de complment ont t
pique de la maladie, en fonction de lactivit enzymatique rapports [54], ainsi quun cas de glomrulonphrite extramem-
rsiduelle. Un article spcifique de lEMC lui est consacr. braneuse (sans noplasie sous-jacente identifie), un cas de
maladie de Berger [55] et un cas de glomrulonphrite
Traitement extracapillaire [56].
La goutte est une cause rare dinsuffisance rnale chronique
(de 0,5 % 1 % des insuffisances rnales terminales). Une
meilleure prise en charge de lhypertension artrielle et de
Toxicit rnale des traitements
lhyperuricmie est probablement en cause. Lallopurinol permet utiliss en rhumatologie (Tableau 1)
de rduire la concentration plasmatique dacide urique. En
revanche, son efficacit sur la progression de linsuffisance
rnale est incertaine. Les agents uricosuriques perdent leur
Anti-inflammatoires non strodiens (AINS)
efficacit lorsquune insuffisance rnale apparat. et inhibiteurs de la cyclo-oxygnase 2
Les AINS sont largement prescrits dans le monde entier. Les
Connectivites mixtes atteintes rnales quils peuvent entraner sont diverses et de
frquence variable. Lincidence de la nphrotoxicit des AINS
Les connectivites mixtes recouvrent un ensemble daffections
est mal connue. Dans une tude prospective dj ancienne
inflammatoires systmiques comportant une atteinte artrielle
portant sur 398 cas dinsuffisance rnale aigu dorigine
avec ncrose fibrinode et des anomalies des rponses immuni-
mdicamenteuse, la responsabilit des AINS a t retenue dans
taires. La maladie prend des formes varies, en fonction du
15 % des cas, soit 2,8 % des malades hospitaliss pour insuffi-
chevauchement entre plusieurs affections systmiques diverse-
sance rnale aigu dans la mme priode [57].
ment intriques. En 1972, Sharp et al. ont rapport 25 patients
qui prsentaient des signes cliniques de lupus rythmateux Toxicit aigu
dissmin, de sclrodermie systmique, de polymyosite ou de
Ncrose tubulaire aigu
polyarthrite rhumatode associs la prsence danticorps
antiribonucloprotine [52] . Des tudes ultrieures ont bien Cest latteinte rnale la plus frquente, lie un trouble de
montr lvolution asynchrone des signes cliniques de ces lhmodynamique intrarnale. Les AINS diminuent la produc-
diverses pathologies. Une atteinte rnale tait note chez un tion intrarnale des prostaglandines vasodilatatrices. En cas
seul des patients. Les tudes ultrieures ont trouv une prva- dhypovolmie, les AINS peuvent provoquer une chute du dbit
lence plus leve de nphropathie, de 10 % 40 % chez de filtration glomrulaire et une oligurie. Les malades les plus
ladulte, et jusqu 47 % chez lenfant. risque sont les insuffisants cardiaques, les cirrhotiques, les
La prsentation clinique est gnralement discrte, protinu- patients prsentant un syndrome nphrotique, une dshydrata-
rie ou hmaturie asymptomatique. Certains patients peuvent tion extracellulaire, un tat de choc ou une glomrulopathie
dvelopper un syndrome nphrotique. Lvolution vers linsuf- chronique pralable. Une insuffisance rnale fonctionnelle
fisance rnale est rare. survient quelques jours aprs le dbut du traitement par AINS.
Les anomalies histologiques ont t rapportes par Kitridou et Il ny a ni protinurie ni anomalie du sdiment urinaire et pas
al. en 1986. Onze parmi 30 patients suivis en moyenne 10 ans de signes dhypersensibilit. Linsuffisance rnale est totalement
ont dvelopp une nphropathie. Neuf dentre eux avaient un rversible avec larrt du traitement. Lexamen histologique
syndrome nphrotique. Dans cinq cas, il sagissait dune rnal est normal. Si le traitement est poursuivi, une ncrose
glomrulonphrite extramembraneuse, dans deux cas dune tubulaire peut apparatre, comme en tmoigne la prsence de
glomrulonphrite msangiale, un cas datteinte mixte et un cas cellules pithliales tubulaires desquames dans les urines. Les
de glomrulonphrite sclrosante. Limmunofluorescence lsions tubulaires aigus induites par les AINS nont pas de
montrait la prsence dIg et de complment, tmoignant de
latteinte mdie par des complexes immuns [53]. Tableau 1.
Le traitement de latteinte rnale associe aux connectivites Nphrotoxicit des mdicaments utiliss dans les rhumatismes
mixtes repose sur une corticothrapie forte dose suivie dune inflammatoires.
dcroissance sur plusieurs semaines. Dans ltude de Kitridou,
Aigu Anti-inflammatoires non Insuffisance rnale
les strodes taient efficaces sur la protinurie dans 60 % des
strodiens et inhibiteurs fonctionnelle
cas. Lajout de diffrents traitements ciblant la symptomatologie
de la cyclo-oxygnase 2 Ncrose tubulaire
clinique prdominante (mthotrexate, antimalariques, cyclo-
phosphamide) a montr des rsultats defficacit variable. Il ny Nphrite interstitielle
a pas dtude disponible comparant les diffrents traitements. immunoallergique : souvent
Dans la srie de Kitridou et al., seuls deux patients ont volu associe un syndrome
vers linsuffisance rnale chronique et la dialyse [53]. Lautre type nphrotique
datteinte rnale possible est une nphropathie vasculaire de Lsions glomrulaires
type rein sclrodermique qui, non traite, peut voluer vers minimes
lhypertension artrielle maligne. Trois cas damylose et un cas Glomrulonphrite
de syndrome hmolytique et urmique ont t rapports. extramembraneuse
Ciclosporine Vasoconstriction artriolaire
Polymyosites/dermatopolymyosites Microangiopathie
Les polymyosites/dermatomyosites sont caractrises par une thrombotique
atteinte inflammatoire du muscle squelettique et de la peau, Anti-tumor necrosis factor Glomrulonphrite lupiques
respectivement. Elles peuvent tre primitives ou secondaires Glomrulonphrites
de multiples affections. La polymyosite primitive de ladulte se pauci-immunes croissants
manifeste habituellement de faon insidieuse, par une faiblesse Sels dor et Glomrulonphrite
musculaire proximale et symtrique, et des douleurs musculai- D-pnicillamine extramembraneuse
res. Rarement, elle se prsente sous forme dune faiblesse Chronique Analgsiques Ncrose papillaire
musculaire brutale, parfois associe une rhabdomyolyse et Nphropathie interstitielle
une myoglobinurie. Une insuffisance rnale aigu a rarement chronique
t rapporte, en rapport avec la toxicit de la myoglobinurie
Ciclosporine Vasculaires et interstitielle
dans un contexte dacidose ou dhypovolmie. Lvolution de
8 Nphrologie
Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires 18-055-E-10
caractristique propre. Linsuffisance rnale est habituellement Toxicit chronique des AINS [63] : nphropathie interstitielle
rversible en quelques semaines aprs larrt dfinitif du chronique, ncrose papillaire et analgsiques
traitement.
La prise prolonge dAINS peut entraner une ncrose papil-
Nphrite interstitielle aigu laire dans un faible nombre de cas. Elle survient plusieurs mois
La nphrite interstitielle aigu est beaucoup plus rare que la ou annes aprs le dbut du traitement. Elle peut tre associe
ncrose tubulaire. Elle tait prsente chez 2 % des 398 malades une nphropathie interstitielle chronique. Linhibition des
qui avaient une insuffisance rnale aigu due des mdica- cyclo-oxygnases rduit le dbit sanguin mdullaire qui favorise
ments [57]. Plus dune centaine de cas de nphrite interstitielle la ncrose papillaire [63, 64].
aigu attribus aux AINS ont t publis. Les diffrentes classes Cette nphropathie est davantage rapporte en association
dAINS ont t impliques : fnoprofne, ibuprofne, naproxne, avec lutilisation des analgsiques et se rarfie actuellement avec
indomtacine, acide mfnamique. Lassociation dune nphrite la restriction de la vente de ces produits. La nphropathie aux
interstitielle aigu et dun syndrome nphrotique est assez analgsiques est dfinie comme une maladie rsultant de la
caractristique. Les patients sont souvent gs, hypertendus et consommation habituelle pendant plusieurs annes de plusieurs
atteints dune insuffisance rnale pralable ou dun diabte. Le antalgiques contenant au moins deux antipyrtiques et de la
dlai dapparition de linsuffisance rnale aprs lintroduction cafine ou de la codine. Elle se caractrise par la ncrose
du mdicament varie de 1 36 mois. La protinurie est abon- papillaire et une nphropathie interstitielle chronique qui
dante. Le recours lhmodialyse peut tre ncessaire. La volue insidieusement vers linsuffisance rnale progressive. Son
fonction rnale samliore avec larrt du mdicament, laissant diagnostic est trs important tablir de faon prcoce pour
parfois une insuffisance rnale et/ou une protinurie pouvoir corriger les comportements modifiables qui y condui-
squellaires. sent. Un interrogatoire prcis est capital. Limagerie par scanner
Lanalyse histologique montre une infiltration diffuse ou sans injection de produit de contraste montre typiquement une
focale de lymphocytes dans linterstitium rnal, rarement des diminution de la taille des reins dont les contours sont bossels
plasmocytes ou des osinophiles. Des granulomes pithliodes et/ou des calcifications papillaires dans un contexte dinsuffi-
avec des cellules gantes sont parfois visibles. Une atrophie sance rnale modre [64].
tubulaire focale ou une ncrose tubulaire tendue peuvent tre Lactaminophne est le mtabolite principal de la phnac-
associes. Les glomrules sont normaux, sauf chez les patients tine. La physiopathologie prcise de linsuffisance rnale
prsentant dj une nphropathie chronique. Dans tous les cas secondaire la prise prolonge dantalgiques nest pas claire,
avec syndrome nphrotique, il existe un effacement des pdi- mais plusieurs tudes pidmiologiques montrent bien la
celles des podocytes en microscopie lectronique. Lexamen en relation dose cumule-insuffisance rnale chronique avec un
immunofluorescence est normal. Linfiltrat lymphocytaire est odd ratio de 2 pour une consommation prolonge et dpassant
constitu majoritairement de lymphocytes T cytotoxiques. 3 000 g dactaminophne [65].
Lhypothse physiopathologique de cette nphropathie fait
Le risque long terme de carcinome urothlial reste
intervenir un trouble de limmunit cellulaire ; linteraction
proccupant [66].
entre lantigne mdicamenteux et les lymphocytes activs
provoque la libration de lymphokines, inhibe habituellement
par une scrtion accrue de prostaglandines. En labsence de Agents modificateurs des rhumatismes
prostaglandines, inhibes par les AINS, la synthse des
Il sagit des sels dor, de la D-pnicillamine et de leurs drivs.
lymphokines est facilite, de mme que la prolifration des
Leur efficacit a t prouve dans le traitement de la polyarth-
lymphocytes T dans linterstitium, tmoin dune raction
rite rhumatode et leurs effets secondaires ont t rapports ds
dhypersensibilit retarde. Dautre part, linhibition de la cyclo-
le dbut de leur utilisation dans les annes 1960. Ils sont
oxygnase par les AINS favoriserait la dviation du mtabolisme
de lacide arachidonique vers la voie des lipo-oxygnases et de nettement moins rapports actuellement, du fait de leur
la synthse des leucotrines, substances pro-inflammatoires moindre utilisation depuis lapparition des traitements anti-
augmentant la permabilit vasculaire, expliquant la protinurie TNF qui les ont supplants. Leur profil deffet nphrotoxique est
et lactivation des macrophages. trs similaire.
Neuf cas de nphrite interstitielle aigu ont t rapports en
association avec les inhibiteurs de la cyclo-oxygnase de type 2 Sels dor
(rofcoxib : cinq cas ; clcoxib : quatre cas), initialement Les sels dor taient les traitements de deuxime intention au
rputs moins toxiques que les AINS du fait de leur slectivit. cours de la polyarthrite rhumatode. Leur efficacit est cepen-
Le dlai moyen dapparition de linsuffisance rnale aprs dant limite par la survenue deffets secondaires, en particulier
lintroduction du traitement tait denviron 8 mois, compris rnaux, chez 2 % 10 % des patients. Une protinurie dabon-
entre 3 jours et 3 ans. Linsuffisance rnale aigu parfois svre, dance variable (de 0,4 39 g/24 heures) peut survenir tout ge
ncessitant le recours lhmodialyse, a t rversible larrt (de 2 73 ans) quelle que soit la forme utilise, orale ou
du traitement parfois associ une corticothrapie. Comme parentrale, ou la dose. Elle peut survenir ds la deuxime
pour les AINS, la particularit de cette nphrite immunoallergi- semaine (10 mg) et jusqu 6 ans (6 g) aprs le dbut du
que tait labsence de signes dhypersensibilit associs [58, 59]. traitement. La protinurie disparat gnralement aprs larrt
Glomrulopathies du traitement et ne laisse pas dinsuffisance rnale. Seules de
Un plus faible nombre de malades prsente un syndrome petites sries ont t publies. Chez 21 patients traits par
nphrotique li la prise dAINS sans nphrite interstitielle aurothiomalate de sodium par voie intramusculaire et suivis
aigu. En microscopie optique, les glomrules sont normaux. La pendant 60 mois, une protinurie est apparue chez dix patients
seule lsion visible en microscopie lectronique est un efface- aprs 6 mois de traitement, chez 15 patients aprs 12 mois et
ment des pdicelles des podocytes. Limmunofluorescence est chez 18 patients aprs 24 mois. La protinurie atteignait un pic
ngative. Il sagit de lsions glomrulaires minimes sans 2 g (de 0,5 30 g) 2 mois aprs larrt du traitement pour
caractre distinctif par rapport la nphropathie primitive. Le disparatre spontanment chez tous les patients 24 mois.
syndrome nphrotique disparat quelques semaines aprs larrt Aucune insuffisance rnale ntait observe sous traitement. La
du mdicament dans la grande majorit des cas. clairance de la cratinine tait 77 et 59 ml/min, avant et aprs
Une glomrulonphrite extramembraneuse a t rapporte en le traitement, respectivement. La biopsie rnale a montr une
association avec diffrents types dAINS (diclofnac, ktopro- glomrulonphrite extramembraneuse chez 15 patients, des
fne, fnoprofne) et plus rcemment avec le clcoxib [60-62]. La lsions glomrulaires minimes chez deux patients, des dpts
protinurie disparat larrt du traitement dans tous les cas. msangiaux chez deux patients et labsence danomalie chez
Ces cas montrent quune pathologie mdie par des complexes deux autres patients. Chez les patients ayant une polyarthrite
immuns peut tre implique dans les nphropathies secondaires rhumatode non traite par sels dor, la glomrulonphrite
aux AINS. extramembraneuse est exceptionnelle. Les sels dor semblent
Nphrologie 9
18-055-E-10 Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires
favoriser le dpt de complexes rhumatodes circulants dans le protine de fusion entre le fragment Fc dune IgG humaine et
rein et augmenter lincidence des glomrulonphrites [67, 68]. deux molcules solubles du rcepteur soluble p75 du TNF-
alpha. Les effets secondaires de ces traitements sont essentielle-
D-pnicillamine et drivs ment court terme des ractions cutanes au point dinjection,
La nphropathie induite par la D-pnicillamine est trs des signes gnraux (fivre, frissons, nauses, prurit, urticaire)
proche de celle induite par les sels dor. Il sagit dune protinu- lors des premires injections. plus long terme, lincidence des
rie chez 7 % 20 % des malades, rvlant une glomrulo- ractivations tuberculeuses a augment, ainsi que celle des
nphrite extramembraneuse dans 85 % des cas. Des complications noplasiques, lymphomes en particulier. Des
glomrulonphrites membranoprolifratives, des lsions glom- manifestations dauto-immunit sont dcrites chez 24 % 37 %
rulaires minimes, ont t rapportes dans un petit nombre de des patients sous infliximab, diminuant avec lassociation de
cas. Comme pour les sels dor, le dlai dapparition de la mthotrexate. Des autoanticorps anti-ADN natif ont t retrou-
protinurie et du syndrome nphrotique varie entre 7 et vs, rarement associs des manifestations lupiques.
18 mois, le plus souvent aprs 3 mois de traitement. La proti- Cinq cas de glomrulonphrites apparus lors dun traitement
nurie disparat progressivement larrt du traitement en 6 par anti-TNF alpha chez des patients atteints de polyarthrite
8 mois. rhumatode ont t rapports. Chez deux patients, un syndrome
Une dizaine de cas de glomrulonphrite croissants rvls nphritique a rvl une glomrulonphrite prolifrative
par un syndrome pneumornal ont t rapports sous lupique. Les facteurs antinuclaires taient positifs, ainsi quune
D-pnicillamine. La recherche danticorps anti-membrane basale consommation du complment. Chez deux autres patients, une
glomrulaire (GBM) tait rarement positive lorsquelle tait faite. glomrulonphrite ncrosante pauci-immune croissants a t
La prsence dANCA (de type MPO) tait rapporte dans trois dcouverte, dont lune tait associe des ANCA anti-MPO et
cas. Un traitement agressif par corticodes, cyclophosphamide et une hmorragie alvolaire. Le dernier patient, qui prsentait un
changes plasmatiques en prsence danti-GBM doit tre dbut syndrome nphrotique, avait une glomrulonphrite extra-
rapidement pour obtenir une volution favorable [69, 70]. membraneuse la biopsie et une vascularite complexes
Dautres drivs thiols plus rcemment utiliss (bucillamine) immuns. Le dlai rapide dapparition des glomrulonphrites
peuvent aussi entraner lapparition dune protinurie ou dun aprs lutilisation du traitement voquait un lien de causalit.
syndrome nphrotique. Les lsions en cause sont le plus Dans tous les cas, les patients ont volu favorablement larrt
souvent une glomrulonphrite extramembraneuse ou des du traitement anti-TNF associ aux immunosuppresseurs.
lsions glomrulaires minimes [71, 72]. Lutilisation large des traitements anti-TNF doit inciter la
prudence et les mdecins doivent rester vigilants sur la possibi-
Ciclosporine lit dapparition de glomrulonphrites lies la polyarthrite
Immunosuppresseur puissant largement utilis en transplan- rhumatode ou auto-immunes de novo induites par le traite-
tation dorganes, la ciclosporine a vu ses indications slargir ment [74]. Plusieurs revues de ces traitements, de leur mode
certaines maladies auto-immunes, dont la polyarthrite rhuma- daction et de leurs effets indsirables sont disponibles pour plus
tode. Sa nphrotoxicit, connue en transplantation, a t de prcisions [75, 76].
tudie sur des biopsies rnales de patients traits pendant 1 an
pour des pathologies auto-immunes.
Deux types de lsions peuvent apparatre. Les lsions de Conclusion
toxicit aigu sont dorigine vasculaire. Il sagit dune vasocons-
triction artriolaire lorigine dune insuffisance rnale fonc- Les atteintes rnales possibles au cours des rhumatismes
tionnelle ou de lsions de microangiopathie thrombotique inflammatoires sont multiples et de pronostic trs variable,
parfois responsables de squelles (hypertension artrielle, selon quil sagit dune nphropathie dpts msangiaux
insuffisance rnale chronique). Les lsions de toxicit chronique dIgM au pronostic relativement bnin dans la polyarthrite
sont vasculaires et interstitielles. Les lumires artriolaires se rhumatode ou de lamylose AA qui entrane une mortalit
rtrcissent progressivement, expliquant lhypertension artrielle accrue court terme chez les patients atteints. Les mdecins
frquente et les lsions interstitielles : des bandes fibreuses avec doivent donc rester vigilants au dpistage des complications
atrophie tubulaire apparaissent, avec une distribution en traves rnales chez leurs patients. Lexploration de ces complications
dcoupant le parenchyme de zones normales [73]. La nphro- doit tre discute avec le nphrologue de faon ne pas
toxicit chronique est proportionnelle la dure dexposition mconnatre une atteinte possiblement svre compliquant soit
la ciclosporine. Elle constitue un obstacle important lutilisa- une maladie connue, soit un nouveau traitement pour lequel
tion de ce produit comme immunosuppresseur au long cours. nous navons pas encore un recul suffisant.
La prvention de cette toxicit chronique repose sur la mesure Trop peu dtudes sont actuellement disponibles pour
rgulire de taux plasmatiques rsiduels pour viter les surdosa- connatre laction des traitements sur la fonction rnale. Ltude
ges et limiter la nphrotoxicit. rigoureuse des nouveaux traitements qui ont montr une
efficacit spectaculaire sur les maladies articulaires, comme les
Traitements anti-TNF agents anti-TNF ou lprodisate dans lamylose, permettra de
Lefficacit des traitements anti-TNF a rvolutionn le prciser leur action sur lvolution des nphropathies, et de
traitement des patients atteints de polyarthrite rhumatode ou rpondre la question de leur efficacit sur la fonction rnale
dautres rhumatismes (spondylarthrite ankylosante, Sjgren). Ils et la survie des patients long terme.
permettent notamment de modifier le cours de la maladie en .
10 Nphrologie
Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires 18-055-E-10
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L. Tricot ([email protected]).
Service de nphrologie et de transplantation rnale, Hpital Foch, 40, rue Worth, 92150 Suresnes, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Tricot L. Atteintes rnales des rhumatismes inflammatoires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Nphrologie, 18-055-E-10, 2009.
12 Nphrologie
5-0600
de la prescription mdicale
chez le patient insuffisant rnal
V Launay-Vacher
D u fait de la frquence de linsuffisance rnale, dtaille par ailleurs dans cet ouvrage, dont il est important de
prendre conscience, le praticien est souvent confront au problme de la prescription de mdicaments chez
des patients dont la fonction rnale est altre. Le seul ouvrage de rfrence est le Vidalt dans lequel ce thme est
dans la majorit des cas peu ou pas trait dans la rubrique Posologie et Mode dadministration . Reste alors se
reporter au paragraphe Pharmacocintique de la monographie, dont linterprtation est parfois dlicate.
Dans cet article sont rsumes les bases de la pharmacocintique des mdicaments quil est ncessaire de connatre
pour mieux apprhender les principes de ladaptation de la posologie des mdicaments chez le patient insuffisant
rnal.
2003 Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS. Tous droits rservs.
modalits de ladaptation de la posologie des les compartiments priphriques (tissus) ; le
Introduction mdicaments chez le patient insuffisant rnal. mtabolisme (spontan, cellulaire ou hpatique) ;
llimination (ou lexcrtion) du mdicament sous
forme inchange ou de mtabolites vers lextrieur
Le Dictionnaire Vidalt, outil de rfrence pour la
prescription des mdicaments, prsente les rsums
Pharmacocintique de lorganisme (urines, bile, fces). Dans le cas dune
des mdicaments administration intraveineuse, il nexiste pas de phase
des caractristiques du produit des mdicaments
dabsorption proprement dite car le mdicament est
disponibles sur le march franais. Pour la plupart,
directement introduit dans le compartiment central.
ces monographies comportent un alina intitul Une fois les exprimentations prcliniques
Pharmacocintique et un autre intitul En revanche, dans le cas dune administration par
ralises (in vitro, ex-vivo et chez lanimal), le
Pharmacodynamie . La pharmacocintique est perfusion intraveineuse, il existe bien une phase
dveloppement clinique dun mdicament dbute
dfinie par ltude du devenir dun mdicament dentre du mdicament dans le compartiment
par ltude de son comportement chez lhomme. Ces
dans lorganisme et la pharmacodynamie par premires tudes portent essentiellement sur la sanguin dans la mesure o ladministration est
ltude des mcanismes daction des mdicaments pharmacocintique et ont pour objectif la tale dans le temps et non instantane comme
dans lorganisme . Plus simplement, ces deux dtermination des paramtres pharmacocintiques cest le cas lors dune administration en bolus.
termes peuvent galement tre qualifis comme laide de la courbe temps-concentrations et doutils
linfluence de lorganisme sur le mdicament mathmatiques spcifiques. Paramtres pharmacocintiques
(pharmacocintique) et linfluence du mdicament Le profil pharmacocintique dun mdicament est
sur lorganisme (pharmacodynamie). Les Courbe temps-concentrations et phases
dcrit par ses paramtres pharmacocintiques :
reprsentations graphiques typiques reprsentent la de la pharmacocintique
concentration plasmatique maximale (Cmax), temps
courbe des concentrations plasmatiques du Ltablissement de la courbe des concentrations du pic de concentration maximale (Tmax), aire sous
mdicament en fonction du temps aprs du mdicament en fonction du temps aprs la courbe des concentrations plasmatiques (area
ladministration pour la pharmacocintique et la ladministration permet la visualisation du profil under concentration-time curve [AUC]), demi-vie
courbe de leffet pharmacologique induit par le pharmacocintique du mdicament et des quatre dlimination (T1/2), volume de distribution (Vd) et
mdicament en fonction du temps aprs phases dont il est constitu : labsorption, la clairance (CL). Pour les voies dadministration autres
ladministration pour la pharmacodynamie. distribution, le mtabolisme et llimination (phases que la voie intraveineuse bolus est dfini un autre
Sil est vrai que le profil pharmacodynamique de ADME) (fig 1, 2). Dune manire gnrale, ltude du paramtre appel biodisponibilit (F), dont la
certains mdicaments peut tre modifi chez le profil pharmacocintique dun mdicament
signification est importante connatre pour
patient insuffisant rnal du fait de modifications de la seffectue sur lvolution des concentrations
linterprter correctement.
sensibilit de certains rcepteurs pharmacologiques plasmatiques en fonction du temps car ce
par exemple, les modifications de la pharmacocin- compartiment dit central constitue un point de
Concentration plasmatique maximale
tique sont sans conteste les plus flagrantes et les plus passage obligatoire pour tout mdicament vise et temps du pic de concentration maximale
importantes en termes de maniement du systmique, dune part, mais aussi parce quil
mdicament, car ce sont elles qui ncessitent constitue un compartiment aisment accessible pour Le (ou la) Cmax et le Tmax sont dtermins
dadapter la posologie chez ces patients. Cest la raliser les prlvements. Ainsi, un mdicament, une graphiquement partir de la courbe temps-
raison pour laquelle il a t dcid de raliser un fois administr dans un organisme humain ou concentration (fig 2). Ces deux paramtres traduisent
article sur ce thme dans le cadre de cet ouvrage. animal, va subir ces quatre phases : labsorption du limportance et la vitesse dabsorption du
Aprs avoir dfini dans leurs grandes lignes les mdicament dans le compartiment central (le mdicament partir de son site dadministration. Le
diffrents paramtres de la pharmacocintique des plasma), galement appele rsorption pour les Cmax est exprim en units de concentration (mg/L,
mdicaments sont dtailles les modifications de la autres voies dadministration que les voies orale et mg/L, mmol/L etc) et le Tmax en units de temps
pharmacocintique lies linsuffisance rnale et les intraveineuse, ou phase dentre ; la distribution vers (h, min, s).
1
5-0600 - Bases pharmacocintiques de la prescription mdicale chez le patient insuffisant rnal
Cmax : concentration plasmatique maximale (pic plasmatique) ; Tmax : temps du pic plasmatique ; AUC : aire Modifications
sous la courbe des concentrations plasmatiques. de la pharmacocintique
des mdicaments chez le patient
Area under concentration-time curve compltement limin le mdicament : aprs une
insuffisant rnal
LAUC ( fi g 2 ) est dtermine par calcul demi-vie, 50 % du mdicament sont toujours
mathmatique. Elle constitue une image de prsents dans lorganisme ; aprs deux demi-vies, Linsuffisance rnale, aigu ou chronique, peut
lexposition de lorganisme au mdicament. Plus 50 % 50 % = 25 % ; aprs trois demi-vies, 25 % avoir des rpercussions sur lune ou plusieurs des
lAUC est leve et plus lexposition a t importante. 50 % = 12,5 % etc. En rgle, il est considr que quatre phases de la pharmacocintique des
LAUC est exprime en units de concentration lorganisme a compltement limin le mdicament mdicaments [6].
units de temps (mg/L.h, par exemple). aprs cinq sept demi-vies dlimination. Cette
priode est appele wash-out. La demi-vie est Absorption
Demi-vie dlimination exprime en units de temps (h, min, s).
Il existe chez le patient insuffisant rnal de
Le T1/2 dfinit le temps ncessaire pour que la Volume de distribution nombreuses variations physiopathologiques qui
concentration du mdicament diminue de moiti La distribution dun mdicament dans peuvent avoir des rpercussions sur labsorption des
(demi-vie dlimination) ou soit double (demi-vie lorganisme est estime par son Vd. Cet indicateur mdicaments, principalement ceux administrs per
dabsorption). Elle est dtermine par le calcul. La est en fait une image mathmatique ; on le dfinit os. Ainsi, les modifications du pH gastrique
demi-vie dlimination prsente un intrt non comme un volume virtuel (et cest la raison pour secondaires lhyperscrtion dure dans la salive
ngligeable en pratique courante car elle permet laquelle il peut tre trs important) qui reflte la ensuite dglutie peuvent modifier labsorption de
dvaluer en combien de temps lorganisme aura pntration du produit dans des compartiments plus certains mdicaments administrs par voie orale en
2
Bases pharmacocintiques de la prescription mdicale chez le patient insuffisant rnal - 5-0600
rnale et un captage hpatique normaux. De plus, il Adaptation de la posologie
a t rcemment mis en vidence une diminution du des mdicaments chez le patient
mtabolisme intestinal lie une diminution de Tubule
insuffisant rnal
lactivit des isoenzymes intestinales du cytochrome distal
P450 [7]. Ainsi, la quantit de mdicament qui atteint
Chez le patient insuffisant rnal, ladaptation de la
le compartiment central (la phase dabsorption) peut
posologie est ncessaire quand les modifications de
tre altre chez le patient insuffisant rnal.
C ana l collec
te ur
la pharmacocintique du mdicament gnrent des
Distribution concentrations plasmatiques en mdicament et/ou
dmes et ascites peuvent provoquer une en mtabolites suprieures celles observes
augmentation du Vd par diffusion des mdicaments habituellement chez un patient fonction rnale
3 Mcanismes dexcrtion des mdicaments par le
hydrophiles dans ces liquides, les rendant ainsi normale pour une dose administre identique. Ainsi,
nphron.
moins disponibles au site daction. linverse, la ladaptation de la posologie des mdicaments chez
dshydratation peut engendrer une diminution de limination le patient insuffisant rnal peut tre ralise selon
ce paramtre. Ainsi, et mme en labsence des signes trois mthodes :
Il est important de dfinir deux termes de base de
cliniques voqus prcdemment, le volume de diminuer la dose unitaire et conserver
la pharmacocintique : llimination et lexcrtion.
distribution de certains mdicaments peut varier lintervalle dadministration : mthode de la dose ;
Llimination consiste en la disparition dune
chez le patient insuffisant rnal. De plus, la fixation augmenter lintervalle dadministration en
substance du compartiment central. Lexcrtion
des mdicaments aux protines plasmatiques peut conservant la mme dose unitaire : mthode de
dsigne quant elle la sortie de la substance
galement tre modifie chez le patient insuffisant lintervalle ;
lextrieur de lorganisme. Ainsi, un mdicament
rnal. En effet, lalbuminmie de ces patients est
peut tre limin par un mtabolisme hpatique et modifier la fois lintervalle dadministration et
souvent infrieure celle de sujets sains. Ainsi, les
ses mtabolites excrts par le rein. De ce fait, le rein la dose unitaire : mthode mixte.
mdicaments acides faibles sont moins fixs. La
joue un rle, essentiel dans la plupart des cas, dans La mthode dite de la dose doit tre applique
fraction libre de mdicament dans le compartiment
llimination des mdicaments. lorsque lefficacit du traitement ncessite de
sanguin se trouve ainsi augmente et une quantit
Lexcrtion rnale est soumise trois mcanismes maintenir la concentration plasmatique en
plus importante de produit est donc disponible pour
principaux distincts : la filtration glomrulaire, la mdicament au-dessus dun certain seuil tout au
atteindre le site daction et/ou pour diffuser dans des
scrtion tubulaire et la rabsorption tubulaire long du traitement. La mthode dite de lintervalle
compartiments plus profonds de lorganisme. Ces
passive (fig 3). Sont limins par filtration doit tre utilise lorsque lefficacit du traitement est
variations du taux de liaison aux protines
glomrulaire les mdicaments non lis aux protines directement lie au pic plasmatique (Cmax) en
plasmatiques vont avoir les rpercussions les plus
et dont la taille est suffisamment faible pour traverser mdicament et que la diminution de la dose unitaire
importantes sur la pharmacodynamie des
la membrane glomrulaire par diffusion passive. La ne permet pas datteindre un Cmax suffisamment
mdicaments dont la fraction lie est dordinaire
scrtion tubulaire est un mcanisme de transport lev (par exemple pour certains antibiotiques pour
importante (lithium, gentamicine, digoxine,
actif impliquant des transporteurs diffrents selon la lesquels il est indispensable de conserver un Cmax
phnytone). De plus, certaines substances qui
nature des mdicaments. On distingue les lev afin datteindre des concentrations
saccumulent chez les patients urmiques vont entrer
transporteurs des anions organiques (organic anion bactricides). Le choix de la troisime mthode
en comptition avec les mdicaments sur les sites de
transporters), les transporteurs des cations (intervalle et dose) simpose lorsque la premire
fixation aux protines [2].
organiques (organic cation transporters) et les mthode (dose) ne permet pas datteindre des
Mtabolisme transporteurs des composs non chargs, non concentrations efficaces ou lorsque la seconde
Il a t longtemps considr que la pharmacoci- encore clairement identifis, qui sapparentent aux (intervalle) ne permet pas une couverture
ntique des mdicaments dont la clairance glycoprotines P [1]. La rabsorption tubulaire est un thrapeutique suffisante entre deux prises
mtabolique tait trs suprieure la clairance phnomne de diffusion passive qui concerne mdicamenteuses. Les deux premires mthodes
rnale ntait pas modifie chez le patient insuffisant essentiellement les molcules non charges. En cas comportent toutefois des limites incontournables en
rnal. Toutefois, chez certains patients insuffisants dinsuffisance rnale, ces trois mcanismes pratique clinique. En effet, le praticien ne dispose pas
rnaux, des modifications majeures du mtabolisme dexcrtion peuvent tre plus ou moins altrs, en dans tous les cas dune forme pharmaceutique
peuvent se produire du fait du ralentissement de fonction de la nature de latteinte rnale. permettant une diminution adquate de la dose
certaines ractions enzymatiques hpatiques Les mdicaments dont la voie dlimination unitaire (mthode de la dose). De mme, il est parfois
comme les rductions (cortisol), les actylations principale est rnale ont, bien entendu, les difficile dappliquer strictement la mthode de
(isoniazide, acides aminosalicyliques) et les pharmacocintiques les plus modifies. La demi-vie lintervalle pour des raisons dobservance. Dans ces
oxydations (vitamine D) [3]. De plus, il a t dmontr dlimination est augmente, corrlativement ou cas, il est ncessaire dutiliser la mthode mixte et de
que le mtabolisme rnal local (cytochrome P450) non avec le degr de linsuffisance rnale. linverse, diminuer lgrement la dose unitaire afin dobtenir
tait fortement perturb chez le patient insuffisant les mdicaments excrts par voie biliaire ne un intervalle dadministration applicable ou
rnal. Les mdicaments mtabolisme strictement subissennt que peu de modifications de leur linverse daugmenter lgrement lintervalle
hpatique peuvent donc avoir une pharmacocin- pharmacocintique. En ce qui concerne les dadministration afin de pouvoir utiliser une dose
tique modifie chez le patient insuffisant rnal. mdicaments mtaboliss par le foie se posent les unitaire correspondant une forme pharmaceutique
3
5-0600 - Bases pharmacocintiques de la prescription mdicale chez le patient insuffisant rnal
commercialise. Ladaptation de la posologie quelle mdicaments que la mise en place dune dose de rsultent de modifications multiples du devenir du
que soit la mthode retenue doit tre ralise en charge permette une adaptation de la posologie mdicament dans lorganisme. Ces altrations
fonction du patient et du degr de son insuffisance efficace chez le patient insuffisant rnal. Cest le cas portent essentiellement sur llimination rnale du
rnale, et en fonction du mdicament et de sa pour la gabapentine pour laquelle il a t montr mdicament inchang ou de ses mtabolites.
pharmacocintique chez le sujet fonction rnale chez le patient insuffisant rnal terminal Cependant, des modifications peuvent galement
normale et chez le patient insuffisant rnal. hmodialys que la mise en place dun tel schma affecter la distribution et le mtabolisme hpatique,
Ces mthodes dadaptation de la posologie thrapeutique permettait dobtenir une couverture voire labsorption des produits non administrs par
portent sur les doses dentretien dun traitement satisfaisante des patients alors que chez le sujet voie intraveineuse. Ainsi, du fait de la complexit et
mdicamenteux. Pour certains mdicaments ayant une fonction rnale normale il nest pas de la multiplicit des mcanismes concerns, il est
ncessitant chez le sujet ayant une fonction rnale ncessaire de procder de la sorte [10]. En fait, de indispensable dtudier spcifiquement la
normale une dose de charge initiale, celle-ci est ou mme que la posologie dun mdicament en pharmacocintique des mdicaments existants ou
non modifie, en fonction de la pharmacocintique dveloppement est tablie en fonction du profil en cours de dveloppement chez des volontaires ou
et de la marge thrapeutique du mdicament pharmacocintique chez le volontaire sain, la mme des patients insuffisants rnaux [5]. En ltat actuel des
concern. En effet, lutilisation dune dose de charge dmarche doit tre tablie chez le sujet insuffisant connaissances, il nexiste pas de rgle gnrale fiable
a pour but datteindre rapidement la zone de rnal, volontaire sain par ailleurs ou patient dadaptation de la posologie. Celle-ci doit tre
concentration plasmatique efficace. Ladministration malade. labore pour chaque mdicament en fonction de
de doses dentretien permet de maintenir les taux son profil pharmacocintique chez le patient
circulants dans la fourchette thrapeutique. Si insuffisant rnal. Malheureusement, le dictionnaire
linsuffisance rnale induit une forte augmentation Conclusion Vidalt ne propose que rarement une information
du pic plasmatique et que le mdicament prsente pratique et claire sur ce thme. Aussi est-il
une marge thrapeutique troite, il est malgr tout souhaitable de prendre un avis auprs de
ncessaire de diminuer galement la dose de Les modifications du profil pharmacocintique spcialistes en nphropharmacologie pour toute
charge. Par ailleurs, il est possible pour certains des mdicaments chez le patient insuffisant rnal prescription chez le patient insuffisant rnal.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : V Launay-Vacher. Bases pharmacocintiques de la prescription mdicale chez le patient insuffsant rnal.
Encycl Md Chir (Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs), 5-0600, 2003, 4 p
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4
18-649
Calcifications testiculaires
X. Durand, M. Lahutte
Le nombre dtudes et de publications montre le problme soulev par les calcifications testiculaires, dont
la prsence fait redouter la survenue dune tumeur. Il faut bien diffrencier les calcifications intrascrotales
extratesticulaires, hors de notre propos, et les calcifications intratesticulaires communes des
microcalcifications. Ces dernires ne sont pas spcifiques, peuvent coexister des degrs diffrents avec
un infarcissement, une lsion kystique, une lsion tumorale sminomateuse ou non, sans prjuger du
caractre malin ni de son histologie. linverse, les calcifications communes nont aucun caractre
pathologique lorsquelles sont isoles. La modalit de dcouverte et de suivi de ces calcifications est
essentiellement lchographie scrotale. La revue de la littrature met en vidence quelques points
remarquables : il semble clairement exister un lien entre la prsence de microcalcifications testiculaires et
une cryptorchidie, et lventualit dune noplasie germinale intratubulaire. Elles reprsentent un facteur
de risque familial de cancer du testicule. Leur bilatralit constitue un facteur de risque supplmentaire.
En revanche, une tude trs rcente met en vidence que le grade nest pas un facteur de risque
supplmentaire, donne nouvelle qui va lencontre des connaissances classiques. Pourtant, lensemble
de ces rsultats ne permet pas de dduire une conduite tenir univoque devant la dcouverte (souvent
fortuite) de microcalcifications. Une attitude adapte et graduelle semble la plus conforme aux donnes
actuelles. Elle consiste en lassociation dune autopalpation, une chographie scrotale et une consultation
spcialise annuelle pour les patients prsentant un facteur de risque authentifi de tumeur germinale
testiculaire (TGT).
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Urologie 1
18-649 Calcifications testiculaires
dune plage hypochogne, une tumeur testiculaire ou un calcul vaginal peut tre secondaire une hydrocle [7]. Les
foyer dinfarcissement testiculaire. Leur distinction peut tre granulomes hmatiques ou spermatiques produisent un cho
difficile et fait appel lanamnse. Linfarcissement est gnra- adjacent lpididyme. Les hydatides testiculaires, les appendi-
lement secondaire un traumatisme, une pididymite svre ces pididymaires calcifis sont reconnus par leur sige
o lpididyme augment de volume comprime les vaisseaux caractristique.
testiculaires, ou une torsion du cordon. Linfarcissement est
plutt priphrique, triangulaire, aux bords linaires contenant
des calcifications et correspondant aux zones de ncrose [2]. Microcalcifications testiculaires
La plupart des tumeurs germinales sont bien dfinies comme (MCT)
des lsions hypochognes, plus ou moins htrognes [2]. Des
calcifications y sont frquemment rencontres, mais leur . Les MCT ont une existence histologique. Elles ont t dcrites
prsence et leur distribution ne prsument pas du type histolo- en 1961 par Bunge [8] comme des amas ou dpts calciques au
gique [3] . Les sminomes sont des tumeurs homognes et sein de la lumire des tubules sminifres.
prsentent des calcifications dans moins de 30 % des cas. Lanalyse morphoconstitutionnelle en spectrophotomtrie y a
linverse, les tumeurs, germinales embryonnaires, les tratomes rvl la prsence dhydroxyapatite. On parle aussi de microcal-
sont habituellement plus htrognes, comportent des plages cosphrites. Deux types ont t dcrits : calcifications nues ou
dchognicit augmente dues la ncrose et aux calcifications. entoures de lamelles concentriques de collagne. Cette distinc-
. Les tratomes malins sont particulirement htrognes compte tion na pas dimplication clinique. Le nombre dhypothses
tenu de la nature complexe de leur origine (os, cartilage, tissus tiopathogniques avances tmoigne de labsence dexplication
glandulaire, musculaire et nerveux). univoque la formation des MC testiculaires. Bierger [9] voque
La combinaison du tratome et dun contingent tumoral la persistance dlments gonadiques bisexuels secrtants,
embryonnaire reprsente la situation la plus frquente en cas de aboutissant un phnomne de nuclation. La piste dune
calcifications au sein dune masse htrogne tumorale [4] . affection systmique a t suggre, Nistal [10] retrouvant des
Laspect dune large rtraction calcifie barrant le testicule est lsions identiques ubiquitaires (poumon, systme nerveux
vocateur du burned out syndrome, involution dune tumeur central) dans une courte srie pdiatrique. La dysfonction
germinale testiculaire qui sexprime ensuite le plus souvent dans sertolienne, dpasse dans son rle de phagocytose, est gale-
le rtropritoine ou le mdiastin. ment une hypothse souvent voque [11], ainsi que la nucla-
Lassociation de calcifications une tumeur bnigne est tion de spermatogonies dgnres [12].
galement bien documente. Les tumeurs bnignes drives des Mais pour le clinicien, les MC testiculaires sont avant tout
cellules de Sertoli ou de Leydig sont parfois le sige de calcifi- une image chographique, paradoxalement dcrite initialement
cations qui ajoutent la difficult de les distinguer des tumeurs sur une radiographie conventionnelle du bassin dun jeune
germinales. Les tumeurs pidermodes ont des aspects cho- garon de 4 ans [13] . Aujourdhui, lchographie a permis
graphiques variables. Si son aspect en pelure doignon ou en lmergence dune smiologie radiologique des microcalcifica-
cible, avec des cercles concentriques est le plus classique, la tions testiculaires. Ces microcalcifications ont t initialement
tumeur pidermode a galement t dcrite comme hypocho- dcrites par Doherty [14] comme des chos microscopiques diffus
gne htrogne, avec une dmarcation particulirement nette au sein du testicule. Hobart [15] , en 1992, a propos une
du reste de la pulpe par une paroi parfois calcifie apparaissant dfinition en quatre points des microcalcifications testiculaires :
hyperchogne [5]. Le simple kyste testiculaire, anchogne, . chos de moins de 2 mm de grand axe, sans cne dombre
parfaitement dlimit, peut contenir une calcification murale. postrieur, rpartis de manire diffuse (> 5) et sans modification
Enfin, lorchite granulomateuse peut se prsenter sous la forme de lorganisation interne ou de la surface du testis.
dune lsion hypochogne, volontiers tendue, contenant des En 1994, Backus [16] dfinit trois stades de MC, en fonction
plages ou des zones calcifies. de leur nombre dans le parenchyme gonadique :
Ces calcifications doivent tre distingues des calcifications stade 1 : 5 10 par champ dexploration ;
scrotales extratesticulaires, plus frquentes et souvent bni- . stade 2 : 10 20 ;
gnes [6]. La perle scrotale est une masse calcifie isole, stade 3 : plus de 20 chos, figurant un aspect de tempte de
sigeant au sein des tuniques scrotales enveloppant le testicule, neige .
dtiologie indtermine. Elle est gnralement unique, mesure
plus de 10 mm de grand axe et produit un discret cne dombre Prvalence des microcalcifications
acoustique. La vaginale peut tre le sige dune calcification
sous la forme dune plaque linaire. Les calcifications pididy-
testiculaires
maires sont volontiers associes une pididymite chronique, le De nombreuses publications depuis 1992 ont tent dappro-
diagnostic de maladie granulomateuse est alors voquer. Le cher la prvalence des MCT (Tableau 1). Les auteurs ont puis
Tableau 1.
Prvalence des microcalcifications testiculaires, sries rtrospectives.
n MHz Recueil Indication de lchographie Prvalences
Hobart [15] 1992 1 710 7,5-10 NR Varico-, hypogonadisme (11) 0,6 %
Ganem [17] 1999 1 100 5-10 CR Infertilit, masse scrotale (22) 0,7 %
Cast [18] 2000 4 819 7,5-10 CR Toutes indications (33) 0,7 %
Skyrme [19] 2000 2 215 7,5 CR Toutes indications (34) 1,5 %
Thomas [20] 2000 159 7 CR Azoospermie (10) 6,2 %
von Eckardt [21] 2001 1 816 NR CR Infertilit (40) 2,2 %
Bach [22] 2001 528 7 CR NR (48) 9,1 %
Otite [23] 2001 3 026 7 CR NR (54) 1,7 %
Derogee [24] 2001 1 535 4-10 CR-images Toutes indications (63) 4,1 %
DeGouveia [25] 2004 263 > 7,5 Images Infertilit (53) 20 %
Sakamoto [26] 2006 969 > 10 Images Infertilit, antcdents de tumeur, autre (46) 4,7 %
Miller [27] 2007 3 279 > 10 Images Toutes indications (65) 2%
NR : non ralis ; CR : compte rendu.
2 Urologie
Calcifications testiculaires 18-649
Tableau 2.
Prvalence des microcalcifications testiculaires, sries prospectives.
n MHz Recueil Indications chographiques Prvalences
Peterson [28] 2001 1 504 7,5-10 Prospectif Asymptomatiques (84) 5,6 %
Middelton [29] 2002 1 079 > 7,5 Prospectif Symptomatiques (40) 3,7 %
Serter [30] 2007 2 179 > 10 Prospectif Asymptomatiques (53) 2,4 %
Urologie 3
18-649 Calcifications testiculaires
Facteur(s) de risque
Absence de facteur de Cryptorchidie, risque familial, infertilit,
risque noplasie germinale intratubulaire,
tumeur controlatrale
Consultation durologie
Apprentissage de
chographie scrotale Biopsies testiculaires
lautopalpation
annuelle
Figure 1. Arbre dcisionnel. Proposition dattitude pratique. NR : non ralis ; CR : compte rendu.
not sept cryptorchidies (3,3 %) dans le groupe des testis Aucune socit savante (Association franaise durologie
normaux. Ce chiffre slve 4,2 % dans le groupe de MC [AFU], European Association of Urology [EAU], American
unilatrales et 13,3 % en cas de MC bilatrales. La nature du Urological Association [AUA]) ne sest prononce sur des
lien qui unit cryptorchidie et MC est difficile identifier recommandations diagnostiques ou thrapeutiques vis--vis des
prcisment, mais il semble bien exister une relation entre ce MC. Les avis des auteurs varient depuis la simple surveillance
facteur de risque et les MC. clinique jusqu la biopsie systmatique, le scanner thoraco-
abdomino-pelvien et le dosage des marqueurs. Ajoutons que la
Risque familial de tumeur germinale testiculaire prvalence des MC est telle que dventuelles recommandations
auraient une implication mdicoconomique lourde. Raliser
Coffey [44] a publi une srie de 328 chographies scrotales deux chographies, un dosage de marqueurs et une consultation
chez 169 patients atteints de TGT, 58 parents sains et spcialise 5 % de la population masculine amricaine
101 patients contrles (indemnes et sans lien de parent). Les coterait 7,9 milliards de dollars. Le cot dun diagnostic de
MC sont significativement plus frquentes, comme attendu, cancer avoisinerait 1,7 millions de dollars [46].
dans le groupe TGT par rapport au contrle (p < 0,0001). Cest Il semble possible de proposer une attitude graduelle et
galement le cas dans le groupe parents en comparaison au adapte pour les patients porteurs de MCT (Fig. 1) :
contrle (p < 0,02). De plus, la concordance entre TGT et chez un patient prsentant un facteur de risque authentifi de
parents associs pour la prsence de MC est suprieure celle TGT : autopalpation, chographie scrotale et consultation
attendue dune rpartition alatoire (p = 0,05). Les auteurs spcialise annuelle ;
concluent que les MC reprsentent un facteur de risque familial chez un patient sans facteur de risque associ : linformation
du cancer du testicule. et lautopalpation.
Ce schma est adapter la situation clinique. titre
dexemple, un patient aux antcdents de tumeur testiculaire
Impact du grade et de la bilatralit porteur de MC controlatrales grade 3 doit certainement tre
des microcalcifications explor par biopsies, la recherche de NGIT dans la mesure o
une radiothrapie scrotale ventuellement diffre peut lui tre
Dans la srie de DeGouveia [25] (263 chos), les biopsies propose.
systmatiques rvlent la prsence de NGIT dans 20 % des cas
de MC bilatrales, dans aucun cas de MC unilatrale et dans
0,47 % des cas dchographie normale. Malgr le biais de
slection important de cette srie de patients infertiles, la Conclusion
bilatralit semble accentuer le risque au moins de NGIT
dfaut de TGT (aucune tumeur nest retrouve dans chacun des Le nombre dtudes et de publications montre le problme
trois groupes). soulev par les calcifications testiculaires, dont la prsence fait
Le grade de MC ne semble pas impacter le risque de dvelop- redouter la survenue dune tumeur.
per un cancer du testicule. propos de 4 310 chographies Il faut bien diffrencier les calcifications intrascrotales
scrotales, Sanli [45] a mis en vidence 77 MC rparties en : extratesticulaires, hors de notre propos, les calcifications
39 grades 1, 24 grades 2 et 15 grades 3. Une TGT est mise en intratesticulaires communes des microcalcifications. Ces derni-
vidence dans respectivement 17,9 %, 25 % et 26,6 % de ces res ne sont pas spcifiques, peuvent coexister des degrs
groupes (diffrence non significative). diffrents avec un infarcissement, une lsion kystique, une
lsion tumorale sminomateuse ou non, sans prjuger du
caractre malin ni de son histologie. linverse, les calcifi-
Recommandations relatives cations communes nont aucun caractre pathologique
aux microcalcifications testiculaires lorsquelles sont isoles. La modalit de dcouverte et de suivi
de ces calcifications est essentiellement lchographie scrotale.
Le lien entre MC et TGT est suggr par les sries sus- La revue de la littrature met en vidence quelques points
dcrites, mais sa nature est difficile dterminer prcisment. remarquables : il semble clairement exister un lien entre la
Coffey [44] considre que les MC sont une manifestation prsence de microcalcifications testiculaires et une cryptorchi-
alternative plus frquente dune susceptibilit gntique du die, et lventualit dune noplasie germinale intratubulaire.
dveloppement de TGT. Elles reprsentent un facteur risque familial de cancer du
4 Urologie
Calcifications testiculaires 18-649
testicule. Leur bilatralit constitue un facteur de risque [17] Ganem J, Workman K, Shaban S. Testicular microlithiasis is associated
supplmentaire. En revanche, une tude trs rcente montre with testicular pathology. Urology 1999;53:209-13.
que le grade nest pas un facteur de risque supplmentaire, [18] Cast JE, Nelson WM, Early AS, Biyani S, Cooksey G, Warnock NG,
donne nouvelle qui va lencontre des connaissances et al. Testicular microlithiasis: prevalence and tumor risk in a popula-
classiques. tion referred for scrotal sonography. AJR Am J Roentgenol 2000;175:
Pourtant, lensemble de ces rsultats ne permet pas de dduire 1703-6.
une conduite tenir univoque devant la dcouverte (souvent [19] Skyrme RJ, Fenn NJ, JonesAR, Bowsher WG. Testicular microlithiasis
fortuite) de microcalcifications. Une attitude adapte et gra- in a UK population: its incidence, associations and follow-up. BJU Int
duelle semble la plus conforme aux donnes actuelles. Elle 2000;86:482-5.
consiste en lassociation dune autopalpation, dune chographie [20] Thomas K, Wood S, Thompson A. The incidence and significance of
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X. Durand ([email protected]).
Service durologie, Hpital dinstruction des Armes du Val-de-Grce, 74, boulevard du Port-Royal, Paris, France.
M. Lahutte.
Service dimagerie mdicale, Hpital dinstruction des Armes du Val-de-Grce, 74, boulevard du Port-Royal, Paris, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Durand X., Lahutte M. Calcifications testiculaires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie, 18-649,
2011.
6 Urologie
5-0692
stratgies diagnostique
et thrapeutique
L Boccon-Gibod
Elsevier, Paris.
Introduction
x
x
x
Voies arodigestives
Respiratoires
40 %
pidmiologie Autres
30 %
20 %
Incidence et prvalence 10 %
Le cancer prostatique reprsente la cinquime 0%
cause de tumeur masculine tous ges confondus 25-44 ans 45-64 ans 65-84 ans 85 et +
dans le monde, et la deuxime dans les pays Rpartition de la cause des dcs par tranche d'ge en France (1982, Inserm).
industrialiss. Il est en passe de devenir la premire
cause de dcs par cancer aux tats-Unis [7]. 1 Causes de mortalit et mortalit par tumeur et tranche dge en France.
Lincidence en France augmente progressi-
vement, passant de huit pour 100 000 autour de la Le cancer de la prostate tait responsable de Facteurs favorisants
cinquantaine, 480 pour 100 000 partir de la 8 234 dcs en France en 1986, contre 7 112 en Bien que ltiologie du cancer de la prostate
neuvime dcennie (fig 1). 1982. Il reprsente 10 % des dcs par cancer chez demeure inconnue, un certain nombre de facteurs
Elsevier, Paris
Il importe cependant de garder prsent lesprit lhomme (fig 1). Nanmoins, si le diagnostic de favorisants ont t impliqus : raciaux, alimentaires,
que la prvalence du cancer clinique, si elle cancer de la prostate est port chez 10 % des gntiques.
augmente avec lge, est toujours trs largement hommes au cours de leur existence, il importe de Si la prvalence du cancer histologique est la
infrieure lincidence du cancer autopsique noter quil ne sera responsable du dcs que de 3 % mme sur toute la surface du globe, la prvalence du
(tableau I). dentre eux. cancer clinique est extrmement variable, passant
1
5-0692 - Cancer de la prostate : stratgies diagnostique et thrapeutique
2
Cancer de la prostate : stratgies diagnostique et thrapeutique - 5-0692
indique le stade clinique de la tumeur primitive, N (endoscopies, biopsies...) peuvent provoquer une
exprime la prsence ou labsence de mtastases Dans la mesure o les tudes lvation spectaculaire du taux srique du marqueur
ganglionnaires et M la prsence ou labsence de scandinaves ont montr que le taux de tissulaire.
mtastases distance. mortalit spcifique par cancer chez
les patients de 70 ans et plus atteints Constatation dune anomalie du toucher rectal
dun cancer prostatique moyennement et/ou du taux srique du PSA
Stratgie diagnostique diffrenci et cliniquement localis Ces constatations peuvent conduire la
tait de lordre de 10 % 10 ans, il ne ralisation dune chographie endorectale avec
Pour tablir une stratgie diagnostique du cancer semble pas raisonnable de sengager biopsies prostatiques systmatises. Il serait
de la prostate, il faut pouvoir rpondre aux trois dans des oprations de diagnostic thoriquement possible de mieux cerner les
questions suivantes : prcoce chez les patients de plus de 70 indications des biopsies prostatiques chez un patient
faut-il dpister le cancer de la prostate ? ans consultant pour des troubles atteint dune lvation intermdiaire du PSA entre 4
quand et comment faire le diagnostic prcoce ? urinaires (et a fortiori pour tout autre et 10 ng/mL, sans anomalie du toucher rectal, en
une fois le diagnostic port, comment apprcier symptme) alors que leur prostate a utilisant le rapport du PSA libre au PSA total (prenant
lextension de la tumeur et porter un pronostic pour tous les caractres de la bnignit au en compte le fait que le tissu bnin scrte plus de
conseiller le patient ? PSA libre que le tissu malin). Sil est un fait que les
toucher rectal.
Faut-il dpister le cancer de la prostate ? patients dont le rapport du PSA libre au total est
infrieur 10 % ont de trs fortes chances dtre
Bien que le cancer de la prostate rponde tous
Toucher rectal porteurs dun cancer de la prostate, et que ceux dont
les critres qui pourraient justifier la mise en uvre
le rapport est suprieur 30 % ont de trs fortes
doprations de dpistage (le cancer de la prostate Il doit tre considr comme suspect non
chances davoir une glande prostatique strictement
est effectivement un problme de sant publique, seulement lorsquil met en vidence une induration
bnigne, la grande majorit des patients se trouve
son histoire naturelle est globalement connue, il nodulaire intressant tout ou partie dun ou des deux
en fait dans la zone grise comprise entre ces deux
existe aujourdhui des tests diagnostiques qui lobes de la prostate, mais aussi ds lors quil existe
valeurs, de sorte quen pratique, si lon dcide de
permettent de reconnatre la maladie un stade une asymtrie de consistance, voire de volume, de la
sengager dans des oprations de diagnostic
prcoce et envisager un traitement curatif...), la glande prostatique.
prcoce de cancer de la prostate, il est raisonnable
preuve quun tel dpistage aboutirait une Le toucher rectal est cependant un test de
denvisager la ralisation de biopsies prostatiques
rduction de la mortalit par cancer de la prostate, diagnostic prcoce du cancer de la prostate trs
ds lors que le PSA dpasse sa valeur normale (3
comme cest le cas en matire de cancer du sein mdiocre, puisquil mconnat environ un cancer
4 ng/mL selon le laboratoire).
chez la femme, na pas encore t apporte. Il est prostatique sur deux au dbut du fait de la
donc raisonnable dattendre le rsultat des essais localisation trs priphrique de la tumeur. Biopsie prostatique
contrls randomiss mis en uvre et poursuivis en Elle est ralise sous chographie endorectale. Cet
Europe et en Amrique du Nord. Il nest pas pour Dosage srique du PSA examen peut tre ralis en ambulatoire, aprs une
linstant licite de sengager dans dautres oprations prparation antibiotique (fluoroquinolone de
Le PSA reprsente en fait llment moteur du
de dpistage. troisime gnration, monodose type ciprofloxacine
diagnostic prcoce du cancer de la prostate
500 mg), ainsi quune prparation intestinale. Les
Quand faire le diagnostic prcoce aujourdhui [1].
complications infectieuses ou hmorragiques sont
de cancer de la prostate ? Cest un produit de la scrtion exocrine de exceptionnelles. Toutefois, il faut prvenir le patient
Le diagnostic de cancer de la prostate un stade lpithlium prostatique normal, qui se retrouve de la possibilit de survenue, dans les jours qui
prcoce ne doit tre recherch qu partir du exprim en mg/mL dans ljaculat. Une trs faible suivent, dune hmaturie initiale, dune
moment o ce diagnostic aboutira la mise en fraction du PSA passe dans le sang circulant, o il est hmospermie, voire quelques fois dune hmorragie
uvre dun traitement destin augmenter dos, ltat normal, en ng/mL. Deux fractions de rectale.
lesprance de vie du patient. PSA peuvent tre doses dans le sang circulant : le Un large chantillonnage biopsique sera ralis,
Dans les autres cas, les oprations de diagnostic PSA libre, scrt en plus grande quantit par les portant non seulement sur les zones anormales
prcoce peuvent et doivent tre dclenches dans tissus bnins, et le PSA li aux protines porteuses vocatrices de cancer par leur caractre
trois types de situation : [6] (alpha-2, antichymotrypsine), scrt en plus grande hypochogne, mais aussi sur le parenchyme
en prsence dune anomalie du toucher rectal, quantit par le tissu noplasique. Toutes les prostatique strictement normal. Il est important de
quel que soit lge ; affections de la prostate (adnome, cancer, souligner que limagerie isole na pas sa place dans
chez les patients qui consultent pour des prostatites aigus) peuvent lever le taux du PSA le diagnostic prcoce du cancer de la prostate.
troubles mictionnels ; circulant.
Lanalyse des biopsies prostatiques permettra au
chez les patients qui souhaitent tre rassurs Le taux normal du PSA srique est de 3 pathologiste dinfirmer ou daffirmer la prsence du
sur ltat de leur glande prostatique. Dans ce cas, 4 ng/mL. cancer, de prciser son degr de diffrenciation, le
avant de commencer les oprations (examen
Lorsque le PSA est anormalement lev, au-del nombre de biopsies positives, ltendue du cancer
physique et examens complmentaires), il est
de 10 ng/mL, le risque que cette lvation traduise sur chacun des prlvements, et enfin la prsence ou
indispensable de bien exposer clairement au patient
la prsence dun cancer de la prostate est de lordre labsence de cancer dans les espaces
le droulement des oprations et les consquences
de 50 %. priprostatiques.
dun diagnostic positif.
Lorsque le PSA est lev entre 4 et 10 ng/mL, le En cas de biopsies ngatives alors quil existe une
Ce nest quaprs avoir trs clairement inform
risque que cette anomalie traduise la prsence dun anomalie du toucher rectal et/ou une lvation du
le patient sur ces lments que les oprations
cancer de la prostate est de 45 50 % en cas PSA, il est raisonnable denvisager quelques
pourront alors tre raisonnablement dclenches,
danomalie concomitante du toucher rectal, et de 20 semaines plus tard un nouveau contrle biopsique, a
avec son accord.
25 % sans anomalie du toucher rectal, alors que la fortiori si la premire biopsie a montr des lsions de
Comment faire le diagnostic prcoce prostate parat parfaitement souple, lisse et rgulire. noplasie intrapithliale dont on sait quelles sont
de cancer de la prostate ? Le toucher rectal, lexercice physique et lactivit associes dans plus de deux tiers des cas un cancer
Le diagnostic prcoce du cancer de la prostate sexuelle intense naugmentent que modestement, et de la prostate. Dune manire gnrale, le taux de
repose sur le toucher rectal, le dosage srique du PSA trs transitoirement, le taux du PSA srique. dtection des biopsies prostatiques itratives
et la biopsie prostatique. loppos, les manipulations de la prostate avoisine 20 25 % selon les sries publies.
3
5-0692 - Cancer de la prostate : stratgies diagnostique et thrapeutique
Diagnostic de cancer de la prostate Scintigraphie osseuse ltalit par cancer infrieur 10 %, une chance
acquis : comment prciser son extension Celle-ci visant rechercher les mtastases de 10 ou 12 ans. Paralllement, le risque de
et porter un pronostic ? progression locale et/ou mtastatique, accessible
osseuses distance est indispensable ds lors que le
Lapprciation de lextension relle du cancer de PSA est suprieur 10 ng/mL. Les foyers cependant un traitement palliatif hormonal, peut
la prostate est rendue particulirement difficile par le dhyperfixation, sils sont dtects, doivent faire tre valu 30 ou 40 %. Il nest donc pas
fait quil nexiste aujourdhui aucun examen envisager une confirmation par des clichs draisonnable, ds lors que lge du patient dpasse
dimagerie permettant de mettre en vidence la radiographiques standards. 70-72 ans et/ou quexistent des facteurs de
tumeur et dapprcier son volume. Force est donc comorbidit importants, de discuter avec lui de la
davoir recours des lments dvaluation indirecte Examen tomodensitomtrique possibilit de ce type de stratgie thrapeutique,
comme le toucher rectal, le taux du PSA srique et les abdominopelvien tant entendu que sil peut tre thiquement justifi,
examens dimagerie locaux et systmiques. il nest pas pour autant aisment accept par les
Il doit lui aussi tre envisag afin de dtecter des
patients, tout au moins dans les pays de culture
mtastases ganglionnaires ds lors que le PSA est
Toucher rectal latine. Il est alors raisonnable de proposer ces
suprieur 10 ou 15 ng/mL.
patients un traitement hormonal palliatif demble.
Il est vocateur dune lsion cliniquement Au total, au terme de cette batterie dinvestiga-
localise la glande prostatique ds lors que la tions, il est possible de considrer que le cancer de la Traitement curatif
prostate est normale au toucher rectal (stade T1c), ou prostate dont le patient est atteint se situe dans lune
des trois catgories suivantes : Il dispose de deux possibilits thrapeutiques :
sil existe une induration limite un lobe
la radiothrapie externe ;
prostatique. Ds lors que linduration intresse les cancer cliniquement localis la glande :
la prostatectomie totale.
deux lobes, a fortiori si elle semble dborder les prostate normale au toucher rectal ou prsence dun
limites de la prostate latralement ou vers la base de nodule limit au maximum un lobe prostatique, Aucun des autres traitements souvent
la glande, il ne sagit srement plus dun cancer PSA infrieur 15, moins des deux tiers des biopsies mentionns dans la littrature comme une
localis la glande prostatique, mais trs positives, scanner et scintigraphie osseuse normaux. alternative aux thrapeutiques prcdentes
vraisemblablement dun cancer localement avanc Il faut savoir que malgr tout, 25 30 % des patients (curiethrapie prostatique, cryothrapie, nergies
de stade T3. Rptons cependant encore que le de ce groupe seront atteints dune extension diverses...) nest actuellement valid et ne peut tre
toucher rectal est un trs mdiocre examen pour extraprostatique exposant un chappement propos en dehors dun trs strict protocole
apprcier la fois la prsence et lextension de la biologique ultrieur ; dinvestigations.
tumeur. cancer localement avanc : tumeur intressant
Radiothrapie externe
les deux lobes prostatiques et/ou ayant dpass les
Taux srique du PSA limites de la glande, PSA suprieur 15 avec un Elle utilise des radiations de haute nergie
score de Gleason suprieur 8, plus des deux tiers (acclrateur de particules) la dose de 65 Gy dirigs
Cest un lment dapprciation fondamental :
des biopsies positives sur toute leur tendue, scanner sur la prostate, avec ou sans irradiation des aires
au-del de 10 ng/mL, les risques que la tumeur ait
et scintigraphie osseuse normaux ; ganglionnaires. Ce traitement, qui a lavantage de ne
franchi la capsule sont de lordre de 35 40 %.
cancer mtastatique : prsence, quelles que pas comporter dintervention chirurgicale, peut
Lorsque le PSA est suprieur 50 ng/mL, la
soient les conditions locales, dadnopathies visibles laisser titre de squelles des troubles urinaires et
quasi-totalit des cancers est extracapsulaire et peut
au scanner et/ou danomalies de fixation la surtout digestifs (rectite, tnesme, crampes
saccompagner de mtastases ganglionnaires.
scintigraphie osseuse confirme par les clichs abdominales), et saccompagne dun risque de
Lorsque le PSA est suprieur 100 ng/mL, le patient
radiographiques standards. troubles notables de lrection dans 40 50 % des
est lvidence atteint dune maladie
cas. Le critre defficacit de la radiothrapie est
dissmination gnrale systmique.
reprsent par la dcroissance progressive du PSA
Analyse mticuleuse de la biopsie qui, 18 mois 2 ans aprs la fin du traitement, doit
Quelle stratgie thrapeutique
adopter ? tre au moins en dessous de 1 ng, voire de
Les renseignements fournis par lanalyse
0,5 ng/mL.
mticuleuse de la biopsie prostatique ont une valeur
considrable : La rponse cette question dpend du degr
Prostatectomie totale avec curage
la prsence dun score de Gleason gal ou dextension de la lsion, et la stratgie variera selon ganglionnaire ds lors que le PSA est
suprieur 8, surtout si le PSA est suprieur que lon est confront un patient atteint dun suprieur 10
10 ng/mL, est pratiquement synonyme de cancer cancer prostatique cliniquement localis, localement
Cest en fait une prostatovsiculectomie suivie
avanc ayant franchi la capsule ; avanc ou mtastatique.
danastomose vsico-urtrale. La mortalit
le nombre de biopsies positives a une valeur En prsence dun cancer de la prostate
opratoire est faible (0,5 1 %). Ses effets
pronostique considrable : lorsque plus des deux cliniquement localis, deux options doivent tre
secondaires sont essentiellement urinaires et
tiers des biopsies contiennent du cancer et si une ou envisages :
gnitaux : incontinence durine transitoire pendant 6
plusieurs des biopsies sont totalement envahies par surveillance avec traitement symptomatique
12 semaines (exceptionnellement dfinitive dans
la tumeur, le risque que la tumeur soit localement la demande [3] ;
moins de 5 % des cas), et surtout modification
avance extracapsulaire est suprieur ou gal traitement vise curative.
importante de la vie sexuelle (disparition des
85-90 %, et ce risque augmente bien entendu avec jaculations, troubles de lrection extrmement
le taux srique du PSA. Surveillance
frquents en dpit dune dissection minutieuse des
Sans traitement actif demble suivi dun pdicules vasculonerveux de lrection). Ces
Examens dimagerie traitement symptomatique lapparition des complications peuvent cependant faire lobjet dun
Compte tenu de la qualit des renseignements symptmes, la surveillance est une option tout fait traitement palliatif (implantation de sphincter
fournis par les investigations prcdentes, il nest pas raisonnable ds lors que lesprance de vie du artificiel en cas dincontinence dfinitive, traitement
surprenant que les examens dimagerie ciblant la patient est infrieure 10 ans du fait de son ge ou peu invasif des troubles de lrection par injection
tumeur ne donnent que peu de renseignements de facteurs de comorbidit associs. intracaverneuse, instillations endo-urtrales,
rellement intressants, quil sagisse de En effet, les tudes scandinaves ont montr que, comprims par voie orale). Le critre defficacit de la
lchographie ou de limagerie par rsonance dans ce type de situation, les patients atteints dun prostatectomie totale est lobtention, de manire
magntique endorectale, dont la place dans la cancer prostatique moyennement diffrenci, durable, dun taux de PSA indtectable dans le sang
stratgie diagnostique demeure encore prciser. localis la glande, sont exposs un risque de circulant.
4
Cancer de la prostate : stratgies diagnostique et thrapeutique - 5-0692
Comment choisir entre traitement chirurgical chirurgicale sous forme dorchidectomie mais naugmente de manire significative ni la
et radiothrapie externe ? sous-albugine, qui assure une suppression survie sans progression, ni la survie globale des
Ltude de la littrature montre que les deux dfinitive des andrognes testiculaires pour un cot malades atteints de cancer prostatique mtastatique.
modalits thrapeutiques font jeu gal en terme extrmement modeste, dont il ne faut nanmoins Ces lments sont mettre en parallle avec les
defficacit et gurissent les mmes malades, pas sous-estimer limpact psychologique ; effets secondaires des antiandrognes non
cest--dire les patients atteints dun cancer mdicale laide de substances agonistes de la strodiens (troubles visuels et respiratoires du
prostatique cliniquement localis avec un PSA LH-RH (gonadotropin-releasing hormone), qui, nilutamide, troubles digestifs du flutamide) et le prix
infrieur 15. Il semble cependant admis que, chez administres en continu, suppriment la scrtion de du traitement combin (de lordre de 2 000 francs
les patients de moins de 65 ans, il y a un avantage LH hypophysaire et par voie de consquence de par mois).
indiscutable de la chirurgie par rapport la testostrone testiculaire. Ces produits sont
radiothrapie. Il faut par ailleurs prendre en compte administrs en injection sous-cutane ou Il semble raisonnable dintroduire le traitement
le fait quil est possible, en cas de rcidive locale intramusculaire sous forme de : [2] hormonal ds lors que le diagnostic de cancer
aprs prostatectomie totale, dutiliser un traitement gosrline (Zoladext) : 1 injection mensuelle prostatique mtastatique est port. En effet, une
de radiothrapie vise curative de seconde ligne, sous-cutane de 3 mg ou trimestrielle de tude rcente mene en Grande-Bretagne montre
alors quen cas dchec de la radiothrapie, la 10 mg ; que les patients pour lesquels lintroduction du
prostatectomie totale de seconde intention, dite de leuprorline (Enantonet) : 1 injection traitement a t retarde lapparition des
sauvetage, est trs rarement efficace en terme de symptmes sont exposs aux complications lies
sous-cutane mensuelle de 3,75 mg ou
contrle de la maladie et greve dune morbidit la progression tumorale, plus frquente et plus grave
trimestrielle de 11,25 mg ;
postopratoire considrable. que chez les patients traits demble.
triptorline (Dcapeptylt) : 1 injection
Diagnostic de cancer prostatique mensuelle sous-cutane de 3 mg ou
localement avanc trimestrielle de 10 mg ;
Effets secondaires
Il est port ds lors que les donnes de lexamen busrline (Bigonistt) : 1 injection
physique et/ou des examens complmentaires bimensuelle sous-cutane de 6,3 mg. Le traitement hormonal a dindiscutables effets
montrent que la tumeur a franchi les limites de la secondaires (tableau III) [4].
Tous ces mdicaments ont une efficacit
glande prostatique, sans cependant saccompagner
identique, et le cot moyen mensuel du traitement Les uns sont lis la suppression des
de mtastases distance. Le cancer est alors
est environ de 1 000 francs. andrognes : troubles du caractre, disparition de la
inaccessible un traitement curatif fond sur la
libido, anrection, perte de la masse musculaire,
monothrapie, quil sagisse de chirurgie ou de Ils entranent deux effets secondaires notables :
radiothrapie. Le traitement le moins inefficace dans risque dostoporose.
une atrophie testiculaire progressive en quelques
ce type de situation est reprsent par lassociation mois, et surtout, du fait mme de leur mcanisme Les autres sont lis au dsquilibre de la balance
hormonothrapie noadjuvante (dont cest l la daction, une pousse initiale plus ou moins androgne-strogne : gyncomastie plus ou
seule et unique indication reconnue lheure importante de la scrtion de LH, entranant moins douloureuse, bouffes de chaleur. La
actuelle) et radiothrapie vise radicale. elle-mme une lvation plus ou moins importante gyncomastie peut thoriquement tre traite, soit
Les modalits et la dure de lhormonothrapie et durable de la testostrone srique. Ce par la radiothrapie mammaire, rarement mise en
font encore actuellement lobjet de discussions. phnomne, connu sous le nom de flare-up, peut uvre, soit, dans le futur, par les inhibiteurs des
Cancer de la prostate avec mtastases tre particulirement dangereux ds lors quexistent aromatases. Les bouffes de chaleur rpondent
des mtastases vertbrales susceptibles dentraner quant elles en gnral trs bien soit des
Il relve essentiellement du traitement hormonal.
des complications neurologiques. strognes petites doses type dithylstilbestrol
Traitement hormonal (Distilbnet : 0,5 mg), soit des antiandrognes
Pour cette raison, linduction dun traitement par
La prostate est une glande sexuelle secondaire agoniste de la LH-RH doit toujours tre strodiens type actate de cyprotrone (Androcurt :
andrognodpendante, et il revient Huggins 1 comprim 50 mg 1 jour sur 2). Les interactions
accompagne pendant au moins 1 mois de la
davoir dmontr, au dbut des annes 1940, que la mdicamenteuses sont par ailleurs possibles
prescription contemporaine dun antiandrogne
castration entranait la fois latrophie de la prostate (tableau IV).
strodien ou non strodien. Dans ce cas, lun des
normale et la rgression, pour un temps en tout cas,
mdicaments suivants peut tre utilis :
du cancer prostatique volu.
actate de cyprotrone (Androcurt) : 1
La base du traitement hormonal du cancer de la Traitements alternatifs
comprim 50 mg matin midi et soir ;
prostate est reprsente par linhibition de laction Cest pour tenter de combattre les effets
nilutamide (Anandront) : 1 comprim
des andrognes au niveau des cellules cibles. Cette secondaires de la suppression andrognique que
150 mg/j ;
inhibition peut tre assure de trois manires :
flutamide (Eulexinet) : 1 comprim 750 mg/j des traitements alternatifs la suppression des
par la suppression des andrognes testiculaires,
en 3 prises de 250 mg. andrognes ont pu tre proposs. Toutefois, aucun
cest--dire par castration ;
de ces traitements nest actuellement valid, et ils ne
par linhibition de laction des andrognes au Ladjonction permanente la castration mdicale peuvent tre utiliss que dans le cadre de protocoles
niveau de la cellule cible, en utilisant des ou chirurgicale dun traitement par antiandrognes dinvestigations strictement mens.
mdicaments comptiteurs des andrognes au
(strodiens ou non strodiens) est connue sous le
niveau du rcepteur, cest--dire en utilisant des
nom de blocage andrognique complet. Aprs de Il sagit :
antiandrognes ;
trs nombreuses controverses, les faits suivants dun traitement hormonal intermittent qui
par les deux modalits thrapeutiques
semblent aujourdhui acquis : permet au patient de jouir de phases plus ou moins
combines sous le terme de blocage andrognique
ladjonction dun antiandrogne strodien prolonges et rptes dimprgnation androg-
complet.
(actate de cyprotrone) la castration napporte nique normale ;
Traitement standard du cancer prostatique pas de bnfice ; de lutilisation des antiandrognes non
mtastatique ladjonction dun antiandrogne non strodien strodiens en monothrapie qui ont lavantage,
Il est reprsent essentiellement par la (nilutamide ou flutamide) la castration mdicale ou tout en combattant le cancer de la prostate, de
suppression des andrognes testiculaires, cest--dire chirurgicale peut apporter un bnfice au patient maintenir un taux normal ou lgrement
par la castration qui peut tre : atteint de mtastases extrmement douloureuses, supranormal de testostrone circulante et dviter
5
5-0692 - Cancer de la prostate : stratgies diagnostique et thrapeutique
Hpatite Tous les antiandrognes - Parfois gravissime (quelques - Mal connue - Vrifier les ASAT et les ALAT
dcs rapports) - Mcanisme immunoallergi- avant le traitement, puis sur-
- Survient dans les 6 premiers que ? veillance
mois et rgresse gnralement - Si les taux sont suprieurs
3 fois la normale : arrt du
traitement
Cardiovasculaires : infarctus, Actate de cyprotrone, stro- - Survient dans les 6 premiers - Surveillance les 6 premiers
thrombose, embolie pulmo- gne, antiandrogne non mois mois, surtout chez les patients
naire, HTA strodien - Frquence < 2,5 % gs, obses avec ou sans
antcdent cardiovasculaire
Pneumopathies interstitielles, Nilutamide - Frquence < 2 % - Radiographie pulmonaire
fibrose pulmonaire - Rversible larrt du une fois par an (= radiogra-
traitement phie de contrle des mtasta-
ses pulmonaires)
- Scanner si doute
- Arrt du traitement
Photosensibilisation Flutamide
LH-RG : gonadotropin-releasing hormone ; ASAT : aspartate aminotransfrase ; ALAT : alanine aminotransfrase ; HTA : hypertension artrielle.
6
Cancer de la prostate : stratgies diagnostique et thrapeutique - 5-0692
ainsi les dsagrments de la suppression Cancer prostatique en chappement douleurs probablement par le biais de la
andrognique complte, les effets adverses hormonal modification du circuit des endorphines ou
potentiels du maintien de la testostronmie Ce dernier pose un problme thrapeutique ventuellement par action locale au niveau de la
pouvant tre combattus ventuellement par extrmement difficile. La dure mdiane de survie tumeur ;
ladjonction aux antiandrognes non strodiens des patients atteints de cancer en chappement si tous les traitements prcdents ont
dun inhibiteur de la 5 alpha-rductase (finastride, hormonal est de 12 18 mois. Elle peut tre chou, le recours la corticothrapie, voire
Chibro-Proscart : 5 mg/j). Insistons encore sur le fait prolonge par une surveillance attentive et la ventuellement la chimiothrapie cytotoxique,
quil sagit l de traitements purement investigatifs. correction aussi minutieuse que possible de en utilisant des produits adapts lge et ltat
lensemble des paramtres biologiques. Bien quil ny gnral du patient. Par ailleurs, les traitements
Quoi quil en soit, la dure de lefficacit du
ait aucun traitement curatif disponible ce stade de antalgiques doivent tre activement poursuivis,
traitement hormonal du cancer de la prostate
la maladie, une rponse gradue doit tre envisage utilisant soit les anti-inflammatoires non
mtastatique est malheureusement limite dans le
qui comportera : strodiens, soit les morphinomimtiques. Le
temps, et tt ou tard lchappement hormonal se
si le patient a t trait par une simple recours la radiothrapie vise antalgique peut
manifestera, dans un premier temps de manire
suppression des andrognes testiculaires, le rajout rendre de grands services. Enfin, on nomettra pas
biologique, par la rascension du PSA, suivie plus
au traitement initial dun antiandrogne strodien de traiter les obstacles lvacuation des urines :
ou moins brve chance par lapparition de
ou non strodien qui peut entraner une rsection transurtrale prostatique si ncessaire,
manifestations cliniques o dominent essentiel-
amlioration objective dans environ 25 % des cas ; drivation urinaire haute par nphrostomie
lement les douleurs et plus rarement les
si le patient a t trait par blocage percutane, et chaque fois que possible,
manifestations locorgionales. La mdiane de survie
andrognique complet, la suppression de repermation dune obstruction urtrovsicale
sans progression biologique est environ de 2 ans.
lantiandrogne. En effet, dans 30 40 % des cas, avec mise en place de sonde double J.
Elle est dautant plus importante et prolonge que la
elle entranera une amlioration biologique (baisse
rponse biologique initiale la suppression des
du PSA) et souvent clinique. Ce phnomne, connu
andrognes testiculaires est marque par un retour
sous le nom de syndrome du retrait des
rapide du PSA largement en dessous de la normale Conclusion
antiandrognes, traduit le fait quau bout dun
du laboratoire.
certain temps dadministration, lantiandrogne peut
La surveillance du traitement est fonde avoir un effet plus agoniste quantagoniste ; En dpit des progrs spectaculaires du
essentiellement sur le dosage du PSA 3 mois, qui a en cas dchec des deux manuvres diagnostic prcoce et du traitement des cancers
une valeur pronostique considrable, puis sur un prcdentes, le recours dautres traitements prostatiques localiss, le cancer de la prostate
suivi clinique rgulier. En labsence de symptmes hormonaux tels que les strognes, soit sous forme demeure lobjet de trs nombreuses
intercurrents, il ny pas lieu de raliser dexamens de dithylstilbestrol (Distilbnet) la dose de 3 mg/j, incertitudes, tandis que le traitement du cancer
complmentaires puisque, malheureusement, il ny a soit sous forme de fosfestrol (ST-52t) en perfusion prostatique mtastatique na pas fait rellement
pas de traitement curatif de lchappement la dose de 1 2 g/j. Ces mdicaments peuvent de progrs significatifs depuis les cinq dernires
hormonal. amener un certain degr damlioration des dcennies.
Laurent Boccon-Gibod : Chirurgien des Hpitaux, professeur durologie la Facult, chef du service durologie,
centre hospitalier universitaire Bichat-Claude Bernard, 46, rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : L Boccon-Gibod. Cancer de la prostate : stratgies diagnostique et thrapeutique.
Encycl Md Chir (Elsevier, Paris), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 5-0692, 1998, 7 p
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6 : 17-22
7
5-0510
5-0510
AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine
H Izzedine
L a classification de la plupart des nphropathies reste aujourdhui encore base sur la nature de la lsion initiale
touchant le parenchyme rnal : les glomrules, les tubes et linterstitium ou les vaisseaux. Le diagnostic se
fonde sur limagerie en ce qui concerne les vaisseaux et les voies excrtrices, sur le syndrome clinique et surtout sur la
ponction biopsie rnale en ce qui concerne les lsions parenchymateuses. Le diagnostic nosologique dune
nphropathie est dautant plus prcis que cette enqute est faite plus prcocement dans le cours de la maladie rnale.
Ainsi, la ponction biopsie rnale a les meilleures chances daider classer une nphropathie lorsquelle est faite
prcocement sur des reins de volume encore peu diminu. Selon leur rythme volutif, les nphropathies sont
qualifies daigus ou chroniques. Conscutives une maladie identifie, elles sont dites secondaires . Lorsque leur
cause reste inconnue, elles sont dites primitives idiopathiques .
2003 Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS. Tous droits rservs.
Introduction Tableau I. Frquence estime des insuffisances rnales terminales traites par hmodialyse chez
ladulte (1/1 000 habitants) en France.
1
5-0510 - Classification des nphropathies
mdicament ou une hpatite B. Dautres restent
idiopathiques , mme aprs plusieurs dizaines Les angites sont des affections inflammatoires
Classification des parois vasculaires (artrielles, artriolaires,
dannes dobservation.
parfois mme veinulaires intrarnales) dues un
Obstacles de la voie excrtrice Tubulopathies processus auto-immun. Les lsions vasculaires
Elles peuvent tre aigus (ncrose tubulaire) ou intressent souvent aussi les capillaires
Aigu, un obstacle entrane une anurie lorsquil
chroniques. Certaines ne sexpriment que sous glomrulaires. Ce sont des maladies de systme qui
sagit dune migration calculeuse dans une voie
forme de dsordres fonctionnels. en gnral ne se limitent pas quau rein.
urinaire unique ou une fibrose rtropritonale
enserrant les deux uretres. Chronique sil persiste Les tubulopathies aigus accompagnes de
ncrose de lpithlium tubulaire entranent une Embolies de cholestrol
ou sil se complique dinfection, il entrane des
insuffisance rnale aigu qui peut tre oligoanurique Les embolies de cholestrol sont une
lsions interstitielles et tubulaires.
mais galement diurse conserve, bien que, si manifestation de la maladie athromateuse.
Stnoses ou thromboses vasculaires lon fait ce stade une ponction biopsie rnale, les lobstruction mcanique des artres de petit calibre
lsions soient peu diffrentes. Les lsions tubulaires peut faire suite une raction inflammatoire corps
Stnoses ou thromboses des artres rnales
subaigus ou chroniques sinscrivent en gnral tranger, prenant plus ou moins laspect dune
Elles sont responsables dune hypertension, dune dans un tableau de nphrite interstitielle chronique. angite.
insuffisance rnale ou des deux. Cest une cause Les tubulopathies purement fonctionnelles sont
frquente dinsuffisance rnale chez le sujet souvent dorigine congnitale. Elles se traduisent par
athromateux aprs 50 ans. Une stnose chronique une anomalie dune ou plusieurs fonctions
de ce type est toujours suivie dune atrophie tubulaires, sans ncessairement saccompagner de Conclusion
progressive du rein, dont tous les lments finissent lsions histologiques. Cest le cas par exemple de la
par tre atteints, avec des lsions de nphroangio- glycosurie normoglycmique, du diabte insipide
sclrose, de nombreux glomrules en pains nphrognique, du syndrome de Fanconi, de
cacheter , une atrophie tubulaire et une fibrose Cette classification imparfaite est aujourdhui
lacidose tubulaire distale. Au cours de lexistence,
interstitielle. Plus la stnose est serre et ancienne, encore utilise. Elle ne rend cependant pas compte
ces troubles purement fonctionnels peuvent petit
plus cette atrophie rnale est marque. de la nature souvent intrique des lsions au cours
petit entraner des lsions histologiques des tubes
de la plupart des nphropathies. Par exemple, les
Thromboses des veines rnales (exemple : la nphrocalcinose, compliquant plusieurs
glomrulonphrites saccompagnent trs souvent de
annes dacidose tubulaire distale).
Cest une affection rare, compliquant tout ge lsions tubulo-interstitielles ou vasculaires qui
un syndrome nphrotique svre prexistant Nphrites interstitielles conditionnent le pronostic ; les nphropathies
(essentiellement une glomrulopathie extramembra- Elles sont caractrises par la prsence dans vasculaires compliquant lhypertension artrielle
neuse), et chez le nourrisson une dshydratation linterstitium de cellules, de dpts ou de sont souvent accompagnes de lsions de sclrose
aigu fbrile. microcristaux. Aigus, subaigus ou chroniques, glomrulaire, et enfin les nphropathies interstitielles
souvent immunoallergiques ou infectieuses, elles ont souvent partie lie avec des lsions tubulaires.
Atteintes parenchymateuses
saccompagnent de lsions tubulaires. Les lsions Ces faits montrent que la classification dune
Glomrulopathies (GN) glomrulaires sont soit absentes, soit trs retardes nphropathie glomrulaire, tubulaire ou vasculaire
Trois types sont distingus par la biopsie rnale : par rapport au dbut de la nphropathie. Enfin, il est plus facile au dbut de lvolution. un stade
absence de lsions en optique et en faut noter que le pronostic dune maladie rnale, tardif, la nphropathie devient souvent inclassable,
immunofluorescence (nphrose lipodique, quelle soit primitivement glomrulaire, tubulaire car elle associe des lsions diffuses des diffrents
reprsentant 90 % des syndromes nphrotiques de ou vasculaire, est directement corrl lintensit lments du parenchyme rnal, classique mal de
lenfant) ; de la fibrose interstitielle. Bright.
2
Classification des nphropathies - 5-0510
Toute rfrence cet article doit porter la mention : H Izzedine. Classification des nphropathies.
Encycl Md Chir (Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 5-0510, 2003, 3 p
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cine Sciences, 1996 : 1066-1067
3
5-0675
5-0675
AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine
Cystite interstitielle
B Mauroy
E ntre 1950 et 1970, devant un tel tableau clinique, on parlait de hysterical female condition
Elsevier, Paris.
!
le cot annuel de la CI aux tats-Unis tait de 4 000 Explorations utiles
Introduction dollars en 1987. lpoque, 400 000 cas taient
Cystomanomtrie
recenss.
Elle peut montrer une douleur vsicale au
La cystite interstitielle (CI) est une maladie remplissage, une rduction de la capacit vsicale
nigmatique pour laquelle il nexiste actuellement pas (souvent normale sous anesthsie), mais la
de critre diagnostique absolu, mais dont la frquence Dfinition et critres compliance vsicale reste normale.
va croissant. La confrence de consensus de lInstitut diagnostiques La cystoscopie doit tre faite sous anesthsie
national de sant amricain (National Institute of gnrale ou analgsie pridurale, ce qui permet une
Health [NIH]) publie en 1989 [9] a permis de dfinir des hydrodistension.
critres diagnostiques. Les critres diagnostiques reposent sur lexamen Cystoscopie
clinique (tableau I), lvaluation urodynamique et la
Elle peut tre dcisive en prsence dune forme
cystoscopie sous anesthsie gnrale.
ulcreuse : lulcre de Hunner sige au niveau de
Historique larrire-fond ou sur les faces latrales et se prsente
Signes cliniques comme une cicatrice blanchtre dont les bords
Deux signes fonctionnels sont indispensables au saignent aprs la distension.
Dcrite en 1878 par Skne comme une diagnostic : Elle permet de retrouver des glomrulations (50 %
inflammation intramurale interstitielle de la paroi un syndrome irritatif : pollakiurie diurne et des cas), des hmorragies ptchiales sous-muqueuses
vsicale et en 1907 par Nitze comme la cystitis nocturne, impriosit mictionnelle ; caractristiques si elles sont diffuses, intressant au
parenchymatosa , la CI est dfinie en 1918 par une douleur sus-pubienne (douleurs la moins trois quadrants de la paroi vsicale, ou des
Hunner. Il dcrit la forme ulcreuse et lulcre rosif distension) qui entrave lactivit quotidienne et le fissures (10 % des cas).
chez la femme prsentant des douleurs vsicales sommeil. Une douleur sus-pubienne persistant aprs la Une hmaturie terminale vocatrice peut tre
associes des urgences mictionnelles. miction nest pas vocatrice de CI. observe dans les suites immdiates de
Entre 1950 et 1970, devant un tel tableau clinique, Se surajoute un terrain psychologique dpressif, lhydrodistension [3].
on parlait d hysterical female condition . mais celui-ci doit tre considr comme secondaire En labsence dulcre de Hunner, la ralisation de
Il faut attendre 1978 pour que Messing et Stamey la symptomatologie douloureuse, aggrav par biopsies vsicales la pince froide est indispensable
affirment lexistence de formes non ulcreuses et de labsence de diagnostic (retard au diagnostic suprieur pour liminer un carcinome (23 % des hommes et
glomrulations vsicales indispensables au 13 mois). 1,3 % des femmes tiquets CI sont en fait porteurs
diagnostic, et 1980 pour que se cre lInterstitial Cystitis dun carcinome), une cystite osinophiles, une
Lexamen clinique reste pauvre. Les examens
Association. tuberculose [6]. Lexamen histopathologique retrouve
radiologiques liminent une lsion organique.
Cest enfin en 1989 que les critres diagnostiques une infiltration non spcifique du chorion, avec
Lexamen cytobactriologique des urines (ECBU) est
dfinis par la confrence de consensus de lInstitut prsence de nombreux lymphocytes et parfois une
ngatif, ce qui est un lment ngatif important.
national de sant amricain ont permis une augmentation de la densit des mastocytes.
Les critres cliniques dexclusion sont importants
homognisation des populations tudies. Toute pathologie infectieuse ou tumorale vsicale,
(tableau II).
Ce sont ces critres qui servent actuellement de prostatique ou urtrale, peut simuler une CI.
rfrence, sachant quil nexiste pas dlments
pathognomoniques de la CI. Tableau I. Place des examens complmentaires ncessaires chez des patients suspects de cystite
interstitielle.
Examens indispensables
pidmiologie Cystoscopie sous anesthsie gnrale permettant :
- une mesure de la capacit vsicale
- une hydrodistension si un lment typique est retrouv (ulcre ou ptchies diffuses)
Il sagit dune pathologie peu frquente, mais qui est - une biopsie dans le cas contraire
certainement sous-estime en France. Aux tats-Unis, ECBU, cytologie
la prvalence de la maladie a t value Bilan radiographique (UIV et/ou chographie rnale et vsicale)
10,6/100 000 habitants et 18/100 000 femmes.
Examens possibles
Elsevier, Paris
1
5-0675 - Cystite interstitielle
les autoanticorps dtects dans la CI seraient plutt le
de biopsies vsicales la pince
froide est indispensable pour
reflet dune rponse immunitaire secondaire une Approche thrapeutique
inflammation chronique de la vessie par un agent qui,
liminer un carcinome (23 % des lui, reste indtermin.
hommes et 1,3 % des femmes Traitements mdicaux
tiquets CI sont en fait porteurs Composante infectieuse
Lvaluation de lefficacit des traitements
dun carcinome). Cest lhypothse la plus ancienne, avance par mdicaux est rendue difficile par le nombre limit de
Cystite osinophiles. Hunner lui-mme selon lide que linfection vsicale patients par tude, le peu dtudes versus placebo, le
chronique altrant la paroi pithliale entranerait une manque de standardisation des protocoles
Tuberculose.
sensibilit particulire des micro-organismes thrapeutiques, lvolution chronique par pousses de
Hysterical female condition . habituellement non pathognes. la CI, et surtout par labsence dexplication
Cette composante infectieuse bactrienne a t physiopathologique clairement dmontre. Cest la
rcemment remise sur le devant de la scne par la raison pour laquelle il faut parler non pas du, mais des
Physiopathologie dcouverte par PCR (polymerase chain reaction) traitements mdicaux de la CI. Les traitements
dacide dsoxyribonuclique (ADN) bactrien chez des chirurgicaux ne vivent que de lchec des traitements
femmes porteuses dune CI, alors que les cultures prcdents.
Les hypothses physiopathologiques sont durine taient ngatives. Les agents responsables
nombreuses : de multiples thories ont t proposes. nont cependant pas t isols. Il pourrait sagir de Traitements systmiques
Aucune na t retenue, et lorigine multifactorielle de germes en partie dtruits par le traitement Ils sont destins diminuer les douleurs et ont un
la CI parat de plus en plus probable. Cest la raison antibiotique, qui se seraient localiss dans la paroi tropisme soit vsical, soit neurologique.
pour laquelle, plutt que de thories, il est prfrable vsicale et auraient entretenu (ou dclench) un
de parler de composantes physiopathologiques visant processus auto-immun. Mdicaments effet antihistaminique,
expliquer lapparition des altrations de la paroi anticholinergique et inhibiteur de la scrtion
vsicale (Colombeau P, Lepinard V, Cortesse A. Cystite Composante inflammatoire des mastocytes
Les antidpresseurs tricycliques sont un traitement
interstitielle. In : Mauroy B, Rischmann P eds. Expertises Elle est constante dans la CI, mais on ne sait pas
classique, et lamitriptyline (lavilt, Laroxylt) est leur
pratiques en urologie. Comit durologie de la femme. aujourdhui si elle est une cause ou une consquence
chef de file. Pour une posologie de 75 mg/j, une
Numro spcial congrs AFU 1997. 1998 ; de la pathologie. Un rle essentiel est tenu par les
amlioration concernant surtout les douleurs et les
1 : 9). mastocytes, cellules impliques dans les processus
impriosits diurnes a t observe pour 75 % des
inflammatoires et allergiques. Ils sont prsents dans
Composante pithliale tous les tissus, notamment dans la paroi vsicale, et
patients avec un suivi moyen de 16 mois.
Il sagit de la composante fondamentale. Elle a pour contiennent des granulations riches en histamine. Les antihistaminiques H1, comme lhydroxyzine,
base la prsence sur lpithlium dune couche de Sous linfluence de diffrents facteurs, ils librent leur ou H2, comme la cimtidine, nont pas fait la preuve
glycosaminoglycanes (GAG). Dans la CI, cette couche contenu et dclenchent un processus inflammatoire. dun effet durable, bien que 66 % des patients aient t
est altre, ce qui modifie la permabilit vsicale, Leur nombre est augment dans la paroi vsicale de initialement amliors.
notamment aux anions. La diffrence de rpartition patientes atteintes de CI. Dautres arguments militent Mdicaments administrs per os susceptibles
des anions potassiques peut expliquer limpriosit en faveur de cette hypothse : de rparer lurothlium vsical
mictionnelle et les douleurs. Cette notion est la base lexistence dallergies multiples chez prs de 50 % Le pentosane polysulfate de sodium (Delmiron
du test de Parsons qui consiste instiller dans la vessie des femmes porteuses de CI ; aux tats-Unis), GAG de synthse, est le seul qui ait
2
Cystite interstitielle - 5-0675
rellement prouv son efficacit contre placebo [4, 7] intrarnale) et la surveillance de la pression surveillance hebdomadaire de la coagulation et des
la dose de 300 mg/j. Ce produit est pratiquement intravsicale pour dmasquer une rupture vsicale. plaquettes est souhaitable, bien quun passage
dpourvu deffets secondaires [7]. Pour pallier ce problme, deux solutions peuvent tre systmique soit peu probable.
Lhparine est galement un GAG qui aurait un proposes : soit une pridurale haute, soit complter Parmi les autres molcules, les corticodes semblent
effet cicatrisant sur lurothlium vsical. Une lanalgsie pridurale par une analgsie systmique surtout intressants en association avec le DMSO [3].
amlioration aprs injections sous-cutanes morphinique. La rupture de vessie est suspecte Quant au bacille bili Calmette-Gurin (BCG), il na pas
dhparine a t rapporte, mais il existe un risque non devant une chute brutale de la pression intravsicale, fait la preuve de son efficacit dans cette indication.
ngligeable dostoporose en cas dadministration surtout si celle-ci est prcde dune lvation rapide Loxychlorosne de sodium, base dacides
prolonge. Lhparine sous-cutane a galement t de la pression correspondant une faible compliance. hypochlorique et sulfonique, agit comme dtergent sur
propose en cas de rcidive aprs instillations Il est possible que cela soit le fait de la rupture du la muqueuse vsicale et possde une activit
vsicales dhparine ou de formes hyperalgiques. doigtier mais cela doit tre vrifi par cystoscopie. antimicrobienne. Ce traitement est surtout indiqu en
Les meilleurs rsultats sont semble-t-il obtenus par cas de rcidive sous DMSO. Parmi les quelques tudes
Autres classes thrapeutiques proposes
lhydrodistension prolonge dont lefficacit 1 an est publies sur ce produit, 50 79 % des patients ont eu
Le nalmfne est un antagoniste des opiacs,
variable, de 30 % [1] 80 %. Cela suggre que lon une amlioration pendant au moins 6 mois.
comparable la naloxone, inhibant la dgranulation
des mastocytes. Quelques succs ont t dcrits. devrait proposer rapidement une hydrodistension Le nitrate dargent a des proprits caustiques
devant le diagnostic de CI afin den avoir le meilleur potentiellement dangereuses, ce qui justifie davoir
Les immunosuppresseurs nont pas fait la preuve
bnfice. vrifi pralablement labsence de reflux vsico-
dune relle efficacit.
En fin de distension, la quantit de liquide urtral et deffectuer les instillations distance des
Afin dobtenir une action sur la vessie, les
intravsical est mesure afin de vrifier la capacit biopsies vsicales. Les concentrations leves
corticodes doivent tre prescrits doses leves, ce
vsicale qui est habituellement rduite. ncessitent une anesthsie locorgionale ou gnrale.
qui expose le patient des effets secondaires
Bien quun taux de succs de 50 % aprs 1 an ait t
potentiellement graves, et la voie endovsicale parat Agents cytotoxiques non mcaniques rapport, ce procd na pas t valu correctement
donc plus approprie. Les traitements endovsicaux ont lavantage
(concentrations variables, dure dinstillation,
Les inhibiteurs calciques comme la nifdipine thorique dune action directe sur la vessie mais
association dautres traitements), et il ne doit pas
agiraient en induisant une relaxation du dtrusor et de ncessitent un cathtrisme urtral rpt, plus ou
faire partie des traitements de premire intention.
la musculature lisse vasculaire ainsi que grce leurs moins associ parfois une anesthsie rgionale ou
La doxorubicine na pas dmontr son efficacit sur
proprits immunosuppressives. Une amlioration gnrale du fait de limportance des douleurs lors des
un grand nombre de patients.
chez 50 % des patients a t observe. instillations. Afin dviter des accidents graves, il est
Lintrt des anticholinergiques rside surtout dans prudent de dbuter ces traitements endovsicaux 3 Autres traitements mdicaux
le traitement des signes dinstabilit vsicale majors 4 semaines aprs la ralisation des biopsies vsicales,
par certains traitements endovsicaux (dimthylsul- aprs avoir vrifi pralablement labsence de reflux La psychothrapie ne doit pas tre nglige.
foxyde [DMSO], oxychlorosne de sodium). vsico-urtral et dinfection urinaire. Prescrite seule ou associe dautres traitements, elle
peut amliorer certains patients, car il est classique
Enfin, lutilisation des anti-inflammatoires non Parmi les traitements endovsicaux susceptibles
dobserver une majoration de la symptomatologie lors
strodiens ne parat pas conseille, car ils augmentent dagir sur les mastocytes et sur la libration
dun traumatisme psychoaffectif.
la libration dhistamine par les leucocytes. dhistamine, le DMSO reste le plus prescrit : 50 mL
dune solution aqueuse 50 % de DMSO sont instills Avec des mesures dittiques comportant un
Traitements endovsicaux pendant au moins 15 minutes aprs cathtrisme rgime vitant les aliments acides, une alcalinisation
des urines et une vitaminothrapie, Good et Whitmore
Traitement mcanique : hydrodistension urtral. Quatre huit instillations sont ralises
raison dune instillation toutes les 1 2 semaines. Avec ont rapport un taux de 33 % de patients amliors.
vsicale
Le traitement mcanique de la CI peut se rsumer ces posologies, il nest habituellement pas ncessaire Avec la rducation vsicale, dont le but est
lhydrodistension vsicale. Cette technique est trs de recourir une anesthsie rgionale, et ces daugmenter la capacit vsicale en allongeant
ancienne, introduite de faon empirique par Bumpus instillations peuvent tre effectues en consultation. Le lintervalle intermictionnel, un taux de 80 88 % de
en 1930. La distension, outre son rle diagnostique, DMSO fait lobjet dune excrtion pulmonaire avec patients amliors a t rapport, cette mthode tant
apporte au plan thrapeutique une amlioration non haleine caractristique pendant 24 48 heures. Les limite surtout aux formes pollakiuriques non algiques.
ngligeable pouvant parfois viter lescalade effets secondaires sont rares (15 %) [7] et domins par Avant de parler de thrapeutiques plus
thrapeutique [5]. La ralisation de cette distension des manifestations infectieuses vsicales et surtout chirurgicales, il faut citer un traitement symptomatique
prsente plusieurs principes et ncessite une dinstabilit vsicale, justifiant un traitement qui aurait quelques rsultats intressants, mme dans
surveillance attentive afin de reconnatre, voire de anticholinergique. Aprs une phase initiale de des formes avances : la stimulation lectrique
prvenir, la complication principale qui est la rupture recrudescence des douleurs, 50 93 % des patients transcutane. Il sagit, par lintermdiaire dlectrodes
vsicale, survenant dans 10 15 % des cas, surtout en sont amliors [7], avec une meilleure rponse pour les cutanes sus-pubiennes distribuant un courant de
cas de petite vessie. formes sans ulcre que pour celles avec ulcre de frquence variable, de stimuler des mcanismes
La distension est faite par remplissage dun doigtier Hunner, et diminution de la capacit vsicale. inhibiteurs de la douleur. La dure dutilisation est de 2
amarr de faon hermtique au-dessus du ballonnet Lchappement observ aprs 4 8 semaines de heures par jour sur une priode dfinie par le patient
dune sonde de Foley. Lensemble est restrilis aprs traitement est de lordre de 40 % au moins, mais 60 lui-mme, en fonction de lamlioration des troubles.
le montage. La vidange de la vessie doit tre effectue 80 % des patients qui chappent rpondront La douleur et la pollakiurie semblent tre amliores
avant lintroduction de la sonde de Foley. Le ballonnet dautres instillations de DMSO. En cas de rcidive, un dans une proportion satisfaisante (sur des
doit tre gonfl avant le dbut du remplissage pour traitement de fond (une instillation tous les 2 mois) ou microsries !), avec deux cas dcrits de disparition des
sassurer de sa position intravsicale. Le remplissage lassociation lhparine ou des corticodes lsions macroscopiques.
du doigtier avec du chlorure de sodium se fait par intravsicaux a t propose.
Traitements chirurgicaux
simple gravit une pression de 80 cm dH2O jusqu Agissant galement sur les mastocytes, la lidocane
capacit maximale. La pression intravsicale est et le cromoglycate de sodium nont pas vritablement Le traitement chirurgical est rserv aux formes trs
enregistre laide dun capteur de pression sur un fait la preuve de leur efficacit. invalidantes.
robinet trois voies la sortie de la sonde de Foley. La Lefficacit de ladministration intravsicale de Lendoscopie sattaque physiquement au problme
pression intravsicale doit tre un peu au-dessus de la pentosane polysulfate de sodium serait suprieure par injection intramuqueuse, lectrocoagulation, ou
pression artrielle diastolique. Cette distension peut ladministration orale, mais cela reste dmontrer [9]. plus rcemment laser.
tre : Compte tenu de la frquence des instillations Les injections priulcreuses ou trigonales (alcool,
de dure brve (deux fois 2 minutes) ; ncessaires, lapprentissage des autosondages est corticodes, hparine) sont peu efficaces.
prolonge (3 heures) et ncessite alors une conseill, de mme quavec lhparine qui aurait Llectrocoagulation ainsi que la rsection
hospitalisation de 48 heures. Elle est ralise sous galement un effet cicatrisant sur lurothlium vsical. endoscopique, utilise par Hunner ds 1915,
analgsie pridurale au bloc opratoire, en salle de Dans une tude sur 48 patients, 56 % ont t sadressent aux formes ulcres et en particulier aux
rveil, sous surveillance constante par une infirmire. amliors au bout de 3 mois de traitement, avec un formes ulcre isol. Le risque est la ncrose locale
Les deux principaux cueils de cette technique sont bnfice durable pour la plupart dentre eux lorsque le responsable dune fibrose et dune rtraction locale,
lanalgsie parfois insuffisante (par hyperpression traitement a t prolong 6, voire 12 mois. Une do rduction de la capacit vsicale et aggravation
3
5-0675 - Cystite interstitielle
des symptmes. Greensberg, en 1974, dcrit tout de pritoine, limplantation des uretres et le trigone. Le autres par le pourcentage de patients amliors ou par
mme 60 % de patients asymptomatiques 1 an. gain sur la symptomatologie est satisfaisant au prix la dure de lamlioration symptomatique obtenue.
Le laser nodyme YAG est en cours dvaluation dune acontractilit vsicale. long terme, la rcidive Il est donc logique de privilgier les traitements
mais semble donner de bons rsultats moyen terme. est presque constante. dpourvus deffets indsirables et dont la frquence, la
Il ne donne pas de fibrose, de plus grandes zones La cystectomie partielle dcrite par Hunner en 1918 dure et les modalits dadministration sont
peuvent tre traites, et des sances itratives sont ne peut senvisager que pour enlever une portion acceptables.
possibles. Les rsultats, meilleurs en cas dulcres de ulcre et unique dune vessie ayant une capacit Dans ces conditions, lhydrodistension est propose
Hunner, donnent 80 % damlioration immdiate, fonctionnelle apprciable. Toute rduction importante en premire intention, dautant quelle est ncessaire
45 % de rcidive 18 mois, mais avec toujours la de la capacit vsicale risquerait de se solder par une au diagnostic lors de la premire cystoscopie.
possibilit dune nouvelle sance. aggravation de la symptomatologie.
Si elle est inefficace dans les formes algiques pures,
Lendoscopie reste une solution palliative avec de Lagrandissement vsical sans cystectomie doit tre
le traitement par un antidpresseur (amitriptyline) et
nombreuses rcidives. Il parat nanmoins raisonnable abandonn, car la maladie vsicale continuant
llectrostimulation peuvent tre proposs. En cas
dopter pour lendoscopie avant denvisager une voluer, le patch dagrandissement va tre exclu et se
dchec dans les formes irritatives et algiques, le DMSO
chirurgie ouverte qui, elle non plus, ne peut prtendre comporter inutilement comme un diverticule.
en instillations intravsicales, malgr ses effets
gurir le patient dans tous les cas. La cystectomie sus-trigonale avec cystoplastie [1] est
secondaires, reste le plus souvent prescrit, seul ou
La chirurgie ouverte ne concerne globalement que rserver aux formes volues avec capacit vsicale
associ lhparine.
1 5 % des CI, et lurologue est bien sr dautant trs rduite et compliance altre, et aprs chec de
Une mention particulire mrite dtre faite
moins laise pour la proposer quil sagit dune tout autre traitement conservateur. Elle laisse le trigone
pathologie fonctionnelle. Elle ne se conoit quen cas propos du pentosane polysulfate de sodium per os,
et lurtre en place, et il est donc ncessaire de raliser
de gne fonctionnelle majeure, dchec des avant dcision dintervention des biopsies du trigone dnu deffets secondaires, traitement auquel on a pu
thrapeutiques prcdentes et en accord absolu avec et un test de sensibilit urtrale. La technique de reproch des rechutes frquentes larrt du
le patient. cystoplastie est affaire dhabitude. Les rsultats sont traitement, mais dont la prescription aux tats-Unis
Les dnervations de la vessie ont t les premires satisfaisants sur la douleur et la pollakiurie, avec une tend augmenter.
tentatives chirurgicales pour prendre en charge cette sensation de rpltion vsicale conserve.
pathologie. Leur but est essentiellement dagir sur la En dehors des complications lies la chirurgie et
composante douloureuse de la maladie plus que sur la cystoplastie, les checs existent : persistance des
lhyperactivit vsicale. Les rsultats sont varis, avec douleurs et inflammation de la plastie intestinale, qui Conclusion
une efficacit qui de toute faon smousse avec le nest vraisemblablement pas due, comme on a pu
temps du fait dune rinnervation de la vessie. lcrire, une reprise de la maladie sur le greffon.
La sympathectomie sacre, ralise pour la La drivation urinaire avec cystectomie et De trs nombreuses tudes visent actuellement
premire fois en 1899 par Jaboulay par voie urtrectomie semblerait thoriquement tre la solution mieux cerner la physiopathologie de la CI qui
rtrorectale, la neurotomie des nerfs recteurs par voie la plus radicale. Malheureusement, un certain nombre est beaucoup moins rare quil nest classique de le
postrieure, ou plus rcemment la rsection du plexus de cas de persistance du mme syndrome douloureux dire. Bon nombre de cystalgies idiopathiques ,
hypogastrique, ne sont que peu ou pas utilises. sont dcrits (syndrome de vessie fantme). concept qui doit disparatre, ont t ou sont
La cystoplastie ou transsection vsicale dcrite par dauthentiques CI. Bien quil nexiste pas de signes
Turner-Warwick en 1967 consiste en un dcoupage pathognomoniques de la maladie, le diagnostic
de la vessie au-dessus du trigone et resuture
immdiate. Son but est linterruption des fibres
sensitives. Les contractions sont conserves.
La cystolyse dcrite par Turner-Warwick en 1973
choisir ?
Quelle option thrapeutique doit tre voqu devant une cystalgie urines
claires soulage par la miction et survenant chez
la femme. Ce tableau clinique doit mener la
ralisation dune distension vsicale percystosco-
dconnecte la vessie du plexus hypogastrique Malgr la multiplicit des traitements mdicaux pique, sous anesthsie qui peut permettre la fois
infrieur. Elle conserve simplement ladhrence du proposs, aucun napparat rellement suprieur aux le diagnostic et le dbut du traitement.
Brigitte Mauroy : Professeur des Universits, praticien hospitalier, chef du service universitaire durologie,
hpital Victor-Provo, boulevard Lacordaire, 59056 Roubaix cedex 1, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : B Mauroy. Cystite interstitielle.
Encycl Md Chir (Elsevier, Paris), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 5-0675, 1998, 4 p
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4
18-220-A-40
Cystopathies chroniques
S.-J. Drouin, A. Vieillefond, E. Chartier-Kastler, M. Rouprt
On regroupe sous le terme de cystopathies chroniques diffrentes affections vsicales dtiologies diverses
(infectieuses, traumatiques, irritatives, etc.) dont la prsentation clinique est varie, alliant, le plus
souvent, douleurs pelviennes, hmaturie et symptmes irritatifs. Limagerie est, le plus souvent, peu
contributive pour le diagnostic et utilise surtout pour liminer des complications. Le diagnostic repose en
gnral sur la cystoscopie et lexamen histologique des biopsies vsicales associs un interrogatoire la
recherche de facteurs dclenchants. La prise en charge est mdicale (traitement de lagent causal,
antibiothrapie, instillations endovsicales) et/ou chirurgicale (rsection endoscopique, cystectomie
partielle ou totale). Les rcidives tant frquentes et certaines formes prcancreuses, un suivi long
terme est prconis.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Cystopathies ; Cystite ; Vessie ; osinophile ; Incrustante ; Amylose ; Endomtriose ; Cystoscopie
Plan Malakoplakie 6
tiopathognie 6
Introduction 1 Clinique 6
Examens complmentaires 6
Cystite osinophiles 1 Endoscopie et histologie 6
pidmiologie 1 Traitement 7
tiologie 2
Amylose vsicale 7
Clinique 2
tiopathognie 7
Examens complmentaires 2
Amylose vsicale primitive 7
Endoscopie et histologie 2 Amylose vsicale secondaire 8
Traitement 2
Cystite chronique lEndoxan 8
Cystite incrustante 2
Conclusion 10
tiopathognie 2
Corynebacterium urealyticum 2
Clinique 2
Examens complmentaires 3 Introduction
Endoscopie et histologie 3
Traitement 3 Le terme de cystopathies chroniques regroupe diffrentes
affections vsicales qui nont en commun que la dure dvolu-
Cystites kystiques et glandulaires 3 tion de leurs symptmes et lexistence de lsions anatomopa-
tiopathognie 3 thologiques individualisables lendoscopie et/ou lhistologie.
Cystite kystique 3 Ce sont des maladies qui peuvent tre asymptomatiques, car
Cystite glandulaire ou mtaplasie glandulaire 4 localises et diagnostiques sur des lsions pseudotumorales en
Cystite polypode 5 endoscopie, ou se rvler par des symptmes invalidants au
tiopathognie 5 premier rang desquels les troubles irritatifs et les douleurs.
Clinique 5 Souvent mconnues, elles posent des problmes diagnostiques
Imagerie 5 prjudiciables aux patients qui en sont atteints puisque leur
Endoscopie et histologie 5 traitement passe la plupart du temps par la suppression de
Traitement 5 lagent causal. Le but de cet article est de rpertorier les
diffrentes formes de ces cystopathies ( lexclusion des cystites
Endomtriose vsicale 5
radiques et interstitielles) et den dcrire les principaux lments
pidmiologie 5
du diagnostic et de la prise en charge thrapeutique.
tiologie 6
Clinique 6
Imagerie 6 Cystite osinophiles
Endoscopie et histologie 6
Traitement 6 pidmiologie
Elle est rare et touche les adultes comme les enfants. Dans la
majorit des cas, un terrain immunoallergique est retrouv [1].
Urologie 1
18-220-A-40 Cystopathies chroniques
Point fort
Cystite osinophiles
Survenant sur un terrain immunoallergique, elle est due
une raction antigne-anticorps. Llvation des
osinophiles est parfois retrouve dans le sang ou les
urines mais le diagnostic est fait par lhistologie qui
retrouve un infiltrat inflammatoire osinophile du chorion
et du muscle. Le traitement passe par la suppression de
lagent causal et ladministration danti-inflammatoires.
Traitement
Il consiste, en premier lieu, en la suppression de lagent
allergne sil est retrouv (mdicament) associe des anti-
Figure 1. Cystite sosinophiles. Aspect de pancystite avec infiltrat inflammatoires non strodiens [4, 5]. Les corticodes sont utiliss
inflammatoire trs riche en polynuclaires osinophiles que lon voit ici en seconde ligne thrapeutique, ventuellement associs des
dissociant les faisceaux musculaires du dtrusor.
antihistaminiques. En cas dchec, de nombreux protocoles ont
t proposs, mais sans succs probant : instillations de nitrate
dargent, dazathioprine, de mitomycine C [3, 5].
En dernier lieu, ou en prsence dun retentissement sur le
tiologie haut appareil urinaire, un recours la chirurgie devient nces-
saire. Ds lors, une rsection endoscopique des lsions, une
Lhypothse tiopathognique principale est celle dune cystectomie partielle, voire une entrocystoplastie peuvent tre
raction immunologique antigne-anticorps responsable de discutes. Un suivi au long cours est indispensable car les
lattraction dosinophiles dans la paroi vsicale qui librent des rcidives sont frquentes [4, 5].
cytokines responsables du processus inflammatoire. La cystite
osinophiles peut survenir plus rarement dans le cadre dune
.
Corynebacterium urealyticum
Examens complmentaires
Il appartient la flore cutane normale, et est retrouv dans
Les examens biologiques mettent en vidence une absence de 2-5 % des infections urinaires, essentiellement en milieu
bactriurie, une hyperosinophilie sanguine dans 60 % des cas urologique hospitalier (patients fragiliss par des instrumenta-
et parfois une osinophilurie, mme si celle-ci reste rare et tions rptes, diabtiques, immunodprims, etc.). Cette
aspcifique. Radiologiquement, les examens sont le plus souvent bactrie nest retrouve par les urocultures que si on la recher-
normaux. Lurographie intraveineuse montre parfois un aspect che sur des milieux particuliers.
irrgulier de la vessie avec quelques defects, mais elle est de Lactivit urasique de Corynebacterium urealyticum transforme
moins en moins ralise car peu contributive. Ils permettent lure en ammoniaque, rendant lurine alcaline et favorisant la
surtout de rechercher des complications (urtrohydro- formation de calculs mous de struvite (cristaux de phosphate
nphrose). ammoniacomagnsien) et dapatite qui sincrustent sur les zones
de muqueuse ncrose et ulcre [7-9].
Endoscopie et histologie
Clinique
La cystoscopie et les biopsies permettent de faire le diagnos-
tic. On retrouve typiquement un dme et des lsions polypo- Les manifestations sont varies : douleurs sus-pubiennes,
des rythmateuses de la muqueuse, associs des ulcrations. dysurie, hmaturie, urines malodorantes avec limination de
Histologiquement, il sagit dun infiltrat inflammatoire dense mucus et de dbris calcaires. Par contigut, une urtrite
riche en polynuclaires osinophiles, qui diffuse dans un incruste ou une pylite incruste peuvent se dvelopper et tre
chorion fibro-dmateux et sinfiltre entre les faisceaux du responsables dune urtrohydronphrose avec retentissement
muscle dtrusor ralisant un tableau de pancystite de la sur la fonction rnale, notamment chez les patients transplan-
muqueuse et de la sous-muqueuse [3, 4] (Fig. 1). ts [10, 11] (Fig. 2).
2 Urologie
Cystopathies chroniques 18-220-A-40
Figure 2. Urtrite incrustante Corynebacterium urealyticum chez une patiente sonde demeure. A. Plaque de ncrose, inflammation sous-jacente et
muscle urtral sain en profondeur. B. Dtail.
Urologie 3
18-220-A-40 Cystopathies chroniques
retenir
Schmas thrapeutiques
Cystite incrustante
Instillations de solution de Thomas
C 120 mM de gluconate de sodium + 92 mM dacide
citrique + 200 mM dacide malique
C 25 % de solution diluer dans de leau distille
C mise en place dune sonde de Foley 22 Ch, deux
voies, demeure
C instillations en continu 20 ml/h 20 cmH2O
C pendant plusieurs semaines, jusqu disparition
radiologique ou endoscopique des plaques
Instillations dacide citrique
C solution contenant de lacide citrique monohydrat,
de loxyde de magnsium et du carbonate de
sodium
C diluer dans 1 l deau distille
C irrigation par une sonde de Foley, sur 1 h, rpter
pendant plusieurs jours
Cystite glandulaire : instillations dhparine de bas
poids molculaire
C 10 000 UI dhparine de bas poids molculaire dans
50 ml dhparine
C instiller en 20 min
C instillation par une sonde de Foley 22 Ch, retire
aprs
C tous les jours pendant 8 15 j
Amylose vsicale : instillations de DMSO
C instillation de 25 ml de dimthylsulfoxyde + 25 ml
deau strile
C par une sonde vsicale 22 Ch
C vessie vide
C en 1 h
C 1 fois par semaine pendant 8 10 semaines
4 Urologie
Cystopathies chroniques 18-220-A-40
Point fort
Cystite kystique et glandulaire
Il sagit de mtaplasies des lots de von Brunn lies une
irritation chronique de la muqueuse vsicale. Souvent
asymptomatiques, elles sont retrouves en endoscopie
sous forme de perles ou de bulles parfois pseudotumorales
localises principalement au trigone. Le traitement
consiste soit en des instillations endovsicales dhparine
ou de DMSO, soit en une rsection chirurgicale en cas de
complications.
Cystite polypode
tiopathognie
Ce nest pas une cystite proprement parler mais une
raction inflammatoire pseudotumorale de la muqueuse vsi-
cale, avec deux facteurs tiologiques principaux : les cathtris-
mes vsicaux demeure et les inflammations et fistules
digestives [21-23].
Figure 4. Cystite polypode. Plis de la muqueuse vsicale.
Clinique A. Vue densemble.
B. Dtail dun pli.
Elle se manifeste principalement par des signes irritatifs,
parfois accompagns dhmaturie. Des pisodes de pneumaturie
et/ou de fcalurie sont possibles en cas de fistule.
Traitement
Imagerie En raison du risque de complications sous forme de mtapla-
sie prcancreuse, un traitement est ncessaire. L encore, il est
Les principaux examens dimagerie sont contributifs quand ils licite dradiquer lagent causal, en supprimant notamment le
permettent de diagnostiquer la cause digestive responsable des cathtrisme ou en traitant la cause digestive [21-23].
lsions de cystite. Ils sont parfois trompeurs en faisant suspecter
tort le diagnostic de carcinome urothlial quand ils ne
montrent quun paississement de la paroi vsicale, des images Endomtriose vsicale
lacunaires et un retentissement sur le haut appareil.
pidmiologie
Endoscopie et histologie
Lendomtriose est une affection de la femme en priode
La cystoscopie est aussi parfois trompeuse, retrouvant des dactivit gnitale et se dfinit par la prsence de tissu endom-
lsions lisses, polypodes, base large, translucides pouvant trial actif, en situation extra-utrine et ectopique. Latteinte de
voquer une noplasie [21-23]. Le diagnostic est histologique et il lappareil urinaire est rare ; elle est rapporte dans 1 % 5 %
limine lexistence dun carcinome. Il met en vidence, la des cas dendomtriose. Lendomtriose urinaire concerne la
plupart du temps, de gros plis de la muqueuse vsicale associs vessie (85 % des cas) mais peut aussi concerner la voie excrtrice
une inflammation et un dme du chorion parfois associ haute. Lendomtriose urinaire peut survenir de novo sans
une hyperplasie pithliale (Fig. 4). contexte dendomtriose connu [24-26].
Urologie 5
18-220-A-40 Cystopathies chroniques
Point fort
cervicose et lendosalpingiose o le chorion cytogne est absent
et pour lesquelles il ny a pas de contexte dendomtriose. Ces
lsions sont regroupes sous le terme de mullrianose [27].
Cystite polypode
Raction inflammatoire un cathtrisme vsical Traitement
prolong ou une fistule digestive, ces lsions sont
souvent confondues avec celles dun carcinome urothlial. Deux possibilits thrapeutiques sont envisageables. Dune
Le diagnostic est confirm par lexamen anatomo- part, le traitement mdical (agoniste de la luteinizing hormone-
pathologique des lsions polypodes. Le traitement est releasing hormone [LH-RH]), qui est propos aux femmes peu
celui de lagent causal. symptomatiques, proches de la mnopause (qui permet parfois
une rgression spontane des lsions) ou avec un dsir de
grossesse, mais qui est peu satisfaisant, en raison de ses compli-
cations et du risque de rcidive estim plus de 50 % [26, 28].
tiologie Ainsi, lexrse chirurgicale la plus complte possible des lsions
(cystectomie partielle ou totale avec novessie), pouvant tre
Ltiopathognie de la maladie est relativement floue ce ralise par clioscopie [29], semble tre le traitement le plus
jour mais plusieurs thories ont t proposes. Daucuns mme de gurir les symptmes et dviter les rcidives [28] .
plaident pour lexistence de reliquats mullriens pritonaux, La rsection endoscopique nest pas recommande parce
dautres pour une reflux utrotubaire de cellules endomtriales, quelle ne permet pas dexrse complte et est risque de
dautres encore pour une diffusion de ces cellules jusquau perforation [28, 30, 31].
pritoine, via les voies lymphatiques.
Clinique Malakoplakie
Latteinte de la vessie peut tre asymptomatique ou se
manifester, surtout en priode catamniale, par une douleur sus- tiopathognie
pubienne, une dysurie, une urgenturie ou une hmaturie
macroscopique [24]. La malakoplakie est une maladie inflammatoire granuloma-
teuse ubiquitaire qui touche dans 50 % 70 % des cas lappareil
urinaire et peut atteindre lappareil digestif, le rtropritoine et
Imagerie plus rarement la peau, les poumons et les os [32, 33]. Il sagit
dune maladie touchant principalement les patients immuno-
Les examens radiologiques sont trs utiles au diagnostic,
dprims (transplants, atteints dun cancer, dune hmopathie
surtout limagerie par rsonance magntique (IRM) qui permet
ou du syndrome de limmunodficience acquise [sida]). Elle
de mettre en vidence des lsions htrognes (isoT2 avec des
touche ladulte, avec un ratio de quatre femmes pour un
spots hyperintenses en T1) et de faire le bilan de la maladie [25].
homme. La malakoplakie correspond une accumulation de
LIRM peut prciser le degr dinfiltration de la musculeuse
macrophages (cellules de von Hansemann). Ceux-ci prsentent
vsicale laide de linjection de gadolinium. Les complications
un dficit acquis de la phagocytose lysosomiale qui diminue
sur le haut appareil, par compression extrinsque ou atteinte
leur capacit digrer les bactries, qui sont alors stockes dans
intrinsque de la lumire urtrale sont rares et le plus souvent
les lysosomes sous forme de dbris formant des petits corps se
unilatrales. LIRM permet de surcrot de prciser les autres
surchargeant en fer et en calcium (corps de Michaelis-Gutman).
.
Clinique
Point fort Elle se manifeste par une hmaturie, des symptmes irritatifs
(urgenturie, impriosits, dysurie), des brlures mictionnelles, et
Endomtriose vsicale plus rarement en cas datteinte du haut appareil par des
douleurs lombaires ou des symptmes dinsuffisance rnale lie
Maladie rare rvle par des symptmes douloureux et
une obstruction urtrale.
irritatifs qui se manifestent surtout pendant les rgles.
LIRM oriente le diagnostic qui est confirm par la
visualisation de lsions dmaties bleutes en Examens complmentaires
cystoscopie et la prsence dpithlium mullrien en
histologie. Le traitement est soit mdical (agoniste de la Lexamen cytobactriologique des urines (ECBU) retrouve une
hmaturie associe une protinurie. Limagerie (chographie)
LHRH), soit au mieux chirurgical avec exrse complte
permet parfois de mettre en vidence une masse vsicale
des lsions.
pseudotumorale et de dpister les atteintes rnales.
Endoscopie et histologie
Endoscopie et histologie
La cystoscopie retrouve des plaques jaune-marron, multiples
La cystoscopie, raliser de prfrence en priode menstruelle et ombiliques et des nodules coalescents pseudotumoraux.
pour augmenter la sensibilit, reste indispensable au diagnostic Lhistologie fait le diagnostic en retrouvant un granulome
en montrant des lsions prdominant au dme et au trigone, inflammatoire richement macrophagique dans le chorion,
bleu-violet, entoures ddme. Les biopsies de ces lsions pouvant se propager dans le muscle dtrusor et dans toute la
confirment le diagnostic en montrant la prsence de plusieurs paroi. On identifie ces macrophages comme des cellules de von
. nodules dissmins dans toute la paroi vsicale (chorion et Hansemann contenant les corps sidrocalcaires de Michaelis-
muscle dtrusor). Le plus souvent ces nodules sont composs de Gutman (colorations acide priodique Schiff, de Perls et de von
tubes endomtriaux cerns de chorion cytogne. Kossa positives) [33] (Fig. 6).
6 Urologie
Cystopathies chroniques 18-220-A-40
Urologie 7
18-220-A-40 Cystopathies chroniques
Figure 6. Malakoplakie.
A. Granulome macrophagique dense du chorion.
B. Dtail des cellules macrophagiques de von Hansemann contenant des corps de Michaelis-Gutman.
8 Urologie
Tableau 1.
tiologie et agent causal des cystopathies chroniques.
Urologie
pidmiologie tiologie Clinique Examens complmentaires Histologie Traitement et volution
et terrain et endoscopie
Cystite osinophiles Rare Immunoallergie Cystite hmaturique, Hyperosinophilie Infiltration osinophile Suppression allergne++
dysurie, douleur Lsions rythmateuses et dme Anti-inflammatoires
et ulcres Chirurgie en dernier recours
Rcidive++
Cystite incrustante Dficit immunitaire Corynebacterium urealyticum Douleur, dysurie, mucus ECBU sur milieu slectif Trois zones : Antibiothrapie :
Geste urologique pralable et dbris calcaires TDM : calcifications - superficielle : ncrose glycopeptides++
Cystoscopie : ulcrations et - transitionnelle : colonies +
calcifications bactriennes et thrombose Acidification des urines
- profonde : normale +
Rsection des plaques
Cystite kystique et Associe la lipomatose Irritation chronique de la Asymptomatique Cystoscopie : perles Cavitation centrale des lots Suppression facteur irritatif
glandulaire pelvienne muqueuse vsicale translucides ou kystes de von Brunn
Si floride : hmaturie ou Cystoscopie : bulles Mtaplasie glandulaire RTUV ou traitement
symptmes irritatifs dmaties intestinale chirurgical
pseudotumorales sur trigone Prcancreuse ?
Cystite polypode - Cathtrisme demeure Symptmes irritatifs TDM Expansions papillaires Traitement de lagent causal
Inflammations digestives Pneumaturie Cystoscopie : lsions muqueuses et inflammation
polypodes translucides du chorion
Fcalurie
Endomtriose vsicale Femme en priode dactivit Mtaplasie ? Douleur, dysurie, hmaturie IRM : isoT2, hyperT1 Kystes bords dpithlium Hormonothrapie ou
gnitale Reflux utrotubaire ? cycliques Cystoscopie : nodules mullrien chirurgie dexrse
bleuts, dme Rcidives+++
Malakoplakie Immunodpression Dficit acquis de la Hmaturie chographie/TDM : masse Cellules de von Hansemann Traitement
phagocytose lysosomiale Symptmes irritatifs pseudotumorale et corps de Michaelis- immunodpression
Escherichia coli Cystoscopie : plaques marron Gutman Dsinfection urines :
et nodules fluoroquinolones++
Amylose vsicale primitive Infections urinaires Accumulation glycoprotine Hmaturie TDM : liminer amylose Dpts extracellulaires rouge lectrocoagulation
secondaire chroniques amylode systmique Congo+ Laser
Cystoscopie : lsions Chirurgie
Maladies de systme
multiples polypodes
Hrditaire Rcidives++
jauntres
Cystite chronique Cyclophosphamide per os Toxicit Hmaturie Cystoscopie : Ncrose Instillation AgNO3
lEndoxan au long cours ulcrations/ncroses diffuses Vasopressine
Embolisation
Chirurgie
ECBU : examen cytobactriologique des urines ; TDM : tomodensitomtrie ; RTUV : rsection trans-urtrale de la vessie ; IRM : imagerie par rsonance magntique.
9
Cystopathies chroniques 18-220-A-40
18-220-A-40 Cystopathies chroniques
Les symptmes douloureux sont en gnral masqus par une [8] Lefi M, Touffahi M, Moussa A, Fredj N, Saidi R, Saad H. Cystites
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caractrise par des dpts de protines AA ou Al qui sont [12] Khallouk A, Wallerand H, Kleinclauss F, Bittard H, Bernardini S.
responsables dhmaturie ou de signes irritatifs. Le Cystite incrustante Corynebacterium urealyticum : traitement conser-
diagnostic est histologique avec mise en vidence des vateur. Prog Urol 2006;16:496-8.
dpts glycoprotins par la coloration au rouge Congo. [13] Sauty L, Ravery V, Toublanc M, Boccon-Gibod L. La cystite
Le traitement est celui de la cause sil y en a une, associ le glandulaire floride : tude de trois cas et revue de la littrature. Prog
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surveillance doit tre prolonge car les rcidives sont [14] Smith AK, Hansel DE, Jones JS. Role of cystitis cystica et glandularis
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Diffrents traitements ont t proposs : instillations endov- [17] Heyns CF, De Kock ML, Kirsten PH, van Velden DJ. Pelvic lipomatosis
sicales de nitrate dargent, de formol, oxygnothrapie hyper- associated with cystitis glandularis and adenocarcinoma of the bladder.
bare, vasopressine intraveineuse ou embolisation artrielle, mais J Urol 1991;145:364-6.
le recours une chirurgie dhmostase est souvent ncessaire [45- [18] Touffahi M, Fredj N, Lefi M, Hafsa C, Hallara W, Moussa A, et al. La
49]. Un soin tout particulier doit tre apport la prvention de cystite glandulaire pseudotumorale. Prog Urol 2007;17:968-72.
ces complications urinaires en assurant une hydratation quoti- [19] Young RH, Bostwick DG. Florid cystitis glandularis of intestinal type
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interrogatoire minutieux la recherche de facteurs dclen- [24] Acker O, Robert Y, Carpentier F, Vinatier D, Cosson M. Endomtriose
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itratives. La multiplication des examens dimagerie nest pas littrature. Ann Chir 2003;128:34-9.
utile en raison de leur faible sensibilit et la cystoscopie doit
[25] Balleyguier C, Roupret M, Nguyen T, Kinkel K, Hlnon O,
tre rapidement ralise pour avancer dans la prise en charge
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diagnostique et thrapeutique qui doit tre adapte chaque
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[26] Pastor-Navarro H, Gimenez-Bachs JM, Donate-Moreno MJ, Pastor-
de garder lesprit et dliminer les diagnostics diffrentiels de
Guzman JM, Ruiz-Mondejar R, Atienzar-Tobarra M, et al. Update on
ces cystites chroniques que sont les noplasies, les cystites
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S.-J. Drouin.
Service durologie, Hpital Piti-Salptrire, 47-83, boulevard de lHpital, 75651 Paris cedex 13, France.
Facult de mdecine Pierre et Marie Curie, Universit Paris VI, 4, place Jussieu, 75005 Paris, France.
A. Vieillefond.
Service danatomopathologie, Hpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France.
Facult de mdecine Ren Descartes, Universit Paris V, 12, rue de lcole-de-Mdecine Paris, France.
E. Chartier-Kastler.
M. Rouprt ([email protected]).
Service durologie, Hpital Piti-Salptrire, 47-83, boulevard de lHpital, 75651 Paris cedex 13, France.
Facult de mdecine Pierre et Marie Curie, Universit Paris VI, 4, place Jussieu, 75005 Paris, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Drouin S.-J., Vieillefond A., Chartier-Kastler E., Rouprt M. Cystopathies chroniques. EMC (Elsevier Masson
SAS, Paris), Urologie, 18-220-A-40, 2010.
Urologie 11
18-060-A-05
Le diagnostic dinsuffisance rnale chronique (IRC) repose, en accord avec les recommandations
internationales, sur la rduction permanente du dbit de filtration glomrulaire (DFG) estim en dessous
de 60 ml/min. Quelle que soit la maladie causale initiale, lIRC progresse sous linfluence de deux facteurs
principaux : hypertension artrielle et protinurie. La stratgie thrapeutique pour ralentir la progression
de lIRC repose sur la rduction de la pression artrielle et de la protinurie laide de bloqueurs
pharmacologiques du systme rnine-angiotensine (inhibiteurs de lenzyme de conversion [IEC] ou
antagonistes des rcepteurs dangiotensine II [ARAII]). Les cibles tensionnelles proposes sont modifies
135/85 mmHg pour tenir compte du risque de surmortalit chez les patients vasculaires (diabtiques)
lorsque la pression artrielle systolique sabaisse en dessous de 120 mmHg. Les bloqueurs du systme
rnine-angiotensine doivent tre utiliss tous les stades de lIRC, y compris au stade 5 et aprs le dbut
de lpuration extrarnale pour prserver la diurse rsiduelle. La mesure la plus importante pour
potentialiser laction des IEC est la rduction du sodium alimentaire. En revanche, le bnfice li la
restriction protidique apparat plus marginal. LIRC est associe un sur-risque de morbimortalit
cardiovasculaire par des mcanismes mal lucids. Ce haut risque justifie le recours systmatique des
vasculoprotecteurs, statines en particulier, et peut-tre aux antiagrgants. Aux stades plus avancs
(stades 4 et 5), des complications lies lIRC ncessitent des mesures thrapeutiques complmentaires,
correction de lanmie et des anomalies phosphocalciques. Rcemment, la correction de lacidose
mtabolique a montr des bnfices spectaculaires sur la progression. Les lments de la surveillance sont
maintenant bien prciss par les recommandations, ainsi que par le guide des affections de longue dure
(ALD). Lindication de lpuration extrarnale reste encore mal apprcie. Le dmarrage en urgence ou
chez un patient symptomatique est toujours un facteur pronostique dfavorable. Chez les patients
strictement asymptomatiques, la dcision est individualise et dpend principalement de la tolrance
cardiaque et nutritionnelle.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Insuffisance rnale chronique ; Diagnostic ; Facteurs de progression ; Traitement ; Nutrition ;
Risque cardiovasculaire ; puration extrarnale
Nphrologie 1
18-060-A-05 Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte
2 Nphrologie
Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte 18-060-A-05
La cystatine C est une protine basique non glyque de (Kaiser Permanente). Pour autant, les recommandations concer-
13 kD, librement filtre, entirement rabsorbe et dgrade nant le dpistage sont trs variables dun pays lautre, quand
dans le tube proximal : il ny a pas de clairance urinaire. elles existent.
La production et donc la concentration srique ne sont pas Ainsi la Socit internationale de nphrologie (ISN) recom-
influences par la masse musculaire la diffrence de la mande un dpistage tous azimuts chez tous les individus
cratinine plasmatique. Cependant, la concentration de cysta- en contact avec le systme de sant, de faon analogue au
tine C est partiellement affecte par lge, lindice de masse dosage du cholestrol par exemple [15]. lautre extrme, la
corporelle (IMC), le tabagisme et linflammation (C-reactive British Society of Nephrology (BSN) ne recommande le
protein [CRP]). dpistage que chez les patients atteints dhypertension ou de
Lavantage principal de ce marqueur est li son excellente diabte [16]. Entre les deux, les recommandations franaises
prcision et reproductibilit analytique, mais un cot 10 (ANAES 2002) et amricaines (National Kidney Fondation/
30 fois celui de la cratinine. La comparaison directe des Disease Outcomes Quality Initiative [NKF/KDOQI] 2003)
performances de ce marqueur avec celles de lquation de proposent un dpistage cibl dans les populations considres
Cockcroft et du MDRD a donn des rsultats contradictoires comme risque rnal (Tableau 2) [1, 3, 17].
chez ladulte si bien que, dans ltat, il ne peut tre recom-
Ces recommandations sont jusqu prsent surtout fondes
mand de substituer ce marqueur celui de la cratinine pour
sur des consensus dexperts et navaient pas fait lobjet dune
lvaluation de la fonction rnale chez ladulte [5].
valuation formelle. Hallan et al. ont rapport, en fin danne
La mesure directe de la filtration glomrulaire par une
2006, lanalyse dune cohorte importante de 65 604 sujets
mthode de rfrence (inuline, iohexol, acide thylne ttra-
actique [EDTA]) reste utile dans certaines conditions cliniques norvgiens suivis pendant 8 ans (tude HUNT 2) [18]. Dans cette
particulires, lorsque les quations sont connues pour tre tude europenne, la prvalence moyenne de linsuffisance
moins exactes (masses musculaires atypiques, hyperfiltration), rnale, dfinie par une rduction du DFGe par le MDRD calibr
ou lorsque la dcision thrapeutique ncessite une connaissance infrieur 60 ml/min par 1,73 m 2 , est de 4,7 % avec un
encore plus prcise de la filtration glomrulaire (par exemple gradient important parallle lge. Ces auteurs calculent quil
posologie des chimiothrapies) ou encore dans le cadre des faut valuer 21 individus pour dpister un sujet atteint (nombre
investigations cliniques [5]. de sujets screener [NNS] = 21). Si le dpistage est restreint
aux individus diabtiques ou hypertendus, comme le suggrent
certaines recommandations, seuls 44 % des individus atteints
Dpistage de linsuffisance rnale sont dpists (avec un NNS 6). Dans cette tude, le meilleur
Le dpistage de linsuffisance rnale constitue un enjeu de modle combinant spcificit et sensibilit est un dpistage cibl
sant publique en raison, dune part, de la haute prvalence de sur les trois critres suivants : diabte, hypertension artrielle
linsuffisance rnale dans la population gnrale, en particulier (HTA) et ge suprieur 55 ans.
lorsque lge avance et, dautre part, de son fort pouvoir Ces trois critres combins permettent de dpister 93 % des
prdictif de la mortalit et des vnements cardiovasculaires sujets atteints (NN 9).
Nphrologie 3
18-060-A-05 Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte
Facteurs de risque de progression facteurs de risque tablis : sexe masculin, ge avanc, protinu-
rie, diabte, HTA, IMC lev, cratinine plasmatique basale
des maladies rnales leve, ethnie afro-amricaine, niveau ducatif bas. Les deux
facteurs les plus importants sont la protinurie et lexcs
Chez des patients avec une maladie rnale connue, de pondral avec une relation dose-effet. Plusieurs facteurs ind-
nombreux facteurs de risque de progression ont t identifis, pendants plus originaux sont mis en vidence dans cette tude :
dont quelques-uns sont modifiables. hmoglobinmie basse, hyperuricmie, symptomatologie de
nycturie, antcdents familiaux de maladie rnale.
Point important
Principaux facteurs de risque de progression des
Point important
maladies rnales
Facteurs de risque indpendants dinsuffisance
Type de la nphropathie (progression plus rapide des
rnale terminale (par ordre dimportance, avec le
nphropathies glomrulaires et vasculaires)
risque relatif) (daprs Hsu et al.) [24]
Fonction rnale altre au moment du diagnostic
Protinurie ( 2,7 7,9)
Svrit de lhypertension artrielle
Surpoids et obsit ( 1,65 4,39)
Protinurie abondante
Cratinine basale ( 1,24 4,25)
Intensit de latteinte tubulo-interstitielle au cours des
Ethnie non blanche ( 1,83 3,04)
maladies glomrulaires
Hypertension ( 1,72 2,94)
Exposition au tabac
Diabte ( 2,53)
Exposition des nphrotoxiques, mdicamenteux,
ge ( 1,51 2,23)
industriels ou environnementaux
Hyperuricmie ( 1,47 2,14)
Facteurs ethniques (progression plus rapide chez les
Niveau ducatif ( 1,45 1,56)
sujets noirs que caucasiens)
Anmie ( 1,27 1,33)
Facteurs gntiques, par exemple : polymorphisme des
diffrents composants du systme rnine-angiotensine-
aldostrone (SRA) (effet marginal et controvers)
Sexe (controvers) Stratgies pour ralentir
la progression (nphroprotection)
Lanalyse de lensemble de ces facteurs sort du cadre de cette Globalement, les objectifs de la prise en charge des patients
revue et ne sont donc abords que les facteurs de risque ayant une insuffisance rnale chronique sont les suivants :
modifiables pouvant faire lobjet dun impact thrapeutique : viter la dialyse ou augmenter la dure de vie sans dialyse en
HTA et protinurie. ralentissant lvolution de la maladie rnale ;
prserver un bon tat gnral jusquau dbut de lpuration
Hypertension artrielle extrarnale, en particulier lorsquune greffe rnale est envisa-
Lhypertension artrielle est prsente chez la majorit des ge ;
patients avec une insuffisance rnale chronique. Les donnes de prvenir les complications de linsuffisance rnale chronique
la cohorte initiale de MDRD ont dmontr que lhypertension et en particulier la morbidit/mortalit cardiovasculaire.
tait prsente chez 65 % 75 % des patients avec une filtration Les deux premiers objectifs sont en apparence contradictoires
glomrulaire de 60 80 ml/min [19]. Lhypertension est un et soulignent limportance de dmarrer lpuration extrarnale
facteur de risque rversible de progression des maladies rnales. au moment optimal, en dehors de lurgence, chez un patient
inform des techniques disponibles et muni dun abord de
dialyse.
Protinurie La plupart des maladies rnales sont progressives, quoique la
Le degr de protinurie est lun des prdicteurs les plus vitesse dvolution soit extrmement variable dune nphro-
importants de la progression des maladies rnales de mme que pathie lautre et, pour une mme nphropathie, dun individu
la rponse au traitement antiprotinurique dans pratiquement lautre. Freiner la progression peut tre obtenu de deux
toutes les tudes concernant les maladies rnales chroniques [20, faons complmentaires et non exclusives :
21]. La relation entre le risque de progression et le niveau de en assurant le diagnostic tiologique et en optimisant les
protinurie est globalement dose-dpendante . Le degr de traitements spcifiques des nphropathies (par exemple
protinurie est galement un prdicteur de la rponse au corticodes et immunosuppresseurs dune nphropathie
traitement. Par exemple, dans ltude MDRD, les patients les lupique) ;
mieux rpondeurs la baisse intensive de la pression artrielle en mettant en place un traitement nphroprotecteur non
92 mmHg de pression artrielle moyenne taient ceux excr- spcifique, antihypertenseur et antiprotinurique.
tant plus de 3 g/24 heures de protinurie [19].
De plus, le bnfice sur le ralentissement de la progression Traitement antihypertenseur
dpend directement de la rduction de la protinurie sous
intervention et plus particulirement de la protinurie rsiduelle De nombreuses tudes et mta-analyses ont montr le bn-
sous traitement (REIN [Ramipril Efficacity In Nephropathy), fice de la rduction de la pression artrielle sur la progression
RENAAL [The Reduction in Enpoint with the Angiotensin rnale (rendant compte de 50 % de la variance de la baisse de
Antagonist Losartan) [22, 23]. Cela illustre galement la relation la filtration glomrulaire). Ces patients hypertendus avec une
causale qui existe entre la protinurie et la progression. insuffisance rnale sont, pour la plupart, haut risque cardio-
Au niveau de la population gnrale, les facteurs prdictifs de vasculaire, et doivent bnficier de toute faon dun traitement
survenue dune insuffisance rnale terminale ont t tudis antihypertenseur [25]. Les deux questions pertinentes sont :
dans la cohorte Kaiser Permanente [24] . Dans cette tude, quelle est la cible tensionnelle optimale pour ralentir la
177 570 individus ont t examins et lapparition dune progression ?
insuffisance rnale terminale (IRT) a t collige sur une priode certaines classes de mdicaments antihypertenseurs ont-elles
de 35 ans (842 cas). Cette tude confirme limportance des des effets spcifiques sur la progression ?
4 Nphrologie
Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte 18-060-A-05
Nphrologie 5
18-060-A-05 Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte
Hypertension, Microalbuminuria or Proteinuria Cardiovascular Cependant rgime sans sel (RSS) et diurtique sont synergiques
Events, and Ramipril) [56] dans la nphropathie diabtique et le RSS permet une rduction supplmentaire de la protinurie
incipiens et ATLAS (Assessement of Treatment with Lisinopril par rapport au diurtique seul.
and Surival) [57] dans linsuffisance cardiaque. Les posologies maximales de BSRA ont t tablies partir des
Une titration de la posologie doit tre ralise jusqu essais dans lhypertension artrielle essentielle et il ny a que
lobtention des cibles fixes. Cette titration doit se faire peu dtudes de relation effet-dose sur les paramtres rnaux
jusquaux doses maximales autorises pour la molcule choisie (hmodynamiques, protinurie etc.). Plusieurs tudes de petite
jusqu lobtention de ces cibles, mais peut tre limite par la taille et de courte dure suggrent un bnfice sur la rduction
tolrance clinique ou biologique. de la protinurie de laugmentation des doses dARAII au-del
Lobtention des cibles tensionnelles ncessite, chez la plupart des doses des rsums des caractristiques du produit (RCP)
des patients, une combinaison de deux ou plus anti- (doses double ou quadruple), y compris dans la nphropathie
hypertenseurs [58]. diabtique [65, 66].
Peu dtudes cependant ont compar les stratgies daddition Ltude ROAD (Renoprotection of Optimal Antiproteinuric
des antihypertenseurs dans la nphropathie diabtique. Doses) chez des patients ayant une nphropathie protinurique
Classiquement, laddition dun diurtique thiazidique poten- non diabtique dmontre le bnfice des doubles doses dIEC ou
tialise leffet antihypertenseur et antiprotinurique des BSRA et dARAII sur la progression et lincidence dIRT, celles-ci tant
ces produits devraient tre largement utiliss lorsque la fonction rduites denviron 50 % par comparaison avec une monothra-
rnale est altre en raison de la rtention sode prcoce qui sy pie la dose maximale des RCP [67].
associe [59, 60]. La combinaison dIEC et dARAII a galement t propose
Ltude ACCOMPLISH (Avoiding Cardiovascular Events pour renforcer le blocage du SRA. Leffet additif de ces combi-
through Combination Therapy in Patients Living with Systolic naisons sur la protinurie ( 35 % supplmentaires par rapport
Hypertension) a compar deux stratgies daddition IEC plus la monothrapie IEC ou ARAII) a t confirm dans deux
thiazide versus IEC plus dihydropyridine (DHP) chez mta-analyses, dont une dans la nphropathie diabtique [68, 69].
11 506 patients hypertendus risque, dont 60 % de sujets Chez des patients avec une nphropathie protinurique non
diabtiques. Cette tude retrouve un bnfice sur la morbi- diabtique, ltude japonaise COOPERATE (Combination Treat-
mortalit cardiovasculaire de la stratgie IEC plus DHP par ment of Angiotensin Receptor Blocker and Angiotensin Conver-
rapport IEC plus thiazide (rduction du risque absolu [RRA] : ting Enzyme Inhibitor in Non-Diabetic Renal Disease) a montr
2,2 %, rduction du risque relatif [RRR] : 19,6 %) [61, 62]. Cette le bnfice de la combinaison losartan 100 mg/j plus trandola-
tude cependant concerne principalement des patients obses pril 3 mg/j sur la rduction de protinurie et la rduction de
avec une hypertension systolique et sans atteinte rnale et ses lincidence dIRT ( 50 %) par rapport la monothrapie de ces
rsultats ne sont donc peut tre pas directement extrapolables deux produits la mme dose [70].
des patients diabtiques haut risque de rtention rnale de Les rsultats de cette tude sont lorigine des recommanda-
sodium (nphropathie et/ou insuffisance rnale, traitement par tions HAS 2004 [30], proposant lutilisation des combinaisons en
insuline ou glitazone, en particulier en association). cas de protinurie persistante (plus de 0,5 g/j) sous monothra-
pie maximale, avec un grade B. Depuis cette publication en
2004, des doutes mthodologiques srieux ont t soulevs
Stade de linsuffisance rnale chronique propos de cette tude monocentrique qui a fait rcemment
ncessitant un traitement par bloqueur lobjet dune rtraction.
du systme rnine-angiotensine Ltude ONTARGET (Ongoing Telmisartan Alone and in
Le bnfice du traitement par BSRA persiste jusquaux stades Combination whith Ramipril Global Endpoint Trial) chez des
les plus avancs de fonction rnale, mme si ce bnfice est en patients haut risque vasculaire (37 % de diabtiques, 32 % de
valeur absolue plus faible, compte tenu de la dure dvolution normotendus) a rcemment montr labsence de bnfice sur la
plus courte vers lIRT. Cela a t dmontr dans une analyse mortalit et les vnements cardiovasculaires dune combinai-
post-hoc de RENAAL chez des diabtiques de type 2 [61, 62] et son ramipril 10 mg/j plus telmisartan 80 mg/j par rapport la
dans un essai prospectif randomis dans des nphropathies monothrapie de chacun de ces mdicaments. La combinaison
protinuriques non diabtiques [63]. est mme responsable dun lger excs dpisodes dIRA (fonc-
Les BSRA sont galement recommands comme traitement tionnelles et rversibles) par rapport aux monothrapies [71]. Ces
prfrentiel de lHTA chez les patients dbutant la dialyse en rsultats ont rcemment fait prendre des positions extrmes [72]
raison de leur capacit maintenir une diurse rsiduelle plus qui ne semblent pas justifies dans le cadre des nphropathies
prolonge (KDOQI 2006) [54]. progressives protinuriques. Trois grands essais multicentriques
sont actuellement en cours pour tester lefficacit des combinai-
sons ARAII plus IEC ou des inhibiteurs directs de la rnine (IDR)
Stratgies doptimisation sur la progression de la nphropathie diabtique de type 2
Les ARAII (et les IEC) en monothrapie rduisent en (VA NEPHRON D, VALID, ALTITUDE). En attendant les rsultats
moyenne de 35-40 % la protinurie et au prorata le risque de de ces tudes, il parat prmatur de prendre une position
progression de la nphropathie de type 2 (ND2). De nombreux dogmatique interdisant ces combinaisons.
patients restent protinuriques et continuent progresser Si ces combinaisons sont utilises, leur indication, leur
malgr un traitement BSRA la dose maximale recommande instauration et leur suivi ne devrait tre assur quen milieu
(et utilise dans les essais). spcialis nphrologique.
Il est donc important dvaluer les ventuels facteurs de
rsistance et de mettre en uvre des stratgies doptimisation Prcautions demploi
du blocage du SRA. Les contre-indications classiques des IEC et des ARAII doivent
Lapport alimentaire en chlorure de sodium est le principal tre respectes (allergie, grossesse et stnose de lartre rnale).
facteur modulant leffet antiprotinurique des BSRA. Celui-ci Chez les patients haut risque de stnose de lartre rnale,
doit donc tre rduit 6-8 g/j pour permettre lefficacit des comme les patients diabtiques de type 2 ou a posteriori chez
BSRA (recommandations conjointes HAS 2004, HAS 2005, les patients ayant une hypertension artrielle svre rsistante
KDOQI 2006, NICE 2008) [28, 30, 31, 64]. une trithrapie, celle-ci doit tre systmatiquement recherche.
Lapport alimentaire en sodium (Na) (natriurse des 24 heu- Les patients avec une maladie rnale chronique sont risque
res) devrait tre valu priodiquement pour ladaptation du lev de complications des traitements pharmacologiques et
rgime dsod. Le recours une ditticienne et lducation doivent tre surveills de faon plus frquente, plus rigoureuse
thrapeutique dittique sont deux mesures utiles pour limiter que les patients nayant pas ces complications rnales. Une
lapport sod de faon significative et durable. Chez les patients surveillance biologique comportant au minimum la cratinine,
incapables de limiter le Na alimentaire, leffet des BSRA peut la clairance calcule et la kalimie doit tre faite systmatique-
tre rattrap par lutilisation dun diurtique thiazidique [59]. ment 10 15 jours aprs linstitution du traitement et aprs
6 Nphrologie
Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte 18-060-A-05
chaque changement de posologie. Laugmentation de la poso- jusqu linsuffisance rnale terminale serait prolong de 40 %
logie doit tre progressive et ce, dautant plus que la fonction environ. Dans ces analyses post-hoc, les patients ayant une
rnale est initialement altre. polykystose rnale ne tirent pas de bnfice de la restriction
Leffet antiprotinurique des IEC et des ARAII survient protidique.
relativement prcocement aprs lintroduction du traitement. Un point mthodologique important doit tre soulign : la
Cet effet devient maximal 1 3 mois aprs le dbut du restriction protidique est souvent associe une diminution de
traitement. Il est dose-dpendant avec une relation dose- la masse musculaire et donc indirectement une rduction de
rponse diffrente de la relation pour la baisse tensionnelle. la production de cratinine et de la cratinine plasmatique.
Une augmentation de la cratinine plasmatique jusqu 25 % Lindicateur de mesure de la progression est donc affect en lui-
30 %, maximale 1 2 mois aprs lintroduction du traite- mme par lintervention dittique et il nest donc pas possible
ment, peut survenir chez les patients, notamment ceux dont la dinterprter les tudes ayant comme critre de jugement les
filtration glomrulaire est infrieure 60 ml/min. Laugmenta- variations de cratinine plasmatique ou de DFGe partir de la
tion initiale de la cratinine plasmatique est associe une cratinine plasmatique.
rduction plus importante de la protinurie et, long terme, Plusieurs mta-analyses ont t publies, suggrant globale-
une meilleure prservation de la fonction rnale [73]. Le traite- ment un bnfice de la restriction protidique sur la progression,
ment par bloqueur du systme rnine-angiotensine ne doit en particulier la plus rcente [78], prenant comme critre de
donc pas tre rduit ou interrompu sauf si llvation de jugement la mort rnale. Dans cette mta-analyse, une restric-
cratinine plasmatique dpasse 30 % de la valeur de base [73]. tion protidique entre 0,3 et 0,6 g/kg par jour (mais pas
Dans ce cas, il faut rechercher un facteur favorisant (traite- au-dessus de 0,6) est associe une rduction de lincidence de
ment anti-inflammatoire, dshydratation ou traitement diurti- mort rnale de 36 % (p < 0,001). Comme ces rgimes abais-
que trop agressif) et arrter transitoirement ou rduire la sent aussi la concentration plasmatique dure, il est difficile de
posologie du traitement par BSRA. Une telle aggravation ne faire la part dun effet nphroprotecteur proprement dit et
constitue pas une contre-indication dfinitive ce type de dune amlioration du syndrome urmique (cf. infra).
traitement, mais incite le reprendre plus progressivement
Enfin, il faut souligner que ces mta-analyses ont inclus, en
(titration plus progressive et ventuellement posologie maxi-
sus de MDRD, beaucoup dtudes comportant de petits effectifs
male plus basse).
et ralises dans les annes 1990, cest--dire avant lutilisation
Il est important de rappeler que les BSRA doivent tre
des IEC.
diminus ou interrompus transitoirement en cas dvnements
En outre, il na pas t possible, partir de ces tudes assez
intercurrents favorisant la dshydratation (fivre, diarrhe,
htrognes, dtablir un niveau de restriction protidique
canicule) comme le montrent les rsultats de ltude
optimal, si bien que les recommandations des K/DOQI [79] et
ONTARGET.
des CARI (Caring for Australasians with Renal Impairment)
Laugmentation de la kalimie (plus de 5,5 mmol/l) est une
complication frquente des bloqueurs du systme rnine- 2006 [80] sont de restreindre lapport protidique alimentaire
angiotensine, en particulier chez les patients diabtiques, les 0,75 g/kg par jour. Les recommandations de lHAS 2004 propo-
patients dont la filtration glomrulaire est infrieure 60 ml/ sent un apport de 0,8-1,0 g/kg par jour (ANAES 2004), cest--
min et ceux qui ont un apport alimentaire important en dire les valeurs recommandes par lOrganisation mondiale de
potassium (fruits et lgumes). la sant (OMS) [81] et par lAgence franaise de scurit sanitaire
Lhyperkalimie conduit rarement linterruption dfinitive des aliments (AFSSA) pour lalimentation des sujets nor-
des traitements bloqueurs du SRA, mais rend indispensable une maux [82], mais en tout cas bien en dessous de lapport protidi-
surveillance rapproche et des mesures nergiques de contrle que prvalant dans une alimentation occidentale classique
de la kalimie (mesures dittiques, introduction de diurtique, (environ 1,3 g/kg par jour).
voire de polystyrne sulfonate [Kayexalate] et ventuellement En pratique, lorsque de tels rgimes restreints en protides
rduction de la dose de BSRA). Une vigilance toute particulire sont appliqus, ils doivent ltre en complment dun traite-
doit tre exerce vis--vis des mdicaments intercurrents (anti- ment optimis du blocage du SRA et certainement pas sa
inflammatoires non strodiens [AINS], inhibiteurs de cyclo- place. En effet, lamplitude attendue de leffet restriction
oxygnase 2 [COXIBS], hparine, hparine de bas poids protidique sur la progression ne serait que 10 % 20 % de
molculaire [HBPM], supplmentation en sels de potassium leffet apport par le traitement IEC [83].
[KCl]) ainsi que des sources alimentaires occultes en potassium Les rgimes limits en protides doivent tre raliss sous
(sels de rgime base de KCl). surveillance dittique stricte, de faon viter la dnutrition.
La rduction de lapport protidique doit tre compense par un
apport nergtique suffisant de 30 35 kcal/kg par jour (sauf
Nutrition obsit associe) (KDOQI) [79]. Lapport protidique alimentaire
Limitation de lapport protidique alimentaire peut tre monitor partir de la mesure de lexcrtion urinaire
Outre le rgime restreint en sodium modr entre 6 et 8 g/ dure sur un recueil durines de 24 heures. Lapport protidique
24 h ncessaire et systmatique pour potentialiser leffet en g/j est calcul comme llure urinaire en mmol/j divise par
antihypertenseur et antiprotinurique des BSRA, une restriction 5,5 [84].
de lapport protidique alimentaire a t propose pour ralentir Il y a peu de donnes pour proposer un rgime restreint en
la progression de linsuffisance rnale. protides aux patients ayant un syndrome nphrotique ou une
Chez lanimal, la restriction protidique alimentaire diminue protinurie abondante dautant que linterprtation de lalbu-
les lsions rnales et ralentit la progression dans quasiment tous minmie devient alors difficile et quil nest gnralement pas
les modles exprimentaux. Cependant, chez lhomme, les possible de maintenir une albuminmie suprieure 40 g/l,
rsultats de la restriction alimentaire protidique sur la progres- comme le recommandent les KDOQI [79].
sion des maladies rnales sont pour le moins controverss. Une Au stade de linsuffisance rnale svre (filtration glomrulaire
tude rcente suggre, par exemple, que le bnfice de la infrieure 15 ml/min), la restriction protidique alimentaire
limitation protidique pourrait tre li la limitation de lapport attnue le syndrome urmique et, en particulier, limite lacidose
alimentaire en sodium qui lui est forcment associ [74, 75]. mtabolique (AM), provenant du catabolisme des protines
La principale tude ralise dans ce domaine (MDRD) na pas soufres animales, lhyperhomocystinmie provenant de la
dmontr de bnfice de la restriction protidique alimen- mthionine et galement lhyperphosphatmie dont les princi-
taire [76]. Une analyse post-hoc de MDRD tenant compte du pales sources alimentaires sont constamment associes aux
niveau de restriction protidique rellement atteint pendant protines et enfin probablement la concentration dure
ltude (analyse dite per-protocol ) suggre un effet nphro- elle-mme.
protecteur avec une diminution de la vitesse de progression de Malgr ces bnfices symptomatiques, les rgimes ne doivent
1,15 ml/min par an pour chaque diminution de 0,2 g/kg/j pas faire reculer lindication de lpuration extrarnale (EER)
dapport protidique [77]. Sur la base de cette analyse, le dlai (ANAES 2002). Le risque de dnutrition svre est ici important,
Nphrologie 7
18-060-A-05 Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte
dautant quun grand nombre de patients limitent spontan- 22 %, sans modifier la mortalit totale et sans majoration des
ment leurs apports protidiques alimentaires [85]. La dernire effets secondaires, en particulier sans anomalie de la fonction
analyse post-hoc de ltude MDRD, tendant la priode dobser- hpatique.
vation aprs le dbut de la dialyse, montre labsence deffet sur Pour les K/DOQI 2003, lIRC est considre comme un
la progression et un excs de mortalit (hazard ratio : 1,92) dans quivalent de maladie coronaire symptomatique, sur la base
le groupe soumis une restriction protique de 0,28 g/kg par dun risque estim 10 ans largement suprieur 20 % (aux
jour supplmente en kto-analogues [86]. Cette tude a t tats-Unis) [91]. Une valuation annuelle des lipides plasmati-
critique en raison du manque dinformation sur les paramtres ques est recommande ainsi quune recherche soigneuse des
nutritionnels durant ltude et sur les facteurs confondants formes secondaires, en particulier endocriniennes (hypothyro-
potentiels de mortalit aprs le dbut de lEER. die, diabte) et mdicamenteuses (glucocorticodes, inhibiteurs
des protases, btabloqueurs, diurtiques, estrognes). Les
Perte de poids KDOQI 2003 recommandent lobtention dun taux de LDL-
Si lexcs de risque rnal associ au surpoids et lobsit cholestrol infrieur 1,00 g/l par des modifications dittiques,
commence tre assez bien tabli [24], en revanche, la rversi- puis, en cas dchec aprs 3 mois, un traitement par statine
bilit du risque de progression sous linfluence de la rduction (National Kidney Foundation 2003). Ces recommandations ne
pondrale nest pas formellement dmontre. proposent pas une cible de LDL-cholestrol encore plus basse
Chez les patients obses ou en surpoids, la perte de poids chez les patients avec une IRC et une maladie athrosclreuse
peut constituer un adjuvant important au traitement antihyper- symptomatique.
tenseur, pour restaurer la sensibilit linsuline et amliorer le Pour les NICE 2008, lindication des statines pour la prven-
profil lipidique (CARI 2007) [87]. Ces amliorations tensionnelles tion primaire chez les patients avec une IRC ne doit pas diffrer
et mtaboliques sont susceptibles de ralentir la progression de de la population gnrale et fait appel aux tables ou calculateurs
la MRC. La rduction pondrale est associe une baisse de risque [64]. Les NICE insistent sur la prise en compte du
significative de la protinurie au-del de ce qui est attendu de niveau de risque plus que sur les concentrations plasmatiques
lamlioration tensionnelle et lipidique. de lipides, mais reconnaissent cependant que les quations de
Selon les CARI [87], lobjectif initial de la perte pondrale chez risque actuellement disponibles (Framingham, QRISK) sous-
les sujets obses est une rduction de 10 % du poids de base. estiment largement le risque chez les individus avec une IRC.
Une rduction supplmentaire peut tre tente selon les La prise de position des KDOQI 2003 peut paratre un peu
rsultats et la tolrance [87]. extrmiste en premire analyse. Cependant, lorsque lon prend
en compte la frquence et la distribution des facteurs de risque
dans une population de patients nord-amricains avec une IRC
Prvention du risque modre, 78 % ont deux ou plus facteurs de risque ou prsen-
tent demble une maladie athromateuse symptomatique [92].
cardiovasculaire La reclassification de lIRC modre comme un quivalent
coronarien aboutirait donc traiter 22 % de patients suppl-
Hypolipmiants mentaires pour lesquels le risque coronarien est moins bien
Les bnfices des agents hypolipmiants chez les sujets avec dfini. Ceci parat donc un faible prix payer, compte tenu de
une maladie cardiovasculaire prexistante sont bien dmontrs. la simplicit des recommandations KDOQI, permettant une
Bien que les patients avec une IRC sont exposs un risque mise en uvre efficace en pratique quotidienne.
cardiovasculaire accru et devraient raisonnablement bnficier
des agents hypolipmiants, la plupart des essais randomiss ont Antiagrgants plaquettaires
exclu les patients rnaux . Les anomalies lipidiques au cours Les patients avec une IRC ont paradoxalement la fois une
de lIRC diffrent de celles observes dans la population tendance la thrombose et au saignement. Les symptmes
gnrale et dpendent du stade de lIRC et de la prsence ou hmorragiques sont habituellement modestes, grossirement
non dun diabte et/ou dun syndrome nphrotique. Les corrls au temps de saignement et tendent saggraver avec la
caractristiques de la dyslipidmie de lIRC sont lhypertriglyc- svrit de lIRC. Le risque thrombogne est attribu lactivit
ridmie, llvation des lipoprotines remnantes , une procoagulante exagre (lvation de la thrombine, du fibrino-
rduction du high density lipoprotein (HDL) cholestrol, une gne et des facteurs VII et VIII circulants).
augmentation des fractions athrognes du low density lipoprotein Sur la base des essais disponibles, pour les NICE 2008 [64], un
(LDL)-cholestrol, de la lipoprotine (a) et de lapolipoproteine traitement antiagrgant peut tre propos aux patients avec une
A-IV [64]. IRC en situation de prvention secondaire. LIRC ne reprsente
Les cibles optimales des concentrations de lipides plasmati- pas en soi une contre-indication aux faibles doses daspirine
ques chez les sujets en IRC ne sont pas bien connues. Les (75 mg/j), mais les prescripteurs doivent tre alerts dune faible
donnes principales reposent sur des analyses post-hoc en sous- augmentation du risque de saignement, en particulier chez les
groupe des grands essais de prvention cardiovasculaire. patients IRC recevant des combinaisons dantiagrgants.
Ltude Heart Prevention Study (HPS) a confirm lintrt
dun traitement par simvastatine sur la rduction de la morbi-
mortalit cardiovasculaire de patients slectionns sur un risque Acidose
cardiovasculaire lev et cela, quelles que soient les valeurs
initiales de cholestrol total ou de LDL-cholestrol [88]. Lintrt LIRC est associe une acidose mtabolique dont la princi-
de cette tude tait dinclure un sous-groupe de 1 329 patients pale expression biologique est une diminution modre des
avec une insuffisance rnale modre (cratinine plasmatique bicarbonates plasmatiques entre 16 et 22 mmol/l. Dans linsuf-
suprieure 130 et infrieure 200 mol/l) et de confirmer le fisance rnale chronique modre, lacidose mtabolique, lie
bnfice du traitement par statine dans cette population. la diminution de lexcrtion urinaire dammoniac et dacides
Dans ltude CARE (Cholesterol and Recurrent Events) chez titrables, est une acidose mtabolique hyperchlormique trou
plus de 4 000 patients avec infarctus et un cholestrol infrieur anionique normal. un stade plus tardif, la rtention dacides
2,40 g/l, les 1 700 patients avec un DFGe infrieur 75 ml/ (anions organiques et minraux tels que phosphates et sulfates)
min et randomiss pour recevoir la pravastatine 40 mg ou son saccompagne dune augmentation du trou anionique sanguin.
placebo ont eu une rduction du risque absolu de 4 % et une Lacidose mtabolique est plus marque au cours des nphropa-
rduction du risque relatif de 28 % sur le critre principal thies interstitielles chroniques et chez les patients ayant une
(mortalit coronaire et rcidive dinfarctus non fatal) [89]. alimentation riche en protines soufres dorigine animale [93].
Dans une mta-analyse de 2008 dessais randomiss contrls Lacidose mtabolique chronique est associe de nombreu-
portant sur plus de 6 500 patients prsentant une IRC [90], les ses complications cliniques comme le ralentissement de la
statines rduisent globalement la mortalit cardiovasculaire de croissance chez lenfant, la perte de masse osseuse et musculaire,
18 % et les complications cardiovasculaires non mortelles de une balance azote ngative, facteur aggravant de dnutrition.
8 Nphrologie
Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte 18-060-A-05
Nphrologie 9
18-060-A-05 Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte
ou trs leves. La biopsie osseuse peut cependant tre propose Le diagnostic danmie lie lIRC est port devant une
chez les patients qui ont des fractures inexpliques, des douleurs anmie normochrome, normocytaire et argnrative et aprs
osseuses, une hypercalcmie ou une hypophosphatmie inex- exclusion des autres causes habituelles danmie. Dans les cas
pliques, une suspicion dintoxication aluminique ou encore difficiles, on peut saider du dosage de lEPO en ayant lesprit
avant de dbuter un traitement par bisphosphonates [100]. quun taux normal ou modrment lev est pathologique.
Les calcifications vasculaires sont recherches par une Les consquences de lanmie sont nombreuses. Elle affecte
radiographie de labdomen de profil ou ventuellement par une directement la qualit de vie en rduisant les performances
tomodensitomtrie et les calcifications valvulaires sont recher- physiques, les fonctions cognitives, la libido et la qualit du
ches par lchographie cardiaque. La prsence de telles calcifi- sommeil [106-108]. Lanmie expose lhypertrophie ventriculaire
cations permet de classer le patient comme haut risque gauche et un risque accru dinsuffisance cardiaque et dinfarc-
cardiovasculaire et influence le choix parmi les thrapeutiques tus du myocarde [109]. Elle reprsente donc un important facteur
disponibles. de risque de morbimortalit [110].
Les recommandations actuelles de traitement des dsordres Le traitement est relativement bien codifi et consiste en
phosphocalciques associs lIRC de stade 3 5 sont de ladministration dagents stimulant lrythropose (ASE) et de
maintenir les valeurs de calcmie, de phosphatmie et de PTH fer, sans omettre de corriger dventuelles carences associes et
dans les normes du laboratoire effectuant lanalyse [100]. En cas des facteurs aggravant tels quun syndrome inflammatoire ou
dhyperphosphatmie, il faut commencer par limiter lapport une hyperparathyrodie svre.
alimentaire en phosphore. Lorsque cela ne suffit pas norma- Pralablement ladministration dun ASE, il convient de
liser la phosphatmie, on peut utiliser des chlateurs du sassurer de stocks en fer suffisants. Les patients insuffisants
phosphore dont on distingue essentiellement deux types, ceux rnaux sont frquemment carencs en fer en raison dune
base de calcium (actate ou carbonate de calcium) et ceux moins bonne absorption digestive du fer et de troubles de
sans calcium (sevelamer, carbonate de Lanthane, sels dalumi- lhmostase, lorigine de pertes occultes avec un bilan ngatif
nium). Les sels daluminium ne sont plus recommands au long annuel qui a t valu en moyenne 100 mg. Lors de lins-
cours en raison du risque dintoxication aluminique. Les tauration dun traitement par ASE, la synthse de lhmoglobine
chlateurs base de calcium sont viter en cas dhyper- va consommer une grande quantit de fer et une supplmenta-
calcmie, de PTH basse, de calcifications artrielles ou dos tion denviron 1 000 mg est ncessaire. Le plus souvent, une
adynamique. Ils sont en revanche privilgier lorsquil existe administration par voie orale est suffisante, mais, lors de
une hypocalcmie. carences svres, le recours la voie intraveineuse peut tre
Lorsque la PTH est leve, il convient de rechercher et de ncessaire.
corriger une hypocalcmie, une hyperphosphatmie et/ou une Le stock de fer est valu par le dosage de la ferritinmie
carence en vitamine D native. Les supplments calciques sont (valeur normale 60 300 g/l). Pour une rponse optimale aux
alors utiliser avec prudence en raison du risque de calcifica- ASE, il est recommand de maintenir la ferritinmie entre
tions coronaires et ne doivent tre employs que pour corriger 100 et 500 g/l (KDOQI 2006). La ferritine est stimule par
une hypocalcmie [101]. Si llvation de la PTH persiste, il faut linflammation et son interprtation doit en tenir compte. Il
alors prescrire de la vitamine D1 alpha-hydroxyle (calcitriol ou existe une situation appele carence fonctionnelle en fer
alfacalcidol), en sassurant que cela ninduise pas dhypercalc- avec une ferritinmie normale ou leve, mais o le fer est
mie ou dhyperphosphatmie. Le calcimimtique cinacalcet na indisponible pour lrythropose, et sa cause principale en est
pas dautorisation de mise sur le march (AMM) actuellement linflammation. La disponibilit du fer est value par le dosage
pour cette indication avant le stade de la dialyse. du coefficient de saturation de la transferrine ou par le pour-
Lostoporose peut tre traite comme pour la population centage de globules rouges hypochromes. Les recommandations
gnrale chez les patients ayant une maladie rnale de stade sont de maintenir un coefficient de saturation de la transferrine
1 ou 2 et de stade 3 sans hyperparathyrodie [100]. Lorsque des suprieur 20 % et un pourcentage de globules rouges hypo-
anomalies phosphocalciques apparaissent aux stades 4 et 5, il chromes infrieur 10 % [111]. Pour y arriver, les cibles doivent
faut pralablement essayer de les corriger et une biopsie osseuse tre respectivement entre 30 % et 40 % pour le coefficient de
peut tre discute. Les bisphosphonates risquent dinduire de saturation de la transferrine et infrieures 2,5 % pour les
manire trs prolonge un os adynamique et ne peuvent donc globules rouges hypochromes.
tre utiliss que si le remodelage osseux est lev. Lutilisation Les ASE disponibles comprennent lpotine a, b ou d, la
de teriparatide (analogue PTH 1-34) et de raloxifne est possible darbepotine a et le continuous erythropoiesis receptor activator
un stade dbutant de lIRC (stades 2 ou 3 avec PTH normale) (CERA). Tous sont injectables, les voies intraveineuse et sous-
et permet de rduire lincidence des fractures vertbrales, mais cutane tant comparables pour les deux derniers qui ont des
elle na pas t value aux stades ultrieurs. demi-vies longues. Lpotine a une demi-vie plus courte et
ladministration sous-cutane permet une pargne de dose de
lordre de 30 % [112]. En phase de correction, lAMM prconise
Anmie trois injections hebdomadaires pour lpotine, une injection
toutes les 1 2 semaines pour la darbepotine et une injection
Lanmie est une complication extrmement frquente de toutes les 2 semaines pour le CERA. En phase dentretien, les
lIRC, et sa prvalence est troitement corrle la svrit de injections peuvent tre espaces 1 ou 2 semaines pour
linsuffisance rnale [102] . Avec la dfinition actuellement lpotine et 1 mois pour la darbepotine et le CERA. Le taux
retenue, savoir une hmoglobine infrieure 13,5 g/dl, prs dhmoglobine doit tre troitement surveill et ne doit pas
de la moiti des patients qui ont un DFGe infrieur augmenter de plus de 2 g/dl par mois afin dviter une aggra-
50 ml/min par 1,73 m2 et la quasi-totalit des patients ayant un vation de lHTA.
DFGe infrieur 20 ml/min par 1,73 m2 sont concerns [103]. Le taux dhmoglobine cible fait lobjet de nombreux dbats
Lanmie est principalement la consquence dun dficit en et a beaucoup vari au cours des dernires annes. Plusieurs
rythropotine (EPO), produite essentiellement par les cellules tudes rcentes ont trouv un risque accru dvnements
interstitielles pritubulaires. Ce dficit est relatif, le taux cardiovasculaires en normalisant totalement lhmoglobin-
circulant dEPO pouvant tre normal ou mme augment, mais mie [113, 114]. Dautres tudes nont pas trouv deffet cardiovas-
insuffisamment par rapport celui dun individu sans insuffi- culaire dltre associ une cible dhmoglobine haute, mais
sance rnale avec le mme taux dhmoglobine [104]. Dautres nont pas non plus montr de bnfice [115, 116]. La position
facteurs peuvent intervenir, comme une rsistance lEPO lie publie rcemment des European Renal Best Practice est un taux
la mylofibrose induite par lhyperparathyrodie secondaire, cible 11-12 g/dl, sans dpasser intentionnellement 13 g/
des saignements occultes lis aux troubles de lhmostase dl [117]. Le risque de surcorriger lanmie concerne surtout les
secondaires lIRC, des carences vitaminiques secondaires la patients les plus risque, savoir les diabtiques et ceux ayant
dnutrition et linflammation, ou encore laccumulation des antcdents cardiovasculaires. Ce sont souvent ces mmes
dhepcidine [105]. patients qui ont une rsistance lEPO et ont besoin de fortes
10 Nphrologie
Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte 18-060-A-05
doses dASE, celles-ci pouvant avoir des effets directs sur Tableau 4.
lagrgation plaquettaire et lendothlium lorigine des Indications dbuter lpuration extrarnale.
complications cardiovasculaires. Une analyse post-hoc de ltude Indications absolues dbuter la dialyse (risque vital court terme)
CHOIR (Correction of Hemoglobin and Outcomes In Renal
Pricardite
insufficiency) a ainsi trouv un risque cardiovasculaire aug-
ment chez les patients qui nont pas atteint la cible haute Surcharge hydrosode ou dme pulmonaire rfractaires aux
malgr de fortes posologies [118]. diurtiques
Hypertension artrielle rsistante aux traitements
Nphrologie 11
18-060-A-05 Diagnostic, facteurs de risque et traitement de linsuffisance rnale chronique de ladulte
Chez les patients strictement asymptomatiques, la valeur [14] Levey AS, Stevens LA, Schmid CH, Zhang YL, Castro 3rd AF,
optimale de DFG pour initier le traitement dialytique est Feldman HI, et al. CKD-EPI (Chronic Kidney Disease Epidemiology
controverse. Les KDOQI proposent de prendre la dcision en Collaboration). A new equation to estimate glomerular filtration rate.
fonction du rapport bnfices/risques chez tout patient au stade Ann Intern Med 2009;150:604-12.
5 (DFG < 15 ml/min) (KDOQI 2006). Les European best practice [15] Levey AS, Atkins R, Coresh J, Cohen EP, Collins AJ, Eckardt KU, et al.
guidelines (EBPG) proposent de dmarrer entre 8 et 10 ml/min Chronic kidney disease as a global public health problem: approaches
pour sassurer de ne pas commencer en dessous de 6 ml/min et and initiatives - a position statement from Kidney Disease Improving
suggrent que les patients diabtiques peuvent ncessiter un Global Outcomes. Kidney Int 2007;72:247-59.
[16] Royal College of Physician Royal College of General Practitioners.
dmarrage plus prcoce [126].
The Renal Association. Chronic kidney disease in adults. UK
Ces recommandations ne sont cependant pas confortes par guidelines for identification, management and referral, 2006.
les donnes de la littrature. Une analyse post-hoc de ltude [17] Brosius 3rd FC, Hostetter TH, Kelepouris E, Mitsnefes MM, Moe SM,
NECOSAD (Nederlands Co-operative Study Adequacy of Dialy- Moore MA, et al. Detection of chronic kidney disease in patients with
sis) chez des patients incidents suggre un bnfice en termes or at increased risk of cardiovascular disease: a science advisory from
de mortalit lorsque la dialyse est dmarre prcocement the American Heart Association Kidney And Cardiovascular Disease
(timely) [127]. Cependant, cette notion associant des critres de Council; the Councils on High Blood Pressure Research,
fonction rnale et de bonne tolrance clinique est surtout Cardiovascular Disease in the Young, and Epidemiology and
nutritionnelle. Traynor et al. montrent, dans une analyse Prevention; and the Quality of Care and Outcomes Research
rtrospective, que la diffrence de mortalit est artificielle et Interdisciplinary Working Group: developed in collaboration with the
gnre par le dcalage de mise en dialyse entre les deux National Kidney Foundation. Circulation 2006;114:1083-7.
groupes (lead time bias) [128] . Dans une tude du registre [18] Hallan SI, Dahl K, Oien CM. Screening strategies for chronic renal
amricain sur 302 287 patients incidents, le dmarrage de la disease in the general population: follow-up of cross sectional health
survey. BMJ 2006;333:1047-53.
dialyse un DFG plus de 10 ml/min est associ un excs de
[19] Klahr S, Levey AS, Beck GJ, Caggiula AW, Hunsicker L, Kusek JW,
risque de mortalit de 42 % par rapport au dmarrage un DFG
et al. The effects of dietary protein restriction and blood-pressure
infrieur 10 ml/min [129]. Ces rsultats peuvent faire penser control on the progression of chronic renal disease. Modification of
un biais dindication, les patients les plus fragiles tant mis en Diet in Renal Disease Study Group. N Engl J Med 1994;330:877-84.
dialyse plus prcocement. Cependant, la diffrence de mortalit [20] Ruggenenti P, Perna A, Mosconi L, Matalone M, Pisoni R, Gaspari F,
persiste aprs ajustement pour lensemble des facteurs et al. Proteinuria predicts end-stage renal failure in non-diabetic chronic
confondants. nephropathies. The Gruppo Italiano di Studi Epidemiologici in
La rponse sera peut tre apporte par ltude prospective Nefrologia (GISEN). Kidney Int 1997;63:S54-S57 [suppl].
IDEAL (Initiating Dialysis Early and Late) mene en Australasie [21] Jafar TH, Stark PC, Schmid CH, Landa M, Maschio G, Marcantoni C,
chez 800 patients incidents et randomiss pour dmarrer lEER, et al. Proteinuria as a modifiable risk factor for the progression of non-
soit pour un DFG selon Cockcroft compris entre 10-14 ml/min, diabetic renal disease. Kidney Int 2001;60:1131-40.
soit un pour un DFG de 5-7 ml/min [130]. [22] Ruggenenti P, Perna A, Remuzzi G, GISEN Group Investigators..
.
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Service de nphrologie, Hpitaux universitaires de Strasbourg, 1, place de lHpital, 67792 Strasbourg cedex, France.
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T. Hannedouche ([email protected]).
Service de nphrologie, Hpitaux universitaires de Strasbourg, 1, place de lHpital, 67792 Strasbourg cedex, France.
Facult de mdecine de Strasbourg, 1, rue Kirschleger, 67000 Strasbourg, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Krummel T., Bazin D., Faller A.-L., Hannedouche T. Diagnostic, facteurs de risque et traitement de
linsuffisance rnale chronique de ladulte. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Nphrologie, 18-060-A-05, 2011.
Nphrologie 15
18-067-B-10
ducation thrapeutique
C. Tourette-Turgis, C. Isnard Bagnis
Lducation thrapeutique doit tre propose tout patient prsentant une maladie rnale chronique. Les
professionnels de sant vont avoir se former et coordonner leurs actions ainsi qu mutualiser leurs
moyens pour mettre en place une offre susceptible de rpondre aux demandes des patients. Ces actions
doivent tre conues avec les patients. Elles doivent tre values dans un esprit damlioration de la
qualit de vie des patients. Un changement important des pratiques est associ cette rflexion sur
laccompagnement et lducation thrapeutique qui devraient servir lamlioration de la qualit de vie
des patients et celle du travail des soignants. Lducation thrapeutique est une pratique qui ncessite
de la part des soignants lacquisition de nouvelles comptences et un accs des dispositifs de formation
adquats.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : ducation thrapeutique du patient ; Maladie rnale chronique ; Comptences autosoins ;
Comptences psychosociales ; Diagnostic ducatif ; Formation ; Qualit de vie
Contexte de lducation
avec les patients 4
Quelle formation pour les acteurs de lducation
thrapeutique ? 4 thrapeutique
Dispositifs de formation des professionnels de sant
lducation thrapeutique 4 Lallongement de la dure de la vie, le nombre croissant de
Efficacit des programmes dducation thrapeutique la population atteinte au moins dune maladie chronique
dans les maladies chroniques 4 (15 millions en France) et le dveloppement de la mdecine
ambulatoire ont amen le lgislateur proposer un transfert de
ducation thrapeutique en nphrologie 5 comptences aux patients. En effet, ces derniers ont grer dans
Conclusion 5 leur vie quotidienne des contraintes lies au maintien de leur
sant mais aussi assurer eux-mmes la prvention des compli-
cations auxquelles leur pathologie les expose (ccit, amputa-
tion, rsistance aux traitements, dme aigu du poumon).
Introduction Lducation thrapeutique est fonde sur plusieurs argu-
ments explicites :
Lducation thrapeutique du patient (ETP) est depuis juillet une plus grande implication du patient dans les soins et la
2009 inscrite dans la loi Hpital Patients, Sant Territoire gestion de sa maladie rendent sa prise en charge plus effi-
(HPST) [1]. Larticle 84 est entirement consacr aux dispositions cace ;
mettre en uvre pour assurer lducation thrapeutique. de nombreuses complications peuvent tre vites si le
Celle-ci sinscrit dans le parcours de soin et a pour objectif de patient possde les savoirs et les comptences appropris ;
rendre le patient plus autonome en facilitant son adhsion aux le degr dobservance thrapeutique peut tre amlior si on
traitements prescrits et en amliorant sa qualit de vie [2]. Les forme les patients un usage optimal de leurs mdicaments
programmes dducation thrapeutique du patient doivent tre en les dotant doutils de rsolution de problmes (gestion des
conformes un cahier des charges national, ils sont proposs effets secondaires, conduite tenir en cas domission de prise
au malade par le mdecin prescripteur et donnent lieu ou de rupture de motivation).
Nphrologie 1
18-067-B-10 ducation thrapeutique
Tableau 1.
Classification de la maladie rnale chronique daprs les KDOQI [12].
1 > 90 ml/min avec marqueurs datteinte rnale Maladie rnale sans insuffisance rnale Rechercher un diagnostic tiologique
Traiter les comorbidits
valuer la progression de la MRC
Traiter les facteurs de risque cardiovasculaires
2 > 60 ml/min avec marqueurs datteinte rnale Malade rnale chronique (MRC) + Ralentir la progression de la MRC
+ Nphroprotection
Par ailleurs, les maladies chroniques, mais aussi les effets des Tableau 2.
traitements (dialyse en nphrologie, lipodystrophie dans Formules destimation du dbit de filtration glomrulaire (daprs [13]).
linfection au VIH, dpression dans lhpatite C, contraintes
dittiques dans linsuffisance rnale chronique [IRC] ou le Formule de Cockcroft et Gault
diabte) engendrent des effets ngatifs dans la vie des patients Clairance de cratinine (en ml/min) = K (140 ge) poids
et de leur entourage qui peuvent tre rduits par des interven- en kilo/cratinine en mol/l
tions spcifiques qui les prennent en compte. K = 1,23 chez lhomme et 1,04 chez la femme
Lducation thrapeutique doit tre propose toute per-
sonne ayant une maladie chronique, enfant, adolescent ou Formule de MRD simplifie
adulte quels que soient le type, le stade et lvolution de leur Clairance de cratinine (en ml/min/1,73 m2) = K 186
maladie. Cette offre dducation concerne aussi lentourage, cratinine 1,154 ge 0,203
notamment les proches, dans la mesure o souvent ils partici- K = 0,742 pour les femmes
pent aux soins, mais aussi vivent plus ou moins bien limpact
de la maladie et de ses traitements par peur, manque de
connaissance et autres difficults.
vie ainsi quun traitement mdical lourd et complexe et un
suivi de plus en plus intensif au fur et mesure de la dtrio-
Contexte de lducation ration de la fonction rnale. La grande majorit des patients
atteints de maladie rnale chronique prsente galement une
thrapeutique en nphrologie hypertension, un diabte, une dyslipidmie [15, 16]. La liste des
traitements ncessaires est donc la plupart du temps longue
Dans leur rapport lacadmie de mdecine de 2004, Bourel avec un nombre de mdicaments quotidiens allant jusqu
et Ardaillou [5] valuaient le nombre de personnes en France 15 chez la personne en dialyse, auxquels il faut ajouter une
atteintes de maladies rnales chroniques non dialyses entre restriction des apports liquidiens. En nphrologie, le patient se
2 et 3 millions. Lincidence et la prvalence de linsuffisance retrouve avec trois types de recommandations cumules (la prise
rnale modre ne sont pas connues de faon prcise en France de mdicaments, un programme dittique et une activit
par manque denqutes pidmiologiques. Lpidmiologie de physique modre). La question qui se pose alors en ducation
lIRC terminale est assez bien dfinie dans la mesure o cette thrapeutique est la suivante : quelle est la recommandation
pathologie requiert lutilisation de techniques de soin lourdes, suivre en premier ? La dittique de lhmodialyse est certaine-
facilement quantifiables. Lenqute de la Caisse Nationale ment une des dittiques les plus difficiles matriser par les
dAssurance Maladie (CNAM) mene en juin 2003, a montr patients. Elle ncessite plusieurs heures dapprentissage et de
quil existe en France 45 000 patients insuffisants rnaux formation portant sur la connaissance des quivalences alimen-
chroniques dont environ les deux tiers sont traits par dialyse taires, la gestion de la sensation de manque et de frustration, la
et un tiers (15 000) a un greffon fonctionnel [6] . Ainsi, le perte de repres gustatifs, la modification du registre de
dpistage et la prise en charge de lIRC figurent parmi les satisfaction.
priorits nationales de sant publique [7]. La frquence de lIRC En consquence, la qualit de vie des patients atteints de
augmente avec lge [8], elle est plus leve chez les personnes maladie rnale chronique est trs fortement altre. Une tude
diabtiques [9], chez le sujet hypertendu [10], le sujet atteint de rcente a confirm quils ont un niveau de qualit de vie
cancer [11]. Cest une maladie silencieuse dont le signal dalarme infrieure celui de patients traits pour un cancer [17].
nest pas donn par le patient lui-mme. Le diagnostic est
biologique et repose sur le dosage de la cratinmie qui doit tre
interprt au moyen de formules destimation du dbit de
filtration glomrulaire, reflet du fonctionnement rnal, laide Recommandations officielles
dune formule destimation : celle de Cockcroft et Gault ou celle
de MRD (Tableaux 1, 2) [12-14].
en ducation thrapeutique
du patient
Impact de la maladie rnale La dmarche dducation thrapeutique telle quelle est
dcrite dans les recommandations officielles comporte quatre
chronique dans la vie quotidienne tapes :
du patient la ralisation dun diagnostic ducatif ;
la dfinition avec le patient dun programme personnalis ;
Le traitement de la maladie rnale chronique implique un la mise en uvre de sances dducation ;
changement important des habitudes alimentaires et du style de une valuation.
2 Nphrologie
ducation thrapeutique 18-067-B-10
Il existe une mthodologie propre lducation thrapeutique dducation comporte une part dapprentissages dclins en
qui ne peut se rduire la transmission dinformations. Elle doit savoir-faire (savoirs procduraux) : le management de ses
comprendre lanimation dactivits pdagogiques ayant pour mdicaments par le patient est un savoir procdural impor-
objectif lacquisition ou le renforcement des comptences tant. Ce dernier a envie de savoir reconnatre un effet
dautosoins et des comptences psychosociales. La maladie indsirable, quoi faire en cas doubli de prise et aussi reprer
rnale chronique avec la dialyse ncessite de la part du patient ses pertes de motivation. Les ruptures dobservance thrapeu-
une rorganisation rgulire des choix de vie et de carrire en tique reprsentent une cause majeure dans la survenue de
fonction de lge et du stade de dveloppement de son insuffi- complications et de la dtrioration de la sant des patients,
sance rnale. aussi des activits doivent-elles tre conduites en nphrologie
sur le vcu des traitements sans culpabiliser le patient. Il sagit
Premire tape : diagnostic ducatif de partir de lexprience subjective que le patient a de sa
ou bilan ducatif partag maladie, des questions que la maladie ou ses traitements lui
posent et de voir avec lui ses priorits dapprentissage. Ces
Lusage de ce terme de diagnostic ducatif recouvre plusieurs apprentissages sont surtout des apprentissages exprientiels,
acceptions et il est lenjeu de discussions dans le milieu des existentiels visant aider le patient continuer son dvelop-
pdagogues de la sant au sens o la plupart des outils proposs pement et sa croissance personnels.
pour le conduire tendent malheureusement se rduire un
interrogatoire du patient sur ses connaissances de la maladie et
de ses traitements.
La dfinition officielle du diagnostic ducatif est la suivante :
le diagnostic ducatif est la premire tape de la dmarche
dducation qui permet dapprhender diffrents aspects de la
Points importants
personnalit du patient, didentifier ses besoins, dvaluer ses
potentialits, de prendre en compte ses demandes dans le but Comptences dautosoins en nphrologie
de proposer un programme dducation personnalis [18]. On Les comptences dautosoins dsignent les activits de
voit donc l comment un diagnostic nest pas un simple soin et dautosurveillance conduire par le patient dans
contrle des connaissances ou des pratiques du patient. sa vie quotidienne.
Le diagnostic ducatif est loccasion dune rencontre dans Exemples :
laquelle un soignant essaie dadopter une posture de pdagogue, prise de pression artrielle ;
ce qui signifie la mise en place dun climat de confiance et la reprage par le patient de la survenue de certains
prsentation au patient de ce quest lducation thrapeutique.
symptmes (dmes des membres infrieurs, perte
Le patient doit avoir envie de revenir dans le service, dans le
rseau ou tout autre endroit pour bnficier dune offre ddu- dapptit, fatigue intense) ;
.
cation qui a priori peut tre assez loigne de loffre de soin auto-observation de signes daggravation ;
dans son format habituel (ateliers, runions de groupes, expos, savoir reprer une perte de motivation, la survenue de
jeux de rles). situations stressantes ;
prendre des dcisions pour soi, prendre soin de soi ;
Dfinition avec le patient dun programme apprentissage des conduites tenir en cas deffets
personnalis secondaires ;
que faire en cas doubli de prise de traitement, en cas
Cette tape est particulirement importante et elle est le de douleur ? ;
rsultat dune relation de confiance entre le soignant et le connaissance des quivalences alimentaires.
patient qui mettent ensemble des ides, des propositions en
Comptences psychosociales
partant des priorits croises du patient en matire de besoins
fondamentaux et en matire de sant. Cest lors de cette tape
Les comptences psychosociales dsignent les savoir-tre
que les conflits de priorit entre la vie du patient et sa sant et savoir-faire que le patient doit matriser pour vivre au
peuvent tre mis plat, considrs, tudis et discuts. En mieux avec sa maladie chronique. Elles dsignent aussi le
dialyse par exemple de nombreux patients voquent leurs travail effectuer par le patient pour faire face limpact
conflits de priorit sous diffrentes formes. Par exemple Mon- social de la maladie ou la lourdeur des soins.
sieur R. a tard commencer sa dialyse parce quil ne voulait Exemples de comptences psychosociales en
pas gcher la qualit de vie de son pouse qui vient de prendre nphrologie :
sa retraite. Madame S. voulait vendre son appartement, en maintenir ses capacits fonctionnelles le plus
acheter un autre dans une autre rgion prs de sa fille pour y longtemps possible ;
commencer la dialyse. Madame F. fait des hirarchies entre les
maintenir son degr de socialisation (prvenir
diffrentes pathologies qui laffectent et a dcid de soccuper de
son diabte aprs toutes ses autres pathologies. Elle neffectue
lisolement et le retrait social lis lge et aux restrictions
donc plus son suivi en diabtologie, elle veut dabord dit-elle se alimentaires) ;
dbarrasser des douleurs causes par sa polyarthrite qui endom- savoir expliquer sa maladie aux autres rfrents
magent grandement sa qualit de vie. mdicaux ;
Llaboration dun programme personnalis en ducation savoir parler de la maladie et de ses contraintes son
peut consister proposer un patient de participer un atelier entourage tout en dfendant une bonne image de soi ;
estime de soi en groupe parce quil est expos tellement maintenir une bonne estime de soi (en dialyse les
dobstacles dans sa vie quotidienne qui sont des facteurs de patients se sentent un poids pour leur famille) ;
stress, quil narrive plus prendre soin de lui et faire quoi savoir prendre les dcisions adaptes (projet de vie
que ce soit pour lui. Ainsi Madame S. a assist aux ateliers du
professionnel, familial ou personnel) selon les stades de la
mardi pendant plusieurs semaines o elle a expos tous les
obstacles qui lempchaient de prendre soin de sa sant ; petit
maladie ou les contraintes de certains soins ;
petit grce laide du groupe et des animateurs du groupe, poursuivre sa croissance et son dveloppement
elle a dbobin tous ces obstacles et a repris des forces et de personnel ;
lnergie pour son suivi de soin. participer au monde associatif et sintresser laction
On retrouve dans les programmes personnaliss, les dter- collective en sant (sentiment dappartenance collective,
minants psychosociaux de la sant sachant que linformation rduction du sentiment de solitude particulier la
ne compte que pour une part dans ladoption ou le maintien maladie).
dun comportement de sant. Tout programme personnalis
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4 Nphrologie
ducation thrapeutique 18-067-B-10
Rfrences
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que faire ?
H Izzedine
L a cratininmie est un paramtre trs utile pour apprcier la fonction rnale. Utiliser et interprter correctement
le dosage de la cratninmie permet de ne pas sous-estimer limportance de la dgradation de la fonction
rnale. En effet, une lvation mme modre de la cratininmie impose le calcul de sa clairance et peut rvler une
insuffisance rnale dj importante.
2003 Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS. Tous droits rservs.
taux 177 mol/L pour un homme (146 mol/L
Gnralits Linsuffisance rnale : un indicateur pour une femme) une clairance de
de morbidit et de mortalit 30 mL/min/1,3 m_.
Linsuffisance rnale est trs frquente. Cest un 18 % des patients hypertendus ont
Clairance de la cratinine : un marqueur
indicateur de morbidit et de mortalit (encadr). Il une cratininmie suprieure sensible
est donc essentiel de la dpister le plus rapidement 12 mg/L, ce qui signifie une
La mesure du dbit de filtration glomrulaire
possible. clairance de la cratinine infrieure
repose sur le concept de clairance rnale dune
Plusieurs paramtres peuvent habituellement 50 mL/min [15] ; substance (polysaccharide inuline ou iodothalamate
tre utiliss pour apprcier la fonction rnale. 30 % des sujets amricains de plus marqu) possdant les proprits suivantes :
Lure plasmatique, sujette de multiples de 70 ans ont une cratininmie capable datteindre une concentration stable
variations (encadr), est un mauvais marqueur de la
suprieure 15 mg/L [15]. dans le plasma ;
fonction rnale. La cratininmie est le paramtre le
Dans ltude HOT [15], une librement filtre dans le glomrule ;
plus utile pour apprcier la fonction rnale [6]. Une
cratininmie suprieure 15 mg/L non rabsorbe, scrte, synthtise ou
lvation modre impose le calcul de sa clairance
lve la mortalit dun facteur de 4,8. mtabolise dans le rein.
qui peut rvler une insuffisance rnale dj
La clairance rnale dune telle substance en
importante. La cystatine C est une protinase Une insuffisance rnale aigu est
mL/min reprsente le volume de plasma totalement
inhibitrice de la cystine produite par toutes les observe chez 40 % des transplants de pur de la substance par les reins en 1 minute. En
[18, 19]
cellules nucles. Elle est exclusivement limine par moelle et 50 % des patients en pratique, cest la clairance de la cratinine qui est
le glomrule. IL sagirait dun marqueur fiable de la unit de soins intensifs [2]. calcule.
fonction rnale [1, 9, 10, 11, 12, 13, 14]. Son rel intrt est
La mortalit des patients transplants
en cours dvaluation.
de moelle est de 53,2 et 29,7 % selon
Cratininmie :
le dosage le plus utile
quil existe ou non une insuffisance
rnale aigu [18].
Lure plasmatique, un mauvais
marqueur
Facteurs de variation
de la cratinine et de sa clairance
1
5-0492 - lvation de la cratininmie : que faire ?
Avec K = 1 chez lhomme et 0,85 chez la femme. ans plus ou moins 7 ans (extrmes 70103 ans), la apparat raisonnable chez les personnes ges
Nanmoins, cette mthode sous-estime le dbit clairance de la cratinine estime par la formule de dapprocher la valeur de la fonction rnale par
de filtration glomrulaire en cas dinsuffisance Cockcroft et Gault tait de 35 plus ou moins lestimation de la clairance de la cratinine.
rnale. 15 mL/min avec une cratininmie moyenne de
113 plus ou moins 56 mol/L [3]. Il est vrai que le
travail de Cockcroft et Gault na pas t ralis dans Cratininmie leve
utile en clinique et quelle nest pas plus imprcise
En effet, sil est vrai quil ny a pas de vieillissement quune mesure de la clairance de la cratinine
Conclusion
rnal obligatoire chez les personnes ges, il nen ralise avec recueil durine dont on connat les
demeure pas moins que lessentiel de la population difficults en griatrie [8, 16]. Lvaluation de la En pratique clinique quotidienne, pour apprcier
griatrique, pour des raisons diverses (hypertension fonction rnale par la mesure de la filtration la fonction rnale, il faut utiliser le taux sanguin de
artrielle, diabte, toxiques), a une fonction rnale glomrulaire par dcroissance plasmatique de cratinine et sa clairance estime par la formule de
notablement rduite. Sur 2 018 malades, gs de 85 produit marqu ntant pas accessible en routine, il Cockcroft.
2
lvation de la cratininmie : que faire ? - 5-0492
Docteur j'ai une cratininmie leve 2 * Exception : insuffsance rnale chronique (IRC)
reins de taille normale ou augmente (polykystose r-
nale, amylose, diabte, virus de limmunodficience hu-
Prise mdicamenteuse
(Trimthoprime,ttracycline, fenofibrate) Oui maine, infiltration lymphomateuse, thrombose des vei-
Effort physique rcent nes rnales).
** En labsence de traitement diurtique.
Refaire le dosage aprs exclusion
IRA : insuffsance rnale aigu ; OAP : dme aigu du
de l'agent causal poumon ; HTA : hypertension artrielle ; TA : tension
artrielle ; GN : glomrulonphrite ; GNA : glomrulo-
Non Sujet noir, athltique nphrite aigu ; U/P : urinaire/plasmatique ; Pu : pro-
( prendre en considration) tinurie ; Hu : hmaturie ; ur : urinaire ; CPC : cavits
Insuffisance rnale Cratininmie pylocalicielles ; PBR : ponction-biopsie rnale ; MAT :
leve microangiopathie thrombotique.
Cratinine antrieure Cratinine normale
Taille des reins = fausse cratininmie
leve
}
URGENCE ?
Anurie
Hyperkalimie Traitement symptomatique immdiat
Acidose mtabolique svre Hospitalisation en unit de soins intensifs
OAP, hyponatrmie aigu
HTA maligne
Une lvation, mme modre, de la prescription mdicamenteuse chez le sujet g [7]. clairance de la cratinine est infrieure 60 mL/min,
cratininmie correspond, en rgle, une altration Une adaptation posologique est le plus souvent ce qui correspond une cratininmie de
importante de la fonction rnale. Ainsi, une attention ncessaire et la prescription dun agent 137 mol/L chez lhomme et de 104 mol/L chez la
particulire est requise dans le cadre de la nphrotoxique devrait tre arrte ds que la femme.
3
5-0492 - lvation de la cratininmie : que faire ?
Toute rfrence cet article doit porter la mention : H Izzedine. lvation de la cratininmie : que faire ?
Encycl Md Chir (Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 5-0492, 2003, 4 p
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4
18-207-E-10
nursie de lenfant
H. Lottmann, I. Alova
Lnursie nocturne se dfinit comme une incontinence intermittente pendant le sommeil chez des
enfants gs dau moins 5 ans. Lnursie nocturne est la fois un symptme et un tat pathologique.
Lnursie est dite primaire si lenfant na jamais eu de priode de continence dau moins 6 mois
conscutifs durant le sommeil et qualifie disole ou monosymptomatique sil nexiste aucun autre
symptme associ, en particulier diurne, relevant du bas appareil urinaire. On distingue
schmatiquement deux formes principales dnursie isole : une forme polyurique pure avec capacit
fonctionnelle vsicale normale et une forme non polyurique caractrise par une faible capacit vsicale.
Diverses combinaisons existent entre ces deux formes. Le diagnostic positif dnursie nocturne est avant
tout clinique. Il repose sur linterrogatoire et lexamen physique. Linterrogatoire limine les troubles
mictionnels diurnes et prcise les caractristiques de lnursie. Lexamen clinique limine une pathologie
neurologique ou une malformation urologique. La prise en charge de lnursie passe en premire
approche par une dmarche dinformation et dducation. Les patients motivs et non guris par les
seules prescriptions hyginodittiques devraient recevoir en complment un traitement spcifique, par
desmopressine et/ou alarme, en fonction du type dnursie. Des traitements combins et dautres
alternatives thrapeutiques non spcifiques peuvent tre proposs dans les nursies rfractaires. Le suivi
pendant et larrt du traitement est un lment essentiel du succs, qui reste inconstant.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : nursie de lenfant ; Incontinence ; Polyurie nocturne ; Capacit vsicale ; Desmopressine
Urologie 1
18-207-E-10 nursie de lenfant
Figure 1. Arbre dcisionnel. Algorithme de dfinition de lnursie nocturne primaire isole (daprs Aubert et al. [3]).
Tableau 1.
pidmiologie de lnursie nocturne.
Prvalence de lnursie nocturne (%)
Auteur Anne Nombre 5 ans 7 ans 9 ans 11-12 ans 16-17 ans
Yeung et al.[6] 2006 16 512 16,1 10,1 3,1 - -
Spee-van der et al.[7] 1998 7 931 15 8 - 4,6 -
Cher et al.[8] 2002 7 225 - 9 ,3 - 1 -7 -
Hellstrom et al. [9, 10] 1990/1995 3 556/1 034 - 9 ,5 - - 0,5
Kanaheswari[11] 2003 2 488 - 10,3 9,7 4,0 -
Swithinbank et al. [12, 13] 1994/1998 1 176 - - - 4,7 1,1
Lottmann[14] 2000 3 803 - 11,2 - - -
Collet et al.[15] 1993 1 677 8,7 7,3 4 0,9 -
Fergusson et al.[16] 1986 Ne prcise pas la taille 10,3
de lchantillon
part, est qualifie disole ou monosymptomatique sil nexiste avant la standardisation des dfinitions et la distinction des
aucun autre symptme associ, en particulier diurne, relevant divers sous-groupes dnursie. Une enqute rcente, conduite en
du bas appareil urinaire. Ainsi, la prsence de symptmes France en 2007 par TNS-Healthcare [4] sur 6 455 enfants gs de
cliniques survenant la journe tels quune frquence anormale 6 14 ans, a rvl une prvalence de lnursie de 4,6 % (5,8 %
des mictions, une incontinence diurne, une impriosit mic- dans le sous-groupe des enfants gs de 6 10 ans), les deux
tionnelle, des efforts de pousse la miction, des manuvres de tiers (67 %) correspondant une nursie nocturne primaire.
retenue (accroupissement, pincement de la verge), des cystalgies Dans presque la moiti des cas (46 %), lnursie tait svre (de
ou encore la prsence de douleurs gnitales, est vocatrice dun trois sept nuits mouilles par semaine). Ces rsultats, observs
dysfonctionnement du bas appareil urinaire et permet dlimi- 10 ans aprs la prcdente enqute TNS de 1997 [5], ralise sur
ner le diagnostic dnursie monosymptomatique (Fig. 1). En 3 803 enfants scolariss gs de 5 10 ans, suggrent une
outre, on dfinit lintensit de lnursie selon la frquence des volution positive des pratiques mdicales puisque la prvalence
nuits mouilles. En se basant sur les seuils le plus souvent
de lnursie primaire, dans cette prcdente tude, tait alors de
utiliss dans les tudes pidmiologiques ou thrapeutiques, il
9,2 % (11,2 % dans le sous-groupe des enfants gs de 5
est possible de dfinir trois sous-groupes, en fonction du degr
7 ans). Ces chiffres sont galement similaires ceux dautres
de svrit : lnursie mineure (moins dun pisode par
tudes (Tableau 1) [6-16]. Il existe nanmoins possiblement, lors
semaine), lnursie moyenne (un ou deux pisodes par
semaine) et lnursie svre (au moins trois pisodes par des interrogatoires des familles ou des enfants, une sous-
semaine). Il nexiste toutefois pas de consensus sur cette dclaration, lnursie tant considre comme dvalorisante
dfinition. pour lenfant et sa famille. Lnursie nocturne est plus fr-
quente chez les garons que chez les filles dans la petite
enfance, mais cette diffrence tend sattnuer ladolescence.
pidmiologie Des tudes longitudinales sur lhistoire naturelle de lnursie
ont montr que laffection a tendance gurir spontanment et
Lincidence relle de lnursie est actuellement inconnue chaque anne environ 15 % des enfants voient disparatre leurs
puisque la plupart des tudes pidmiologiques ont t conduites mictions nocturnes. Cependant, le concept selon lequel tous les
2 Urologie
nursie de lenfant 18-207-E-10
Physiopathologie
Lacquisition du contrle mictionnel correspond une
maturation progressive des commandes neurologiques vsicos-
phinctriennes. Chez le nourrisson, le fonctionnement vessie-
sphincter est automatique et sous le contrle prpondrant de
centres mdullosacrs. Puis, cette automaticit se trouve
progressivement module par des centres bulbaires et encpha-
liques suprieurs qui possdent essentiellement un rle inhibi-
teur sur la miction rflexe primitive. Chez lenfant ayant acquis
une maturation complte des voies nerveuses, lorsque la
miction est autorise, la relaxation sphinctrienne est synchrone 8-12 h 16-20 h 20-22 h 22-8 h
de la contraction vsicale. Le fonctionnement vsicosphinct- Diurse Osmolarit
rien est coordonn. La continence normale est la rsultante
dune maturation physiologique globale de la fonction miction- Figure 2. Excrtion urinaire et osmolarit chez un enfant non
nelle entre lge de 1,5 an et 5 ans [18]. Les tudes pidmiolo- nurtique.
giques montrent qu lge de 5 ans 81 1,8 % des enfants ont
acquis leur continence nocturne [19] . Lnursie nest donc
gnralement considre comme pathologique quau-del de ou darginine-vasopressine [20]. Lhormone antidiurtique, en
5 ans. effet, facilite la rabsorption de leau dans les tubes collecteurs
La physiopathologie de lnursie primaire monosymptoma- rnaux via lactivation des rcepteurs V2 la vasopressine qui
tique est complexe, multifactorielle, et fait intervenir trois induit la translocation du canal hydrique aquaporine 2 des
composantes essentielles, troitement intriques et associes vsicules intracellulaires la membrane plasmique. Chez
des degrs variables : lexcs de volume durine produit durant beaucoup dnurtiques, le volume durine nocturne est anor-
le sommeil, la rduction de la capacit vsicale fonctionnelle et malement lev. Dans les formes polyuriques avec osmolarit
llvation du seuil dveil nocturne. Lnursie monosympto- matinale basse (infrieure 800 mosm/l), le mcanisme physio-
matique correspond ainsi une inadquation entre le volume pathologique de la polyurie nocturne passe par une inversion
durine produit durant le sommeil et la capacit vsicale du rythme nycthmral de scrtion de vasopressine. Une
fonctionnelle. Labsence de rveil suite aux signaux de vessie insuffisance fonctionnelle en arginine-vasopressine explique
pleine conduit laccident nurtique. Lidentification de la laugmentation de la diurse nocturne et, paralllement, la
forme prdominante forme polyurique pure avec capacit baisse de losmolarit urinaire. Ce type dnursie est sensible
fonctionnelle vsicale normale ou production durine normale la rduction des apports hydriques et la desmopressine.
avec faible capacit vsicale est essentielle afin dorienter le Linversion du rythme nycthmral de la scrtion de vasopres-
choix thrapeutique. sine est le facteur le mieux connu, mais nest probablement pas
le seul. Dans les formes polyuriques rsistantes la desmopres-
sine, certains auteurs relient les accidents nurtiques une
Polyurie nocturne baisse de lexcrtion du potassium et du chlore [21] ou,
Une polyurie nocturne relative est retrouve chez environ linverse, une excrtion accrue du sodium dans les urines [22],
deux tiers des enfants ayant une nursie nocturne monosymp- suggrant un rle prpondrant de laldostrone et du systme
tomatique. Le terme de polyurie nocturne signifie que le ratio rnine-angiotensine-aldostrone. Le rle des prostaglandines
durine produite le jour par rapport la quantit produite la dans lnursie a galement t tudi dans une srie de 46
nuit est infrieur 1. Plusieurs facteurs semblent impliqus dans nurtiques svres rsistants la desmopressine [22]. Lexcrtion
la survenue dune polyurie nocturne chez lenfant nurtique. urinaire de prostaglandine E2 est ainsi plus forte chez les enfants
En tout premier, une mauvaise rpartition des boissons dans la polyuriques, ce qui voque clairement un rle de laugmenta-
journe : beaucoup denfants nurtiques boivent peu ou pas tion de la synthse des prostaglandines dans la pathognie de
(adolescents) au petit djeuner ; pratiquement rien durant la lnursie avec polyurie. La prostaglandine E2, en inhibant
journe : le seul point deau offert par la plupart des coles est laction de larginine-vasopressine, possde une action diurti-
un robinet dans les toilettes dont lhygine est souvent telle- que. ct de laldostrone et des prostaglandines, il faut
ment douteuse que les enfants vitent de les frquenter ; il est voquer le rle du facteur peptide atrial natriurtique ,
gnralement interdit damener une bouteille deau dans son clairement en cause dans lnursie aprs transplantation
cartable et chez beaucoup denfants, dont les nurtiques, la cardiaque ou associe aux apnes obstructives du sommeil.
charge hydrique quotidienne est absorbe dans la deuxime Lobstruction des voies ariennes suprieures, surtout si elle
moiti de la journe aprs le retour de lcole. Malgr de saccompagne dapnes obstructives, est un facteur reconnu
nombreux rapports, aucune solution rationnelle et efficace na dnursie primaire [23]. De nombreuses interventions chirurgi-
t propose ce jour ce problme dhygine publique. cales ou mdicamenteuses supprimant lobstruction entranent
Cependant, bien que tous les enfants soient concerns, tous ne des taux de disparition de lnursie immdiate deux trois fois
sont pas nurtiques et dautres facteurs interviennent chez ces plus frquente que lvolution naturelle de la maladie. Une
derniers : linversion du rythme nycthmral de la scrtion de tude publie en 2006 [24] confirme les faits chez 86 enfants
lhormone antidiurtique, les troubles de rgulation de lexcr- ayant fait lobjet dune adnotonsillectomie. Ltude montre,
tion ionique urinaire, une charge osmotique excessive du dans cette population, une frquence de lnursie de 42 % et
rgime alimentaire ou un faible pouvoir de concentration du une gurison complte ou une rduction trs nette des pisodes
rein. nocturnes, aprs chirurgie, chez deux tiers des patients.
Lexistence dun rythme nycthmral du dbit urinaire, avec Lhypercalciurie nocturne, quant elle, dfinie par un rapport
rduction de la diurse nocturne et augmentation correspon- Ca2+ /cratinine dans les urines suprieur 0,21, nest observe
dante de losmolarit, est connue chez le sujet normal (Fig. 2). que rarement au cours de lnursie et semble davantage lie
Ce rythme est essentiellement contrl, chez lenfant, par des apports excessifs en calcium (lait, laitages) ou des excs en
laugmentation de scrtion nocturne dhormone antidiurtique vitamine D. Lallaitement maternel prolong plus de 3 mois,
Urologie 3
18-207-E-10 nursie de lenfant
4 Urologie
nursie de lenfant 18-207-E-10
du mme ge ; cette incidence est value 10 % (par opposi- populations denfants nurtiques compars des enfants non
tion lnursie secondaire, associe, dans 70 % des cas, une nurtiques. Cette baisse de lestime de soi est dailleurs
origine psychologique primitive). Quand un trouble psychique frquemment associe un sentiment de honte, de culpabilit,
primitif est identifi chez un enfant nurtique, il sagit dhumiliation, danxit, et disolement [38]. Ltude de Van
essentiellement dun syndrome dhyperactivit motrice de type Tijen et al. rapporte la perception de limpact psychologique de
syndrome trouble dficitaire de lattention et hyperactivit lnursie chez 98 enfants et adolescents gs de 8 18 ans :
(TDAH). lnursie apparat comme un vnement particulirement
stressant, qui le situe en troisime position aprs le divorce et
nursie et TDAH les querelles entre parents, bien avant les moqueries, les
Les enfants souffrant de TDAH sont 2,7 fois plus sujets mauvais rsultats scolaires, la petite taille ou le port de lunet-
lnursie que la population gnrale. Ainsi, en moyenne, 20 % tes [39]. Ceci peut tre lorigine de la demande, par lenfant,
des enfants souffrant de TDAH souffrent dnursie et environ dune prise en charge qui doit lui tre accorde. En effet, mme
10 % denfants nurtiques souffrent de TDAH [3]. Une tude, si aujourdhui aucun lien de causalit na t formellement
ralise par Baeyens et al. en 2004 et portant sur 120 patients prouv entre lnursie et ces symptmes psychiques, certaines
nurtiques (dont 39 prsentant aussi des troubles diurnes), a tudes, en dpit de leurs limites mthodologiques, ont montr
pu mettre en vidence des TDAH chez 40 % des nurtiques, que le ressenti de lenfant parat globalement amlior par la
contre 3 % 5 % estims dans la population gnrale [37]. Cette prise en charge de lnursie, quel que soit le rsultat du
comorbidit, observe plus frquemment chez les garons, traitement [40]. Une tude chinoise [41] sest galement penche
augmente avec lge, et doit donc tre recherche. Toutefois, il sur la frquence des troubles dpressifs chez les enfants nur-
semblerait qunursie et TDAH soient deux entits spares, tiques et a montr, sur une population de 1 920 adolescents
mdies par un facteur tiologique commun. gs entre 11 et 16 ans, une relation entre deux items dun
questionnaire : lenvie de se tuer (ou les propos parlant de se
Constipation tuer) et lge tardif dacquisition de la propret nocturne.
Elle est frquemment associe une immaturit vsicale. Elle Quinze pour-cent des enfants ayant eu un contrle vsical aprs
peut donc contribuer, par lintermdiaire de contractions 5 ans ont eu une tendance suicidaire contre 2,4 % chez ceux
vsicales dsinhibes, favoriser lnursie. dont le contrle mictionnel a t acquis 3 ans. Il sagit
toutefois dune tude rtrospective, ne portant pas sur le risque
Diabte sucr suicidaire lui-mme.
Par la polyurie quil entrane, il est une cause dnursie
secondaire. Autres corrlations
Abus sexuels Les tudes portant sur le dveloppement staturopondral des
enfants sont trs contradictoires et ne semblent pas confirmer
Cette ventualit doit rester toujours prsente lesprit du
de corrlation entre lnursie et une taille, un poids ou un
clinicien lors de son examen clinique. Certains troubles mic-
poids de naissance plus faibles chez lenfant. Dautres tudes, en
tionnels font partie des symptmes rvlateurs possibles dabus
revanche, suggrent une corrlation entre nursie, retard
sexuels. Il sagit le plus souvent dnursies secondaires associes
dacquisition du langage et de la marche, et difficults scolaires.
dautres symptmes.
Une tude turque de 2004 [42] a ainsi montr une baisse des
performances scolaires chez des enfants nurtiques gs de 6
11 ans. Il sagit dune tude avec groupe contrle, mais rtros-
Points essentiels
pective, ralise sur questionnaires parentaux, sans distinction
entre nursie primaire et secondaire, nursie nocturne et
troubles diurnes. Si la relation entre nursie et troubles du
Physiopathologie de lnursie monosymp- dveloppement a t voque, elle est cependant loin davoir
t dmontre. Les troubles cutans, enfin, sont classiques chez
tomatique
les nurtiques. Consquences dirritations ou de macrations
Elle est multifactorielle mais fait intervenir trois au contact de lurine, ils sobservent principalement au prine,
composantes essentielles : aux plis inguinaux ou sur la face interne des cuisses.
lexcs du volume durine produite durant le sommeil ;
la rduction de la capacit vsicale fonctionnelle,
associe dans un cas sur trois une hyperactivit vsicale Rpercussions sociofamiliales
nocturne ; Les couches, le lavage et les traitements reprsentent une
llvation du seuil dveil nocturne par dficit de la charge financire non ngligeable. Certaines familles limitent
maturation neurologique centrale. galement leur mobilit et rduisent leurs sorties, ce qui
Le rle de ces trois composantes doit tre identifi explique que la diminution des relations sociales soit un des
cliniquement chez chaque patient afin de proposer la problmes les plus importants rapports par les familles
thrapeutique la mieux adapte. denfants nurtiques. Les parents prsentent souvent un
sentiment de culpabilit et dchec ducatif, comme le montre
lenqute franaise de 2007 ralise par TNS Healthcare [4]. Quel
que soit leur ressenti, les parents en grande majorit (91 %) ne
Retentissement psychosocial restent pas indiffrents au problme de leur enfant : 86 % des
parents sont gns que leur enfant soit nurtique et 44 %
de lnursie dentre eux dveloppent un sentiment de culpabilit. Dans
47 % des cas, ils ragissent en grondant lenfant, en lui faisant
Lnursie est trs souvent vcue de faon culpabilisante par
changer les draps (32 %), contre 46 % qui adoptent lattitude
lenfant et son entourage. De ce fait, elle est trs souvent cache
ce nest rien, a passera tout seul . Dans cette mme enqute,
et doit, en particulier devant des signes dinhibition chez un
86 % des enfants ont dclar tre gns par leur nursie et prs
jeune patient, tre recherche plutt que nglige par le
de deux tiers avouent navoir jamais parl de leur problme
clinicien qui a trop longtemps considr que lnursie ne faisait
un ami. Concernant la perspective dun sjour en collectivit,
pas partie de sa sphre dactivit.
une proportion significativement plus leve denfants nurti-
ques refusent dy participer (13 % versus 7 % pour les enfants
Rpercussions sur lenfant tmoins). Dormir chez des amis et partir en voyage scolaire
La baisse de lestime de soi est en effet le symptme le plus figurent, en effet, parmi les activits que sinterdisent les enfants
frquemment retrouv dans les questionnaires soumis des nurtiques.
Urologie 5
18-207-E-10 nursie de lenfant
Examen clinique
Points essentiels Lexamen clinique doit idalement comporter lobservation
dune miction. La palpation de labdomen apprcie la prsence
ventuelle dune rtention stercorale, dun globe vsical.
Ltude de la littrature permet de retenir
Linspection de la rgion dorsale, en particulier de la colonne
quelques points importants.
vertbrale et de la rgion sacre, recherche toute anomalie
La baisse de lestime de soi est le symptme psychique tgumentaire vocatrice dune anomalie du contenu du canal
le mieux reconnu, qui semble amlior par la seule prise rachidien ou des racines nerveuses du plexus sacr (lipome,
en charge, quel que soit le rsultat du traitement sur tache pigmentaire, touffe de poils, fossette sacrococcygienne
lnursie. haute et profonde). Ltude de la marche, de la vote plantaire,
Lnursie est souvent associe au TDAH, voquant un de la trophicit musculaire et des rflexes complte lexamen
facteur tiologique commun. neurologique. Toute anomalie identifie conduirait la pres-
Les troubles du dveloppement (langage en particulier) cription dun clich du rachis lombosacr de face et de profil,
ne sont pas prouvs. voire dune imagerie par rsonance magntique de la moelle
lombosacre et exclurait le diagnostic dnursie nocturne
Les perturbations de la vie familiale et sociale de lenfant
isole. Les organes gnitaux, enfin, et le mat urtral doivent
nurtique sont une ralit et justifient la prise en charge
tre inspects, chez la fille comme chez le garon. La normalit
de ces patients. de lexamen clinique et labsence de troubles mictionnels
diurnes permettent de retenir le diagnostic dnursie mono-
symptomatique. Dans ce contexte, faut-il raliser des examens
complmentaires ?
Orientation diagnostique
Examens complmentaires
Le diagnostic positif dnursie monosymptomatique est
avant tout clinique. Il repose sur linterrogatoire et lexamen Si le diagnostic dnursie monosymptomatique apparat
physique au cours dune consultation initiale ncessairement de certain, aucune imagerie ou examen complmentaire nest
longue dure. ncessaire en premire intention, hormis ventuellement une
bandelette urinaire pour liminer une infection (leucocytes,
nitrites), un diabte sucr dbutant (glycosurie) ou une hyper-
Interrogatoire concentration des urines la journe (densit). Une chographie
de larbre urinaire avec mesure de rsidu aprs miction est un
Linterrogatoire doit sattacher rechercher les modalits examen non invasif, non irradiant et peu coteux ; elle peut
dacquisition de la propret, tant pour lenfant que pour les la rigueur tre prescrite et doit tre normale. Aucun autre
membres de la famille. Ceci permet de prciser si le trouble est examen complmentaire (type cysto-urtrographie mictionnelle,
primitif ou secondaire, et dans ce cas de rechercher les facteurs exploration urodynamique) nest justifi en premire intention.
ayant pu favoriser la rapparition de lnursie (naissance dun Ces examens sont ventuellement prescrits en milieu spcialis
autre enfant, sparation, dcs dans la famille, racket lcole, en cas dnursies rfractaires une prise en charge cohrente.
etc.). Linterrogatoire prcise lhistoire clinique du patient, ses
antcdents personnels et familiaux, la frquence des accidents
nurtiques, les habitudes alimentaires (qualit, quantit et Prise en charge
rpartition des prises de boissons dans la journe), ses habitudes
mictionnelles, la frquence de ses selles. Il est essentiel dexclure La prise en charge de lnursie passe en premire approche
tous les symptmes vocateurs dun dysfonctionnement du bas par une dmarche dinformation et dducation. Ds que le
appareil urinaire, afin de confirmer le caractre monosympto- diagnostic dnursie est voqu sur les donnes de linterroga-
matique de lnursie. Linterrogatoire doit galement collecter toire et de lexamen clinique, le patient et ses parents doivent
des informations sur la qualit du sommeil de lenfant (profon- tre informs sur la maladie et ses diverses prsentations, dans
deur et dure du sommeil, difficults dveil, ronflement le but dobtenir la coopration du patient pour se conformer
nocturne), le retentissement de lnursie sur sa vie sociale, sur aux conseils dhygine de vie. Les patients motivs et non
la vie familiale, et lexistence dautres affections ventuelles en guris par les seules prescriptions hyginodittiques doivent
cours et de leur traitement pouvant interfrer, le cas chant, recevoir en complment un traitement spcifique.
avec lvolution de lnursie. Sont prciss galement les modes
de prise en charge antrieurs de lnursie et les rsultats Conseils hyginodittiques
obtenus. Le comportement de lenfant durant la consultation La prise en charge de lnursie passe, en premier lieu, par des
aide apprcier sa motivation et dtecter dventuels signes mesures visant rduire le volume de la diurse nocturne :
de dficit de lattention. Dans lnursie nocturne primaire contrle de la rpartition des apports liquidiens et renforcement
isole, aucun symptme de dysfonctionnement du bas appareil de lactivit antidiurtique de lhormone antidiurtique. Les
urinaire ne sobserve. Cependant, les habitudes alimentaires et apports liquidiens recommands chez lenfant nurtique
mictionnelles de lenfant tant souvent difficiles prciser par doivent rester normaux (de 45 60 ml/kg) mais tre absorbs
le seul interrogatoire, la tenue dun calendrier mictionnel de entre 7h et 18h. Il convient dinciter lenfant boire sa ration
48 heures est un moyen recommand pour confirmer ou hydrique en premire partie de journe avec, au petit-djeuner,
corriger le diagnostic. En effet, il nest pas rare de rencontrer de un apport liquidien reprsentant un tiers des besoins quoti-
fausses nursies monosymptomatiques : chez un enfant ne diens, suivi dune diminution, partir de 18 heures, des apports
buvant pratiquement rien de la journe, une authentique en eau et en lectrolytes (boissons ou aliments : soupe, laitages).
immaturit vsicale peut se trouver masque et ne se Lapport liquidien, tout au long de la journe, doit tenir compte
prsenter que sous la forme dune nursie isole ; cest par une du pouvoir de concentration des urines, peu lev chez lenfant
priode dobservation par les parents du comportement mic- nurtique, et privilgier les eaux de boissons peu minralises.
tionnel de leur enfant sous une charge hydrique approprie Les boissons sucres et/ou gazeuses, riches en calcium, ainsi que
son ge et harmonieusement rpartie tout au long de la journe les aliments trs sals sont viter, particulirement en fin de
avec relev de la frquence des mictions, de leur volume et de journe, car susceptibles dentraner une diurse osmotique. Il
lapparition dune impriosit voire de fuites diurnes que le faut galement promouvoir des mictions rgulires dans la
diagnostic est rectifi et quest prescrit un traitement appropri journe et recommander au patient daller aux toilettes cinq ou
lhyperactivit du detrusor (anticholinergiques faible dose six fois par jour, sans oublier au lever et au coucher, ou ds quil
fractionne). en ressent le besoin. Lorsque le patient urine, il doit tre
6 Urologie
nursie de lenfant 18-207-E-10
dtendu autant que possible et laisser couler le jet librement. rapport au comprim chez 221 enfants et adolescents gs de 5
Ces conseils doivent tre suivis au minimum 2 semaines, 15 ans. Chez les enfants de moins de 12 ans, la prfrence
pendant lesquelles lenfant remplit un calendrier des accidents pour le lyophilisat tait statistiquement significative. La
nocturnes o sont notes les nuits sches et les nuits mouilles ; tolrance de la desmopressine est bonne. Nanmoins, devant la
les volumes urins dans la journe sont mesurs chaque fois que survenue de symptmes vocateurs dune intoxication leau
possible, ainsi que la production durine nocturne. Le calendrier avec hyponatrmie (cphales, nauses, vomissements, anorexie,
mictionnel se prsente comme un outil non invasif essentiel prise de poids rapide, tat confusionnel et, dans les cas svres,
permettant de faire participer le patient et ses parents la prise convulsions), il convient darrter le traitement. Afin de limiter
en charge de lnursie, et dvaluer leur motivation et leur la survenue de ces complications, le traitement doit tre dbut
observance aux conseils dhygine de vie. Il permet galement la posologie la plus faible recommande (120 g pour la forme
de suivre les progrs au cours de la prise en charge et dvaluer lyophilisat ou 0,2 mg pour la forme comprim) et augmente
lefficacit des traitements proposs. Avec une bonne observance progressivement, par palier (de 60 g ou 0,1 mg) sans dpasser
des conseils dhygine de vie, prs de 20 % des patients la posologie maximale conseille (de 240 g ou 0,4 mg, excep-
souffrant dnursie gurissent dans un dlai moyen de tionnellement 360 g ou 0,6 mg), en respectant la restriction
8 semaines. Enfin, nous avons dj soulign le rle de ces hydrique vesprale. Le traitement est habituellement prescrit
mesures hyginodittiques et de la tenue dun calendrier pour une priode de 3 mois, renouvelable une fois. Cependant,
mictionnel pour dmasquer une immaturit vsicale et rectifier au moins sur le plan thorique, il ny a pas dinconvnient
le diagnostic. poursuivre le traitement chez les enfants rpondeurs mais non
guris au bout de deux cures, des tudes ayant montr que des
Traitements traitements de longue dure sont parfaitement tolrs [43, 44] ;
par ailleurs, la desmopressine est prescrite vie chez les patients
Traitements spcifiques souffrant de diabte insipide. Il parat logique dans ce cas de
Les patients motivs et non guris par les seules prescriptions renouveler le traitement la plus petite dose efficace avec une
hyginodittiques doivent recevoir un traitement spcifique fentre thrapeutique tous les 3 mois jusqu gurison de la
complmentaire. maladie.
Desmopressine Alarmes
La desmopressine est le traitement de choix dans lnursie Les alarmes constituent le traitement de premire intention
monosymptomatique associe une polyurie nocturne chez de lnursie monosymptomatique avec capacit vsicale
lenfant g de plus de 6 ans. La desmopressine est un nano- rduite [40]. Il sagit dune mthode dite de conditionnement qui
peptide de synthse. Cest un analogue structural synthtique de utilise la conduction lectrique de lurine. Une alarme sonore,
lhormone antidiurtique naturelle, la vasopressine ou hormone constitue dun circuit lectrique ouvert, est intgre dans le
antidiurtique dorigine hypophysaire. Par rapport lhormone
pyjama de lenfant (capteur dhumidit sous forme de miniser-
antidiurtique, la desmopressine prsente deux variations
viette en coton ou en feutre). Dans le cas o un accident
structurales : la dsamination de la cystine en position 1 et la
nurtique se produit, les premires gouttes durine ferment le
substitution de la L-arginine par une D-arginine en position 8.
circuit lectrique et la sonnerie retentit. Lenfant doit alors
Ces deux modifications rendent la desmopressine plus efficace,
couper celle-ci, terminer sa miction aux toilettes et rinstaller
et daction plus longue que lhormone antidiurtique, rsistante
lappareil pour le restant de la nuit. En pratique, durant une
la dgradation enzymatique. En outre, la desmopressine est
priode pouvant atteindre 1 mois, cest lentourage et non le
spcifique du rcepteur V2, daction vasopressive pratiquement
inexistante. Une tude sudoise multicentrique relativement patient qui est rveill par lalarme et doit se charger de rveiller
ancienne [43] avait valu lefficacit long terme de la desmo- lenfant, le conduire aux toilettes et laider rinstaller le
pressine nasale chez des enfants nurtiques gs de 6 12 ans systme. Le mcanisme daction exact est inconnu mais le
sur une priode de 12 mois. la fin de cette priode, 69 % des traitement par alarme semble avoir un effet sur lveil, la
enfants taient soit rpondeurs (46 %), soit guris (23 %). Plus production durine nocturne et la capacit vsicale nocturne. Le
rcemment, un essai canadien [44] a valu lefficacit long systme se rvle galement efficace par un phnomne danti-
terme de la desmopressine chez des patients nurtiques de 6 cipation et de prise de conscience du besoin. Il existe plusieurs
18 ans pendant une priode de 3 12 mois. Sur 236 patients systmes. En France, Pipi-stop est le plus connu : il utilise une
ligibles, 75 % ont montr une rduction du nombre de nuits couche en coton place dans les sous-vtements et un botier
mouilles de plus de 50 % 3 mois, puis pendant toute la dure avec alarme ct de lenfant.
de ltude. Le nombre moyen de nuits mouilles par semaine a Des dispositifs plus simples sont actuellement disponibles, en
diminu de 82,6 %, passant de 5,75 nuits mouilles/semaine particulier via Internet, avec de petits botiers adaptables au
une la fin de ltude. La proportion denfants ayant maintenu poignet de lenfant, les fils du dispositif pouvant tre glisss
une rponse complte sans rechute la fin de la priode sans dans la manche du pyjama. La prise en charge par les systmes
traitement a augment de 5,8 % 37,5 % tout au long de dalarme suppose une forte motivation de la part de toute la
ltude, ce qui correspond plus de deux fois le taux de famille, qui doit tre prte tre rveille plusieurs nuits
gurison spontan. Les facteurs prdictifs de rponse la conscutives et parfois plusieurs fois par nuit. Aprs une priode
desmopressine sont un ge suprieur 8 ans, un nombre de qui peut donc atteindre 1 mois, lenfant nurtique commence
nuits mouilles limit, un seul pisode nurtique par nuit et se rveiller et finalement lalarme cesse de sonner pendant les
une rponse initiale la plus petite dose de desmopressine. La nuits sches. La propret est atteinte soit en se rveillant chez
desmopressine est actuellement disponible sous forme de 35 % des enfants, soit sans se rveiller, avec des nuits sches
comprims doss 0,1 mg ou de lyophilisats doss 60, 120 et compltes, dans 65 % des cas [47]. Mellon et Mac Grath [48] ont
240 g de desmopressine. Les formes endonasales, en revanche, pass en revue 70 tudes contrles et ont rapport un taux
ne sont pas indiques dans lnursie monosymptomatique. La global de succs de 77,9 % sur lensemble des tudes. La
forme lyophilisat, hautement hydrophile, se dissout instantan- probabilit datteindre 14 nuits sches conscutives est 13,3 fois
ment dans la bouche et permet, en particulier, le respect de la plus leve que sans traitement. Selon une tude [49] ralise
restriction hydrique vesprale. Les lyophilisats 60 g, 120 g et chez 505 enfants prsentant une nursie monosymptomatique,
240 g sont bioquivalents aux dosages 0,1 mg, 0,2 mg et le traitement par alarme, en association avec un support
0,4 mg respectivement. Une rcente tude de 2006 [45] compa- environnemental, a permis dobtenir un succs complet (au
rant six doses diffrentes de lyophilisat a conclu quen utilisant moins 14 jours sans nuits mouilles) 16 semaines dans 79,7 %
une dose de desmopressine comprise entre 120 et 240 g, leffet des cas pour les formes svres et dans 75,3 % des cas pour les
antidiurtique tait atteint aprs une heure et durait de 7 formes modres. Les meilleures chances de russite sont lies
11 heures, ce qui correspond la dure du sommeil des enfants. une faible capacit vsicale, la motivation de lenfant et de sa
Une autre tude [46] a valu la prfrence du lyophilisat par famille, et une plus grande frquence de nuits mouilles [48]. En
Urologie 7
18-207-E-10 nursie de lenfant
outre, les effets du traitement par alarme peuvent tre accrus des pisodes nurtiques a diminu sous traitement respective-
par une thrapie comportementale associe. ment de 46 % sous alarme seule, 52 % sous desmopressine et
73 % sous traitement combin.
Traitements de recours
Association desmopressine/oxybutinine
Oxybutinine
Lassociation desmopressine/anticholinergique est indique
Loxybutinine nest pas indique dans le traitement de quand une production leve durine nocturne est associe des
lnursie monosymptomatique. Elle peut nanmoins prsenter, symptmes dhyperactivit vsicale. Neveus et al. [52] ont
du fait de son action anticholinergique, un intrt pour un petit compar la capacit de concentration rnale et la capacit
sous-groupe de patients chez qui on suspecte une vessie vsicale de 55 enfants contrles celles denfants nurtiques
hyperactive uniquement pendant le sommeil. Ainsi, loxybuti- monosymptomatiques, rpondant soit la desmopressine seule,
nine peut tre prescrite en deuxime intention, en monothra- soit loxybutinine seule, soit lassociation desmopressine/
pie ou en traitement combin, chez les patients rsistant un oxybutinine, ou rsistant toutes les alternatives thrapeuti-
traitement spcifique et suspects davoir une faible capacit ques. Il a confirm que les enfants rpondant loxybutinine
vsicale nocturne. prsentent une petite vessie et un detrusor probablement
hyperactif, alors que ceux rpondant la desmopressine ou
Antidpresseurs tricycliques ncessitant un traitement combin sont polyuriques. Lee et
Les antidpresseurs tricycliques tels que limipramine sont Suh [53] ont valu prospectivement lefficacit dune combinai-
efficaces chez plus de 50 % des patients pendant le traitement, son de desmopressine et doxybutinine dans le traitement de
avec, cependant, un taux lev de rechute aprs arrt puisque lnursie nocturne, par rapport un traitement en monoth-
moins de 20 % des enfants restent secs 6 mois aprs arrt du rapie par imipramine ou desmopressine. Les auteurs ont conclu
traitement. Compte tenu de leur toxicit potentielle, les que le traitement combin a t bien tolr et a donn des
antidpresseurs tricycliques tels que limipramine ne doivent pas rsultats significativement plus rapides et dun meilleur rapport
tre prescrits en premire intention. Il faut les rserver des cas cot-efficacit que la monothrapie avec desmopressine ou
exceptionnels, chez ladolescent, aprs valuation des risques, en imipramine, que les enfants prsentant une nursie mono-
particulier ralisation dun lectrocardiogramme afin dliminer symptomatique ou polysymptomatique. Radvanska et al. [54],
un trouble de conduction ; il faut galement clairement infor- dautre part, ont valu le traitement combin avec desmopres-
mer le patient et ses parents sur les dangers dun surdosage sine et oxybutinine chez les patients prsentant une nursie
pouvant ventuellement conduire un dcs par toxicit qui na pas rpondu la desmopressine en monothrapie. Chez
cardiaque [17]. les non-rpondeurs la desmopressine, le traitement combin
avec desmopressine et oxybutinine a encore diminu le nombre
de nuits mouilles. Ltude propose la prescription doxybuti-
Traitements combins
nine en association avec la desmopressine chez les enfants qui
Certaines nursies sont rfractaires la monothrapie. Chez ne rpondent pas la desmopressine seule.
ces patients, lnursie nocturne rsulte probablement de
lassociation de diffrents facteurs physiopathologiques (asso- Autres traitements
ciation polyurie nocturne et faible capacit vsicale par exem-
ple) dont certains sont encore inconnus. Chez ces patients, la Diffrentes modalits thrapeutiques alternatives ont t
combinaison de plusieurs traitements peut se rvler plus essayes dans lnursie nocturne du fait des rsultats imparfaits
efficace que la monothrapie. Diffrents traitements combins des traitements spcifiques actuellement disponibles. Une mta-
peuvent tre proposs, gnralement en milieu spcialis aprs analyse [55], regroupant 15 tudes randomises contrles et
rvaluation des causes dchec des traitements antrieurs. 1 389 patients (dont 703 ayant bnfici dun traitement
complmentaire pour une nursie rebelle), a conclu que les
Association desmopressine/alarme
Lassociation desmopressine/alarme est indique en cas de
polyurie nocturne associe une capacit vsicale faible pour
lge. Leebeek-Groenewegen et al. [50] ont valu la combinaison
alarme et desmopressine versus alarme seule dans le traitement
de lnursie nocturne et ont montr une diminution significa-
Points forts
tive, bien que transitoire, du nombre de nuits mouilles dans le En cas dnursie nocturne monosymptomatique, les
groupe sous traitement combin par rapport au groupe alarme alternatives thrapeutiques se rsument aujourdhui aux
seule. Les auteurs suggrent que leffet positif initial de la alarmes et la desmopressine. Le choix entre ces
desmopressine pourrait tre cliniquement utile pour maintenir
traitements impose, au pralable, davoir parfaitement
la motivation des enfants pour la thrapie par alarme. Lorsque
analys les conditions mictionnelles, et expliqu aux
les enfants ne sont toujours pas secs aprs 2 3 semaines de
traitement par alarme, le consensus hollandais sur lnursie parents les avantages et inconvnients respectifs de ces
recommande ainsi dajouter la desmopressine pour leur viter traitements.
darrter le traitement. En cas de traitement combin, les La desmopressine est le traitement de choix lorsque lon
auteurs recommandent deux comprims de 0,2 mg (quivalent voque une nursie associe une polyurie nocturne.
un lyophilisat de 240 g) de desmopressine au coucher Les alarmes ne doivent tre proposes que dans les
comme le dosage le plus efficace. Naitoh et al. [51] ont gale- familles motives et acceptant la contrainte temporaire
ment compar lefficacit dun traitement par alarme seule, dun plusieurs rveils nocturnes. Les alarmes devraient
versus un traitement combin associant alarme et desmopres- tre prfres chez les enfants prsentant des fuites
sine ou alarme et imipramine, dans lnursie nocturne primaire
frquentes (plus de trois par semaine) ou chez lesquels il
monosymptomatique. Les auteurs ont conclu que, bien que les
existe une forte suspicion de capacit fonctionnelle
taux damlioration ntaient pas diffrents entre les groupes
3 mois, les taux de succs 6 mois taient plus levs dans le rduite.
groupe desmopressine (80 %) et imipramine (79 %) que dans le Lassociation desmopressine et alarme doit tre
groupe en monothrapie (59 %). Cherry Fai-Ngo et al. [41], propose devant une polyurie nocturne associe une
dautre part, ont publi les rsultats dun essai multicentrique capacit vsicale faible pour lge et lassociation
randomis contrl qui comparait lefficacit 12 semaines des desmopressine/oxybutinine indique devant une polyurie
alarmes, de la desmopressine orale et du traitement combin nocturne associe des symptmes nocturnes ou diurnes
chez 105 enfants chinois, gs de 7 15 ans, prsentant une dhyperactivit vsicale.
nursie nocturne primaire monosymptomatique. La frquence
8 Urologie
nursie de lenfant 18-207-E-10
rsultats obtenus par lhypnose, la psychothrapie, lacupunc- [17] Hjalmas K, Arnold T, Bower W, Caione P, Chiozza LM, von Gontard A,
ture, lhomopathie ou la chiropraxie ne sont actuellement pas et al. Nocturnal enuresis: an international evidence based management
valids car les sries sont insuffisantes et la mthodologie strategy. J Urol 2004;171(6Pt2):2545-61.
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frquente et mal tolre par un nombre important denfants [21] Unuvar T, Sonmez F. The role of urine osmolality and ions in the
et/ou de familles, elle ncessite une prise en charge prcoce et pathogenesis of primary enuresis nocturna and in the prediction of
adapte. Cette prise en charge passe en premire approche par responses to desmopressin and conditioning therapies. Int Urol 2005;
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motivs et non guris par les seules prescriptions hyginodit- [22] Kamperis K, Rittig S, Jorgensen KA, Gjurhuus JC. Nocturnal polyuria
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H. Lottmann ([email protected]).
I. Alova.
Service de chirurgie viscrale pdiatrique (Pr Yann Rvillon), Hpital Necker-Enfants malades, 149, rue de Svres, 75743 Paris cedex 15, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Lottmann H., Alova I. nursie de lenfant. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie, 18-207-E-10, 2011.
10 Urologie
18-025-B-10
En 2005, lincidence de linsuffisance rnale terminale (IRT) traite par dialyse a t estime
133 cas/million dhabitants (pmh)/an, sa prvalence 539 cas pmh. En 2008, plus de 9 000 nouveaux
patients ont dbut un traitement par dialyse en France et plus de 33 000 insuffisants rnaux ont t
traits par dialyse. La population des patients dialyss vieillit. Elle prsente plus de comorbidits associes.
Les affections conduisant linsuffisance rnale terminale changent. Les nphropathies vasculaires et le
diabte sont devenus les causes les plus incidentes. Les nphropathies vasculaires deviennent la premire
cause chez les patients gs. Lincidence du diabte type 2 augmente et plus singulirement dans les
dpartements et territoires doutre-mer (DOM-TOM). Les nphropathies glomrulaires sont la troisime
cause dinsuffisance rnale terminale, surtout chez les jeunes, et leur prvalence est en diminution par
rapport aux autres causes. La morbimortalit en dialyse est domine par les causes cardiaques et
vasculaires. Le recours tardif au nphrologue ne sest pas amlior. Cest une source de morbimortalit
accrue. Cest aussi une cause de surcot, estim plus de 30 millions deuros par an. En 2005, en France,
le cot global de la prise en charge par technique dpuration extrarnale des patients insuffisants rnaux
terminaux traits a t estim 2,145 milliards deuros, soit 1,56 % de lobjectif national des dpenses de
lAssurance maladie (ONDAM). Ces considrations de cot doivent inciter mieux prvenir la maladie
rnale chronique. Cela repose sur une meilleure connaissance des facteurs de risque de susceptibilit aux
nphropathies, dinitiation et de progression de linsuffisance rnale chronique.
2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Dialyse ; pidmiologie ; Insuffisance rnale terminale ; Incidence ; Prvalence ; Survie
Nphrologie 1
18-025-B-10 pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse
2 Nphrologie
pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse 18-025-B-10
Figure 1. Actions de sant publique sur les facteurs influenant la maladie rnale chronique. IR : insuffisance rnale ; IRT : insuffisance rnale terminale ; HTA :
hypertension artrielle ; MRC : maladie rnale chronique.
facteurs de progression : une fois les lsions installes, retard est retrouv dans tous les pays et estim entre 25 et 45 %
certains facteurs de progression sont susceptibles daggraver le des cas [33-35]. Dans la plupart des situations o le patient est
dommage rnal et dacclrer le dclin de la fonction rnale ; adress tardivement au nphrologue, le traitement de sup-
ils sont modifiables par une prise en charge adapte ; plance est institu en urgence, avec comme abord vasculaire
autres facteurs : dautres facteurs, au stade dIRT, augmentent un cathter veineux central. La dure dhospitalisation des
la morbidit et la mortalit associe ce stade. patients au recours tardif est gnralement plus longue que celle
Ces diffrents facteurs de risque sont rsums sur la Figure 1. des patients la prise en charge prcoce : dans une tude
prospective ralise en 1998 en le-de-France, la dure moyenne
Insuffisance rnale terminale de sjour est respectivement de 28 jours (intervalle de confiance
Linsuffisance rnale terminale (IRT) correspond un tat [IC] 95 % : 1-90) versus 3 jours (IC 95 % : 1-11) [36]. De plus,
daltration de la fonction rnale requrant le recours un cest une cause de surcots estims lpoque 30 000 euros
traitement de supplance, dialyse ou greffe. Cest le stade ultime par patient, rfr moins de 1 mois de linstitution de la
dvolution de la MRC valu par un DFG < 15 ml/min/1,73 m2. dialyse [29]. De telles situations de retard perdurent encore dans
Entre 15 et 10 ml/min/1,73 m2 de clairance de cratinine, cest prs du tiers des cas, malgr la cration de guides thrapeutiques
le stade de prparation au traitement de supplance. mis la disposition de tous les professionnels de sant [37, 38].
Un traitement de supplance est gnralement institu ds Par exemple, dans une tude europenne multicentrique, 26 %
lors que le DFG est infrieur 10 ml/min/1,73 m2. Toutefois, des patients ont t pris en charge moins dun mois avant leur
compte tenu de limprcision des formules estimant le DFG au dialyse [34]. Il est donc ncessaire de promouvoir le diagnostic
stade de lIRC terminale, ce seuil de 10 ml/min/1,73 m2 est peu prcoce de MRC, en particulier dans les groupes risque, afin
fiable. La tolrance clinique est essentielle pour dcider du dinstaurer un suivi adquat de lIRC au stade prterminal, dont
moment o il faut instituer la dialyse. Ainsi, ce seuil peut tre lintrt ne fait plus de doute.
plus lev dans certains cas, en particulier chez les patients Le recours tardif constitue une source de surcots vitables.
diabtiques. Le choix du traitement se porte alors entre deux En 1989, un recours tardif tait cinq fois plus coteux quune
options thrapeutiques : la greffe rnale ou lpuration extrar- mise en dialyse en temps utile [39]. Le cot de laccs vasculaire
nale (EER). Cest le stade de linsuffisance rnale terminale fait en cours dhospitalisation tait de 11 300 euros au lieu de
traite (IRTT). Les contre-indications au traitement de sup- 3 000 euros en externe [40]. Si laccs vasculaire tait ralis en
plance sont peu nombreuses, par exemple, un ge extrme ou externe, la rduction des cots tait de 864 000 euros [27]. Si le
une dmence avance. Le nombre de patients concern est recours tardif tait mieux gr en France, le gain de productivit
considr comme trs faible, sans toutefois quune tude en ait estim slverait au moins 30 millions deuros par an [29].
apprci la relle ampleur.
Nphrologie 3
18-025-B-10 pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse
Nouveau patient
Sources de donnes
en IRT pidmiologiques
Retour Transplantation Surveillance pidmiologique
en dialyse premptive
Registres de dialyse
Hmodialyse Retour Un registre est dfini comme un recueil continu et exhaustif
Amlioration
de la fonction de de donnes nominatives intressant un ou plusieurs vnements
rnale transplantation de sant dans une population gographiquement dfinie, des
Dialyse pritonale fins de recherche ou de sant publique, par une quipe ayant
les comptences appropries.
Un vnement de sant est dfini comme la survenue rep-
Transplantation rable dun fait important, affectant la sant de lindividu [43]. Il
doit satisfaire huit critres :
Arrt une dfinition oprationnelle, objective et pas seulement
Dcs
de dialyse clinique, non dpendante des variations de loffre de soins ;
une spcificit du diagnostic ;
une date de lvnement reprable dans lhistoire de lindi-
Figure 2. Flux des patients insuffisants rnaux terminaux. Un patient vidu ;
peut, par exemple, avoir une greffe premptive (sans dialyse pralable) une obtention possible de lexhaustivit des cas ;
puis passer en hmodialyse aprs un rejet de son greffon, puis tre une adquation entre la frquence de lvnement et la taille
retransplant. IRT : insuffisance rnale terminale. de la population couverte ;
des finalits scientifiques ;
un intrt du registre pour la politique nationale de sant
publique ;
reconnaissance prcoce de lvolution dune IRC est fondamen-
un investissement raisonnable en temps et en cot.
tale [41], en particulier pour les groupes risque pour lesquels un
Diffrents registres coexistent, nationaux ou internationaux.
suivi prdialytique renforc est indiqu. Les rseaux de profes- Ils publient leurs rapports annuels de surveillance via leurs
sionnels qui se mettent en place sont destins une meilleure propres sites Internet, consultables en accs libre.
coopration pour mieux grer un processus dcisionnel distri- En France, le registre REIN doit couvrir en 2009 lensemble
bu. La prise en charge est en effet pluridisciplinaire et associe du territoire. Le Registre de dialyse pritonale de langue
au mdecin traitant rfrent [42] le nphrologue, les mdecins franaise, (RDPLF) regroupe la majorit des malades franais
spcialistes (diabtologue, cardiologue, etc.), lquipe soignante, traits par DP.
la ditticienne et lassistante sociale. Plus en amont, une En Europe, il faut citer au Royaume-Uni The UK Renal
meilleure connaissance et un meilleur suivi des maladies rnales Registry, en Allemagne le Quasi NIERE (Qualittssicherung in
initiales est ncessaire pour prvenir de la manire la plus der Nierenersatztherapie) ou en Belgique le Registre de nphro-
approprie possible lvolution vers lIRC. logie de la communaut franaise de Belgique. LEuropean Renal
Association European Dialysis and Transplant Association a
dvelopp aussi son registre, qui collige des donnes internatio-
Traitements de supplance par dialyse nales. En zone Pacifique, il faut citer lANZDATA (Australia and
Au stade dinsuffisance rnale terminale, le choix se porte New Zealand Dialysis and Transplant Registry) et au Japon le
entre la dialyse ou la greffe rnale. Cest linsuffisance rnale registre de la socit de dialyse JSDT registry. Aux tats-Unis cest
terminale traite (IRTT). Un patient peut bnficier successive- lUSRDS (the United States Renal Data System).
ment au cours de son traitement dune mthode ou dune autre La dclaration des cas est une fonction de lorganisation du
(Fig. 2). Une meilleure connaissance de ces trajectoires de systme dinformation. Pour lUnited States Renal Data Sys-
traitements est ncessaire pour adapter au mieux loffre de soins tem [44], les patients sont dclars via le HCFA (Health Care
entre les modes de dialyse et la greffe. Financing Administration), organisme qui gre le rembourse-
ment des soins. Il existe ainsi un lien fort entre le registre de
lIRT et ladministration qui gre le remboursement des soins.
Hmodialyse (HD) Pour lEuropean Dialysis and Transplantation Association
Cette technique permet lpuration des toxines accumules (EDTA), la dclaration des cas recouvre des ralits diverses du
par lorganisme par un circuit extracorporel (gnrateur dHD) fait des disparits des politiques nationales de prise en charge de
via un abord vasculaire, une fistule artrioveineuse (FAV) ou un lIRT [45].
cathter veineux central. Gnralement, le traitement dHD Il faut souligner que lestimation de lincidence de lIRT dans
comprend trois sances par semaine dune dure de 4 heures en tous les pays nest pas connue prcisment, car les registres ne
moyenne. Elle peut se pratiquer en diffrents lieux : en centre comptabilisent que les patients traits.
de dialyse, en unit de dialyse mdicalise, en unit dautodia-
lyse simple ou assiste, ou domicile. Lassociation dun lit ou
Registre REIN
dun fauteuil, dune machine (le gnrateur dhmodialyse) et Le REIN a pour objectif gnral de dcrire lincidence et la
dune arrive deau constitue un poste dHD. prvalence des traitements de supplance de linsuffisance
rnale chronique, les caractristiques de la population traite, les
Dialyse pritonale (DP) domicile modalits de prise en charge, la qualit du traitement mis en
uvre ainsi que la survie des patients. Le REIN a pour mission
Cette technique utilise le pritoine comme membrane de de contribuer llaboration et lvaluation de stratgies
dialyse. Un cathter tanche, pos de faon permanente au sanitaires visant amliorer la prvention et la prise en charge
niveau de labdomen, permet le transfert du liquide de dialyse de lIRC et de favoriser la recherche clinique et pidmiologi-
vers le pritoine. La DP peut tre continue et ambulatoire que. Il participe lestimation des besoins de la population dans
(DPCA), il sagit de la forme manuelle, ou de faon automatise le cadre des dcrets de septembre 2002 relatifs au traitement de
(DPA), la nuit, laide dun cycleur qui se charge du renouvel- lIRC par la pratique de lpuration extrarnale. Il permet, enfin,
lement du liquide de dialyse dans le pritoine. Le choix de la dvaluer la diffusion des recommandations en matire de
modalit dpend du mode de vie, de la prfrence et de ltat prvention et de prise en charge de lIRC, ainsi que leur impact
de sant du patient. dans la population. En particulier, plusieurs des informations
4 Nphrologie
pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse 18-025-B-10
recueillies constituent des indicateurs de suivi des objectifs 80 et Ainsi, lge peut-il affecter la comparaison entre deux popula-
81 de la loi du 9 aot 2004 relative la politique de sant tions sil nest pas galement distribu. Le cas chant, on doit
publique, respectivement : stabiliser lincidence de lIRT dici ajuster les taux pour reflter ce quils seraient si les structures
2008 et rduire le retentissement de lIR sur la qualit de vie des dge des deux populations compares taient similaires. Dans
personnes en dialyse. ce cas, lge est appel facteur de confusion . Si des popula-
Le registre REIN est adoss au registre Cristal des greffs. Cette tions comparer diffrent pour lge et le sexe, alors il faut
architecture des donnes permet denvisager une meilleure avoir recours des taux standardiss sur ces deux variables pour
connaissance de lIRTT entre dialyse et greffe et de mieux guider rendre les comparaisons pertinentes.
les volutions des besoins en soins. Cette organisation va Il est noter, enfin, que pour le registre de lUSRDS, le recueil
permettre de suivre les trajectoires des traitements de sup- des donnes dbute au troisime mois du traitement de sup-
plance pour un mme patient et leurs consquences. plance. Ainsi, tous les sujets dcds prcocement ne sont-ils
Le REIN prsente plusieurs caractristiques innovantes. Le pas comptabiliss. Dans le registre REIN, les donnes sont
recueil des donnes a t conu via Internet, par un systme colliges la date du dbut du traitement.
dinformation scuris et agr par la Commission nationale de
linformatique et des liberts (CNIL) [46-48]. Un contrle de En amont de lIRT, la prvalence
qualit systmatique est ralis au niveau de chaque rgion par
des assistants de recherche cliniques encadrs par une cellule insouponne de la maladie rnale
dappui pidmiologique. Les donnes consolides sont colliges chronique
dans un entrept de donnes [49] qui sert la prsentation des
Aux tats-Unis, la prvalence estime de tous les stades de la
rsultats partir dun systme dinformation gographique, le
maladie rnale chronique est voisine de 13 % et concerne prs
SIGNe, disponible sur Internet [50].
de 20 millions damricains. Le nombre de patients en dialyse
devrait y tre de 650 000 en 2010 [56]. La prvalence de la MRC
Une littrature abondante a cr entre 1988-1994 et 1999-2004. Sur la priode 1988-1994,
elle est passe respectivement pour les stades 1 4 de 10,0 %
Une recherche bibliographique sur Pubmed avec les mots
13,1 % en 1999-2004. Cest le stade 3 qui a augment le plus,
cls relatifs aux diffrents types dtudes pidmiologiques
respectivement de 5,4 % 7,7 % [57].
ralises dans le domaine de linsuffisance rnale terminale et de
En Europe, ltude norvgienne Hunt II a montr que la
la dialyse, transplantation exclue, permet de dnombrer
prvalence de la MRC y tait voisine de celle des tats-Unis [58].
321 articles concernant des enqutes prospectives de cohorte,
En revanche, 60 ans, le ratio de lIRT sur lIRC tait deux fois
353 articles concernant des tudes transversales, et 98 enqutes
plus lev aux tats-Unis quen Norvge, et trois fois plus aprs
rtrospectives de type cas-tmoins. Les articles datant des cinq
60 ans. prvalence analogue de MRC, cest donc la progres-
dernires annes reprsentent respectivement 59 %, 47 % et
sion de lIRC qui est plus leve aux tats-Unis quen Norvge.
44 %. Parmi toutes ces tudes, nous citerons par exemple la
Ainsi, la maladie rnale chronique requiert-elle une prise en
cohorte Dialysis Outcomes and Practice Patterns Study (DOPPS),
charge structure et renouvele du fait de laugmentation de son
importante tude observationnelle prospective regroupant de
incidence, de sa prvalence, de son volution dltre et de ses
nombreux pays (tats-Unis, Canada, Japon et plusieurs pays
cots de prise en charge [55].
europens, dont la France), ayant dbut en 1996 [51] . Elle
concerne les patients hmodialyss, nouveaux patients et
patients prvalents, et ninclut pas la dialyse pritonale. Un Incidence de lIRTT : ge et disparits
autre exemple, ltude Choices for Healthy Outcomes in Caring rgionales
for End-Stage Renal Disease (CHOICE) Study, aux tats-Unis, est
galement une tude prospective de cohorte [52]. En France, la Une incidence qui crot avec lge
Caisse nationale dassurance maladie des travailleurs salaris
Lincidence augmente avec lge, de 7 cas pmh chez les
(CNAMTS) a conduit, en 2003, une tude transversale qui a
moins de 20 ans 590 cas pmh chez les plus de 75 ans ; 64 %
permis destimer la prvalence de la dialyse [53, 54]. Ltude
des malades ont plus de 65 ans. Le sex ratio, de 1,6, augmente
GENDIAN est une enqute de type cas-tmoin ; elle concerne
avec lge : il est de 2,6 chez les plus de 75 ans. De plus, les
les prdicteurs cliniques et gntiques de morbimortalit et
diffrences rgionales dincidence sont plus marques au-del de
dIRT par nphropathie chez des diabtiques de type 2 [55].
65 ans.
Nphrologie 5
18-025-B-10 pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse
6 Nphrologie
pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse 18-025-B-10
100 %
80 %
60 % DP
HD domicile
40 % HD
20 %
0%
lie che e fr da nce gne Bas nde gne an nis
stra tri iqu ana Fra ma ys- la pa Taw ts-U
Au Au elg C le Pa e-Z Es a
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Figure 5. Prvalence des diffrents types de dialyse en 2005. Compa-
raison internationale. DP : dialyse pritonale ; HD : hmodialyse.
Nphrologie 7
18-025-B-10 pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse
1,00
Offre de soins et cot de lIRT
0,95 Cot global de lIRTT
En France, en 2003, le cot moyen de la prise en charge dun
0,90 dialys tait estim 40 975 euros [83]. En 2005, le cot global
de la prise en charge par technique dpuration extrarnale des
Survie
8 Nphrologie
pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse 18-025-B-10
Part de la population
15-20 consistait passer de 15 20 donneurs pmh et par
an [85] . Le retour sur investissement prvisible tait lev,
compte tenu du diffrentiel de cot entre la dialyse et la greffe.
En effet, le cot moyen annuel de la dialyse pour un patient 0,6
tait alors estim 50 000 euros, celui de la transplantation
55 000 euros la premire anne et 8 000 euros ultrieurement.
Avec de telles hypothses, le modle utilis a considr le
diffrentiel de cot entre deux programmes de prise en charge,
lun, existant, dans lequel le nombre de transplantations rnales 0,4
restait de lordre de 1 600 par an pour 6 500 nouveaux cas
dIRTT, lautre, renforc, pour lequel le nombre de transplanta-
tions saccroissait jusqu 600 cas supplmentaires par an.
La modlisation montrait que le programme renforc gnre-
rait annuellement, pour la filire IRTT, un retour sur investisse- 0 10 20 30 40 50 60
ment dpassant 76 millions deuros ds la cinquime anne et Temps de trajet (min)
152 millions deuros partir de la dixime anne. Ce retour sur Figure 7. Laccessibilit un centre de dialyse peut tre reprsente
investissement incluait le cot du renforcement des organisa- selon le temps de trajet et pour lensemble de la population. Ainsi, pour
tions de prlvement et permettait de prendre en charge une population de 1 334 000 habitants en Champagne-Ardenne, 44 980
dautres cots induits, comme laugmentation des autres greffes habitent plus de 45 min dun centre de dialyse et, parmi eux,
dorgane. Ce programme a t dvelopp par lagence de la 18 dialyss.
biomdecine avec succs. En effet, le nombre de prlvements
tait en 2006 de 1 442, dont 247 sur donneurs vivants
(23,2 donneurs pmh) et le nombre de greffes de 2 731 (44 gref-
fes pmh), soit une progression de 1,5 fois par rapport 1999, unit de dialyse mdicalise, unit dautodialyse, dialyse
anne effective de la mise en place du programme. domicile. Pour la rgion Champagne-Ardenne, donne en
Toutefois, en dpit de ces volutions, il reste du travail car la exemple ci-aprs, 95 % des patients sont traits dans le centre
demande de greffe tait de 6 152, soit 99,2 pmh au 31 dcembre le plus proche de leur lieu de rsidence. En utilisant lindicateur
2006, donc encore bien suprieure loffre [86, 87]. dquit gographique, le temps daccs au centre lourd le plus
proche a t calcul pour chaque commune de la rgion
Accs aux soins de dialyse et pidmiologie Champagne-Ardenne. Une carte superposant les zones gogra-
gographique phiques faible accs (loignes de plus de 45 minutes dun
Systme dinformation dcisionnel centre) avec les lieux de rsidence des patients ayant un temps
de trajet suprieur 45 minutes est tablie.
Un Systme dinformation dcisionnel a t dvelopp pour Sur les 40 patients rsidant plus de 45 minutes dun centre
le REIN [88]. Il contribue la connaissance pidmiologique, lourd, cette carte daccs aux soins indique que prs de la moiti
demande et offre de soins, et laide la dcision sanitaire. Les rside dans la zone comprenant Vitry-le-Franois et Saint-
donnes doffre et de demande de soins en IRT sont recueillies .
Dizier. Aussi est-il possible de proposer un scnario de cration
en ligne par le Systme dinformation multisource, et intgres dun centre de dialyse dans cette ville et dvaluer les cons-
dans un entrept de donnes. Celui-ci est dynamiquement quences sur les temps de trajets des patients.
connect un outil de prsentation ou de reporting interactif :
Alors que 11 % de la population rgionale, dont 40 dialyss,
le Systme dinformation gographique pour la nphrologie
rsidaient plus de 45 minutes dun centre lourd, louverture
(SIGNe) [89]. ce jour, plus de 15 000 patients sont prsents
dun centre lourd Saint-Dizier aurait pour consquence de
dans la file active (45 % de la file active nationale) des huit
faire baisser ces chiffres 3,2 % de la population et 18 dialyss
rgions pilotes de ltude (Languedoc-Roussillon, Limousin,
(Fig. 7).
Provence-Alpes-Cte dAzur, Basse-Normandie, le-de-France,
Ce type dapproche permet de proposer aux dcideurs un
Champagne-Ardenne, Centre et Midi-Pyrnes).
outil daide ladaptation de loffre de soins la demande. Dans
SIGNe, outil dexploration des donnes ces types de scnarios, dautres critres seront intgrs au
modle notamment la disponibilit des professionnels. Le
Dvelopp selon des modalits issues dune technologie
SIGNe, coupl au registre de dialyse et intgrant le calcul des
informatique particulire dite des OLAP spatiaux (spatial
temps de trajet, permet le dveloppement dun outil visant
on-line analytical processing [SOLAP]), SIGNe permet lanalyse et
amliorer la stratgie sanitaire, en particulier pour les schmas
la description spatiale et temporelle des donnes stockes dans
rgionaux dorganisation sanitaire (SROS) dans le cadre des
la structure multidimensionnelle de lentrept de donnes [90].
discussions entre les agences rgionales dhospitalisation et les
Lutilisateur a la possibilit de soumettre dynamiquement des
professionnels. Lobjectif gnral du SROS est en effet doffrir
requtes concernant diffrents thmes (incidence, prvalence,
la meilleure adquation entre la demande du patient, son tat
.
mortalit) et selon diffrents axes danalyses (annes, ge, sexe,
de sant, et le lieu et la technique de prise en charge .
mthode et structure de traitement, rgion, comorbidits,
handicaps, etc.).
Adquation entre offre et demande de soins
Conclusion
SIGNe facilite galement ltude des relations gographiques
entre loffre et la demande de soins et lexploration de lacces- Lpidmiologie de linsuffisance rnale terminale en France
sibilit aux centres de soins. Lintgration des temps de trajet a prend corps avec la mise en place du Rseau pidmiologie et
permis de construire un indicateur daccessibilit aux units de information en nphrologie. En 2009, lensemble du territoire
soins, fond sur la notion dquit gographique. Celle-ci franais doit tre couvert pour le recueil exhaustif et continu
suppose que le patient est trait dans lunit la plus proche de des donnes de dialyse. Coupl aux donnes de greffe rnale cet
son domicile et la plus conforme son tat : centre de dialyse, outil reprsente un atout majeur dorientation de la politique
Nphrologie 9
18-025-B-10 pidmiologie de linsuffisance rnale terminale traite par dialyse
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12 Nphrologie
5-0471
5-0471
pidmiologie de linsuffisance
AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine
rnale
C Isnard Bagnis
L insuffisance rnale est une pathologie extrmement frquente. Toute altration de la fonction rnale, quelle
soit aigu ou chronique, lve la morbi-mortalit.
2003 Elsevier SAS. Tous droits rservs.
Incidence de linsuffisance rnale
chronique dans la population A retenir
gnrale (tableau I) La prvalence de linsuffisance rnale chronique est donc trs leve dans la
La frquence de linsuffisance rnale a t population amricaine.
value dans de nombreuses tudes Environ un sujet sur trois de plus de 70 ans a une cratininmie suprieure
pidmiologiques. 15 mg/L ce qui correspond une rduction de la fonction rnale de 60 %.
La prvalence de linsuffisance rnale chronique a La prvalence de linsuffisance rnale a t galement prcise dans ltude
t prcise dans ltude NHANES [12] qui a t HOT [27] : dans cette tude qui a port sur environ 19 000 patients, les effets de
conduite entre 1988 et 1994 aux tats-Unis. Dans ce diffrents niveaux de contrle de la pression artrielle diastolique (PAD < 90, 85 ou
travail, des donnes concernant un chantillon 80 mmHg) sur la morbi-mortalit des patients ont t prciss. Les sujets inclus
reprsentatif de la population amricaine (18 723 taient donc traits pour hypertension artrielle (HTA) essentielle. Parmi ces sujets,
participants) ont t collectes sur deux priodes. 18 % avaient une cratininmie suprieure 12 mg/L, ce qui, rapport lge et au
Dans un premier temps, un interrogatoire a t poids, correspondait une clairance de la cratinine de lordre de 45 mL/min.
conduit au domicile de chaque sujet. Dans un
deuxime temps, lensemble des participants a
bnfici dune valuation de plusieurs paramtres
biologiques.
Sur lensemble des sujets tudis, 9,74 % avaient
une cratininmie suprieure 15 mg/L ce qui A retenir
correspond la rduction de la fonction rnale de Ces donnes indiquent trs clairement que linsuffisance rnale chronique est une
plus de 50 %. Cela correspond par extrapolation pathologie trs frquente qui sera donc rencontre en pratique clinique quotidienne.
environ 11 millions de personnes aux tats-Unis. Chez ces patients, la notion dune cratininmie leve est un index de
De plus, 21,6 % des patients dont lge tait morbi-mortalit. Ainsi, dans ltude HOT [28], le risque daccidents cardiovasculaires
compris entre 60 et 69 ans et 32,26 % des sujets tait multipli par 4,9 chez les sujets dont la cratininmie tait suprieure
dont lge tait suprieur 70 ans, avaient une 15 mg/L. De nombreuses donnes ont confirm ces rsultats.
cratininmie suprieure 15 mg/L.
Tableau I. Principales causes dinsuffisance rnale terminale en France (daprs Jungers et al,
Nphrologie ; 22 (3) : 91-97, 2001).
tiologie Frquence
Insuffisance rnale chronique
et maladie cardiovasculaire
La dgradation de la fonction rnale est trs
Glomrulonphrites chroniques primitives 20,3 % frquente en milieu cardiologique du fait de la forte
M dpts msangiaux dIgA 7,2 % incidence de linsuffisance rnale chronique chez le
M Autres varits 13,1 %
Nphropathies interstitielles chroniques (NIC) 14,4 % patient coronarien et des complications rnales
M Nphropathie du reflux 2,6 % aigus observes aprs coronarographie. De plus,
M Autres varits de NIC 11,8 % chez le patient insuffisant rnal chronique, les
Nphropathies hrditaires 8,8 % complications cardiovasculaires sont la premire
M Polykystose rnale 7,7 % cause de mortalit.
M Autres nphropathies hrditaires 1,1 %
Nphropathies vasculaires (nphro-angiosclrose avec ou sans stnose artrielle 22,5 %
rnale et/ou embolies de cholestrol) Incidence de linsuffisance rnale
Nphropathies diabtiques 20,6 % chronique chez le patient coronarien
M Diabte de type 1 6,3 % et/ou le patient admis
M Diabte de type 2 7,1 % pour coronarographie
Maladies de systme 6,3 %
Lanalyse dune cohorte de 9 544 patients ralise
Autres et indtermines 7,1 %
aux tats-Unis [21] montre que lincidence de
1
5-0471 - pidmiologie de linsuffisance rnale
linsuffisance rnale chez le sujet pris en charge dans examen est le plus performant dans cette population 24 heures aprs lexamen par rapport sa valeur de
une unit de soins intensifs cardiologiques est trs pour le diagnostic de la maladie coronaire [30] (par base. Le principal facteur de risque retrouv dans
leve. En effet, 5,5 % des patients sont dialyss, rapport lpreuve deffort par exemple). De plus, il cette tude est la dure de lexamen. Cette
21 % ont une clairance de la cratinine infrieure permet dassocier un geste thrapeutique. La augmentation de cratininmie 24 heures aprs
46,2 mL/min/1,73 m2, 24 % ont une clairance ralisation dune angioplastie coronaire chez un angioplastie pour deux tiers des patients laisse
infrieure 63,1 mL/min/1,73 m2 (et suprieure patient insuffisant rnal chronique est une procdure craindre une incidence relle de linsuffisance rnale
46,2 mL/min) et 30 % ont une clairance infrieure qui sassocie un fort taux dinsuffisance rnale suprieure. En effet, le pic daugmentation de la
81,5 mL/min/1,73 m2 (et suprieure 63,1 mL/min). aigu (IRA), une mortalit priopratoire plus cratininmie aprs injection de produits de
Plus de la moiti des patients ont donc une importante et galement une survie long terme contraste iods peut tre compris entre 1 et 5 jours
insuffisance rnale chronique modre svre ou trs infrieure celle de la population fonction aprs injection. Par ailleurs, la cratininmie
terminale. Dans une autre tude, 11 % des patients rnale normale [9, 34]. moyenne est un mauvais reflet de la situation
admis pour revascularisation coronaire percutane En effet, la moiti des patients diabtiques ayant individuelle de chaque patient. Pour un sujet g de
ont une cratininmie suprieure 15 mg/L (ce qui une insuffisance rnale chronique svre et 60 ans par exemple, dont la cratininmie de base
reprsente pour cette cohorte de patients gs de 72 bnficiant dune angioplastie coronaire voient leur est de 80 mol/L, une augmentation de 40 mol/L
ans en moyenne une clairance de la cratinine cratininmie augmenter de 25 % au moins aprs aprs angioplastie reprsente une altration de la
infrieure 40 mL/min/1,73 m2) [26]. lexamen et 12 % sont dialyss dans les 7 jours filtration glomrulaire denviron 30 %. Enfin, aucun
Les mmes donnes sont retrouves dans ltude suivants [20]. Mme si le succs initial du geste patient dans cette tude navait une cratininmie
Hope o 11 % des patients inclus (prsentant une endoluminal est obtenu aussi frquemment que initiale suprieure 200 mol/L. Or, le risque de
maladie cardiovasculaire) ont une clairance de la dans la population gnrale, la mortalit 1 an est survenue dune IRA aprs produits de contraste
cratinine infrieure 80 mL/min/1,73 m2 [19]. denviron 15 % en cas dinsuffisance rnale iods peut atteindre 50 % chez des patients
chronique versus 1,9 4,1 % dans la population prsentant des facteurs de risque comme le diabte
Insuffisance rnale chronique tmoin [10, 32]. et linsuffisance rnale chronique svre. Ces facteurs
et coronaropathie LIRA aprs coronarographie est le plus souvent favorisants sont typiquement ceux que prsentent
La population de patients atteints dinsuffisance secondaire la toxicit des produits de contraste frquemment les patients chez qui lindication de
rnale chronique crot de faon trs importante aux iods. Il est connu que le risque datteinte rnale est coronarographie est pose.
tats-Unis et en Europe, principalement en raison de major sil existe une insuffisance rnale
laugmentation sensible de lincidence du diabte prexistante ou un diabte et augmente avec la
A retenir
non insulinodpendant [3]. quantit de produit de contraste administre [23, 31,
35]
. Le diabte multiplie par 6 le risque dIRA aprs ce
Lorsquil existe une insuffisance
Une tude prospective ralise en 1999 dans
geste.
rnale chronique pralable, la
quatre centres de nphrologie, a montr que dans
une population de patients dont la clairance de la LIRA aprs ralisation dune procdure invasive
ralisation dune coronarographie
cratinine est infrieure ou gale endovasculaire peut aussi tre secondaire un sassocie une altration de la
75 mL/min/1,73 m2 (excluant les sujets dialyss), les syndrome des emboles de cholestrol, qui associe filtration glomrulaire aprs
facteurs de risques coronaires sont largement une insuffisance rnale, une hyperosinophilie, des coronarographie qui va ncessiter la
retrouvs : HTA 80 %, dyslipidmie 45 %, diabte orteils bleus, un livedo reticularis. La cintique de dialyse [7] chez un tiers ou plus des
38 %, tabac 28 % [33]. dgradation de la fonction rnale est plus lente (1 patients.
Lincidence des maladies cardiovasculaires est plusieurs semaines) et le pronostic rnal et gnral
bien tudie dans la population des patients beaucoup plus rserv. Lincidence de cette
complication est rare (< 5 %), mais reste sans doute
Incidence de linsuffisance
prsentant une insuffisance rnale chronique avec rnale aigu dans la population
ou sans diabte. Une tude prospective canadienne sous-value. gnrale
a montr que lorsque la clairance de la cratinine est LIRA au dcours des procdures de revasculari-
LIRA est galement une pathologie extrmement
en moyenne 36 mL/min, il existe une sation coronariennes est associe une
frquente.
coronaropathie chez environ 30 % des patients [14]. augmentation significative de la mortalit, aussi bien
aprs angioplastie coronaire percutane [18, 24, 29, 37] Dans la population gnrale, le risque dIRA varie
Au moment de la prise en charge en puration
quaprs chirurgie coronarienne [6]. de 260 800/million dhabitants selon ltude [2, 15].
extrarnale, une tude plus rcente canadienne
confirme ces chiffres [22]. Dans une tude prospective californienne, Dans certaines populations, ce risque est
environ 10 % des patients fonction rnale initiale beaucoup plus lev.
Chez le sujet hmodialys, lincidence de la
coronaropathie a t value environ 30 % des normale ou peu altre (cratinine initiale <
patients [11]. La mortalit dorigine cardiovasculaire 177 mol/L) prsentent une IRA (dfinie par une Incidence de linsuffisance rnale
est trs augmente par rapport la population cratininmie suprieure 177 mol/L ou une aigu dans les populations
gnrale chez les patients insuffisants rnaux augmentation de 62 mol/L au-dessus de la valeur risque (tableau II)
chroniques ou traits par puration extrarnale [5]. de base) aprs chirurgie coronaire. Ainsi, dans une unit de soins intensifs, environ
Les maladies cardiovasculaires reprsentent 50 % La mortalit au cours de lhospitalisation des un tiers des patients prsenteront une IRA [1, 4].
des causes de dcs chez les patients hmodialy- patients prsentant cette complication est de 27 % Aprs transplantation mdullaire, 40 60 % des
ss [16, 25] avec un taux de mortalit annuel denviron (versus 0,9 % dans la population nayant pas patients prsenteront une IRA [8, 36].
20 %. Lexistence dun diabte non insulinod- dvelopp dinsuffisance rnale postopratoire). Lip De mme, dans une unit de soins intensifs, en
pendant multiplie par 6 le risque de dcs dorigine et al [17] dans une tude rcente ont valu cardiologie, 5 10 % des patients prsenteront une
cardiovasculaire chez le dialys [3]. prospectivement lincidence des complications lvation de leur cratininmie.
rnales aprs angioplastie percutane. Chez 104
Ralisation dune coronarographie patients conscutifs, ayant un taux de cratininmie
chez linsuffisant rnal chronique : plasmatique moyen initial 98,7 25,6 (SD) mol/L,
risque dinsuffisance rnale aigu
Insuffisance rnale
la cratininmie moyenne aprs angioplastie et morbi-mortalit
La prise en charge diagnostique et thrapeutique prleve seulement 24 heures aprs lexamen tait
de la maladie coronaire dans la population des augmente (105,0 29,4 mol/L) mais de faon non Dans toutes ces populations, une dtrioration de
insuffisants rnaux chroniques dialyss ou non significative. Pour 63 % des patients nanmoins, la la fonction rnale est un index prdictif de
repose sur la ralisation dune coronarographie. Cet cratininmie a augment significativement morbi-mortalit trs clair.
2
pidmiologie de linsuffisance rnale - 5-0471
Tableau II. Incidence de linsuffisance rnale aigu (daprs Singri et al, JAMA ; 289 (6) : 747-51, 2003).
Frquence
tiologie
Patient hospitalis Patient non hospitalis
Insuffsance rnale fonctionnelle 35 40 % 70 %
M Hypovolmie (pertes digestives, urinaires, cutanes, hmorragie)
M Hypotension (sepsis, syndrome hpatornal, iatrogne)
M Pharmacologique (AINS, IEC)
M Atteinte des gros vaisseaux rnaux (thrombose, emboles, dissection)
Aprs transplantation de moelle osseuse, la De mme, en unit de soins intensifs, le patient porteurs de plusieurs pathologies qui ncessitent
mortalit des patients transplants admis en unit de dialys oligoanurique aurait une mortalit de 63,9 % de multiples thrapeutiques. Ladaptation de la
soins intensifs est respectivement de 88 et 60 % selon compare 39,8 % chez un patient non dialys. posologie des mdicaments est chez ces sujets
quils prsentent ou non une insuffisance rnale [13]. essentielle pour viter les surdosages et donc
Dans une autre tude rtrospective, la survie des
patients 10 ans tait de 29,7 % et 53,2 % pour
respectivement les patients qui ont ou pas prsent
une IRA au moment de la transplantation de moelle
Conclusion
Toute rfrence cet article doit porter la mention : C Isnard Bagnis. pidmiologie de linsuffsance rnale.
Encycl Md Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 5-0471, 2003, 4 p
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4
18-033-C-10
Lquilibre acidobasique est assur par le rein qui maintient en permanence un bilan nul entre la
formation de protons issus du mtabolisme cellulaire et leur limination par excrtion urinaire. Cette
exigence est rendue ncessaire par la capacit des protons se lier aux protines ce qui va modifier leur
structure et leurs fonctions. Le rein doit aussi rgnrer les bicarbonates. Le rein nest pas seul dans le
maintien du pH sanguin dans ses limites trs troites, le poumon assure llimination dune trs grande
quantit dacide volatil form par la respiration cellulaire.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : quilibre acide-base ; Protons ; Tampons ; Bicarbonate ; Acidit titrable ; Ions ammoniums ;
Acidose mtabolique ; Alcalose mtabolique
Plan
Nphrologie 1
18-033-C-10 quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques
Ligne de dfense respiratoire Lexcrtion nette de H+ sous forme de NH4+ est donc denviron 40 mmol/j.
2 Nphrologie
quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques 18-033-C-10
c c
Membrane Membrane Membrane Membrane
apicale Cellule tubulaire proximale basolatrale apicale Cellule tubulaire basolatrale
Figure 1. Rabsorption des HCO3 dans le tube proximal. Les HCO3 fil- Figure 2. Scrtion active des H+ dans la cellule intercalaire a. Cette
trs se combinent aux H+ qui sortent de la cellule par le contre-transport cellule a un cytosol riche en anhydrase carbonique qui permet lhydroxy-
Na+ /H+ et par les H+ ATPases. Lacide carbonique ainsi form (H2CO3) est lation de CO2. Dans sa membrane luminale, elle possde des H+ ATPases
cliv dans le fluide tubulaire en CO2 et H2O par lanhydrase carbonique. Le impliqus dans la scrtion active des H+. La dissociation dune molcule
CO2 diffuse dans la cellule et est transform en HCO3 par lanhydrase dH2O permet sous laction de lanhydrase carbonique de former un
carbonique cytosolique. Le HCO3 franchit la membrane basolatrale par HCO3 qui franchit la membrane basolatrale par un contre-transport
un canal spcifique avec le Na+. Au total, les HCO3 initialement prsents HCO3/Cl. ATP : adnosine triphosphate.
dans le fluide tubulaire sont passs dans linterstitium. ATP : adnosine
triphosphate.
Nphrologie 3
18-033-C-10 quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques
Figure 3. Scrtion voltage-dpendante des H+ dans la cellule princi- Figure 4. Premire tape de la scrtion de la charge acide : scrtion
pale du tube collecteur cortical. Le Na+ franchit la membrane apicale par des NH4+ par la cellule tubulaire proximale. Le catabolisme de la gluta-
le canal pithlial sodique sensible lamiloride. Cette rabsorption mine issue des protines fournit des NH4+ et des HCO3. Les HCO3 fran-
lectrognique gnre une diffrence de potentiel transluminale lumire chissent la membrane basolatrale par un cotransport avec le Na+. Les
ngative. Ceci permet la scrtion voltage-dpendante des H+ (et des K+) NH4+ franchissent la membrane apicale par un contre-transport avec le
par des canaux spcifiques dans la membrane apicale (aquaporine pour Na+. La scrtion des NH4+ permet dans ce cas lexcrtion de SO42 pro-
les H+ et ROMK pour les K+). Laldostrone active la scrtion des deux venant du catabolisme dun acide amin soufr. ATP : adnosine
cations. ROMK : renal outer medullary potassium channel ; ATP : adnosine triphosphate.
triphosphate.
4 Nphrologie
quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques 18-033-C-10
Nphrologie 5
18-033-C-10 quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques
Tableau 2. Tableau 3.
Acidoses mtaboliques avec trou anionique (TrA > 16 mmol/l). Acidoses mtaboliques hyperchlormiques (TrA < 16 mmol/l).
Acidoses lactiques Excs de production dacide lactique : Acidose de dilution
- tats de choc (cardiognique, priphrique)
- hypoxie svre (intox CO, mthmoglobinmie) Pertes de bases Diarrhe
- infarctus du msentre Fistules digestives
- crises convulsives subintrantes, exercice Cholestyramine
musculaire intense
- cancers volus, leucmies Acidoses tubulaires
- dficits enzymatiques (G6-PD) Rduction nphronique
modre ou moyenne
Dfaut de mtabolisation dacide lactique :
- insuffisance hpatocellulaire svre Nutrition parentrale
- insuffisance rnale svre
Charge acide exogne NH4Cl, CaCl2, MgSO4, chlorhydrate
Blocage de la noglucogense :
darginine, chlorhydrate de lysine, sulfate
- traitement par metformine de mthionine
- intoxication thylique svre
- intoxication au mthanol
En cas dacidose avec rponse rnale inadapte (le rein est
Acidoctose Diabte tout ou partie responsable de lacidose), le trou anionique
thanol urinaire reste positif avec une excrtion de NH4Cl infrieure
80 mmol/j.
Jene
Intoxications Mthanol
pH urinaire
Salicyls Il a un intrt limit en pratique courante dans le bilan
tiologique dune acidose mtabolique.
thylne glycol
Linterprtation du pH urinaire dans lexploration dune
Paraldhyde acidose est rendue difficile pour de multiples raisons.
Il faut dabord sassurer de labsence dinfection urinaire un
Rduction
germe urasique (comme Proteus) car le pH devient alcalin sous
nphronique svre
leffet de lurolyse bactrienne.
6 Nphrologie
quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques 18-033-C-10
Nphrologie 7
18-033-C-10 quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques
Lacidose est sans trou anionique sanguin car il existe une Alcalinisation
augmentation de la rabsorption tubulaire de Cl du fait de la Le NaHCO3 est utilis per os soit en prparation magistrale (2
dshydratation extracellulaire. Le trou anionique urinaire est 6 g/j), soit sous forme deau de Vichy. Leau de Vichy Cles-
constamment ngatif. Une hypokalimie est souvent prsente tins apporte par litre 3 g de HCO3 et 1,2 g de Na+. Leau de
du fait des pertes digestives de K+ mais aussi dune kaliurse Vichy Saint-Yorre apporte par litre 4,3 g de HCO3 et 1,7 g de
inadapte. Na+.
La forme intraveineuse existe en solution 1,4 % (solution
Dfaut dexcrtion de la charge acide quotidienne molaire apportant 165 mmol/l de Na+ et de HCO3) ou 4,2 %
Insuffisance rnale (3 fois molaire). La posologie initiale est de 1 2 mmol/kg en
perfusion lente, la suite du traitement tant adapte en fonction
Linsuffisance rnale chronique saccompagne dune acidose
de la correction du pH.
avec trou anionique du fait de la rtention des phosphates, des
Le lactate de Na+ molaire et le tromthamine actate (THAM)
sulfates et dautres anions organiques. Lacidose est lie la
diminution de lexcrtion dH+ sous forme de NH4+ qui est ne sont plus employs.
parallle la rduction nphronique. Hyperventilation
Acidoses tubulaires Ce moyen physiologique de compensation permet une
Il sagit de dysfonctionnements tubulaires de cause et de limination du CO2 et donc une diminution de la concentra-
physiopathologie variable avec ou sans dficit de la fonction tion en H+. Lhyperventilation physiologique doit donc toujours
rnale. La biologie montre une acidose hyperchlormique et tre respecte. En cas dacidose svre, la ventilation mcanique
une excrtion urinaire de NH4+ trop basse compte tenu de peut tre utilise mais son efficacit na jamais t value.
lacidose (trou anionique urinaire positif). puration extrarnale (hmodialyse, hmofiltration)
Acidose tubulaire proximale (ou de type 2). Elle est
Elle permet de corriger les acidoses sans risque de surcharge
caractrise par un abaissement du seuil de rabsorption des
sode ou de surcompensation. Son utilisation ncessite un tat
HCO 3 du tube proximal un niveau variable entre 16 et
hmodynamique correct et une limination du CO2 efficace par
20 mmol/l. Une fois le seuil atteint, les HCO3 sont complte-
la ventilation.
ment rabsorbs et tout le processus dacidification des urines se
poursuit normalement.
Conduite du traitement
Les examens sanguins mettent en vidence une hypokalimie
et des signes dhmoconcentration. Dans les urines, le pH est en Acidoses aigus
rgle adapt, il ny a pas de HCO3. Le NH4+ est en quantit En cas dacidose aigu, le risque est celui de la diminution de
insuffisante. Le diagnostic est confirm dans des laboratoires la contraction myocardique, des arythmies cardiaques et de la
spcialiss par la diminution du rapport de la capacit de vasodilatation pouvant entraner un tat de choc. Le pronostic
rabsorption des HCO3 sur le dbit de filtration glomrulaire dpend plus de la cause de lacidose que du pH sanguin.
(TmHCO3/DFG) qui est infrieur 20 mmol/l. Le traitement dpend de la valeur du pH. Si le pH est
Il faut rechercher dautres signes datteinte tubulaire proxi- infrieur 7,2, il faut alcaliniser par le NaHCO3 1,4 %. La
male : glycosurie orthoglycmique, aminoacidurie, lvation du ventilation mcanique associe permet llimination du CO2 et
rapport TmPhosphate/DFG et de la clairance de lacide urique. la diminution de la dpense nergtique donc de la production
Les tiologies des acidoses tubulaires proximales sont multi- de H + . Lpuration extrarnale peut tre utilise en cas de
ples : maladies de surcharge (cystinose, etc.), maladies rnales dfaillance rnale, dchec de lalcalinisation et devant certaines
(amylose, maladies auto-immunes, etc.), mdicaments (actazo- intoxications.
lamide, cisplatine) et toxiques (mtaux lourds). Si le pH est suprieur 7,2, lalcalinisation nest pas recom-
Acidose tubulaire distale (ATD) (de type 1). Elles sont de mande, le traitement de la cause est suffisant. Ceci est particu-
deux types : ATD hypokalimique et ATD hyperkalimique [3]. lirement vrai pour les acidoses lactiques, les acidoctoses et les
Lexploration et le bilan tiologique de ces acidoses se fait dans intoxications.
les services spcialiss.
LATD avec hypokalimie : la biologie rvle une acidose Acidoses chroniques
hyperchlormique avec hypokalimie par hyperaldostronisme En cas dacidose chronique, le risque long terme est celui
secondaire et une calciurie leve avec ostopnie. Le pH de lostoporose et de laugmentation du catabolisme des
urinaire est alcalin avec bicarbonaturie, lexcrtion de NH4+ est protines. Lalcalinisation par NaHCO3 doit tenir compte de
basse. lapport sod. La tolrance digestive des soluts alcalins per os
Les tiologies des ATD hypokalimiques sont nombreuses nest en gnral pas bonne.
(maladies auto-immunes, nphrocalcinose, nphrites intersti-
tielles, mdicaments).
Les ATD avec hyperkalimie [12] : la biologie rvle une Alcaloses mtaboliques
acidose hyperchlormique hyperkalimique et une excrtion
basse de NH4+. Le volume extracellulaire, la rnine et laldost- Dfinition et diagnostic
rone sont variables en fonction de ltiologie. Les tiologies des
ATD hyperkalimiques sont multiples (mdicaments, insuffi- Dfinition
sance surrnale, diabte, affections vasculaires).
Une alcalose mtabolique est dfinie par lassociation dun
Acidose de dilution pH sanguin alcalin (suprieur ou gal 7,43) une augmenta-
tion de la rserve alcaline (suprieure ou gale 28 mmol/l).
Elle est lie ladministration rapide de liquides dpourvus de Lalcalose mtabolique entrane une augmentation de la
bicarbonate, ce qui entrane une diminution de la rabsorption PaCO2 (hypoventilation alvolaire de compensation) et une
des HCO3. En fait le bilan dions H+ est normal. diminution de la PaO2 proportionnelle laugmentation de la
PaCO2. La chlormie est plus basse que ne le voudrait laug-
Traitement des acidoses mtaboliques mentation des HCO3 avec un petit trou anionique li une
Le traitement dune acidose mtabolique est dabord le production dacide lactique [13].
traitement de sa cause. Un traitement symptomatique nest pas
toujours ncessaire. Diagnostic
Les signes cliniques sont non spcifiques et inconstants. Ils
Moyens du traitement associent :
Il existe trois moyens pour corriger une acidose mtabolique : des signes neurologiques si le pH est suprieur 7,5 : agita-
lalcalinisation, lhyperventilation et lpuration extrarnale. tion, confusion, coma, pilepsie ;
8 Nphrologie
quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques 18-033-C-10
Point important
donc la quantit de HCO3 filtre, ce qui limite leur excrtion
rnale. De plus, la rabsorption des HCO3 est augmente dans
le tube proximal.
Gnration et facteurs dentretien dune alcalose Lhypokalimie diminue aussi le DFG et stimule la scrtion
mtabolique des H+ sous forme de NH4+.
Gnration : Lhyperminralocorticisme est un facteur de maintien car il
stimule la scrtion des H+ si la dlivrance du Na+ est mainte-
pertes de protons depuis le tube digestif ou les urines :
nue dans le tube collecteur cortical [13].
vomissements, diurtiques thiazidiques ou de lanse, etc. ;
entre de HCO 3 - dans le secteur extracellulaire :
syndromes de Conn et de Cushing, etc. tiologies
Facteurs dentretien : Les tiologies des alcaloses mtaboliques se divisent en deux
dshydratation du secteur extracellulaire groupes :
rabsorption des HCO3- au tube proximal ; les alcaloses associes une dshydratation extracellulaire ;
hypokalimie augmentation de lexcrtion urinaire les alcaloses associes une hydratation extracellulaire
des H+ par le NH4+ ; normale ou avec hyperhydratation extracellulaire.
hyperminralocorticisme scrtion voltage
dpendante des H+ dans le collecteur cortical. Dshydratation extracellulaire
La dshydratation extracellulaire est lorigine du maintien
de lalcalose dans ces tiologies. Lanalyse du Na+ et du Cl uri-
naire permet en gnral de distinguer les diffrentes causes
des signes neuromusculaires : crampes, myoclonies (secon- (Fig. 7).
daire la chute du calcium ionis) ;
des signes cardiaques : arythmies. Excrtion urinaire leve de Na+ et de Cl
Lalcalose est initie par une perte dH+ par le rein :
Approches cliniques traitements en cours par diurtiques de lanse ou thiazidi-
ques ;
Gnration et maintenance de lalcalose syndromes de Bartter et de Gitelman ;
mtabolique dficit en magnsium : lalcalose nest pas systmatique et est
en rgle gnrale modre. Son dterminisme est inconnu.
Les deux conditions ncessaires pour crer une alcalose Rarement, lalcalose est initie par une entre de HCO3 dans
mtabolique sont : le secteur extracellulaire dorigine digestive ou osseuse comme
lentre de HCO3 dans le secteur extracellulaire par perte dans les hypercalcmies extraparathyrodiennes :
dacide ou gain dalcalin, ce qui va gnrer lalcalose ; syndrome de Burnett survenant chez les malades insuffisants
une augmentation de la capacit du rein rabsorber les rnaux consommant de grandes quantits de sels de calcium
HCO3 ou liminer les H+, ce qui va maintenir lalcalose [14]. alcalin (carbonate de calcium) ;
intoxication la vitamine D, granulomatoses (sarcodose) et
Gnration de lalcalose lyse osseuse des cancers.
Lentre de HCO3 dans le secteur extracellulaire peut tre
Excrtion urinaire basse de Cl et leve de Na+
rnale ou digestive. Une entre dorigine rnale des
HCO3 sobserve : Lalcalose est initie par une perte dH+ par le tube digestif :
dans les situations dhyperaldostronisme primitif (syndrome vomissements actifs ;
de Conn par exemple) ; sonde nasogastrique en aspiration.
en cas dafflux de Na+ dans le nphron distal en prsence Excrtion urinaire basse de Cl et de Na+
dun hyperaldostronisme (traitement par diurtiques de
lanse), lhyperaldostronisme tant secondaire la dpltion Lalcalose est initie soit par une perte dH+ par le tube
volmique. digestif en cas de vomissements dans un pass rcent, soit par
Ces deux situations vont combiner trois facteurs : le rein en cas de traitement par diurtique dans un pass rcent
un apport important de Na+ dans le tube collecteur cortical ; et en cas dalcalose post-hypercapnie. Cette dernire sexplique
un hyperminralocorticisme, la scrtion daldostrone par laccumulation de HCO3 alors que le patient tait hyper-
devenant indpendante du volume extracellulaire ; capnique (compensation mtabolique de lacidose respiratoire).
une hypokalimie, consquence des deux premiers ph- Laccumulation des HCO 3 entrane un dficit en Cl par
nomnes. chlorurie. Lorsque la ventilation alvolaire est restitue, le rein
ne peut excrter tous les HCO3 accumuls du fait du dficit en
Lafflux de Na+ dans le tube collecteur cortical alors que
chlorure de sodium (NaCl).
laldostrone est leve augmente la scrtion des H+. En effet,
laldostrone active la Na+/K+ ATPase et favorise louverture du Ces alcaloses mtaboliques doivent tre traites par du NaCl,
ce qui permet de restaurer lhydratation du secteur extracellu-
canal pithlial sodique des cellules principales. En prsence de
laire et ainsi lexcrtion rnale des HCO 3 accumuls. La
Na+ dans la lumire tubulaire, le Na+ est chang contre les
dpltion en K+ contribue aussi au maintien de lalcalose. Elle
H+ et les K+ do alcalose et hypokalimie. Lhypokalimie
doit aussi tre compense mais cest lapport de NaCl qui
aggrave lalcalose car elle augmente la scrtion dacide.
constitue le traitement de base.
La perte dacide par le tube digestif loccasion de vomisse-
ments (riches en HCl) conduit laddition de HCO3 dans le
secteur extracellulaire mais il faut, pour maintenir lalcalose, que
Hyperhydratation extracellulaire ou hydratation
la rabsorption rnale des HCO3 soit augmente [13]. extracellulaire normale (Fig. 7)
Maintenance de lalcalose Ce type dalcalose est toujours en rapport avec une perte
rnale dacide par hyperactivit minralocorticode. Lalcalose
Trois mcanismes rendent compte du maintien de lalcalose : est entretenue par le maintien de lactivit minralocorticode
la dshydratation du secteur extracellulaire. Il sagit du facteur en dpit de lexpansion volmique (qui autorise un apport de
principal ; Na+ dans le tube collecteur) et par lhypokalimie qui stimule
lhypokalimie ; lexcrtion des H + . Les dosages de rnine et daldostrone
un hyperminralocorticisme. permettent de diffrencier trois groupes dtiologies.
Nphrologie 9
18-033-C-10 quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques
Augmentation de la rserve
alcaline (> 28 mmol/l)
Volume extracellulaire ?
Pression artrielle ?
Figure 7. Arbre dcisionnel. Dmarche diagnostique devant une alcalose mtabolique. HTA : hypertension artrielle.
Hyperaldostronisme primaire (syndrome de Conn) Enfin, lalcalose des dficits en K+ sexplique par le transfert
des H + vers le milieu intracellulaire et laugmentation de
Dans ces situations, la rnine est basse et non stimulable et
lexcrtion rnale des H+ sous la forme des NH4+.
laldostrone leve : Lalcalose de contraction sobserve en cas de traitement par
maladie de Conn ; furosmide (Lasilix) qui soustrait du liquide dans le secteur
hyperplasie bilatrale des surrnales ; extracellulaire alors que le stock des HCO3 reste constant.
cancer de la surrnale.
Hyperaldostronismes secondaires Traitement
Dans ces situations, la rnine et laldostrone sont leves : Le traitement dune alcalose mtabolique est dabord celui de
stnose de lartre rnale ; son facteur dentretien, puis celui de sa cause. Un traitement
symptomatique nest ncessaire que dans de rares circonstances.
tumeur scrtant de la rnine ;
hypertension artrielle (HTA) acclre ou maligne. Correction du facteur dentretien
Hyperminralocorticisme sans aldostrone La correction du facteur dentretien de lalcalose est primor-
diale. Le traitement dpend de ltiologie :
Lactivit minralocorticode nest pas en rapport avec
apport de NaCl dans toutes les situations associes une
laldostrone mais avec dautres hormones surrnaliennes
dshydratation extracellulaire. Cest le traitement des alcalo-
normalement inactives (cortisol) ou en quantit habituellement ses des vomissements, des diurtiques, etc. ;
insuffisante pour exercer un effet minralocorticode. apport de K + dans toutes les situations associes une
Dans ces situations, la rnine et laldostrone sont basses : hyperhydratation extracellulaire. Cest le traitement des
syndrome de Cushing et traitement par corticodes ; alcaloses par hyperaldostronisme primitif, de la maladie de
inhibition de la 11-b strode dshydrognase par la glycyr- Cushing, etc.
rhizine (rglisse) ;
syndrome de Liddle : il sagit dune mutation du canal Traitement tiologique
pithlial sodique, ce qui augmente son activit de rabsorp- Chaque cause dalcalose mtabolique a son propre traitement.
tion de Na+ aboutissant une HTA avec alcalose Il sagit par exemple :
hypokalimique [15]. darrter les diurtiques thiazidiques ou de lanse ;
Toutes ces causes dalcalose mtabolique doivent tre traites de lablation dune sonde gastrique ou de la prescription
par du chlorure de potassium (KCl), ce qui permet de restaurer dantiscrtoire si le maintien de la sonde est ncessaire ;
lexcrtion rnale des HCO3 accumuls. de la cure chirurgicale dun adnome de Conn, etc.
10 Nphrologie
quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques 18-033-C-10
Traitement symptomatique [5] Garella S, Salem MM. Clinical acid-base disorders. In: Davison AM,
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Compte tenu des consquences cliniques de lalcalose, un
Oxford Textbook of Clinical Nephrology. Oxford: Oxford medical
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lalcalose peut amliorer la ventilation alvolaire ;
editors. Renal function. Boston: Little, Brown and Company; 1995.
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myocardique rcent ;
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et al. A new classification for renal defects in net acid excretion. Am
Le chlorure dammonium (NH4Cl) peut tre utilis per os ou
J Kidney Dis 1997;29:136-46.
par voie veineuse. Lacide chlorhydrique (HCl) 0,15 ou 0,25 N
peut tre perfus sur une voie centrale [16]. Ces acides sont [8] Emmett M, Narins RG. Clinical use of the anion gap. Medicine 1977;
contre-indiqus en cas dinsuffisance rnale ou hpatique. Le 56:38-54.
chlorhydrate darginine a t abandonn du fait dhyperkali- [9] Batlle D, Hizon M, Cohen E, Gutterman C, Gupta R. The use of the
mie svre. Les antialdostrones (spironolactone, Aldactone) ou urinary anion gap in the diagnosis of hyperchloremic metabolic
les diurtiques pargneurs de K+ (amiloride, Modamide) sont acidosis. N Engl J Med 1988;318:594-9.
de bons traitements de lalcalose en cas dhyperaldostronisme. [10] Kim GH, Han JS, Kim YS, Joo KW, Kim S, Lee JS. Evaluation of urine
Lactazolamide (Diamox) est peu efficace et peut augmenter acidification by urine anion gap and urine osmolal gap in chronic
la PaCO2 en particulier chez linsuffisant respiratoire. metabolic acidosis. Am J Kidney Dis 1996;27:42-7.
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Elsevier; 1998. p. 63-90. 1985;13:738-42.
B. Dussol ([email protected]).
Centre de nphrologie et de transplantation rnale, Hpital de la Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 05, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Dussol B. quilibre acidobasique. Acidoses et alcaloses mtaboliques. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Nphrologie, 18-033-C-10, 2011.
Nphrologie 11
18-010-B-10
Si le calcium et le phosphate jouent un rle majeur dans la minralisation osseuse, ils ont galement de
multiples fonctions dans lorganisme. Bien qutroitement rgules, les concentrations sriques de
phosphate varient au cours de la vie en fonction des besoins physiologiques. En revanche, la calcmie
ionise est maintenue dans une fourchette trs troite de valeurs grce laction combine de deux
hormones, la parathormone (PTH) et le calcitriol, mtabolite actif de la vitamine D. Toute variation,
mme modeste, de la calcmie ionise est dtecte par une protine, le rcepteur sensible au calcium
(CaSR) qui est prsent la surface des cellules parathyrodiennes et de nombreux autres tissus. Une baisse
de la calcmie ionise induit une inactivation du CaSR, ce qui stimule la scrtion de PTH. Celle-ci stimule
la libration de calcium et de phosphate de los vers le plasma, rduit lexcrtion fractionnelle du calcium
et stimule la production rnale de calcitriol qui augmente labsorption intestinale de calcium et de
phosphate. En outre, la PTH diminue la rabsorption tubulaire rnale du phosphate et contribue ainsi
lhomostasie du phosphate. Il est probable quune autre hormone, le fibroblast growth factor 23
(FGF23), ait un rle significatif sur lhomostasie phosphocalcique par son action inhibitrice sur la
rabsorption rnale du phosphate et sur la synthse de calcitriol. Rcemment, dautres actions de la
vitamine D, indpendantes du mtabolisme phosphocalcique et osseux, ont t dcouvertes.
Lexploration des troubles du mtabolisme phosphocalcique consiste en gnral pratiquer une
valuation de base comportant la calcmie, la phosphatmie, les dosages de la 25-hydroxyvitamine D et
de la PTH, la calciurie des 24 heures et une estimation de la fonction rnale. Enfin, de nombreuses
anomalies gntiques responsables de perturbations du mtabolisme phosphocalcique ont t dcrites,
ouvrant de nouvelles voies la comprhension des mcanismes physiopathologiques.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Plan Hypercalciuries 15
Place de la biologie molculaire et des recherches danomalies
gntiques 17
Rgulation de la calcmie et de la phosphatmie 1
Parathormone (PTH) 2 Conclusion 17
Vitamine D 3
Calcium, phosphate, et mtabolisme osseux 5
Absorption intestinale du calcium et du phosphate
Homostasie rnale du calcium et du phosphate
5
6 Rgulation de la calcmie
Aspects analytiques des dosages les plus courants. et de la phosphatmie
Importance pour la pratique clinique 11
Calcmie 11 Si le calcium (Ca) et le phosphate (P) jouent un rle majeur
Calciurie 11
dans la minralisation osseuse, ils ont galement de multiples
fonctions dans lorganisme. Le calcium est impliqu dans la
Phosphatmie/phosphaturie 11
conduction nerveuse, la contraction musculaire, la coagulation,
Dosages de parathormone 11
la diffrenciation cellulaire et le signal intracellulaire. Le
Dosages de vitamine D 12
phosphate est impliqu dans les changes nergtiques (adno-
Interprtation des explorations phosphocalciques 12 sine triphosphate [ATP], etc.), certaines activits enzymatiques
Hypercalcmie 13 (phosphatases, phosphorylases), lquilibre acide-base, la
Hyperparathyrodie primitive (HPP) 14 synthse des acides nucliques et le signal intracellulaire (acide
Hypocalcmies 14 adnosine monophosphorique cyclique [AMPc] et guanosine
Cas particulier de la dcouverte dune parathormone leve monophosphorique cyclique [GMPc]). Le corps humain dun
quand calcmie, phosphatmie et calciurie des 24 heures adulte de 70 kg contient environ 1 kg de calcium et 550 g de
sont normales 15 phosphore lment dont limmense majorit (> 99 % du
Hypophosphatmies (avec calcmie normale et avec calcium et environ 85 % du phosphate) est localise dans le
ou sans hypercalciurie) 15 cristal
Nphrologie 1
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
Diminution Stimulation
de l'excrtion Libration de la scrtion
fractionnelle de calcium de los de calcitriol
du calcium
Augmentation de
Normalisation l'absorption intestinale
de la calcmie de calcium
ionise
Figure 1. Reprsentation schmatique de la rgulation de la calcmie et de la phosphatmie par les hormones calciotropes. PTH : parathormone.
dhydroxyapatite du squelette. Dans le plasma, le calcium est diminuant la rabsorption tubulaire proximale des phosphates
prsent sous diffrentes formes : 40 % 45 % est li des et en inhibant la synthse de calcitriol. Les phosphatonines ont
protines, principalement lalbumine, 5 % 10 % est li des t identifies comme les agents responsables de certaines
anions, et environ 50 % est sous la forme de calcium ionis. La ostomalacies/rachitismes hypophosphatmiques. Il reste
somme du calcium ionis et du calcium li aux anions est cependant aujourdhui dmontrer le niveau exact dinterven-
appele calcium ultrafiltrable . Dans le plasma, le phosphate tion des phosphatonines en physiologie dans le maintien de la
est prsent sous forme de phosphate inorganique (on dose la phosphatmie (par exemple, vitesse de variation de leur scr-
phosphatmie et non la phosphormie). Environ 55 % des tion ou de leur action quand la phosphatmie slve ou
phosphates est sous forme ionise, 10 % li des protines, et diminue).
environ 35 % associ des cations. Le produit phosphocalcique La Figure 1 propose une reprsentation schmatique de la
(calcmie multiplie par la phosphatmie) doit rester constant rgulation de la calcmie et de la phosphatmie par les hormo-
nes calciotropes.
pour assurer une minralisation osseuse optimale. Sil est trop
lev, des calcifications extrasquelettiques peuvent apparatre.
Sil est trop bas, la minralisation osseuse peut tre altre. Parathormone (PTH) (Fig. 2)
Seule la calcmie ionise est rgule et sa concentration Les cellules parathyrodiennes synthtisent continuellement la
plasmatique est maintenue dans des limites trs troites. En PTH, une protine de 84 acides amins, et la stockent dans des
conditions pathologiques, le maintien de la calcmie ionise vsicules. Lorsque la calcmie ionise slve, le CaSR est activ,
peut ncessiter une altration de la balance calcique (cest-- ce qui induit la dgradation de la PTH dans les vsicules de
dire la diffrence entre la quantit de calcium qui entre dans le stockage et la scrtion par les parathyrodes de fragments
liquide extracellulaire [LEC] et la quantit qui en sort). La inactifs de PTH, ne contenant pas les acides amins de la partie
balance calcique est assure par trois organes : lintestin, los, et N-terminale de la PTH. Au contraire, la baisse de la calcmie
le rein. Aprs un repas, la calcmie augmente transitoirement ionise entrane une inactivation du CaSR et une stimulation de
(cest pourquoi il faut mesurer la calcmie jeun). En revanche, la scrtion de PTH intacte, ce qui va permettre une normalisa-
jeun, le maintien de la calcmie dpend seulement de lqui- tion de la calcmie ionise. Il peut exister des mutations du
libre entre la quantit de calcium relargue par los et la gne du CaSR responsables dhypocalcmie avec hypercalciurie
quantit de calcium excrte dans lurine. lorsquelles sont activatrices [2], et du syndrome dhypercalcmie-
Il existe donc : hypocalciurie familiale ou dhyperparathyrodies nonatales
un systme rgul, reprsent par la calcmie ionise, et dont lorsquelles sont inactivatrices [3] . Le CaSR est la cible de
la stabilit dpend de lquilibre entre les dbits dentre et de mdicaments, les calcimimtiques, utiliss frquemment chez les
sortie du calcium dans le LEC ; insuffisants rnaux pour contrler la scrtion de PTH [1]. Sans
quon en connaisse le mcanisme, une hyperphosphatmie
un systme de stockage reprsent par le squelette, o lorga-
stimule galement la scrtion de PTH [4]. La PTH, qui est la
nisme va puiser du calcium quand la calcmie ionise
principale hormone hypercalcmiante, est aussi hypophosphat-
diminue ;
miante. Elle agit par diffrents mcanismes en se liant, via les
un systme rgulateur, reprsent par : les hormones calciotro-
acides amins de sa portion N-terminale, un rcepteur sept
pes, PTH et calcitriol (1,25-dihydroxyvitamine D3), qui corrige fragments transmembranaires (PTHR1) :
les variations de la calcmie ionise dtectes par une elle stimule la libration de calcium de los vers le plasma. Ce
protine sept fragments transmembranaires et le rcepteur processus est trs rapide, mais de faible capacit. Il intresse
sensible au calcium (CaSR), prsent la surface des cellules le calcium rapidement changeable prsent sur les couches
parathyrodiennes et dautres tissus dont le rein [1]. superficielles de los, et est probablement mdi par les
La phosphatmie est galement trs rgule, mais dans des ostocytes. Il est diffrent du remodelage osseux qui est un
limites plus larges que celles de la calcmie. Cest le rein qui, processus continu et de grande capacit. Dans los, PTHR1 est
chez ladulte, est prpondrant pour le maintien de la phospha- localis sur les ostoblastes et non sur les ostoclastes. La PTH
tmie et du bilan du phosphate. Il est fort probable que des est catabolique pour los, en particulier pour los cortical,
protines appeles phosphatonines, dont la plus connue est le lorsquelle est prsente continuellement en excs (hyper-
FGF23, interviennent dans la rgulation de la phosphatmie en parathyrodies). En revanche, elle stimule fortement la
2 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
Phosphatmie (indpendamment
des variations de Ca extracellulaire ?)
Calcitriol et 25OHD
Calcmie
PTH (VDR parathyrodiens
(CaSR parathyrodiens)
et 1--hydroxylase locale)
1--hydroxylase
Rsorption osseuse 24-hydroxylase Internalisation de NPT2a Rabsorption de Ca
Figure 2. Principaux dterminants de la rgulation de la parathormone (PTH) et principales actions de la PTH. La scrtion de PTH est inhibe par une
augmentation de la calcmie ionise, via la liaison du calcium ionis extracellulaire au rcepteur sensible au calcium (CaSR) des cellules parathyrodiennes ; par
le calcitriol, par lintermdiaire de son action sur les VDR parathyrodiens ; par la 25-hydroxyvitamine D (25OHD) convertie localement en calcitriol grce la
prsence dune 1-a-hydroxylase locale et par une diminution de la phosphatmie. Le rle des variations de la phosphatmie sur la scrtion de PTH est difficile
tablir, compte tenu des variations concomitantes inluctables de la concentration de calcium du milieu. La PTH agit principalement sur trois organes cibles :
sur los, sur le rein et, indirectement, sur le tube digestif. Elle stimule la rsorption osseuse, donc le relargage de calcium et de phosphate partir de los. Elle
stimule la rabsorption tubulaire distale de calcium et inhibe la rabsorption tubulaire proximale de phosphate. Enfin, elle favorise indirectement labsorption
digestive de calcium et de phosphate par lintermdiaire de la stimulation de la 1-a-hydroxylase tubulaire proximale, donc de la synthse de calcitriol par le rein.
Par ces diffrents mcanismes, la PTH est une hormone essentiellement hypercalcmiante. Une vision physiologique finaliste pourrait consister penser que
la baisse de la phosphatmie induite par la diminution de la rabsorption tubulaire proximale du phosphate sous leffet de la PTH a pour but de contrebalancer
laugmentation de la phosphatmie induite par la rsorption osseuse et laugmentation de labsorption digestive de phosphate sous leffet de cette mme
hormone. En effet, laugmentation simultane de la calcmie et de la phosphatmie saccompagnerait dune augmentation du produit phosphocalcique
sanguin, donc dun risque de calcifications extraosseuses. P : phosphate ; VDR : rcepteur de la vitamine D.
Nphrologie 3
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
7-dhydrocholestrol
Absorption digestive
UVB de Ca et P
25(OH) vitamine D3
Scrtion de FGF23
1--hydroxylase rnale
24OHase rnale
Actions endocrines
PTH Phosphatmie 1,25(OH)2 vitamine D3 Synthse de protines
Apports calciques = calcitriol
VDR
RXR
VDRE
Organes cibles :
tube digestif, rein, os, parathyrodes
25OHD
Prolifration
Actions autocrines et paracrines
1--hydroxylase Diffrenciation
Synthse de protines
Apoptose
Calcitriol
Angiogense
RXR Insuline
VDR
VDRE Rnine
rgule, cest--dire que plus les quantits de vitamine D de lhomostasie phosphocalcique par augmentation de
synthtise ou ingre sont importantes, plus la quantit de labsorption intestinale du calcium et du phosphate, permettant
25OHD forme est grande. La 25OHD est ensuite relargue dans ainsi un environnement phosphocalcique favorable la min-
le sang o elle circule avec une demi-vie de lordre de 3 semai- ralisation osseuse. Un dficit profond en vitamine D peut ainsi
nes. Dans le tubule proximal, une protine membranaire, la avoir pour consquence des pathologies osseuses caractrises
mgaline [8], transporte le complexe 25OHD-vitD-BP lintrieur par un dfaut de minralisation : rachitisme chez lenfant et
de la cellule o une enzyme, la 1-a-hydroxylase (CYP27B1), ostomalacie chez ladulte. Il est toutefois bien dmontr que de
permet lhydroxylation de la 25OHD en position 1 pour former nombreux tissus expriment la fois de la 1-a-hydroxylase et du
la 1,25-dihydroxyvitamine D (1,25[OH]2D ou calcitriol). Cette VDR, et quils sont ainsi capables de convertir la 25OHD en
hydroxylation rnale est rgule et est stimule principalement 1,25(OH)2D qui est alors utilise localement. Il ne sagit donc
par la PTH, par une hypophosphatmie ou par de faibles plus dune action endocrine, mais dune action autocrine ou
apports alimentaires en calcium. Dans certaines pathologies paracrine du calcitriol. La 1,25(OH)2D contrle ainsi plus ou
comme les granulomatoses (sarcodose en particulier), cette moins directement plus de 500 gnes. Cette proprit est la base
hydroxylation nest pas rgule, et les macrophages produisent des actions non phosphocalciques que lon attribue actuel-
et scrtent de la 1,25(OH)2D qui peut tre responsable dune lement la vitamine D. Il sagirait dun rle protecteur contre
hypercalcmie et dune hypercalciurie. La 1,25(OH)2D est le certains cancers [9, 10] , des maladies auto-immunes [11, 12] ,
mtabolite actif de la vitamine D, et sa demi-vie dans le srum certaines infections [13] ou des pathologies cardiovasculaires [14].
est de 4 heures environ. Elle agit via un rcepteur cytosolique, Du fait de laction de la vitamine D sur le muscle squelettique,
le VDR, prsent dans de nombreux tissus. Le rle le plus le dficit en vitamine D est aussi associ une augmentation du
important (et le mieux connu) de la 1,25(OH)2D est le maintien risque de chutes [15].
4 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
Nphrologie 5
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
Chaque jour, environ 250 mmol (10 g) de calcium (il sagit Ple basolatral
de la fraction dite ultrafiltrable prsente dans le plasma) sont Figure 5. Reprsentation schmatique de la rabsorption du calcium au
filtrs et 98 % du calcium filtr est ensuite rabsorb le long du niveau de la branche ascendante large de Henle. La cellule reprsente est
tubule rnal afin de maintenir la balance calcique. une cellule de la branche ascendante large de Henle (BAL). ce niveau,
Environ 70 % du calcium filtr est rabsorb de faon passive approximativement 20 % du calcium filtr est rabsorb par voie paracel-
et par voie paracellulaire au niveau du tubule proximal, lulaire, du fait dune lectropositivit luminale. Cette lectropositivit
paralllement la rabsorption du sodium. luminale ncessite le fonctionnement du cotransporteur Na-K-2Cl
Approximativement 20 % du calcium filtr est rabsorb au (NKCC2, en orange) et le recyclage du potassium (K) absorb par
niveau de la branche ascendante large de lanse de Henle, NKCC2 dans la lumire du tubule grce ROMK (cylindre bleu). La
galement par voie paracellulaire du fait dune lectropositivit permabilit de la voie paracellulaire au calcium dpend de la prsence
luminale. Lnergie requise pour lensemble de ce processus est dune protine canal de la jonction serre intercellulaire, la paracelline 1
fournie par lactivit de la Na/K-ATPase basolatrale. La perma- (ou claudin-16, rond vert). Au niveau de la BAL, la rabsorption tubulaire
bilit de la voie paracellulaire au calcium (et au magnsium) du Ca est stimule par la parathormone (PTH) et la baisse de la calcmie
dpend de la prsence dune protine canal de la jonction serre ionise, capte par le rcepteur sensible au calcium (CaSR) exprim au
intercellulaire, la paracelline 1 (ou claudin-16) [19, 20]. noter ple basolatral (en rouge). linverse, lorsque la calcmie ionise aug-
que linhibition par les diurtiques de lanse (furosmide) du mente, lactivation du CaSR induit une inhibition de ROMK, donc une
cotransporteur NKCC2, responsable de la rabsorption du diminution de llectropositivit luminale qui conduit une diminution de
chlorure de sodium (NaCl), conduit une diminution de la rabsorption de calcium et une augmentation de la calciurie. AMPc :
llectropositivit luminale, donc une diminution de la acide adnosine monophosphorique cyclique.
rabsorption de calcium par la branche ascendante large de
lanse de Henle, et donc une hypercalciurie (Fig. 5).
Le tubule distal rabsorbe environ 8 % du calcium filtr et est substitutif [26, 27] . De plus, il existe des rcepteurs aux
le sige dune rgulation physiologique trs fine de lexcrtion estrognes dans le nphron distal. Des donnes montrent que
urinaire de calcium. La rabsorption du calcium ny est pas les estrognes y stimulent lexpression de TRPV5, indpen-
couple celle du sodium et se fait par voie transcellulaire en damment de la calcitriolmie [28].
trois tapes : le calcium entre dans la cellule par un canal Le calcium extracellulaire module la rabsorption du calcium
calcium, TRPV5 (transient receptor potential channel vanilloid par lintermdiaire du Ca-sensing receptor (SR). Ce dernier est
subtype 5), puis est transfr travers le cytosol jusqu la exprim dans quasiment tous les segments du nphron, mais
membrane basolatrale par la calbindin-D28K, pour finalement son expression est la plus intense au ple basolatral des
tre extrud hors de la cellule vers linterstitium par lchangeur cellules de la branche ascendante large de lanse de Henle. En
Na+-Ca+ (NCX1) et la Ca+-ATPase membranaire (PMCA1b) [21] cas dhypercalcmie, le CaSR est stimul, ce qui diminue la
(Fig. 6). raborption de calcium dans ce segment du tubule [29] .
La rgulation de la rabsorption du calcium par le rein est Certains patients prsentant des mutations activatrices du
cruciale pour maintenir lhomostasie calcique. De nombreux CaSR ont un phnotype de syndrome de Bartter, ce qui
facteurs participent cette rgulation, TRPV5 en tant la cible suggre que la stimulation du CaSR peut induire une dimi-
principale. nution combine de la rabsorption de NaCl et de calcium
La PTH agit sur le nphron plusieurs niveaux. Elle rduit le dans la branche ascendante large de lanse de Henle [30].
dbit de filtration glomrulaire et donc la charge filtre de Laugmentation du volume extracellulaire (VEC) diminue la
calcium. Elle est galement le principal rgulateur de la rabsorption tubulaire proximale de calcium, qui suit celle du
rabsorption tubulaire du calcium : la PTH stimule la rab- NaCl dans cette partie du tubule. La diminution du VEC a
sorption du calcium au niveau de la branche ascendante large leffet inverse. Il a t montr rcemment que leffet hypocal-
de Henle et du tubule distal o elle augmente labondance de ciuriant des diurtiques thiazidiques tait d, au moins en
TRPV5 [22, 23]. La PTH-related protein (rP) a les mmes effets partie, une augmentation de la rabsorption tubulaire
que la PTH le long du nphron. proximale de calcium du fait de lhypovolmie induite par la
Le calcitriol semble stimuler galement la rabsorption perte de sel tubulaire distale sous leffet du traitement
tubulaire de calcium. Il a t montr que, lors dun dficit en (inhibition du cotransporteur sodium/chlore apical tubulaire
vitamine D, la rabsorption tubulaire de calcium est dimi- distal) [31] et non pas une action indirecte des thiazidiques
nue, indpendamment du niveau de PTH. De plus, il a t sur TRPV5. En effet, les souris TRPV5 -/- traites par un
mis en vidence des lments de rponse la vitamine D diurtique thiazidique prsentent, en rponse la contraction
(VDRE) au niveau de la rgion promotrice du gne de de leur volume extracellulaire, une augmentation de la
TRPV5 [24, 25], ainsi quune augmentation de labondance de rabsorption tubulaire proximale de sodium et, indirecte-
lacide ribonuclique messager (ARNm) de TRPV5 et de son ment, de la rabsorption passive paracellulaire de calcium, ce
expression protique sous leffet du calcitriol [24]. qui rduit leur calciurie [32].
Les estrognes participent lhomostasie calcique. La carence La protine klotho est exprime principalement dans le tube
en estrogne postmnopausique sassocie une perte de contourn distal rnal et, dans une moindre mesure, dans les
calcium qui peut tre corrige par le traitement hormonal glandes parathyrodes et le plexus chorode crbral [33, 34]. Le
6 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
Nphrologie 7
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
NPT2a NPT2c
NPT1 Pit2 3Na+ HPO42- 2Na+ HPO42-
NHERF1
PKA
AMPc
NHERF1 klotho
PTHR1 FGFR
Figure 7. Rabsorption du phosphate par les cellules tubulaires proximales : cotransporteurs sodium/phosphate, rgulation hormonale et implication de
NHERF1. La rabsorption rnale du phosphate seffectue essentiellement au niveau des cellules tubulaires proximales. Au niveau de la bordure en brosse des
cellules tubulaires proximales sont exprims quatre types de cotransporteurs sodium/phosphate : NPT2a qui est lectrognique puisquil transporte trois ions
sodium Na+ et un ion phosphate HPO42 ; NPT2b qui est lectroneutre, Pit2 et NPT1, dont la stchiomtrie nest pas connue. NPT2a est responsable denviron
70 % de la rabsorption tubulaire proximale du phosphate et est la cible principale des deux hormones phosphaturiantes que sont la parathormone (PTH) et
le FGF23. Aprs fixation son rcepteur PTHR1, la PTH induit, via la production dacide adnosine monophosphorique cyclique (AMPc), un retrait de la
membrane apicale de NPT2a. NHERF1 interagit directement avec NPT2a et favorise le maintien la membrane apicale de NPT2a. NHERF1 interagit galement
avec PTHR1 et inhibe la production dAMPc en rponse la PTH et, par consquent, linhibition du transport de phosphate induite par la PTH. Du fait de son
interaction avec PTHR1 et NPT2a, NHERF1 favorise la rabsorption tubulaire proximale du phosphate. La spcificit pour le FGF23 du rcepteur membranaire
fibroblast growth factor receptor (FGFR) dpend de son association klotho. Aprs liaison son rcepteur FGFR, le FGF23 induit linternalisation de NPT2a et de
NPT2c. Le fait que la forme membranaire de klotho soit exprime uniquement dans le tubule distal, alors que linhibition de lactivit des cotransporteurs
sodium/phosphate par le FGF23 a lieu exclusivement dans le tubule proximal, pourrait tre expliqu par laction de la forme scrte de klotho. FGF23 :
fibroblast growth factor 23 ; NHERF1 : sodium-hydrogen regulatory factor 1 ; PKA : protine kinase A ; P : phosphate.
de la 1-a-hydroxylase permettent de rduire, de faon paral- Les mcanismes impliqus dans lefflux de phosphate au
lle la diminution de la calcitriolmie, la calciurie et les niveau de la membrane basolatrale des cellules tubulaires ne
calcifications rnales [47], ce qui atteste du rle central jou sont pas encore lucids.
par lhypercalcitriolmie dans le phnotype rnal des souris La rgulation de la rabsorption rnale du phosphate dpend
NPT2a -/-. De la mme faon, les patients ayant ltat essentiellement de ladressage la membrane apicale des
htrozygote des mutations du gne codant pour NPT2a cotransporteurs sodium/phosphate, NPT2a principalement et
prsentent une hypophosphatmie secondaire une fuite NPT2c, ou du retrait de ces cotransporteurs de la membrane
rnale de phosphate et une hypercalciurie pouvant saccom- apicale. Une fois internalis, NPT2a nest pas recycl, mais subit
pagner de lithiases rnales [48]. une dgradation lysosomale. Labondance de NPT2a et NPT2c
Le cotransporteur sodium/phosphate de type IIc (NPT2c, SLC34A3) la membrane apicale des cellules tubulaires proximale est
est plus abondant dans les reins de jeunes rats que dans les rgule par plusieurs facteurs :
reins de rats adultes, ce qui suggre un rle potentiel de ce
une dite pauvre en phosphate entrane une augmentation de
cotransporteur pendant la croissance, au cours de laquelle les
labondance de NPT2a et du cotransport sodium/phosphate
besoins en phosphate sont accrus [49]. Des mutations ltat
au niveau de la bordure en brosse des cellules tubulaires
homozygote du gne codant pour NPT2c ont t trouves
proximales, mais pas de modification de lARNm de NPT2a
chez des patients atteints dhypophosphatmie hrditaire
alors quun rgime riche en phosphate conduit linternali-
avec hypercalciurie (HHRH) [50, 51]. Chez la souris, lexpres-
sion de NPT2c est augmente en rponse linvalidation de sation de la protine NPT2a puis sa dgradation lysoso-
NPT2a, ce qui ne permet cependant pas de restaurer une male [55]. Ces modifications de la rabsorption rnale du
rabsorption normale de phosphate [52]. phosphate en fonction de lapport en phosphate sont ind-
Le cotransporteur sodium/phosphate de type 1 (NPT1, SLC17A1) pendantes de variations de la PTH, de la calcmie ou du
ne transporte pas spcifiquement le phosphate puisquil volume extracellulaire ;
participe au transport dautres anions organiques et pourrait la PTH induit linternalisation suivie de la dgradation
galement possder une activit canal chlore [53]. Son rle lysosomale de NPT2a [56], donc une diminution de la rab-
exact dans la rgulation de lhomostasie du phosphate reste sorption tubulaire de phosphate. Laction de la PTH sur
prciser. lexpression membranaire de NPT2c varie en fonction des
Rcemment, il a t mis en vidence chez le rat et la souris modles animaux [57] : la PTH ne semble pas modifier
que Pit2 (SLC20A2), un cotransporteur sodium/phosphate de lexpression membranaire de NPT2c chez les souris NPT2a -/- ;
type III tait galement localis la bordure en brosse des en revanche, ladministration de PTH diminue fortement
cellules tubulaires proximales et que son expression tait lexpression la bordure en brosse de NPT2c chez les rats
rgule par les apports en phosphate [54]. parathyrodectomiss ;
8 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
le FGF23 est une phosphatonine, cest--dire un facteur Des travaux rcents ont montr que la protine klotho se liait
circulant ayant un effet phosphaturiant majeur. Le FGF23 est au rcepteur FGFR1 rnal, et permettait la conversion de ce
produit majoritairement par los [58] et son site daction est rcepteur en un rcepteur spcifique au FGF23 [66, 67]. Cela
essentiellement rnal : inhibition de ladressage la mem- explique vraisemblablement que le phnotype des souris
brane apicale des cellules tubulaires proximales des cotrans- invalides pour klotho [68] soit trs proche de celui des souris
porteurs sodium/phosphate NPT2a et NPT2c et diminution de invalides pour FGF23 (entre autres : vieillissement acclr,
la calcitriolmie (par inhibition de la synthse et stimulation calcifications vasculaires et ectopiques, anomalies de la
de la dgradation du calcitriol) (Fig. 8). Plus rcemment, il a minralisation osseuse, augmentation de la phosphatmie et
t mis en vidence, chez le rat, que le FGF23 agissait de la calcitriolmie) [69] et que, chez lhomme, des mutations
galement directement sur les parathyrodes pour diminuer la
de klotho puissent tre responsables de calcinose tumorale
scrtion de PTH et la transcription de son gne [59]. De plus,
familiale, tout comme les mutations inactivatrices de FGF23.
contrairement son effet inhibiteur sur la 1-a-hydroxylase
De faon surprenante, dans le rein, klotho est exprim dans le
rnale, le FGF23 augmente de faon dose-dpendante
tubule distal, mais pas dans le tubule proximal [70] . Le
lexpression de la 1-a-hydroxylase parathyrodienne dans des
cellules parathyrodiennes bovines en culture, ce qui pourrait mcanisme par lequel klotho diminue lexpression membra-
contribuer rduire la transcription du gne de la PTH [60]. naire des cotransporteurs sodium/phosphate et modifie
Cependant, le rle exact du FGF23 dans la rgulation de la lactivit de la 1-a-hydroxylase et de la 24-hydroxylase
fonction parathyrodienne reste prciser. La surexpression tubulaires proximales reste lucider. Les principales maladies
de FGF23 chez la souris induit une hypophosphatmie gntiques responsables dune hypophosphatmie sont
secondaire une fuite urinaire de phosphate lie une dtailles dans le Tableau 1 ;
diminution de labondance de la protine NPT2a au niveau les protines domaines PDZ ont pour fonction de lier dautres
de la bordure en brosse du tubule proximal [61], alors que les protines afin de faciliter, entre autres, linteraction protine/
souris invalides pour FGF23 prsentent une hyperphospha- protine et ladressage membranaire de certaines protines
tmie, une lvation du TmP/DFG et une augmentation de lies. Parmi les nombreuses protines domaines PDZ
labondance de NPT2a la membrane apicale des cellules interagissant avec NPT2a in vitro [80] , NHERF1 (sodium-
tubulaires proximales [62]. Chez des sujets volontaires sains, il hydrogen regulatory factor 1) semble avoir une pertinence
a t montr une augmentation de la concentration de physiologique notable puisque les souris invalides pour
FGF23 srique, indpendante de la concentration de PTH, en NHERF1 prsentent, tout comme les souris NPT2a -/-, une
rponse un rgime riche en phosphate [63]. Les patients hypophosphatmie secondaire une fuite rnale de phos-
hyperphosphatmiques ont une augmentation, probablement phate. Cela est d un dfaut dexpression la membrane
ractionnelle, du FGF23 circulant, cependant insuffisante apicale de NPT2a qui est retenu dans un compartiment sous-
pour normaliser la phosphatmie [64]. Laugmentation de la membranaire en labsence de NHERF1 [81]. NHERF1 peut lier,
concentration du FGF23 circulant peut aussi tre primitive et grce ces deux domaines PDZ, NPT2a et PTHR1.
induire des pathologies avec hypophosphatmie et baisse du NHERF1 favorise ainsi directement ladressage membranaire
TmP/DFG, savoir les TIO (ostomalacies induites par les de NPT2a et inhibe la production intracellulaire dAMPc
tumeurs), lADHR (rachitisme hypophosphatmique auto-
(principal second messager de la PTH) en rponse la PTH,
somique dominant) et le XLH (rachitisme hypophosphatmi-
donc linternalisation de NPT2a sous leffet de la PTH. Par ces
que li lX). linverse, une diminution du FGF23 circulant
deux actions, NHERF1 stimule la rabsortion rnale du
ou une rsistance laction du FGF23 est responsable de
calcinose tumorale, avec hyperphosphatmie, augmentation phosphate (Fig. 7) ;
du TmP/DFG et calcifications extraosseuses. Lensemble de ces dautres phosphatonines telles que secreted frizzled-related protein 4
donnes cliniques et exprimentales suggre que le FGF23 est, (SFRP4), MEPE et le FGF7 ont t isoles de tumeurs induisant
comme la PTH, une hormone phosphaturiante. Cependant, des ostomalacies, mais leur rle en physiologie humaine reste
contrairement la PTH, le FGF23 inhibe la 1-a-hydroxylase prciser [82] ;
tubulaire proximale, et donc la production de calcitriol, et enfin, dautres hormones participent, dans une moindre mesure,
stimule la 24-hydroxylase et donc la dgradation du calci- la rgulation de la rabsorption tubulaire du phosphate : la
triol [65]. Cela explique labsence dhypercalcitriolmie, donc growth hormone (GH), linsuline-like growth factor 1 (IGF1),
dhypercalciurie spontane observe chez les patients prsen- linsuline, le calcitriol, les hormones thyrodiennes et la
tant une augmentation primitive du taux de FGF23 circulant. stanniocalcine stimulent la rabsorption rnale de phosphate
Nphrologie 9
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
Tableau 1.
Principales anomalies gntiques induisant des perturbations phosphocalciques (avec impact clinique) du mtabolisme. Ces diffrentes situations sont classes
en fonction de lanomalie phosphocalcique principale retrouve le plus souvent : hypo- et hyperphosphatmie.
tiologie T Chr Gne(s) Protine(s) Mcanisme suppos Caractristiques
Hypophosphatmie
Rachitisme AD 12p13.3 FGF23 FGF23 Rsistance de FGF23 au Rachitisme/ostomalacie
hypophosphatmique clivage enzymatique Dformation des membres,
autosomique dominant petite taille, douleurs
(ADHR) [71, 72] osseuses
Fuite rnale de P,
pas dhypercalciurie,
augmentation
de FGF23 circulant
Hypophosphatmie lie lX Lie lX Xp22.1 PHEX Endopeptidase Modification de la rgulation Rachitisme/ostomalacie
(XLH) [73, 74] de FGF23 (mcanisme Dformation des membres,
incertain) petite taille, douleurs
osseuses
Fuite rnale de P, pas
dhypercalciurie,
augmentation de
FGF23 circulant
Rachitisme AR 4q21 DMP1 Dentrix matrix protein 1 Dfaut de maturation Rachitisme/ostomalacie
hypophosphatmique ostocytaire et augmentation Fuite rnale de P,
autosomique rcessif de lexpression de FGF23 pas dhypercalciurie,
(ARHR) [75] dans les ostocytes augmentation
de FGF23 circulant
Rachitisme AR 9q34 SLC34A3 NPT2c Perte de fonction du Enfants
hypophosphatmique cotranspoteur NPT2c Rachitisme, possibles
hrditaire avec hypercalciurie lithiases/nphrocalcinose
(HHRH) [50, 51]
Fuite rnale de P,
hypercalcitriolmie,
hypercalciurie
Mutations htrozygotes AD 5q SLC34A1 NPT2a Perte de fonction du Adultes
dans le gne de NPT2a [48] cotransporteur NPT2a Lithiase et/ou
dminralisation osseuse
Fuite rnale de P,
hypercalcitriolmie, possible
hypercalciurie
Mutations htrozygotes AR 17q SLC9A3R1 NHERF1 Perte de fonction de Lithiases et/ou
dans le gne de NHERF1 [76] NHERF1 : augmentation dminralisation osseuse
de la production dAMPc Fuite rnale de phosphate,
en rponse la PTH, donc hypercalcitriolmie,
de leffet phosphaturiant augmentation de lAMPc
de la PTH urinaire
Hyperphosphatmie
Calcinose tumorale familiale
hyperphosphatmique
Topaz et al. [77] AR 2q24-31 GALNT3 Glycosyltransfrase Dfaut de glycosylation de
FGF23 (induisant un possible
dfaut de processing
du FGF23)
10 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
Tableau 2.
Signes cliniques frquents dhyper- et dhypocalcmie.
Hypercalcmie Hypocalcmie
Fatigue, dpression, confusion, difficult se concentrer, besoin accru de Irritabilit musculaire, paresthsie, laryngospasme, bronchospasme,
sommeil, faiblesse musculaire ttanie, convulsion
Constipation, anorexie, nause, vomissements Allongement de QT lECG
Polyurie, polydypsie, dshydratation, lithiase rnale, nphrocalcinose
Rduction de lintervalle QT lECG, bradycardie ou arythmie
ECG : lectrocardiogramme.
alors que le PTH-related peptide, la calcitonine, les glucocorti- albuminmie, la calcmie ionise est plus basse que chez un
codes, le glucagon, le facteur natriurtique atrial diminuent la sujet en acidose. Le mieux est de doser le calcium ionis, mais
rabsorption rnale du phosphate. il existe pour cette mesure des piges pranalytiques consid-
rer. Il vaut donc mieux bien doser la calcmie totale et la
corriger par lalbumine (en connaissant les limites de ces
corrections) que mal doser la calcmie ionise. Si toutefois la
Point important
calcmie ionise est dose, il faut utiliser la mesure directe
(cest--dire au pH du patient) et non pas la correction pour un
pH de 7,40.
Le FGF23 est une hormone dcouverte rcemment qui
inhibe la rabsorption rnale du phosphate et la synthse Calciurie
de calcitriol. Elle agit par lintermdiaire dun rcepteur La calciurie des 24 heures reprsente labsorption intestinale
pour lequel la prsence dune protine nomme klotho est du calcium ( condition que les entres et les sorties osseuses
ncessaire. Le fait que des souris dont le gne klotho a t soient gales). Un rgime trop sal ou trop riche en protines
invalid prsentent un phnotype de vieillissement augmente la calciurie. Les valeurs normales sont : moins
acclr est en soi un sujet dinterrogation majeur quand de 250 mg (soit 6,25 mmoles)/24 heures chez les femmes et
limportance physiologique de ces protines. moins de 300 mg (soit 7,5 mmoles)/24 heures chez les hommes,
mais il est prfrable de tenir compte du poids du patient :
moins de 4 mg/kg par 24 heures (hommes et femmes), soit
0,1 mmol/kg par 24 heures). Ces valeurs normales devraient
Au total, le maintien de lhomostasie phosphocalcique, en fait prendre en compte les apports calciques (alimentaires et
assur par les hormones calciotropes, est donc vital et peut se mdicamenteux) [83]. Les valeurs donnes ci-dessus ne sont
faire aux dpens du squelette. Une altration du mtabolisme probablement valables que pour des apports calciques normaux,
phosphocalcique peut ainsi avoir des rpercussions importantes soit environ 1 g/j. Il faut galement signaler que, pour ce qui
sur la masse osseuse. Cest pourquoi toute exploration dune concerne le risque lithiasique, cest davantage la quantit
ostoporose impose deffectuer un bilan phosphocalcique pour absolue de calcium limine que celle rapporte au poids qui est
liminer une anomalie, en gnral facilement traitable. Losto- pertinente. Par exemple, pour une calciurie de 10 mmol/j, le
porose nest toutefois pas la seule situation o un bilan phos- risque de lithiase est le mme pour un individu de 60 kg que
phocalcique est prescrit systmatiquement. Il faut en effet le pour un individu de 100 kg.
faire devant une lithiase ou une nphrocalcinose, une malab- Le calcium retrouv dans les urines du matin jeun
sorption, ou une chondrocalcinose. En outre, une exploration (deuxime miction) vient thoriquement de la dgradation
phosphocalcique doit aussi tre prescrite dans le cas de la osseuse uniquement. Le rapport calcium/cratinine de la
persistance, sans explication, dun ou de plusieurs symptmes deuxime miction du matin jeun, parfois appel rsorption
dhyper- ou dhypocalcmie. On remarque que ces symptmes nette , est utiliser dans les bilans phosphocalciques extensifs,
sont dune grande banalit (Tableau 2). en complment de la calciurie des 24 heures.
Phosphatmie/phosphaturie
Aspects analytiques des dosages Les hmaties tant trs riches en phosphate, il ne faut surtout
les plus courants. Importance pas de prlvements hmolyss pour doser la phosphatmie. Les
valeurs de rfrence habituelles pour la phosphatmie sont :
pour la pratique clinique 0,80-1,45 mmol/l. Les valeurs de rfrence pdiatriques sont
plus hautes (contrairement la calcmie qui nest pas diffrente
Calcmie chez lenfant et chez ladulte). Lorsquon met en vidence une
hypophosphatmie, il faut savoir si elle est due une fuite
La fourchette 2,20-2,60 mmol/l correspond des valeurs de rnale de phosphate ( diabte phosphat ) ou une autre
rfrence raisonnables pour la calcmie totale. Toutefois, la cause (dfaut dabsorption, transfert vers les cellules, etc.). Pour
mesure de la calcmie totale nest quune marge intermdiaire cela, il faut calculer le taux de rabsorption des phosphates
pour approcher la calcmie ionise. Sil existe une hyper- ou (TRP) puis le TmP/DFG. Le TRP correspond la fraction de
une hypoalbuminmie, on peut trouver une hyper- ou une phosphate rabsorbe, par rapport la quantit filtre par le
hypocalcmie alors que la calcmie ionise est parfaitement rein. On le calcule par la formule :
normale. Il existe de trs nombreuses formules de correction de TRP = [1 (phosphaturie cratininmie/phosphatmie
la calcmie totale par les protides ou, mieux, par lalbumine. cratininurie)] 100 (attention ce que les quatre mesures
Elles sont toutes trs imparfaites mais peuvent parfois viter de soient exprimes dans la mme unit).
conclure une fausse hyper- ou hypercalcmie. Nous utilisons Le TmP/DFG sobtient partir du TRP et de la phospatmie
en pratique la formule suivante : que lon reporte sur un abaque (nomogramme de Bisjvoet) [44].
calcmie corrige (mmol/l) = Ca total (mmol/l) + 0,02 Un TmP/DFG bas tmoigne dune fuite rnale de phosphates.
[40 albuminmie (g/l)].
Les diffrentes formules de correction ignorent cependant
linfluence majeure du pH sur la liaison Ca-albumine, qui
Dosages de parathormone
augmente quand le pH augmente. Autrement dit, chez un sujet Depuis 1987, les techniques de dosage disponibles, dites de
en alcalose, et pour une mme calcmie totale et une mme seconde gnration, sont des immunodosages utilisant deux
Nphrologie 11
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
anticorps dirigs contre deux parties distinctes de la PTH [84]. ladministration de vitamine D2 [96], mme si cela est contro-
Elles sont globalement appeles dosages de la PTH intacte , vers [97]. Il est donc possible que lon recommande bientt de
car on pensait initialement quelles ne mesuraient que la PTH prescrire de la vitamine D3 plutt que de la vitamine D2. Dans
1-84. Depuis 1998, on sait que ces dosages de PTH intacte ce cas, toutes les techniques de dosage de 25OHD seraient plus
reconnaissent, outre la PTH 1-84, une famille de fragments ou moins quivalentes. Le problme des valeurs de rfrence de
proches de la PTH 7-84 [85] qui semblent inhiber laction de la la 25OHD est tout aussi important que les problmes techni-
PTH [86]. Des nouvelles techniques de dosage dites de troisime ques proprement dits et a donn lieu de nombreuses discus-
gnration et ne reconnaissant pas la PTH 7-84 sont mainte- sions ces dernires annes. Il nest pas conseill dutiliser des
nant disponibles [87]. Cest surtout pour le suivi des patients valeurs de rfrence tablies chez des sujets apparemment en
insuffisants rnaux que ces nouvelles techniques de dosage ont bonne sant comme on le fait pour la majorit des paramtres
un intrt potentiel (bien que controvers) [88]. Pour les dosages biologiques. En effet, en fonction de la saison, de la latitude, de
de PTH prescrits dans le cadre de lexploration des anomalies du laltitude o les prlvements sont faits, mais aussi en fonction
mtabolisme phosphocalcique chez des patients ayant une de la pigmentation de la peau ou de lge des sujets tmoins, les
fonction rnale normale, les anciens dosages sont aussi concentrations de 25OHD peuvent grandement changer [98]. Il
efficaces que ces nouvelles techniques, en particulier pour le est plutt recommand aujourdhui de dterminer, dans une
diagnostic dhyperparathyrodie primitive [89]. Quelques travaux population en bonne sant apparente, les concentrations de
rcents ont montr que les dosages de PTH de troisime 25OHD au-dessous et/ou au-dessus desquelles il peut exister des
gnration reconnaissent une molcule, appele amino-PTH, qui effets nfastes pour la sant comme une lvation de la PTH, ou
nest pas dose par les techniques de deuxime gnration [90]. les concentrations de 25OHD pour lesquelles des effets bnfi-
Cette molcule semble produite en excs chez certains patients ques ont t dmontrs dans des tudes dintervention. Cette
porteurs dun carcinome parathyrodien [91] si bien quune mthode est appele dans la littrature health-based reference
lvation du rapport PTH troisime gnration/PTH deuxime values [98]. En se fondant sur une analyse des donnes de la
gnration pourrait tre un marqueur de cette pathologie. littrature, les principaux spcialistes proposent maintenant de
noter que les dosages de PTH (deuxime ou troisime gnra- dfinir linsuffisance en vitamine D par des concentrations de
tion) ne mesurent absolument pas la PTHrP que lon peut doser 25OHD infrieures 30 ng/ml (75 nmol/l) [99]. De mme, les
par immunoanalyse dans des laboratoires spcialiss. signes biologiques dintoxication la vitamine D (hypercalciu-
rie, hypercalcmie) napparaissant pas pour des concentrations
de 25OHD infrieures 100 ng/ml (250 nmol/l) [100] ; on peut
fixer raisonnablement la limite suprieure des valeurs souhaita-
Point important bles de la 25OHD 80 ng/ml (200 nmol/l).
Les dosages de 1,25-dihydroxyvitamine D sont des techniques
difficiles, car elles ncessitent obligatoirement de sparer la
Un dosage de PTH ne doit tre interprt quen fonction 1,25(OH)2D des autres mtabolites de la vitamine D (il y a
de la calcmie concomitante, ce qui suppose de prescrire environ 1 000 fois moins de 1,25(OH)2D que de 25OHD dans
une calcmie chaque fois que lon prescrit un dosage de le srum). Contrairement au dosage de 25OHD, le dosage de
PTH. 1,25(OH)2D ne devrait tre prescrit quen deuxime (ou troi-
sime) intention dans le cadre dun bilan extensif du mtabo-
lisme phosphocalcique et plus particulirement dans certaines
indications : hypercalciurie (avec ou sans hypercalcmie) et PTH
Dosages de vitamine D basse pour liminer une lvation de la 1,25(OH)2D lie une
granulomatose, diabte phosphat primitif pour savoir si la
Mme si la 1,25(OH)2D est le mtabolite actif de la vitamine D, 1,25(OH)2D est leve (rponse physiologique une hypophos-
plusieurs tudes suggrent dimportantes fonctions physiologiques phatmie) ou non (ce qui peut orienter vers une tumeur
pour la 25OHD. Dune part, elle est le substrat pour la formation msenchymateuse secrtant une phosphatonine comme le
de 1,25(OH)2D et, dautre part, elle semble avoir une activit FGF23), diagnostic diffrentiel des rachitismes vitaminorsis-
directe sur labsorption intestinale du calcium, 200 1 000 fois tants pseudocarentiels (dans le RVR de type 1, la concentration
plus faible que celle de la 1,25(OH)2D, mais avec des concentra- de 1,25(OH)2D est effondre, alors quelle est leve dans le type
tions circulantes 500 1 000 fois plus leves [92]. La consquence 2). Les valeurs de rfrence habituelles de la 1,25(OH)2D varient
est quune diminution de la concentration de 25OHD entrane avec lge (20-110, 20-80, et 20-60 pg/ml chez le nouveau-n,
une diminution de labsorption intestinale du calcium et une ladolescent, et le sujet adulte respectivement).
tendance hypocalcmique, elle-mme compense par une lva-
tion, en gnral trs modre, de la PTH. Cette hyperparathyrodie
secondaire va stimuler la 1-a-hydroxylase, augmentant la concen-
tration srique de 1,25(OH)2D. Dans une insuffisance en vitamine
D, la 1,25(OH)2D srique peut tre normale, leve ou basse. La
mesure de la 1,25(OH)2D nest donc pas approprie pour valuer Point important
le statut vitaminique D. Cest la 25OHD qui doit tre dose pour
savoir si un patient a ou non une insuffisance en vitamine D [93]. Pour valuer le statut en vitamine D (pour savoir si le
Le dosage de 25OHD doit tre considr comme un dosage de patient prsente un dficit), il faut doser la 25-hydroxy-
routine puisque cest lui qui permet dvaluer le statut vitami- vitamine D et non la calcitriolmie. On considre
nique D. Il existe plusieurs techniques de dosage de la 25OHD aujourdhui que le statut vitaminique D est correct lorsque
par immunoanalyse. condition quelles reconnaissent peu la 25OHD est suprieure 30 ng/ml (soit 75 nmol/l).
prs galement la 25OHD2 et la 25OHD3, ces mthodes doivent
tre utilises la place de la mthode de rfrence (spectrom-
trie de masse), car elles sont plus simples et plus rapides, mais
ncessitent toutefois dtre standardises [94]. Il faut doser la
fois la 25OHD2 et la 25OHD3 car, si la peau ne synthtise que
de la vitamine D 3 et si les sources alimentaires (rares) de
Interprtation des explorations
vitamine D sont surtout de la D3, certains mdicaments sont de phosphocalciques
la vitamine D2. Si on utilise un dosage spcifique de la 25OHD3
uniquement, on peut sous-valuer considrablement le statut Il sagit de dgager ici les grands principes dune dmarche
vitaminique D dun patient trait par vitamine D2 [95]. Cepen- dexploration dune anomalie dun des paramtres mesurs dans
dant, il semble que ladministration de vitamine D3 permet de une exploration phosphocalcique prliminaire (en gnral,
maintenir plus longtemps un taux satisfaisant de 25OHD que calcmie, phosphatmie et calciurie des 24 heures).
12 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
Hypercalcmie
Figure 9. Dmarche simple dexploration dune hypercalcmie. PTH : parathormone. PTHrP : PTH related protein.
Tableau 3.
Principales anomalies gntiques induisant des perturbations phosphocalciques (avec impact clinique) du mtabolisme. Ces diffrentes situations sont classes
en fonction de lanomalie phosphocalcique principale retrouve le plus souvent : hypercalcmie.
tiologie T Chr Gne(s) Protine(s) Mcanisme suppos Caractristiques
Chondrodysplasie Dominante 3q22p21.1 PTHR1 Rcepteur de la Diffrenciation acclre Petite taille adulte
mtaphysaire de sporadique (mutations PTH (type I) des chondrocytes, (120 cm), dysmorphie
Jansen [101] activatrices) responsable danomalies faciale
mtaphysaires Hypercalcmie,
hypophosphatmie,
hypercalcitriolmie, PTH
effondre
Hypophosphatasie [104] AD ou AR 8p21.2 ALPL PAL non tissu- Diminution de lactivit Dminralisation osseuse,
(alkaline phosphate spcifique PAL non tissu-spcifique, nphrocalcinose,
liver form) donc anomalie de hypercalcmie, PAL
rgulation de la effondres
minralisation osseuse
Nphrologie 13
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
14 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
Tableau 4.
Principaux indicateurs biologiques des diffrentes hypercalcmies non parathyrodiennes .
Phosphatmie TmP/ Calciurie 25OHD 1,25(OH)2D TSH autres
DFG
Mtastase osseuse N ou H H H Q B N Scintigraphie
osseuse + (a,b)
Granulomatose H H H Q H (a,b) N
Hypocalcmie
Hypophosphatmies (avec calcmie normale
et avec ou sans hypercalciurie) [131] (Tableau 1)
PTH PTH
basse haute Il faut tout dabord liminer une hyperparathyrodie primitive
ou secondaire normocalcmique puis calculer le TRP et le TmP/
- Pseudohypoparathyrodie DFG pour savoir si lhypophosphatmie est due une fuite
Hypoparathyrodie
(diffrentes tiologies) (= rsistance la PTH) rnale de phosphate. Si, aprs avoir limin une hyperparathy-
- Hyperparathyrodie secondaire rodie, le TmP/DFG est abaiss, on conclut un diabte phos-
(IRC, dficit en vitamine D, dnutrition, phat primitif .
malabsorption, rachitismes pseudo- Schmatiquement, on peut distinguer deux types de diabtes
carentiels [RVR], fuite tubulaire de Ca, phosphats primitifs.
etc.)
Diabte phosphat avec hypercalciurie
Figure 10. Dmarche simple dexploration dune hypocalcmie. IRC :
et hypercalcitriolmie
insuffisance rnale chronique ; PTH : parathormone.
Ces formes sont retrouves lors danomalies gntiques (cf.
tableau 8). Llvation de la calcitriolmie est physiologique (en
examens complmentaires. Pour bien interprter ces examens
rponse lhypophosphatmie) et induit lhypercalciurie (et
complmentaires, il faut refaire les dosages de base . Les
parfois mme une hypercalcmie modre). Ces patients font
causes les plus frquentes dhypocalcmies avec PTH haute sont
souvent des lithiases [48]. Si elles sont symptomatiques, ces
listes dans le Tableau 6 avec leurs principales caractristiques
formes sont traites par phosphate seul (pas de driv
biologiques (l encore, ces lments sont thoriques et il est
1-hydroxyl de la vitamine D). Il faut toutefois faire attention
frquent dans la pratique clinique quils ne soient pas tous
au fait que le traitement par phosphate va augmenter la
retrouvs).
phosphaturie et donc ne pas ngliger le risque de nphrocalci-
nose iatrogne . En outre, un traitement par dipyridamole
Cas particulier de la dcouverte dune peut tre propos et induire une lvation du TmP/DFG et donc
parathormone leve quand calcmie, une baisse de la phoshaturie chez environ 80 % des
phosphatmie et calciurie des 24 heures patients [132].
sont normales
Diabte phosphat avec calciurie et 1,25(OH)2D
Il sagit, dans limmense majorit des cas, dune hyperpara-
thyrodie secondaire et donc dune raction normale : la
normales ou basses
tendance hypocalcmique est compense par une lvation de On connat des formes gntiques (XLH et ADHR), souvent
la PTH qui maintient la calcmie dans les valeurs normales. dcouvertes dans lenfance, et des formes acquises dues des
Cest une situation trs frquente dont il faut trouver la cause. tumeurs msenchymateuses bnignes scrtant une phospha-
Parmi ces causes, les plus frquentes sont linsuffisance rnale tonine comme le FGF23. Ces formes, si elles sont symptoma-
modre et linsuffisance en calcium/vitamine D. Il faut insister tiques, sont traites par phosphate et 1-OH vitamine D en
aussi sur limportance deffectuer le bilan phosphocalcique chez surveillant, l encore, la calciurie.
les patient(e)s ostoporotiques avant de prescrire un traitement
de fond, en particulier un bisphosphonate. En effet, ceux-ci Hypercalciuries (Tableaux 7 et 8)
induisent une lvation de la PTH pour compenser la diminu-
tion du flux de calcium de los vers le plasma et donc la Encore une fois, on limine une hyperparathyrode primitive
tendance hypocalcmique [129]. Dautres mdicaments comme ou une cause dhypercalcmie non parathyrodienne, qui
les anticonvulsivants (pouvant induire un dficit en vitamine D) naurait pas encore atteint le stade dhypercalcmie. On value
ou les diurtiques de lanse (qui provoquent une fuite rnale de les apports calciques alimentaires ainsi que les apports sods. Il
calcium) [130] peuvent tre responsables dune tendance hypo- convient de doser le sodium urinaire sur les urines de 24 heu-
calcmique avec hyperparathyrodie ractionnelle. Si aucune res : si cette valeur est suprieure 150 mmol/24 heures (soit
cause dhyperparathyrodie secondaire nest retrouve, on peut 9 g/24 heures environ), il faut prescrire un rgime limit en sel
suspecter une hyperparathyrodie primitive normocalcmique (infrieur 7 g/24 heures) puis doser nouveau la calciurie sous
(surtout si la calcmie est normale haute) et faire un test de ce rgime. Il faut aussi valuer les apports en protines : un
charge calcique comme dcrit plus haut. rgime riche en protines augmente labsorption intestinale du
Nphrologie 15
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
Tableau 5.
Principales anomalies gntiques induisant des perturbations phosphocalciques (avec impact clinique) du mtabolisme. Ces diffrentes situations sont classes
en fonction de lanomalie phosphocalcique principale retrouve le plus souvent : hypocalcmie.
tiologie T Chr Gne(s) Protine(s) Mcanisme suppos Caractristiques
Rachitisme AR 11p15.2 1a-hydroxylase 1a-hydroxylase Dfaut de synthse du Rachitisme/ostomalacie
vitaminorsistant de type calcitriol Douleurs osseuses, possibles retard
1 [116] de croissance, hypotonie,
AR 12q12-14 VDR Rcepteur de la Rsistance la vitamine D hypoplasie dentaire, alopcie
vitaminorsistant de type vitamine D par dfaut de liaison du
2 [117] calcitriol son rcepteur
Hypocalcmie autosomique AD 3q13-q21 CaSR CaSR Gain de fonction du CaSR Hypercalciurie inadapte
dominante [2] (mutation (rcepteur qui rpond des lhypocalcmie, PTH srique
activatrice) sensible au concentrations de calcium normale, parfois nphrocalcinose
calcium) plus basses que la normale et insuffisance rnale
Hypoparathyrodie familiale AD/ 11q15.3-p15.1 PTH PTH Dfaut de synthse de la Tableau dhypoparathyrodie
isole [119] AR PTH isole
Syndrome HDR AR 10p14-15 GATA 3 Facteur de Dfaut dembryogense des PT absentes ou hypoplasiques,
(hypoparathyroidism, microdltion transcription PT, du rein et de loreille surdit de perception, dysplasie
deafness, renal defect) [121] interne rnale
ou mutation
ponctuelle
Syndrome HRD AR 1q42-43 TCFE Protine Anomalies de la formation Hypoparathyrodie, RCIU, retard
(hypoparathyroidism, chaperonne des microtubules mental et statural microcphalie,
retardation, dysmorphism), intracellulaires impliqus micropnis, dysmorphie faciale,
Syndrome de Kenny-Caffey, dans les mouvements anomalies osseuses
syndrome de Sanjad- intracellulaires
Sakati [123]
Pseudo- Empreinte 20q13.3 GNAS Protine Gsa Atteinte de la transmission Hypocalcmie, hypocalciurie,
hypoparathyrodie [124] postrcepteur de la PTH hyperphosphatmie, PTH
augmente
Syndrome APECED (auto- AR 21q22.3 AIRE Protine AIRE1 : Atteinte de la tolrance Hypoparathyrodie, candidose
immune polyendocrinopathy, rgule la immunitaire cutanomuqueuse chronique,
candidosis, ectodermal transcription insuffisance surrnale
dystrophy) [125] thymique des
autoanticorps
calcium et probablement la rsorption osseuse en raison de la (< 300 mg/24 heures, en excluant tous les laitages, les eaux
charge acide induite [146]. Mme si ce nest pas constant, une minrales riches en calcium ; pendant ces 3 jours, boire de leau
calcmie normale basse et une PTH normale haute orientent de Volvic ou une autre eau trs peu charge en calcium et en
plutt vers une fuite rnale de calcium (par exemple un rgime ne prenant pas les ventuels traitements par calcium pris
trop sal ou une hypercalciurie rnale) alors quune calcmie habituellement). Le patient vient lhpital avec ses urines de
normale haute et une PTH normale basse orienteraient plutt 24 heures. On lui fait un bilan phosphocalcique complet le
vers des apports calciques excessifs, une hypercalciurie rsorp- matin jeun avec miction (on a donc deux urines avant charge
tive ou une hypercalciurie absorptive . Lexamen compl- calcique, les urines de 24 heures et les urines du matin jeun)
mentaire de choix est le test de charge calcique. Ce test est puis on lui administre 1 g de calcium per os (dans le cadre dun
pratiqu aprs 3 jours de rgime pauvre en calcium petit-djeuner calibr avec supplmentation en calcium). On
16 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
Tableau 6.
Principaux indicateurs biologiques des principales causes dhyperparathyrodie secondaire.
Phosphatmie TmP/ calciurie 25OHD 1,25(OH)2D TSH autres
DFG
IRC N ou H B Q B ou N N Cl. crat. B (a,b)
Tableau 7.
Interprtation de la calciurie dans un test de charge calcique.
CaU 24 heures Ca/cratinine jeun Delta Ca/cratinine
Hypercalciurie alimentaire (rgime trop riche en calcium) N N N
Rgime trop sal ou trop riche en protides N ou H N N
Hypercalciurie absorptive N N H
Hypercalciurie rnale H H N ou H
N : normal ; H : haut ; Ca : calcium ; CaU : concentration du calcium urinaire.
recueille ensuite les urines, avec nouveau prlvement sanguin, maladies phosphocalciques dorigine gntique que nous
4 heures aprs la charge orale en calcium. Le delta calcium/ avons classes arbitrairement en fonction de lanomalie princi-
cratinine (Ca/crat.) est la diffrence : Ca/crat. T4h Ca/ pale retrouve habituellement (hyphosphatmie, hyperphos-
crat. T0. Quand le rgime pauvre en calcium a t bien phatmie, hypercalciurie, hypocalciurie, hypocalcmie,
respect (ncessit dun interrogatoire serr pour le vrifier !), hypercalcmie).
nous considrons que la calciurie des 24 heures doit tre
infrieure 2,8 mg/kg par 24 heures (et non pas infrieure
4 mg/kg par jour comme en rgime libre). Conclusion
Place de la biologie molculaire Lexploration du mtabolisme phosphocalcique consiste en
gnral pratiquer un bilan de base comportant la calcmie, la
et des recherches danomalies gntiques phosphatmie et la calciurie des 24 heures. De plus en plus, la
Des anomalies de nombreux gnes sont responsables de mesure de la 25-hydroxyvitamine D (permettant de dtecter un
drglements du mtabolisme phosphocalcique. Ces anomalies dficit en vitamine D) et celle de la PTH sont prescrites en
gntiques peuvent tre identifies par des techniques de premire intention. Si une anomalie est dtecte sur ces
biologie molculaire dans des laboratoires spcialiss. Cest examens de premire intention, il faut en gnral prescrire des
souvent le seul moyen dtablir un diagnostic dfinitif. Les dosages complmentaires (en represcrivant les dosages de
tableaux 1, 3, 5 et 7 proposent une liste non exhaustive de base ) pour aboutir un diagnostic.
Nphrologie 17
18-010-B-10 quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations
Tableau 8.
Principales anomalies gntiques induisant des perturbations phosphocalciques (avec impact clinique) du mtabolisme. Ces diffrentes situations sont classes
en fonction de lanomalie phosphocalcique principale retrouve le plus souvent : hypo- et hypercalciurie.
Etiologie T Chr Gne(s) Protine(s) Mcanisme suppos Caractristiques
Hypocalciurie
Syndrome de Gitelman [133] AR 16q SLC12A3 NCCT Augmentation de la rabsorption TP Perte de sel, hyperaldostronisme
de Ca (lie celle du NaCl) lie secondaire modr (alcalose
lhypovolmie thiazide like mtabolique, hypokalimie),
hypocalciurie, hypomagnsmie,
hypermagnsurie
Hypercalciurie
Hypomagnesmie familiale AR 3q27-29 CLDN16 Paracelline 1 Diminution de permabilit de la Enfants, nphrocalcinose et lithiases
avec hypercalciurie/ jonction serre de la BAL au Ca Normocalcmie, hypercalciurie,
nphrocalcinose [135, 136] et au Mg
hypomagnsmie, hypermagnsurie
Maladie de Dent [141] Lie lX Xp11-22 CLCN5 ClC5 Dfaut dacidification lysosomale Lithiase/nphrocalcinose,
et dendocytose TP, augmentation rachitisme
de laction de la PTH au ple apical Dysfonction tubulaire proximale,
des cellules du TP (inhibition du protinurie de bas poids molculaire,
transport de P et hypercalcitriolmie) fuite rnale de P, lvation
inapproprie du calcitriol,
hypercalciurie absorptive,
insuffisance rnale terminale
frquente
Syndrome oculo-crbro- Lie lX Xq26-3 OCRL1 Phosphatidyl- Mcanisme incertain Cataracte congnitale bilatrale,
rnal de Lowe (OCRL) [142] inositol 4,5- retard mental, retard de croissance,
biphosphate-5- acidose mtabolique, syndrome de
phosphatase Fanconi, hypercalciurie
et nphrocalcinose
[143]
Hypokalimie (variable)
AD 17q21-22 SCL4A1 AE1
Hypercalciurie, hypocitraturie
changeur Hypercalciurie et hyperphosphaturie
Aprs 10 ans, lithiases,
Cl/HCO3
secondaires la rsorption osseuse nphrocalcinose
baso-latral
(rachitisme/ostomalacie)
[144]
induite par lacidose systmique
AR 2p13 ATP6V1B1 Sous-unit Enfant, nphrocalcinose prcoce
B1 de la H+ et probable dfaut de rabsorption Retard de croissance, rachitisme,
ATPase apicale dshydratation
rnale du calcium et du phosphate
Surdit de perception prcoce
AR 7q 33-34 ATP6V0A4 Sous-unit a4 de Cf. ci-dessus, mais surdit de
la H+ ATPase perception inconstante et de dbut
plus tardif
Acidose tubulaire mixte AR 8q22 CA2 CAII Ostoptrose
proximale et distale Nphrocalcinose prcoce, surdit,
(type 3) [145] ccit, retard statural et mental
Acidose mtabolique
Hypokalimie
T : mode de transmission ; Chr : localisation chromosomique ; AD : autosomique dominant ; AR : autosomique rcessif ; P : phosphate ; Ca : calcium ; NaCl : chlorure de
sodium ; Mg : magnsium ; ATP : adnosine triphosphate ; PTH : parathormone ; TP : tube proximal ; BAL : branche ascendante large de Henle.
18 Nphrologie
quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations 18-010-B-10
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Nphrologie 21
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M. Courbebaisse.
Service de nphrologie et dialyses, Hpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France.
J.-C. Souberbielle.
Service dexplorations fonctionnelles, Hpital Necker-Enfants malades, 149-161, rue de Svres, 75743 Paris cedex 15, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Courbebaisse M., Souberbielle J.-C. quilibre phosphocalcique : rgulation et explorations. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Nphrologie, 18-010-B-10, 2010.
22 Nphrologie
18-011-A-10
Lvaluation du dbit de filtration glomrulaire (DFG) est classiquement utilise pour estimer la fonction
rnale. Le DFG peut tre explor par la clairance dune substance totalement et exclusivement limine de
lorganisme par filtration glomrulaire. Plusieurs substances exognes, telles que linuline, ont des valeurs
de clairance rnale considres comme quivalentes au DFG. La clairance urinaire dinuline est le chef de
file des techniques de rfrence de mesure du DFG. Les mthodes de rfrence sont de mise en uvre
complexe mais restent indispensables lorsquune valuation prcise de la fonction rnale est ncessaire.
linverse, la cratinine srique est facilement et rapidement disponible et constitue la substance endogne
la plus utilise pour valuer le DFG. Lvaluation de la fonction glomrulaire rnale partir de ce
marqueur reste toutefois approximative dans de nombreuses situations cliniques.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Plan dcrites par de nombreux auteurs avant lui [4, 5] et insiste sur les
critres indispensables pour quun marqueur puisse tre consi-
dr comme idal pour la mesure de la fonction glomru-
Introduction 1
laire [6]. Lutilisation, cet effet, de linuline doit beaucoup cet
Marqueur plasmatique idal du dbit de filtration glomrulaire 1 auteur [1, 6] . Dans les dcennies qui ont suivi cet ouvrage,
Notion de clairance 1 plusieurs progrs sensibles ont t videmment raliss, en
Diffrents types de clairances : urinaire et plasmatique 2 parallle, dans divers domaines touchant la mesure du dbit
Inuline : marqueur de rfrence historique 3 de filtration glomrulaire (DFG) [7], que cela concerne la mesure
Autres marqueurs exognes de rfrence 4 de la cratinine srique (et la description des limitations son
Cratinine srique 5 utilisation) [8], lestimation du DFG par les quations bases sur
Mesure de la cratinine dans le sang et les urines : considrations la cratinine et la recherche de nouveaux marqueurs plasmati-
analytiques 5 ques du DFG [9]. Dans cette premire partie consacre lexplo-
Physiologie de la cratinine 5 ration de la fonction glomrulaire rnale, nous dcrivons en
Clairance de cratinine sur recueil urinaire de 24 heures 6 dtails les moyens notre disposition pour mesurer prcisment
Variations de la concentration de cratinine indpendamment le DFG par les diffrentes techniques dites de rfrence et
dune modification du dbit de filtration glomrulaire 6 discutons de lintrt et des limitations de la cratinine srique
Conclusion 7 pour valuer le DFG.
Notre propos se limite volontairement lexploration de la
fonction glomrulaire chez ladulte et nous renvoyons le lecteur
larticle de synthse rcemment publi par Georges J. Schwartz
Introduction sur les spcificits pdiatriques [10].
Nphrologie 1
18-011-A-10 Exploration de la fonction glomrulaire rnale (I). Mthodes de rfrence et cratinine srique
2 Nphrologie
Exploration de la fonction glomrulaire rnale (I). Mthodes de rfrence et cratinine srique 18-011-A-10
composante rapide de dcroissance plasmatique, le second sondage vsical, les priodes peuvent tre plus longues (30
prlev 300 minutes ou plus tard en cas dinsuffisance rnale 60 minutes) mais dans ce cas, il faut assurer une bonne hydra-
svre. tation (soit par voie orale soit par perfusion) pour maintenir un
En cas de troisime secteur (ascite ou dme interstitiel), il bon niveau de dbit urinaire.
nest plus possible dutiliser les clairances plasmatiques (a Pour viter la perfusion continue, linuline peut tre adminis-
fortiori les modles simplifis) et le recours aux clairances tre en une seule injection intraveineuse mais cette mthode
urinaires est indispensable. apparat quelque peu moins prcise et est, finalement, peu
utilise [26, 27]. Comme pour la technique en perfusion continue,
des prlvements sanguins et urinaires sont raliss aprs un
Inuline : marqueur de rfrence historique intervalle de temps correspondant la premire composante de
distribution. Dans le calcul, linfluence du temps de passage du
Linuline est un polymre de fructose (polyfructosan) avec un
marqueur dans le tractus urinaire, cest--dire des glomrules
poids molculaire de 5 200 Da, qui est filtr librement au travers
la vessie, est habituellement ngligeable.
du glomrule. Cest une substance physiologiquement inerte,
La principale limitation de la technique de clairance urinaire
libre et non fixe aux protines plasmatiques. Elle nest ni est la difficult dobtention de recueils urinaires minuts
mtabolise, ni scrte, ni rabsorbe par le rein et naltre pas corrects sans avoir recours au sondage vsical. En effet, des
sa fonction. Bien que certains auteurs dcrivent lexistence recueils urinaires incomplets peuvent conduire des rsultats
dune limination extrarnale [15, 16], elle est considre comme errons. Pour remdier ce problme, il est possible dvaluer
marqueur idal de filtration glomrulaire et donc comme le volume durine rsiduel dans la vessie par ultrasons (type
marqueur de rfrence pour ltude du DFG par dautres BladderScan) [28].
marqueurs [1]. Le recours des techniques de clairances plasmatiques permet
dviter le problme des recueils urinaires.
Dosage de linuline
Clairance plasmatique de linuline aprs perfusion continue
Le dosage de linuline dans les urines et dans le sang repose
Earle et Berliner [29] ont t les premiers introduire cette
classiquement sur une technique combinant une raction
technique base sur la mesure de la clairance plasmatique de
biochimique (visant hydrolyser linuline en fructose) suivie
linuline lquilibre (concentration plasmatique du marqueur
dune mesure colorimtrique. Ltape dhydrolyse est ralise
constante avec volume de distribution satur) durant une
chaud et en milieu acide. Le ractif de la raction colore peut
perfusion continue. Ainsi, lquilibre, le dbit dexcrtion est
tre lanthrone [17], le rsorcinol [18], ou la diphnylamine [19].
gal au dbit de la perfusion. Ainsi DFG (ml/min) = R I/P o
Le principal inconvnient de cette technique est lexistence
R est le dbit de la perfusion, I la concentration dinuline dans
dune interfrence avec le glucose ou dautres glucides, ce qui
la perfusion et P la concentration plasmatique dinuline
rduit la spcificit de la raction [20].
lquilibre.
Un traitement enzymatique pralable des prlvements ou la Finalement, R I remplace le facteur U V de la formule
mesure dun blanc avant ladministration de linuline peut standard de la clairance urinaire.
savrer ncessaire pour corriger cette interfrence. Mais la Le dbit dinuline perfuser est dtermin par la mesure de
soustraction dun blanc nest pas toujours suffisante tant la clairance de la cratinine ou par son estimation par des
donn la variation possible de la glycmie au cours dune formules [30]. Aprs 2 heures environ, lquilibre est atteint et les
clairance. Ainsi, certains auteurs ont dvelopp des techniques prlvements sanguins sont raliss.
de dosage enzymatique remplaant lhydrolyse biochimique par Dans une tude comparative, le coefficient de variation de
une hydrolyse enzymatique (inulinase), llimination du glucose cette technique tait de 7,8 % alors que la reproductibilit de la
prsent par oxydation (glucose oxydase) et la raction colore technique standard tait de 11,3 % [26]. Par ailleurs, plusieurs
par une quantification dune coenzyme par absorbance [21, 22]. auteurs ont montr que cette technique surestimait le DFG de
Les caractristiques analytiques des techniques de dosage sont 5 10 ml/min par rapport au DFG dtermin par la technique
importantes puisquelles vont retentir sur la prcision et la classique [15, 24, 26]. Daprs ces auteurs, cette surestimation serait
reproductibilit de la dtermination du DFG. lie la difficult datteindre des concentrations plasmatiques
Toutes ces techniques (biochimiques ou enzymatiques) ont constantes durant une perfusion continue intraveineuse. En
une reproductibilit infrieure 5 % [23, 24]. effet, linuline a un poids molculaire relativement lev et
Dautres auteurs font appel la high performance liquid lquilibre complet de la molcule dans son volume de distribu-
chromatography (HPLC) pour le dosage du fructose aprs hydro- tion, cest--dire dans le volume extracellulaire, prend plus de
lyse de linuline [25]. 12 heures [24]. Ainsi une distribution incomplte de linuline
peut conduire des concentrations plasmatiques plus basses que
Diffrents types de clairance de linuline celles attendues lquilibre. Et par consquent, le DFG sen
Clairance urinaire de linuline trouve surestim.
Ainsi, ces auteurs prconisent mme une nuit de perfusion
Elle est considre comme la technique de rfrence ou gold pour atteindre lquilibre [24]. Pour atteindre plus rapidement cet
standard. La technique classique dcrite par Smith [1] comprend tat dquilibre, une dose de charge peut tre administre avant
une injection intraveineuse dinuline de charge suivie dune la perfusion continue. Vu les contraintes inhrentes la
perfusion continue de faon atteindre une concentration perfusion continue, cette technique nest que trs peu utilise.
plasmatique constante en inuline. Aprs une priode dquili-
bration de 1 heure environ, des chantillons sanguins et Clairance plasmatique de linuline aprs injection
urinaires sont prlevs alternativement sur trois priodes de 10 intraveineuse unique
20 minutes. Les chantillons urinaires sont prlevs par Un bolus dinuline est administr par voie intraveineuse et les
sondage vsical. Pour chaque priode, la clairance urinaire de chantillons sanguins sont prlevs jusqu 240 minutes aprs
linuline est calcule par la formule UV/P et la clairance finale linjection. Cette technique a donc lavantage de ne pas
correspond la moyenne des clairances de chaque priode. ncessiter de perfusion continue et dtre ainsi plus rapidement
Avec cette technique, le DFG chez les hommes et les femmes ralise.
gs de 20 30 ans en bonne sant a t valu respectivement Les concentrations dinuline mesures permettent la cons-
130 et 120 ml/min rapport 1,73 m2 de surface corporelle. truction de la courbe de dcroissance plasmatique en fonction
Le coefficient de variation tait de 10 % entre les clairances des du temps.
diffrentes priodes dune mme preuve [1]. La clairance correspond alors au ratio dose injecte/ASC.
Cette technique vite le problme de lquilibration entre les Les rsultats des tudes comparant cette technique la
diffrents compartiments puisque linuline est rgulirement technique standard sont contradictoires : certains trouvent une
administre par la perfusion continue. De plus, pour viter le surestimation systmatique [26], dautres montrent une bonne
Nphrologie 3
18-011-A-10 Exploration de la fonction glomrulaire rnale (I). Mthodes de rfrence et cratinine srique
99m
corrlation des rsultats obtenus par cette mthode compars Tc-DTPA
ceux obtenus par la technique standard de clairance rnale [31,
32] mais le nombre de prlvements est trop important pour
Le 99mTc-DTPA correspond une molcule de DTPA marque
par le 99mTc. Le DTPA a un poids molculaire de 393 Da et est
quelle soit utilise en pratique courante, surtout chez lenfant.
principalement limin par filtration glomrulaire. Lavantage
Ainsi des tudes menes chez lenfant et ladulte ont dfini de la priode physique courte du 99mTc pour la ralisation des
des stratgies optimales avec un nombre de prlvements scintigraphies rnales est un inconvnient pour le traitement
limit [32-34]. Les schmas de prlvements sont variables dune des prlvements qui ne peut tre diffr. Le principal problme
tude une autre. Certaines quipes ont mme rduit le de ce marqueur est son instabilit aprs prparation in vitro.
nombre de prlvements un seul [32, 34] ; cela est cependant Ainsi le 99mTc peut se dissocier du DTPA qui peut alors se lier
loin dtre valid par tous [32]. aux protines plasmatiques [38]. Cependant, lorsque les critres
de qualit du traceur sont vrifis, le 99mTc-DTPA permet une
Autres marqueurs exognes de rfrence mesure prcise du DFG comparable aux clairances de linuline
et du 51 Cr-EDTA [36, 38, 39] . Finalement, la prcision du
99m
Lutilisation de linuline est rserve des centres de rf- Tc-DTPA va dpendre de la source commerciale du marqueur
rence. Elle nest pas adapte des mesures de routine rptes et de sa stabilit.
et impose de lourdes contraintes aussi bien aux patients 51
Cr-EDTA
(preuves longues, perfusion continue) quau personnel soi-
gnant (recueils fractionns et minuts des urines). Son dosage LEDTA est un autre marqueur glomrulaire, de poids mol-
au laboratoire est long. Pour toutes ces raisons, dautres culaire de 292 Da, marqu par le 51Cr. Il sagit dun compos
marqueurs du DFG sont utiliss. trs stable aussi bien in vitro quin vivo aprs injection. La
On distingue deux classes pharmacologiques : les radiophar- priode physique du 51Cr de 28 jours permet un stockage et un
maceutiques et les produits de contraste iods. traitement diffr des chantillons. Ce marqueur est principale-
ment utilis en Europe. La clairance plasmatique du
51
Radiopharmaceutiques Cr-EDTA mesure aprs son injection intraveineuse en bolus
excde sa clairance urinaire en moyenne de 6 ml/min [39] .
Ce sont des substances marques par un corps radioactif. Les Cependant, la clairance plasmatique du 51Cr-EDTA semble en
principaux composs utiliss comme marqueur de la filtration accord avec la clairance urinaire de linuline indiquant quil
glomrulaire sont : le 51 Cr-acide thylne diamine ttra- sagit dun bon marqueur du DFG [38-40]. Plusieurs tudes ont t
actique (EDTA), le 99mTc-dithylne-triamino-penta-actate menes pour valider des clairances plasmatiques du 51Cr-EDTA
(DTPA) et le 125I-iothalamate. simplifies (ncessitant un plusieurs prlvements sanguins)
Ces composs sont de faible poids molculaire par rapport par rapport la clairance plasmatique totale (ncessitant
linuline. Ils rpondent aux principaux critres de marqueur de 12 prlvements) retenue comme mthode de rfrence [41-43].
filtration glomrulaire : ce sont des substances libres non lies On peut considrer la clairance plasmatique du 51 Cr-EDTA
aux protines plasmatiques ; leur limination extrarnale semble comme une alternative possible de la technique de rfrence.
ngligeable.
Les avantages de ces substances sont leur facilit dadminis- Produits de contraste iods
tration, la simplicit, lexactitude et la prcision de leur mesure.
Nous avons dj voqu liothalamate qui peut tre utilis en
Leurs proprits pharmacocintiques permettent dtudier
mthode froide. Liohexol est un autre produit de contraste
facilement la courbe de dcroissance plasmatique en fonction
iod, non ionique utilis comme marqueur de filtration glom-
du temps aprs injection intraveineuse en bolus. De cette
rulaire. Il a un poids molculaire de 821 Da, sa demi-vie
courbe de dcroissance plasmatique en fonction du temps, la
dlimination plasmatique est de 90 minutes. Il est distribu
clairance plasmatique du marqueur est calcule en utilisant des dans lespace extracellulaire et moins de 2 % se lient aux
modles pharmacocintiques le plus souvent de type protines plasmatiques. Il est limin par filtration glomrulaire
bicompartimental. et dans le cas de dbit de filtration rduit, llimination
Lirradiation entrane par leur injection, mme si elle est extrarnale de liohexol est ngligeable. Quand il est utilis
relativement faible (infrieure une radiographie des poumons), fortes doses en imagerie mdicale, il peut avoir des effets
contre-indique son utilisation chez la femme enceinte [28]. La nphrotoxiques et conduire une nphropathie, surtout chez
seconde limitation dutilisation est dordre rglementaire : en des patients avec une insuffisance rnale prexistante [28]. En
France, leur injection doit tre ralise dans un service agr revanche, quand liohexol est utilis comme marqueur du DFG,
pour lutilisation des isotopes in vivo. De plus, les dchets les doses administres sont beaucoup plus faibles. Plusieurs
radioactifs ncessitent des circuits dlimination trs spcifiques tudes menes chez des patients avec des degrs divers dinsuf-
et onreux. fisance rnale ont montr labsence deffet nphrotoxique
125
I-iothalamate quand il tait utilis de faibles doses (10 ml dune solution
300 mg/ml) [44, 45]. Le dosage de liohexol dans le srum aprs
Liothalamate a un poids molculaire de 636 Da. Il peut tre dprotinisation et dans les urines par HPLC est bien valid sur
utilis marqu par l125I ou non marqu. Quand il est marqu, le plan analytique et constitue la technique de rfrence [46].
sa priode physique est de 60 jours, ce qui permet de diffrer le Cest une technique de dosage trs sensible permettant de
dosage. Sa concentration srique peut tre mesure par comp- rduire les doses injectes 5 ml diohexol (300 mg/ml). Deux
tage radioactif, par HPLC ou par lectrophorse capillaire. Dans tudes ont montr qu cette dose, liohexol pouvait tre utilis
une tude comparative, la clairance plasmatique du 125 I- sans risque chez le patient diabtique avec une atteinte rnale
iothalamate tait 13 % plus leve que celle du 51Cr-EDTA [35]. modre [47, 48]. Si les cas de ractions anaphylactiques semblent
Cette diffrence tait rduite par le prtraitement des patients exceptionnels dans le cadre de la mesure du DFG par liohexol,
par du probncide, suggrant une scrtion tubulaire de on vite, bien videmment, dutiliser ce marqueur chez le
liothalamate. De mme, une surestimation de la clairance patient connu pour tre allergique aux produits de contraste.
urinaire de linuline par la clairance plasmatique de liothala- Les prparations commerciales contiennent deux isomres qui
mate a t observe chez des patients avec une fonction rnale se distribuent dans le corps de la mme manire [38] . En
normale [36]. Il existe une clairance extrarnale ( savoir biliaire) pratique, seul le pic principal lu 5 minutes est utilis pour
de liothalamate qui apparat limite par rapport la clairance dterminer les concentrations plasmatiques/sriques de
rnale dun patient sain mais son influence pourrait tre plus liohexol [38].
importante en cas de mesure de DFG dun patient insuffisant La plupart des auteurs valident la mesure du DFG par la
rnal [37] . Il faut noter que liothalamate est le marqueur clairance plasmatique ou urinaire de liohexol par rapport la
exogne du DFG le plus utilis aux tats-Unis. clairance urinaire de linuline [23, 28, 32] . Ainsi, ltude de
4 Nphrologie
Exploration de la fonction glomrulaire rnale (I). Mthodes de rfrence et cratinine srique 18-011-A-10
Brndstrm et al. montre une excellente corrlation entre la systmatiquement 0,3 mg/dl tous les rsultats (la valeur de
clairance plasmatique de liohexol et celle du 51Cr-EDTA et une 0,3 mg/dl est exemplative et varie selon les automates). Cette
absence de diffrence entre les deux clairances par lanalyse de compensation, purement mathmatique, peut tre critique,
Bland-Altman [41]. notamment quand elle est applique des concentrations trs
Ainsi, beaucoup dauteurs considrent liohexol comme un basses de cratinine, comme cest le cas en pdiatrie [63].
nouveau marqueur de rfrence de mesure du DFG. En parallle des mthodes de Jaffe se dveloppent les mtho-
des bases sur des ractions enzymatiques qui dgradent in fine
la cratinine. Ces mthodes sont connues depuis les annes
Cratinine srique 1930 [55, 64] mais connaissent un net regain dintrt ces
dernires annes, vu leur plus grande prcision analytique. Elles
sont dornavant les plus recommandes au niveau international
Le terme de cratinine fut probablement employ la premire
mais restent plus coteuses (actuellement, elles restent dix fois
fois en 1847 par Justus von Liebig, clbre chimiste allemand,
plus chres) et ne sont pas, comme nous le verrons, exemptes
lorsquil dcrit la substance obtenue aprs avoir chauff de la
de toute interfrence [59, 65]. Il existe des diffrences significati-
cratine en prsence de sels minraux [49]. Aujourdhui, cest
ves entre les rsultats donns par une mthode enzymatique et
toujours lun des dosages biologiques les plus demands en
une mthode base sur la raction de Jaffe, ce qui est videm-
pratique clinique. Si la cratinine srique est, ce jour, le seul
ment attendu, mais pose problme dans le cadre de ltablisse-
marqueur plasmatique utilis en pratique quotidienne pour
ment des valeurs de rfrence et de lestimation du DFG par les
apprhender le concept de fonction rnale, son bon usage et
formules bases sur la cratinine [66]. De mme la multiplication
une interprtation correcte de son rsultat restent souvent
des automates est lorigine dune certaine confusion qui
problmatiques. Les raisons en sont la fois physiologiques
semble pouvoir tre amliore par une standardisation des
(lies au fait que la cratinine est loin dtre un marqueur idal
dosages, possible avec le recours la mthode de rfrence
du DFG) et analytiques (interfrences dans les dosages et
(chromatographie avec dilution isotopique couple la spectro-
multiplication des mthodes de dosage).
mtrie de masse) [67-69].
Nphrologie 5
18-011-A-10 Exploration de la fonction glomrulaire rnale (I). Mthodes de rfrence et cratinine srique
6 Nphrologie
Exploration de la fonction glomrulaire rnale (I). Mthodes de rfrence et cratinine srique 18-011-A-10
avec la lidocane, le mtamizole, lacide ascorbique, la dopa- 6 heures qui suivent la prise). La dure de laugmentation de la
mine, la dobutamine et lactylcystine [90-93]. cratinine aprs arrt du traitement est plus difficile juger sur
base des tudes cliniques.
Interfrences physiologiques : cimtidine, Les fibrates sont encore frquemment utiliss de nos jours
trimthoprime et fibrates comme agents anticholestrolmiques et antitriglycridmiques.
Plusieurs auteurs ont dcrit une augmentation de la cratinine
Depuis 1976, la cimtidine est connue comme pouvant tre sous fibrates [97, 98] . Certains auteurs sont convaincus dune
lorigine dune augmentation significative de la cratinine. certaine toxicit rnale des fibrates, notamment chez les trans-
Plusieurs tudes ont bien dmontr que leffet sur la cratinine plants [98]. Dautres chercheurs ont cependant dmontr, en
de la cimtidine tait li une inhibition de la scrtion utilisant et en comparant les variations de cratinine avec les
tubulaire de cratinine [94, 95] . Le pouvoir de blocage de la variations de DFG, que les fibrates ne modifiaient pas le DFG mais
cimtidine apparat relativement puissant (mme si la dose bien la cratininmie, bien que le mcanisme prcis par lequel
minimale ncessaire pour inhiber compltement la scrtion na cette cratininmie varie reste mal connu et discut [99, 100].
pas t tudie trs spcifiquement) et limit dans le temps. Cet
effet inhibiteur de la cimtidine sur la scrtion tubulaire de
cratinine peut tre utilis pour amliorer la prcision et la
reproductibilit de la clairance de cratinine, comme cela a t
Conclusion
suggr par plusieurs auteurs [78] . Il existe cependant des La cratinine srique reste en pratique incontournable pour
diffrences substantielles entre les diffrents protocoles dutili- lexploration de la fonction glomrulaire. Ceci est dautant plus
sation de la cimtidine et aucun protocole ne garantit un justifi que les limitations de ce marqueur endogne historique
blocage complet. du DFG sont parfaitement dcrites et peuvent donc tre int-
Le trimthoprime augmente la cratinine srique via une gres dans le processus de dcision clinique. Ces dernires
inhibition de sa scrtion tubulaire sans que cela naffecte le annes, laccent a t mis sur les difficults analytiques inhren-
DFG [96]. Laugmentation de la cratinine est de 10 % 20 % tes au dosage de la cratinine srique aboutissant des recom-
chez le sujet sain mais peut dpasser les 30 % en cas dinsuffi- mandations internationales de standardisation. Ces efforts
sance rnale. Leffet sur la cratinine est rapide (dans les 2 constants pour amliorer les performances de la cratinine
srique comme marqueur du DFG ne doivent cependant pas
occulter le caractre irremplaable des mthodes de mesure
directe du DFG lorsquune valuation prcise de la fonction
Nphrologie 7
18-011-A-10 Exploration de la fonction glomrulaire rnale (I). Mthodes de rfrence et cratinine srique
Rfrences
.
8 Nphrologie
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Service de nphrologie, dialyse et transplantation, Centre hospitalier universitaire Sart Tilman, Universit de Lige, Lige, Belgique.
N. Maillard.
L. Thibaudin.
C. Mariat ([email protected]).
Service de nphrologie, Laboratoire dexplorations fonctionnelles rnales, Centre hospitalier universitaire de Saint-tienne, Universit Jean Monnet, 42055
Saint-tienne cedex 02, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Delanaye P., Maillard N., Thibaudin L., Mariat C. Exploration de la fonction glomrulaire rnale (I).
Mthodes de rfrence et cratinine srique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Nphrologie, 18-011-A-10, 2011.
10 Nphrologie
18-011-A-11
ct des mthodes de mesure directe du dbit de filtration glomrulaire (DFG), il existe de nombreuses
formules ayant pour but destimer le DFG partir de marqueurs endognes dont le plus utilis est la
cratinine srique. Actuellement, il est recommand dutiliser en priorit lquation modification of diet
in renal disease (MDRD) dans sa version abrge quatre variables et corrige pour une utilisation avec
une cratinine srique standardise. Lvaluation du DFG partir de cette quation reste toutefois
approximative dans de nombreuses situations o la concentration plasmatique de cratinine reflte mal
le DFG. Dans ces situations, la cystatine C plasmatique pourrait tre un marqueur endogne alternatif,
potentiellement plus fiable que la cratinine plasmatique. Labsence de standard de rfrence pour le
dosage de la cystatine C est, pour linstant, une des principales limites la diffusion de ce marqueur.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Dbit de filtration glomrulaire ; quation MDRD ; Cockcroft-Gault ; Cratinine ; Cystatine C
Nphrologie 1
18-011-A-11 Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit de filtration glomrulaire
2 Nphrologie
Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit de filtration glomrulaire 18-011-A-11
Tableau 2.
Principales tudes comparant la performance des quations modification of diet in renal disease (MDRD) et Cockcroft-Gault.
Rfrences Population DFG moyen Dosage Mthode de rfrence Biais P30 %
(ml/min/1,73 m2) cratinine (ml/min/1,73 m2)
C-G MDRDa C-G MDRDa
[22] 125
Lewis, 2001 1 703 Afro-Amricains 56,9 Jaff modifi I-iothalamate +4,8 -6,1 - 88 %
Bostom, 2002 [23] 109 MRC, Cr 109 Jaff Iohexol -26,5 -41,7 59 % 28 %
< 1,5 mg/dl
[24] 125
Lin, 2003 100 DV 113 Jaff I-iothalamate (n = 55) +16,8 -18,3 58 % 65 %
99m
Tc-DTPA (n = 45)
[25] 51
Hallan, 2004 215 IRC et DV 49,8 Jaff modifi Cr-EDTA - - 49 % 62 %
Rule, 2004 [14] 580 pas dIRC 101 [63-177] Jaff Iothalamate - -29 - 54 %
[27] 125
Poggio, 2005 828 IRC 32 [10-74] Jaff modifi I-iothalamate +3,5 -0,5 60 % 71 %
125
457 DV 106 [85-130] Jaff modifi I-iothalamate +1,9 -9 85 % 86 %
[28] 125
Poggio, 2005 107 hospitaliss 17,1 Jaff modifi I-iothalamate +8,9 +6,8 26 % 31 %
[29] 125
Ibrahim, 2005 1 286, diabte I, Cr 122 Jaff modifi I-iothalamate -6 -22 88 % 78 %
< 1,2 mg/dl
Cirillo, 2005 [30] 380 IRC et non-IRC 76 [8-159] Jaff Inuline -5,2 -6,1 68 % 72 %
[32] 51
Rigalleau, 2005 160 diabtiques 60,9 Jaff Cr-EDTA +4,8 -6,1 - -
[33] 51
Froissart, 2005 2 095 dont 1 933 IRC 61,1 Jaff modifi Cr-EDTA +1,9 -1 79 % 87 %
[34] 99m
Verhave, 2005 850, SCr < 1,5 mg/dl 99,3 Enzymatique Tc-DTPA -4,9 -12,4 87 % 89 %
MDRDa : formule MDRD abrge ; C-G : formule de Cockcroft-Gault ; P30 % : justesse 30 % ; Cr : cratinine srique ; MRC : maladie rnale chronique ; DV : donneurs vivants ;
IRC : insuffisance rnale chronique ; DTPA : acide dithylne triamine penta-actique ; EDTA : acide thylne diamine ttra-actique.
Lvaluation de la corrlation est ralise par la dtermination le nuage de points donne limpression visuelle de la disper-
du coefficient de corrlation r selon Bravais-Pearson. Elle sion des valeurs autour du biais figur par une ligne horizon-
mesure la force de la relation linaire existant entre deux tale. La prcision est reprsente par deux lignes comprenant
variables, ici le DFG estim et mesur. Plus r est proche de 1, entre elles 95 % des estimations (le biais 2 carts-types).
plus il existe une relation linaire de type y = ax + b entre les La proportion destimations comprises X % du DFG
deux variables. Cependant, si a et b sont trs diffrents de mesur est un paramtre qui intgre, de faon synthtique et
1 et 0 respectivement, la justesse et la prcision peuvent tre aisment transposable pour le clinicien, la fois le biais et la
faibles avec r proche de 1. Ce paramtre nest donc pas prcision. La proportion pour 30 % du DFG, appele justesse
suffisant pour valuer un estimateur et, de plus, nest pas 30 % ou P30, est le paramtre le plus discriminant pour
intuitivement transposable en pratique clinique. comparer plusieurs estimateurs entre eux.
Lvaluation du biais est le premier paramtre envisager [18]. Enfin, le dernier type de critre dvaluation correspond aux
Il correspond lerreur systmatique destimation et est performances diagnostiques, cest--dire la capacit de lestima-
dtermin par la moyenne des diffrences entre le DFG estim teur dtecter un DFG mesur infrieur un seuil (par exem-
et le DFG mesur. Il donne donc la justesse destimation et ple, 60 ml/min/1,73m2). Il sagit en fait dtudier sensibilit,
permet de conclure une sur- ou sous-estimation du DFG par spcificit, valeurs prdictives et aires sous la courbe (ASC ROC).
la formule tudie. Lampleur du biais absolu est trs dpen- Il est utile de noter que la sensibilit et la spcificit varient en
dante du niveau de DFG et un autre paramtre, le biais relatif, fonction du biais, et une sous-estimation du DFG se traduit par
permet dexprimer lerreur systmatique en pourcentage du une sensibilit leve. Ltude de lASC est plus intressante, car
DFG. Ainsi, un biais absolu de +3 ml/min/1,73m2 correspond indpendante du biais.
une surestimation de 10 % du DFG 30 ml/min/1,73m2,
alors que celle-ci nest que de 3 % 100 ml/min/1,73m2.
Le deuxime paramtre est la prcision, soit la dispersion de Validation des estimateurs bass
lerreur autour du biais. La mesure la plus simple de ce critre sur la cratinine dans la population
dvaluation est lcart-type du biais absolu. Plus celui-ci est gnrale
faible, plus la dispersion de lerreur est faible et plus lestima-
teur est prcis. Un grand nombre dtudes ont permis lvaluation des
La reprsentation conjointe du biais et de la prcision peut se performances des deux principaux estimateurs, savoir la
faire par la mthode de Bland et Altman [18]. Celle-ci prend formule de C-G et les formules MDRD. Nous avons retenu les
la forme dun graphique avec, en abscisse, la moyenne des tudes les plus rcentes, concernant au moins 100 patients et
DFG mesurs et estims, en ordonne, la diffrence entre utilisant une mthode de rfrence de mesure du DFG. Ces
DFG estim et DFG mesur. Chaque mesure est reprsente et tudes sont rsumes dans le Tableau 2 [14, 22-34].
Nphrologie 3
18-011-A-11 Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit de filtration glomrulaire
Point fort
Formules destimation du DFG et pidmiologie de la maladie rnale chronique
Le dveloppement rcent des formules bases sur la cratinine pour lestimation du DFG a largement favoris les tudes
pidmiologiques sur la prvalence de la maladie rnale chronique. En effet, la mesure du DFG par les mthodes de rfrence dans
une large population est beaucoup plus difficilement envisageable mme si elle nest pas impossible proprement parler. Ltude
pidmiologique amricaine National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) rapporte une prvalence de la maladie
rnale dans la population gnrale adulte de 10,82 % si on retient, comme dfinition de la maladie rnale, un DFG estim par MDRD
infrieur 60 ml/min/1,73 m2 [19]. Cependant, nous avons vu que la formule MDRD avait une tendance sous-estimer le DFG chez le
sujet sain et cette prvalence de 10,82 % est donc sans aucun doute surestime [20]. Dans la mme population, la prvalence de la
maladie rnale passe 9,88 % si la formule CKD-EPI, sense tre plus prcise justement chez les patients DFG normal, est utilise
la place de la formule MDRD. Cette formule, pour diffrentes raisons analytiques complexes, ne prsente cependant pas toutes les
garanties ncessaires son utilisation en pidmiologie. Il peut aussi apparatre pour le moins trange que dans ces diffrentes tudes
pidmiologiques, la maladie rnale de stades 1 et 2 soit largement moins frquente que celle de stade 3. Ceci est expliqu par la
classification K/DOQI utilise dans ces tudes [17], classification dans laquelle les stades 1 et 2 ncessitent la prsence dun critre
datteinte rnale en plus de lestimation du DFG (en pratique pour la plupart des cas, il sagit de la prsence dune protinurie) alors
que le stade 3 est dfini par le seul critre dun DFG infrieur 60 ml/min/1,73 m2. Signalons, par ailleurs, quune nouvelle
classification de la maladie rnale devrait tre publie en 2011.
Une autre critique fondamentale, avance lgard de ce genre dtude de prvalence, est lutilisation, comme critre de maladie
rnale, dun niveau fixe de DFG, en loccurrence 60 ml/min/1,73 m2. Lutilisation de ce critre fig apparat quelque peu arbitraire,
principalement chez le sujet g qui voit, naturellement , son DFG diminu avec le temps. Mme si les tudes visant dterminer
lvolution du DFG avec lge sont peu nombreuses, il y a de nombreux arguments indirects pour affirmer quune bonne proportion
de patients gs, mais nanmoins sains au niveau nphrologique, ont un DFG infrieur 60 ml/min/1,73 m2. Cette affirmation est
aussi prendre dans un contexte griatrique o les formules bases sur la cratinine (MDRD et plus encore C-G) sont, sans doute,
imprcises et biaises (sous-estimation du DFG par la formule de C-G). Des tudes complmentaires, avec mesures du DFG par une
mthode de rfrence, apparaissent ncessaires.
Au total, ces diffrentes considrations alimentent une polmique qui va bien au-del de la seule question du dpistage de la
maladie rnale chronique par les formules destimation du DFG [21].
Les critres de jugement les plus couramment utiliss sont le (-26,5 +16,8) ; la P30 est comprise entre 58 % et 88 %, avec
biais absolu et la P30, et permettent donc la comparaison de ces une supriorit sur la formule MDRD dans quatre de ces tudes,
tudes entre elles. Les conditions dinterprtation des perfor- une quivalence ou une infriorit dans deux tudes. Le
mances de ces estimateurs doivent intgrer le type de popula- dveloppement de la formule de la Mayo Clinic tait destin
tion, le niveau de DFG moyen, la mthode de mesure du DFG, amliorer les performances prdictives dans cette population,
la technique de dosage de cratinine (colorimtrique ou intgrant une forte proportion de donneurs vivants potentiels
enzymatique). (580 sur un total de 900 patients) [14]. Cependant, deux tudes
Parmi les tudes retenues, deux grands types de population tendent montrer une surestimation importante du DFG dans
sont bien diffrencier : la population de sujets fonction cette population par cette formule [35, 36]. Trs rcemment, une
rnale normale, particulirement importante dans le cadre, nouvelle formule a t dveloppe pour amliorer les perfor-
dune part de lvaluation des donneurs vivants potentiels et, mances au-dessus de 60 ml/min/1,73m2, la formule CKD-EPI. La
dautre part, de la dtection de linsuffisance rnale chronique publication initiale comprend un groupe de validation externe
dbutante (tudes pidmiologiques de prvalence), et la avec 1 984 patients prsentant un DFG suprieur
population des patients insuffisants rnaux chroniques 60 ml/min/1,73m2, chez qui cette nouvelle quation prsente
(dfinis, un peu arbitrairement, par un DFG infrieur une P30 88,3 % contre 84,7 % avec MDRD. Lamlioration sur
60 ml/min/1,73m2).
le biais tait encore plus marque (biais mdian -3,5 ml/min/
Le premier type de population (fonction rnale normale) est
1,73m2 versus -10,6 ml/min/1,73m2) avec la formule CKD-EPI
caractris par une sous-estimation constante et majeure (-9
au-del de 60 ml/min/1,73m2 [4]. Malgr ces amliorations, le
-42 ml/min/1,73m2) du DFG par les formules MDRD sur les sept
gain en termes de prcision reste trs limit avec cette nouvelle
tudes retenues. Ceci explique les relatives faibles P30 comprises
formule, y compris chez le patient fonction rnale normale ou
entre 28 % et 86 %. Ltude de Rigalleau et al. trouve une P30
89 %, mais par lintgration dans la formule MDRD originale peu altre.
dune cratinine obtenue par mthode enzymatique proche du En conclusion, dans une population sans insuffisance rnale,
nouveau standard IDMS. Aprs correction du dosage pour la formule de C-G ne semble pas moins performante que la
obtenir un rfrentiel de type Jaff, la P30 chute 51 % [32]. Au formule MDRD. Toutefois, la formule de C-G na pas t
total, seule ltude de Poggio et al. [27] et la sous-population DFG spcifiquement adapte pour pouvoir tre utilise avec des
suprieur 60 ml/min/1,73m2 de ltude de Froissart et al. [33] valeurs de cratininmie standardises IDMS.
obtiennent une P30 acceptable dans cette population. Toutes les Dans la population des patients insuffisants rnaux chroni-
autres publications ayant tudi MDRD dans une population ques (DFG < 60 ml/min/1,73m2), la formule MDRD semble
avec un DFG suprieur 60 ml/min/1,73 m2 ont insist sur sa globalement plus performante que la formule de C-G puisque
faible performance et sur sa tendance systmatique la sous- les quatre tudes valuant les deux formules retrouvent une
estimation du DFG (cf. Tableau 2). Ces rsultats sont expliqus, P30 suprieure [25, 27, 30, 33]. Cette P30 stend de 62 % 88 %
en partie, par la population de drivation de la formule MDRD, pour MDRD contre 49 % 79 % pour C-G. La formule MDRD
ne comportant que des sujets prsentant un DFG infrieur tend une discrte sous-estimation dans cette population
60 ml/min/1,73m2 [20]. (-0,5 -6,1). La formule CKD-EPI napporte pas de gain subs-
La formule de C-G est value dans cette population par six tantiel dans cette population (P30 79,9 % versus 77,2 % ; biais
tudes et globalement, le biais est moins clairement ngatif mdian 2,1 ml/min/1,73m2 versus 3,4) [4].
4 Nphrologie
Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit de filtration glomrulaire 18-011-A-11
Une valuation supplmentaire de la formule CKD-EPI par une surestimation importante du DFG (+12,2 pour MDRD et
des quipes indpendantes du groupe de travail CKD-EPI reste +6,2 ml/min/1,73m2 pour C-G) [33]. Poggio et al. ont montr
ncessaire afin de compltement valider cette formule dans la quune augmentation moyenne de 10 % du poids nentranait
population de patients fonction rnale normale ou proche de pas de variation du DFG mesur par clairance de liothalamate
la normale. (-0,1 ml/min/1,73m2), pas de variation du DFG estim par
MDRD (pas dintgration du poids comme paramtre), mais, en
Performances des estimateurs revanche, une variation en moyenne de +5 % du DFG estim
par C-G [27]. Il apparat donc que la prise en compte du poids
dans diffrentes populations par la formule C-G est excessive et ce de faon substantielle
chez les patients obses (surestimation du DFG) et que la
Effet de lge cratinine nest pas un bon marqueur du DFG en cas de
Lge avanc est caractris par une diminution de la masse dnutrition majeure, quelle que soit la formule utilise.
musculaire et donc de la production de cratinine. Ainsi, De la mme manire, les formules destimation du DFG
concentration de cratinine gale, le patient le plus g a le bases sur la cratinine surestiment de faon majeure la fonc-
DFG le plus faible. Le paramtre de lge est intgr tous les tion rnale des patients cirrhotiques en raison de leur dnutri-
estimateurs du DFG bass sur la cratinine mais avec un tion mais aussi du fait de laugmentation du volume
poids statistique diffrent. Le poids de lge sur lestimation extracellulaire.
du DFG par la formule de C-G est excessif aprs 70 ans et rend
la formule inutilisable aprs 80 ans, comme la montr Frois- Effet du sexe
sart [37] . Ces auteurs ont montr une sous-estimation trs Le genre des sujets influe sur le taux de cratinine par les
importante du DFG par la formule C-G aprs 65 ans chez les diffrences de masse musculaire entre hommes et femmes.
hommes (-14,5 ml/min/1,73m2 versus +3,2 avant 65 ans) avec DFG gal, un homme prsente un taux de cratinine suprieur
un effet similaire chez les femmes DFG lev. Lamplitude celui dune femme. Toutes les formules destimation intgrent
tait moins marque bas DFG (< 60 ml/min/1,73m2) [33]. Dans ce paramtre. Froissart et al. ont valu leffet du sexe sur les
une tude concernant 46 patients gs de 69 92 ans, Lamb et performances destimation et ne retrouvent pas de diffrence
al. retrouvent un biais -11,1 ml/min/1,73m2 avec la formule avec la formule de C-G et une discrte sous-estimation du DFG
C-G alors quil ntait que de -2,0 ml/min/1,73m 2 avec par la formule MDRD chez les femmes de moins de 65 ans
MDRD [38]. Poggio et al. dcrivent galement le mme effet par (-3 ml/min/1,73m2) [33].
une tude multifactorielle qui retrouve pour chaque augmenta-
tion de 10 % de lge, une diminution en moyenne de Effet de lethnie
1,8 ml/min/1,73m 2 de DFG mesur (iothalamate), de
1,9 ml/min/1,73m 2 de DFG estim par MDRD et Le facteur ethnique de variation du taux de cratinine DFG
3,6 ml/min/1,73m 2 de DFG estim par C-G [27] . De la constant est lui aussi directement li la masse musculaire. La
mme manire, dans une tude portant sur 48 patients formule MDRD intgre un facteur correctif pour les patients
issus dun milieu griatrique (moyenne dge 86 ans), la noirs dits afro-amricains . Ce facteur multiplicatif est de
formule C-G sous-estimait de faon majeure le DFG (biais 1,18 pour la formule MDRD7 et 1,21 pour la formule MDRD
moyen -6,7 ml/min/1,73m2) [39]. abrge et correspond la masse musculaire plus importante de
En conclusion, la formule de C-G ne doit pas tre utilise ces patients par rapport la population dite caucasienne . Ce
aprs 70 ans. Il faut lui prfrer, ici aussi, la formule MDRD facteur a t ultrieurement valid par les donnes de ltude
mme sil est trs probable que les performances de cet estima- African American Study of Kidney Disease and Hypertension
teur soient galement (mais dans une moindre mesure) altres (AASK) (1 703 patients afro-amricains insuffisants rnaux
dans cette population. chroniques) [22].
Plusieurs tudes sur diffrentes populations asiatiques ont
Effet du poids tent de dfinir un facteur correctif. Cependant, ce type de
correction nest pas encore compltement valid [41-43].
Le rle du poids dans les performances des estimateurs est
complexe. La question la plus importante dans ce cadre est le Population des patients transplants
comportement des estimateurs chez les patients obses. En effet,
lobsit est bien sr lie une accumulation de masse grasse, En transplantation rnale, lestimation du DFG permet le
nentranant en elle-mme aucune surproduction de cratinine, suivi de la fonction du greffon. Il existe des facteurs propres
mais galement une augmentation modre de masse muscu- cette situation clinique, mme de faire varier les performances
laire qui, elle, peut rendre compte dun surcrot de concentra- des estimateurs bass sur la cratinine (rein unique, tat
tion sans diffrence de DFG. Cependant, il existe une grande nutritionnel, scrtion tubulaire de cratinine, rle des traite-
htrognit entre les patients concernant le rapport entre la ments immunosuppresseurs). La formule de Nankivell a t
masse musculaire du patient et son poids. Cest pourquoi la drive partir dune population de patients transplants
formule de C-G qui intgre le poids comme facteur de variation rnaux avec pour objectif une amlioration de la prdiction [12].
peut en thorie surestimer le DFG chez les patients obses [33]. Cependant, elle intgre la concentration dure comme mar-
De plus, la normalisation la surface corporelle de la formule queur, alors que de nombreux facteurs indpendants du DFG
de C-G, actuellement recommande, est critiquable du fait de la sont susceptibles de la faire varier (perfusion rnale, tat
non-linarit de la relation entre le DFG et la surface corporelle nutritionnel, apport protidique).
et donc de labsence de base physiologique cette recomman- De multiples tudes ont valu les performances des estima-
dation. Cette normalisation a peu deffet surface corporelle teurs du DFG en transplantation rnale (Tableau 3) [44-53] avec
proche de 1,73m2, mais peut entraner un biais non ngligeable des effectifs compris entre 81 et 798. Elles montrent :
surface corporelle importante, ce qui est le cas des patients des performances mdiocres de la formule de Nankivell, avec
obses [40]. une surestimation importante et des P30 plus faibles que
Froissart et al. ont tudi leffet de lindice de masse corpo- celles des formules MDRD et C-G ;
relle sur les formules de C-G et MDRD avec les constatations une surestimation modre du DFG par la formule MDRD, ce
suivantes : pour un indice de masse corporelle suprieur qui contraste avec le biais plutt ngatif dans la population
30 kg/m2, il existait une discrte sous-estimation (-2,6 ml/min/ gnrale DFG moyen comparable, suggrant un facteur
1,73m2) avec la formule MDRD alors que lquation de C-G propre la transplantation diminuant le taux de cratinine
surestimait de faon majeure (+8,5 ml/min/1,73m2) le DFG. Les fonction rnale gale (scrtion tubulaire, dnutrition) ;
deux formules prsentaient des performances mdiocres chez les des performances (P30) des formules MDRD et C-G infrieu-
patients dnutris (indice de masse corporelle < 18,5 kg/m2) avec res celles de la population gnrale DFG quivalent.
Nphrologie 5
18-011-A-11 Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit de filtration glomrulaire
Tableau 3.
Principales tudes valuant les estimateurs du dbit de filtration glomrulaire (DFG) en transplantation rnale.
Rfrences n Dosage cratinine Calibration cratinine Mesure DFG DFG moyen DS (ml/min/1,73 m2)
Mariat, 2005 [44] 476 Enzymatique Non Inuline 47 16
[45] 125
Bosma, 2005 798 Jaff Non I-iothalamate 55 18 (ml/min)
Gaspari, 2004 [46] 196 Jaff modifi Non Iohexol plasmatique 56,1 15
[48] 99m
Raju, 2005 81 Enzymatique Non Tc-DTPA plasmatique 59 24 (ml/min)
[49] 99m
Poge, 2005 95 Jaff modifi Non Tc-DTPA plasmatique 37,4
[50] 99m
Poge, 2006 108 Jaff modifi Non Tc-DTPA plasmatique 39,5
[51] 125
Poggio, 2006 209 Jaff modifi Oui I-iothalamate 44 26
[52] 99m
White, 2005 117 Jaff modifi Oui Tc-DTPA plasmatique 58 23
Ces rsultats incitent donc la prudence lors de lutilisation commun de nombreuses protines, grce un mcanisme
des estimateurs en transplantation rnale et tout particulire- dendocytose [62]. Il est couramment admis quil nexiste pas de
ment au cours des essais cliniques o le DFG est le critre de scrtion tubulaire de la CysC, mme si une tude chez
jugement principal [54]. Lutilisation des mthodes de rfrence lhomme a publi des donnes pouvant indiquer le
de mesure du DFG est donc prfrable pour le suivi de la contraire [63]. Cependant, la mthodologie de cette tude a t
fonction du greffon, que ce soit en clinique ou dans les tudes. largement critique et ses conclusions doivent tre interprtes
En transplantation cardiaque, deux tudes montrent une avec rserve [64].
surestimation majeure par toutes les formules destimation La CysC est produite par toutes les cellules nucles de
bases sur la cratinine [55]. En transplantation hpatique, la lorganisme chez lhomme. La CysC est code par un gne de
rduction de la masse musculaire explique en grande partie les mnage, cest--dire un gne exprim de faon constitutive et
performances mdiocres des estimateurs bass sur la cratinine. non rgule, ce qui est largument classique tayant la cons-
Gerhardt et al. retrouvent une surestimation massive du DFG tance de sa production [61, 65].
par la formule MDRD (+10 ml/min/1,73m2) alors que le DFG Cette production constante de CysC a longtemps t consi-
moyen tait infrieur 60 ml/min/1,73m2. La P30 tait gale- dre comme absolue, notamment au vu dtudes de cohorte
ment mdiocre (64 %) [56]. Gonwa et al. retrouvent en revanche qui navaient pu relier la production de la protine une
une sous-estimation globale du DFG par MDRD avant et aprs situation physiopathologique autre que latteinte de la filtration
transplantation hpatique, mais lorsque celui-ci tait infrieur glomrulaire [65] . De nombreuses observations, in vitro et
40 ml/min/1,73m 2, MDRD le surestimait de faon majeure cliniques, relativisent aujourdhui cette notion.
(+22 ml/min/1,73m2) [57]. Ceci illustre, une fois de plus, les
mauvaises performances des estimateurs chez des patients tat Dterminants physiologiques de la production
gnral trs altr [28]. de cystatine C
Parmi les facteurs extrarnaux pouvant influencer les valeurs
Cystatine C comme marqueur de CysC chez des sujets sains, les travaux les plus rcents ont
montr que chez les adultes de moins de 60 ans, les concentra-
alternatif du dbit de filtration tions de CysC sont plus faibles chez les femmes que chez les
hommes, cette diffrence disparaissant au-del de 60 ans [66, 67].
glomrulaire Lge est galement un facteur de variabilit de la CysC.
Ainsi, des valeurs plus leves sont retrouves chez les nouveau-
Bases physiologiques ns quels que soient le sexe, le poids ou la taille des enfants, y
compris les prmaturs [68-70] ; elles dclinent aprs la naissance
La cystatine C (CysC) fait partie de la famille des cystatines pour rejoindre des valeurs identiques celles de ladulte lge
qui sont des inhibiteurs naturels des cystines protinases (telles de 4 ans. Il convient cependant dtre prudent, en particulier
que les cathepsines B, H et L et les calpanes). Ces cystines pour les trs jeunes enfants et les prmaturs, chez qui les
protinases exercent un rle important dans le catabolisme valeurs leves de CysC pourraient reflter un DFG bas dans le
intracellulaire des peptides et protines, au niveau du processus cadre dun processus de maturation rnale [69]. Chez ladulte, la
de protolyse de prohormones et proenzymes, au niveau de la plupart des tudes montrent une influence significative de lge
destruction du collagne, dans leffraction des membranes sur les concentrations de CysC, impliquant des valeurs de
basales par les cellules cancreuses. Lintrt potentiel de la rfrence diffrentes pour les sujets de plus de 50-60 ans [66, 71].
CysC comme marqueur biologique du DFG remonte aux annes
1980 [58]. Influence de la masse musculaire
Les tudes physiologiques spcifiques au comportement rnal
de la CysC sont relativement peu nombreuses et la principale a Le dfaut principal de la cratinine est bien la dpendance de
t ralise chez le rat [59]. Aprs avoir t filtre sans limitation sa production la masse musculaire [72] . Dans un premier
par les glomrules du fait de sa faible masse molculaire temps, Vinge et al. ont dcrit la cystatinmie comme indpen-
(13 260 Da [60]) et labsence de liaison aux protines plasmati- dante de la masse musculaire [73]. Nanmoins, cette tude a t
ques, la CysC est entirement rabsorbe par les tubules rcemment critique, tant pour la mthodologie clinique que
proximaux, o elle est presque totalement catabolise [59, 61]. La statistique. MacDonald et al. ont, rcemment, et de faon plus
rabsorption tubulaire se ferait par un rcepteur, la mgaline, convaincante (DFG dtermin par mesure de la clairance de
6 Nphrologie
Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit de filtration glomrulaire 18-011-A-11
linuline et masse maigre mesure par densitomtrie), dmontr La CysC humaine recombinante est disponible, mais il
que la cystatinmie tait bien, en partie, dpendante de la nexiste actuellement pas de matriel de rfrence pouvant faire
masse musculaire. Linfluence de la masse musculaire sur la office dtalon primaire. Ceci est dautant plus dommageable
production de CysC sexplique par le fait que les cellules que les diffrentes mthodes de dosage de CysC ne sont pas
musculaires sont les plus nombreuses des cellules nucles de strictement superposables et perdent notamment leur linarit
lorganisme [74] . Cependant, il nen reste pas moins que la pour des valeurs sriques suprieures 2 mg/l [87] . Cette
variabilit de la CysC explique par la masse musculaire est bien variabilit analytique de la CysC dpend la fois du type de
moindre que pour la cratinine. Lavantage de la CysC sur la dtection utilis, de la nature des anticorps, du type dautoma-
cratinine chez le patient avec une masse musculaire diminue tes de mesure et de lorigine des calibrants. Cette situation
reste donc important [75, 76]. plaide donc en faveur de linstauration dun calibrant de
rfrence et dune large comparaison intertechnique.
Influences hormonales Dans ce contexte, il nest actuellement pas possible driger
une des mthodes de mesure de la CysC comme mthode de
In vitro, la production de CysC par des cellules HeLa en rfrence. Toutefois, lapplication PENIA a t la plus largement
culture a t dcrite ds 1995 comme transcriptionnellement value et a t prfrentiellement utilise pour dvelopper des
stimule par les corticodes [77]. En rponse ces tudes in vitro, quations destimation du DFG bases sur la CysC [88].
les observations cliniques ne sont pas concordantes. Chez des
enfants atteints de syndrome nphrotique traits par des doses
leves de corticodes, aucune augmentation des concentrations Estimation du dbit de filtration
sriques de CysC na t retrouve [78]. En revanche, chez des glomrulaire partir de la concentration
patients transplants rnaux et asthmatiques, une augmentation srique de CysC : intrt dans diverses
des concentrations de CysC dpendante des doses de corticodes
a t dcrite [79, 80]. Si lexistence dun effet corticode est
populations
aujourdhui admise, son impact clinique sur lvaluation du Par analogie aux formules bases sur la cratinine srique, de
DFG reste incertain. nombreuses quations visant estimer le DFG partir des
Lhyperthyrodie augmente les concentrations sriques de valeurs de concentration srique de la CysC ont t dvelop-
CysC [81, 82]. Sachant que la production de CysC et le DFG pes (les principales sont rpertories dans le Tableau 4 [31, 47,
varient en sens opposs en rponse aux hormones thyrodien- 89-91, 93-101]). En cohrence avec lidentification des diffrents
nes, lutilisation de la CysC semble inadapte dans les facteurs extrarnaux influenant la cystatinmie, des formules
dysthyrodies. dexpression diffrente en fonction des caractristiques du
patient existent [47, 97, 98] . Certains auteurs ont rcemment
Autres suggr lintrt dune formule combinant la cratinine et la
CysC [47, 97-100, 102].
Si lon a cru que la production de CysC tait indpendante
Certaines formules ont cependant parfois t labores
de linflammation [83], il semble acquis dsormais que linterleu-
partir dchantillons trop petits et/ou de populations trop
kine 6 (IL6) induit une augmentation de lexpression de CysC,
spcifiques. Dautres sont complexes car mettant en uvre des
au moins dans les cellules dendritiques [84]. Rcemment, cette
paramtres supplmentaires autres que biologiques, sans que
relation a t galement suggre en clinique devant lobserva-
cela napporte davantage vident. De manire gnrale, ces
tion de concentrations plus leves de CysC en cas daugmen-
formules nont t que trs peu valides dans des populations
tation de la C reactive protein (CRP) [85]. De la mme manire, le
diffrentes de celles partir desquelles elles ont t labores.
diabte semble tre associ avec des valeurs plus leves de
Lavantage de ces formules apparat, aujourdhui, relativement
CysC [85]. Linfluence du tabagisme [66, 67, 86] et de la consom-
faible par rapport la formule MDRD base sur la cratinin-
mation dalcool [86] a galement t retrouve dans certaines
mie, lge, le sexe et la race, en tout cas en ce qui concerne la
tudes et mriterait dtre value comme facteur de variabilit
population gnrale [47, 99]. Toutefois, elles pourraient tre plus
de la CysC.
utiles dans certaines sous-populations o les formules bases sur
Au total, la CysC nest pas un marqueur parfait du DFG au
la cratinine se sont rvles particulirement peu exactes,
sens strict du terme. En effet, si son devenir rnal correspond
comme en pdiatrie [31, 97, 98], en transplantation [47, 52, 103], en
celui dun marqueur endogne du DFG idal, sa production
griatrie ou chez le patient dnutri [75, 76]. Ceci reste encore
semble dpendante de facteurs physiologiques, hormonaux et
confirmer par des tudes de validation sur de larges populations.
anthropomtriques. Toutefois, en comparaison la cratinine, la
concentration srique de CysC semble tre globalement un
reflet plus fidle du DFG, notamment pour dpister les formes
Populations pdiatriques
dbutantes dinsuffisance rnale. La CysC se positionne actuel- Le fait que la CysC ne dpende pas, ou en tout cas beaucoup
lement comme un marqueur potentiellement intressant pour moins, de la masse musculaire [73, 74] est, en pdiatrie, un
lestimation du DFG. avantage thorique important sur la cratinine. En effet, les
valeurs de rfrence de la cratinine ne peuvent tre considres
Considrations analytiques quen fonction de lge du patient [104, 105]. Or, plusieurs auteurs
ont dmontr que les valeurs de rfrence de la CysC sont
Actuellement, lexception de mthodes enzyme-linked identiques (ou trs proches) pour les adultes et les enfants de
immunosorbent assay (Elisa) encore insuffisamment valides, les plus de 1 an [68]. Plusieurs tudes ont valu la capacit de la
mthodes utilises pour doser la CysC sont bases sur laggluti- CysC dtecter une insuffisance rnale en pdiatrie plus
nation en milieu liquide de particules de latex recouvertes prcocement que la cratininmie ou que les formules destima-
danticorps polyclonaux dirigs contre la CysC. En fonction de tion du DFG bases sur la cratinine. Les rsultats restent
la nature du signal mesur, on distingue la particle-enhanced toutefois contradictoires, certains en faveur de la CysC [89, 106-
turbidimetric immuno-assay (PETIA: mesure de la lumire trans- 110] alors que dautres ne lui reconnaissent aucune valeur
mise) et la particle-enhanced nephelemetric immuno-assay (PENIA : ajoute [111-115] . Ceci peut sexpliquer par les limitations
mesure de la lumire diffuse). La diffrence technique essen- inhrentes ltude spcifique des enfants (difficult la mise
tielle entre les deux mthodes rside dans le fait que la PETIA en uvre des techniques de mesure directe du DFG, absence de
peut tre effectue sur un automate multiparamtrique de consensus sur la normalit des valeurs du DFG chez lenfant) et
biochimie (longueur donde de 340 650 nm environ en aussi par le fait que beaucoup dauteurs nont pas dissoci les
fonction des applications) alors que la PENIA, ncessitant une enfants avec ou sans corticothrapie.
longueur donde infrarouge, ne peut tre effectue que sur un Plusieurs auteurs ont mis au point des formules dvaluation
automate ddi limmunonphlmtrie. du DFG bases sur la CysC, parfois couple la cratinine. Les
Nphrologie 7
18-011-A-11 Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit de filtration glomrulaire
Tableau 4.
Principales formules destimation du dbit de filtration glomrulaire (DFG) bases sur la cystatine C plasmatique (CysC).
Rfrences n Mesure du DFG CysC Population Formules
Bokenkamp [89] 83 Inuline PETIA Pdiatrie (162/CysC) - 30
[94] 51
Le Bricon 25 Cr-EDTA PENIA Greffs (78 [1/CysC]) + 4
Grubb [31] 536 Iohexol PETIA Divers + pdiatrie 84,69 CysC-1,68 1,384 si moins de 14 ans
(n = 85)
Rule [47] 204 Iothalamate PENIA Divers sauf greffs - 66,8 CysC-1,3
- ([66,8 CysC-1,3] [273 Cr-1,22 ge-0,299 0,738 si femme])0,5
[96] 99m
MacIsaac 125 Tc-DTPA PENIA Diabtiques (84,6/CysC) - 3,2
51
Bouvet [97] 67 Cr-EDTA PENIA Pdiatrie 63,2 (Cr/96)-0,35 (CysC/1,2)-0,56 (poids/45)0,3 (ge/14)0,4
Zappitelli [98] 103 Iothalamate PENIA Pdiatrie - 75,94/(CysC1,17) 1,2 si greff rnal
- (43,82 e0,003 taille)/(CysC0,635 Cr0,547)
99m
Ma [99] 376 Tc-DTPA PENIA Divers, Chinois 169 PCr-0,608 CysC-0,63 ge-0,157 ( 0,83 pour sexe fminin)
125
Stevens [100] 3 418 I-iothalamate PENIA Maladie rnale - CKD-EPI-CysC1 = 76,7 CysC-1,19
et 51Cr-EDTA chronique - CKD-EPI-CystC2 = 127,7 CysC-1,17 ge-0,13 (0,91 pour sexe
fminin) (1,06 pour Noir Africain)
- CKD-EPI mixte = 177,6 Cr-0,65 CysC-0,57 ge-0,20 (0,82 pour sexe
fminin) (1,11 pour Noir Africain)
Cr : cratinine srique en mg/dl ; DTPA : acide dithylne triamine penta-actique ; EDTA : acide thylne diamine ttra-actique ; CKD-EPI : chronic kidney disease epidemiology ;
PETIA : particle-enhanced turbidimetric immuno-assay ; PENIA : particle-enhanced nephelemetric immuno-assay.
formules de Filler [93] et de Grubb [31] ont t construites sur la retrouves parmi les quations les plus performantes en trans-
base de ltude dun grand nombre de patients (n = 536 pour les plantation [47, 94]. Cependant, la dmonstration quune quation
deux) mais nont t que peu valides dans des populations dveloppe spcifiquement pour la transplantation offre une
pdiatriques autres que celles o elles ont t labores [98]. estimation du DFG significativement meilleure reste encore
faire.
Intrt de la cystatine C en transplantation
Patients gs
Globalement, les quations intgrant la CysC semblent
apporter une meilleure performance prdictive, mme sil reste La sarcopnie lie au vieillissement saccompagne dune
encore dmontrer que cette amlioration de prdiction soit baisse de la production de la cratinine. Les quations prdicti-
cliniquement substantielle [52, 56, 116-118]. En transplantation ves incluant lge et le sexe prennent partiellement en compte
cardiaque, lquation de Rule [47] intgrant la CysC permet cette donne. Linflammation, la malnutrition et le dcondi-
daugmenter significativement la justesse de prdiction du DFG tionnement musculaire (souvent associs aux pathologies
par rapport lquation MDRD [116]. Une meilleure performance chroniques comme linsuffisance cardiaque ou les bronchop-
prdictive des quations bases sur la CysC a galement t neumopathies) peuvent encore accentuer les anomalies du
rapporte en transplantation hpatique [56]. mtabolisme musculaire et affecter la valeur des quations
Parmi les diffrentes quations intgrant la CysC et qui ont prdictives bases sur la cratinine [37].
t testes en transplantation, celle offrant la meilleure estima- Chez le sujet g, la CysC parat moins sensible aux facteurs
tion du DFG nest pas toujours la mme dune tude lautre. mtaboliques et extrarnaux que la cratinine [120]. Il nexiste
Il est possible que des quations propres aux patients transplan- encore que trop peu dtudes comparant les taux de CysC avec
ts soient ncessaires. En effet, confirmant des rsultats ant- une mesure de rfrence. La CysC pourrait aussi tre un
rieurs qui avaient dj suggr une possible sous-estimation du marqueur plus sensible que la cratinine pour dpister les
DFG par la CysC en transplantation [119], Rule et al. observent altrations modres du DFG chez le sujet g (69-92 ans) [92,
que le DFG est suprieur de 19 % chez les patients transplants 121], mme si des rsultats non concluants ont aussi t rappor-
par rapport aux patients insuffisants rnaux reins natifs [47]. ts [39, 122].
Lexplication la plus communment avance est celle dune
production accrue de CysC induite par lutilisation des traite-
ments immunosuppresseurs, notamment les strodes. Ceci a Conclusions et perspectives
conduit certains auteurs laborer des quations spcifiquement
dveloppes pour des patients transplants, adultes [47, 94] ou La variable biologique DFG est plus quun simple mar-
enfants [98]. Les quations de Rule et de Le Bricon sont souvent queur de la fonction rnale : le DFG constitue la pierre angulaire
8 Nphrologie
Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit de filtration glomrulaire 18-011-A-11
du systme de classification internationale de la maladie rnale [2] Levey AS, Coresh J, Greene T, Stevens LA, Zhang YL, Hendriksen S,
chronique [17] ; un DFG altr est maintenant clairement et al. Using standardized serum creatinine values in the modification of
identifi comme un facteur majeur et indpendant de risque diet in renal disease study equation for estimating glomerular filtration
cardiovasculaire [123]. rate. Ann Intern Med 2006;145:247-54.
Tout naturellement, la question de lvaluation du DFG est [3] Levey AS, Greene T, Kusek JW, Beck GJ, MDRD Study Group.. A
revenue ces dernires annes au premier plan des proccupa- simplified equation to predict glomerular filtration rate from serum
tions de la communaut nphrologique. cet gard, il faut creatinine. J Am Soc Nephrol 2000;11:155A [abstract].
[4] Levey AS, Stevens LA, Schmid CH, Zhang YL, Castro III AF,
saluer la contribution du groupe CKD-EPI [4]. Ce groupe de
Feldman HI, et al. A new equation to estimate glomerular filtration rate.
recherche, form linitiative dAndrew S. Levey (Tufts-New
Ann Intern Med 2009;150:604-12.
England Medical Center), sest fix pour objectif de dvelopper [5] Bjornsson TD, Cocchetto DM, McGowan FX, Verghese CP, Sedor F.
et valider de nouvelles quations destimation du DFG partir Nomogram for estimating creatinine clearance. Clin Pharmacokinet
dun ensemble de donnes cliniques et biologiques extraites de 1983;8:365-9.
diffrentes tudes cliniques qui ont en commun dune part, de [6] Davis GA, Chandler MH. Comparison of creatinine clearance estima-
disposer dune mesure directe du DFG (dans la majorit des cas, tion methods in patients with trauma. Am J Health Syst Pharm 1996;
il sagit dune clairance urinaire au 125I-iothalamate) et dautre 53:1028-32.
part, de pouvoir calibrer la mesure de cratinine plasmatique sur [7] Edwards KD, Whyte HM. Plasma creatinine level and creatinine
la mthode de rfrence IDMS. Au-del de la production de clearance as tests of renal function. Australas Ann Med 1959;8:218-24.
nouveaux estimateurs du DFG (au premier rang desquels, bien [8] Gates GF. Creatinine clearance estimation from serum creatinine
sr, lquation MDRD), les travaux du groupe CKD-EPI ont values: an analysis of three mathematical models of glomerular
permis didentifier plusieurs obstacles une valuation fiable du function. Am J Kidney Dis 1985;5:199-205.
DFG. Parmi ceux-ci, nous avons voqu les difficults analyti- [9] Hull JH, Hak LJ, Koch GG, Wargin WA, Chi SL, Mattocks AM.
ques lies au dosage de la cratinine (qui sont en partie Influence of range of renal function and liver disease on predictability
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(qui reste un marqueur loin dtre idal dans de nombreuses
prescribing of kanamycin for patients with renal insufficiency. Lancet
populations), la difficult valuer prcisment une altration 1972;1:12-5.
modre du DFG (qui se rpercute sur le dpistage de la maladie [12] Nankivell BJ, Gruenewald SM, Allen RD, Chapman JR. Predicting
rnale chronique). Il nen reste pas moins quactuellement il glomerular filtration rate after kidney transplantation. Transplantation
existe un consensus autour de lquation MDRD qui a vritable- 1995;59:1683-9.
ment supplant la formule de C-G [124]. Les nouvelles quations [13] Walser M, Drew HH, Guldan JL. Prediction of glomerular filtration rate
CKD-EPI amliorent, certes, lestimation mais de manire trs from serum creatinine concentration in advanced chronic renal failure.
limite en regard de leur sophistication mathmatique. Elles Kidney Int 1993;44:1145-8.
auront probablement des difficults simposer du fait mme [14] Rule AD, Larson TS, Bergstralh EJ, Slezak JM, Jacobsen SJ, Cosio FG.
de leur complexit. Ceci est encore plus vrai pour les estima- Using serum creatinine to estimate glomerular filtration rate: accuracy
teurs intgrant la CysC pour lesquels les incertitudes analytiques in good health and in chronic kidney disease. Ann Intern Med 2004;
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N. Maillard.
Service de nphrologie, Laboratoire dexplorations fonctionnelles rnales, Centre hospitalier universitaire de Saint-tienne, Universit Jean Monnet, 42055
Saint-tienne cedex 02, France.
P. Delanaye.
Service de nphrologie, dialyse et transplantation, Centre hospitalier universitaire Sart Tilman, Universit de Lige, Lige, Belgique.
C. Mariat ([email protected]).
Service de nphrologie, Laboratoire dexplorations fonctionnelles rnales, Centre hospitalier universitaire de Saint-tienne, Universit Jean Monnet, 42055
Saint-tienne cedex 02, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Maillard N., Delanaye P., Mariat C. Exploration de la fonction glomrulaire rnale (II). Estimation du dbit
de filtration glomrulaire. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Nphrologie, 18-011-A-11, 2011.
12 Nphrologie
18-642-A-10
La gangrne des organes gnitaux externes, appele galement gangrne de Fournier, correspond une
fasciite ncrosante de la rgion prinale qui touche majoritairement les hommes de tous ges,
exceptionnellement les femmes. Dans 80 % des cas environ, la survenue dune gangrne de Fournier est
favorise par des causes locorgionales telles que les infections urinaires, les stnoses urtrales, les
infections prianales ou les infections dermatologiques prinales. Dautres facteurs de risque
gnraux sont galement bien connus tels que le diabte (facteur de risque majeur de gangrne des
organes gnitaux externes), ou limmunodpression. Le traitement de la gangrne de Fournier doit tre
multidisciplinaire, instaur en extrme urgence et ralis sous surveillance troite dans une unit de soins
intensifs. Ce traitement est mdical dune part avec administration dune large antibiothrapie, et
chirurgical dautre part avec un dbridement complet des tissus ncross. Cette prise en charge
thrapeutique multidisciplinaire peut tre associe une reconstruction chirurgicale distance lorsque les
squelles physiques et psychologiques sont importantes. Dautres thrapeutiques, telles que
loxygnothrapie hyperbare ou les antibiotiques locaux peuvent tre associes, mais leur efficacit reste
encore discute ce jour et leur place dans la stratgie thrapeutique est encore dterminer. Malgr les
progrs raliss dans les domaines de la ranimation, de lantibiothrapie et de la prise en charge
chirurgicale, le pronostic de la gangrne des organes gnitaux externes reste sombre avec un taux de
mortalit variable mais estim entre 20 % et 50 %.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Gangrne ; Gangrne de Fournier ; Fasciite ncrosante ; Organes gnitaux externes ; Prine
Plan Introduction
Introduction 1 La premire description de gangrne des organes gnitaux
tiologies 2 externes (OGE) remonte 1764 : Baurienne dcrivit alors une
Bactriologie 2 ncrose scrotale foudroyante secondaire une plaie pri-
nale [1]. Certains historiens affirment que, dj bien avant
Physiopathologie 3
notre re, Hrode 1er le Grand, roi de Jude, aurait dj t
Facteurs de risque 3 victime dune gangrne prinale certainement favorise par un
Immunodpression 3 diabte [2].
Autres facteurs de risque 3
Sur un plan bibliographique plus tabli, cest Jean-Alfred
Tableau clinique 3
Fournier, vnrologue franais, qui rapporta la premire srie de
Examens complmentaires 4 cinq cas sur le sujet, ce qui lui permit de donner son nom
Examens biologiques 4 cette gangrne prinoscrotale [3].
Examens radiologiques 4
La gangrne des OGE correspond une fasciite ncrosante de
Risques volutifs et facteurs pronostiques 4
la rgion prinale qui peut toucher majoritairement les
Prise en charge thrapeutique 5 hommes de tous ges, exceptionnellement les femmes. Les
Prise en charge spcifique 5 causes et facteurs favorisants sont maintenant bien connus
Prise en charge non spcifique 7 ainsi que ltiopathognie. Le traitement doit tre multidisci-
Thrapies controverses, actuelles et futures 7 plinaire, mdical dune part avec une large antibiothrapie, et
Vacuum-assisted closure (VAC) 7 chirurgical dautre part avec un dbridement des tissus ncro-
Miel 7 ss. Lensemble de cette prise en charge mdicochirurgicale
Antibiotiques locaux 7 (Fig. 1) doit tre ralis sous surveillance troite dans une unit
Oxygnothrapie hyperbare (OTH) 7 de soins intensifs. Malgr les progrs raliss dans les domaines
Perfusions dimmunoglobulines 7 de la ranimation, de lantibiothrapie et de la prise en charge
Conclusion 7 chirurgicale, le pronostic reste sombre, avec un taux de morta-
lit variable mais estim entre 20 % et 50 % [4-8].
Urologie 1
18-642-A-10 Gangrne des organes gnitaux externes
Clinique compatible :
dme, rythme, tiologie compatible : Facteurs favorisants :
phlyctne, ncrose digestive, urognitale, diabte, VIH,
extensive des OGE, dermatologique alcoolisme
signes gnraux
Examens biologiques et
bactriologiques :
NFS, plaquettes, CRP, bilan Examens radiologiques :
Sans retarder la
hpatique, ionogramme sanguin, si besoin TDM ou chographie
prise en charge
fonction rnale, hmostase, en 1re intention IRM
thrapeutique
glycmie, prlvements
bactriologiques des portes
dentre ++
Figure 1. Arbre dcisionnel. Stratgie diagnostique et thrapeutique devant une gangrne des organes gnitaux externes (OGE). VIH : virus de
limmunodficience humaine ; NFS : numration-formule sanguine ; CRP : C reactive protein ; TDM : tomodensitomtrie ; IRM : imagerie par rsonance
magntique ; VAC : vacuum-assisted closure.
Tableau 1.
Tableau rcapitulatif des espces bactriennes les plus frquentes responsables de gangrnes des organes gnitaux externes.
Germes arobies Germes anarobies
Bacilles Gram ngatif Cocci Gram positif Bacilles Gram ngatif Cocci Gram positif
Escherichia coli+++ Streptocoques+++ Clostridium perfrigens+ Bacteroides fragilis+++
Pseudomonas++ Staphylocoques++ Peptostreptococcus++
Proteus++ Enterococcus++
Klebsiella+
tiologies Bactriologie
La gangrne des OGE est explique dans environ 80 % des De nombreuses espces bactriennes arobies ou anarobies
cas par une origine locorgionale, avec en particulier trois peuvent tre lorigine dune gangrne des OGE (Tableau 1), le
causes principales : plus souvent en association, ou plus rarement isolment [21, 22].
les causes digestives dans environ 20 % des cas : hmorrodes, Une moyenne de trois germes est prsente dans chaque cas de
sigmodites, appendicites compliques, abcs de la marge gangrne des OGE [23], mais lidentification de certains, notam-
anale, cancers du rectum perfors [9-12] ; ment anarobies, peut savrer difficile.
les causes urinaires et gnitales dans 20 % des cas galement : Les bactries responsables de ce tableau sont commensales de
infection urinaire (abcs rnaux), infection gnitale de type la rgion gnitoprinale et du tractus digestif. Escherichia coli,
pididymite, prostatite, orchite, ou un obstacle urtral de type Streptococcus sp., Staphylococcus et Enterococcus sont les espces
stnose, calcul, et corps tranger intra-urtral [13]. Les causes les plus frquentes [22]. Plus rarement, il est possible disoler
iatrognes secondaires un acte urologique peuvent gale- Proteus, Pseudomonas aeruginosa et certaines klebsielles.
ment donner lieu une gangrne des OGE : sondages ur- Concernant les germes anarobies, Bacteroides est le plus
traux, biopsies transrectales, circoncisions [14-17] ; frquemment rencontr, suivi de Clostridium et de Pepto-
les causes dermatologiques dans 20 % 25 % des cas [11, 18]. streptococcus [24].
La cause reste indtermine dans 20 % des cas environ (5 % Enfin, de manire plus anecdotique, certains germes ou
30 % des cas selon les auteurs) [5, 19, 20]. parasites peuvent entraner une gangrne des OGE par les
2 Urologie
Gangrne des organes gnitaux externes 18-642-A-10
lsions cutanes quils provoquent ; il peut sagir des candidoses, Lge lev ne semble pas tre un facteur de risque ; en effet,
de la filariose et de lonchocercose [25-27]. toutes les classes dge peuvent tre touches, voire dans
certains cas extrmes, des enfants [43].
Physiopathologie
Les diffrentes tapes pathognes aboutissant au tableau de Tableau clinique
gangrne des OGE sont maintenant connues. partir dune
porte dentre, diffrentes espces bactriennes arobies ou La symptomatologie typique de la gangrne des OGE est
anarobies, commensales de la peau ou du tube digestif, classiquement compose de quatre phases de dure variable, et
dissminent dans le tissu sous-cutan de faon synergique. Les inconstamment dcrites dans les observations.
germes arobies utilisent loxygne tissulaire ncessaire leur La premire phase, qui dure entre 24 et 48 heures, est
multiplication. En diminuant ainsi la quantit doxygne totalement aspcifique, le plus souvent insidieuse et passant
localement, ils favorisent le dveloppement des germes anaro- volontiers inaperue. Elle est, de manire inconstante,
bies [28] . Cette synergie bactrienne aboutit la libration constitue de malaises, dirritabilit ou de prostration,
dexotoxines [29] , de protines et de diffrentes enzymes, dune sensation dinconfort digestif, de nauses et de vomis-
spcifiques de chaque espce bactrienne mise en jeu. Pour les sements [6, 41].
germes arobies comme les streptocoques, il sagit de substances La deuxime phase est une phase d invasion propre-
telles que la streptokinase, la streptodornase et la hyaluronidase, ment parler, qui est galement de courte dure. Elle corres-
et de la coagulase pour les staphylocoques. Par exemple, la pond aux phnomnes inflammatoires stendant localement.
streptokinase interagit avec le plasminogne afin de recouvrir le
Les signes fonctionnels sont assez constants et composs
streptocoque de plasmine, et de lui permettre dchapper au
majoritairement dune sensation de gne prinale. cette
systme de dfense de lorganisme [30].
gne peuvent sassocier un prurit, des douleurs prinales ou
Lensemble de cette cascade chimique favorise localement
une hyperagrgation plaquettaire, une hypercoagulation san- scrotales [7]. Les signes cliniques principaux correspondent
guine, une diminution du potentiel doxydorduction [28, 31] et lapparition drythmes scrotaux et prinaux, associs des
une inhibition de la raction phagocytaire [32]. Loblitration dmes. Des signes septiques gnraux peuvent prcder ou
artriolaire qui sensuit entrane dans un premier temps une suivre cette phase dinvasion. Il sagit de fivre, dhypother-
hypoxie tissulaire, puis une ncrose des tissus sous-cutans mie ou de frissons, qui sont rechercher lors de linterroga-
associe une libration de gaz (monoxyde dazote, dhydro- toire.
gne et de sulfate dhydrogne) [23], pouvant se dceler sous la La troisime phase est constitue par lapparition du phno-
forme de crpitants sous-cutans [29] . Une fois cette tape mne ncrotique. En 48 heures, le scrotum devient tumfi,
acheve, un cercle vicieux peut dbuter : la ncrose favorise la dur et exsudatif. Sajoutent ce tableau des phlyctnes
surinfection par prolifration bactrienne et la gangrne peut hmorragiques et des marbrures cutanes. Puis en quelques
ainsi stendre [31]. Cette dissmination fulgurante, 2 3 cm par heures apparaissent des plaques noirtres scrotales, ftides [44],
heure [33, 34] , seffectue le long des fascias prinaux pour dabord localises, mais dont la propension stendre est
atteindre lhypogastre, les lombes, la racine des cuisses, voire remarquable (Fig. 2A, B). Cest cette tape que les crpita-
mme dans certains cas extrmes la poitrine ou la rgion tions neigeuses sous-cutanes sont dcelables dans 60 %
axillaire [20, 35]. des cas [29]. Dans plus de la moiti des cas, cette ncrose
locale stend vers les lombes, la racine des cuisses et parfois
plus distance vers la rgion axillaire par exemple [20, 35].
Facteurs de risque La rapidit de la progression de ces lsions est partiellement
explique par les rapports anatomiques troits entre les
Immunodpression diffrents fascias du prine : la couche membraneuse du
Limmunodpression et lensemble des maladies systmiques fascia de Scarpa en avant et en haut, de Colles en arrire, et
favorisant une diminution notable de limmunit cellulaire de Buck autour des OGE. Contrairement au prine et aux
reprsentent un facteur de risque de gangrne des OGE [36]. tissus pelviens qui sont majoritairement touchs par la
En tout premier lieu, le diabte, a fortiori dsquilibr, est un gangrne des OGE, la vessie, le rectum et les testicules sont
des facteurs de risque majeurs [4, 5]. En revanche, il ne serait particulirement pargns. Ceci est expliqu par un rseau
pas significativement associ un pronostic ultrieur pjora- vasculaire part, propre ces organes. Si lon prend lexem-
tif [4]. ple du scrotum et du testicule, le premier est vascularis par
La sropositivit au virus de limmunodficience humaine une branche de lartre pudendale issue de lartre fmorale,
(VIH) est galement un facteur de risque tabli [37, 38], ainsi tandis que le deuxime est vascularis directement par
que les affections malignes hmatologiques telles que les laorte [5]. Ds lors, si le testicule semble galement touch par
leucmies [39, 40]. la gangrne, il faut rechercher une porte dentre infectieuse
Enfin, lalcoolisme chronique est galement un facteur dorigine rtropritonale ou intra-abdominale [9, 12].
favorisant reconnu [14]. Concernant les signes gnraux, ces derniers sont exacerbs
durant cette phase de ncrose, avec une fivre leve ou au
Autres facteurs de risque contraire une hypothermie, une tachycardie [45]. Le syndrome
septique sintensifie [46], avec une volution vers un sepsis
Ils sont moins vidents ou encore discuts.
svre ou un choc septique dans 30 % des cas [47]. Quant aux
Un niveau socioconomique dfavoris pourrait tre un
facteur favorisant de gangrne des OGE. Cependant, les douleurs, elles samendent spontanment du fait dune
donnes disponibles sont controverses et les biais nombreux. destruction ncrotique des terminaisons nerveuses sensi-
Pour certains, la gangrne des OGE aurait une prvalence plus tives [48].
leve dans les pays pauvres par rapport aux pays dvelop- La quatrime et dernire phase est une phase de rgnra-
ps [41]. Pour dautres, le contexte dfavoris ne semble pas tion spontane qui se fait dans les semaines qui suivent les
jouer de rle ; en effet, lhypothse dune rsistance accrue phases prcdentes [6, 44]. Les signes gnraux samendent
des ethnies africaines face aux diffrents germes responsables progressivement et la cicatrisation dbute par un bourgeon-
des gangrnes des OGE a t envisage, et dautres auteurs nement du fond des lsions. Cette phase se termine par un
mettent lhypothse dune virulence bactrienne amoindrie processus de rpithlialisation centripte [37, 42, 49]. Cette
dans le continent africain [42]. quatrime et dernire phase est longue, pouvant durer
Le sexe masculin semble tre un facteur favorisant avec un plusieurs mois, et est accompagne de rtractions cutanes
sex-ratio qui est de dix hommes pour une femme [5]. inesthtiques entranant une impotence fonctionnelle.
Urologie 3
18-642-A-10 Gangrne des organes gnitaux externes
Examens radiologiques
Bien que le diagnostic de gangrne des OGE soit essentielle-
ment clinique, limagerie peut apporter une aide prcieuse au
clinicien dans sa dmarche diagnostique.
Les examens dimagerie disponibles et ayant montr un
intrt sont historiquement la radiographie standard, mais plus
particulirement lchographie, la tomodensitomtrie (TDM), et
plus rcemment limagerie par rsonance magntique (IRM). Le
rle privilgi de ces examens se joue lorsque le diagnostic de
gangrne des OGE nest pas vident, lorsque le point de dpart
est inconnu, ou lorsque lextension de la maladie est difficile
apprcier cliniquement [23].
La TDM possde la meilleure spcificit pour valuer lexten-
sion de la gangrne des OGE et correspond donc lexamen
dimagerie de rfrence [23, 50]. Elle permet dtudier avec
prcision la cause de la gangrne des OGE, les voies de
dissmination, lexistence de collection, ainsi que lextension
de la maladie [23]. Elle permet de dceler lemphysme sous-
A cutan dans plus de neuf cas sur dix alors que les crpitants
ne sont quinconstamment prsents cette tape de linfec-
tion [51]. Enfin, la TDM peut tre rpte dans le temps et ce
mme en postopratoire afin de juger de lvolution de la
situation et dune ventuelle ncessit de reprise chirurgicale.
Concernant lchographie, il sagit galement dun examen
performant qui permet de mettre en vidence lair sous-
cutan, a fortiori en labsence de crpitants. Elle permet
dcarter un diagnostic diffrentiel tel quune orchipidi-
dymite ou une hernie inguinale oblique externe trangle [50].
Enfin, lutilisation de la fonction Doppler permet de surveiller
la vascularisation testiculaire lors dune ventuelle transposi-
tion testiculaire dans le creux inguinal [52].
Enfin, la radiographie standard centre sur la rgion scrotale
est un examen historiquement utile mais beaucoup moins
performant que la TDM ou lchographie [23]. Elle permet au
clinicien de mettre en vidence une hyperclart correspon-
dant de lair sous-cutan avant mme quil soit dcelable
cliniquement [51]. En revanche, la faiblesse de cet examen
B rside dans le fait quil ne permet pas dapprhender de
manire prcise une cause de gangrne des OGE ni mme son
Figure 2. Gangrne des organes gnitaux externes au stade ncro- extension. La radiographie standard na donc plus ce jour
tique. quun intrt limit, voire inexistant dans les structures o
dautres moyens dimagerie sont disponibles.
Depuis quelques annes, certains auteurs relatent lutilisation
de lIRM dans la gangrne des OGE. Kickuth et al. ont
Examens complmentaires montr que lIRM tait suprieure lchographie dans
lidentification de la porte dentre, ainsi que dans le bilan
dextension de la maladie [53].
Examens biologiques La rfrence en matire dimagerie dans la gangrne des OGE
reste pour le moment la TDM, mme si le clinicien peut adapter
Les examens biologiques, totalement aspcifiques, ne rentrent sa dmarche paraclinique en fonction des disponibilits locales
pas dans la dmarche diagnostique de la gangrne des OGE, et des diffrents plateaux techniques.
puisque celle-ci est clinique. En revanche, certaines anomalies
biologiques sont frquentes comme une hyperleucocytose [45],
dautres sont plus rares : une anmie, une thrombopnie ou a Risques volutifs et facteurs
contrario une thrombocytose [23]. pronostiques
Sur le plan ionique et biochimique, il existe frquemment
une dshydratation, une hyponatrmie ainsi quune augmenta- Comme expliqu plus haut, la gangrne des OGE est greve
tion des phosphatases alcalines [4, 45]. Il peut sassocier une dune lourde morbimortalit et ce malgr les progrs raliss
dans les domaines de la ranimation et de la chirurgie recons-
hyperkalimie, une hyperglycmie, une hypoalbuminmie et
tructrice [4, 47, 54, 55]. Ceci peut tre expliqu par un ge de
une acidose mtabolique [4].
survenue plus tardif tant donn un accroissement de la
Sur le plan bactriologique, il est ncessaire de rechercher
longvit, et des comorbidits plus nombreuses. Tuncel et al.
toutes les portes dentre potentielles. Les hmocultures sont ont dailleurs montr que les dcs survenaient dans plus de
systmatiques, mais elles ne sont contributives que dans 20 % 60 % des cas chez des patients ayant au moins deux comorbi-
37 % des cas, a fortiori chez les immunodprims [17, 45]. dits [4].
Lexamen cytobactriologique des urines nest contributif quen Les causes de dcs dans les gangrnes des OGE sont repr-
cas de cause urologique. sentes essentiellement par les chocs septiques, les coagulo-
Enfin, les prlvements locaux vise bactriologique sont pathies, la coagulation intravasculaire dissmine, linsuf-
ncessaires et rentables, puisquils permettent didentifier le fisance rnale aigu, la dfaillance multiviscrale et lacidoc-
germe dans 75 % 95 % des cas [20, 45]. Une mise en culture tose diabtique [4].
rapide en milieux arobie et anarobie de pus ou de tissus Il faut ajouter galement les consquences court et moyen
ncross, en minimisant le contact avec lair, permet didentifier termes, lies la ranimation et au dcubitus, qui ne sont pas
le ou les germes en cause et dobtenir ainsi un antibio- tudies clairement dans la littrature. En effet, ces complica-
gramme [29]. tions, quelles soient infectieuses, thromboemboliques,
4 Urologie
Gangrne des organes gnitaux externes 18-642-A-10
Tableau 2.
Fourniers Gangrene Severity Index (daprs Laor et al) [22].
Frquence cardiaque (/min) > 180 140-179 110-139 - 70-109 - 55-69 40-54 < 39
Frquence respiratoire (/min) > 50 35-49 - 23-34 12-24 10-11 6-9 - <5
Natrmie (mmol/l) > 180 160-179 155-159 150-154 130-149 - 120-129 111-119 < 110
Kalimie (mmol/l) >7 6-6,9 - 5,5-5,9 3,5-5,4 3-3,4 2,5-2,9 - < 2,5
Nombre de leucocytes (/mm3 1 000) > 40 - 20-39,9 15-19,9 3-14,9 - 1-2,9 - <1
Bicarbonate srique (mmol/l) > 52 41-51,9 - 32-40,9 22-31,9 - 18-21,9 15-17,9 < 15
nutritionnelles, peuvent grever la morbidit de manire Pour conclure, le pronostic de la gangrne des OGE semble
notable, et sont prendre en compte dans le pronostic, a tre dtermin par de nombreux facteurs dont la plupart sont
fortiori si lhospitalisation a t longue [5]. Pour mmoire, la maintenant bien connus. Cependant, les donnes de la littra-
dure dhospitalisation moyenne pour une gangrne des OGE ture sont contradictoires pour certains dentre eux, et leur
est de 74 jours (2-300 j) [5, 55]. association sous la forme de score pronostique semble encore
Enfin, pour les patients survivants, les risques long terme imparfaite.
sont fonctionnels, esthtiques (dlabrements cutans impor-
tants, reconstructions esthtiques difficiles) et psychologiques
la suite des modifications ventuelles du schma corporel
Prise en charge thrapeutique
(drivations urinaires et digestives, pnectomie, orchidec- Le traitement des gangrnes des OGE repose sur deux axes
tomie). principaux : le premier est une prise en charge mdicale dans
Concernant le pronostic des gangrnes des OGE, il est une unit de soins intensifs, et le deuxime est une prise en
difficile apprhender et de nombreux facteurs ont t envisa- charge chirurgicale, plus ou moins radicale et rpte dans le
gs. Ceci a amen plus dune dizaine dauteurs essayer de temps. Lensemble de cette prise en charge doit seffectuer en
dfinir des paramtres pertinents, permettant dtablir le extrme urgence car le pronostic vital est engag.
pronostic et aboutissant ainsi la cration de scores ou
dindex [4, 7, 22, 47, 56-59] . Un des scores qui semble le plus Prise en charge spcifique
pertinent, le Fourniers Gangrene Severity Index (FGSI), prend
en compte diffrents critres ladmission, aussi bien cliniques Antibiothrapie
que biologiques [22]. Les critres cliniques sont la temprature Il sagit dun point essentiel du traitement tant donn
corporelle, les frquences cardiaque et respiratoire. Les critres quelle permet de contrer le phnomne infectieux systmique.
biologiques, quant eux, comprennent la natrmie, la kalimie, Elle doit tre instaure en urgence, avant la ralisation des
la cratininmie, lhmatocrite, le nombre de leucocytes et le prlvements bactriologiques. Elle doit tre large, intraveineuse,
taux srique de bicarbonates (Tableau 2). empirique ayant pour spectre les bacilles Gram ngatif, les
Toutes les valeurs extrmes apportent un nombre lev de streptocoques, les staphylocoques, le pyocyanique et les ana-
points (cots entre 0 et +4). Une valeur normale correspond robies. Elle implique donc lutilisation dune cphalosporine de
0 point. Le score final est gal laddition des scores de chaque 3 e gnration associe un aminoside afin dobtenir une
item, et peut en thorie aller de 0 36. Dans un article trs synergie antibactrienne. Il est classique dutiliser en association
rcent, Kabay et al. tablissent une valeur seuil de ce score un antibiotique anti-anarobie. En effet, mme si son action
10,5 [47]. En effet, 96 % des patients ayant un FGSI suprieur peut sembler redondante avec les deux premires classes
10,5 dcdent, et 96 % des patients ayant un score infrieur utilises, sa pntration tissulaire est excellente. Cependant,
10,5 survivent. Norton et al. nont pas mis en vidence un ventuel intrt
Cependant, il est noter que le FGSI ne prend pas en compte utiliser une triple antibiothrapie [59].
dautres lments jugs tout aussi importants par dautres Une fois tablie la caractrisation des espces bactriennes
auteurs. Pour Tuncel et al., le FGSI napporte pas de rsultat mises en jeu, il est possible dadapter lantibiothrapie, mais
significatif lors de son utilisation ; en revanche, la surface tant donn les difficults didentification des anarobies, il est
cutane touche par la gangrne serait, quant elle, un facteur frquent de maintenir une antibiothrapie large jusqu dispa-
pronostique significatif [4]. Malgr la confirmation de cet item rition de tout syndrome infectieux clinicobiologique, cest--
comme facteur pronostique par plusieurs quipes diffrentes [6, dire entre 2 et 6 semaines en pratique.
7, 17], dautres auteurs ne semblent pas le confirmer comme un
Urologie 5
18-642-A-10 Gangrne des organes gnitaux externes
Figure 3. Aspect postopratoire immdiat dune gangrne des organes Figure 5. Aspect local postopratoire aprs greffe de peau mince fai-
gnitaux externes. Noter la prsence dune sonde vsicale et dune lame blement expanse.
de Delbet.
6 Urologie
Gangrne des organes gnitaux externes 18-642-A-10
Miel
Le miel appliqu localement aprs le dbridement chirurgical
aurait des vertus antiseptiques et antifongiques grce certains
composs comme le peroxyde dhydrogne (antiseptique
notamment antianarobie), lacide phnolique (modifications de
la permabilit membranaire) et les flavonodes (anti-
oxydants) [47, 73]. Par ailleurs, il sagit dun compos hypertoni-
que favorisant la diminution des phnomnes inflammatoires et
dmateux aprs dtersion des lments ncrotiques [47].
Antibiotiques locaux
Certains auteurs ont utilis des antibiotiques topiques
(solutions, crmes) aprs le dbridement chirurgical [65]. Leur
efficacit reste encore dterminer.
Figure 6. Aspect local distance de la reconstruction chirurgicale.
Oxygnothrapie hyperbare (OTH)
Cette technique tait base sur le fait que lOTH pouvait
atteinte prjudiciable de la fonction spermatique. Quant au inhiber la prolifration des anarobies. Son efficacit repose sur
rsultat esthtique final, il affecte peu ces patients (Fig. 6). des phnomnes biologiques rcemment tudis : augmentation
Cependant et distance de lintervention et du processus des capacits de destruction des arobies par les leucocytes,
infectieux, lorsque ce rsultat esthtique est mal tolr, une stimulation de la formation des fibres de collagne, rsistance
reconstruction par lambeau local peut tre alors envisage. Le accrue des tissus par augmentation des taux de superoxyde
rgime sans rsidu est maintenu jusquau terme du processus de dismutase (enzyme antioxydante), diminution de ldme,
cicatrisation. Ds la ralisation de la greffe de peau mince, le cration dune zone hyperoxygne jouant le rle dune barrire
dcubitus et linterdiction de toute mobilisation doivent tre contre lextension de linfection, diminution de la production
stricts durant les 3 4 premiers jours en respectant des phases des cytokines pro-inflammatoires [74]. Cependant, laccessibilit
diurnes durant lesquelles la greffe est laisse lair. Ceci un caisson hyperbare est limite (23 centres en France) et la
ncessite un nursing adapt lge et ltat gnral du patient rptition des sances est aussi un facteur limitant son recours
et impose parfois une adaptation de la literie. Ds la prise avre en pratique quotidienne. De plus, des donnes plus rcentes sur
de la greffe, le patient peut progressivement se mouvoir et un impact thrapeutique de lOTH dans les gangrnes des OGE
larrt de la prophylaxie antithrombotique par hparine de bas sont contradictoires [5, 24, 62, 74-76]. Les tudes restent globale-
poids molculaire peut tre envisag. ment insuffisantes pour tablir sa place dans le traitement de la
gangrne des OGE.
Prise en charge non spcifique
Perfusions dimmunoglobulines
Cette prise en charge, dispense dans un service de ranima-
tion, encadre linstauration des traitements antibiotique et Lutilisation des immunoglobulines par voie intraveineuse
chirurgical. Elle est base sur une composante ranimatoire repose sur le principe dempcher lactivation directe des
assez classique, consistant en un traitement de ltat de choc. lymphocytes T par les toxines bactriennes. Si lon prend
Cela induit donc un remplissage vasculaire prcoce et adapt, lexemple de Streptococcus pyogenes, celui-ci libre des exotoxines
associ ou non lutilisation damines vasopressives, ainsi quun qui se comportent comme des superantignes. Ces derniers ont
support transfusionnel ventuel [62] . Une prise en charge la capacit de court-circuiter les tapes habituelles de la
prventive est galement ncessaire : prvention des dcompen- prsentation dun antigne aux lymphocytes T. Ils ont donc la
sations de tares (dcompensation diabtique, cardiaque) et de facult de provoquer une libration massive de cytokines pro-
dcubitus (anticoagulation prventive), prvention du cata- inflammatoires en activant directement les lymphocytes T. Takei
bolisme et du dsquilibre de ltat nutritionnel, si besoin avec et al. ont montr que les immunoglobulines intraveineuses
instauration dune nutrition parentrale [71] ou entrale hyper- comportaient des anticorps qui inhibaient laction de ces
protidique et hypercalorique. superantignes, et pouvaient ds lors avoir un rle dans la
gangrne des OGE en empchant lactivation directe des
lymphocytes T [77]. Malgr des rsultats encourageants sur un
Thrapies controverses, faible nombre de patients, il nexiste actuellement pas de
recommandation concernant lutilisation de ces immuno-
actuelles et futures globulines, et certains les rservent aux patients ayant des
critres de mauvais pronostic et une infection streptocoque
En dehors de lantibiothrapie et de la chirurgie, certaines confirme [78].
quipes ont utilis des traitements complmentaires qui sem-
blent intressants, mais dont lutilit reste encore dfinir.
Conclusion
Vacuum-assisted closure (VAC)
La gangrne des OGE est une affection grave qui, malgr les
Le VAC ou cicatrisation par la technique de pression progrs de la ranimation et des techniques chirurgicales, reste
ngative est utilis par certaines quipes. Ce systme coteux greve dun pronostic pjoratif. Les donnes rcentes laissent
peut tre mis en place au niveau du prine mais plus difficile- merger lespoir de nouvelles ressources thrapeutiques, suscep-
ment que sur dautres rgions anatomiques. Ds lors, son tibles damliorer aussi bien le pronostic que les squelles
utilisation est particulirement intressante pour maintenir des esthtiques et psychologiques. Des tudes complmentaires
greffes de peau sur des surfaces concaves [72]. Le VAC peut tre mthodologiquement fiables restent cependant ncessaires afin
galement intressant dans cette indication, pour sa compo- daboutir une prise en charge standardise et efficace des
sante de drainage des srosits. Dans le service de chirurgie gangrnes des OGE.
Urologie 7
18-642-A-10 Gangrne des organes gnitaux externes
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Toute rfrence cet article doit porter la mention : Berveiller P., May P., Dubosq F., Binder J.-P., Revol M., Servant J.-M., Desgrandchamps F. Gangrne des
organes gnitaux externes. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie, 18-642-A-10, 2011.
Urologie 9
18-035-H-10
Glomrulonphrites aigus
postinfectieuses
B. Ramdani, M. Zamd, K. Hachim, K. Soulami, M. Ezzahidy, M. Souiri, W. Fadili,
A. Lahboub, L. Hanafi, M. Boujida, S. Squalli, A. Benkirane, M.G. Benghanem,
G. Medkouri
Les glomrulonphrites aigus postinfectieuses sont dfinies par une agression inflammatoire aigu non
suppurative prdominance glomrulaire. Leur incidence actuelle est mal connue du fait de la frquence
des formes infracliniques. Le germe le plus frquemment en cause est le streptocoque b-hmolytique du
groupe A. Limmunit humorale joue un rle cl dans la pathognie des lsions rnales. Lactivation du
complment par la voie alterne reprsente le mcanisme prpondrant, mais une troisime voie (voie des
lectines) a t rcemment identifie. La prsentation clinique classique est linstallation brutale dun
syndrome nphritique aigu aprs un intervalle libre dune infection streptococcique. La ponction-biopsie
rnale nest pas ralise en cas de tableau clinique typique et dvolution rapidement favorable. Le
traitement est essentiellement symptomatique, et la prvention est possible grce lamlioration des
conditions dhygine et au traitement prcoce des infections.
2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Glomrulonphrite aigu ; Syndrome nphritique aigu ; Complexes immuns ; Complment ;
Biopsie rnale ; Prolifration endocapillaire ; Infections ; Streptocoque
Nphrologie 1
18-035-H-10 Glomrulonphrites aigus postinfectieuses
influenzae, Salmonella typhi), germes figurs (Mycoplasma pneu- Infection streptococcique initiale
moniae, Coxiella burnetii), champignons (Candida albicans), virus
(varicelle, rougeole, cytomgalovirus, parvovirus B19 et virus Linfection streptococcique est frquente chez les enfants [18].
dEbstein-Barr) et parasites (Plasmodium falciparum). Ces formes Elle peut tre dorigine hospitalire ou ambulatoire [19]. Certai-
non streptococciques sont sporadiques et la nphropathie est nes souches seulement sont capables dinduire une atteinte
parfois contemporaine de lpisode infectieux [1]. rnale et sont ainsi appeles souches nphritogniques .
Lincidence de la GN aprs infection par ces souches est
Incidence variable, et dpend essentiellement du srotype M et du site
dinfection [11].
Lincidence actuelle de la GNAPI est mal connue. Elle est lie Dans une tude ralise en unit de pdiatrie du centre
la frquence des formes cliniques asymptomatiques. Carapetis hospitalier universitaire Ibn Rochd Casablanca, lpisode
et al. estiment quil existe plus de 470 000 cas de glomrulo- infectieux prcdant la survenue de GNAPS a t retrouv chez
nphrite aigu poststreptococcique (GNAPS) dans le monde, presque tous les patients. Il sagissait dune angine dans 30,7 %
responsables de prs de 5 000 dcs/an, avec 97 % dans les pays des cas, dune pyodermite dans 50 % des cas, dune infection
en voie de dveloppement [10]. rhinopharynge dans 11 % des cas et dune otite dans 11,5 %
Les GNAPI sont en nette rgression dans les pays dvelopps. des cas [14].
La raison de ce dclin dincidence nest pas clairement lucide. Les srotypes de la protine M impliqus dans les infections
Il serait li probablement la reconnaissance plus prcoce de la cutanes et qui sassocient aux GN sont les srotypes 2, 42, 49,
maladie, la large utilisation des antibiotiques, lamlioration 56, 57 et 60, alors que les srotypes 1, 4, 12 et 25 sont plutt
des conditions dhygine ainsi qu la modification du potentiel impliqus dans les infections pharynges associes aux GN [11].
nphritognique des souches streptococciques et la suscepti- Dans notre srie, une infection a t retrouve dans 84 % des
bilit de lhte [11-13]. cas. Il sagissait dangines (41,5 % des cas), dune infection
Les GNAPI et en particulier la GNAPS surviennent sous forme cutane (11 % des cas), dune bronchopneumonie (9 % des cas),
sporadique ou pidmique. Les formes sporadiques surviennent dune rhinopharyngite (3 % des cas), dun abcs dentaire (2,5 %
habituellement aprs une infection pharynge, lie au strepto- des cas), dune endocardite (2,5 % des cas), dune otite (1,2 %
coque A de type 12, alors que les formes pidmiques sont lies des cas) et dune fivre typhode (1,2 % des cas).
aux diffrentes souches responsables dinfections soit pharyn-
Aprs la gurison, une protection est acquise contre les
ges, soit cutanes [2].
souches nphritogniques. Cette immunit est protectrice
Les pidmies surviennent essentiellement dans des commu-
contre les rcidives, et semble plus lie aux spcificits et aux
nauts o le niveau dhygine est souvent bas. La malnutrition,
capacits de neutralisation des anticorps qu leur titre [11].
les parasitoses intestinales et lanmie sont particulirement
prpondrantes dans ces milieux [11] . Cest ainsi que des
pidmies ont t rapportes en Afrique, Inde, Pakistan,
Malaisie, Nouvelle-Guine et Amrique du Sud. Physiopathologie
Notre srie a recens 77 cas de GNAPI sur une priode allant
de 2000 2007. Elle reprsente donc la troisime glomrulopa-
thie en termes de frquence aprs les lsions glomrulaires Mcanisme des lsions glomrulaires :
minimes et la GN extramembraneuse.
type de description, la GNAPS
ge et sexe Plusieurs faits suggrent que la GNA est une maladie
complexes immuns comme en tmoignent les similitudes
La survenue de GNAPI est influence par plusieurs facteurs
observes avec la maladie srique exprimentale. La prsence de
dont lge, le sexe, le niveau socioconomique et la prdisposi-
dpts immuns glomrulaires en immunofluorescence, la baisse
tion gntique.
transitoire du complment, la prsence de complexes immuns
La maladie est plus frquente lge scolaire entre 2 et
circulants chez deux tiers des patients durant la premire
12 ans [11]. Elle est plus rare avant lge de 2 ans (moins de
semaine de la maladie, sont autant darguments en faveur de
5 % des cas) en raison de la persistance des anticorps maternels
cette hypothse. Cependant, il nexiste pas de corrlation entre
et de labsence dexposition au streptocoque b-hmolytique du
la svrit de la maladie et les concentrations sriques de
groupe A [14].
complexes immuns [20].
Les sujets de sexe masculin sont plus frquemment atteints,
avec un sex-ratio de 2. La raison de cette prdominance reste Laura et Stickler ont dcrit deux phases dans le processus de
peu claire [11]. constitution des lsions glomrulaires : une premire, aigu,
Dans notre srie, la moyenne dge tait de 19 ans (4-58 ans), secondaire la libration de mdiateurs inflammatoires par
la tranche dge entre 12 et 20 ans tait prdominante avec un mcanisme immun, et une seconde, progressive et chronique,
sex-ratio homme/femme de 2/1. consquence des lsions aigus avec hypertension intraglom-
Des tudes familiales ont suggr une prdisposition gnti- rulaire, sclrose et fibrose [2].
que avec une association probable au systme human leukocyte
antigen (HLA) [15, 16]. Les patients ayant un HLA DR1 et Nphritognicit streptococcique
DRW4 semblent plus susceptibles de dvelopper des lsions
rnales par rapport ceux ayant un HLA DRW48 et BRW8. Les mcanismes trs probablement mis en jeu comportent
Dodge et al. ont rapport une incidence de 20 % de GNA dans tout dabord un mimtisme molculaire entre les fractions des
la fratrie des patients atteints [17]. Cependant, dautres tudes streptocoques et les composants structuraux du rein, le dvelop-
sont ncessaires pour confirmer cette association entre les pement dune raction auto-immune, la liaison plasminogne/
antignes du systme HLA et les GNAPI [1, 11]. plasmine par les protines de surface streptococciques et surtout
Dans notre srie, on a not quatre cas datteinte familiale. la formation de complexes immuns comprenant des antignes
streptococciques dans les glomrules [20].
Distribution saisonnire
Antignes streptococciques nphritogniques
La distribution saisonnire est caractristique des GNAPS [11].
Les formes secondaires aux infections rhinopharynges prdo- En 1911, von Pirquet a suggr que les complexes immuns
minent en hiver et au printemps, alors que celles secondaires reprsentent des corps toxiques responsables de symptmes
aux infections cutanes se voient plus particulirement en t. cliniques ; cependant, la nature de lantigne nphritogne est
La mme distribution est retrouve dans notre srie. reste controverse [3].
2 Nphrologie
Glomrulonphrites aigus postinfectieuses 18-035-H-10
Nphrologie 3
18-035-H-10 Glomrulonphrites aigus postinfectieuses
4 Nphrologie
Glomrulonphrites aigus postinfectieuses 18-035-H-10
Cependant, lincidence de la rcidive a augment de 0,7 % La recherche dun foyer infectieux est souvent ngative ce
7 % ces dernires annes. Le mcanisme physiopathologique stade.
reste imprcis. Plusieurs thories ont t proposes : Les diffrentes manifestations cliniques observes au cours de
certains auteurs suggrent que la rcidive est secondaire la la GNAPS sont rsumes dans le Tableau 2 [46, 49, 50].
suppression de la rponse immunitaire contre les souches
streptococciques nphritogniques lie au traitement prcoce Biologie
par la pnicillinothrapie ; cependant, des rcidives sont
observes mme en labsence de prise dantibiotiques [43] ; Signes rnaux
dautres avancent le rle du dficit slectif en IgA [44] ;
Sdiment urinaire. Lhmaturie est systmatique. Elle est le
enfin, et sachant que les anticorps dirigs contre le NAPLr
plus souvent macroscopique mais une hmaturie microscopique
sont dtects dans 92 % des cas durant les 3 premiers mois
peut tre le seul signe de la maladie. Cette hmaturie est
et persistent longtemps, il a t suggr que labsence de ces
constitue dacanthocytes et de cylindres hmatiques ; ceci est
anticorps pourrait tre lorigine des rcidives [42].
tmoin de son origine glomrulaire [11].
La protinurie est frquente. Elle est habituellement modre,
infrieure 500 mg/24 heures mais elle peut devenir nphroti-
Clinique que dans 5 % 10 % des cas [11].
Insuffisance rnale. Linsuffisance rnale est prsente dans
La prsentation clinique typique de la GNAPI est linstallation 25 % 83 % des cas [45-47]. Elle est plus frquente chez ladulte
brutale dun syndrome nphritique aigu 10 21 jours aprs une et sobserve dans 83 % des cas environ [51]. Llvation transi-
infection par un streptocoque b-hmolytique du groupe A [11]. toire de lure et de la cratinine plasmatiques est due la baisse
Les signes glomrulaires de cette nphropathie sont du dbit de filtration glomrulaire avec un flux sanguin rnal
mineurs [11], mais la surcharge hydrosode est souvent majeure normal ou bas et une fraction de filtration nettement dimi-
et responsable de symptmes graves qui peuvent mettre en jeu nue [45]. La dure de linsuffisance rnale est trs brve et
le pronostic vital [11]. nexcde classiquement pas 3 jours, et les formes oligoanuriques
ncessitant la mise en uvre dune puration extrarnale sont
estimes 8,3 % selon Christopher et al. [50] . La fonction
Type de description : GNAPS tubulaire est habituellement prserve ou lgrement pertur-
be [11]. Une acidose tubulaire hyperkalimique avec hyperchlo-
Signes cliniques rmie (acidose tubulaire type 4) est parfois observe [11].
Le tableau clinique est caractris par lapparition brutale
Signes immunitaires
dune hmaturie et dune protinurie associes un dme,
une HTA et une altration lgre modre de la fonction Les perturbations du systme du complment sont les signes
rnale [11]. biologiques les plus vocateurs de la GNA et sont prsentes quel
Le syndrome nphritique aigu apparat habituellement 1 que soit le germe en cause [52].
2 semaines aprs une infection rhinopharynge et 3 6 semai- On relve une baisse importante de la fraction C3 avec un
nes aprs une infection cutane [45]. taux normal de C4 [11].
Lhmaturie macroscopique est prsente chez 18 % 75,7 % Un monitorage rgulier des taux sriques du complment est
des enfants prsentant une GNAPS [46, 47], les urines sont alors indispensable au cours des GAPS ; une hypocomplmentmie
fonces, urines Coca-Cola ou bouillon sale [11]. Lhma- persistante reprsente une indication de la ponction-biopsie
turie microscopique est constante et peut persister des mois rnale pour liminer dautres diagnostics diffrentiels [53].
aprs la rsolution des symptmes [11].
Les dmes sont trs frquents, retrouvs dans 51,4 % Signes inflammatoires
90 % des cas. Ils sigent la face et aux membres infrieurs
La vitesse de sdimentation est gnralement leve en
chez les adolescents et sont souvent gnraliss chez les jeunes
rapport avec un discret syndrome inflammatoire ; la protine
enfants [45].
C-ractive et les facteurs rhumatodes sont dans les limites de la
LHTA est observe dans 60 % 100 % des cas [45-47], elle est
normale [2].
systolodiastolique et habituellement lgre modre. Cepen-
dant, le tableau dhypervolmie et de congestion circulatoire Signes infectieux
peut dominer le tableau clinique, et entraner un dme
pulmonaire ou une encphalopathie hypertensive [48]. Le prlvement de gorge est souvent ngatif, mme au dbut
Une oligurie transitoire est observe chez environ 50 % des de la nphropathie [11].
enfants, lanurie est plus rare [11]. La dtection danticorps contre un antigne streptococcique
Dautres symptmes non spcifiques peuvent tre observs apporte des arguments en faveur dune infection streptococcique
tels que des nauses, des vomissements, une anorexie, des rcente [30]. En pratique clinique, des dosages rpts du titre des
douleurs lombaires et abdominales [11]. anticorps antistreptolysine (ASLO), antidsoxyribonuclase B
Tableau 2.
Manifestations cliniques des glomrulonphrites aigus poststreptococciques.
Symptmes (%) Rodriguez-Iturbe [49] Christopher [50] Scrace [46] Notre srie
Enfants Sujet g
Hmaturie 100 100 100 100 100
Protinurie 80 92 37,8 100 93,6
dmes 90 75 51,4 64 92,2
Hypertension 60-80 83 67,6 100 58,4
Oligurie 10-50 58 - - 64,9
Dyspne, insuffisance cardiaque <5 43 5,6 - -
Syndrome nphrotique 4 20 - - 50,6
Insuffisance rnale 25-40 83 81,1 - 77,9
Nphrologie 5
18-035-H-10 Glomrulonphrites aigus postinfectieuses
Figure 3. Glomrulonphrite aigu poststreptococcique. Prolifration Figure 4. Glomrulonphrite aigu poststreptococcique. Glomrulo-
endocapillaire et infiltration de cellules circulantes. Trichrome de Masson, nphrite prolifrative avec croissant pithlial segmentaire (flche). Tri-
400. chrome de Masson, G40.
6 Nphrologie
Glomrulonphrites aigus postinfectieuses 18-035-H-10
Figure 6. Glomrulonphrite aigu poststreptococcique. Prolifration Figure 8. Glomrulonphrite aigu poststreptococcique. Prolifration
endocapillaire, infiltration de cellules circulantes et prsence de humps endocapillaire, infiltration de cellules circulantes et prsence de humps.
(flches). Trichrome de Masson, 1 000. Trichrome de Masson.
Diagnostic diffrentiel
Ces dpts peuvent tre confluents et disposs de faon Le diagnostic diffrentiel de la GNAPS comprend diverses
linaire le long de la MBG, ralisant un aspect en guirlande [1]. nphropathies glomrulaires primitives ou secondaires se
Aux stades tardifs de la maladie, les dpts de C3 demeurent manifestant cliniquement par un syndrome nphritique aigu.
confins aux aires msangiales. Lorientation diagnostique se fait alors par le monitorage du
complment srique et lexistence de signes cliniques, biologi-
Microscopie lectronique ques et histologiques spcifiques [45].
Les glomrulopathies primitives sont reprsentes par la GN
Ltude en microscopie lectronique na pas dintrt dia-
membranoprolifrative, la nphropathie IgA, la nphrite
gnostique. Elle montre la prsence de dpts denses sous-
anticorps anti-MBG et la GN extracapillaire idiopathique [2].
pithliaux nombreux durant les premires semaines et qui
Les maladies de systme qui posent le plus souvent un
disparaissent graduellement au bout de 6 semaines [1].
problme de diagnostic diffrentiel avec la GNAPS sont le lupus
Quelques dpts intramembraneux (lamina densa), sous-
rythmateux systmique et les vascularites, en particulier la
endothliaux, msangiaux et parfois le long de la capsule de
priartrite noueuse, la polyangite microscopique, la granulo-
Bowman peuvent galement tre observs [1].
matose de Wegener et la cryoglobulinmie essentielle [2].
Le Tableau 3 regroupe les diffrentes causes de syndromes
Diagnostic positif nphritiques aigus.
Nphrologie 7
18-035-H-10 Glomrulonphrites aigus postinfectieuses
Tableau 3.
Principales causes des syndromes nphritiques aigus.
Complment bas Complment normal
Maladies rnales Glomrulonphrite aigu poststreptococcique Nphropathie immunoglobuline A
Glomrulonphrite membranoprolifrative Glomrulonphrite rapidement progressive idiopathique
Maladie anticorps antimembrane basale glomrulaire
Maladies complexes immuns
Maladies systmiques Lupus rythmateux systmique Polyangite microscopique
Endocardite bactrienne subaigu Vascularite dhypersensibilit
Nphrite de shunt Granulomatose de Wegener
Cryoglobulinmie Purpura rhumatode
Syndrome de Goodpasture
Abcs viscraux
8 Nphrologie
Glomrulonphrites aigus postinfectieuses 18-035-H-10
Nphrologie 9
18-035-H-10 Glomrulonphrites aigus postinfectieuses
Tableau 5.
Protocoles utiliss dans certaines sries de glomrolunphrites aigus postinfectieuses extracapillaires et rsultats obtenus.
Auteurs Pays/anne Nombre Suivi % des glomrules Traitement Dcs IRCT IR stable FR normale
de cas (mois) avec croissants
par ge
El Housseini gypte/2005 23/E+A 41 > 50 % 5 bolus de MP a 3 (13 %) 3 (13 %) 7 (30,5 %) 10 (43,5 %)
et al. [60] + CS VO (4 sem)
Montseny [51] France/1995 17/E+A NP NP Bolus de MP + CS 2 (11,7 %) 2 (11,7 %) 5 (29,5 %) 5 (29,5 %)
VO + bolus de CP b
E : enfant ; A : adulte ; NP : non prcis ; MP : mthylprdnisolone ; CS : corticostrodes ; VO : voie orale ; CP : cyclophosphamide ; Sem : semaines ; IR : insuffisance rnale ;
IRCT : insuffisance rnale chronique terminale ; FR : fonction rnale.
a
la dose de 10 mg/kg/j suivis de 1 mg/kg/j par VO.
b
Huit patients ont reu les deux traitements.
c
Trois perdus de vue.
Tableau 6.
Facteurs pronostiques de la glomrulonphrite aigu postinfectieuse.
Facteurs de mauvais pronostic Facteurs de bon pronostic
ge suprieur 60 ans [75] Sige de linfection dans les voies respiratoires suprieures
Association une maladie sous-jacente [64] Prolifration endocapillaire pure et aspect en ciel toil
Infection persistante [70] limmunofluorescence [51]
Taux de la cratininmie suprieur 2,7 mg/dl lors du tableau initial [51]
Dans une srie de 138 enfants atteints de GNAPS, gs de 3 principaux lments du diagnostic positif. La biopsie rnale
14 ans, on a not la disparition de lhmaturie microscopique nest pas systmatique et reste indispensable pour tayer les
aprs 6 48 mois et de la faible protinurie aprs 3 24 mois, divers diagnostics diffrentiels devant un syndrome nphritique
avec normalisation du complment aprs 8 semaines dans 97 % aigu, en particulier chez ladulte. lhistologie, il sagit dune
des cas [14]. GN prolifrative endocapillaire pure exsudative, avec fixation
Cependant, la gurison ne doit pas exclure le fait que le granulaire et paritale du C3. Lvolution est souvent favorable
nombre rduit des nphrons intacts subit des changements dans les formes typiques, mais de plus en plus de cas dassocia-
hmodynamiques avec le temps, et que lhyperfiltration rsul- tion avec une GN ncrosante croissants, de pronostic plus
tante peut causer dautres lsions rnales avec rapparition des rserv, sont rencontrs dans notre exprience.
anomalies urinaires et de lHTA [65, 66]. Ainsi, un antcdent de .
10 Nphrologie
Glomrulonphrites aigus postinfectieuses 18-035-H-10
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B. Ramdani ([email protected]).
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Service de nphrologie hmodialyse, Centre hospitalier Ibn Rochd, Casablanca, Maroc.
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M.G. Benghanem.
G. Medkouri.
Unit de nphrologie, Centre hospitalier Ibn Rochd, Casablanca, Maroc.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Ramdani B., Zamd M., Hachim K., Soulami K., Ezzahidy M., Souiri M., Fadili W., Lahboub A., Hanafi L.,
Boujida M., Squalli S., Benkirane A., Benghanem M.G., Medkouri G. Glomrulonphrites aigus postinfectieuses. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Nphrologie, 18-035-H-10, 2009.
12 Nphrologie
18-037-E-10
Glomrulonphrites extracapillaires
B. Seitz, V.L.M. Esnault
Les glomrulonphrites extracapillaires (GNEC) sont caractrises par la prsence dune prolifration
cellulaire en forme de croissant plus ou moins circonfrentiel entourant le floculus glomrulaire, associe
une raction inflammatoire parfois majeure, susceptible dvoluer vers une sclrose transformant les
glomrules en pain cacheter . Le diagnostic de GNEC est classiquement port lorsque les lsions
glomrulaires intressent plus de 50 % des glomrules sur une biopsie en comportant au moins une
dizaine. Ltude en immunofluorescence apporte des renseignements prcieux dordre tiologique. Le
tableau clinique est une glomrulonphrite rapidement progressive (GNRP) avec insuffisance rnale
progressive en quelques jours ou semaines, associe une protinurie et une hmaturie. Parfois, des
manifestations extrarnales rvlent la maladie responsable. Ces maladies sont classes en trois groupes
en fonction de laspect des lsions observes en immunofluorescence. Le premier groupe est caractris
par des dpts linaires dimmunoglobulines G le long des membranes basales glomrulaires et
correspond la maladie de Goodpasture, associe la prsence dautoanticorps antimembrane basale
glomrulaire. Dans le deuxime groupe htrogne des GNEC avec dpts granuleux
dimmunoglobulines, la formation de complexes immuns a t incrimine, mais leur rle pathogne na
pas toujours pu tre dmontr. Le troisime groupe des GNEC sans dpt important dimmunoglobulines,
anciennement appel GNEC pauci-immune, est associ le plus souvent la prsence dautoanticorps
anticytoplasme des polynuclaires neutrophiles (anti-neutrophil cytoplasmic antibodies [ANCA]),
principalement dans le cadre de la maladie de Wegener et de la polyangite microscopique. Enfin,
certaines glomrulopathies primitives se compliquent parfois dune prolifration extracapillaire. Le
pronostic rnal est souvent sombre si un traitement nest pas dbut en urgence. Un diagnostic prcoce
est donc indispensable, orient par les signes extrarnaux et le bilan immunologique, et confirm dans les
meilleurs dlais par une biopsie rnale qui, de plus, donne des lments pronostiques. En dehors de
certaines GNEC du groupe II, le traitement dinduction classique associe corticodes et cyclophosphamide,
ainsi que des changes plasmatiques en cas de maladie de Goodpasture. Une fois la rmission obtenue,
un traitement dentretien prolong est ncessaire pour les GNEC du groupe III, car les rechutes sont
frquentes. Les effets secondaires induits par ces traitements immunosuppresseurs (infections
opportunistes et noplasies) incitent poursuivre la recherche du traitement minimal efficace ayant le
meilleur rapport bnfice/risque.
2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Nphrologie 1
18-037-E-10 Glomrulonphrites extracapillaires
Introduction
Les glomrulonphrites extracapillaires (GNEC) sont caract-
rises par la prsence dune prolifration cellulaire en forme de
croissant plus ou moins circonfrentiel entourant le floculus
glomrulaire et les cellules dites endocapillaires (endothliales et
msangiales). Une certaine confusion existe avec la notion
clinique de glomrulonphrite rapidement progressive (GNRP)
qui dsigne une insuffisance rnale dinstallation rapide en
quelques semaines dans un contexte biologique datteinte
glomrulaire. Outre le fait quun terme danatomie pathologique
ne peut pas tre synonyme dun fait clinique, ces deux entits
ne sont pas strictement superposables en pathologie humaine.
En effet, certaines GNEC peuvent entraner une dgradation
lente de la fonction rnale [1], et inversement dautres atteintes
histologiques (syndrome hmolytique et urmique, sclroder-
mie) se rvlent parfois par un tableau de GNRP.
Lensemble des maladies pouvant induire des GNEC a t
progressivement dmembr en trois groupes correspondant un Figure 1. Croissant un stade prcoce.
dbut de classification tiologique et pathognique [2] . La A. Coloration de Jones ( 250) : rupture des basales capillaires (flche
maladie des anticorps antimembrane basale glomrulaire a t simple), irruption de fibrine dans lespace urinaire (double flche).
le premier et reste le seul type clairement identifi. Dans le B. Coloration du trichrome ( 250) : multiplication des cellules pithlia-
deuxime groupe inhomogne des GNEC avec gnralement les paritales mles de la fibrine (flche simple), afflux de leucocytes
dpts granuleux dimmunoglobulines (Ig), la formation de (double flche).
complexes immuns a t incrimine, mais leur rle pathogne
na pas toujours pu tre dmontr. Plus rcemment, le troisime
groupe des GNEC sans dpt important dIg sest rvl carac-
tris le plus souvent par la prsence danticorps circulants anti-
constituants cytoplasmiques des polynuclaires neutrophiles
(anti-neutrophil cytoplasmic antibodies [ANCA]) avec ou sans
lsions de vascularite systmique. Par ailleurs, certaines glom-
rulopathies primitives se compliquent parfois dune prolifra-
tion extracapillaire un stade plus ou moins tardif de leur
volution.
Anatomie pathologique
Description des lsions
Le diagnostic de GNEC est un diagnostic anatomopathologi-
que dfini par un aspect caractristique en microscopie optique.
Lexamen en immunofluorescence apporte des lments indis-
pensables pour le diagnostic tiologique. Cette lsion nest pas
spcifique, mais le reflet dune agression particulirement svre Figure 2. Croissant segmentaire floride (coloration du trichrome
de la membrane basale. 160). En priphrie, importante prolifration pithliale mle quelques
leucocytes, en surface abondant rseau fibrineux. Le floculus est refoul
Dfinition par ce croissant.
2 Nphrologie
Glomrulonphrites extracapillaires 18-037-E-10
Nphrologie 3
18-037-E-10 Glomrulonphrites extracapillaires
Tableau 1.
Classification tiologique des glomrulonphrites extracapillaires.
Type I : glomrulonphrites avec anticorps Primitive Maladie de Goodpasture
antimembrane basale glomrulaire Secondaires (rares) Glomrulonphrite extramembraneuse [4]
Lymphome
Amylose [5]
et D-pnicillamine [7]
Lithotritie [8]
Syphilis [18]
Lpre [19]
Tuberculose [21]
Cytomgalovirus [22]
Toxicomanes [13]
Amylose [30]
Sarcodose [32]
Takayasu [38]
Horton [39]
Churg-Strauss [40]
Vascularite rhumatode
Polyarthrite rhumatode [41]
Bucillamine [43]
Phnylbutazone [44]
Rifampicine [45]
nalapril [46]
Streptokinase [47]
Immunothrapie [48]
Des cytokines pro-inflammatoires, et en particulier lIL-1 et le (sTNFrp55), ou danticorps anti-LFA1 ou anti-ICAM1 prvient la
TNF-a [59, 60], sous la dpendance du facteur de transcription formation des croissants dans certains modles expri-
nuclaire NF-kappa-B [61], augmentent lexpression de molcules mentaux [62-64].
dadhsion (slectine, intgrine) la surface des cellules La migration des cellules inflammatoires entre les cellules
endothliales, et favorisent lactivation et la diapdse des endothliales vers la chambre urinaire seffectue selon un gradient
leucocytes [58]. Chez lanimal, ladministration de lantagoniste dagents chimiotactiques : fraction du complment (C5a),
du rcepteur lIL-1 (IL1-RA), du rcepteur soluble du TNF-a chimiokines (MCP-1, IL-8, RANTES), lipides (LTB4, PAF), protines
4 Nphrologie
Glomrulonphrites extracapillaires 18-037-E-10
Nphrologie 5
18-037-E-10 Glomrulonphrites extracapillaires
extracapillaire, soit demble, soit secondaire [104] . Certains Les arguments en faveur du caractre pathogne des ANCA
germes, en particulier Staphylococcus epidermidis, sont capables restent principalement indirects malgr une tude de transfert
dinduire une lsion directe du capillaire glomrulaire sans des ANCA chez lanimal [122] et de rares cas de transmission
fixation dIg, et les taux sriques des fractions C3 et C4 du maternoftale dmontre [123]. La spcificit des ANCA pour les
complment restent parfois normaux. Des facteurs gntiques et vascularites systmiques approche 99 % [124]. Une ascension des
environnementaux semblent ncessaires linduction de la taux dANCA prcde gnralement la rechute clinique [125]. Les
maladie, car lors dune pidmie lun de ces germes nphri- patients sans ANCA dtectable ne prsentent en principe pas de
tognes , tous les malades ne prsentent pas une glomrulo- rechutes [126], alors que la persistance dun taux significatif
nphrite et la prsentation clinique est diffrente dun patient dANCA en rmission augmente le risque de rechute [127] .
lautre. Dautres infections bactriennes se compliquent Dautre part, des travaux exprimentaux ont dmontr que les
exceptionnellement dune GNEC (Tableau 1). ANCA pouvaient induire une stimulation des polynuclaires
Les infections bactriennes sont plus rarement associes des
neutrophiles avec production de radicaux oxygns et dgranu-
glomrulonphrites sans dpt de complexes immuns idiopa-
lation denzymes protolytiques [128], ainsi que des lsions de
thiques [105] ou une vascularite systmique avec ANCA [106].
cellules endothliales en culture [121]. Les monocytes sont aussi
Les maladies virales se compliquent rarement de GNEC. Une
activs par les ANCA [129] . Ces vnements ncessitent un
hpatite B peut tre associe une glomrulonphrite extra-
membraneuse, mais la prolifration extracellulaire reste excep- priming des neutrophiles par des cytokines inflammatoires qui
tionnelle [107]. Lhpatite C se complique parfois dune permettent la translocation des antignes cibles des ANCA la
cryoglobulinmie mixte de type 2 avec glomrulonphrite surface de la cellule [130]. Le niveau dexpression des antignes
membranoprolifrative de type 1, mais la prolifration extraca- cibles la surface des neutrophiles pourrait constituer un
pillaire reste exceptionelle [26, 108]. Une priartrite noueuse se facteur de risque de la maladie [131] . Les antignes cibles
dveloppe parfois au cours dhpatites B ou C, mais ces vascu- pourraient aussi tre librs par des neutrophiles adjacents et
larites touchant les troncs moyens entranent une ischmie tre adsorbs passivement la surface des cellules [132]. Lanti-
glomrulaire sans GNEC [109]. Une GNEC est exceptionnelle au gne est engag par les ANCA, et la fraction Fc de lautoanti-
cours dune infection cytomgalovirus [22] ou du sida [23]. corps se fixe aux rcepteurs FccRIIa [133] et RIIIb [134],
aboutissant la transduction dun message dactivation intra-
Lupus rythmateux aigu dissmin cellulaire, qui ncessite aussi dautres cofacteurs [135]. Lactiva-
tion des neutrophiles par les ANCA ncessite une adhsion des
Une prolifration extracapillaire survient dans les glomrulo-
neutrophiles grce aux intgrines [136], qui est facilite par les
nphrites prolifratives focales (classe III) et surtout diffuses
ANCA [137]. Lactivation est enfin amplifie par des boucles
(classe IV) [24] , secondairement des dpts de complexes
immuns [110] . Le diagnostic est voqu devant des dpts rgulatrices [138, 139]. Par ailleurs, les ANCA acclrent lapoptose
msangiaux sous-endothliaux et endomembraneux massifs des neutrophiles et interfrent avec la clairance des corps
dIgG, A et M, de C3, C4 et Clq, avec prsence de corps apoptotiques par les macrophages [140]. Des travaux exprimen-
hmatoxyliques. Plus rarement, il sagit dun syndrome hmo- taux rcents ont galement montr le rle de la voie alterne du
lytique et urmique avec ou sans anticorps antiphospholipi- complment dans la gense des lsions inflammatoires [141].
des [111] ou dexceptionnelles vascularites lupiques [112]. La cause de lapparition des ANCA reste souvent incon-
nue [121]. Au cours de lapoptose des neutrophiles, les antignes
Nphropathies dpts msangiaux cibles des ANCA sont exposs la surface des cellules [142]. Ces
dimmunoglobulines A phnomnes dapoptose pourraient tre exacerbs par certaines
conditions pathologiques, comme lexposition chronique la
Une prolifration extracapillaire diffuse peut atteindre jusqu silice, qui constitue un facteur de risque de dvelopper une
100 % des glomrules au cours des nphropathies dpts
vascularite ANCA [49] . Une exposition massive de corps
msangiaux dIgA, en particulier dans les formes avec atteintes
apoptotiques aboutit une rupture de la tolrance et lappa-
extrarnales du purpura rhumatode [25] . Latteinte rnale
rition des ANCA [143]. Une anomalie de la rgulation de lapop-
initiale est souvent plus svre chez ladulte, et le pronostic
tose des neutrophiles (augmentation de la production, clairance
rnal distance moins bon [113]. Elle peut apparatre loccasion
dune grossesse [114], tre associe une cirrhose hpatique [115] anormale) pourrait donc jouer un rle dans la gense de la
et rcidiver en postgreffe [116]. Il existe des formes frontires maladie [144].
avec les vascularites avec ANCA disotype IgA ou IgG [117, 118]. Toutefois, des facteurs autres que les ANCA pourraient
contribuer la gense de ces maladies. Il existe certainement un
rle pour limmunit cellulaire chez ces patients [145, 146], mais
Glomrulonphrites avec ANCA lascension des ANCA semble prcder laugmentation de lIL-2R
Trois vascularites sont habituellement associes la prsence soluble [147]. Un dfaut de la balance protase/antiprotase a t
dANCA : la granulomatose de Wegener, la polyangite micros- voqu chez des patients prsentant des anticorps anti-PR3 et
copique et la maladie de Churg-Strauss [36]. Parmi celles-ci, un dficit en alpha1-antitrypsine, inhibiteur de lactivit
seules les deux premires sont frquemment associes des protolytique de la PR3 [148-150], et constitue un facteur de
GNRP. La situation est comparable chez lenfant [119]. gravit de la maladie [151].
Les ANCA sont gnralement des IgG, mais parfois aussi des
IgM la phase aigu de la maladie [120]. Ces anticorps sont
dirigs contre des protines contenues dans les granules des
polynuclaires neutrophiles. Les deux principales spcificits Description clinique gnrale
antigniques reconnues par les ANCA dans les vascularites
Le tableau clinique est gnralement celui dune GNRP avec
systmiques sont la protinase 3 (PR3) et la myloperoxydase
(MPO) [121]. Les anticorps anti-PR3 produisent une fluorescence une dgradation en quelques semaines de la fonction rnale,
cytoplasmique granuleuse sur neutrophiles fixs lalcool associe une hmaturie parfois macroscopique et une
(C-ANCA), et les anti-MPO une fluorescence prinuclaire protinurie rarement nphrotique. Certains patients prsentent
(P-ANCA) en raison de la redistribution de leur cible antigni- toutefois une installation insidieuse de la maladie avec des
que autour du noyau aprs fixation des polynuclaires lalcool. pousses successives pouvant passer inaperues [1]. Lhyperten-
Il nexiste pas de corrlation parfaite entre spcificit antigni- sion artrielle est surtout prsente dans les formes les plus
que et expression clinique de la maladie. Toutefois, la plupart svres [152] et chez les sujets gs [153]. Les examens compl-
des patients prsentant une granulomatose de Wegener ont des mentaires, en particulier biologiques, orientent le diagnostic et
anticorps anti-PR3, alors quune proportion plus importante de sont choisis en fonction du contexte clinique et des signes
patients prsentant une polyangite microscopique ou une extrarnaux (Tableau 2). Le diagnostic est rapidement confirm
GNEC idiopathique ont des anticorps anti-MPO [121]. par une biopsie rnale.
6 Nphrologie
Glomrulonphrites extracapillaires 18-037-E-10
Nphrologie 7
18-037-E-10 Glomrulonphrites extracapillaires
anticorps anti-PR3 sont significativement plus jeunes, ont une prconisaient seulement des bolus mensuels, et les plus rcentes
insuffisance rnale plus rapidement progressive, une maladie des bolus tous les 15 jours le premier mois puis toutes les
touchant plus dorganes diffrents, entrent plus facilement en 3 semaines. Une tude europenne actuellement en cours
rmission sous traitement, mais sont plus exposs des rechutes danalyse (CYCLOPS) semble montrer labsence de diffrence
de la maladie [159]. Les patients ayant des anticorps anti-MPO statistiquement significative entre ladministration par voie
ont plutt une maladie voluant sur un mode chronique orale continue et les bolus tous les 2 puis 3 semaines [170].
insidieux [160], mais au total la survie rnale nest pas influence Cependant, dans cette tude, si la maladie rsistait des bolus
par la spcificit antignique des ANCA distance du diagnostic de cyclophosphamide toutes les 2 semaines, il tait recom-
initial [159-161]. mand de changer pour un traitement continu per os. La dose
Au moment du diagnostic, les facteurs qui influencent la de cyclophosphamide doit tre diminue chez les sujets gs ou
survie rnale sont le sexe [162], la cratininmie [163], la proti- en insuffisance rnale.
nurie [161] , le degr de fibrose artriolaire [163] , de fibrose En cas dinsuffisance rnale svre (cratininmie suprieure
interstitielle ou un faible pourcentage de glomrules sains, mais 500 mol/l ou ncessit de recours la dialyse), ltude
pas le pourcentage de croissants [164, 165] . Cependant, de MEPEX a montr le bnfice des changes plasmatiques par
nombreux patients ayant une insuffisance rnale ncessitant le rapport aux bolus de mthyprednisolone (1 g/j pendant
recours la dialyse rcuprent une fonction rnale indpen- 3 jours) [171], et le faible risque de dcs suite des complica-
dante grce au traitement [166]. Le taux initial des anticorps tions lies au traitement, mme devant des lsions histologiques
ANCA na pas de valeur pronostique, mais un taux danticorps minimes [172].
anti-MPO lev en rmission est associ un risque dinsuffi- De nombreux autres traitements dinduction ont t utiliss,
sance rnale terminale [160]. souvent dans des formes rfractaires : immunoadsorption sur
Les facteurs de risque de dcs prcoce sont des ANCA de protine A [173], 15-dsoxyspergualine, lflunomide, Ig intravei-
type cytoplasmique, une hmorragie alvolaire [163], un score neuse, srum antilymphocytaire, anti-TNF, anti-intgrine, anti-
dactivit plus lev [156], un granulome document histologi- CD20 ou chimiothrapie aplasiante avec greffe de moelle [174-
quement [167] ou un dficit associ en alpha1-antitrypsine [151]. 177] . Pour ces formes rfractaires, une revue systmatique
8 Nphrologie
Glomrulonphrites extracapillaires 18-037-E-10
sera peut-tre aussi utilis dans cette indication. Les Ig intravei- [5] Diaz Gallo C, Mauri JM, Poveda R, Castelao AM, Gonzalez MT, Car-
neuses permettent damliorer certaines situations difficiles, reras M, et al. Renal amyloidosis associated with antiglomerular
mais le bnfice de ce traitement ne semble pas se maintenir basement membrane disease. Nephron 1990;56:335-6.
au-del de 3 mois [187]. [6] Thompson CH, Kalowski S. Anti-glomerular basement membrane
Aprs larrt du traitement immunosuppresseur, il faut nephritis due to hydralazine. Nephron 1991;58:238-9.
surveiller troitement (tous les 2 mois) lvolution des ANCA, [7] Macarron P, Garcia Diaz JE, Azofra JA, Martin de Francisco J,
car une remonte de leur taux prdit efficacement un risque de Gonzalez E, Fernandez G, et al. D-penicillamine therapy associated
rechute [125]. Une remonte du taux conduit encore rappro- with rapidly progressive glomerulonephritis. Nephrol Dial Transplant
cher les bilans biologiques pour dbuter prcocement un 1992;7:161-4.
traitement adapt, mais linitiation du traitement avant la [8] Guerin V, Rabian C, Noel LH, Droz D, Baron C, Lallemand F, et al.
rechute clinique reste trs discute [126]. Anti-glomerular-basement-membrane disease after lithotripsy. Lancet
Ces patients rechutent plus en dialyse quaprs transplanta- 1990;335:856-7.
tion rnale [188, 189] , et un traitement immunosuppresseur [9] Kalluri R, Torre A, Shield 3rd CF, Zamborsky ED, Werner MC,
dentretien doit parfois tre prolong. La transplantation nest Suchin E, et al. Identification of alpha3, alpha4, and alpha5 chains of
pas contre-indique en cas de positivit persistante des type IV collagen as alloantigens for Alport posttransplant anti-
ANCA [190]. glomerular basement membrane antibodies. Transplantation 2000;69:
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kg/j), le cyclophosphamide per os (2 3 mg/kg/j) et les chan- [11] Short AK, Esnault VL, Lockwood CM. Anti-neutrophil cytoplasm
ges plasmatiques tous les jours pendant 2 semaines ou jusqu
antibodies and anti-glomerular basement membrane antibodies: two
disparition des anticorps anti-MBG [93]. un stade ncessitant
coexisting distinct autoreactivities detectable in patients with rapidly
la dialyse, la rcupration de la fonction rnale est exception-
progressive glomerulonephritis. Am J Kidney Dis 1995;26:439-45.
nelle [93] . Limmunoabsorption sur protine A, malgr une
[12] Jardim HM, Leake J, Risdon RA, Barratt TM, Dillon MJ. Crescentic
soustraction accrue des IgG, nest pas suprieure aux changes
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plasmatiques [173] . Le cyclophosphamide est prolong 2
[13] Montseny JJ, Meyrier A, Kleinknecht D, Callard P. The current
3 mois, et les corticodes sont arrts en 6 9 mois, avec un
spectrum of infectious glomerulonephritis. Experience with 76 patients
risque minime de rechute [93]. La transplantation peut tre
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envisage si les autoanticorps ont disparu [93].
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aux corticodes semble amliorer le pronostic rnal. Les chan- 209-10.
ges plasmatiques semblent en revanche inutiles. [18] Hruby Z, Kuzniar J, Rabczynski J, Bogucki J, Steciwko A, Weyde W.
Dans les formes rapidement progressives de glomrulonphri- The variety of clinical and histopathologic presentations of
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traitement corticode et immunosuppresseur semble amliorer 1992;24:541-7.
lvolution [194], bien que le pronostic rnal reste moins bon que [19] Madiwale CV, Mittal BV, Dixit M,Acharya VN.Acute renal failure due
dans les formes avec ANCA, mme quand le traitement com- to crescentic glomerulonephritis complicating leprosy. Nephrol Dial
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Un diagnostic tiologique rapide est ncessaire pour viter [21] Sopena B, Sobrado J, Javier Perez A, Oliver J, Courel M, Palomares L,
linstallation de lsions rnales irrversibles et pour permettre et al. Rapidly progressive glomerulonephritis and pulmonary
un traitement adapt. Dans ce contexte durgence, certaines tuberculosis. Nephron 1991;57:251-2.
erreurs peuvent avoir des consquences dramatiques (tat [22] Detwiler RK, Singh HK, Bolin Jr. P, Jennette JC. Cytomegalovirus-
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B. Seitz.
V.L.M. Esnault, Chef de service ([email protected]).
Service de nphrologie, Hpital Pasteur, Centre hospitalier universitaire de Nice, 30, voie romaine, 06002 Nice, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Seitz B., Esnault V.L.M. Glomrulonphrites extracapillaires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Nphrologie, 18-037-E-10, 2009.
Nphrologie 13
18-036-D-10
Glomrulopathie extramembraneuse
L. Mercadal
Nphrologie 1
18-036-D-10 Glomrulopathie extramembraneuse
linjection danticorps antimgaline et anti-RAP. Dans le modle idiopathique, de 30 sujets normaux-sains, de 15 patients atteints
passif, les dpts sont dtects quelques minutes aprs linjec- de nphropathie diabtique ou de hyalinose segmentaire et
tion et la protinurie apparat 5 6 jours plus tard. Les dpts focale, de sept patients atteints dautres maladies immunologi-
se forment initialement dans les puits recouverts de clathrine ques et de huit patients atteints de GEM secondaire (deux
situs la base du pied des podocytes puis stendent sur le secondaires un lupus et six une hpatite B). Il en ressort que
versant externe de la membrane basale glomrulaire. Les 70 % des patients atteints de GEM idiopathique sont porteurs
mcanismes de cette extension vers la membrane basale, elle- dun anticorps dirig contre une glycoprotine de 185 kDa
mme dpourvue de mgaline, ne sont pas connus. sensible la rduction, exprime sur les podocytes humains
La formation de complexes immuns sur la surface membra- normaux [10]. Des anticorps dirigs contre le rcepteur de la
naire des podocytes est responsable dune activation du com- phospholipase A2 (PLA2R) ragissent avec la mme glycopro-
plment et de linsertion du complexe dattaque membranaire tine. Tous les srums des patients atteints de GEM et ragissant
C5b-9 dans la membrane podocytaire via le rcepteur la contre la glycoprotine de 185 kDa reconnaissent galement ce
vitronectine [7]. Ce complexe dattaque joue un rle central dans rcepteur, suggrant quil reprsente effectivement la cible
les lsions podocytaires et dans lapparition de la protinurie [8]. antignique de la GEM idiopathique humaine. PLA2R est un
Son rle a aussi t mis en vidence chez lhomme. Le traite- rcepteur transmembranaire appartenant la famille des
ment par venin de cobra aprs induction de la nphrite de rcepteurs mannose (M-type). Il sexprime un niveau lev
Heymann permet de bloquer lapparition de la protinurie par dans le rein et principalement sur la membrane des podocytes.
dpltion en complment alors mme que les dpts de com- Lanticorps ne reconnat PLA2R que dans une conformation
plexes immuns sont prsents sur la surface podocytaire. Le donne de celui-ci dpendante de ponts disulfures. Cette
podocyte rpond linsertion membranaire de C5b-9 par une conformation pourrait avoir un rle dans lexposition de
endocytose de ce complexe, constituant probablement un lpitope de PLA2R. Aucun des srums des autres patients et des
mcanisme de dfense cellulaire. Les vsicules dendocytose sujets normaux-sains ne reconnat cette mme protine, y
sont largues dans lespace urinaire, expliquant la prsence de compris les srums des patients atteints de GEM secondaire.
C5b-9 dans les urines de patients atteints de GEM. un stade En immunofluorescence, les dpts danti-PLA2 R et danti-
avanc de la nphrite de Heymann avec protinuire, des immunoglobuline G4 (IgG4) sont localiss aux mmes endroits
complexes dattaque sont retrouvs dans la membrane podocy- formant un fin dpt granuleux glomrulaire. Aucun complexe
taire, ce qui pourrait tre la consquence dune limitation du circulant PLA2R-anticorps, ni aucun PLA2R libre ne sont dtec-
systme dendocytose. tables dans le sang des patients atteints de GEM idiopathique.
En rponse linsertion de C5b-9 dans la membrane podocy- Les anticorps semblent corrls lactivit de la maladie avec
taire, de nombreuses activits enzymatiques sont modifies dans une disparition lors des rmissions et une rapparition lors des
la cellule podocytaire. Une cascade dactivation doxydation va rechutes. Cette dcouverte pourrait avoir des implications
conduire lapparition de la protinurie. Lenzyme oxydorduc- cliniques. Un kit diagnostique pour limmunofluorescence avec
tase nicotinamide-adnosine-dinuclotide phosphate (NADPH) un marquage de PLA2R est attendu.
est active et leffet antioxydant de la glutathion peroxydase et
de la superoxydismutase est diminu. Le traitement par la
vitronectine qui bloque linsertion de C5b-9 aprs induction de
la nphrite de Heymann permet de bloquer lactivation de tiologies et associations
loxydation dans la cellule podocytaire. Loxydation gnre des
radicaux libres. Des capteurs de radicaux libres administrs dans La GEM est le plus souvent idiopathique. Les formes secon-
la nphrite de Heymann permettent eux de diminuer lintensit daires sont retrouves dans 20 % des cas, plus frquentes chez
de la protinurie sans modifier lintensit des dpts. Les lenfant que chez ladulte [11]. Le Tableau 1 dtaille les tiologies
radicaux libres engendrent une oxydation lipidique. Les lipides reconnues. Chez lenfant, les causes infectieuses et le lupus
membranaires ne sont pas ceux qui sont directement oxyds rythmateux dissmin sont les tiologies les plus frquentes,
avec pour preuve labsence de phosphatidylcholine oxyde dans tandis que les causes noplasiques et mdicamenteuses prdo-
la membrane. De larges quantits dapolipoprotine E (apoE) et minent en frquence chez ladulte.
dapoB sont, en revanche, retrouves lies dans les complexes Les agents infectieux tels que le paludisme, la bilharziose et
immuns la mgaline, rcepteur de ces deux apoliprotines. lhpatite B sont probablement les causes les plus frquentes
Ces apolipoprotines sont soumises laugmentation du dans le monde [12]. En Asie, lhpatite B est rpertorie comme
pouvoir oxydant du podocyte. Les produits de loxydation lagent tiologique le plus frquent [13]. Taiwan o 20 % de la
lipidique de ces apolipoprotines se lient au collagne IV sur le population est positif lantigne de lhpatite B (AgHBs), 96 %
domaine NC1 riche en rsidus cationiques et pourraient tre des enfants atteints de GEM sont AgHBs positifs [14]. Au Japon
responsables de la dgradation protolytique de la membrane o la prvalence nest que de 2 % 3 %, 57 % des enfants
basale. Le probucol qui bloque loxydation lipidique rduit de atteints de GEM sont AgHBs positif. Aux tats-Unis, la prva-
80 % la protinurie dans la nphrite de Heymann. lence de lAgHBs est de 0,3 % dans la population gnrale et de
On ne sait encore comment expliquer les modifications de 20 % chez les enfants atteints de GEM. Dans une population en
permabilit de la membrane basale glomrulaire la suite de contact avec un porteur de lAgHBs, la frquence de la proti-
ces phnomnes. Les modifications de structure du collagne IV nurie augmente par rapport une population tmoin [15].
mais aussi loxydation des apolipoprotines peuvent y contri- Le rle pathognique de lAgHBs est discut au vu de son
buer. On ne sait le rle prcis des modifications des protinases poids molculaire lev ne lui permettant pas de franchir la
dans laugmentation de la permabilit membranaire. membrane basale glomrulaire. Il est le plus souvent absent des
Linsertion de C5b-9 induit de plus une augmentation de dpts immuns en immunofluorescence. Lantigne HBe, dun
lactivit de la glatinase, de la mtalloprotinase 9, du facteur poids molculaire de 30 000 Da, est plus probablement lagent
de croissance des fibroblastes, du systme phospholipase C, A2 pathogne. Il est le plus frquent dans les dpts extramembra-
et de la protine kinase C. Lpaississement de la membrane neux [13]. Dans cette forme tiologique, les patients peuvent
basale glomrulaire survient secondairement laccumulation avoir une hypocomplmentmie (27 % 91 % des patients). Le
des protines de la matrice extracellulaire. Le transforming growth pronostic est relativement favorable avec 8 % dinsuffisance
factor b (TGFb) pourrait jouer un rle de mdiateur dans cette rnale terminale dans une srie dadultes [16]. Les facteurs de
accumulation. non-rmission identifis sont lge suprieur 6 ans, la dure de
La mgaline nest pas le substrat de la GEM chez lhomme. la protinurie suprieure 12 mois, labsence de sroconversion
Elle nest pas exprime sur les podocytes humains. Un travail de pour lAgHBe, les stades histologiques II et III. Linterfron alpha
recherche dun antigne candidat a t men aux tats-Unis en anciennement recommand pour le traitement de lhpatite B
utilisant le srum de patients atteints de GEM idiopathique [9]. navait pas deffet thrapeutique reconnu sur la GEM lie au
Les glycoprotines glomrulaires humaines purifies ont t virus de lhpatite B [16]. Des cas de rgression de GEM sous
mises en contact avec le srum de 37 patients atteints de GEM traitement antiviral par lamivudine ont t publis [17].
2 Nphrologie
Glomrulopathie extramembraneuse 18-036-D-10
Nphrologie 3
18-036-D-10 Glomrulopathie extramembraneuse
Chez des nouveau-ns de mres porteuses dun dficit en le suivi en ml/min et par mois) 0,05 clairance de la crati-
endopeptidase neutre, il a t mis en vidence des formes nine lentre dans la priode de suivi].
nonatales de GEM. Les mres taient porteuses danticorps Ce modle est applicable pour les patients ayant une clai-
anti-endopeptidase neutre acquis lors dune prcdente gros- rance suprieure 60 ml/min au diagnostic. Le modle permet
sesse. Aprs passage transplacentaire, ces anticorps taient damliorer la prcision (Se Sp) par rapport la protinurie
retrouvs fixs aux podocytes des nouveau-ns [41]. seule. Par rapport un critre protinurie suprieure 3,5 g/j,
Sur le plan gntique, il existe des cas familiaux [42], des cas le modle amliore la spcificit (89 % versus 28 %) mais
chez des jumeaux homozygotes [43] et une association lanti- diminue la sensibilit (75 % versus 92 %). Par rapport un
gne dhistocompatibilit DR3 [44]. En Europe, il a galement t critre de protinurie suprieure 8 g/j pendant plus de 6 mois,
dmontr des associations avec HLA B8, B18 et DQW2 et au le modle amliore la sensibilit (83 % versus 58 %) mais
Japon avec DR2 et DQW1. Certains patients atteints de GEM diminue la spcificit (86 % versus 93 %).
prsentent un haplotype rare du facteur properdin B (BfF1) .
Dautres facteurs pronostiques ont galement t mis en
associ HLA B18 et DR3 [45]. Lassociation GEM et diabte valeur et confirms dans une mta-analyse sur 1 248 patients
serait lie la susceptibilit gntique commune de ces deux ayant inclus les tudes prospectives et rtrospectives [49].
maladies. Le polymorphisme du gne TAP1, gne codant pour noter tout particulirement lexcrtion dIgG, de C5b-9 et
une protine transporteuse implique dans la prsentation celle de b2-microglobuline qui sont attaches un risque de
antignique est augment chez les patients avec GEM. Ce gne progression vers linsuffisance rnale avec un pouvoir prdictif
est prsent dans la rgion du complexe majeur dhistocompati- lev. Les recommandations thrapeutiques pourraient se baser
bilit HLA II. sur ces paramtres avec une indication de traitement immuno-
suppresseur chez les patients nphrotiques si lexcrtion urinaire
de b2-microglobuline est suprieure 0,5 g/min et dIgG
volution et facteurs suprieure 250 mg/24 h [50].
pronostiques Traitement
La survie rnale est de lordre de 90 % 5 ans et 65 %
10 ans. Lvaluation prcise du potentiel volutif de la maladie Traitement symptomatique
doit permettre au stade initial et au cours de lvolution Le traitement symptomatique doit tre appliqu quel que soit
dapprcier la ncessit de dbuter un traitement (valuation du le niveau de fonction rnale et de protinurie. Le traitement
rapport bnfice/risque). immunosuppresseur est recommand pour les patients ayant un
Schieppati a men une tude prospective sur la GEM ralise syndrome nphrotique persistant ou/et une aggravation de
sur des patients sans traitement [46]. Sur 100 patients atteints de fonction rnale.
GEM, la probabilit de survie rnale 5 ans tait de 88 5 % Le traitement symptomatique optimal pourrait comprendre :
et 10 ans de 73 7 %. Cette tude incluait 37 patients non inhibiteur de lenzyme de conversion (IEC) ou inhibiteur de
nphrotiques et la moyenne de protinurie sur la cohorte tait langiotensine II ou leur association et inhibiteur de lhydroxy-
de 5 3,6 g/24 h. Soixante-deux pour cent des femmes et 59 % 3-mthyl glutaryl coenzyme A rductase (HMGCoA rductase).
des hommes sont en rmission partielle ou complte 4 ans. Les IEC diminuent lexcrtion protique dans des essais
Les seuls facteurs de mauvais pronostic taient le sexe masculin prospectifs de lordre de 25 % 50 % chez des patients
et lge suprieur 50 ans. Au moment du diagnostic, la nphrotiques [51-54]. Certains patients ne rpondent cependant
prsence dun syndrome nphrotique, dune hypertension pas au traitement de faon significative, ce qui pourrait consti-
artrielle, le taux de la protinurie ne sont pas des facteurs tuer un facteur pronostique additionnel. Praga et al. retrouvent
pronostiques. ainsi un effet antiprotinurique allant de 0 % 85 % parmi
A-t-on pu affiner le risque volutif dun patient se prsentant 11 patients [55]. La rponse aux IEC pourrait bien tre un facteur
avec une GEM ? Pei et al. ont tent de quantifier le risque pronostique indpendant, non corrle au degr de protinurie
volutif laide dun modle utilisant les facteurs pronostiques ni lexcrtion de C5b-9. La rduction de protinurie est un
les plus importants, savoir la protinurie et sa dure, la bon marqueur damlioration du pronostic rnal, mme si la
clairance de la cratinine et la pente 1/cratininmie en dmonstration directe dune amlioration du pronostic de la
fonction du temps [47]. Cette tude incluait 184 patients ayant GEM par les IEC na pas ce jour t faite.
au diagnostic une fonction rnale normale. Sur une moyenne Lassociation IEC-inhibiteur de langiotensine II a bnfici
de suivi de 5,8 ans, 26 % des patients vont dvelopper une dessais contrls dans les glomrulopathies primitives. Une
insuffisance rnale et 26 % vont entrer en rmission. Cinquante mta-analyse de ces essais retrouve un effet additionnel antipro-
pour cent des patients recevaient des corticodes et 26 patients tinurique de lassociation compare lIEC ou au sartan seul
un immunosuppresseur additionnel. Dans le modle tudi den moyenne 0,5 g/j [56] . Leffet de lassociation de ces
pour le pronostic, le traitement immunosuppresseur navait pas thrapeutiques laliskiren a t tudi chez neuf patients et
dinfluence sur lincidence de linsuffisance rnale, ni sur le semble plus important que leffet de lassociation IEC-sartan,
pourcentage de rmission. La protinurie sans notion de sa sous rserve dune tude ce jour unique, non contrle et de
dure avait peu de valeur prdictive. Une valeur de protinurie faible effectif [57].
suprieure 8 g/24 h pendant plus de 6 mois reprsente le Ltude chez lanimal montre que lhyperlipidmie acclre la
risque le plus lev de dvelopper une insuffisance rnale progression de linsuffisance rnale en induisant lquivalent de
chronique avec une probabilit de 66 %. Inversement, une lsions athrosclreuses intraglomrulaires et en acclrant les
protinurie suprieure 8 g/24 h pour une dure de moins de lsions fibreuses interstitielles. Dans une tude prospective sur
6 mois a une valeur prdictive ngative dinsuffisance rnale neuf patients atteints de GEM avec syndrome nphrotique, la
chronique de 88 %, traduisant la possibilit de rmission simvastatine compare au rgime seul permet outre une amlio-
spontane quel que soit le niveau de protinurie. Si le patient ration du bilan lipidique, une rduction de la protinurie et une
est entre 6 et 8 g/24 h, le risque dinsuffisance rnale est de augmentation dalbuminmie significative (26 46 g/l) [58] .
55 % si la protinurie perdure depuis 9 mois ou plus. Malgr cela, la progression de linsuffisance rnale dans le groupe
Ce modle va bnficier dune large validation sur trois simvastatine est comparable celle du groupe avec rgime seul.
populations originaires du Canada, dItalie et de Finlande Leffet du probucol t dmontr chez lanimal avec une
(363 patients) [48]. Pour prdire lvolution vers linsuffisance rduction de protinurie pouvant atteindre 85 %. Cet effet passe
rnale chronique (clairance de la cratinine < 60 ml/min), la par linhibition de la lipoperoxydation (LPO) et pourrait bloquer
probabilit de progression prend la forme : laltration de la membrane basale en dpit de la formation de
P = exponentielle Y/(1 + exponentielle Y) complexes immuns sa surface. Cet effet a galement t
avec Y = [1,26 + (0,3 taux moyen de protinurie sur la retrouv chez lhomme sur 15 patients nphrotiques rsistants
priode de suivi en g/24 h) 0,3 (pente 1/cratinine pendant un traitement immunosuppresseur (n = 7) et sous IEC (n = 12)
4 Nphrologie
Glomrulopathie extramembraneuse 18-036-D-10
raison de 1 g/j sur 3 mois [59]. Un ensemble de traitements tudes nincluaient que des patients nphrotiques. Une analyse
antioxydants, dans le mme but dinhibition de leffet de complmentaire incluait trois tudes ne comprenant pas de
peroxydation lipidique, est en cours dvaluation. Ce traitement groupe sans traitement ou comparant un traitement autre quun
peut comprendre vitamine C 1 200 mg/j ( adapter la fonc- agent alkylant et une dernire analyse incluait ces dix tudes,
tion rnale), a-tocophrol 600 UI/j, b-carotne 6 mg/j, slnium 22 sries rtrospectives dcrivant lvolution sans traitement,
60 g/j, N-actylcystine 200 mg/j. Ce traitement utilis chez sous corticodes ou sous agent alkylant. Trente trois tudes ont
une patiente svrement nphrotique rsistante au traitement t exclues soit parce quelles ne distinguaient pas lvolution
immunosuppresseur a permis une rduction des produits de suivant le type de traitement, soit parce quelles sintressaient
peroxydation lipidique avec rduction urinaire du complexe uniquement aux rmissions ou aux rechutes. Sur lensemble de
dattaque C5b-9 et une diminution parallle de la ces tudes, 78 % des patients taient nphrotiques. Sur lensem-
protinurie [60]. ble de la cohorte de 1 189 patients, la survie rnale est de 0,86
Les patients atteints de GEM ont un risque thrombotique 5 ans, 0,65 10 ans et 0,59 15 ans. La survie 5 ans sur les
lev. Le taux de thrombose des veines rnales des patients sept tudes prospectives tait identique. 5 ans, sur ces mmes
nphrotiques est valu en moyenne 35 % (5 % 60 % selon tudes, la survie rnale sans traitement ou sous corticodes tait
les tudes) pour les thromboses des veines rnales et entre 8 % de 0,80 et la survie sous agent alkylant de 0,99. Cette diffrence
et 44 % pour les vnements thrombotiques dune autre natteignait cependant pas le seuil de significativit. Lanalyse
localisation [61]. Cela revient une incidence mensuelle de est similaire sur lensemble des 32 tudes. La chance de rmis-
thrombose clinique de 0,5 % pour les thromboses des veines sion est plus importante avec le traitement alkylant compar
rnales et 1 % pour les thromboses dun autre site. Ces vne- labsence de traitement sur les tudes prospectives et non
ments sont encore plus frquents en cas de GEM et dhypo- modifie par le traitement par corticodes.
albuminmie svre (< 20 g/l). La probabilit dune embolie Les conclusions principales de cette tude sont donc : un
pulmonaire en cas de thrombose veineuse profonde non traite pronostic rnal mis en jeu sur une priode longue (suprieure
est de lordre de 50 %. Lembolie pulmonaire est source dun 10 ans), un dfaut deffet bnfique rnal des corticodes seuls
taux lev de mortalit. Dun autre ct, le traitement anticoa- (survie rnale et rmission du syndrome nphrotique), un effet
gulant induit un risque hmorragique li lintensit du bnfique des agents alkylants sur la rmission du syndrome
traitement et des facteurs de risque : nphrotique sur une dure de 24 36 mois aprs le dbut du
ge suprieur 65 ans ; traitement et sans effet significatif sur la survie rnale.
antcdent dhmorragie intestinale ou dune autre origine ; Imperiale et al. [65] ont publi des rsultats identiques dans une
facteurs de comorbidit svres tels quinfarctus du myocarde mta-analyse sur cinq tudes prospectives randomises sur la
rcent, insuffisance rnale, maladie hpatique, cancer ; combinaison corticodes-agent alkylant, soit un total de
fibrillation supraventriculaire. 228 patients : les agents alkylants augmentent la probabilit
Le syndrome nphrotique induit une variabilit plus grande dune rmission complte dun facteur 4,6 (RR 2,2-9,3) et dune
defficacit lie la variabilit de la fixation protique. Au total, rponse en termes de diminution de protinurie de 2,3 (RR 1,7-
lincidence dvnements hmorragiques chez les patients avec 3,2) sans effet qui puisse tre dmontr sur la prservation de la
un ou deux facteurs de risque est de lordre de 0,25 % par mois fonction rnale.
ou 3 % par an. Ce risque slve 17 % par an pour les patients Lanalyse de Cochrane [66] , la plus rcente, effectue sur
avec plus de trois facteurs de risque. En analyse de dcision, le 1 025 patients provenant dtudes randomises ou quasi
traitement anticoagulant prophylactique se justifie chez les randomises conclut que le traitement par agent alkylant-
patients nphrotiques dautant quils sont atteints de GEM et corticodes a 2,37 fois plus de chance de mettre les patients en
quils ne prsentent pas plus de deux facteurs de risque de rmission complte mais sans effet sur le critre combin
saignement. En effet, le nombre dembolies pulmonaires fatales rmission partielle plus complte et sans effet dmontr sur la
prvenues par un traitement anticoagulant prophylactique survie rnale. Ceci peut tre li au nombre lev de rechutes.
avant tout vnement thrombotique est suprieur au nombre noter que les mta-analyses nont pas diffrenci les
dhmorragies induites par ce mme traitement chez ces traitements comprenant du chlorambucil ou du cyclophospha-
patients. mide. Ponticelli et al. montrent une efficacit comparable dans
La pentoxifylline (Torental) rduit la synthse de tumor une tude prospective randomise sur 97 patients traits en
necrosis factor-alpha (TNF-a). Elle a t teste dans une tude cures mensuelles alternes sur 6 mois corticodes/agent alkylant
ouverte raison de 1 200 mg/j sur 10 patients atteints de GEM (chlorambucil ou cyclophosphamide) [67]. Lanalyse de Cochrane
nphrotiques, nafs de tout traitement et avec une dure retrouve moins deffet secondaire avec le cyclophosphamide [66].
datteinte rnale allant de 7 46 mois [62]. 6 mois de traite- En dessous du niveau de preuve de ces trois mta-analyses,
ment, quatre sont en rmission partielle du syndrome nphro- apparat un faisceau de prsomption en faveur dune prserva-
tique et cinq en rmission complte. Le traitement a peu tion de la fonction rnale par les protocoles avec agent alkylant.
deffets secondaires et pourrait tre conseill, mme ce niveau Le premier argument vient de lquipe de Ponticelli promotrice
de preuve (recommandation rang C). de ces traitements alterns sur un suivi de 10 ans de patients
nphrotiques sans insuffisance rnale au moment du traitement
Traitement spcifique de lhpatite B (critre exact cratininmie < 150 mol/l) [68]. Sur 81 patients
randomiss traitement immunosuppresseur ou traitement
Lvolution de patients avec GEM nphrotique secondaire
symptomatique, la probabilit dtre en vie sans dialyse 10 ans
lhpatite B a t compare entre une cohorte historique sans
tait de 0,92 pour les patients sous immunosuppresseurs contre
traitement spcifique de lhpatite B et une cohorte sous
0,60 chez les patients sous traitement symptomatique, diff-
lamivudine [63]. La lamivudine est associe une rduction de
rence significative (p = 0,0038).
41 % du risque de progression vers la dialyse 3 ans.
Le second argument vient dtudes rtrospectives ayant inclus
des patients avec altration de la fonction rnale. Reichert et al.
Traitements immunosuppresseurs mentionnent une rgression de cratininmie de 260
186 mol/l sur 10 patients, significative aprs 6 mois de
Corticodes et agents alkylants (chlorambucil, traitement avec un effet qui semble perdurer jusqu 18 mois
cyclophosphamide) pour disparatre 3 ans [69]. Branten et al. retrouvent un effet
Trois mta-analyses permettent dassurer des recommanda- similaire sous cyclophosphamide per os pendant 1 an avec une
tions de bonne qualit (rang A) [64-66]. Dans la mta-analyse de rgression dinsuffisance rnale de 38 % en mdiane sur
Hogan, sept tudes prospectives (dont six randomises mais 39 patients (cratininmie moyenne initiale 226 108 mol/l),
aucune contre placebo) ont t incluses. Cinq comparaient les amlioration persistante 36 mois sur 18 patients suivis
corticodes labsence de traitement immunosuppresseur et pendant cette priode [70-72]. Environ 40 % des patients bnfi-
trois comparaient une combinaison de corticodes et agent cient du traitement avec une progression vers linsuffisance
alkylant labsence de traitement immunosuppresseur. Ces rnale chronique terminale (IRCT) qui est retarde denviron 2,5
Nphrologie 5
18-036-D-10 Glomrulopathie extramembraneuse
3 ans. De mme, Torres et al. notent dans une tude rtros- patients. Les patients recevaient dose croissante trois injec-
pective sur 39 patients avec atteinte de la fonction rnale, tions dACTH 1 mg pendant 8 semaines puis cinq patients ont
20 sous traitement symptomatique et 19 sous traitement poursuivi un protocole de 1 an raison de deux injections de
immunosuppresseur altern, une probabilit de survie rnale 1 mg/semaine. Le LDL, lapoB, les triglycrides diminuaient
4 ans sans dialyse de 55 % pour les patients sans immunosup- significativement, effet connu du Synacthne de mme que la
presseur contre 90 % avec immunosuppresseur [73]. Les facteurs protinurie (rduction mdiane de 80 %) et la cratininmie
de gravit au moment de la biopsie et lapparition de linsuf- (rduction mdiane de 28 %) 8 semaines. Douze patients sur
fisance rnale taient comparables dans les deux groupes. 14 taient mis en rmission partielle du syndrome nphrotique.
Enfin sur deux tudes rtrospectives publies aprs les mta- La rduction de protinurie et de cratininmie tait maintenue
analyses chez des patients sans insuffisance rnale, les rsultats 30 mois pour les cinq patients ayant poursuivi le traitement
sont mitigs avec une rduction dinsuffisance rnale terminale sur 1 an. Une nouvelle augmentation de cratininmie et de
value sur de petits groupes de patients, significative dans protinurie tait constate le mois suivant larrt du traitement
ltude de Polenakovik et al. [74] et non significative dans celle pour les patients traits sur 8 semaines.
de Stirling et al. [75] , ne permettant pas de contredire les Une tude randomise contre protocole Ponticelli est dispo-
donnes des mta-analyses. nible et dmontre une quivalence de rsultats en termes de
mise en rmission (partielle ou complte) et de rduction de
Azathioprine protinurie entre les deux thrapeutiques [89]. La dose de 1 mg
Deux tudes anciennes contrles nont retrouv aucun deux fois par semaine dACTH a t retenue et maintenue 1 an.
bnfice au traitement par azathioprine en combinaison avec les Lavantage de lACTH est labsence deffet gonadique et lam-
corticodes [76, 77]. Les tudes plus rcentes sont rtrospectives. lioration du bilan lipidique. Un suivi long terme est ncessaire
Ahuja et al. ne retrouvent aucun effet favorable de lassociation pour valuer les rechutes et leffet sur la prservation de la
azathioprine-corticodes sur 38 patients contre 20 patients fonction rnale.
contrles sans traitement immunosuppresseur [78]. Seule ltude Une tude de la Mayo Clinic est en cours, randomise selon
de Brown et al. montre un bnfice cette association chez des plusieurs dosages dACTH 40 ou 80 UI en sous-cutan une
patients nphrotiques avec insuffisance rnale avec une rgres- trois fois par semaine (NTC00805756).
sion de latteinte rnale et une diminution de protinurie [79].
Lensemble de ces tudes est cependant en dfaveur de lutilisa- Ciclosporine et tacrolimus
tion de lazathioprine. Une tude randomise contre placebo a port sur 51 patients
traits par corticodes 0,15 mg/kg/j plus ciclosporine 3,5 mg/
Mycophnolate moftil (MMF) kg/j ou corticodes mme dose plus placebo [90] . Soixante-
Le MMF inhibe de faon spcifique la voie de synthse de quinze pour cent des patients (21/28) sous ciclosporine ont eu
novo des bases purines en pargnant la voie de sauvetage. Cette une rmission partielle ou complte sans progression de la
inhibition spcifique permet dans une certaine mesure une fonction rnale contre 22 % dans le groupe placebo. Malgr un
action plus spcifique sur les lignes lymphocytaires qui taux lev de rechute, le pourcentage de rmission la fin du
utilisent prfrentiellement cette voie de synthse, les autres suivi de 78 semaines est rest diffrent entre les groupes (39 %
lignes pouvant avoir recours la voie de sauvetage. Le MMF a versus 13 %). Le doublement de la cratinine sur cette mme
une action antiprolifrative sur les lymphocytes avec une priode tait similaire dans les deux groupes (7 % versus 9 %).
rponse diminue en prsence de mitogne et diminue la La premire tude effectue par la mme quipe avait retrouv
rponse humorale des lymphocytes B. sur 17 patients une amlioration du rythme de progression de
Dans le modle murin de la nphrite de Heymann, ladmi- la fonction rnale (2,05 versus 0,73 ml/min/mois) [91], fait
nistration de MMF 4 semaines suivant linjection dantignes non confirm dans ltude publie en 2001.
prvient lapparition de la protinurie, la formation des dpts Une tude randomise a compar ciclosporine seule lasso-
glomrulaires et linfiltrat interstitiel [80] . Le MMF donn ciation ciclosporine plus corticodes sur 51 patients nphroti-
4 semaines aprs linjection dantignes est par contre inefficace. ques [92]. Les rsultats initiaux sont comparables mais le nombre
Les premires tudes ouvertes ont suggr un effet bnfi- de rechutes est plus lev dans le groupe ciclosporine seule.
que [81, 82]. Deux tudes randomises suggrent un effet compa- Quel que soit le groupe, les patients avec rechute avaient un
rable de lassociation corticodes + MMF et du protocole taux rsiduel de ciclosporine plus faible compars aux patients
Ponticelli [83, 84]. La dose de MMF employe tait de 2 g/j sans rechute (72 48 ng/ml versus 194 80 ng/ml).
pendant 6 mois associe 0,5 mg/kg/j de corticodes 8 Une tude tacrolimus seul versus traitement symptomatique
12 semaines. Une tude contrle versus traitement symptoma- montre une probabilit de rmission de 94 % 18 mois versus
tique na en revanche pas retrouv deffet bnfique du MMF 35 % dans le groupe contrle. Le taux de rechute aprs 18 mois
(2 g/j pendant 12 mois) prescrit seul [85] . Le MMF a pour reste lev 50 %, similaire celui retrouv sous ciclospo-
principal avantage par rapport aux agents alkylants, labsence rine [93]. Une tude ouverte a associ tacrolimus et strodes
deffet gonadique. chez 21 patients pendant 12 mois [94]. Le MMF tait ajout si la
protinurie tait suprieure 1 g/j 3 mois. Le taux de rmis-
Fludarabine sion est de 71 % et le taux de rechute est faible avec un taux
La fludarabine est un analogue nuclosidique des bases de rmission stable (73 %) aprs une mdiane de 23 mois
purines qui a galement une action plus spcifique sur les darrt de traitement.
lymphocytes. Boumpas et al. rapportent sept patients atteints de Il ressort de ces tudes que la ciclosporine, le tacrolimus et le
GEM nphrotiques rsistant un traitement par corticodes seul MMF doivent tre associs aux strodes la phase initiale du
ou avec agent alkylant ou ciclosporine, traits pendant 6 mois traitement et que la dure du traitement doit probablement tre
par cures mensuelles de fludarabine [86] . La rduction de longue pour viter les rechutes.
protinurie est suprieure 50 % chez cinq patients sur sept et
non significative sur la cohorte. La fonction rnale reste en Rituximab
moyenne stable sur les 6 mois. Il ny a pas dtude de suivi Le rituximab est un anticorps monoclonal dirig contre
plus long terme. Aucune recommandation ne peut dcouler de lantigne CD20 prsent la surface des lymphocytes B.
cette tude unique. Seules des tudes ouvertes, non contrles sont disponibles
ce jour. Un essai inaugural sur huit patients a test le rituximab
Analogue de lACTH (Synacthne) chez des patients nphrotiques avec clairance de la cratinine
Deux tudes ouvertes ont suggr un effet bnfique de suprieure 20 ml/min. Ces patients taient sans rmission
lanalogue de lACTH [87, 88]. La premire tude ouverte a inclus depuis une moyenne de 29 mois, sous IEC pleine dose et statine
14 patients atteints de GEM, nphrotiques antrieurement sans traitement immunosuppresseur antrieur. Ils ont reu au
traits par protocole de Ponticelli pour quatre patients, cortico- total quatre perfusions hebdomadaires de 375 mg/m 2 de
des seuls pour sept patients et pas de traitement pour trois rituximab. Sur une dure de 20 semaines, deux patients ont
6 Nphrologie
Glomrulopathie extramembraneuse 18-036-D-10
Non nphrotique et fonction rnale Altration de la fonction rnale Nphrotique sans altration
normale : surveillance quelle que soit la protinurie de la fonction rnale
Figure 1. Arbre dcisionnel. Schma thrapeutique. GEM : glomrulopathie extramembraneuse ; IEC : inhibiteur de lenzyme de conversion ;
MMF : mycophnolate moftil ; ACTH : adrenocorticotrophic hormone ; IgG : immunoglobuline G.
Nphrologie 7
18-036-D-10 Glomrulopathie extramembraneuse
La place des autres thrapeutiques analogues de lACTH ou [14] Hsu HC, Wu CY, Lin CY, Lin GJ, Chen CH, Huang FY. Membranous
MMF, ciclosporine, tacrolimus de prfrence en association aux nephropathy in 52 hepatitis B surface antigen carrier children in
strodes et rituximab reste dfinir. Lanalogue de lACTH et Taiwan. Kidney Int 1989;36:1103-7.
le MMF plus strodes ont bnfici dtudes contrles versus [15] Bhimma R, Coovadia HM, Kramvis A, Adhikari M, Kew MC,
protocole de Ponticelli et offrent une efficacit similaire avec un Connolly CA. HBV and proteinuria in relatives and contacts of children
profil dinnocuit suprieur. La ciclosporine et le tacrolimus with hepatitis B virus-associated membranous nephropathy. Kidney Int
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contrles et pourrait avoir un effet additionnel dans les formes
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rsistantes ou dpendantes. Enfin, seuls les traitements par 2003;88:466-9.
agent alkylant et strodes en alternance de type protocole de [18] Alarcon-Zurita A, Salas A, Anton E, Morey A, Munar MA, Losada P,
Ponticelli ont bnfici dun suivi long terme dmontrant leur et al. Membranous nephropathy with nephrotic syndrome in a HIV
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connu voil une dcennie et lantigne humain vient dtre [21] Aymaz S, Gros O, Krakamp B, Ortmann M, Dienes HP, Weber M.
dcouvert. Il sagit du rcepteur de la phospholipase A2 dont le Membranous nephropathy from exposure to mercury in the fluores-
rle physiopathologique est encore dfinir. Cet antigne cent-tube-recycling industry. Nephrol Dial Transplant 2001;16:
semble spcifique de la GEM idiopathique. Cette dcouverte 2253-5.
permet desprer un diagnostic plus formel de GEM idiopathi- [22] Soo YO, Chow KM, Lam CW, Lai FM, Szeto CC, Chan MH, et al. A
que via limmunofluorescence de lhistologie rnale. whitened face woman with nephrotic syndrome. Am J Kidney Dis 2003;
De nouvelles perspectives souvrent galement en thrapeuti- 41:250-3.
que avec des essais en cours comparant des associations [23] Breysse P, Couser WG, Alpers CE, Nelson K, Gaur L, Johnson RJ.
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L. Mercadal ([email protected]).
Service de nphrologie, Groupe hospitalier Piti-Salptrire, 83, boulevard de lHpital, 75013 Paris, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Mercadal L. Glomrulopathie extramembraneuse. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Nphrologie,
18-036-D-10, 2011.
10 Nphrologie
18-602-A-10
Hmospermies
A. Houlgatte, X. Game, X. Durand
La prsence de sang dans le sperme caractrisant lhmospermie constitue, par langoisse quelle
entrane, un motif frquent de consultation. Le plus souvent sans gravit, elle justifie rarement dun bilan
spcifique. Son caractre rcidivant ou son importance peuvent cependant conduire proposer un bilan
tiologique exhaustif permettant lanalyse des diffrentes pathologies en cause.
2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Bilan paraclinique
Introduction
Examens paracliniques
La prsence de sang dans le sperme reprsente en gnral un
motif dinquitude, tant pour le patient que pour sa partenaire, Ils ont pour but, en particulier chez le sujet jeune, dliminer
bien que son origine soit le plus souvent bnigne. Sa persistance les maladies infectieuses en sorientant notamment vers la
justifie nanmoins la ralisation dun bilan tiologique o les recherche de maladies sexuellement transmissibles. Les prlve-
donnes cliniques sassocient celles dune imagerie actuelle- ments urtraux sont raliss dans le but disoler les germes
ment plus performante. Sil existe de nombreuses causes banals. Un examen cytobactriologique des urines ainsi quune
bnignes dhmospermie, la recherche dune affection maligne spermoculture sont galement demands. Pour la recherche de
sous-jacente peut nanmoins constituer une proccupation. Il Chlamydia trachomatis, la polymerase chain reaction (PCR) sur le
faut galement prendre en compte son origine parfois simple- premier jet durine est actuellement lexamen de rfrence. La
ment iatrogne avant denvisager dentreprendre un bilan plus culture savre difficile, le srodiagnostic peu sensible et peu
approfondi. spcifique. La mise en vidence de Mycoplasma genitalium ne
relve galement que de la PCR.
La notion dexposition spcifique conduit rechercher la
Clinique prsence de bacilles de Koch (BK) ou dufs de bilharziose dans
les urines ou dans le sperme.
Linterrogatoire retient les circonstances de survenue de cette Lorsque le contexte gnral conduit voquer certaines
hmospermie ainsi que le caractre accidentel opposer aux causes systmiques, un bilan dhmostase ainsi quun bilan
Urologie 1
18-602-A-10 Hmospermies
Hmospermie
chographie endorectale
Imagerie (Fig. 1)
Elle constitue une tape essentielle dans la dmarche dia-
gnostique, permettant actuellement une orientation tiologique Figure 3. Dilatation kystique de lutricule.
plus prcise. Lintgration plus rcente de limagerie par
rsonance magntique (IRM) constitue un complment pour les
hmospermies chroniques, apportant une plus grande prcision prostatite. Yagci rapporte galement comme cause rare une
dimagerie (Tableau 1). Sur une srie de 121 cas dhmospermie, masse situe au niveau dune glande priurtrale de Cooper
limagerie permet pour Papp un diagnostic tiologique dans visible en chographie [2].
85 % des cas [1]. Lchographie endorectale constitue lexamen LIRM est galement utilise pour prciser lorigine de ces
le plus simple, non invasif et efficace. Lutilisation de sondes hmospermies (Fig. 4). Une description dun kyste de lutricule
biplans haute frquence 7 MHz rend cette exploration plus prostatique est effectue par Neustein dans le bilan dune
performante. Yagci, dans une tude portant sur 54 patients hmospermie chronique [4]. La prsence de sang au sein des
dge moyen 49,7 ans prsentant une hmospermie, considre vsicules sminales ou de lsions kystiques se traduit par un
que lchographie permet dtablir un diagnostic dans 94,5 % hypersignal en T1 et un hyposignal en T2. Ltude de Cho,
des cas [2]. Elle permet notamment de mettre en vidence des analysant les donnes de limagerie chez 17 patients, considre
calcifications, des kystes des vsicules sminales, des dilatations lIRM plus performante que lchographie, permettant un
des vsicules sminales ou des canaux jaculateurs. Les kystes diagnostic dans lensemble des cas en utilisant une antenne
des vsicules sminales, larges masses hypochognes, se situent endorectale. Cette voie permet une meilleure analyse anatomi-
en gnral la base des vsicules pouvant refouler le col vsical que de lensemble du tractus sminal avec une tude prcise
(Fig. 2). La mise en vidence de calcifications au sein des canaux dans les diffrents plans spatiaux. Il est ainsi possible de
jaculateurs ncessite une sonde biplan haute frquence. distinguer les hmospermies en provenance des vsicules
Furuya rapporte, sur une srie de 138 cas explors en chogra- sminales lies essentiellement lexistence de lsions kystiques
phie, un kyste mdian de la prostate pour 30 cas [3] pouvant de celles ayant pour origine les canaux jaculateurs ou la
correspondre une dilatation kystique de lutricule (Fig. 3). prostate [5]. Dans une tude plus rcente, Prando analyse les
Au niveau de la prostate est essentiellement retenue la donnes de lIRM endorectale chez 86 patients. Elle permet,
prsence de calcifications ou dlments en faveur dune contrairement lchographie, une analyse prcise de la
Tableau 1.
tiologies selon limagerie.
Worischek et al. (1994) Cho et al. (1997) Yagci et al. (2004) Prando (2008)
26 cas 17 cas 54 cas 86 cas
tiologies (%) 92 % 100 % 94,5 % 60 %
Hmorragie (IRM) 58,8 % 21 %
Dilatation des vsicules sminales 30 % 22,2 %
Calculs des vsicules sminales 15 % 47 % 20,3 % 7,7 %
Calculs des canaux jaculateurs 15 % 23,5 % 38,8 % 4%
Kyste des canaux jaculateurs 15 % 29,4 % 11,1 %
Dilatation des canaux jaculateurs 33,3 %
Anomalie des canaux de Mller 7% 41,1 %
Hypertrophie bnigne de la prostate 33,3 %
Prostatite 11,1 %
Kyste de lutricule 19 %
Autres 11,7 % 1,8 %
IRM : imagerie par rsonance magntique.
2 Urologie
Hmospermies 18-602-A-10
localisation du sang au sein des voies gnitales, se traduisant par dans 19 cas (13,7 %), taux significativement plus lev que les
un hypersignal en T1 [6]. Les indications de cette technique 6,5 % de cancers diagnostiqus au sein de lensemble de ce
dimagerie peuvent se limiter actuellement aux hmospermies groupe. Il est certain que laugmentation de lincidence lie en
persistantes, sans cause vidente en chographie. partie aux campagnes de dpistage explique la plus grande
frquence actuelle de cette association.
Lassociation avec une affection tumorale des vsicules
Fibroscopie sminales apparat plus logique. Elle reste nanmoins relative-
Lorsque limagerie ne permet pas le diagnostic, le bilan peut ment rare, lassociation ntant dcrite que dans six cas, soit
tre complt par la ralisation de cet examen qui intresse 16 % des 39 carcinomes des vsicules sminales rapports par
lensemble de la filire urtrale. Elle permet la visualisation Benson [12].
directe de polypes, de lsions inflammatoires ou danomalies Lassociation est encore plus rare lorsquil sagit de cancers de
vasculaires urtrales. Elle confirme la saillie endo-urtrale de la vessie, rapporte dans deux cas par Fletcher [8], ou de lurtre
certains kystes prostatiques. Une visualisation du col vsical par dont le mme auteur ne rapporte quun seul cas.
rtrovision permet galement de rechercher des tlangiectasies
son niveau, susceptibles de constituer une cause de saignement,
en particulier chez les patients sous aspirine ou anticoagulants. Hmospermie et maladies infectieuses
ou inflammatoires
Les phnomnes inflammatoires et/ou infectieux lorigine
tiologie ddme ou dirritation muqueuse peuvent expliquer certaines
hmospermies en provenance des vsicules ou des canaux
Lhmospermie, longtemps considre comme idiopathique, jaculateurs. Lensemble des maladies infectieuses, quelles
voit actuellement son origine de plus en plus souvent prcise, soient virales ou bactriennes mais galement parasitaires
comme en tmoignent les sries les plus rcentes et ce, grce comme la bilharziose ou la schistosomiase, peuvent induire ces
lapport de limagerie, quil sagisse de lchographie endorectale hmospermies [13, 14]. Ces tiologies sont le plus frquemment
ou plus rcemment de lIRM. rencontres chez les sujets jeunes. Sur les spermocultures, on
retrouve le plus classiquement : le virus herptique, Chlamydiae
Hmospermie et affections tumorales trachomatis, Enterococcus faecalis et Ureaplasma urealyticum.
Urologie 3
18-602-A-10 Hmospermies
4 Urologie
Hmospermies 18-602-A-10
[19] Mkinen T, Auvinen A, Hakama M, Stenman UH, Tammela TL. [21] Peyromaure M, Ravery V, Messas A, Toublanc M, Boccon-Gibod L,
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Toute rfrence cet article doit porter la mention : Houlgatte A., Game X., Durand X. Hmospermies. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie,
18-602-A-10, 2009.
Urologie 5
18-064-M-10
Hyperoxalurie primitive
P. Cochat, S. Fargue, J. Bacchetta, F. Beby, J.-F. Sabot, J. Harambat
Les hyperoxaluries primitives sont transmises sur le mode autosomique rcessif ; il sagit daffections aussi
rares que graves, engageant toujours le pronostic rnal et parfois aussi le pronostic vital, notamment
dans les formes dbut prcoce. Le type 1, de loin le plus frquent en Europe, rsulte dun dficit
enzymatique (alanine-glyoxylate aminotransfrase) au niveau des peroxysomes du foie, lorigine dune
hyperoxalurie qui sexprime initialement par des lithiases avec ou sans nphrocalcinose. Au fur et
mesure que la filtration glomrulaire se dgrade, une surcharge systmique apparat et npargne aucun
organe, mais lessentiel du stockage de loxalate se fait au niveau du squelette. Le diagnostic repose sur
lhyperoxalurie et la confirmation du type dhyperoxalurie est le plus souvent tablie par lanalyse
molculaire (qui permet aussi un diagnostic prnatal). Le traitement conservateur (hyperhydratation,
inhibiteurs de la cristallisation, pyridoxine) est essentiel et doit tre entrepris le plus prcocement possible.
Aucune mthode de dialyse nest suffisamment efficace pour compenser la surproduction doxalate, de
sorte que la transplantation hpatique et rnale doit tre planifie relativement tt, avant le stade
dinsuffisance rnale avance, pour limiter les dgts de la thsaurismose. Il se peut que, lavenir, de
nouvelles thrapeutiques remplacent ou compltent la transplantation dorganes (transplantation
dhpatocytes, molcules chaperonnes, etc.).
2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Plan
Introduction 1
Point fort
Hyperoxalurie primitive de type 1 1
Oxalose provient du mot latin oxalis (oseille), lui mme
Introduction 1
Prsentation 2 driv de oxus (aigu, pointu, acide).
Diagnostic 2
Surcharge en oxalate 3
Approche molculaire 4 et correspond un dficit en alanine-glyoxylate aminotransf-
Traitement conservateur 5 rase (AGT) ; le type 2 (HP2) est un dficit en glyoxylate-
Traitements urologiques 5 rductase/hydroxypyruvate rductase (GRHPR) ; tous deux sont
Dialyse 6 la consquence dune anomalie svre du mtabolisme du
Transplantation dorganes 6 glyoxylate. Dautres types dHP ( non 1 non 2 ) ont t
Perspectives thrapeutiques 8 rapports dont la physiopathologie reste prciser.
Hyperoxalurie primitive de type 2 8
Diagnostic 8
Approche molculaire 8 Hyperoxalurie primitive de type 1
Traitement 8
Autres types dhyperoxalurie primitive 8 Introduction
Conclusion 8 LHP1 (OMIM#604285) est une affection de transmission
rcessive autosomique qui concerne une naissance vivante sur
120 000 en France [1] ; sa description initiale fut rapporte par
Introduction Lepoutre en 1927.
Depuis 1986, nous savons quelle est la consquence dun
Lhyperoxalurie est un symptme biochimique qui peut tre dficit en une enzyme normalement produite au niveau des
la traduction dune maladie hrditaire du mtabolisme (hype- peroxysomes hpatocytaires, lAGT, dont le coenzyme est le
roxalurie primitive) ou la consquence dune pathologie acquise phosphate de pyridoxine (vitamine B6) ; les premires mutations
(hyperoxalurie secondaire). du gne AGXT ont t mises en vidence en 1990. La maladie
Deux types dhyperoxalurie primitive (HP), seule aborde ici, sexprime soit parce que la production de lenzyme par le
sont identifis : le type 1 (HP1) reprsente environ 80 % des cas peroxysome est dficiente ou absente (dficit quantitatif en
Nphrologie 1
18-064-M-10 Hyperoxalurie primitive
2 Nphrologie
Hyperoxalurie primitive 18-064-M-10
Tableau 1.
Concentrations urinaires et plasmatiques doxalate, glycolate et
L-glycrate : valeurs normales, daprs [8].
Urine Oxalate/24 h Enfant et adulte < 0,50 mmol/1,73 m2
Oxalate/cratinine Enfant < 1 an < 0,15 mmol/mmol
1 4 ans < 0,13 mmol/mmol
5 12 ans < 0,07 mmol/mmol
Adulte < 0,08 mmol/mmol
Glycolate/24 h Enfant < 0,55 mmol/1,73 m2
Adulte < 0,26 mmol/1,73 m2
Glycolate/cratinine Enfant < 1 an < 0,07 mmol/mmol
1 4 ans < 0,09 mmol/mmol
5 12 ans < 0,05 mmol/mmol
Adulte < 0,04 mmol/mmol
Figure 2. Calculs doxalate de calcium monohydrat (whewellite) : L-glycrate/cratinine Enfant et adulte < 0,03 mmol/mmol
aspect macroscopique, type Ic.
Plasma Oxalate Enfant < 7,4 mol/l
Adulte < 5,4 mol/l
Oxalate/cratinine Enfant < 0,19 mol/mol
Oxalate de calcium monohydrat (whewellite) Rfrence Adulte < 0,06 mol/mol
1,0 1 620
Oxalate (COOH-COOH) : 1 mmol = 90 mg ; glycolate (COOH-CH2OH) : 1 mmol
= 76 mg.
0,8
1 316
Tableau 2.
Absorption
0,6
Dmarche diagnostique.
3 056
3 336
514
663
0,2
1 375
593
Cristallurie
0,0
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 Oxalurie (+
Nombre donde glycolaturie si
hyperoxalurie)
Figure 3. Spectromtrie infrarouge : spectre doxalate de calcium mo-
nohydrat (whewellite). Sang Rapport oxalate/cratinine
tude de lADN (gne AGXT)
Surcharge en oxalate
Lorsque la FG devient infrieure 30 50 ml/min/1,73 m2,
les capacits dlimination urinaire de loxalate deviennent trs
insuffisantes pour quilibrer sa production hpatique, de sorte
que la saturation plasmatique en oxalate (compartiment
doxalate soluble) devient critique lorsque la concentration est
suprieure 30 50 mol/l [8]. Il sensuit une atteinte systmi-
que (compartiment doxalate insoluble), o la quasi-totalit des
organes et des tissus est concerne. Ainsi, ds quapparat une
Figure 4. Cristaux doxalate de calcium monohydrat (whewellite, atteinte extrarnale, cela reprsente le dbut de latteinte
x 500). systmique, et il devient alors essentiel den suivre lvolution
de prs.
Le squelette est le principal site de stockage de loxalate
fonction de lorigine gographique et ethnique du patient [8]. (Fig. 5) et le contenu osseux (15 910 mol doxalate/g de tissu
Outre la confirmation du diagnostic, lanalyse de lacide osseux) est beaucoup plus important quen cas dIRCT sans
dsoxyribonuclique (ADN) fournit des informations prdictives oxalose (2 9 mol/g) [9]. Les cristaux doxalate de calcium se
sur le phnotype enzymatique et une ventuelle sensibilit la dposent dans tous les os et forment des bandes denses supra-
pyridoxine, et parfois sur le pronostic clinique (cf. infra). mtaphysaires au niveau des os longs. Au fur et mesure de son
Lorsque la prsentation est atypique, le diagnostic peut faire volution, latteinte osseuse se complique de douleurs, danmie
appel la mesure de lactivit AGT partir dune biopsie rsistante lrythropotine, et de fractures spontanes. Les
hpatique. Mais la corrlation entre le niveau dactivit de articulations sont elles aussi concernes (synovite, chondrocal-
lAGT et la svrit de la maladie est trs incertaine et la biopsie cinose) et des tophi oxaliques peuvent apparatre. Lestimation
hpatique est inutile lorsque le gnotype est connu. du stock osseux doxalate peut tre faite par biopsie osseuse et
Nphrologie 3
18-064-M-10 Hyperoxalurie primitive
Figure 5. Histologie osseuse chez une patiente de 13 ans : nombreux cristaux doxalate de calcium monohydrat (whewellite) (A C).
Figure 6.
A. Examen du fond dil chez un enfant de 2 ans prsentant une forme infantile doxalose : piquet rtinien blanchtre d la prsence de cristaux doxalate
de calcium.
B. Aspect du fond dil chez un enfant de 13 ans.
4 Nphrologie
Hyperoxalurie primitive 18-064-M-10
Gnralits Diurtiques
Le traitement conservateur doit tre entrepris le plus rapide- Lusage des diurtiques doit tre prudent. En effet, le furos-
ment possible, ds que le diagnostic est voqu et avant mme mide augmente le dbit urinaire, mais excerce un effet calciu-
quil ne soit confirm. Le but est daugmenter en permanence rtique. En revanche, leffet diurtique des thiazidiques
la solubilit de loxalate de calcium et de rduire la production (hydrochlorothiazide, 1 2 mg/kg/j) est moins net mais ils
doxalate, ce qui impose une observance sans faille. permettent de rduire significativement la calciurie.
Hydratation Dittique
Le risque lithiasique augmente lorsque loxalurie excde La rduction des apports alimentaires en oxalate ninfluence
0,4 mmol/l, notamment lorsque la calciurie excde 4 mmol/l ; gure le cours de lHP1. En effet, loxalate alimentaire ne
en effet, le rle de la saturation en oxalate semble aussi reprsente pas plus de 5 10 % de loxalate limin par voie
important que celui de la saturation en calcium [17]. Lessentiel rnale. Il est nanmoins lgitime de limiter les apports en
du traitement repose donc sur lhydratation, sur la base de 2 chocolat, rhubarbe, th, oseille, pinards, etc., notamment au
3 l/m2/j, avec pour objectif de diluer les urines aussi bien le jour stade dIRCT. En revanche, la rduction des apports calciques
que la nuit, ce qui peut parfois ncessiter un apport hydrique nest pas recommande car le calcium alimentaire se lie
par sonde de nutrition entrale chez les jeunes enfants. La loxalate pour former des complexes insolubles doxalate de
contrainte de cette hydratation expose la non-observance, calcium, limins par voie intestinale. Par ailleurs, il convient
notamment au moment de ladolescence, de sorte que lduca- dviter toute supplmentation en vitamine C, car lacide
tion et linformation doivent tre sans cesse renouveles sur ce ascorbique est un prcurseur de loxalate.
point.
Les autres lments du traitement conservateur sont impor-
Efficacit
tants, mais leur impact devient ngligeable si lhydratation nest La finalit de tous les traitements conservateurs proposs est
pas applique en priorit. de rduire la fois la concentration plasmatique doxalate, le
degr de saturation du plasma en oxalate de calcium et le risque
Inhibiteurs de la cristallisation de cristallisation urinaire. Limpact de ce traitement (Tableau 4)
peut tre valu par le suivi rpt de la cristallurie, du volume
Les inhibiteurs de la cristallisation, comme le citrate (prf- cristallin et parfois laide de logiciels permettant destimer la
rence au citrate de potassium pour ne pas accrotre lapport sod sursaturation en oxalate de calcium.
qui augmenterait la calciurie, sur la base de 100 150 mg/kg/j
de citrate, en trois ou quatre prises quotidiennes), le phosphate
neutre ou le magnsium sont indispensables pour rduire
Traitements urologiques
labsorption du calcium et donc la calciurie, mais aussi pour Le traitement des calculs doit viter chaque fois que possible
diminuer la croissance et lagglomration des cristaux. Il en la chirurgie ouverte et la chirurgie percutane en raison du
rsulte une augmentation de la solubilit de loxalate de calcium risque de dgts parenchymateux associs, susceptibles daltrer
dans lurine. la FG. Le traitement des calculs par urtroscopie est une
Nphrologie 5
18-064-M-10 Hyperoxalurie primitive
solution particulirement intressante lorsquelle est possible. en prparation une transplantation rnale, avant ou aprs
Dans les autres cas, la lithotritie extracorporelle est une option transplantation hpatique associe, afin dpurer au maxi-
acceptable mais, lorsque existe une nphrocalcinose, des lsions mum loxalate et dviter quil ne se dpose massivement
parenchymateuses dans le faisceau des ondes de choc peuvent dans le parenchyme du greffon ;
altrer la FG. Globalement, tous les traitements des calculs chez la suite dune greffe isole du rein ou dune greffe combine
des patients atteints dHP1 sont susceptibles dentraner une hpatique et rnale, seulement lorsque la reprise de diurse
modification du profil volutif de la fonction rnale. Pour cette nest pas immdiate ou lorsque survient un dysfonctionne-
raison, chez les malades qui souffrent de coliques nphrtiques ment transitoire du greffon rnal, afin dpurer loxalate
rptes, la mise en place dune sonde en double J permet de systmique et viter les dpts doxalate au niveau du rein
contrler la douleur et prserve le parenchyme rnal. Les greff ;
indications urologiques sont finalement toutes dlicates et exceptionnellement chez des malades relativement gs et en
doivent toujours tre confies des urologues expriments labsence dalternative thrapeutique ;
dans le traitement de cette affection. dans les pays en dveloppement, lhmodialyse (ou dfaut
Par ailleurs, au stade de lIRCT, la nphrectomie des reins la dialyse pritonale) est malheureusement la seule alterna-
propres est recommande dans la perspective dune transplan- tive labandon de traitement, ce qui pose des problmes
tation afin de limiter le risque dinfection urinaire, les pisodes thiques majeurs.
dobstruction et lmission de calculs.
Transplantation dorganes
Dialyse La stratgie de transplantation est dicte par lvaluation du
Globalement, la dialyse nest pas adapte au traitement de stock systmique doxalate, estim par la mesure rpte de la
lHP1 au stade dIRCT. En effet, en dpit de la faible masse FG, de loxalmie et de latteinte systmique (fond dil, DEXA,
molculaire de loxalate (COOH-COOH : 1 mmol = 90 mg), la histomorphomtrie osseuse) [9] . Cette atteinte systmique,
dialyse ne permet pas dquilibrer la surproduction excessive grossirement corrle au temps pass en IRCT, conditionne la
doxalate au niveau hpatique : cette production est de 4 morbidit et la mortalit et, idalement, toute transplantation
7 mmol/1,73m2/24 h alors que lpuration par dialyse conven- doit donc tre une dmarche prcoce, ds que la FG est inf-
tionnelle nest que de 1 2 mmol/1,73m2/24 h), de sorte que rieure 40 30 ml/min/1,73 m2.
la surcharge tissulaire est inexorable [18]. Une telle option est
Transplantation rnale
donc inacceptable, tant en termes de qualit de vie que de
morbidit ou de mortalit. La transplantation rnale permet une limination efficace de
Chez les patients atteints dHP1 et traits par hmodialyse, loxalate soluble mais le greffon doit alors faire face non
loxalmie prdialytique se situe habituellement entre 100 et seulement la production hpatique doxalate soluble mais
200 mol/l (normale < 7 mol/l), soit une concentration bien aussi la part doxalate tissulaire libre dans le plasma. Il
suprieure ce que lon peut observer chez les patients qui sensuit une rcidive des dpts doxalate de calcium dans le
prsentent une insuffisance rnale dautre cause (40 greffon rnal dans 100 % des cas et une prennisation de la
50 mol/l) [19]. On peut aussi calculer le coefficient de satura- surcharge tissulaire. La transplantation rnale isole est donc a
tion du plasma en oxalate de calcium (bCaOx, valeur normale priori contre-indique en raison du risque de rcidive rnale et
1 unit relative), qui est de lordre de 4,5 en cas dHP1 et de de labsence defficacit sur latteinte systmique.
lordre de 1,5 en cas dIRCT de cause autre que lHP1 [20] . Chez certains patients porteurs de la mutation Gly170Arg ou
Loxalmie prdialytique est diminue de lordre de 60 % aprs Phe152Ile, il existe un degr variable mais certain de sensibilit
chaque sance (mais bCaOx reste suprieur 1 unit relative), la pyridoxine ; celle-ci doit donc tre systmatiquement teste
retourne environ 80 % de la concentration prdialytique en et valide, pouvant alors faire discuter thoriquement une
24 heures et 95 % en 48 heures. En effet, lhmodialyse pure transplantation rnale isole associe un traitement ininter-
seulement loxalate soluble circulant et entrane un rebond de rompu par pyridoxine [15, 23].
concentration provenant du compartiment renouvellement Dans les pays en dveloppement, la transplantation rnale
lent, savoir essentiellement le squelette. Par consquent, isole est propose soit en labsence de diagnostic prcis, soit
lhmodialyse quotidienne (5 heures au minimum par sance) dans lattente dune transplantation combine hpatique et
est la mieux adapte mais ne peut tre applique tous les rnale dans un autre pays, soit malheureusement comme seule
patients, ce qui conduit inexorablement la poursuite des alternative la dialyse. Les checs sont nombreux, dautant que
dpts systmiques doxalate [21] . En ce qui concerne les les mutations associes la sensibilit la pyridoxine sont peu
dialyseurs, la meilleure puration est obtenue en utilisant des frquentes. Cela pose dimportants problmes thiques et
membranes de grande surface, soit de type polysulfone haute parfois de sant publique. Ce constat permet dinsister sur la
permabilit, soit de type triactate de cellulose ; en revanche, ncessit entreprendre un traitement conservateur prcoce et
le dbit de prdilution ne modifie gure lpuration de loxa- agressif, mais aussi sur le fait quil est lgitime de sabstenir de
late [22]. Lobjectif thorique de toute stratgie de dialyse est de tout acharnement thrapeutique en labsence de ressources
maintenir loxalmie prdialytique infrieure 50 mol/l afin adaptes, notamment dans les formes svres doxalose
de limiter la progression systmique de la maladie (Tableau 4). infantile.
La dialyse pritonale noffre pas une puration suffisante de
loxalate mais, chez quelques patients, notamment en cas Argumentaire pour la transplantation hpatique
doxalose infantile, la combinaison de lhmodialyse quoti- Dans la mesure o la production doxalate est strictement
dienne et de la dialyse pritonale permet une clairance limite aux peroxysomes hpatocytaires, unique site de dtoxi-
relativement efficace, limite lexposition systmique et vite les fication du glyoxylate, seule lhpatectomie permet de contrler
rebonds postdialytiques doxalate. Cependant, cette stratgie de la situation mtabolique. Cette production est si importante que
dialyse combine impose une qualit de vie dplorable du fait les tentatives de remplacement enzymatique sont actuellement
de la lourdeur de la mdicalisation. toutes voues lchec tant que le foie natif est prsent. La
Sur ces mmes arguments physiopathologiques, lhmodialyse transplantation hpatique orthotopique reprsente donc une
peut tre indique avant, pendant ou aprs transplantation forme denzymothrapie substitutive en apportant lenzyme
dorganes (cf. infra). manquante au bon endroit, tant en ce qui concerne lorgane
Globalement, les indications de dialyse sont limites (foie), que la cellule (hpatocyte) ou la structure intracellulaire
certaines situations prcises : (peroxysome) [24]. Lobjectif de la transplantation dorganes dans
malheureusement lorsque le diagnostic dHP1 na pas encore lHP1 est donc de transformer un bilan doxalate inexorable-
t fait ; ment positif en un bilan progressivement ngatif, en interrom-
chez les enfants prsentant une forme infantile dHP1, dans pant la production hpatique (transplantation hpatique) et en
lattente dune transplantation dorganes ; restaurant lpuration rnale (transplantation rnale).
6 Nphrologie
Hyperoxalurie primitive 18-064-M-10
Tableau 5.
Proposition de stratgie de transplantation dorganes selon le niveau de fonction rnale. Actuellement, la plupart des quipes ont opt pour la transplantation
combine hpatique et rnale dans la quasi-totalit des indications.
Transplantation Foie avec rein Foie puis rein Rein seul Foie seul
HD priopratoire HD++ entre-temps HD priopratoire
Forme infantile (IRCT avant 2 ans) Oui Oui Non X
Urgence relative
Nphrologie 7
18-064-M-10 Hyperoxalurie primitive
8 Nphrologie
Hyperoxalurie primitive 18-064-M-10
simple confirmer lorsquil a t voqu. Le traitement est [23] Monico CG, Rossetti S, Olson JB, Milliner DS. Pyridoxine effect in
lourd pour les patients, pour leur entourage et pour la socit. type 1 primary hyperoxaluria is associated with the most common
De nombreuses perspectives de recherche sont nanmoins mutant allele. Kidney Int 2005;67:1704-9.
engages, pour lesquelles le dveloppement dune base interna- [24] Danpure CJ, Rumsby G. Enzymological and molecular genetics of
tionale de donnes est en cours dlaboration. primary hyperoxaluria type 1. Consequences for clinical management.
Les autres types dhyperoxaluries primitives sont progressive- In: Khan SR, editor. Calcium oxalate in biological systems. Boca
Raton: CRC Press; 1995. p. 189-205.
ment dmembrs en dpit de leur extrme raret.
[25] Collard L, Amore A, Bensman A, Bouissou F, Bourdat G, de Ville de
Goyet J, et al. Combined liver kidney transplantation in children: multi-
.
Nphrologie 9
18-064-M-10 Hyperoxalurie primitive
[48] Johnson SA, Rumsby G, Cregeen D, Hulton SA. Primary hyperoxaluria Pour en savoir plus
type 2 in children. Pediatr Nephrol 2002;17:597-601.
[49] Milliner DS, Wilson DM, Smith LH. Phenotypic expression of primary
hyperoxaluria: comparative features of types I and II. Kidney Int 2001; Association pour linformation et la recherche sur les maladies rnales gn-
59:31-6. tiques (AIRG). www.airg-france.org.
[50] Giafi CF, Rumsby G. Kinetic analysis and tissue distribution of human Oxal Europe. www.oxaleurope.com.
D-glycerate dehydrogenase/glyoxylate reductase and its relevance to Nephrogones.www.chu-lyon.fr/internet/chu/etablissements/hfme/maladies_
the diagnosis of primary hyperoxaluria type 2. Ann Clin Biochem 1998;
renales_rares/.
35:104-9.
[51] Booth MP, Conners R, Rumsby G, Brady RL. Structural basis for the The German PH self support group. www.ph-selbsthilfe.org.
substrate specificity in human glyoxylate reductase/hydroxypyruvate The Oxalosis and Hyperoxaluria Foundation (OHF). www.ohf.org.
reductase. Urol Res 2007;35:265. Nomenclature du gnome humain. www.gene.ucl.ac.uk/nomenclature/.
P. Cochat ([email protected]).
S. Fargue.
J. Bacchetta.
F. Beby.
J.-F. Sabot.
J. Harambat.
Centre de rfrence des maladies rnales rares, Inserm U820, Hospices civils de Lyon, Universit de Lyon, service de pdiatrie, Hpital Femme Mre Enfant,
59, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Cochat P., Fargue S., Bacchetta J., Beby F., Sabot J.-F., Harambat J. Hyperoxalurie primitive. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Nphrologie, 18-064-M-10, 2009.
10 Nphrologie
18-026-B-10
Lhypertension touche 26 % de la population mondiale, avec de grandes disparits suivant les contres.
Sa frquence augmente avec lge. Elle est un des facteurs importants du risque cardiovasculaire global.
Sa dfinition et sa classification ont volu avec le temps, et ce processus sacclre actuellement. En tout
cas son diagnostic ne saurait reposer sur une simple mesure au cabinet mdical, mais suppose une
confirmation laide dune automesure domicile ou dune mesure ambulatoire. Mme mesurs au
mieux, les chiffres de pression artrielle doivent sintgrer dans le risque global et cest de celui-ci que
dpendent les dcisions thrapeutiques. Le mcanisme qui conduit une hypertension nest assurment
pas univoque, et une multitude de facteurs y concoure, les uns composante gntique, dautres relevant
de lenvironnement. Dans tous les cas le rein se trouve au centre de la physiopathologie de lhypertension,
par la rgulation du bilan sod et la relation pression/natriurse. On dispose actuellement dune riche
panoplie dantihypertenseurs. Chacun peut tre utilis en premire intention suivant le contexte du
patient, mais la plupart ncessiteront au moins deux mdicaments. Des mesures hyginodittiques sont
par ailleurs indispensables. Malgr ce riche arsenal et le foisonnement des recommandations, le taux de
contrle de lhypertension (< 140/90 mmHg) reste encore mdiocre.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Plan Introduction
Introduction 1 La situation qualifie dhypertension est extraordinairement
frquente, surtout lge mr ; elle est considre comme la
Dfinition et classification : remaniement progressif 1 premire cause au monde de mortalit (via un accroissement
Redfinir peu ou prou lhypertension 2 majeur du risque cardiovasculaire, cardiopathie ischmique et
Diagnostic dhypertension 3 accident vasculaire crbral [AVC]) et de morbidit grave [1-4]. Il
Mesure de la pression artrielle 3 sagit donc dun problme majeur de sant publique, qui
Piges diagnostiques 4 comporte de plus de lourdes implications financires qui ne
pidmiologie 4 sont pas sans altrer parfois la qualit scientifique des dbats.
Prvalence 4 Sa dfinition a fluctu avec le temps, mais cest aujourdhui
Hypertension artrielle et ethnie 4 le concept mme qui est en pleine volution, avec pour cons-
Hypertension et migrations de populations 4 quence un abord nouveau aussi bien de la classification, que du
diagnostic et du traitement.
Pathognie 4
On sait de longue date que lhypertension dite essentielle
Rle incontournable du rein 4
en est de trs loin la forme la plus frquente. Le temps nest
Anomalie gntique de la rabsorption du sodium ? 5 plus o lon pensait que lhypertension essentielle tait une
Gntique 6 entit en voie de meilleure comprhension, voire de dmem-
Vieillissement artriel et hypertension systolique isole 7 brement. On connat mieux aujourdhui son polymorphisme
Autres facteurs endognes 7 remarquable, mais aussi son chevauchement avec dautres
Facteurs denvironnement 8 formes considres nagure comme des hypertensions secondai-
Hypertension artrielle et risque cardiovasculaire 9 res bien distinctes (hyperaldostronisme, nphropathies).
Risque global 9 Larsenal thrapeutique face cette pathologie est dsormais
Syndrome mtabolique 9 dune grande richesse, mais paradoxalement le taux de contrle
Atteinte rnale infraclinique 9 de lhypertension reste mdiocre, progresse peu, et le silent killer
Hypertension artrielle et risque rnal 9 poursuit son uvre sans tre trop perturb.
Quel bilan ? 10
Traitement 10 Dfinition et classification :
Validation : tudes 10
Qui et quand traiter ? 11
remaniement progressif
Comment traiter ? 12 La dfinition de lhypertension a longtemps repos (et cest
Hypertension artrielle rsistante 13 encore le cas dans une certaine mesure) sur des chiffres seuils.
Ces chiffres ont dabord t de 160/95 mmHg, puis de
Nphrologie 1
18-026-B-10 Hypertension artrielle essentielle et rein
128
Point fort
70-79 ans
4
Une telle dfinition est cependant remise en cause. Elle ne
serait acceptable que sil existait un seuil de pression artrielle
au-dessus duquel le risque cardiovasculaire slverait de
manire abrupte, ou un seuil au-dessus duquel une thrapeuti- 2
que serait bnfique, tandis quelle ne le serait pas si elle tait
instaure pour des valeurs plus basses. Or tel nest pas le cas. Il
est donc plusieurs excellentes raisons de remettre en cause cette 1
dfinition, travail qui nest que partiellement accompli, tant le
changement dhabitudes est profond et parat difficile grer.
Il existe une relation linaire, sans aucune forme de seuil,
entre la pression artrielle et le risque cardiovasculaire. Le travail
de la Prospective Studies Collaboration, portant sur prs de 120 140 160 180 PAS (mmHg)
1 million de sujets, a confirm cette linarit jusqu des valeurs
aussi basses que 110-115 mmHg pour la pression artrielle
Figure 1. Risque de mortalit par cardiopathie ischmique en fonction
systolique (PAS) et 70-75 mmHg pour la pression artrielle
de la pression artrielle systolique, par tranche dge. Noter labsence de
diastolique (PAD) [5]. Le nombre insuffisant de sujets ne permet
seuil tensionnel partir duquel le risque se majorerait. Daprs Lewington
pas de tester si la relation descend plus bas encore. En tout cas et al. [5]. PAS : pression artrielle systolique.
il y a doublement du risque cardiovasculaire entre 120 et
140 mmHg (Fig. 1).
Les sujets dont la PAS se situe entre 120 et 140 mmHg ont
donc un risque cardiovasculaire plus lev que ceux dont les Tableau 1.
valeurs sont plus basses ; cela a t confirm dans de nombreu- Classification de la pression artrielle dans les diffrentes
ses sries [6-8]. recommandations.
Les deux tiers des AVC et plus de la moiti des accidents PAS (mmHg) HAS JNC 7 ESH/ESC
coronaires sont considrs imputables la pression artrielle. Or
< 120 et < 80 Normale Normale Optimale
plus de la moiti de ces accidents imputables survient pour des
valeurs de PAS au-dessous de 140 mmHg [9] . Qui plus est, 120-129 ou 80-84 Normale Prhypertension Normale
certaines tudes ont montr, chez des sujets risque particulier, 130-139 ou 85-89 Normale Prhypertension Normale haute
un bnfice notable dun traitement antihypertenseur, mme si 140-159 ou 90-99 HTA grade 1 HTA grade 1 HTA grade 1
la pression artrielle est infrieure 140/90 mmHg [10]. 160-179 ou 100-109 HTA grade 2 HTA grade 2 HTA grade 2
La dfinition arbitraire de lhypertension fonde sur les 180 ou 110 HTA grade 3 HTA grade 2 HTA grade 3
valeurs de 140/90 mmHg ne reflte donc pas des ralits 140 et < 90 HTA systolique isole
cliniques. Face ce paradoxe, plusieurs attitudes sont possibles,
illustres par les trois recommandations majeures rcentes HAS : Haute Autorit de sant ; JNC : Joint National Committee ; ESH/ESC :
European Society of Hypertension/European Society of Cardiology ; PAS :
(Tableau 1). pression artrielle systolique ; HTA : hypertension artrielle.
Ignorer ce dbat et maintenir le seuil de 140/90 mmHg
considr comme consensuel , cest lattitude, pragmatique,
adopte dans la recommandation franaise, mme si les probl- ne pas troubler les esprits , mais nen propose pas moins une
mes ci-dessus y sont brivement voqus. dfinition plus flexible dans laquelle lhypertension peut
commencer 120, 130 ou 140 mmHg en fonction du niveau de
risque cardiovasculaire global (Fig. 2). Cest du reste la position
Redfinir peu ou prou lhypertension dfendue depuis 10 ans par lOrganisation mondiale de la sant
La recommandation amricaine Joint National Committee (OMS) et la Socit internationale dhypertension [13].
(JNC) 7 [11] distingue trois zones : en de de 120 mmHg, les En rsum : le seuil de lhypertension demeure fix
sujets sont normotendus ; entre 120 et 140 mmHg, ils sont 140/90 mmHg, mais tout le monde admet que cette dfinition
prhypertendus ; au-del de 140 mmHg, ils sont hyper- nest pas satisfaisante. La recommandation amricaine propose
tendus. une prise en charge par des mesures hyginodittiques ds
La recommandation de lEuropean Society of Hypertension/ 120 mmHg. La recommandation europenne propose de nuan-
European Society of Cardiology (ESH/ESC) [12] adopte un cer fortement cette dfinition en fonction du risque cardiovas-
dgrad de qualificatifs pour les niveaux successifs de pression culaire global, et conseille une prise en charge thrapeutique (y
et exprime sa rticence fixer un seuil au-del duquel le terme compris mdicamenteuse) pour des seuils plus bas lorsque le
hypertension devient applicable. Elle le fait nanmoins, pour risque est lev.
2 Nphrologie
Hypertension artrielle essentielle et rein 18-026-B-10
Nombre Normale Normale haute HTA grade 1 HTA grade 2 HTA grade 3
dautres facteurs PAS 120-129 PAS 130-139 PAS 140-159 PAS 160-179 PAS 180 +
de risque PAD 80-84 PAD 85-89 PAD 90-99 PAD 100-109 PAD 110 +
1-2
Trois ou plus,
AOC, diabte
Maladie
cardiovasculaire
tablie
Figure 2. Risque vasculaire suivant les chiffres de pression artrielle et les autres facteurs de risque. Le trait dsigne le seuil qui doit tre considr comme
hypertension en cas de risque global lev. Les couleurs dsignent ce risque, du vert (risque standard) jusquau rouge (risque trs fortement major). PAS :
pression artrielle systolique ; PAD : pression artrielle diastolique ; HTA : hypertension artrielle ; AOC : atteinte dorganes cibles. Modifi daprs la
recommandation European Society of Hypertension (ESH) 2007.
Diagnostic dhypertension minutes dintervalle, une troisime fois si les deux premires
sont sensiblement diffrentes. Hormis les situations manifes-
Le diagnostic dhypertension parat premire vue si simple tement graves, le diagnostic dhypertension ne saurait tre
quil nest gnralement pas port avec la rigueur qui simpose- pos aprs une seule consultation. Les mesures doivent tre
rait. Ainsi certaines hypertensions ne sont pas diagnostiques, rptes et la constance de chiffres levs vrifie. Nous
dautres sont diagnostiques par excs et traites dans une ninsistons pas ici sur les modalits techniques de cette
inutile prcipitation, source de remise en cause ultrieure. mesure, simples et bien connues mais trop souvent ngliges.
Hormis les cas, assez rares, dans lesquels lhypertension est Lautomesure domicile : elle doit suivre la rgle des trois ,
manifestement svre et associe un niveau lev de risque 3 jours, 3 mesures le matin, 3 mesures le soir. Cette mthode
cardiovasculaire, le bon sens commande de prendre le temps est dun appoint considrable et apporte une valuation bien
dune valuation srieuse avant de formuler un diagnostic qui plus prcise de la pression artrielle du sujet dans la vie
implique un traitement vie. courante. Elle corrle mieux avec le risque cardiovasculaire
que la pression de consultation. Enfin, elle a lavantage
Mesure de la pression artrielle dimpliquer le patient dans son diagnostic, puis son traite-
Si lon persiste se fixer sur des chiffres, encore faut-il que ment. Pour la HAS, lautomesure doit tre systmatique
ceux-ci soient fiables et reprsentent une ralit plus consistante lorsque la pression de consultation est de 140-180 mmHg ou
quun instantan du patient. Les recommandations saccordent 90-110 mmHg (sauf l encore les situations de risque mani-
sur la ncessit de mesures rptes et, sauf cas particulier, du festement lev) avant que le diagnostic soit dfinitivement
recours lautomesure ou la mesure ambulatoire de la pos.
pression artrielle (MAPA). La mesure ambulatoire (MAPA). Elle a linconvnient dtre
plus lourde et plus coteuse que lautomesure. Elle fournit en
contrepartie des informations prcieuses sur la variabilit, sur
la diffrence jour-nuit, sur la monte tensionnelle du petit
Point fort matin. Elle aussi corrle bien avec le risque cardiovasculaire,
mais pas mieux que lautomesure [14]. La HAS lui assigne un
rle secondaire par rapport lautomesure. Dautres recom-
Lhypertension ne peut tre diagnostique sur la foi de la mandations lui sont plus favorables.
seule mesure au cabinet mdical. Elle doit tre confirme Nous ne nous tendons pas sur la mesure de la pression
par une automesure tensionnelle ou une MAPA. artrielle centrale, qui peut diffrer sensiblement de la pression
brachiale du fait de la superposition de londe de rflexion. Sa
mesure non invasive est rendue possible par une analyse
La pression artrielle mesure au cabinet mdical reste informatique de la forme de londe de pouls, permettant de
gnralement le premier terme du diagnostic. Toutes les calculer un index daugmentation . Cet appareillage relve
recommandations estiment par ailleurs quelle reste la actuellement de centres de recherche, et son intrt pratique est
rfrence. La mesure doit tre faite deux fois quelques encore mal valu.
Nphrologie 3
18-026-B-10 Hypertension artrielle essentielle et rein
4 Nphrologie
Hypertension artrielle essentielle et rein 18-026-B-10
du systme rgulateur, et dispose dun gain pratiquement surcharge sode, et la pression artrielle augmente plus forte-
infini. Cela souligne limportance critique de llimination ment. Ils ont ainsi dmontr que la rponse tensionnelle au
rnale de leau et du sodium pour dterminer le niveau auquel sodium dpend de la capacit dajustement de la rabsorption
est rgule long terme la pression artrielle. proximale du sodium.
Le corollaire en est quil ne saurait y avoir dlvation
permanente de la pression artrielle sans que ce mcanisme soit Anomalie gntique de la rabsorption
dfaillant. En dautres termes, il existe chez les hypertendus une
modification de la relation pression-volume, et llimination de du sodium ?
la charge sode ncessite une pression plus leve pour viter Nombre darguments suggrent que ce trouble de la rabsorp-
une augmentation du volume extracellulaire. tion proximale du sodium est constitutionnel, et donc poten-
tiellement gntique. Diverses tudes ont montr que la
sensibilit au sodium avait, par elle mme, une composante
gntique. Une anomalie des transferts Na/K a t mise en
Point fort
vidence dans les parois rythrocytaires de sujets jeunes,
normotendus, mais ns de parents hypertendus [32]. Trs tt,
dlgantes thories ont suggr que lhypertension pourrait tre
Le rein est au centre de la physiopathologie de le prix hmodynamique payer en prsence dune telle anoma-
lie pour le maintien dune balance sode en quilibre [33]. Parmi
lhypertension. De nombreux arguments donnent
les nombreux gnes-candidats tests, une mutation dune ou
penser que lhypertension pourrait tre le prix payer plusieurs des trois sous-units de lalpha-adducine est sans doute
pour le maintien en quilibre de la balance sode chez des la plus consistante et la plus avance [34, 35]. Une telle mutation
sujets dont la courbe pression/natriurse est altre. Le est dune frquence trs accrue chez les hypertendus ; elle
mode et le type de cette altration ne sont probablement corrle avec la sensibilit au sodium et prdit la rponse
pas univoques. En tout cas, la sensibilit au sodium de tensionnelle aux diurtiques. Lactivation de louabane endo-
la pression artrielle est un lment essentiel. gne, suggre par Garay et par De Wardener, reste nanmoins
dactualit [36, 37].
Une hyperfiltration glomrulaire pourrait tre le premier
terme de cette compensation. En effet, sil existe un excs de
Les mcanismes de cette altration ne sont pas univoques. Un rabsorption proximale, limitant lapport de sodium au nphron
dplacement vers la droite de la courbe, gnralement corollaire distal, la mise en jeu du rtrocontrle tubuloglomrulaire
dune augmentation de la rsistance prglomrulaire, serait conduit une augmentation compensatrice de la filtration
lorigine dhypertensions non dpendantes du sodium. Une glomrulaire. De fait, Bianchi [38] a montr que la filtration
altration de la pente de cette relation, lie une surface de glomrulaire est plus leve chez des sujets jeunes normotendus
filtration rduite ou une rabsorption excessive du sodium, dont les deux parents sont hypertendus (donc a priori prdis-
conduirait au contraire des hypertensions dpendantes du poss lhypertension) que chez ceux dont les deux parents
sodium. Plusieurs explications sont possibles ces diffrents sont normotendus.
De fait, Weir et al. [39] ont montr que la filtration glomru-
phnomnes. Johnson et al. [29] en ont propos trois voies :
laire et la fraction de filtration sont plus leves chez les sujets
un mcanisme rnoprive (diminution de la filtration
sensibles au sodium. Barba et al. [40] ont tudi la filtration
glomrulaire) ;
glomrulaire et la rabsorption proximale du sodium chez
une stimulation de la rabsorption de sodium dans le tube
47 volontaires sains normotendus, classs suivant leur sensibilit
collecteur (via le canal sodium pithlial) ;
au sodium. En rgime normosod, les sujets sensibles au sodium
une ischmie rnale (vasoconstriction, stress oxydatif et avaient la fois une filtration glomrulaire et une rabsorption
inflammation), forme plus moderne de lancienne thorie de proximale du sodium plus leves que les autres. La diffrence de
Goldblatt. Quoi quil en soit, plusieurs mcanismes de base filtration glomrulaire disparaissait sous rgime pauvre en sel.
semblent impliqus. Palatini et al. [41] ont montr chez des sujets jeunes porteurs
dune hypertension limite que lhyperfiltration est dautant plus
Sensibilit accrue au sodium marque si les sujets ont une microalbuminurie. Diverses tudes,
Normalement, les variations de lapport sod dans une assez enfin, ont montr une hyperfiltration chez les sujets noirs-
large plage ne saccompagnent daucune modification de la amricains hypertendus, surtout en rgime normosod [42, 43].
pression artrielle ou de changements minimes, indiquant une Ces donnes suggrent donc que chez certains individus, le
mise en uvre normale de la natriurse de pression. Cette maintien de la balance sode se fait effectivement au prix dune
rponse est nanmoins largement variable dans les populations, augmentation de la pression artrielle et de la filtration
ce qui a conduit au concept dune sensibilit au sel , plus ou glomrulaire.
moins marque selon les individus [30]. Lide est donc largement acquise quune hyperfiltration est
commune au stade le plus prcoce dune maladie hypertensive
Dans lensemble, les hypertendus sont plus souvent sensibles
et quelle prcde laugmentation de pression artrielle.
au sel que les normotendus (51 % versus 26 %). Cette sensibilit
varie avec de nombreux facteurs : lethnie (les Noirs hyper-
tendus sont plus souvent sensibles), lge, lobsit, la rsistance Flux sanguin mdullaire
linsuline. Elle est conditionne par des facteurs hormonaux Dans les annes 1960 a t mise en vidence une substance
(systme rnine-angiotensine, etc.) et par dautres relevant produite pas la mdullaire rnale, appele lpoque medulli-
directement de lhmodynamique rnale et/ou de la rabsorp- pine. Il a ensuite t montr que le flux sanguin mdullaire
tion tubulaire proximale du sodium. tait un mdiateur important de la natriurse de pression, et
Chiolero et al. ont conduit une lgante tude dans laquelle que ce flux est rduit dans nombre dhypertensions exprimen-
ils ont valu la variation de lexcrtion fractionnelle du lithium tales. Diverses tudes ont tay cette ide. Chez le spontaneously
(index de celle du sodium) et de la pression artrielle pour des hypertensive rat (SHR), la perfusion de captopril dans la mdul-
niveaux haut ou bas dapport sod [31]. Ils ont ainsi individualis laire augmente le flux sanguin mdullaire sans altrer le flux
trois groupes de sujets : en rponse un apport sod accru, le cortical, et diminue la pression artrielle. La relation pression-
premier groupe augmente son excrtion fractionnelle du natriurse est alors dplace vers la gauche. Chez le rat Dahl
lithium et ne modifie pas, voire baisse lgrement sa pression sensible, laugmentation de lapport sod rduit le flux mdul-
artrielle. Le second groupe najuste pas son excrtion fraction- laire en mme temps quelle augmente la pression artrielle. Si
nelle du lithium, et augmente sa pression artrielle. Dans le lon empche cette rduction par une perfusion mdullaire de
troisime groupe, lexcrtion fractionnelle diminue lors de la L-arginine, lhypertension induite par le sodium est aussi vite.
Nphrologie 5
18-026-B-10 Hypertension artrielle essentielle et rein
Et de fait le NO, et son quilibre avec lanion superoxyde, montr que ces animaux glomrules moins nombreux et plus
apparat comme un mdiateur essentiel du flux sanguin gros ont une hypertension prcoce, une protinurie, un nombre
mdullaire [44]. de rcepteurs AT1 de langiotensine augment.
Si ces donnes sont assez convergentes en exprimentation Rodriguez et al. [53] ont montr dans lespce humaine une
animale, il nen existe actuellement aucune contrepartie solide rduction du nombre de nphrons chez les grands prmaturs.
dans lhypertension humaine. De mme, Hughson et al. ont constat une relation linaire
entre le nombre de glomrules et le poids de naissance des
Nombre de nphrons rduit la naissance ? sujets [54]. Hofman et al. [55] ont montr la prsence constante
dune rsistance linsuline chez des enfants de 4 10 ans ns
Brenner a suggr que lhypertension essentielle pourrait tre prmaturs et/ou hypotrophes.
lie un nombre rduit de nphrons la naissance, responsable Nous ne dtaillons pas ici tout cet argumentaire, dont une
dune hyperfiltration compensatrice [45]. Celle-ci expliquerait revue gnrale a t publie il y a quelques annes [56]. Lide
alors non seulement lapparition de lhypertension, mais aussi gnrale qui en ressort est que certains individus pourraient
la nphropathie ultrieure. natre avec un nombre de nphrons rduit et en hypertrophie
Des arguments trs solides ont t dvelopps en faveur de compensatrice. Cette hyperfiltration porterait en elle la fois le
cette ide. Parmi diverses tudes, particulirement convaincante germe de lhypertension et celui de la glomrulosclrose. Les
est celle, rcente, dans laquelle ont t compars les reins de dix mcanismes de cette programmation apparaissent complexes et
hommes hypertendus et de dix autres, normotendus, dcds ne sont pas compltement lucids. Ils pourraient faire interve-
lors daccidents de la route [46]. Les hypertendus avaient moiti nir le systme rnine-angiotensine ftal, le mtabolisme des
moins de nphrons que les normotendus (702 379 contre glucocorticodes, et dautres systmes encore, au cours de la
1 429 200), et leurs glomrules taient hypertrophiques. priode de nphrogense, correspondant chez lhomme au
Au demeurant, le compte et la mesure des glomrules ne sont troisime trimestre de la grossesse.
pas un travail simple. Hoy et al. [47] ont rapport une tude
portant sur des reins dautopsie provenant de sujets dethnies Transplantation
trs diverses. Ils ont observ une variation du nombre des
glomrules dun facteur 9 et une variation de leur volume dun Une raison majeure de considrer le rein comme origine de
facteur 5,6. Il ny avait pas de diffrence interethnique franche. lhypertension rside dans les expriences de transplantation.
Nanmoins les auteurs ont observ une corrlation forte entre De nombreux travaux y ont t consacrs depuis la publication
le nombre et le volume des glomrules. Cette observation leur initiale de Dahl qui avait montr que lhypertension suit le
a suggr que laugmentation du volume des glomrules rein . Dans nombre de modles dhypertensions gntiques, si
pourrait tre un facteur compensateur de la rduction de leur un rein dun donneur hypertendu est transplant un receveur
nombre et reprsenter alors un facteur de susceptibilit normotendu, ce dernier devient hypertendu, et inversement [57].
linsuffisance rnale. En transplantation rnale humaine, des donnes aussi tranches
Un nombre rduit de nphrons suffit-il expliquer une sont impossibles obtenir, mais il est clair quune hypertension
hypertension ? Les donnes obtenues aprs une nphrectomie apparat plus souvent chez les receveurs du rein dun donneur
unilatrale chez ladulte (donneurs de reins par exemple) sont hypertendu que si le donneur tait normotendu.
un peu discordantes, mais dans lensemble, limpression qui
prvaut est que cette nphrectomie ninduit pas une hyper- Gntique
tension, mme avec un trs long recul. Une nphrectomie chez
le trs jeune enfant (en raison dune tumeur le plus souvent) Une composante hrditaire de lhypertension est vidente
semble saccompagner plus volontiers dune hypertension dans toutes les tudes pidmiologiques. Des tudes de familles
lge adulte. lextrme, chez le rat, une nphrectomie prati- ont montr que la corrlation des pressions artrielles est plus
que dans les heures suivant la naissance entrane rgulirement forte chez les jumeaux monozygotes que chez les jumeaux
et rapidement une hypertension [48], alors quelle est sans effet dizygotes. Elle est plus forte chez les jumeaux dizygotes que
plus tard. Ces donnes suggrent que la rduction du nombre dans la fratrie non gmellaire. Elle est enfin plus forte (aussi
de nphrons nest pas seule en cause, mais aussi le moment o bien mre-enfant que dans la fratrie) pour les enfants naturels
elle intervient, et donc les possibilits dhypertrophie compen- que pour les enfants adopts [58, 59]. Ces diverses tudes de
satrice de ces nphrons ; or, cest celle-ci qui est la cl de jumeaux et dadoption ont conduit estimer entre 20 % et
lhyperfiltration. 60 % la part attribuable la gntique dans la variabilit de la
pression artrielle au sein dune population.
Pour autant, lhypertension essentielle na pas une transmis-
Programmation durant la vie intra-utrine ?
sion simple de type mendlien. Elle est associe des polymor-
Barker [49] a publi une longue srie de travaux indiquant phismes de trs nombreux gnes rgulateurs (composants du
quune souffrance ftale chronique avec naissance hypotrophe systme rnine-angiotensine, rcepteurs adrnergiques, endo-
est associe une frquence bien plus leve dhypertension et thline, facteur atrial natriurtique, alpha-adducine, etc.), de
de diabte lge adulte. Ce concept a t valid par de manire complexe et variable suivant les ethnies. La situation
nombreuses tudes, et il est de moins en moins controvers. apparat actuellement dune extrme complexit [60]. Les gnes
Law et Shiell [50] ont pass en revue 21 tudes qui montraient de systmes susceptibles dinfluer sur la sensibilit au sodium
presque toutes une PAS plus basse lge adulte pour chaque ont t les plus tudis, mais ne sont pas les seuls [61, 62] .
tranche de poids de naissance supplmentaire. Cette ide de Staessen et al. ont montr par ailleurs que diffrents polymor-
perinatal programming a suscit de multiples hypothses patho- phismes sont capables de potentialiser fortement leurs effets
gniques. Cette relation a t impute une malnutrition respectifs sur lincidence de lhypertension [63].
ftale, lie soit une malnutrition maternelle, soit une Il existe pourtant quelques formes dhypertension qui appa-
hmodynamique placentaire dficiente. Une hypothse alterna- raissent monogniques et de transmission mendlienne [64]. Ce
tive incriminerait plutt la croissance rapide (croissance de sont principalement lhyperaldostronisme curable par les
rattrapage ) qui suit une naissance hypotrophe. Cette crois- glucocorticodes, les excs apparents de minralocorticodes, des
sance acclre serait source dun hyperinsulinisme, et ferait mutations du rcepteur minralocorticode et le syndrome de
ainsi le lit du syndrome mtabolique et de lhypertension [51]. Liddle. Ces syndromes sont trs rares et nentrent pas dans le
Exprimentalement, une ischmie placentaire en fin de cadre de lhypertension artrielle essentielle ici envisage. Au
gestation (clip aortique) donne naissance des petits de poids demeurant, il est des arguments pour penser quil en est des
rduit, qui dveloppent rapidement une hypertension [52]. De formes mineures, et que celles-ci peuvent tre totalement
mme plusieurs tudes de restriction protique maternelle chez intriques avec le tableau plomorphe de lhypertension
lanimal ont montr que les petits ns de ces gestations avaient essentielle. Par exemple, certains polymorphismes du gne
un nombre rduit de glomrules, surtout si la restriction codant le canal sodium pithlial semblent corrls avec le
protique a port sur la fin de la gestation. Il a t galement niveau de la pression artrielle dans la population gnrale. De
6 Nphrologie
Hypertension artrielle essentielle et rein 18-026-B-10
mme, certaines tudes ont suggr que dautres polymorphis- que leur longvit est plus grande. Il a t propos, et en partie
mes affectant lun des lments impliqus dans la rgulation de dmontr, que les estrognes permettraient une pargne de
la rabsorption distale du sodium peuvent jouer un rle dans les lattrition des tlomres pendant toute la priode o les femmes
hypertensions sensibles au sodium, avec une aldostrone peu ou y sont largement exposes. Toujours est-il que la relation de la
pas suppressible. rigidit artrielle un indice de vieillissement biologique
conforte avec lgance le vieil adage selon lequel on a lge de
Vieillissement artriel et hypertension ses artres ...
systolique isole
Autres facteurs endognes
Une lvation de la pression artrielle peut rsulter dune
vasoconstriction des artres priphriques, qui augmente la PAS Systme rnine-angiotensine
mais surtout la PAD. Cest ce mcanisme qui prvaut gnrale-
Le systme rnine-angiotensine ne peut tre quun acteur
ment chez les sujets jeunes. Il rsulte de la mise en uvre de
majeur dans le dterminisme de lhypertension. En effet, il est
facteurs hormonaux (systme rnine-angiotensine, etc.), ner-
directement impliqu dans la vasomotricit et le contrle de la
veux, endothliaux, ou autres. Llvation de la pression
pression artrielle, ainsi que dans lquilibre du bilan sod. De
artrielle peut aussi rsulter dune augmentation de la rigidit des
surcrot certaines hypertensions secondaires sont connues
artres lastiques. Celle-ci augmente avec lge, conduisant un
comme directement lies lactivation de ce systme (hyper-
moindre amortissement de londe systolique. Il en rsulte une
tension artrielle rnovasculaire, tumeurs rnine, hyper-
hypertension artrielle essentiellement ou purement systolique,
aldostronismes un peu part, etc.), et certaines hypertensions
caractristique du vieillissement.
gntiques sont centres sur une anomalie du rcepteur de
laldostrone. Enfin, dlgantes expriences de transgense ont
permis de crer des modles dhypertension par une modifica-
tion du gne de la rnine [67].
Point fort On pourrait sattendre, chez tout hypertendu essentiel, une
rnine basse du fait de llvation de pression. Chacun sait que
tel nest pas le cas et que la rnine peut tre, chez ces patients,
Lhypertension systolique isole du sujet g relve aussi bien basse, normale, ou leve. Nous nentrons pas dans
surtout dune rigidit accrue du systme artriel, qui est le dtail de ces diffrentes situations. Une rnine haute indique-
moins distensible. La PAS est ainsi augmente, de mme rait une vasoconstriction prdominante, tandis quune rnine
que la pression pulse (PP), alors que la PAD reste basse serait lindice dune hypertension plutt dpendante du
normale, voire basse. volume circulant. Il en rsulte en tout cas diverses hypothses
pour expliquer linadquation de la rnine la pression, dont
on pourrait retenir une htrognit nphronique (avec
certains nphrons ischmiques) longtemps dfendue par Sealey
Avec lge, la PAS augmente en effet trs rgulirement. Au et Laragh, une stimulation sympathique anormale, ou un dfaut
contraire, la PAD augmente jusqu 50-60 ans, et diminue de modulation de la rponse vasculaire aux variations de
ensuite. Par voie de consquence, la pression diffrentielle, ou lapport sod.
pulse (PP) augmente rapidement aprs cet ge. La pression La dcouverte dun second systme rnine-angiotensine
artrielle moyenne volue, elle, relativement peu [24]. na pas simplifi les choses. Il existe en effet une autre enzyme
La rigidit artrielle peut tre value assez simplement par la de conversion (dite ACE 2), qui convertit langiotensine II en
mesure de la vitesse de londe de pouls (VOP). Celle-ci est angiotensine 1-7, substance vasodilatatrice et antiprolifrative.
dautant plus leve que les artres sont rigides. Elle crot En dautres termes, le systme comporterait son propre frein [68].
rgulirement avec lge. Cette rigidit accrue a pour cons- De nombreux travaux ont t consacrs ce second systme,
quence un moindre amortissement de la PAS. De plus, la forme dont des applications en thrapeutique antihypertensive sont
de londe de pouls rsulte de deux composantes : la premire est ltude [69].
larrive de londe systolique elle-mme. Cette onde systolique
est rflchie en priphrie, au niveau des artres les plus distales, Systme nerveux
donnant lieu une onde de rflexion qui vient se superposer
londe incidente. Chez les sujets de moins de 50 ans, avec des Le systme nerveux sympathique est un lment important
artres souples et une VOP basse, londe rflchie vient se de la rgulation court terme du dbit cardiaque et de la
superposer en dbut de diastole, ce qui contribue augmenter pression artrielle. Lactivit sympathique artrielle augmente
la perfusion coronaire sans pour autant augmenter la post- avec le niveau de la pression artrielle chez les hypertendus
charge. Trs logiquement, londe de rflexion intervient dautant essentiels (et non les hypertendus secondaires) [70]. La courbe du
plus tardivement en diastole que lartre est plus proximale. Au barorflexe artriel est dplace vers les pressions leves, tandis
contraire, chez les sujets plus gs avec une VOP leve, londe que celle du barorflexe cardiaque voit sa pente diminue.
de rflexion intervient plus tt et augmente la PAS sans avoir Lactivation sympathique est aussi un dterminant essentiel de
daction sur la PAD. Il en rsulte une PAS et une PP plus leves, la variabilit de la pression artrielle. Elle joue enfin un rle
et labsence de bnfice sur la circulation coronaire [65]. Cette majeur dans le dveloppement de latteinte des organes cibles
augmentation de la PP reprsente galement une contrainte et les complications qui en rsultent [71].
majore au niveau des parois artrielles, dont elle acclre le
remodelage.
Facteurs endothliaux
Les tlomres (successions de courtes squences TTAGGG, Lendothlium est une plaque tournante de la rgulation de
situes lextrmit des chromosomes humains) se raccourcis- la vasomotricit, mais aussi de la croissance musculaire lisse, de
sent au fil des rplications cellulaires et sont donc considrs lhmostase, et participe diverses rponses inflammatoires.
comme des horloges mitotiques , ou indices du vieillisse- Une implication de lendothlium est constante dans toute
ment biologique . Cette attrition progressive limite le nombre hypertension, souvent qualifie de dysfonction endoth-
de cycles possibles de rplication cellulaire. liale [72]. Elle est prsente non seulement au niveau des grosses
Il existe une corrlation ngative entre la longueur des artres, mais galement des artres de rsistance. Laltration de
tlomres et la VOP ainsi que la PP. Ce phnomne relie la vasodilatation dpendante de lendothlium est assez facile
directement la PP au vieillissement global de lorganisme [66]. La mettre en vidence globalement, au niveau de lavant-bras par
corrlation est plus marque chez lhomme que chez la femme, exemple. Une analyse plus fine de ses mcanismes est difficile :
ce qui reflte quelques diffrences importantes entre sexes. En un dficit des composants vasodilatateurs (monoxyde dazote,
effet tout ge, les femmes ont des tlomres plus longs que prostaglandines I2, etc.) au profit de ceux vasoconstricteurs
ceux des hommes, ce qui nest sans doute pas indiffrent au fait (angiotensine, endothline, radicaux libres, etc.) est souvent
Nphrologie 7
18-026-B-10 Hypertension artrielle essentielle et rein
8 Nphrologie
Hypertension artrielle essentielle et rein 18-026-B-10
Tableau 5.
Point fort
Critres du syndrome mtabolique suivant la recommandation Adult
Treatment Panel III (ATP III) [92].
Facteur de risque Niveau
Lhypertension relve pour une part de facteurs
Obsit abdominale Tour de taille
gntiques dont la complexit savre chaque jour plus
Homme > 102 cm
grande, et des facteurs denvironnement, au sein desquels
Femme > 88 cm
lalimentation occupe une place dominante. Le rle des
apports de sodium reste vivement disput. Celui des Triglycrides 1,5 g/l
apports de potassium ne semble pas moindre. Lalcool,
consomm en excs, est galement un facteur important HDL-cholestrol
dhypertension. Homme < 0,4 g/l
Femme < 0,5 g/l
Nphrologie 9
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10 Nphrologie
Hypertension artrielle essentielle et rein 18-026-B-10
la prvention des vnements crbrovasculaires (30 % Les patients dont la PAS est comprise entre 120 et 139 mmHg
40 %) est plus importante que celle des vnements coronai- posent un problme particulier. Ils ne sont pas hypertendus
res (20 % environ) ; au sens des dfinitions admises ce jour, pourtant leur risque
le traitement entrane galement une rduction importante de le devenir rapidement est important [105] et leur risque
de la survenue dune insuffisance cardiaque. cardiovasculaire global est plus lev que celui des patients
Face au niveau de preuve trs lev du bnfice thrapeuti- dont la PAS est infrieure 120 mmHg [6]. Nous lavons vu,
que, il est devenu thiquement inconcevable de poursuivre des le JNC les qualifie de prhypertendus et estime quils
tudes de traitement contre placebo. En revanche, quelques doivent bnficier de mesures hyginodittiques et dune
tudes ont compar ladjonction dun nouveau mdicament ou surveillance renforce. Tant la terminologie que ses cons-
dun placebo chez des patients recevant dj un traitement. quences sont critiques en dehors des tats-Unis. Il leur est
Chez des sujets haut risque cardiovasculaire, labaissement reproch de crer implicitement une nouvelle catgorie
tensionnel modeste qui en a suivi a t accompagn dune (numriquement trs importante) de sujets malades , qui
rduction trs sensible de la frquence des vnements, mme vont de ce fait sinquiter et avoir une demande de soins
lorsque les sujets avaient des chiffres plus bas que majore et injustifie. Pour lESH, lattitude chez ces sujets
140/90 mmHg en dbut dessai [101, 102]. Nous reviendrons sur doit tre graduelle : absence de toute forme dintervention sil
ces patients haut risque (cf. infra). ny a aucun autre facteur de risque associ, mesures hygino-
La mise en vidence dun bnfice en termes dvnements dittiques si le risque surajout est modeste, voire traitement
cliniques en dpit dune baisse modeste de la pression artrielle mdicamenteux sil est trs lev. Les seuils dhypertension
suppose des tudes de plus en plus lourdes en termes deffectifs. reprsents sur la Figure 1 correspondent bien videmment
Pour pallier cette escalade, certaines tudes utilisent des critres des seuils thrapeutiques. La recommandation franaise
de jugement intermdiaires, tels que la rgression de lHVG [103], nenvisage pas explicitement cette situation.
lpaisseur intima-mdia carotidienne [104], voire la vitesse de Lapparition de cette nouvelle catgorie de prhypertendus
londe de pouls. Ces tudes requirent videmment une mtho- a mme donn lieu quelques tentatives de traitement mdi-
dologie et une technique danalyse irrprochables. camenteux destines retarder lapparition dune hypertension
avre ou limiter le risque dj lev de ces patients [106].
Qui et quand traiter ? Aucune donne concluante nen est jusqu prsent sortie, et la
majorit des auteurs regarde avec scepticisme cette attitude dont
Recommandations la gnralisation serait dun cot absolument prohibitif.
La dcision de traiter est fonction de deux facteurs princi-
paux : le niveau des chiffres tensionnels et le niveau du risque Au-del des recommandations : traiter la pression
cardiovasculaire global. La limite de 140/90 mmHg nest donc artrielle ou traiter le risque ? Une nouvelle ligne
pas, en soi, une indication suffisante justifiant une dcision qui samorce ?
thrapeutique particulire.
La ligne de dmarcation thrapeutique des 140/90 mmHg
semble donc totalement dpasse. Nous avons vu par ailleurs
que les grandes recommandations sont divergentes sur lattitude
adopter, hormis les extrmes. Encore, ces recommandations
Point fort tant supposes avoir une porte trs large, elles restent donc
prudentes et cherchent ne sappuyer que sur des niveaux de
preuve trs levs. LESH rcuse mme explicitement lide
Les patients dont la pression artrielle est au-del de duniversalit et insiste sur le fait que le guide gnral que
180 pour la PAS et/ou 110 pour la PAD doivent tre traits constitue une recommandation ne doit pas tre appliqu
sans dlai, de mme que ceux dont le risque aveuglment, chaque situation clinique tant particulire. Au
cardiovasculaire global est lev, mme si leur pression demeurant, des tudes critiques ont dj t publies sur les
artrielle est plus basse. Pour des chiffres infrieurs, il dernires recommandations dont les assertions auraient un
convient de se limiter des mesures hyginodittiques et niveau de preuve notoirement insuffisant, tant en termes de
de surveiller. Un traitement mdicamenteux nintervient niveau justifiant un traitement que de cible atteindre [107]. De
que si la pression artrielle demeure leve aprs plusieurs fait, lobjectif primordial reste de rduire le risque dvnements
mois de ces mesures. cardiovasculaires ; dans ce risque, les chiffres de pression
artrielle ne sont pas prdominants et il ny a pas de frontire
nette entre la zone o le traitement est utile et celle o il ne
lest pas [10]. La majorit des infarctus et des AVC survient chez
Les diffrentes recommandations donnent cet gard des des sujets non hypertendus au sens des dfinitions ; pourtant
indications relativement divergentes. ces vnements sont dpendants de la pression artrielle du fait
Les patients dont la PAS est toujours au-del de 180 mmHg sont de la linarit de la relation entre les deux. Il est donc un
considrs unanimement comme haut risque et doivent courant de pense actuel tendant se proccuper nettement
tre traits sans dlai. Cette situation de haut risque, impli- moins des chiffres tensionnels, pour recentrer tout le dbat sur
quant un traitement immdiat, est partage par les sujets le risque global. Arguant dune large mta-analyse (147 essais,
porteurs dune maladie cardiovasculaire avre ou dune prs de 500 000 patients, 22 000 vnements coronaires et
nphropathie, qui doivent tre traits sans tat dme mme 12 000 AVC), Law et al. ont postul que le traitement anti-
pour des pressions plus basses que 140/90 mmHg. Lattitude hypertenseur rduit le risque dvnement coronaire ou dAVC
est peine plus nuance pour les diabtiques. de manire relativement indpendante du niveau tensionnel
Les patients dont la PAS est comprise entre 140 et 180 mmHg, initial (jusqu 110 mmHg de PAS) et que lge joue un rle
hormis ceux porteurs dune pathologie associe telle que significatif mais non essentiel dans ce bnfice [108]. La conclu-
ci-dessus, font moins lunanimit. Pour le JNC, ces patients sion quelque peu provocante de ces auteurs est quil est
doivent recevoir une monothrapie par un diurtique, et prfrable de donner des antihypertenseurs tout le monde
mme demble une bithrapie (comportant un diurtique) au-del dun certain ge plutt que de mesurer la pression
sils sont au-del de 160 mmHg (hypertension artrielle de artrielle tout le monde et de ne traiter que certains sujets
grade 2). LESH et la HAS ont des positions beaucoup plus slectionns . Cette ide rejoint celle de la polypill , dans
nuances. Lattitude varie en fonction du risque associ : plus laquelle un unique comprim renfermant plusieurs antihyper-
ce risque est faible, plus il convient de temporiser (de 3 tenseurs diffrents, une statine et de laspirine serait absorb
6 mois et plus) en ne recourant quaux seules mesures quotidiennement, sans aucune autre dmarche mdicale, par
hyginodittiques. Plus il est lev, plus un traitement tous les sujets partir de lge moyen . Il y a quelques
mdicamenteux simpose rapidement. annes, Wald et al. avaient estim par de savants calculs quune
Nphrologie 11
18-026-B-10 Hypertension artrielle essentielle et rein
telle attitude permettrait de rduire de 80 % le risque cardiovas- Law [108]. La rcente tude Ongoing Telmisartan Alone and in
culaire [109] ! Une tude prliminaire a t rcemment publie, Combination with Ramipril Global Endpoint Trial (ONTAR-
montrant qu court terme, cette polypill rduit effective- GET) [114] a mis fin la guerre entre IEC et ARA en les mettant
ment de manire impressionnante le niveau des facteurs de galit (et en montrant que leur association nest pas plus
risque [110]. Resterait, par des tudes long terme, valuer favorable). Enfin, les inhibiteurs calciques ont bnfici dtudes
leffet dune telle pratique sur la frquence relle des vne- rcentes [115, 116] qui indiquent un excellent potentiel de
ments (et non sur leur risque calcul), et la iatrognie potentiel- prvention cardiovasculaire de ces mdicaments.
lement induite. Face ces dbats un peu chaotiques, la recommandation de
la HAS, comme celle de lESH, considre que chacune des cinq
Comment traiter ? classes peut tre utilise en premire intention, aucune noffrant
une efficacit ou un niveau de protection manifestement
Mesures hyginodittiques suprieur aux autres. Elles salignent ainsi sur les meilleures
mta-analyses ou mtargressions publies [117, 118] . Cette
Elles sont indiques dans tous les cas, quun traitement
attitude est sans nul doute la plus sage et permet de choisir le
pharmacologique soit ou non instaur. Elles permettent souvent
mdicament le plus favorable suivant le terrain et le contexte
de retarder son instauration et ensuite, potentialisent son
pathologique du patient [12].
action. Elles consistent essentiellement en :
La plupart des hypertendus ont besoin dau moins deux
la rduction pondrale ;
mdicaments pour tre contrls. Pourquoi ne pas, dans ces
la limitation de lapport sod (entre 80 et 100 mmol/j suivant
conditions, faire appel une bithrapie demble, sous forme
les auteurs) ;
dune association toute faite, qui permettrait de moins tton-
la rduction dune ventuelle consommation excessive
ner ? Cette question de lusage dune bithrapie en premire
dalcool ;
intention ne fait pas lunanimit. La recommandation franaise
la pratique rgulire dun exercice physique.
est certainement la plus rticente, nautorisant que des associa-
Une alimentation plus riche en lgumes et fruits frais, avec
tions dont les deux composants sont sous-doss, associations
rduction des graisses totales et satures (rgime DASH) permet
qui savrent, lusage, ntre pas plus efficaces quune mono-
galement un bon abaissement de la pression artrielle [82].
thrapie normalement dose. La recommandation europenne
Nous avons dj discut plus haut de lintrt et des limites de
est plus souple, soulignant le bienfait et le gain de temps
la restriction sode. Un apport modr , de lordre de 5 6 g
apports par une bithrapie demble lorsque lhypertension est
de NaCl par jour, est probablement un point dquilibre
svre, ou si lobjectif tensionnel est bas (diabte, nphropa-
raisonnable. Enfin, larrt du tabac, mme sil est sans incidence
thie). Le JNC 7 recommande clairement lusage dune bithrapie
sur la pression artrielle, contribue la rduction du risque
demble (comportant un diurtique) ds lors que lhyperten-
cardiovasculaire.
sion est au moins de grade 2 (cest--dire > 160/100 mmHg).
Il est notoire que ces recommandations sont le plus souvent
Feldman et al. ont publi lessai en Ontario dun algorithme de
peu ou mal suivies. Linsistance et la conviction du mdecin
traitement simplifi, comportant de manire systmatique, en
prescripteur ainsi que de frquents rappels sont sans nul doute
premire intention, une association IEC/diurtique ou
des facteurs essentiels de lobservance.
ARA/diurtique, suivie si ncessaire dune augmentation de
Quel mdicament privilgier en premire dose, puis de lassociation dun bloqueur calcique. Cette
stratgie a permis un contrle satisfaisant dans 64,7 % des cas,
intention ? contre 52,7 % chez les patients traits suivant les recommanda-
Cette question suscite un vif dbat, aliment par des intrts tions, en commenant par une monothrapie [119].
conomiques que chacun imagine. Ce dbat porte sur lefficacit Ds lors quune bithrapie est utilise, lassociation
pour rduire les chiffres de pression artrielle et sur la qualit de IEC/diurtique ou ARA/diurtique a tenu jusqu prsent le
la protection contre les vnements cardiovasculaires. ce jeu, devant de la scne. Lassociation de laliskiren, inhibiteur direct
parmi les cinq grandes classes dantihypertenseurs, aucune nest de la rnine, avec un diurtique, a apport plus rcemment des
clairement gagnante ni perdante (diurtiques, btabloquants, rsultats comparables [120]. Cette logique de linhibition du
inhibiteurs calciques, inhibiteurs de lenzyme de conversion systme-rnine-angiotensine double dun traitement diurtique
[IEC] et antagonistes des rcepteurs de langiotensine [ARA]). a t un peu mise mal par la publication de ltude Avoiding
Cardiovascular Events Through Combination Therapy in
Patients living with Systolic Hypertension (ACCOMPLISH), qui
semble indiquer que lassociation IEC/bloqueur calcique pour-
Point fort rait apporter des rsultats quivalents ou suprieurs ceux de
lassociation IEC/diurtique [116].
12 Nphrologie
Hypertension artrielle essentielle et rein 18-026-B-10
lapparition dune insuffisance rnale avance. Diverses tudes des hypertendus dont le LDL-cholestrol tait normal [139]. La
ont indiqu que plus la pression artrielle est basse sous recommandation franaise propose lusage dune statine en
traitement, plus la perte de fonction rnale est limite [122]. De prvention primaire chez les hypertendus porteurs dautres
telles donnes sont lorigine de la recommandation dune facteurs de risque, avec un objectif de LDL-cholestrol variant
cible tensionnelle basse chez les patients atteints dune nphro- de 4,1 mmol (1,6 g/l) 3,4 mmol (1,3 g/l) suivant le nombre
pathie. Quelques tudes contradictoires ont nanmoins jet le de facteurs de risque associs. Ces cibles sont abaisses chez les
doute sur cette certitude, en montrant quun abaissement diabtiques, surtout sil existe une microalbuminurie ou une
tensionnel supplmentaire namliorait pas la protection nphropathie dclare ; dans ce cas, lobjectif est de moins de
rnale [123, 124]. Labsolue ncessit dun strict contrle tension- 2,6 mmol (1 g/l).
nel chez ces patients nest nanmoins discute par personne, le Lintrt de lutilisation de laspirine (75 100 mg/j) a t mis
dbat portant uniquement sur la cible atteindre. en vidence particulirement dans ltude Hypertension Opti-
Quoi quil en soit, les chiffres tensionnels atteints ne sont pas mal Treatment (HOT) [140]. Le bnfice obtenu sur lincidence
les seuls dterminants de la nphroprotection. Lusage de des complications cardiovasculaires est cependant mettre en
produits inhibant le systme rnine-angiotensine semble au balance avec un risque accru de complications hmorragiques,
moins aussi important que le niveau tensionnel atteint. Des principalement extracrniennes. Dans lensemble, les recom-
tudes portant sur la nphropathie du diabte de type 1 [125] mandations saccordent pour ne proposer ce traitement que si
puis plus tard du type 2 [126, 127] ont clairement tabli le le risque cardiovasculaire est lev ou en prvention secondaire,
bnfice des IEC et des ARA respectivement dans ces deux types et la condition que la pression artrielle soit bien contrle
de nphropathie. Dautres tudes indiquent que les mmes par le traitement.
mdicaments retardent le passage de la microalbuminurie la Enfin, chez les sujets diabtiques, un contrle strict de la
nphropathie constitue [127], voire retardent lapparition dune glycmie est lvidence ncessaire la rduction des compli-
microalbuminurie [128]. cations micro- ou macrovasculaires, au mme titre que le
Les mdicaments inhibant le systme rnine-angiotensine ont contrle de la pression artrielle [141].
galement un effet nphroprotecteur dans les nphropathies
non diabtiques. Ils permettent de rduire trs sensiblement la Rsultats
protinurie et retardent lvolution vers le stade terminal de En dpit de tous les progrs raliss, le contrle tensionnel
linsuffisance rnale. Ce dernier effet nest patent que lorsquil reste encore bien mdiocre travers le monde. Le travail
existe une protinurie importante [124, 129] . Le mcanisme dErdine, publi en 2000, montrait en Europe un taux de
invoqu de cet effet nphroprotecteur est la diminution de la contrle trs htrogne suivant les pays, la France ayant un
rsistance postglomrulaire, avec rduction de la fraction filtre. score relativement honorable de 33 % [142]. Cette valeur est trs
Ce mcanisme rejoint les donnes exprimentales particulire- suprieure celle tablie peu avant par ltude MONICA (9 %
ment lgantes publies depuis longtemps par le groupe de pour les hommes et 25 % chez les femmes) [18], mais compara-
Brenner [130, 131]. Il est cependant fort probable que cet effet ble aux rsultats de ltude plus rcente Mona Lisa qui indique
hmodynamique ne soit pas seul en cause, et que des effets un contrle de lhypertension chez 24 % des hommes et 39 %
tubulaires viennent sy ajouter. Les antialdostrones semblent des femmes [143] . Les tats-Unis affichent, eux, un taux de
avoir un effet bnfique du mme ordre, ou compl- contrle plus lev, 51 % chez les patients non insuffisants
mentaire [132]. rnaux [144]. La palme revient au Canada, qui affiche (du moins
Lassociation dun IEC et dun ARA est actuellement trs en Ontario) un taux de contrle de 65 % [145].
utilise dans les nphropathies protinuriques et semble avoir
un effet suprieur celui de chaque composant pris isol-
ment [133]. En ralit, ltude COOPERATE, la principale sur Hypertension artrielle rsistante
laquelle est fonde cette assertion, a t vivement critique [134],
Lhypertension rsistante est dfinie par la persistance de
et larticle finalement retir. Ceci nenlve rien limportance chiffres suprieurs 140/90 mmHg malgr un traitement par au
du systme rnine-angiotensine dans la nphroprotection. Des moins trois antihypertenseurs, synergiques, dont un diurtique.
donnes prliminaires indiquent que la combinaison dun Ces mdicaments doivent tre prescrits la dose maximale
inhibiteur de la rnine et dun IEC possderait galement une tolre [146] . Au vu des rsultats thrapeutiques mdiocres
action additive [135].
voqus ci-dessus, faut-il considrer que 40 % 70 % des
Ce double blocage du systme rnine-angiotensine nest hypertensions sont rsistantes ? Assurment pas, ces hyper-
probablement pas sans risque, et diverses mises en garde ont t tensions sont seulement mal traites. La frquence de lhyper-
publies. Dans ltude ONTARGET, cette association, bien tension rsistante est diversement value suivant les
quapportant une meilleure rduction de la protinurie, a populations. Elle varie entre 5 % dans la population gnrale
aggrav lvolution des insuffisances rnales, majorant la des hypertendus, et 50 % en milieu nphrologique [146]. Encore
frquence dun doublement de la cratinine et de la ncessit
faut-il commencer par liminer la pseudorsistance , qui nest
dun passage en dialyse [136]. Certes il ne sagissait pas dun
quune variante de lhypertension blouse blanche, avec des
critre de jugement primaire de ltude, dont la population tait valeurs normales en automesure ou en MAPA.
particulire, base sur un risque cardiovasculaire trs lev. Ce
rsultat ne peut donc tre admis sans prcautions. Il nen a pas
fallu plus, cependant, pour que la mfiance sinstalle, et mme
que certains condamnent dfinitivement le double
blocage [137]. retenir
Traitements annexes Principales causes dun non-contrle de lhyper-
Nous lavons dj dit, le risque cardiovasculaire est un tout, tension (daprs [146])
et chacun de ses facteurs doit tre lobjet dune gale attention. Mauvaise observance du traitement
Il ne saurait donc sagir de traitements annexes celui de Mauvais usage des mdicaments
lhypertension elle-mme, considre comme lment principal. Facteurs hyginodittiques
Parmi ces diffrents lments, deux sont explicitement abords
Hypertension secondaire
dans les recommandations : les statines et laspirine.
Apne du sommeil
Lusage de statines en prvention secondaire est unanime-
ment admis et son effet bnfique a t largement dmontr Surcharge volmique
chez les sujets haut risque, relativement indpendant du
niveau initial de LDL-cholestrol [138]. Ltude Anglo-
Scandinavian Cardiac Outcomes Trial (ASCOT) a montr un Un dfaut dobservance est effectivement la situation la plus
bnfice spectaculaire dune statine en prvention primaire chez frquente, parfois lie une tolrance mdiocre, un nombre
Nphrologie 13
18-026-B-10 Hypertension artrielle essentielle et rein
de comprims excessif, des facteurs psychologiques, voire au [8] Vasan RS, Larson MG, Leip EP, Evans JC, ODonnell CJ, Kannel WB,
cot du traitement. Burnier et al. [147] ont montr que le seul et al. Impact of high-normal blood pressure on the risk of cardiovascular
fait dinformer les patients de lusage dun pilulier lectronique disease. N Engl J Med 2001;345:1291-7.
permettant de vrifier la frquence des prises mdicamenteuses [9] Lawes CM, Hoorn SV, Law MR, Elliott P, MacMahon S, Rodgers A.
permettait la normalisation rapide de nombre dhypertensions Blood pressure and the global burden of disease 2000. Part 1: Estimates
considres comme rsistantes. Les causes lies aux mdica- of blood pressure levels. J Hypertens 2006;24:413-22.
ments consistent surtout en des doses insuffisantes (en particu- [10] MacMahon S, Neal B, Rodgers A. Hypertension--time to move on.
lier de diurtiques), des associations non synergiques, ou des Lancet 2005;365:1108-9.
interactions mdicamenteuses sur lesquelles nous ne nous [11] Chobanian AV, Bakris GL, Black HR, Cushman WC, Green LA,
tendons pas ici. Izzo Jr. JL, et al. Seventh report of the Joint National Committee on
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Il est clair que ces diffrents facteurs doivent tre attentive- Cardiovascular prognosis of masked hypertension detected by blood
ment recherchs, et que tout doit tre fait pour les amender. pressure self-measurement in elderly treated hypertensive patients.
Une situation de rsistance vraie suppose la reprise du bilan JAMA 2004;291:1342-9.
tiologique, pour rechercher minutieusement une hypertension [17] Wolf-Maier K, Cooper RS, Banegas JR, Giampaoli S, Hense HW,
secondaire. Les hypertensions par nphropathies parenchyma- Joffres M, et al. Hypertension prevalence and blood pressure levels in 6
teuses devraient avoir t dtectes depuis longtemps. Mais cest European countries, Canada, and the United States. JAMA 2003;289:
dans ces circonstances quune stnose artrielle rnale, un 2363-9.
phochromocytome, un hyperaldostronisme peuvent tre [18] Marques-Vidal P, Arveiler D, Amouyel P, Bingham A, Ferrieres J. Sex
dcouverts par des explorations plus cibles. differences in awareness and control of hypertension in France.
Lhyperaldostronisme a connu dans ce contexte un regain J Hypertens 1997;15:1205-10.
dintrt depuis quelques annes. Calhoun et al. ont trouv [19] Lang T, de Gaudemaris R, Chatellier G, Hamici L, Diene E. Prevalence
and therapeutic control of hypertension in 30 000 subjects in the
dans une srie dhypertensions rsistantes 20 % dhyperaldost-
workplace. Hypertension 2001;38:449-54.
ronismes dment prouvs. Chez ces patients, le traitement par
[20] Godet-Tobie H, Vernay M, Noukpoape A, Salanave B, Malon A,
la spironolactone a eu un effet spectaculaire [148]. Une grande
Castetbon K, et al. Niveau tensionnel moyen et prvalence de lhyper-
frquence a t effectivement confirme par la suite, et lon a
tension artrielle chez les adultes de 18 74 ans: ENNS 2006-2007.
considr que lhyperaldostronisme tait une cause majeure
Bull pidmiol Hebd 2009(n49):478-83.
dhypertension rsistante. Lefficacit de la spironolactone a
[21] Burt VL, Whelton P, Roccella EJ, Brown C, Cutler JA, Higgins M, et al.
conduit certains auteurs lutiliser dans les hypertensions
Prevalence of hypertension in the US adult population. Results from the
rsistantes sans pour autant accomplir une dmarche spcifique third National Health and Nutrition Examination Survey, 1988-1991.
pour prouver lhyperaldostronisme. Le rsultat de cette attitude Hypertension 1995;25:305-13.
a t tout aussi spectaculaire [149] . Actuellement, lajout de [22] Hajjar I, Kotchen TA. Trends in prevalence, awareness, treatment, and
spironolactone est donc une des options thrapeutiques majeu- control of hypertension in the United States, 1988-2000. JAMA 2003;
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M. Beaufils ([email protected]).
Service de mdecine interne, Hpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Beaufils M. Hypertension artrielle essentielle et rein. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Nphrologie,
18-026-B-10, 2010.
Nphrologie 17
5-0690
Lhypertrophie bnigne de la prostate (HBP) touche prs de la moiti des hommes de 50 ans et reprsente
la premire cause de dysurie masculine. Son tiologie est multiple et encore mal connue. Elle est
responsable dune obstruction la fois statique et dynamique du bas appareil urinaire. Les symptmes
obstructifs et/ou irritatifs peuvent tre invalidants et sont en gnral le principal motif de consultation,
mme si lHBP est encore diagnostique au stade de complications (rtention durines, calculs,
insuffisance rnale, etc.). Le volume de la prostate nest pas toujours prdictif de limportance des signes
cliniques. Ainsi, un traitement ne doit pas tre entrepris en labsence de signes fonctionnels ou de
complications. La maladie doit tre value par un interrogatoire, un examen clinique et au mieux une
dbitmtrie ; les examens complmentaires sont surtout prconiss dans les formes compliques.
Larsenal thrapeutique de lHBP est aujourdhui vaste et, mme sil existe des recommandations
gnrales, doit tre introduit au cas par cas. Les patients les moins symptomatiques peuvent bnficier
dune surveillance, pour ceux qui prsentent des complications, il faut recourir une intervention
chirurgicale ou endoscopique. Pour la majorit des patients, un traitement mdicamenteux est instaur
en premire intention par phytothrapie, alphabloquants ou inhibiteurs de la 5a-rductase.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Hyperplasie bnigne de la prostate ; Adnome de prostate ; Troubles mictionnels ; Dysurie ;
Pollakiurie ; Rtention aigu durines
Diagnostic
Figure 1. Anatomie zonale de la prostate. Symptmes et interrogatoire
Les troubles urinaires du bas appareil sont le plus souvent les
symptmes qui amnent le patient consulter et donc au
pas de corrlation systmatique entre le volume de ladnome
diagnostic de lHBP. Linterrogatoire est donc llment majeur
et les symptmes cliniques. Dautre part parce que de nombreux
de la dmarche diagnostique. Il faut tout dabord prciser ces
patients vivent avec leurs symptmes sans consulter.
symptmes. Ils sont de deux types : obstructifs (dits de vidange)
et irritatifs (dits de stockage). Les premiers sont domins par
tiopathognie une diminution de la puissance du jet, une miction en deux
Ltiopathognie de lHBP est encore mal connue. Macrosco- temps avec retard de dmarrage ncessitant parfois une pousse
piquement, lHBP est un adnomyofibrome. Ce dernier est d abdominale et entranant une sensation de vidange incomplte
une prolifration du stroma fibreux qui compose la zone avec gouttes retardataires. lextrme, la miction se fait au
antrieure de la prostate et des cellules pithliales glandulaires goutte--goutte. Les symptmes irritatifs sont reprsents par
situes dans la zone dite de transition (Fig. 1) Cette prolifration une pollakiurie diurne et nocturne, une nycturie et des imp-
est responsable dun adnome, habituellement constitu de riosits avec sensation durgences mictionnelles. Les troubles de
deux lobes latraux auxquels sadjoint quelquefois un lobe la continence nappartiennent pas directement lune de ces
mdian qui fait protrusion dans la lumire vsicale. Microsco- deux catgories, mais en sont la consquence [6]. Ils comportent
piquement, lHBP est un ensemble de nodules dans lesquels on dune part, lincontinence, prsente par le patient comme des
trouve des tissus glandulaire, fibreux et musculaire. Dun point fuites, qui peut tre due soit des contractions involontaires
de vue microbiologique, lHBP rsulte dun dsquilibre entre dans le cadre dimpriosits, soit des mictions par regorgement
prolifration et apoptose des cellules prostatiques sous la secondaire une rtention vsicale chronique. Dautre part, les
dpendance de deux facteurs ; lge et les andrognes. Ces troubles de la continence peuvent voluer vers une rtention
derniers agissent par lintermdiaire de la dihydrotestostrone, aigu ou chronique durines. Cette dernire nest souvent pas
mtabolite actif de la testostrone aprs transformation par la ressentie par le patient et un important rsidu post-mictionnel
5a-rductase. Leur implication a t confirme par le fait quon peut passer inaperu sil nest pas recherch.
nobserve jamais dHBP chez les eunuques vrais ou en cas de On dispose dsormais dun score symptomatique et de qualit
dficit congnital en 5a-rductase. de vie (score IPSS) (Tableau 1) qui permet dvaluer au mieux les
Dautres substances ont une action sur le dveloppement de sept principaux symptmes qui caractrisent lHBP en cotant
lhypertrophie : les estrognes, les facteurs de croissance leur frquence mensuelle de 0 5. Il comprend par ailleurs un
(fibroblast growth factor [FGF], insulin-like growth factor [IGF1], score de qualit de vie permettant de dfinir la gne ressentie
transforming growth factor [TGF]), le systme orthosympathique par le patient.
et sans doute des facteurs gntiques. En cas de doute et surtout en cas de pollakiurie, il est possible
de faire raliser un calendrier mictionnel sur plusieurs jours en
prcisant les apports afin dliminer une polyurie.
Physiopathologie et volution Une fois les symptmes et leur impact prciss, il est impor-
Si laugmentation du volume prostatique est la condition tant de dterminer lanciennet et le mode dvolution. Les
ncessaire lexpression clinique de lHBP, elle nest pas diffrents traitements dj entrepris doivent tre analyss.
suffisante. Enfin, il convient dliminer les diagnostics diffrentiels et de
Le mcanisme par lequel lHBP peut tre responsable dobs- rechercher dautres affections qui pourraient expliquer la dysurie
truction vsicale comprend deux composantes : statique et en ralisant une analyse smiologique prcise en tenant compte
dynamique. La composante statique, lie directement laug- du terrain et des antcdents. Il faut dpister lexistence de
mentation de volume de la prostate, entrane une rduction de maladies neurologiques (accident vasculaire crbral, sclrose en
la lumire urtrale. La composante dynamique est lie plaques, maladie de Parkinson), daffections rachidiennes
laugmentation du tonus du muscle lisse du stroma prostatique (traumatisme, hernie discale), dun diabte, datteintes iatrog-
sous linfluence du systme adrnergique. Le nombre de niques (diurtiques, neuroleptique). En cas dhmaturie associe,
rcepteurs alpha adrnergiques semble augment dans le tissu il faut dpister les facteurs de risque de cancer de vessie et
adnomateux. De plus, ces rcepteurs semblent jouer un rle sorienter vers des examens dimagerie et une urtrocystoscopie.
Tableau 1.
Score international des symptmes lis la prostate (IPSS). Un score de 1 7 (avec les questions 1 7) renseigne un prostatisme lger, de 8 19 un prostatisme
moyen et de 20 35 un prostatisme svre.
Jamais Environ 1 x/5 Environ 1 x/3 Environ 1 x/2 Environ 2 x/3 Presque toujours
1. Au cours du dernier mois coul, avec quelle 0 1 2 3 4 5
frquence avez-vous eu la sensation que votre
vessie ntait pas compltement vide aprs
avoir urin ?
2. Au cours du dernier mois coul, avec quelle 0 1 2 3 4 5
frquence avez-vous eu besoin nouveau
duriner moins de 2 heures aprs avoir fini
duriner ?
3. Au cours du dernier mois coul, avec quelle 0 1 2 3 4 5
frquence avez-vous eu une interruption du
jet durine, cest--dire dmarrage du jet, puis
arrt, puis redmarrage ?
4. Au cours du dernier mois coul, aprs en 0 1 2 3 4 5
avoir ressenti le besoin, avec quelle frquence
avez-vous eu des difficults retenir votre en-
vie duriner ?
5. Au cours du dernier mois coul, avec quelle 0 1 2 3 4 5
frquence avez-vous eu une diminution de la
taille ou de la force du jet durine ?
6. Au cours du dernier mois coul, avec quelle 0 1 2 3 4 5
frquence avez-vous d forcer ou pousser pour
commencer uriner ?
Trs satisfait Satisfait Plutt satisfait Ni satisfait ni ennuy Plutt ennuy Ennuy Trs ennuy
8. Si vous deviez vivre le restant
de votre vie de cette manire,
diriez-vous que vous en seriez : 0 1 2 3 4 5 6
Point important
nateur. Il permet dautre part de dpister un cancer de la
prostate. En effet, en cas dHBP, la prostate palpe doit tre
ferme, mais lisse et rgulire. Toute induration ou nodule
valuation diagnostique de lHBP suspect doit voquer un cancer et faire poursuivre les
Antcdents du patient : maladie neurologique, patho- investigations.
logie rachidienne, diabte, traitements mdicamenteux Lexamen clinique permet par ailleurs de dpister dventuel-
les complications. On doit en effet sattacher rechercher un
Symptmes :
globe vsical, un rein hypertrophi ou dilat. Lexamen doit tre
irritatifs : pollakiurie, nycturie, impriosits complt par celui des orifices inguinaux (hernie), des bourses,
obstructifs : mictions en deux temps, pousse la recherche danomalies testiculaires ou pididymaires, de la
abdominale, sensation de vidange incomplte verge et du mat urtral (stnose, lsions infectieuses). Enfin,
Score IPPS : valuation de la frquence des symptmes et pour liminer les diagnostics diffrentiels, on effectue un
du retentissement sur la qualit de vie examen neurologique du prine. Pour finir, on ralise une
Examen physique : bandelette urinaire la recherche de marqueurs dinfection ou
toucher rectal dune hmaturie.
recherche de complications : globe vsical, douleur Il nexiste donc pas de signes qui affirment le diagnostic
lombaire dHBP. Celui-ci repose sur un faisceau darguments retrouvs par
linterrogatoire et le toucher rectal. Certains examens compl-
Examens complmentaires :
mentaires peuvent permettre de prciser le diagnostic, surtout si
bandelette urinaire ECBU le toucher rectal est peu contributif.
dbitmtrie
Examens complmentaires
Examen clinique Diffrentes commissions se sont runies afin dmettre des
recommandations sur les examens raliser et celles-ci diffrent
Il repose principalement sur le toucher rectal. Celui-ci doit (Tableau 2) [7]. Nous examinons donc les apports de chacun de
tre ralis aprs vidange vsicale, soit en position genupecto- ces diffrents examens.
rale, soit en position gyncologique, soit patient pench en
avant. La pulpe de lindex entre en contact avec la face ant-
Bandelette urinaire
rieure du rectum et lon peut saider du palper de la main
hypogastrique quand le patient est en position gyncologique. Complte dun examen cytobactriologique des urines
Le toucher rectal donne deux types de renseignements. Il (ECBU) en cas de positivit, elle est recommande par tous pour
renseigne tout dabord sur le volume de la prostate. Cette liminer une infection.
Tableau 2.
Examens complmentaires pour le diagnostic de lHBP (recommandations HAS).
Examens Ralisation systmatique Conditions
Bandelette urinaire Oui
Cratininmie Non Si symptmes anciens ou autres facteurs de risque dinsuffisance rnale
Prostate specific antigen (PSA) Non Dans le cadre dun dpistage individuel de cancer de la prostate
Dbitmtrie urinaire Oui (chez lurologue)
Bilan urodynamique Non Si doute diagnostique
Pour prciser les indications thrapeutiques
chographie de larbre urinaire par voie abdominale Non Si doute sur vessie de lutte, calcul vsical ou dilatation du haut appareil
chographie par voie transrectale Non Si doute sur le volume prostatique et la technique chirurgicale ou endos-
copique
Urtrocystoscopie Non Si doute diagnostique ou hmaturie
Dbit maximal
Dbit (ml/s)
Dbit (ml/s)
Volume urin
Miction
Temps jusquau Temps (s) Temps (s)
dbit maximal B
Miction
A
Figure 2. Courbes de dbitmtrie.
A. Normale.
B. Pathologique.
Biologie sanguine
Le dosage de lantigne prostatique spcifique ne prsente pas
dintrt pour le diagnostic de lHBP. Son interprtation peut
mme tre fausse par la prsence de lHBP. Il nest recommand
Point important
que dans le cadre dun dpistage individuel en fonction des
donnes du toucher rectal. La dbitmtrie
Le dosage de la cratininmie nest pas systmatique. Il peut Ralise en milieu spcialis, elle permet de mesurer le
tre propos des patients prsentant des facteurs de risque dbit maximal et la courbe mictionnelle du patient. Le
dinsuffisance rnale qui conduirait modifier le traitement ou volume urin doit tre suprieur 150 ml pour que
chez des patients avec des symptmes anciens et dautres lexamen soit interprtable.
complications pouvant faire craindre une atteinte du haut On considre les valeurs-seuils suivantes :
appareil. au-del de 15 ml/s : il nexiste pas dobstacle significatif
tudes urodynamiques en dea de 10 ml/s : lobstacle lvacuation des urines
La dbitmtrie est le seul examen permettant de quantifier est significatif
objectivement la dysurie. Elle est idalement ralise dans le entre ces deux valeurs le diagnostic nest pas certain et
cadre de la consultation avec lurologue. Elle est exprime sous dautres explorations urodynamiques sont ncessaires.
forme dune courbe et permet de dterminer un dbit maximal
en ml/s. Le volume urin doit tre suprieur 150 ml pour que
lexamen soit interprtable. Un dbit suprieur 15 ml/s est
considr comme normal. En dessous de 10 ml/s, il existe une
gne significative lvacuation des urines (Fig. 2). Il sagit dun
complications. Lexamen de choix est lchographie rno-vsico-
examen performant tant pour le diagnostic que pour le suivi des
prostatique par voie sus-pubienne. Elle permet de mesurer le
malades. Il est par ailleurs non invasif et peu coteux. Mais il
rsidu post-mictionnel, de chercher des diverticules vsicaux, un
nest pour linstant pratiqu quen milieu spcialis et ne peut
calcul vsical et de dpister une atteinte du haut appareil.
tre recommand en pratique quotidienne chez le mdecin
gnraliste. Lvaluation du volume de ladnome est meilleure quand elle
Les autres explorations urodynamiques (cystomanomtrie, est obtenue par une chographie transrectale. Elle est surtout
urtromanomtrie, etc.) ne sont recommandes quen cas de utile en cas de doute sur la technique chirurgicale employer.
maladie neurologique associe ou de discordance de sympto- Les autres examens dimagerie (urographie intraveineuse,
matologie. scanner, etc.) nont pas leur place dans le bilan de premire
intention de lHBP. La cystoscopie, en labsence de doute
Examens radiologiques diagnostique ou dhmaturie, nest elle non plus pas recom-
Ils ne sont pas systmatiques dans le bilan de premire mande. Elle permet par ailleurs de dpister un lobe mdian qui
intention de lHBP mais peuvent tre utiliss pour dpister des nest pas palpable au toucher rectal.
-bloquants -bloquants
ou ou
phytothrapie inhibiteurs de la 5-rductase
ou
phytothrapie
Succs chec
Poursuivre le traitement Chirurgie ou thrapeutiques
mini-invasives
Hypertrophie bnigne de la prostate non 3 6 mois plus tard et, en cas dchec, il convient de proposer
complique un traitement chirurgical.
Rfrences
.
S.-J. Drouin.
M. Rouprt ([email protected]).
Service durologie, Hpital Piti-Salptrire, AP-HP, Facult de mdecine Pierre-et-Marie-Curie, Universit Paris VI, 47-83, boulevard de lHpital, 75651 Paris
cedex 13, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Drouin S.-J., Rouprt M. Hypertrophie bnigne de la prostate. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Trait de
Mdecine Akos, 5-0690, 2010.
La sonde vsicale demeure est indique en cas dincontinence urinaire ou de rtention permanente
(paraplgique, malade inoprable) lorsque aucune autre alternative nest envisageable. Dans tous les
cas, ce geste doit tre atraumatique, indolore, strile. Il existe diffrents modles de sondes, mais dans le
cas dun sondage demeure, on utilise le plus souvent une sonde ballonnet, de Charrire 16 ou 18,
100 % silicone, car mieux tolre. La poche de recueil doit tre strile, vidangeable, munie dune valve
antiretour, avec un tuyau de bon calibre, semi-rigide, comportant un site de prlvement urines. Les
soins dhygine sont indispensables. Aprs une toilette leau et au savon, il ne faut pas oublier de
recalotter les hommes. La diurse doit tre abondante afin dviter lobstruction de la sonde. Certaines
habitudes doivent tre respectes : vrifier le bon coulement des urines, ne dconnecter la sonde du sac
collecteur quen cas durgence et de manire aseptique, respecter les dates de changement de sonde (tous
les mois), vider rgulirement le sac collecteur laide du robinet de vidange. Tout patient porteur dune
sonde demeure voit ses urines contamines au bout de 3 jours si la rgle du systme clos na pas t
respecte. Seules les infections urinaires symptomatiques (fivre, douleurs, frissons, pididymite ...)
doivent tre traites par une antibiothrapie adapte. Lexamen cytobactriologique des urines (ECBU)
doit seffectuer uniquement par le site de prlvement situ sur le sac collecteur, aprs dsinfection, avec
une seringue et une aiguille. Il ne faut jamais prlever les urines dans la poche de recueil car les urines
prsentes dans le sac peuvent avoir stagn plusieurs heures, et lECBU peut tre ininterprtable. Sil ny a
pas de site de prlvement, recueillir les urines directement la sortie de la sonde, en dconnectant la
sonde du sac, de faon aseptique. Lorsque la sonde est bouche, le patient se plaint de douleurs
pelviennes, et il y a des fuites autour de la sonde. Dans ce cas, il faut faire des lavages de vessie la
seringue et augmenter les boissons. Si la sonde ne peut tre dbouche, il faut la remplacer. Si les malades
porteurs de sonde demeure sont de plus en plus nombreux, il faut toujours se demander sil nexiste pas
une meilleure solution pour assurer la vidange vsicale. Lindication du sondage demeure peut tre
remise en question en fonction de lvolution de la situation dun patient.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Plan Introduction
Introduction 1 Nombreux sont les patients qui regagnent leur domicile avec
une sonde vsicale aprs une hospitalisation ou un passage aux
Risques du sondage vsical 2
urgences. Il peut sagir par exemple de patients inoprables,
Terminologie 2 chez lesquels le traitement chirurgical de ladnome de prostate
Mcanismes de linfection 2 est impossible et chez lesquels une sonde demeure a t mise
Facteurs de risque de linfection 2 en place, de patients qui ont une sonde pour une priode
limite, en gnral dans les suites dune intervention sur les
Diagnostic dune infection urinaire chez le patient sond 2
voies urinaires, ou encore de patients atteints dun dysfonction-
Traitement de linfection 3 nement vsical dorigine neurologique qui ne peuvent vider leur
Traitement des colonisations asymptomatiques sur sonde 3 vessie que par des sondages rpts.
Traitement des colonisations symptomatiques 3 Une sonde vsicale peut rester demeure , tre utilise en
Prvention du risque infectieux 3 autosondage (sondage ralis par le patient lui-mme) ou en
Mthodes de prvention 3 htrosondage (sondage ralis par une tierce personne).
Modalits de surveillance 3 Quelle que soit lindication, de nombreux travaux ont
Conclusion 5 montr lincidence leve des bactriuries chez le malade sond.
La colonisation bactrienne est directement dpendante de la
dure du sondage et des soins apports au patient.
Mcanismes de linfection
La prsence dune sonde urtrale est un accs permanent des
germes lappareil urinaire.
Trois mcanismes principaux de survenue dune infection
urinaire peuvent tre incrimins :
la contamination de la vessie lors du cathtrisme par des
germes prsents dans lurtre antrieur et non supprims par
la toilette avant sondage ; environ 20 % des patients sont
dj coloniss ds le sondage ;
la propagation des germes cutans partir du mat urtral le
long de la sonde ;
la propagation des germes dans la lumire mme de la sonde,
ce qui souligne lintrt de maintenir clos le systme de
drainage. On a montr ainsi qu loccasion des changements
Figure 1. Sonde vsicale. 1. Ballonnet intravsical ; 2. sonde double de sonde, la numration des germes tait plus leve sur
courant ; 3. sonde simple courant. lancienne sonde que sur la nouvelle. Une fois installe,
linfection est prennise par la prsence de la sonde qui
induit des lsions inflammatoires au niveau de la muqueuse
Afin de prvenir le principal risque qui est infectieux, le cervicale et de la muqueuse urtrale, et qui peuvent tre
mdecin doit, la sortie de lhpital, informer le patient sur les lorigine dincrustations calcaires (elles apparaissent ds la
prcautions prendre. domicile, linfirmire a un rle premire semaine aprs la pose de la sonde) [2], voire de
primordial dans linformation et lducation du patient porteur calculs qui reprsentent autant de nids germes.
dune sonde demeure. La voie lymphatique et hmatogne est beaucoup plus rare.
Chez lhomme, la survenue dune pididymite ou dune La premire mesure est bien entendu dviter tout sondage
prostatite est de diagnostic facile ds lors quon a le rflexe inutile. Il est galement ncessaire denlever les sondes urinaires
dexaminer les organes gnitaux et de raliser un toucher rectal. non indispensables (sur prescription mdicale), de rvaluer
Linterprtation de lECBU ne prsente que peu de particula- rgulirement la ncessit dune sonde demeure [11-13].
rits, si ce nest quune leucocyturie sans infection est possible Les autres mesures de prvention de linfection sur sonde
du fait de la prsence dun corps tranger. La prsence de sont dordre mcanique . On peut les numrer comme suit :
bactriurie une concentration insuffisante pour porter le respecter les prcautions dasepsie lors du cathtrisme
diagnostic dinfection urinaire est souvent annonciatrice dune urinaire ;
vritable infection, survenant alors dans les 24 72 heures faire un lavage simple des mains avant tout soin et toute
suivantes. manipulation ; port de gants usage unique ;
Le germe le plus souvent rencontr est Escherichia coli. Il faut utiliser des sondes en silicone ds que la dure prvisible du
toutefois se mfier lorsque les patients viennent de sjourner sondage excde 48 heures. Elles sont en effet mieux tolres
lhpital, ce qui est trs souvent le cas. Ils peuvent tre porteurs par lurothlium et lon connat le rle des microtraumatis-
de germes multirsistants, bien connus de nos services hospita- mes muqueux dans la gense des infections urinaires ;
liers : Enterobacter cloacae, Serratia marcescens, Pseudomonas choisir des sondes de calibre adapt au diamtre urtral. Des
aeruginosa, Enterococcus faecalis. sondes de trop fort calibre gnent lcoulement des scrtions
priurtrales qui stagnent puis sinfectent ;
Traitement de linfection veiller au maintien dune diurse abondante (1,5 l/j). On ne
rpte jamais assez ce conseil, notamment aux personnes
ges dont la sensation de soif est amoindrie et pour lesquel-
Traitement des colonisations les leau reprsente vritablement un mdicament ; aucune
asymptomatiques sur sonde [6, 7]
tude na valid lintrt thrapeutique dune hyperdiurse ;
utiliser un systme de drainage clos muni dune prise latrale
Il existe un consensus concernant labstention thrapeutique
pour prlvement durines, ainsi que dune poche collectrice
en cas de colonisation. Il nexiste effectivement aucune preuve
vidangeable et munie dun systme antireflux. Il faut imp-
de la diminution de la morbidit ou de la mortalit en cas de
rativement limiter le nombre de dconnexions ;
traitement dune bactriurie asymptomatique (pas de diminu-
veiller maintenir un drainage dclive dans toutes les
tion de lincidence des pisodes fbriles, ni de la svrit et de
situations, mme lorsque le patient se dplace sans que le sac
la dure de la bactriurie). Les antibiotiques crent une pression
ne touche le sol ;
de slection qui favorise lmergence de bactries rsistantes [8,
9]. Dautre part, un traitement nentranerait quune amliora- veiller ce que ne survienne aucune coudure de la tubulure ;
raliser une toilette gnitoanale et des soins de sonde
tion temporaire et favoriserait lmergence de germes rsistants.
biquotidiens avec nettoyage soigneux de la rgion du mat,
Dans quelques cas spcifiques seulement, le traitement de la
zone dextriorisation des scrtions urtrales qui scoulent le
bactriurie asymptomatique est recommand :
long de la sonde.
patient en situation propratoire : interventions ou explora-
Enfin, il faut changer rgulirement la sonde lorsquelle est
tions urologiques ou mise en place dune prothse ;
demeure. Il nexiste pas de consensus sur la priodicit du
patients porteurs dune prothse vasculaire, articulaire ou
changement dune sonde vsicale demeure. Il est habituel
cardiaque lors dune manuvre invasive ;
deffectuer un changement de sonde vsicale tous les mois. Il est
pidmie bactrie multirsistante dans une unit dhospita-
recommand de pratiquer un ECBU 24 ou 48 heures aupara-
lisation en concertation avec le Comit de lutte contre les
vant. En cas de complication infectieuse, la connaissance du
infections nosocomiales ;
germe et de sa sensibilit permet dinstaurer trs prcocement
patients dont la colonisation urinaire est un facteur de risque
un traitement adapt. Sauf anomalie anatomique de lurtre, le
de morbimortalit : immunodprims, neutropniques,
changement de sonde est un geste facile qui peut tre ralis
femmes enceintes.
par tout mdecin non urologue ou infirmier si les conditions
Dans le cas dune candidurie asymptomatique, lutilisation
dasepsie sont respectes.
dun antifongique local ou systmique nest pas recommande
Il est indispensable de dire au patient quil faut contacter le
mais lablation de la sonde vsicale doit tre envisage.
mdecin en cas de fivre, douleurs abdominales, brlures
urinaires, urines troubles ou nausabondes et en cas dabsence
Traitement des colonisations dcoulement durines dans le sac collecteur.
symptomatiques Il existe par ailleurs des alternatives au sondage demeure
Le traitement des colonisations bactriennes symptomatiques qui doivent tre adoptes autant que faire se peut :
est recommand et consiste en une antibiothrapie adapte sondage intermittent : la lumire de ces travaux, le sondage
lantibiogramme. Il est recommand de changer la sonde aprs intermittent apparat comme la solution la plus sduisante
48 heures dantibiothrapie sur prescription mdicale. La dure lorsquelle est possible, lidal tant bien sr que le patient
du traitement varie de 5 21 jours selon le germe en cause, les ralise lui-mme les sondages (autosondages). Lorsque le
comorbidits et la rponse thrapeutique. sondage est ralis par une tierce personne, on parle dht-
Dans le cas dune candidurie symptomatique, lutilisation rosondage. Il existe dsormais dans le commerce des systmes
dun antifongique systmique est recommande [10]. de sondes autolubrifies raccordes un sac collecteur qui
permettent de se sonder dans nimporte quel lieu, avec un
minimum de matriel. Il sagit de sondages propres mais non
Prvention du risque infectieux striles. chaque fois que les conditions anatomiques, le
niveau intellectuel et le degr dhabilet du patient le
Mthodes de prvention permettent, il faut adopter cette solution. Le risque infectieux
La prescription de sortie pour un patient qui rentre domi- est faible et le patient garde son autonomie. Dans le cas
cile avec une sonde vsicale doit comprendre : contraire, il faut se rsoudre la sonde demeure ;
non seulement le matriel ncessaire pour le sondage et le tui pnien lorsquil est possible ;
confort du patient (poches pour la nuit dont la contenance le cathter sus-pubien na pas montr sa supriorit.
est de 2 l, poches pour la journe dont la contenance est de
500 ml avec un systme dattache pour la jambe) ; Modalits de surveillance
mais galement une information sur les mesures de prven- Il sagit dune question difficile. On oscille perptuellement
tion et dducation. entre le risque de trop en faire et celui de voir sa vigilance se
Le personnel qui prend le relais de la prise en charge thra- relcher devant une situation chronique (Tableau 1).
peutique du patient domicile doit tre form la prvention Certains incidents peuvent survenir distance chez le patient
des risques lis une sonde vsicale. en sonde demeure.
den faire le diagnostic lorsquils sont suffisamment volumi- [6] Tenke P, Kovacs B, Bjerklund Johansen TE, Matsumoto T,
neux. Il nest pas draisonnable den faire pratiquer un tous les Tambyah PA, Naber KG. European and Asian guidelines on manage-
6 12 mois. Sil est normal et quun doute persiste, il ne faut ment and prevention of catheter-associated urinary tract infections.
pas hsiter radresser le patient son urologue pour explorer Int J Antimicrob Agents 2008;31(suppl1):S68-S78.
(ou rexplorer) lappareil urinaire. Une antibiothrapie long [7] Confrence de consensus organise par la SPILF et lAFU, infections
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que du personnel paramdical. Ce nest quen respectant des 2001;2:321-5.
conditions dasepsie rigoureuses et en duquant le patient que [11] Munasinghe RL, Yazdani H, Siddique M, Hafeez W. Appropriateness
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CD004011. Vivactis plus; 2009.
V. Ph.
M. Rouprt ([email protected]).
Service durologie, Hpital Piti-Salptrire, 47-83, boulevard de lHpital, 75651 Paris cedex 13, France.
Facult de mdecine Pierre et Marie Curie, Universit Paris VI, Paris, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Ph V., Rouprt M. Malade porteur dune sonde vsicale domicile. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Trait de Mdecine Akos, 5-0686, 2010.
La crise rnale sclrodermique (CRS) se caractrise par une hypertension artrielle (HTA) maligne et une
insuffisance rnale aigu oligoanurique. Elle survient chez environ 5 % des patients sclrodermiques,
particulirement dans les premires annes dvolution dans les formes diffuses de la maladie. La
survenue dune CRS est favorise par une corticothrapie suprieure 15 mg/j de prednisone.
Linsuffisance ventriculaire gauche et lencphalopathie hypertensive dominent le tableau clinique.
Linsuffisance rnale peut saccompagner dune protinurie modre, sans hmaturie, et, dans 43 % des
cas, il existe une microangiopathie associe. Les anticorps anti-ARN polymrase III sont prsents chez un
tiers des patients dveloppant une CRS. Devant la survenue dune insuffisance rnale, une origine
iatrogne ou fonctionnelle doit tre limine, de mme quune glomrulonphrite extracapillaire avec
prsence danticorps anticytoplasme des polynuclaires neutrophiles (ANCA) ou une microangiopathie
thrombotique (MAT) authentique. La ralisation dune biopsie rnale nest pas indispensable dans les
formes typiques de CRS. Cependant, elle peut apporter des lments pronostiques et est indispensable
vise diagnostique dans les formes atypiques. Le pronostic de la CRS sest nettement amlior depuis
lutilisation des inhibiteurs de lenzyme de conversion (IEC). Cependant, la survie 5 ans des patients
sclrodermiques ayant dvelopp une crise rnale nest que de 65 %. La prise en charge thrapeutique
repose sur un contrle prcoce de la pression artrielle sous IEC, ventuellement en association dautres
classes thrapeutiques. En cas dinsuffisance rnale et/ou dHTA svres, lpuration extrarnale permet
de contrler rapidement la surcharge vasculaire et la pression artrielle. Le sevrage de la dialyse est
possible dans environ la moiti des cas. Chez les patients dialyss au-del de deux ans, une
transplantation rnale peut tre envisage.
2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Sclrodermie systmique ; Crise rnale ; Hypertension artrielle ; Insuffisance rnale aigu ;
Inhibiteurs de lenzyme de conversion
Plan Introduction
Introduction 1 La sclrodermie systmique (ScS) est une affection gnralise
du tissu conjonctif, des artrioles et des microvaisseaux,
Crise rnale sclrodermique 2
caractrise par la survenue de phnomnes de fibrose tissulaire
Physiopathologie 2
et doblitration vasculaire et par la prsence danomalies de
Facteurs prdictifs de survenue dune crise rnale sclrodermique 2
limmunit humorale et cellulaire [1]. En fonction du degr
Prsentation clinique 2
dextension de latteinte cutane, on distingue : les ScS diffuses
Examens biologiques 3
caractrises par des lsions de sclrose remontant au-dessus des
Examens morphologiques 3
coudes et/ou des genoux et pouvant intresser le tronc ; les ScS
Examen anatomopathologique du rein 3
cutanes limites, au cours desquelles les lsions de sclrose
Pronostic 3
intressent les extrmits mais ne remontent pas au-dessus des
Traitement 5
coudes ou des genoux [2] ; et les formes limites [3] au cours
Autres atteintes rnales voquer au cours de la sclrodermie desquelles la peau est pargne.
systmique 6 La ScS touche avec prdilection le sexe fminin entre 45 et
Atteinte rnale dorigine iatrogne 6 64 ans [4]. Sa prvalence exacte reste encore mal connue avec
Insuffisance rnale fonctionnelle 6 une disparit importante entre les rgions et les pays. La
Stnose des artres rnales 6 prvalence est estime aux tats-Unis et en Australie entre
Atteintes glomrulaires 6 200 et 260 cas/million dhabitants [4, 5], en Asie entre 20 et
Fibrose nphrognique systmique 6 50 cas/million dhabitants [6] et en Europe entre 100 et 200 cas/
Conclusion 6 million dhabitants [7] La prvalence de 158 cas/million dhabi-
tants retrouve dans le dpartement de la Seine Saint-Denis fait
estimer le nombre de patients adultes atteints de ScS en France
entre 6 000 et 9 000 personnes [8].
Nphrologie 1
18-055-C-10 Manifestations rnales de la sclrodermie systmique
Tableau 2.
Principales manifestations cliniques et biologiques de la crise rnale sclrodermique.
Steen et al. [12] Walker et al. [16] DeMarco et al. [17] Penn et al. [9] Teixeira et al. [14]
2 Nphrologie
Manifestations rnales de la sclrodermie systmique 18-055-C-10
Examens biologiques
Dans 43 % des cas, la CRS saccompagne dune MAT avec une
thrombopnie et une anmie hmolytique mcanique caract-
rise par la prsence de signes dhmolyse (haptoglobine
effondre, lvations des LDH [lactodshydrognase] et de la
bilirubine libre) et de schizocytes [12, 21]. Linsuffisance rnale
peut tre svre et saccompagner de troubles hydrolectrolyti-
ques. Une protinurie est frquente, mais en gnral modre
(< 0,5 g/24 h) et ne saccompagnant pas dhmaturie. Lhma-
turie parfois retrouve sur la bandelette urinaire est en rapport
avec une hmoglobinurie lie lhmolyse intravasculaire.
Trente trois pour-cent des patients dveloppant une CRS ont
des anticorps anti-ARN polymrase III [11]. Ces anticorps nont
cependant pas de rle pathogne dmontr.
Pronostic
Le pronostic des CRS dans les grandes sries de la littrature
est dtaill dans le Tableau 3. la fin des annes 70, le contrle
de lHTA par les inhibiteurs de lenzyme de conversion (IEC) et
le recours la dialyse ont permis damliorer le pronostic des
CRS qui tait initialement trs mauvais avec une survie < 10 %
Figure 3. Microscopie optique. Trichrome de Masson. Grossissement
trois mois. Les deux tudes publies en 2007 sur ce sujet ont
250. Artre interlobulaire avec endartrite mucode. Toute petite fente
permis destimer la mortalit 5 ans entre 30 et 40 % [9, 14].
vasculaire.
Dans ces deux tudes, environ 60 % des patients taient
Nphrologie 3
18-055-C-10 Manifestations rnales de la sclrodermie systmique
Figure 4. Microscopie optique. Trichrome de Masson. Grossissement Figure 7. Microscopie optique. Coloration par le PAS (acide priodique
400. Artriole avec obstruction mucode et aspect en bulbe Schiff). Grossissement 400. Les parois capillaires glomrulaires ont des
doignon . aspects en double contour. Ces lsions sont celles dune microangiopathie
thrombotique ancienne.
Tableau 3.
Pronostic des crises rnales sclrodermiques.
Steen et Walker DeMarco Penn Teixeira
al. [12] et al. [16] et al. [17] et al. [9] et al. [14]
Nombre de 195 16 18 110 50
patients
Patients dialyss 43 31 NR 64 56
(en %)
Temporairement 23 6 NR 23 16
(en %)
De faon 19 25 NR 42 22
permanente
(en %)
Dcs en dialyse NR NR NR 18 18
(en %)
Figure 6. Microscopie optique. Trichrome de Masson. Grossissement Dcs 5 ans 19 a 31 50 41 31
250. Glomrule avec une thrombose intraglomrulaire, lsion de mi- (en %)
croangiopathie thrombotique. a
Dcs prcoces ; NR : non renseign.
4 Nphrologie
Manifestations rnales de la sclrodermie systmique 18-055-C-10
Dbuter le captopril entre 6,25 et 12,5 mg 3/j, puis augmenter juqu' 50 mg 3/j
Figure 9. Arbre dcisionnel. Prise en charge thrapeutique dune hypertension artrielle au cours dune sclrodermie systmique (daprs [11]). IEC :
inhibiteurs de lenzyme de conversion.
dialyss, certains de faon transitoire. Au total, 20 40 % des maximale. Cette posologie doit tre atteinte en 48-72 h et ne
patients suivant les cohortes ont ncessit une puration doit pas tre modifie en cas de dgradation de la fonction
extrarnale dfinitive. rnale, y compris si la dialyse devient ncessaire.
Des facteurs de mauvais pronostic ont t identifis, comme Les ARA II semblent tre associs un contrle tensionnel
le sexe masculin, un ge suprieur 50 ans, un mauvais insuffisant et ne peuvent donc pas tre recommands dans le
contrle de la pression artrielle dans les 3 premiers jours et une traitement de la CRS [12, 30]. Lassociation IEC et ARA II na pas
cratininmie suprieure 270 mol/l lintroduction des fait la preuve de son efficacit [31].
IEC [25, 26]. Par ailleurs, une pression artrielle infrieure 140/ La Figure 9 propose un arbre dcisionnel de prise en charge
90 mmHg a t identifie comme un facteur de risque indpen- thrapeutique dune HTA au cours dune ScS. Les inhibiteurs
dant de mauvais pronostic [12, 14].
calciques par voie parentrale telle que la nicardipine doivent
tre associs prcocement si la pression artrielle nest pas
Traitement contrle par les IEC seuls. Les drivs nitrs sont privilgis en
association aux IEC en cas de survenue dun dme pulmo-
Dpistage et traitement prventif naire aigu. Le minoxidil est galement utilisable en association
si la pression artrielle nest pas contrle par un traitement
Les patients prsentant une ScS diffuse doivent effectuer une
autosurveillance rgulire de leur pression artrielle dans les antihypertenseur maximal. Cependant, ce mdicament nest
premires annes dvolution de leur maladie. Certaines quipes plus disponible depuis peu sur le march franais. Les a- et
proposent un traitement prventif de la survenue dune crise b-bloquants ou les diurtiques risquent dinduire une insuffi-
rnale par IEC faible dose chez les patients ayant une forme sance rnale fonctionnelle et ne sont donc pas recommands au
diffuse voluant depuis moins de quatre ans, fortiori si un cours de la CRS [32].
traitement corticode est prescrit. Il nexiste cependant aucune Les IEC sont galement prescrits dans les CRS normotensives
donne en faveur dune prvention de la survenue dune CRS mais posologie plus faible.
par un traitement prophylactique par IEC ou antagoniste des
rcepteurs de langiotensine II (ARA II). Autres traitements
Liloprost peut tre utilis dans le traitement de la CRS mais
Traitement curatif son efficacit nest pas dmontre [31]. Lintrt des inhibiteurs
des rcepteurs de lendothline 1 est en cours dvaluation dans
En cas de CRS, le contrle de la pression artrielle doit tre
une tude ouverte anglaise. notre connaissance, les traite-
rapide avec pour objectif dobtenir une pression artrielle
systolique 120 mmHg et une pression artrielle diastolique ments antirnine, sils reprsentent un intrt potentiel, nont
80 mmHg. fait lobjet daucune tude dans la CRS. Par ailleurs, les changes
plasmatiques ne semblent pas efficaces.
Traitement antihypertenseur Il convient dliminer tous les mdicaments nphrotoxiques
Seuls les IEC ont dmontr une efficacit dans la prise en et de corriger les troubles hydrolectrolytiques secondaires
charge de la CRS avec une amlioration du pronostic [27, 28]. Le linsuffisance rnale aigu.
captopril a t test chez un grand nombre de patients mais Lpuration extrarnale permet de contrler rapidement la
lnalapril a galement t utilis avec succs en cas dintol- surcharge vasculaire et la pression artrielle et doit tre entre-
rance au captopril [29]. Les IEC sont prescrits leur posologie prise prcocement en cas de pression artrielle non contrle
Nphrologie 5
18-055-C-10 Manifestations rnales de la sclrodermie systmique
et/ou de dgradation rapide de la fonction rnale sous traite- rnale est dans ce cas rapidement progressive, accompagne
ment mdical. Dans deux tudes rcentes, 56 % [14] et 64 % [9] dune hmaturie microscopique et/ou dune protinurie abon-
des patients ont ncessit une puration extrarnale. dante, mais sans HTA.
Dans la moiti des cas le sevrage de la dialyse est obtenu dans
un dlai de 18 mois 2 ans, la fonction rnale rsiduelle tant Fibrose nphrognique systmique
le plus souvent de lordre de 30 ml/min [31, 33].
La survenue dune CRS, si elle ne justifie pas elle seule une Enfin, la fibrose nphrognique systmique se caractrise par
intensification thrapeutique avec greffe de cellules souches lapparition dun aspect sclreux de la peau essentiellement au
hmatopotiques, ne contre-indique pas sa ralisation sauf en niveau des extrmits (surtout des membres infrieurs), par-
cas dinsuffisance rnale chronique terminale. gnant le torse et la face, chez des patients ayant une insuffi-
sance rnale chronique pralable [39] . Les manifestations
Transplantation rnale cutanes surviennent secondairement latteinte rnale,
La transplantation rnale ne doit tre envisage quaprs deux contrairement ce qui est observ dans la ScS. Le gadolinium
ans dpuration extrarnale en raison de la possibilit de sevrage utilis comme produit de contraste pour limagerie par rso-
de la dialyse dans les deux premires annes suivant la survenue nance magntique nuclaire a t incrimin comme pouvant
de la CRS. Aux tats-Unis, partir de la base de donnes UNOS tre un facteur dclenchant de cette affection.
(United Network for Organ Sharing), la survie des greffons
observe sur la priode 1987-2004 chez 260 patients sclroder-
miques ayant eu une transplantation rnale tait de 56,7 % Conclusion
5 ans pour une survie globale des patients de 72,7 %
5 ans [34]. Ainsi, une transplantation rnale peut tre propose La crise rnale est la manifestation nphrologique la plus
ces patients. Sur lensemble des 260 patients, 5 cas de rcidive frquemment observe au cours de la ScS. Son pronostic dpend
de CRS sur le transplant ont t rapports, soit 1,9 %. Ces du contrle prcoce de lHTA par les IEC, ventuellement en
5 patients avaient tous dvelopp une insuffisance rnale association dautres antihypertenseurs. Le diagnostic de la CRS
terminale dans lanne suivant le diagnostic de CRS sur le rein doit tre rapide et une autosurveillance de la pression artrielle
natif. Dans cette tude, dans 1/3 des cas de non survie des doit tre effectue chez les patients risque de survenue dune
greffons la cause ntait pas connue, ce qui sous-estime proba- CRS. Une transplantation rnale peut tre envisage aprs deux
blement le nombre de rcidives. linverse, certaines publica- ans dpuration extrarnale sans possibilit de sevrage.
tions rapportant un risque de rcidive de la CRS de lordre de
20 50 % surestiment sans doute ce risque. Les facteurs de
risque de rcidive sur le greffon sont identiques ceux dcrits Guillaume Bussone a reu un soutien financier de la Mutuelle AMPLI.
pour un premier pisode sur rein natif [34]. Il ny a pas de
.
6 Nphrologie
Manifestations rnales de la sclrodermie systmique 18-055-C-10
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Universit Paris Descartes, Facult de mdecine Paris Descartes, UPRES EA 4058, 12, rue de lcole-de-Mdecine, 75006 Paris, France.
L.-H. Nol.
Service danatomopathologie, Inserm U507, Facult de mdecine Paris Descartes, 12, rue de lcole-de-Mdecine, 75006 Paris, France.
L. Mouthon ([email protected]).
Universit Paris Descartes, Facult de mdecine Paris Descartes, UPRES EA 4058, 12, rue de lcole-de-Mdecine, 75006 Paris, France.
Ple de mdecine interne, Hpital Cochin, Centre de rfrence pour les vascularites ncrosantes et la sclrodermie systmique, APHP, 27, rue du faubourg
Saint-Jacques, 75679 Paris cedex 14, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Bussone G., Nol L.-H., Mouthon L. Manifestations rnales de la sclrodermie systmique. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Nphrologie, 18-055-C-10, 2009.
Nphrologie 7
5-0485
U n geste simple et presque constamment effectu durant notre activit professionnelle reste la bandelette
urinaire. Mais exploitons-nous correctement les informations quelle nous dlivre ?
2003 Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS. Tous droits rservs.
Rappel physiologique
Protinurie Tableau I. Protinurie physiologique.
Les protines retrouves dans les urines ont
presque toujours une origine plasmatique. Elles sont - dbit < 150 mg/jour
habituellement filtres par le glomrule, puis en en moyenne 80 mg/jour
Introduction dont 0 30 mg/jour dalbumine ( microalbu-
grande partie rabsorbes par endocytose et minurie )
La prsence dune protinurie est toujours le dtruites dans les cellules tubulaires. usuellement non dtecte par les bandelettes
tmoin dune anomalie fonctionnelle ou dune Le glomrule constitue une barrire qui laisse ractives
lsion organique rnale. La protinurie est passer les protines en fonction de trois critres : - composition
gnralement asymptomatique, si bien que sa 60 % de protines plasmatiques : 1/3 dalbu-
leur taille : poids molculaire (PM), valeur-seuil : mine, 2/3 de globuline
recherche doit tre systmatique. Toutes les 60 000 ; 40 % de protines dorigine tubulaire et uri-
nphropathies peuvent, au cours de leur volution, leur charge lectrique (ngative) : elles sont naire :
saccompagner de protinurie. Si la relation repousses par la membrane basale glomrulaire ; - mucoprotine de Tamm-Horsfall
tiologique est habituellement facile faire lorsque - dchets protolyss de provenance
les conditions hmodynamiques locales.
urognitale
la protinurie est dcouverte au cours de situations Les cellules tubulaires sont capables de
pathologiques connues (maladies mtaboliques ou cataboliser par digestion intracellulaire lysosomale
immunologiques, uropathies malformatives, les protines rabsorbes ; 1 % de ces protines, non 50 mg/j de mucoprotine de Tamm-Horsfall
infections urinaires, hypertension artrielle), il en rabsorb est retrouv dans lurine dfinitive et (protine synthtise et scrte spcifiquement
va tout autrement en prsence dune protinurie de constitue la protinurie physiologique. dans la branche ascendante large de lanse de Henle
dcouverte fortuite et cliniquement isole. et ajoute lurine aprs la filtration glomrulaire ;
Lvaluation quantitative de la protinurie fournit Protinurie physiologique cette protine joue un rle important puisquelle
demble des renseignements importants. Quelques Physiologiquement, il existe une protinurie de constitue la matrice de la plupart des cylindres
examens simples permettent ensuite dobtenir le trs faible abondance. Chez les sujets normaux, cette urinaires), et enfin moins de 20 mg/j dimmunoglo-
plus souvent une orientation tiologique protinurie physiologique est denviron 40-80 mg/j bulines et de fragments dimmunoglobulines et
satisfaisante et de programmer alors les avec une valeur suprieure haute infrieure dautres protines de petit poids molculaire
investigations spcialises ventuellement 150 mg/ 24 heures. Cette protinurie est compose (tableau I).
ncessaires. pour moins de 10 mg/j dalbumine vraie, pour 30
Protinuries pathologiques
Dans un certain nombre de situations
retenir : pathologiques, la barrire de filtration glomrulaire
La protinurie est la manifestation la plus frquente des maladies rnales. est altre et laisse passer dans lurine des quantits
Les bandelettes urinaires permettent de dpister facilement la protinurie mais importantes de macromolcules, dont notamment
lexamen de rfrence pour la quantification est la mesure de la protinurie sur 24 des protines. Cette quantit anormale de protines
heures. retrouve dans lurine dfinit la protinurie (>
Lorsque la protinurie est importante, les patients dcrivent souvent les urines 150 mg/j) qui peut avoir plusieurs mcanismes et
comme troubles et remarquent la prsence de mousse, secondaire la prsence de significations :
protines dnatures. une protinurie constitue principalement de
Lexistence dune protinurie un dosage pondral contrastant avec une protines de faible PM, qui passent normalement le
bandelette urinaire ngative doit faire voquer une protinurie constitue de filtre glomrulaire, correspond :
chanes lgres dimmunoglobulines. soit un dfaut de rabsorption tubulaire
Lassociation protinurie + hmaturie microscopique doit faire voquer une (syndrome de Fanconi, nphropathie tubulo-
pathologie glomrulaire. interstitielle chronique) ;
La protinurie est un facteur de risque cardiovasculaire indpendant. soit un excs de production de ces petites
protines (chanes lgres du mylome) ;
1
5-0485 - Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie
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Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie - 5-0485
Une protinurie est dite glomrulaire si Protinuries par dysfonction tubulaire Confirmer la protinurie :
lalbumine est la protine principalement limine Le tube contourn proximal rabsorbe et par la protinurie des 24 heures ;
dans les urines. Elle est tubulaire sil existe dans les catabolise de trs nombreuses protines renouveler pour contrler sa permanence.
urines des protines de plus faible poids molculaire. plasmatiques, qui ont franchi librement un Autres examens en cas de protinurie positive :
Llectro- et limmunolectrophorse des urines glomrule normal, du fait de leur petite taille et dun regarder le sdiment urinaire, et spcialement
permettent galement de rechercher la prsence point isolectrique favorable. la prsence dune hmaturie. La prsence dune
dune protinurie monoclonale secondaire la Lexistence dune tubulopathie limite les hmaturie mineure quelle quen soit la quantit,
synthse dune immunoglobuline par un clone possibilits de rabsorption et se traduit par un dbit associe une protinurie, oriente vers une atteinte
plasmocytaire mdullaire dans le cadre dun urinaire lev de ces protines : protinurie tubulaire. rnale. Cette supposition sera confirme par ltude
mylome. Causes : de la morphologie des globules rouges. La prsence
nphropathies comportant une dysfonction de globules rouges dysmorphiques dans les urines
Protinuries permanentes tubulaire proximale ; suggre une pathologie glomrulaire. De mme, la
Les protinuries permanentes peuvent tre lies maladies du tube contourn proximal (syndrome prsence de cellules-cibles ou globules rouges dans
des modifications hmodynamiques intrarnales, de Fanconi) ; les urines indique une pathologie glomrulaire
des protinuries de surcharge, ou des protinuries les nphropathies tubulo-interstitielles active ;
par dysfonction tubulaire ou glomrulaire. chroniques. explorer la fonction rnale avec le dosage de la
Diagnostic : bta2-microglobulinurie leve +++. cratininmie, de lure, dun ionogramme sanguin
Protinuries lies des modifications
hmodynamiques intrarnales Par ailleurs : et une albuminmie, cholestrol et triglycrides ;
Les catcholamines, la rnine plasmatique ou lectrophorse des protines urinaires : sassurer de la normalit de la voie excrtrice.
langiotensine II sont susceptibles de favoriser le majorit de globulines de petit PM (test diagnostique Raliser une imagerie rnale : une chographie
passage des protines travers le filtre glomrulaire. mdiocre) ; rnale, un abdomen sans prparation (ASP),
Ce mcanisme est impliqu dans la protinurie protinurie totale des 24 heures : dbit faible tomographies rnales, etc ;
observe dans linsuffisance cardiaque ou (mais atteint parfois 1,5 2 g !). autres investigations : selon le type de
lhypertension artrielle (HTA), dans les protinuries protinurie et lallure du sdiment urinaire, lattitude
Protinuries par dysfonction glomrulaire pratique devant une protinurie est rsume sur la
orthostatiques, au cours de la grossesse.
Anomalies glomrulaires :
figure 1, les investigations pouvant conduire jusqu
Protinuries de surcharge soit fonctionnelles : perte des charges ngatives la ponction-biopsie rnale.
Ces protinuries sont constitues de protines de la membrane basale glomrulaire (MBG) dans la
de faible poids molculaire (entre 20 et 30 kDa), nphrose lipodique ; Mesures thrapeutiques
libres en quantit massive dans la circulation soit organiques : lsions variables de
sanguine, librement filtres par le glomrule mais lendothlium, de la MBG, de lpithlium. La protinurie, lorsquelle est le symptme dune
insuffisamment rabsorbes car le processus est Le dbit de la protinurie est variable : maladie rnale, requiert un traitement spcifique
satur au niveau du tube proximal. Dans ces abondant, le plus souvent suprieur 1,5 g/j ; une fois le diagnostic tabli, qui peut comporter des
protinuries de surcharge, la barrire de filtration dbit > 4 grammes/j : nphropathie immunosuppresseurs (corticostrodes et agents
glomrulaire est initialement intacte et la glomrulaire trs probable ; cytotoxiques).
protinurie traduit essentiellement lhyperpro- parfois faible. Le traitement se fait par les inhibiteurs de
duction dune protine spcifique en amont du Slectivit : lenzyme de conversion de langiotensine (IEC) ou les
rein. Une fois la nphropathie glomrulaire sartans : ces classes thrapeutiques reprsentent un
Augmentation de la charge plasmatique en une reconnue, il faut prciser sa prsentation outil majeur pour diminuer le dbit de la protinurie
protine : syndromique et proposer ventuellement une et ralentir la dgradation de la fonction rnale. En
librement filtre par le glomrule, car petite ; biopsie rnale : plus de leur effet antihypertenseur systmique, les
incompltement rabsorbe par le tubule mdicaments diminuent la pression intraglomru-
syndrome nphrotique ;
proximal, dont les possibilits sont dpasses. laire par leur action sur lartriole effrente.
syndrome nphrotique aigu ;
Causes : syndrome de glomrulonphrite rapidement
une production leve dorigine tumorale ;
progressive ;
chanes lgres dimmunoglobulines au cours syndrome des hmaturies macroscopiques
du mylome multiple +++ ;
Hmaturie
rcidivantes ;
lysozyme au cours de certaines leucmies syndrome de glomrulonphrite chronique.
aigus ;
Introduction
un excs de libration d un dommage Approche dvaluation dune protinurie
tissulaire : La prsence dune quantit anormale dhmaties
Exclure les protinuries non pathologiques : dans lurine dfinit lhmaturie. Lhmaturie
hmoglobine lors des hmolyses aigus
intravasculaires = hmoglobinurie ; des urines trs concentres avec une densit microscopique est par dfinition invisible lil nu.
suprieure 1,026 ; Elle est dpiste par les bandelettes ractives
myoglobine lors des rhabdomyolyses =
myoglobinurie ; des urines trop alcalines ; urinaires, et est dfinie par la prsence de plus de
amylase lors des pancratites aigus = une recherche de protinurie aprs un exercice cinq hmaties par mm 3 durine. Lhmaturie
amylasurie. physique intense ; microscopique asymptomatique est frquente (2,5
une recherche de protinurie au cours dun 3 % pour 20 000 habitants), et reprsente 10 % des
pisode fbrile. hmaturies. Lil humain peroit la coloration rose
En pratique, toute protinurie rcente Histoire de la maladie et examen physique du ou rouge de lurine pour un dbit dhmaties
chez un sujet de plus de 50 ans doit patient suprieur 300/mm3 dfinissant lhmaturie
faire penser la possibilit dun revoir les anciennes investigations, les anciens macroscopique. Lhmaturie non explique par une
mylome +++ et doit faire pratiquer examens afin de dfinir lanciennet de la cause vidente, par exemple une cystite, est un
une lectrophorse des protides protinurie ; symptme relativement frquent. Une hmaturie
urinaires. faire le test la recherche dune protinurie isole nest pas dangereuse en elle-mme sauf
orthostatique en cas de doute. lorsquun saignement extraglomrulaire est
3
5-0485 - Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie
retenir :
Lhmaturie est frquente et dans la majorit des cas bnigne lorsquelle est isole.
La possibilit dun cancer urologique doit tre prsente lesprit du praticien, surtout chez ladulte prsentant des facteurs de
risque (tabac +++).
Le traitement par antivitamine K dose efficace en labsence de surdosage ne peut pas expliquer une hmaturie. Le patient doit
tre explor de la mme faon quen labsence de traitement anticoagulant.
Chez la femme, il faut vrifier que le sang ne provient pas dun saignement vaginal ml aux urines recueillies pour lexamen
la bandelette. Il faut refaire lexamen en dehors des rgles.
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Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie - 5-0485
Tableau V. Hmaturie urologique et hmaturie nphrologique. Tableau VI. Causes frquentes dhmaturie
microscopique isole.
Urologique
Pathologies rnales
Il sagit le plus souvent dune hmaturie macroscopique
Plusieurs lments cliniques voquent demble un saignement de cause urologique - Nphropathies IgA
- des douleurs - GN membranoprolifrative
- des troubles mictionnels - GN dpts de C3
- des dpts/caillots urinaires - Nphropathie lupique
- pyurie associe - Purpura rhumatode
- une chronologie particulire de lhmaturie au cours de la miction - Syndrome de Goodpasture
interrogatoire visualisation dune miction fractionne - Vascularite rnale
hmaturie terminale = cause vsicale - Hmaturie bnigne
hmaturie initiale = cause urthroprostatique - Maladie des membranes basales fines
NB : une hmaturie totale nest pas forcment urologique et na aucune valeur localisatrice - Syndrome dAlport
Absence dhmaties urinaires dformes - Nphropathie interstitielle
Prsence dindices cliniques en faveur dune uropathie - Nphropathie des analgsiques
Les principales hmaturies urologiques sont les lithiases et les tumeurs - Pylonphrite
Le caillotage des voies urinaires doit tre vit en entretenant une hyperdiurse - Nphropathie drpanocytaire
Anomalies dallure lithiasique ou tumorale sur lchographie et/ou lurographie intraveineuse - Polykystose rnale
Un traitement spcifique adapt sera propos (traitement dune lithiase, dune tumeur bnigne ou maligne, - Kyste rnal isol (?)
dune infection) - Traumatisme/chirurgie rnale
- Biopsie rnale
Nphrologique
- Exercice physique
Il sagit dune hmaturie (microscopique ou macroscopique) - Dpts artriolaires de C3
- isole = pas de douleurs, pas de troubles mictionnels, pas de caillots ou dpts - Embole ou thrombose artrielle
- totale = lorsquelle est macroscopique - Thrombose veineuse rnale
Les causes urologiques voques ci-contre restent possibles - Malformations artrielles ou veineuses
Il faut ajouter les nphropaties - Fistule artroveineuse
Hmaties urinaires dformes cylindres hmatiques - Nutcracker syndrome
protinurie, HTA, insuffsance rnale
Pathologies urinaires
Les principales nphropathies causales sont glomrulaires
Lintrt dune biopsie rnale devra tre discut - Traumatisme/Chirurgie
- Noplasie
HTA : hypertension artrielle. - Uropathie obstructive
- Kystes
- Varices/Tlangiectasie
2 Principales causes dh- - Ncroses papillaires
- Priurtrite
Transitoire inexplique maturie en fonction de
- Urtrocle
lge. En jaune, les causes - Endomtriose
Infection urinaire les plus frquentes. - Infection
- Bilharziose
Lithiase - Irradiation
Transitoire
- Diverticule
Hmaturie d'effort - Cystite iatrogne
- Hmaturie a vacuo
Traumatique - Prostatite
- Adnome prostatique
Endomtriose - Urtrite
- Prolapsus urthral
- Ulcre du mat
- Condylome
- Corps tranger
Polykystose - Cathter
- Exercice
Permanente Cancer Anomalies de la coagulation
Maladies glomrulaires - Troubles plaquettaires
- Dficit en facteur de la coagulation
ge - Traitement anticoagulant
ce contexte. Les sujets plus gs peuvent tre ngatives restent mal dfinies. La valeur La combinaison dune chographie ngative et
explors dabord par lchographie qui est diagnostique de cet examen est trs faible chez les dune cystoscopie ngative est habituellement
suprieure pour la visualisation des petites tumeurs hommes en dessous de 40 ans et chez les femmes suffisante pour exclure un cancer de lappareil
du rein. La ralisation dun scanner ou dune faible risque. Dune faon gnrale, la cystoscopie urinaire. Cependant un cancer peut se rvler
rsonance magntique nuclaire (RMN) nest est recommande chez les patients risque de secondairement dans quelques cas. Ce risque de
habituellement pas ncessaire dans le cadre de cette cancer de la vessie : hommes de plus de 50 ans et cancer dapparition ultrieure est estim environ
valuation initiale. ceux qui ont des facteurs de risque spcifiques, 1 % 3 ou 4 ans chez les sujets gs. Chez les sujets
comme lutilisation prolonge et importante de tout particulirement risque, une cytologie urinaire
Indications de la cystoscopie phnactine, les gros fumeurs, lexposition certains peut tre ralise initialement puis intervalle
Les indications de la cystoscopie lorsque colorants ou ladministration prolonge de rgulier, par exemple tous les 6 mois. Un scanner
lurographie intraveineuse et lchographie sont cyclophosphamide (tableau VII). permet aussi de trouver des petites tumeurs qui
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5-0485 - Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie
3 Conduite tenir (CAT) en cas durines rouges. ECBU : examen cytobactriologique des urines ; UIV :
Attitudes pratiques en cas dhmaturie urographie intraveineuse ; PBR : ponction-biopsie rnale.
ge
Questions
Dysnatrmies > 50 ans - Facteurs de risque urothliaux
Tumeur rnale
Enfant - adulte jeune
Microlithiase
ou urothliale ? Drpanocytose
Madame X vient vous voir et vous dit :
Docteur, je ne bois presque plus (de leau) car jai Oui Cytologie urinaire Calciurie, uraturie Oui
Non
trop deau dans les jambes (dmes). Scanner rnal Cristallurie des 24 heures
Cystoscopie lectrophorse Hb
Monsieur X vous consulte :
Urologue Nphrologue
Abondance de l'hmaturie Ditticien
Docteur, voyez-vous jai rduit ma consommation
en sel car dans mon bilan, le sodium est Fort dbit ou hmaturie Hmaturie microscopique
150 mmol/L. macroscopique
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Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie - 5-0485
Non
Surcharge sode hypovolmique
Confirme (ou secondaire)
Non Considrer comme fausse hmaturie
par microscopie ?
(myoglobine, hmoglobine)
Oui Hypovolmie Surcharge
efficace sode
Prsente sur deux Rpter l'examen tous les 3 6
Non Hyperhydratation
trois prlvements mois pendant 1 an dmes
extracellulaire
Oui
5 Hmaturie microscopique asymptomatique (HMA) de ladulte. ECBU : examen cytobactriologique des Hyponatrmie de surcharge hydrosode
urines ; UIV : urographie intraveineuse ; PBR : ponction-biopsie rnale. Rtention Hyperhydratation
sode extracellulaire
Hypovolmie (dmes)
= bilan hydrique ngatif ; o : Una est la natriurse ; PCr est la efficace
Rtention Hyponatrmie
la sanction thrapeutique : apport deau. cratininmie ; Pna est la natrmie ; UCr est la
hydrique (de surcharge)
La volmie cratininurie.
reflte ltat dhydratation extracellulaire Exemple :
et donc le stock sod Natrmie = 140 mmol/L
do : Natriurse = 40 mmol/L Conduite tenir devant
les dmes : Cratininmie = 352 mmol/L une dysnatrmie (fig 6, 7, 8)
= hyperhydratation extracellulaire ; Cratininurie = 12,3 mmol/L Rponses
= stock sod positif ; FE Na = (40 352 100) / (140 12,3) = 0,82 % Les interprtations sont bien sr fausses, les
la sanction thrapeutique = rgime sans sel ;
Toute lvation de la temprature dun degr rponses sont respectivement :
lhypotension, le pli cutan
augmente les pertes insensibles denviron vous avez les jambes enfles parce que vous
= dshydratation extracellulaire ;
500 mL/j. avez trop de sel (bilan sod positif = dmes), il faut
= stock sod ngatif ;
la sanction thrapeutique = apport de sel. Troubles du bilan sod donc rduire votre apport en sel (fig 6, 7) ;
Dficit sod votre natrmie est leve donc vous manquez
pli cutan deau (bilan hydrique ngatif = dshydratation
Calcul de la fraction excrte du sodium Dficit Dshydratation
sod extracellulaire intracellulaire). Il faut donc boire beaucoup plus
FE Na = (Una PCr 100) / (Pna UCr) Hypovolmie deau et manger normalement sal (fig 8).
efficace
Rfrences
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5-0485 - Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie
Osm mesure
Normale 280-295 mOsm/L Basse < 280 mOsm/L leve > 295 mOsm/L
< 48 h < 48 h
Non Oui
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Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie - 5-0485
Rvaluer selon :
protidmie
glycmie
distance de :
apport de sel hypertonique
priode post-dialyse
8 Orientation diagnostique devant une hypernatrmie. VEC : volume extracellulaire ; HTA : hypertension artrielle ; VMS : vomissements ; ADH : hormone
antidiurtique ; NaU : natriurse.
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5-0485 - Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie
Toute rfrence cet article doit porter la mention : H Izzedine. Nphrologie pratique : comment interprter une protinurie, une hmaturie, une anomalie de la natrmie.
Encycl Md Chir (Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 5-0485, 2003, 10 p
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10
5-0590 (2004)
5-0590
Nphropathie et grossesse
AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine
P. Jungers
T oute grossesse, chez une femme atteinte de nphropathie, doit tre considre comme une grossesse
risque. Elle doit tre planifie et bnficier dun suivi conjoint par nphrologue et obsttricien, en particulier
lorsque la patiente est hypertendue ou lorsque sa fonction rnale est altre. Au prix de ces conditions et grce aux
progrs rcents de lobsttrique et de la nonatologie, lespoir dune maternit sans aggravation de la nphropathie
est dsormais offert la majorit des patientes souffrant de maladies rnales.
2003 Elsevier SAS. Tous droits rservs.
Introduction
Filtration glomrulaire
40-50 %
longtemps constitu un sujet de proccupation et dinquitude, en particulier au Dbit sanguin rnal
cours des glomrulonphrites chroniques. Les observations rapportes faisaient 40-50 %
tat dune proportion anormalement leve de mort ftale in utero, de retard de
croissance ftale et de prmaturit, notamment lorsquil existait une Cratininmie
75 mol/l 50-60 mol/l
hypertension artrielle (HTA), un syndrome nphrotique ou une insuffisance
rnale. De nombreux auteurs avaient rapport une aggravation de la maladie Pression artrielle
rnale maternelle sous linfluence de la grossesse, alors que dautres au contraire PAD diminue de 5-10 mmHg
rejetaient une quelconque influence dfavorable propre la grossesse sur le Secteur extracellulaire et volume plasmatique
cours de la nphropathie. En effet, nphropathie et grossesse exercent lune sur de 40-50 % (albuminmie 30-35 g/l ; hmoglobine z12 g/l)
lautre une interaction : la nphropathie retentit sur le pronostic ftal, tandis que
la grossesse peut modifier le cours de la nphropathie. Protinurie physiologique
Fort heureusement, au cours des 2 dernires dcennies, des tudes portant sur jusqu 300 mg/24 h
de larges effectifs de patientes atteintes de nphropathie primitive ou entrant
PAD : pression artrielle diastolique.
dans le cadre dune maladie systmique ont considrablement clarifi le
problme et ont permis didentifier les facteurs du pronostic ftal et maternel.
proportionnelle du dbit plasmatique rnal (Tableau 1). Le dbit cardiaque
Elles ont montr quune grossesse survenant chez une patiente dont la fonction
maternel augmente de 30 % ds le 1er trimestre de manire compenser
rnale est normale ou proche de la normale a en rgle gnrale une volution
laugmentation du dbit utroplacentaire et du dbit sanguin rnal. Ces
favorable et ne saccompagne daucune aggravation de la maladie rnale
modifications impliquent une vasodilatation gnralise dorigine hormonale, ce
maternelle. En revanche, la prsence dune HTA et, plus encore, dune altration
qui explique la baisse physiologique de la pression artrielle observe au cours
significative de la fonction rnale maternelle exerce une influence dfavorable
des 2 premiers trimestres de la grossesse normale, o sobserve galement une
sur le pronostic ftal et fait courir un risque daggravation de la maladie rnale
diminution de la ractivit vasculaire aux stimuli presseurs tels que langiotensine
maternelle. Ces tudes ont permis de dterminer le niveau de fonction rnale
II. Paralllement, se dveloppe une augmentation du volume du secteur
compatible avec lespoir dune grossesse russie et ont dtermin les rgles de
extracellulaire et du secteur plasmatique, atteignant et dpassant 50 % au cours
prise en charge des patientes atteintes de nphropathie, avec ou sans
du 3e trimestre. Laugmentation de la filtration glomrulaire se traduit par une
insuffisance rnale prexistante.
diminution de la cratininmie, qui passe dune valeur moyenne de 75 mol/l
Nous envisagerons successivement les facteurs gnraux du pronostic ftal et
avant la grossesse 50 60 mol/l au cours des 2e et 3e trimestres, et par une
maternel chez les patientes atteintes de nphropathie, les problmes spcifiques
diminution proportionnelle de luricmie. La protinurie physiologique se majore
qui se posent dans les nphropathies primitives (glomrulaires ou non), au cours
et peut atteindre jusqu 300 mg/j. Enfin, laugmentation du secteur plasmatique
des maladies systmiques, chez les femmes atteintes dinsuffisance rnale
entrane une hmodilution, le taux de lalbuminmie sabaissant au voisinage de
prexistante et chez les patientes dialyses ou transplantes, pour dfinir enfin
35 g/l en fin de grossesse.
les rgles de prise en charge optimale des femmes atteintes de nphropathie. [7, 8]
Modifications fonctionnelles et hmodynamiques
rnales induites par la grossesse
Majoration du risque ftal
Influence de la nphropathie
sur lvolution ftale
Au cours de la grossesse normale, il se produit une augmentation de la Le cumul des observations publies dans la littrature permet danalyser plus
filtration glomrulaire de lordre de 40 50 %, qui apparat ds le 1er trimestre et de 900 grossesses survenues chez des femmes atteintes de glomrulonphrite
se maintient jusqu la fin du 3 e trimestre, avec une augmentation chronique primitive, plus de 600 grossesses chez des patientes atteintes de
1
5-0590 - Nphropathie et grossesse
ftal sen trouve trs nettement amlior. De mme, une HTA apparue
Syndrome nphrotique uniquement en fin de grossesse naffecte que trs peu le pronostic ftal.
Hypertension
Il est noter que la frquence de la toxmie gravidique est cinq dix fois plus
Insuffisance rnale
leve chez les femmes atteintes de nphropathie et hypertendues que chez les
femmes normotendues fonction rnale normale.
Il faut donc surveiller de manire particulirement vigilante la pression
Ds la conception ou
En fin de grossesse artrielle de ces patientes, surtout en fin de grossesse.
en dbut de grossesse
Au total, si lindication dun traitement antihypertenseur au cours dune HTA
isole de la grossesse et en dehors de toute nphropathie reste discute, le
traitement actif de toute HTA chez une patiente atteinte de nphropathie
Retard de croissance sous-jacente est impratif pour amliorer le pronostic ftal.
Mort ftale Peu de consquences
pour le ftus Linsuffisance rnale prexistante est le facteur limitant le plus svre du
Prmaturit
Faible poids de naissance pronostic ftal, ce dautant quelle saccompagne le plus souvent dune HTA,
mme si une amlioration sensible a pu tre obtenue au cours des dernires
Figure 1 Influence des facteurs de risque ftaux en fonction de leur date de annes grce aux progrs de lobsttrique et de la nonatologie et grce une
survenue.
meilleure prise en charge nphrologique des patientes atteintes de nphropathie.
Linfluence de linsuffisance rnale est graduelle, et il est possible de dterminer
trois zones de risque ftal.
nphropathie du reflux, et prs de 500 grossesses chez des femmes atteintes de
maladie polykystique rnale, en sachant que dans ces collectifs, moins de 5 % Lorsque la cratininmie nexcde pas 160 mol/l, ce qui correspond une
des patientes avaient une insuffisance rnale significative, cest--dire une clairance de la cratinine suprieure 40 ml/min/1,73 m2, le pronostic ftal est
cratininmie suprieure 135 mol/l. dans lensemble bon, dpendant principalement de la prsence dune HTA et de
la qualit de son contrle.
La mortalit ftale globale est de lordre de 20 % dans les glomrulonphrites
Lorsquelle est comprise entre 160 et 220 mol/l, soit une clairance de la
primitives et de 10 12 % dans les nphropathies du reflux et la maladie
cratinine comprise entre 25 et 40 ml/min/1,73 m2, le pronostic ftal est plus
polykystique rnale, si lon exclut de lanalyse les interruptions thrapeutiques de
rserv, avec une augmentation de frquence des retards de croissance
grossesse. Cette mortalit est due, pour moiti, des pertes ftales au cours des
intra-utrine, des morts ftales in utero tardives et des grandes prmaturits.
2 premiers trimestres de grossesse, en sachant que la frquence des avortements
Cela dit, la probabilit de la naissance dun enfant vivant reste de lordre de 80
spontans au cours dune premire grossesse, dans les pays industrialiss, est de
90 %.
lordre de 10 %. Les morts ftales survenues aprs la 26e semaine damnorrhe
reprsentent environ la moiti des cas, tant dans les glomrulopathies que dans Au-del de 220 mol/l, ce qui correspond une clairance de la cratinine
les nphropathies interstitielles chroniques. infrieure 25 ml/min/1,73 m2, le risque ftal saccrot considrablement et se
double dun risque daggravation irrversible de la fonction rnale maternelle.
Facteurs du pronostic ftal (Tableau 2) Ainsi, il est recommand aux patientes atteintes dinsuffisance rnale dbutante
dentreprendre une grossesse de prfrence tant que la cratininmie nexcde
Plus que le type de la nphropathie elle-mme, il apparat clairement que ce pas 160 180 mol/l.
sont les facteurs de risque associs la nphropathie, cest--dire lexistence dun
Au-del de ce niveau, le pronostic est beaucoup plus alatoire, et il peut tre
syndrome nphrotique, dune HTA ou dune insuffisance rnale, qui jouent un
conseill une patiente ayant dj un ou plusieurs enfants de renoncer dans
rle dterminant sur lvolution ftale ( Fig. 1).
limmdiat une nouvelle grossesse et de ne lenvisager quaprs transplantation
La prsence dun syndrome nphrotique, lorsquil existe une hypoalbuminmie rnale. Le degr du risque ftal selon le niveau de la fonction rnale maternelle
marque, infrieure 25 g/l, exerce une influence dltre sur la croissance est schmatis sur la Figure 2 . La fonction rnale est value par la clairance de
ftale, surtout lorsquil est prsent ds le dbut de la grossesse. Dans cette la cratinine, calcule selon la formule de Cockroft et Gault applique la
situation, on note une proportion leve de morts ftales in utero et femme :
dhypotrophies ftales ; une corrlation entre un faible poids de naissance de
lenfant et le degr dhypoalbuminmie maternelle a t rapporte. Une biopsie
rnale est alors indique pour dterminer la corticosensibilit potentielle du |140 ge ans | Poids kg 1,05
Ccr =
syndrome nphrotique. Lorsque les corticostrodes obtiennent une rmission, au Cratininmie mol/l
moins partielle, du syndrome nphrotique, la croissance ftale est amliore. En
revanche, un syndrome nphrotique dapparition tardive au cours de la
grossesse na que peu dinfluence sur lvolution ftale.
LHTA est le facteur de mauvais pronostic ftal le plus anciennement reconnu
au cours des nphropathies, mais sa date dapparition conditionne ici encore le
pronostic ftal. Une HTA prexistante ou apparue ds le dbut de la grossesse
maternelle [5]
Influence de la grossesse sur la nphropathie
est associe une incidence leve de mort ftale au-del du 1er trimestre, Chez une patiente atteinte de nphropathie sous-jacente, la grossesse entrane
dhypotrophie ftale et de prmaturit. En revanche, lorsque lHTA est le plus souvent une majoration de la protinurie et lextriorisation ou la
parfaitement contrle par le traitement ds le dbut de la grossesse, le pronostic majoration dune HTA, pouvant aller jusqu un tableau de toxmie gravidique
2
Nphropathie et grossesse - 5-0590
glomrulaire, marque par la diminution de la cratininmie, sobserve le plus
souvent comme chez la femme normale. Une altration de la fonction rnale Problmes poss dans les diffrents types
maternelle se produit dans quelques cas, notamment chez les patientes de nphropathies
atteintes de glomrulonphrite primitive, mais elle est le plus souvent modre
et rversible la fin de la grossesse. En revanche, aucune aggravation
irrversible de la fonction rnale maternelle nest habituellement observe Des problmes spcifiques se posent en fonction du type de nphropathie en
lorsque la fonction rnale de la patiente est normale ou proche de la normale, cause. Ils diffrent sensiblement selon quil sagit dune nphropathie primitive ou
cest--dire lorsque la cratininmie est infrieure 135 mol/l au moment de la dune atteinte rnale dans le cadre dune affection systmique.
3
5-0590 - Nphropathie et grossesse
du reflux. Il est rare que le volume des reins kystiques soit tel quil constitue une
gne pour la poursuite de la grossesse. Le problme soulev par ces patientes est Insuffisance rnale, dialyse et transplantation
de lordre du conseil gntique, de mme que chez les femmes atteintes de
nphropathie hrditaire du type syndrome dAlport. Dans cette dernire
ventualit, un conseil gntique prconceptionnel est indiqu afin daider les Grossesse et insuffisance rnale chronique [4]
patientes prendre la dcision dune grossesse et pour dfinir leur attitude selon
Un problme particulirement difficile est celui des patientes atteintes
le sexe de lenfant, qui conditionne la probabilit dtre atteint ou non de la
dinsuffisance rnale prexistante significative, cest--dire dont la cratininmie
mme nphropathie, sachant que les filles sont simples transmettrices et que
atteint ou dpasse 160 mol/l au moment de la conception. Une volution ftale
seuls les garons peuvent tre svrement atteints.
favorable, sans risque excessif daggravation de la fonction rnale maternelle, peut
Lithiase urinaire tre espre tant que la cratininmie ne dpasse pas 200 220 mol/l, selon le
poids corporel de la patiente. Au-del de ces valeurs, le pronostic, tant ftal que
Celle-ci tant frquente, elle peut entraner des problmes chez une femme maternel, est beaucoup plus alatoire, et il apparat prfrable de dconseiller la
enceinte. La grossesse naugmente pas le risque de former des calculs, grossesse ce stade. Toutefois, plusieurs tudes rcentes ont montr que chez des
laugmentation physiologique de la charge filtre de calcium tant compense patientes atteintes dinsuffisance rnale de ce degr, condition dune prise en
par une excrtion accrue dinhibiteurs de la cristallisation dans les urines. charge coordonne entre nphrologues, obsttriciens et nonatologistes, dans
Toutefois, des calculs prexistants peuvent compliquer la grossesse lorsquil se des maternits ayant lexprience du traitement de patientes haut risque, la
produit une migration urtrale, favorise par la dilatation des voies excrtrices. grossesse pouvait tre couronne de succs. Dans une tude rcente de lhpital
En cas de difficult obtenir lexpulsion spontane du calcul et sachant que la Necker, la survie ftale observe au cours de la priode 1986-1995 sest leve
lithotritie extracorporelle par ondes de choc est contre-indique au cours de la 91 % (avortements spontans ou thrapeutiques du 1er trimestre non inclus),
grossesse, la technique gnralement adopte est la mise en place dune sonde alors quelle tait seulement de 65 % au cours de la dcennie prcdente.
urtrale demeure pendant la dure de la grossesse, sous couvert dun Toutefois, si la proportion des morts ftales in utero et de la mortinatalit a
traitement antibactrien prolong. diminu, la proportion des grands prmaturs a augment depuis quelques
annes, imposant une prise en charge en unit de soins intensifs nonataux dans
Nphropathies secondaires une maladie systmique
plus de la moiti des cas. Un risque particulirement lev daggravation
Au cours des maladies systmiques, le pronostic de la grossesse est plus irrversible de la fonction rnale maternelle existe lorsque la cratininmie
rserv quau cours des maladies rnales primitives. En effet, aux facteurs de dpasse 220 mol/l, soit une clairance de la cratinine infrieure
risque gnraux que constituent la protinurie, lHTA et latteinte de la fonction 25 ml/min/1,73 m2, notamment lorsque coexistent une HTA et une protinurie
rnale, sajoutent les manifestations extrarnales de la maladie systmique et abondante. Chez les femmes abordant une grossesse avec une cratininmie
surtout le risque de dclenchement dune pousse volutive, notamment dans la suprieure 300-400 mol/l, il nest pas rare quune dialyse de supplance, par
maladie lupique. hmodialyse ou dialyse pritonale, soit institue au cours mme de la grossesse
et poursuivie indfiniment au-del, la rversibilit tant rare ou transitoire.
Diabte sucr (type I ou II) [11]
Les progrs de la diabtologie et de lobsttrique ont permis dobtenir un Grossesse chez les femmes dialyses [1, 3]
pronostic ftal pratiquement analogue celui des femmes normales, au prix La grossesse chez une femme traite par dialyse de supplance est rare du fait
dun strict contrle glycmique ds le dbut de la grossesse, tant quil nexiste pas de la diminution de fertilit associe ltat urmique, mais elle pose des
datteinte rnale patente. Une majoration de la microalbuminurie peut tre problmes particulirement difficiles. Toutefois, les progrs de la qualit de
4
Nphropathie et grossesse - 5-0590
Tableau 4. Conditions optimales pour une grossesse chez les patientes Tableau 5. Rgles du traitement et de la surveillance nphro-
transplantes. obsttricale chez les patientes atteintes de nphropathie.
Bon tat gnral depuis au moins 2 ans aprs la transplantation Conseil prconceptionnel, grossesse planifie
Absence de signes de rejet du transplant Prise en charge coordonne entre nphrologue et obsttricien ds le dbut de
Bonne fonction rnale avec cratininmie 135 mol/l la grossesse
Protinurie nulle ou minime Prise en charge en maternit haut risque avec unit de nonatologie atte-
Normotension ou hypertension modre et aisment contrle nante
Absence de dilatation pylocalicielle Contrle optimal des chiffres tensionnels ds la priode de la conception : vic-
Traitement immunosuppresseur dose de maintenance modre tion des inhibiteurs de lenzyme de conversion et des diurtiques, utilisation de
(prednisone 15 mg/j, azathioprine 2 mg/j, ciclosporine A 5 mg/kg/j) lalphamthyldopa et des btabloquants
Pression artrielle diastolique cible entre 80 et 90 mmHg
Prvention ou correction de lanmie : supplmentation martiale et en acide
lhmodialyse et de la dialyse pritonale de supplance sont tels que de plus en folique (5 mg/j) ; traitement par rythropotine recombinante si
hmoglobine < 9 g/dl
plus de femmes ainsi traites ont dsormais des cycles ovulatoires, si bien que la
Prvention de lacidose mtabolique et de lhypocalcmie
grossesse est actuellement un vnement nettement moins rare quautrefois. Il Apport protique et calorique adquat (apport protique 1 g/kg/j en cas din-
en rsulte quune contraception approprie est ncessaire chez les patientes suffsance rnale)
dialyses, pour viter une grossesse non planifie ou non dsire. Le diagnostic Surveillance rgulire de la tension artrielle, de la cratininmie, de lure
de grossesse est souvent difficile, du fait des irrgularits menstruelles frquentes, sanguine et de luricmie
et est souvent fait un stade tardif. Dans plusieurs cas, le diagnostic a t port Institution de la dialyse de supplance si la cratininmie excde 400 mol/l ou
sur lapparition dune rsistance apparente lrythropotine recombinante. si lure sanguine excde 20 mmol/l
Jusqu un pass rcent, lvolution de la grossesse chez les patientes dialyses
Surveillance ftale renforce partir du terme de viabilit ftale (26e se-
maine)
tait le plus souvent dfavorable, la proportion des naissances denfants vivants Hospitalisation de la patiente en milieu obsttrical en cas de majoration de
tant infrieure 20 %. Toutefois, plusieurs enqutes ont fait tat dune lHTA ou de contractions prmatures
proportion de succs de lordre de 35 % au cours des dernires annes, grce Surveillance de la tension artrielle et de la fonction rnale maternelle dans le
une prise en charge interactive trs troite entre les quipes nphrologiques et post-partum
obsttricales, mais une grande prmaturit et une svre hypotrophie ftale
restent trs frquentes. Lintensification des hmodialyses, jusqu cinq ou six HTA : hypertension artrielle.
sances par semaine (au lieu des trois sances hebdomadaires habituelles), ou de
la dialyse pritonale, voire la combinaison temporaire de ces deux mthodes,
est indispensable. En effet, le taux de lure sanguine maternelle doit tre maintenu Prise en charge de la grossesse chez une femme
au-dessous de 15 mmol/l pour viter le dveloppement dun hydramnios (rsultant atteinte de nphropathie
de la diurse osmotique produite par les reins ftaux, dont la fonction est
normale, sous leffet dun taux dure sanguine lev chez la mre). Linstitution
La principale leon tirer des tudes rcentes est que toute grossesse chez une
ou le renforcement dun traitement par rythropotine recombinante permet
femme atteinte de nphropathie, tout particulirement lorsquil existe une HTA
damliorer le bien-tre de la mre et la vascularisation ftale en ramenant le
ou une insuffisance rnale, est une grossesse haut risque. Loptimisation du
taux dhmoglobine maternel au voisinage de 10 g/dl, en sachant que le besoin
pronostic ftal et maternel implique une approche multidisciplinaire, avec prise
en rythropotine recombinante saccrot denviron 50 % au cours de la
en charge de la patiente dans une unit dobsttrique exprimente disposant
grossesse. Bien que des succs soient de plus en plus souvent relats
dune unit de nonatologie attenante, en coopration troite avec lquipe
actuellement, il nen reste pas moins que la grossesse chez une femme dialyse
nphrologique. Les principales recommandations concernant le suivi de ces
reste trs alatoire dans ses rsultats et trs contraignante dans sa ralisation.
patientes sont rsumes dans le Tableau 5.
Grossesse chez les femmes transplantes [2, 9] Conseil prconceptionnel
Le problme de la grossesse chez les patientes ayant bnfici dune Dans toute la mesure du possible, la grossesse doit tre planifie de telle sorte
transplantation rnale est tout fait diffrent. lheure actuelle, plusieurs milliers que la conception se produise un moment o les risques prvisibles sont rduits
de grossesses ont t observes chez des patientes transplantes, plusieurs au minimum. La grossesse peut tre autorise sans arrire-pense chez une
centaines dentre elles ayant eu deux grossesses ou plus. patiente atteinte de maladie rnale primitive dont la fonction rnale est normale
Au total, sur plus de 3 500 grossesses recenses chez des patientes porteuses ou proche de la normale, cest--dire lorsque la cratininmie est infrieure
dun greffon rnal, 93 % poursuivies au-del de la 20e semaine se sont termines 135 mol/l. Les patientes atteintes de maladie de systme, telle quun lupus
par la naissance dun enfant vivant, mais au prix dune incidence leve de rythmateux dissmin, ne doivent envisager une grossesse quaprs une
prmaturit (50 %) et de retard de croissance ftale (40 %), et avec un priode de rmission stable dau moins 1 an obtenue aprs cessation totale des
pourcentage lev de nouveau-ns de faible poids. corticostrodes ou utilisation dune dose de maintenance ne dpassant pas
Comme dans les nphropathies primitives, lHTA constitue le principal facteur 10 mg/j. Dans les maladies rnales hrditaires, telles que la polykystose rnale,
du pronostic ftal avec le niveau de la fonction rnale, la proportion des issues et plus encore au cours du syndrome dAlport ou de la maladie de von
ftales favorables diminuant nettement lorsque la cratininmie dpasse Hippel-Lindau, un conseil gntique prconceptionnel est souhaitable.
160 mol/l au moment de la conception. Il est noter quaucune incidence Le problme le plus difficile concerne les patientes ayant une insuffisance
anormalement leve danomalies du dveloppement ftal na t observe rnale chronique. Une volution favorable au plan rnal et maternel peut
chez les nouveau-ns dont la mre tait traite au cours de toute la grossesse, soit habituellement tre espre lorsque la cratininmie nexcde pas 160
par lazathioprine une dose ne dpassant pas 2 mg/kg/j, soit par la ciclosporine 180 mol/l, mais le pronostic, tant ftal que maternel, est plus rserv au-del de
A une dose nexcdant pas 5 mg/kg/j. Avec lexprience, on sest aperu que le cette limite. La patiente et son conjoint doivent tre clairement et compltement
meilleur pronostic tait obtenu lorsque la grossesse survenait aprs un intervalle informs des possibilits et des risques de la grossesse dans ces circonstances. En
dau moins 2 ans aprs une transplantation russie (Tableau 4). cas dinsuffisance rnale volue et en attendant une transplantation rnale, il
Un fait rassurant est la dmonstration, par plusieurs tudes contrles, de peut tre souhaitable dajourner le projet de grossesse afin de permettre la
labsence deffet dfavorable de la grossesse sur la fonction du greffon, du moins patiente de bnficier de la plus longue priode dautonomie rnale possible.
lorsque la cratininmie au dbut de la grossesse est normale ou subnormale. Toutefois, lorsquune patiente nullipare dsire imprativement tenter une
Dans ces conditions, aucune diffrence dans lvolution de la fonction du greffon grossesse en dpit dune insuffisance rnale dj avance, son dsir doit tre
nest apparue entre les femmes ayant eu une ou plusieurs grossesses et celles respect, et toutes les mesures destines optimiser le droulement de la
nayant eu aucune grossesse au cours dune priode de temps comparable aprs grossesse doivent tre mises en uvre si elle maintient sa dcision. Elle doit
leur transplantation rnale, avec des reculs suprieurs 10 ans. En revanche, un cependant tre informe des risques encourus (mauvaise volution ftale et
risque lev de dtrioration de la fonction du greffon existe lorsque la perte de la fonction rnale avec ncessit dentreprendre une dialyse de
cratininmie excde 160 mol/l. supplance avant la date qui aurait t possible en labsence de grossesse).
5
5-0590 - Nphropathie et grossesse
Traitement de lHTA hypertendues partir du 4e mois de grossesse, voire plus tt chez les patientes
atteintes de lupus rythmateux dissmin avec prsence danticorps
Le facteur le plus important du pronostic ftal tant lHTA, la pression artrielle
anticardiolipidiques ou dun anticoagulant lupique, pour prvenir les
des patientes atteintes de nphropathie doit tre troitement surveille. Une
microthromboses et lischmie du placenta.
baisse physiologique de la pression artrielle sobserve dans nombre de cas ; le
traitement antihypertenseur doit alors tre temporairement allg. Lorsque lHTA Surveillance ftale et dlivrance
est prsente ds la conception, tous les nphrologues sont actuellement daccord La surveillance rgulire de ltat ftal est fondamentale chez les patientes
pour prconiser son traitement immdiat et actif, en cherchant maintenir la atteintes de maladie rnale en raison du risque accru de retard de croissance
pression artrielle systolique au-dessous de 160 mmHg et la diastolique entre 80 et intra-utrine. Lenregistrement des ondes artrielles utrines, entre la 2e et la 24e
90 mmHg. Une correction plus pousse pourrait entraner un risque semaine de gestation, est utile pour la prdiction du risque de prclampsie et de
dhypoperfusion ftale et un retard de croissance intra-utrine, tandis que des retard de croissance intra-utrine. La surveillance ftale par chodoppler doit
chiffres plus levs exposent au risque datteinte de la vascularisation tre rgulire ds le terme de viabilit, cest--dire partir de la 26e semaine
ftoplacentaire. gestationnelle. Si un retard de croissance intra-utrine est dcel, des valuations
Le choix des agents antihypertenseurs utiliser au cours de la grossesse est rptes de ltat ftal, comprenant la cardiotocographie, lindex amniotique et
important. Lalphamthyldopa mrite toujours dtre utilise en premire lenregistrement doppler de lartre ombilicale et des artres crbrales du ftus,
intention (500 100 mg/j) du fait de son innocuit, prouve par un long usage. aident reconnatre une souffrance ftale et dcider ou non de lextraction
Le labtalol, qui combine une action alpha- et btabloquante, peut galement ftale.
tre utilis en premire intention, seul ou associ lalphamthyldopa. Les
autres btabloqueurs, tels que le pindolol, le mtoprolol, lacbutolol ou
loxprnolol, peuvent galement tre utiliss en premire ou en seconde
intention, associs ou non lalphamthyldopa, dose modre pour viter
de favoriser un retard de croissance ftale. En cas dHTA particulirement
rsistante, on peut avoir recours lhydralazine ou aux inhibiteurs des canaux
Conclusion
Toute rfrence cet article doit porter la mention : P. Jungers. Nphropathie et grossesse.
Encycl Md Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs), Akos, 5-0590, 2003, 6 p
Rfrences
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6
18-055-A-10
Nphropathies diabtiques
H. de Prneuf
La nphropathie diabtique est la plus grave des complications microangiopathiques du diabte. Son
incidence augmente paralllement au nombre de patients diabtiques, particulirement pour le diabte
de type 2. Lvolution vers linsuffisance rnale est le plus souvent inluctable une dizaine dannes aprs
lapparition de la protinurie. Le dpistage de la microalbuminurie est trs important, car il permet grce
un arsenal thrapeutique de plus en plus important de retarder cette volution. Lutilisation
dantagonistes du systme rnine-angiotensine (SRA) associs aux autres traitements antihypertenseurs,
les mesures dittiques, les traitements hypoglycmiants et la prvention des autres facteurs de risque
cardiovasculaire (tabac, dyslipidmie et obsit) permettent de retarder lvolution vers linsuffisance
rnale, mais aussi de rduire la mortalit cardiovasculaire. La dcouverte des mcanismes
physiopathologiques expliquant lapparition de la microangiopathie permet denvisager dautres cibles
thrapeutiques. Les produits de glycation avance (AGE) ont un rle dterminant dans lapparition des
lsions micro- et macrovasculaires du diabte. Ces nouvelles cibles peuvent tre la prvention de la
formation de ces produits ou lutilisation de molcules inhibant leur formation. La nphropathie
diabtique constitue un facteur de risque de mortalit cardiovasculaire majeur. Ce qui explique
limportance de sa prise en charge qui doit tre pluridisciplinaire et agressive, avec des objectifs
glycmiques et tensionnels stricts.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Nphrologie 1
18-055-A-10 Nphropathies diabtiques
au double risque dinsuffisance rnale terminale et de mortalit Kingdom Prospective Diabetes Study (UKPDS) [6]. Parmi les
cardiovasculaire. La majorit des patients diabtiques prsente 5 097 patients suivis pendant 10 ans, la prvalence de la
des lsions rnales glomrulaires. Le diabte de type 2 est le microalbuminurie tait de 24,9 %, celle de la macroalbuminurie
principal pourvoyeur de nphropathies diabtiques. La nphro- de 5,3 % et celle de linsuffisance rnale (dfinie par une
pathie diabtique est responsable de 25 % 50 % des causes cratininmie suprieure 175 mol/l) de 0,8 %. Les patients
dinsuffisance rnale terminale dans les pays occidentaux. La prsentant une insuffisance rnale avaient un taux de mortalit
survie en dialyse de ces patients est deux fois plus faible que annuel de 19,2 %.
celle des patients ayant une autre maladie rnale. La nphropathie diabtique est la premire cause de mise en
Lvolution de la nphropathie diabtique au cours du dialyse. Elle est aussi celle dont lincidence progresse le plus
diabte de type 2 en fait donc un des principaux problmes de vite, denviron 10 % 15 % par an [7].
sant publique, avec des consquences humaines et conomi-
ques importantes. Incidence
En Europe, au cours des annes 1990, le nombre de patients
pidmiologie diabtiques de type 2 arrivant au stade terminal de linsuffisance
rnale du fait dune nphropathie diabtique a augment
On estime 246 millions le nombre de personnes diabtiques denviron 12 % par an [7].
dans le monde, avec une augmentation majeure moyen terme Aux tats-Unis, le rapport de lUnited States Renal Data
380 millions en 2025 (+ 43 % en Amrique du Nord et + 21 % System 2008 montrait que le taux dincidence des patients
en Europe). diabtiques en dialyse tait de 159 par million, soit 50 % de
plus que 10 ans auparavant. Dans de nombreux pays, le diabte
est la principale cause dinsuffisance rnale terminale, reprsen-
Prvalence tant plus de 40 % des patients incidents (Malaisie, Mexique,
La prvalence du diabte trait en France est de 3 %, soit prs tats-Unis, Japon, Core, Nouvelle-Zlande, Isral) [8, 9].
de 2 millions de diabtiques [1]. Parmi ces patients, moins de En France, les donnes du rseau Renal Epidemiology and
10 % ont un diabte de type 1. La prvalence du diabte a Information Network (REIN) [10] montraient pour 2005 un taux
fortement augment entre 2000 et 2005, avec un taux de brut moyen dincidence des malades recevant un traitement de
croissance annuel moyen de 5,7 %. En Europe, on estime quil supplance pour une insuffisance rnale terminale de 139 cas
y a 21 millions de diabtiques de type 2 [2]. par million dhabitants par an. Lhypertension artrielle (HTA)
La prvalence du diabte de type 2 en France pour 2025 va et le diabte taient les deux principales causes dinsuffisance
doubler et est estime 5 % 8 % de la population [3]. Cette rnale terminale, responsables de 63 nouveaux cas par million
pidmie de diabte de type 2 est lie aux modifications du dhabitants par an.
mode de vie et lallongement de lesprance de vie. La En 2005, 22 % des patients incidents en traitement de
prvalence du diabte de type 2 augmente paralllement au supplance (cest--dire dbutant lhmodialyse, la dialyse
vieillissement, lurbanisation, la sdentarisation et au pritonale ou greffs) prsentaient une nphropathie diabti-
dveloppement de lobsit dans les populations des pays que. Le pourcentage de nphropathie diabtique est plus
industrialiss. Cette maladie npargne pas les pays en voie de important dans la population fminine (25 %) que masculine
dveloppement o le diabte de type 2 atteint parfois une (21 %). Cependant, le nombre dhommes incidents en dialyse
prvalence de 20 % 30 %, en raison de prdispositions est plus important (61 % dhommes). Lge mdian des patients
gntiques couples la modification rapide du mode de vie. prsentant une nphropathie diabtique et dbutant un traite-
Le diabte se complique de microangiopathie et de macro- ment de supplance tait de 70 ans (Fig. 1).
angiopathie. La nphropathie diabtique survient chez 20 % En France, en 2005, parmi les 6 021 nouveaux patients
40 % des patients diabtiques de type 1 et chez 10 % 30 % insuffisants rnaux terminaux inclus dans le registre REIN, 36 %
des patients diabtiques de type 2. Elle volue en diffrents prsentaient un diabte (soit 1 868 patients), 11 % avaient un
stades allant de la microalbuminurie linsuffisance rnale diabte de type 1, 63 % recevaient de linsuline. Parmi ces
terminale. De 20 % 30 % des patients diabtiques de patients diabtiques dbutant un traitement de supplance,
type 1 ont une microalbuminurie 15 ans aprs la dcouverte du 58 % avaient une nphropathie diabtique, 14 % une nphro-
diabte. Linsuffisance rnale terminale survient chez 4 % pathie vasculaire ou hypertensive et 5 % une glomrulonphrite
17 % des diabtiques de type 1 aprs 20 ans dvolution de la chronique. Dans 90 % des cas, aucune biopsie rnale navait t
maladie [4, 5]. ralise.
Le diabte de type 2 a une prvalence plus importante que le La survie en dialyse des patients diabtiques de type 2 est
diabte de type 1, ce qui explique que 50 % 60 % des patients deux fois plus faible que celle des dialyss ayant une autre
diabtiques en insuffisance rnale terminale soient des diabti- maladie rnale [7]. Ils associent en effet deux facteurs majeurs de
ques de type 2. Ltude pidmiologique la plus importante des risque cardiovasculaire : le diabte et la nphropathie
diabtiques de type 2 avec une nphropathie est la United diabtique.
Hommes Femmes
Figure 1. Distribution des cas incidents en France en 2005 selon la maladie rnale et le sexe (daprs Renal Epidemiology and Information Network [10] et
Systme dinformation multisources pour linsuffisance rnale terminale [SIMS-REIN]).
2 Nphrologie
Nphropathies diabtiques 18-055-A-10
Point fort
mique, linsuffisance cardiaque et les accidents vasculaires
crbraux. Athromatose et artriosclrose voluent de faon
plus prcoce et plus rapide que dans la population gnrale.
Donnes pidmiologiques
La nphropathie diabtique est la premire cause
dinsuffisance rnale terminale dans le monde.
Son incidence et sa prvalence sont en forte
Dfinition de la nphropathie
augmentation. diabtique
La prvalence dune albuminurie suprieure
30 mg/24 heures est de 20 % 30 % dans les diabtes de La nphropathie diabtique appartient aux complications
type 1 et 2. microangiopathiques du diabte. Ses caractristiques sont les
suivantes :
Le risque cardiovasculaire est multipli par dix chez les
une albuminurie de dbit croissant progressivement, tmoin
diabtiques de type 1 et par trois chez les diabtiques de
de latteinte glomrulaire ; la microalbuminurie est dfinie par
type 2.
lexcrtion dans les urines de 30 300 mg dalbumine par
De 50 % 80 % des diabtiques dialyss sont des
jour ou de 25 250 mg/g de cratinine urinaire ; un des
diabtiques de type 2.
mcanismes physiopathologiques de la microalbuminurie est
la perte dexpression de la nphrine par les podocytes [19] ;
une lvation progressive des chiffres de pression artrielle
Aspects conomiques (PA) ;
une diminution progressive du DFG ;
Le diabte a un cot financier important en raison du taux typiquement labsence danomalie du sdiment urinaire.
lev de complications dgnratives. En France, le cot de prise
en charge mdicale est de 4,9 milliards deuros, soit 4,7 % des
dpenses gnrales de lassurance maladie [11].
Nphrologie 3
18-055-A-10 Nphropathies diabtiques
1 2 3 4 5
5 000
150
100 1 000
200
50
20
0
0 5 10 15 20 25
Ans
Stades ND ND ND
silencieuse incipiens manifeste
Fonctions DFG Microalbuminurie Protinurie, syndrome nphrotique
augment HTA Diminution du DFG
Anatomie Hypertrophie Expansion msangiale Nodules du msangium
rnale Hyalinose artriolaire de Kimmelstiel-Wilson
paississement de la Fibrose interstitielle
membrane basale
glomrulaire
Figure 2. Histoire naturelle de la nphropathie du diabte de type 1. ND : nphropathie diabtique ; DFG : dbit de filtration glomrulaire ; HTA :
hypertension artrielle. 1 5 : 5 stades de la nphropathie diabtique.
augments de volume et le DFG reste normal. Sur le plan Hypothses physiopathologiques expliquant
histologique apparat un paississement de la membrane basale
glomrulaire et une expansion msangiale.
la nphropathie diabtique : rle de
Le stade 4, nphropathie manifeste, est atteint 5 10 ans plus lhyperglycmie, modifications structurelles
tard et concerne 35 % 40 % des patients. Cest celui de la et hmodynamiques
glomrulopathie patente cliniquement. Il apparat une proti-
nurie dtectable la bandelette dpassant 500 mg/24 heures, Lhypertrophie et lhyperfiltration rnales persistantes asso-
permanente, qui augmente progressivement tout en perdant sa cies lhyperglycmie prolonge sont les facteurs les plus
slectivit pour se compliquer chez certains patients dun importants de la gense de la nphropathie diabtique. La
syndrome nphrotique. Une hmaturie microscopique sobserve physiopathologie de la nphropathie diabtique repose donc sur
chez une minorit de patients. Lhypertension artrielle est trois facteurs : mtabolique, hmodynamique et gntique
quasi constante. Une insuffisance rnale sinstalle 5 10 ans (Fig. 3).
aprs la protinurie et progresse un rythme dpendant de la De nombreux arguments suggrent une origine gntique la
qualit du traitement antihypertenseur, environ de 5 ml/min nphropathie diabtique ; cependant, aucun gne na t
par an [21]. Les lsions histologiques sont des lsions de glom- formellement identifi comme tant responsable de cette
rulosclrose nodulaire dcrites par Kimmestiel et Wilson. atteinte rnale. Avec lhyperglycmie, le premier changement est
Le stade 5 est celui de linsuffisance rnale terminale. Il est une augmentation du DFG qui peut tre suprieur
atteint en moyenne 5 20 ans aprs lapparition de la proti- 150 ml/min. Cette hyperfiltration est observe chez 25 %
nurie. Il est marqu par lexistence dune protinurie massive 50 % des patients diabtiques de type 1 et dans une moindre
pouvant tre responsable dun syndrome nphrotique et dune proportion au cours du diabte de type 2. Cette augmentation
HTA svre. Au plan histologique, les lsions de glomrulo- du DFG est parallle une augmentation de la taille des reins
sclrose sassocient des lsions de hyalinose artriolaire, de qui est le rsultat dune hypertrophie rnale correspondant
fibrose interstitielle et datrophie tubulaire. une augmentation de la prolifration des cellules tubulo-
interstitielles et latteinte glomrulaire.
Histoire naturelle de la nphropathie La seconde modification est lapparition dune microalbumi-
nurie dfinie par une excrtion urinaire dalbumine de 30
du diabte de type 2 300 mg par jour.
Lvolution de la nphropathie diabtique du diabte de
type 2 est souvent plus complexe. La dgradation de la fonction Rle du contrle du glucose : mcanismes
rnale peut voluer sans microalbuminurie significative chez un de la glucotoxicit
tiers des patients. Le dlai dapparition et de progression dune
microalbuminurie est trs variable dun sujet lautre. La dure et le degr dhyperglycmie sont les facteurs de
Il peut survenir une glomrulosclrose identique celle du risque majeurs du dveloppement de la nphropathie diab-
diabte de type 1. Mais les tudes ont montr que chez les tique. Plusieurs tudes ont montr quun meilleur quilibre
patients diabtiques de type 2 latteinte glomrulaire ntait en glycmique permettait de diminuer le nombre de patients en
rapport avec une glomrulopathie diabtique que dans un tiers insuffisance rnale terminale (9 % versus 40 % pour le diabte
des cas. Une glomrulopathie non spcifique est mise en de type 1) et de ralentir lvolution de la microalbuminurie [25].
vidence dans un tiers des cas, et le dernier tiers rsulte de Dautre part, aprs transplantation pancratique et normalisa-
lassociation de lsions diabtiques et vasculaires. Il existe donc tion totale de la glycmie, on observe une rgression des lsions
une htrognit lsionnelle. glomrulaires aprs 10 ans [26].
La rtinopathie est absente dans 30 % des cas chez les Le dveloppement de la microangiopathie diabtique est
diabtiques de type 2 prsentant une nphropathie expliqu en partie par une thorie mtabolique reposant sur la
diabtique [21-23]. toxicit du glucose. Le glucose, source dnergie indispensable
Le niveau dinsulinorsistance priphrique et lhistoire au mtabolisme cellulaire, est le principal hydrate de carbone de
familiale cardiovasculaire favorisent lapparition de la nphro- lorganisme. Les cellules utilisent le glucose pour produire de
pathie diabtique pour les diabtes de type 2. lnergie sous forme dadnosine triphosphate (ATP). Lorsque le
4 Nphrologie
Nphropathies diabtiques 18-055-A-10
Accumulation de la Protinurie
matrice extracellulaire
Figure 3. Physiopathologie de la nphropathie diabtique (daprs [24]). AGE : advanced glycation end-products ; PKC : protine kinase C ; TGF : transforming
growth factor ; VEGF : vascular endothelial growth factor.
NADH NAD+
glucose est anormalement lev, il entrane des lsions cellulai- la concentration en glucose, du niveau de stress oxydatif et du
res et tissulaires irrversibles. Des tudes exprimentales ont temps. Les produits de cette raction de glycoxydation ont pour
permis de comprendre les mcanismes molculaires qui sous- consquences pour les cellules et les tissus daugmenter la
tendent la progression des complications microvasculaires du production de cytokines et de facteurs de croissance (interleu-
diabte. Les mcanismes de la toxicit du glucose dans les tissus kine 6 [IL6], vascular endothelial growth factor [VEGF]) et
cibles sont multiples et passent par diffrentes voies : la dinduire une apoptose cellulaire (mthylglyoxal) [28].
glycation protique, la voie des polyols et la dpltion en myo- En plus de leur toxicit directe, ces produits sont trs ractifs
inositol, la voie de lhexamine et la voie de la protine kinase et prsentent une source dAGE lorsquils sont lis aux
C (PKC). protines [27].
Lion superoxyde (O2-) est activateur de ces voies. Lors du
mtabolisme du glucose, la production massive dATP dans la Produits de glycation avance
mitochondrie est lie la libration dlectrons libres qui Dfinition des AGE. Les produits de glycation avance,
induisent la formation rapide de lion superoxyde partir de encore appels AGE, sont les produits terminaux de la raction
loxygne (Fig. 4) [27]. de glycation. Cette dernire est une raction non enzymatique
Le glucose est donc lorigine de la fabrication de deux correspondant une modification post-traductionnelle des
principaux produits : les advanced glycation end-products (AGE) et protines. Les AGE sont le produit de la liaison dun ose
les produits de la glycoxydation. (glucose, galactose ou fructose) la fonction amine libre dune
protine ou dune apolipoprotine.
Glycoxydation Les AGE sont des glycotoxines qui sont retrouves en excs
Elle conduit la formation de composs carbonyles instables dans le plasma et les tissus des mammifres au cours du
(glyoxal, mthylglyoxal, etc.). Cette raction est dpendante de vieillissement, du diabte et de linsuffisance rnale. Les AGE
Nphrologie 5
18-055-A-10 Nphropathies diabtiques
Glycation
Produits Produits de
Glucose Base de Schiff
dAmadori glycation intermdiaire
O2
O2
Protine-NH2
Glycoxydation
font galement partie des toxines urmiques [29]. Les AGE sont excs dans les matrices extracellulaires et dans le plasma.
prsents dans de nombreux aliments et boissons contenant du Laccumulation des AGE dans les parois artrielles participe la
sucre en quantit importante et ayant une tape de chauffage. rigidit artrielle.
Parmi les diffrents AGE, deux ont t plus tudis : la Au cours de la nphropathie diabtique, laccumulation des
pentosidine et la carboxy-mthyl-lysine (CML). AGE a t observe dans diffrentes structures rnales, et
La pentosidine a une demi-vie longue. Elle se trouve princi- particulirement au sein des nodules de la glomrulosclrose
palement dans les matrices extracellulaires. La CML a une demi- diabtique [31].
vie courte et est retrouve dans le srum. Les protines peuvent La majeure partie des dpts amylodes dans lamylose du
subir de nombreuses glycations. La protine glyque la plus dialys est constitue de bta 2 microglobuline glyque
utilise est lhmoglobine glyque A1c. Cest un produit (AGE- bta 2 microglobuline).
intermdiaire de la glycation dont le taux dpend de lquilibre Synthse des AGE. La formation des AGE est une succession
glycmique des 4 6 semaines prcdentes. La glycation des dtapes qui dpend du temps et de la concentration en sucre.
apolipoprotines a t implique dans lapparition des lsions Plusieurs voies conduisent la formation des AGE : la glycation
dathrosclrose. et la voie des polyols (Fig. 5) [27].
Rle des AGE dans la nphropathie diabtique. Les AGE Glycation protique. Une des consquences essentielles de
peuvent agir directement ou par lintermdiaire de rcepteurs. lhyperglycmie est la glycation des protines. Ce processus se
Rcepteurs des AGE. Le premier rcepteur dcrit est droule selon trois tapes :
lAGE-R1 ou p60. Cest un composant de 50 kD homologue du la formation dune base de Schiff par combinaison de la
complexe OST-48. fonction aldhyde du glucose avec les rsidus amins de la
LAGE-R2 ou p90 a un certain degr dhomologie avec une protine, principalement la lysine et la fonction amine
protine kinase. N-terminale ;
le rarrangement dAmadori, atteignant un quilibre aprs
LAGE-R3 a t prcdemment dcrit comme la galectine-3.
quelques semaines (raction quasi irrversible) ; ces deux
Cest un polypeptide de 35 kD dont laffinit pour les AGE est
tapes aboutissent aux produits de glycation dits prcoces et
suprieure celle des autres hydrates de carbone.
caractrisent les protines de demi-vie brves ou inter-
Le RAGE est le rcepteur le mieux caractris. Il est prsent mdiaires (exemple de lhmoglobine) ;
sur la cellule endothliale, sur les monocytes-macrophages et les une accumulation lente et irrversible de produits terminaux
cellules musculaires lisses, msangiales et msothliales. Il de glycation ou produits de Maillard, caractrisant les
appartient la superfamille des immunoglobulines. Trois formes protines de dure de vie prolonge, et dont les traits
de RAGE ont t dcrites. Seule la forme contenant une rgion biochimiques principaux sont leur pigmentation brune et leur
extracellulaire avec un domaine variable et deux domaines fluorescence.
constants, une rgion transmembranaire et une rgion intracel- Voie des polyols. La synthse des polyols survenant au cours de
lulaire permet la transduction du signal aprs liaison avec son lhyperglycmie est une autre voie pouvant expliquer les
ligand. mcanismes de glucotoxicit [32]. En prsence dune hyper-
Une fois les AGE fixs sur le RAGE, la transduction dans la glycmie, un dtournement du mtabolisme du glucose se
cellule endothliale fait intervenir des mcanismes oxydatifs par produit : celui-ci au lieu dtre essentiellement oxyd dans la
stimulation de la voie de la NADPH-oxydase. La transduction voie de la glycolyse se trouve ltre dans la voie des polyols
passe ensuite par lactivation de NFjB. (Fig. 6).
Linteraction AGE-RAGE au sein de la cellule entrane des Lexcs de glucose qui franchit la membrane cellulaire est
ractions pro-inflammatoires et profibrosantes (augmentation de rduit en sorbitol sous laction de laldose rductase en prsence
la permabilit endothliale, de la synthse dIL6 et de VEGF, de de NADPH+, puis la sorbitol-dshydrognase catalyse sa trans-
lexpression de la molcule dadhrence vasculaire VCAM-1). formation en fructose. Laccumulation du sorbitol saccompagne
Tous ces lments favorisent la sclrose vasculaire acclre. dune dpltion en myo-inositol. En effet, lhyperglycmie va
Ltude des rcepteurs des AGE dans la nphropathie diab- inhiber la captation du myo-inositol par un effet comptitif du
tique montre que le RAGE membranaire est surexprim la glucose sur les rcepteurs membranaires du myo-inositol et
base des podocytes [30]. Les souris nexprimant pas de RAGE laccumulation intracellulaire du sorbitol favorise sa sortie
(dont le gne a t invalid) semblent protges de la glomru- extracellulaire. Le dfaut en myo-inositol entrave le mtabo-
losclrose diabtique quand elles sont rendues diabtiques [29]. lisme des phospho-inositides, la production de diacylglycrol
Effets non mdis par les rcepteurs. Chez les sujets diabtiques (DAG) et dinositol triphosphate. Le DAG et linositol triphos-
avec une fonction rnale normale, les AGE sont retrouvs en phate rgulent lactivit de la PKC, et leur dpltion induit un
6 Nphrologie
Nphropathies diabtiques 18-055-A-10
Glucose
extracellulaire Point fort
Physiopathologie
Glucose
intracellulaire Les mcanismes physiopathologiques fondamentaux
expliquant la nphropathie diabtique sont similaires dans
Aldose rductase les deux types de diabte.
Le stress oxydatif est le mdiateur commun aux
Sorbitol mcanismes impliqus :
augmentation de la voie des polyols, des hexaminases
et activation du NFjB ;
augmentation de la production des AGE ;
Augmentation Diminution
stimulation de la synthse de langiotensine II et
de losmolalit du myo-inositol
intracellulaire intracellulaire activation du systme rnine-angiotensine (SRA), stress
mcanique ;
activation de la PKC.
Figure 6. Voie des polyols (daprs [24]).
Nphrologie 7
18-055-A-10 Nphropathies diabtiques
8 Nphrologie
Nphropathies diabtiques 18-055-A-10
A B
C D
E
Figure 7. Nphropathie diabtique.
A. Lsion nodulaire typique de Kimmelstiel-Wilson [42] (flches). Coloration au trichrome de Masson.
B. Lsion de glomrulosclrose nodulaire et diffuse. Coloration lacide priodique de Schiff (PAS).
C. paississement des membranes basales. Coloration argentique.
D. paississement des membranes basales artriolaires (flche). Coloration au PAS.
E. Glomrulosclrose diffuse et glomrule ischmique. Trichrome de Masson.
labsence de lsions glomrulaires videntes. Les lsions artrio- Dautres lsions peuvent tre observes :
laires sont prdominantes. Le matriel hyalin remplace progres- les lsions exsudatives ou fibrin cap, qui sont trs osinophi-
sivement les parois des vaisseaux affrents et effrents. Alors que les, contenant du matriel lipidique et protique ; elles sont
les vaisseaux affrents peuvent tre touchs de la mme faon une accumulation de matriel hyalin osinophile entre les
au cours dautres nphropathies comme lHTA, latteinte des cellules endothliales des capillaires et la basale glomrulaire,
vaisseaux effrents est spcifique du diabte. et sont non spcifiques ;
Nphrologie 9
18-055-A-10 Nphropathies diabtiques
Positive
Si albuminurie persistante
Traiter lHTA
Optimiser le contrle glycmique
Traiter les autres facteurs de risques cardiovasculaires
Contrler la cratinmie
Rechercher une rtinopathie
liminer une autre cause de rtinopathie
valuation cardiovasculaire
Figure 8. Arbre dcisionnel. Dpistage de la protinurie. DT1 : diabte de type 1 ; DT2 : diabte de type 2 ; HTA : hypertension artrielle.
10 Nphrologie
Nphropathies diabtiques 18-055-A-10
ont montr que le dpistage systmatique, lquilibre tensionnel tudes dintervention, avec traitement intensif du diabte tant
et glycmique strict permettent de ralentir le cours volutif de pour le diabte de type 1 que pour le type 2, ont montr leur
la ND et de retarder lchance de lpuration extrarnale. efficacit [46, 47].
Patient diabtique de type 2 microalbuminurique
La prise en charge a t dcrite dans ltude STENO [48] .
Nphrologie 11
18-055-A-10 Nphropathies diabtiques
ralentissement de la progression de linsuffisance rnale tant la prvention de lvolution de la nphropathie diabtique a fait
pour le diabte de type 1 que pour le diabte de type 2. Les lobjet de nombreuses tudes. La diminution de la protinurie
risques cardiovasculaires et de survenue dune nphropathie par blocage du systme rnine-angiotensine-aldostrone est
diminuent paralllement la rduction de PA. Cependant, le associe un ralentissement de la dgradation de la fonction
contrle adquat de la PA chez le patient diabtique est difficile rnale. Les stratgies visent donc diminuer au maximum la
obtenir. Seulement 30 % des patients atteignent les objectifs protinurie : la premire consiste associer un IEC un ARA2 ;
tensionnels dfinis. Les combinaisons dantihypertenseurs sont la deuxime est la majoration des doses dARA2.
ncessaires pour obtenir un contrle rapide de la PA. La majoration des doses dARA2 au-del des doses recom-
mandes a peu deffet sur la PA mais permet effectivement une
Objectifs de pression artrielle baisse supplmentaire de la protinurie de 30 % [65].
Afin de limiter lapparition et la progression de linsuffisance Lassociation dun IEC un ARA2 napporte un bnfice que
rnale au cours de la nphropathie diabtique, les recomman- si le patient est lgrement dshydrat en augmentant la dose
dations internationales (Kidney Disease Outcoms Quality de diurtique pour permettre un blocage efficace du systme
Initiative) et franaises (ANAES) fixent comme objectif minimal rnine-angiotensine. Il apporte alors une baisse supplmentaire
lobtention dune PA infrieure 130/80 mmHg [54, 55]. La baisse de la protinurie de plus de 20 % [66].
de la PA rduit le risque de dvelopper une protinurie ind- De nouvelles tudes associant les IDR (aliskiren 300 mg) aux
pendamment de lagent antihypertenseur utilis (tude Appro- ARA2 (irbesartan 300 mg) ont montr une baisse supplmen-
priate Blood Pressure Control in Diabetes [ABCD]) [56, 57]. La taire de la protinurie par rapport la monothrapie [67]. Le
baisse de PA de 20 mmHg a t associe une diminution de bnfice en termes de cot/efficacit de ladjonction des IDR
47 % du risque de survenue dun vnement rnal [58]. Certains reste dmontrer [68].
traitements antihypertenseurs ont montr un bnfice suppl-
mentaire en termes de protection rnale (inhibiteurs du SRA :
inhibiteurs de lenzyme de conversion [IEC], antagonistes des Rduire la ration protique
rcepteurs de langiotensine II [ARA2], inhibiteurs directs de la Alors quun apport protidique excessif peut tre un facteur de
rnine [IDR]). progression de linsuffisance rnale, la rduction des apports
Ltude ACCORD [59] ralise chez des patients diabtiques de
protidiques nest accepte quavec rticence. Pourtant, chez les
type 2 haut risque vasculaire na pas montr que le contrle
patients diabtiques stables et bien contrls, la restriction
de la PAS infrieur 120 mm Hg compar un objectif de
protidique semble avoir un effet bnfique sur le cours de la
140 mmHg diminuait la mortalit cardiovasculaire.
nphropathie. En pratique, lEuropean Association for the Study
Moyens thrapeutiques of Diabetes conseille pour les patients prsentant une nphro-
pathie diabtique de rduire lapport protidique 0,7-0,9 g/kg/j
Les difficults rencontres pour quilibrer la PA imposent et de substituer en partie des protines vgtales aux protines
lassociation de plusieurs traitements antihypertenseurs : animales de faon rduire en mme temps les apports en
antagonistes du SRA ; diurtiques ; btabloquants cardioslc- lipides et en acides gras saturs. Cette question reste discute
tifs ; inhibiteurs calciques. selon les tudes avec un risque chez certains patients dentraner
Le rle bnfique des bloqueurs du SRA sur la progression des une malnutrition. En revanche, lorsque le patient dbute
nphropathies diabtiques a t mis en vidence pour la lpuration extrarnale, les apports protidiques doivent tre
premire fois par Lewis et al. en 1993 pour les diabtiques de rapidement augments [55].
type 1, avec un IEC, le captopril [60]. Les autres tudes concer-
nant les IEC administrs chez des patients diabtiques de
type 2 microalbuminuriques sont ABCD qui comparait un IEC Lutter contre les facteurs de risque
versus un antagoniste calcique et Microalbuminuria, Cardiovas- cardiovasculaire associs : dyslipidmie,
cular and Renal Outcomes in the Heart Outcomes Prevention
Evaluation (MICRO-HOPE) (IEC versus placebo) [61] . Dans obsit, sdentarit et tabagisme
ltude ABCD, lvolution en termes de protinurie et dinsuffi-
sance rnale ne montrait pas de diffrence significative [56]. Dyslipidmie des patients ayant une nphropathie
Certaines tudes se sont intresses aux ARA2 dans le diabte diabtique
de type 2 : Irbesartan Diabetic Nephropathy Trial [58] et Reduc-
Le profil lipidique gnralement observ chez les patients
tion of Endpoints in NIDDM with the Angiotensin II Anta-
prsentant une nphropathie diabtique est celui dune hyper-
gonist Losartan (RENAAL) [62]. Trois tudes dont ltude RENAAL
lipoprotinmie de type IV associant une augmentation des
sont venues confirmer leffet bnfique de la baisse de PA dans
triglycrides et une diminution du cholestrol li aux lipo-
la progression de la nphropathie pour les patients diabtiques
protines de haute densit (HDL). Lintensit des perturbations
de type 2 [62, 63]. Lanalyse a posteriori de RENAAL a galement
lipidiques est plus importante chez les patients diabtiques. Ses
montr que le bnfice du losartan tait indpendant de la
perturbations apparaissent avec la microalbuminurie et saggra-
gravit de linsuffisance rnale. Le traitement par ARA2 est donc
vent avec elle. Les mcanismes de la dyslipidmie sont multi-
un traitement nphroprotecteur efficace dans les nphropathies
ples : insulinorsistance, syndrome inflammatoire et anomalies
diabtiques de type 2 avec diminution du DFG.
gntiques associs au syndrome mtabolique [69].
Le traitement antihypertenseur des patients diabtiques
Les conseils hyginodittiques sont les suivants : rduire les
(diabte de type 1 ou 2) prsentant une microalbuminurie et
apports en graisses satures et augmenter les apports en acides
quel que soit leur degr dinsuffisance rnale doit comporter un
gras polyinsaturs.
inhibiteur du SRA. Il est recommand dinclure un diurtique
thiazidique. Lutilisation de mdicaments diminuant linsulinorsistance
Parmi les nouveaux traitements nphroprotecteurs et anti- comme les glitazones permettent de corriger partiellement les
hypertenseurs, on trouve les IDR. Ils rpriment le SRA comme anomalies lipidiques.
les IEC ou les ARA2 en baissant le taux dangiotensine. Ils ne Enfin, les patients prsentant une nphropathie diabtique
provoquent pas de toux. Ils ont montr leurs effets anti- sont des patients haut risque cardiovasculaire. Les objectifs
protinuriques indpendants de la baisse de la pression artrielle thrapeutiques concernant le taux de low density lipoprotein
chez le diabtique de type 2 en association avec les autres (LDL)-cholestrol sont donc plus stricts : il doit tre infrieur
traitements antihypertenseurs notamment le losartan [64]. 1 g/l ou 2,58 mmol/l [70].
Si le LDL-cholestrol est lev sans hypertriglycridmie, le
traitement repose sur une statine. La correction du taux des
Rduire la protinurie triglycrides et du HDL-cholestrol pourrait tre obtenue avec le
Compte tenu de lincidence croissante de la nphropathie gemfibrozil qui a montr son efficacit en prvention primaire
diabtique et de la gravit des complications quelle engendre, et secondaire.
12 Nphrologie
Nphropathies diabtiques 18-055-A-10
Nphrologie 13
18-055-A-10 Nphropathies diabtiques
La surveillance ophtalmologique et la prvention des lsions une modification des traitements immunosuppresseurs. Ces
des pieds diabtiques doivent tre poursuivies. rsultats sont confirmer sur une population plus large [81].
Dialyse pritonale
La dialyse pritonale continue ambulatoire est actuellement Cas particulier du diabte post-
une mthode de substitution bien accepte et de nombreux
patients peuvent survivre grce cette mthode durant plu- transplantation
sieurs annes (5 10 ans). De nombreux auteurs ont suggr
que la dialyse pritonale continue ambulatoire devait tre le En Europe, 5 % 20 % des patients transplants dveloppent
traitement prfrentiel des patients diabtiques. Cependant, des un diabte en fonction du dlai postgreffe (de 6 mois 10 ans).
controverses existent et le choix dpend de nombreux facteurs Outre laugmentation du risque cardiovasculaire, le diabte
prenant en compte, le patient, le milieu dans lequel il vit et induit un risque accru de perte du greffon et de dcs par
lquipe soignante. infection.
Les principaux facteurs de risque de survenue dun diabte
Transplantation post-transplantation sont : la sropositivit pour lhpatite C,
lethnie (hispanique ou afroamricaine), lobsit (index de
La transplantation est la meilleure alternative de prise en masse corporelle suprieure 30) et le type dimmunosuppres-
charge. La survie des patients diabtiques de type 1 et 2 est sion (les corticodes entranant une rsistance linsuline et les
meilleure aprs transplantation rnale que celle des patients inhibiteurs de la calcineurine diminuant linsulinoscrtion).
diabtiques dialyss. La transplantation amliore galement leur Lge suprieur 45 ans, lhrdit et certains groupes human
qualit de vie. Pour les patients diabtiques de type 1, cette leukocyte antigen (HLA) sont galement des facteurs prdisposant
amlioration est observe pour la transplantation rnale isole
au dveloppement dun diabte aprs transplantation.
comme pour la transplantation combine rein et pancras. La
plupart des tudes rcentes ont montr que le taux de survie du
greffon tait similaire pour les patients diabtiques ou non
diabtiques 1 et 5 ans. Les rsultats avec donneur vivant sont Conclusion
meilleurs quavec rein cadavrique comme dans la population
gnrale (80 % versus 64 % de survie du greffon 5 ans). La nphropathie diabtique est une complication grave du
La survie des patients diabtiques greffs 5 ans varie entre diabte qui peut tre prvenue, dpiste, et dont lvolution vers
45 % et 84 %. Elle est significativement plus faible que celle des linsuffisance rnale terminale peut tre retarde.
receveurs non diabtiques, en raison de la mortalit cardio- Au cours du diabte de type 2, lexistence dune nphropathie
vasculaire ; 36 % des diabtiques greffs meurent de maladies diabtique est le marqueur principal de risque cardiovasculaire.
cardiovasculaires [8]. La prise en charge de ces patients doit tre globale et multidis-
Pour cette raison, lvaluation prtransplantation cardio- ciplinaire afin de ralentir la progression de cette nphropathie
vasculaire doit tre prcoce afin de rechercher une cardiopathie et de rduire le risque de mortalit cardiovasculaire.
ischmique souvent silencieuse, par une scintigraphie myo- Les objectifs thrapeutiques fixs sont alors trs stricts en
cardique au thalium persantine ou une chographie de stress termes de contrle de la PA, de la glycmie et de la
avec dobutamine. Une coronarographie est indique si un de dyslipidmie.
ces tests est positif.
Le patient doit tre prpar prcocement au traitement
Pour les diabtes de type 2, la transplantation est une
substitutif. Les possibilits de transplantation (rein seul, rein-
transplantation rnale isole.
pancras ou lots) doivent galement tre envisages ds 30 ml/
En ce qui concerne les diabtes de type 1, si une transplan-
tation rnale est possible avec un donneur vivant, cette solution min en fonction des caractristiques du patient.
doit tre privilgie. ventuellement, dans un deuxime temps, La meilleure comprhension des phnomnes physiopatholo-
une transplantation pancratique est propose ou une greffe giques devrait permettre de trouver de nouvelles cibles
dlots. En labsence de possibilit de transplantation avec thrapeutiques.
donneur vivant, les patients diabtiques de type 1 de moins de .
14 Nphrologie
Nphropathies diabtiques 18-055-A-10
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H. de Prneuf ([email protected]).
AURA, 68, rue des Plantes, 75014 Paris, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : de Prneuf H. Nphropathies diabtiques. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Nphrologie, 18-055-A-10,
2011.
16 Nphrologie
5-0535 (2004)
Orientation diagnostique
AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine
et volution
R. Binaut, N. Maisonneuve, P. Vanhille
C et article envisage les principaux modes de prsentation des nphropathies glomrulaires, prcise les examens
complmentaires dorientation diagnostique et la place de la ponction biopsie rnale. Les principales tiologies
des nphropathies glomrulaires aigus ou chroniques sont rappeles.
2003 Elsevier SAS. Tous droits rservs.
Introduction
Protinurie
Signes rnaux Hmaturie
Une hmaturie dont la cause nest pas immdiatement identifiable (cystite,
migration lithiasique) est une manifestation frquemment rvlatrice de maladies
rnales ou urologiques. [1] Elle peut tre micro- ou macroscopique. La recherche
dune anomalie des voies urinaires doit tre ralise de principe, notamment en
Malgr un dbit de filtration glomrulaire denviron 120 ml min1 traduisant cas dhmaturie isole et aprs 50 ans o le risque de pathologie noplasique est
une permabilit hydro-ionique importante, la barrire capillaire glomrulaire important (par chographie et/ou urographie intraveineuse et/ou uroscanner et
empche le passage des protines de poids molculaire suprieur 60 kD et des cystoscopie aprs 50 ans).
lments figurs du sang. La protinurie physiologique est en moyenne de 30 La bandelette urinaire a une grande sensibilit car elle dtecte 1 2 globules
60 mg j1. Une protinurie est considre comme significative au-del de 0,15 g rouges/mm3. Les faux ngatifs sont exceptionnels. Une bandelette ngative
j1. permet donc dexclure quasi formellement une hmaturie. En revanche, il existe
En routine, la dtection de la protinurie se fait par bandelette ractive. Son des faux positifs car elle dtecte galement lhmoglobine provenant
principe (virage dun indicateur color) ne permet quune tude semi-quantitative drythrocytes lyss et ne diffrencie donc pas lhmaturie de lhmoglobinurie et
de la concentration dalbumine sur un chantillon durines. Cette mthode trs ragit galement avec la myoglobine. La confirmation de lhmaturie au
sensible (elle dtecte une concentration de 50 mg l1) ne ragit pas la prsence laboratoire est donc ncessaire.
de chanes lgres dimmunoglobulines. Par ailleurs de fausses ractions positives Le recueil urinaire doit tre ralis avec les mmes prcautions quun examen
peuvent tre observes en cas de bandelette prime, durines alcalines (infection cytobactriologique des urines car une numration des leucocytes et une tude
germe urase positif), en prsence de dtergents ou dammonium quaternaire de la bactriologie urinaire sont couples. Le compte dAddis-Hamburger reste
dans le flacon de recueil. lexamen de rfrence mais sa ralisation, peu pratique, fait souvent prfrer un
Sa confirmation passe par un dosage sur chantillon durines ou sur la diurse simple comptage cytologique sur chantillon. Les valeurs considres comme
des 24 heures. Les techniques de dosage reposent alors le plus souvent sur la pathologiques sont un dbit dhmaties suprieur 10 000/min ou un comptage
proprit de fixation dun colorant en prsence de protines. dfaut de disposer suprieur 10 000 globules rouges/ml.
de la protinurie des 24 heures, on saidera du rapport protine/cratinine Lexamen microscopique des urines peut apporter des lments
urinaire dont la valeur est peu prs gale la protinurie en g j1. supplmentaires comme la prsence de cylindres hmatiques. Ltude au
microscope en contraste de phase par un biologiste expriment rvle des
La protinurie au cours des maladies glomrulaires est compose en majorit
rythrocytes dysmorphiques, fragments avec des excroissances et des pertes
dalbumine et en proportions variables de protines de haut poids molculaire
segmentaires de la membrane, qui ont perdu presque compltement leur
telles que les globulines (immunoglobulines notamment). Sa composition peut
contenu en hmoglobine. La prsence dacanthocytes (rythrocytes en anneaux)
tre apprcie par la ralisation dune lectrophorse des protines urinaires.
est encore plus prdictive de lorigine glomrulaire de lhmaturie (Tableau 2).
Une protinurie suprieure 3 g j1 est demble caractristique dune
pathologie glomrulaire. Les protinuries de volume infrieur sont non valuation de la fonction rnale
spcifiques et peuvent tre lies dautres maladies rnales ou une atteinte des Cest un point important dans lvaluation du patient suspect de nphropathie
voies urinaires, ce qui impose la ralisation dexamens simples qui permettent glomrulaire comme de toute atteinte rnale, car son altration est un signe de
une orientation tiologique (Tableau 1). gravit [2].
1
5-0535 - Nphropathies glomrulaires. Orientation diagnostique et volution
Linterprtation du taux de cratinine plasmatique est donc capitale. Ce simple nphropathie lsions glomrulaires minimes (anti-inflammatoires non
dosage nest pas suffisant car la concentration en cratinine plasmatique dpend strodiens [AINS]), glomrulonphrite extramembraneuse (sels dor,
de la quantit produite lie aux apports protidiques et la masse musculaire, et D-pnicillamine, AINS), hyalinose segmentaire et focale (hrone),
de llimination urinaire. En outre, en raison de la relation exponentielle entre la glomrulonphrite extracapillaire (D-pnicillamine).
cratinine plasmatique et le dbit de filtration glomrulaire, une augmentation
Prsence de signes extrarnaux
minime de la cratinine plasmatique peut correspondre une diminution
importante du dbit de filtration glomrulaire. Ainsi, une cratinine 90 mol l1 Linterrogatoire recherche une altration de ltat gnral, la notion
peut correspondre une filtration glomrulaire normale ou une altration de darthralgies dallure inflammatoire, de myalgies.
50 % de celle-ci. Pour sensibiliser ce dosage, on peut saider de la clairance Lexamen clinique peut mettre en vidence des signes cutans (purpura
mesure partir dune priode de recueil urinaire ou dfaut de la clairance vasculaire), une atteinte neurologique priphrique de type mono-, multi- ou
calcule par la formule de Cockcroft et Gault (Tableau 3). Des valeurs de clairance polynvrite, des signes oto-rhino-laryngologiques (ORL), des signes pulmonaires
infrieures 90 ml min1 chez la femme et 100 ml min1 chez lhomme avec dyspne, hmoptysie et infiltrats parenchymateux sur le clich de thorax.
tmoignent dune altration de la fonction rnale. On peut retrouver des lments en faveur dune pathologie maligne
Il faut savoir rpter ce dosage de cratinine en cas daltration initiale pour (adnopathie, etc.). Un foyer infectieux doit tre systmatiquement recherch.
dterminer le caractre aigu ou chronique ou rapidement progressif de latteinte
rnale. Place des examens de laboratoire
Aprs lanalyse urinaire et lvaluation de la fonction rnale, des examens
dmes biologiques sont demands en fonction de lorientation :
Contrairement aux dmes de linsuffisance cardiaque ou de la cirrhose, les glycmie, cholestrol, triglycrides, low density lipoprotein (LDL) cholestrol ;
dmes lis une pathologie glomrulaire sont souvent priorbitaires au rveil. numration-formule sanguine, plaquettes, vitesse de sdimentation (VS),
Ils sont typiquement blancs, mous, dclives et prennent le godet. La rtention protine C ractive (CRP), lectrophorse des protines sriques ;
hydrosode peut saggraver et touche alors les parties gnitales, la paroi hmocultures en cas de syndrome infectieux volutif, uriculture,
abdominale, entrane des panchements pleuraux et de lascite. La prise de poids antistreptolysine (ASLO), streptozyme test, srologies virales (hpatite C, hpatite
peut tre massive et atteindre, voire dpasser les 20 %. [3] B, virus de limmunodficience humaine [VIH]) ;
complment (CH50, C3, C4), anticorps antinuclaires, anticorps (Ac)
Pression artrielle anticytoplasme des polynuclaires neutrophiles (ANCA), anticorps antimembrane
La pression artrielle peut tre normale, basse ou leve au cours des basale glomrulaire (Ac anti-MBG), cryoglobulinmie.
nphropathies glomrulaires.
Place de limagerie
Lhypertension artrielle fait partie intgrante du syndrome nphritique aigu
(voir infra Syndrome nphritique aigu ) et accompagne en gnral les La ralisation dune chographie rnale permet de vrifier la prsence de deux
glomrulonphrites chroniques (voir infra Syndrome de glomrulonphrite reins, dliminer lexistence dun obstacle, de prciser la taille des reins. Celle-ci est
chronique ). Elle est habituellement absente du syndrome de glomrulonphrite souvent normale mais des reins de grande taille (plus de 14 cm) sont observs au
rapidement progressive (voir infra Syndrome de glomrulonphrite rapidement cours des syndromes nphrotiques lis au diabte, lamylose ou au VIH. La
progressive ). prsence de petits reins (moins de 9 cm) suggre un processus chronique.
La prsence ou labsence de ces diffrents symptmes, leur importance, vont
dfinir les caractristiques et le type de syndrome glomrulaire ( Fig. 1). Dautres
Place de la ponction-biopsie rnale
lments sont essentiels dterminer afin de parvenir au diagnostic tiologique. Elle est gnralement ncessaire au diagnostic du type de nphropathie
glomrulaire. Elle permet de guider le traitement et fournit des lments
pronostiques. Elle est habituellement pratique par voie percutane aprs
reprage chographique sous anesthsie locale et aprs vrification de labsence
lments du diagnostic tiologique de contre-indication chez un patient prmdiqu en dcubitus ventral.
Deux prlvements sont habituellement raliss pour une tude en
microscopie optique et en immunofluorescence, un troisime fragment pouvant
Anamnse tre examin en microscopie lectronique.
Une histoire familiale de nphropathie (en particulier associe la notion de Il y a des situations o la ponction-biopsie rnale (PBR) nest pas ncessaire. La
surdit) fait suggrer un syndrome dAlport. La consommation de certains survenue dun syndrome nphrotique pur chez lenfant sans signes extrarnaux
mdicaments ou de substances est implique dans certaines nphropathies : et sans hypocomplmentmie fait dbuter demble une corticothrapie tant
2
Nphropathies glomrulaires. Orientation diagnostique et volution - 5-0535
Anamnse Histoire documente de diabte Dbut incertain, subit ou rcent Figure 2 Conduite tenir devant une insuffsance r-
voluant sur 6 8 ans Dcouverte systmatique nale chez un diabtique de type 2. Rapport des experts de
Absence de rtinopathie diabtique lAssociation de langue franaise contre le diabte et les
Fond dil Rtinopathie diabtique documente maladies mtaboliques (Alfediam) et de la Socit fran-
aise de nutrition (SFN). [4]
Petits reins Asymtrie Volume normal Dilatation
chographie rnale Volume normal et symtrique symtriques > 2 cm et des voies
+ des deux reins de grand axe symtrique urinaires
ASP
donn la grande frquence de la nphropathie lsions glomrulaires minimes de dpts msangiaux diffus dIgA associe des degrs varis de prolifration
dans cette situation. En cas de syndrome nphritique aigu de lenfant, si le tableau des cellules msangiales et dexpansion de la matrice msangiale en microscopie
est typique dune glomrulonphrite aigu poststreptococcique, en particulier optique. Lexistence de lsions histologiques similaires dans la nphropathie du
dans les situations pidmiques, en labsence dinsuffisance rnale rapidement purpura rhumatode fait discuter des mcanismes physiopathologiques
progressive, la biopsie nest effectue quen labsence damlioration rapide du communs aux deux entits. La GN-IgA peut survenir tout ge avec un pic
tableau clinique. dincidence dans les 2e et 3e dcennies de la vie, avec une prpondrance
Cet examen nest gnralement pas pratiqu chez les diabtiques, condition masculine. Lhmaturie macroscopique, survenant dans les 24-48 heures aprs le
que le tableau clinique remplisse quelques critres : anamnse documente, dbut dune infection ORL ou gastro-intestinale, est la manifestation la plus
succession de normo-, micro- puis macroalbuminurie sur plusieurs annes et frquente de la maladie (50 60 % des cas). Dans 30 % des cas, elle est
diminution progressive de la filtration glomrulaire, hypertension artrielle, dcouverte devant lexistence dune hmaturie microscopique associe ou non
dyslipidmie frquente, anciennet du diabte connue et au moins suprieure des degrs variables de protinurie. Dans 10 % des cas, un syndrome nphritique
10 ans, prsence de complications extrarnales microangiopathiques aigu ou un syndrome nphrotique peuvent rvler la maladie ; il sagit alors de
(rtinopathie, neuropathie priphrique), absence dhmaturie. formes svres dont le pronostic est relativement pjoratif. Vingt 40 % des
Malheureusement, chez les patients diabtiques de type 2, lanciennet du patients dveloppent une insuffisance rnale terminale, 5 20 ans aprs le
diabte est souvent difficile prciser, les complications microangiopathiques diagnostic. Les facteurs de risque de progression vers linsuffisance rnale
sont parfois absentes alors quil existe une authentique nphropathie diabtique, terminale sont un ge suprieur 30 ans, le sexe masculin, la prsence dune
lhmaturie microscopique nest pas rare. Cela impose alors dliminer dautres hypertension, lexistence et la persistance dune protinurie suprieure 1 g j1,
causes de nphropathie en particulier en cas de dtrioration rapide de la lexistence dune insuffisance rnale au moment du diagnostic, labsence daccs
fonction rnale, de dveloppement brutal dun syndrome nphrotique [4] ( Fig. 2). dhmaturie macroscopique, la prsence dune sclrose glomrulaire et/ou dune
fibrose interstitielle la PBR. Il nexiste pas lheure actuelle de traitement curatif.
Des essais utilisant des glucorticodes ventuellement associs des agents
Syndromes glomrulaires
3
5-0535 - Nphropathies glomrulaires. Orientation diagnostique et volution
nphrotique (rtention hydrosode avec anasarque, complications des cas. La GEM est le plus souvent primitive mais peut sassocier de grandes
thromboemboliques, infection, dyslipidmie) qui sont dtailles dans un autre varits de pathologies. Lvolution est variable. Globalement 25 % des patients
chapitre. [3] connaissent une rmission spontane. Chez 50 % des patients, lvolution est
Tous les patients ayant une protinurie suprieure 3 g j1 ne runissent pas pjorative avec apparition dune insuffisance rnale chronique progressive. Parmi
toutes les composantes du syndrome nphrotique. Cette distinction est en fait les facteurs pronostiques les plus pertinents, on retient lexistence dune
arbitraire et reflte probablement des diffrences individuelles de capacit de insuffisance rnale chronique au moment du diagnostic ou son apparition au
synthse protique. cours du suivi, lexistence dune protinurie abondante et sa persistance au cours
du suivi. La prise en charge thrapeutique doit tenir compte des particularits
Nphropathie diabtique volutives, des effets long terme des traitements immunosuppresseurs et
La nphropathie diabtique reprsente actuellement la premire cause de repose en premier lieu sur un traitement symptomatique. Un traitement plus
protinurie de volume nphrotique chez ladulte et justifie un dpistage lourd sera discut en cas de critres dvolution dfavorable. Il faut souligner le
systmique par la recherche dune microalbuminurie chez tous les diabtiques de risque thromboembolique (en particulier de thrombose des veines rnales) lev
type 2 ds le diagnostic et partir de la 5e anne chez les diabtiques de type 1. chez ces patients atteints de GEM avec syndrome nphrotique. Un traitement
Le rsultat peut tre exprim en fonction de la diurse des 24 h ou sur un anticoagulant efficace doit tre mis en uvre ds que lalbuminmie est
chantillon durines. Les valeurs pathologiques correspondent une excrtion infrieure 20 g/l.
dalbumine suprieure 30 mg j1 ou 30 mg g1 de cratinine et doivent tre Amylose rnale
confirmes sur un nouvel chantillon. Sa corrlation avec lexistence dune
Lamylose rnale se manifeste frquemment par un syndrome nphrotique.
nphropathie diabtique dbutante est trs nette dans le diabte de type 1,
Les amyloses les plus frquentes sont lamylose immunoglobulinique AL et
beaucoup moins nette dans le diabte de type 2 o elle est corrle la mortalit
lamylose AA des maladies inflammatoires ou infectieuses. La dfinition est avant
cardiovasculaire.
tout histologique partir de prlvements pouvant provenir de diffrents sites
Chez lenfant, le type histologique le plus rpandu est la nphropathie lsions (glandes salivaires accessoires, peau, graisse abdominale) lorsque lamylose est
glomrulaires minimes ; chez ladulte en dehors du diabte, les types suspecte cliniquement, ou dune PBR en cas de protinurie isole. Elle est
histologiques sont beaucoup plus varis. caractrise par des dpts fibrillaires amorphes extracellulaires se localisant
dabord dans le msangium, le long de la membrane basale et dans la paroi des
Nphropathie lsions glomrulaires minimes
vaisseaux. Ces dpts adoptent une birfringence rouge-vert en lumire polarise
La nphropathie lsions glomrulaires minimes est la premire cause de aprs coloration par le rouge Congo. La caractrisation de lamylose repose sur
syndrome nphrotique chez lenfant. Son incidence est maximale entre 2 et limmunofluorescence avec antisrum antiprotine AA, antisrum antichanes
7 ans. Elle est le plus souvent primitive mais une association un contexte lgres dimmunoglobulines.
atopique est possible. Dautres associations sont plus rares (maladie de Hodgkin,
consommation dAINS, cancers). Le tableau clinique habituel est celui dun Amylose immunoglobulinique
syndrome nphrotique pur sans hypertension artrielle ni hmaturie. Le Lamylose immunoglobulinique est la forme probablement la plus frquente et
syndrome dmateux peut tre majeur avec panchement des sreuses. la plus svre. Lge moyen au moment du diagnostic est de 64 ans avec une
Lanalyse histologique montre labsence de lsions visibles en microscopie lgre prdominance masculine. Moins de 25 % des patients atteints damylose
optique et labsence de dpts en immunofluorescence. Le traitement spcifique AL ont une prolifration plasmocytaire en rapport avec un mylome multiple au
repose sur la corticothrapie fortes doses qui entrane une rponse favorable moment du diagnostic. Les symptmes les plus frquents sont lasthnie et
dans 80 % des cas dans les 4 premires semaines de traitement. Les rechutes lamaigrissement, lexistence dun syndrome nphrotique, dune hypotension
sont frquentes (50 70 % des cas) et souvent multiples. Chez ladulte, lvolution artrielle orthostatique, dune atteinte neurologique de type neuropathie
peut tre diffrente avec une rponse plus lente au traitement qui ncessite dtre priphrique. En cas dinsuffisance rnale, lchographie retrouve des reins de
prolong parfois jusquau 4e mois. Dautres thrapeutiques sont utilises dans les grande taille. Lhypertension artrielle de mme que lhmaturie est absente. La
formes corticorsistantes ou corticodpendantes comme la cyclosporine, le cardiopathie amylode se complique de troubles du rythme et de la conduction
cyclophosphamide. avec un risque de mort subite lev. Latteinte digestive entrane des troubles de
la motilit, un syndrome de malabsorption, des hmorragies. Un syndrome du
Hyalinose segmentaire et focale canal carpien est parfois prsent. Latteinte cutane se manifeste par un purpura
La hyalinose segmentaire et focale (HSF) primitive associe trois types de lsions ou des ecchymoses priorbitaires, des papules ou des plaques localises au
histologiques en gnral segmentaires (naffectant que certaines anses) et focales niveau de la face et de la partie suprieure du tronc. La dtection dun composant
(ne touchant que certains glomrules). Au niveau des glomrules atteints, il monoclonal circulant ou urinaire fait appel aux techniques dimmunofixation. Le
coexiste des altrations cellulaires, initialement des podocytes, des dpts hyalins pronostic est svre avec une survie mdiane de 12 mois (6 mois en cas
et de la sclrose. Chez lenfant, elle ralise typiquement une forme datteinte cardiaque) avec moins de 25 % des patients vivants 3 ans. Latteinte
corticorsistante de syndrome nphrotique ou rechutes frquentes mais peut cardiaque rend compte elle seule de 40 % des dcs. Le traitement spcifique
savrer corticosensible dans 30 % des cas. Chez ladulte, la HSF se prsente repose sur lassociation melphalan-prednisone qui permet un taux de rponse de
souvent avec des degrs variables de protinurie avec frquemment une 39 % chez les patients indemnes datteinte cardiaque. Fonds sur les rsultats
hmaturie microscopique, une hypertension artrielle, une insuffisance rnale. prometteurs du melphalan fortes doses et de lautogreffe dans le traitement des
Les formes lies au virus de limmunodficience humaine (VIH) et la mylomes, des protocoles dautogreffe sont en cours dvaluation en
consommation dhrone surviennent quasi exclusivement chez le sujet de race comparaison au traitement conventionnel. [6]
noire. Amylose AA
Le traitement repose en premire ligne sur les corticostrodes en association Contrairement lamylose AL, linsuffisance cardiaque congestive, la
au traitement symptomatique (inhibiteur de lenzyme de conversion ou neuropathie priphrique, le syndrome du canal carpien sont rares dans
antagoniste des rcepteurs de langiotensine 2, statine). [ 5 ] Des lamylose AA. Aprs le rein, latteinte digestive est la plus frquente. Les
immunosuppresseurs peuvent tre utiliss. Dans les formes lies au VIH, une rhumatismes inflammatoires (polyarthrite rhumatode) sont devenus la cause la
thrapie antirtrovirale est introduite en association au traitement plus frquente devant les maladies infectieuses (tuberculose) et les maladies
symptomatique par IEC. inflammatoires du tube digestif. Lamylose AA peut compliquer la maladie
priodique (fivre mditerranenne familiale) dont la transmission est
Glomrulonphrite extramembraneuse autosomique rcessive et touche les juifs spharades et les Armniens. Elle se
La glomrulonphrite extramembraneuse (GEM) est la plus frquente des manifeste typiquement par des accs brutaux et priodiques de douleurs
nphropathies glomrulaires responsables de syndrome nphrotique chez abdominales, de pleursies ou darthralgies inflammatoires survenant ds
ladulte entre 30 et 60 ans. Elle se caractrise histologiquement par un lenfance ou ladolescence avant lapparition des manifestations rnales qui
paississement de la membrane basale glomrulaire induite par des dpts peuvent parfois ntre que la seule expression de la maladie. Le traitement repose
sous-pithliaux dimmunoglobulines et de complment. La protinurie est sur la colchicine qui prvient le dveloppement de latteinte rnale et peut
dimportance variable et sassocie frquemment une hmaturie microscopique. permettre une rgression du syndrome nphrotique et une stabilisation de la
Lhypertension artrielle est prsente au moment du diagnostic dans 10 45 % fonction rnale.
4
Nphropathies glomrulaires. Orientation diagnostique et volution - 5-0535
Tableau 4. Glomrulonphrite avec hypocomplmentmie Tableau 5. Critres diagnostiques du lupus rythmateux systmique
(selon lAmerican College of Rheumatology [ACR] 1997)
1. Maladies systmiques
LES C4 C3 1. Rash malaire
Cryoglobulinmie C4 C3 normal 2. Rash discode
Endocardite bactrienne C4 C3 3. Photosensibilit
2. Maladies rnales 4. Ulcrations buccales
GNA post-streptococcique C4 normal C3 5. Arthrites non rosives (de plus de deux articulations priphriques)
GN membranoprolifrative : 6. Srite
type 1 C4 C3 a- pleursie
type 2 C4 normal C3 (C3 NEF +) b- pricardite
7. Atteinte rnale
LES : Lupus rythmateux systmique ; GN : glomrulonphrite ; GNA : glomrulonphrite aigu. a- protinurie persistante > 0,5 g j1 ou > +++
b- cylindres urinaires (GR, GB)
8. Atteinte neurologique
Maladies de dpts dimmunoglobulines monoclonales a- convulsions
Un syndrome nphrotique peut rvler dautres maladies de dpts b- psychose
9. Atteinte hmatologique :
dimmunoglobulines monoclonales (maladie de dpts de chanes lgres ou
a- anmie hmolytique
syndrome de Randall). Si latteinte rnale domine le tableau clinique avec b- leucopnie < 4 000/mm3 deux reprises
syndrome nphrotique, hypertension artrielle, hmaturie microscopique et c- lymphopnie < 1 500/mm3 deux reprises
insuffisance rnale progressive, des manifestations extrarnales sont possibles : d- thrombopnie < 100 000/mm3
hpatomgalie avec cholestase, atteinte cardiaque. Le diagnostic repose sur 10. Anticorps antinuclaires
lhistologie rnale et la prsence inconstante dune immunoglobuline 11. Perturbations immunologiques :
monoclonale circulante sanguine ou urinaire. Laspect histologique le plus a- anticorps anti-ADN natifs
classique est celui dune glomrulosclrose nodulaire comparable celle du b- anticorps anti-Sm
diabte mais dautres formes sont possibles. Le diagnostic impose la mise en c- anticorps antiphospholipides (anticorps anticardiolipine, anticoagulant
circulant, fausse raction syphilitique)
vidence de dpts monotypiques, le plus souvent kappa, le long des
membranes basales glomrulaires et tubulaires.
Quatre critres simultans ou successifs assurent le diagnostic avec une sensibilit et une spcificit de 96 %.
ADN : acide dsoxyribonuclique ; GR : globules rouges ; GB : globules blancs.
Glomrulonphrite membranoprolifrative
La glomrulonphrite membranoprolifrative est rare et se manifeste dans prolifration extracapillaire peut tre prsente avec souvent une volution
approximativement 50 % des cas par un syndrome nphrotique mais dautres dfavorable sur le plan clinique, marque par une insuffisance rnale rapidement
modes de prsentation sont possibles. Elle peut tre primitive ou sassocier des progressive. Le traitement est essentiellement symptomatique, visant lutter
pathologies aussi varies que linfection par le virus de lhpatite C associe ou contre la rtention hydrosode. Lantibiothrapie nest utile quen cas dinfection
non lexistence dune cryoglobulinmie mixte, certaines maladies volutive. Dautres infections bactriennes comme lendocardite bactrienne
systmiques (lupus rythmateux systmique), certaines infections bactriennes peuvent se compliquer de syndrome nphritique aigu, donnant alors des aspects
(endocardite), des prolifrations lymphoplasmocytaires (lymphome B, leucmie histologiques assez proches avec parfois prolifration extracapillaire. La prise en
lymphode chronique). Dans les formes lies au virus de lhpatite C, les signes charge de ces glomrulonphrites ncessite une radication du foyer infectieux
rnaux sont isols ou sassocient une vascularite cryoglobulinmique, initial qui est parfois latent : mal perforant plantaire chez le diabtique, foyers
entranant une altration de ltat gnral, un purpura vasculaire et une infectieux cutans multiples chez le toxicomane, lthylique.
neuropathie priphrique. Selon les associations observes, deux grands types
histologiques sont possibles avec, dans tous les cas, un paississement des parois Lupus rythmateux systmique
capillaires glomrulaires et une prolifration cellulaire de type endocapillaire. Les Le syndrome nphritique aigu peut constituer un des modes de rvlation des
dpts dimmunoglobulines et de complment sont typiquement de topographie glomrulonphrites du lupus rythmateux systmique en particulier des formes
sous-endothliale dans le type 1 donnant un aspect en double contour de la svres. [7] Les anomalies urinaires (protinurie et/ou hmaturie) avec ou sans
membrane basale. Dans le type 2, il existe des dpts de composition inconnue insuffisance rnale sont prsentes dans 25 50 % des cas au moment du
dits denses au sein des membranes basales glomrulaires. [2] diagnostic. Lhypertension artrielle et le syndrome nphrotique sont volontiers
Lhypocomplmentmie est frquente, quelle que soit ltiologie, et peut avoir prsents dans les formes svres. Le diagnostic repose sur lexistence frquente
valeur dorientation. Elle a ceci de particulier quelle perdure, contrairement de signes extrarnaux, des lsions histologiques caractristiques et la prsence
lhypocomplmentmie de la glomrulonphrite aigu poststreptococcique qui danomalies immunologiques (hypocomplmentmie, anticorps antinuclaires,
est transitoire (Tableau 4). anticorps anti-acide dsoxyribonuclique anticorps anti-ADN natifs). Ces lments
ont t regroups en critres diagnostiques (Tableau 5).
Syndrome nphritique aigu
Les anticorps antinuclaires prsents dans 90 % des cas ont une grande valeur
Il est caractris par un dbut brutal, une insuffisance rnale aigu dintensit diagnostique. La technique la plus utilise est limmunofluorescence sur cellules
variable, une rtention hydrosode avec dme, une hypertension et une Hep 2. Les anticorps anti-ADN natifs sont prsents dans 40 90 % des cas ; la
protinurie parfois de volume nphrotique. recherche se fait par test Elisa (trop sensible, peu spcifique) ou par technique
radio-immunologique (test de Farr). Les anticorps dirigs contre les antignes
Glomrulonphrite aigu nuclaires solubles peuvent tre rvls par des techniques
Ce tableau est typiquement ralis par la glomrulonphrite aigu (GNA) de dimmunoprcipitation. Les plus spcifiques sont les anticorps anti-Sm (prsents
lenfant dont le dbut survient aprs un intervalle libre de 1 3 semaines aprs dans 30 % des cas). Une hypocomplmentmie est observe dans trois quarts de
une infection ORL streptocoque b-hmolytique. La gurison est la rgle dans un ces cas. Les fractions C4 et C3 sont abaisses, surtout dans les formes svres. La
dlai variable selon les cas avec une fonction rnale se normalisant en plupart des patients ayant une nphropathie lupique ont une glomrulonphrite
4 semaines. Les anomalies urinaires peuvent persister plus longtemps, parfois des dpts de complexes immuns. La classification rvise de lOrganisation
annes. Des mesures rptes du complment sont utiles au diagnostic. La mondiale de la sant (OMS) reconnat six classes de nphropathies glomrulaires
diminution du C3 est prcoce et se normalise en 6 8 semaines. La persistance lupiques. Les formes prolifratives focales (< 50 % des glomrules atteints) et
dun C3 bas aprs 8 semaines doit orienter le clinicien vers un autre diagnostic diffuses (> 50 % des glomrules atteints) sont les plus frquentes et les plus
(Tableau 4). Une augmentation des ASLO, du streptozyme-test peut fournir des svres.
lments dorientation en faveur dune infection streptocoque. La biopsie, si elle Un traitement intensif associant une corticothrapie un immunosuppresseur
est ralise, montre typiquement une prolifration endocapillaire diffuse et des (classiquement cyclophosphamide) est recommand dans les formes svres. En
dpts en massue (humps) sur le versant externe des capillaires glomrulaires, phase de rmission, un traitement dentretien reposant sur lazathioprine et des
composs dimmunoglobulines G et de C3. Dans des formes svres, une doses plus faibles de corticostrodes ncessite souvent dtre prolong plusieurs
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5-0535 - Nphropathies glomrulaires. Orientation diagnostique et volution
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Nphropathies glomrulaires. Orientation diagnostique et volution - 5-0535
Toute rfrence cet article doit porter la mention : R. Binaut, N. Maisonneuve, P. Vanhille. Nphropathies glomrulaires. Orientation diagnostique et volution.
Encycl Md Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs), Akos, 5-0535, 2003, 7 p
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5-0570
5-0570
AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine
Nphropathies vasculaires
A Meyrier
L es reins reoivent le quart du dbit cardiaque qui se distribue dans les artres rnales, leurs grosses branches de
division, puis les artres arques, les artres interlobulaires et enfin les artrioles affrente et effrente du
glomrule, lui-mme form dun peloton capillaire, le flocculus. Les nphropathies vasculaires sont frquentes et un
grand nombre daffections rnales non primitivement vasculaires comportent des lsions de cet arbre artriel. La
logique veut que lon intgre dans les nphropathies vasculaires les lsions allant du tronc aux plus fines ramifications
de cet ensemble. Tout ici est sous-tendu par la notion dischmie rnale.
2003 Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS. Tous droits rservs.
Anvrisme de lartre rnale.
Ischmie rnale En rsum, dans ce modle, il existe : Dissection de lartre rnale, spontane,
une HTA avec lvation de iatrognique ou traumatique.
lactivit rnine plasmatique (ARP) Compression de lartre rnale, par un
Les expriences de Goldblatt permettent de et de lAng II ; hmatome post-traumatique, rarement une tumeur.
comprendre la maladie humaine. Les expriences de Diverses dysplasies de lartre rnale.
un hyperaldostronisme secondaire
Goldblatt chez le chien (stnose dune ou des deux
artres rnales) et de Page (enserrement du rein
avec tendance lhypokalimie ; HTA rnovasculaire de type Page
dans un sac de Cellophanet) ont permis de une ARP augmente dans la veine La circonstance habituelle est un hmatome
dcouvrir lhypertension rnovasculaire et le rnale du ct de la stnose par prirnal, aprs contusion du rein ou ponction-
systme rnine-angiotensine-aldostrone [5]. rapport au ct sain ; biopsie rnale. Lhmatome devient fibreux et
lexcrtion retarde dune urine rtractile. Le rein est ischmique.
Modle de Goldblatt deux reins-un clip
moins abondante que du ct Infarctus rnal
La stnose dune artre rnale est hmodynami-
quement fonctionnelle lorsquelle rduit le calibre de
oppos, plus concentre en ure et Il peut tre conscutif une embolie artrielle, ou
ce vaisseau de plus de 60 %. La riposte en cratinine et plus pauvre en un traumatisme, dissquant ou thrombosant une
physiologique est destine protger la pression sodium ; branche de lartre rnale. Les principales causes
hydrostatique dans le flocculus glomrulaire, donc le une volmie normale, ou un peu sont la migration dun thrombus parti des cavits
dbit de filtration glomrulaire (DFG). diminue. cardiaques (maladie mitrale, fibrillation auriculaire,
La diminution de pression dtecte par les thrombus parital postinfarctus, exceptionnellement
myxome de loreillette gauche), ou la migration de
barorcepteurs entrane une scrtion de rnine, Modle deux reins-deux clips
une laboration dangiotensine II (Ang II), qui stimule matriel destin contrler une hmorragie rnale
Lhypertension est volodpendante. Laugmen-
la scrtion daldostrone. Il existe une par radiologie interventionnelle. Les signes sont la
tation de lARP est variable mais inapproprie
vasodilatation de lartriole affrente, mais surtout douleur lombaire brutale, lhmaturie macrosco-
laugmentation de la volmie. En cas de stnose
une vasoconstriction de lartriole effrente, pique, lhypertension svre et une protinurie
serre bilatrale, le DFG diminue.
richement dote de rcepteurs de lAng II. Le DFG est abondante et transitoire. Les inhibiteurs de lenzyme
conserv. Tout traitement contrecarrant la
Modle un rein-un clip de conversion (IEC), permettent de contrler
La situation est comparable la prcdente, lhypertension artrielle. Linfarctus volue vers
vasodilatation de lartriole affrente (anti-
cela prs que lon se trouve dans le cas dune latrophie fibreuse, laissant une cicatrice corticale,
inflammatoires non strodiens [AINS]), la
rduction nphronique de 50 %. tandis que lhypertension rtrocde, permettant
vasoconstriction de lartriole effrente (antagonistes
de lAng II), de mme quune surcorrection de larrt progressif du traitement.
lhypertension artrielle (HTA) au-dessous dune Ischmie rnale unilatrale HTA de type rnovasculaire accompagnant
pression de perfusion critique, entrane une baisse et hypertension artrielle une tumeur rnale
du DFG [2, 10, 11]. rnovasculaire Il est frquent quune tumeur maligne du rein
Le tubule rabsorbe le sodium de faon HTA rnovasculaire par stnose artrielle rnale saccompagne, ou se rvle, par une HTA. Elle peut
inapproprie. Lurine du ct de la stnose est donc unilatrale de plus de 60 % de type Goldblatt comprimer des branches de lartre rnale, ou
rare, concentre et pauvre en sodium. Nanmoins, la Maladie fibromusculaire de lartre rnale, comporter des anastomoses artrioveineuses crant
volmie naugmente pas puisque le rein oppos, propre la femme jeune. une ischmie daval par vol vasculaire . Un
normalement perfus, maintient une excrtion Plaques athrosclreuses, soit ostiales soit anvrisme cirsode (tumeur vasculaire bnigne) a le
sodique approprie. tronculaires. mme effet.
1
5-0570 - Nphropathies vasculaires
Hypertensions post-traumatiques avec cphales, soif, amaigrissement, hypertrophie LHTA nest pas au premier plan. Elle nest pas
Il en existe deux varits, toutes deux dintrt ventriculaire gauche, pisodes ddme rnine trs haute car la rduction du flux
mdicolgal. Lhypertension prcoce aprs pulmonaire. plasmatique rnal entrane une rabsorption
contusion ou fracture du rein est due une Les plaques peuvent tre tronculaires ou inapproprie de sodium et une hypervolmie. Ces
dissection de lartre rnale ou dune de ses grosses ostiales [4, 7]. Les premires se prtent bien une malades peuvent prsenter de brusques dmes
branches, ventuellement complique dun infarctus, angioplastie endoluminale, les secondes sont plus pulmonaires (flash pulmonary edema), non expliqus
ou un hmatome prirnal compressif. difficiles diagnostiquer par angiographie, IRM et par une incomptence myocardique particulire. La
Lhypertension rnine haute peut survenir des chodoppler et moins faciles traiter par radiologie fonction rnale est altre et la prescription dun IEC
mois ou des annes aprs le traumatisme par interventionnelle. peut conduire une ascension rapide de la
infarctus rnal tardif ou enserrement du rein par une La fonction rnale peut tre altre par des cratinine srique. On se trouve donc ici dans une
coque paisse et fibreuse. lsions anciennes de nphroangiosclrose [8, 12]. situation frontire avec un spectre clinique allant
Lhypokalimie et lalcalose mtabolique peuvent dun tableau o domine linsuffisance rnale
tre la consquence du traitement pralable par un ischmique avec surcharge volmique mais peu
Diagnostic. diurtique. La protinurie (microalbuminurie dHTA, celui dune HTA composante
Cest une HTA dapparition ou dpassant les normes ou macroalbuminurie) peut rnovasculaire mais moins pure que dans les
daggravation rcente. aussi bien tre due lAng II qu des lsions rnales rubriques prcdentes.
Elle est souvent mal supporte, plus anciennes.
avec cphales, soif, amaigrissement, Diagnostic.
ventuellement acouphnes et Comment prouver Il repose sur :
mouches volantes. la nature rnovasculaire le terrain : malade diffusment
Elle peut voluer vers, ou se rvler dune hypertension artrielle ? athrosclreux, ayant souvent des
par un tableau dhypertension signes cutans dembolies
Avant de poser lindication dune angioplastie, il
maligne. cholestroliques ;
convient de rassembler les arguments permettant de
Sur de simples clichs de larbre prdire que cette procdure naura pas eu pour linsuffisance rnale : non
urinaire sans prparation, ou des rsultat que la normalisation dune image, mais celle explique par une autre cause ;
tomographies rnales, ou une des chiffres tensionnels [14]. Ces arguments sont lasymtrie des reins
chographie, il existe une asymtrie bass sur : lchographie ;
de taille des reins. limportance de la stnose : une stnose de plus lhypertension devenant
LARP et laldostrone (aprs arrt de 70 % avec dilatation poststnotique est trs incontrlable ;
des mdicaments) sont leves. suspecte dtre responsable dune ischmie rnale ;
lascension rapide de la cratinine
Doppler et angiographie (ou lchodoppler : un chographiste exerc
rassemble une srie darguments trs fiables en
aprs mise en uvre dun
imagerie par rsonance magntique) antagoniste de lAng II ;
faveur du caractre hmodynamiquement
confirment les lsions fonctionnel dune stnose artrielle rnale ; lchodoppler.
lurographie intraveineuse minute ne doit plus
tre cite car sil elle est trs spcifique, elle est trs
Lhypertension et linsuffisance rnale appellent
peu sensible. Les images sont faites dun retard
Deux varits selon le terrain une revascularisation, condition que le rein ait une
dapparition du produit de contraste du ct de la
hauteur dau moins 8 cm et que les index de
stnose, suivi dune opacification progressivement
rsistance au doppler soient infrieurs 80. Sinon,
plus contraste que du ct sain ;
Femme jeune on ne fait que revasculariser un rein sclreux, sans
les dosages dARP permettent la fois
Chez une femme jeune sans antcdents rsultat apprciable.
dapporter le diagnostic dHTA ARP leve et
apparaissent les signes dune HTA mal supporte : La revascularisation ne gurit pas toujours
dhyperaldostronisme secondaire ;
cphales, soif, amaigrissement, hypertrophie lhypertension, car plus elle est ancienne, plus il
le cathtrisme des veines rnales avec
ventriculaire gauche dbutante, anomalies existe des lsions du parenchyme rnal
dosages comparatifs dactivit rnine de chaque
rtiniennes au fond dil. La pression artrielle est (nphroangiosclrose, glomrules hyaliniss ou en
ct est un excellent examen, mais invasif ;
leve, sans proportionnalit entre les valeurs de la pain cacheter , emboles de cholestrol).
la scintigraphie rnale avec rnogramme au
systolique et de la diastolique et le retentissement 99
Nanmoins, elle rend son contrle plus facile et avec
techntium (Tc)-acide dithylne triamine
viscral [2, 5]. On prcise la date dapparition de lHTA moins de mdicaments.
penta-actique (DTPA) se pratique avant puis aprs
en se basant sur des chiffres tensionnels relevs au
prise orale de captopril, aprs arrt de tout
cours de grossesses antrieures ou en mdecine du
mdicament pouvant interfrer avec lexamen. Une
travail. On recherche un souffle lomboabdominal,
courbe caractristique de stnose hmodynami- Nphroangiosclrose maligne
bien quil ne soit ni constant, ni spcifique. La
quement fonctionnelle aprs captopril est
fonction rnale est normale. Lanalyse des urines la
considre comme hautement prdictive dun
bandelette, ne montre pas de protinurie ni
succs de la revascularisation. Le tableau est celui dune hypertension
dhmaturie microscopique. Lionogramme peut
objectiver une hypokalimie avec tendance maligne avec syndrome hmolytique
et urmique
lalcalose mtabolique. Lionogramme urinaire
confirme que lhypokalimie est accompagne Maladie rnale ischmique Hypertension svre
dune kaliurse non approprie. Langiographie athrosclreuse Lhypertension est chiffres levs, mal tolre
trouve une image caractristique, en chapelet . (cphales, troubles visuels, soif, amaigrissement) et
Il sagit de la varit Goldblatt deux reins-deux
la dfaillance ventriculaire gauche avec dme
Athrosclreux plus g clips ou un rein-un clip . On lobserve chez les
pulmonaire arrive rapidement. Le fond dil trouve
Le terrain est lhomme dge mr, souvent grand patients coronariens, artritiques, et dans 20 % des
des hmorragies, des exsudats et des nodules
fumeur et maigre [1, 2, 3, 4, 13]. Il peut avoir t cas porteurs dun anvrisme de laorte abdominale.
dysoriques. Labsence ddme papillaire ncarte
normotendu jusqu une date rcente, et lHTA Elle sassocie souvent des embolies de cholestrol.
pas le diagnostic.
apparue depuis peu de temps. Souvent, une HTA Cest une cause possible dinsuffisance rnale
tait dj connue et traite. Llvation de la pression chronique, potentiellement curable si lischmie est Anmie hmolytique
artrielle ncessite une augmentation des doses diagnostique avant la destruction du rein par la Il existe une anmie microangiopathique
dantihypertenseurs. La tolrance devient mauvaise, fibrose [1, 2, 3, 4, 5, 9, 11]. rgnrative (rticulocytes, schizocytes,
2
Nphropathies vasculaires - 5-0570
lacticodshydrognase [LDH] leve, haptoglobine sont en gnral hypovolmiques. La baisse de la Traitement bas sur les antihypertenseurs,
basse, thrombopnie, produits de dgradation de la postcharge peut conduire un collapsus. Il faut donc essentiellement les antagonistes de lAng II
fibrine). tre prt perfuser du solut sal physiologique En effet, la fibrose qui caractrise la nphroangio-
Linsuffisance rnale progresse rapidement. Elle quand la pression artrielle atteint des valeurs sclrose (do son nom) est en grande partie due
saccompagne dune protinurie significative proches de la normale. Les diurtiques ne font donc langiotensine. Le contrle de la pression artrielle
(> 2 g/L). Les dosages dARP sont extrmement pas partie du traitement de lhypertension maligne. est en soi essentiel, mais la logique veut quil
levs. Il existe en effet une vasoconstriction intense comporte dabord un IEC ou un antagoniste des
avec ischmie corticale du rein. Lischmie augmente rcepteurs de langiotensine 2.
la production dAng II qui aggrave lhypertension.
Nphroangiosclrose bnigne
Lsions rnales majeures
Les lsions histologiques rvles par une biopsie Maladie des embolies rnales
rnale faite aprs contrle des chiffres tensionnels
de cholestrol
La nphroangiosclrose bnigne est un
sont faites dune considrable hyperplasie des
diagnostic histologique et non un diagnostic
cellules musculaires lisses des parois artrielles qui
clinique. La clinique ne fait que rassembler des La migration de cristaux de cholestrol est un
prennent un aspect dit en bulbe doignon ,
arguments de prsomption [8, 9, 11, 12, 13]. accident grave de la maladie athrosclreuse. Sa
rtrcissant la lumire, associe une duplication et
frquence a augment aprs les dbuts de la
des ruptures des limitantes lastiques, un dme et Lien troit avec la maladie hypertensive
de la ncrose de la mdia. Lvolution peut se faire chirurgie vasculaire, puis la radiologie intervention-
La nphroangiosclrose dite bnigne est
vers la thrombose ; les glomrules sont ischmiques nelle et enfin lusage libral des anticoagulants et
connue depuis 100 ans pour tre associe la
et sige de thromboses (aspect dit de microangio- des fibrinolytiques [15]. Laffection est protiforme. Ses
maladie hypertensive. De l conclure quelle est
pathie thrombotique) [10]. manifestations vont de la dcouverte autopsique ou
toujours la consquence dune HTA primaire est
biopsique de quelques cristaux distills
excessif, car il est des cas (cf infra) o elle peut la
Cause particulire : crise aigu sclrodermique prcder.
chroniquement chez un athrosclreux, au tableau
Latteinte rnale de la sclrodermie est plus trs grave des embolies multiviscrales menaant la
frquente dans les formes diffuses que dans le Facteur gntique certain vie et dont linsuffisance rnale aigu nest quune
syndrome calcinose sous-cutane-syndrome de La nphroangiosclrose bnigne nest pas si des manifestations. De plus, les cristaux logs dans
Raynaud-dysfonction de lsophage-slrodactylie- bnigne que cela chez les Noirs dascendance les petites artres induisent une raction
tlangiectasies (CREST) et rare dans les sclrodermies africaine, chez lesquels elle conduit linsuffisance inflammatoire qui comporte des signes proches de
localises. Une protinurie est prsente chez 15 % rnale rapidement, vers la cinquantaine. chaque ceux dune angite.
des patients, mais la plupart ont une sclrodermie tranche dge, les lsions artrielles chez les Noirs La source des emboles est la plaque ulcre, qui
peu volue. Chez 45 % des sclrodermiques existe sont plus importantes que chez les Blancs dorigine peut siger de lorigine de la crosse au reste de
au moins un marqueur datteinte rnale (protinurie, europenne, et chez des adolescents elles peuvent laorte ; elle est couverte dun caillot pansement
hypertension ou insuffisance rnale). Une exister avant lascension des chiffres tensionnels. De qui recouvre un nid de cristaux. Lcrasement par un
hypertension isole sobserve chez un quart des mme, on a montr chez des Europens une clamp, le passage dun cathter de Seldinger, dun
patients. La biopsie rnale montrerait une association significative avec le phnotype D/D du ballon dangioplastie, ou encore la dissolution du
nphroangiosclrose sans spcificit particulire, gne de lenzyme de conversion de langiotensine. caillot durant un traitement anticoagulant ou
faite dune endartrite fibreuse avec duplication des fibrinolytique, en supprimant cette dernire
lames lastiques. Lhypertension est maligne dans Tableau associant hypertension trs ancienne protection, librent les cristaux dans la circulation. Ils
7 % des cas. Linsuffisance rnale aigu, et insuffisance rnale progressive se logent dans les artres viscrales de 150
consquence dune crise aigu sclrodermique, Le dbut de lhypertension ne peut souvent tre 200 m de diamtre. Dans le rein, on trouve des
survient dans environ 20 % des cas de sclrodermies dat. On trouve dj des valeurs limites au moment cristaux dans les artres arques, les artres
diffuses, mais seulement 1 % de ceux atteints du du service militaire ou en mdecine du travail des interlobulaires, lartriole glomrulaire affrente et
syndrome CREST. dizaines dannes plus tt. Linsuffisance rnale mme dans les capillaires du flocculus glomrulaire.
La frquence de cette complication grave a apparat progressivement, avec une faible
protinurie et sans hmaturie microscopique. Les Frquence
diminu depuis que lon dispose de traitements
reins sont harmonieusement atrophiques. Les Le diagnostic clinique sous-estime les atteintes
antihypertenseurs efficaces. La crise aigu
artres rnales sont permables au doppler. viscrales trouves lautopsie. Tout lorganisme
sclrodermique reprsente une varit dhyper-
peut tre intress par des embolies cholestro-
tension maligne avec syndrome hmolytique et
Lsions histologiques de tous les lments liques. On a dcrit des embolies myocardiques et des
urmique (SHU), habituellement oligoanurique. du rein paraplgies par migration dans la grande artre
Lartriographie montre un lit vasculaire rnal en
Les lsions artrielles sont faites dune hyperplasie spinale antrieure dAdamkiewicz. Les embolies
arbre mort . La biopsie rnale trouve toutes les
de lintima, fibreuse. Le contingent de fibres rtiniennes sont frquentes, de lordre de 20 % des
lsions de lhypertension maligne et du SHU dcrites
musculaires lisses, lastiques, est progressivement cas, et souvent associes des accidents vasculaires
plus haut.
remplac par du collagne, rigide. La lumire crbraux.
Lvolution habituelle se fait vers une insuffisance
vasculaire est variablement rduite [10]. Le reste du Les autres tissus de lorganisme sont galement
rnale chronique dfinitive. Dans un certain nombre
rein est lui-mme pathologique : atrophie des tubes pratiquement tous la cible des embolies
de cas, aprs une longue priode de dialyse, certains
qui prennent un aspect microkystique, sclrose cholestroliques. Cest le cas avant tout de la peau,
malades reprennent une fonction rnale permettant
interstitielle parseme de cellules inflammatoires de la rtine, du muscle, de la moelle osseuse.
le sevrage du rein artificiel, si leur pression artrielle a
(surtout des macrophages), glomrules ischmiques
parfaitement t contrle. Dans les sclrodermies
et qui sont progressivement envahis par la fibrose
Circonstances dapparition
se compliquant dune maladie lupique, les lsions Le terrain habituel est reprsent par un homme
pour se transformer en pain cacheter .
glomrulaires du lupus sajoutent aux lsions de plus de 55 ans, fumeur et hypertendu, de race
Lhistologie est utile pour liminer une nphropathie
vasculaires de la sclrodermie. blanche, souvent maigre. Laffection est rare chez les
dautre sorte : nphropathie glomrulaire chronique
Noirs. Les embolies sont spontanes dans 20 % des
Traitement ou embolies rnales de cristaux de cholestrol.
cas et iatrognes dans 80 %.
Le risque est triple : hmorragie crbrale, dme Risque dvolution vers la nphroangiosclrose Les facteurs provoquant lessaimage de cristaux
aigu pulmonaire, insuffisance rnale dfinitive. Le maligne sont runis par deux lments, isols ou associs : le
traitement consiste lever les rsistances Dans les formes ngliges, une nphroangio- traumatisme dune plaque dathrome et la
priphriques au plus vite par les vasodilatateurs, en sclrose bnigne peut passer au stade de la disparition du caillot recouvrant la bouillie
associant antagonistes de lAng II et inhibiteurs des nphroangiosclrose maligne, ici aussi plus athromateuse dune plaque ulcre. La rupture
canaux calciques. Attention cependant : ces malades volontiers chez les Noirs. dune plaque peut aussi tre spontane. Lexistence
3
5-0570 - Nphropathies vasculaires
Signes biologiques
Avec dpts immuns Sans dpts en IF
Les embolies de cholestrol entranent une en immunofluorescence (IF) + ANCA positifs
raction inflammatoire corps trangers. Ainsi
sexpliquent trois anomalies biologiques, suggestives
quand elles existent : une hypocomplmentmie,
une osinophilie et une osinophilurie. Angite Puspura Pas d'asthme Granulomes osinophilie
cryoglobulinmique rhumatode Lupus asthme
pas de granulomes pas d'asthme
granulomes
Atteinte rnale (au moins 80 % des cas)
Les embolies massives se rvlent tt aprs
PAN Maladie de Maladie de
chirurgie, angiographie ou angioplastie. Ailleurs, il Chuerg
scoule plusieurs semaines avant que le diagnostic microscopique Wegener
et Strauss
ne soit voqu : en moyenne 5,3 semaines aprs
artriographie. Une troisime varit est caractrise 1 Classification des angites.
par une insuffisance rnale de type subaigu ou 1. Aorte ; 2. artre rnale ; 3. artre lobaire ; 4. artre arque ; 5. artre interlobulaire ; 6. artriole ; 7. flocculus
chronique, voluant par pousses successives qui glomrulaire. PAN : priartrite noueuse.
concident avec des vagues dembolies, survenant
chacune aprs un lment dclenchant : La notion rcente selon laquelle les statines caractrise par une atteinte des grosses artres
angiographie, reprise chirurgicale, nouveau exercent un effet stabilisant sur les plaques intrarnales qui peuvent tre le sige
traitement anticoagulant. dathrome et sont dotes deffets anti- danvrismes ; la PAN microscopique qui
Les signes rnaux purement cliniques, en dehors inflammatoires incite les inclure dans tout entrane surtout une glomrulonphrite
de lhypertension, sont assez limits. Le tableau protocole thrapeutique de cette affection titre de rapidement volutive croissants pithliaux. La
habituel est celui dune insuffisance rnale de gravit prvention primaire et secondaire. MW se manifeste elle aussi par une atteinte des
variable. Elle peut tre aigu, oligoanurique, vaisseaux intrarnaux de petit calibre, y compris
ncessitant demble une puration extrarnale et les veines, par des granulomes et par une
survenant immdiatement aprs un geste invasif, ce
qui est le cas denviron un tiers des patients. Aprs
lvnement dclenchant, les signes et symptmes
de la maladie des embolies de cholestrol peuvent
Angites rnales
glomrulonphrite croissants. Depuis 15 ans,
on a appris les distinguer par lexistence
danticorps anticytoplasme des polynuclaires
(ANCA) qui les accompagnent et qui sans tre
napparatre quaprs plusieurs semaines. absolument spcifiques sont hautement
Les angites (ou vascularites ) forment un
Lvolution peut ensuite tre progressive et se faire vocateurs du diagnostic : ceux de la PAN, les
groupe daffections vasculaires disparates mais qui
par pousses entrecoupes de paliers successifs sur p-ANCA sont du type antimyloperoxydase
ont en commun un facteur inflammatoire dorigine
plusieurs semaines ou mois. Lvolution peut enfin (MPO) et ceux de la MW, les c-ANCA , du type
immunologique [6]. Il est admis de les classer en
ne se marquer que par une insuffisance rnale antiprotinase 3 (PR3). Ces deux angites relvent
fonction du diamtre du vaisseau intress, ce que
chronique et lentement volutive. Les manifestations dun diagnostic prcoce bas sur un prlvement
montre la figure 1.
cliniques de laffection, chez un sujet g, sont histologique et sur une recherche dANCA, et sur
marques par de la fivre, un tat inflammatoire, En ce qui concerne le rein, et en dehors de un traitement immunodpresseur comportant le
une osinophilie, une altration de ltat gnral, un rares affections inflammatoires des gros troncs plus souvent au dbut du cyclophosphamide et
amaigrissement, des signes cutans et une artriels (Takayashu), le sujet est domin par deux des emboles de mthylprednisolone. La gurison
dtrioration de la fonction rnale accompagne affections : la priartrite noueuse (PAN) et la dfinitive nest pas assure ; les rechutes sont
dune protinurie. Lhypertension est presque maladie de Wegener (MW) toutes deux frquentes et ce traitement comporte de
constante, svre et parfois maligne. Elle entrane ou accompagnes dune riche symptomatologie nombreux effets secondaires, mais il est bon de
favorise une insuffisance cardiaque et un extrarnale. La premire comporte deux varits : rappeler quauparavant ces affections taient
subdme pulmonaire. la PAN macroscopique , peu frquente, constamment mortelles.
4
Nphropathies vasculaires - 5-0570
la fibrose, crant un cercle vicieux que lon doit classique du stepped care o lon ajoutait un
Conclusion rompre par les antihypertenseurs modernes. Les second antihypertenseur au moment o apparais-
recommandations internationales (JNC VI) indiquent saient les signes dintolrance du premier.
dune part que les valeurs tensionnelles cibles sont De faon gnrale, llment vasculaire existe dans
Les nphropathies vasculaires sont un aspect infrieures 140/90 mmHg, qui pourtant dfinissent toutes les nphropathies (le meilleur exemple est celui
essentiel de la nphrologie. Elles ont deux les limites de lHTA ; dautre part, les associations du diabte de type 2) et le traitement de lHTA reste le
particularits. Leur lment commun est la fibrose dantihypertenseurs microdoss sont prfrables en meilleur moyen de ralentir lvolution de toute
conscutive lischmie [11, 13], qui elle-mme aggrave termes de tolrance et defficacit la stratgie maladie rnale.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : A Meyrier. Nphropathies vasculaires.
Encycl Md Chir (Editions Scientifiques et Mdicales Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 5-0570, 2003, 5 p
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5
18-026-C-20
Les dmes gnraliss sont lexpression dune expansion gnrale des liquides interstitiels, et rsultent
de la conjonction dune augmentation de la rabsorption rnale de sodium conduisant une balance
positive et dune augmentation de la filtration capillaire. La physiopathologie des dmes nest pas
toujours bien tablie. La rtention rnale de sodium au cours du syndrome nphrotique est originaire des
segments terminaux du nphron mais est indpendante du systme rnine-angiotensine-aldostrone.
Dailleurs, la majorit des patients nphrotiques sont normovolmiques ou lgrement hypervolmiques.
Laugmentation de la filtration capillaire nest quant elle pas due lhypoalbuminmie mais une
modification des proprits intrinsques de lendothlium capillaire, en particulier une augmentation de
sa conductivit hydraulique et une diminution de son coefficient de rflexion des protines. Le traitement
de la rtention de sodium par association de composs natriurtiques agissant sur lanse de Henle et sur le
nphron distal reste lapproche thrapeutique de rfrence. Dans les syndromes nphritiques, la rtention
de sodium est aussi originaire du nphron distal et indpendante de laldostrone. Dailleurs, ces patients
prsentent une inhibition du systme rnine-angiotensine-aldostrone, une hypervolmie et une
hypertension artrielle. L encore, le traitement de la rtention de sodium permet de normaliser la
pression artrielle et de rsoudre les dmes.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Nphrologie 1
18-026-C-20 dmes gnraliss dorigine rnale
nphrotique, et les dmes plus restreints et associs une comme les protines, mais laisse passer leau et toutes les autres
hypertension artrielle secondaires au syndrome nphritique. substances qui y sont dissoutes. Le transfert deau et de soluts
travers lendothlium capillaire seffectue essentiellement par
la voie paracellulaire, cest--dire travers les jonctions intercel-
Physiologie du compartiment lulaires, jonctions occlusives et jonctions adhsives. Ce sont des
interstitiel structures multimolculaires complexes (constitues doccludine,
de claudines et de protines ZO pour les jonctions occlusives, et
de cadhrine, de catnines et dactinine pour les jonctions
Compartiments liquidiens de lorganisme adhsives) intimement associes au cytosquelette dactine [1]. La
Un homme adulte dadiposit normale est constitu denvi- moindre concentration des protines et des charges ngatives
ron 60 % deau (42 l pour un individu de 70 kg) rpartie entre quelles portent dans le liquide interstitiel par rapport au liquide
les compartiments intracellulaire (60 %) et extracellulaire plasmatique est compense par une augmentation de la
(40 %). Le compartiment extracellulaire se subdivise en un concentration dautres anions (quilibre de Donnan).
compartiment vasculaire et un espace interstitiel au sein duquel
il convient de distinguer leau dimbibition de los et du tissu Loi de Starling
conjonctif qui, contrairement au liquide interstitiel des autres
organes et tissus, est peu accessible aux changes avec les autres Le dbit de fluide travers la paroi capillaire est rgi par la
compartiments liquidiens (Fig. 1). loi de Starling :
Il existe en effet dimportants changes deau et de soluts Jv = Lp S [(PcPi) - (ci)]
entre ces diffrents compartiments, changes travers les o Jv est le dbit transcapillaire de fluide, Lp la conductivit
membranes cellulaires (compartiments intra- et extracellulaires) hydraulique capillaire, S la surface dchange, P c et P i les
et travers la paroi des capillaires (compartiments interstitiel et pressions hydrostatiques capillaire et interstitielle, le coeffi-
plasmatique). Ces changes permettent dajuster le volume et la cient de rflexion des protines travers la paroi capillaire, et
composition des diffrents compartiments des niveaux qui c et i les pressions oncotiques capillaire et interstitielle.
peuvent tre trs diffrents, et qui sont adapts aux fonctions
Lasymtrie de distribution des protines entre les comparti-
spcifiques de chaque compartiment. Le volume global de ces
ments plasmatique et interstitiel explique que la pression
compartiments rsulte dun quilibre dynamique entre les
oncotique du compartiment plasmatique (c) soit suprieure
apports deau, principalement par voie alimentaire mais aussi
la celle du compartiment interstitiel ( i ). La diffrence de
par production endogne lie au mtabolisme cellulaire, et les
pression oncotique, D = c - i, tend retenir leau dans le
sorties rnales et les pertes insensibles (perspiration et sudation)
compartiment plasmatique. La pression hydrostatique capillaire
(Fig. 1).
(Pc) est suprieure la pression hydrostatique interstitielle (Pi),
cette dernire tant lgrement infrieure la pression atmos-
changes deau travers lendothlium phrique (-2 mmHg). La diffrence de pression hydrostatique,
capillaire entre les compartiments vasculaire Dp = Pc - Pi, tend faire sortir leau du capillaire (Fig. 2). Alors
et interstitiel que D reste constante tout le long du capillaire, car les flux
deau sont rduits, Pc et DP diminuent le long du capillaire du
Les secteurs vasculaire et interstitiel sont spars par la paroi fait de sa rsistance lcoulement.
capillaire qui retient les cellules sanguines et les macromolcules Compte tenu de la diminution de DP, on considrait classi-
quement que la pression efficace de filtration, Peff= DP- D,
sinversait au milieu du capillaire, permettant ainsi la filtration
deau et de soluts du plasma vers linterstitium au dbut du
Mtabolisme cellulaire capillaire, et un flux oppos de fluide dans la seconde moiti. Il
en rsultait un dbit net de filtration faible. Cependant, les
mesures de pression hydrostatique et oncotique plus rcemment
effectues indiquent que dans la plupart des lits capillaires Peff
0,5 l/j reste positive sur la quasi-totalit de la longueur des capillai-
res [2]. Le dbit net de filtration capillaire slve donc plus de
Conjonctif 10 l par jour chez un adulte de 60 kg. Ce fluide est drain hors
3l Os 2 l de linterstitium par les capillaires lymphatiques et retourne
dans le systme vasculaire par rtrofiltration dans les ganglions
Intracellulaire 25 l lymphatiques (environ deux tiers) et via le canal thoracique
(environ un tiers). Le drainage lymphatique empche dune part
lexpansion du volume interstitiel et la formation ddme et,
parce que la paroi des lymphatiques est trs permable aux
Interstitiel 8 l Sudation,
protines, il permet dautre part de maintenir la concentration
respiration
en protines du liquide interstitiel une valeur denviron la
moiti de celle du plasma.
0,5 l/j
11 l/j
Contrle des changes liquidiens transcapillaires
Plasma 3 l Une augmentation de la pression artrielle systmique ne
2 l/j 11 l/j
modifie pas la pression hydrostatique capillaire car, par autor-
180 l/j gulation, elle induit la contraction des sphincters prcapillaires.
9 l/j
7 l/j 178,5 l/j La pression hydrostatique capillaire (P c ) peut nanmoins
augmenter, par exemple en rponse une vasodilatation
artriolaire primitive (induite par exemple par des mdicaments
vasodilatateurs) ou une augmentation primitive de la pression
veineuse. Il en rsulte une augmentation de la filtration
capillaire et un accroissement du volume interstitiel qui va tre
0,1 l/j 1,5 l/j rapidement contrecarr par plusieurs mcanismes. En effet,
laugmentation du volume interstitiel augmente la pression
Figure 1. Compartiments liquidiens et changes quotidiens deau. Les
hydrostatique interstitielle, ce qui dune part limite la filtration
volumes reprsents correspondent un sujet de 60 kg et dadiposit
et, dautre part, augmente le dbit lymphatique, favorisant le
normale. Les flux reprsentent des valeurs quotidiennes.
drainage des protines du compartiment interstitiel vers les
2 Nphrologie
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Artriole
Sphincter prcapillaire
P = 32 Pc = 30
Peff = 22 mm Hg Pi = -2
= 10 c = 20
i = 10
Capillaire Capillaire
sanguin lymphatique
P = 12 Pc = 10
Peff = 2 mm Hg P = -2 Canal
= 10 c = 20 i Ganglion thoracique
i = 10 lymphatique
Veinule
Figure 2. changes deau et de soluts travers lendothlium capillaire. Ces changes sont nergiss par la pression efficace de filtration (Peff), qui est la
rsultante du gradient de pression hydrostatique (DP) qui tend faire sortir leau des capillaires, et du gradient de pression oncotique (D) qui tend ly retenir.
Le gradient de pression hydrostatique diminue le long du capillaire car la pression intracapillaire (Pc) diminue alors que la pression interstitielle (Pi) est uniforme.
linverse, le gradient de pression oncotique est constant tout le long du capillaire car les pressions oncotiques capillaire et interstitielle varient peu. Il en rsulte
une sortie nette deau et de soluts (flches) qui diminue tout le long du capillaire (sans toutefois sinverser). Le fluide filtr est drain par les capillaires
lymphatiques puis retourne vers le compartiment plasmatique par rtrofiltration dans les ganglions lymphatiques, et directement via le canal thoracique et
la grande veine lymphatique.
vaisseaux lymphatiques et diminuant ainsi la pression oncoti- protines) en particulier au cours de phnomnes inflammatoi-
que interstitielle. Ces mcanismes compensateurs protgent res. Il en rsulte une abolition progressive du gradient oncotique
efficacement contre lapparition ddmes dans les situations travers les capillaires, une augmentation de la filtration vers
habituelles. Cependant, en cas dlvation pathologique suffi- linsterstitium et la gnration ddmes, en gnral localiss
sante de la pression hydrostatique capillaire, la filtration aux sites dinflammation.
importante lve la pression interstitielle qui devient positive, la Les complexes jonctionnels des cellules endothliales capil-
compliance du tissu interstitiel devient alors trs grande et les laires sont la cible de nombreuses rgulations qui modulent la
dmes apparaissent. conductivit hydraulique (Lp). En particulier, lactivation de la
Une fuite rnale dalbumine (syndrome nphrotique) ou un protine kinase C augmente Lp en induisant la phosphorylation
dfaut de sa synthse hpatique (insuffisance hpatocellulaire) de loccludine [6, 7].
peut diminuer la pression oncotique capillaire (c). La rduction
du gradient de pression oncotique travers lendothlium Rle de la balance du sodium
capillaire qui en rsulte augmente la filtration mais, l encore, dans la dtermination du volume
ce phnomne est transitoire. En effet, la rduction de la
pression oncotique du plasma saccompagne rapidement dune des compartiments extracellulaires
rduction parallle de la pression oncotique du liquide intersti- Compte tenu des volumes respectifs des compartiments
tiel, de telle sorte que le gradient de pression oncotique plasmatique et interstitiel (Fig. 1), les augmentations de ce
travers lendothlium capillaire reste constant. Ainsi, le gradient dernier ncessaires lapparition ddmes (+ 20 %) ne peuvent
transcapillaire de pression oncotique nest pas significativement se faire sans expansion globale du compartiment extracellulaire.
modifi chez les rats analbuminmiques (11,3 0,7 mmHg La comprhension de la rgulation du volume extracellulaire
versus 12,2 0,3 chez le rat normal) [3, 4] . Chez le chien, repose sur deux notions essentielles :
labaissement puis le maintien artificiels de la pression oncoti- le volume extracellulaire dpend directement du bilan du
que plasmatique la moiti de sa valeur normale saccompa- sodium ;
gnent dune baisse parallle de la pression oncotique le bilan du sodium est contrl dans les segments distaux du
interstitielle conduisant au maintien dun gradient oncotique nphron.
normal [5]. Le volume extracellulaire augmente transitoirement
pendant la priode de changement de la pression oncotique, en Volume extracellulaire et bilan du sodium
rapport avec un hyperaldostronisme, mais lexcrtion urinaire Le sodium et les deux anions principaux qui laccompagnent
de cet excdent de sodium et la normalisation du volume (le chlore et le bicarbonate) sont responsables de la quasi-
extracellulaire interviennent en moins de 3 jours aprs le dbut totalit de losmolarit des liquides extracellulaires. Comme la
de la priode de stabilit une valeur basse de pression constance de losmolalit du milieu extracellulaire prime sur la
oncotique. Le maintien de la constance du gradient de pression constance du volume des diffrents compartiments liquidiens,
oncotique est oprationnel tant que la pression oncotique toute modification primitive de la quantit de sodium dans le
plasmatique reste suprieure 12 mmHg (environ 15 20 g compartiment extracellulaire induit un transfert deau entre le
dalbumine plasmatique). La rduction de la pression oncotique secteur extracellulaire et le secteur intracellulaire ou le milieu
interstitielle sexplique par le fait que, au fur et mesure que la extrieur qui modifie le volume extracellulaire. linverse, toute
concentration dalbumine plasmatique diminue, le passage des anomalie primitive du bilan hydrique modifie losmolarit
protines travers les capillaires diminue, ce qui, compte tenu extracellulaire et induit des transferts deau compensateurs qui
du drainage des protines par les vaisseaux lymphatiques, est limitent les variations du volume extracellulaire. Ainsi, le
responsable dune diminution proportionnelle de la concentra- dveloppement ddmes gnraliss ncessite un excs de la
tion interstitielle des protines. Cependant, quand la pression quantit de sodium changeable de lorganisme tandis quun
oncotique plasmatique devient infrieure 12 mmHg, le excs deau sans variation du bilan du sodium ne peut pas tre
gradient de pression oncotique diminue, induisant une aug- lorigine ddme.
mentation du volume interstitiel et lapparition ddmes. La quasi-intgralit du sodium ingr est absorb au niveau
Le coefficient de rflexion des protines () peut diminuer (ce intestinal et est transfr vers dans le compartiment plasmati-
qui correspond une augmentation de la permabilit aux que. Ceci se traduit par une lvation transitoire de losmolarit
Nphrologie 3
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2 K+
Tubule proximal Tubule contourn
K+ K+ (15,5 moles) distal
Na+ (1,5 mole)
Anse ascendante Tubule connecteur
large de Henle et collecteur
(7,5 moles) (0,3 mole)
Ple apical Ple basolatral
(fluide tubulaire) (compartiment interstitiel) Na+ NKCC2 Na+ ENaC Na+
K+ Na+
K+ Amiloride
A Furosmide
2 Cl- K+
K+ ROMK CLCK
Na+ Cl- ROMK
K+
0,2 mole
Rabsorption de base et contrle Contrle de la balance du
de la balance hydrique sodium et de la volmie
B
Figure 3. Rabsorption rnale de sodium.
A. Principe gnral de la rabsorption de sodium. La Na-K-ATPase situe dans la membrane basolatrale gnre un gradient lectrochimique de sodium qui
est dissip travers des canaux ou des transporteurs exclusivement situs dans la membrane apicale. Le potassium accumul dans la cellule peut tre soit
recycl travers la membrane basolatrale, soit scrt dans le fluide tubulaire. Ces transports transcellulaires sont susceptibles de gnrer une diffrence
de potentiel transpithliale potentiellement capable dnergiser le passage dions entre les cellules.
B. Segmentation du transport de sodium le long du nphron. Environ 1 % seulement des 25 moles de sodium qui sont quotidiennement filtres par les
glomrules est excrt dans lurine. La rabsorption de sodium seffectue principalement dans le tubule proximal (entre apicale de sodium via lchangeur
Na+/H+ [NHE3]) et lanse large ascendante de Henle (cotransporteur Na+-K+-2Cl [NKCC2] et rabsorption paracellulaire). Le tubule contourn distal
(cotransporteur Na+-Cl [NCC]) et les tubules connecteur et collecteur (canal Na) contribuent quantitativement peu la rabsorption de sodium mais sont les
sites de sa rgulation fine qui permet dquilibrer la balance sode. ROMK : renal outer medullar k channel ; CLCK : canal chlorure ; ENaC : canal sodium
pithlial.
extracellulaire aprs chaque repas. Cette lvation de losmola- Mtabolisme rnal du sodium
rit extracellulaire est lorigine de transferts deau qui permet-
tent le retour la normale de losmolarit extracellulaire, mais La filtration glomrulaire gnre quotidiennement 180 l
au prix dune augmentation du volume extracellulaire. En dultrafiltrat contenant environ 580 g de sodium, dont la
condition normale, cette expansion du volume extracellulaire majeure partie est rabsorbe tout au long des nphrons puisque
gnre des signaux neuroendocrines adresss aux reins afin de seulement environ 1,5 l durine contenant environ 6 g de
rduire la rabsorption tubulaire de sodium et dajuster son sodium sont excrts quotidiennement. En condition normale,
excrtion urinaire au niveau de ses apports. Le bilan du sodium la quantit de sodium excrte est gale la quantit ingre,
se retrouve donc quilibr, mais de faon retarde et au prix ce qui permet le maintien dune balance sode nulle et la
dune expansion modre du volume extracellulaire. Cette constance du volume des compartiments extracellulaires.
expansion du volume extracellulaire est susceptible dentraner Le sodium est rabsorb travers la paroi pithliale unistra-
une augmentation du retour veineux vers loreillette droite, une tifie des nphrons par un processus primairement transcellu-
augmentation du dbit cardiaque et donc de la pression art- laire ncessitant le franchissement successif des membranes
rielle systmique. Laugmentation de la production de peptides apicale et basolatrale. Ce processus est nergis par la sodium
natriurtiques, en rponse laugmentation de la pression de potassium adnosine triphosphatase (Na-K-ATPase) basolatrale
remplissage cardiaque, induit, en plus dune action natriurti- qui pompe le sodium intracellulaire vers le compartiment
que, une vasodilatation artriolaire qui compense leffet de interstitiel au prix de lhydrolyse dATP. Globalement, plus de
llvation du dbit sur la pression artrielle. 3 kg dATP sont hydrolyss quotidiennement pour nergiser la
linverse, une rduction de lingestion de sodium provoque rabsorption rnale de sodium. La sortie active de sodium
une diminution adapte de lexcrtion urinaire de sodium aprs gnre un gradient lectrochimique, favorable son entre
une phase intermdiaire de dsquilibre. Durant cette phase, la passive, qui est prfrentiellement dissip travers la membrane
contraction des volumes extracellulaires active des systmes apicale qui contient des transporteurs ou des canaux spcifiques
favorisant la rabsorption du sodium, essentiellement le systme du sodium. Il en rsulte une rabsorption nette transpithliale
rnine-angiotensine-aldostrone et le systme sympathique. de sodium (Fig. 3A). Cette rabsorption transcellulaire de
Leur mise en jeu est la consquence dune diminution de sodium gnre une diffrence de potentiel transpithliale
lactivit des volorcepteurs auriculaires, des barorcepteurs permettant le transport intercellulaire de sodium (dont le sens
artriels et ventuellement de la baisse de la pression de et lintensit dpendent respectivement de la polarisation
perfusion rnale. Leur action vasoconstrictrice, synergique de lectrique de lpithlium et de la permabilit ionique des
leur effet sur le tubule rnal, permet le maintien de la pression jonctions intercellulaires).
artrielle malgr la baisse de la volmie. Notons ce propos Ce mcanisme gnral de rabsorption du sodium se retrouve
que, plus que la volmie totale, ces systmes neuroendocrines tout le long des nphrons, mais chacun de leurs segments
contrlent la volmie centrale, appele encore volume sanguin successifs est dot de systmes spcifiques de permation apicale
artriel efficace, une grandeur virtuelle qui est la rsultante du du sodium : principalement lchangeur Na+/H+ (NHE3) dans le
dbit cardiaque et des rsistances artrielles. tubule proximal, le cotransporteur Na + -K + -2Cl (NKCC2)
4 Nphrologie
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sensible au furosmide dans lanse large ascendante de Henle, le Rtention de sodium au cours du syndrome
cotransporteur Na+-Cl (NCC) sensible aux thiazidiques dans le
tubule contourn distal, et le canal pithlial sodium (ENaC)
nphrotique
sensible lamiloride dans le tubule connecteur et le canal Site et mcanisme cellulaire de la rtention rnale
collecteur (Fig. 3B). Les diffrents segments de nphron diffrent
de sodium
aussi par leur capacit de rabsorption du sodium : environ
60 % du sodium filtr sont rabsorbs par le tubule proximal, Notre comprhension des mcanismes de la rtention rnale
un quart par lanse large ascendante de Henle, et seulement de de sodium au cours du syndrome nphrotique a grandement
6 % 8 % par les segments terminaux (tubule contourn distal, bnfici de ltude de modles animaux, en particulier le
tubule connecteur et canal collecteur). Plus important, il faut syndrome nphrotique induit chez le rat par ladministration
noter que la rabsorption de sodium par les diffrents segments daminonucloside de puromycine (PAN), un agent anticanc-
du nphron remplit des fonctions physiologiques distinctes. reux qui induit aussi un syndrome nphrotique chez les
Dans le tubule proximal, la rabsorption de masse du sodium primates [8, 9] . Chez le rat, lexcrtion urinaire de sodium
est un phnomne obligatoire et peu rgul. Celle dans lanse augmente transitoirement au cours des 24 heures suivant
large ascendante de Henle est prcisment contrle par de linjection de PAN, avant de diminuer de faon biphasique : une
nombreux facteurs endocrines et paracrines en rapport avec le premire rduction denviron 20 % sopre entre le deuxime et
maintien du bilan de leau. La rabsorption de sodium dans la le quatrime jour, suivie par un effondrement de plus de 90 %
branche large ascendante de lanse de Henle engendre en effet qui atteint son maximum aprs 5 6 jours. La protinurie
la dilution de lurine (permettant lexcrtion deau en excs du apparat paralllement la deuxime phase de la rtention de
sel) et le gradient osmotique corticomdullaire, moteur de la sodium, et lascite et les dmes apparaissent aussi pendant
concentration des urines (permettant lexcrtion de sel en excs cette seconde phase associant protinurie et balance positive de
par rapport leau). sodium [10, 11].
Enfin, les segments terminaux du nphron, en particulier le Dans un modle de syndrome nphrotique induit de faon
tubule connecteur et le canal collecteur, sont la cible de la unilatrale par le PAN, des expriences de microponction in
rgulation fine du transport de sodium qui permet dajuster trs vivo ont montr que le site de rtention de sodium se situe en
exactement la quantit excrte au niveau des apports alimen- aval du tubule contourn distal [12]. Des expriences ultrieures
taires, et de maintenir la constance de la volmie (Fig. 3B). de microperfusion in vitro ont permis didentifier le canal
En rponse une diminution de lapport sod alimentaire et collecteur cortical comme le site principal de la rtention de
la contraction volmique qui en rsulte, la rabsorption de sodium dans un modle bilatral de syndrome nphrotique
sodium dans le tubule connecteur et le tubule collecteur est induit par le PAN [13] . De plus, les animaux ainsi que les
stimule, en particulier par laldostrone dont la scrtion est patients nphrotiques prsentent une rsistance laction des
augmente dans ces conditions. Laldostrone agit sur ses peptides natriurtiques auriculaires [14, 15] . Cette rsistance,
cellules cibles via un rcepteur cytoplasmique qui, une fois quil originaire de la portion du tubule collecteur situe dans la
a li lhormone, migre dans le noyau o il agit comme un mdullaire interne (IMCD), empche toute compensation de la
facteur de transcription. Il en rsulte une augmentation de rtention de sodium originaire des segments situs en amont
lactivit des voies dentre apicale du sodium (NCC et surtout par une scrtion accrue dans les segments terminaux du
ENaC) ainsi que de la Na-K-ATPase par des mcanismes dabord nphron.
post-transcriptionnels (adressage de rserves intracellulaires de Lanalyse fonctionnelle de tubules collecteurs corticaux
ces protines vers la membrane apicale ou basolatrale) puis prlevs au pic de la rtention sode chez des rats prsentant un
transcriptionnels. syndrome nphrotique induit par le PAN a montr une aug-
En rponse un apport sod lev et lhypervolmie mentation de lactivit de lENaC et de la Na-K-ATPase, respec-
conscutive, on observe dune part une inhibition de la rab- tivement aux ples apical et basolatral des cellules
sorption de sodium dans le tubule connecteur et le canal principales [16, 17]. Lactivation de lENaC est principalement due
collecteur cortical, en partie due linhibition de la scrtion ladressage vers la membrane apicale de canaux prexistant
daldostrone, et dautre part une scrtion de sodium dans la dans la cellule. Cette activation est associe au clivage partiel
partie terminale du canal collecteur induite par les peptides dune de ses trois sous-units (sous-unit c) [16, 17]. La stimula-
natriurtiques librs par les oreillettes cardiaques en rponse tion de la Na-K-ATPase rsulte primairement de linduction
laugmentation de la pression de remplissage cardiaque. transcriptionnelle des acides ribonucliques messagers codant
ses deux sous-units et de leur nosynthse [17]. Ces effets sur
lENaC et la Na, K-ATPase concourent augmenter considra-
blement la rabsorption de sodium.
dmes secondaires
Rle de laldostrone dans la rtention
un syndrome nphrotique de sodium ?
Le syndrome nphrotique est dfini par une excrtion urinaire Il est classiquement admis que la rtention de sodium au
anormalement leve de protines plasmatiques (> 50 mg/kg/j cours des protinuries massives rpond la thorie dite de
chez ladulte) et une hypoalbuminmie (< 30 g/l). Ces signes lunderfill selon laquelle elle serait secondaire la stimulation du
biologiques sont secondaires des altrations de la barrire systme rnine-angiotensine-aldostrone selon la cascade
dultrafiltration glomrulaire. Les syndromes nphrotiques sont dvnements suivante : la diminution de la pression oncotique
soit des maladies primaires sans modifications structurales des plasmatique lie lhypoalbuminurie dsquilibrerait les forces
glomrules visibles en microscopie optique (maladies lsions mises en jeu dans la loi de Starling et induirait une fuite de
glomrulaires minimes), soit des complications de pathologies liquide vers linterstitium et une hypovolmie. Celle-ci stimule-
inflammatoires avec des dpts glomrulaires. Les formes rait le systme rnine-angiotensine-aldostrone, induisant son
primaires de syndrome nphrotique rsultent soit daltrations tour une rtention rnale de sodium. Le mcanisme cellulaire de
gntiques de protines impliques dans la filtration glomru- la rtention de sodium identifi dans le syndrome nphrotique
laire, soit de la prsence dun facteur plasmatique de permabi- induit par le PAN est compatible avec cette hypothse. Cepen-
lit glomrulaire dorigine immunitaire (syndrome nphrotique dant, de nombreux faits cliniques et rsultats exprimentaux
idiopathique). Quelle quen soit ltiologie, le syndrome nphro- linvalident :
tique est toujours associ une rtention rnale de sodium lors des phases de rmission de syndrome nphrotique
conduisant la constitution ddmes et/ou dpanchement des idiopathique corticosensible de lenfant, lexcrtion urinaire
sreuses (ascite, hydrocle). Ceux-ci prennent parfois des de sodium augmente ds que la protinurie dcrot, bien
proportions considrables, jusqu 30 % du poids du corps, et avant le rtablissement dune albuminmie normale [18] ;
sont lorigine dune gne fonctionnelle en raison de locclusion linjection dalbumine est peu efficace pour induire une
force des paupires et de difficults locomotrices. natriurse chez les patients nphrotiques [19-24] ;
Nphrologie 5
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les rats et les malades analbuminmiques ne dveloppent pas couplage, mais par un catabolisme accru du guanosine mono-
ddme malgr une pression oncotique plasmatique phosphate cyclique, le deuxime messager de lANP, li
rduite [3, 4] ; lactivation de phosphodiestrases intracellulaires [45] . Ce
en absence daldostrone ou avec une aldostronmie artifi- mcanisme est commun dautres modles non protinuriques
ciellement maintenue normale, les rats dveloppent une de rtention rnale de sodium comme la cirrhose hpatique et
rtention de sodium et une ascite en rponse ladministra- linsuffisance cardiaque haut dbit [46, 47].
tion de PAN [17, 25] ;
des antagonistes du rcepteur minralocorticode et des Altration de la filtration capillaire
inhibiteurs de lenzyme de conversion de langiotensine sont dans le syndrome nphrotique
inefficaces pour induire la natriurse chez les malades
nphrotiques [26, 27] ; Le dbit transcapillaire de fluide est doubl chez les malades
le volume sanguin et la pression oncotique ne sont pas nphrotiques [48], indiquant quau moins un des paramtres de
corrls chez les malades nphrotiques [28] ; la loi de Starling est altr au cours de la maladie.
la volmie est normale ou leve chez la plupart des indivi-
dus dans plusieurs modles animaux de syndrome nphroti- Gradient de pression oncotique
que et chez des patients nphrotiques avec une charge La diminution du gradient de pression oncotique travers
ddme [29, 30]. lendothlium capillaire est gnralement considr comme
Lensemble de ces donnes indique dune part que la rten- lagent causal de lhyperfiltration capillaire chez les sujets
tion de sodium est un phnomne primaire, et dautre part nphrotiques. Cependant, labsence ddme et dascite chez les
quelle est indpendante de laldostrone. rats et les patients analbuminmiques a remis en cause limpli-
cation de ce paramtre dans la gense des dmes au cours du
Autres facteurs responsables de la rtention syndrome nphrotique [3, 4]. Comme attendu (cf. supra), la
de sodium ? pression oncotique interstitielle baisse paralllement la
pression oncotique vasculaire au cours du syndrome nphroti-
Dautres facteurs endocrines ou paracrines sont susceptibles que. Ainsi, le gradient oncotique transcapillaire nest que
de stimuler la rabsorption de sodium dans le canal collecteur, faiblement influenc par la rduction de moiti de la pression
et leur implication dans le syndrome nphrotique a t propo- oncotique plasmatique lors des pousses de protinurie [49]. Par
se. Parmi ces facteurs, la vasopressine, ou hormone antidiur- ailleurs, ladministration dagents natriurtiques permet la
tique (ADH), est le plus important. Outre ses effets bien connus rsolution de quantits importantes ddme en prsence de
sur la rabsorption deau dans le canal collecteur, lADH, via pressions oncotiques infrieures 10 mmHg et sans modifica-
lactivation de ses rcepteurs de type V2 coupls ladnylyl tion du gradient oncotique transcapillaire [49]. De mme, par
cyclase, augmente la rabsorption de sodium de faon synergi- ultrafiltration extracorporelle, il est possible de rduire de 20 %
que avec laldostrone [31]. LADH augmente lactivit de la le volume interstitiel de patients nphrotiques ayant une faible
Na-K-ATPase du canal collecteur dabord en induisant ladres- pression oncotique plasmatique, sans que soit modifi significa-
sage la membrane basolatrale dune rserve fonctionnelle tivement leur gradient oncotique transcapillaire pendant
intracellulaire de pompes [32] puis, lorsque la stimulation est lultrafiltration [50]. La soustraction des dmes interstitiels
prolonge, en induisant la transcription et la nosynthse de ses noppose donc pas de rsistance lorsque la rgulation rnale du
deux sous-units. Le niveau plasmatique dADH est lev chez sodium est artificiellement modifie par des agents natriurti-
les enfants atteints de syndrome nphrotique idiopathique en ques ou est court-circuite par une filtration extracorporelle.
pousse de protinurie [33] . Dans le modle de syndrome En conclusion, labaissement de la pression oncotique
nphrotique induit par le PAN, le taux des transcrits hypophy- plasmatique dans les modles animaux comme dans les mala-
saires de prhormone et le niveau plasmatique dADH sont dies humaines ne dsquilibre pas le gradient oncotique
anormalement levs alors que la volmie est normale ou transcapillaire, et napparat ni comme un facteur dterminant
leve [34] . Cependant, ladministration de PAN des rats dans la formation et le maintien des dmes, ni comme un
Brattleboro, une souche qui ne scrte pas dADH, induit une facteur de rsistance leur soustraction.
diminution de lexcrtion urinaire de sodium, une ascite et une
stimulation de la Na-K-ATPase du canal collecteur comparables Gradient de pression hydrostatique
celles observes chez la souche tmoin [10]. En fait, les rats
ayant un syndrome nphrotique induit par le PAN prsentent La pression hydrostatique intracapillaire nest pas modifie
mme une rsistance leffet antinatriurtique de lADH chez les malades nphrotiques [48]. Les tissus mous ayant une
puisque, contrairement aux rats normaux, la rserve fonction- trs grande compliance au-del de 0 mmHg, la pression inters-
nelle de Na-K-ATPase de leurs tubules collecteurs nest pas titielle ny augmente que de quelques millimtres de mercure
mobilisable par lADH [35]. lors de leur expansion [51]. Chez les malades nphrotiques, les
pressions interstitielles des secteurs dmatis et normaux ne
Limplication de tous les autres facteurs actuellement connus
diffrent quau plus de 4 mmHg [52]. Ces donnes indiquent que
pour activer la rabsorption de sodium dans le tubule collecteur,
le gradient de pression hydrostatique nest pas non plus un
savoir langiotensine 2 [36], le tumor necrosis factor (TNF) a [37,
38] , linsulin-like growth factor 1 [39, 40] et des agonistes du facteur dterminant de la formation des dmes nphrotiques.
peroxisome proliferator-activated receptor (PPAR) c [41, 42], a aussi t Conductivit hydraulique
exclue chez le rat ayant un syndrome nphrotique induit par le
PAN sur la base de labsence deffet dantagonistes de leurs La conductivit hydraulique de lendothlium est augmente
rcepteurs sur la rtention de sodium [43]. au cours du syndrome nphrotique [48]. Les raisons de cette
Le fait que dans le modle de syndrome nphrotique unila- augmentation ne sont que partiellement connues. Le TNFa,
tral induit par le PAN seul le rein protinurique retienne le dont le taux circulant est lev dans les syndromes nphroti-
sodium [12] indique que la rtention de sodium nest pas induite ques dpts et lsions glomrulaires minimes [53], augmente
par un facteur circulant dans le sang. Elle est probablement la permabilit vasculaire par lintermdiaire dune activation de
induite par un facteur anormalement prsent dans le rein la protine kinase C (PKC) [54], et probablement par phospho-
protinurique. Une hypothse actuellement mise en avant rylation de loccludine. Lhypoalbuminmie per se augmente
implique la prsence dans le compartiment intratubulaire dune aussi la conductivit hydraulique capillaire via lactivation dune
protine activatrice de la rabsorption de sodium par suite de sa voie de signalisation calcique [55], et donc possiblement aussi via
filtration anormale dans les reins nphrotiques [44]. lactivation dune PKC.
La rsistance des patients et des animaux nphrotiques vis--
vis des peptides natriurtiques ne sexplique ni par une modifi- Coeffcient de rflexion des macromolcules
cation de laffinit ou de lexpression du rcepteur du peptide Lextravasation dalbumine vers le secteur interstitiel est
atrial natriurtique (ANP) dans lIMCD, ni par un dfaut de anormalement leve dans tous les syndromes nphrotiques,
6 Nphrologie
dmes gnraliss dorigine rnale 18-026-C-20
quelle que soit leur cause [56]. De mme, la rtention capillaire augmentation transitoire de la volmie et inhibant la rabsorp-
de billes de polyvidone est altre dans le pritoine des rats tion de sodium. Cependant, cet effet transitoire (cf. supra) est
ayant un syndrome nphrotique induit par le PAN [57]. Ces insuffisant pour rsorber les dmes. Ajoutons que la perfusion
rsultats suggrent lexistence dune perturbation du coefficient dalbumine est potentiellement dangereuse chez les patients
de rflexion capillaire des macromolcules systmatiquement dont la volmie est spontanment leve, et des cas ddme
associe ltat nphrotique. aigu pulmonaire et dinsuffisance cardiaque aigu aboutissant
Le syndrome nphrotique idiopathique lsions glomrulai- parfois au dcs ont t rapports dans la littrature [60].
res minimes a pour origine un dsordre immunitaire : certains
lymphocytes de ces patients scrtent un facteur non identifi Diurtiques
qui augmenterait la permabilit aux macromolcules de la Dans le syndrome nphrotique induit par le PAN chez le rat,
barrire de filtration glomrulaire. En culture, les lymphocytes linhibition de la rabsorption de sodium par lamiloride dans
T de ces malades scrtent aussi un facteur qui augmente la le canal collecteur, le site de la rtention de sodium, est
permabilit capillaire vis--vis du bleu Evans chez des hamsters suffisante pour prvenir le dveloppement ddmes [13] .
non nphrotiques [58]. Le facteur circulant du syndrome nph- Cependant, la rabsorption de sodium dans le canal collecteur
rotique idiopathique aggrave donc laltration de permabilit est quantitativement trop modeste pour que son inhibition,
de lendothlium capillaire aux protines trouve dans les autres mme totale, permette lexcrtion rapide de la grande surcharge
formes de syndrome nphrotique. sode accumule dans des dmes gnraliss. cette fin, il
faut utiliser des agents natriurtiques agissant des sites o la
rabsorption de sodium est plus intense, comme la branche
large ascendante de lanse de Henle. Cependant, les patients
Point fort nphrotiques prsentent une rsistance leffet natriurtique du
furosmide [61]. Cette rsistance nest pas propre la mobilisa-
tion des dmes (cf. supra), mais bien lie une limitation de
Contrairement lide couramment admise, leffet natriurtique du produit [62]. Elle nest pas non plus
laugmentation du dbit de filtration capillaire au cours du secondaire une rsistance de la branche large de lanse de
syndrome nphrotique ne rsulte donc pas de la Henle puisque la sensibilit au furosmide de ce segment de
diminution de la pression oncotique plasmatique mais de nphron in vitro est normale chez les rats nphrotiques [13].
dysrgulations de la conductivit hydraulique de la paroi Plusieurs hypothses pharmacocintiques ont t avances,
capillaire et de son coefficient de rflexion des mais aucune na reu de confirmation :
la vitesse dlimination du produit nest pas significativement
macromolcules par des mcanismes pas encore
modifie et labsorption digestive est accrue chez les enfants
totalement lucids.
nphrotiques [63] ;
la biodisponibilit du produit nest pas altre par sa liaison
lalbumine dans le fluide intratubulaire, puisque lutilisation
dinhibiteur de cette liaison a donn des rsultats contradic-
Implications thrapeutiques toires mais ne semble finalement pas amliorer significative-
Le dveloppement ddmes au cours du syndrome nphro- ment le dbit urinaire de sodium [64, 65] ;
tique rsulte donc de la conjonction dune rtention anormale elle nest pas altre non plus par lhypoalbuminmie puisque
de sodium et dune augmentation de la filtration nette travers la perfusion conjointe dalbumine et de furosmide ne
lendothlium capillaire. Le traitement de lun ou lautre de ces potentialise pas leffet natriurtique du furosmide [19, 20, 22,
23].
dysfonctionnements est thoriquement suffisant pour empcher
le dveloppement des dmes. Cependant, le traitement de Des hypothses fonctionnelles ont aussi t proposes, en
laltration capillaire en absence de blocage de la rtention de particulier lexistence dune compensation de linhibition de la
sodium conduirait un tat dhypervolmie et dhypertension rabsorption de sodium dans lanse de Henle par une rabsorp-
artrielle. Les traitements actuels ciblent donc tous le dfaut de tion accrue dans les segments situs en aval sous linfluence de
la balance sode. Vis--vis de ces traitements, il convient de lhyperaldostronmie (toujours la thorie de lunderfill).
distinguer les traitements prventifs, utiles en cas de protinurie Plusieurs essais avec des antagonistes du rcepteur minralocor-
chronique, dans lesquels il suffit dinhiber le processus de ticode ont t rapports [27, 66, 67]. Comme attendu, la spirono-
rtention de sodium, des traitements curatifs o il faut en plus lactone a un effet natriurtique faible mais significatif chez les
permettre lexcrtion de lexcs hydrosod accumul dans les malades nphrotiques hypovolmiques dont le systme rnine-
dmes. aldostrone est activ [27], mais pas chez les malades dont le
taux circulant daldostrone est normal ou bas, les plus
Rgime hyposod nombreux.
Plus judicieusement, des traitements associant le furosmide
La rduction de la quantit de sodium alimentaire, gnrale-
et un inhibiteur direct de protines de transport de sodium dans
ment fixe 0,5 mmol/kg/j, permet dempcher laccumulation
les segments en aval de lanse de Henle ont t proposs. Les
de sodium dans lespace extracellulaire. Cela reste le meilleur
diurtiques thiazidiques, qui inhibent le cotransport Na-Cl dans
traitement prventif des dmes en cas de protinurie
le tubule contourn distal, potentialisent leffet du furosmide
chronique.
sur le dbit urinaire de sodium [68, 69] et rduisent les d-
mes [69]. Jusqu rcemment, lamiloride avait t tudi pour
Perfusion dalbumine
son effet dpargne potassique [70], mais les tudes portant sur la
Sur la base de la thorie de lunderfill, selon laquelle la natriurse taient fragmentaires [71, 72]. Dans une tude rcente
rtention de sodium serait secondaire une hypovolmie elle- portant sur 13 patients nphrotiques, lassociation furosmide-
mme secondaire lhypoalbuminmie, il a t propos de amiloride a induit une forte natriurse, une ngativation de la
traiter les dmes nphrotiques par perfusion dalbumine. balance sode et la rsorption progressive et complte des
Lanalyse des rsultats de quatre tudes [19-21, 24] indique que la dmes, sans complication, chez 12 malades sur 13 [59].
perfusion dalbumine induit une augmentation du dbit uri- Ces rsultats avec les thiazidiques et lamiloride suggrent que
naire de sodium dun facteur trois cinq [59]. Cependant, cette la rsistance rnale au furosmide est lie la compensation de
augmentation est insuffisante pour ngativer la balance sode et son effet dans lanse de Henle par lintense rabsorption de
induire une perte significative du poids. Leffet observ sur sodium en aval, et dmontrent lefficacit des associations entre
lexcrtion de sodium sexplique probablement par le fait que un diurtique de lanse et un natriurtique du tube distal pour
pendant les priodes transitoires de variation de la pression le traitement des dmes nphrotiques.
oncotique plasmatique le gradient de pression oncotique Dans le canal collecteur, la rabsorption de sodium est
transcapillaire est effectivement augment, induisant une fonctionnellement couple une scrtion de potassium. En
Nphrologie 7
18-026-C-20 dmes gnraliss dorigine rnale
effet, lentre apicale de sodium via lENaC dpolarise la peu invalidants, et quil est plus important de traiter lhyper-
membrane apicale, favorisant ainsi la sortie de potassium via le tension, voire ldme pulmonaire. Nanmoins, puisque la
canal apical ROMK (Fig. 3B). Ce couplage rend compte du rtention rnale de sodium est la cause primaire de lhyperten-
potentiel effet hyperkalimiant indsirable de lamiloride. De sion chez les patients nphritiques, son traitement permet aussi
faon encore inexplique, la rabsorption massive de sodium la rsorption des dmes.
dans le canal collecteur des animaux nphrotiques nest pas Comme dans le syndrome nphrotique, la restriction sode
associe une augmentation de la scrtion de potassium, et ces aide la prvention des dmes et peut induire une perte de
animaux, tout comme les patients nphrotiques, ne prsentent poids lie leur rsorption. Les fortes doses de furosmide ont
pas de signes dhypokalimie. Cette particularit renforce un effet diurtique apprciable dans les formes oligoanuriques,
lintrt du traitement des dmes nphrotiques avec lamilo- et induisent une augmentation nette de lexcrtion de sodium
ride puisquelle prvient leffet secondaire majeur de cet agent. et une rduction de la pression artrielle [77-79] . De faon
intressante quoiquinexplique, ces patients ne prsentent pas
dmes secondaires de stimulation du systme rnine-angiotensine-aldostrone en
rponse aux diurtiques de lanse [77].
au syndrome nphritique Lefficacit de bithrapies associant un diurtique de lanse
avec un natriurtique distal (thiazidique ou amiloride) na pas
Le syndrome nphritique est caractris par une protinurie t value, mais ces traitements devraient apporter un avantage
moindre que dans les syndromes nphrotiques, une hmaturie thrapeutique certain compte tenu de lorigine distale de la
massive, une hypertension artrielle et des dmes gnraliss rtention de sodium.
mais de moindre ampleur que les dmes nphrotiques.
Physiopathologie Conclusion
Les dmes nphritiques rpondent au modle de loverflow
dans lequel la rtention rnale de sodium est le phnomne Lapparition ddmes au cours des syndromes nphrotique
primaire induisant lexpansion volmique [73]. Contrairement au et nphritique rsulte de la conjonction dune rtention rnale
syndrome nphrotique o ldme interstitiel est prdominant, de sodium et danomalies des proprits de filtration de
cette expansion volmique affecte aussi le secteur vasculaire, ce lendothlium capillaire responsables dun dsquilibre de
qui est cliniquement apparent par lassociation des dmes distribution du liquide extracellulaire en faveur du comparti-
systmiques une hypertension artrielle, une insuffisance ment interstitiel par rapport au compartiment plasmatique.
ventriculaire gauche pouvant conduire un dme pulmonaire Lintensit de ces anomalies de lendothlium capillaire va
aigu. dterminer la nature des symptmes : dmes purs dans le
Laugmentation de lextravasion capillaire vers linterstitium, syndrome nphrotique quand lanomalie est suffisamment forte
responsable de la formation des dmes, serait due une pour que lintgralit de lexpansion volmique se fasse au
augmentation de la pression hydrostatique secondaire laug- profit du compartiment interstitiel, association dmes-
mentation de la pression veineuse. Cependant, des altrations hypertension dans le syndrome nphritique lorsquune moindre
des autres paramtres de la loi de Starling nont pas t recher- anomalie permet lexpansion des deux sous-compartiments
ches spcifiquement. Lexpansion du volume vasculaire aboutit extracellulaires. La diminution de la pression oncotique plasma-
quant elle linhibition du systme rnine-angiotensine- tique na pas de rle majeur dans lanomalie de filtration
aldostrone et du tonus sympathique. Lhypoaldostronisme des capillaire, mais ce sont plutt les paramtres intrinsques de la
patients peut induire une hyperkalimie [74], ce qui distingue barrire endothliale qui sont altrs (conductance hydraulique
aussi les syndromes nphritique et nphrotique. et coefficient de rflexion des protines). Linjection dalbumine
Le mcanisme de la rtention rnale de sodium nest pas aux patients ne peut donc pas durablement rtablir lquilibre
totalement lucid. La diminution de la filtration glomrulaire de distribution de leau entre les compartiments interstitiel et
rduit la quantit filtre de sodium. Des expriences de micro- plasmatique. Elle peut mme savrer dangereuse chez les
ponction dans un modle de glomrulonphrite exprimentale patients prsentant une hypervolmie.
induite chez le chien par injection danticorps antimembrane Dans ces deux pathologies, la rtention rnale de sodium est
basale ont montr que la diminution de filtration glomrulaire ne originaire des segments distaux du nphron, le canal collecteur
modifie pas la rabsorption fractionnelle de sodium dans les cortical et le tubule connecteur. Bien quil sagisse des cibles
segments proximaux du nphron, dmontrant lintgrit du cellulaires de laction antinatriurtique de laldostrone, la
rtrocontrle glomrulotubulaire. En revanche, laugmentation de rtention de sodium est indpendante du systme rnine-
la rabsorption fractionnelle de sodium au-del du tubule angiotensine-aldostrone. Cest une rtention primaire, rpon-
contourn distal rend compte de la diminution des excrtions dant au mcanisme de loverflow, qui est induite par un facteur
fractionnelle et totale de sodium [75]. Dans un modle de glom- non encore identifi, mais ne circulant probablement pas dans
rulonphrite induite par ladministration danticorps anti- le plasma. Il pourrait sagir dune protine anormalement
Thy1 chez le rat, la baisse de filtration glomrulaire est associe prsente dans le fluide intratubulaire de ces patients, secondai-
une diminution de lexpression des transporteurs apicaux du rement laltration de la barrire de filtration glomrulaire.
sodium dans le tubule proximal, et une activation et une Tant que le facteur inducteur de la rtention de sodium ne
surexpression dENaC dans le tubule collecteur [76], suggrant une sera pas identifi, le canal sodium du tubule collecteur restera
implication majeure du tubule collecteur dans la rtention de la cible thrapeutique de choix pour prvenir les dmes. Leur
sodium. Comme dans le syndrome nphrotique, laugmentation rsorption ncessite dassocier un diurtique de lanse capable
de la rabsorption de sodium dans le tubule collecteur est dinduire une natriurse intense et lamiloride pour inhiber la
indpendante du systme rnine-angiotensine-aldostrone qui est rabsorption de la surcharge de sodium arrivant au niveau du
rprim au cours des glomrulonphrites aigus. Certains auteurs canal collecteur.
ont l aussi suggr limplication de protases anormalement .
8 Nphrologie
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G. Deschnes.
Service de nphrologie pdiatrique, Hpital Robert Debr, Assistance publique-Hpitaux de Paris, 48, boulevard Srurier, 75935 Paris cedex 19, France.
Laboratoire de physiologie, physiopathologie et gnomique rnales, UMRS 872 & ERL 7226, Centre de recherche des Cordeliers, 15, rue de lcole de
mdecine, 75270 Paris cedex 6, France.
A. Doucet ([email protected]).
Laboratoire de physiologie, physiopathologie et gnomique rnales, UMRS 872 & ERL 7226, Centre de recherche des Cordeliers, 15, rue de lcole de
mdecine, 75270 Paris cedex 6, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Deschnes G., Doucet A. dmes gnraliss dorigine rnale. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Nphrologie, 18-026-C-20, 2010.
10 Nphrologie
5-0530
5-0530
nphropathies hrditaires
JP Grnfeld, D Joly
L a polykystose rnale autosomique dominante sobserve environ chez un individu sur 1 000. Cest une des plus
frquentes maladies hrditaires humaines : environ 60 000 personnes sont atteintes en France et 60 000
personnes supplmentaires non atteintes appartiennent aux familles touches.
Elsevier, Paris.
dans une maladie lie lX : les femmes vectrices plusieurs milliers de kystes et peser plusieurs
Quelques points de repre sur htrozygotes ont souvent peu ou pas de kilogrammes au terme de lvolution, alors quun rein
les maladies hrditaires rnales
symptmes ; normal ne pse que 150 200 g (tableau I).
dans une maladie autosomique rcessive : les
deux parents sont htrozygotes mais souvent Gntique
La prvalence des maladies rnales gntiques est
bien plus leve chez ladulte que chez lenfant (cela asymptomatiques. Les sujets atteints homozygotes Cette varit de polykystose rnale se transmet
est vrai galement pour toutes les maladies gntiques sont rechercher dans la mme gnration mais tout selon le mode autosomique dominant. La maladie est
humaines, comme le diabte non insulinodpendant dpend du nombre de frres, de surs ou de gntiquement htrogne. En effet, elle est due des
qui a un important dterminisme gntique, les germains exposs au risque ; mutations qui peuvent toucher lun des trois locus ou
maladies de Huntington et dAlzheimer, les amyloses en cas de nomutation qui sest cre chez le gnes suivants :
familiales, etc). Les premires manifestations propositus pour la premire fois dans la famille ; bien le gne PKD1, localis au chromosome 16 ;
apparaissent lge adulte dans la grande majorit entendu, cette mutation sera transmissible la le gne PKD2, localis au chromosome 4 ;
des cas [4, 7]. descendance. un troisime locus jusqu prsent non localis.
Les maladies hrditaires rnales les plus graves Le gne PKD1 est contigu lun des gnes
impliqus dans la sclrose tubreuse de Bourneville, le
(mais aussi les plus rares) sobservent chez lenfant : la
plus frquente, la nphronophtise, a une prvalence Maladies kystiques rnales gne TSC2. La protine code par PKD1 est
denviron un sur 40 000 sujets. Certes les hrditaires dnomme polycystine. Elle a la structure dune
nphropathies hrditaires reprsentent 30 % des molcule dadhrence mais sa fonction prcise reste
causes dinsuffisance rnale terminale (IRT) chez inconnue. La structure de la protine PKD2 ressemble
lenfant alors quelles ne reprsentent que 10 % des Polykystose rnale autosomique celle dun canal ionique. Les protines PKD1 et PKD2
causes dIRT chez ladulte ; mais lincidence annuelle dominante [4, 7] interagissent probablement.
de lIRT en France (nombre de nouveaux cas par an et La polykystose rnale autosomique dominante
par million dhabitants) est de 100 chez ladulte contre Manifestations rnales
(PKRAD) est caractrise par le dveloppement de
cinq chez lenfant. Beaucoup de maladies rnales multiples kystes en rapport initialement avec divers La maladie rnale peut rester longtemps
hrditaires ne progressent pas vers lIRT. segments tubulaires, puis secondairement exclus de asymptomatique et ntre dcouverte qu lexamen
Dans une famille donne, une maladie hrditaire toute connexion avec les nphrons. Les kystes sont clinique (gros reins bossels, parfois asymtriques) ou
peut ne toucher quun seul membre : lenqute habituellement non visibles la naissance (mais dans lors dune chographie. Des douleurs plus ou moins
familiale est alors ngative. Cest le cas dans trois quelques cas ils peuvent tre dtects chez le ftus) vives sont signales par la plupart des malades un
circonstances principales (concernant les maladies ou se limitent des dilatations tubulaires. Ils moment ou un autre de lvolution. Une colique
rnales) : progressent par la suite, et les reins peuvent contenir nphrtique fait voquer une lithiase urinaire (urique
PKRAD : polykystose rnale autosomique dominante ; PKRAR : polykystose rnale autosomique rcessive ; AD : autosomique dominant ; AR : autosomique rcessif.
1
5-0530 - Polykystose rnale et autres nphropathies hrditaires
dans 50 % des cas), qui se dveloppe chez 20 % des alors soit une translocation, soit une dltion touchant anvrismes sont assez souvent multiples et
malades, mais la douleur peut galement tre due les deux gnes contigus). Enfin, la restriction plusieurs anvrismes peuvent se dvelopper
un saignement intrakystique ou la migration dun alimentaire en protides ou lemploi dinhibiteurs de successivement. Lanalyse dcisionnelle a conclu
caillot. Des hmaturies macroscopiques sont lenzyme de conversion nexercent aucun effet que le dpistage systmatique ntait pas indiqu
observes chez la moiti des patients. spcifique sur la progression de la maladie rnale, mais les techniques de dtection et de traitement
Les infections du haut appareil urinaire survien- loppos de ce quon peut observer dans les maladies (par neurochirurgie ou radiologie intervention-
nent chez 20 % des malades, plus souvent chez la glomrulaires chroniques, diabtiques ou non. nelle) voluent continuellement.
femme. Le traitement est celui dune pylonphrite On recommande aujourdhui de limiter la
aigu : on utilise en premire ligne une cphalosporine Manifestations extrarnales recherche aux malades qui ont un antcdent
de troisime gnration, une fluoroquinolone ou du Kystes hpatiques personnel ou familial danvrisme intracrnien,
trimthoprime-sulfamthoxazole. Lemploi des Ils reprsentent la lsion extrarnale la plus rompu ou non (le risque est 2,5 3 fois plus lev
aminosides, pendant une brve priode, sera limit au frquente. Ils se dveloppent progressivement, plus dans certaines familles de polykystose o
maximum, cause de leur toxicit rnale. La dure du tard que les kystes rnaux, et touchent environ 70 % plusieurs membres ont dvelopp un anvrisme
traitement est de 10 20 jours. Lorsque le liquide des malades de plus de 60-70 ans. IIs sont plus crbral). Chez les sujets asymptomatiques, le
kystique lui-mme est infect, lexamen cytobactriolo- frquents, plus prcoces et plus volumineux chez la dpistage des anvrismes crbraux dont le
gique de lurine peut se rvler initialement ngatif. Par femme que chez lhomme [1]. diamtre est suprieur ou gal 5 mm est
ailleurs, lefficacit du traitement est plus mdiocre. En Les kystes hpatiques sont habituellement possible grce lIRM-angiographie ou la
effet, la pntration intrakystique de la plupart des asymptomatiques. Linfection est rare, survenant scanographie crbrale spirale. La dcision
antibiotiques est lente. Deux exceptions : les habituellement chez des malades dialyss ou thrapeutique dpend ensuite du sige, de la
fluoroquinolones et le trimthoprime. transplants rnaux. Latteinte massive du foie par de taille, du nombre et de la progression des
Lhypertension artrielle est une complication trs nombreux kystes peut tre observe, notamment anvrismes. En cas dabstention thrapeutique
frquente et prcoce qui touche 50 % 80 % des chez la femme : la polykystose hpatique peut alors immdiate, il est recommand de renouveler
patients, selon que la fonction rnale est normale ou entraner une cholestase anictrique, une gne, des lexamen radiographique 6 12 mois plus tard.
altre. Llvation de la pression artrielle (sans douleurs, parfois une compression gastrique En cas de dpistage ngatif dans une famille
hypertension franche) peut tre observe ds entranant des troubles digestifs et nutritionnels. Le risque, il est recommand de refaire lexamen 5
lenfance ou ladolescence. Le contrle de traitement de la polykystose hpatique massive peut ans plus tard car la maladie est progressive. Ces
lhypertension artrielle est crucial, non pas tant pour tre difficile : la ponction est souvent insuffisante. La dernires recommandations nont pas t testes.
ralentir la progression de la maladie rnale, que pour fenestration des kystes par laparoscopie est difficile. La
prvenir les complications cardiovasculaires. Les rgles rsection hpatique partielle est parfois ncessaire. Diagnostic
dutilisation des mdicaments antihypertenseurs sont Dans des cas extrmes, une transplantation combine
Il repose sur :
celles communes toutes les nphropathies du foie et dun rein a pu tre ralise. Enfin, la
la nature hrditaire de la maladie, avec
chroniques, avec ou sans insuffisance rnale. La polykystose hpatique peut tre associe trs
transmission autosomique dominante (les
plupart des antihypertenseurs peuvent tre utiliss, rarement une hypertension portale : celle-ci est le
nomutations sont trs rares) ;
parfois doses rduites en cas dinsuffisance rnale plus souvent due des kystes hpatiques postrieurs
lchographie.
chronique [3]. comprimant les veines sus-hpatiques et la veine cave
infrieure, entranant un bloc suprahpatique. Le Lchographie met typiquement en vidence de
Linsuffisance rnale chronique touche 60 80 %
traitement chirurgical est indiqu dans ces derniers cas, multiples kystes rnaux bilatraux avec une
des patients. Celle-ci installe, le dbit de filtration
mais il est souvent difficile. Dans quelques cas trs augmentation plus ou moins marque du volume des
glomrulaire sabaisse en moyenne de 6 mL/min par
rares, une fibrose hpatique congnitale, lsion reins. Lun de ses deux parents tant porteur dune
an, et le stade terminal de linsuffisance rnale est
associe la polykystose rcessive, a t dcrite chez polykystose, un sujet de moins de 30 ans sera
atteint un ge moyen de 55 ans. Cinq pour cent des
des malades atteints de polykystose dominante. considr comme atteint en cas de dcouverte
malades progressent vers ce stade avant 40 ans, 20 %
chographique dau moins deux kystes rnaux, mme
environ aprs 65 ans. Il est aujourdhui bien tabli que Anvrismes des artres crbrales [4, 7] unilatraux. La spcificit est, dans cette circonstance,
20 40 % des malades atteints de polykystose La prvalence de ces anvrismes est plus leve de 100 %. La sensibilit de lchographie pour ce
nvolueront pas vers linsuffisance rnale terminale et dans la PKRAD (environ 8 %) que dans la population diagnostic crot avec lge (88,5 % entre 15 et 30 ans
dcderont, parfois un ge avanc, dune cause gnrale (environ 1,2 %). Deux problmes se posent et 100 % partir de 30 ans). Une chographie rnale
indpendante. Lanmie est moindre dans la PKRAD en pratique. normale 30 ans permet donc dcarter le diagnostic
que dans les autres nphropathies, probablement par Reconnatre laccident de rupture entranant une de polykystose lie au gne PKD1.
suite dune production drythropotine par les kystes hmorragie mninge ou crbromninge : cet
ou le tissu adjacent. En revanche, la spcificit de lchographie pour
accident survient en moyenne 40 ans (plus tt que faire le diagnostic dcrot avec lge. partir de 50 ans
La prdiction individuelle du pronostic rnal est dans la population gnrale, mais au mme ge
en particulier, la prsence dun ou plusieurs kystes
bien difficile chez un adulte dge moyen car moyen que dans les anvrismes intracrniens
rnaux solitaires est assez banale. Il faut alors exiger
lvolution est htrogne au sein dune mme famille familiaux) mais il peut se produire nimporte quel
des critres plus stricts pour accepter le diagnostic de
et dune famille lautre. Plus le volume rnal est ge, y compris avant 20 ans, quil existe ou non une
polykystose : hrdit dmontre, gros reins
important et plus le nombre de kystes est lev, plus le hypertension artrielle ou une insuffisance rnale. La
risque de progression est grand. Deux lments polykystiques avec kystes bilatraux, ventuellement
rupture dun anvrisme intracrnien impose une
principaux dterminent en pratique le pronostic : kystes hpatiques.
hospitalisation durgence, une scanographie crbrale
gnotype : la forme PKD2 est moins volutive On ne dispose pas encore dinformations
et un avis neurochirurgical. Cet accident reste trs
que la forme PKD1. La diffrence au stade terminal est chographiques aussi prcises dans la polykystose lie
grave car environ 40 % des malades meurent avant le
en moyenne de 15 ans ; au gne PKD2.
transfert en neurochirurgie, et parmi les survivants, 30
sexe : les hommes atteignent linsuffisance rnale 40 % gardent des squelles neurologiques. Cest
Traitement de linsuffisance rnale terminale
terminale 5 6 ans plus tt que les femmes. pourquoi, chez un malade atteint de PKRAD, il faut
Dautres lments pourraient ventuellement attacher la plus grande importance aux signes Ce traitement comporte la dialyse priodique et la
influencer ou non la progression de la maladie rnale. voquant une fissuration de lanvrisme, notamment transplantation rnale, comme dans les autres
Le polymorphisme du gne de lenzyme de des cphales trs vives, localises, persistantes et nphropathies. Les rsultats obtenus sont similaires.
conversion de langiotensine pourrait tre impliqu, inhabituelles, accompagnes de nauses et parfois Lhmodialyse priodique est la mthode de dialyse la
comme dans dautres nphropathies. On connat dune discrte raideur de la nuque. plus frquemment utilise. La dialyse pritonale nest
environ 100 cas dans le monde o la maladie rnale a Compte tenu de la gravit de laccident de pas indique si les reins et le foie polykystiques sont
t trs prcoce et volutive, conduisant rupture, faut-il dpister les anvrismes crbraux trs volumineux. La prparation la transplantation
linsuffisance rnale terminale dans les premires chez les patients asymptomatiques atteints de rnale peut comporter lablation pralable dun rein
annes de la vie. Ces cas peuvent rcidiver dans une PKRAD ? Il est difficile de rpondre cette polykystique si celui-ci est trs volumineux ou a t le
mme fratrie. Ils peuvent tre associs ou non une question car nous connaissons mal lhistoire sige dinfections ou dhmorragies rcentes et
sclrose tubreuse de Bourneville (le mcanisme est naturelle de ces anvrismes dans la PKRAD. Ces rcidivantes.
2
Polykystose rnale et autres nphropathies hrditaires - 5-0530
Polykystose rnale autosomique prdominante de la sclrose tubreuse est Les femmes htrozygotes ont des anomalies
rcessive (PKRAR) langiomyolipome, souvent multiple et bilatral. Dans urinaires souvent permanentes, parfois discrtes et
Cette maladie est en tous points diffrente de la une autre phacomatose, la maladie de von Hippel- intermittentes. La grande majorit (85 90 %) des
PKRAD : elle est trs rare (tableau I). Les kystes rnaux Lindau, 70 % des malades ont des kystes et/ou des vectrices ont une atteinte rnale non progressive mais
se dveloppent seulement partir des canaux carcinomes rnaux. Ces carcinomes cellules claires, 10 15 % dentre elles voluent vers linsuffisance
collecteurs. Une lsion hpatique (dnomme fibrose multifocaux et bilatraux, surviennent en moyenne rnale, plus tard que les hommes. Les femmes
hpatique congnitale ou fibroadnomatose biliaire) 45 ans, soit une deux dcennies avant le carcinome vectrices transmettent le gne mut 50 % de leur
est constamment associe. La maladie se rvle rnal sporadique. Le traitement de ces cancers repose descendance masculine ou fminine. Cest dire lintrt
parfois ds la naissance, accompagne dune sur la tumorectomie simple quand elle est possible ou clinique de leur identification dans une famille atteinte.
hypoplasie pulmonaire responsable du dcs. Lorsque la nphrectomie. Le gne VHL est un gne suppresseur Linformation apporte par la gntique molculaire
la maladie se dveloppe plus lentement, les de tumeur dont les mutations et inactivations sont est dcisive : la maladie est due des mutations du
manifestations urinaires, lhypertension artrielle et aussi trouves dans presque tous les cancers rnaux gne codant la chane 5 (IV), localis sur le
linsuffisance rnale sont plus tardives dans lenfance. sporadiques cellules claires [8]. chromosome X. Le mme dfaut molculaire a t
Grce au contrle prcoce de lhypertension artrielle, trouv dans des familles sans hypoacousie.
souvent svre mais parfois rversible, 50 % des La maladie autosomique rcessive a une
enfants parviennent lge adulte sans avoir besoin prsentation clinique et histopathologique presque
dune mthode de supplance rnale. Les Syndrome dAlport similaire la forme lie lX. Cependant, la
manifestations hpatiques peuvent tre au premier nphropathie progresse tt vers lIRT, avant 20-30 ans,
plan : hmorragies digestives par hypertension et de faon gale dans les deux sexes chez les
portale, pouvant ncessiter une drivation portocave homozygotes. Les deux parents vecteurs (htrozygo-
Ce terme [5, 6] dsigne plusieurs maladies qui ont en
chirurgicale, ou angiocholites favorises par la
commun une nphropathie hmaturique progressive tes) ont ou non une hmaturie microscopique
dilatation des voies biliaires intrahpatiques parfois
et une hypoacousie de perception. Des anomalies permanente. Les mutations touchent les gnes codant
associe.
oculaires sont galement prsentes dans prs de 50 % les chanes 3 ou 4 (IV), localiss au chromosome 2.
Du fait de la diffusion de lchographie chez le
des cas, touchant le cristallin (lenticne antrieur On observe trois formes particulires :
ftus et chez lenfant, les pdiatres sont
bilatral) et la rtine (atteinte primaculaire naltrant maladie comportant nphropathie, hypoacousie,
confronts dautres maladies kystiques rnales
pas la vision). cataracte et leiomyomes multiples (sophagiens,
que la polykystose rcessive. Dans les cas
exceptionnels, la PKRAD, seule ou associe la La nphropathie se rvle parfois dans respiratoires et gnitaux) : elle est lie lX et est due
sclrose de Bourneville (cf supra), peut se lenfance, ds les premires semaines de vie ou une large dltion touchant les gnes 5 ou 6 (IV)
compliquer dinsuffisance rnale trs prcoce, ds plus tard, par des hmaturies macroscopiques contigus sur le chromosome X ;
la premire anne de vie. Plus souvent, intermittentes et rcidivantes (cette manifestation maladie marque par une nphropathie, une
lchographie dcouvre quelques kystes rnaux, devient trs rare aprs 20 ans) et par une hypoacousie et une macrothrombopnie (avec
alors que la fonction rnale est normale. Il est hmaturie microscopique permanente. La souvent des inclusions intraleucocytaires) : elle est
essentiel, dans ces cas, de bien diffrencier protinurie apparat ultrieurement. Son dbit probablement de transmission autosomique
polykystose dominante et polykystose rcessive : saccrot progressivement et un syndrome dominante. Le dfaut molculaire est jusqu prsent
cest lchographie rnale des parents qui nphrotique, habituellement modr, se inconnu ;
habituellement permet de trancher (en montrant dveloppe dans 50 % des cas. Dans dautres cas, enfin, il existe quelques familles o une
des kystes chez lun des parents en cas de les anomalies urinaires sont dcouvertes entre 20 nphropathie progressive est associe une
PKRAD). Pour confirmer le diagnostic de et 30 ans. La progression vers linsuffisance rnale hypoacousie, mais o la transmission est autosomique
polykystose rcessive, on recherche les signes de terminale se fait rarement (10 %) dans lenfance, dominante. Le dfaut peut concerner 3 ou 4 (IV).
latteinte hpatique. le plus souvent (90 %) lge adulte, entre lge
Il est bon de rappeler ici quil nest pas recommand de 18 et de 75 ans environ. Lhypoacousie de Diagnostic
de faire systmatiquement une chographie rnale perception est dintensit variable, souvent
Le diagnostic du syndrome dAlport et des maladies
chez les enfants asymptomatiques appartenant une discrte ou modre, prdominant sur les
correspondantes repose sur :
famille atteinte de PKRAD. Une surveillance clinique frquences leves, hors de la zone conversation-
le type clinique et histopathologique de la
simple suffit (y compris la mesure de la pression nelle ; cest dire lintrt de ltude audiomtrique
nphropathie hrditaire ;
artrielle). La dcouverte de kystes rnaux na pas de pour dpister le dfaut auditif.
lassociation lhypoacousie chez le propositus
consquences cliniques : ces kystes nentranent Le syndrome dAlport est caractris par des
habituellement aucun trouble. En revanche, les ou sa famille, mais le dficit auditif peut manquer ;
anomalies hrditaires de certaines chanes qui
consquences psychologiques du dpistage et du suivi lidentification de la mutation responsable,
constituent les molcules de collagne de type IV
peuvent tre dltres pour lenfant et pour sa famille. quand cela est possible.
(lun des constituants principaux des membranes
Rappelons enfin que labsence de kystes dans basales). Les membranes basales des glomrules Le diagnostic diffrentiel se pose rarement,
lenfance ne signifie pas que ceux-ci ne deviendront rnaux, de loreille interne et du cristallin sont seulement quand ces diffrents lments ne sont pas
pas dcelables plus tard, lge adulte. affectes. Ltude du fragment de biopsie rnale en runis, par exemple :
microscopie lectronique et en immunofluorescence hmaturie microscopique isole, sans
Autres maladies kystiques (tableau I)
(avec des anticorps dirigs contre les chanes [IV]) progression vers linsuffisance rnale, caractrisant
La nphronophtise est surtout caractrise par une lhmaturie familiale bnigne ;
fibrose tubulo-interstitielle progressive. La maladie se met en vidence des altrations caractristiques de la
membrane basale glomrulaire. Plusieurs types sont protinurie, sans hmaturie, se compliquant
rvle dans lenfance, souvent par un syndrome
individualiss. Le conseil gntique donn aux familles dinsuffisance rnale familiale, transmission
polyuropolydipsique. LIRT est atteinte en moyenne
dpend de leur identification. maternelle, avec surdit associe qui doit faire voquer
vers lge de 14 ans. La nphronophtise est la maladie
La maladie la plus frquente (80 85 %) se une cytopathie mitochondriale, mme chez ladulte.
gntique la plus frquemment responsable dIRT
transmet selon le mode dominant li lX : cest le Les lsions histopathologiques rnales sont diffrentes
chez lenfant. Les kystes mdullaires rnaux se
syndrome dAlport classique . Les hommes atteints et laltration de lacide dsoxyribonuclique (ADN)
dveloppent un stade avanc [9].
(hmizygotes) expriment tous la maladie rnale et mitochondrial peut tre mise en vidence ;
Les kystes mdullaires plus prcoces caractrisent la
progressent vers lIRT plus ou moins tt dans la vie. Le autres maladies hrditaires associant atteinte
maladie kystique de la mdullaire rnale, affection
rythme de progression est homogne chez les rnale et auditive, comme la maladie de Fabry ou
autosomique dominante trs rare, observe chez
hommes dune mme famille (schmatiquement, certaines acidoses tubulaires distales autosomiques
ladulte et progressant vers lIRT entre 30 et 40 ans
environ. avant 30 ans pour les familles de type juvnile , rcessives.
Des kystes rnaux peuvent tre rencontrs dans la aprs 30 ans et jusqu 76 ans pour les familles de
Traitement
sclrose tubreuse, TSC1 comme TSC2 (tableau I). Les type adulte ). Un homme atteint ne transmet pas la
kystes sont parfois trs volumineux et multiples, maladie son ou ses fils. En revanche, toute sa Le traitement est celui de toute nphropathie
simulant une PKRAD (cf supra). En fait, la lsion rnale descendance fminine sera vectrice (htrozygote). progressive avec hypertension artrielle et insuffisance
3
5-0530 - Polykystose rnale et autres nphropathies hrditaires
rnale. La transplantation rnale est utilise avec Tubulopathies hrditaires
succs. La maladie ne rcidive pas sur le transplant.
Autres maladies rnales
hrditaires Beaucoup se rvlent ds la naissance ou dans la
Dans moins de 5 % des cas, une glomrulonphrite
anticorps antimembrane basale glomrulaire se premire enfance. Il est essentiel de les reconnatre
dveloppe sur le transplant, aboutissant souvent sa rapidement. La dshydratation (dans le diabte
destruction. Cette complication est le fait dune allo- Il existe un grand nombre de maladies rnales insipide nphrognique [DIN]), la perte urinaire de
immunisation contre la chane 5, 3 ou 4, absente hrditaires. Les formes principales sont rappeles NaCl (dans le pseudohypoaldostronisme de type I) ou
du rein propre mais introduite par le transplant. On dans les tableaux II IV. Pour trouver des informations lacidose plasmatique (dans lacidose tubulaire distale)
conoit que ce risque soit plus lev si la mutation est plus dtailles, le lecteur peut se reporter des revues mettent en pril le dveloppement de lenfant si elles
une dltion complte du gne ou une mutation gnrales [2, 4, 5] et aux traits de nphrologie. Nous ne sont pas corriges vite. Dautres tubulopathies
conduisant la synthse dune chane tronque, trs nous limiterons, dans le texte, quelques peuvent ntre reconnues qu lge adulte comme le
courte et anormale. commentaires. syndrome de Gitelman ou le syndrome de Liddle.
Tableau II. Principales maladies tubulaires rnales hrditaires ( lexception de celles touchant le tube proximal).
DIN : diabte insipide nphrognique par rsistance de laction de lhormone antidiurtique (ADH) ou vasopressine. Laquaporine 2, un canal leau, est le mdiateur terminal de lADH. AR : autosomique rcessif ; AD : autosomique
dominant ; X : li lX.
Tableau III. Principales maladies hrditaires avec atteinte rnale, avec ou sans anomalie mtabolique.
4
Polykystose rnale et autres nphropathies hrditaires - 5-0530
La classification des tubulopathies repose sur le amin hors de ces structures. Laccumulation se Maladies hrditaires avec atteinte rnale,
segment tubulaire concern (tableau II). Parmi les produit dans le rein, lil (corne puis rtine) puis dfaut mtabolique identifi au non
tubulopathies proximales, la plus frquente est progressivement dans dautres organes. Le Elles sont rsumes dans le tableau III. Le diabte
probablement la cystinurie, caractrise par un dfaut dosage de cystine dans les leucocytes permet sucr et les amyloses gntiques nont pas t cits.
de rabsorption tubulaire de la cystine et dautres dtablir le diagnostic. Bien que le dfaut Latteinte rnale est gnralement lune des plus
acides amins dibasiques ; elle se complique de molculaire impliqu dans la cystinose soit graves dans ces maladies, conduisant linsuffisance
lithiase cystinique (tableau IV). encore inconnu, on dispose dun traitement rnale terminale, le plus souvent lge adulte
Le syndrome de Fanconi est le prototype de la efficace, la cystamine administre par voie orale (> 20-30 ans, sauf pour le syndrome de Senior-Loken)
tubulopathie proximale complexe associant un et intraoculaire, condition quil soit mis en route (tableau III).
dfaut de rabsorption du glucose, des acides prcocement. Les maladies rnales hrditaires se compli-
amins, des phosphates, des bicarbonates et de quant de lithiase urinaire [2] ont t isoles dans le
certaines protines (comme la -2 microglobu- Dautres maladies hrditaires se compliquent dun tableau IV, car des manifestations lies aux calculs
line). Plusieurs maladies mtaboliques syndrome de Fanconi : le syndrome de Lowe o la rvlent ces maladies, habituellement ds lenfance.
hrditaires peuvent en tre la cause chez tubulopathie est associe une cataracte et un Certaines dentre elles sont remarquablement
lenfant : la cystinose est la plus frquente, bien retard mental, la glycognose de type I cite dans le sensibles un traitement spcifique : par exemple,
diffrencier de la cystinurie. La cystinose se dfinit tableau III, la maladie de Dent (tableau IV) ou une vitamine B6 dans certains cas dhyperoxalurie
par un dpt de cristaux de cystine dans les cytopathie mitochondriale. Les autres maladies primitive de type I, D-pnicillamine dans la cystinurie
lysosomes des cellules, par suite de la dficience tubulaires hrditaires plus distales sont indiques ou allopurinol dans le dficit en adnine phosphoribo-
du systme de transport normal de cet acide dans le tableau II. syl-tranfrase (APRTase) (tableau IV).
Mode de
Maladie ge de rvlation Manifestations principales Diagnostic Traitement spcifique
transmission
Cystinurie AR Enfance Lithiase cystinique Cystinurie# Alcalinisation de lurine
Adulte jeune Calculs ou cristaux D-pnicillamine (ou autres ch-
caractristiques lateurs)
Hyperoxalurie primitive type I AR Enfance (surtout) Lithiase doxalate de calcium Oxalate# Vitamine B6 (parfois)
Adulte (monohydrat) Glycolate# Transplantation hpatique
Nphrocalcinose Calculs et cristaux
Insuffsance rnale vocateurs
Biopsie hpatique
Acidose tubulaire distale AR/AD Enfance Lithiase calcique Acidose mtabolique Bicarbonate ou citrate de K
Nphrocalcinose mdullaire Hypokalimie et/ou de Na
Surdit (parfois) pH urinaire > 5-5,2
Dficit en APRTase AR Enfance Lithiase de 2,8 dihydro-adnine Calculs et cristaux Allopurinol
Adulte Insuffsance rnale (parfois) caractristiques
Dficit enzymatique
Maladie de Dent XR Enfance Lithiase Protinurie tubulaire
(et maladies apparentes) Adulte Insuffsance rnale Hypercalciurie
Toute rfrence cet article doit porter la mention : JP Grnfeld et D Joly. Polykystose rnale et autres nphropathies hrditaires.
Encycl Md Chir (Elsevier, Paris), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 5-0530, 1998, 5 p
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5
18-214-A-10
Le traumatisme de la vessie est une pathologie rare, le plus souvent dorigine iatrogne. Les lsions
vsicales par traumatisme ferm ainsi que les plaies pntrantes sont frquemment associes des
lsions dautres organes et structures, dont le bassin osseux, pouvant mettre en jeu le pronostic vital. Les
plaies vsicales iatrognes doivent tre si possible prvenues ou tout du moins suspectes et recherches
lors dune intervention chirurgicale risque en raison de leur frquence ainsi que de la plus grande facilit
les traiter demble. La prise en charge initiale des traumatismes vsicaux est le plus souvent
ranimatoire avec stabilisation du patient puis traitement des lsions associes de mauvais pronostic
avant le traitement spcifique des lsions vsicales dont le diagnostic est confirm par limagerie. La
cystographie reste lexamen radiologique de rfrence, hormis dans les institutions largement quipes,
o lon prfre pratiquer un cystoscanner. Elle permet une classification simple des lsions qui dicte la
prise en charge. Le traitement conservateur par pose de sonde vsicale transurtrale est propos en cas de
rupture extrapritonale sans autre lsion ncessitant un geste chirurgical proximit. Dans tous les
autres cas, la suture vsicale est la rgle, ralisable par laparoscopie en cas de monotraumatisme vsical
intrapritonal. Le pronostic des traumatismes vsicaux est directement corrl aux lsions associes.
Dans cette situation, la mortalit reste importante malgr une prise en charge prcoce et les progrs de la
ranimation. En cas de monotraumatisme, en revanche, la mortalit est quasi inexistante. La gurison
sans squelle est gnralement la rgle pour les malades qui survivent.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Urologie 1
18-214-A-10 Prise en charge des traumatismes de la vessie
2 Urologie
Prise en charge des traumatismes de la vessie 18-214-A-10
Tableau 4.
2% Variations biologiques sanguines en cas de rabsorption pritonale
durine.
9%
Ure leve
Cratinine leve
Sodium lev
Hmaturie Potassium lev
macroscopique pH Abaiss
et fracture pelvienne
Chlore lev
Hmaturie
macroscopique
sans fracture pelvienne
89 % Hmaturie
En rsection endoscopique, la plaie vsicale doit tre suspec-
microscopique te lorsque le bilan entre/sortie du lavage continu est ngatif
et fracture pelvienne et/ou lorsque apparaissent une distension et/ou des douleurs
abdominales ou sus-pubiennes.
Figure 1. Rpartition des plaies vsicales par traumatisme ferm en
fonction de lhmaturie.
Examens complmentaires
Biologie
diagnostic [23-25]. Cette triade comprend lhmaturie macrosco- Les examens sanguins sont peu contributifs, sauf en cas de
pique dans la grande majorit des cas, alors que lhmaturie plaie vsicale ancienne o la rsorption pritonale durine
microscopique est exceptionnelle (Fig. 1). Chez 9 % des occasionne une rpercussion hydrolectrolytique (Tableau 4) :
patients, la triade est incomplte (absence de fracture du bassin). augmentation de lurmie, de la cratininmie, hypernatrmie,
Il est clair quune douleur sus-pubienne lie une rupture hyperkalimie ainsi quune acidose mtabolique hyperchlor-
traumatique de la vessie peut tre occulte par une douleur de mique [1, 8, 10, 12]. La prsence dun syndrome inflammatoire est
fracture du bassin, mais lassociation hmaturie macroscopique inconstante.
et fracture du bassin doit faire voquer prioritairement le Lexamen durine met en vidence quasiment constamment
diagnostic : 75 90 % des ruptures vsicales sont associes une hmaturie au moins microscopique avec au minimum
une fracture du bassin [1, 3, 10, 12]. La probabilit de plaie vsicale 30 globules rouges/champ [27].
augmente de faon significative sil existe une disjonction
symphysaire [26]. Le risque relatif est de lordre dun facteur 10 si Radiologie
cette disjonction est de plus de 1 cm [27]. Une disjonction sacro- chographie
iliaque, une fracture sacre, une fracture des ailes iliaques ou des
branches pubiennes comportent galement une probabilit plus Lchographie ne signe en aucune faon le diagnostic de
leve de lsion vsicale [27, 28]. rupture vsicale. Elle permet tout au plus de suspecter une
Chez la femme, lattention doit tre porte sur la recherche rupture intrapritonale chez un malade intransportable en salle
de sang intravaginal, pouvant correspondre une plaie vagi- de dchocage lorsquelle met en vidence du liquide libre
nale, urtrale ou vsicale [29]. intrapritonal [30].
Dans les diagnostics tardifs, le tableau digestif peut tre au Urographie intraveineuse (UIV)
premier plan avec silence auscultatoire, ilus reflexe ou prito-
Cet examen prsente une proportion leve de faux ngatifs
nite signant luropritoine, le tableau infectieux survenant
en raison de la distension vsicale insuffisante lie au proto-
gnralement encore plus tardivement, signe dun urinome
cole [1, 2]. Sa sensibilit nest que de 15 % [4]. LUIV ne doit donc
pass inaperu.
pas tre utilise comme examen complmentaire la recherche
dune plaie vsicale.
Plaie pntrante
Cystographie
L aussi, le diagnostic nest pas toujours vident. Si lcoule-
ment durines sanglantes par un orifice sus-pubien, inguinal ou En raison de sa simplicit et de sa rapidit de ralisation, la
fessier est pathognomonique, des signes cliniques plus atypiques cystographie reste lexamen de rfrence en cas de suspicion de
peuvent se voir : emptement sus-pubien, tnesme vsical, traumatisme vsical.
impossibilit mictionnelle sans globe palpable sont des signes En pratique, lindication absolue raliser une cystographie
vocateurs [14]. Lirritation pritonale se voit plus tardivement. est lassociation hmaturie macroscopique et fracture pelvienne
Le diagnostic clinique se complique avec les plaies par arme qui signe la plus forte suspicion de plaie vsicale [1, 23-25, 31]. Il
feu, responsables de lsions tendues et sassociant des plaies existe deux autres indications relatives, lassociation fracture
digestives, vasculaires ou de gros dlabrements chez un pelvienne et hmaturie microscopique ainsi que lhmaturie
patient hmodynamiquement instable pour lequel la ranima- macroscopique isole [1, 24, 25, 31].
tion prime sur le reste.
Plaie iatrogne
Le diagnostic peropratoire avec plaie de visu ou coulement
Point fort
durines parfois sanglantes nest pas forcment vident. Ainsi, il
faut savoir voquer lventualit dune plaie vsicale iatrogne Indications la cystographie en cas de suspicion
lorsque aprs une intervention du bas abdomen ou du pelvis, il de plaie vsicale
existe des signes cliniques dirritation pritonale ou infectieux. Indication absolue
En laparoscopie, la prsence de gaz dans le sac collecteur Hmaturie macroscopique + fracture pelvienne
durine signe une plaie vsicale quil faut rechercher, par une Indications relatives
exploration minutieuse ou au besoin en saidant dune perfu- Hmaturie microscopique + fracture pelvienne
sion de srum physiologique color au bleu de mthylne Hmaturie macroscopique isole
passe par la sonde vsicale [15] . Ce dernier procd peut
galement tre utilis en chirurgie ouverte. La lsion vsicale est
ainsi aisment mise en vidence par lcoulement dun liquide La sensibilit de lexamen est de 85 100 % sil est ralis
bleut. avec une technique standardise [2-4, 23].
Urologie 3
18-214-A-10 Prise en charge des traumatismes de la vessie
Rupture intrapritonale
toucher rectal), cette mise en place est prcde dune urtro-
graphie rtrograde [2]. Une fois une lsion urtrale exclue et la Son incidence est de 10 40 % [1-4, 10-12, 39-41]. Elle est due
sonde mise en place, on procde linjection intravsicale de
.
une augmentation rapide de la pression intravsicale sur vessie
produit de contraste spcifique pour la cystographie (Tlbrix pleine entranant une rupture au dme qui est la zone de
12 par exemple). Dans la plupart des cas, le bilan doit tre moindre rsistance. Laspect cystographique et scanographique
.
succinct car le patient est en phase de ranimation. Trois clichs est caractristique : extravasation du produit de contraste vers le
de face sont dterminants : le premier vide, le second en pritoine, pouvant raliser une vritable pritonographie
rpltion modre (250 ml) (Fig. 2) et enfin le troisime aprs avec anses grles moules par le produit de contraste, opacifica-
vidange [3, 23]. Si les circonstances le permettent, des clichs tion des gouttires paracoliques, du cul-de-sac de Douglas, de
supplmentaires antropostrieurs et en rpltion prcoce lespace de Morrison, voire mme des espaces prihpatiques ou
(100 et 200 ml) vitent une dissmination prmature de prisplniques.
produit de contraste si la fuite est dj visualise. Le clich aprs Rupture interstitielle
vidange est indispensable puisquil permet de dcouvrir prs de
10 % de fuites vsicales qui seraient sinon passes inaper- Extrmement rare, elle correspond une atteinte intramurale
ues [11]. Il nexiste pas, en revanche, de relation obligatoire sreuse intacte. Laspect cystographique met en vidence une
entre limportance de la blessure vsicale et limportance de prise de contraste intraparitale vsicale sans extravasation.
lextravasation [10]. Rupture extrapritonale
Scanner Elle reprsente la rupture la plus frquente avec une inci-
Pratiqu de faon standard avec produit de contraste, le dence se situant entre 54 et 90 % [2-4, 10-12, 22, 39-42]. Les images
scanner est grev dune proportion trs leve de faux ngatifs sont variables en fonction des fascias envahis par le produit de
en raison de la distension vsicale insuffisante lie au proto- contraste (Fig. 2, 3) : simple extravasation vers lespace de
cole [1, 23, 32-34]. Selon certains, cependant, lassociation absence Retzius, lespace privsical ou prsacr. Sil existe une rupture
de fracture pelvienne et absence de liquide libre intra- des fascias, on peut retrouver une opacification du prine, du
abdominal aurait une valeur prdictive ngative de 100 % [35]. scrotum, de la paroi abdominale antrieure ou mme, dans les
La sensibilit du scanner inject slve notablement si la gros dlabrements, un trajet fistuleux vsicovaginal ou
sonde vsicale est clampe prcocement. Cette modification vsicocutan.
technique permettrait de se passer de cystographie, mais le dlai Rupture mixte
dattente pour obtenir une rpltion vsicale suffisante (20
30 min) retarde la prise en charge dun patient polytrauma- Elle regroupe les caractristiques des deux autres types de
tis [23] et bloque laccs au scanner. ruptures vraies. Le pige vient du fait que lorsquil existe une
Le scanner associ linjection intravsicale rtrograde de importante fuite extrapritonale, une petite plaie intraprito-
.
250 ml de produit de contraste puis au clampage de la sonde nale associe peut passer inaperue [39].
allie les avantages du scanner la sensibilit de la cystographie
conventionnelle (Fig. 3) [23, 34, 36] : ce cystoscanner permet
un bilan lsionnel multiorganes prcis et simultan aboutissant Prise en charge
une prise en charge opratoire prcoce et offrant une sensibi-
lit proche de 100 % [37, 38].
Une rcente revue de notre collectif confirme que le cystos- Rupture vsicale par traumatisme ferm
canner a progressivement remplac la cystographie rtrograde La prise en charge initiale comprend le plus souvent la
classique dans les centres o le scanner est rapidement disponi- ranimation chirurgicale, la stabilisation du patient et le
ble pour les urgences. traitement des lsions associes mettant en jeu le pronostic
vital [1, 2, 8, 11, 12, 40]. Le traitement des lsions vsicales se fait
Stadification [2, 15, 39] ensuite en fonction de la classification radiologique.
Contusion vsicale
Contusion vsicale
Il sagit dune lsion sans solution de continuit de la paroi
vsicale, pouvant entraner une hmaturie. Le diagnostic est La contusion vsicale ne ncessite pas de traitement spcifi-
pos devant une hmaturie dans un contexte de traumatisme que. Nanmoins, sil existe une hmaturie macroscopique
4 Urologie
Prise en charge des traumatismes de la vessie 18-214-A-10
Figure 4. Vue laparoscopique dune plaie du dme vsical isole. Figure 5. Exploration laparoscopique de la plaie aprs exposition (on
aperoit le ballonnet de la sonde vsicale).
Rupture intrapritonale
La prise en charge des ruptures vsicales intrapritonales est
formellement chirurgicale et immdiate, en raison de lineffica-
cit dun traitement conservateur dune part et de linsuffisance
rnale par rsorption pritonale des urines dautre part. Le but
de lintervention est bien videmment de reconstituer ltan-
chit de la vessie [1, 2, 11, 12, 25, 40, 42].
Lincision mdiane sous-ombilicale est de rgle, afin dlargir
si ncessaire le champ dexploration pritonal. Louverture
pritonale permet une inspection des viscres intra-
abdominaux aprs vacuation de lurine et des caillots sanguins.
La plaie vsicale sige gnralement au dme et se prsente
sous la forme dune rupture longitudinale de 5 10 cm (Fig. 4). Figure 6. Suture vsicale termine.
Si les tissus sont contus, un parage est souhaitable sil nest pas
trop dlabrant. Le site de rupture est ensuite referm en deux
plans par des surjets de fil rsorbable 2 ou 3/0. Selon lpaisseur actuellement le simple drainage par sonde urtrale est la rgle en
et ltat de la paroi, ainsi que le type dabord (laparoscopie) (cf. labsence de complications. Comme pour les ruptures intrapri-
infra), la suture en un seul plan peut savrer suffisante. Le tonales, une sonde de Foley de gros calibre avec de gros orifices
drainage vsical est assur par une sonde urtrale type Foley de de drainage peut suffire en labsence dhmaturie majeure ou de
gros calibre 20 ou 22 Ch avec de gros orifices de drainage. La caillotage important, sinon une sonde urinaire double courant
cystostomie nest pas ncessaire [6, 43] si les urines sont claires et avec lavage continu peut tre propose. La majorit des brches
sil ny pas de gros risque de caillotage. Si un drainage sus- vsicales cicatrise dans ces conditions : 85 % sont fermes ds le
pubien savre indispensable, la sonde est sortie avant fermeture 10e jour postdrainage et virtuellement 100 % sont tanches au
vsicale par une contre-incision. Le drainage prvsical nest en terme de la 3e semaine [1, 2, 8, 10-12, 25, 40, 42].
gnral pas utile. Sil existe des fragments osseux ou tout autre corps tranger
La sonde est retire entre le 5e et le 10e jour, selon ltendue intravsical, lexploration chirurgicale pour lextraire est de
de la rupture suture. Le contrle cystographique ne se fait que rigueur [49]. De mme, toute lsion touchant le col vsical, le
en cas de difficults peropratoires [44]. trigone, la prostate ou le vagin doit bnficier dune exploration
La place de la laparoscopie reste dfinir. Elle est rserve de et dune suture par voie endovsicale [1, 2, 8, 10-12, 25, 40, 42].
principe aux monotraumatismes vsicaux intrapritonaux, Enfin, une suture vsicale doit tre ralise si une laparotomie
stables hmodynamiquement, qui ne sont pas une raret : dans est indique pour le traitement dune lsion associe : plaie
notre srie, 40 % des plaies vsicales sont lunique lsion digestive ou, de plus en plus frquemment, ostosynthse du
viscrale. Pour notre part [36, 45] , nous tentons, ainsi que bassin par plaque [1, 8, 10-12, 36, 40]. La rcente revue de notre
certaines quipes [18, 46-48] , lexploration laparoscopique collectif confirme cette tendance : 45 % des ruptures vsicales
(Fig. 4, 5) et pratiquons la suture vsicale en un plan de fil extrapritonales prises en charge aux urgences ont bnfici
rsorbable (Fig. 6). Certaines quipes utilisent les endoloops [48]. dune fermeture chirurgicale durant lostosynthse dune
La suture laparoscopique doit tre matrise par loprateur et le fracture du bassin, le plus souvent symphysaire pour une
moindre doute dobservation peropratoire dune lsion dun fracture type livre ouvert , classiquement par incision de
autre organe impose la conversion. Pfannenstiel. Labord est direct, mais peut aussi se faire par une
cystotomie au dme pour viter de dissquer lhmatome
Rupture interstitielle prvsical qui souvent tamponne le saignement pelvien. La
suture de toutes les lsions se fait comme cit plus haut par des
Rare en tant quentit, elle peut tre mime par une petite points de fil rsorbable 2 ou 3/0 aprs excision des zones
perforation vsicale bouche, par un caillot sanguin, une contuses. Le drainage est confi une sonde transurtrale de
contraction dtrusorienne ou de la graisse. Une telle image gros calibre.
radiologique doit inciter la prudence et un drainage par une
sonde vsicale transurtrale pour une dizaine de jours semble Rupture mixte
raisonnable [11]. Elle est dindication chirurgicale comme la rupture intrapri-
tonale : cystotomie au dme, suture endovsicale de la brche
Rupture extrapritonale sous-pritonale et fermeture en deux plans du dme au fil
Si, jusque dans les annes 1970, le traitement des ruptures rsorbable 2 ou 3/0 sous couverture dun drainage par sonde
extrapritonales de la vessie tait exclusivement chirurgical, urtrale.
Urologie 5
18-214-A-10 Prise en charge des traumatismes de la vessie
Plaies pntrantes si elle nest pas correctement rpare. La plaie vsicale doit tre
recherche imprativement au moindre doute et correctement
La prise en charge des plaies pntrantes relve avant tout de traite. En cas de plaie importante, difficilement suturable, ou
la ranimation en raison du nombre lev de lsions associes mal situe, la conversion est parfois ncessaire et labandon de
mettant en jeu le pronostic vital. Outre le maintien de lquili- lintervention peut parfois tre la seule solution si la rparation
bre hmodynamique et lanalgsie, il faut systmatiquement reste prcaire.
dbuter une antibioprophylaxie et prvenir le ttanos [14] . Un passage intravsical dune bandelette sous-urtrale, sil est
Lantibiothrapie est double, associant une pnicilline G au dcouvert en peropratoire, est trait aprs repositionnement de
mtronidazole ou triple avec aminoside, cphalosporine et la bandelette par un maintien de la sonde vsicale 48
mtronidazole sil existe une contamination fcale. 72 heures [8].
Une plaie vsicale au dcours dune csarienne est traite par
Si lexploration doit tre systmatique, schmatiquement, on
une suture vsicale en deux plans [8].
peut dfinir trois situations [1, 14] :
En cas de dchirure vsicale au dcours dun accouchement
plaie simple du dme vsical : exploration endovsicale, par voie basse au forceps, la vessie est suture par voie vaginale
reprage des orifices dentre aprs retrait des corps trangers en deux plans [8].
et des caillots sanguins, parage puis fermeture en deux plans Lorsquune plaie vsicale intrapritonale est faite lors dune
de fil rsorbable, le plus souvent sur une cystostomie de gros rsection transurtrale de la vessie, lexploration de la cavit
calibre, 20 24 Ch sortant par une contre-incision. Une abdominale simpose, classiquement par laparotomie, ventuel-
sonde vsicale transurtrale est galement mise en place, de lement par laparoscopie, la recherche de lsions associes
plus petit diamtre, 16 18 Ch, pour permettre lcoulement aprs vacuation du liquide dirrigation et des caillots puis
dventuelles scrtions urtrales ; suture vsicale [8].
plaie latrale ou du fond vsical : on procde lexploration Enfin, lorsque la plaie vsicale est dcouverte plus tardive-
endovsicale par une cystotomie au dme pour ne pas ment, lexploration chirurgicale par laparotomie sous-ombilicale
mobiliser les hmatomes juxtavsicaux qui tamponnent les semble tre la meilleure solution [8].
saignements, retrait des caillots et des corps trangers puis
parage et suture des zones lses aprs mise en place de
sondes urtrales 5 ou 6 Ch et retrait sur cystostomie et volution
sonde vsicale. Si la plaie est juxtamatique ou trigonale, les
sondes urtrales sont laisses en place et sorties par une Pronostic
contre-incision. Dans la trs rare situation o la plaie du
trigone est non suturable, la sonde vsicale est sans ballonnet Le pronostic des traumatismes vsicaux est directement li
aux lsions associes. En effet, en raison de la localisation
et place de telle faon que son extrmit affleure le col
anatomique de la vessie dans le cadre osseux du bassin, il sagit
vsical ;
le plus souvent de traumatismes de haute nergie responsables
vessie dtruite : dans ces cas exceptionnels, il sagit le plus de polytraumatismes. La mortalit reste importante, malgr la
souvent dun polytraumatis et le choix de lurtrostomie prise en charge prcoce et les progrs de la ranimation chirur-
cutane simple ou transilale simpose [50]. Chez un patient gicale, entre 11 34 % [3, 4, 6-8, 12], non lie la plaie vsicale
hmodynamiquement instable, une urtrostomie in situ elle-mme. La dure moyenne dhospitalisation reste galement
par mise en place de sondes urtrales sorties par une contre- trs leve, de lordre de 1 mois [3].
incision cutane peut permettre un drainage simple, rapide et
efficace des urines. Si le patient survit, une ddrivation ou Squelles
une reconstruction vsicale plus complexe peut tre envisage
distance. Bien quils soient associs lors de polytraumatismes une
Dans tous les cas, lespace privsical est drain. La sonde mortalit leve, les traumatismes vsicaux ne sont pas fr-
vsicale est retire aprs 15 20 jours et la cystostomie retire quemment pourvoyeurs de squelles : les patients qui survivent
aprs vrification de ltanchit vsicale, de la reprise de ne souffrent quexceptionnellement de problmes vsicaux.
mictions satisfaisantes et surtout de labsence de rsidu post- Il existe nanmoins quelques cas particuliers, domins par les
urgences mictionnelles sur vessie cicatricielle, traites le plus
mictionnel significatif.
souvent avec succs par les anticholinergiques [11]. Les plaies de
la vessie associant une fracture sacre peuvent saccompagner
Plaies iatrognes darflexie vsicale (ncessitant des autosondages) et de dys-
fonction rectile sur atteinte des nerfs sacrs [1, 11, 14].
La mesure principale concernant les plaies iatrognes est la Les lsions intressant le col vsical chez la femme sont
prvention : bonne exposition, instrumentation adapte et responsables dune incontinence urinaire dans 50 100 % des
recours la cystoscopie ou linjection intraveineuse dindigo cas [29] . Chez lhomme, le risque est soit la stnose, soit
carmin (5 ml en bolus) additionne de 10 mg de furosmide au lincontinence, mais son incidence nest pas chiffre [1]. La
moindre doute lors dune intervention potentiellement dltre solution est le plus souvent chirurgicale, par plastie secondaire
pour la vessie [8]. En effet, si la plaie est dcouverte en perop- du col vsical [51].
ratoire, elle est bien sr rpare sur le champ. En cas de lsion Enfin, en cas de lsion vsicale associe une plaie vaginale
dcouverte aprs lintervention, la reprise chirurgicale est le plus ou rectale, le risque de fistule nest pas ngligeable, mais nest
souvent la seule solution [2, 8]. pas chiffr [1, 29].
Une petite plaie vsicale lors dune intervention laparoscopi-
que peut tre suture directement lorsquelle se prsente au
dme. Si, en revanche, elle intresse le trigone, se trouve tre Conclusion
difficile daccs, tendue, ou associe dautres lsions, il faut
Les traumatismes ferms de la vessie sont le plus souvent
imprativement convertir et rparer par voie ouverte [48] . conscutifs un choc de haute nergie de labdomen ou du
Certains drainent simplement la vessie sil existe une petite bassin entranant des lsions associes directement responsables
brche et surveillent troitement lapparition dun pritonisme du pronostic vital. La prise en charge initiale est ranimatoire
qui imposerait une reprise chirurgicale [2]. puis chirurgicale sil sagit dune rupture intrapritonale ou
La promontofixation laparoscopique mrite une attention dune rupture extrapritonale associe des lsions ncessitant
toute particulire : en effet, une fuite vsicale au dcours dune un geste chirurgical (exploration abdominale, ostosynthse de
intervention fixant une bandelette prothtique sur un relief la symphyse pubienne). Le drainage isol par sonde vsicale est
ostoarticulaire peut savrer dltre si elle passe inaperue ou rserv aux ruptures extrapritonales simples .
6 Urologie
Prise en charge des traumatismes de la vessie 18-214-A-10
Les plaies pntrantes ncessitent une rvision chirurgicale, [23] Quagliano PV, Delair SM, Malhotra AK. Diagnosis of blunt bladder
quelle que soit leur importance. injury: a prospective comparative study of computed tomography
Les plaies iatrognes sont les plus frquentes et doivent tre cystography and conventional retrograde cystography. J Trauma 2006;
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preuve lindigo carmin car leur rparation est toujours plus [24] Fuhrman GM, Simmons GT, Davidson BS, Buerk CA. The single indi-
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aise si elle est faite immdiatement.
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Le pronostic de ces lsions est grev dun taux de mortalit Santucci RA, et al. EAU guidelines on urological trauma. Eur Urol
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Toute rfrence cet article doit porter la mention : Doerfler A., Iselin C. Prise en charge des traumatismes de la vessie. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Urologie, 18-214-A-10, 2010.
8 Urologie
18-690-A-12
Les urtrites sont des infections sexuellement transmissibles dont la prise en charge doit tre rapide,
idalement en urgence, afin de rompre la chane de contamination et dempcher les complications, en
particulier lorchipididymite aigu. Les micro-organismes responsables sont le plus souvent Neisseria
gonorrhoeae et Chlamydia trachomatis. Les urtrites masculines peuvent tre prises en charge en
mdecine de ville. Le diagnostic biologique sest considrablement simplifi avec lapplication des
techniques damplification gnomique pour la recherche de Chlamydia trachomatis et de Mycoplasma
genitalium. Les centres de rfrence spcialiss en infections sexuellement transmissibles tels que les
Centres dinformation, de dpistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles
(CIDDIST) ont lavantage dallier la qualit du plateau technique et, pour certains, la gratuit. Depuis
1998, nous assistons la rmergence durtrites gonocoque, particulirement chez les homosexuels
masculins, ce qui indique un relchement de la protection individuelle favorisant galement la
transmission du virus de limmunodficience humaine. Pour Chlamydia trachomatis, toute la difficult
rside dans lexistence de nombreux sujets asymptomatiques responsables de la dissmination silencieuse
de linfection avec des consquences parfois graves chez les jeunes femmes. Un effort reste faire pour
dpister et traiter les sujets asymptomatiques. Les traitements antibiotiques des urtrites sont bien
codifis avec, en particulier, de nouvelles molcules en prise unique et bien tolres, favorisant
lobservance thrapeutique.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Urologie 1
18-690-A-12 Prise en charge des urtrites
pidmiologie
Globalement, lincidence des gonococcies a diminu de
manire exponentielle dans tous les pays dEurope occidentale Figure 1. Urtrite gonocoque.
entre 1985 et 1995. En revanche, lchelle plantaire, les cas
de gonococcies sont plutt en forte augmentation selon lOrga-
nisation mondiale de la sant (OMS). On assiste actuellement recherchs et traits. Trichomonas vaginalis et les autres pathog-
un relchement de la protection et donc une recrudescence nes plus rares (mycoplasmes et germes banals) peuvent tre
des urtrites Neisseria gonorrhoeae depuis 1998 en Europe de recherchs dans un deuxime temps en cas dchec du premier
lOuest et en particulier en France. La reprsentation des traitement antichlamydien et antigonocoque.
homosexuels masculins a fortement augment ainsi que la
sroprvalence du virus de limmunodficience humaine (VIH) Pathognes les plus frquents
et le rle du sexe oral. Ce relchement semble li un phno-
mne de lassitude du sexe sans risque , en particulier chez les Neisseria gonorrhoeae ou gonocoque
patients sropositifs pour le VIH, et une moindre crainte du
syndrome de limmunodficience acquise (sida), peut-tre en Neisseria gonorrhoeae est une bactrie Gram ngatif en forme
raison des thrapies antirtrovirales efficaces [3]. Les gonocoques de diplocoque surtout intracellulaire dans les polynuclaires. La
prsents en Europe de lOuest sont actuellement hautement transmission est uniquement sexuelle. Lincubation est courte,
rsistants aux antibiotiques avec des prvalences leves de de 2 5 jours. Neisseria gonorrhoeae est trs contagieuse et
Neisseria gonorrhoeae productrices de pnicillinase et hautement provoque, dans 90 % des cas chez lhomme, une urtrite aigu
rsistantes aux ttracyclines. La France se situe parmi les pays trs bruyante avec coulement urtral purulent, le plus souvent
o la proportion de rsistance des gonocoques la ciprofloxa- jaune verdtre (Fig. 1) mais parfois clair, une matite dma-
cine est la plus leve : 43 % en 2006 [4]. En France, lincidence teuse, une dysurie marque connue sous le nom de chaude-
des infections Chlamydia trachomatis tait estime 37,3 cas pisse . Il ny a pas de fivre, mais il peut y avoir des
pour 100 000 habitants en 1997. Depuis 2000, on assiste une adnopathies inguinales. Dans moins de 10 % des cas, il ny a
progression annuelle rgulire du nombre de diagnostics pas dcoulement urtral et uniquement des signes fonctionnels
dinfection Chlamydia trachomatis touchant principalement les et dans moins de 1 % des cas, les patients sont totalement
sujets jeunes (donnes du Rseau national des chlamydioses asymptomatiques. Le diagnostic repose sur lexamen direct du
[Rnachla], rseau de laboratoires volontaires) [5]. Ainsi, entre frottis de lcoulement urtral tal sur lame et color au bleu
2003 et 2006, laugmentation du nombre dhommes tests a t de mthylne ou au Gram. Cet examen est trs simple raliser
de 33 % et celle du nombre de cas diagnostiqus de 55 %. La et sa sensibilit est proche de 100 %. En effet, la dcouverte de
proportion de personnes asymptomatiques est devenue majori- diplocoques Gram ngatif extra- et surtout intracellulaires
taire chez lhomme depuis 2004. Nanmoins, ces donnes ne permet une quasi-certitude dinfection Neisseria gonorrhoeae.
sont pas extrapolables au niveau national en raison du recrute- Les seuls piges diagnostiques sont, en cas de diplocoques
ment particulier de ce rseau. Les donnes pidmiologiques intracellulaires, le mningocoque qui est exceptionnel, et en cas
rcentes franaises [6] montrent que la prvalence des infections de diplocoques uniquement extracellulaires, des Neisseria
urognitales Chlamydia trachomatis dans les populations saprophytes. La culture sur glose chocolat partir de lcoule-
symptomatiques est comprise entre 10 % et 18 % tandis que ment urtral ou par couvillonnage endo-urtral en labsence
dans des populations dhommes et de femmes asymptomati- dcoulement reste lexamen de rfrence qui permet de confir-
ques, elle serait comprise entre 0,5 % et 9 %. Les prvalences mer le diagnostic en 24 48 heures et de raliser un antibio-
maximales sont observes pour les 15-25 ans chez les femmes gramme avec recherche de btalactamases. La recherche de
et pour les 15-34 ans chez les hommes. En France, les infections Neisseria gonorrhoeae sur le premier jet durines par technique de
Chlamydia trachomatis sont le diagnostic le plus frquent dans PCR semble prometteuse et permet galement de dpister les
les centres dinformation, de dpistage et de diagnostic des rares sujets asymptomatiques [7] . La recherche de Neisseria
infections sexuellement transmissibles (CIDDIST). Il est difficile, gonorrhoeae par culture dans la gorge et lanus est recommande
travers ces donnes rcentes, de savoir sil sagit dune chez lhomosexuel masculin en raison du risque de pharyngite
augmentation de lincidence ou dune progression du dpistage et de rectite associe.
des populations risque en raison de la gnralisation des tests
polymerase chain reaction (PCR) plus sensibles. Il ny a pas de Chlamydia trachomatis
chiffres disponibles concernant les autres micro-organismes Chlamydia trachomatis est une bactrie intracellulaire obliga-
responsables durtrite. toire dont les srotypes D K sont responsables durtrite
transmission uniquement sexuelle. Lincubation dure en
moyenne 10 15 jours mais est en fait trs variable, voire
tiologie des urtrites impossible prciser. Environ 50 % des hommes infects par
Chlamydia trachomatis sont symptomatiques. Lcoulement est le
Parmi les micro-organismes en cause dans les urtrites, il plus souvent transparent modr et intermittent mais peut tre
convient de distinguer les pathognes majeurs que sont Neisseria franchement purulent. Les symptmes urtraux (brlures
gonorrhoeae et Chlamydia trachomatis. Ils sont les plus frquents mictionnelles, prurit canalaire) peuvent tre associs un
et sont souvent associs. Ils doivent tre systmatiquement coulement ou tre les seuls signes cliniques. Bien que lexamen
2 Urologie
Prise en charge des urtrites 18-690-A-12
de rfrence soit la culture de Chlamydia trachomatis, la recher- gonococcique nest que le reflet du manuportage. La problma-
che de Chlamydia trachomatis par PCR sur le premier jet durines tique pour lurtrite gonococcique est lvolution constante de
(dernire miction datant de plus de 3 h) est prfrer en raison la sensibilit de Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques ncessi-
de sa simplicit et de sa trs bonne sensibilit [8]. La srologie de tant une actualisation rgulire des recommandations thrapeu-
Chlamydia trachomatis na aucun intrt dans le diagnostic de tiques. La complication la plus frquente de lurtrite
lurtrite aigu non complique. Chlamydia trachomatis est lorchipididymite aigu, probable-
ment en raison de la forte prvalence des infections Chlamydia
Pathognes moins frquents trachomatis et de leur caractre frquemment asymptomatique.
De 50 % 75 % des orchipididymites du sujet jeune sont dus
Trichomonas vaginalis Chlamydia trachomatis. Le syndrome de Fiessinger-Leroy-
Reiter est une complication classique. Les consquences sur la
Trichomonas vaginalis est un protozoaire flagell transmis- fertilit masculine sont hypothtiques ; en revanche, les
sion quasi exclusivement sexuelle. Le tableau est plutt celui complications hautes chez la femme sont majeures et vont de
dune urtrite subaigu que celui dune urtrite aigu. Trichomo- la salpingite et de lendomtrite la strilit tubaire. De faon
nas vaginalis peut galement tre responsable de balanoposthite. exceptionnelle, Trichomonas vaginalis peut tre responsable de
Le portage asymptomatique est trs frquent. Le diagnostic prostatite.
repose sur lexamen ltat frais de lcoulement tal entre
lame et lamelle. Les cultures sur milieux spciaux partir de
lcoulement ou dun prlvement endo-urtral ou du premier Conduite tenir
jet durines permettent de confirmer le diagnostic.
Urologie 3
18-690-A-12 Prise en charge des urtrites
Urtrite
Avec Sans
coulement coulement
ECBU Traitement
Traitement Traitement antichlamydien
antigonocoque antichlamydien
et antichlamydien Traitement
adapt
Visite de contrle
j7
Gurison Non-gurison
Figure 2. Arbre dcisionnel. Conduite tenir devant une urtrite selon la prsence ou labsence dcoulement. ECBU : examen cytobactriologique des
urines.
trois autres prlvements de lcoulement pour mise en est grave, en spirale, sur toute sa longueur dune gorge
culture sur glose chocolat avec et sans antibiotiques slectifs denviron 1/2 mm de profondeur. Dlicatement, on introduit
(isolement de Neisseria gonorrhoeae et de germes banals) et sur lolive de 1 2 cm dans lurtre et on fait tourner, 2 ou
glose au sang (isolement de streptocoques) qui se font avec 3 fois, la tige sur elle-mme. On ressort lolive qui se dtache
un couvillon de coton ou dalginate. Ces prlvements trs facilement par simple pression sur le point de sparation
permettent de confirmer le diagnostic en isolant lagent tige-olive et on la dcharge dans le milieu de transport.
responsable, de raliser un antibiogramme indispensable pour Les prlvements doivent galement tre systmatiques chez
une ventuelle adaptation du traitement probabiliste en cas les partenaires sexuels. Alors que chez lhomme la PCR dans le
dchec thrapeutique et de surveiller lpidmiologie des premier jet durines est le seul test utilisable en pratique pour
urtrites. la recherche de Chlamydia trachomatis, il faut noter lintrt chez
En labsence dcoulement urtral, il nest pas souhaitable la femme de lautoprlvement vaginal par couvillonnage qui
deffectuer ces prlvements. En effet, un prlvement endo- est aussi bien accept que le recueil du premier jet durines et
urtral sur un urtre sec est un examen douloureux, voire qui est de plus recommand dans les enqutes de dpistage car
traumatique (saignement) qui est peu rentable et peu informatif. il est moins coteux et plus sensible.
Les examens urinaires sont :
un examen du premier jet durines centrifuges, effectu pour Prlvements gnraux
numration des leucocytes et recherche de Chlamydia tracho- Les srologies de la syphilis avec Treponema pallidum haemag-
matis et Neisseria gonorrhoeae par PCR ; glutination assay (TPHA) et venereal disease research laboratory
un examen du deuxime jet urinaire pour tests leucocytaires (VDRL), du VIH et des hpatites sont ralises en tenant compte
estrasiques avec, si la bandelette est positive, un examen de leur chronologie respective et de la prsence ou de labsence
cytobactriologique des urines (ECBU). de vaccination pour lhpatite B. La srologie de Chlamydia est
Les examens urinaires sont systmatiques, quil y ait ou pas inutile pour le diagnostic dune urtrite chez lhomme.
dcoulement urtral.
Dans un deuxime temps et en cas dchec du premier
traitement, en gnral au bout de 1 semaine la visite de Traitement
contrle, sont raliss :
un prlvement direct de lcoulement lcouvillon de Le traitement antibiotique probabiliste doit tre dbut
coton pour examen ltat frais entre lame et lamelle dans aussitt aprs les prlvements sans attendre le rsultat des
une goutte de srum physiologique pour recherche de Tricho- diffrentes cultures (Fig. 2). Les dernires recommandations
monas vaginalis mobiles ; thrapeutiques en France sont rsumes dans le Tableau 1 [12-
un prlvement endo-urtral avec un couvillon en plastique 14]. La spectinomycine fait toujours partie des recommandations
Bactopick pour recherche de Mycoplasma genitalium par PCR. de traitement de la gonococcie en deuxime intention ; pour-
Il sagit dune tige en plastique, termine par une extrmit tant, elle nest en pratique plus disponible en France. Les
en olive de 5 mm de diamtre et 10 mm de long. Cette olive fluoroquinolones ne peuvent plus tre recommandes comme
4 Urologie
Prise en charge des urtrites 18-690-A-12
Tableau 1.
Tableau rcapitulatif du traitement probabiliste des urtrites.
Traitement de premire intention Traitement de deuxime intention
Urtrite Neisseria gonorrhoeae Ceftriaxone (Rocphine ) 500 mg intramusculaire dose En cas de refus ou dimpossibilit dadministrer un
unique traitement parentral : cfixime (Oroken) 400 mg per os
Traitement antichlamydien systmatique dose unique
En cas dallergie aux btalactamines : spectinomycine
(Trobicine) 2 g intramusculaire dose unique
Traitement antichlamydien systmatique
Urtrite Chlamydia trachomatis Doxycycline 100 mg x 2/j per os pendant 7 j rythromycine 1 g x 2/j per os pendant 7 j
ou azithromycine (Zithromax) 1 g per os dose unique ou ofloxacine (Oflocet) 300 mg x 2/j per os pendant 7 j
Urtrite Mycoplasma genitalium Zithromax per os 500 mg le premier jour puis 250 mg/j les
4 j suivants
Rfrences
Conclusion [1] Wald ER, Woodward CL, Marston G, Gilbert LM. Gonorrheal disease
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problme majeur reste le dpistage et le traitement des hommes laboratoires du rseau Renago. Les infections Neisseria gonorrhoeae
asymptomatiques. en France en 2006. Progression importante chez les femmes et augmen-
Il faut prendre en charge rapidement les urtrites et les traiter tation importante des rsistances la ciprofloxacine. Bull pidmiol
sans attendre les rsultats des examens complmentaires afin de Hebd 2008;(n5-6):33-6.
soulager les patients, dempcher les complications et de rompre [5] Goulet V, Laurent E et les biologistes du rseau Rnachla. Augmenta-
la chane de contamination. Lducation des patients en matire tion des diagnostics dinfections Chlamydia trachomatis en France :
dinfections sexuellement transmissibles doit rester une priorit analyse des donnes Rnachla de 2003 2006. Bull pidmiol Hebd
absolue. 2008;(n5-6):42-6.
Urologie 5
18-690-A-12 Prise en charge des urtrites
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Toute rfrence cet article doit porter la mention : Chaine B., Janier M. Prise en charge des urtrites. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie,
18-690-A-12, 2010.
6 Urologie
5-0670
Prostatites et pididymites
V. Ph, M. Rouprt
La prostatite aigu bactrienne est une maladie frquente dont le diagnostic est ais et repose sur une
symptomatologie clinique vocatrice et un examen cytobactriologique des urines positif. Le traitement
consiste en une antibiothrapie adapte et prolonge. Les prostatites chroniques bactriennes sont de
diagnostic moins facile car il est difficile de prouver lorigine prostatique de la colonisation. Enfin, les
prostatites chroniques non bactriennes sont une entit mal dfinie qui pose un rel problme
diagnostique et thrapeutique. Les pididymites correspondent par ailleurs une inflammation de
lpididyme pouvant correspondre soit une infection uropathognes communs et dont le traitement
est similaire celui des prostatites aigus bactriennes, soit une infection sexuellement transmissible
dont le principal germe est Chlamydia trachomatis.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Tableau 1.
Classification des prostatites selon le National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases (NIDDK)/National Institute of Health (NIH).
Type
I Prostatite aigu Atteinte bactrienne aigu de la prostate
IIIA Syndrome douloureux pelvien chronique Prsence de leucocytes dans les scrtions
inflammatoire prostatiques tmoins dune atteinte inflammatoire
IIIB Syndrome douloureux pelvien chronique non Pas de leucocytes dans les scrtions prostatiques
inflammatoire
Massage prostatique
Figure 1. preuve de Meares et Stamey. VB : voiding bladder ; EPS : expressed prostatic secretions.
Recherche de complications
Exploration
chirurgicale
en urgence
Figure 2. Arbre dcisionnel. Conduite tenir devant une prostatite aigu bactrienne. ECBU : examen cytobactriologique des urines ; NFS : numration
formule sanguine ; IST : infection sexuellement transmissible.
Le test est contre-indiqu en cas de pousse aigu ou subaigu surtout le liquide des vsicules sminales et non pas les scr-
en raison du risque de bactrimie. Sa ralisation est bien tions prostatiques est utilise si le massage prostatique est
codifie. infructueux, en tenant compte du fait que ljaculat traverse
Il faut faire venir le patient vessie pleine, 3 jours aprs la lurtre.
dernire jaculation, le dcalotter le cas chant et dsinfecter Lcouvillonnage de lurtre antrieur est utile pour le
le mat, prlever 10 ml du dbut de la miction (urine urtrale, diagnostic des urtrites. Sa positivit, par exemple Chlamydia,
voiding bladder [VB1]), puis 10 ml du milieu de la miction (urine peut constituer un lment de prsomption. Les srologies de
vsicale [VB2]), faire un massage prostatique et prlever les Chlamydia peuvent tre positives dans les infections anciennes
quelques gouttes de scrtions prostatiques obtenues (expressed
et ne sont pas le reflet de ltat actuel.
prostatic secretions [EPS]), puis prlever 10 ml durine post-
Comme on peut le voir, les choses ne sont pas simples et il
massage prostatique (VB3) et rfrigrer les quatre tubes. Ensuite,
il faut faire analyser avec un compte des leucocytes et des est ncessaire de choisir un laboratoire motiv avant dinterpr-
colonies ainsi quune analyse microbiologique complte recher- ter les rsultats. Le test de Stamey devant une clinique voca-
chant les uropathognes communs, les bactries intracellulaires trice nest positif que dans 10 % des cas. Cest--dire que 90 %
et Trichomonas vaginalis ; Chlamydia trachomatis est le germe des patients ayant un tableau clinique vocateur de prostatite
pathogne le plus souvent impliqu dans les infections sexuel- chronique nont pas dinfection ou que nous sommes incapa-
lement transmissibles. Lutilisation de la polymerase chain bles de mettre en vidence [8].
reaction (PCR) sur VB1 et EPS est un progrs mais elle nlimine
pas la possibilit dune contamination urtrale. En effet, le taux
de responsabilit de C. trachomatis varie selon les sries de 0 % Prostatites aigus uropathognes
40 %. Les srologies sont inutiles en raison des chevauche- communs (Fig. 2)
ments avec les autres formes de Chlamydiae.
La comparaison, dans les diffrents prlvements, des comp- Clinique
tes de leucocytes, et des colonies de germes, permet de localiser
linfection qui doit tre significativement plus importante dans Une prostatite aigu se traduit par un syndrome fbrile de
le liquide dexpression prostatique et dans lurine post-massage dbut brutal : temprature 40 C, frissons, cphales, myal-
prostatique que dans lurine de dbut et de milieu de jet. Il reste gies ; associ des symptmes mictionnels : pollakiurie, brlu-
toutefois prciser le degr de pathognicit de ces germes et res, miction difficile ou impossible. Les signes mictionnels
leur rle dans la symptomatologie de prostatite chronique. Cela localisent linfection au bas appareil urinaire. Ils peuvent tre
ncesite des tudes comparant de trs grandes cohortes de trs discrets et passer inaperus, la maladie tant alors confon-
patients et de tmoins sains. La spermoculture qui analyse due avec un syndrome grippal. Les myalgies pararachidiennes
Point important
intraprostatiques, soit dun traitement insuffisamment prolong,
soit de recontaminations quand il existe une tiologie anatomi-
que ou une recontamination sexuelle.
Conduite tenir devant un ECBU positif sans fivre Clinique
Les bactriuries asymptomatiques ne doivent pas
conduire un traitement antibiotique sauf dans certaines Les signes sont peu nets et variables non spcifiques : signes
dirritation vsicale avec urgence, dysurie, pollakiurie diurne et
situations :
nocturne, brlures, douleurs prinales ou sur le trajet des
par exemple pour une femme enceinte, ou avant un dfrents, douleur ljaculation ou hmospermie. Des pousses
geste diagnostique ou thrapeutique concernant aigus fbriles sont possibles.
lappareil urinaire ; Les symptmes sont rcurrents, ce qui conduit des consul-
en cas de symptmes, cest--dire de signes tations et des traitements rpts.
fonctionnels urinaires tels que la dysurie, la pollakiurie, les Le toucher rectal est variable et peut montrer une zone
brlures mictionnelles, mme en labsence de fivre, le indure.
traitement est recommand. La palpation scrotale peut montrer une induration
pididymaire.
Des signes rectaux sont parfois associs (tnesme, preintes). Les anti-inflammatoires non strodiens et diverses mesures
Enfin, on peut retrouver, plus rarement, des troubles de hyginodittiques (rgimes) ont t proposs comme traite-
lrection, un coulement urtral variable, une hmaturie ou ment dappoint. Par ailleurs, le soutien psychologique de ces
une hmospermie, plus vocatrices. patients est indispensable tant donn le caractre invalidant de
cette affection volontiers rcidivante, avec parfois un pass
Examens complmentaires symptomatique de plusieurs mois, voire annes.
Un examen microbiologique complet par prlvements
fractionns est indispensable, montrant de faon prdominante, Prostatites germes non conventionnels
dans le liquide prostatique, la prsence de plus de 10 leucocytes Le diagnostic ne peut tre fait que par des prlvements
altrs par champ ainsi que le germe. Le PSA peut tre lev. fractionns si on veut localiser linfection la prostate et la
Lchographie prostatique peut montrer une lithiase intrapros- diffrencier dune urtrite mais la prsence de lagent pathogne
tatique, ou une zone hypochogne, mais ne contribue pas au dans lurtre est un bon argument de prsomption. La positivit
diagnostic de linfection. Une exploration radiologique de des srologies nest pas le tmoin dune infection contempo-
lurtre est conseille distance dun pisode aigu. Elle peut raine, moins dobserver une augmentation significative des
visualiser le reflux durine dans les canaux prostatiques, ou dans taux dimmunoglobulines sur deux dosages distants de 2 semai-
les voies spermatiques, et recherche une stnose du canal. nes, mais on ne peut pas attendre ce dlai pour traiter le
Diagnostic diffrentiel patient. Le micro-organisme le plus souvent en cause est
Chlamydia trachomatis. Cette bactrie primitive intracellulaire,
Il sagit essentiellement du cancer de la prostate, si lhomme sexuellement transmissible, est responsable de 40 % des urtrites
est dans la tranche dge, en raison du PSA qui peut tre lev, non gonococciques et de la plupart des pididymites avant
du toucher rectal qui peut montrer une induration et de 35 ans et de 30 % des prostatites germes non conventionnels.
lchographie qui peut montrer une zone hypochogne. Elle est actuellement recherche par des mthodes damplifica-
Si le PSA reste lev aprs traitement antibiotique, le patient tion gnique. Le germe est gnralement sensible aux fluoro-
est adress un urologue pour une biopsie prostatique. Celle-ci quinolones et, dfaut, galement sensible aux macrolides et
peut, en outre, montrer des signes histologiques dinflammation. aux cyclines (utiliser minocycline). Un traitement de 20 jours
est conseill. Le traitement synchrone des partenaires sexuels est
Traitement une absolue ncessit sans quil soit obligatoire de refaire les
Il est difficile et dcevant. prlvements.
En dehors de Chlamydia trachomatis, on peut retrouver
Antibiothrapie Mycoplasma hominis, Ureaplasma urealyticum, qui sont galement
Ici encore, on choisit une fluoroquinolone systmique des bactries intracellulaires, et impliquent la mme conduite
pendant au moins 2 semaines. La dure de traitement est de que pour Chlamydia, ainsi que Trichomonas vaginalis qui est un
20 jours si le germe y est sensible, en rptant ce traitement en protozoaire, responsable de vaginites et sexuellement transmis-
cas de pousse aigu. sible. Son traitement fait appel aux imidazols.
Il ny a pas de consensus pour un traitement discontinu au
long cours et il parat difficile de donner une quinolone ou du Prostatodynie et douleurs pelviennes
trimthoprime de manire prolonge titre prophylactique
mme en discontinu. Les rcidives sont une indication de
chroniques
traitement antibiotique prolong plus faible dose. Il est admis Dfinition
que les rcidives au mme germe ne sont pas tant dues
lacquisition dune rsistance un antibiotique actif qu la Ces pathologies mal connues concernent des hommes sou-
persistance de foyers infectieux exclus, inaccessibles lantibio- vent jeunes se plaignant de dysurie, de brlures, de pollakiurie,
tique. Ces foyers infectieux sont secondaires la prsence de de douleurs prinales ou le long des dfrents, de troubles
calculs prostatiques ou dune matrice glycoprotique scrte sexuels peu clairs et souvent dun tat dpressif, dont il est
par les bactries. Certains auteurs ont propos lutilisation dune difficile de dire sil est secondaire aux symptmes ou sil en est
antibiothrapie locale administre par injection directe au sein la cause.
de la glande. Entrent dans ce cadre diffrentes entits :
certaines prostatites chroniques infectieuses dont le germe ne
Traitement chirurgical peut pas tre identifi mais o les prlvements montrent au
Il y a peu dindications chirurgicales dans la prostatite moins une leucocyturie significative sur le liquide dexpres-
chronique. Certaines quipes ont inject des antibiotiques in sion prostatique ;
situ sous contrle chographique. Une rsection endoscopique les inflammations prostatiques non infectieuses par laction
est indique en cas dobstruction documente, persistant chimique du reflux durine dans les canaux prostatiques ;
distance dun pisode infectieux aigu pour les patients non les prostatites granulomateuses non infectieuses osinophi-
proccups par leur fcondit (le geste implique lacceptation de les dorigine probablement allergique, dont le diagnostic est
ljaculation rtrograde). Cette intervention vise librer la fait par les biopsies car elles peuvent simuler un cancer. Elles
filire sous-vsicale et enlever les calculs sil y en a. Elle ne rpondent une corticothrapie ;
gurit pas la totalit des foyers infectieux qui sigent surtout les algies prinales par traumatisme du nerf pudendal dans
dans la zone priphrique de la glande et dans les voies le canal dAlcock ;
sminales, alors que lintervention nenlve que la zone les dysfonctionnements vsicosphinctriens par dfaut de
priurtrale. relaxation des muscles du plancher prinal ;
Une prostatovsiculectomie totale, comme pour un cancer, enfin, il arrive que lon ne puisse pas identifier une cause
pourrait enlever tous les foyers infectieux, mais nentre pas dans organique et, si la douleur est le symptme dominant, on
les codes de bonne pratique actuellement en raison des risques peut essayer de la traiter par des antidpresseurs pour leur
de troubles de lrection, de la continence et des consquences action sur le seuil de la douleur au niveau central.
sur la sexualit.
Clinique
Prvention La symptomatologie, commune aux prostatites chroniques
Cest le traitement suffisamment prolong des prostatites non bactriennes et aux prostatodynies, associe de manire
aigus pendant 4 semaines avec une antibiothrapie adapte. variable des signes fonctionnels dj dcrits dans les prostatites
chroniques bactriennes : douleurs de topographie variable,
Autres traitements pelviprinales, troubles mictionnels, troubles sexuels. Des
Les alphabloquants peuvent aider en cas dobstruction du bas troubles psychiques (dpression, anxit, somatisation) sont
appareil urinaire. volontiers retrouvs.
Il nexiste pas de signes infectieux gnraux. Le soutien psychologique est important : les patients doivent
Linterrogatoire et lexamen clinique sont superposables tre assurs de la bnignit de leur affection, malgr son
ceux des prostatites chroniques bactriennes. caractre chronique et volontiers invalidant.
Le toucher rectal pourrait objectiver une hypertonie du
Traitements instrumentaux
sphincter anal et des tissus priprostatiques .
Ils doivent faire lobjet dune discussion en milieu ultrasp-
Examens complmentaires cialis, les donnes sont rares.
Tableau 2.
Rcapitulatif des diffrents types de prostatite.
Prostatite aigu Prostatite chronique bactrienne Prostatite chronique non bactrienne
Diagnostic Facile Difficile Trs difficile
Dfinition Infection aigu bactrienne de la prostate Pathologies infectieuses chroniques et/ou Pathologies inflammatoires de la prostate
rcidivantes < 10 % des cas Douleurs chroniques
Formes histologiques
Germes Bacilles gram ngatif : Escherichia coli +++ Bacilles Gram positif + Aucun
Dans les formes plus volues, lensemble du contenu scrotal Lischmie testiculaire peut conduire linfarctus. Celui-ci se
est inflammatoire et la palpation ne peut rien distinguer. Le complique volontiers dune ncrose, dun abcs ou dune
toucher rectal recherche une douleur prostatique vocatrice de atrophie tardive. Linfarctus du testicule peut tre li une
prostatite aigu associe. thrombose veineuse.
Lchographie-Doppler couleur ne retrouve pas de vasculari-
Examens complmentaires sation intratesticulaire ou montre une lvation de lindex de
Lexamen de lurine la bandelette montre une leucocyturie rsistivit intratesticulaire avec flux diastolique ngatif.
et des nitrites et lECBU montre une leucocyturie et le germe.
Les hmocultures arobies et anarobies sont indiques quand Complications chroniques
la fivre dpasse 38,5 C et lors de frissons. Altration de la fertilit. Au dcours dune pididymite
La protine C ractive est augmente. aigu, le spermogramme montre des perturbations transitoires
Lchographie apporte peu darguments. portant sur la numration, la mobilit et la morphologie des
La recherche des germes sexuellement transmissibles est spermatozodes mais le phnomne le plus proccupant est le
systmatique sauf quand une infection urognitale classique risque plus long terme dobstruction tubulaire secondaire un
est manifeste (patient g, pathologie urologique connue ou ou plusieurs nodules fibreux squellaires. En effet, une atteinte
manifeste, intervention chirurgicale ou manipulation sur le bas bilatrale de ce type entrane une azoospermie dorigine
appareil urinaire rcentes). Actuellement, le prlvement urtral excrtoire. Dautres mcanismes daltration de la fertilit ont
seffectue par simple couvillonnage la recherche de Neisseria t voqus : azoospermie scrtoire par destruction des cellules
gonorrhoeae, car le prlvement endo-urtral avec grattage est germinales, infertilit dorigine immunologique (par formation
remplac par la recherche de Chlamydia trachomatis sur le
dautoanticorps antispermatozodes).
premier jet urinaire par technique damplification gnique
pididymite chronique. Lpididymite chronique est secon-
(PCR).
daire une infection mal traite, nglige ou passe inaperue.
Diagnostic diffrentiel Elle est parfois le stade irrversible dune pididymite aigu
svre. Elle se manifeste par une pesanteur, une gne ou des
Une pididymite aigu ne doit pas tre confondue : douleurs scrotales chroniques. La palpation note une induration
avec une torsion mais, dans ce cas, le dbut est trs brutal, le de tout ou partie de lpididyme. Lexamen histologique montre
testicule est rtract, et les signes infectieux sont absents, une fibrose diffuse et un infiltrat lymphoplasmocytaire. Locclu-
lexamen durine la bandelette est normal. En cas de doute sion tubulaire est frquente.
diagnostique, une intervention chirurgicale en urgence pour
Atrophie testiculaire. Sa frquence est diversement apprcie.
liminer une torsion du cordon spermatique simpose sans
Elle est parfois secondaire une ischmie testiculaire.
mme raliser dchographie scrotale ;
avec un cancer du testicule, mais dans ce cas seul le testicule Rcidives. Un traitement mal conduit, une tiologie urologi-
est indur, lpididyme est normal la surface de linduration que nglige sont lorigine de rcidives.
(signe de Chevassu) et les signes infectieux sont absents.
Traitement [12, 18]
Complications Antibiothrapie
Le traitement rapide et adapt dune pididymite aigu
Elle est identique celle dune prostatite car bien que tous les
permet le plus souvent dobtenir une volution favorable et
dviter les complications. antibiotiques actifs sur le germe soient efficaces sur la maladie
Des signes cliniques de mauvais pronostic font craindre la pididymaire, il est ncessaire de traiter la source de linfection
survenue de ces complications. Desai et Vodermark classent les selon ce qui a t dit plus haut. On peut complter par une
pididymites en trois formes de gravit croissante : immobilisation du scrotum et des antalgiques.
la forme modre : les repres anatomiques sont conservs, le Traitement chirurgical
testicule est palp, spar de lpididyme et indolore ;
la forme svre : les repres anatomiques sont perdus (orchi- Il est indiqu dans trois circonstances :
pididymite vraie) ; sil persiste un doute avec une torsion, il vaut mieux ouvrir
la forme trs svre : la masse inflammatoire est adhrente une bourse pour rien que mconnatre une torsion ;
la paroi scrotale et le cordon est indur et sensible. sil y a une volumineuse pididymite abcde, il peut tre
prfrable denlever lpididyme pour prserver la glande
Complications aigus testiculaire ;
Elles comprennent les complications infectieuses et ischmi- dans les formes rcidivantes, une vasectomie peut tre
ques. Labsence de rponse au traitement antibiotique les fait ncessaire pour interrompre les rinoculations.
craindre et justifie la ralisation dexamens complmentaires.
Orchite. Linflammation stend au testicule et ralise une
orchipididymite. La palpation peroit une masse douloureuse pididymites Chlamydia trachomatis
et ne peut distinguer lpididyme du testicule.
Elles ont une symptomatologie moins bruyante. Lagent
Abcs. Labcs pididymaire se manifeste par une douleur
pathogne doit tre recherch par les mthodes damplification
vive et lancinante associe une fivre leve. lexamen, la
gnique dans le liquide dexpression prostatique, mais sa
peau scrotale est inflammatoire, adhrente et la palpation
prsence dans le prlvement urtral obtenu par couvillonnage
peroit une zone fluctuante. Cet abcs peut stendre au
ou dans le prlvement durine post-massage est un bon
testicule, se rompre dans le scrotum (pyocle du scrotum) ou se
argument de prsomption.
fistuliser la peau.
Lchographie montre une zone hypochogne ou ancho- Le traitement fait appel en premier aux fluroroquinolones
gne avec renforcement postrieur. Au niveau du testicule, cet systmiques, pendant une dure de 20 jours. dfaut, aux
abcs peut galement se manifester par des radiations stries macrolides ou aux cyclines.
hyperchognes sparant des espaces hypochognes. Dans lhypothse dune association dune infection sexuelle-
Ischmie testiculaire. Cette ischmie peut rpondre deux ment transmissible, il est indispensable de raliser un bilan avec
mcanismes : le cordon dmati peut tre comprim au une srologie syphilitique, de lhpatite B et du VIH.
niveau de lorifice inguinal externe ou bien ldme pididy- Le bilan bactriologique chez la ou les partenaires du patient
maire comprime les branches terminales de lartre spermatique est galement indispensable avec notamment recherche de
destine parenchymateuse, de mme la funiculite, en raison Chlamydia trachomatis (prlvement cervicovaginal, premier jet
dun fascia spermatique externe peu compliant, saccompagne urinaire).
dune congestion lymphatique et veineuse puis dune occlusion Le traitement synchrone du partenaire sexuel est indispensa-
artrielle. ble ; il permet galement dviter les rcidives.
Conclusion [10] Schaeffer AJ, Weidner W, Barbalias GA, Botto H, Johansen TE,
Hochreiter WW, et al. Summary consensus statement: diagnosis and
Les prostatites et pididymites aigus bactriennes sont des management of chronic prostatitis/ chronic pelvic pain syndrome. Eur
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pathologies frquentes et pidmiologiquement lies. Leur
[11] Weidner W, Anderson RU. Evaluation of acute and chronic bacterial
traitement repose sur une antibiothrapie standardise et prostatitis and diagnostic management of chronic prostatitis/chronic
prolonge. Il ne faut pas mconnatre une infection sexuelle- pelvic pain syndrome with special reference to infection/inflammation.
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Les prostatites chroniques non bactriennes sont une entit [12] Naber KG, Bergman B, Bishop MC, Bjerklund-Johansen TE, Botto H,
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Service durologie, Hpital Piti-Salptrire, Assistance publique Hpitaux de Paris, Facult de mdecine Pierre et Marie Curie, Universit Paris VI, 47-83,
boulevard de lHpital, 75651 Paris cedex 13, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Ph V., Rouprt M. Prostatites et pididymites. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Trait de Mdecine Akos,
5-0670, 2010.
La rtention aigu durine (RAU) est une urgence urologique qui se caractrise par une impossibilit
douloureuse duriner et dont lincidence augmente avec lge. Elle peut tre provoque par divers
mcanismes provoquant un dysfonctionnement du systme vsicosphinctrien. La RAU est une
pathologie essentiellement masculine qui survient dans deux tiers des cas sur un terrain dhypertrophie
bnigne de la prostate (HBP). Son diagnostic clinique est caractris par la prsence dune envie
douloureuse duriner associe la prsence dun globe vsical. Son traitement repose sur lvacuation
vsicale qui sera instaure rapidement, dans lidal par cathtrisme sus-pubien. Le traitement
a-bloquant associ au drainage augmente les chances de succs de sevrage et diminue les risques de
rcidive. En cas dindication chirurgicale au dcours de lpisode de RAU, lintervention doit tre ralise
distance de lpisode afin de limiter la morbimortalit priopratoire.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Mots cls : Rtention aigu durine ; Hypertrophie prostatique ; Sondage urinaire ; Cathter sus-pubien
Plan pour les 40-49 ans et augmente jusqu 10 % chez les 70-79 ans.
Un homme de 60 ans a 23 % de risque de faire une RAU sil vit
jusqu 80 ans [3].
pidmiologie 1
Plus rcemment, Verhamme et al. ont ralis une enqute
Physiopathologie 1 rtrospective sur un large chantillon de patients allemands
Gnralits 1 pouvant sapparenter la population gnrale. Cette tude nous
Capacit vsicale et perception du besoin duriner 2 rvle que lincidence est basse chez les plus de 45 ans (2,2 pour
Contrle vsicosphinctrien 2 1 000 patients-annes) et augmente avec lge. Elle passe de 0,2
Mcanismes de survenue de la rtention aigu durine 2 11 pour 1 000 entre les 45-49 ans et les plus de 80 ans [4].
tiologies 3 Chez les patients prsentant des troubles urinaires du bas
Augmentation des rsistances lcoulement des urines 3 appareil en rapport avec une hypertrophie bnigne de la
Troubles vsicosphinctriens 4 prostate (HBP) rcemment diagnostique, lincidence globale est
Rtentions neurologiques 4 de 18,3 pour 1 000 et augmente toujours avec lge. Ces
Diagnostic 5 patients prsentent un risque beaucoup plus important de RAU
Diagnostic positif 5 par rapport la population gnrale (risque relatif de 11) [4].
Diagnostic tiologique 7 Chez les femmes, la RAU est beaucoup moins frquente. Le
Diagnostic diffrentiel 7 sex-ratio est de 1/13 [2].
Traitements 7
Traitement durgence : drainage vsical
Traitement mdical associ
7
9
Physiopathologie
Prise en charge secondaire, aprs le drainage vsical 10
Gnralits
Conclusion 11
Les reins produisent chaque jour 750 2 000 ml durines qui
sont achemines vers la vessie par lintermdiaire des contrac-
tions pristaltiques urtrales. Dans les conditions physiologi-
pidmiologie ques, la production durine est continue.
En revanche, la diurse et la vitesse de londe pristaltique
Plusieurs quipes se sont intresses ltude de lincidence sont variables et rendent le stockage des urines indispensable.
de la rtention aigu durine (RAU). Pour certains, le taux Les urines stockes dans la vessie sont ensuite limines via
dincidence de survenue de la RAU, cumul sur 10 ans, varie de lurtre lors de la miction.
4 % 73 % [1]. Cette large fourchette montre quil est difficile Le bas appareil urinaire est soumis aux variations de la
de dfinir cette incidence dans la population gnrale, car la diurse rnale et ce, sans rtrocontrle. Il doit donc adapter la
plupart des tudes, biaises, ont t ralises sur de petits frquence des mictions aux variations des volumes durines
chantillons non reprsentatifs de la population gnrale. scrtes. Toute anomalie vsicosphinctrienne sensitive ou
La RAU avant 60 ans est rare, mais elle devient frquente motrice entrane ainsi une anomalie de la miction pouvant
dans la septime dcennie o il existe huit fois plus de risques conduire une rtention aigu durine (RAU). Cette dernire
de RAU que chez les patients quadragnaires [2]. Sur 5 ans, peut avoir un retentissement sur le haut appareil urinaire qui
lincidence cumulative augmente avec lge. Elle est de 1,6 % est variable selon sa dure et le terrain.
Urologie 1
18-207-D-10 Rtentions aigus durine compltes
Miction
60 B3
40 S2
20 B1 B2
0
100 200 300
Temps (s) S4
2 Urologie
Rtentions aigus durine compltes 18-207-D-10
Urologie 3
18-207-D-10 Rtentions aigus durine compltes
aboutir une rtention aigu [26, 27]. Lenvahissement de lurtre Rtentions psychognes
peut tre li un carcinome urtral. Enfin, une imperforation
de lhymen, un traumatisme vulvaire, une stnose par Les tiologies psychiatriques ne se conoivent quune fois
coalescence des petites lvres, un myxome vaginal ou un toutes les tiologies organiques, notamment neurologiques et
hmatocolpos sont dautres causes gyncologiques de RAU [28]. mdicamenteuses, limines. Les vritables troubles urinaires
psychognes sont rares et ne reprsentent que 0,7 % des
troubles urinaires de ladulte. Les syndromes dpressifs
Troubles vsicosphinctriens majeurs [36] et les victimes dabus sexuels [37] sont des causes de
rtention aigu durine. Des troubles phobiques de lordre de la
Causes anorectales phobie sociale ou certaines formes de schizophrnie peuvent
Une constipation importante et un fcalome sont des causes galement conduire la rtention des urines [38, 39].
frquentes de RAU. La cure chirurgicale hmorrodaire [29], la
cure de fistule anale sont dautres tiologies de RAU avec une Rtentions mdicamenteuses
prvalence variant de 0,9 % 21,9 % [30, 31]. Ltiologie exacte
de ce type de rtention nest pas clairement lucide et semble Les molcules pouvant entraner une rtention aigu durines
tre multifactorielle. Pour certains, la douleur pourrait induire sont nombreuses et agissent de manire gnrale en inhibant la
de manire rflexe une hypotonie du dtrusor et une contrac- contraction du dtrusor. La prise du mdicament peut tre un
tion du sphincter urtral [32]. Pour dautres, cest la dilatation vnement dclencheur, mais correspond le plus souvent au
anale peropratoire et la surdistension vsicale qui empche- facteur prcipitant la RAU sur un terrain prmorbide comme
raient la contraction du dtrusor, entranant un spasme rflexe lHBP. Certains mdicaments inhibent le contrle volontaire de
du sphincter urtral [33] . Les tumeurs rectales, les fissures la miction alors que dautres ont une action directe sur lappa-
rectales, les abcs prirectaux ainsi que les rapports anaux reil vsicosphinctrien via une action sympathicomimtique ou
peuvent parfois engendrer une rtention aigu. parasympathicolytique.
Parmi les mdicaments les plus incrimins, on retrouve : les
Rtention du post-partum agonistes a-adrnergiques, les b-bloquants, les anticholinergi-
ques, les antidpresseurs, les neuroleptiques, les antiparkinso-
La rtention urinaire du post-partum (RUP) est une compli-
niens, les myorelaxants, les morphiniques et agonistes, les
cation peu frquente et mal connue de laccouchement par voie
antihistaminiques, les anticonvulsivants et plus rarement les
basse. Elle survient aprs 0,7 0,9 % des accouchements. Elle
anti-inflammatoires non strodiens (AINS) [40]. Les collyres, les
varie, selon les auteurs, de labsence de miction 12 heures de
voies sublinguales ou nasales ont un passage dans la circulation
laccouchement la dtection systmatique dun rsidu post-
systmique et peuvent galement entraner une RAU (collyres
mictionnel suprieur 150 ml. Dans notre pratique obsttricale
b-bloquant, spray sublingual de buprnorphine) (Tableau 2).
actuelle, la dfinition la plus adapte semble tre celle de
Glavind et al. qui la diagnostiquent devant labsence de miction
spontane 6 heures aprs un accouchement associ un globe Rtentions neurologiques
vsical de volume suprieur 400 ml. Il sagit rarement dun
facteur isol, mais le plus souvent de facteurs prexistants Les origines neurologiques sont nombreuses et touchent les
associs. Les neuropathies dtirement du nerf pudendal inter- deux sexes avec la mme frquence, mais avec une prvalence
rompant larc rflexe qui nuisent la relaxation du plancher diffrente selon les tiologies. Il existe deux grands niveaux
pelvien et des sphincters urtraux peuvent entraner une RAU. datteinte des voies neurologiques urinaires. On distingue les
La douleur prinale lors de laccouchement peut galement atteintes situes au-dessus (lsions suprasacres) et au-dessous
provoquer un spasme du sphincter urtral lisse par stimulation (lsions sacres, radiculaires et neurognes) du centre rflexe
sympathique des rcepteurs a-1 du col vsical, voire une mictionnel situ dans la moelle sacre (Tableau 3).
contracture rflexe du sphincter urtral stri. Enfin, une
compression prolonge par la prsentation ftale et un hma- Lsions suprasacres
tome form lors dun accouchement traumatique peuvent
engendrer un dme du col vsical qui peut constituer un Lappareil vsicosphinctrien fonctionne sous le contrle du
obstacle mcanique la miction. tronc crbral et des hmisphres crbraux. Les lsions neuro-
logiques interrompant les fibres qui se dirigent vers le centre
Rtentions postopratoires sacr de la miction peuvent entraner des troubles vsico-
sphinctriens importants comme la RAU. Les accidents vascu-
Il existe de nombreux facteurs pouvant conduire une laires crbraux (AVC), les lsions du cortex frontal, la sclrose
rtention aigu durine dans les suites dune chirurgie quelle en plaques, le lupus rythmateux dissmin, la maladie de
quen soit la nature. Le type danesthsie influence le risque de Parkinson sont des causes crbrales de RAU [41, 42]. Certaines
RAU postopratoire. Lanesthsie pidurale est plus risque affections infectieuses comme la mningite, la mningo-
dentraner une rtention aigu par rapport une anesthsie
encphalite herptique, la poliomylite ou le virus de limmu-
gnrale [34, 35]. Le sexe masculin et lge avanc restent, pour
nodficience humaine (VIH) peuvent entraner des RAU. Les
certains, des facteurs de risque non ngligeables. Les interven-
lsions traumatiques mdullaires telles que les hmatomes
tions les plus risques sont celles touchant la sphre urognitale,
piduraux ou les compressions mdullaires peuvent galement
la chirurgie colorectale, la cure de hernie inguinale et les
tre responsables de rtention aigu [43]. Les lsions neurologi-
arthroplasties de hanche et de genou. Un autre facteur impor-
tant de RAU postopratoire est lhyperdistension vsicale ques suprasacres entranent le plus souvent des troubles
conscutive lhyperdiurse induite par le remplissage vascu- vsicosphinctriens type de fuites urinaires par dfaut du
laire. Au cours dune intervention longue et en labsence de systme central dinhibition. Toutefois, lors de la phase aigu
sondage, la vessie peut se distendre et aboutir un claquage dun traumatisme mdullaire ou choc spinal (quivalent un
du dtrusor (ou hypotonie acquise). Lapport de soluts syndrome neurogne priphrique), la vessie devient atone. De
intraveineux est donc un facteur de risque indpendant de plus, la pression cervicale reste leve et le sphincter stri reste
RAU [31] . Le mauvais contrle de la douleur postopratoire ferm, empchant lvacuation des urines, ce qui peut conduire
apparat galement comme un facteur de risque de RAU dans la au claquage du dtrusor .
chirurgie de la hernie inguinale. Enfin, les hommes qui subis- Les compressions mdullaires peuvent tre dorigine extradu-
sent une rsection digestive, et plus particulirement lors des rale ou intradurale. Les hernies discales, les atteintes rachidien-
rsections antrieures du rectum, ont galement une forte nes secondaires des mtastases vertbrales de cancers
probabilit de dvelopper une RAU postopratoire en raison du ostophiles, aux mylomes ou aux lymphomes, sont des causes
risque de lsions de linnervation vgtative de la vessie. de RAU dorigine extradurale [44]. Il en est de mme pour la
4 Urologie
Rtentions aigus durine compltes 18-207-D-10
Tableau 2.
Traitements mdicamenteux pouvant provoquer une rtention aigu durine (RAU) iatrogne.
Classe Noms (exemples) Action Effet
Alphastimulants Nosynphrine Sympathomimtique Augmentation du tonus urtral
phdrine
Noradrnaline
Urologie 5
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Tableau 3. dune RAU chez le sujet jeune peut tre un signe inaugural de
tiologies neurologiques des rtentions aigus durine (RAU). myloradiculonvrite infectieuse, de syndrome de Guillain-
Lsions du systme nerveux central
Barr ou dune tumeur mylique qui sera confirme par une
imagerie par rsonance magntique (IRM) mdullaire. Pour
AVC
certains, une RAU de survenue brutale chez une femme jeune
SEP
ne doit pas tre tiquete comme bnigne ou psychogne en
Lupus rythmateux labsence de ponction lombaire, mme en labsence de signe
dissmin neurologique [49].
Lsion expansive frontale Lexamen neurologique peut tre succinct, mais il sera
Maladie de Parkinson approfondi lors de la RAU du sujet jeune sans cause vidente.
Il doit comprendre :
Infection Mningite
le testing des releveurs et du sphincter volontaire anal, cot de
Mningoencphalite herptique 0 5 lors du toucher rectal ;
Poliomylite une tude de la sensibilit prinale superficielle : faces
VIH postrieures des cuisses (S2), fesses (S3), pourtour de la marge
Maladie de Lyme anale (S4), triangle postrieur anal (S5) ;
la mise en vidence du rflexe bulbocaverneux ou clitorido-
Compression mdullaire Extradurales : anal afin dtudier cliniquement larc rflexe honteux interne
hernie discale (S2-S3-S4), impliqu dans le contrle mictionnel ;
traumatique la recherche du rflexe anal la toux, qui correspond la
origine tumorale (mtastase, mylome) contraction involontaire du sphincter anal lors de la toux
origine infectieuse (spondylodiscite) (T12) ;
ltude des mtamres proches de ceux contrlant la miction
Intradurales : (S2, flchisseurs des orteils).
mningiome
neurinome Examens complmentaires
Examens biologiques
Lsions du systme nerveux priphrique
Polyneuropathie diabtique Les examens raliser sont :
Infection Syndrome de Guillain-Barr :
une bandelette urinaire (BU) plus ou moins associe un
examen cytobactriologique des urines (ECBU) en cas de
bilharziose urinaire
positivit, la recherche dune infection urinaire ;
herps gnital un ionogramme sanguin avec urmie et cratinmie, pour
zona dans les dermatomes sacrs dpister une ventuelle insuffisance rnale aigu et des
troubles hydrolectrolytiques ;
Syndrome de la queue-de- Hernie discale :
une numration-formule sanguine (NFS) associe un dosage
cheval traumatique de la protine C ractive (CRP) ou de la vitesse de sdimen-
tumoral tation (VS) pouvant orienter vers une maladie infectieuse ou
AVC : accident vasculaire crbral ; SEP : sclrose en plaques ; VIH : virus de inflammatoire ;
limmunodficience humaine. un taux de PSA en fonction du terrain la recherche dun
cancer de la prostate. Cependant, celui-ci sera surestim par
ltat de RAU [50].
au diagnostic de rtention aigu durine. La RAU peut gale-
ment tre accompagne de sueurs, dune agitation et parfois, chographie des voies urinaires
chez le sujet g, dun syndrome confusionnel. Lexamen
Lchographie de larbre urinaire permet une exploration
gnral permet ventuellement dapprcier le retentissement sur
rapide, simple, non invasive et fiable de lappareil urinaire. Elle
le haut appareil par la recherche dune distension rnale la
confirme, quantifie et localise le globe vsical. Elle permet
palpation des fosses lombaires et peut mettre en vidence des
dapprcier le retentissement sur le haut appareil. Elle est
signes cliniques lis une insuffisance rnale aigu survenant
recommande en cas de RAU, mais nest pas indispensable et sa
aprs la dcompensation dune insuffisance rnale chronique
par lpisode de RAU (dmes des membres infrieurs, pousse ralisation ne doit pas retarder le drainage vsical.
hypertensive, surcharge pulmonaire, signes neurotoxiques Son utilisation est cependant essentielle dans des certaines
pouvant aller jusquau coma urmique, etc.). La ralisation des situations :
touchers pelviens doit tre systmatique, notamment le toucher en cas dobsit morbide ou dantcdent de chirurgie
rectal chez lhomme, qui est ralis aprs la vidange vsicale abdominale avec cicatrice mdiane sous-ombilicale o elle
afin de ne pas minorer le volume prostatique. Le toucher rectal permet de reprer, de marquer le point de ponction du
permet destimer le volume prostatique, de dpister un cancer drainage sus-pubien ;
de la prostate ou du rectum de vrifier la vacuit de lampoule dans un contexte dascite ou dobsit morbide o elle
rectale (absence de fcalome) et de raliser un testing musculaire. permet de confirmer le diagnostic ;
Chez la femme, les touchers pelviens peuvent rvler une masse en cas de traumatisme du bassin o elle permet de confirmer
pelvienne bnigne dorigine gyncologique (utrus polyfibro- et de localiser le globe urinaire avant ponction sus-pubienne.
myomateux, fibrome utrin pdicul, etc.) ou dorigine maligne tude de la vessie. Lchographie sus-pubienne est ralise
diverse. Enfin, lexamen des organes gnitaux externes permet laide dune sonde superficielle de 3 MHz, en coupes transver-
dcarter une cause facilement identifiable de RAU telle quune sales et longitudinales afin de raliser la mesure des trois plus
stnose matique, un phimosis serr, une tumeur de verge ou grandes dimensions de la vessie (hauteur largeur profon-
de lurtre et une stnose par coalescence des petites lvres chez deur). Plusieurs formules mathmatiques permettent de calculer
la femme. le volume du globe partir de ces trois mesures, en assimilant
la vessie une sphre ou une ellipse. La formule la plus
Examen neurologique employe dans la pratique courante est celle qui assimile le
Mme si les RAU sont le plus frquemment obstructives, il ne volume du globe comme la moiti du produit de ces trois
faut pas carter une ventuelle origine neurologique, dautant dimensions. Lchographie sus-pubienne a nanmoins ses
plus sil sagit dun sujet jeune sans obstacle cervico-urtral limites. En effet, cest un examen oprateur-dpendant, et la
vident. Cest pourquoi lexamen neurologique prinal est vessie peut tre visualise sous diffrentes formes en fonction du
primordial dans le bilan de RAU. En effet, la survenue inopine pristaltisme intestinal. La marge derreur ainsi engendre est
6 Urologie
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Diagnostic diffrentiel
Incontinences de miction par rengorgement
Il sagit, dans ce cas, dune rtention chronique durine
incomplte se compltant. Il existe des fuites par rengorgement
qui sont prises pour des mictions. Le globe vsical est peu ou
non douloureux, avec une disparition du besoin mictionnel et
des fuites sans miction. Dans la plupart des cas, linterrogatoire
correctement conduit suffit rtablir le diagnostic.
Anurie et oligoanurie
Dans ce tableau, il ny a pas de miction ni de besoins
mictionnels et la vessie est vide cliniquement. Lchographie
confirme la vacuit vsicale et peut mettre en vidence une
ventuelle dilatation du haut appareil, tmoignant de la nature
obstructive de lanurie.
Ascite
Lexamen clinique dun patient ascitique prsentant des
douleurs abdominales retrouve une matit dclive au niveau des
flancs et non sus-pubienne convexit suprieure.
Traitements
Traitement durgence : drainage vsical
Figure 3. Clich dabdomen sans prparation (ASP) couch dans le
cadre dune rtention aigu durine (RAU). Sondage urtral
Principes gnraux
approximativement de 15 % 25 % pour des volumes sup- Le sondage urtral est ralis par cathtrisme rtrograde
rieurs 150 ml et est suprieure 25 % pour des volumes laide dune sonde vsicale. Bien que couramment ralis, le
moins importants [51]. Les difficults sont plus importantes chez sondage nen reste pas moins un geste invasif. Un sondage
lenfant, car il existe des faux ngatifs de faon quasi cons- septique peut avoir de lourdes consquences chez un patient
tante [51] . En pratique courante, cette marge derreur est dont ltat gnral est prcaire. La stnose urtrale est la
acceptable, notamment chez un adulte en RAU. Lchographie complication redoute en cas de sondage traumatique, car elle
permet galement la recherche de signe de vessie de lutte a un retentissement certain sur la qualit de vie ultrieure du
(hypertrophie du dtrusor visualis par un paississement de la patient. Selon larticle R. 4311-10 du Code de la sant publique,
paroi vsicale, visualisation de diverticules) tmoignant dun le premier sondage chez un homme est un acte mdical.
obstacle ancien.
tat du haut appareil. Lchographie rnale permet dobjec- Technique
tiver une rpercussion de la RAU sur le haut appareil urinaire en Le sondage doit tre ralis de faon minutieuse, atraumati-
recherchant une dilatation des cavits pylocalicielles (mesure que, dans des conditions dasepsie chirurgicale et tre indolore.
du diamtre antropostrieur du bassinet suprieur 10 mm). Une premire toilette soigneuse de la verge ou de la vulve doit
Elle permet galement la mesure du parenchyme rnal qui est tre ralise avant la dsinfection par un antiseptique non
atrophique en cas dinsuffisance rnale chronique. alcoolique. Des gants et un champ trou striles sont utiliss.
Radiographie standard dabdomen sans prparation (ASP) Pour lubrifier la sonde et diminuer la douleur, un gel lubrifiant
strile, idalement de lidocane usage urtral (Xylocane 2 %
La radiographie standard a trs peu dintrt. Elle est ralise
gel urtral) est dpos sur la sonde. Il est recommand dutiliser
en labsence dchographie. Le clich dASP peut rvler des
une sonde de calibre modr (ch 16-18), si possible en silicone
signes indirects de RAU tels quune opacit sus-pubienne
(type Silastic), afin de diminuer le risque de stnose urtrale.
refoulant vers le haut les clarts digestives, des calculs rnaux,
Il est galement recommand dutiliser un collecteur durine
vsicaux ou des calcifications prostatiques (Fig. 3).
strile pradapt sur la sonde afin de raliser un sondage en
Exploration rtrograde systme clos qui diminue le risque dinfection iatrogne. Ce
systme clos ne doit tre dconnect quen cas dabsolue
Les explorations urinaires rtrogrades (fibroscopie urtro-
ncessit. Aprs avoir vrifi ltanchit du ballonnet, lintro-
vsicale, cystoscopie, cystographie rtrograde, bilan urodynami-
duction de la sonde dans lurtre lubrifi se fait sur une verge
que) sont inutiles en urgence et peuvent engendrer des compli-
tendue au znith . La progression de la sonde est douce, de
cations infectieuses ou traumatiques. Seule la fibroscopie a un
lurtre antrieur vers lurtre bulbaire. La mobilisation de la
rle en urgence dans les cas de RAU avec une contre-indication
verge, toujours tendue vers les pieds, permet daligner lurtre et
au drainage sus-pubien et un sondage impossible. Elle est
facilite la progression de la sonde vers lurtre prostatique.
ralise par lurologue afin de passer un fil guide jusque dans la
Lorsque la sonde pntre dans la vessie, les urines scoulent
vessie pour guider le passage de la sonde. Le sondage urtral
librement dans le sac collecteur. Une fois la sonde enfonce
diagnostique doit tre absolument proscrit, compte tenu de
jusqu la garde, le ballonnet est rempli par 10 ml deau strile
son caractre invasif et des frquentes complications traumati-
(et non de srum physiologique pour viter sa cristallisation).
ques et infectieuses qui lui font suite.
.
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10 Urologie
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D. Chautard.
A.R. Azzouzi ([email protected]).
Service durologie, Centre hospitalier universitaire dAngers, 4, rue Larrey, 49100 Angers, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Latteux G., Faguer R., Bigot P., Chautard D., Azzouzi A.R. Rtentions aigus durine compltes. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie, 18-207-D-10, 2011.
12 Urologie
5-0684
Les suites opratoires en urologie concernent de plus en plus les mdecins de ville, du fait de
laugmentation du nombre dactes et de la diminution des dures dhospitalisation. Elles sont marques
par un certain nombre dvnements gnants pour le patient (telles des impriosits, une hmaturie
passagre...) propres au type de chirurgie ralis, mais gnralement bnins et pris en charge aisment
en dehors dun milieu spcialis, ce dautant que le patient aura t prvenu de leur survenue possible. Le
contrle de la strilit des urines est souvent une premire tape dans le diagnostic en cas de survenue de
complication postopratoire. La permabilit des sondes est galement un facteur important quil
convient de contrler. En cas de complication manifeste, il convient de radresser le patient son
chirurgien, dans son service dorigine.
2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Complications paritales
Les complications paritales concernent le plus souvent les
interventions ralises par voie chirurgicale traditionnelle, dite
incisionnelle ou ciel ouvert . Il sagit principalement des
ventrations. Celles-ci sont prvenues en vitant pendant au
Figure 1. Sonde vsicale simple courant et sonde vsicale double moins 1 mois aprs lintervention les efforts physiques impor-
courant pour assurer le lavage de la vessie. 1. Ballonnet intravsical ; tants. Il peut par ailleurs tre utile dinstaurer un traitement
2. sonde double courant ; 3. sonde simple courant. contre la constipation afin dviter les efforts de pousse
responsables dhyperpression abdominale.
Il convient de faon gnrale de surveiller rgulirement la
hmaturie macroscopique. Il convient, dans la majorit des cas, cicatrice jusqu lablation des fils de sutures ou agrafes.
de conseiller au patient une hydratation abondante, afin
dviter la formation de caillots pouvant entraner une obstruc-
tion des voies urinaires. Ce risque est particulirement retrouv
dans le cadre de la chirurgie endoscopique, 10 15 jours aprs Spcificits de la chirurgie
lintervention, lors de la chute descarres . laparoscopique
Une complication hmorragique peut aussi se rvler sous la
forme dun hmatome profond ou parital. Celui-ci est dpist Les interventions par chirurgie laparoscopique (atmosphre
devant lapparition de douleurs, dune gne, voire dune masse gazeuse) donnent gnralement lieu des hospitalisations de
palpable ; la prsence de fivre doit faire suspecter une infection plus courte dure que pour les interventions par voie classique.
de cet hmatome. La numration sanguine retrouve une La chirurgie par voie laparoscopique comporte moins de risques
anmie. En cas de suspicion dhmatome, ou dinfection, le paritaux que la chirurgie par voie ouverte ; cependant, les
patient doit tre radress loprateur. conseils de limitation de lactivit physique pendant 1 mois
Les complications hmorragiques sont favorises par la prise restent applicables. Les principales particularits aprs chirurgie
par le patient dun traitement anticoagulant ou antiagrgant par voie laparoscopique sont la survenue de douleurs au niveau
plaquettaire. En cas de traitement par antivitamine K, un relais des paules, par irritation diaphragmatique secondaire
est ralis avant lintervention par des hparines de bas poids linflation de labdomen pendant lopration, et la survenue de
molculaire (HBPM) dose adapte ; le traitement par antivita- crpitations sous-cutanes par diffusion du gaz (emphysme
mine K nest repris qu distance de lintervention, en fonction sous-cutan transitoire). Ces phnomnes sont sans gravit.
du risque hmorragique de lintervention pratique et des
consignes du chirurgien. Dans la mesure du possible, en
fonction du geste et du risque opratoire envisag, des comor-
bidits, et en accord avec lanesthsiste et le cardiologue, le Spcificits de la chirurgie
traitement antiagrgant plaquettaire est arrt, pour ntre repris
qu distance de lintervention.
endoscopique basse
Dans les suites opratoires de la chirurgie urologique, une Il sagit principalement dintervention sur la prostate (incision
prophylaxie antithrombotique par HBPM peut tre mise en cervicoprostatique, rsection transurtrale de prostate) et la
place. La chirurgie du petit bassin, ainsi que la chirurgie rnale vessie (rsection transurtrale de polypes vsicaux). Les princi-
par voie ouverte, tout comme les gestes dexrse carcinologi- pales complications susceptibles de survenir aprs le retour
ques, sont considres comme risque thromboembolique domicile sont lhmaturie macroscopique, surtout lors de la
lev. En revanche, la chirurgie endoscopique, la chirurgie priode de chute descarres 10 15 jours aprs linterven-
pelvienne fminine par voie basse, la chirurgie rnale par abord tion, et la rtention aigu durines.
percutan, la chirurgie des glandes surrnales sont faible
Lhmaturie macroscopique simple non caillotante ne nces-
risque thromboembolique, ne ncessitant pas de prophylaxie
site quune simple hyperhydratation du patient jusqu dispari-
mdicamenteuse [1]. Dans le cas dune intervention pour cancer,
tion des symptmes, afin dviter le caillotage.
la prophylaxie est gnralement poursuivie pendant 1 mois.
La rtention aigu durine peut tre secondaire un caillotage
Lutilisation dune anticoagulation prventive par HBPM impose
ou la persistance dun copeau de rsection qui vient obstruer
la surveillance de la numration plaquettaire deux fois par
semaine afin de dpister une ventuelle thrombopnie induite la voie urinaire. Dans de plus rares cas, principalement quand
par lhparine. le patient prsentait avant lintervention un tableau de rten-
tion chronique, la rtention peut sobserver devant une non-
reprise de la fonction contractile normale du dtrusor (vessie
Complications infectieuses claque ). La survenue dune rtention ncessite de radresser
Les complications infectieuses peuvent toucher le site opra- en urgence le patient pour leve de lobstacle et drainage.
toire, profondment ou superficiellement au niveau de la Dans les suites dune rsection transurtrale dadnome de
cicatrice, ou les urines. Linfection du site opratoire doit tre prostate, il est important de prvenir le patient que des signes
suspecte cliniquement sur lapparition de douleurs, dun aspect irritatifs urinaires peuvent persister pendant 1 3 mois, sans
localement inflammatoire, de fivre, voire dun coulement obrer un rsultat pjoratif de lintervention. Le rsultat
suspect en regard de la cicatrice. Toute suspicion dinfection du fonctionnel nest jamais parfait demble. Il peut aussi exister
site opratoire doit faire radresser le patient son chirurgien. des fuites urinaires pendant les premires semaines aprs
Les infections urinaires se prsentent avec les symptmes lintervention, qui sestompent et disparaissent par la suite. Le
habituels, ou peuvent tre dpistes sur un examen cyto- taux dincontinence aprs rsection transurtrale de prostate est
bactriologique de contrle qui est ralis avant la visite de faible (5,9 % dincontinence de stress et 11,8 % dincontinence
par impriosit [2]). Les patients doivent aussi tre prvenus du lanastomose entre uretre et tube digestif dans le cas dun
risque beaucoup plus lev (de lordre de 75 %) djaculation Bricker, anastomose urtrale pour une novessie, 2,92 %) [8].
rtrograde aprs lintervention ; on retrouve des taux de Dautres complications sont mettre en rapport avec le type de
dysfonction rectile allant jusqu 13 % aprs rsection drivation urinaire ralis aprs la cystectomie [9].
endoscopique dadnome de prostate [3]. Lorsque les conditions carcinologiques locales le permettent,
la drivation des urines peut tre ralise par la construction
dune novessie partir dun segment dintestin grle dtubul.
Spcificits de la chirurgie Les sensations de rpltion vsicale sont modifies, ainsi que les
mcanismes de vidange (on recense 11,5 % de troubles de la
prostatique et vsicale non vidange de la novessie) [10]. Il est important que le patient vide
rgulirement sa vessie toutes les 3 ou 4 heures. Afin dobtenir
endoscopique une bonne vidange vsicale, il est ncessaire dexercer une
pousse abdominale. Dautre part, il est important dassurer une
diurse suffisante. En effet, le tube digestif utilis pour la
Adnomectomie par voie haute novessie produit du mucus qui, sil nest pas limin rguli-
Il sagit dune intervention visant retirer un adnome rement, contribue obstruer lanastomose entre lurtre et la
prostatique, sadressant aux adnomes de gros volumes (au-del novessie et entrane une rtention durine chronique, voire
de 60 g) [4] qui ne sont pas accessibles un geste endoscopique. aigu. Laccumulation de mucus dans la plastie est aussi
En dehors de lhmaturie macroscopique et des troubles lorigine de la distension de celle-ci. La continence obtenue avec
fonctionnels qui sont quivalents ceux rencontrs dans la la plastie vsicale est rarement parfaite mais peut tre amliore
rsection transurtrale de prostate, la principale complication par la rducation dbute au-del du 2e mois postopratoire, et
distance de cette intervention est lapparition dune fistule ce dautant plus que le patient sastreint une bonne hygine
vsicocutane secondaire la mauvaise cicatrisation de louver- mictionnelle. On peut aussi observer des troubles mtaboliques,
ture vsicale pratique lors de lintervention. soit par retentissement sur le haut appareil urinaire dune
stnose des anastomoses urtrales avec apparition dune
insuffisance rnale, soit du fait de la rabsorption hydrolectro-
Prostatectomie totale lytique par la muqueuse digestive constituant la paroi de la
novessie, qui peut entraner lapparition dune acidose
Elle consiste pratiquer lablation complte du bloc mtabolique.
prostate-vsicules sminales et raliser une anastomose Lorsque la ralisation dune novessie savre impossible, la
vsico-urtrale. Cest lintervention de choix pour le traitement drivation des urines se fait la peau, soit directement par des
du cancer de la prostate localis chez le sujet jeune. Elle est urtrostomies cutanes, soit plus frquemment par linterm-
aujourdhui de plus en plus souvent ralise par voie laparosco- diaire dun segment dintestin grle (urtro-ilostomie de type
pique ou robot-assiste. Par ailleurs, les suites peuvent tre Bricker, drivation non-continente). La complication le plus
marques par [5] : frquemment rencontre, en dehors dventuelles difficults
lincontinence urinaire : si elle est trs frquente immdiate- dappareillage de stomie, est la stnose des anastomoses,
ment aprs lintervention, il ne faut parler dincontinence principalement dans le cas des urtrostomies cutanes. Celles-ci
dfinitive quau-del de 12 mois. Les pourcentages de conti- sont gnralement appareilles laide de sondes mono-J. Ces
nence retrouvs distance de lintervention varient entre sondes exposent aux risques infectieux, au risque dobstruction
85 % et 95 % en fonction des tudes. Les rsultats de la de celles-ci ainsi quau dplacement qui entrane un mauvais
rducation, qui peut tre dbute au-del du 2 e mois drainage de la voie excrtrice. Labsence de retentissement sur
postopratoire, restent modrs. Le traitement de rfrence le haut appareil urinaire doit aussi tre contrle (valuation de
reste la mise en place dun sphincter artificiel. Dans le cas la fonction rnale).
dincontinence modre existent des alternatives au sphincter
artificiel, telle la mise en place de ballons ;
la dysfonction rectile : cest une complication frquente, car Spcificits de la chirurgie
les impratifs carcinologiques conduisent souvent des
lsions des nerfs recteurs. Une amlioration spontane de la du haut appareil urinaire
symptomatologie peut survenir jusqu 2 ans aprs linter- La chirurgie du haut appareil urinaire est de plus en plus
vention. En cas de prservation unilatrale des nerfs recteurs, souvent ralise par voie clioscopique. On distingue trois
le taux de conservation de la fonction rectile varie entre grands types dintervention : la nphrectomie totale (nphrec-
13,3 % et 68,8 % selon les tudes ; si la prservation des nerfs tomie simple dans le cas dun rein non fonctionnel ou infect,
recteurs a t bilatrale, on observe des taux variant de nphrectomie largie, voire nphro-urtrectomie dans le cadre
31,9 % 86 %. Le traitement repose sur les injections dune tumeur du rein ou de la voie excrtrice suprieure), la
intracaverneuses, ou la prise dinhibiteurs des phosphodiest- nphrectomie partielle et la cure de syndrome de la jonction
rases de type 5. Il semble aujourdhui quil soit bnfique de pylo-urtrale.
proposer prcocement un traitement par injection intra- Dans le cadre des nphrectomies ralises par lombotomie, il
caverneuse [6] ; est frquent que les patients conservent des dysesthsies sur le
la stnose de lanastomose vsico-urtrale : cette complication trajet de la cicatrice pendant plusieurs mois. Une hypotonie de
est souvent dcouverte au dcours dun bilan dincontinence la paroi en regard, voire une vraie ventration peuvent aussi se
urinaire aprs prostatectomie radicale. Elle concerne en produire.
moyenne 6,7 % des patients [7]. Son traitement est chirurgical. La chirurgie partielle du rein expose [11] au risque hmorragi-
que (2,4 %), par exposition dune tranche de section de paren-
Cystectomies chyme rnal, ainsi quau risque de fistule urinaire (10,1 %),
secondairement louverture de la voie urinaire lors de linter-
On distingue les cystectomies totales (cystoprostatectomie vention. Lusage danticoagulant prcocement aprs une
chez lhomme) ralises dans le cadre de tumeurs vsicales nphrectomie partielle doit tre proscrit.
infiltrantes, et les cystectomies partielles. Le problme principal Le risque de fistule urinaire est aussi prsent aprs une cure
aprs cystectomie totale est celui de la drivation des urines de syndrome de la jonction pylo-urtrale [12]. Le patient est
(plastie intestinale, drivation cutane directe par urtrostomie porteur, aprs lintervention, dune endoprothse urtrale qui
ou indirecte avec interposition dun segment de tube digestif : sert de tuteur pour assurer la cicatrisation de la voie excrtrice,
intervention de Bricker). Les complications gnrales retrouves et peut ressentir des douleurs ou une gne en rapport avec la
peuvent tre une fistule urinaire (0,47 %), lapparition dune prsence de cette prothse. Enfin, il existe toujours distance
stnose sur les anastomoses (stnose dune urtrostomie, de un risque de stnose au niveau de la suture avec rcidive de la
symptomatologie. Ces risques sont cependant faibles, que de matriel prothtique (bandelettes, plaques de soutien). Le
lintervention soit mene par voie ouverte ou par voie risque principal est alors bien entendu le risque infectieux. Les
laparoscopique. autres complications possibles sont la surcorrection pouvant
Le risque de dvelopper une insuffisance rnale chronique entraner des difficults la vidange vsicale, le dmasquage
postopratoire est dautant plus grand que la chirurgie a t dune incontinence urinaire pralablement mconnue aprs
ralise en situation de rein unique, ou que la fonction rnale cure chirurgicale dun prolapsus, ou au contraire la rcidive de
prexistante tait dj dtriore. Aprs une telle chirurgie, il la symptomatologie. Par ailleurs, certaines techniques de cure de
convient de surveiller rgulirement la fonction rnale par un prolapsus par voie basse exposent des dyspareunies [17].
dosage de la cratininmie. Dans tous les cas, il faut conseiller la patiente, en plus de
la limitation des efforts physiques pendant 1 mois, labstinence
sexuelle pendant une priode quivalente. La lutte contre la
Spcificits de la chirurgie constipation, des mictions rgulires avec une hydratation
suffisante participent une bonne hygine mictionnelle qui
de la pathologie lithiasique permet de limiter le risque dinfection urinaire basse. Lutilisa-
tion de traitements hormonaux locaux chez les patientes
Il existe trois grands types dintervention dans le cadre de la
mnopauses permet aussi de prserver des tissus de bonne
prise en charge chirurgicale de la pathologie lithiasique : la
trophicit et de limiter les risques dinfection et les rcidives de
lithotritie extracorporelle, lurtroscopie, la nphrolithotomie
troubles de la statique pelvienne.
percutane [13].
Il peut apparatre dans les suites de lintervention, de faon
La lithotritie extracorporelle est la procdure la moins
transitoire, des symptmes urinaires irritatifs type de pollakiu-
invasive. Elle sadresse des calculs de petite taille (infrieurs
rie, voire dimpriosits.
20 mm) situs dans les cavits pylocalicielles ou luretre. Sa
principale complication propre est la survenue, en cas de
lithotritie ralise au niveau du rein, dun hmatome rnal.
Lurtroscopie rigide ou souple sadresse aux calculs de petite
Consquences de la mise en place
taille situs dans la partie proximale ou distale de luretre. On de matriel tranger
peut observer dans ses suites des hmaturies transitoires (2,2 %),
des douleurs rsiduelles (3,2 %), lapparition de stnose urtrale Diffrents types de matriel tranger sont utiliss en chirurgie
(0,23 %), surtout si lurtroscopie a t traumatique [14]. urologique ; le risque principal en cas de mise en place de
La nphrolithotomie percutane sadresse des calculs de matriel tranger est bien videmment le risque infectieux. En
grande taille (suprieurs 20 mm) situs dans les cavits cas de suspicion dinfection, le patient doit toujours tre
pylocalicielles. Ses complications principales [15] sont de deux radress rapidement son chirurgien.
ordres : hmatome prirnal et fivre aprs lintervention. Plus
rarement [16], on peut aussi retrouver des complications par Sondes vsicales et cathters sus-pubiens
atteinte dorganes de voisinage. Il arrive frquemment quun patient retourne domicile
En dehors des complications spcifiques chaque type porteur dun drainage vsical par sonde (Fig. 1) ou cathter sus-
dintervention, on retrouve quelques complications communes pubien. Deux problmes principaux peuvent apparatre, un
lensemble de ces interventions dans la chirurgie de la pisode infectieux ou lobstruction du drainage. En cas dobs-
pathologie lithiasique : truction, qui entrane une rtention aigu durine, le patient
hmaturie macroscopique, gnralement transitoire et sans doit tre adress aux urgences pour changement de la sonde ou
gravit ; du cathter.
risque de migration de fragment calculaire restant avec crise La positivit dun examen cytobactriologique des urines chez
de colique nphrtique, voire au maximum empierrement de un patient porteur dune sonde vsicale ou dun cathter sus-
luretre ; pubien est un vnement banal (70 % des sondes vsicales sont
risque de pylonphrite par translocation bactrienne, surtout contamines aprs 3 semaines) et il ne faut mettre en route un
si les calculs sont dorigine infectieuse. Il est primordial, traitement antibiotique quen cas de fivre, dinfection du haut
comme pour toute intervention urologique, de sassurer de la appareil urinaire, ou afin dencadrer un geste urologique prvu
strilit des urines avant lintervention, ou de mettre en place dans les jours suivants.
un traitement antibiotique adapt quelques jours avant le
geste afin de minimiser le risque infectieux au cours de celui- Endoprothses urtrales
ci ;
gne lie la mise en place dune endoprothse urtrale, trs Il sagit des sondes de type double J ou mono-J, ayant pour
frquente quelle que soit lintervention ralise, et ce dautant fonction damliorer le drainage du haut appareil urinaire vers
plus que les calculs traits sont volumineux et/ou que la vessie. Il existe diffrents types de sonde en fonction de
plusieurs sances de traitement savrent ncessaires. lindication (vnement ponctuel type calcul faisant obstacle,
sonde tuteur pour la cicatrisation, obstacle chronique sur les
uretres dorigine tumorale ou fibrose pritonale, etc.). Quel
Spcificits de la chirurgie que soit son type, aucune sonde nest destine rester perp-
tuellement en place. Il est important que le patient en soit
des bourses conscient, et sache quels sont les dlais dans lesquels la sonde
dont il est porteur doit tre retire ou change. La prsence
Les deux grandes voies dabord de la chirurgie testiculaire prolonge de la sonde entrane un risque dobstruction de celle-
sont la voie scrotale et la voie inguinale. Les principales ci, qui peut se traduire par des douleurs, le dveloppement
volutions indsirables rencontres aprs chirurgie des bourses dune pylonphrite sur obstacle en amont, voire une altration
sont lhmatome, qui est souvent prvenu par la mise en place de la fonction rnale. La prsence prolonge dune sonde expose
dun pansement compressif, un dme persistant et les compli- aussi celle-ci un risque de formation de calculs son contact,
cations infectieuses en cas de mise en place dune prothse qui peuvent rendre son extraction difficile.
testiculaire. Il arrive que les sondes mises en place se dplacent ; ceci
arrive en particulier avec les sondes mono-J mises en place dans
Spcificits de la chirurgie des cas de drainage cutan des urines. Le dplacement de la
sonde ncessite que celle-ci soit correctement repositionne sous
dincontinence et de prolapsus contrle radiologique, repositionnement qui est dautant plus
ais que la sonde reste dans le trajet urtral. Il est donc
Les cures chirurgicales dincontinence urinaire et/ou de important, si on saperoit du dplacement dune sonde, de
prolapsus font de plus en plus souvent appel la mise en place renvoyer le patient son chirurgien dans les plus brefs dlais.
Neuromodulateurs
Il sagit de dispositifs implantables destins corriger, par
neurostimulation des nerfs sacrs, certains types dincontinence
urinaire. La prise en charge de patients porteurs de tels disposi-
tifs relve de centres spcialiss.
retenir
Lhmaturie macroscopique est un vnement
frquent, gnralement sans gravit, pouvant survenir
jusqu 10 15 jours aprs une intervention. Elle ncessite
une hydratation abondante, afin dviter le caillotage
Figure 2. Endoprothse urtrale de type sonde double J.
pouvant tre responsable de rtention aigu durine.
Les signes irritatifs aprs intervention sur le bas appareil
persistent pendant plusieurs semaines sans prjuger du
rsultat de lintervention.
Le retour domicile avec une sonde vsicale demeure
est possible. La contamination de ces sondes est
systmatique aprs quelques jours. Dans ce contexte, il ne
faut tenir compte dun examen cytobactriologique des
urines positif et ne traiter le patient quen cas de
manifestations cliniques patentes dinfection.
Les sondes double J ne sont pas destines rester
indfiniment en place. Le rythme de leur changement
dpend de leur type et de lindication pour laquelle elles
ont t places mais leur dure de vie ne dpasse jamais
1 an.
La survenue dune complication infectieuse locale sur le
site dun matriel prothtique type sphincter artificiel
impose la prise en charge en urgence en milieu spcialis.
En cas de survenue dune complication postopratoire,
le patient doit tre radress son chirurgien.
Points forts
Les principales complications retrouves aprs chirurgie
urologique sont dordre infectieux et hmorragique.
La vrification de la strilit des urines avant
lintervention permet de limiter le risque infectieux.
Cependant, la ralisation dun examen cytobactrio-
logique de contrle avant la visite postopratoire est
ncessaire.
Figure 3. Patient porteur dune sonde double J visualise sur un abdo-
La survenue dune colonisation bactrienne dune
men sans prparation de face.
sonde vsicale demeure ne ncessite pas de traitement si
elle nentrane pas de manifestation clinique. Le
La prsence dune endoprothse urtrale (sonde double J) est traitement est en revanche ncessaire si un geste est prvu
plus ou moins bien supporte en fonction des patients (Fig. 2).
(intervention ultrieure ou ablation de la sonde vsicale) et
Celle-ci peut entraner des impriosits mictionnelles, une gne,
voire des douleurs vsicales, une pollakiurie et parfois des
doit tre dbut 48 heures avant, au minimum.
douleurs remontant dans le flanc la miction, en rapport avec La survenue dune hmaturie une dizaine de jours aprs
un reflux durine le long de la sonde qui obre le mcanisme un geste de rsection endoscopique est frquente et
antireflux naturel. Dans le doute et lorsquon suspecte une correspond la chute descarre . Une simple
migration de la sonde, un simple clich dabdomen sans hyperhydratation du patient pour augmenter la diurse
prparation permet de reprer facilement lendoprothse est suffisante en labsence de caillotage.
(Fig. 3). En cas dinfection fbrile, dhmaturie caillotante ou de
rtention aigu durine, il convient dadresser le patient
Endoprothses urtrales dans le service durgences le plus proche de son domicile
La principale complication pouvant tre retrouve en rapport et davertir son chirurgien.
avec une prothse endo-urtrale est le dplacement de celle-ci
Sphincters artificiels et prothses drection [7] Fournier G, Valeri A, Mangin P, Cussenot O. Cancer de la prostate.
Traitement. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Urologie; 18-560-A-
La mise en place de telles prothses est un geste trs spcialis 14, 2004.
o, l encore, la crainte principale est celle de linfection. La [8] Konety BR, Allareddy V, Herr H. Complications after radical
prsence dun sphincter artificiel ou dune prothse drection cystectomy: analysis of population- based data. Urology 2006;68:
contre-indique formellement toute tentative de sondage vsical 58-64.
en dehors dun centre urologique habitu la prise en charge [9] Gschwend JE. Bladder substitution. Curr Opin Urol 2003;13:477-82.
de patients porteurs de ce type de prothse. En cas de compli- [10] Simon J, Bartsch G, Kfer R, Gschwend JE, Volkmer BG,
cation lie un sphincter artificiel ou une prothse drection, Hautmann RE. Neobladder emptying failure in males: incidence,
il convient de renvoyer le patient vers son oprateur. etiology and therapeutic options. J Urol 2006;176(4Pt1):1468-72.
[11] Pasticier G, Timsit MO, Badet L, De La Torre Abril L, Halila M, Fassi
Conclusion
Fehri H, et al. Nephron- Sparing surgery for renal cell carcinoma:
detailed analysis of complications over a 15-year period. Eur Urol
Le retour domicile prcoce des patients oprs des voies 2006;49:485-90.
[12] Klingler HC, Remzi M, Janetschek G, Kratzik C, Marberger MJ.
urinaires est de plus en plus frquent ; la mise en place, au
Comparison of open versus laparoscopic pyeloplasty techniques in
cours dun geste chirurgical urologique, de matriel tranger est
treatment of uretero-pelvic junction obstruction. Eur Urol 2003;44:
aussi en augmentation. En connaissant les spcificits des 340-5.
diffrentes interventions, il est possible de juger au mieux de la [13] Conort P, Dor B, Saussine C. Prise en charge urologique des calculs
ncessit, lorsquun vnement indsirable se produit dans la rnaux et urtraux de ladulte. Prog Urol 2004;14:1095-102.
suite dune intervention, de renvoyer ou non le patient vers son [14] Elashry OM, Elgamasy AK, Sabaa MA, Abo-Elenien M, Omar MA,
oprateur, ou de la possibilit de prendre en charge cet vne- Eltatawy HH, et al. Ureteroscopic management of lower ureteric
ment en permettant au patient de rester son domicile. calculi: a 15-year single-centre experience. BJU Int 2008;102:1010-7.
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94:244-50. ment : rfrence pour une bonne pratique mdicale/par le Collge des
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prostatectomy impotence. Curr Opin Urol 1998;8:535-40. plus; 2009.
C. Billault.
M. Rouprt ([email protected]).
Service durologie, Hpital Piti-Salptrire, 47-83 boulevard de lHpital, 75651 Paris cedex 13, France.
Facult de mdecine Pierre et Marie Curie, Universit Paris VI, Paris, France.
Toute rfrence cet article doit porter la mention : Billault C., Rouprt M. Retour domicile du patient opr des voies urinaires. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Trait de Mdecine Akos, 5-0684, 2011.
Les rtrcissements de lurtre masculin reprsentent une maladie encore souvent mal traite. Cet article
est une revue sur le sujet incorporant anatomie, tiologies, pathologie, symptmes, diagnostic et
traitements de la maladie. Il est bas sur une exprience personnelle dans un centre de rfrence pour
chirurgie de lurtre depuis 30 ans ainsi quune revue de la littrature ralise par PubMed de
1992 jusqu novembre 2008.
2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.
Plan
Introduction 1
Anatomie 1 1
tiologies 1 3a
3a
Traumatismes externes 2 3b
3b
Traumatismes iatrognes 2
4
Symptomatologie et diagnostic 2
2
Dbitmtrie urinaire 2
Examen physique 2
Endoscopie 2
Imagerie 3
Traitement 3
Dilatations 3 Figure 1. Les diffrentes parties de lurtre. 1. Angle pnoscrotal ;
Traitement endoscopique 4 2. urtre pnien ; 3. urtre postrieur (a : prostatique ; b : membraneux) ;
Nouvelles endoprothses 5 4. urtre bulbaire.
Conclusion 5
Traitement chirurgical 5
Diagnostic 5 Cet article traite de ltiologie, des symptmes, du diagnostic
Dlai pour oprer un rtrcissement 5 et des principes de thrapeutiques. Pour une description
Prparation propratoire 5 approfondie des techniques il faut se rfrer aux articles
Techniques 5 prcdemment publis par les mmes auteurs [1, 2].
Choix de la technique 6
Localisations et conditions spciales de stnoses urtrales 7
Conclusion 7 Anatomie
Il est important de connatre les termes exacts pour chaque
partie de lurtre. Lurtre masculin comporte trois portions
successives depuis le col vsical jusquau mat : lurtre prosta-
Introduction tique, lurtre membraneux et lurtre antrieur ou spongieux.
Le dernier contient lurtre bulbaire et, partir de langle
Le rtrcissement de lurtre masculin est probablement la pnoscrotal, lurtre pnien. La pathologie de lurtre prostati-
plus ancienne des affections urologiques connues. Ltiologie la que se confond avec la pathologie prostatique et nest pas
plus importante dans les pays en voie de dveloppement reste traite dans cet article (Fig. 1).
lurtrite infectieuse, surtout par maladie vnrienne. Dans les
pays dvelopps les causes iatrognes sont devenues les plus
frquentes. Pendant la deuxime partie du XX e sicle les tiologies
urologues ont imagin plusieurs solutions pour rsoudre les
rtrcissements simples ainsi que les cas les plus compliqus. En En 1981, une revue de 20 articles publis entre 1969 et
dpit de ces progrs, les traitements des rtrcissements demeu- 1980 rassemblant 1 549 cas de rtrcissements de lurtre
rent souvent problmatiques. Les urologues peuvent tre montrait que la cause la plus frquente de stnose tait infec-
responsables de traitements inefficaces par manque dexprience tieuse (40 %) [3]. Ltiologie vnrienne est devenue depuis lors
de la chirurgie urtrale. beaucoup moins frquente et a laiss la place aux urtrites non
Urologie 1
18-370-A-10 Rtrcissements de lurtre masculin
2 Urologie
Rtrcissements de lurtre masculin 18-370-A-10
Figure 5.
A. Cysto-urtrographie permictionnelle : pas de dilatation typique. On
pourrait diagnostiquer un court rtrcissement.
B. Urtrographie rtrograde : montre la mme zone troite et irrgulire
Figure 4.
dans lurtre pnien. En fait, tout lurtre doit tre considr comme
A. Le court rtrcissement de la rgion bulbaire est masqu par la
malade puisquil ny a pas de dilatation prstnotique comme on pourrait
superposition du produit de contraste.
sy attendre dans les deux directions.
B. Un clich gauche-droite a t ncessaire pour le dmontrer.
Urologie 3
18-370-A-10 Rtrcissements de lurtre masculin
Tableau 1.
Facteurs pronostiques pour le traitement endoscopique des stnoses de
lurtre.
Favorable Dfavorable
Stnose courte (< 2cm) Stnose longue
Bulbaire Multiple
Fibrose priurtrale ngligeable Pnienne
Premire urtrotomie Prononce
Plus large que Char. 15 2 urtrotomies pralables
Rcidive tardive Fibrose priurtrale prononce
Rcidive prcoce
4 Urologie
Rtrcissements de lurtre masculin 18-370-A-10
Urologie 5
18-370-A-10 Rtrcissements de lurtre masculin
ncessaire de recouper les deux extrmits avasculaires et Un lambeau pdicul peut gurir pratiquement tous les
fibreuses de lurtre, ce qui entrane encore une perte suppl- rtrcissements urtraux depuis le mat jusqu lurtre mem-
mentaire de tissu. Il arrive ainsi quune anastomose termino- braneux. Cette technique devrait tre connue de tous les
terminale prvue en propratoire doive tre remplace en cours chirurgiens concerns par la chirurgie urtrale, dans la mesure
dintervention par une reconstruction par substitution tissulaire. o elle est la seule technique en un temps qui permette de faire
face certaines destructions urtrales embarrassantes. Cette
Urtroplasties par greffes libres technique a nanmoins certains inconvnients qui font que
Lorsquun morceau de peau ou de muqueuse est totalement nous ne la considrons pas comme une mthode de premier
coup de son apport sanguin dans la zone donneuse et trans- choix dans les cas primaires simples.
pos un autre endroit, on parle de greffe.
Quand une urtroplastie termino-terminale nest plus indi- Urtroplasties en deux temps
que, les greffons libres constituent la technique la plus simple
pour traiter la majorit des stnoses urtrales simples de lurtre Vu les succs des urtroplasties en un temps, les indications
membraneux jusquau mat. Ils peuvent tre prlevs sur une pour oprer en deux temps sont devenues rares. Il sagit presque
longueur illimite au niveau du prpuce grce un prlvement exclusivement de rinterventions, souvent itratives, chez des
spiral. On peut galement utiliser la face dorsale du pnis, la patients qui nont plus de peau saine au niveau de la verge,
muqueuse buccale ou, dans des cas exceptionnels, la muqueuse la vascularisation fiable.
vsicale. Presque toutes les techniques durtroplastie en deux temps
Un greffon libre fonctionne cependant nettement moins bien sont drives de la technique originale de Johanson. Cest lui
comme tube. Au niveau du mat, un greffon libre donne de que revient le mrite davoir appliqu au rtrcissement urtral
moins bons rsultats que dans le cas dune stnose bulbaire. le principe du lambeau cutan enfoui. Cest pourquoi il semble
Une moins bonne couverture de la partie antrieure du pnis et essentiel de dcrire brivement cette opration originale (Fig. 7).
lapparition dune infection proximit immdiate du mat En principe, on anastomose la stnose ouverte, soit la peau
urtral en sont peut-tre les causes [28]. du pnis, soit la peau du scrotum, selon la localisation de la
Muqueuse buccale stnose comme le schma lillustre clairement. On ne passe au
deuxime temps quau plus tt aprs 3 mois et seulement si les
Depuis quelques annes on recommande fortement lutilisa- tissus paraissent bien sains et sil ny a pas de rcidive de
tion de muqueuse buccale au lieu de la peau en provenance du stnose. Le but ici est de refermer lurtre marsupialis .
pnis [29-33] mais il nexiste encore aucune justification scienti-
fique cette recommandation. On ne dispose jusqu prsent
daucune tude comparative randomise. Nanmoins, la Urtroplastie par greffe libre en grillage
muqueuse buccale est un bon greffon pour remplacer lurtre. dermopidermique ou prputial
Il faut cependant rester conscient des inconvnients de Appele aussi urtroplastie meshgraft , cette technique,
lutilisation de la muqueuse buccale. Alors que la peau pnienne surtout dcrite et applique par Schreiter [39] est une variable
est prsente en quantit suffisante dans le champ opratoire de utile de la technique en deux temps qui vite les dsavantages
lurologue, lutilisation de muqueuse buccale implique la de la peau scrotale.
cration dun second site opratoire, ce qui allonge la dure de
lintervention et requiert ventuellement le recours des
spcialistes plus familiariss avec la cavit buccale. On ne peut Prinostomie dfinitive
pas non plus nier que la plaie au niveau de la bouche soit Lurtroplastie en deux temps est actuellement uniquement
dsagrable pour le patient dans les jours suivant lintervention utilise en cas de situations compliques, principalement chez
et puisse provoquer long terme une cicatrice gnante [34-37]. les patients ayant dj subi plusieurs interventions. Parmi ces
Les plaintes sont directement lies aux dimensions de la plaie. patients, beaucoup sont contents avec le rsultat obtenu aprs
Lutilisation de muqueuse buccale constitue nanmoins un le premier temps opratoire et ne souhaitent plus de recons-
largissement bienvenu des possibilits lorsque la peau gnitale truction pour ne plus encourir le risque dune nouvelle stnose.
nest pas disponible. Cette situation est trs bien accepte, principalement chez les
Dans la technique originale, le greffon libre est positionn personnes ges.
ventralement au niveau de lurtre stnos qui est ouvert.
Barbagli [38] a eu lide de placer la greffe sur le versant dorsal,
contre les corps caverneux. Il y voyait comme avantage une Choix de la technique
meilleure fixation, immobile, de la greffe contre son lit do
doit provenir la vascularisation en vitant de cette faon des Les rsultats tant comparables, quelle est alors la technique
sacculations. Le choix entre la position ventrale ou dorsale de la plus approprie ? nouveau, sil sagit dune premire
la greffe est avant tout une question de bon sens. opration, on choisit la technique la moins dlabrante, qui
Il est connu que lutilisation de greffes libres au niveau de laisserait encore dautres possibilits par la suite. Car il faut bien
lurtre pnien et au niveau de la rgion pnoscrotale trs se rendre compte que des rcidives peuvent survenir tt ou tard
mobile donne plus de complications que dans sa portion plus chez un nombre non ngligeable de patients. La technique de
proximale. Ici, le recouvrement avec le corps spongieux, qui est lanastomose termino-terminale est le premier choix pour les
tout fin, est impossible et la vascularisation de la greffe dpend stnoses trs courtes, mais non applicable dans beaucoup de cas.
donc du tissu sous-cutan qui, cet endroit, est trs mobile. On La greffe libre est un premier choix dans la rgion de lurtre
peut donc supposer quici, le positionnement dorsal de la greffe bulbaire mais une greffe partir du prpuce ou du dos du pnis
est avantageux. peut se trouver en abondance dans le champ opratoire, et tre
trs approprie. ce niveau, le corps spongieux peut bien
Urtroplastie par lambeau pdicul recouvrir la greffe et offrir un excellent lit vascularis. hauteur
Les greffons pdiculs portent leur propre vascularisation et de lurtre pnien, le recouvrement de la greffe est beaucoup
ne doivent donc pas avoir recours la vascularisation des tissus plus problmatique et, dans ce cas, le placement du greffon
environnants pour survivre et se dfendre contre linfection. Un la face dorsale de lurtre ouvert, contre les corps caverneux,
bon lambeau pdicul emmne sa propre vascularisation dans la semble plus indiqu. Lorsquil nest plus possible de trouver une
rgion stnose et reste ds lors indpendant des tissus environ- peau de bonne qualit au niveau du pnis, la muqueuse buccale
nants. Mme si elle est ralise avec des tissus fibreux, lanasto- constitue un excellent matriel de substitution.
mose peut survivre . Prlevs sur le prpuce ou sur le fourreau En cas de stnose de lurtre pnien, on peut immdiatement
pnien, ils peuvent, en fonction de la longueur du pnis, tre opter pour un flap pdicul parce que ce dernier apporte sa
amens jusquau bulbe. Ils conviennent aussi bien comme tube propre vascularisation et ne dpend donc plus de son recouvre-
que comme patch . ment. Il est galement plus rsistant aux infections.
6 Urologie
Rtrcissements de lurtre masculin 18-370-A-10
Le choix devient plus difficile sil sagit de rinterventions : des lsions associes : traumatismes scrotoprinaux qui
les cicatrices et la fibrose priurtrale imposent des restrictions. rendent la peau de cette rgion peu utilisable et compliquent
Il faut alors tenir compte du trajet des cicatrices et des techni- encore laccs par cette voie et qui empchent mme le
ques prcdemment utilises. Par exemple, un pdicule vascu- recours certaines techniques.
laire est impossible dissquer deux fois. Dans ce cadre, les
stnoses de lurtre pnien posent les problmes les plus Rtrcissement du mat
compliqus. La greffe buccale fixe dorsalement peut tre une Un rtrcissement du mat peut tre une partie dun rtrcis-
bonne alternative dans ces situations. Si la peau du dos du pnis sement de tout lurtre antrieur ou tre la seule localisation. Il
est intacte, la technique de Perovic peut tre utilise. peut exister seulement au mat dans la fosse naviculaire ou
Dans ces cas compliqus, plusieurs fois oprs, le flap dans tout le trajet transglandulaire. Il peut tre la consquence
scrotal reste une solution mais uniquement chez les patients du lichen sclrosant. Chaque situation mrite une solution
dont le scrotum convient ce genre de chirurgie. Lorsque la individualise.
totalit de lurtre doit tre remplace et que la peau du pnis Bien quun rtrcissement du mat soit gnralement consi-
est intacte, un flap cutan prputial peut convenir en dernier dr comme une affection plutt mineure et bnigne, il est
recours. Les oprations en deux temps ont toujours une place nanmoins difficile dobtenir un rsultat fonctionnel et esthti-
dans les cas trs compliqus. que parfait. Cependant, la complication la plus ennuyeuse est
La connaissance de la plupart des techniques dcrites le jet urinaire dispers qui oblige le patient uriner en position
ci-dessus est vraiment ncessaire pour tout chirurgien qui dsire assise.
se lancer dans la chirurgie de lurtre (Tableau 2). La combinai- Dans les rtrcissements prononcs, il est difficile de dfinir
son de plusieurs techniques est galement parfois ncessaire. ltendue du rtrcissement vers lamont. Lurtrographie
Cette connaissance est impossible pour la plupart des urologues montre la dilatation de tout lurtre, mais elle estime mal la
et il en dcoule ainsi que cette chirurgie devrait tre rserve longueur exacte du rtrcissement. Celle-ci ne devient vidente
des centres de rfrence. quaprs ouverture du mat. Ds lors, lorsque commence une
matoplastie, quelle quelle soit, il faut tre capable dutiliser
Localisations et conditions spciales une technique qui permette de corriger des rtrcissements plus
de stnoses urtrales longs que ce que lon avait initialement prvu.
On doit sefforcer de reformer un gland dapparence normale,
Reconstruction tardive des rtrcissements sans pont cutan entre les deux moitis de gland, avec abou-
postrieurs chement de lurtre au sommet. La plupart des techniques
dcrites ne referment pas le gland et donnent de moins beaux
Ces rtrcissements se caractrisent par : rsultats. Il existe actuellement une tendance diminuer
leur localisation dans la rgion sphinctrienne et/ou au-dessus lutilisation des flaps cutans qui crent un mat quelque peu
du diaphragme urognital ; hypospade.
la prsence frquente dun manque important de substance
entre lapex de la prostate et lurtre distal ;
des hmatomes, une infection et des checs de ralignement Conclusion
antrieurs. Ceci aboutit une fibrose importante de toute la
rgion et il nest pas facile de reconnatre les diffrents En chirurgie de lurtre, succs et checs se ctoient constam-
lments anatomiques dans la rgion supradiaphragmatique. ment. Nanmoins, la chirurgie est la seule solution valable pour
Des dplacements osseux conscutifs aux fractures peuvent la majorit des stnoses urtrales, vu les rsultats dcevants du
rendre la voie daccs encore plus difficile ; traitement endoscopique. Le respect mticuleux des principes de
Urologie 7
18-370-A-10 Rtrcissements de lurtre masculin
Tableau 2.
Rcapitulatif des indications des diffrentes techniques.
Technique Localisation Longueur Premire Rintervention Prsence En tube Remarque
intervention dinfection (remplacement
rsistante total)
Terminoterminale TL Max 2 cm ++ + + NA Rinterventions uniquement
quand lurtre na pas t
mobilis extensivement
prcdemment
Greffes libres TL a ++ + - -
- prpuces Illimit Rintervention quand le lit
- dos du pnis 10 cm receveur est bien vascularis
- muqueuse buccale 15 cm Quand le prpuce nest plus
prsent
Onlay ventral B
Onlay dorsal P
Lambeaux pdiculs
- prpuce transversal TL 8 10 cm - ++ + ++ Ncessit de disposer de 2,5 cm
- pnien longitudinal P 12 cm + ++ + - de longueur pour
confectionner un tube (cf.
- face dorsale de la verge P 8 cm - ++ + -
circonfrence de la verge)
- scrotaux TL Illimit - + + ++
Aprs pilation ou en cas de
scrotum lisse
transfert tissulaire, de gurison des plaies et des lambeaux [9] Verbaeys A, De Sy W. Radiologic evaluation of urethral diseases. Eur
pdiculs est essentiel pour obtenir des rsultats optimaux. Urol 2000;37:752-8.
Cependant, mme dans ces conditions, les checs restent [10] Morey A, McAnich J. Role of preoperative sonourethrography in the
frquents. evaluation of anterior urethral strictures. J Urol 1995;154:72-6.
Incontestablement lopration type anastomotique, avec [11] Choudhary S, Singh P, Sundar E, Kumar S, Sahai A. A comparison of
mobilisation extensive de lurtre, donne les meilleurs rsultats sonourethrography and retrograde urethrography in evaluation of
mais cette technique est rserve aux rtrcissements courts. anterior urethral strictures. Clin Radiol 2004;59:736-42.
Toutes les autres techniques sont suivies de plus de 20 % [12] Pansadoro V, Emiliozzi P. Internal urethrotomy in the management of
dchecs, fortement dpendants du type de stnose traiter. Il anterior strictures: long-term follow-up. J Urol 1996;156:73-8.
est donc trs conseill de prvoir la possibilit dune rinterven- [13] Albers P, Fichtmer J, Brhl P, Mler S. Long-term results of internal
tion. Choisir la technique la moins invasive, en pargnant le urethrotomy. J Urol 1996;156:1611-4.
plus de peau pnienne est indiqu. Au niveau de lurtre pnien [14] Guirrassy S, Simakan N, Balde S, Bah I, Diabata I, Diallo M.
et du mat, lemploi de la technique donlay dorsal est prfra- Lurtrotomie interne endoscopique dans le traitement des stnoses de
lurtre masculin au service durologie du CHU Ignace Deen. Ann Urol
ble quand une greffe libre est employe. Dans les rinterven-
(Paris) 2001;35:167-71.
tions, les lambeaux pdiculs sont prfrs. Le choix et
[15] Fourcade R, Mathieu F, Chatelain C, Jardin A, Richard F, Kuss R.
lexcution de toutes ces techniques mritent une grande
Endoscopic internal urethrotomy for treatment of urethral strictures.
exprience retrouve principalement dans des centres de
Urology 1981;18:33-7.
rfrence. [16] Heyns C, Steenkamp J. De Kock M. Treatment of male urethral
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Toute rfrence cet article doit porter la mention : Oosterlinck W., Lumen N. Rtrcissements de lurtre masculin. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Urologie, 18-370-A-10, 2010.
Urologie 9
5-0580
5-0580
Rle du gnraliste
AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine
E n parallle la prise en charge du dialys en milieu spcialis, le gnraliste garde une place, par sa situation
de proximit, dans la gestion des vnements interdialytiques. Dans ce cadre, il doit avoir connaissance de
lensemble des donnes du suivi ralis en milieu spcialis et doit connatre les complications spcifiques du patient
dialys.
Elsevier, Paris.
Introduction
Urgences
Choix de la technique
Acidose non contrle
Dnutrition, anorexie, albumine infrieure 35 g/L endothliale des capillaires du msothlium
Indications et contre-indications en dehors dun syndrome nphrotique pritonal comme surface dchange entre le sang
Clairance de la cratinine infrieure 10 mL/min et le dialysat infus dans la cavit pritonale. Les
changes se font travers la membrane
Existe-t-il encore actuellement des contre-
semi-permable que reprsentent la paroi des
indications lpuration extrarnale ? On ne peut
capillaires et le msothlium pritonal, et ont lieu
plus parler de contre-indication absolue. Les objectif pour prendre cette dcision. Une tude sur par diffusion et par osmose. La diffusion est le
conditions qui suscitent un dbat sont lexistence la survie 10 ans et la morbidit des patients mcanisme principal permettant lpuration des
dune dmence, dun cancer mtastatique sans dialyss chroniques montre que la survie est de dchets azots. Ces changes par diffusion se font
perspective thrapeutique, dune cirrhose avec 88 % si la dialyse est dbute pour une clairance de suivant le gradient de concentration, ce qui permet
encphalopathie ou dun ge physiologique avanc. la cratinine suprieure ou gale 10 mL/min, de plus, par une composition adquate du dialysat,
Aux tats-Unis, le droit la dialyse est assur au contre 55 % pour une clairance de la cratinine dliminer du potassium et dapporter du calcium et
patient qui le dsire, quelle que soit la svrit des infrieure ou gale 4 mL/min. De plus, le nombre des lactates. La mtabolisation des lactates en
problmes mdicaux associs. Si le patient ne peut de jours dhospitalisation est de 5 jours par an et bicarbonate par le foie permet de corriger lacidose.
sexprimer, la famille peut tre consulte. Par-del par patient contre 14 jours par an et par patient, et Les dialysats contenant du bicarbonate sont plus
ces considrations mdico-lgales et dans le cadre la rhabilitation des patients est meilleure dans le rarement employs en raison dune prparation et
de ces dcisions difficiles, si la qualit de vie du premier groupe. Largument supplmentaire est la dun stockage plus difficiles. Les principaux facteurs
patient peut tre amliore par la dialyse, celle-ci doit ncessit de lutter contre la dnutrition, facteur influenant les changes par diffusion sont le
tre mise en uvre. pronostique grave et indpendant. Or la mise en gradient de concentration entre le sang et le dialysat,
Les indications imposant le recours lpuration
Elsevier, Paris
1
5-0580 - Rle du gnraliste dans le suivi dun patient dialys
veine. Lanastomose artrioveineuse ralise labord
Le critre mdical principal orientant vers le le plus sr et a une dure de vie plus longue. Elle est Suivi du patient dialys
choix de la dialyse pritonale est lexistence dune ralise au niveau de lavant-bras (fig 1) ou du bras,
pathologie cardiovasculaire svre pouvant faire au mieux 2 6 mois et minimum 3 semaines avant
craindre une mauvaise tolrance hmodynamique le dbut de lhmodialyse pour lui permettre de se Ce suivi est organis en milieu nphrologique
des sances dhmodialyse. Cette technique est par dvelopper. Le respect de ce dlai est associ une spcialis.
ailleurs prfre chez lenfant. Le deuxime critre meilleure survie long terme de la fistule. Si labord En hmodialyse, le suivi clinique doit comprendre
est celui de la qualit de vie et de lautonomie, la vasculaire priphrique nest pas encore utilisable ou lestimation du poids sec qui est dfini comme le
dialyse tant ralise domicile ou mme sur le lieu ne peut tre ralis par dficience dun rseau poids obtenir en fin de sance. Sa dtermination se
de travail. Le dernier critre est dordre conomique, veineux correct, laccs vasculaire se fera par un base principalement sur des critres cliniques :
la dialyse pritonale ayant un moindre cot. cathter veineux central. Deux conduites disparition des dmes, de lhypertension artrielle,
Les contre-indications sont lies la ncessit fondamentales rsultent de lextrme ncessit de absence de chute tensionnelle et de crampes en fin
dune bonne intgrit de la paroi abdominale et de cet abord vasculaire pour le patient dialys de sance dhmodialyse. Il doit tre rajust
la cavit pritonale qui doit tre libre de toute chronique : respecter le capital veineux tout au long priodiquement. Un amaigrissement sans
adhrence pouvant gner linfusion et le drainage de la vie du patient et anticiper le besoin de cet rvaluation du poids sec peut conduire
du dialysat. Dans le cas dantcdent de chirurgie abord sur lvolution des taux de cratinine. La insidieusement un tat de surcharge hydro-
abdominale, le recours la coelioscopie peut fistule sera donc au mieux cre entre 10 et 15 sode. La prise de poids interdialytique doit tre
permettre de librer des adhrences et de placer au mL/min de clairance de la cratinine, soit une surveille et ne doit pas dpasser 2 3 kg, ce qui
mieux le cathter. En cas dadhrences extensives, la cratinine denviron 400 mol/L pour un patient de impose une restriction hydrique 500 mL/j
mthode reste contre-indique. En cas de hernie ou 50 ans et 60 kg. augmente de la diurse journalire et des pertes
2
Rle du gnraliste dans le suivi dun patient dialys - 5-0580
hydriques extrarnales notables (diarrhe ou inflammatoire local pouvant directement incriminer Enfin, quelle que soit la mthode de dialyse
sudation importante). Le furosmide forte dose labord vasculaire. Quatre localisations secondaires utilise, une puration insuffisante peut amener la
peut permettre de maintenir une diurse rsiduelle. sont craindre : lendocardite, lostomylite, la non-disparition ou la rapparition des symptmes
En dialyse pritonale, le suivi clinique doit mningite et la staphylococcie pulmonaire. Le durmie chronique (fatigue, nause, vomissement,
comprendre la surveillance des bilans entre-sortie traitement doit tre prcoce et prolong pendant 4 inapptence, dnutrition, impatience des membres
ralise chaque poche et le suivi pondral. Un semaines, dont 1 semaine en bithrapie, et fait appel infrieurs, anmie), une hypertension artrielle non
drainage infrieur la quantit infuse impose de le plus souvent la vancomycine dose adapte contrle ou de rvlation brutale, une
vrifier la position du cathter par une radiographie (Vancocinet : 1 g en intraveineux pendant la sance hyperkalimie, un dme aigu du poumon ou une
de labdomen sans prparation (le cathter de dialyse, dose renouveler en fonction des taux pricardite.
radio-opaque doit tre dans le cul-de-sac de rsiduels, gnralement au rythme dune fois par
Complications de linsuffisance rnale
Douglas), de vrifier labsence de pritonite ou de semaine). Le portage de staphylocoque dor,
chronique terminale
constipation gnant le drainage. Il peut aussi tre la frquent chez ces patients, doit tre recherch par un
consquence dun pritoine hyperpermable prlvement bactriologique nasal, ombilical et anal, Surcharge hydrosode et complications
absorbant prcocement le glucose. La prescription et trait par lapplication locale de pommade cardiovasculaires
des changes doit alors tre modifie. antibiotique telle que la mupirocine (Bactrobant) ou La mise en dialyse permet gnralement de
De faon gnrale, le suivi clinique devra la rifampicine. Inversement, la fistule artrioveineuse corriger la surcharge hydrosode et lhypertension
comprendre un suivi tensionnel, lapprciation de peut constituer une localisation secondaire artrielle qui persiste uniquement dans 30 % des cas.
ltat nutritionnel, de ltat vasculaire et cardiaque et privilgie, ce qui incite prescrire une Les traitements antihypertenseurs ne sont souvent
du retentissement psychologique, notamment au antibioprophylaxie avant une extraction dentaire plus ncessaires aprs un ajustement correct du
moment de la prise en charge en dialyse. ou une colonoscopie. poids sec, confirmant le caractre essentiellement
Le suivi biologique mensuel comprend La thrombose de la fistule (fig 1) est le plus volodpendant de lhypertension artrielle chez
gnralement une numration formule sanguine souvent secondaire une stnose non diagnos- linsuffisant rnal chronique. Si un traitement est
avec numration des plaquettes, un ionogramme tique ou, dans un nombre plus restreint de cas, ncessaire, il pourra faire appel un inhibiteur de
sanguin pr- et postdialytique avec une calcmie, secondaire une chute tensionnelle ou une lenzyme de conversion dose adapte sous
une phosphormie, un dosage de lure et de la obstruction mcanique pendant une intervention surveillance de la kalimie (Renitect : 2,5 5 mg/j ;
cratinine. Les taux pr- et postdialytiques dure chirurgicale. Elle est atteste cliniquement par la Triatect : 1,25 2,5 mg/j), un inhibiteur calcique
permettent dapprcier la dose de dialyse dlivre. disparition du thrill vasculaire la palpation et sans adaptation de dose, un btabloquant de
Les dosages de protidmie et dalbuminmie lauscultation. Elle doit tre traite en urgence. La prfrence limination hpatique (mtoprolol :
permettent dapprcier ltat nutritionnel, facteur surveillance troite des fistules doit permettre Lopressort et Selokent ; propranolol : Avlocardylt),
pronostique important puisque la mortalit dintervenir au stade prcoce de stnose, ce qui sinon en adaptant la posologie, ou un
augmente en dialyse ds que lalbuminmie est augmente notablement la survie des fistules long antihypertenseur central sans adaptation de dose.
infrieure 37 g/L. Les srologies virales de terme. Le diagnostic de stnose repose sur Les btabloquants et le vrapamil sont
lhpatite B, C et du virus de limmunodficience lchographie et le traitement sur langioplastie recommands en cas dhypertrophie ventriculaire
humaine (VIH) doivent tre connues et contrles si ballonnet, associe ou non la fibrinolyse. La gauche associe, les inhibiteurs de lenzyme de
ngatives (ou aprs une vaccination pour lhpatite thrombose est moins accessible au traitement par conversion en cas de dilatation ventriculaire gauche.
B). La parathormone et lalbuminmie sont angioplastie et le traitement est alors chirurgical Lapport sod sera de plus limit si lhypertension
contrles rgulirement. ( fibrinolyse). artrielle persiste.
Sur le plan morphologique, lchographie Lhypertrophie ventriculaire gauche rgresse
cardiaque sera effectue annuellement pour vrifier Dialyse pritonale gnralement en dialyse grce la normalisation du
labsence de pricardite et dhypertrophie ou de volume intravasculaire, lpuration des toxines
dilatation ventriculaire gauche. Lexistence dun de En dialyse pritonale, la complication la plus urmiques, la correction de lhypertension artrielle,
ces signes devra faire rvaluer le poids sec et la frquente est la pritonite. Elle est le plus souvent la correction des dsordres hydrolectrolytiques, le
dose de dialyse dlivre. secondaire une faute dasepsie lors des meilleur contrle de lhyperparathyrodie et de
Le suivi, la prescription et la gestion des changements de poche ou la consquence dune lanmie. Une fistule artrioveineuse gros dbit
complications du traitement par dialyse sont du infection cutane qui se propage dans le tunnel du reste cependant un facteur de risque. Lhyper-
domaine du spcialiste. Les complications perdialytiques cathter. Le Staphylococcus epidermidis reprsente trophie ventriculaire gauche constitue un facteur
ne seront donc pas traites dans cet article. 40 % de ces infections. La pritonite se manifeste par essentiel de mortalit et doit tre prvenue avant la
ct de cette prise en charge en milieu spcialis, une douleur abdominale, une fivre, des nauses et mise en dialyse, au risque dvoluer vers
le gnraliste doit avoir connaissance de lensemble des vomissements. Le liquide de dialyse devient linsuffisance cardiaque avec dilatation ventricu-
des donnes de ce suivi car il garde une place, par sa trouble, signe constant (99 %) et prcoce. Le patient laire gauche. Elle favorise les arythmies qui restent
situation de proximit, dans la gestion immdiate des doit systmatiquement examiner ses poches la frquentes en dialyse, principalement en
vnements interdialytiques. Dans ce cadre, il doit recherche de ce signe. Le traitement de cette hmodialyse o les variations de kalimie et de
connatre les complications spcifiques du dialys. pritonite est mdical et sera gr en milieu calcmie durant la sance peuvent tre mal tolres.
nphrologique. Lantibiothrapie est administre par Les risques lis lathromatose acclre
voie intrapritonale en utilisant le cathter de persistent et constituent une cause majeure de
Complications spcifiques dialyse pritonale, aprs prlvements morbimortalit : ischmie myocardique, artrite des
du patient dialys chronique bactriologiques du dialysat. Une cause sous-jacente membres infrieurs, accident vasculaire crbral et
de pritonite doit cependant toujours tre carte ischmie msentrique. Les pisodes hypotensifs
Complications lies la technique (appendicite, rupture de diverticule, ulcre perfor, pouvant survenir pendant les sances dhmo-
de dialyse
etc). dialyse sont dautant moins bien tolrs quils
Hmodialyse La deuxime complication en dialyse pritonale surviennent sur ce terrain. Le traitement de ces
En hmodialyse, les complications spcifiques est la survenue dune dnutrition en raison de la complications na pas de particularit. Les drivs
sont lies labo